1er janvier Publication du Bulletin international du surréalisme révolutionnaire. Dans l'éditorial, Christian Dotremont condamne le surréalisme « tel qu'il s'est plus ou moins identifié avec André Breton. »[1]
Parution du premier numéro de la revue NEON (acronyme de Nêtre rien Être tout Ouvrir l'être N) fondée par Sarane Alexandrian[2].
1er février La diffusion à la radio du texte d'Antonin ArtaudPour en finir avec le jugement de Dieu est interdite par le directeur de la Radiodiffusion française[3].
À la suite de nombreuses protestations contre son interdiction, une diffusion de Pour en finir… est organisée pour un public restreint composé de journalistes, d'artistes et d'écrivains. Maurice Nadeau : « J'approuve René Guilly quand il trouve scandaleuse l'émission d'Artaud et je me réjouis de ce scandale. Ne nous répétait-on pas sur tous les tons que dans l'état de décadence où nous sommes, rien ne saurait plus scandaliser ? Qu'un poète par sa seule voix y parvienne, redonne un certain crédit aux mots[4]. »
À la Salle de géographie, à Paris, débute un cycle de cinq conférences intitulé Qu'est-ce que le surréalisme révolutionnaire ? par, entre autres, Noël Arnaud, Christian Dotremont, Edouard Jaguer. La projection du film de Christiensen, La Sorcellerie à travers les âges, est perturbée par André Breton et le groupe des Lettristes[5].
Artaud est retrouvé mort à Ivry-sur-Seine, probablement victime d'une surdose accidentelle d'hydrate de chloral. Dernière phrase écrite sur un cahier : « De continuer à / faire de moi / cet envoûté éternel / etc. etc.[6]. »
La publication à Bruxelles de la revue Le Surréalisme révolutionnaire marque une rupture avec Breton. Noël Arnaud compare ce dernier à « un veston abandonné sur une chaise où l'on ose pas prendre place. [Il] incarne l'idéalisme à son stade infantile […] Le surréalisme, science de la sensibilité et du comportement […] sera dépassé dans une esthétique marxiste qu'il aura contribué à construire. »[7]
Subissant une succession de catastrophes : disparition d'une grande partie de son œuvre dans l'incendie de son atelier, opération d'un cancer, grave accident de voiture et départ de sa femme, Arshile Gorky se suicide par pendaison[8].
Réponse d' André Breton à Roger Vailland : « Le flagorneur de Chiappe[9] ne dépare pas la collection de maurassiens repentis et de néo-patriotes à la vieille mode hervéiste qui constituent les principaux ornements du parti stalinien français… Dénions, voulez-vous, à ces obséquieux serviteurs à tous gages le droit de parler de pensée libératrice. »[réf. nécessaire]
André Breton participe à la fondation de la Compagnie de l'Art Brut créée à l'initiative du peintre Jean Dubuffet dans le but de réunir « des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique. »[10]
Exclusion de Matta pour « disqualification intellectuelle et ignominie morale[12] ». Breton lui attribue une responsabilité dans le suicide du peintre Arshile Gorky[13]. Victor Brauner est exclu quelques jours plus tard pour s'être dissocié de l'exclusion de Matta[14].
André Breton soutient Gary Davis, ancien G.I. qui renonce à sa nationalité américaine pour se déclarer « citoyen du monde ». Jean Ferry rédige le tract Les surréalistes à Gary Davis signé par trente-cinq surréalistes[16].
Le peintre canadien Paul-Emile Borduas publie le manifeste Refus global après avoir fondé le groupe des Automatistes : « Rompre définitivement avec toutes les habitudes de la société, se désolidariser de son esprit utilitaire. Refus d’être sciemment au-dessous de nos possibilités psychiques. Refus de fermer les yeux sur les vices, les duperies perpétrées sous le couvert du savoir, du service rendu, de la reconnaissance due […] Place à la magie ! Place aux mystères objectifs ! Place à l’amour ! Place aux nécessités[17]! »
Exposition d'art océanien à Paris. André Breton écrit la préface du catalogue : « Océanie... de quel prestige ce mot n'aura-t-il pas joui dans le surréalisme. Il aura été un des grands éclusiers de notre cœur. Non seulement il aura suffi à précipiter notre rêverie dans le plus vertigineux des cours sans rives, mais encore tant de types d'objets qui portent sa marque d'origine auront-ils provoqué souverainement notre désir. »[18]
Une galerie parisienne expose les dernières œuvres de René Magritte (période dite « Vache ») : scènes bucoliques à la manière de Renoir et sujets grotesques à l'exécution négligée dans le style expressionniste. Le rejet est unanime, y compris de la part des surréalistes. L'exposition est un échec.[réf. nécessaire]
Soleil cou coupé, poème : « filao filao / bien sûr que j'ai une gueule de mandragore / que son nom répond au mien / que son cri est le mien quand on m'a tiré du ventre phosphorescent de ma mère / bien sûr que mon crachat est mortel à certains / plus et mieux que l'ellébore varaire / bien sûr que j'ai plus de mépris qu'une graine de pissenlit et plus de pudeur que le cirse des bois qui n'accomplit le fruit de sa copulation qu'entre ciel et terre »
Histoire naturelle, recueil de dessins présentant des animaux hybrides de son invention : le rose-pleurs, la guivre-guénégote, l'adrouide, l'arthus des sables, le fluviot (poisson à visage humain)[34]
↑Reproduction de la première page dans Xavier Canonne, Le Surréalisme en Belgique. 1924-2000, éditions Actes Sud, Arles, 2007, p. 56.
↑Philippe Audoin, Les Surréalistes, Gallimard, 1979, p. 128 et reproduction de la couverture dans René Passeron, Surréalisme, 2005, éditions Terrail/Edigroup (ISBN2-87939-297-7), p. 225.
↑JP. Aron et Bertrand, Les 100 mots du surréalisme, PUF, Paris, 2010, p. 24.
↑Alain & Odette Virmaux, André Breton, éditions La Manufacture, Paris, 1996, (ISBN2-73-770420-0), p. 23.
↑Jean-Paul Clébert, Dictionnaire du Surréalisme, Éditions du Seuil & A.T.P., Chamalières, 1996, (ISBN978-2-02-024588-3), p. 237 : « Matta aurait eu une liaison avec la femme de Gorky. »
↑Les deux artistes seront réintégrés dans le mouvement onze ans plus tard. Virmaux, p. 23.
↑Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, (ISBN2-13-037280-5), 1982, p. 61.
↑Reproduction dans Art Press 2 n° 9, mai 2008, p. 96.
↑65 × 54 cm. Collection particulière. Reproduction dans (fr + en) Alix Agret (dir.) et Dominique Païni (dir.), Surréalisme au féminin ? (catalogue de l'exposition présentée du 31 mars au 10 septembre 2023 au Musée de Montmartre-Jardins Renoir), In fine/Musée de Montmartre, (ISBN978-2-38203-116-2), p. 38.
↑Collection privée, Paris. Reproduction dans Alexandrian, p. 114.
↑Robert Marin éditeur, Paris. NRF no 172 : André Breton et le mouvement surréaliste, 1967, Gallimard, réédition de 1990 (ISBN2-07-072093-4), p. 384.
↑Éditions du Sagittaire, Paris. NRF no 172, p. 384.
↑208 × 81 cm. Reproduction dans Agret & Païni, p. 66.
↑André Breton, Le Surréalisme et la Peinture, Gallimard, 1928-1965, p. 81.
↑84 × 76 cm. Collection particulière Aube Élléouët-Breton et Merlin Hare. Reproduction dans le livret de présentation du DVD Jacqueline Lamba, peintre, Seven Doc, Grenoble 2008, p. 47 & 52.