Ahou Daryaei
La jeune femme de l’université des sciences et de la recherche[1] (en farsi : دخترعلوم و تحقیقات), possiblement nommée Ahou Daryaei (en farsi : آهو دریایی, Āhū Daryāyī, prononcé ɒːˈhuː dæɾjɒːˈjiː) — est une doctorante iranienne de 30 ans en littérature française à l’Université islamique Azad de Téhéran[2].
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Entre et |
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Nom dans la langue maternelle |
آهو دریایی |
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Étudiante, étudiante à l'université |
Le 2 novembre 2024, après avoir été harcelée par la milice islamiste Basij, qui l'aurait prise à partie pour non-port du hidjab, obligatoire dans ce pays, et lui aurait déchiré des vêtements ; elle aurait réagi en se déshabillant partiellement et en s'asseyant dans la cour de l'université pour protester[3]. Son acte audacieux a fait d'elle un symbole de la résistance contre les lois strictes du code vestimentaire iranien et l'application du hijab obligatoire, deux ans après la mort de Mahsa Amini pour les mêmes raisons.
À la suite de son acte de résistance, elle a été arrêtée par la milice de la république islamique d'Iran. Sa localisation et son état de santé demeurent incertains, certains rapports suggèrent qu'elle pourrait être détenue dans un établissement psychiatrique, ce qui suscite des préoccupations internationales quant à son traitement. En Iran, les autorités ont une pratique documentée de qualifier de mentalement instables les femmes qui s'opposent aux lois sur le hijab, afin de réprimer les dissidences[4],[5].
Sa protestation et son arrestation subséquente ont attiré l’attention à l'échelle internationale, avec des organisations de défense des droits humains appelant à sa libération[6]. En novembre 2024, elle reste détenue[7].
Contexte
modifierDepuis les manifestations nationales de septembre 2022, déclenchées par la mort de Mahsa Amini, un nombre croissant de femmes iraniennes résistent activement aux lois du pays sur le port obligatoire du voile. Ce mouvement a vu des femmes retirer publiquement leur hijab, partager des images et des vidéos sur les réseaux sociaux, et participer à des manifestations pour les libertés personnelles et les droits des femmes. Malgré les risques d’arrestation et de harcèlement, les manifestations consécutives à la mort de Mahsa Amini perdurent, défiant les règles strictes du code vestimentaire iranien. Depuis l’élection du nouveau président iranien, en juillet dernier, en 4 mois, 386 exécutions officielles ont eu lieu[8].
Azadeh Kian, professeure de sciences politiques à l’université Paris-Diderot et spécialiste de l’Iran, a déclaré à France 24 que le recours du régime à de telles pratiques constitue un aveu d’échec de la part des autorités, qui se révèlent incapables de faire respecter la loi sur le port du voile, malgré une répression sévère et brutale[5].
Activisme
modifierLe 2 novembre 2024, la jeune femme de l’université des sciences et de la recherche, potentiellement appelée Ahoo Daryaei, est devenue un symbole de résistance contre le hijab obligatoire et les restrictions imposées aux femmes en Iran, à l'Université islamique Azad de Téhéran[9]. Selon des témoins, elle a été confrontée par des agents de sécurité de l'université et des membres des Basij, une milice islamiste, pour ne pas porter correctement son voile conformément aux codes vestimentaires stricts[10].
Pendant l'altercation, les Basij, une milice islamiste affiliée au groupe terroriste du corps des gardiens de la révolution islamique, auraient tenté de la placer en détention sous prétexte de violation des règles du hijab et du masque, déchirant son pull en essayant de faire appliquer le hijab obligatoire. La politologue Mahnaz Shirali indique que la situation a basculé lorsqu'elle a retiré ses vêtements restants et s'est assise en sous-vêtements dans la cour de l'université, en signe de défiance[11].
Elle a ensuite continué sa protestation dans la rue en sous-vêtements, dénonçant publiquement les lois sur le hijab obligatoire[12]. La protestation a été capturée en vidéo par des passants, et les images ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, attirant l'attention tant en Iran qu'à l'international[13].
Conséquences
modifierLe canal Telegram du Bulletin d'Amir Kabir[14] a identifié la jeune femme comme étant Ahoo Daryayi, étudiante en langue française à l’Université Azad des sciences et de la recherche[1].
La jeune femme fait face à de graves conséquences juridiques pour sa protestation, avec des accusations potentielles qui pourraient entraîner la peine de mort pour "offenses morales", selon la politologue Mahnaz Shirali. La sociologue Azadeh Kian a ajouté que si les troubles psychiatriques sont exclus, elle pourrait être confrontée à des peines de flagellation, de prison et potentiellement à une longue peine pour des accusations de "débauche" ou de "prostitution". La répression de ces dissidences reste profondément ancrée dans les politiques de la République islamique, même après l’élection du président Masoud Pezeshkian en juillet[11].
La jeune femme de l’université des sciences et de la recherche a été arrêtée par des agents en civil et placée en détention. Son lieu de détention et son état de santé sont inconnus, bien que des rapports suggèrent qu'elle pourrait être retenue dans un établissement psychiatrique. Amnesty International et d'autres organisations de défense des droits de l'homme ont demandé sa libération immédiate et inconditionnelle, soulignant la nécessité d'une enquête indépendante sur les abus présumés lors de son arrestation[15]. La National Secular Society a appelé le gouvernement britannique à faire pression sur les autorités iraniennes pour la libération d’une femme détenue après avoir protesté contre les lois sur le hijab en Iran[16].
Réactions internationales
modifierLe 5 novembre, des centaines d'Iraniens et de Français se sont rassemblés en soirée au centre de Paris, devant le Panthéon, près de l'université de la Sorbonne, scandant des slogans et prononçant des discours pour soutenir la résistance des femmes iraniennes contre l'oppression[17]. Des membres des deux chambres du Parlement français des partis écologiste et de gauche étaient présents, ainsi que des membres de l'association Femen et du syndicat CGT[18],[19].
Le 8 novembre, une manifestation de soutien à Piccadilly Circus à Londres rassemble les Femen et l'association One Law for All[20].
Mahdieh Golroo a écrit au sujet de l'incident : « La jeune femme de l’université des sciences et de la recherche n'a pas de nom ; son nom est être une femme en Iran. Son nom est Nika, Sarina et Hadis. Son nom est Femme, Vie, Liberté[21],[22]. »
Les organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, ont appelé à sa libération immédiate[23].
Le 10 novembre 2024, la Global Science Foundation (GSF) a publié une déclaration appelant à une prise de conscience et à des actions internationales concernant la détention de "La jeune femme de l’université des sciences et de la recherche". La GSF a exprimé ses préoccupations quant au traitement des femmes en Iran qui résistent activement aux lois obligatoires sur le hijab, attirant spécifiquement l'attention sur les mesures violentes qui auraient été prises contre elle. En insistant sur la nécessité de rendre des comptes, la GSF a exhorté les organisations internationales de défense des droits de l'homme et les gouvernements étrangers à faire pression sur les autorités iraniennes pour obtenir sa libération et assurer sa sécurité. La déclaration de la GSF souligne l'impact symbolique de sa protestation sur les discussions mondiales autour des droits des femmes et des politiques religieuses imposées par l'État[24].
La Rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits de l'homme en Iran, Mai Sato, a annoncé que l’incident impliquant la jeune femme qui s’est dénudée en protestation contre le hijab obligatoire à l’université des sciences et de la recherche de Téhéran est étroitement surveillé[25]. Elle a également partagé une vidéo montrant cette femme en sous-vêtements protestant sur le campus, écrivant sur le réseau X le samedi 2 novembre : « Je vais suivre de près cet incident, ainsi que la réponse des autorités iraniennes. »
De nombreux hommages artistiques ont été rendus à Ahou Daryaei, la représentant souvent comme une figure imposante et isolée au milieu d'une foule de femmes voilées, passives, voire accusatrices, malgré la persistance du mouvement pour la liberté en Iran[26]. Cet angle a été jugé clivant par certains médias indépendants, dont Mr Mondialisation[27] et Arrêt sur images[28], qui soulignent que ces représentations tendent à pointer les victimes comme responsables de l’oppression, tandis que les oppresseurs, et plus largement les hommes, en sont largement absents.
Notes et références
modifier- (fa) « L'histoire de "La Fille des Sciences et de la Recherche" : des spéculations sur son nom au transfert vers un hôpital psychiatrique », sur Voice of America, (consulté le )
- (en) « Servas Women on Ahoo Daryaei - Say Her Name », sur Servas International, (consulté le )
- Le Monde, « Iran : une étudiante proteste en sous-vêtements et est arrêtée », La vidéo montre une étudiante iranienne protestant en sous-vêtements devant l'université islamique Azad de Téhéran. Elle a été reprise par les groupes de défense des droits humains Hengaw et Amnesty Iran pour illustrer la répression des femmes en Iran., sur YouTube, (consulté le )
- (en) « Un tribunal iranien suscite la controverse en diagnostiquant des maladies mentales chez les manifestants contre le hijab », Radio Free Europe/Radio Liberty, (lire en ligne, consulté le )
- « L'étudiante Ahou Daryaei placée dans un hôpital psychiatrique : une triste habitude pour Téhéran », Huffington Post, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Somayeh Malekian et Julia Reinstein, « L'Iran arrête une femme qui s'est dévêtue à l'université en signe de protestation », sur ABC News, (consulté le )
- (en) « Amnesty exige la libération d'Ahoo Daryaei, qui a été « arrêtée violemment » après s'être dénudée pour protester contre le code vestimentaire strict, selon des rapports », sur Sky News, (consulté le )
- « En Iran : nue contre le monde entier », sur Les Français.press (consulté le )
- (en) Parham Ghobadi, « L'Iran appelé à libérer une femme détenue après s'être dévêtue à l'université », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « L'Iran arrête une étudiante d'université qui s'est dévêtue en signe de protestation contre l'application du code vestimentaire », CBS News, (lire en ligne, consulté le )
- « En Iran, l'acte de défi d'une étudiante face aux Gardiens de la révolution », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Mohammed Tawfeeq, « Une Iranienne détenue après s'être dévêtue à l'université de Téhéran », CNN, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Evelyn Ann-Marie Dom, « Une étudiante arrêtée en Iran après s'être dénudée publiquement sur le campus universitaire », euronews.com, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Amirkabir Journal of Civil Engineering », sur ceej.aut.ac.ir (consulté le )
- (en) Srishty Choudhury, « Qui est la jeune femme de l’université des sciences et de la recherche, arrêtée pour s'être dénudée en protestation, et où est-elle maintenant ? », DNA India, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « La NSS appelle à la libération de la manifestante iranienne La jeune femme de l’université des sciences et de la recherche », National Secular Society, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Marche en France pour la jeune femme iranienne détenue ; première réaction du gouvernement », Euronews, (lire en ligne, consulté le )
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- Radio Farda, « Ceci est une vidéo d'une protestation en France suivant son arrestation », Radio Farda, (lire en ligne)
- « Women strip in Piccadilly Circus standing in solidarity with Iranian student Ahoo Daryaei who was detained by morality police », sur Newsflare (consulté le )
- (fa) « Arrestation violente d'une étudiante protestant et se dénudant », Voice of America, (lire en ligne, consulté le )
- (fa) « "La jeune femme des sciences et de la recherche" : Large écho de la protestation d'une étudiante à Téhéran », IranWire, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Amnesty demands release of Ahoo Daryaei, who was 'violently arrested' after stripping off to protest strict Islamic dress code, reports say », Sky News, (lire en ligne, consulté le )
- (fa) « Déclaration de la GSF sur Ahoo Daryaei », Voice of America, (lire en ligne, consulté le )
- (fa) « Rapporteuse spéciale des Nations Unies : Je suis de près le cas de la jeune femme des sciences et de la recherche », Radio Farda, (lire en ligne, consulté le )
- « "Ces femmes refusent de plier" : le combat des Iraniennes se poursuit deux ans après », sur France Inter, (consulté le )
- Elena Meilune, « Ahou Daryaei : des hommages qui divisent les femmes ? », (consulté le )
- « Arrêt sur images », sur www.arretsurimages.net (consulté le )
Liens externes
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