CC 7100
Les CC 7100 sont une série de locomotives électriques construites par Alsthom. Elles sont issues des deux prototypes CC 7001 et CC 7002 construits en 1949[1] qui expérimentaient le principe de l’adhérence totale (toutes les roues sont motrices) pour les locomotives de puissance. Par deux fois, les CC 7100 ont battu le record de vitesse sur rail. Les CC 7100 étaient vendues aussi à l'export (Espagne, Algérie, Chine, URSS, Pays-Bas et Maroc).
Exploitant(s) | SNCF |
---|---|
Type | locomotive électrique |
Constructeur(s) | Alstom, Fives-Lille/CEM |
Livraison | de 1952 à 1955 |
Retrait | de 1985 à 2001 |
Diffusion |
Espagne : 136 Chine : 66 France : 58 URSS : 50 Pays Bas : 15 Maroc : 15 |
Affectation | Sud-Ouest, Sud-Est |
Préservation | 5 exemplaires |
numéros | moteur | puissance | masse |
---|---|---|---|
CC 7101-7143 CC 7144-7158 |
TA 621 B TA 628 C |
3 490 kW 3 246 kW |
107 t 106 t |
Disposition des essieux | Co'Co' |
---|---|
Écartement | standard (1 435 mm) |
Alimentation | 1,5 kV CC |
Pantographes | 2 (type G) |
Moteurs de traction |
6 * TA 621 B 750 V ventil. forcée |
Transmission | anneau dansant |
Puissance continue | 3 490 kW |
Effort de traction | 225 kN |
Masse en service | 107 → 112 t |
Longueur | 18,922 m |
Diamètre des roues | Ø1 250 mm |
Vitesse maximale |
150 → 160 km/h (service) 325 km/h (essais) |
Genèse et mise au point
modifierOrigines
modifierLes premières locomotives électriques, héritières des locomotives à vapeur, comportaient des roues motrices encadrées par des roues porteuses. À la sortie de la guerre, en 1945, les premières commandes concernent un type éprouvé, celui des 2D2 9100. Cependant, la division d'étude de traction électrique (DETE) envisage déjà de passer à des machines à adhérence totale : toutes les roues sont motrices. Les BB 8100 sont vite mises au point, mais manquent singulièrement de puissance. Dans ce contexte, les CC 7001 et 7002, sont les prototypes de la future série alliant vitesse et puissance de traction. Le cahier des charges prévoyait la remorque de trains de 850 tonnes à 150 km/h en rampe de 2‰ et à 115 km/h en rampe de 8‰. La charge par essieu ne devait pas dépasser 22 tonnes pour ménager la voie.
Alsthom propose une locomotive de type CC (2 bogies de trois essieux moteurs chacun). Le projet prévoyait une locomotive entièrement nouvelle, réalisée avec des techniques électriques connues et éprouvées et une recherche d'allègement. Les deux prototypes CC 7001 et 7002 sont mis en service respectivement en mai et en 1949[2],[3].
La série CC 7100
modifierDans un premier temps, la SNCF commande à Alsthom et Fives-Lille/CEM 43 exemplaires de la série CC 7100. Ceux-ci sont livrés entre 1952 et 1954. Puis, quinze locomotives supplémentaires sont réceptionnées entre 1954 et 1955. Ces 58 locomotives sont numérotées CC 7101 à 7158[2],[1].
Leur ligne, reconnaissable par leur fenêtres latérales en « œil de bœuf », est due au crayon de Paul Arzens. Ce fut la première locomotive qu'il dessina pour la SNCF[2].
Descendance
modifierDes locomotives du même type ont été exportées en Espagne (136 exemplaires), aux Pays-Bas (16 exemplaires), en Algérie (8 exemplaires), au Maroc (7 exemplaires), en URSS (50 exemplaires) et en Chine (26 exemplaires, + une seconde série de 40 exemplaires).
Évolution
modifierLeur grande révision générale dans les années 1970 modifia leur allure par :
- le retrait des jupes ;
- la suppression des fanaux d’angle ;
- l’adjonction de feux rouges près des phares ;
- une face avant retouchée (pare-brise, gouttière…).
Machines particulières
modifier- CC 7107 : avec une pointe réelle à 325 km/h le [4] à Labouheyre, elle est pourtant « officiellement » codétentrice du record de vitesse sur rail à 331 km/h avec la BB 9004 ; la vitesse de 331 km/h, effectivement atteinte par la BB 9 004, a été attribuée aux deux machines pour ne léser ni favoriser aucun constructeur[5]. En 1989, pour les 150 ans des NS la machine se rend aux Pays-Bas pour une exposition à Utrecht et reçoit à cette occasion des pantographes de la cousine locale NS Class 1300[6]. Elle a été retirée du service actif en 1999. Le , elle était visible à la Cité du train de Mulhouse. Elle a également été présentée en Gare de Lyon à Paris lors des Journées du Patrimoine 2015[7].
- CC 7121 : cette machine a battu un premier record du monde de record de vitesse sur rail le à Vougeot avec 243 km/h[8].
- CC 7124, 7128, 7133, 7135, 7138 et 7140 dites « Maurienne » : équipées de frotteurs latéraux pour prise de courant par troisième rail sur la ligne de la Maurienne (modifiées d'octobre 1959 pour la première à 1969, et remises au type en 1976) et basées à Chambéry.
Services effectués
modifierElles assurèrent la traction de trains rapides comme le Mistral dans le Sud-Est ou le Drapeau et le Sud-Express dans le Sud-Ouest.
- Paris - Les Aubrais - Saint-Pierre-des-Corps - Poitiers - Angoulême - Bordeaux - Dax - Bayonne - Hendaye
- Paris - Les Aubrais - Vierzon - Limoges - Brive-la-Gaillarde - Cahors - Montauban - Toulouse
- Paris - Lyon - Valence-Ville - Avignon - Marseille dont le train « Le Mistral »
- Paris - Montargis[9]
- Bordeaux - Toulouse - Narbonne - Béziers - Montpellier - Nîmes - Marseille
- Lyon - Ambérieu - Culoz - Chambéry - Montmélian - Modane
- Lyon - Ambérieu - Culoz - Bellegarde - Genève (en service international)
- Lyon - Saint-Étienne
- Gare de Dijon-Ville - Dole
- Miramas - Villeneuve-Saint-Georges (service des marchandises)
- Mâcon - Ambérieu
- Culoz - Bellegarde - Genève
- Narbonne - Perpignan - Cerbère
(liste non exhaustive)
Elles finirent leur carrière au Fret SNCF le .
Dépôts titulaires
modifier- Avignon (avec récupération des effectifs de Paris - Sud-Ouest à partir de 1976 jusqu'au 31 mai 1977[9] et Chambéry[10] en 1978[11] à décembre 2001)
- Chambéry (avec six locomotives à frotteurs latéraux CC 7124, 7128, 7133, 7135, 7138 dont cette avant-dernière est la première équipée et 7140 supprimés fin 1976[10], d’octobre 1958 à 1979[9], puis transfert à Avignon[11])
- Lyon-Mouche (de février 1953 jusqu'en 1961 puis mutation à Villeneuve[9])
- Paris-Charolais (15 juin 1952 à 1954[9] puis mutation à Paris - Sud-Ouest)
- Paris - Sud-Ouest (antérieur au 1er avril 1958[12] puis mutation à Avignon à partir de 1976 jusqu'au 31 mai 1977[9])
- Villeneuve (de février 1958 puis mutation à Chambéry à partir de 1969[9] jusqu'avant le 1er janvier 1970[13])
Machines préservées (2022)
modifier- CC 7002 (prototype[1]) : APMFS à Ambérieu-en-Bugey (Ain)
- CC 7102 : APMFS à Chambery (Savoie) (depuis la disparition de l'association de la CC 7102, en 2009)
- CC 7106 : APMFS à Ambérieu-en-Bugey (Ain)
- CC 7107 : Cité du train à Mulhouse (Haut-Rhin)
- CC 7121 : Exposée au Musée du Chemin de Fer à Nîmes
- CC 7140 : Écomusée du haut-pays et des transports à Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes)
Modélisme
modifierCette locomotive a été reproduite :
- en O par la firme JEP, AMJL, LOMBARDI
- en HO par les firmes Gérard-TAB, HOrnby-acHO, Roxy, Piko, Rivarossi, Electrotren, Jouef , Lima et REE Modeles.
- en N par les firmes Arnold, Del Prado, Roco et Startrain
Galerie
modifier-
La CC 7121 Miramas dans les Bouches-du-Rhône en 2010.
-
La CC 7107 à la Cité du train.
Notes et références
modifier- Les 100 plus belles locomotives, hors série La Vie du Rail, avril 1996.
- Parc moteur : Série CC 7100 (SNCF), Del Prado, coll. « Train, l'univers du chemin de fer » (no 2), (ISBN 2-84349-010-3), p. 26-29.
- André Rasserie, op. cit., p. 8
- Loïc Fieux, « 331 km/h : le mythe est-il réalité ? », Correspondances ferroviaires, no 17, , p. 14 (lire en ligne).
- Raymond Legrand-Lane, « 40 ans après l'exploit... les souvenirs d'un témoin », Voies ferrées, no 88, , p. 14.
- « LES ESCAPADES DES TGV A L’ETRANGER – DocRail » (consulté le )
- Marc Carémantrant, « Journées du patrimoine : retour vers les passé », Rail Passion, no 217, , p. 3 (ISSN 2264-5411)
- Chemins de Fer n°185, mars et avril 1954.
- Loïc Fieux (préf. Bernard Porcher, photogr. Pascal Duhamel), Les locomotives CC de France, Auray, Loco-revue, , 191 p. (ISBN 2 903651 24 8), « CC 7100 », p. 67 à 80
- Jacques Defrance (préf. André Portefaix), Le matériel moteur de la SNCF, Paris, N.M. La vie du rail, (réimpr. 1977), 4e éd. (1re éd. 1960), 659 p., « Addenda et Dernières mises à jour au 1er avril 1977 », p. 553 et pour la réimpression 657
- Jacques Defrance, État numérique du parc moteur SNCF au 1er janvier 1979, Paris, Éditions Modernes et Illustrées, , 73 p., chap. 2 (« LOCOMOTIVES ÉLECTRIQUES et MISE A JOUR AU 1er AVRIL 2°) Mutations Locomotives électriques. »), p. 8 et 54
- Jacques Defrance (préf. Émile DUFOUR), Le matériel moteur SNCF, Paris, SEFMA, , 1re éd., 32 p., « LOCOMOTIVES ÉLECTRIQUES : Locomotives de vitesse : CC 7101 à 158 », p. 74
- Jacques Defrance, Le matériel moteur SNCF, Paris, La vie du rail, (réimpr. 1971), 3e éd. (1re éd. 1960), 472 p., chap. 1 (« Locomotives électriques de vitesse et Addendum au 1er janvier 1970 »), p. 85 et 387
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- André Rasserie, « La dynastie des 7100 », Voies Ferrées, no 68, , p. 6-45 (ISSN 0249-4914)
- Georges Mathieu, Le matériel moteur de la SNCF, Paris, La Vie du Rail, 1994., 334 p. (ISBN 2-902808-48-8)
- Denis Redoutey, Les CC 7100 : les premières locomotives électriques universelles, Paris, La Vie du Rail, 2003., 223 p. (ISBN 2-915034-04-4)
- Olivier Constant, « Encyclopédie du matériel moteur SNCF - Tome 1 : Les locomotives à courant continu 1 500 V », Le Train, no hors-série, 2004.