Chartreuse de Paris
La chartreuse de Paris, dite chartreuse de Vauvert, est une chartreuse fondée en 1257 à Vauvert sous l'impulsion de Saint Louis, et démolie de 1796 à 1800.
Chartreuse de Vauvert | ||||
Localisation de la chartreuse en 1790. | ||||
Présentation | ||||
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Culte | Catholique cartusien | |||
Type | Chartreuse | |||
Rattachement | chartreux | |||
Géographie | ||||
Pays | France | |||
région | Île-de-France | |||
ville | Paris | |||
Coordonnées | 48° 50′ 31″ nord, 2° 20′ 09″ est | |||
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
Géolocalisation sur la carte : France
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Situation
modifierLa nouvelle entrée du monastère des Chartreux de Paris, construite après 1617 par le maître-maçon Jean Autissier[1] consécutivement à un agrandissement de l'enclos, était avant sa démolition située au no 46 de la rue d'Enfer[2] (à l'emplacement de l'actuel no 64 du boulevard Saint-Michel). Une allée plantée d'arbres menait aux bâtiments conventuels qui se trouvaient en partie à l'emplacement de l'actuel jardin du Luxembourg[3], l'autre partie ayant fait place aux actuelles voies nommées rue Auguste-Comte et avenue de l'Observatoire (voir plan ci-contre).
L'enclos occupait à la veille de la Révolution française un vaste terrain délimité à l'ouest par la rue Notre-Dame-des-Champs, à l'est par la rue d'Enfer (actuelle rue Henri-Barbusse et partie du boulevard Saint-Michel) et empiétait, au nord, sur l'actuel jardin du Luxembourg.
« Le jardin des chartreux a le caractère du désert ; la terre des allées n’y est point remuée ; l’herbe y est épaisse ; les arbres n’y portent point l’empreinte de la faucille; ils sont humbles & courbés comme les religieux qui vous saluent sans vous regarder : c’est ici le noviciat de l’éternité ; on se croit à cent lieues de la nouvelle Babylone. Il n’est pas besoin d’un tombeau factice pour réveiller en cet endroit des idées religieuses ; on voit l’image d’un autre monde et d’un monde paisible, soit dans ce silence habituel, soit dans ces ombres blanches qui passent, soit enfin dans ce chant long & lugubre qui retentit au pied des autels ; […].
Historique
modifierAvant la Révolution
modifierAu milieu du XIIIe siècle, le roi Louis IX (saint Louis), qui réside au palais de l'île de la Cité et y a fait édifier la Sainte-Chapelle, souhaite attirer des ordres religieux vers Paris[3] dont l'évêque est alors suffragant de l'archevêque de Sens. Le roi demande aux Chartreux, dont il admire la règle, de venir fonder un monastère[3]. Il fait don aux Chartreux du château de Vauvert, vaste domaine au sud de Paris. Le [3], les Chartreux arrivent à Vauvert et entreprennent d'exorciser les lieux[6]. L'abbaye et la fortune des moines, en terres et immeubles, ne cessent de s'agrandir jusqu'au XVIIe siècle, allant même jusqu'à recevoir de Louis XIII en 1618, en compensation de l'amputation d'une partie de leur terrain pour l'aménagement du parc du Luxembourg, la permission d'annexer la partie de l'antique voie menant à Vanves et à Chevreuse qui séparait leur « petit clos » d'avec le grand[7]. La communauté ne dépasse pourtant jamais le nombre de 32 religieux.
À la veille de la Révolution, les bâtiments conventuels de la chartreuse sont entourés d'un enclos composé de vastes espaces libres, de potagers, bois, taillis et d'une célèbre pépinière, couvrant au total une surface de 26 hectares[1]. Cet enclos constitue alors, avec celui de Saint-Lazare (plus de 52 hectares), le plus grand domaine ecclésiastique de Paris.[réf. souhaitée]
Les Chartreux possèdent également des terrains à Bagneux[8].
Conformément à la règle de saint Bruno, appelée Consuetudines Cartusiae, les religieux-ermites occupent de petites maisons — chacune ayant son jardinet —, disposées autour d’un grand cloître. Au XVIIIe siècle, la chartreuse de Paris, dont le jardin du Luxembourg garde la mémoire horticole, offre l’exceptionnelle ressource d’un verger, aux fruits variés et réputés grâce à l’inventivité des moines.
Le petit cloître du couvent comportait une suite de vingt-deux tableaux représentant la vie de saint Bruno, exécutés de 1645 à 1648 par Lesueur (maintenant au musée du Louvre). Le peintre résidait alors à Aubevoye, dans une autre chartreuse fort réputée, la chartreuse Notre-Dame-de-Bonne-Espérance, dans le département actuel de l'Eure.[réf. souhaitée]
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Saint Bruno apparaissant au comte. Roger
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Saint Bruno aux pieds du pape Urbain II.
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Songe de saint Bruno.
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Mort de saint Bruno.
Le 2 août 1581, une sentence du Châtelet est rendue à la requête des religieux du couvent des Chartreux contre Edme Breton, leur débiteur[9]
La copie d'un arrêt du Conseil d’État portant évocation au Conseil de l’appel comme d’abus interjeté par quinze religieux de la Chartreuse de Paris contre une ordonnance rendue dans le dernier chapitre de leur ordre à la Grande Chartreuse et mettant au néant l’arrêt du Parlement en date du 12 mai les recevant en appel, 13 mai 1723 est conservé dans les archives de Paris[10]
La destruction du couvent des Chartreux
modifierFermée et vendue en 1790, la chartreuse devint une usine d'armement, puis fut démolie de 1796 à 1800. Une loi du 27 germinal an VI (16 avril 1798) prévoit le percement de plusieurs voies à l'emplacement de l'enclos des Chartreux : avenue de l'Observatoire, rue de l'Ouest (actuelle rue d'Assas) et rue de l'Est (incorporée en 1859 au boulevard Saint-Michel)[11],[12]. En 1866 est déclarée d'utilité publique l'ouverture des actuelles rues Auguste-Comte, Michelet et des Chartreux[13].
Galerie
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Eustache Le Sueur : Vue de Paris, avec le plan de la chartreuse de Paris porté par deux angelots.
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La chartreuse de Paris en 1655.
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Portail Saint-Louis de la chartreuse de Paris au XVIIe siècle.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- [Biver et Biver 1970] Paul Biver et Marie-Louise Biver (préf. Yvan Christ), Abbayes, monastères et couvents de Paris : des origines à la fin du XVIIIe siècle, Paris, Éditions d'histoire et d'art et Nouvelles Éditions latines, , 1re éd., XV-606-[32], 24 cm (OCLC 418237150, BNF 35319143, SUDOC 002084090, lire en ligne), 3e partie (« L'ordre des Chartreux »), chap. unique (« La chartreuse de Vauvert »), p. 103-115.
- [de Courcy 2004] Louis de Courcy, « De la chartreuse de Vauvert au jardin du Luxembourg », sur la-croix.com, .
- [Raizon 2004] Dominique Raizon, « La mémoire prestigieuse du jardin du Luxembourg », sur Radio France internationale, .
- « Mémoire du Luxembourg : du jardin des Chartreux au jardin du Sénat », sur senat.fr, . Présentation de l'exposition du au dans l'Orangerie du Sénat (19 bis, rue de Vaugirard, 75006 Paris), pour la célébration du 400e anniversaire de l'élixir végétal de la Grande Chartreuse.
Liens externes
modifierNotes et références
modifier- Fleury Michel, Pronteau Jeanne, « Histoire de Paris », In: École pratique des hautes études, 4e section, Sciences historiques et philologiques. Annuaire 1968-1969. 1969. pp. 361-376
- Jean de la Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, Paris, 1812, p. 99.
- Sénat 2004.
- Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris faisant suite aux éditions précédentes, t. XII, Amsterdam, (lire en ligne), p. 41-42
- Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris, Paris, Mercure de France, , p. 1343-1344
- de Courcy 2004.
- P. de Lacroix, Histoire monumentale, pittoresque et anecdotique de la chartreuse de Paris, Paris, Dumoulin, (lire en ligne), p. 43-44
- Archives nationales de France : S.1010, 1075.
- Archives de Paris N°6 AZ 682
- Archives de Paris N°:6 AZ 682
- [Lazare & Lazare 1844] Félix Lazare et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, , sur gallica (lire en ligne), p. 203-204.
- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), Paris, plan 41e quartier « Luxembourg », îlot no 6, échelle 1/1333, cote F/31/96/06 ; îlot no 15, échelle 1/1000, cote F/31/93/16.
- M. Alphand (dir.), A. Deville et Hochereau, Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), , sur gallica (lire en ligne), « Décret du 14 août 1866 », p. 369.