Guillaume de Beaujeu

21e Grand maître de l'Ordre du Temple

Guillaume de Beaujeu (parfois cité comme Guillaume de Beaulieu)[1], né vers 1233 et mort le lors du Siège de Saint-Jean-d'Acre, est le 21e maître de l'Ordre du Temple et le dernier en Terre sainte. Son secrétaire, le Templier de Tyr, affirme que sous son mandat le Temple fut « honoré et redouté »[2]. Le sultan Malik al-Arshaf, son ennemi, l'appelle « véritable et sage » dans une lettre de 1290[3]. Il a été l'ami de plusieurs souverains occidentaux et orientaux.

Guillaume de Beaujeu
Fonction
Grand maître de l'ordre du Temple
-
Biographie
Naissance
Décès
Famille
Père
Guichard de Beaujeu (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Catherine d'Auvergne (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Ordre religieux
Conflit
Blason de Guillaume de Beaujeu.

Origine

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Guillaume de Beaujeu, né vers 1233, est membre de la famille de Beaujeu en Beaujolais. Son père, Guichard de Beaujeu-Montpensier, est cousin du roi de France Louis VIII[4]. Guillaume est, de ce fait, un cousin issu de germain de Louis IX et de Charles Ier d'Anjou[5]. Il est parfois présenté comme étant originaire de Bourgogne[6] et seigneur de Sevans[7] mais il s'agit d'un autre Guillaume de Beaujeu qui n'a rien à voir avec le grand-maître du Temple. En effet, posséder une seigneurie en son nom propre était impossible pour un templier.

Sa mère Catherine était la fille de Guillaume VIII, Dauphin d'Auvergne, et son père Guichard était seigneur de Montpensier de 1216 à 1256[8].

Il est donc le frère d'Humbert de Beaujeu[9], connétable de France et d'Héric de Beaujeu, maréchal de France.

Entrée dans l'ordre du Temple

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La réception de Guillaume de Beaujeu s'est faite avant 1253[10], peut-être même avant 1250 car il n'accompagne pas ses frères et son oncle à la septième croisade. Il est envoyé en Terre sainte entre cette date et 1260, date à laquelle il fait partie d'une expédition contre des Turcomans dans la région de Tibériade. Il est fait prisonnier au cours d'une embuscade et est racheté par rançon avec d'autres frères du Temple[11].

Durant les années 1260, il assista à la guerre de Saint-Sabas entre communes italiennes, guerre qui divisa profondément la noblesse des Etats latins d'Orient et les ordres militaires. Baybars, sultan mamelûk d'Egypte, en profita pour conquérir de nombreuses places fortes chrétiennes et pour détruire la principauté d'Antioche[12].

En 1271, Guillaume de Beaujeu est commandeur de la province de Tripoli[13] puis maître de la province du royaume de Sicile durant deux ans[14]. Il est probablement envoyé là-bas pour prendre contact avec Charles d'Anjou, son cousin, dont les ambitions méditerranéennes pouvaient servir à sauver l'Orient latin menacé par les Mamelûks[15].

Maître de l'ordre du Temple

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Guillaume de Beaujeu est toujours en Sicile lorsqu'il est élu maître de l'Ordre du Temple, le [6] 1273[16]. Le chapitre désigne le frère Goufier (de Roannais) comme grand commandeur tenant lieu de maître[N 1] en attendant son arrivée et envoya les frères Bertrand de Fox[N 2] et Guillaume de Ponçon[N 3] le chercher[20].

Il participe d'abord au deuxième concile de Lyon où il défend son ordre et prépare le terrain pour Charles d'Anjou en s'opposant au projet de croisade de Jacques Ier d'Aragon[21]. Il part ensuite en Angleterre afin de récupérer les sommes importantes empruntées par Édouard Ier d'Angleterre (acte signé à Londres le )[6].

Il arrive en septembre 1275[6] dans la ville d'Acre, seule grande ville restante des établissements chrétiens en Orient avec Tripoli, Tyr et Beyrouth. Il fait alors en sorte d'évincer Hugues III de Chypre, alors roi de Jérusalem, pour préparer l'arrivée des Angevins[22].

Pendant une dizaine d'années, il entretient des relations cordiales avec les Mamelouks évitant une nouvelle vague de conquête. Les Angevins offrent aux États latins une respiration temporaire, jusqu'à ce que les Vêpres siciliennes viennent mettre fin aux prétentions de Charles Ier d'Anjou sur le reste de la Méditerranée. Guillaume de Beaujeu, désormais seul maître en ville, permet le retour des Lusignans de Chypre sur le trône de Jérusalem et appelle de ses vœux une nouvelle croisade qui ne verra pas le jour. Cependant, ça serait à cause d'un incident entre des italiens et des musulmans d'Acre que se serait rallumé la guerre avec l'Egypte. En 1291, le sultan d'Égypte, Al-Achraf Khalîl, débute le siège de Saint-Jean-d'Acre. Guillaume de Beaujeu, qui aurait tout fait pour éviter cette situation, appelle les princes francs à l'aide. Il aurait activement participé à la défense de la ville en conduisant plusieurs sorties. Lorsque les Mamelouks parviennent à rompre les remparts d'Acre et y pénètrent le , il se serait lui-même rendu à la brèche, accompagné de chevaliers du Temple et du maître de l'Hôpital, Jean de Villiers. Pendant le combat, il reçoit une flèche sous l'aisselle. Étant ramené vers les lignes arrière, il aurait été apostrophé par des chevaliers pisans qui l'auraient supplié de ne pas fuir, et à qui il aurait répondu : « je ne m'enfuis pas, je suis mort », avant de se rendre à la commanderie où il succombera peu après de ses blessures. Il est enterré dans la chapelle du Temple, au moment où les assiégeants prennent la ville. Tandis que Thibaud Gaudin, son futur successeur, organise l'évacuation des trésors du Temple[23], Pierre de Sevry, maréchal de l'ordre, supervise la dernière défense de la ville.

Les hommes de son temps

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Au cours de sa vie et comme maître de l'ordre du Temple, Guillaume de Beaujeu a côtoyé des hommes remarquables :

  1. « et frere Goufier fu fait commandeor grant; tenant lieu de maistre ». Ce titre correspond au grand commandeur par intérim de la règle du Temple[17]. Guillaume de Ponçon l'était avant l'élection et ce frère le fut en attendant que Guillaume de Beaujeu rejoigne l'Orient.
  2. Bertrand de Fos était commandeur de la province de Chypre en 1271[18] et vers 1288[19].
  3. Guillaume de Ponçon était maître de la province d'Aragon (1262-1266) avant de rejoindre la Terre sainte. Il a tenu lieu de maître de l'ordre à la suite du décès de Thomas Béraud et jusqu'à l'élection de Guillaume de Beaujeu, cf. L'Estoire d'Eracles.

Références

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  1. Histoire constitutionnelle et administrative de la France depuis la mort de Philippe-Auguste, Tome II. sur Google Livres, Baptiste-Honore-Raymond Capefigue, 1834.
  2. Gaston Raynaud, Les Gestes des Chyprois, recueil de chroniques françaises écrites en Orient aux XIIe et XIIIe siècles, pp 201-202
  3. Louis de Vasselot, Guillaume de Beaujeu, dernier grand-maître du Temple en Terre sainte, p. 46
  4. Ferdinand de la Roche La Carelle, Histoire du Beaujolais et des sires de Beaujeu suivie de l'armorial de la province, tome 1, Lyon, , pp. 78-81
  5. La croix d'Anjou au cœur de la Provence. sur Google Livres
  6. a b c d e f g h et i Histoire critique et apologétique de l'ordre des chevaliers du temple de Jérusalem dits Templiers sur Google Livres, Claude Mansuet Jeune, 1789, pages 70 à 89.
  7. Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des Pairs, grands officiers de la couronne et de la maison du roi... sur Google Livres, Anselme de Sainte-Marie, Honoré Caille Du Fourny & Ange de Sainte-Rosalie, compagnie des libraires, 1730, page 85.
  8. Mémoires pour servir a l’histoire de Dombes, Tome I. sur Google Livres, Marie-Claude Guigue, 1868, pages 520-522.
  9. Demurger 2008, p. 413-414
  10. Bulst-Thiele 1974, p. 260
  11. Gaston Raynaud, Les Gestes des Chyprois, recueil de chroniques françaises écrites en Orient aux XIIe et XIIIe siècles, Genève, Société de l'Orient latin, , p. 164
  12. Jean Richard, Histoire des croisades, Paris, Fayard, , pp. 403-433
  13. Pierre-Vincent Claverie, L'ordre du Temple en Terre Sainte et à Chypre au XIIIe siècle , catalogue analytique des actes relatifs à l’histoire de l’ordre en Terre Sainte et à Chypre aux XIIe et XIIIe siècles., vol. 3, Nicosie, Centre de Recherche Scientifique, coll. « Sources et études de l'histoire de Chypre », , 680 p. (ISBN 978-9-9630-8094-6, présentation en ligne), p. 324 ; Bulst-Thiele 1974, p. 260, 288 ; Reinhold Röhricht, Regesta regni Hierosolymitani (MXCVII-MCCXCI) : Additamentum, (lire en ligne), p. 359 (n°1378); (it + fro) Sebastiano Paoli, Codice diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano oggi di Malta, (lire en ligne), p. 194-195 (n°152)
  14. Bulst-Thiele 1974, p. 260, 288 ; Regesta chartarum Italiae, (présentation en ligne), chap. 25, p. 343 (n°258)
    1272: « Religioso fratri G. De Belloioco, magistro domorum militie Templi in regno Sicilie ».
  15. Xavier Hélary, Les Templiers, leur faux trésor, leur vraie puissance, Paris, First éditions, , p. 145
  16. Demurger 2008, p. 611
  17. Henri de Curzon, La règle du temple : publiée pour la société de l'histoire de France, Renouard, , 1re éd., XLJ+368 (lire en ligne), p. 142-149
    Retrais n°198-215.
  18. Claverie 2005, p. 177
  19. Amédée-Louis-Alexandre Trudon des Ormes, « Liste des maisons et de quelques dignitaires de l'ordre du Temple en Syrie, en Chypre et en France d'après les pièces du procès », dans Charles-Jean-Melchior de Vogüé, Revue de l'Orient latin, vol. V., Paris, Ernest Leroux, (réimpr. 1964) (ISSN 2017-716X, lire en ligne), p. 434
  20. Demurger 2002, p. 66-69 ; (la) Reinhold Röhricht, Regista Regni Hierosolymitani (1097-1291) : Edidit, (lire en ligne), p. 360 (N°1387) ; « L'Estoire de Eracles empereur et la conqueste de la terre d'Outremer », dans Recueil des historiens des croisades. Historiens occidentaux., t. II, , p. 463, lire en ligne sur Gallica
    Mai 1273: « frere Guillaume de Biaujeu, qui estoit Outre mer commandeor du Temple en Puille ».
  21. Alain Demurger, Jacques de Molay, , p. 207
  22. Louis de Vasselot, Guillaume de Beaujeu, dernier grand-maître du Temple en Terre sainte, , pp. 46-49
  23. Gaston Raynaud, Les Gestes des Chyprois, recueil de chroniques françaises écrites en Orient aux XIIe et XIIIe siècles, pp. 241-251

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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