Mikhaïl Lermontov

poète, peintre, romancier et dramaturge russe (1814–1841)

Mikhaïl Iourievitch Lermontov (en russe : Михаил Юрьевич Лермонтов), né le 3 octobre 1814 ( dans le calendrier grégorien) à Moscou et mort le 15 juillet 1841 ( dans le calendrier grégorien) à Piatigorsk, est un poète, peintre, romancier et dramaturge russe, souvent appelé le « poète du Caucase ».

Mikhaïl Lermontov
Description de cette image, également commentée ci-après
Mikhaïl Lermontov en 1837.
Nom de naissance Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Naissance
à Moscou (Empire russe)
Décès (à 26 ans)
Mont Machouk, près de Piatigorsk (Empire russe)
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Russe
Mouvement Romantisme, Réalisme
Genres

Œuvres principales


Mascarade (théâtre, 1835)
Le Démon (poème, 1841)
Un héros de notre temps (roman, 1841)

Biographie

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Les actes de bravoure y ont alterné avec les farces de potache. Les impressions de ceux qui l'ont rencontré sont tout autant contrastées[1]. Un héros de notre temps et Le Démon, les héros de ses deux chefs-d'œuvre, sont sans doute ceux qui dévoilent le mieux qui était Lermontov : un « enfant du siècle », aussi profondément romantique que russe.

Enfance

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Lermontov naît à Moscou dans une famille noble du gouvernement de Toula, tirant fierté de son origine écossaise (Lermont, Learmount ou Learmonths)[2]. Il perd sa mère alors qu'il n'a que trois ans, et son père à dix-sept ans. C'est sa grand-mère Élisabeth Alexeïevna Arsénieff (1773-1845), née Stolypine, qui l'élève, le tenant éloigné de son père, sous la menace de le déshériter. Son enfance se déroule dans le village de Tarkhany[3] (gouvernement de Penza).

Adolescence

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Manoir de Tarkhany, où il passa sa prime jeunesse, puis des séjours d'été

Lermontov s'installe à Moscou en 1827[4]. Sa grand-mère l'y élève selon les règles de la grande aristocratie russe. L’atmosphère que l'adolescent respire diffère peu de celle dans laquelle Alexandre Pouchkine avait grandi, quinze ans auparavant[5]. Lermontov fréquente la Pension noble (comme, avant lui, Alexandre Griboïedov), jusqu'à ce que celle-ci, jugée trop libérale, soit fermée par les autorités. Il s'inscrit ensuite à l'université de Moscou, en 1831 et 1832. Ses études s’y terminent abruptement, peut-être en raison du rôle joué dans certains actes d’insubordination vis-à-vis d'un enseignant autoritaire.

En 1832 sa grand-mère s'installe à Saint-Pétersbourg. Lermontov la suit et rejoint l’école des Cadets, d'où il sort cornette du régiment des hussards de la Garde.

Premières œuvres

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C'est pendant cette période de sa vie qu'il compose ses premiers poèmes inspirés par Pouchkine et Byron. Le style poétique de Lermontov ne tarde cependant pas à s’affranchir. Ceci se traduit notamment par un changement de thèmes, comme dans La Voile, où est évoqué le bonheur atteint dans la lutte. Lermontov entame aussi un roman, Vadim (1832-34), où il prend position pour les paysans opprimés et traite de l’insurrection de Pougatchev. Mais ces années sont surtout celles des grandes lectures : Pouchkine, maître incontesté des lettres russes, mais aussi Friedrich von Schiller, Byron et Victor Hugo.

Lermontov est aussi fortement marqué par l'atmosphère étouffante qui règne dans l'Empire russe depuis l'insurrection décabriste de 1825 : le pays est paralysé politiquement, socialement et moralement ; la noblesse est condamnée à une vie frivole et oisive[6].[réf. souhaitée] Les pensées et sentiments de Lermontov sont un reflet parfait de ceux des étudiants de son temps : indignation contre le servage, haine du despotisme et aspiration passionnée à la liberté.[réf. nécessaire]

Vie mondaine

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Jeune officier des hussards installé à Tsarskoïe Selo, Lermontov mène une vie mondaine grâce à l'argent que lui verse sa grand-mère. Elle lui inspire un drame en vers, Mascarade ou le Bal masqué (1835-1836), puis un roman, qui reste inachevé, La Princesse Ligovskoï, dans lequel apparaît déjà Pietchorine, le héros de son chef-d'œuvre en prose, Un héros de notre temps.

Un tournant intervient dans la vie de Lermontov lorsqu'il exprime, en 1837, son désarroi à l'annonce de la mort tragique de Pouchkine, dans un poème passionné adressé à Nicolas Ier. La Mort du poète dénonce les courtisans qui ont, selon Lermontov, provoqué le duel au cours duquel Pouchkine avait perdu la vie. Ces vers proclament aussi que si la Russie ne punit pas les coupables, un second poète ne lui sera pas donné... La Mort du poète vaut à Lermontov une célébrité immédiate, ainsi que la sympathie des nombreux amis de Pouchkine, comme le poète Vassili Joukovski ou Alexandra Smirnov, dame d'honneur de l'impératrice.


Dans le Caucase

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Nicolas Ier, cependant, trouve plus d’impertinence que d’inspiration dans cette adresse, puisque Lermontov est aussitôt envoyé dans le Caucase comme officier des dragons. Il avait déjà passé quelque temps pendant son enfance dans cette région, dont le décor montagneux et les habitants l'enchantent. Son chef-d'œuvre poétique, Le Démon, prend forme durant cet exil. Il écrit aussi Le Chant du tsar Ivan Vassilievitch et du hardi marchand Kalachnikov[7],[8], ainsi que le Boïar Orcha, inspirés de contes traditionnels russes. Finalement, il entame son grand roman en prose, Un héros de notre temps.

Retour à Pétersbourg

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Grâce à l'intervention de sa grand-mère, Lermontov obtient de revenir à Saint-Pétersbourg après six mois d'exil. En 1838 et 1839, il y savoure sa gloire littéraire, tout en écrivant Méditation qui décrit l'oppression de toute sa génération. Une fois de plus, il s'en prend aux "mondains grand monde", dans Nouvel An 1840. Finalement, après un duel contre Ernest de Barante, fils de l’ambassadeur de France, il est renvoyé dans le Caucase, où il combat avec bravoure. Lermontov avait achevé entre-temps Un héros de notre temps. Le roman, publié au printemps 1840, connaît un succès immédiat. L'écrivain y dépeint la tragédie de la jeunesse de son époque ; libérale et instruite, insatisfaite de la stagnation de la société, consciente de l'impossibilité de toute révolte, et considérant, dès lors, la vie comme futile. Cet ouvrage romantique, le premier roman psychologique russe[9], vaut à Lermontov d'être considéré en Russie comme un des fondateurs du réalisme.

 
Maisonnette de Piatigorsk où Lermontov passa les deux derniers mois de sa vie
 
Tombe de Lermontov à Tarkhany

En 1841, Lermontov obtient encore une permission de deux mois à Pétersbourg, avant de repartir pour le Caucase[10], où il trouve bientôt la mort, lors d'un duel, à l'âge de 26 ans[11]. Il aurait lui-même été à l'origine du combat fatal qui l'opposa à Nikolaï Martynov en , dans les environs de la ville d'eau de Piatigorsk, dans le Caucase. Il semble aussi que les duellistes se placèrent au bord d'un précipice, afin que la moindre blessure entraîne une chute mortelle, ainsi que dans le combat singulier décrit dans Un héros de notre temps. Comme dans le cas de Pouchkine, les circonstances de la mort de Lermontov ne sont pas claires, ce qui a donné naissance à diverses théories, notamment celle de l'assassinat. Lermontov est enterré dans le village de Tarkhany, où il avait passé son enfance.

Poèmes

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  • Automne (1828)
  • Le Poète (1828)
  • Le Prisonnier du Caucase (1828)
  • Les Circassiens (1828)
  • Le Corsaire (1828)
  • L'Épouse du nord (1829)
  • Mon démon (1829)
  • Adieu (1830)
  • La Tombe du soldat (1830)
  • Premier amour (1830)
  • Étoile (1830)
  • La Voile (1831)
  • Requiem (1831)
  • L'Ange (1831)
  • Le Novice (en) (1840)
  • Le novice (1840), traduction française de Guy Imart (Alidades, 2024)
  • Le Bateau fantôme (1840)
  • Nuages (1840)
  • Le Chevalier captif (1840)
  • Le Démon (1841)
  • Le Prophète (1841)
  • Le Rocher (1841)
  • Ma Terre natale (1841)
  • Tamara (1841)
  • Le Pin (1841)
  • Adieu Russie, pays crasseux (1841)
  • La Princesse des mers (en) (1841)
  • Valerik (en) (1841)

Pièces de théâtre

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Romans et prose

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Adaptations au cinéma

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Prix littéraire

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Notes et références

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  1. Texte d'Henri Troyat consacré à Lermontov, sur artrusse.com
  2. Les Lermontoff remontent à un gentilhomme écossais, George Learmonth (1590-1633), issu du clan Lamont, qui, fait prisonnier par les Russes en 1613, fit acte d'allégeance au tsar Michel Fiodorovitch et mourut en 1633 au service de la Russie.
  3. Un musée lui est consacré dans l'ancien manoir familial.
  4. On peut visiter sa maison, située 2 rue Malaïa Moltchanovka, dans le quartier de l'Arbat
  5. Bien qu'une certaine anglomanie de style ait commencé à poindre, comme dans toute l'Europe romantique, mais sans concurrencer l'usage du français dans la noblesse.
  6. Une ambiance perçue par Astolphe de Custine, dans La Russie en 1839.
  7. Saint-René Taillandier, « Le Poète du Caucase », Revue des deux mondes, Paris, vol. 9,‎ , p. 502-534 (lire en ligne) (réimprimé dans Allemagne et Russie, Paris, 1856).
  8. Duduichkin, Materials for the Biography of Lermontov, préface à l’édition de 1863 de son œuvre.
  9. (en) Russian Authors. Biobibliographical Dictionary, vol. 1, Moscou, Prosveshchenye Publishers, « Lermontov, Mikhail Yurievich ».
  10. Dans Les Bienveillantes (2006), Jonathan Littell fait visiter au personnage principal et à son ami Voss divers lieux du Caucase qui ont inspiré Lermontov, et fait revivre à son narrateur les aventures de Piétchorine. Subissant sans doute l’influence de Lermontov, Voss se laisse entraîner à un duel qui lui sera fatal (voir p. 456 etss de l’éd. Folio). Le narrateur et Voss avaient auparavant visité la maisonnette où Lermontov a passé les derniers mois de sa vie, que le narrateur dépeint ainsi que suit :
    Nous traversâmes la cour et le petit jardin pour gagner une des maisons basses. [...] Dedans, il faisait sombre [...]. Les murs étaient blanchis à la chaux, le mobilier était simple ; il y avait de beaux tapis orientaux et des sabres caucasiens accrochés à des clous. Un divan étroit paraissait très inconfortable. Voss s’était arrêté devant un bureau qu’il caressait des doigts. [Le guide] lui expliqua encore quelque chose. « Il a écrit Un héros de notre temps à cette table », traduisit pensivement Voss. — « Ici même ? » — « Non, à Saint-Pétersbourg. Quand le musée a été créé, le gouvernement a fait envoyer la table ici. » Il n’y avait rien d’autre à voir.
    Cf. p. 381-382 de l’éd. Folio.
  11. 1972 Alexandre Soljenitsyne, p. 344

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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