Théorème de Cochran

En mathématiques, plus précisément en théorie des probabilités, le théorème de Cochran concerne la projection d'un vecteur aléatoire gaussien sur des sous-espaces vectoriels orthogonaux de dimensions finies[1]. Il établit la loi et l'indépendance de ces projections et de leurs normes euclidiennes. Ce théorème est utilisé en statistique pour justifier la convergence en loi de tests statistiques et est l'argument clé pour des résultats de base du modèle linéaire.

Énoncé du théorème

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La version générale de ce théorème est la suivante :

Théorème de Cochran — Soient X un vecteur aléatoire gaussien de   de loi   (où  , σ > 0 et Idn est la matrice identité de taille n), ainsi que F1, ..., Fm des sous-espaces vectoriels de  , orthogonaux deux à deux et de somme  .

Alors, si l'on note pour 1 ≤ im, PFi la matrice de la projection orthogonale sur Fi et di la dimension de Fi :

  • les vecteurs aléatoires PF1X, ...,PFmX sont deux à deux indépendants et de lois respectives   ;
  • les variables aléatoires réelles   sont deux-à-deux indépendantes et sont de lois respectives χ2(d1), ...,χ2(dm).

Une version simplifiée mais équivalente est l'énoncé suivant :

Théorème de Cochran (simplifié) — Soit X un vecteur aléatoire gaussien de   de loi   et F un sous-espace vectoriel de   de dimension d, F son orthogonal et PF,PF les matrices des projections orthogonales sur F, F. Alors :

  • les vecteurs aléatoires PFX,PFX sont indépendants et de lois respectives   ;
  • les variables aléatoires réelles |PFX|2,|PFX|2 sont indépendantes et de lois respectives χ2(d),χ2(n – d).

Démonstration

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On peut passer de la version simplifiée à la version générale du théorème en appliquant une récurrence sur le nombre de sous-espaces vectoriels (qui interviennent dans l'énoncé) et en effectuant le changement de variable  . Il suffit donc de démontrer la version simplifiée.


On note   avec  . Alors   et par conséquent, PFX et PFX sont des vecteurs gaussiens. On a   . En effet :

  •   car   est une projection
  •  car   est une projection
  •   car   et  sont orthogonaux.

Ainsi, comme   est diagonale par blocs, les vecteurs aléatoires PFX et PFX sont indépendants et ont pour lois respectives   et  .


Pour la norme de la projection, il suffit de prendre (u1,...,ud) une base orthonormée de F et (ud + 1,...,un) une base orthonormée de F. Alors

 

On écrit   avec U la matrice de passage de la base canonique à la base (u1,...,un). Ainsi   car U est orthogonale. Donc les variables aléatoires   sont normales centrées et puisque la matrice de covariance   est diagonale elles sont indépendantes. Par définition de la loi du χ2,

 .

Applications

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Estimateur non biaisé de la variance

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On se donne un échantillon X = (X1,...,Xn)T de loi normale  . On note la moyenne empirique   et la variance empirique non biaisée   Alors

 

Remarque : on a perdu un degré pour la loi du khi deux.

Test du khi deux

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Le théorème de Cochran permet d'établir la convergence en loi de certains tests statistiques. C'est le cas du test d'adéquation ou le test d'indépendance. Il est aussi utilisé dans le cadre du modèle linéaire pour obtenir l'indépendance de   et de   et le fait que   est de loi χ2(n – p)p – 1 est le nombre de variables.

Notes et références

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  1. « Théorème de Cochran et applications en statistiques » [PDF], sur perso.univ-rennes1 (consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

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Lien externe

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