Valentine Hugo
Valentine Hugo, née Valentine Marie Augustine Gross, à Boulogne-sur-Mer[1] le et morte à Paris le , est une artiste peintre et illustratrice française.
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Valentine Marie Augustine Gross |
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Biographie
modifierSon père, Auguste Gross, musicien qui avait opté pour la France après l'annexion de l'Alsace par l'Empire allemand[2], travaille comme professeur de piano.
De 1907 à 1910, Valentine Gross étudie aux Beaux-Arts de Paris. Ses études terminées, elle entre dans les cercles de Marcel Proust, André Gide, Paul Morand, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Erik Satie[2], Maurice Ravel, Serge Diaghilev, Léon-Paul Fargue, Roger de la Fresnaye, qu'elle reçoit dans son appartement de la rue de Montpensier à Paris. En 1913, elle note et dessine, d'après Vaslav Nijinski, les costumes et la chorégraphie du Sacre du printemps.
Après la Grande Guerre, elle continue de fréquenter ses amis au sein du groupe des Six où elle fait la connaissance de Georges Auric.
En 1919, elle épouse le peintre Jean Hugo, arrière-petit-fils de l'écrivain Victor Hugo, rencontré deux ans plus tôt[2]. Le couple tient salon dans leur appartement parisien du Palais-Royal[2]. Elle collabore avec son mari en 1921 à la création des costumes des Mariés de la tour Eiffel de Jean Cocteau. Celui-ci lui présente Raymond Radiguet. Elle passe des vacances avec les deux écrivains en 1921 et 1923 au Grand Piquey, près d'Arcachon.
En 1924, elle réalise à nouveau les costumes d'une pièce de Jean Cocteau, Roméo et Juliette. Elle étudie alors la gravure.
Vers 1926, elle rencontre les surréalistes. En 1929, elle a une liaison avec Paul Éluard, que Gala vient de quitter, puis, en 1930, avec André Breton qui la fascine malgré la relative froideur qu'il témoigne à une femme qualifiée de « copurchic »[3]. Elle divorce deux ans plus tard[2].
Elle peint le portrait de plusieurs surréalistes et illustre les œuvres de René Char, René Crevel, Paul Éluard, mais également Lautréamont et surtout la réédition des Contes bizarres d’Achim von Arnim, dont Breton écrit la préface.
Elle expose avec Max Ernst, Alberto Giacometti, Jean Arp, Pablo Picasso, Marcel Duchamp, Man Ray, mais elle connaît alors une période moralement difficile[2] aggravée par les difficultés financières consécutives à la crise de 1929 et l'effondrement du marché de l'art. Elle participe au Salon des surindépendants, à Paris en 1933, et à l’exposition « Fantastic art, Dada, Surrealism » au Museum of Modern Art de New York en 1936. Affectée par le suicide de René Crevel, en 1935, et par les départs de Char, Tristan Tzara et Paul Éluard, Valentine Hugo quitte le groupe à son tour en 1937 et se détourne du surréalisme.
En 1942, elle retrouve Paul Éluard pour La Conquête du monde par l'image. Elle termine sa vie seule et dans la gêne dans son appartement de la rue de Sontay, près de la place Victor-Hugo à Paris, obligée de vendre livres et tableaux de valeur en 1963[2].
Elle meurt le 16 mars 1968, le jour de son anniversaire, à l'âge de 81 ans.
Expositions
modifier- 1977 : Centre culturel de Champagne, Troyes (Aube)Première rétrospective monographique jamais organisée en France.
- 2018 : « Valentine Hugo, le carnaval des ombres », bibliothèque des Annonciades, Boulogne-sur-Mer, du au — Nadine Ribault, co-commissaire de l'exposition et directrice d'ouvrage du catalogue
Œuvres
modifierTableaux
modifier- (en) « Jeux, Scene design, 1912. Pastel. George Chaffée Collection », sur library.harvard.edu.
- Rêve du , 1929, mine de plomb sur papier, 47 x 29.5 cm, collection Mony Vibescu[4]
- La barque de l’amour s’est brisée contre la vie courante, 1930[réf. nécessaire]
- Objet surréaliste à fonctionnement symbolique, boîte-objet, 1931[5]
- Une femme admirable apparaîtra sur un zèbre, 1932, huile sur toile, collection particulière[6]
- Portrait d’André Breton, 1933, huile sur toile[7]
- La Vérité tomberait du ciel sous la forme d’un harfang, 1933, huile sur toile[8]
- Rêve du , 1934[9]
- Les Surréalistes, 1935, huile sur toile, portraits d’André Breton, René Crevel, René Char, Paul Éluard et Tristan Tzara, collection particulière (120 × 100 cm)[10]
- Poule, 1937, gravure sur papier, collection Dominique Rabourdin (31,5 × 22 cm)[11]
- Paul Morand dessin du portrait de l'écrivain, non daté.[réf. nécessaire]
- Le Toucan, 27 janvier 1937, 24 x 18.5 cm, huile ou acrylique sur panneau de bois avec inclusion métallique, collection Mony Vibescu[12]
Illustration de livres
modifier- Francis Jammes, Pomme d'Anis, Emile-Paul Frères, 1923
- André Breton, Nadja, 1928
- Comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror, 1933
- Achim von Arnim, Contes bizarres, 1933
- René Laporte, Alphabet de l'amour, éditions GLM, 1935
- René Char, Placard pour un chemin des écoliers, éditions GLM, 1937
- Paul Éluard, Les Animaux et leurs hommes, 1937
- Arthur Rimbaud, Les Poètes de sept ans, éditions GLM, 1939
- Friedrich de la Motte-Fouqué (traduction Jean Thorel), Ondine, José Corti, 1943
- Paul Éluard, Médieuse, Gallimard, 1944
- Madeleine Legrand, À Fresnes, témoignage précédé d'un poème de Paul Eluard, éditions Stock, 1944
- Louis Parrot, Paille noire des étables, éditions Robert Laffont, 1945
- Guy Lévis Mano, La Nuit du prisonnier, éditions GLM, 1945
- Roger Peyrefitte, Les Amitiés particulières, éditions Jean Vigneau, 1946
- Marquis de Sade, Eugénie de Franval, éditions Georges Artigues, 1948
- Jacques de Lacretelle, Deux cœurs simples, éditions Gérard Cramer, 1947
- Tristan L'Hermite, Le Promenoir des deux amans, éditions GLM, 1949
- Theo Léger, Les Puissances du chagrin, L'Arche, 1949
- Jacques de Lacretelle, Silbermann, éditions André Sauret, 1950 (série du Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle)
- Paul Éluard, Le Phénix, éditions GLM, 1951
- Laurice Schehadé, Le temps est un voleur d'images, éditions GLM, 1952
- Maurice Maeterlinck, Serres chaudes, librairie Les Lettres, 1955
- 12 commandements pour tous les temps et pour personne, éditions GLM, 1955
- Raymond Radiguet, Le Diable au corps, André Sauret, 1958
Notes et références
modifier- Dans le quartier Capécure.
- Judith Benhamou-Huet, « Mystérieuse Valentine Hugo », Les Échos, no 19608, (lire en ligne)
- C'est-à-dire « Ultra-chic » (voir la définition du CNRTL.
- Alix Agret (dir.) et Dominique Païni (dir.), Surréalisme au féminin ? (exposition, Paris, Musée de Montmartre-Jardins Renoir, 31 mars-10 septembre 2023), In fine/Musée de Montmartre, (ISBN 978-2-38203-116-2), p. 88, Colvile 1999, p. 135.
- Vincent Gille & Béatrice Riottot El-Habib (sous la direction de) Le Surréalisme et l’amour, Gallimard, Paris, 1997, p. 54.
- Colvile 1999, p. 134.
- José Pierre, L’Univers surréaliste, Somogy, Paris, 1983, p. 14.
- José Pierre, op. cit., p. 161.
- Biro, p. 210.
- Colvile 1999, p. 136.
- Colvile 1999, p. 137.
- Agret et Païni 2023, p. 68.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Nadine Ribault (dir.), Valentine Hugo, le carnaval des ombres, textes de Victoria Combalia, Dominique Rabourdin et Nadine Ribault, éditions Invenit, 2018
- [Colvile 1999] Georgiana Colvile, Scandaleusement d'elles : trente-quatre femmes surréalistes, J.-M. Place, (ISBN 2-85893-496-7), p. 132-137 — avec un portrait de 1929 réalisé par un photographe anonyme.
- [Hugo 2002] Valentine Hugo (textes et documents réunis par Béatrice Seguin), Écrits et entretiens radiophoniques, Actes Sud, (ISBN 2-7427-3979-3)
- Jean-Pierre Cauvin, « Le surréalisme de Valentine Hugo », dans Écrits et entretiens radiophoniques, , p. 167-186 — première version en anglais dans Mary Ann Caws, Rudolf E. Kuenzli et Gwen Raaberg, Surrealism and women, MIT Press, (ISBN 0-262-53098-8, lire en ligne), « Valentine, André, Paul et les autres, or the Surrealization of Valentine Hugo », p. 182-203
- Cathy Bernheim, Valentine Hugo, Presses de la renaissance, 1990
- [Biro et Passeron 1982] Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-037280-5), p. 210
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative au spectacle :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :