Artistes Oubli S 00 Four

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ARTISTES OUBLIS

MO

FOURNIER-SARLOVEZE

ARTISTES OUBLIS
Claude LUL[ER

LEBRUxN ET

ANGUISSOLA Pierre DE FRANQUEVILLE .Michel ANGUIER Vaix -le-Vicomte LAMPI Ferdinand DE MEYS
Sfoxisba

COSTA DE BEAUREGARD

Le Gnral

LEJEUNE

Massimo D'AZEGLIO

PARIS
SOCIETE D EDITIONS LITTERAIRES ET ARTISTIQUES

LIBRAIRIE PAUL OLLENDORFF


5U, C/uiussee d'Aiitiii. 00

1902
Tous droits rcservs.

CLAUDE LULIER
ET

LE BUSTE DE GAUTHIOT D'ANGIER


1490-1556

'fi'

la

recherche de la paternit est inter-

dite

dans nos codes,

il

n'en est heureu-

sement pas

ainsi pour les

uvres des

artistes. Elle est


la chasse, et de

passionnante

comme

avec ses alternatives d'espoir

dception, cette poursuite d'un

nom
sur

ddUb
la

la

poussire des archives, dans les publications


les

matieie. dans

comparaisons d'uvres ana-

logues. Mais le

champ
il

des hypothses est trompeur, et

lorsqu'on croit avoir atteint


11

le

but.

s'loigne encore.

en sera peut-tre ainsi pour

le

buste qui

fait l'objet

de cette tude, mais

l'effort

devait tre tent. Le personnage qu'il reprsente n'est pas un inconnu,


le

et je

ne suis pas

premier parler de

lui.

Sa vie mouvemente a trouv un

historien dans le regrett M. Auguste Castan', ancien bibliothcaire de la


ville

de Besanon, correspondant de llnstitut, bien connu du


la

monde savant

par ses travaux sur


'

Franche-Comt.

Un

croquis lithographique du buste a


t.

A. Castant. Granuelle

et le

petit empereui- de Besanon. [Revue liistoriqiie.

I,

1876.)

0X7O

2
i'W'

CLAIDE

1,

11. 11:1!

ET LE BUSTE DE nAlTlIIOT IVANClEli


iiulici'

reprochiil avec

mir

iiitc'irssaiilr
ilc

dans mic

jnililiriiliiin

Kicak' pai'

M. Jourtly, Ijibliollii'cain'
C'esl

la villo

do Gray'. de \illc de Gray qno se trouve ce bel

dans

le

vcslibiilc de l'Iilid
l'ail

chantillon de

du wi'

siele.

donn

la ville par M.
coill'e

l'aijij

Four. Ce
le
;

buslc csl en terre cuite polychrome. La lle est

d une large loque;

pourpoint est jaune avec des galons

et

une douljle range de boutons dors

une mdaille pend

une chane

d'or, et

un ample manteau doubl d'une four-

rure blanche recouvre les paules. Les mains

manquenl

et

il

ne reste mal-

heureusemeul plus ([u'unc

partie de l'avanl-bras gauche. Le visage encadr


triste et

d'une barbe noire est rgulier, d'une expression

nergique

la fois.

La couleur, malheureusement,
sion de la physionomie est
si

a t reprise

dans des tons crus. Mais l'expres-

vivante que ce dfaut disparat. Le socle en bois


:

sculpt, avec des reliefs d'un travail dlicat, porte la devise

spes mea devs,

avec des ancres,

et

plus bas

ANNO 1338, JDTATIS svji: 49 QVO AU INVICTISSIMVM. CS. CAROLVM V. IMP. OPT. MAX.
RECVHREN. ILLIVS. QVISSIMVM.
JVDICIVM PER SEPTIENNIVM.

EXSPECAVI.

Avant que nous parlions davantage de l'uvre,


spcimen des hommes publics du
le porti'ait

le

lecteur ne nous en vou-

dra pas de lui dire, aussi brivement que possible, quelques pisodes de la
vie de ce curieux
xvi' sicle, si fertile

en

la

matire. Le buste est

de

Simon Gauthiot
son

d'Ancier, d'une famille


t

noble de Gray, dont


conseiller

le bisaeul,

Anthoinc Gauthiot-, mort en 1434, avait


et lieutenant de
bailli

du duc de Bourgogne

d'amont. Son pre,


et sa

Guy

Gauthiot, tait avocat


tait fille

fiscal

au parlement de Dle,

mre, Isabeau

Chambellan,

du gnral des monnaies du comt de Hourgogne.


la municipalit

N en
pouvoir.

1490,
il

Simon Gauthiot entra de bonne heure


trouvait

de

Besanon, o
Il

un

thtre souhait pour son ambition et sa soif

du

fut servi

du

reste par

une circonstance imprvue. Mis en relation


le

par son beau-frre Hugues Marmier, prsident du parlement de Dle, avec

conntable Charles de Bourbon, au


'

moment o

celui-ci venait en

Franchc-

Le journal

les (iui/rfcs, n

du

16 lvrier 1892.

'

Bibliothque nationale, cabinet ilTIozier, vol. d57.

CLAUDE LULIER ET LE BUSTE DE GAUTHIOT DANCIER


Comt pour envahir
la

Bourgogne
',

la tte des lansquenets impe'riaux,


fait

il

le

reoit dans son htel

et

le

conntable lui

l'honneur d'tre parrain


l'esprit

d'un de ses enfants. Trouvant en Gauthiot un ambitieux

dli,

Le CAHDINAL de GuaNVELLE

i,iMusc

Je Besancon).

doubl d'un matre diplomate, Charles de Bourbon l'attache sa maison en


qualit de matre d'htel et

l'emmne avec

lui
oi

en

Italie.
la

Gauthiot n'assista pas au sige de Bome,


fivre le retint Sienne,
part,
et

son matre trouva


lai

mort; une

mais

elle cessa

temps pour

permettre de prendre

une part d'amateur


fut

clair,

au sac de

la ville.

Nous devons
Savoye

croire

que son butin

d'importance, car

Monseigneur de
lieu,
il

lui avoit

donn gens pour


lui baillez
'

sa seuret,

mais parvenu certain


et

licencia les dicts

pour sa dicte seuret

compagnie,

et tost aprs fut trouss^

11

existe encore

Extrait de la Rplique faite

une partie de la faade de cet htel au n 13 de la Grande-Rue, Besanon. par le conseil communal de Besanon au mmoire de Gauthiot.

30 septembre 1538.

r.LAL'UE

LULIKU

i;i

I,K

BCSTI':

DE OAUTlIln DANClEn
si

par un des seigneurs du [kiys.

Il

>'rn lira ccjx'ndanl Ijon comfjte.

l'un

en juge parles

aeiials
(juc

Ai'

l(Mres et

de seigneuries

fju'il
il

lit

ds son retour.
le

En mme temps

di'
il

uuuijjreux dltjets d'ail,

rapportait

eunir du

conntable, pour lequel

oblinl plus lard une spulture dans la eathdrale

Sainl-tienne de Besanon.

la

mme

poque, l'empereur Charles-Quint,

pour

le

rcompenser de son zMe,

le crait

gentilhomme de

sa maison, avec

une

pension annuelle de deu.v cents Irancs.


Gaulhiot entre alors dans
la

jtriodc brillante de sa vie; habile, loquent,


llallant
il

pou scrupuleux sur

les

moyens,

les

passions populaires, avec des


de
la cit

gots et des allures de grand seigneur,

est l'oracle

dont

il

devient

gouverneur. C'est chez


apportes au conseil,

lui
oii

que
il

se dcident toutes les questions avant d'tre


se

ne

rend qu'environn de nombreux clients.

Entre temps,

il

protge les arts, enrichit ses collections, et pendant dix ans

blouit ses concilo^'cns par l'clat de ftes qui lui valent le

surnom de

petit

empereur de Besanon, surnom qui


C'est ainsi qu'en 1533
il

n'tait pas

pour

lui dplaire.

reoit le prince d'Orange, hritier de Philibert


officielles d'alors

de Chalon, et son frre

le

comte de Nassau. Les rceptions


:

ne diffrent gure de celles de nos jours


tions,

compliments,

dfils de corpora-

dtonations de pices d'artillerie, rception des autorits et banquet.

Aprs un brillant souper servi

l'hlel d'Ancier,
.

on joua devant

les

princes

une morisque

fort

somptueuse'

On y

voyait les trois desses, Juno,

Palas et Vnus, bien richement accouslres, montes, l'une sur une licorne,
les aultres

deux sur dromedaires;

et

lesmenoyent

trois

compagnons

habills

comme
prince

dieux, trs richement avec grosses chanes

d'or.

Juno donna audict

un beaug ruby csmaill de blanc


en lettres

et

audict ancau cstoit pendant un


:

billet escripl tout

d'or, lequel s'ensuyt

Je suis Juno, desse de richesse


Esclaircissant nobles curs vertueux.

De nos trsors fais chascun largesse Pourvu qu'ilz soyent hardys, vaillans et preux.
Pallas et

Vnus parlaient

leur

lour

et

les

dons prsents,
et

les

trois

compaignons conducteurs dansrent avec dames


estoient dans la salle.
'

demoiselles

qui

lors

Procs-verbal Je l'entre solennelle du prince de Nassau Besanon. Dlibcralions municipales de Besanon.

GAUTHIOT D'ANCIER
(

Buste du Muse de Grav

H^^

Sane

Revue de

l'art

ancien

el

moderne

ImpX.Fort

CLAUDE LULIER ET LE BUSTE DE GAUTIIIOT D'ANCIEK


Mais tout ne
se passait pas
tait

en danses

et

en posies dans

la cit

impriale.

Le gouvernement en

malais.
le

contre unclerg puissant dont


des Vergy;
il

Une municipalit dmocratique luttait chef tait un archevque de la grande maison


du cardinal de Granpour maintenir ou
Lambelin,

fallait toute

l'habilet

velle, le chancelier

de Charles-Quint,

rtablir la paix. Gauthiot d'Ancier, second par

secrtaire de la
lui fait

commune,

tout en flattant parfois le cardinal,


et

une sourde opposition


poser en
la

embrouille

la

situation

pour

se

homme

indispensable. Quoique ceci ne

touche en rien
l'envie de dire

question d'art, nous ne pouvons rsister


pisode de sa lutte avec les chanoines

un

curieux chapitre des murs politiques de cette poque.


Sous prtexte de prendre des mesures d'hygine, Gauthiot fait faire des visites domiciliaires
capitulaire. Des soudards,

dans
la lie

le

quartier

accompagns de

du peuple,

enlvent toutes les servantes des chanoines

et les

ramnent
ville.

au son des tambourins sur

la place de l'htel

de

Le

conseil dcrte leur expulsion et elles ne rentrrent plus tard

qu'en payant de fortes amendes destines


d'un hpital.

la

construction

Le chapitre rdige des dolances


en Espagne.

et

envoie des dputs

A
11

son tour, Gauthiot se

fait

donner une mission auprs


la

de l'empereur pour exposer les griefs de


est trs bien reu, et Charles-Quint
lui

municipalit.

accorde de nouGaixe en buoxze


pat"

velles faveurs, entre autres la prvt vie de la ville de

Gray.
toile

Il

se crut tout-puissant,
plir.

mais peu de temps aprs son

Hugues Samuix, prode

venant du jardin
Gauttiiol. d'Ancier.

commenait

Les lections municipales de 1537 allaient avoir

lieu.

Sous

les

auspices

du cardinal, une

liste est

oppose

la sienne.

Une manuvre

lectorale de
la

la dernire heure, le privilge des

monnaies, accorde par l'empereur sur

demande de Granvelle, retourne


Gauthiot lutte avec nergie,

l'opinion.
et

comme moyen
il

de propagande auquel on

n'est pas encore arriv de nos jours,

fait

jouer en plein air devant l'htel


de

de

ville,

pendant quatre jours,

le mijstre

Phomme

pcheur, dans lequel

CLArDK
BonciMiipain,
plissait K' rle

LLI.IKI

V.T

LE IMSTi:
\illi',

DF,

f.ArrnKVr irANCIK.U

<'onlii"iltMir
tio

ilc

I.-i

un de ses plus zls partisans, rem11

l'iiomme ichciir
pires

est

vaincu

la

raction (ut violente.


d'avoir voulu
la

Gaulliiot

ost

accus des

mfaits;

entre

autres

livrer
roi

Besanon au\ hrtiques


France.

et d'avoir

reu une rente sur

cassette

du

de

La proicclion do remj)ei'eur,
entremetteur de
la

(jui

il

avait persuad
le

(ju'il

lail le

principal

trahison du conntable,

sauva.

Il

put se retirer Gray,


le

mais son side Lambelin, seigneur de moins d'importance, devint


missaire.
11 l'ut

bouc

dcapit sur

la

place de riilel de ville, aprs avoir subi la

question des milaines de bois,

inslrument de torture qui brisait mthodiil

quement

les os de la

main

el

donl

tait

l'inventeur!

Gauthiot, en quillanl son bel htel de Besanon, emporta une partie de ses
collections. Se servant des ouvriers de l'architecte dijonnais
il

Antoine Le UupI,

employa

les

loisirs

que

lui

faisait

la

politique

augmenter considra-

blement

et embellir la
la

maison paternelle dont quelques morceaux subsistent

encore dans

rue du March.

On peut

la

reconstituer en partie d'aprs la

description qu'en donnaient, en 18ul, les abbs Gatin et Besson dans leur
Hisloirc de Gray.

La faade porte encore


qui surmonte
la

la

date de 1548.

Sur un molif de

la

Renaissance

porte, devaient se trouver ses

armes

d'azur

un faucon
vol.

(gauthorot) d'argent

arm

et

couronn d'or commenant son


grande
est

Trois

petites fentres accoles, dont la plus


grille

dfendue par une lgante

en

fer forg,

clairent

une

salle
la

vote qui existe encore. Mais les


les

galeries superposes qui ornaient

cour ont disparu ainsi que


la

arcades
distin-

sur lesquelles on

lisait,

souvent rpte,

devise

Spes

mea

Deiis.

On

guait plusieurs cussons avec des armoiries, deux mdaillons de ltes d'em-

pereurs romains, encadrs de bordures de feuillages

et

de grappes de

raisin

dans

le

got des Lucca dlia Robbia.

On remarquait

encore deux niches dont


faence

l'une tait vide, tandis


colorie.

que

l'autre renfei'mait

un buste de guerrier en

D'un

ct de la cour, on voyait
et

un buste de femme admirablement


fort dlicate.
la

model, d'un coloris remarquable


sage cuves,
les

d'une excution
la

Le cor-

manches

l'espagnole,

riche coiffure

Ferronire,
est

tout dcelait en elle la

femme

de haut lignage'.

Cette noble

dame

Cathe-

'

Hisloirc de Ora;/, des abbos Galiu et Bcssuu.

CLAUDE LULIER ET LE BUSTE DE GAUIIIOT D'ANCIER


rinc

Du

Vernois, la

femme

de GaulhioL Sur
lit

le socle

qui la supportait et qui


:

existe encore

en partie, on

sa devise

a.

luy. siul. et plus bas


-

EODF.M ANNO 1538,


iETATIS VIRO 35,

QUO A DEO INNOCENTIA

MARrn PARENTIBUS ET

AMICIS

CONSOLATA PERMANSIT.

Ce

buste,

qui

dtait

bris, parat-il, a t ven-

du vers

1860,

et

nous

esprons que cette tude


fera constater son identit.

Dans un autre corps


de logis, occup aujourd'hui par un couvent de
religieuses, en haut d'une

tour

dans

laquelle

on

accde par un escalier


vis,

on montre une

petite

pice carrele en briques

vertes et rouges.

La chedate

mine porte

la

de

1538. Les montants sont

forms de deux pilastres

en demi-bosse,
blette

et

la taSeigneuH FKANC-CO.MTOIS.
par Claude Lulieh.

d'appui offre une

plaque en faence orne


d'arabesques jaunes et bleues du got
Deiis. Cette pice,
le

plus dlicat, avec la devise

Spes

mea

d'o la vue s'tend au loin pardessus les toits de la ville, a t


P. Fourier, aujourd'hui sanctili, et parmi les

habite par

le B.

nombreux

visiteurs qui viennent pour vnrer la cellule qu'occupa le religieux qui

s'oublia

lui-mme pour donner du pain aux pauvres


,
il

et

procurer l'instruction
le

aux enfants du peuple


propritaire, le petit

en

est

peu qui connaissent

nom

de son ancien

empereur de Besanon.

i;i,Aii)i';

1,1

LiKH KT LR HrsTh;
|i;ilri'nil('

i)i'

(;.\rTiiiiiT

anciki

A
pens

i|ni

alliiliiicr

l;i

du

liiisic

de (iaiilhiol d'Ancior?
li'a\ail

Nous avons
mais nous
liiur

lonl

d'alionl
xvi''

rire

en

iirsinu'C

d'un

allemand

soninii's au

sicle,
les

au nininciil n

l'irl

ilalirn inllui'Ui;ail

son

Farl

llomand.

cl

iiainii
11'

matres italiens de cette poque, nous trouvons prfait

cisment
service

(|ne

cardinal de Granvelle

entrer l'un d'eux. Leone Leoni, an


la

ele

l'empereui'. et qu'il l'appelle Bru.vcUespour faire les bustes de


Il

famille impriale.

nous

tait

permis de penser que Gaulhiot avait pu poser


rien d'excessif,
si

devant
iniste

l'artiste.

Cette hypothse n'avait

l'on

compare

le

qui nous occupe avec l'admirable bronze de Charles-Quint par Leone

Leoni, qui se trouve au muse du Prado, Madrid.

Les bustes de Gauthiot


bauches en terre que
les
le

et

de sa

femme ne
les

pouvaient-ils pas tre

une de

ces

matre

faisait

d'abord pour les reprendre ensuite el


savantes publications de M. Jules
l'art

achever en bronze? Mais, en lisant

Gauthier', l'rudit archiviste de Besanon, sur

en Franche-Coml, en exale

minant

les

ceuvres qu'il a

l'ait

revivre,

nous avons cart

matre italien

el

pens Claude Arnoux,


l'auteur des

dit Lulier.

un des matres de
l'glise

l'cole

bourguignonne,

tombeaux des d'Andelol dans


du superbe buste en

de Pesmes, des statues des

Visemal
est
iii

et

terre cuite

d'un seigneur franc-comtois, qui


ce busle

la

bibliothque de Besanon.
la

En comparant

avec celui de
la ralit.

Gauthiot, c'est

mme
et

facture, la

mme
la

vie.

le

mme
la

souci de

Le model des yeux


Claude Arnoux

de la bouche,
flatte

faon dont

barbe

est traite, tout

semble conlirmcr une opinion qui


tait

notre amour-propre provincial.

de Gray. Son pre. Pierre Arnoux,

surnomm

le

Lapi-

daire, avait travaill l'htel de Gauthiot avec Franois

Landry, l'auteur des


et qui existent

mdaillons d'empereurs romains dont nous parlons plus haut

encore. Si Claude Lulier parat avoir dbut Dle, en 1545, n'a-t-il pas pu,

avant d'tre connu au .dehors, travailler dans sa ville natale


thiot d'Ancier est sans doute

Le buste de Gaule

une uvre de jeunesse, mais montrant dj


les

talent

du matre qui devait sculpter

deux d'Andelot
l'glise

et les

Visemal,

et suril

tout l'uvre matresse,

don de Gauthiot

de Gray, de laquelle

nous

reste parler.

Deux ans avant


ville

sa mort, en 1554,

Gauthiot d'Ancier
l

offrit

au conseil de

de

remettre suivant sa dvotion


Les initialetn-s

dehu

elfet el

rparation de toutes
de Pesmes.

'

Jules Gauthier.

de

l'art

en Franclie-Coinle.

L'er/lise

Les lom-

beaux des Visemal.

CLAUDE LULIER ET LE BUSTE DE GAUTHIOT D'AXCIER


choses ncessaires rombellissement et dcoration de
fonts de l'glise et dos
la

chapelle prs les

ymaiges vnres

et

aultres choses y estant rompues,

aussi les

meubles

et les

accoustremens duisants clbrer quelques messes,

qu'icelluy Dancier a intention de fonder, et icelle close,

comme

la voisine et

comme

sera trouv ncessaire l'un des bons personnages, pour prserver de

ce coust le spulcre a rpositoire

du prcieulx corps Notre Seigneur

qu'il a

Spulcre ex marbre, par Claude Lilier

(glise de Gray).

fait

construire grands frais et dsire entreposer l'endroit o est le gonfaladite glise, etc.' .

non de
que

C'est dans la chapelle des fonts

baptismaux de

l'glise,
l'art

au-dessus de

l'autel,

se trouve ce prcieux chantillon

en marbre de

franais

du

xvi* sicle,

qui peut tre compar aux plus belles uvres italiennes. L'effet est saisissant dans sa simplicit. Le Christ, plus petit que nature
(il

mesure I^.IO)

repose sur un suaire dont les extrmits retombent sur les genoux de deux
anges. Ceux-ci, d'une grce charmante, les yeux entr'ouverts, regardent en

pleurant

le

corps du Sauveur. L'un tient sur la poitrine du Christ

le

globe du

monde,

l'autre, ses pieds, a la

main appuye sur une


est peut-tre

tte de mort.

La

tte
le

du Christ incline sur l'paule,


reste,

d'un faire moins avanc que


la

mais quelle douloureuse expression dans

physionomie

Quant au

'

Archives de

la ville

de Gray. Dlibrations

du

conseil,

1554.

10

C.L.VUDK
l;i

Lri.ll'.li

Kl'

I.K

IMSIK DK CAl TIIMH


des jamlies, c'esl
la

li'A.NClKU

model de

[iDitriuc,

des

liras el

ualuic

mme, rendue
uvres de

avec une admirable

sin(iil('. C'esl eeiiainenieiil

une des [dus

jjelles

Claude Luiier.
11

nous

rcslerail parler de Liauihiol d'Aneier


ti'op
l'ail

comme

coUeclionneur. Mais
celle lude.

la

matire,

lerlile.

nous entrainerail au del des bornes do

L'inventaire
instituant

ai)rs

dcs de son peLil-lils Antoine, qui mourut

Rome,

comme

britier le collge de la

Compagnie de Jsus de Besanon,


terme en bronze du muse de

relaie des tableaux, des objets d'arl el

des meubles prcieux dont plusieurs


et le

sont connus,

comme
crit

le

babut, la table

Besanon, uvres de Hugues Sambin.

L'iiisloirc,

M. Castan, n'a eu j)our Gautbiot qu'un ddaigneux


il

silence; et cependant

partagera la fortune de ceux que les uvres des


el
il

matres font passer la postrit,

devra ce regain de notorit son got

pour

les arts el

au buste de Claude Luiier.

A Madame

la duchesse

D'ESTISSAC

Ne De

MORTEMART

F.

S.

AMATEURS AU XVU SICLE

SOFONISBA ANGUISSOLA ET SES SURS

donn tant de

dfinitions de

ramateur que

nous nous sommes permis d'en tenter une,


notre tour
:

L'amateur, avons-nous

dit',

est

celui qui, ayant le got des choses d l'esprit,

consacre les loisirs que

lui

donne une fortune


trs agrablel'art,

indpendante cultiver, souvent


ment,
les

diverses

branches

de
il

de

la

science et des lettres;


F^>,.-nurs,rio.

quand

le fait

avec un

vritablc succs,
l, il

il

devient

un

professionnel.

Et partant de

nous

est

venu

l'ide de chercher,

dans

les sicles passs,

quels furent les anctres des amateurs d'aujourd'hui et de rappeler leur vie

'

jjarfois

injustement laisse dans l'ombre

de

en donnant,

comme

pices

justificatives, des reproductions de leurs

uvres matresses.
la

C'est par

une

Allocution

prononce

l'assemble

constitutive

Socit arlislique

des ama/eurs

(13 juin 1896)

SOFO.NISBA A.XClISSnl.A KT SKS SUEIUS


celle

femme que nous ouvrons


par six femmes, car
liiille

srie d'luds:

mme, deviions-nous
la

dire

les

surs Anguissola sonl une couronne o

Sofonisba

comme un

piir joyau.

]\Iais

nous croyons voir

celui dunl les savantes ludes sonl le Inviaire de


l'arl

quiconqui' veul ronnailie

ilalion

pendant
'.

la

Renaissance, accueillir ce

dbut d'une

moue un peu

ddaij^neuse

L'apparition des
l'art

femmes
et

artistes,

a-t-il dit, est


llciel, qu'il

un pbnomine qui prouve que

tendait devenir plus arli-

relevait dsormais davantage


. Il

du besoin de luxe
cl

de

la

fantaisie

individuelle

les

renvoie leurs broderies

conclut

Dt-on m'accuser

de manquer de

galanterie, je soutiendrai que certaines branches forment le


fort et qu'elles

monopole du sexe
dit,

ne sauraient sans danger tomber,

comme on
nous
le

en quenouille.

Nous ne
vigueur,

saurions partager de
la

tels

sentiments.

Sans doute,

reconnaissons,
la

femme

atteindra plus difficilement et plus

rarement

la
;

puissance, l'envole, dans la conception


pas,

comme

dans l'excution

mais

n'a-l-elle

en revanche, dans sa nature mme, des dons prcieux


la

dont pourra bnficier une uvre d'art, quand ce ne serait que


tesse, la grce el jusqu' cette lgret

dlica-

charmante qui

n'est pas toujours

un

dfaut et que

mme

rclament imprieusement certains sujets? En verlu de


la

quel droit l'homme pourrait-il monopoliser son prolit

peinture

et

la

sculpture? Et quand nos critiques cesseront-ils de ne remarquer les uvres


des

femmes qu'avec
Les Italiens du

l'ide

prconue de leur infriorit?

xvi'

sicle n'en jugeaient point ainsi et,

dans leur superbe

amour de

l'art, ils

s'eloraient de reconnatre le talent, de

quelque

lieu

que

l'uvre vnt, par quelque main qu'elle ft produite.


intresser avec l'outil de l'ouvrier
dit Vasari, et,

L'aptitude des

femmes

ou de

l'artiste est

chose entendue,

nous

au temps des Anguissola, combien de femmes remarquables


l'histoire de l'arl
!

ont un

nom

dans

C'est,

entre autres, Vitloria del Varto,

Veronica Gambasa, Teodoi'a Danli, lve du Prugin, Irena de Spilimberg,

pour
la

la

peinture; c'est Diana Ghisi, de Mantoue, pour


la

la

gravure;

c'est enfin

clbre bolonaise Properzia de Rossi pour

sculpture.

Nous n'insisterons pas

aussi bien, les lignes qui suivent scrvironl-elles

de commentaire immdiat aux ides que nous venons d'mettre.

'

E. Mcuilz. llishiire de lait peiiduiit lu liciiaissaiice. Paris, 1891-1)5.

SOFONISBA ANGUISSOLA ET SES SOEURS


Les Anguissola taient une des plus grandes maisons
croit
d'Italie, et, si l'on

13

en
:

Campi,

l'iiistorien

de Plaisance, voici quelle serait l'origine de leur


le

nom

comme
Lon
dlivra

Conslantinople tait assige par les Grecs, en 726, sous


risaurien,

rgne de

III

la ville

au

un certain Galvano de Sordi, originaire moyen d'un feu grgeois de son invention;

d'Angleterre,
et, ce

Galvano

Portrait d'Ecropa Anguissola. par Lucia Asouissou


(Pinacollique municipale de Brcscia).

portant

un serpent dans
:

ses armoiries, le peuple, pour acclamer sa victoire, se


D'oii le

serait cri

Anguis sola fecit victoriam.


il

nom
fait

' Anguissola

onn aux

descendants de Galvano quand

se fut tabli

peu aprs Plaisance.


sans doute plus d'hon-

Mais

il

n'est pas besoin de cette anecdote

qui

neur

l'imagination de

Campi qu'

sa vracit d'historien

pour admettre
les

l'anciennet de cette famille. Descendants ou

non de Galvano,

Anguissola

16

SOFd.MSIiA ANCllSSOLA KT SKS SKl'IJS

(on trouve aussi An^ussola ou Anguisciolii) so rpandirenl de lionne heure en


Italie,

non seulenienl

Plaisanee,

mais

Milan
}ilus

el

Crmone.

C'esl

du reste

cotte dernire

branche qui nous intresse


que. ds
le

pai-lieulircmenl.

On prlend

dbut du

ix sicle,

nn

pitre appartenant cette

1'0IITI1.\1T

DE PjETKO MaIU.V. .MDECIN DE CuMONE, par Lucia AnguisSOLA


(Musc Je Madrid).

famille aurait apport

Crmone nn tableau reprsentant

le

martyre de sainte

Agathe,

qu'il avait

reu en prsent au cours de ses prdications Calanc. Ce

qui est plus certain, c'est la mention releve sur les registres des dcurions

de Crmone, d'un Orlandino Anguissola ayant vcu jusqu'en 1127; mais aprs
lui,
il

faut arriver la fin

du

xiv" sicle

pour retrouver

ses descendants,

Fran-

cesco, Valeriano et Agostino, savants professeurs et

hommes

d'glise vnrs.

SOFONISBA ANGUISSOLA ET SES SOEURS


Cent ans plus tard, lorsque les Vnitiens tentrent
la

17

conqute du Milanais,

nous voyons Annibale Anguissola entrer au service du duc de Milan, Ludovic


le

More. La province de Crmone envahie,

les partisans

de Ludovic Sforza

PoilTUAlT

liE

Elena AngDISSOLA,
{Galci-ic

par Sofonisba ANi.Lissoi.A.

de Lord Yarborougii).

perdirent vite tout espoir. Etroitement bloqu dans Soncino, Annibale rsistait

encore, lorsque les Vnitiens lui offrirent une pension de deux mille
s'il

sequins,

leur cdait la place. Voyant qu'il tait inutile de continuer la


/jVi!

rsistance, Annibale estima

convemente de se

retirer, ainsi

que s'exprime
3

18
lii>liiii('ii
i|iii

SOFO.MSIiA A.NnnsSULA
iidiis

IIT

SES SOEURS
ri
(|iii

raiiporlr collf
(1(^

pou Imialilc awiilurc

auiis

laisserons

la

ri'S|MinsaljiliU''

son

i'ii|ilii'niismo.

Aniilcarc, l'un de ses

(ils,

ih'rnrion jiisiiu'on 1")2K, pousa Bianea

Ponzona,

d'une

j;ianili'

niaisun

ilc

CaiMiinnc, cl do celle

union naquii'onl

les six lillos

Sl'onisba, Elena,

Minerva. Lucia, Europa

et

Anna Maria

qui devaient

lonner les conlemporains par leurs lalenls exceptionnels, en


qu'immorlaliser
le la

mme

temps

nom

des Anguissola.

Anna

Maria,

plus jeune, qui avail pous Jacopo de

Sommi,
mais

vivait
il

encore en ]S8o: on
reste d'elle

sait qu'elle russissait fort hien les portraits;

ne

que

la

copie d'un tableau

du Corrge

la

Madona

dlia scala

qu'elle peignit

rgc de quinze
petite

ans, en y ajoutant

un

saint Jean.

On

lui attri-

bue galement une

Madone avec

l'Enfant, auquel saint Franois oITre


dit Milanesi, le

un panier rempli de
Europa
pas
si

raisins et de

mres, qui se trouvait,

dernier diteur de Vasari, dans


et

la galerie

d'un amateur de Crmone.


fut

Lucia moururent jeunes; mais leur passage en ce monde ne

court qu'elles n'y pussent laisser des traces.

Toutes deux d'ailleurs


le

reurent les leons de Sofonisba, leur ane, qui eut


fire d'avoir

droit de se

montrer

form de

telles lves.
le

Europa, en elTet, tonnait


venir voir en
1.j68.

peintre Vasari qui ne

ddaigna pas de

la

Marie Carlo Scliinchinelli,

elle peignit les portraits

de

plusieurs gentilshommes de

Crmone

et celui

de sa

mre Bianea
:

qu'elle

envoya

en Espagne. Deux peintures nous rsument son onivre


raptre saint Andr, aujourd'hui dans
et la galerie

une Vocation de
J.

du comte

Schincliinelli,

un Saint Franois aux


De mme que

stigmates, dans l'glise de Casalbattano.

Lucia, morte on 1365, tait rpute la fois


cantatrice.
et
la

comme

peintre et

comme

prcdente, elle avait t forme par Sofonisba,

Canipi s'accorde avec Orlandi pour dire que l'on pouvait esprer voir un

jour l'lve galer, sinon surpasser son matre. Les deux tableaux qui nous
sont rests d'elle prouvent la parfaite exactitude de ce jugement. Ce sont deux
portraits d'un caractre bien dilTrent,

pour ne pas dire oppos,


est,

traits tous

deux avec une gale matrise


Europa,
dlicieuse tte de

le

premier

croit-on,

celui

de

sa

sur

jeune lUe qu'on dirait sortie de

la palette

de Greuze,

tant elle a de candeur et de grce nave. L'autre, plus svre, reprsente le

mdecin de Crmone Pietro Maria,


naire des milecins depuis Esculape

assis et tenant la
:

main

l'attribut CK-di-

une canne entoure d'un serpent.

SOFONISBA ANGUISSOL.V ET SES SOEURS


De Minerva,
la

19

qiialrime

fille

do signor Amilcarc Anguissola, nous ne


la fleur de

savons rien, sinon qu'elle fut enleve

rgo

mais on vantait

dj,

plus encore que ses talents do peintre, sa connaissance approfondie des lettres

Portrait de Sofonisba xA.nguissola.


{Galerie

par ello-mcme

du Bchdre, Vieune).

latines

et

italiennes.
arte

C'est

d'elle
et

que Zava

dit

quelque part

Minervam
et

Minerv omni
dans tous

instructam

polilam\ Minerva

tait instruite

verse

les arts de

Minerve

Quant Elena, qui

avait tudi avec Sofonisba dans les ateliei's de

Campi

20
cL

SOFOMSIiA \M,I ISMiLA KT SKS SnKIKS


du
lialli. l'Ile i'iilr;i
158.").
si

au

l'uiisfiil t\r

San

\'i(:('U/.u,

de .MauluUL'.
nniiri.

oi\

elle

\i\ail

encore en

Elle se consacra aux tableaux: do pil;

nuus racoule

un ank'ur.
toujours

les tlcs

de ses personnages laient parfaites, les corps laissaient


la

(h'sirer,
!

car

}uideui-

lui

avail

inliTilil

l'i'dndc

du

un

el

de

l'analnniie

Li PAUTiE d'checs,

par Sofonisba A.nciissoi.i.

{li'aprs la gra\'urc

de Dknon).

Ainsi, nous avons


cette

commenc

par la plus jeune

et

remont jusqu'

l'ainc

aimable chane de jeunes artistes qui, pour nous servir d'un mot de

Vasari, faisaient de la maison de leur heureux pre le temple de la peinture


et

de

toul;es les

vertus

Abordons maintenant

la reine

de cette petite cour


lui

familiale laquelle ce n'est pas rendre trop

d'hommages que de

consacrer

un

chapitre spcial.

Sofonisba Anguissola

l'ane des cinq


et,

surs dont nous venons de parler,


montrait, des son jeune ge, une

naquit Crmone en 1527,

comme

elle

SOFOMSBA AXGUISSOLA
donner des leons de peinture, en
lettres et la

E SES SOEURS

21

iiilc4Iigencc trs vive et des disposilioiis romarquaijles, ses parents lui firent

mme
le
;

temps qu'on

l'instruisait

dans

les

musique. Suivant Vasari,


trois
(ils

matre de Sofonisba aurait t Giulio


le

Campo, un des
de

de Galeazzo

mais

peintre Fr. Salviati, crivant

Rome

son confrre crmonais le clbre Bernardino


C'est

Campi,

l'appelle
effet,

maestro dlia bella pittrice cremonese (28 avril loo4).


qui

Campi, en

commena

l'ducation artistique de la jeune


il

fille

elle travailla

dans son
il

atelier de

lo46 lu49, et quand

eut quitt

Crmone pour Milan,

fut

'remplac dans sa tche par Bernardino Gatti, dit ilSojaro ou Soaro.


Dj,
il

est vrai, l'lve tait assez instruite et assez habile


l'a

pour former,

comme on
rpandre en

vu,

ses

plus jeunes surs, tout en s'appliquant mettre

profit les leons de ses matres.


Italie.

Ds looo, sa renomme commence se

On

raconte que la clbre Irena de Spilimberg, qui fut une

femme

peintre des plus distingues, eut


elle

un jour

l'occasion de voir
le talent
:

un des
jalouse

tableaux de TAnguissola dont

entendait partout louer


le

des succs de Sofonisba, elle abandonna

dessin auquel elle s'tait exclusila

vement consacre jusqu'alors, pour s'appliquer


de
la

peintureet devenir l'gale

jeune crmonaise.
ct,

D'un autre
l'intimit de

Tommaso Cavalier!, gentilhomme romain


et

qui vivait dans

Michel-Ange

qui fut

le

conhdent de ses amours avec Vittoria

Colonna, envoya au duc Cosme I" de Mdicis, avec une Cloptre de Michel-

Ange, un dessin de Sofonisba

il

reprsentait, parait-il,

une jeune
lui

fille

se
le

moquant d'un

petit

garon qui pleure parce qu'une crevisse

pince

doigt. Vasari, qui l'obtint

du duc
,

pour

le

mettre dans son livre de dessins


il

des plus grands peintres

nous

dit

avec quel soin

conserve ce charmant
la trace.

morceau,

si

gracieux et

si

vrai,

dont nous n'avons pu retrouver

Du

reste l'artiste trouva bientt sa vritable voie, celle dont elle


:

ne devait

plus s'carter, celle aussi qui la conduisit tout droit la gloire


C'est en peignant les siens qu'elle dbuta dans cet art difficile

le portrait.
:

elle

runit

sur la toile son pre, sa sur Minerva et son frre Asdrubale; cette uvre
est

malheureusement perdue

puis,

comme

rplique,

trois

de

ses

surs

jouant aux checs sous les regards attentifs d'une vieille servante. Ce tableau,
aprs avoir appartenu Lucien Bonaparte, iigure aujourd'hui dans la galerie
Raczinski, Berlin, et
le

lecteur ne nous en voudra pas de le dcrire

un peu

longuement, car

la seule

reproduction qu'on en possdait jusqu'ici en France

23
t'sl

soi'iinisha

ammissula

i:t

si:s

sdki'ks
jH)u\;iil

une gravure en
la

innire-iiailie, par

Denon, qui ne

t;uro l'aire

connalre

juste valeur de ee chef-d'uvre.


eline.

Sous un
par une

derrire lequel

s'enfuit

l'iMagemenl

d'un eoleau haign

l'ivit're.

Irois jeunes lilles sonl assises

aulnur d'un eliiqnier. L'aiue,


la
c

droile. senilde jirendre le


lie

speelaleur tniuin de
si

piee

(|n'(dle vieni
le

placer.

pice

reduulable

l'un

en juge

pai' la

surprise el

dsapla

poinlemenl de sa partenaire de gauelie que regarde a\ec une joie maligne


plus jeune,
s'arrte

place
instant

au milieu
el

enfin,

une servante qui passait gauche,


la

un

tourne la tte pcuir contempler


c'est

mimique

des trois

surs. Ce qui frappe au pi'cmier coup d'il,


quatre

l'antithse saisissante des


ce

physionomies,

et

l'intensil de
l'ane,

vie
la

qui se dgage de

groupe

l'attitude

calme

et

rllchie de

stupeur

et le geste instinctif de
la

la cadette, les

yeux ironiques

et le sourire

joyeusement moqueur de

plus

jeune, enfin l'admirable tte de la vieille servante, traite dans lu manire

du

Titien.

Mais en dtaillant, on s'merveille Lien davantage


est reproduit

tout est achev, tout

avec une prcision documentaire, tout enfin peut servir de con-

tribution

l'histoire

du costume

et

du mobilier au milieu du

xvi" sicle.

Passons sur l'chiquier garni de ses pices o un amateur pourrait tudier


la partie,

et

arrtons-nous au.K toffes

des

robes

celle

de l'ane est en

damas de

soie broch, avec des broderies d'or au point de chanette, dont

on

pourrait reproduire chaque dessin; la seconde porte

un vtement de velours
damasse
;

avec des broderies appliques

et

des

manches de

soie

enfin,

du

costume de

la troisime

on ne

voit

qu'une gorgerette de linge plisse

et enri-

chie de broderies.

Les bijoux, ces admirables pices de

la

Renaissance, sont aussi fidlefilles

ment

reproduits que les toffes. Chacune des jeunes

porte, pour

mainla

tenir la tresse de ses cheveux,


tte
fait

non plus

le

simple petit ruban qui orne

du

te

Greuze

de Lucia dont nous avons parl, mais un riche diadme


fines.

de larges mailles de mtal cisel unies par des perles

Ajoutons que

les

deux plus jeunes portent des

colliers de perles et l'ane.

qu'une longue chanette

d'or fait trois fois le tour

du cou de

Rien ne manque au tableau, pas

mme

la signature, et
:

nous lisons sur

la

tranche antrieure de l'chiquier cette suscription


AJIILCARIS FILIA EX

sephonisba akgussola virgo

VERA

II

EFJGIE TRES SUAS SORORES ET AKCILAM PliNXlT MDLV.

Portrait de Sofo.nisbv Angiissola,

par elle-mme

(Muse Poldi Pozzoli, Milan).

2't

SOKOMSLiA
Mais
la

A .NC

L'

SSii

I.

I.T

SKS SoKIHS

propre ima^i'
fois elle

ilo

Sofonisba scnihlc avoir souvcnl lenlr son pinceau,


la loilc

el

maintes
lleur

essaya de lixer sur


don!
la

rv lin

isat^o

aux larges yeux un

peu

de

lle.

iieauli' lail

alurs juslenienl

r(''pul(V'.

LaLeaul?
ne sol pas

C'est peul-lre

un peu

trop dire. Ses traits, a diL

un

llalien,

tout fait rguliers cl son visage ne i)eut tre qualili de beau,

mais

elle a

dans

la

pliysiononiie quelque chose de gentil cl


et

de doux, avec deux grands

yeux un peu mlancoliques


sante.

un

air

de modestie qui la rend trs sdui-

Vasari nous rapporte que rarciiidiacre de Plaisance possdait deux tableaux

de Sofonisba

l'un

lail

le

porlrail de l'archidiacre

lui-mme, l'autre celui

de la jeune artiste. Peut-tre csl-ce celui qui ligure acluellemenl au des Offices, Florence, cl qui porte celte suscriplion
Crem'*
.et.
:

muse

Sgpuonisba Anguisciola

su

.>\n.\.

XX. L'uvre,
aprs,

vrai dire,

n'est pas
fois

beaucoup meilleure
livres.

t|ue la suivante,

encore qu'elle

ait t
si

grave six

pour des

Elle

recommena peu

nous nous en rapportons


Belvdre,
lit

un aulre lahleau.

aujourd'hui conserv

la galerie <Iu

Vienne, car, sur le livre


:

que

la

jeune

fille

tient la

main, on

cette pigraphe

Sopiionisb.v

Axgusola

VinCO SEIPSAM FECIT l.Ooi.


Or, ces dates eussent-elles t absentes, que l'on et reconnu, premii'e

vue.

le faire

un peu gauche d'une main encore inexprimente


petite
lille

c'est le travail

sagement excut d'une


voir au

Iden sage, dont l'il, cependant, a appris

milieu des primitifs.

Le tableau du muse Poldi


cromonese dans
le

Pozzoli, Milan,

nous montre
el

ia bella pitlrice

double panouissement de son talent


:

de sa beaut. Le

visage se prsente de trois quarts

la

bouche

est souriante, les


le

yeux sont grands

ouverts et les cheveux relevs dcouvrent

front large.
la

Remarque qui
:

son importance,
de
toilclte,

si

l'on

rapproche ce tableau de

Partie d'checs
;

aucun luxe

aucun bijou ne viennent orner l'uvre

seuls, de lgers cordons

qui retiennent la collerette rompent la simplicit du corsage sombre, dont


l'toffe,

de

mme

que

la lingerie

du

col, est traite,

avec

la

conscience qu'y

et mise

un Holbein. La

tonalit de la figure est d'une

gamme

charmante,

avec des ombres un peu bleutres qui adoucissent merveille ce qu'il y aurait
d'un peu sec dans l'ensemble.
11

n'y a pas

moins de sept tableaux, reprsentant Sofonisba elle-mme.

SO FOX ISBA AX(iLlSSOLA ET SES SOETUS


cL l'un

23

de ces portraits donna lien


ici

une anecdote assez piquante pour


beaucoup

lre

rapporte

tout au long.
le

Attirs par
s'arrtrent

talent de l'Anguissola,
la voir, et

d'illustres
le

personnages

Crmone pour

parmi ceux-ci

pote Annibale Caro,

SoFOXrsB\ AxGUissoLA, par


(d'aprs la gravure de A.

ellc-mnic.

Guavaum).

alors dans

tout l'clat de sa
poi'lrait

renomme. Ayant admir,


fille

lors
le

d'un voyage
traducteur
:

Rome,

le

de

la

jeune

peint par elle-mme,

de

VEnide

crivit la lettre suivante

au sisnor Amilcare Anouissola

que passer Crmone et uniquement pour me rendre cliez Votre mais je ne me contente pas de cette seule visite et, pour goter toutes les merveilles de votre maison, je dsire y converser dans l'intimit. Aussi, avant de quitter la Lombardie, je tcherai de venir, au moins une fois, vous revoir pour apprcier mieux les qualits de vos honores fdles, et celles de la signorina Sofonisba en particulier Il est une cliose que je dsire par-dessus tout c'est le porJe n'ai
fait

Seigneurie

JO

SlH''(l.MSI!A

A \(;

ISSnI.A

l-,

T S

i:

Slii:i

lS

Irail

de Sol'oiiisha par
:

('lli;-nii''mi',

aliii

de pouvoir moiilrur un jniir deux merveilles

la fuis

l'ieuvi'c cl

l'aulciii- !...

](( l'ai'iiio,

23 (lcoinlire

ll>">8.

II

parail

([lie

le

polc,

l'ort

aiinahlo

homme

dans

la

vie prive, devoiiail

POUTHAIT DE

SOI'ONISIS-V

AnGL'ISSOLA, par
trAsIiljuniliani^.

cllo-IlK'mc.

{Galerie

du comic

froce

quand

ses

uvres laient en jeu


!

nous avons

la

preuve

qu'il se fclia

dans d'autres circonstances


fort
le
le

Amilcare Anguissohi, qui semblait

se soucier

peu

disons-le en passant du ijenus


un
illustre
il

irritabile valiini, avait dj destin

portrait de Sofonisba

personnage dont on ne nous donne pas


re(;u la

nom, mais auquel,


d'Annibale

dit-on,
il

ne pouvait manquer de parole. Ayant


lui

lettre

(^aro,

pensa bien

envoyer

le

tableau, mais seulement


il

pour

le lui faire voir.

Quelque temps aprs, en

effet,

lui

mandait de vouloir

SOFOXISBA AXGLISSOLA ET SES SOEURS


bien
]c

27

renvoyer

C'est alors

qu'AnniLale se froissa
les

et crivit
;

au pre de

Sofonisba une deuxime lettre dont voici

passages saillants

De mme que l'on montre des cerises aux enfants, seigneur Anguissola, de mme vous m'avez montr le portrait de la signorina votre fille. Trois fois vous me l'avez puis repris 1... destin et, la fin, vous me l'avez envoy

L\ Ma[ione

a l'enfant, par Sofonisba Anihissula. du comte Folcliiuo Dodici


Scliizzi,

[d'aprs la gravure de Ckieza.] ^Galerie

Crmone).

Vous avez voulu que


je l'ai eu, j'ignore

cas de moi, et
la sorte, liors

je le mrite, que je l'espre et enfin que je l'aie; et, puisque pourquoi vous me l'avez repris, sinon parce que vous faites peu de moins encore de voire parole et de votre honneur, en m'outrageant de

de propos...
;

Pour ce qui me concerne, je ne m'en soucie point quant vous, rfichissez, mais si je me plains ainsi, c'est uniquement afin de ne pas tre pris pour une oie
!

28

SdFOMSIA ANCriSSOl.A
cesserai pas, naniiuiins, d'admirer

I:

SOKriS
fille, e(

.le lie

le lali'iil

de voire

je veux, en consi-

dration de ses mrites, avoir de l'indulgence pour vutre indlicatesse.

Do

Pai'nio. 14 juillet liio9.

L'iiisloiro a-l-olle

une

suite

Nous rignorons, mais Soronisba


assez lgitime

allait avoir

des amis assez puissants, des modles assez illustres pour lui faire oublier
le

mconlenl<Miienl

aprs tout,
en
la

du pote Annibale Caro.


et. le
il

Philippe

II

employait beaucoup de peintres italiens

duc d'Albe

lui

ayant vant

les talents
toiles

de la signorina Anguissola dont


Italie,
il

avait sans doute

admir quelques
chargea
le

exprima

le

dsir do l'avoir sa cour et

duc d'Albe de

dcidera venir en Espagne.


fut

Le duc de Sessa, s,ouvcrncur de Milan,


Amilcare
lui

choisi

comme

intermdiaire

amena

sa

lille

et

reut en revanche de nombreuses faveurs.


le

Quant

Sofonisba, elle

employa son court sjour Milan peindre

duc de

Sessa qui lui remit quatre pices de drap brod d'or qnand elle partit pour

l'Espagne avec une suite de deux dames, doux gentilshommes


teurs que Philippe
Elle
II

et

deux servi-

lui avait

envoys pour l'accompagner (luGO).


la fois de son

reut du souverain

un accueil digne

nom

et

de son
lille

talent, et se

mit d'abord

peindre la

jeune reine Elisabeth de Valois,

de

Henri

II et

de Catherine de Mdicis.
les artistes
;

Le

roi

d'Espagne payait bien


Il

mais

il

tait,

par contre, un
d(>
il

critique svre.
qu'il

se

montra

si

pleinement

satisfait

du portrait

la

reine

voulut poser son tour

et.

en rcompense des deux tableaux,

olfiil

un

riche prsent l'artiste,

en

mme

temps

qu'il

lui

assignait une

pension

annuelle

tle

"200 cus.

Peu

aprs. Sofonisba recevait

un diamant d'une valeur de

oOO cus pour

le portrait

de l'infant don Carlos qu'elle reprsenta


.

vtu d'une peau de loup-

cervier et par d'habits ingnieusement draps

Par malheur, des tableaux que notre


la

artiste excuta

pendant son sjour

et

cour d'Espagne,

il

ne reste ([u'un portrait d'elle-mme, dat de taCt


[)articulier,

conserv aujourd'hui chez un

Bologne
l'ut

les autres

ont disparu,

comme
Prado.

le jiortrait

d'Elisabeth, par exemple, qui

dtruit dans l'incendie

du

Sur

ces entrefaites, en loOl,

Pie IV

un de

ces papes, dit

M. AUintz,

qui furent rduits par la fatalit historique n'encourager que des dca-

SOFOMSBA ANGUISSOLA
dents

KT SES SOEURS

29

Pie IV

demanda

Sofonisba de faire son intention

un nouveau

PORTBAI DE SOFONISB.V AxGDISSOLV, par


(Galci-ie

cilc-mcMllc

de Lord Spencer, AUliorp).

portrait de la reine d'Espagne.

L'uvre paracheve,

l'artiste
:

l'envoya au pape

accompagne d'une

lettre

dont voici quelques extraits

Saint-Pre,

Le rvrendissime nonce de Votre SainleL m'a appris qu'Ella dsirait un portrait


de Sa Majest la Reine peint de ma main... Je m'estimerai heureuse si j'ai russi contenter Votre Saintet. Je dois ajouter cependant que si le pinceau et t capable de reprsenter les beauts de l'me de la Srnissime Reine, les yeu.K de Votre
Batitude n'auraienl
rien

pu

contempler

de

plus

admirnljle.

Quanl

ce

qui

30
reiilre

SoFn.MSr.A
dans
le

A.NC.l
Je

ISSUl.A
n'ai

I:T

SIIS
aLiciiii

SOKIliS
suiii
|j(uir

doiiiaiiic

de

l'arl.

opargn

reprscriliT la

vrit...

Dr

Mailiicl. ], 10 seplcnilirr

loCl.

La Sainte Famille,

par Suronisb.-i
;i

Axi-.lissui.a.

(Cotloclion ni'csciaiii,

Bcrgaiiio\

Pic IV

rpoiulil

l'artislc

pai'

une

k'ilre

accompagne de nombreux

prscnls

Nous avons reu le portrail de la Srnissime Reine d'Espagne, noire 1res clire que vous nous avez envoy. 11 nous a t bien agrable, tant parce qu'il a t fait de votre main, avec une rare habilet, que parce qu'il reprsente une personne que nous aimons paternellement... Nous vous en remercions, en vous certifiant que nous le tiendrons parmi nos choses les plus prcieuses comme une preuve de votre talent qui, quelque merveilleux qu'il soit, n'est selon nous que le moindre de vos
lille,

mrites

De

liorui'. le

15

octobre loOl.

SO FOX ISBA A.\G CI S SU LA BT SES SuKLKS


Mais
]e

31

pape ne se conlenta point du portrait de

la reine, et

peu de temps

aprs. Sofonisba, rpondant


lui

une

lettre de
II.

son matre Bernardino Campi, qui

demandait un portrait de Philippe


est,

s'excusait de ne point encore le lui

envoyer, occupe qu'elle


cesse,

dit-elle,

un

portrait de la srnissime prin-

sur du

roi,

que Pie IV

lui a

demand.

PouTK.viT DE Sofonisba Axgi'issola, par elle-mcmc.


(Muse de Xaples).

Philippe

II,

qui l'avait
lit

nomme une

des douze

dames d'honneur de

l'in-

fante Isabelle, lui


ois
II

pouser Fabrizzio de Moncade, un des frres de Franet vice-roi

de Moncade, prince de Paterne


'.

de Sicile, mari la prin-

cesse Marie d'Aragon

Elle se retira Palerme, en 1580, aprs avoir reu

du

un des beaux tableaux de Velasquez est encore Le portrait du vice-roi et de sa femme aujourd'hui conserv dans la iamille de BeaulTremont, dont une des branches descend des Moncade.
'

:!2

SlM''li\ ISIi
|{sji;ii4nc

m; IlSSnl.
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(inu''('

le

juvaux. Elle

vrciil l (|iirli|U('s

aiiiii''('s,

ciiiil iiiiiaiil

iiriinlii' cl

Icniic en

1res liaiile csliiiic

Ln AMUAbiAUELii

vii.Miit.N, par

Sofomila Am.lissula

(Galci'ic Brogiiali, Brcscia).

par

lo

vice-roi qui accordait les faveurs el les grces sa rcconiniandalioii.


lui olTrit

Son mari lant morl. on

de reprendre la place

([u'elle avail

occu-

pe la cour d'Espagne, mais elle refusa, cl dsirant le^oir sa famille, elle


s"eniliarqua pour l'Ilalie sur

une galre gnoise.

Ici

nous tombons en plein

SOrOiN'lSBA
(

AT^GUISSOLA
)

Galerie Borohse

ajicc;: et

modfime

Imp.J-J.Tancur. Paria

SOFONISBA AXGUISSOLA ET SES SOEL'RS


roman d'aventures
par
le
:

33

durant

le

voyage, Sofonisba fut


la galre,

si

courtoisement traite
qu'elle finit

gentilhomme commandant

Orazio Lomellino,

par se trouver oblige d'y rpondre en

lui

promettant de

le

prendre pour

poux

C'est ainsi qu'elle se remaria, ayant reu de la cour d'Espagne,

en

manire d'approbation, une augmentation de pension de 400 cus.


Ds
lors, elle

ne quitta plus Gnes o

elle vivait

en 1584, mais

elle y reut

d'illustres htes. Ainsi,


aller

en 1599, lorsque l'infante


elle s'arrta

Isabelle- quitta

l'Espagne pour

pouser l'archiduc Albert,

Gnes

et s'entretint affectueu-

sement avec
mettant

celle qui avait t le

tmoin de ses premires annes. Sofonisba,

profit la

prsence de l'infante,
et

commena son

portrait,

mais

elle

ne

l'acheva qu'aprs son dpart


Elle eut

l'envoya Vienne.
la

une lieureuse inlluence sur


et

renaissance de l'cole gnoise, alors

en dcadence,

forma

mme

des lves, tel que Francesco Piola. Mais la

fm de
et,

sa vie fut attriste par de cruels


elle perdit la

malheurs

son second mari mourut

peu aprs,

vue.
continua,

Malgr son infirmit,

elle

comme

par

le pass,

runir en son
l'art.

palais les savants et les artistes

pour s'entretenir avec eux des choses de

Aussi
Gnes,

Van Dyck,
eii

assidu ces causeries familires

pendant son sjour


en

1621 et 1622, avait-il coutume de dire

qu'il avait plus appris

conversant avec cette vieille


les peintres qui

femme aveugle qu'on


.

suivant les leons de tous

voyaient clair

Elle

mourut

vers 1625, ge de quatre-vingt-dix-huit ans.

Nous avons
toiles qui

cit

quelques-unes des uvres de Sofonisba qui se ratta:

chaient immdiatement sa vie

ajoutons-y maintenant

la

liste

des autres

nous sont parvenues.


d'elle

Ce sont d'abord cinq portraits

conservs chez
;

sir

Vernon Harcourt,

Nuneham-Park dans
;

la

galerie
et le

W.

Stirling

chez lord Spencer, Althorp;

chez lord Ashburnham,

la galerie

Borghse,

Rome. Celui de

lord

Ashburnham

rappelle par

costume,

la coiffure et le faire dlicat le tableau

de la galerie Poldi Pozzoli. Dans

le portrait

de la collection de lord Spencer,

Sofonisba s'est reprsente jouant du clavecin, la tte tourne de trois-quarts


vers la droite. Elle porte

un corsage

d'totfe unie,

ferm sur

le

devant par

des brandebourgs et laissant passer

un

col pliss retenu par des cordons.

Un

34

S(11'0.\'ISnA
l'onibri'.
ilc

AiNClISSDLA

l'.T

SF.S

SOKUKS
l'emmo
lahleaii
(jui
riiiijicllc

peu dans
sorvanli'
Sarali.

ilroilc.

on apiMToil une

vicilk'

la

la

Partir d'checs.
(le

Au

sicle

dL-niitM-, ce
la

lui

aelidr par

(lueliessc

Marllxtrougii.

pour

somme

alors

eonsidraide, de

700

iiiiines. Enlin. le

plus remarqualjle peul-lre de ses portraits est celui de

la i^alerie

Borglise

qui reprsenle une l'emme d'une quarantaine d'annes,

aux

traits rguliers,

d'une expression srieuse

et rllcliie.

Du

portrait de la galerie Spencer,

nous rapprocherons un tableau con:

serv au muse de Naples et jusqu'ici allribu l'cole des Carrache

si

l'on

veut bien examiner de prs ces deux u'uvres et les comparer atleniivenienl,

on arrivera bien vite conclure qu'elles sont de

la

mme

main.
la galerie

Mentionnons aussi une

na'ive

Madone

l'Eiifanl^ aujourd'hui en
est

du comte Folchino Dodici Schizzi,

Crmone. Le Bambino
lui

reprsent

suspendu au sein de sa mre, qui abaisse vers


semble,
Irail

son visage souriant. L'en-

dans

la

manire des primitifs,

est parfait et la figure de la

Vierge surloul, d'une puret remarquable.

Nous sommes
de

loin de cette simplicit

charmante avec

la

Sainte Famille

la collection Bresciani,

Bergame

tout ici est manir, d'un art


la

moins
:

sr et qui semble en dcadence. Le tableau est sign et

date surprend

Sophonisba Anagiissola

(sic) adolesccns. 1559. Mais

comment

vrifier l'exac-

titude de cette pigraphe et

comment
la

croire

que

cette fade peinture soit

de

quatre ans seulement postrieure

Partie d'checs?

Comment

croire

qu'elle

soit

peu prs contemporaine du portrait de


actuellement

la

l'ambassadeur vnitien qui figure

galerie

Brognali,

Brescia, et surtout de l'admirable peinture reprsentant Elena Anguissola en


religieuse, aujourd'hui chez lord
Ici

Yarborough, Londres
:

nous touchons

la perfection

sur

un fond sombre,

se dtachent les

vtements blancs de

la

religieuse,

l'ovale

du visage apparat dans l'encadrefilles

ment de
dans
le

la

guimpe,

et

nous reconnaissons l'aine des jeunes

qui figurent

tableau des checs.

cte de la Sainte Famille, quoique pourtant suprieur,

nous citerons

le

Mariage

de sainte Catherine (aujourd'hui dans la galerie


le

du comte de Pem-

broke, Londres), tableau plein de grce, o

charme un peu manir des

attitudes s'accorde avec l'ensemble de la composition.

Signalons pour

finir

le
la

Portrait d'itne <jrandc


galcrii^

dame inconnue, en

riche
i"i

costume (aujourd'liui

Borghse), que

l'on atlribuail jusqu'ici

Portrait ue dame inconnue,

iiar

Sofonisba Anguissola.

(Galerie Borghse,

Rome).

I
36

SOl'O.MSBA ANr.llSSOLA KT SES SOKl'RS

Lorenzo Sahatini,
de
la
t;al(>rii'

onlin

4
Cavalcasellr
ganciie sur
ri

le

Pu/irait du Titien

ri

de sa

femme, une des perles


B.

Doria

[w" 44i).

Ce

lablcaii,

dcrit par G.

S. A. Crowo.

reprsoiilc

un liommr

ilchuiil,

IrnanI

la

main

le

PonTRUT nr TiTirx

et de sa femme, par Sofonisla Ascuissola.


(Oaloric Doiia, Ronif).

bras d'une

femme

assise devant lui et qui lui lourne le dos.

Il

porte la barbe,

des vtements noirs

comme

ses cheveux.

La femme

est vtue

d'une robe de soie

brune
et

reflets gris-bleu, dcollete et

s'avanant sur une chemise montante


ses

bouffante; son visage est assez

commun;

cheveux sont noirs avec une

raie

au milieu.

SOFONISBA ANGUISSOLA ET SES SOEURS


Longtemps
jourd'hui
attribu au Titien, ce tableau est

37

unanimement reconnu

auceci

comme

tant de la

main de Sofonisba Anguissola. Aussi bien


!

nous dispense de chercher d'autres loges

Mais, en

mme

temps cela con-

tribue augmenter encore nos regrets en prsence de la trop longue liste des

uvres de Sofonisba dont nous avons

dplorer la perte. Peut-tre cette

tude aura-t-elle pour rsultat de faire retrouver quelque toile gare ou

mconnue de

cette

mule du

Titien.

Telle fut l'uvre de cette illustre


rois et

amateur qui
fils

travailla

pour

la galerie

des

pour

celle des papes, qui vit le

de Charles-Quint poser devant son

chevalet et dont

Van Dyck

apprciait les sages avis.

Le

lecteur ne trouve-t-il

pas que voici une charmante physionomie d'artiste et qui mritait bien

un

peu ces quelques pages d'tude?

Ah

si

nous pouvions, en voquant

le

spectacle de celte heureuse famille


!

Anguissola, veiller chez quelques-unes do nos lectrices des dsirs de l'imiter


Si l'exemple de ces

surs

artistes,

femmes

instruites en

mme
elles

temps que
Si enfin,

femmes de
un jour

foyer, leur faisait essayer

du pinceau ou de l'bauchoir!

prenant got ces tranquilles mais saines distractions,


ce coin des joies artistiques, jusque-l
!

dcouvraient
petit

connu seulement d'un


!

nombre

quelles satisfactions intimes elles y trouveraient


?

Aprs tout, pourquoi non

Une jeune femme

qui l'on demandait


cette vie de

un

jour, dans

la

tribune d'un
:

champ de

courses,

si

sport forc tait de son got, rpondait


d'esprit

Que voulez-vous,
!

si c'tait la

mode, nous aurions autant

que nos

grand'mres

le

Que

les

femmes

veuillent, qu'elles mettent l'atelier la


celle-ci. Ici,

mode

elles

en ont lanc de moins... excusables que

du moins,

elles contri-

bueront crer, pour beaucoup des leurs, une source d'occupations agrables,

un
oii

drivatif au tourbillon de leurs fatigants devoirs

mondains

et,

l'heure
il

nombre de jeunes gens

se

dsintressent des choses de


les tudier.

l'art,

serait

exquis de voir les femmes se mettre

APPENDICE

En termiiianl noire Oludc sur Sofonisba Angiiisdans le numro de la Revue de l'Art ancien et moderne du 10 mai '1(S99, nous disions Souliai.Sdla,
:

toiis

que

celte

tude
toile

retrouver quelque

pour rsultat de gare ou mconnue de


ait

faire

cette

mule du Titien

t exauc et l'vnement a dpass nos esprances: Car ce n'est pas seulement des uvres d'Anguissola qui nous ont t signales

Notre souhait a

par d'rudits correspondants, mais par elles nous croyons avoir dcouvert un portrait d'Anguissola
qu'il parat difficile

de ne pas attribuer Van Dyck

Les circonstances qui nous ont valu cette bonne fortune mritent, ce nous semble, d'tre rapportes.

Peu de jours aprs


Le
M.vnr.vGE i>E
(G.llcric

la

publication de l'lude sur


"Virzi,

Anguissola, nous recevions une lettre de M.


sainte C.vtheiune

de

Palerme,

laquelle

tait jointe

la

reproduction

du conilo de Pcnibrokcj

photographique

d'un

portrait de

vieille

femme.

L'original, disait M. "Virzi, avait toujours t attri-

bu au
il

Titien

frapp par sa beaut, par la largesse de la touche et son coloris dlicat

malheureusement trop tard pour empcher un acte de vandalisme, car son prcdent propritaire, (ils d'un vieux peintre de Palerme, avait coup les mains pour faire entrer la toile dans un cadre trop petit. En comparant son tableau avec les reproductions des portraits d'Anguissola donnes ]iar la Revue, notre correspondant lui ayant trouv un air de famille nous demandait notre avis, et autant qu'il nous tait possible de juger l'anivre sur une photographie trs imparfaite, nous avions partag son opinion, mais sans nous attendre la voir En effet, peu de temps aprs, corrobore par un document de premier ordre iM. de Vesme, le trs distingu conservateur de la pinacothque de Turin, nous signalait un croquis de Van Dyck reprsentant Anguissola et nous engageait en demanl'avait achet,
!

der la reproduction M. Herbert F. Cook.


Voici la rponse de ce dernier
:

Londres,

le

13

septembre

1S99.

Monsieur,
J'avais lu
et je

dans

la

Revue de

l'Art ancien et

moderne votre tude sur Sofonisba Anguissola

me

proposais de vous crire son sujet lorsque votre lettre m'est parvenue. Je m'em-

SOFONISBA ANGUISSOLA ET SES SOEURS


presse de vous adresser la reproduction du

39

document que vous me demandez. Il est, comme grande valeur pour ITiistoire de Sofonisba. C'est un croquis la plume de Van Dyck, accompagn d'une note de la main de l'artiste. L'original se trouve dans un livre que possde M. le duc de Devonshire, Cliatswerth '. Ce livre contient des dessins et des notes de Van Dyck remontant son premier voyage
vous pouvez en juger, de
la plus

en

Italie.

Il

ressort de ce

document

qu'il tait

Palerme dans

l't

de 1623

et qu'il

y a ren-

0^

[;

'
'
.

Vu

^..^^^' ^^^' ^'"^

Vas Dyck.

CuOQriS

nEPRSENT.l.NT SOFO.NISBA. AXGUISSOL.V ET NOTE AUTOGR.\PHE

contr Sofonisba, alors ge de quatre-vingt-seize ans. Cette indication permet


date de la naissance de cette dernire en 1527 et
les historiens.

de fixer

la

non pas

vers 1333

Par consquent,

ce qui explique
si

mieux

flatteuse

du

roi

elle avait trente-deux ans quand elle renom qu'elle s'tait acquis dj, renom qui lui valut l'invitation Philippe V de venir sa cour. Ce point fix, il en rsulte d'autres conle
-.

supposent se rendit en Espagne,


le

comme

clusions dans la chronologie de sa vie et de ses uvres

'

Ce prcieux

livre,

a figur l'exposition de
-

qui a appartenu au peintre Lly. Van Dyck Anvers, en 1899.

Lord Dover

et

JL Herbert F. Cook, qui ne sont


ni signs,

Nous pouvons signaler

d'autres portraits de Sofonisba par elle-mme

40
Elli' av;ii(

soFONisuA

.\i\(;riss()i,A

kt sks sokirs
;

vinj^l-liuit

\ingl ans lorsiiu'fllf peii^uit son poi'U'iiil d(> la gali'rio dos Ollicus, Florence ans lorsijuV'Uo lil sa Partie d'i'xhccs que nous devons considrer comme une de
caiiilales.

ses

uvres

En

IliSO, elle

part pour l'alermo avec son

premier mari, Moncade

Van Uvck.

PoRTR.VIT DE SOFOXISU.V AxGl'ISSOL.V

jeune avec son maitre Bernardino Canipi deux o elle est plus gce, dans celle du comte Magno. On cite enfin un portrait d'elle-mme Saint-Ptersbourg sous le nom do Catarina Cornaro. et un autre dans la ccdlecliun Danby-Seymour. en Angleterre, collection maintenant disperse. Que de portrails d'elle-mme, dira-t-on! Mais loin d'y voir un sentiment de vanit, trouvons-y plutt- une preuve d son ali'ection pour son pre, ses surs et ses amis, qui elle envoyait ces portraits pendant son long sjour en Espagne. D'antres uvres de Sofonisba se trouvent Londres, portrait de jeune fdle devant dater de son poque espagnole {collection du comte Brownlow) petit portrait d'Iuimuie en ovale (collection de Miss Golien) Burloigli, portrait d'un homme debout devant une table couverte d'un tapis oriental (collei-tioQ du comte d'Exetor): Ashridgc. pm-trait d'houime en ovale sur l'ond vert (collection du comte Brownlow).
:

ni dats

un

Sienne,

elle est repriisenle trs

Milan, l'un dans la collcclion

du duc Melzi.

et l'autre,

.^^^^^^H
^^^^^H^^^^^^^^^^^^^^H^r

^ #
IHH^H
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^^^^^P
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1
ria^T^^t.^

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1
PoUTUAIT
l)H

^
.

1
MOINE
Ilcilicil F.

i
Cook\

par Sofoiiisba Akglissola (Colicctioii de M.

42
rovioiit (Oncs

SOFOMSIiA ANCIISSliLA KT SKS


lijO;),

SdKI KS

vers

aprs avoii' pous cii secondes noces Orazin Lonicllini, ilevienl aveugle retourne Palcrme o \an Dyck fait son porliait en l(J2'i. et enlin meuri
l'ge

en 1025,

de quatre-vingt-dix-huit ans.
d'avoir appel
l'uttenlion

Nous devons, Monsieur, vous savoir gr artiste du xvi sicle et Je vous remercie pour
sait

sur cette grande


rpii

ma

part d'avoir trait ce sujet

m'intres-

vivement.
Ilerliert
[".

("ok.

C'est

nous

Ijicn

plutt

remercier M. Herbert

F.

Cook de sa communisignura Sol'onisma


{sic),

cation.

Voici la Iraducliiin de

la

note de

Van Dyck

Portrait

de

la

peintre, fait de son vivant Palerme, l'an 1623, le 12 juillet, l'ge de quatre-vingttait encore trs prompte et Irs heureuse; et quoique en perdu la vue, elle aimait cependant mettre les tableaux devant elle et en approchant son nez du tableau, avec une grande attention, elle arrivait distinguer quelque peu et y prenait un grand plaisir. Tandis queje faisais son portrait, elle me donna divers conseils, comme de ne pas prendre la lumire trop haut alin q.ue les ombres dans les rides de la vieillesse ne devinssent pas trop grandes, et beaucoup d'autres excellents avis. Elle me conta aussi une partie de sa vie o l'on reconnat qu'elle fut admirablement peintre de nature; la plus grande douleur qu'elle ressentit fut de perdre; la vue et de ne pouvoir plus peindre, car la main tait ferme encore et sans aucun tremblement . Le lecteur pourra, pices en mains, comparer le croquis elle portrait. L'attitude du modle dans le croquis diffre sensiblement de celle qu'il a dans le tableau. Dans le croquis. Van Dyck nous montre une bonne vieille, toujours trs distingue, mais courbe par l'ge, semblant conter ses souvenirs ou donner ces conseils que le jeune

seize ans; sa

mmoire

vieillissant elle et

matre prisait tant.

dame, qui porte allgrement ses quatrepour poser devant le jeune et dj grand artiste. Et si l'on examine attentivement les deux uvres, comment ne pas tre frapp par la similitude des dtails, indiqus par un simple trait dans le croquis, mais d'une faon si exacte et si prcise Le dessin de la forme de la tte se suit sous le grand voile qui la recouvre mmes mplats du front amaigri, mme dessin du nez, mmes lvres
le

Dans

portrait lui-mme, la grande

vingt-seize ans, se redresse

amincies. Ce qui est plus caractristique encore, l'arcade sourcilire saillante a l'il

profondment enchss, comme dans son beau portrait par elle-mme de la galerie Borglise, mais hlas sans le vif regard d'autan. Pauvres mains si habiles, qui pendent inertes dans le croquis du matre et que le fils du peintre de Palerme a fait disparatre dans le tableau, quel regret de ne pas voir comment le grand artiste les avait rendues Pour terminer ce trop long post-scriptum notre tude sur Anguissola, nous devons dire un mot du portrait de moine de la collection de M. Herbert F. Cook. C'est une o:'uvre de premier ordre, faite en Espagne vers 1562. On l'a longtemps attribue
! !

Zurbaran,

et cette attribution se justiliait

par

le

profond sentiment religieux qui se


le

lit

sur la figure, l'expression puissante de la physionomie,


voir l'au-del,
la

regard intense qui semble

noblesse de sa pose,

la

correction du dessin des mains, et enfin la

SOFONISBA AXOUISSOLA E SRS SOEURS


siniplicil

43

farlure rappelant le faire du matre qui peignait con especialidad Zurbaran ne devait briller que soixante ans plus lard. Mais en los hlancas. Titien, Van Dyck, Zurbaran, c'est en la compagnie de ces matres que nous saluons

de

la

une dernire

fois labella et

saggia dpinlrice, la nobil Sofonisba da Cremona.

Nous devons encore


fixs

M. Virzi de pouvoir ajouter cette tude


il

un dernier post-

scriplum. Grce aux recherches dont

a bien voulu nous faire part, nous

sommes

exactement sur la date de la mort de Sofonisba Anguissola et sur le lieu de son inhumation. C'est dans les registres de la paroisse de Santa-Croce Palerme que se trouve l'acte de dcs de Sofonisma Lomellino {sic) la date du 16 novembre '162o. Elle fut enterre dans l'glise San-Giorgio delli Genovesi, oil'on peut voir encore
sa pierre tombale avec les armes des Lomellini et
oi

se

lit

l'pilaphe suivante

SOFONISB.E U.VORI AB ANGUISSOL.-E

COMITIBUS DUClNTI ORIGINE[M] PARENTU[MJ NOBILIT.\TE. FORMA EXTRAORDINARIISQUE

NAfR.E DOlBUS IN ILIUSTRES MUNDl MULIERES RELAT.E AC INEXPRIMENDIS HOMtNUM IM.\GI>'IBUS ADEO INSIGNI CT PARE[M] .ETATIS SU.E NEMINE HABUISSE SIT .ESIMATA, IIORATIUS LOMELLINUS INGENTl AFFECTUS MEROR" DEUS HOC e.\;tremv[\ii et si TANT.E MULIERI EXIGUUM

MORTALIBUS VERO MAX[MViM] DICAVIT

1632.

A son pouse
et

Sofonisba, issue des comtes d'Anguissola; par sa distinction, sa


c[ualits naturelles,

beaut et d'extrao'dinaires

compte parmi

les

femmes

illustres

du monde;

tellement habile peindre les portraits que personne son poque

ne fut estim l'galer; Horace Lomellini, accabl d'une douleur immense, ddia ce

suprme hommage, qui quoique petit pour une femme si remarquable est cependant grand pour les mortels. 1632. Outre son grand talent, dont la preuve est venue jusqu' nous, quel charme devait avoir cette grande artiste pour que son mari, ce bon marin gnois, alors
trs

qu'elle a 98 ans au moment de sa mort, tmoigne sept ans aprs de

sa tendresse,

de son admiration

et

de sa douleur en des termes

si

glorieux et

si

touchants

fi

.^.-'',lr''l

Y.'-^l
!

n
'');
i

PIERRE DE FRANQUEVILLE
'lo48-161o

ono

belle

grande cause del Pietro da Franca-

villa,

bravo scoltore francese. Ainsi parle,


le

Florence,

cuslode qui montre au visiteur

lrangcr les sculptures de rglise de SantaCroce.

Et pourvu que
et

le

visiteur soit Franais

se

pique de quelques connaissances en


de beaux -arts,
:

matire

le

voici,

ds

cet

instant, fort inirigu

on vient de

lui pr-

senter, de la plus gracieuse faon d'ailleurs,


les

uvres d'un

artiste franais

dont

le

nom. sans

lui tre tout fait

inconnu,

n'veille

en son esprit que d'infiniment vagues


il

souvenirs
oti?

Francavilla,

Franqueville,

lui

semble avoir entendu

cela,

mais

quel propos? Voil

ce qu'il ne saurait prciser...

En

guise de consolation, disons d'abord ce voyageur qu'il n'est point


faut
ignoi'er

le

seul tant s'en

un

artiste qui fut clbre, et ajoutons,

pour

expliquer l'oubli dans lequel on laisse chez nous un sculpteur hautement

40
aiMiri'cii'
li-a\aill(''

rii:i;i;i'

m:
iiij

ii;
ih'n

\nri"\'ii.i.K
le,
ii(>

iiar

nos

\iiisiiis,

(|ii('

I'im

il

cl

iikuI

m France,
la

Miiitiiil

en

llalu-.

H
rale

nit'-rilail

autre

hommage

[Kunlaiil.

nnn seulement poui'


la

Nalenrgm''laquelle
et
il

le

ses

proiliuiions,

mais aussi puur

Ijelle

lnacil avec
ilo

poursuivit un idal en tous points oppos aux usages

son piique

de

son

l'ang.
Ils

ne sont pas nombreux, en


xvi''

elle!, les

jeunes uoljles du
des
l'tes

sicle qui. lclat

do

la

cour, prfrrent,
silence

comme
ils

Franqueville,

le

de l'atelier:

sont rares surtout ceux qui. de iduie leur


xolont. de toute leur force, de loule leur

aideur juvnile, luttrent


le lilu'e

comme

lui

pour

choix

dune

cariire. cette carrire


celle de sculp-

ii-elle

dchance!
bien
plus,
il

leur.

Fianqueville montra ce double cou;

rage

les

rsolutions

dont

dpendait sa \ie.

dut les prendri^

un

ge o d'ordinaire

les

jeunes gens en sont


Voici en quelles

attendre des conseils.

circonstances.
PlERllE DE FllA.NylEVII.l.E
(il'api'L'S

Son

pre. .Martin de Franqueville. qui

la pcinlui'c

de J. Bl'NRl).

appartenait

une

vieille
Ilxe
les

famille

noble

d'origine espagnole.

depuis quelque
gots prcoces

temps

Cambrai, n'avait point remarqu sans amertume

du jeune

homme
en

pour

les

choses de

l'art et s'tait

formellement oppos ce
le

qu'il s'engaget

dans cette voie. En dpit du veto paternel,


atelier

jeune Pierre
et

avait converti
s'y retirait

une chambre abandonne de


loisir
:

la
l'y

maison familiale
surprit

souvent pour modeler


de dsobissance
et.

son pre

un jour en

flagrant

dlit

aprs l'avoir tanc

comme

bien on pense,

brisa

une

une toutes
le

ses chres bauches.


dire, dcida
le

Ce jour, on peut
bien do secouer, ds

l'avenii-

de Franqueville

il

se [U'omit
si

la

premire occasion, un joug qui


paternel o l'on comprenait
le
si

le blessait

rude-

ment

et

de fuir
l.

le toit

mal

ses etlorls.

A peu
les

de temps de

il

arriva que

prcepteur auquel son pre avait confr

PIERRE DE FRANQUEVFLLE
pouvoirs les plus tendus
festait
s'il

47

son got pour

le

y compris celui de fustiger son lve, manidessin s'en fut demander au vieux gentilhomme
pourtant, observa
le le

de le relever de ses fonctions, n'ayant plus, disait-il, rien enseigner son


disciple.

Une chose me manque

jeune

homme. Le

dialecte

picard ne suffit pas: j'ignore


franais
;

il

me

faudrait

aller
Et,

Paris, pour l'apprendre.

son pre ayant consenti,


aussitt.
C'tait

il

partit

en

io6i
avait

Pierre
seize

de

Franqueville

ans.
le

Venu

Paris pour apprendre


il

franais,

se mit

en qute d'un
il

professeur; mais,

ne fut pas

longiemps, on
chercher
dessin.

le

devine, sans

aussi

un

matre
il
lit

de

Aprs quoi,
:

deux

parts de sa vie

l'une consacre

l'tude, l'autre la sculpture.

Dans

la

premire,

il

donnait sa-

tisfaction son pre,


il

dans

l'autre,

se livrait sans contrainte ses

prdispositions
cela dui'a

naturelles

et

PlERIlE DE FrAX.jIEVILLE
(d'aprs
la

deux annes.
approchait
allait se

peinture

de

Porbls].

L'heure
dant,
partit

cepen11

il

voir rappel Cambrai.

prvint l'ordre paternel et


travail

bravement pour

l'Allemagne,

ayant

le

de ses mains pour

toute ressource.

Innsprck

le retint.

Il

y suivit une mthode en tous points semblable


;

celle qu'il s'tait

impose Paris

esprit curieux, intelligence ouverte, avide

de voir et de savoir, Franqueville se perfectionna vite dans la langue alle-

mande, en

mme

temps

qu'il frquentait

assidment

l'atelier

d'un sculpteur

sur bois, form l'cole ilorentine.


C'tait l'poque

o l'archiduc Ferdinand, second

fils

de l'empereur Ferdi-

48

l'I

llKKi:

III';

l-l!A\nl

i:\ II.I.K

nand

I'''',

comiiU'n(;;iil

l'iHUiir

eu son

rlili'uii

ilAiiiliras. pirs d Imispri'ick,

les objets d'arl do IouIl' sorle iiui dcvaieiil l'aire de celle rsidence

un des plus
arlisles
lui

admirables muses d'Europe. L'archiduc,

s'il

prlail allenlion
:

aux

du
fut

pass, se plaisait suivre aussi les talents naissants

Franquevilie

prsent

et

lui

plut.

Ferdinand s'intressa
si

i^i

ce jeune artiste dont les belles

manires contrastaient

vivement avec

la

rudesse environnante,
les

il

l'ut

charm par
pliie

cet esprit toujours

en veil auquel

problmes de cosniogra-

n'taient

pas moins familiers que les principes de sculpture: aussi,


six

quand, aprs

annes,

il

le

vil

partir

pour

l'Ilalie,

lui

donna-til une

recommandation prcieuse pour Jean Bologne.


Jean de Douai ou Jean Bologne
ritalie

encore

vin artiste

franais qui prit

pour patrie d'adoption


:

tait alors

dans tout
(lo64).

l'clat
lail
la

de sa triom-

phante carrire

depuis
le

la

mort de Michel Ange

il

unanimement
dcadence de

reconnu
l'art

comme

seul di;ne

de lui succder au milieu de

sculptural italien, aussi groupait-il autour de lui, Florence, une foule


il

de disciples auxquels
et

donnait, avec ses conseils, rexemple d'une activit

d'une fcondit sluplianles.

Revenu de Rome, o

il

avait fait

un court
le

sjour devant les

antiques,

Franquevilie fut chaudement accueilli par


favori.

matre dont

il

ileviul l'lve
:

Par son entremise,

la

premire commande ne tarda point

un abb
de

florentin,

Antonio Bracci, dsirait orner de statues

les jardins de sa villa

Rovezzano. Franquevilie se mit l'uvre, aux conditions, stipules par un


trait

du 24 janvier 1374, de cinq cus


il

d'or par mois, plus la nourriture!

Hardiment,

donna dans
lune et
le

le

got du jour, et l'abb Bracci, ravi de voir sa


ainsi

villa abriter la

soleil,

qu'une bonne

partie

de l'Olympe,

ouvrit l'artiste les portes de sa maison de ville pour qu'il put conlinuer son

uvre.

Il

n'eut point s'en repentir


si l'on

les

groupes mythologiques y lleurirent


italien,
la
fit

l'envi, et l'un d'eux,

en croit un auteur

verser des larmes


droite

de joie Jean Bologne; c'tait Vnus tenant de


satyre,

main

un

petit

figurant le

plaisir,

et

de

la

gauche une

petite

femme

figurant la

gnration. L'historien qui nous a rapport lmolion de Jean Bologne en

prsence de cette allgorie aurait bien d nous dire par


l'abb Bracci ne
fit

la

mme

occasion

si

pas la grimace, quand

il

en pntra

le

sens!

Ces quatorze statues furent vendues au milieu du xvuT sicle par les
Bracci.

un prince de

Galles, et huit d'entre elles ornent encore la terrasse

l'IERBE DE F

RAXQUEVILLE
le

49

du chteau de Windsor.

Ce sont

le Soir,

Prinlemps, l'El, V Aulomnc,


et

[Hiver, Bacchns, Viilcain, Diane, et un groupe, Orphe


huit vases avec mdaillons bas-reliefs.

Pan.

Il

a.

de plus

Ces premires uvres avaient t pour


Franqueviilciin excellent exercice
le
:

il

avait

champ

libre

et

procdait sa

guise

(combien peu de sculpteurs ont eu d'aussi


agrables dbuts?), mais inlluenc par la

mode,
vides

il

se laissa tenter

par des sujets

o l'imagination

n'avait

gure

s'exaller.

D'ailleurs, vivre

dans l'atmosphre

de .lean Bologne,
la

il

en gagna la fivreuse,
:

dvorante activit
d'excution,

ce fut, de conception,

comme
tuosit,

un improvisateur
;

qualit et dfaut tout ensemble


sa
l'apidit

sa vir-

de mise on uvre ont


dtri-

merveill

ses

contemporains au

ment, peut-tre, des qualits plus solides


dont
par
il

fit

montre

Baldinucci est bloui


les

la

somme

de travail fournie pour


l'abb

commandes de

Bracci

il

parle

chaque page d'uvres condotle

colla

mag-

giore diligenza, ou con estrema diligenza;


et

Soprani, propos des statues qui ornent

l'glise del Castellalo de

Gnes, ne

manque
avec
(Collection

pas

d'admirer

la

promptitude
.

de M.

le

baron Jean Ricasoli

Firidolfi).

laquelle elles ont t faites


Il

menait en

effet

une vie de

travail

en partie double; d'une part, rponde l'autre aidant son

dant aux
matre et
le

commandes qui

s'adressaient lui-mme,

collaborant ses travaux,


les Trois

comme
Sabincs.

il

le fit

pour Hercule terrassant

Centaure, ou encore pour

L'exemple

le

plus caractristique de cette existence de labeur acharn est


fit

sans contredit le sjour que


date,

Franqueville Gnes, peu aprs 1573.

celle

un gentilhomme

gnois,

Luca

Grimaldi, avait

command

Jean Bologne

i'ii;i;i;i:

m; tua xur

i:\ii. i.k

la (li'Cdraliniuriinc Llia)irllc

Jean Bnlogno
cl

parlil, aocdiiipai;!!.''

il l'

son

('ir'vc.

Or,

ccliii-ii.

ilurani

son sjour,

en dehors de ses travaux [Miur


de
Jaiiiis,

(Iriiiialdi,

exi'ciila

deux

slaliies colossales

de

.hijjilrr cl

dcora

la

cliajiellc di'

Malleo Lancgu, enfin acheva six slalocs


de marbre ponr
iant les quatre
liiiiise

la calhctirale,
l!]vanglistc''s,.

rcprsen-

saint

Amla

et saint Etienne.

peine revenu Florence, c'est


(|ui lui

famille Niccolini
statues

demande cinq
repr-

pour
;

la
il

chapelle de rglisc do

Santa-Croce

se

met l'uvre

et

sente Mose, Aaron, rilumilit. la Virginit et la Prudence.

Nous disions un peu plus haut


mais
les

qu'il

coUahorailaux travaux de Jean Bologne,


il

ne

se contentait pas,

comme ponr

Sabines par exemple, de scnipter une


il

partie de l'uvre,

arrivait aussi parfois

que

le

matre, ne pouvant rpondre aux


se contentait

demandes,

de dessiner ses

projets, que Franquevillc excutait ensuite.

C'est le cas

pour

les

six statues
le

de

marbre qui ornrent, en 1389,

tombeau de l'abb Antonino Pieroz/i, San Marco.


Cette

mme
I"'',

anne 1389, l'occasion

de l'entre Florence de la
Apollon
(CollccUon
(le

femme

de

Ferdinand

Christine de Lorraine, on

M.

Spiridoii'i.

dcouvre six nouvelles uvres du sculpteur,

statues colossales

d'vques

llo-

rentins riges l'entre de la cathdrale et qui. toute improvisation mise


pari,

ne sont pas de ses meilleures.


et

Pourtant, son talent se niril, de srieuses qualits.

ce qu'il se

donne

la

peine de travailler a

Entre temps,

il

avait pu courir de

nouveau jusqu' Rome, passer quelques

PIERRE DE FRA.XQUEVILLE
semaines en conlemplalion devant
les

51

antiques et copier

mme

plusieurs

morceaux, parmi lesquels

le

Torse

du Belvdre. Revenu

Florence, c'est im-

Statce de Cosme I"


(sur la place dei Cai-alieri, Pise).

prgn sans doute de ces souvenirs classiques qu'il excuta, en

1389, le

Jason du chevalier Zanchini, une de ses meilleures uvres, robuste et souple,


peu prs dgage de tout sacrifice la

mode du moment.
le

Jason firement camp, dans une altitude tranquille, pose

pied droit

;i2

l'ii'iiiiii':

DK
l;i

i'i!,\.\ni

i:\ ii.i.i':

>iir

li'dds (lu

(1i'm;4iiii,

l;iiulis (juc

main

l'Iinr

ru lair
('s(

la

ili''|)iMiil le

du ludirr

iloul iiuc partir

repose sur
le

ri''|iaul('.

Le dcssiu en

liarinoiiicux. le niouve-

nienl

liii'ii

i|uilil)i'(',

gesle sobre ajoule

r(''nei'j;ie
:

de la pose, c'est bien


Pelriis Francavillius
liui

viTilaldeuienl l'oMis re d'un matre. Celle slalue. si;;ne


lirl'i'Kir
/'.,

et (jui

u'a jamais
l'irid(dli.
il

d quilter l'iorence. ap[)artieat aujourd

au

IjaroM Jean

llicasoli

L'anne

sui\aiili'.

l'ail

un Apollon pour

le

palais d'E\"erardii SaUiali.


parl'aile et

dans

la

\ia di

l'.iloi^io,

l'Ioreuce,

uvre d'une gree


;

d'une belle

allure, qui dut avoir

un succs d'admiration M.

aprs avoir t la projirit des


Spiridon.
II

marquis

Corsi, elle appartient aujourd'hui

J.

est

moins bien
il

ins-

pir dans la Primdrcra du jionl de la Saiuli'-Trinil l'Iorence, o


(|n'au

naboulil

manir.

Siii'

ces enlrel'ailes. le

Grand-Duc l'envoie

Pise

pour y exculer.

sur

la

place dei C.nalieri. une l'ontainc surmonte de la statue de


il

Cosme

I"''.

Celle a'uvre termine,

resle

quelques annes encore dans


l"''

la ville,

scniple.

prs du palais ducal, un groupe reprsentant Ferdinand


lequel la slalue du prince a

relevant Pise, dans

une

belle tournure marliale. M. Marcel


la

Heymond,
de ce

dans son remar(|nable ouvrage sur


grou[ie dans lequel
il

sculplure llorenline,

fait l'loge
la

trouve une relle entente des lois de

sculpture.

Franqucvillc aide encore Jean Bologne remplacer

les clbres portes


il

du

Dme qu'un

incendie avait dtruites en loU-j

enfin,

l'ait

reconstruire,

d'aprs ses plans, le Palais des pi'icurs.

Mais Florence, jalouse de ses gloires d'adoption,


absence
Pisans,
laquelle
:

trouvait
la

longue son

il

couta ses appels


de citoyen de

et partit,
la ville
:

emportant, avec
ce lui

reconnaissance des
courte trve, aprs

le
il

litre

comme une

reprit son ciseau hlifel continua sou incessante production.

Se succdrent tour tour, depuis 1G04. un Mcrciire^owv Duccino Mancini.


qui
pi-it

place,

par

la

suite,

dans

les jardins Boboli;


le palais Pitti, enfin
Il

puis une statue eu

marbre du grand-duc Ferdinand pour


destins au clotre de

une

srie de busles

Sainte-Marie-des-Angcs.
et

convient d'y ajouter un

Saint Luc piiur Vilerlie,


dit-on,

im Ferdinand

I'

pour Arrezzo, celui-ci excut,

d'aprs un modle de Jean Bologne.


la

Vers
sa
vie

mme

date,

il

termina une statue


et

d'

Orphe qui devait avoir dans


pas d'tre

une importance

inattentlue,

dont l'histoire ne laisse

curieuse.

Un noble
sculpteur

llorentin rsidant Paris.

Cirolamo Gondi, asait com-

mand au

Romolo

Fcrruzzi, dit adda, rput

comme

animalier,

PIEliUI':

DE Fl>Ai\UI'EV[l,LE
Tadda

53

plusieurs stiiUics

dcsiines ses jardins do Paris.

joignit l'envoi

XOrphi'K de Franquevillo, qni se dressa bientt sur nno fontaine entoure

d'animaux. C'est plus que jamais l'occasion do dire


Ce qui n'est pas contestable,
l'admirer
lit
:

nonh

vero

c'est

que ^a}u^

ro Ht

du

bruil. et

que

l'on vint

Henri IV, l'ayant vue,

anssill proposer l'auteur les

conditions les pins magnifiques


s'il

consentait

i!i

venir travailler
curieuse,
ce

en

France,

tliiosc;

ne fut qu'aprs des sollicitations

nombreuses
rptes

et

des

dmarches
se

que
il

Franquevillo

dcida

semblait nanmoins

quitter regret celte Italie qui


avait fait sa i^Ioire. Et ce reorot
lait
si

bien

partag

par

son

matre Jean Bologne, cjuo celuici

crivit ce
la lettre

sujet

au Grand:

Duc

suivante

Srnissime Grand-Duc.
L'alfeclion

que

je

porto

votre Maison

m'engage

faire

savoir V. A. S. que noire Pierre

de

Franquevillo,

bon

sujet

et

Ferdinand l" relevant la ville de Pise


(A PiscV

pratiqiiisiimo
(sic),

perfora

sig noria

est requis d'aller

en France au service du
l'avis

roi.

Je lui ai conseill de

ne rien conclure sans prendre


l'atelier,

de V. A.

me

rappelant qu'elle lui a dit

en prsence de Monseigneur
elle

le cardinal del Monte, de ne pas quitter

Florence o

comptait l'employer! Je commence sentir


j'ai

la

fcheuse

atteinte de la vieillesse et

besoin d'un bon aide pour travailler le marbre.

Pour moi, je conserverai

ce qui

me

reste de vie servir V. A. S.

GlO BoLOGNA.
16 fvrier 1660.

1'ii:uul:
Fi'nliiiiiml
I'''

di

ru.vN

hue ville

n'|iiiinli

Au
J'ai

clii'N'aliiM' (iii>

Bldn;).
faire re>ter par

appris par vulre K-llrc que vous auriez l'inlenliou

ili'

devers vous
ailler

Pierre

iM-anqueville,

pniir

vous

travailler le

maibre. Nous ne voulons

pas nous opposer aux desseins de l'^ranqueville.


ni nuire sa l'orlune. l>iles-iui liniir
(|u'il

aille

o on
vons

l'appi'lle el
lui

assurez-le que

si

imus pounous
le

lre l)ou

en

(juni ([ue

ce soil,

fi'i'ons

loujonrs.

Nous dsirons que dans


importe

votre

ardeur pour
le

le travail

vous ne ngligiez jamais


plus que

soin de votre sant, qui


le

loul

reste.

One Dieu, Notre Seigneur, vous


el pros|)ril('.

donne eonlenlemeni
Pise, le
2(>

fvrier tGGH.

(Juaiiil
fui

il

parlil
s'il

pour

la

cour
faire

d(^

France, ce

comme
:

ne devait
sa

qu'une courte
enfants et

absence

il

laissa

femme

et ses

passa les monts acccompagn du seul Francesco

Bordoni.

son lve, non toutefois sans avoir

mis

la

dt'rnire
]'io

main
la

deux statues, reprsenVie contcnrplatice, desti-

lanl la

aclirr et

m'cs

la chapelle^ ilrllu

Madonmi

del Soccorso.

dans

l'glise

de l'Annonciation.

Son
aujourd
StATIE
I

dluil fui
liui

une statue du

roi de

France,

au chteau de Pau.

1>E

llF.Nlil
iK> l'ail

IV
.

Fenoir. qui avait

inhum
la

le

corps

le

Henri IV

Clu'itL'ui

Saint-Denis, \aulail

ressemblance de cette

effigie,

mais, toute question de ressemblance


a,

carte,

il

faut

reconnatre
elTort
ijui

qu'il

y
el

dans celle uvre pour laquelle on


l'ail

a
la

t svre,

un

de simplicit n'en
lit

de sobrit tout

remarquable de
est

part d'un artiste

pas toujours pi'cuve. Le roi

reprsent en

PIERRE DE FRAXQUEVILLE
pied, le

5o

manteau de cour

jet sur
et

rarmure

de

la

main

droite,

il

lient

un

bton de

commandement

de la

gauche

la

garde de son pe.

Et dans un semblable sujet, ne


faut-il

pas savoir gr

Franqiie-

ville

de nous avoir pargn une

tentative vers le grandiose de con-

vention,

dont

il

tait

trop

liion

capable?

La statue du
celle

roi

termine,

et

de Gabrielle d'Estres galel'artiste allait


:

ment, dit-on,

com-

mencer

d'autres travaux
roi,

nomm
log au
il

premier sculpteur du

Louvre, princirement appoint,

songea qu'il avait


en
Italie et

laiss sa famille

que son

bail avec le roi

de France
l'avait

sei'ait

plus long qu'il ne

cru tout d'abord.


lui

Henri IV

accorda

la

permis-

sion d'interrompre ses travaux et


d'aller jusqu'

Florence,

le

ciiar-

geant en outre de remettre au Grand-

Duc de Toscane

la lettre

suivante

Mon

Oncle,
,

j'ay

permis
rendra

Franqueville

qui

vous

ceste-cy, d'aller Florence

pour en
et ses

ramener avec

lui sa

femme

enfants; et parce que je ne veux

pas qu'il s'arreste en son voyage,


je A'ous prie de favoriser ses affaires,
D-Wiri VAINOl'EUR DE

GoUATII

afin qu'il puisse revenir tant


tost
qu'il
Il

plus

(Muse du Louvre).

pour parachever ses ouvrages


a

commencez par mon commandement,


de
ce

et

vous

me
et

ferez

plaisir.

vous dira des nouvelles

quoy

je

l'employ

de

mes

bas-

56
tiiiu'iil.

'IKKKi: DK

l"l>

\uri:\
Je
[

ll.l.K

Dii.'ii,

mou

Uiiclu.

IlmiucI

NnliS

a\oll'

en

-aiiilo

aille.

Co

1"'

scplcmliic

11107, Taris.

lIlCMlV.

Paniii cps
jiaratlii'vcr
le

uvres

(ju'il
il

drvail
y a\ail
l'r-

son relour,

groupe

tlu

Temps

eiifovaii/ la

rilr,
le

qui. aprs avoir l plac dans


les

jardin

Tuileries,

l'ut

donn
l'iie-

par Louis Xl\' au ehaneelier


lyjieaux

de

Pontcliarlrain
le

el

se

Irouve aujourd'Iiui dans

pare du

ehleau de Pontcliarlrain.

Vers

la

mme

poijue,

il

lit

Sa-

Inriic cnlcvaiil Ci/brle el

la

statue

de Ditrid rainfjui'Kr de (lollath.

Le comte de Chirac
retrouve dans la pose
style

dit
cl

que Ton
dans
le

du David du Louvre hcaucoup

du caractre des uvres de .MicludAnj^e


el

de Jean Bologne, ce qui

n'est pas

un mince loge sous une


autorise.

jdumc aussi
nant
([ui

Le Louvre
un
Orphre
jardins

liossdc encore
UiU'litt.
(JIusOc

un Mmi/rr prove-

de Saint-Cloud,

du Louvre}.

a t aulrefois ilans les


et

de riiiMel de Coud
hlcau,

rontainc-

enfin les Xaoiis vaincues, quatre escla\es de luonzc qui dcoraient

le pidestal

de la premire statue leve Henri IV sur

le Pont-JNeul'.

la

mort du Barnais. Franquevllle conserva son


el lui ajipel

tilre

de premier sculp-

teur du roi

prendre part, en 1G14, l'excution du


sa

monument
gran-

qu'on se pro})osait illcNcr


diose, et,

mmoire. Ce monumenl, on

le voulait

pour

cela,

on crul

qu'il tait ncessaire d'y l'aire collaborer

un grand
:

nombre de sculpteurs:

les collaborations l'ureut

en

ell'et

assez inallendues

PIERRE DE FRANQUEVILLE
sur

57

un cheval excul par Jean Bologne, prsent de Cme II de Mdicis Marie de Mdicis, sa sur, on monta la statue du l'oi, uvre du sculpteur franais

Dupr;

les bas-reliefs furent

commands

Franqueville, ainsi

que

les

quatre esclaves enchans placs aux angles

du pidestal sur

le

terre-plein

du Pont-Neuf.
le

La premire

des statues reprsente

Nord. C'est un vieillard vigoureux,

la tte
le dos,

expressive, les mains lies derrire


assis sur

un

tronc d'arbre et ayant ses


brises. L' Occident
est

pieds

ses

armes

reprsent par une figure d'un beau caractre,

encore un vieillard ayant ses pieds


bris et

un canon

un casque.

L'Orienl est figur par un jeune

homme
un

au type grec dans une attitude pleine de


noblesse. Enfin la quatrime statue est

ngre reprsentant

le

Midi

et qui

se re-

commande

par une puissante musculature.

Franqueville avait
tion de ces statues

commenc
il

l'excu-

quand

mourut

son

tour, laissant son lve Francesco Bordoni


le

soin de les terminer,

comme

l'indique

l'inscription qui se trouve sur le ceinturon

de

la

cuirasse d'un des esclaves.

Petro Francavilln Cameracensi invin-

tiim et inceptum.

Franc, autem Bordoni florcnV


perfecit Luteti an. Dni.

eiiis

gner,

ua

des

quatre

esclaves

onchain(5s

M. DCXVIfl.
de Franque-

des Nations vaincues.

(Muse du Louvre).

Au nombre
ville qui

des uvres

se trouvent Paris,

nous devons mentionner


et

le

Berger Paris, pro-

venant du Palais Vecchietti Florence


de M'" la duchesse de Talleyrand
et

qui se trouve aujourd'hui dans l'htel


d'lgance et de

Sagan, statue pleine


les lignes graciles et

charme; un beau corps d'phbe dont

fuyantes semblent

bien plutt dues au ciseau d'un matre du xviu" sicle qu' celui d'un hritier

du

style

tourment qui remonte Jean Bologne

et

Michel-Ange.

IMlMvIvI'

UV.

l'KAMjlKVll.l.
le \

Citons encore un Im-^le qui ^e liuinc au nuisT'e


d'IIenri il'OulIreniau. preNI
le

alenc-ieniu's
Il

c'est celui

celle ville de

l."p'.)."i

l-"i'.18.

l'aisail

paiiie

ilu

mausule

ijui

avail

lt''

(''levi'

ci'l

hislm-ien dans

l'i^lisi'

Sainl-Jean.

M. Enji'ne Miinlz,

iiui n'a pas en loujoui-^ la

main

li'pre

pour noire >culple

leui'.apnbli
\euilire

le

leshuneul' dal de l-'loronce,

21 noses
cl

Klll'i.

dans

let]nel

l^ramineN

ille

r6glc

ilisposilions l'gard de sa l'enime.

I.ucia

Boni,

de ses tlenx
renl

lilles.

Smeralda
la

el (Jlvnipia. (|ni hrill-

un moment
la

cour de France sous

le

patro-

nage de

marchale d'Ancre. La premire avail


IGll l'lve favori de son pre,

pous en

Fran-

cesco Bordoni.
11

serai!

pniil

de vouloir se
l'orl

le

dissimuler

iM'anqueville n'a l que

mtliocremenl gol
il

par les crivains d'art moderne;

n'a pas eu,

comme

nous dirions anjourd'hui, une

bonne presse

et,

depuis Louis Courajod, les critiques se seraient crus

amoindris

s'ils

ne

lui

avaient dcoch, en

passant,

de mchants coups de griles.

On

lui

dnie loute qualit, mais on a l

amen

d'autre part le discuter, ce qui prouve qu'on vent

bien en tenir encore quelque compte.


Voil

comment
a
dit

se classent les artistes!


a

^hs FranqueviUe en

vu bien d'autres

artiste

manir
Le
jCollcclioii

l'un,

mdiocre acadmicien

UEllGEll l',\lU6
<lc

repartit
.li

un

autre,

on

mme

dplor sa venue en
l'arl

M"
cl

la

duchesse

Tailowami

Safran''

France

comme

un malheur pour

franais!

C
Courajod

est lui reconnatre

une iniluence dont nous n'au!

rions pas os l'honorer, malgr toutes nos svmpathies


a
fait

mieux encore

il

est.

au muse du Louvre, un admirable

buste de Jean Bologne vieux; ce buste, on l'allribuail

notre sculpteur,

il

importait de lui trouver un auteur qui ne ft pas

aussi mdiocre que Fran-

queviUe

Courajod s'en chargea,


el la

il

proposa un autre lve de Jean Bologne,

Pietro Tacca,
'

chose fut admise


comte Je FranqueviUe.

Dont

l'original appartient M. le

PIERRE DE FRANQUEVILLE
On nous

59

trouvera lmcraire d'oser nous lever contre un matre d'une

autorit aussi inconteste, auquel


subtils claircissements

nous devons tant de prcieuses pages


art

et

de

sur l'histoire de notre

national.

Mais ce que

Henri d'Ocltremax
(Muse
de
Valonciennos)

faisait

Courajod n'tait pas toujours de

la critique
flair

raisonne,

il

avait pour lui


il

certaine impression primesautire, certain

tout personnel;

faisait

souvent de

la

critique de sentiment et

il

ne se trompait pas toujours. Par

malheur,

sa suite se sont lancs des crivains qui se plaisent retirer


et

une
lui

uvre connue

classe l'auteur qu'on lui

donnait jusqu'alors,

pour

GO

'ii:iiKii:

DE FRANori: vii.i.r;
Avec un semblable systme,
pas prs
il'lre erile.

ulIriluuM' i'n<iiilo uiie palrinilc Ac leur t'iioix.


ilil

l'url

jiisleiuenl

M.

Hiiiierantl. l'iiisloire

de

l'ail n'esl

M. Abel Desjanlins. dans son savant ouvrajie sur Jean Boloi;nc persiste
allribuer le

busie

liu

Louvre

notre sculpteur, et ce qui

nous porte

par-

tager son avis, c'est l'lude de ce

beau busle de guerrier romain,


qui
appartient

JNI.

Lopold

Goldsmidt.
l.e

lecteur reconnatra
l'anivre n'est ni

avec
vide,

nous que
ni
\

mauvaise, ni mdiocre, mais


contraire d'une solide
el

^lE'fJH^E!^

'

--

''^^

large

venue.

Comment
si

le

sculpteur qui
les

f
)

model

largemenl

traits

du guerrier n'aurait-il pu rendre


l'nergie

du masque de Jean de

Douai"?

De
la

la

mme

poque

doit lre

statue questre en bronze

de

Louis XIII. alors g de douze


ans,

qui est au muse de Flo-

rence.

Nous

nous

plaisons

esprer qu'on n'enlvera pas


Je.vx HE

Dorvi

mr Jean Bouhine
LouvrcK

notre sculpteur
ce

la

paternit
et

de
si

>^lu?i'e (lu

morceau
allure.

capital

d'une
roi,
:

belle

Le jeune

bien
l'atli-

camp sur

sa selle, lient de la

main

droite

im bton de commandement
le

lude est on ne peut plus lgante et simple;

mouvement

de la tte plein

de noblesse et de grce. Quant bien tabli, nerveux


et

au

clieval.

qui. s'enlve
les

an

galop,

il

est

d'un modle qui tranche avec

chevaux de con-

vention de
Il

la

statuaire de l'poque.
l'on a.

nous semble que


:

pour juger Franqneville dplac fortement

la

question

quoi! une poque o la dcadence est admise et reconnue, o


laisse aller trop

Jean Bologne lui-mme, l'hritier de Michel-Ange, se au manirisme


et

souvent
ft

l'ampleur redondante, on exigerait que

son

lve

Pierre de Fii.vnquevim.e.
(Muse

Louis XIII

ibronze)

iialioiiaL Florence).

PIERRE DE FRANQUEVILLE
monlre de qualits d'un autre ge! Mais
admirable gnie
et

61

ce serait l
lui

donner des preuves d'un


en dcerner
la

nous n'avons jamais prtendu


qu'on
:

palme.

Nous regrettons
l'poque o
il

n'ait

pas su tenir compte

pour l'apprcier de

vivait

on

l'a

jug

en

soi,

abstraction faite de toute

influence de temps et de milieu!

Et

cela, c'est
il

une

injustice contre
a

laquelle

nous

paru bon de

rclamer.
Enfin Franqueville nous apparat

comme un
la

des derniers
Il

liommes de

Renaissance.
il

en
la

a la sve et la fougue,

en a
il

virtuosit et la fcondit,

en a

surtout l'universalit.

Au temps o
saient

les peintres fai-

de
de

la

mdecine
lettres

et

les

'^

hommes
matiques,
teur
et

des

mathsculp-

Franqueville,

peintre,

parlant correcle

tement l'espagnol,
l'allemand
sait
le

franais, dlaiset

et

l'italien,

quelquefois

l'bauchoir

pinceau pour se consacrer

l'tude.

Durant son sjour


l'anatomie qui
tard,
le
fit

Pise, c'est
BlSTE DE
Gl'EtlRIEn RO.MAIX

captive, et plus

quand
il

il

route pour la
livre, le
et

(CoUcclion de M. Lopold Oolclsmidll.

France,

emportait un

Microcosmo, fruit de ses travaux


dont
il

de ses recherches sur l'organisme humain, de faire impri-

avait

lui-mme dessin

les figures et qu'il se proposait

mer

Paris.

au grand-duc de Toscane un compasso di riprova de son invention, grce auquel on pouvait partager une ligne en autant de parties gales qu'on
Il offrit

le dsirait,

un squadro ou

lunette astronomique destine valuer les dis-

62

piKiiKi'

m: KUA NO ri: VI

1,1.1

lances, rnlin iiuc riiiiriisc nuuhiiii'


(liMiiiiuliail
la lliorie

lii''iiiis|ilii'ri(|U('

au iiuiyon de laquelle

il

du

llux el

du

rcllux de la mer.
la

Comme

arlisle.

Pierre de Franqueville peut ligurer dans

galerie des
Il

arlisles franais prs des

Jean Bologne, des Girardon

el

des Coysevo.x.
il

ne

marche pas toujours de pair avec


jamais
loigne^.

ces grands malrcs, mais

ne s'en

lienl

En pensant
o
les

ses dbuts, sa fuite dissimule de


d"arliste. sa lutte
il

la

maison paternelle

pour suivre sa vocation

pour

le libre

choix d'une carrire,


le lecteur

gentilshommes, dont

tait,

voyaient dchance,

estimera,

nous l'esprons, que Franqueville mritait une des premires places dans ces
tudes que nous consacrons des matres

mconnus ou

oublis.

A MES COLLGUES

DE LA SOCIT ARTISTIQUE DES AMATEURS


EN SOUVENIR

DE LA VISITE DU CHATEAU DE V A U.\ LE- VI C M TE ET DE l'aIMABLE RCEPTION


-

OUI LEUR

T FAITE PAR M. ET

M'

ALFRED SOMMIER

F. S.

NICOLAS FOir.QUET ET SES COLLABORA T El RS

VAUX-LE-VIGOMTE

AUX-LE-V1C031E

qu'a

si

admirahlement reslaur
M. Sommier,
est

son propiitaire

aclue),

un
de
faut

des types les plus complets et les

mieux

russis

des chteaux du xvu'' sicle. C'est l'uvre

Le Yau, de Le Brun, de Le Ntre,


ajouter de Foucquet, car
s'est
ici le

et

il

propritaire ne
il

pas born fournir les fonds,

a revu,

corrig les plans, y a apport son got clair

en matire
larcliilecte,

d'art;

il

a t

le

collaborateur de

du peintre, du dessinateur des jardins;

et l'uvi'e
il

ne lui a pas
l'a

cot seulement la
la

somme

considrable de quatre millions,


et

paye de

perte de ses biens^ de ses honneurs

de sa libert.
9

OG
Liirs(|ii

\-Li:-\ iCMMTp;
les
jai'diiis i|ui

on
la

[T^ai-ilr rc puhiis cl

riMiluurcnl.
la

I'i'^|iril

dnil \(]ir
il

au del
vo{|uci'

(le

hcllr

liariiKHiii'

des lignes

cl

Ac

jum'cIc

du

>l\lc,

doil

dans ce

d(''c<:)r

les

personnages qui y oui jim nu


:M"''

rle.

\'A

quels

noms: Louis \1V. Anne


Lu
^aIlii|l,

d'Anli'iehc, M'"" de Svign,


(Corneille, \Iolire,

de Scudry. M"" de

-ALa/aiin.
:

(lidlierl,

La Fonlaine, P(dlisson;
rles lonus

pour

les

ai'lisles

Le Brun.

P(Uissin.

l'ugid

jusqu'aux prdils

Vue du cihteau nu ct ue
(d'aprs une gravure

l'entreii

ilc riIiM;i.i.i:\

par dos premiers sujets

chacun on
enfin

son genre
le

\\'alel,

majordome

de

^L

lo

Snrinlendanl,

et
,

d'Arlagnan,

mousquelaire,

on pourrait

dire le
rle, le

commandeur
1res puissant

qui, au dernier acte, vient arrter le

grand premier

seigneur Mossiro Nicolas Foucquet, chevalier, vicomte


d']']lal,

do Mclun et de Vaux, ministre

surintendant des finances, procureur

gnral du Roi

Quelle ligure que celle de ce grand hautes magisli'alures du royaume


et dsii'eux
1

financier,

occupant une des plus


diiuT'.

Remarquahlcmenl

charmeur lgant

de plaire, arlisie,

lelli-,

pris de loul ce qui esl tieau. mais joueur

^^iS^

Nicolas Foucque
i^d'api'L'S

la

gravure de Nanti:hl}

G8
l'oit-i'iu'',
\

\Ai
i(ilriil;iiil

.\-Li;-\

htiM

!;

la

Inrlmn',

ne

l'cciihiiil

|ia>
l'I'llal

(li'\aiil

ilr-

pnir(''(j(''s

plus

(ju'amlaciriix,
(lu dsasli'c

l'aisaiil

lioursc ((iiiiniiiiic a\cc

l'anliH'.
Il

cl

iir

sacliaiil

plus au j"ur

lci|ucl (l('\ail

ne

li'iiail

^uix' en

cela de sun jirre,

Fraiiuis Foiicqucl. adminisli'alcur l'cspril [londr. ni de ^a mcic, MaduIt'inedo ^laiipooii.

une
eiil

\raii' saiiilc

ilis(Mil les

mmoires du lemps.
les

Nicolas Fonequel.

loiijnui's

du

i^ol

pnui'

conslruclions.

Il

axait

d'aliord aclieh''. laie (;riii.\-des-l'elils-(diauips. l'Iilid d'I'JinM'V, ([u'on appelait

J^"

4-

!! il

':!

l'I

BB on

na

'

sa

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'US

'

33.-:|

PB

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.'

ii

^^

1^

--

feyisjss^::;-.:,^^;^^

v:'.i{jnus?a;,Ptiif'

Vue
(ir;i|irL'^

iir

(;ii\e.\u

(ktat acitei.)
Ii.

lino pliolojii'iiiiliio (lu \icoiuU'

m Uevimis

ni:

Malxyi.

riitel

(Oiinituar,,

en

raison

d'un

conl'iu'ialili'

inconnu

jusiju'alors,
et

(|u

il

agrandit considrablement par Facquisitinn de [ilusienrs maisons


jardins occupaient nue parlie de
(diait
la

dont

les

place des

\ ictoires acluelli'. Il se rapipro-

ainsi

du palais de son
l)elle

ciieC,

Mazai'in; de
le

mme,

Sainl-Mand.
oi^i

oii

il

achte une
cardinal;
il

demeure touchant
une

parc de Vincennes.

habitait

le

en

lait

rsidence des plus lgantes, tout en


C'est ainsi qu'
il

montrant une

certaine crainte de

paratre trop luxnenx.


et

donne

l'ordre

de ne

l'aire

que des btiineuls bas


.
Il

nn

seul tage pour ([ue l'lvation ne

dplt Sa Majest'

avait aussi cr Saint-Mand des jardins remplis

'

Mciiiuii-f

sur

la vie ilc Vuuaiiicl.

LcUrc du couseilliT do

J.a

Fosse a

Siriiior.

Nicolas Foucquet et ses colladouvtel'hs


pour
la

conslruclion

du

chteau

tic

\'aux-lc-Vicomte.

70

\'

r\-I,I-

VICOMT!'
siti'l's

dv

jilanlL's rares,
\'

inu\r('>

(liins

ininicnscs
orang'ci's

dirii^i'rs

|iai'

un
(|iii

j.uiiiiiirr
ilc\aii'ii(

hollandais: du

\()\ail
le

deux

coiils

de

i;raiidL'

laillc

orner, jdiis lard,

elileau de \'ersailles.

Mais
li(.in.

il

\i)ulail

une

lenv.' el

un elileau eu liarinnuie avec


la

sa

grande siluah''

pour y

laisser, disail-ii,

n)ar(|ue

tle

l'eslal

il

avail

".

el

il

commena

U'ansformer
voisin

le pelil
la

domaine de

\'aux, que son jtc a\ail aeliel

comme
droits.

tant

de

vicomte de Melun,

sur

laqnelli'

il

avail

des

On
tait

avait travaill Vau.x ds 1643, mais ce n'est qu'eu aot


"N'au les

IGoll

que

Foucquet signe avec Le


lils

plans et devis du nouveau chteau. Le

Vau

du grand voyer du
l'htel de

roi

Fontainchloau.

Il

avait dj hti rtitel

Lambert,

Rohan

et le

chteau de Raincy. Lui aussi voyait grand.


se

Pour l'emplacement du futur chteau, on ne

proccupa que mdiocrement


l'art

des heauts de la nature. Le site tait svre, la vue peu tendue, mais
devait suppler tout.

On

rase le village de
la petite

Vaux

et

deux hameaux qui en


le

dpendent, on capte

les

eaux de

rivire

d'Anqueuil pour faire


de

grand canal,
cubes dans

et

on creuse

un rservoir de plus
du

deux mille mtres

la partie

suprieure des jardins, pour alimenter les vasques, les


reste,

jets d'eau, les miroirs, qui,

ne devaient jouer que

les

uns aprs

les

autres sur

le

passage des invits,

et qu'Isral Silvestre a

gravs avant qu'ils ne


arrivait d'Italie,

fussent termins. Enfin Foucquet s'attache Le


avait tudi, grce
la
la libralit

Brun qui

il

du chancelier Sguicr. Au dire de Voltaire,


fut de

pension annuelle de Le Brun, durant son sjour Vaux,

vingt-quatre
:

mille livres. Florent

Comte parle de douze mille seulement, mais en ajoutant


.

par dessus du payement de ses ouvrages'

Ce n'est pas seulement


et
il

comme

peintre que

Le Brun collabore
il

Vaux; dcorateur
et

metteur en scne de

premier ordre,
vasques
et

conseille
il

Le Vau

Le Ntre,

donne
il

les

dessins des
le

des fontaines,

fait les

nmquettes des statues,

dessine

modle

des ornements, entrant dans le dtail tl'une rampe d'escalier, d'une serrure,

d'un tapis

et

d'un meuble. Enfin

il

organise Maincy,
lisse

un

village voisin,

une

manufacture de tapisseries de haute


c'est
l

avec des ouvriers venus des Flandres;


les Chasses de

dans celte manufacture qu'ont t tisses


les peintres

Mlagre;

c'est

que
'

Courant

et

Lefhure excutrent

les copies de

V Histoire de

Jabach, le grand collectionneur, dont les tableaux, acliets par Colberi. formrent les premiers lments du nuisc du Louvre, voulut s'attacher Le Brun, raison de vingt pistoles par jour.

ri'.-Juf'-^S-xfit

y^sQ 6i

GUAXD SALON

72
Consl(nil'ui
l'iinliisliii'
Ir,-iiis[)(irli''s
li's

\r\-i.i:

iCdMTi':
|ilii>
lii>ll('>

I.

('\v

rurii^inc (ruiir

do

(i'isiliiiii>

iii'li~li(|iirs

di'

IV.iiicjiisi'.

car
'

ci'

sonl les

(HiNi'ii'i--,

cl

li>>

iinHicrs

ilc

Maincy

(|iii.

aux

lnlicliii^

aprrs
la

la coiidaiiiiialidn

ilii

siiriiili'inlaiil.

rnnurrcnl

|)rriiiici's ([(iticiils

de

inanuraelui'(.' ['(ivalc'.
iiu

\au\

lui

lili

ru

riu(|
les

six ans. avec des allcrnali\es tl'acliNih'' cl de

raleiitissciiu'ul.
laire,

suisanl

disposilions d'esprit el les ressources du propri-

qui se senlaii i)arrois enlraiu au del de ses forces.


paidail

Un

Irop

la

cour,

au

L;r

de l-'oucquel,
lia

le

celle

conslruclioa.

Colijerl lail

veuu en secrcl

visiter

les

vaux,

el

lorsqu'on attendait

des

visites princires. qui avaient lieu

mme

avant que les travaux ne fussent

achevs, des noies de Foucquet ordonnaient de congdier les ouvriers, quelquefois au

nombre de dix-huit

ccnls. et do les

renvoyer dans

les villages

voisins''. L(^ cardinal

de ^lazarin, qui lail venu Vaux, avait

fait la

cour
et

un

tel

rcit de sa visite,

que peu de jours aprs,

le
.

roi,

la

reine-mre
se

Monsieur arrivrent Vaux


hellc
et le

comme
la la

en \oisins

'

La journe

li'ouva

temps

lit

les frais

de

rception dont Leurs Majests parurent fort


reine Marie-Thrse, peu de temps aprs

satisfaites.

Le

roi y i-evinl
11 est

avec

son mariage.

d(Uic
le

inexact de dire,

comme on
la

le croit

gnralemenl.
la

que

la

splendeur

el

luxe de

Vaux furent

seule cause de

chute

ilu

surintendant.

Eu regardant

les

gravures d'Isral Silveslre

et

de Prelle,
se

(jui

ont repro-

duit tous les dtails

du chteau
mais
il

et des jardins,

on peut

rendre compte de

ce magnifique ensemble,

faut lire la description qu'en a


il

donne M"" de
ne reste plus

Scudry dans
qu' glaner.

le

roman de

ClcUe, description aprs laquelle

Ce

lieu, dil-elle, a laul de beauts

surprenantes, qu'on ne peut les imaentrepris


et

giner sans les avoir veues... aussi


qui ne
fait

a-t-il t

achev par un

homme
ser-

rien que de grand et de qui l'esprit, par sa vaste tendue, ne peut

concevoir de petits desseins; par un


vice du Roy, veut

homme

qui,

donnant toute sa vie au

mesmc que

ses plaisirs servent l'embellissement et la

Les Gobelins appartenaient une familie de teinturiers qui tait venue s'tablir Paris, au cours du XV" sicle, sur les bords de la Bivre ils donnrent leur nom ce quartier. Rabelais les cite dans l'aiilu'iruel.
' ;

"
*

LecluUcau de Vatix-lc-Vicomle, par M. Eugne Grsy, onnot par M. .\natole de Montaiglon. Dtail lire de l'ouvrage si document et si irilressant de M. .1. Lair sur Xicolcis Foucquet.
Cuze/le
lie

Lorel

VAUX-LE-VICOMTE
gloire

73
le

do son pays.

Vaux

est situ

demi-journe de Paris;

chemin en
lors-

est beau, et

pour surprendre d'autant plus, on n'aperoit sa beaut que


grande, belle
et spacieuse.

qu'on

est arriv l'avant-cour qui est

TouiiiitrSarlo^aa.

J'-

Grand

i'ANiNeal'

uu salon u't

L'entre, en effet, est d'un aspect grandiose, avec sa premire grille dont
les pilastres sont

forms par douze dieux

taills

en faon de gaines de

la

plus

grande allure
Foucquet.

et

dont deux figures sont restes bauches

comme

au temps de

La cour

a quatre pavillons

aux quatre coins avec d'autres cours des deux


10

7i
Cl(''S(|lli (K''g;ig("lll iH'lli'-l.

VAl'\-I,

K-VliMlMTK
dans
celle ;i\aill-cour.
(ili

(jlKindoll rsl
l'sl

\iiil

devaiil
s il
l'aiil

soi la l'aadiMlu [lalais. (|ui

hli

siii'

une
la

iniinlauiie d'areliileclure,

ainsi dire, car le peiTou, ([ui

occupe toute

lart;eur de la

seconde cour,

di)iiiie

une grande majest au btiment. Mais avant d'arriver


des fosss grands
et

ce perron,

on trouve
et

beaux dont

l'eau est claire et vive,

on passe un pont

on entre dans

la

seconde cour.
l'relle

La gravure de La faade du

donne bien une

ide de cet

ensemble de

fosss, de

terrasses, de balustrades, de fontaines jaillissantes.

ct de l'arrive est d'une belle ordonnance, d'un got pur oL

simple, presque sans ornements; peine quelques sculptures discrtes, des


chiffres
et
et

des attributs

au-dessus

des fentres

du rez-de-chausse,
la

buil

bustes

un

attiquc avec deux statues couches couronnant

porle d'entre.

Le perron franchi, on se trouve dans un grand vestibule

trois

arcades qui

autrefois laissait pntrer la vue travers toute l'paisseur du chteau; de


belles colonnes soutiennent ce vestibule qui

donne accs dans


et

le

plus superbe
est

salon qui fut jamais

au dire de M'" de Scudry,

dont

le

dme

soutenu

par douze arcades d'une rare lgance:


lient toute la

la partie

suprieure de ce hall qui

hauteur du chteau sont douze cariatides en ronde bosse repr-

sentant les signes du zodiaque, portant sur leurs ttes des corbeilles de fruits
et relies

entre elles par des allribuls

et

des Heurs. Ces cariatides et ces attri-

buts taient dors au temps de Foucquetct se dtachaient sur

un fond rouge.

Tout

le

bas de la pice tait peint en imitation de marbres de couleur.


tre orn d'une

Le dme lui-mme devait


dont M"" de Scudry
<Ik soleil, les

grande composition de Le Brun,


lo

fait
les

une description

dtaille. Elle reprsentait

Palais

Saisons,
et
la

Heures, Jupiter, Vnus, Mereure, avec, au centre,

un cureuil
pas?

devise

Quo non ascende/'?

.Jusqu'o ne montera-t-il

Cette dcoration n'tait sans doute qu'esquisse en 1661

car

si

M" de
la

Scudry
belle

et

La Fontaine en font mention,

il

n'en est rest d'autre trace que


t

estampe d'Audran, dans laquelle l'cureuil a


fui

remplac par l'cusson


lors de
,

de France. Celle esquisse de Le Brun

montre au cavalier Bernin

son voyage en France.


ajoutant que M.

Il la

trouva
devrait

belle avec abondance, et sans confusion


faire

Colbert

la

excuter quelque part.

11

existe

'

Et non

Qi/o non

ancendum

comme

il

a t dit pav de

nombreux auteurs.

VAUX-LE-Vir,Oi\lTE

75

encore Vaux cinq plafonds points par Le Brun, superbes compositions


allgoriques o les dieux et les astres disent les mrites et la gloire du matre

du

lieu.

Dans l'antichambre de

M'"

Foucquct, droite du grand salon, rAputhose

(Ecrcule. Entour de huit bas-reliefs reprsentant

l'homme domptant

les

L'Apothose dIIerclle
i^coi-niclic

du

iilafoiid

do rancicmie anlicliambre de M'" Fouc(iucl).

lments,

le

demi-dieu

est

enlev dans

les

cieux sur

un char

d'or attel de

deux chevaux, dont l'un


char, qui crase
sait,

est noir et l'autre ale/an.

On

lit

sur une des roues du

un

serpent, l'ambitieuse devise. Colbert portait,


[coluber)

comme on
et

une couleuvre

dans ses armes. Ce serpent cras

qui se

retrouve dans d'autres compositions ne scmblc-t-il pas tre l'ennemi que l'on
pressent, mais que l'on ne pourra vaincre aussi facilement en ralit qu'en

peinture. Par l'inventaire publi par M.

Bonnaff, on

sait

qu'au temps de

76

VAUX-LK-Vir.OMTlllii^lciiic

Foucqiicl. qiialiv jiiccs de lapisscrie roprsciilaiil

do Clytcmnestrc

dcoraieni celle salle


et

et

(jii'il

s'y trouvail iiiie l,il)le

de iiorphyi'e de [rois pieds

demi, d'une

i;raiide valeur.
et (jui

Dans

la le

(lianihre des Muscs, qui iail celle de


plal'ond

M""-'

Foucquel
le ciel,

vient ensuite,
/

reprsente la
la

l'i dr/ i / r

monhini

vers

accompagne de

Prudence, de

Verlu et de la liaison. Celte

dernire montre Apollon qui, avec son arc, tire contre rEiivie.

Aux voussures
genres
se

du plafond sont peints des sujets en cama'ieu, reprsenlanl


de posie, entours de Heurs
et d'atlrilnits

les divers

au milieu desquels

remarque un

vase supportant un aigle, les ailes dployes, ayant sur sa


et

tte

un cureuil
ascendet.
et

tenant dans son bec une banderole sur laquelle on

lit le

Quo non
la

Mais o

le

pinceau de Le Brun

s'est surpass, c'est

dans

composition

la i'acture des huit

Muses places

deu.\ par deu.x


qu'il est

aux angles des voussures. Le


ce qu'il

plafond, dont pourtant Flibien disait

a de plus

accompli

en France

ne gagne pas ce voisinage. L, tout


les altitudes.

est louer,

les chairs,

les draperies,

Rien de plus vivant que celte muse au visage


la

rieur, tenant
le torse et les

un masque de comdie

main

rien de

mieux model que


la guitare, et

paules de celle qui se monlrc de dos, jouant de

que
fait

l'on regrette de voir

dans une partie un peu obscure du plafond. Flibien


ailes, c'est

observer que

si les

Muses sont reprsentes sans


les

que Le Brun
ne doivent

voulu marquer qu'elles sont

gardiennes du lieu

et qu'elles

pas en sortir. Avant la disgrce du surintendant, les parois de la chambre des

Muses

taient dcores de huit pices de tapisserie rehausses d'or reprsen-

tant l'Histoire de Vulcahi et provenant de la fabrique anglaise de Morllake.

On
sol,

voyait dans cette chambre vingt fauteuils de peluche de Chine, quatre

lustres en cristal de roche, des miroirs dans

une bordure d'argent

et,

sur

le

un

tapis de Perse.

A gauche

du vestibule d'entre,

se trouve le salon d't.


les

Malgr un pou de
et

confusion et de lourdeur dans les attributs et


fleurs qui dcorent le dessus

guirlandes de fruits

de

du portique faisant communiquer

celte pice avec

une

petite

antichambre,

les peintures dcoratives de ce salon sont


et

d'une bonne

poque, d'une grande lgret

d'un got parfait. Dans un des panneaux,


de Foucquel, et dans celui qui lui
fait face,

un baldaquin surmonte

le chilTre

des ornemenls analogues entourent les armes de sa femme, Marie-Magdeleine-

Jeannin de Caslille'. Le plafond, compartiments rguliers, reprsente


'

la

-Marie-Jcannin de Castille clait la seconde l'emme du surinlcndaut

elle avait les

muies gots

VAUX. LE-VICOMTE
Chute de Phaton
et les quatre Saisons.

77

Ces peintures sont incontestablement

antrieures celles des Muses.


Elles

sont d'un faire moins souple et d'une tonalit plus froide.


la

Elles

rappellent une frise qui se trouvait dans

grande pice
il

droite en entrant)

qui sert aujourd'hui de sallo manger, et dont

ne reste que deux mor-

CORNICHE DU PLAFOND DU SALON DES MuSES

ceaux de cinq mtres chacun, placs dans


ces frises ont t dessines par

le

corridor

du premier

tage. Si

Le Brun,

c'est

par un Le Brun se souvenant

des bas-reliefs romains

on y retrouve cependant certaines figures qui prenle

dront place plus lard, avec plus de mouvement, dans

Triomphe d'Alexandre.

Les personnages sont peints en camaeu d'ocre sur un fond bleu ardoise. Les
peintures des portes et des lambris de cette pice, quoique mieux traites,
taient

dans

le

mme

got.

Le plafond

conserv

les poutrelles

peintes

comme

au temps de Henri IV.


Brun
lui

artistiques que son mari. Le des progrs de son lve.

donnait des leons de peinture

et

se montrait trs satisfait

78

YAU\-LE-Vir,OMTF.
Ces
pouli'ollos.
pi'U

de

mme
la

que

cerliiins

orncmcnl^

c[

les

paysages d'un

faire

un

|irimUir. suiil

[H'cuvc d'uni' ('jiO(|ue de li'ansiliou dans Imile


la

l'orncmenlalion

inlricurc.

Paiiiculiremenl dans

chamljie
le

du

roi,

on

trouve une dillrence de plus de quarante ans enlre

slyle

des peintures

des lambris reprsentant des natures mortes, et celui des plafonds.


doute, de vieux peintres travaillaient dans
le

Sans

bas

la

mode

de Henri IV et

de Louis XllI. tandis que

le

gnie moderne de Le Brun s'al'lirmait dans les


le

compositions o
l'italienne.

il

mettait au got franais

souvenir des dcorations

Pour terminer

le

rapide

examen des
roi

pices,

nous devons signaler


la

l'antifrise

chambre de

la

chambre du

avec son plafond de


;

transition,

une

d'cureuils et d'intressants dessus de portes


celui-ci n'a

la

chambre de Louis XIV, o

du

reste

jamais couch, avec un plafond encadr des figures de

Jupiter, de Mercure, de

Mars
a

et de

Pomone. La pice qui vient aprs

et

forme l'angle du chteau


pur
t
jyjmc

une dcoration qui donne un avant-got du plus


d
tre peinte l'origine ou n'a peut-tre jamais
la

style

Louis XIV

elle a

termine. Dans l'angle oppos de

construction, aprs la

chambre de
mais o Le

Poucquet

est

un

petit salon

dont

la

dcoration sur fond or avec des attri-

buts do pche et des Heurs, est peut-tre

un peu

trop charge,

Brun

peint au plafond

Morp/u'-e,

sous les

traits

d'une charmante jeune

femme endormie
duquel
tait la
le

sur des nuages.


le

Enfin au premier tage, o se trouvait

cabinet de Foucquet, ct
silence

chambre de Le Brun, nous ne pouvons passer sous

une

pice dont

plafond Louis XIII est dcor de deux compositions exquises,


et

comme
Il

couleur

comme

dessin, reprsentant Acii'oii et Diane au bain.

nous faut maintenant parler de l'uvre de Le Ntre, qui complte


si

d'une faon

grandiose celle de Le Vau. Le Ntre,


se qualifiait

fils

d'un jardinier de
.

Louis XIII, qui


tudi
la

de

surintendant des jardins des Tuileries


et

avait

la

peinture avec

Simon Vouet.
l'art

son uvre Vaux-le-Vicomle fui


lui.

premire manifestation de

nouveau cr par

L'espace manquait aux jardins de la Renaissance, souvent enserrs entre les


fosss des chteaux et orns de maigres berceaux

ou d'arbres verts

taills

en

forme de vases
Ntre
les

et

d'animaux. Le got artistique


11

et

l'ampleur de vues de Le

transformrent.

inventa cet heureux mlange de motifs dcoratifs,

VAUX-LE-VICOMTE
de parterres, de quinconces,
et

79

d'elTets
et

d'eaux

que dcoraient en marbre


le

en bronze

les figures des

dieux

des desses, et qui constitue

jardin

la franaise.

Lorsque, du haut du perron,

l'il

contemple ces larges

alles, ces parterres

Plafond de

L'.vNTiciiAMUiiE

de la cuajibue

di'

roi

aux dessins rguliers qui semblent des mosa'iques


bordes de buis
et

de

fleurs

et

de

gazon

de sable color, ces mille jeux d'eaux d'o

mergent

les fontaines de la
et ces statues

Couronne,

celle des

Animaux

et

la

Gerbe, ces vasques

dans leur cadre de charmilles, on admire un ensemble que


galer. Cette impression

celui des jardins de Versailles peut seul

augmente

encore mesure qu'on approche du grand canal qui termine

les parterres,

lorsque entre deux masses de verdure apparaissent les dtails puissants des
grottes en rocaille et le vaste escalier en fer cheval conduisant la terrasse

dont

le

mur

de soutnement est orn de cariatides, de portiques et de cas-

cades, et qui est couronne par

un Hercule en bronze dor

trois fois

grand

80
((Uiiiiii-

VAIX-LK-VICOMI
iialuri'.
si

Si

l'iiu

se reloiiriic alui's
le

du

(mMi''

iIii

ililrau,

on

esl

clmrm

par l'uvre

liicn

lu'diKirliounc

l'arlisU' (jui
il(>

su Iransporler dans la

iialurc le seiilimonl cl la

j;raiuk'ur d'un paysage

Claude Lorrain.
el

l'our iiroduire cet

ensemble admirable du cluUeau

des jardins, Le Brun,


il

Le Vau

et

Le Ntre avaient ou des collaborateurs dont

nous faut parler.

Gaines de

i.a

cauLLE D EiNtue

Comme

peintres, ce

sont Philippe Lallemant, de Reims, qui a excut les


d't,
et

paysages de l'antichambre du salon


toire et de portraits qui eut

Baudrain, un peintre d'his-

son heure de clbrit.

On

voit

Vaux des

Rome, uvres du Poussin, mais comme sculpteur seulement. sur la demande de l'abb Foucquet, le l'rre du surintendant, modela douze Termes, dont doux sont aujourd'hui dans les quinconces du Nord et du
C'est lui

qui

Midi Versailles.
Italie

Le Poussin

tait

un des agents que Foucquet

avait

en

pour

la

recherche des uvres

d'art et dont l'abb avait la direction.

VAUX-LE-VIGOMTE
La mission de

81

ce dernier n'tait pas toujours facile, car


sortir les

il

crivail
il

un jour
faut en

son frre

Mesmc pour
.

moindres choses de Rome,

parler au
tait

Pape

Puget, qui avait t

recommand
et
il

Foucquet par Le Paulre,

charg de l'acquisition des marbres


l'on peut voir

sculpta pour

Vaux YHercule

gaulou que

au Louvre. Michel Anguier, qui devint recteur de


et de sculpture, a travaill

l'Acadmie royale de peinture

pendant plus de dix

Vue

iju

chteau du ct des jardins


du vicomlc G. de Revikrs de Mad'Ny).

(d'aprs une pUolo5:rapiue

ans pour

le

surintendant

il

avait fait pour


la

la

maison de Saint-Mand un

groupe remarquable reprsentant


avec ses enfants autour

ChariW' sous les traits de M""" Foucquet,

d'elle. C'est

Vaux que

se trouvaient de lui trois

statues de philosophes anciens,


Justice. Enfin

un Apollon, une

Cyble, la Clmence et la

Thibaut Poissant, qui avait collabor avec Franois Anguier au


II

tombeau de Henri
nous trouvons

de Montmorency, excuta Vaux plusieurs Termes


sur l'un des frontons.

et la

Renomme couche
les

Comme

sculpteurs ornemanistes

noms

de Nicolas Lcgendre, de Lemort et celui du stucateur

Domenico

Cucci.
si

Le mobilier devait tre en harmonie avec ces appartements

richement
11

82
dcorij.
(Hiule
;

VArx-LK-vi(;n\riLu
lislo

en ost

iiitci'cssanU',

mais

elle ilcpasscrait les Ironies

de uctic

nous n'y

rclrN'ci'ons.

pour

(Inuui'r

une drf

ilu

\u\r

<\i\\

rt'iiuail

Vaux, que cent trcnlo lapissorics de


lisses d'or

liaulc lisse

personnages, dont plusieurs


et

provenaient de

la

manulaelure de Maincy.

un nombre considlits

rable de merveilleux lapis de Perse et de Cbine. Vingt-cinq

avec leurs

garnitures compltes et celles

des fcntres. parmi lesquels nu de brocart


el

Heurs d'or de nuances diverses, garni de crpines boulons d'or

d'argent

VlE

lies JAULIINS

lin;

un autre de velours

vert garni de broderies or et argent avec courte-pointe


el vert.

de brocart or, argent, incarnai


la

Ce dernier fut achet par Louis XIV.


la

vente des meubles du surintendant, pour

somme
le

de quatorze mille

livres. Enfin,

comme

petit

dtail,

mais montrant

raflinemenl du luxe de

l'poque, quinze parasols de promenade, dont quatre de moire d'argent avec

franges argent et soie, et un cinquime en peau de senteur avec grande dentelle d'or el d'argent,

chamarr de mme.
travaux de

Au moment o
et les siens,
c

les

Vaux touchaient

leur

lin,

Foucquet, qui

pouvait se croire l'apoge de sa puissance, paraissait avoir juslili pour lui

Messieurs

les

Foucquet

comme on

disait alors, le Qzto

non

VAUX-LE-VICOMTE
ascendet de la devise
:

83

et

pourtant
le

la

chute

est

proche. Mazarin venait de


roi, et

mourir aprs avoir desservi


continuait
les
le

surintendant dans l'esprit du

Colbert

travail de dmolition
et

en mettant sous

les

yeux de Louis XIV

preuves des dilapidations


faits

de Tirrgularit des comptes de Foucquet.


il

Pour nombre de

qui lui taient reprochs,

n'avait fait cependant

que

suivre l'exemple de ses prdcesseurs.

Pourtant ce n'est pas tant

le

dsordre et la dilapidation dont

il

s'tait

rendu

Vue des petites cascades oe Vai'x


(d'aprs
le

Jossin

original

d'Israc-l

Sylvesthk).

coupable qui

le

perdirent, que l'excs de prsomption et de vanit dont


cette

il

allait

donner de nouvelles preuves dans


attitude vis--vis de i\P de

fameuse

fte

de Vaux,

et

surtout son
soit

La Vallire. Soit dans un but politique,

sous

l'empire d'un sentiment d'une nature plus dlicate, Foucquet avait crit une
lettre

trange et pour

le

moins bien imprudente

celle

que

le roi

venait de

distinguer. La Vallire, profondment blesse, avait tout racont au roi, qui,

dissimulant sa colre
surintendant pour

et sa jalousie, n'en accepta pas

moins
et

l'invitation

du
il

la fle qu'il fixa

lui-mme au 17 aot

pour laquelle

y eut six mille invitations.

84

VAUX-LK-VICOMTE
Le
roi s'y reiulit de FonliiinrliK'iui. :ic((ini|i;ii;iu'
ilo

loulc la cour, escort

par

les

niousquelaires

el

une

lioiipe tliiilanlciie.

Oiiuicuio connaissant dj
et

Vaux, Louis Xl\' en airivanl est tonn de tant de sidcudeur,


sourcil
l'ronc
l'oi

cest
les

le

(ju'il

Iravcrse rapidement
la

le

clileau
;

pour
lui

visiter

jar-

dins.
linic,

Le
le

admire

cration
et

de

Li'

Ntre
le

on

prsente La Quin-

jardinier potagiste,
el

Triiniel,

jardinier orangistc.

au chteau

on

lire

une

loterie

o les invits gagnent, les

On rentre femmes des


cin(|

bijoux, cl les

hommes

des armes. Puis un souper est servi sur quatre-vingts

tables et trente butl'ets avec

un

luxe inou de linge

el

d'argenterie
plais,

cents douzaines d'assiettes d'argent,

trente-six douzaines de

un

ser-

vice en or massif. Vatel avait d se surpasser. Le souper cotait cent mille


livres.

Aprs

le

souper,

la

comdie

fut reprsente sur

un

thtre mobile,

mont
et

sur des galets, dont les trucs taient de Torelli qui fui

el les

dcors de Le Brun,

amen du fond d'une


De

alle prs de la grille d'eau.

feuillages touffas la scne tait pare

El de cent llambeaux claire...

JMolire

lui-mme parat sur

le thtre,

en

]ial)il

de

ville, et

s'excuse d'tre

seul et pris l'improviste...

Une
roi,

coquille s'ouvre, la Bjarl en sort, en cosi)ar


:

tume de naade,

et rcite

un prologue compos

Pellisson, le secrtaire de

Foucquetqui, s'adressant au

dbutait ainsi

Jeune, vicLorieux, sage, vaillant,

illustre.

Aussi doux que svre, aussi puissanl que juste...

Au

prologue succda

la

reprsentation des Fcheux de Molire, avec des

figures de ballet qu'on y avait intercales.

Mais ces loges

et ce spectacle, loin

de drider

le

front

du

roi,

semblaient

l'assombrir encore davantage.


le portrait

La vue d'une
le

allgorie o

Le Brun avait peint

de M" de La Vallire, mit


eul
la

comble

sa colre.

Un moment,
la fle,

Louis

XIV

pense de faire arrter Fuucquet au milieu de


fit

mais

la reine

mre
el

lui

comprendre

ce

que ce procd aurait d'trange

vis--vis
billet

d'un hte,

presque au

mme

instant le surintendant recevait

un

de

CovPF.l..

L\

MARKCIl.VLE DE ViLLARS

86

V A LX- LE- VI COMTE


IM""'

son amie,
son

du

IMi'ssis-li'Ilirii',

lui

l'aisaiil

cuniKiIro los iiili'iilinus du

i-ni

{'"gard.

(jucllc scrnc drainali(|ui' ofi les acluursse contenaient et l'aisaiont


(|ue
la
l'le

bon visage, pendani

conliuuail
le

au luuil des orclieslrcs et aux

dtonations d'un feu d'arlilice. dont


celle nuit
Il

mi, voulant regagner Fonlaineld(>au

mme,

natlendil pas

la

lin.

existe encore

Vaux deux

lions de pierre enlre les plies desquels se


;

dresse un cureuil

(|u'ils

semblent prolger

ce jour-l, l'vnemenl Taisait


le

mentir

l'allgorie, car la grille

du lion

allait
le

dclarer
5

Foucquct
la

Dix-nonl' jours aprs la fte de Vaux,

septembre ICCl,

cour tait
la fivre,

Nantes pour

la

tenue des Etats de Bretagne,

et

Foucquel, malade de

venait d"y arriver, lorsque Louis

XIV

le

fit

arrter par d'Arlagnan la sortie

du

conseil.

On
le

sail

que

le

procs dura trois ans, devant une cbambre criminelle

spcialement constitue.

Au jugemenl. neuf

voix pour

la

moil

et treize

pour

bannissement.

Foucquel avait mrit un ciilimenl. mais l'extrme rigueur dont on usa


envers
lui,

la

colre

du

roi,

les

manuvres de

Colbert, les lenteurs et les


et

pripties du procs, tout concourut retourner l'opinion

gagner

l'ac-

cus

la pili

universelle.
et

Les femmes

les potes, tous

ceux pour lesquels


les

il

avait t aimable et

gnreux ne l'abandonnrent pas. Parmi

plus fidles et les plus courageux

furent M""' de Svign, M"" de Scudry, Pellisson et La Fontaine, qui plaida

avec tant de clialcur


de

la

cause de son ami dans

la

fameuse lgie des Nymphes

Vaux

Remplissez
Pleurez,

l'air

de cris en vos grulles profondes;


Vaux,, faites crotre vos ondes

nymphes de

Mais rien ne pul allendrir


dure,
la

le roi,

qui

commua
fui

la

peine en une autre pins

prison perptuelle.

Foucquet, alors g de cinquante ans,


sur les confins du Pimont, o
il

conduit au cbleau de Pignerol.

resta treize ans sans

aucune communication
fer,
el

avec

le

debors.

Il

avait pour voisin de cellule le

Masque de

les seuls

bruits du

monde

qui arrivrent jusqu' lui lui furent apports par Lauzun.

VAUX-LE-VICOMTE
prisonnier aussi. Enfin
il

87

mourut Pignerol, aprs


allait lui tre

seize ans de captivit,

au

moment

oi

il

semblait que sa grce

accorde.

Versailles et les Gobelins sont les hritiers directs de Vaux-le-Vicomle et

de Maincy, car Louis XIV, aprs la chute du surintendant,

manda auprs

de

Le

Biil-5.

MOUPHE
safon')

(plafond du pclil

lui,

pour construire

et

embellir Versailles, les grands artistes qui s'appelaient


:

Le Brun, Puget, Le Ntre, Le Vau


a rendu

et si

un

certain point de vue Foucquet

un mauvais
il

service au pays, en donnant l'exemple

du

faste

au plus

fastueux des rois, chez Louis

n'a pas

moins contribu pour une large part


et des arts.

dvelopper

XIV

le

got des lettres

L'histoire fera le procs

du

financier hasardeux et trop


protgei'ont sa

peu scrupuleux, mais

les potes et les artistes

mmoire.

88
Il

V AI \-I.K- Vieil.MTh:

nous

ri'sle

;i

dire l'iiiiidcniciil

ce

(jn'il

a(l\inl

de

Vaux

a]irrs la
la

cliulu

(lu

surintendant. M"" Foucquct, qui grandit, die aussi, dans


l']lle

mauvaise

fortune, tait spare de hiens d'avec son mari.


cranciers.

put racheter
le

Vaux aux
les elioscs

En

llO.j.
(jui.

la

mort de son

lils,

elle vendit
les

domaine au marpour
ronces envahir

chal de Villars

ayant plus de ^ul pour

armes
et

(|ue
les

de

l'arl.

Iui;ea

un

ri;inienl

dans

les

communs

laissa

lIlOLLE.

Ij'enlvme.n'I' h'Eli'.oi'E

l'uvre de Le Ntre.
son passage
tare el
:

Il

reste cependant

une trace artistique charmante de


marchale jouant de
la

c'est

le

portrait en pied de la

gui-

souriant

un jeune homme vtu seulement d'une lgre draperie


;

qui se penche galammeul vers elle

peinture excellente que nous ne crai-

gnons pas d'altribuer


sur
le jardin.

Coypel

et qui

orne un panneau du petit salon dor

Du

temps de Villars, on y recevait nombreuse

et lgante

compagnie, on y
;

voyait les ambassadeurs et les princes trangers de passage Paris

Voltaire

y venait souvent,

et

lorsque

la

nuit tait belle,

il

faisait

un cours

d'astrono-

mie aux dames sur

le peri'on

du chteau.

VAUX-LE-VICOJITE

80

En
avait

1764, Villars cda

Vaux

Gabriel de. Choiseul,


livres la plus
les fontaines.

duc de Praslin. Yillars

vendu pour^qualre cent mille


les

grande partie des tuyaux de

plomb qui amenaient


tiers

eaux dans

M. de Choiseul
et

et ses hri-

ne firent pas mieux. Les parterres furent abandonns,


taille,

quand un paysan
prendre

d'un village voisin avait besoin de pierres de


celles des

on

lui permettait de

vasques et des bassins.

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.l-vi,-^- rSr--,!.-.-.-

-.^

Gakdet.

Tigres

Heureusement pour
pritaire de

l'art
Il

qu'un
n'est

homme

d'un got clair devint pro-

Vaux en

1873.

que juste de rendre hommage M. Som-

mier qui
de ce

l'on doit la restauration, et sur certains points la reconstitution

monument

historique. Lui aussi a


arrt.

vu grand, mais avec

la raison

de

l'homme qui a un plan bien


a eu le rare mrite

Dans

sa restauration de

Vaux, M. Sommier
tait

d'empcher toute soi-disant amlioration sur ce qui


complet l'intrieur

autrefois. Grce lui, le chteau est aussi

et l'extrieur

qu'au temps de Foucquet. Les cascades et les bassins, qui n'taient plus qu'un

amas de ruines

et

da dcombres recouvert de broussailles, ont retrouv leurs

eaux. Les jardins se sont repeujjls de statues et de groupes de marbre, parmi


12

90

VAUX-I.i:-\1C0MTE
:

lesquels nous devons signaler

l'Kiih'-remcnl d' leropi' cl Nrssi/s ri Jjrjunirc


lalcul,

par

llidllc,

un

arlislo de

grand

moii avant d'uNoir aciiev sou oeuvre

qui n'y devait rien perdre cependant, puisque

Chapu

se chargea

de

la

ler-

miner;

les Cfievaii.r

marins de Lanson
;

les

Quatre par tirs du monde

cl les
;

plombs dors des miroirs de Pcynot


IJons
et les T'ujres

la

Var/uc et l'Ecueil, de Loiscl


la

les

de Gardcl qui oui

eu

nu'daille

d'honneur au Salon

de 1808.

On

doit fliciter

M. Sommier d'avoir donn aux sculpteurs roccasion, Irop

rare notre poque, de produire leurs statues ailleurs que dans les squares
et les jardins publics.

La restauration de Vaux-le-Vicomte
fin,

est

une uvre,
'.

et,

en

la

menant

bonne

M. Sommier

a bien mi'it de l'art franais

elles arts sous Louis XIV, Vicomle. Anatole France

Cliarles Le Brun yicolas FoHccjiiet, .1. Lair. Vuux-lePoucquel coUectioniteur, Edmond Boniialf. Journal du Bernin. Le chteau de Vaux-teet Eodolplie Pfnor. Vicouite, Eugne Grsy et .\. de Montaiglon. Comptes des btiments du roi, J.-J. Giiiffrey. Gazelle de Lorel.
'

liiBLiocnAPiiiE

Mmoires sur

Fouccjiiet, Cheriiel.

Henry iomn.

LAMPI
A critique

ne s'loigne pas volontiers des


;

matres
o,

ils lui

sont une source sans fond


elle,

comme malgr
puiser.

elle revient

cons-

tamment

L,

tandis que les uns

jugent simplement sous leur angle propre,


d'autres, force de vouloir raffiner sur les

intentions, finissent par prter

aux

artistes

des physionomies

et des

tendances qu'ils

eussent certes t bien surpris de se voir


dcouvrir.

Aux

matres les grandes tudes, cela va de soi


la futaie, et

mais, n'y
la

a-t-il

que des

chnes dans

ne doit-on pas tenir

compte de

vigueur de sve avec


?

laquelle se sont dvelopps d'autres arbres de moindre importance


Si,

dans

les gros livres sur l'histoire de l'art,


si

on accorde une aussi

faible
la

place aux artistes de second plan et

l'on revient sans cesse ceux dont

92
i;'loire

Ml'l

esl consacre, c'c^l

i|iii'

les

fiii'unslau-cs

CNiiosilimis. anniversai-

res, elc.

se

chargent do

les

remellre cliaqne inslant au |ii(i^raniuic de Tacles illustres.

fualil.

Aussi ne li'ou\era-l-un pas mauvais que, laissanl de cl

L.VMPI, par lui-mme (au Ferdiliandeum, Innspruck).

nous nous plaisions chercher ceux qui sont rests sous leur ombre,

les

mconnus ou

les oublis,

dont

le

mrite vaut d'tre rappel, dont

les

uvres

ont bien, elles aussi, leur intrt.

Lampi?

Qui, en France, connat

Lampi autrement que de nom? Deux ou


lui,

trois auteurs le citent, et,

veut-on se renseigner sur

une encj-clopdic vous

Lampi.pinx:.

3liog:D\rjar3iiL

Lts.

Comtesse PoTociiA.ME.MNiszECHEX'ON de ses


CColi""-

eu.

du Comte Nicolas Potocki)


iirp.L.ort.rans.

5.evue iel^Axt aneiL etinodanie

LAMPI
rsume
sa biographie en dix lignes, le fait natre en 1751 ei

93

mourir en 1830,

indique son

genre
:

et

conclut avec ce jugement dont la concision est sans


est

doute

le

seul mrite
les
C.

Sa facture

molle

Du

moins,

auteurs trangers qui parlent de lui

le

font-ils

en termes

moins svres.

de Wurzbach,

le

plus complet, n'a malheureusement pas

assez insist sur sa vie

mme.

11

est bien rare

que

les

phases diverses d'une

existence d'artiste n'aient pas inllu, d'une faon souvent dcisive, sur l'orientation de son talent. Et tant d'exemples qui
teur,

peuvent venir

l'esprit

du

lec-

nous en ajouterons aujourd'hui un nouveau, bien caractristique.

Voici
Trente,
village;

un enfant de condition modeste,

fils

d'un peintre de Romeno, prs

dont la rputation ne dpassait gure l'ombre du clocher de son


il

montre, jeune, quelques dispositions pour

le dessin,

atavisme des

plus

communs. Le

pre, lui ayant inculqu les notions premires, rve pour


la

son hritier une autre renomme que

sienne et l'envoie, g de dix-sept ans,

complter ses tudes Salzbourg. L,


qu"lve,
travaille

le

jeune Giambattista, praticien plutt

consciencieusement aux fresques de son matre Unteril

berger, et quand, trois ans plus tard,

rentre au pays natal, c'est avec

un

peu plus de mtier peut-tre, mais sans grande sret de direction, sans

dveloppement apprciable de sa personnalit.


oi le

Il

se

nuuie

et se

rend Vrone

peintre Lorenzi, lve de Tiepolo, devient son vritable ducateur; mais


il

fresques et retables sont toujours ses sujets favoris,


rien ne fait prvoir le

est peintre religieux et

changement qui va

s'oprer en lui.
il

Appel Trente par quelque travail de restauration,


des portraits; aussitt sa rputation se rpand,
le voil
et,

lui arrive

de peindre

ds son retour Vrone,

connu, puis bientt clbre.


lors,

Ds

celle des troubadours du

leurs

commence une curieuse existence, rappelant par certains cts moyen ge qui portaient de chteaux en chteaux chants et leurs pomes. Une diffrence capitale pourtant alors que
:

pour ces potes errants, pauvres hres


constituaient

le

plus souvent, le gte et le repas

un double problme
qu'il

rsoudre chaque jour, Lampi, peintre des

chteaux

et

des cours, largement rtribu, ne quittait un palais qu'appel dans

un

autre.

Quand on saura

ne mit pas moins de vingt annes

faire
lui

le

trajet de

Trente Saint-Ptersbourg, on conviendra que les htes ne


le

man-

qurent pas sur

chemin.
les portraits

Aprs avoir excut Trente

du prince Sizzo

et

du prince

ot

\M1

Le comte Fi;ux Potocki et ses deux


(appartienl au comte Nicolas Potocki).

fils

Tluin, Lanipi tait revenu Vrone o l'Acadmie s'empressait


ses portes;

tle

lui ouvrir

mais deux ans plus


et,

tard,

il

quittait

pour n'y plus revenir ce ber-

ceau de ses premiers succs,


avait remises son

muni

des lettres de recommandation que lui


il

ami

le

chanoine Lodron, lors de son passage Rovcredo,

se prsentait Innspriick, chez le prlat de

Wildau.

LvMiT.

Lf.

comte Vandai.in Mniszkch

(CoUoclion du conilo Li'on Mms/i;cu).

LAMPI
Il

95

ne pouvait souhaiter accueil plus favorable ni commandes plus


;

nomsi

breuses

tableaux religieux et portraits se succdaient sans interruption,


le

bien que

Martyre de saint Gilles

et plusieurs autres

compositions, destines

des glises du Trentin, alternaient sur son chevalet avec les portraits des

comtes Enzenberg, Auersperg, de l'archiduchesse Elisabeth,


Cette

etc.

dernire toile lui valut d'tre

mand
les trois

Klagenfiirt,

rsidence de

l'archiduchesse Marie-Anne, pour y peindre cette princesse.

En
peine

1783,
s'il

il

est

Vienne,

et,

pendant

annes

qu'il

y rside,

c'est

peut suffire aux

commandes
la

qui l'assaillent de toutes parts; par-

courir la liste, bien incomplte sans doute, de ceux qui lui demandrent leur
portrait,

on

se fait

une ide de
et

vogue qui entoura ce jeune

artiste tranger

pendant son sjour

du prix qu'on attachait


remarques

poser devant lui.


il

Parmi

ses toiles les plus


la

d'alors,

convient de citer

les portraits

du conseiller de

cour de Born, du prince et de la princesse de Paar, de la

duchesse de Wurtemberg, du gnral Terzi, du comte Fries, du prince Wenzel


Kaunitz Rittberg, du baron de Sperges
Et, suivant le got des
et

de la princesse Glassal-Kowitz.

grands de sa cour, l'empereur Joseph lui-mme


le

voulut avoir son portrait par


est reprsent

peintre la

mode

le

tableau, dans lequel

il

en pied, de grandeur naturelle, prit place l'Acadmie des


oi

Beaux-Arts de Vienne

le

peintre fut

nomm

professeur

et

conseiller,

en 1786.

L'anne suivante,

c'est le roi

de Pologne Stanislas-Auguste qui appelle

Lampi

Varsovie, lui offrant pour

un

portrait

une somme considrable

et

une

tabatire d'or.

Quels modles, en cette hn du xvni"


nais,

sicle,

que ces grands seigneurs poloet

l'esprit cultiv, aux


le

manires lgantes
serait-il

aux riches costumes


et

Comment

got de Lampi ne se

pas

affin

lev

en un
et

tel

milieu o les arts taient en honneur

et

o nombre de gentilshommes

de

grandes dames, l'exemple du


choir et
le

roi, maniaient avec talent le pinceau, l'bau-

burin

Au premier rang
les

des uvres du matre cette poque, nous placerons


les

deux

portraits,

nous devrions dire

deux tableaux de

la

famille du

comte Stanislas-Flix Potocki, palatin de Russie.

Dans
le

l'un, le

comte

est reprsent avec

une armure sur laquelle


il

se dtache
fait

grand cordon bleu de l'ordre de l'Aigle blanc;

porte la poudre qui

96

l.AMl'l

ressortir

une figure nergique

l'il inlelli^cnl ol lier: pis

do

lui,

appuy
lils

sur un casque, clans une pose d'une grce


Stanislas, en

charmanle, son idus jeune

costume gris

clair;

en arrire de ce dernier, un des ans de ses

seize enfanl'?. Flix, figure exquise d'un

calme saisissant, avec des regards

Comtesse Sophie Potocka


(G;ilcric

(l.\

uelle Grecoue)*

du comte Nicolas Polocki).

profonds;
tte

le faire et

l'expression de cette physionomie font songer certaine

de Prud'hon.

L'autre portrait est celui de la comtesse,

ne Josphine

Mniszech, seconde

femme du comte, avec un de


la

ses enfants.

Lampi

se

complaire dans l'excution de son modle;

beaut grave de celle qu'on

appelait la Junon de Pologne se prtait merveilleusement la dlicatesse de

son pinceau.

On

trouverait difficilement parmi les

uvres appartenant au
traits,

mme

genre un portrait plus accompli tous gards. La rgularit des

LAMPI
le

97 la

calme des figures lent

la

composilion ce qui, en raison de


et

pose et du
le

costame. pourrait paratre un peu thtral,

malgr

le

turban,

voile de

mousseline

et les draperies,

l'ensemble garde un rel caractre de simplicit;

cette toile rappelle certains portraits de M'"

Vige-Le Brun.
le petit-

Les deux tableaux sont dans


fils

la galerie

du comte Nicolas Potocki,


toiles

du comte Flix, qui possde deux autres

de Lampi, notamment un

portrait de la comtesse Sophie Potocka, troisime


la belle

femme du comte
Lampi

Flix,

Grecque,

si

connue par

le

tableau de la Gafin Potocka du

Muse de
est

Berlin.

Un

autre portrait de la comtesse Sophie Potocka par


;

Saint-Ptersbourg et appartient la comtesse SchouvalotT

il

a t donn sa
P'';

mre,
la

M"'^

Narischkine,

fille

de la belle Grecque, par l'empereur Nicolas


ciel

comtesse porte un corsage bleu de


ce

et tient

une

pomme

la main.

Une rplique de
will.

portrait se

trouve chez la princesse

Georges Radzi-

La comtesse Josphine Polocka, ne Mniszech,


intelligence
;

tait

une femme d'une rare


elle s'occu-

trs cultive et trs instruite, de

mme

que son mari,

pait de peinture et a excut de

nombreux tableaux
;

d'autel pour les glises.

Elle savait le grec, le latin et l'hbreu


la cabale,

elle avait

voulu tudier

la

magie

et

ayant connu Cagiiostro

et

Swedenborg, mais n'avait pas tard

percer jour leur charlatanisme. C'est elle que l'on voit dans

un

portrait
le

appartenant

la

comtesse Czacka, ne princesse Sapieha, qui reprsente


et et

groupe de
les

la

mre

de la

fille.

La comtesse

est assise

devant son chevalet;

mains croises

poses sur les genoux, elle regarde son travail


;

comme
une des

pour y trouver redire


paule

sa

fille,

Idalie, qui devint princesse Sapieha,

plus gracieuses figures que le matre ait rendues, est debout, appuye sur son
;

la palette, ct d'elle, se

dtache dans l'ombre. Ce n'est pas seule:

ment un

portrait,

mais une compositioia charmante de simplicit

c'est tout

un

tableau complet, avec deux figures.


trs vif pour les

On

avait

du

reste cette

poque un got

tableaux de famille, qui, au charme de la ressemblance, ajouet

tent l'intrt

du milieu

du cadre o

les

gens ont vcu. Lampi ne pouvait


lui

tenter do se soustraire la mode.

Nous avons de

un autre tableau repr-

sentant, au milieu de la grande salle du chteau de Tulczyn, la comtesse

Potocka, assise devant un chevalet


peint par

et

copiant le portrait d'un de ses enfants


elle,

Lampi
fait

le

matre lui-mme, debout derrire


;

une

palette la

main,

lui

observer un dtail de sa copie

auprs d'eux, l'architecte de


1.3

98

1.

Wll'l
r-alriueiil
',

Tulczyn.

I.aloiir,

(|nr

L;iniiii

|)i'iiil

(luiiiic

aussi smi avis; aux

iiiiiraillcs (le la
l'iulin. |iiiur

salle sonl

suspendus
la

les iinrlrails

des enfauls.
les portrails

ue pas sdilir de
el

lamille.
lle

nous devons signaler

(lu

prince Sajiielia

une dlicieuse

du prince Euslache Sapieha qua-

Un:/e ans. donl l'air in[ellii;enl el espigle est accentu par des clieveux la

L'.vuinin'ECTK Lmi'ii

iiliilcric

Ju fomlc Nicuhis

l'oloclu

Tilus,

un coslumc de page aux manches


le

crevs, et

une grande

collei'eUe de

mousseline, qui laisse voir


Il

cou

et la

naissance de l'paule-.

existe

encore un
:

portrait de la comtesse Potocka avec son pelil-iils


la

Alfred Potocki

c'esl

une ceuvre pleine d'lgance srieuse o

pose un peu

manire,
l'ien

magnificence des voiles blancs d'une vestale idale, n'enlvent au caractre de la grande dame. Ce porirail lil beaucoup de bi'uil Vienne,
la

Le porlraH le Laloiir se Iruuve aussi dans la galerie du comte Nicolas Potocki. Ces deux poriraits sonl Paris chez la comtesse Marie Branicka. ne princesse Sapieha.

LA MPI
ainsi

99
et

que celui d'une personne inconnue tenant un rouleau de musique


lilas ple,

vtue d'une robe

couleur que Lampi parat affectionner. Lorsque, au

Comtesse Josphine Potocka, ne


i^Colleclion

JIxisze(;h.

et sa fille la princesse Sapieha


iie

do

^I""' la

comtesse Czacka,

princesse Sapieliai.

dbut de notre

travail,

nous cherchions au loin des uvres du matre, nous ne


Paris plusieurs des plus

nous doutions gure que nous trouverions


quables d'entre
elles.

remar-

Presque toutes appartiennent aux descendants des grandes

100

I.A

MPI
cilor
l'I

l'amillrs poloiiiiisos les sjours

i[vk'

nous vouons de

uni Oir rxL-iik'cs jK-mlaul


les

du peintre
a passe

Varsovii', Cracovio el

dans
la

clileaux environnanls.
et
il

Lampi

Varsovie loul

le

temps de

Dile de qnalreans

peint les priacipaux acteurs de celte poque

mmorable dans

l'iiishjii'e

de

Pologne. Dans un

de ces portraits, qui se trouve au

muse
il

Czarlorizsivi, le roi

est reprsent avec le

costume royal; une autre

fois,

est

drap dans une robe

de chambre verte.

Un

portrait en buste
j)ar

de Stanislas-Auguste

Lanipi. d'une

posture lgante et souple, est Paris

chez
il

le

comte Geoffroy de Kcrgorlay

est sign et dat, ce les

qui est trs rare

dans

uvres de ce matre.
:

De la mme anne sont


Malachowski,
nicki, en
relle,

le

marchal
Ura-

l'Iielman Xa\ier
et

armuie

de grandeur natufils

avec ses deux jeunes

ses

ctes',

l'vquc Soltyk, les princes

de Nassau, la comtesse de Zyberg.

laprincesseOginska,le prince Casimir


Sapieha,
de
la

surnomm

Nestor, marchal

Dicte"; ce dernier portrait est


;

plein de vie et de grce juvnile


Le prince
Sai'ieh.v

le

costume rouge, avec un manteau vert


fonc, fait encore ressortir la carnation dlicate des chairs. C'est

(Apiiarlicnt la comtesse BraiiickaV

un des

plus beaux portraits de Lampi. digne d'tre plac en premire ligne avec
celui du
laiblin,

comte Vandalin Mniszech. grand marchal de


grand secrtaire de Lilhuanie,
etc.

la cour, starosle

de

Dans

ce dernier, dessin, model,

couleur, tout est en harmonie;


d'intelligence:
il

la tte,

avec les cheveux poudrs, rayonne


regard, de la finesse et de l'esprit
l'attitude; la

y a de

l'clair

dans

le

dans
tient

le

sourire,

une suprme distinction dans toute


l'effigie

main qui

une mdaille d'or

de Stanislas-Augustc n'est pas moins bien

'

Ce portrait est au chteau do BiatocerliieC,

clie/. la

comtesse Branicka.

Sapieha, au chteau de Krasiczyn. portraits ont t gravs, par John, par J. t'ichlor et par James Walker.
la galerie

Dans

du

pi-jnce

Adam

Une grande

partie de ces

Lampi.

Le

comtf. Loris Stai/.inski

(Collection

du conilc Bolcslas STAnziNSKi).

i'

LAMl'I
traite
le

101

que

la figure:

jusqu'au manteau de

soie.

d"un rose vineux, jet dans


la

got des draperies des matres du xviif sicle qui ajoute


c'est

noblesse de
cette

l'ensemble;

bien ainsi qu'on se figure

un grand marchal de

cour

lgante de Pologne. Le modle' n'a pas

l'air d'tre

venu chez son peintre


dans son intimit, qui

pour dire
l'a saisi

Peignez-moi
vif. le

: c'est le peintre, vivant

sur le

Nous classerons sur


Stanislas Ledochowski.

mme

rang

le portrait la

du comte Louis
',

Starzinski.

avec une armure et une collerette tuyaule

Henri IV

et celui

du comte

La vogue de Lampi tmoigne d'autant plus de son mrite


pas
le seul

qu'il n'tait

peintre de talent travaillant alors en Pologne.

Il

avait lutter avec

des rivaux tels que Grassi, Gi'aaf et Bacciarelli, dont les uvres, que nous

esprons faire connatre

un

jour^, sont vraiment de premier ordre.


et

De Varsovie, aprs un sjour Cracovie

dans

les

chteaux environnants,

Lampi

arrive Jassy o

il

fait

encore de nombreux portraits, entre autres

ceux du gnral Papozy, de la princesse Galitzin et du prince Besborodko,

grand matre de

la cour, directeur

gnral des postes. Dans ce dernier qui est


il

Saint-Ptersbourg, chez le

comte Koucheleff.

a su donner le caractre du

personnage qui, d'aprs Sgur, avait


et

l'esprit le plus fin

dans un gros corps,


d'affaires srieux
le

qui, gastronome mrite

et

viveur, ne redevenait

l'homme

qu'aux portes du cabinet de l'impratrice Catherine. Outre

prix convenu,
et,

Besborodko remit au peintre une mdaille d'or de


ce qui pour

la
il

valeur de 70 ducats,

Lampi

tait

d'un bien autre intrt,

joignit ses loges ceux

qui, Saint-Ptersbourg, vantaient le talent de l'artiste. Mais c'est Grgoire

Potemkin, prince de Tauride, qui


trait

fut surtout son puissant protecteur.

Le por-

que

le

matre a

fait

de lui est

un peu

officiel,

avec son uniforme de feldvoit entte est

niarchal, ses grands cordons et ses plaques,

parmi lesquelles on
La

premire place

le portrait

de l'impratrice

entour de brillants.
l'il

de trois quarts, sans doute pour dissimuler un peu


jeuaesse.
Il

perdu dans sa
la

nous semble que Lampi

doit avoir
les

rendu exactement
les

physio:

nomie de son modle qui runissait

contrastes

plus

frappants

insolent et d'une politesse raffine, prudent et audacieux, avare et prodigue


Ce portrait est
dans la galerie du comte Lon Mnis^ech.

'

l'aris,

Appartenant son

petit-flls, le

comte Boleslas

Starzinski.
et les peintres

Dans un

travail

en prparation La cour de Russie

au

XVIW

sicle.

102
l'asliicux.
lie

l.AMl'l
riiM'
ri

ruiili;iHl.

I'immut

ri

iniM'ricnrdiiMix,

un

iiiul

\r

|\|ic

ce

grand

l'avori.

un

lici'cnic

(|iii

avail

dr

lVs|iril

iialiii'ci

ri

du

Imn

sens.

Ce poiirail. qui

es(

Moscou dans

la

L;ali'i-ii'

l'i-as>isi-linikoll'.

a t i;rav

parWalkor

en I7.SU. ce qui iii-ouvc riui'xacliludc dr rariiriiialinu de iXa^ler

prlendaiil iiue Lanij)i. en anivanl de N'arsovie Jassy l'apind de l'olemkim


l'axail Irouv dj niorl.

Sous
leur,

les aus|)ices tl'un

lid

pi'oloc-

Lanipi

ne

jiouvail

nuMUiuer

dlie len aeeueilli par


C.allieiine
li(|iu'
II

l'inipL'alriee.

avait-elle
Si

nn sens
la
il

arlis-

d\(dup[i(''?

(|iie;-|iiiu

ol

sujetle

eonlroverse.

es!

ccrlaiii.

en
les

liuil

cas,

qucllca voulu encourager


Lainpi'.

ails.

En posant devant
peinli'e

en nH'i, pour son portrait


a lail

ofiieiel. elle

au

une laveur
tles

(pie n'a-

\aienl pu

oldenir
l']lle

arlisles

plus

remunnis.
tle\anl
le

est
le

en pied, drlioul
sceptre

trne,
le

dans

la

main
Le
l'UixcE EisrAciiE Saimeii.v
lie

droite,

In'as

ganche tendu;

sur les paules, un manteau d'her-

(CoMoclion

la

comtesse

Di\iiiicka\

mine; snr

la tte,

un
le

lirer
l'ond
el

diadme en
du
de
lablean,
la

dianianis; tlans
les ligures allgoriques de
la

Vril avec un miroir

la

main,

Force

qui soutient une colonne.

Le pote Derjovine

consacr des vers ce portrait

Ta maestria, o I^aiiipi, .\ su runir dans celle ligure


L'espril universel, la

grandeur

d'iiie,

La divinit, en un mol l'image de Catherine.

'

L'original de ce tableau est rivrmitagc


est la

uuc autre

Banque

d'IOtat.

une petite esquisse se trouve dans le palais Gatcliina mais dans celte dernire les figures allgoriques diirrent.
;

LAMl'l
Il

103

est vrai

qu'un

tics
il

ailleurs des Mrino/res secre/,s sur la Russie est


:

moins

hyperbolique quand
(t

crit

soixante-sept ans. Catherine avait encore des restes de beaut. Ses

Stanislas-Auguste, roi de Pologne


(Collection

du comte Geoffroy de

Kcry;orlay).

cheveux taient toujours arrangs avec une simplicit antique


ticulier; jamais

et

un got par-

couronne ne

coilTa

mieux une
et toute

tte

que

la sienne. Elle tait

d'une

taille

moyenne, mais paisse;

autre

femme

de sa corpulence

104

Wll'
si

n'aurail pu se luollri' iriuic iiiaiiiro

sanic

cl si i;i\uioust'... I,o lias


;

de son

visago avait t)uelinio ciiosc do riulc


elioso
lie

cl

do grossier
i-acine

ses

yeux

gris

claii-

(nirlquc

faux,

el

un eerlain

pli

la

du luv luidonnail un

air

nn peu

L'iMl'liR.VTUlCE C.VTIIEUINE

Music de rErmilagcV

sinistre.

Le cllue Lanipi
llattoo;

l'avait

pointe dopnis pou, assez ressomlilante.


qu"il

quoique extrmement
pas loul
fait

cependant Catherine, remarquant

navait

oublie ce malheureux pli qui caraclrisc sa physionomie, en

j.Tnpi

pmx

HEBE
Coll."deM.]eBaron de Boui-going, (Vienne
>

Revue de lAfl Ancien

et

Modem r

imp

emcrr'terr'H:

Hlio- Dujardin

L'IA\PER\TR1CE xMAKIE FDOROXTN'A


<

Galerie du

Grand Duc Constantin Pavlosk )


Imp.L.E>rt, Paris

Revue de

l'Art

ancien et moderne

LA MPI
fut
trs

105

mcontenlc
11

ol

dit

que Lampi

lui
le

avait donne' l'air

trop scricnx ot

trop mchant.

l'allut

retoucher et gter

portrait qui parat tre celui d'une


et

jeune nymphe. Le clbre Le Brun, qni se trouvait Saint-Ptersbourg

qui

ne put obtenir l'honneur de la peindre vivante, l'envisagea morte et la peignit


de souvenir et d'imagination
;

ce portrait dont

je

vis l'ljauche est

trs

res-

semblant.

Le refus de Catherine de
poser devant M'" Vige-Le

Brun provenait de
celle-ci

ce

que

n'avait pas
elle,

russi,

suivant

les

deux

grandes-dnchesses Alcxandra
et

Hlna Pawlowna
en

runies

un

mme
sujet de

groupe. L'impratrice avait


crit

Grimm au
:

ce iabieau
a

La premire
intres;

une ilgure noble,

sante, l'air d'une reine

la

seconde

est

une

beaut

parfaite, avec

une mine de
iM""=

sainte

Nitouche.

Le
ces
cala
L'iML'UATUICE CAlIEnliNE
II
iicc

Brnn

vous

accroupit

deux figures-l sur un


nap,
tord
le

cou

cadette,

leur

donne

l'air
(Collection de

M"'

la

maiiuise do

Champcaux,

YcrmololV).

de deux carlins se chauffant

au

soleil; ce sont

deux singes accroupis qni grimacent


trop svre sans doute, mais
les

ct l'un de

l'autre.

Jugement formul d'une faon


nir,

il

faut conve-

en voyant

la

composition du groupe, que


le

jeunes grandes-duchesses

n'avaient pas eu

don d'inspirer

l'artiste.

Dans

le

portrait officiel,
la

Lampi

a surtout rendu la majest royale, mais,


fait le

dans ses bustes, on trouve

grce qui

charme du

jiortrait

fminin. Le

nombre de

ces derniers est

considrable. Nous signalerons seulement ceux que


14

100

l.AMI'l

nous connaissons en
M'"" la inaiMiiiisc

I^rancc.
;

Celui
il

(|U0

nous

rciii-oiluisons

a|i|iailiciil

;"(

de

;iiani|i('au\

r\r (huin son i;raii(l-|i(TL'. le gnral

Ali'xanili'e Vennuloll'.

par

rin)|)(''ralriiT.
le

ahu-s (|u

il

iMail clianihelhni allacli


la pla(|ue el

sa personne. L'impralrice porle


le

collier de
el

Saint-Andr avec

grand cordon. L'ensemble, plein de grce

de majest, est d'une excellenle


'

l'arlure.
(le

Un
lie

antre est Sentis, chez M. Fantrat


(jui

il

provient de Ferdinand
id'licier

Meys. aneli'e de M'"" l'aulral.


Pince

ayant migr

comme

au r('giment

Ligne

utilisa

pour vivre son

(aient d'aniateur en l!u>sie el

(le\ inl

peinti'C

de l'impi'alrice.

Un
il

autre du

mme

type tait chez la baronne de

Roman
:

Kaiseroff. Enlin
la

s'en

trouve un quatrime, d'un genre tout dilTrcnt, chez


elle a

comtesse

Bohrinski, dans lequel Catherine porle bien son Age

au cou une large

collerette de dentelle el est vtue d'une veste de soie bleue galons et franges

d'argent sur les coutures. La comtesse Bohrinski possde

un autre
le la

jioilrait

eu

pied
le

tic

Catherine

11 oi"i

l'impratrice est reprsente tenant

main

droite

sceptre inclin au-dessus de la couronne impriale pose sur


rolte

un

tabouret.

La

de salin blanc trs ample est panneau.x avec broderies de feuilles


el ai'genl el

de laurier bien

du plus charmant
le

effet; elle a

sur la lle un pelil


el le

diadme de pierreries
de Saint-Georges.

au cou

collier de

Saint-Andr

grand cordon

Lampi
pour ses

reut pour

le
1

portrait en pied de l'impratrice 12 0(10 roubles, plus

une rente annuelle de


frais

000 roubles pendant son sjour,

et

enfin 4(l0 ducats

de voyage.
II,

A
riale,

l'exemple de Catherine

tous les autres

membres de

la

famille impla la

commencer par

la

grande-duchesse Marie Feodorovna,


C'est propos d'un
le

Izarine

future, posrent devant

Lampi.

portrait

de

grande-

duchesse Marie Feodorovna que

nom

tle

Lampi
cit

fut

prononc une des prele livre

mires

fois

en France. Ce portrait, qui est

dans

de l'minenl

membre

de rinstitut, M. Anatole Gruycr, sur


le

la galerie

de Chantilly, avait

t achet par

duc d'Aumale sur


le
;i

la

recommantlalion du peintre Eugne


du
modle. Lorsqu'un
les

Lami, sans que l'on st


jour o
le

nom
A.
I.

de l'auteur ni celui
le

prince faisait

S.

grand-duc Vhulimir
:

honneurs de sou

muse,
'

celui-ci s'arrta

devant

le

tableau en disant
iiii[i('riale

<

Mon

aeule. Marie Feose trouve

Le

iiiriuo,

reproiluil en

tapisserie par la l'abriiino

de

Sainl-I'lorslidurj;'.

cliez la CHUilessc lranic]<a.

LAMl'l
clorovna. par

107

Lampi

...

cl

Ton put combler

ainsi la lacune

du catalogue,

la

grande satisfaction du propritaire.

M. Gruyer donne une intressante description de


dit

ce portrait.

Aprs avoir

que

le

dessin a du caractre, que

la

couleur en

est

chaude, avec des tona-

lits

qui

sans

tre

tran-

cs. sont incontestablement


ti'angres,
est
il

ajoute

qu'il

tout fait sa
la

place

dans o

maison de Cond,
alors qu'elle

la tzarinc,

n'tait

que

la et

femme du
voyageait
le

tsarewitch

avec son mari sous

nom
ma-

de

comte

et

comtesse du
si

Nord, avait reu un

gnifique accueil et laisse de


si

agrables souvenirs.

Mais ce portrait ne donne


pas

une

ide

exacte
;

des

qualits

du

matre

heu-

reusement pour
sa

l'art et

pour
deen-

rputation,

Lampi
torts

vait rparer

ses

vers

l'impratrice

Marie
L'iMPiiATRicE Catherine
II

Feodorovna en faisant d'elle


le

beau portrait en pied qui

(CoUcclion de M""^ la comtesse Lurlniillc Bobriuski).

se trouve Pavlosk, dans la

galerie

du grand-duc Constantin. Catherine


suivant de sa
belle-fille
:

II,

en 1778. avait trac de sa


Elle est
svclle

main

le portrait

comme une
peau
est

nymphe, son
la

teint est celui

d'un lys avec


taille

la

rougeur d'une

rose, sa

plus belle du

monde; de grande
la

avec une ampleur proportionne;


la sincrit

de la lgret dans

dmarche, de la beaut, de

dans

l'esprit qui

se refltent sur le visage.

Tous en

ralTolent.

Comment avec un tclmodlcLampi


ovi
il

n'aurait-il pas fait l'exquise

composition
et

nous montre Marie Feodorovna dans une pose d'une lgance

d'une

108

LA

Ail'

grce parfailcs? Nous

sommes

li.in

du

|Mirlr;iil

ullicicl

v[ iipprlr.

mais

il

est

im|Hjssiijle de iir pas voir tlcvaiil la (li-nil de la pose

que

W-

Irne n"csl pas

I.

i\um:atiui:e Catiikium;
lie

Il

itlollcctioii

M""

la

comlessc Luilmillo liobrinski).

loin. La tlc vit, respire et sourit, elle est charmante sous sa coiffure en demi-poudre retenue par des rouleaux de gaze et des iils de perles, avec ses deux boucles retombant sur la poitrine. Le vent souflle un peu trop peut-tre

L.VMri.

Le

fils

aix de Lampi et shn i'eiit-fils

(au Fordinatiilciim, lnns|irLick).

LAMPI

109

dans l'charpe que des broderies d'argent devraient alourdir, mais


soie chaloyante et le

comme

la

miroitement du satin sont dlicatement rendus! La

grande-duchesse, debont prs d'nne talde moiti couverte d'une draperie,


tenant dans
la

main

droite

un porte-crayon, semble montrer

le

dessin qu'elle

vient de faire, et qu'elle gravera sur cuivre et sur verre, du portrait de ses
enfants. Ce dessin a t reproduit souvent et cription suivante
:

un des originaux

porte l'ins-

Dessin par

leur

mre

et

prsent

au plus

ik^

chri des poux, au plus aim des


pres.

,-y?^j>SP
'

La grande-duchesse
un

porte

'-Xi

sur

la

poitrine, attach

collier

de perles,

un came grav galeelle,

"lll's::-/--

ment par

qui reprsente la
II

tte de Catherine

avec

le

casque
buste
lyre

dcMinerve. Sur latable,

le

de son mari

ses pieds,

une

et des livres, accessoires et attri-

buts qui sont

comme un rsum

de sa

vie,

de ses affections, de ses

^^^^^^^^^B^^

J B Pi K
'i'if^.

I^K^

~ '

gots et de ses talents.


Enfin la tonalit de
la ligure se

aHp;:

marie bien avec

la teinte

du pay-

sage dont les arbres et le temple


font penser Hubert Robert, et

montrent en Lampi

le

peintre d-

\'^m^sms^
(Collcclion
ilii

'm
fe*

Ni
'T^'

corateur au temps de ses premiers


La GHANDE-ltUCilESSE M.VIUE FeODOHOVXA

essais.

conile Brcvorn de La Garclic\

Lampi fut moins heureuxdans


le portrait

du mari, l'empereur Paul

1".

11

est vrai
il

que
l'a

le

fastueux costume

de grand matre de l'ordre de Malte dans lequel


la

peint en bottes, avec

couronne impriale trop grande pour sa

tte, n'tait

pas pour ajoutera une

figure dont l'irrgularit faisait

un modle

ingrat.

Quelle diffrence avec

le

tableau de la galerie

Romanof reprsentant

les

grands-ducs Alexandre

et

Constantin Pawlowitsh en 1797! Ces deux beaux

jeunes gens, dans une attitude pleine de noblesse, bien qu'un peu thtrale.

110

l.AMIM
lia air

avci

de

liniil cl

de ^rcr (lan>

les iiliysioiioinies, scii)l)li'ii( se


^'('^il(
ciii

diriger
dirait

vers

le

lempie de

la

Sagesse, de

la

des Lois

;,

eoninir

(ui

alors. Ils porlent lgaiiinienl des liahils de soie iilanelie avee les maiilcaux
cl le collier

de l'ordre.
les

Le dcor sur lequel

deux ligures

se dlaeiieiil n'esl pas


la sincrit

un loud de fau-

laisie, cl les dlails d'archiliM-lure

concourent

de l'u'uvre. Lamtii

leeul poui' ce tableau [2 000 roubles


et

on

commanda

d'aprs

lui

une
le

minialure qui est conserve dans


salon chinois de Galchina.

La noblesse,

comme
:

on pense, ne

resta pas en arrire

la

princesse Dolle

gorouki.

la

comtesse Polemkin,
le

prince Savadowski,
lialoir

prince Sclirr-

suivirent l'exemple del famille

impriale.
tait

Un

portrait
il

du comte
peu de
la'

Lilla

encore Paris,
la

ya

temps,,

dans

galerie de

M""

princesse

iMatliilde qui l'a offert

au gi'and-duc
le

Vladimir. Lampipeignitaussi

prince

Nicolas Yousoupof, clbre par ses colleclions de tableaux et d'objets d'art;


le

comie Alexandre StrogonolT, marla

chal de

province de Moscou, que

la
/e

Grande Calherine avait surnornm


LeS cnANDS-DUCS
Alexanipiie et- Constantin PA\vi,owiTstii
(Galerie Honianon').

Mcujol, et qui lait pi'sidenl de l'Aca-

dmie des Arts;


Samo'iloff,

le

comte Alexandre

neveu de Potcmkin; Franliste, le

ois d'Altesli, lavori

du comte Zouboff
le l'avori

et,

pour terminer celle longue


II,

comle Zouboff lui-mme,


ses

de Catherine

ce dernier portrait,

un de

mieux

russis par la correction

du dessin

et le

naturel de

la pose.

En
cette"

ce temps,

Lampi

est le conseil trs cout


il

du comte Puschkin, prsi-

dent derl'Acadmie des JJeaux-Arls;

reoit, titre de

membre d'honneur
il
fit

de

compagnie en

17!)4,

cinq mdailles d'or cl deux mdailles d'argeni frapla

.p'cs co'riimc prix

acadmiques. Ce sont ces sept mdailles dont

prin-

LA MPI
cipale pice de ses armes,
le

m
jour o
la

l'empereur d'Autriche
noblesse.

lui

confra

Six ans durant,

Lampi

fut le peintre
qu'il

la

mode

Saint-Ptersbourg

quitta l'apoge de sa

renomme.

En 1798, il revint Vienne oi il termina quantit de portraits dont il avait


depuis longtemps achev
la tte

seule-

ment. Accabl de commandes


lant avec

et travailil

une

pareille

mthode,

est

fort croire

que malgr

la collaboration
et celle

de son lve Kreutzinger

de son

Le comte Zoi'BOFF

fils

an,

ses

modles devaient

attendre plusienrs annes avant


d'entrer en possession de leurs
portraits. D'autre part, cette trop

grande

production

ne pouvait

manfjiier d'amener de l'irrgularit

dans
s'il

la qualit

de ses uvres;
incontestableil

mais

en

est

ment

de mdiocres,

en

est

un
l'ail

plus grand

nombre de
lui

tout h

remarquables qui

assignent

le rang le plus honorable parmi

les peintres

de portraits.

Il

i)eint

encore Vienne, cette poque,


le

roi

de

Sude

Charles XI 11

avec un norme porte-voix sous


le

bras,

puis

le

duc

et
le

la

du-

ChAU1.es

Xin,

ROI DE
tic

SlDE

chesse de Sudermanie.

comte

iCIileau roval

Rosenberg}.

11-2

I.AMl'l
cl

Fraiirnis de Sauraii
uni'
l'i'jiriiilurliiiii
(>!

deux

i)ur(rails

de

l'"ran(;(>is

I"',

l'un en
jiied,

Imslc

iluiil

mi palais royal
cnliii

Milan, l'aulrc en
porliail
ilr

de t^randeui-

rialiiirllr.

Vic'iiiu'

mi ma^nilique

la

juiiicesse Scliwarl-

zonluTi;.

L'iiMl'EUKlll FllANOlS l".

pal-

L>MrIJ0Ulu>

Nous n'avons voulu

c'iudier Lanipi

que

comme

portraitiste,

nous ne pouet

vons pas cependant passer sous silence ses tableaux d'histoire


reprsentent des scnes mythologiques,
tels
et

ceux qui

que Les Vestales senfuyanl de


et

Rome, Le sommeil de Vnus,


caracti're

V Amour

Psych

une Hb, figure d'un


la galerie

beaucoup plus moderne, qui


liuir celle

est

Vienne dans

du baron
le

de Bourgoing. Pour

nomenclalure des uvres du matre, que


il

lecteur trouvera peut-tre

un peu longue,
son
fils

nous reste parler de ses portraits


portrait

par lui-mme

cl

de celui

d(^

au.

Nous ne connaissons aucun

La.MI'I.

h\

l'UINCESSE PaLI.INE HE ScIlWABZENBF.nG

LAMIM
do lui dans sa jeunesse
;

113

celui

que nous reproduisons

et oii

il

s'csl

repril

sent tenant une palette la main, montre toute la vigueur de son pinceau; a
le style

d'une figure de David, on peut y trouver une ressemblance physique


;

avec ce grand matre

mmes

qualits dans celui de son

fils

avec son

petit-fils

prs de lui. Ces deux portraits sont au

Ferdinandeum

',

Innsprilck, et ont

Le sommeil de Vnus
(Muse de Vienne).

lgus,

ainsi

qu'un autre, reprsentant

la

femme du

peintre,

par

la
il il

baronne Hell, ne de Lampi, morte Salzbourg en 1892. Le portrait o


se reprsente vieilli, avec les

cheveux blancs,

est

l'Acadmie de Vienne;
trait

est particulirement intressant

par l'esquisse au

du

portrait de Fran-

ois l" sur la toile pose ct

du

peintre.

Il

est difficile de

dterminer
trs

la

date exacte o
ses toiles.

il

fut fait, car

Lampi ne

signait et ne datait

que

rarement

'

Le FcrdiuandeuiD possde encore

un beau

portrait

du baron de Spergs par Lampi.


la

114

l.AMI'I

Avec

losprolils, les Ikiiuu'ius lui laieul wiki.s; en


;

IT'.IM, il e.>l

le

eiievalier

Joan-Baplislo doLanipi

en

179'.*,

liourgoois honoraire de Vienne,


18<Mi,
il

membre

de

l'Acadmie des Beaux-Arts de Sude; en


de Vienne: lois de
la

eaiiilaine

du corps

aiatltMiiiiiiie
la

campagne de

IStl'i,

s'occupa avec lanl d'acli\il de


lui

sanvegarde des collections impriales que l'empereur


vanle. en

remil l'anne sui-

mme

temps que sa nomination au grade de major dn corps acad-

mique, une riche tabatire d'or avec son portrait sur mail.
lorsque l'impratrice de Russie,
le

Un peu

plus lard,

roi et la reine de Bavire se rendirent


181'), ils
fils

Vienne, l'occasion du Congrs de


vieux peintre
(|ui

ne manqurent pas de visiter


il

le

leur prsenta son

aine avec leqnel

ira\aillail encore.

dix ans plus lard,

un

retable destin

une

glise.

On

le voit,
:

Lampi ne
prix

dlaissa ses pinceaux que lorsqu'il y fut contraint


rsilier les

par l'ge
il

un peu avant de
un

fondions
la
il

qu'il remplissait

l'Acadmie,
;

avait fond

pour rcompenser
le

meilleure tude d'aprs nature

peu de temps aprs,

11

lvrier

1830.

mourait, g de prs de quatreet

vingts ans. ayant parcouru une carrire des plus heureuses remplies.

des

mieux

D'aprs ce qui prcde, nous esprons

qu'on trouvera

comme nous que


un
dn
la vrit

Lampi
rle

fut

un

peintre d'un rel talent, sachant faire jouer ses modles


qu'ils tenaient

conforme celui

dans

le

monde, leur donnant

geste et des altitudes, des expressions vivantes, personnelles et varies, avec


parfois

un peu de mollesse dans

la facture,

mais toujours d'un dessin large

et

correct. Enfin sa peinture a le double caractre

que doivent rechercher pardignit


;

dessus tout les peintres de portraits, la simplicit


tact, le

et la

il

a en outre du

sentiment des nuances

et

assez de souplesse pour


les ides, les

s'accommoder aux
et les

changements qui
ses

se produisent
a
dit

dans

murs

modes.

Inde

contemporains
est

de

lui. fort
.

justement

Lampi

est

pour Vienne ce

que Largillire

pour Paris

Lampi
en 1783.

eut deux enfants, peintres tous deux

Jean, n en 177o,

et

Franois,

Ils

imitrent leur pre, variant peu sa manire. Franois, cependant,


;

qui s'tablit Varsovie, s'adonna davantage au paysage


sitions

il

peignit des compoeft'els

dans

le

genre de Joseph Verncl et de Casanova, avec des


fixa

de

lumire presque audacieux pour l'poque. Jean se


faire des portraits,

Vienne

et
;

continua

mais sans atteindre

la maestria

paternelle

un de

ses

LAMPI
meilleurs est celui du bourgmestre Wohlleben.
fit

On peut

encoi'e citer

ceux

qu'il

de l'empereur Franois.

Son
succbs.

fils,

Jean-Franois de Lampi,

fit

aussi

de la peinture, mais sans

^^^^^Hjj^^^^^^^^^^^^

'^-'^^^^^^^^^^^^1

^^^^^B

'^f^^^H^I

^Hi

j
^^m

J^l

^^^mKh^hPS

wm
^^^mJ^.
Nous ne savons
a racont
s'il

WA BH^I
Lampi, mais on nous
vtu et

L.V-UPI, par iui-mynie i^Acadniic des Beaux-Arls, Vienne).

existe encore des descendants de

qu'un jour Vienne, vers 1830, un


fille,

homme pauvrement
Prince,

presque aveugle, conduit par une jeune

se serait prsent chez le prince


dit-il, je

Gortchakow, ambassadeur de Russie


suis le petit-fils

la

cour d'Autriche.

du peintre Lampi

mon

grand-pre avait exprim


la

le dsir

que dans notre famille l'esquisse du portrait pour lequel avait pos

Grande

lie

I.

Wll'l

Callierino fnl toujours conserv, mais noire

dnuenienl nous

oljlij,^e

nous

en

ill'aire cl

je viens prier Volro Excellence de venir le vnii\

Le prince iiquiesea
lu'iiu
l'I

celle rcqule.

el

accompagn du lianm de Muicnallaclis sa mission,


il

du prince DeniidoirSan DoikiId. alors


Ce ne
l'ai

alla xoir

le porlrail.

pas sans une certaine molinn qu'ils apcn^u'cnt une


les saintes

petite

lampe allume prs du lahlrau. comme devant

images. Celait

encore un

vu

de

Lampi

qui voulait perptuer de cette l'aonlu reconnaisil

sance qu'il n'avait cess d'avoir pour l'impratrice laquelle

devait

une

grande partie de ses succs.

Le prince Demidoff acheta


donna Catherine
lui
II

le

tableau

el

deux autres

toiles

du

nuiilre

il

son chef, les toiles au haron de


l'on retrouvera peut-tre

Morenheim, gardant

jiour

un

livre,

que

un jour, o Lampi

avait inscrit les

portraits qu'il avait faits, leurs dates, le

nom

de ses modles et les prix pays

par eux. Nous ne pouvions mieux terminer cette t.udc que par celle anecdote
qui montre que
aussi celui
si

Lampi, en vritable peintre, avait

le culte

de son art,

il

avait

du souvenir.

Fou-rnce r-Sa.i{ov ^Gv

FERDINAND DE MEYS
du
ce

la fin

xviii"

sicle,

un

officier

du

rgi-

ment
et se

Prince de Ligne

quitte le service
il

met parcourir, comme


:

le dit
.

en
Il

vers

Le monde

et ses divers

climats

possde un agrable talent de peintre, cultiv

dans ses

loisirs

de garnison, et avec lui,


s'ouvre son initiative.

un

champ fructueux
ou
AtK.er-^arliP'.'L^^

D'origine wallonne, c'est


folie,

par sagesse
qu'il a quitt

emport par l'amour

2^^B
sa terre natale.
le

il

Aprs avoir t, de Mars,

nourrisson

, il est all

habiter la Russie,

oi

trouve
...
((

un Prince ador,

la

noblesse polie,
.

Hospitalire et douce, amateur des Beau.\-Arts

L, enfin,

du Dieu malin,

il

prouve

la

puissance

118

rEKDlNAM) UK MKVS
Do noiro galant voyageur qui trousse
ainsi

peinture et petits vers, vous


les

ne rencontrerez point trace chez


tiques d'artisles.

les

aulrurs

grands rpertoires signal-

Nous dcouvrons seulmicnl son nom, Ferdinand de Meys,


nous ont

au

lias

de i|U(l(|ues compositions, devenues 1res rares.


(l'une

Cesl

poigne de doeumenls
le

(|iii

rlr iiiniaideiuenl ciininuijjanale.

niqus par un descendant


Il

Meys que

se

dgage celle ligure peu


art
il

esl

cerlain qu'au point de vue


le

du grand

eut l peul-iMre inutile


triple

d'voquer
artistique,

souvenir de ce peinire amateur, mais, sous ce


et

aspect

mondain
nous

commercial, un

vritable intrt s'attache sa

mmoire,
1res

parce qu'elle

l'ail

connatre une sorle d'exporlaliuu d'eslampes,

caractristique dans

le

rayonuenu'nl de larl franais en Europe,


parce
fiu'elle

la

lin

du

.wur
aux

sicle, el surtout

nous montre
vii^

le

mrite d'un gentilhomme

prise-;

avec les

dii'licults

de

la

malrielle qu'il sut vaincre par son

travail et les
firent

ressources qu'il put lirer de son talent d'amaleur.


la

comme

le

peu prs
le

mme

poque
le

le

marquis de Paroy,
el

le

comte de

Galard,

comte de Bonneval,

marquis de Luhcrsac,
les

laul d'aulres.

Ce que nous savons de Ferdinand de Mevs par


extraits de journaux,
[>lacards

aimables petits vers,

imprims,

listes
et

de souscriplion. est piquant


il

d'inattendu, surtout lorsque, sur celle posie

ces rclames,

semble rester

comme un parfum
nous
olfi'e

de poudre

la

Marchale.
la
:

Ces donnes rpondent bien


de Ferdinand de ^leys
l'ancien

physionomie qu'un
ici le

porirail

du Icmps
genlil-

nous avons
tle

type connu d'un

homine de

rgime.

Celle

forle

et

aristocratique a des traits


;

expressifs, et les

grands yeux

vifs brillent

d'enjouement

la

bouche
et

se plisse

d'un sourire

o se trahit

le caractre

d'un

homme

d'esprit

d'un bon

vivant. Sur son large front

bomb, mis en

saillie par des boucles rejetes

en

arrire, trouvent place nergie sereine et passions, gots d'esthtique et initiative pratique.

Remarquons encore que


en 1702,
i

la

miniature qui

le

reprsente ainsi

a l peinle par lui,

Boston.
type d'artiste
le talent

Dou de dons naturels, noire peintre sera un


employant pour
et

amateur

la vulgarisation
tels
;

de ses compositions

de dessinateurs
et

do graveurs

que Jean-Jacques Avril, Auguste de Saint-Aubin

Le Barbier l'an

il

obtiendra de trs belles reproductions et saura merveil-

leusement en

profiter,

en
il

les faisant valoir

auprs des grands.

Dans

ses voyages,

utilisera avec habilel les

noms

de ses collaborateurs

FERDINAND DE MEYS
et tous les

lia

moyens de

publicit pour

se faire connatre el bien venir. Enfin


il

grce sa

muse

facile, tandis qu'il offrira le relletde sa palette,

smera des

bouquets Chloris pour ajouter l'clat de son art


Jean-Jacques Avril,
il

et la diffusion

de ses uvres.
:

le

graveur d'histoire

qu'il

emploie, a un rel talent

a grav pour Wille, Joseph Ver-

net et autres artistes connus.


Voici la copie de l'acte que notre
peintre

passa

avec

J.-J.

Avril

dans l'accord, intervient en qualit


de dessinateur Le Barbier l'an qui
tait

depuis 1785

membre

de l'Aca-

dmie royale,
roij

titr

de peintre du

Copie de

mon

contrat avec

Nous soussigns, Jean-Jacques


et

Avril

Ferdinand

de

Meys,
nous ce

sommes convenus
qui suit

entre

Moi,

Jean-Jacques Avril, je
tout
le

m'engage graver avec

Ferdinand de Mevs
(rainiature
jiar

talent dont je suis susceptible,

une

lui-mnie).

planche de vingt-deux pouces de


hauteur, sur vingt-sept et demi de largeur, reprsentant Catherine seconde

voiageant dans ses tats, d'aprs

le

dessin original de M. Le Barbier l'an,

pour

la

somme

de douze mille livres que M. de Meys s'engage


:

me

payer
ladite
trois

en quatre termes, savoir

trois

mille livres avant de


faite, le

commencer

planche, trois mille lorsque l'cau-forte sera


mille livres

troisime terme
le

aux

preuves de retouche,

et le

quatrime,

dernier terme,
ledit

trois mille livres

pour complter toute

la

somme

convenue, lorsque

M. Barbier aura attest ladite planche termine. Je m'engage de plus


rendre ladite planche termine au terme
fix

de quinze mois dater du jour

que

le

dessin

me

sera livr, faute de quoi, je consens perdre mille livres


qu'il n'y ait sujet

du prix convenu entre nous, moins

de maladie prouv,

120
ol

FERDINAND DE ME Y S
moi,
dis,

Ferdinand Meys, promels do

l'aire

les

payements ci-dessus
des engagements du

conformmenl aux poques


sieur Avril.

stipules, el suus la loi

Paris, ce 23 juillet [IHH.

Approuv

ri'criture ci-dessus,

F. DR Meys.

Avuil.

Fait

duMe enhe nous,


AvaiL.

Cette copie est suivie de celle-ci

Copie des quillances jointes audit contrat.

Je soussign, avoir reu de M. de Meys la

somme

de trois mille livres,

pour

le

premier terme de notre engagement.

Paris, le 23 juillet 1788.

Avnn,.

Je soussign, reconnaisavoir reu de M. de Meys


l'an reprsentant Catherine
II

le

dessin original de
la

M. Le Barbier

voyageant dans ses tats de

composition dudil sieur de Meys que je

me

suis

engag de graver

au.K condi-

tions faites entre nous, et ds ce jour, nos conventions ont lieu.

Paris, ce 15 aot 1788.

Avril.

J'ai

galement
pour

la

quittance de M. Le Barbier des deux mille francs que


dessin.

je lui ai pays

mon

D'aprs le catalogue des uvres d'Avril', Catherine II voyageant dans ses


tats en

1787

est date de 1790,

poque laquelle

cette

estampe a

t termi-

ne. L'impratrice est reprsente

en divinit antique, monte sur un char

conduit par des

Amours

et

prcde dans les nues de

Renommes aux

ailes

'

Cl.

Ch. Blanc. Guide de l'amateur d'estampes,

t.

III.

p.

113, u lii.

FERDINAND DE MEYS
dployes
;

121

sur son passage, une

femme

sous les
et

Iraits

de M' de Meys jelte

des fleurs, la

foule des paysans racclamcnt,


P''

dans

le ciel,

en compagnie de

Jupiter, Pierre

souriant assiste ce triomphe.


et

Le got du temps, pompeux


composition,

mythologique, dans lequel est


au
ralisme,

faite cette

choque notre

tendance

ou nos

conventions

modernes

mais en

tant

qu'une

allgorie, le tableau est bien

com-

pos et l'ensemble harmonieux.

Pour Catherine

II,

Ferdinand
fois,

de Mys a travaill plusieurs


et
il

a confi

le

soin de graver

un

beau portrait d'elle en mdaillon,

au burin d'Auguste de Saint-Aubin.


Notre peintre est

mme

l'auteur

du

quatrain indispensable qui accom-

pagne

le

mdaillon; sous sa plume


le

d'ailleurs,

vers coule facile, au

bas de bustes et de dessins \

Bien reu
la

la cour, c'est

encore

mme impratrice,
adresse,
le
.

que M. de
sa
,r
,

Meys
fte,

l'occasion de

huitain

qui

commence

,,^-,

ainsi

(miniature).

Que fonVir pour bouquet, auguste Catherine"? De la part des mortels, rien n'est digne de toi.

Mais passons... Nous signalerons encore de lui un portrait de Paul


miniature trs vivante dans un cartouche somptueux. Par
' Il n'en pargne pas s'exprime ainsi
:

I",

la

plume

et le

mme
i<

le portrait

du mdecin Macquart.de

la

Facult de

l'avis,

au bas duquel

il

Des mdecins franais, il est le plus aimuble l'esprit de Buffon, aux Fabus de Gallien, II joint le don de plaire tous les gens de bien. Il n'a qu'un seul dfaut vraiment impardonnable
;

C'est

de courir le

Monde

et la Socit

Et de s'en faire aimer pour tre regrett.


.4

Moscou,

le 9

dcembre

1784.

16

i-:2

riM'.in \
il

\Mi

ni',

mk vs
ne pouvail
es ideinnient
leui' C-lvo

cniyou,

llallail

los
la

souverains, mais
vulgarisation de

l'ieu

plus agrable qui'


tlu

l'hommage

urlisTuiin' qu'ils recevaient

galant peintre.

Nous avons
qui
a liait la

ainsi

nue manire de eirenlaire


et la

im[H'iuire.

erile

eu

russe,

fameuse estampe triomphale


auli'e e(mip(isili(Ui

diMil

i'orl

eoni[)iaisammcnt.
fait

De mme, nue

similaire,

son pendant,

l'objet

il'un

pareil plaeard descriptif.

Par

le

sort de celte seconde gravure

sort sur

lequel d'ailleurs nous avons plus d'un document

nous

pouvons nous rendre


la

compte

lie

la

faon dont uolie artiste amateur. 1res pratique, exerait

fois la llallerie

du courtisan

et sa

science do la rclame.

C'est d'abord par trois


et

imprims successifs que Ferdinand do Meys explique


lit

reprsente

la

nouvelle planche qu'il


;

excuter par Avril en

ISO^'i

'.

Vn
litre

exemplaire est en russe


dill'renl. l'un

il

y en a deux en franais, chacun avec un


la

pour annoncer
poi'te
:

publication, l'aulre pour en achever la diffuil'un dessin al/rguriqtic...

sion. Le

premier

Proyrannue
pour

compose
et

et des-

sin jKir Ferdiiiitnd de Mei/s

rire

grav par soascrijilion


;

ddi

Sa

Majest l'impratrice Elisabeth Alcvieicna


altr/oriciuc...

Y i\i\\ve

Description de t'estampe
et

peinte par Ferdinand de Mei/s, grave Paris par Avril

ddie

S. M.,

etc. le

Ce sont des feuilles simples gr. in-8" encadres, dont nous repro-

duirons

lextc en appendice.

Muni de
locales,

ces

imprims
11

el

obissant son
el l'on

humeur voyageuse, M. de Meys


s'en aperoit.

boucle sa valise.

traverse l'Europe

Dans

les gazettes

ces petits carrs de papier en

feuille

double sur deux colonnes,

des articles paraissent qui, bien qu'

la suite

des autres, occupent presque

autant de place que les rcits des grands vnements internationaux.

Lui-mme

a rdig la

longue annonce que voici


si'jour qu'il a

M.

lie

Meys, aprs dix-sept ans de

l'ail

eu Russie, toujours

rempli de reconnaissance pour un pays qu'il a souvent regrett depuis cinq


ans qu'il en
le

est parti, et

pntr d'une admiration pour


fait sa

le

monarque qui en

fait

bonheur

enhardi par l'accueil qu'on a

premire composition de

l'estampe intitule Catherine II voyageant dans ses tats, vient de faire

un

nouveau dessin allgorique reprsentant Alexandre /" son avnement au


trne...

pour tre grav Paris par souscription

et

ddi Sa Majest l'imp-

'

N lia du catalogue pulilic par Blanc. lUiucnsions

larg. 6Si> millimctres. h. -loi.

FERDINAND DE MEYS
ratrice

123

lisabolh Aloxiewna qui a daign gTacteuscmonl on ag'rer la ddila

cace par la lettre

plus flatteuse

dont

l'artiste

a t

honor de sa part

Paris. D'aprs cette sanction impriale,

M. de Meys n'a point hsit de mettre


et

d'avance son dessin entre les mains de son graveur,


le

de se dterminer faire

voyage de Russie, apportant avec

lui l'esquisse de

son tableau, pour ouvrir

Catherine

II

voyageant dans

ses tats

(d'aprs la gra\ui'e d'Avria).

sa souscription.

En

passant Carlsruhe,

il

a cru ne pouvoir

mieux

faire

que
et

de rendre son premier

hommage

Leurs Altesses M^'' l'lecteur de

Baden

M""^ la princesse hrditaire, l'auguste

mre de
celte

S.
:

M. l'impratrice Elisabeth.
aussi, l'artiste

Ce beau sujet ne pouvait que plaire


l'accueil le plus distingu,

Cour

a-t-il

reu

toutes leurs Alt. S., ainsi que les princes de cette

illustre
les

maison, ont
la

fait

mettre leur

nom
;

la tte de la souscription; toutes

personnes de

cour ont souscrit

et S. A. S.

Madame

la

princesse hr-

ditaire l'honora d'une lettre


fille.

pour

S. M. l'impratrice Elisabeth, son auguste

A Manheim,

Darmstadt,
il

Francfort,
a trouv le

Leipzig,

Berlin-,

Mitau,
le

Riga.

Dorpat, partout sur sa route,

mme amour

pour

souverain

124

l'I'KDIN \\|i
l;il)lo;ui
lie

III'

MKVS
l'ail

dont son
ciilin,

rcliaco

rini;ii;(>

l'tdrj

il

prs

tic

300 sousci'ipkHirs
il

M.

Mcys

csl arriv depuis quelques jours

dans cette capitale,


impriales
cpii

eu

riionnem' de prsenter son esquisse Leurs


l'accueillir avec bont et... illustrer

MM.

mil (laii;n

son livre de souscription de leur noms.


d'aprs

tout

D'aprs

tant

d'augustes

sullrages,
et

l'amour qu'on

port de

temps aux arts en Russie,

l'encouragement (ju'ou leur a toujours

accord, M. de

Meys ose

se

llalier

que sa souscription sera bien accueillie,

qu'elle aura son effet complet, et

que MM.
pour
h
la

les souscripteurs

voudront bien
I"'

mettre
qu'il

le

moins de

dlai possible

remplir avant

le

de mai
diriger

aliri

puisse incessamment

retourner

Paris pour

suivre

et

son

ouvrage.

L'estampe, de la
ses riais,

mme

grandeur que

celle de

Calherine II voT/agcant

dans

cotera 20 francs pour M.M. les souscripteurs, dont la moiti


et le reste

se payera

en souscrivant

en recevant l'estampe qu'on promet de

livrer la lin de 1804.

Ceux qui n'auront pas


liste

souscrit payeront 30 francs l'estampe;


les souscripteurs

il

y aura

une

imprime des noms de MAL

qu'on donnera chacun

d'eux, avec la description de l'estampe sa livraison.

On

souscrit Plersbourg chez M.


libraire,
(sic).

Alici,

libraire de la cour, et chez

M. Klostermann,
depuis

rue d'Isaac, n 91, o l'on pourra avoir l'esquisse

le

A Riga, chez M. Hartmann, libraire. A Moscou, chez MM. Ress et Pancel,


le

libraires, et

on trouvera aussi chez


le

ces messieurs

prospectus de ladite souscription, ainsi que

programme du

tableau.
C'est

peu prs en ces termes que s'expriment

le

Journal politique de
le

Man/ieim, n 11, avec une Correspondance de Carlsrulie du 8 janvier, et

Journal de Francfort, n 20, article du 29 janvier


D'aprs
le

180.3.
la

Rigasche Zeitung, journal de Riga, 14 fvrier,


M.

reine

mre

aurait fait cadeau

de Meys d'une riche bague de brillants et lui aurait de recommandation pour sa nice l'impratrice de
il

donn en outre une

lettre

Russie. Par l'organe de cette feuille,

invila Riga lous

ceux qui voudraient


Il

souscrire, se rendre chez lui la Ville de Londres, u 3, entre 9 et 12.

leur montrait l'esquisse du dessin et les prvenait qu'on

pouvait

encore

acheter chez lui quelques exemplaires de sa gravure Voyage de Catherine.

FERDINAND DE MEYS
L'article

123

du journal' annonce

qu'il

en publiera

la description

au prochain

numro.
Dieu, en qui notre voyageur avait
foi

et

pour qui

il

faisait

galement

Paul

l",

empereur ue Russie

(minialure).

des vers, exauait la prire qu'il avait compose pour sa


voici dans toute sa navet
:

fille

Annette,

et

que

Grand Dieu! de mon papa, protge le voyage Sur ses jours, ses travaux, rpands tous tes bienfaits Que bientt, dans nos bras, couronn de succs. Il revienne jouir du fruit de son ouvrage.
;

Et quand

il

priait

lui-mme en

vers, voici

comment

il

s'exprimait

demande pas de titres, de richesses. Sur d'autres que sur moi fais jaillir ces largesses; Elles n'ont des attraits que pour l'homme orgueilleux, Mais, fais que mes travau.N. aient un succs heureux
Je ne
;

Cet article traduit de l'allemand commence ainsi Riga. 14 fvrier. M. de Meys. dj connu grand artiste par l'esquisse d'une admirable gravure reprsentant Catherine voyageant dans ses tats, est arriv ici de Paris .
'

comme un

126

riUMNAMt

m-

M F. Y s
;

De mes

faibles talents, protge l'innocence

que j'attends une honnte existence. Assez longtemps errant de climats en climats, En vain pour la trouver je transporte mes pas. Priv de ma famille, absent de ma patrie. Mes carts, mes erreurs, assez longtemps j'expie Daigne donc, mon Dieu, faire grce mes torts, Exaucer tous mes vceux, seconder mes eforIs.
C'est d'eux seuls
:

Il

retrouvait sa famille et sa patrie, mais, deux ans aprs,


et le

il

traversait de

nouveau l'Europe
combien

Journal de Francfort du 28 novembre

180-"),

nous apprend
r.XIle-

la souscription a t brillante tant

en Russie que dans toute


ici

magne
bourg

.
et

M. de Meys,

ajoute-t-il. vient

de passer

allant Saint-Ptersses

s'acquitte partout

sur sa route envers


il

MM.

souscripteurs.

Il

parait qu'il a rempli leur altenle:

a reu des cours de Carlsrulie et de

Wuret

temberg; l'accueil le plus distingu. Cette estampe, de la plus ricbe composition et d'un

grand

effet

les

portraits
:

de Pierre I", de

Catherine II
et
la

d'Alexandre P- sont ressemblants

et

par l'intrt du sujet


la

puret du

burin de M. Avril dont

les talents

pour

gravure sont connus,

elle

ne peut

avoir que le plus grand succs. M. de

Meys emporte avec


Il

lui le tableau orila

ginal qu'il a peint pour Sa Majest l'empereur.

est

presque de

grandeur

de l'estampe:

il

a 22 pouces environ de largeur, sur environ 16 de hauteur.


l'ont

Les amateurs qui

vu

et

admir disent que

c'est

un coup

de force

en

miniature, on n'a pas encore vu


aussi grande composition
.

un

tableau

si

grand dans ce genre, ni d'une

La

liste

des souscripteurs nous est conserve en manuscrit. Son attrait

rside surtout en la qualit des


toriques.

noms

qu'elle porte.
et

Beaucoup sont

rests his-

La noblesse russe, l'allemande

l'autrichienne reconnatront les

leurs dans cette nomenclature tablie par les localits, selon les tapes de

M. de Meys

'.

Et l'on pourra calculer

le profit qu'il a ralis

avec son entreprise

artistique d'aprs les prix fixs plus haut.

Le placement des estampes


ments. Le familier de nances dont
il

offrait

au gentilhomme voyageur d'autres agrtait

la

cour impriale

partout i-eu avec des prvevie chtelaine, chez

parle dans ses petits vers.

Douceur de

une
le

noblesse polie, o ses


'

murs

courtoises, sa

musc

facile

contribuaient

Nous publions

celte liste de souscription

en appendice.

FERDINAND DE MLYS
faire

127

rechercher et lui crer

les plus

agrables relations. Et sa plume et

son pinceau y trouvaient de quoi s'exercer.

Catherine

11

(d'aprs la gravure d'Auguste d Saim-Acuin).

Il

crivait de Liskovo, le 15

septembre 1803, au prince Massalsky.

Mon

cher Prince,

Je suis toujours

Liskovo, c'est

un

sjour que je ne puis quitter

cepen-

dant n'allez point

me

gronder, n'allez point m'accuser d'indiscrtion, les

12S
lioiili's i|u't>n

l'i.iiniXAM
;i

m: mkys
([lU'

pour moi no pcuvi'ul rlro


inthilucnl.
peinli'c.
el
el
il

sincres, elles paiicnl dr ((nir


le

Imp

lion

el

Irop

esi

iinpossiiili' (|iio

mien

nie

Ironipe.

IVaiilenrs,
j'aurais tl

coinme
nuHujuep

Unis les jours parmi d'aussi lieaiix modles,

la reeonnaissauee el

au Pieu de

la

peinture,

si je

n'en

eusse Irae les imaees. Vous-nu''me.

mon
huit

Piinee. m'auriez aeeus d'iu^raliel.

tudc

et

de mauvais got. Enlin,


je

ma

lche sera lenll remplie,

maliir

mes

resi'rels,

comple partir dans

ou dix jours pour

^sij^ni ofi je

ne

pourrai mieux m'en eonsoler (juauprs du plus aiiuahle des Princes.

N'esi-ee poiut assez galannuent tourm''.' Ailleurs, c'est sous l'ornn' de couplets, et sur l'air i'V'wjOTC vok/cz-vous

prouver? qu'il chante Slolbovo,


en l'absence de
I8(i7.

sjour

charmant, dlicieux
la

mais bien

triste

ses htes, le

prince cl

princesse de Massalsky, au mois de mai


Parfois dans l'amical

commerce

qu'il enireticnl a\ec ses hles.

une sorte
de Unes

de brise passe ridant d'iniiniludes ou de st'rupules,


prcautions.

si

ce n'est

r[>icurienne
:

assurance de ncdre i;entilhoninu' qui

ccril alors

an

mme
"

prince Massalsky

Mou

Prince,
et

Je suis sensible

trs

reconnaissant

aux bons

conseils

que Votre
de ne point

Excellence

me
de

fcher.
la

me donne Comment
ilu

el

vous avez vraiment raison de

me

dire

aprs toni, ne point entendre la plaisanterie, et surt(Uit


!

bouche

plus aimable des Princes


dlicatesse d'un Iionnle
a l'usage

Lorsqu'elle ne touche que l'amouret les intrts

pnqire. que
prise,

la

homme,
qu'on
a

de son entre-

quand on

du monde,
?

et

connu

les granils seigneurs,

se fche-t-on de ces misres-l

C'est

pure bagatelle, el
il'aprs les

c'est

peine perdue...
infiniment
I

d'ailleurs je

dois

en

tre

iiluli

glorieux,
la

choses

aimables dont

ma

honor

Madame

i^rincesse qui

me

veut tant de bien

Mais

tant de bieni

que

je suis si

pntr de l'excs de ses bonts, que dussai-je

lui paratre le

plus ingrat des


.l'en

hommes, ma modestie ne me permet plus de me


le

prsenter ses yeux,

sens tout

malheur,

^lais

il

faut se rsigner atout


j'ai

except cependant la perle de voire estime; de cette estime que

toujours

mrite de tons ceux qui sont


"

faits

pour savoir l'apprcier. Je suis avec respect.

Mon

Prince,
le trs

de votre Excellence,
Moscou,

humble

et trs obissant serviteur,

DE MEYS.

i>

lo 28 fviior 1808.

FERDINAND DE MEYS
Le prince retourna
qu'on en juge

129

la leltre

en raccompagnant de quelques lignes pleines


xvin'^ sicle;

Je ces traits qu'on retrouve chez nos meilleurs pisloliers du


:

Sauf

le

respect que je vous dois, votre lettre n'a pas le sens


croire

commun.

Je

commence vraiment

que^'ous tes vindicaliF.

Ma femme

n'est pas

Alexandre

l"'

a son AviiXEJiENT au trne


la gravure.'

(irapi-rs

d'Aviiir).

comme

vous, elle m'a d'abord engag vous prier de venir dner chez nous.

Finissez donc de faire l'enfant et venez aujourd'hui

manger

la

soupe chez un

malade qui peut mourir de douleur

si

vous ne

lui

accordez cette grce.

Nous voudrions pouvoir


Nicolas

citer

encore une longue pice de vers au comte

de ScheremetclT du 6 dcembre
et ses

1795 sur l'hospitalit du chteau


la

d'Ostankino

magnificences, ses galeries de tableaux, ses ftes o


les bals et les

comdie alterne avec

banquets de

trois cents couverts,

Cent laquais polis, de leurs mains attentives,


.

Prsentent l'ambroisie et les nectars flatteurs

130

l'I'HlilXAMi

ll':

MI'VS
sans nous allanlci'

Mais cela nmis

ciilriniiiM-nil
la

li'dp

Inin. cl
di'

un message

d'un tour original, pour

IVlc

de M"'

l'unicnelU",
i)ar

nous dirons deux mois

d'une uvre

lgi-e,

nu

('venlail

oll'erL

de
le

Meys

l'impralrirc Marie
I"

Feoilorowna o, sur une des faces, se trouve


el.

portrait de l'empereur l'aid


ainsi
:

sui' l'autre,

un long ponn^ qui eonimenee

V.h

quoi, le jour s'enliit, quelle horrible image

Suspendue dans

les airs et de triste prsage. D'une ternelle nuil sendde voiler les cieux.

Que

vois-je

?...

Coup

l'alat.

Caltierine

succombe

Une

royale tombe
la rivale des dieux.
fini

Renferme pour toujours


Enfin l'aslre du Nord a
Russie, apaise-loi
;

sa carrire:

dj par sa lumire

Un

autre astre s'avance en versant des bienfaits

Et d'un nouvel clat son puissant diadme

Protg par Dieu

mme,

Sur

tes vastes tals

va briller pour jamais.


la

Enfin, pour terminer avec

Muse de notre

peintre,

nous donnerons ces

quelques strophes de ses Stancr^ riniprratricc Marie- Louise.


France, sur les pas de
Tressaille de joie et
ta

jeune matresse.
;

d'amour

France, ouvre-lui ton sein, peinsdui

ta

douce ivresse,

Louise est
,Ie

toi
;

sans retour.

la vois

s'avancer

Elle a le

Tout en

elle

d'une vierge modeste charme et la candeur respire une grce cleste


;

Est-ce Louise? ou

la

pudeur"?

Ah! que dans


France,
il

les

curs son serment retentisse


:

affermit ton bonheur

Louise, ds ce jour, paisible bienfaitrice.

D Mars, enchane
Ils

la fureur.
!

Le grand Napolon doit des matres au monde


vont natre de son repos
lui,

Et Louise, par

mre heureuse

et

fconde

N'enfantera que des hros.

^loins heureuses que ses posies, les peintures originales de Ferdinand de

Meys, sauf quelques miniatures qui permettent de

jngei' de la souplesse de

EU DINA NI) DE AIEYS

131

son pinceau

et

d'un agrable coloris, nous restent inconnues. Avec les belles


et

reproductions par Avril

Saint-Aubin, c'est dj un point de

la

mmoire du

peintre qui demeure. Les rclames de journaux, les contrats, les prospectus
et les listes

de souscription, tout ce cl commercial en un mot, ne nuisent

pas ce rellet tnu d'une existence abolie; au contraire, tout s'agrmente des

badinages de rimes, des chos de voyage


d'aurole de petit matre donne

et

des succs mondains. Cette sorte


toiles, peut-tre

un charme bien autre que des


intelligents

contestables et dcevantes, la physionomie aimable de leur auteur...

Revoyez d'ailleurs

les

traits

et

enjous de

l'entreprenant

gentilhomme, vous revivrez un instant avec un attard de l'ancien rgime


pour qui, jusque dans
l'art qu'il cultivait, la vie avait

des sourires. Heureuse

poque finissante de noblesse


belles choses!

polie, hospitalire et douce-,

amateur de toutes

De

l'cho de diverses

bonnes fortunes, nous jouissons aujour-

d'hui avec une poigne de papiers de famille et grce la fe des lointains.

Les

souvenirs

ainsi

ravivs par la curiosit et l'imagination valent bien

n'est-ce pas?

pour leurs hros des gloires biographiques plus clatantes.

Eventail offert

i'AR

de MeVs a l'iupuatiuce Mauia Feodorowxa


1'=^).

(au centre le poi'Irait de ronipcrciu" Paul

APPENDICl

JNums
qui a l

di'

.MM.

les

souscripteurs selon

hi li^lc

origiiiiile

de

ia

suiisriijiliini

i'ailc

en 1803, par Ferdinand de Meys, pour l'eslanipe


et

alig()ri(|ne
/"''

de sa coniposilion,

grave
Iriir,

Paris par Avril,

reprscnlanl Alr.iditdrc

son avi'iicment au

ddie Sa Majest l'impratrice, son auguste


le i

pouse

.1

Carhruhe,

janvier 1808.

f>'<""i;"-c
,.

u oxctnpiaiics.

MM.

S. A. E. S. A. S. S. A. S.

Monseigneur l'lecteur de laden

Madame

la l'rincesse lirditaire
le l'rince le l'rince

de Baden, ne I.andsrave de liesse


''
. .

S. A. S. S. A. S. S. A. S.

Monseigneur Monseigneur

le
.

hrditaire Charles L. Frdric de I5aden

Louis de Baden

Madame

la

Princesse Frdric de Baden


le

Massias, charg d'affaires de

Prince Frdric de Baden la Rpublique franaise dans le Cercle de .'^ouahe. Le Baron de Geyling, ministre d'Ktat et des Finances de S. A. E. de Baden La Baronne de I^furdt, ne Baronne de Venningen La Comtesse de Fries, ne Comtesse d'Escherny Le Baron de Gausaas, grand veneur Le Baron de Kniestedt. conseiller priv Le Baron de Sandberg, gnral Cari Friderich Schilling Von Kannstatt Kamerherr

Monseigneur

Le Major de Seldeneek Le Baron de Beck, colonel Le Marquis de Montperny, conseiller Le Baron d'Edelsheim Henry Vierordt Le Baron de Geyer, grand cuier D. Seeligmann
Elkan. Reutlinger

p. act. et

Grand Marclial de

la

Cour

Le Comte Rgnant d'Isembourg


,1

Mannheim,

le

10 janvier.

Le Baron deWoellwailli Le Baron de Geiling, conseiller intime de


S. A. E. de Bavire Le Conseiller Stumm Le Prsident Baron Dalherg Madame la Baronne de Venningen Le Prsident Baron de Reibold Le Comte d'Arz, chambellan de S. A. E. Bavaro-Palatin Le Prsident Baron de llorel

FEUDINAND DE MEYS
MM.
Le Le Le Le

133

Baron de Hacke
Vice-Prsident Baron de Laraezan Prsident Comte d'Obensdorff Prince d'Ysemboug, Frdric-Guillaume
. .

Madame de

Beck, ne Vandermast

...
le

A d'Armstadl,
S. A. S.

li janvier.
2 2 2
1

Landgrave Rgnant de Hesse S. A. S. Madame la Landgrave Rgnante de Hesse S. A. S. Monseigneur le Prince hrditaire de Hesse S. A. S. Monseigneur le Prince chrtien de Hesse S. A. S. Monseigneur le Prince Georges de Hesse Helfflinger, charg d'affaires de la Rpublique franaise Le Baron de Perglas, marchal de la cour Le Gnral Lindau au service de Hesse d'Armstadt
Monseii;neur
le
.1

2
1
i 1

Francfort,

le

19 janvier.
1
1

Le Comte de Nesselrode Hirsinger, rsident de la Rpublique franaise

Bettman, conseiller de cour

et

consul de

S.

M. l'Empereur de Russie.

'2

,'','/'
av. la L.
1

Schweitzer, conseiller intime au service de S. A. E. Bavaro-Palatin

Le Comte de Schlitz

1
1

Chamot
Le Prince de Nassau Siegen La Princesse de Nassau Siegen

1
1

A Leipsic,
F. G. G. C.

le

S6 janvier.
4
;

Baumgartner Henry Rost el

C'"

A Berlin,
Sa Majest
le

le

S8 janoier.
12
'

Roi et la Reine de Prusse

Le Prince Henry de Prusse Sa Majest la Reine Mre de Prusse Frdric-Auguste, duc de Bronsvic Oels Princesse hrditaire d'Orange Prince Guillaume de Prusse Guillaume, prince de Bronsvic Le Prince hrditaire d'Orange Sophie, comtesse de Voos, grande marchale de la cour de S. M. la Reine de Prusse Le Colonel de Koennritz De Massow, marchal de la cour du Roi de Prusse Ed. Bignon, charg d'affaires de la Rpublique franaise D'Alopeus, ministre de Russie Le Prince de Radzivill Le Comte de Stadion, miuistre de l'Empereur et Roi LaDuchesse.de Courlande D'Engestrom, chancelier de la cour de S. M. le Roi de Sude

2 8
i

2
1

2
1
1

2 2
2
i
1

134
\IM
llnniii ilr
I.c CiiiiiLc

l'l"l;iil

\A

.\

Il

liK

MEYS

licilni

CiiloiuKi

Princesse Furilinand do Prusse


S. A.
l.

M;ulaiiii.' la

Priiiccsso Louise de Prusse, pouse

du Prince de

liad/.ivili.

Ilaugwit/,
l,c

Comle de Casa Valencia, charg d'adaires d'Espagne

Le Comle de Haudissin, minisire de Danemark Le Veaux De Kol/.ebue, conseiller de Collge de S. M. rEnipereur de Russie Ch:irlemagne, haron Skrbensky, membre des l-;ials de la Siisie
seiller tUi Conseil

anl""',

con-

des Nobles et clievalier de l'ordre de Malllic


.1

Milan,
de
la

le 76' fvrie/'.

iX.

d'Arsenieir,

gouverneur

civil

Courlande

Le Comte de Palden Le Chancelier laron de rioenn Le Comte de Medem Le Conseiller de Collge de liinenstam L'Assesseur de Collge de Bei'uer Le Conseiller d'Etat actuel d'Ofl'embei'g Le Conseiller d'Etat actuel el matre des lande, Guillaume de Derschau Le Conseiller Ilarder
Le Vice-Couverneur de la Courlande lirisconi
.1
,

l'orts

du Couveiuemcnt de

la

Cour-

Riga,
....

le
.

S3

fvrier.
( 1
.,

Le Prince

,.

,.

...

(laiitzin,

gouverneur militaire

av. la
,

.i

av. la

, I

Le Prince Serge Calitzin Le Colonel Sergeyei Le Docteur en droit de lioriskowsky

De

la Croix,

secrtaire de S. A. le Prince Galitzin, gouverneur militaire.

Le Prince Michel Galitzin Le (Jouverneur de Livonie de Uichler

Le Gnral de cavalerie de Tormassofl' Le Gnral d'infanterie Benckendorfl' Le Duc et la Duchesse Alexandre de ^\'urtemberg G. C. D. Muller
La Baronne de Lieveii

De Weyrauch, matre des postes du Gouvernement de Livonie De Gersdorl Landrath de Buddenbrock

De Grote De Transe De Bruggen


D'Oettingen
Sievers

Maurice de Vegesack Poorten Jun

FERDINAND DE MKVS
JIM.
P. Langewitz

13S

Meyrer Jean Hay


de AViecker Morisson
J.

Mitchell

De Wiedau ComLe George Mengden C. S. de Zimmormanii


John, de Blanckenhagen

W. de Blanckenhagen, conseiller de la cour ZoUer Lensmeister Joli. Erustre Kohlcr El. Vietinghoff, ne Comlesse Munnich Le Chevalier Hagelstrom Vice-Gouverneur livonien, conseiller d'ivlat et
Ilelmund. consul de Prusse
Klein
M""= de Lowis
L. F.

clievalier

de Becr

Zacharia
.-

Le Chevalier de Gersdorfl'

Alexandre de Rennenkampf La Comtesse Mengden


Ritler Slaats, nolaire, R. V.

Samson

von Auress Friedericli von Meiners Baron Wrangell von Cuhele


et Ritler

Land Rath

De Smilten De Helmerssen
Doctor Sommer B. II. Schnobel Le Chambellan de Ilagemeister.
Conseiller
II.
,.

de Bouchen

Conseiller Mersbier

Jean de Falose Henrich Gottlieb Bencken Briscorn, procureur


Martin Jacobson

Le Baron de Nolcken
.1

Dorpal,

le

7 mars.

J.

Baron d'Ungern Sternberg, vice-curateur de l'Universit


J.

M.

de Bock, conseiller d'tat actuel


l'Universit de

Pour

Dorpat

Avant

la L.

Professeur Parott Professeur Schalk


Professeur Morgenstern

Professeur

Hermann

Professeur Faescbe

Le Lieutenant-Colonel Prince Ilawansky

d30

F i:Ulll.\A.\
Colonel [uclimanoir
Coasi'ilicr litulaire Cliodolei

Il

lih:

MKVS
1

MM.

1
:

liaron
l^oiiilo

llani|i('

1
.1

SlackcUun-ir

D'Ennos De Knorring
Licvilonanl-(';ni''ral

de Kiiorrin;

Saint-Pterbonrg,

le

15 mars.
lu
ij

Pour Sa Majest l'Impratrice Pour Sa Majest l'Impratrice Mre Pour L. A. Impriales U'^ les Grandes-Ducliesses Marie et Catherine La Duchesse et le Duc Louis de ^Vu^lcmbe^g Le Gnral Hdouville. minisire de la RpuMiquc franijaise Le Comte de Strogonoll' Le Comte Dimitri Boutourlin
Alexandre Narischkin, grand chambellan
Narischkin, chambellan

....

2 2 2
3

2
3
1

Le Prince

Adam

Poninsky.-

2
i

Marine, olficier au.\ gardes

Comte Borizcky Gnral Major Gdlewsky Le Chancelier Comte de Worontzow


Prince Volkonsky.
.

1 l

2
1

Thomas de Thomou, Do Kalitcheff

architecte de Sa Majest impriale

i 1

Le Prince Paul de Scherbatof. Tonei Paul d'Oubril


Charles de Foussadier

1 1

2
'.

d
,

Prince de Wolkonsky

Alici, libraire de la Cour Doyen, professeur, peintre d'histoire de Sa Majest impriale Magnitzky Lomonossoff Lesseps, commissaire gnral des relations commerciales de France

5
1 1 1
i

Frres Livio

Le Comte Nicolas Tolstoy


KouschnicofT Le Gnral de Goguel Le Gnral de Rounitsch. gouverneur de Viatka Le Lieutenant-Colonel de Berens

2
2
2

Avant

la

L.

Le Grand chanson de Zapriajskoy

Comte Samoylow Le Comte Branicki


Le Prince Czartoryski La Princesse de Schakovskoy
L'ingnieur constructeur Brun-Sainte-Catherinc Le Comte Nicolas de Roumanzol

4 4
2
3
d

FERDINAND DE MEYS
MM.
La Princesse Beloselsky

137
3
1

Pour l'Acadmie Impriale Pour l'Acadmie Impriale des Beaux-Arts Timconskoy, docteur en mdecine Le Marchal Comte Nicolas de Soltykoff Le Gouverneur militaire Comte Tolstoy
Le Prince J. Gagarine Le Feld-Marchal Comte Kamensky
-.
. . .

3
1

4
1

3
3

Pour

S. A. R. Ms''

l'Archiduc Joseph Palatin d'HonsrriK

Le Prince de Lapoukliiue Aide de camp de S. A. Impriale, Colonel des gardes, Nicolas de Tschitscherine. Aide de camp de S. A. Impriale, Dimitri Draguileff Aide de camp de S. A. Impriale, le Colonel Comte Serge Munnich G. Michell, officier des curies de S. A. Impriale Me'' le Grand-Duo Constantin. De Laval, chamhellan actuel de Sa Majest Impriale

2
1

1 1
1

Comte Nicolas de Souboff Comte de Kotsclioubey


Lazareff
J. J.

2
2
1

Rogerson Berguine
Bihl

2
2
1

De

Le Comte A'alrien de Souboff

2
1 1
i

Le Comte Alexis Soltykoff Le Prince Wolkonsky, l'intendant gnral Le Ministre de la guerre Wiasmitinoff Le Gnral de Police Friederic von Ertel Daniel Camper, ngociant Le Comte Grgoire Orlolf Catherine de Novossiltzoff Le Comte et la Comtesse Orloff Le Prince et la Princesse Repnin La Comtesse Schouvaloff Bardewiek Michelde Mouravieff
Dersliavine

2
1

2
1

Avant

la L.

2
1 1

1
1 1

Le Comte de Wasiliel Le Prince Serge Dolgorouky. Le Comte de Lieven Le Duc de Serracapriola Aide de camp gnral. Chef des Chevaliers gardes, OuvarolT Le Baron de I^osen, ministre de Bavire Le Prince Alexis Kourakin Duval Le Snateur Koucheleff Le Comte Paul Koutaissoff Le Prince Souvoroff La Comtesse Potemkin Le Comte.Potemkin, officier aux Gardes Le Comte de Goltz, ministre de Prusse
.

Avant

la L.

1 1 1

3
1
1 1

2
1 1 1

18

138

KlDINANI) DE AIEVS

MM.

I.e

Ciiainl-Malre

tlo la

Cour Tarsoukofl'

UosenkranI/., minislrn do

Dancmarck

Lanskoy
l'.-J.

Sicaid
ISlaudiiw

1.0
.1..I.

Commauiloiii- d'Arango
Maiiitscharoir

l'icii-o
I.c

l'iince

de

("lOorgie

Nicolas Ivanovilzi'li do Masloi

Aloxoy KorsakolT Le Cliamljollaii do Swislouiioi


.Le Conseiller acUiol do S;imai-ine. Le Comle de Czeniiohei La Comtesse GoloHki 11, dame d'Iionncur
.

La Comtesse Elisalicth Colowkin

La Comtesse Sophie de ScliouvalolT Le Comte IJesborodko

Dourncff Le Snateur Comte

llinski

Demi tri de
RrutkolT

Cliwostoff
(ialilzin

Lo l'rinco Alexandre

Rayneval, secrtaire de

la Lgation Franoaisc Le Lieutenant-rinral de liusclien Le (inral Le/./.ano

....

N. TscliarikolT, clievalier de Maltlie

Le Comte d'Ostermann. chancelier


Jean
J.

Uamen

Ferber, fabrioani

Le laron de Rail
V. (Irootten, ngociant
. .

Le Lieutenant-Cnral Tschortkoff
.loan

Walser

Cresp

Vorsmikhindg, architecte do Sa Majest Impriale Le Baron Vainekor


C.-E.
(i.

La Costc

Klostermanii
d'IIertel

Le Conseiller de Cour

Le Gnral Major, Talisin Ilonrich Harder, bourguemaitre in Perme


Ivan l'ischewit/., lieutenant-colonel et chevalier.
.
.

Le Conseiller

lutlaire Nicolas Sabinin

Twer,

le 5

mai.

Vice-Gouverneur de Twer ArsenielT Le Gouverneur de Twer l'rincc Ouchtomsky .... Le sous-lieutenant des Gardes Dimitri OkounefT. Prince llawansky
.
.

(ioorge TepliakolT

FERDINAND DE MEYS
A Moscou,
MM.
Le Feld-Marchal Comte de SollykolT Le Prince Alexandre Kourakin
le

139

8 mai.
2 b

Le Prince Massalsky

Gouverneur

civil

de Moscou d'Arschenewsky

Conseiller de Collge de SelicofT

Prince Michel Calitzin Le Gnral Arcliaroff Nikita Petrovitsch Hitrow

Le Gnral Major Toutschkoff


P. de Miallef

Avant

1.

L.

Prince George Dolgorouky


A. Prince de Wiasemskoy Le Snateur Spiridow

La Comtesse Orlow Tscliesmenskoy


Basile Sclieremeteff

Le Prince Koslowskoy Paul de Camoreff Le Conseiller Led. Petrovitsch Sagriajsky Alexandre de Tscliesmenskoy Prince E. Kourakin
Prince Nesvitzky Le Grand-Chambellan Prince (ialitzin Lieutenant-Gnral Prince de Schahowskoy.
Nicolas Louguinine

Lieutenant Lagoffet
Colonel Doudin
Capitaine Bourzoff

Prince Paul Schahovskoy

Thodore Klutscharew
Jean de Pestel, snateur Gnral Spiridow, matre gnral de police Matre de Police Pierre Ivaschkoff Stepane Sanowlelf Jean Boulgasrew
Conseiller de la Cour Alexis MartinolT
Conseiller tutlaire Atalicoff

Assesseur Kurin

De Jermolol, gnral major


Prince Jean Tullakin
Dimitri de Kisselell'
Pierre de Lounine, lieutenant-gnral

Thodore
Pierre

KisselefT

Rimskoy Korsakoff

Alexandre Korsakoff
Pierre de Valoujeff

Assesseur de Collge Jean Volkoff Ekime Lazarew.

140

l'KlihI.NAM
A. Duuiassui
S. M('li,'iiuiion'

liK

MV.\S

MM,

Lo I'. V. V. Artcniit'w Alexandre liinsUy de KorsaUow

La

l'riiieesse Dolij;orouky
.

Serge de SollykolT Jean de MasslolT

Commandant

Ilcrs

Tlidore MossoltT

Vvant

la L.

Assesseur de Collge Niculas VennolaiefT Le (jnral Major de Korsakoll' Le Snateur Comte Ostcrmann

Le Gnral Demidoff 1 avant la Avant Le l'rince Michel Sergievitscli VolkonsUy Le Professeur de l'Universit Impriale de Moscou Tschebotarow Avant Le (inral de Vsevolojsky. Gnral Major Merlin Prince Pierre roubetzkoy Lieutenant-Gnral Prince lioris (ialitzin Le Conseiller d'tat actuel P. Arsenieff Le Gnral Major Kyperskoy Dimitri Schoukin
.

L.

et

la L.

la L.

Meybohm
Dimitri OlsoufielT

Titw
P. Likhareir

Platon Beketow

Jean Beketow Prince Ivan Bariatinskoy


JXicolas Alexis Scripitzin

Prince Basile llawansky, premier procureur et chevalier


Saucet, libraire de Moscou rsidant Paris

Pierre Montagne

Prince Pierre llawansky


Charles Hake
(inral Major de Souliotine

Thodore de Lopouchine Le Chambellan de Narischkin Andr Daschkofl'


Assesseur de Collge Pierre LissenkcIT Assesseur de Collge Jfime Joukoff Assesseur de Collge Pierre Souregouroll'

De Grouchetskoy
Le Gnral en Chef de Yeropkine
Prince de Daschkow Fdoloff, officier de police

Jean Pozzi Le Prince Nicolas Tcherkasky


Jlme Ivanitsch ProtopopolT.

marchand de Moscou

FERDINAND DE MEYS
MM.
De Mamonofr
Alexis BechtefT
.

141

Alex. Massalow

Pierre Yousclikoff

Pierre Oustinofl'
Conseiller d'Uit actuel de Mourawief
;

Le Snateur Prince Bagratiou

Le Snateur Nlidot Alexandre Arsniefl' Le Prince Nicolas TroubetzUoy Jean Cliodzkievieff


Franciscus Keresturi
D. Tarkeleff
'

Avant

la L.

Paul G. Koutousofl' Princesse Gagarin Serge Pouschkine


F.

Uowand

Alexis Pouschkin

Wsevolode Andrvitsche de Vsevolojsky Alexandre MaschkolT Alexandre PluschkolT Prince Jean Kourakin
Ivan Iladionovitsch Batacheff

Le Comte Thodore Tolstoy Le Gnral Major Grigori orniensky Gnral Major Yermolow La Gnrale lient' Tschernichefl'
Colonel d'artillerie Hagel
Nicolas Kaschkin

Gnral Major Jean Uounitsch


Dimitri Kaschkin

Le Prince Sibirsky
Gnral-Lieutenant KokousofT

Lieutenant-Gnral Comte de Goudovitsch Jean Zagriajskoy Michel Smirnoff Jean Jfimovitsch Le Prince Paul Mestschersky Paul Kaveline Comte Lon Razoumot'sky Le Prince Michel Galitzin Le Prince Pierre Obolensky Le Prince Dimitri Lwoff Le Prince Michel Petrovitsch Volkonsky Adjudant Alexandre Offrossimoff Prince Andr Gortchakoff Le Colonel Toutolmine

Nom

illisible

Le Conseiller priv Naschokine

142

KKIlDIXANIi
Prince Sorijc
(ialitziiic,

Di;

MKVS

MM.

culoncl

A Wladimir,
Conseiller d'ICUU Alexandre Zensino
1,0

le 1

S juillet.

Conseiller d'Etal actUL'l ul Chevalier Yiipsiioy

Prince Jean Dolgorouky, gouverneui'


.1

Xijny-Noivgorode,

juillet.

Le (louverneur Michel Anlonovilsch CliischkulV Stpane Fedorovitsch KoslolT


Michel Vassillovitsch uschakoir
Nicolas Ivanovitsch BouclivoslolV

Eudoxime

Fdorovilscli Kouprianofl'

Charles Maximovilsch Relibinder


Ivan Dimilrievilsch Dourofl'

Ivan DimitrieviLscli ZacharolV

Le Couverncur Andr Maximovitscli Courowsky


Pierre Andrevitsch

Marmouskoy

Dimitri Egorovitsch PolLschaninow

Frans Ossipovilseh Massari


Cnral-Lieiitcnanl Jean Blavine
Conseiller et Clievalier do Pracondine
Basile

Kabloukow
Iv.

Alexandre

Kastramine, fermier

Le Colonel et Clievalier Jacow. Jacowlell' Toussakoll'

Le Gnral-Lieulenaul Engelhard
Korisine
Iv.

Ant. Carnowsky
.

(inral Major Nicolas Dimitri BachmtieIT

Assesseur de ColU'ge Serge Pelrovitsche Skoufidine Flix Lojewsky, mdecin de Nijny


M'"" l'Abbesse NovikoIT, Nijny

Ceorge Pitzsch, conseiller du (Jouvernoment Le Prince Nicolas Schakowskoy Conseiller de Cour David Tschckerliaue
Le Brigadier
.1

Tschemadanow
Moscou, mois de dcembre
(expkditiox des gazettes

Vassili

Karnianow

Alexis

Soumaroukow

Avdotia Orlow
Ivan Belkine
Dimitri Ivenskoy

Dimitri Diagilew

Ivan Belkine

Paul

Naoumow
.1

Moscou, janvier I804-.

Daniel WoltclikoIT

FERDINAND DE MEYS
MM.
Appolon AnJritzch Wolkoff
Jlalhieu Olsoufiel

143

Le Prince Metschersky Le (jnral

Somow

Le linral Blankenliagen

Le Gnral Nisolsky Priekonsky


Pierre Kologrivoff

Comte Pouschkin

Nom illisible Nom illisible


Prince ^^|adimir Cherbaloff

Jean de Kocbeleff
Nicolas Naoumoff

Constantin de Voykoi
Prince Nicolas Yiasemsky

Prince Alexandre Lobanol


Princesse Marie Galitzin, ne d'Olsoufieff. Le Gnral Baranoff Prince Jacques LobanorC Prince Dimilri Lobanoff Prince Michel HilkofT Colonel Boris Blanc Andr Ladijensky
. .

Comte Nicolas Zotof' Comte Alexis Golowkin


Prince Alexandre Ouroussoff

Blancmnil, Paris
Boris Sagriajsky

Ostrowsky

Nom

illisible

Le Major Richter
Elisabeth BatachefT

Dimitri Yaukoff

Jean Valinsky Prince Andr Havansky Alexis Dedeneff S. Lwow Cadet


Nicolas

Dmianow
Londres

Harris,

Cornewall, Londres

Ladigensky Mackenzay, Londres


Gri.

RachmanofT

Le Gnral Solovoro Colonel Gribowsky


Princesse

Daschkow
.

Le Gnral et Chambellan Kombourley. Le Gnral RachmanofT

14V

l'KlDliNA.M)
A.laiu TMliclisIclirir

Dl-:

MKVS

MM.

Alexis Davidoir

Aloxandic KouibatofT
Conseiller priv actuel liiielhard
Ale.xaiulrc Jacovlefl'
,

Prince Alexis DolgorouUy Prince MenscliiliolV


I.e ])'

liriijadier

de Leau Dawidoi

Alexis Zybia

Le Prince Jacob Galilziu Prince Boris Tsclierkasky


Basile de Honouroff

(lnral-l.ieulenant Lvasclioi
ArLiLscliell'

Le Conseiller priv Lapted' Karabanoff W. WoulIT


D. Apoclitine N.

Karamsine
Avani
la L.
1

Prince Jacques Galitzine Prince Jacques de Gorgie

et

Dorothe de Tscbmadanol Prince (irigori Seherbatod' Jean Mennessienne,, matre de pension A. llornong M de Lapkoir Marie de TaliscliefV, nclijewski
Catherine, princesse de Troubet/.koy

Messendyk
KnaulT
(iruzelti

V.

AndranolT

Hembry

A Smolensk,
Le (iouvcrneur Militaire Apraxin

le

SO mars iSOl.

Le Le Le Le

Marchal de

la

noblesse Tschagarotl'

Conseiller de Collge Shlefing

Veneiir et Chevalier

Potemkim

Chambellan, Baron d'L'ngern Sternberg Le Conseiller d'tat Peleskoy Le Lieutenant-Colonel Badransky Le Conseiller d'tat, Vice-Gouverneur Shwikoflski
Basile Slnvikowski

Le Candidat en droits Christophe Beinek

Le Prince Boris de Galitzin


Le Colonel Lensky

FERDINAND
A Minsk,
le

I-:

MEYS

145

8 avril.
{

MM

Le Gouverneur et Chevalier Karuieff L'Archevque de Sliins et de Lilhuanie, MB'' Joba Le Vice-Gouverneur Benevolenski Le Gnral Major Schitzki Le Lieutenant-Gnral Islnieff Le Prsident du deuxime dpartemeni du Tribunal de Minsk Jean Czaplinski

2
1

1
1
I.

Islenski

...

1
1

A Wilna,

le

8 avril.
2

Le Gouverneur militaire Je Lithuanie Baron de Bennigsen Virion, docteur et inspecteur en mdecine Grodno T. Kukiewitz, procureur du Gouvernement G. Loschern, gnral major, chef du rgiment de dragons de Courlande Eugne Marcoff, gnral major et commandant du rgiment de Pskoff
'.

Comte Dimitri Tolstoy Le Comte Mostowski


Kochowski, directeur des postes Bagmewski, vice-gouverneur La Comtesse Tiesenhaus La Comtesse Kossakowska
Lieutenant-gnral Kaziewitz

Le Comte Brouwstowski, marchal de la noblesse du Gouvernement de Vilna Sigismond, Comte Grabowski, ci-devant cuyer tranchant de Lithuanie ....
Charles Czapski

Lebrun, premier sculpteur de S. M. le feu Roi de Pologne l'Universit et Acadmie Impriale de Vilna
Louis,

et

professeur de

Comte Tyszkiwitz,

conseiller priv

Le Lieutenant-Colonel Maselet

Alexandre, Comte de Lautrec Comte de Balmne .lrme Schreynewski, recteur de l'Universit de Vilna, pour l'Universit Le Comte Kossakowski Michel, Comte Oginski Michel Romer, prsident

Horn, assesseur de collge Joseph de Narbut

10

A Grodno,
Lanskoy, gouverneur
Lackniski, colonel
civil

le

17

avril.

Comte Niemziewitz, marchal du gouvernement De Giers, conseiller de cour et directeur de la douane, Grodno Clment de Laikowski, inspecteur des magasins de la douane, Grodno
h.

Le Chevalier de Meusche, conseiller de cour

et

commissaire de

la

navigation

du Nimen
Conseiller titulaire imoth Suchoduborski

Colonel et Chef du corps des Cadets de Grodno, Kettler


19

146
.\1.M.

l'EUDINANK
Lioutonaill

\)V.

MKV

S
1
1

du corps

(Casimir, Conile

lies CailoU GrabowsUi

l)/.ieckousUi

Pameiv.ynski, luair'chal de (irodiin

A Brzesc,
1,0

le

i'i'

cm-il.

Comlc de
Brzesc, chef

Latiiroroii.

lieulciiaiil-giiral.

inspoclcur

de

la

division

de

du rgimcnl du Uiasl<i Etienne Reiski, marchal de Hrzesc Lieulenant-Coloncl Iloraniezy du l?rzesc. Louis PeenzcrbiUcr
LiculenanI d'arlillerio lloven
I.e

Comlc Nicolas Kamenski,

tnral major, clicf

du

ri,'iment d'Arcliangel

Engelhard, gnral major, clief du rgiment de la Vieillc-Ingrie Le Conseiller de Cour Evrciuow Le Capitaine Pclr. Zollner, la douane de Rrzesc Litowski
Franois de Karka
Ignace Ursin do Niemcwitz
I.yszenysky. assesseur

AcTiuciiE.

,1

.1

Poulavi,

le i'

mai- N.

St.
3

Le Prince Czarloryski

La Princesse Isabelle Czartoryska Opole,


le

0 moi.

Le Prince Alexandre Lubomirski


Rosalie Lubomirska

De Moys, premier major du rgiment de


.1

Reiss-Groilz, infanterie

Lopol,

le 1

8 juin.

Le Comte Deyni. prsident des Appelles Le Gouverneur de la Gallicio et Lodomori, Chevalier d'L'rmnyi Le Comte Joseph Azewnski Le Lieutenant-Gnral Comte Oreilly Joseph, Comte de Swerlz
C. G.

de Glotz

Jean Hochler
Chret.

Henry Werner

Le Comte Thodore Poloeki Le Comte Lezanzki, vice-prsident de la (iallicie Grocholsky, palatin do Bruclari, colonel de S. M. Impriale de Russie
Cajetan, archevque mtropolitain de Leopol

....

Jean Symonowdz, archevque do Lopol, du rite armnien Joseph, Comte Plater, castellan de Troki et chevalier
Severin, comte Kalinnoski

Lucas Dombski, secrtaire des Etats de Gallicie


Ignace, comte Krosnowski

A Krakowiece,

le

S S juin.
MM. Impriale
et

Ignace, comte Lotner, pall. et conseiller de LL.

Royale

Le Prince Charles de Lorraine, commandant en Gallicie orientale

FERDINAND DE MEYS
MM.
La Princesse Etienne de Lorraine

147

A Cracovie,

le

S7 juin.
1 1 1

A. de Borosdin, lieutenant-gnral de Russie Le Comte Ignace Komorowsld

La Comtesse Czacka Le Comte Zaluski, conseiller priv de

S.

M. l'Empereur de Russie

I 1 i i
i

Michel Korvin Slcoruplca Casimir Oteelswusky, Conseiller du tribunal des nobles Le Gnral Comte de Nimptsch

Le Comte Paul Grabowski, ancien lieutenant-gnral La Comtesse Grabowska, ne comtesse Zelenska.

Moravie,

.1

Napageol,

le

IS juillet.

La Comtesse Cobenzl Le Comte Lopol Sternberg


Le Cardinal Colleredo, prince archevque d'Olmutz.
, . .

A Lisgruben.
Le Prince rgnant Louis de Liechtenstein.
.1
.
.

Vienne,

le

Si

juillet.
la L. la L.

Sa Majest l'Empereur Roy

Avant Avant Sa Majest l'Impratrice et Heine S. A. R. Mf' l'Archiduc Antoine, grand matre de l'Ordre Teutonique Avant S. A. R. Mi^' l'Archiduc Ferdinand, prince hrditaire
S.

2
1
1

la L.

A. R. M'" l'Archiduchesse Louise d'Autriche S. A. R MB"' l'Archiduc Louis s. A. R ME' l'Archiduc Rodolphe
s. A.
s. A.

1
1 1 1

R R

M6''

l'Archiduc Jean

Ms' l'Archiduc Charles


S.

Avant
A. R.
Mt"'

la L.

Le Comte Spork, lieutenant-gnral, grand matre de Antoine L'Ambassadeur de Russie Comte de Razoumoffsky De Champagny, ambassadeur de France Louis, Comte Cobenzl Le Commandeur Comte Grabowski Le Gnral d'artillerie Comte de Kaunitz Ritberg Le Prince de Kaunitz Le Prince Charles de Meklembourg Sverin Le Comte Xavier de Hersan
J.

l'Archiduc
1

Avant

la L.

et

2 2
1 1

Avant

la L,

et

2
1
1

T.

S.

Von der Null A. R. le Duc Albert de Saxe Techen


et

Avant
Royale P. Durieux

la L,

et

Le Conseiller priv de S. M. Impriale Le Secrtaire aulique d'Ankerberg

Pour la Bibliothque impriale et royale Le Duc de Beaufort Le Prince de Castelfranco, ambassadeur d'Espagne

Avant

la L.

d48

FERDINAND DE MEYS
I,a Comtesse Violoire de Colloredo Le laron Franc Marie de Carned StefTaneo Conslance, Comtesse RczwonsUa, ne princesse Lubomirslva Marianne Alcxandrowiez. ne Ldochowsiia
.

MM.

Avant

la

L.

{
i
|

Comtesse l'otocka Le Duc Ferdinand de Wurtemberg S. A. R. l'Archiduc Ferdinand et l'Arcliiduchesse D'Auslett, conseiller d'tat et d'ambassade de S. M. l'Empereur de Russie Le Clievallier de Mallia, conseiller d'tat De Saint-Saphorin, envoy ext. de Dannemarclv
A.,

2
. .

1
i i 1
1

Le Chevalier Paget, ministre d'Angleterre Sigismond de Greuzenstein P. Neef, premier directeur de la Compagnie Impriale

et

Royale de Trieste

et
1

Furne

A Raiisbonne,
Le Ministre Rsident de Russie KlupITell

le

aoust.
1

Comte de Stadiou, ministre imprial

et

royal de Bohme, la Dite

A Munich,
L'lecteur Bavaro Palatin

le

Si

aoust.

Avant

la L.

6
1 { 1

Le Conseiller priv Baron de Buhler Le Conseiller d'tat actuel Baron de Buhler Le Baron de Buol Schavenstein Elison Von der RecU. ne comtesse de Modem de Le Conseiller priv de Russie Baron d'Heyking
Le Comte d'Arco, "ministre de l'ordre de Malthe

la

Courtaude

1
1
1

Thedor,

comte opor Morawitzky, ministre d'tat

et

des Confrences

de
1

S. A. E. Bavaro Palatine Max, comte de Preysing


.1

Stuttgardt,

le

30

aoust.

S. S.

A.

S""=

lectorale de

Wurtemberg
. .

A. S" Electorale et Royale M""" l'lectrice de Wurtemberg Comte Wintzingerode, ministre d'tat
JacowlefT,

Avant Avant

la L. la L.

1 1

Envoy de Russie

1
j

Le Comte de Plater

Le Prince Eugne de Wurtemberg

NOTA.

S'il

y a erreur dans quelques noms, on voudra bien en excuser l'auteur.

Ko U r n

l.

e r-

5 a r 1-0 v4 :x,C,

COSTA DE BEAUREGARD
A Monsieur

le

Marquis Costa de Beauregard,

de l'Acadmie Franaise.

Mon
C'est bien le

cher ami,

moins que je vous ddie cette modeste tude, puisqu'elle est puise tout entire dans votre livre Un homme d'autrefois, monu-

ment exquis lev par votre talent et votre cur mmoire de votre anctre qui le mritait par un caractre et des vertus que l'adversit sem la
blait accrotre encore.
F. S.

E lecteur,

qui

aime

les

documents

ve'cus,

prfrera, nous n'en doutons pas, les pages


si

vivantes du marquis Albert Costa de Beausi

regard et celles
par
Tc.-...,;.".

primesautires

crites

notre jeune

artiste

Henry Costa,
et

notre prose personnelle


:

aux variations

que nous aurions pu excuter sur ce thme

Un jeune prodige en 1765.

Nous nous bornerons donc, en plaant

ct de la correspondance artis-

150

COSTA OK HKAlHECARn
si-s

tique de Costa les reproduelions de


sorte

trop rares tableaux, faire en quelque


l'inlil.

une

illustration de

ses lettres

nous esprons ainsi en doubler

Ilcnry-Joseph Costa

tait

n au chteau du Villard. en Savoie, en 1752.


la vieille

L'atmosphre
laite

([ui

l^uail dans

demeure seigneuriale
el

('lait

bien

pour mrir promplemenl un esprit veill

dvelopper des gots artis-

Le MMinris

IIen'uv

Costa

[ie

BEAniECi.uin

tiques.

Son pre,

le

marquis Alexis, comme nombre d'hommes de qualit de


il

l'poque, lail instruit;

aimait
JM""

la

posie et la

musique

et

peignait agrableet

ment sur mail

sa

mre,

de Murinais, nature leve

aimable, tait
l'duca-

aussi trs cultive. L'un et l'autre n'avaient rien de plus

cur que

tion de leurs enfants, ducation intelligemment comprise, o l'exemple tenait


la

premire place

et conlre-balanait ce qu'avaient

de trop pdagogique parfois

les leons

du prcepteur, l'abb Baret.


se connaissait en peinture
:

Le marquis

son pre

el

son grand-pre avaient

COSTA DE BEAUREGARD
rapport de leurs voyages en Hollande

151

et

en

Italie

des toiles de matres.

Chacune

d'elles avait sa lgende, et les

merveilleuses histoires que l'on confait

tait

sans cesse aux enfants sur la jeunesse des grands peintres avaient

Le

CIIEVREIIL

clore la vocation d'Henry dans les

singulires circonstances
les cris

que

voici

Sortant un jour de son cahinet, o l'assonrdissaient


dominait encore
le fausset

joyeux que
qui ache-

de l'abb,

le

marquis Alexis trouva son

fils

vaitde barbouiller

un panneau de

la salle

manger. L'enfant avait juste cinq

ans;

il

tenait la

main une queue de


tendre tour

poire et s'en servait


la

comme
et

de pinceau

pour mlanger

et

tour de

brique pile
copiait

du charbon,
Si

les seules couleurs qu'il et

pu

se procurer.

Henry

un Garavage.

I!)2

COSTA DE
l'l

BEA

IllEC A

un
pour un
riani,

trange que

col essai, le dessin cl la couli'Ui' laiciil iiicroyaliles


le

enfant et l'ensemble tellement exlraordinaire quo moiti pleurant d'motion,


enleva

marquis.
et

moili('
le

son

lils

dans ses bras

dvora de

caresses.

Le

petit se laissait faire et passait de

mains en mains.
,

Beau mtier de gentilhomme que

ce mtier de barbouilleur

s'cria le

chevalier de Saint-Remy, un vieil ami de la maison. Mais l'observation ne

Le chevalier ue IIubinais

porta pas,

et,

depuis cette poque,

le

got d'Henry pour

la

peinture ne

fit

que

s'accentuer'.

Costa n'tait pas, du reste,

le

seul exemple de prcocit au point de vue des


la

dispositions naturelles pour la peinture. Presque


terre s'merveillait de

mme

poque, l'Anglequi ds
qui
le

deux

petits

prodiges

Tomy Lawrence,

mme

ge dessinait les habitus de l'Ours-Noir, l'auberge paternelle,


de joie neuf ans devant un tableau de Rubens et qui, dix

pleurait

ans, vendait

des portraits, et Georges Morland, dont les dessins taient exposs par la Socit
'

A. Cosla de Beauregard. Un

homme

d'autrefois.

COSTA DE BEAUREGARD
des artistes quand
il

iS3

avait peine six ans,

et dont, la pice.

trois

ans aprs, les

bauches originales taient payes cinq guines

Adix

ans,

Henry

avait dj

im

lve, c'tait le notaire Girod, qui


qu'il

admi-

nistrait les

domaines du marquis mieux

ne l'auraitfaitpour

les siens,

considr par la famille

comme un
il

vritable ami.

Pendant une courte absence,

Henry, dans une

lettre sa

sur, aprs lui avoir parl des croquis de chiens,

de chevaux et de paysans dont


qu'il sera trs svre
t-il,

meublait son portefeuille,


de M. Girod, son lve.
et qu'il

la

charge de dire
Dis-lui, ajoutese

pour

le feuille

que

le

Dominicain a t buf avant d'tre ange


le

ne

dcourage

pas.

Et dans les soires d'hiver, pendant que


fils

marquis Alexis crayonnait

son plus jeune

la fable

du lendemain pour

la lui faire

mieux comprendre,

Henry

corrigeait srieusement les dplorables dessins de

M. Girod.

Au

printemps de 1766, aprs de nombreux essais qui ne nous sont malheupetits

reusement pas parvenus, Henry achevait deux

tableaux l'huile qui

vont jouer un rle dans un des incidents de sa vie de jeune

homme.

L'un nous montre un angle de

l'atelier

du Villard, haute pice lambrisse

de boiseries sculptes et dores, avec une riche corniche dans le got du


xvii" sicle
;

pour principal ornement, une pendule de Boulle sur son support.


largement
et trs

Le tout

trs

sobrement

trait

dans

la

demi-teinte et faisant

ressortir les personnages.

Henry
et

d'abord, qui s'est reprsent en habit citron,

un carton sur
lecture que

les

genoux

dessinant d'aprs la bosse, tout en coutant la


lui, le
le

fait,

debout derrire

marquis Alexis,

et

que semble suivre

avec un vif intrt son grand-pre,


l'ombre,
et

marquis de Murinais. En avant, mais dans

un domestique en livre
fond, sur
le

broie les couleurs. Le groupe est simplement

harmonieusement
Dans
le

dispos, les physionomies sont expressives et vivantes.

un

chevalet,

un

autre tableau l'huile. C'est un groupe

de famille dans
rire elle

parc du Villard. La marquise, assise au centre, ayant der-

Tlmaque Costa, chevalier de Minorit de Malte, mort colonel de grenadiers-, tient la main de sa plus jeune fille Clmentine, dont les deux
grandes surs, Henriette, qui devint marquise de Faverges,
et Flicit,

debout

derrire leur mre, compltent ce groupe charmant, trs naturel de pose et

bien dans

l'air.

Un garde
fils,

prsente
le

un chevreuil vivant conduit par deux pay-

sans, le pre et le
relles, tandis

qui

tiennent avec une faveur garnie de roses natu-

qu'un chien aboie au premier plan.


sa note bien personnelle

Dans ces deux tableaux, Costa donna

comme com20

154 posilioii
li-iires.
L'I

COSTA

i)h;

i;i:a

liiicA

i;i)

comme
el

larliiro.

Los scnes
;

soiil \ivaiiles

par

hi

vrile de luule.s les

des j)oses

des

mouvemenis

les coloralions
i'ellel

de l'intrieur de l'alplior
de plein air dans
le

sont aussi justes dans leurs demi-tointcs (jue

coin

du parc avec ses arbres, d'un dessin peul-lre un peu conventionnel, nuiis au fenillago lger cl largement peint.
Le

moment

tait

venu de

l'aire

sortir

Henry du Villard avec rarriro-pense

.^h lli.M.i

Costa de Demmieumih

de

lui

donner des conseils

el

des matres,

et

on

le laisse

partir pour Paris avec le

chevalier de Murinais, son oncle,

un gendarme du
caution, si

roi.

comme

guide

et

chape-

ron

chaperon qui prtait un peu

Ton en juge parle


la

portrait trs
et

enlev du chevalier par Henry, qui a su rendre


spirituelle de son

physionomie distingue
petit

modle

donnant l'impression d'un


le

matre plutt que

d'un sage mentor. Henry emportait les deux toiles dont nous venons de parler.

Premire tape Moulins, o

rgiment du chevalier
l'ail

tenait

garnison.

Mes tableaux, mon oncle


lettre date

et

moi avons
et

bon voyage
la

crit-il

dans sa

premire

de Moulins,

sans s'arrter

description des bril-

COSTA DE BEAUREGARD
lantes assembles o le chevalier le conduit,
il

155
l'art le

montre dj que

prend
se pro-

tout entier;

il

fait

un croquis du monument du duc de Montmorency,


av^ec soin les figures.
Il

mettant d'en dessiner ensuite

en

fait la critique rai-

DoN Quichotte

et Sancho Pan.a.

sonne, vantant la Charit, dans la tte de laquelle


les caractres

il

retrouve les traits

et

de

la

Vnus deMdicis,

s'extasiant devant les draperies sous lesdit-il,

quelles

le

nu

se sent

parfaitement,

louant les proportions de l'Her-

cule, etc. Ce jour-l

mme,

son oncle mit son talent contribution en lui faisant

faire des plateaux de sable color

pour un grand souper

qu'il offrait ses amis.

UIG

COSTA DE
Ds son
arrive^'
;i

HK.\riiEr,.\nn

Paris, lorsque le chevalier, allant ses affaires et ses


clans sa
le

lilaisirs, le laisse se
iliiili'

morfondre

chambre

d'htel,
le

il

en sort sous

la

con-

d'un laquais pour aller voir


il

monument
la

plus proche, la fontaine de

la

rue de Grenelle, o

admire

les

quatre gnies dus au ciseau de Boucliardim.

Puis, le Voyarjc pittoresque de Paris

main,

il

visite les glises. L'architecture

GuLLIVEa

de Notre-Dame,
Il

crit-il,

est fort estime,

quoique d'un gothique perfide

(?).

admire Saint-Roch parce que M. Falconet, qui en a dirig


voulu
iniiler

la dcoration,

n'a

personne

et a

donn un
.

libre essor son gnie, qui se rvle


lui aussi,

dans tous
la

les dtails

de l'ouvrage

Notre jeune critique d'art avait,


jour o
il

prtention de n'imiter personne.

Un

commence
et

craindre d'avoir

fait
.M.

un voyage
de Gastine,

inutile,

il

a la

bonne fortune de rencontrer


il

le

prcepteur de
connaissance,

un

des rares jeunes gens dont

fait la

qui, ayant jug ses essais dignes d'attention, le conduit chez Grcuze. Laissons
la

parole Henry dans cette lettre son pre, au sortir de l'atelier

Enlin,

mon

cher papa,

mes

alTaires

prennent un meilleur tour; quel

<

COSTA DE BEAUREGARD
homme,
m'y
parle

157

quel cliarmant

homme
il

que Greuze

Le gouverneur de M. de Gastine
la politesse

a conduit ce matin,

nous a reus avec toute


fait

imaginable,

il

comme un
le
11

ange.

11

nous a

voir quelques esquisses qui sont sur son

chevalet;
socit.

but de la peinture,
le

dit-il,

comme je
et la

le

regarde, est d'tre utile la


Il

veut montrer
soit

crime puni

vertu rcompense.

n'en est pas

un qui ne
Puis
et leur
il

un sermon...

fait la

description des tableaux, admire le

groupement des

figures

expression et trouve l'ensemble de son uvre suprieur celle de

Boucher, qu'il qualifie de


la

peintre la

mode

et

dont les sujets dshonorent

peinture et font perdre les


Il

murs
qu'il

ce qui devait tre

pour plaire au bon

abb Baret.

admire enfin

les ttes, leur coloris, leur

model inimitables,
d'un coloris parfois

mais

il

critique les draperies,

trouve lourdes

et

douteux.

La seconde
crit-il, est

fois qu'il

va chez Greuze,

il

porte ses tableaux.

M. Greuze,
si c'est

rentr quelques

moments

aprs

mon

arrive

je

ne sais

par
:

politesse, mais rien ne peut galer son


les bras

tonnement en voyant ma peinture


ne croirais jamais,
le cas
si

m'en tombent,
le disiez,

m'a-t-il dit, et je

ce n'est vous

qui

me

que ces tableaux sont de vous.


il

Cet tonnement de Greuze justifie bien,

nous semble,

que

l'on doit

faire de ces uvres. Greuze connaissait par exprience cet tonnement. Les

professeurs de l'Acadmie n'avaient-ils pas dout aussi que

le

tableau qu'il

leur prsentait ne pouvait tre de lui et ne l'avaient-ils pas oblig travailler

devant eux

Henry continue

Je

le priai

de critiquer

mes tableaux aprs

les avoir

considrs longtemps.

Je n'ai rien vous dire, m'a-t-il rpondu, sinon quil


la voie

faut bien

vous garder de vous carter de


meilleure
et c'est

dans laquelle vous

tes,

c'est sans contredit la

par l que vous parviendrez aux


c'est

plus grandes choses

Papa, tu sais bien qui m'a mis sur cette voie;

toi

que s'adresse

cet encens;

pour moi

je n'en arrte

qu'une bien petite

partie en chemin.

Voil notre jeune artiste lanc, et les amateurs de peinture sont unanimes,
sauf Diderot, vanter son talent.

M. Greuze,

crit

Henry, m'avait pri de

laisser

mes tableaux;

le

surlenet

demain,

je les ai trouvs sur

un

chevalet,

entours de M. Diderot

d'un

autre connaisseur

i:i8

COSTA HE liEArnEr.AHl)

Aprs une charmante

lc(,'on

du

niailre, iM. Diderol a parl de

mes tableaux
cspi^'ce
;

avec beaucoup d'esprit, mais peu de jugement,


l'autre

comme

les

gens de son

homme
il

a pris

un

air capable et n'a rien dil.


Il

Coniiiir

y \a. noire peiil linniuie.


il

ix'ginilie

devant

HpinidU du uraml

crili(iue d'ari de l'poque, et

caractrise assez bien

du

reste en
le

deux mots
perce

les apprciations de Diderot

en matire de peinture, o

parti-pris

RoniNsox CiiusoK

trop souvent

et.

qui sont parfois, pour les artistes qu'il n'aimait pas, moins

solides et srieuses que spirituelles.


Il

montre galement un peu de mauvaise humeur contre Boucher.

'(

Mon
a

oncle, crit-il, lanl sorti en chenille, m'a laiss son carrosse, qui
le

nous

conduits chez

divin Boucher; c'est


le

un vieux bonhomme plus

crev,

plus us qu'on
le

h~e-.'saurait

dire.

L'opinion de notre jeune artiste pour


la

matre concorde avec celle que Diderot formulait peu prs


traitant

mme

poque en
bousiller

Boucher de

lger, caduc et paresseux.


qu'il a

Il tait
il

occup
a

un mauvais
il

petit tableau

dj

l'ail

cent fois;
a

vu mes

tableaux, donl

a t

dans

le

plus grand tonnement. H

trouv toutefois

COSTA DE BEAUREGA.UD
qu'il y

lo9

manquait

cet art, cette habitude qui caractrisait les matres. J'en suis
lui.

convenu aisment avec

Boucher m'a conseill de copier quelques bons


si je le

tableaux flamands, ce serait assurment trs bien

pouvais.

H. Costa continua visiter

les

cabinets des plus fameux collectionneurs

L'aemer du Villard

et les ateliers

des peintres en renom.

Il

porte ses tableaux chez Vien, qui en

est surpris et

demande
le

les garder pour les

montrer des connaisseurs.


Il

Pour

Van Loo
dant bien
et

Hcnr^-

trouve

mdiocre peintre de portraits.

traite

cepen-

les draperies,

mais force de mannequin, pas ombre de perspective


parl de

de got.

Van Loo m'a

mes tableaux on ne peut plus sottement,

il

voil peut-tre la raison de

mon

impertinence.

Cependant, ce n'tait pas tout que

les suffrages des peintres,

manquait

160

COSTA
IuIl'iiI

1)1-:

iip:.\

ini'iCA Kl)

Sun

uni'

conscralioii ncessaire
tlo

en

rr
Irllic

Icnips

r;i|i|ir(iliali(in

ilc

M"'" GeolTrin ol des liahilus

son salon. La

suivanic nous

dil

(|u'cllo

ne

lui

fit

pas dfaut.
GeolTrin est une bonne grosse

M""-'

femme

qui m'a
fini

Ijeaucoup appel

petit drle, petit


d'artistes,

bonhomme,
et

petit

garon, puis a

par minviter un dner


le

d'amateurs

de beaux esprits.

l'heure dite,

lendemain,

je

suis prsent avec

mes

tableaux. M"" Geoffrin m'avait prvenu qu'elle ne

me me

recevrait pas sans cela.

r'x.^

H)

-^^^^w^u
\
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^^^
*o|rtA

MJBSiiff
se trouvait

'

-H^^^^^^^aHM

Angbliqi'e et l'eumite

La dame

en compagnie de Vernet

et

d'un M. Mariette, pos-

sesseur d'une riche collection d'estampes.

lel,

11

y avait
le

dner M. de Marigny,

le

duc de La Rochefoucauld, Marmon-

Cochin,
le

clbre graveur, et plusieurs autres personnes dont je n'ai pas


avait apport quelque chose
:

su

nom. Chacun y

Vernet.
;

un tableau nou-

vellement arriv

d'Jtalie et

que

l'on croit de

Corrge

.M.

de La Kochefoucauld,

un

petit tableau peint

en camaeu sur marbre

et incrust

par un procd que

personne ne connat; M. Mariette, un portefeuille plein de ses plus belles

^-^jl^-

Costa de Be.vuuegaud.

sope et les animaux

(dessin).

COSTA DE BEAURECARD
estampes; M. Cochin, des dessins
fort surpris la

161

plume,

-et

moi mes

tajjleaux. J'ai t

que tout
le

le

monde me connt.

M"' Geoffrin disait

en

me

prsen.

tant

M.

comte de Costa, dont vous avez sans doute entendu parler


c'est

Quoi,
aprs,

lui?

Oui vraiment, oui beaucoup.

Je n"ai point t trop embarrass, et la matresse du logis ne m'a point

si fort trait

de petit
et

bonhomme.

Peu

sans avoir dessin l'Acadmie


les leons de ces
Il

comme Greuze
il

l'y

avait

autoris, sans avoir reu

matres sur lesquels

comptait au

dpart, Costa revenait au Villard.


inspiration.
cliasso.

dut continuer peindre livr sa seule


tableaux de cette poque
:

Nous avons de

lui trois

Le

retour de

Dans un paysage de Savoie, des groupes de chasseurs cheval pret

cdent
suit;

suivent

un char rustique sur lequel


la voiture.
ciel

est

ramen

le cerf; la

meute
mulet

dtail

assez curieux: deux coureurs en riche livre, avec la toque

plumes, accompagnent
ciiarg des provisions.

Dans

le fond,

des serviteurs et

le

Avec un

d'une charmante tonalit, la composition

est bien quilibre et vivante, les

chevaux rappellent ceux de Carlo Vornet.

Costa a d se souvenir aussi, en faisant ce tableau, de celui de


qu'il

Wouvcrmans,

avait admir dans la collecLion de M. de Julienne et qu'il dcrit dans


ses lettres.
l
oi!i

une de
Mais
la

Costa se montra observateur plein de finesse et excellant dans


le

reproduction de ce qu'il voyait, c'est dans


Il

tableau de l'Intrieur du

Villard.

ne

s'est

pas born faire des ressemblances, mais bien une scne


oi^i

de famille, composition inlressanle par son action,


i

chaque figure

est bien

sa place et avec sa

physionomie propre. Henry, debout, sa palette

la

main,

prsente aux siens le portrait de sa sur Flicit. Celle-ci, debout galement,

semble surprise

et

cherche retrouver sa propre image

l'expression aimable

du sourire du marquis Alexis, plac devant

elle et toujours

un

livre la

main,
bar-

montre que dans


bouilleur
.

sa pense

Henry devra

russir dans ce mtier de

Le

frais visage

d'une autre sur, Clmentine, respire l'tonnement; d'une faon spirituelle, ainsi que
le

sa capote de bouillonnes roses est traite


la

fanchon ruban multicolore del marquise;


est

casaquin de piqu blanc


souplesse dignes d'un

de celle-ci

rendu avec une conscience

et

une

matre hollandais,

comme
De

aussi le tapis de la table, en brocatcUe verte et


le

rouge aux tons teints. La marquise,


attentivement
le portrait.

menton pos dans


la

ses mains, regarde

profil,

une loupe

main,

le

marquis de Muri21

IG2

COSTA DK HR AllKCAlil)
l'unil
tic

nais, avec, sur la joue, le


lilin,

lallclas (|ui faclic

la

cicalriri' (riinc Iiallr.

vu

lie

dos

cl

Icnaui un
tic

liiljjocjucl, T('l(''ma<[ue
ci

Costa.
vils

Les cloniicmeuis
devant celle
ti'op l'aliste

Circu/e

de ses amis auniicnL l auUcmcul


[icintrc rt^aliste
^

toile

o Costa se montre un

par excellence
u'csl

pas
la

eei-lainement pour liouehci' ou pour

le

au

Ijio,

mais ce

nn mine mrite
ralit,

une cp0([ue un

l'idt'al

de

la

peinture s'loignait assez de


la

cachant

plus possilde les imperfections de

nalui'c luiniaine. la

RoGEU, Kl'VANT

l.K

l'ALAIS h'AlCINH,

COMUAT LE FauFMiET

reprsentant sous un jour de convention o tous les

hommes

devaient avoir

grand

air,

tontes

les

l'emnics

cire lgantes

cl

distingues,

mme

lors-

qu'elles

ne se faisaient plus peindre en Dianes chasseresses ou en Vestales.

Quelques peintres seulement,

comme

les hunioi'isliques
et

Troost et llogarlh ou,

dans un genre plus classique, Chardin, Leprince


sujets dans les scnes de la vie ordinaire.

Vernel. cherchaient leurs


tie

L'arrangement

Vlnlrrifur du Vi/-

/ard est naturel cl


vie;
les

l'acile,

l'excution scrupuleuse et solide, les ttes pleines de


l'insuffisance d'tudes premires de notre
l'air

mains seules trahissent


montre son ceuvre.

jeune

artiste.

Rien de plus charmant que

demi-modeste avec lequel

l'autcui'

COSTA DE BEAUKEGARl)
Costa lait donc on grand progrs lorsqu'on 1771)
il

163
fit

un voyage en

Italie

avec son pre, au cours duquel tous les deux furent reus

membres de

l'Aca-

dmie des Arcades. Malheureusement,


au lieu de
voyage,
il

la

vue des chefs-d'uvre des matres,


la
:

l'exallcr.

le

dcouragea,

el

dernire page de son album de

crivit

son teslamcnt artistique

Je

mets

ici

le

signet

j'ai

de

L\ Tentation de Saint Antoine

l'humeur contre
dessus des

le Titien, je

suis enrag contre Raphal

ils

sont trop au-

hommes pour
et

qu'aprs eux personne

ose tenir

un pinceau. Je

sens en moi des choses que je ne pourrais traduire.

Un

sot persvrerait;

moi, je m'arrte
pre d'atteindi'e.

ne poursuivrai pas plus longtemps un but que je dses-

Une

seule fois, Cost.i reprit ses pinceaux, dix ans plus tard, pour faire

le

portrait de sa

femme.

Il

avait pous sa cousine germaine, Genevive de Mri-

16i

cos
iirl le (|iic

Hh:

liiiA

i;i;i.

A u n
tir la liar[M'

nais. aii>>i spiril

laidr.

Il

a ii'|ii'('>('iilc'i' jniiaii
lin'',

an pii'iniiT

plan

(Iruilc. Ir |M'lil

iiiinc C.nsla. i|ni Inl


i

rcnacnii

sri/.c

ans

'.

La lirvoliilion enli'va llonry


sa\ovai'ils,
il

sa

it

M railc

en nmic l(His les t-'onliNlid ninii'


|i(ini-

roprii

du

soi'\ic(\

aliamlonnanl

cela

nue chai\uc
courage
et

ilf

ruiir.

montra on lonU^ m'casion

sa i;i\uulo inl("llii;ruc(', sdn

la

roinu'lc

Le Smxt Ai'inincMUK

de son caractre.
gnral Colli,
ei

En

1194,

il

est

quarlior-maUrc gnral dn corps d'arme du

aprs IMonlenolte. lorsque l'arme franaise est entre dans


c'est lui qui signe
Il

Mondovi, en 170G,
avec
le

par ordre du roi une suspension d'armes

gnral

Bonaparte.

avait

dfendu

les

intrts

qui

lui

taient

des tableaux U'Ileni-v Cnsla. qui apparlionneul au marquis Costa de Beaurctrard, ont en 1S9S. l'exposition rtrospci'tivc organise par la SocitM artistique des amateurs la salle Georges Petit. Leur suoeis fut si considrable que M. [\onjon, exprima le souhait de voir un jour au Louvre L'iiileiieiir du Villanl.
'

Oiiali'c

figur,

COSTA DE BEAUliEGARD
confis, avec tant d'nergie et de dignit,

16b dit

que dans ses Mmoires Napolon

de Costa

qu'il s'exprimait avec facilit, qu'il avait de l'esprit et se


.

montra

sous des rapports avantageux

Puis vinrent les misres de

l'exil.

Ses biens tant squestrs, n'ayant pins son

grade dans l'arme

et

par suite plus de traitement, c'est en donnant des leons

de dessin Lausanne qu'il put, pendant quelque temps, gagner de quoi ne pas

Lv Tentation de

S.vint

Antoine

mourir de faim. Mais

les privations et les soucis

de la vie matrielle n'taient

rien ct de la plaie toujours saignante faite son


fils

cur par

la

mort de son
la Sacarella.

Eugne, tomb sous ses yeux, frapp d'une balle au combat de


11

sortit

une seconde

fois

de sa retraite, rappel par Charles-Emmanuel,

qui

le

nomma

quartier-matre gnral de l'arme. Mais la lutte de ces sept

annes

allait finir

Marengo.
la

Quand
la

la paix

de Paris eut consacr l'annexion de

Savoie et du Pimont

la France, l'arme pimontaise fut licencie et le marquis Henry, ruin par

Rvolution

le

Villard avait t pill et Beauregard, sur les bords du

lac de

Genve, brl

fut

oblig d'accepter l'hospitalit de son beau-frre

166
le

COSTA DE llKAIliECAUD
ilc

marquis

Miirinais, au cluHrau
hospitalil j)Uis large

ili'

Marlirux. dans
celle

l'Isrrr.

On ur

saniail
les

iniat;iii('r uiio

que

que Iroiivrenl

Marlicux
de

ii(>mi)ieux parcnls qui l'evenaienl d'migraLioii. Cluicun s'y occuiiaiL

son

mieux. Chacun avait dans rimmensc pice qui servait de salon une fenlre
ofi

<Mail

installe sa

table

le

Irasail. C'est l

que, pour se dlasse' de son

i;rand

murage

sur VHistoire de la Maison de Savoie, Cosla romposail de


la

nmnijreux dessins

plume

inspirs par ses lectures ou par la conversation

du moment. Armide,

C'est

Don
de

Ouicliotle,

Robinson Cruso,

Gulliver,

Renaud

el

les fables

La Fontaine qui
et

lui fournissent les sujets.


il

Quel

illuslra-

teur plein de

mouvement
le

d'humour

et fait! Quel

malheur

qu'il n'ait pas

grav hii-mmc quelques-uns de ses dessins,


Antoine, dans

comme

les Tentations

de saint
les

got d'un Callot du xviu" sicle, et cet Esoj^e contemplant


d'aprs

richesses de la nature qui rappelle les meilleures gravures

Oudry'.

On trouvera peut-tre que le bagage de notre peintre est mince, mais comme un vritable talent et un talent absolument personnel s'y fait jour,
il

nous a paru intressant de

le

mettre en lumire. Si, en

effet, l'on
si les

ne doit pas

plus distinguer d'amateurs en peinture qu'en littrature,


tre juges d'aprs leur mrite intrinsque et

uvres doivent

non

d'aprs la qualit des per-

sonnes, ces toiles du marquis Henry Costa de Rcauregard nous montrent que
cet

amateur par excellence avait

les qualits

et l'toffe

d'un vrai peintre.

Les originaux des dessins que nous reproduisons appartiennent M. le couUe Costa de Beauregard, qui a bien voulu les mettre notre disposition, et sont au chteau de Ijeauregard.
'

::l!iliilllllillilliniilliilininiili'ii/illili!iiiili|

iiiiiii!i"a

LE GNRAL LEJEUNE

^'ii^t^-^-K-r^'sjii43(^g>&^i^'s-s:yi^j'

STOiiGA,

12 janvier 1809.

J'ai

t chez le

prince (marchal Berthier, prince de Neufchlel)

midi.

En
S...

sortant pour aller voir


(Stoffel)

mon
fi're

frre,

M.

vient avec son

me demander

raison
et

de

l'affaire

de

Mdina del Campo.

avant de rentrer, je

me

bals avec lui dans

une chambre. Tous


la

deux lgrement blesss'. Nous passons


'ia6^-s^-ai3agi>g^a-sf^;ssar<.Bfesa^>^

journe avec Flahaut, je reprends mes pinceaux


et

nous
au

faisons
roi,

de

la

musique...

A deux
J'cris

heures du malin, j'cris

la lettre

au sujet du marchal

Lefebvre, je la porle M. Marbot, avec ordre dpartir de suite pour Madrid.

une

lettre

pour Gracieuse...

Je

pars midi pour Benavente avec tous

mes camarades

et

nous faisons

la route trs

gaiement. L'Empereur arrive Benavente six heures.

'

On

trouvera celte affaire conte en dtail dans les Mmoires du gnral Lejeune publis par

M. Germain Bapst.

IU8

i.R (;i'.m:ii.m.

i.pmf.une
irun de ses carncls de nolos
sdii
:

Tmil
loul
le

l.cji'iini'

lii'iil

dans rcllo

[Kii^c

iiKMlilc

soldai avec sa jjonrliuilil

[U'ol'fssiiiiinrll(>.

ai'dcur irrr^sislildc
dniil
la

ri

la simplieit

do sa bravoure; loul

l'arli-le

.iiis^i,

j'arli'-lc
la

sii[irme
les

joie lail, onlre

doux

balaillos. do peiudrc le eunihal de

veille

uu

sites

pillorcsques du pays conquis.

Car

le

crayon

qu'il portail toujours

en sa sabrelachc ne

lui servait

pas seu-

lATAII.LE

DE MaHENGO

lemenl

lever par ordre des plans de

rclranchcmenls

la

barbe de l'ennemi,
;

ou dessiner pour l'Empcrour des projets d'nniformcs nouveaux'


s'en servir pour lui seul, et

il

aimait

on

sont,

cbaque cbapitrc de

ses Mnnoires,

q^icUo lait sa nature d'artiste. Bien plus, lire certaines de ses pages cnllam-

mos, on a l'impression d'autant do tableaux


dans ce genre, on

cl

on peut diflicilement trouver,

mmo

temps qu'une sobrit des plus apprciables, un


dtails
<!

arrangement aussi bien compos des


do l'action principale.
'

une description aussi

claire

'

les garde-aigles et l'ordre de la

Les cosaques-Ianciei's [Mmoires, I, 611) Toison d'Or

les aides
(/'/..

de

camp

de

l'tal-iiiajor

gnral

ild..

I.

II61.

II,

31).

LE GENERAL LE.IEUNE
C'est qu'il sut toujours appliquer la sret de
le

169

vue

et

de vouloir qui

faisait

fond de son caractre, autant peut-tre ses talents d'artiste et d'crivain

qu' ses fonctions d'aide de

camp du major gnral;


il

c'est

cela

que nous

devons des uvres intressantes, dont


l'importance, mais

ne faudrait certes pas s'exagrer


avec

qui n'en

offrent

pas moins,
et

un

rel

talent,

un

mlange pittoresque de prcision absolue

de fantaisie spirituelle.
et
le

Lejeune avait gard de ses dbuts un souvenir charmant,

premier

V"-

r- %

Bataille de la

Moskowa

(Mhsl'c do Versailles^

chapitre de ses Mmoires s'ouvre sur


le

un mot

typique.

A
et

peine

a-t-il

pris

temps de dire

qu'il tait

n Strasbourg (en 1773)

que ses parents,

originaires de Versailles,

taient venus se fixer en cette dernire ville peu


:

de temps avant la Rvolution, qu'il ajoute


dessin
.

J'avais dj

du got pour

le

Et de raconter ensuite comment, un jour qu'il dessinait une vue du parc,

une dame vtue de blanc vint


dame, gracieuse
jeune artiste
Autrichienne
lui
et

le

regarder travailler. Le lendemain, la

mme
juge

simple, l'interrogea et lui dit connatre sa famille. Le

rpondit en allemand
qu'il
tait

car,

son accent,
il

il

l'avait

honteux d'ignorer qui

avait l'honneur de
22

no
parler.

I.E

CKM'.liAI. 1,E.IEU.\K
lui

Celle

i;'aiel senilil.i

plaife,

ajule-l-il,

el elle

nie dil

^'eIlez

avec moi,
plus

mon
les

pelil

ami.

el

nous ferons connaissance; vous verrez des


.

silos

jolis ([ue celui (jue

vous dessinez

Je l'accompagnai, et je vis s'ouvi'ir


la livre
:

devant nous
roi

deux battants des portes de Trianon. Les gens


respect
el le
j

du

salurent
.

avec

'entendis

prononcer

les

mots

Votre
je

Majest

Aussi tonn que

paysan qui portail Henri IV en croupe,

me

Entrevue uks heux Empereius suk

i.k

Nimen

dis

Cette

dame
le

est roi

donc
)>.

la

rein(\ }iuisque

le

luiyduc qui la suit et

moi

ne sommes pas

C'tait,

en

elTet, la
si

reine Marie-Antoinette, archi-

duchesse d'Autriche. Elle venait d'tre

gracieuse que je n'prouvai aucun


elle...

embarras

et je

continuai causer familirement avec

Peu de temps

aprs, c'tait d'une bouche plus rude que le jeune colier de

di.\-sept ans, enrl avec les tudiants de son ge dans la Compagnie des Arts

de Paris, allait recevoir des encouragements.


frontire, la

Au moment

de partir pour la

compagnie

dfila

devant

la

Convention nationale, alors prside


tous ces

par Hrault de Schelles,

qui adressa

hros en herbe

au

nombre desquels on comptait Alexandre Duval, Jean-Baptiste Say, Frianl,


une allocution enthousiaste.
11 tait

etc.,

il

l'ami

dmon

pre

raconte Lejeune.
el

me

chercha dans

le

premie)' rang o

ma

laille

m'avait plac

s'adressanl

LE GNRAL LEJEUNE
moi
:

171

Et
le

toi,

mon

jeune ami,
la patrie,

tes

armes seront, comme


pinceaux

celles de tes

companous

gnons,

rempail de

et bienlt tes

et leurs crits

retraceront vos victoires.

Cette proraison n'tait peut-tre pas

un chef-d'uvre de rhtorique

l-

gante, mais elle contenait une prdiction qui n'allait pas tarder se raliser.

Lejeune, successivement sergent au premier bataillon de l'Arsenal, aide

Bataille de Somo-Sierra.

de

camp du

gnral Jacob et lieutenant-adjoint du gnie, fut, au retour des


la
il

campagnes de Hollande (1794-1795), appel au dpt de


11

guerre Paris.
obtint le grade de

a racont

comment,

la suite

d'examens svres,

capitaine du gnie et fut attach au gnral Alexandre Berthier, alors ministre

de la guerre, avec lequel

il

fit

la

campagne
cette

d'Italie.
et

C'est

au retour que
si

Lejeune

crit

pour

la

premire
:

fois

courte

expressive phrase,
Il

souvent rpte depuis

Je m'occupais de peinture...

s'agit ici sans

doute de la mise en uvre des documents rapports


sa Bataille de
Il

d'Italie, d'oi devait sortir

Marengo.
la carrire

ne nous appartient pas de suivre pas pas

du soldat

nul

172

LE
(|iir

r,

km: UAL LK.ILrXE


capalilc
l'ail

niiciix

lui. (l'.iilliMirs.

n't'-lail

ilr

la

relracor

comme

il

le

lil

dans

SCS Mmoires. (Test l juslcmenl ce qui

l'originalit de Lcjoiinc.

Non

sculc-

nienl

il

poul crire,

comme

aprs Tilsilt

Je repris
,

mes pinceaux avec bonil

heur,

el je Tis

graver plusieurs de mes dessins

mais

no perd jamais

l'occa-

sion, au cours de ses

campagnes, de

visiter les artistes clbres, et de voir les

HliCEPTION Al'X C.\NTONNEMF.NTS DE l'aK-ME ANGLAISE

muses.

C'est ainsi, crit-il au

moment

de son sjour Vienne aprs Essling,


la

que

je

pus donner quelques instants au plaisir de

peinture chez
et retir

le

vieux

Casanova, peintre de batailles, longtemps clbre Paris


oi
il

Vienne
l'habile

illustrait

les

guerres des Autrichiens chez les Turcs;

chez

graveur Mansfeld qui

me

prta ses burins

chez

les princesses

de Starem-

berg, Czarloriska, Trautmansdorl, Batthiany, etc.,

qui avaient des albums

pour lesquels on mettait contribution tout ce que notre tat-major avait


de potes
et

de dessinateurs...

A Madrid

Aprs

la

revue, nous allmes

Hli, Arents

LK GENERAL BARON I.EJEUJNE


d'aprs une miniature de G-.Gurin
Revue del'Art ancien etuioderne

Imp.L.Fort

LE GENERAL LE.IEUNE
visilcr le palais

173

du

roi, ses

tableaux admirables de Raphal, de Murillo, de

Vclasquez...

Et ce

qu'il

y a de piquant, rptons-le,
et suivies
:

c'est

de voir ces pages tranquilles

immdiatement prcdes
les plus

de rcits de batailles.

Un

des exemples
il

curieux est celui-ci

au cours de

sa mission en Tyrol,

eut

rprimer plusieurs sditions;

il

raconte une do ces rpressions parliculircle

mcnt sanglanle,

et

ajoute ces lignes dont

contraste double

le

charme

Bat^iixe de Cmcr.ANA

(Miisoc do Vcrsaillos)

Le lendemain,

j'allai

m'asseoir

sur les

hauteurs, dans les ruines d'un

antique chteau-fort de quelque riche soigneur suzerain de ces montagnes.

Un

tilleul

de trente-cinq pieds de circonfrence enfonait ses racines colosles fentes

sales

dans

du rocher,

l'entre de ces ruines,


les

oi!i il

semblait tre

le

vnrable survivant de ceux qui

avaient habites six sicles auparavant.

Assis l'ombre de ce vtran de la valle, je pris


rable.

une vue de

ce pays admila

En redescendant en
la

ville, j'appris

que

les rvolts,

comptant sur

parfaite connaissance qu'ils avaient

du pays,

se

disposaient venir nous

surprendre pondant

nuit pour nous gorger.

Ce contraste,

il

s'en rendait

compte
il

et le recherchait sans le

provoquer.

Avant

d'tre pris par les Espagnols,

visita

l'Alhambra de Grenade o son

174

LE
cl

GK.N'KliAl,
(/rs

l.K.IKUNE
le
t;i''iu'ral
I''l'a

ami

cailla railr

t\v

la

CiiDijiiujiiic

Ar/s.

iiccM-Jii.
uii
il

a\ail

i''l<'

ciircrm. Ce dernier

liiil

niorl avaiiL de

i'cgai;iii'r

la

l^rance

laissait

une

jeune veuve inconsolable. Vingt laldeaux qn'il avail crayonns snr les murailles
reiraaieni les dillerenles phases de sa caplivil. Lejeune les copia lidlenienl,

I.'atTAi'E

ih'

convoi

(.\lii5(''i'

clc

Vcrsaillos),

ainsi

que

les lgies qui les

accompagnaieni,

cl

lit

parvenir ces prcieux sou-

venirs la veuve du gnral qui

mourut aprs

les avoir

contempls.

Enfin

il

faut l'entendre raconter, au cours de sa captivit Palmela. avec


le

une

joie

non dissimule, comment


pour crire

commissaire anglais Robert Boyer


el

lui

lit

passer une collection complte de couleurs liquetes avec soin


qu'il pouvait dsirer
et

de tout ce

pour peindre.

<<

Ce cadeau

prcieu.x, ajouLe-t-il, et je m'empi'cssai de lui

exprimer toute

me fut trs ma reconnaisma

sance en reprsentant pour lui


la

le

moment o

j'avais t fait prisonnier, avec

physionomie des brigands

tels

qu'ils taient encore bien prsents

LE GENERAL LE.IEUNE
mmoire. Je retrouvai dans
car l'art de la peinture est
captivit
ce tle occupation
si

17a

un peu de
j'ai

tranquillit d'esprit;

attrayant que

su apprcier dans
la

ma

triste

son immense ressource.


art

C'est

d'ailleurs

dernire fois

que
les
'.

Lejeune nous entretient de son

avant

la fin

de son livre; dsormais

campagnes de Russie

et

de 1813 ne lui laisseront gure les loisirs de peindre

La

caractristique des tableaux militaires de Lejeune, c'est la prcision

Le
partie

IMMIEll PASSAGE
ilu

liU
tic

RllIN
A'ersaillcs).

gauche

tableau (Muse

du

dtail.

Tout en galopant, au cours d'une action, pour porter des ordres,

il

se pntre

admirablement du cadre. La

bataille termine,
la
.

il

en tablit un
quantit de
la vrit

croquis

sommaire, o viendront
et
l,

prendre place, par

suite,

petits pisodes, cueillis


lui fait

tous

d'aprs nature
sait toujours

Le souci de

rechercher

les portraits et

il

introduire dans sa toile

un bon nombre des acteurs principaux du drame


Voici

qu'il retrace.

comment
la

le critique

du Musum central des Arts, en


:

l'an X, parlait

du tableau de
'

Bataille de

Marengo

Le gnral Lejeune ne fut pas le seul officier des armes impriales Taisant de la peinture le gnral baron de Bcler d'Albe, le colonel Faber du Fauie, le comte Alexandre de Laborde. le colonel Langlois, ont laiss des uvres d'un grand intrt et tmoignant d'un rel talent.
:

170

1,1'.

liKiNKliAl.
l'inlrrrl,

I,

K.lIMNl';
iiilciilidii j)liil(isii[ilii(|iic.

Tous ces

iiisodos onl

di'

nue

un
cl

luil

mural; lous
l'onnemi

ju-rsciilrul

ili's

Irails raracl(''risli(] lies

du suldal IVancais

de

qu'il

a\ail

cunihallrc.

li'd'uvre

ilu

ciloycn

Lcjeunc, lve de
Iroiiv

Valenciennos, capilaiiic au corps

du

ijciiic.

loqvad

s'est

celle

immorlelle journe en sa qualit d'aide de camp du gnral en chef Berthier.


runit tous les sulTragcs. Les arlisles ont reconnu dans son auteur
distingu. Les
niiiilaii'es.
i;ioi'iiMi.\

un

lalcut

liMiiniiis

de

la

scne reti'aee sous leurs

Lk

riiNT HE

Loin

l'Musc

ilc

Vcrsaillcs'i

yeux, en ont avou

la pai'l'aile

exactitude, ont reconnu les principaux person-

nages qui l'animent

et

ont attest la lidlit scrupuleuse du peintre historien.

De leur

ct, les

amateurs clairs payent au citoyen Lejeune un tribut d'loges


Ils

non moins mrits.


son art pour ne pas
ses

l'applaudissent,

ils

le

flicitent d'avoir assez estim

lui sacrifier la vrit; d'avoir arrt


il

son plan, distribu


le

personnages,
gnral de

moins comme
la

el

dsirer qu'ils
ils

fussent pour

l'elTet

composition que

comme

taient en ralit, et surtout

d'avoir conserv assez de sang-froid et de prsence d'esprit dans l'action pour


s'assurer de la fidlit de ses souvenirs.

Et en

ellet,

comment

le

public d'alors n'aurait-il

jias

t ravi, lorsque,

au

LE GENERAL LEJEUNE
milieu d'une action claire et vivante,
il

177

pouvait reconnatre

les figures des

grands acteurs du drame?

Sur

le

devant, le Premier Consul, prcd du

colonel Duroc, et suivi des gnraux et officiers Lannes, Murt, Lauriston,

Eugne de Beauharnais, Lefebvre-Desnouettes, Lemarrois,


gnral Alexandre Berthier, son frre Csar, ses aides de

Au camp Du
etc.

centre, le
Taillis et

Laborde renverss sous leurs chevaux

tus,

Bruyre, Arrighi

et

Lejeune

Bataille du JIont-Tuabor

lui-mme, mont sur un cheval gris:


faire prisonniers
;

il

ramne des

officiers qu'il vient de


les bras

au fond gauche, Desaix tombe mort dans

du

fils

du consul Lebrun.
prisonnier.

Au

centre de la colonne hongroise,

le

gnral Loch est

fait

Au

second plan, la cavalerie de Kellermann chargeant les Autrile 12"

chiens de concert avec la garde consulaire et chef de brigade Fournier


'.

hussards

command

par le

L'empereur donna l'ordre de graver ce tableau, ce fut Coiny qui en


charg".
Plus tard
-

fut

le

gnral Fournier-Saiiovze.
;

souscrivait chez le citoyen Oudinot, notaire, rue de l'Universit taient de 30 francs.

On

les

preuves avant

la lettre

23

178

LR C.KNKAL
Dans
la Bataille

LK.IKtJNF,
le

de la Moskotca.

lu

scne icprsonlc

second assaut livr


la

par Caulaincoiui

el ses cuirassiers. L'infanlerio

du gnral Grard gravit


voit

colline sous la direction

du gnral Grand, prs duquel on

Lejeune monl

sur

un cheval

gris.

Au

centre, INInrat indique le point d'attaque

au gnral

Belliard.

Plus en avanl, c'est Berlliier rendant son pe au gnral russe

Bataille irAuorKiu

SokerelT prisonnier

prs d'un arbre, le gnral Pajol bless.


se rfugie

A
le

gauche,
devant,

Eugne de Beauharnais
Larrey panse
les

dans un carr d'infanterie. Sur

blessures du gnral
iils

Morand dont

le frre

meurt

ses cts.

Lariboisire se tient prs de son


fait

mortellement bless, auquel l'Empereur


de
la

porter

par son frre la croix

Lgion d'honneur. On l'apporte

le

gnral MonlJjrun qui vient d'lre tu.

Ce ne sont pas des descriptions que nous venons de

faire

ce sont des

numrations seulement, qui prouvent quel souci de


tait

la vrit

Lejeune appor

dans

la

mise au point de ses tableaux. Le


il

d'aprs nature

est

pour

lui une condition ncessaire et

nous l'avoue plusieurs fois implicitement.

LE GENERAL LEJEUNE

179

Bataille des Pvraitiues

Ainsi, pour YEnlrevue des deux

Empereurs sur

le

Nimen, o furent jeles

J-(

,>f'u-'

^:^

Le bivouac d'Austerlitz
pallie ccnti-alc du lablcaxi

(Muse de

Versailles).

les

bases du liait de Tilsitt


j'avais

J'tais

monte,

dit-il,

dans un

petit

bateau

que

plac de manire voir sous leur plus bel aspect les rives du

18(1

LE
de

C.

i:.\KKAL

1,

IM

L'iNE

lU'iivc ((iiirunui'rs

iiioiitlc cl

Icnscmhlc de

celle >ciie iiicniuriiLilc. J'en

lis

un dessin

([tii i'iiL

grave depuis.

Et plus fard, propos de

la

halaille
le

de Somo-Sierra,

il

p;iile di'

ce sile
:

admirable

(|ui

de\ail

lui

founiii'

sujel

d'une grande composiliun

J'y

plaai, ajoule-l-il, Ions les pisodes (jui m'avaienl l'rapp


cette glorieuse niatiut
la
l'i'(i\

pendant

le

cours de

idei ice un'


:

sauva.

Le

site

en

ell'ct

est

pittoresque

le

dislance en distance, des piliers de


la

pierre aux arnn^s d'Msjiagne rnai'(]uenl

roule occupe par nos troupes qui

U.N

ORAUE

IIANS LE J.VRDIN

DU JIUSE HE ToULOfSE

se

divisent

droite et

gauclie

pour attaquer l'ennemi retranch sur

la

hauteur, encore en partie enveloppe des hrouillards que les dtonations de


l'artillerie

vont dissiper
et

au premier plan, l'Empereur,


;

le

marchal Victor,

MiM. de Turennc

de Sgur blesss

au fond,

la

charge hro'iquc des lanciers


les

polonais lancs par Montbrun et


Koscictulski.

commands par

comtes Kroslnski

et

Outre Somo-Sierra, Lejeunc nous a donn plusieurs autres sujets pris dans
la guerre

d'Espagne

le

Sige de Saragosse, dont


33''

il

a fait

dans ses Mmoires

un

rcit si attachant,
il

beau commentaire du

et

dernier bulletin de l'arme

d'Espagne, o
reut
;

est fait

mention de sa bravoure
les r/urillas

une Escarmouche avec


failli

et des deux blessures qu'il y dans laquelle notre hros, aprs


le

avoir

tre

fusill

et

pendu,

est

fait

prisonnier par

chef

Don Juan

LE GENERAL LEJEUNE
Palada,

181

surnomm ElMedico,

qui avait l frapp par l'espce de circonslance

miraculeuse qui avail prserv ses jours: puis sa Rceplion aux cantonne-

ments de l'arme anylaise.. o


vtements
et

il

avait t conduit par la liorde sauvage, sans


et qu'il

mont sur un ne,

ne quittait que pour tre men sur

La MonT

riE

Marciau

un ponton

la

BalaiUe de Chiclana et enfin V Attaque du convoi par


la

le

gnral

Mina, prs de Jalinas, dans

province de Biscaye.

Ce dernier tableau, qui est au muse de Versailles, a malheureusement pouss au noir


;

mais

il

en existe une aquarelle pleine de fracheur qui


oii,

rend parfaitement cette composition

avec ses dfauts ordinaires, Lejeune

donne

la

mesure de son

talent de

metteur en scne. L'action se droule dans


se

un superbe paysage

classique.

Le convoi

composait de

trois

mille per-

sonnes, tant malades que blesss ou prisonniers, et d'un grand


familles de distinction,

nombre de
la

franaises et espagnoles, qui venaient de

cour

du

roi

Joseph

et

rentraient en France.

Dans

les trop

nombreux pisodes

182

LK
:iii

C KM'. KAI.
|ilaii,

I.IM

i:

f .NK
;i

qui se (.lroulcnl

incniicr
uii
il

on

i-('iii;iri|U(\

n.iiiclic,

le

gnral .Mina

dboiichanl
contient les

ilii

hois

sr

Iciiail

en cnihuscaile

prs de la voilure qui

dames de
la

la

cuui-, le eunili^

de Bcaumonl Taisant un rempart de

son corps
taire tlu roi

marquise de La Manca
Iik'

et ses enfants;

M. Ueslandes, secr-

Joseph.

en (Idendanl sa Icninir: les prisonniers anglais refu-

sant de se servir des aiincs ([ue les Espagnols leur iendent.

Entiie

riE

Chaules

a P.\nis (Musc du

Versailles).

Celte composition
avait plac,

attira

tellement

la

foule au

Louvre que

la

police y

non seulement des gardiens du muse, mais des gendarmes.


dcrire tout l'u'uvre du peintre,

Nous ne pouvons songer


teur nous en voudrait
d'histoire.

mais

le lec-

de ne pas

passer rapidement

en revue ces pages

Dans

le

Premier passage du Rhin


victoire
la

(2-3

septembre 1795), Lejeune a voulu


il

reproduire la premire

des Franais en pays tranger. L


:

nous

montre

les

gnraux de

Rpublique

Klber,

Lefebvre, Dejean.

Dumas,

LE GENERAL LEJEUNE
et

183
,

par opposition une lgion d'migrs

les

Bolpaches de Rohan
la

pris

les

armes

la

main, que

les soldats

sauvent de

peine de mort en les rev-

lant de leurs propres uniformes. L'imagination hardie et fconde

de Lejeune

qui cherche des


Balaille de

etTets

loin des sentiers hattus se

donne carrire dans sa


la tte

Lodi o Berthier, Massna, Lannes entranent


le

de colonne

sur

le

pont balay par

feu de l'ennemi.

Les FRnES Berthier

La Balaille du Mont-Thabor,
tingue
les

d'un ton

gnral excellent,

o l'on

dis-

carrs forms
oi les

par Klber

assaillis

par une nue de Turcs et

d'Arabes, et
et

troupes en

mouvement

sont indiques avec une vrit

un ensemble qui vous


Lejeune a
fait

font assister

l'action.

Mmes

qualits dans la

Bataille d'Aboukir et dans la Bataille des Pijramides.

quatre aquarelles reprsentant les qualre phases d'Austerl'Eynpei'eur, la veille de la bataille, ires

litz,

mais son tableau du Bivouac de


trait, est le

largement

document

le

plus intressant.

I.K

CICXI'.liA

I,

l.l'.ll'ixr.
l'eu.

L'Empoi't'ur

^o

rt'cliaiill'c

dcNanl

un

Il

iiilcrrnge

dus paysans par

rinleriiidiairo de Lojeunc (jui lui slmI d'inlerprLc. DurriiTC lui sont le


clial

mar-

Bcrlhier et Bcssiics

leur el,

Rouslan,

le

mameluck

de l'Empereur,
voitures et la

tend une l'ourrure sur un peu de paille; derrire lui sont

les

garde de service.

La pche

Une

partie de ces tableaux ne furent entrepris ou achevs par Lejeune

qu'aprs la

campagne de

1813,

poque

laquelle

il

reprit ses pinceaux.

Je ne trouvais plus, dit-il, dans la carrire des armes la rcompense du

zle et des sacrifices

que m'imposait l'honneur de dfendre


nergie n'tait point use et je
la

la

France... J'tais

jeune encore,

mon

me

sentis

heureux de

pouvoir donner un libre essor


duire
les

passion que j'avais toujours eue de repro-

choses qui
devint

excitaient

mon

enthousiasme...
et

Rentr Paris,

la

peinture

ma

seule

occupation

le

dsir de

me

distinguer dans

LE
celte voie
si

CKNERAL LEJEUNE
pleine d''inlrt devint l'unique
objet de

185

dlicate et

si

mon
il

ambition.

Dj class Paris

comme

le

peintre

historien de nos campagnes,

recueillait les affectueux

conseils des clbrits

d'alors, principalement de

David.

N'ayant pas

comme

tant d'autres, crit-il, faire de la peinture

La chasse

pour pourvoir aux besoins de


dtails

la

journe,

la crainte d'entrer

dans trop de

ne m'arrtait jamais.

Un

jour, je
et

m'en excusais, en regrettant d'avoir

mis trop de temps

mon

travail,

David pour

me

rassurer

me

rpondit

Ce qui

est

fait vite est bientt vu et ne supporte pas

un long examen

Excellent prcepte que Lejeune eut bientt l'occasion de rpter aux jeunes
artistes

de l'cole des Beaux-Arts de Toulouse.


le

Nous ne nous dissimulons pas


Dans une
bataille,
il

grave dfaut de

la

mthode de Lejeune.
faite

n'y

qu'une action

commune

de mille
24

inc_i-

ISO

I.l'.

CK.NKUAI.

I.IMl

1',

(Iciils

[lailii-iilicrs

or.
,

si

cela se

r;i-

conle
peinl
pi'iil

succcssivciiK'iil

cela
Ia;

ne

se

pas

d'un

eoiip.

iiairaleiir
le

t;laiu'r les

pisodes

peiiili-e

duil

choisir

<(

l'inslanl peindre ,
la

comme
\

railleur tiramalique

scne

l'aire , cl

lcher que
la

le

dlail

ne

icnne pas cncomhrer


le

scne
sujet

et dis-

traire

specLalenr

du

prinl'aire

cipal.

Par son constant dsir de

cnirer dans

un cadre

la

plus grande
le

partie de ce qu'il avait

vu pendant

conihat,
l'effel

Lejeune

amoindrit souvent
la

en divisant

scne oulre me-

Ux

oi'i'icu;n

ve mauine

sure.

Ne nous plaignons pourtant pas


trop de ces dtails qui nous sont infiniment prcieux et dont nous trouvons
les

commentaires dans ses Mmoires. Mais Lejeune n'a pas


peintre de batailles, regretter que ses
il

seulement

un

est

mme
tou-

paysages,

jours anims de

figures

spirituelle-

ment
aitx

saisies

et

bien

vivantes,

ne

soient pas plus

nombreux. Une Foire

chevaux dans un village du Midi,


sont finement observs et

les types

rendus,

et Y Orage

dans

le

jardin du

muse de Toulouse, d'un ton chaud


et

vigoureux,

nous

montrent que
faisait

l'lve de

Valcnciennes

hon-

.neur son matre.

Son Entre de Chartes


du muse de
sante
^'ersailles,

Paris,

est intres-

comme document,
lit

mais

l'a

moins inspir qu'une

Le
bataille.
le

riLS LlU GNlillAL

LkJEI'NE

Lejeune

aussi

portrait.

Il

n'esl

pas banal,

celui des

frres Ber-

LE GENERAL LKJEUNE
thier, reprsentes che-

187

val sur le
taille
:

champ de

ha-

Alexandre, gn-

ral de division,

donnant
ses

des

ordres

deux

frres Lopold et Csar,

gnraux
qui se

de

brigade,
la

dtachent sur
l'artillerie

fume de

dont

Le gnral Lejei'ne
les
Il

pices

se

voient

au

second
et

plan.

apporte dans La pche

La chasse

la

note sentimentale et romantique qui svisalors


:

sait

le

sabreiir

dpos

son uniqui
se

forme,

c'est

un mari
et

trs

tendre

reprsente chassant

pochant, avec sa jeune

femme, ne
Il

Clary, la nice

du

roi

Joseph.

n'est plus question de Gracieuse!


S'il

peint

un

officier

de marine, c'est
et (m-

son

hoi'd,

dans une pose byronienne,

tour d'accessoires.
BRinES,

Quand

il

fait

le portrait

de son

fils,

l'ge de six ans,

sur
finir

un chela
tte,

COLONEL DU

RGIMENT DE HUSSARIIS

val bascule, au
il

moment
et

de

se laisse

emporter par sa fougue,


le

le clicval liennil

en foulant ses pieds

les

pantins couchs sur

champ de

bataille

l'enfant,

un sabre

la

188

\.i]

(;i-;.\i'.ii

I.

i.i'.i

!:

UNE
est

main,

ciu
d(jii[

i'1ii|i|m'

dans

les plis

du

drapeau

la

liaiiipe

usl

drlii-

quclo par

les IkiIIl's.
il

(loimiic aijuarLdIisli'.

u'esl

pas

moins
lours

liaijilc

ses
id

('Imk's
le

d'arlil-

cl di' ilra!4(jns

poidraiL

du

colouel

iJruyres

ont

admirs

aux doi'nires cxposilious rlrospcclives.

Ce srail une chuse Lien curieuse


d'illuslrcr

Lejeunc

cri\'ain
les

par Leilluslra-

jeune peinlre.

Parmi

BniGADiEit

riE

L'.vrrriLLF.uiE

lkcre (Consclat)

tions

qui s'imposeraienl, nous en


:

retiendrons une en particulier

elle

reprsente un cosaque qui lient une

lance des deux mains

comme pour
le

repousser un assaillant, et dont

cheval pitine un soldat renvers


terre.

Cette image, nous la place-

rions entre les pages 42 el 43 du

tome premier
suit
:

oi^i

nous lisons ce qui


Bavire ne voulut
partir de
j.vcqlixot,

((

Le

roi de

i" cAxctxNiEu me

l,\

g.muie des consuls

pas

me sans me

laisser

Munich
frres Scnnefelder,

faire conduire chez les

qui venaient de dcou-

LE GENERAL LEJE UNE


vrir les

189

procds de l'imprimerie

litho-

graphique.

Leurs
;

rsultais
ils

me

parurent

in-

croyables
essai.

dsirrent que j'en fisse

un

Je

m'arrtai

quelques

heures de

plus pour faire avec leurs crayons

un

cro-

quis sur l'une de leurs pierres et je leur

remis ce dessin.
ces messieurs

Au

bout d'une
la

heure,
pierre
ce

me

renvoyrent

avec cent

preuves de

mon

croquis,

Herley
1" canonxier de la garde des consuls

qui

me

surprit

extrmement.
;

J'emportai Paris cet essai

je le
saisit

montrai
l'instant

l'Empereur

il

mme

tous les avantirer

tages que l'on


cette

pourrait

de
il

prcieuse

dcouverte et
suite.

m'ordonna d'y donner

Je

trouvai dans le principe peu

de

personnes disposes
Roux, BRIGADIER AU
0

me

secon-

RGIMENT DE DRAGONS

der,

et

d'autres

soins

m'appe-

lrent bientt ailleurs.

Ce ne

tut

qu'en 1812 que

la

lithographie fut tablie en France et qu'elle

commena

190

LE GKNKIiAI. I.IMKIXR

recevoir

des pcrfeclionnemcnls

auxquels

les

premiers invenleurs

laienl loin

de s'allendre. J'ai eu d'eu


avoir

riionneur

apport

le

premier
nislre

essai.

L'pouse
jM'""

du

mi-

du trsor,
cpii a

la

comtesse
talent,

Mollien,
a l

beaucoup de

l'uuo des pi'cmires faire


le

connatre
tirer

parti

que

l'on

peut

de cette invention.

RnllX, IllVIGADlKK AU U IIOIMENT

FIE

llUAtiONS

Ceci tait

crit

au

milieu
la

de l'an-

ne IHOG. sept ans aprs

(h'couverle

d'loys Sennefclder, et signifie tout sim-

plement que

le

gnral Lcjeunc
la

fut

le

premier introducteur de

lithographie

en France

aussi

iM.

Henri

Bouchot,

le

savant liistorien de
plac
le

la

lithograi)hie,

a-t-il

Cosaque en bon lang parmi


art.

les

incunables de cet
.

Un' iimcAriiEn

Dr

.'i"

nKiiiMEM-

Lejeune

avait

monlr

le

procil

DE nmfioNs

Carie Vcrnet et

David qui partagrent


seul,

son enthousiasme

Denon, directeur des muses impriaux,

s'y

montra

LE GENE UAL LE.IEUNE


hostile; mais,

101

eu 1811, au retour d'une de ses campagnes, quel ne fut pas


la litho-

l'tonnement de Lejeune en trouvant celui-ci plus que converti


graphie, vantant les
belles

rsultats

de

cet

art

merveilleux,

renseignant

aux

madames

d'alors et laissant entendre qu'il en tait l'introducteur et le


!

propagateur en France

La

pierre originale,

rapporte de Munich par Lejeune, fut offerte par lui

Un cosaque

(lilhograiihic)

M.

Joly; elle appartient maintenant

INI.

Fouque qui

l'a

prsente une

des dernires runions des Socits de Beaux-Arts des dpartements.

Brillant

homme

de guerre, chroniqueur spirituel,

historien d'une rare


si

justesse de vision, artiste novateur, le gnral baron Lejeune, cet amateur

distingu, a encore d'autres titres notre grande. estime. Appel en 1830 au

commandement
accepta la

militaire

de la Haute- Garonne,
l'cole des

il

se

fixa

Toulouse
Il

direction de

Beaux-Arts

et

de l'Industrie.

y devint
le

et

mme maire

de Toulouse dans des

moments

difficiles,

il

sut

ramener

19-^

LK GKNIOlAI. I.K.II'MNE
et

calme

mciiler l'oslinic de lous. Aussi, quand

il

moiiiul.

li'

2d

fi'sricr IS'iH,

l'gc de soixuuLc-quulorzc ans, son cortge funbre lut-il sui\i l'wuf luiilc

immense, dsireuse de tmoigner


talent qui tait aussi

ses regrets

cet liommi' d'csiiril

cl

de

un homme de cur.
restera,
.-i

En somme, l'uvre de Lejeune


contient.

non seulement pour


l:

ses qualits

propres, mais aussi cause des sujets qu'il

ails et des

documents

qu'elle

En

glorifiant certaines pages


l'artiste

de l'pope napolonienne
il

avec la

sincrit de
l'ide de

qui y a jou

son rle do soldat,


et

lve les curs vers

patrie incarne dans l'arme

l'on

peut dire que son

pinceau

comme

son pe ont bien mrit du pays.

Pournier 5nrloi^2e.

MASSIMO D'AZEGLIO

Eci

pourrait

commencer

la manire d"im

roman
un

d'aventures.

Par un matin de mai de l'anne 1822,


cavalier,
sorti

de

Rome

par

la

porte

Saint-Jean, galopait sans hte sur la route

de Marino.

Il

avait une

monture de campale

gne assez convenable, avec


et le

harnachement

bagage complet des gardeurs de trou-

peaux, c'est--dire une selle hauts arons

IL^^v:?it:
besaces,

bien rembourre et recouverte de cuir, des

une capote en drap sombre double de


le reste,

soie verte et de plus,

en har-

monie avec
les

un habillement en velours de coton comme en portent


le cavalier

gens de

la

campagne.

Parvenu Marino,

un jeune homme de vingt-trois ans, dont


25

194

MASSIMO n'AZKCI.in
coslume grossier dont

l'lcganto sillioucllc conlrasUiit singulircmenl avec le


il

lail rcvLu

le

cavalier mil pied lerrc devant une auberge de peu d'ap-

parence, situe au iiaul du pays, au carrefour des roules qui conduisent,


l'une vers l'glise et les autres Fraseali, Caslello et

Albano

jinis.
il

aprs

avoir conll sa

moulure au

valet d'curie,

cuira dans

l'auberge, s'assit sans faon au milieu des paysans et


se mit causer avec le sieur Csar et la
les hteliers, tandis

dame
un

Marllie,

qu'on

lui prparait

repas.

Ces braves gens taient remplis de prvenance pour


leur hte, mais
ils

auraient t bien surpris d'appren-

dre (|ue ce jeune

homme

au costume de vacher

([u'ils

a|)pelaient familirremcnt

Sor Masshno,

n"(''lail

autre
famille

que

le

chevalier

Massimo d'A/eglio, de
plus

la la

Taparelli.

une des

anciennes

de

noblesse

pimonlaise.

Quant au
nesque

lecteur, dj limn par ce dbut

roma-

et rvant sans

doule complots, fuites et dguile

sements, force m'est de

dtromper en

lui

avouant

(jue d'Azeglio n'avait d'aulrc projet,

en venant Marino,

ainsi dguis,

que celui d'y


il

faire do la peinture...

Et maintenant,

nous faut reprendre d'assez haut

l'explication de ce qui prcde.

Massimo d Azeglio
(sialuciio

Turin, en 1798,

'

le

jeune Massimo d'Azeglio o

par MAnociiETTi).

n'avait pas encorc seize ans

quand on reconstitua
.

le

rgiment de cavalerie
ciers, retraites

Royal Pimont

Les vieux

ofli-

depuis longtemps, reprirent du service, mais, au cours des


faits

guerres de l'Empire, des vides s'taient


de

dans

les listes
fit

de l'Almanach

cour

et

du Palmavcnle

et,

pour

les

combler, on

appel aux jeunes

gens.

Du
crit-il

coup, Massimo d'Azeglio fut


spirituellcmenl.
qu'il

nomm

sous-lieutenant.

En vertu de

quoi"?

Simplement parce que, en l'anne 1240, ou


que moi-mme

60, ou

80

ce

y a de bon, c'est
date

titude cette

mmorable

un

certain

je ne me rappelle pas avec exachomme d'armes, Brenier Capel

vint prendre

femme

Savigliano et eut l'heureux destin d'tre la cause efli-

MASSIMO D'AZEGLIO
ciente de cette longue succession de Taparclli desquels
j'ai

193

l'iionneur d'tre

l'avant-dernier.
Il

n'avait exactement que quinze ans et demi, ignorait totalement

comme

bien on pense les plus lmentaires principes de la thorie et profond-

ment

sensible et droit,

il

souffrit

cruellement du ridicule, quand


il

se vit, lui,
la

pauvre

petit -noble
,

par

grce de Dieu

imberbe

et ignorant, oblig

de

commansemblait,
fois

der de vieilles barbes, retour de la Brsina.


confesse-l-il,
<f

II

me

chaque

que

ces fiers visages tournaient leurs

regards

vers

moi,

donner une taloche,

me sentir comme on

en donne aux enfants importuns

pour

se dbarrasser d'eux.

Aiguillonn par ce sentiment,


il

se

mit ardemment au
le

travail,

mais

canon de 'Waterloo venait


il

de tonner, et
s'apercevoir

ne larda pas
le

que

mtier des de
longet

armes n'aurait

plus

temps grande importance


faire partie

que

Massisio u'Azeglio

de l'arme

offrirait

peu prs autant d'agrments que

faire partie

d'une confrrie de pnitents


la

De

la cavalerie royale,

il

passa bientt dans la milice provinciale,

Brigata

f/uardie,

mais

s'il

changea
et

d'arme

il

ne modifia gure sa vie

et

continua

de perdre son temps

de compromettre sa sant dans

les pires folies.

Un beau

jour enfin, cdant aux objurgations de son ami Bidone et dpouil-

lant tout d'un coup le vieil

homme,

il

se

mit

faire

de la peinture...
trs vif
oi

Aussi bien,
arts et,

il

avait

montr de bonne heure un got

pour

les

beaux-

durant

le

premier sjour de sa famille

Rome

son pre repr-

sentait le roi, en 1812,

on

lui avait

donn comme professeur de dessin un

Calabrais, don Giccio de Gapo, g do quatre-vingts ans et dernier repr-

I'.'6

MASSIMi) DAZEGLIO
tir

sciihiiil

la

\icilli'
il

('colc

(le

ciiii

voiilion

Ati

rgimciil, luin

irouhlior ses

|iicmiiTcs leons,

mil prolil ses rares loisirs pour essayer quelques ludes

d'aprs nalure.

Rien ne

lui aurail

donc

l plus facile de se faire

une aimable rpulalion

Aq peintre amalcitr, en se bornanl loul simplemenl dvelopper ses disposilions naturelles; mais,
vailler

en quillanl
,

le

service,
et,

il

n'enlendail
lle

nuUemenl

trail

en amateur

au contraire,

dans sa

folle

de Taparelli,

roulait des projets Lien autrement im])orlaiits.

Son prcieux Mentor, son ami Bidonc,


dicton italien
ajoutait,
:

lui avait

souvent rpt ce vieux


,

((

Apprends un mtier

et

mets-le en rserve

auquel

il

en guise de commentaire, que tout

homme

doit avoir le
:

moyen de
qui dcida
est,

gagner son pain sans dpendre de revenus ni d'emplois

c'est ce

peu peu Massimo non seulement


en vivre.

faire de la peinture,

mais qui plus

Pour nous qui avons appris


degrs de l'chelle sociale,
il

voir natre les artistes

un peu

tous

les

n'y a rien l de
tait tout

particulirement digne de
et voir le chevalier
les

remarque. Mais en 1820,

il

en

autrement,

Mas-

simo d'Azeglio quitter son grade dans


pour
aller

le

Piemonlc Reale ou dans

Gardes

Rome

faire de la peinture, ces vingt-quatre


la socit

mots assembls dans

une

mme

phrase exprimaient, pour


le

d'alors, l'abomination de la

dsolation et signifiaient

retour du

monde au

chaos.

Les anathmes ne manqurent pas de s'abattre sur l'audacieux, mais


d'Azeglio dit quelque part que, descendant des Bretons,
il

eut toujours la tte


les

un peu dure

sa rsolution

ne fut donc point branle par

mines pinces

des douairires dOrsenlin et autres reprsentants de l'aristocratie gourme

du vieux Pimont. Laissant

rire,

il

partit

pour Rome...

L, ce fut d'abord, aprs quatre annes de vie oisive, une rage de travail
et

de travail assidu, forcen, tenace, sans but bien prcis

comme

sans direc-

tion. Je

me

levais de

bonne heure,

raconte-t-il, et

me

rendais tout de suite

l'atelier...

Le

soir, j'allais

me

coucher de bonne heure aussi.


lui

Une semblable
paternelles
:

existence de labeur soutenu

valut les approbations

Mon

pre tait trop heureux de voir

un vaurien de mon espce


cette

travailler, produire

quelque chose, bon ou mauvais, au lieu de passer sa vie


Il

dans

les cafs et les estaminets.

gagna aussi,

dure cole, son inal-

trable

bonne humeur

devant la tche la plus ingrate et les jours les moins

MASSIMO IVAZEGLIO
prospres
;

197

il

apprit de

bonne heure voir


il

clair

dans la vie

et,

comme

il

en

connut
Enfin,
Il

les

heures grises,

sut en apprcier davantage les moindres joies.

il

faut dire aussi qu'il s'est

form peu prs


de
se

seul.

est

assez curieux, en

effet,

demander

ce qu'ont

bien pu lui

apprendre ses

matres

En

1812, nous avons mentionn le vnrable

Don

Effet de lune

Ciccio de Capo, dont les quatre-vingts ans devaient

mal s'accorder avec

les

conditions qu'on exige d'un professeur de peinture. Plus tard, lors de son

deuxime sjour Rome, Massimo d'zeglio frquenta assidment


Martin Verstappen, d'Anvers, qui,
professer. Ecoutez plutt son lve
lui, avait
:

l'atelier

de

une bien singulire faon de

Il

se plantait derrire notre sige et

nous regardait

faire sans soufller

mot, pendant quelques minutes, tandis que


et
l'art

nous qui ne savions que peu de choses


mthodes, des rgles
gnait
et des secrets de

qui tions dans l'ignorance des

personne ne nous
il

les

ensei-

nous attendions ses paroles


, disait le

comme
:

autant d'oracles, esprant rece:

voir quelque bon conseil. La grande sentence tait enfin prononce

Un

beu tur

matre l'un de nous

puis

se livrait de

nouveau cinq

198
iiiiiiiiU's

MASSIMO
de
coiili'in|il;ili(in >il('nciousc,

D'AZI'C, l.IO

aprs
\ili'

(|uni, s'.ulrcssaiil l'auh'c i-lrvc


il

Un En

bcH pcs^uiil

})i'(iiiom;ail-il.

cl

se

liiuniail

ers ses propres

tableaux...

ralit, d'Azeyiiu

ne travaillait pas seulement


le

la

peinture eetlepo(|ue.

mais, lev une couple d'heures avant

jour,

il

se rendait aussitt eliez

un

inailre

ijui

recevait pluet

sieurs
diinnail
clart

lves

leur

dos leons la

des

bougies,

ces

jeunes gens ayant autre


chose faire
la clart

du

soleil.

Le jour venu, eliaeun


des
lves
s'en
et allait

ses all'aires,

Massimo,
prenait de

pour

sa part,

l'exercice,
Page
d'.iluu.m

c'est

--dire
les

c|ue,

s'tant

mnag

lionnes
sais plus quid chef (r('c\iries piincires,
il

grces de je ne

pouvait monter clie\al pendant


fut la

ciuelques heures et satisfaire ainsi ce qui

passion de toute sa vie.


diner,
et

Il

s'enfermait ensuite dans

son atelier jusqu' l'heure du

dessinant,

peignant d'aprs des modles, tudiant l'anatomic de l'homme

du cheval.

Aprs diner,
est bien,

il

allait

l'acadmie de nu jusqu' neuf heures du soir, ce qui


se lve de

pour quiconque

bon matin,

le

moment

de rentrer chez

soi et de se coucher.

Telle tait sa vie pendant les premires annes de son sjour

Rome

Je crois que cela pouvait s'appeler travailler, ajoute-t-il, et je travaillais

certes de

bon cur. Je sentais que

j'avais pris

un engagement d'honneur
.

qu'il

me

fallait tenir aussi vite et aussi

bien que possible

Pour

cela,
;

il

combina

un

tableau reprsentant, droite,


et le

un chteau
le

dans l'ombre

gauche, une valle,

mont Saint-Oreste dans


un

lointain.

C'tait, d'aprs le

propre jugement de l'auteur, une o?u\re de peu de valeur


y avait dans ce tableau de la couleur et
certain effet

artistique,

mais

il

qui,

somme

toute,

pouvaient plaire ceux qui ne

s'y connaissaient

pas

MASSIMO D'AZEGLIO
beaucoup.

199

Ce qui arriva, en

effet,

car la toile se vendit et fut envoye

Turin en 1821.
Puis,

comme

venait

le

printemps,
il

il

songea s'installer

la

campagne.

Ainsi, dater de cette anne,

quittera

Rome

rgulirement, chaque retour

Mort du

co.mte de

Montmorency

(Palais royal de Turin}.

de la belle saison, et s'en ira planter sa tente, sans mtaphore, dans un coin

ou dans

l'autre de la

campagne romaine.
le profit

Ces excursions annuelles, outre


qui fut immense,

que

le

peintre en a tir

profit

comme on

le

verra plus loin,

nous ont valu

les plus

pittoresques, les plus colores, les plus brillantes parmi les belles pages de
ses Souvenirs
:

Castel Sant' Elia, Rocca di Pa,pa, Genzano, Marino, La Riccia,

telles ont t les tapes

de ces quatre fructueuses annes. Install

ici

dans
il

une masure sans portes


habite l
leur

ni fentres et couch sur des sacs remplis de paille,

un chteau en ruines, appartenant aux


rats et

Sforza, o
il

il

doit disputer
sa pre-

domaine aux

aux chauves-souris

ailleurs,

commence

200

MASSIMO D'AZECLIO
villi'i;ia(uro

miro nui! do
encore...

couch dans un Ioiiihmu.

ii

la

Itcllc (''loilc.

Ailleurs

Mais commeal reprendre aprs


liqiics,

lui,

lanl d'pisudes gracieux ou

dramavivjinte ?

comiques ou

saisissants, conls d'une

plume

si

alerte et

si

rieiiconlres de hrigands, lles villageoises,

murs

locales, types observs et

camps

magistralemcnl

lel

cet extraordinaire

Sor C/ieco Tozzi


la

que

de dtails savoureux nous ont valu ces chevauches travers

campagne

romaine

et ses coins les

moins frquents, o Massimo Taparelli d'Azeglio


au dbut de cette tude

se rendait

nous l'avons vu
sir

dans un quipage

qui ne risquait point de trahir son incognito.

Presque toujours sous une forme lgre en apparence,

il

louche d'un

jugement

au fond des questions qu'il agile;

il

lanlt des aperus

politiques qui font

honneur l'homme

d'Etal, lanlt des rflexions

que ne
genre

dsapprouverait pas un moraliste de profession. C'est surtout dans


descriptif et dans le portrait qu'il excelle
et l'on dirait qu'il
crit
:

le

l, il

dploie sa verve pittoresque


il

avec un pinceau, tant


il

sait

donner de vie aux

personnages

et

aux choses dont

parle.

Mais

il

nous faut revenir au peintre


Il

et

conter d'aprs lui-mme sa mthode

de travail.

peignait d'aprs nature, sur d'assez grandes toiles, cherchant

terminer l'tude de son tableau sur place, sans ajouter un coup de pinceau
l'atelier.
Il

faisait aussi

des tudes de moindre dimension et peignait des


finir son

morceaux dtachs, s'ingniant toujours


vait. C'tait l le travail

uvre

le

plus qu'il pou-

de la matine.

Aprs dner,

il

dessinait, toujours d'aprs nature, terminant avec

beaucoup

de soin et tudiant chaque dtail.

Vers

le

mois de septembre,

il

rentrait

Rome, rapportant

trois

ou quatre

grands tableaux composs

et finis d'aprs

nature, une vingtaine d'tudes et


et
il

un grand nombre de

dessins.

Quelques semaines de repos Albano,

reprenait ses quartiers d'hiver pour tirer parti de ses tudes.

Ainsi composa-t-il, en 1823, de Gastel Sauf Elia;


vrit,
il

un tableau reprsentant un
d'effet et avait

prcipice prs

ne manquait pas

mme

une touche de

premier

fruit

d'une constante et attentive observation de la nature

durant six mois. Le marquis Lascaris de Venlimiglia lui ayant achet ce


paysage,
il

se dcida,

encourag par ce succs, frapper un grand coup.

MASSIMO D'AZEGLIO
Pendant l'hiver suivant,
le
il

201

reprsenta Les Trois Cents aux Thermopyles

tableau fut envoy Turin et offert par le pre de l'artiste Charles-Flix.

Ce prince, crit d'Azeglio, nie donna en retour une tabatire orne de


il

brillants.

Comme

en arrive d'ordinaire pour ces sortes de cadeaux, je


lui,
le

la

vendis en

souvenir de

plus

tt possible.

Ses
effet,

finances

en
tou-

n'taient pas
;

jours prospres
vait de son pre

il

rece-

une penune
il

sion de 130 140 francs

par mois,

et,

avec

spirituelle philosophie,

nous

met au

fait

des

hausses, et plus souvent

encore des baisses de sa


bourse.

Mais rien ne
tait,

le

rebu-

son budget s'quili-

brait tant bien


et

que mal,

quand

il

nous conte

comment

il

remonta son

vestiaire avec les habits du

pauvre sieur Basile, achets sa veuve, ilajoute sim-

plement :

C'est ainsi

que

Le

REITBE,

tude

je vivais et

que

je vcus

(Musl'c de Turin].

pendant des annes.


Il

faut pourtant reconnatre que la chance favorisa ses efforts et qu'il eut

la

satisfaction de voir ses tableaux enlevs par les

amateurs ds

qu'il les

exposait. D'autre part, depuis la tabatire de Charles-Flix, la vieille noblesse

turinoise

commenait

le

prendre au srieux

elle fut

dfinitivement conquise

par la Mort de Montmorency

Pendant l'hiver de 1823,


et

se

trouvant
,

la tte
il

d'un

joli

capital d'tudes
insis-

d'tudes faites d'aprs nature

comme

le fait

remarquer avec
26

202

MASSIMii
il

h' A

ZR CI.

10

lance,

se

mil
i)i('n

l'ii

Iric (rcxi'cnli'i'
.

une

;^raiui(' (i'unto

dans

lo

sens

(l(>

la

dimension,

cnlcmlii

J'appelai

mon

aide, raconle-l-ii, (unie

une eolunie

tle

])aladiMs, de clielittrature,

valicrs et do demoiselles errantes. Ce n'tait pas

une nouveant en

mais

c'en lail une dans

la

peinture paysagiste... Je pris


la

mon

snjcl

dans

le

Mah'k-Adel de M. Collin, i'pisude de

mort de Montmorency. Je fondais de


:

grands chlcanx en Espagne sur ce taljleau


composition en
tait

c'tait

mon

pol au
et

lail...

La

grandiose et neuve;

il

y a\ail de la couleur

de l'eUet

dans l'cnscmljle...

Expos d'abord Rome, dans

l'atelier

du peintre,

il

obtint
il

un

vrai suc-

c^s , les jeunes artistes vinrent en foule l'examiner et

ne

fnl

pas jusqu'aux
et exp(''di

\ieu\ matres (|uinese crurent obligi-s de lui rendre


Turin,

il

visite.

Emball

lit

l'ellet il'nne

vritable merveille

Le public accourut et

ma renomme

alla

toujours grandissant... Ce

m'tait

une singulire
fin,

satisfaction de pouvoir

montrer toute

ma

parent

qu' la

avec son intelligence et son travail, on pouvait arriver conqurir


qu'il ft ncessaire d'ti-e
si

quelque considi'alion, sans


C'tait
l,

chambellan ou cuyer.
satisfaction intime
belle

pour ce cccur

lirement

ilac,

une

laquelle

il

dut tre parliculiremenL sensible,

et

comme une
il

revanche

des propos aigres-doux qui l'avaient salu quand


visire avec les traditions de son poque.

s'tait avis

de rompre en

Depuis,

il

avait fait

du chemin

et

montr

la

voie aux antres

et tous ces

nobles artistes que nous rencontrons de chapitre en chapitre, dans les Souvenirs, n'auraient peut-tre pas os
initiative. C'est, Naples, le
et

prendre

le

pinceau, sans sa courageuse


Ricci, qui s'occupe de dessin
l'art,

marquis Domenico

de musique, c'est le comte Renevello passionn pour


et travaillant

c'est

encore

le

marquis Venuli, noble Romain, riche

peu, mais nanmoins fai-

sant aussi ses tudes d'aprs nature Marino, en

compagnie du comte Roberli,


se rapprole

un

artiste de

beaucoup de

talent et de

peu de fortune. D'Azeglio


c'est

chait plus de celui-ci que de celui-l.

mais

peine

si,

dans tout

cours

de ses mmoires,

il

a laiss chapper

une

plainte.

Ce n'est qu'en parlant de sa

vie de misres et de souffrances, Naples, l'anne qui suivit le succs de la

Mon

dp.

Montmorency,

qu'il crit, avec quelle

loquence

et

quelle vrit

Je sais trop de quoi je parle,

moi qui ai toujours d travailler


dos saignant desquelles on pose

comme

ces

pauvres bles de

somme

sur

le

le bat!

MASSIMO D'AZEGLIO
De
fait, il finit

203

par tomber srieusement malade, mais sans que pour cela


:

son activit se ralentt


disait tout travail

en

effet,
il

profitant d'une longue cure qui lui inter-

au dehors,

employa ces
il

loisirs forcs

complter ses

tudes d'anatomie.

En mme temps,

caressait de vagues projets d'crire.

La mout de Fermcio

Avec l'admirable promptitude de


ide, la
le

ses rsolutions,

il

saisit bientt cette

mrit pendant sa convalescence


d'y

Turin
:

et,

peine rtabli, chercha


la valle

moyen

donner suite immdiatement

une excursion dans

de

Suse

lui fournit

un

sujet, et

il

se

mit crire

l'histoire de l'abbaye

de Saint-

Michel

qu'il avait visite, et l'orner de lithographies d'aprs des croquis

pris sur les lieux

mmes.
il

Toujours svre pour ses propres uvres,


lithographies
effet,
:

n'est pas tendre

pour ces
certain

force

de fatigue et de soin, elles produisaient


.

un

toutefois elles n'avaient gure la touche artistique

201

MASSIMO

IVAZF.r.I.lO

Page d'albom

Et alors, une inquitude lui vint


le

si

l'on allait supposer,

dans Turin, que

tableau appoii de

Rome
le

l'anne prcdente n'est pas l'uvre de ce lithoil

graphe maladroit... Cote que cote,


nouvelle
toile

faut produire,

Turin

mme, une

qui efface

souvenir des sites de


la

la valle

de Suse et dtruise

toute quivoque sur la paternit de

Mort de Montmorency.
il

Aprs un
d'tudes et se

court

sjour

Rome,

rentre
:

Turin avec son bagage

met sur l'heure au


ne
s'est

travail

avec une fougue, une conviction,


ardents,
il

un cur
Barletta.

qu'il

jamais connus

aussi

peint

le

Dfi de

Et voici que, tout en peignant, tout en faisant tinceler les


flotter les

armures
il

et

oritlammes, sa pense s'envole jusqu'au vieux temps dont

retrace

l'hrosme. Par del le tableau, par del la rencontre des trois Franais et des
trois Raliens

dans

la plaine
!

de Barletta, voici qu'une ide lui sourit.

Ah

la

noble

et

gnreuse ide

Si de l'pisode dont s'est inspir le peintre, l'crivain

s'emparait

un jour

et s'il

en

faisait

un roman historique pour donner

l'im-

pulsion un lent travail de rgnration du caractre national, pour rveiller


des sentiments nobles et levs dans les curs, pour, en

un mol,

publier

sous les yeux de

la

censure autrichienne un livre destin exciter les Italiens

tomber sur les trangers...

Quelques jours plus tard,

Massimo d'Azeglio commenait son Ettore

Fieramosca, roman historique, accueilli plus tard avec cet enthousiasme

MxVSSIMO D'AZEGLIO
rserv aux uvres qui viennent leur heure, et qui lui valut
fesse

205

il

le

cou-

de vivre les plus beaux

moments de

sa vie

m.

Ces jours heureux furent assombris par la mort de son pre, qui survint au

mois de novembre 1831, une date retenir, car


notre artiste, une tape nouvelle.

elle

marque, dans

la vie

de

Les funrailles d'Aude VI

Il

se fixe
;

dsormais Milan qui


de

tait,

cette poque,

un curieux

centre

d'art

il

tait

mode
;

d'acqurir des tableaux modernes. Les riches se for-

maient des galeries

et

ceux qui n'taient pas fortuns se condamnaient

parfois d'tranges privations aiin d'avoir

un

petit tableau de tel

ou

tel

peintre

Pour un
cipal le

professionnel

comme

d'Azeglio qui, sans avoir pour but prin-

dsir de gagner de l'argent, entendait cependant cultiver son art

comme une

profession et vendre ses tableaux,


cette ville. Il

il

y avait un intrt tout spcial

rsider en

ne

fut

donc pas sans bnficier de la vritable


artistique Milan pendant

frnsie qui caractrisa le

mouvement

une dizaine

d'annes, et n'eut pas se plaindre de l'accueil qu'on rserva ses uvres.

200
11

MA S SIM
tiiil

II

|)'AZ1:(;M()
:

aiTivr apporlanl

Imis loilcs lerminrcs


la

Ir
;

lir/i

de UarlcUa. un
iivaiil

Intrieur de bois de sapins et

Bataille de Leyna/iu

mais
:

de

les

envoyer l'exposilion qui se prparait au Palais Brera


savent faire
ici
!

Voyons

ce (ju'ils

se dit-il, et

il

lit

prudemment
il

le

tour des ateliers.

A demi
comme

il

rassur par celle visile.

exliiha ses

lableaux

el

ne larda pas

reprendre confiance, car, en deux ou


dil.

Iruis jouis, tuuic sa

marchandise

trouva placement

Aprs une
:

telle russite, les

commandes

se

mirent

pleuvoir de lous

cts

j'en eus

toujours en quantit pendant

mon

sjour Milan, au point

qu'il m'est arriv de faire vingt-quatre tableaux

dans un hiver, tous ou presque

tous

demandes

l'avance.
il

En mme
entre ses

temps,

terminait VEtlore Fiera/nosca qui parut en 1833 et


il

aprs le succs duquel

se

mit crire Niccolo de Lapi.

Il

partageait sa vie

romans

et ses

tableaux, et ceux-l n'avaient pas

moins de

dbit

que cenx-ci, encore


il

qu'il

ne

fit

pas la chasse aux acqureurs et que,

comme

prend soin de nous

le faire

remarquer, ce fussent toujours eux qui vins-

sent au-devant de lui.

Son mariage avec


nitivement
i!i

la

fille
il

de Manzoni date de cette poque

il

se fixe dfi-

Milan, puis
et le

nous chappe.
:

Le peintre

romancier passent au second plan

l'homme

politique se

montre

et,

outre que cela sort de notre cadre, ce serait faire injure au lecteur

d'insister sur les

annes qui suivirent

et sur

le

rle de celui qui fut avec

Cavour l'un des crateurs de


Certes,
il

l'unit italienne.
Il

n'oublie pas son art.


:

pense quelquefois, au milieu des soucis

des affaires publiques


tudi le

service

Oh comme il me vaudrait mieux maintenant avoir en campagne par exemple, et bien le connatre, plutt

! !

que de savoir faire une tude de chne d'aprs nature

Connatre

le

Code,

le

mcanisme des
Mais ce sont
jours,

finances et

du
que

crdit, avoir des ides administratives, plutt


ciel

que de savoir peindre avec quelque habilet un


l regrets
le

ou un horizon...

temps

se

charge d'adoucir

et sur ses

vieux

on verra d'Azeglio,

snateur du

royaume, directeur des galeries

royales, gnral de

brigade en retraite el aide de

camp honoraire du
lui

roi,

reprendre son pinceau pour subvenir l'insuffisance de sa fortune,


autrefois, employait ses bnfices de peintre venir en aide

qui,
!

aux indigents

MASSIMO D'AZEGLIO

207

Au mois
uvre, dont

d'avril

1866, c'cst--diro trois mois aprs la mort de

Massimo

d'Azoglio, la ville
le

de Turin

organisa

une importante exposition de son


moins de cent soixanle-trois numformer une ide d'ensemble sur
le

"catalogue ne compte pas

ros; c'est assez dire

que Ton put

s'y

lV-:

-.-*.-

,;^^^j* "

'^^M^'"'

^jf.:/

"^8 ||^^^# <^n Mk BBB^ '^p ^M^^iji ^Sl ^S ~^^ k^l:^^^ I^^^kh^^ ^^^Ma H^^H
'

^y

-,

i'^-'-'v^^"

S^m^^^
i^r
La vendetta
{Musi5c

de Milan)

peintre, d'autant

que

ses toiles

les

plus importantes y figurrent en belle

place.

ces tableaux,

sur chacun desquels ce catalogue nous donne les plus


les

prcieux renseignements,

organisateurs avaient eu la pieuse ide de

joindre, outre les esquisses, tudes et dessins,

un

certain

nombre

d'objets

ayant appartenu

l'artiste

ses uniformes, son chevalet, sa palette, sa bote

couleurs, les manuscrits de ses ouvrages, etc.

Tout de
plus grand

suite,

on distingue

trois

manires dans

la
;

peinture de d'Azeglio

le

nombre des tableaux sont des paysages

les autres des peintures

historiques ou lgendaires.

208

!\IASSIMO

D'AZKCMO
la

Ces dernires loilcs,

<(

pures cralions de

fantaisie [loiir lesquelles le


'

peinlre semble avoir pris l'iiippo^riire de l'Ariosle


inspires du Tasse ou de Danle
(le
:

)),sonl

en majeure partie
(1834), le

ce sont

VOmbrc crArgalia
(183;>), le

Combat
et
les

liradamantc
le

et iV Allante

au chteau cncliant
et

Duel entre Ferrari


jinr

llo/a/id,

Duel entre Bodomonl

Bradimart, Adolphe jjoursuiri


le

Harpies (1830), Dradamanle dlivrant Hoyer (1837),


et

Combat

entre Gradusso

ninaldo (1838), Sacripant

et

Anglique (1839),
cit les

etc.

cl de celle catgorie,

nous avons

uvres historiques, dont


:

les

sujets taient surtout


la Bataille

emprunts

l'histoire de l'Italie

le hji
la

de Barletta,
Dfense de

de Legnano, la Mort

de Josselin de

Montmorency,
de Turin, elc.

Nice contre Barberousse

et les Frcuicais, la Bataille

En
et

dpit de la place que tient ce dernier groupe dans l'uvre de l'artiste


lui fut rserv,
artiste,
il

du succs qui

n'est pas tout

fait

juste de dire, avec

M. Camerini, que
ditions de l'Italie

d'Azeglio no sut pas se dgager du culte des tratendrait

jugement qui

diminuer

la

valeur de ses payla

sages

au

profit

de cette peinture conventionnelle

de l'histoire et de

lgende.
Traite d'ailleurs avec beaucoup de libert, elle
a,
il

faut bien le dire, le


:

dfaut de tomber trop souvent dans


ruccio, par exemple, n'est pas

le thtral et l'apprt

la

Mort de Fer-

exemple de tout reproche


et la
,

cet gard.

Quant

aux Funrailles d'Amde VI

Mort de Moiitmorencij on
,

dirait propre-

ment
Il

des maquettes, trs

pousses

de dcors luxueux.

faut pourtant y noter le soin avec lequel est choisi el trait le paysage

et la

place qu'il lient dans ces compositions

bien

examiner l'ensemble,

il

n'est pas exagr de dire


et que,

que

la

scne apparal plull


se tient trs

comme un
il

accessoire

mme

sans elle, le tableau

suffisamment.
:

C'est

que Massimo d'Azeglio fut surtout un paysagiste


sur

eut beau vouloir


bless

altirer l'attention

un groupe de combattants sur un


ou
le lleuve

expirant

au milieu de ses amis plors, rien ne l'empche de s'attarder au dcor naturel


:

les

arbres ou les rochers,


ils

le

lac

encadrent l'pisode, quel-

quefois

envahissent la scne et accaparent leur profit toute l'attention du

spectateur.

Aussi quand, par contre,


celui-ci
'

le

paysage
la

et le

sujet

si

minime que
il

soit

s'unissent

et

concourent

mme

impression,

en rsulte une

E. Camerini. / conl.empovanei itallani.

MASStMO D'AZEGLIO
motion profonde
et

209

ineffaable.

ce poinl de vue,

aucune des

toiles

de

Massimo d'Azeglio

n'est plus loquenle

que La vendetta.
Giulio Carcano, o l'aiiisle a repr-

Qui ne se rappelle ce tableau,

ci'il

sent

une route monlueuse, nue


quelques

et dserte,

avec un prcipice d'un ct,

et,

de

l'autre,

arijres rabougris,

comme on

en rencontre sur

les

liants

Bataille de Monualhoxe
(Palais royal de Turin).

plateaux des Alpes et des Apennins? Le ciel est couvert de nuages noirs qui

annoncent l'orage
n'est claire

au

loin, droite, la pluie

commence

tomber, et la route

que d'une lumire blanchtre qui semble tomber obliquement


ciel.

d'un coin du

Au

milieu,

un cadavre tendu, auprs duquel un chien


la

se

traine en hurlant; au

sommet de

cte,

un cheval blanc qui


les

s'enfuit

au

galop
hte.

et,

sur

la

gauche, au dernier plan,

assassins

qui se retirent en

C'est

vraiment une chose admirable que

l'elfet

puissant obtenu par ce seul

corps tendu au travers du chemin, au milieu de cette

campagne
de

dsole, et
la

rarement on a rendu avec une aussi intense viit

la ti'istesse

nature

210
et celle

MASSIMO
((

\)\\ZEi:\AO

odeur do crime

qui somhle llollcr par cerlains lenips en certains

lieux.

Paysagisle, voil donc

le

plus beau
si

lilre

de gloire de noire arlisle. et

il

faut ajouter paysagiste ilalicn, car.


rares, de Pais et de Londres,
il

l'on

eu excepte quelques vues, bien


peindre l'Italie. Cette Italie,
dit,
il

se l)orna

la

dame
aux

de ses penses pendant toute sa vie, a-t-on

en

recommande

l'tude

artistes de

son temps
les

et

il

enrage de

les voir,

non pas seulenienl ouhlier.

mais mconnatre

merveilles qu'ils ont sous les yeux.

AbaCELI

l'aquarellol.

Personne ne semble juger

la

magnifique nature italienne, sa splendide


ciel
!

lumire, les riches teintes de son


l'on va

aux expositions, qu'y


tel.

comme dignes d'tre reproduites Si voit-on? Un paysage du nord de la France,


prise Etretat ou Ilonfleur, imitation de tel

imitation d'un
autre.

Une marine

Une lande en Flandre, un


sous
le clair et

bois Fontainebleau, imitation de Dieu


la

sait qui...

Tandis que nous sommes ns dans

vritable patrie de toute

beaut naturelle,

puissant rayon d'un soleil qui colore les


si

plaines et les monts, les murs, les plantes et les difices de


tons,
il

admirables
teinte,

prfrent...

une nature sans me, sans caractre, molle,


a

ressemblant un instrument auquel on


Suit une comparaison entre
couDiie on
le

mis

la

sourdine.

l'Italie et le reste

de l'Europe, dans laquelle,


la

devine,

le

vieux

nationaliste

donne

palme

son soleil.

Mais gardons-nous de

rire, car

celui-ci qui avait la foi, eut aussi cette

MASS-IMO D'AZEGLIO
qualit merveilleuse de n'imiter ni les artistes manirs
les

211

du xvnf

sicle, ni

peintures photographiques de son temps

il

plaisanta cruellement les

ralistes et leurs imitations

du

laid et

l'ut

plus dur encore pour les


l'avons vu,
il

fai-

seurs

Il

fut original et vrai,

parce que.

comme nous

mit en

Ulysse

et

Nausicaa

(Muse de Turin).

pratique cette rgle esthtique trop oublie

qu'un paysagiste doit apprendre

reproduire la nature, aprs cela faire des tableaux...

Dans

sa jeunesse,

il

se pntra des beauts de la

campagne romaine, puis

descendit jusqu' Naples et poussa jusqu'en Sicile. Plus tard, c'est la HauteItalie qu'il

parcourt

et traduit.

De 1831

1841, dit

Camerini,

il

n'y

eut pas d'exposition qui ne fut

enrichie et embellie par les uvi'es de son fcond pinceau...


portes de la Basse-Italie,
il

Aux

tudes rap-

faut joindre ses travaux faits dans ses courses

travers l'Italie suprieure; notons, parmi ceux-ci, une Vue du vallon de

Brempar-

bana, excute pendant son sjour aux eaux de Saint-Pellegrino,

et,

dessus tout, ses paysages pris aux bords du lac de Cme... Les rives du Lario
lui

donnrent aussi des inspirations


exposs en 1833.

et

un

sujet

pour dix tableaux gi'ands ou

petits,

21-2

MA S SIM
l']|

II

II

AZi:(.l.lii

ihins ses oxqiiis soiivciiii-

di'

Miyn^cs. connin' dans ses coin|iu>ili()ns


Ii'

liisloriqiios cl ses lalilraiix ilc lirlinii.


s'a2,'ili'nl.
Ii'-^

snlcil illiiiiiiiic Irs sfnc's. les Iriiillr^

lii^iifcs s'aiiiini'iil

Ir

ju'iiilic ri'cih'illi' la

maj^ir

(li'<

iiii|irossions

fut;itivi's.

il

ose loul.

ci

pour

se l'aire

pardouncr su hardiesse,
_i;i;nui

il

irjiand pai'-

loul

un

acceul de vril.

La
les

vrit, la pi'oljil ai'lisliqiies. ((dirs riircnl


la

eonvielions pom-

di'IViise

desquidirs

il

travailla r{ lutta tdutc sa \ie... Et ce ipir

nous

disons

ici

de sa peinture, ou piuirrait taiilnncnl


cl sa lillcralure.

l'tendre sa politique

Quelle
cliante
!

grande figure
i\

cl

quelle figure atta-

de ses biographes Ta

nomnu' avec

raison
lia.

1/ jiru/to et

pin cuuabile cavalire ifl/a-

En

lui a ressuscit

un des caractres
:

les

plus brillants du genre italien

<(

l'universalit .

Lonard

de

Vinci.

Michel

Ange, Bcnvenulo
si

Cellini taient universels, et,

nous ne pouvons

comparer d'Azeglio
Vie
ii'AnAOEi.i

ces puissants crateurs,


qu'il est

nous pouvons du moins constater


la famille et qu'il juinl ses

de

{;iininiTllf).

dons naturels celui

de faire simplenicnl et gracieusement les choses


difliciles. C'est

pour nous un conleniporain puisque celui qui


le

crit ces lignes a

eu

la

bonne fortune de
il

connatre, mais

un contemporain qui tranche sur

une poque o

senilde qu'on ne puisse devenir quelqu'un. qu';\ la condition

de se spcialiser.

Il

l'anl
le

venir au
Lie

monde
cas

gni'al. peintrr. pote


tle

et

musicien

a dit le

prince

Ligne.

l'ut le

d'Azeglio.
tie

Tour

tour

diplomate, ollicier

eavalerie. dput, ministre et prsidenl


et si'naleiir c'est

du conseil. gouvenuMir de Milan, ambassadeur


vain politique, romancier, pcinti'e et
artiste,

du l'oyaume,
ell'el

cri-

nuisieien,

en

un

vi''ritalde
et

dans

la

plus large aeceptiim du mot. qiir cet lioniinc du miuiilc


idi'cs et
et

du

meilleur, aux
lie la

aux sentimi'uts giMireux,

(|ui.

ayant tous

les

avantages
l(Uil
il

naissance

tous les dons iiour tiriller parmi ses pairs, laisse

pour

donner carrire

son got pour

la

peinture.

Il

travaille,

il

peine,

souIVre,

^[ASSniO D'AZKr.LIO
mais
il

2i3
il

esl

fier

de

gagner sa vie

et

lorsqu' plusieurs reprises


la

quille

ses pinceaux, c'est


fravei'sait

pour prendre l'pe ou


!

plume, aux heures

difficiles

que

son cher Pimont


le

Ouvrier

la

premire heure de l'unit italienne,

il

eu

le

rare courage
le

de montrer les prils aprs avoir exalt les nergies, lorsqu'il rompait
silence

impos par

les

oppresseurs trangers

et

qu'il parlait

de libert

et

d'indpendance. Ce n'est pas de l'homme politique, de


ministrateur que nous avions
parler,
c'tait

l'officier

ou de

l'ad-

seulement de

l'artiste.

Mais

cela suffisait, semble-t-il, car ce titre d'artiste lui tait plus cher

qu'aucun
irail

autre, lui qui refusa le collier de l'Annonciade, objectant

rju'i/

mal

sur son costume de peintre.

Cependant, pour complter l'esquisse de cette belle figure, nous terminerons


par ces lignes extraites de ses souvenirs
et

dans lesquelles d'xVzeglio donne


:

un noble exemple aux hommes


n'apprcie
la

politiques de son pays

Nul plus que moi


cause de
l'Italie.

valeur du gnreux sang franais vers pour

la

TABLE DES GRAVURES HORS TEXTE

Buste

(le

Oautidol cVAncicr (Muse de Gray, llaule-Saone). Hliogravure de Massard,


b et C"', d'aprs le lableau de Sofo-

d'aprs un dessin de M. Fournier-Sarlovze

La

partie d'checs. Hliogravure de Braun,

Clment

nisba Anguissola
Sofonisba Anguissola, par elle-mme. Hliogravure de
Galerie Borglise
J.

21

Taneur. d'aprs

le

lableau de

la

33
il

Louis XIII, d'aprs la statue de Pierre de Franqueville (Muse national,

Florence).

Cl

La comtesse Potocka, ne Mniszcch, et un de ses fds. Hliogravure de Dujardin, d'aprs tableau de Lampi (Collection de M. le comte Nicolas Potocki)
.
.

le

93

Le comte Vandalin Mniszccli, d'aprs

le

tableau de

Lampi

(Collection

de M.

le

comte
9u

Lon

Mniszecli)

Hb. Lithographie de M. Fuchs, d'aprs le tableau de

Lampi

(Collection de

JI.

le

baron
97

de Bourgoing, Vienne)
Le comte Louis Starzinski, d'aprs le tableau de
las Starzinski)

Lampi

(Collection de M.

le

comte Boles101

L'impcratiice Marie Feodorouma. Hliogravure de Dujardin, d'aprs


(Galerie

le

tableau de

Lampi
tOo

du grand-duc Constantin, l'avlovsk)


et Varcidtccte

La comtesse Josphine Potocka accc Lampi

Latour,

d'aprs le tableau de

Lampi
Le
fds aine de

107

Lampi

et

son pctit-fds, d'aprs

le

lableau de

Lampi

(au

Fcrdinandeum,
109

Innspnick)

La

priresse Pauline de Schwartzenberg, d'aprs \q la.hlea.a do


le

Lampi

113
153

Le retour de chasse, d'aprs


Intrieur

lableau de Costa de Beauregard


le

du

Villard

Hliogravure d'Arents, d'aprs

tableau de Costa de Beauregard


157
ICI
.

(Collection de M.
H.sopc cl les

le

marquis Costa de Beauregard)


le

animaux, d'aprs

dessin de Costa de Beauregard

Le gnral baron Lejeune. Hliogravure d'Arents, d'aprs une miniature de G. Gurin

173

TABLE DES MATIRES

Claude Lulier

et le buste de
:

Gauthiot d'Ancier

Amateurs au

xvi'= sicle

Sofonisba Anguissola et ses surs

13 38

Appendice.
Pierre de Franqueville

45
:

Nicolas Foucquet et ses collaborateurs

Vaux-le-Vicomte

C5
91

Lampi
Ferdinand de Meys
Appendice
Costa de Beauregard

117 132
149

Le gnral Lejeune

107
193

Massimo d'Azeslio

VKEUX. IMPIUMERIE DE CHARLES HRISSE V

&1

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