Études de Mythologie Et D'archéologie égyptiennes-Maspero-VI
Études de Mythologie Et D'archéologie égyptiennes-Maspero-VI
Études de Mythologie Et D'archéologie égyptiennes-Maspero-VI
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BIBLIOTHQUE
GYPTOLOGIOUE
TOME VINGT-HUITIME
CHALON-SUR-SAONE
IMPRIMERIE FRANAISE ET ORIENTALE DE
E.
BERTRAND
BIBLIOTHQUE
GYPTOLOGIQUE
CONTENANT LES
G.
MASPERO
Membre de
l'Institut
MASPERO
RUE BONAPARTE,
28
1912
ETUDES
DE
MYTHOLOGIE ET D'ARCHEOLOGIE
GYPTIENNES
VI
CHALON-SL'K-SAUNE
IMPRIMERIE FRANAISE ET ORIENTALE DE
E.
BERTRAND
TUDES
DE
n'
GYPTIENNES
\^
PUBLIES PAR
r"--
G.^MASPERO
Membre de
Directeur d'tudes
:\
l'Institut
TOME SIXIME
>
RUE BONAPARTE, 28
191^
nous a rendu plusieurs inscriptions d'Amenemhit I", qui, traces la pointe sur le rocher par des gens mal outills ou inhabiles manier les outils
La
valle de
Hammamt
du sculpteur, sont assez difficiles dchiffrer. Elles prsentent un mlange de formes hiroglyphiques dessines gauchement et de formes hiratiques non moins maladroitement reproduites ici, le ciseau a chapp la main qui
:
le dirigeait, et la
beaucoup trop
remplac les lignes o l'on devrait me propose de transcrire rencontrer des lignes courbes. Je en entier et de traduire quelques-unes de ces inscriptions
loin; l, les courbes ont
droites, et des lignes droites se dveloppent
curieuses.
La
fois
par Lepsius.
M.
Golnischeff
l'a
copie de nouveau et
l'a publie rcemment, en y joignant une traduction de deux des lignes de la fin que je n'ai pu utiliser, faute de
mes
:
je
Publi dans
les
srie
de commentaires nouveaux.
ici le
Je n'introduirai pas
je
me
et
bornerai
transcrire
en hiro-
glyphes ordinaires
:
1 ,
AAAAAA
y\
,..,. n
I
z_i
.^ r:f^
'^
. 'V
'
,. u
.. u
^zi,
. i
. i
^r^
W
. .
a/v*aaa
1.
le pluriel, l et
en plusieurs endroits
je pense
que ces signes sont ds sa maladresse et qu'il avait l'intenou OOO, le dernier plutt que le premier. tion de marquer 2. Le signe bizarre qui termine la ligne avec '^^-^ est une forme mal
| |
trace
du cur
une
^0";
d'ordinaire, le
cur
est suivi
du
trait
dans notre
il
inscription,
fois
pourtant, au
commencement
ici,
de la ligne 4,
le
est
dpourvu de
trait
comme
cur
la
, \
transcription
^^s
effet
commande par
l'usage.
La locution
^^ ^^ J\
p.
AJ\\
il
^ est en
assez frquente
p. 701,
s.
logieux
(Brugsch, Dict.
hier..
V.
[Tj
A,
et
Supplment,
286, 288);
correspond,
comme Brugsch
l'a
(Tattam, Lexicon Aec/j/ptiaco-Lattmun, p. 566). Dans ce qui suit, au commencement de la ligne 3, il y a un signe mal trac, o je crois
reconnatre la forme de
"sln
hiratique
-^
un dle
terminatif
qu'il
plac derrire
le
pronom
rare
possessif
retombant sur
mot
dtermine, ce
c'est
qui n'est
i;^
^^
de l'expdition d'Auien-
emhit
^'^^
rffi^
5
8)
.
'
'
'
(Lepsius,Z)en/.7n.,n,pl.l49c,l,8;
se traduit
Golnischeff, pi.
XII,
Le tout
donc
plaisant au roi
O O O
AA/>/V\A
^'^;T^f\
^tx u
A/WW\
:l
ra^^^
O O O
'^n\'>
suo^
nu
^ r^:^
^^ i^ <^
mkifj
AAAAAA
ra%^
/l
D
parmi
que
les
AAAAAA
_Cr^
,^2.0
la
traduction
la
j'en ai
donne
est
faire
comprendre
valeur de la locution
1.
^^
le
Litt.
travaillant de
cur sur
2. Ici,
comme
plus loin,
\\
et
le
(1(1
est
une
mot
.
(ara est
plume
.
[)
'
De mme,
signe qui
"^^
Le
D O
,
mais
ra
sieurs objections graves
:
'
n'aurait pas
de dterminatif, ce
le
2"
les
composs en
pronom entre
.
la
racine et le
complment
Je
transcris donc
En
effet,
cz^
est
le
mot
souvent
si
carr
l'ont
trait
confondu avec un
ra
est
une
n'est
l'es-
ra
Le
^,
du verbe
Je ne
malheureusement retrouver
le
le
mem-
bre de phrase.
4.
Le signe qui
suit le
mot
vYy
choisi entre
JAAAAAA
AAAAAA
AA/VvAA
-1
tk
AAAAAA
AAAAA''. r\ "^^
r^-^^
i r.
les
J
^
et
11
7^
:^
ra
A/vA^W\ AAAAAA
O@
lin
.
deux ou trois transcriptions possibles celle du rouleau w dont la forme se rapproche le plus des traits gravs sur la pierre. De mme le mot qui commence le second membre de phrase est incertain, l'ex, ,
ception de
I,
de
de
vj)
Je
le lis
^^.
S)
et
je le
rapproche
du mot
0^ ,n ^
les textes
^'P^^^ enfant
:
Jls,
qu^n_ rencontre
I
rarement dans
de diverses poques
la locution
^^.
S)
signifiera tre petit de cui\ par suite, Hre abaiss, tre humilie. 1. La gnalogie est donne ici par inversion comme dans les exemples que M. Lieblein a cits {Ueber Nehera-sa-Numhotep uncl Ki-saThothhotcp, dans la Zeitschrift, 1874, p. 8-12). Je ne connais pas le
nom
n'est
2.
'^s^ss-
je
pense qu'il y a
ici
pas rare.
L'pervier
v\
n
est ici
J^,
3.
Le mot
t*"*-^
v\
(%/x/i
V^
est celui
que
les
inscriptions
d'Amten
:
il
d-
qui voit ^
A/W\AA
^
moyen du chien
le
O e
-^^
ou qui relve au
.
du gibier et suit les voies du dsert. Je ne du groupe qui termine la phrase; si d'un
suis
ct
est insolite
^^^
appellerait plutt
s'il
une lecture
est exact,
le
\}F ou
ImT
du pre-
mier
signe.
Le dterminatif ek.
le
semble indiquer un
nom
d'animal; mais
pronom
qui suit
l'accorder
ce cas,
avec
le seul
mot fminin,
c'est--dire
littrale
:
En
que signifierait
sait
les
la traduction
Aucun chasseur
ne connatsje
chccrcs
de ce bloc de pierre?
Provisoirement,
lirai
DU TEMPS D AMENEMHIT
fv-^^^
l"""
J\
\n
o o o
!L-
AA/VA'vA
A^wWNA
AAAAAA
%X
o o
I
111 Ci
I I
<CZI>
^m
D
(?)
iwmmm
/^aaaaaI-)
<ri~^>
ooo
^ ^
le
'-
D
I=SZ1
^ [^^ ^
I I
^
qui est
c^ baitiou,
en considrant
j [1
e^f;^
comme l'quivalent de
un avant-corps de
ti.
dterminatif de
et
qui reprsente
serait
la
vVcii
finale
Le sens que
:
du moins l'avantage
d'tre clair
Aucun
chercheur de pistes ne connaissait les qualits de cette pierre , ou, si l'on prend baitiou au propre, a ne connaissait sa. matire, son gist
nient .
1.
le
premier
:
trait ver-
tical
le
second
le
tout
signifie
<(
point n'est
connue
2.
elle
j).
comme
"=^_^^
A^^W\A
phrase.
crois
Au
dbut,
est
il
Q^ <::z>,
mais
le
je
que <czr>
lieu
<^
la
<cz> au
!
@ m'tonne, forme
W
.
du
<^
j'ai rtabli.
De mme,
e crois qu'il 1
I
vaudrait mieux
^-=^v
'^^'^'^'^
'
lire
,<j\
ce qui
\\'
.rt\
nous rendrait
la
formule
connue
6
1
O])
:
c^
I
/A
Vk.^
i<,
_^
\\
\\ Jr
^
.
II
Les signes qui suivent ne sont pas reconnaissables dans les deux cole sens se rtablit trs vraipies, et le ^^-^ final n'est que conjectural semblablement de la l'aijon que j'ai donne dans le texte. Les mots qui suivent le nom de Rahanou sont presque dsesprs. J'avais lu tout
d'abord
ra mier groupe,
3.
et je
ne
'
J
le
^A
le
pretra-
suivant.
Ma
La prsence de
le
pronom
je
AA/VV\A ca
AA/VAAA <-
->
/->
[ZSa
<?
Ad
^ Un A^^ \^-M
ti
A/^Vv/^
-R Jl
r^ ^ ^w^
JI
Tout n'est pas galement certain dans cette restitution. Les cinq premires lignes renferment le protocole royal et les titres du personnage qui ddia l'inscription. La plupart des termes s'en retrouvent dans les inscriptions voisines, si bien qu'on peut rtablir les signes douteux presque coup
sr.
))
((
et
du Sud
'
le roi des deux gyptes, du Soleil, Amenemhit, vivant comme Le prince hrditaire, conseiller, ami R jamais. unique, missionnaire royal, chef des prophtes de Mnou, le favori du roi qui l'aime, celui des familiers qui est
))
))
cur accomplit vaillamment ce qui lui est dit sans rbellion, celui dont le cur est fort pour excuter de sa propre main sans dfaillance, le doux de cur sans ... le cur sain qui s'unit au souverain quand il voit le rvolt, et
;
))
i)
))
Mnou, missionnaire
dit.
royal, Antouf,
fils
de Sovkounakht,
))
La
la
partie narrative a
dentes.
La
dans
reproduction
des
ne puis juger
celle
1. Ici
la faute
encore
le sens
gnral
me
ne puis
rendre compte du dtail de chaque mot. Dans l'original 'iM est debout.
DU TEMPS D AMENEMHIT
l""^
DenktruUci\ soit que Lepsius ne l'ait pas vue, soit qu'il l'ait juge trop incertaine pour qu'il ft utile de la reproduire.
La
si
confuse
que je n'ai pas russi en rtablir partout le sens d'une manire certaine. Voici ce que je crois y lire a Quand mon matre m'envoya Rohanou pour amener cette pierre vnrable, dont la pareille n'a jamais t amene depuis le temps du dieu, aucun chasseur ne connaissait ses merveilles, ne l'atteignait point qui la cherchait; aussi
:
1)
))
')
o elle tait, et je me prosternai plat ventre devant Minou, mari de sa mre, devant Oirit-hiqaou, devant tous les dieux de cette contre, et je brlai de l'encens en leur honneur. Le lendemain donc comme je sortais vers
cette
clieraents(?)
))
I)
montagne de Rohanou d'en haut, et que des dtade mes soldats taient dissmins sur les montagnes afin d'explorer cette rgion entire, je trouvai
pierre dans
...;
la
me
salurent, joyeux
de
ma
dcouverte, et je
acclamation Montou.
Le
dtail
de
la
:
les
notes
sens gnral
du texte
ressort claire-
ment de l'ensemble.
Il
s'agit,
comme on voit,
d'une recherche
spciale,
un bloc de pierre
probablement le sarcophage qu'Amenemhit P"^ destinait sa pyramide. On avait certainement indiqu notre Antouf
l'espce particulire de roche qu'on exigeait,
probablement
qu'on
d'aprs
quelque
monument d'poque
antrieure
Nil
lendemain matin, il dcouvre un gisement et rend grces aux dieux. C'est, comme on voit, une intervention de la divinit qu'il attribue le succs de sa mission il ne fallait rien moins qu'une sorte de miracle
:
mer Rouge
le
pour permettre aux gyptiens de rencontrer, parmi tant de roches diverses, la roche que le roi voulait, probablement une sorte de diorite. Au premier coup d'il, cette circonstance parait tre bizarre. On se dit que les gyptiens allaient souvent Rohanou, et qu'ils ne devaient pas ignorer si compltement les localits o telle ou telle des pierres qu'ils prisaient le plus se rencontrait en abondance. En y rflchissant, on en arrive bien vite considrer que le voyage d'Antouf remonte au dbut de la XIP dynastie, une poque o l'Egypte reprenait possession d'elle-mme aprs de longues annes de discordes et d'impuissance ses ingnieurs et ses princes avaient pu oublier le site exact o les rois de la V^ et de la VP dynastie taient alls se fournir avant eux. Si on tudie la suite des proscynmes copis et publis jusqu' prsent, l'impression se confirme. Les seuls grands personnages de la XP dynastie qui avaient pntr jusqu' Rohanou, Amenemhit, monarque de Thbes sous Nibtoouiri Montouhotpou, et Hanou sous Snkhkar, se vantent eux aussi d'avoir dcouvert non seulement des carrires, mais une partie au moins de la route et des
:
Au
missionnaires
venant au milieu de
la
mme
genre,
ne parlent plus de ces recherches du mme ton qu'Antouf ou qu' Amenemhit l'exprience de leurs prdcesseurs leur
:
que
et
il
une fois qu'une gazelle miraculeuse vnt signaler l'un deux un bloc qu'il cherchait sans le rencontrer'. Les autres inscriptions ont t signales et publies pour la premire fois par M. Golnischef'. En voici la transcription
1.
:
Lepsius, Dcnhm.,
II, pi.
149
c.
2.
DU TEMPS D AMENEMHAIT
I^''
y==^
rm
/VW\r^\ AAAAAA
-.^^MZ^II^
1)
nnn -
'*
\^
'
>
L'an
afin
...,
le
))
le pre chri du ami unique, prpos au Midi, prpos aux prophtes de Minou, Zaoutaqir. Je lui fis descendre un bloc de douze coudes avec deux cents hommes. J'amenai deux taureaux, cinquante chvres,
de faire descendre
pierre
pour
cinq cerfs.
roi
:
aucun
que
la
Cette premire inscription ne nous dsigne seconde rpare heureusement l'omission. Les
la date,
sont
si
indistincts
fait claire
mais
elle
redevient tout
avec
1.
nom du
roi.
Le groupe
initial est
certainement
le
J
I
s
le
avec
le sii^ne
s,
qui, sous
stles
diverses formes,
la
accompagne
dterminatif
dans plusieurs
de
XIP
chiffre
me
manque.
L'orthographe du
fois
nom
^"^^
n'est
pas certaine
il
une
qir
/^>^
v"^' ^"^
^^
V'^^
'
^^
Zaoutase re-
me
f]
Zaout
trouve
3.
'AAAAAA
comme nom
ri
est-il ici
v^
>
forme de
et
du pronom de
c'est
fait douter,
V\
A.
[Via
sans
-wwva
dans l'autre
inscription.
4. Le second signe du mot est indistinct; s'il faut y reconnatre un <cz> nous aurons une forme du copte ciotA, cercus-
o
I
J
"j^
'
m
W
B
^^R_^ ^
AAAAAA AA/v^^A
^t-^P
su
MM
\
I
AA/NA/V\
Ci
jP'
Ji^
/\
A^A^AA
'^^
I
4JPL,^1 <^^
4
zl
AAAAAA
r.
A/^A^^A
ra
ilTTI
/S
\7
"
)'
...
du
roi Shotpouhitr, je
mon personnel
entier et personne ne resta en arrire, personne ne mourut, aucun vassal ne mourut, mais j'atteignis
cette place heureusement, grce aux'prparatifs faits ds la
sortie
le 3, vint le
conseiller,
secret
du dieu,
a Je suis Je ne puis rtablir le mot qui manque. Le sens exige descendu acec mon personnel entier . 2. Il peut y avoir une lettre passe, probablement uu VU: 'point rcs1.
:
^^
peut-tre aussi
ti: il n'ij
a pas eu
de tranard
_A^ v\
<=^
a t rpt au
commencement de
la ligne 2,
La
fin
de la
:
par l'approvisionner au sortir d'Oasis. Le rdacteur veut dire que Adi n'a perdu personne, grce au soin qu'il a pris de s'approvisionner
au
compter sur
les
prsenter la montagne.
4.
Ici, A/vwNA,
inscription,
fait dfaut,
et
(in est
certainement
complment de
nu
^,
J\-
DU TEMPS d'aMENEMHIT
))
I'
11
pour le pre chri du dieu, prince hrditaire, chapelain, ami unique, prpos aux prophtes et aux chanteurs de Mnou, Zaoutaqir. Je lui fis descendre deux blocs, chacun de dix coudes de long sur ... coudes de large. Le nomla
Ces deux inscriptions sont, comme on voit, conues en partie dans les mmes termes. On y remarque quelques diffrences dans le dtail. La premire indique pour la date le troisime mois de Shomou, la seconde le quatrime, et
cette divergence n'est pas
derne, car
M.
un
sic,
Une
premire inscription, Adi nous annonce qu'il est venu chercher une seule pierre de douze coudes dans la seconde, il nous parle de deux pierres de dix coudes. Ici, on peut rapprocher ce fait du fait prcdent, et se demander si l'on n'aurait pas deux expditions dont l'une faite au troisime mois de Shomou aurait rapport un bloc,
;
rapport deux. Si Ton tient aux deux dates, il sera plus simple d'admettre une seule expdition ayant sjourn un
mois
entier, et
mou
ainsi
dpart,
comme
la
:
date
c'est du troisime marquait, ou peu s'en faut, l'arrive que la mission d'Amenemhit, sous Nibtoouir Montouhotpou, sjourna au moins du 15 au 28 du deuxime mois de Sliait de l'an II du roi, dans la valle de Hammamt. Venu avec l'intention de prendre un seul bloc de douze coudes, Adi en aurait enlev deux de dix. Il avait charm ses loisirs par des chasses au lasso ou aux filets qui amenrent la capture et le transport en Egypte de deux taureaux
la pi.
V,
n""
1-6 de ses
RcsiiKats pigraphiqucs,
M. Golcni-
OUADY-HAMMAMT
que
les blocs
Le plus curieux de
tiennent pas un
roi,
l'histoire est
n'appara trouv
comme
la
les
On
dans des tombeaux de particuliers d'immenses sarcophages en granit ou en roches qui proviennent de carrires situes dans le dsert assez loin du Nil. Souvent ils taient donns
par les rois ceux de leurs serviteurs qu'ils voulaient rcompenser Ouni, par exemple, rappelle le cadeau que le Pharaon Ppi P'' lui ft d'une stle monumentale pour son tombeau, et le prince qui accordait la faveur d'une stle ne devait pas tre embarrass pour accorder la faveur d'un sarcophage. Notre inscription prsente ma connaissance le premier exemple d'un particulier agissant comme les Pharaons, et envoyant une expdition aux carrires la recherche d'un bloc destin lui procurer un sarcophage pour son tombeau. Notre particulier n'est pas, il est vrai, un gyptien ordinaire. Ses titres nous montrent qu'il appartenait cette noblesse gyptienne dont les monuments nous ont appris la puissance. Il n'tait pas un prince fodal demi indpendant comme les nomarques de Siout et de
:
Bni-Hassan,
suivi d'un
sans
quoi
nous
lirions
les
le
titre
de
la
nom
la
barons de
Haute
Egypte.
Il
tement dans
main du
roi
son
titre
de
-^
'"y" nous
montre
Coptos ou
Akhmm. Des
fait
Akhmim
noms
Zaout-
tait la tte
sclieff
que nous avons ici afaire un prince de Coptos Coptos de la route qui mne au Ouady-Hammamt,
:
est prise
et des
DU TEMPS D'aMENEMHIT
et la
I'
13
engager le prince de matriaux de choix dont il avait besoin. Quant hi dpendance assez stricte dans laquelle son protocole prouve qu'il vivait l'gard du roi, elle s'explique par le voisinage de Thbes; ainsi que je l'ai indiqu rapidement ailleurs', les princes thbains ont d commencer la grandeur de Thbes en absorbant les nomes de Dendrah, de Qous, de Coptos, et d'une manire gnrale tous ceux qui entouraient leur petit domaine thbain. Selon l'usage oriental, les familles qui avaient possd ces nomes d'une manire peu prs indpendante jusqu'alors ne furent point chasses ou dtruites, leurs reprsentants continurent d'administrer comme gouverneurs hrditaires le territoire o ils avaient t princes. Des monuments existants sur les lieux nous montrent des Antouf et des Montouhotpou en pleine activit Coptos ou dans l'Ouady-Hammamt, qui dpendait de Coptos la rduction des seigneurs de Coptos en sujets thbains tait donc chose dj ancienne sous Amcnemhit P'', au dbut de la XIP dynastie. Leur fortune n'en tait certainement pas amoindrie, puisque Zaoutaqir pouvait envoyer deux cents hommes Rohanou pour en ramener un sarcophage. Je ne m'attarderai pas discuter ici les titres d'Adi. Je me bornerai indiquer qu'ils sont seigneuriaux et non royaux, en d'autres termes qu'ils nous marquent sa position auprs du seigneur de Coptos et non pas auprs du roi. C'est du seigneur de Coptos qu'il tait ami unique, conseiller, chef des prposs aux bufs, comme les personnages secondaires des tombes de Bni-Hassan, et non pas des Pharaons rgnants. J'ai t tent de rattacher la mme classe un individu du nom de Shema, dont l'inscription est voisine de celles d'Adi en juger par la place que M. Golnischel
site devait
les
:
1. Maspero, Les momies royales de Deir-el-Bahari, dans moires de la Mission du Caire, t. I, p. 713-714.
les
M-
OUADY-HAMMAMT
donne dans sa publication, et qui doit tre par consquent contemporaine ou peu prs d'Amenemhit P'.
J^
((
U^
si
vous aimez en
descendre vers
dites
:
roi
ami unique,
chapelain,
de chteau Shema.
Je ne
crois pas
ici
abrge de
et cette considration
m'oblige croire
que Shema tait attach une mission royale, par consquent officier du roi. Peut-tre tait-il venu avec Antouf en tout cas il occupait une position subordonne. S'il avait command en chef une expdition, ce n'est pas un simple proscynme que nous aurions de lui; c'est une inscription dtaille o il aurait donn des dtails sur ce qu'il tait venu faire au dsert.
;
1.
1.
SUR
E. Schiaparelli publie
le
plan et les
le
gnral Gren-
lement, en fvrier dernier (1892), pour la princesse royale de Sude. M. Schiaparelli, qui se trouvait alors sur les lieux,
reconnut
la
haute valeur de
Il
la
trouvaille
et
acheva
le
nous donne les inscriptions, et la rapidit avec laquelle il a procd n'est pas un des moindres mrites de son uvre, ni celui dont nous devons lui tre le moins
dblaiement.
reconnaissants'.
C'est la plus septentrionale des
il
chercher tout ct de la pointe rovertes, et faut cheuse sur laquelle fut construit plus tard le couvent copte, dont tous les voyageurs qui ont visit Assoun connaissent
la
1.
Publi dans
la
Reue
critique, 1892,
t.
II,
p.
358-366; tirage
(Extrait des
Memorie
dlia
4a, Vol.
X,
Seduta del 15 Maggiol892). Rome, 1892, in-4, 35 p. et une phototypie, et Di una Iscri^ione Geofjrajlca scoperta recentemente in
parte
la,
Africana
3.
d'Italia,
t.
Une
pre de
M.
E.
les
Schiaparelli,
M. L.
publie dans
t.
tin de
XVIII, bulle-
16
bien
descend aux chambres funraires par deux couloirs inclins, ouverts dans la paroi du fond. Deux stles en forme de porte dcorent la mme paroi, quelques tableaux en bas-relief lger sont disperss sur les piliers, trois longues inscriptions et deux figures en pied du mort encadrent extrieurement la porte d'entre le reste est nu. Le personnage pour qui l'hypoge fut creus apparnags dans
la
roche vive.
On
Assoun sous
la
VI dynastie, et dont
les
les
tombeaux
noms
il
s'appelait Hirkhouf,
fils
d'Ari, et
M.Schiapail
relli
(p. 17).
Ses
titres
nous montrent
:
la
considration dont
il
tait
dcor de l'abeille et du
Secret de
la parole,
))
ami unique -wv -pc-cov -jiov, du dieu local', Chef du qui donne les ordres pour le pays du
collier,
sud, l'intime de son matre, qui fait tout ce que loue son
matre et rpand
son matre,
le
la
Les petites lgendes rparties sur les piliers nous rptent son protocole satit avec des variantes insignifiantes. L'inscription trace sur le linteau de la porte, en dehors, est une ddicace de la tombe compose par la runion de plusieurs formules trs connues et par
1
.
Mir
le
mot
nu'/-
vent dans
les textes
ne
me
un
Schiaparelli (p. 7, note 2), avec titre mentionn dans l'inscription d'Ouni, et o il faut lire avec
le fait
comme
^L
E. de Roug, Smirotiou noubou, les amis d'or)). 2. Didi nirou Horou m sitou : le mot nrou est crit avec
tour, dterminatif de la syllabe nr, et le
et ou, les
le
\N, tau-
17
lacunes
facile
les
considrables que
revenus,
je
M. Schiaparelli y
descendu dans
signale
J'ai
vu mes
je
suis
mon
domaine,
j'y
suis
descendu dans
levant
I)
ma
statue
creus un
le
m'a honor,
sage en
))
ma
maison',
I)
ses desseins qui a fait le bien tous les siens, le chri de mon pre, le lou de ma mre, l'amour de tous mes frres,
car
j'ai
j'ai donn du pain l'affam, des vtements au nu, donn des barques qui n'en avait plus. vous vivants
en descendant
:
))
direz
))
je suis,
en
effet, le
le
))
amulettes,
Tout
indi-
))
))
vidu qui entrera dans ce tombeau et qui y enlvera quelqu'une des choses qui y sont dposes, le dieu grand (Osirisj lui en demandera compte (au tribunal des morts)'. Je suis
celui qui dit le bien,
n'ai
')
jamais
fait le
qui fait toujours ce qui plat', je mal, je n'ai jamais commis de violence
))
')
contre personne, mais j'ai aim ce qui est bon auprs du dieu grand je n'ai jamais menti, mais j'ai fait le bien et
;
))
1.
Litt.
2. Litt. je
monde
mit r
sit
hir-
Le
lecteur est le matre des crmonies, le prtre ou le magicien qui connat les rites et les formules.
4.
Aouf r
les
pronom
de la
3*
dans
5.
le plaisant.
BlBL. GYPT.,
T. XXVllI.
18
mort; elles n'auraient pas suffi lui assurer l'honneur parmi nous d'une tude individuelle, si les deux inscriptions graves droite et gauche de la porte ne renfermaient sur sa vie les renseignements les plus curieux. Hirkhouf avait t un grand voyageur, un anctre loign de ces
explorateurs qui parcourent en tous sens
cain.
Il
le
continent afri;
tait
n au dbut de
la
YP
dynastie
trop jeune
Papi P^ il avait commenc ses caraI", fils et successeur de ce roi, et il Mihtimsaouf vanes sous les avait continues sous Papi II. Ces longues courses pail entreprit raissent avoir t de tradition dans la famille sa premire tourne avec son pre qui, probablement, n'en tait pas son coup d'essai. Ce que furent ses oprations, on le comprendra en lisant le rcit malheureusement trop court qu'il nous en a laiss. La premire des deux inscriptions o il nous les raconte est trace sans lacunes sur le montant pour rien
faire sous
:
mal conserv.
))
au pays d'Amami, pour ouvrir la route vers cette rgion je le fis en sept mois et j'en rapportai toute sorte de denres, ce dont je fus Sa Majest m'envoya seul une seconde lou trs fort. fois. Je sortis par le chemin d'lphantine, je voyageai dans le pays d'Iritit, dans celui de Sokhir (?) et dans celui
pre, l'ami unique, le lecteur
mon
de Tourires
(?) d'Iritit
))
gens d'Iritit, je traversai ces rgions, prouesse qu'on ne trouve point qu'ait jamais faite aucun des amis uniques directeurs des registres qui sont Aussi Sa Majest sortis vers le pays d'Amami avant moi.
les
1.
Schiaparelli, p. 17-19.
19
:
fois'
le
vers
la
contre
d'Amami
je
))
avec
la
mon
pre sur
chemin d'Ouhat,
je trouvai les
gens de
contre
d'Amami
la
))
guerre aux Timihou, l'angle sortis avec eux contre la terre des
rendre honiest moiti
))
Timihou
mage
tous les
dieux du Roi.
la
le
premire ligne en
compltement la suite du rcit. Je quatrime expdition, y caria troisime n'tait point termine au bas de l'inscription il y manque la mention des denres apportes prcdente
m'empche de
ne crois pas
qu'il
ft question d'une
Timihou
lui
))
et rendre
hommage
Or
))
donner des troupes pour l'escorter jusqu'en Egypte je voyageai je conciliai ce peuple d'Amami [et dans Amami] depuis le pays d'Iritit jusqu'aux extrmits d'Oubou. Je trouvai le peuple d'Iritit, Oubou, les gens
^
1)
d'Ouaouait, [vivant] en paix. Je voyageai avec trois cents nes chargs d'encens, d'bne, d'ivoire, de peaux de rhino-
))
))
))
))
))
un lphant (?) et toutes quand le peuple d'Iritit, Oubou, les gens d'Ouaouat virent qu'il y avait une quantit de troupes du pays d'Amami qui voyageaient avec moi vers la Rsidence, ainsi que les soldats qui avaient t envoys avec Ouni, ce peuple [d'Ouaouat] me donna pour
cros, de
peaux de lopard
et avec
1.
M khointi
le
comme
2.
3.
pou sopou, o le mot trois est crit en mot deux la ligne 5 de notre inscription.
toutes lettres,
Schiaparelli, p. 22-24.
comme Ha-ni m
AiiKdiiioii.
20
))
la
de
contre
d'Iritit,
>)
d'Amami
'
))
))
auparavant. Alors, quand cet humble serviteur que voici descendit par eau la Rsidence, on [le Pharaon] fit aller
sa rencontre l'ami
confiseries,
unique Ouni, avec un bateau charg de de dlicatesses et de bire , la fois pour l'honorconforter aprs les privations qu'il avait
ce long voyage.
rer et
pour
le
d prouver au cours de
et l'inscription
Ouni
est le
mi-
tombeau Abydos. Les mmoires de Hirkhouf se joignent donc aux siens et claireront quelques points
nistre de Mihtimsaouf, dont Mariette dcouvrit le
sous Papi
II,
le le
le
successeur
pense
et s'appuie sur
de celle qui
portions de lignes
y manque des mauvaise qualit de la pierre ont rendu ce qui reste peu lisible par endroits, et bien que la copie ne paraisse pas toujours correcte, M. Schiaparelli a tir de ce texte difficile un trs bon parti. Je l'entends de faon un peu diffrente, mais sans rpondre entirement de mon sens, et sans prtendre donl'usure de la muraille et la
ner, pour
le
plusieurs
passages mutils. Il n'est pas d'ailleurs conu dans les formes ordinaires, mais c'est un rescrit royal dat de l'an II, le troisime mois de Shat, le XVIII, adress
me donner . une numraiion de denres je ne puis la rtablir avec les dbris de signes que M. Schiaparelli donne en cet endroit. 3. Cf. sur cette expression d'humilit par laquelle un personnage se dsigne lui-mme, la note de Borchardt dans la Zeitschrift, t. XXVIII, p. 122124.
1.
2.
21
Sinouhit'.
))
')
')
))
Conte de Ayant pris connaissance des paroles de cet crit que tu as envoy au roi la rsidence, on a su que tu tais revenu en paix de l'Amami, avec les soldats^ qui taient avec toi. Tu as dit tous les cadeaux qui taient avec vous, savoir que tu as rapport tous les tributs trs bons que tous les sheikhs Amamiens ont donns au double du roi des deux gyptes Nofirkeri, vivant toujours et jamais Tu as dit tous les cadeaux qui taient avec vous, savoir que tu as ramen ce Dinka, danseur du dieu, de la Terre des Mnes, semblable au Dinka que le serf divin (du blier de Mondes), Ordidou, apporta de Pouanit au temps d'Assi Tu as dit Ma ^Majest que jamais nul autre vers Amami n'avait amen rien de semblable ce Dinka auparavant, nul des missionnaires qui voyagent pour faire tout ce qu'aime et loue ton Seigneur, nul de tous les gardiens qui sont installs demeure avec
le
II
d'Amenemhit
dans
le
moi
))
tes
((
de ton
fils
et
aux
fils
hommes
:
disent,
quand
il
ils
C'est
quand
mait,
tance,
en
toute circons
rsidence royale...
toi,
Tu
as
Dinka avec
que tu amnes
la
p.
la
maison
2.
jardin dont
le
Pharaon Snofroui
le gratifia
en rcomla per-
L'homme
le
plac derrire ce
mot
prnom de
sonne, c'est
22
deux
descendra
))
))
toi dans la barque, fais qu'il y ait toujours derrire lui gens aviss de peur qu'il ne tombe l'eau quand il des se couchera pendant la nuit', fais que des gens viennent pour s'asseoir derrire lui, de peur qu'il ne s'chappe d'une course rapide pendant la nuit Ma Majest souliaite, en
avec
effet,
voir ce
Dinka
))
pays la cour, si tu bonne sant. Ma ^Majest te fera plus d'honneur que ne fut fait au serf du blier de Mends Ordidi. au temps d'Assi,
selon
l'on a
le dsir
de
mon cur
Dinka;
de
La
supposer que
Hirkhouf et entrepris un nouveau voyage s'il l'et fait, l'aurait probablement racont la suite des trois que il nous connaissons. Je crois que le dernier de ceux-ci ne s'tait termin qu' peu prs vers le temps o Mihtimsaouf mourut Hirkhouf envoya son rapport au roi nouveau, et
:
d'amener
le
Dinka
la cour,
et par la
promesse d'une r-
compense extraordinaire si le Dinka arrivait vivant. La langue de ces textes curieux est peu de chose prs
celle
de l'inscription d'Ouni
une tude minutieuse. Je me bornerai signaler ici une forme grammaticale, sinon nouvelle, du moins de rare occur1.
ment
est le
23
de son troisime voyage, Hirkhouf crit qimou-ni tiAmamiou shemou-rof r-to Timihou r /ioii Tnihou. M. Schiaparelli n'a pas tenu
compte du
ti
qui prcde
Amandou et,
prenant l'homme qui suit ce mot pour le pronom de la e marciai personne, a traduit lo trovai // mio l""*^ a insieme Tamahu, paese dei fino al esso ad attraverso milieu des au loin, plus soldati Tamahu. o On trouvera lacunes... m-sa ti-Amamiou akhir s-ho(pou-ni ti-Amamiou
:
Amam
I)
))
ti-Irilitou et
Akhir maai
ti-Irititou.
Le
prfixe
11
ti
suivi d'un
nom
Ti-masiou, l'accoucheuse, dans quelques mots comme suivi du relatif nti ti-nti-htorou, la cavalerie, et dans beaucoup de noms propres ti-nti-Osiri, ti-nti-Khiti, etc. ces derniers mots, dj observs, ont fourni le sens du prfixe, celle qui appartient Osiris, celle qui appartient au dieu
:
Kliiti, et
dans
les
noms communs
qui
est d'attelages, la cavalerie des chars de guerre, celle qui Ti-Amamiou est est pour l'enfantement, l'accoucheuse.
donc Ce qui
qui
est les
est,
ou plutt,
,
le collectif
Amami
l'ensemble des
Amami,
l'ensemble des
:
Je Iriti. Les passages cits plus haut se traduiront donc des le pays vers marchait trouvai la tribu des Amam/ qui
))
))
Timihou
o,
des
Amami ;
:
or je
me
Je trou-
la tribu des
))
Ma traduction
la tribu des
qu'un quivalent lointain qui donne le sens gnral de l'expression o entre ti-, sans rendre la valeur grammaticale prcise de l'afixe. On comprend maintenant comment il se fait que les scribes gyptiens aient pu expliquer le nom berbre des Timihou par les peuples du Nord: ils ont cru
ti-
en
24
M.
nom
des peuples
mentionns par Hirkhouf, et voici les identifications qu il propose. L.' A maint est le Kordofan avec les pays qui en dpendent' les Timiliou que Hirkhouf rencontre en traversant l'Amami auraient occup le Wadai et peut-tre la masse de leurs tribus la partie occidentale du Darfour le bassin du lac Tchad et sur le alors dans tait cantonne '. L'Iritit et, au sud delTritit, l'Oucours moyen du Niger bou, devaient se trouver sur la rive occidentale du Nil au sud de Dongola, et peut-tre sur la rive orientale, vers
;
:
Abou-Hamad\ M.
les autres
avons sur ces pays nous o])ligent passage de l'inscription d'Onni o ils sont mentionns, qu'il cite, est des plus concluants cet gard, quand on replace dans son contexte. Ouni raconte que Phaiaon
^
envoy lphantine pour creuser les chenaux de la cataracte et pour construire des galiotes en bois de sont destines au transport du granit du pa\s d'Ouaouait; sur quoi les slieikhs des pays d'Ouaouait. d'Amami et de Maza se mettent couper des arbres pour son compte. Ouaouait est la partie du dsert nubien la droite du Nil, qui va de Maza est au la hauteur d'Assouan celle de Korosko sud d'Ouaouait et lui confine, touchant d'une part au Nil, d<; l'autre la mer Rouge o on le retrouve dans les listes de Thoutmosis III. Ces deux peuples occupent h'S vall^'s l'est, o poussent les forts claires d'acacias et d'arbres analogues, dont Ouni avait besoin pourses constructions navales. L'Amami est sur la rive oppose du Nil, et un autre passage
;
1.
'(
II
Kordofan
colle regione
sotto
il
nome
di
Ainam
dipendenti era dagli Egiziani conosciuto {Dl una Iscv{.:wnr>, p. 3). Cf. Una tomba
p. 29-30.
Efjiziana, p. 27.
2.
3.
4.
Schiaparelli,
Schiaparelli,
Una Cna
tomba, tomba,
p. 27-28.
t.
Cf. Recueil de
Tracaux,
XIII, p. 203-204.
25
mme
faon
inscription
numre
les
peuples du dsert de
telle
Maza. J'en entre Assouan et Derr ou peu prs, et Iritit les contres situes au sud d'Iritit, entre Derr et la seconde ou la troisime cataracte. Dans cette donne, TOubou serait un
canton au sud
rive
d'Iritit
qu'Amami corresponde Ouaouait et Iritit conclus qu'Amami est le pays l'Ouest du Nil,
du
fleuve.
les aller
chercher dans
Wadai
ils
occupaient
Grande
une partie et peut-tre un des noms. Le troisime voyage de Hirkhouf sur le chemin
d'Ouhait aurait t dirig d'Elphantine sur les parties sud de l'Oasis Hirkhouf, tombant au milieu d'une guerre
:
l'Amami, aurait russi tout arranger deux ennemis, et en leur faisant reconnatre la suzerainet de Pharaon. Je ne puis qu'indiquer ici cette solution du problme j'espre donner ailleurs les arguments et les textes l'appui. Ce qui a sans doute dcid M. Schiaparelli mener son hros fort loin, c'est ce curieux dcret, o il est question du Dinka, amen par Hirkhouf de l'Amami et originaire de la Terre des Mnes. Pour M. Schiaparelli ce Dinka est un nain, appartenant Tune des populations pygmes de nom analogue, les Dokos ou Dongos tablis au sud du pays de Kaffa, les Tikki-Tikki et les Akka de Chaill-Long et de Schweinfurth, sans parler des tribus naines que Stanlej^ a signales sur le cours suprieur de l'Arouwimi Hirkhouf n'aurait point pntr jusque dans ces contres, mais il aurait rencontr un individu d'une des races pygmes
entre les
et
Timihou
en rconciliant
les
la Terre des Mnes et il l'aurait emmen avec lui en Egypte. Cette Terre des Mnes serait, selon lui, situe au-del du 10^ de latitude, l'Occident des Gallas et du pays de Kaffa, ce qui la mettrait en rapport direct avec les Donkos ou Dokos du Djob suprieur'. Il y a une ques-
dans
1.
Schiaparelli,
Una tomba,
p. 31-33,
Dl una Iscrione,
p. 4-5.
26
nom
miner s'il est un ethnique marquant un peuple tranger, ou simplement un nom commun appartenant l'gyptien. Les particularits du systme graphique gyptien nous permettent de la trancher coup sr. Les noms trangers ne
comme
Terre des Mnes, sont suivis du signe des montagnes s'ils marquent un pays, du signe des montagnes et du signe de l'homme s'ils marquent le peuple d'un pays
:
a publi. Or, le
tait
un nom
de pays ou de peuple. Ce n'est pas qu'il manque de dterminatifs, il en a trois un premier qui est V oreille de veau; un second d'un homme debout, les bras tombants, vtu d'un pagne qui lui descend aux genoux un troisime de l'homme accroupi. Il serait vraiment extraordinaire, si Dinga cachait un nom tranger de peuple lointain, que le rdacteur de l'inscription ne lui et pas donn le signe des montagnes, r^^^ qu'il a accord tous les autres noms de peuples qu'il crivait. Je crois donc que le rapprochement de Dinga avec un ethnique africain tel que Donko, Dokko, Tikki, Dinka, n'est pas lgitime. Dinga est, comme le prouve la nature des dterminatifs qui l'accompagnent, un nom commun dont il faut chercher le sens dans le vieux fond de la langue gyptienne, et il n'y a pas de consquences ethnographiques ou gographiques tirer de lui. On pourrait aisment le rattacher quatre ou cinq racines diffrentes, mais ce serait
:
sans profit rel, car le sens du mot lui-mme ne ressort pas clairement de l'inscription. Le second dterminatif, le seul qui nous clairerait, n'est pas malheureusement assez net.
S'il
il
M.
Schiaparelli,
ou du chef; serait-ce un
homme
27
le
mot
dans l'inscription ptolmaque o il est question des pygmes du Haut-Nil, je n'ai aucune rpugnance y reconnatre un nain. Dinga serait, en ce cas, un mot signifiant une varit de nain particulire, non pas une varit ethnographique, mais une varit physiologique.
nain [nemmou]
Un
tre laquelle.
La
Dinga
tait
de danser et de divertir
le
roi, ce
en Egypte
comme
ailleurs, ont
:
eu
le
privilge de fournir
je
mmoire
le
bas-relief de
Boulaq, o l'on voit un nain arm d'un bton se terminant en main et tenant en laisse un cynocphale aussi grand que lui. Mais la danse spciale du Dinrja est exprime
deux
fois
M. Schiaparelli rend
le
danser'
divinement'
la
Le
danse appele
le
mme
par une
y aurait un assez long travail faire sur cette danse: je ne puis ici qu'en donner les
Il
n'y a en
dont
les
monuments nous
la
figure. Or,
aux membres
il
normes, vtu de
peau du
flin {Bsou)
auquel
doit son
est tranger
Dinga
est probable-
ment un nain:
fois
1.
il
danse,
le
au moins, sous
Schiaparelli,
vient
Una tomba,
le
p. 20-21.
hache, signifiant
est
28
ne crois pas trop m'avancer en disant que la danse du dieu, que dansait le Dinrja, tait la danse du dieu Bisou, soit la danse guerrire avec l'pe ou le bouclier, soit la danse pa-
harpe portative des tribus du dsert. Si je trompe, ce rapprochement nous permet de conjecturer quelle espce de nain les gyptiens appelaient Dinga ; c'est le nain semblable au dieu Bisou, c'est--dire un individu
cifique, avec la
ne
me
s'il
avait,
comme
le
mrite de venir de Pouant ou des rgions analogues. Celui de Hirkhouf passait pour tre originaire de la TeiTe des
Esprits.
La Terre des
mine, c'est un terme emprunt aux croyances populaires de l'Egypte et rpondant au mme ordre d'ides qu'exprime le nom ' Ile de double connu par le conte de Saint-Ptersbourg.
De mme qu'on
plaait
au midi
l'origine
du Nil
terrestre,
on
y mettait des contres o vivaient les mes des morts. Ces contres avaient, ct de leur population funbre, une population vivante doue de connaissances magiques ou de figure
recommandables Dingas devaient tre assez sauvages, car Papi II recommande Hirkhouf de prendre des prcautions extrmes pour amener le sien vivant et en bonne sant
particulire, qui en rendait les individus
la cour
il fallait une surveillance de jour et de nuit pour l'empcher de se tuer ou de s'chapper. Les Dingas taient videmment quelque cliose d'analogue pour l'humeur et les
:
Maaoudi
nous conte de si curieuses histoires. Tout cela demanderait un examen attentif j'en ai dit assez pour montrer l'intrt qui s'attache la dcouverte de M. Schiaparelli et son mmoire. Le texte soulvera probablement de longues controverses et des discussions minutieuses quelque rsultat qu'elles aboutissent, M. Schiaparelli aura eu le mrite d'en saisir du premier coup le sens et la valeur, et de laisser relativement peu faire ceux qui l'expliqueront aprs lui.
: :
1
Les Ib'm^
les
chefs sont
reprsents
pi,
6, registre
mutil, en haut
de
la
La
depuis des annes, l'habitude ne s'tait introduite de rendre le signe -^s^- dans un certain nombre de noms trangers par ma,, mar, mal, et non plus par ari, iri, ili,
cussion,
si,
Chabas,
le
le
premier
si je
ne
le
<2>-(1[1\K
le
et
ne pas retrouver
c2^
nom
la
dans
groupe
^1
^^
donn ^s^-
le premier cas, ma dans le second, et a obtenu de la sorte un chameau et des Moniens dans les textes d'Egypte. M. Chabas partait de ce principe que les gyptiens qui ont de si bonne heure commerc et guerroy en Syrie et en Arabie, ont d connatre le chameau, mme ds les temps de l'Ancien Empire {tudes sur
valeur
mar dans
Il
Papyrus Anastasi
1.
Publi dans
le
Recueil de Travaux,
t.
VIII, p. 84-86.
30
conserv sous la forme <s'.ju.*.tA, kamaal o. C'est donc un simple raisonnement a priori qui l ui a fait admettre que
Tn^,?.
III
et
""' """^
"'''""
'*"
^ %l)fl^T
signifiant
-<2>-
mot
chameau,
'
^'-'^^vvv
donner Vil
"^ cX]
son
motif principal semble avoir t le dsir de substituer une lecture nouvelle celle d'Arou/ia, Iliouna qu'avait dcouverte
M. de Roug. Le motif
qu'il
nom
lu
le
ment <=>
lire
devrait prendre
s'il
tait
iri,
complque par
consquent il faut chercher une autre lecture et par suite Afaa, Maouna, ne me semble pas tre valable. Le verbe faire se rencontre des miliers de fois dans les textes, sous
la
forme
lui
^=s=^,
-ors-tltl,
sans
<=> complmentaire,
et
on ne
la
valeur du signe
le
complment <r=>
la
/-.
mme
objection s'appliquerait
''K
lecture
kamalioii du groupe
-<2>-M(1
pour
lequel
aucun
<=>
derrire
beaucoup d'gyptologues. Comme on voit, elle me parat ne s'appuyer sur aucun fait. Elle va mme contre une des habitudes les plus gnrales du systme graphique gyptien un signe polyphone n'est gure employ couramment sans complment phontique que dans celle de ses valeurs qui est la plus frquente, au moins sur les monuments antrieurs l'poque ptolmaque. Dans les textes courants le syllabique <2>- est toujours le verbe iri, faire, et non le verbe maa, voir : lorsqu'il a ce dernier sens, c'est comme idogramme, et il n'est jamais employ isol ma connais:
sance, mais
il
est crit
en toutes lettres
,^
\\ \\
autour
LES ILIM
de de
^^
'
31
l'il.
Le groupe
avec
la
.
dans
le
sens des
deux veux,
idogrammes
celui
:
valeur
.
la
...
mot
quand
-ss>-
ne signifie plus
un syllabique insr dans le corps d'un mot. De mme, pour le groupe ^^^ o l'il a le rle
mais
qu'il est
fais allusion, n'est
pas absolue,
mais elle est assez gnralement observe par les scribes, pour qu'on fasse bien de ne s'en dpartir que pour des raisons probantes jusqu' prsent ces raisons manquent dans
:
le
s'il
n'est pas
prouv que
"^
y V
signifie mulets,
il
est encore
moins prouv
charaeaux, et la substitution des Moniens parmi les peuples qui assistrent la bataille de Qodshou, ne rpond pas l'objection qu'on a souleve contre une intervention des nations riveraines de la mer Ege dans les affaires de la Syrie et de l'Egypte. Si mme on examine la manire dont les gyptiens ont rendu les noms trangers, on ne pourra s'empcher de remarquer combien il est peu vraisemblable qu'ils aient chercli compliquer la difficult qu'ils prouvaient dj transcrire intelligiblement pour tous un mot exotique, de celle qui serait rsulte de l'introqu'il signifie
Ilion,
pondance
et
de
la
composition
littraire.
Toutes
les lettres
gyptiennes qui ont t employes traduire des noms comme Kliiti, Magidi, Jopou, Tyr, Sidon, Damas, etc.,
y figurent avec leur valeur usuelle je ne vois pas pourquoi on aurait t chercher des valeurs peu ordi naire s pour celles
:
-C2>-(1[1
\v
[Jv]i
en d'autres termes,
ma^
32
prononciation
re,
ele,
el,
comme
[I
dans
<===>
eipe, ipi,
faire, dans H
Aj\ Osins. Je
lirai
donc ]usqu
dans
Ilim,
Irim ou
fait
Brugsch
{Die alUujyptische Vlkertafel dans les Mmoires du F" congrs international des Orientalistes, 2^ partie, preserait ici, mire moiti, section africaine, p. 47). Le i non pas un d, comme le pense Brugsch, mais le syllabique mi, indiquant une vocalisation finale en i, Ilimi ou Ilimmi. Le mot ainsi obtenu est assez curieux. On dirait la transcription exacte d'un terme usit dans une des langues de la rgion thiopienne, le galla. L, en effet, le mot ilrn, eulm, qui signifie lejiis, les fils, pourrait tre l'abrviation d'un nom analogue. Je ne veux pas en conclure que les Ilim sont les
Mais
les Gallas
l'indice serait par trop insuffisant. appartiennent une race de peuples qui a
:
remuante et assez rpandue au moyen ge, celle que les gographes arabes nomment les nations des Zendjes, et je ne vois rien qui nous empche d'admettre que des langues de mme type et de mme origine que le galla actuel aient t parles, ds le temps des anciens gyptiens, vers le dtroit de Bab-el-Mandeb. Le nom du chef de
t assez
Pount^^^
ra^,
;
te/Ji^s,
de la population celui de la nation des Ilim se rattacherait une souche purement africaine. Tout ce qui a rapport l'Ethiopie et aux ctes de la mer Rouge est tellement incertain jusqu' prsent que mme une conjecture aussi incertaine n'est pas ddaigner. L'identification propose par
riette
Ma-
avec
VAmara
LES ILIM
de Karnak,
suffit
33
p.
Blemmyes repose
Mal-m-
Les renseignements que fournissent les textes gyptiens ne permettent gure d'tre trs affirmatifs sur la position qu'il convient d'attribuer au peuple. Les reprsentations de Dir-el-Bahari ayant t sculptes pour commmorer une expdition navale, et les chefs d'Ilimi ou Ilimmi tant placs ct de ceux de Pount, il est probable que le pays tait situ soit sur la cte mme, soit non loin de la cte de la mer Rouge. Sur les listes de Tlioutms III
que
j'ai
rejete.
^^^~^
"^
Berberoii et
part,
^^, <=:=>
Tekarou,
Z5
Y>^~^
Courses
vv
*^^~^
Arok, Alok de
Brugsch {Dte gyptische Vlkertafel, p. 46-47) deux premiers noms Berber et Dongolah. Dongolali est entre Napata et l'Egypte. Berber est, comme Dongolah, dans un territoire qui avait t colonis par les gyptiens, faisait partie de la vice-royaut de Nubie et Ethiopie, et tait divis en nomes analogues aux nomes de l'Egypte. On ne comprendrait pas pourquoi Thoutms III
l'autre.
identifie les
noms de
de
la
comprises dans
rejeter
l'identification
me
porterait donc
de
Brugsch,
quand
mme
mer. Les
listes
de Ramss
pi.
II,
Thoutms
III
(Mariette,
^
Karnak,
r
45
a,
\!i^
2).
ct de
.En
descendant
la
34
Mar et iz=l /??ar), mais qu'il placs en Marmarique (^^^ a transports depuis au bord de la mer Rouge et assimils
aux Ilim de
la
^= Xi
wvs
'
reine
Hatshopsitou
{loc.
L, p. 47). Cette
Malm-a
qu'il
et
-^s^-
= m,
^
j'ri,
= Mal^
K\
manquant dans
^^
viendrait de lire
ti-ou. Je
-<^>-
= Mal,
\\
il
con-
ci,
^^
ti,
soit
Mal--
ma
r=r
= mr\
i^-^^o
=
^^
ti)
et
de voir dans
mot
un ethnique gyptien en
ti,
Ilmiti driv
tir
de Ilimi,
comme
la liste
^^^^
"^
Pouniti est
de Pounit. Cependant
et
dont
le
nom
pourrait bien
la lecture
^^ J^;
auquel cas
ou Ilitim. Les Ptoimes se sont toujours efforcs les mains le commerce de l'Arabie et de l'Ethiopie, et par suite, de tenir dans une sujtion plus ou moins effective les riverains de la mer Rouge la stle gyptienne nous aurait alors gard le souvenir d'une expdition du premier d'entre eux contre les tribus que les Grecs appelaient du nom d'Ichthyophages et de Troglodytes, et que les gyptiens auraient nommes //? m, Ilimtiou. C'est l une hypothse sur laquelle il ne convient pas encore de
d'avoir entre
:
au pays des
^
^\
[JU
d-
Peut-tre aprs tout, est-ce d'un peuple de mme nom, mais situ dans d'autres rgions, qu'il s'agit dans ce
passage de
la
stle
le
mouvements des
LE PAYS DE SITOU
tribus
35
Il
nomades
les
expliquent naturellement.
I*"',
y avait
il
sur quelques
comme
y en
Taharqou. L'expdition dirige contre eux exigea une de la cavalerie, de l'infanterie, comme celle que le satrape avait mene auparavant contre la Syrie.
flotte,
2
Sur Le pays de
^
le
pays de Sitou^
Sitou, mentionn sur les listes
l^ Siti,
de l'poque pharaonique, se retrouve dans les inscriptions d'Hirkhouf, que M. Scliiaparelli vient de retrouver si heureusement. Il y est mentionn pour la premire fois dans
le
J\
:
en
AAAAAA
}\
))
r^-^^
kS.
jf'
"^^^
I
'^ rv/^_
est
f^/^/1
Je voyageai
dans
les valles
du peuple
Il
d'Iritit,
j'ouvris ces
pays'.
nomm
:
dans
'
la se-
l\
^^
D^_^
f]
))
Il
^^jf^'^^^J^^^c^^^t:
"
^ ^^^^^P
[et
Lorsque
j'eus
d'Amami,
Sitou, je
que
trouvai ce peuple
tou
1.
1)
Un peu plus
le
bas, dans le
mme
t.
voyage,
il
Publi dans
Je
Recueil de Travaux,
XV,
p. 103-104.
2.
donne
de
tographiques que
moi
et
me
36
i^rn^^
A9
Quand
vit
le
peuple
d'Iritit,
Siti,
))
))
les troupes du peuple d'Amami qui Ouaouaitou voyageaient avec moi vers l'Egypte avec les troupes qui m'escortaient, il me donna de nouveau des bufs et des nes, etc. On voit que, dans tous ces passages, le pays de Sitou forme un groupe avec l'Iritit d'abord, avec
:
sa position dpend donc en les Ouaouaitou de l'autre premier lieu de celle de l'Iritit et des Ouaouaitou. Pour les Ouaouaitou, le problme est rsolu. Leur pays est sur la rive droite du Nil. On y arrive par la mer Rouge
en dbarquant Brnice, et
il
confine
la valle vers
Korosko
c'est la partie
du dsert
d'Assoun l'Ouadi de Korosko, plus ou moins, et ce n'est que cela, comme Brugsch Ta montr [Zeitschrift, 1882, p. 30 sqq.). La situation de l'Iritit est fournie par deux passages de l'inscription d'Ouni souvent cits. Dans l'un, Ouni lve des troupes en Iritit, en Maza (crit Zam), en Amami, en Ouaouait, et en plusieurs autres cantons Nahsi; dans l'autre, il demande du bois de sont aux cheikhs d'Ouaouait, d'Iritit, d'Amami (crit Aami) et de Maza. Les oprations indiques ne permettent pas, dans les deux cas, d'admettre que ces peuples soient grande distance de l'Egypte pour lever des troupes et pour construire des barques, on s'adressait des pays voisins. Je n'insiste pas sur ce genre de considrations que je compte dvelopper ailleurs, s'il y a lieu, je remarque seulement qu'Ouni s'adresse des peuples situs sur les deux rives du Nil Ouaouait et Maza sont sur la rive droite, Maza, derrire Ouaouait entre Korosko et la montagne ctire Amami et Iritit sont sur la rive gauche, comme il rsulte des inscrip: : ;
LE PAYS DE SITOU
37
doit tre
tions d'Hirkhouf. Sitou, intercal entre Iritit et Ouaouait, soit 1 sur Tune ou l'autre rive, soit 2 cheval
:
sur les deux rives, proximit de ces deux pays. D'autre part, les listes gographiques mettent Siti, Sitou
dans
le
voisinage immdiat
du pays de
/wwva
n''^
Konousit
85-86).
Le
pays de Konousit est bien connu c'est, d'aprs les textes des Pyramides, le pays d'o le Nil dcoule, au dbut le canton de la premire cataracte, puis au fur et mesure que les sources du fleuve reculent vers le sud, des sites de plus en plus mridionaux, jusqu' l'poque des Ptolmes o les rgions situes au del de Mro et du royaume d'Ethiopie, les plaines du Sennar et les montagnes d'Abyssinie
sont les
_^
les
Extrmits de Konousi. Le
son sige primitif,
et,
nom
(1.
dcouverte par
M.Wilbour
Jn au
il
mur
tant
comme
de Konousi.
De
rsulte que le Konousit tait, aux temps nous occupent, la portion de la Nubie confinant immdiatement au premier nome de la Haute-Egypte, commenant aux portes d'Assoun et comprenant le terrain qui s'tend au nord et au sud des dfils de Kalabschh,
ces indications,
environ
la
si le
nom
de
^^
"
Konousit
un
prfixe, le
jJ^O
mme nom
que
les
que
^_
C:::!:^
Sitou,
mais
le
certain c'est
deux pays confinaient. D'autre part, le Sitou confinait galement avec l'Iritit et l'Ouaouait, c'est--dire avec un canton situ sur la rive gauche du Nil et avec un canton situ sur la rive droite. Le point o le Sitou se soudait l'Ouaouait est donc dtermin en partie par celui o il touchait au Konousit ce devait tre au sud du Bab-Kalabschh, quel:
38
que part vers Dakkh et Maharraga, dans la partie mridu Dodcaschne. Bref, de mme que le Konousit tait la partie de la valle et du dsert qui, sur les deux
dionale
rives,
succde l'Egypte,
dsert, qui, sur les
le
Sitou tait
la
partie de la valle
rives, succde au Konousit. ne puis dvelopper ce point de gographie ni discuter les textes relatifs la position de riritit. Il me suflira de dire, en attendant la preuve, que contrairement ce que j'avais pens d'abord {Revue cri-
et
du
deux
je
L'espace
me manquant,
tique,
p. 364'), riritit est la partie du dsert gauche du Nil, confinant au Konousit et au Sitou, et s'tendant jusque vers Derr paralllement au site que rOuaouait occupe sur la rive droite l'Amami est situ au sud, symtriquement au Maza, courant au nord-est jusque vers l'Oasis de Thbes, dans laquelle les Tamahou de Hirkhouf taient tablis. Ces Tamahou taient, en effet,
1892,
t.
II,
puisqu'on
les
atteignait
l'angle occidental
du
ciel,
Fgypte mme
3
Le pays de Pouantt^
Des tudes sur
la
M.
possdons sur
Cf. p. 24-25
du prsent volume.
Extrait de la Rcoue critique, 1891, t. II, p. 177-179. J. Krall, Siudien ^tir Gcschichtcdcs Atten Mgjipten : IV. das
des
vol.
Land
Punit (Extrait
Vienne,
Comptes rendus de l'Acadmie des Sciences de CXXI), Tempsky, Vienne, 1890, in-8, 82 pages.
LE PAYS DE POUANT
39
pays situs sur les deux rives de la Mer Rouge depuis Massaouah environ sur la cte africaine, la partie mridionale de l'Arabie, la rgion des Somli, bref toutes les terres qui produisaient les parfums employs dans les sacrifices,
la
certain
myrrhe et l'encens. M. Brugsch a montr de plus qu'un nombre des noms indiqus par la liste de ThoutIII
mosis
comme
cte gyptienne de la
appartenant au Pouanit sont situs sur la mer Rouge entre Suez et l'emplaceKrall, tenant
compte de
:
ces
y ajoutant le rsultat de ses propres investigations, s'applique dmontrer les huit thses suivantes
Le pays de Pouanit
Il
n'a rien de
commun
avec l'Arabie;
du golfe Arabique, des environs de Saouakin ceux de Massaouah, l'endroit o les communications sont le plus faciles entre la mer et les centres de la culture thiopienne Napata et Mro. Les produits du pays de Pouant sont en partie identiques ceux du pays de Kaoushou, l'Ethiopie proprement dite ceux qui lui sont particuliers viennent probablement del Nubie et de l'Abys2
sinie
Les principaux produits du Pouant sont les rsines parfumes que les gyptiens nommaient Anti, et surtout la
3
gomme
4
dite arabique
la
arabique arrivait et arrive encore de l'intrieur de l'Afrique Saouakin, Massaouah et sur la partie de la cte qui avoisine ces deux ports 5*^ L'encens, au contraire, nous est donn, ds le XV^ sicle avant notre re, comme arrivant en Egypte par la Syrie mridionale. Il y venait d'Arabie par terre, le long de la route frquente par les caravanes au temps des Grecs et des Romains. Il n'tait import de Pouanit qu'en petite
;
Or
gomme
quantit
6
Les habitants de Pouant sont des Chamites, mais entremls de Ngres et en rapport de commerce avec les Asiatiques de l'Arabie. A ct d'eux, dans le dsert situ entre le
40
Nil et
la
anctres des
mer Rouge, habitaient les Ilim', prdcesseurs et Blemmyes. A Dir-el-Baliari les tributs des
;
gens de Pouant, des Ilim et des Troglodytes de Nubie sont reprsents tous ensemble
7"
le
Nil et
la
Mer Rouge
portaient des
noms
deux derniers
Tanoutir
aux rgions
mridionales
le
La
du Ta-
Amou
La premire mention de Mro est dans Hrodote stles thiopiennes sur lesquelles Mro est nomme sont
:
M. Krall a eu grandement raison d'appeler l'attention des gyptologues sur tout ce qui a trait au pays de Pouanit.
Je crois que sa dmonstration est en partie convaincante et
qu'il est
dans son droit, lorsqu'il met la cte situe entre Souakn et Massaouah dans le pays de Pouanit. Les faits
qu'il a
rassembls sur
la
production et
le
commerce de
la
gomme en ces parages ne laissent gure place au doute. Mon impression est pourtant qu'il a restreint par trop
l'tendue gographique du terme qu"il tudie. Brugsch a
montr des localits se rapportant ce pays jusqu'au fond du golfe de Suez je crois qu'on pourrait en montrer d'autres sur la cte de Somli. En d'autres termes, j'estime que le pays de Pouant s'tendait de Suez au cap Guardafui sur la cte africaine, sans compter l'espace qu'il couvrait sur la cte asiatique. La simple nonciation des raisons qui m'en;
un mmoire plus long peut-tre que celui dont je parle en ce moment. Je me bornerai donc rsumer en quelques lignes le rsultat de mes recherches.
1.
LE PAYS DE POUANT
41
Les premiers gyptiens ont arrt leur connaissance podu monde aux montagnes qui traversent du nord au sud le dsert Arabique et dont on aperoit les pics lointains de la valle du Nil. Qui aurait pu en escalader les cimes serait parvenu l'endroit o le soleil se levait chaque matin, aux rgions o les dieux vivaient dans une atmosphre toujours parfume, aux terres divines To-noutir. Une vague
sitive
connaissance de
l'ide
la
mer Rouge Le
leur a peut-tre
le
suggr
et sur
monde
Nubie au pays de Konsit, et il descendait sur terre par la premire cataracte. Quand on eut explor les pays voisins de
l'Egypte, les Terres divines s'en allrent vers
vers le sud, mais les
l'est, le
Konsit
noms demeurrent
aussi attachs
aux
gyptien de
prjudice
levait.
la
des
soleil
se
Comme
nom
blet
gographique d'un terme d'origine mythologique, les gyptiens employrent le mot de Pouant. Ils l'appliqurent d'abord aux parages dsigns par M. Krall entre Brnice et Ad u lis, o affluaient les gommes et les parfums rcolts dans les montagnes. Ils retendirent au nord jusqu' Suez, au sud aussi loin que portrent les navigations des gyptiens. A la XVIIP dynastie, il devait avoir gagn dj au del du Bab-el-Mandeb, et je ne doute pas que les vaisseaux de la reine Hatshopsitou ne soient descendus jusqu'aux rivages des Somli. Je crois reconnatre le nom de
Massaouah
(crit jadis
le
par un sad
sauuah) dans
le
'C^
qui occupe
noms de Pouant dans la liste de Thoutmosis III les noms prcdents s'chelonnent entre le cap Guardafui et Massaouah, comme les suivants entre Masmilieu des
:
42
Le
dialecte de Sioaah'
L'oasis de Siouah, rancienne Oasis d'Amon, est habite par une tribu de langue berbre mais les rapports du monde
;
si difficiles qu'on n'a pu encore constituer d'une manire complte le vocabulaire du dialecte qu'on y parle. La publication, dans les comptes ren-
civilis
avec
elle
sont
si
rares et
dus de l'Acadmie des Lincei. d"un mmoire de M. BricchettiRobecchi, Sul dialetto di Siuwah, a fourni .Basset l'occasion de rassembler tout ce qu'on sait, jusqu' prsent, sur
la question*.
un premier chapitre intitul les du dialecte. tait-il dj en usage dans l'ancienne Oasis d'Amon, ou fut-il apport par des
a consacr
M. Basset
Leouatah
faire l'histoire
migrations berbres qui, des poques postrieures, vinrent s'tablir dans le pays ? La question est douteuse, rpond ^l. Basset, et ne sera peut-tre jamais rsolue.
Il
de
la valle,
dans
sieurs reprises que nous trouvions dans le texte des mots berbres transcrits en caractres hiroglyphiques. J'ai si-
fl
"^
ahakaoarou,
ff|
nom
'[^ za^-oa,
mas,
prince, chef;
quoi que
M. Basset en
y en aune quinzaine d'autres. Ces faits donnent, dise, une valeur relle au tmoignage
d'Hrodote, d'aprs lequel les gens de l'Oasis parlaient une langue qui tenait de l'gyptien et de l'thiopien. Certes
Hrodote
1.
n'tait
fait
d'idiomes
Publi dans la Reue critique, 1891, t. II, p. 205-207. R. Basset, Le dialecte de Syouah. Paris, Ernest Leroux, 1891, in-8, viii-98 p
2.
.
LE DIALECTE DE SIOUAH
43
mme
de
propre langue n'tait sans doute qu'une illusion, due ce fait que les Ammoniens d'alors, placs depuis des sicles sous l'influence de l'Egypte, devaient avoir adopt autant
de mots gyptiens que les gens de Siouah y ont reu de mots arabes. Les deux chapitres suivants contiennent des Azotes de grammaire et des Phrases et textes. Ces phrases et textes sont malheureusement en bien petit nombre, et la manire dont elles ont t recueillies prte plus d'une incertitude.
Il
me
M. Basset
un compte
suffisant des
mots trangers
le
d'expliquer par
la di
Robecchi non vi piU nulla da mangiare, rpond plutt ghiroua netchiou, a il n'y a point oulre cela que nous
))
mangions
((
il n'y a point c/ze^ vous que nous mangions Robecchi ne donne point ches vous dans sa traduction italienne. P. 24, au lieu de haju ghegiarigg aniss, je crois qu'il faut lire
et
que gharrig
est l'arabe
kharag
^^
avec la prononciation populaire de l'Egypte. P. 25, ouallahi toumaa ammi, que M. Basset n'analyse point, est
tutto fuiito
toumaa
est
videm-
ment
l'arabe,
toum
,^,
tammali
<u.7,
une terminaison berbre. Dans le mme texte M. Basset traduit erhdurh p-v nogau? de dattiei' ; M. Robecchi donne
le vrai sens il lif dei datteri, c'est--dire l'corce fibreuse des palmiers, et surtout la bourre, l'toupe qu'on en tire et
On
pourrait multiil
de ce genre.
En
gnral
me
parat
44
que M. Basset ne tient pas assez compte des traductions que M. Robecchi a jointes au texte de ses phrases. O M. Robecchi donne, par exemple, lo vorrei sollevare il mio
cuore affvanto, M. Basset obtient le sens suivant L'homme est vendu (?) par le chtiment, la blessure du cur est
:
blme.
Il
Le glossaire occupe naturellement la plus grande partie du volume. M. Basset l'a compos par la runion de cinq glossaires forms depuis le commencement de ce sicle par
Cailliaud, Minutoli, Muller,
Knig
il
et Bricchetti-Robecchi.
Ce sont en
mais il y en avait que M. Basset n'a pas connues. Ainsi, le petit glossaire que Bayle Saint-John a publi (p. 151) dans son voyage au dsert libyen, et qui contient trente mots que l'auteur a rapprochs des mots correspondants des autres dialectes berbres. Plusieurs d'entre eux ne figurent pas dans le livre de M. Basset, Giddee, sable, Geet\ garon, Usaghus, criture, Tagillah, pain d'autres se prsentent avec une orthographe difrente des orthographes connues et souvent plus exacte, ainsi, Shl, ville au lieu de chaille que donnait Cailliaud, Afjbin, maison, Tabragh, tabac, Timseeh, feu, Tibber, or, Amelal, blanc, Dahan, huile,
efEet les sources principales,
est vrai,
etc. L'oubli
n'est
pas
s'agit
M. Basset
dans un volume bien class et d'un usage commode des renseignements qui taient pars dans des ouvrages et dans des revues parfois difficiles trouver. Le mrite d'avoir
fait le
le
dialecte de
Siouah
compense largement
peut prsenter.
ALLOCUTION
PRONONCE A LA
DISTRIBUTION
Je crains bien. Messieurs, de ne pas tre un inconnu pour vous et de vous rappeler plus d'un mauvais souvenir. N'aije pas t le
si
Mes contemporains
et
gnait ingnument une histoire douce, inolensive, suffisamment fabuleuse pour avoir l'allure antique et la couleur de
l'Orient.
On
s'y dbarrassait
nom-
bre de leurs syllabes se rencontraient et , on les relguait dans les coins les moins frquents du cours, honteux
et
comme
d essuyer
Publi dans
le
Palmars du Lyce pour 1891, avec tirage part Gaston Ne, 1891.
46
invitable des gyptiens, des Assyriens ou des Hittites. Leurs rois fondent en masse sur vous, et la longueur de leurs titres n'est pas ce qu'il y a de
si vous pouviez en prononcer le nom. On a beau vous en abrger la liste et ne vous en raconter que le ncessaire, il en reste toujours trop pour vos oreilles et pour la bouche de vos professeurs. C'est, du commencement la fin de votre anne, un cliquetis de lettres revches et de sonorits heurtes, de Toukoultipalsharra contre Nofirhotpou, de Qodshou contre Kha-
Soutrouknakhounta
Il
et des Ishpouinis
si
pi-
peuple
si
petit qu'il
ne se crt oblig de
momies que nous conservons dans nos muses s'veillaient par aventure et retrouvaient la parole, elles auraient beau jeu vous montrer ce que ces noms, si discordants et si gauches au premier abord, pouvaient offrir de souplesse et d'harmonie dans une
aussi rude qu'il vous parat. Si les
bouche habitue
les
moduler.
Ils
c'taient
pour
la
plu-
noble et de haute morale, une image potique. Par malheur, tout vous chappe en eux. Le sens? La langue n'en dit plus
rien votre esprit, et,
traduirait,
il
faudrait
vous en traduire
la
le
on
les
du discours
47
mmes dont
ment de
nonait.
Ce sont comme des instruments longtemps percomils ont renferm jadis leur musique et le doigt
ils
renferment encore, mais nous ne savons plus l'en faire sortir, et ils ne chantent plus ou ils chantent faux sous nos doigts. Peut-tre pensez-vous que j'insiste trop
sans doute
la
la
rpul-
et
que
surmontiez enfin
la
rencontrez partout dans les choses de s'accoutumer l'esprit des peuples trs anciens que vous prouviez pour vous apprivoiser leur langue. Les ides ne se touchaient pas chez ces gens-l de la mme manire que chez nous, leurs actions se dduisaient l'une de l'autre d'aprs des motifs qui chappent nos habitudes de raisonnement et nos rgles de conduite
les
la
noms, vous
mme
difficult
c'est force
de se mettre leur place, force de se plier leurs modes de penser et d'agir, qu'on parvient entrevoir la logique particulire qui rgit leur vie et leur histoire.
il
dveloppent lentement. Ces pauvres peuples auraient vcu dans Jupiter ou dans Mars qu'ils ne vous paratraient pas
plus trangers, ni la plupart de nos contemporains. Quand on a parcouru leurs annales, on n'prouve gure pour leurs
rvolutions,
leurs
victoires,
leurs
revers,
leur
activit
ml d'tonnement
ddaigneux et de curiosit un peu lasse, le mme peut-tre que les races futures prouveront pour ce que nous appelons
48
les hauts faits de notre pass, quand autant de sicles se seront succd sur nos tombeaux qu'il s'en est coul sur
ceux de l'Egypte et de
la
condensera des sicles dans une page, dans une ligne on ne pourra se refuser de longtemps vous tracer le tableau de
:
leur civilisation.
Ils
taient morts
le diront qui vous exposeront Les ombres qu'Ulysse voquait l'histoire de nos dcouvertes. au pays des Cimmriens, il leur fallait l'odeur et le got du sang pour les arracher la torpeur douloureuse o la mort les avait jetes mesure qu'elles buvaient, la con-
une chaleur de sentiment, et une plnitude de pense qui donnait presque au hros l'illusion de la ralit. C'est souvent au prix de leur vie que nos savants, de Champollion jusqu' Mariette, se sont enseigns eux-mmes et nous ont enseign l'art d'voquer les fantmes des peuples orientaux, mais ce n'est pas en vain qu'ils ont succomb la tche. Aujourd'hui vingt races mortes ont repris un corps et s'efforcent de renouer avec l'humanit nouvelle. Ce qu'elles racontent est encore incomplet et nous ne l'interprtons pas toujours bien mais nous en saisissons assez pour savoir ce que nous leur devons. C'est en Orient que
et
;
nos sciences sont nes, nos mtiers, nos arts, c'est d'Orient
nous sont arrives travers la Grce et l'Italie. Si nous ne descendons point par le sang des hommes qui les invenqu'elles
trent en
leurs hritiers
il
est vrai, ce
:
de plus prcieux
on y
trouve parfois des vieilleries encombrantes dont on se dbarrasserait volontiers, ainsi que de ces meubles hors d'usage
49
manit
relgue dans un grenier. Il en est de l'hude ces familles qui ne veulent plus se rappeler leurs origines et quelles preuves elles ont traverses, avan t de se hausser leur condition prsente. Le premier qu'on en connat est d'ordinaire un rustre ou un aventurier de petit tat, qui amassa quelque argent ou gagna quelque considration par chance ou par travail opinitre. Le second fit valoir heureusement le peu qu'il reut et le transmit plus grand ses enfants c'est aujourd'hui, aprs des gnrations,
de
mode qu'on
comme
fructifie d'elle-mme et qui s'accrot par la force acquise, autant, sinon plus, que par l'intelligence de ceux qui l'administrent. Les matres ont peine croire que le temps fut o elle n'existait pas; c'est pour eux un sujet de surprise quand on vient leur rvler ce
qu'ils doivent chacun des anctres qu'ils mconnaissent. Les peuples en plein panouissement de vie ont pour beaucoup de ceux qui les ont prcds, et dont ils hritent, ces oublis et ces tonnements de parvenus. Ils n'ont de mmoire que pour ceux dont la gloire acclame partout flatte dlicieusement leur vanit les autres, il n'en est jamais question ou le plus rarement possible. Nous sommes fiers de nous rattacher Rome et la Grce, de rappeler, selon les temps, que l'aigle des vieux rgiments de France fut d'abord l'aigle des lgions, ou que notre Rpublique est une rpublique athnienne n'est-ce pas un honneur pour nous que de rouler du sang latin dans nos veines ou de reconnatre dans notre esprit la vivacit de l'esprit grec? Nous attachons moins de prix la part de notre hritage qui nous vient des bords du Nil et de l'Euphrate. gyptiens ou Chaldens, ils comptent pourtant eux aussi parmi les auteurs de notre fortune ils ont pein pendant des sicles accumuler le capital qui nous fait si riches, et nous comprendrions moins bien ce que nous sommes si nous ne savions plus ce qu'ils ont t. Messieurs, vous n'tes pas sans vous rappeler comment ces deux clbres avocats Petit- Jean et l'Intim, plaidant
:
BiBL. GYPT.,
T. X.XVIII.
50
sur le
du monde
et
tion, et je n'y ai
manqu pour ma
il
s'agissait
de vous
si
Pourtant la matire haut, que j'ai presque oubli mon tait belle dvelopper dans cette salle o tous les laurats des lyces parisiens s'assemblaient hier pour entendre proceux qui clamer leurs noms. On nous accusait volontiers, de manifesn'taient pas Louis-le-Grand comme nous, ter une ambition sans limites et d'accaparer les nominations la douzaine, sans nous inquiter de savoir s'il en restait assez pour les autres c'tait une habitude que nos professeurs nous avaient donne, et que M. Jullien, notre proviseur, entretenait de son mieux. Vous avez remport le prix
d'honneur de rhtorique, dix-sept prix, trente accessits c'est c'est bien. On me dit que d'autres ont fait mieux fortune de guerre et l'anne qui vient vous remettra
:
pour qui
le
parmi lesquels
j'ai la joie
de saluer,
et
de
PAPYRUS WESTCAR'
Le Papyrus Westcar est demeur longtemps inconnu. Donn Lepsius, il y -a plus de trente ans, par une dame anglaise, miss Westcar, il fut acquis en 1886 par le Muse
la
et, ds le 14 mai 1886, une brve analyse, due plume de M. Erman, en rvla le contenu. C'tait un recueil de contes fantastiques joindre aux nombreux dbris que nous possdions de la littrature romanesque des
de Berlin,
ici le dtail
qui
pourra les lire dans la seconde dition de mes Contes populaires de L'Egypte antique. M. Erman avait bien
voulu m'envoyer une transcription hiroglyphique de plusieurs pages, et une traduction allemande qu'il m'autorisa
traduire en franais et insrer dans
c'est
mon
petit
volume
une
libralit
dont
je l'ai
je
ne saurais trop reconnatre. Les principaux hros de l'onvrage sont des magiciens clbres en leur temps, et dont les princes de la famille royale racontent les prodiges au roi Khops. Khops lui-mme est tmoin d'un miracle opr par un sorcier dont on lui signale l'existence, puis il apprend que ses descendants seront dtrns, trois gnra-
que le dieu R vient d'avoir d'une prtresse du temple de Sakhibou. Nous connaissions,
tions aprs lui, par des enfants
1.
t. II,
p. 109-111.
52
grce Hrodote et d'autres historiens grecs, plusieurs contes appartenant au cycle traditionnel de Khops et des
de pyramides. Le Papyrus Westcar nous apporte la premire version authentique en langue hiroglyphique d'un conte nouveau je ne dsespre pas de voir reparatre un jour ou l'autre l'original de quelqu'un des rcits que le bon Hrodote nous a transmis sur la foi de ses
rois constructeurs
:
guides.
M. Erman avait consacr l'tude grammaticale du Papyvus Westcar un mmoire fort complet, que j'ai signal en son temps'. Il nous offre prsent le texte mme, sous plusieurs formes
'
,
planche planche et
C'est
qu'une ide incomplte de l'apparence d'un manuscrit. Ils ne tiennent compte ni des teintes plus ou moins sombres du papyrus, ni des nuances
ordinaires ne donnent jamais
coup d'il. Le plus habile dessinateur ne russit pas toujours discerner ces aspects fugitifs
restes qu'il
du manuscrit,
et les
rouleau de l'im-
primeur
les
le
document porte
le
encore des
de lecture,
fac-simil
Cf.
Rczuc
critique, 1890,
t.
I,
p. 422-423.
A. Erman, Die Mrchen des Papijrus Westcar (fasc. V et VI des Mittheilungen aus den Orientalischen Sammlungen) I. Einleitung
2.
:
und Commentar (mit 12 Lichtdrucktafeln), 72 p. II. Glossar, Palof/rifphische Bcmerkungrn und Entstellun;/ des Textes, 84 p. et XXIII pi. auto/^raphies. In-4. Berhn, Speemann, 1890.
53
dmler aucune forme. Le fac-simil photographique de M. Erman est d'une bonne teinte et d'un bon tirage. Il serait insuffisant dans les endroits o l'usure a graiss et emb la surface du papyrus, si Ton n'avait pris la prcaution d'y joindre une transcription complte, page page et ligne ligne, en caractres hiroglyphiques. Elle prsente l'avantage d'tre plus complte que le papyrus ne l'est actuellement. Lepsius avait fait excuter un calque par M. Weidenbach depuis lors, plusieurs parcelles se sont dtaches, emportant des lambeaux d'criture, et la copie d'autrefois renferme plus de texte que l'original d'aujourd'hui. M. Erman a incorpor dans sa transcription tout ce qui nous a t conserv de la sorte. Un glossaire, une traduction, une transcription, un commentaire suivi, qui renvoie sans cesse au mmoire grammatical publi il y a deux ans, sont joints au double texte. Une tude de palographie compare termine l'ouvrage. On y trouve esquisse sommairement l'histoire de la cursive gyptienne entre la XIP dynastie et l'apparition du dmotique
:
vers
le
VHP
un
et les
sont consacres
ici
M. Erman, qui a hrit si justement la place et le titre de Lepsius au Muse de Berlin, a tenu honneur de faire connatre, aussi vite qu'il
l'a
pu,
un des
que son prdcesseur a laisss notre science. S'arrtera-t-il l? Lepsius avait promis, ds 1849', le texte explicatif de son grand ouvrage les DenkmcUer aus ^gypten und yEthiopien, mais diverses raisons l'ont empch de tenir sa promesse. C'est, du reste, la destine de ces uvres gigantesques de s'arrter inacheves, et l'on sait que ChampoUion lui-mme reste encore moiti indit. Tels
Lepsius, VorlufigeNachrichl ibcr die Expdition, ihrc Ergcbnissc
dereii Publikation, p. 32.
1.
und
54
WESTCAR
dans
inintelligibles
tecture contiennent un nombre considrable de plans et de coupes qui ne peuvent tre expliqus ni utiliss, faute de commentaire. Les volumes de dessins et d'inscriptions ne sont pas plus faciles tudier. Lepsius a choisi des tableaux
dans un ensemble, il a isol des figures, il a extrait une ligne par ici, deux par l, d'inscriptions parfois assez longues souvent enfin, il a supprim les reprsentations qui accompagnaient une inscription. Il a eu bien certainement ses raisons pour en agir de la sorte, mais ces raisons
;
quelles
sont-elles?
Mon
il
choisissait de prfrence,
lui
parmi
les
que les Denkmler sont surtout les matriaux et les pices justificatives de son Knigsbuch. Il n'en est que plus ncessaire de savoir Korigine'exacte de beaucoup des sujets qu'il a reproduits,
d'histoire ou de chronologie gyptienne, et
le site o ils se trouvent et qu'il a indiqu trop brivement au bas des planches, la valeur qu'il y attachait. Enfin la
publication e^
Ils
ses portefeuilles.
renferment encore des copies de monuments dont plusieurs ont disparu depuis lors. Ce serait trs bien mriter
de l'gyptologie que de mettre en ordre
Lepsius, d'en composer
les inscriptions indites.
le
par
M. Erman
le
treprendre ce travail, et
que
si
le
gouvernement prussien
d'il
DISCOURS
PRONONCE AU
DU LYCE LOUIS-LE-GRAND
Le Samedi
19
Dcembre
1891^
du destin existe encore, aprs tant de rvolutions, il y est bien sr crit quelque part que je devais beaucoup prsider Louis-le- Grand cette anne. Notre proviseur a commenc par me rclamer trs gracieusement pour sa distribution des prix. J'avais prononc mon discours et je me croyais quitte mais, le mois dernier, notre ami Droz m'a dmontr avec loquence que ce banquet serait incomplet si vous ne m'y voyiez pas la place d'honneur. M'y voici, trs heureux de m'tre laiss convaincre par lui. J'ai renou tout l'heure avec des amis que je n'avais pas rencontrs
Si
le livre
;
de longtemps le ta d'autrefois nous est revenu d'instinct la bouche, ils m'ont reconnu tous sans broncher ou presque tous, et nous nous sommes dclar avec conviction que nous n'avions pas chang sensiblement depuis le Lyce. Qui donc me disait ce matin que nous nous reverrions avec la
:
Demain nous redeviendrons nous plat n'avoir que vingt ans cette nuit. C'est une fiction qui nous rjouirait mdiocrement si nous tions aussi jeunes que nous avions jadis coupatte d'oie et la barbe grise?
:
il
1.
Publi dans
le
56
l' ASSOCIATION
chapp du on s'occupe trop jouir de la libert nouvelle pour se soucier de dner, mme une fois par hasard, avec des anciens qu'on juge vieux ou des contemporains que l'on croit avoir frquents suffisamment. C'est seulement quand les annes ont fait leur besogne et jet bas la moiti d'une gnration, que les survivants se recherchent, se retrouvent volontiers et, jugeant chacun par l'autre ce qu'ils sont maintenant, prouvent une douceur mlancolique se rassembler quelquefois pour se procurer un moment l'illusion
tume de
collge,
est
de ce
Il
qu'ils ont t.
Tel que
faut souvent beaucoup de bonne volont pour y russir. me voil, debout devant vous, qu'y a-t-il de
commun
entre moi et le petit Maspero que plusieurs ont connu blond, rose, remuant, bavard, rageur et indisciplin ses heures? Un seul trait subsiste dans l'homme dont ils riaient dj dans l'enfant le got bizarre et inexpliqu pour l'Egypte et ses hiroglyphes. N'est-ce pas l'un de vous, je ne le nommerai pas, mais il est assis non loin de qui rsumait un jour l'opinion de mes camarades moi, en assurant que l'ambition et le but de ma vie taient de savoir combien il y avait de cheveux sur la tte de Ssostris? Celui-l pourra se vanter d'avoir t un jour au moins
:
J'ai
plus
de vingt-cinq
cheveux trs blancs, trs fins, friss, soigns, groups en petites mches serres la nuque et sur les tempes. De vrai je ne les ai pas compts, et mon prophte s'est tromp en cela; il n'en avait pas moins raison quand il me disait ma bonne aventure sous cette forme lgrement ironique. Peut-tre vous sentezvous curieux d'apprendre comment et quand cette passion extraordinaire avait pu s'implanter dans la cervelle d'un lycen, au point d'y dterminer une vocation. Il vous faut
encore assez de cheveux pour
faire envie, des
me
57
pour cela remonter assez loin dans notre pass, jusqu'au temps o nous avions dix ans peu prs. J'tais Vanves, mais mes parents rsidaient presque au bout du monde, en Belgique, et mon correspondant oubliait rgulirement de m'envoyer chercher dimanches ordinaires, congs de Pques et du jour de l'An, je ne sortais jamais, mme pendant les premiers jours des vacances, en attendant qu'une
:
par
occasion favorable se prsentt de m'expdier Bruxelles la gare du Nord. Il m'arrivait souvent de rester seul de
que nous tions au Lyce, et comme on ne savait trop que faire de moi, comme d'ailleurs j'aimais la lecture, on me donnait pour me distraire autant de livres que j'en souhaitais, ceux qu'il y avait la biblioth(|ue, ceux qu'on avait confisqus mes camarades pendant les tudes, ceux mme qu'on ne m'aurait pas permis de parcourir l'ordinaire. C'est ainsi que le 15 aot 1856, jour de grande fte sous ce rgne, je liai connaissance avec l'Orient par les Mille et une Nuits.
la centaine
que de soixante ans tilleuls et de htres s'allongeaient sur la terrasse d'en haut, droite et gauche du chteau. Une large pelouse en pente, encadre entre deux petits bois de marronniers, descendait sur le devant jusqu'au ras de la valle. Au del, un verger enclos de liaies vives o nous allions piller les nfles en novembre, deux
de Cond l'avaient auparavant. Deux avenues de
les princes
En
ce temps-l, le parc de
Vanves
tait encore ce
laiss plus
et les rues
du
village.
Pass
me
j
moi jusqu'au
ou lisais domaine, mais mon domaine me semblait bien triste. Ds que la belle Shhrazade y parut et son cortge de gnies, je cessai de me
je voulais, je courais
ma
guise;
seul roi
de
mon
fer
58
des grands arbres, ni ouvrir par aventure la porte qui mne au trsor de Chamardal mais aprs tout, je ne savais que penser et je fouillais. Il n'y avait aucun bon sens croire que la mare et ses quatre poissons endormis marqut le site d'une ville et d'un peuple enchant; on me l'et prouv que je n'en aurais pas t trop surpris. Toutes les bagues devinrent talismans, toutes les tringles de fer rouilles et oublies dans les coins prirent des airs de baguettes magiques, tous les pots de fleur casss se changrent en rcepsi les esclaves de la lampe ne tacles d'afrites enchans
;
se
montrrent point, ce ne fut point faute moi d'avoir frott la lampe de l'tude o je passais mes soires. Le cordonnier, qu'un usage immmorial loge en certain endroit, m'inspirait un intrt soutenu avait-il jamais recousu, de la mme aiguille dont il ressemelait mes souliers, le cadavre coup en quatre de Cassim-Baba? Un jour que le chien de la ferme dormait auprs de sa niche, en plein soleil, je me glissai vers lui sournoisement et je lui vidai une terrine d'eau sur la tte en prononant la formule usuelle. Ou l'incantation n'a de valeur qu'en arabe, ou la pauvre bte n'tait vritablement qu'un chien de naissance au lieu de reprendre la figure d'un prince, elle se rua sur moi avec un gro:
:
gnement
furieux.
Un
en dehors du rayon de sa chane, et le pan gauche de ma tunique souffrit seul de cette exprience. L'arrive d'un
camarade me tira de ce monde de fes, mais l'impression que j'en gardai ne s'est jamais etTace depuis. Aujourd'hui encore je ne puis entendre un carillon sonnant la vole pour quelque fte, sans me rappeler le grand bruit de cloches qui clata, il y a trente-cinq ans, cette aprs-midi de 15 aot, et sans songer au petit garon solitaire qui lisait les Mille et une Nuits dans un coin de parc. La prose de M. Galland vous donna-t-elle jamais, quand
histoires
vous tiez enfants, l'ide d'aller en Orient vrifier si les que Shhrazade contait si bien taient conformes
59
ou
si
l'on
btonnait
toujours
les
ptissiers
de
Damas
la
crme? Quand
l'arabe afin
je
senta.
commenai l'apprendre sitt que l'occasion s'en prNous avions alors parmi nous les Jeunes de langues, qu'on dressait partir de la troisime au mtier de drogman et de consul. Sommaripa, bonne me, me prta sa grammaire, les fables de Lokman, ses notes de cours, et me voil
quatorze ans tudiant l'arabe en cachette, sous une pluie
de retenues. J'en ai gard des cahiers pleins de verbes conjugus et des lambeaux de dialogues familiers tracs dune main assez gauche. Cependant je persistais peu sortir
pendant l'anne et demeurer au Lyce la plus grande partie des vacances. Un jeudi de septembre, qu'on m'avait envoy en promenade avec un matre d'tudes, une averse nous surprit en face du Louvre et j'entrai dans le muse gyptien. Vous vous rappelez l'aspect de la salle du bas
:
me
les
montra sur
les
qu'un
cartouche
renferme un
nom
J\h, qu'un livre couch et muni de toutes ses oreilles s'associe docilement la guitare pour reprsenter une des
varits d'Osiris.
il
mesure
qu'il
me
me
et m'appelait.
La bibliothque du Lyce
possdait quelques
60
l' ASSOCIATION
il
les
emprunta
le soir
mme
me
les prta. Je
E. de
Roug
Il
et je dblayai le
jusqu'au jour o je m'en allai faire des fouilles aux bords du Nil et m'aperus que l, comme ailleurs, la ralit que l'homme rencontre ne ressemble gure l'idal que se forge l'enfant. Est-ce bien l vraiment ce que je comptais vous dire en commenant ? J'entendais vous retenir quelques minutes peine et voil plus d'un quart d'heure que je prolonge mon
la porte aux souvem'ont entran. Cependant le Champagne s'vapore au fond de nos verres. Si je ne m'arrte, il n'y restera bientt plus rien pour boire notre sant. Vieux et jeunes, absents ou prsents, je nous souhaite longue vie tous, et je prie le laurat qui s'assied aujourd'hui parmi nous pour la premire fois, de rapporter nos jeunes camarades les vux que nous faisons pour leurs succs et pour
l'arabe?
dormit dans
ma mmoire
discours
j'ai
eu l'imprudence d'ouvrir
la
prosprit du Lyce.
LE LOTUS
Il
y a dans ce
livre beaucoup de choses dont je ne m'occupede savoir qu'en penser. M. Goodyear s'est fait le
lotus", et
il
champion intransigeant du
des pays et sur bien des
voir.
Il
le
monuments o
n'a
que
la
de mme,
me
cohrentes.
Je
me
me
bornerai prendre la
aux pays
elle
parat renfermer, ct
monde en archologie, ceux qui s'occupent d'gyptologie comme ceux qui s'enferment dans l'tude des pays classiques, devra faire son
intressants et nouveaux, dont tout le
profit.
Et d'abord, M. Goodyear commence par contester qu'il y ait eu en Egypte deux plantes sacres, rpondant chacune l'une des deux grandes divisions du pays, le lotus et le papyrus. Il y a, dit-il, deux formes diffrentes du lotus dont l'une rpondit au pays du Nord, l'autre au pays du Sud; quant au papyrus, il est reprsent trs rarement sur
Publi dans la Revue critique, 1892, t. I, p. 441-443. \V. H. Goodyear, The Grammav of the Lotus, a New History of Classic Ornament as a Development of Sun Worship, with Observations on the Bronze Culture of Prehistoric Europe, as derivedfrom
1.
2.
Egypt
Londres,
xii-408 p.
Sampson,
Low,
Marston
and
C,
1891,
petit
in-folio,
62
les
LK LOTUS
monuments, parmi
les
marais ou celles qu'on olre aux morts et aux dieux. J'avoue que les raisons prsentes par M. Goodyear m'ont paru
tre trs fortes.
et
Quand on regarde
s'empcher de constater qu'en effet elles semblent se rattacher toutes aux divers tats du lotus commun, le lotus bleu et blanc en revanche, elles n'ont rien de pareil celles du vrai papyrus. Les types de colonnes gyptiennes devraient donc tre rapprochs uniquement du lotus, et les motifs d'ornementation qu'on drivait partie du papyrus,
:
partie
du lotus, tre attribus uniquement ce derner, M. Goodyear montre comment tous les motifs qu'il lui rap-
monuments de
la
Phnicie,
la
de
Il
la
Grce.
tire aussi
de
1"
fait
ordinairela rosette,
ment honneur
etc.
Il
l'Assyrie,
chapiteau ionien,
je
sa dmonstration intelligible
me
vement ses conclusions, dans l'espoir qu'on se reportera au volume lui-mme et qu'on l'tudiera. Un gyptologue est toujours suspect de plaider pour sa
maison, lorsqu'il veut ragir contre l'importance exagre qu'on s'est habitu prter l'Assyrie dans le dveloppe-
ment des
teurs
seraient
singulirement tonns
s'ils
sur
on
nglige les
documents gyptiens. Il est vrai que l'tude des origines gyptiennes exige une attention et un effort matriel que ne demande pas celle des origines chaldo-assyriennes pour un objet assyrien que nos collections du Louvre contiennent, elles en ont au moins cinquante gyptiens qu'il serait ncessaire d'examiner avant de rendre un jugement, et cette masse de documents effraie ou dcourage la plupart des
:
LE LOTUS
savants.
63
prfre s'en rapporter ceux qui ont eu la patience d'y aller regarder, et l'on rpte leurs assertions sans essayer d'en prouver la justesse. L'histoire de la
rosette et de la brique maille nous fournit
On
un exemple
curieux de
une fois mises en propagent et prosprent. Le Muse du Louvre avait acquis en 1852, chez Clot-Bey, une centaine de disques en terre maille portant chacun une rosace
la
circulation,
se
huit ptales
les rclama pour le Muse y sont encore aujourd'hui, et bien qu'on ait retrouv Tell-el-Yahoudiyh, dans le Delta, le temple de Ramss III d'o ils proviennent, on s'obstine les consi-
peuples asiatiques,
assyrien'.
Ils
drer
comme
tant trangers
la
l'Egypte
Ils
et de fabrique
mme devenus pour beaucoup un des types classiques de la rosace assyrienne. J'ajouterai, en passant, que M. de Longprier a
Chalde.
sont
retir
chaldenne ou imite de
assez grand
l'Egypte, laquelle ils appartiennent, un nombre de petits objets qu'il a donns libralement au Muse assyrien', et que c'est en partie d'aprs des monuments aussi contestables, qu'on a pris l'habitude
la sorte
de
veux
s'il
pas rechercher
ici si
M. de Longprier
a eu raison ou
quarante annes se sont coules, que, depuis lors, on a mis au jour, en Egypte, des centaines d'objets analogues dont plusieurs remontent des
:
eu tort
je
temps
sujet.
fort anciens,
et qu'il
le
Je
le rpte, je
le
1.
3' dit.,
1884, p. 147-148.
2. Notice des Antiquits assyriennes, p. 50 (n 212), 52 (n 220), 62-63 (n" 287-290), 73-86, 81 (n 413), 83-86, etc.
64
livre
LE LOTUS
de M. Goodyear.
Il
me
critique ou
mme
l'analyse suivie.
Comme
il
me
bon dans les parties o je puis le juger, je prfre croire que le reste renferme une part au moins de vrit et fournira une contribution utile l'histoire de l'art.
MEYDOUM
voyageurs qui ont remont le Nil ont conserv la plus mridionale des pyramides rivire. P^Ue les poursuit pendant de la qu'on aperoit de longues heures, paraissant et disparaissant derrire les berges, derrire les monticules que les villages couronnent, derrire les bouquets de palmiers pars dans la campagne. Elle n'a gure de la pyramide que la forme gnrale et elle se compose de plusieurs massifs de maonnerie placs en retrait, celui du dessus sur celui du dessous, aux faces lgrement inclines on dirait une collection de mastabas
Tous
les
le
prsent
souvenir de
de plus en plus petits empils l'un sur l'autre, dont le plus large se perd dans un monceau de dcombres, tandis que le plus lev est moiti dmoli. Cette pyramide de Meydoum a t attaque plusieurs reprises, par les Franais de
Bonaparte, par Rifaud, par Lepsius, par Mariette. L'entre en fut dcouverte en 1882 au milieu de la face nord, 16 mtres environ au-dessus du sol, et le couloir dgag quand je pntrai dans la chambre, je n'y trouvai plus que l'appareil de poutres et les cordes au moyen desquelles les voleurs antiques avaient dmnag le sarcophage et le mobilier funraire. Les travaux, interrompus faute d'argent, ont t repris en
:
1891, dans
tisse
le
tas
la
le
pied de
vers le
la
b-
temps mme qu'il finissait les fouilles d'Illahoun. Le nouveau volume qu'il nous donne, aprs un an seulement d'attente,
et
dans
M.
Ptrie,
1.
crHtir/ue, 1893,
t.
I,
p.
361-369.
5
66
MEYDOUM
nous rend compte du labeur et des rsultats obtenus'. Les chambres dcouvertes en 1882, examines avec soin, M. Ptrie en a relev les n'ont fourni rien de nouveau dimensions avec la minutie qui le caractrise, et il a rapproch trs justement la superposition d'encorbellements qui
:
ferme
le
qu'on rencontre au couloir ascendant de la Grande Pyramide Gizh'. Dsappoint de ce ct, ses efforts ont
une direction diffrente. En mettant nu la face orientale, afin de mesurer exactement les dimensions que la pyramide pouvait avoir au ras du sol, il tomba sur la chapelle funraire du roi, qui tait ensevelie depuis des sicles sous un amas de sable et de dbris. Elle est btie au milieu de la face Est, et elle se relie
t couronns de succs dans
la
reste de l'difice.
chent par une courbe lgre aux dalles qui forment le Il est construit en calcaire assez fin et il se compose de
parties.
trois
La
c'est la disposi-
dences royales, et on
logis plus difficile.
l'a adopte pour rendre l'accs du La chambre communique par une porte taille dans le milieu de la paroi du fond avec une petite cour rserve entre le prolongement des murs et le parement de la pyramide. Juste devant la baie, une grande table
l.W. M. Ffinders Ptrie, Medum, icrth Chaptrrs bj/ F. Ll. Griffith, D' A. Wiedemann, D' W. .1. Russell and W. E. Cruni. In-4, Londres, David Nutt, 1892, 52 p. et 26 planches, dont une partie en couleur.
2.
Ptrie,
Medum,
p. 11.
MEYDOUM
stles arrondies
67
au sommet, sans tableaux ni inscriptions. A quelque distance vers TEst, on rencontra une portion du mur lev autour de la pyramide, puis la porte par laquelle on pntrait dans l'enceinte, enfin l'extrmit de la chausse qui montait de la plaine la porte, et par laquelle la momie fut amene sa demeure ternelle le jour de l'enterrement. L'ensemble de l'difice ne manque pas d'une certaine grandeur, bien que les parois et les stles n'aient jamais t dcores. Le culte du roi dfunt y attirait chaque anne les prtres, puis partir de la XVIIP dynastie au moins, les
anctres de ne s'y glissaient pas sans peine, car il tait plus qu' moiti rempli dj par le sable. le linteau Ils devaient l'examiner la lueur des torches de la porte qui mne la cour en est tout enfum, et le bout noirci des faisceaux de papyrus dont ils s'taient servis pour s'clairer jonchaient encore le sol de la chambre
scribes de passage en cet endroit, vritables
le visiter. Ils
sicles.
Avant
de se retirer, certains d'entre eux traaient leur nom la pointe ou l'encre sur la muraille, et parfois ils jugeaient propos d'exprimer en termes pompeux leur admiration pour
le
monument
qu'ils venaient
de voir.
ple
Toutes leurs inscriptions sont unanimes l'appeler le temdu Pharaon Snofroui. Celle que M. Ptrie pense tre la
VP
dynastie
(elle
pourrait
XVIIP,
si
elle est
a relev
incontestablement
1.
XVIIP
pi.
dynastie, rptent la
mme
Ptrie,
Mediim,
p.
40 et
XXXII,
1.
68
MEYDOUM
Un
le
en Tan
XLI
de Touthmosis
fils
III,
22 de Msou,
Akho-
pirkersonbou,
du
scribe,
lecteur
du
roi
Akhopir-
ker-Thoutmosis P"", Amenmosou, vint pour voir la belle il la trouva l'intrieur chapelle de l'Horus Snofroui
;
))
comme
le ciel
quand R
s'y lve et
il
dit
Le
ciel se
))
I)
))
))
)>
dcharge de myrrhe, il se rsout en encens sur le front vous tous, de la chapelle de l'Horus Snofroui. Il dit: scribes, lecteurs, prtres, qui passerez devant ce monument et qui lirez cette formule, si vous aimez la vie et que vous vouliez avoir les louanges des dieux de vos villes, transmettre vos charges vos enfants, puis tre enterrs dans la ncropole de Phtah-Ris-nbouf, aprs la vieillesse et un long demeurer sur terre, dites Proscynme Risi, matre de Mends, dieu grand matre d'Abydos, RHarmakhis, Toumou, matre d'Hliopolis, Amonr, roi des dieux, Anubis, chef de la Salle du dieu, maitre de l'Oasis funbre, seigneur de l'Occident, pour qu'ils donnent des milliers de toutes les offrandes imagina)>
:
bles
au double de l'Horus Snofroui, le juste de voix auprs de son pre Osiris, le dieu grand matre du cime tire, [et au double de la reine] Mirisnkhi. Un autre graffito de l'an XXVI de Thoutmosis III ', deux de l'an d'Amenhotpou III confirment le tmoignage de l'inscription
(f
XXX
des
dont on
textes
vient
de
lire
la
traduction abrge
dit,
l'un
d'Amenhotpou
le
III
encore, que
scribe
(mirit--oirit)
du
fils
Mai vint voir la pyramide trs grande du soleil {R-si) Snofroui . Il reste
'
donc bien vident que, pour les gyptiens de la seconde poque thbaine, et peut-tre pour ceux de la premire, la pyramide de Mdoum reprsentait le tombeau du Pharaon
Snofroui de
1.
la
IIP dynastie, et de sa
pi.
femme
la reine
Miri-
Ptrie,
Meduni,
XXXIII
et p. 40.
2. Id., pi.
:{.
Id.. pi.
p. 41.
MEYDOUM
dement historique? M.
les
graffiti
69
snkhi; mais cette tradition reposait-elle sur quelque fonGriffith rapproche trs justement de nos scribes des inscriptions que d'autres de la mme poque ont traces sur les murs de la tombe de Khnoumhotpou Bni-Hassan. Or ceux-l se sont laiss tromper, comme je l'ai indiqu il y a longtemps',
par
le
le
nom Me-
tombeau de Khnoumhotpou tait la chapelle funraire, le tombeau du roi Khops. Si l'on se rappelle que le seul nom royal crit sur les murs des masHassan
;
le
tabas
croire
de Mdoum est celui de Snofrou, on est tent de que les visiteurs commettaient ici une erreur analole
tombeau d'un souverain dont ils ne connaissaient plus le nom. On sait que Snofrou avait deux pyramides, dont l'une tait probablement Dahshour, un peu au sud de Saqqarah. Les graffiti dcouverts par M. Ptrie, tout en apportant un tmoignage nouveau aux historiens qui voient dans celle de Mdoum une construction de Snofrou, ne tranchent donc pas la question d'une manire aussi certaine que je l'avais
imagin au premier abord.
La
nue
li
:
structure du
monument
n'tait pas
compltement con-
M.
Ptrie
l'a
comme
pyramide
de Lisht.
primitivement en un grand masde huit dix mtres environ, et haut rectangulaire, taba le qui mesurait de trente trente-cinq mtres de ct couloir s'ouvrait vers le nord au niveau du sol et menait dans la chambre funraire que nous connaissons aujourconsistait
:
d'hui.
Le noyau termin
et les
murs extrieurs
el
dresss, les
1.
taMosaiquede
70
MEYDOUM
dans une autre jusqu' ce que le nombre fut port sept l'ensemble se composait alors de masses superposes en retrait l'une sur l'autre, comme la pyramide degrs, mais
;
un revtement uni jet sur le tout lui prta extrieurement l'aspect des pyramides ordinaires. Midoum reprsentait
un type de transiLe revtement fut dtruit en trs grande partie d'assez bonne heure, probablement sous le rgne de Ramss IL Au moyen
donc,
Ptrie
le fait
comme M.
observer,
les
le
voyageurs. Ds
cache sous
les
la fin
de laXVIIP dynastie,
et servait de
le
chapelle tait
:
dcombres
le
tombeau
M.
Ptrie
dcouvrit dans
mie de
noix.
deux pointes
de flches en bronze, et d'une provision de grenades et de La dmolition du revtement sous Kamss II augmenta
le petit difice
dans une forte proportion l'amas de dbris qui recouvrait la couche en devint rapidement si paisse
:
la
XXIP
mme
mauvais traitements
cile la
et de remaniements rendent assez diffide l'archologue qui prtend dfinir la date prcise des objets retrouvs au cours du dblaiement. M. Ptrie attribue la IV dynastie quatre perviers en
tclc
du passage
la
sible, bien
que
le petit
1.
Potric,
Mcdum,
p. 5.
2.
Jd., p. 9.
MEYDOUM
l'pervier
porte
le
nom
clu
Pharaon
Ahmosis. La base
:
la de XVIIP dynastie' la ddicace Ouazit, dame d'Ashrou, Khnoumou, matre de Saou, et aux dieux qui sont dans Didit-Snofroui, en l'honneur de la dame Snofroui-Khonti, nous apprend, comme M. GritBth l'a remarqu, cjue la localit de Didit-Snofroui, mentionne dans un des contes du Pastatuette
parat
appartenir
pyrus Westcar, n'tait pas une localit fictive'. Le nom du sheikh Daoud qui est appliqu une butte surmonted'un tombeau de saint situe entre el-Ouastah et Zaouet-el-Masloub, ne serait-il pas un reste du nom antique Didit, Doudit? Ce ne
serait pas, tant s'en faut,
un fait unique dans l'onomastique gyptienne. Je crois avoir montr que les noms de domaines gyptiens mentionns dans les tombeaux onteu la vieaussi longue pour le moins que chez nous les noms de domaines galloromains et gallo-francs beaucoup d'entre eux sont demeurs
'
:
attachs au sol et subsistent encore aujourd'hui sous des dguisements divers. Je n'en veux d'autre exemple que ce
nom de Mitounou, ou
comme
l'indique
M.
Grifth,
'
une
je le forme primitive du nom de Metoumou, Mdoum lieues quelques Mattaniah, de retrouve au village actuel au nord de Mdoum, sur le Nil, dans le voisinage des py:
comme le point de rallieassez diffrente d'poque ment de plusieurs ncropoles M. Ptrie les a explores l'une aprs l'autre. Le groupe
Mdoum
est
:
Ptrie,
Mcdum,
pi.
XXIX,
122,
n"
6,
9 et p. 40.
2. Ici., pi.
XXIX,
1-5 et p. 9; cf.
p.
Guide du Visiteur,
pi.
2958
Mariette,
Monuments
divers,
52 d.
3.
dans
4.
Meduni, p. 38 cf. Maspero, Sur le sens des mots Nouit les Proceedings de la Socit d'archologie biblique,
;
et
t.
Hait,
XII,
p. 243-267.
Ptrie,
Medum,
p. 39.
,2
le
MEYDOUM
plus ancien et le plus important est form d'une demidouzaine de mastabas de grande dimension dont la plupart avaient t fouills par Mariette ou par moi'. Le mastaba n 17 a fourni M. Ptrie des renseignements fort curieux,
mais trop techniques pour tre exposs ici, sur la faon dont les maons gyptiens dlimitaient le primtre des tombes et rglaient la pente des murs extrieurs. Quand je
l'ouvris en 1882, je n'y trouvai qu'un long couloir orient
vers le milieu de la paroi peu prs du Nord au Sud Ouest une niche profonde attendait une stle qui ne vint jamais. On n'y voyait ni peinture, ni bas-reliefs, mais
:
une partie de la dcoration avait t bauche la pointe, gratigne serait un mot plus exact, et je distinguai nettement sur la paroi Est l'esquisse fugitive de plusieurs bamalgr des reteaux et de diverses scnes d'agriculture cherches assez minutieuses, je ne pus relever ni un nom,
:
ni
mais
t referm en partie, prsence de tant de calcaire tait une tentation trop Ptrie nous forte pour les fellahs du voisinage, et M. une carcomme apprend qu'ils ont exploit le monument rire. Le mastaba de Rhotpou et de la dame Nofrit, qui
la
fournit Mariette les admirables statues conserves au Musc'c de Gizh', a beaucoup souffert galement des fellahs. Celui de Rnohr contenait encore la momie du premier
Le
le bain de natron, avait t roul dans une pice de lin assez (in, puis recouvert d'une couche pai.sse de rsine que les embaumeurs avaient modele habilement de faon reproduire les formes pleines du vivant rcHigi*; ainsi restaure avait t enveloppe d'une ou de deux paisseurs d'une gaze (ine, puis les yeux et la bouche
:
peints sur
le
Le
tout
posait
1.
2.
Monuments
MEYDOUM
73
mme
le sol,
empaquets dans des morceaux d'toffe'. Le petit mastaba n 8 contenait encore une partie de son mobilier, vases d'albtre, pots en terre, aiguilles en cuivre, clats de silex destins sans doute servir d'armes et d'outils au mort'. Le cimetire du Sud ne comprend que des tombes fort exigus, munies pour la plupart de deux puits, l'un qui conduisait la chambre funraire, l'autre moins important dans lequel on dposait les offrandes destines la nourriture du double on mettait les Drovisions dans des bols en poterie qu'on enveloppait de toile, pour empcher que rien tombt et se perdt. Les cadavres qu'on y trouva ne prsen:
momies
ordinaires.
:
Celles-ci
sont
Mdoum
tte
au Nord,
le
bras gauche
allong sous
corps,
cuisses formant
un angle
ramenes sous
les cuisses.
M.
Ptrie cite
poques trs anciennes. Il pense que les individus enterrs de la sorte appartenaient la race indigne la plus ancienne, tandis que les momies allonges reprsentent une race conqurante, celle-l mme qui l'Egypte doit sa grandeur. mais nous connaissons si peu les Peut-tre a-t-il raison
:
innombrables d'usage local qui ont exist sous l'Ancien Empire, que nous devons tre fort prudents avant d'admettre une interprtation aussi gnrale que l'est celle de M. Ptrie, et de reconstruire une histoire avec un ou deux faits isols jusqu' prsent. L'hypothse est des plus vraisemblables, mais on doit la considrer pour le moment
varits
1.
Ptrie,
Mcdum,
p.
17-18.
2.
Ici, p. 18-19.
74
MEYDOUM
et rien
pendant
la vie
l'un avait
perdu
jambe gauche,
l'autre la
main gauche'. On
M.
Ptrie a
obtenus en appliquant aux fouilles d'Egypte les procds minutieux employs par les savants qui s'occupent des recherches prhistoriques. Les tableaux des mastabas ont t reproduits au trait et en couleur avec beaucoup de soin. M. Ptrie a dessin les hiroglyphes de forte taille afin qu'on puisse en discerner
aisment
le dtail. Il
a consacr un cha-
renseignements qu'on en doit tirer pour la restitution et l'intelligence de la civilisation gyptienne la plus ancienne '. J'ai tir bon parti du mme genre
montrer
les
et j'ai russi
le
terme
Hait,
dont le poques, d'armes fort primitives telles c|ue le casse-tte form d'un os de mouton ou de buf "J^^il. L'criture hiroglyphique a conserv, en effet, la figure et l'emploi des principaux objets connus au temps o elle a t invente, et elle nous
permet par consquent de remonter plus haut dans l'histoire du pass qu'on ne peut le faire avec les seuls monuments. Beaucoup des explications de M. Ptrie sont fort ingnieuses,
celles
une
dessus de l'autre.
1.
Le Dad
p. 19-20.
rgulier est
un ensemble de quatre
Tctrie,
Mcdum,
et
2.
Id., p. 29-34.
talistes
de 1891,
MEYDOUM
:
75
colonnes et non un autel quatre tablettes il s'est confondu, je crois, avec le tronc branch qui servait de fti-
che Mends, et il a servi exprimer une forme d'Osiris, mais son sens original me parat tre driv d'une notion de cosmographie primitive. Le mot dadou, didou, signifie stable, durable, en gyptien, et la stabilit du ciel, le terme usuel de comparaison qu'on choisissait d'ordinaire pour indiquer la stabilit ou l'immutabilit d'un objet, tait assure par quatre tais fourchus, par quatre colonnes dresses aux quatre points cardinaux le signe didou nous montre le concept stable, stabilit, rendu par les quatre tais du monde vus en perspective, les chapiteaux s'tageant l'un au-dessus de l'autre. Sur un ou deux points, je me permettrai de diffrer lgrement de M. Ptrie, ainsi sur le signe qui marque le prtendu titre de chancelier ^^^ c'est bien un fii de perles, mais l'objet qui le termine n'est pas comme le pense M. Ptrie un cylindre, servant de sceau ou de cachet. J'ai eu l'occasion de trouver intacts, sur des momies de la XIP et de la XVIIP dynastie, plusieurs colliers de ce genre, et l'objet qui les terminait tait toujours une de ces plaques minces rectangulaires, perce de trous dans le sens de la longueur, dont il y a tant de modles dans les muses, et qui servaient, entre autres usages, de fermoirs pour les colliers. Le fil ou les fils sur lesquels les perles sont enfiles passent soit par le mme trou, soit chacun par un trou diffrent, et sont maintenus l'extrmit libre par une perle noue qui parait nettement sous la plaque dans le dessin du '^'"''^ signe. J'ajouterai en passant que la lecture nit, propose par M. Lepage-Renouf, me parat tre justifie par les variantes le nom de cette sorte de collier se rattacherait alors
: :
la racine
Yfdrjil,
x nout, filer, et devrait se traduire littralement un/l de perles en verre, en pierre, en terre cuite, en
est littralement,
nm^\^^ ni ttit,
la
76
MEYDOUM
OU
la femme qui portent le collier d'un roi, d'un prince, d'un baron fodal, ou d'un dieu, et se reconnaissent par l son esclave ou sa chose. Les hautes fonctions remplies par ces
hommes au
collier
on
sait
que l'esclavage n'empcha jamais en Orient un homme ou une femme d'arriver aux charges les plus leves de l'tat, ni
mme
nom
de
nit-ti, nit-tit,
Je ne puis dvelopper
cette ide
je
me
hommes au
collier des
dieux taient
les affranchir et
Comme
notes
d'habitude,
qu'il avait
M. Ptrie a joint son mmoire des demandes sur des points spciaux
des varits
Contrairement l'opinion reue, elles ne contiennent que rarement un peu d'antimoine, elles se composent le plus souvent de galne (sulfite de plomb), d'oxyde de
cuivre, ou d'ocre bruntre base de fer.
M.
Russell a dter-
min
la
M. Crum
recueillis
Fayoum
:
et
au Fayoum galement j'aurai bientt occasion de parler ici mme du volume qu'il leur a consacr. On sait que M. Ptrie vient d'tre nomm titulaire de la chaire
d'gyptologie que M""
Edwards
Il
l'Universit de Londres.
Medum
commence,
il
y a
M. Ptrie, retenu
en Angleterre par ses fonctions nouvelles, ne pourra plus en temps utile pour
les
recherches archo-
MEYDOUM
logiques. Je
77
compte bien pour ma part que cette retraite ne que le temps ncessaire remettre une sant fortement branle par de longues fatigues on trouvera toujours aisment un professeur pour enseigner aux tudiants de Londres les rudiments de la grammaire hiroglyphique. On aura plus de peine se procurer un homme qui sache interroger les ruines avec autant de sagacit que
se prolongera
:
M. Ptrie en
ment ce
qu'elles ont
la science.
BUBASTIS*
accompli par de 1887 1889, pour le compte de VEgypt Exploration Fund. Il avait t attir vers le site de Bubastis par la description anime qu'Hrodote fait de cette ville'. Mariette pensait qu'on y trouverait peu de monuments intressants; aussi M. Na ville fut-il agrablement surpris quand un mois de fouilles lui rendit la seconde salle hypostyle du temple, celle qu'il appelle la Salle des Ftes. La suite de l'exploration fut plus fructueuse encore; elle mit au Jour des monuments de tout ge, depuis ceux des rois de l'Ancien Empire jusqu' ceux des Ptolmes. Le temple tait entour d'eau comme Hrodote l'avait affirm. Il existait dj sous l'empire Memphite'. Khops et Khphrn l'avaient dcor, ainsi que Papi P"^ de la VP dynastie, et des blocs leurs noms se sont rencontrs dans la maonnerie des parle travail
hivers conscutifs,
ties
reconstruites sous la
XXIP
dynastie
ils
avaient t
remploys alors
ruine.
1.
en
Un
autre dbris de
cartouche
2.
Publi dans la Revue critique, 1893, t. I, p. .381-390. Edouard Naville, Bubastis (1887-1889), heing the 8th
Memoir of
the Egjipt
Exploration Fund.
in
ln-A\ London,
.54
Truebner and
C, 1891, v-71 p. et
Temple of Bubastis (1887-1889), being the lOth Memoir of the Egt/pt Exploration Fund. In-4, London, Kegan Paul, Trench, Trnebuer and C\ 1892, vi-40 p. et 40 planches. 3. Hrodote, H, cxxxvii.
the Great
4.
Osorkon II
p. 4-8.
80
de
la
BUBASTIS
roi
en fausse porte, identique pour forme celles qu'on rencontre dans les tombes contemporaines; et la prsence d'un pareil monument dans un temple
l'antiquit. C'est
une
stle
n'a rien qui doive tonner. On a signal partout, Karnak, Louxor, Abydos, des stles qui, riges dans la maison du dieu soit par un roi, soitparla faveur et la permission spciale d'un roi, consacraient la mmoire d'un noble personnage et
dieu, la mme protection souveraine de provisions que les stles purement funraires qu'on dposait dans le tombeau. Les premiers rois de la XIP dynastie, Amenemliit P"^ et Ousirtasen P', paraissent n'avoir song qu' lever leurs statues dans le
lui valaient,
de par
le
et la
mme abondance
ou le reconstruisit en entier, ou bien y ajouta des chambres nouvelles dont les restes furent utiliss pkis tard par Ramss II. Les dimensions des architraves qui conservent son nom, le nombre des fragments
Ousirtasen
III
la
(jui
du pays de Pouant, et qui s'tendait par consquent sur une partie du terrain situ entre le Nil et la mer Rouge, la hauteur de Dongolah, de Berber ou de Khartoum. On y voit l'arme gyptienne remontant le Nil la voile, pillant au passage les Ngres et pntrant peut-tre par le Tacazz ou le Nil bleu vers les hauteurs de Hou, puis allant razzier au del un autre canton dont le nom est moiti dtruit'. Un groupe de colonnes nous restitue les plus anciens chapiteaux tte d'Hatiior que l'on connaisse aujourd'hui les
ct
:
la
1.
XXXIV,
A.
BUBASTIS
81
sculpteurs savaient tailler le granit en ces temps reculs, a t donn au Louvre par
et est expos dans la galerie gyptienne. Enfin, plusieurs statues usurpes par Ramss II sont attribues par Naville la XIP dynastie '.
Les Pharaons de la XIIP dynastie continurent Bubasl'uvre que leurs prdcesseurs avaient commence. Le cartouche-prnom de Sobkhotpou P"" subsiste encore sur deux morceaux de grandes architraves. Les autres souverains de cette poque avaient orn le temple de leurs statues assises ou debout, mais les rois du second Empire thbain se les sont appropries et ils nous o.it privs ainsi de renseignements prcieux, qui nous auraient permis de rtablir en
tis
partie l'histoire encore obscure de cette poque. La dcouverte de ces monuments a eu du moins le rsultat heureux
de montrer Naville que les souverains de la XIP dynastie taient bien des gyptiens de race pure et non des trangers, en d'autres termes que l'invasion des Hyksos, loin
d'avoir eu lieu peu aprs la fin de la
trieure la
Cette erreur, que Lepsius avait mise en circulation, a t rfute il y a plus de quarante ans par M. de Roug, et elle n'a t admise ni par Mariette, ni par aucun gyptologue de l'cole franaise.
Elle se maintient encore
terre, et elle
XIIP
et
mme
la
XIP XI V^
un peu en Allemagne
et
en Angle-
compte
bien que la dcouverte de tant de documents Bubastis et Tanis lui aura port le coup mortel dans l'esprit des sala dfendaient. Non que les Hyksos n'aient jou un grand rle Bubastis c'tait une de leurs villes, et la mise au jour des monuments que leurs souverains y avaient
vants qui
levs n'a pas t le rsultat le moins prcieux des fouilles de Naville. Deux morceaux du temps d'Apopi nous ap-
82
l'honneur de
le
BUBASTIS
la
desse
'
.
nom
type de la face aux monusemblent pour ments de Tanis que Mariette attribuait aux Hyksos. Il combat ce propos les doutes que j'ai mis ce sujet et il se rallie entirement l'opinion de Mariette. Tout bien
la coilure et
pour
le
considr,
il
me
ou XIV dynasties, peut-tre d'une dynastie antrieure, en tout cas qu'elles n'ont pas t leves par les Hyksos, mais
seulement usurpes par eux*. Le souvenir des premiers Pharaons de la XVIIP dynastie n'a point persist
:
Thoutmosismanquent, et il faut desAmenhotpou cendre jusqu' Amenhotpou II, fils et successeur de Thoutmosis III, pour rencontrer un fragment qui appartienne un souverain gyptien. Naville en conclut avec Lepsius que Thoutmosis III dlivra dfinitivement l'Egypte des Hyksos. Cette seconde erreur de Lepsius a t, comme la premire, combattue par E. de Roug. Je ne sais si les Pasteurs furent chasss du Delta en tout cas leur domination cessa lorscju' Ahmosis I- eut pris Avaris, et ceux d'entre eux qui ne voulurent point quitter le pays y demeurrent dsormais comme sujets des monarques indignes. E. de
1*^%
les trois
""
Roug
temps de
XVIIP
dynastie par
de dsolation o
partie orientale
les
du
mdiats contre les cantons qui leur avaient rsist le plus longtemps. Les fouilles de Naville nous permettent de proposer une explication plus naturelle. Puisque les Pasteurs
avaient
embelli Bubastis et
Tanis,
les
temples de ces
1. 2.
Xavillc, Btthnsfis,
Id.. p. 16-29.
jil.
XXXV,
A, B.
BUBASTIS
villes
83
pouvaient se
de travaux
considrables,
leurs
matres
gyptiens
n'eurent qu' y lever des statues ou y rparer des portions d'difices insignifiantes. L'attention ne se porta s-
que plusieurs sicles plus tard, aprs la crise religieuse de Khouniaton et les troubles qui signalrent la fin de la XIX dynastie.
rieusement sur
elles
Bubastis,
II
laiss
des
mais
il
en sub-
lambeaux de pangyriques o il rappelle ses victoires de Syrie et d'Ethiopie, des morceaux d'une procession des nomes, plusieurs fragments d'une liste de peuples vaincus, Kadi, Naharina, Sangar, les Mashaouasha, Adilou, sur les ctes de la mer Rouge. Trois de ses fils, Khmois, Montouhikhopshouf, et Mnephtah figurent ct de lui.
La XX dynastie
Ramss VI, y consacra plusieurs portraits de lui-mme dont le mieux conserv est aujourd'hui au Muse de Gizh'. La XXIP les trouva au contraire en assez mauvais tat Sheshonq P' n'y travailla
avait acheves, et l'un de ses rois,
:
mais Osorkon 1" les agrandit et Osorkon II les poussa au point de faire du sanctuaire de la desse un des plus grands monuments du Delta. Le dveloppement que le culte de Bastit en reut entrana des consquences importantes. Bastit, la desse tte de chatte, avait des chats et des chattes qui lui taient consacrs et qu'on nourrissait autour d'elle, sans parler de ceux que les particuliers nourrissaient dans leur maison et auxquels ils rendaient un culte domestique. On les enterrait dans un cimetire spcial, au voisinage du temple. Ils reposaient par tas dans
gure,
1.
XVI, XXXVIII, K.
84
BUBASTIS
taient
de larges fosses communes, dont le fond et les parois maonns de briques ou garnis d'un revtement d'argile durcie. On voit encore prs de chaque fosse un four o l'on brlait les cadavres des animaux sacrs ds que
:
consumes, on
retirait les os
qu'on jetait
y joignant une figurine de chatte en bronze ou en bois, surmonte d'une tte en bronze. C'est de l que proviennent ces milliers de chats de toute taille que les
la fosse en
si
mais
le
plus grand
ceux qu'on a dterrs au Spos Artemidos en si grand nombre, il y a quelques annes. Disons en passant que le
comme
nom
de
la
comme M.
J
Navlle
le
rpte
'^^
de
la chaleur,
elets nui-
avec Sokhit tte de tigresse. Pour se reprsenter ce qu'tait la dame de Bubaste, il faut interroger son nom mme, non pas sous la forme barbare Bast que lui donnent la plupart des gyptologues, en dpit des lois de la grammaire, mais avec Tortho-
graphe ^
que
les textes
le
de toutes
les
poques
lui prtent,
fminin d'un
nom
d'agent Bisiti,
lui-mme
est le fminin
du
nom
Ij
T,
^^^
jjard, et ba.sit,
bisit, la
femelle du lopard
Bisiti, Basiti,
au lopard. L'idole tte de chatte do Bubastis est donc la desse qui appartient une autre divinit qui elle-mme est un lopard je dis lopard pour me conformer l'usage, mais la nuance n'est pas certaine, et basou, basit, peut signifier une autre espce de grand flin, une panthre ou un
:
BUBASTIS
gupard. Bastit est un doublet
tigresse,
affaibli
85
de la lionne ou de la de son nom montre que les gyptiens avaient conscience de sa dpendance premire et de son humble origine. La prosprit do Bubastis commena dcliner ds que laXXIP dynastie s'affaiblit et tomba. M. Naville n'a trouv que peu de monuments des dynasties suivantes, dont un
:
acte de donation
Sokhit-noutir,
la
du roi Hakoris de la XXIX dynastie Bubastis agria des Grecs '. Nakhtharhabi,
notre Nectanbo
P^
reprit
l,
comme
ailleurs, la tradition
Il
ajouta au tem-
ple une salle ouvrant vers l'Ouest et qu'il n'eut pas le temps
le sanctuaire un naos en granit Il rigea dans rouge poli, qui peut compter parmi les restes les plus parle relief en est trs lger, mais d'une faits de l'art sate finesse et d'une originalit de dtails qui passe bien loin tout ce qu'on saurait imaginer. Il a t malheureusement bris et trop de fragments en ont t perdus pour qu'il soit possible de le reconstituer mme partiellement. Les Ptolmes et les Romains n'ajoutrent rien l'uvre des derniers Pharaons indignes. On a trouv, l'entre de la salle hypostyle, deux bases portant une ddicace en l'honneur d'Apollonios^ fils de Thon mais les statues ont disparu. Quelques tranches, pousses en travers des murs d'enceinte, mirent au jour des cercueils en terre cuite ou des sarcophages en briques de fort basse poque. M. Naville, voyant que le site tait puis, transporta ses chantiers ({uehjue distance, au milieu d'un champ o des blocs de granit signalaient l'emplacement d'un petit temple consacr Herms s'il faut en croire Hrodote, mais o l'on n'a recueilli que les images de la desse Bastit. La dfiance des felhdis gna le travail et Ton dut le suspendre aprs une
:
semaine.
1.
Une
architrave au
nom
de Ramss
II
constate
86
l'existence
BUBASTIS
de
l'difie
ds
la
de l'uvre appartient aux Bubastites. Osorkon P'' y dpensa beaucoup de temps et d'argent et un morceau de la stle ddicatoire nous donne une haute ide
temple,
le
gros
de sa gnrosit et de sa richesse n'estimer que le poids brut du mtal, un seul des dieux adors, Toumou-Khopri, le Soleil d'Hliopolis, aurait encaiss des masses d'or valant
:
pour une valeur d'environ 300.000 francs'. Le dieu fut dot libralement sur le domaine royal, et un autre fragment de la mme inscription nous montre qu'il recevait entre autres revenus les vins des deux Oasis thbaines de Zoszes et de Knoumit. Ainsi se confirme l'ide que les documents dj connus nous inspiraient sur les princes qui fondrent la XXII dynastie. Si leurs rgnes ne furent pas signals par les guerres et par les conqutes des poques antrieures, ils furent pour l'Egypte un temps de bien-tre et de prosprit les dsordres et les guerres civiles ne commencrent qu'un sicle aprs Sheshonq P"". Au milieu de tant de ruines, M. Naville a trouv le moyen de reconstituer une partie du grand temple, sinon en son entier, du moins assez compltement pour qu'on
:
puisse en juger
salle de l'Est, rebtie et ne prsentait, au moment o les fouilles commencrent, qu'un amas de blocs empils l'un sur l'autre et tellement mls, qu'on aurait pu croire qu'il tait impossible de retrouver l'ordre selon lequel ils taient disposs primitivement. M. Naville eut la patience de les faire dgager et retourner, puis de les copier, de les dessiner, de les mesurertous, et, cette tche accomplie, de rapprol'effet.
II,
La seconde
cher
les
Il
fut
amen
reconnatre que
1.
BUBASTIS
quatre parois d'une
salle,
87
il
comme
l'avait
cru d'abord,
mais les deux cts d'une porte monumentale conduisant dans une salle ou dans une cour garnie de portiques sur une de ses faces au moins. Cette salle ou cette cour s'appelait Hat hibou-sidou, Enclos des ftes Sidou, et l'on y clbrait les ftes nommes de la sorte. M. Naville essaie brivement d'exposer ce qu'taient ces ftes, et s'appuie pour cela sur la les hibou-sidou auraient t des dfinition de Brugscli
:
comme
la
plupart
de celles que Brugsch a mises, mais quand on essaie de l'appliquer aux textes, on se heurte de grosses difficults d'adaptation. La plus ancienne mention qu'on ait fait de ces Papi P"^ clbra la preftes remonte la VP dynastie mire des siennes en l'an XVIII de son rgne, le 18 piphi'. Ramss II fixa la premire des siennes Silsilh en l'an de son rgne, la seconde en l'an XXXIV, la troisime en l'an XXXVII, la quatrime en l'an XL, la sixime en l'an XLIV ou XLV, toujours dans le mme endroit. Les soi-disant priodes trentenaires se succdaient donc Silde Ramsilis tous les trois ou quatre ans, pass l'an
:
XXX
XXX
ss
II. Ici,
sorkon II tombe dans l'an XXII de ce prince, et le dieu lui accorde une quantit de priodes trentenaires de douze ans
chacune; une inscription de Nectanbo P'' parle d'ailleurs de priodes trentenaires de cinquante ans'. M. Naville est
trs
et
de
fait,
des
nombre quelconque d'annes, sont assez difficiles comprendre. Je crois que M. Naville aurait d abandonner Brugsch
Lepsius, Dcalanlcr,
Naville, Bubastis,
p.
II, pi.
1.
115,
c, g.
2.
4 sqq.
88
et ses
BUBASTIS
triacontatries,
et
prendre
les
hibou-sidou pour
comme
c'est le cas
Le
rituel
de
ma
part
penser que l'ordre et la marche suivis par Osorkon II devaient ressembler singulirement l'ordre et la marche suivis par Papi P^ plusieurs milliers d'annes auparavant
:
le rituel
Le programme
la
des pangyries Sidou avait t remani Thbes sous XVIIP dynastie, et c'est selon le rite thbain qu'Osorkon
le
1)
XXII, le mois de Shat temple d'Amon qui est dans la salle des ftes Sidou, se poser sur le trne portatif, prendre la protection des deux pays par le roi, instituer des musiciennes du temple d'Amon et instituer toutes les femmes de sa ville qui lui sont servantes depuis le temps des anctres, et qui lui sont servantes en tout temple, payant tribut [au dieu] par leur travail annuellement car Sa Majest
clbra Bubastis. oL'an
le
:
II
Se lever dans
cherche
premire fte Sid de son fils, et le joignant son trne, il lui prpare de grandes multitudes [de ftes] dans Thbes, matresse des Bar-
Amon-R, parce
prpare
bares, disant
et
Le
voil
[le roi]
de
)t
maison royale ne lui ont pas retranch de terre, et gens ont t tablis pour les ges au grand nom du dieu bon [Osorkon]'. M. Naville a divis ce qui reste des reprsentations en
ses
Naville,
1.
The FcsUcal-IIall.
pi.
VI.
BUBASTIS
quatre parties, qui
lui
89
moment
))
diffrent de la fte.
.
commence par
la
un Premire
pour
monte au pavillon
({
Le
roi,
liminaires,
))
Grande
et part
.
aller reposer
dans
le
La proces-
sion
placs appar-
tenant aux trois ordres des princes, des comtes et des amis, derrire lesquels une bande de crieurs s'avance, rptant
terre
terre
les
genoux
mains
et
de
le cortge royal dfile entre deux rangs de peuple prostern. Aprs ce premier groupe, l'emblme du chacal Ouapouatou, seigneur de Siout, apparat port par six prtres, puis le lecteur en chef, charg de diri-
ger
reine Kalama.
Il
un
soubassement, et auquel
marches.
Il
s'assied sur
un
bas, puis
il
reoit
l'hommage
des prtres, tandis que des personnages figurant les dieux qui soutiennent le monde proclament sa gloire aux quatre points
cardinaux par quatre fois. Il est dsormais le dieu Horus lui-mme, sur son trne royal, et les courtisans venus des quatre coins de l'Egypte lui rendent hommage tendus devant lui plat ventre'. Ce tableau et ceux qui suivent sont fort mutils et l'on n'en peut pas restituer partout le
Ce qui en reste rappelle si bien les rites en usage lors de l'intronisation d'un roi, qu'on ne peut gure s'empcher de penser que les ftes Sidou taient des ftes anniversaires du couronnement. Les prtres des diffrents nomes passent devant Osorkon, chacun portant l'emblme de sa divinit. La premire partie de la crmonie se termine avec leur
dtail.
1.
Naville,
The Fcsticcd-Hall,
pi.
MI.
90
dfil.
BUBASTIS
couronne de la crmonies Thbade. M. Na ville a
la
et les
qu'il
accomplit se rapportent
la
heureusement rapproch les rites de Bubastis, de ceux qui furent clbrs lors de la conscration du temple de Soleb par Amenhotpou III; il a tir de cette confrontation des renseignements prcieux, qui lui ont permis de classer plusieurs fragments et de comprendre ce qui tait reprsent sur plusieurs autres. La seconde partie de la crmonie, le lever du dieu et l'Assemble des dieux , serait entirement inintelligible sans le secours des textes de Soleb. Ceux-ci nous apprennent en effet que le roi Amenhotpou III y clbra sa propre divinisation il plaa dans le sanctuaire une statue de lui-mme qui, anime par un double de lui, fut dsormais associe aux divinits locales, et reut du roi d'a])orcl, des fidles ensuite, un culte identique celui des autres emblmes divins. A Bubastis, Osorkon II se reprsentait entrant dans sa chapelle, qui fait partie du tem pie , et convoquant tous les dieux et toutes les desses aux rites de la conscration il leur offre l'encens et les offrandes accoutums, puis il entre dans le kiosque o Amon mangeait, et il l'en tire, probablement pour que la statue du dieu impost les mains sa statue royale et, lui transmettant le sa de vie, la rendit vivante et propre figurer parmi les statues des dieux. Les passes magiques termines, le festin de commmoration commence et tous les dieux du Nord et du Sud viennent s'y asseoir. C'est Osorkon roi qui en fait les frais, et naturellement il n'oublie pas Osorkon dieu Bastit le conduit elle-mme vers le naos o la statue nouvelletrs
; :
:
ment
La
fte des
dieux tait double d'une fcte des hommes, laquelle la cour pharaonique et la population de Bubastis prenaient
une part
raient.
active.
Des Nubiens
et <[ui
et
des Koushites
y figu-
Le
apparence au moins,
me
BUBASTIS
tification
91
du nouveau dieu avec Osiris. Les dieux gyptiens double caractre de dieux des vivants et des morts, ayant le Osorkon devenu dieu n'chappait pas la rgle il devenait, vivant encore, un Osiris, et son double animait des statues
:
en forme de momie,
qui
le
comme
il
reprsentaient vivant.
Ces ditrents sujets couvraient le ct Sud de la porte. Les tableaux du ct droit ne sont pas aussi bien conservs, et Tordre n'en a pu tre rtabli avec certitude dans plusieurs cas. Le roi s'y montre entour de sa femme, de ses filles et des femmes de la ville qui semblent tenir de ce ct les rles importants. Elles sont gnralement armes d'instruments, dont
les plus
Le
mais la moiit est on la considre d'ordinaire comme une sorte de collier ayant une signification symbolique. En fait, elle accompagne toujours le sistre, et partout en Egypte, dans les tableaux comme dans les textes religieux ou romanesques, chaque fois qu'un homme ou une femme prend le sistre d'une main, de l'autre il saisit la moncat. Elle consistait en une sorte de manche creux en bronze, en bois ou en terre, d'o s'chappait une lanire de cuir replie sur elle-mme c'tait une sorte de fouet qu'on agitait en l'air et qu'on peut classer peu prs au mme titre que le sistre dans la catgorie des instruments de musique. On connat l'usage du le son grinant de sistre, et les vertus qu'on lui attribuait ses baguettes mettait en fuite les mauvais esprits. La moit tandis que la prdevait possder les mmes proprits tresse battait de la main droite le sistre protecteur, de la gauche elle fouettait l'air et les siflements de la lanire accompagnant les coups achevaient la droute des dmons. La moni gyptienne est. comme on voit, le prototype du fouet des sorcires. Les scnes parses qui subsistent de la section Nord nous prsentent encore les Nubiens et les thiopiens prosterns devant le roi, et avec eux des peuplades
sistre n'a plus besoin d'tre dcrit,
mal connue,
et
92
BUBASTIS
le
dont
nom
se
lit
marque
roi
aux angles
ne vois pas ce qu'il signifie ici, et je ne pense pas qu'on l'explique en le rapprochant de Gaje
ou du dieu, mais
noubitiou, les mridionaux .-je penche croire que le signe qonbit rp, Y angle, est une mauvaise transcription du signe hiratique du ciel, et qu'il faut lire Hiriou, ce qui nous rendrait le nom gographique connu, Hirious hiou, les Matres
des Sables,
les
Bdouins. Dans
des
femmes rythment
leurs
mou-
vements en frappant dans les mains. Un des personnages a une tte dilorme qui rappelle celle du dieu Bisou est-ce Danga danser le dieu, habile que les rois le de la V et del VP dynastie taient si heureux dpossder' ? Dans un autre endioit, la police de la fte semble tre remise aux mains des nains. Ce qui subsiste et l montre qu'on avait
:
le
mur
;
un oiseau
et
un poisson
c'est l'apothose
d'Osorkon
j'ai
au tombeau thbain de ?^Iontouhikhopshouf que j'ai publi dans les Mmoires de la Mission du Caire. Elles n'en sont pas plus claires pour cela, mais elles contribuent du moins justifier une assertion que j'ai mise il le culte des dieux vivants comportait les y a longtemps mmes rites que le culte des morts et se succdant dans le mme ordre. L'un des derniers tableaux conservs nous montre la fin de la fte. Tandis qu'Osorkon s'en va, les porteurs d'ventails d('poscnt leurs ventails dans une cliapelle et les y laissent. La cit va rentrer dans le calme et le temple reprendre son aspect ordinaire.
:
1.
t.
II, p.
364 sqq.
cf. p.
25-28 du pr-
sent volume.
BUBASTIS
J'ai
93
Ce que
comme
que
m'inspire
et
dont M. Naville s'est tir de sa tche. Il faut s'tre trouv en face d'un champ de ruines aussi considrable que l'tait celui de Bubastis, avoir essay de Texploiteret avoir prouv le sentiment de dsespoir et d'impuissance qu'un premier
examen
laisse dans l'esprit de l'explorateur, pour comprendre ce que M. Naville a d dpenser de patience et de courage avant d'arriver nous donner son ouvrage sur
Le tout tient aisment dans la main et ne fait que deux volumes assez minces. Plus d'un savant qui n'a jamais vu l'Egypte que de son cabinet, et qui imagine volontiers qu'on fouille un temple comme on visite un muse, trouvera que c'est peu, et de fait, six heures de lecture et deux semaines d'tude auront bientt puis la matire. Il a fallu pour cela que M. Naville passt des mois de sa vie remuer des pierres dans un chantier malsain, et des annes classer les documents qu'il avait recueillis au hasard. Il peut au moins se rendre cette justice qu'il n'a perdu ni son temps ni sa peine le monument qu'il a reconstitu est un des plus curieux que l'Egypte nous ait rendus dans ces dernires
Bubastis.
:
annes.
L'excution des illustrations est fort bonne. Les photographies reproduites par autotypie sont un peu lourdes et
parfois
un peu confuses
mais
les
planches de bas-reliefs et
remarquable. M'' Naville les a dessines combien en avons-nous parmi nos dessinateurs attitrs, qui sont capables de reproduire les monuments gyptiens aussi exactement
:
qu'elle le fait et
SUSE
L'empire d'lam n'a pas eu moins de puissance relle que empires de Chalde et d'Assyrie, avec lesquels il a t en lutte durant des sicles mais, adoss au plateau de l'Iran, resserr entre le Tigre, la mer et des montagnes presque impraticables, il se trouvait comme relgu aux extrmits du monde civilis, et ses rvolutions n'ont jamais influ de faon sensible sur la marche de l'histoire gnrale, comme celles de l'Egypte ou de l'Assyrie. Il a vcu dans son coin, loin des champs de bataille o la fortune de l'Asie et de
les
;
domination sur les pays de l'Euphrate, le plus souvent maintenu par eux distance. On devine chez lui un peuple hardi, opinitre la lutte, et une civilisation vigoureuse, analogue la civilisation chaldenne mais on ne sait encore de ses destines que ce que les peuples auxquels il eut affaire en ont racont. Ce n'est pas que les monuments de sa grandeur fassent dfaut, mais on les connat peu, et les inscrip;
ment
ne nous livre que des lambeaux d'histoire souvent interprter. Il fallait pourtant se dcider les extraire des documents qui les enferment, les runir,
difficiles
1.
189.3,
t.
II, p. 34.3-.346.
96
les classer
;
susE
c'est la tche
que M. Billerbeck
la
s'est
impose
et qu'il a
L'introduction est
partie
de l'ouvrage. Elle est consacre la gographie du pays, et peu de sujets taient demeurs plus obscurs jusqu' ce jour. La constitution orographique de la Susiane est fort embrouille, et la rpartition des eaux se montre assez capri-
voyageurs qui ont travers ces contres ont prouv beaucoup de peine se reconnatre dans le ddale de valles et de chanes entremles qu'ils y rencontraient, et leurs itinraires, transports sur le papier, ne procuraient qu'une ide assez inexacte de la configuration gnrale. M. Billerbeck a russi, malgr tout, montrer par quels degrs la contre des lamites mcmte de la plaine d'alluvions o le Tigre la borne jusqu' la bordure du plateau ranien, les passes par lesquelles on y avait accs et l'on
cieuse
:
les
pouvait en sortir,
les forteresses
et
les villes
qui taient
si
semes dans
tration,
hi
bien des
on comprend merveille les causes physiques qui de l'Elam un des tats les plus rsistants et les plus durables de l'antiquit orientale. C'tait une immense
ont
fait
mon(jui,
Les armes, qu'elles vinssent du Nord ou de l'Ouest, s'usaient contre des obstacles naturels de tout genre avant de pntrer jusqu'aux grandes rsidences royales de Suse mme
rie.
;
1. A. Billerbeck. Susa, oinc Siudie ztir Alton Geschichtc Westasiens, von A. niilerbeck, Oberst A D., mit oiiiet' l'ebersichtskarte und 10 Abbildungen.eingefiiiirt von Friedericli Delitzsch, Leipzig, Hinrichs,
193, in
8", VIII
184 p.
sus
97
ou ravager quelques cantons. De leur ct, les lamites, diviss en tribus nombreuses qu'un lien fodal assez lche rattachait au souverain matre de Suse, ne paraissent jamais avoir eu la constance et la tnacit ncessaires pour entreprendre de manire suivie la conqute de la Msopotamie. Leurs expditions taient surtout des razzias profitables, et quand ils russissaient s'emparer d'une grande ville, mme de Babylone, s'ils y tablissaient une de leurs races princires, celle-ci devenait bientt chaldenne de murs et de politique, et elle reprenait pour son compte la lutte contre les rois Susiens et les lamites demeurs dans le pays d'origine. Leur histoire consiste donc, autant qu'on peut en juger par ce qu'on sait en ce moment, d'une alternative d'excursions en terre euphratenne, le plus souvent heureuses mais sans rsultat durable, et d'assauts livrs par les Chaldens ou par les Assyriens et repousss le seul dsastre rel qu'on y enregistre est celui qui mit fin l'empire, lorsqu'Assourbanipal triompha, aprs vingt ans de bataille presque ininterrompue, de la rsistance que les princes Susiens lui avaient oppose. Les premiers temps de l'Elam ne prsentent gure qu'une srie de faits isols, que M. Billerbeck a essay de dvelopper et de complter par des considrations gnrales il n'a pas plus russi que ses devanciers donner une solution entirement satisfaisante des questions relalives aux Cossens et leur domination sur Babylone. A dire vrai, l'histoire peu prs suivie ne commena gure qu'au VHP sicle, lorsque l'Assyrie redevenue toute puissante vint se heurter contre Babylone, et que les Babyloniens s'uniront leurs voisins de l'Est menacs comme eux pour repousser l'ennemi. Les guerres de Sargon ne sont qu'un prlude celles de Sennachrib atteignent dj plus directement la Susiane celles d'Assourbanipal la ruinent compltement. Ce fut l'affaire
:
:
98
susE
d'un sicle, et les Assyriens sortirent de cette longue lutte presque aussi puiss que leurs rivaux leur affaiblissement dblaya le terrain et prpara ravnement des Mdes puis des Perses. Suse conserva son importance sous les Achranides et fut une des capitales ordinaires de l'empire Perse, celle que les Grecs considraient comme la rsidence
:
par excellence du Grand Roi. M. Billerbeck la reconstitue telle qu'elle tait alors, d'aprs les travaux de M. Dieulafoy;
mais cette prosprit ne survcut pas longtemps la conqute macdonienne. Les successeurs d'Alexandre, puis les rois Parthes et ceux du second empire perse la ngligrent de plus en plus il faut descendre jusqu'au IV^ sicle de notre re pour trouver un souverain, Sapor II, qui s'occupe d'elle et de ses monuments. Au moment o les Arabes envahirent le pays, elle n'est pas mentionne parmi les villes qui leur rsistrent, et sans doute elle n'tait plus qu'une bourgade misrable, si seulement elle existait encore sa population, son commerce avaient pass aux villes voisines de Dizfoul et de Schouster, et il ne resta plus bientt l'endroit o le Memnonium s'tait lev qu'un ora:
musulman, sous lequel la tradition locale place le tombeau du prophte Daniel. M. Billerbeck n'est pas un assyriologuc de mtier, mais
toire
il
possde bien
les
pour son uvre le concours bienveillant de M. Frdric Delitzsch. Les connaissances techniques dont il dispose lui ont permis d'expliquer beaucoup mieux (ju'on n'avait fait avant lui une bonne partie des faits qu'il raconte il a rendu comprhensibles au moins dans leur marche gnrale les campagnes de Sennachrib et d'Assourbanipal contre les Susiens, et replac sur le terrain des vnements que les assyriologues avaient laisss prudemment comme en l'air. Il nous serait grandement utile de recruter pour nos sciences plusieurs
trangers, et d'ailleurs
s'tait assur
:
susE
pour nous
syriennes
les
99
la tactique,
:
les oprations
leur exprience supplerait notre ignorance de ces matires, et l'histoire qui sortirait de cette collaboration prsenterait souvent un caractre de ralit et d'authenticit qui manque parfois celle que nous crivons
seuls.
ADMINISTRATION JUDICIAIRE
DES PHARAONS^
M. Spiegelberg
:
m-
s'est
monuments nous fournissent sur en deux chapitres qui traitent, le premier de quelques rouages de raclministraiion judiciaire,
parfois incohrents que les
la
Il
les a rpartis
le
mme
administration
bibliographie et clair-
Le
prs
Zaiti
^^ ^,
que
j'ai
rle de ce nettement caractris par le passage connu du Papyrus Anastasi II (p. 85, 87), o le dieu Amonr est compar au Zaiti du misrable qui ne reoit point les cadeaux des criminels
prfr
nommer
Le
est
Publi dans la Revue critique, 1893, t. II, p. 401-404. W. Spiegelberg, Studien und Materinlien :;uin Recidsesen des l'harauncnreiches der Dr/nast. XVIII-XXI (C. 1500-1000 c. Chr.),
1.
2.
Inaugural-Dissertation
zum Erlangen
der
philosophischen
Doctor-
wrde an der Kaiser Wilholms-Universitt Strassburg. Hannover, Commissions-Verlag der Halin'schen Buchbandluug, 1892, in-i", 132 p.
10?
c'est
est aid
lu jusqu' prsent taiti, avait t traduit dont le * ^ ^ <=i II assez inexactement jMr^, faute d'un meilleur mot. M. GrifI I
nom ^
il
"^
fith
proposa
les
rp
ir qonbtiou, les
textes', et
M. Spiegelberg dmontre, de
mon
fh
avis,
un
membres portent
:
le titre
de Sarou
ainsi
(ou peut-tre
'oirou)
chaque
ville
avait
son conseil qui est mentionn assez souvent dans ce qui nous
reste de ses archives. Les documents runis et comments par M. Spiegelberg montrent quelle varit de causes l'on portait devant lui, partage d'une proprit funraire (Papyrus de Boulaq n 10, Ostracon de la Bibliothque Na-
tionale de Paris,
Fragment d'un Papyrus de Turin), vol d'un ne (Papyrus de Boulaq, Papyrus de Turin), rapt
d'esclaves ouvrires
etc. L'intgrit
des
personnages qui y sigaient n'tait pas l'abri du soupon, et les rois taient obligs de dcrter des peines svres contre ceux d'entre eux qui se laisseraient corrompre
prix d'or ou d'argent. Les sances se tenaient auprs
dune
ou d'un temple, selon l'usage oriental, de faon ce qu'elles eussent la plus grande publicit possible. Les plus hauts personnages de la cit s'y rendaient pour dcider des affaires courantes. Une pice du temps de Ramss IX compte, parmi les fonctionnaires appels jugfT une bande de voleurs accuss d'avoir viol les spultures royales Thbes, lo princo de Thbes Khmosit, le premier prophte d'Amonrsonthir Amenhotpou, le prophte d'Amon scribe de la chapelle funraire de Ramss IX
des portes de
la ville
1
.
103
Nsisouamon, des chanceliers des maisons du roi et de la reine, des officiers de cavalerie, des chefs de matelots. M. Spiegelberg arrive de son ct la conclusion laquelle des tudes indpendantes m'avaient amen depuis longtemps le Nouvel Empire thbain n'a pas plus connu que l'Ancien Empire une judicature de profession. La justice n'y tait qu'une
:
la sparation des tribunaux bureaux de prfecture ne se produisit que plus tard, une poque encore indtermine. Les peines auxquelles le comte et son conseil pouvaient
condamner
d'abord
la famille
les
la prison,
de mourir de faim,
si
n'apportait aux malheureux qu'on y enfermait de quoi boire et de quoi manger. Les peines capitales ne sont
indiques d'ordinaire que par une formule gnrale on excuta sur lui la sentence , on lui appliqua les grandes
:
))
((
peines de mort que les dieux avaient ordonn de lui appliquer n Les criminels de haut rang obtenaient souvent la faveur de mettre fin eux-mmes leurs jours, par le procd qui leur convenait le mieux ils consommaient ce suicide judi
))
. :
dans une chambre publique, devant tmoins. La mutilation tait une des peines les plus
ciaire tantt chez eux, tantt
frquentes, mutilation
du nez
du
comme
prlimi;
on administrait jusqu' deux cents coups de bton sur la plante des pieds. Enfin le bannissement et la condamnation aux travaux publics taient appliqus des fautes de natures diverses; les gens rputs dangereux la sret de
l'Etat y taient exposs,
comme
les esclaves et
comme
les
frontire orien-
du Delta d'autres souverains expdiaient les leurs aux travaux de Koushou, c'est--dire aux mines d'or. La description de ces mines l'poque ptolmaque nous a t con-
104
serve par Diodore de Sicile, d'aprs la relation de voyage d'Agatharchide on y voit quelle tait la condition misrable des individus, horamos, femmes ou enfants, que leurs fautes
:
que l'Ethiopie n'avait pas le privilge de reles mines du Sina et les carrires en prenaient aussi lour part. Les suspects et les condamns
est probable
:
:
politiques taient expdis a la Grande Oasis en dportant au milieu des sables les criminels de ce genre, les Csars romains ou by/antins ne faisaient que suivre la tradition des Pharaons indignes. Le serment se prtait au nom du roi, par sa vie, par la vie du personnage qui on l'imposait, ou par la faveur des dieux qu'il respectait le plus la personne qui on le dfrait consentait subir tel ou tel chtiment corporel, si ce qu'on lui reprochait se trouvait prouv. Pour montrer ce qu'il tait, et en mme temps pour faire sentir par un exemple le jeu de la justice gyptienne, M. Spiegelberg a rsum brivement ce que nous savons de la seule cause clbre dont les pices sont parvenues en partie jusqu' nous, l'action en violation de spultures royales intente, vers le XI" sicle av. J. -C, des fonctionnaires de la ncropole thbaine. L'afTaire trana sous plusieurs rgnes et dura une vingtaine d'annes au moins les documents qui la concernent sont disperss entre les muses do Londres et de Liverpool, et le plus connu en est le Papyrus Ahhott. On y voit la faon dont les enqutes taient produites, les procds de la police gyptienne, les confrontations de tmoins, la bastonnado, les visites domiciliaires, les arrts rendus solennellement par le Conseil judiciaire de Thbes. M. Spiegelberg a tir un fort bon ))arti dos documents qu'il avait sa disposition, et le tableau qu'il traco de toutes ces oprations, pour tre sommaire, n'en est pas moins instructif.
: ;
Je
tail
me
suis
les critiques
c;ir
de don ne
105
main des savants dj connus. Ce qui me plat le plus dans M. Spiegelberg, c^est qu'il nous promet un gyptologue traducteur il est dj du petit nombre de ceux qui savent comprendre et interprter un texte tendu et qui n'ait t tudi dj par personne que lui. Il nous apprend du nouveau, il sait composer un mmoire et n'y mettre que ce
:
eu traiter
le
mme
sujet, je crois
bien que j'aurais essay d'clairer l'organisation judiciaire de l'Egypte antique par celle de l'Egypte moderne comme
:
presque toujours, certains faits, qui demeurent obscurs si l'on s'en tient aux renseignement': anciens, s'claircissent ds
qu'on
les rapproche de ce qui se passait il y a quelques annes peine ou se passe aujourd'hui. La qonbt,\Q Conseil
de
l'
existe encore dans les villages ou Egypte, dpouille, il est vrai, de beaucoup
de ses attributions, La faon dont les moudirs rendaient la justice avant l'occupation anglaise rappelait celle des Zaiti, des comtes d'autrefois. J'ai assist aux audiences du moudir de Siout en 1881, surtout celles du moudr de Qnh, le clbre Daoud-Pacha, et rien ne ressemblait plus ce que les monumentsnous apprennent. J'aurais examin galement
les bas-reliefs et les peintures, et j'aurais
essay de complpar leur tmoignage celui des pices crites. Il y a Bni-Hassan des scnes de bastonnade, de jugements rendus
ter
en matire administrative, qui ne diffrent en rien de ceux qu'on rendait en matire civile ou criminelle. Ailleurs, on est tmoin d'excutions par strangulation, le supplici accroupi
et
cou;
la
deux hommes tirant sur la corde qui lui est passe au le conte du Papyrus Westcar condamne au bcher
femme adultre. M. Spiegelberg a l'intention de reprendre son sujet en l'agrandissant beaucoup. Qu'il ne se contente pas
de
lire
il
en appren-
En
attendant, je
recommande son
livre
aux historiens
et
aux
juristes tout
au-
106
y trouveront de quoi se faire une ide prcise de ce qu'tait la justice dans l'empire des Pharaons, vers le temps de la puissance thbaine du XVIP au
tant qu'aux gyptologues
ils
XI sicle avant notre re. Presque tout ce qu'on peut dire en ce moment sur le sujet y est dit et bien dit.
BNI-HASSAN
r
Les tombes de Bni-Hassan ont t souvent visites, souvent copies, souvent tudies, depuis le commencement de notre sicle. On en rencontre les fragments pars dans les grands volumes de la Commission d'Egypte, de Wilkinson,
de Champollion, de Rosellini, de Lepsius l'ensemble ne se trouvait dcrit nulle part dans un mme ouvrage, et quelques-uns des hypoges, les moins considrables il est
:
vrai,
demeuraient encore indits compltement. Les deux volumes que M. Newberry a publis rcemment avec le
la haute direction de M. Grifnous donnent peu prs toutes les scnes et toutes les inscriptions runies pour la premire fois^ Le plan de l'ouvrage est simple. Les auteurs et, parmi eux, plus spcialement M. Willoughby Frazer, ont lev
fith,
minutieusement
sur
le
le
puis
ils
ce qui
1.
2.
ils
ont rapproch
Publi dans
Revue
cn'tir/ue, 1894, t.
I,
p. 29.3-297.
Percy E. Newberry. Beni-Hasan, with Appendix, Plans and Measurements of the Tombs by G. Willoughby Frazer, F. S. A. (forme le premier recueil de VArchological Surrei/ of E;ji/p(,editedhy F. L. Griffith, B. A., F. S. A), deux parties Part I, with 40 Plates, 1893 Part II, with 39 Plates, 1894, in-4''. Londres, KeganPaul, Trench, Trbuer et C".
: ;
108
BNI-HASSAN
amens rdirparties ingalesont hypoge ger de la sorte sur chaque ment entre les deux parties dont leur ouvrage se compose
leur propre travail. Les notices qu'ils ont t
:
premire en renferme quatorze, la seconde compnmd le reste du n" 15 au n 39. Un petit nombre seulement sont dtailles, les n* 2 et 3, 13 et 14 dans le premier volume, les n* 15 et 17 dans le second les autres ont des descriptions proportionnes leur importance, quelques lignes seulement
la
;
pour la plupart. L'ordonnance des notices dtailles est uniforme. Chacune d'elles commence par l'numration des
descriptions et des copies antrieures, puis elle se subdivise en chapitres
:
Noms, rang,
2" Religion,
titres,
parent du pos-
sesseur do
des
ou plutt numrations ou simplement nommes dans les textes. Suit, en troisime lieu, un plan de la tombe, destin permettre au lecteur de suivre la description des scnes, puis une indication des caractres architecturaux particuliers au monument. Le chapitre suivant entame le recensement des peintures et des inscriptions, chambre chambre, s'il y a lieu, et dans les chambres mur mur. Des diala
tombe;
divinits adores
grammes, diviss par des lignes en autant de registres marqus d'une lettre, reprsentent chacune des parois, l'imitation de ce que Champollion avait fait dans ses Notices maniLHcrites
:
les inscriptions
de
la fin, et
quelquefois
en hiroglyphes, tantt en transcription moderne, puis une courte phrase nonce je sujet de chaque scne ou l'explique. Ce dernier chapitre est naturellement le plus long. Les transcriptions de texte avaient t commences selon le systme prconis par les diteurs de la Zeitschrifl far acf/ijpdsc/ie Sprar/w,
celles des scnes, sont reproduites tantt
et qui svit depuis lors
il
dans
les coles
le
allemandes
comme
a,
BNI-HASSAN
109
pour n'en
qu'un exemple,
le
nom
princes de Bni-Hassan y deviennent nmhtp, lir dp' ,'n Mhd, et le reste l'avenant, MM. Newberry et M. Griffith y ont renonc, et ils ont adopt pour le deuxime volume une
notation moins
illisible. Je regrette qu'ils n'aient pas cherch y marquer un peu plus fidlement la physionomie de l'gyptien; sans soulever ici une question qu'il faudra qu'on se dcide aborder un jour, il y a des cas nombreux o la
MM.
Newberry
la
et Griffith consti-
vritable contre
grammaire;,
nom de la desse Sokhit, Sakhit, doit se lire Sekhet, pourquoi lisent-ils une ligne de distance le nom d'une autre desse Heqt et non Heqet f La flexion du fminin -t, -et ferme la dernire syllabe de ces deux mots, et quel que
soit le
systme adopt, il faut s'y tenir pour eux j'aurais compris Sekht et Heqt, bien que je tienne la suppression de la voyelle dans les transcriptions comme une erreur de grammaire et d'accentuation, mais je ne vois pas quel motif il y a de mettre Heqt ici et Sekhet l. Ce sont
:
vaut mieux dbattre entre gyptologues. Les planches du second volume paraissent avoir t excutes plus htive-
du premier. Je crois reconnatre dans le tombeau de Khnoumhotpou, l'influence de Lepsius, et je le regrette. Les Denkmler, avec la belle excution matrielle de leurs dessins, ont t un
celles
celles-ci, surtout
ment que
pour
des ouvrages les plus nuisibles qu'il y ait eu pour l'intelligence de l'art gyptien et de certaines parties de l'archologie gyptienne.
Le
peintre
Weidenbach, qui
les a
ex-
compos
110
BNI-HASSAN
les figures
ment, que
relief
d'un bas relief grco-romain de Dend^rah diffrent presque insensiblement de celles d'un bas-
de Hay, moins habiles, sont plus fidles et le caractre gauche et provincial des tableaux de Bni-Hassan. Les planches de M. Newberry. o elles ne se ressentent pas de l'tude des Denkmler, donnent assez exactement la notion de ce que sont ces grandes compositions tales sur les murs. Dans plus d'un endroit, les lgendes, un peu trop rduites, sont devenues peu lisibles
de
Rosc.'llini,
imitent mieux
et
il
faut proclamer
hautement que le rsultat est satisfaisant et nous fliciter de possder enfin une copie peu prs sincre de ces tombeaux si vants.
L'histoire des sires de Bni-Hassan avait attir
mon
at-
en l'tudiant de prs que j'avais t conduit dterminer pour la premire fois le rgime de la fodalit gyptienne. Mais en ce temps-l, il y a plus de seize ans, l'on ne connaissait qu'une partie des inscriptions contenues dans les tombeaux secondaires, et la liste que j'avais rtablie de cette famille princire renfermait bien des degrs douteux. M. Newberry a repris ce tra:
c'est
vail
il
l'a
modifi en certains
que je l'ai
en deux princioccidentale,
la
la rive
de classer exactement tous les personnages enterrs Bni-Hassan vient de ce que certains d'entre eux ont possd le nome entier, tandis que d'autres n'ont eu entre leurs mains que la partie orientale M. Newberry n'a peut-tre pas tenu un compte sufl'autre la rive orientale
difficult
:
du Nil. La
1.
Voir, au
t.
V,
p. 342-;i69
de ces Mlaujcs.
BNI-HASSAN
fisant
111
de
la distinction
Il
reporte un certain
du nombre de
:
tombes
la
XP
dynastie
le
les
occutrois
titre
de Prince de
la Gazelle,
Bakit, - - (^^
le
morin-
ga), un se nomme Khti, un Ramoushnt(?). Ils forment deux groupes qui sont spars encore par une lacune. Le dernier de ces princes aurait t contemporain ou peu prs d'Amenemht P"", ce qui nous permettrait de reporter le premier d'entre eux jusque dans la X dynastie Hraclopolitaine,
peut-tre vers
plusieurs noms.
le
si le
vide qu'on
et
Ramoushnt comprend
:
Il semble qu'il se passa pour eux ce qu'il arriva poque aux princes de Siout ils avaient pris sans doute parti pour les Hraclopolitains, comme leur position entre Siout et Hraclopolis les y obligeait, et la victoire des Thbains leur cota tout ou partie de leur domaine. L'inscription de Khnoumhotpou nous apprend qu'une
vers la
mme
du nome
de Gazelle par Amenemht P^ quand ce prince parcourut l'Egypte dtruisant le pch , c'est--dire, en termes moins mystiques, remplaant partout les partisans de l'ancienne dynastie par ses partisans lui. Cette famille
nouvelle n'tait peut-tre qu'une branche de l'ancienne
toujours
est-il
;
qu'un second groupe de tombes ornes nous enseigne les noms et l'histoire de ceux des princes qui la constituaient sous la XIP dynastie. Il rsulte des textes dcouverts par M. Newberry que le personnage favoris par Amenemht I" tait le Khnoumhotpou du tombeau n 14, qui
suivit le roi
les
112
la ville
BNI-HASSAN
de Mont-Khoufoui. Il eut un fils Nakhiti P^ qui succda et qui parat tre mort sans laisser denfants, puis une fille Baqit, qui pousa un certain Nouhri qui appartenait
lui
probablement la ligne qui dominait dans le nome voisin du Livre le fils de cette femme, Khnoumhotpou II, qui fut l'un des grands personnages de son temps, succda Nakhiti P' son oncle, en l'an XIX d'Amenemht II, comme sire de Monit-Khoufoui. A ct do ces princes de MonitKhoufoui, un autre rameau possdait en propre la partie occidentale du nome directement, tout en exerant un droit
:
de souverainet sur la partie orientale. Le membre le plus ancien que nous en connaissions, Nakhitounoutrou, vivait probablement la fin de la XP dynastie, et c'est peuttre un de ses petits-enfants que cet Amoni-Amenemhit qui florissait sous Ousirtasen P^ et dont la tombe partage, avec celle de Khnoumhotpou II, l'admiration des voyageurs. Des mariages avec des princesses avaient mis entre
et les sires
mains de la famille une bonne partie des nomes voisins, de la Gazelle comptaient sous Ousirtasen III au nombre des personnages les plus considrables de l'Kgypte.
les
On
ne
sait ce
ils
s'absorbcelui
du voisinage,
du Livre ou
celui
du Chacal,
dsormais qu'une existence obscure. Une partie du territoire parait tre tombe sous la domination des grands prtres d'Amon sous le second empire thbain.
M. Newberry a rempli
la
que
Eyypt
lui avait
il
inij^ose.
Non seulement
il
en a
derniers
les
travaux.
que les notes qu'il est en gnral au courant des Peut-tre est-il moins familier avec
ses traductions, ainsi
l'a
mrite de
la
nouveaut, mais
n'ont gure
j'ai
que
celui-l. Toutefois
la seule
note
BNI- HASSAN
est celle qui consiste rendre le
113
mot
nouU des
I
inscriptions
par
ville,
cit,
et l'appliquer la rsidence
de
Khnoum-
tombe, et les berry entend de Mont-Khoufoui, doivent s'entendre en ralit du tombeau de Bni-Hassan et de ses dpendances, les domaines funraires du mort. Il prend galement trop au pied de la lettre les phrases du pangyrique pompeux qu'il
traduit, et
y trouver des renseignements individuels sur le caractre et sur la personne morale d'Amoni ou de Khnoumhotpou II ce sont pitaphes, vridiques au mme titre que les pitaphes de tous les temps, et qui expriment fortement l'idal qu'on se faisait d'un bon prince en Egypte, plutt que la ralit de tel ou tel prince en partiil
croit
culier.
glyphiques,
en rabattra de
accorde
c'est
aprs tout un petit dfaut fort excusable chez un dbutant, et que je prfre pour ma part l'exagration d'esprit critique
d'uvres rcentes. On nous annonce pour paratre prochainement un nouveau recueil analogue celui-ci, et o seront reproduites les tombes des princes du Livre, dans la colline de Bershh M. Newberry en est charg, et l'exprience qu'il a gagne BniHassan lui permettra d'viter les mmes fautes que je lui signale ici. Il a d'ailleurs pour le diriger M. Griffith, dont j'ai analys les travaux plusieurs reprises dans cette Revue. Pendant un temps, tout l'effort scientifique de l'Anqui dpare,
mon
avis, tant
gleterre a port exclusivement sur l'assyriologie, et l'on a pu craindre qu'il ne subsistt plus bientt un gyptologue
au del de la Manche, pour continuer l'uvre de Hincks, l'apparition de Goodwin, de Birch, de Lepage-Renouf de M. Griffith d'abord, puis celle de M. Newberry, et de plu:
du souci de voir notre science ne ft-ce que pour un moment, dans l'un de ses
pays d'origine.
BiBL. GYPT., T. XXVIII.
114
BNI-HASSAN
IV Ce troisime volume' ne contient pas la copie de tomhcaux plus ou moins complets, mais des listes de signes
expliqus et des reproductions de scnes qui illustrent certains points obscurs de l'archologie gyptienne. On n'y trouve aucune dissertation d'enseml)le, mais des discussions
d<'
premires planches et les trente-deux pages qui leur correspondent sont consacres l'tude des signes hiroglyphiques. Elh^s sont remplies de discussions ing-
Les
six
nieuses et de faits nouveaux, auxquels on me permettra d'ajouter quelques dtails. Il n'est pas bien certain que le
nom du nome de la
(p. 4). J.
Gazelle
/;
(S.
noncer
Mh ^^
pro-
par une des orthographes du nom o l'on voit Tpervier pos sur le dos de la gazelle, lorus saisissant, ou, pour employer le terme technique, or saisi/-, prendre, se dit mhou liant son ennemi, Sit
:
<x|=^:
j en
se trouve en d^'^"^^^
'''^
terminatif
(les
du mot
et
^"^^
'^ /'^'"'''"'% (l
textes
l*vr;iniides,
cette
circonstance m'avait
sur
la
inspir la
mme
ide (pi'
M.
Griflitli (p. 5)
du nom
r^l
(p. 07)
<'
desse ni sur
1.
J
f|ue.
plus tard.
l'iihli.;- .laiis
la
H>'vnc
lldsdii,
iif
rrit'niti<\
1897,
t.
I,
|).
20-.^-205.
(li'illitli.
lii-iii
l'art
JCj/!//)t.
III.
being 42
tlio
Art/i'riilnt/iriil
IS'.Hi,
:{.
SuiDci/
In-4',
p.
et
I.omlres, Ollicc of
tlie l\itypt
t.
Kxploration Fund.
XXIII.
pj).
70-71.
4.
4.
BNI-HASSAN
les
llo
luit J
(maison)
IIouroLi
jouait,
^^
(d'Horus)
comme une
pas,
indication
du
rle qu'elle
je
n'y contredis
du calembour graphique par lequel les Le premiers gyptiens avaient not le son du nom. mmoire o M. Joret avait expliqu la forme des signes drivs du Papyrus a paru, en 1<S96, dans les Mlangeai de Plulolofjie romane ddis Cari Waldiind, p. 273vation secondaire
280.
et
pour l'Est
(p.
13-1
1)
dans cet emploi sur un bas-relief d'origine libyenne conJ'ai trouv en 1885, dans les serv au Muse du Louvre'.
remplis
yeux
(p. 14)
les
mieux
les dcrire
comparant certaines blagues kh (^ que M. Griftre un coquillage (p. 14-15), change perptuelqu'en
Le
signe pour
le
mme
E. de
la fleur
considrait comme une abrviation de celui-ci, o ou la feuille aurait t dtache de la tige, et son jugement est exact dans certains cas. La forme et la couleur du signe Bni-Hassan me portent penser que le dessina-
Roug
le
dont
les
gvptiens
se servaient
pour
attiser le feu.
Le
AA/VVA
collier
nt,
(p. 15)
:
pour nom
un bout de
fil
la
paraphrase en serait
niti, nati,
l'homme au fil,
le
1.
Cf.
t.
V,
p. 247-2r)l
de ces MhtwjPH.
116
BNI-HASSAN
Le fermoir consiste en une plaquette d'mail ou de mtal, perce de deux ou plusieurs trous, par lesquels passent les extrmits du (il Le signe mt ^=] (p. 16) est proqui retient les perles.
))abl('ment une
<7e6
flte,
comme
Loret
l'a
indicju.
Le vase
yip.
et
17)
me
mtal
non une
de poterie
le
phe
du
cuivre.
Dans
le
signe
elle
sakhonou
(p- 20) la
est remplace souvent par un sein de femme pendant ou par un autre objet le sens du mot tant ense/Ter, l'objet enserr importait peu, pourvu qu'il ft enserr entre les
:
bras.
(p.
Dans plusieurs
variantes,
^^
(p.
ment
le
convaincra en
L'identification
fortifies
du signaf^^^^ avec
Il
limace
(p. ^3),
pro/'
me
semble que
figurait
le
re-
tantt la limace,
tantt un serpent.
(p.
Chabas
un
outil
pense
(|U(,'
l'instrument
la
Qars d
d., p.
24)
spcial employ
prparation des
2"^
l'Antiijuit his(ori(/ue,
nud
de corde
mais
ht
il
manteau dont
l'est
le
personnage s'enveloppait,
.s//a///rt
roul cornuK,'
d:ins le signe
'^
du ptre ou du
une classe
voyageur.
Le signe anon
de caractres forms d'une lettre ayant sa valeur phontique courante et suivie de jambes comme dterminatifs les Jambes sont tantt criles isolment, tantjt attaches la lettre de
:
BNI-HASSAN
manire former avec elle un groupe unique.
appartiennent
:
117
cette classe
(1
aiou
0, aller,
form de
la
la
plume a
et
plume dans les Pyramides, mais presque toujours unies la plume dans les
des jambes j\ spares souvent de
textes postrieurs
2
;
si
~75~
,
passer, form de s
et
des jambes J\
;
form de sh r-xr-i et des prendre, form de t s=> et des jambes JS 4 Ti ^5y^ jambes J\; 5 bol, de/iors, form du chemin bol et des
; ,
she ^-^
,
aller,
jambes.
Anou K
y\
,
est
form de
mme du
vase
nou d,
et des
jambes
\o
et la prononciation
lisait
vase se
anou
ct de nou,
comme
valeur secon-
daire.
Les quatre dernires planches et le texte qui leur correspond sont consacrs ce que nous savons de la fabrication des outils de pierre en Egypte. M. Grifith a trs ingnieusement reconnu un des stages de cette fabrication dans un tableau dont le sens avait t mconnu avant lui. La lgende ne laisse pourtant subsister aucun doute cet gard elle dit que les personnages sokhit sifouou, ce qui se tra:
couteaux. Dans
les
M. GrifRth montre
bouchers faisaient des couteaux ainsi prpars ils les afftent sur un instrument de pierre verdtre, qui ressemble singulirement pour la forme aux fusils de nos bouchers,
puis
ils
gorgent
les
bufs,
les
corchent et tranchent
laisse rien dsirer.
les
constatation que
portance en ce
La M. Grifith vient de faire a bien son immoment. C'est un lieu commun chez tous
ceux qui ont tudi l'Egypte de prs, sans prjug, que l'usage de la pierre yasurvcu indfiniment l'intervention et la diffusion des outils ou des armes en mtal, et que la plupart des silex contenus dans nos collections appartiennent aux poques historiques, aux plus basses comme
118
BM-HASSAN
liautos.
aux plus
On
aux ges antrieurs l'histoire. La dcouverte d'un atelier de pierre, en pleine activit parmi les autres industries de
la
XIP
M.
pour dissiper
les
^^
GrilTith, bien
Howard
uvre de
plus.
iir
J'ai
signal,
il
y a
quelques annes,
les
observations
consignes par M. Griffith au troisime volume de son ouvoici aujourd'hui un long mvrage sur Bni-Hassan moire o il rf'prend le mme sujet avec des dveloppe:
rel*.
Quelques
et sur la valeur
phontique des signes prcdent le corps mme du trait, et peut-tre l'auteur y suit-il avec trop de lidlit les thories de l'cole gyptologique de Bei'lin, dont quelques-unes au moins sont assez hasardes. Je ne m'y arrterai point, et,
comme
se
compose d'une
foule de
me-
nues discussions sur des points trs divers, un examen d'ensemble est impossible, je me bornerai noter ici quelques-unes des remarques que j'ai faites en lisant le volume
1.
Publi .lans
I'\
\:i
t.
II, p.
201-264.
to thc
2.
L. rjritlith.
E'jupnan \Vri(in;j, witli 9 colouied iilatcs from Facsimiles by Rosalind F. E. Paget, Annie Pirie, and Howard Carter (forme le .sixime Mmoire de VArcho'otor/icnl Surccij ofEgypt), Londres, 1898,
Ifislori/ i)f
BNI-HASSAN
.
19
mi-masque
veau,
<r
Fig. 59, p. 11 Les substitutions (jiii ont remplac le dehumain^ par d'autres signes, tels que le nez de
crois
par exemple, sont dues l'criture hiratique, et je le signe interprt par la bouche vue de ct (p. 12, entre les fig. 19 et 157) est en ralit une forme de ce nez reproduisant le trac hirati(]ue rgularis.
que
Hch^
(jui
h'
du texte et du tableau de la Chambre de la Vache au tombeau de Sti L"'" cf. tudes de mytholoainsi qu'il rsulte
;
gie et
(V archologie
gyptiennes,
t,
II,
p.
219, note 2.
jlp^,
souveen
-/
me parat un nom
Atn^.
le
pre
Atout
se traduirait littil
ralement
Ka khou
\J
'^^
serait le
ka
spiritualis.
dvots de R,
105-106.
le
monuments;
double du khou, qui est mentionn sur cf. Recueil de Travaux, t. III,
crit
Fig.
177
p. 15.
Le nom du poisson
o
avec ce signe
Cc9
est pel
Ahat^
fois
^ dans
,
les
mastabas de Mariette,
ne vient pas diii^'^is
confirmant une
de plus
la lecture cont(^ste.
P. 17 Le
.
nom
copte de
la brebis, eccoy,
5^'
de
la
forme
V^^,
tomb.
Fig. 161, p. 21.
M.
du
XV nome de
la
GrifTith drive le nom de Thot de celui Haute Egypte, qui appartient ce dieu.
120
Je crois
qu'il
BNI-HASSAN
faut
Zahouti
I
nomm Zahou
"J^
i
'^
Takhou
^^
M.
le dieu-ibis.
que j'avais propose tout d'abord pour le nom de l'un des personnages du dialogue philosophique contenu dans l'un des papyrus de Berlin. Fig. 83, p. 28. M. de Roug a montr, il y a plus de trente ans, qu'une des formes du signe qam j^ est l'empreinte sur le sol d'un pied humain, les cinq doigts indiqus nettement elle rpond au sens durer, se tenir, qu'a l'une
i
Le
craste
n\
cuire, ct de ps
''^"^^
,
\\
[l
dans KHSF
oH J
I
ct de
khs
STF
Aw^
ct de ST
a^aaaa^
etc.
~~X~
me
;
passent
l'tat
parfait
insectes qui
rongent
les
cadavres et
mme
les momies et que j'ai trouvs par centaines sur la momio de Soqnounr par exemple. Ce serait un fort bon d-
tf-rminatif
pour
le
Le signe
la
(}
rpond deux ou
T.
.
trois
formes
l'avait
d'origine,
feuille
.
comme Roug
Griltith en a de bons exemmontr, et l'attise-feu <^^ Si il faut admettre qu'il figurait aussi parfois un coquillngo je n'ai jamais rencontr cette dernire forme dans mes
ples,
:
recherches.
BNI-HASSAN
(
121
)
Fig. 50, p. 31. L'ovale aplati reprsente un terrain vu de haut et arrondi aux deux extrmits, soit, avec la
une le. Avec la lecture khout ^^^ (j^. nous admettons le sens horuon, qui, tel qu'on le comprend chez nous, ne rpond pas l'ide gyptienne. Si l'on tudie les figures du Livre de l'Hads, on s'aperoit que l'ovale est la forme prte par les gyptiens chacune des deux rvaleur
^^^^
>
gions en lesquelles
la
le
monde
se divisait, la rgion
du jour
et
rgion de
la nuit.
au fond, un dfil troit conduit la barque solaire la rgion voisine, ou bien une tte de desse sort avec deux bras tendus suivant le contour du cirque. Sans insister sur ce sujet qui demandera une tude plus longue, j'ajoude sable
;
terai
le
que
le
nom d'Harmakhis
comme nous
le
mais l'Horus dans les deux rgions du monde, dans maine du jour et dans le domaine de la nuit.
Fig. 56, p. 33.
sexuel de la
do-
Le
triangle
femme, comme le prouve sans rplique un des dterminatifs employs aprs certains mots qui dsignent
l'union sexuelle.
Fig. 134, p. 45. La valeur th du signe s= est au moins douteuse, et, pour ma part, je l'ai toujours carte. Elle a t mise en avant pour faciliter des rapprochements de noms gyptiens et bibliques, et accepte depuis lors. Je crois qu'il y aurait lieu de reprendre la question au point de vue strictement philologique, sans y mler les questions de gographie sacre.
Fig. 130, p. 45. Je ne vois 3as non plus de diffrence
organique entre
leur emploi,
les
deux signes
et
pour
s. Il
y a dans
comme
122
raison
BNI-HASSAN
:
purement artistique le plus souvent le scribe emdeux qui carre le mieux son mot. FtQ. 92, p. 47 Le signe ^^in:^ k reprsente l'un des petits rcipients dont les femmes se servaient pour vanner le grain,
ploie celui dos
.
et qui sont
de diverses formes.
p.
Fig. 95,
/)
carr D montre
le
23, p.
47 Les
.
textes des
du signe Zahou,
la
le ct.
<=^
Fig. 20, 96, p. 49. Je nepuis m'empcher de croire que le n'est que la forme hiratique du grand s=> de la page 45,
a t
(jui
rgularise et
l
(jui
s'est localise
dans certains
borne indi-
emplois. C'est
toutefois
une ide
(jue je
me
quer pour
Fifj.
le
moment.
"i
me
parait rsulter de
la
forme hiratique soit du pieu fourchu qui supportait la ces deux signes servent rame gouvernail, soit du chevet de dterminatifs aux ides /)o/7e/', supporte/' dans les Pyra:
mides'.
F/'fj.
le
sige
a bien
la
valeur sa
-^
et
non
la
me
porb nt croiic
nom
Sai/'i.
On
prononc longt<mps Sait et trouve encore aux exemplaires du Licre de l'HaIsis s'est
une variante
rAe<rz=>,et
(jui
o
se
'
j)our
lit
Sait pour
^^
Isis.
Sari, Siri
la
1.
^''>i^, t.
\'.
p. 43") -ISI)
de ces Mrliin;/rs.
BNI-HASSAN
naissait encore le
Il
123
nom
est l'origine le
bton termin
en crochet du gardeur d'oies. On voit plusieurs fois ce personnage crocheter par le cou, au moyen de son instrument, une oie qui s'carte du troupeau. La tte d'animal n'est qu'une forme seconde le gardien l'a donne au crochet de son bton comme ornement, guid dans son choix du motif
:
la forme utile de l'instrument dcorer. Ce sont l quelques-unes des observations que la lecture de l'ouvrage de M. Grifith m'a suggres. Il y en aurait d'autres
par
prsenter, et
le sujet est
temps encore la discussion. M. Grifith n'en a pas moins lait beaucoup pour en claircir l'intelligence, et, si quelques-uns des rapprochements qu'il suggre me paraissent contestables, beaucoup sont certains qu'il aura t le premier proposer. Il s'est taill dans notre science un champ
d'tudes fcondes
:
qu'on n'avait
fait
jusqu'
Les deux
gyptien
stles
Moyen Empire
elles
d'aprs
le
style et les
noms,
proviennent
de
la
ncropole d'Abydos.
1.
Calcaire blanc.
UAi^l^n
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AAyWAA
(.V!C)
Mends, au dieu grand donne un revenu de pains, liqueurs, bufs, oies, toutes les choses bonnes et pures dont vit le dieu, que le Nil apporte et que la terre produit, au
((
Proscynme
Osiris matre de
qu'il
1.
le
Bulletin
Insturi-
r/ues, 1893, p.
126
Sonbou,
la
la
dame Moni,
fait
la voix juste,
de
voix juste,
part de son
la
qui
vivre son
nom,
visionnements,
voix juste, n de la dame Aousnisonbou, la voix juste son fils, habitant [de cette ville], le fermier de la table [du dieu], Didi.
Hitiou,
Au
Sonbou
est
:
assis sur
un fauteuil et respire une fleur de lotus panouie une table charge d'offrandes est devant lui. A gauche son
fil'^
Q-frr^'^"'?1^0l
l'attach
rhtel
des
approvisionnements, Hitiou, la voix juste est assis sur un autre fauteuil et respire galement un lotus une table
;
lui.
Entre
les
est accroupie, le
Sonbou,
le
v\
femme de Sonbou, Aousnisonbou. Au dernier registre, la femme de Hitiou, la dame Hpi xt? '^ Q est accroupie gauche, sous le sige de son
la
fi
(1
mari,
le
genou gauche
lev, la fleur
devant
>>=
'
^"^"^
^'^
Klionsou;^!^ ^ fl'T',
-O)
Ci
[
sa m
I
fille .So/i6/;
"^
ll'"'^'
suit
sa
fille
Mosou.', '^^^
"^s?, sa
fille i1/o//.
La
donc
comme
pour
quatre gnrations
X
I
la
dame Moni
la
I
Sonbou
Hitiou
dame Aousnisonbou
la
dame Hpi
Moni
Khonsou
Sonbi
blanc.
iMosou
N"
2. Calr-aire
127
en trois colonnes renfermant chacune un proscynme diffrent. Le proscynme du milieu, crit de gauche droite, est ainsi conu
:
tr=:=/i\^2>- ^^^_ O'PO J;d^ nsi' 01 Osiris pour qu'il donne un revenu do pains et liqueurs au
I
=^
double d'Ati,
la
voix juste
)).
Le proscynme de
droite, crit
galement de gauche
:
i
femme
d'Ati
U
y
Tc=_, La 5:5
A jwl
"^
I
^^_ 0*0^ CZZD /wwvA ^.=_ [T-zi <:r> 1 c^ Ouapou aitou, pour qu'il donne un revenu de
I
Proscvneme a
pains, liqueurs,
la
bufs,
oies,
dame
Riri,
la voix juste
La
(|(1
I]
.
Proscynme
Osiris,
matre
d'Abydos,
pour
gteaux, toffes,
donne un revenu en pains, liqueurs, bufs, oies, encens, essences parfumes, au double Amoni , la voix juste . Les personnages sont redu prsents au second registre, assis autour d'une table d'offrandes, droite AU et Riri sur le mme sige et la femme passant le bras au cou du mari, gauche Amoni.
qu'il
Le
La colonne du milieu
^ M^
Au
le
double de son
.
Il
sit,
la
est crit
de gauche droite, de
:
mme que
proscynme de droite
l\
Jj
^^
128
X^ ^v ^ Osiris, au
''
bufs et oies, au double du gardien de l'entrept des gteaux, Sonousonbou, la voix juste, n de Tonit . Le proscynme de gauche est crit de droite gauche
:
I
<=>
-2
'^^'VVAA
AAAAAA
,
A /WWW
I
Ci
n U
((
/vbL i K^^ ^i_ 4 c=^ ^.^ io -? Proscynme [ Osiris] pour qu'il donne
I
=>
le
revenu en pains,
Sonboutiji
la
voix juste
examine isolment,
nous
elles
deviennent des
nombre sous
la
main.
Les gnalogies
montrent
exeraient
quelles
alliances
membres
c'est la vie
bour-
geoise d'une grande ville gyptienne qu'elles nous permettent de reconstituer peu peu. Parfois
mme
des dates ou
utilit
rasssembler tous
collections prives
les
DISCOURS
PRONONC A LA
Aprs
un discours nouveau qui sera peut-tre quelque peu pnible. Pour moi? non vraiment pass un certain moment dans la vie, on croit toujours avoir beaucoup dire lorsqu'on s'adresse plus jeune que soi, et l'on se flatte volontiers de le dire bien. Mais vous en tes encore au temps o l'on trouve importune toute autre voix que celle du matre qui proclame les prix, et o l'on se rsigne ditlicilement dtourner son attention des beaux livres qui sont l. Il faut pourtant me suivre, pas trop longtemps, mais bien
dir, voici
:
dans des
villes
qui n'existent
plus, chez des matres d'cole qui ont fait leur dernire classe
il
y a des sicles. Ces gyptiens, remporteurs de batailles et cause d'innombrable ennuis pour vos camarades de sixime,
1. Publi dins le Palmars du Lyce, tirage part in quante exemplaires, par Delalain, Paris, 1894, 9 pages.
8,
cin-
BiBL. GYPT.
T.
XXVIII.
130
muses,
l'on
comme
mre
les
sevrs,
entre trois et cinq ans, vite, elle les menait chez un bon
vieux magister du voisinage, avec une provision de pain et de bire pour le djeuner, et leur ducation commenait.
Vous figurez-vous ce qu'tait renseignement public dans un des quartiers de Thbes ou dans un gros village de l'Egypte antique? Il suflit d'avoir pass quelques semaines aux bords du Nil pour n'avoir plus de peine se l'imaginer. Les coles d'aujourd'hui y ressemblent singulirement celles d'autrefois; une salle troite, avec un plancher en terre battue, deux ou trois lucarnes trs haut perces dans le mur afin de laisser pntrer un peu d'air, point de tableaux,
point de tables, point de bancs,
le
en groupes selon
la classe
le
point o
ils
marche bon
soleil.
coucher du
taills
et
ses
roseaux
en bois ou une plaque de zinc, sur laquelle il crit des formules pieuses et s'initie patiemment aux finesses de la calligraphie arabe ds qu'il est parvenu au bas, le professeur
:
une lettre par-ci, allonge ou renun jambage par-l, puis un coup d'pong bien appliqu lave le travail du jour et fait place nette pour un exercice nouveau. Cependant d'autres apprennent lire ou essaient de se mettre dans la tte un chapitre du Coran. Ils se chantonnent l'alphabet ou ils se rcitent les versets mivoix, en se balanant sur les hanches par un mouvement rythm qui est d'un secours excellent contre les dfaiUances de la mmoire. Comme la plupart y vont de bon cur le tapage est considrable on dirait, en beaucoup plus fort, le bruit d'une de nos coles communales, cjuand la pouponnire entonne en chur le b-a-ba. Les passants et les gens du
vrifie, corrige, redresse
force
131
voisinage entendent deux ou trois rues de distance un bourdonnement confus comme d'une ruche en rvolution. De temps en temps un cri perant s'lve suivi d'clats de rire c'est une excution. Un des bambins s'est endormi sur son
:
encrier;
le
matre,
;i
(jui
l'a ramen brusquement du jardin fleuri des rves aux sentiers pineux de la science. Changez les costumes, et vous aurez une scne de la vie studieuse dans l'Egypte pharaonique. Le matre gar-
dait la tte rase et le buste nu, sauf coiffer, dans les grands jours, une perruque noire ou bleue petites boucles tages il portait un pagne l)lanc empes et tuyaut, un collier, une paire de bracelets. Les enfants s'habillaient de
;
grosse tresse
de cheveux leur
battait
leur plaque en bois. Le papyrus cotait cher, et on ne leur en confiait un rouleau que vers la fin de leurs tudes d'ailleurs, tout leur tait bon pour crire, un galet poli, un clat de pierre blanche, un morceau de vase bris qu'ils ramassaient dans la rue. Quand un gyptien avait un brouillon de lettre rdiger, un compte de boulanger, un extrait d'au;
teur classique,
il
quelque vieux pot cass pour suppler au dfaut d'un bout de papyrus les rebuts de sa cave lui fournissaient ses livres de mnage et ils enrichissaient sa bibliothque. Les matires de l'enseignement ne prsentaient rien de
:
de
la civilit et les
formules de
la politesse,
dbiter
un certain nombre de prires, nonner par cur des fragments de potes illustres, vous en avez fait tout autant ds vos premires annes, et ce n'est l pour vous que le moindre de l'ducation. Les petits Egyptiens Cju'on soumettait ce cours d'tudes en avaient plein les mains et la tte, et, si vous pouviez comme nous voir de prs le monde o ils vivaient, vous comprendriez bien vite cju'il en ft ainsi. Vous vous
132
alphabet romain, et
les
mois
les
d'efforts qu'il
vous en cota
qu'il
admet. Ce n'taient pas vingt- cinq lettres que les petits gyptiens rencontraient quand ils commenaient lire, c'tait une arme entire de signes extraordinaires, dont les uns exprimaient des sons, les autres des svllabes, d'autres des ides. Sans doute, il y en avait beaucoup dans le nombre que les savants seuls devaient connatre, et les gens du commun se tiraient aisment d'affaire avec trois ou quatre cents hiroglyphes. C'est encore un beau chiffre, et les annes s'coul'criture laient avant qu'on vnt bout de le complter n'tait pas moins complique que la lecture et elle n'exigeait ni moins de temps ni moins de peine. La pdagogie employait en ces sicles-l, pour stimuler le zle et pour dvelopper l'intelligence des jeunes gnrations, divers moyens auxquels elle a renonc depuis lors, du moins chez nous. Elle les privait de boire et de manger, elle les enchanait, elle jouait du fouet tout propos, et la menace des coups tenait autant de place que les conseils dans ses homlies habituelles. Que ta main soit toujours pose sur les livres, crivait un scribe th bain un paresseux de sa classe, et ne prends pas un jour de repos, sinon l'on te battra. L'enfant a un dos, il coute quand il est frapp, o Et l'excellent homme ajoutait avec un soupon de joie maligne, mais bien certainement dans l'intrt de son correspondant Tu es pour moi comme un ne qu'on btonne vertement chaque jour; tu es pour moi comme un Ethiopien stupide (ju'on amne en tribut. On contraint le vautour nicher; on dresse le faucon voler je ferai un homme de toi, mchant garon, sache-le bien! Qu'en penseriez-vous, si l'un de vos professeurs s'avisait un beau malin de vous tenir ce langage encourageant? Les petits gyptiens l'entendaient toute l'anne, et il leur en cuisait littralement s'ils n'y prtaient pas une attention suffi-
combinaisons
sante.
133
La plupart
tat de lire et d'crire couramment, de tenir un compte et de chiffrer une addition; ils en savaient assez pour entrer au service de Pharaon ou pour mener honorablement leurs affaires Ceux qui n'avaient pas besoin de gagner promptement
.
aux fonctions
les
idiomes parls au sud de l'Egypte chez les noirs du Nil Blanc, c'taient les dialectes berbres des populations libyennes, c'taient
les difficults
le
on arse
mieux levs
lire les
dpches
cuniformes.
les
La
littrature classique
Le terme vous
Grecs
je
ni les
Romains,
et
autre
Chops
uvres, car on
les
admirait de-
puis deux mille cinq cents ans, on les apprenait par cur,
on les copiait, on les citait comme modles aux crivains contemporains, et, si les uns croyaient les comprendre, les autres n'y comprenaient rien. Si vous lisiez ce qui en surnage, mme en traduction franaise, je crains bien que vous ne fussiez des derniers. Le vieil Orient n'est pas, comme l'Italie ou comme la Grce, de ces morts de hier dont l'me flotte encore autour de nous et dont l'hritage compte pour prs de moiti dans notre patrimoine spirituel il est descendu au tombeau
:
et choses, et depuis
temps de disparatre leur tour. A mesure que nous le ramenons la lumire, nous nous apercevons qu'il n'y a presque plus rien en lui qui lui reste com-
131
mun
murs,
ses
moyens
d'action
et ses modes de pense sont si loigns des ntres qu'ils semblent appartenir une humanit distincte. Ses aitistes n'apercevaient pas le monde sous le mme angle que nous, et ses crivains, puisant leurs inspirations dans un milieu diffrent de celui o nous plongeons, en retiraient des procds aujourd'hui inusits de rendre leur sensations ou d'enchaincr leurs ides. Aussi, tandis que nous entendons souvent demimot le langage des classiques grecs ou latins et que nous lisons leurs uvres presque sans effort, la littrature classique de l'Egypte s'offre nous comme une suite de problmes rsoudre ou d'nigmes deviner patiemment. Combien de phrases, combien de mots auxquels nous nous butons, qui exigent une lente analyse avant de se laisser matriser! Et, quand nous en avons dtermin le sens littral notre satisfaction, que d'excursions ne devons-nous pas entreprendre dans le domaine de la religion, des murs ou de l'histoire politique, atin de les forcer nous livrer leur valeur entire et de rendre nos traductions intelligibles aux autres comme nous-mmes! O il faut tant de commentaires pour dcouvrir la pense d'un homme ou d'un peuple, on prouve quelque difficult discerner le mrite de l'expression qu'il a su lui donner. Le beau a t l certainement et peut-tre y est-il encore; mais mesure qu'on veut le dgager des dcombres accumuls sur lui au cours des ges, l'amas des
cacher de nouveau.
Les vieux papiers qui nous ont cont tant de choses ne nous disent pas ce qui se passait dans les coles la lin de chaqueanne, ni si l'on rcompensait de quelque manire ceux
des enfants qui avaient travaill le mieux. On leur donnait certainement des vacances, et il y aurait un tableau curieux tracer de la vie cju'ils menaient pendant leur temps 'de libert, la volupt de ne plus avoir de leons se mettre en
tte ni
frule, plus
de verges,
135
campagne, les parties de nage dans visite le Nil, la pche et la chasse au dsert, peut-tre une aux grandes villes dont on leur enseignait le nom et l'histoire. C(3 sont bien, avec la diffrence des temps et des lieux, les rves mmes dont vous vous tes bercs pendant ces dernires semaines. Encore deux ou trois heures, et cet avenir de campagne et de voyages, de repos la montagne
mais
les
courses par
la
ou sur les bords de la mer, aura commenc devenir le prsent pour vous. Je vous souhaiterais bien volontiers d'y trouver plus de joie encore que vous n'en esprez, si je ne
combien de pareils vux sont inutiles n'tes-vous pas l'ge o la ralit du plaisir qu'on gote actuellesavais
:
l'ide
de
la
province du
Fayom
et,
L'tude technique que sa position officielle l'obligeait faire de la question donne son livre une autorit indiscutable. Je dois dire que la critique des textes et l'examen archologique du sujet m'avaient inspir des conclusions trs analogues celles auxquelles il arrive, mais je n'avais pas la comptence professionnelle ncessaire pour me permettre de trancher trop rsolument une question qui touche l'art
de l'ingnieur autant qu' la science de l'historien, et j'imagine que beaucoup de nos confrres en gyptologie sont dans le mme cas fcheux que moi c'est donc avec une vritable reconnaissance que j'ai reu le livre de M. Brown.
:
En
voici d'abord l'analyse, ensuite certaines des objections qu'il soulve et des modifications qu'il me parat devoir
comporter.
Je n'insiste pas sur le premier chapitre, parce qu'il traite de matires sur lesquelles je ne me reconnais pas le droit
de porter un jugement personnel. Il contient la description hydrographi(iue du Fayom actuel, l'indication du rgime
1.
Extrait de la Rccae
cridr/ne., 1894,
t.
XXXVIII,
p.
73-78.
R. H. Brown, The Faym and Lake Mrts, by Major R. H. Brown, R. T. Inspecter General of Navigation Upper Egypt, with a prefatory Note by Col. Sir Colin Scott- Moncrief, K. C. M. G. C. S. I., and Illustrations trom Photographs by the Author, Londres, E. Stan2.
13S
eaux y sont soumises, comment elles y entrent, y >ont distribues, ce qu'elles d'^iennent aprs l'avoir arros, la faon dont elles contribuent la richesse de la province. Il y a l des chiffres qu'il m'est impossible de vrifier, mais dont il faut admettre l'exactiauquel
comment
elles
tude,
Brown ayant eu
documents
observa-
ollieiels, et les
ses propres
Le second chapitre
arabes relatifs au
recueil de
Fayom sans tre aussi complet que le Jomard, il renferme ce qui est ncessaire pour l'intelligence de la question Le troisime expose les thories mises au suj(^t du lac Miis, de sa situation, de son objet. Les seules que le major Brown discute sont celles de Linantet de Cope Whitehouse. Celle de Linant, prconise par Lepsius, a
:
.
gyp-
tologue qui
l'ait
placement du Miis l'est de la province, de la chane Libyque Bgig et de Biahmou aux collines qui bordent vers toute la partie occidentale et le sud le bassin de Gharak septentrionale aurait t dlimite par une digue en maon:
))lu-
Le nome Arsinote aurait occup le terrain compris entre la digue et le Birkt-Kion actuel. Les relevs les plus rcents montrent que l'emplacement de ce lac suppos aurait couvert la partie la plus leve du Fayom, et quo: le fond en aurait prsent une pente continue (|ui entranait les eaux vers l'ouest. Or le pays compris entre ce lac Mris de Linant et le Birkt-Kron rece vait, dit-on, son irrigation du premier de ces lacs. Imagincz quelle pouvait tre l'inscurit de cette bande de terrain inclin, avec un vaste rservoir d'eau qui dominait
'
')
I)
'
')
')
d'une hauteur de 13 mtres la partie qui s'tend le long de la face nord, et d'une hauteur plus considrable encore
celle qui court
')
au pied de
la
face ouest.
Quand on
consi-
139
de
villes florissantes
11
dveloppe dans un site aussi prilleux. Imaginez enfin les infiltrations qui se seraient produites sur les
se ft
D'aprs la de Linant, n'tant pas de dimensions suffisantes pour rgler le Nil, tait desiin dverser le
thorie,
le
ainsi les
pauvres sots qui s'taient tablis sur la bande de terre entre les deux lacs auraient couru le danger d'tre inonds par
en haut et par en bas, et se seraient trouvs dans une
position aussi dang<^reuse que celle des chariots de Pharaon
))
1)
Les vieux gyptiens qui vivaient avant notre re devaient avoir une foi prodigieuse en la protection de leurs dieux ou en l'activit de
traversant la
(p. 30)...
mer Rouge
1)
s'ils
s'taient installs
))
Le
mesures du pourtour ni pour la profondeur. Il suffit d'ailleurs de jeter un coup d'il sur les figures de la page 36 qui montrent la section du Fayom par Illahon-Mdint-Senhour,
selon Linant, et la
mme
pour demeurer convaincu que la thorie de Linant est incompatible avec les donnes gographiques comme elle l'est avec les faits historiques. Elle avait t combattue dj avec succs par Cope Whitehouse partir de 1882, et Schweinfurth avait montr que les digues signales par Linant ou bien n'taient que des dpts de gravier, ou bien taient
d'origine rcente. Je ne parlerai pas
ici de la substitution de rOuady Rayn au bassin du Fayom tente par M. Cope Whitehouse pour le lac Mris M. Brown la combat, avec raison je crois, mais je ne veux pas allonger cet article en rptant ses arguments.
:
140
Le chapitre v renferme l'histoire de la province du Fayom, et il est de beaucoup le plus important de l'ouvrage. M. Brown pense qu'elle peut se rsumer peu prs comme il suit. A l'aube des temps anciens, les eaux du Nil remplissaient entirement la dpression qui comprend la province actuelle et le Birkt-Kcron. Peu peu les boucs dposes la sortie du goulet d'Illahon levrent le fond de cette mer intrieure au voisinage des collines Libyques. Sous la XIP dynastie (vers 2500 d'aprs M. Brown, mais en
3000 avant J.-C.) les laisses taient assez considrables pour que d'immenses tendues de vase mergeassent au temps des basses eaux. Le major Brown suppose qu'au dbut de laXIP dynastie Amenemhit qui tait un sportsman et se vantait d'avoir chass le lion et
ralit entre et
I'^''.
3200
miniature qui
Delta en form au dbouch du Bahr-Yousouf dans le lac, un site prominent, celui de Mdint-elFayom et de Kom-Faris, pour y construire un palais et y tablir des jardins. Il s'y soustrairait aux odeurs pes tilentielles qui se dveloppaient probablement autour de lui dans sa premire demeure, et en mme temps il jouirait l'air de du dsert, rafraichi par la surface imy mense du lac, sur lequel il pourrait s'abandonner son got pour la chasse au crocodile. L'attrait naturel que prsentait une combinaison aussi rare de l'air du dsert avec une vaste tendue d'eau, devait, sous l'influence de la faveur royale, faire de cette nouvelle ville un lieu de runion la mode pour l'aristocratie, qui bientt btit des villes sur les rives du lac, le long de la plate forme sur laquelle s'leva Crocodilopolis ou plutt Shad, car c'est ainsi que la cit parait s'tre appele dsleprin cipe... L'aire assche tout d'abord une hauteur de 22'"r>0 au-dess'.is du niveau moyen de la Mdilenane, entre lUahoun et Mdinh, occupait cnvinm 10.000 acres, que le roi et ses favoris se partagrent mutuellement.
);.
rapport
captif le crocodile
s'tait ainsi
choisit, sur
le
>'
))
141
))
!)
Mais il restait encore, sur les rives du lac et sur celles du canal qui reliait le lac au Nil, une grande bande de terres habitables, situes porte de l'eau pour (pi'on pt approvisionner les maisons aisment. Quand les charmes de Crocodilopolis et de ses faubourgs furent mieux apprcis et que la population s'accrut, le besoin
d'une tendue plus considrable de terres cultives se fit sentir... Aux hautes eaux, quand le lac tait rempli jus-
))
))
barques pouvaient aborder directement Crocodilopolis mme, mais quand on renvoyait les eaux au Nil et que le niveau tombait 20 mtres ou 19'" 50, une bande de vase large de deux kilomtres
qu'au niveau de S250,
les
que
l'on franchissait
))
de l'eau le long de la rive n'tait pas assez considrable pour permettre aux bateaux de ranger le bord. Ce fut, sans doute, pour obvier ces inconvnients que l'on construisit la leve qui court des hautes terres, l'est d'Edouah, vers
))
))
probablement vers Mdinh... Ce second travail ajouta environ 7.000 feddans de bonne terre aux premiers 10.000. Mais la leve d douah ne s'arrte pas Biahmou, ce que Linant n'a pas remarqu elle continue sur son premier alignement jusqu' Kalabyn, puis au del de Salyn et de Fidemn jusqu' un point situ un peu au nord de Sinrou. L elle tourne au sud, coupe la ligne
Biahmou
et
de
d'Abouksh mi-chemin d'Agamn on observe en cet endroit les restes consiville antique sur la leve mme. Au la leve se perd au milieu des bois de revenait-elle Mdinh par Tala et Sinbat dattiers ou continue- t-elle en suivant le contour du terrain par Tobhr, Manash, Disyah, Abgig, jusqu'au dsert aux
du chemin de
fer
et
))
environs d'Azab ?
et
n'en a t dcouverte,
droite et gauche
du
chemin de
d'Abouksh
n'a jet
142
LE FAYOM
F,T
LE LAC MRIS
le sujet.
.)
Il semble que les traces de la leve se perdent quelque part dans le triangle form par les villages d'Abou-Ginshoii, d'Agamn et de Sinro... Admettant l'existence de cette leve, l'aire nouvelle comprise entre la digue qui court par Mdinh, Sinro (ou Agamn) et Biahmuu, et qui est borde par Tancienne digue de Bialimou Mdinh, aurait ajout environ 10.000 feddans aux prcdents, ce qui porterait le total 27.000 fed-
du Fayom actuel tait couvert d'eau et formait le lac Mris d'Hrodote. M. Brown explique comment il s'emplissait et se dchargeait chaque
dans
(p.
71-76).
Tout
le reste
anne, et de quelle faon il rglait l'irrigation des terres situes au-dessous d'IUahoun, mais je ne puis le suivre il ne se prononce pas sur dans le dtail de ses oprations
:
l'poque laquelle
le lac
Mris
le
Fayom
devenu ce
qu'il
de nos jours, mais il essaie de montrer par quels procds la transformation s'est accomplie. Il y a dans toute cette thorie un point qui ne me parat pas contestable, c'est que le Birkt-Kron tait jadis
plus grand qu'il n'est aujourd'hui
fait
:
je crois
que M. Brown
le
un point secon-
monuments trs anciens tablis dans des parties du pays (jue M. Brown considre comme ayant t submerges au dbut. Le reste reposesur une erreur matrielle qui n'est point le fait de M. Brown, mais celui des savants auxquels il
pour avoir des renseignements qui lui apprissent le Fayom entra pour la premire fois dans l'histoire monumentale. Il n'est pas exact de dire qu'on ne rencontre aucune mention de ce canton avant la XII" dynastie. L'inscription d'Amten, qui remonte aux ders'est adres.s
l'poque laquelle
niers
temps de la 111'" dynastie ou aux [iremicrs de lai V" dynastie, parif duiioniedu Crocodile, c'est--dire du Fayom,
143
nous apprend qu'Amten en gouverna la partie orientale, probablement celle qui s'appuyait la chane Libyque d'Illahoun Danih '. La ville de Shed, ou plutt de Shodit,
Shadit, n'a nul]<;ment t fonde par
est
un Amenemhit
elle
nomme
dans
les
Sobkou, le crocodile, et le signe qui suit son nom nous donne la signification que les gyptiens lui attribuaient. 11 reprsentait un sarcophage en bois quadrangulaire avec un couvercle en dos d'ne, ou Tune de ces botes en forme de
chapelle vote o l'on dposait les statuettes funraires le tout est surmont d'un pieu que couronne un massacre
:
de gazelle ou un bacrne, une sorte d'amulette, compos avec les dpouilles de la victime et destin protger le dieu mort qui reposait au-dessous. Shodt signifiait donc la ville du massacre de gabelle, la ville du Trophe funraire
et le
nom
se rapportait,
comme on
voit,
une donne
reli-
gieuse, non pas une ide gographique inspire soit par les boues du marais, soit par des canaux environnants.
texte que nous possdons des inscriptions des Pyramides remonte la IV" dynastie ^ mais la rdaction des inscriptions est de beaucoup antrieure le plus souvent, et la mention de Shodt se rencontre dans une partie d'allure assez ancienne. A ne s'en tenir qu' la date seule
Le
fournie par Amten et par les constructions des pyramides de Saqqarah, on voit que le Fayom et sa capitale existaient dj sous l'Empire Memphite, qu'ils possdaient leurs dieux, leurs temples et leur administration rgulire le tableau
:
trac par
M. Brown, d'aprs
les affirmations
de Brugsch, de la faon dont les rois de la pour crer le pays, le peupler, y construire des digues, n'a donc point de ralit historique, et la partie
s'y prirent
du Mmoire qui
2.
Mas^evo, tudes ('f/j/ptiennes, t. II, p. 187-188. Papi I", i. 711 = Papi II, I. 1359-1360.
144
En rsum,
j'ai
nonce plusieurs
ne puis ciue m'en tenir une opinion (^ue fois, et dont j'ai essay de fournir
la
preuve dveloppe dans mes cours au Collge de France. Tout l'chafaudage de thories construit pour expliquer texte unique, celui le Mris classique repose sur un d'Hrodote les autres auteurs grecs et romains ou ne font que reproduire Hrodote, ou appliquent au Birkt-Kron ce qu'Hrodote avait dit de son Mris. Si l'on parvient se rendre compte de ce qu'Hrodote a visit, on aura par l-mme cart toutes les difficults que soulve l'interprtation de son tmoignage. Pour tre bref, je dirai qu'Hrodote a vu le Fayom au moment de l'inondation, et qu'il a pris pour un lac artificiel servant rgler la crue, l'tendue d'eau comprise entre les digues qui enferment les bassins du Fayom. Il ne faut pas oublier qu'Hrodote tait surtout en contact avec des drogmans ou des sacristains, et l'on sait ce que drogmans et sacristains lui ont racont sur les monuments de Memplis et sur les rois qui les avaient btis. Ici le malentendu entre Hrodote et ses guides tait d'autant plus ais que le lac existait rellement, le Birkt-Kron, et
:
de Mouiri, Moiris, qui dsignait l'inondation au Fayom. Si l'on veut bien poursuivre cette ide dans le dtail, on verra ce que je ne puis faire ici,
qu'il portait ce
mme nom
combien tous les faits indiqus par Hrodote s'expliquent aisment, pyramides surmontes de statues au milieu des eaux, dimensions du lac, etc. En rsum, Linant qui plaait le Mris sur le plateau, et le major Brown, qui le relgue dans le Birkt-Kron ont raison l'un et l'autre. Hrodote a cru rellement que le canton entre Illahoun et Mdinh formait un lac artificiel, et Linant a plac ce prtendu lac sur le site mme o Hrodote croyait l'avoir vu. D'autre part, le Mris rel est bien, comme Jomard l'a dmontr, le Birkt-Kron, mais un Birkt-Kron plus grand que le Birkt actuel, et dont le major Brown a fort ingnieusement montr les limites possibles. Il serait curieux
145
de montrer par quel abus de rapprochements superficiels on a voulu retrouver, dans tous les rois qui ont port un nom analogue celui de Mris, le constructeur du lac imaginaire, dans Thoutmosis III, dans Amenemhat III, dans Papi I", mais cela m'entranerait trop loin, et je
que
prfre constater, une fois de plus, en terminant, l'intrt le livre du major prsente pour nos tudes. Les erreurs
y sont le fait des gyptologues auxquels il a demand ses renseignements; la partie d'observation exacte est excellente, et c'est celle qui lui appartient en propr(3.
BiBL. GYPT.
T.
XXVIII.
10
DISCOURS
PRONONC A LA
DISTR1!!UTI0N
DU
r*ETIT
Le 27
Chers Enfants,
Je suis presque
Ma
un tranger de votre ct de la Seine. jeunesse d'colier s'est coule sur la montagne Sainte-
Genevive, et c'est plus loin encore, aux environs de l'Observatoire, que votre Directeur est all me chercher dans un lan de vieille camaraderie, pour m'amener siger parmi vous. Chacun de nos Lyces parisiens possde sa physionomie personnelle, son pass glorieux, son me qu'on doit
connatre
si
quelqu'un dont
la.
vie
moi
tais,
les
je
mots qui ont la vertu de vous toucher si je m'couvous laisserais sur l'intressant discours que vous
:
venez d'entendre, et
par des propos qui peut-tre sonneront faux vos oreilles. Votre Directeur, qui n'ignore pas mes craintes, s'est efforc de les dissiper amicalement. Il m'a remontr qu' dfaut
1.
Publi dans
le
Palmars du Lyce
exem-
de traditions, j'avais de quoi vous invous entretenant de ce que je pense savoir le tresser en mieux, et il m'assure que, mme le jour de vos prix, vous
fonds
dun
commun
supporterez
croire
sans
trop
d'impatience,
cru
la
:
un
lger
regain
d'Histoire ancienne. Je
l'ai
ment
proverbe gyptien conseille aux voyageurs de se mqui en a bu seulement une fois, il ne fier des eaux du Nil veut plus boire que cela et il oublie sa patrie. Elles sont
Un
rouges, elles sont troubles, elles n'ont rien d'agrable l'il, et l'on se dit, avant d'en avoir essay, qu'on n'aura pas
grand mrite faire mentir le dicton populaire ds qu'on y a tremp les lvres, on sent que l'Arabe a raison, et qu'au jour du dpart on emportera partout avec soi le mal ingurissable du pays o elles coulent. Le vieux monde, lui aussi, a le premier aspect inquitant et revclie et l'on s'imagine volontiers en l'abordant qu'on ne sera tent nullement de s'y attarder; et pourtant, sitt qu'on a commis l'imprudence d'y risquer un pied, un charme agit qui saisit
:
son
homme
corps et
ame
et
sortir.
Aussi bien ce n'est pas un terrain banal et battu en tout sens que celui o l'on se sent entran de la sorte. Chaque
ruine de temple y rvle un dieu nouveau ou complte ce que nous connaissions dj d'un dieu, chaque pan de muraille
et
d'inscriptions o la
gloire des princes et des peuples se manifeste nos yeux, chaque tombe y renferme, avec les mille objets que la
momie
intacte
de l'un des personnages qui assistrent aux rvolutions ou qui aidrent les accomplir. Les paysans et les ouvriers sont l, aussi humbles et aussi pitrement entasss dans leur fos.se commune (ju'ils l'tai-nt jadis dans leurs villages ou dans
les
jets avec
faubourgs de leurs cits leurs outils y ont t eux ple-mle, pour qu'ils pussent continuer l:
149
le fard et
les
le
de fortune mdiocre ont dj leurs caveaux de famille, o dorment bien allongs dans des cercueils confortables, entours de provisions dessches, de statues et de meubles.
ils
Rien ne leur est inutile de ce cju'on trouve ct d'eux, mais tout y a son emploi dtermin dans le trousseau et dans l'escorte qu'on leur donna au moment d'migrer aux
contres sans retour leurs poupes de pierre maille ou de bois peint ne reprsentent-elles pas autant de serviteurs, qui s'animent aux heures de besoin et qui leur pargnent les corves dont Osiris, le Pharaon des trpasss, grve ses vassaux non moins que le Pharaon des vivants? Les nobles ont voulu avoir des hypoges spacieux o leur
:
esprit pt se
comme
jadis
promener l'aise et jouir pendant l'ternit, pendant le temps, de tous les avantages de la
Les rois avaient cach leurs palais funbres sous des masses effroyables de pierres, les pyramides petites et grandes, ou dans des vallons dserts carts de la foule,
richesse.
de l'historien.
jusqu' trente-sept qu'un hasard heureux
On en compta
ramena brusquement la lumire, il y aura quinze ans de cela. Les moindres taient des grand-prtres d'Amon, ns sur le dclin de la puissance thbaine, trop tard pour commander au monde. Les autres avaient rgn aux temps les plus glorieux de l'Egypte, et leurs noms, leurs dcrets, le
tableau de leurs batailles s'talent partout sur les
monu-
ments. Celui-ci avait pri violemment; l'ennemi ou sous les coups de conspirateurs? je l'ignore, mais on peut toucher du doigt ses blessures, la joue, au front, au sommet
du crne,
et
faire l'enqute
drame que
s'il
et travailler sur
un crime d'aujourd'hui.
Un
150
mauvais tat de de son gouvernement. Un autre vcut presque centenaire, et celui-l vous avez entendu parler souvent de lui son nom de Ssostris avait chapp l'oubli, et les Grecs groupaient autour
avant d'avoir atteint
trentaine,
et le
sa sant explique sans doute
la faiblesse
:
de lui tout ce c|ue la tradition populaire leur racontait encore des hauts faits d'autrefois. Une foule d'indignes et d'trangers se pressaient dans la salle du Muse de
Boulac,
le
Khdive lui-mme avait voulu assister la rapparition de son lointain prdcesseur. Des inscriptions, traces rapidement sur le bois du cercueil, prouvaient qu'on avait veill fidlement la scurit de la momie pendant les trois ou
quatre gnrations qui suivirent
l'oubli s'tait appesanti sur elle,
la mise au tombeau, puis mais c'est peine si l'encre
C|ui
le
procs-verbal
lgalisa l'tat-
civil du Pharaon put s'en rfrer srement au dernier de ceux que les scribes contemporains de Salomon avaient rdigs. Le maillot qui protgeait le corps se droula bande
bande.
au
teint
La tte mat et
se
d'aigle,
au menton massif et lourd, la bouche dure et fine. Il semblait qu'un reste de vie couvt sous ce masque de chair durcie, et que le souverain lui-mme, troubl dans son repos, fut sur le point de se dresser furieux, le front qui portait la couronne, les mains dont un geste lanait ou rappelait les armes, les lvres qui dcidaient d'un seul mot les destines des hommes. Une contagion de stupeur et
presque
d'effroi saisit, je l'ai vu, l'assistance entire;...
s'il
allait parler!
ne parla pas malheureusement, mais que dites-vous d'une science qui supprime ainsi la dure, et qui arrache
Il
la terre
instant qu'il
151
nous nous tudions reconqurir ce jour-l pourtant, j'eus pendant quelques secondes la sensation bien nette que je l'avais oblig faire machine en arrire, et nous ramener
d'un trait vers les parages qu'il croyait avoir laisss derrire lui pour toujours. J'en dus rabattre aussitt et m'avouer que
un moment ralentie c'tait beaucoup prouv l'illusion. Je n'en garantis pas d'aussi poignantes ceux d'entre vous que la vocation entranera plus tard dans les voies o je marche, mais ils en auront plus et de plus vives que partout ailleurs. L'histoire de nos peuples classiques a suffisamment avanc son travail pour qu'il soit malais d'en modifier les lignes principales d'une manire sensible. C'est au plus si les habiles peuvent en polir certaines asprits ngliges par leurs devanciers, y accuser des dtails indcis, donner un contour trop mou un relief ou un accent quand ils ont perfectionn un point, il leur faut convenir que d'autres ont conu l'ensemble et pos les groupements. Chez nous, au contraire, dans
sa fuite ne s'tait pas
:
dj
d'en avoir
il
aura
Deux ou
commencent se dgager des dcombres ou se dessinent vaguement sous le sable: partout ailleurs le sol est vierge,
et qui l'attaque,
qu'il
il
ne
sait
en fera
lui
sortir.
Une
dynastie se lve o
esprait au
Un
rduit de
mantel
les
qui vont prendre rang dans nos muses parmi les morceaux
de la sculpture antique. Un rouleau de papyrus moiti rong par la poussire offre qui le lira un recueil de contes fantastiques ou l'dition corrige d'un chant
plus
fins
triomphal. C'est un enchantement de tous les jours, presque de toutes les heures, et la trouvaille est si aise qu'on cesse
bientt d'en tirer vanit. Cependant les matriaux s'accu-
152
mulent, et l'histoire prend forme ce qu'elle est dj, vous en jugez par vous-mmes, car on vous l'enseigne dans les
classes et vous l'avez apprise
ou vous l'apprendrez.
beau de l'affaire, et je n'insiste pas je craindrais de rveiller au fond de votre mmoire des souvenirs pnibles de peuples aux noms invraisemblables, ou de rois que vous auriez prfr ne pas connatre. Voici un grand quart d'heure que je vous emprisonne dans le pass, quand un prsent de livres dors et de rcompenses bien acquises est l sous vos yeux qui vous attend
Ce
Dieu
me garde
La
n'ai
sir et
un devoir.
J'ai
M.
AMLINEAU
ET SES
FOUILLES D'ABYDOS
1895-1899
La
dib^cussion qui
commena,
le
l'Acadmie mme,
chures spares,
dans la Revue critique et dans des broprovoque par la faon mme dont M. Amlineau prsenta sa dcouverte. Au lieu de se borner montrer les monuments trouvs par lui et donner les raisons qu'il avait
soit
fut
d'attribuer
haute antiquit certains d'entre eux, il mla ne spara pas ce qui appartenait aux ges classiques de ce qui remontait aux premiers sicles de l'histoire gyp-
une
trs
tienne, et
tombeaux
dont
familles de
nous apportait les noms de double, les membres de ces Mnes qu'une tradition gyptienne disait avoir rgn avant la plus ancienne des dynasties humaines. Je relevai trs posment ce qu'il y avait d'invraisemblable dans cette thorie que
il
me sentant incapable de
dis-
de ce qui ne
la courte note
1.
l'tait pas, je
rsumai
mon
p.
199 200.
154
M.
Il
M. Amlineau, que
lui
la
portion de
petites
durant
a t
dcouverts et rapports montrent pourtant quelle rcolte on aurait pu faire en cet endroit. Les monticules ouverts
avaient t souvent remus
:
on y rencontre ct
les
uns
Moyen
Empire et l'poque arabe, de la vaisselle funraire des temps grecs et byzantins, des bauches de sculpteurs qui
essayaient leur savoir sur des clats de pierre, surtout des
me
forment la partie intressante de sa dcouverte, sont indits, ceux du moins que j'ai aperus au cours de cet examen rapide, mais avant d'y chercher des noms de souverains antrieurs Mens, les Mnes fabuleux de Manthon, il aurait t prudent M. Amlineau de se demander s'ils ne trouvaient point leur place dans la srie des dynasties historiques. Nous sommes loin de possder les noms d'Horus des Pharaons dont nous avons les cartouches ordinaires sans parler de ceux des trois premires dynasties, il en manque dans la IV% dans la V, dans la XP, et la srie
:
en
fait
la
XIP et la XVIIP.
vus,
XXVI
dynastie,
^
je
sa-abou,
-abou,
j,inonkli-abou,
^ ^ouah-abou;
appartienne cette poque, mais seulement que les analogies qu'il prsente ne nous encouragent pas on reculer la
155
date jusqu'aux ges prhistoriques. Il et t bien beau dj de retrouver quelques noms de souverains appartenant
aux dynasties
thinites.
Avant de s'engager fond dans la voie qu'il a prise, je crois que M. Amlineau fera bien de peser minutieusement peut-tre une tude plus froideles faits qu'il a recueillis ment conduite le ramnera-t-elle des conclusions tout
:
il
se tient
maintenant.
M. Amlineau, persistant dans son hypothse, publia quelques semaines plus tard une brochure, o il donnait la matire de sa
communication l'Acadmie, en y ajoutant des observations sur
discussion qu'elle avait provoque
je
la
entre lui et
l'article'
II
On
connat
la
thse de
M. Amlineau'. Sans
intitulait les
entrer dans
Manthon
Mnes,
nx-jec,
certains
monuments de
d montrer publiquement M. Amlineau que nul des tmoignages invoqus par lui ne justifiait suffisamment une supposition aussi hasardeuse. L'aspect des objets semblait indiquer que les personnages auxquels ils avaient
prsent. J'ai
appartenu vivaient des poques diffrentes; avant de remonter aux temps primitifs, il tait ncessaire de rechercher si l'on ne pouvait les classer dans les dynasties historiques, et le rsultat serait dj des plus importants si quelques-uns d'entre eux prenaient place parmi
Publi dans la Reue critique, 1897,
les
Thinites
1.
t.
XLIII,
p. 81-85.
Tirage
LePuy, Marchessou.
une
Amlineau, Les
156
M.
M. Amlineau, que cette soumis l'Acadmie dconcertait visiblement, se dfendit mal et il s'en excuse dans un Avant-Propos de son mmoire, o M. le Prsident de
faits
))
dit-il,
l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres m'invitait, rpondre brivement, lorsque ma rponse aurait exig d'assez longs dtails pour tre comprise. Le prsilui aurait
dent
En
second
lieu, j'avais
peur que
discussion ne prit, ou
j'avais cout
mme
Et, en effet, M. Amlineau en silence m'interrompit impatiemment plusieurs reprises lorsque vint mon tour, et le prsident dut lui enjoindre de me laisser parler en paix. Si donc il s'est dfi de lui-mme, et s'il a craint de ne pas pouvoir
que
une assemble
de savants,
il
a eu raison de se taire.
la
que je prenais d'adoucir l'expression de ma pense j'aurais apport les mmes mnagements dans une discussion nouvelle. Enfin, ajoute-t-il, mon minent contradicteur a une trs grande habitude de la parole que je n'ai pas.
M. Amlineau est
ne
lui
et la facilit
manque
il
dire. Si ce jour-l
Cju'en vrit
il a prfr demeurer bouche close, c'est ne trouvait pas de quoi rpondre aisment. 11 avait mal pos la question, il avait nonc une thse difiicile soutenir, et les raisons dont il l'tayait taient peu
solides
dans
la
il
les
il
prsentait
aurait suivi
il
sentait
tout cela, et
avait t sage,
le
conseil
que
je lui
1.
Voir plus
liant, p. 151-15')
157
avant de revenir
))
la
charge.
Il
a suppos qu'
en crivant,
pas en
il
moyens
il
qu'il n'aurait
))
parlant
et
publiait en brochure
On y
Il
verra ce que
M. Amlineau
lui
croit tre le
rsum des
observations que je
voulut bien m'en apporter son manuscrit; j'en parcourus seulement les premires lignes, rebut par la mauvaise criture, et je viens
de
lire le reste
dans
le texte
imprim. Je
imaginer un instant que ma pense s'y trouve quelques petites nuances prs . Le plus gros de mes paroles y est, mais le plan et l'enchanement des ides ont disparu. C'tait avant tout une critique de mthode que j'adressais M. Amlineau. Je lui reprochais de s'tre lanc dans l'inconnu et d'y avoir perdu pied, avant de s'tre
serais dsol qu'on pt
assur que
le
connu ne
;
suffisait
le dtail
de sa trouvaille puis, choisissant parmi les faits qu'il venait de me fournir, je lui rappelais que l'on en rencontrait de fort analogues aux poques historiques, et j'essayais de lui montrer comment on pouvait apprcier la valeur de ses monuments, sans ngliger, comme il le faisait, les donnes actuelles
de Tarchologie gyptienne.
tion improvise,
Il
n'a
point
saisi le
fil
qui
de cette dmonstramais il l'a rompu inconsciemment, et il n'a servi ses lecteurs que les faits, grens, froisss, brouills sa faon j'ai l'air chez lui de ne pas savoir ce que j'entendais dire ni o je voulais aller, quand je l'ai su complte:
ment
mon
gage
de son obligeance. Un exemple suffira pom^ l'indiquer. J'avais termin en dclarant qu' il et t bien beau dj de retrouver quelques noms de souverains appartenant aux dynasties
fliciter
me
158
-M.
thinites. prise, je
crois
))
tieusement
faits qu'il
a recueillis
le
))
mainte-
Comptes
rendus de l'Acadmie (p. 200 p. 155 de ce volumej, sont devenues sous la plume de M. Amlineau Somme toute,
:
la
dcouverte n'a pas l'importance qu'on veut lui attribuer. Il ne suffit pas d'aller Al^ydos pour mettre du
:
les
))
))
premier coup la main sur des monuments trs importants grands succs se font attendre plus longtemps. Il et t beaucoup plus prudent de se tenir dans la rserv'e. Il et beaucoup mieux valu trouver la spulture des rois de la V^ et de la IP dynastie, que de vouloir trouver ces Niy.js; de Manthou la dcouverte et t moins sensationnelle, mais beaucoup plus importante. J'aurais beau jeu reprendre l'une aprs l'autre chacune des
:
))
rponses que
et
M. Amlineau
a cru faire
mes
objections,
montrer combien elles sont insuffisantes pour la plupart. y sent chaque instant qu'il est neuf aux questions d'histoire, et qu'il s'est improvis archologue pour les besoins de sa cause. Je recommande surtout aux gyptologues une assez longue dissertation sur les noms de bannire des Pharaons, o M. Amlineau, faute de s'tre report aux documents originaux, a confondu avec ces noms mystiques, qui sont enferms dans un rectangle, le nom et le cartouche de quatre barons thbains de la XI dynastie une mprise de Brugsch-Bouriant dans le Livre des Rois lui a fait identifier l'pervier qu'on voit au-dessus du rectangle, avec le titre particulier d'Horou, Horoa tapi, qui appartient en propre ces quatre personnages. Il voit l une preuve qu'aux temps o il se place, le double du mort n'avait pas un nom diffrent de celui de la personne, par suite que les noms de double par lui signals sont les noms rels des rois cjui les
On
159
une antiquit trs une histoire chafaude grands renforts de phrases, et sans autre appui qu'une faute d'attention ou d'impression dans un livre de seconde main. Je suis conrecule
:
c'est toute
monuments
antrieurs
Mens, et
M. Amlineau m'en
que je crois remonter jusque l, lorsque j'ai parl au Collge de France des dbuts de la civilisation gyptienne; j'ai mme souvent signal Abydos comme pouvant en conserver plusieurs, au mme titre que les environs du Sphinx. Toutefois, avant d'admettre qu6 les trouvailles de M. Amlineau rentrent dans cette catgorie, j'aurais voulu qu'il me fournit une preuve, une seule, qu'on ne peut les attribuer ni aux trois premires dynasties, ni aux VIP, VHP,
IX, et
vs encore de leurs
noms d'Horus.
M. Amlineau
est
reparti pour l'Egypte, et il a probablement recommenc ses fouilles. Je ne doute nullement qu'il ne mette au jour des
si
comme
en Grce ou en
Italie,
mal menes
'
qu'elles
elles produisent toujours beaucoup, ds qu'on a Je souhaite quelque peu de temps et d'argent y consacrer que les nouveaux monuments qu'il ne peut manquer de
.
s'il
surveille
1.
M. Amlineau
mme
jusqu' 800.
l'ai
fr.
Le
dirig, en
momies
E.),
royales, 20.800
et
(800 L. E.),
en
en 1881, 26.000 fr. (1.000 L. E.), en 1885, 27.950 fr. (1.070 L. E.), en 1886, 27.784 fr. (1.069 L. E.), plus une quarantaine da mille francs provenant des souscriptions ouvertes en France, et qui furent consacrs aux dblaie1882, 31.200
fr.
(1.200 L.
en 1883
160
plus soigneusement
r^^ls d'*s rois
noms
Les
fouilles de la
cellents,
ments de Louxor
jours, le budget
dant
1895,
la saison
de 1892-1893, 53..352
et
fr.
de 1893-1894,
si
67.262
le
fr.
bien que
pour
les
travaux est
mont de 26.000-30.000
aujourd'hui, sur ces
plus de 100.000.
Il
fallait, alors
comme
et
sommes
monuments
On
voit que
seul, et en
y a dix ans,
La
stle
du roi Serpent
^^
plus anciennes. Le
les
sommet en
observations de Mariette,
stles rectangulaires
rait
que M. Amlineau semble avoir ignores, la ferait postrieure aux avant de la placer trs haut dans le pas.s, il au:
fallu
discuter la thorie de
le
Mariette.
Un
gyptologue tranger
fait la
de Sti 1", et de forme de l'pervier prte ce rapprochement. J'ai t, quant moi, frapp de la ressemblance que le serpent prsente avec les .serpents tracs sur plusieurs monuments d'Abydos et d'Akhmm provenant de la Xr dynastie; c'est le mme soin minutieux du dtail, avec la mme raideur de ligne et la mme scheresse de ciseau. Je ne sais pas d'ailleurs si les stles de M. Amlineau sont toutes ncessairement contemporaines des rois dont elles portent le nom d'Horus; elles peuvent leur tre de beaucoup postrieures, et si des dcouvertes nouvelles nous apprenaient et l'identit des personnages et l'poque tardive des monuments, il n'y aurait que peu de dillicult expliquer pourquoi on rigea de.s pierres votives au double de ces vieux rois dans la ncropole d'Abydos.
style
lui rappelle l'poque
m'crit que
du monument
161
iir
des dseconde anne de ses Elles sont aussi importantes que l'taient celles de
'
cette brochure
bien que l'exposition demeure encombre de considrations inutiles. M. Amlineau dcrit avec un soin suffisant la grande tombe
est
morceau
plus simple,
encore diffuse
qu'il a
dblaye,
parle
des
s'abstient
tions.
Il
malheureusement
ne renonce pas
des rois
l
enterrs
de faire des personnages Mens, les Mnes de Manthon, et il rpte en substance les arguments qu'il a fournis dj l'appui de son opinion. Il pense qu'une insantrieurs
un
dant chacun leur moiti du tombeau, et il se demande qui sont ces deux dieux. Sont-ce ceux dont j'ai trouv les noms sur les bouchons en terre? C'est possible, mais je crois
qu'il est
))
noms
du tom-
noms
Ce qui pourrait
militer en
il
))
aux deux
la
dieux.
criti'/iie,
La chose
1897,
t.
donc possible,
437-441
p.
;
Publi dans
Revue
XLIV,
p.
tirage
Le Puy, Marchessou, 4
11
162
))
M.
et peut-tre
Il
appel
nn
T/
(p. 44).
de ces allirmations
si
M. Amlineau
le
dans
les
M. Jquier publier, nouvel ouvrage de M. de Morgan ', une partie des insn'avait pas autoris
On
aux pages 243-244, 253, et elles sont signiliaitives. y Elles donnent un nom de bannire dont on a deux variantes, l'une simple de trois signes, l'autre plus complexe, o les trois signes primitifs sont complts de cinq autres signes enferms comme eux dans le rectangle habituel. Fait capital, mais auquel aucun des gyptologues qui ont mani ces
documents ne parait avoir accord l'attention qu'il mrite, le rectangle n'est pas surmont de l'pervier seul, mais
de l'pervier
suivant
(fig.
et
817-819), la tte
ou coitie du pschent (fig. 817). Le roi en question n'est donc pas seulement un Horus comme Horus et un St, il est un la majorit de ses confrres c'est--dire qu'il runit en sa personne la nature des deux divinits du Midi et du Nord, Horus et St, ou comme les gyptiens les appelaient par abrvation, les deux Horus (Haroui). C'est une ide que nous retrouvons exprime sur les monuments de l'Empire Memphite et qui explique, comme E. de Roug l'avait su dmontrer avec son esprit ordinaire de divination, le titre des reines Celle qui coit son Horus et son St, celle qui voit familirement l'tre qui ce qu'il y a de nouveau ici, runit en lui Horus et St c'est l'emploi de cette conception ])our caractriser le nom de bannire du roi d'Abydos. Le petit monument cit par M. Amlineau nous montre, eneiot^V/io/nnie au rouleau, le
nue
(fig.
'
1.
J.
et
tombeau rouai de
Ncfjadah,
2.
243-244,253.
p. 44-45.
E. de Roug, Rfc/wrc/ws sur tes nionu/ncnts qu'on peut attribuer six premires dynasties de Manthon,
aux
163
Homme au t^ouleau en
roi qui est
Horus
et Sit.
La
doutes.
Le premier
[111
n'est pas
un ^
t,
ni les
deux suivants ne
lire
forment un
Ti.
i,
comme le
voudrait
M. Amlineau afin de
Mais
le
qui signifie se
;
premier est certainement l'hiroglyphe khd lever, paratre, en parl^mt du soleil, par
exemple on le voit nettement sur la figure 820, et un examen minutieux le fera retrouver sur quelqu'une des figures 816, 817, 818. Les deux signes suivants, que M. Jquier reprsente par deux barres verticales, ont probablement quelque
particularit qu'on distinguerait sur les originaux, et je soup-
onne
deux sceptres
()()
Sakhomou.
Il
me
0(7
semble que
nom
le
le
KHSAKHOMOUi,
la
et la version
hotpou
HER, laface, mais les fac-simil ne sont pas irrprochables) -F, en lequel (ou auquel) les deux
plutt
HoKOUi AM
Horus
la
Comme
toujours,
:
formule accessoire dveloppe l'ide exprime par le nom les deux types sont les deux dieux figurs, Horus et St, dont le roi dclare tre le lever kh, et, pour plus de clart, la glose rpte la mme notion, kh sakhomoui, auquel les
deux Horus
se sont unis. En tout cas, on voit que les deux dieux sont bien deux dieux rels, et non pas, comme M. Amlineau l'imaginait, deux rois diviniss dont l'un
La
copies de
M.
vement rcente
c'est,
avec
la diffrence
des localits,
le
genre de formules que dans les premiers tombeaux memphites connus, disons dans celui d'Amten, qui date de Sanofroui (III*'-IV'' dynasties). Les six lgendes qu'on voit dans l'ouvrage de M. de
style d'hiroglyphes et le
mme
mme
164
M.
Morgan taient graves sur des cylindres appartenant des gens attachs au culte ou la personne du roi dpos dans le tombeau on n'en a gures que des empreintes, naturellement plus floues que ne devait tre le dessin original. Sur le premier (n 816), on aperoit le dieu Harmakhis, avec son nom crit au-dessus de sa tte, puis deux noms de bannire alternant avec le titre Ad-miri Horou touaou baou. Curateur du vignoble mur (qui se nomme) Horus adora:
voir ici le cartouche d'un Noutirbaiou et qui serait identique au roi de ce nom qu'on trouve dans la IP dynastie La figure n'' 817 donne, avec le nom d'Amentit, la desse de rOuest, parmi plusieurs titres mutils, un au moins qui est fort lisible, Pa-iiir-ouotbou..., maison du matre d'htion des
roi qui se serait appel
'
tel*.
Sur
la
ligure 818,
nouveaux
titres mutils,
mais ren-
fermant
des
parties
trs
lisibles,
entre
autres le
mot
Zaoufou, provisions. Sur la figure 819, nous avons, avec l'image du dieu Shou qui donne sa vie et sa puissance i Horus-Sit Khsakhmoui, la mention demi efface du chef du vignoble funraire. La figure 820 donne le sceau d'office d'un enregistreur de tous les biens du roi, charg de l'app/'ocisionncment de la maison royale, Pa-soutox zer (?) zouFAOU. La figure 121 est sans contredit la phis imjKJrtante de toutes. Le personnage nomm est une femme, comme le prouve l'emploi du pronom fminin -s, elle, et de fait le nom Hpou-ni-mit qu'on y lit s'applique une femme. Le personnage possesseur du sceau tait celui qui menuise toutes les choses qu'on fait cette femme, Suodt (? AQAHOU-TOT) kiiItou-nihou iRi (?) NAS, l'attach l'atelier de charpente de l'enfant rogal ntti (? sahou) oukhart m SOUTON-Mosou. Cc qui fait l'intrt du document, c'est le
1.
.1.
te Paris,
de Morgan, lithnorjniphic, p. 262. Cette interprtation, prsenen 1897, au Congis des Orientalistes, y a t rfute par
et d'autres gyptologues.
rgtjplirnne.H,
t.
Krman, Chassinat
2.
Maspero, tudes
II,
p. 204-209.
165
nom de
la femme. Une Hpou-ni-mt tait reine d'un des derniers rois de la IIP dynastie, et se trouve mentionne
sous Sanofroui,
comme mre
de
roi,
dans l'inscription
mre de Sanofroui, la femme de son prdcesseur immdiat Houni, ou du prdcesseur de celui-ci '. Serait-ce la mme femme qui serait mentionne ici ? Le nom est rare et je suis tent fortement de le prince au tombeau de qui un des officiers de le croire
:
d'Amten
peut-tre tait-elle la
probablement alors le mari, moins probablement le pre, Houni ou l'un de ses prdcesseurs immdiats. Je n'insiste pas, n'ayant pas assez de documents sous les yeux, mais je pense que, mme si l'on carte ce rapprochement, l'examen des titres et la palographie des empreintes nous forcent descendre vers une poque trs voisine de Houni. Le roi du tombeau dcouvert par M. Amlineau serait de la fin de la III dynastie. Je ne puis exprimer cette opinion qu' titre de conjecture pour m'avancer plus loin, il me faudrait tre en Egypte en face des monuments mmes, et je ne puis y tre. La plupart des autres rois d'Abydos paraissent tre antcette reine intervient serait
:
si
j'en
juge
le style
par
M. Jquier
sous
".
On
roi
a le
mme
titre
d-miri, curateur du
(fig.
comme
le
le
787),
puis
le
titre
grade de Sabou{^ig. 786), sans parler des noms d'individus. Je tendrai donc chelonner ces souverains dans la IIP, puis dans la IP dynastie, mais sous bnfice
'd-miri avec
d'inventaire; car,
les
ici
encore,
il
monu-
yeux pour mettre un jugement ferme, et je ne les ai pas. Le tombeau de Nagadah me parat tre plus ancien que ceux d'Abydos M. Jquier se demande s'il ne doit pas y voir la spulture d'un roi de la IP dynastie,
;
ments sous
1.
2. J.
166
Ousaphaidos
inexacte
:
259-260).
La lecture de M. Jquier
hesep que l'on
le
lit,
est
le
mais
de Mens. Est-ce un Mnes qui tait enterr Nagadah ou le Mens auquel la tradition attribuait le n 1 dans la liste des rois d'Egypte? Ceux qui ont les monuments sous les j-eux pour-
damier,
le
signe
i"""^
nom
s'il
y a
lieu'.
En
tout cas,
du
sacrifice en
plu-
Au premier registre,
puis l'image du
la stle,
ou pluttle petit
le
roi
du Sud
du Nord, Mani.
Anou, l'Horus guerrier, l'Horus mle; derrire, la barque de Sokaris, puis deux sphinx hiracocphales '. Les trois
le
nom,
mot ^^Biou,
les
aiioui, les
mes
de l'Horus guerrier
(fig.
Je m'arrte
on voit l'tenles
dcouvertes de ces dernires annes ouvrent devant nous. Je souhaite (jue le rsultat en soit publi promptement, surtout qu'elles soient poursuivies par des hommes capables de lire les ins-
due
et l'importance
mesure
tirent
de
terre.
La
d'Osiris.
confirmation de sa thorie
vint l'exposer une fois de
:
M. de Bissing, que le monument reproduit dans l'Eihnogrop/iic, ou d'aprs d'autres monuments que je ne connais point et qui se trouvent au Muse de Gizh? De toute faon,
1.
M. Hotchardt
aussi
le
nom Mons.
Est-ce d'aprs
l'interprotation laquelle
M. Borchardt
est arriv
de son ct m'en-
mon
opinion.
fig.
549.
167
IV'
M. Amlineau
mais j'estime
qu'il se
s'en
tenir au fait
mme
tel
prsentait,
et
Horus ont
t des
hommes comme
et
Osiris,
les
ayant rgn ainsi que lui rellement, tombeaux o leurs cadavres authen-
Le peu que M. Amlineau nous a dit lui-mme de l'apparence montre que le monument appartient, par la construction et par la disposition, aux mmes temps que les tombeaux environnants. Or ceux-ci ne nous ont rendu jusqu' prsent que des noms de rois ayant appartenu aux trois premires dynasties manthoniennes le plus ancien est un Manou, qui est un Mnes rpondant peut-tre au Mens lgendaire; le plus moderne parait tre ce roi Hor-St Khsakhmoui, en qui M. Amlineau veut reconnatre les deux dieux
:
Horus et Set, et que la faon dont il est associ la reine Hapounimit nous engage ranger parmi les derniers souverains de la IIP dynastie. La construction du monument consacr aujourd'hui Osiris doit donc vraisemblablement se placer entre ces deux termes, commencement de la P% fin
de
la III^
dynastie, et
comme
plus rappro-
y a des chances pour que le plutt dans la IIP ou dans la IP que dans la P dynastie. Je suis port pour ma part penser que c'tait un spulcre royal qui fut transform plus tard en spulcre divin. Peut-tre
1.
et
168
le
roi qui l'occupait portait-il un nom qui prtait au rapprochement avec celui d'Osiris, et en ce cas, l'OunphsOunphrs de la P*^ dynastie, dont le nom est une trans-
on agira prudemment
si l'on
ad-
met que
tre
thinites.
tombeau d'Osiris des dynasties thbaines a pu l'origine le tombeau dun souverain des dynasties
le
lit
contient et qui reprsente Osiris mort est-il ancien? Tous ceux qui ont pu en juger directement, sauf Amlineau, pensent qu'il n'est pas antrieur la VHP dynastie, et c'est bien l'ide qui m'tait venue tout d'abord.
qu'il
Le
.
Aprs avoir vu
pire
les
photographies, je
me
suis
demand
s'il
Moyen Em-
une question qui ne devra tre tranche qu'aprs une tude attentive de l'original. La forme du protocole royal grav sur l'objet empche qu'on puisse le reculer au del de cette date. L'important maintenant, c'est de livrer l'ensemble de la trouvaille au public le plus tt qu'il sera possible. La science ne gagne rien aux retards apports dans la publication des monuments, et les savants qui ont fait la dcouverte gagnent rarement quelque chose. Une partie des rsultats des fouilles antrieures a t mise au jour par M. Sethe, par M. Spiegelberg, par M. de Morgan, par M. Wiedemann, par M. de Bissing, par d'autres encore, et ceux de cette anne sont trop curieux pour qu'on puisse les dfendre longtemps contre les gyptologues europens; si M. Amlineau n'y prend garde, il ne lui restera bientt plus du travail considrable qu'il vient d'accomplir que la proprif't exclusive do thories douteuses sur l'humanit d'Osiris, de Sit et d'IIorus.
c'est l toutefois
M. Amlineau ne tint aucun compte de ces observations renona pas sa thorie des dynasties antrieures Mens,
il
ne au
et
169
de publier
la
les
monuments eux-mmes
le rsultat
il
dans
J.
Revue
mmoires de
mme
sujet-
V
I.
C'avait
Mnes
et ses
la
monuments,
tombeau
:
d'Osiris et
spulture
commune d'Horus
et
de Sit
toute
la
mytholo-
gie gyptienne y passera. Il faut cette fois encore faire deux parts dans l'uvre de M. Amlineau, et distinguer entre
les
faits qu'il
apporte et
les thories
qu'il
chafaude sur
les faits.
Les
faits
dbuta par l'ouverture de dix-huit tombeaux en briques, vots au tmoignage de M. Amlineau, c'est--dire prsentant en plus petit la mme disposition que j'ai observe
jadis dans les
squelettes y taient couchs dans des cercueils en bois, avec des variantes de la position contracte on y voyait des
;
couteaux en
silex,
nom du
roi
Le
fouilles
J.
de Roug,
Monuments contemporains
t.
des
Capart, Notes sur les origines de l'Egypte d'aprs les fouilles rcentes (Extrait de la Revue de l'Universit de Bruxelles, t. IV, novembre 1898). Bruxelles, Jean Visel, in-8", 39 p.
1898, in-8, 16 p.
J.
et
IV planches hors texte. Extrait de la Revue critique, 1898, t. XLVI, p. 469-478; part cinquante exemplaires. Le Puy, Marchessou, 10 p.
2.
tirage
3. Je remarque la mme disposition en vote dans certaines tombes d'El-Kab que M. Quibell vient de publier {El-Kab, pi. 1, 2).
170
M.
au dblaiement des plus grandes buttes de dcombres qui demeuraient ouvrir. Comme toujours, les dbris de stles
et
de vases,
avec inscriptions
hiroglyphiques, hiratiques et dmotiques, abondaient; et l, des pices curieuses et des tas de ces mches enduites de
cire
du culte funraire', ou des couches de ces menues branches de sycomore encore feuillues que les assistants et certains
prtres portaient quelques poques pendant les enterre-
ments ou
ties
les olHces
excentriques de
la
dimensions ingales, disposs l'est sur trois rangs, plus grands et plus soigns mesure qu'on se rapproche du
centre.
Il semble du reste que cette rgion de l'est ft occupe exclusivement par des femmes, et l'on y a ramass des boucles de cheveux en quantit, les unes tresses simplement, les autres agences de la faon la plus complique. La zone du nord et ses trois lignes de petits difices appar-
hommes, et les corps y avaient reu chacun sinon une peau revtue de sa laine, du moins un fragment
tenaient aux
pouvant tenir
files
lieu
de
la
peau entire'.
Il
de tombes la rgion sud, et il semble que les cadavres elles taient encombres pour la y aient t momilis plupart d'toffes jetes mme ou conserves dans des coffres en bois, et M. Amlineau tend croire qu'elles avaient abrit les nains dansants attachs au culte. L'a!)ondance des proscynmes Osiris rpandus partout parmi les dchets
:
1.
Ce sont
les Qnniliit,
dont
il
est question
au contrat funraire de
mains
des prtres dans certaines crmonies de l'enterrement. 2. Voir, par exemple, la scne reproduite dans Wilkinson,
Manners
1.
and
3.
t.
III, pi.
LXIX,
tait
en face
dr.
la pa;,'e 401).
Une
Sinou/tit,
198, et
l'une des
momies de Dir-cl-Bahari
mouton.
171
De fait, les fouilles de dcembre de janvier 1898 mirent au jour, vers le centre de la butte, une grande fabrique o M. Amlineau reconnut le tombeau d'Osiris, cit par les auteurs classiques des temps grco-romains. C'est, en juger par le plan, un rectangle, presque un carr, comprenant une cour o l'on accdait par un escalier assez troit, et quatorze chambres ou niches, groupes sur trois des cts intrieurs, cinq l'est, cinq au sud, quatre au nord les deux chambres d'angle sont mures entirement et sans communication avec le dehors. Une partie des autres, au nord et au sud, est dcore d'une sorte de niche
sanctuaire ddi ce dieu.
1897
et
profonde de 0,02 centimtres, large de 0'" 40 environ et haute de plus de 1 50, dont M. Amlineau ne s'explique pas l'usage \ Une longue rainure mnage au centre de la cour tait comme parquete de planches en cdre, mainte-
nues par des clous lgers ou par des fils en cuivre c'est peut-tre l'emplacement de la chsse d'Osiris et ses dbris. Les chambres taient pleines pour la plupart de jarres normes, mesurant 1'" 30 de hauteur, coiles de leurs bouchons, le pied encore enfonc dans le sable. O se trouvait exactement le lit en granit gris qui est la pice capitale de la dcouverte ? M. Amlineau se borne raconter que le 2 janvier 1898, vers quatre heures et demie de l'aprs-midi, comme il tait occup relever les mesures de la chambre H, o l'on venait d'achever le dblaiement, un ouvrier vint tout coup lui dire que, de l'autre ct du tombeau, on venait de trouver une pierre couverte d'inscriptiens )). Des photographies du monument ont t publies dans le Monde illustr\ et elles nous permettent de juger
:
))
))
1. Il aurait pu se rappeler le fait analogue des niches peintes en rouge que M. Ptrie a dcouvertes Tell-el-Amarna et qu'il nomme red
Amarna,
p. 21, 39).
Monde
illustr,
numro du 16
avril 1898.
172
sinon
M.
le style,
l'aspect
oblong, simulant un
au
comme c'est
l'usage
dans
les
petites dimensions'.
monuments de ce genre que nous possdons en La momie s'allonge, les mains sorties
du linceul selon l'usage et tenant la croix et le fouet d'une forme inusite, la face dcouverte, le bonnet blanc en tte. Le phallus tait dress, un pervier y posait, et le tout
reprsentait le
moment
mort
de
:
s'tait
ranim sous
fconla
aux quatre coins de la momie comme ils veillent sur les quatre maisons du monde. M. Amlineau, sans faire remonter le monument jusqu'au temps d'Osiris, le croit archaque, que cet archasme soit voulu ou non . Il en reporte la facture jusqu' l'Ancien Empire, sauf admettre qu'un roi inconnu l'usurpa plus tard. L'Isis a disparu entirement, sa fonction ayant bless la pudeur des spoliateurs coptes', mais le nez seul et une parcelle de la bouche du dieu ont disparu avec la barbe
postiche.
Des sondages excuts un peu partout ne produisirent rien ou pas grand'chose, mais au nord-ouest de la grande butte, un nouveau tombeau surgit, celui du roi Pirsenou, qui avait t viol comme les autres, et dont M. Amlineau donne le plan en mme temps que la description. De nouvelles tranches ouvertes un peu plus loin furent striles encore et, de guerre lasse, il abandonna la partie pour cette anne au moins. Les faits sont des plus curieux, et ils com1.
Voir
le lit
en niiniatuic de
R au Muse de
Gizli (Maspero.
Guide
du
il
2.
L'pervicr qui la reprsentait a t retrouv plus tard par Ptrie; a t rerais sa place premire (Guide (o ihe Coiro Musum, V" dit.,
p. 175-177).
G.
M.
173
dOmm-el-Gab nous
Combien ne
s'tait
M. Amlineau
sans beaucoup de frais, car vingt ou vingt-cinq des soixantecinq pages dont sa brochure se compose suffiraient
mme
l'nonc de ses thories; le reste est rempli par de longues considrations sur ses tats d'me successifs
et sur d'autres sujets indiffrents la science.
n'a-t-il pas
Pourquoi
de
Taspect
remplac
ce
mmes
qu'il n'a
d'agrment comme le Monde illustr? Je suis convaincu que son diteur n'aurait pas regard une augmentation de dpenses qui, assurant un intrt durable
naux
un dbit plus considrable. Il en est donc des fouilles de cette anne ce qu'il en avait t de celles des deux campagnes prcdentes on n'a de l'auteur de la dcouverte qu'un compte rendu incomplet malgr son dveloppement. Cependant les monuments princi la brochure, lui aurait valu
:
paux, ceux qui sont dposs au Muse de Gizh ou ceux qui attendent un acheteur Paris, finissent par tre publis en Allemagne, en France, en Angleterre, en Egypte, dans des
ouvrages ou des journaux divers. Pour peu que M. Amlineau persvre dans cette habitude dsastreuse, tout ce qu'il y a de vraiment curieux dans ses collections sera dessin, reproduit, discut, comment la ronde, et le jour o il sortira enfin de son inertie, il ne lui restera plus qu'une
chose son compte dans sa trouvaille, les thories bizarres qu'il en a tires avec une vaillance digne d'une meilleure
cause.
On
sait
quel est
le
Gab, au moins
les royales,
174
M.
prcdrent
premire campagne sont les reprsentants d'une ligne Mnes ou de Morts, et ces Mnes ou ces Morts, qu'on avait rputs fabuleux, auraient t des personnages rels ayant vcu et rgn sur tout ou partie de l'Egypte. Le grand tombeau de l'an dernier serait celui d'Horus et de
de de
la
de cette anne-ci le tombeau d'Osiris, non pas ces tombeaux simuls de dieux dont il est question dans tout le monde antique, mais des tombeaux vritables o des rois nomms Horus, St, Osiris. auraient t ensevelis avant d'tre difis par les descendants de leurs sujets les dynasties divines de Manthon ne seraient en ralit que des dynasties humaines divinises. Les motifs que M. Amlineau apporte Tappui de ses dires sont parfois extraordinaires. C'est ainsi qu'il a une page dconcerSt,
et la chapelle osirienne
:
tante
d(3
monument
La raison doit en tre cherche dans le de rle funeste que la tradition attribue ces deux dieux qui, pour se venger, l'un de la mort de son pre, l'autre de l'outrage de son frre en faisant triompher la civilisation qu'il prnait, remplirent rijypte de crimes et de sang. On leur accorda les honneurs funraires dus leur majest, mais il n'y eut pas lexpansion populaire qui s'tait manifeste en faveur d'Osiris. On ne leur donna que ce ([u'on ne pouvait pas leur refuser, et on les mit cte cte aprs
d'Horus
I)
))
))
leur mort,
les
comme
:
le
))
))
les deux Dieux, se combattant bouchons coups de leurs deux casse-ttes; ils se sont reposs ici dans ce ton^ibeau. Aprs quarante ans de luttes inteso Ils
ont paru,
tines,
les
ils
neveu a
))
ne s'taient pas privs du plaisir ironiciue de runir ensemble ceux qu'ils appelaient les deux Dieux, les deux combattants, etc. Et
aprs leur mort,
moment
mettre sa
175
tombe sous la protection de ces deux adversaires si longtemps irrconciliables'. Tout cela dans un titre royal
:
empreint sur les bouchons des jarres d'eau ou de vin je doute qu'il se trouve un gyptologue de mtier pour endosser la traduction de M.' Amlineau et pour approuver les consquences qu'il en dduit. M. Amlineau se croit l'objet de jalousies et de perscutions sans fin. Il a tort, en vrit au cours d'une carrire difficile, nul n'a rencontr plus de personnes disposes lui venir en aide, soit dans les coles qu'il a frquentes, soit dans les Acadmies dont il a ambitionn les prix, chez les savants officiels et chez les amateurs qui lui ont pay les frais de ses fouilles. Et pourtant, au ton qu'il prend pour parler des uns ou des autres, on le sent mcontent de tout et de tous, depuis CliampoUion qui n'en peut mais, jusqu'aux plus jeunes d'entre nous comme Chassinat. Cette fois-ci, c'est M. de Morgan qu'il en a. Il lui attribue un but secret , qui est l'tablissement d'une doctrine prconue, s;vvoir que la civilisation gyptienne provient en droite ligne d'une autre civilisation asiatique d'origine et la dsinvolture probablement chaldenne il blme avec laquelle M. de Morgan rejette des faits qui ne sont
:
))
))
lui
sont chres
et
s'il
il
quelqu'un a le droit de se plaindre de M, de Morgan, ce n'est pas M. Amlineau, qui lui doit le privilge de fouiller seul Abydos pendant quatre
pu
ou cinq ans. Si donc il a t critiqu vivement pour d'autres de ses travaux, c'est qu'il avait donn l'exemple, et si sa
thorie des dynasties divines n'a pas t admise, c'est qu'as-
1.
p. 52-53.
2. Id., p. 35-37.
176
M.
srement
ne pouvait pas
l'tre.
S'il
s'tait
born
peuple,
les
eux-mmes
connaissaient aussi
mal
les
un peu au hasard
noms
souverains primitifs, mais qu'on en peut trouver qui sont peut-tre antrieurs au Mnes plac au dbut de la liste,
personne n'aurait protest et moi moins que tout autre, j'ai rpt vingt fois mes cours, et M. Amlineau, qui a t longtemps mon auditeur, ne l'ignore
car c'est ce que
pourvu qu'elles fussent bonnes, on se serait inclin devant le fait. IVIais M. Amlineau, au lieu de s'enfermer dans une rserve prudente, s'est attel une thorie vhmriste
si
le
rappeler
au sentiment de la ralit. Le systme de Manthon, ou plutt le systme gyptien qui nous est arriv travers Manthon, prenait l'histoire la cration et numrait des dynasties de Dieux et de Mnes avant d'arriver aux dynasties des hommes il n'a jamais admis que les Mnes eussent t des humains, non plus qu'Osiris, Isis, Horus, St. On peut rejeter son classement, qui ne rpond certainement pas la ralit de l'histoire pour les vieux ges, et c'est pour l'avoir repouss que j'ai laiss incertaine la question de savoir si le roi Manou de Naggadh tait un Mens ou le Mens traditionnel' du moment qu'on le respecte, il faut le conserver tel que l'auteur le concevait, et ne pas voir dans les Mnes et dans les dieux autre chose que ce qu'il y
:
Et
les
noms
177
j'ai
? Les deux brochures dont de cet ai ticle rsument nettement l'opinion de la majorit des gyptologues en la matire. On M. Capart est un jeune sait qui est M. Jacques de Roug homme qui, tout en finissant ses tudes l'Universit de Bruxelles, s'est adonn aux hiroglyphes avec une passion tenace. Il n'a pas encore eu le loisir d'achever des mmoires originaux, mais dans les rsums qu'il a crits de doctrines courantes en gyptologie, il a dploy une facilit d'exposi-
dcouverts par
M, Amlineau
tion, une nettet de critique et une science de phie qui font bien augurer de lui pour l'avenir.
cite les conclusions
la
bibliogra-
M. de Roug
que j'avais formules aprs la premire communication de M. Amlineau et dans lesquelles je constatais que le rsultat serait dj des plus importants si
))
quelques-uns d'entre
[ces
il
))
du fabuleux Mens' . Et M. Maspero n'avait pas vu, je crois, les monuments eux-mmes et, en tout cas, il ne pouvait alors conparmi
les Thinites, successeurs.
:
ajoute
que certains d'entre eux ont t publis, on combien les suppositions de M. Maspero taient prudentes, car les monuments eux mmes sont venus lui donner pleinement raison'. Pour M, de Roug, les rois de M. Amlineau ne sont pas les Mnes, mais les Pharaons des premires dynasties humaines, et il en est de mme pour iM. Capart. a M. Maspero, dit-il,
d'hui
))
1. 2.
p.
que j'ai dit dans le numro du 8 fvrier 1897 del Revue critique (cf. p. 157-158 du prsent volume). Ce n'tait que le dveloppement de la phrase sommaire que j'avais consacre ce point del question dans le rsum des observations prsentes l'Acadmie
de
cite ce
M.
Roug
la
beau dj de retroucer quelques noms de souverains appar tenant aux dynasties thinitcs [Comptes rendus^ 1897, p. 200). J'avais voulu d'abord carter tout le fatras de dbris appartenant vingt poques
t bien
))
12
ITS
dans
la
du mmoire de M. Amlineau, croit qu'il est plus prudent de se contenter d'attribuer les monuments retrouvs aux deux premires dynasties, sans remonter
lecture
ces
priodes
obscures
sur
lesquelles
les
traditions
.
))
On
')
))
vu prcdemment quelle tait la thorie de M. Amli neau les premiers sont, d'aprs lui, anthistoriques le monument exhum la seconde anne des fouilles tant celui des dieux Horus et Set, les dynasties divines a entrent de plein pied dans l'histoire . Enfin, le tombeau dcouvert cette anne non loin du prcdent ne peut tre que
:
I)
les rois
les
n/.'js;,
puisque
la lecture la
de leurs
noms
le
les identifie
P dynastie;
tombeau d'Horus-Set n'est autre que celui de Khasakhmou, prdcesseur immdiat de Snofroui, premier
souverain de
do
la
P^
roi
la
IV^ dynastie. C'est donc dans les limites IV^ dynastie qu'il faut chercher placer le
la
le
nouveau
dont
En dehors de MM.
diverses dont
J.
les
M. Amlineau avait fait circuler des photographies sous les yeux de l'Acadmie, puis montrer que les quelques pices archaquosqu'il nous apportait avec le reste appartenaient non pas aux Mnes, mais aux dynasties liistoriques, la IIP, peut-tre aux deux premires dynasties. C'est ce que M. Amlineau n'a pas voulu comprendre, c'est en tout cas ce qu'il n'a pas dit, et ce qui a tromp les personnes qui ont lu sa brocliure. sans lire ensuite la critique que j'en ai faite dans la Rcite erlti'/iie. Si M. Schueinfurtl), par exemple, avait connu mes paroles authentiques, " Namentlich voril n'aurait pas crit dans un de ses articles que schloss sich an der Spitze der heutigen ^Egyptologen Maspero in
:
J'ai
fait,
les
les
interprtations
qu'en
M.
Ainlineau,
1. J.
les orif/ines
2. IfL, p. 20.
179
les
M. Am-
seul
est
il
Mnes
matriaux que nous connaissons. Tout ce que M. Capart nous dit d(^s populations premires de rgypte est fort exact et rpond bien aux rsultats des fouilles de MM. Amlineau, J. de Morgan et Ptrie; mais me permettra-t-il de rclamer' ce propos la parole pour un fait personnel? Il attribue tous les gyptologues une n opinion d'aprs laquelle l'Egypte n'aurait pas connu les premiers ttonnements de la civilisation. Le dveloppe))
))
ment
dj
si
si
recule,
que
l'esprit se
))
pour passer de l'tat primitif cet tat parfait que les documents nous faisaient connatre. L'usage des outils, des armes de pierre, continu pendant toute la priode historique, portait attribuer tous les silex taills ou polis cette mme poque'. Je ne sais si vraiment la plupart des gyptologues se forgeaient cette ide je ne l'ai jamais eue pour ma part. Les tudes sur les tombeaux de l'ancien empire mempliite, que j'avais entreprises au Collge de France et qui ont fourni matire mes cours de 1876 1880, m'avaient prouv que non pas seulement l'Egypte, mais les gyptiens mmes qui l'habitaient aux temps historiques, avaient dbut par l'usageexclusif du silex avant d'utiliser les mtaux. J'avais rsum mon opinion sur le sujet dans une formule que j'ai rpte souvent alors L'Egypte est le modle le plus complet du genre de civilisation qui peut se dvelopper, en vase clos, chez un peuple muni uniquement de l'outillage en pierre, d J'en suis arriv depuis lors me persuader que la valle du Nil ne fut jamais, proprement parler, un vase clos, et qu'elle entre
))
))
))
))
1.
Notes sur
les
origines de l'Egypte, p.
6.
180
tint
me
du
reste
systme devait tre expos dans ce livre sur les Rites funraires dont ma nomination au poste de Boulaq m'empcha d'achever la rdaction, et nul en dehors de ceux qui survivent parmi mes rares auditeurs d'alors n'est oblig de le connatre, mais j'ai souvent exprim depuis ce temps-l les mmes ides, je les ai aussi imprimes en dernier lieu dans un ouvrage qui est assez rpandu, dans le premier volume de mon Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique. L, parlant des dbuts de l'Egypte, j'avoue que les premiers gyptiens taient des demi-sauvages, analogues ceux qui vivent encore en Egypte ou en Amrique, organiss comme eux, outills comme eux'... La plupart [des armes] servaient la
de
la
formule.
Mon
)>
I)
prs l'quipement
Enfin
le
le
plus ancien
qu'il
nous
soit
permis de
le fer...
))
manche en bois, tte en pierre blanche, aprs avoir t les armes prfres des
princes, demeurrent jusqu'aux derniers jours les insignes plus respects de
qu'il
la
))
les
royaut'.
y a eu un ge de la pierre en Egypte comme ailleurs, je ne sais plus ce que parler veut dire. Ce qui a
clamer
dtourn l'attention de ces dclarations, c'est un passage o, constatant qu'on n'avait pas alors (en 1803) d'ateliers de silex qu'on pt reporter de faon certaine au del des ges historiques, je disais c Rien ou presque rien ne subsiste
:
la
outils
1.
en silex
taills
I,
p. 52.
181
endroits ne sauraient, jusqu' prsent, leur tre attribus de faon authentique. C'tait, on le voit, la ngation de certains faits particuliers que je considrais comme controuvs c'tait si peu la ngation du principe, que j'ajou Les habitants de l'Egypte ont tais immdiatement aprs continu d'employer la pierre, o d'autres peuples usaient
;
:
dj des mtaux'.
M. de
')
(continuation d'usages
qui
d'ailleurs restent
encore
prouver),
qu'ils
))
plus positifs
))
pour les dtruire. D'o serait venue aux gyptiens pharaoniques l'ide de tailler le silex, si toutefois nous admettons qu'ils en aient
fait
usage,
s'ils
s'ils
))
Comment M. de
Morgan
vu
que
c'tait
je
de l'emploi de la pierre aux temps des Pharaons que m'appuyais pour reconstituer l'armement et l'outillage en pierre, en bois, en os, des gyptiens antrieurs aux Pharaons ? M. Amlineau, dans un cas pareil, a parl, je l'ai rappel, de la dsinvolture avec laquelle M. de Morgan a rejet des faits qui ne sont pas un soutien des thories
mme
1.
t.
I,
p. 49.
2. J.
et les
Mtaux,
p. 18G-187.
182
vail de M. de Morgan me porte tre plus indulgent, et penser qu'il y a l une simple inadvertance, facile expliquer par la rapidit avec laquelle il a compos son ouvrage. Aussi je n'y insisterais pas plus que je n'ai fait sur plu-
sieurs fautes
du
mme
genre,
si
vu Schweinfurth affirmer, en pensant moi, que les gyptologues s'obstinaient mconnatre l'ge de la pierre en Egypte )), et que, tout rcemment, j'ai t pris partie vigoureusement dans des discussions crites
ou parles,
comme un ennemi
personnel du silex.
J'ai
mme
reu ce sujet des lettres indignes de trs honntes gens qui ne pouvaient comprendre pareille aberration de ma
part, et qu'il
m'a fallu dtromper longuement j'avoue que de saisir cette occasion, et, remettant les heureux je suis choses au point en ce qui me concerne, de faire ma paix avec tous les savants qui s'intressent aux ges de la pierre
:
gyptiens.
La brochure de M. Capart montrera trs prcisment ceux d'entre eux qui ne sont pas gyptologues la position
actuelle de ces questions
leur en
neuves et encore si obscures. Je termine en exprimant le vu que l'auteur continue nous tenir au courant des il faits nouveaux qui ne manqueront pas de se produire recherches longues travers tous des des pargnera nous
si
recommande
la lecture, et je
journaux et des brochures qu'on ne se procure pas toujours aisment en dehors de leurs pays d'origine
'
mon apprciation du ionibeau d'Osiris, ce que dans les Comptes n-ndus de l'Acadmie des Inscriptions de celte anne (cf. p. 167-168 du prsent volume). Le lit peut tre de la XXII' dynastie et mme d'une dynastie postrieure, la saite, par exemple; mais il faudrait pours'enassurer voir l'original mme, et je suspends
1. .le
renvoie, pour
j'ai
dit
mon jugement.
HISTOIRE DE LA SPULTURE
ET DES
On ne
que
la
si
du
longuement
dont
il
est trait
la
la si-
o
))
il
pose
la
plume,
le
on peut sans crainte second volume sera consacr. Celui dont je parle se divise en quatre chapitres de dimensions fort ingales, dont il convient de noter brivement le contenu. Le premier (p. 1-G4) a trait aux ncropoles gyptiennes en gnral. M. Amlineau, aprs avoir rappel en quelt|ues
sculpt, et couvert d'ornements...,
))
s'occuper de meubler la
tombe
et c'est quoi le
1.
Publi dans
la
t.
XLII,
p. ."^13-322;
tirage
Amlineau, Histoire de
Leroux, 18%,
dans l'anhors
T.
l,
en deux fascicules,
p.
xxu-680.
184
pages ce que devenait le mort en Egypte et dpeint ce qu'y tait un cimetire, passe en revue les principaux sites, les Pyramides, Bni-Hassan, El-Amarna, Siout, Thbes.
Tout ce qu'il dit tait connu, et aurait pu tre rsum en une dizaine de paragraphes, mais M. Amlineau ne sut jamais se borner. Tant de savants avaient puis le sujet avant lui que l'ensemble est exact en gnral je remarque pourtant dj, dans l'exposition, plusieurs des traits qui donnent l'ouvrage et l'homme leur physionomie caractristique. En premier lieu, M. Amlineau se dcide rarement nommer
:
il
prfre insinuer le
il
nom
par des
un dvelopides, je
mes
me
En
c'tait
M. Amlineau
ou
tel
souvent ou de
un mmoire remontant prs de trente ans, sans s'inquiter des mmoires postrieurs o l'crivain corrige lui-mme Terreur dans laquelle il tait tomb prcdemment. Ainsi Erman, dit-il, a cru pouvoir aHirmer, en raison des divers emplacements bien dtermins qu'occupent les Pyou de
citer
))
))
))
ramides des rois de la IV", de la V", de la VP dynastie, emplacements de plus en plus situs vers le sud de la ncropole de Memphis mesure qu'une dynastie remplace une autre dynastie, que la place de la ville de Memphis avait de mme vari et que, sous la IV dynastie, par exemen face de Gizh, plus haut sous la la VP. Cette thorie peut tre ingnieuse, <'lle lest sans doute trop et sent l'elTort; pour ma part , ajoute M. Amlineau, je ne puis l'admettre, et je crois que hi ville de M(>mphis a toujours occup la
pie, elle tait situe
V'',
')
mme
(p.
15).
M. Amlineau
185
Il sait,
ne se promena pas Il champs. montre seulement que ni Kliops,ni Khtravers phrn, ni la plupart de ces vieux Pharaons ne rsidaient Memphis. Chacun d'eux, vers son avnement, se contruisait sur un point de la plaine Memphite une sorte de chteau qui tombait rapidement en ruines aprs sa mort, et au voisinage duquel son tombeau s'levait; la cit royale de l'un
rarement la cit royale de l'autre. Il semble que Papi le premier qui vcut Memphis, et cela pour des raisons excellentes que je ne puis indiquer ici, mais qu'Ermana suggres [jEgypten und ^gyptisches Leben, p. 243tait
Marir fut
244).
Il
est
tologue de la force d'Erman, n'ait pas pris la peine d'y regarder deux fois et de lire avec attention le passage o il
croyait dcouvrir une opinion aussi trange. Plus loin,
il
veut bien citer une page de mon mmoire sur le Papyrus Abbot, rdig en 1868 Montevideo, lu l'Acadmie
en 1869, paru en 1871, et o je parlais des jardins de la ncropole thbaine en homme qui n'a jamais vu l'Egypte. J'ignore, dit M. Amlineau^s l'auteur de ces paroles les crirait encore aujourd'hui , et il prouve sa satisfaction qu'il n'y eut jamais de jardins, qu'il ne put jamais
en avoir sur
y del montagne, surtout dans la valle des Rois, a o Tardeur du soleil aurait compltement dvor tout ce qui, grands frais, aurait pu tre apport dans une valle o il n'y a pas ombre de terre vgtale... On peut sans doute me dire que je n'ai pas saisi le sens des paroles cites; mais je crois, au contraire, l'avoir parfaitement saisi, et je comprends trs bien que, dans la pense de l'auteur, il ne s'agit pas de jardins entretenus l'entre de tombes pour l'ornement et l'agrment de ces tombes En parlant ainsi, je crois faire (p. 48;. Il ajoute en note bonne mesure, car je me rapelle trs bien qu'il n'y a pas encore longtemps, M. Maspero, en parlant d'une stle du
les flancs
)) )) ))
:
(f
186
Muse de Boulaq,...a parl encore des jardins qui se trouvaient l'entre du tombeau. J'ai, en effet, fait ma pro-
pre critique et discut ce qu'on sait des jardins mortuaires, dans un de ces cours au Collge de France o M. Amlineau a puis beaucoup des notions qui paraissent dans son livre,
mais M- Amlineau
me
semble avoir
saisi
mdiocrement
si
ma
demandait
je persiste
dans mes errements de 1868-1871, il aurait d rechercher s'il n'y avait point quelques passages relatifs la matire dans certains de mes crits postrieurs cette date. Sans aller bien loin, une note, insre dans le Recueil en 1880, et dont
je
montr qu'alors dj {Recueil, t. II, le contraire de ce qu'il dmontre si ingnieusement tre ma pense. Je ne prtendais pas que chaque tombe de Thbes et ce (|ue nous appelons un jart de prolit, lui aurait
je
p. 105-106)
soutenais
>)
le
On
pouvait, sur
la petite
esplanade
(jui
1)
C'est ce
que
j'ai
mon
cours, au sujet de la
stle conserve Boulaq, et M. Amlineau se serait pargn une dis.'^ertation inutile, si, au lieu de se faire des raisonnements en l'ail', il avait fouill dans ses notes ou dans mes livres. Lors(|u'on veut composer un ouvrage d'ensemble sur une question dbattue souvent, il faut, ne serait-ce que par esprit d'quit et pour rendre chacun la part qui lui revient dans le travail de la dcouverte, avoir dpouill le plus posM. Amlineau ignore la sible ce (|ui a t crit auparavant bibliographie de .son sujet, il ne fait aucun effort pour l'apprendre, et cette ngligence commode de l'uvre d'autrui la mis souvent en posture mauvaise vis--vis de tous les
;
savants.
Le chapitre deuxime
traite
187
Empire
(p.
65-190).
Il
sur les Pyramides, o l'originalit n'est point la qualit dominante. M. Amlineau a rpt longuement ce que Perrotlui, avec plus de comptence techde nettet dans l'exposition. et l, ceux de ses lecteurs qui ont suivi mes cours salueront au passage les
nique
sur
la
VP
dynastie
construc-
l'obligation
o l'exa-
men
des mesures accule l'observateur d'admettre que le sarcophage n'a pas pu tre introduit dans la chambre aprs
l'achvement, mais qu'il y a t plac avant, presque au commencement des travaux je crois, si bien que la pyramide
a t construite souvent autour de
J'en passe
:
lui, et
au-dessus de
gros
les ides
lui.
que exprimes au sujet du plan suivi par les architectes gyptiens. Aprs les avoir dlayes verbeusement, il avoue en note, non sans ingnuit, que M. Maspero partage aussi cette manire de voir , et il renvoie mon Archologie gyptienne, p. 127-128 voil un aussi plac curieusement,
le
j'ai
;
j'ai publi l'nonc des annes avant que M. Amlineau songet se bcler un systme
paraphras ce que j'avais dit trs court, et les rares dtails qu'il a cru pouvoir ajouter de son chef montrent chaque instant le peu de familiarit qu'il a avec les monuments ou avec les livres. Je lis ceci, par exemple, l'endroit o il a racont, aprs les autres, le
Il
cordages en quantit suffisante pour traner le bloc. Et en note Cette opration n'est pas reprsente sur les monuments gyptiens; mais dans plusieurs tombeaux, on
))
voit
comment
s'y
au
ils
on em-
ployait des
hommes
188
des cordages.
Comme
il
y a similitude
d'effet
en dernire
analyse, je crois qu'il doit y avoir similitude de cause (p. 88). On saisit ici sur le vif l'un des procds qu'emploie
A[.
Amlineau
:
lorsqu'il
il
s'embarque traiter
les
questions
faudrait
archologiques
amasser des
phies.
faits et
Le transport des
un bas-relief
d'o est
:
mme
beau calctire employ par les gyptiens je ne me donnerai pas le mrite facile d'numrer les ouvrages de toute sorte o il a t reproduit au cours de notre sicle, mais je renverrai M. Amlineau, pour en trouver le dessin, l'un des livres de vulgarisation courante qu'il a le plus souvent utiliss, mon Archologie gyptienne, p. 44, fg. 48. J'ajouterai que M. Amlineau a ignor les articles de Borchardt-Sethe,Z/- Geschichtedcr Pgramiden, qui ontsou\e\ tant de problmes nouveaux et remis en question beaucoup de solutions proposes pour certains problmes anciens. Ces articles ont pourtant paru dans la Zeitschr'i/t de Berlin. t. XXX, p. 83-106, en 1892, c'est--dire avant que M. Amlineau et achev la rdaction de son ouvrage. Son manuscrit et t termin qu'il et d, ou bien y insrer quelques pages mentionnant les rsultats auxquels MM. BorchardtSethe arrivent, ou du moins les discuter ainsi qu'il l'a fait
pour les dcouvertes de M. de Morgan Dahshour qui sont de 1894 et postrieures aux articles allemands. Pourquoi
M. Amlineau
si
distrait
ou s'il les a vus, qu'il n'y estime pas leur valeur vingt pages de faits sur l'un des sujets qui
qu'il n'y aperoit pas,
l'intressent?
dit des
de rpter ce que Perrot-Chipiez avaient mastabas il n'yavait qu' indiquer les renseignements neufs que nous a fournis le dblaiement du tombeau de Shepssphtali op('T par M. de Morgan. De mme, quoi bon rpter au long les banalits ({u'on rencontre dans les Guides
Il
tait inutile
189
sur les hypoges de Bni-Hassan, d'El-Amarna ou de Thbes? Quelques pages auraient suffi pour numrer les donnes ncessaires l'intelligence du sujet et pour ajouter les observations nouvelles auxquelles les fouilles des annes dernires ont donn lieu. Partout l'-peu-prs
domine dans
ou
la
description
et
reli-
abonde aigre-douce, injuste encore, qui montre la exemple ou fausse. J'en veux donner un facilit avec laquelle M, Amlineau censure de parti-pris,
gieuse, partout aussi la critique
et sans vrifier les textes, les expressions
Il
rapporte
le
(p. 229),
Hassan,
que le de famille avec la colonne dorique on comprend que Jo mard et Champollion ont pu lui donner, dans l'enthou siasme de la dcouverte, le nom peu justifi de dorique primitif)). M. Amlineau commente mon texte en note. Les derniers mots renferment une inexactitude matrielle. On aura pu voir dans les textes que j'ai cits que ni Jo mard, ni Champollion n ont employ ce terme, que ce der;
))
ce qui signifie
sans doute la
mme
Champollion (p. 229). Ici encore. M. Amlineau, voulant me prendre innocemment en flagrant dlit d'inexactitude, russit prouver qu'il lit sans attention les auteurs qu'il exploite. Champollion, dcrivant les grottes de Bni-Hassan, affirme d'abord que les colonnes ressemblent s'y mprendre la premire vue, -udorique grec de Sicile et d'Italie... nous y avons tous vu le vri))
table type
;
p. 75)
il
parle,
la
grande
salle
de l'hy-
poge, d'o nous apercevions, travers les colonnes en dorique primitif, les magnifi(jues plaines de l'Heptano-
mide
(p.
78).
90
celui dont
Il
se sert
de l'autre expression plus loin, propos du temple d'Amada en Nubie, o il voit quatre colonnes, que l'on ne peut mieux nommer que protodoriques ou doriques proto types, car elles sont videmment le type de la colonne
))
,
dorique grecque
et,
marque, je ne les trouve employes que dans les monu ments gyptiens les plus antiques, c'est--dire dans les hypoges de Bni-Hassan, etc. (p. 145). C'est toujours la mthode qui consiste censurer de haut, pour le plaisir, sans faire les diligences ncessaires afin de s'assurer que la censure est juste. J'en viens presque me demander, aprs avoir parcouru cet norme volume et en avoir examin les rfrences, si M. Amlineau connat de beaucoup d'ouvrages autre chose que les extraits qu'il en rencontre chez des auteurs prcdents. Je regrette vivement d'attirer l'attention du lecteur sur des faits de cette nature, mais je ne puis gure me dispenser d'en agir de la sorte. L'gyptologie est une science assez peu rpandue, et une discussion qui porterait exclusivement sur des points de mtier risquerait de n'tre comprise que d'un lecteur sur quelques centaines. Au contraire, les exemples que je choisis, presqu'au hasard dans la masse, sont intelligil)lcs tout le monde ils permettent chacun d'apprcier M. Amlineau et la tournure de son esprit, et de se faire une conviction sur les procds de composition ou de criti<|ueaux(|uels il a recours par instinct. Ce (|ui ressort du seul gyptologue est l'avenant dans la portion de son livre que je viens de parcourir c'est d'un bout l'autre une lgret dans le blme, un empressement joyeux combattre les opinions d'autrui par tous les moyens, une tendance taxer d'exagrations do rhteur ou d'habilets sophis))
; :
il
substitution du raisonnement
la
a priori au
fait
archologique, l'ignorance de
plupart des
monuments
anciens
ou des
ouvrages modernes.
Somme
191
deux premiers chapisouvent depuis quelques annes pour qu'un nouveau venu dt se borner les rsumer en une trentaine de pages et pt renvoyer ses prdcesseurs les lecteurs curieux du dtail
rait vit
:
M. Amlineau un assez grand nombre d'erreurs. L'ornementation des tombeaux a fourni la matire du
le
chapitre troisime,
Il
sculpture
les
de
la
les
tombes de toutes
poques M. Amlineau aurait pu les laisser dans Y Histoire de L'art ou dans l'Archologie gyptienne, auxquelles il a emprunt ce qu'elles renferment de plausible, car elles ne touchent son sujet que d'assez loin. Il n'y entre vritablement qu' la page 383, lorsqu'il aborde la dcoration des tombes de l'Ancien Empire. Ici M. Amlineau adopte presque partout les ides que j'ai exprimes dans une demi-douzaine de mmoires depuis plus de quinze ans: cela ne l'empche pas de les attaquer aigrement, mais on sent son langage qu'il n'en a pas toujours saisi le sens, ou qu'il a oppos, sans s'en apercevoir, l'une ou l'autre de mes opinions plus rcentes l'une ou l'autre de mes opinions plus anciennes. Il cite, par exemple, l'interprtation que j'ai propose de la prsence de tant de scnes agricoles sur les murs des tombeaux les artistes, afin d'assurer au mort le bnfice perptuel de l'offrande, auraient reprsent non seulement cette offrande mme, mais tous les actes qui la prparent,
:
s'il
s'agit d'un
la
morceau de viande,
la vie
entire de la bte
qui
jusqu'au dpeage du
))
le
mort.
C'est,
))
en note, un manire d'expliquer la prsence des scnes qui peut tre juste; mais il y en a une autre qui n'est pas moins juste, je veux dire celle qui consiste
dit-il
prendre ces scnes comme des reprsentations des travaux champtres (p. 39). C'est bien mon avis aussi, et je l'ai
192
dit
et
comme bien d'autres, mais la dcotombes est plusieurs fins, et si j'ai insist sur le sens magique plus que sur les autres, c'est que personne ne s'en tait inquit avant moi. Chacune des solutions possibles sera mise au point dans un ouvrage auquel je travaille depuis vingt ans, et que j'ai annonc plusieurs reprises. De mme que j'ai publi nombre de brochures sur des questions spciales d'histoire politique ou militaire, pour justifier par avance les solutions que je donne de diverses questions dans Y Histoire ancienne qui parait actuellement, de mme j'ai essay de mettre en lumire, par mes tudes de mythologie, beaucoup de faits et de textes qui prendront place dans ce livre sur les Rites funbres en Egypte. Chacune d'elles contient une partie de ma pense, non toute ma pense, et je n'y ai introduit de mes preuves que ce qui est indispensable il l'intelligence prcise du point spcial que je traitais. J'ai toujours insist, dans mes crits et dans mes cours, sur la
M. Amlineau
a assist, ration des varit des interprtations dont les textes et les concepts
relatifs la tomljc avaient t l'objet
souvent
j'ai
comme
tant
mon
expliciition
mes
explications, et de ce
que
les
ne s'ensuit pas ncessairement que j'carte autres. Les Kgypticns. pas plus que nous, n'ont eu la vije
l'admets
il
posthume en laquelle ils espimagine de beaucoup de manires, qui toutes avaient leurs partisans et qui se mlaient parfois dans
sion nette de ce qu'tait la vie
raient. Ils se la sont
l'esprit des
mme hommes.
Ils
du moment
effort a
la
disposi-
et les
le
rornementation tout mon tendu dcouvrir ces fluctuations de leur exgse noter, sans prtendre que celle que j'enregistrais sur
dtruist les autres.
moment
193
M. Arali-
en dcrivant et en traduisant les scnes figures dans les mastabas, de dirt'rents crits runis aux tomes I et II de mes Etudes gyptiennes, et o j'ai condens
neau
s'est aid,
le rsultat
mon
travail,
du tombeau
mes traductions
et
moi qui
tie, trois
les
un petit nombre d'autres mastabas de la V dynasou quatre de Bni-Hassan. Pour les faire tenir sur panneaux, les deux dessinateurs durent en abrger plu;
l,
et parfois la peinture
d
le
prciations sur le
tmoignage de
documents aussi
suspects que
non seulement sa critique, mais toute la partie de son livre o il se rfre ces tableaux arrangs quand il a cru que je me trompais, il s'est presque toujours tromp lui mme. C'est fcheux en vrit, car rien de moi ne trouvait grce devant lui, ni l'excette faute de
jugement entache de
nullit
Je
ne puis
m'empcher
d'observer en passant
qu'avec
toute sa svrit,
lil ne se hasarde traduire que les gendes traduites dj par moi, ou par M. Loret dans sa charmante confrence sur La tombe d'un ancien gyptien :
BiBL. GYPT.
T. XXVIII.
13
194
partout ailleurs,
se
borne analyser
la reprsentation,
sans toucher aux textes. Il serait dilicile de discuter ici sur des scnes que je ne puis reproduire, ou sur des formes grammaticales dont l'analyse n'intresserait que
les
gyptologues.
La bibliographie est un terrain plus accessible, et je donnerai un ou deux exemples de la faon dont M.Amlineau l'entend. \'oici une note de la p. 438 (note 3) o il mprend partie avec une dcision inaccoutume, sans doute parce
qu'il croyait sa position trs forte.
pres paroles
dbute par citer mes procomme chez nous en entassant tous les pis dans la mme direction, mais en couchant chaque javelle dans un sens diffrent, si bien que la gerbe acheve prsentait l'aspect d'un paquet termin chaque bout par une couronne d "pis. Une forte corde, passe au milieu, maintenait la botte {Etudes gypIl
:
On
l'assemblait
(la
tiennes^
II, p.
26
{sic).
M. Maspero
cite Lepsius,
Denkm.,
11,9, lOG; 11,43, 80 a et Mariette, Mastabas, p. 212,^88, 285). Voici tout au moins un exemple cju'il n'en tait pas toujours ainsi... Parmi les exemples cits par M. Maspero, la planche IX de la deuxime partie des Denkniler de
Maspero y a vu
{sic).
elle
ne
De mme
la
plan-
1)
cite se trouve en ne s'applique pas aux gerbes. La planche 43 ne prsente pas de raison pour ou contre la description de M. Maspero, sinon que les gerbes sont en efet lies par le milieu, ce qui est aussi le cas pour le tombeau de Ti o les pis sont pourtant tous du mme ct. Seule, la planche 106 qui provient de Zaouit-el-Maetin donne
che 80 a
c et
le
non en
n^ et
M. Maspero
pris, je
l'avoue, d'avoii-
))
))
grande rputation. De mme ce propos M. Maspero cite dans tout le cours de son expos de travaux agricoles Dmiciien, Resuitate, I, pi. X. Or il s'agit de louvrage intitul Resultate, etc. con D. Johannes Douvra.ire d'aussi
:
195
la planche ne contient rien de semblable. Il semble qu'on ne puisse rien rpondre une critique aussi minutieusement documente rien en effet, si ce n'est que tout y est faux. M. Amlineau dit que l'ouvrage de Dmichen ne contient, la planche X, rien de ce que j'atErme qu'on y trouve. Oi\ les Resultate de Dmichen forment deux parties, l'une de planches lithographies, l'autre de photographies la muraille du tombeau de Ti laquelle je me rfre est dans cette partie photographique, dont M. Amlineau parait ne pas souponner l'existence au moins en cet endroit de son ouvrage. Une inadvertance aussi forte est regrettable de la part d'un critique si prompt s'tonner et si heureux d'avouer son tonnement mais voici qui est plus regrettable encore. Les renvois dont M. Amlineau conteste l'exactitude ne se rapportent pas au passage de mon mmoire qu'il cite, mais un ensemble de phrases qui suit. Si je me rfre la page 86 (non 26) du tome II de mes tudes, j'y lis aprs les mots maintenait la botte en place auxquels M. Am: :
michen,
lier la
l'ouvrier
le
la
nud
Au
tombeau de Samounofir on rencontre une fois Khof, lier, serre?' , pour le nom de l'opration. M. Amlineau a fondu ensemble mes notes 1-2-5 pour en faire la srie
il
a suppos
que ces notes s'appliquaient aux lignes qu'il avait cites, et il a cru que je voulais m'appuyer sur les tableaux dsigns pour prouver la disposition des pis dans la botte, moyennant quoi il a triomph. S'il avait lu mon texte avec attention, il aurait vu que je voulais simplement illustrer la faon de passer la corde et le geste du paysan qui la tirait. Et de fait la planche 9, la planche 43 a, la planche 80 r, montrent bien l'ouvrier passant la corde autour du paquet et appuyant du genou comme je l'ai dit il va de soi que je
:
196
M. Amlineau
fait
Lepsius ne contient pas de scnes d'attelage. J'ai vrifi tous les blmes dont M. Amlineau est prodigue non seulement envers moi, mais envers bien d'autres, envers Champollion, envers Perrot-Chipiez, envers Grbaut, envers Boudant, envers Bndite, pour ne parler que des Franais
:
neuf
il
a agi leur
il
il
s'attaque.
Les
mme
aux
Tombes du Moyen
de critique,
la
du Nouvel Empire,
la
mme
lgret
mme
insuffisance d'informations, le
mme
manque
souvent incorrect, auquel M. Amlineau nous a accoutums. Je ne veux pas ici pousser l'examen plus loin. J'en ai dit
assez^ je crois,
pour que
la
dans ses ouvrages les gyptologues n'ont plus d'illusions son sujet depuis quelque temps dj. Il avait dbut dans
le
copte, et
il
champ
d'tudes par-
il
pour
se jeter sur l'gyptologie. Nous avons tous accueilli avec une indulgence mlancolique ses traductions de textes
n'a-t-il
des avertissements
arrt l?
souponla
comme
dans
les
pays classiques.
les textes
les
sait trop
peu
langue
il
pour comprendre
n'a
numents, pour donner des solutions aux problmes multiples que soulve
lui
appartiennent
gyptienne.
doit songer
l'anticjuit
il
197
avec un certain malaise au ton de dnigrement doucereux pouvoir adopter envers la plupart de ses devanciers lors(|u'il sera revenu un peu de la confiance qu'il prouve en lui-mme, il regrettera d'avoir abord l'tourqu'il a cru
;
de faon
convenable.
BERSHH ET SHEIKH-SAID'
Les dessins et les textes qui subsistent encore dans tombes de Bershh ont t recueillis et publis sous
direction de
les
la
M.
ont t dcrits et traduits par GrifRth \ L'excution matrielle en est fort bonne, sup;
M. Newberry
ils
les dessins
Il reste peu aux savants qui dirigent VArchological Survey of Egypt, pour arriver la perfection que comporte le genre
de recherches auquel ils se livrent. Les tombes de Bershh ont t creuses surtout pour des seigneurs de laXP et de la XIP dynastie, et elles nous ont conserv le souvenir d'une des grandes familles fodales qui
possdaient
le
empire thbain. MM. Griffith et Newberry donnent une numration dtaille des visites qu'elles ont reues et des travaux dont elles ont t l'objet dans les temps modernes. Leur histoire ne commence gure qu'aux premires annes de ce sicle, au moment o Irby et Mangles les dcrivirent
;
si
en 1897,
2.
Ces articles ont t publis dans la Renie critique, le premier t. XLIII, p. 61-65, le second en 1902, t. LIV, p. 301-305.
Griffith-Newberry-Frazer, El Bershh,
Part
/,
thc
Tomb
oj
pi., in-4,
Londres,
200
BERSHH ET SHEIKH-SAD
au XVIIP sicle, et si ce n'est pas elles que le Pre Vansleb, par exemple, fait allusion dans une de ses relations \ Quelques portions des scnes dont elles taient encore couvertes ont t copies par plusieurs des gyptologues qui les visitrent, par Rosellini, par Bonomi, par Nestor Lhte, par Wilkinson, par Lepsius. par Eisenlohr, en dernier lieu par Brown et par Sayce', Elles furent mutiles en 18891890
par
la
:
la
dition de
ruine.
peut-tre
ser plus encore qu'il n'a fait, mais ce qu'il a omis en ce genre
est,
toute, assez peu de chose, et les deux volumes devons reprsentent peu prs tout ce c{ue nous possderons jamais de ces curieux monuments'. Le premier volume ne contient qu'une seule tombe, celle de Thothotpou c'est, dire vrai, de beaucoup la plus importante, et Thothotpou parait avoir t, comme Khnoumhotpou Bni-Hassan, le personnage le plus puissant de la
somme
lui
que nous
1.
fait en
1672
et
MDCLXXVII,
2.
396 sqq.
sont demour.'es dans les archives du Muse de Boulaq, avec un certain nombre de mes papiers.
3.
duile la
Ainsi Nestor Lhte avait donn, de la scne de purification rcpropi. X, une copie plus complte (t. III, fol. 225) que M. New(I,
berry cite
son
p. 16)
il
des inscriptions prserves par Nestor Lhotc. peut observer pareil oubli dans quelques autres endroits. En fait, les omissions n'ont pas grande importance; mieu.v et valu poui-tant
te.xte, la lettre
mme
On
BERSHH ET SHEIKH-SAD
famille.
201
portique y donnait jadis accs, compos de deux colonnes chapiteau en feuilles de palmier supportant les murs en taient dcors des une lourde architrave
;
Un
communes
les
Un tremblement
il
de terre a renvers
colonnes et le plafond
presque entirement ce vestibule. On pntre dans la chapelle proprement dite par une porte troite et l'on aperoit aussitt, sur la paroi de gauche, le transport d'une statue colossale qui a rendu le tombeau clbre mme parmi les touristes ordinaires. Le mur de droite est ruin de longue date, mais la niche reste peu prs intacte au milieu de la paroi du fond, en face de la porte elle ne contenait aucune statue, mais deux figures en bas-relief de Thothotpou et de
:
son pre Gai, affronts, tout prts recevoir l'offrande. La dcoration est un peu infrieure peut-tre celle des meil-
tombes de Bni-Hassan, mais elle est fort bonne encore et elle fait honneur aux artistes qui l'ont exles figures cute. Le dessin en est sec, raide, minutieux humaines sont conventionnelles, mais celles d'oiseaux ou
leures
:
fidlit rares.
La
assez
criarde,
Les poncifs
dont se servirent les dessinateurs de Bni-Hassan. Le fait n'a rien d'tonnant en soi, puisque le nome de la Gazelle tait gouvern en ce temps-l par une branche de la famille qui commandait dans le nome du Livre la grande ville du pays tait Ounou, l'Hermopolis
:
des Grecs, et l'cole de sculpture et de peinture laquelle et de la XIP dynastie, de nous devons les tombes de la
XP
Sheikh-Said Minih, peut tre considre presque coup sr comme une cole hermopolitaine. Hermopolis avait une
vie politique et
inutile
il
n'tait pas
moins
202
BERSHEH ET SHEIKH-SAD
Le second volume contient la description de neuf tombeaux moins intressants. Tel d'entre eux, le n 6 par exemple, ne nous fournit que les dbris d'une seule lgende, o figure heureusement le nom du propritaire, Thotnakliiti, n de la dame Onkhit; tel autre, au contraire, renferme encore la matire de plusieurs planches excellentes. Le n" 1 appartient un prince Thotnakhiti, fils de la dame Sitouzahotpou et du prince Nouliri. Le n" 3 appartenait un prince dont le nom a disparu, le n" 4 au prince Nouhri, fils de la dame Kami, et le n" 5 au prince Ahanakhiti le n" 7 abritait un second Nouhri, le n" 8 un second Ahanakhiti et le n" 10 un troisime Thotnakhiti. Blackden et Frazer avaient runi dans un album spcial une collection de graffiti hiratiques, copis pour la plupart dans la carrire voisine de Hat-noubou, et o les mmes personnages reparaissent comme agents des rois Thbains leurs contemporains '. M. Griffith a pris les plus importants d'entre eux qu'il a transcrits et traduits, puis il en a tir les renseignements qui lui ont paru utiles, pour complter les donnes historiques ou gnalogiques qu'il avait glanes dans les tombeaux. Je ne puis me ranger son avis sur un point
;
MM
la
plupart de ces
grafiiti, le
pro:
du prince fodal
est
An VL Le
connu du
Griflith
chvetaine du
nome du
Livre.
M.
pense que cette date et les dates analogues se rapportent au rgne du prince dans le nome du Livre, et il dduit les consquences historiquesde ce lait (t. II, p. 5 sqq.).
Il
y a certainement des dates de princes fodaux BniHassan et Thbes, au temps de la domination des grands1.
Scptcnibcr
1892
6//
M. W.
Amarnn, found Dcccnibcr 28th 1891. Copicd Blackden, and G. Willou</hbi/ Fraser, F.
XV
pi.
BERSHH ET SHEIKH-SAD
prtres de la
rares,
et
203
XXP
la
sur
XXIV"
un
lorsqu'on
trouve un
d'annes sur
l'un
un monument ou
objet
ddi
par
des
grands -prtres ou mme des rois Thbains vassaux, c'est dans le rgne officiel du suzerain Tanite ou Bubastite qu'il faut le classer'. Les graffiti de Hammamt nous montrent qu'il en tait de mme aux temps antrieurs, et que l'anne II, mise en tte d'une inscription o un prince de Thbes racontait son expdition aux carrires de Rahanou, se rapportait non pas son propre principat, mais au
rgne du roi Thbain sous lequel
Cette considration
il
vivait.
de temps que M. des barons d'Hermopolis. Supprimant les personnages inutiles l'objet que j'ai en vue, voici comment il rtablit la succession des membres principaux de la famille
:
me
Ga
i
loi'
Thotnakhti
I
Jei'
NOUHRI
!
XI" dynastie.
l<^i'
Ga
II
NouHRi
TnoTNAKHiTi
II
II
Amenembt
III
I*^'"
Ga
Ousirtasen
I'
ThOTHOTPOU
AmENEMHT
II
OUSIRTASEN
II
La date de
1.
l'an
XXXI
Pour les exemples des prtres d'Amon sous la XXT dynastie, cf. que j'ai releves et dont Daressy a donn de nouveaux exemdynastie. Les hauples dans sa Contribution l'histoire de la teurs du Nil Karnak, sous la XXIP dynastie, donnent des doubles dates des grands-prtres ou mme d'un roi Thbain ct de celles du
les dates
XXV
roi
Bubastite ou Tanite.
204
graffito trac
BERSHH ET SHEIKH-SAD
pour Amenemht, frre de Thotnakhti
cartouche d'Ousirtasen
III
II
et
la
de Gai
III, et le
est
grav dans
tombe
D'autre part,
trois
classification de
M.
l'Amenemht
mentionn en l'an XXXI d'Ousirtasen V' est le fils de Nouhri II, ces deux annes V et VII de Gai II devront appartenir soit au rgne d'Ousirtasen I" lui-mme, soit celui d'Amenemhit P^ Pour ne pas prolonger outre mesure cette discussion de chiffres hypothtiques, je dirai que l'arrangement le plus vraisemblable me semble tre celui qui, plaant ces dates des ans V et \ll de Gai II sous
Ousirtasen
P^ nous
permettrait d'attribuer
Ameneml''^
MI, VIII
On
Nouhri
Je^
l^'
ans
et
VII dOustRTASEx
le
Je""
aurait
GAi
exerc
II
XouHKi
II
vers l'an
XX dOusiuxASEN
d Ousirtasen
I^"".
TotnakhIti
GaIIII
^
)
an
XXXI
fleurit
I'':
Tliotnakhiti
II.
Thothotpou
sous Ousirtasen
II et
Ousirtasen
III.
comme on voit, une rduction assez sensible groupe de personnages. L'autre groupe, premier dans ce
Ce
serait,
BERSHH ET SHEIKH-SAD
celui qui
205
la
comprend
la
les
mme
New-
XP
dynastie, ou
de ceux de
X'' Hraclopolitaine.
MM.
Griffith et
berry adoptent, aussi compltement que M. Ptrie l'a fait avant eux', les ides que j'ai exposes sur l'histoire de ils admettent l'Egypte entre la VHP et la XIP dynastie que tout ou partie de la X" dynastie est contemporain des premiers rois Thbains indpendants qu'on classe dans la XP dynastie, mais que celle-ci ne compte dans le comput Manthonien qu' partir du moment o elle eut triomph des Hraclopolitains. Plusieurs des tombeaux de Bershh seraient donc, proprement parler, du milieu ou de la fin de l'poque hraclopolitaine, comme plusieurs des tombeaux de Siout.
'
:
rsum, l'ouvrage de MM. Newberry et Grifiith est trs important. 11 montre une fois de plus quel tort ont eu les gnrations de savants qui se sont succdes en Egypte,
En
de ngliger ces tombes de THeptanomide c'est d'elles que sort peu peu l'histoire des temps obscurs qui s'tendent entre les grandes dynasties de l'empire Memphite et celles de l'empire Thbain. M. Newberry et ses collaborateurs ont bien mrit de notre science par la patience avec laquelle ils ont accompli leur tche souvent ingrate de copistes ou de dessinateurs, par leur conscience recueillir les moindres dbris et les reproduire, par leur zle discret. M. GrilRth
;
a aid
M. Newberry mettre en valeur les documents qu'il leur uvre commune marque un progrs trs apprciable dans notre connaissance des murs et de l'histoire du Moyen Empire.
rapportait
;
II
comme
ils
ceux
appartien-
1.
Ptrie,
2.
A Ilisiory of E/ypt, t. I, p. 123 sqq. Maspero, Trois annes de fouilles, dans les Mmoires de
t. I,
la
Mis-
sion du Caire,
p. 238-241, et
Revue
critique, 1889,
t.
II, p.
420-422.
200
nent, en effet,
BERSHH ET SHEIKH-SAD
la fin
de la V dynastie et aux dynasties suivantes, si bien qu'ils nous montri'nt ce que l'Egypte tait vers les premiers temi>s de cette priode obscure, (jui s'tend entre l'empire Memphite et l'empire Thbain de la XII dynastie.
Les seuls rois dont ils portent les noms sont malheureusement ceux de la VP dynastie, si bien que nous n'apprenons rien sur la succession des Pharaons; nous y saisissons toutefois l'origine d'une de ces grandes familles fodales qui se partagrent l'Egypte moyenne sous les Hraclopodont l'influence fut si forte encore sous les Amenc'est un gain rel pour emhat et sous les Ousirtasen l'histoire. Ceux de ces tombeaux que M. Davies a dcrits sont au nombre de 102, plus ou moins ruins'. La plupart
litains et
:
aucun qui n'ait eu souffrir des cherchc^irs de trsors ou des marchands d'antiquits. Le peu qui en avait t publi jusqu' prsent se trouve dans les Denkmler de Lepsius et dans les Monuments de Prisse d'Avenues; toutefois des portions considtrent jadis des inscriptions,
il
n'y en a
Hay, de Wilkinson et de Nestor Lhte. M. Dacomplt ses copies au moyen des copies antrieures; les seuls documents qui lui aient chapp sont
indits de
vies a
ceux que Nestor Lhte avait rapports, et cela est fcheux, car il aurait pu complter et corriger leur aide les textes mdiocrement reproduits par Lepsius. Son ouvrage, tout en nous donnant plus (ju'on ne voit actuellement sur la muraille, ne nous fournit donc pas tout ce qu'il tait possible de savoir sur les hypoges de Sheikh-Sad.
la
reproduction,
la
descrip-
N. de G. Davies,
77u'
Memoirof
Londres,
iu-l",
xn-46
p. et 34 pi.
BERSHH ET SHEIKH-SAD
207
ait
d vivre vers la fin de la V" dynastie. Il exerdans le nome du Liore, c'est--dire dans la principaut d'Hermopolis, des fonctions varies, dont la signifin'est pas encore aussi clairement tablie qu'on le
cation
un seigneur
avait un
fief
lui,
comme le
prouve son
litre
de
^ Haqou-Hait,
rgent du chteau,
mais ce fief n'tait pas le nome entier d'Hermopolis, car, en ce cas, nous rencontrerions parmi son protocole la mention des hauts sacerdoces hermopolitainset le titre
t^ ^^
Il
Grand Seigneur du
avait
l'autorit administrative et le
pouvoir
titres
les
de
K-
\J
Mirou
rescrits, et
de Jjr'Sainou-to, conduc-
du pays
!^
il
tait enfin
veaux,
j?
reprsente cette
Mirou nouitou maoutou, mais que charge ? Il peut en tre de ces Domaines
C/i~
nouveaux
teauneuf,
Neuchatel, et ainsi de suite, qui furent neuJU il y a longtemps et qui ont gard dans leur vieillesse le brevet de nouveaut c{ui leur fut dcern au moment de leur fondation ou de leur agrandissement. Ces domaines neufs se trouvaient, autant que
Villeneuve,
Neuville,
nous pouvons en juger jusqu' prsent, dans les trois ou la Moyenne Egypte, ceux du
du Chacal,
et certains indices
me
du
Nil,
mme
du
Le
proche de
la raser, et
tantt
s'en loigne
quel-
208
BERSHH ET SHEIKH-SAD
ques mtres peine de terre cultivable ou des bandes qui peuvent atteindre plus d'un kilomtre de largeur. J'ai eu l'occasion dindiquer que, vers la XIP dynastie, il ne passait pas au pied mme de la colline de Bni-Hassan, mais qu'il avait son lit beaucoup plus loin vers l'ouest qu'il ne l'a aujourd'hui, si bien que la principaut de Khnoumliotpou devait occuper la moiti environ du nome de la Gazelle. Il m'est venu l'esprit que la cration des domaines nouveaux devait rpondre un fait de ce genre un changement de cours du fleuve ayant amen la rive droite, de Mellaou Minih et au del, des terrains qui jusqu'alors avaient t sur la rive gauche, ces terrains constiturent ce qu'on appela les domaines nouveaux dans chacun des nomes intresss on s'expliquerait alors pourquoi le titre .' Administrateur
: :
si
cette expli-
Ouririni remplissait dans le nome du Livre la charge exprime par ce titre, mais il n'tait pas lui-mme le prince du Livre. Il ne semble pas que son pre Sarfouka l'ait t plus que lui. Sarfouka tait simplement administrateur de chteaux, guide du pays, administrateur des domaines nouveaux, Chef des rescrits, et prtre des deux
Khops etOusirkaf; il lait de plus administrateur des nomes de la Moyenne Egypte et du Sud, ce qui semble lui
rois
assigner, en outre
royales. Je
me
suis
de ses dignits fodales, des fonctions demand si nous n'aurions pas alaire
le
compta du
possdaient
l'Egypte entire, et il fallait bien qu'ils eussent des officiers spciaux pour administrer ces domaines dans chaque nome Sarfouka et Ouririni auraient t les baillis du roi dans le
:
nome du
de Khounas, on voit
les esclaves
royaux
BERSHKH ET SHEIKH-SAD
209
Un
Hape.
teau
Le premier d'entre eux, Marou, est rgent du chde Teti et du chteau de Papi I", ce qui nous oblige
le
l'a
comme
on
vu, et peut-tre sous les successeurs de ce Pharaon, c'est, d'aprs ce que nous connaissons de l'histoire de cette poque,
de soixante quatre-vingts annes d'intervalle qu'il convient d'admettre entre Ouriiini et Marou. Appartenaient-ils
la
mme
famille, et
petit-fils d'Ouririni ?
eux-mmes semblent avoir suppos qu'il en tait ainsi; lorque les princes du Livre de la XP dynastie restaurrent
les
ils
les
considrrent tous
par consquent, appartenant vraiment la mme famille. De toute manire, il semble que Marou ait eu plus d'autorit qu'Ouet,
comme comme
aux titres de ce dernier, il en joint d'autres assez ceux d'homme au collier du roi, d'ami unique, d'homme au rouleau en chef, de Samou primat de la garderobe, et ainsi de suite. La faveur royale s'tait rpandue sur lui, aussi ne devons-nous pas nous tonner de voir son fils Ouou promu enfin la dignit de Grand Chef du nome du Livre. Ce fils dut vivre sous Papi P"* et sous ses deux successeurs Mtsouphis P'' et Papi II, bien qu'on ne rencontre actuellement aucun cartouche royal dans ce qui subririni, car,
relevs,
siste
Il
est
au
collier
du
roi,
homme homme au
GrandChef du Livre; en d'autres termes, il est prince d'Hermopolis. Toutefois une chose frappe, quand l'on compare ce protocole avec celui des princes d'Hermopolis du premier
BiBL. GYPT. T. XXVIII.
14
210
BF.RSHH ET SHF.IKH-SAD
titres religieux qui faisaient
de ces derniers les chefs des religions liermopolitaines. Il semble bien, et c'est l une conclusion qu'on pourrait tirer de l'tude des autres tombeaux contemporains de la Moyenne Egypte, que la fodalit de cet ge intermdiaire n'avait pas encore la plnitude de pouvoir que nous reconnaissons celle du premier empire Thbain. La royaut gyptienne tait trop forte sous la VI dynastie pour permettre aux
seigneurs une autorit trs tendue
n'tait pas encore l'apanage
:
le
sacerdoce de Thot
comme
leurs voisins, que les chefs pour le roi d'une des grandes
Les autres tombes de la mme poque nous montrent d'ailleurs ct de lui des personnages moindres, mais dont l'influence ne devait pas laisser de limiter quelque peu la sienne, ainsi ce Tetianoukhou surnomm Iinouths, qui tait Administrateur des domaines nouveaux et rgent du chteau de Papi, c'est--dire, probablement, chef de la partie du nome Ilermopolitain situe sur la rive orientale du Nil.
Tel> sont les personnages.
nastie.
VP
dy-
Ce sont
les
en jeu par
conduisent
mutil et
si
le
est fort
les
la
les
tombeaux memphites.
on distingue quelques
je n(; vois
pas bien
quel
oljjet,
lui dit
Ma-k
eh
toi
passe-moi
BERSHH ET SHEIKH-SAD
cela
!
211
(pi.
X).
Au tombeau
naient
des hynes
changeaient des discours Fais-la marcher ? o Fais marcher l'hyne dont une partie a t copie peu clairement par M. Davies et est inintelhgible (pi. XX). Ce sont
))
!
des cas trs rares, et l'on peut dire ds prsent que la dcoration de ces tombeaux n'ajoutera pas grand chose ce que nous savions dj de ces formules anciennes. M. Davies a traduit peu prs tout ce qui tait traduisible et d'une
l
faon exacte
lui a
le
plus souvent.
c'est le sens
chapp,
la
sions religieuses,
mme
nuance. Ainsi Tetianoukhou parle sur sa stle des Khouou akj^ou natiou ma khrinoutir rakiiouou kliaitou, ce que M. Davies rend the excellent Spirits who are in
))
ment
the underworld,
of things
La
traduction exacte instruits, savants pour le terme \\ "^ akrou, quand mme elle n'aurait pas t propose depuis
longtemps, tait suggre nettement par la glose rare que le rdacteur a ajoute au texte ordinaire: rakhouou kliaitou, ceux qui savent tes choses. Les khouou akrou sont les
lumineux instruits de ce qu'il y a dans l'autre monde et des gestes ainsi que des formules, ncessaires pour en parcourir les voies sans risquer d'tre emprisonn ou tu par les
ennemis.
L'excution matrielle de l'ouvrage est fort bonne, bien que l'abondance des traits coups que M. Davies a employs pour marquer les mutilations des originaux fasse papilloter
les
planches sous les yeux. Les plans sont dresss avec grand soin, et ce qui reste de l'ornementation a t recueilli
compltement que possible. Les tombeaux de SheikhSad ont rendu sous le crayon habile de M. Davies tout ce qu'ils pouvaient rendre encore.
aussi
I'
la
t publis et comments en partie par Pleyte, en 1868. L'ouvrage a rendu bon service en son temps, mais les progrs de l'gyptologie ont t si rapides depuis lors, que beaucoup des donnes qu'il renferme ne peuvent plus tre considres comme exactes. M. Spiegelberg a repris les manuscrits dj examins par Pleyte; il y a joint d'autres fragments qui taient indits pour la plupart, et il a donn
du
La
et je
faon dont
M. Spiegelberg
a entendu la publication
science,
ne puis que l'approuver entirement, bien que je l'aie entendu critiquer de divers cts. Une partie des originaux a t reproduite en phototypie, d'aprs les belles photographies de Chassinat (pi. II-VI), d'autres ont t facsimils et autographis avec soin par l'auteur mme, d'autres ont t transcrits par lui en caractres hiroglyphiques. Certains auraient prfr que le tout nous et t donn en phototypie
d'aprs des photographies des originaux
:
j'estime pour
mon
compte
1.
qu'il
Publi dans
2.
W.
Spiegelberg,
81-83.
I,
viii-100 p. et
-4",
Strasbourg,
K.
J.
TrCibuer, 1896.
214
employer ce procd. L'ouvrage, qui est dj assez coteux, aurait doubl de prix et serait devenu inaccessible la plu-
ils
auraient eu.
il
constater que
M. Spiegelberg
fort
bien
le
gure dsirer. Les planches en phototypie permettent de juger ce qu'est l'criture des documents et d'en dterminer les particularits principales pour le reste, une simple copie en bons hiroglyphes suffit largement. Je voudrais que
;
gyptologues prissent conliancc en eux-mmes et en leurs confrres, et qu'ils se dcidassent carter les facsimils ruineux de toutes les publications qui ne les exigent pas expressment. Les hellnistes se contentent pour l'usage
les
que
le
Muse
de Berlin dite, et
borateurs
ils
ils
Wilcken
et ses colla-
peuvent
avoir ainsi
qui leur coterait vingt fois plus peut-tre si c'tait en phototypie. J'ai la mme confiance dans les transcriptions que
publient
des gyptologues
qui
ont
fait
leurs
preuves,
comme
Erman ou
comme
quelques fautes qu'ils peuvent laisser chapper par distraction, dans une longue transcription, ne sont pas plus de nature fausser l'intelligence des originaux que celles qu'on a releves dans les copies de documents grecs dont je viens de
parler.
^L Spiegelberg
il
Papyrus Rollin;
les a dcrits avec soin, il a relev les dates qu'ils portent et il a indiqu les principaux caractres de l'criture, puis il a traduit les comptes qu'ils renferment, et il a expliqu autant que
nous rvlent. Ils sont dats des ans 11 et 111 du rgne de Sti 1", pour la plupart du moins; un certain nombre d'entre eux ne portent que des mentions de mois .sans annes, et peuvent tre (luehiiie peu postrieurs. Ce sont des registres d'entre ou de sortie, o Ton consigne
p(..ssil)l(
215
par exemple les quantits de farine livres aux boulangers de la cour, dans lepalais d'Akhpirkeri Memphis, enTanlI de Sti, pendant onze mois (p. 10-15), ou l'inventaire de bois
pars en dpts dans
les
(p. 20-23),
avec
le
nom
le chiffre
des
bien fait;
satisfaisant.
moins
abondant commentaire archologique est non J'ai seulement not au passage quelques
trs
M. Spiegelberg signale avec jusque peut prsenter pour la chronologie de l'poque la mention, en l'an II de Sti I*", du prince de Koush, Sitaou. Il remarque ensuite qu'on retrouve un Sitaou ayant le mme titre dans un document de l'an XXXVIII de
inadvertances. Ainsi p. 67,
tesse l'importance
Ramss
))
II; "
qui nous soit connue de Sti par les inscriptions est celle
de
l'an
XXVII.
deux personnes nommes, nous obtenons le chiffrede63ans pour la moindre dure de la vice-royaut de Sitaou. Si l'on songe que Ramss II rgna 67 ans, on ne pourra pas rejeter entirement l'identit des deux Sitaou. La date de Tan XXV^II que Spiegelberg assigne Sti P"^ probablement
I)
d'aprs
Wiedemann
t.
partient au dernier
Ramss de
:
XX
dynastie (Mariette,
Abydos,
LXIl) le raisonnement qui s'appuyait sur elle devient donc caduc, et les difficults que l'identification des deux Sitaou semblait prsenter tombent du mme coup. Ce sont l des erreurs comme il est impossible qu'il ne s'en trouve pas dans des mmoires un peu dvelopps. L'ouvrage se termine par deux appendices assez importants. Le premier contient une liste aussi complte que possible
II,
pi.
des
les
noms de bateaux qu'on a dcouverts jusqu' prsent sur monuments du Nouvel Empire Thbain. Dans le second,
cotaient un certain
M. Spiegelberg a dress un tableau provisoire des prix que nombre des objets les plus ncessaires
216
XXP
:
dynastie, dans le
Thbain ou dans Thbes mme il ajoute un certain bre de donnes celles que Chabas avait runies, il y a une vingtaine d'annes environ. L'ouvrage se termine par un index des noms propres et des mots discuts dans le commentaire.
nome nom-
Les documents tudis, sans compter parmi les plus inTgypte nous a rendus, sont de grande utilit pour reconstituer certaines parties de la vie domestique et de l'administration pharaonique. M. Spiegelberg a entrepris d'examiner et de publier l'un aprs l'autre un certain nombre de ceux qui se trouvent dans les muses ou entre les mains des particuliers. Le mmoire dont je viens d'indiquer en gros le contenu nous donne une ide avantageuse de ce que sera l'ensemble de la publiaition. S'il y a des points sur lesquels on pourrait diffrer d'avis
tressants de ceux que
avec
sont
lui
somme
ce qu'on a fait de
annes.
BALLAS ET NAGADH
l'hiver de 1894-1895, M. Ptrie entreprit de fouiller portion de la chane Libyque qui s'tend de Ballas Nagadh '.M. Quibell et lui s'tablirent dans cette rgion,
Dans
la
lui
au sud et M. Quibell dans le nord, sauf s'aider mutuellement lorsque le cas l'exigeait, ou rclamer le concours des gens de bonne volont que le progrs d'un voyage sur le Nil amenait porte. Ils russirent ainsi dblayer les ruines d'une petite ville antique, consacre au dieu SitNoubti, et de ses temples, puis explorer divers grands
intactes
cimetires et vider plusieurs milliers de tombes encore pour la plupart. Une moindre partie des objets est
demeure en Egypte et doit se trouver au Muse de Gizh la masse principale en a t emporte en Europe et distribue aux muses d'Angleterre, d'Amrique ou d'Allemagne. Le volume qui vient de paratre contient, avec le plan des champs
;
de
des planches sur lesquelles les armes, les vases, les outils, les parures, les crnes sont reproduits fidlement, le rcit des oprations, enfin l'exposition des consquences
fouille,
que M. Ptrie et ses collaborateurs croient pouvoir dduire de leurs dcouvertes. Les cinq premiers chapitres sont rservs l'uvre de
Publi dans la Revue critique, 1897,
Petrie-Quibell,
J.
1.
t.
XLIII,
p.
112-123; tirage
Le Puy, Marchessou.
and
Nagada and Ballas, by W. M. Flinders Ptrie E. Quibell, with Chapters by F. C. G. Spurrel, in-4", x-79 p. et
pi.,
LXXXVI
218
BALLAS ET NAGADH
et ils ont t rdigs
M. Quibell
par
lui.
Une faon de
village
le bourg moderne d'ed-Dir, fut le premier site attaqu. 11 ne dut pas durer trs longtemps le lit de dbris n'y dpasse jamais deux pieds d'paisseur et il se rduit souvent cinq ou six centimtres. Les habitants en taient fort pauvres, car leurs maisons taient
:
poses sur
le sol sans fondations srieuses, et les matriaux en ont disparu. et l, on trouva du charbon de bois pur ou mlang avec du fumier de mouton pour servir de combustible des cavits creuses peu profondment renfermaient encore des objets mobiliers, marteaux ou poids en pierre, molettes broyer le grain et battre le cuir, ron;
delles
filer.
La
lourde, peine
de
la
poterie gyptienne
commune
fine,
un fragment de quartz deux vases en albtre tranchent sur l'ensemble. Les en:
et
comme
trois
Kahoun
eux-mmes
remplissaient
la cavit, et c'est
tout au plus
si
deux ou
vases de terre rouge y ont place cot d'eux. Plus tard, quand le village fut abandonn, on y enterra les gens du
voisinage. Les chambres sont un mtre environ sous la
surface, troites,
basses,
votes,
maonnes en briques
squelette y est tendu dans toute sa longueur, mais les chairs n'avaient pas t momifies et elles se sont
crues.
Le
consumes
nastie,
la XIP dyuns jaune sale, les autres rouge terne, et disposs le plus souvent autour de la tte, rarement aux pieds^ des colliers de disques blancs en coquille d'uf d'autruche, de rondelles d'mail bleu ou de cornaline, une fois seulement un scarabe, encore n'a-t-il pas d'inscription. Un peu au sud de la leve qui enferme le
:
on y ramasse
le
mobilier courant de
faits
au tour,
les
bassin
BALLAS ET NAGADH
vais
tat et de la vais:^elle hideuse. D'autres
219
tombes plus
la
;
petites contenaient des corps demi replis dans tion de ceux que M. Ptrie a signals Midoum
posi-
Taspect de la poterie les rattache la IV dynastie. Une assez forte proportion de mastabas datant probablement de la mme poque avaient t dmolis et appropris, vers la XIP dynastie, aux besoins d'une population trangre. On descend aux caveaux par un escalier taill rudement dans le roc quelquefois une ciste en poterie rouge avait reu le corps,
:
de 60 70 centimtres en diamtre, pose indiffremment bouche en bas ou bouche en haut. Les objets d'origine gyptienne se mlent aux objets d'origine trangre, les premiers provenant probablement des premiers propritaires, mais la disposition des corps montre que les propritaires actuels avaient appartenu une population non gyptienne. 11 n'est pas ais d'indiquer ici les particularits de ce
genre de spulture, car il faudrait des dessins pour expliquer le texte voici pourtant quelques-uns des traits qui les caractrisent. Et d'abord le corps nu, non momifi, tait dpos tantt sur le sol mme du tombeau, tantt sur une
;
natte, sur
une peau de bte, ou sur une toison une partie des os, mme la tte, manque dans beaucoup de cas. A ct de la tte, on trouve toujours au moins une palette d'ardoise, taille en losange ou prsentant la forme d'une bte,
;
elle servait
prparer
le
l'accompagne d'ordinaire, avec des peignes, des spatules, des pingles cheveux, des perles de colliers. Les pingles et les peignes sont en bois ou en ivoire, les perles en pierre ou en terre maille, en cornaline, en statite, en serpentine, en albtre, en hmatite, mme en or ou en argent. Les vases en pierre ont les poignes perces horizontalement, un pied plat, petit, rduit des dimensions si exigus qu'il ne peut servir dans bien des
cas.
La
220
le la
BALLAS ET NAGADH
main, bien que
;
les
tour
elle
croix,
un croissant, un scorpion,
la
moment
aux anses ondes, renfermaient les uns du limon, les autres une graisse d'odeur aromatique beaucoup d'entre eux avaient t mouls et cuits dans de vritables paniers en osier, dont le tissu a produit la surface une dcoration en treillis assez primitif. La poterie noire et rouge, identique celle dont j'ai trouv des spciD'autres vases plus
fins,
:
mens
El-Khozam ds
la
YP
:
XI" dynastie,
est
de beau-
le corps du vase est d'un beau coup la plus nombreuse rouge liss et poli, et le pourtour de la bouche est d'un noir intense, plus luisant encore que le rouj^^e. Une srie trs
dans cette numration; j'ajouterai seulement qu'on a remarqu plusieurs reprises des statuettes en terre de femmes aux cuisses normes, atteintes de statopygie comme la princesse de Pouanit, au temps de la reine Htshopsitou. Une lampe en terre, quelques outils en cuivre, des pions jouer en calcaire, en os, en silex, des bracelets en ivoire et en coquillages, servaient la parure et l'amusement des morts. ^L Quibell. rsumant tous les faits observs i)ar lui,
dclare (|ue les cimetires explors prs de Ballas abritaient
les restes
la
population indi-
gne, arrive en Mgypte aprs la VI dynastie, et qui y aurait fleuri encore pendant la dure du premier empire
Thbain, sous
la
XIP
BALLAS ET NAGADH
par un fellah, nous a rendu
plus obscurs
221
le prnom d'un des souverains de la XIIP dynastie, ce Thoutii dont M. Erman avait reconnu l'existence d'aprs un monument du Muse de Berlin il faut le placer non loin sans doute de l'Horou-Aoutouabri, dont M. de Morgan a retrouv la tombe Dahshour. Les chapitres suivants sont l'uvre de M. Ptrie et ils traitent des fouilles qu'il a excutes lui-mme au nord de
les
Nagadh.
fond n'en diffre pas sensiblement de ce qui vient d'tre dit, je n'insisterai point sur la description des tombes ou sur le dnombrement des objets qu'on
le
Comme
y rcolte je crois pourtant qu'il n'est pas inutile de noter en passant certains dtails qui compltent les renseignements fournis par M. Quibell sur le mode d'enterrement. Ce
:
qui
le
genoux sont toujours plies extrmement et ils forment avec la cuisse un angle de 45" les cuisses de leur ct sont angle droit avec le buste, ou sont releves de manire toucher presque les coudes. Les bras sont plies de mme, et les mains runies sur la face ou sur le cou. On trouve parfois les jambes ramenes en avant de telle sorte qu'elles sont devenues parallles au tronc. Il fallait un effort
du
corps. Les
et l
permettent de
dii'e
que,
cas,
on
Les corps sont orients d'ordinaire du sud au nord, couchs sur le ct gauche la face l'est, sensiblement dans la
mme
Midoum.
Ils
manquait, ou du moins elle avait t spare du cou et relgue dans un coin de la chambre dans deux cas, le corps avait t supprim et la tte seule dpose dans le caveau plus souvent, elle occupe, ct du squelette, un poste d'honneur sur une
;
;
brique, sur
de grosses pierres, sur des silex taills. L'avant-bras et les mains taient soumis au mme traite-
un
tas
222
BALLAS ET NAGADH
la tte
:
mont que
ailleurs
t ensevelis
part,
dans beaucoup de cas ils paraissent avoir et on n'en retrouve aucune trace,
on les rencontre ct du crne, ou dissmins peu prs au hasard. D'autres mutilations sont moins frquentes
;
les ctes
le
dos, le
sacrum a t dtach,
le
et
les
parses,
corps entier
dmembr compltement
fragments rangs sur le sol. Dans une des tombes, on trouva une masse d'ossements entasss au milieu de la chambre. Les bouts en avaient t briss, la moelle retire, et l'on voyait la surface des traces qui prouvaient qu'on les avait rongs comme l'aspect des lieux ne permet pas d'attribuer ces dgts un animal, M. Ptrie en conclut que parfois les cadavres taient dpecs respectueusement et mangs. Il rappelle ce propos la tradition d'aprs lacjuelle Osiris aurait interdit l'anthropophagie aux gyptiens. Je ne m'appesantis point sur ces conclusions qui ont surpris beaucoup de personnes, mais dont il est difllcile de nier la lgitimit, au moins pour le moment. 11 faut maintenant rechercher ce qu'tait cette population, tablie sur le sol de l'Egypte pendant de longues gnrations et qui diffrait pourtant si fort des gyptiens ordinaires. M. Petri(^ y reconnat une branche des Libyens, pris dans le sens le plus large du mot, c'est--dire des populations blanches, venues probablement de l'Europe, qui ont occup tout le Nord de l'Afrique ds une antifjuit trs recule, et dont les monuments ou les spultures subsistent aujourd'hui encore dans le Maghreb entier. Il retrouve chez elles les mmes coutumes que chez les habitants anonymes de ri^gypte, surtout l'usage de mutiler les morts, peut-tre d'en manger une partie. La poterie ressemble singulirement celle qui est employe chez les Kabyles c'est, dans les deux cas, le mme procd de fabrication la main sans tour, les couleurs et les motifs de dcorations sont identiques, la plupart des formes sont trs voisines l'une de
six crnes isols et
:
(.'t
BALLAS ET NAGADH
223
compare les vases de Ballas et de Nagadh ceux des dolmens algriens. On doit donc considrer les matres des tombes comme des Libyens, venus des rgions de l'Atlas
par
le
dsert et par
la
Egypte aprs
qui marque
la chane des Oasis. Ils entrrent on IV dynastie, pendant les poques troubles
le
Moyen Empire,
de
la
VP
mence la Xi'', et les sicles de leur puissancf^ correspondent probablementaux Vlh, VHP et IX^ dynasties de Manthon. Tout ce qu'on sait d'eux jusqu' prsent semble indiquer
qu'ils n'avaient point
de rapport avec
les
indignes de
la
valle
s'ils
avaient t employs
comme
soldats ou
comme
Il
violemment
les
le
Sad,
en dtruisirent ou en expulsrent
habitants, et
matres.
Somme
dernires dynasties
Memphites
et
sous les
dynasties
Hraclopolitaines.
M.
mme
temps dans
la
du
Nil,
mme
Berbres.
venus du Maghreb avec l'appui des y aurait eu, aprs Papi II, une conqute de l'Egypte par les Libyens, et les tombes dblayes par
Il
MM.
Les
la civilisation
par
M. Ptrie prouvent
murs
224
BALLAS ET NAGADH
que cette Said entre la VP et la XII*' dynastie, ou peut-on expliquer de faon plus simple sa prsence et son extension cette poque? Je crois que M. Ptrie, s'il avait interrog l'histoire moderne du pays, aurait pu nous fournir une solution tout autre. La voici, telle que me l'ont suggre mes souvenirs personnels et l'tude de la Description, et je l'exposerai en me servant autant que possible des termes mmes qu'ont employs Jomard et Du Bois-Aym.
diffrentes. Est-il pourtant ncessaire d'admettre
le
race conquit
La longue
comme
l'tendue de ses frontires, par des de Bdouins presque sans ressources. On les voit rder autour de l'Egypte, comme des animaux affams autour d'une riche proie tantt ils tchent, par des traits avec les
tribus
))
:
la
permission de s'tails
fertiles
tantt
y pntrent
main arme, enlvent les troupeaux, les moissons, et se retirent promptement dans leurs dserts... Toutes leurs
guerres avec l'Egypte se terminent assez ordinairement
leur avantage,
et
les
souverains de ce pays
dsert.
finissent
))
)>
t)
Les Bdouins, de leur ct, les campagnes, souvent mme payer une redevance pour les terres qu'on leur cde (t. XII, p. 330-332). Beaucoup de tribus parties du Nord de l'Afrique sont venues s'tablir dans l'Egypte moyenne depuis environ un sicle. Ces Arabes ont acquis
fertiles sur la limite
du
))
les terres
de plusieurs villages, et
les font cultiver...
la
ils les
cultivent ou plus
souvent
il
De
tente
;...
les autres
vivement sur
le
les
en-
vironnent.
Le sang arabe
s'est si
BALLAS KT NAGADH
))
225
familles sans
traits d'avec
;)
aucun mlange, qu'on ne peut discerner leurs ceux des Arabes guerriers, et ds qu'ils sont
le
))
cheval et endossent
les
bar nous,
il
n'y a plus
moyen de
que des
')
reconnatre
;
(p.
370j...
Les hameaux
qu'ils habitent
))
commodes
et bien construites
))
Tous
les
))
Comme
ils
croient con-
commander
Bdouin au dsert, son attachement aux coutumes de sa race ils sont peu religieux, leurs femmes ne se voilent pas ou se voilent peine, leur mobilier et leur outillage sont des plus primitifs, sauf leurs armes qu'ils tiennent avoir le plus perfectionnes possible. Quand on pntre chez certains d'entre eux^ on croit retourner de plusieurs sicles en
;
arrire.
tien, partie
Voil donc une population vivant sur le territoire gypdans des villages mal construits, qui se tient
l'cart
du
tait,
comme
la
moderne, borde de tribus bdouines qui cherchaient empiter sur elle, pour les mmes raisons et de la mme manire que les Bdouins d'aujourd'hui. Tout son flanc ouest tait expos aux incursions des Libyens de race berbre, qu'on trouve tablis dans la Grande Oasis, ds la VP dynastie, sous leur nom de Timihou depuis la mer jusqu'au del de la premire cataracte, ils la pressaient, et leurs avant- postes avaient la mme tendance pntrer dans la valle qu'on remarque maintenant chez les Bdouins de langue arabe quileur ont succd. Sous la XP dynastie, un Antouf attribuait ses chiens des noms berbres; et il nous apprend par l du coup, avec la nationalit des peuples du d:
BlBL.
GVPT.
1.
XXVIII.
15
^26
sert, les
ir\LL\S KT
XAGVDKH
le fellah
On remarquera que
de
la
le la
Midoum
le
et
dans
long de
la
premire cataracte, et c'est cette confirm M. Ptrie dans l'opinion qu'il avait sous les yeux de vrais Libyens. On voit prsent quelle est mon ide, et en quoi elle diffre de celle de M. Ptrie. Ses Libyens lui sont des conqurants venus une poque dtermine, et qui se seraient empars par une guerre ou par une srie de guerres heureuses de la
la
montagne d'Abydos
disposition
mme
qui
les indi-
approprier, refouls
pense recevrait une autorit nouvelle des notions conle livre de M. de Morgan sur L'Age de la Pierre et les Mtaux en Egypte, si le parti-pris vident avec lequel
tenues dans
l'auteur carte ou tait tous les faits contraires sa thorie
ma
n'en rendait l'usage diflicile. Considrant pourtant que beaucoup des objets attribus par M. de Morgan aux poques antrieures l'histoire sont semblables ceux que M. Ptrie et moi nous avons trouvs associs des monuments gyptiens des VI'^-XP dynasties, et qu'ils proviennent des
localits, je
mmes
ces
Libyens une
des fouilles
pendant, pour
BALLAS ET NAGADH
srieuses aient t faites dans ces endroits par
2^7
un observa-
les trangers exercrent sur les de Nagadch, entre les Papi et les Antouf, a paru M. Ptrie ne pouvoir s'expliquer que par la conqute. Ici encore, l'examen de ce qu'tait la condition des Bdouins au commencement de notre sicle nous auto-
))
comme
inutile.
De
pareils voi-
))
))
sins sont un flau pour les Jellh. Ils empitent continuellement sur les terres de ces derniers, tantt sous le prtexte que le Nil a enlev une partie de leurs terres et qu'ils doivent les reprendre sur l'autre rive du fleuve, tantt en faisant valoir de prtendus droits anciens, qui remonteraient ( les en croire) jusqu' dix gnrations enfin, quand aucun prtexte ne peut les favoriser, ils montent cheval et s'emparent main arme des terres qui leur conviennent. Il n'y a pas d'exemple que de paet si quelque reilles tentatives aient manqu de succs
; ;
))
paye bien cher. Pour soutenir leurs prtentions, ils ont l'avantage d'tre beaucoup mieux arms que le reste des habitants. Aussi,
il
le
))
dans leur voisinage, on vit sans cesse dans la crainte, et les villages se dpeuplent insensiblement {Description, Il n'existe pas de village arabe qui t. XII, p. 270-271).
eux
la
les
et
amis
il
succombe
tt
ou tard, et
de fuir avec une bonne partie une lieue du champ de bataille, et s'tablissent sur les terres des/ellh, ou par force ouverte, quand les vaincus sont encore plus forts qu'il ne faut pour l'emporter sur ceux-ci; ou par insinuatien et en promettant de vaincre leurs adversaires et de
famille
du tu
des habitants...
se portent
ddommager
les fell h
par
les terres
dont
ils
s'emparent.
2?8
HALLAS ET NAGADH
))
D'anne en anne on voit l'Egypte se remplir de ces que des amas de cabanes, sans
et qui se distinguent par le
aucun palmier,
arabe qui
d'iiui.
nom ducheykh
))
(p. 272-273). Il y a peu d'iles de quelque importance qui ne leur appartiennent aujour-
les a
fonds
))
il
))
')
))
Les villages arabes (situs sur la rive droite) jouissent aussi de presque tout le sol immdiatement adjacent la rice gauche, acquis sans doute au mme titre que les les ces possessions s'tendent un quart de lieu dans les terres... On voit ainsi progressivement leurs proprits s'accrotre en Egypte; et je ne doute pas qu'ils ne s'emparent insensiblement de la plus grande partie du territoire, si le gouvernement' ne met un terme aux invasions et n'tablit pas de lois fixes pour les limites Une tribu arabe qui n'a que queldes terres (p. 274). ques terres en proprit ou titre de loyer, s'arroge pourtant de l'influence et une sorte de domination dans un arrondissement qui est beaucoup plus grand que ces m.mes terres, et cet arrondissement est dtermin et
;
Une
tribu ne
des autres
rgle
la
c'est
Il
les limites
de leur
1. n J'entends ici par f/oiurrnrnicnt, les matres de l'Egypte, gouvernant suivant les institutions du pays, comme en ont agi les Franais pendant lexpudilion et lomme en agissent les Mainlouks eux-
mmes.
BALLAS ET NAGADH
))
229
terre,
))
))
ont
exclusivement tous
dit des
les autres
295).
Ce que Jomard
en consultant
Bdouins de
le
la
Moyenne
Egypte
tait vrai
l'on verra,
tribus',
position considrable
Le
mauvais gouvernement des Mamelouks avait favoris leur extension et les avait rendus prpondrants, sans conqute, dans plusieurs provinces; puis Mohammed Ali et ses successeurs les rduisirent l'obissance, sans les assimiler pourtant au reste de la population. N'est-ce pas l ce qui s'est pass plus d'une fois dans l'Egypte ancienne, et qui explique les faits recueillis si scrupuleusement par M. Ptrie? Les Pharaons des VIP, VHP, IX^ X*^ dynasties, furent, de
rares exceptions, des
les
nomes arrivrent une indpendance presque complte, comme les beys mamelouks sous l'autorit nominale du pacha Turc sigeant au Caire les Bdouins Libyens
seigneurs des
;
au dtriment Bdouins Arabes firent au XVIP et au XVIIP sicle de notre re. Les Thbains de la XP et de la XIP dynastie les ramenrent l'obissance, comme Mohammed-Ali et ses sucesseurs ont ramen l'obissance les Bdouins Arabes. Les vicissitudes diverses que traversrent les gens de Nagadh et de Ballas, leur insignifiance ou mme leur absence totale sous la VP dynastie, leur importance croissante aprs Papi II et leur domination sur les
la valle
des fellahs,
comme
les
la
XIP
dynastie et leur
mlange avec
les
1.
Drsrn.ptwn de
l'r/i/pfr,
t.
XVI,
p. 67-72,
1.30-137,
230
DALLAS ET NAGADH
temple plac au milieu de ce champ de fouilles a t consacr St Noubiti. La petite ville de Noubit, appele aussi Pa-noubou. tait, comme Dumichen l'a montr il de Juvnal, y a longtemps dj', l'Ombos de la Satyre distincte de l'Ombos dont les ruines se voient aujourd'hui encore Kom-Ombo. Son temple avait t bti par Thoutmopetit
Un
XV
sis I", et
Thoutmosis
Ramss
Rarass II, Mnphtah, somptueux, mais il nous a rendu un certain nombre de monuments du dieu Sit et les noms de quelques-uns de ses pontifes. M. Ptrie en publie
II,
Amnoths
III.
II
n'tait ni grand, ni
verte aurait
fouilles
:
suffi
faire
elle n'est
pourtant que
moindre de
celles
dont
M.
1.
me
borne dire
ici,
comme
et
M.
Ptrie a dcouverts,
au
et
dans
les
21-22) recon-
125-126.
LES
AU MUSE DE BERLIN^
Passakcqua dcouvrit,
hotpou.
Il
le
la
n-
lui-mme
de
la
'
recherche
:
ils
en-
ils y sont Les inscriptions du cercueil avaient t reproduites par Lepsius mais l'ensemble de la trouvaille
trrent au
Muse de
',
tait
demeur
nous fournir un exemple jusqu' prsent unique de ce qu'tait le tombeau d'un bourgeois gyptien de moyenne fortune, vers les dbuts de la premire poque
qu'elle pouvait
thbaine.
M.
en 1897,
Grabfunde des Mittleren Reichs in den Kniglic/wn /, das Grab des Mcntuliotep (forme le S" fascicule des Mittheilunr/en ans den Orient alischcn Sainmlungcn). Berlin, Spenian, 1896, in-f", p. vi-46, xiii pi. et de nombreuses vignettes intci-eales
4.
Steindorff,
Musecn su
Berlin,
dans
le texte.
Prix, 100
fr.
232
11
cercueils au fond desquels la de ct les extraits du Livre des Morts dont ils sont couverts en partie, et qui avaient t publis dj dans les ^-Elteste Texte de Lepsius il se
trois
momie
Il
laisse
de concert avec M. Scha?fer, une copie exacte qui est dpose au Muse de Berlin la disposition desgyptologues. Il n'a tudi que les courtes lgendes et les figures des objets mobiliers. Les cercueils du premier empire Thbain portent, en effet, avec les
qu'il
en a
fait,
du second type del Vl^dynastie, uniquement sur les parois de la chambre. fac-simil du trousseau et de l'quipement du
armes de bouche pour
et,
provisions
l'autre monde. Le nom de chaque objet est crit ct de l'objet lui-mme, parfois avec un chiffre qui dsigne la quantit fournie. On conoit quel intrt ces images prsentent pour le lexique et pour l'archologie. Je les avais dfinies rapidement
:
M.
Steindorff
les
tudie
lui
l'une
aprs
l'autre,
en
s'ai-
de mme poque disperss dans nos muses. Il a rapproch galement des figures les exemplaires d'un certain nombre des objets qu'on a ramasss dans les tombeaux, et il a russi dterminer de la sorte le sens et l'usage de
la
plupart d'entre eux. Je ne me sparerai de M. Steindorff que sur un ou deux points secondaires, propos des deux
queues attaches
dclare,
la
Leur forme
de
la
comme
1.
je l'ai dit
ailleurs, celle
rjueue en bois
n" 279; est un<i
p.
AU MUSE DE BERLIN
elles sont teintes
233
l'animal
le
chacal-bte
tait peint
de
Une
:
des-
cription de la
des lgendes
tait pose contre elle, de travail assez bon, et qui nous rend le portrait de Montouhotpou. Le cadavre avait un maillot de bandelettes grossires, brunies par les parfums et par l'ge un masque color perruque bleue en recouvrait le haut et un collier large [ouoskhou), aux attaches en forme de tte d'pervier, repo;
image du dfunt
Le
tout
tomba en pices
sitt
qu'on
mme
poque que je dcouvris masque, les toffes ont disparu, et l'on n'en a plus que le dessin excut par Passalacqua lui-mme la statuette seule est entre au Muse de Berlin. Un second chapitre renferme l'numration des accessoires. Un plan de la main de Passalacqua montre la place qu'ils occupaient ct du sarcophage. J'aurais aim que M. Steindorf nous donnt galement la vue de la chambre funraire que Passalacqua a mise en tte de son Catalogue, et que Prisse d'Avenues a reproduite en couleur, d'aprs les originaux, sur une planche de ses monuments on aurait compris d'un seul coup l'aspect gnral que prsente ce genre de tombeaux si peu connu. Les bateaux sont dcrits avec soin, et je suis heureux de voir que M. Steindorf y reconnat, comme je l'ai fait il y a longtemps', la flottille sur laquelle le mort accomplissait son voyage vers l'Occident, au pays des Osiriens. Il en examine soigneusement les parties, et il en montre l'usage ici encore, il s'est rencontr avec moi et il a montr que le moteur du gouvernail n'tait pas unecorde, comme on l'afirme d'ordinaire, mais une pice de bois '. Le premier bateau avait un mt mobile et
;
:
1.
2.
Etudes
rjuptieiines,
t.
I,
p. 130. p. 15.
De
234
noms
taient tracs
remorquait l'esquif funraire sur lequel la momie tait couche. Dans les tombeaux riches, les bateaux sont parfois au nombre de cinq ou six leur suite reprsente exactement le convoi du mort et ce voyage vers Abydos qui le menait aux Champs d'Ialou. Deux porteuses d'offrandes en bois peint, d'un joli travail, rappellent ces longues processions de domestiques ou de domaines qu'on
il
;
tombeaux de tout
sicle,
apportant du double
les
:
revenus
elles
sym-
deux desses surs Isis et Nephthys, qui accomplissent pour l'homme les mmes rites cliaritables qu'elles avaient clbrs pour leur frre Osiris. Enfin les provisions ne manquaient pas trois plats contenant du pain
:
les
quatre maisons du
le
monde au Nord,
listes d'ofran-
l'Ouest',
la
jambe de devant,
khopshou des
dormeur appuie sa tte, deux cannes de crmonie aussi ncessaires l-haut qu'ici-bas tout gyptien au-dessus du commun. Le volume est des plus intressants et des plus prcieux. Les vignettes intercales dans le texte sont en partie la reproduction mme des dessins de Passalacqua ou des originaux conservs au Muse de Berlin, et sont la plupart assez nettes; quelques-uns de ces directs ont le dfaut, commun l'espce, de venir trop noirs au tirage. Les planches en couleurs sont fort belles et font honneur M. Liilke (|ui
des, enfin le chevet sur lequel le
et les
les
a excutes; peut-tre
la
Les brtons df riudtrc bassins, qui sont numros parmi los objets le talisman qui lui perla
ba-
AU MUSE DE BERLIN
sant
235
par-dessus
les
tons
forts
presque imperceptible,
comme
je l'ai fait
du
Caire.
Il
M.
Steindori et
volume annonc sur le cercueil de Sovk-ou ne tarde pas trop longtemps paratre.
II
M.
plit
uvre
et
il
remtemps de terminer lui-mme son n'a pu que confier ses notes ses amis de Berlin,
le texte
presque complet,
et Schiefer, la
les
des-
criptions archologiques
tion
Erman
' .
traduc-
des inscriptions Sethe, l'tude et le tableau des formes de l'alphabet Mller Le volume sorti de cette
collaboration est remarquable par la perfection de l'excution matrielle et par la
On y voit reproduits, d'une part sarcophage de Sobkou-a, publi dj par Visconti et en partie par Lepsius, d'autre part une collection de cercueils
rassembls par SteindorfE.
le
provenant de Gbln. Le sarcophage de Sobkou-a est probablement de la XII dynastie, et il a t dcouvert Thbes dans le premier tiers du XIX" sicle. Les cercueils de Gblin ont t trouvs en 1896 ou un peu auparavant, et ils appartiennent cette catgorie de style barbare dont des spcimens existaient au Muse de Boulaq, ds 1886, et ont t dcrits par Bouriant en leur temps.
Mariette avait remarqu, au dbut de ses grandes fouilles,
combien
il
est difficile
il
de classer exactement
les
monuments
de ce genre, et
1.
hsitait
G. Stcindorff, Grabfandc des MitUereii Rcichs in deiiKnujlichcn Berlin, II. Der Sarcj des Sebk-o. Ein Gvabfund ans Gebcln (forme le 9" fascicule des Mitiheilangen aus den Orientali-
Musccn ^u
Spemann,
XXII
pi-
236
la
I.RS
TOMBEAUX DU
PIiE%IER
AGE THBAIX
XP
la
et
entre
la
XVIP
dont
mon compte,
et la
XVIP.
les
s'agit
provinciales,
sans
les
pays. Les menuisiers ajustaient leurs bois, les dessinaprtres traaient leurs
tiennent
la
XI*^
ou
la
XIP
XVIP
ou
les relever
jusqu' la
VP
que je n'en serais pas tonn autrement. La plupart des dtails proprement archologiques qu'ils
il
y aurait
lieu
En premier
les
que
M. Sethe que
dsigne
ainsi qu'il
elle
rend l'pithte
le
faciliter la
lui
seconde
il
kiwii
chappe, et
le
le
langage
le
de
un
comme
lui.
Les paroles de
khou,
la
conscraviandes,
''^^ ^r>sak/iouou,
les oljjets
faisai<'nt
meubles,
mobiliers ou immobiliers,
tombeau
AU MUSE DE BERLIN
237
lui-mme, et la phrase ([ue M. Sethe avait devant lui demande au dieu ^q faire khou la syringe du fal Hounou : le mot prcis est difficile trouver dans nos langues modernes pour une ide aussi diffrente des ntres, mais on
le concept qu'il exprime est loin du sens terme herrlich. La formule laquelle j'emprunte ces deux mots est d'ailleurs l'embryon d'une prire qu'on rencontre trs dveloppe, surtout sur les stles de la XVIIP dynastie, mais qui apparat ds le premier empire Tlibain elle promet au mort que son tombeau soit khou, que ses domaines viennent lui avec des provisions, qu'il boive l'eau de son puits, qu'il descende vers son bassin de plaisance et de chasse afin de s'y promener en bateau, et cela la satisfaction de son cur. Ici les souhaits passent de ce monde-ci l'autre le mort mettra sa parole
voit
combien
le
qu'indique
))
))
sur
son sige de
l'Hads
ses
ainsi
qu'Osiris.
et il sera
juste de voix en
l'entourage
d'Osiris,
bien qu'Hathor,
la
bonne desse de
vux
la
traduction se
traduction que
M. Sethe
:
propose d'un chapitre trac vers la tte du cercueil Ich bin die Seele des Schu, die zu (oder aus?) Re geworden
))
ist.
zu recitiren.
Ich
Hhe. Ich mche fern meinen Sitz von denen, die vor mir gewesen sind'. Ich bin gross geworden, ich bin geworden ein Werden zum Nb-r-dr- und Oberhaupt des
1.
Nmlich indem
ich
plus prcise,
))
parce que je spare Nout de Sibou, le ciel de la terre et qu'en ce faisant je me spare moi-mme de la terre . 2. Ein Name fur den Sonnengott Re, den man vielleicht nicht unriclitig mit Herrn des Ailes zu bersetzen pflegt. La traduction de
est la
bonne
toutefois le titre
23S
))
(?)
dem Rauche
dieser
Lebenden
des
Nicht wird meine Seele von meinem Leichnam ferngehalten. Nicht werde icli verhindert, von dem Wasser
'
.
Nwy-Gewassers zu trinken. Ich bin ja der Sohn des wenn er lebt, so lebe ich. Le sens Will er. so thuter
'
;
en gros de chaque membre de phrase est enregistr, mais je ne crois pas qu'un lecteur ordinaire, ni mme un gyptologue peu habitu aux mythes, puissent comprendre, d'aprs la traduction allemande, la signification gnrale et le mouvement du morceau. Le scribe avait employ dans sa rdaction les deux temps principaux du verbe, le temps simple (prsent-futur) et le temps en a.vwv> n pass), mais
^L
il
il
:
pas marqu
de
mme
ich
mche
etc.,
'^
ari-N-i,
ich
comme si tous les vnements exprims par eux taient sur le mme plan, et il obtient ainsi un dveloppement hach menu par petites
mche fern\\\
^-^"^saharou-i,
phrases, qui rappelle les traductions antrieures celles de
Houg et de Chabas. En
ici
fait, le
il
sur
le
jeu de la pense et
en marque
nuances. L'me
et,
du mort proclame
prouver, elle
tence de
fait
Shou,
voulant
le
principaux de l'exis:
Shou dans
elle constate
de
la
Shou jouit, et son tmoignage suflit les lui assurer. Tous les membres de phrase o elle dclare sa condition et ses
s'applique Osiris,
roi
R.
1.
'I
liier
minii't .
2.
"
Menschen beim
dem
Name
AT:
muse de BERLIN
239
droits tant au
elle
nonce
les
au pass.
))
considrants qui justifient sa dclaration sont Moi, je suis l'me de Shou qui est produit du
Soleil, [et
par consquent]
j'ai
t produit
du
Soleil et
ma
hauteur,
[et,
ma
))
aprs qu'ainsi] je
me
grand
et [que] je suis
devenu
le
))
))
[que m'envoient]
[jamais] arrache
sans que
mon me
soit
mon
corps, ni
que
je sois
empch de
boire l'eau
le fils
je
du courant [divin], [mais, comme] moi, je suis du Dieu II fait ce qu'il veut, [tant que celui-ci] vit, vis. Pour mieux marquer l'enchanement des ides,
))
:
j'ai
mis entre parenthses l'attirail de conjonctions dont nos langues ont besoin en pareil cas tous ceux qui connaissent le thme mythologique sur lequel cette prire est btie saisiront la justesse de ma traduction. On sait par quel procd bizarre R avait tir Shou de lui-mme et l'avait solitairement engendr c'est donc tort que M. Sethe applique le nombre de phrase Yme de Shou plutt qu' Shou, et hsite tra:
^^ 3
soulevant
le
de ses bras, il en avait fait notre ciel il le soutenait, depuis lors, et, par suite, il demeurait spar de tous ceux qui
avaient t crs avant lui-mme, c'est--dire de
la terre et
de ses habitants, hommes et dieux. L'me du mort, identifie l'me de Shou, est loigne comme celle-ci du reste
de
tir
la cration, et
comme
abouet
vent Osiris
Shou
de
de
la
mme
manire que
le
240
Ce sont
les
mthode
dbattre
aborder, et se
temps n'est pas loin o il faudra demander si la nouvelle cole ne gagnele le fait
rait
par l'ancienne. L'ouvrage dont je rends compte est, somme toute, peu atteint par ces critiques, les traductions n'y
les
dans sa brivet.
11
Muse de
de ce bel
suite
DU SARCOPHAGE DE TABNITH
ROI DE SIDON'
ral
Ce sarcophage avait appartenu primitivement un gnPenphtah ou Pnphtah qui n'indique ni le nom de son
le
pre ni
nom de
donner au mort
nourriture et
la
libert dans
l'autre
monde.
AWV\A
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tiJ A/VVW\
H.
(c)
1,
242
-*^
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0.
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I
I
>
2:5nr
L'inscription grave l'intrieur sur le pourtour de la cuve est emprunte au Rituel des funrailles et se retrouve entre autres dans la pyramide du roi Tti (1. 280-281); elle expose qu'IIor accorde au dfunt la possession de son il
et diverses autres faveurs ncessaires l'existence d'outre-
DU SARCOPHAGE DE TABNITH
tombe.
Il
243
Le sarcophage lui-mme
une gaine
large, courte,
surmonte d'une figure humaine souriante, camarde, aux oreilles plates et spares du crne, au cou enfonc dans les paules, semblable de tout point aux gaines dcouvertes par Mariette Saqqarah, et conserves aujourd'hui au Muse de Boulaq'. Ces gaines ont appartenu, comme celle de Pnphtah, des membres d'une famille de gnraux o revient frquemment le nom de Tos-Takhos. Mariette les croyait contemporains des premiers Ptolmes; peut-tre pourrait-on les vieillir d'une cinquantaine d'annes et placer quelques-uns d'entre eux sous les derniers Sates ou les derniers rois perses. Il faut observer que l'un d'eux (n'' 6014 du Muse de Boulaq) avait usurp une gaine appartenant un personnage plus ancien, dont le nom et les titres avaient t remplacs par son nom et ses titres lui. On remarque le mme fait sur plusieurs des sarcophages que Mariette a laisss au fond de leurs puits, faute d'argent pour les en tirer. Il reste donc acquis au dbat qu' une poque intermdiaire entre la XXIX^ dynastie et les premiers Ptolmes, un certain nombre de sarcophages en pierre dure de fort beau travail avaient t retirs des tombeaux Memphites et taient vendre sur le march; les uns ne sortirent pas d'Egypte, les autres allrent en Phnicie comme le prouve l'exemple des cercueils de Tabnit et d'Eshmounazar. S'il s'agissait de monuments trs anciens remontant la XX^ ou seulement la
XXVP dynastie,
les
le fait
et les cercueils
violes taient
Mais
1.
ici, le
en bois ou en pierre qu'on retirait des tombes vendus couramment comme objets d'occasion. style des monuments nous empche d'admettre
60-61
Mariette, Catalogue,
n"' 8-13, p.
Maspero, Guide,
p. 10-11.
244
un laps de temps considrable entre le moment o les cercueils furent gravs et celui o on les retira de terre. La routine du vol ordinaire est suffisante expliquer la violation de tant de spultures riches Mempliis, mais l'histoire nous fournit peut-tre un moyen de tout comprendre. La conqute d'Ochus fut plus terrible et plus cruelle que ne
l'avait t celle
de Cambyse Memphis fut pille, le buf Apis tu et son temple saccag. La ncropole n'chappa point la fureur des Perses et leur cupidit les momies furent mises en pices, surtout celles des hauts officiers qui avaient tenu tte aux envahisseurs, et les sarcophages
: :
enlevs
comme
butin.
On
conoit ds lors
comment des
personnages morts depuis peu ont pu tre dpouills et comment des rois phniciens comme Tabnitou Eshmounazar, ou des gnraux gyptiens comme Tos, ont pu tre enterrs dans les sarcophages de leurs presque contemporains. Dans cette hypothse, la dynastie sidonienne de Tabnit et d'Eshmounazar ne saurait remonter plus haut que la fin de l'poque persane et le commencement de Tpoque
grecque.
LES GRAMMAIRES
D'ERMAN ET DE STEINDORFF'
Ces deux ouvrages^ forment
toire de la
comme un rudiment
les
d'his-
poques
les
Ils
les
plus
anciennes o nous puissions rcinonter par jusqu' sa fin dans les cellules des moines.
monuments
sont de plus
le
mme
:
mmes mthodes
le
les loges ou les critiques auxquels on soumettre sont les mmes de tout point, et il est naturel de les runir dans une seule apprciation. L'article ne sera pas long. Il faudrait, pour rendre un compte srieux de l'uvre commune, entrer dans une analyse minutieuse des parties et crire un vritable trait je prfre dire en quelques mots quelle en est la tendance. M. Erman a pris pour son point central de prfrence la langue de la XIP dynastie, et M. Steindorf' le dialecte thbain du copte. Ils ont group chacun, autour du type
choisi, les
et post-
de faon systmatique, en paragraphes gnralement trs courts, o la rgle gnrale a t note avec toute la clart
Publi dans la Revue critique, 1897, t. I, p. 203-205. A. Erman, jEgj/ptische Grammotik, mit Schrifttafel, Literutur, Lesestucken und Woricrcer^eichnis (t. de la Porta Linguarura
1. 2.
XV
Orient alin m), Berlin, Reuther-Reichard, 1894, in-12, xv-200-70* p. et G. Steindorf, Koplisclie Gruinmatik, mil C/irestomathie, Wrtci-cergichnis
und Literotur
(t.
XIV
246
damentales ainsi indiques, et montrent ce qu'elles taient dans les temps antrieurs l'poque classique, ce qu'elles sont devenues aux temps postrieurs. C'est un livre d'enseignement o la partie du matre est amalgame celle de l'lve l'lve doit apprendre littralement les paragraphes principaux, ceux-l surtout qui sont marqus d'un astrisque, et les autres sont comme la notation stnographique des
:
commentaires que le matre fait sur les premiers. Je n'ai pas employ le livre de M. Erman directement dans mes cours de l'cole des Hautes tudes, le plan que je suis d'ordinaire diffrant notablement de celui qu'il a adopt, mais j'ai souvent eu l'occasion d'y renvoyer mes auditeurs et d'en lire certaines pages pour texte de mes dveloppements je lai toujours trouv trs plein de pense, trs ferme et trs clair d'expression. Peut-trecertainesdes formu:
une continuit d'attention qu'on ne saurait exiger de tout le monde; je ne suis plus certain toutefois que ce dfaut soit
aussi rel que je l'avais pens d'abord.
Le public des
leons
d'gyptologiene se ressemble pas en Allemagne eten France. L-bas, M. Erman a surtout des auditeurs qui ont reu dj une ducation philologique assez tendue, et qui suivent
en
mme temps
Ici,
j'ai
surtout des lves dont la vocation s'est veille par un coup de hasard, sans que rien les et prpars ce genre
d'tude, et quim'arrivent le plus souvent sans ducation phi-
lologique pralable;
il
faut recourir
frquemment des
mthodes empiriques pour ne pas les rebuter, et leur exposer longuement, propos de l'gyptien, des ides ou des qu'ils auraient du apprendre ailleurs. faits gnraux libre de toute proccupation de ce ct, oblig Erman, M. du reste d'enfermer son sujet dans un cadre restreint, a pu serrer .sa pense autant qu'il l'a voulu et lui donner une
247
rigueur presque algbrique, sans cesser pour cela de faire ce qui est pour son auditoire un cours lmentaire.
Ce que
je
viens de dire de la
:
celle de Steindorf
c'y est la
mme
brivet prgnante
et systmatique. L'ide qu'au fond l'gyptien appartient au groupe des langues smitiques prdomine chez Tun comme
ont jet la matire gyptienne dans un souvent que le moule smitique peine modifi. Il me semble bien que l'gyptien a quelque chose de plus libre, de plus fluide, et que ce n'est point sans faire violence sa nature qu'il prend des contours grammaticaux aussi arrts et aussi secs. Je crois que sur bien des points, mais surtout en ce qui concerne la phontique et ses applications, il faudra beaucoup y rformer peut-tre aussi le dpart n'est-il pas assez net entre les formes qui appartiennent aux paradigmes verbaux et celles qui sont de la syntaxe pure. Il y aura l matire longues discussions entre
chez l'autre, et
ils
moule qui
n'est
gens du mtier, mais ce sont l questions rgler entre gyptologues dans des recueils spciaux. Je prfre dire ici que l'uvre de MM. Erman et Steindorf est des plus
mritantes, la plus srieuse
domaine depuis
la
lois
Clirestomatliie
La plupart des
la
ait tente dans notre gyptienne de Roug. dcouvertes depuis un quart de sicle
qu'on
tien sans
mler aux
faits certains
ciable de conjectures.
la part
MM. Erman
de l'hypothse au minimum, et leurs deux grammaires ont bonne chance de demeurer longtemps encore des livres classiques pour l'tude de l'gyptien.
LES PLANTES
DANS L'ANTIQUIT ET AU MOYEN AGE'
sauvage dans les ou les conqurir ds le dbut il tira sa nourriture des unes, il en appliqua d'autres son habillement, et, mme parmi celles qui semblaient tre inutiles ou dangereuses, il en discerna qui servirent aux manipulations des sciences et de l'industrie ou l'ornement des jardins. A considrer leurs allures
l'humanit'.
les
L'homme,
:
trouvant
l'tat
pays
et leurs murs, elles lui apparurent comme des tres imbus d'une vie analogue la sienne et celle des dieux,
dous d'me, susceptibles d'action ou de parole, capables l'occasion d'annoncer l'avenir par les mouvements de leur tige, par la chute de leurs branches, par le flux de leur sve, par le bruissement de leurs feuilles. Ils usrent des fleurs pour le besoin du culte ou pour l'agrment des ftes, et ils les copirent dans leur architecture ils en chantrent le parfum, l'clat, la couleur, les vertus varies, ils
;
dcouvrirent un fonds inpuisable de posie dans la comparaison de leurs formes avec les formes du corps humain.
Extrait du Journal des Savants, 1897. p. 477-486. Les plantes dans l'antiquit et au nioijcn go. Histoire, usages et 1" partie Les plantes de l'Orient classique. I. Egypte, symbolisme.
1.
2.
Chalde, Assyrie, Jude, Pbnicie, par Charles Joret, professeur l'Universit d'Aix, correspondant de l'Institut. Paris, Bouillon, 1897,
in-8",
xx-504
p.
250
l' ANTIQUIT
ET AU MOYEN AGE
Le commerce,
la flore
Pyramides, et vous y terme smitique cjamhou, dans l'un des textes les plus vieux que nous connaissions la plante avait migr d'Asie aux bord du Nil avant la construction de ces monuments et elle avait emmen son nom avec elle. M. Joret n'a pas pu indiquer l'ordinaire
taines. tudiez les inscriptions des
le
verrez
le
la date,
mme
il
exist dans les principales contres de l'Orient classique avant l'invasion d'Alexandre, celles qui sont mentionnes
dans
les
uvres
littraires
ou scientifiques,
celles
dont on
monuments ou dont on
a ramass
parmi les ruines des villes et des tombeaux. Il s'est efforc de montrer, d'aprs ces renseignements de valeur ingale, quelle tait, dans l'Egypte et dans la Chalde, dans l'Assyrie, dans la Phnicie et dans la Jude, la richesse des champs, des vergers, des jardins; il a recherch les usages auxquels on employait cha(jue plante sauvage ou domestique, le rle qu'elle jouait dans les dogmes religieux ou dans les crmonies, le parti que les potes et les crivains populaires ont tire d'elle. Il a divis le tout en deux livres rservs, le premier l'Egypte seule, le second aux nations smitiques de l'Asie antrieure. Ce n'est pas sans raison que l'Egypte occupe une aussi grande place dans son ouvrage. Les monuments nous y fournissent tant de reprsentations de plantes et tant de noms, les hypoges tant d'espces de vgtaux que M. Joret aurait pu allonger de beaucoup l'tude qu'il lui a consacre sans puiser la matire. Il avait d'ailleurs, pour l'orienter dans ses recherches, les travaux de deux ou trois gnrations de savants, surtout ceux de Schweinfurth dont il a profit abondamment. Aussi cette premire partie laissc-t-clle sur l'esprit
L' ANTIQUIT
du
les
On sent que
de voir
la flore
pice, et le
A vrai dire,
il
n'tait
pas
pendant
l'agranles
moyen de
la
le
hasard de
conqute
conduisait,
ils
animaux curieux
;
et les plantes
parfois
inaccoutumes afin de les rapporter avec eux ils envoyaient une expdition au loin, rien que pour se procurer quelques espces inconnues. La reine Htshopstou arma une escadre de six vaisseaux, et les dpcha au pays des Somalis en qute des Sycomores d'encens, qui exsudaient les parfums ncessaires aux autels des dieux. L'officier Nehasi,qui la commandait, acheta trente et un de ces arbres, qui, empaquets soigneusement et munis de leur motte, rsistrent aux intempries du retour. On les accueillit avec joie et on les replanta, en partie au moins, sur les terrasses du temple que la reine se construisait dans la ncropole de Thbes, l'endroit qu'on appelle aujourd'hui Dr-el-Bahar. Il fallut leur creuser en pleine roche des fosses profondes qu'on remplit de terre vgtale ils y prosprrent, ils y grandirent, et M.Naville a retrouv dans ses fouilles la place de quelques-uns d'entre eux'. Le baumier, le grenadier, l'amandier, le citronnier et d autres encore furent introduits de la sorte au cours des sicles. Les uns ne vcurent depuis lors qu' force de soins dans leur patrie adoptive et ils en disparurent sitt qu'on cessa de s'occuper d'eux les autres s'y acclimatrent la longue et ils ne l'ont plus quitt depuis lors.
mme
1.
p. 36-37.
Les crales n'taient pas indignes, mais elles taient venues nombrede sicles avant l'histoire, le froment ordinaire, le Triticum durum Desf.. le bl poulard {Triticum turgidum L.), l'amidonnier {Triticum dicoccum Schr.), l'orge ordinaire et l'orge six n\ngs{fIordeum hexastichon L.), enfin une espco au moins d'avoine {Avena trigosa Schreb.)Faut-il joindre cette liste la dourah commune ou le sorgho sucr, le dokhn des gyptiens modernes? La dourah est originaire de l'Afrique tropicale, et
nom
j'ai cru la deviner sous le de Dirati, Dourmti, dans une lettre d'afifaires crite vers le milieu de la XIX"" dynastie Bon nombre des plantes fourragres avaient t importes, comme le froment et l'orge, une poque trs ancienne, le bcrsim {Tiifoliinn Ale.vandrinum L.), le pois gris [Pisum arvense L.), la gesse cultive {Lathyrus sativus L.), la vesce commune ( Vicia
'
nombre de
le
plantes industrielles,
le lin,
V Hibisnis cannabinus,
co-
tonnier {Gossijpiuni
munis
L.), le
Pharaons,
au moins ceux des dynasties thbaines, disposaient pour l'alimentation dos hommes ou des btes et pour l'industrie peu prs des mmes ressources que leurs successeurs actuels. La culture marachre de leur temps ne diffrait pas grandement de celle du ntre on retrouve dans les tombes presque tout ce qui se rcolte aujourd'hui, la lentille, la fve, le petit pois, le pois chiclio, le lupin {Lupinus tennis FoRSK.),la pastque, le melon, le concombre, l'oignon, l'ail. jusqu' la inrJoiihliidli {Corrhoi'as olitoi'iiiK L.), dont les fel:
1. Piipi/rits
Anastdsi
n"
IV,
pi.
XIII,
1.
12 et pi.
XVII,
I.
4.
J'avais
signal
le
passage
M.
du
253
en
friands.
Il
mme
ce
parat
de faon moins monotone que l'Egypte de nos jours. Si le sycomore, le dattier, le napca, les acacias abondent encore dans les champs et dans les jardins, VHyphne Argun Mart. s'est rfugie dans quelques
avoir t
mieux boise
et
valles
du dsert de Nubie,
la
et le
doum
s'en va.
Il
subsiste
Thbaide en quantit assez considrable pour qu'on n'ait pas craindre de le voir disparatre de sitt tant qu'il sera l, on pourra affirmer hardiment que le paysage gyptien prsente la mme physionomie qu'il avait dans l'antiquit. Les noms de beaucoup de ces vgtaux nous ont t rvls par le copte ou par les lgendes traces ct de leur figure sur les monuments, mais on relve, dans les inscriptions et dans les livres, quantit de termes qu'on est bien embarrass d'approprier l'une ou l'autre des espces connues. Les traits de mdecine, par exemple, ou les recettes de parfumerie sacre sont comme hrisss de ces mots qu'on est oblig de transcrire en caractres latins, sans pouvoir seulepourtant dans
:
ment conjecturer
ce qu'ils signifient.
Un
des principaux
les
Un Franais ne se rsignera pas aisment employer de ricin pour sa cuisine. Il conclut de son dgot que les gyptiens l'avaient en horreur c'est pour ce motif qu'on a refus longtemps de croire que le loukm, dont
;
les
ce genre d'tudes, se manire la plus contradictoire la saveur des substances qu'on soumet leur apprciation, et que Tagrable aux uns soulve l'estomac des autres si un tmoignage respectable nous prouve qu'un mot, cit dans les textes comme dsignant un fruit estim,
;
2A
le
bon
et sur le
dif
compte de menues
particularits
On
comprend aprs cela que nombre de termes restent encore sans quivalents chez nos traducteurs modernes, et qu'une partie au moins des autres n'aient que des quivalents douteux. M. Joret, qui n'est pas gyptologue de mtier, suspend son jugement dans bien des cas, non sans raison l'archologie gyptienne possde peu de champs d'tudes o l'erreur pousse aussi drue que sur celui-l, et il se passera du temps avant que la section botanique du D/c^f/o/ina/'/'e liicroglyphique soit dfinie avec quelque apparence de certitude. On n'ignore pas combien d'lments originaux la flore a
;
M. Joret
n'a pas
pu consul-
de Georges Foucard sur l'Ordre des colonnes lomais il avait lu tout ce qu'on avait crit auparavant ce sujet, et le chapitre des plantes dans l'art est aussi complet qu'il pouvait l'tre avant l'apparition de cet ouvrage remarquable. Celui qui traite des plantes dans le culte et surtout dans le dogme aurait pu tre doubl sans peine, si
M. Joret
En
o
pages
examine ce que la posie gyptienne doit au monde des vgtaux. Ce sont pour la plupart des images perdues au milieu d'un morceau un dieu, Thot, que l'on compare un doum haut de soixante coudes' , une princesse dont les
:
((
1.
I, pi.
VIII.
1.
4.
l' ANTIQUIT
ET AU MOYEN AGE
;
255
noirs comme la baie du prunellier rouge est que les grains du jaspe rouge, plus que l'en tame d'un rgime de dattes '. On cite pourtant des morceaux entiers o les arbres sont les hros mmes, s'animent, parlent entre eux ainsi ce singulier fragment o trois sycomores s'entretiennent de ce qu'ils voient dans un jardin et des rendez-vous amoureux que leur ombre abrite*. Une petite pice, malheureusement mutile, nous donne comme un avant-got des stornelli italiens. Chaque couplet y commence par un nom de plante qui allitre avec le
cheveux sont
sa joue plus
de son ne s'obtenaient gure sans une traduction. Le tout, mme priv de ces agrments, est assez joli pour que j'essaye de le rendre en franais, et de montrer par cet exemple quel genre d'inspiration la flore de l'Egypte
effets
un peu
le
fournissait
I.
j'ai le
cur
lger
'
qua.nd
je te fais ce
que
je sois
dans
ma
prire; l'il enduit de kohol, sitt que j'aperois [l'ami] dont les
yeux
le
brillent, je
toi
O mon homme,
heure
!
matre de
mon cur,
o
mon
je
C'est
une
heure de
l'ternit
je suis
monte, quand
repose avec
toi, et
mon cur
1.
Maspero, tudes gyptiennes, t. I, p. 257-258. Maspero, tudes fiypticnnes, t. I, p. 217-230. M, Joret n'a pas remarqu que ce texte est celui-l mme que Chabas avait traduit sous le titre de Conte du jardin des fleurs {Records of the Past, P' Ser.. t. VII, p. 163-599); il a cit ma traduction (p. 249) et celle de M. Chabas (p. 236), comme reprsentant deux morceaux diffrents.
2.
3.
Le pourpier
se
dit
T V\
T V\
mkham-
M^
iA>. ji-
Le verbe
allitrant est
:
T
le
^v
:
1
1
'ii('<k^*('i,
La traduction
a j'ai
cur
lger
, n'est
tienne
4.
Je
me
pse le
cur
Un membre
de phrase
illisible
dans
l'original.
236
II.
O armoises de mon frre, devant qui Ton se sent plus Moi, ta sur, la premire [de toutes], je te suis comme un jardin o l'on fait pousser des fleurs et des plantes parfumes de toutes espces, o j'ai creus un canal pour y plonger ta main, au frais de l'aquilon une place dlicieuse o promener, ta main sur ma main, le sein mu d'un doux souvenir-, le c(fur en joie d'aller ensemble C'est un sirop de grenades quand j'entends ta
grand'
!
:
te
et
que boire \
La flore de l'Asie antrieure est plus riclie du double au moins que celle de l'Egypte, et pourtant IM. Joret lui accorde un peu moins de deux cents pages. C'est qu'ici les
monuments
mme
secours qu'aux
la
bords du Nil.
l'Arabie, et la
t'ont
dfaut
la
Jude,
Phnicie,
ou l'Assyrie n'ont reprsent les arbres et les herbes qu'assez rarement. Il faut donc emprunter la plupart des renseignements aux textes seuls, et. en dehors des mots qui s'appliquent aux espces les plus communes, combien y a-t-il. dans les textes cuniformes, de termes de botaniciue dont on possde l'quivalent certain?
Chalde
mme
Comme
il
s'agit,
la
partenant pour
et linguistique,
mme
milieu ethnographique
a pu tracer une es-
M. Joreta
sommaire de
de TAsie antrieure, le fait est certain, mais peut-tre n'est-il pas prouv qu'ils proviennent des plaines du Bas Euphrate. Quand Brose afet l'orge sont originaires
Le froment
1.
Le jeu de mots
le
((
nom
:
v\
'kT'
-fdr/iuii
de
l'armoise et
2. Litt.
:
verbe
I
satou
/=
(2
mon
^-=>
,
sein se soucenant
VOi
^
p.
sakhaouiti.
3.
v\
l\
\7\
ft
(J
khail-i
i >i ^
;
21'
(j
t. I,
253-255
cf.
Ermsin,jEgypten,
p. 520-521.
257
firme qu'ils y croissaient l'tat sauvage, il ne fait que rpter une tradition agrable la vanit de ses compatriotes
:
si l'on
que ces deux crales ont t cultives pour la premire fois en Egypte, par Osiris. En fait, le seul tmoignage dont on appuie jusqu' prsent le dire de Brose est emprunt au Voyage d'Olivier il aurait rencontr l'orge, le bl et
:
le
))
Nous trouvmes,
raconte-t-il, prs
avions dj vus plusieurs fois en Msopotamie \ C'est aux bords de rEuphrat(;, faible distance d'Anali, dans un pays
))
modernes, habit par des tribus qui cultivent ces espces l'occasion dans des conditions
et
:
pareilles,
donne rcemment. Sans insister sur ce point, je me bornerai remarquer que les crales usites chez les Smites sont les mmes sensiblement que celles dont les gyptiens se servaient: le nom que le froment ordinaire porte chez les peuples primitifs de la Clvide, s hou, est identique pour la forme au soout, soou, des gyptiens, et peut-tre est-il venu aux deux ^Dcuples du plateau iranien ou des bords de la Caspienne, si c'est vraiment dans ces contres que la plante a t domestique pour la premire fois ^ En parcourant le livre de M. Joret, on ne manquera pas de consta1.
t.
Olivier,
460.
Vorjaf/e
l'gi/pie et la Perse,
III, p.
2.
ace. S/tam.
la
termi-
naison
copte
de leur fminin,
cooY T.
17
'^^58
ter
que
les
les
rap-
frquents depuis
plus reculs, et
ils
do rgularit aux poques historiques, qu'une plante utile, dcouverte et apprivoise d'un ct de l'isthme, ne devait
pas tarder tre utilise de l'autre ct ou y tre transporte, si elle n'y existait pas l'tat sauvage. Il n'y avait de
limites ces changes que celles que la temprature et le
climat imposaient. Les cdres, par exemple, dont on avait si grand besoin Memphis comme Babylone, ne russissaient pas mieux en Chalde qu'en Egypte; on put y faire crotre quelques individus isols dans les jardins, mais on n'y eut jamais les forts qui auraient t ncessaires aux architectes et aux menuisiers. Le commerce, surtout la guerre, se chargrent de les abattre et de les dbiter sur place. Les rois d'Assyrie entreprirent des expditions rien que pour aller les tailler au cur de l'Amanos, et les Pharaons dpchaient des vaisseaux au golfe d'Issus afin d'en acheter des provisions.
on a signal pourtant quelques colonnettes o l'imitation du palmier est vidente. Au contraire, la dcoration des murs, celle des vases en mtal, celle
la flore locale;
rgne vgtal. L'arbre sacr de l'Assyrie figure sur (juantit do petits oVjjets ou de grands monuments, mais il s'y est tant modifi, force d'tre reproduit, qu'on hsite en
dterminer
la
nature.
Il
dont les lignes ont t combines de faon ne plus prsenter f|u'une ressemblance lointaine avec la forme primitive. Il jaillit des cornes d'un ibex et ses rameaux se terminent par des spathcs coniques ou par des palmettes de
l' ANTIQUIT
ET AU MOYEN AGE
259
on y greffe des grenades ou d'autres fruits. Les lotus, les palmiers, les fleurs de diverses espces abondent sur ce qui nous reste de l'orfvrerie phnicienne, et l'on sait combien tait frquent l'emploi de la grenade et de la grappe de raisin parmi les Hbreux; bref, mesure que les fouilles nous font pntrer plus avant chez les Smites, nous constatons de plus en plus la place que les motifs drivs du rgne vgtal occupaient dans leur art. Elle est plus considrable encore dans leurs littratures diverses.
souvent
Est-il ncessaire de
roi,
rappeler
la
fable
au Livre des Juges\ ou, dans Daniel \ la mandent un comparaison de Naboukodorosor avec un chne d'une hauteur prodigieuse dont la cime touchait aux cieux?Les uvres des scribes chaldo-assyriens renferment des apologues de
mme
elles
nature, o
le
abondent en descriptions d'arbres mythiques ou rels ainsi cet arbre d'Eridou, dont les racines de cristal descendaient jusqu' l'abme, et dont la tte rpandait une ombre aussi vaste qu'une fort entire'. Chez les crivains de l'Egypte, les arbres ne sont mentionns l'ordinaire qu'isolment ou par petits bouquets, et cela va de soi dans un pays chez les Smites qui n'a que des bois trs clairsems au contraire, la fort est dcrite, la fort profonde et touffue, telle qu'on la voyait dans l'Asie antrieure, au Liban, au Taurus, au Masios, sur les pentes du plateau iranien ou dans les hautes terres de l'Empire lamite. La Babylonie ellemme, si nue aujourd'hui, avait alors ses bocages assez fournis pour qu'Alexandre n'prouvt aucune peine s'y construire une flotte'. Rien d'tonnant si le pome de Gilgains
;
1.
Juges,
IX, 8-15.
2. 3.
4. 5.
Daniel,
iv, 7-9.
p. 238, 471.
;:^G0
a pour thtre une fort dont Ttendue et la beaut remplissaient le hros d'admiration
un temple s'y dressait dans un cdre au pied duquel le une clairire, et ct de conqurant Khoumbaba se promenait chaque jour. Le culte et la magie recommandaient ou prohibaient
;
lui,
de fleurs, d'herbes, d'corces, de bois dont l'identit souvent malaise tablir. Les sorciers ciialdens croyaient, comme les Egyptiens, que les dmons et les dieux
l'usiige
est
la
principal, et les hallucinations qu'elle suscite au bout de quelque temps, lorsqu'on en avale la vapeur, expliquent l'apparition d'tres surnaturels dont parlent ceux qui se livrent ce genre d'oprations. Il en tait de mme dans l'antiquit, et les ncromants l'employaient profusion. Mais, outre cet usage actif, les vgtaux prenaient, entre leurs mains, une valeur passive dont les grimoires chaldens nous rvlent les applications on les utilisait comme autant de rcepteurs, sur lesquels on dtournait la maladie qui menaait un homme. La fivre n'avait pas, disait-on, une cause
:
naturelle
elle tait
la raction
pouvoir de
d'ail,
la
gurir.
Le
de
rameau charg de fleurs, les briser l'un aprs l'autre, puis jeter les morceaux au feu en murmurant une oraison De mme que cette datte est coupe et jete au feu, elle ne reet que la flamme dvorante la dvore, tournera plus sur le rameau vide, elle n'ira plus sur le
dattes, d'un
:
la
))
de
mme
la
cantation, la peine,
le
tourment, la maladie,
cliair,
douleur,
le
pch,
le
en
mon
ma
en mes membres,
coups
L' ANTIQUIT
ET AU MOYEN AGE
la
261
comme
cette datte
que je voie la lumesure la datte charge que des incantations mire'. se consumait, le mal devait se consumer avec elle. La crmonie acheve, si le malade ne revenait pas la sant, c'est que son adversaire tait plus grand magicien que son dfenseur. Il n'avait plus alors de recours que dans ces herbes de rare occurrence qu'on appelait les herbes de vie : Qui en cueille, si vieux soit-il, il rajeunira, et s'il est mourant, il recouvrera la vie. Les dieux la cachaient soigneusement,
les
dvore,
que
qu'aujourd'hui
tombe
flamme dvorante
le sortilge
et
))
et
si
quelqu'un des
hommes
lui ravir
la
dcouvrait,
ils
trouvaient
pour qu'il ne pt en faire part ses compagnons. Gilgams en avait cueilli un pied qu'il voulait rapporter Ourouk, mais, descendu dans un puits pour y boire, un serpent la lui vola. J'ai donn une ide du sujet que M. Joret a choisi je n'ai rien dit encore de la faon dont il l'a trait. Il a commis des inexactitudes et des erreurs, cela va de soi, mais la plupart ne lui sont pas imputables elles sont le fait des orientalistes qu'il a consults et dont il n'avait pas le moyen de contrler les traductions. C'est merveille de voir comment il a su s'orienter au milieu de leurs travaux et de leurs dires, leur indiquer les points douteux, critiquer les identifications qu'ils proposent et leur en suggrer de plus vraisemblables. Le livre est d'ailleurs bien compos; les mille menus faits qu'il comporte s'y agencent de faon si judicieuse
toujours
la
; ;
moyen de
la
confusion ni l'entassement
On
prouve, en terminant,
le
1. Zimmern, Beitrcigc ~ur Kenntniss der Babi/lonischcn Die Bcschwrungstafeln Scliurpu, p. 28-29.
COMMENT ALEXANDRE
ici
qu'Alexandre crut
Comme
fois,
ce fut en
Egypte
qu'elle se manifesta
pour
la
premire
au milieu desquelles elle se produisit, et j'essaierai de montrer comment les rites gyptiens rendirent facile l'lvation du hros au rang de dieu.
je rappellerai les circonstances
Arrien
les
et
Strabon exposent
avant
lui,
et les traditions
de sa race voulaient
qu'il
desfils
de Zeus et d'une mortelle c'tait son anctre dieu qu'il visitait l'exemple de ses anctres demi-dieux ^ L'Oasis avait t occupe par les gyptiens pendant la priode thbaine, et, comme toute les colonies de Thbes, elle avait pour pa1.
Sciences historiques
in-8,
cinquante exemplaires. Script oros rcrum 2. Callisthne, fragm. 36, dans Mller-Didot, Alexandri Mar/ni, p. 26-27; cf. Strabon, XVI, i, 43, p. 813, et Arrien,
Anabase,
III,
m,
2.
264
tron le patron mme de la mtropole, Amon, Amonr'. Alexandre, s'il avait tenu uniquement rclamer du sacerla preuve de sa filiation divine, aurait donc pu s'adresaux prtres de Karnak et remplacer la prilleuse traverse du dsert par un voyage de plaisance sur le Nil. Mais le maitre de Thbes tait peu connu hors de chez lui, et son arrt, rendu dans un sanctuaire perdu au fond du Said, aurait risqu de ne pas faire grand bruit dans les rgions du monde dont on avait besoin de frapper l'imagination: le maitre de l'Oasis tait au contraire consult depuis des sicles par les Grecs eux-mmes, chant par leurs potes, clbr par leurs historiens, et, s'il restait un Amon pour les gyptiens, il s'tait transform en un Zeus pour les autres nations de la Mditerrane. Le Zeus devait parler aux cits hellniques et il" serait entendu d'elles; l'Amon devait four-
doce
ser
mmes
procds d'arriver
la
divi-
aux Pharaons.
Nous savons en gros ce qui se passa, par le tmoignage de plusieurs contemporains, Callisthne et Ptolme, fils de Lagos. peut-tre le devin Aristobule, qui prirent part l'expdition. Ptolme s'tendait assez longuement sur les incidents du voyage et sur la description de l'Oasis. Il racontait
tre
mme, entre autres histoires singulires, la renconde deux serpents qui avaient remis sur la bonne voie les Macdoniens gars dans le dsert* Callisthne attribuait ce sauvetage deux corbeaux, et son rcit tait confirm par
:
1.
in
Bcjic/iiintj
f/riec/ii.'ic/irn
p. 14-17.
2.
Mu'Itii. p. .38-39.
3.
Alcxandri
Ma y ni,
p. 26-27.
DIEU EN EGYPTE
265
comment
un
homme
fait
de
la
trempe de Ptolme a pu
se porter garant
justifier
qui sent si fort le prodige, et ils ont cherch le de sa crdulit par des considrations de haute politique. Ils auraient peut-tre d se demander d'abord si le fait
d'un
si la
lui
ont prte
le rcit
d'un
Un
des rares
Europens qui ont pntr de nos jours dans l'Oasis d'Amon nous a dit comment, une nuit que ses guides ne trouvaient plus leur route et l'avaient quitt un instant, il aperut deux corneilles qui firent des ronds dans l'air pendant quelque temps, et qui s'envolrent dans la direction du Sud-Ouest. Si nous avions, ajoute-t-il, vcu dans un ge de superstition, nous aurions vu l une indication suffi sant et suivi ces guides bienveillants, descendants pos siblcs des oiseaux qui, en pareille occasion et trs prs du lieu o nous tions arrivs, tirrent Alexandre le Grand des horreurs d'une solitude sans chemins. Nous ne nous serions pas tromps si nous avions suivi l'augure, mais nous prfrmes ne pas cder aux suggestions de notre imagination, et nous attendmes le retour du bdouin Walisa'. Une troupe de cavaliers battant le dsert fait ncessairement lever des animaux de tout genre qui, fuyant devant elle, semblent lui montrer sa voie. Il suffit que des corbeaux ou des serpents, ou peut-tre les deux la fois, aient paru ramener l'escorte sur la piste qu'elle avait perdue pour que les Grecs, sans cesse l'afft des menus signes qui trahissaient l'intervention de la divinit dans les affaires humaines, les aient considrs comme tant les missaires dpchs par Amon son fils Alexandre. Les gyptiens et les Libyens qui les guidaient taient d'ailleurs si familiers
I)
))
1)
))
1. Bayle Saint-John, Adcenturcs in the Libyaa Dsert and the Oasis of Jupiter Aninwn, p. 69.
266
avec ces lgendes de btes secourables aux humains, qu'ils les transportaient au del de la vie, et qu'ils attribuaient une demi-douzaine au moins d'insectes ou d'oiseaux (gupe,
sauterelle,
de mener
les
mante religieuse, oie, sirne, pervier) la charge mes travers les sables de Libye jusqu'aux
:
le fait
des serpents et des corbeaux filant devant la colonne est banal en lui-mme, et Ptolme tait trop pntr des ides
de son temps pour ne pas avoir accept de bonne foi l'interprtation que l'on en donna autour de lui. Ce qui ne lui appartient pas probablement, c'est le dtail merveilleux dont l'imagination des rhteurs enveloppa bientt Tpisode. Il n'avait qu'un passage assez bref sur la rception du
conqurant Alexandre s'tait montr fort discret et s'tait born constater que le dieu lui avait donn la rponse qu'il souhaitait'. Callisthne en rapportait davantage, et c'est grce lui que nous pouvons reconstituer peu prs la physionomie de l'entrevue. Le crmonial en devait paratre bizarre un Grec. La statue d'Amon tait un conglomrat
;
d'meraudes et de plusieurs sortes de pierres prcieuses', et la faon dont elle rendait ses oracles tait particulire. Elle sigeait au centre d'une grande barque dore, que
Voir, ce sujet, la trs curieuse tude de Lefcbure, Etude sur
les
1.
Ail/dos, dans
1892-1893,
t.
XV,
2. Arrien, Anahase, III, iv, S 5. Arrien ne dit pas formellement qu'il adopte en cet endroit la version de Ptolme, mais cela semble bien rsulter de l'ensemble de son texte; Alexandre aurait marqu la mme rticence dans la lettre qu'il adressa sa mre Olympias, peu aprs l'vnement (Diodore de Sicile, XVII, 51). 3. Quinte Curce l'appelle un uinbillcus (IV, 7), mais il semble n'avoir
fait
la dis-
dans
le
temple de l'Oasis,
rendait les
comme
dans tous
les
temples gyptiens,
et la statue qui
267
un geste de la tte la route qu'il voulait suivre. Une foule de femmes et de jeunes filles l'accompagnaient le long du chemin, chantant des hymnes et le clbrant dans leur langue maternelle. Le grand-prtre ne permit qu'au roi seul d'entrer dans le temple avec son vtement accoutum il fora les gens de l'escorte changer d'habit et demeurer en dehors du sanctuaire, tandis que leur matre y pntrait
;
pour entendre son destin. Lorsqu' Alexandre se prsenta la porte, il l'accueillit par un salut mon fils' , qu'il lui dit venir de la part du dieu. J'accepte le titre, mon pre, rpondit le Macdonien, et dsormais je m'appellerai ton
))
fils.
M'accordes-tu de possder
le
monde
entier?
Le
les
hommes
mou-
Le plus souvent,
Amon
que
le
comme
Zeus de Dodone',
il
lui posait
par des mouvements de tte ou par des signes convenus; c'tait alors le prophte qui lui servait d'interprte. Cette fois, pourtant, il daigna parler; lorsque le
grand-prtre,
s'adressant la statue, lui transmit la re-
forme humaine, car, plus tard, lorsque Alexandre prenait le costume d'Amon, on mentionne le manteau de pourpre, la chaussure et les cornes -r,v to-j "A[j.fj.o)vo Ttopcfjpt'Sx xal -nzpiTXtSEr xal -/.pata y.aiTiEp (iz6;. (Ephippos, 3, dans Mller-Didot, Scriptores rcru/n Alcxandri Magni^ p. 126). 1. Un Grec ingnieux supposa plus tard que le prtre, au lieu de dire (L TiatSiov, avait laiss chapper la faute w nxiio;, qu'Alexandre aurait compris w na.'. Ai (Plutarque, Vie d'Alexandre, 27).
:
2.
1) dit
de ce dernier
ixpni[).iii o
oO t
utamp xo
At-j)
'A[;.[j.wvtay,6v.
268
qu'il
I)
a si
la
))
vengeance
le
w.
Le prophte
Ne blasphme point,
Alexandre Tous les chtiment? Le
modifia
il
ajouta
que
((
fidle
.
dans l'avenir,
comme
elle avait
dans
le
pass
le
qu'on
lui annonait,
combla
sents magnifiques'.
La scne
pour (jui a l'habitude des choses religieuses de l'Egypte crmonial et discours, tout y est conforme au rituel des temples pharaoniques, et l'on peut suivre le dveloppement de l'action, point pour point, sur les tableaux ou dans les
inscriptions hiroglyphiques.
voyageurs modernes nous ont appris sur les ruines de Siouah donne l'impression fort nette d'un temple semblable celui de la Grande Oasis thbaine, dont nous possdons plusieurs descriptions dtailles et des relevs assez exacts'; les temples des Oasis avaient d tre restaurs et agrandis au temps de la conqute persane, et, comme c'tait le mme dieu qu'on y adorait partout, le plan de
les
Le peu que
1.
I,
Le rsum
trs bref
de ce rcit est conserv dans Strabon (XVI, formellement par lui Callisthne.
Plutarque (Alexandre, 27) ajoute quelques dtails sans nom d'auteur, mais l'emploi qu'il fait de certains des mots mmes qu'on retrouve dans le texte de Strabon prouve qu'il s'appuyait sur Callistline, ou sur un auteur qui avait copi Callisthne. La forme la plus complte se lit dans Diodore de Sicile (XVII, 50) et peu prs semblable dans Quinte Curce (IV, vu;; Diodore, selon son habitude, a d transcrire presque
littralement
soit plutt
le rcit
de l'crivain
mme,
tmoignage de Callisthne,
Cailliaud, Vo//a;/c
l'Oasis de
269
tait
toujours
uniforme.
On
du
Soleil, les
mur en
mtres de long sur quarante-huit de large. Le temple mme comprenait plusieurs cours et des salles avec ou sans colonnes, entirement ruines, puis au fond la Grande Place, le
sanctuaire. Les
la
flanquaient n'existent
li-
mais
porte et
la partie
antrieure du sanc-
tuaire
mme
une chambre longue de huit dix mtres, large de trois quatre, recouverte d'normes blocs dont plusieurs sont encore en place, dcore d'au moins trois registres d'ins'^riptions et de tableaux, parmi lesquels on distingue les images d'Amon criocphale, de Mot, d'Harmakhis, d'Osiris et de ses deux surs, d'Anubis, qui tous recevaient un culte'. Amon vivait l dans l'obscurit, et sa barque sacre reposait sur un autel, ou plutt sur un cube de pierre ou de bois au
milieu de
la pice.
islsit
to the
lier
nach
Great Oasis of the Libyan Deseii, 1837; Brugsch, Rcisc Grossen Oase cl Khargeh, 1878. Ce dernier seul donne de
faon complte et intelligible les textes qui nous ont permis de con-
dogme de l'Amon ador dans les Oasis. Les renseignements assez maigres que nous possdons sur l'tat Browne, Noureau des ruines de l'Oasis de Siouah sont pars dans voi/age dans la Haute et Basse f/i/pte, trad. de Castra, t. I, p. 28-30 Hornemann, Voi/age dans l'Afrique septentrionale, d. Langls, t. I, p. 42-46; Cailllaud, Votjage Mro, t. I, p. 86-122; Jomard, Voyage Siouah, p. 5 sqq.; Minutoli, Reise suni Tempel des Jupiters Antinon, p. 96-100; Bayle Saint-John, Adcentures in the Libyan Dsert, p. 68-70. En 1853, J. Hamilton put explorer les ruines situes dans l'intrieur mme de la \iilG (Wanderings in North Africa, p. 280 sqq.). Les planches de Minutoli (Atlas, pi. VIII-X) reproduisent les figures, mais ne donnent pas les inscriptions hiroglyphiques qui les accompagnent.
natre le
1.
:
270
plupart, ou plutt en bois lam d'or'. Elle devait ou trois mtres moins longue que la chambre deux tre de o elle tenait, et. qui veut se la figurer n'a qu' regarder les bas-reliefs de Louqsor et de Karnak o les barques de l'Amon thbain sont reprsentes, avec leurs faons minces et hautes, leur proue et leur poupe dcores de ttes de
pour
blier, leur
quipage de dieux, leur cargaison d'offrandes, leur naos demi- voil d'une toile blanche et dont les parois lgres abritaient la statue'. Les termes mmes que Callistline employait pour dcrire celle-ci sont d'une
justesse remarquable; elle tait, dit-il, agglomre d'me-
raudes et d'autres pierres prcieuses. Il faut donc nous l'imaginer comme une de ces idoles composites qui sont mentionnes Dendrah, par exemple, et dont le corps
consistait en pices de substances diverses, ajustes d'ordi-
'.
L'meraude
qui y dominait n'tait pas certainement notre meraude moderne, mais l'un des nombreux minerais que les gyptiens confondaient sous le
le
feldspath vert,
la
Comme
toutes les
et
prophtiques,
celle-ci
tait
machine
pouvait
excuter un nombre restreint de gestes, agiter la tte, remuer les bras ou les mains. Le jeu des bras tait rare et
1.
2.
III,
Diodore de Sicile, XVII, 50, 6; Quinte Curce, IV, 7. Description de l'yi/pie, A. t. III, pi. 32-33, ou Lepslus, Drnlun.,
14,
par exemple.
Dendrah, par exemple, lnumration dos substances, des
.surtout,
3. Cf.
mtaux
question
dont sont
faites les
t.
IV,
54, 599).
Il
est ailleurs
pi.
30
c,
1.
t.
II,
pi. 10-
271
crmonies,
le
choix
d'un souverain
l'appofluide
le
dans
le
sition
mystrieux appel sa une autre statue ou un tre vivant. A l'ordinaire, le dieu rpondait aux questions en relevant la tte et en la laissant retomber lourdement par deux fois,
lorsqu'il voulait dire oui
rien ne bougeait.
la rponse tait ngative, mais plus rarement et surtout quand un prince s'adressait lui alors on entendait sa voix rsonner au fond du sanctuaire. Un prtre tirait la corde qui agitait la tte ou les bras et rcitait l'oracle chacun le connaissait, et personne ne l'accusait de fraude
;
quand
Il
parlait,
ou ne suspectait sa bonne foi. Il tait l'instrument du dieu, mais un instrument inconscient. L'esprit d'en haut le il secouait les fils ou mouvait saisissait au moment voulu les lvres, il prtait ses mains ou sa voix, mais c'tait le dieu qui lui dictait ses gestes ou qui lui inspirait ses
:
discours \
cr-
vritable, ins-
raons,
et
il
il
y aurait
aux devoirs et aux prrogatives des Phaau temple, comme c'tait son droit, pntr en pratiquant l'adoration par deux
fois, et
lut
l'homme au rouleau en chef aurait excut le saau dieu qui chasse les calamits loin du roi. Aprs
avoir fait ce qui se fait dans la Salle d'adoration, ayant pris le vtement sacr, il se serait purifi avec l'encens et
la libation'
;
on
lui
Pour ces statues prophtiques et les procds divers qu'on employait pour obtenir les rponses, cf. Maspero, tudes de mythologie
1.
et
d'archologie gj/ptiennes,
2.
t.
I,
p. 81-91.
dans le temple d'Edfou, une petite pice Le roi, peine entr dans le Hypostyle. salle attenante k la premire et Horus le temple, s'y vtait pour comparatre devant le dieu Thot sur la couronne double la parfumaient, le lavaient et lui mettaient
La
salle d'adoration
est,
272
DIEU EN EGYPTE
tif
mets d'offrande, puis il serait mont sur l'escalier portaqui doit donner accs au grand pavillon', pour qu'il
vit
tir
le le
I)
dieu
mme. Alors on
le
il
aurait
verrou, pouss
1)
pre R, arrang la barque ([ui contenait l'image, puis ramen les battants, appos une pastille de terre sigillaire
et
, afin que nul n'y entrt ne savait rien de tout cela, et les prtres ne jugrent pas propos de l'initier ces rites longs et minutieux ils le
Mais
traitrent
comme un
point
n'exigrent
de
les puiifications
Ils
rglementaires
imposrent ses compagnons, et, de plus, ils leur appliqurent la rgle qui dfendait aux non-initis, aux barbares et spcialement aux Grecs de
pour
les
simples mortels.
les
dpasser certains points et d'aborder les chambres du sanctuaire. Alexandre entra donc seul avec son guide sacr, et,
sur
le seuil,
celui-ci
lui tint
:
le
petit discours
que
le
dieu
Viens,
(cf.
mon
fils
de
mon
liane,
que
qu'on
le fait
Memphis
Mariette, Dcndrah,
j).
125-126).
les palais
p.\-douaou, dans
royaux parles lamiliers attachs cet emavant de paratre dans la Salle o il se U-cail en public, K/i. C'tait un petit lecer prparatoire au f/rand loccr. Ermau l'interprte simplement l'appartement du roi (^Ef/i/ptcn und ^E(/i/ptisc/ies Lrbcn, p. 187), ce qui n'est ])as entirement exact, comme on le voit. 1. On com]jrend la ncessit d'un escalier portatif, quand on considre la hauteur laquelle la porte du grand naos d'Edfou, par exemple, on n'aurait pu atteindre au verrou en resest place au-dessus du sol tant de plain-pied sur le sol (cf. la scne dans Mariette, Dendrah,
puriti, revtu des insignes
ploi,
:
t.
II, pi.
65
h).
1.
2.
Strie de Pinnl.hi,
1(J3-105;
1.
cf.
E. de Rong,
La StHr du
roi
thiopien Pinkhi-Moriamcn,
dans ce texte
t. I,
traduction ancienne. Le dtail de chacune des crmonies indiques est donn dans les chapelles d'Abydos (Mariette, Ahi/dos,
p. 31 sqq.).
DIEU EN EGYPTE
273
donne
la
dure de
et la royaut
ou telle autre formule commenant de la mme d'Horus faon, et dont on trouve les variantes sur les murs des
)>
))
,
temples. Peut-tre s'exprima-t-il en gyptien et un interprte traduisit son langage, peut-tre employa-t-il le grec,
les
rapports de l'Oasis avec Cyrne et l'Hellade ayant rendu quel que ft cette langue familire aux gens du pays
;
l'idiome, la formule tait. gyptienne et ne contenait que l'expression banale du dogme d'aprs lequel tous les rois taient,
le
fils
dieux.
Le
les
quel sens
les
trangers
qui
l'coutaient
ou ne
fit-il
ordonnances du
un point
indiffrent
il
pour
sit
la
Le
il
salut achev,
introdui-
la visite
dans
le
sanctuaire, mais
vant du roi, selon l'usage qui prvalait lorsqu'on le consulpolitique ou mme tait sur une affaire dlicate de l'ordre fourjudiciaire. Le chiffre de quatre-vingts que Callisthne
nit
pour
le
barques des
temples thbains en avaient douze, dix-huit, vingt, vingtprtres de l'Oasis six, mme quarante \ et si les quatre-vingts tous ceux qui pas non sont authentiques, il faut voir en eux marchaient sous la barque la fois, mais tous ceux ((ui avaient droit la charger et qui se relayaient par escouades
lorsqu'elle avait parcourir
un
trajet
un peu
long.
On
doit
ferme sur les se la figurer arrte en un point du temple, et ses guides roi paules de ses prtres, et, devant elle, le
Karnak, cette interrogeant l'image contenue dans le naos. le sol consultation se faisait sur un terrain qu'on appelait
1. 2.
<:/,
par exemple.
M3, 189 , voir des exemples dans Lepsius, Dcn/.m., III, 14, hommes quarante paiporte tait 233, etc.; la barque d'Amon Karnak
En
{Description de l'gi/pie, A,
BiBL. GYPT.,
T. XXVIII.
t.
'
274
Une
un
la
inscription
fonctionnaire, accus de concussion, cit ainsi devant barque pour se disculper. Le pontife rsume TalTaire, demande au dieu de lui rvler si l'inculp est coupable ou innocent; le dieu rend son arrt de la tte'. C'est, au fond, la mme procdure qui s'accomplit pour Alexandre; le pontife le place devant la barque, le prie de poser lui-mme les questions, mais le dieu rpond de vive voix et non par signe. L'moi (jue cause l'allusion au meurtre de Philippe se conoit si Ton songe que le roi tant, par dfinition, le fils
du dieu, supposer que son pre et t assassin c'tait raple grand crime qui avait troubl jadis le ciel gyptien, l'assassinat d'Osiris par Sit. Quant la promesse de la victoire, c'est par milliers de fois qu'on la trouve mentionne dans les dicours des dieux Je te donne la vaillance; je te donne de tenir tous les pays et toutes les rgions tran gres sous tes sandales je te donne de frapper tous les peupies runis en ton poing. Il serait difficile de rencontrer roi si pitre que les dieux ne lui eussent fait la mme promesse satit Amon terminait son entretien avec Alexandre comme il l'avait commenc, par un compliment emprunt au rituel en usage depuis le commencement de la monarchie gyptienne, et qui n'avait rien que d'ordinaire
peler
:
))
gyptien,
Tout s'accorde, comme on le voit, avec le crmonial et, par suite, tout semble bien tre authentique dans ce qui nous est parvenu des rcits que les tmoins ocu1.
l']fl.
jugement,
la
baKjUC sur
les
elle.
275
de
les
la scne.
le traita de pour tous les souverains antrieurs. Les Macdoniens et Alexandre comprirent-ils exactement la valeur des crmonies qui venaient de s'accomplir? Il est probable qu'il ne se donnrent pas la peine d'en approfondir le sens ils se bornrent en enregistrer le rsultat, la reconnaissance de la parent divine
le
fils
dont l'taient
Pharaons lgitimes
dieu
qu'ils
Ils crurent matre nouveau avait inspir le sacerdoce de l'Oasis, et ce sentiment fut bien pour quelque chose dans la facilit avec laquelle celui-ci
monde
grec.
probablement que
le dsir
de flatter
le
comme le fils de son dieu; mais la ferveur religieuse eut la part la plus grande sa conduite, et, s'il se prta sans scrupule ce qui nous parat une comdie politique, c'est qu'un des dogmes de la thologie thbaine non
l'accueillit
lui
imposait
l'obligation
tait, depuis des sicles, Thbes et dans les conon seulement le dieu matre suprme, mais l'anctre de qui tout Pharaon devait descendre pour tre le souverain
Amon
lonies,
authentique de rgypte.Il avait hrit en cela les droits de R, qui avait t le premier chef des dynasties divines,
tous les rois avaient eu dans les veines le sang de R, ou, s'ils taient Tlibains, celui d'Amonr, et ceux d'entre eux qui s'taient levs au trne des rangs du peuple avaient t obligs de suppler l'infriorit relle o la bassesse de leur origine les maintenait, en inventant des
:
gnalogies extraordinaires qui les rattachaient la ligne solaire, ou mieux, en pousant l'une des princesses sans
nombre qui restaient toujours du harem de leurs prdcesseurs immdiats. Ces femmes devenant mres, leurs enfants recevaient d'elles la chair divine qui manquait leur pre.
276
dieu en Egypte
rompue. La
raonique et ses titres la couronne se mesuraient sur la quantit de sang divin qu'il pouvait prouver celui qui en drivait de son pre la fois et de sa mre prenait l'avance
sur celui qui n'en avait que par son pre ou par sa mre
seule.
le
Mais
l,
une des
lois
plus de rigueur intervenait pour tablir des distinctions qui ne peuvent plus tre observes dans nos civilisations
mo<lernes.
Le mariage
il
entre frre et
sur
tait le
mariage
par excellence, et
lorsque
sur qui le contractaient taient ns eux-mmes d'un frre et d'une sur issus d'un mariage idenle frre et la
murs
gyptiennes,
consquences importantes pour l'histoire du pays, et tout un ensemble de dispositions lgales ou de fictions religieuses tait destin en assurer l'effet dans les questions de succession royale, ou remdier aux insuffisances de lgitimit qu'elle entranait souvent parmi les hritiers mles. Si, par exemple, un souverain avait un lils n d'une esclave ou d'une concubine de rang infrieur prise au hasard dans la population, et
une
et
fille
de pre
de mre,
infrieure.
On
les
mariait ensemble,
plus ordinairement,
l'homme lev
au rang suprme, tout en n'exerant le pouvoir qu'en qualit de mari de la reine, tait le Pharaon rel, celui qui gouvernait et dont on inscrivait le nom sur les listes. Mais ses enfants, ayant pour pre un prince crois de race vile et mortelle, n'iHaient, malgr la jmret de race de leur mre, que des rejetons hybrides souills d'lments humains qu'il convenait d'liminer au plus tt. Les prtres avaient imagin alors de faire intervenir le dieu en personne, et ils en.seignaient que l'enfant, garon ou lille, auquel le
ainsi
277
R ou Amon, non plus gnrateur direct. Amon ou pour mais pour aeul lointain, R daignaient descendre sur terre, et, prenant la forme du mari, ils s'unissaient charnellement la femme. Ce qui naissait de ces relations surnaturelles, c'tait la race pure
d'Amon ou de R\ Les monuments qui
trois
exemples de ces incarnations divines, deux pour les temps de la XVIll dynastie, un pour l'poque macdonienne. Le plus ancien est celui dont Naville a dcouvert l'histoire dans le temple de Dr-el-Bahar'. Thoutmosis I" n'avait qu'une moiti de sang divin, car sa mre Sonisonbou tait une concubine d'origine obscure, mais sa sur et femme Ahmasi tait ne d' Amnoths L'' et d'Ahhotpou II, l'un et l'autre frres de pre et de mre; il fallait qu'Amon se mit de la partie pour racheter rinfriorit de Thoutmosis, et, de fait, les tableaux de Dir-el-Bahari reprsentent le mariage d'Amon avec Ahmasi et la naissance de leur enfant qui fut la reine Htshopstou \ Le second exemple nous reporte un sicle environ plus tard, sous Thoutmosis IV. On ignore encore qui fut la mre de ce prince, mais les circonstances merveilleuses de son avnement prouvent qu'elle tait d'une naissance insuffisante. Son pre Amnoths II n'avait que des filles de sa sur Htshopelle-mme de Htshopsitou P et de sitou II, fille Thoutmosis II; ses enfants mles taient ns d'pouses
infimes
et
le
le
sceptre
devait
ces
viendrait
mari
de
princesses.
Thoutmosis
rsi-
1.
Pour toute
p. 77-78.
Maspero,
258-259,
I,
p.
II,
2.
Naville,
et
p. 15.
H.
II,
p. 104, 235-237.
278
DIEU EN EGYPTE
il
dait alors
songeait rgner,
cachait
certainement ses ambitions au plus profond de son me. Un jour qu'il chassait au dsert de Libye avec deux serviteurs,
le
midi
le
surprit au voisinage
il
se
Tandis
qu'il sommeillait, le
s'il
promit
qu'il
serait roi
du sable qui l'treignait. Il pousa en effet ses deux surs Khouit et Moutemouaou, et, sitt mont sur le il dblaya le Sphinx, trne, il se souvint do sa promesse
statue
:
btit
une petite chapelle entre les pattes et dressa contre la poitrine une stle en granit rose o il racontait sa vision. Harmakhis l'avait rendu Pharaon lui-mme; Amonr lit de lui le pre d'un Pharaon lgitime. Il descendit dans le palais,et, revtant la figure de Thoutmosis IV, il laissa Moutemouaou
enceinte d'un
fils
qui fut
sur les
exemple
s'talait
qu'un ingnieur conome les eut dmolis pour btir une usine sucre avec les blocs. On sait comment, Cloptre
s'tant offerte
mre
le
aux Alexandrins, que la prsence habituelle de la cour avait accoutums aux fantaimais il parut ncessaire de prsies des rois macdoniens senter le nouveau prince ses sujets indignes d'une faon (|ui ft conforme leurs prjugs nationaux. Les Ptolmes
;
comme
ils
taient devenus
de R, et le soin qu'ils prenaient de se marier le plus qu'ils pouvaient entre frres et surs montre quel souci ils avaient de maintenir la puret de la race divine
1.
Tous CCS
faits
du lomple de Louxor; cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique, t. II, p. 292-296.
Sfililnx et de la thoganiif
279
Romain
survint et
la
d'Erment, substitus ceux d'Amon depuis que Ptolme Aulte avait dtruit Tlibes, proclamrent que le dieu s'tait dvou en cette occasion encore, qu'il s'tait assimil Csar pendant la nuit dcisive, et que le Csarion, loin d'tre un intrus, reprsentait au contraire la postrit immdiate de R ils rsolurent ainsi avec aisance le
:
problme ardu de transformer le fils d'une Grecque et d'un Latin en descendant authentique des dieux et des Pharaons
qui avaient gouvern l'Egypte
'
Les prtres de
l'Oasis,
initis
tous les
dogmes
et
d'Amon
fils
consomme avec
Htshopsitou et
de
l, et,
s'ils
mre du conqurant les prcdents de d'Amnths III n'taient pas isols, loin
la
doctrine qui
en dcoulait, leur conduite leur tait trace dans le sens le plus favorable aux prtentions du conqurant. La question
se
prsentait
Il
eux sous
la
fort
ne peut y avoir de rois lgitimes en Egypte que les membres de la famille solaire, fils directs ou indirects
simple.
de l'Egypte, puisque les dieux ont permis qu'il s'empart d'elle aprs avoir vaincu miraculeusement les Perses donc Alexandre appartient de manire ou d'autre la famille solaire, et il est le fils d'Amonr, non moins que ses prdcesseurs. On dira sans doute que, dans tous les exemples cits, les parents
;
d'Amonr
or Alexandre est
le
roi lgitime
1.
justifier la
le
Csarion a t enregistre
dcoraient
:
d'Erment.
trouve reproduites dans Cliam])ollion, Monuments de la Nubie, pi. CXLIV-CXLVIII, et t. I, p. 293-294; dans Rosellini, Monunienll del Culto,\)\. Lll-LIII et p. 293-301 dans
les
On
de l'miple
et
280
terrestres du souverain qui rclame la paternit d'Araon ou de R sont des membres de la dynastie rgnante, et qu'il n'y a de difTcrcnce entre eux qu'une proportion plus ou moins forte du sang divin, tandis que le pre et la mre d'Alexandre taient galement trangers n'importe la(luolle
des dynasties et
mme
l'Egypte.
le
La
casuistique
souverain fondateur
d'une dynastie nouvelle, et sa femme, ne toucheraient par aucun point aux souverains antrieurs, et elle avait rpondu victorieusement aux objections que cette hypothse souleprsent aucun cas de ce genre, mais
du pays ne nous fournit jusqu' le roman supple de la faon la plus significative au silence des monuments. Il est permis de douter que la V*' dynastie lphantite de Manvait.
L'histoire
relle
thon ait t autre chose que la suite naturelle de sa IV^ dynastie Memphite les gyptiens de l'pociue thbaine croyaient que ces deux dynasties ne se reliaient par aucun lien de parent, et cela suffit pour les besoins de ma
:
cause.
La
premiers
de la V^ dynastie Ousirkaf, Sahouri et Kakiou, taient ns le mme jour de la dame Rouditdidit, femme de Rousir, prtre de R dans le temple de Sakhibou pourtant Rousir n'tait pas leur pre rel, mais bien Ra. Le dieu tait venu trouver la dame, et, aprs l'avoir fconde, il lui avait promis que ses fils rempliraient la fonction bienfaisante de roi dans la Terre Entire )). Le
;
moment de l'accouchement
la
bienvenue des dieux avaient dlivr la mre mortelle de ses trois enfants divins, et elles ne s'taient loignes qu'aprs leur avoir confr mystrieusement les insignes de la
royaut'.
Le roman
exprime
ici,
comme
partout,
les
1.
C'est \q Canlc
(le
KLrofts
et flrs
Mar/irirns,
IX-XII,
et p.
55-71;
cf.
de
d., p. 74-85.
281
clai-
du temps o
il
fut
compos
il
montre
le
rement que
le
moyen
aucune avec l'une des familles royales. Pas plus qu'Ousirkaf, Sahour et Kakiou, Alexandre n'avait pour mre une princesse de sang divin cela ne l'empchait pas plus qu'eux d'avoir pour pre le dieu de qui tous les souverains de l'Egypte devaient tre issus, et, par consquent, d'tre rput bon droit le Pharaon lgitime du moment.
:
dune femme
III
un obsta-
qu'Alexandre tait pour les prtres une preuve suffisante que cette union avait eu lieu, et que le fils putatif de Philippe et d'Olympias tait en ralit l'enfant d'Olympias et d'Amon. Savaient-ils quelque chose des bruits singuliers qui couraient sur la naissance du hros, et en profitrent-ils pour essayer d'expliquer les dtails nombreux qui demeuraient obscurs leur gr dans toute cette histoire? Le peuple d'Egypte, habitu au concept de ces mariages divins, adopta sans hsiter l'ars'unir elle; le fait seul
qu'Amonpt
d'Amon, et il prit l'origine surnaturelle d'Alexandre pour thme d'un conte insr dans le roman du pseudo-Callisthne, vers le IIP sicle aprs notre re. Le
rt
des
prtres
rcit n'tait
se bornait exposer
maient,
s'tait rendu la nuit prs d'Olympias. Le principe demeurait sauf qui voulait que le souverain ft de race divine, et l'orgueil national se consolait de sa dfaite en songeant qu'aprs tout c'tait l'Egypte qui triomphait un Egyptien l'avait soumise elle-mme, puis il avait conquis
:
282
le
DIEU EN EGYPTE
monde \ La population d'Alexandrie, mle d'indignes et de Grecs et moins habitue aux concepts purils de la thologie thbaine, prit sans doute ombrage de ce dieu qui, en pleine histoire, se permettait de sduire les simples mortelles comme au temps des hros homriques. L'esprit d'Evhmre avait soufll sur elle la donne invraisemblable d'un
:
Amon descendu dans le lit d'une reine, elle substitua celle d'un homme trs savant qui endossait par art magique fallait, pour l'apparence momentane d'Amon. Comme maintenir la raison d'tre de la fable, que cet homme ft
il
gyptien et de race pharaonique, on songea au dernier des Pharaons indignes, Nectanbo, qui avait renom de bon magicien et qu'on savait s'tre enfui l'tranger aprs sa
dfaite. L'histoire
affirmait
bien
qu'il
s'tait
rfugi
en
Ethiopie, mais l'histoire eut tort en cette affaire comme en beaucoup d'autres, et l'on envoya le souverain dtrn en
Macdoine, pour
qu'il
y devnt
il
le
il
dclara que
s'unir
un dieu pour enfanter un fils. Ce dieu,ajouta-t-il. Libyen, la chevelure et la barbe d'or, aux est cornes d'or. Prpare-toi donc le recevoir, 6 reine, car aujourd'hui mme, tu verras en songe ce dieu venir vers toi. Il lui envoie en effet, par les moyens magicpies dont le dieu dans ses bras, il disposait, un songe qui lui montre lui annonant la naissance d'un lils plus qu'humain. La reine,
Amon
')
convaincue par cette apparition vaine, consent se prter aux noces divines mais elle demande quels signes elle
;
reconnatra
la
Quand
tu verras,
dit-il,
chambre
et arriver
ram-
pant vers
1.
Cf.,
le cri
lvJ;.rj|Aojv:c;
/aipovT:;'
lltv
283
que
dans
ta
couche royale
))
Le lendemain,
il
se procura
une toison de
blier trs line avec des cornes dores, un sceptre d'bne, un vtement blanc, et par sa science il se donna l'apparence d'un serpent norme le soir venu, il p;
ntra dans
voile,
la
chambre
coucher o
Olympias
l'attendait
tendue sur son lit. Quand elle l'aperut la lueur des lampes, elle ne le craignit point, mais elle l'observa curieuse.
ment du coin de l'il L'apparition posa son sceptre, prit place, consomma le mariage, puis pressant la main sur le sein de
la
reine
Rjouis-toi,
femme, car
il
tu
les
tanbo aida Olympias faire agrer par Philippe la ralit de ce commerce divin. Le jour de l'accouchele
ment,
il
magicien
tait
l'obligea
deux
fois
moment o
les
du monde entier. magie destine expliquer la fraude de Nectanbo. Tout y est conforme aux ides et aux crmonies gyptiennes du temps. Le Pharaon y pratique l'envotement d'amour selon la formule la plus efhcace il fabrique une statuette de femme en cire, il y inscrit le nom de la reine et la couche sur une miniature de lit
tres assureraient l'enfant la possession
Le dbut
est
une
histoire de
Il
d'elle
les
lampes mystiques,
il
lui
suc de diverses
il
songes, puis
rcite
la
une
par
vertu de laquelle
reine
endormie subit dans son rve tous les actes que le magicien dcrit son image'. C'tait une pratique usite de vieille
1.
2. Ici.,
V, d. MuUer-Didot,
p. 5-6.
284
date, et,
dj,
un document
offi-
coupables des gens qui avaient fabriqu des les papyrus magiques images de cire pour envoter le roi
ciel dclarait
'
nous ont conserv plus d'une formule qui envoyait un individu les songes qu'on voulait, ou qui inspirait l'amour l'homme ou la femme contre lesquels on la rcitait*. La forme de serpent que le magicien revt n'est pas habituelle aux sicles pharaoniques, mais elle est fort naturelle chez les Alexandrins', une poque o le culte de l'Agathodmon, Psha, tait devenu souverain par toute la valle du Nil. et o les dieux locaux ont pour compagnon un serpent dont la tte est celle de l'animal qui leur est consacr le pseudo-Callisthne a song ici l'Agathodmon d'Amon, c'est--dire un serpent criocphale, drap dans une sorte de manteau blanc, portant en travers du corps le sceptre tte de koukoupha, tel qu'on le voit figur sur beaucoup de monuments. L'ide avait t suggre naturellement par les bruits mystrieux qui avaient couru, ds le dl)ut, sur Olympias et sur la familiarit qu'elle tmoignait aux serpents'. La scne de la thogamie est calque littralement sur un original gyptien. Si l'on prend en effet les tableaux de Louxor, on y voit Amonr, matre de Karnak, qui vient arm de son sceptre et par des insignes de sa divinit, rejoindre la reine, Moutemouaou, puis un moment aprs, le dieu et la reine, assis au-dessus du lit, les jambes entre-croises, les pieds soutenus par Nit et Selkit, les desses qui prsident
:
au mariage.
Une
les figures
l.Cliabas, Lr f'api/rns iiuifji'/iir Marris, p. 169 sqq.; Devria, Le Popi/rus judiciaire do Turin et les Papi/rus Lee et Rollin, p. 55-58.
2.
le
Recueil de Tracaux,
t.
I,
p.
Reue
yi/ptolorfique,
t. I,
3. Cf.,
dans
le
pseudo-Callistln^ne,
I,
la
tradition relative
4.
I,
p.
89-90.
))
285
a pris la forme du mari de la reine, Thoutmosis IV, et qu'il a trouv celle-ci couche dans la belle chambre de son palais. Elle s'veilla au parfum du
son plaisir
;
d'elle,
))
de dieu lorsqu'il fut venu contre elle, elle fut stupfaite de voir ses beauts, car les amours du dieu saisirent tous
ses
membres,
et l'odeur
du dieu
ainsi
tait
embaume des parfums de Pouant. de son transport, a l'pouse royale Moutemouaou dit la Qu'elles Majest de ce dieu Amonr, matre de Karnak soient grandes tes mes en ma Majest Qu'ils soient par faits les desseins que tu as accomplis Qu'elle soit belle ton union avec moi, et que ta rose divine soit dans tous
))
Lorsqu'elle revint
))
((
))
Aprs que
il
le
dieu
lui dit
Amen-
))
))
hotpou, prince de Thbes, sera le nom du fils qui sortira de ton sein, la phrase mme qui vient d'chapper ta bouche', et il exercera cette royaut bienfaisante sur la Terre Entire, car mon me est lui, ma volont est lui et mon diadme, afin qu'il rgne sur les deux Terres comme R ternellement'. Ce sont presque les paroles de
Nectanbo.
bien considrer
le
1. Les gyptiens, comme d'autres peuples de l'antiquit, recueillaient avec soin les paroles qui chappaient la mre au moment de la conception ou de l'accouchement^ et, selon qu'elles taient de bon ou de mauvais augure, ils en tiraient des pronostics pour la destine de l'enfant et ils lui en fabriquaient un nom. Ici le nom est dduit de la phrase mme Que soit beau ton te poser (liolpoid-ha) sur sa Majest et que ta rose soit en tous mes membres, comme prince de Thbes fhiqou Ost) ! Amon remplace le pronom ka qui le dsigne par son propre nom, et forme du tout le nom de l'enfant, Amonhotpou nib Oisit, litt. Ainon-se-posc [sur] le matre de Thbes. 2. Gayet, Le Temple de Louxor, dans les Mmoires de la Mission
:
franaise,
t.
XV,
pi.
LXXI
le
(LXXIII);
cf.
et petits textes,
dans
Recueil de Travaux,
IX,
p. 84-85.
280
DIEU EN EGYPTE
on voit que
devant
figure
la
circonstance la
d'Amon
:
de rester
fidle la fiction
du mariage
le
divin
qui consommait
Il
mariage
qui n'ait
Zeus-Amon
dans les rites de la thogamie pharaonique. Le rcit du pseudo-Callisthne est donc le dveloppement naturel de l'ide qu'Alexandre, roi d'Egypte, devait tre le fils du dieu de qui descendaient tous les rois.
Le principe de
populaire
cette
l'imagination
le ralisa
par les
moyens
pour Alexandre
Olympias ce que
il
la
avait
la
En rsum, Alexandre
ment
et sans effort,
par
la seule
Du mo-
ment qu'il pntrait dans la valle du Nil et qu'il y tait reconnu Pharaon, il ne pouvait plus chapper la ncessit d'avoir un pre divin et d'tre proclam fils d'Amon, fils de R, fils de celui des grands ou des petits dieux auquel il
s'adresserait.
Mme sa
de matres
d adapter
sa thorie de la royaut
de son histoire,
et les
servi
aux Pharaons de race indigne servaient depuis longtemps aux Pharaons de race barbare. Alexandre le savaitlorsqu'il s'adressa l'oracle ?
il
Le
fils
d'Amon,
(ju'il
les
d'un demi-sicle, E. de Roug annona, dans la Revue archologique, qu'il venait de dchiffrer, sur un rouleau de pa-
pyrus appartenant M d'Orbiney,non plus des prires, des formules magiques, des comptabilits d'tat, des lettres de scribe, mais un vritable roman, un conte fantastique du style de ceux qu'on lit dans les Mille et une Nuits. C'tait l'histoire des deux frres Anoupou et Bitiou, et elle est devenue aujourd'hui aussi populaire qu'un morceau de littrature gyptienne a chance de l'tre jamais. De nouveaux crits du mme genre ne tardrent pas se rvler parmi les rserves de manuscrits entasses dans nos muses, les uns mutils au point d'en tre comprhensibles peine, les autres complets quelques lignes prs et d'intelligence facile une douzaine d'entre eux figuraient dj dans la pre:
mJre dition des Contes populaires de l'Egypte ancienne, et le nombre s'en est accru beaucoup depuis lors. On ne saurait douter aujourd'hui que le roman iiit t l'une des branches les plus fcondes de la littrature pharaonique, le roman sous toutes ses formes, roman de murs, roman
d'aventures,
roman
historique.
Ce dernier surtout
parat
Ein
neiicr historischer
Roman
in
dem VI Bande
Savants, 1897,
p. G49-659, 717-731.
288
par
tt,
ct des annales authentiques du pays, une suite de chroniques imaginaires o les faits et les personnages fictifs se mlrent aux faits et aux personnages rels. Les restes de
cette histoire nous sont parvenus trois degrs, chez les au-
gyptiennes.
et publis sont
caractres dmotiques.
Ils
chaque jour par de nouveaux marchs. Ils taient perdus dans une masse de dbris achets par M. Graf Dimh, au Fayoum, vers la
([uelques annes peine, et qu'il agrandit
s'levait
un
petit sanc-
dans la rgion, un Sovkou, le Sovkou de P-aiou, dont les Grecs du voisinage prononaient le nom Soknopaios. Parmi les mille pices provenant de cette localit et qui couvrent un espace d'environ trois cents ans, du II'' sicle avant au IL sicle aprs J.-C. quarante-quatre morceaux de taille diffrente taient pars, appartenant un mme manuscrit. M. Krall y devina du ])remier coup les lments d'une composition littraire analogue au roman de Satni,
Khmois'.etce
lui fut
un motif pressant de
les tudier,
demeu-
la la
premire mesure
troisime O-^GG
longueur,
la
seconde U">79 et
1.
M. Krall propose de
le
lire la
le
premire partie de ce
prototyjjC
nom Sthon
et
de reconnatre dans
clbr par Hrodote
hros
du
i^etiv,
(II, cxlii).
289
La premire, qui
;
est
compose de huit
lambeaux, contient les restes de huit colonnes de 32,33,34, 36 et 38 lignes chacune la seconde et la troisime ne nous
ont rendu que cinq et quatre colonnes de texte plus ou moins complet. Les vingt-trois fragments qui n'ont pu tre
coordonns provenaient de cinq colonnes diverses, si l)ien que le volume entier devait consister l'origine en vingt-
deux colonnes au moins, contenant plus de 700 lignes et se dployant sur une tendue de six mtres. Aucun des contes connus jusqu' prsent n'atteignait des dimensions pareilles; mais ce n'tait pas assez d'avoir dtermin ainsi les dimensions approximatives de l'uvre,
et
il fallait en rtablir le plan des fellahs qui l'on maladresse parla l'conomie dtruite
M.Krall remarqua bientt que la largeur des colonnes dcroissait selon une proportion constante, du
doit la trouvaille.
commencement la fin des trois grands fragments elle tait de 025 pour trois d'entre elles, de 0"^-23 puis de 022
:
pour quatre, de 0"U'J5 pour trois nouvelles, de O'^IO et de O'^IS pour les deux suivantes, enfin de 0^17 pour l'avantdernire de celles qu'il russit restaurer. De plus, le haut des colonnes est d'un caractre rgulier, petit, serr, mais mesure qu'on descend, l'criture grossit et court on dirait
:
que le scribe a perdu chaque fois patience et qu'il s'est ht d'arriver au bas de sa page. De ces observations minutieuses, M.Krall a conclu que nous possdions la seconde moiti du rcit sans lacunes apprciables, mais qu'une portion notable
je crois
pleinement ses conclusions et que, sur ces points tout matriels, on n'aura point beaucoup modifier son travail.
Le manuscrit
entreprit de le
que possible, M. Krall traduire. C'est Genve, au mois de septemannona sa dcouverte dans une sance du
ainsi reconstitu autant
la
rent comprendre que le fac-simil, la transcription, le commentaire, le glossaire annoncs paratraient au bout de quelBlBL. GVPT.
T.
XXVIIl.
19
290
ques mois
;
M.
Krall vient
de publier une analyse trs dtaille du texte, accompagne de notes nombreuses o sont reproduites les phrases qui prsentent quelque difficult d'interprtation, et ce premier mmoire, s'il ne satisfait pas encore pleinement notre curiosit, suffit nous donner l'ide exacte du roman. Je veux en exposer l'intrigue aprs lui, et montrer ce qu'on peut tirer du document pour la connaissance de l'histoire et de la littrature gyptiennes.
I
Les personnages mis en scne par l'auteur anonyme ne sont point des gens de basse condition. Les moindres d'entre
eux ont le rang de gnral, la plupart sont des seigneurs fodaux l'un d'eux est roi, et il s'appelle Ptoubastis. Ce nom a t port par un des Pharaons qui rgnrent sur l'I'lgypte entire, le Ptoubastis de la XXIIP dynastie qui vivait au moment o les Grecs ftrent leur premire olympiade puis par deux autres princes de modeste envergure, dont le moins inconnu tait contemporain d'Assourbanabal et vgtait entre 670 et 660 Tanis, dans un coin du Delta. M. Krall
:
'
pense
qu'il est
ou rois, et il reporte l'action la(|uelle son Ptoubastis est ml jusqu'aux premires annes du IX sicle. Autour du Tanite, deux groupes de grands seigneurs s'agitent qui le reconnaissent comme suzerain. L'un d'eux est apparent ou alli un prtre-prince d'Hliopolis, dont la mort tait raconte probablement dans les pages perdues, et dont le nom se lit lariiarerou. Il comprend Pimai le Petit d'Hliopolis, Minnemai d'lphantine, Montoubaal qui rside au pays de
Syrie, Loulou du
nome de
r,ybr,
Busiris,
Ptnkhouf de Sais,
1.
'Ef'
ol
>.-j(i7:'.;
TipwTr,,
dans l'Africain
t.
cf.
Mller-Didot,
II, p. 31)2.
291
fils d'Iarharerou, puis Ptkhonsou d'Athribis, Ouilouhni de Maatoumou, Phrmoni, Sovkhotpou, Harou, Onkhhorou, et enfin Pakrourou, prince du nome d'Arabie
:
au conseil famille d'un pour la tient contraire parti Le la bataille. ou compose de et il Smends, se certain tiarnakhiti, fils de Kaamnophis. gnralissime du Pharaon Ptoubastis et commandant du contingent de quatre nomes, d'Onkhhorou, fils du mme Ptoubastis, deTaklis, d'un second Phrmoni, de Nemhou, d'un second Ptkhonsou, d'Onkhhpi. Si peu qu'on examine les deux listes, on s'aperoit que le rcit ignore presque compltement la Haute Egypte. Le roi est
celui-ci est le plus puissant de tous et les guide
cens gouverner
qu'
le
pays entier,
;
et
il
mande
un des personnages est mme seigneur d'lphantine, et il compte parmi ses soldats des gens de Mro en Ethiopie avec des gens de Thbes.Ce n'est l toutefois qu'un trompe- l'il, et la pauvret mme du dtail montre qu'au gr de l'auteur les districts sis au del du Delta prsentaient un intrt mdiocre. Ni Memphis, ni HraSyne
et
lphantine
aucune des
:
le
long de
la valle,
ne
lui parait
digne de possder un prince particulier au sud d'Hliopolis n'existent pour lui qu' l'tat embryonnaire, et elles sont confondues dans une mme province dont
la capitale est
lphantine.
M.
rence accorde lphantine, par l'importance que cette ville aurait acquise, vers la fin de la dynastie bubastite; je
de recourir cette hypothse. Abou-lphantino, frontire du royaume vers le Sud, avait fourni la langue courante plusieurs locutions proverbiales afin d'exprimer la diffrence des dialectes, on opposait le langage d'un homme d'Athou celui d'un homme d'Abou', et
crois qu'il n'avait pas besoin
:
1.
Papyrus Anasiasi
n" , pi.
XXVIII,
1.
6;
cf.
gyptien, p. 303-305.
292
du Midi
Un
del'liistoireoude
englobait toute
la
premire cataracte. se soucie peu du Sad, autant il aime le Autant l'auteur Delta et il en connat les localits. Presque tous ses personnages y ont leurs fiefs ou leur rsidence, et le Pharaon y sige comme dans son apanage mme, en y regardant bien, on constate que toutes les portions du Delta ne sont pas galement reprsentes dans la liste des combattants. Des
valle, d'IIliopolis la
;
grandes
elles, la
seule est
encore ne jouentseconde surtout, qu'un rle trs effac. En ralit, l'auteur s'enferme de parti pris dans la moiti orientale du
il
nomme
et peut-tre Ltopolis;
pays, et
s'y levaient.
qui reoit
le
ici
nom
nom traditionnel de Hourou c'est l qu'il accueille les messagers de ses barons et de l qu'il leur expdie ses ordres. Trois des nomes voisins, dont celui de Mends et celui de Sbennytos, s'unissent celui de Tanis pour former le domaine de la royaut; c'est eu gros le territoire plac cheval sur les branches
occupent tous les cantons qui sont situs au sud et l'orient de Tanis, de la Syrie Hliopolis. L'auteur adjoint cet ensemble de cits, dj considrable par lui-mme, les nomes du Delta Occidental, du Said et de l'Ethiopie, reprsents par Sais et par Elphantine. Son sujet est donc proprement une lutte engage entre les cits du Delta Oriental, celles de la portion nord de cette rgion et des marais contre celles de la contre sud
et
rOuady Toumilt,et
du
un
293
fragment de la chronique populaire de ces deux cits, transpar un scribe originaire de l'une ou de l'autre d'entre elles; comme le Pharaon est battu et que l'avantage demeure aux gens du Sud-Est, il est probable que la version des
crit
liopolis
vnements adopte dans le rcit est celle qui courait Hou dans l'Ouady Toumilt, et par suite, que l'auteur ou tait n dans l'un de ces endroits, ou du moins y tait tabli. Le fait valait la peine d'tre constat; il nous permettra, ainsi qu'on le verra plus tard, de mieux apprcier la nature de l'uvre et son intention, l'poque de l'histoire
qu'elle a la prtention do
la
reprsenter,
peut-tre le
ces points
temps possible de
rdaction.
La plupart de
si
nous possdions le auraient t tablis commencement par malheur, les premires pages manquent quelques fragments prs, trop courts pour nous instruire.
sans difficult
;
Il
nous faut donc extraire des parties conserves les renseignements utiles reconstituer le dbut de l'histoire, et bien que l'opration donne des rsultats suffisants pour ie gros,
elle
ne russit pas toujours suppler les indications de date et de mise en scne initiale, qui seules auraient pu dissiper toutes nos incertitudes. L'action tourne autour d'un objet que le texte appelle kherlibsh, khellihsh. M. Krall rapproche ce terme complexe
d'un mot du dialecte copte memphitique qui signifie cuirasse; le dterminatif nous indique que cette cuirasse tait
en mtal, et l'analogie de forme avec le grec Xy.lrl, fer, qui m'avait frapp Genve, rend probable qu'il s'agit ici d'une cuirasse en fer'. Cette cuirasse avait appartenu
larharerou, et elle tait conserve
Hliopolis,
sonnage
tait chef
et
prophte.
On
M. ^, dsigne la cuirasse dans l'ptre aux VI, et dans la Premire aux Thcssaloniciens, V, 8, phsiens, 14. ainsi que dans l'Apocalypse, IX, 8, 17; Stern (Koptischc Gramtnatik, y.)-wj'. 165, p. 77) avait dj rapproch ^eAAifiuj, ^eAiiriy de
1.
^e<Vinuj, sSeAAiuj
294
valeur
pour
expliquaient par quelle de circonstances elle tait arrive aux mains d'Iarharerou. Celui-ci, mourant, l'avait confie son fils Pimai le Petit Cjui lui succdait Hliopolis; mais avant mme que
les cjualits, et ils
doute l'aspect et
les jours
ncessaires
talisman
il
aussitt
Amonr,
grand dieu de Tanis, de donner une belle spulil avait expdi sur-le-champ ses messagers jusqu' Syne, pour commander aux temples d'envoyer la ville de Busiris les bandelettes et le matriel
le
pour l'Hapis et pour le Mnvis. C'est, on une compensation que le matre offre pour l'insulte commise envers le dfunt, et Pimai l'accepte avec reconnaissance, mais il ne s'en contente pas, et il renouvelle sa rclamation au sujet de la cuirasse. Pima dit alors Pakrourou,
))
le
prince de l'Est
Illiopolis,
dans
?
))
l'le de Mends Et le prince de l'Est, Pakrourou, dit Non, par le dieu Sapdou, prince de l'Est, tu n'es qu'un ennemi de mon prophte larharerou, si tu rentres Hliopolis sans que nous ramenions la cuirasse avec nous . Ces hauts
Patoumou
ils
UiN
295
arrivrent Tanis dans la cour d'audience, en prsence du roi. l'heure que le roi vit le prince de l'Est, Pakrourou,
et
Pimai, et leur arme, son cur se troubla et il leur dit Qu'avez-vous, nobles seigneurs ? N'ai-je donc pas envoy
:
vers vos nomes, vers vos cits et vers vos nobles hommes, pour qu'on fasse mon prophte larharerou des funrailles grandes et belles ? Qu'est-ce donc que cett(3 insistance de votre part ? Lors, le prince de l'Est, Pakrourou, dit Mon dieu grand, pouvons-nous donc retourner Hliopolis sans ramener avec nous dans nos nomes et dans nos cits la cuirasse du prince larharerou ? Ce serait une honte pour nous dans toute l'Egypte. Pouvons-nous clbrer les fun railles tant que la cuirasse est dans la forteresse de Patou mou, et que nous ne l'avons pas ramene sa j^lace pre mire, dans Hliopolis? Le roi dit un courrier a Porte un message Patoumou, pour mander Kaamnophis Ne tarde pas venir en Tanis pour une affaire au sujet de laquelle je te veux interroger. On fit partir le courrier, on remit le message aux mains de Kaamnophis; il le lut, il ne tarda pas venir en Tanis, au lieu o le roi tait. Le Kaamnophis, voici, la cuirasse de l'Osiris du roi dit dieu larharerou, qu'elle soit remise sa place premire, qu'elle soit rapporte en Hliopolis, dans les demeures de Pima, au lieu o tu l'as prise Kaamnophis se prosterne trois fois devant le roi, mais il refuse d'obir, et, selon son droit, il provoque Pimai la bataille. L'arme frmit; Pimai dclare par Atoumou, le dieu d'Hliopolis, le grand dieu, son dieu, que si le respect d au souverain ne l'arrtait, sur l'heure il infligerait son rival la mauvaise coalear, la couleur de la mort. Kaamnophis ne veut pas tre en reste avec lui, et il jure par Mends, le dieu grand, que ce sera une lutte sans merci, une bataille dans les nomes, une guerre dans les cits, clan contre clan, homme contre homme, au sujet de la cui rasse, car on ne peut permettre qu'elle soit retire de la
)) ))
: (( : : :
))
2%
forteresse
il
et
de Patoumou Pakrourou relve aussitt le dfi, rpand en invectives contre Kaamnophis mais le roi intervient dans la querelle et recommande le calme. Retirez-vous, dit-il, dans vos nomes et dans vos cits... Si cela vous plait, accordez-moi cinq jours, au nom d'Amon, le matre, le roi des dieux, le dieu grand, aprs que vous vous serez retirs dans vos nomes et dans vos cits, et je ferai rapporter la cuirasse sa place premire. Pima promet de ne point troubler la paix si la cuirasse lui est vraiment restitue, mais Kaamnophis ne se montre pas d'aussi bonne composition, et il somme le roi d'avoir lui octroyer la permission de batailler pour conserver son butin. Le passage est instructif, malgr ses lacunes, et il nous laisse deviner un trait que nous ignorions de la constitution gyptienne. Lorsque le roi n'avait point russi arranger les affaires de ses barons, ceux-ci avaient le droit de rclamer le combat singulier, un vritable jugement de Dieu; non seulement les vassaux directs des deux adversaire entraient en lice, mais leurs parents, leurs allis et les vassaux de ces parents et de ces allis, si bien qu'enfin dcompte, l'Egypte entire pouvait se diviser en deux camps, et la guerre se propager d'une frontire l'autre. Rendez-vous tait pris pour la bataille, et le roi prsidait aux pripties, quand il
se
;
ne se
ralliait
commande
donc ses
officiers
Lac des
en
fait
Gabelles,
non
loin
il
de la ville d'Amit et du lac convoque ses amis. Pakrourou et l'auteur numre avec comil
plaisance
nom
et
s'adresse, ainsi
le
que
les
messages
Pimai
Petit est le
premier prt,
Lac
voyant isol forme le projet de le surprendre et de l'anantir avant que les autres aient eu le temps de le rejoindre, c Car si les [quatre] villes et les quatre nomes [de la faction mendsienne] assaillaient
297
rait
qu'ils
l'Est, Pima pourquand ses frres surviendraient et trouveraient Pimai vaincu, leur cur se troublerait
puis
ne pourraient plus agir en rien, et ils devraient retour ner vers leurs nomes et vers leurs cits, sans que la cuirasse du prince larharerou dt sortir de la maison de Kaa mnophis. Kaamnophis invite donc Pima changer quelques beaux coups de lance avec lui, en attendant que la masse des combattants se prsente. Il s'agit d'une sorte
ils
))
le
52,
comme
le
jeu de
les
numriquement
mier qui avait gagn cinquante-deux points. Le serviteur de Pima entrevoit la trahison, mais son matre le rassure a Je battrai Mends, j'humilierai Tanis, Tihit et Sebennytos, qui ne me comptent point parmi les guerriers [dignes de ce titre] aie bon courage. Il s'arme donc confiant, la
:
))
en nombre, ont du dessous et ne se maintiennent qu' peine. Heureusement une flottille parat, ime galre bien quipe
et
pour lesquels le fleuve et les berges taient trop troits. C'tait Ptkhonsou avec son host. Le rcit s'interrompt en cet endroit, mais on voit que le dessein perfide de Kaamnophis avait chou, grce cette intervention inopine. Le roi Ptoubastis, averti, surgit au moment o la guerre allait s'allumer avec les nouveaux venus; il somme Ptkhonsou de dposer sa lance et de se tenir en repos jusqu'
ce que, les diffrents chefs tant sur les lieux,
la bataille
Cependant
fait
l'on a
prpar
la lice
les
armes doivent
se
rencontrer sur
les rives
298
sa
pour
les princes
nomes
comme
Pima le Petit en face de Kaamnophis, et ainsi de suite, chaque chef en face du chef qui doit se mesurer avec lui, ses soldats autour de lui impatients de s'lancer, a Qui voit
mer
et ses poissons,
!
il
voit le
Lac
la faction
ils
d'Iarharerou
Ils
mugissent
lions, ils
la
sont furieux
comme des
que des lionnes. Et l'autre faction, celle de Kaamnophis, n'est ni moins nombreuse ni moins anime. Au dernier moment, Ptoubastis fait encore un effort pour empcher l'elfusion du sang; mais Pakrourou n'coute point la requte de son seigneur, s'arme, parcourt les rangs et prodigue les encouragements aux soldats. Soudain il aperoit un hros qu'il ne reconnat pas, arm richement, de haute taille, accompagn d<3 quarante hoplites, de quatre mille archers et de quatre mille piquiers. Ce hros leva la main pour saluer le prince de l'Est, Pakrourou, et lui dit a Sois- moi en aide, Bel, dieu grand, mon dieu Qu'as-tu donc de ne pas me donner mes instructions pour la bataille, moi qui suis aussi du nombre des frres, fils du prince larharerou, mon pre Le prince de l'Est, Pakrourou, considra ce guerrier, mais il ne sut reconnatre son visage
:
!
))
et
ci
il
lui
demanda
:
lequel
d(^s
hommes du
clan
il
tait.
Celui-
rpondit
Je suis
Montoubaal
rejoignit, et
les
tait
il
se rua sur
Tanites et
maltraita
se
si
fort,
que
le roi
Ptoubastis
et se laissa
en fut effray.
mordit
les lvres
de terreur
tomber de son estrade leve. Il implora l'intervention du prince de l'Est, Pakrourou, contre Montoubaal qui, selon
ce qu'il avait entendu, rpandait
la
:
dsolation et
la
ruine
299
:
notre arme!
Alors
le
au lieu o ce hros se trouve, et Pakrourou je ferai cesser le massacre parmi l'Egypte donc attacha sa cotte, monta avec le roi sur une litire, et l'on manda les ordres Montoubaal. Le prince de l'Est, Pakrourou, dit Montoubaal Mon fils Montoubaal, retire Puis comme on demandait celui-ci s'il toi de la lice
le roi
dommage
ses
si
compa-
l'on croyait
bien agir en drobant tratreusement la cuirasse ? Ptoubastisj ainsi bafou, se rsigne dclarer qu'il fera rappor-
pourvu que Montoubaal conOn voit combien ces batailles en champ clos taient rgles minutieusement Ptoubastis et Pakrourou sont de vritables juges du camp qui ne se battent pas eux-mmes, mais qui excitent leurs partisans bien faire, qui arrtent l'action au moment o elle va
ter la cuirasse Hliopolis,
devenir trop sanglante, et qui dcident quel ct la victoire appartient. Leur rle pacificateur s'accentue dans les
pages qui suivent. Montoubaal, en se retirant, arrive au lieu o Pimai le Petit est engag contre Kaamnophis. Pi-
mai a
et
il
lve
l'pe
l'gorger.
Montoubaal
il
lui
apprend que
la vie
le roi et la
pour Pakrourou
cuirasse va
de Kaamnophis. Plus loin Ptkhonsou a terrass Onkhhorou, l'un des adhrents les plus chauds de Kaamnophis. et il menace de le percer de son poignard alors une plamte et un grand cri de dou leur s'leva dans l'arme d'Egypte, cause d'Onkhhorou.
sauve
:
))
On en informa
))
Ptkhonsou a renvers Onkhhorou, ton fils, sur le sol, et il lve son bras et son poignard pour le tuer. Le roi fut saisi de dsespoir; il prit tmoin
le roi
:
Amonr,
le
seigneur,
le
grand, son
recommand qu'on
Sitt
300
qu'il
il
accourut,
il
saisit
le
bras de
Mon fils Ptkhonsou, Ptkhonsou, il dit sauve la vie et dtourne ta main de mon fils. Pakrourou joint ses prires celles du roi et Onkhhorou chappe la
mort.
Restait dcrire
la
restitution de la cuirasse.
Il
parat
les
deux
dernires colonnes qui contenaient la conclusion de l'hisdresser une stle pour perptuer la
vnements.
II
Il
en ce
moment
d'apprcier la
et les
valeur
littraire qu'il
cite
menu
La langue
:
y est simple, claire, identique celle du Roman de SatniKhmois et forme comme elle de phrases courtes en gnral
il
dbutants.
tion et
On y
distingue un certain
mouvement
le
et
une
caractre
faut attendre la
complte
l'uvre
des
restes
du manuscrit avant de
la
porter
un jugement
dfinitif sur
d'accorder
dans l'ensemble de la littrature gyptienne. On peut pourtant entreprendre ds aujourd'hui de fixer avec prcision l'poque laquelle elle nous transporte et de dterminer le cycle auquel elle appartient.
M.
ti
la
premire moi-
301
le
bastis, et
les
par
le lieu
de sa rsidence, Tanis
classs
aussi, entre
trois
Ptoubastis
actuellement,
celui
de
la
le
XXIIP
dynastie, celui
conqurant thiopien Painkh, mais dont le nom s'crit Ptousibastt, celui dont le nom est mentionn, avec l'orthographe Patoubishti, dans les inscriptions de l'Assyrien Assourbanabal, c'est le premier qu'il choisit. L'tat de l'Egypte, tel qu'il rsulte implicitement des faits exposs dans le papyrus, lui parat rpondre ce que nous con-
La
fodalit
gypet sous
Ramessides
les Tanites de la XXP dynastie, avait acquis alors son plus grand dveloppement on comptait sous Painkh une vingtaine de princes peu prs indpendants, dont quatre, appartenant la famille royale, possdaient lgitimement
:
les titres et les privilges de la royaut. Les noms des personnages sont d'ailleurs identiques ceux qu'on rencontre dans ce sicle, Hourbsa, Tafnakhti, Ouilouhni, Onkhhorou, Onkhhpi,Ptkhonsou, Pima; ce prince Pima est peut-tre
M. Krall, identique au roi Pima, fils de que les stles du Srapum rvlrent Mariette'. Le Pakrourou romanesque, rival de Kaamnophis, pourrait tre alors un anctre du Pakrourou historique dont l'existence sous Tahraka et Psamitik P'' nous est prouve par la Stle du Songe comme par les documents assyriens. D'autre part, le Papyrus ne contient aucune allusion la prsence d'une nation trangre sur un point quelconque du territoire. Il ne sait rien des Grecs, ce qui serait surprenant si l'auteur avait voulu raconter quelque vnement survenu plus tard, sous les princes sbennytes ou sous les mendsiens de la XXIX'^ ou de la XXX dynastie. On n'y
l'avis
III,
mme, de
de
Sheshonq
1.
Krall,
Eia
iieuer historischcr
Roman,
p. 35; cf. p.
53 du tome VI
des Mittheilungcn.
302
rencontre aucun indice d'une domination de l'Assyrie ou de l'Ethiopie bien au contraire, l'arme du sire d'Elphan;
tine
renferme
le
Thbes, et un prince gNptien, Montoubaal, occupe une portion des contres de Khairou, en d'autres termes, une portion de la Syrie. Tous ces faits supposent un moment o
l'Egypte,
malgr
du
ses
divisions
intrieures,
tait
libre
du sud
et
nord-e^^t.
Or
la
Bubastites
et
des Tanites de
la
XXIIP
dynastie,
celle
mme
ciblement.
Voil,
renforcs
qu'aiaiblis,
les
arguments de
M.
Krall
je les
matire.
Le plus spcieux
que l'auteur tire du nom du souverain. En effet, quoique Assourbanabal intitule son Patoubishti roi de Znou-Tanis, le Ptoubastis de la XXIIP dynastie est le seul qui ait t incorpor au Canon ofliciel. Tandis d'ailleurs que Patoubishti vgtait obscurment dans un coin du Delta, Ptoubastis tait obi dans l'Egypte entire et il faisait acte d'autorit Thbes, de l'an XVI l'an XXIII de son rgne '. Il me semble donc peu prs certain que le Ptoubastis de la XXIIT' dynastie manthonienne est le prototype du Ptoubastis mis en scne par notre conteur, mais, ce point une fois concd, j'avoue qu'aucun des autres arguments invoqus par M. Krall ne me parat
caractriser ncessairement le
VHP
sicle.
Le dmembreet
ment du
sol
et
la
retrouvent aprs
assyrienne,
et le
Ptoubastis,
rgne de Psamitik
sort de la
Dod-
carchie traditionnelle.
Legrain, Textes de
On
sait
de quelle autonomie
la Zeitschrifi,
t.
relle le
1.
Karnak, dans
XXXIV,
p. 114.
303
persane,
de Thbes jouissait sous les Saites, et aprs l'invasion il y eut dans le Uelta et ailleurs une recrudescence
qui produisit plusieurs rvoltes, celles de Khabbisha, d'Inaros, d'Amyrte; on voit, sous les derniers Pharaons indignes, les grands seigneurs se liguer et rduire Nectanbo la dernire extrmit. La fodalit continua mme d'exercer son autorit dans certaines localits de rgypte sous les Grecs et sous les Romains mais sans
d'esprit fodal
;
descendre jusque-l,
montr qu'elle tait vers 660, un sicle et demi florissante au dbut des Saites aprs le Pharaon Ptoubastis, pour que l'argument tir
il
suffit d'avoir
l'tat de l'Egypte en faveur de ce prince devienne caduc aussitt. De mme pour les noms on les rencontre pour la plupart longtemps encore aprs les Tanites du Vlll sicle, sur les monuments contemporains de Tahraka et d'Assourbanabal, Onkhor, Ptkhonsou, Tafnakhti, Onkhhpi, et le premier Pakrourou qu'on ait signal est celui qui lutta tour tour avec ces deux conqurants. Enfin l'absence de toute indication relative une domination trangre ne
de
me
les
M.
Krall.
mme
Grecs,
vnements
comme le faisaient les gyptiens eux-mmes. Laissons pour le moment les Grecs, sur lesquels il me faudra revenir plus loin. Les thiopiens du VI 11^ et du VIP sicle n'taient
pas des trangers pour l'Egypte, mais des gyptiens de
Napata parlant
rvrant
la
mme
les
mmes
lois,
en gros
Thbes, de Memphis ou de Sais ils leurs compatriotes que par des diffrences locales peine plus sensibles que celles qui distinguaient les gens d'l-
phantine de ceux de Bouto par exemple. Leurs rois taient grands prtres d'Amon, prtendaient avoir des droits hrditaires la couronne, se considraient comme Pharaons de
plein exercice, et leurs revendications taient
assez bien
304
noms
sur les
monuments
rang parmi
dynasties
taient vritable-
et comme tels ils pouvaient soulever la mpris des conteurs indignes, mais ils ne firent que passer sur les bords du Nil et leur autorit ne s'y tablit jamais solidement aussi leur souvenir s"effaa-t-il assez vite de la mmoire du peuple. Le roman de Sthn a survcu dans Hrodote, parce qu'ils y avaient le dessous et que leur on voulait dfaite surnaturelle flattait la vanit nationale' qu'ils eussent t arrts par les dieux au seuil de la valle,
haine ou
pntr au del de
les
nomms dans
ment que
toires
:
il
deux non
plus dans le
roman
de la Dodcarcliie, et pourtant les dbuts de Psamitik rpondent au moment le plus triomphant de leur domination.
roi
et la
comme
tant la
que M. Krall apporte pour fixer l'ge le premier quart du VIII* sicle mais ne pourrait-on pas en trouver parmi les autres hros dont la prsence soit plus significative encore et nous oblige de ramener les faits une date plus rapproche de nous? Le Pakrourou, qui est le rival dclar de Ptoubastis et qui l'emporte en fin de compte, me parat tre autrement caractristique, et je crains que M. Krall ne lui
entre 800 et 780, dans
;
ait
Il
est
prince
le
de
mot
1.
Hrodote,
II,
cxli
cf.
Ziccitcs
Btich,
p. 501 505.
305
Est assume dans la nomenclature de l'Egypte, prince du XX nome, celui que les gographes classiques appelaient le nome d'Arabie. Sa capitale est la ville de Pisapdou, et
le
il
l'
Sapdou,
de
Est,
dieu fodal du
il
nome
d'Arabie.
M.
le
a constat que Krall a enregistr tous ces dtails, et Pakrourou qui vivait sous Assourbanipal rgnait dans
Pisabdou,
d'Arabie'.
transcrit en
qu'il
seigneur hrditaire du nome pu ajouter que le Pakrourou de l'histoire joue exactement le mme rb que celui du roman. Le Pakrourou du roman est le baron le plus puissant dans les parties mridionales des rgions orientales du Delta, et il
c'est--dire
tait
Il
aurait
est l'me
sur
la valle entire,
le
d'une coalition qui s'tend sur le Delta occidental, mme sur l'Ethiopie. A cela prs qu'il
protocole,
lui
il
n'usurpe point
en champ clos et l'oblige se fait, sinon en droit, le premier personnage de son temps. Le Pakrourou de l'histoire apparat comme le simple roi de Pisapdou, parmi les princes vaincus par Asarhaddon lors de ses campagnes contre l'Egypte et confirms par lui dans la libre possession de leurs fiefs. Il ne figure d'abord qu' la quatrime place, aprs Nikou I^ roi de Memphis et de Sais, Sharloudari roi de inou, et Pisanhorou roi de Nath, mais il a dj le
gal, guerroie contre
reconnatre vaincu;
il
est
en
pas sur tous les autres princes du Delta et de la valle, y compris Patoubishti, roi de Tanis. A la nouvelle de la mort
se rallie Tahraka, est battu avec les de nouveau sa soumission aux Assyriens et prte serment Assourbanabal (666). Bientt aprs, il intrigue avec Tahraka, mais il est trahi, saisi, expdi
d' Asarhaddon,
il
thiopiens,
fait
Assourbanabal
le
gracie
p.
8-9;
cf.
p.
26-27 du
BiBL. GYPT.,
T. XXVIII.
20
306
renvoie eu Egypte et
le rtablit
dans
pas encore au premier rang, mais Nikou et les Saites sont plus avant que lui dans la faveur de toutefois la fortune tourne bientt, et, Nikou l'tranger
dignits.
Il
n'est
disparaissant,
il
devient
le clief
compte des
Assyriens lonjuc Tanouatamani, beau-fils et successeur de Tahraka, reparait dans le bas de la valle l'anne mme de son avnement, vers 6G4; mais il se rallie aux gnraux
d'Assourbanabal ds que ceux-ci reviennent en force, et il se maintient en possession de sa ville, pour combien de temps, nous ne le savons point'. On voit, sans que j'insiste, combien les deux Pakrourou du roman et de l'histoire ont
de
traits
leur
Grenouille
observation fort juste ne nous permet gure de supposer qu'il y ait eu un sicle et demi de distance, en Egypte,
deux princes de Pisapdou portant le mme nom et parvenus l'un et l'autre la position prpondrante que Pakrourou dtient dans l'histoire comme dans le roman. Je ne puis et beaucoup partageront mon m'empcher de croire, qu'entre Ptoubastis et Pakrourou, le plus imporavis, tant, celui qui seul a un caractre assez tranch pour donner sa date au roman, ce n'est pas le Pharaon au nom banal, la figure sans relief et sans prestige, mais le vas.sal au nom
excentrique, chef d'une ligue de barons et vainqueur de son suzerain. Le scribe a videmment voulu placer la fable qu'il
racontait non pas sous les Tanitcs de la
XXIIP
dynastie,
vers 780, mais au temps o le Pakrourou rel, le seul des princes de Pisapdou qui et atteint la notorit, avait fleuri,
1.
Tous
ces
d'enseiiiblc
dans
les
inscriptions
d'Assourbanabal (Sclirader, KeHinschriftlichc Bibliot/ich-, t. II, p. 158169) et confirms en partie sur quelques points dans la Stle du Songe
(Mariette,
Munu/ncnls diccrs,
pi. 7-8).
307
la
XXV
et
commencent
soit pas le
XXVP dynastie.
le Ptoubastis du roman ne Ptoubastis de l'histoire ? Les conteurs gyptiens ne se piquaient pas plus de chronologie exacte que nos con-
teurs
franais
du moyen ge,
:
et l'on sait
de
Chauve rattach aux Mrovingiens ne les effraye pas plus qu'un Pakrourou de la XXV" dynastie en lutte avec un Ptoubastis de la XXIIP n'tonnait les gyptien'j. Ce n'est pas Hrodote
le
un Charles
les rois
cons-
rasse, comme
Mykrinos, Asykhis, entre les Ramessides et les thiopiens Hrodote transcrivait les renseignements que son guide lui avait fournis, et ce guide rptait avec conviction les notions qui circulaient parmi le peuple au sujet du classement de ces rois'. J'admets donc trs volontiers que le Ptoubastis du roman soit, comme le veut M. Krall, le Pharaon qui vivait vers 780, et cela ne me gne nullement pour soutenir que le Pakrourou du roman est le Pakrourou qui s'agitait un sicle plus tard, de 675 660. D'autres rcits populaires relatifs cette dernire poque commettent un anachronisme aussi curieux. Ils affirment que Sabacon tua Nk P"", le pre de Psamitik P' et son prdcesseui sur le trne de Sais et or Nk fut assassin entre 668 et 664, et de Memphis ^ Aoentare de la cuiSabacon mourut entre 720 et 700.
:
je
proposerai
la
Dodcarchie.
J'ai fait
obser-
1. Cf., sur ces erreurs de la chronologie des romans gyptiens, Maspepo. Les contes populaires de L'(jypte ancienne, 1" dit., p. xxviii-
XXXIV.
2.
Hrodote,
II,
cm
cf.
Wiedemaun, Hcrodots
Zioeites
Buch,
p. 543-544.
308
ver,
il
que les crivains populaires avaient y a longtemps compos de vritables cycles romanesques autour des personnages et des vnements principaux de leur histoire nationale, cycle de Ssostris, cycle des Pyramides, cycle de la V Aventure de la cuirasse appartient ce Dodcarcliie dernier cycle. Jusqu' prsent, les fragments que nous en connaissions nous taient parvenus surtout par les auteurs grecs, le roman de l'aveugle Anysis et celui de Sthon par l'intermdiaire d'Hrodote, le roman de Psamitik I" par les versions d'Hrodote et de Diodore, le roman de Tnfakhts et de son fils Bocchoris travers Plutarque et Aventure de la cuirasse est le premier de la Manthon. srie qui nous arrive dans la langue originale, et il offre certaines analogies avec la Geste de Psamitik. D'un ct comme de l'autre, l'Egypte est en proie au rgime fodal, mais ici les barons ont un Pharaon dont ils respectent la suprmatie au moins nominale, tandis que l ils ne veulent aucun Pharaon au-dessus d'eux et ils se proclament tous
:
gaux. C'est
ici,
cette absence d'allusion aux Grecs dont M. Krall a tir parti. Le conte de Psamitik racontait de faon populaire
l'introduction des jioplites en Egypte, et, depuis lors, ces mercenaires avaient pris une part si importante aux rvolutions et aux guerres du pays, qu'un roman traitant
d'poques postrieures aux premiers Saites n'aurait pu se dispenser de parler d'eux, ne ft-ce qu'incidenmient. La
moiti du
VIP
sicle.
si
ces traditions
si la
forme roma-
1.
Ma>spei'o,
Li's
cordes jiopulnin's
dr
l'Efji/pd'
ancienne,
d.,
p. XXII.
309
nesqiie ne recouvre pas un peu de vrit? L'action tourne autour d'un objet dpos dans la maison de Pi mai le Petit,
Hliopolis, et ayant appartenu son pre larharerou l'objet est une cuirasse en mtal, un corselet sans doute
:
form de deux pices, comme celui des hommes d'airain la Geste de Psamitik, et prcieux par consquent dans un pays o les chefs avaient employ pour se couvrir des chemises de cuir ou de toile revtues d'caills de cuivre ou de bronze. Comment larharerou s'tait procur cette merveille, nous l'ignorons, puisque les premires pages du manuscrit sont perdues nous constatons seulement qu'elle reprsentait pour les gyptiens quelque chose d'aussi extraordinaire que les armes d'Achille pour les Grecs, si bien que les princes n'hsitent pas se dclarer la guerre les uns afin de la reprendre, les autres afin de la conserver. Les temples avaient dans leur trsor des reliques de ce genre, auxquelles on attribuait une vertu spciale et qu'on montrait aux fidles une ou plusieurs fois par an de certains jours des lgendes s'taient formes autour d'elles qui en clbraient l'origine et les aventures, et ces lgendes
de
;
:
fabuleuses taient acceptes comme ralits par tous les dvots \ Rappelons-nous enfin que tous ces contes qu'Hrodote nous a transmis, et qui ont form pendant longtemps
connue de l'Egypte, s'attachaient un ou une portion d'difice, une statue, un emblme, et (|u'ils avaient pour but d'en expliquer l'aspect gnral ou les particularits. Ajustant ces observations notre roman, nous pouvons en conclure avec beaucoup de vraisemblance que la cuirasse n'tait pas une simple fiction, mais une pice relle, comme cette cuirasse de lin qu'Amasis avait consacre dans le temple de Lindos et qu'on montrait encore aux curieux pendant le premier sicle de notre
la
seule histoire
difice
1. Cf. l'histoire
The Anilquitics of
XXIII-XXV,
et p. 70 sqq.
310
re'.
On
la
le
roman nous
apprend
la stle
d'elle
tions,
mme
prten-
due stle de Ramss II sur laquelle E. de Roug a lu la chronique du dmon qui possda la princesse de Bakhtan et les prtres avaient fut exorcis par la statue de Khonsou fabriqu ce document de toutes pices pour exalter la gloire de leur dieu'. Rien ne s'oppose ce que la stle d'Hliopolis ait contenu en substance quelques-uns des faits dvelopps dans le roman la mention de la cuirasse de larharplus ou moins erou, l'indication des circonstances authentiques dans lesquelles elle fut vole, puis retrouve et rapporte son lieu d'origine. Le nom de Pakrourou dut jouir quelque temps d'une certaine popularit au dbut de l'poque saite, et on le lisait sans doute sur plusieurs monuments les scribes locaux l'appliqurent au personnage principal de l'histoire, avec autant de raison et aussi peu de scrupule que le sacerdoce thl)ain, lorsqu'il mit au compte de Ramss II le miracle opr par Khonsou sur la princesse de Bakhtan. Je ne pousserai pas plus avant dans cette voie d'hypothses je rappellerai seulement que les Egyptiens taient fort curieux de vieux crits, et qu'un passage du Conte de Satni-Khamos nous montre le hros tudiant des pierres au hasard dans la ncropole de Memphis, afin d'y chercher des formules de prire ou d'incantation'. Si le magicien ramass;iit dans les inscriptions religieuses de vieux style la matire de charmes puissants, le conteur
:
; :
1.
II.clxxxii;
cf.
\Viedcinaiin, Ilcro-
dols
Z irrites
Bur/i, p. 613
61.5.
2. Cf. la
traduction et
l'iiistoiic
pofHtl'iirt's
3.
de
l'/:';/i/pfr (iiicicnrtr,
2Ui) 224.
l'tjijpte
ancienne,
311
dans
III
deux ges divers, sont dresss pourtant en face l'un de l'autre et mls une mme action. Ce sont les murs de la fodalit gyptienne, ses querelles, ses rvoltes telles que nous les connaissions dj par d'autres documents, et les discours que l'on y tient sont ceux-l mmes qui sont prts aux rois et aux princes dans les pices d'une authenticit incontestable le Painkhi et le Tafnakhti de la grande stle du Gebel Barkal ne parlent pas autrement que le Ptoubastis et le Pakrourou de l'Aventure de la cuirasse. Le roman, lu, rcit en public par un narrateur de profession, ou dbit Hliopolis par le sacristain ou par le drogman qui "montrait aux visiteurs les reliques des temples et les curiosits de la ville, avait grand chance d'tre considr comme un morceau de chronique authentique et d'tre insr, comme tel, dans une histoire de l'Egypte. Que les trangers se soient laiss tromper aux apparences et qu'ils aient utilis de bonne foi, sans s'en douter, quantit de documents semblables, l'exemple des deux Hcate, d'Hrodote, de Diodore, d'Apion, de Josphe, des historiens
:
ou arabes de l'Egypte consistent surtout en contes analogues Y Aventure de la cuirasse, recueillis de vive voix chez les interprtes ou chez les indignes au cours d'un voyage et d'un sjour plus ou moins prolong sur les bords du Nil, puis relis l'un l'autre d'aprs les donnes, le plus souvent inexactes, qu'ils renfermaient sur la parent ou sur l'ordre de succession des rois mis en scne. Cela n'est pas pour tonner de la part d'trangers qui ne savaient pas la langue
pour
le
prouver
les
histoires
classiques
312
du pays
n'avai<'nt
toire, et
pas
;
le
libre
mais
les annalistes
le
indignes
l'his-
roman de
Manthon lui-mme, ou plutt ses auteurs, avaient introduit dans leurs livres non seulement des faits, mais des rois fictifs, qu'ils empruntaient soit des manuscrits du
genre de ceux que nous possdons encore, soit la tradition usite d'ordinaire chez le peuple des villes ou des campagnes.
montr ailleurs comment les listes de Manthon et les rares extraits de son ouvrage qui nous sont parvenus, compars aux listes hiroglyphiques et aux monuments, traiiissent de toutes parts les emprunts faits cette histoire
J'ai
l'iiistoire
relle et parfois
en recouvrait ou en efTaait les donnes \ Pour n'en citer qu'un exemple, la IV^ dynastie et le dbut de la V^ se prsentent comme il suit dans Manthon et sur les documents
contemporains
SANOFROUI
313
entre Mevyprjc-Menkaouri et OjTep/pT.-Ousirkuf, et auxquels elles attribuent plus de soixante annes. De plus, tandis que
les chiffres assigns aux rgnes de Sanofroui, de Khoufoui, deDidoufr parle Papyrus de Turin donnent des nombres d'annes modrs, 24 annes pour le premier, 23 ans et 8 ans pour les deux autres, Manthon prte 29 ans socpt?-
Sanofroui,
Khfr.
63
ans
ces
SoOcp-.c-Khoufoui,
ait
66
ans
Sorp-.c-
Que Manthon
la
influenc par
Hrodote
dures normes directement la comparaison de ses chiires avec ceux de la liste officielle qui tait en usage sous les Ramessides montre qu'il avait utilis, comme son prdcesseur
source indigne,
grec,
ou
des rois constructeurs de pyappliquant les mmes procds d'analyse non plus seulement au Canon Manthonien, mais aux listes
l'histoire lgendaire
ramides.
En
du temps de la XIX" dynastie, on arrive y discerner dj des interpolations de rois romanesques, au moins parmi
les
Thinites de la
soi-disant famille de
en dcouvrira plus
Mens j'en ai mes cours au Collge de France, encore, mesure que les monu:
ments de ces ges reculs se multiplieront. Et voici qu'une dcouverte rcente achve de dmontrer que Manthon avait admis inconsciemment autant de romanesque dans l'histoire des poques rcentes que dans celle des poques lointaines. Il avait ^-acont, la fin de sa XVIH" dynastie, une invasion des Impurs de Syrie les Juifs y voyaient une version indigne de leur Exode, et l'ide que leurs anctres avaient domin sur l'Egypte, ne ft-ce qu'un moment, ne dplaisait pas leur orgueil national. C'est un vritable roman. Le roi Amnphis a la
:
les dieux comme avait fait Hros, un de voyant, Amnphis, fils de Paapis, qu'il consulte cet gard, lui ordonne avant tout de chasser les lpreux et autres hommes impurs sur quoi il rassemble
fantaisie
de voir
ses anctres.
Un
les
gyptiens
affligs
de vices corporels et
il
les jette,
au
314
C)uatre-vingt mille, dans les carrires de Tourah. y avait des prtres parmi eux, et ce sacrilge irrite les dieux le voyant, craignant leur colre, crit une prophtie pour annoncer que certaines gens s'allieraient avec les Impurs et domineraient l'Egypte pendant treize ans, puis il se tue. Le roi cependant a piti des proscrits et leur concde la ville d'Avaris, dserte depuis l'expulsion des Pasteurs; un prtre dllliopolis, Osarsypli-Mose, les constitue en corps de nation, appelle de Syrie les dbris de la horde des PasIl
;
nombre de
teurs,
et tous se
ensemble
rappelle
il
ils
se prcipitent sur
le
Delta.
les
Amnphis
la
prdiction
il
rassemble
Les
Solymites, qui avaient envahi le pays avec les Impurs, se comportrent si indignement envers les hommes, que leur
autorit devint insupportable ceux qui durent alors subir
non seulement ils brlrent les ne se retinrent point de piller les temples et de briser les images des dieux, mais ils se servirent des animaux les plus rvrs pour la cuisine, et ils les firent immoler de force par leurs propres prtres et
leurs impits.
effet,
En
Amnphis
prophtes qu'ensuite ils jetaient nus dehors... Aprs cela, revint d'Ethiopie avec une grande arme, ainsi
que son fils Rhamss, qui lui aussi avait une arme. Tous deux assaillirent les Pasteurs et les Impurs, les vainquirent, et, aprs en avoir tu un grand nombre, ils les poursuivirent jusqu'aux frontires de Syrie'. Il est vident que la mention de Mose et celle des Solymites ont t introduites aprs coup, par ceux qui adaptrent l'pisode aux exigences
de la tradition hbraqu*?. L'original gyptien devait .se composer de deux parties, une prdiction faite au roi Amnphis, et l'accomplissement de cette prdiction. Les deux
1.
Mantlion dans
.Iosc|)lic,
Contra Aj>ioncin,
I,
,\xvi-xxvii.
Il
est
venirs de la
315
que la et gyptiens description de c'est ainsi que le Conte des Deux Frres, dans son tat actuel, rsulte de la runion de deux contes, souds ensemble aprs avoir men longtemps une existence indpendante \
la
mme
victoire
des
La
Wessely ^ interprts pour la prepar Wilcken'. Le titre en est dj significatif L'apologie du potier au roi Amnpis, au sujet de ce qui doit arriver V Egypte, rendue aussi exactement que poscouverts et publis par
fois
mire
'A[JivwTr'.v
^aaiXia
TiEp'.
twv
ttI
kV^'j-rixt^
xai To
o'jvaxov.
description rapide
or,
en ce
de mpriser
la divinit et
les
dieux,
tomba en extase
le
roi.
au
moment o on
se prparait
l'emmener, et au lieu de
Celui-ci,
scribe,
et
il
mande un
homme
mettra en ordre. La prophtie est fortement mutile, et Ton ne peut pas toujours en restituer le texte. On voit pourtant que l'Egypte y est menace d'une rvolution des Porteurs de ceinture, rwvocfpot qui, unis aux Impurs,
vcrtor,
niens,
et confondus avec eux sous l'pithte de TyphoTucfivtot, appelleront des Syriens leur secours.
1.
d.,
p. VII sqq.
2. Neue rjviccliische Zanberpapijrus, dans les Denhschriften de l'Acadmie de Vienne, 1893, t. II, p. 399. 3. .E(/ijptiaca, Feslsehriftfr Geor;/ Ebers, p. 146-152.
31G
fuiront chez
les thiopiens, et l'ennemi demeurera matre du pays sept annes durant. Ce laps de temps coul, le Nil recouvrira la
la cille
de la
des dieux qui avaient t emportes reparatront, Mer ne sera plus qu'un hourg de pcheurs,
et
car
Knouphs seront rentrs Memphis, et la cit mritera de nouveau d'tre compare pour sa richesse risis nourricire l'Egypte tressaillera de joie, quand celui
Agathodmon
eOuev/;,
celui qui
i-
'h/.Vvj,
viendra et
descend de la grande
prodigue de tout bien. Alors, en vrit, les vivants souhaiteront que les morts ressuscitent pour participer leur prosprit, et sur la fin de ces choses, les feuilles tomberont et le Nil abandonn se remplira d'eau, et l'hiver qui revenait hors de sa place courra dans son cercle
roi
comme
propre, et l't prendra sa course propre immuablement, et . les vents dompts sans aucune peine seront rguliers
'
Aprs avoir continu quelque temps de la sorte, le potier tomba mort. Cette catastrophe il ordonna d'embauaffligea le roi Amnpis extrmement
s'interrompit brusquement et
:
mer le cadavre et de l'enterrer Illiopolis, puis il plaa le livre o l'on avait inscrit les paroles dans le trsor royal et
il
et la version qui
montrait volontiers tout venant. Le conte s'arrte l, nous en arrive ne nous dit rien de l'accomplissement des prophties. Klle tait probai)lement assez
le
gote dans l'Egypte romaine, car des fragments nous en ont t conservs par deux manuscrits, dont l'un est, selon Wessely, du II" sicle aprs Jsus-Christ, l'autre du III'';
mais
elle est
le
scribe qui se
1.
'KtiI
<T>,i>
Zi-ry'j-urt j/.Aoppor.-ni,
xal 6 aeiOeI;
-/iiajv
ISi'o)
jSaT<i> Ne<Xo;>
C,p<x\i.ii-cn
7>,r,j;(i)0T,<TTai,
-tj-.t
xt 6 ixTriiitcTixevo; TJ|x?(j)vo;
>.r,[j.'|/Tat
x-jxXid xal
TO po; llwi
|iTa7:[T(j)T0);]
SpO|xov, eoTaxioi
v|xo[viJ Tcvoiai
317
sait sans
vante d'en avoir traduit en grec l'original gyptien florisdoute au temps des Ptolmes.
Qu'il dise vrai en cela, on n'en saurait douter, pour
peu
les
qu'on soit
familier avec
la
Un
lettr th-
bain de l'poque des Ramessides, tourment par le dsordre du calendrier, priait Amon de le dlivrer de l'anne faus se, o le soleil ne se lve plus [au point o il devrait se lever], o vient l'hiver o tait l't, o les mois s'en vont hors leur place, o les heures se brouillent'. Ce tableau de misre n'est-il pas la contre-partie exacte du tableau de prosprit esquiss par le potier, o l'hiver, dont jadis la
hors de propos , |ji-T^;jLcp'.j;jivo aorji'itovo reprend sa course propre et o l't retrouve sa marche rgulire ? Et, pour ne pas pousser trop loin l'examen, la phrase par laquelle le texte grec introduit l'avne terre s'habillait
/E'.fjLtov,
ment du
comme
l'cho de la formule
a
que
le
roi
la
qualit
roi bienfaisant,
monkhou =
ej.uvr,?,
dans ce
lisons,
un
original gyptien.
il
rendit fidlement dans le langage mais en quel temps cette premire version avait-elle t rdige? Wessely avait cru lire dans un passage le nom des Hellnes, -ep! 'EXXy;vwv Wilcken fait observer que cette leon n'est pas sa place dans un texte o il est question d'un souverain de la XVIIP dynastie, et il propose de corriger tzioI kX/jvwv en -Ksp-.EXajvwv'. Je ne prendrai point parti dans cette question de critique verbale un
l'entendit conter et
1.
1 sqq.
cf.,
pour
le
commentaire,
4.
2.
3.
Papyrus Prisse,
jEgyptiaca,
pi. II,
1.
7-8.
p. 149.
318
recours au papyrus
raison,
mme
Wessely ou Wilcken. Je dirai pourtant que l'argument de Wilcken n'est pas si fort qu'on pourrait le croire
premire vue. Un prophte, emport par l'inspiration divine, pouvait facilement prvoir et annoncer des vnements
trs postrieurs aux ges o il vivait parler des Grecs et de leur domination dix ou douze sicles avant la conqute d'Alexandre, le potier d'Amnpis n'aurait donc pas dpass
:
les droits
de ses confrres, et
il
donc un
de
la lecture
Wes;
ne m'en tonnerai point pour mon compte bien plus, la nature de certains dtails m'incline penser que, mme si les Grecs ne sont pas nomms explicitement, il s'agit d'eux dans la prophtie et qu'ils s'y cachent sous cette pithte de Porteurs de ceinture. Je n'en veux apporter ici qu'un indice. Le potier affirme, dans un endroit, qu'au retour des Pharaons lgitimes la ville sur la mer dchoira la condition d'un simi)le village de pcheurs. Wilcken entend, avec doute, qu'il s'agit ici de Pluse. Mais Pluse tait bien obscure sous les Pharaons pour mriter riionneur d'une maldiction spciale; il fallait au contraire que la ville sur la mer et une grande importance et inspirt une crainte relle, pour qu'en prdisant sa dcadence on n'ost pas l'interpeller par son nom, mais qu'on se bornt la dsigner par une circonlocution. Or de ville sur la mer n qui ait atteint la grandeur et la clbrit, il n'y en eut qu'une seule en Mgypte pendant l'antiquit, Alexandrie. Je suis trs tent de croire ([ue, dans l'esprit des gens qui transcrivaient le morceau, la prdiction tait dirige contre les Lagides le potier, aprs avoir dplor leur triompiie momentan, annonait le retour des Pharaons et des dieux nationaux. 1mi conclurai-je que la pice date seulement de deux ou trois sicles avant notre re? Il me semble (|u'elle tait plus ancienne et (jifon s'est born
:
319
Quoi
qu'il
en
soit
de Manthon. Le peuple de Syrie qui viendra au secours des Impurs n'est pas spcifi dans la version nouvelle, et le
potier
cet
Amnphis,
fils
de Paapis, si populaire Thbes aux sicles qui prcdrent immdiatement notre re; l'analyse laquelle Wilcken s'est livr montre qu' cela prs, le fond des deux prdictions est identique. Le caractre romanesque du document utilis par Manthon est donc pleinement confirm, et l'on voit combien j'avais raison de dire que les annalistes indignes avaient souvent commis la faute de confondi-e le roman populaire avec l'histoire authentique. L'Aventure de la cuirasse, tombe entre leurs mains, ne leur aurait probablement inspir aucun soupon ils l'auraient considre comme un rcit de faits rels, et ils en auraient
:
avec
en auraient concili les anachronismes officiel, je ne chercherai pas le conjecturer ici; ils y seraient parvenus sans plus de peine qu'Hrodote n'en a eu mettre son Khops aprs son Rhamptis.
ils
Comment
les dates
du comput
Les modernes n'ont pas toujours t moins conne peuvent se persuader encore que la querelle d'Appi et de Saqnounr, raconte au Papyrus Sallierl, n'est pas un chapitre de Thistoire des Pasteurs'. Je m'arrte, non que j'aie puis mon sujet, mais ce qui me reste en dire est trop technique pour intresser d'autres lecteurs que des gyptologues de profession. M. Krall a joint son analyse un vocabulaire trs complet et des obsersinite.
vations sur la
il
recule
grammaire et sur la palographie de son texte un peu trop haut, je pense, la date laquelle le
:
1.
2'
d.,
p. xxii-xxv.
320
UN NOUVEAU
contp: gyptien
papyrus a t crit, et les formes des caractres me paraissent moins vieilles qu'il ne l'affirme. Il faudra discuter ces points ailleurs dans nos revues; je ne veux pas toutefois terminer cet article sans fliciter une fois encore M. Krall de sa dcouverte, sans le remercier de la complaisance avec laquelle il nous en a fait profiter aussitt qu'il a pu, et sans
tre
avec
et la
la
promptement les moyens de publier, photographie du papyrus, la transcription complte traduction de VAcenture de la cuirasse.
LA TABLE D'OFFRANDES
DES TOMBEAUX GYPTIENS'
On voit dans tous les tombeaux memphites, dans tous ceux du moins qui ne sont pas mutils irrparablement, un tableau toujours le mme en ce qui concerne le groupe principal, mais dont les parties secondaires ont t dveloppes plus ou moins selon l'espace que le dcorateur y
Le mort y est reprsent assis devant un guridon surmont de branches de palmier, plantes cte cte en apparence, mais en ralit couches plat contre la surface nue de la table ou tendues sur un amas d'objets qu'elles cachent'. Souvent on lit sous la table une courte inscription, qui constate que les offrandes poses
avait sa disposition.
sur elle ou devant elle, pains, gteaux, volailles, viande de boucherie, toffes, parfums, sont comptes par milliers, et, lorsque la place ne manque pas, toutes les substances mentionnes sont entasses en plusieurs registres par quanExtrait de la
275-330,
et
t.
1.
Reue de
in-8'',
t.
XXXV,
p.
XXXVI,
p.
1-19.
Tirage
part de cinquante
exemplaires, 1897,
2.
Borchardt a le premier expliqu cette figure dans son article sur Die Darstellung inncn ver^ierter Schalenauf gyptischenDcnkmlern (Zeitschrift, t. XXXI, p. 1-2); pourtant je ne crois pas que le guridon
ait t
carr,
j'ai
ainsi qu'il le
tablette
carre que
vus sont
quatre
Les branches
de
comme dans
l'Egypte moderne.
81
322
LA TARLE d'oFFRANDES
Une sorte de tableau rectangulaire, ce pancarte, est affich au-dessus du guridon, et contient une liste o l'on retrouve numrs la plupart des objets reprsents. Elle est partage en registits considrables.
la
que j'appellerai
tres, et
au moyen de lignes verticales qui coupent leurs lignes de sparation angle droit. Chaque case est distribue en deux ou trois compartiments superposs le suprieur contient le nom d'un objet ou la dsignation d'un rite, le suivant renferme un chiffre ou un signe de mesure qui marque la quantit exige de l'objet nomm ou le nombre de fois qu'il faut excuter le rite; enfin, lorsqu'il y a un troisime compartiment, on y lit le nom du personnage qui l'on destine l'oirande et par devant la prposition AAA/v^^ ni, ne, qui exprime cette attribution. Souvent les prtres chargs de la crmonie sont reprsents faisant leurs gestes ou dclamant une phrase, et des files d'esclaves ap:
on figure dans un coin du tableau, des musiciens qui rjouissent le mort de leurs chants les plus mlodieux. Cette scne peut tre contracte l'extrme et se rduire,
;
plus, rarement,
comme
c'est
le
cas
le
plus
frquent
assis
sur les
stles
des
devant son guridon et la petite lgende qui l'accompagne. La pancarte est alors supprime entirement', ou sculpte par extraits plus ou moins longs', ou dpece en deux ou plusieurs fragments qu'on distribue sur les montants de la stle et sur la surface plane qui bouche la baie de la fausse porte".
Le
tableau,
mme
le
3. Id., p.
323
devant
le
au double du personnage
ridon.
nomm
et dessin
gu-
Cette
liste
la
premire
fois,
il
a vingt ans.
Le
sens
m'en apparut
et, tout en y reconnaissant par quelques cts le menu du mort, o il choisissait sa guise ce qui lui convenait le mieux pour son djeuner et
jour, je
commencement
surtout, contenaient le
momie ou
sur
la
moment de VOuverture de la bouc/ie. J'tais encore plein de ces ides, lorsque, en 1881, la dcouverte des textes gravs dans les Pyramides de Saqqarah me rendit chez Ounas, chez Tti, chez Papi II, avec la pancarte mme,
des textes rdigs de telle manire que j'y reconnus aussitt le rituel des crmonies dont la pancarte nous livrait,
pour ainsi dire, l'index par ordre de matires. J'essayai d'en rendre la moiti en franais, propos d'Ounas', puis
Diimichen, ayant dcouvert un exemplaire moins abrg dans le tombeau de Ptmnophis, critiqua mon uvre avec sa courtoisie accoutume et publia une interprtation souvent meilleure que la mienne'. Je repris ensuite le sujet en ditant Papi II, et je proposai mon tour une traduction et
mettre
qu'il
une explication', dont Dmichen voulut bien adconclusions principales dans la correspondance changea avec moi ce sujet. J'ai analys longueles
ment certaines sections de la pancarte dans mes leons au Collge de France, partir de 1886, et ds lors beaucoup de mes ides ont t mises en circulation par d'autres
1. Maspero, Les Pi/ramides de Saqqarah, p. 3-18; cf. Recueil de Travaux, t. IV, p. 179-194. 2. Dmichen, Der Grabpalast des Patuamenemap, t. I, p. 13-43. 3. Maspero, Les Pyramides de Saqqarah, p. 354-370; cf. Recueil de Traoaux, t. XII, p. 78-94.
324
LA TABLE d'oFFRANDES
enfin, l'obligation
de dmon-
mes auditeurs
ce
le
qu'tait
un tombeau memphite,
Ti,
plus spcialement
tombeau de
ma
entran re-
manier mes notes et y introduire les rsultats nouveaux de mes tudes les plus rcentes sur l'archologie religieuse
et
pris
mon
travail les
panpre-
airtes
du tombeau de
et les variantes
si
que Dmichen
le
habilet
mritoire dans
le
a transcrit
de prsentation, et les figures qui illustrent ce texte au tombeau de Ptmnophis', m'ont rvl, avec les paroles, le rle et la mimique de chacun des individus qui jouaient cet acte du drame funraire. Les inscriptions des Pyramides m'ont restitu l'dition la plus ancienne que nous possdions jusqu' prsent de ce mme Rituel, et comme elle concide quelques mots prs avec celle du tombeau de
Ptmnophis, je ne crois pas que les critiques les plus rigoureux puissent soulever la moindre objection contre l'emploi que je ferai constamment de l'une pour contrler les renseignements de l'autre. On en conclura seulement, avec moi, que le crmonial de cette partie du culte des morts n'a pas chang sensiblement du temps de Ti
Cf. p. 166-187
1.
2.
t.
I,
pi.
XVIII-
XXVI.
J'y ait joint souvent les variantes d'autres textes, surtout celles
qu'on rencontre dans l'ouvrace de Mariette sur que Dmichen n'avait pas utilises.
'A.
tombes de Saqqarali,
C'est
Dmichen, Dm Gmbpatast des Pntiuunenrmap, t. I, pi. V-XII, videmment la copie de poncifs trs anciens, dont on a retrouv
des fragments dans les restes de la chapelle d'une des pyramides de Dahshour (Vyse-Perring, Oprations carried on at thc Pi/ramids,
t.
m,
dans
pi.
72; J. de Morgan, Dn/ishotir, t. I, p. 76, fig. 178-180), tombeaux de Bershh (Grillith Newberry, ht Bershrh, t. IX, XV).
p. 70.
et
II,
les
325
Ptmnophis, pendant trois mille ans au moins. Tel il se montre nous sous les rois constructeurs de pyramides, sous Sanofroui, sous Khops, sous Ounas, sous les Papi, tel il demeura jusqu'au sicle des Antonins et jusqu'aux derniers jours du paganisme. Et, mme sous Khops, il est rgl si compltement et de faon si rigide qu'on est contraint d'y voir dj le legs immuable d'un ge antrieur les pratiques et les ides qu'une analyse minutieuse nous obligent y reconnatre sont celles de
:
gnrations plus
vieilles
Les dix-huit premires cases de la pancarte, telle qu'on au tombeau de Ti, forment ce qu'on pourrait appeler la prface du menu o le mort pourra s'approvisionner chaque jour. Cette prface se divise elle-mme en trois chapitres, dont je veux dfinir le contenu et l'utile chapitre i^ y est rduit aux deux premires cases, lit le chapitre ii s'tend sur les onze cases suivantes, et le chapitre sur les quatre cases qui succdent celles-ci. Les deux premires cases contiennent la mention Eau 2 pour Ti, et Encens brler verser, 1 pour Ti. C'est le dbut de tout repas et de toute crmonie, le lavage, la purification des htes par l'eau et par l'encens. L'dition illustre de Ptmnophis nous apprend que nous
l'aperoit
:
sommes dans
pi-doua,
la
la
le
maisons
rappelle une fois pour toutes, afin de n'y plus revenir, que les
le temple du dieu, le palais du roi, le chteau maison du particulier, et que toutes les dispositions-
gyptiens identifiaient
du noble ou
la
326
LA TABLE d'oFFRANDES
khnoidt, y recevait Vadora'on, tements intrieurs, le salut de ses domestiques, de ses clients, de ses amis, y achevait sa toilette et y revtait les insignes de son rang,
les salles
y djeunait et y dnait seul ou en compagnie des siens. Le tableau nous y montre Ptmnophis assis devant son guridon, tourn vers la gauche, et la srie des rites spciaux l'offrande se droule longuement en face de lui'. Deux petits personnages excutent chaque acte, Vhomme au rouleau, qui rcite les formules, le domestique, qui
esquisse les gestes et manie les objets;
ils
avaient avec
eux des aides qui leur passaient ces objets l'un aprs l'autre. Ds ce premier tableau, ils sont en jeu tous les deux. L'eau tait apporte au tombeau, du Nil ou du canal le pkis voisin, puis emmagasine dans de grands vases, o shi qahhouti^ la libre elle simulait un tang frais disposition du double et de ses prtres. On la mettait,
pour
la
circonstance,
dont
on trouve plusiers bons spcimens dans nos muses. Leur allure grle, et l'aspect du bec par o l'eau s'coule,
semblent bien indiquer qu'ils taient en mtal le plus souvent; de fait on en trouve assez souvent qui sont en cuivre ou en bronze. Ils allaient d'ordinaire par quatre, runis sur une sellette en cuivre cjuatre pieds, telle que celle qui fut dcouverte Dir-el-Bahari et que l'on conserve actuellement au iMuse de Gizh\
Il
le
types de l'un de ces difices se retrouvent ncessairement dans le reste avec les mmes noms on peut se servir du plan de l'un pour restituer
:
le
plan de tous
les autres, et
la distrile
indiqu
il
y a lon^'temps,
t.
2. 3.
clos
I,
Patuainrnemnp,
1,
pi. \'.
p. 73-74,
fig. 164-16.").
pi.
XXII B,
589.
327
il
Un
stle,
c'est-
cense
conduire
:
au caveau et derrire laquelle le mort se tenait invisible il prsentait deux mains une grande coupe sans pieds, ronde par le bas, et le domestique saisissait un des vases tandis que l'homme au rouleau entonnait la premire
'
formule.
odieux
Ti** ,
et l'effusion
de l'eau commenait';
ce qu'on dit de
mau-
vais ton
nom\
Thot,
apporte tout ce qui est dit de mauvais au nom de Ti, car tu l'as mis sur la paume de ta main Le domestique calculait probablement son temps de sorte
que l'eau du premier vase achevt de s'puiser ce a Ne sois pas moment, et V homme au rouleau s'criait
: ))
robe par
rptait
l,
fluide vital
% ne
par
l! n
la fois encore, une fois pour chaque vase nouveau que le domestique vidait dans le bol de son aide, probablement en se tournant vers le point de l'horizon qui rpondait chacune des maisons
Il
formule
trois
dans Dilniichen, Dcr Grdbpalast, t. I, pi. V, 3-2. Les formules liturgiques manquent au tombeau de Ti, mais la pancarte que j'ai prise pour tj'pe se trouvant dans ce tombeau, j'ai remplac partout le nom d'Ounas ou celui de Papi II, que portent les
1. Cf. la vignette 2.
textes dont je
me sers,
3. Cette indication
me
mention Verser l'eau dans le texte de la Pyramide d'Ounas, p. 3. 4. Sur la valeur du nom dans les crmonies magiques ou religieuses, cf. ce que j'ai indiqu dans les tudes de Mythologie et d'Archologie,
II, p. 298, et Histoire ancienne, t. I, p. 162-164, ainsi que les dveloppements qui ont t donns cette ide par Leiebure, dans le tome I du Sphinx. Ce qui est dit ici de mauvais au nom du mort, ce sont les
t.
a besoin.
le sa, fluide
Sur
de me,
cf.
tholofjie et d'Archologie,
6.
t. I,
p. 307-308.
:
La
l'emploi
328
LA TABLE d'oFFRANDES
le
mort
impurets matrielles, mais des mauvaises influences qui le menaaient, des paroles malveillantes ou des incantations diriges contre lui sous le couvert de son nom. Osiris assumait tout cela son compte, car Thot, le dieu des formules miigiques, le lui apportait sur sa main, du mme geste sans doute qu'on lui voit
ses
non seulement de
de la Lune, pour le prserqu'une fiole nouvelle avait vers l'eau purificatrice, le prtre exprimait le souhait que le sa de vie, le fluide divin ncessaire la sant de l'tre, ne souffrit point des malfices auxquels la premire partie de la
lorsqu'il apporte You:^ait, l'il
;
ver
chaque
fois
prire
faisait
allusion.
cette
purification
par
l'eau,
prliminaire indispensable de tout repas, succdait la purification par l'encens, qui l'accompagnait
dans
la
vie pri-
ve.
moyen
d'un petit
ronde monte sur un pied bas, surmonte d'un couvercle rond de mme forme et de mmes dimensions que la coupe et termin par un bouton le Muse de Boulaq en possdait plusieurs spcimens, venant des tombes d'lphantine, et qui doivent tre conservs aujourd'hui au Muse de Gizh'. Souvent
vase en
une cuelle
aussi, on
employait au
mme
et plus vase,
haut, une sorte de petit brle-parfums portatif, dont plusieurs spcimens furent dcouverts galement dans les tombeaux d'l\lphantine en 1886, et allrent avec les prcdents au Muse de Boulaq'. Le domestique y dposait des
le titre
r/).
de
la
I,
pi.
XVIII, 3-2
t.
I.
dil-
NewC'est
berry-Gridith, Bcni-Haatui, t. I, {)1. XXX\'. 2. On en a un bon dessin dans Mariette, Les masiabds,
p. 237.
329
charbons ardents, puis les gommes ou les rsines odorantes, il attisait la combustion au moyen d'une sorte de spatule en terre cuite, arrondie par le bout, dont plusieurs modles de mme provenance doivent exister au Muse de Gizh. Cependant l'homme au rouleau prononait une formule, dont il est malais de rendre les allitrations dans une langue moderne. Passe que passe avec son double! Passe
et
^)
Horus avec son double, passe Sit avec son double, passe Thot avec son double, passe Sopou avec son double, passe Osiris avec son double, passe Khontmerati avec
son double,
Ti,
la
[ainsi]
devant
le
toi,
Ti, la
))
derrire toi;
Ti,
t'ai
Ti, le pied de
Osiris Ti, je
pour que ta face en soit d'Horus s'pand vers toi'. Lo, domestique, debout, tenait de la main gauche le brle-parfums hauteur du visage, et il rabattait de la main droite la flamme et la fume vers la face du mort. La prire tait avant tout une formule de bienvenue par laquelle, aprs avoir constat que les
))
signe qui sert de dterminatif le plus souvent sui- la pancarte, cf. Dmiclien, Dcr Grabpalast, t. 1, pi. XVIll, 2, et Mariette, Les in((sle
H, signe de
souvent, de
mme
que
le
mort qui
e^t
un
Osiris.
couche
le mort osirien est donc tay et qu'elle touche de son dos ternellement par son Zodit et son double passe avec lui, comme les figures de dieux morts, frquentes dans nos muses, et dont le dos est
;
appuy contre un Zodit presque aussi grand qu'elles. 2. Ounas, \. 5-9; Papi II, p. .3.55; Diimichen, Dcr Gr<(hpalast,
pi.
t.
I,
V,
1.
4-6.
330
Set,
LA TABLE d'oFFRANDES
Thot
ficiant
deux dieux des ombres, l'ofdclarait qu' leur exemple le mort tait l corps
et
Sopou, puis
se
les
et
double,
prt
laisser
parfumer,
comme
c'tait
La
celle
de l'encens sur
la
pancarte, mais,
si
l'on se rfre
aux
Rituels des Pyramides et de Ptmnophis, on y lit dans l'intervalle une liste d'objets divers ou de crmonies,
vingt-six en tout. C'est d'abord une purification nouvelle,
qui parait avoir t lie assez intimement la prsentation de l'encens. On ne l'accomplissait pas avec de l'eau pure
et sans
mlange, mais avec une eau modifie par l'addition le natronV Les gyptiens en
employaient deux espces, celui du midi, qu'ils rcoltaient au voisinage d'El-Kab, et celui du nord qu'ils tiraient de rOuady-Natroun actuel. Ils ptrissaient le sel en boules de taille plus ou moins forte; probablement ils y mlaient un peu d'argile, comme on fait aujourd'hui pour leur prter plus de consistance et pour les emipcher de fondre trop aisment'. Ces boules, mises dans les gouUch ou dans les j>, y clarifient promptement le li(|uide, mais en lui communiquant une saveur lgrement styptique, que les dlicats corrigent par l'addition d'une substance parfume, quelques grains d'encens par exemple, ou des feuilles de rose. L'eau dont on gratifiait le mort, aprs l'avoir encens, combinait en elle les lments du sud et du nord, car on y avait infus une boule venant de ShitpU, c'est--dire de l'Ouadyhoudou, bondi
pour ne pas compliquer
1.
Le mot employ
ici est
manire gn-
sans rechercher quelle substance se cache exactement sous cette dsignation un peu vague; cf. Lca Inscriplions des Pi/ranudrs de
So'/f/nrd/i, p.
;{5().
2.
In
parfum a
(J.
<!*'
t retrouv
mastaba de
t.
XIP
dynastie Dnhshour
I,
p. :J6-J7j.
331
Natroun, et une boule venant d'El-Kab. On l'offrait avec le mme crmonial que l'eau simple, l'aide genoux tendant le bol, le domestique debout YeTSntle contenu d'une des fioles khoniti par-dessus la tte de l'aide, tandis que V homme au rouleau rcitait la formule de conscration Ces tiennes
:
))
))
eaux fraches, Osiris, ces tiennes eaux fraches, Ti, sortent toutes deux de par ton fils, sortent toutes deux de par Horus'. Je suis venu, je t'ai appel l'il d'Horus pour que tu rafrachisses ton cur avec lui, je te l'ai apport sous tes sandales, et je te prsente les humeurs issues de
toi, si
il
faute d'elles*
Et
toi
'
procurer au mort
la
suffire, et
l'efet
1. Je n'avais point remarqu, ni Diimichen non plus, qu'ici les mots sont au duel, pirou[i\ et qabhot([i]. Les libations sont faites en effet avec deux eaux diffrentes, celle du midi et celle du nord, celle qui est
Haute Egypte,
naissait dans le
que
le
la
Mokattam, au voi-
formait une nappe assez considrable pour s'tre appele VOuaz-Or, la mer; il se dirigeait vers le nordouest, et se joignait au Nil du Sud, au del de la pointe du Mokattam. 2. C'est le vieux texte qu'on lit dans les Pyramides (Maspero, Les
inscriptions des Pi/rainidcs, p. 5-6, dont la traduction a t corrige
p. 356).
difie assez
moment, il devient obscur, et on le monotablement Que vienne (ou voici que vient) toi ce qui sort la voix (Dmiclien, Der Grahpalast, t. 1, pi. VI, 1. 9). Cette variante, o lo lait que la voix sort est remplac par une mention des effets produits par la voix, est des plus significative pour confirmer la valeur que j'ai propose au terme plr/,/iroti {tudes de Mi/tholof/ic et
partir d'un certain
:
d'Archolojie cffi/ptiennes,
3.
t.
I,
Ounas,
1.
10 13; Diimichen,
Der Grahpalast,
t.
I,
pi.
VI,
1.
7-9.
332
partie do
la
LA TABLE d'oFFRANDES
crmonie au moyen de trois libations analogues
ou identiques, dont deux suivaient immdiatement. On prsentiiit, avec les mmes attitudes et le mme crmonial, deux fioles qui contenaient l'une l'eau charge du natron d'ElKab, cinq pastilles du sufl, l'autre l'eau charge du natron de Shtpt, cinq pastilles du nord. Il semble que l'officiant
prenait les pastilles l'une aprs l'autre, et les jetait dans la
fiole
))
et
Ivui
la
formule'
1 pastille,
))
un dgorgement d'Horus natron, pastille, parfume, un dgorgement de Sit l'eau parfume, natron, 1 pastille, ce qui affermit cur des deux Horus'
dieux de
c'est
Salle Divine
natron
le
les
1 pastille,
c'est
l'eau
c'est
l'eau
parfume,
il
rptait,
fois encore, tandis que le domestique versait le liquide ainsi prpar Tu es pass au natron avec les suivants d'IIorus*! L'opration reprenait pour la fiole du Tandis que tu passes au natron, Ilorus passe au nord
quatre
))
natron,
tandis que tu passes au natron, Thot passe au natron, natron, pastille, tandis que tu passes au natron, Sopou pastille. Debout entre passe au natron natron, pastille, eux, natron, bouche est comme
natron,
1
natron,
1 pastille,
tandis
que tu passes au
pastille
t;i
la
1. Cette
Papi
le
II.
1.
236-247
bien que
le
texte y soit
sorte que rpond une partie dtermine de la formule, ainsi que je l'ai indiqu dans le texte. 2. Le terme smnanon dsigne la substance solide destine parfumer dtruit, rtablit
on
sans
peine de telle
le
liquide, et ici
tre la
le liquide parfum lui-mme. Samanou me parait forme sans h prfixe du mot linsnidnnu, qui dsigne le natron.
3. C'est--dire,
comme
4. Oiiniifi.
[.1.
I.
I,
VI,
1.
1(J-1I.
333 \
lait
au jour
qu'il nat
La scne
temples.
est
tombeaux
et
dans
le dit
les
On
comme
fiole
notre formule,
sont arms.
entre les deux dieux, Horus et Set, Tliot et Sapou, qui lui
secouent au-dessus de
la tte la
dont
ils
Les deux
lui,
autour de
mais
ou d'amulettes
lui-mme,
etc.,
les effets
qu'on en attendait,
la force, la
perptuit. Ici encore, les dieux clioisis sont les dieux qui
dieux des quatre points cardinaux et des quatre maisons du monde le mort, se lavant avec eux de l'eau qu'ils lui versent, obtient par l-mme tous les privilges que cette ablution leur procurait. J'ai dit plus haut, cju'afin de masquer
les
:
le
clarifie
grains d'encens
quoi se laver
la tte, les
de lui fournir l'encens ncessaire l'opration. Le domestique, agenouill, leoait deux mains une grosse boule de cette substance, en face du mort, et l'homme au rouleau rptait, en la dveloppant, la formule qu'il avait prononce sur l'eau de natron a Tandis que tu passes au natron, Horus passe au natron tandis que tu passes au natron, Set passe au natron; tandis que tu passes au natron, Thot passe au natron; tandis que tu passes au natron, Sopou passe au natron tandis que tu passes au natron, ton double passe au natron; tu passes au natron, tu passes au natron, tu passes au natron, tu Tandis cjue tu te tiens debout entre tes passes au natron frres les dieux, tu passes ta bouche au natron, tu laves tes os compltement si bien que tu te garnis de ce qui te convient, car je t'ai donn l'il d'Horus pour en garnir
:
))
1.
t. I,
pi.
II, p.
334
LA TABLE d'oFFRANDES
son parfum s'pand vers
la
toi'. Que la boule manire que les pastilles du natron, c'est ce dont on ne peut douter, en voyant qu'on rcitait sur elle la mme formule qui consacrait l'eau clari-
ta face, et
d'encens ft utilise de
mme
lie
par
le
natron
commenc.
Cette purification complexe une
tout
fois
termine, on abordait
un ordre de crmonies (|ui appartenaient au Rituel de VOuverture de la bouc}ie\ On appliquait d'abord au mort un
instrument particulier qu'on appelait
et
le
posht-kafat
"^
d'exemplaires en miniature
les vitrines de nos mumchoires et peut-tre aussi le fondement du mort, afin que celui-ci pt manger et digrer comme pendant la vie". Le domestique agenouill prsentait l'instrument, dont les deux pointes recourbes devaient s-
parmi
ses.
au rouleau
)>
disait
Il
deux mchoires
spares'.
|
hachettes
en
fer,
du Midi,
l'autre
enfer du
1.
t. I,
Ounas,
pi.
1.
21-25; Papi
II, p.
VI,
1.
14-15.
Maspero, tudes de Mi/(holoffic et d'Archolo(jie 305 sqq. 3. Dans l'hypothse o il aurait servi ouvrir le fondement, il aurait signifi celui r/ui dicise en deux moitis (poshit) le derrire {kefait) La
2. Cf. sur ce sujet,
t.
I,
(/i/ptiennes,
p. 289, 292,
variante K-afou-pos/ioni signifie simplement celui qui fend {l;afou) les deux fituitis (pos/iuai) et peut ramener la mme ide.
4.
pi.
Ounas,
1.
1.
VI,
16.
26; Papi II, p. 358; Diimichen, Der Grabpalast, t. I, Le mot rili signifie certainement les deu.x mchoires,
la
26).
forme que son dterminatif revt dans la Pi/raIl signifie non moins certainement les deux fesses, ainsi qu'il rsulte d'un passage du Licre des Morts, ch. xlvih, J'ai mang de ma bouche, d. N'avilie, pi. LXIII, 1. 3-4, o il est dit caciiri e natibus mois (sur le sens cacure du verhc fouy a, fay a, cf. Brugscli, Dict. hier., Suppl., p. 498, s. c. fagan, famja).
le
comme
prouve
midr d'Ounas
(1.
335
:
Nord,
et
pour chacune
d'elles
Les amulettes en forme d'angle ou d'querre 'n]>'n]' sont nombreux dans nos muses, et ils sont taills le plus souvent dans l'hmatite, c'est--dire dans des morceaux de l'un des minerais de fer que les Egyptiens ont le plus estim'. Si l'on compare cette opration celle qu'on accomplissait avec les deux mmes instruments le jour des funrailles, lors de VOuverture de la bouche
Osiris Ti, je t'ouvre ta bouche'.
pratique sur la momie et sur la statue, on est frapp aussitt des diffrences qui se manifestent entre les deux cas. L'action originale et la formule qui l'accompagne sont excutes lon-
guement, avec un simulacre d'effort matriel et avec une il s'agit l, en insistance remarquable auprs des dieux' efet, de ce que l'on considrait comme une opration relle, l'ouverture premire de la bouche que l'embaumement avait ferme, et ce n'tait pas trop de toute la mimique et de toute la magie dont les officiants taient arms, pour triompher de la force d'inertie que la momie ou la statue semblaient opposer leurs efforts. Ici, au contraire, la bouche a dj t fendue, et il ne s'agit plus que d'entretenir et de rappeler l'effet de la premire ouverture, afin que les fonctions de la vie s'exercent avec souplesse, et que le double
:
momie
n'tait d'ailleurs
eux que
la stle
ou
:
le bas-relief
ils
sa table
se contentaient
deux des objets qui avaient servi jadis lui forer la bouche,
1.
pi.
Oanas,
1.
1.
27; Papi
II, p.
358; Dmichen,
Dcr Grabpalast,
t.
I,
VI,
17-18.
ces amulettes en querre, cf.
2.
Sur
entre
deux amulettes, celui qui a servi de prototype l'autre. 3. Cf. Maspero, tudes de Mijlholo(/ie et d'Archologie gr/ptiennes,
p. 305, 306, 313.
t. I,
336
LA TABLE d'OFFRANDES
prenaient
seulement
la
du gosier aux aliments solides, d'abord le beurre ou le fromage mou, sarou, en ses deux varits du Nord et du
et
le petit-lait
liqueur
du sa
ou
la qualit
d'eau qui
le
remplaait'.
Le
domestique, agenouill
comme
le lait
ordinaire
V.
h' homme
au rouleau de son ct
l'intrt
rcitait sur
du mort
d'Horus
)>
et tu le
je
caillebotes. t'apporte caillebotes d'Osiris, Voici prmices de mamelle d'Horus de son corps', voici mamelle de prsente pour bouche,
mets dans
les
la
beurre
bouche,
donn avec
les
ta
lait
la
ta
Le rapprochement du groupe menou-sa aux groupes menou-Kamou, me porte le considrer comme un compos du terme gnrique nienou et du mot s<i., fluide citai (cf. p. 327-328 du prsent volume). Ce sa est ici le lait de la desse Isis, qu'elle donne au mort en lui prsentant le sein pour l'adopter (cf. Notes au Jour le jour, 23, dans les Pi-orreflinfjs de la Socit d'archologie biblique, 1891-18H2, t. XIV. p. 3U8 312), mais c'est aussi l'eau divine qui dcoule des mamelles du Xil, par exemple (Lanzonc, Dizionario di Mitulo;/ia
1.
egtjia,
t.
11,
pi.
CXCVIII,
2), l'eau
laiteuse et trouble,
t.
mou mensaou
I,
pi.
XVIII,
semble que ce
les
soit bien
le
pleines de lait,
comme
est question
dans
la note pr-
cdente
a pleines d'eau.
337
sur
pris
Isis,
le
Eau laiteuse^. Aprs quoi, bouche. pour achever la purification et prparer le mort son repas, on lui offrait le contenu de la quatrime fiole, qu'on avait rserv quelques minutes auparavant'. C'tait l'eau frache du Nord* qui lui arrivait ainsi, avec le mme rite et peu Ces tiennes eaux prs la mme formule qu'auparavant fraches, Osiris, ces tiennes eaux fraches, Ti, sortent toutes deux de par ton fils, sortent toutes deux de par Horus. Je suis venu, je t'ai apport l'il d'Horus, pour que tu en rafrachisses ton cur, je te l'ai apport sous tes sandales, et je te donne les humeurs issues de toi, si bien que ton cur ne s'arrte point faute d'elles! La
dans
ta
))
))
prire se
terminait
a
ici
quatre
les
fois
rpte
Voici que
la
La
voixsortait,
en
effet,
dix-sept
Le domestique,
une
:
cruche de noir qui reprsente l'il d'Horus droit, une cruche de blanc qui reprsente l'il d'Horus gauche
Voici, disait
le
l'homme au rouleau,
blanc et
le noir,
tu
les
les
prends devant
minent ta face'. C'tait ensuite un f/teaa de passage que le domestique, toujours agenouill, levait deux mains,
1.
Ce
le
n'est
dont
2.
t.
sens
lait,
qu'une traduction approche de la locution bcsou-inout, ressort clairement des phrases cites par Brugsch,
p.
Dict. hier.,
SuppL,
1.
1.
445-446.
Ounas,
pi.
28-31;
19-22.
Papi
//, p. .368
369;
I,
VI,
3.
volume.
4.
Ounas,
1.
1.
32;
Papi
II,
1.
260; Diimichen,
359;
Der Grabpalast,
t. I,
pi.
VI,
VI,
VII,
23-25.
1.
5.
pi.
Ounas,
1.
32-36;
Papi
II, p.
1. 1,
23-25.
1.
6.
pi.
Ounas,
1.
37; Papi
II, p.
359; Dmichen,
Drr Grabpalast,
t.
I,
26.
22
338
LA TABLE d'oFFRANDES
sur un bol, devant la stle du mort. 'L'homme au rouleau : R te fait offrande au ciel, et il te fait offrande par les deux
((
))
La
les
deux desses du Midi et du Nord. Offrande est ce qui t'est apport, offrande ce que offrande devant toi, tu vois, ofrande ce que tu entends, offrande derrire toi, ofrande pour toi'. Ce gteau tait rond, plat, de forte taille; il simulait un de ces disques dont j'aurai bientt parler longuement, et il constituait lui hotpou abondante en juger par les seul une offrande au mort. Il tait accoml'annonce on termes dans lesquels
par
))
pagn de cinq
ttes
mu-
nonant, ne
homme au rouleau, les anisolment l'une aprs l'autre. les comparait pas l'il d'Horus, par exception,
:
mais aux dents du dieu Je te prsente les dents blanches du dieu pour en garnir ta bouche'! La prsence de l'oignon en cet endroit n'est pas pour tonner, quand on se rappelle la passion que les Egyptiens ont eue pour lui de tout temps; mang avec le pain de passage, il servait de liors-d'couvre au repas qui suivait. La raison pour lequel on d'abord il y l'identifiait avec les dents d'Horus est double avait calembour entre l'pithte outoa, blanches, de ces
))
:
dents et le nom outou du lgume, ensuite l'oignon passe aujourd'hui et passait jadis pour conserver les dents blanches et saines. Cette ide tait si bien l'ide dominante en la circonstance, que les versions postrieures aux temps memphites ajoutent souvent l'pithte de saines, ou^aiou, celle de
blanches et lisent
1)
Je te prsente les dents la formule d'Horus blanches, saines, pour en garnir ta bouche '.
:
1.
Ounas,
1.
1.
38-41;
Pupi
II. p.
359; Dniiiclien,
Dcr GraLpalast,
t. I,
pi.
VII,
27 28.
;
2.
3.
I,
pi.
Vil,
1.
29.
339
gteau succdait aux oignons, un gteau portait devant le mort' d'offrande que le domestique passage, un disque rond et large, c'tait, comme le gteau de il le posait sur mais au lieu de le prsenter deux mains, au rouleau Xhomme puis quatre pieds,
Un nouveau
le
Proscynme Ti , pms formule encore Gteau d'offrande qui ils s'criaient quatre fois par et ils reprenaient, toujours ouvre les deux cts'! que gteau ton d'Horus, quatre fois Je te prsente l'il
:
bouche n\ C'tait alors le tu manges, pour en ouvrir ta vin paraissait une grande tour des boissons, et d'abord le grande cruche de vin, cruche de vin, espce blanche, et une l'une aprs l'autre. apportait espce noire, que le domestique te prsente L'homme au rouleau disit sur la premire Je le prennes tu Sit par jugement, que l'il d'Horus retir ouvrir ta bouche^' ; il ajoutait en ta bouche, afin d'en de ce qui J'ouvre ta bouche par l'effet
))
:
:
sur la seconde
dborde de toi\
Aprs
le
vin
la bire,
du donne ici un second gicaa de passage au lieu textes postrieurs cette substides et 42) (1. d'Ounas qieau d'o/frande inadvertance du dessinateur ou du sculpteur. tution est due quelque de Mnihologie et d'Archologie eggptwnnes, 2. Cf. Maspero, tudes au nombre de sept. taient p 290. Les amis t 1 * du mort ou de sa probablement, les deux cts de la bouche
1
Papi II
271,
3! Ici,
statue.
4.
pi.
Ounas,
l.
1.
42; Papi
II, P-
359;
t.
I,
((
verset un peu diffremment Les versions modernes coupent ce par jugement [quand] tu Sit retir d'Horus Je te prsente l'il en ouvres ta bouche (Diimichen, Der Grabl'as pris ta bouche, tu
.
VII,
31-32.
palast,
6.
1. 1,
pi.
1.
VII,
43-45;
l.
32).
,
;
Ounas,
VII,
1.
pi.
32-33.
, , T I, Papi II, p. 359 Dmichen, Der Grabpalast t. hier., Dict. Brugsch, Sur Mahoii, dborder, cf.
p. 689; l'il
d'Horus produit
le
340
LA TABLE d'oFFRANDES
diffrence qu'au lieu qu'on prsentait le vin par grandes cruches, on servait la bire par petite quantit, dans des tasses
\7 d'une capacit dtermine, nommes honit. h'honune au rouleau l'annonait en une courte phrase, dont le terme principal, hanqou, faisait allitration au nom liaqou de la liqueur Je te prsente le suc {hanqou) qui sort de toi C'tait ici
:
!
de
la bire noire'.
verse, le domestique
paru rond
lors
de
la
un gteau
et le tout
entonnait
OR, quand on
est
que tu reois
les biens
pour
sont tes
du double de Ti, et tous les biens de son corps biens chaque jour'. La prire est, comme on le
nergique de
le sacrifice
voit, l'affirmation
l'ide
dieux se confondant,
un dieu qui
le
le
Le guridon en
l'un aprs
place, le
l'autre les
nomm
taill
mince, et qu'on couchait sur l'un de ses cts', h' homme au rouleau l'expdiait d'une courte formule, o le verl)e
1.
pi.
et
pi.
46; I'nf)i II, p. .^39; Dmichen, Dfr Grabpnldst, t. I, La qualit de la bire est indique par Ounas, par Papi II par une partie des documents de Diimichen, Dcr Grabpaldst, t. I,
Oiirtns,
1. 1.
VII,
Hl
XIX,
pi.
Il
19.7-A-. n-o.
1.
1.
2.
t.
Ounas,
VII,
est
47-48; Papi
II, p.
I,
m-Ti.
3.
341
au nom dopt de l'objet Je te que tu y gotes '. Le gteau pour prsente l'il d'Horus ahou, qui vient ensuite, parait tre l'anctre des fattr de l'Egypte moderne, sorte de crpes au beurre, trs fines et
replies
comme
sur elles-mmes, qu'on mange comme pain ou entremets, selon qu'elles sont ou ne sont pas prpares au miel. La formule que Y homme au rouleau rcitait alors contenait une allitration entre le nom ahou et le
!
verbe ahahou, se battre : Les tnbres se battent' A ct du pain et de la/attirh, le domestique place une pice de viande, le sakhnou, dont j'esraierai de dfinir la nature quand je parlerai des pices de la victime que le mort recevait', aprs quoi, l'homme au rouleau s'criait en jouant sur l'allitration du mot sakhnou avec le verbe sakhnou,
introduire, interner
))
toiM))Lemortdevaitarrosercerepassommaire de plusieurs tasses de vin et de bire. Le vin choisi tait le vin blanc, qui parat avoir eu les prfrences des Egyptiens, et la premire espce de bire, la bire noire, qui semble avoir t la plus prise. On ne se mettait pas en frais d'imagination pour la ddier, mais Vhoninie au rouleau rptait les mmes prires qu'il avait dj employes plus haut pour
l'internes en
le
))
vin
))
que je t'ouvre
la
bouche avec
1.
Ounas,
1.
1.
Dcr Grahpalast,
Der Grahpalast,
t.
I,
pi.
VII,
VII,
38.
2.
pi.
360; Dmichen,
t.
I,
38.
est reprsent sur la table d'offrandes
3.
Le saLhnon
Ounas,
I.
de Nofriouphtah,
t.
I,
dans
4.
pi.
51; Papi
II,
p.
360; Dmichen.
360; Dmichen,
Dcr Grahpalast,
Dcr Grahpalast,
VIT, VII,
39.
1.
5.
pi.
Ounas,
1.
52;
Papi
II, p.
t.
I,
40.
342
toi
'
LA TABLE d'oFFRANDES
!
On ajoutait comme complment deux sortes de bire de qualit moins commune, et qu'on appelait, l'une la bire ferre, l'autre la bire garnie. En quoi elles diffraient de la bire noire on ne le sait point, mais Vhonime au rouleau,
'
))
verbe formule Je te prsente l'il d'Horus, que tu as dlivr, pour que leur fer ne soit pas contre toi et Je te prsente l'il d'IIorus, pour qu'on t'en garle
mot
bat, fer, et le
la
Ces liqueurs bues, le mort n'avait plus qu' se laver pour quitter la table. Les textes anciens que l'on connat jusqu' prsent, ceux d'Ounas et de Papi II, ne parlent point de cette opration, mais on en lit la description au tombeau de Ptmnophis. Le domestique vidait le contenu d'une fiole nouvelle, o flottaient les deux grains de natron dans l'eau, puis on rptait une fois de plus la formule connue: Ces tiennes eaux fraches, Osiris, ces tiennes eaux fra ches, Ti, sortent toutes deux de par ton fils, sortent toutes deux de par Horus. Je suis venu, j'ai apport l'il d'Horus pour que tu en rafrachisses ton cur, je te l'ai
nisse'
!
))
))
je
te
La
pour
toi*.
Ici la
1.
Onnns,
1.
1.
53; Papi
11. p.
300; Diiniichen,
Dcr
(iralipalast, t.
I,
pi. VII,
41.
2.
La
I, p. 2.5), ne me parat pas tre d'accord avec l'usage de nos o les mots qui suivent hnrfif sont des dterminatifs d'espce, hit)re de ta aorte hianrhe, bire de la sorte noire; bait et Iiosit doivent dsigner une espce de bire comme oiiton, blanche, et qamii, noire.
pnlast.
textes,
'i.
Oiinns,
pi.
1.
54-.^5;
1.
Papi
II, p. :J06-3()]
Diimiclien,
Der Grabpalast,
t.
I,
VIII,
42-43.
t. I,
4.
pi.
VIL
1.
11-46.
343
la
liste
ordinaires introduisaient
immdiatement
II
des
huiles canoniques.
La
version de Papi
intercale, entre la
hire garnie et la liste des huiles, toute une srie d'objets que j'indiquerai seulement en passant, car les ravages de la paroi ne nous permettent pas de constater le nombre de pi-
On
voit seule-
de vtements, de bijoux, d'insignes divers dont on habillait la statue du mort, et, par contrecoup, sondouble, d'abord le pagne avecsa queue de chacal par
qu'il s'agissait
ment
une autre pice d'habillement et deux espces d'tofEes', puis une srie de btons, de cannes, de fouets, aux formes et aux vertus diverses, pour lesquels je ne trouve pas de noms dans nos langues modernes'. Combien de temps l'numration et la conscration se prolongeaient, on ne peut le calculer aujourd'hui; il est problable seulement que la plus grande partie des habits, des armes, des outils et des accessoires figurs, sur les cercueils de la XIP dynastie par exemple', y prenaient place. Aprs quoi, une formule gnrale introduisait les parfums, les huiles, les fards dans le mme ordre qu' la pyramide d'Ounas ou au tombeau de Ptmnophis le second chapitre commence l. Les neuf substances que l'on confond assez inexactement sous le nom de parfums ne sont pas toutes galement faciles dterminer. La premire s'appelnit sitoiii-kabi, \g parfum de fte, et la base en tait une huile additionne de diverses matires odorantes qui la rendaient pteuse La consistance en
derrire', puis
:
'.
1.
Pnpi
cf.
usage,
JI, 1. 287 et p. 361 sur les queues de chacal et sur leur Maspeio, Histoire ancienne des peuples de l'Orient, t. I,
;
p. 55, note 3.
2.
Papi
II,
1.
228-290, et p. 361.
atteste Texten, pi. 6-11, 21-29, 35-38, 40-43.
les
Die
On
neuf
Dumichen
par lui
(Geo(jraphischo Inschriftcn,
t.
11. pi.
LXXXV,
B)
et traduite
344
tait assez forte
LA TABLE d'oFFRANDES
pour qu'on pt
la
un disque de bois ou de pierre ^. Le vivant s'en oignait le corps et les cheveux on en frottait la statue du mort ou la momie pendant les crmonies de l'enterrement, mais, pour les sacrifices ordinaires, on se bornait en rpandre une petite quantit par terre', ou dans un vase pos sur le sol devant la stle. On avait souvent pour ces circonstances un ustensile particulier, un bloc de pierre, garni de petites cavits Ciirres ou rondes et dont chacune recevait un des parfums canoniques": aux poques thbaines, la tablette ainsi prpare tait remplace par une plaque de terre maille, laquelle adhraient six, huit, dix petits pots maills^ pour autant d'espces de parfums qu'on y voulait verser'. Le domestique rpandait le parfum de J'le, et Y homme au rouleau chantait Je te remplis ton il d'huile*. Le second parfum tait de consistance identique au premier et s'enfermait dans un
et qu'on bouchait avec
;
:
))
vase de
mme
tion, et la formule jouait sur l'assonance de ce mot avec le verbe lianrjou, ainsi (|ue la formule de la bire faisait dj:
(Dcr Grabpalast, t. II. p. 27-28). Nous connaissons si peu encore la nomenclature gyptienne que nous ne pouvons reconstituer ciiacune de ces formules en langage moderne, intelligible pour nos chimistes.
1. C'est le cas
dans
le
la vignette (Diimichen,
2.
tombeau de Ptmn()i)his. ainsi que le montre Dcr Gmhpalast. t. I. pi. VIII, 1. 48-54).
On
core au
Le Muse de Boulaq en possdait beaucoup que l'on doit voir enMuse de (lizli. Klli's ne portent aucune inscription, mais la forme des petites bouteilles est bien celle qu'indiquent les bas-reliefs. Les plus anciennes sont de la XVIir dynastie, les plus rcentes de
3.
l'poque
.sate.
1.
4. CJunns,
pi. VIII,
1.
50, l'upi
II, p.
301
t.
I,
47.
345
'
La substance
suivante s'appelait
la contient, elle
prcdentes.
La formule
contient un
verbe asifkak, qui assonait au nom de ^afit : Je te prsente l'il d'Horus avec lequel le dieu s'est scarifi' . La
))
kimoumit devait tre entirement liquide, car on la conser Je te vait dans un petit flacon bec latral court >^ Le ioua, prsente l'il d'Horus qui s'est mari lui le parfum de salut, tait enferm dans un rcipient de mme
:
' !
forme que
celle-ci
et
il
:
la safit et
il
commun,
Htit, es-
sence ; on
les
forme que deux premiers parfums. L'une d'elles s'appelait Essence du cdre\ la seconde VEssence des Tihonon, l'Essence libyenne; cette dernire servait aussi oindre les quatre mles
mme
Dumichen, Dcr Grahpalasi. t. I, 57 Papi II, p. 361 Le nom du parfum vient peut-tre de Vincocation (fui/wnon) qui en accompagnait la prsentation dans les crmonies du culte. 2. Ounas, 1. .58; P((pi II, p. 362; Dumichen, Drr Grahpahtst, t. I, pi. VIII, 1. 49. Le terme safhahou parat signifier tailler au couteau, raser, et ce sens me parat fournir une explication convenable de la formule. La safit renfermait nne rsine au moins, comme le prouve la recette d'Edfou, et l'on obtient une rcolte abondante de poix et de
1
Onnas,
1.
1.
pi.
VIII,
48.
l'officier
assimile
Horus aux hommes entamant les arbres rsineux, et le montre scarifiant son propre il, pour en obtenir le parfum ncessaire au mort. 3. Ounas, 1. 59; Papi II, p. 362; Dumichen, Dcr Grahpalast, t. l,
pi.
VIII,
VIII,
I.
50.
1.
4.
pi.
Ounas,
1.
I,
et
l'expression
touanu-noutir, saluer
dieu,
et,
homme
5.
de la
mme
est
Le mot
346
LA TABLE d'oFFRANDES
le
feu pour
le
mort, lors de
'L'homme au rouleau
d'une
mme
))
))
Ces onguents et ces huiles dont on parfumait les htes avant le repas, on y joignait les deux principales parmi les
espces de fard en usage ds
fard vert et
est
le
les
temps
les
plus anciens,
le
connue grce aux nombreux exemples qui nous en sont parvenus on les mettait le plus souvent tout prpars, quelquefois les matriaux l'tat brut, dans de petits vases' ou dans des bourses en cuir, dont un beau spcimen, dcouvert Gblin en 1885, est dpos aujourd'hui au Muse
*
:
1. Diimichon, Dcr Grahpa/nst, t. III, pi. I-II- Le rite devait tre accompli par l'intermdiaire des quatre individus qui jouent le rle de ces Enfants d'IIorus , qui avaient jadis oflici lors de l'enterrement
d'Osiris.
2.
Le second
fois
fn et
du texte de Pa/ii II
le
est
mme
une
;J.
au haut de
t.
I,
la
colonne
suivante.
y 'n/>t //,
le
pi.
VIH,
1.
52-54;
te.xte
d'Ounas,
1.
ma
du
J.
dessinattuir antique.
Ptrie,
4
j).
Ils
Wiedemann, dans
dans
Mrduin,
t.
\,
de Morgan, Dahshour,
J.
p. 15.3-1 ('.4.
.').
de Morgan,
Dakshour,
I,
p.
100-110.
347
simplement l'opration a Je te farcie avec l'il d'Ho rus, peinture de ta face M mais elle renfermait un mot outirou d'emploi rare, pour dsigner la peinture ; aussi le trouve-t-on remplac dans les formules postrieures par le
mot
))
ou~ait, sain
ta face
pour
fard
comme
a Je te farde avec l'il d'Horus, sain Les gyptiens considraient en effet le un mdicament qui empchait l'il humain de
:
s'afecter ou le gurissait, et cette ide tait si bien ancre chez eux qu'ils nommaient ou:;at, l'il sain, l'il faid qui simulait leurs yeux le soleil et surtout la lune en leur
que les sels de cuivre renfermaient que exeraient en effet une action bienfaisante sur la conjonctive et pouvaient la prserver
plein'.
Il
les fards
Aussitt que
le
se farder,
on
lui
avec lesquelles
et tandis
il
l'habillt",
que
le
deux
en s'adressant
Enregistr sous
65.
le
Diimichen, Der Grahpalast, t. I, pi. VIII, 1. 55 La Pi/ramide de Papi II a, en cet endroit, une formule plus longue, o l'on retrouve
celle de
Ptmnophis (Papi II, 1. 320-324). Maspero, Les inscriptions des Pi/rainidcs do, Sar/rjara/i, p. 362, note 3, et Notes au Jour le Jour, 25, dans les Proteedimjs de la
4.
t.
XIV,
p. 313-316.
Un
linge semblable sert essuyer les jambes et les pieds des sta-
tues divines
dans
I,
les
I",
Abydos (Mariette,
Ahi/dos,
6.
t.
p. 39).
On
voit Sti I" habiller les statues des dieux avec des toffes
diver.ses,
t.
dans
les ciiapelles
I,
p. 42).
7.
Le nom de
la
la pice d'tofj'e,
la
bande ^
348
LA TABLE d'oFFRANDES
il d'Horus dans Boiito il d'Horus dans les chteaux de Nit en paix toi, le linge clatant des femmes laitires, le linge blanchi du Grand au cercueil\ fais que les deux terres
en paix,
!
veille
d'Egypte courbent l'chin devant ce Ti, comme elles courbent devant Horus, fais que les deux terres aient
crainte respectueuse de Ti
la la
comme
elles
ont
la
crainte
comme
son
mnes; maintenant qu'il est l en tte des mnes, [allons] Anubis, chef des Occi dentaux, en avant, en avant, pour l'Osiris". L'allusion est vidente au maillot, le vtement de Taitit, dans lequel la momie a t enveloppe. La desse, identifie aux deux pices d'tof'e et aux deux formes principales que l'il d'Horus prenait dans le Delta, veillait tandis que le mort dormait son sommeil ou (|u'il s'en allait dans l'autre monde en tant qu'Osiris. Les doux pices portaient chacune un nom mystique qui faisait allusion des faits mythologiques dont je ne devine pas encore la nature, et elles attribuaient celui qui les possdait une autorit illimite sur la partie de l'Kgypte laquelle chacune d'elles rpondait, l'une l'assimilant Horus le seigneur du Delta, l'autre l'idcntiliant Sit, le matre du Said. V.Wa le rend le chef des mnes, et dsormais Anubis sera oblig de le guider sur les voies clestes ainsi qu'il lit pour Osiris. Le mort parfum et par, on procdait de nouvelles
purifications qui le prparaient recevoir son repas. C'tait
tantt
d'agent fminin driv de ce mot (nitit, Vtojfctisc ou hnndruse ou la handr. 1. Ce sont los noms des deux pices d'toffe dont la desse Taitt rovt le mort. On rencontre des noms mystiques analogues, pour d'autres bandelettes, entre autres dans le Riltiol do l'Embninnrmrnt (Maspero, Mrnoirr sur- '/iirlt/iics papt/nis du Lnitcro, p. 25-26, 47). 2. Onnns, 1. 66-71; Papi II. p. 362; Diimichen, Drr Cnilipalast,
le
nom
Vc/offrr, la
t.
I,
pi.
IX,
p. 56-.'j8.
349
rite
nouveau commen-
On
voulait
que
le
comme
jadis le vivant.
La
nettet
du lavage
parfumes tait la condition ncessaire de tout repas il fallait que les mains qui plongeaient dans le plat et qui dpeaient la nourriture fussent exemptes d'impuret. Les formules employes sont celles qui accompagnaient plus haut les mmes actes. Uhoinme cm rouleau rcitait sur la vapeur de l'encens, le Passe que passe avec son double! Passe Horus avec son double, passe Sit avec son double, passe Thot avec son double, passe Sopou avec son dou ble, passe Osiris avec son double, passe Khontmerati avec son double, [ainsi] passe ton Zodt avec ton double! O Ti, la main de ton double est devant toi; Ti, la main de ton double est derrire toi Osiris Ti, je t'ai donn l'il d'Horus pour que ta face en soit garnie, et le par fum de l'il d'Horus s'tend vers toi Pour l'eau de natron, il rptait une fois de plus Ces tiennes eaux fra ches, Osiris, ces tiennes eaux fraches, Ti, sortent toutes deux de par ton fils, sortent toutes deux de par Horus. Je suis venu, je t'ai apport l'il d'Horus pour que tu en ra frachisses ton cur, je te l'ai apport sous tes sandales, et je te prsente les humeurs issues de toi, si bien que ton cur ne s'arrte point faute d'elles. Voici que la voix sort pour toi Ces deux formules et les deux cases auxquelles elles correspondent dans la pancarte terminaient ce que j'ai appel le second chapitre.
!
'
))
))
))
'
\.
pi.
Ounas,
1.
1.
t. I,
IX,
59-61
1.
2.
Ounas,
t. I, pi.
62-63.
Le
78-82; Papi II, p. 363; Dmichen, Dcr Grabpalast, texte de Ptmnophis porte ici encore, au lieu de
sur laquelle
je
pour
loi la coix,
350
Il
LA TABLE d'oFFRANDES
ne sera pas inutile d'arrter un
moment
l'analyse et
les rsultats
obtenus. Tout ce
dbut de la pancarte et les rites dont il exige l'excution ne sont qu'un extrait d'une pancarte plus dveloppe et d'un rituel plus considrable, dont les pyramides d'Ounas et de Papi II nous rvlent l'existence pour une poque trs ancienne, et dont le tombeau de Ptmnophis constate la perptuit aux derniers temps de l'Egypte. La version la plus complte que nous en connaissions jusqu' prsent, 1 deux purifications par l'eau celle de Papi II, comportait et par l'encens; 2" une crmonie d'Ouverture de la Dou:
comprenant des purifications initiales et finales ainsi qu'un repas sommaire; 3 l'habillement et la parure du mort dans tous ses dtails; 4 les onctions et le maquillage du mort; 5" deux purifications nouvelles par l'encens et par l'eau. La version ordinaire, celle d'Ounas et de Ptmnophis, admet l'introduction, V Ouverture de la Bouche, les onctions et les deux purifications nouvelles, mais elle rejette l'habillement et la parure du mort. Enfin, la pancarte introduit, aprs les deux purifications initiales, le chapitre des huiles et les deux purifications nouvelles, mais elle omet tout le reste, l'Ouverture de la Bouche comme l'habillement et la parure. Quelle peut tre la raison de ces diffrences des versions entre elles? Il faut remarquer d'abord que l'habillement et la parure exigent un outillage trs complet d'toffes et d'insignes, et, de plus une statue reprsentant le mort. Cette statue n'est mentionne directement nulle part, mais plusieurs rubriques nous ont t conserves dans la pyramide de Papi II, (\n\ nous montrent qu'elle tait l pendant la crmonie. On y lit en effet que certains btons et certains fouets doivent tre mis dans la paume gauche du mort'. Au contraire, les purifications et les onctions se faisaient en face du mort, soit en face de la stle funche,
1.
Papi
351
soit
en face d'un bas-relief sur lequel il tait prsent, en face de la paroi ouest du tombeau derrire laquelle
on croyait qu'il tait cach. La version d'Ounas et de Ptmnophis, en supprimant le rite de rhal)il]ement, rduisait le mobilier funraire, et, par suite, diminuait la complication du service. Le rite de VOuveiiure de la Bouche, tel qu'elle le prsente, n'est en effet lui-mme qu'un abrg du rite solennel qu'on voit expos dans le Livre des funrailles \
On
ni la cuisse
du buf, qui
l'opration le
l'effet
en offrant
gosier
du mort.
le
C'tait
donc un simulacre,
un
de statue pour
le
pratiquer.
La
version d'Ounas
mort tout habill, et les prtres qui la prfraient ne voulaient plus que prparer le double recevoir son repas. Les rdacteurs de la pancarte jugrent que cette prparation n'tait pas plus indispensable que l'habillement. Ils imaginrent que le double se prsentait eux tout habill et la bouche grand ouverte, et ils le traitrent comme les vivants avaient l'habitude de faire un de leurs htes qui venait diner avec eux. Les peintures des tombeaux thbains nous montrent les esclaves hommes ou femmes empressupposait
ss autour des invits, leur attachant au cou des colliers de
fleurs, leur versant des
parfums sur
la tte
la
mode du
et encensaient
de mme invit double prendre le son repas, ils l'oignaient des essences en usage chez eux, ils le fardaient,
temps
les officiants
du
ils
lui
1. Schiaparelli,
Il
cf.
I,
Ma-spero,
Mmoires de
Mythologie
et
d'Archolof/ie gyptiennes,
p.
283-324.
352
lui
LA TABLE d'oFFRANDES
avoir
fait
l'asseyaient sa
table.
II
On
dressait celle-ci de la
mme
faon que
la
table des
vivants, et les
taient dcrits
moments de cette opration prliminaire chacun d'un mot dans quatre cases de la pandans
les
maisons avait t
pris
de ce qui devait se passer dans les tombeaux, et, l'origine, ce diner d'ombres n'avait diffr en rien du dner des vivants. Il avait fallu pourtant en modifier
comme modle
peu peu certains dtails auxquels la nature particulire des invits se serait mal accommode, et ajouter certains rites sans lesquels on n'aurait jamais satisfait leurs besoins. Les vivants ne pouvaient pas s'asseoir la mme table que le double, et celui-ci de son ct n'tait plus capable de saisir visiblement aucun des mets qu'on se proposait de lui offrir. Il avait d'ailleurs le droit de rpartir ce qui lui tait attribu lui seul entre les ombres de ses femmes, de ses enfants, de tous les gens de sa domesticit dont l'image tait figure ou dont le nom tait crit sur les murs de son hypoge. On devait donc douer chacun des meubles et des ustensiles sur lesquels on le servait de vertus particulires qui lui assuraient la possession de sa nourriture et qui lui
fournissaient les
dait.
il
l'enten-
La
t mconnues, je crois, jusqu' prsent, ainsi que l'intention de la formule qui l'accompagne. C'tait pourtant de lui que dpendait presque uni(|uemcnt la destine de la survivance
Les mots soulon-liolpou-doii formaient reltement un mot comcar on trouve l'expression employe souvent comme rgime d'un verbe tel qniri, faiir, ainsi dans Irif sout[on]-hotpou-dou. Mariette, Abijdos, t. I. pi. 17, 39, 43, 14, 16
1.
353
humaine, et selon la faon dont on l'interprte aujourd'hui, on est amen se faire des ides fort diffrentes sur l'objet que poursuivaient les gyptiens en rglant le menu du banquet funraire, et sur la valeur des moyens qu'ils employaient pour parvenir au but. Je me suis cru oblig d'tudier minutieusement les parties de la pancarte qui correspondent la prparation de la table, et si longuement
que
je
me
chaque point de
mon
analyse, je
gence complte du concept gyptien. Quatre cases nous fournissent l'indication de ces oprations dcisives. La premire est ainsi conue, une khaoat pour Ti )). Le terme khaout a produit, comme on le sait depuis longtemps
et
il
',
le
copte igHOTi
poj;ji,-
M. 't,
ujhotc, ujHTre T.
t,
aliar,
dans l'inscription de Canope. Les dterminatifs prouvent en effet qu' partir d'une certaine poque, il ne conserva plus que le sens restreint d'autel, les uns o la tablette est surmonte d'un rchaud l'autel holocauste, d'autres o le pied soutient une cuve plus ou moins profonde l'autel libations. Ceux qu'il prend le plus souvent sur la pancarte nous autorisent dclarer qu'il eut l'origine un sens moins hiratique les uns montrent un plateau
traduit
le
grec
~T
tantt charg de
^ ou
des feuilles de
mont
^\
Kliaoat dsignait
donc l'origine la table manger ordinaire, le guridon aux formes varies selon le caprice du matre, et sur lequel on servait le repas des vivants aussi bien que celui des dieux; ici, c'est le guridon haut sur pied, devant lequel
p. 1024. Les variantes principales sont notes dans Dumichen, palast, t. I, pi. XXI, 41, 1. 64-65.
1.
2.
Der Grab-
23
354
LA TABLE d'oFFRANDES
assis
dans le tableau qui accompagne la pancarte'. C'est sans doute afin de prciser l'usage sacr auquel on le destine, que les gloses insres dans certains exemplaires de la pancarte l'intitulent la table de sortir la voix*, ou la table de donner le sortir la voix\ Tandis que l'homme au rouleau achevait de rciter la
on voit Ti
quatre
la
fois,
une
fois
a Que formule qui veille les vertus de la voix humaine sorte pour toi la voix , le domestique dressait le guridon et l'essuyait \L'/iomme au rouleau reprenait alors:
Thot
l'a
puis
il
ajoutait
avec l'il d'Horus . Ces paroles sonnent mystrieuses au premier abord, et l'on se demande f|uel est cet objet que Thot apporte et (jui est dsign par \m pronom seulement un instant de rflexion
aprs une pause",
et elle est sortie
:
prouve
1.
de
la
Voir ce qui
est dit
prsent volume.
2. 3.
Lepsius, Dcn/an.,
II,
Dmichen, Dn- Grahfxihisf, t. I, pi. XXI, 41, 1. 64-65, A-f, n-o. 4. Ce dernier dtail est indiqu par la variante c de Draichen {Dcr Grahpainst, t I, pi. XXI. 41, 1. 64-65 <) o le dterniinatif montre le
domosiif/ur essuyant
.'i.
le
guridon.
prunom fminin si de la -V personne du sinremplace l'il d'Horus, le mot il tant fminin, mr, le mot--mot serait donc 77(o/ l'a apporle aror marIt, en gyptien elle. h'il d'Horus dont il est question ici, c'est la libation dont il a t question dans les lignes prcdentes cf. p. 348 sqq. du prsent volume. 6. La pauso est imlique |)ar le petit blanc que le graveur du tomLe
Uixle porte ici le
gulier, qui
les
deux formules
et
par le 11^^
t.
I,
tte
de la seconde (Dmichen,
le
Der Grabpalast,
<==> est
7.
On
dans
mot voix
masculin en
gyptien
et F
c'est ce les
355
dans
la
cration
ici,
du monde
sa prsence est
donc
ncessaire
sur la table.
Ce
si
Ton
savons de reste.
Le terme^^ pir-klrou
et
est
compos du
verbe
^^ sortir
dans
jours suivi,
signes idographiques, trois le plus souvent, qui se sucou sur cdent dans le mme ordre, sur une seule ligne
Q^q
deux 0^,
la galette
et qui reprsentent
le
premier
le
pain
nomm
paouit.
Il
est dit
que
telle
ou
faite ^V-*
^ pirkheroLL-nifslionsou-doaaoii-paouitou ou
pirkheroit
bien '-T^ ^^
shonsou-donaou-paoutod-nif,
les
trois
apposition kheroii, sujet du verbe a pour que sorte la voix lui, miche-bouteille pleine-yalette , ou pour que
))
sorte la voix, miche-bouteille pleine-galette, lui , au mort nomm dans la prire. La voix qui sort est donc, en
))
qu'on va servir. Sitt que l'ordre a t intim la voix de sortir ^owv le mort, Thot, le dieu de la voix juste, l'apporte, et Y homme au rouleau peut annonpareil cas, le repas
mme
cer au bout d'un instant qu'elle est sortie avec l'il d'Horus, en d'autres termes que les mets vont paratre magiquement
khaout l'appel des vivants. Le domestique, s'adressant alors ses aides, leur enjoint de donner ce qui sort la voix sur la table', sur quoi Y homme au rouleau ajoute Il
sur
la
:
1.
Revue de
t.
XXV,
t.
p.
do Mi/tholofjie
et d'Arr/tolo(/ie gi/ptiennes,
t. I.
II, p.
1.
1.
pi.
IX,
XXI,
41,
35C
LA TABLE d'oFFRANDES
[Thot] a donn l'il d'Horus pour se poser sur lui' , et entend annoncer par l que la voix et lui-mme, se posant sur la kliaouit appele ici l'il d'Horus, lui communiquent la force ncessaire afin de produire ce qu'on veut procurer au mort. Ce que voyant, le domestique commande une mail
nuvre nouvelle
ses aides
le
sout-hotpou \
))
La
dans
conscration des
Q-^
hotpou
en
efet
i^^:^
sout-hotpoui
|^'='|
Les deux caractres qui accompagnent le hotpou le complment matriel, ou bien les dterminatifs, ont t confondus souvent avec les petits pains, mme par les sculpteurs gyptiens , , ; mais, en y regardant de prs, on se convainc que les monuments les
la seconde.
et qui
en sont ou bien
plus anciens les reprsentent comme des ronds vides OO, ou pourvus soit d'un gros point central 0, soit d'un second cercle concentrique . Si on examine ensuite la scne du tombeau de Ptmnophis o la prsentation du sout-hotpou est figure, on voit que le domestique y tient, sur les deux mains runies, un objet rond de diamtre assez fort\ Les figures qui rpondent au sof^-Ao^yjoa sur la table de Nofriouphtah sont d'ailleurs cinq grands disques plats disposs un premier disque isol sur lequel est en trois groupes grave la formule qu'on vienne avec le sout-hotpou ! puis
:
deux disques chevauchant l'un sur l'autre pour les southotpoui, puis deux disques juxtaposs pour les ouoskhit,
fi
1.
1.
83.
les
temps postrieurs
t.
t.
la va1.
1.
riante
2.
les
et il s'est
1.
I,
I.
pi.
pi.
IX, IX,
65).
Onnas,
83
H4
et
variantes
3:
4.
XXI, 42, 1. 66, ,7-1, n-o. Dijmichen, Der Grabpalasl, t. I, pi. Ptrie, Kahun, pi. V.
pi.
66.
357
haut de 0^08, large de 0'"29, rond avec les bords taills en biseau,
albtre,
et
il
les
muses. L'un
porte sur
:
la face la
dfinit l'usage
que s^He la voix pour lui, au mois, au demi-mois, au commencement des saisons, au premier de l'an, [pour lui] le directeur des prtres du double, Kaihapou'. Le disque de Hotpouhirkhout est
et
Donne
en calcaire
mesure
O'^.^G
lit
de diamtre;
la
mmeemploi\ D'autres ne nous apprennent que le nom de leur matre % ou n'ont jamais reu d'inscription. D'autres enfin sont accoupls par deux sur une mme plaque de pierre'. Le domestique prsentait le premier des cinq disques au mort, au moment o il s'criait Qu'on vienne avec le sout-hotpou\ puis ses aides lui en apportaient deux
:
le sol,
Vhomme
il
au rouleau chantait
s'y
est pos".
On
^-Q
i[pj|
hotpoui-amoui-
1. Mariette,
Les mastabas,
p. 164.
2. Id., p. 348.
3.
riette,
4.
Disque de Khontimka, en calcaire et large de O^S?, dans MaLes mastabas, p. 438. On voit dans Mariette, Les mastabas, p. 435, deux de ces disques
accoupls.
Cela rsulte des reprsentations de la table de Nofriouphtah and Haicara, pi. V), o la prire Qu'on ctennc ai'ec le soiit-hotpou est inscrite sur le premier des cinq disques. 6. Le geste est indiqu par la vignette de Dumichen, Dcr Grabpalast, t. I, pi. IX, 1. 66; la position des disques est fournie par les dessins gravs sur certaines tables, et dans lesquels on les figure droite et gauche devant le signe ,__Q_i (Mariette, Les mastabas, p. 219).
5.
358
ouosk/i(\
LA TABLE d'oFFRANDES
C'taient
deux disques identiques aux prcdents', mais, tandis que les premiers restaient dans la chambre funraire, au pied de la stle, les derniers taient
relgus dans Youosklnl, c'est--dire dans
toml3eau,
ici,
le
vestibule
du
grande salle colonnes qui s'ouvre derrire la porte d'entre et probablement devant la stle qui nous apprend le nom du fils de Ti'. Il y avait donc,
chez Ti, dans
la
l'origine,
deux pices o
la fin,
au moins
le
jour de
l'enterrement, ainsi qu'il rsulte des tableaux peints dans les tombeaux thbains. Tandis qu'au loin, dans le caveau
ou dans
la salle la
les
perla
y clbraient par
un banquet presque joyeux l'arrive du dfunt sa maison ternelle. La mme division se pratiquait probablement encore aux ftes solennelles, mais, en temps ordinaire, la
conscration des disques de Vouosk/nt n'tait plus qu'un rite fictif accompli dans la chapelle, sans qu'on prit la peine
de bouger de place. Les premiers disques restaient vides au moment de la pose', parce que le sacrifice entier allait passer sur eux, mais on se htait de garnir les deux derniers
1.
2.
Ounds,
1.
84-85;
t.
I, [il.
IX,
1.
6()-67.
Cela rsulte et des figures graves sur la table de Nofriouphtah (Ptrie, Knhun, Gurob and llaaara, pi. V) et des variantes publies par Dmichen, Der Grahpalast, t. I, pi. XXI, 43, 1. 67, h d, n-o ; cf. Mariette, L's inastabas, p. 110, 142, 257, 388, o les deux disques
sont poss sur un plat.
3.
Pour ce
t.
Dmichen, Der
Grohpalast,
4.
Ils
p. 30, note 1.
Kahun,
359
Le domestique
sho/isou
il
talait la
deux bols contenant de la bire et du vin, sur celui de droite, une nouvelle miche, une cruche bouche, et deux bols de bire et d'eau'. Cependant, l'homme aa rouleau rptait sur eux la phrase qu'il avait prononce sur les Je te tends l'il d'Horus et il s'y est prcdents
:
pos
'
Le disque
s'identifiait
la
forme de la prunelle humaine et qu'il se confondait avec elle dans l'criture la conscration obligeait le dieu s'y poser pour lui communiquer ses propres vertus. Aprs quoi, l'homme au rouleau^ s'adressant au mort, lui disait Je m'assieds pour toi auprs de lui , lui dsignant ici l'il et le disque dont l'influence rgit la marche de l'action, puis, le domestique levait le bras droit
l'il qu'il rappelait
: :
et
))
commandait
voix
pour
ses aides
le
repas funraire*.
La mise en
la
train comportait
cessifs, l'apport
de
la
khaouit,
chapelle,
celui des
du convive ou du matre
On remarquera que
l'arrive
et
l'apport
le
de
la
du sout-hotpoui sur
monument deNofriouphtah,
par
prsentation
caractris
comme
ce rite
d'un
l'on
disque'.
1. 2.
Cette ressemblance
t.
s'explique
I,
aisment
67.
les
si
pi.
IX,
1.
textes publis,
nous est indique par les figures et par les lgendes de la table de Nofriouphtah (Ptrie, Kahun, Gurob and Hawara, pi. V). 3. Ounas, 1. 85; cf. Diimichen, Der Grabpalast, t. I, pi. IX, 1. 67. 4. Ounas, 1. 85-86 Dmichen, Der Grabpalast, t. I, pi. IX, 1. 68,
;
XXI. Le
suis assis
toi, la
texte de Dmichen met au pass Je me phrase que celui d'Ounas donne au prsent Je
: :
toi.
360
LA TABLE d'oFFRANDES
songe ce qu'est de nos jours la sojrah orientale, un plateau anih, en cuivre, juch sur un koursi, sur un
gens koursi semble-t-il superflu et la table vulgaire n'est que le plateau pos sur Un tapis, sur
C|ui
tabouret
lui
une natte, ou mme le sol. La kliaouti tait sans doute l'origine une sofrah compose d'un disque mont sur un pied, et le disque et la khaout purent longtemps s'employer l'un pour l'autre selon le caprice, l'habitude ou la fortune des gens. Il est probable seulement que la mention du disque et son usage nous reportent une poque plus ancienne que la prsence de la khaouit; la formule avait t rdige en un temps o l'on invitait les morts s'accroupir devant un disque, tandis que la pancarte et son tableau prfraient l'asseoir sur un sige devant la khaout. Le disque tait-il pourtant le meuble primitif, ou n'est-il son tour que l'quivalent d'un objet plus ancien ? Il faut observer que la plupart des mets offerts en nature, au dbut, pendant le repas funraire, y ont
t remplacs au cours des sicles par leur propre image,
les vases pleins
grappes de
les
bufs gorgs,
ttes
ou
1.
fictifs
Guidi' du tisitrur au
2.
Muse de Boutaq,
Les cnes funraires avaient t assimils des tiquettes de momie avec doute, par Champollion, Xo/icr drscripdrc des monuments f/!/pfiens du Muse Charles X, p. 164 Leemans, Deseriplion rnison;
une preuve
l'appui de cette
le
thse sur un
du
risiteur,
monument du Muse de Lej'de. J'ai montr dans p. 137-1.38, et Wiedemann galement, dans Die
le
hypoGuide
altgt/p-
dou,
le
pain d'offrandes ou la
mola.
361
des canards, des bufs gorgs, des ttes ou des cuisses de buf en pierre ou en terre maille' les disques ne reprsentaient-ils pas galement quelque matire comes;
dimen-
sculpteurs anciens les ont remplacs souvent sions, par des figures de gteaux, lorsqu'on les emploie comme hotpou. Aujourd'hui encore, dterminatifs du signe
=^
dans
de l'Egypte moderne et de l'Orient qui ne sont pas gagnes aux modes europennes, la premire chose que l'on fait aprs avoir dress la table, c'est de disposer
les parties
autour du plateau, des galettes plates, rondes, qui mesurent environ un doigt d'paisseur et un shihr de diamtre, soit de 20 25 centimtres. Elles ne sont pas seulement
destines tre
manges avec
les
lorsqu'un convive a pris un morceau de viande trop gros pour tre aval d'une bouche, il l'y pose dlicatement et l'y dpce \ Il me parat que les disques taient l'origine l'quivalent de ces galettes plates qui
servaient la fois d'assiette ou d'aliment, et j'en trouve une preuve accessoire dans la faon mme dont ils sont
groups
avec
le
signe
=9=
<^u
hotpou sur
la
pancarte
ils
perspective gyptienne,
sur
lui.
sont
^P
Or
le
hotpou, autant
les dtails
de deux
Les oies votives de Gizh sont mentionnes dans Maspero, Guide 1 du visitrnr, p. 222, ainsi que les bufs gorgs et dcapits, lis des quatre pattes, p. 27, 279, 284, les ttes et les cuisses de veau et de buf, p. 278, les grappes de raisin, p. 277. Cf. un groupe d'offrandes
votives en bois dans Morgan, Dahshour, 2. Lane, An Account of thc Manncrs
[t.
1], p.
97.
and Customs of thc modem 5" Cf. Rome, les monsa- panico 184. 180, d., t. I, p. 170, E'Ulptlans, et sur lesquelles on prsentait les prmices du repas aux dieux Pnates, l'pisode des Troyens mangeant leurs tables, leur arrive en Italie
{Enide, VII, 67 sqq.).
362
LA TABLE d'oFFHANDES
OU de joncs frais, peints en vert et maintenus aux extrmits et au milieu par plusieurs rangs cVune corde jauntre en bourre de palmier, la natte mme dont on recouvrait le sol dans les maisons des vivants' puis sur la natte, et droit au beau milieu, un vase cordiforme '0' plein de liquide,
;
un support
ou bien une
tas
un gteau conique ou un
^Q
conique,
c=^. Le hotpoii est en rsum le plan l'gyptienne d'une natte sur laquelle on a plant un vase de liqueur ou un pain, en d'autres termes, une natte mange/', assez propre pour qu'on y pt taler
peut-tre un shonsoti^ ==,
,
au besoin
disques
les
les
galettes-assiettes,
plus
forte
le
raison
les
^^-^
(|ui
signe
forme un vritable rbus il ligure en effet un objet pos sur un autre, et le verbe hotpou qui lui correspond a pour sens primitif poser sur..., d'o Joindre, unir, et par mtaphore, poser l'offrande, offrir pour le sacrifice, poser sur la montagne d'Iiorizon, se couche/' en parlant du soleil, se poser sur (juehju'un, s'utii/- fui et par suite vio/'c en union, tre eu paix avec lui. Il rsulte donc et de l'aspect de l'image et du sens du mot, que la forme la plus ancienne du rite du l'offrande laquelle nous puissions atteindre pour le moment, en Egypte, consistait tendre la natte sur le sol et l'amorcer en y pla(:;ant le vase boire ou le pain ou une autre substance alimentaire. On y joignait ensuite ou l'on n'y joignait pas, volont, les deux galettes ou les deux disques, et le tout s'crivait soit
soit
.^
,
soit
Q^, comme
On
la natte
mort ou
ses
mmo
:
forme mais
elles taient
363
Le
ges, et
finit
les
autres pices du
mobilier funraire. Elles taient assez nombreuses l'origine, cuves pour les eaux, plaques godets pour les huiles,
disques, nattes, sans parler des jarres, des plats, des vases
la
le
vase ou
le
pain pos
natte
' .
La
parfois plus ou
moins
profondment, de manire simuler une cuve, et la saillie en est creuse en rigole pour laisser chapper le liquide
qu'on y versait.
primitive, et on
On
l'y
la posait
mme
le sol la
comme
la
natte
beaux,
le
fois encastre
dans
la
la stle,
de manire monAinsi
le
un
tout indissoluble".
place,
elle
reprsentait
les
plateau
ou
guridon bas,
auprs duquel
les
deux jambes replies sous eux, ou plat et la jambe droite leve, ainsi que
encore aujourd'hui l'habitude'. C'tait
1
jambe gauche
en ont
les fellahs
la
faon de
manger
Le copte a conserv
le
mot en
On
Maspero, Quatre annes de fouilles, aux Mmoires de la Mission franaise, t. I, p. 190, et dans Morgan, Dahshour [,t. I), p. 27. 3. Lane, aprs avoir dcrit cette posture, ajoute qu'elle est tlie niost approved posture at meals in every case; and in tliis manner, as many as twelve pcrsons may sit round a tray tliree feet wide {An Account <jf tlu' Manners and Castoms of t/te modem Egi/ptians,
5' d.,
t.
I^
p. 182-183).
364
la
LA TABLE d'oFFRANDES
plus ancienne et probablement aussi la plus commune. au moins chez le peuple et chez les classes moyennes. Pour les gens qui avaient l'habitude de manger assis, comme il fallait hausser la nourriture porte de leurs mains, on leva les disques ou la table d'offrandes sur un pied massif qui la transforma on guridon. Les morts de toute classe taient l'ordinaire rangs, de par leur condition, parmi les gens de distinction accoutums prendre leur repas
le
la
pancarte
le
les
une figure
telle
donnent
le
le
^{^^^ ^^s
;
disque de pierre s'y emboitait, sa face infrieure, dans une entaille carre ou ronde qui
plateau de bois ou
de gueule au canon'. Les tableaux de Gizh et de Saqquarah nous montrent beaucoup de ces autels figurs et portant des objets doffrandes, des bols, des bassins, des vasques de forte taille, des rchauds, tout ce qu'on peut mettre sur un auteP. Le Muse de Gizh en possde plusieurs en original, qui portent sur le ft les noms et les titres de leur propritaire*. Avec ou sans pied, la table d'offrandes tenait lieu elle
sert
comme
seule de
la
remplaait
plupart des pices du mobilier funraire. Elle dabord la khaout, aussi y voit-on retrace
la
1.
p. lO.VKMJ,
l'autel
de
Men-
slii/'li
etc.;
3. Mariette,
I.'-s
mns/dhns,
p. 229,
Guidf fin visiteur, p. 20. Doux pieds en Morgan, Dalishoitr, [t. I], p. 12.
4.
dans
18'.)J,
p.
128
121).
365
gteaux,
des pains, des lgumes, des fruits, des volailles, des pices
de boucherie,
la
mme
soumettait,
en gravant sur
le
scrupuleux et laissaient
la
le
nom du
propritaire, ses
et souvent
une formule
ddicatoire.
communment
i\
celle-l
mme
qu'on
sens
sur
les stles, le
si
soiU-hoipoa-dou, dont
;
le
mystrieux pour nous il est pourtant ncessaire de l'claircir, si nous voulons comprendre l'usage de la table et le mcanisme de l'offrande. Et d'abord, on n'a pas assez insist sur ce fait qu'elle ne se prsente pas toujours nous de la mme manire elle a chang de construction grammaticale et de composition, entre la fin de l'Empire memphite et le commencement de l'Empire th:
demeure encore
1.
Le type
le
Kahnn,
Gwob
and llaitara,
pi. V),
dont je
me
La mme
la
ide trouve une expression plus matrielle encore sur les tables d'of-
le
hangar,
les
rceptacles
grain en argile battue, les fourneaux, les jarres, les objets comestibles
sol
p. 128-129). 2.
366
bain'.
LA TABLE d'oFFRANDES
Aux temps classiques de l'Egypte, elle se compose de cinq membres, qui se succdent dans un ordre invariable
1" l'en-tte rgulier
l\
sieurs
noms de dieux ou de
A donner, accomi
personne selon
ques; 4"
pagn des pronoms singulier ou pluriel de la troisime qu'il y a une ou plusieurs divinits nvol'numration plus ou moins complte du
;
'-V-'
pirkherou rclam de ces divinits 5" l'indication du personnage en faveur duquel on rclame ce pirhhe/'ou, et en
tte des titres et
du nom,
la
liaison
ni ka-ni...,
au
AA/VAAA
double de... Supposons, par exemple, une stle ddie Osiris en l'honneur d'un certain Ousirtasen*. La formule ddicatoire en sera ainsi conue, selon ce que je viens de
dire: Il
3^fCpi_B Al^Jrffi^"^^^ ^o m
il
I
c.
T^
irk.
^^1^=^
Le premier membre, sout-liotpon-dou, signifie ment le roi donne table d'offrande, et le sens de
1
I
littraleroi,
pour
^
sout, 1
T
moins en ce temps-l, par plusieurs variantes graphiques dont je ne veux donner ici qu'un seul exemple, mais indiscutable. Je l'emprunte une petite statue dont les inscriptions ont t estampes par Devria. La formule
assur, au
fl
\%3\
table
3\u\qp
1
"^^
IH
J-^ '"O'
donne une
me borne indiy a sur les confins des deux poques plusieurs variantes intermdiaires que j'aurais signales, si la place ne
Pour ne pas allonger
cet article outre mesure, je
:
quer en grand
n'avait
2.
la division
il
SU'le
manqu. C 18 du Louvre;
cf.
St(''lr.<;
do
la
XII'
3.
di/nasfir, pi.
LU.
i)as
L'homme
ne tient
le sish-c
dans
l'original,
mais
le
siync de
367
d'offrande Amon, roi des dieux, pour qu'il donne une bonne vie qui agit selon sa volont ', la vieillesse qui le met en son cur. Le premier caractre est un i-oi age-
nouill
donnant un
liotpou, et
.
rpond
A
cette
le
roi
donne une
table d'ottrande
Toutefois
phrase,
qu'une sorte de verbe complexe de force active, car ses rgimes, le nom ou les noms des dieux qui le suivent, sont toujours introduits directement, sans l'aide d'aucune prsout-hotpou-di Osiri, o notre langue nous conposition
:
le roi-offrand2-donne Osiris ou peu royale Osiris. Je n'insiste pas sur l'explicaprs offrande tion du reste, dont le sens n'est plus contest par personne
traint de traduire
ma
connaissance
Amenatiou
pour
Offrande royale
qu'il
donne
funraire en miches, cruches pleines, volailles, viande de buf, gteaux, toffes, sachets de fard, toutes les choses
bonnes et pures dont vit un dieu au double du hraut du prfet, Ousirtasen. Toutes les combinaisons possibles de dieux et de desses, de souhaits, de titres d'individus viennent s'intercaler dans ce cadre, sans jamais en altrer la signification, au moins l'poque thbaine. Si l'on analyse la formule quivalente de l'poque memphite, on voit bientt que les lments s'y groupent autrement et qu'ils y ont un sens assez dilTrent. La version (|u'on
en peut appeler
la version-type,
comporte en tte
le
sout-hotpoU'dou comme l'autre; puis les mots hotpou-dou rpts deux fois, mais avec un nom de dieu diffrent, celui d'Anubis ou celui d'Osiris, rarement celui d'un autre comme Gabou", presque jamais, sinon jamais, celui d'une desse,
ct'e; j'ai
le
sdons.
1.
Litt.
2.
Gabou me
parat tre
une variante
368
si
LA TABLE d'oFFRANDES
K Anoiipon-ho(pou-doa
^
et
r^r-i
A
;
Osiri-hotpou-doa au lieu de 1
derrire chacun de ces noms, des
soiit-/iulpou-dou
souhaits appropris en
le
nom
la
et les titres
la
de celui-ci, mais
/vww\
I
directement, sans
mention du double jj
AA/WV\
La ni
...
princesse
s'tablira
nomme
surnomme Homi',
1
comme
il
Ai
^^ A
IJ'-
'
()
XI liN>c^^
v^
1\
fait
J'aichoisi exprs
ressortir
mieux
la
une
chaque de
la
celle-ci, le
annonce
les
pronom
se
mmes; dans
prouve
le
celle-l, les
pronoms
Il
comme
le
la
personne
mme
faut
donc traduire, en
:
adoptant
table d'offrandes.
({xielle soit
Le voi-donne-
enterre dans
;
soit trs
bonne
Osiris-[donne]-table d'offrande,
la
chef
voix,
miches-pains
de sens et non de son du dieu qu'on appelle Sibou. Le nom de l'oie Gabon me parat lui avoir t donn ct de celui de l'oie Sihou, cause du sens replier, Jlcidr, qu'a le verbe ijabou en gyptien Sibou
:
la
2,
Le
text,'
le
8a rgularit.
369
nellement;
[ elle]
la
iille
La formule a beaucoup de variantes que je ne puis tudier ici. Rarement elle se restreint et elle se rduit
))
Homi.
au sout-hotpou-di, sans toutefois modifier pour cela la construction grammaticale'. Souvent, elle ne rpte le hotpoudou qu'une fois avec un seul dieu% elle intercale le nom du
mort entre
rclames'.
les titres
Le plus
des dieux et l'numration des faveurs souvent, elle se dveloppe de faon va-
rie, et elle ajoute de nouveaux hotpou-doa, un pour une forme secondaire d'un seul ou de chacun des deux dieux, de manire substituer la division quaternaire ou ternaire la
division binaire
du monde
hotpou en
chef de Mends, des hotpou secondaires en l'honneur d'Anubis, matre du palais divin, et d'[Osiris] Khont-Amenatiou\
et d'Osiris,
du To-Zosri,
De plus, la formule inscrite une premire fois dans le haut d'une stle ou d'une porte se rpand sur les montants. L'usage le plus frquent tait alors de ne mettre le southotpou-dou qu'au dbut de la formule, sur le linteau de la porte, et de ne pas le rpter sur les montants. On affectait alors chacun de ceux-ci soit un seul, soit chacun des deux dieux et ses formes, et on en commenait l'inscription non par sout-hotpou-dou, mais par Anoupou-hotpoudou et par Osiri-hotpou-dou'; si les montants comportaient deux ou plusieurs colonnes, chacun des deux hotpou pouvait
s'y subdiviser en
hotpou secondaires,
comme
dans l'inscrip-
tion
du
linteau".
1.
p. 259, 336.
5. On trouve pourtant plus d'une stle o le sout-hotpou-dou est rpt cette place, dans Mariette, Les mastabas, p. 278, 291, 295, 368. 6. Mariette, Les mastabas de l'Ancien Empire, p. 283, 393, 408, 412415, 422, 424, 446 pour les variantes, le kolpou est fait un mme
;
BiBL. GYPT.
T.
XXVIII.
84
370
LA TABLE d'OFFRANDES
diffrence des deux formules rpond-elle
La
une
dif-
frence de rite?
On remarquera
la
d'abord que
le
sout-hot-
pon-dou unique de
la
entier, tandis
que
le
formule classique est d'un temps o elle seule le mobilier sout-hotpou-dou triple de la formule
archaque est d'un temps o l'on trouve souvent encore dans les tombes un mobilier complet ct de la table d'offrandes, des disques, des plaques godets, des cuves, des
pieds d'autel. On est donc amen penser que chacun des trois sout-Itotpou-dou correspond la prsence d'un meuble particulier, ncessaire la validit de la crmonie, et,
si l'on
se rappelle
que, au
moment o
on en arrive du coup concevoir l'ide premier disque que les deux disques mis en place aussitt aprs, l'instant o le sout-hotpou-dou s'acromplit, taient destins primitivement chacun l'un des dieux interpells d'ordinaire dans la formule archakiue, Osiris et Anubis. Je ne doute point pour ma part qu'il n'en ait t ainsi dans l'esprit de ceux qui
isol',
usage ou ne s'tablit ou du moins ne prit sa forme dfinitive riuc dans l'Kgypte des dynasties humaines, dj unie en royaume entre les mains d'un seul Pharaon'. La prsence de deux dieux seulement et le choix qu'on fit d' Anubis et d'Osiris s'expliquent sans peine. L'pi thte primordiale
/i?6o?i/>)/<:/o,
deux montants
la fois,
cf.
p. 247, 265.
1.
2.
aux p. 3.56-3.')n du prsent volume. montr ailleurs ce que valait ce titre de sonton.
371
le matre de MendsS c'est--dire l'Osiris du Delta, TOsirisdu Nord. Celles de l'Anubis taient chef du palais divin, rsidant dans Oat, qui sont compltes parfois par la glose matre de Sapa"" ou de Cynopolis dans la Moyenne Egypte:
noms
divers
le
morts et parfois mme des vivants dans FHeptanomide, un dieu du Sud pour les thologiens d'Hliopolis qui paraissent avoir codifi le dogme funraire, comme les autres dogmes, aux temps anthhistoriques. C'est donc encore la grande division en Nord et Sud qui prvaut ici comme dans le reste de la tombe ceux qui craignaient qu'elle ne sufft pas la scurit du mort pouvaient arriver la division quaternaire, en joignant aux deux disques du caveau les deux disques du vestibule. Ceux-ci auraient t alors ddis Anubis et Osiris dans ces formes secondaires dont je viens de parler', et auraient servi complter l'approvisionnement funraire dans les quatre maisons du monde, l'Ouest et l'Est comme au Sud et au Nord. Le rite auquel la rdaction la plus ancienne de la pancarte nous ramne peut donc tre conu comme il suit, lu' homme au rouleau et le domestique, -w moment o le repas allait
:
du mort, du caveau. Le premier tait cens provenir d'un don du roi les deux autres taient donns respectivement par Osiris et par Anubis. Le roi donnait-il rellement le sien? Rien n'est plus frquent en Egypte que les objets de tout genre, dont le roi a fait un cadeau tel
veut, trois plateaux sur le sol l'entre de la maison
paroi ouest
ou tel de ses sujets qu'il voulait rcompenser d'un service rendu ou honorer particulirement. On les reconnat une formule toujours la mme qu'on y voit grave rdou-tou-ma
:
1.
Mariette, Los mastabas, p. 231, 259, 265, 273, 274, 283, 286, etc.
2.
M,
p. 424.
3. Cf.
372
LA TABLE d'OFFRANDES
donn
en chants de par
intelligible
le
pour nous, donn par la faveur du roi'. Le roi concdait de la sorte des statues qu'on exposait dans les temples', des stles', des vases*, du terrain pour y construire un tombeau, et ce tombeau lui-mme', la pierre de
choix ncessaire aux parties soignes de
la
construction, des
montants de porte, des sarcophages". Ce n'tait naturellel'exception aux temps ordinaires, mais y eut-il jamais un temps o ce fut la rgle et o le roi donnait rellement le disque dont le mort se servait? On remarquera en premier lieu que, dans ces ges antrieurs toute monnaie.
ment que
1.
gyptienne du
L'expression a t tudie par Birch, Mmoire sur une patre Muse du Loucre, p. 4-17, par Dvria, Mmoires et
fragments, t. I, p. 312 314, et par Mariette, Karnak, p. 42-43, qui en ont expliqu l'usage sans en reconnatre l'origine. Les rceptions solennelles dans lesquelles le roi voulait honorer un de ses sujets taient de vritables scnes d'opra, o l'assistance et le roi lui-mme chantaient les louanges du personnage, avec accompagnement de sistres et d'autres instruments on disait alors d'un personnage ainsi accueilli qu'il entrait arec 1rs chants et sortait acec les clameurs de la foule. Les donations
:
s'accomplissaient en sances solennelles, du genre de celles qu'on voit figures El-Aniarna par exemple, ou dcrites dans des romans, tels
que
ou]
Mnwiri-s de Sinouhit; de l cette formule, donn [etn hosoules chants de par le roi. 2. On trouve des statues de ce genre dans la plupart de nos muses je citerai seulement celles qui furent dcouvertes dans le temple d'Amon par Mariette, Karnak, pi. VIII, /, p, r, s; cf. Birch, Mmoire sur une
les
dans
patcre, p. 12.
3.
Mariette, Ahi/dos,
t.
II, pi.
4. Va.ses
Ainsi dans
populaires,
reine Isit
2' d.,
p.
Mmoires de Sinouhit, cf. Maspero, Les Contes 128-13U; les tombeaux de la reine Titi et de la
Monuments de
6.
l'gi/pte et de la Nubie, t. I, p. 385, 390). Maspero, De quelques termes d'architecture gi/ptienne, dans Proccrdinf/s de la Socit d'archologie biblique, 1885-1889.
373
service
le
du roi ou sa personne taient pays en nature souverain leur accordait des rations de vivres sur ses ma'
gasins, ou,
s'il
cuisine
des Mille
font encore les sultans ou les califes une Nuits. Des exemples d'poque memphite relativement nombreux nous montrent qu'il en agissait de
et
mme
maison royale '. La sortie-de-voix est lie si intimement aux hotpou, comme nous le verrons, que l'une ne se pouvait sparer des autres, il faut donc admettre, je pense, qu'au dbut l'expression sot^^-Ao^y^ow-c/oit cachait une vrit, et que le roi donnait rellement aux morts de sa maison un plateau, un disque, une table pour le repas funraire qu'il leur octroyait. Ce point tabli, ne peut-on pas admettre que la donation de tables analogues par Osiris et par Anubis n'est pas moins authentique? Le contrat de Siout montre que les prtres du temple lev au dieu chacal dans cette ville, et, par suite, le dieu chacal lui-mme, taient tenus,
tions de sa
lui faites
par
le
prince
dans
la loi
1.
le
tombeau, des quantits de viandes, aux jours de fte prescrits par religieuse \ Le dieu faisait donc pour ses faux ce
et
temple
dans
le
que Sinouht reoit du prince d'Egypte (Maspero, Les Contes populaires, 2' d., p. 105, 128), celles que Khops accorde au magicien Didi {id., p. 76) et le roi Nibkanri la femme d'un paysan (rV/., p. 48). 2. On en verra la preuve dans Maspero, Etudes gi/ptiennes, t. II, p. 224-226, 249-2.50. Dans le Conte des Mnc/ieiens, le roi Khops fait porter des provisions de chez lui certains magiciens morts et plusieurs rois ses prdcesseurs (Maspero, Les Contes populaires, 2 d.,
Cf. les rations journalires de vivres
roi
p. 63-64, 67).
.3.
et
d'Archoloejie gi/pticnnes,
t.
I,
p. 62-74.
374
LA TABLE d'oFFRANDES
le roi faisait
pour les siens: il leur envoyait un repas de voix, sur sa cuisine, et l'expression Anoupou-hotpou-dou de la formule semble bien prouver qu'un disque ou une table venait de chez lui avec les provi-
que
funraire,
une
soi'tie
sions.
Ce qui
est vrai
d'Anubis
l'est d'Osiris,
un temple de
le
comme
de
deux pour
engag
bien-tre de leur
le
me V Osiri-hotpou-dou
:
caractrisait
donc
disque donn
ce qu'il s'tait
le
fournir
au mort, de
soiU-liotpou-doa et Anoiipou-hot-
disque donn par le roi et le disque donn par Anubis pour leur quote-part du repas funraire. La ditrence des formules rpond donc une diffrence de rite. On avait au dbut trois disques, ou si l'on veut, trois tables de provenance diverse, chacune avec ses provisions particulires; la table du roi tait alimente par le roi luimme en faveur du mort, les tables des dieux taient alimentes par les dieux, mais sur les revenus que le mort avait attribus aux temples son intention, et c'est pour leur entretien (ju'on voit les figures des domaines apporter et entasser devant la figure du mort les produits de l'agriculle
La premire formule
r-
pond
immobilis sur
Lorsqu'on eut supprim les trois disques et qu'on les eut remplacs dans l'usage courant par une table unique, on enleva la mention des deux disques divins, et on ne laissa plus subsister que celle de la table royale dans la formule d'poque classique. Les raisons de cette modification sont videntes, mais je me bornerai les indiquer l)rivcment. A mesure (juc la royaut gyptienne se dveloppa, le pouvoir royal devint sinon de plus en plus absolu, du moins de plus en plus eficace, et rien ne se fit plus que par le roi. Il tait le matre rel des personnes et des choses, et les plus nol)les ou les plus puissants ne tenaient
pancarte.
375
que de lui, titre de prt toujours rvocable. Lorsqu'un gyptien donnait quoi que ce soit un dieu pour le bien-tre de son me, ce n'tait pas son bien propre qu'il lui cdait, mais en fin de compte le bien du roi, dont il n'tait, lui, que le dpositaire. L'offrande des trois tables venait donc du roi, directement dans le sout-hotpou-dou, indirectQment dans X Aioupou-hotpoudou et dans V Osiri-hotpou-dou ; on jugea inutile de maintenir la division entre ces trois parties d'un mme domaine et on supprima les deux tables divines, ou mieux on reversa sur la table unique du roi ce qui avait pass jadis sur les deux tables des dieux. Comme on n'avait plus, ds lors, aucune raison de conserver dans la formule courante ce qui n'existait plus dans la ralit courante, on changea le triple sout-hotpou-dou, Anopou-hotpou-dou... Osiri-hotpou-dou... en un sout-hotpou-dou unique. Le roi se chargea donc de centraliser les offrandes; mais pourquoi, au lieu qu'il les donnait jadis au mort directement, voulut-on qu'il les donnt une ou plusieurs divinits pour que celles-ci les transmissent au mort leur tour?
leur vie
Ici,
mme
tion de la formule
sible
me
que
le
dogme
se modifia.
La donne premire du
re-
pas funraire en Egypte et ailleurs, est telle. Tout d'abord, le mort habitant les recoins obscurs de sa tombe, on lui apporte des mets et des liqueurs qu'il vient manger et boire
matriellement lorsque
les
il
les
ab-
sorbe de faon directe, imprimant ses dents sur la chair des victimes ou sur la pte des pains, et c'est cette
chair ou cette pte
mme
il
qu'il
s'assimile et dont
il
vit,
de son pays. La trace de cette croyance est partout visible dans les textes des Pyramides par exemple, et l'on y voit le roi dfunt mangeant et buvant en tant que Papi ou Tti lui-mme, non pas en tant qu'me, double ou Lumineux de Papi et de
tait encore
soleil
comme du temps o
au
376
Tti.
LA TABLE d'oFFRANDES
Un
lieu d'ad-
mettre que le mort dvorait les objets corporellcment, supposition dont une exprience journalire dmentait la ralit, on imagina qu'il s'appropriait uniquement ce que nous pourrions appeler leur (juintessence, et que, sans toucher
leur corps,
il
absorbait leur
me
conception sufft tant qu'on l'imagina li indissolublement au tombeau sous forme de double; mais quand, par la suite, on se persuada qu'il pouvait quitter ce monde pour aller rsider dans un sjour dfini auprs d'un dieu particulier comme Osiris, ou pour naviguer sur les eaux clestes travers la nuit et le jour sur la barque de R, on fut bien oblig de
chercher une solution nouvelle aux difficults inattendues
problme de la survivance ainsi modifi. Le double demeurant au tombeau pouvait y prendre son repas on personne et comme de la main la main, mais le double
que soulevait
le
t capables de l'quipage de recevoir l-haut ce qu'on leur prsentait ici-bas? Les dieux seuls avaient qualit pour accepter le sncrifice et leur en transmettre le bnfice; on n'hsita pas s'adresser en pareil cas un ou plusieurs d'entre eux, ceux qui avaient charge des mes dans la cit o lo mort avait vcu, ceux envers lesquels il entretenait une dvotion particulire, ceux
faisait partie
dont
la supriorit tait
la for-
mule archaque remonte l'ge o l'on croyait que l'me logeait auprs du corps dans le caveau, la formule classique appartient celui o Ton pensait que l'me dsincarne quittait sa tombe et s'en allait habiter soit quelque rgion lointaine de notre monde, soit mme un monde diffrent du
notre. Cette dernire conception se rencontre dj dans beau-
coup des textes les plus vieux que nous connaissions, ceux des Pyramides, mais ello ne supplanta que fort lentement les conceptions plus anciennes, et l'on peut fixer presque
377
certainement la date de son triomphe dfinitif aux dynasties intermdiaires entre la VP et la XP, au moment o la formule archaque disparait presque compltement des mo-
numents
et s'y trouve
remplace par
la
formule classique.
Le mode de transmission est, nous Tavons vu, la sortie de voix, mais comment la voix sortait-elle et quel tait le lite qui l'obligeait sortir? Dans le crmonial le plus antique, les portions d'offrande prsentes taient laisses dans
la
chambre o
le sacrifice avait
les
y manget. Les
officiants se bornaient
l'autre,
pour que le mort donc les nompuis prononcer sur elles une formule qui lui apprenait leur origine ou leur
eu
lieu,
bien-
d'Horus qui
les avait
survivance indfinie.
La
que celui d'un nomenclateur ou d'un vocateur elle appedouble son dner et elle lui annonait ce qu'on lui apportait, comme un matre d'htel aurait pu faire dans un banquet de vivants. Les formules qui accompagnaient le service de la pancarte furent rdiges cet effet, puis, une fois
:
lait le
quand
l'ide
changea qu'on se
faisait
des conditions
Lorsqu'on en
le
consommaient plus
corps
par suite
la
ts nouvelles
sible et elles
formule qu'elle modulait acquirent des qualielles dtachrent cette me de sa matire vila livrrent invisible l'me ou au double invi:
sible
du personnage auquel
les stles,
elles la consacraient.
les
Le tableau
grav sur
la
ou sur
parois du tombeau ct de
On y aperoit toujours le mort, tel qu'il est dans son caveau, assis devant sa table inaccessible comme
tion nouvelle.
lui, et
tendant
la
main vers
quelque mets
378
LA TABLE d'OFFRANDES
d'ordinaire par
les feuilles
masqu
de palmier; quand
la
scne est complte, les offrandes sont empiles de l'autre ct, tandis que deux ou trois prtres excutent sur elles les
oprations ncessaires. Leur voix tue la terre chacun des
objets qu'ell( annonce, et dpche leur double travers la
muraille, sur
position
la
table
:
du mort
toffes,
du caveau o // sort aussitt la dissitt que la voix sort, leur double sort,
valaille,
ciandes de boucherie,
la table
parfums,
la
cette reprsentation
dans double des aliments ne pouvait sortir que sur cette table mme, mais qu'tait cette table? Le bloc de pierre que nous appelons la table d'offran-
chapelle funraire.
La prsence constante de
le
montre que
l'ai
ques du
la
roi, d'Osiris et
le
d'Anuljis
elle
remplace
elle seule
Lhaoult,
guridon du mort, et
les
les
on apportait
raire.
du repas fun-
poque trs ancienne, car on trouve dj la table d'offrandes dans les plus vieux tombeaux connus. On y devait placer
tour tour tout ce qui autrefois tait rparti entre les divers
nstfnsiles
du mobilier,
que chacun
conscration
ncessaire pour passer des mains du prtre celle du double, du monde des vivants celui des morts. C'est une rgle, en effet, dans la magie gyptienne et dans toutes les oprations qui touchent la magie, que la mlope, l'invoaition,
le
geste,
l'acte
mme
durable,
on ne prte, comme pour les fixer et pour les soutenir la faon dont le corps soutient l'me, un support matriel, un talisman, un amulette, (lui demeure entre les mains de l'oprateur quel (|u'il .soit. La table tait devenue
si
trs
rapidement
le
talisman indispensable
la
transmission
1.
Cf.
j).
3'i-;JiJl iJu
pr^cnt ^olul^e.
379
si
comme
talisman s'tait
bien ta-
indpendamment de
diminuer ses dimensions jusqu' la rendre incapable de recevoir la moindre offrande relle, sans diminuer en rien son efficacit. On en tait arriv fabriquer de vritables trousses portatives, o tout un matriel minuscule rendait aux dieux et aux morts le mme service que le matriel usuel', et les tables d'offrandes longues de quelques centimtres peine, et qu'on pouvait avoir toujours sur soi, ne sont pas rares dans nos collections '. Quelque taille qu elle et, la table visible dans la chapelle d'un tombeau tait comme un condensateur ou un accumulateur qui permettait l'emmagasinement des objets d'offrandes et leur transport le guridon invisible, dont l'image e^t dessine sous la pancarte,
:
tait
comme
le
Nous enten-
dons parler, dans beaucoup de contes populaires, de nappes ou de plateaux merveilleux qui se couvrent de mets varis
l'ordre du possesseur
prit,
le guridon avait la mme promais de deux manires. C'avait t d'abord la seule voix du vivant qui y avait fait sortir les mets. Puis, on avait suppos que le mort, lisant sur la muraille la carte du menu et se rcitant lui-mme la formule correspondante, avait pu suppler ainsi l'absence du prtre, et qu'alors les mets taient sortis sa propre voix, pourvu qu'elle ft juste;
"
:
1.
la
Vr
2.
3.
du
Maspero, Guide du
On
billot.
allemands (Musteus, Volksinrchcn der la table se rencontre plus rarement (Carnoy, Littrature orale de la Picardie, p. 312-313), ainsi que la sacoche (Houdas, Histoire de Djoudcr le pcheur, p. 25 sqqj.
corses, p. 171-178), cossais,
Deutscficn, 1868,
t.
I,
p. 81 sqq.);
380
c'en tait assez
LA TABLE d'OFFRANDES
que les formules et les rites eussent t accomplis rellement une premire fois, le jour des funrailles, pour qu'il ft investi dsormais du droit de pourvoir ainsi lui-mme ses besoins, mais, plus souvent on renouvelait les
les
crmonies ou
prires,
plus efficaces
devenaient
ses
moyens
d'action.
Le
plus puis-
le
plus favorables
la
c'est--dire,
avant tout,
la
Tant que l'on crut d'une manire gnrale que le mort habitait son tombeau, on ne douta pas qu'il ft assez rapproch de l'olficiant au moment des offices, pour percevoir distinctement le son de la voix au fond de la retraite
o
il
se tenait cach
comme
il
recte
de
la voix, le
Du
on ne put
suite,
faire
dans des paradis divers, hors de l'Egypte, autrement que d'avouer que la voix du pr-
dans leurs sjours lointains, et par que leur table risquait de ne plus jamais se garnir. Il fallut prendre des intermdiaires, les dieux prsents dans les temples et dont les doubles incarns aux statues prophtiques' pouvaient recevoir l'offrande et la voix pour la dispuis, afin d'tre certain que leur tribuer leurs fidles concours ne man(|uerait point, on leur parla au nom d'un intercesseur auquel ils ne pouvaient rien refuser, au nom du roi leur fils. C'est alors qu'on modifia la formule archaque directe pour en faire le soiit-hotpou-dou classique
tre ne leur arrivait plus
:
crifice
la conception nouvelle, le saau mort demeura une sortie de voix comme par le pass, mais une sortie de voix deux degrs le prtre
:
1.
et fl'Arc/iroInfjir t/t/pfirnnrs,
t.
I,
381
dieux passaient
la
Ces points admis, l'explication des cases qui suivent ne On commenait par garnir la table des aliments indispensables au repas, les pains et les liqueurs. Et d'abord', \e domestique, agenouill, shonsou, tendait d'une main une miche de l'autre
prsente plus de grandes difficults.
une cruche scelle et coiffe de son chapeau d'argile, douaou *, Je te prsente l'il sur quoi le domestique disait d'Horus pour que tu le portes ta bouche' . C'taient l les premiers accessoires dont on couvrait le guridon, comme le prouvent les figures del table de Nofriouphtah*. Les deux disques de l'antichambre y sont pourvus chacun d'une miche et de liquides, le premier bire et vin, le second bire et eau; ceux de la chapelle taient demeurs
1.
Cf. Mariette,
Les mastabas,
p. 119,
2.
M. Piehl
considre la miche et
lit
de table ordinaire qu'on offrait ici. La preuve en tait besoin, par les reprsentations de la table d'offrandes de Nofriouphtah (Ptrie, Kahun, pi- V), o le terme douaou est suivi du mot haqit, bire. Ailleurs, il y surmonte deux tasses dont
bire
commune,
la bire
s'il
en serait fournie,
mou
pour attnuer
les effets
lique.
3.
Ounas,
1.
1.
p.
Der Grabpalast,
t.
I,
pi. VIII,
69.
4. Ptrie,
Kahun,
V.
382
LA TABLE d'OFFRANDES
mme
garniture, qu'aprs
en premier lieu la miche et la cruche de bire. La table de l'antichambre une fois pr-
on
offrait
sente,
il
n'est
croire
aucune des offrandes qui suivent ou du moins, si elle les recevait, qu'on n'avait pas besoin de rpter sur elles les formules prononces sur celles de la chapelle; une conscration su Misait pour toutes les tables.
qu'elle ne recevait
la
miche et la cruche, d'abord le toutou, une miche de forme analogue celle du shonsou, mais plus large et plus ronde la base, plus mousse au sommet, puis le tarothou, le pain aplati, qui est rond et mince comme les gteaux de passage et (T offrande'. L'homme au rouleau les expdiait en deux phrases fort courtes, assonantes au nom de l'objet Je te prsente l'il d'Horus, pour que tu protges celui
:
qui
qu'il
il
appartient'.
1.
Ptrie,
Kahun,
un
t.
/
pi.
V; sur
les
gteaux
d'qff'rande et de passage,
cf.
mot
est crit
souvent
trolhoii par
simple, mais
pi.
les
Dor
Grabpalast,
les
I,
XXI.
1.
Les tiinstabas,
prouvent que
les
poques considraient ce
2.
/,
ti,
du mot ta, Ounas, 1. 88; Papi II, 1. 365, o le texte nous donne sous ce vieux prfixe ti que nous avons signal, M. Erman
i
comme
l'abrviation
{Zii
forme den
f,
dans
t.
la Zeiisc/irift,
t.
XXX,
p.
80-81) et
fois,
moi
(Reue
crilirfne, 1892,
le
XXXIV,
p. 363). C'est la
premire
ma
connaissance, qu'on
rgime. Les versions nouvelles, qui paraissent ne plus avoir compris cet emploi, semblent donner: Je ie prsente l'Oul d'Horus qui appartient n Sif ti-sifnuj, par allusion sans doute l'enlvement de l'il par
I
Ounas,
1.
89; Papi
II,
1.
.366;
Diimiclien,
Der Grabpalast,
t.
I,
IX, 1.71.
383
case prcdente
miche qui avait t donne la deux espces de licjueurs doublaient de mme la cruche, la ^osrit, le koumi, et la bire riche \ contenues l'une et l'autre dans ces grands bocaux en terre de l'espce nomst, dont les quatre canopes ont peu prs la figure. Je te prsente l'il d'Horus, le peu qu'en a mang SitM Je te prsente l'il d'Horus, pour qu'il
ne se spare pas de lui M Alors le domestique prenait un pain et une tasse de bire qu'il posait sur un plateau Je et qu'il levait. L.'homme au rouleau dclarait te
l'as
port ta face!
Puis,
de l'endroit o
mort
se trouvait
toi!
Lve
ta face, Ti,
terre,
bire, et
M Ces provisions mises domestique reprend une miche et une cruche de les pose sur un plateau et, les offrant genoux,
bic}\f
1.
de klinoinsou;
les
hhnomsou sont
les
Ma
traduction rend
le sens du terme plus que la lettre. Ounas, 1. 90; Papi II, 1. 36 Diimichen, Der Grabpalast, t. I, pi. X, 1. 72. 3. Ounas, 1. 91; Papi II, 1. 368; Diimichen, Dcr Grabpalast, t. I, pi. X, 1.73. 4. Le fait est indiqu jmr la rubrique insre en cet endroit dans le tableau de la pyramide de Papi II, 1. 370-373. 5. C'est--dire, les objets d'offrandes placs devant le mort identifi
donc
2.
(cf. p.
384
il
LA TABLE d'oFFRANDES
place ple-mle
la
gauche du mort'. Tandis qu'il Je te prles mlange ainsi, Yhomme au rouleau s'crie et que sente l'il d'Horus, pour que tu te mles lui, tu t'approvisionnes du suc qui sort de toi'! On compltait ce premier service d'un morceau de viande, l'paule, dtach de la jambe de devant d'un buf et prpar pour venaient ensuite deux tasses tre mang deux mains d'eau frache, puis deux tasses d'eau elarilie avec les cinq grains de natron, ou du moins les cinq grains de natron, et l'on posait enfin par terre une cruche et une miche nouvelles, avec les invocations ncessaires'. Ces objets placs, la
les
:
))
))
comme
comme
bien engag.
III
Ce qui
qu'
suit
maintenant
tait
la
commencement
jus-
de
la civilisation
mets
comme
tant celui
dans lequel on les servait la table des grands seigneurs? Un coup d'il, jet sur la pancarte de Ti, montre qu'il n'en tait pas ainsi. On y aperoit d'abord des gteaux ou des pains, puis des viandes de I)0ucherie, puis de la volaille,
puis des liquides, enfin des fruits de sortes diffrentes
et la rdaction de la liste tait celle d'une carte
:
de restau-
1.
1.
Ici
le fait
II,
.38H.
2.
t.
(Junas,
pi.
1.
98-99;
Pnpi
II.
1.
:{77-378
II,
1.
370 sqq.
385
non pas celle d'un menu de dner. Ils taient l afin que le mort pt y choisir son caprice ce qui lui plaisait le mieux pour ses repas de chaque jour il s'y composait lui-mme ses djeuners ou ses dners de faon varier son ordinaire, et le rituel s'adapte exactement cet emploi. Jusqu'ici on y constate la prsence de manipulations mul:
tiples,
les
s'allongeaient ou se raccourcissaient
monie marche trs rapidement, sur un modle toujours le mme. Les aides passent les objets dans l'ordre voulu. Le domestique, agenouill, les reoit sur ses deux mains, les prsente. Uhomme au rouleau rcite sur eux une formule qui les expdie au del de la vie, mais qui dpasse rarement cinq six mots on la rptait quatre fois en levant l'objet quatre fois selon l'usage, afin que le mort pt se les procurer dans chacune des maisons du monde'. Aprs quoi, les aides les reprennent des mains du domestique
;
et les entassent
devant
la paroi, les
uns droite,
les
autres
com-
chaque prire assonait autant que possible aux noms des mets et des liqueurs, mais l'assonance est parfois tellement lointaine pour nous qui en jugeons seulement par l'aspect extrieur des mots, que nous avons toute la peine imaginable la souponner. Le sens souffrait videmment de cette recherche des sons, mais les sons avaient une importance telle, d'aprs la thologie, que les effets rsultant de leur disposition contrebalanaient amplement ce que la signifile principe.
Le mot
essentiel de
1. Teti,
t.
I,
pi.
2.
1. 107-136; Papill, p. 365-366, Dumichen, Der Grahpalast, X-XII. C'est ce qui rsulte de l'examen des tableaux o les offrandes sont
reprsentes,
comme
T.
RiBL. QYPT.,
85
386
LA TABLE d'OFFRANDES
Chaque
dont
il
bout de phrase assonant indiquait que cet il avait avec l'objet, soit l'usage que le mort identifi ou non avec Horus en faisait, le tout par allusion des circonstances de la lgende de l'il que nous ne connaissons pas toujours. Il n'est pas facih^ de traduire ces courtes formules de manire intelligible un moderne, quand les gyptiens des poques rcentes faillaient quelquefois les comprendre. J'ai essay de le faire ailleurs, l'exemple de Dmichen', mais je ne rpterai pas
soit le rapport
ici la
tentative
je
me
groupes de substances, en m'efforant de dfinir les espces dont chacun d'eux se composait. Les gteaux ou pains occupaient de leurs noms quatorze
cases conscutives.
La
permet de distinguer
forme do chacun d'eux \ Le toutou effile et moins skonsou; les houtou et les nou/iirou
apparence que
les toutou.
la
le
mme
Le
ta-ro-
thou
est,
nous
sonou semblent tre des galettes plus petites que les taroihou, et les houbou-nount des galettes plus petites que les pirsonou : les paout enfin taient un peu moins grosses que les houbou-nount. .J'ai dit dj que la doupit e>t un gteau triangulaire en forme de coin les klionfou simulaient un fuseau long, les kamahou taient longs, minces, renfls au
* ;
p.
14; Dmiohen,
Dcr
Papi II, p. :W5-.30;); Dmiclien, Dcr Grahp>il(ts(, t. I, p. 32-43. Ounas, 1. 104-117; Papi II, 1. 413-426; Draichen, Der Grahpaiast. t. I, pi. X-XI, 1. 82-95: Ptrie, Ka/uin, pi. V. 4. On le voit couch en longueur sur la table de Nofriouphtah (Ptrie, h'd/iiin, pi. V), vu par la base en section triangulaire, parmi les offrandes accumules sur la paroi nord du tombeau de Ti.
3.
387
aux kamaliou pour l'apparence. Le ti-amou-to,\e pain-enterre n'est pas figur sur la table de Nofriouphtah, non plus
que le adit-lia-ka, le gteau le derrire le double; le premier resemble un shonsou, le second un paout sur la pancarte c'taient moins des pains de sortes particulires que des pains d'espces usuelles qu'on plaait dans une position spciale, un moment des crmonies que notre connaissance insuffisante du rituel ne nous permet pas de dterminer exactement. La nature de tous ces gteaux et leur fabrication nous chappent actuellement. Si l'on peut s'en rapporter au nom, les kamahou taient prpars avec le qamhou, c'est--dire avec le froment, et les pains rtis, qui leur ressemblent pour l'aspect, seraient de ceafromentes qui auraient reu une prparation analogue celle de nos brioches ou de nos biscottes. Pour les autres espces, nous ne saurions tirer aucuns renseignements de leurs noms, pas plus qu'on ne pourra plus tard juger la qualit et la composition de nos varits de pains ou de gteaux par les noms que nos boulangers ou nos ptissiers leur donnent. Il faut remarquer seulement que, ni le terme ordinaire tiou, ti, ni les mots kou, kokou, dont on se sert dans la langue courante, ne figurent sur la liste. Le premier revient plusieurs reprises, mais avec une pithte qui en qualifie le sens c'tait en effet, comme aujourd'hui notre mot/Jf/m, une expression qu'on appliquait mme des aliments o la farine n'entrait pas, des masses de fruits presss et ptris, des pains de jujubes, par exemple. Le second est entirement absent, et peut-tre faut-il en conclure qu'il n'existait pas encore au temps o le repas funraire fut institu. Il est certain que la boulangerie et la ptisserie gyptiennes durent se modifier
' : :
1.
t.
par Dumichen,
Dor Grahpalast,
I, pi.
XXII,
63, 67.
388
LA TABLE D'OFFRANDES
la
numres sur
On
si les
core
dans
parmi
morts.
les
offrandes
approvisionnements des palais que sur la pancarte traditionnelles qu'on rservait aux
les
le
nomm
une formule spciale tous les autres sous une ou deux rubriques
gnrales la
ricires
fin
de
la table.
La
Egypte
il
comme
de nos jours,
le
condiment uni-
plupart des ouvriers de ville ou des fellahs assaisonnaient le pain qui fait le fond de leur nourriture. Associ
la
que dont
au pain, il faisait un repas presque lui seul. et cela nous explique pourquoi le rdacteur l'a intercal derrire la liste de la boulangerie; si l'on n'en mentionne point d'autres aprs
lui, c'est
qu'au
moment o
le
rt,
il
On passa donc la viande de boucheon lui rserva dix cases pour les dix parties de l'animal qu'on rputait dignes de paratre sur une table soigne. On ne jugea pas propos de dsigner la bte, ce qui aurait oblig de rpter la liste autant de fois qu'il y avait d'espces
continuer aux morts.
rie et
1.
Sur
Maspero, tudes gyptiennes, 1. 1, p. 62-63. launhou, pains de froment fi/mn/iou) en usage chez les Asiatiques {Papyrus Annstasi IV, pi. XVII, 1. 6), cf. E. do Roug,
Getreiderechnunrj ,
2.
p. 13-15;
Sur
les
Cfircstoni(i(/tir,
3.
t.
II, p.
72, note
.').
Ounns,
1.
t.
I,
pi.
XI,
1.
%.
389
d'animaux qu'on mangeait, mais les tableaux gravs sur les du tombeau supplrent cette lacune de la pancarte. On y voyait en effet la prsentation des bufs, des chvres, du gibier, et, comme modle, l'abatage complet des bufs et de quelques gazelles; le mort choisissait l'espce de viande sur le bas-relief, et le morceau qu'il prfrait sur le menu. La viande comprenait trois morceaux adhrents encore aux os des membres, la khopshou, Vaou, la sout, celleci, spare des deux autres par le sokhnou. La khopshou est la jambe de derrire ou de devant dsarticule et transporte tout entire en prsence du mort. Le aoa est une portion de viande place autour d'un os qui, par sa forme, doit appartenir l'un des quatre membres \ En examinant la reprsentation qui en est donne sur la table d'offrandes de Nofriouphtah, on reconnat que le corps de l'os n'est pas droit mais lgrement courbe, pais, et qu'il a des saillies assez fortes aux deux extrmits c'est, n'en pas douter, un fmur garni en partie des chairs que nos bouchers appellent la tranche et le gte chez le buf, le cuissot et la rouelle chez le veau. Ce morceau appartenant au membre de derrire, il la fallait que la sout ft dtache du membre de devant forme que l'os a sur la table de Notriouphtah est caractristique et ne nous permet pas de mconnatre l'humrus, si bien que la sout complte rpond au paleron ou l'paule chez le buf ou chez le veau. Le sokhnou dont il a t question dj, V embrasse comme on pourrait l'appeler, correspondait une partie de la bte monte sur des ctes, mais qui tait assez charnue pour qu'on pt la dsosser et la servir en grosse pice la position qu'il occupe ici derrire la cuisse ne nous permet pas d'y mconnatre une des parties qui dpendent du dos de la bte, et comme les ctes sont reprsentes n'en pas douter par le terme sprou, qui subsiste encore en copte avec le mme sens, le sokhnou ne
parois
:
:
1. Ptrie,
Knhun,
pi.
V.
390
LA TABLE DOFFRANDES
la culotte du du veau. Les ctes taient
buf, au
filet
et l'entre-deux
que
os. C'taient
en premier lieu
les
askcrouitoa
griller,
au nombre de
de viande rtir ou
comme
tes
le
nom
dimensions
bavette du
du
lilet,
par exemple;
il
faut y voir les parties minces qui terminent les grosses pices,
la
tie
de
la
chez
le
qu'on prsentait
re-
commune, puisqu'on
rognon masit, et la rate ou le foie noiui-she, ansehmou, noushe, puis on offrait deux parties appartenant au train antrieur de la bte, le liou et la chair d'avant. Il me sembe qu'on peut dfinir assez nettement ces deux termes. La cJiair d'avant est de par son nom la partie qui est en avant de l'animal, ce qu'on appelle le collier et son talon chez le buf, le collet chez le veau; le Jtou est la seule
le
de
la
poitrine qui
bombe
comme
un passage d'un
que
les
Ni
le
la tte
ni le
cur ne
cur
extrait puis
emport avec
de
la
d'ofrandes.
Nous
1.
Cela rsulte de
la disposition
de
la
le
texte de
2.
Pnpi
II,
1.
433-437.
les poids,
nwsurcs
fjjipiicns, p.
note
1.
391
savons que des ides mystiques s'attachaient ces deux parties', et peut-tre se croyait-on oblig, pour obir l'une d'elles, de les consacrer par une crmonie diffrente de celles qui ont t rsumes sur la pancarte. Quoi qu'il en soit, l'en-
la
meilleure par-
de la bte, celle qu'on prfrait dans les maisons riches et dont les bouchers tiraient le plus grand profit dans la vie courante. Le papyrus n" 11 du Muse de Gizh, qui contient des compte de mnage, cite la plupart des noms conservs dans la pancarte et en ajoute quelques autres qu'il serait curieux d'tudier'.
La volaille ne comprenait que cinq varits, mais choisies probablement parmi les plus dlicates de celles qui abondaient dans les basses-cours ou sur les viviers. Ce sont d'abord deux espces d'oies appeles ro et lorpou. L'oie ro est une varit de la bernache arme, VAnser Aegyptiacua, qu'on voit souvent en si grand nombre dans les villages de fellahs'. L'oie torpou, un peu plus petite ', tait trs rpandue et son dandinement avait fourni la langue courante un verbe torpou, marcher en se balanant comme une oie, dont on a des exemples l'poque des Ramessides' on parat avoir dsign de la sorte une forme de l'oie cendre qui est encore frquente en Egypte*.
:
1. Pour les ides qui se rattachaient la tte, cf. Hrodote, II, xxxix (Wiedemann, Herodois Zcites Buch, p. 185-186). 2. Mariette, Les Papyrus /i/pticns, t. II, pi. 3 4; cf. Chabas, Re-
cherches sur
3.
1rs
poids, mesures
et
monnaies,
pi.
p. 21-37.
Rosellini,
Monumenti
cii'ili,
XII,
1.
4.
la table
de Nofriouphtah
(Ptrie,
5. 6.
Kahun, pi. V). Papyrus Anasiasi /F,' pi. XII, 1. 5. Kamel Gali, Essai sur i'ayriculture de
il
de nourriture
ainsi au
392
LA TABLE d'OFFRANDES
6?7,
La
les
et la sarit, qui
oies, sont
des
Ciinards,
comme
monuments. La st est Varias acuia\ La sarit n'tait pas beaucoup plus grosse qu'une tourterelle, s'il en faut
juger par
c'est, les
la
table de Nofriouphtali'
en tous
souvent cites sur les monuments*. Aprs la sarit vient la manouit, la tourterelle collier, si rpandue par
plus
toute l'Egypte et
si
les
monuments".
de quatre gteaux spare la liste des viandes de celle des boissons. C'est d'abord une galette plate un peu moins grande que le tarothou, un peu plus grande que les pirsenoii, le .s//z ou ta-saiji\ puis deux gros cnes de la taille des shonsou, mais coups droits par le bas
srie nouvelle
les
Une
ainsi parce
que
la
un tiers la ration du sit, tandis que celle de la tourterelle est moindre encore (Eisenlohr, Ein malhemutisches Handbuch, p. 199-201; Griffith, The Rhind mathematical Papyrus, dans les Procecdings de la
fois
t.
XVI,
p. 244;.
Pour leur
sft,
valeur relative,
p. 17-18,
cf.
GriDBth.
Hioradc
l'on voit
qu'un
huit
un
(or-
1. Rosellini, Monumenti cicili, pi. XII, n 8, et t. I, p. 184. Un troupeau est reprsent Bni-IIassan, avec un second troupeau de sarl(, et un troisime de tourterelles; il occupe le registre de terre
(Newberry-Grifflth.
2.
Bmi-Hnsnn,
t.
I,
pi.
XXX).
Brugsch, iJlcdonnarre hicrvfjh/p/u'/uc, p. 1258-1259, et Supplment, p. 1082, o ce canard est identifi tort avec anscr gr/pliacus,
l'oie
3. 4.
chnalopex.
Ptrie,
C'est
1?
Kahun,
pi.
V.
les
troupeau du milieu, o
que
'>.
dans
pi.
le
Griffith,
Hmi-FInsnn,
t.
I,
XXX).
pi.
Rosellini,
Monumenti
135,
cirili,
XI,
1,
4,
XII, 2
et
t.
I,
p.
183
et 184.
6.
pi.
Ounas, X, !. 112;
1.
Pnpi
II,
\.
443;
t.
I,
les
variantes de
Dmichen
XXIV,
86) nous
montrent
393
ou granule\ Les nipaouHou et les masoutou taient des prparations de farine granule qu'on servait dans des vases, quelque chose comme le couscoussou des Algriens ou comme nos semoules". Les boissons comprennent avant tout les trois classes dj cites, laitages, vins, bires. Les laitages ne comprennent que deux sortes de ^osrt, la :sosrt ordinaire, la crme et la j^osrt ouastt la crme du nome d'Ouasit, peut-tre l'quivalent du laban soultanih de nos jours'. Les bires taient la khnomsit, la bire de clief, la bire ordinaire, puis deux sortes dsignes par les noms de sapkhouit et de poukhat,
ct de Sai/i seul une forme Ta-saij, tsaif, o le t simple est une abrviation de ta, tl, pain, comme dans tii-othou.Le iasaifi est reprsent sur la table d'offrandes de Nofriouphtah.
1.
pi.
cf.
Ounas, 1. 1.36; Papi II, 1. 444; Diimichen, Der Grahpalast, t. I, X, 1. 113, sur le sens grains de sable ou de bl du terme shaouUou,
Brugsch, Dict. hier., p. 1363-1364, et Supplment, p. 1168-1169. On shaouilou avec diffrentes substances, entre autres avec les fruits du nabq; la forme de ceux qu'on offrait au mort nous est connue
faisait des
Ounas,
t. I,
1.
1.37-1.38,
Papi
II,
1.
444-41.5;
palasf,
pi.
X,
1.
114-11.5 et pi.
XXIV,
88-89.
Si la variante paouituu qu'on trouve dans Papi II et sur la table de Nofriouphtah par exemple, n'est pas une faute entrane par la ressemblance des groupes nipaouitou et paouitou, on pourrait peut-tre considrer ni comme le vieux prfixe qui est de...., qui appartient ...., et traduire ni-paouitou par ce qui appartient aux paouitou ; ne faudraitil pas alors considrer les nipaouitou comme reprsentant une faon diffrente d'apprter la pte dont on fabriquait les paouitou f 3. Que la ::osrit fut du lait, on ne saurait en douter aprs avoir lu le passage des Pyramides o il est dit C'est le mot qui donne des pains aux Etres {les dieux et les morts hrorss ; corriger dans Mirinrii
:
1.
229,
Hor
1.
en Vaigle-ti),
enfante
le
c'est
la nourricire
1.
c'est
elle
qui
mort (Ounas,
1.
196-198, Teti,
75-76,
Mirinri,
est
229-230;
Papi
II,
surnomme la nourrice du mort. Ouastit est un fminin de l'ethnique ouasiti, driv de Ouasit, Thbes.
394
LA TABLE DOFFRANDES
de Nubie, probablement l'quivalent de la boiua moderne de millet. Les anciens, qui n'usaient pas de houblon, le remplaraient dans la bire par diffrentes graines, par le lupin, par le chervi, par la berle, par plusieurs espces de racines la pouJxhat qui donnait son nom la dernire varit tait, ce semble, une sorte de crale'. Toutes les
la bire
:
la pancarte pour deux d'Elphantine qui y figurait pour deux cruches bouches, doiiaor. Derrire \ poukhait, on lit le nom du tabou, une liqueur forme de figues crases dans
de l'eau
et fcrraentes
',
espces, la blanquette
chs*, le vin de
du Nord en deux flacons non bouHamit, le vin de Bouto, le vin de Syne, chacun en deux tasses analogues celles de la bire'. Deux sortes de gteaux dj prsentes, les houbou-
bires,
Les crivains arabes reconnaissent encore plusieurs espces de deux surtout, dont l'une s'appelait mczcr et l'autre fokk, repondant aux deux sortes que les Grecs appelaient ;00o: et y.oCpiii
1.
II,
(Dinscoride,
nombre qui
de fabrication ou par l'addition de graines ou de plantes varies (S. de Sacy, Chresloinathic arabe, 2 d., t. I, p. 149-154). 2. Cela rsulte des figures reprsentes sur la table d'offrandes de
pi.
V).
Oitnas,
pi.
1.
146,
1.
I,
XXV,
le
95.
Papi II, 1. 154; Dmichen, De?- Grahpalast La liqueur de figues est mentionne parmi les
1.
1,
o Brugsch
cette
mot
di'
grenade (Dlct.
j)l.
hier., p. 1631)'
du Papi/rus Aanasiasi
III,
III,
1.
compare
liqueur une llamme tant elle tait chaude au got. 4. Cf. les reprsentations des flacons et des tasses sur la table de
Nofriouphtah (Ptrie, Kahitn, pi. V). 5. Cf. sur ces vins Brugsch, Reisc naeli der Grossm (Jase, p. 9091, Diimichen. D'r Grabpalas(, t. I, p. 41, Maspero, Etudes yypticii'ies
,
t.
II, p.
267 269.
395
srie nombreuse des fruits et des confitures. Elle dbutait par deux pleines tasses d'ashdou, les fruits du lbakh, qui taient en grande vogue dans l'Egypte ancienne'. Quatre
nomms
sasht ou sakht,
;
dont une espce tait blanche, l'autre verte la premire est-elle l'amande ou la noisette, la seconde la pistache, qui se sont retrouves l'une et l'autre dans les tombeaux gyptiens^? Les deux cases suivantes de la pancarte renferment
deux sortes de graines, que l'on appelait gaoutou, souitou et souitou gaoutou, gaoutou iatiou et iatiou gaoutou\ Le terme gat signifie proprement parler une graine* la premire offrande consistait donc en grains de froment commun, Triticuin vulgare, et la seconde en grains
:
De fait on a trouv assez souvent dans les tombes des plats de terre contenant des grains ou mme des pis de bl et d'orge le plus souvent torrfis lgrement, quelquefois enduits d'un vernis rsineux qui les empchait de germer". Une espce de graines nouvelle, les babatou,
d'orge vulgaire.
1. Sur l'identification de Notes au Jour le Jour,
l'arbre
12,
ashdoa avec
les
t.
le
lbakh,
cf.
Maspero,
Socit
dans
Proccedi.ngs de
p.
la
Xlil,
496-501;
Loret (Flore
pharaonique, 2 d., p. 63-64) prfre, comme Diimichen, l'identifier au Cordia Mijxa. Sur un sens plus gnral du terme ashdou, pour dsigner les fruits confits de divers arbres, cf. Maspero, ludes ijljptiennes, t. II, p. 249-250, dont les conclusions sont adoptes par Loret, Recherches sur plusieurs plantes connues des anciens gi/ptiens, dans le Recueil de Travaux, t. XV, p. 117. 2. La noisette {Co/-i/lus Acellana, L.) a t trouve en Egj'pte (Ptrie, Kahun, p. 48; Loret, Flore pharaonique, 2' d., p. 45), ainsi que l'amande (Ptrie, Kahun, p. 47-48); elles y taient probablement
cultives,
3.
t.
comme
de nos Jours.
par Diimichen,
De/-
Grabpalast,
I,
XXVI,
108-109.
4.
C'est le sens qui rsulte assez clairement des passages runis par
t. II, p. 8; Diimichen (Der Grabpalast, t. II, p. 42, note 2) y voyait une pithte bl rti. 5. Maspero, Guide du visiteur, p. 246-247; Schweinfurth, Ueber
396
peut-tre
LA TABLE d'OFFRANDES
les lentilles, fournisssaient
un contingent de deuxdu jujubier frais, nouhsoa, dans deux tasses, spars de leurs noyaux et la pulpe ptrie en forme de pains, ta-noubsou, dans deux tasses galement. Deux tasses pleines des fruits du caroubier, houoa, terminaient la liste nominative, au moins sur la pancarte ordinaire, ci\r dans la Pyramide de Papi II, il semble bien que enumration continuait quelque temps encore'. Ce n'tait plus du reste de simples objets de menu, mais, comme au dbut
tasses; puis on apportait les fruits
1
de la pancarte, l'introduction de crmonies nouvelles s'appliquant quelque sacrifice nouveau. On y constate en efet, aprs l'indication de deux sortes de graines, Vbit et les bosni, la mise en train d'une table, sur laquelle on pose deux varits de gteaux, le haha et la tount, puis une seconde table du ve.stibule, et une (ab/e du pain, dont il
n'avait pas t question jusqu' prsent, puis trois sortes de
grains, les babatoa dj mentionns, les bousou qui sont
un morceau de viande, bref un repas complet. Aprs ce supplment l'on retrouve les dnominations gnrales qui compltent et terminent la pancarte, tontes les confitures, tous les lgumes de l'anne, tous les breuvages, les morceaux de viande, les gteaux qu'on met devant l'autel'. Ces portions de l'ofrande dont
on ne spcifiait point le dtail, sont reprsentes souvent dans les tableaux qui accompagnent la pancarte. On y voit entasss au hasard, parmi les objets dont le nom est donn, des melons, des concombres, des pastques, des choux.
P/!fin.:fnrcs/>'
ans
ultnrtii/pd'sr/irn
GrahiTn, dans
D.
Pnpi
11. l..^j()l-523.
1.
Oiinns,
163-lf).^),
t. I.
Trii,
1.
Diimichen,
JhT Gnihpnlast,
pi.
XII,
140-142,
pi.
XXVI,
113-115.
397
domaine entier de
aux aliments consacrs par l'usage, et dont plusieurs taient certainement tombs en dsutude, les victuailles et les liqueurs la mode au moment mme de l'enterrement. Le mort pouvait ainsi choisir, entre la dite de ses anctres et celle de ses contemporains, le rgime qui lui plaisait le mieux, et continuer se nourrir dans son tombeau de la faon mme qu'il avait aime dans sa maison. Il me semble qu'aprs cette longue analyse, il n'est plus possible d'entretenir aucun doute sur la nature de la pancarte et sur les intentions de ceux qui l'ont compose. Nous la trouvons, ds les temps les plus anciens, fixe dans sa rdaction dfinitive et presque immuable, si bien que nous sommes obligs d'en reporter la premire ide et les dveloppements sucessifs aux temps antrieurs l'histoire monumentale. La manire dont les diffrents termes en lesquels elle consiste sont mls aux formules qu'on prononait lors de la conscration de chaque objet, nous prouve qu'elle est avant tout un vritable mmento, destin faire passer un
1.
2' d., p.
207, 217.
2.
restes
ijiipte
letin
botaniques
p.
de l'Institut gyptien, 1886, p. 3-10, et Sur les dernires trouvailles dans les tombeaux de l'antique Egypte, ibid., 1886,
419-433.
398
LA TABLE d'OFFRANDES
l'esprit
du
lecteur,
dans l'ordre mme o elles devaient se succder. Ce lecteur, pour l'utilit de qui on la traait en beau lieu sur le champ de beaucoup de stles et sur les parois de la plupart des tombeaux, ce n'tait pas seulement le vivant, parent, prtre ou simple visiteur, c'tait aussi le mort lui-mme. Comme j'ai eu souvent l'occasion de le rpter depuis plus de vingt
ans',
les
tableaux et
les
magique en plus de
moment de
la
ddicace, les avaient emplis d'une vie secrte qui les rendait
La scne d'un
sacri-
d'elle les
avantages que ce sacrifice. S'il connaissait qu'on avait figures, leur marche, crmonies exactement les formules qui en accompagnaient tous les moments, il pouvait les forcer s'accomplir devant lui comme elles se
les
mmes
sonnes et des choses que la voix de l'officiant avait attachs aux images dessines sur la pierre excutaient chacun la
fonction qui lui appartenait parmi les vivants, et le double
du maitre
comme
son
son existence et
la leur.
Le mort, qui
par
les
mules dont
par
telle
il
fallait se
les purifications et
lui plaisait le
il
pancarte, et
d'viter
afin
ou
les
pu annuler
le
ses conjurations.
Le
dans
com-
mander,
montraient
nombre de
fois qu'il
1. lliidfs l'-gi/ptiennes,
t.
I,
p. 193-19'].
399
auxquelles
il
pour
en fait le jour des funrailles et les offrandes apportes en nature puis laisses dans le tombeau. Cet office effectif et ces cadeaux matriels fournissaient comme un substratum solide aux offices et aux objets vaporeux dont l'ombre devait
se contenter.
On
en renouvelait
l'effet
le
plus longtemps
et la famille
le
que
l'on pouvait
Les prtres
mme
domaines
affects la dotation
du tombeau
moment
arrivait o l'anctre,
sommaires que les corporations et les sacerdoces chargs du soin des ncropoles lui mesuraient assez chichement aux jours solennels. Ces maigres revenus
aux
offrandes
finissaient
eux-mmes par
s'vanouir,
et la chapelle des
les sables
ne recevait plus que la charit d'un visiteur attir d'occasion, par la curiosit, par la recherche des vieux textes, par le got des vocations magiques. Leur matre
n'avait plus alors rien attendre que de la pancarte et des
La comparaison de
est extraite, et celle
la
pancarte avec
le rituel
d'o elle
de ce rituel
chez Ounas et
qu'on en
fixe
lit chez Papi II, nous enseignent que la rdaction presque immuablement ds la IV dynastie est elle-
mme
J'ai
le
dernier
le
terme d'une
srie
de rdactions
plus
anciennes, dont
versions m'a
caractre n'est
conduit.
pancarte
400
LA TABLE d'OFFRANDES
mais de faon rapide, uniquement pour renouveler une crmonie dj faite, puis elles assuraient au mort un repas simple et copieux, aprs quoi elles procdaient sa toilette
et sa
parure
compor-
taient la
prparation de
longue numration des vivres et des boissons. Si l'on y regarde de plus prs, on voit immdiatement qu'il y a l trois actes divers, runis par un lien plus ou moins fort; la version la plus complte les dcrit tous les trois, la version intermdiaire supprime presque entirement l'habillement et la parure, la pancarte ne conserve que les purifications et les onctions d'usage au dbut d'un grand dner et ne
retient en son entier que ce qui a trait au dressage de la
table et au
la
tions successives?
mine
les
figurs dans
tombes,
on
avec des dveloppements considrables, qui en font de vritables offices longs et compliqus. Quel rapport y avait-il
entre les deux crmonies de YOuverture et peut-on penser
qu'elles
faisaient
double
le
emploi?
jour
^'
Ouverture
la
plus
complte,
l'habillement qui la
mme
le
par
la famille,
partie sur la
partie
libres,
sur
la
statue qui
figurait
alors l'introduction
avec l'apparence et les attributs de la vie. C'tait du double dans sa demeure, sa rsur-
1.
comme au tombeau
les vi><nettes
montront
la
momie mme
et les oUiciants
d'elle
t.
II,
XII).
401
matrielle, son
toutes
les
fonctions de
la
vie
aux us
et et
mener dsormais,
coutumes de l'existence qu'il allait l'on comprend que les siens n'par-
gnassent rien pour rendre sa remise en train plus minutieuse ni son acclimatation plus complte. Le bnfice des opra-
accomplies lui demeurait acquis pour toujours et l'on n'avait plus besoin de les recommencer dans tout le
tions
une
fois
dtail;
du
reste,
on ne
l'aurait pas
pu
faire,
car la
jour de l'enterrement, et la statue seule demeurait pour subir les manipulations des offices clbrs aux ftes rglementaires. Qu'elle dt y tre soumise en vrit, au moins
l'origine, cela n'est pas
douteux, et
les
expressions
mmes
dont
le rituel se sert
au
moment de
l'onction et de l'habille-
ment, par exemple, ne s'expliqueraient pas si l'on n'avait eu quelque efigie sous la main au moment o on oprait. Cette image, d autre part, avait besoin, pour tre prte recevoir l'offrande, qu'on rptt sur elle, sinon toutes les manipulations de la premire fois, au moins ciuelques-unes d'entre elles, qui confirmaient les effets de la Grande Ouverture de bouche et les ravivaient au cas o ils se seraient amortis par le temps. C'est ce qui se passait dans la version la plus complte du Rituel auquel la pancarte est emprunte. On y ouvrait brivement la bouche la statue, puis on la nourrissait, puis on l'habillait et on la parfumait, puis on lui mettait la table et on lui offrait le repas, y avait des points superflus, tout ce qui Tornement. On conoit en effet que, si l'on sentait l'obligation imprieuse de renouveler les provisions que le mort consommait chaque jour, le besoin n'tait pas aussi pressant pour lui de remplacer sa garde-robe et ses insignes. L'office, institu pour les ftes rglementaires, ne comprenait donc ncessairement que les
mais
l
encore
il
se rapportait la parure et
le
26
402
LA TABLE d'oFFRANDES
pour cela que la version courante introduit, immdiatement aprs les purifications, les onctions de parfum et la mise du couvert. Je ne crois pas que l'abrviation ait jamais t pousse plus loin par les prtres. L'usage s'tablit assez vite de cacher les statues, pour les prserver de toute
et c'est
pour assurer au double la possession de corps mme o sa momie serait anantie du moins, on constate, ds la IV dynastie, l'existence des serdabs o elles reposaient inconnues. Mais, (juand mme on n'aurait pas gard une statue ou deux pour les besoins du culte, il y avait toujours dans un tombeau, ne ft-ce que sur la stle, un portrait du mort sur lequel on pouvait simuler tous les actes de YOacerture de la bouche et des onctions. Si donc la pancarte supprime ces dtails, c'est que,
injure, et
difficiles
dtruire au cas
Le double n'avait pas besoin de s'ouvrir bouche lui-mme, ni de se mettre en main les insignes il avait la bouche ouverte et les insignes on main depuis le jour de l'enterrement. 11 ne demandait qu'une seule chose, qu'on lui dresst la table et qu'on lui servt manger; pour lui assurer la subsistance, on n'avait qu' inscrire sur la pancarte les oprations prliminaires d'un grand diner, purification, onction, garniture de la table, puis y inscrire le menu dtaill. C'est ce que l'on fit de bonne heure, et la pancarte, rduite ce rle utile, ne changea plus de rdaction tant qu'il y eut des paens en Egypte. On voit par cette tude, trop brve encore malgr sa longueur, quelle ample matire discussion peut offrir un sujet aussi restreint et aussi banal en apparence que la pancarte affiche dans tous les tom])eaux o le premier coup d'il, le .seul qu'on et jet sur ce document, semblait ne rvler qu'une liste sans signification vidente, un examen approfondi nous rvle un ensemble de crmonies et de pratiques coordonnes, puis modifies par l'efort de longues
sonnel de celui-ci.
la
:
:
403
On
ils
pice
du cerveau de quelques
paraissait bien
difficile
sous l'uniformit
du
texte dfinitif, la
pense religieuse de l'Egypte avait pass avant de revtir la forme que nous lui apercevons l'poque historique. La comparaison des versions plus ou moins dveloppes, que les monuments nous fournissent pour le rituel d'o la pancarte est sortie, nous a appris pourtant discerner
comment
on devait s'y prendre pour retracer en gros l'histoire de cette du sacrifice funraire au dbut, le banquet funraire rel, o le mort tait cens prendre part parmi les vivants, aprs que Oierture de la bouche l'y avait rendu apte, puis la disjonction du repas o les vivants assistaient et de celui qu'on appropriait au mort, puis le banquet rduit aux
partie
:
proportions
d'une
srie
d'offrandes qu'on
soumettait
l'image du mort aprs l'avoir prpare, l'abrviation progressive de toutes les crmonies qui n'taient pas l'offrande
complet o le sacerdoce funraire servait longuement le mort en une liste d'actes et de substances trace sur la muraille, et o le mort pouvait s'approvisionner seul sans secours tranger, pourvu
et la
mme,
office
qu'il
Cette volution tait entirement accomplie, et le crmonial fix dans les moindres dtails avant la construction des premiers tombeaux qui nous sont parvenus, et il semble qu' partir de ce moment, pendant les sicles de l'Egypte historique, nous ne puissions plus rien deviner des modifications
que
la
marche de
la
la
conceptions anthistoriques:
consacr ne permettait plus de constater les changements d'interprtation que ncessitaient le dveloppement des vieux concepts et l'introduction des concepts nouveaux. L'analyse
404
des variantes que
LA TABLE D'oFFRANDES
la
selon les temps, nous a montr que nous devons pas dsesprer de surprendre les altrations de
l'poque histori(|ue
un peu de patience
dans la notation des diffrences mme les plus lgres, qu'on rencontre aux textes les plus invariables d'apparence, conduit presque toujours distinguer les altrations de la forme qui trahissent la longue les modifications survenues dans la
pense.
et
il
Ce sont
l, il
aborde un terrain peu explor que celui-ci l'a t jusqu' prsent ce n'est pas une raison cependant pour viter de s'y engager et pour refuser d'y rien faire, sous prtexte que, personne n'y ayant pntr encore, on risquerait beaucoup de s'y garer. M. Loret, dans un article qui affecte les allures d'un manifeste d'cole nouvelle', a dclar, non sans quelque ingnuit, que la mythologie gyptienne lui parait tre avant tout un passe-temps agrable et amusant, auquel on peut se livrer presque sans aptitudes particulires, pourvu qu'on ait l'imagination ingnieuse et quelque souplesse d'esprit en matire lexicographique. Je crains que M. Loret n'ait pas d'ides bien nettes sur la quantit de recherches pralables que l'tude des religions exige aujourd'hui, et qu'il ne parle de ces clioses-l sans y avoir prt une attention suffisante. On peut ne pas considrer comme galement certains tous les rsultats auxquels sont arrivs Cliabas, Roug, Mariette, Pierrot, Grbaut, Birch, Lepage-Renouf, Lefbure, Lepsius, Dumichen, Wiedemann, Brugsch, Pietschmann, tous les autres, dont je suis, mais c'est en vrit montrer combien peu on est familier avec leurs uvres que de voir dans la mythologie gyptienne telle qu'ils l'ont tablie chacun pour sa part une cration prmature de gens imagination purement ingnieuse ce qu'on remarque chez tous, et ce
est ais de faire fausse route lorsqu'on
aussi
1.
Sphinr,
l.
I,
p.
IWG sqq.
405
s'il
recherche patiente et l'accumulation perptuelle des les textes, l'interprtation des faits recueillis par les donnes civilisations et des gyptienne civilisation la mieux tablies de voisines, leur comparaison aux faits analogues que l'on rencontre dans les religions des autres peuples civiliss ou non. En ce qui me concerne, je crois volontiers qu'un examen nouveau de la pancarte et des rituels dont elle provient pourra
m'amener moi-mme ou amener ceux qui viendront aprs moi en modifier beaucoup de dtails que je n'ai pu qu'indiquer d'espace faute surtout passant, faute de documents et
:
nanmoins je m'assure que la plus grande partie des points ai dduites j'ai traits et des consquences que j'en
que
recevront des confirmations certaines de tout examen nouveau et demeureront acquis notre science.
Paris, le 28 fvrier 1897,
DSHASHH'
Dshashh
est situ sur la rive
quelques kilomtres au
cienne Hraclopolis.
La montagne
les
la populaon distingue encore les restes de plusieurs mastabas et de plusieurs hypoges assez tendus. Le service des antiquits avait dblay et clos les deux seuls hypoges qui continssent encore des dbris d'inscriptions M. Ptrie a copi ces fragments et il a exet de tableaux plor les autres spultures pendant l'hiver de 1896-1897', Les deux hypoges appartenaient de hauts personnages de l'poque Memphite, qui rsidaient problablement dans la cit voisine d'Hraclopolis. Le plus ancien est probablement celui d'Anati, s'il faut en juger le site qu'il occupe. Il s'ouvre au sommet de la colline, et les carriers n'avaient laiss au-dessus de la chambre funraire que l'paisseur de calcaire suffisante pour former un toit solide. La faade en tait revtue d'un parement de bloc dont les fondations subsistent encore, et la petite plateforme sur laquelle elle donnait avait t exhausse par une couche d'clats de pierre, paisse d'un mtre environ sur la droite, un peu en avant de la porte, une jarre ouvrait sa gueule ras de terre, prte
une ncropole
tion
o,
parmi
tombes anonymes de
moyenne
et servile,
1. 2.
t.
II, p.
61-67.
M.
A., F. S. A., 18 th
Memolr
of the
et
dres,
et 37
408
DSHASHH
La chambre mme
les,
est divise en deux parties presque gapar trois piliers rapports; deux d'entre eux ont t renverss par les Coptes qui transformrent la tombe en
chapelle, pour y
La
du
deux
blocs, engags
au bas de
la paroi,
tournant sur
caveau.
la
gauche
ge dans
Une cavit mnadu sud au nord dessine la place du cercueil M. Ptrie y recueillit un crne superbe qu'il estime tre celui d'Anati lui-mme. Un puits creus plus tard au sommet de la colline atteint le caveau et montre le chemin que
le
le sol
les voleurs
la
mo-
mire
de chapelle funraire.
(Matonoui), un haut personnage de l'administration pharaonique ses titres le prouvent de reste. Il tait connu du roi, ce qui lui assurait un rang Mirou Ouapouadou, lev dans la hirarchie de cour, chef de l'administration civile et financire', dans le canton
fodale,
mais
comme Amten
M. Grilfith {Deahasheh, p 42) explique ce titre comme dsignant Suprrtnfcndrnt of npportioninf/ irork, et il rappelle qu' Siout on rencontre assez souvent un Mer upt lielepu neter, Superintendent of apportioning<?) divine Offerings . Le sens nous en est fourni par les
1.
le
actes de
crois
si
que
mot
mot
oitapit,
onnpoualioii qui sert dsigner et les gens soumis la dclaration personnelle, et l'acte
mme
par lequel on
les
les dclarait
comme
c'tait
les
sur
on comprend que
hauts
les receffi/p-
Mirou
t.
tiennrs,
II, p.
DSHASHH
qu'il habitait,
409
Mt'rou
militaires
II
Souton-manouou, administrateur des biens et fondations rgent de chteau, guide du pays*, en d'autres royales',
termes,
il
mme
ncessaires au bon
gouvernement de
sa province.
avait
pous une
lui
dans
la classe
Connus du
habilleuse
avec
le titre
:
des de royale
la garde-robe du Pharaon elle s'appelait Marait-Minou. On ne connat ce couple qu'une ou deux filles et pas de fils. Les scnes figures appartiennent presque toutes cet ensemble de poncifs qu'on rencontre dans les tombes de Gizh ou de Saqqarah vers cette poque, chasse, pche, vie des bestiaux aux champs, voyage du mort en bateau aux rgions de l'Occident, rception des offrandes, sacrifice du taureau avec accompagnement de danses et de chants. Tous les bas-reliefs taient trs mutils les danses, trs ingnieusement rtablies par Ptrie, nous montrent les mimes, arms du bton court tte de coucoupha qu'on voyait aux funrailles, et qui leur insigne avait valu le \ov[iQdouatiou'\ Au milieu de ces reprsentations
:
banales,
la
celui qui couvre planche IV et sur lequel on voit l'assaut d'une ville. C'est la premire fois, en efet, que l'on rencontre une scne de bataille dans un tombeau de l'Ancien Empire, encore at-elie tant souffert
que tous
les dtails
discerner.
A gauche du
1. Les Souton-manouou sont, autant que je puis le voir, les biens appartenant directement au roi et consacrs par lui l'entretien d'une fondation quelconque, les aoukaf du roi, par opposition aux noutirhatpouou, les aoukaf dn dieu.
2.
Sur
tudes
crji/ptrrnnrs,
t.
II, p.
169-172,
186-187.
3.
Papi /,
1.
245, Mirtni,
1.
467,
{Deshahh,
p. 47).
410
DSHASHH
guisarme, se battent furieusement contre des hommes la chevelure longue serre sur le front par une bande, vtus
d'une
de
tunique tombant mi-cuisse, et munis galement guisarme. Les corps des barbares sont hrisss de flches, mais aucun des gyptiens n'est bless de la sorte, ce
la
ils
une bande d'gyptiens emmne une chane de prisonniers, les femmes libres de leurs mains et conduisant leurs enfants, les hommes lis les bras derrire un des gyptiens a jet une jeune fille sur son paule le dos droite, et celle-ci s'accroche la tte de son vainqueur pour ne pas tomber. A la droite du spectateur une enceinte longue, arrondie aux angles, un de ces douars dont j'ai signal le nom, ounouit, dans l'inscription d'Ouni et dans les textes des Pyramides', occupe toute la iiauteur de la paroiElle est flanque de saillies places gale distance et qui sont non pas des crneaux, comme on dit d'ordinaire, mais des contreforts qui sparaient la muraille en sections verticales, et qui rpondaient ces panneaux de rainures qu'on remarque dans certaines forteresses gyptiennes, telles que la ShoLinet cj-Zbh d'Abydos. Elle est en briques, et deux hommes arms de pieux pointus y prati(|uent une brche
Dans
le
registre
du
bas,
la
l'intrieur, les
d'eux
.se
faisant
signe ses
propos l'empcheraient de percevoir distinctement le bruit des coups. Cependant une chelle pose contre la muraille a permis un corps gyptien de pntrer dans la place par escalade, et l'intrieur de l'enceinte est rempli de confusion. Le (hef de la ville, assis sur un trnnc, s'arrache les cheveux,
Procccdinf/s de la Socit d'Archologie biblique,
1.
t.
XIV,
p.
326-
327.
DSHASHH
411
ailleurs, des
femmes
et des enfants
repous-
Une
inscription assez
longue racontait les vnements, mais les quelques signes qui ont chapp la destruction ne permettent gure d'en saisir le sens. On y distingue seulement plusieurs noms de
dont un, Nadaia, est intact. M. Ptrie croit qu'il s'agit d'une guerre contre les Asiatiques et rapproche, sans insister, le mot Nadaia, du nom d'Anitha, qui s'applique la
villes
du Jourdain. Je me bornerai pour le moment rappeler qu'on lit dans les textes des Pyramides le nom d'une contre de Nadt, Nadat', qui, de mme que les autres noms mystiques des rgions de l'autre monde, doit avoir t appliqu d'abord une partie du monde des vivants. Nadat tait un des sjours d'Osiris, et il semble qu'on doive le chercher du ct de la Libye plutt que de celui de l'Asie c'est dans la mme direction, c'est--dire vers les Oasis que je chercherai la Nadaa de notre tombeau, si comme je crois, elle a quelque rapport avec
position d'Es-Salt, l'Orient
:
la
Shodou, et
il
prsente
nairement les chambres s'en succdent de bas en haut et non de haut en bas, comme c'est le cas le plus frquent. La faade en est orne d'un portique soutenu par deux piliers et dcor de scnes, puis un passage montant mne une vaste chambre spare en deux par une range, compose de
deux pilastres et de trois piliers aujourd'hui abattus. Sur la gauche de la paroi occidentale, une petite porte ouvrait dans la chambre qui servait de serdab. Au milieu, la niche tait creuse qui marquait l'entre des appartements du mort, et, dans le sol de la niche, la gueule du puits funraire s'ouvrait une rigole troite conduit du puits au ser:
1. Teti,
1,
316,
Papi
1, 1. 8,
sqq.
412
DSHASHH
le
plafond du serdab,
le
double pouvait
du caveau et y rentrer sans obstacle. Shodou n'appartenait pas non plus la noblesse fodale, mais il faisait partie de l'administration pharaonique, avec un grade plus lev peut-tre que celui d'Anaiti. Il tait, en efet, non seulement connu du foi, mais ami unique, et premier sous le roi, grand dix du midi \ administrateur des terres laboures, administrateur des vignobles
{?
shonouiou), prince
de tous
les
aux
et
biens
de la Gabelle. Sa femme
la
sur maternelle,
des
il
en
fils
avait
charge de Rgent de chteau. Les scnes sont mieux conserves que celles qu'on aperoit chez Anaiti, mais elles
On y distingue la chasse l'hippopotame, les soins donns aux troupeaux et plus particulirement aux bufs, la moisson, la prparation du mobilier
funraire, l'ofrande, le sacrifice.
Une
plus curieuses,
le
si l'on
y avait vraiment,
comme M.
Ptrie
en est douteuse. Shodou vivait probableV^ ou au dbut de la VP dynastie, et c'est cette poque galement qu'on doit placer le tombeau de Nikhafitkaou. Ce n'tait pas un hypoge, mais un mastaba
que
ment
la fin de la
rig sur
le penchant de la colline, et aprs avoir t viol dans l'antiquit, il a t dtruit compltement, sans doute pour alimenter les fours chaux. Le puits a rendu des statues de notre personnage, trs endommages pour la plu-
une au moins
est
Sup ce titre, voyez Maspero, tudes f/t/pdcnncs, t. II, p. 197-204. Le titre khnrpou ha Khotii dsigne, sur les monuments d'Abydos (Erraan, Bninerkunii su dcn Funden con Abr/do.i, dans la Zclslchrlft, t. XXXV. |). 1112), des gens attachs aux tombeaux des vieux rois.
1. 2.
DSHASHH
413
comparable aux bonnes statues de Saqqarali et de Gizh. M. Ptrie a constat l'existence de dix-sept statues, dont deux sont accompagnes des images plus petites de la femme ou du fils de ces dix-neuf figures, sept reprsentent Nikhaftkaou, deux Nofirsamous sa femme, six Nikliaftka son fils. Le cercueil et la momie de ce dernier ont t retrouvs un peu plus loin. Il reposait dans une longue fosse, profonde de quatre ou cinq mtres, et munie, dans la paroi ouest, d'une sorte de loculus o ranger le mort. Il tait couch sur le dos, la tte au nord, et la face tourne vers l'angle nordouest, un chevet en bois posait sur la poitrine, le corps tait envelopp compltement d'toffe et en bonne condition; il ne portait aucune trace d'embaumement, mais il avait t simplement dessch. Une tte de veau avait t place dans le puits la hauteur de la tte du cercueil, la cuisse de veau la hauteur des pieds. Le cercueil tait dcor d'inscriptions et de figures, dont les contours, tracs l'encre noire, sont barbouills de couleur bleue. Elles nous apprennent que Nikhaftka tait surnomm Ti, qu'il tait ami unique, premier sous le roi, archiviste royal, etc., guide du pays de l'arbre Nrit suprieur, c'est--dire gouverneur pour le roi du nome d'Hraclopolis. C'tait donc un personnage assez important, et s'il n'a ni hypoge, ni mastaba,
:
comme
velis
viste,
son pre et comme les autres administrateurs enseDshashh, c'est probablement qu'il mourut l'improavant d'avoir song se prparer sa maison d'ternit,
la
Les tombes de
ncropole
vulgaire,
explores
par
M.
Ptrie avec
le
soin qu'il
met
ces
obscure
Il
lsa par-
du corps y
il
membres
le
avaient t spars
premier groupe,
5,
414
DSHASHH
personnage du n" 117 avait un cercueil rectangulaire, trs solide, avec un couvercle; il tait entour d'une masse considrable d'toffe plus ou moins pourrie, et il portait au cou et aux poignets un collier et des bracelets d'amulettes en calcaire brun, en agate, en cornaline, en lapis-lazuli, en Jimatite, yeux symboliques, mains ouvertes ou fermes, lopard, aljeilles, grenouilles, lions, tte de chacal, de d'hippopotame. D'autres personnages avaient t replis sur eux-mmes dans diverses positions, avant d'tre enferms au cercueil (n"^ 88, 120, 148, 250), tantt fait de planches ajustes, mais trop long pour eux ou construit sur mesure la taille de leur corps contract, tantt taill d'une seule pice dans un tronc de sycomore (n"^ 30 et 148 b) Un vieillard (n 30) avait eu la cuisse gauche casse pendant l'enfance, puis raccommode, mais assez mal pour que la longueur en la canne sur et diminu de plus de cinq centimtres laquelle il s'appuyait de son vivant avait t couche ct de lui dans le cercueil. Une femme (n" 150) avait eu la clavicule brise, puis ressoude, mais les deux bouts chevauchent. Une autre femme (n 148b) tait colle au fond de son cercueil par de la poix qu'on lui avait verse sur le corps au moment de l'ensevelissement. Une inscription est incise au couteau sur une des parois de la bire, et la dame avait avec elle un trousseau complet, sarreaux manches ouvrant sur la poitrine, et pices d'toffe servant de manteau. Dans plusieurs tombes, les corps n'avaient jamais eu de cercueil, et ils reposaient mme le sol, les uns allongs,
.
t maltrai-
de
telle sorte
tait
la
qu'on ne peut plus y reconnatre (juelle position primitive des corps. Quelques-unes des
V dynastie mme,
et
corps a t
DSHASHH
415
lement on compltement, et reconstitn ou non suivant un mode plus ou moins rgulier. La premire subdivision comprenait entre autres, une femme du nom de Mara, qui tait de son vivant favorite du roi et prtresse d'Hathor. Le cercueil tait grossier mais solide, et un panneau de l^ois raccompagnait, sur lequel la prparation des offrandes et la
traverse vers l'autre
c'est
monde
il
sont peintes
sommairement
comme
le
rsum en un
les
mmes
effets
que
tableaux soigns et
dvelopps des
hypoges d'Anati ou de Sliodou. Le cadavre a t dessch, non momifi, et la position qu'il a semble montrer que l'humrus gauche fut dcoup au moment de la mise au cercueil. Ailleurs (n 22) le corps tait repli sur lui-mme, et les
mains,
les pieds, les rotules,
Le dmembrement
ut que
le
tombe
n 23,
cadavre d'une
femme
reconstitu.
Le crne occupait
taient
vertbres
d'toffes,
cou. Venaient
ensuite une des vertbres lombaires, puis les vertbres dorsales interverties
au hasard, puis
les
les os
du
un paquet spar;
les
artificielle,
du bassin
du cou. L'examen de
ces
416
DSHASHH
:
qui l'observaient une diffrence de race c'tait affaire de got ou de tradition familiale et rien de plus. A cela prs, on retrouve partout les mmes objets, les mmes coutumes, la mme civilisation. Des planches fort bien faites montrent les squelettes en position, les crnes, les parties importantes du mobilier funraire, et nous permettent de suivre les descriptions ou d'en vrifier l'exactitude. M. Griffith a donn
la
traduction des
inscriptions
conserves,
et
lire
l'ensemble
et des plus
JKTI-:
DK CLKOrATKE
dcouverte Alexandrie
MP. C, BERTRAND.
CMAL0N-5.-S.
La photographie dont j'ai rhonneur de soumettre un exemphiire l'Acadmie (pi. I) reprsente la tte d'une reine d'poque ptolmaque, coiffe en Isis un autre fragment
.
;
de femme. C'est tout ce qui reste actuellement des colosses dcouverts par Mahmoud-Pacha el-Falaki, Alexandrie, sur l'emplacement de l'ancien faubourg d'Eleusis, et dj dcrits par lui il y a prs de trente ans. Comme il l'avait vu ds le premier instant, ces dbris appartenaient trs probablement aux deux statues riges l'entre du temple de Dmter et de Proserpine et qui figuraient Antoine et Cloptre assimils Osiris et Isis. Les morceaux du colosse masculin sont enfouis aujourd'hui dans les remblais du chemin de fer ceux du colosse fminin ont t remis au jour en 1892-1893 par Daninos-Pacha, et un moulage en a t transmis au Louvre en attendant qu'un muse europen se dcide les acqu-
serres, l'une
d'homme,
l'autre
rir.
C'est
coup sr un portrait
non pas
de souverain gyptien. Le front est large, l'il enfonc sous l'orbite, la joue ferme, la bouche sensuelle, le menton gras, et dans l'ensemble les traits sont d'une
une
tte idale
1.
l'
et
Bettes-Lettres, 1899,
BiBL. GYPT.
T.
XXVII,
p. 132-133.
XXVIII
27
418
lemme
trentaine;
le
monument
la
si
le
fallu
pour changer
face
du monde.
Mme
montaires,
Le bas-relief de Dendrah dont les touristes achtent l'envi le pltre ou la photographie, ne la reprsente point. C'est une Isis ou une Ilthor, surmoule Dendrah par Floris, il y a prs de quarante ans, et enrichie plus tard par un des conservateurs du Muse de Boulaq. Vassalli-Bey, du
vraisemblance
clbre reine.
cartouche de Cloptre.
comme
Le monument n'tait pas inconnu, mais il tait indit, et, le Muse de Palerme n'est pas de ceux qui se
naturellement
sur
le
rencontrent
science. C'est
cliemin
de
tous
les
donc un service vritable que M. Pellegrini nous a rendu en le publiant, et le bref commentaire qu'il a joint aux planches de fac-simil met pleinement en relief l'importance du document*. L'poque en est difficile dterminer. Wiedemann la place par conjecture un peu aprs la fin de la V'^ dynastie et stm tmoignage a son importance, puisqu'il a form son il semble que M. Pellegrini jugement sur l'original mme soit port y reconnatre quelques indices du style de l'poque ptolmaiquo\ et une date si basse ne surprend
'
Publi dans la Reue critique, 1899, t. I, p. 1-4. A. Pellegrini. Notd sopra una hcrislone Egizia dcl Masco di Palerino, Katra-Uo daW Arcliicio Storico Siciliano. N. S., t. XX, fasc. Palerme, Tipogiafia lo Staluto, 1896, in-8% 22 p. et III pi. III-IV. 3. Wiedemann, M^i/ptischp Gcsrhiclite, p. 177, o l'auteur, aprs avoir dit que le nom de Sanofroui parat sur une pierre de Saqqarali ct de celui d'Assi, ajoute: Einer etwas jngeren Zeit gelirt ein Festregister in Palermo, in welchem auch seiner gedacht wird, an. 4. P. 15 Vedremmo in seguito come il culte di Snefru e di Sah u-rdurassein Egitto Hno al tempo deiTolomei. Anchesenza discen dere a quet'et, relativamente rcente, dlia quale /lotrebbe trocarsi u qualche indiiio nel nostro testa, non possiamo escluder l'ipotesi que
1.
2.
420
pas,
avec lequel
les
les
Egyptiens plus
leurs
le
rcents ont
anctres,
restaur ou recopi
f|ui
monuments de
ceux surtout
il
conservaient
souvenir
de
complet,
il
parait
avoir contenu
polis
la
Hliorois
probablement,
en Thonnour des
plus anciens
eux-mmes
qu'il est
est
La premire
range conserve de la face A contient, en effet, une srie de groupes qui, dtermins par la ligure d'un roi de la Basse Egypte,
ordinaires ou
III''
noms d'Horus,
noms
la
(?),
nrou (?), Makha. Il me parait que le nrou (?) est identique celui que M. Quibell a relev sur une tablette de schiste Kom-el-Ahmar ', et qui revient souvent dans les fouilles de Naggadh et d'Abydos'. Si, vraiment, une tude attentive du monument palermitain permettait d'y recoiuiaitre les formes des signes de la tablette de Quibell, Ihypothse que je viens d'mettre au sujet des noms de la premire range, et qui a t suggre par Spiegelberg ', deviendrait une ralit, et nous aurions l vraiment une liste de noms nouveaux df'terminer.
))
i.-he
Slnti- Piilrllf
frniii
//irriicun/iolis
dans
la
Zritsr/iri/h
t.
XXXVI,
i.
81-84.
la
J.
lig. 811. dans semble reconnatre le mme nom p. 22:\, n 780, et p. 236, n" 78'.)-7i)l, sous une lorme cupsivo, avec un signe de plus, un .s, complment phontique du signe
moiition de
la
j)arc
241,
de Moiyan,
de
\c</n(.l<t/i.
Il
nie
indcis
3.
monkh
T-''),
(:^j, etc.
Spie>;olbir.i.
sc/icn Kiin.st,
(tus
fjijpti-
XXXW
lU.
DU MUSE DE PALERME
421
riches,
Ces vieux souveruins n'auraient pas eu de revenus trs et peut-tre auraient-ils t confondus dans une mme adoration. Ceux qui venaient aprs eux taient mieux partags, et le nombre de ftes ou d'offrandes qui
leur taient rserves
augmente mesure qu'on descend noms de ceux qui taient numrs dans les
ranges deux et trois ont disparu, mais tout ce qui subsiste de la range quatrime se rapporte un roi dont le nom d'Horus nous est connu d'ailleurs c'est ce nom de Noatii--ni,
;
qui a t signal dj sur une statue de Gizli, et dont la place dfinitive se trouverait ainsi ?ix^ vers le milieu do la III" dynastie. Ce qui subsiste de la cinquime range
comme
le
montre
de sparation qu'on aperoit vers le milieu du facsimil. Peut-tre peut-on deviner, malgr tout, quel tait
le roi
prouve le du bonnet de la Haute Egypte, tenant la main le fouet et un emblme indtermin c'est le Khsakhmoui, dont M. Amlineau a dcouvert le tombeau Abydos, et dont M. Quil>ell a trouv une porte monumentale Kom-el-Ahmar. J'ai indiqu l'an dernier les raisons qui me portaient classer ce
bien
roi
le
Khsakhmoui, qui
dterminatif de
la
un
comme
statue
d'homme debout,
coiH'
roi vers la fin de la IIP dynastie', et elles ont t adoptes assez gnralement. Le second roi \ dont le nom manque, avait son avnement commmor au second mois, sans adjonction de saison, le 23, mais nul indice ne trahit son nom. Comme Sanofroui occupe lui seul toute la sixime lange, il est probable que celui-ci tait son prdcesseur immdiat,
1.
t.
II, p.
4:n 441
[,
et p.
161-167 du prsent
interca-
volume].
2.
Le graveur avait
il
l'a
le,
dent, celui de
Khsakhmoui.
422
pr-
dcesseur de Houni.
parties solides de la
l'on a restitues
Il
Avec Sanofroui nous arrivons aux vieille histoire d'Egypte, celles que
le
d'ancienne date.
rois ait
je
d'eux tait,
comme
schme gnral des chapitres cont partout le mme. Chacun l'ai dit, spar du prcdent par un
5.
1 en partage son tour en trois registres horizontaux haut un registre troit contenant le nom du prince avec
seul,
le
nom de Noutir-ni
l'a
est
conserv suffisamment,
distingue
la tin
ainsi
qu'on
vu dj, mais on
la
troisime
range
2" la
annes
la
mention de
la
la
mme
permettait d'alliimer
les
(|u'
il
runis.sait
deux Lgyptes sous son autorit-Le rrr hn tait la crmonie dans laf|uelle le prtre ou le loi olliciant tournait autour d'une statue, (piatn? fois l'ordinaire, une fois pour cha<;une des quatre maisons en les(juelles on divi.sait le
DU MUSE DE PALERME
423
monde
rite
cette seconde
que
la
statue
mcntitm de ftes aux barques sacres de diverses espces, mais dont la principale est X^SIiosoa-Horou : le festival de la ShosouHoroii revient jusqu' neuf fois avec la mention ionouit propos du roi Noutir-ni, sans que je devine ce que signifie cette allusion. Il faudrait d'ailleurs une tude approfondie pour arriver comprendre le sens de chaque crmonie, et l'utilit de la barque qui y tait attache. Une des particularits les plus curieuses est celle qui unit la coiwse cV Apis la sortie ou au couronnement du roi ainsi, on trouve au compte de Noatir-ni, d'abord Lecer du roi du Delta, Lever du roi du Sald, course de l'Apis (civant?), et six cases plus loin. Lever du roi du Delta, deuxime fois, course d'Apis. La chapelle funraire est nomme, puis des domaines funraires ou des villes qui taient sans doute intresses au culte royal. Une fois il est question de la fte du massacre des Bdouins', que j'avais cru commmorer une victoire d'un roi de la XIP dynastie sur les Nubiens, l'exemple de Roug. En songeant aux reprsentations du tombeau de Montouhikhopshouf, je suis port croire qu'il s'agit de quelque pisode des guerres solaires ou osiriennes, dont l'anniversaire aurait t clbr pendant longtemps par un sacrifice humain. Avec Sanofroui, les chapitres consacrs chaque souverain s'allongent videmment, cette poque avait laiss aux gyptiens, comme nous-mmes, plus de souvenirs que la prcdente. Toute la IV*^ dynastie a disparu avec les portions perdues du monument, et ce sont les rois de la V qui reparaissent sur ce qui nous a t sauv
roi
: :
du
commmor. Dans
de
avec
trs
douteux Souhtes
3' registre. 2'
(?)
Nofiririker. L,
I.
Voir
pi.
I,
case droite.
424
indique clairement ce que le texte reprsente le roi a fait en monument de lui-mme aux
c'est ce
que
Ames
cVTI-
que l'on en saisit premire vue rpond aux enseignements que nous fournissaient dj les autres documents de cette poque. Pour n'en citer qu'un exemple, il y est dit que, sous un des rois, il avait t rapport duPouanit des gommes parfumes (anati) par huit myriades voil une des plus anciennes parmi ces expditions pacifiques au Pouanit qui proccuprent tant les Pharaons de toutes les poques. Une quantit de pierres prcieuses avait t rapporte de mme du pays de Fakait, c'est--dire de la pninsule Sinaitique. Je n'insiste pas le peu que j'ai dit suffit prouver quelle reconnaissance nous devons M. Pellegrini pour avoir mis la pierre do Palermc notre disposition, et pour en avoir clairci la signillcatidn dans les pages trop peu nombreuses qui accompagnent tes planches de fac-simil.
liopolis.
:
Le
LAPOGALYPSE DLIE'
La dcouverte d'un dpt de vieux parchemins, dans une des cellules perdues du donjon de Dir Amba Chenoudah,
europennes d'une quantit langue copte, inconnus juscju'alors. C'taient pour la plupart de vieux livres hors d'usage, crits sur peau ou sur papier pais, enferms jadis dans la librairie du couvent, puis
a-
enrichi
les
bibliothques
considrable d'ouvrages ou
dbris d'ouvrages en
jets
au rebut,
les
soit
que
thbain et dialecte
d'Akhmm, ne
aux moines.
les
Un
reste de respect
pour
le
caractre saint
empch qu'on ne
de tous
fidles
les
(jui
peuvent s'accumuler dans un monastre au cours des sicles. Ils y taient rpandus sur le plancher de terre foule, en une litire accrue graduellement au point de constituer une couche de O^^SO ou 0"'40 d'paisseur. La pice servit-elle de colombier pendant un des siges nomI)reux ((ue la communaut eut soutenir contre les Bdouins, ou les pigeons y pntrrent-ils
l'dification des
1.
Publi dans
Iq
Ib'Jt),
p. 31-43.
426
l'apocalypse d'lie
par accident en (juete de grain? Be<iiicoup de feuillets sont maculs de colombine et ils exigent quelque nettoyage avant de pouvoir tre dchiffrs au complet. Il semble que
fragments furent dposs l vers le sicle, le copte cessait d'tre parl dans la vie journalire, et o le dialecte memphitique se substituait
les derniers
XVP
au
moment o
partout
aux patois
usits
jusqu'alors
pour
la prdiciition
dans
les glises
le
dpt et bientt de la forma par-dessus un sol nouveau. Quelques bouts de parchemin sortaient seuls vers les coins et trahissaient la prsence d'une couche de matriaux insolites dans cette sorte de sous-sol. Une cachette analogue, vide la fin du sicle pass, avait rendu la plupart des manuscrits (jue Zoga publia en partie, et qui sont aujourd'hui conservs en Italie, en Angleterre et en France; comme des indices permettaient d'imaginer qu'elle n'tait pas la seule f|ui subsistt, une sorte de sige amical fut mis de 1881 1883 autour du Dir Amba Clienoudah. par un Europen install dans le pays des Pres'. Vers 1884, la tentative maladroite et brutale d'un autre Europen, press de s'illustrer par un coup d'clat, compromit, presque au dernier moment, le rsultat des ngociations entames et menes si patiemment; au lieu d'acheter le contenu du trsor en bloc pour une somme raisonnable,
terre, verse sur le tas puis battue,
il
La
fallut
se le
hauts, et que
la
procurer en dtail, des prix toujours plus concurrence des marchands d'antiquits
ou des touristes augmenta encore. Notre Bibliothque nationale a remport le gros lot, mais beaucoup de lots moindres se sont gars ailleurs, de Saint-Ptersbourg Berlin ou Londres et en Amrique
1.
C'Uiit
M.
l'i'csiiai.
fliitvtcMir
ries
nictulids
d'Akliium
et
agent
ma
les
prire, et
qui
je
ma
l!'!,*.
reconnaissance pour
services
la science.
l'apocalypse d'lie
427
C'est de cette trouvaille que proviennent les trois morceaux d'Apocalypses dits par Steindori '. Vingt et un sur vingt-neuf des feuillets que nous en avons reposent aujour-
arrivrent en 1888
la
Bibliothque de Berlin.
Ils
apparte-
en dialecte d'Akhmim. L'autre est en dialecte thbain, et Bouriant, qui l'imprima le premier, dans les Mmoires
Mission franaise, remarqua ds le principe qu'ils doublaient et qu'ils compltaient par endroits la version
de
la
akhmimienne; il crut deviner dans le tout une version d'un livre apocryphe dont nous ne possdons plus l'original, V Apocalypse de Sophonie, et, jusque dans ces derniers
temps, son hypothse avait t accepte faute de mieux. L'tude des feuillets de Berlin a conduit Steindorft' distinguer trois ouvrages diffrents dans ce qui subsiste des
nait une
deux manuscrits. Le volume en dialecte d'Akhmim compreApocalypse dont le dbut et probablement la fin
et
sont perdus,
attribuer,
personnage
doublet en
le
thbain de Y Apocalypse
tabli
lettre
d'Elie,
et
septime
correctement
que
l'tat
du parchemin
les les
fautes des
copistes anciens
le lui
permettaient, puis
a traduits
1.
G. Steindortt', Dir
(ilos.sar,
Ap()/.((h//isf
<li's
L'ebersetzung,
Leipzig, J. C. Hinrichs'sclie Riiclihandlung, 1899, 190 p. 2. Le titre 't*.noK*.'A'y\^ic n^H'Aeid.c se trouve la page 44
du texte
akhminiien;
'S.
cf.
p.
7,
lOB-107.
Steindorff,
j).
9-16.
4-28
l'apocalypse d'lie
et
Un
au dialecte akliraimicn prcde le texte copte', et un glossaire le termine, o sont insrs galement les mots du mme dialecte que Ton rencontre dans d'autres manuscrits!. La publication, ainsi entendue, sera trs utile deux ordres de lecteurs. Elle fournira aux thologiens et aux historiens la traduction fidle d'uvres rdiges dans un idiome
qui ne leur est pas accessible tous, et elle les encouragera
pour leurs recherches presque aussi srement les lire dans la langue mme. Elle donnera aux savants qui s'intressent au copte ou la philologie gyptienne le recueil le plus considrable ciui ait paru jusqu' prsent de morceaux crits dans l'un des dialectes les plus curieux de l'gyptien moderne, celui peut-tre dont on tirera le plus de renseignements utiles pour la vocalisation des dernires formes de l'gyptien ancien. On risque souvent de ne contenter personne vouloir servir
les utiliser
s'ils
que
pouvaient
si
cette fois,
chacun aura
lieu
de se
Elle
U Apocalypse
dbute par
les
mme.
reproches (|ue
pch pour s'attacher au bien, car les jours viendront o Dieu rcompen.sera les siens et chtiera lourdement ceux
qui n'ont pas obi
.ses
prceptes. Et
quand
:
la
lin
des
qui
temps
sera
proche,
des
Le jene
(|ui
l'a
ce
n'est
pas Dieu
1.
SteiiKlofll. ])!<
.\fi()/.tili//isi' fli-s
Kliiis,
|). 'l:\-'.\\.
Stoindoifl
annonce
d'Akhmm.
2.
Stcindorl. Du:
p. 173-1'.I0.
l'apocalypse d'lie
429
tabli
' !
On devra
Seigneur et les anges; il prpare de la peine son me, en ce qu'il amasse de la colre contre lui pour le jour de colre. Un roi se lvera dans le Nord, qu'on appellera le roi des Assyriens et le roi d'iniquit; il guerroiera longtemps contre l'Egypte et il la bouleversera,, mais ensuite un rival lui surgira dans l'Ouest, qu'on nommera le roi de la paix. Le roi de la paix accourra sur la
sans tre pur irrite
le
))
mer comme un
il
lion rugissant;
il
proclamera l'unit du nom de Dieu, il rendra leur honneur aux prtres de Dieu, et il relvera les lieux saints, puis son rgne sera suivi bientt de celui d'un prince malfaisant. Une lacune de deux pages au moins nous prive de connatre l'origine de celui-ci, mais son autorit s'exercera de faon a Les villes de l'Egypte soupireront en ces dsastreuse jours-l, car on n'y entendra plus la voix du vendeur, ni
:
celle
ront
((
de l'acheteur; les places des villes d'Egypte s'emplide poussire, et les habitants de l'Egypte pleureront tous ensemble et ils souhaiteront la mort, mais la mort fuira et les dsertera'. En ces jours-l, ils grimperont
et ils s'en prcipiteront, et ils leur crieront
ils
:
aux rochers
Tombez
sur nous, et
ne mourront point.
Trois
Juifs
d'Egypte
de quatre rois d'Assyrie l't la lutte se En ces jours, le sang perptuera trois annes entires coulera de Ks jusqu' Mcmphis'; le fleuve d'Egypte
subiront
l'assaut
:
1. Il
(Steindorff,
2.
semble qu'il y ait l une polmique juive contre les chrtiens D' Apo/,ali/psc des Elias, p. 19). Cf. Apocali/psc de sftint Jean, ix, 6 /.al r.'M-jtx-f^irj-ji'.-i i.~rjfioi'nl-i /.%.
:
3. Ks est l'ApoUonopolis Parva des gographes grecs, la Ivous de nos jours, dans la moudirih de Qnh, presque mi-chemin entre
Qnh
et
Louxor. sur
la rive droite
du Nil.
4-"^
l'apocalypse dlie
i)
sera
du sang,
.si
plu-s
boire
trois
!
En
la
ces jours-l
ville
un
du
Soleil
dans
la ville
liliopolis,
qu'on appelle
le
et tout
pays
sera
La sixime
rebtiront
anne,
rois des
ils
Assyriens, puis
les sanctuaires,
mettront
paens mort;
la tutelle
le
:
ils
et la
trois
Au
quatrime anne
Il
fils
de l'iniquit se
le
,
Je suis
les
bien qu'il ne
le soit pas.
viendra sur
la
nues entour de
il
colombes
et
poussant
soleil
le
signe de
commandera au
((
Tombe!
soleil
tombera,
s'obscur-
Brille! et
Il
il
brillera,
Obscurcis-toi!
et
il
cira!
dira la lune
Deviens de sang!
et elle s'ensan-
glantera,
et les miracles
son ordre
comme
La
mensonge
et livrera
impuisseront
iront
sant contre elle, se vengera sur les saints qu'il fera prir
Enlin
cuirasse
soixante
justes
ils
endosseront
la
de Dieu, et
le
Seigneur dp-
du
Dernier Jug(.nnent
En
du
et
ciel,
il
le roi
avec tous
incendiera
la
terre
y passera mille annes, mais, comme les elle, il y crera un ciel nouveau et une terre nouvelle, o il n'y aura point de diable. Il y commanpcheurs
1.
i.
F. xxxiv,
1.
10-11
iii.pdeiioc
eie-ucpeu
iic -i&.ii^&.
et.
Actes,
X, 36-42.
l'apocalypse d'lie
))
431
dera avec
))
montant et descendant, tandis qu'ils en la compagnie des anges et qu'ils temps seront tout ce seront en la compagnie du Christ durant ces mille ans.
les saints,
temps
de l'humanit;
lus, et
le
l'Apocalypse
tronque
qui
la
prcdait
fragment qui nous est parvenu de appartient une description du mme genre. C'est un vritable voyage travers l'autre monde et plusieurs anges s'y relaient pour guider le narrateur. Le premier d'entre eux l'enlve si liant que
V Apocalypse de Sophonie'
la
terre entire
et
le
l'Ocan
tel
le
mont
Sr,
de Joatliam pre et qui ne leur ordres de pas aux n'obirent qui le prtre puis les Seigneur', du tinrent aucun compte des prceptes deux anges qui enregistrent au fur et mesure les bonnes
lui
montre
fils
actions des
hommes,
dont
des
le
visage semble
dont
les
dents
))
sont
prominentes
hors
la
bouche
comme
celles
ours, dont les yeux sont injects de sang et les cheveux dont les mains flottants comme ceux des femmes, tiennent des fouets de flammes. Ce sont les ministres
de
la
cration
les
mes
emportent, les dposent en ce lieu trois jours durant ils planent dans l'air avant de les saisir et de les ruer dans leur peine ternelle. Un signe du conducteur les loigne; le voyageur arrive des portes de fer qui s'ouvrent devant lui, et il pntre dans une grande
des impies,
1.
2.
mention des
les
cf.
Bible, et la
lgende qui
de l'histoire juive;
note 3.
trois Hls du prtre Joathani dans la concerne doit appartenir aux derniers temps Steindort, Die Apokult/pse des Elias, p. 39,
432
o.t
l'apocalypse d'lie
donner son nom gyptien, l' Ameut. Les portes y jettent la flamme, une mer immense y bouillonne, qui semble d'eau mais qui est de. feu et dont les vagues pteuses roulent la poix et le
belle ville, la ville d'Ads, ou, pour lui
un ange s'abat prs de lui, dont la face semble celle du lion', dont les dents sont prominentes liors la bouche comme celles d'un ours, dont la chevelure flottait comme celle des femmes, dont le corps tait d'un serpent et qui faisait mine de vouloir le dvorer. Il redouble ses oraisons et, lovant la tte, il aperoit un ange dont le visage brillait comme l'clat du soleil en sa gloire, et dont les pieds semblaient du cuivre qui chauffe au feu . C'est le grand rmiel, qui prside l'abme et l'Amenti, celui qui enserre dans sa main toutes les mes, depuis la lin du dluge qui couvrit la terre jusqu'au jour d'aujour d'imi . Il rpond aux questions que le voyageur lui pose et il lui apprend que son sjour actuel est l'Amen t; l'ange serpent, qui a pour fonction d'accuser les hommes devant Dieu, tient entre ses mains un rouleau o leurs crimes sont inscrits. Le voyageur y lit non seulement ses pchs a Si par hasard positifs, mais l'indication de ses omissions M j'avais nglig de rendre visite un malade ou une
))
))
((
((
oul>li inscrit
mon
passif
comme
passif
j'avais
mon
rouleau, et de
le
mme
Un
un orphelin que
pas visit, je
faute sur
trouvais inscrit
rouleau.
le
mon
comme une
manqu
mon
prire.
1.
Le
tt'xte
1.
porte
et.
dont
la
(p. VIII,
8-9;
Steindorll,
Dir
la
description qu'on
deux lignes
.
j)lus
comme
celle des
femmes
Steindorll
des lions
, et j'ai
adopt sa
correction.
l'apocalypse d'lie
je le
433
trouvais inscrit mon passif comme une faute sur rouleau, et un jour pendant lequel je ne m'tais pas occup des Enfants d'Isral, je le trouvais inscrit
mon
mon
faute sur mon rouleau. 11 imdu Seigneur, sur quoi un ange nouveau surgit prs de lui et lui annonce qu'il dpend de lui d'chapper l'accusateur, mais une lacune d'au moins une
passif
comme une
la piti
plore de rechef
page interrompt
dj
le
rcit,
et la reprise le
voyageur
est
embarqu avec d'autres anges sur un bateau qui le mne au Paradis. Il revt lui-mme un habit d'ange, il prie, il chante avec ses compagnons clestes; aprs que le bien et le mal ont t pess pour lui dans la balance, un ange arm
d'une trompette d'or le proclame enrl parmi les bienheureux et son nom inscrit au livre de vie. Avant qu'il entre, le ciel s'ouvre sous lui; il y aperoit la mer de feu, et noyes dans les profondeurs les mes des pcheurs, charges de
chanes, les mains lies derrire le dos. Elles n'y brleront pas jamais. Chaque jour, heure fixe, l'ange hraut
sonne de
la
trompette;
les justes,
sollicitent la misricorde
pardon pour elles. Notre voyageur souhaiterait voir tout ce que le Paradis renferme, mais son guide lui dclare qu'il ne peut rien lui montrer au del et que ce qui lui reste voir lui sera cach jusqu'au jour du Jugement. Manque-t-il
ici
le croit et
il
est probable,
car
dans son tat actuel qu'on ignore ce que le narrateur devint lorsque l'ange eut achev de lui dpeindre le Dernier Jour. Les trois ouvrages furent traduits du grec vers le IV sicle, dans le temps o les couvents d'Akhmm comptaient parmi les plus florissants de l'Egypte chrtienne, mais
si
rcit
tourne
court
le
traducteur s'est
lui-mme une traduction d'un original hbraque? Steindorff, qui a signal bon droit de nombreux hllnismes dans les deux versions coptes, n'y a dcouvert
servi,
BiBL. OYPT.,
T.
XXVIII.
90
434
en dehors des
i.'apocalyi'SE d'lie
noms
usuels de
la
Apocalypses ont t crites en grec, et il est difficile de ne pas adopter entirement ses conclusions sur ce point^ L'Apocalypse anonyme semble purement juive pour l'esprit, et rien n'y trahit une influence chrtienne. Steindorff la place dans la mme classe que les deux Apocalypses de saint Pierre et de saint Paul seulement elle lui parat un peu plus ancienne et il lui assigne l'Egypte pour patrie*. Une observation de Harnack permet peut-tre d'indiquer de manire gnrale la date de la rdaction primitive. Le texte contient une allusion l'histoire de la chaste Suzanne, ainsi qu' celle des trois jeunes gens jets dans la fournaise, Shadrakh,Mishak,Al)edngo',etcesmorceauxsont inconnus au judasme de langue hbraque; il faut donc voir en elle une production du judasme alexandrin, qui aurait vu le jour entre 100 avant et 100 aprs J.-C, ou peu s'en faut. Le fragment de V Apocalypse de Sophonie n'est pas
pense que
les trois
;
peine
si
l'on
contient
aucune trace de
christianisme*.
Au
contraire,
nettement nous comme une ('uvre juive, remanie fortement par les chrtiens. Ce qu'on y lit du temple do Jrusalem et de la reconstruction des lieux maints appartenait sans cont 'station possible au livre primitif, ainsi (jue la description de l'Antchrist^ dbile, jeune, aux jambes grles, ayant une mche blanche sur le front, les sourcils tirs jusqu' l'oreille, les mains M couvertes de lpre . L'ensemble des prophties montre
V Ap)cahjpse d'Elie se prsente
))
'
1. 2.
Dir
3. 4. 5.
P. IX,
I.
5-10;
P. xxxiii,
p.
1.
15-17, XXXIV,
1.
Die Apokali/pse
des Elias,
90 91.
APOCALYPSE d'LIE
435
que l'auteur
le
tait
un gyptien,
Nil,
le dsert,
les
canaux,
Memphis, Ks,
Hliopolis.
L'adaptateur
lutte avec
chrtien
interpola
le
d'autres venant aprs lui en dans une direction de plus en plus loigne du sens original. La comparaison de la traduction thbaine avec rakhmimienne est instructive ce sujet. Le copiste
et
dvirent
le dtail
oli
les actes
de l'Antchrist sont
les
qu'il
accomplira
uvres
Messie accomplira, sauf qu'il ne ressuscitera pas les morts . Le futur en parlant du Messie est naturel dans la bouche d'un Juif, qui n'admet pas la mission divine de Jsus, et coup sr la version thbaine rend exactement le texte primitif. Il devait choquer la longue
le
que
les copistes
otre au pass ce que la version au futur; l'Antchrist accomplira les uvres que le Messie a accomplies, sauf qu'il ne ressuscitera pas les morts' . Ajoutons qu'on rencontre dans un passage nne citation textuelle de la premire ptre johannique N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde'. Le dernier remaniement de \' Apocalypse d'lie est donc postrieur au temps o cette ptre a t compose, et Steindorff, s'appuyant sur l'autorit de Harnack, le croit antrieur la rdaction de Y ptre Diognte; on ne se trompera gure si on le place quelque part dans la seconde moiti du IP sicle de notre re'.
version
akhmimienne nous
conservait
thbaine
1.
P. v,
1.
16-20 et p. xxxiii,
15
1.
9-10;
cf.
Steindorff,
Die Apoknh/pse
des Elias,
2. /
p.
120-121 et p. 88-89.
ii,
:
Jean,
^r^
1.
ya7tT Tov
/.ffSAov
iL-r^
x v tw
xfffjLfj).
La
citation
6-7;
cf.
Steindorff,
430
l'apocalypse d'lie
s'il
serait sorti
du plan
n'ait point
cherch
pntrer au del de l'auteur juif, et qu'il ne se soit pas demand si les ides et les images mises en jeu par ces
gyptiens
d'extraction
et
de
religion
trangres ne se
Un dtail de l'Apocalypse anonyme appartenant sans aucun doute aux mythes d'poque pharaonique; la balance sur laquelle on pse le mal et le bien lui avait rappel aussitt la balance de Thot au tribunal d'Osiris'. J'imagine que, s'il avait continu
frapp
comme
ses investigations,
il
la conception que son auteur se de l'autre monde et celles que nous connaissons aux gyptiens. Sans entrer dans le dtail, ce qui serait hors de propos ici, on peut affirmer d'une manire gnrale que l'anonyme se reprsente l'enfer comme une cit aux portes de fer et
de cuivre d'o s'chappent des flammes, et dans l'enceinte de laquelle habitent des tres aux faces bestiales, hommes tte de panthre arms de fouets, serpent tte de lion et crinire de femme; les damns plongent dans une mer de feu. Pour passer de cet enfer au sjour des lus, l'anonyme monte dans une barque divine; peine dpos sur la rive
bienheureuse, on
le
pse dans
la
balance,
et, le
rsultat
vie.
Tous
ceux qui ont tudi les dogmes funbres de l'I^gypte pharaonique connaissent bien ces vil/es ternelles, o le double allait hai)it(.'r lorsqu'il abandonnait enfin le tombeau dans
le(|uel sa
momie
pylnes ou
|)ar
magiquement
1.
Jjii'
.'jT,
note
5.
l'apocalypse d elie
437
vomissant des flammes; il fallait pour les franchir donner le mot de passe ou avoir un guide divin tel que le Soleil. Une fois introduit dans l'enceinte, les monstres foisonnaient, qu'on devait dsarmer ou repousser par des incantations ou par des prires, et parmi eux les desses tte de lionne ou de tigre, les Sokliit aux crocs saillants, aux yeux rouges comme le sang, la longue chevelure do femme tombant
sur leurs paules, armes de couteaux et d'insignes divers;
le
serpent tte de lion tait un personnage assez renomm les sectes excentriques
de l'Egypte chrtienne se soient empares de lui. Le double^ parvenu la rive du lac d'Occident, y rencontrait un bac sur lequel il s'embarquait afin d'atteindre les les o le paradis osirien tait situ, et ce bac ne le recevait qu'aprs l'avoir prouv par des questions nombreuses; sitt sur la rive, son cur tait pes au moyen des balances de la Double
Vrit, puis Thot annonait
le
il
on dcou-
grande vraisemblance que les Juifs, qui ne paraissent pas avoir eu l'imagination trs hardie ni trs abondante lorsqu'il s'agissait de se figurer les destines d'outre-tombe, aient
t gagns,
gyptiens au milieu emprunt une desquels ils partie au moins du personnel et du dcor de leur autre monde? Je ne dis pas tous les Juifs, mais ceux dont l'esprit
temps
travaillait
comme
l'auteur de l'Apocalypse
ceux des Apocalypses images et des faits des L'enchanement genre. mme du est assez semblable des d''ux cts pour qu'on ait le droit
et
anonyme
438
l'apocalypse dlie
des doubles tenaient les premiers rles, ainsi que dans le Conte de Satni-Khmost, n'ont pas eu des compositions
les sicles
voisins
les
de
l're
chrtienne? La
littrature dmotique,
dont
vrages prcieux, nous rserve peut-tre la surprise d'une uvre de ce genre. Ce serait une trange fortune que de pouvoir rattacher V Enfer de Dante aux Livres de l'Hads
gyptiens par l'intermdiaire de notre Apocalypse et des
autres morceaux analogues qui sont sortis ou sortiront des
ruines antiques'.
Il
me
n'est pas
avec celui
de
purement gyptiens. Elie est choisi par Dieu pour rejirocher leur infidlit aux compatriotes de l'auteur, et pour drouler sous leurs yeux les vnements qui amneront, aprs le triomphe phmre d'un personnage incarnant le mal, le triomphe dfinitif du vrai Dieu et la batitude des lus. L'ide messianique qui domine tout le dveloppement et qui en remplit le cadre est trangreau paganisme gyptien, mais le cadre lui-mme est. au moins dans plucertains ouvrages
sieurs
de ses parties, l'un de ceux qui furent en usage dans les derniers ges de la littrature gyptienne. Il semble (jue, passs les beaux sicles des dynasties thbaines, l'Egypte re.s.sentit profondment .sa dchance et qu'elle en chercha as.sez naturellement la cause dans ses pchs contre
les dieux.
et ils
Ses crivains se plurent travailler sur ce thme V>r()drent sur lui les variations qu'il comportait des:
entranent,
exil des
1.
dvastation
des
villes,
des
sanctuaires,
dieux et des
(\<i
rois,
puis, aprs
catastrophe, un
Dietericli, dans sa .W/.y/r/, se ramne en partie au mais par un chemin plus long et plus compliqu; comme Foucart l'a dmontr, il y a emprunt vident l'Egypte dans les ides des Orphiques et de certaines portions des mystres leusiniens.
I,.n
thorie
iTKme
rsultat,
l'apocalypse d'lie
retour
la
439
une renaissance de prosprit sans ensemble de prophties, les personnages les plus divers, un potier, un magicien et un devin clbre', un agneau huit pieds saisi soudain par l'esprit et dou de la parole humaine'. J'ai rappel ailleurs cette lgende du voyant Amnophis, fils de Paapis, que Manthon avait introduite dans son histoire le roi Hros dsireux de contempler les dieux face face, le voyant inspir par son dieu, qui annonce la ruine et l'invasion du royaume puis qui se tue, l'invasion effroyable des Impurs et leur domination sacrilge sur l'Egypte, les Pharaons revenant enfin d'Ethiopie et rtablissant la paix universelle. Manthon, ou mieux Josphe qui le cite, avait ml les Impurs avec les Juifs, et le rcit avait t appliqu l'Exode. Une autre rdaction, dont Wilcken a interprt les fragments pars, attribuait tous les malheurs aux porteurs de ceinture qui vivent dans la grande cit maritime, c'est--dire aux Grecs d'Alexandrie, et cette variante est importante parce qu'elle nous prouve la ralit des emprunts ainsi que la faon dont ils s'opraient. Un auteur gyptien, antrieur au IIP sicle', avait compos une prophtie adresse au roi Amnophis par un personnage clbre de la XVIIP dynastie, Amnths; les ennemis de l'Egypte y taient des Asiatiques, probablement par souvepit
et
du Nil au VIP
crurent
et
de Jude, en
histoire,
leur
leurs
1. Cf. l'article sur Un nouccau conte gi/pticn dans le Journal des Sacants, 1897, p. 726-730 [, et p. .313-319 du prsent volume]. 2. Ainsi dans les fragments qui viennent d'tre publis par Krall, Voni Kni(j BockJwris, nach einein dcnwiischen Papyrus der Sammlung Erzhcrzofj Rainer, in-8, 1898 dans les Festgaben fur Biulin(/cr. 3. Manthon ayant crit vers 270 avant J.-C, la version qu'il cite ne
440
LAPOCALYPSE
et
la
D'LIE
le
domination europenne en prenait une version pour rappli(iuer aux Grecs d'Alexandrie. Qui consentira examiner le texte de Wilcken en dtail et le comparer celui de V Apocalypse (V lie, sera tonn de voir combien ils ont d'expressions et d'ides en commun. Je n'en veux apporter ici qu'un exemple, mais frappant. Lorsque le roi rparateur dont parle le prophte gyptien sera mont sur le trne, install par la grande Isis elle-mme, la joie sera si forte parmi les survivants de la perscution, qu'ils souhaiteront aux morts de lessuscitcr pour participer
leur prosprit'.
s'approprirent
rcit,
tandis
Ce souhait
si
ment
celui
que font
:
les fidles
du
roi
Apocalypse
diront
'
:
Les vivants
leur
Relevez-vous pour tre avec nous dans cette qui tude Tous les troubles de la nature qui avaient accompagn la victoire des Impurs ou des Typhoniens, et
dieux seront rentrs dans leurs lieux sacrs. La mention d'Isis comme la desse par excellence nous montre c|ue le morceau de Wilcken a reeu sa forme actuelle en un temps
les
Grco-JLgyptiens, ou
la religion principale des d'une parlie des indignes non grciss. Serait-il trop tmraire de se demander si cette le
cuite d'Isis
tait
devenu
mme
intervention dcisive de
le
la
Zanbeipapynis (dans
:
les
Dcnkschrifr,
Irn de l'Acadmie de Vienne, 1893, t. XLII, p. 4 xal -6-i [-J]fpav[0]r,TTai iTiv ra vry.ovTa TtivT xri fl\t.ivr,; OTipy/ov
AyyjtTo;
'IlAtoy
.r,o
2.
P. XXXI,
1.
11-14
iiCTd^n^ ii^kok
g^xocy
iieTAA*>TT, e^'toY
iiejuieii
comme
l'ai
supprim le remplac
par
le itori
simple, g.
l'apocalypse d'lie
des
rcits
441
du
mme
entendons encore
l'cho
l'Apocalypse judo-chrtienne d'Elic et mme ailleurs? L'un ou l'autre des rdacteurs ou des adaptateurs, habitu voir la desse figurer au dnouement des morceaux de ce genre de littrature qui circulaient parmi ses compatriotes attachs encore aux vieilles croyances, lui aurait substitu, dfaut de desse, l'une des premires hrones de la foi nouvelle.
Je n'insiste point
j'ai
suggres, et que l'tude des fragments diligemment par Steindori a enfonces davantage dans mon esprit. L'Egypte en dcadence a connu
tous les dsespoirs et toutes les illusions des peuples qui s'en
vont, et ses crivains les ont exprims sous une des formes
qui convenaient
la
le
mieux
ou du songe un
uvres ont joui d'une popularit arrives en plusieurs versions % nous tre grande pour assez comme la grande tirade d'Amnphis dont je viens de parler les Juifs, qui ont t mls si intimement la vie gyptienne partir de la conqute macdonienne, ne les ignorrent pas, soit dans la rdaction originale, soit dans la traduction grecque. Rien n'empche a priori que, dsirant exprimer des sentiments du mme genre pour leur propre compte, ils les aient verss dans un moule dont leurs rapports perptuels avec les indignes avaient pu leur rvler la convenance; si, aprs mr examen, l'on admet le bien-fond des
dieu. Certaines de leurs
;
1.
Ainsi la prdiction de l'agneau sous Bocchoris, qui est mentionne 3, et par l'Africain,
letrouve en duiotique par Krall,
est
442
l'apocalypse d'lie
j'ai
rapprochements que
de
la filiation littraire
par les chrtiens ont t prcdes elles-mmes de d'Apocalypses rudimcntaires composes par les paens, les unes en grec, les autres dans la langue native de
l'Egypte.
Je serais en retard
les
si je
voulais apprcier
ici la
traduction'
et ils se sont
montrs
unanimes en reconnaitre les mrites. C'est l'ouvrage luimme que j'entends examiner brivement, sinon l'ouvrage entier, du moins les portions qui y sont consacres l'numration des merveilles de l'Egypte'. M. Carra de Vaux a dans son introduction sur l'intrt que l'tude en prsenterait aux gyptologues, et il en a indiqu trs finement la nature. L'auteur n'est pas un curieux qui s'en va recueillant sur les lieux, dans la bouche du peuple, les lgendes dont il ourdit son rcit. C'est un savant de cabinet qui s'instruit des uvres plus vieilles et qui n'avance
insist
Il
histoire,
noms
monu-
ments, le cadre des dynasties, et l'exactitude avec laquelle on retrouve des pages entires des mmes textes chez Maoudi, chez Makrizi, chez Mourtadi fils du Gaphiphe, nous garantit qu'il mettait une diligence gale dans les endroits o ce point de comparaison nous manque. Bien qu'il reoive sa matire de troisime ou de quatrime main,
il
l'altre si
1.
peu en l'ordonnant
qu'il
le
plus
2.
Publi dans le Journal des Sarants, 1899, p. 69-86 et 1.55-172. Baron Carra de Vaux, L'Abri/c des Merrellles, traduit de l'arabe
de
la
L'ouvrage se divise en deux parties, dont la seconde, p. 161-402 traduction Carra de Vaux, est consacre tout entire l'histoire
fabuleuse de l'Egypte.
444
souvent de l'aiclitype, encore inconnu. du(iuel toutes les traditions arabes sur l'Egypte descendent plus ou moins on en distingue chez lui la physionomie originelle presque
:
aussi nettement
les
le
rdiger.
triomphe
de l'Islam, ou les conqurants les ont-ils rencontres tout agences chez leurs sujets nouveaux? L'auteur rpte
aux cahiers des anciens prtres', Egyptiens ou aux feuillets des Coptes', leurs on-dit ou leurs croyances', et une moiti au moins des documents auxquels il se rfre tait extraite
satit qu'il lsa puises
aux
livres
des
suivant
lui
chaque
roi
noter ce qui lui tait arriv chaque jour, les feuilles taient roules puis dposes dans les trsors, et c'est ainsi
faisait
que
Il
un tombeau sur mort ', et ce dtail trahit l'homme qui avait vu drouler des momies. M. Carra de Vaux pense tju'il dit vrai et (pie les rcits proviennent vraiment de ces coml)ihitions attribues aux Coptes; en dehors des lgendes bibli(jucs et d'un petit nombre de contes o l'on discerne la
registres historiques avait t trouv dans
la
poitrine d'un
marque de
l'esprit {jrec,
le
Tous ceux qui examineront avec attention /'Ah/rfj des Mci'cciilcs parta:
par des exemples, et de prouver comment certains ensembles de narrations, les moins gyptiennes en apparence, dcoulent directement des ides religieuses et des murs de l'Egypte pliaraonique.
de
la justifier
1.
2. 3.
I.
l'.)7,
2U3-2U4, etc.
2;i7,
5.
Carra de Vaux, <>/,. cit., p. I(i4, l(i9, Carra de Vaux, op. cil., |>. 103, cf. Carra de Vaux, op. cit., p. 203.
187, 100,
p.
!<).').
231.
238, etc.
6. T'arra ilo
Vaux,
np.
cil.,
p. \,\iii-xxv.
445
la
place
qu'y tiennent
la
magie,
ses
pratiques, ses
les tres
naturels ou surnatu-
magie et de magiciens pour tre compris du lecteur, mais ils sont inexacts, et les mots qui rpondraient le mieux la ralit antique seraient ceux de science et de savants. La connaisbranle. J'emploie les termes de
met en
sance des forces caches qui pntrent l'univers et des tres mystrieux qui les rgissent tait, pour les gyptiens, le
commun
la
conduice
les
kJiatou,
quiconque, ayant
appris lire dans un formulaire liturgique ou autre et a en excuter les prescriptions servilement, russissait produire par routine les effets prvus pour chacune des formules rcites selon le rite. Les adeptes de cette catgorie n'avaient pas besoin de comprendre pourquoi ni comment
les menaient au en tat d'agir leur volont, et il leur importait peu que leur puissance restt toujours empirique, du moment qu'elle se montrait toujours efficace.
manipulations
succs
il
Les rokliouou-kliaitou au contraire avaient appris discerner les choses, leur essence, leurs vertus, leurs combinaisons, leurs attractions et leurs rpulsions rciproques, les
motifs et
les
ils
se
mlaient
faisaient en pleine conscience de l'uvre qu'ils projetaient et des agents ou des ressorts par lesquels ils l'accomplissaient. Ils taient les
le
d'oprer eux-mmes,
si fort,
que
con-
non seulement
seillers
ils
parmi
les
eux-mmes ou
44(i
pouvaient,
comme dans le Conte des deux Frres, deviner par l'odeur d'une boucle de cheveux qu'elle appartenait une lille des dieux ', ou, comme dans ['Histoire de la princesse de Bakhtan, pressentir (jue nul autre qu'un dieu ne
dlivrerait la
la
dvorait
'.
Ils
sont
donc
les
arabe dcrit
que ceux-ci avaient dcouvert dans l'intervalle des recettes que leurs anciens ignoraient. Ils avaient adopt sans le souponner
testait la supriorit.
ils
pensaient
la
question d'origine
l'poque pharaonique.
fameux
par-
Eux
seuls
pouvaient construire
les
herha,
les
temples
M
)>
)>
Ce point des talismans est capital pour l'objet qui nous occupe. Le talisman est, proprement parler, un signe extrieur sur lequel la volont du magicien a concentr et
dans lequel
cacit,
elle a
perptu
la
rations magicjues.
etli-
quand
mme
la
pendant des
milliers d'annes,
tait la
fm de
pourvu toutefois qu'il demeure tel (|u'il conscration mais si on le brise, ou qu'on
;
1.
2' dit.,
p. 22.
2.
l't'i/i/pte
ancienne,
2' dit.,
p.
21 219.
3.
p. Itil.
ou parfois
mme
qu'on
le
dplace
si
toute sa vertu s'vapore d'un coup et les effets qu'il mettait cessent aussitt
Les plus communs, et d'ordinaire les plus ceux qu'un homme peut porter sur soi, son cou, son bras, mme sa poitrine, autour de sa taille ou de sa jambe, cousus dans ses vtements, et qui le protgent contre une ou plusieurs espces de dangers. Les gyptiens de l'poque pharaonique s'en couvraient, vivants et morts, et la plupart des menus objets que nous qualifions d'amulettes sont de vritables talismans, dont les textes nous enseignent la composition et l'usage, scarabes, olives, demi-serpents, il d'Horus, images du cur, figurines d'animaux ou de divinits tel mettait les spectres en fuite, tel autre rendait les serpents ou les btes froces inoffensives,
de deux
sortes.
:
tel
dans l'espce, car il ne traitait que des merveilles produites par les rois pour la splendeur de leur cour ou pour l'intrt de la chose publique, mais il ne se lasse point d'numrer les talismans d'intrt gnral, ceux qui mettaient un pays
entier ou ses villes l'abri des invasions trangres, ceux
enfin qui
))
les
btes nuisibles,
mme
.
homme
ou gnie'
la
maonils
assurent ternellement
la
gyptiens de
1.
2.
3.
Carra de Vaux, L'Abrge dos Mi'rceiltrs, p. 24.3, 257, Chabas, Le Papyrus magique Harris, p. 98-99, 144. Carra de Vaux, L'Abrg des Merveilles, p. 177.
2.8.
448
l'ge pliaraoiiiqui\
de dieux, de sphinx,
mme
les
qui protgent l'difice et ses habitants contre les influences mauvaises et contre la destruction violente par l'iiomme ou par les lments'. Outre ces talismans d'avant-garde, chaque membre de la construction, chaque cour, chaque porte, chaque chambre, chaque paroi d'une chambre avait son gardien, souvent un serpent allong sur une pierre taille en forme de stle arrondie au sommet*, tantt un dieu ou un gt'uie monstrueux dont la figure grimace bien en vue. Les tal)leaux mmes qui dcoraient les murs,
les
jambages,
le
phytaille,
lactres,
non
seulement
grande
1.
On
le
Rift-s
le
gi/ptirnii,
rle
dcoration des
temples.
2.
II
et
conserv
03
b
;
clircrs, pi.
t.
mmes gardiens
figurs
'l'hot,
III, pi
!>,
comme
on
sait,
et
petits serpents, de scorpions et de toute sorte de reptiles (Maspero, Les Contes populaires de l'Kjjfpte ancienne, 2* dit., p. 181). Le roi Sahlouq (Carra de \'aux, L'Abrff des Merveilles, p. 195-198), parti la recherche de la divinit du fou, arrive une caverne ilont l'entre est garde par une vipie deux ttes la bte lui montre les dents en l'apercevant, et elle a un rle identique celui du serpent ternel de Satni. Dfts la seconde poque thbaino, on essayait de conjurer ces gardiens pour obtenir d'eux des trsors ou des faveurs; nous avons le
;
l/rnflito
le
serpent gardien de
la
pyramide du
Sahouri. dans
le
d'AbnusIr (Darssy, \ote sur une inscription hiratii/ite d'un Mastaba d'Abonsir, dans les Comptes rendus de l'Institut ijijptien, 1894).
449
mais tous leurs hiroglyphes, chacun en son particulier'. Et une ralit anime correspondait au moindre de ces talismans immuables, qui se dvoilait ds que la ncessit l'exigeait
:
les
les lions
le
serpents
les
mordaient ou
statues le peraient
fil du couteau, les hiroglyphes s'attaquaient chacun selon sa forme, les haches, les poignards, les lions, les oiseaux de proie, les vipres. Cette innombrable arme tait si redoutable et si insoumise qu' certaines poques, dans les tombeaux, on craignait qu'elle ne s'attaqut au mort, et qu'elle ne lui devnt funeste. On y repr-
taient au
lui
hommes ou
les
animaux
sans corps ou
qu'ils
le
On
le
prfrait se
double leur
rois,
la
fureur aveugle.
Donc, en multipliant
traits
les
principaux de la civilisation antique. Si d'autre part on examine l'un aprs l'autre les talismans numrs, on s'aperoit aisment que la plupart d'entre eux prsentent les caractres de l'gyptien d'poque pharaonique, au moins pour la forme et pour les emblmes. Ce sont avant tout des statues de rois ou de dieux aperues dans les temples, et l'insistance mme avec laquelle on dfinit la nature des substances dont elles taient composes prouve que les premiers conteurs des rcits n'inventaient pas les objets
Maspero, Archt''ulo;ju' jiipiiennc, p. 98-99. On connaissait encore on admettait les ides des gyptiens pharaoniques aprs la conqute arabe, et des auteurs tels que Maoudi racontent que diffrentes ligures qu'on voit dans les borba, reprsentes sur certains objets, exercent
1.
et
dtermines par les gyptiens d'aprs leur de la nature (Barbier de Meynard, Les
Prairies d'Or,
t.
II,
p. 400-401).
BiBL. GYPT.
T.
XXVIII.
29
450
dont
ils
ils se bornaient dcrire des images vues souvent, et s'ils donnaient carrire leur imagination, tout au plus se bornaient-ils changer les attributs et la composition de plusieurs images. Le roi Marqounos fait couler un aigle en or, ayant deux coudes de longueur sur une largeur d'une coude, deux yeux d'hyacinthe, deux colliers de perles enchsses dans l'or, une pierre fine suspendue son bec et des rubis sems parmi ses plumes; le socle tait d'argent cisel, et le tout, port sur un pilier de verre bleu, fut install sous une arche au-
qu'ils avaient
prs d'un temple'. Les pices de bronze ou d'or incrustes d'mail ou de fragments de pierre prcieuse sont communes
dans nos muses, et il s'agit ici videmment d'une figure d'aigle ou plutt d'pervier, un Horus par du collier large, aux yeux et aux ailes rapports, perch sur la colonne chapiteau de lotus, ou peut-tre sur la tige de lotus mme; celles que nous possdons de ce genre sont en bronze, sans incrustations et de petite taille, mais qu'il en existt en or et de fortes dimensions, comme celle que l'auteur arabe nous dpeint, nous le .savons par les tmoignages des monuments'. Ailleurs on oire notre curiosit l'idole de Vnus en lapis incrust d'or ])rillant, pare do ses bracelets d'))
la figure
d'une
femme aux
ongles d'or
dont
les
))
))
tai(^nt
chausss de une verge de corail. Elle un signe de l'index comme pour bnir ceux qui dans le temple. On plaa en face de cette statue,
comme
main
serrait
Carra de Vaux, L'Abrj dos Mrrcoilles, p. 286-287. Ainsi Dendrah, un pervier tte humaine reprsentant Htlior atteint deux coudes su:- une coude deux empans deux doigts; il est en bois dor avec un disque en or. A ct do lui, un Horus d'Pldfou en bois dor est haut de deux empans deux doigts, tandis qu un Horus dans la composition duquel il entre du cristal, du bois et de l'or, mesure trois
1.
2.
empans deux
doigts (Mariette,
Dendrah,
t.
H,
pi. 80).
l'abrg
Db;S
MERVEILLES
451
de l'autre ct de la salle, une vache dont les cornes et les sabots taient de cuivre rouge et dor, orns de pierre de lapis; le visage de la vache tait juste en face du visage de l'idole \ La Vnus en question tait une Hthor, comme le prouve la mention de la vache, et l'on se reprsente aussitt une scne d'offrande une statue de femme soulve d'une main un emblme, peut-tre un sceptre court, et elle esquisse de l'autre le geste qui accompagne toujours l'offrande. Les
:
ou en cette gyptiens appelaient le lapis-lasuli factice ? Il importe peu, mais ce qu'on ne doit pas manquer de signaler, c'est le soin avec lequel le narrateur nous dit que le visage de la vache tait juste en face de celui de l'idole w. Les sculpteurs gyptiens disposaient en effet leurs scnes de telle manire qu'assis ou debout, les personnages principaux eussent le visage la mme hauteur. La description rpond donc quelque chose de vu, au moins dans un bassubstance bleue que
les
deux statues
est donne comme sappliquant au temple de Vnus Mempliis, il est fort possible qu'en effet l'original antique en et t inspir par l'aspect de la salle publique d'un temple d' Hthor dans cette ville. Ce qu'on ajoute de la fontaine dresse sur des piliers de marbre entre les deux statues, et dont l'eau, soumise l'influence de la
relief,
et puisqu'elle
ger aux usages de l'Egypte ancienne qu'on est tent de le croire au premier abord. L'ide de l'eau qui vivifie et qui
renouvelle les corps. Veau de Joiwence, se rencontre fr-
quemment dans
que
l'eau offerte
les
textes funraires';
il
en libation dans un des temples d'Hthor, cette eau frache que les morts dsiraient tant boire dans
l'autre
monde, passt pour gurir les maladies des vivants. Les figures des talismans sont donc celles des anciennes
Carra de Vaux, L'Abr/ des Merceilles, p. 300-301. Maspero, Mnioirc sur naelquos Papyrus du Louvre,
1.
2.
p. 34-35.
452
l'abrg
di:s
merveilles
l(^s
lgendes qu'on
caractre ou les
actions de la desse reprsente ? Le roi Saurd avait rig au milieu de sa capitale la statue d'une femme assise et tenant sur son sein un petit garon qu'elle semblait allaiter. Un moderne souponne aussitt qu'il s'agissait d'une Isis nourrissant lorus enfant, et son hypothse se change en certitude, lorscju'il lit un peu plus loin que l'image de cette
peinte
de
Toute
))
femm(^ atteinte en son corps de quelque maladie touchait la partie correspondante dans le corps de cette statue, et son mal cessait. Si donc son lait venait diminuer,
elle lui
il
augmentait'. Si
elle
))
))
lui
touchait
la
tte,
et ils s'adoucis-
Les jeunes filles en obtenaient aussi du soulagement, et, si une femme adultre posait sa main sur elle, elle en prouvait un trouble si profond (jue malgr
elle elle
avouait sa faute
'.
On ne
sait
pas
si
vrai-
ment
la
plus vnres,
Cf. plus loin une idole ;iyant la figure d'une vaclie avec de grosses mamelles; toute femme dont le lait tarissait n'avait qu' toucher ces mamelles pour retrouver la sant (Carra de V^aux, L'Alryv des MiTccilles, p. 2r>2). Ici c'est d'une Isis Hthor qu'il s'agit; une des figure de vache de Dendrah passe pour possder une vertu analogue parmi les femmes des villages voisins. 2. Carra de N'aux, L'Abiij dea Mcrcrillcs, p. 201-202.
1.
((
453
avec ce que nous connaissons des g^^ptions. Isis tait l'institutrice du mariage et, comme telle, elle en devait
faire respecter
la
saintet
ce n'est
qui porte sur elle des mains impures. Isis est la magicienne
comme
invoque dans
les
:
La
souvent sur
d'huile
il
l'onction de
la face.
Le
clbrant, roi
ou prtre, parfume,
tient d'une
frotte
les lvres ou le visage de la statue divine en murmurant une prire'. D'aprs ces traits communs au rcit arabe et aux concepts gyptiens, je ne serais pas loign pour mon compte d'admettre que les proprits assignes au talisman du roi Saurid aient t celles de certaines statues d'Isis, sinon de toutes, aux temps pharaoniques; la tradition rcente complterait ici, au moins pour le gros, les lacunes de la tradition antique. Ceci n'est qu'une conjecture, mais dans d'autres cas la certitude s'impose. Voici par exemple ce qui est dit des talismans qui protgeaient les pyramides deGizh. La pyramide orientale, celle de Chops, a pour gardien une idole raye de blanc et de noir, avec deux yeux ouverts et fulgurants. Cette idole est assise sur un trne elle tient une espce de lance, et quand un homme la regarde, elle pousse un cri si terrible qu'il en tombe vanoui et qu'il meurt sur la place '. Il s'agit ici d'une des statues de Chops qui taient conserves dans la pyramide'. Celle-ci tait
;
1.
2. 3.
voir des exemples dans Mariette, Abj/dox, t. I, p. 41. Carra de Vaux, L' Abrg des Merceillcs, p. 209. Cl', le Tvicit de la dcouverte des statues de Mdouui par Daninos-
En
454
dans une brche strie de blanc et de noir, peut-tre dans une diorite plus sombre que celle du Chphrn de Gizh, auquel elle devait ressembler beaucoup. La peinture de son regard
elle tait taille
prouve qu'elle avait les yeux composs, comme c'est le cas pour les deux personnages de Mdoum et pour le chikhel-heled de Saqqarah ceux qui ont vu ces prunelles de cristal et d'mail s'allumer brusquement dans l'ombre d'une tombe, au premier rayon de lumire qui les avive, comprendront la description de l'auteur arabe et le sentiment d'effroi qu'elle implique. Le cri que le double de la statue
:
pousse,
et
qui tue,
le
rappelle
aussitt
le
la
cri
du spectre
occidentale,
Tboubou dans
saisit
conte dmotique et
dfaillance qui
La pyramide
celle
de Chphrn, tait garde par une idole de silex ray, debout, arme d'une sorte de lance et portant un serpent sur la tte ds qu'un homme s'approchait d'elle, le serpent
;
lui sautait
au cou
et l'touffait, puis
Ici
il
reprenait sa place au
encore c'est une statue, mais debout. Elle tait probablement taille dans une diorite plus terne
front de l'idole'.
que
silex
celle
la
compare au
ray.
ura?us
Le serpent est l'uneus de la couronne, cette vivante, qui combat les ennemis du Pharaon et peut
ou les brler. En rsum, les deux gardiens des pyramides ne sont autres que les statues de Chops et
les trangler
roi
mort
l'auteur
Pacha, Dcnuct'rtn
c'inx,
t.
ries
staliu's d''
VII,
pi., p. 71.
Ces statues
au.\
souvent dans L'Alirrij des Mcrcelltcs ; on les place parfois au sommet des phares pour clairer le pays, comme des flambeaux dans la nuit
(p. 178).
1.
l'h'i/ijpte
ancienne,
2'
d.,
p. 201.
2.
p. 209.
455
ici
la
saris
y avait
ame On
d'un mort.
voit
il
quand
coup de
cet
la
faits
rappel,
y a longtemps, que
^'esprit
de
la
pyramide de
Mykrinos^ cette femme nue, fort belle, et dont la chevelure est divise en deux, qui court aprs les hommes et leur fait perdre la raison, est sans doute le double de la reine Nitkris une tradition gyptienne assurait qu'elle avait t enterre dans cette pyramide'. Les esprits gardiens des temples ruins sont les doubles des statues adores jadis dans les temples, et quand ils se manifestent, c'est sous l'apparence de ces statues. Si l'esprit du berba de Kouft a la figure d'une servante noire qui berce un petit ngre, c'est que les deux divinits principales y taient l'Isis de Coptos et son fils Horus la mre et l'enfant sont noirs, parce que la statue la plus vnre devait tre en basalte ou en granit noir. Si l'esprit du berba de Dendrah est un homme tte de lion et deux cornes, cela tient au nombre considrable de gnies tte de lion et tte de taureau qui sont sculpts sur les parois des chambres infrieures ou des chapelles bties sur la terrasse'. Quand le temple fut envahi par les Coptes, et que les salles infrieures furent remplies presque jusqu'au plafond par les immondices, un village s'installa sur la plate-forme, et c'est pourquoi les habitants
:
:
1. 2.
Histoire ancienne des peuples de l'Orient, p. 87. Mariette, Dendrah, t. I, 30 b, t. IV, 25 h (cinq lontocphales
456
choisirent
pour incarner le gnie local non pas une des formes d'Hatliro, mais un des satellites d'Osiris la combi;
naison de
la
ttc
de lion avec
le
les
dblaiement opr par Mariette, la desse a repris ses droits. L'esprit du berba est aujourd'hui une belle vache blanche, aux longues cornes, qui logedans
dois ajouter que, depuis
la salle du Nouvel-An. Elle sort la nuit de sa retraite, et elle va se promener dans les champs voisins, o les fellahs l'ont aperue plus d'une fois du temps que j'tais en Egypte
:
la
l'on peut y pntrer. Personne ne doute qu'il ne soit plein de trsors, et j'ai entendu raconter des histoires de gens
qui, s'y
d'argent
mais,
comme
c'est
presque toujours
finit
le
cas, ce
et
il
par revenir
dans
les
y avait dans la signals dans /'Ahrf/ des Merveilles sont aussi faciles dterminer que ceux-l. Ainsi celui d'Akimiini. un jeune
vache, non sans y emmener avec lui ce qu'il bourse du voleur. Quelques-uns des gnies
garon noir et nu, laisse deviner sans peine une statue d'IIorus enfant en pierre noire, basalte ou granit; celui de Samannoud, un vieillard au teint sombre, la chevelure longue et la barbe courte, est une statue d'Osiris ou de Phtah. non momili, mais dont la face tait peinte en bleu ou en vert celui de Bousir, un cheikh blanc, vtu ainsi qu'un moine et portant un livre, repond au signalement
;
le dieu-fils
de
la
triade
memphiie, envelopp d<' son manteau et lisant, selon sa Coutume, un rouleau de papypus tal sur ses .lenoux '.
D'autres nous rend(!nt perplexes, ainsi
le
gardien de
la
pyramide
1.
colore,
et
Carra de
457
ayant en main des encensoirs tels que ceux des glises'. On songe aussitt l'une de ces figures, si frquentes dans
du mort
chaque hypoge du voisinage, qui symbolisent les domaines et qui amnent des animaux ou objets divers pour le sacrifice funraire mais pourquoi l'crivain arabe l'appellet-il un chkh marin, et quelle varit de costume ou d'allure entend-il dsigner par ces mots singuliers ? Tant que cette expression nous demeurera obscure, l'assimilation propose
;
La preuve est faite, je crois, de l'origine antique des talismans et de leuis gardiens, ain>i que de la fidlit avec lacjuelle
l'auteur arabe a conserv souvent les ides et les superstitions des temps pharaoniqu(>s. Il y a pourtant diverses classes de ces objets et de ces tres, dont les proprits sont d'une nature telle, qu'on peut se demander s'ils remontent comme les autres au pass le plus vieux du pays ou bien s'ils ne sont pas d'importation trangre. Le plus curieux, ce point de
d'homme
chexal,
(jui
conque s'approche avec des ini entions hostiles de l'objet plac sous sa protection dans un cas. le cheval est ail et le cavilier est dsigne comme tiint le gnie de la plante Saturne*. Le cheval n'tait pas un des animaux sacrs de l'Egypte, et son rle est presque nul dans les mythes ou dans les reprsentations religieuses; on est donc tent de croire ici l'origine trangre du talisman, probablement une origine grecque, puisque l'un des chevaux merveilleux a des ailes. Et pourtant c'est bien d'une image gyptienne
';
Carra de \'aux, L'Ahri'i/ des Mfi'i-cilics, p. 217. Une partie de ces nimes renseignements se trouvent dans Mourtadi ou dans Makrizi, et je m'en tais servi il y a vingt ans pour expliquer l'origine des gnies qui gardent les berba {Mlangrs de mij1.
2.
t.
I,
p. 89-91). p. 179,
p. 3U1.
;{.')6.
458'
qu'il s'agit, et
tienne.
Au moment
Osiris
le
d'envoyer
son
Horus
fils
en guerre
contre
Typhon,
demande
tre
la bataille ?
Le cheval
Le
rpond
de tuer l'ennemi qui fuit'. Et de fait, un certain nombre de bas-reliefs ou de statuettes reprsentent Horus cheval, habill en centurion romain et
et
Osiris s'tonne:
cheval, ajoute-t-il,
Horus romanis devint un Saint-Georges, ^L Clermont Ganneau nous l'a montr il y a longtemps dj', et les tableaux qui dcorent certaines scnes coptes ont prouv combien sa dmonstration tait juste'. Le cavalier-talisman descend de ces Horus de l're impriale; s'il est de l'gyptien contamin d'empiquant
le
crocoJile de
la
lance.
Comment
cet
blmes trangers, il est encore de l'gyptien, et son nom de Saturne le prouve, car dans l'Egypte pharaonique, notre plante Saturne est un Horus, Harka ou Ilchakari'. Il reproduisait donc une statuette d'un Horus rel, ou une statue grco-romaine d'un hros mont sur un cheval ail, que les indignes croyaient reprsenter un de leurs Horus. Dans un ordre d'ides semblable, le roi Koftarim avait dress au-dessus des quatres portes de sa cit une idole en cuivre, dont l'influence endormait les trangers qui voulaient entrer si on ne leur soufflait pas au visage, ils ne s'veillaient plus et ils mouraient dans leur sommeil. Il btit de plus un phare lgant, en verre color sur un socle de cuivre, puis il planta au sommet une idole de verre tenant en main un
;
1.
Do
Isidc
ri
2.
Clermont-Ganneau, Horus
incdit
3.
du Lourrc,
extrait de la
Reue archologique,
Mmoires de
p.
la
Mission franaise du Caire, t. II, pi. XIX, LXXVI. 1. E. do Roug, Note sur les noms rfji/pfiens des plantes,
10 11, 20.
459
place, et
ds qu'un tranger arrivait, elle l'arrtait sur ne bougeait plus tant qu'on ne venait pas le dlivrer'. Le roi Adm, ayant construit un pont en marbre, y plaa quatre idoles orientes aux quatre points cardinaux
il
;
bnmdissaient une pe dont elles abattaient quiconque approchait dans leur direction'. Le rebelle Oun perche de grandes images d'aigles sur les remparts de son chteau, rige chaque angle un cavalier arm d'une pe et regardant au dehors, hrisse le seuil des portes de scorpions
elles
magiques qui arrtaient les trangers lorsqu'un habitant de la ville ne les accompagnait pas '. La plupart des autres souverains avaient recours galement ces moyens de dfense, mais la description qui nous est donne de leurs engins merveilleux ne varie gure que par le dtail ce sont toujours des figures mobiles qui immobilisent l'ennemi ou qui le
:
font prir par des procds difrents. Je ne crois pas qu'on ait
rencontr rien de pareil dans les documents hiroglyphiques connus jusqu' prsent, mais une conception analogue avait cours en Egypte avant la conqute musulmane. Le roman
du pseudo-Callisthnes dbute, comme on sait, pir l'histoire fabuleuse du dernier Pharaon indigne, Nectanbo. Ce Nectanbo passait pour tre l'un des ma'j:iciens les plus redoutables qu'il y et au monde, et il mrita bien cette
rputation
si l'on
en juge par
les
appliqua
la
Lorsqu'une force
))
d'ennemis s'approchait de lui, il ne convoquait pas les mine prparait la guerre, mais il s'enfermait dans une chambre secrte de son palais, seul, en ayant soin d'emporter un bassin avec lui. Il le remplissait d'une eau trs pure, il modelait avec de la cire un vaisseau en miniature,
lices, ni
1. 2. 3.
Carra de Vaux, L'Al/r;/>'' des MovroUJoa, Carra de Vaux, L'Abrj dos MfrrciUes, Carra de Vaux, L'Abrg des Mer rei lies,
p. 2.38.
p. 245.
p. 356.
460
et
le
dhommes.
Sitt qu'il
))
mouvement.
Il
saisissait alors sa
baguette
du
l'approche prissaient dans les flots'. Ici le talisman, au lieu d'tre permanent, doit tre construit et consacr chaque occasion nouvelle, mais le principe ne diflre
point, et chez le
le
mcanisme de
lieu des
l'opration est le
la ville
mme
ou
le
royaume
et sa vertu tient
armes dont
les
du
rcit
grec jusque dans des crits rdigs en langue gyptienne. Ce petit bateau de cire dont Nectanbo se sert, on le retrouve dans le roman de Salni, avec sa chiourme doue de mouve-
ment. Satni le construit afin d'atteindre srement l'endroit du Nil o le grimoire de Thot est cach les poupes l'y mnent, et aprs avoir ram, elles travaillent avec lui mettre le fleuve sec vers le point ncessaire'. La matire
;
que Nectanbo emploie est la matire magique usite pareil par les Egyptiens d'poque pharaonique. Dans le Conic de C/iops, c'est avec de la cire qu'un magicien ptiit le crocodile qui, jet l'eau, s'anime et dvore le page adultre'. Les constructeurs et les dcorateurs des temples avaient eu soin d'ailleuis de placer sur le linteau
en ais
des portes, sur
les
mme
pylnes,
le
le distjue
l'si'iidu-Colllsihi'nrs, d.
Mullcr-Didot,
f/
p. 1-2.
2.
t.
Masf)er<>, \lrltini/r.s
de
iiii///i(jl(>;/ri!
d'di'clu'uluyii' ('i/i/pficunt'S,
III, p. ;i57-:$60.
i.
Maspero,
Li's
Cunlrs
fxjftiihiirrs
tir
l'Ei/j/plt.
(i.ncwnn<',
2'
d.,
p. ii(J-<;i.
461
le
scarabe,
et
devant qui
ils
sont'
impies tombent renverss en tout lieu les avant-corps de lion servant de gouttaient des
portes
l'ennemi.
mmes On peut
suivre
dveloppement d'une
mme
soi, les
Au
symboles sculpts autour des portes des villes, les seules parties de l'enceinte qui fussent le plus souvent en pierre, constituaient de vritables dfenses contre tout ennemi, visible ou invisible, contre les mauvais esprits et les envahisseurs indignes ou trangers. Cette ide se restreint avec le temps un petit nombre de ces images, que la croyance populaire estimait plus efficaces que les autres, mais tandis que la quantit diminue, les vertus s'accroissent et s'tendent. Les talismans de ce genre n'agissent plus seulement contre l'ennemi qui s'approche d'eux ils signalent l'imminence du danger, ils foudroient distance, et l'oprateur peut concentrer et diriger leurs nergies au point d'aller frapper qui il lui plait. La dfense talismanique des maisons ou des cits humaines est une conception pharaonique au mme titre que le reste dos ides magiques, seulement elle s'est prcise et entoure d'un merveilleux de plus en plus fantastique mesure que l'Egypte vieillissait, et elle a atteint son dernier degr d'tranget dans les livres auxcjuels notre auteur puisait des renseignements. J'ai vit d'indiquer au passage les ressemblances que beaucoup de ces histoires prsentent avec certains rcits rpandus dans nos pays d'Occident je ne puis pourtant quitter cette partie de mon sujet avant d'en avoir touch
figures oues
:
:
1.
Naville,
Le mythe d'Horus,
(Description de
pi.
XIX,
1.
3,
3;
cf.
Letebure, Rites
p. 87),
ijijptiens, p. 79-80.
2.
Pliilae
t.
l'iji/pte, Anti'/uiis,
t.
t.
I,
Kdfou
(ibid.,
I,
p. 306-307),
Dendiali (ibid..
III, p.
314-315).
462
deux mots. Je me bornerai prendre quelques-uns des prodiges attribus Virgile, et dont on rencontre l'quivalent
dans l'Abrcr/ des Merveilles. On sait que le pote magicien avait rempli Naples d'abord, puis Rome, d'uvres merveilleuses un cheval de bronze qui guarissoit de chascun maintenant que mal les chevaux qui malades esloient, vu l'avoient une mouche de cuivre, (jui, expose sur une
:
place de la
et qui
ville,
:
empchait toutes
la statue
dans l'enceinte
menaait d'une flche le d'empcher l'ruption du volcan. Nous avons dj rencontr l'archer parmi les talismans que dcrit notre auteur' le cheval et la mouche, malgr leurs proprits contraires, les relvent d'un mme concept entirement gyptien '. Du semblables sont sauvs ou dtruits par les semblables moment qu'il suffisait une femme de toucher la mamelle d'une idole talismanique, vache ou femme, pour que ses propres seins se remplissent de lait, on ne devait pas trouver de difficult admettre qu'un simulacre de cheval vigoureux, enchant d'une certaine faon, rendit vigoureux
; :
tous
les
magique.
chevaux qui entraient dans sa sphre d'influence Par un efet analogue, une image d'homme
ou d'animal, enchante de faon contraire, devait nuire aux hommes ou aux animaux de mme espce qui s'exposaient ses effluves. L'Abrg des Merceilles ne connat pas seulement la mouche tue-mouche, comme la lgende
virgilienne,
mais
le
lion tue-lion,
et
vingt autres
btes
Le
roi
Marqounos
avait fabriqu
des images de reptiles, de grenouilles, de scarabes, de mouches, de scorpions et de divers insectes; places en
1. t.
Voir plus haut. p. 458-459 du prsent volume. Le roi Bilatis dressa autour d'un bassin des idoles de toutes sortes de formes, animaux, reptiles, oiseaux chaque animal tait attir par l'idole qui lui ressemblait et se laissait prendie prs d'elle la luaiu
:
di'n
McrccilU-s. p. 27^).
463
elles, et
quelque
semblables
elles les
ou qu'on vnt les tuer' )). Ailleurs ce sont des images de corbeaux qui fascinent des corbeaux', et partout on remarque entre les variantes orientale et occidentale une
diffrence
dtruit par
il
talisman,
comme
de
dans
la
lgende virgilienne
meure
ou qu'on
.
Ce
trait
la fascination est
le
crocodile,
par
une dmarche particulire. On se dfendait d'eux par des invocations graves sur une stle ou sur un amulette en forme de stle, qu'on pouvait porter sur soi et qui constituait un vritable talisman. On y apercevait sur l'une des faces un Horus enfant, foulant aux pieds deux crocodiles et brandissant de chaque main une poigne de lions, de gazelles, de scorpions, de serpents. Les auteurs qui ont fourni la matire de l'Abrg des Merveilles songeaient-ils une stle de ce genre, en dcrivant un des talismans dont ils attribuaient l'rection un souverain antique? Koftarm avait dress une colonne de cuivre
le
geste, par
))
serpents approchaient de
oiseau jetait un
.
sifflement
aigu qui
les
mettait en fuite
le
L'oiseau
n'e.-t
plus
frquemment sur
est l'per-
une
vier,
colonne dans
l'oiseau
le
les
monuments pharaoniques
et
je
d'Horus,
ici.
ne
doute
point qu'on ne
doive
1.
reconnatre
Carra de Vaux, L' Abrge des Mormilles, p. 285. Carra de Vaux, L'Abrg dos Morr cilles, p. 184, 243, o le motif qui rendit la fabrication du talisman ncessaire est racont chaque fois de faon diffrente. 3. Carra de Vaux, L'Abrg des Merceilles.
2.
461
du mauvais il, et son il lui, une des armes les plus puissantes qu'on pt
Il
mettait en
mouvement
toute une lgion de gnies qu'on voit figurs sur la str/e de Metternich, le plus beau de ces cippes; d'Horas dont je viens de parler. La mode s'en rpandit l'poque grecque,
comme
ciiez
les
indignes,
et
elle
de
talismans
taient
j'ai
la
mode.
Aujourd'hui
vu des
fellahs
en porter
comme
amulettes, ou
ttes de serpent en terre maille dans un coin de leur maison, afin d'loigner les insectes venimeux et les reptiles.
Rome, dans le palais de l'empereur, et dont les pareils se rencontrent chaque instant dans V Abrg des Merveilles'. Il me parat rsulter de l'analyse
les
lgendes arabes et
les
lgendes occiden-
une source commune ce qu'elles connaissent sur les talismans et sur les uvres de magie. Cette source est probablement celle-l mme que les crivains musulmans
tales ont puis
indiquent, les feuillets des Coptes, les livres des Coptes, les
mmoires anciens interprts par les Coptes, et dont l'authenticit est admise par M. Carra de Vaux. Que ces documents aient t en partie au moins des crits en langue
copte, plusieurs indices permettent de le penser. L'auteur,
nous
compagnons de
Mizraim,
tous
fju'ils
nommrent
Mfah, nom qui, dans leur langue, signifie trente ; c'est la ville de Monf ou Memphis \ Mefi jmeqi est en effet
1.
diens
pour
le
niinjir.
cf. L'Alir'''<jr
dfs Mi-rrcillrs,
p. 233.
465
de Memphis ', qui doit tre fort vieille, puisque le prophte hbreu Ose la connat dj* elle drive trs naturellement du nom primitif Mnnofirou, par Mannouh, Memphi, et par consquent elle n'a pas la signi;
nom
fication
la
que l'arabe
un homme parlant
la rapprocher du mot qui signifie trente en gyptien, maac, maaoe, ju...&, xt^t^S^e,. En cherchant bien, on trouverait deux
ou trois autres passages qui indiquent chez l'auteur primitif une connaissance exacte des dialectes indignes de l'Egypte. Le premier historien qui crivit en arabe ces prtendus annales des rois devait s'tre renseign, au moins en partie,
dans
les livres
oriental,
coptes auxquels il se rfre, et, selon l'usage chacun des extraits qu'il en fait doit reproduire
ait
indignes
des
livres
o
soi,
les
merveilles du
d'invraisemblable en
rebuts de
la
bibliothque du Dr
fragments d'une version la biographie miraculeuse des vieux Pharaons intressait les habitants de l'Egypte autant que celle du conqurant macdonien, et l'immensit des temples ou des villes ruines
:
les
ct desquelles
ils
vivaient
devait
forcment entretenir
qui composaient l'histoire. Ces livres taient bien, dans leur forme dernire, des ouvrages rdigs par des Coptes, c'est-dire par des gyptiens convertis au christianisme
Etienne Quatremre, Mmoires historiques
t.
;
la
1.
et
gographiques sur
l'Egypte,
2.
I,
p.
6,
219-220.
Ose,
IX,
les
Septante donnent
ii,
IMipi^i;
P]i
pour traduction du
a
le
nombreux passages o
Noph
mme
sens
xxx,
Nouft,
((
semblent indiquer une abrviation populaire, o l'on aurait dit la bonne , au lieu du nom complet Maunouli-Mannoufr.
T.
BiBL. GYPT.
XXVIII,
30
460
faon intime dont les lgendes bibliques y sont mles et la mention perptuelle des moines en sont la preuve. D'autre
part, des faits sur lesquels
il
me
montrent que ces ouvrages coptes n'taient eux-mmes, comme le roman d'Alexandre, que l'adaptation d'crits grecs plus anciens. On sait avec quel soin les Grecs d'Egypte avaient dcrit
les
principales
villes
du pays,
'
Alexandrie, Naucratis, Arsino, Hermopolis, Mempbis ces descriptions historiques se compltaient aisment de
:
dtails extravagants sur les dieux, sur les cultes, sur les
monuments, sur
machines, et les fables que le pseudoCallisthnes dbite propos d'Alexandrie nous montrent combien le fantastique l'emportait sur le rel dans ce qu'on
les
moment o
les
roman furent
On
dirait l'extrait
d'un livre sur les Mirabilia Alexandri, analogue au trait que l'on connat sur les Mirabilia Romw, et le mme
avait altr de la sorte l'histoire d'Alexandrie n'avait pas plus respect celle des autres cits de l'Egypte. Ce sont ces traits des Merveilles aujourd'hui
Coptes durent traduire du grec comme ils avaient traduit le roman d'Alexandre, probablement en y mlant des traditions qui couraient de leur temps parmi le peuple. En rsum, si l'on admet les donnes qui semblent
perdus que
les
pharaonique est arrive l'auteur de l'Abrg des Merveilles et aux crivains arabes qui l'ont prcd par deux .sries d'ouvrages intermdiaires, des livres crits en grec o les singularits et l'histoire fabuleuse de l'Kgypte taient
1.
dans Lumbi'oso, Suoi-i Studj Alcssdiidriiii. p. 32 sqq.. Arr/iroluijla Alessandriwi, p. IS 22. 2. PscudoCallislIines, dit. Muller-Didot, p. 32-38.
Cf. l'numration des auteurs qui avaient crit cea descriptions et Aneddoti di
467
nouveaux.
J'ai insist
de prfrence sur
Il
les
unissent le merveilleux
d'poque pharaonique.
la
mle ncessairement
et,
les
rmi-
ments grco-romains s'y rencontrent en nombre. Les sciences naturelles, la mcanique, la mdecine, l'astronomie, s'taient trop dveloppes dans les coles d'Alexandrie pour que les rsultats en eussent pass inaperus dans le reste du pays. Personne, parmi les provinciaux, n'ignorait l'existence d'un monument tel que le Phare dont la gloire courait le monde, et ce qu'ils voyaient ou ce qu'on leur contait des miroirs ou des automates fabriqus par les physiciens de la
graiide ville surexcitait leur curiosit, mais
saient,
ils
ne russis-
les
cevoir
explications
pour tel fellah moderne, un afrte que les Europens emprisonnent dans sa chaudire par prestige et art magique'. Phares et miroirs, le fellah antique se persuadait sans cesse qu'il y avait de la sorcellerie cache dans les inventions ingnieuses de ses contemporains, et il eut vite fait de les classer parmi les talismans de vertus trs occultes. Les miroirs refltrent les quatre parties du monde avec les voyageurs qui se dirigeaient vers l'Egypte', ou ils immobilisrent les navires qui prtendaient chapper aux droits de page institus par les souverains'; les phares
1.
t. II,
Maspero, Mlanges de
p. 249.
int/tholof/ic et
d'archologie gi/ptiennes,
Carra de Vaux, L'Ahrfj des Mem'illes, p. 201. Carra de Vaux, L'Abrg des Merceillos, p. 281. Il y a l un dveloppement de la lgende d'Archimde brlant la flotte romaine avec
2. 3.
468
ne furent plus
miroirs miIl
de ce genre, car on y retrouverait parfois le souvenir d'appareils analogues ceux des mcaniciens alexandrins, mais cette tude m'entranerait
trop loin. J'aime mieux aborder, sans plus tarder,
sion d'un ordre de faits diffrents
:
la
discus-
qui dguisent
les rois
Beaucoup de noms
ils
offrent
un aspect caractristique,
et
premire vue dans plusieurs catgories, dont chacune a son origine certaine. Quelques-uns sont grecs ou
se classent
hbraques; une assez petite quantit est arabe, une plus grande gyptienne, mais avec une tournure hbraque ou hellnique; le demeurant est gyptien, mais il a revtu une forme si bizarre qu'on ne peut plus l'interprter coup sr. Un tel mlange n'est pas pour tonner dans une rgion o tant de races htrognes ont domin tour tour; on devait mme l'attendre a /j/vo/7 aprs les trois rvolutions qu'elle a subies depuis le IV*^ sicle, la conqute macdonienne, le triomphe du christianisme, l'occupation musulmane. Le contingent arabe est trs faible, et on le conoit aisment du moment (jue l'on regarde l'histoire fabuleuse comme une compilation excute aux dpens d'ouvrages byzantins bientt aprs la prise de possession'. Les premiers des nouveaux venus qui l'crivirent taient trop rcents encore dans la valle pour avoir eu le temps d'y rpandre leurs propres
traditions, et, sitt qu'ils l'eurent publie en leur langue, le
si
vif
la surface polie
portaient
magique distance, de
mme
2.
3.
Carra de Vaux, L'Ahfci/i> des Mcrccillrs, p. 282. Carra de Vaux, L'Abn-ij tins Mn-rrUlcs, p. 22U 221, 238. Cf. CL' qui est dit plus haut ce sujet, p. 461-162 du prsent volume.
469
modifier de faon
une demi-douzaine d'autres, mais plus d'un auquel on est tent d'imposer une extraction pareille n'est aprs tout qu'iui Egyptien arabis. El-Boudashr' se laisse ramener trs bien la vieille langue, malgr son article d'emprunt, et il se dcompose exactement en Poa-tashr la maison rouge ': comme en Oshmoun, en Sa, en Attrb, on devine en lui un ponyme lev la divinit royale. L'lment purement grco-romain est moins fort que l'arabe c'est un FilamounFlimoun', qui rpond soit Philmon, soit Philammon, c'est un Markounos* o l'on sent un allongement de Markos, c'est un Markoura-Merkourh'' issu d'un Merkourios de l'hagiographie chrtienne, c'est un Tousidoun-Nousidoun qu'une simple rectification des points diacritiques ramne Bousidoun, le Posidon del mythologie ou son driv Posidonios\ Les noms hbraques se trahissent d'ordinaire par leur finale en fm, et les chrtiens les ont extraits de la Bible afin de les introduire dans la tradition, Mizram., Shmoun, Koftarim,
:
Carra de Vaux, L'Ahr<jc des Mcrcc'dles, p. 241. Sur ce qu'tait le Paj/s Roufje et sur les noms gographiques forms avec le mot dashir, cf. Brugsch, Dictionnaire goiintpjiiquc,
1.
2.
p. 965-976,
nom
/i^ @
en
les
5. 6.
L'Abrge des Merveilles, p. 167, 229-234, 276. L'Abrg des Merveilles, p. 283. L'Abrg des Merveilles, p. 271. L'Abrg des Merveilles, p. 189-191. La correction
au
lieu de
propose fournit
les
^j_J-V..^J)
^jj^^y ou de
i
ou en e final
noci-2k.coui.
noms
IIotzioV/io;
deviendrait ainsi
noycei-
470
Khaslim, Loudjim. vlizraim a dpouill quelquefois son vtement libraque et il s'est rduit Mi/r'. Sliimoun est un dcalque de Simon le magicien, celui dont les fidles avaient gard un souvenir si lamentable*. Khaslim et Loudjim paraissent se confondre avec deux des tils que l'criture sainte assignait Mizraim, Kbasloukhm et Loudim', et Koftarim est sans doute le Caphtorim de la mme gnalogie.
De
important,
Coptes*.
et les
augment cette srie d'un nom trs Koftm ou Kobtim, l'anctre mythique des
Le mot d'gyptiens, a-y^'.o'., par lequel les Grecs Romains dsignaient officiellement leurs sujets indiil
langue parle;
mot Coptos,
et l'identit
1.
livre (Carra de
L'auteur de l'Ahrfj emploie Mut- dans la premire partie de son Vaux, L'Abrijc des McrvcUlcs, p. 105. 112), o il a suivi
la
matire de
la
seconde partie.
2. Carra de Vaux. L' Abroge drs Mrrreillcs, p. I(i7. Slinioun est un devin qui allumait le feu, prononait dessus quelques paroles et en faisait sortir des figures de flamme . Il y a l un souvenir de la doc-
trine de
3.
Simon sur le feu, cause premire du monde et crateur des tres. Carra de Vaux. L'Abrc<jc des Mcrreillrs, p. 183-184, avec la vaLoukhm, ^^J, pour Loudjm,
/-o-jl,
riante
Kliaslim
est
une forme
mutile de
Penlnteiich
Xxi'/.fn-.zAj..
intermdiaire
(Lagardc,
entre Kaslouklim et
l.optisrli,
les Co|)tes
Der
une faute de lecture ancienne pour itip^kcAdmiJu). Loudjm rpond probablement l'autre
iti5(^&.c*wCoi\iJUL est
fils
t-,
arabe au
le
de
la
forme grecque
.Wjv.v.'i.
prononce
Aoj-.ijj.,
XvJjJzvi.
texte copte
donne 'Aot-^iai, 'Lagarde, I)er l'enlatenrh /.npfisch, p. 20). 4. Carra de \'aux, L'Abrg des Mei-rrilles, p. 105, 230. Dans le pi-emierde ces pa.ssages, qui est emprunt une source diffrente, le nom est vocalis Kobtm au lieu de Kobtm, et cette modification a pour objet probabli de faire mieux ressortir l'tymologie la forme copte du
:
nom
de
la ville est
en
ellet kcitu),
uenTU).
471
devoir son
Koft,
d'tymologie'. Or Coptos elle-mme, qui pouvait elle nom sinon un prince qui l'avait fonde? Kobt-
ponyme de Coptos
les
et des
pourtant parmi
enfants de Mizraim, et
fallait
deviner
un moyen de l'y introduire. Un passage deV Abrg o l'auteur, numrant les quatre souverains qui se partagrent l'Egypte aprs le Dluge ', donne Kobtm au lieu du Koftarlm qu'on rencontre d'ordinaire cette place, semble montrer que
l'on
commena par
fils
de Mizram dont le nom ressemblait au sien, Kaphtorim, et un des procds usits dans la
avec celui des
plus
vieille
onomastique facilita l'opration. Les noms antiques en -r final, dont les listes manthoniennes abondent, perdaient sans peine cette syllabe Zosirkr Saint est le double du Soleil s'abrgeait en Zosirk Saint est le double , et Zosirk ou Zosirkr dsignait indififremment le Pharaon Amn6thsl*'^ A force de retrancher -r, le peuple s'tait persuad lui-mme qu'il avait le droit de l'ajouter aux noms qui ne le comportaient pas il crivait Appi-r, Khoufoui-r, au lieu d'Appi ou de Khoufou-Chops'. Kaphtorm-Koftarm tait Koft ce que Sosirkcrs tait Zosirks et il pouvait sembler un doublet authentique, surtout si l'on joignait Kobt-Koft la finale -/m qui distingue les fils de Mizraim dans la Bible. Une fois install, Kobtim ne tarda pas conqurir le rle prpondrant il prit pour lui la qualit de fils de Mizraim et il retint Koftarim pour
: :
:
1.
La
rsolution de
*.i
Tioc,
ne-rynTioc,
le
Gi/plicn,
3.
4.
Carra de Vaux, L'Abrg des Merceillrs, p. 281. Papi/rns Abbott, pi. II, 1. 2, on a Zosirk pour Zosirkr.
et
Appi-r se trouve pour Appi au Papyrus Sallier n" I, pi. I, 1- 1, Khoufou-r pour Khoufou dans les graffiti de Bni-Hassan (Charal't
de la Nubie,
t.
II, p.
423-42.}).
472
son propre
la
fils
luiKobtim. La srie Mizraim-Caphtorim de la srie Mizraim-Kobtim-Koftarim, et celle-ci descendit des Byzantins aux Arabes en mme temps que le reste de l'histoire fabuleuse. Il va de soi que les noms hbreux n'ont pas t emprunts immdiatement aux Juifs ni aux crits de langue hbraque; ils manent du grec des Septante ou des traductions coptes excutes d'aprs les Septante. Chose curieuse, et qui prouve une fois de plus combien peu les rdacteurs de cette histoire avaient puis aux sources purement indignes, les noms gyptiens eux-mmes n'y sont pas admis avec leur physionomie relle, mais ils avaient d s'habiller la grecque, comme les autres, avant de parvenir aux compilateurs arabes. L'exemple le plus cjiractristique de cette transmission indirecte nous est fourni par un certain Afrous, Afrous', dont le prototype ancien est Apris-Ouaphrs. Ouaphrs, l'un des rares Pharaons nomms dans la Bible*, dut cette particularit d'tre populaire parmi les Juii's d'Alexandrie. Au moment o ceux-ci, mis par les Ptolmes en face des annales gyptiennes, y cherchaient des synchro-
Gense
le
cda dsormais
nismes leurs annales propres, certains de leurs savants se servirent de lui selon les besoins de leurs systmes Eupolme le dclara contemporain de David et lui ouvrit un commerce pistolaire avec Salomon', mais dautres prfraient
:
qu'il
et t
le
avec
dans
les
est
2.
3.
t.
III. p.
225-
226.
4.
5.
Ln
La forme
o:a?po;-o:a?{>io; a t
probablement d'aprs
le
un
473
par Mnaous', et si Menkaous' n'est pas Mnakhos, l'un des fils d'yEgyptos dans la lgende alexandrine', peut-tre y doit-on reconnatre un largissement du thme de Mnes, Menkaoa, celui dont les
l'quivalent de
mme
Mano,
grecques l'ait qu'on hsite parfois entre deux conjectures; Marinos* est-il un nom grco-romain, Marines, ou la variante de l'gyptien Mares, Maris, l'ami de R ? Le nom de Mares tait fort pris des chronographes; Eratosainsi
thnes l'avait admis dans son Canon trois fois avec des nuances d'orthographe. Mares, Maris et Muris; un successeur imaginaire d'Amasis s'appelait Maros ou Mondes ^ et Merri, Merris, Merrin tait une fille du soi-disant pharaon Palmanths, contemporain de Mose ^ La variante Merrin de Merr justifierait comme on voit la variante Marinos, de Mari. On doit remarquer d'ailleurs que cette finale en -inos parait avoir t usite trs anciennement pour les transcriptions
des
:
noms
gyptiens,
car on
la
note dj chez
Hrodote
1.
les
sicle
cite par
Carra de Vaux, L'Abir</ des McrvciUa, p. 2rJ, 260. Une glose M. Carra de Vaux (p. 260, note 2) montre chez un des copistes arabes la proccupation de retrouver dans ce nom quelque chose de
connu: Menous
^jlu
est,
dit-il,
le
mme
que Menaoul
jkijljL*
Manuel. 2. Carra de Vaux, L' AUriuj des Merceilh'S, p. 220, 3. ApoUodore, I, 5, 5, dans MUer-Didot, Frarjmcnta Historicoruin
Grcorum,
4.
t.
I,
p. 127.
Carra de Vaux, L'Abrc;/ des Mercviib's, p. 263. 5. Diodore de Sicile, I, 61, 97. 6. Artapan, dans Miiller-Didot, Frag/ncnta Historicoruin Grcoriun, III, p. 220 et suiv.; Chronichon Pascale, p. 64. Je pense que Palmanths est une faute de copiste pour Paamanths-Phaamanths, et que l'on a ici la variante connue Phamnth-Phamnths, du nom connu Amntlii'.s, Anienliotpou. Le Pharaon contemporain de Mose aurait t, pour Artapan, l'Amnths du colosse de Memnon, Amnths III.
fc.
474
L'Armalinous de VAb/'crjc" est aussi, je crois, un de ces composs, et la lgende classique connaissait un Arminos d'assonance analogue, au(juel elle attribuait une rforme du calendrier' les deux sont probablement, comme Armittos', des variations d'Armaios et Armais, le Pharaon Harmhabi*. La flexion en -es, si frquente dans les transcriptions grecques, se rencontre moins souvent que la flexion en -on dans V Ahf'j : on l'y observe pourtant, rendue par -s selon les lois de l'itacisme, et plusieurs des mots qu'elle signale se lais:
masculin
de Biltis ou de Ltis indittercmmcnt"; celui de ce berger Pliilitis (fi-'AiTic), dont Hrodote nous parle propos des Pyramides' ? Tdaris est une leon fautive, et les manuscrits nous donnent avec Badaris", un doublet Ptrs de Ptplircs, le don de R, le maitre de
nom que
Josepii dans
la
Bible.
On
voit
combien
la
de restaurer l'orthographe et la signification originale d'aprs celles de Y Abrcij. Les confusions de lettres invitables dans l'criture arabe ont multipli les fautes, et, celles-ci s'aggraCarra de Vaux, L'Abrrjv des McrrriUes. p. 225. Ccnsorin, V.K d. Jalin, p. TxS; Airanis reparat d'Egypte dans la chronique d'Aboulfaradj.
1.
2.
!^
comme
roi
A. 4.
les deux variantes qu'on rencontre dans les extraits de Manthon (Mlier-Didot, Frca/menla Histuricoruni fnccorum, t. II, j). 572-57'.)). Le h ctryptien se prononait c, et Harmhabi aboutissait ncessairement en grec ApaiF----, Armais. 5. Carra de Vaux, I.'Ahrr;jr don Mrrreilli's, p. 320 Touts est Ho^Or,:. 6. Carra de Vaux, L'Ah/-r</i'' des Mcrrcillcs, p. 38i), note 2.
:
7.
Hrodote,
II,
cxxviii;
cl.
p. 477-178.
S.
MenctUcs,
p.
300, note
1.
475
vant de copie en copie, les noms sont si dnaturs aujourd'hui qu'on dsespre souvent de les ramener leur apparence
premire. Lors(|ue
les
dbut ou qu'elles sont tombes en chemin, un seul indice nous guide pour apprcier leur valeur et pour nous assurer s'ils sortent ou non du vieux fond infaisaient dfaut ds le
digne,
la
multiplicit des
mtamorphoses
le
Puisque
et,
les scribes
ont intitul
Hardjib,
d'autre
le
mot
comme,
part,
on peut admettre qu'il est gyptien sans invraisemblance, mais quel prototype se dissimule sous ce dguisement flottant? Peut-tre russirait-on distinguer parmi les leons
celle qui permettrait de le dmasquer, mais ce serait beaucoup de peine pour un rsultat assez mince. Il me suffit, jusqu' prsent, d'avoir montr que les plus nombreux de ces noms baroques appartiennent l'gyptien pur ougrcis, et qu'ils reprsentent par consquent une tradition gyptienne antrieure l'invasion musulmane. Et maintenant, qui en doit-on le classement et l'organisation des dynasties ? Il convient de faire remarquer
la
mme
espce
n'ont pas la
prtention de nous
exposer l'histoire entire de l'Egypte, mais seulement les vnements qui s'y succdent depuis le commencement des empires jusqu' la mort du Pharaon de l'Exode. Le schme
actuel comprend, en premier lieu, dix-sept rois antrieurs
au Dluge, depuis Nqraous juscju' Farn, le rcit sommaire du Dluge, l'avnement deMizraim, le rgne de Koftim et
le
de ce dernier, Koftarim, Oshmoun, Athrib et Sa. Quelques gnrations plus tard, le Pharaon d'Abraliam
fils
1.
p. 28, uote 2.
476
la ligne de Sa
surviennent
le
au moment o les charriers et les cavaliers viennent de se noyer dans la Mer Rouge. C'est Ihistoire de l'Egypte adapte celle des Hbreux, et cette manire de l'entendre, qui rpond d'ailleurs celle des chronographes byzantins, ne peut pas avoir prvalu avant le triomphe du christianisme. Le Dluge y marque le point culminant or l'ide en tait trangre aux ges pharaoniques, et, si ({uelques-uns la connurent
;
sur
le
pour que la chroni(|ue fabuleuse en tint compte, tant que la masse de la population demeurait paenne. Lorsqu'il fallut l'y introduire, l'opration ne laissa pas de prsenter quelque difficult. Tout d'abord, les chronographes juifs ou chrtiens, rencontrant Mens en tte
les religions locales
le
de No, celui
mme
gyp-
de tous aurait d obliger les conteurs reculer le Dluge avant toute royaut, mais, d'autre part, une tradition s'tait implante, qui mettait les pyramides en rapport avec le
Cataclysme universel, et les variantes en taient trop rpandues, elles aussi, pour (ju'il ft permis de les ngliger. Le peuple considrait depuis longtemps les tombeaux memjjhites ou thbains comme autant de rserves mystrieuses,
o
les
permis de
les
eux-mmes
gardaient et livraient bataille qui y pntrait pour les dpouiller qu'est-ce (|ue le roman dmotique de Satni:
1.
l'iiiir
du Syncelle
et
des ;iutios
Mant.
l'nnjiiK'iUii
Ilisluiicoru/n Grcoruni,
II,
477
Khmos, sinon le rcit d'une lutte engage pour la possession du grimoire de Thot par un sorcier, fils de roi et magicien mais vivant encore, contre une famille d'autres sorciers galement fils de roi mais enterrs depuis des sicles' ? Lorsque les Juifs, puis les Chrtiens, visitrent les syringes du Bab el-Molouk, ils ne purent se persuader que tant de travail y avait t prodigu pour la scurit d'un cadavre unique ou pour le bonheur ultra-terrestre d'une seule me. Ils crurent, avec les fellahs du voisinage, que les tableaux tracs sur les
parois y ternisaient la mmoire des arts et des sciences pratiqus par les vieux sages, que les inscriptions rvlaient
les
formules ncessaires
l'in-
demandant
le
quel propos on
avait voulu
emmagasiner
ils
d'une
civili-
sation complte,
n'imaginrent dans
capable de justifier pareille prcaution, la crainte du Dluge o l'humanit avait pri sauf No et les gens de sa famille.
On
affirmait
dans Alexandrie au
le rpte,
IV**
sicle, et
Ammien
que
ils
Marcellin nous
redoutrent
:
la
ft oblitre
ils
creusrent
d'animaux que
on
le
les
l'ciiiplc
208.
2.
Ammien
quidam
terarotur
et flexuosi secessus,
Marcellin, xxii, 15, 30 a Sunt et syringes subterranei quos (ut fertur) periti rituum vetustoruni
:
adventare
diluvium
praescii,
memoria penitus
et
multa
animaliuni
.
innumei-as,
quas iiierographicas
adpellarunt
478
par exemple,
faisait
vnrer en elles
patriarche afin
de loger
pourtant
le
triomphe de ceux qui les prtendaient contemporaines du Dluge. On lit dans l'Abrg et chez nombre d'crivains arabes qu'une nuit la sphre descendit en songe,
le
sous
les traits
fils
de Salliok
la
terre se
s'clipsa.
le soleil
Le
il annona, d'aprs leurs conjonctions, un dluge d'eau qui dtruirait partiellement les hommes, puis un dluge de feu qui anantirait l'univers jamais. Saurid
pyramides de
d-
poser l'abri de
invents jus-
du pass
de toutes sciences il y avait l une somme de richesses que l'on ne peut valuer'. Le nom du magicien, Flimoun-Pliilmon,est dj un indice d'origine byzantine, et ou
les lois
:
complaisamment
les
il en cite les n(jms en grec, Zaous, Arys, Afroudit, Qrounos, Silin, Ailious*, avec traduction arabe. Il est probable que, sous l'un des Csars, alors que l'on dressait le thme gnthliaque de tout
1.
'i.
Mar/nain,
s.
c.
-j^t.'/:;',
Grgoire de Tours,
le
I,
lU;
auteurs arabes,
cf.
Silveatre de Sacy,
Obserradons sur
nom
des
Pi/ramidrs,
:i.
p. 7, .54.
le rcit
Carra de Vaux, L'Abri'fj drs MorrcWes, p. 171 173, 20.3-20'.). C'est qu'on retrouve dans Ma(;oudi, dans Muurtadi, dans Makrizi et
arabes qui se sont occups des Pyramides. Carra de \'aux. L'Abn'';/ des Mcrvcillos, p. 205-206.
les liistoriens
chez
4.
479
ce qui attirait l'attention, personnes ou choses, quel(iue rveur songea reconstituer celui des Pyramides lui, ou d'autres aprs lui, on trouva leur horoscope assez semblable celui du Dluge pour en conclure que la construction des
;
monuments
avait
tre
Il
contemporaine du dsastre ou
le
avaient t difis, de
mme que les syringes, afin de dfendre dpt des sciences contre les eaux. Cette donne contredisait a priori celle qui rsulte de l'assimilation de Mens
Mizram. Les chronographes n'ignoraient pas, en eflet, que les pyramides sont l'uvre de Khops, de Khphrn, de Mykrinos,et les conteurs mmes qui substituaient des souverains apocryphes ces Pharaons, ne doutaient pas que leurs hros ne fussent postrieurs au premier roi humain ils taient donc obligs de placer le Dluge aprs Mens. Or Mnes tait Mizram, et Mizraim tait descendu en Afrique
;
le Dluge. On se tira de ce dilemme en dcomposant le personnage le plus gnant, et l'on dcida qu'il y aurait trois Mizram. Le premier avait fleuri quatre gnrations aprs la
aprs
cration, et on le
de Daoul, fils d'Arbk, fils d'Adam'. Il n'avait pas rgn lui mme, mais son fils Nqraous, le gailt, fuyant l'hgmonie des enfants de Can, avait colonis la valle avec soixante-dix et quelques cavaliers des descendants d'Arbk, et il y avait exerc la royaut. Nqraous avait eu pour successeur son propre fils,
disait
fils
de Mrakl,
fils
second le Dluge; il fut le fils de Bazar, fils de Kham, fils de No'. Un arrangement qui, maintenant l'identit d'un Mizram avec Mens, plaait l'rection des pyramides avant le Dluge et
le
grand-pre, et ce fut
l le
des Mizram
Le
Carra de Vaux, L'Ahrfj des Merveilles, p. 173-174. Carra de Vaux, L'Abrij des Meri-eilles, p. 176, 180-182. On verra plus bas, p. 488 du prsent volume, que les deux Nqraous de l'Abrg ne formaient l'origine qu'un seul personnage. 3. Carra de Vaux, L'Abrg des Merveilles, p. 231-232.
1.
2.
480
d'avoir un
Mizram
de sa-
au plus
si
dtails,
comme
nom la contre. Beaucoup penchaient vers le dernier, le seul qui figurt dans la Gense, mais les autres en accordaient la gloire au second, et ils affirmaient que Mizram, fils de Cham, s'appela ainsi d'aprs celui-ci dont il avait trouv le nom grav sur les pierres Flimoun, le prtre, l'avait instruit en ertet de l'histoire d'Egypte \ Ce systme tait dj complet l'poque byzantine, car l'auteur de V Abrg dit avoir emprunt aux cahiers des prtres et aux P^gyptiens ce qu'il rapporte de Nqraous, de Mizram II, de Mizram III J'ajoute, pour en finir avec ce point de mon sujet, que le nom de Nqraous est de provenance gypto-grecque, Nakhros,Nakiir, Narakhos. Un Nakhrs a son rle dans le roman alexandrin de Mose', et un Nakhor ou Narakh est indiqu par les chronographes chrtiens comme tant le successeur de Ssostris*. Voil pour le plan gnral la rpartition des dynasties trahit semblablement une origine antrieure l'Islam. Jusqu'au Dluge les souverains rognent successivement, chacun sur l'ensemble de la contre, mais ils ne sont pas encore des tres ordinaires. L'auteur de V Abrg dit expressment de
voir lequel des trois avait prt son
:
''et la
tournure du contexte
Carra de Vaux, L'Ahrrf/r drs Mcrrrll/ns. p. lSO-181. Carra de Vaux, L'Abrcf/ des Mcrreillcs, p. 180, 231 et suiv. Cl. sur ces autorits ce qui est dit la p. 444 du prsent volume. 3. Artapan, dans MUer-Didot, Fraymcnta Historicurum Grcorum,
2.
t.
III, p.
4.
221.
Pascale, p. 48, Cedrenus, I. 37, Cramer, Analecta Oxoniensin, IV, p. 221, Malala, C/ironicon, p. 59; comme Nqraous, le premier roi d'Egypte est <I>apa(i) y.al Napa/m y.aAojaEvo;, chez les
C/ironiron
Byzantins.
5.
p. 174),
Arbk est trait de g<''ant (Carra de Vaux, /.'A lirf/ des MerreiUes, Nqraous (p. 173). Mizi-ani II p. 181), Mnaous (p. 219), Farin
i
mme
qu'il
taille colossale; et
comme
d'Arbk'. On songe aussitt ces gants qui taient ns de l'union des anges avec les filles des hommes", et que le livre d'Enoch avait rendus populaires dans tout le monde judochrtien. Aussi bien
Panodore
la
rgypte. Leur nature mi-cleste l'avait engag les comparer aux dynasties de demi-dieux ou de mnes qui rejoignaient l're de la cration celle de Mns-Mizram il
;
leur accordait
mrite d'avoir enseign l'astronomie ainsi que les sciences aux humains, et son ide se retrouvait dans notre chronique fabuleuse, car c'est aux rois gants que
le
V Abrg attribue l'invention de la magie, de l'astrologie et des talismans'. Par opposition l'Egypte des temps antdiluviens, celle des
temps post-diluviens
se partagea
en plu-
encore, les Arabes n'ont fait que dvelopper une des ides de l'poque byzantine. Manthon prsentait les familles diverses des Pharaons comme ayant exerc le pouvoir l'une aprs l'autre, de Mens Nectanbo. Les compilateurs de ses listes avaient conserv l'ordre mme dans lequel il les avait numres ainsi que la quantit d'annes assignes chacune d'elles, mais l'addition des chiflEres partiels fourici
(p. 226)
:
de haut
(p. 190).
on donne mme la taille exacte de Shamroud, vingt coudes Les listes de Manthon mentionnent dj un gant
parmi les dynasties thinites, Nekhrphis, qui mesurait cinq coudes de haut et trois palmes d'paisseur (MUer-Didot, Fragmenta Histm-i-
Merveilles, p. 174.
Gense,
vi, 1-4.
3. Cf. l'extrait de Panodore au dbut des fragments de Manthon dans MUer-Didot, Fragmenta Historirnmm Greornm, t. II. p. 520.
31
482
Dissait
cilier,
un
total
si
le
rconsicles
faible
nombre de
que
depuis l'ge de Mns-Mizram. Entre autres procds que l'on employa pour effacer la contradiction entre les deux chronologies, on songea naturellement faire
s'tre couls
incommodes paral-
unes aux autres, et c'est une des solutions qu'Eusbe indiquait dj au IV'- sicle. Il admettait que des Tliinites avaient rgn ici, des Memphites l, des Saites et des thiopiens ailleurs, peut-tre d'autres dans d'autres
llement
les
endroits', et c'est lui sans doute que l'histoire fabuleuse emprunta l'ide de ses quatre dynasties aprs Mizram, l'ponyme hbreu de l'Egypte, il intronisait Kobtm, l'ponyme grco-gyptien' des Coptes, puis, aprs Kobtm, il divisait son empire entre ses quatre fils, Koftarim, Oshmoun, Athrib et Sa'. Sa est premire vue Sais hrose, et sa ligne est l'quivalent des Saites indiqus dans l'hypothse
:
le
nages qu'on puisse ramener une origine relativement aussi ancienne. En apparence uniquement, car l'analyse nous fournit pour deux d'entre eux des rapprochements curieux avec des noms assez antiques. J'ai insinu plus haut que Kofta-
',
et son
villes
l'a
1. Mller-Didot, Fraffinenta Historicorum Grcorum, t. II, p. 526 Quodsi temporum adhuc copia exuberet, reputandum est plures fortasse .-Egyptiorum leges un edemque ;t'late extitisse. Siquidem Thiiiitas aiunt et Mempliitas, Saitasque ac ^tliiopas rgnasse, ac intrim
alios
2.
quoque.
du prsent
vulume. 3. Carra de \'aux, L'AbiTi/r des Mcrrcilli-s. 4. et. p. ir>7 du prsent volume.
5.
p. 234.
483
localis
Coptos
il
tait
Memphite, car ce terme d'Egypte drive du nom sacr de Memphis, Hart]kouphtaIi Cette dynastie coptite avait donc commenc par tre une dynastie memphite soi-disant contemporaine des dynasties saites. Oshmoun est le patron d'Oshmounn, en d'autres
le
'
Thot, sous son vocable de Khmounou le dieu Huit, et plus d'un dtail montre qu'on avait pas oubli entirement sa nature divine au moment o on le choisit pour
termes
il
est
tre
un des Pharaons
les arts,
terrestres on lui laissa son got pour son quit native, ses qualits de magicien incom:
de
toutes les
On
lit
aussi dans
temps d'Abd-el- Aziz, fils de Merwn, un dans le dsert d'Occident, parvint devant une ville en ruines il trouva un arbre charg de divers fruits dont il mangea et dont il emporta provision. Un Copte expliqua au gouverneur que ce devait tre une des deux cits d'Herms, l'autre tant Oshmounn', et il ne se trompait gre. Thot le cynocphale possdait en Nubie une ville nomme Pinoubsou, en grec Pnoups, la maison de l'arbre Noubsou le napca, et l'on y voyait encore sous les Csars un grand arbre de cette espce auquel les habitants rendaient un culte ':1a ville ruine et l'arbre de l'Abrg sont videmment la Pnoups et le napca de Nubie, expdis au dsert par l'imagination du peuple, aprs la
l'Hgire, au
homme,
s'tant gar
Selon l'tymologie propose par Brugsch (Gcographischc InschrifI, p. 83). Les tablettes d'El-Amarna nous donnent dj ce nom sous la forme Hikoubta (Winckler, Die Tliontafeln cou El-Ainarna,
1.
ten,
t.
BibliotJie/,;
t.
V,
p. 126-1:^7,
n" 53,
37).
2.
Carra de Vaux, L'Abrg des Mercellles, p. 264-268. Maspei'O, Notes au jour le jour, 12, dans les Proceedin;/s de la Socit d'archologie biblique, 1890-1891, p. 525-527. La planche annexe ce petit mmoire montre l'image du Noubsou de Thot, telle qu'on la voit encore dans le temple de Dakkh.
3.
484
chute du paganisme '.Oshmoun est donc Herms-Tliot, mais comment Thot, qui figurait dj dans les dynasties divines,
devenu un roi des dynasties humaines, petit-fils de Mns-Mizram? L,a mtamorphose s'tait produite cette fois encore par un miracle d'tymologie. Les listes manthoniennes inscrivaient aprs Mnes deux princes, ses fils et petittait-il
dont les noms, distincts par l'orthographe et sans rapport avec celui du dieu, sonnaient tous deux Atouti dans la prononciation, en transcription grecque Athtlis. L'assonance entre Atouti et un nom frquent Thoutii, celui qui appartient
fils,
gyptiens que les drogmans 'KpaoYivr,; de la race d'Her mes, le nom de ces personnages, Athths I et II'. La confusion une fois tablie, on attribua l'un de ces rois le caractre et les ouvrages du dieu Manthon disait dj qu'il avait exerc la mdecine et compos des traits d'anatomie '. La tradition recueillie par l'auteur de V Abrg r'wQ de la source manthonienne, mais l'instinct de la symtrie avait entran l'auteur byzantin remplacer le nom propre du dieu par celui de ses surnoms qui faisait de lui l'ponyme d'une grande ville gyptienne. Athrb correspond l'Atliribis du Delta oriental et il y a peut-tre des consquences tirer de la prfrence qui lui est accorde sur Tanis, sur Mondes, sur toutes ses voisines. Elle eut une prosprit fort
rZ/o/, avait
si
bien gar
lui
les
d'Eratosthnes
traduisirent
1.
fcllaiis
En
net, et
du Said et de la Nubie en parlent assez souvent aux Europens. un voyageur hollandais, M. Insinuer, voulut en avoir le C(r'ur il entreprit un voyage la recherche de cette cit fantastique
dans le dsert l'ouest de l'Egypte; bien entendu, il ne trouva rien, mais cela n'tonna pas les indignes, car ils pensent, comme au temps de l'Ahrcf/i'-, que la ville ne so rend visible que pour un trs petit nombre
d'lus.
2.
Voir ce
sujet,
t.
'/nrh/iicfi
points,
dans
p.
le
Rpcunll de Traranx,
1.
XVII,
p. 70.
Crrornm,
t.
II.
T/W-
540.
485
elle
dchut prompte-
ment sous
les
nom
pour dsigner
n'avons-nous pas
la
un moyen de calculer
la
date laquelle
fut rdi-
Chronique
musulmans
la
et confir-
mer
par
le dtail
de chaque rgne
:
conclusions auxquelles
je suis arriv
le gros ce serait allonger outre mesure un article dj trop long, et j'aime mieux examiner un point nouveau pour en finir. Certains renseignements gnraux
dans
qu'on relve et l dans VAb/-(j y ont-ils t insrs par les auteurs arabes ou figuraient-ils dans les crits
antrieurs, et,
s'ils
nons
Il
la
morceau dbute.
de leurs vertus, de leur science, du rgime svre qu'ils avaient impos au roi, de l'appareil qu'ils dployaient lorsqu'ils se rendaient au contraite des devins et des prtres,
seil. On y voit que l'Egypte tait divise en quatre-vingtcinq nomes, dont quarante cinq au Delta et quarante au
Said
le
chef s'appelait
Le Nzir
son
fois qu'il
il
que
le roi se levait
approche
et l'invitait
il
s'asseoir prs
de
lui.
Une
lui
deet,
mandait
lorsqu'il
le
Le
roi
doit au-
commerce avec
la
ses
exprimait de
sorte tout ce
semblait bon.
Un
486
son obissance aux ordres den-haut'. Le nombre des nomes a t doubl, mais ce n'est pas un musulman, ni mme un
chrtien du temps d'Hraclius,riui pouvait connatre l'exis-
aux
affaires les
plus urgentes,
sacrifiait
souverain procdait sa
rite
toilette,
puis
il
aux dieux. Le
lui, priait
accompli,
lui
le
grand-prtre, debout ct de
lait les
pour
haute
devoirs essentiels de
la
reprenait un thme analogue dans les livres sacrs; il le dveloppait avec des exemples emprunts la vie des hommes illustres. L'occupation de la journe entire tait ordonne point par point, jusque dans les questions les plus intimes,
promenade, des ablutions, du commerce avec les femmes'. Le rle du roi, celui du grand-prtre, celui de l'hirogrammate sont identiques dans les deux cas, ainsi (|ue la rglementation minutieuse des actes royaux, seulement la tradition s'est imprgne d'astrologie entre les Ptolmes et les Khalifes. Ce ne .sont plus les prceptes de la loi divine qui intressent mais les rvlations des plantes, et le grandprtre d'autrefois est devenu le grand observateur des toiles.
l'heure de
la
Le mme changement
s'est
produit chez
les
prtres des
nomes, et leurs pouvoirs de sorciers l'ont emport sur les vertus sacerdotales d'autrefois. Lorsqu'une affaire pressait, le roi de VAhrf/ les convoquait tous en dehors de Mizr,
Carra de Vaux, L'Abrtj des Mcrcrillcs,
Diodore de Sicile,
I,
1.
p. 161-163.
2.
70.
487
la
file
au rendez-vous
monts, l'un
de
l'autre,
comme
sur un tambour,
))
chacun oprant un prodige. L'un avait le visage clatant le soleil et personne ne pouvait le regarder; un autre avait une pierre verte au doigt et il tait vtu d'une
et
comme
))
la tte
un dme
de feu ou de pierreries; et ces prodiges taient varis, car chaque prtre faisait celui qui lui avait t enseign par l'astre qu'il servait. Arrivs devant le roi, ils lui disaient Le roi a convoqu pour telle cause et il est proc cup de telle pense. La bonne solution est celle-ci'. C'tait bien l'usage, au moins sous les Ptolmes, que le roi assemblt en concile les prtres de tous les temples pour dlibrer sur les affaires publiques, et les dcrets de Rosette et de Canope, pour citer seulement les plus clbres, furent promulgus aprs des synodes de ce genre. Nous ignorons comment ils s'y rendaient, mais nous savons, et par des textes crits et par des bas-reliefs, quels costumes ils revtaient, quel ordre ils observaient dans certaines processions solennelles. Le chanteur ouvrait la marche avec un instrument de musique, puis venaient Thoroscope tenant une horloge et une branche de palmier, le hirogrammate coiff de ses plumes, arm de sa palette et de son papyrus en rouleau, le stoliste muni de la coude et du vase de purification le prophte marchait derrire ces prtres, reconnaissable au sceau sacr et suivi des porteurs de pains'. Les personnages numrs ici appartiennent tous un mme clerg; lorsque les clergs de tous les dieux taient runis, les prtres principaux de chaque nome marchaient chaque groupe son rang gographique. Leurs nisignes taient ceux de leurs dieux, et on en reconnat quelques-uns dans la des
)) :
;
1.
2.
p. 16.3.
p. 196.
488
cription de VAbrctj
ainsi le
la
pierre
la bague avec un chaton de iiiafkait, c'est--dire de ces substances vertes, sulfate de cuivre ou autre, que les gyptiens aimaient si fort, et ainsi de suite. Ici encore, le
dessin gnral
antique;
le
la
du morceau est exact et provient d'une source prdominance des thories magiques a dnatur
le dcor de la scne. de plus, nous devinons le document ancien sous le texte arabe, et nous sommes conduits supposer que l'histoire fabuleuse de YAbry ne fut point fabrique par
sens et transform
Une
fois
les crivains
Ils la
dans des livres crits l'origine en grec, mais traduits peuttre en copte comme le fut l'une des rdactions du Roman d'Alexandre; ils la rendirent dans leur propre langue, et
elle leur
parut
si
la
rptrent l'envi,
mmes
aux endroits qui intressaient les Pharaons d'Abraham, de Joseph et de Alose, La faon mme dont les dynasties y sont combines et dont le rcit est men donnelieu dpenser que le premier des conteurs musulmans qui
nota n'eut pas sa disposition plusieurs ouvrages grec ou coptes dont il arrangea les donnes selon (|u'il le jugeaconvenable; il en utilisa un seul (|u"il transcrivit tidlement. Je pense pourtant (jue cet ouvrage devait exister en plusieurs
la
rdactions aussi
celles
la vie de Nqraous, par. exemple, y tait expose avec des variantes tt^lles qu'un des^ scribes arabes crut devoir la ddoubler et admettre l'existence de deux X(|raous successifs'. S'il exista d'autres his-
du Pseudo-Callisthnes;
toires fabuleuses
du mme
geni(3,
comme
il
est
probable,,
1.
p. 173-280.
489
nous, au moins jusqu' nouvel ordre. Elles avaient t composes par des chrtiens qui, eux-mmes s'taient borns dans
la
mme
chronologie
biblique'.
Lorsque
l'on
d'intermdiaires les documents mis en uvre dans ces premiers recueils actuellement inconnus, deux faits tonnent
premire vue:
le
caractre
indiqu ailleurs
que
les
rcits
les
gyptienne, et que
La
substitution des
(jui
Pha-
puisse tonner un
gyptologue. Les scribes de Thbes et de Memphis avaient compos de temps presque immmorial des romans dont les
hros tantt taient des rois clbres, Thouthmsis
ses
II,
III,
Ram-
Khops, Snofroui, Ahmasis, tantt portaient des noms fictifs, Rhampsinitos, Minebphtah, Asychis, Anysis, ou des titres employs comme noms. Pharaon, Prte. Les chroniqueurs des ges postrieurs s'taient laiss tromper par les apparences, et ils avaient admis plusieurs de ces personnages sans consistance dans la srie des familles princires Manthon lui-mme avait intercal trois d'entre eux la fin de sa IV** dynastie, Bikhris, Sberkh
Ousirtasen
P'',
:
1.
Un
passage
de
ces
tie
semble donner
le
nom
d'un
trs
auteui-
histoires,
al-llarabion ^j^^jlj-ce
Une
correction
j>.
simple nous
permet de changer
nom
inexplicable J^jl
en
un
nom
y^
Sdi-aliiniu
Srapion
le
copiste
aura confondu le sud initial trac rapidement avec un l.lia. 2. Voir p. 445 etsuiv. du prsent volume, les observations que ces deux ordres de faits m'ont suggres. 3. Maspero, les C<iiih-.< popuhiii'cs dr /'A'.'////''''' ancienne, 2' dit.,
p.
XXXVK
490
rs,
Tamphthis, dont les rgnes additionns ne reprsentaient pas moins de trente-huit annes superflues'. Les Juifs, puis les Chrtiens, avaient aid les indignes dans ce travail d'imagination, et comme, mesure c|ue la science des hiroglyphes s'amoindrissait, les contes populaires ou les romans crits en grec par les lettrs augmentaient toujours, l'oubli ne tarda pas descendre sur l'histoire relle, dont personne ne consultait plus les documents. Les monuments taient l
qui piquaient
taisie,
la
mais
si
contre-
que l'on commenait ne plus y discerner le vrai du faux. Hrodote et Manthon avaient beau s'accorder pour dclarer que les trois grandes pyramides de Gizh taient les tombeaux de Khops, de Khphrn et de Mykrinos, les voyageurs avaient recueilli d'autres rcits o l'rection en tait attribue d'autres Pharaons rels ou supposs. Armais, Ahmosis, Maros ', et, dans l'impossibilit o ils se
disaient
fort
trouvaient d'en contrler la valeur, ils prfraient suspendre leur jugement. Les lgendes nouvelles finirent naturelle-
ment par
les
tent d'en
En somme,
raire
sible
c'est un chapitre nouveau de l'histoire littd'Egypte que M. Carra de Vaux nous a rendu accesen toute scurit. L'gyptologue qui se risquera l'tu-
dier par
le menu y trouvera, j'en suis convaincu, la matire de dcouvertes inattendues, et, si sa familiarit avec l'Egypte
1.
Grammaire
ri d'Histoire^
dans
2.
Rcciiril do
Traraux,
I,
t.
XVII,
p. 63, 129-130.
Diodore de Sicile,
XXXVI,
12.
491
il
que
les textes
permettaient plus de comprendre. Et puis, son travail n'intressera pas seulement les orientalistes de mtier, dchiffreurs de manuscrits arabes ou d'inscriptions
de ces rcits ont voyag jusque dans notre Occident, ils s'y sont propags avec des fortunes varies, ils y ont revtu des costumes nouveaux
hiroglyphiques. Plusieurs
:
les
savants qui
les
dernires
nauront-ils
Une
d'aprs quelque auteur alexandrin aujourd'hui perdu, racontait qu'au cours des crmonies de l'enterrement, lorsque
les
une
de la momie en mme temps (jue des apparitions majestueuses ^e montraient autour d'elle c'tait la preuve ([ue son me tait arrive
lueur soudaine illuminait
:
dans l'autre monde et (ju'elle s'associait certains dieux. Devria avait dj rapproch ce rcit des donnes cjui rsultent du titre attribu l'un des chapitres du Licve des
vi,
R-
Publi dans
le
p.
2.
Mmoires
ci frcKj monts,
I,
p. 30.
492
pondants
formule 1|^1
m -<2>-n-j)
Saouzou
Nous ne
(|ui signifie
lUaininaiinn de l'Osifis
le
iV.
accompagnait la conscration de ces statuettes. Nous savons seulement qu'elles reprsentaient le mort; elles taient censes modeles son image et, de fait, les plus soignes ont la prtention de reproduire ses traits. Tout ce qu'on leur faisait tait fait au mort lui-mme et lui profitait ou lui nuisait, selon les occasions. Or, au cours de l'une des crmonies excutes dans la toml)e, qui permettait au mort d'avoir du feu toujours prt avec lui ou de rallumer son feu s'il venait s'teindre, les officiants enflammaient une mche bnie en face d'une statue du mort, et, partir au moins de la XVIIP dynastie, devant un Rpondant prpar pour cet usage. J'y vois V illumination du Rpondant que dcrit le titre du chapitre vi, que je citais plus haut. Il me parait que la lgende rpte plusieurs fois au Livre des Merveilles' est un souvenir de cette crmonie. Aprs les jours de disparition ncessits par les dlais de la momification, la figure du mort, reprsent par sa statuette, s'illuminait une fois encore avant de descendre dans l'obscurit; c'est, avec les embellissements de l'imagination populaire, ce (pie l'auteur du Livre des Merveilles nous raconte de plusieurs de ses rois falniieux au moment mme de leur apparition dernire. Le rite liturgique des funrailles de l'poque pliaraonifiu'' s'tait transform en rcit d'apparition dans le
connaissons point par
dtail le rite qui
palais
ou dans
le
temple, chez
h-s
Egyptiens de l'poque
byzantine.
1.
p. 168,
214.
J'ai
rapproch
I
il
y a longtemps dj
le
nom
de chien
et ce
rapproche-
ment a t accept en gnral par ceux qui se sont occups de ce sujet'. Je crois pouvoir maintenant expliquer le nom
d'un des autres chiens d'Antouf,
/wvwo. Daressy
l'a
5r?^
V\
w^
compar
la
la racine
DKL,
tre joint,
On
on
y a plus de
'
dix
ans, la
le
traduction, la
8
mais
terme y^
v\
la
connu dans
les
textes
des
Pyramides",
par
le
signihcation
dterminatif Q,
montre une bassine, pourrait tre rendu plus exactement le bassin, le plat, cause du dterminatif 'vi::^, ici le
1.
ct
Publi dans
Mclan;jcs
Daressy,
t.
le
2.
de Mi/tholof/ie
t.
III,
p. :i31-332.
3.
Remarr/ues
p.
Xotcs,
XVIII, dans
le
Recueil
de
Tiacaux,
t.
XI,
I,
p. 89.
4.
vaux,
5.
6.
Remarques et Notes, XVIII, dans XI, p. 80. Mariette-Maspero, Monuments dicers, p. 15. Voir Ounas. 1.513, et Teti, 1. 326.
Daressy,
t.
Recueil de Tra-
494
Le sens qui domine dans ce nom, de marmite, bassin, pole, plat, et c'est lui qu'on a chance de retrouver dans le nom berbre dont l'gyptien
nous donne
la significati(jn.
Et de
fait, les
diffrents dialectes
Ijjj'
(Ouargla),
initial,
plateau,
puis tagr,
crit
J^
(Znaga),
assiette,
le
de
la
racine
GR'. Le mot
signifiait
taqarou, par
graveur gyptien,
le
dia-
lecte des Berbres voisins de l'Egypte, comme le prouve *^^^ Le chien d'Antouf, Tarjarou, Tagarou, l'pithte
.
jouissait,
d un nom analogue a celui de Marmiteau, Marmitaud, que portent beaucoup de nos chiens dans le Morvan et dans les autres provinces du centre de la
somme
toute,
France,
1.
Pages
1-14
15-28
Les Ilim
29-35
35-38
38-41
3 3
42-44
du Lyce Louis-le-Grand,
1891
45-50
51-54
cembre 1891
55-60
Le
lotus
61-64
65-77 79-93
Meydoum
Bubastis
Suse
Administration judiciaire des Pharaons
95-99
101-106
107-123
gyptiennes conserves Reims
la distribution solennelle
le
Bni-Hassan
Sur deux
stles
125-128
Discours prononc
des prix
du Lyce Montaigne,
27
juillet
1894
129-135
496
Le Fayom
et le lac
147-152
153-182
M. Amlineau
et ses fouilles
dAbydos
%vpte
Bershh
et
183-197
Sheikh-Sad
199-21
Comptes du rgne de Sti 1<"' Ballas et Nagadh Les tombeaux du premier ge thbain au Muse de
Berlin
213-216
217-230
231-240
de Sidon
et
241-244
de Steindorff
et
245-247.
au moyen ge
249-261
dieu en Egypte
263-286
287-320 321-405
tombeaux gyptiens
Dshashh
Sur une
tte
407-416
de statue trouve Alexandrie (avec une
planche)
417-418
Une
inscription gyptienne
du Muse de Palerme
419-424
425-442
L'Apocalypse d'lie
443-492
d'Aiitouf
493-494
K.
BERTKAMi 7Ul
jT
^aSt'
Mi
University of Toronto
library
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