Le Livre Des Esprits
Le Livre Des Esprits
Le Livre Des Esprits
com
PHILOSOPHIE SPIRITUALISTE
________
LE LIVRE
DES ESPRITS
CONTENANT
AVIS
SUR CETTE NOUVELLE EDITION
________
Dans la premire dition de cet ouvrage, nous avons annonc une partie
supplmentaire. Elle devait se composer de toutes les questions qui n'avaient pu y
trouver place, ou que les circonstances ultrieures et de nouvelles tudes devaient
faire natre ; mais comme elles sont toutes relatives quelqu'une des parties dj
traites et dont elles sont le dveloppement, leur publication isole n'et prsent
aucune suite. Nous avons prfr attendre la rimpression du livre pour fondre le
tout ensemble, et nous en avons profit pour apporter dans la distribution des
matires un ordre beaucoup plus mthodique, en mme temps que nous en avons
lagu tout ce qui faisait double emploi. Cette rimpression peut donc tre
considre comme un ouvrage nouveau, quoique les principes n'aient subi aucun
changement, un trs petit nombre d'exceptions prs, qui sont plutt des
complments et des claircissements que de vritables modifications. Cette
conformit dans les principes mis, malgr la diversit des sources o nous avons
puis, est un fait important pour l'tablissement de la science spirite. Notre
correspondance nous accuse, au contraire, que des communications de tout point
identiques, sinon pour la forme du moins pour le fond, ont t obtenues en
diffrentes localits, et cela avant mme la publication de notre livre, qui est venu
les confirmer et leur donner un corps rgulier. L'histoire, de son ct, prouve que la
plupart de ces principes ont t professs par les hommes les plus minents des
temps anciens et modernes, et vient y apporter sa sanction.
L'enseignement relatif aux manifestations proprement dites, et aux mdiums,
forme en quelque sorte une partie distincte de la philosophie, et qui peut tre l'objet
d'une tude spciale. Cette partie ayant reu des dveloppements trs considrables
par suite de l'exprience acquise, nous avons cru devoir en faire un volume distinct,
contenant les rponses donnes sur toutes les questions relatives aux
manifestations et aux mdiums, ainsi que de nombreuses remarques sur le
spiritisme pratique ; cet ouvrage formera la suite ou le complment du LIVRE DES
ESPRITS1.
1Sous presse.
INTRODUCTION
A L'ETUDE
DE LA DOCTRINE SPIRITE
________
I
Pour les choses nouvelles il faut des mots nouveaux, ainsi le veut la clart du
langage, pour viter la confusion insparable du sens multiple des mmes termes.
Les mots spirituel, spiritualiste, spiritualisme ont une acception bien dfinie ; leur
en donner une nouvelle pour les appliquer la doctrine des Esprits serait multiplier
les causes dj si nombreuses d'amphibologie. En effet, le spiritualisme est l'oppos
du matrialisme ; quiconque croit avoir en soi autre chose que la matire est
spiritualiste ; mais il ne s'ensuit pas qu'il croie l'existence des Esprits ou leurs
communications avec le monde visible. Au lieu des mots spirituel, spiritualisme,
nous employons pour dsigner cette dernire croyance ceux de spirite et de
spiritisme, dont la forme rappelle l'origine et le sens radical, et qui par cela mme
ont l'avantage d'tre parfaitement intelligibles, rservant au mot spiritualisme son
acception propre. Nous dirons donc que la doctrine spirite ou le spiritisme a pour
principes les relations du monde matriel avec les Esprits ou tres du monde
invisible. Les adeptes du spiritisme seront les spirites ou, si l'on veut, les spiritistes.
Comme spcialit, le Livre des Esprits contient la doctrine spirite ; comme
gnralit, il se rattache la doctrine spiritualiste dont il prsente l'une des phases.
Telle est la raison pour laquelle il porte en tte de son titre les mots : Philosophie
spiritualiste.
II
Il est un autre mot sur lequel il importe galement de s'entendre, parce que c'est
une des clefs de vote de toute doctrine morale, et qu'il est le sujet de nombreuses
controverses, faute d'une acception bien dtermine, c'est le mot me. La divergence
d'opinions sur la nature de l'me vient de l'application particulire que chacun fait de
ce mot. Une langue parfaite, o chaque ide aurait sa reprsentation par un terme
propre, viterait bien des discussions ; avec un mot pour chaque chose, tout le
monde s'entendrait.
Selon les uns, l'me est le principe de la vie matrielle organique ; elle n'a point
d'existence propre et cesse avec la vie : c'est le matrialisme pur. Dans ce sens, et
par comparaison, ils disent d'un instrument fl qui ne rend plus de son : qu'il n'a pas
d'me. D'aprs cette opinion, l'me serait un effet et non une cause.
D'autres pensent que l'me est le principe de l'intelligence, agent universel dont
chaque tre absorbe une portion. Selon eux, il n'y aurait pour tout l'univers qu'une
seule me qui distribue des tincelles entre les divers tres intelligents pendant leur
vie ; aprs la mort, chaque tincelle retourne la source commune o elle se
confond dans le tout, comme les ruisseaux et les fleuves retournent la mer d'o ils
sont sortis. Cette opinion diffre de la prcdente en ce que, dans cette hypothse, il
y a en nous plus que la matire et qu'il reste quelque chose aprs la mort ; mais c'est
peu prs comme s'il ne restait rien, puisque, n'ayant plus d'individualit, nous
n'aurions plus conscience de nous-mme. Dans cette opinion, l'me universelle serait
Dieu et chaque tre une portion de la Divinit, c'est une varit du panthisme.
Selon d'autres enfin, l'me est un tre moral, distinct, indpendant de la matire et
qui conserve son individualit aprs la mort. Cette acception est, sans contredit, la
plus gnrale, parce que, sous un nom ou sous un autre, l'ide de cet tre qui survit
au corps se trouve l'tat de croyance instinctive et indpendante de tout
enseignement, chez tous les peuples, quel que soit le degr de leur civilisation. Cette
doctrine, selon laquelle l'me est la cause et non l'effet, est celle des spiritualistes.
Sans discuter le mrite de ces opinions, et en ne considrant que le ct
linguistique de la chose, nous dirons que ces trois applications du mot me
constituent trois ides distinctes qui demanderaient chacune un terme diffrent. Ce
mot a donc une triple acception, et chacun a raison son point de vue, dans la
dfinition qu'il en donne ; le tort est la langue de n'avoir qu'un mot pour trois ides.
Pour viter toute quivoque, il faudrait restreindre l'acception du mot me l'une de
ces trois ides ; le choix est indiffrent, le tout est de s'entendre, c'est une affaire de
convention. Nous croyons plus logique de le prendre dans son acception la plus
vulgaire ; c'est pourquoi nous appelons AME l'tre immatriel et individuel qui
rside en nous et qui survit au corps. Cet tre n'existerait-il pas, et ne serait-il qu'un
produit de l'imagination, qu'il faudrait encore un terme pour le dsigner.
A dfaut d'un mot spcial pour chacun des deux autres points nous appelons :
Principe vital le principe de la vie matrielle et organique, quelle qu'en soit la
source, et qui est commun tous les tres vivants, depuis les plantes jusqu'
l'homme. La vie pouvant exister abstraction faite de la facult de penser, le principe
vital est une chose distincte et indpendante. Le mot vitalit ne rendrait pas la mme
ide. Pour les uns, le principe vital est une proprit de la matire, un effet qui se
produit lorsque la matire se trouve dans certaines circonstances donnes ; selon
d'autres, et c'est l'ide la plus commune, il rside dans un fluide spcial,
universellement rpandu et dont chaque tre absorbe et s'assimile une partie pendant
la vie, comme nous voyons les corps inertes absorber la lumire ; ce serait alors le
fluide vital, qui, selon certaines opinions, ne serait autre que le fluide lectrique
animalis, dsign aussi sous les noms de fluide magntique, fluide nerveux, etc..
Quoi qu'il en soit, il est un fait que l'on ne saurait contester, car c'est un rsultat
d'observation, c'est que les tres organiques ont en eux une force intime qui produit
le phnomne de la vie, tant que cette force existe ; que la vie matrielle est
commune tous les tres organiques, et qu'elle est indpendante de l'intelligence et
de la pense ; que l'intelligence et la pense sont les facults propres certaines
espces organiques ; enfin que, parmi les espces organiques doues de
l'intelligence et de la pense, il en est une doue d'un sens moral spcial qui lui
donne une incontestable supriorit sur les autres, c'est l'espce humaine.
On conoit qu'avec une acception multiple, l'me n'exclut ni le matrialisme, ni le
panthisme. Le spiritualiste lui-mme peut trs bien entendre l'me selon l'une ou
INTRODUCTION
l'autre des deux premires dfinitions, sans prjudice de l'tre immatriel distinct
auquel il donnera alors un nom quelconque. Ainsi ce mot n'est point le reprsentant
d'une opinion : c'est un prote que chacun accommode sa guise ; de l, la source
de tant d'interminables disputes.
On viterait galement la confusion, tout en se servant du mot me dans les trois
cas, en y ajoutant un qualificatif qui spcifierait le point de vue sous lequel on
l'envisage, ou l'application qu'on en fait. Ce serait alors un mot gnrique,
reprsentant la fois le principe de la vie matrielle, de l'intelligence et du sens
moral, et que l'on distinguerait par un attribut, comme les gaz, par exemple, que l'on
distingue en ajoutant les mots hydrogne, oxygne ou azote. On pourrait donc dire,
et ce serait peut-tre le mieux, l'me vitale pour le principe de la vie matrielle,
l'me intellectuelle pour le principe de l'intelligence et l'me spirite pour le principe
de notre individualit aprs la mort. Comme on le voit, tout cela est une question de
mots, mais une question trs importante pour s'entendre. D'aprs cela l'me vitale
serait commune tous les tres organiques : plantes, animaux et hommes ; l'me
intellectuelle serait le propre des animaux et des hommes, et l'me spirite
appartiendrait l'homme seul.
Nous avons cru devoir insister d'autant plus sur ces explications que la doctrine
spirite repose naturellement sur l'existence en nous d'un tre indpendant de la
matire et survivant au corps. Le mot me devant se produire frquemment dans le
cours de cet ouvrage, il importait d'tre fix sur le sens que nous y attachons afin
d'viter toute mprise.
Venons maintenant l'objet principal de cette instruction prliminaire.
III
La doctrine spirite, comme toute chose nouvelle, a ses adeptes et ses
contradicteurs. Nous allons essayer de rpondre quelques-unes des objections de
ces derniers, en examinant la valeur des motifs sur lesquels ils s'appuient sans avoir
toutefois la prtention de convaincre tout le monde, car il est des gens qui croient
que la lumire a t faite pour eux seuls. Nous nous adressons aux personnes de
bonne foi, sans ides prconues ou arrtes quand mme, mais sincrement
dsireuses de s'instruire, et nous leur dmontrerons que la plupart des objections que
l'on oppose la doctrine proviennent d'une observation incomplte des faits et d'un
jugement port avec trop de lgret et de prcipitation.
Rappelons d'abord en peu de mots la srie progressive des phnomnes qui ont
donn naissance cette doctrine.
Le premier fait observ a t celui d'objets divers mis en mouvement ; on l'a
dsign vulgairement sous le nom de tables tournantes ou danse des tables. Ce
phnomne, qui parat avoir t observ d'abord en Amrique, ou plutt qui s'est
renouvel dans cette contre, car l'histoire prouve qu'il remonte la plus haute
antiquit, s'est produit accompagn de circonstances tranges, telles que bruits
insolites, coups frapps sans cause ostensible connue. De l, il s'est rapidement
propag en Europe et dans les autres parties du monde ; il a d'abord soulev
beaucoup d'incrdulit, mais la multiplicit des expriences n'a bientt plus permis
de douter de la ralit.
INTRODUCTION
INTRODUCTION
Quelques-uns cependant, assez modestes pour convenir que la nature pourrait
bien n'avoir pas dit son dernier mot pour eux, ont voulu voir, pour l'acquit de leur
conscience ; mais il est arriv que le phnomne n'a pas toujours rpondu leur
attente, et de ce qu'il ne s'tait pas constamment produit leur volont, et selon leur
mode d'exprimentation, ils ont conclu la ngative ; malgr leur arrt, les tables,
puisque tables il y a, continuent tourner, et nous pouvons dire avec Galile : et
pourtant elles se meuvent ! Nous dirons plus : c'est que les faits se sont tellement
multiplis qu'ils ont aujourd'hui droit de cit, et qu'il ne s'agit plus que d'en trouver
une explication rationnelle. Peut-on induire quelque chose contre la ralit du
phnomne de ce qu'il ne se produit pas d'une manire toujours identique selon la
volont et les exigences de l'observateur ? Est-ce que les phnomnes d'lectricit et
de chimie ne sont pas subordonns certaines conditions et doit-on les nier parce
qu'ils ne se produisent pas en dehors de ces conditions ? Y a-t-il donc rien
d'tonnant que le phnomne du mouvement des objets par le fluide humain ait aussi
ses conditions d'tre et cesse de se produire lorsque l'observateur, se plaant son
propre point de vue, prtend le faire marcher au gr de son caprice, ou l'assujettir
aux lois des phnomnes connus, sans considrer que pour des faits nouveaux, il
peut et doit y avoir des lois nouvelles ? Or, pour connatre ces lois, il faut tudier les
circonstances dans lesquelles les faits se produisent et cette tude ne peut tre que le
fruit d'une observation soutenue, attentive et souvent fort longue.
Mais, objectent certaines personnes, il y a souvent supercherie vidente. Nous
leur demanderons d'abord si elles sont bien certaines qu'il y ait supercherie, et si
elles n'ont pas pris pour telle des effets dont elles ne pouvaient se rendre compte,
peu prs comme ce paysan qui prenait un savant professeur de physique faisant des
expriences, pour un adroit escamoteur. En supposant mme que cela ait pu avoir
lieu quelquefois, serait-ce une raison pour nier le fait ? Faut-il nier la physique parce
qu'il y a des prestidigitateurs qui se dcorent du titre de physiciens ? Il faut d'ailleurs
tenir compte du caractre des personnes et de l'intrt qu'elles pourraient avoir
tromper. Ce serait donc une plaisanterie ? On peut bien s'amuser un instant mais une
plaisanterie indfiniment prolonge serait aussi fastidieuse pour le mystificateur que
pour le mystifi. Il y aurait, au reste, dans une mystification qui se propage d'un bout
du monde l'autre, et parmi les personnes les plus graves, les plus honorables et les
plus claires, quelque chose d'au moins aussi extraordinaire que le phnomne luimme.
IV
Si les phnomnes qui nous occupent se fussent borns au mouvement des objets,
ils seraient rests comme nous l'avons dit dans le domaine des sciences physiques ;
mais il n'en est point ainsi : il leur tait donn de nous mettre sur la voie de faits d'un
ordre trange. On crut dcouvrir, nous ne savons par quelle initiative, que
l'impulsion donne aux objets n'tait pas seulement le produit d'une force mcanique
aveugle, mais qu'il y avait dans ce mouvement l'intervention d'une cause intelligente.
Cette voie une fois ouverte, c'tait un champ tout nouveau d'observations ; c'tait le
voile lev sur bien des mystres. Y a-t-il, en effet, une puissance intelligente ? Telle
est la question. Si cette puissance existe, quelle est-elle, quelle est sa nature, son
INTRODUCTION
origine ? Est-elle au-dessus de l'humanit ? Telles sont les autres questions qui
dcoulent de la premire.
Les premires manifestations intelligentes eurent lieu au moyen de tables se
levant et frappant, avec un pied, un nombre dtermin de coups et rpondant ainsi
par oui ou par non, suivant la convention, une question pose. Jusque-l rien de
convaincant assurment pour les sceptiques, car on pouvait croire un effet du
hasard. On obtint ensuite des rponses plus dveloppes par les lettres de
l'alphabet : l'objet mobile, frappant un nombre de coups correspondant au numro
d'ordre de chaque lettre, on arrivait ainsi formuler des mots et des phrases
rpondant des questions poses. La justesse des rponses, leur corrlation avec la
question excitrent l'tonnement. L'tre mystrieux qui rpondait ainsi, interrog sur
sa nature, dclara qu'il tait Esprit ou gnie, se donna un nom, et fournit divers
renseignements sur son compte. Ceci est une circonstance trs importante noter.
Personne n'a donc imagin les Esprits comme un moyen d'expliquer le phnomne ;
c'est le phnomne lui-mme qui rvle le mot. On fait souvent, dans les sciences
exactes, des hypothses pour avoir une base de raisonnement, or, ce n'est point ici le
cas.
Ce moyen de correspondance tait long et incommode. L'Esprit, et ceci est
encore une circonstance digne de remarque, en indiqua un autre. C'est l'un de ces
tres invisibles qui donna le conseil d'adapter un crayon une corbeille ou un
autre objet. Cette corbeille, pose sur une feuille de papier, est mise en mouvement
par la mme puissance occulte qui fait mouvoir les tables ; mais, au lieu d'un simple
mouvement rgulier, le crayon trace de lui-mme des caractres formant des mots,
des phrases et des discours entiers de plusieurs pages, traitant les plus hautes
questions de philosophie, de morale, de mtaphysique, de psychologie, etc., et cela
avec autant de rapidit que si l'on crivait avec la main.
Ce conseil fut donn simultanment en Amrique, en France et dans diverses
contres. Voici les termes dans lesquels il fut donn Paris, le 10 juin 1853, l'un
des plus fervents adeptes de la doctrine, qui dj depuis plusieurs annes, et ds
1849, s'occupait de l'vocation des Esprits : Va prendre, dans la chambre ct, la
petite corbeille ; attaches-y un crayon ; place-le sur un papier ; mets les doigts sur le
bord. Puis, quelques instants aprs, la corbeille s'est mise en mouvement et le
crayon a crit trs lisiblement cette phrase : Ce que je vous dis l, je vous dfends
expressment de le dire personne ; la premire fois que j'crirai, j'crirai mieux.
L'objet auquel on adapte le crayon n'tant qu'un instrument, sa nature et sa forme
sont compltement indiffrentes ; on a cherch la disposition la plus commode ; c'est
ainsi que beaucoup de personnes font usage d'une petite planchette.
La corbeille, ou la planchette, ne peut tre mise en mouvement que sous
l'influence de certaines personnes doues cet gard d'une puissance spciale et que
l'on dsigne sous le nom de mdiums, c'est--dire milieu, ou intermdiaires entre les
Esprits et les hommes. Les conditions qui donnent cette puissance spciale tiennent
des causes tout la fois physiques et morales encore imparfaitement connues, car
on trouve des mdiums de tout ge, de tout sexe et dans tous les degrs de
dveloppement intellectuel. Cette facult, du reste, se dveloppe par l'exercice.
INTRODUCTION
V
Plus tard on reconnut que la corbeille et la planchette ne formaient, en ralit,
qu'un appendice de la main, et le mdium, prenant directement le crayon, se mit
crire par une impulsion involontaire et presque fbrile. Par ce moyen, les
communications devinrent plus rapides, plus faciles et plus compltes ; c'est
aujourd'hui le plus rpandu, d'autant plus que le nombre des personnes doues de
cette aptitude est trs considrable et se multiplie tous les jours. L'exprience enfin
fit connatre plusieurs autres varits dans la facult mdiatrice, et l'on sut que les
communications pouvaient galement avoir lieu par la parole, l'oue, la vue, le
toucher, etc., et mme par l'criture directe des Esprits, c'est--dire sans le concours
de la main du mdium ni du crayon.
Le fait obtenu, un point essentiel restait constater, c'est le rle du mdium dans
les rponses et la part qu'il peut y prendre mcaniquement et moralement. Deux
circonstances capitales, qui ne sauraient chapper un observateur attentif, peuvent
rsoudre la question. La premire est la manire dont la corbeille se meut sous son
influence, par la seule imposition des doigts sur le bord ; l'examen dmontre
l'impossibilit d'une direction quelconque. Cette impossibilit devient surtout
patente lorsque deux ou trois personnes se placent en mme temps la mme
corbeille ; il faudrait entre elles une concordance de mouvement vraiment
phnomnale ; il faudrait, de plus, concordance de penses pour qu'elles pussent
s'entendre sur la rponse faire la question pose. Un autre fait, non moins
singulier, vient encore ajouter la difficult, c'est le changement radical de l'criture
selon l'Esprit qui se manifeste, et chaque fois que le mme esprit revient, son
criture se reproduit. Il faudrait donc que le mdium se ft appliqu changer sa
propre criture de vingt manires diffrentes et surtout qu'il pt se souvenir de celle
qui appartient tel ou tel Esprit.
La seconde circonstance rsulte de la nature mme des rponses qui sont, la
plupart du temps, surtout lorsqu'il s'agit de questions abstraites ou scientifiques,
notoirement en dehors des connaissances et quelquefois de la porte intellectuelle
du mdium, qui, du reste, le plus ordinairement, n'a point conscience de ce qui
s'crit sous son influence ; qui, trs souvent mme, n'entend pas ou ne comprend pas
la question pose, puisqu'elle peut l'tre dans une langue qui lui est trangre, ou
mme mentalement, et que la rponse peut tre faite dans cette langue. Il arrive
souvent enfin que la corbeille crit spontanment, sans question pralable, sur un
sujet quelconque et tout fait inattendu.
Ces rponses, dans certains cas, ont un tel cachet de sagesse, de profondeur et
d'-propos ; elles rvlent des penses si leves, si sublimes, qu'elles ne peuvent
maner que d'une intelligence suprieure, empreinte de la moralit la plus pure ;
d'autres fois elles sont si lgres, si frivoles, si triviales mme, que la raison se
refuse croire qu'elles puissent procder de la mme source. Cette diversit de
langage ne peut s'expliquer que par la diversit des intelligences qui se manifestent.
Ces intelligences sont-elles dans l'humanit ou hors de l'humanit ? Tel est le point
claircir et dont on trouvera l'explication complte dans cet ouvrage, telle qu'elle est
donne par les Esprits eux-mmes.
INTRODUCTION
Voil donc des effets patents qui se produisent en dehors du cercle habituel de
nos observations, qui ne se passent point avec mystre, mais au grand jour, que tout
le monde peut voir et constater, qui ne sont pas le privilge d'un seul individu, mais
que des milliers de personnes rptent tous les jours volont. Ces effets ont
ncessairement une cause, et du moment qu'ils rvlent l'action d'une intelligence et
d'une volont, ils sortent du domaine purement physique.
Plusieurs thories ont t mises ce sujet : nous les examinerons tout l'heure,
et nous verrons si elles peuvent rendre raison de tous les faits qui se produisent.
Admettons, en attendant, l'existence d'tres distincts de l'humanit, puisque telle est
l'explication fournie par les intelligences qui se rvlent, et voyons ce qu'ils nous
disent.
VI
Les tres qui se communiquent ainsi se dsignent eux-mmes, comme nous
l'avons dit, sous le nom d'Esprits ou de gnies, et comme ayant appartenu, pour
quelques-uns du moins, aux hommes qui ont vcu sur la terre. Ils constituent le
monde spirituel, comme nous constituons pendant notre vie le monde corporel.
Nous rsumons ici, en peu de mots, les points les plus saillants de la doctrine
qu'ils nous ont transmise, afin de rpondre plus facilement certaines objections.
Dieu est ternel, immuable, immatriel, unique, tout-puissant, souverainement
juste et bon.
Il a cr l'univers qui comprend tous les tres anims et inanims, matriels et
immatriels.
Les tres matriels constituent le monde visible ou corporel, et les tres
immatriels le monde invisible ou spirite, c'est--dire des Esprits.
Le monde spirite est le monde normal, primitif, ternel, prexistant et survivant
tout.
Le monde corporel n'est que secondaire ; il pourrait cesser d'exister, ou n'avoir
jamais exist, sans altrer l'essence du monde spirite.
Les Esprits revtent temporairement une enveloppe matrielle prissable, dont
la destruction, par la mort les rend la libert.
Parmi les diffrentes espces d'tres corporels, Dieu a choisi l'espce humaine
pour l'incarnation des Esprits arrivs un certain degr de dveloppement, c'est ce
qui lui donne la supriorit morale et intellectuelle sur les autres.
L'me est un Esprit incarn dont le corps n'est que l'enveloppe.
Il y a dans l'homme trois choses : 1 le corps ou tre matriel analogue aux
animaux, et anim par le mme principe vital ; 2 l'me ou tre immatriel, Esprit
incarn dans le corps ; 3 le lien qui unit l'me et le corps, principe intermdiaire
entre la matire et l'Esprit.
L'homme a ainsi deux natures : par son corps, il participe de la nature des
animaux dont il a les instincts ; par son me il participe de la nature des Esprits.
INTRODUCTION
Le lien ou prisprit qui unit le corps et l'Esprit est une sorte d'enveloppe semimatrielle. La mort est la destruction de l'enveloppe la plus grossire ; l'Esprit
conserve la seconde, qui constitue pour lui un corps thr, invisible pour nous dans
l'tat normal, mais qu'il peut rendre accidentellement visible et mme tangible,
comme cela a lieu dans le phnomne des apparitions.
L'Esprit n'est point ainsi un tre abstrait indfini, que la pense seule peut
concevoir ; c'est un tre rel, circonscrit qui, dans certains cas, est apprciable par
les sens de la vue, de l'oue et du toucher.
Les Esprits appartiennent diffrentes classes et ne sont gaux ni en puissance,
ni en intelligence, ni en savoir, ni en moralit. Ceux du premier ordre sont les
Esprits suprieurs qui se distinguent des autres par leur perfection, leurs
connaissances, leur rapprochement de Dieu, la puret de leurs sentiments et leur
amour du bien : ce sont les anges ou purs Esprits. Les autres classes s'loignent de
plus en plus de cette perfection ; ceux des rangs infrieurs sont enclins la plupart
de nos passions : la haine, l'envie, la jalousie, l'orgueil, etc. ; ils se plaisent au mal.
Dans le nombre, il en est qui ne sont ni trs bons ni trs mauvais, plus brouillons et
tracassiers que mchants, la malice et les inconsquences semblent tre leur
partage : ce sont les Esprits follets ou lgers.
Les Esprits n'appartiennent pas perptuellement au mme ordre. Tous
s'amliorent en passant par les diffrents degrs de la hirarchie spirite. Cette
amlioration a lieu par l'incarnation qui est impose aux uns comme expiation, et
aux autres comme mission. La vie matrielle est une preuve qu'ils doivent subir
plusieurs reprises jusqu' ce qu'ils aient atteint la perfection absolue ; c'est une sorte
d'tamine ou d'puratoire d'o ils sortent plus ou moins purifis.
En quittant le corps, l'me rentre dans le monde des Esprits d'o elle tait sortie,
pour reprendre une nouvelle existence matrielle aprs un laps de temps plus ou
moins long pendant lequel elle est l'tat d'Esprit errant.
L'Esprit devant passer par plusieurs incarnations, il en rsulte que nous tous
avons eu plusieurs existences, et que nous en aurons encore d'autres plus ou moins
perfectionnes, soit sur cette terre, soit dans d'autres mondes.
L'incarnation des Esprits a toujours lieu dans l'espce humaine ; ce serait une
erreur de croire que l'me ou Esprit peut s'incarner dans le corps d'un animal1.
Les diffrentes existences corporelles de l'Esprit sont toujours progressives et
jamais rtrogrades ; mais la rapidit du progrs dpend des efforts que nous faisons
pour arriver la perfection.
Les qualits de l'me sont celles de l'Esprit qui est incarn en nous ; ainsi
l'homme de bien est l'incarnation du bon Esprit, et l'homme pervers celle d'un Esprit
impur.
L'me avait son individualit avant son incarnation ; elle la conserve aprs sa
sparation du corps.
1
10
INTRODUCTION
A sa rentre dans le monde des Esprits, l'me y retrouve tous ceux qu'elle a
connus sur terre, et toutes ses existences antrieures se retracent sa mmoire avec
le souvenir de tout le bien et de tout le mal qu'elle a fait.
L'Esprit incarn est sous l'influence de la matire ; l'homme qui surmonte cette
influence par l'lvation et l'puration de son me se rapproche des bons Esprits
avec lesquels il sera un jour. Celui qui se laisse dominer par les mauvaises passions
et place toutes ses joies dans la satisfaction des apptits grossiers, se rapproche des
Esprits impurs en donnant la prpondrance la nature animale.
Les Esprits incarns habitent les diffrents globes de l'univers.
Les Esprits non incarns ou errants n'occupent point une rgion dtermine et
circonscrite ; ils sont partout dans l'espace et nos cts, nous voyant et nous
coudoyant sans cesse ; c'est toute une population invisible qui s'agite autour de
nous.
Les Esprits exercent sur le monde moral, et mme sur le monde physique, une
action incessante ; ils agissent sur la matire et sur la pense, et constituent une des
puissances de la nature, cause efficiente d'une foule de phnomnes jusqu'alors
inexpliqus ou mal expliqus, et qui ne trouvent une solution rationnelle que dans le
spiritisme.
Les relations des Esprits avec les hommes sont constantes. Les bons Esprits
nous sollicitent au bien, nous soutiennent dans les preuves de la vie, et nous aident
les supporter avec courage et rsignation ; les mauvais nous sollicitent au mal :
c'est pour eux une jouissance de nous voir succomber et de nous assimiler eux.
Les communications des Esprits avec les hommes sont occultes ou ostensibles.
Les communications occultes ont lieu par l'influence bonne ou mauvaise qu'ils
exercent sur nous notre insu ; c'est notre jugement de discerner les bonnes et les
mauvaises inspirations. Les communications ostensibles ont lieu au moyen de
l'criture, de la parole ou autres manifestations matrielles, le plus souvent par
l'intermdiaire des mdiums qui leur servent d'instruments.
Les Esprits se manifestent spontanment ou sur vocation. On peut voquer
tous les Esprits : ceux qui ont anim des hommes obscurs, comme ceux des
personnages les plus illustres, quelle que soit l'poque laquelle ils ont vcu ; ceux
de nos parents, de nos amis ou de nos ennemis, et en obtenir, par des
communications crites ou verbales, des conseils, des renseignements sur leur
situation d'outre-tombe, sur leurs penses notre gard, ainsi que les rvlations
qu'il leur est permis de nous faire.
Les Esprits sont attirs en raison de leur sympathie pour la nature morale du
milieu qui les voque. Les Esprits suprieurs se plaisent dans les runions srieuses
o dominent l'amour du bien et le dsir sincre de s'instruire et de s'amliorer. Leur
prsence en carte les Esprits infrieurs qui y trouvent au contraire un libre accs, et
peuvent agir en toute libert parmi les personnes frivoles ou guides par la seule
curiosit, et partout o se rencontrent de mauvais instincts. Loin d'en obtenir ni bons
avis, ni renseignements utiles, on ne doit en attendre que des futilits, des
INTRODUCTION
mensonges, de mauvaises plaisanteries ou des mystifications, car ils empruntent
souvent des noms vnrs pour mieux induire en erreur.
La distinction des bons et des mauvais Esprits est extrmement facile ; le
langage des Esprits suprieurs est constamment digne, noble, empreint de la plus
haute moralit, dgag de toute basse passion ; leurs conseils respirent la sagesse la
plus pure, et ont toujours pour but notre amlioration et le bien de l'humanit. Celui
des Esprits infrieurs, au contraire, est inconsquent, souvent trivial et mme
grossier ; s'ils disent parfois des choses bonnes et vraies, ils en disent plus souvent
de fausses et d'absurdes par malice ou par ignorance ; ils se jouent de la crdulit et
s'amusent aux dpens de ceux qui les interrogent en flattant leur vanit, en berant
leurs dsirs de fausses esprances. En rsum, les communications srieuses, dans
toute l'acception du mot, n'ont lieu que dans les centres srieux, dans ceux dont les
membres sont unis par une communion intime de penses en vue du bien.
La morale des Esprits suprieurs se rsume comme celle du Christ en cette
maxime vanglique : Agir envers les autres comme nous voudrions que les autres
agissent envers nous-mmes ; c'est--dire faire le bien et ne point faire le mal.
L'homme trouve dans ce principe la rgle universelle de conduite pour ses moindres
actions.
Ils nous enseignent que l'gosme, l'orgueil, la sensualit sont des passions qui
nous rapprochent de la nature animale en nous attachant la matire ; que l'homme
qui, ds ici-bas, se dtache de la matire par le mpris des futilits mondaines et
l'amour du prochain, se rapproche de la nature spirituelle ; que chacun de nous doit
se rendre utile selon les facults et les moyens que Dieu a mis entre ses mains pour
l'prouver ; que le Fort et le Puissant doivent appui et protection au Faible, car celui
qui abuse de sa force et de sa puissance pour opprimer son semblable viole la loi de
Dieu. Ils enseignent enfin, que dans le monde des Esprits, rien ne pouvant tre
cach, l'hypocrite sera dmasqu et toutes ses turpitudes dvoiles ; que la prsence
invitable et de tous les instants de ceux envers lesquels nous aurons mal agi est un
des chtiments qui nous sont rservs ; qu' l'tat d'infriorit et de supriorit des
Esprits sont attaches des peines et des jouissances qui nous sont inconnues sur la
terre.
Mais ils nous enseignent aussi qu'il n'est pas de fautes irrmissibles et qui ne
puissent tre effaces par l'expiation. L'homme en trouve le moyen dans les
diffrentes existences qui lui permettent d'avancer, selon son dsir et ses efforts,
dans la voie du progrs et vers la perfection qui est son but final.
Tel est le rsum de la doctrine spirite, ainsi qu'elle rsulte de l'enseignement
donn par les Esprits suprieurs. Voyons maintenant les objections qu'on y oppose.
VII
Pour beaucoup de gens, l'opposition des corps savants est, sinon une preuve, du
moins une forte prsomption contraire. Nous ne sommes pas de ceux qui crient haro
sur les savants, car nous ne voulons pas faire dire de nous que nous donnons le coup
de pied de l'ne ; nous les tenons, au contraire, en grande estime, et nous serions fort
honor de compter parmi eux ; mais leur opinion ne saurait tre en toutes
circonstances un jugement irrvocable.
12
INTRODUCTION
Ds que la science sort de l'observation matrielle des faits, qu'il s'agit d'apprcier
et d'expliquer ces faits, le champ est ouvert aux conjectures ; chacun apporte son
petit systme qu'il veut faire prvaloir et soutient avec acharnement. Ne voyonsnous pas tous les jours les opinions les plus divergentes tour tour prconises et
rejetes, tantt repousses comme erreurs absurdes, puis proclames comme vrits
incontestables ? Les faits, voil le vritable critrium de nos jugements, l'argument
sans rplique ; en l'absence de faits, le doute est l'opinion du sage.
Pour les choses de notorit, l'opinion des savants fait foi juste titre, parce qu'ils
savent plus et mieux que le vulgaire ; mais en fait de principes nouveaux, de choses
inconnues, leur manire de voir n'est toujours qu'hypothtique, parce qu'ils ne sont
pas plus que d'autres exempts de prjugs ; je dirai mme que le savant a peut-tre
plus de prjugs qu'un autre, parce qu'une propension naturelle le porte tout
subordonner au point de vue qu'il a approfondi : le mathmaticien ne voit de preuve
que dans une dmonstration algbrique, le chimiste rapporte tout l'action des
lments, etc.. Tout homme qui s'est fait une spcialit y cramponne toutes ses
ides ; sortez-le de l, souvent il draisonne, parce qu'il veut tout soumettre au
mme creuset ; c'est une consquence de la faiblesse humaine. Je consulterai donc
volontiers et en toute confiance un chimiste sur une question d'analyse, un physicien
sur la puissance lectrique, un mcanicien sur une force motrice ; mais ils me
permettront, et sans que cela porte atteinte l'estime que commande leur savoir
spcial, de ne pas tenir le mme compte de leur opinion ngative en fait de
spiritisme, pas plus que du jugement d'un architecte sur une question de musique.
Les sciences vulgaires reposent sur les proprits de la matire qu'on peut
exprimenter et manipuler son gr ; les phnomnes spirites reposent sur l'action
d'intelligences qui ont leur volont et nous prouvent chaque instant qu'elles ne sont
pas notre caprice. Les observations ne peuvent donc se faire de la mme manire ;
elles requirent des conditions spciales et un autre point de dpart ; vouloir les
soumettre nos procds ordinaires d'investigation, c'est tablir des analogies qui
n'existent pas. La science proprement dite, comme science, est donc incomptente
pour se prononcer dans la question du spiritisme : elle n'a pas s'en occuper, et son
jugement quel qu'il soit, favorable ou non, ne saurait tre d'aucun poids. Le
spiritisme est le rsultat d'une conviction personnelle que les savants peuvent avoir
comme individus, abstraction faite de leur qualit de savants ; mais, vouloir dfrer
la question la science, autant vaudrait faire dcider l'existence de l'me par une
assemble de physiciens ou d'astronomes ; en effet, le spiritisme est tout entier dans
l'existence de l'me et dans son tat aprs la mort ; or, il est souverainement
illogique de penser qu'un homme doive tre un grand psychologiste, parce qu'il est
un grand mathmaticien ou un grand anatomiste. L'anatomiste, en dissquant le
corps humain, cherche l'me, et parce qu'il ne la trouve pas sous son scalpel, comme
il y trouve un nerf, ou parce qu'il ne la voit pas s'envoler comme un gaz, en conclut
qu'elle n'existe pas, parce qu'il se place au point de vue exclusivement matriel ;
s'ensuit-il qu'il ait raison contre l'opinion universelle ? Non. Vous voyez donc que le
spiritisme n'est pas du ressort de la science. Quand les croyances spirites seront
vulgarises, quand elles seront acceptes par les masses, et, si l'on en juge par la
rapidit avec laquelle elles se propagent, ce temps ne saurait tre fort loign, il en
INTRODUCTION
sera de cela comme de toutes les ides nouvelles oui ont rencontr de l'opposition,
les savants se rendront l'vidence ; ils y arriveront individuellement par la force
des choses ; jusque-l il est intempestif de les dtourner de leurs travaux spciaux,
pour les contraindre s'occuper d'une chose trangre qui n'est ni dans leurs
attributions, ni dans leur programme. En attendant, ceux qui, sans une tude
pralable et approfondie de la matire, se prononcent pour la ngative et bafouent
quiconque n'est pas de leur avis, oublient qu'il en a t de mme de la plupart des
grandes dcouvertes qui honorent l'humanit ; ils s'exposent voir leurs noms
augmenter la liste des illustres proscripteurs des ides nouvelles, et inscrits ct de
ceux des membres de la docte assemble qui, en 1752, accueillit avec un immense
clat de rire le mmoire de Franklin sur les paratonnerres, le jugeant indigne de
figurer au nombre des communications qui lui taient adresses ; et de cette autre
qui fit perdre la France le bnfice de l'initiative de la marine vapeur, en
dclarant le systme de Fulton un rve impraticable ; et pourtant c'taient des
questions de leur ressort. Si donc ces assembles, qui comptaient dans leur sein
l'lite des savants du monde, n'ont eu que la raillerie et le sarcasme pour des ides
qu'elles ne comprenaient pas, ides qui, quelques annes plus tard, devaient
rvolutionner la science, les moeurs et l'industrie, comment esprer qu'une question
trangre leurs travaux obtienne plus de faveur ?
Ces erreurs de quelques-uns, regrettables pour leur mmoire, ne sauraient leur
enlever les titres qu' d'autres gards ils ont acquis notre estime, mais est-il besoin
d'un diplme officiel pour avoir du bon sens, et ne compte-t-on en dehors des
fauteuils acadmiques que des sots et des imbciles ? Qu'on veuille bien jeter les
yeux sur les adeptes de la doctrine spirite, et l'on verra si l'on n'y rencontre que des
ignorants et si le nombre immense d'hommes de mrite qui l'ont embrasse permet
de la relguer au rang des croyances de bonnes femmes. Leur caractre et leur
savoir valent bien la peine qu'on dise : puisque de tels hommes affirment, il faut au
moins qu'il y ait quelque chose.
Nous rptons encore que si les faits qui nous occupent se fussent renferms dans
le mouvement mcanique des corps, la recherche de la cause physique de ce
phnomne rentrait dans le domaine de la science ; mais ds qu'il s'agit d'une
manifestation en dehors des lois de l'humanit, elle sort de la comptence de la
science matrielle, car elle ne peut s'exprimer ni par les chiffres, ni par la puissance
mcanique. Lorsque surgit un fait nouveau qui ne ressort d'aucune science connue,
le savant, pour l'tudier, doit faire abstraction de sa science et se dire que c'est pour
lui une tude nouvelle qui ne peut se faire avec des ides prconues.
L'homme qui croit sa raison infaillible est bien prs de l'erreur ; ceux mmes qui
ont les ides les plus fausses s'appuient sur leur raison, et c'est en vertu de cela qu'ils
rejettent tout ce qui leur semble impossible. Ceux qui ont jadis repouss les
admirables dcouvertes dont l'humanit s'honore faisaient tous appel ce juge pour
les rejeter ; ce que l'on appelle raison n'est souvent que de l'orgueil dguis, et
quiconque se croit infaillible se pose comme l'gal de Dieu. Nous nous adressons
donc ceux qui sont assez sages pour douter de ce qu'ils n'ont pas vu, et qui,
jugeant l'avenir par le pass, ne croient pas que l'homme soit arriv son apoge, ni
que la nature ait tourn pour lui la dernire page de son livre.
14
INTRODUCTION
VIII
Ajoutons que l'tude d'une doctrine, telle que la doctrine spirite, qui nous lance
tout coup dans un ordre de choses si nouveau et si grand, ne peut tre faite avec
fruit que par des hommes srieux, persvrants, exempts de prventions et anims
d'une ferme et sincre volont d'arriver un rsultat. Nous ne saurions donner cette
qualification ceux qui jugent, a priori, lgrement et sans avoir tout vu ; qui
n'apportent leurs tudes ni la suite, ni la rgularit, ni le recueillement ncessaires ;
nous saurions encore moins la donner certaines personnes qui, pour ne pas faillir
leur rputation de gens d'esprit, s'vertuent trouver un ct burlesque aux choses
les plus vraies, ou juges telles par des personnes dont le savoir, le caractre et les
convictions ont droit aux gards de quiconque se pique de savoir-vivre. Que ceux
donc qui ne jugent pas les faits dignes d'eux et de leur attention s'abstiennent ;
personne ne songe violenter leur croyance, mais qu'ils veuillent bien respecter
celles des autres.
Ce qui caractrise une tude srieuse, c'est la suite que l'on y apporte. Doit-on
s'tonner de n'obtenir souvent aucune rponse sense des questions, graves par
elles-mmes, alors qu'elles sont faites au hasard et jetes brle-pourpoint au milieu
d'une foule de questions saugrenues ? Une question, d'ailleurs, est souvent complexe
et demande, pour tre claircie, des questions prliminaires ou complmentaires.
Quiconque veut acqurir une science doit en faire une tude mthodique,
commencer par le commencement et suivre l'enchanement et le dveloppement des
ides. Celui qui adresse par hasard un savant une question sur une science dont il
ne sait pas le premier mot, sera-t-il plus avanc ? Le savant lui-mme pourra-t-il,
avec la meilleure volont, lui donner une rponse satisfaisante ? Cette rponse isole
sera forcment incomplte, et souvent, par cela mme, inintelligible, ou pourra
paratre absurde et contradictoire. Il en est exactement de mme dans les rapports
que nous tablissons avec les Esprits. Si l'on veut s'instruire leur cole, c'est un
cours qu'il faut faire avec eux ; mais, comme parmi nous, il faut choisir ses
professeurs et travailler avec assiduit.
Nous avons dit que les Esprits suprieurs ne viennent que dans les runions
srieuses, et dans celles surtout o rgne une parfaite communion de penses et de
sentiments pour le bien. La lgret et les questions oiseuses les loignent, comme,
chez les hommes, elles loignent les gens raisonnables ; le champ reste alors libre
la tourbe des Esprits menteurs et frivoles, toujours l'afft des occasions de se
railler et de s'amuser nos dpens. Que devient dans une telle runion une question
srieuse ? Il y sera rpondu ; mais par qui ? C'est comme si au milieu d'une troupe
de joyeux vivants vous alliez jeter ces questions : Qu'est-ce que l'me ? Qu'est-ce
que la mort ? et d'autres choses aussi rcratives. Si vous voulez des rponses
srieuses, soyez srieux vous-mmes dans toute l'acception du mot, et placez-vous
dans toutes les conditions voulues : alors seulement vous obtiendrez de grandes
choses ; soyez de plus laborieux et persvrants dans vos tudes, sans cela les
Esprits suprieurs vous dlaissent, comme le fait un professeur pour ses coliers
ngligents.
IX
INTRODUCTION
Le mouvement des objets est un fait acquis ; la question est de savoir si, dans ce
mouvement, il y a ou non une manifestation intelligente, et en cas d'affirmative,
quelle est la source de cette manifestation.
Nous ne parlons pas du mouvement intelligent de certains objets, ni de
communications verbales, ni mme de celles qui sont crites directement par le
mdium ; ce genre de manifestation, vident pour ceux qui ont vu et approfondi la
chose, n'est point, au premier aspect, assez indpendant de la volont pour asseoir la
conviction d'un observateur novice. Nous ne parlerons donc que de l'criture
obtenue l'aide d'un objet quelconque muni d'un crayon, tel que corbeille,
planchette, etc. ; la manire dont les doigts du mdium sont poss sur l'objet dfie,
comme nous l'avons dit, l'adresse la plus consomme de pouvoir participer en quoi
que ce soit au trac des caractres. Mais admettons encore que, par une adresse
merveilleuse, il puisse tromper l'oeil le plus scrutateur, comment expliquer la nature
des rponses, alors qu'elles sont en dehors de toutes les ides et de toutes les
connaissances du mdium ? Et qu'on veuille bien remarquer qu'il ne s'agit pas de
rponses monosyllabiques, mais souvent de plusieurs pages crites avec la plus
tonnante rapidit, soit spontanment, soit sur un sujet dtermin ; sous la main du
mdium le plus tranger la littrature, naissent quelquefois des posies d'une
sublimit et d'une puret irrprochables, et que ne dsavoueraient pas les meilleurs
potes humains ; ce qui ajoute encore l'tranget de ces faits, c'est qu'ils se
produisent partout et que les mdiums se multiplient l'infini. Ces faits sont-ils rels
ou non ? A cela nous n'avons qu'une chose rpondre : voyez et observez ; les
occasions ne vous manqueront pas ; mais surtout observez souvent, longtemps et
selon les conditions voulues.
A l'vidence, que rpondent les antagonistes ? Vous tes, disent-ils, dupes du
charlatanisme ou le jouet d'une illusion. Nous dirons d'abord qu'il faut carter le mot
charlatanisme l o il n'y a pas de profits ; les charlatans ne font pas leur mtier
gratis. Ce serait donc tout au plus une mystification. Mais par quelle trange
concidence ces mystificateurs se seraient-ils entendus d'un bout du monde l'autre
pour agir de mme, produire les mmes effets et donner sur les mmes sujets et dans
des langues diverses des rponses identiques, sinon quant aux mots, du moins quant
au sens ? Comment des personnes graves, srieuses, honorables, instruites se
prteraient-elles de pareilles manoeuvres, et dans quel but ? Comment trouveraiton chez des enfants la patience et l'habilet ncessaires ? car si les mdiums ne sont
pas des instruments passifs, il leur faut une habilet et des connaissances
incompatibles avec un certain ge et certaines positions sociales.
Alors on ajoute que, s'il n'y a pas supercherie, des deux cts on peut tre dupe
d'une illusion. En bonne logique, la qualit des tmoins est d'un certain poids ; or
c'est ici le cas de demander si la doctrine spirite, qui compte aujourd'hui ses
adhrents par milliers, ne les recrute que parmi les ignorants ? Les phnomnes sur
lesquels elle s'appuie sont si extraordinaires que nous concevons le doute ; mais ce
que l'on ne saurait admettre, c'est la prtention de certains incrdules au monopole
du bon sens, et qui, sans respect pour les convenances ou la valeur morale de leurs
adversaires, taxent sans faon d'ineptie tous ceux qui ne sont pas de leur avis. Aux
yeux de toute personne judicieuse, l'opinion des gens clairs qui ont longtemps vu,
16
INTRODUCTION
tudi et mdit une chose, sera toujours, sinon une preuve, du moins une
prsomption en sa faveur, puisqu'elle a pu fixer l'attention d'hommes srieux n'ayant
ni un intrt propager une erreur, ni du temps perdre des futilits.
X
Parmi les objections, il en est de plus spcieuses, du moins en apparence, parce
qu'elles sont tires de l'observation et qu'elles sont faites par des personnes graves.
Une de ces objections est tire du langage de certains Esprits qui ne parat pas
digne de l'lvation qu'on suppose des tres surnaturels. Si l'on veut bien se
reporter au rsum de la doctrine que nous avons prsent ci-dessus, on y verra que
les Esprits eux-mmes nous apprennent qu'ils ne sont gaux ni en connaissances, ni
en qualits morales, et que l'on ne doit point prendre au pied de la lettre tout ce
qu'ils disent. C'est aux gens senss faire la part du bon et du mauvais. Assurment
ceux qui tirent de ce fait la consquence que nous n'avons affaire qu' des tres
malfaisants, dont l'unique occupation est de nous mystifier, n'ont pas connaissance
des communications qui ont lieu dans les runions o ne se manifestent que des
Esprits suprieurs, autrement ils ne penseraient pas ainsi. Il est fcheux que le
hasard les ait assez mal servis pour ne leur montrer que le mauvais ct du monde
spirite, car nous voulons bien ne pas supposer qu'une tendance sympathique attire
vers eux les mauvais Esprits plutt que les bons, les Esprits menteurs ou ceux dont
le langage est rvoltant de grossiret. On pourrait tout au plus en conclure que la
solidit de leurs principes n'est pas assez puissante pour carter le mal, et que,
trouvant un Certain plaisir satisfaire leur curiosit cet gard, les mauvais Esprits
en profitent pour se glisser parmi eux, tandis que les bons s'loignent.
Juger la question des Esprits sur ces faits serait aussi peu logique que de juger le
caractre d'un peuple par ce qui se dit et se fait dans l'assemble de quelques
tourdis ou de gens mal fams que ne frquentent ni les sages, ni les gens senss.
Ces personnes se trouvent dans la situation d'un tranger qui, arrivant dans une
grande capitale par le plus vilain faubourg, jugerait tous les habitants par les moeurs
et le langage de ce quartier infime. Dans le monde des Esprits, il y a aussi une
bonne et une mauvaise socit ; que ces personnes veuillent bien tudier ce qui se
passe parmi les Esprits d'lite, et elles seront convaincues que la cit cleste
renferme autre chose que la lie du peuple. Mais, disent-elles, les Esprits d'lite
viennent-ils parmi nous ? A cela nous leur rpondrons : Ne restez pas dans le
faubourg ; voyez, observez et vous jugerez ; les faits sont l pour tout le monde ;
moins que ce ne soit elles que s'appliquent ces paroles de Jsus : Ils ont des yeux
et ils ne voient point ; des oreilles et ils n'entendent point.
Une variante de cette opinion consiste ne voir dans les communications spirites,
et dans tous les faits matriels auxquels elles donnent lieu, que l'intervention d'une
puissance diabolique, nouveau Prote qui revtirait toutes les formes pour mieux
nous abuser. Nous ne la croyons pas susceptible d'un examen srieux, c'est pourquoi
nous ne nous y arrterons pas : elle se trouve rfute par ce que nous venons de
dire ; nous ajouterons seulement que, s'il en tait ainsi, il faudrait convenir que le
diable est quelquefois bien sage, bien raisonnable et surtout bien moral, ou bien qu'il
y a aussi de bons diables.
INTRODUCTION
Comment croire, en effet, que Dieu ne permette qu' l'Esprit du mal de se
manifester pour nous perdre, sans nous donner pour contrepoids les conseils des
bons Esprits ? S'il ne le peut pas, c'est impuissance ; s'il le peut et ne le fait pas, c'est
incompatible avec sa bont ; l'une et l'autre supposition seraient un blasphme.
Remarquez qu'admettre la communication des mauvais Esprits, c'est reconnatre le
principe des manifestations ; or, du moment qu'elles existent, ce ne peut tre qu'avec
la permission de Dieu ; comment croire, sans impit, qu'il ne permette que le mal
l'exclusion du bien ? Une telle doctrine est contraire aux plus simples notions du bon
sens et de la religion.
XI
Une chose bizarre, ajoute-t-on, c'est qu'on ne parle que des Esprits de
personnages connus, et l'on se demande pourquoi ils sont seuls se manifester. C'est
l une erreur provenant, comme beaucoup d'autres, d'une observation superficielle.
Parmi les Esprits qui viennent spontanment, il en est plus encore d'inconnus pour
nous que d'illustres, qui se dsignent par un nom quelconque et souvent par un nom
allgorique ou caractristique. Quant ceux que l'on voque, moins que ce ne soit
un parent ou un ami, il est assez naturel de s'adresser ceux que l'on connat plutt
qu' ceux que l'on ne connat pas ; le nom des personnages illustres frappe
davantage, c'est pour cela qu'ils sont plus remarqus.
On trouve encore singulier que les Esprits d'hommes minents viennent
familirement notre appel, et s'occupent quelquefois de choses minutieuses en
comparaison de celles qu'ils ont accomplies pendant leur vie. A cela il n'est rien
d'tonnant pour ceux qui savent que la puissance ou la considration dont ces
hommes ont joui ici-bas ne leur donne aucune suprmatie dans le monde spirite ; les
Esprits confirment en ceci ces paroles de l'Evangile : Les grands seront abaisss et
les petits levs, ce qui doit s'entendre du rang que chacun de nous occupera parmi
eux ; c'est ainsi que celui qui a t le premier sur la terre peut s'y trouver l'un des
derniers ; celui devant lequel nous courbions la tte pendant sa vie peut donc venir
parmi nous comme le plus humble artisan, car en quittant la vie, il a laiss toute sa
grandeur, et le plus puissant monarque y est peut-tre au-dessous du dernier de ses
soldats.
XII
Un fait dmontr par l'observation et confirm par les Esprits eux-mmes, c'est
que les Esprits infrieurs empruntent souvent des noms connus et rvrs. Qui donc
peut nous assurer que ceux qui disent avoir t, par exemple, Socrate, Jules Csar,
Charlemagne, Fnelon, Napolon, Washington, etc., aient rellement anim ces
personnages ? Ce doute existe parmi certains adeptes trs fervents de la doctrine
spirite ; ils admettent l'intervention et la manifestation des Esprits, mais ils se
demandent quel contrle on peut avoir de leur identit. Ce contrle est, en effet,
assez difficile tablir ; s'il ne peut l'tre d'une manire aussi authentique que par un
acte d'tat civil, on le peut au moins par prsomption, d'aprs certains indices.
Lorsque l'Esprit de quelqu'un qui nous est personnellement connu se manifeste,
d'un parent ou d'un ami par exemple, surtout s'il est mort depuis peu de temps, il
arrive en gnral que son langage est en rapport parfait avec le caractre que nous
18
INTRODUCTION
lui connaissions ; c'est dj un indice d'identit ; mais le doute n'est presque plus
permis quand cet Esprit parle de choses prives, rappelle des circonstances de
famille qui ne sont connues que de l'interlocuteur. Un fils ne se mprendra pas
assurment au langage de son pre et de sa mre, ni des parents sur celui de leur
enfant. Il se passe quelquefois dans ces sortes d'vocations intimes des choses
saisissantes, de nature convaincre le plus incrdule. Le sceptique le plus endurci
est souvent terrifi des rvlations inattendues qui lui sont faites.
Une autre circonstance trs caractristique vient l'appui de l'identit. Nous
avons dit que l'criture du mdium change gnralement avec l'Esprit voqu, et que
cette criture se reproduit exactement la mme chaque fois que le mme Esprit se
prsente ; on a constat maintes fois que, pour les personnes mortes depuis peu
surtout, cette criture a une ressemblance frappante avec celle de la personne en son
vivant ; on a vu des signatures d'une exactitude parfaite. Nous sommes, du reste,
loin de donner ce fait comme une rgle et surtout comme constant ; nous le
mentionnons comme une chose digne de remarque.
Les Esprits arrivs un certain degr d'puration sont seuls dgags de toute
influence corporelle ; mais lorsqu'ils ne sont pas compltement dmatrialiss (c'est
l'expression dont ils se servent), ils conservent la plupart des ides, des penchants et
mme des manies qu'ils avaient sur la terre, et c'est encore l un moyen de
reconnaissance ; mais on en trouve surtout dans une foule de faits de dtail que peut
seule rvler une observation attentive et soutenue. On voit des crivains discuter
leurs propres ouvrages ou leurs doctrines, en approuver ou condamner certaines
parties ; d'autres Esprits rappeler des circonstances ignores ou peu connues de leur
vie ou de leur mort, toutes choses enfin qui sont tout au moins des preuves morales
d'identit, les seules que l'on puisse invoquer en fait de choses abstraites.
Si donc l'identit de l'Esprit voqu peut tre, jusqu' un certain point, tablie
dans quelques cas, il n'y a pas de raison pour qu'elle ne le soit pas dans d'autres, et
si l'on n'a pas, pour les personnes dont la mort est plus ancienne, les mmes moyens
de contrle, on a toujours celui du langage et du caractre ; car assurment l'Esprit
d'un homme de bien ne parlera pas comme celui d'un homme pervers ou d'un
dbauch. Quant aux Esprits qui se parent de noms respectables, ils se trahissent
bientt par leur langage et leurs maximes ; celui qui se dirait Fnelon, par exemple,
et qui blesserait, ne ft-ce qu'accidentellement, le bon sens et la morale, montrerait
par cela mme la supercherie. Si, au contraire, les penses qu'il exprime sont
toujours pures, sans contradictions et constamment la hauteur du caractre de
Fnelon, il n'y a pas de motifs pour douter de son identit ; autrement, il faudrait
supposer qu'un Esprit qui ne prche que le bien peut sciemment employer le
mensonge, et cela sans utilit. L'exprience nous apprend que les Esprits du mme
degr, du mme caractre et anims des mmes sentiments se runissent en groupes
et en familles ; or, le nombre des Esprits est incalculable, et nous sommes loin de les
connatre tous ; la plupart mme n'ont pas de noms pour nous. Un Esprit de la
catgorie de Fnelon peut donc venir en son lieu et place, souvent mme envoy par
lui comme mandataire ; il se prsente sous son nom, parce qu'il lui est identique et
peut le suppler, et parce qu'il nous faut un nom pour fixer nos ides ; mais
qu'importe, en dfinitive, qu'un Esprit soit rellement ou non celui de Fnelon ! Du
INTRODUCTION
moment qu'il ne dit que de bonnes choses et qu'il parle comme l'aurait dit Fnelon
lui-mme, c'est un bon Esprit ; le nom sous lequel il se fait connatre est indiffrent,
et n'est souvent qu'un moyen de fixer nos ides. Il n'en saurait tre de mme dans les
vocations intimes ; mais l, comme nous l'avons dit, l'identit peut tre tablie par
des preuves en quelque sorte patentes.
Au reste, il est certain que la substitution des Esprits peut donner lieu une foule
de mprises, et qu'il peut en rsulter des erreurs, et souvent des mystifications ; c'est
l une difficult du spiritisme pratique; mais nous n'avons jamais dit que cette
science ft une chose facile, ni qu'on pt l'apprendre en se jouant, pas plus
qu'aucune autre science. Nous ne saurions trop le rpter, elle demande une tude
assidue et souvent fort longue ; ne pouvant provoquer les faits, il faut attendre qu'ils
se prsentent d'eux-mmes, et souvent ils sont amens par les circonstances
auxquelles on songe le moins. Pour l'observateur attentif et patient, les faits
abondent, parce qu'il dcouvre des milliers de nuances caractristiques qui sont,
pour lui, des traits de lumire. Il en est ainsi dans les sciences vulgaires ; tandis que
l'homme superficiel ne voit dans une fleur qu'une forme lgante, le savant y
dcouvre des trsors pour la pense.
XIII
Les observations ci-dessus nous conduisent dire quelques mots d'une autre
difficult, celle de la divergence qui existe dans le langage des Esprits.
Les Esprits tant trs diffrents les uns des autres au point de vue des
connaissances et de la moralit, il est vident que la mme question peut tre
rsolue dans un sens oppos, selon le rang qu'ils occupent, absolument comme si
elle tait pose parmi les hommes alternativement un savant, un ignorant ou un
mauvais plaisant. Le point essentiel, nous l'avons dit, est de savoir qui l'on
s'adresse.
Mais, ajoute-t-on, comment se fait-il que les Esprits reconnus pour tre suprieurs
ne soient pas toujours d'accord ? Nous dirons d'abord qu'indpendamment de la
cause que nous venons de signaler, il en est d'autres qui peuvent exercer une
certaine influence sur la nature des rponses, abstraction faite de la qualit des
Esprits ; ceci est un point capital dont l'tude donnera l'explication ; c'est pourquoi
nous disons que ces tudes requirent une attention soutenue, une observation
profonde, et surtout, comme du reste toutes les sciences humaines, de la suite et de
la persvrance. Il faut des annes pour faire un mdiocre mdecin, et les trois
quarts de la vie pour faire un savant, et l'on voudrait en quelques heures acqurir la
science de l'infini ! Qu'on ne s'y trompe donc pas : l'tude du spiritisme est
immense ; elle touche toutes les questions de la mtaphysique et de l'ordre social ;
c'est tout un monde qui s'ouvre devant nous ; doit-on s'tonner qu'il faille du temps,
et beaucoup de temps, pour l'acqurir ?
La contradiction, d'ailleurs, n'est pas toujours aussi relle qu'elle peut le paratre.
Ne voyons-nous pas tous les jours des hommes professant la mme science varier
dans la dfinition qu'ils donnent d'une chose, soit qu'ils emploient des termes
diffrents, soit qu'ils l'envisagent sous un autre point de vue, quoique l'ide
fondamentale soit toujours la mme ? que l'on compte si l'on peut, le nombre des
20
INTRODUCTION
INTRODUCTION
purilit de l'orthographe, lorsqu'il s'agit surtout d'un enseignement grave et srieux ;
n'est-il pas dj merveilleux d'ailleurs qu'ils s'expriment indiffremment dans toutes
les langues et qu'ils les comprennent toutes ? Il ne faut pas en conclure de l
pourtant que la correction conventionnelle du langage leur soit inconnue ; ils
l'observent quand cela est ncessaire ; c'est ainsi, par exemple, que la posie dicte
par eux dfierait souvent la critique du plus mticuleux puriste, et cela malgr
l'ignorance du mdium.
XV
Il y a ensuite des gens qui trouvent du danger partout, et tout ce qu'ils ne
connaissent pas ; aussi ne manquent-ils pas de tirer une consquence dfavorable de
ce que certaines personnes, en s'adonnant ces tudes, ont perdu la raison.
Comment des hommes senss peuvent-ils voir dans ce fait une objection srieuse ?
N'en est-il pas de mme de toutes les proccupations intellectuelles sur un cerveau
faible ? Sait-on le nombre des fous et des maniaques produit par les tudes
mathmatiques, mdicales, musicales, philosophiques et autres ? Faut-il pour cela
bannir ces tudes ? Qu'est-ce que cela prouve ? Par les travaux corporels on
s'estropie les bras et les jambes, qui sont les instruments de l'action matrielle ; par
les travaux de l'intelligence on s'estropie le cerveau, qui est l'instrument de la
pense. Mais si l'instrument est bris, l'esprit ne l'est pas pour cela : il est intact ; et
lorsqu'il est dgag de la matire, il n'en jouit pas moins de la plnitude de ses
facults. C'est dans son genre, comme homme, un martyr du travail.
Toutes les grandes proccupations de l'esprit peuvent occasionner la folie : les
sciences, les arts, la religion mme fournissent leur contingent. La folie a pour cause
premire une prdisposition organique du cerveau qui le rend plus ou moins
accessible certaines impressions. Etant donn une prdisposition la folie, celle-ci
prendra le caractre de la proccupation principale qui devient alors une ide fixe.
Cette ide fixe pourra tre celle des Esprits chez celui qui s'en est occup, comme
elle pourra tre celle de Dieu, des anges, du diable, de la fortune, de la puissance,
d'un art, d'une science, de la maternit, d'un systme politique social. Il est probable
que le fou religieux ft devenu un fou spirite, si le spiritisme et t sa
proccupation dominante, comme le fou spirite l'et t sous une autre forme suivant
les circonstances.
Je dis donc que le spiritisme n'a aucun privilge sous ce rapport ; mais je vais
plus loin : je dis que, bien compris, c'est un prservatif contre la folie.
Parmi les causes les plus nombreuses de surexcitation crbrale, il faut compter
les dceptions, les malheurs, les affections contraries, qui sont en mme temps les
causes les plus frquentes de suicide. Or, le vrai spirite voit les choses de ce monde
d'un point de vue si lev ; elles lui paraissent si petites, si mesquines auprs de
l'avenir qui l'attend ; la vie est pour lui si courte, si fugitive, que les tribulations ne
sont ses yeux que les incidents dsagrables d'un voyage. Ce qui, chez un autre,
produirait une violente motion, l'affecte mdiocrement ; il sait d'ailleurs que les
chagrins de la vie sont des preuves qui servent son avancement s'il les subit sans
murmure, parce qu'il sera rcompens selon le courage avec lequel il les aura
supportes. Ses convictions lui donnent donc une rsignation qui le prserve du
22
INTRODUCTION
INTRODUCTION
supposez, pourquoi auraient-ils attribu des Esprits ce qu'ils auraient puis en euxmmes ? Comment auraient-ils donn ces renseignements si prcis, si logiques, si
sublimes sur la nature de ces intelligences extra-humaines ? De deux choses l'une,
ou ils sont lucides ou ils ne le sont pas : s'ils le sont et si l'on a confiance en leur
vracit, on ne saurait sans contradiction admettre qu'ils ne sont pas dans le vrai. En
second lieu, si tous les phnomnes avaient leur source dans le mdium, ils seraient
identiques chez le mme individu, et l'on ne verrait pas la mme personne tenir un
langage disparate ni exprimer tour tour les choses les plus contradictoires. Ce
dfaut d'unit dans les manifestations obtenues par le mdium prouve la diversit
des sources ; si donc on ne peut les trouver toutes dans le mdium, il faut bien les
chercher hors de lui.
Selon une autre opinion, le mdium est bien la source des manifestations, mais au
lieu de les puiser en lui-mme, ainsi que le prtendent les artisans de la thorie
somnambulique, il les puise dans le milieu ambiant. Le mdium serait ainsi une sorte
de miroir refltant toutes les ides, toutes les penses et toutes les connaissances des
personnes qui l'entourent ; il ne dirait rien qui ne soit connu au moins de quelquesunes. On ne saurait nier, et c'est mme l un principe de la doctrine, l'influence
exerce par les assistants sur la nature des manifestations ; mais cette influence est
tout autre que celle qu'on suppose exister, et de l ce que le mdium soit l'cho de
leurs penses, il y a fort loin, car des milliers de faits tablissent premptoirement le
contraire. C'est donc l une erreur grave qui prouve une fois de plus le danger des
conclusions prmatures. Ces personnes ne pouvant nier l'existence d'un phnomne
dont la science vulgaire ne peut rendre compte, et ne voulant pas admettre la
prsence des Esprits, l'expliquent leur manire. Leur thorie serait spcieuse si elle
pouvait embrasser tous les faits, mais il n'en est point ainsi. Lorsqu'on leur dmontre
jusqu' l'vidence que certaines communications du mdium sont compltement
trangres aux penses, aux connaissances, aux opinions mme de tous les
assistants, que ces communications sont souvent spontanes et contredisent toutes
les ides prconues, elles ne sont pas arrtes pour si peu de chose. Le
rayonnement, disent-elles, s'tend bien au-del du cercle immdiat qui nous
entoure ; le mdium est le reflet de l'humanit tout entire, de telle sorte que, s'il ne
puise pas ses inspirations ct de lui, il va les chercher au-dehors, dans la ville,
dans la contre, dans tout le globe et mme dans les autres sphres.
Je ne pense pas que l'on trouve dans cette thorie une explication plus simple et
plus probable que celle du spiritisme, car elle suppose une cause bien autrement
merveilleuse. L'ide que des tres peuplant les espaces, et qui, tant en contact
permanent avec nous, nous communiquent leurs penses, n'a rien qui choque plus la
raison que la supposition de ce rayonnement universel venant de tous les points de
l'univers se concentrer dans le cerveau d'un individu.
Encore une fois, et c'est l un point capital sur lequel nous ne saurions trop
insister, la thorie somnambulique, et celle qu'on pourrait appeler rflective, ont t
imagines par quelques hommes ; ce sont des opinions individuelles cres pour
expliquer un fait, tandis que la doctrine des Esprits n'est point de conception
humaine ; elle a t dicte par les intelligences mmes qui se manifestent, alors que
nul n'y songeait, que l'opinion gnrale mme la repoussait ; or nous demandons o
24
INTRODUCTION
les mdiums ont t puiser une doctrine qui n'existait dans la pense de personne sur
la terre ; nous demandons en outre par quelle trange concidence des milliers de
mdiums dissmins sur tous les points du globe, qui ne se sont jamais vus,
s'accordent pour dire la mme chose. Si le premier mdium qui parut en France a
subi l'influence d'opinions dj accrdites en Amrique, par quelle bizarrerie a-t-il
t chercher ces ides 2.000 lieues au-del des mers, chez un peuple tranger de
moeurs et de langage, au lieu de les prendre autour de lui ?
Mais il est une autre circonstance laquelle on n'a point assez song. Les
premires manifestations, en France comme en Amrique, n'ont eu lieu ni par
l'criture, ni par la parole, mais par les coups frapps concordant avec les lettres de
l'alphabet, et formant des mots et des phrases. C'est par ce moyen que les
intelligences qui se sont rvles ont dclar tre des Esprits. Si donc on pouvait
supposer l'intervention de la pense des mdiums dans les communications verbales
ou crites, il ne saurait en tre ainsi des coups frapps dont la signification ne
pouvait tre connue d'avance.
Nous pourrions citer nombre de faits qui dmontrent, dans l'intelligence qui se
manifeste, une individualit vidente et une indpendance absolue de volont. Nous
renvoyons donc les dissidents une observation plus attentive, et s'ils veulent bien
tudier sans prvention et ne pas conclure avant d'avoir tout vu, ils reconnatront
l'impuissance de leur thorie pour rendre raison de tout. Nous nous bornerons
poser les questions suivantes : Pourquoi l'intelligence qui se manifeste, quelle qu'elle
soit, refuse-t-elle de rpondre certaines questions sur des sujets parfaitement
connus, comme, par exemple, sur le nom ou l'ge de l'interrogateur, sur ce qu'il a
dans la main, ce qu'il a fait la veille, son projet du lendemain, etc. ? Si le mdium est
le miroir de la pense des assistants, rien ne lui serait plus ais que de rpondre.
Les adversaires rtorquent l'argument en demandant leur tour pourquoi les
Esprits qui doivent tout savoir ne peuvent dire des choses aussi simples, selon
l'axiome : Qui peut le plus peut le moins ; d'o ils concluent que ce ne sont pas des
Esprits. Si un ignorant ou un mauvais plaisant, se prsentant devant une docte
assemble, demandait, par exemple, pourquoi il fait jour en plein midi, croit-on
qu'elle se donnt la peine de rpondre srieusement, et serait-il logique de conclure
de son silence, ou des railleries dont elle gratifierait le questionneur, que ses
membres ne sont que des nes ? Or, c'est prcisment parce que les Esprits sont
suprieurs qu'ils ne rpondent pas des questions oiseuses et ridicules, et ne veulent
pas tre mis sur la sellette ; c'est pourquoi ils se taisent ou disent de s'occuper de
choses plus srieuses.
Nous demanderons, enfin, pourquoi les Esprits viennent et s'en vont souvent un
moment donn, et pourquoi, ce moment pass, il n'y a ni prires, ni supplications qui
puissent les ramener ? Si le mdium n'agissait que par l'impulsion mentale des
assistants, il est vident que, dans cette circonstance, le concours de toutes les
volonts runies devrait stimuler sa clairvoyance. Si donc il ne cde pas au dsir de
l'assemble, corrobor par sa propre volont, c'est qu'il obit une influence
trangre lui-mme et ceux qui l'entourent, et que cette influence accuse par l
son indpendance et son individualit.
INTRODUCTION
XVII
Le scepticisme, touchant la doctrine spirite, lorsqu'il n'est pas le rsultat d'une
opposition systmatique intresse, a presque toujours sa source dans une
connaissance incomplte des faits, ce qui n'empche pas certaines gens de trancher
la question comme s'ils la connaissaient parfaitement. On peut avoir beaucoup
d'esprit, de l'instruction mme, et manquer de jugement ; or, le premier indice d'un
dfaut dans le jugement, c'est de croire le sien infaillible. Beaucoup de personnes
aussi ne voient dans les manifestations spirites qu'un objet de curiosit ; nous
esprons que, par la lecture de ce livre, elles trouveront dans ces phnomnes
tranges autre chose qu'un simple passe-temps.
La science spirite comprend deux parties : l'une exprimentale sur les
manifestations en gnral, l'autre philosophique sur les manifestations intelligentes.
Quiconque n'a observ que la premire est dans la position de celui qui ne
connatrait la physique que par des expriences rcratives, sans avoir pntr dans
le fond de la science. La vritable doctrine spirite est dans l'enseignement donn par
les Esprits, et les connaissances que cet enseignement comporte sont trop graves
pour pouvoir tre acquises autrement que par une tude srieuse et suivie, faite dans
le silence et le recueillement ; car dans cette condition seule on peut observer un
nombre infini de faits et de nuances qui chappent l'observateur superficiel et
permettent d'asseoir une opinion. Ce livre n'aurait-il pour rsultat que de montrer le
ct srieux de la question, et de provoquer des tudes dans ce sens, ce serait dj
beaucoup, et nous nous applaudirions d'avoir t choisi pour accomplir une oeuvre
dont nous ne prtendons, du reste, nous faire aucun mrite personnel, puisque les
principes qu'il renferme ne sont pas notre cration ; le mrite en est donc tout entier
aux Esprits qui l'ont dict. Nous esprons qu'il aura un autre rsultat, c'est de guider
les hommes dsireux de s'clairer, en leur montrant, dans ces tudes, un but grand et
sublime : celui du progrs individuel et social, et de leur indiquer la route suivre
pour l'atteindre.
Terminons par une dernire considration. Des astronomes, en sondant les
espaces, ont trouv, dans la rpartition des corps clestes, des lacunes non justifies
et en dsaccord avec les lois de l'ensemble ; ils ont souponn que ces lacunes
devaient tre remplies par des globes chapps leurs regards ; d'un autre ct, ils
ont observ certains effets dont la cause leur tait inconnue, et ils se sont dit : l il
doit y avoir un monde, car cette lacune ne peut exister, et ces effets doivent avoir
une cause. Jugeant alors de la cause par l'effet, ils en ont pu calculer les lments, et
plus tard les faits sont venus justifier leurs prvisions. Appliquons ce raisonnement
un autre ordre d'ides. Si l'on observe la srie des tres, on trouve qu'ils forment une
chane sans solution de continuit depuis la matire brute jusqu' l'homme le plus
intelligent. Mais entre l'homme et Dieu, qui est l'alpha et l'omga de toutes choses,
quelle immense lacune ! Est-il rationnel de penser qu' lui s'arrtent les anneaux de
cette chane ? Qu'il franchisse sans transition la distance qui le spare de l'infini ? La
raison nous dit qu'entre l'homme et Dieu il doit y avoir d'autres chelons, comme
elle a dit aux astronomes qu'entre les mondes connus il devait y avoir des mondes
inconnus. Quelle est la philosophie qui a combl cette lacune ? Le spiritisme nous la
montre remplie par les tres de tous rangs du monde invisible, et ces tres ne sont
26
INTRODUCTION
autres que les Esprits des hommes arrivs aux diffrents degrs qui conduisent la
perfection : alors tout se lie, tout s'enchane, depuis l'alpha jusqu' l'omga. Vous qui
niez l'existence des Esprits, remplissez donc le vide qu'ils occupent ; et vous qui en
riez, osez donc rire des oeuvres de Dieu et de sa toute-puissance !
ALLAN KARDEC.
PROLEGOMENES
28
PROLEGOMENES
personnage dont l'histoire ait gard le souvenir, mais leur lvation est atteste par la
puret de leur doctrine, et leur union avec ceux qui portent des noms vnrs.
Voici les termes dans lesquels ils ont donn par crit, et par l'intermdiaire de
plusieurs mdiums, la mission d'crire ce livre :
Occupe-toi avec zle et persvrance du travail que tu as entrepris avec notre
concours, car ce travail est le ntre. Nous y avons pos les bases du nouvel difice
qui s'lve et doit un jour runir tous les hommes dans un mme sentiment d'amour
et de charit ; mais avant de le rpandre, nous le reverrons ensemble, afin d'en
contrler tous les dtails.
Nous serons avec toi toutes les fois que tu le demanderas et pour t'aider dans
tes autres travaux, car ce n'est l qu'une partie de la mission qui t'est confie, et qui
t'a dj t rvle par l'un de nous.
Dans le nombre des enseignements qui te sont donns, il en est que tu dois
garder pour toi seul jusqu' nouvel ordre ; nous t'indiquerons quand le moment de
les publier sera venu : en attendant, mdite-les, afin d'tre prt quand nous te le
dirons.
Tu mettras en tte du livre le cep de vigne que nous t'avons dessin1, parce qu'il
est l'emblme du travail du Crateur ; tous les principes matriels qui peuvent le
mieux reprsenter le corps et l'esprit s'y trouvent runis : le corps, c'est le cep ;
l'esprit, c'est la liqueur ; l'me, ou l'esprit unis la matire, c'est le grain. L'homme
quintessencie l'esprit par le travail, et tu sais que ce n'est que par le travail du corps
que l'esprit acquiert des connaissances.
Ne te laisse pas dcourager par la critique. Tu trouveras des contradicteurs
acharns, surtout parmi les gens intresss aux abus. Tu en trouveras mme parmi
les Esprits, car ceux qui ne sont pas compltement dmatrialiss cherchent souvent
semer le doute par malice ou par ignorance ; mais va toujours ; crois en Dieu, et
marche avec confiance : nous serons l pour te soutenir, et le temps est proche o la
vrit clatera de toutes parts.
La vanit de certains hommes qui croient tout savoir et veulent tout expliquer
leur manire fera natre des opinions dissidentes ; mais tous ceux qui auront en vue
le grand principe de Jsus se confondront dans le mme sentiment de l'amour du
bien, et s'uniront par un lien fraternel qui embrassera le monde entier ; ils laisseront
de ct les misrables disputes de mots pour ne s'occuper que des choses
essentielles, et la doctrine sera toujours la mme, quant au fond, pour tous ceux qui
recevront les communications des Esprits suprieurs.
C'est avec la persvrance que tu parviendras recueillir le fruit de tes travaux.
Le plaisir que tu prouveras en voyant la doctrine se propager et bien comprise te
sera une rcompense dont tu connatras toute la valeur, peut-tre plus dans l'avenir
que dans le prsent. Ne t'inquite donc pas des ronces et des pierres que des
incrdules ou des mchants smeront sur ta route ; conserve la confiance : avec la
confiance tu parviendras au but, et tu mriteras d'tre toujours aid.
1
Le cep ci-dessus est le fac-simil de celui qui a t dessin par les Esprits.
PROLEGOMENES
Souviens-toi que les Bons Esprits n'assistent que ceux qui servent Dieu avec
humilit et dsintressement, et qu'ils rpudient quiconque cherche dans la voie du
ciel un marchepied pour les choses de la terre ; ils se retirent de l'orgueilleux et de
l'ambitieux. L'orgueil et l'ambition seront toujours une barrire entre l'homme et
Dieu ; c'est un voile jet sur les clestes clarts, et Dieu ne peut se servir de
l'aveugle pour faire comprendre la lumire.
SAINT JEAN L'EVANGELISTE, SAINT AUGUSTIN, SAINT VINCENT DE
PAUL, SAINT LOUIS, L'ESPRIT DE VERITE, SOCRATE, PLATON,
FENELON, FRANKLIN, SWEDENBORG, ETC., ETC..
NOTA. - Les principes contenus dans ce livre rsultent, soit des rponses faites
par les Esprits aux questions directes qui leur ont t proposes diverses poques
et par l'entremise d'un grand nombre de mdiums, soit des instructions donnes par
eux spontanment nous ou d'autres personnes sur les matires qu'il renferme. Le
tout a t coordonn de manire prsenter un ensemble rgulier et mthodique, et
n'a t livr la publicit qu'aprs avoir t soigneusement revu plusieurs reprises
et corrig par les Esprits eux-mmes. Cette seconde dition a pareillement t de
leur part l'objet d'un nouvel et minutieux examen.
Ce qui est entre guillemets la suite des questions est la rponse textuelle donne
par les Esprits. Ce qui est marqu par un autre caractre, ou dsign d'une manire
spciale cet effet, comprend les remarques ou dveloppements ajouts par l'auteur,
et qui ont galement subi le contrle des Esprits.
LE
LIVRE PREMIER
-
CHAPITRE PREMIER
-
DIEU
1. Dieu et l'infini. - 2. Preuves de l'existence de Dieu.
3. Attributs de la Divinit. - 4. Panthisme.
Dieu et l'infini.
1. Qu'est-ce que Dieu ?
Dieu est l'intelligence suprme, cause premire de toutes choses .
1
Le texte plac entre guillemets la suite des questions est la rponse mme donne par les
Esprits. On a distingu par un autre caractre les remarques et dveloppements ajouts par
l'auteur, lorsqu'il y aurait eu possibilit de les confondre avec le texte de la rponse. Quand ils
forment des chapitres entiers, la confusion n'tant pas possible, on a conserv le caractre
ordinaire.
DIEU
32
Attributs de la Divinit.
10. L'homme peut-il comprendre la nature intime de Dieu ?
Non ; c'est un sens qui lui manque.
11. Sera-t-il un jour donn l'homme de comprendre le mystre de la
Divinit ?
Quand son esprit ne sera plus obscurci par la matire et que, par sa
perfection, il se sera rapproch de lui, alors il le verra et il le
comprendra.
L'infriorit des facults de l'homme ne lui permet pas de comprendre la nature
intime de Dieu. Dans l'enfance de l'humanit, l'homme le confond souvent avec la
crature dont il lui attribue les imperfections ; mais mesure que le sens moral se
dveloppe en lui, sa pense pntre mieux le fond des choses, et il s'en fait une ide
plus juste et plus conforme la saine raison, quoique toujours incomplte.
DIEU
Panthisme.
14. Dieu est-il un tre distinct, ou bien serait-il, selon l'opinion de
quelques-uns, la rsultante de toutes les forces et de toutes les
intelligences de l'univers runies ?
S'il en tait ainsi, Dieu ne serait pas, car il serait l'effet et non la
cause ; il ne peut tre la fois l'un et l'autre.
Dieu existe, vous n'en pouvez douter, c'est l'essentiel ; croyez-moi,
n'allez pas au-del ; ne vous garez pas dans un labyrinthe d'o vous ne
pourriez sortir ; cela ne vous rendrait pas meilleurs, mais peut-tre un
peu plus orgueilleux, parce que vous croiriez savoir, et qu'en ralit vous
ne sauriez rien. Laissez donc de ct tous ces systmes ; vous avez assez
de choses qui vous touchent plus directement, commencer par vousmmes ; tudiez vos propres imperfections afin de vous en dbarrasser,
cela vous sera plus utile que de vouloir pntrer ce qui est
impntrable.
34
CHAPITRE II
-
Esprit et matire.
21. La matire est-elle de toute ternit comme Dieu, ou bien a-t-elle
t cre par lui dans un temps quelconque ?
36
Dieu seul le sait. Cependant, il est une chose que votre raison doit
vous indiquer, c'est que Dieu, type d'amour et de charit, n'a jamais t
inactif. Quelque loign que vous puissiez vous reprsenter le dbut de
son action, pouvez-vous le comprendre une seconde dans l'oisivet ?
22. On dfinit gnralement la matire : ce qui a de l'tendue ; ce qui
peut faire impression sur nos sens ; ce qui est impntrable ; ces
dfinitions sont-elles exactes ?
A votre point de vue, cela est exact parce que vous ne parlez que
d'aprs ce que vous connaissez ; mais la matire existe des tats qui
vous sont inconnus ; elle peut tre, par exemple, tellement thre et
subtile, qu'elle ne fasse aucune impression sur vos sens ; cependant c'est
toujours de la matire, mais pour vous ce n'en serait pas.
- Quelle dfinition pouvez-vous donner de la matire ?
La matire est le lien qui enchane l'esprit ; c'est l'instrument qui le
sert et sur lequel, en mme temps, il exerce son action.
A ce point de vue, on peut dire que la matire est l'agent, l'intermdiaire l'aide
duquel et sur lequel agit l'esprit.
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Oui, sans doute, et qui n'existent que par la disposition des organes
destins les percevoir.
Ce principe est dmontr par le fait que tout le monde ne peroit pas les qualits
des corps de la mme manire : l'un trouve une chose agrable au got, un autre la
trouve mauvaise ; les uns voient bleu ce que d'autres voient rouge ; ce qui est un
poison pour les uns est inoffensif ou salutaire pour d'autres.
L'oxygne, l'hydrogne, l'azote, le carbone et tous les corps que nous regardons
comme simples ne sont que des modifications d'une substance primitive. Dans
l'impossibilit o nous sommes jusqu' prsent de remonter autrement que par la
pense cette matire premire, ces corps sont pour nous de vritables lments, et
nous pouvons, sans que cela tire consquence, les considrer comme tels jusqu'
nouvel ordre.
Ce principe explique le phnomne connu de tous les magntiseurs et qui consiste donner,
par la volont, une substance quelconque, l'eau, par exemple, des proprits trs diverses : un
got dtermin, et mme les qualits actives d'autres substances. Puisqu'il n'y a qu'un lment
primitif, et que les proprits des diffrents corps ne sont que des modifications de cet lment, il
en rsulte que la substance la plus inoffensive a le mme principe que la plus dltre. Ainsi l'eau,
qui est forme d'une partie d'oxygne et de deux d'hydrogne, devient corrosive si l'on double la
proportion d'oxygne. Une transformation analogue peut se produire par l'action magntique
dirige par la volont.
40
CHAPITRE III
-
CREATION
42
CREATION
mondes infinis par des lois ternelles. Cette thorie ne rsout pas, il est vrai, la
question de l'origine des lments vitaux ; mais Dieu a ses mystres et a pos des
bornes nos investigations.
44
d'une des races qui le peuplent aujourd'hui. Les lois de la nature s'opposent ce que
les progrs de l'humanit, constats longtemps avant le Christ, aient pu s'accomplir
en quelques sicles, si l'homme n'tait sur la terre que depuis l'poque assigne
l'existence d'Adam. Quelques-uns considrent, et cela avec plus de raison, Adam
comme un mythe ou une allgorie personnifiant les premiers ges du monde.
CREATION
d'ailleurs, ni dans la position, ni dans le volume, ni dans la constitution physique de
la terre, ne peut raisonnablement faire supposer qu'elle a seule le privilge d'tre
habite l'exclusion de tant de milliers de mondes semblables.
46
CREATION
pas de raisonnements possibles, et il faudra accepter ce fait, comme on a accept
celui du mouvement de la terre et les six priodes de la cration.
L'existence de l'homme avant le dluge gologique est, il est vrai, encore
hypothtique, mais voici qui l'est moins. En admettant que l'homme ait paru pour la
premire fois sur la terre 4.000 ans avant le Christ, si 1650 ans plus tard toute la
race humaine a t dtruite l'exception d'une seule famille, il en rsulte que le
peuplement de la terre ne date que de No, c'est--dire de 2.350 avant notre re. Or,
lorsque les Hbreux migrrent en Egypte au dix-huitime sicle, ils trouvrent ce
pays trs peupl et dj fort avanc en civilisation. L'histoire prouve qu' cette
poque les Indes et d'autres contres taient galement florissantes, sans mme tenir
compte de la chronologie de certains peuples qui remonte une poque bien plus
recule. Il aurait donc fallu que du vingt-quatrime au dix-huitime sicle, c'est-dire dans l'espace de 600 ans, non seulement la postrit d'un seul homme et pu
peupler toutes les immenses contres alors connues, en supposant que les autres ne
le fussent pas, mais que, dans ce court intervalle, l'espce humaine ait pu s'lever de
l'ignorance absolue de l'tat primitif au plus haut degr du dveloppement
intellectuel, ce qui est contraire toutes les lois anthropologiques.
La diversit des races vient encore l'appui de cette opinion. Le climat et les
habitudes produisent sans doute des modifications dans le caractre physique, mais
on connat jusqu'o peut aller l'influence de ces causes, et l'examen physiologique
prouve qu'il y a entre certaines races des diffrences constitutionnelles plus
profondes que celles que peut produire le climat. Le croisement des races produit
les types intermdiaires ; il tend effacer les caractres extrmes, mais il ne les
produit pas : il ne cre que des varits ; or, pour qu'il y ait eu croisement de races,
il fallait qu'il y et des races distinctes, et comment expliquer leur existence en leur
donnant une souche commune et surtout aussi rapproche ? Comment admettre
qu'en quelques sicles certains descendants de No se soient transforms au point
de produire la race thiopique, par exemple ; une telle mtamorphose n'est pas plus
admissible que l'hypothse d'une souche commune entre le loup et la brebis,
l'lphant et le puceron, l'oiseau et le poisson. Encore une fois, rien ne saurait
prvaloir contre l'vidence des faits. Tout s'explique, au contraire, en admettant
l'existence de l'homme avant l'poque qui lui est vulgairement assigne ; la diversit
des souches ; Adam qui vivait il y a 6.000 ans, comme ayant peupl une contre
encore inhabite ; le dluge de No comme une catastrophe partielle confondue
avec le cataclysme gologique ; en tenant compte enfin de la forme allgorique
particulire au style oriental, et que l'on retrouve dans les livres sacrs de tous les
peuples. C'est pourquoi il est prudent de ne pas s'inscrire trop lgrement en faux
contre les doctrines qui peuvent tt ou tard, comme tant d'autres, donner un dmenti
ceux qui les combattent. Les ides religieuses, loin de perdre, grandissent en
marchant avec la science ; c'est le seul moyen de ne pas montrer au scepticisme un
ct vulnrable.
CHAPITRE IV
-
PRINCIPE VITAL
1. Etres organiques et inorganiques. - 2. La vie et la mort.
3. Intelligence et instinct.
60. Est-ce la mme force qui unit les lments de la matire dans les
corps organiques et dans les corps inorganiques ?
Oui, la loi d'attraction est la mme pour tous.
61. Y a-t-il une diffrence entre la matire des corps organiques et
celle des corps inorganiques ?
C'est toujours la mme matire, mais dans les corps organiques elle
est animalise.
62. Quelle est la cause de l'animalisation de la matire ?
Son union avec le principe vital.
63. Le principe vital rside-t-il dans un agent particulier, ou n'est-il
qu'une proprit de la matire organise ; en un mot, est-ce un effet ou
une cause ?
C'est l'un et l'autre. La vie est un effet produit par l'action d'un agent
sur la matire ; cet agent, sans la matire, n'est pas la vie, de mme que
la matire ne peut vivre sans cet agent. Il donne la vie tous les tres
qui l'absorbent et se l'assimilent.
64. Nous avons vu que l'esprit et la matire sont deux lments
constitutifs de l'univers, le principe vital en forme-t-il un troisime ?
C'est sans doute un des lments ncessaires la constitution de
l'univers, mais il a lui-mme sa source dans la matire universelle
modifie ; c'est un lment pour vous, comme l'oxygne et l'hydrogne
PRINCIPE VITAL
qui pourtant ne sont pas des lments primitifs, car tout cela part d'un
mme principe.
- Il semble rsulter de l que la vitalit n'a pas son principe dans un
agent primitif distinct, mais dans une proprit spciale de la matire
universelle, due certaines modifications.
C'est la consquence de ce que nous avons dit.
65. Le principe vital rside-t-il dans un des corps que nous
connaissons ?
Il a sa source dans le fluide universel ; c'est ce que vous appelez
fluide magntique ou fluide lectrique animalis. Il est l'intermdiaire, le
lien entre l'esprit et la matire.
66. Le principe vital est-il le mme pour tous les tres organiques ?
Oui, modifi selon les espces. C'est ce qui leur donne le
mouvement et l'activit, et les distingue de la matire inerte ; car le
mouvement de la matire n'est pas la vie ; elle reoit ce mouvement, elle
ne le donne pas.
67. La vitalit est-elle un attribut permanent de l'agent vital, ou bien
cette vitalit ne se dveloppe-t-elle que par le jeu des organes ?
Elle ne se dveloppe qu'avec le corps. N'avons-nous pas dit que cet
agent sans la matire n'est pas la vie ? Il faut l'union des deux choses
pour produire la vie.
- Peut-on dire que la vitalit est l'tat latent, lorsque l'agent vital
n'est pas uni au corps ?
Oui, c'est cela.
L'ensemble des organes constitue une sorte de mcanisme qui reoit son
impulsion de l'activit intime ou principe vital qui existe en eux. Le principe vital est
la force motrice des corps organiques. En mme temps que l'agent vital donne
l'impulsion aux organes, l'action des organes entretient et dveloppe l'activit de
l'agent vital, peu prs comme le frottement dveloppe la chaleur.
La vie et la mort.
68. Quelle est la cause de la mort chez les tres organiques ?
Epuisement des organes.
- Pourrait-on comparer la mort la cessation du mouvement dans une
machine dsorganise ?
50
PRINCIPE VITAL
La quantit de fluide vital s'puise ; elle peut devenir insuffisante pour l'entretien
de la vie si elle n'est renouvele par l'absorption et l'assimilation des substances qui
le reclent.
Le fluide vital se transmet d'un individu un autre individu. Celui qui en a le plus
peut en donner celui qui en a le moins et, dans certains cas, rappeler la vie prte
s'teindre.
Intelligence et instinct.
71. L'intelligence est-elle un attribut du principe vital ?
Non, puisque les plantes vivent et ne pensent pas : elles n'ont que la
vie organique. L'intelligence et la matire sont indpendantes, puisqu'un
corps peut vivre sans intelligence ; mais l'intelligence ne peut se
manifester que par le moyen des organes matriels ; il faut l'union de
l'esprit pour intelligenter la matire animalise.
L'intelligence est une facult spciale propre certaines classes d'tres organiques
et qui leur donne, avec la pense, la volont d'agir, la conscience de leur existence et
de leur individualit, ainsi que les moyens d'tablir des rapports avec le monde
extrieur, et de pourvoir leurs besoins.
On peut ainsi distinguer : 1 les tres inanims forms de matire seule, sans
vitalit ni intelligence : ce sont les corps bruts ; 2 les tres anims non pensants,
forms de matire et dous de vitalit, mais dpourvus d'intelligence ; 3 les tres
anims pensants, forms de matire, dous de vitalit et ayant de plus un principe
intelligent qui leur donne la facult de penser.
52
74. Peut-on assigner une limite entre l'instinct et l'intelligence, c'est-dire prciser o finit l'un et o commence l'autre ?
Non, car ils se confondent souvent ; mais on peut trs bien
distinguer les actes qui appartiennent l'instinct et ceux qui
appartiennent l'intelligence.
75. Est-il exact de dire que les facults instinctives diminuent
mesure que croissent les facults intellectuelles ?
Non, l'instinct existe toujours, mais l'homme le nglige. L'instinct
peut aussi mener au bien ; il nous guide presque toujours et,
quelquefois, plus srement que la raison ; il ne s'gare jamais.
- Pourquoi la raison n'est-elle pas toujours un guide infaillible ?
Elle serait infaillible si elle n'tait fausse par la mauvaise
ducation, l'orgueil et l'gosme. L'instinct ne raisonne pas ; la raison
laisse le choix et donne l'homme le libre arbitre.
L'instinct est une intelligence rudimentaire qui diffre de l'intelligence proprement
dite en ce que ses manifestations sont presque toujours spontanes, tandis que celles
de l'intelligence sont le rsultat d'une combinaison et d'un acte dlibr.
L'instinct varie dans ses manifestations selon les espces et leurs besoins. Chez
les tres qui ont la conscience et la perception des choses extrieures, il s'allie
l'intelligence, c'est--dire la volont et la libert.
LIVRE DEUXIEME
-
CHAPITRE PREMIER
-
DES ESPRITS
1. Origine et nature des Esprits. - 2. Monde normal primitif.
3. Forme et ubiquit des Esprits. - 4. Prisprit.
5. Diffrents ordres d'Esprits. - 6. Echelle spirite.
7. Progression des Esprits. - 8. Anges et dmons.
83. Les Esprits ont-ils une fin ? On comprend que le principe d'o ils
manent soit ternel, mais ce que nous demandons, c'est si leur
individualit a un terme et si, dans un temps donn, plus ou moins long,
l'lment dont ils sont forms ne se dissmine pas et ne retourne pas la
masse comme cela a lieu pour les corps matriels. Il est difficile de
comprendre qu'une chose qui a commenc puisse ne pas finir.
DES ESPRITS
Il y a bien des choses que vous ne comprenez pas, parce que votre
intelligence est borne, et ce n'est pas une raison pour les repousser.
L'enfant ne comprend pas tout ce que comprend son pre, ni l'ignorant
tout ce que comprend le savant. Nous te disons que l'existence des
Esprits ne finit point ; c'est tout ce que nous pouvons dire maintenant.
Monde normal primitif.
84. Les Esprits constituent-ils un monde part, en dehors de celui que
nous voyons ?
Oui, le monde des Esprits ou des intelligences incorporelles.
85. Quel est celui des deux, le monde spirite ou le monde corporel,
qui est le principal dans l'ordre des choses ?
Le monde spirite ; il est prexistant et survivant tout.
86. Le monde corporel pourrait-il cesser d'exister, ou n'avoir jamais
exist, sans altrer l'essence du monde spirite ?
Oui ; ils sont indpendants, et pourtant leur corrlation est
incessante, car ils ragissent incessamment l'un sur l'autre.
87. Les Esprits occupent-ils une rgion dtermine et circonscrite
dans l'espace ?
Les Esprits sont partout ; les espaces infinis en sont peupls
l'infini. Il y en a sans cesse vos cts qui vous observent et agissent sur
vous votre insu, car les Esprits sont une des puissances de la nature, et
les instruments dont Dieu se sert pour l'accomplissement de ses vues
providentielles ; mais tous ne vont pas partout, car il est des rgions
interdites aux moins avancs.
Forme et ubiquit des Esprits.
88. Les Esprits ont-ils une forme dtermine, limite et constante ?
A vos yeux, non ; aux ntres, oui ; c'est, si vous voulez, une flamme,
une lueur ou une tincelle thre.
- Cette flamme ou tincelle a-t-elle une couleur quelconque ?
Pour vous, elle varie du sombre l'clat du rubis, selon que l'Esprit
est plus ou moins pur.
56
On reprsente ordinairement les gnies avec une flamme ou une toile sur le
front ; c'est une allgorie qui rappelle la nature essentielle des Esprits. On la place
au sommet de la tte, parce que l est le sige de l'intelligence.
DES ESPRITS
Prisprit.
93. L'Esprit, proprement dit, est-il dcouvert, ou est-il, comme
quelques-uns le prtendent, environn d'une substance quelconque ?
L'Esprit est envelopp d'une substance vaporeuse pour toi, mais
encore bien grossire pour nous ; assez vaporeuse cependant pour
pouvoir s'lever dans l'atmosphre et se transporter o il veut.
Comme le germe d'un fruit est entour du prisperme, de mme l'Esprit
proprement dit est environn d'une enveloppe que, par comparaison, on peut appeler
prisprit.
58
DES ESPRITS
60
DES ESPRITS
62
DES ESPRITS
64
point de vue de l'utilit et n'y mlent aucune des passions qui sont le
propre des Esprits imparfaits.
110. Troisime classe. ESPRITS SAGES. - Les qualits morales de
l'ordre le plus lev forment leur caractre distinctif. Sans avoir des
connaissances illimites, ils sont dous d'une capacit intellectuelle qui
leur donne un jugement sain sur les hommes et sur les choses.
111. Deuxime classe. ESPRITS SUPERIEURS. - Ils runissent la
science, la sagesse et la bont. Leur langage ne respire que la
bienveillance ; il est constamment digne, lev, souvent sublime. Leur
supriorit les rend plus que les autres aptes nous donner les notions
les plus justes sur les choses du monde incorporel dans les limites de ce
qu'il est permis l'homme de connatre. Ils se communiquent volontiers
ceux qui cherchent la vrit de bonne foi, et dont l'me est assez
dgage des liens terrestres pour la comprendre ; mais ils s'loignent de
ceux qu'anime la seule curiosit, ou que l'influence de la matire
dtourne de la pratique du bien.
Lorsque, par exception, ils s'incarnent sur la terre, c'est pour y
accomplir une mission de progrs, et ils nous offrent alors le type de la
perfection laquelle l'humanit peut aspirer ici-bas.
PREMIER ORDRE. - PURS ESPRITS.
112. Caractres gnraux. - Influence de la matire nulle. Supriorit
intellectuelle et morale absolue par rapport aux Esprits des autres ordres.
113. Premire classe. Classe unique. - Ils ont parcouru tous les degrs
de l'chelle et dpouill toutes les impurets de la matire. Ayant atteint
la somme de perfection dont est susceptible la crature, ils n'ont plus
subir ni preuves ni expiations. N'tant plus sujets la rincarnation
dans des corps prissables, c'est pour eux la vie ternelle qu'ils
accomplissent dans le sein de Dieu.
Ils jouissent d'un bonheur inaltrable, parce qu'ils ne sont sujets ni aux
besoins ni aux vicissitudes de la vie matrielle ; mais ce bonheur n'est
point celui d'une oisivet monotone passe dans une contemplation
perptuelle. Ils sont les messagers et les ministres de Dieu dont ils
excutent les ordres pour le maintien de l'harmonie universelle. Ils
commandent tous les Esprits qui leur sont infrieurs, les aident se
perfectionner et leur assignent leur mission. Assister les hommes dans
leur dtresse, les exciter au bien ou l'expiation des fautes qui les
DES ESPRITS
66
120. Tous les Esprits passent-ils par la filire du mal pour arriver au
bien ?
Non par la filire du mal, mais par celle de l'ignorance.
121. Pourquoi certains Esprits ont-ils suivi la route du bien, et
d'autres celle du mal ?
N'ont-ils pas leur libre arbitre ? Dieu n'a point cr d'Esprits
mauvais ; il les a crs simples et ignorants, c'est--dire ayant autant
d'aptitude pour le bien que pour le mal ; ceux qui sont mauvais le
deviennent par leur volont.
122. Comment les Esprits, leur origine, alors qu'ils n'ont pas encore
la conscience d'eux-mmes, peuvent-ils avoir la libert du choix entre le
bien et le mal ? Y a-t-il en eux un principe, une tendance quelconque,
qui les porte plutt dans une voie que dans une autre ?
DES ESPRITS
126. Les Esprits arrivs au suprme degr aprs avoir pass par le mal
ont-ils moins de mrite que les autres aux yeux de Dieu ?
Dieu contemple les gars du mme oeil et les aime tous du mme
coeur. Ils sont dits mauvais, parce qu'ils ont succomb : ils n'taient
avant que de simples Esprits.
68
Anges et dmons.
128. Les tres que nous appelons anges, archanges, sraphins
forment-ils une catgorie spciale d'une nature diffrente des autres
Esprits ?
Non, ce sont les purs Esprits : ceux qui sont au plus haut degr de
l'chelle et runissent toutes les perfections.
Le mot ange veille gnralement l'ide de la perfection morale ; cependant on
l'applique souvent tous les tres bons et mauvais qui sont en dehors de l'humanit.
On dit : le bon et le mauvais ange ; l'ange de lumire et l'ange des tnbres ; dans ce
cas, il est synonyme d'Esprit ou de gnie. Nous le prenons ici dans sa bonne
acception.
DES ESPRITS
70
imparfaits qui murmurent contre les preuves qu'ils subissent, et qui, pour cela, les
subissent plus longtemps, mais qui arriveront leur tour quand ils en auront la
volont. On pourrait donc accepter le mot dmon avec cette restriction ; mais
comme on l'entend maintenant dans un sens exclusif, il pourrait induire en erreur en
faisant croire l'existence d'tres spciaux crs pour le mal.
A l'gard de Satan, c'est videmment la personnification du mal sous une forme
allgorique, car on ne saurait admettre un tre mauvais luttant de puissance
puissance avec la Divinit, et dont la seule proccupation serait de contrecarrer ses
desseins. Comme il faut l'homme des figures et des images pour frapper son
imagination, il a peint les tres incorporels sous une forme matrielle avec des
attributs rappelant leurs qualits ou leurs dfauts. C'est ainsi que les anciens, voulant
personnifier le Temps, l'ont peint sous la figure d'un vieillard avec une faux et un
sablier ; une figure de jeune homme eut t un contre-sens ; il en est de mme des
allgories de la Fortune, de la Vrit, etc.. Les modernes ont reprsent les anges,
ou purs Esprits, sous une figure radieuse, avec des ailes blanches, emblme de la
puret ; Satan, avec des cornes, des griffes et les attributs de la bestialit, emblmes
des basses passions. Le vulgaire, qui prend les choses la lettre, a vu dans ces
emblmes un individu rel, comme jadis il avait vu Saturne dans l'allgorie du
Temps.
CHAPITRE II
-
But de l'incarnation.
132. Quel est le but de l'incarnation des Esprits ?
Dieu la leur impose dans le but de les faire arriver la perfection :
pour les uns, c'est une expiation ; pour d'autres, c'est une mission. Mais,
pour arriver cette perfection, ils doivent subir toutes les vicissitudes
de l'existence corporelle : c'est l qu'est l'expiation. L'incarnation a
aussi un autre but, c'est de mettre l'Esprit mme de supporter sa part
dans l'oeuvre de la cration ; c'est pour l'accomplir que, dans chaque
monde, il prend un appareil en harmonie avec la matire essentielle de
ce monde pour y excuter, ce point de vue, les ordres de Dieu ; de telle
sorte que tout en concourant l'oeuvre gnrale, il avance lui-mme.
L'action des tres corporels est ncessaire la marche de l'univers ; mais Dieu,
dans sa sagesse, a voulu que, dans cette action mme, ils trouvassent un moyen de
progresser et de se rapprocher de lui. C'est ainsi que, par une loi admirable de sa
providence, tout s'enchane, tout est solidaire dans la nature.
133. Les Esprits qui, ds le principe, ont suivi la route du bien, ont-ils
besoin de l'incarnation ?
Tous sont crs simples et ignorants ; ils s'instruisent dans les luttes
et les tribulations de la vie corporelle. Dieu, qui est juste, ne pouvait
faire les uns heureux, sans peine et sans travail, et par consquent sans
mrite.
- Mais alors, quoi sert aux Esprits d'avoir suivi la route du bien, si
cela ne les exempte pas des peines de la vie corporelle ?
Ils arrivent plus vite au but ; et puis, les peines de la vie sont
souvent la consquence de l'imperfection de l'Esprit ; moins il a
d'imperfections, moins il a de tourments ; celui qui n'est ni envieux, ni
jaloux, ni avare, ni ambitieux, n'aura pas les tourments qui naissent de
ces dfauts.
De l'me.
134. Qu'est-ce que l'me ?
72
Un Esprit incarn.
- Qu'tait l'me avant de s'unir au corps ?
Esprit.
- Les mes et les Esprits sont donc identiquement la mme chose ?
Oui, les mes ne sont que les Esprits. Avant de s'unir au corps, l'me
est un des tres intelligents qui peuplent le monde invisible et qui
revtent temporairement une enveloppe charnelle pour se purifier et
s'clairer.
135. Y a-t-il dans l'homme autre chose que l'me et le corps ?
Il y a le lien qui unit l'me et le corps.
- Quelle est la nature de ce lien ?
Semi-matrielle, c'est--dire intermdiaire entre l'Esprit et le corps.
Et il le faut pour qu'ils puissent communiquer l'un avec l'autre. C'est par
ce lien que l'Esprit agit sur la matire, et rciproquement.
L'homme est ainsi form de trois parties essentielles :
1 Le corps, ou tre matriel analogue aux animaux et anim par le mme
principe vital ;
2 L'me, Esprit incarn dont le corps est l'habitation ;
3 Le principe intermdiaire ou prisprit, substance semi-matrielle qui sert de
premire enveloppe l'Esprit et unit l'me et le corps. Tels sont, dans un fruit, le
germe, le prisperme et la coquille.
74
L'me agit par l'intermdiaire des organes, et les organes sont anims par le fluide
vital qui se rpartit entre eux, et plus abondamment dans ceux qui sont les centres
ou foyers du mouvement. Mais cette explication ne peut convenir l'me considre
comme tant l'Esprit qui habite le corps pendant la vie et le quitte la mort.
141. Y a-t-il quelque chose de vrai dans l'opinion de ceux qui pensent
que l'me est extrieure et environne le corps ?
L'me n'est point renferme dans le corps comme l'oiseau dans une
cage ; elle rayonne et se manifeste au dehors comme la lumire travers
un globe de verre, ou comme le son autour d'un centre sonore ; c'est
ainsi qu'on peut dire qu'elle est extrieure, mais elle n'est point pour cela
l'enveloppe du corps. L'me a deux enveloppes : l'une subtile et lgre,
c'est la premire, celle que tu appelles le prisprit ; l'autre grossire,
matrielle et lourde : c'est le corps. L'me est le centre de toutes ces
enveloppes, comme le germe dans un noyau ; nous l'avons dj dit.
142. Que dire de cette autre thorie selon laquelle l'me, chez l'enfant,
se complte chaque priode de la vie ?
L'Esprit n'est qu'un ; il est entier chez l'enfant comme chez l'adulte ;
ce sont les organes ou instruments des manifestations de l'me qui se
dveloppent et se compltent. C'est encore prendre l'effet pour la
cause.
143. Pourquoi tous les Esprits ne dfinissent-ils pas l'me de la mme
manire ?
Les Esprits ne sont pas tous galement clairs sur ces matires ; il y
a des Esprits encore borns qui ne comprennent pas les choses
abstraites ; c'est comme parmi vous les enfants ; il y a aussi des Esprits
faux-savants, qui font parade de mots pour en imposer : c'est encore
comme parmi vous. Et puis, les Esprits clairs eux-mmes peuvent
s'exprimer en termes diffrents, qui ont au fond la mme valeur, surtout
quand il s'agit de choses que votre langage est impuissant rendre
clairement ; il faut des figures, des comparaisons que vous prenez pour
la ralit.
144. Que doit-on entendre par l'me du monde ?
C'est le principe universel de la vie et de l'intelligence d'o naissent
les individualits. Mais ceux qui se servent de ces mots ne se
comprennent souvent pas eux-mmes. Le mot me est si lastique que
chacun l'interprte au gr de ses rveries. On a quelquefois aussi attribu
une me la Terre ; il faut entendre par l l'ensemble des Esprits
dvous qui dirigent vos actions dans la bonne voie quand vous les
coutez, et qui sont en quelque sorte les lieutenants de Dieu prs de
votre globe.
145. Comment tant de philosophes anciens et modernes ont-ils si
longtemps discut sur la science psychologique sans tre arrivs la
vrit ?
Ces hommes taient les avant-coureurs de la doctrine spirite
ternelle ; ils ont prpar les voies. Ils taient hommes, et ils ont pu se
tromper, parce qu'ils ont pris leurs propres ides pour la lumire ; mais
leurs erreurs mmes servent faire ressortir la vrit en montrant le pour
et le contre ; d'ailleurs parmi ces erreurs se trouvent de grandes vrits
qu'une tude comparative vous fait comprendre.
146. L'me a-t-elle un sige dtermin et circonscrit dans le corps ?
Non, mais elle est plus particulirement dans la tte chez les grands
gnies, chez tous ceux qui pensent beaucoup, et dans le coeur chez ceux
qui sentent beaucoup et dont les actions se rapportent toute
l'humanit.
- Que penser de l'opinion de ceux qui placent l'me dans un centre
vital ?
C'est--dire que l'Esprit habite plutt cette partie de votre
organisation, puisque c'est l qu'aboutissent toutes les sensations. Ceux
qui la placent dans ce qu'ils considrent comme le centre de la vitalit la
confondent avec le fluide ou principe vital. Toutefois, on peut dire que
le sige de l'me est plus particulirement dans les organes qui servent
aux manifestations intellectuelles et morales.
Matrialisme.
147. Pourquoi les anatomistes, les physiologistes, et en gnral, ceux
qui approfondissent les sciences de la nature, sont-ils si souvent ports
au matrialisme ?
Le physiologiste rapporte tout ce qu'il voit. Orgueil des hommes
qui croient tout savoir et qui n'admettent pas que quelque chose puisse
dpasser leur entendement. Leur science mme leur donne de la
prsomption ; ils pensent que la nature ne peut rien avoir de cach pour
eux.
76
CHAPITRE III
-
sourds, vous entendrez, car bien souvent une voix vous parle qui vous
rvle l'existence d'un tre en dehors de vous.
Ceux qui pensent qu' la mort l'me rentre dans le tout universel sont dans l'erreur
s'ils entendent par l que, semblable une goutte d'eau qui tombe dans l'Ocan, elle
y perd son individualit ; ils sont dans le vrai s'ils entendent par le tout universel
l'ensemble des tres incorporels dont chaque me ou Esprit est un lment.
Si les mes taient confondues dans la masse, elles n'auraient que des qualits de
l'ensemble, et rien ne les distinguerait les unes des autres ; elles n'auraient ni
intelligence, ni qualits propres ; tandis que, dans toutes les communications, elles
accusent la conscience du moi et une volont distincte ; la diversit infinie qu'elles
prsentent sous tous les rapports est la consquence mme des individualits. S'il n'y
avait, aprs la mort que ce qu'on appelle le grand Tout absorbant toutes les
individualits, ce Tout serait uniforme, et ds lors toutes les communications que
l'on recevrait du monde invisible seraient identiques. Puisqu'on y rencontre des tres
bons, d'autres mauvais, des savants et des ignorants, des heureux et des
malheureux ; qu'il y en a de tous les caractres : de gais et de tristes, de lgers et de
profonds, etc., c'est videmment que ce sont des tres distincts. L'individualit
devient plus vidente encore quand ces tres prouvent leur identit par des signes
incontestables, des dtails personnels relatifs leur vie terrestre et que l'on peut
constater ; elle ne peut tre rvoque en doute quand ils se manifestent la vue dans
les apparitions. L'individualit de l'me nous tait enseigne, en thorie, comme un
article de foi ; le spiritisme la rend patente, et en quelque sorte matrielle.
80
Dans la mort naturelle, celle qui arrive par l'puisement des organes la suite de
l'ge, l'homme quitte la vie sans s'en apercevoir : c'est une lampe qui s'teint faute
d'aliment.
82
Trouble spirite.
163. L'me, en quittant le corps, a-t-elle immdiatement conscience
d'elle-mme ?
Conscience immdiate n'est pas le mot ; elle est quelque temps dans
le trouble.
164. Tous les Esprits prouvent-ils, au mme degr et pendant la
mme dure, le trouble qui suit la sparation de l'me et du corps ?
Non, cela dpend de leur lvation. Celui qui est dj purifi se
reconnat presque immdiatement, parce qu'il s'est dj dgag de la
matire pendant la vie du corps, tandis que l'homme charnel, celui dont
la conscience n'est pas pure, conserve bien plus longtemps l'impression
de cette matire.
165. La connaissance du spiritisme exerce-t-elle une influence sur la
dure, plus ou moins longue, du trouble ?
Une influence trs grande, puisque l'Esprit comprenait d'avance sa
situation ; mais la pratique du bien et la conscience pure sont ce qui a le
plus d'influence.
Au moment de la mort, tout est d'abord confus ; il faut l'me quelque temps
pour se reconnatre ; elle est comme tourdie, et dans l'tat d'un homme sortant d'un
profond sommeil et qui cherche se rendre compte de sa situation. La lucidit des
ides et la mmoire du pass lui reviennent mesure que s'efface l'influence de la
matire dont elle vient de se dgager, et que se dissipe l'espce de brouillard qui
obscurcit ses penses.
La dure du trouble qui suit la mort est trs variable ; il peut tre de quelques
heures, comme de plusieurs mois, et mme de plusieurs annes. Ceux chez lesquels
il est le moins long sont ceux qui se sont identifis de leur vivant avec leur tat futur,
parce qu'alors ils comprennent immdiatement leur position.
CHAPITRE IV
-
De la rincarnation.
166. Comment l'me, qui n'a point atteint la perfection pendant la vie
corporelle, peut-elle achever de s'purer ?
En subissant l'preuve d'une nouvelle existence.
- Comment l'me accomplit-elle cette nouvelle existence ? Est-ce par
sa transformation comme Esprit ?
L'me, en s'purant, subit sans doute une transformation, mais pour
cela il lui faut l'preuve de la vie corporelle.
- L'me a donc plusieurs existences corporelles ?
Oui, tous nous avons plusieurs existences. Ceux qui disent le
contraire veulent vous maintenir dans l'ignorance o ils sont euxmmes ; c'est leur dsir.
- Il semble rsulter de ce principe que l'me, aprs avoir quitt un
corps, en prend un autre ; autrement dit, qu'elle se rincarne dans un
nouveau corps ; est-ce ainsi qu'il faut l'entendre ?
C'est vident.
167. Quel est le but de la rincarnation ?
Expiation, amlioration progressive de l'humanit ; sans cela o
serait la justice ?
168. Le nombre des existences corporelles est-il limit, ou bien
l'Esprit se rincarne-t-il perptuit ?
A chaque existence nouvelle, l'Esprit fait un pas dans la voie du
progrs ; quand il s'est dpouill de toutes ses impurets, il n'a plus
besoin des preuves de la vie corporelle.
169. Le nombre des incarnations est-il le mme pour tous les Esprits ?
Non ; celui qui avance vite s'pargne des preuves. Toutefois, ces
incarnations successives sont toujours trs nombreuses, car le progrs
est presque infini.
170. Que devient l'Esprit aprs sa dernire incarnation ?
Esprit bienheureux ; il est pur Esprit.
Justice de la rincarnation.
171. Sur quoi est fond le dogme de la rincarnation ?
Sur la justice de Dieu et la rvlation, car nous vous le rptons sans
cesse : Un bon pre laisse toujours ses enfants une porte ouverte au
repentir. La raison ne te dit-elle pas qu'il serait injuste de priver sans
retour du bonheur ternel tous ceux de qui il n'a pas dpendu de
s'amliorer ? Est-ce que tous les hommes ne sont pas les enfants de
Dieu ? Ce n'est que parmi les hommes gostes qu'on trouve l'iniquit, la
haine implacable et les chtiments sans rmission.
Tous les Esprits tendent la perfection, et Dieu leur en fournit les moyens par les
preuves de la vie corporelle ; mais dans sa justice, il leur rserve d'accomplir, dans
de nouvelles existences, ce qu'ils n'ont pu faire ou achever dans une premire
preuve.
Il ne serait ni selon l'quit, ni selon la bont de Dieu, de frapper jamais ceux
qui ont pu rencontrer des obstacles leur amlioration en dehors de leur volont, et
dans le milieu mme o ils se trouvent placs. Si le sort de l'homme tait
irrvocablement fix aprs sa mort, Dieu n'aurait point pes les actions de tous dans
la mme balance, et ne les aurait point traits avec impartialit.
La doctrine de la rincarnation, c'est--dire celle qui consiste admettre pour
l'homme plusieurs existences successives, est la seule qui rponde l'ide que nous
nous faisons de la justice de Dieu l'gard des hommes placs dans une condition
morale infrieure, la seule qui puisse nous expliquer l'avenir et asseoir nos
esprances, puisqu'elle nous offre le moyen de racheter nos erreurs par de nouvelles
preuves. La raison nous l'indique et les Esprits nous l'enseignent.
L'homme qui a la conscience de son infriorit puise dans la doctrine de la
rincarnation une esprance consolante. S'il croit la justice de Dieu, il ne peut
esprer tre pour l'ternit l'gal de ceux qui ont mieux fait que lui. La pense que
cette infriorit ne le dshrite pas tout jamais du bien suprme, et qu'il pourra la
conqurir par de nouveaux efforts, le soutient et ranime son courage. Quel est celui
qui, au terme de sa carrire, ne regrette pas d'avoir acquis trop tard une exprience
dont il ne peut plus profiter ? Cette exprience tardive n'est point perdue ; il la
mettra profit dans une nouvelle vie.
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88
et c'est ce qui fait la diffrence des mondes que nous devons parcourir ;
car il y a plusieurs demeures chez notre Pre et pour lors plusieurs
degrs. Les uns le savent et en ont conscience sur cette terre, et d'autres
ne sont nullement de mme.
182. Pouvons-nous connatre exactement l'tat physique et moral des
diffrents mondes ?
Nous, Esprits, nous ne pouvons rpondre que suivant le degr dans
lequel vous tes ; c'est--dire que nous ne devons pas rvler ces choses
tous, parce que tous ne sont pas en tat de les comprendre et cela les
troublerait.
A mesure que l'Esprit se purifie, le corps qu'il revt se rapproche galement de la
nature spirite. La matire est moins dense, il ne rampe plus pniblement la surface
du sol, les besoins physiques sont moins grossiers, les tres vivants n'ont plus besoin
de s'entre-dtruire pour se nourrir. L'Esprit est plus libre, et a pour les choses
loignes des perceptions qui nous sont inconnues ; il voit par les yeux du corps ce
que nous ne voyons que par la pense.
L'puration des Esprits amne chez les tres dans lesquels ils sont incarns le
perfectionnement moral. Les passions animales s'affaiblissent, et l'gosme fait place
au sentiment fraternel. C'est ainsi que, dans les mondes suprieurs la terre, les
guerres sont inconnues ; les haines et les discordes y sont sans objet, parce que nul
ne songe faire du tort son semblable. L'intuition qu'ils ont de leur avenir, la
scurit que leur donne une conscience exempte de remords, font que la mort ne
leur cause aucune apprhension ; ils la voient venir sans crainte et comme une
simple transformation.
La dure de la vie, dans les diffrents mondes, parat tre proportionne au degr
de supriorit physique et morale de ces mondes, et cela est parfaitement rationnel.
Moins le corps est matriel, moins il est sujet aux vicissitudes qui le dsorganisent ;
plus l'Esprit est pur, moins il a de passions qui le minent. C'est encore l un bienfait
de la Providence qui veut ainsi abrger les souffrances.
Selon les Esprits, de tous les globes qui composent notre systme plantaire, la Terre est un
de ceux dont les habitants sont le moins avancs physiquement et moralement ; Mars lui serait
encore infrieur et Jupiter de beaucoup suprieur tous gards. Le Soleil ne serait point un
90
Transmigration progressive.
189. Ds le principe de sa formation, l'Esprit jouit-il de la plnitude
de ses facults ?
Non, car l'Esprit, comme l'homme, a aussi son enfance. A leur
origine, les Esprits n'ont qu'une existence instinctive et ont peine
conscience d'eux-mmes et de leurs actes ; ce n'est que peu peu que
l'intelligence se dveloppe.
190. Quel est l'tat de l'me sa premire incarnation ?
L'tat de l'enfance la vie corporelle ; son intelligence clt
peine : elle s'essaye la vie.
191. Les mes de nos sauvages sont-elles des mes l'tat d'enfance ?
monde habit par des tres corporels, mais un lieu de rendez-vous des Esprits suprieurs, qui de l
rayonnent par la pense vers les autres mondes qu'ils dirigent par l'entremise d'Esprits moins
levs auxquels ils se transmettent par l'intermdiaire du fluide universel. Comme constitution
physique, le soleil serait un foyer d'lectricit. Tous les soleils sembleraient tre dans une position
identique.
Le volume et l'loignement du soleil n'ont aucun rapport ncessaire avec le degr d'avancement
des mondes, puisqu'il paratrait que Vnus serait plus avance que la Terre, et Saturne moins que
Jupiter.
Plusieurs Esprits qui ont anim des personnes connues sur la terre ont dit tre rincarns dans
Jupiter, l'un des mondes les plus voisins de la perfection, et l'on a pu s'tonner de voir, dans ce
globe si avanc, des hommes que l'opinion ne plaait pas ici-bas sur la mme ligne. Cela n'a rien
qui doive surprendre, si l'on considre que certains Esprits habitant cette plante ont pu tre
envoys sur la terre pour y remplir une mission qui, nos yeux, ne les plaait pas au premier
rang ; secondement, qu'entre leur existence terrestre et celle dans Jupiter, ils ont pu en avoir
d'intermdiaires dans lesquelles ils se sont amliors ; troisimement, enfin, que dans ce monde,
comme dans le ntre, il y a diffrents degrs de dveloppement, et qu'entre ces degrs il peut y
avoir la distance qui spare chez nous le sauvage de l'homme civilis. Ainsi, de ce que l'on habite
Jupiter, il ne s'ensuit pas que l'on soit au niveau des tres les plus avancs, pas plus qu'on n'est au
niveau d'un savant de l'Institut, parce qu'on habite Paris.
Les conditions de longvit ne sont pas non plus partout les mmes que sur la terre, et l'ge ne
peut se comparer. Une personne dcde depuis quelques annes, tant voque, dit tre incarne
depuis six mois dans un monde dont le nom nous est inconnu. Interroge sur l'ge qu'elle avait
dans ce monde, elle rpondit : Je ne puis l'apprcier, parce que nous ne comptons pas comme
vous ; ensuite le mode d'existence n'est plus le mme ; on se dveloppe ici bien plus
promptement ; pourtant, quoiqu'il n'y ait que six de vos mois que j'y sois, je puis dire que, pour
l'intelligence, j'ai trente ans de l'ge que j'avais sur la terre.
Beaucoup de rponses analogues ont t faites par d'autres Esprits, et cela n'a rien
d'invraisemblable. Ne voyons-nous pas sur la terre une foule d'animaux acqurir en quelques mois
leur dveloppement normal ? Pourquoi n'en serait-il pas de mme de l'homme dans d'autres
sphres ? Remarquons, en outre, que le dveloppement acquis par l'homme sur la terre l'ge de
trente ans n'est peut-tre qu'une sorte d'enfance, compar celui qu'il doit atteindre. C'est avoir la
vue bien courte que de nous prendre en tout pour les types de la cration, et c'est bien rabaisser la
Divinit de croire qu'en dehors de nous il n'y ait rien qui lui soit possible.
192. Peut-on, ds cette vie, par une conduite parfaite, franchir tous les
degrs et devenir pur Esprit sans passer par d'autres intermdiaires ?
Non, car ce que l'homme croit parfait est loin de la perfection ; il y a
des qualits qui lui sont inconnues et qu'il ne peut comprendre. Il peut
tre aussi parfait que le comporte sa nature terrestre, mais ce n'est pas la
perfection absolue. De mme un enfant, quelque prcoce qu'il soit, doit
passer par la jeunesse avant d'arriver l'age mr ; de mme aussi le
malade passe par la convalescence avant de recouvrer toute sa sant. Et
puis, l'Esprit doit avancer en science et en moralit ; s'il n'a progress
que dans un sens, il faut qu'il progresse dans un autre pour atteindre le
haut de l'chelle ; mais plus l'homme avance dans sa vie prsente, moins
les preuves suivantes sont longues et pnibles.
- L'homme peut-il au moins s'assurer ds cette vie une existence
future moins remplie d'amertume ?
Oui, sans doute, il peut abrger la longueur et les difficults de la
route. L'insouciant seul se trouve toujours au mme point.
193. Un homme, dans ses nouvelles existences, peut-il descendre plus
bas qu'il n'tait ?
Comme position sociale, oui ; comme Esprit, non.
92
Oui, c'est bien cela. Ils s'amliorent dans ces preuves en vitant le
mal et en pratiquant le bien. Mais ce n'est qu'aprs plusieurs
incarnations ou purations successives qu'ils atteignent, dans un temps
plus ou moins long, selon leurs efforts, le but auquel ils tendent.
- Est-ce le corps qui influe sur l'Esprit pour l'amliorer, ou l'Esprit qui
influe sur le corps ?
Ton Esprit est tout ; ton corps est un vtement qui se pourrit : voil
tout.
Nous trouvons une comparaison matrielle des diffrents degrs de l'puration de
l'me dans le suc de la vigne. Il contient la liqueur appele esprit ou alcool, mais
affaiblie par une foule de matires trangres qui en altrent l'essence ; elle n'arrive
la puret absolue qu'aprs plusieurs distillations, chacune desquelles elle se
dpouille de quelque impuret. L'alambic est le corps dans lequel elle doit entrer
pour s'purer ; les matires trangres sont comme le prisprit qui s'pure lui-mme
mesure que l'Esprit approche de la perfection.
94
Si l'homme n'avait qu'une seule existence, et si aprs cette existence son sort futur
tait fix pour l'ternit, quel serait le mrite de la moiti de l'espce humaine qui
meurt en bas ge, pour jouir sans efforts du bonheur ternel, et de quel droit seraitelle affranchie des conditions souvent si dures imposes l'autre moiti ? Un tel
ordre de choses ne saurait tre selon la justice de Dieu. Par la rincarnation, l'galit
est pour tous ; l'avenir appartient tous sans exception et sans faveur pour aucun ;
ceux qui arrivent les derniers ne peuvent s'en prendre qu' eux-mmes. L'homme
doit avoir le mrite de ses actes, comme il en a la responsabilit.
Il n'est d'ailleurs pas rationnel de considrer l'enfance comme un tat normal
d'innocence. Ne voit-on pas des enfants dous des plus mauvais instincts un ge
o l'ducation n'a point encore pu exercer son influence ? N'en voit-on pas qui
semblent apporter en naissant l'astuce, la fausset, la perfidie, l'instinct mme du vol
et du meurtre, et cela nonobstant les bons exemples dont ils sont entours ? La loi
civile absout leurs mfaits, parce que, dit-elle, ils ont agi sans discernement ; elle a
raison, parce qu'en effet ils agissent plus instinctivement que de propos dlibr ;
mais d'o peuvent provenir ces instincts si diffrents chez des enfants du mme ge,
levs dans les mmes conditions et soumis aux mmes influences ? D'o vient cette
perversit prcoce, si ce n'est de l'infriorit de l'Esprit, puisque l'ducation n'y est
pour rien ? Ceux qui sont vicieux, c'est que leur esprit a moins progress, et alors il
en subit les consquences, non pour ses actes d'enfant, mais pour ceux de ses
existences antrieures, et c'est ainsi que la loi est la mme pour tous, et que la
justice de Dieu atteint tout le monde.
Parent, filiation.
203. Les parents transmettent-ils leurs enfants une portion de leur
me, ou bien ne font-ils que leur donner la vie animale laquelle une
me nouvelle vient plus tard ajouter la vie morale ?
La vie animale seule, car l'me est indivisible. Un pre stupide peut
avoir des enfants d'esprit, et vice versa.
204. Puisque nous avons eu plusieurs existences, la parent remontet-elle au-del de notre existence actuelle ?
Cela ne peut tre autrement. La succession des existences
corporelles tablit entre les Esprits des liens qui remontent vos
existences antrieures ; de l souvent des causes de sympathie entre
vous et certains Esprits qui vous paraissent trangers.
205. Aux yeux de certaines personnes, la doctrine de la rincarnation
semble dtruire les liens de famille en les faisant remonter au-del de
l'existence actuelle.
Elle les tend, mais elle ne les dtruit pas. La parent tant fonde
sur des affections antrieures, les liens qui unissent les membres d'une
mme famille sont moins prcaires. Elle augmente les devoirs de la
fraternit, puisque, dans votre voisin, ou dans votre serviteur, peut se
trouver un Esprit qui a tenu vous par les liens du sang.
- Elle diminue cependant l'importance que quelques-uns attachent
leur filiation, puisqu'on peut avoir eu pour pre un Esprit ayant
appartenu une tout autre race, ou ayant vcu dans une condition tout
autre.
C'est vrai, mais cette importance est fonde sur l'orgueil ; ce que la
plupart honorent dans leurs anctres, ce sont les titres, le rang, la
fortune. Tel rougirait d'avoir eu pour aeul un cordonnier honnte
homme, qui se vantera de descendre d'un gentilhomme dbauch. Mais
quoi qu'ils disent ou fassent, ils n'empcheront pas les choses d'tre ce
qu'elles sont, car Dieu n'a pas rgl les lois de la nature sur leur vanit.
206. De ce qu'il n'y a pas de filiation entre les Esprits des descendants
d'une mme famille, s'ensuit-il que le culte des anctres soit une chose
ridicule ?
96
210. Les parents peuvent-ils, par leurs penses et leurs prires, attirer
dans le corps de l'enfant un bon Esprit plutt qu'un Esprit infrieur ?
Non, mais ils peuvent amliorer l'Esprit de l'enfant qu'ils ont fait
natre et qui leur est confi : c'est leur devoir ; de mauvais enfants sont
une preuve pour les parents.
211. D'o vient la similitude de caractre qui existe souvent entre
deux frres, surtout chez les jumeaux ?
Esprits sympathiques qui se rapprochent par la similitude de leurs
sentiments et qui sont heureux d'tre ensemble.
212. Dans les enfants dont les corps sont souds et qui ont certains
organes communs, y a-t-il deux Esprits, autrement dit deux mes ?
Oui, mais leur similitude n'en fait souvent qu'un vos yeux.
213. Puisque les Esprits s'incarnent dans les jumeaux par sympathie,
d'o vient l'aversion que l'on voit quelquefois entre ces derniers ?
Ce n'est pas une rgle que les jumeaux n'ont que des Esprits
sympathiques ; des Esprits mauvais peuvent vouloir lutter ensemble sur
le thtre de la vie.
214. Que penser des histoires d'enfants se battant dans le sein de la
mre ?
Figure ! Pour peindre que leur haine tait invtre, on la fait
remonter avant leur naissance. Gnralement, vous ne tenez pas assez
compte des figures potiques.
215. D'o vient le caractre distinctif que l'on remarque dans chaque
peuple ?
Les Esprits ont aussi des familles formes par la similitude de leurs
penchants plus ou moins purs selon leur lvation. Eh bien ! Un
peuple est une grande famille o se rassemblent des Esprits
sympathiques. La tendance qu'ont les membres de ces familles s'unir
est la source de la ressemblance qui existe dans le caractre distinctif de
chaque peuple. Crois-tu que des Esprits bons et humains rechercheront
un peuple dur et grossier ? Non ; les Esprits sympathisent avec les
masses, comme ils sympathisent avec les individus ; l, ils sont dans
leur milieu.
98
Ides innes.
218. L'Esprit incarn ne conserve-t-il aucune trace des perceptions
qu'il a eues et des connaissances qu'il a acquises dans ses existences
antrieures ?
Il lui reste un vague souvenir qui lui donne ce qu'on appelle des
ides innes.
- La thorie des ides innes n'est donc pas une chimre ?
Non, les connaissances acquises dans chaque existence ne se
perdent pas ; l'Esprit, dgag de la matire, s'en souvient toujours.
Pendant l'incarnation, il peut les oublier en partie momentanment, mais
l'intuition qui lui en reste aide son avancement ; sans cela, ce serait
toujours recommencer. A chaque existence nouvelle, l'Esprit prend son
point de dpart de celui o il tait rest dans sa prcdente existence.
- Il doit ainsi y avoir une grande connexion entre deux existences
successives ?
Pas toujours aussi grande que tu pourrais le croire, car les positions
sont souvent bien diffrentes, et dans l'intervalle l'Esprit a pu
progresser. (216).
219. Quelle est l'origine des facults extraordinaires des individus qui,
sans tude pralable, semblent avoir l'intuition de certaines
connaissances comme les langues, le calcul, etc. ?
Souvenir du pass ; progrs antrieur de l'me, mais dont lui-mme
n'a pas la conscience. D'o veux-tu qu'elles viennent ? Le corps change,
mais l'Esprit ne change pas, quoiqu'il change de vtement.
220. En changeant de corps, peut-on perdre certaines facults
intellectuelles, ne plus avoir, par exemple, le got des arts ?
Oui, si l'on a souill cette intelligence, ou si l'on en a fait un
mauvais emploi. Une facult peut, en outre, sommeiller pendant une
existence, parce que l'Esprit veut en exercer une autre qui n'y a pas de
rapport ; alors, elle reste l'tat latent pour reparatre plus tard.
221. Est-ce un souvenir rtrospectif que l'homme doit, mme l'tat
sauvage, le sentiment instinctif de l'existence de Dieu et le
pressentiment de la vie future ?
C'est un souvenir qu'il a conserv de ce qu'il savait comme Esprit
avant d'tre incarn ; mais l'orgueil touffe souvent ce sentiment.
100
CHAPITRE V
-
102
par hasard, la prtention d'tre un des hommes les plus parfaits qui aient
exist sur la terre, et d'avoir ainsi droit d'emble la flicit suprme des
lus ? Non. Vous admettez ainsi qu'il y a des hommes qui valent mieux
que vous et qui ont droit une meilleure place, sans pour cela que vous
soyez parmi les rprouvs. Eh bien ! Placez-vous un instant par la
pense dans cette situation moyenne qui sera la vtre, puisque vous
venez d'en convenir, et supposez que quelqu'un vienne vous dire :
Vous souffrez, vous n'tes pas aussi heureux que vous pourriez l'tre,
tandis que vous avez devant vous des tres qui jouissent d'un bonheur
sans mlange ; voulez-vous changer votre position contre la leur ?
- Sans doute, direz-vous ; que faut-il faire ? - Moins que rien ;
recommencer ce que vous avez mal fait et tcher de faire mieux.
- Hsiteriez-vous accepter ft-ce mme au prix de plusieurs existences
d'preuve ? Prenons une comparaison plus prosaque. Si, un homme
qui, sans tre dans la dernire des misres, prouve nanmoins des
privations par suite de la mdiocrit de ses ressources, on venait dire :
Voil une immense fortune, vous pouvez en jouir, il faut pour cela
travailler rudement pendant une minute. Ft-il le plus paresseux de la
terre, il dira sans hsiter : Travaillons une minute, deux minutes, une
heure, un jour, s'il le faut ; qu'est-ce que cela pour finir ma vie dans
l'abondance ? Or, qu'est la dure de la vie corporelle par rapport
l'ternit ? Moins qu'une minute, moins qu'une seconde.
Nous avons entendu faire ce raisonnement : Dieu, qui est
souverainement bon, ne peut imposer l'homme de recommencer une
srie de misres et de tribulations. Trouverait-on, par hasard, qu'il y a
plus de bont condamner l'homme une souffrance perptuelle pour
quelques moments d'erreur, plutt qu' lui donner les moyens de rparer
ses fautes ? Deux fabricants avaient chacun un ouvrier qui pouvait
aspirer devenir l'associ du chef. Or il arriva que ces deux ouvriers
employrent une fois trs mal leur journe et mritrent d'tre renvoys.
L'un des deux fabricants chassa son ouvrier malgr ses supplications, et
celui-ci n'ayant pas trouv d'ouvrage mourut de misre. L'autre dit au
sien : Vous avez perdu un jour, vous m'en devez un en compensation ;
vous avez mal fait votre ouvrage, vous m'en devez la rparation ; je vous
permets de le recommencer ; tchez de bien faire et je vous conserverai,
et vous pourrez toujours aspirer la position suprieure que je vous ai
promise . Est-il besoin de demander quel est celui des deux fabricants
qui a t le plus humain ? Dieu, la clmence mme, serait-il plus
inexorable qu'un homme ? La pense que notre sort est jamais fix par
quelques annes d'preuve, alors mme qu'il n'a pas toujours dpendu de
104
106
une autre thorie. Est-il rationnel de prfrer celle qui n'explique pas
celle qui explique ?
A l'gard de la sixime question, on dira sans doute que le Hottentot
est d'une race infrieure : alors nous demanderons si le Hottentot est un
homme ou non. Si c'est un homme, pourquoi Dieu l'a-t-il, lui et sa race,
dshrit des privilges accords la race caucasique ? Si ce n'est pas
un homme, pourquoi chercher le faire chrtien ? La doctrine spirite est
plus large que tout cela ; pour elle, il n'y a pas plusieurs espces
d'hommes, il n'y a que des hommes dont l'esprit est plus ou moins
arrir, mais susceptible de progresser : cela n'est-il pas plus conforme
la justice de Dieu ?
Nous venons de voir l'me dans son pass et dans son prsent ; si
nous la considrons dans son avenir, nous trouvons les mmes
difficults.
1. Si notre existence actuelle doit seule dcider de notre sort venir,
quelle est, dans la vie future, la position respective du sauvage et de
l'homme civilis ? Sont-ils au mme niveau, ou sont-ils distancs dans
la somme du bonheur ternel ?
2. L'homme qui a travaill toute sa vie s'amliorer est-il au mme
rang que celui qui est rest infrieur, non par sa faute, mais parce qu'il
n'a eu ni le temps, ni la possibilit de s'amliorer ?
3. L'homme qui fait mal, parce qu'il n'a pu s'clairer, est-il passible
d'un tat de choses qui n'a pas dpendu de lui ?
4. On travaille clairer les hommes, les moraliser, les civiliser ;
mais, pour un que l'on claire, il y en a des millions qui meurent chaque
jour avant que la lumire soit parvenue jusqu' eux ; quel est le sort de
ceux-ci ? Sont-ils traits comme des rprouvs ? Dans le cas contraire,
qu'ont-ils fait pour mriter d'tre sur le mme rang que les autres ?
5. Quel est le sort des enfants qui meurent en bas ge avant d'avoir pu
faire ni bien ni mal ? S'ils sont parmi les lus, pourquoi cette faveur sans
avoir rien fait pour la mriter ? Par quel privilge sont-ils affranchis des
tribulations de la vie ?
Y a-t-il une doctrine qui puisse rsoudre ces questions ? Admettez des
existences conscutives, et tout est expliqu conformment la justice
de Dieu. Ce que l'on n'a pu faire dans une existence, on le fait dans une
autre ; c'est ainsi que personne n'chappe la loi du progrs, que chacun
sera rcompens selon son mrite rel, et que nul n'est exclu de la
108
CHAPITRE VI
-
VIE SPIRITE
1. Esprits errants. - 2. Mondes transitoires. - 3. Perceptions, sensations et
souffrances des Esprits. - 4. Essai thorique sur la sensation chez les Esprits.
5. Choix des preuves. - 6. Relations d'outre-tombe. - 7. Rapports
sympathiques et antipathiques des Esprits. - 8. Souvenir de l'existence
corporelle. - 9. Commmoration des morts. Funrailles.
Esprits errants.
223. L'me se rincarne-t-elle immdiatement aprs sa sparation du
corps ?
Quelquefois immdiatement, mais le plus souvent aprs des
intervalles plus ou moins longs. Dans les mondes suprieurs la
rincarnation est presque toujours immdiate ; la matire corporelle
tant moins grossire, l'Esprit incarn y jouit presque de toutes ses
facults d'Esprit ; son tat normal est celui de vos somnambules
lucides.
224. Que devient l'me dans l'intervalle des incarnations ?
Esprit errant qui aspire aprs sa nouvelle destine ; il attend.
- Quelle peut tre la dure de ces intervalles ?
De quelques heures quelques milliers de sicles. Au reste, il n'y a
point, proprement parler, de limite extrme assigne l'tat errant, qui
peut se prolonger fort longtemps, mais qui cependant n'est jamais
perptuel ; l'Esprit trouve toujours tt ou tard recommencer une
existence qui sert la purification de ses existences prcdentes.
- Cette dure est-elle subordonne la volont de l'Esprit, ou peut-elle
tre impose comme expiation ?
C'est une consquence du libre arbitre ; les Esprits savent
parfaitement ce qu'ils font, mais il y en a aussi pour qui c'est une
punition inflige par Dieu ; d'autres demandent la prolonger pour
suivre des tudes qui ne peuvent se faire avec fruit qu' l'tat d'Esprit.
225. L'erraticit est-elle, par elle-mme, un signe d'infriorit chez les
Esprits ?
VIE SPIRITE
112
VIE SPIRITE
114
241. Les Esprits ont-ils du prsent une ide plus prcise et plus juste
que nous ?
A peu prs comme celui qui voit clair a une ide plus juste des
choses que l'aveugle. Les Esprits voient ce que vous ne voyez pas ; ils
jugent donc autrement que vous ; mais encore une fois cela dpend de
leur lvation.
242. Comment les Esprits ont-ils la connaissance du pass, et cette
connaissance est-elle sans limite pour eux ?
Le pass, quand nous nous en occupons, est un prsent, absolument
comme toi tu te rappelles une chose qui t'a frapp dans le cours de ton
VIE SPIRITE
116
VIE SPIRITE
L'Esprit ne voit et n'entend que ce qu'il veut. Ceci est dit en gnral,
et surtout pour les Esprits levs, car pour ceux qui sont imparfaits, ils
entendent et voient souvent malgr eux ce qui peut tre utile pour leur
amlioration.
251. Les Esprits sont-ils sensibles la musique ?
Veux-tu parler de votre musique ? Qu'est-elle auprs de la musique
cleste ? de cette harmonie dont rien sur la terre ne peut vous donner
une ide ? L'une est l'autre ce qu'est le chant du sauvage la suave
mlodie. Cependant, des Esprits vulgaires peuvent prouver un certain
plaisir entendre votre musique, parce qu'il ne leur est pas encore donn
d'en comprendre une plus sublime. La musique a pour les Esprits des
charmes infinis, en raison de leurs qualits sensitives trs dveloppes ;
j'entends la musique cleste, qui est tout ce que l'imagination spirituelle
peut concevoir de plus beau et de plus suave.
252. Les Esprits sont-ils sensibles aux beauts de la nature ?
Les beauts de la nature des globes sont si diffrentes, qu'on est loin
de les connatre. Oui, ils y sont sensibles selon leur aptitude les
apprcier et les comprendre ; pour les Esprits levs il y a des beauts
d'ensemble devant lesquelles s'effacent, pour ainsi dire, les beauts de
dtail.
253. Les Esprits prouvent-ils nos besoins et nos souffrances
physiques ?
Ils les connaissent, parce qu'ils les ont subis, mais ils ne les
prouvent pas comme vous matriellement : ils sont Esprits.
254. Les Esprits prouvent-ils la fatigue et le besoin du repos ?
Ils ne peuvent ressentir la fatigue telle que vous l'entendez, et par
consquent ils n'ont pas besoin de votre repos corporel, puisqu'ils n'ont
pas des organes dont les forces doivent tre rpares ; mais l'Esprit se
repose en ce sens qu'il n'est pas dans une activit constante ; il n'agit pas
d'une manire matrielle ; son action est tout intellectuelle et son repos
tout moral ; c'est--dire qu'il y a des moments o sa pense cesse d'tre
aussi active et ne se porte pas sur un objet dtermin ; c'est un vritable
repos, mais qui n'est pas comparable celui du corps. L'espce de
fatigue que peuvent prouver les Esprits est en raison de leur infriorit ;
car plus ils sont levs, moins le repos leur est ncessaire.
118
VIE SPIRITE
120
appelle fluide nerveux. Le corps tant mort ne ressent plus rien, parce
qu'il n'y a plus en lui ni Esprit ni prisprit. Le prisprit, dgag du corps,
prouve la sensation ; mais comme elle ne lui arrive plus par un canal
limit, elle est gnrale. Or, comme il n'est, en ralit, qu'un agent de
transmission, puisque c'est l'Esprit qui a la conscience, il en rsulte que
s'il pouvait exister un prisprit sans Esprit, il ne ressentirait pas plus que
le corps lorsqu'il est mort ; de mme que si l'Esprit n'avait point de
prisprit, il serait inaccessible toute sensation pnible ; c'est ce qui a
lieu pour les Esprits compltement purs. Nous savons que plus ils
s'purent, plus l'essence du prisprit devient thre ; d'o il suit que
l'influence matrielle diminue mesure que l'Esprit progresse, c'est-dire mesure que le prisprit lui-mme devient moins grossier.
Mais, dira-t-on, les sensations agrables sont transmises l'Esprit par
le prisprit, comme les sensations dsagrables ; or, si l'Esprit pur est
inaccessible aux unes, il doit l'tre galement aux autres. Oui, sans
doute, pour celles qui proviennent uniquement de l'influence de la
matire que nous connaissons ; le son de nos instruments, le parfum de
nos fleurs ne lui font aucune impression, et pourtant il y a chez lui des
sensations intimes, d'un charme indfinissable dont nous ne pouvons
nous faire aucune ide, parce que nous sommes, cet gard, comme des
aveugles de naissance l'gard de la lumire ; nous savons que cela
existe ; mais par quel moyen ? L s'arrte pour nous la science. Nous
savons qu'il y a perception, sensation, audition, vision ; que ces facults
sont des attributs de tout l'tre, et non, comme chez l'homme, d'une
partie de l'tre ; mais encore une fois, par quel intermdiaire ? C'est ce
que nous ne savons pas. Les Esprits eux-mmes ne peuvent nous en
rendre compte, parce que notre langue n'est pas faite pour exprimer des
ides que nous n'avons pas, pas plus que dans la langue des sauvages il
n'y a des termes pour exprimer nos arts, nos sciences et nos doctrines
philosophiques.
En disant que les Esprits sont inaccessibles aux impressions de notre
matire, nous voulons parler des Esprits trs levs dont l'enveloppe
thre n'a pas d'analogue ici-bas. Il n'en est pas de mme de ceux dont
le prisprit est plus dense ; ceux-l peroivent nos sons et nos odeurs,
mais non pas par une partie limite de leur individu, comme de leur
vivant. On pourrait dire que les vibrations molculaires se font sentir
dans tout leur tre et arrivent ainsi leur sensorium commune, qui est
l'Esprit lui-mme, quoique d'une manire diffrente, et peut-tre aussi
avec une impression diffrente, ce qui produit une modification dans la
perception. Ils entendent le son de notre voix, et pourtant ils nous
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disent que, si l'homme a le choix de son existence, ils demanderont tre princes ou
millionnaires, sont comme les myopes qui ne voient que ce qu'ils touchent, ou
comme ces enfants gourmands qui l'on demande l'tat qu'ils prfrent, et qui
rpondent : ptissier ou confiseur.
Tel est le voyageur qui, dans le fond de la valle obscurcie par le brouillard, ne
voit ni la longueur ni les points extrmes de sa route ; arriv au fate de la montagne,
il embrasse le chemin qu'il a parcouru, et ce qui lui reste parcourir ; il voit son but,
les obstacles qu'il a encore franchir, et peut alors combiner plus srement les
moyens d'arriver. L'Esprit incarn est comme le voyageur au bas de la montagne ;
dbarrass des liens terrestres, il domine comme celui qui est au sommet. Pour le
voyageur, le but est le repos aprs la fatigue ; pour l'Esprit, c'est le bonheur suprme
aprs les tribulations et les preuves.
Tous les Esprits disent qu' l'tat errant ils cherchent, tudient, observent pour
faire leur choix. N'avons-nous pas un exemple de ce fait dans la vie corporelle ? Ne
cherchons-nous pas souvent pendant des annes la carrire sur laquelle nous fixons
librement notre choix, parce que nous la croyons la plus propre nous faire faire
notre chemin ? Si nous chouons dans l'une, nous en cherchons une autre. Chaque
carrire que nous embrassons est une phase, une priode de la vie. Chaque jour
n'est-il pas employ chercher ce que nous ferons le lendemain ? Or, que sont les
diffrentes existences corporelles pour l'Esprit, sinon des phases, des priodes, des
jours pour sa vie spirite, qui est, comme nous le savons, sa vie normale, la vie
corporelle n'tant que transitoire et passagre ?
128
VIE SPIRITE
Ces tres nous donnent le triste spectacle de la frocit au milieu de la
civilisation ; en retournant parmi les cannibales, ce ne sera pas une dchance, ils ne
feront que reprendre leur place et ils y gagneront peut-tre encore.
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279. Tous les Esprits ont-ils rciproquement accs les uns parmi les
autres ?
Les bons vont partout, et il faut qu'il en soit ainsi pour qu'ils
puissent exercer leur influence sur les mauvais ; mais les rgions
habites par les bons sont interdites aux Esprits imparfaits, afin que
ceux-ci ne puissent y apporter le trouble des mauvaises passions.
280. Quelle est la nature des relations entre les bons et les mauvais
Esprits ?
Les bons tchent de combattre les mauvais penchants des autres
afin de les aider monter ; c'est une mission.
281. Pourquoi les Esprits infrieurs se plaisent-ils nous porter au
mal ?
Par jalousie de n'avoir pas mrit d'tre parmi les bons. Leur dsir
est d'empcher autant qu'il est en eux les Esprits encore inexpriments
d'arriver au bien suprme ; ils veulent faire prouver aux autres ce qu'ils
prouvent eux-mmes. Ne voyez-vous pas aussi cela parmi vous ?
282. Comment les Esprits se communiquent-ils entre eux ?
Ils se voient et se comprennent ; la parole est matrielle : c'est le
reflet de l'Esprit. Le fluide universel tablit entre eux une
VIE SPIRITE
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Les mchants sont satisfaits de voir des tres leur image et privs,
comme eux, du bonheur infini, comme l'est, sur la terre, un fripon parmi
ses pareils.
289. Nos parents et nos amis viennent-ils quelquefois notre
rencontre quand nous quittons la terre ?
Oui, ils viennent au-devant de l'me qu'ils affectionnent ; ils la
flicitent comme au retour d'un voyage, si elle a chapp aux dangers de
la route, et l'aident se dgager des liens corporels. C'est une faveur
pour les bons Esprits quand ceux qui les ont affectionns viennent leur
rencontre, tandis que celui qui est souill reste dans l'isolement, ou n'est
entour que d'Esprits semblables lui : c'est une punition.
290. Les parents et les amis sont-ils toujours runis aprs leur mort ?
Cela dpend de leur lvation et de la route qu'ils suivent pour leur
avancement. Si l'un d'eux est plus avanc et marche plus vite que l'autre,
ils ne pourront rester ensemble ; ils pourront se voir quelquefois, mais
ils ne seront pour toujours runis que quand ils pourront marcher de
front, ou quand ils auront atteint l'galit dans la perfection. Et puis, la
privation de la vue de ses parents et de ses amis est quelquefois une
punition.
Rapports sympathiques et antipathiques des Esprits.
Moitis ternelles.
291. Outre la sympathie gnrale de similitude, les Esprits ont-ils
entre eux des affections particulires ?
Oui, comme les hommes ; mais le lien qui unit les Esprits est plus
fort quand le corps est absent, parce qu'il n'est plus expos aux
vicissitudes des passions.
292. Les Esprits ont-ils entre eux des haines ?
Il n'y a de haines que parmi les Esprits impurs, et ce sont ceux qui
soufflent parmi vous les inimitis et les dissensions.
293. Deux tres qui auront t ennemis sur terre conserveront-ils du
ressentiment l'un contre l'autre dans le monde des Esprits ?
Non, ils comprendront que leur haine tait stupide et le sujet puril.
Les Esprits imparfaits conservent seuls une sorte d'animosit jusqu' ce
qu'ils se soient purs. Si ce n'est qu'un intrt matriel qui les a diviss,
ils n'y songeront plus, pour peu qu'ils soient dmatrialiss. S'il n'y a pas
VIE SPIRITE
134
299. Dans quel sens doit-on entendre le mot moiti dont certains
Esprits se servent pour dsigner les Esprits sympathiques ?
L'expression est inexacte ; si un Esprit tait la moiti d'un autre,
spar de celui-ci, il serait incomplet.
300. Deux Esprits parfaitement sympathiques, une fois runis, le sontils pour l'ternit, ou bien peuvent-ils se sparer et s'unir d'autres
Esprits ?
Tous les Esprits sont unis entre eux ; je parle de ceux arrivs la
perfection. Dans les sphres infrieures, lorsqu'un Esprit s'lve, il n'a
plus la mme sympathie pour ceux qu'il a quitts.
301. Deux Esprits sympathiques sont-ils le complment l'un de l'autre,
ou bien cette sympathie est-elle le rsultat d'une identit parfaite ?
La sympathie qui attire un Esprit vers un autre est le rsultat de la
parfaite concordance de leurs penchants, de leurs instincts ; si l'un
devait complter l'autre, il perdrait son individualit.
302. L'identit ncessaire pour la sympathie parfaite ne consiste-t-elle
que dans la similitude de penses et de sentiments, ou bien encore dans
l'uniformit des connaissances acquises ?
Dans l'galit des degrs d'lvation.
303. Les Esprits qui ne sont pas sympathiques aujourd'hui, peuventils le devenir plus tard ?
Oui, tous le seront. Ainsi l'Esprit qui est aujourd'hui dans telle
sphre infrieure, en se perfectionnant parviendra dans la sphre ou
rside tel autre. Leur rencontre aura lieu plus promptement, si l'Esprit
plus lev, supportant mal les preuves auxquelles il s'est soumis, est
demeur dans le mme tat.
- Deux Esprits sympathiques peuvent-ils cesser de l'tre ?
Certes, si l'un est paresseux.
La thorie des moitis ternelles est une figure qui peint l'union de deux Esprits
sympathiques ; c'est une expression usite mme dans le langage vulgaire et qu'il ne
faut point prendre la lettre ; les Esprits qui s'en sont servis n'appartiennent
assurment point l'ordre le plus lev ; la sphre de leurs ides est ncessairement
borne, et ils ont pu rendre leurs penses par les termes dont ils se seraient servis
pendant leur vie corporelle. Il faut donc rejeter cette ide que deux Esprits crs l'un
pour l'autre doivent un jour fatalement se runir dans l'ternit, aprs avoir t
spars pendant un laps de temps plus ou moins long.
VIE SPIRITE
136
l'oubli. Ce dont il se rappelle trs bien, ce sont les faits principaux qui
l'aident s'amliorer.
308. L'Esprit se souvient-il de toutes les existences qui ont prcd la
dernire qu'il vient de quitter ?
Tout son pass se droule devant lui, comme les tapes qu'a
parcourues le voyageur ; mais, nous l'avons dit, il ne se souvient pas
d'une manire absolue de tous les actes ; il s'en souvient en raison de
l'influence qu'ils ont sur son tat prsent. Quant aux premires
existences, celles qu'on peut regarder comme l'enfance de l'Esprit, elles
se perdent dans le vague et disparaissent dans la nuit de l'oubli.
309. Comment l'Esprit considre-t-il le corps qu'il vient de quitter ?
Comme un mauvais habit qui le gnait et dont il est heureux d'tre
dbarrass.
- Quel sentiment lui fait prouver la vue de son corps en
dcomposition ?
Presque toujours de l'indiffrence, comme pour une chose laquelle
il ne tient plus.
310. Au bout d'un certain laps de temps, l'Esprit reconnat-il des
ossements ou autres objets comme lui ayant appartenu ?
Quelquefois ; cela dpend du point de vue plus ou moins lev sous
lequel il considre les choses terrestres.
311. Le respect que l'on a pour les choses matrielles qui restent de
l'Esprit attire-t-il son attention sur ces mmes objets, et voit-il ce respect
avec plaisir ?
L'Esprit est toujours heureux du souvenir qu'on a de lui ; les choses
que l'on conserve de lui le rappellent la mmoire, mais c'est la pense
qui l'attire vers vous, et non ces objets.
312. Les Esprits conservent-ils le souvenir des souffrances qu'ils ont
endures pendant leur dernire existence corporelle ?
Souvent ils le conservent, et ce souvenir leur fait mieux sentir le prix
de la flicit dont ils peuvent jouir comme Esprits.
313. L'homme qui a t heureux ici-bas regrette-t-il ses jouissances
quand il a quitt la terre ?
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138
chose prs les mmes ides, les mmes gots et les mmes penchants qu'ils avaient
sous leur enveloppe corporelle ; ils se mlent nos runions, nos affaires, nos
amusements, auxquels ils prennent une part plus ou moins active, selon leur
caractre. Ne pouvant satisfaire leurs passions, ils jouissent de ceux qui s'y
abandonnent et les y excitent. Dans le nombre, il en est de plus srieux qui voient et
observent pour s'instruire et se perfectionner.
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CHAPITRE VII
-
Prludes du retour.
330. Les Esprits connaissent-ils l'poque laquelle ils seront
rincarns ?
Ils la pressentent, comme un aveugle sent le feu dont il s'approche.
Ils savent qu'ils doivent reprendre un corps, comme vous savez que vous
devez mourir un jour, mais sans savoir quand cela arrivera. (166).
- La rincarnation est donc une ncessit de la vie spirite, comme la
mort est une ncessit de la vie corporelle ?
Assurment, il en est ainsi.
331. Tous les Esprits se proccupent-ils de leur rincarnation ?
Il en est qui n'y songent nullement, qui mme ne la comprennent
pas ; cela dpend de leur nature plus ou moins avance. Pour quelquesuns l'incertitude o ils sont de leur avenir est une punition.
332. L'Esprit peut-il rapprocher ou retarder le moment de sa
rincarnation ?
Il peut le rapprocher en l'appelant de ses voeux ; il peut aussi
l'loigner s'il recule devant l'preuve, car parmi les Esprits il y a aussi
des lches et des indiffrents, mais il ne le fait pas impunment ; il en
souffre comme celui qui recule devant le remde salutaire qui peut le
gurir.
333. Si un Esprit se trouvait assez heureux d'une condition moyenne
parmi les Esprits errants, et qu'il n'et pas l'ambition de monter,
pourrait-il prolonger cet tat indfiniment ?
Non, pas indfiniment ; l'avancement est un besoin que l'Esprit
prouve tt ou tard ; tous doivent monter, c'est leur destine.
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Influence de l'organisme.
367. L'Esprit, en s'unissant au corps, s'identifie-t-il avec la matire ?
La matire n'est que l'enveloppe de l'Esprit, comme l'habit est
l'enveloppe du corps. L'Esprit, en s'unissant au corps, conserve les
attributs de la nature spirituelle.
368. Les facults de l'Esprit s'exercent-elles en toute libert aprs son
union avec le corps ?
L'exercice des facults dpend des organes qui leur servent
d'instrument ; elles sont affaiblies par la grossiret de la matire.
150
l'exercice de la facult, comme les muscles par le mouvement, et vous n'aurez rien
d'irrationnel. Prenons une comparaison triviale force de vrit. A certains signes
physiognomoniques, vous reconnaissez l'homme adonn la boisson ; sont-ce ces
signes qui le rendent ivrogne, ou l'ivrognerie qui fait natre ces signes ? On peut dire
que les organes reoivent l'empreinte des facults.
Idiotisme, folie.
371. L'opinion selon laquelle les crtins et les idiots auraient une me
d'une nature infrieure est-elle fonde ?
Non, ils ont une me humaine, souvent plus intelligente que vous ne
pensez, et qui souffre de l'insuffisance des moyens qu'elle a pour se
communiquer, comme le muet souffre de ne pouvoir parler.
372. Quel est le but de la Providence en crant des tres disgracis
comme les crtins et les idiots ?
Ce sont des Esprits en punition qui habitent des corps d'idiots. Ces
Esprits souffrent de la contrainte qu'ils prouvent et de l'impuissance o
ils sont de se manifester par des organes non dvelopps ou dtraqus.
- Il n'est donc pas exact de dire que les organes sont sans influence sur
les facults ?
Nous n'avons jamais dit que les organes fussent sans influence ; ils
en ont une trs grande sur la manifestation des facults, mais ils ne
donnent pas les facults ; l est la diffrence. Un bon musicien avec un
mauvais instrument ne fera pas de bonne musique, et cela ne
l'empchera pas d'tre un bon musicien.
Il faut distinguer l'tat normal de l'tat pathologique. Dans l'tat normal, le moral
surmonte l'obstacle que lui oppose la matire ; mais il est des cas o la matire offre
une rsistance telle que les manifestations sont entraves ou dnatures, comme
dans l'idiotie et la folie ; ce sont des cas pathologiques, et dans cet tat l'me ne
jouissant pas de toute sa libert, la loi humaine elle-mme l'affranchit de la
responsabilit de ses actes.
373. Quel peut tre le mrite de l'existence pour des tres qui, comme
les idiots et les crtins, ne pouvant faire ni bien ni mal, ne peuvent
progresser ?
C'est une expiation impose l'abus que l'on a pu faire de certaines
facults ; c'est un temps d'arrt.
- Un corps d'idiot peut ainsi renfermer un Esprit qui aurait anim un
homme de gnie dans une prcdente existence ?
152
est complte, c'est--dire lorsqu'il n'existe plus aucun lien entre l'Esprit
et le corps.
382. L'Esprit incarn souffre-t-il, pendant l'enfance, de la contrainte
que lui impose l'imperfection de ses organes ?
Non ; cet tat est une ncessit, il est dans la nature et selon les vues
de la Providence ; c'est un temps de repos pour l'Esprit.
383. Quelle est, pour l'Esprit, l'utilit de passer par l'tat d'enfance ?
L'Esprit s'incarnant en vue de se perfectionner, est plus accessible,
pendant ce temps, aux impressions qu'il reoit et qui peuvent aider son
avancement, auquel doivent contribuer ceux qui sont chargs de son
ducation.
384. Pourquoi les premiers cris de l'enfant sont-ils des pleurs ?
Pour exciter l'intrt de la mre et provoquer les soins qui lui sont
ncessaires. Ne comprends-tu pas que s'il n'avait que des cris de joie,
alors qu'il ne sait pas encore parler, on s'inquiterait peu de ce dont il a
besoin ? Admirez donc en tout la sagesse de la Providence.
385. D'o vient le changement qui s'opre dans le caractre un
certain ge, et particulirement au sortir de l'adolescence ; est-ce l'Esprit
qui se modifie ?
C'est l'Esprit qui reprend sa nature et se montre ce qu'il tait.
Vous ne connaissez pas le secret que cachent les enfants dans leur
innocence ; vous ne savez ce qu'ils sont, ni ce qu'ils ont t, ni ce qu'ils
seront ; et pourtant vous les aimez, vous les chrissez comme s'ils
taient une partie de vous-mmes, tellement que l'amour d'une mre
pour ses enfants est rput le plus grand amour qu'un tre puisse avoir
pour un autre tre. D'o vient cette douce affection, cette tendre
bienveillance que les trangers eux-mmes prouvent envers un enfant ?
Le savez-vous ? Non ; c'est cela que je vais vous expliquer.
Les enfants sont les tres que Dieu envoie dans de nouvelles
existences ; et pour qu'ils ne puissent pas lui reprocher une svrit trop
grande, il leur donne toutes les apparences de l'innocence ; mme chez
un enfant d'un mauvais naturel, on couvre ses mfaits de la nonconscience de ses actes. Cette innocence n'est pas une supriorit relle
sur ce qu'ils taient avant ; non, c'est l'image de ce qu'ils devraient tre,
et s'ils ne le sont pas, c'est sur eux seuls qu'en retombe la peine.
154
Mais ce n'est pas seulement pour eux que Dieu leur a donn cet
aspect, c'est aussi et surtout pour leurs parents dont l'amour est
ncessaire leur faiblesse, et cet amour serait singulirement affaibli par
la vue d'un caractre acaritre et revche, tandis que, croyant leurs
enfants bons et doux, ils leur donnent toute leur affection, et les
entourent des soins les plus dlicats. Mais lorsque les enfants n'ont plus
besoin de cette protection, de cette assistance qui leur a t donne
pendant quinze vingt annes, leur caractre rel et individuel reparat
dans toute sa nudit : il reste bon s'il tait fondamentalement bon ; mais
il s'irise toujours de nuances qui taient caches par la premire enfance.
Vous voyez que les voies de Dieu sont toujours les meilleures, et que
lorsqu'on a le coeur pur, l'explication en est facile concevoir.
En effet, songez bien que l'Esprit des enfants qui naissent parmi vous
peut venir d'un monde o il a pris des habitudes toutes diffrentes ;
comment voudriez-vous que ft au milieu de vous ce nouvel tre qui
vient avec des passions tout autres que celles que vous possdez, avec
des inclinations, des gots entirement opposs aux vtres ; comment
voudriez-vous qu'il s'incorport dans vos rangs autrement que comme
Dieu l'a voulu, c'est--dire par le tamis de l'enfance ? L viennent se
confondre toutes les penses, tous les caractres, toutes les varits
d'tres engendrs par cette foule de mondes dans lesquels grandissent les
cratures. Et vous-mmes, en mourant, vous vous trouverez dans une
sorte d'enfance, au milieu de nouveaux frres ; et dans votre nouvelle
existence non terrestre, vous ignorerez les habitudes, les moeurs, les
rapports de ce monde nouveau pour vous ; vous manierez avec peine
une langue que vous ne serez pas habitus parler, langue plus vive que
n'est aujourd'hui votre pense. (319).
L'enfance a encore une autre utilit : les Esprits n'entrent dans la vie
corporelle que pour se perfectionner, s'amliorer ; la faiblesse du jeune
ge les rend flexibles, accessibles aux conseils de l'exprience et de ceux
qui doivent les faire progresser ; c'est alors qu'on peut rformer leur
caractre et rprimer leurs mauvais penchants ; tel est le devoir que Dieu
a confi leurs parents, mission sacre dont ils auront rpondre.
C'est ainsi que l'enfance est non seulement utile, ncessaire,
indispensable, mais encore qu'elle est la suite naturelle des lois que Dieu
a tablies et qui rgissent l'univers.
156
Chez l'une et chez l'autre, mais les causes et les effets sont
diffrents. Un Esprit mauvais a de l'antipathie contre quiconque peut le
juger et le dmasquer ; en voyant une personne pour la premire fois, il
sait qu'il va tre dsapprouv ; son loignement se change en haine, en
jalousie et lui inspire le dsir de faire le mal. Le bon Esprit a de la
rpulsion pour le mauvais, parce qu'il sait qu'il n'en sera pas compris et
qu'ils ne partagent pas les mmes sentiments ; mais, fort de sa
supriorit, il n'a contre l'autre ni haine, ni jalousie : il se contente de
l'viter et de le plaindre.
Oubli du pass.
392. Pourquoi l'Esprit incarn perd-il le souvenir de son pass ?
L'homme ne peut ni ne doit tout savoir ; Dieu le veut ainsi dans sa
sagesse. Sans le voile qui lui couvre certaines choses, l'homme serait
bloui, comme celui qui passe sans transition de l'obscurit la lumire.
Par l'oubli du pass il est plus lui-mme.
393. Comment l'homme peut-il tre responsable d'actes et racheter des
fautes dont il n'a pas le souvenir ? Comment peut-il profiter de
l'exprience acquise dans des existences tombes dans l'oubli ? On
concevrait que les tribulations de la vie fussent une leon pour lui s'il se
rappelait ce qui a pu les lui attirer ; mais du moment qu'il ne s'en
souvient pas, chaque existence est pour lui comme si elle tait la
premire, et c'est ainsi toujours recommencer. Comment concilier cela
avec la justice de Dieu ?
A chaque existence nouvelle, l'homme a plus d'intelligence et peut
mieux distinguer le bien et le mal. O serait le mrite, s'il se rappelait
tout le pass ? Lorsque l'Esprit rentre dans sa vie primitive (la vie
spirite), toute sa vie passe se droule devant lui ; il voit les fautes qu'il
a commises et qui sont cause de sa souffrance, et ce qui aurait pu
l'empcher de les commettre ; il comprend que la position qui lui est
donne est juste, et cherche alors l'existence qui pourrait rparer celle
qui vient de s'couler. Il cherche des preuves analogues celles par
lesquelles il a pass, ou les luttes qu'il croit propres son avancement, et
demande des Esprits qui lui sont suprieurs de l'aider dans cette
nouvelle tche qu'il entreprend, car il sait que l'Esprit qui lui sera donn
pour guide dans cette nouvelle existence cherchera lui faire rparer ses
fautes en lui donnant une espce d'intuition de celles qu'il a commises.
Cette mme intuition est la pense, le dsir criminel qui vous vient
souvent, et auquel vous rsistez instinctivement, attribuant la plupart du
temps votre rsistance aux principes que vous avez reus de vos parents,
tandis que c'est la voix de la conscience qui vous parle, et cette voix est
le souvenir du pass, voix qui vous avertit de ne pas retomber dans les
fautes que vous avez dj commises. L'Esprit entr dans cette nouvelle
existence, s'il subit ces preuves avec courage et s'il rsiste, s'lve et
monte dans la hirarchie des Esprits, lorsqu'il revient parmi eux.
Si nous n'avons pas, pendant la vie corporelle, un souvenir prcis de ce que nous
avons t, et de ce que nous avons fait de bien ou de mal dans nos existences
antrieures, nous en avons l'intuition, et nos tendances instinctives sont une
rminiscence de notre pass, auxquelles notre conscience, qui est le dsir que nous
avons conu de ne plus commettre les mmes fautes, nous avertit de rsister.
394. Dans les mondes plus avancs que le ntre, o l'on n'est point en
proie tous nos besoins physiques, nos infirmits, les hommes
comprennent-ils qu'ils sont plus heureux que nous ? Le bonheur, en
gnral, est relatif ; on le sent par comparaison avec un tat moins
heureux. Comme en dfinitive quelques-uns de ces mondes, quoique
meilleurs que le ntre, ne sont pas l'tat de perfection, les hommes qui
les habitent doivent avoir des sujets d'ennui dans leur genre. Parmi
nous, le riche, de ce qu'il n'a pas les angoisses des besoins matriels
comme le pauvre, n'en a pas moins des tribulations qui rendent sa vie
amre. Or, je demande si, dans leur position, les habitants de ces
mondes ne se croient pas aussi malheureux que nous et ne se plaignent
pas de leur sort, n'ayant pas le souvenir d'une existence infrieure pour
comparaison ?
A cela, il faut faire deux rponses diffrentes. Il y a des mondes,
parmi ceux dont tu parles, dont les habitants ont un souvenir trs net et
trs prcis de leurs existences passes ; ceux-l, tu le comprends,
peuvent et savent apprcier le bonheur que Dieu leur permet de
savourer ; mais il y en a d'autres o les habitants placs, comme tu le
dis, dans de meilleures conditions que vous, n'en ont pas moins de
grands ennuis, des malheurs mme ; ceux-l n'apprcient pas leur
bonheur par cela mme qu'ils n'ont pas le souvenir d'un tat encore plus
malheureux. S'ils ne l'apprcient pas comme hommes, ils l'apprcient
comme Esprits.
N'y a-t-il pas dans l'oubli de ces existences passes, alors surtout qu'elles ont t
pnibles, quelque chose de providentiel, et o se rvle la sagesse divine ? C'est
dans les mondes suprieurs, lorsque le souvenir des existences malheureuses n'est
plus qu'un mauvais rve, qu'elles se prsentent la mmoire. Dans les mondes
infrieurs, les malheurs prsents ne seraient-ils pas aggravs par le souvenir de tous
ceux que l'on a pu endurer ? Concluons donc de l que tout ce que Dieu a fait est
158
bien fait, et qu'il ne nous appartient pas de critiquer ses oeuvres, et de dire comment
il aurait d rgler l'univers.
Le souvenir de nos individualits antrieures aurait des inconvnients trs
graves ; il pourrait, dans certains cas, nous humilier trangement ; dans d'autres,
exalter notre orgueil, et, par cela mme, entraver notre libre arbitre. Dieu nous a
donn, pour nous amliorer, juste ce qui nous est ncessaire et peut nous suffire : la
voix de la conscience et nos tendances instinctives ; il nous te ce qui pourrait nous
nuire. Ajoutons encore que si nous avions le souvenir de nos actes antrieurs
personnels, nous aurions galement celui des actes d'autrui, et que cette
connaissance pourrait avoir les plus fcheux effets sur les relations sociales ; n'ayant
pas toujours lieu de nous glorifier de notre pass, il est souvent heureux qu'un voile
soit jet dessus. Ceci concorde parfaitement avec la doctrine des Esprits sur les
mondes suprieurs au ntre. Dans ces mondes, o ne rgne que le bien, le souvenir
du pass n'a rien de pnible ; voil pourquoi on s'y souvient de son existence
prcdente comme nous nous souvenons de ce que nous avons fait la veille. Quant
au sjour qu'on a pu faire dans les mondes infrieurs, ce n'est plus, comme nous
l'avons dit, qu'un mauvais rve.
160
second par les Esprits qui l'assistent s'il coute les bonnes inspirations qu'ils lui
suggrent.
Si l'homme ne connat pas les actes mmes qu'il a commis dans ses existences
antrieures, il peut toujours savoir de quel genre de fautes il s'est rendu coupable et
quel tait son caractre dominant. Il lui suffit de s'tudier lui-mme, et il peut juger
de ce qu'il a t, non par ce qu'il est, mais par ses tendances.
Les vicissitudes de la vie corporelle sont la fois une expiation pour les fautes
passes et des preuves pour l'avenir. Elles nous purent et nous lvent, selon que
nous les subissons avec rsignation et sans murmure.
La nature des vicissitudes et des preuves que nous subissons peut aussi nous
clairer sur ce que nous avons t et sur ce que nous avons fait, comme ici-bas nous
jugeons les faits d'un coupable par le chtiment que lui inflige la loi. Ainsi, tel sera
chti dans son orgueil par l'humiliation d'une existence subalterne ; le mauvais riche
et l'avare, par la misre ; celui qui a t dur pour les autres, par les durets qu'il
subira ; le tyran, par l'esclavage ; le mauvais fils, par l'ingratitude de ses enfants ; le
paresseux, par un travail forc, etc..
CHAPITRE VIII
-
EMANCIPATION DE L'AME
1. Le sommeil et les rves. - 2. Visites spirites entre personnes vivantes.
3. Transmission occulte de la pense. - 4. Lthargie, catalepsie. Morts
apparentes. - 5. Somnambulisme. - 6. Extase. - 7. Seconde vue.
8. Rsum thorique du somnambulisme, de l'extase et de la seconde vue.
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EMANCIPATION DE L'AME
sans cela, comment expliqueriez-vous ces rves absurdes que font les
plus savants comme les plus simples ? Les mauvais Esprits se servent
aussi des rves pour tourmenter les mes faibles et pusillanimes.
Au reste, vous verrez dans peu se dvelopper une autre espce de
rves ; elle est aussi ancienne que celle que vous connaissez, mais vous
l'ignorez. Le rve de Jeanne, le rve de Jacob, le rve des prophtes juifs
et de quelques devins indiens : ce rve-l est le souvenir de l'me
entirement dgage du corps, le souvenir de cette seconde vie dont je
vous parlais tout l'heure.
Cherchez bien distinguer ces deux sortes de rves dans ceux dont
vous vous souviendrez ; sans cela vous tomberiez dans des
contradictions et dans des erreurs qui seraient funestes votre foi.
Les rves sont le produit de l'mancipation de l'me rendue plus indpendante par
la suspension de la vie active et de relation. De l une sorte de clairvoyance
indfinie qui s'tend aux lieux les plus loigns ou que l'on n'a jamais vus, et
quelquefois mme d'autres mondes. De l encore le souvenir qui retrace la
mmoire les vnements accomplis dans l'existence prsente ou dans les existences
antrieures ; l'tranget des images de ce qui se passe ou s'est pass dans des
mondes inconnus, entremles des choses du monde actuel, forment ces ensembles
bizarres et confus qui semblent n'avoir ni sens ni liaison.
L'incohrence des rves s'explique encore par les lacunes que produit le souvenir
incomplet de ce qui nous est apparu en songe. Tel serait un rcit dont on aurait
tronqu au hasard des phrases ou des parties de phrases : les fragments qui
resteraient tant runis perdraient toute signification raisonnable.
164
EMANCIPATION DE L'AME
166
EMANCIPATION DE L'AME
qu'il en a la volont tant veill, ce n'est pas une raison pour qu'il le
fasse.
417. Un certain nombre d'Esprits incarns peuvent-ils se runir ainsi
et former des assembles ?
Sans aucun doute ; les liens de l'amiti, anciens ou nouveaux,
runissent souvent ainsi divers Esprits heureux de se trouver
ensemble.
Par le mot ancien, il faut entendre les liens d'amiti que l'on avait contracts dans
d'autres existences antrieures. Nous rapportons au rveil une intuition des ides
que nous avons puises dans ces entretiens occultes, mais dont nous ignorons la
source.
418. Une personne qui croirait un de ses amis mort, tandis qu'il ne le
serait pas, pourrait-elle se rencontrer avec lui en Esprit et savoir ainsi
qu'il est vivant ? Pourrait-elle, dans ce cas, en avoir l'intuition au rveil ?
Comme Esprit elle peut certainement le voir et connatre son sort ;
s'il ne lui est pas impos comme preuve de croire la mort de son ami,
elle aura un pressentiment de son existence, comme elle pourra avoir
celui de sa mort.
Transmission occulte de la pense.
419. D'o vient que la mme ide, celle d'une dcouverte, par
exemple, se produit sur plusieurs points la fois ?
Nous avons dj dit que pendant le sommeil les Esprits se
communiquent entre eux ; eh bien ! quand le corps se rveille, l'Esprit se
rappelle ce qu'il a appris, et l'homme croit l'avoir invent. Ainsi
plusieurs peuvent trouver la mme chose la fois. Quand vous dites
qu'une ide est dans l'air, c'est une figure plus juste que vous ne croyez ;
chacun contribue la propager sans s'en douter.
Notre Esprit rvle ainsi souvent lui-mme d'autres Esprits, et notre insu, ce
qui faisait l'objet de nos proccupations pendant la veille.
168
EMANCIPATION DE L'AME
elles diffrent en ce que, dans la lthargie, la suspension des forces vitales est
gnrale et donne au corps toutes les apparences de la mort ; dans la catalepsie, elle
est localise et peut affecter une partie plus ou moins tendue du corps, de manire
laisser l'intelligence libre de se manifester, ce qui ne permet pas de la confondre
avec la mort. La lthargie est toujours naturelle ; la catalepsie est quelquefois
spontane, mais elle peut tre provoque et dtruite artificiellement par l'action
magntique.
Somnambulisme.
425. Le somnambulisme naturel a-t-il du rapport avec les rves ?
Comment peut-on l'expliquer ?
C'est une indpendance de l'me plus complte que dans le rve, et
alors ses facults sont plus dveloppes ; elle a des perceptions qu'elle
n'a pas dans le rve, qui est un tat de somnambulisme imparfait.
Dans le somnambulisme, l'Esprit est tout entier lui-mme ; les
organes matriels, tant en quelque sorte en catalepsie, ne reoivent plus
les impressions extrieures. Cet tat se manifeste surtout pendant le
sommeil ; c'est le moment o l'Esprit peut quitter provisoirement le
corps, celui-ci tant livr au repos indispensable la matire. Quand les
faits de somnambulisme se produisent, c'est que l'Esprit, proccup
d'une chose ou d'une autre, se livre une action quelconque qui
ncessite l'usage de son corps, dont il se sert alors d'une faon analogue
l'emploi qu'il fait d'une table ou de tout autre objet matriel dans le
phnomne des manifestations physiques, ou mme de votre main dans
celui des communications crites. Dans les rves dont on a conscience,
les organes, y compris ceux de la mmoire, commencent s'veiller ;
ceux-ci reoivent imparfaitement les impressions produites par les
objets ou les causes extrieures et les communiquent l'Esprit qui, en
repos alors lui-mme, n'en peroit que des sensations confuses et
souvent dcousues, et sans aucune raison d'tre apparente, mlanges
qu'elles sont de vagues souvenirs, soit de cette existence, soit
d'existences antrieures. Il est alors facile de comprendre pourquoi les
somnambules n'ont aucun souvenir, et pourquoi les rves, dont on
conserve la mmoire, n'ont le plus souvent aucun sens. Je dis le plus
souvent, car il arrive qu'ils sont la consquence d'un souvenir prcis
d'vnements d'une vie antrieure, et quelquefois mme une sorte
d'intuition de l'avenir.
426. Le somnambulisme appel magntique a-t-il du rapport avec le
somnambulisme naturel ?
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EMANCIPATION DE L'AME
172
corps pareils aux ntres, et ils prennent l'apparence de leur propre corps pour un
corps rel.
EMANCIPATION DE L'AME
174
Tout cela n'est qu'une mme chose ; ce que tu appelles seconde vue,
c'est encore l'Esprit qui est plus libre, quoique le corps ne soit pas
endormi. La seconde vue est la vue de l'me.
448. La seconde vue est-elle permanente ?
La facult, oui ; l'exercice, non. Dans les mondes moins matriels
que le vtre, les Esprits se dgagent plus facilement et entrent en
communication par la seule pense, sans exclure, toutefois, le langage
articul ; aussi la double vue y est-elle pour la plupart une facult
permanente ; leur tat normal peut tre compar celui de vos
somnambules lucides, et c'est aussi la raison pour laquelle ils se
manifestent vous plus aisment que ceux qui sont incarns dans des
corps plus grossiers.
449. La seconde vue se dveloppe-t-elle spontanment ou la volont
de celui qui en est dou ?
Le plus souvent, elle est spontane, mais souvent aussi la volont y
joue un grand rle. Ainsi, prends pour exemple certaines gens que l'on
appelle diseurs de bonne aventure et dont quelques-uns ont cette
puissance, et tu verras que c'est la volont qui les aide entrer dans cette
seconde vue, et dans ce que tu appelles vision.
450. La seconde vue est-elle susceptible de se dvelopper par
l'exercice ?
Oui, le travail amne toujours le progrs, et le voile qui couvre les
choses s'claircit.
- Cette facult tient-elle l'organisation physique ?
Certes, l'organisation y joue un rle ; il y a des organisations qui y
sont rebelles.
451. D'o vient que la seconde vue semble hrditaire dans certaines
familles ?
Similitude d'organisation qui se transmet comme les autres qualits
physiques ; et puis dveloppement de la facult par une sorte
d'ducation qui se transmet aussi de l'un l'autre.
452. Est-il vrai que certaines circonstances dveloppent la seconde
vue ?
La maladie, l'approche d'un danger, une grande commotion peuvent
la dvelopper. Le corps est quelquefois dans un tat particulier qui
EMANCIPATION DE L'AME
permet l'Esprit de voir ce que vous ne pouvez voir avec les yeux du
corps.
Les temps de crise et de calamits, les grandes motions, toutes les causes qui
surexcitent le moral, provoquent quelquefois le dveloppement de la seconde vue. Il
semble que la Providence, en prsence du danger, nous donne le moyen de le
conjurer. Toutes les sectes et tous les partis perscuts en offrent de nombreux
exemples.
176
raison de plus pour ne pas le laisser entre leurs mains. Quand la science
se le sera appropri, le charlatanisme aura bien moins de crdit sur les
masses ; mais en attendant, comme le somnambulisme naturel ou
artificiel est un fait, et que contre un fait il n'y a pas de raisonnement
possible, il s'accrdite malgr le mauvais vouloir de quelques-uns, et
cela dans la science mme o il entre par une multitude de petites portes
au lieu de passer par la grande ; quand il y sera en plein, il faudra bien
lui accorder droit de cit.
Pour le spiritisme, le somnambulisme est plus qu'un phnomne
physiologique, c'est une lumire jete sur la psychologie ; c'est l qu'on
peut tudier l'me, parce qu'elle s'y montre dcouvert ; or, un des
phnomnes par lesquels elle se caractrise, c'est la clairvoyance
indpendante des organes ordinaires de la vue. Ceux qui contestent ce
fait se fondent sur ce que le somnambule ne voit pas toujours, et la
volont de l'exprimentateur, comme avec les yeux. Faut-il s'tonner que
les moyens tant diffrents, les effets ne soient plus les mmes ? Est-il
rationnel de demander des effets identiques quand l'instrument n'existe
plus ? L'me a ses proprits comme l'oeil a les siennes ; il faut les juger
en elles-mmes, et non par analogie.
La cause de la clairvoyance du somnambule magntique et du
somnambule naturel est identiquement la mme : c'est un attribut de
l'me, une facult inhrente toutes les parties de l'tre incorporel qui
est en nous, et qui n'a de limites que celles qui sont assignes l'me
elle-mme. Il voit partout o son me peut se transporter, quelle que soit
la distance.
Dans la vue distance, le somnambule ne voit pas les choses du point
o est son corps, et comme par un effet tlescopique. Il les voit prsentes
et comme s'il tait sur le lieu o elles existent, parce que son me y est
en ralit ; c'est pourquoi son corps est comme ananti et semble priv
de sentiment, jusqu'au moment o l'me vient en reprendre possession.
Cette sparation partielle de l'me et du corps est un tat anormal qui
peut avoir une dure plus ou moins longue, mais non indfinie ; c'est la
cause de la fatigue que le corps prouve aprs un certain temps, surtout
quand l'me se livre un travail actif.
La vue de l'me ou de l'Esprit n'tant pas circonscrite et n'ayant pas de
sige dtermin, c'est ce qui explique pourquoi les somnambules ne
peuvent lui assigner d'organe spcial ; ils voient parce qu'ils voient, sans
savoir ni pourquoi ni comment, la vue n'ayant pas de foyer propre pour
eux comme Esprit. S'ils se reportent leur corps, ce foyer leur semble
EMANCIPATION DE L'AME
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EMANCIPATION DE L'AME
et les maux, les joies grossires et les misres d'ici-bas ne sont que les
incidents futiles d'un voyage dont il est heureux de voir le terme.
Il en est des extatiques comme des somnambules : leur lucidit peut
tre plus ou moins parfaite, et leur propre Esprit, selon qu'il est plus ou
moins lev, est aussi plus ou moins apte connatre et comprendre
les choses. Il y a quelquefois chez eux plus d'exaltation que de vritable
lucidit, ou, pour mieux dire, leur exaltation nuit leur lucidit ; c'est
pourquoi leurs rvlations sont souvent un mlange de vrits et
d'erreurs, de choses sublimes et de choses absurdes ou mme ridicules.
Des Esprits infrieurs profitent souvent de cette exaltation, qui est
toujours une cause de faiblesse quand on ne sait pas la matriser, pour
dominer l'extatique, et cet effet, ils revtent ses yeux des apparences
qui l'entretiennent dans ses ides ou prjugs de la veille. C'est l un
cueil, mais tous ne sont pas de mme ; c'est nous de juger froidement,
et de peser leurs rvlations dans la balance de la raison.
L'mancipation de l'me se manifeste quelquefois l'tat de veille et
produit le phnomne dsign sous le nom de seconde vue qui donne
ceux qui en sont dous la facult de voir, d'entendre et de sentir au-del
des limites de nos sens. Ils peroivent les choses absentes partout o
l'me tend son action ; ils les voient pour ainsi dire travers la vue
ordinaire et comme par une sorte de mirage.
Dans le moment o se produit le phnomne de la seconde vue, l'tat
physique est sensiblement modifi ; l'oeil a quelque chose de vague : il
regarde sans voir ; toute la physionomie reflte une sorte d'exaltation.
On constate que les organes de la vue y sont trangers, en ce que la
vision persiste, malgr l'occlusion des yeux.
Cette facult parat ceux qui en jouissent naturelle comme celle de
voir ; c'est pour eux un attribut de leur tre qui ne leur semble pas faire
exception. L'oubli suit le plus souvent cette lucidit passagre dont le
souvenir, de plus en plus vague, finit par disparatre comme celui d'un
songe.
La puissance de la seconde vue varie depuis la sensation confuse
jusqu' la perception claire et nette des choses prsentes ou absentes. A
l'tat rudimentaire, elle donne certaines gens le tact, la perspicacit,
une sorte de sret dans leurs actes qu'on peut appeler la justesse du
coup d'oeil moral. Plus dveloppe, elle veille les pressentiments ; plus
dveloppe encore, elle montre les vnements accomplis ou sur le point
de s'accomplir.
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CHAPITRE IX
-
182
460. Avons-nous des penses qui nous sont propres, et d'autres qui
nous sont suggres ?
Votre me est un Esprit qui pense ; vous n'ignorez pas que plusieurs
penses vous arrivent la fois sur un mme sujet, et souvent bien
contraires les unes aux autres ; eh bien ! il y en a toujours de vous et de
nous ; c'est ce qui vous met dans l'incertitude, parce que vous avez en
vous deux ides qui se combattent.
461. Comment distinguer les penses qui nous sont propres de celles
qui nous sont suggres ?
Lorsqu'une pense est suggre, c'est comme une voix qui vous
parle. Les penses propres sont en gnral celles du premier mouvement.
Du reste, il n'y a pas un grand intrt pour vous dans cette distinction, et
il est souvent utile de ne pas le savoir : l'homme agit plus librement ; s'il
se dcide pour le bien, il le fait plus volontiers ; s'il prend le mauvais
chemin, il n'en a que plus de responsabilit.
462. Les hommes d'intelligence et de gnie puisent-ils toujours leurs
ides dans leur propre fonds ?
Quelquefois, les ides viennent de leur propre Esprit, mais souvent
elles leur sont suggres par d'autres Esprits qui les jugent capables de
les comprendre et dignes de les transmettre. Quand ils ne les trouvent
pas en eux, ils font appel l'inspiration ; c'est une vocation qu'ils font
sans s'en douter.
S'il et t utile que nous puissions distinguer clairement nos penses propres de
celles qui nous sont suggres, Dieu nous en et donn le moyen, comme il nous
donne celui de distinguer le jour et la nuit. Quand une chose est dans le vague, c'est
que cela doit tre pour le bien.
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186
pur ne peut avoir aucune influence ; les bons Esprits le mprisent, et les
mauvais ne le craignent pas.
477. Les formules d'exorcisme ont-elles quelque efficacit sur les
mauvais Esprits ?
Non ; quand ces Esprits voient quelqu'un prendre la chose au
srieux, ils en rient et s'obstinent.
478. Il y a des personnes animes de bonnes intentions et qui n'en
sont pas moins obsdes ; quel est le meilleur moyen de se dlivrer des
Esprits obsesseurs ?
Lasser leur patience, ne tenir aucun compte de leurs suggestions,
leur montrer qu'ils perdent leur temps ; alors, quand ils voient qu'ils
n'ont rien faire, ils s'en vont.
479. La prire est-elle un moyen efficace pour gurir de l'obsession ?
La prire est d'un puissant secours en tout ; mais croyez bien qu'il ne
suffit pas de murmurer quelques paroles pour obtenir ce qu'on dsire.
Dieu assiste ceux qui agissent, et non ceux qui se bornent demander. Il
faut donc que l'obsd fasse de son ct ce qui est ncessaire pour
dtruire en lui-mme la cause qui attire les mauvais Esprits.
480. Que faut-il penser de l'expulsion des dmons dont il est parl
dans l'Evangile ?
Cela dpend de l'interprtation. Si vous appelez dmon un mauvais
Esprit qui subjugue un individu, quand son influence sera dtruite, il
sera vritablement chass. Si vous attribuez une maladie au dmon,
quand vous aurez guri la maladie, vous direz aussi que vous avez
chass le dmon. Une chose peut tre vraie ou fausse suivant le sens
qu'on attache aux mots. Les plus grandes vrits peuvent paratre
absurdes quand on ne regarde que la forme, et quand on prend
l'allgorie pour la ralit. Comprenez bien ceci, et retenez-le ; c'est d'une
application gnrale.
Convulsionnaires.
481. Les Esprits jouent-ils un rle dans les phnomnes qui se
produisent chez les individus dsigns sous le nom de
convulsionnaires ?
188
supprim cette disposition, mais la cause qui l'entretenait et l'exaltait ; d'active, elle
l'a rendue latente, et elle a eu raison d'agir ainsi, parce qu'il en rsultait abus et
scandale. On sait, du reste, que cette intervention est impuissante quand l'action des
Esprits est directe et spontane.
488. Nos parents et nos amis qui nous ont prcds dans l'autre vie
ont-ils pour nous plus de sympathie que les Esprits qui nous sont
trangers ?
Sans doute et souvent ils vous protgent comme Esprits, selon leur
pouvoir.
- Sont-ils sensibles l'affection que nous leur conservons ?
Trs sensibles, mais ils oublient ceux qui les oublient.
Anges gardiens ; Esprits protecteurs, familiers ou sympathiques.
489. Y a-t-il des Esprits qui s'attachent un individu en particulier
pour le protger ?
Oui, le frre spirituel ; c'est ce que vous appelez le bon Esprit ou le
bon gnie.
490. Que doit-on entendre par ange gardien ?
L'Esprit protecteur d'un ordre lev.
491. Quelle est la mission de l'Esprit protecteur ?
Celle d'un pre sur ses enfants ; conduire son protg dans la bonne
voie, l'aider de ses conseils, le consoler de ses afflictions, soutenir son
courage dans les preuves de la vie.
492. L'Esprit protecteur est-il attach l'individu depuis sa
naissance ?
Depuis la naissance jusqu' la mort, et souvent il le suit aprs la
mort dans la vie spirite, et mme dans plusieurs existences corporelles,
car ces existences ne sont que des phases bien courtes par rapport la
vie de l'Esprit.
493. La mission de l'Esprit protecteur est-elle volontaire ou
obligatoire ?
190
L'Esprit est oblig de veiller sur vous parce qu'il a accept cette
tche, mais il a le choix des tres qui lui sont sympathiques. Pour les
uns c'est un plaisir, pour d'autres une mission ou un devoir.
- En s'attachant une personne, l'Esprit renonce-t-il protger
d'autres individus ?
Non, mais il le fait moins exclusivement.
494. L'Esprit protecteur est-il fatalement attach l'tre confi sa
garde ?
Il arrive souvent que certains Esprits quittent leur position pour
remplir diverses missions ; mais alors l'change se fait.
495. L'Esprit protecteur abandonne-t-il quelquefois son protg quand
celui-ci est rebelle ses avis ?
Il s'loigne quand il voit ses conseils inutiles, et que la volont de
subir l'influence des Esprits infrieurs est plus forte ; mais il ne
l'abandonne point compltement et se fait toujours entendre ; c'est alors
l'homme qui ferme les oreilles. Il revient ds qu'on l'appelle.
Il est une doctrine qui devrait convertir les plus incrdules par son
charme et par sa douceur : celle des anges gardiens. Penser qu'on a
toujours prs de soi des tres qui vous sont suprieurs, qui sont toujours
l pour vous conseiller, vous soutenir, pour vous aider gravir l'pre
montagne du bien, qui sont des amis plus srs et plus dvous que les
plus intimes liaisons que l'on puisse contracter sur cette terre, n'est-ce
pas une ide bien consolante ? Ces tres sont l par l'ordre de Dieu ;
c'est lui qui les a mis prs de vous, ils sont l pour l'amour de lui, et ils
accomplissent auprs de vous une belle mais pnible mission. Oui,
quelque part que vous soyez, il sera avec vous : les cachots, les
hpitaux, les lieux de dbauche, la solitude, rien ne vous spare de cet
ami que vous ne pouvez voir, mais dont votre me sent les plus douces
impulsions et entend les sages conseils.
Que ne connaissez-vous mieux cette vrit ! Combien de fois elle
vous aiderait dans les moments de crise ; combien de fois elle vous
sauverait des mauvais Esprits ! Mais au grand jour, cet ange de bien
aura souvent vous dire : Ne t'ai-je pas dit cela, et tu ne l'as pas fait ;
ne t'ai-je pas montr l'abme, et tu t'y es prcipit ; ne t'ai-je pas fait
entendre dans ta conscience la voix de la vrit, et n'as-tu pas suivi les
conseils du mensonge ? Ah ! questionnez vos anges gardiens ;
tablissez entre eux et vous cette tendre intimit qui rgne entre les
meilleurs amis. Ne pensez pas leur rien cacher, car ils ont l'oeil de
Dieu, et vous ne pouvez les tromper. Songez l'avenir ; cherchez
avancer dans cette vie, vos preuves en seront plus courtes, vos
existences plus heureuses. Allons ! hommes, du courage ; rejetez loin de
vous, une fois pour toutes, prjugs et arrire-penses ; entrez dans la
nouvelle voie qui s'ouvre devant vous ; marchez ! marchez ! vous avez
des guides, suivez-les : le but ne peut vous manquer, car ce but, c'est
Dieu lui-mme.
A ceux qui penseraient qu'il est impossible des Esprits vraiment
levs de s'astreindre une tche si laborieuse et de tous les instants,
nous dirons que nous influenons vos mes tout en tant plusieurs
millions de lieues de vous : pour nous l'espace n'est rien, et tout en
vivant dans un autre monde, nos Esprits conservent leur liaison avec le
vtre. Nous jouissons de qualits que vous ne pouvez comprendre, mais
soyez srs que Dieu ne nous a pas impos une tche au-dessus de nos
forces, et qu'il ne vous a pas abandonns seuls sur la terre sans amis et
sans soutiens. Chaque ange gardien a son protg sur lequel il veille,
comme un pre veille sur son enfant ; il est heureux quand il le voit dans
le bon chemin ; il gmit quand ses conseils sont mconnus.
Ne craignez pas de nous fatiguer de vos questions ; soyez, au
contraire, toujours en rapport avec nous : vous serez plus forts et plus
heureux. Ce sont ces communications de chaque homme avec son Esprit
familier qui font tous les hommes mdiums, mdiums ignors
aujourd'hui, mais qui se manifesteront plus tard, et qui se rpandront
comme un ocan sans bornes pour refouler l'incrdulit et l'ignorance.
Hommes instruits, instruisez ; hommes de talents, levez vos frres.
Vous ne savez pas quelle oeuvre vous accomplissez ainsi : c'est celle du
Christ, celle que Dieu vous impose. Pourquoi Dieu vous a-t-il donn
l'intelligence et la science, si ce n'est pour en faire part vos frres, pour
les avancer dans la voie du bonheur et de la flicit ternelle ?
SAINT LOUIS, SAINT AUGUSTIN.
La doctrine des anges gardiens, veillant sur leurs protgs malgr la distance qui
spare les mondes, n'a rien qui doive surprendre ; elle est au contraire grande et
sublime. Ne voyons-nous pas sur la terre un pre veiller sur son enfant, quoiqu'il en
soit loign, l'aider de ses conseils par correspondance ? Qu'y aurait-il donc
d'tonnant ce que les Esprits pussent guider ceux qu'ils prennent sous leur
protection, d'un monde l'autre, puisque pour eux la distance qui spare les mondes
est moindre que celle qui, sur la terre spare les continents ? N'ont-ils pas en outre
le fluide universel qui relie tous les mondes et les rend solidaires ; vhicule immense
192
496. L'Esprit qui abandonne son protg, ne lui faisant plus de bien,
peut-il lui faire du mal ?
Les bons Esprits ne font jamais de mal ; ils le laissent faire ceux
qui prennent leur place ; alors vous accusez le sort des malheurs qui
vous accablent, tandis que c'est votre faute.
497. L'Esprit protecteur peut-il laisser son protg la merci d'un
Esprit qui pourrait lui vouloir du mal ?
Il y a union des mauvais Esprits pour neutraliser l'action des bons ;
mais si le protg le veut, il rendra toute force son bon Esprit. Le bon
Esprit trouve peut-tre une bonne volont aider ailleurs ; il en profite
en attendant son retour auprs de son protg.
498. Quand l'Esprit protecteur laisse son protg se fourvoyer dans la
vie, est-ce impuissance de sa part lutter contre d'autres Esprits
malveillants ?
Ce n'est pas parce qu'il ne peut pas, mais parce qu'il ne veut pas ;
son protg sort des preuves plus parfait et plus instruit ; il l'assiste de
ses conseils par les bonnes penses qu'il lui suggre, mais qui
malheureusement ne sont pas toujours coutes. Ce n'est que la
faiblesse, l'insouciance ou l'orgueil de l'homme qui donne de la force
aux mauvais Esprits ; leur puissance sur vous ne vient que de ce que
vous ne leur opposez pas de rsistance.
499. L'Esprit protecteur est-il constamment avec son protg ? N'y at-il aucune circonstance o, sans l'abandonner, il le perde de vue ?
Il est des circonstances o la prsence de l'Esprit protecteur n'est pas
ncessaire auprs de son protg.
500. Arrive-t-il un moment o l'Esprit n'a plus besoin d'ange gardien ?
Oui, quand il est arriv au degr de pouvoir se conduire lui-mme,
comme il arrive un moment o l'colier n'a plus besoin de matre ; mais
ce n'est pas sur votre terre.
501. Pourquoi l'action des Esprits sur notre existence est-elle occulte,
et pourquoi, lorsqu'ils nous protgent, ne le font-ils pas d'une manire
ostensible ?
Si vous comptiez sur leur appui, vous n'agiriez pas par vous-mme,
et votre Esprit ne progresserait pas. Pour qu'il puisse avancer, il lui faut
de l'exprience, et il faut souvent qu'il l'acquire ses dpens ; il faut
qu'il exerce ses forces, sans cela il serait comme un enfant qu'on ne
laisse pas marcher seul. L'action des Esprits qui vous veulent du bien est
toujours rgle de manire vous laisser votre libre arbitre, car si vous
n'aviez pas de responsabilit, vous n'avanceriez pas dans la voie qui doit
vous conduire vers Dieu. L'homme, ne voyant pas son soutien, se livre
ses propres forces ; son guide, cependant, veille sur lui, et de temps en
temps lui crie de se mfier du danger.
502. L'Esprit protecteur qui russit amener son protg dans la
bonne voie en prouve-t-il un bien quelconque pour lui-mme ?
C'est un mrite dont il lui est tenu compte, soit pour son propre
avancement, soit pour son bonheur. Il est heureux quand il voit ses soins
couronns de succs ; il en triomphe comme un prcepteur triomphe des
succs de son lve.
- Est-il responsable, s'il ne russit pas ?
Non, puisqu'il a fait ce qui dpendait de lui.
503. L'Esprit protecteur qui voit son protg suivre une mauvaise
route malgr ses avis, en prouve-t-il de la peine, et n'est-ce pas pour lui
une cause de trouble pour sa flicit ?
Il gmit de ses erreurs, et le plaint ; mais cette affliction n'a pas les
angoisses de la paternit terrestre, parce qu'il sait qu'il y a remde au
mal, et que ce qui ne se fait pas aujourd'hui se fera demain.
504. Pouvons-nous toujours savoir le nom de notre Esprit protecteur
ou ange gardien ?
Comment voulez-vous savoir des noms qui n'existent pas pour
vous ? Croyez-vous donc qu'il n'y ait parmi les Esprits que ceux que
vous connaissez ?
- Comment alors l'invoquer si on ne le connat pas ?
Donnez-lui le nom que vous voudrez, celui d'un Esprit suprieur
pour qui vous avez de la sympathie ou de la vnration ; votre Esprit
protecteur viendra cet appel ; car tous les bons Esprits sont frres et
s'assistent entre eux.
194
505. Les Esprits protecteurs qui prennent des noms connus sont-ils
toujours rellement ceux des personnes qui portaient ces noms ?
Non, mais des Esprits qui leur sont sympathiques et qui souvent
viennent par leur ordre. Il vous faut des noms ; alors ils en prennent un
qui vous inspire de la confiance. Quand vous ne pouvez pas remplir une
mission en personne, vous envoyez un autre vous-mme qui agit en
votre nom.
506. Quand nous serons dans la vie spirite, reconnatrons-nous notre
Esprit protecteur ?
Oui, car souvent vous le connaissiez avant d'tre incarns.
507. Les Esprits protecteurs appartiennent-ils tous la classe des
Esprits suprieurs ? Peut-il s'en trouver parmi les moyens ? Un pre, par
exemple, peut-il devenir l'Esprit protecteur de son enfant ?
Il le peut, mais la protection suppose un certain degr d'lvation, et
un pouvoir ou une vertu de plus accorde par Dieu. Le pre qui protge
son enfant peut tre lui-mme assist par un Esprit plus lev.
508. Les Esprits qui ont quitt la terre dans de bonnes conditions
peuvent-ils toujours protger ceux qu'ils aiment et qui leur survivent ?
Leur pouvoir est plus ou moins restreint ; la position o ils se
trouvent ne leur laisse pas toujours toute libert d'agir.
509. Les hommes dans l'tat sauvage ou d'infriorit morale, ont-ils
galement leurs Esprits protecteurs ; et dans ce cas, ces Esprits sont-ils
d'un ordre aussi lev que ceux des hommes trs avancs ?
Chaque homme a un Esprit qui veille sur lui, mais les missions sont
relatives leur objet. Vous ne donnez pas un enfant qui apprend lire
un professeur de philosophie. Le progrs de l'Esprit familier suit celui de
l'Esprit protg. Tout en ayant vous-mme un Esprit suprieur qui veille
sur vous, vous pouvez votre tour devenir le protecteur d'un Esprit qui
vous est infrieur, et les progrs que vous l'aiderez faire contribueront
votre avancement. Dieu ne demande pas l'Esprit plus que ne
comportent sa nature et le degr auquel il est parvenu.
510. Lorsque le pre qui veille sur son enfant vient se rincarner,
veille-t-il encore sur lui ?
C'est plus difficile, mais il prie, dans un moment de dgagement, un
Esprit sympathique de l'assister dans cette mission. D'ailleurs, les
196
Des explications ci-dessus et des observations faites sur la nature des Esprits qui
s'attachent l'homme, on peut dduire ce qui suit :
L'Esprit protecteur, ange gardien ou bon gnie, est celui qui a pour mission de
suivre l'homme dans la vie et de l'aider progresser. Il est toujours d'une nature
suprieure relativement celle du protg.
Les Esprits familiers s'attachent certaines personnes par des liens plus ou moins
durables en vue de leur tre utiles dans la limite de leur pouvoir souvent assez
born ; ils sont bons, mais quelquefois peu avancs et mme un peu lgers ; ils
s'occupent volontiers des dtails de la vie intime et n'agissent que par l'ordre ou avec
la permission des Esprits protecteurs.
Les Esprits sympathiques sont ceux qu'attirent nous des affections particulires
et une certaine similitude de gots et de sentiments dans le bien comme dans le mal.
La dure de leurs relations est presque toujours subordonne aux circonstances.
Le mauvais gnie est un Esprit imparfait ou pervers qui s'attache l'homme en
vue de le dtourner du bien ; mais il agit de son propre mouvement et non en vertu
d'une mission. Sa tnacit est en raison de l'accs plus ou moins facile qu'il trouve.
L'homme est toujours libre d'couter sa voix ou de le repousser.
Les Esprits vont de prfrence o sont leurs pareils ; l ils sont plus
leur aise et plus srs d'tre couts. L'homme attire lui les Esprits en
raison de ses tendances, qu'il soit seul ou qu'il forme un tout collectif,
comme une socit, une ville ou un peuple. Il y a donc des socits, des
villes et des peuples qui sont assists par des Esprits plus ou moins
levs selon le caractre et les passions qui y dominent. Les Esprits
imparfaits s'loignent de ceux qui les repoussent ; il en rsulte que le
perfectionnement moral des touts collectifs, comme celui des individus,
tend carter les mauvais Esprits et attirer les bons qui excitent et
entretiennent le sentiment du bien dans les masses, comme d'autres
peuvent y souffler les mauvaises passions.
519. Les agglomrations d'individus, comme les socits, les villes,
les nations ont-elles leurs Esprits protecteurs spciaux ?
Oui, car ces runions sont des individualits collectives qui
marchent dans un but commun et qui ont besoin d'une direction
suprieure.
520. Les Esprits protecteurs des masses sont-ils d'une nature plus
leve que ceux qui s'attachent aux individus ?
Tout est relatif au degr d'avancement des masses comme des
individus.
521. Certains Esprits peuvent-ils aider au progrs des arts en
protgeant ceux qui s'en occupent ?
Il y a des Esprits protecteurs spciaux, et qui assistent ceux qui les
invoquent quand ils les en jugent dignes ; mais que voulez-vous qu'ils
fassent avec ceux qui croient tre ce qu'ils ne sont pas ? Ils ne font pas
voir les aveugles ni entendre les sourds.
Les Anciens en avaient fait des divinits spciales ; les Muses n'taient autres que
la personnification allgorique des Esprits protecteurs des sciences et des arts,
comme ils dsignaient sous le nom de lares et de pnates les Esprits protecteurs de
la famille. Chez les Modernes, les arts, les diffrentes industries, les villes, les
contres ont aussi leurs patrons protecteurs, qui ne sont autres que des Esprits
suprieurs, mais sous d'autres noms.
Chaque homme ayant ses Esprits sympathiques, il en rsulte que, dans les touts
collectifs, la gnralit des Esprits sympathiques est en rapport avec la gnralit
des individus ; que les Esprits trangers y sont attirs par l'identit des gots et des
penses ; en un mot, que ces runions aussi bien que les individus, sont plus ou
moins bien entoures, assistes, influences selon la nature des penses de la
multitude.
198
Chez les peuples, les causes d'attraction des Esprits sont les moeurs, les
habitudes, le caractre dominant, les lois surtout, parce que le caractre de la nation
se reflte dans ses lois. Les hommes qui font rgner la justice entre eux combattent
l'influence des mauvais Esprits. Partout o les lois consacrent des choses injustes,
contraires l'humanit, les bons Esprits sont en minorit, et la masse des mauvais
qui affluent entretient la nation dans ses ides et paralyse les bonnes influences
partielles perdues dans la foule, comme un pi isol au milieu des ronces. En
tudiant les moeurs des peuples ou de toute runion d'hommes, il est donc ais de se
faire une ide de la population occulte qui s'immisce dans leurs penses et dans
leurs actions.
Pressentiments.
522. Le pressentiment est-il toujours un avertissement de l'Esprit
protecteur ?
Le pressentiment est le conseil intime et occulte d'un Esprit qui vous
veut du bien. Il est aussi dans l'intuition du choix que l'on a fait ; c'est la
voix de l'instinct. L'Esprit, avant de s'incarner, a connaissance des
principales phases de son existence, c'est--dire du genre d'preuves
dans lesquelles il s'engage ; lorsque celles-ci ont un caractre saillant, il
en conserve une sorte d'impression dans son for intrieur, et cette
impression, qui est la voix de l'instinct, se rveillant lorsque le moment
approche, devient pressentiment.
523. Les pressentiments et la voix de l'instinct ont toujours quelque
chose de vague ; que devons-nous faire dans l'incertitude ?
Quand tu es dans le vague, invoque ton bon Esprit, ou prie notre
matre tous, Dieu, qu'il t'envoie un de ses messagers, l'un de nous.
524. Les avertissements de nos Esprits protecteurs ont-ils pour objet
unique la conduite morale, ou bien aussi la conduite tenir dans les
choses de la vie prive ?
Tout ; ils essayent de vous faire vivre le mieux possible ; mais
souvent vous fermez l'oreille aux bons avertissements, et vous tes
malheureux par votre faute.
Les Esprits protecteurs nous aident de leurs conseils par la voix de la conscience
qu'ils font parler en nous ; mais comme nous n'y attachons pas toujours l'importance
ncessaire, ils nous en donnent de plus directs en se servant des personnes qui nous
entourent. Que chacun examine les diverses circonstances heureuses ou
malheureuses de sa vie, et il verra qu'en maintes occasions il a reu des conseils
dont il n'a pas toujours profit et qui lui eussent pargn bien des dsagrments s'il
les et couts.
526. Les Esprits ayant une action sur la matire peuvent-ils provoquer
certains effets en vue de faire accomplir un vnement ? Par exemple,
un homme doit prir : il monte une chelle, l'chelle se brise et
l'homme se tue ; sont-ce les Esprits qui ont fait briser l'chelle pour
accomplir la destine de cet homme ?
Il est bien vrai que les Esprits ont une action sur la matire, mais
pour l'accomplissement des lois de la nature et non pour y droger en
faisant surgir point nomm un vnement inattendu et contraire ces
lois. Dans l'exemple que tu cites, l'chelle s'est rompue parce qu'elle
tait vermoulue ou n'tait pas assez forte pour supporter le poids de
l'homme ; s'il tait dans la destine de cet homme de prir de cette
manire, ils lui inspireront la pense de monter cette chelle qui devra
se rompre sous son poids, et sa mort aura lieu par un effet naturel et sans
qu'il soit besoin de faire un miracle pour cela.
527. Prenons un autre exemple o l'tat naturel de la matire ne soit
pour rien ; un homme doit prir par la foudre ; il se rfugie sous un
arbre, la foudre clate et il est tu. Les Esprits ont-ils pu provoquer la
foudre et la diriger sur lui ?
C'est encore la mme chose. La foudre a clat sur cet arbre et ce
moment, parce qu'il tait dans les lois de la nature qu'il en ft ainsi ; elle
200
n'a point t dirige sur cet arbre parce que l'homme tait dessous, mais
il a t inspir l'homme la pense de se rfugier sous un arbre sur
lequel elle devait clater ; car l'arbre n'en aurait pas moins t frapp,
que l'homme ft ou ne ft pas dessous.
528. Un homme malintentionn lance sur quelqu'un un projectile qui
l'effleure et ne l'atteint pas. Un Esprit bienveillant peut-il l'avoir
dtourn ?
Si l'individu ne doit pas tre atteint, l'Esprit bienveillant lui inspirera
la pense de se dtourner, ou bien il pourra blouir son ennemi de
manire le faire mal viser ; car le projectile une fois lanc suit la ligne
qu'il doit parcourir.
529. Que doit-on penser des balles enchantes dont il est question
dans certaines lgendes, et qui atteignent fatalement un but ?
Pure imagination ; l'homme aime le merveilleux et ne se contente
pas des merveilles de la nature.
- Les Esprits qui dirigent les vnements de la vie peuvent-ils tre
contrecarrs par des Esprits qui voudraient le contraire ?
Ce que Dieu veut doit tre ; s'il y a retard ou empchement, c'est par
sa volont.
530. Les Esprits lgers et moqueurs ne peuvent-ils susciter ces petits
embarras qui viennent la traverse de nos projets et drouter nos
prvisions ; en un mot, sont-ils les auteurs de ce que l'on appelle
vulgairement les petites misres de la vie humaine ?
Ils se plaisent ces tracasseries qui sont pour vous des preuves afin
d'exercer votre patience ; mais ils se lassent quand ils voient qu'ils ne
russissent pas. Cependant, il ne serait ni juste, ni exact de les charger
de tous vos mcomptes, dont vous-mmes tes les premiers artisans par
votre tourderie ; car crois bien que si ta vaisselle se casse, c'est plutt le
fait de ta maladresse que celui des Esprits.
- Les Esprits qui suscitent des tracasseries agissent-ils par suite d'une
animosit personnelle, ou bien s'attaquent-ils au premier venu, sans
motif dtermin, uniquement par malice ?
L'un et l'autre ; quelquefois ce sont des ennemis que l'on s'est fait
pendant cette vie ou dans une autre, et qui vous poursuivent ; d'autres
fois, il n'y a pas de motifs.
531. La malveillance des tres qui nous ont fait du mal sur la terre
s'teint-elle avec leur vie corporelle ?
Souvent ils reconnaissent leur injustice et le mal qu'ils ont fait ;
mais souvent aussi, ils vous poursuivent de leur animosit, si Dieu le
permet, pour continuer de vous prouver.
- Peut-on y mettre un terme et par quel moyen ?
Oui, on peut prier pour eux, et en leur rendant le bien pour le mal,
ils finissent par comprendre leurs torts ; du reste, si l'on sait se mettre
au-dessus de leurs machinations, ils cessent en voyant qu'ils n'y gagnent
rien.
L'exprience prouve que certains Esprits poursuivent leur vengeance d'une
existence l'autre, et que l'on expie ainsi tt ou tard les torts que l'on peut avoir eus
envers quelqu'un.
202
Mais c'est vident ; cela ne peut tre autrement ; Dieu ne se livre pas
une action directe sur la matire ; il a ses agents dvous tous les
degrs de l'chelle des mondes.
537. La mythologie des Anciens est entirement fonde sur les ides
spirites, avec cette diffrence qu'ils regardaient les Esprits comme des
divinits ; or, ils nous reprsentent ces dieux ou ces Esprits avec des
attributions spciales ; ainsi, les uns taient chargs des vents, d'autres
de la foudre, d'autres de prsider la vgtation, etc. ; cette croyance
est-elle dnue de fondement ?
Elle est si peu dnue de fondement, qu'elle est encore bien audessous de la vrit.
- Par la mme raison, il pourrait donc y avoir des Esprits habitant
l'intrieur de la terre et prsidant aux phnomnes gologiques ?
Ces Esprits n'habitent pas positivement la terre, mais ils prsident et
dirigent selon leurs attributions. Un jour, vous aurez l'explication de
tous ces phnomnes et vous les comprendrez mieux.
538. Les Esprits qui prsident aux phnomnes de la nature formentils une catgorie spciale dans le monde spirite ? Sont-ce des tres part
ou des Esprits qui ont t incarns comme nous ?
Qui le seront ou qui l'ont t.
- Ces Esprits appartiennent-ils aux ordres suprieurs ou infrieurs de
la hirarchie spirite ?
C'est selon que leur rle est plus ou moins matriel ou intelligent ;
les uns commandent, les autres excutent ; ceux qui excutent les choses
matrielles sont toujours d'un ordre infrieur, chez les Esprits, comme
chez les hommes.
539. Dans la production de certains phnomnes, des orages par
exemple, est-ce un seul Esprit qui agit, ou se runissent-ils en masse ?
En masses innombrables.
540. Les Esprits qui exercent une action sur les phnomnes de la
nature agissent-ils avec connaissance de cause, en vertu de leur libre
arbitre, ou par une impulsion instinctive ou irrflchie ?
Les uns oui, les autres non. Je prends une comparaison ; figure-toi
ces myriades d'animaux qui, peu peu, font sortir de la mer des les et
des archipels ; crois-tu qu'il n'y ait pas l un but providentiel, et que
204
542. Dans une guerre, la justice est toujours d'un ct ; comment des
Esprits prennent-ils parti pour celui qui a tort ?
Vous savez bien qu'il y a des Esprits qui ne cherchent que la
discorde et la destruction ; pour eux, la guerre, c'est la guerre : la justice
de la cause les touche peu.
543. Certains Esprits peuvent-ils influencer le gnral dans la
conception de ses plans de campagne ?
Sans aucun doute, les Esprits peuvent influencer pour cet objet
comme pour toutes les conceptions.
544. De mauvais Esprits pourraient-ils lui susciter de mauvaises
combinaisons en vue de le perdre ?
Oui ; mais n'a-t-il pas son libre arbitre ? Si son jugement ne lui
permet pas de distinguer une ide juste d'une ide fausse, il en subit les
consquences, et il ferait mieux d'obir que de commander.
547. Les Esprits qui se combattaient tant vivants, une fois morts se
reconnaissent-ils pour ennemis et sont-ils encore acharns les uns contre
les autres ?
L'Esprit, dans ces moments-l, n'est jamais de sang-froid ; au
premier moment il peut encore en vouloir son ennemi et mme le
poursuivre ; mais quand les ides lui sont revenues, il voit que son
animosit n'a plus d'objet ; cependant, il peut encore en conserver les
traces plus ou moins selon son caractre.
- Peroit-il encore le bruit des armes ?
Oui, parfaitement.
548. L'Esprit qui assiste de sang-froid un combat, comme
spectateur, est-il tmoin de la sparation de l'me et du corps, et
comment ce phnomne se prsente-t-il lui ?
Il y a peu de morts tout fait instantanes. La plupart du temps,
l'Esprit dont le corps vient d'tre frapp mortellement n'en a pas
conscience sur le moment ; quand il commence se reconnatre, c'est
alors qu'on peut distinguer l'Esprit qui se meut ct du cadavre ; cela
parat si naturel que la vue du corps mort ne produit aucun effet
dsagrable ; toute la vie tant transporte dans l'Esprit, lui seul attire
l'attention ; c'est avec lui qui l'on converse, ou lui que l'on
commande.
206
Des pactes.
549. Y a-t-il quelque chose de vrai dans les pactes avec les mauvais
Esprits ?
Non, il n'y a pas de pactes, mais une mauvaise nature sympathisant
avec de mauvais Esprits. Par exemple : tu veux tourmenter ton voisin, et
tu ne sais comment t'y prendre ; alors tu appelles toi des Esprits
infrieurs qui, comme toi, ne veulent que le mal et pour t'aider veulent
que tu les serves dans leurs mauvais desseins ; mais il ne s'ensuit pas
que ton voisin ne puisse se dbarrasser d'eux par une conjuration
contraire et par sa volont. Celui qui veut commettre une mauvaise
action appelle par cela mme de mauvais Esprits son aide ; il est alors
oblig de les servir comme eux le font pour lui, car eux aussi ont besoin
de lui pour le mal qu'ils veulent faire. C'est seulement en cela que
consiste le pacte.
La dpendance o l'homme se trouve quelquefois l'gard des Esprits infrieurs
provient de son abandon aux mauvaises penses qu'ils lui suggrent, et non de
stipulations quelconques entre eux et lui. Le pacte, dans le sens vulgaire attach ce
mot, est une allgorie qui peint une mauvaise nature sympathisant avec des Esprits
malfaisants.
550. Quel est le sens des lgendes fantastiques d'aprs lesquelles des
individus auraient vendu leur me Satan pour en obtenir certaines
faveurs ?
Toutes les fables renferment un enseignement et un sens moral ;
votre tort est de les prendre la lettre. Celle-ci est une allgorie qui peut
s'expliquer ainsi : celui qui appelle son aide les Esprits pour en obtenir
les dons de la fortune ou toute autre faveur murmure contre la
Providence ; il renonce la mission qu'il a reue et aux preuves qu'il
doit subir ici-bas, et il en subira les consquences dans la vie venir. Ce
n'est pas dire que son me soit jamais voue au malheur ; mais
puisque au lieu de se dtacher de la matire, il s'y enfonce de plus en
plus, ce qu'il aura eu en joie sur la terre, il ne l'aura pas dans le monde
des Esprits, jusqu' ce qu'il l'ait rachet par de nouvelles preuves, peuttre plus grandes et plus pnibles. Par son amour des jouissances
matrielles, il se met sous la dpendance des Esprits impurs ; c'est entre
eux et lui un pacte tacite qui le conduit sa perte, mais qu'il lui est
toujours facile de rompre avec l'assistance des bons Esprits, s'il en a la
ferme volont.
208
matriel que moral ; dans tous les cas, cela annonce une petitesse et une
faiblesse d'ides qui donne prise aux Esprits imparfaits et moqueurs.
555. Quel sens doit-on attacher la qualification de sorcier ?
Ceux que vous appelez sorciers sont des gens, quand ils sont de
bonne foi, qui sont dous de certaines facults, comme la puissance
magntique ou la seconde vue ; et alors, comme ils font des choses que
vous ne comprenez pas, vous les croyez dous d'une puissance
surnaturelle. Vos savants n'ont-ils pas souvent pass pour des sorciers
aux yeux des gens ignorants ?
Le spiritisme et le magntisme nous donnent la clef d'une foule de phnomnes
sur lesquels l'ignorance a brod une infinit de fables o les faits sont exagrs par
l'imagination. La connaissance claire de ces deux sciences, qui n'en font qu'une
pour ainsi dire, en montrant la ralit des choses et leur vritable cause, est le
meilleur prservatif contre les ides superstitieuses, parce qu'elle montre ce qui est
possible et ce qui est impossible, ce qui est dans les lois de la nature, et ce qui n'est
qu'une croyance ridicule.
CHAPITRE X
-
562. Les Esprits de l'ordre le plus lev n'ayant plus rien acqurir
sont-ils dans un repos absolu, ou bien ont-ils aussi des occupations ?
Que voudrais-tu qu'ils fissent pendant l'ternit ? L'oisivet ternelle
serait un supplice ternel.
- Quelle est la nature de leurs occupations ?
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568. Les Esprits qui ont des missions remplir les accomplissent-ils
l'tat errant ou l'tat d'incarnation ?
Ils peuvent en avoir dans l'un et l'autre tat ; pour certains Esprits
errants, c'est une grande occupation.
569. En quoi consistent les missions dont peuvent tre chargs les
Esprits errants ?
Elles sont si varies qu'il serait impossible de les dcrire ; il en est
d'ailleurs que vous ne pouvez comprendre. Les Esprits excutent les
volonts de Dieu, et vous ne pouvez pntrer tous ses desseins.
Les missions des Esprits ont toujours le bien pour objet. Soit comme Esprits, soit
comme hommes, ils sont chargs d'aider au progrs de l'humanit, des peuples ou
des individus, dans un cercle d'ides plus ou moins larges, plus ou moins spciales,
de prparer les voies pour certains vnements, de veiller l'accomplissement de
certaines choses. Quelques-uns ont des missions plus restreintes et en quelque sorte
personnelles ou tout fait locales, comme d'assister les malades, les agonisants, les
affligs, de veiller sur ceux dont ils deviennent les guides et les protecteurs, de les
213
diriger par leurs conseils ou par les bonnes penses qu'ils suggrent. On peut dire
qu'il y a autant de genres de missions qu'il y a de sortes d'intrts surveiller, soit
dans le monde physique, soit dans le monde moral. L'Esprit avance selon la manire
dont il accomplit sa tche.
570. Les Esprits pntrent-ils toujours les desseins qu'ils sont chargs
d'excuter ?
Non ; il y en a qui sont des instruments aveugles, mais d'autres
savent trs bien dans quel but ils agissent.
571. N'y a-t-il que les Esprits levs qui remplissent des missions ?
L'importance des missions est en rapport avec les capacits et
l'lvation de l'Esprit. L'estafette qui porte une dpche remplit aussi
une mission mais qui n'est pas celle du gnral.
572. La mission d'un Esprit lui est-elle impose, ou dpend-elle de sa
volont ?
Il la demande, et il est heureux de l'obtenir.
- La mme mission peut-elle tre demande par plusieurs Esprits ?
Oui, il y a souvent plusieurs candidats, mais tous ne sont pas
accepts.
573. En quoi consiste la mission des Esprits incarns ?
Instruire les hommes, aider leur avancement ; amliorer leurs
institutions par des moyens directs et matriels ; mais les missions sont
plus ou moins gnrales et importantes ; celui qui cultive la terre
accomplit une mission, comme celui qui gouverne ou celui qui instruit.
Tout s'enchane dans la nature ; en mme temps que l'Esprit s'pure par
l'incarnation, il concourt, sous cette forme, l'accomplissement des vues
de la Providence. Chacun a sa mission ici-bas, parce que chacun peut
tre utile quelque chose.
574. Quelle peut tre la mission des gens volontairement inutiles sur
la terre ?
Il y a effectivement des gens qui ne vivent que pour eux-mmes et
ne savent se rendre utiles rien. Ce sont de pauvres tres qu'il faut
plaindre, car ils expieront cruellement leur inutilit volontaire, et leur
chtiment commence souvent ds ici-bas par l'ennui et le dgot de la
vie.
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vie future retomberont sur eux, car ils n'auront pas fait ce qui dpendait
d'eux pour son avancement dans la voie du bien.
583. Si un enfant tourne mal, malgr les soins de ses parents, ceux-ci
sont-ils responsables ?
Non ; mais plus les dispositions de l'enfant sont mauvaises, plus la
tche est lourde, et plus grand sera le mrite s'ils russissent le
dtourner de la mauvaise voie.
- Si un enfant devient un bon sujet, malgr la ngligence ou les
mauvais exemples de ses parents, ceux-ci en retirent-ils quelque fruit ?
Dieu est juste.
584. Quelle peut tre la nature de la mission du conqurant qui n'a en
vue que de satisfaire son ambition et qui, pour atteindre ce but, ne
recule devant aucune des calamits qu'il entrane sa suite ?
Il n'est, le plus souvent, qu'un instrument dont Dieu se sert pour
l'accomplissement de ses desseins, et ces calamits sont quelquefois un
moyen de faire avancer un peuple plus vite.
- Celui qui est l'instrument de ces calamits passagres est tranger au
bien qui peut en rsulter, puisqu'il ne s'tait propos qu'un but
personnel ; nanmoins, profitera-t-il de ce bien ?
Chacun est rcompens selon ses oeuvres, le bien qu'il a voulu faire
et la droiture de ses intentions.
Les Esprits incarns ont des occupations inhrentes leur existence corporelle. A
l'tat errant, ou de dmatrialisation, ces occupations sont proportionnes au degr
de leur avancement.
Les uns parcourent les mondes, s'instruisent et se prparent une nouvelle
incarnation.
D'autres, plus avancs, s'occupent du progrs en dirigeant les vnements et en
suggrant des penses propices ; ils assistent les hommes de gnie qui concourent
l'avancement de l'humanit.
D'autres s'incarnent avec une mission de progrs.
D'autres prennent sous leur tutelle les individus, les familles, les runions, les
villes et les peuples, dont ils sont les anges gardiens, les gnies protecteurs et les
Esprits familiers.
D'autres enfin prsident aux phnomnes de la nature dont ils sont les agents
directs.
Les Esprits vulgaires se mlent nos occupations et nos amusements.
217
Les Esprits impurs ou imparfaits attendent dans les souffrances et les angoisses le
moment o il plaira Dieu de leur procurer les moyens d'avancer. S'ils font le mal,
c'est par dpit du bien dont ils ne peuvent encore jouir.
CHAPITRE XI
-
dans certains cas une sorte de volont, comme la dernire dont les lobes
saisissent la mouche qui vient se poser sur elle pour puiser son suc, et
laquelle elle semble tendre un pige pour ensuite la faire mourir. Ces
plantes sont-elles doues de la facult de penser ? Ont-elles une volont
et forment-elles une classe intermdiaire entre la nature vgtale et la
nature animale ? Sont-elles une transition de l'une l'autre ?
Tout est transition dans la nature, par le fait mme que rien n'est
semblable, et que pourtant tout se tient. Les plantes ne pensent pas, et
par consquent n'ont pas de volont. L'hutre qui s'ouvre et tous les
zoophytes n'ont point la pense : il n'y a qu'un instinct aveugle et
naturel.
L'organisme humain nous fournit des exemples de mouvements analogues sans la
participation de la volont, comme dans les fonctions digestives et circulatoires ; le
pylore se resserre au contact de certains corps pour leur refuser le passage. Il doit en
tre de mme de la sensitive, chez laquelle les mouvements n'impliquent nullement
la ncessit d'une perception, et encore moins d'une volont.
590. N'y a-t-il pas dans les plantes, comme dans les animaux, un
instinct de conservation qui les porte rechercher ce qui peut leur tre
utile et fuir ce qui peut leur nuire ?
C'est, si l'on veut, une sorte d'instinct : cela dpend de l'extension
que l'on donne ce mot ; mais il est purement mcanique. Lorsque, dans
les oprations de chimie, vous voyez deux corps se runir, c'est qu'ils se
conviennent, c'est--dire qu'il y a entre eux de l'affinit ; vous n'appelez
pas cela de l'instinct.
591. Dans les mondes suprieurs, les plantes sont-elles, comme les
autres tres, d'une nature plus parfaite ?
Tout est plus parfait ; mais les plantes sont toujours des plantes,
comme les animaux sont toujours des animaux et les hommes toujours
des hommes.
Les animaux et l'homme.
592. Si nous comparons l'homme et les animaux sous le rapport de
l'intelligence, la ligne de dmarcation semble difficile tablir, car
certains animaux ont, sous ce rapport, une supriorit notoire sur
certains hommes. Cette ligne de dmarcation peut-elle tre tablie d'une
manire prcise ?
Sur ce point, vos philosophes ne sont gure d'accord ; les uns
veulent que l'homme soit un animal, et d'autres que l'animal soit un
220
homme ; ils ont tous tort ; l'homme est un tre part qui s'abaisse
quelquefois bien bas ou qui peut s'lever bien haut. Au physique,
l'homme est comme les animaux, et moins bien pourvu que beaucoup
d'entre eux ; la nature leur a donn tout ce que l'homme est oblig
d'inventer avec son intelligence pour ses besoins et sa conservation ;
son corps se dtruit comme celui des animaux, c'est vrai, mais son
Esprit a une destine que lui seul peut comprendre, parce que lui seul
est compltement libre. Pauvres hommes qui vous abaissez au-dessous
de la brute ! ne savez-vous pas vous en distinguer ? Reconnaissez
l'homme la pense de Dieu.
593. Peut-on dire que les animaux n'agissent que par instinct?
C'est encore l un systme. Il est bien vrai que l'instinct domine chez
la plupart des animaux ; mais n'en vois-tu pas qui agissent avec une
volont dtermine ? C'est de l'intelligence, mais elle est borne.
Outre l'instinct, on ne saurait dnier certains animaux des actes combins qui
dnotent une volont d'agir dans un sens dtermin et selon les circonstances. Il y a
donc en eux une sorte d'intelligence, mais dont l'exercice est plus exclusivement
concentr sur les moyens de satisfaire leurs besoins physiques et de pourvoir leur
conservation. Chez eux, nulle cration, nulle amlioration ; quel que soit l'art que
nous admirons dans leurs travaux, ce qu'ils faisaient jadis, ils le font aujourd'hui, ni
mieux, ni plus mal, selon des formes et des proportions constantes et invariables. Le
petit, isol de ceux de son espce, n'en construit pas moins son nid sur le mme
modle sans avoir reu d'enseignement. Si quelques-uns sont susceptibles d'une
certaine ducation, leur dveloppement intellectuel, toujours renferm dans des
bornes troites, est d l'action de l'homme sur une nature flexible, car il n'est aucun
progrs qui leur soit propre ; mais ce progrs est phmre et purement individuel,
car l'animal rendu lui-mme ne tarde pas rentrer dans les limites traces par la
nature.
222
Tout s'enchane dans la nature par des liens que vous ne pouvez
encore saisir, et les choses les plus disparates en apparence ont des
points de contact que l'homme n'arrivera jamais comprendre dans son
tat actuel. Il peut les entrevoir par un effort de son intelligence, mais ce
n'est que lorsque cette intelligence aura acquis tout son dveloppement
et sera affranchie des prjugs de l'orgueil et de l'ignorance qu'elle
pourra voir clairement dans l'oeuvre de Dieu ; jusque-l, ses ides
bornes lui font voir les choses un point de vue mesquin et rtrci.
Sachez bien que Dieu ne peut se contredire, et que tout, dans la nature,
s'harmonise par des lois gnrales qui ne s'cartent jamais de la sublime
sagesse du Crateur.
- L'intelligence est ainsi une proprit commune, un point de contact,
entre l'me des btes et celle de l'homme ?
Oui, mais les animaux n'ont que l'intelligence de la vie matrielle ;
chez l'homme, l'intelligence donne la vie morale.
605. Si l'on considre tous les points de contact qui existent entre
l'homme et les animaux, ne pourrait-on pas penser que l'homme possde
deux mes : l'me animale et l'me spirite et que, s'il n'avait pas cette
dernire, il pourrait vivre, mais comme la brute ; autrement dit, que
l'animal est un tre semblable l'homme, moins l'me spirite ? Il en
rsulterait que les bons et les mauvais instincts de l'homme seraient
l'effet de la prdominance de l'une de ces deux mes.
Non, l'homme n'a pas deux mes ; mais le corps a ses instincts qui
sont le rsultat de la sensation des organes. Il n'y a en lui qu'une double
nature : la nature animale et la nature spirituelle ; par son corps, il
participe de la nature des animaux et de leurs instincts ; par son me, il
participe de la nature des Esprits.
- Ainsi, outre ses propres imperfections dont l'Esprit doit se
dpouiller, il a encore lutter contre l'influence de la matire ?
Oui, plus il est infrieur, plus les liens entre l'Esprit et la matire
sont resserrs ; ne le voyez-vous pas ? Non, l'homme n'a pas deux mes ;
l'me est toujours unique dans un seul tre. L'me de l'animal et celle de
l'homme sont distinctes l'une de l'autre, de telle sorte que l'me de l'un
ne peut animer le corps cr pour l'autre. Mais si l'homme n'a pas d'me
animale qui le mette, par ses passions, au niveau des animaux, il a son
corps qui le rabaisse souvent jusqu' eux, car son corps est un tre dou
de vitalit qui a des instincts, mais inintelligents et borns au soin de sa
conservation.
224
Croire que Dieu aurait pu faire quelque chose sans but et crer des tres
intelligents sans avenir, serait blasphmer sa bont qui s'tend sur toutes
ses cratures.
- Cette priode de l'humanit commence-t-elle sur notre terre ?
La terre n'est pas le point de dpart de la premire incarnation
humaine ; la priode de l'humanit commence, en gnral, dans des
mondes encore plus infrieurs ; ceci cependant n'est pas une rgle
absolue, et il pourrait arriver qu'un Esprit, ds son dbut humain, ft
apte vivre sur la terre. Ce cas n'est pas frquent, et serait plutt une
exception.
608. L'Esprit de l'homme, aprs sa mort, a-t-il la conscience des
existences qui ont prcd pour lui la priode de l'humanit ?
Non, car ce n'est pas de cette priode que commence pour lui la vie
d'Esprit, et c'est mme peine s'il se souvient de ses premires
existences comme homme, absolument comme l'homme ne se souvient
plus des premiers temps de son enfance et encore moins du temps qu'il a
pass dans le sein de sa mre. C'est pourquoi les Esprits vous disent
qu'ils ne savent pas comment ils ont commenc. (78).
609. L'Esprit, une fois entr dans la priode de l'humanit, conserve-til des traces de ce qu'il tait prcdemment, c'est--dire de l'tat o il
tait dans la priode qu'on pourrait appeler anthumaine ?
C'est selon la distance qui spare les deux priodes et le progrs
accompli. Pendant quelques gnrations, il peut y avoir un reflet plus ou
moins prononc de l'tat primitif, car rien dans la nature ne se fait par
brusque transition ; il y a toujours des anneaux qui relient les extrmits
de la chane des tres et des vnements ; mais ces traces s'effacent avec
le dveloppement du libre arbitre. Les premiers progrs s'accomplissent
lentement, parce qu'ils ne sont pas encore seconds par la volont ; ils
suivent une progression plus rapide mesure que l'Esprit acquiert une
conscience plus parfaite de lui-mme.
610. Les Esprits qui ont dit que l'homme est un tre part dans l'ordre
de la cration se sont donc tromps ?
Non, mais la question n'avait pas t dveloppe, et il est d'ailleurs
des choses qui ne peuvent venir qu'en leur temps. L'homme est en effet
un tre part, car il a des facults qui le distinguent de tous les autres et
il a une autre destine. L'espce humaine est celle que Dieu a choisie
pour l'incarnation des tres qui peuvent le connatre.
226
Mtempsycose.
611. La communaut d'origine dans le principe intelligent des tres
vivants n'est-elle pas la conscration de la doctrine de la
mtempsycose ?
Deux choses peuvent avoir une mme origine et ne se ressembler
nullement plus tard. Qui reconnatrait l'arbre, ses feuilles, ses fleurs et
ses fruits dans le germe informe contenu dans la graine d'o il est sorti ?
Du moment que le principe intelligent atteint le degr ncessaire pour
tre Esprit et entrer dans la priode de l'humanit, il n'a plus de rapport
avec son tat primitif, et n'est pas plus l'me des btes que l'arbre n'est le
ppin. Dans l'homme, il n'y a plus de l'animal que le corps, et les
passions qui naissent de l'influence du corps et de l'instinct de
conservation inhrent la matire. On ne peut donc pas dire que tel
homme est l'incarnation de l'Esprit de tel animal, et par consquent la
mtempsycose, telle qu'on l'entend, n'est pas exacte.
612. L'Esprit qui a anim le corps d'un homme pourrait-il s'incarner
dans un animal ?
Ce serait rtrograder, et l'Esprit ne rtrograde pas. Le fleuve ne
remonte pas sa source. (118).
613. Tout errone que soit l'ide attache la mtempsycose, ne
serait-elle pas le rsultat du sentiment intuitif des diffrentes existences
de l'homme ?
Ce sentiment intuitif se retrouve dans cette croyance comme dans
beaucoup d'autres ; mais, comme la plupart de ses ides intuitives,
l'homme l'a dnatur.
La mtempsycose serait vraie si l'on entendait par ce mot la progression de l'me
d'un tat infrieur un tat suprieur o elle acquerrait des dveloppements qui
transformeraient sa nature ; mais elle est fausse dans le sens de transmigration
directe de l'animal dans l'homme et rciproquement, ce qui impliquerait l'ide d'une
rtrogradation ou de fusion ; or cette fusion ne pouvant avoir lieu entre les tres
corporels des deux espces, c'est un indice qu'elles sont des degrs non
assimilables, et qu'il doit en tre de mme des Esprits qui les animent. Si le mme
Esprit pouvait les animer alternativement, il s'ensuivrait une identit de nature qui se
traduirait par la possibilit de la reproduction matrielle.
La rincarnation enseigne par les Esprits est fonde au contraire sur la marche
ascendante de la nature et sur la progression de l'homme dans sa propre espce, ce
qui ne lui te rien de sa dignit. Ce qui le rabaisse, c'est le mauvais usage qu'il fait
des facults que Dieu lui a donnes pour son avancement. Quoi qu'il en soit,
l'anciennet et l'universalit de la doctrine de la mtempsycose, et les hommes
LIVRE TROISIEME
-
LOIS MORALES
________________________
CHAPITRE PREMIER
-
civilis ? La plus longue existence possible est insuffisante, plus forte raison quand
elle est abrge, comme cela a lieu chez un grand nombre.
Parmi les lois divines, les unes rglent le mouvement et les rapports de la matire
brute : ce sont les lois physiques ; leur tude est du domaine de la science.
Les autres concernent spcialement l'homme en lui-mme et dans ses rapports
avec Dieu et avec ses semblables. Elles comprennent les rgles de la vie du corps
aussi bien que celles de la vie de l'me : ce sont les lois morales.
618. Les lois divines sont-elles les mmes pour tous les mondes ?
La raison dit qu'elles doivent tre appropries la nature de chaque
monde et proportionnes au degr d'avancement des tres qui les
habitent.
Connaissance de la loi naturelle.
619. Dieu a-t-il donn tous les hommes les moyens de connatre sa
loi ?
Tous peuvent la connatre, mais tous ne la comprennent pas ; ceux
qui la comprennent le mieux sont les hommes de bien et ceux qui
veulent la chercher ; cependant, tous la comprendront un jour, car il faut
que le progrs s'accomplisse.
La justice des diverses incarnations de l'homme est une consquence de ce
principe, puisqu' chaque existence nouvelle son intelligence est plus dveloppe et
qu'il comprend mieux ce qui est bien et ce qui est mal. Si tout devait s'accomplir
pour lui dans une seule existence, quel serait le sort de tant de millions d'tres qui
meurent chaque jour dans l'abrutissement de la sauvagerie, ou dans les tnbres de
l'ignorance, sans qu'il ait dpendu d'eux de s'clairer ? (171-222)
232
234
634. Pourquoi le mal est-il dans la nature des choses ? Je parle du mal
moral. Dieu ne pouvait-il crer l'humanit dans des conditions
meilleures ?
Nous te l'avons dj dit : les Esprits ont t crs simples et
ignorants (115). Dieu laisse l'homme le choix de la route ; tant pis
pour lui s'il prend la mauvaise : son plerinage sera plus long. S'il n'y
avait pas de montagnes, l'homme ne pourrait pas comprendre que l'on
peut monter et descendre, et s'il n'y avait pas de rochers, il ne
comprendrait pas qu'il y a des corps durs. Il faut que l'Esprit acquire de
l'exprience, et pour cela il faut qu'il connaisse le bien et le mal ; c'est
pourquoi il y a union de l'Esprit et du corps. (119).
635. Les diffrentes positions sociales crent des besoins nouveaux
qui ne sont pas les mmes pour tous les hommes. La loi naturelle
paratrait ainsi n'tre pas une rgle uniforme ?
Ces diffrentes positions sont dans la nature et selon la loi du
progrs. Cela n'empche pas l'unit de la loi naturelle qui s'applique
tout.
Les conditions d'existence de l'homme changent selon les temps et les lieux ; il en
rsulte pour lui des besoins diffrents et des positions sociales appropries ces
besoins. Puisque cette diversit est dans l'ordre des choses, elle est conforme la loi
de Dieu, et cette loi n'en est pas moins une dans son principe. C'est la raison de
distinguer les besoins rels des besoins factices ou de convention.
236
CHAPITRE II
-
I. - LOI D'ADORATION
1. But de l'adoration. - 2. Adoration extrieure. - 3. Vie contemplative.
4. De la prire. - 5. Polythisme. - 6. Sacrifices.
But de l'adoration.
649. En quoi consiste l'adoration ?
C'est l'lvation de la pense vers Dieu. Par l'adoration, on
rapproche son me de lui.
650. L'adoration est-elle le rsultat d'un sentiment inn, ou le produit
d'un enseignement ?
Sentiment inn, comme celui de la Divinit. La conscience de sa
faiblesse porte l'homme se courber devant celui qui peut le protger.
651. Y a-t-il eu des peuples dpourvus de tout sentiment d'adoration ?
Non, car il n'y a jamais eu de peuples d'athes. Tous comprennent
qu'il y a au-dessus d'eux un tre suprme.
652. Peut-on considrer l'adoration comme ayant sa source dans la loi
naturelle ?
Elle est dans la loi naturelle, puisqu'elle est le rsultat d'un sentiment
inn chez l'homme ; c'est pourquoi on la retrouve chez tous les peuples,
quoique sous des formes diffrentes.
Adoration extrieure.
653. L'adoration a-t-elle besoin de manifestations extrieures ?
La vritable adoration est dans le coeur. Dans toutes vos actions,
songez toujours qu'un matre vous regarde.
- L'adoration extrieure est-elle utile ?
Oui, si elle n'est pas un vain simulacre. Il est toujours utile de
donner un bon exemple ; mais ceux qui ne le font que par affectation et
amour-propre, et dont la conduite dment leur pit apparente, donnent
un exemple plus mauvais que bon, et font plus de mal qu'ils ne
pensent.
LOI D'ADORATION
240
quand ils se runissent pour adorer Dieu. Mais ne croyez pas pour cela
que l'adoration particulire soit moins bonne, car chacun peut adorer
Dieu en pensant lui.
Vie contemplative.
657. Les hommes qui s'adonnent la vie contemplative, ne faisant
aucun mal et ne pensant qu' Dieu, ont-ils un mrite ses yeux ?
Non, car s'ils ne font pas de mal, ils ne font pas de bien et sont
inutiles ; d'ailleurs ne pas faire de bien est dj un mal. Dieu veut qu'on
pense lui, mais il ne veut pas qu'on ne pense qu' lui, puisqu'il a donn
l'homme des devoirs remplir sur la terre. Celui qui se consume dans
la mditation et dans la contemplation ne fait rien de mritoire aux yeux
de Dieu, parce que sa vie est toute personnelle et inutile l'humanit, et
Dieu lui demandera compte du bien qu'il n'aura pas fait. (640).
De la prire.
658. La prire est-elle agrable Dieu ?
La prire est toujours agrable Dieu quand elle est dicte par le
coeur, car l'intention est tout pour lui, et la prire du coeur est prfrable
celle que tu peux lire, quelque belle qu'elle soit, si tu la lis plus avec
les lvres qu'avec la pense. La prire est agrable Dieu quand elle est
dite avec foi, ferveur et sincrit ; mais ne crois pas qu'il soit touch de
celle de l'homme vain, orgueilleux et goste, moins que ce ne soit de
sa part un acte de sincre repentir et de vritable humilit.
659. Quel est le caractre gnral de la prire ?
La prire est un acte d'adoration. Prier Dieu, c'est penser lui ; c'est
se rapprocher de lui ; c'est se mettre en communication avec lui. Par la
prire, on peut se proposer trois choses : louer, demander, remercier.
660. La prire rend-elle l'homme meilleur ?
Oui, car celui qui prie avec ferveur et confiance est plus fort contre
les tentations du mal, et Dieu lui envoie de bons Esprits pour l'assister.
C'est un secours qui n'est jamais refus quand il est demand avec
sincrit.
- Comment se fait-il que certaines personnes qui prient beaucoup
sont, malgr cela, d'un trs mauvais caractre, jalouses, envieuses,
acaritres ; qu'elles manquent de bienveillance et d'indulgence ; qu'elles
soient mme quelquefois vicieuses ?
LOI D'ADORATION
242
ils ont donc tous deux obi la loi d'amour et d'union de tous les tres,
loi divine qui doit amener l'unit, but et fin de l'Esprit .
1
Rponse donne par l'Esprit de M. Monod, pasteur protestant de Paris, mort en avril 1856.
La rponse prcdente, n 664, est de l'Esprit de saint Louis.
incorporels agissant comme puissance de la nature, ils les avaient appels dieux,
comme nous les appelons Esprits, c'est une simple question de mots, avec cette
diffrence que dans leur ignorance, entretenue dessein par ceux qui y trouvaient
leur intrt, ils leur levaient des temples et des autels trs lucratifs, tandis que pour
nous ce sont des simples cratures comme nous, plus ou moins parfaites, et ayant
dpouill leur enveloppe terrestre. Si l'on tudie avec soin les divers attributs des
divinits paennes, on y reconnatra sans peine tous ceux de nos Esprits tous les
degrs de l'chelle spirite, leur tat physique dans les mondes suprieurs, toutes les
proprits du prisprit et le rle qu'ils jouent dans les choses de la terre.
Le christianisme, en venant clairer le monde de sa lumire divine, n'a pu dtruire
une chose qui est dans la nature, mais il a fait reporter l'adoration vers celui qui
elle appartient. Quant aux Esprits, leur souvenir s'est perptu sous divers noms,
selon les peuples, et leurs manifestations, qui n'ont jamais cess, ont t diversement
interprtes, et souvent exploites sous l'empire du mystre ; tandis que la religion y
a vu des phnomnes miraculeux, les incrdules y ont vu de la jonglerie.
Aujourd'hui, grce une tude plus srieuse, faite au grand jour, le spiritisme,
dgag des ides superstitieuses qui l'ont obscurci pendant des sicles, nous rvle
un des plus grands et des plus sublimes principes de la nature.
Sacrifices.
669. L'usage des sacrifices humains remonte la plus haute antiquit.
Comment l'homme a-t-il pu tre port croire que de pareilles choses
pussent tre agrables Dieu ?
D'abord, parce qu'il ne comprenait pas Dieu comme tant la source
de la bont ; chez les peuples primitifs, la matire l'emporte sur l'esprit ;
ils s'abandonnent aux instincts de la brute, c'est pourquoi ils sont
gnralement cruels, parce que le sens moral n'est point encore
dvelopp en eux. Ensuite, les hommes primitifs devaient croire
naturellement qu'une crature anime avait beaucoup plus de prix aux
yeux de Dieu qu'un corps matriel. C'est ce qui les a ports immoler
d'abord des animaux, et plus tard des hommes, puisque, suivant leur
croyance fausse, ils pensaient que le prix du sacrifice tait en rapport
avec l'importance de la victime. Dans la vie matrielle, telle que vous la
pratiquez pour la plupart, si vous offrez un cadeau quelqu'un, vous le
choisissez toujours d'une valeur d'autant plus grande que vous voulez
tmoigner la personne plus d'attachement et de considration. Il devait
en tre de mme des hommes ignorants l'gard de Dieu.
- Ainsi, les sacrifices des animaux auraient prcd les sacrifices
humains ?
Cela n'est pas douteux.
CHAPITRE III
-
Ncessit du travail.
674. La ncessit du travail est-elle une loi de la nature ?
Le travail est une loi de nature, par cela mme qu'il est une
ncessit, et la civilisation oblige l'homme plus de travail, parce qu'elle
augmente ses besoins et ses jouissances.
675. Ne doit-on entendre par le travail que les occupations
matrielles ?
Non ; l'Esprit travaille comme le corps. Toute occupation utile est un
travail.
676. Pourquoi le travail est-il impos l'homme ?
C'est une consquence de sa nature corporelle. C'est une expiation et
en mme temps un moyen de perfectionner son intelligence. Sans le
travail, l'homme resterait dans l'enfance de l'intelligence ; c'est pourquoi
il ne doit sa nourriture, sa scurit et son bien-tre qu' son travail et
son activit. A celui qui est trop faible de corps, Dieu a donn
l'intelligence pour y suppler ; mais c'est toujours un travail.
677. Pourquoi la nature pourvoit-elle d'elle-mme tous les besoins
des animaux ?
Tout travaille dans la nature ; les animaux travaillent comme toi,
mais leur travail, comme leur intelligence, est born au soin de leur
conservation ; voil pourquoi chez eux il n'amne pas le progrs, tandis
que chez l'homme il a un double but : la conservation du corps et le
dveloppement de la pense qui est aussi un besoin, et qui l'lve audessus de lui-mme. Quand je dis que le travail des animaux est born
au soin de leur conservation, j'entends le but qu'ils se proposent en
travaillant, mais ils sont, leur insu, et tout en pourvoyant leurs
besoins matriels, des agents qui secondent les vues du Crateur, et leur
travail n'en concourt pas moins au but final de la nature, bien que, fort
souvent, vous n'en dcouvriez pas le rsultat immdiat.
248
LOI DU TRAVAIL
CHAPITRE IV
-
Population du globe.
686. La reproduction des tres vivants est-elle une loi de nature ?
Cela est vident ; sans la reproduction, le monde corporel prirait.
687. Si la population suit toujours la progression croissante que nous
voyons, arrivera-t-il un moment o elle sera exubrante sur la terre ?
Non ; Dieu y pourvoit et maintient toujours l'quilibre ; il ne fait
rien d'inutile ; l'homme qui ne voit qu'un coin du tableau de la nature ne
peut juger de l'harmonie de l'ensemble.
Succession et perfectionnement des races.
688. Il y a en ce moment des races humaines qui diminuent
videmment ; arrivera-t-il un moment o elles auront disparu de dessus
la terre ?
C'est vrai ; mais c'est que d'autres ont pris leur place, comme
d'autres prendront la vtre un jour.
689. Les hommes actuels sont-ils une nouvelle cration ou les
descendants perfectionns des tres primitifs ?
Ce sont les mmes Esprits qui sont revenus se perfectionner dans de
nouveaux corps, mais qui sont encore loin de la perfection. Ainsi, la
race humaine actuelle qui, par son augmentation, tend envahir toute la
terre et remplacer les races qui s'teignent, aura sa priode de
dcroissance et de disparition. D'autres races plus perfectionnes la
remplaceront, qui descendront de la race actuelle, comme les hommes
civiliss d'aujourd'hui descendent des tres bruts et sauvages des temps
primitifs.
690. Au point de vue purement physique, les corps de la race actuelle
sont-ils une cration spciale, ou procdent-ils des corps primitifs par
voie de reproduction ?
LOI DE REPRODUCTION
L'origine des races se perd dans la nuit des temps ; mais comme
elles appartiennent toutes la grande famille humaine, quelle que soit la
souche primitive de chacune, elles ont pu s'allier entre elles et produire
des types nouveaux.
691. Quel est, au point de vue physique, le caractre distinctif et
dominant des races primitives ?
Dveloppement de la force brutale aux dpens de la force
intellectuelle ; maintenant c'est le contraire : l'homme fait plus par
l'intelligence que par la force du corps, et pourtant il fait cent fois plus,
parce qu'il a su mettre profit les forces de la nature, ce que ne font pas
les animaux.
692. Le perfectionnement des races animales et vgtales par la
science est-il contraire la loi de nature ? Serait-il plus conforme cette
loi de laisser les choses suivre leur cours normal ?
On doit tout faire pour arriver la perfection, et l'homme lui-mme
est un instrument dont Dieu se sert pour arriver ses fins. La perfection
tant le but auquel tend la nature, c'est rpondre ses vues que favoriser
cette perfection.
- Mais l'homme n'est gnralement m dans ses efforts pour
l'amlioration des races que par un sentiment personnel et n'a d'autre but
que l'augmentation de ses jouissances ; cela ne diminue-t-il pas son
mrite ?
Qu'importe que son mrite soit nul, pourvu que le progrs se fasse ?
C'est lui de rendre son travail mritoire par l'intention. D'ailleurs, par
ce travail il exerce et dveloppe son intelligence, et c'est sous ce rapport
qu'il en profite le plus.
Obstacles la reproduction.
693. Les lois et les coutumes humaines qui ont pour but ou pour effet
d'apporter des obstacles la reproduction sont-elles contraires la loi de
nature ?
Tout ce qui entrave la nature dans sa marche est contraire la loi
gnrale.
- Cependant, il y a des espces d'tres vivants, animaux et plantes,
dont la reproduction indfinie serait nuisible d'autres espces et dont
l'homme lui-mme serait bientt la victime ; commet-il un acte
rprhensible en arrtant cette reproduction ?
252
Dieu a donn l'homme sur tous les tres vivants un pouvoir dont il
doit user pour le bien, mais non abuser. Il peut rgler la reproduction
selon les besoins ; il ne doit pas l'entraver sans ncessit. L'action
intelligente de l'homme est un contrepoids tabli par Dieu pour ramener
l'quilibre entre les forces de la nature, et c'est encore ce qui le distingue
des animaux, parce qu'il le fait avec connaissance de cause ; mais les
animaux eux-mmes concourent aussi cet quilibre, car l'instinct de
destruction qui leur a t donn fait que, tout en pourvoyant leur
propre conservation, ils arrtent le dveloppement excessif, et peut-tre
dangereux, des espces animales et vgtales dont ils se nourrissent.
694. Que faut-il penser des usages qui ont pour effet d'arrter la
reproduction en vue de satisfaire la sensualit ?
Cela prouve la prdominance du corps sur l'me, et combien
l'homme est dans la matire.
Mariage et clibat.
695. Le mariage, c'est--dire l'union permanente de deux tres, est-il
contraire la loi de nature ?
C'est un progrs dans la marche de l'humanit.
696. Quel serait l'effet de l'abolition du mariage sur la socit
humaine ?
Le retour la vie des btes.
L'union libre et fortuite des sexes est l'tat de nature. Le mariage est un des
premiers actes de progrs dans les socits humaines, parce qu'il tablit la solidarit
fraternelle et se retrouve chez tous les peuples, quoique dans des conditions
diverses. L'abolition du mariage serait donc le retour l'enfance de l'humanit, et
placerait l'homme au-dessous mme de certains animaux qui lui donnent l'exemple
d'unions constantes.
LOI DE REPRODUCTION
Polygamie.
700. L'galit numrique qui existe peu de chose prs entre les
sexes, est-elle un indice de la proportion selon laquelle ils doivent tre
unis ?
Oui, car tout a un but dans la nature.
701. Laquelle des deux, de la polygamie ou de la monogamie, est la
plus conforme la loi de nature ?
La polygamie est une loi humaine dont l'abolition marque un
progrs social. Le mariage, selon les vues de Dieu, doit tre fond sur
l'affection des tres qui s'unissent. Avec la polygamie, il n'y a pas
d'affection relle : il n'y a que sensualit.
Si la polygamie tait selon la loi de nature, elle devrait pouvoir tre universelle,
ce qui serait matriellement impossible, vu l'galit numrique des sexes.
La polygamie doit tre considre comme un usage, ou une lgislation
particulire approprie certaines moeurs, et que le perfectionnement social fait peu
peu disparatre.
CHAPITRE V
-
Instinct de conservation.
702. L'instinct de conservation est-il une loi de nature ?
Sans doute ; il est donn tous les tres vivants, quel que soit le
degr de leur intelligence ; chez les uns, il est purement machinal, et
chez d'autres il est raisonn.
703. Dans quel but Dieu a-t-il donn tous les tres vivants l'instinct
de leur conservation ?
Parce que tous doivent concourir aux vues de la Providence ; c'est
pour cela que Dieu leur a donn le besoin de vivre. Et puis la vie est
ncessaire au perfectionnement des tres ; ils le sentent instinctivement
sans s'en rendre compte.
Moyens de conservation.
704. Dieu en donnant l'homme le besoin de vivre lui en a-t-il
toujours fourni les moyens ?
Oui, et s'il ne les trouve pas, c'est qu'il ne les comprend pas. Dieu
n'a pu donner l'homme le besoin de vivre sans lui en donner les
moyens, c'est pourquoi il fait produire la terre de quoi fournir le
ncessaire tous ses habitants, car le ncessaire seul est utile ; le
superflu ne l'est jamais.
705. Pourquoi la terre ne produit-elle pas toujours assez pour fournir
le ncessaire l'homme ?
C'est que l'homme la nglige, l'ingrat ! C'est pourtant une excellente
mre. Souvent aussi, il accuse la nature de ce qui est le fait de son
impritie ou de son imprvoyance. La terre produirait toujours le
ncessaire si l'homme savait s'en contenter. Si elle ne suffit pas tous les
besoins, c'est que l'homme emploie au superflu ce qui pourrait tre
donn au ncessaire. Vois l'Arabe au dsert ; il trouve toujours vivre,
parce qu'il ne se cre pas des besoins factices ; mais quand la moiti des
LOI DE CONSERVATION
256
certes, non ; mais ce qui s'est fait donne la mesure de ce qui peut se faire avec la
persvrance, si l'homme est assez sage pour chercher son bonheur dans les choses
positives et srieuses, et non dans des utopies qui le reculent au lieu de l'avancer.
LOI DE CONSERVATION
Ncessaire et superflu.
715. Comment l'homme peut-il connatre la limite du ncessaire ?
Le sage la connat par intuition ; beaucoup la connaissent par
exprience et leurs dpens.
716. La nature n'a-t-elle pas trac la limite de nos besoins par notre
organisation ?
Oui, mais l'homme est insatiable. La nature a trac la limite de ses
besoins par son organisation, mais les vices ont altr sa constitution et
cr pour lui des besoins qui ne sont pas les besoins rels.
717. Que penser de ceux qui accaparent les biens de la terre pour se
procurer le superflu au prjudice de ceux qui manquent du ncessaire ?
258
LOI DE CONSERVATION
260
CHAPITRE VI
-
V. - LOI DE DESTRUCTION
1. Destruction ncessaire et destruction abusive. - 2. Flaux destructeurs.
3. Guerres. - 4. Meurtre. - 5. Cruaut. - 6. Duel. - 7. Peine de mort.
262
LOI DE DESTRUCTION
264
Si l'on considrait la vie pour ce qu'elle est, et combien elle est peu
de chose par rapport l'infini, on y attacherait moins d'importance. Ces
victimes trouveront dans une autre existence une large compensation
leurs souffrances si elles savent les supporter sans murmure.
Que la mort arrive par un flau ou par une cause ordinaire, il n'en faut pas moins
mourir quand l'heure du dpart a sonn ; la seule diffrence est qu'il en part un plus
grand nombre la fois.
Si nous pouvions nous lever par la pense de manire dominer l'humanit et
l'embrasser tout entire, ces flaux si terribles ne nous paratraient plus que des
orages passagers dans la destine du monde.
LOI DE DESTRUCTION
de terribles flaux n'en sont-elles pas prserves aujourd'hui ? Que ne fera donc pas
l'homme pour son bien-tre matriel quand il saura mettre profit toutes les
ressources de son intelligence et quand, au soin de sa conservation personnelle, il
saura allier le sentiment d'une vritable charit pour ses semblables ? (707).
Guerres.
742. Quelle est la cause qui porte l'homme la guerre ?
Prdominance de la nature animale sur la nature spirituelle et
assouvissement des passions. Dans l'tat de barbarie, les peuples ne
connaissent que le droit du plus fort ; c'est pourquoi la guerre est pour
eux un tat normal. A mesure que l'homme progresse, elle devient moins
frquente, parce qu'il en vite les causes ; et quand elle est ncessaire, il
sait y allier l'humanit.
743. La guerre disparatra-t-elle un jour de dessus la terre ?
Oui, quand les hommes comprendront la justice et pratiqueront la
loi de Dieu ; alors tous les peuples seront frres.
744. Quel a t le but de la Providence en rendant la guerre
ncessaire ?
La libert et le progrs.
- Si la guerre doit avoir pour effet d'arriver la libert, comment se
fait-il qu'elle ait souvent pour but et pour rsultat l'asservissement ?
Asservissement momentan pour tasser les peuples, afin de les faire
arriver plus vite.
745. Que penser de celui qui suscite la guerre son profit ?
Celui-l est le vrai coupable, et lui faudra bien des existences pour
expier tous les meurtres dont il aura t la cause, car il rpondra de
chaque homme dont il aura caus la mort pour satisfaire son ambition.
Meurtre.
746. Le meurtre est-il un crime aux yeux de Dieu ?
Oui, un grand crime ; car celui qui te la vie son semblable
tranche une vie d'expiation ou de mission, et l est le mal.
747. Le meurtre a-t-il toujours le mme degr de culpabilit ?
Nous l'avons dj dit, Dieu est juste ; il juge l'intention plus que le
fait.
266
LOI DE DESTRUCTION
Dis que le sens moral n'est pas dvelopp, mais ne dis pas qu'il est
absent, car il existe en principe chez tous les hommes ; c'est ce sens
moral qui en fait plus tard des tres bons et humains. Il existe donc chez
le sauvage, mais il y est comme le principe du parfum est dans le germe
de la fleur avant qu'elle soit panouie.
Toutes les facults existent chez l'homme l'tat rudimentaire ou latent ; elles se
dveloppent selon que les circonstances leur sont plus ou moins favorables. Le
dveloppement excessif des unes arrte ou neutralise celui des autres. La
surexcitation des instincts matriels touffe pour ainsi dire le sens moral, comme le
dveloppement du sens moral affaiblit peu peu les facults purement animales.
268
Peine de mort.
760. La peine de mort disparatra-t-elle un jour de la lgislation
humaine ?
La peine de mort disparatra incontestablement, et sa suppression
marquera un progrs dans l'humanit. Lorsque les hommes seront plus
clairs, la peine de mort sera compltement abolie sur la terre ; les
hommes n'auront plus besoin d'tre jugs par les hommes. Je parle d'un
temps qui est encore assez loign de vous.
Le progrs social laisse sans doute encore beaucoup dsirer, mais on serait
injuste envers la socit moderne si l'on ne voyait un progrs dans les restrictions
apportes la peine de mort chez les peuples les plus avancs et dans la nature des
crimes auxquels on en borne l'application. Si l'on compare les garanties dont la
justice, chez ces mmes peuples, s'efforce d'entourer l'accus, l'humanit dont elle
use envers lui, alors mme qu'il est reconnu coupable, avec ce qui se pratiquait dans
LOI DE DESTRUCTION
des temps qui ne sont pas encore trs loigns, on ne peut mconnatre la voie
progressive dans laquelle marche l'humanit.
270
CHAPITRE VII
-
272
Liens de famille.
773. Pourquoi, chez les animaux, les parents et les enfants ne se
reconnaissent-ils plus lorsque ceux-ci n'ont plus besoin de soins ?
Les animaux vivent de la vie matrielle, et non de la vie morale. La
tendresse de la mre pour ses petits a pour principe l'instinct de
conservation des tres auxquels elle a donn le jour ; quand ces tres
peuvent se suffire eux-mmes, sa tche est remplie, la nature ne lui en
demande pas davantage ; c'est pourquoi elle les abandonne pour
s'occuper des nouveaux venus.
LOI DE SOCIETE
CHAPITRE VIII
-
Etat de nature.
776. L'tat de nature et la loi naturelle sont-ils la mme chose ?
Non, l'tat de nature est l'tat primitif. La civilisation est
incompatible avec l'tat de nature, tandis que la loi naturelle contribue
au progrs de l'humanit.
L'tat de nature est l'enfance de l'humanit et le point de dpart de son
dveloppement intellectuel et moral. L'homme tant perfectible, et portant en soi le
germe de son amlioration, il n'est point destin vivre perptuellement dans l'tat
de nature, pas plus qu'il n'est destin vivre perptuellement dans l'enfance ; l'tat
de nature est transitoire, l'homme en sort par le progrs et la civilisation. La loi
naturelle, au contraire, rgit l'humanit entire, et l'homme s'amliore mesure qu'il
comprend mieux et pratique mieux cette loi.
777. Dans l'tat de nature, l'homme ayant moins de besoins, n'a pas
toutes les tribulations qu'il se cre dans un tat plus avanc ; que penser
de l'opinion de ceux qui regardent cet tat comme celui de la plus
parfaite flicit sur la terre ?
Que veux-tu ! c'est le bonheur de la brute ; il y a des gens qui n'en
comprennent pas d'autre. C'est tre heureux la manire des btes. Les
enfants aussi sont plus heureux que les hommes faits.
778. L'homme peut-il rtrograder vers l'tat de nature ?
Non, l'homme doit progresser sans cesse, et il ne peut retourner
l'tat d'enfance. S'il progresse, c'est que Dieu le veut ainsi ; penser qu'il
peut rtrograder vers sa condition primitive serait nier la loi du
progrs.
Marche du progrs.
779. L'homme puise-t-il en lui la force progressive, ou bien le progrs
n'est-il que le produit d'un enseignement ?
LOI DU PROGRES
782. N'y a-t-il pas des hommes qui entravent le progrs de bonne foi,
en croyant le favoriser parce qu'ils le voient leur point de vue, et
souvent l o il n'est pas ?
Petite pierre mise sous la roue d'une grosse voiture, et qui ne
l'empche pas d'avancer.
276
LOI DU PROGRES
donc la marche ascendante s'arrterait-elle plutt pour le moral que pour
l'intelligence ? Pourquoi n'y aurait-il pas entre le dix-neuvime et le vingt-quatrime
sicle autant de diffrence qu'entre le quatorzime et le dix-neuvime ? En douter
serait prtendre que l'humanit est l'apoge de la perfection, ce qui serait absurde,
ou qu'elle n'est pas perfectible moralement, ce qui est dmenti par l'exprience.
Peuples dgnrs.
786. L'histoire nous montre une foule de peuples qui, aprs les
secousses qui les ont bouleverss, sont retombs dans la barbarie ; o est
le progrs dans ce cas ?
Quand ta maison menace ruine, tu l'abats pour en reconstruire une
plus solide et plus commode ; mais, jusqu' ce qu'elle soit reconstruite,
il y a trouble et confusion dans ta demeure.
Comprends encore cela : tu tais pauvre et tu habitais une masure ; tu
deviens riche et tu la quittes pour habiter un palais. Puis, un pauvre
diable comme tu tais vient prendre ta place dans ta masure, et il est
encore trs content, car avant il n'avait pas d'abri. Eh bien ! apprends
donc que les Esprits qui se sont incarns dans ce peuple dgnr ne
sont pas ceux qui le composaient au temps de sa splendeur ; ceux d'alors
qui taient avancs, sont alls dans des habitations plus parfaites et ont
progress, tandis que d'autres moins avancs ont pris leur place qu'ils
quitteront leur tour.
787. N'y a-t-il pas des races rebelles au progrs par leur nature ?
Oui, mais celles-l s'anantissent chaque jour, corporellement.
- Quel sera le sort venir des mes qui animent ces races ?
Elles arriveront comme toutes les autres la perfection en passant
par d'autres existences ; Dieu ne dshrite personne.
- Ainsi, les hommes les plus civiliss ont pu tre sauvages et
anthropophages ?
Toi-mme tu l'as t plus d'une fois avant d'tre ce que tu es.
788. Les peuples sont des individualits collectives qui, comme les
individus, passent par l'enfance, l'ge mr et la dcrpitude ; cette vrit
constate par l'histoire ne peut-elle faire penser que les peuples les plus
avancs de ce sicle auront leur dclin et leur fin, comme ceux de
l'antiquit ?
Les peuples qui ne vivent que de la vie du corps, ceux dont la
grandeur n'est fonde que sur la force et l'tendue, naissent, croissent et
278
meurent, parce que la force d'un peuple s'puise comme celle d'un
homme ; ceux dont les lois gostes jurent avec le progrs des lumires
et la charit meurent, parce que la lumire tue les tnbres et la charit
tue l'gosme ; mais il y a, pour les peuples comme pour les individus, la
vie de l'me ; ceux dont les lois s'harmonisent avec les lois ternelles du
Crateur vivront et seront le flambeau des autres peuples.
789. Le progrs runira-t-il un jour tous les peuples de la terre en une
seule nation ?
Non, pas en une seule nation, cela est impossible, car de la diversit
des climats naissent des moeurs et des besoins diffrents qui constituent
les nationalits ; c'est pourquoi il leur faudra toujours des lois
appropries ces moeurs et ces besoins ; mais la charit ne connat
point de latitudes et ne fait pas de distinction entre la couleur des
hommes. Quand la loi de Dieu sera partout la base de la loi humaine, les
peuples pratiqueront la charit de l'un l'autre, comme les individus
d'homme homme ; alors ils vivront heureux et en paix, parce que nul
ne cherchera faire du tort son voisin, ni vivre ses dpens.
L'humanit progresse par les individus qui s'amliorent peu peu et s'clairent ;
alors, quand ceux-ci l'emportent en nombre, ils prennent le dessus et entranent les
autres. De temps en temps surgissent parmi eux des hommes de gnie qui donnent
un lan, puis des hommes ayant l'autorit, instruments de Dieu, qui en quelques
annes la font avancer de plusieurs sicles.
Le progrs des peuples fait encore ressortir la justice de la rincarnation. Les
hommes de bien font de louables efforts pour faire avancer une nation moralement
et intellectuellement ; la nation transforme sera plus heureuse en ce monde et en
l'autre, soit ; mais pendant sa marche lente travers les sicles, des milliers
d'individus meurent chaque jour ; quel est le sort de tous ceux qui succombent dans
le trajet ? Leur infriorit relative les prive-t-elle du bonheur rserv aux derniers
arrivs ? Ou bien leur bonheur est-il relatif ? La justice divine ne saurait consacrer
une telle injustice. Par la pluralit des existences, le droit au bonheur est le mme
pour tous, car nul n'est dshrit du progrs ; ceux qui ont vcu au temps de la
barbarie, pouvant revenir au temps de la civilisation, chez le mme peuple ou chez
un autre, il en rsulte que tous profitent de la marche ascendante.
Mais le systme de l'unit des existences prsente ici une autre difficult. Avec ce
systme l'me est cre au moment de la naissance ; donc si un homme est plus
avanc qu'un autre, c'est que Dieu cre pour lui une me plus avance. Pourquoi
cette faveur ? Quel mrite a-t-il, lui qui n'a pas vcu plus qu'un autre, moins qu'un
autre souvent, pour tre dou d'une me suprieure ? Mais l n'est pas la principale
difficult. Une nation passe, en mille ans, de la barbarie la civilisation. Si les
hommes vivaient mille ans on concevrait que dans cet intervalle ils eussent le temps
de progresser ; mais tous les jours il en meurt tout ge ; ils se renouvellent sans
cesse, de telle sorte que chaque jour en voit paratre et disparatre. Au bout des mille
LOI DU PROGRES
ans, il n'y a plus trace des anciens habitants ; la nation, de barbare qu'elle tait, est
devenue police ; qu'est-ce qui a progress ? Sont-ce les individus jadis barbares ?
Mais ils sont morts depuis longtemps. Sont-ce les nouveaux venus ? Mais si leur
me est cre au moment de leur naissance, ces mes n'existaient pas au temps de la
barbarie, et il faut alors admettre que les efforts que l'on fait pour civiliser un
peuple ont le pouvoir, non pas d'amliorer des mes imparfaites, mais de faire
crer par Dieu des mes plus parfaites.
Comparons cette thorie du progrs avec celle donne par les Esprits. Les mes
venues au temps de la civilisation ont eu leur enfance comme toutes les autres, mais
elles ont dj vcu, et sont venues avances par un progrs antrieur ; elles
viennent, attires par un milieu qui leur est sympathique, et qui est en rapport avec
leur tat actuel ; de sorte que les soins donns la civilisation d'un peuple n'ont pas
pour effet de faire crer pour l'avenir des mes plus parfaites, mais d'attirer celles
qui ont dj progress, soit qu'elles aient dj vcu chez ce mme peuple au temps
de sa barbarie, soit qu'elles viennent d'autre part. L est encore la clef du progrs de
l'humanit tout entire ; quand tous les peuples seront au mme niveau pour le
sentiment du bien, la terre ne sera le rendez-vous que de bons Esprits qui vivront
entre eux dans une union fraternelle, et les mauvais s'y trouvant repousss et
dplacs iront chercher dans des mondes infrieurs le milieu qui leur convient,
jusqu' ce qu'ils soient dignes de venir dans le ntre transform. La thorie vulgaire
a encore cette consquence, que les travaux d'amlioration sociale ne profitent
qu'aux gnrations prsentes et futures ; leur rsultat est nul pour les gnrations
passes qui ont eu le tort de venir trop tt, et qui deviennent ce qu'elles peuvent,
charges qu'elles sont de leurs actes de barbarie. Selon la doctrine des Esprits, les
progrs ultrieurs profitent galement ces gnrations qui revivent dans des
conditions meilleures et peuvent ainsi se perfectionner au foyer de la civilisation.
(222).
Civilisation.
790. La civilisation est-elle un progrs ou, selon quelques
philosophes, une dcadence de l'humanit ?
Progrs incomplet ; l'homme ne passe pas subitement de l'enfance
l'ge mr.
- Est-il rationnel de condamner la civilisation ?
Condamnez plutt ceux qui en abusent, et non pas l'oeuvre de
Dieu.
791. La civilisation s'purera-t-elle un jour de manire faire
disparatre les maux qu'elle aura produits ?
Oui, quand le moral sera aussi dvelopp que l'intelligence. Le fruit
ne peut venir avant la fleur.
280
LOI DU PROGRES
796. La svrit des lois pnales n'est-elle pas une ncessit dans l'tat
actuel de la socit ?
Une socit dprave a certainement besoin de lois plus svres ;
malheureusement, ces lois s'attachent plus punir le mal quand il est
fait, qu' tarir la source du mal. Il n'y a que l'ducation qui puisse
rformer les hommes ; alors ils n'auront plus besoin de lois aussi
rigoureuses.
797. Comment l'homme pourra-t-il tre amen rformer ses lois ?
Cela vient naturellement par la force des choses et l'influence des
gens de bien qui le conduisent dans la voie du progrs. Il en a dj
beaucoup rform et il en rformera bien d'autres. Attends !
Influence du spiritisme sur le progrs.
798. Le spiritisme deviendra-t-il une croyance vulgaire, ou restera-t-il
le partage de quelques personnes ?
Certainement il deviendra une croyance vulgaire, et il marquera une
nouvelle re dans l'histoire de l'humanit, parce qu'il est dans la nature
et que le temps est venu o il doit prendre rang parmi les connaissances
humaines ; cependant il aura de grandes luttes soutenir, plus encore
contre l'intrt que contre la conviction, car il ne faut pas se dissimuler
282
qu'il y a des gens intresss le combattre, les uns par amour-propre, les
autres pour des causes toutes matrielles ; mais les contradicteurs se
trouvant de plus en plus isols seront bien forcs de penser comme tout
le monde, sous peine de se rendre ridicules.
Les ides ne se transforment qu' la longue, et jamais subitement ; elles
s'affaiblissent de gnration en gnration et finissent par disparatre peu peu avec
ceux qui les professaient, et qui sont remplacs par d'autres individus imbus de
nouveaux principes, comme cela a lieu pour les ides politiques. Voyez le
paganisme ; il n'est certes personne aujourd'hui qui professe les ides religieuses de
ces temps-l ; cependant, plusieurs sicles aprs l'avnement du christianisme, elles
ont laiss des traces que la complte rnovation des races a seule pu effacer. Il en
sera de mme du spiritisme ; il fait beaucoup de progrs ; mais il y aura encore
pendant deux ou trois gnrations un levain d'incrdulit que le temps seul dissipera.
Toutefois sa marche sera plus rapide que celle du christianisme, parce que c'est le
christianisme lui-mme qui lui ouvre les voies et sur lequel il s'appuie. Le
christianisme avait dtruire ; le spiritisme n'a qu' difier.
LOI DU PROGRES
Vous n'enseignez pas aux enfants ce que vous enseignez aux adultes,
et vous ne donnez pas au nouveau-n une nourriture qu'il ne pourrait pas
digrer ; chaque chose a son temps. Ils ont enseign beaucoup de choses
que les hommes n'ont pas comprises ou qu'ils ont dnatures, mais qu'ils
peuvent comprendre maintenant. Par leur enseignement, mme
incomplet, ils ont prpar le terrain recevoir la semence qui va
fructifier aujourd'hui.
802. Puisque le spiritisme doit marquer un progrs dans l'humanit,
pourquoi les Esprits ne htent-ils pas ce progrs par des manifestations
tellement gnrales et tellement patentes que la conviction serait porte
chez les plus incrdules ?
Vous voudriez des miracles ; mais Dieu les sme pleines mains
sous vos pas, et vous avez encore des hommes qui le renient. Le Christ
lui-mme a-t-il convaincu ses contemporains par les prodiges qu'il a
accomplis ? Ne voyez-vous pas aujourd'hui des hommes nier les faits les
plus patents qui se passent sous leurs yeux ? N'en avez-vous pas qui
disent qu'ils ne croiraient pas quand mme ils verraient ? Non ; ce n'est
pas par des prodiges que Dieu veut ramener les hommes ; dans sa bont,
il veut leur laisser le mrite de se convaincre par la raison.
CHAPITRE IX
-
Egalit naturelle.
803. Tous les hommes sont-ils gaux devant Dieu ?
Oui, tous tendent au mme but, et Dieu a fait ses lois pour tout le
monde. Vous dites souvent : Le soleil luit pour tous, et vous dites l une
vrit plus grande et plus gnrale que vous ne pensez.
Tous les hommes sont soumis aux mmes lois de la nature ; tous naissent avec la
mme faiblesse, sont sujets aux mmes douleurs, et le corps du riche se dtruit
comme celui du pauvre. Dieu n'a donc donn aucun homme de supriorit
naturelle, ni par la naissance, ni par la mort : tous sont gaux devant lui.
LOI D'EGALITE
Ainsi la diversit des aptitudes de l'homme ne tient pas la nature intime de sa
cration, mais au degr de perfectionnement auquel sont arrivs les Esprits incarns
en lui. Dieu n'a donc pas cr l'ingalit des facults, mais il a permis que les
diffrents degrs de dveloppement fussent en contact, afin que les plus avancs
pussent aider au progrs des plus arrirs, et aussi afin que les hommes, ayant
besoin les uns des autres, comprissent la loi de charit qui doit les unir.
Ingalits sociales.
806. L'ingalit des conditions sociales est-elle une loi de nature ?
Non, elle est l'oeuvre de l'homme et non celle de Dieu.
- Cette ingalit disparatra-t-elle un jour ?
Il n'y a d'ternel que les lois de Dieu. Ne la vois-tu pas s'effacer peu
peu chaque jour ? Cette ingalit disparatra avec la prdominance de
l'orgueil et de l'gosme ; il ne restera que l'ingalit du mrite. Un jour
viendra o les membres de la grande famille des enfants de Dieu ne se
regarderont plus comme de sang plus ou moins pur ; il n'y a que l'Esprit
qui est plus ou moins pur, et cela ne dpend pas de la position sociale.
807. Que penser de ceux qui abusent de la supriorit de leur position
sociale pour opprimer le faible leur profit ?
Ceux-l mritent l'anathme ; malheur eux ! ils seront opprims
leur tour, et ils renatront dans une existence o ils endureront tout ce
qu'ils ont fait endurer. (684).
Ingalit des richesses.
808. L'ingalit des richesses n'a-t-elle pas sa source dans l'ingalit
des facults qui donne aux uns plus de moyens d'acqurir qu'aux
autres ?
Oui et non ; et la ruse et le vol, qu'en dis-tu ?
- La richesse hrditaire n'est pourtant pas le fruit des mauvaises
passions ?
Qu'en sais-tu ? Remonte la source et tu verras si elle est toujours
pure. Sais-tu si dans le principe elle n'a pas t le fruit d'une spoliation
ou d'une injustice ? Mais sans parler de l'origine, qui peut tre
mauvaise, crois-tu que la convoitise du bien, mme le mieux acquis, les
dsirs secrets que l'on conoit de le possder plus tt, soient des
sentiments louables ? C'est l ce que Dieu juge, et je t'assure que son
jugement est plus svre que celui des hommes.
286
LOI D'EGALITE
288
821. Les fonctions auxquelles la femme est destine par la nature ontelles une importance aussi grande que celles qui sont dvolues
l'homme ?
Oui, et plus grande ; c'est elle qui lui donne les premires notions de
la vie.
822. Les hommes tant gaux devant la loi de Dieu doivent-ils l'tre
galement devant la loi des hommes ?
C'est le premier principe de justice : Ne faites pas aux autres ce que
vous ne voudriez pas qu'on vous ft.
- D'aprs cela, une lgislation, pour tre parfaitement juste, doit-elle
consacrer l'galit des droits entre l'homme et la femme ?
Des droits, oui ; des fonctions, non ; il faut que chacun ait une place
attitre ; que l'homme s'occupe du dehors et la femme du dedans,
chacun selon son aptitude. La loi humaine, pour tre quitable, doit
consacrer l'galit des droits entre l'homme et la femme ; tout privilge
accord l'un ou l'autre est contraire la justice. L'mancipation de la
LOI D'EGALITE
CHAPITRE X
-
Libert naturelle.
825. Est-il des positions dans le monde o l'homme puisse se flatter
de jouir d'une libert absolue ?
Non, parce que tous vous avez besoin les uns des autres, les petits
comme les grands.
826. Quelle serait la condition dans laquelle l'homme pourrait jouir
d'une libert absolue ?
L'ermite dans un dsert. Ds qu'il y a deux hommes ensemble, ils
ont des droits respecter et n'ont, par consquent, plus de libert
absolue.
827. L'obligation de respecter les droits d'autrui te-t-elle l'homme
le droit de s'appartenir lui-mme ?
Nullement, car c'est un droit qu'il tient de la nature.
828. Comment concilier les opinions librales de certains hommes
avec le despotisme qu'ils exercent souvent eux-mmes dans leur
intrieur et sur leurs subordonns ?
Ils ont l'intelligence de la loi naturelle, mais elle est contre-balance
par l'orgueil et l'gosme. Ils comprennent ce qui doit tre, quand leurs
principes ne sont pas une comdie joue par calcul, mais ils ne le font
pas.
- Leur sera-t-il tenu compte dans l'autre vie des principes qu'ils ont
professs ici-bas ?
Plus on a d'intelligence pour comprendre un principe, moins on est
excusable de ne pas l'appliquer soi-mme. Je vous dis, en vrit, que
l'homme simple, mais sincre, est plus avanc dans la voie de Dieu que
celui qui veut paratre ce qu'il n'est pas.
LOI DE LIBERTE
Esclavage.
829. Y a-t-il des hommes qui soient, par la nature, vous tre la
proprit d'autres hommes ?
Toute sujtion absolue d'un homme un autre homme est contraire
la loi de Dieu. L'esclavage est un abus de la force ; il disparat avec le
progrs comme disparatront peu peu tous les abus.
La loi humaine qui consacre l'esclavage est une loi contre nature, puisqu'elle
assimile l'homme la brute et le dgrade moralement et physiquement.
830. Lorsque l'esclavage est dans les moeurs d'un peuple, ceux qui en
profitent sont-ils rprhensibles, puisqu'ils ne font que se conformer
un usage qui leur parat naturel ?
Le mal est toujours le mal, et tous vos sophismes ne feront pas
qu'une mauvaise action devienne bonne ; mais la responsabilit du mal
est relative aux moyens qu'on a de le comprendre. Celui qui tire profit
de la loi de l'esclavage est toujours coupable d'une violation de la loi de
nature ; mais en cela, comme en toutes choses, la culpabilit est relative.
L'esclavage tant pass dans les moeurs de certains peuples, l'homme a
pu en profiter de bonne foi et comme d'une chose qui lui semblait
naturelle ; mais ds que sa raison plus dveloppe, et surtout claire par
les lumires du christianisme, lui a montr dans l'esclave son gal
devant Dieu, il n'a plus d'excuse.
831. L'ingalit naturelle des aptitudes ne place-t-elle pas certaines
races humaines sous la dpendance des races les plus intelligentes ?
Oui, pour les relever, et non pour les abrutir encore davantage par la
servitude. Les hommes ont trop longtemps regard certaines races
humaines comme des animaux travailleurs munis de bras et de mains
qu'ils se sont cru le droit de vendre comme des btes de somme. Ils se
croient d'un sang plus pur ; insenss qui ne voient que la matire ! Ce
n'est pas le sang qui est plus ou moins pur, mais bien l'Esprit. (361803).
832. Il y a des hommes qui traitent leurs esclaves avec humanit ; qui
ne les laissent manquer de rien et pensent que la libert les exposerait
plus de privations ; qu'en dites-vous ?
Je dis que ceux-l comprennent mieux leurs intrts ; ils ont aussi
grand soin de leurs boeufs et de leurs chevaux, afin d'en tirer plus de
profit au march. Ils ne sont pas aussi coupables que ceux qui les
292
LOI DE LIBERTE
294
LOI DE LIBERTE
296
Dans les maux qui t'affligent, tche que ta conscience soit pure et tu
seras moiti consol.
Les ides justes ou fausses que nous nous faisons des choses nous font russir ou
chouer selon notre caractre et notre position sociale. Nous trouvons plus simple et
moins humiliant pour notre amour-propre d'attribuer nos checs au sort ou la
destine qu' notre propre faute. Si l'influence des Esprits y contribue quelquefois,
nous pouvons toujours nous soustraire cette influence en repoussant les ides
qu'ils nous suggrent, quand elles sont mauvaises.
LOI DE LIBERTE
298
LOI DE LIBERTE
prouves par une vie de dception, afin d'exercer leur patience et leur
rsignation. Cependant ne crois pas que cette fatalit soit absolue ; elle
est souvent le rsultat de la fausse route qu'elles ont prise, et qui n'est
pas en rapport avec leur intelligence et leurs aptitudes. Celui qui veut
traverser une rivire la nage sans savoir nager a grande chance de se
noyer ; il en est ainsi dans la plupart des vnements de la vie. Si
l'homme n'entreprenait que des choses en rapport avec ses facults, il
russirait presque toujours ; ce qui le perd c'est son amour-propre et son
ambition, qui le font sortir de sa voie et prendre pour une vocation le
dsir de satisfaire certaines passions. Il choue et c'est sa faute ; mais au
lieu de s'en prendre lui, il aime mieux en accuser son toile. Tel et fait
un bon ouvrier et gagn honorablement sa vie, qui sera un mauvais
pote et mourra de faim. Il y aurait place pour tout le monde si chacun
savait se mettre sa place.
863. Les moeurs sociales n'obligent-elles pas souvent un homme
suivre telle voie plutt que telle autre, et n'est-il pas soumis au contrle
de l'opinion dans le choix de ses occupations ? Ce qu'on appelle le
respect humain, n'est-il pas un obstacle l'exercice du libre arbitre ?
Ce sont les hommes qui font les moeurs sociales et non Dieu ; s'ils
s'y soumettent, c'est que cela leur convient, et c'est encore l un acte de
leur libre arbitre, puisque s'ils le voulaient ils pourraient s'en affranchir ;
alors pourquoi se plaindre ? Ce ne sont pas les moeurs sociales qu'ils
doivent accuser, mais leur sot amour-propre qui leur fait prfrer mourir
de faim plutt que de droger. Personne ne leur tient compte de ce
sacrifice fait l'opinion, tandis que Dieu leur tiendra compte du
sacrifice de leur vanit. Ce n'est pas dire qu'il faille braver cette
opinion sans ncessit, comme certaines gens qui ont plus d'originalit
que de vritable philosophie ; il y a autant de draison se faire montrer
au doigt ou regarder comme une bte curieuse, qu'il y a de sagesse
descendre volontairement et sans murmure, quand on ne peut se
maintenir sur le haut de l'chelle.
864. S'il y a des gens auxquels le sort est contraire, d'autres semblent
tre favoriss, car tout leur russit ; quoi cela tient-il ?
C'est souvent parce qu'ils savent mieux s'y prendre ; mais ce peut
tre aussi un genre d'preuve ; le succs les enivre ; ils se fient leur
destine, et ils payent souvent plus tard ces mmes succs par de cruels
revers qu'ils eussent pu viter avec de la prudence.
300
LOI DE LIBERTE
870. Puisqu'il est utile que l'avenir soit cach, pourquoi Dieu en
permet-il quelquefois la rvlation ?
C'est lorsque cette connaissance pralable doit faciliter
l'accomplissement de la chose au lieu de l'entraver, en engageant agir
autrement qu'on n'et fait sans cela. Et puis, souvent c'est une preuve.
La perspective d'un vnement peut veiller des penses plus ou moins
bonnes ; si un homme doit savoir, par exemple, qu'il fera un hritage sur
lequel il ne compte pas, il pourra tre sollicit par le sentiment de la
cupidit, par la joie d'augmenter ses jouissances terrestres, par le dsir
de possder plus tt en souhaitant peut-tre la mort de celui qui doit lui
laisser sa fortune ; ou bien cette perspective veillera en lui de bons
sentiments et des penses gnreuses. Si la prdiction ne s'accomplit
pas, c'est une autre preuve : celle de la manire dont il supportera la
dception ; mais il n'en aura pas moins le mrite ou le tort des penses
bonnes ou mauvaises que la croyance l'vnement a fait natre en lui.
871. Puisque Dieu sait tout, il sait galement si un homme doit
succomber ou non dans une preuve ; ds lors, quelle est la ncessit de
cette preuve, puisqu'elle ne peut rien apprendre Dieu qu'il ne sache
dj sur le compte de cet homme ?
Autant vaudrait demander pourquoi Dieu n'a pas cr l'homme
parfait et accompli (119) ; pourquoi l'homme passe par l'enfance avant
d'arriver l'tat d'adulte (379). L'preuve n'a pas pour but d'clairer
Dieu sur le mrite de cet homme, car Dieu sait parfaitement ce qu'il
vaut, mais de laisser cet homme toute la responsabilit de son action,
puisqu'il est libre de la faire ou de ne pas la faire. L'homme ayant le
choix entre le bien et le mal, l'preuve a pour effet de le mettre aux
prises avec la tentation du mal et de lui laisser tout le mrite de la
rsistance ; or, quoique Dieu sache trs bien d'avance s'il russira ou
non, il ne peut, dans sa justice, ni le punir ni le rcompenser pour un
acte qui n'a pas t accompli. (258).
Il en est ainsi parmi les hommes. Quelque capable que soit un aspirant, quelque
certitude qu'on ait de le voir russir, on ne lui confre aucun grade sans examen,
c'est--dire sans preuve ; de mme le juge ne condamne un accus que sur un acte
consomm et non sur la prvision qu'il peut ou doit consommer cet acte.
Plus on rflchit aux consquences qui rsulteraient pour l'homme de la
connaissance de l'avenir, plus on voit combien la Providence a t sage de le lui
cacher. La certitude d'un vnement heureux le plongerait dans l'inaction ; celle d'un
vnement malheureux, dans le dcouragement ; dans l'un et l'autre cas ses forces
seraient paralyses. C'est pourquoi l'avenir n'est montr l'homme que comme un
but qu'il doit atteindre par ses efforts, mais sans connatre la filire par laquelle il
302
doit passer pour l'atteindre. La connaissance de tous les incidents de la route lui
terait son initiative et l'usage de son libre arbitre ; il se laisserait entraner la pente
fatale des vnements, sans exercer ses facults. Quand le succs d'une chose est
assur, on ne s'en proccupe plus.
LOI DE LIBERTE
304
lui disant que s'il fait mal, il cde une mauvaise suggestion trangre,
elle lui en laisse toute la responsabilit, puisqu'elle lui reconnat le
pouvoir de rsister, chose videmment plus facile que s'il avait lutter
contre sa propre nature. Ainsi, selon la doctrine spirite, il n'y a pas
d'entranement irrsistible : l'homme peut toujours fermer l'oreille la
voix occulte qui le sollicite au mal dans son for intrieur, comme il peut
la fermer la voix matrielle de celui qui lui parle ; il le peut par sa
volont, en demandant Dieu la force ncessaire, et en rclamant cet
effet l'assistance des bons Esprits. C'est ce que Jsus nous apprend dans
la sublime prire de l'Oraison dominicale, quand il nous fait dire : Ne
nous laissez pas succomber la tentation, mais dlivrez-nous du mal.
Cette thorie de la cause excitante de nos actes ressort videmment de
tout l'enseignement donn par les Esprits ; non seulement elle est
sublime de moralit, mais nous ajouterons qu'elle relve l'homme ses
propres yeux ; elle le montre libre de secouer un joug obsesseur, comme
il est libre de fermer sa maison aux importuns ; ce n'est plus une
machine agissant par une impulsion indpendante de sa volont, c'est un
tre de raison, qui coute, qui juge et qui choisit librement entre deux
conseils. Ajoutons que, malgr cela, l'homme n'est point priv de son
initiative ; il n'en agit pas moins de son propre mouvement, puisqu'en
dfinitive il n'est qu'un Esprit incarn qui conserve, sous l'enveloppe
corporelle, les qualits et les dfauts qu'il avait comme Esprit. Les fautes
que nous commettons ont donc leur source premire dans l'imperfection
de notre propre Esprit, qui n'a pas encore atteint la supriorit morale
qu'il aura un jour, mais qui n'en a pas moins son libre arbitre ; la vie
corporelle lui est donne pour se purger de ses imperfections par les
preuves qu'il y subit, et ce sont prcisment ces imperfections qui le
rendent plus faible et plus accessible aux suggestions des autres Esprits
imparfaits, qui en profitent pour tcher de le faire succomber dans la
lutte qu'il a entreprise. S'il sort vainqueur de cette lutte, il s'lve ; s'il
choue, il reste ce qu'il tait, ni plus mauvais, ni meilleur : c'est une
preuve recommencer, et cela peut durer longtemps ainsi. Plus il
s'pure, plus ses cts faibles diminuent, et moins il donne de prise
ceux qui le sollicitent au mal ; sa force morale crot en raison de son
lvation, et les mauvais Esprits s'loignent de lui.
Tous les Esprits, plus ou moins bons, alors qu'ils sont incarns,
constituent l'espce humaine ; et, comme notre terre est un des mondes
les moins avancs, il s'y trouve plus de mauvais Esprits que de bons,
voil pourquoi nous y voyons tant de perversit. Faisons donc tous nos
efforts pour n'y pas revenir aprs cette station, et pour mriter d'aller
LOI DE LIBERTE
CHAPITRE XI
-
307
876. En dehors du droit consacr par la loi humaine, quelle est la base
de la justice fonde sur la loi naturelle ?
Le Christ vous l'a dit : Vouloir pour les autres ce que vous voudriez
pour vous-mme. Dieu a mis dans le coeur de l'homme la rgle de toute
vritable justice, par le dsir de chacun de voir respecter ses droits. Dans
l'incertitude de ce qu'il doit faire l'gard de son semblable dans une
circonstance donne, que l'homme se demande comment il voudrait
qu'on en ust envers lui en pareille circonstance : Dieu ne pouvait lui
donner un guide plus sr que sa propre conscience.
Le critrium de la vritable justice est, en effet, de vouloir pour les autres ce qu'on
voudrait pour soi-mme, et non de vouloir pour soi ce qu'on voudrait pour les autres,
ce qui n'est pas du tout la mme chose. Comme il n'est pas naturel de se vouloir du
mal, en prenant son dsir personnel pour type ou point de dpart, on est certain de
ne jamais vouloir que du bien pour son prochain. De tout temps, et dans toutes les
croyances, l'homme a toujours cherch faire prvaloir son droit personnel ; le
sublime de la religion chrtienne a t de prendre le droit personnel pour base du
droit du prochain.
308
sagesse. C'est important de mettre cela, afin que ceux qui se croient
suprieurs connaissent leurs devoirs pour mriter ces dfrences. La
subordination ne sera point compromise, quand l'autorit sera donne
la sagesse.
879. Quel serait le caractre de l'homme qui pratiquerait la justice
dans toute sa puret ?
Le vrai juste, l'exemple de Jsus ; car il pratiquerait aussi l'amour
du prochain et la charit, sans lesquels il n'y a pas de vritable justice.
Droit de proprit. Vol.
880. Quel est le premier de tous les droits naturels de l'homme ?
C'est de vivre ; c'est pourquoi nul n'a le droit d'attenter la vie de
son semblable, ni de rien faire qui puisse compromettre son existence
corporelle.
881. Le droit de vivre donne-t-il l'homme le droit d'amasser de quoi
vivre pour se reposer quand il ne pourra plus travailler ?
Oui, mais il doit le faire en famille, comme l'abeille, par un travail
honnte, et ne pas amasser comme un goste. Certains animaux mmes
lui donnent l'exemple de la prvoyance.
882. L'homme a-t-il le droit de dfendre ce qu'il a amass par le
travail ?
Dieu n'a-t-il pas dit : Tu ne droberas point ; et Jsus : Il faut rendre
Csar ce qui appartient Csar ?
Ce que l'homme amasse par un travail honnte est une proprit lgitime qu'il a le
droit de dfendre, car la proprit qui est le fruit du travail est un droit naturel aussi
sacr que celui de travailler et de vivre.
309
887. Jsus a dit aussi : Aimez mme vos ennemis. Or, l'amour pour nos
ennemis n'est-il pas contraire nos tendances naturelles, et l'inimiti ne
provient-elle pas du dfaut de sympathie entre les Esprits ?
310
Sans doute on ne peut pas avoir pour ses ennemis un amour tendre
et passionn ; ce n'est pas ce qu'il a voulu dire ; aimer ses ennemis, c'est
leur pardonner et leur rendre le bien pour le mal ; par l on leur devient
suprieur ; par la vengeance on se place au-dessous d'eux.
888. Que penser de l'aumne ?
L'homme rduit demander l'aumne se dgrade au moral et au
physique : il s'abrutit. Dans une socit base sur la loi de Dieu et la
justice, il doit tre pourvu la vie du faible sans humiliation pour lui.
Elle doit assurer l'existence de ceux qui ne peuvent travailler, sans
laisser leur vie la merci du hasard et de la bonne volont.
- Est-ce que vous blmez l'aumne ?
Non ; ce n'est pas l'aumne qui est blmable, c'est souvent la
manire dont elle est faite. L'homme de bien qui comprend la charit
selon Jsus va au-devant du malheureux sans attendre qu'il lui tende la
main.
La vraie charit est toujours bonne et bienveillante ; elle est autant
dans la manire que dans le fait. Un service rendu avec dlicatesse
double de prix ; s'il l'est avec hauteur, le besoin peut le faire accepter,
mais le coeur en est peu touch.
Souvenez-vous aussi que l'ostentation enlve aux yeux de Dieu le
mrite du bienfait. Jsus a dit : Que votre main gauche ignore ce que
donne votre main droite ; il vous apprend par l ne point ternir la
charit par l'orgueil.
Il faut distinguer l'aumne proprement dite de la bienfaisance. Le plus
ncessiteux n'est pas toujours celui qui demande ; la crainte d'une
humiliation retient le vrai pauvre, et souvent il souffre sans se plaindre ;
c'est celui-l que l'homme vraiment humain sait aller chercher sans
ostentation.
Aimez-vous les uns les autres, c'est toute la loi, loi divine par laquelle
Dieu gouverne les mondes. L'amour est la loi d'attraction pour les tres
vivants et organiss ; l'attraction est la loi d'amour pour la matire
inorganique.
N'oubliez jamais que l'Esprit, quel que soit son degr d'avancement,
sa situation comme rincarnation ou erraticit, est toujours plac entre
un suprieur qui le guide et le perfectionne, et un infrieur vis--vis
duquel il a les mmes devoirs remplir. Soyez donc charitables, non
seulement de cette charit qui vous porte tirer de votre bourse l'obole
311
que vous donnez froidement celui qui ose vous la demander, mais
allez au-devant des misres caches. Soyez indulgents pour les travers
de vos semblables ; au lieu de mpriser l'ignorance et le vice, instruisezles et moralisez-les ; soyez doux et bienveillants pour tout ce qui vous
est infrieur ; soyez le mme l'gard des tres les plus infimes de la
cration, et vous aurez obi la loi de Dieu.
SAINT VINCENT DE PAUL.
889. N'y a-t-il pas des hommes rduits la mendicit par leur faute ?
Sans doute, mais si une bonne ducation morale leur et appris
pratiquer la loi de Dieu, ils ne tomberaient pas dans les excs qui
causent leur perte ; c'est de l surtout que dpend l'amlioration de votre
globe. (707).
Amour maternel et filial.
890. L'amour maternel est-il une vertu ou un sentiment instinctif
commun aux hommes et aux animaux ?
C'est l'un et l'autre. La nature a donn la mre l'amour de ses
enfants dans l'intrt de leur conservation ; mais chez l'animal cet amour
est limit aux besoins matriels : il cesse quand les soins deviennent
inutiles ; chez l'homme il persiste toute la vie, et comporte un
dvouement et une abngation qui sont de la vertu ; il survit mme la
mort, et suit l'enfant au-del du tombeau ; vous voyez bien qu'il y a en
lui autre chose que chez l'animal. (205-385).
891. Puisque l'amour maternel est dans la nature, pourquoi y a-t-il des
mres qui hassent leurs enfants, et cela souvent ds leur naissance ?
C'est quelquefois une preuve choisie par l'Esprit de l'enfant, ou une
expiation si lui-mme a t mauvais pre, ou mauvaise mre, ou
mauvais fils, dans une autre existence (392). Dans tous les cas, la
mauvaise mre ne peut tre anime que par un mauvais Esprit qui tche
d'entraver celui de l'enfant afin qu'il succombe sous l'preuve qu'il a
voulue ; mais cette violation des lois de la nature ne sera pas impunie, et
l'Esprit de l'enfant sera rcompens des obstacles qu'il aura surmonts.
892. Lorsque des parents ont des enfants qui leur causent des
chagrins, ne sont-ils pas excusables de n'avoir pas pour eux la tendresse
qu'ils auraient eue dans le cas contraire ?
312
Non, car c'est une charge qui leur est confie, et leur mission est de
faire tous leurs efforts pour les ramener au bien (582-583). Mais ces
chagrins sont souvent la suite du mauvais pli qu'ils leur ont laiss
prendre ds le berceau ; ils rcoltent alors ce qu'ils ont sem.
CHAPITRE XII
-
PERFECTION MORALE
1. Les vertus et les vices. - 2. Des passions. - 3. De l'gosme.
4. Caractres de l'homme de bien - 5. Connaissance de soi-mme.
314
PERFECTION MORALE
- N'y a-t-il pas ici une distinction faire entre le bien que l'on peut
faire son prochain et le soin que l'on met se corriger de ses dfauts ?
Nous concevons que faire le bien avec la pense qu'il en sera tenu
compte dans l'autre vie est peu mritoire ; mais s'amender, vaincre ses
passions, corriger son caractre en vue de se rapprocher des bons Esprits
et de s'lever, est-ce galement un signe d'infriorit ?
Non, non ; par faire le bien, nous voulons dire tre charitable. Celui
qui calcule ce que chaque bonne action peut lui rapporter dans la vie
future, aussi bien que dans la vie terrestre, agit en goste ; mais il n'y a
aucun gosme s'amliorer en vue de se rapprocher de Dieu, puisque
c'est le but auquel chacun doit tendre.
898. Puisque la vie corporelle n'est qu'un sjour temporaire ici-bas, et
que notre avenir doit tre notre principale proccupation, est-il utile de
s'efforcer d'acqurir des connaissances scientifiques qui ne touchent
qu'aux choses et aux besoins matriels ?
Sans doute ; d'abord cela vous met mme de soulager vos frres ;
puis, votre Esprit montera plus vite s'il a dj progress en intelligence ;
dans l'intervalle des incarnations, vous apprendrez en une heure ce qui
vous demanderait des annes sur votre terre. Aucune connaissance n'est
inutile ; toutes contribuent plus ou moins l'avancement, parce que
l'Esprit parfait doit tout savoir, et que le progrs devant s'accomplir en
tous sens, toutes les ides acquises aident au dveloppement de
l'Esprit.
899. De deux hommes riches, l'un est n dans l'opulence et n'a jamais
connu le besoin ; l'autre doit sa fortune son travail ; tous les deux
l'emploient exclusivement leur satisfaction personnelle ; quel est le
plus coupable ?
Celui qui a connu les souffrances ; il sait ce que c'est de souffrir ; il
connat la douleur qu'il ne soulage pas, mais trop souvent pour lui il ne
s'en souvient plus.
900. Celui qui accumule sans cesse et sans faire de bien personne,
trouve-t-il une excuse valable dans la pense qu'il amasse pour laisser
davantage ses hritiers ?
C'est un compromis avec la mauvaise conscience.
901. De deux avares, le premier se refuse le ncessaire et meurt de
besoin sur son trsor ; le second n'est avare que pour les autres : il est
316
PERFECTION MORALE
Cela n'est pas toujours utile ; s'il crit de bonnes choses, faites-en
votre profit ; s'il fait mal, c'est une question de conscience qui le
regarde. Du reste, s'il tient prouver sa sincrit, c'est lui d'appuyer le
prcepte par son propre exemple.
905. Certains auteurs ont publi des oeuvres trs belles et trs morales
qui aident au progrs de l'humanit, mais dont eux-mmes n'ont gure
profit ; leur est-il tenu compte, comme Esprits, du bien qu'ont fait leurs
oeuvres ?
La morale sans les actions, c'est la semence sans le travail. Que vous
sert la semence si vous ne la faites pas fructifier pour vous nourrir ? Ces
hommes sont plus coupables, parce qu'ils avaient l'intelligence pour
comprendre ; en ne pratiquant pas les maximes qu'ils donnaient aux
autres, ils ont renonc en cueillir les fruits.
906. Celui qui fait bien est-il rprhensible d'en avoir conscience, et
de se l'avouer lui-mme ?
Puisqu'il peut avoir la conscience du mal qu'il fait, il doit avoir aussi
celle du bien, afin de savoir s'il agit bien ou mal. C'est en pesant toutes
ses actions dans la balance de la loi de Dieu, et surtout dans celle de la
loi de justice, d'amour et de charit, qu'il pourra se dire si elles sont
bonnes ou mauvaises, les approuver ou les dsapprouver. Il ne peut donc
tre rprhensible de reconnatre qu'il a triomph des mauvaises
tendances, et d'en tre satisfait, pourvu qu'il n'en tire pas vanit, car
alors il tomberait dans un autre travers. (919).
Des passions.
907. Puisque le principe des passions est dans la nature, est-il
mauvais en lui-mme ?
Non ; la passion est dans l'excs joint la volont, car le principe a
t donn l'homme pour le bien, et elles peuvent le porter de grandes
choses ; c'est l'abus qu'il en fait qui cause le mal.
908. Comment dfinir la limite o les passions cessent d'tre bonnes
ou mauvaises ?
Les passions sont comme un cheval qui est utile quand il est
matris, et qui est dangereux quand c'est lui qui matrise. Reconnaissez
donc qu'une passion devient pernicieuse du moment que vous cessez de
pouvoir la gouverner et qu'elle a pour rsultat un prjudice quelconque
pour vous ou pour autrui.
318
Les passions sont des leviers qui dcuplent les forces de l'homme et l'aident
l'accomplissement des vues de la Providence ; mais si, au lieu de les diriger,
l'homme se laisse diriger par elles, il tombe dans les excs, et la force mme qui,
dans sa main, pouvait faire le bien, retombe sur lui et l'crase.
Toutes les passions ont leur principe dans un sentiment ou besoin de nature. Le
principe des passions n'est donc point un mal, puisqu'il repose sur une des
conditions providentielles de notre existence. La passion, proprement dite, est
l'exagration d'un besoin ou d'un sentiment ; elle est dans l'excs et non dans la
cause ; et cet excs devient un mal quand il a pour consquence un mal quelconque.
Toute passion qui rapproche l'homme de la nature animale l'loigne de la nature
spirituelle.
Tout sentiment qui lve l'homme au-dessus de la nature animale annonce la
prdominance de l'Esprit sur la matire et le rapproche de la perfection.
PERFECTION MORALE
Nous l'avons dit bien des fois, c'est l'gosme : de l drive tout le
mal. Etudiez tous les vices, et vous verrez qu'au fond de tous il y a de
l'gosme ; vous aurez beau les combattre, vous ne parviendrez pas les
extirper tant que vous n'aurez pas attaqu le mal dans sa racine, tant que
vous n'aurez pas dtruit la cause. Que tous vos efforts tendent donc vers
ce but, car l est la vritable plaie de la socit. Quiconque veut
approcher, ds cette vie, de la perfection morale, doit extirper de son
coeur tout sentiment d'gosme, car l'gosme est incompatible avec la
justice, l'amour et la charit : il neutralise toutes les autres qualits.
914. L'gosme tant fond sur le sentiment de l'intrt personnel, il
parat bien difficile de l'extirper entirement du coeur de l'homme ; y
parviendra-t-on ?
A mesure que les hommes s'clairent sur les choses spirituelles, ils
attachent moins de prix aux choses matrielles ; et puis il faut rformer
les institutions humaines qui l'entretiennent et l'excitent. Cela dpend de
l'ducation.
915. L'gosme tant inhrent l'espce humaine, ne sera-t-il pas
toujours un obstacle au rgne du bien absolu sur la terre ?
Il est certain que l'gosme est votre plus grand mal, mais il tient
l'infriorit des Esprits incarns sur la terre, et non l'humanit en ellemme ; or les Esprits, en s'purant par des incarnations successives,
perdent l'gosme comme ils perdent leurs autres impurets. N'avez-vous
sur la terre aucun homme dpourvu d'gosme et pratiquant la charit ?
Il y en a plus que vous ne croyez, mais vous les connaissez peu, parce
que la vertu ne cherche pas l'clat du grand jour ; s'il y en a un, pourquoi
n'y en aurait-il pas dix ; s'il y en a dix, pourquoi n'y en aurait-il pas
mille, et ainsi de suite ?
916. L'gosme, loin de diminuer, crot avec la civilisation qui semble
l'exciter et l'entretenir ; comment la cause pourra-t-elle dtruire l'effet ?
Plus le mal est grand, plus il devient hideux ; il fallait que l'gosme
ft beaucoup de mal pour faire comprendre la ncessit de l'extirper.
Lorsque les hommes auront dpouill l'gosme qui les domine, ils
vivront comme des frres, ne se faisant point de mal, s'entraidant
rciproquement par le sentiment mutuel de la solidarit ; alors le fort
sera l'appui et non l'oppresseur du faible, et l'on ne verra plus d'hommes
manquer du ncessaire, parce que tous pratiqueront la loi de justice.
C'est le rgne du bien que sont chargs de prparer les Esprits. (784).
320
PERFECTION MORALE
de les combattre, sinon toutes la fois, au moins partiellement, et peu peu le venin
sera extirp. La gurison pourra tre longue, car les causes sont nombreuses, mais
elle n'est pas impossible. On n'y parviendra, du reste, qu'en prenant le mal dans sa
racine, c'est--dire par l'ducation ; non cette ducation qui tend faire des hommes
instruits, mais celle qui tend faire des hommes de bien. L'ducation, si elle est bien
entendue, est la clef du progrs moral ; quand on connatra l'art de manier les
caractres comme on connat celui de manier les intelligences, on pourra les
redresser comme on redresse de jeunes plantes ; mais cet art demande beaucoup de
tact, beaucoup d'exprience, et une profonde observation ; c'est une grave erreur de
croire qu'il suffise d'avoir de la science pour l'exercer avec fruit. Quiconque suit
l'enfant du riche aussi bien que celui du pauvre depuis l'instant de sa naissance, et
observe toutes les influences pernicieuses qui ragissent sur lui par suite de la
faiblesse, de l'incurie et de l'ignorance de ceux qui le dirigent, combien souvent les
moyens que l'on emploie pour le moraliser portent faux, ne peut s'tonner de
rencontrer dans le monde tant de travers. Que l'on fasse pour le moral autant que
l'on fait pour l'intelligence et l'on verra que, s'il est des natures rfractaires, il y en a
plus qu'on ne le croit qui ne demandent qu'une bonne culture pour rapporter de bons
fruits. (872).
L'homme veut tre heureux, ce sentiment est dans la nature ; c'est pourquoi il
travaille sans cesse amliorer sa position sur la terre ; il cherche les causes de ses
maux afin d'y remdier. Quand il comprendra bien que l'gosme est une de ces
causes, celle qui engendre l'orgueil, l'ambition, la cupidit, l'envie, la haine, la
jalousie, dont il est chaque instant froiss, qui porte le trouble dans toutes les
relations sociales, provoque les dissensions, dtruit la confiance, oblige se tenir
constamment sur la dfensive avec son voisin, celle enfin qui de l'ami fait un
ennemi, alors il comprendra aussi que ce vice est incompatible avec sa propre
flicit ; nous ajoutons mme avec sa propre scurit ; plus il en aura souffert, plus il
sentira la ncessit de le combattre, comme il combat la peste, les animaux nuisibles
et tous les autres flaux ; il y sera sollicit par son propre intrt. (784).
L'gosme est la source de tous les vices, comme la charit est la source de toutes
les vertus ; dtruire l'un, dvelopper l'autre, tel doit tre le but de tous les efforts de
l'homme s'il veut assurer son bonheur ici-bas aussi bien que dans l'avenir.
322
a fait tout le bien qu'il a pu ; si nul n'a eu se plaindre de lui, enfin s'il a fait autrui
tout ce qu'il et voulu qu'on ft pour lui.
L'homme pntr du sentiment de charit et d'amour du prochain fait le bien pour
le bien, sans espoir de retour, et sacrifie son intrt la justice.
Il est bon, humain et bienveillant pour tout le monde, parce qu'il voit des frres
dans tous les hommes sans exception de races ni de croyances.
Si Dieu lui a donn la puissance et la richesse, il regarde ces choses comme UN
DEPOT dont il doit faire usage pour le bien ; il n'en tire pas vanit, car il sait que
Dieu qui les lui a donnes peut les lui retirer.
Si l'ordre social a plac des hommes sous sa dpendance, il les traite avec bont
et bienveillance, parce qu'ils sont ses gaux devant Dieu ; il use de son autorit pour
relever leur moral, et non pour les craser par son orgueil.
Il est indulgent pour les faiblesses d'autrui, parce qu'il sait que lui-mme a besoin
d'indulgence et se rappelle cette parole du Christ : Que celui qui est sans pch lui
jette la premire pierre.
Il n'est point vindicatif : l'exemple de Jsus il pardonne les offenses pour ne se
souvenir que des bienfaits, car il sait qu'il lui sera pardonn comme il aura
pardonn lui-mme.
Il respecte enfin dans ses semblables tous les droits que donnent les lois de la
nature, comme il voudrait qu'on les respectt envers lui.
Connaissance de soi-mme.
919. Quel est le moyen pratique le plus efficace pour s'amliorer en
cette vie et rsister l'entranement du mal ?
Un sage de l'antiquit vous l'a dit : Connais-toi toi-mme.
- Nous concevons toute la sagesse de cette maxime, mais la difficult
est prcisment de se connatre soi-mme ; quel est le moyen d'y
parvenir ?
Faites ce que je faisais moi-mme de mon vivant sur la terre : la
fin de la journe, j'interrogeais ma conscience, je passais en revue ce
que j'avais fait et me demandais si je n'avais pas manqu quelque
devoir ; si personne n'avait eu se plaindre de moi. C'est ainsi que
j'tais parvenu me connatre et voir ce qu'il y avait rformer en
moi. Celui qui, chaque soir, rappellerait toutes ses actions de la journe
et se demanderait ce qu'il a fait de bien ou de mal, priant Dieu et son
ange gardien de l'clairer, acquerrait une grande force pour se
perfectionner, car croyez-moi, Dieu l'assistera. Posez-vous donc des
questions, et demandez-vous ce que vous avez fait et dans quel but vous
avez agi en telle circonstance ; si vous avez fait quelque chose que vous
PERFECTION MORALE
blmeriez de la part d'autrui ; si vous avez fait une action que vous
n'oseriez avouer. Demandez-vous encore ceci : S'il plaisait Dieu de me
rappeler en ce moment, aurais-je, en rentrant dans le monde des Esprits
o rien n'est cach, redouter la vue de quelqu'un ? Examinez ce que
vous pouvez avoir fait contre Dieu, puis contre votre prochain, et enfin
contre vous-mme. Les rponses seront un repos pour votre conscience,
ou l'indication d'un mal qu'il faut gurir.
La connaissance de soi-mme est donc la clef de l'amlioration
individuelle ; mais, direz-vous, comment se juger ? N'a-t-on pas
l'illusion de l'amour-propre qui amoindrit les fautes et les fait excuser ?
L'avare se croit simplement conome et prvoyant ; l'orgueilleux croit
n'avoir que de la dignit. Cela n'est que trop vrai, mais vous avez un
moyen de contrle qui ne peut vous tromper. Quand vous tes indcis
sur la valeur d'une de vos actions, demandez-vous comment vous la
qualifieriez si elle tait le fait d'une autre personne ; si vous la blmez en
autrui, elle ne saurait tre plus lgitime en vous, car Dieu n'a pas deux
mesures pour la justice. Cherchez aussi savoir ce qu'en pensent les
autres, et ne ngligez pas l'opinion de vos ennemis, car ceux-l n'ont
aucun intrt farder la vrit, et souvent Dieu les place ct de vous
comme un miroir pour vous avertir avec plus de franchise que ne le
ferait un ami. Que celui qui a la volont srieuse de s'amliorer explore
donc sa conscience afin d'en arracher les mauvais penchants, comme il
arrache les mauvaises herbes de son jardin ; qu'il fasse la balance de sa
journe morale, comme le marchand fait celle de ses pertes et bnfices,
et je vous assure que l'une lui rapportera plus que l'autre. S'il peut se dire
que sa journe a t bonne, il peut dormir en paix et attendre sans
crainte le rveil d'une autre vie.
Posez-vous donc des questions nettes et prcises et ne craignez pas de
les multiplier : on peut bien donner quelques minutes pour conqurir un
bonheur ternel. Ne travaillez-vous pas tous les jours en vue d'amasser
de quoi vous donner le repos sur vos vieux jours ? Ce repos n'est-il pas
l'objet de tous vos dsirs, le but qui vous fait endurer des fatigues et des
privations momentanes ? Eh bien ! qu'est-ce que ce repos de quelques
jours, troubl par les infirmits du corps, ct de celui qui attend
l'homme de bien ? Cela ne vaut-il pas la peine de faire quelques efforts ?
Je sais que beaucoup disent que le prsent est positif et l'avenir
incertain ; or, voil prcisment la pense que nous sommes chargs de
dtruire en vous, car nous voulons vous faire comprendre cet avenir de
manire ce qu'il ne puisse laisser aucun doute dans votre me ; c'est
pourquoi nous avons d'abord appel votre attention par des phnomnes
324
de nature frapper vos sens, puis nous vous donnons des instructions
que chacun de vous est charg de rpandre. C'est dans ce but que nous
avons dict le Livre des Esprits.
SAINT AUGUSTIN.
Beaucoup de fautes que nous commettons passent inaperues pour nous ; si, en
effet, suivant le conseil de saint Augustin, nous interrogions plus souvent notre
conscience, nous verrions combien de fois nous avons failli sans y penser, faute par
nous de scruter la nature et le mobile de nos actes. La forme interrogative a quelque
chose de plus prcis qu'une maxime que souvent on ne s'applique pas. Elle exige des
rponses catgoriques par oui ou par non qui ne laissent pas d'alternative ; ce sont
autant d'arguments personnels, et par la somme des rponses on peut supputer la
somme du bien et du mal qui est en nous.
LIVRE QUATRIEME
-
ESPERANCES ET CONSOLATIONS
________________
CHAPITRE PREMIER
-
327
bonheur n'est pas envier, car il le paiera avec des larmes amres. Si le
juste est malheureux, c'est une preuve dont il lui sera tenu compte s'il la
supporte avec courage. Souvenez-vous de ces paroles de Jsus : Heureux
ceux qui souffrent, car ils seront consols.
927. Le superflu n'est certainement pas indispensable au bonheur,
mais il n'en est pas ainsi du ncessaire ; or le malheur de ceux qui sont
privs de ce ncessaire n'est-il pas rel ?
L'homme n'est vritablement malheureux que lorsqu'il souffre du
manque de ce qui est ncessaire la vie et la sant du corps. Cette
privation est peut-tre sa faute ; alors il ne doit s'en prendre qu' luimme ; si elle est la faute d'autrui, la responsabilit retombe sur celui
qui en est la cause.
928. Par la spcialit des aptitudes naturelles, Dieu indique
videmment notre vocation en ce monde. Beaucoup de maux ne
viennent-ils pas de ce que nous ne suivons pas cette vocation ?
C'est vrai, et ce sont souvent les parents qui, par orgueil ou par
avarice, font sortir leurs enfants de la voie trace par la nature, et par ce
dplacement compromettent leur bonheur ; ils en seront responsables.
- Ainsi vous trouveriez juste que le fils d'un homme haut plac dans le
monde ft des sabots, par exemple, s'il avait de l'aptitude pour cet tat ?
Il ne faut pas tomber dans l'absurde, ni rien exagrer : la civilisation
a ses ncessits. Pourquoi le fils d'un homme haut plac, comme tu le
dis, ferait-il des sabots s'il peut faire autre chose ? Il pourra toujours se
rendre utile dans la mesure de ses facults, si elles ne sont pas
appliques contre-sens. Ainsi, par exemple, au lieu d'un mauvais
avocat, il pourrait peut-tre faire un bon mcanicien, etc..
Le dplacement des hommes hors de leur sphre intellectuelle est assurment une
des causes les plus frquentes de dception. L'inaptitude pour la carrire embrasse
est une source intarissable de revers ; puis, l'amour-propre venant s'y joindre
empche l'homme tomb de chercher une ressource dans une profession plus
humble et lui montre le suicide comme remde pour chapper ce qu'il croit une
humiliation. Si une ducation morale l'avait lev au-dessus des sots prjugs de
l'orgueil, il ne serait jamais pris au dpourvu.
929. Il y a des gens qui, tant dnus de toutes ressources, alors mme
que l'abondance rgne autour d'eux, n'ont que la mort en perspective ;
quel parti doivent-ils prendre ? Doivent-ils se laisser mourir de faim ?
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936. Comment les douleurs inconsolables des survivants affectentelles les Esprits qui en sont l'objet ?
L'Esprit est sensible au souvenir et aux regrets de ceux qu'il a aims,
mais une douleur incessante et draisonnable l'affecte pniblement,
parce qu'il voit, dans cette douleur excessive, un manque de foi en
l'avenir et de confiance en Dieu, et par consquent un obstacle
l'avancement et peut-tre la runion.
L'Esprit tant plus heureux que sur terre, regretter pour lui la vie, c'est regretter
qu'il soit heureux. Deux amis sont prisonniers et enferms dans le mme cachot ;
tous les deux doivent avoir un jour leur libert, mais l'un d'eux l'obtient avant l'autre.
Serait-il charitable celui qui reste d'tre fch que son ami soit dlivr avant lui ?
N'y aurait-il pas plus d'gosme que d'affection de sa part vouloir qu'il partage sa
captivit et ses souffrances aussi longtemps que lui ? Il en est de mme de deux
tres qui s'aiment sur la terre ; celui qui part le premier est le premier dlivr, et
nous devons l'en fliciter, en attendant avec patience le moment o nous le serons
notre tour.
Nous ferons sur ce sujet une autre comparaison. Vous avez un ami qui, auprs de
vous, est dans une situation trs pnible ; sa sant ou son intrt exige qu'il aille
dans un autre pays o il sera mieux sous tous les rapports. Il ne sera plus auprs de
vous momentanment, mais vous serez toujours en correspondance avec lui : la
sparation ne sera que matrielle. Serez-vous fch de son loignement, puisque
c'est pour son bien ?
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La doctrine spirite, par les preuves patentes qu'elle donne de la vie future, de la
prsence autour de nous de ceux que nous avons aims, de la continuit de leur
affection et de leur sollicitude, par les relations qu'elle nous met mme d'entretenir
avec eux, nous offre une suprme consolation dans une des causes les plus lgitimes
de douleur. Avec le spiritisme, plus de solitude, plus d'abandon ; l'homme le plus
isol a toujours des amis prs de lui, avec lesquels il peut s'entretenir.
Nous supportons impatiemment les tribulations de la vie ; elles nous paraissent si
intolrables que nous ne comprenons pas que nous les puissions endurer ; et
pourtant, si nous les avons supportes avec courage, si nous avons su imposer
silence nos murmures, nous nous en fliciterons quand nous serons hors de cette
prison terrestre, comme le patient qui souffre se flicite, quand il est guri, de s'tre
rsign un traitement douloureux.
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Unions antipathiques.
939. Puisque les Esprits sympathiques sont ports s'unir, comment
se fait-il que, parmi les Esprits incarns, l'affection ne soit souvent que
d'un ct et que l'amour le plus sincre soit accueilli avec indiffrence et
mme rpulsion ? Comment, en outre, l'affection la plus vive de deux
tres peut-elle se changer en antipathie et quelquefois en haine ?
Tu ne comprends donc pas que c'est une punition, mais qui n'est que
passagre. Puis, combien n'y en a-t-il pas qui croient aimer perdument,
parce qu'ils ne jugent que sur les apparences, et quand ils sont obligs
de vivre avec les personnes, ils ne tardent pas reconnatre que ce n'est
qu'un engouement matriel ! Il ne suffit pas d'tre pris d'une personne
qui vous plat et qui vous croyez de belles qualits ; c'est en vivant
rellement avec elle que vous pourrez l'apprcier. Combien aussi n'y a-til pas de ces unions qui tout d'abord paraissent ne devoir jamais tre
sympathiques, et quand l'un et l'autre se sont bien connus et bien tudis
finissent par s'aimer d'un amour tendre et durable, parce qu'il repose sur
l'estime ! Il ne faut pas oublier que c'est l'Esprit qui aime et non le corps,
et quand l'illusion matrielle est dissipe, l'Esprit voit la ralit.
Il y a deux sortes d'affections : celle du corps et celle de l'me, et l'on
prend souvent l'une pour l'autre. L'affection de l'me, quand elle est pure
et sympathique, est durable ; celle du corps est prissable ; voil
pourquoi souvent ceux qui croyaient s'aimer d'un amour ternel se
hassent quand l'illusion est tombe.
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l'effraye, parce qu'il doute de son avenir et qu'il laisse sur la terre toutes ses
affections et toutes ses esprances.
L'homme moral, qui s'est lev au-dessus des besoins factices crs par les
passions, a, ds ici-bas, des jouissances inconnues l'homme matriel. La
modration de ses dsirs donne son Esprit le calme et la srnit. Heureux du bien
qu'il fait, il n'est point pour lui de dceptions, et les contrarits glissent sur son me
sans y laisser d'empreinte douloureuse.
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Celui qui agit ainsi ne fait pas bien, mais il le croit, et Dieu lui en
tient compte, car c'est une expiation qu'il s'impose lui-mme. Il attnue
sa faute par l'intention, mais il n'en commet pas moins une faute. Du
reste, abolissez les abus de votre socit et vos prjugs, et vous n'aurez
plus de ces suicides.
Celui qui s'te la vie pour chapper la honte d'une mauvaise action, prouve qu'il
tient plus l'estime des hommes qu' celle de Dieu, car il va rentrer dans la vie
spirituelle charg de ses iniquits, et il s'est t les moyens de les rparer pendant la
vie. Dieu est souvent moins inexorable que les hommes ; il pardonne au repentir
sincre et nous tient compte de la rparation ; le suicide ne rpare rien.
950. Que penser de celui qui s'te la vie dans l'espoir d'arriver plus tt
une meilleure ?
Autre folie ! qu'il fasse le bien et il sera plus sr d'y arriver ; car il
retarde son entre dans un monde meilleur, et lui-mme demandera
venir finir cette vie qu'il a tranche par une fausse ide. Une faute,
quelle qu'elle soit, n'ouvre jamais le sanctuaire des lus.
951. Le sacrifice de sa vie n'est-il pas quelquefois mritoire quand il a
pour but de sauver celle d'autrui ou d'tre utile ses semblables ?
Cela est sublime, selon l'intention, et le sacrifice de sa vie n'est pas
un suicide ; mais Dieu s'oppose un sacrifice inutile et ne peut le voir
avec plaisir s'il est terni par l'orgueil. Un sacrifice n'est mritoire que par
le dsintressement, et celui qui l'accomplit a quelquefois une arrirepense qui en diminue la valeur aux yeux de Dieu.
Tout sacrifice fait aux dpens de son propre bonheur est un acte souverainement
mritoire aux yeux de Dieu, car c'est la pratique de la loi de charit. Or, la vie tant
le bien terrestre auquel l'homme attache le plus de prix, celui qui y renonce pour le
bien de ses semblables ne commet point un attentat : c'est un sacrifice qu'il
accomplit. Mais avant de l'accomplir, il doit rflchir si sa vie ne peut pas tre plus
utile que sa mort.
952. L'homme qui prit victime de l'abus de passions qu'il sait devoir
hter sa fin, mais auxquelles il n'a plus le pouvoir de rsister, parce que
l'habitude en a fait de vritables besoins physiques, commet-il un
suicide ?
C'est un suicide moral. Ne comprenez-vous pas que l'homme est
doublement coupable dans ce cas ? Il y a chez lui dfaut de courage et
bestialit, et de plus oubli de Dieu.
- Est-il plus ou moins coupable que celui qui s'te la vie par
dsespoir ?
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338
Le rsultat pour eux est tout autre que celui qu'ils attendent, et au
lieu d'tre runis l'objet de leur affection, ils s'en loignent pour plus
longtemps, car Dieu ne peut rcompenser un acte de lchet, et l'insulte
qui lui est faite en doutant de sa providence. Ils payeront cet instant de
folie par des chagrins plus grands que ceux qu'ils croient abrger, et
n'auront pas pour les compenser la satisfaction qu'ils espraient. (934
et suivants).
957. Quelles sont, en gnral, les consquences du suicide sur l'tat de
l'Esprit ?
Les consquences du suicide sont trs diverses ; il n'y a pas de
peines fixes, et dans tous les cas elles sont toujours relatives aux causes
qui l'ont amen ; mais une consquence laquelle le suicid ne peut
chapper, c'est le dsappointement. Du reste, le sort n'est pas le mme
pour tous : il dpend des circonstances ; quelques-uns expient leur faute
immdiatement, d'autres dans une nouvelle existence qui sera pire que
celle dont ils ont interrompu le cours.
L'observation montre, en effet, que les suites de suicide ne sont pas toujours les
mmes ; mais il en est qui sont communes tous les cas de mort violente, et la
consquence de l'interruption brusque de la vie. C'est d'abord la persistance plus
prolonge et plus tenace du lien qui unit l'Esprit et le corps, ce lien tant presque
toujours dans toute sa force au moment o il a t bris, tandis que dans la mort
naturelle il s'affaiblit graduellement, et souvent est dnou avant que la vie soit
compltement teinte. Les consquences de cet tat de choses sont la prolongation
du trouble spirite, puis l'illusion qui, pendant un temps plus ou moins long, fait
croire l'Esprit qu'il est encore au nombre des vivants. (155 et 165)
L'affinit qui persiste entre l'Esprit et le corps produit, chez quelques suicids, une
sorte de rpercussion de l'tat du corps sur l'Esprit qui ressent ainsi malgr lui les
effets de la dcomposition, et en prouve une sensation pleine d'angoisses et
d'horreur, et cet tat peut persister aussi longtemps qu'aurait d durer la vie qu'ils ont
interrompue. Cet effet n'est pas gnral ; mais dans aucun cas le suicid n'est
affranchi des consquences de son manque de courage, et tt ou tard il expie sa
faute d'une manire ou d'une autre. C'est ainsi que certains Esprits, qui avaient t
trs malheureux sur la terre, ont dit s'tre suicids dans leur prcdente existence, et
s'tre volontairement soumis de nouvelles preuves pour essayer de les supporter
avec plus de rsignation. Chez quelques-uns c'est une sorte d'attachement la
matire dont ils cherchent en vain se dbarrasser pour s'envoler vers des mondes
meilleurs, mais dont l'accs leur est interdit ; chez la plupart c'est le regret d'avoir
fait une chose inutile, puisqu'ils n'en prouvent que de la dception.
La religion, la morale, toutes les philosophies condamnent le suicide comme
contraire la loi de nature ; toutes nous disent en principe qu'on n'a pas le droit
d'abrger volontairement sa vie ; mais pourquoi n'a-t-on pas ce droit ? Pourquoi
n'est-on pas libre de mettre un terme ses souffrances ? Il tait rserv au spiritisme
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de dmontrer, par l'exemple de ceux qui ont succomb, que ce n'est pas seulement
une faute comme infraction une loi morale, considration de peu de poids pour
certains individus, mais un acte stupide, puisqu'on n'y gagne rien, loin de l ; ce n'est
pas la thorie qu'il nous enseigne, ce sont les faits qu'il met sous nos yeux.
CHAPITRE II
-
342
ne rend pas un jugement contre lui pour lui dire, par exemple : Tu as t
gourmand, je vais te punir ; mais il a trac une limite ; les maladies et
souvent la mort sont la consquence des excs ; voil la punition : elle
est le rsultat de l'infraction la loi. Il en est ainsi en tout.
Toutes nos actions sont soumises aux lois de Dieu ; il n'en est aucune, quelque
insignifiante qu'elle nous paraisse, qui ne puisse en tre la violation. Si nous
subissons les consquences de cette violation, nous ne devons nous en prendre qu'
nous-mmes qui nous faisons ainsi les propres artisans de notre bonheur ou de notre
malheur venir.
Cette vrit est rendue sensible par l'apologue suivant :
Un pre a donn son enfant l'ducation et l'instruction, c'est--dire les moyens
de savoir se conduire. Il lui cde un champ cultiver et lui dit : Voil la rgle
suivre, et tous les instruments ncessaires pour rendre ce champ fertile et assurer ton
existence. Je t'ai donn l'instruction pour comprendre cette rgle ; si tu la suis, ton
champ te produira beaucoup et te procurera le repos sur tes vieux jours ; sinon il ne
te produira rien et tu mourras de faim. Cela dit, il le laisse agir son gr.
N'est-il pas vrai que ce champ produira en raison des soins donns la culture, et
que toute ngligence sera au dtriment de la rcolte ? Le fils sera donc, sur ses vieux
jours, heureux ou malheureux selon qu'il aura suivi ou nglig la rgle trace par son
pre. Dieu est encore plus prvoyant, car il nous avertit chaque instant si nous
faisons bien ou mal : il nous envoie les Esprits pour nous inspirer, mais nous ne les
coutons pas. Il y a encore cette diffrence, que Dieu donne toujours l'homme une
ressource dans ses nouvelles existences pour rparer ses erreurs passes, tandis que
le fils dont nous parlons n'en a plus s'il a mal employ son temps.
figures que vous avez prises pour la ralit ; mais mesure que l'homme
s'claire, sa pense comprend les choses que son langage ne peut
rendre.
967. En quoi consiste le bonheur des bons Esprits ?
Connatre toutes choses ; n'avoir ni haine, ni jalousie, ni envie, ni
ambition, ni aucune des passions qui font le malheur des hommes.
L'amour qui les unit est pour eux la source d'une suprme flicit. Ils
n'prouvent ni les besoins, ni les souffrances, ni les angoisses de la vie
matrielle ; ils sont heureux du bien qu'ils font ; du reste, le bonheur des
Esprits est toujours proportionn leur lvation. Les purs Esprits
jouissent seuls, il est vrai, du bonheur suprme, mais tous les autres ne
sont pas malheureux ; entre les mauvais et les parfaits, il y a une infinit
de degrs o les jouissances sont relatives l'tat moral. Ceux qui sont
assez avancs comprennent le bonheur de ceux qui sont arrivs avant
eux : ils y aspirent ; mais c'est pour eux un sujet d'mulation et non de
jalousie ; ils savent qu'il dpend d'eux d'y atteindre et travaillent cette
fin, mais avec le calme de la bonne conscience, et ils sont heureux de
n'avoir pas souffrir ce qu'endurent les mauvais.
968. Vous placez l'absence des besoins matriels au nombre des
conditions de bonheur pour les Esprits ; mais la satisfaction de ces
besoins n'est-elle pas, pour l'homme, une source de jouissances ?
Oui, les jouissances de la bte ; et quand tu ne peux satisfaire ces
besoins, c'est une torture.
969. Que faut-il entendre quand on dit que les purs Esprits sont runis
dans le sein de Dieu et occups chanter ses louanges ?
C'est une allgorie qui peint l'intelligence qu'ils ont des perfections
de Dieu, parce qu'ils le voient et le comprennent, mais qu'il ne faut pas
plus prendre la lettre que beaucoup d'autres. Tout dans la nature,
depuis le grain de sable, chante, c'est--dire proclame la puissance, la
sagesse et la bont de Dieu ; mais ne crois pas que les Esprits
bienheureux soient en contemplation pendant l'ternit ; ce serait un
bonheur stupide et monotone ; ce serait de plus celui de l'goste,
puisque leur existence serait une inutilit sans terme. Ils n'ont plus les
tribulations de l'existence corporelle : c'est dj une jouissance ; et puis,
comme nous l'avons dit, ils connaissent et savent toutes choses ; ils
mettent profit l'intelligence qu'ils ont acquise pour aider aux progrs
344
peine vous en donner une ide ; mais assurment la plus affreuse est la
pense qu'il a d'tre condamn sans retour.
L'homme se fait des peines et des jouissances de l'me aprs la mort une ide plus
ou moins leve, selon l'tat de son intelligence. Plus il se dveloppe, plus cette ide
s'pure et se dgage de la matire ; il comprend les choses sous un point de vue plus
rationnel, il cesse de prendre la lettre les images d'un langage figur. La raison
plus claire nous apprenant que l'me est un tre tout spirituel nous dit, par cela
mme, qu'elle ne peut tre affecte par les impressions qui n'agissent que sur la
matire ; mais il ne s'ensuit pas pour cela qu'elle soit exempte de souffrances, ni
qu'elle ne reoive pas la punition de ses fautes. (237).
Les communications spirites ont pour rsultat de nous montrer l'tat futur de
l'me, non plus comme une thorie, mais comme une ralit ; elles mettent sous nos
yeux toutes les pripties de la vie d'outre-tombe ; mais elles nous les montrent en
mme temps comme des consquences parfaitement logiques de la vie terrestre, et,
quoique dgages de l'appareil fantastique cr par l'imagination des hommes, elles
n'en sont pas moins pnibles pour ceux qui ont fait un mauvais usage de leurs
facults. La diversit de ces consquences est infinie ; mais on peut dire, en thse
gnrale : chacun est puni par o il a pch ; c'est ainsi que les uns le sont par la vue
incessante du mal qu'ils ont fait ; d'autres par les regrets, la crainte, la honte, le
doute, l'isolement, les tnbres, la sparation des tres qui leur sont chers, etc..
346
976. La vue des Esprits qui souffrent n'est-elle pas pour les bons une
cause d'affliction, et alors que devient leur bonheur si ce bonheur est
troubl ?
Ce n'est point une affliction, puisqu'ils savent que le mal aura une
fin ; ils aident les autres s'amliorer et leur tendent la main : c'est l
leur occupation, et une jouissance quand ils russissent.
- Cela se conoit de la part d'Esprits trangers ou indiffrents ; mais la
vue des chagrins et des souffrances de ceux qu'ils ont aims sur la terre
ne trouble-t-elle pas leur bonheur ?
S'ils ne voyaient pas ces souffrances, c'est qu'ils vous seraient
trangers aprs la mort ; or, la religion vous dit que les mes vous
voient ; mais ils considrent vos afflictions un autre point de vue ; ils
savent que ces souffrances sont utiles votre avancement, si vous les
supportez avec rsignation ; ils s'affligent donc plus du manque de
courage qui vous retarde que des souffrances en elles-mmes, qui ne
sont que passagres.
977. Les Esprits ne pouvant se cacher rciproquement leurs penses,
et tous les actes de la vie tant connus, il s'ensuivrait que le coupable est
en prsence perptuelle de sa victime ?
Cela ne peut tre autrement, le bon sens le dit.
- Cette divulgation de tous nos actes rprhensibles, et la prsence
perptuelle de ceux qui en ont t les victimes sont-elles un chtiment
pour le coupable ?
Plus grand qu'on ne pense, mais seulement jusqu' ce qu'il ait expi
ses fautes, soit comme Esprit, soit comme homme dans de nouvelles
existences corporelles.
980. Le lien sympathique qui unit les Esprits du mme ordre est-il
pour eux une source de flicit ?
L'union des Esprits qui sympathisent pour le bien est pour eux une
des plus grandes jouissances ; car ils ne craignent pas de voir cette
union trouble par l'gosme. Ils forment, dans le monde tout fait
spirituel, des familles de mme sentiment, et c'est en cela que consiste le
bonheur spirituel, comme dans ton monde vous vous groupez par
catgories, et vous gotez un certain plaisir quand vous tes runis.
L'affection pure et sincre qu'ils prouvent et dont ils sont l'objet est une
source de flicit, car il n'y a point l de faux amis ni d'hypocrites.
348
L'homme gote les prmices de ce bonheur sur la terre quand il rencontre des
mes avec lesquelles il peut se confondre dans une union pure et sainte. Dans une
vie plus pure, cette jouissance sera ineffable et sans bornes, parce qu'il ne
rencontrera que des mes sympathiques que l'gosme ne refroidira pas ; car tout
est amour dans la nature : c'est l'gosme qui le tue.
981. Y a-t-il, pour l'tat futur de l'Esprit, une diffrence entre celui
qui, de son vivant, redoutait la mort, et celui qui la voit avec
indiffrence, et mme avec joie ?
La diffrence peut tre trs grande ; cependant, elle s'efface souvent
devant les causes qui donnent cette crainte ou ce dsir. Soit qu'on la
redoute, soit qu'on la souhaite, on peut tre m par des sentiments trs
divers, et ce sont ces sentiments qui influent sur l'tat de l'Esprit. Il est
vident, par exemple, que chez celui qui dsire la mort uniquement
parce qu'il y voit le terme de ses tribulations, c'est une sorte de murmure
contre la Providence et contre les preuves qu'il doit subir.
982. Est-il ncessaire de faire profession de spiritisme et de croire aux
manifestations pour assurer notre sort dans la vie future ?
S'il en tait ainsi, il s'ensuivrait que tous ceux qui ne croient pas ou
qui n'ont pas t mme de s'clairer sont dshrits, ce qui serait
absurde. C'est le bien qui assure le sort venir ; or, le bien est toujours
le bien, quelle que soit la voie qui y conduit. (165-799).
La croyance au spiritisme aide s'amliorer en fixant les ides sur certains points
de l'avenir ; elle hte l'avancement des individus et des masses, parce qu'elle permet
de se rendre compte de ce que nous serons un jour ; c'est un point d'appui, une
lumire qui nous guide. Le spiritisme apprend supporter les preuves avec
patience et rsignation ; il dtourne des actes qui peuvent retarder le bonheur futur ;
c'est ainsi qu'il contribue ce bonheur, mais il n'est pas dit que sans cela on n'y
puisse arriver.
Peines temporelles.
983. L'Esprit qui expie ses fautes dans une nouvelle existence n'a-t-il
pas des souffrances matrielles et, ds lors, est-il exact de dire qu'aprs
la mort, l'me n'a que des souffrances morales ?
Il est bien vrai que lorsque l'me est rincarne, les tribulations de la
vie sont pour elle une souffrance ; mais il n'y a que le corps qui souffre
matriellement.
Vous dites souvent de celui qui est mort qu'il n'a plus souffrir ; cela
n'est pas toujours vrai. Comme Esprit, il n'a plus de douleurs
physiques ; mais selon les fautes qu'il a commises, il peut avoir des
986. L'Esprit qui a progress dans son existence terrestre peut-il tre
quelquefois rincarn dans le mme monde ?
350
352
Ils l'ont, sans doute, mais ils n'ont pas assez d'nergie pour vouloir
ce qui pourrait les soulager. Combien avez-vous de gens parmi vous qui
prfrent mourir de misre plutt que de travailler ?
996. Puisque les Esprits voient le mal qui rsulte pour eux de leurs
imperfections, comment se fait-il qu'il y en ait qui aggravent leur
position et prolongent leur tat d'infriorit en faisant le mal comme
Esprits, en dtournant les hommes de la bonne voie ?
Ce sont ceux dont le repentir est tardif qui agissent ainsi. L'Esprit
qui se repent peut ensuite se laisser entraner de nouveau dans la voie du
mal par d'autres Esprits encore plus arrirs. (971).
997. On voit des Esprits d'une infriorit notoire accessibles aux bons
sentiments et touchs des prires qu'on fait pour eux. Comment se fait-il
que d'autres Esprits, qu'on devrait croire plus clairs, montrent un
endurcissement et un cynisme dont rien ne peut triompher ?
La prire n'a d'effet qu'en faveur de l'Esprit qui se repent ; celui qui,
pouss par l'orgueil, se rvolte contre Dieu et persiste dans ses
garements en les exagrant encore, comme le font de malheureux
Esprits, sur ceux-l la prire ne peut rien et ne pourra rien, que du jour
o une lueur de repentir se sera manifeste chez eux. (664).
On ne doit pas perdre de vue que l'Esprit, aprs la mort du corps, n'est pas
subitement transform ; si sa vie a t rprhensible, c'est parce qu'il tait imparfait ;
or la mort ne rend pas immdiatement parfait ; il peut persister dans ses erreurs dans
ses fausses opinions, dans ses prjugs, jusqu' ce qu'il se soit clair par l'tude, la
rflexion et la souffrance.
S'il s'endurcit dans la pense du mal, son expiation sera plus longue
et plus pnible.
1000. Pouvons-nous, ds cette vie, racheter nos fautes ?
Oui, en les rparant ; mais ne croyez pas les racheter par quelques
privations puriles, ou en donnant aprs votre mort quand vous n'aurez
plus besoin de rien. Dieu ne tient aucun compte d'un repentir strile,
toujours facile, et qui ne cote que la peine de se frapper la poitrine. La
perte d'un petit doigt en rendant service efface plus de fautes que le
supplice de la chair endur pendant des annes sans autre but que soimme. (726).
Le mal n'est rpar que par le bien, et la rparation n'a aucun mrite si
elle n'atteint l'homme ni dans son orgueil, ni dans ses intrts matriels.
Que lui sert, pour sa justification, de restituer aprs sa mort le bien
mal acquis, alors qu'il lui devient inutile et qu'il en a profit ?
Que lui sert la privation de quelques jouissances futiles et de quelques
superfluits, si le tort qu'il a fait autrui reste le mme ?
Que lui sert enfin de s'humilier devant Dieu, s'il conserve son orgueil
devant les hommes ? (720-721).
1001. N'y a-t-il aucun mrite assurer, aprs sa mort, un emploi utile
des biens que nous possdons ?
Aucun mrite n'est pas le mot ; cela vaut toujours mieux que rien ;
mais le malheur est que celui qui ne donne qu'aprs sa mort est souvent
plus goste que gnreux ; il veut avoir l'honneur du bien sans en avoir
la peine. Celui qui se prive, de son vivant, a double profit : le mrite du
sacrifice et le plaisir de voir les heureux qu'il fait. Mais l'gosme est l
qui lui dit : Ce que tu donnes, c'est autant de retranch sur tes
jouissances ; et comme l'gosme crie plus fort que le dsintressement
et la charit, il garde, sous prtexte de ses besoins et des ncessits de sa
position. Ah ! plaignez celui qui ne connat pas le plaisir de donner ;
celui-l est vraiment dshrit d'une des plus pures et des plus suaves
jouissances. Dieu, en le soumettant l'preuve de la fortune, si glissante
et si dangereuse pour son avenir, a voulu lui donner pour compensation
le bonheur de la gnrosit dont il peut jouir ds ici-bas. (814).
1002. Que doit faire celui qui, l'article de la mort, reconnat ses
fautes, mais n'a pas le temps de les rparer ? Se repentir suffit-il dans ce
cas ?
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356
358
Rsurrection de la chair.
1010. Le dogme de la rsurrection de la chair est-il la conscration de
celui de la rincarnation enseigne par les Esprits ?
Comment voulez-vous qu'il en soit autrement ? Il en est de ces
paroles comme de tant d'autres qui ne paraissent draisonnables aux
yeux de certaines personnes que parce qu'on les prend la lettre, c'est
pourquoi elles conduisent l'incrdulit ; mais donnez-leur une
interprtation logique, et ceux que vous appelez les libres penseurs les
admettront sans difficult, prcisment parce qu'ils rflchissent ; car, ne
vous y trompez pas, ces libres penseurs ne demandent pas mieux que de
croire ; ils ont, comme les autres, plus que d'autres peut-tre, soif de
l'avenir, mais ils ne peuvent admettre ce qui est controuv par la science.
La doctrine de la pluralit des existences est conforme la justice de
Dieu ; elle seule peut expliquer ce qui, sans elle, est inexplicable ;
comment voudriez-vous que le principe n'en ft pas dans la religion
elle-mme ?
360
1014. Comment se fait-il que des Esprits qui, par leur langage,
rvlent leur supriorit, aient rpondu des personnes trs srieuses, au
sujet de l'enfer et du purgatoire, selon l'ide que l'on s'en fait
vulgairement ?
Ils parlent un langage compris des personnes qui les interrogent ;
quand ces personnes sont trop imbues de certaines ides, ils ne veulent
pas les heurter trop brusquement pour ne pas froisser leurs convictions.
Si un Esprit allait dire, sans prcautions oratoires, un musulman que
Mahomet n'est pas un prophte, il serait trs mal reu.
362
1018. Dans quel sens faut-il entendre ces paroles du Christ : Mon
royaume n'est pas de ce monde ?
Le Christ, en rpondant ainsi, parlait dans un sens figur. Il voulait
dire qu'il ne rgne que sur les coeurs purs et dsintresss. Il est partout
o domine l'amour du bien ; mais les hommes avides des choses de ce
monde et attachs aux biens de la terre, ne sont pas avec lui.
1019. Le rgne du bien pourra-t-il jamais avoir lieu sur la terre ?
Le bien rgnera sur la terre quand, parmi les Esprits qui viennent
l'habiter, les bons l'emporteront sur les mauvais ; alors, ils y feront
rgner l'amour et la justice qui sont la source du bien et du bonheur.
C'est par le progrs moral et par la pratique des lois de Dieu que
l'homme attirera sur la terre les bons Esprits, et qu'il en loignera les
mauvais ; mais les mauvais ne la quitteront que lorsqu'il en aura banni
l'orgueil et l'gosme.
La transformation de l'humanit a t prdite, et vous touchez ce
moment que htent tous les hommes qui aident au progrs ; elle
s'accomplira par l'incarnation des Esprits meilleurs qui constitueront sur
la terre une nouvelle gnration. Alors, les Esprits des mchants que la
mort moissonne chaque jour, et tous ceux qui tentent d'arrter la marche
des choses en seront exclus, car ils seraient dplacs parmi les hommes
de bien dont ils troubleraient la flicit. Ils iront dans des mondes
nouveaux, moins avancs, remplir des missions pnibles o ils pourront
364
CONCLUSION
_______________
comme le matrialisme est une doctrine que l'on ose peine avouer
(preuve que ceux qui la professent ne se croient pas bien forts, et qu'ils
sont domins par leur conscience), ils se couvrent du manteau de la
raison et de la science ; et, chose bizarre, les plus sceptiques parlent
mme au nom de la religion qu'ils ne connaissent et ne comprennent pas
mieux que le spiritisme. Leur point de mire est surtout le merveilleux et
le surnaturel qu'ils n'admettent pas ; or, selon eux, le spiritisme tant
fond sur le merveilleux, ne peut tre qu'une supposition ridicule. Ils ne
rflchissent pas qu'en faisant, sans restriction, le procs du merveilleux
et du surnaturel, ils font celui de la religion ; en effet, la religion est
fonde sur la rvlation et les miracles ; or, qu'est-ce que la rvlation,
sinon des communications extra-humaines ? Tous les auteurs sacrs,
depuis Mose, ont parl de ces sortes de communications. Qu'est-ce que
les miracles sinon des faits merveilleux et surnaturels par excellence,
puisque ce sont, dans le sens liturgique, des drogations aux lois de la
nature ? Donc, en rejetant le merveilleux et le surnaturel, ils rejettent les
bases mmes de la religion. Mais ce n'est pas ce point de vue que nous
devons envisager la chose. Le spiritisme n'a pas examiner s'il y a ou
non des miracles, c'est--dire si Dieu a pu, dans certains cas, droger
aux lois ternelles qui rgissent l'univers ; il laisse, cet gard, toute
libert de croyance ; il dit et il prouve que les phnomnes sur lesquels il
s'appuie n'ont de surnaturel que l'apparence ; ces phnomnes ne sont
tels aux yeux de certaines gens que parce qu'ils sont insolites et en
dehors des faits connus ; mais ils ne sont pas plus surnaturels que tous
les phnomnes dont la science donne aujourd'hui la solution, et qui
paraissaient merveilleux une autre poque. Tous les phnomnes
spirites, sans exception, sont la consquence de lois gnrales ; ils nous
rvlent une des puissances de la nature, puissance inconnue, ou pour
mieux dire incomprise jusqu'ici, mais que l'observation dmontre tre
dans l'ordre des choses. Le spiritisme repose donc moins sur le
merveilleux et le surnaturel que la religion elle-mme ; ceux qui
l'attaquent sous ce rapport, c'est donc qu'ils ne le connaissent pas, et
fussent-ils les hommes les plus savants, nous leur dirons : si votre
science, qui vous a appris tant de choses, ne vous a pas appris que le
domaine de la nature est infini, vous n'tes savants qu' demi.
III
Vous voulez, dites-vous, gurir votre sicle d'une manie qui menace
d'envahir le monde. Aimeriez-vous mieux que le monde ft envahi par
l'incrdulit que vous cherchez propager ? N'est-ce pas l'absence de
toute croyance qu'il faut attribuer le relchement des liens de famille et
CONCLUSION
368
CONCLUSION
condition s'amliore mesure que cette loi est mieux comprise et mieux
pratique. Si une application partielle et incomplte produit un bien rel,
que sera-ce donc quand il en aura fait la base de toutes ses institutions
sociales ! Cela est-il possible ? Oui ; car puisqu'il a fait dix pas, il peut
en faire vingt, et ainsi de suite. On peut donc juger de l'avenir par le
pass. Dj, nous voyons s'teindre peu peu les antipathies de peuple
peuple ; les barrires qui les sparaient s'abaissent devant la
civilisation ; ils se donnent la main d'un bout du monde l'autre ; une
plus grande justice prside aux lois internationales ; les guerres
deviennent de plus en plus rares, et elles n'excluent point les sentiments
d'humanit ; l'uniformit s'tablit dans les relations ; les distinctions de
races et de castes s'effacent, et les hommes de croyances diffrentes font
taire les prjugs de sectes pour se confondre dans l'adoration d'un seul
Dieu. Nous parlons des peuples qui marchent la tte de la civilisation
(789-793). Sous tous ces rapports, on est encore loin de la perfection, et
il y a encore bien de vieilles ruines abattre, jusqu' ce qu'aient disparu
les derniers vestiges de la barbarie ; mais ces ruines pourront-elles tenir
contre la puissance irrsistible du progrs, contre cette force vive qui est
elle-mme une loi de la nature ? Si la gnration prsente est plus
avance que la gnration passe, pourquoi celle qui nous succdera ne
le serait-elle pas plus que la ntre ? Elle le sera par la force des choses ;
d'abord, parce qu'avec les gnrations s'teignent chaque jour quelques
champions des vieux abus, et qu'ainsi la socit se forme peu peu
d'lments nouveaux qui se sont dpouills des vieux prjugs ; en
second lieu, parce que l'homme voulant le progrs, il tudie les obstacles
et s'attache les renverser. Ds lors que le mouvement progressif est
incontestable, le progrs venir ne saurait tre douteux. L'homme veut
tre heureux, c'est dans la nature ; or, il ne cherche le progrs que pour
augmenter la somme de son bonheur, sans cela le progrs serait sans
objet ; o serait le progrs pour lui, si ce progrs ne devait pas amliorer
sa position ? Mais quand il aura la somme de jouissances que peut
donner le progrs intellectuel, il s'apercevra qu'il n'a pas le bonheur
complet ; il reconnatra que ce bonheur est impossible sans la scurit
des relations sociales ; et cette scurit, il ne peut la trouver que dans le
progrs moral ; donc, par la force des choses, il poussera lui-mme le
progrs dans cette voie, et le spiritisme lui offrira le plus puissant levier
pour atteindre ce but.
V
CONCLUSION
370
CONCLUSION
CONCLUSION
372
CONCLUSION
CONCLUSION
qu'il faille plus d'une demi-heure pour se rendre compte de toute une
science. - 2 Ceux qui, sachant trs bien quoi s'en tenir sur la ralit
des faits, les combattent nanmoins par des motifs d'intrt personnel.
Pour eux, le spiritisme existe, mais ils ont peur de ses consquences ; ils
l'attaquent comme un ennemi. - 3 Ceux qui trouvent dans la morale
spirite une censure trop svre de leurs actes ou de leurs tendances. Le
spiritisme pris au srieux les gnerait ; ils ne rejettent ni n'approuvent :
ils prfrent fermer les yeux. Les premiers sont sollicits par l'orgueil et
la prsomption ; les seconds, par l'ambition ; les troisimes, par
l'gosme. On conoit que ces causes d'opposition, n'ayant rien de
solide, doivent disparatre avec le temps, car nous chercherions en vain
une quatrime classe d'antagonistes, celle qui s'appuierait sur des
preuves contraires patentes, et attestant une tude consciencieuse et
laborieuse de la question ; tous n'opposent que la ngation, aucun
n'apporte de dmonstration srieuse et irrfutable.
Ce serait trop prsumer de la nature humaine de croire qu'elle puisse
se transformer subitement par les ides spirites. Leur action n'est
assurment ni la mme, ni au mme degr chez tous ceux qui les
professent ; mais, quel qu'il soit, le rsultat, tant faible soit-il, est
toujours une amlioration, ne ft-ce que de donner la preuve de
l'existence d'un monde extra-corporel, ce qui implique la ngation des
doctrines matrialistes. Ceci est la consquence mme de l'observation
des faits ; mais chez ceux qui comprennent le spiritisme philosophique
et y voient autre chose que des phnomnes plus ou moins curieux, il a
d'autres effets ; le premier, et le plus gnral, est de dvelopper le
sentiment religieux chez celui mme qui, sans tre matrialiste, n'a que
de l'indiffrence pour les choses spirituelles. Il en rsulte chez lui le
mpris de la mort ; nous ne disons pas le dsir de la mort, loin de l, car
le spirite dfendra sa vie comme un autre, mais une indiffrence qui fait
accepter, sans murmure et sans regret, une mort invitable, comme une
chose plutt heureuse que redoutable, par la certitude de l'tat qui lui
succde. Le second effet, presque aussi gnral que le premier, est la
rsignation dans les vicissitudes de la vie. Le spiritisme fait voir les
choses de si haut, que la vie terrestre perdant les trois quarts de son
importance, on ne s'affecte plus autant des tribulations qui
l'accompagnent : de l, plus de courage dans les afflictions, plus de
modration dans les dsirs ; de l aussi l'loignement de la pense
d'abrger ses jours, car la science spirite apprend que, par le suicide, on
perd toujours ce qu'on voulait gagner. La certitude d'un avenir qu'il
dpend de nous de rendre heureux, la possibilit d'tablir des rapports
374
CONCLUSION
avec des tres qui nous sont chers, offrent au spirite une suprme
consolation ; son horizon grandit jusqu' l'infini par le spectacle
incessant qu'il a de la vie d'outre-tombe, dont il peut sonder les
mystrieuses profondeurs. Le troisime effet est d'exciter l'indulgence
pour les dfauts d'autrui ; mais, il faut bien le dire, le principe goste et
tout ce qui en dcoule sont ce qu'il y a de plus tenace en l'homme et, par
consquent, de plus difficile draciner ; on fait volontiers des
sacrifices, pourvu qu'ils ne cotent rien, et surtout ne privent de rien ;
l'argent a encore pour le plus grand nombre un irrsistible attrait, et bien
peu comprennent le mot superflu, quand il s'agit de leur personne ;
aussi, l'abngation de la personnalit est-elle le signe du progrs le plus
minent.
VIII
CONCLUSION
376
CONCLUSION
IX
CONCLUSION
Si, parmi les adeptes du spiritisme, il en est qui diffrent d'opinion sur
quelques points de la thorie, tous s'accordent sur les points
fondamentaux ; il y a donc unit, si ce n'est de la part de ceux, en trs
petit nombre, qui n'admettent pas encore l'intervention des Esprits dans
les manifestations, et qui les attribuent, ou des causes purement
physiques, ce qui est contraire cet axiome que : Tout effet intelligent
doit avoir une cause intelligente ; ou au reflet de notre propre pense, ce
qui est dmenti par les faits. Les autres points ne sont que secondaires et
n'attaquent en rien les bases fondamentales. Il peut donc y avoir des
coles qui cherchent s'clairer sur les parties encore controverses de
la science ; il ne doit pas y avoir de sectes rivales les unes des autres ; il
n'y aurait antagonisme qu'entre ceux qui veulent le bien et ceux qui
feraient ou voudraient le mal : or, il n'est pas un spirite sincre et pntr
des grandes maximes morales enseignes par les Esprits qui puisse
vouloir le mal, ni souhaiter le mal de son prochain, sans distinction
d'opinion. Si l'une d'elles est dans l'erreur, la lumire tt ou tard se fera
pour elle, si elle la cherche de bonne foi et sans prvention ; en
attendant, toutes ont un lien commun qui doit les unir dans une mme
pense ; toutes ont un mme but ; peu importe donc la route, pourvu que
cette route y conduise ; nulle ne doit s'imposer par la contrainte
matrielle ou morale, et celle-l seule serait dans le faux qui jetterait
l'anathme l'autre, car elle agirait videmment sous l'influence de
mauvais Esprits. La raison doit tre le suprme argument, et la
modration assurera mieux le triomphe de la vrit que les diatribes
envenimes par l'envie et la jalousie. Les bons Esprits ne prchent que
l'union et l'amour du prochain, et jamais une pense malveillante ou
contraire la charit n'a pu venir d'une source pure. Ecoutons sur ce
sujet, et pour terminer, les conseils de l'Esprit de saint Augustin.
Assez longtemps, les hommes se sont entre-dchirs et renvoy
l'anathme au nom d'un Dieu de paix et de misricorde, et Dieu
s'offense d'un tel sacrilge. Le spiritisme est le lien qui les unira un jour,
parce qu'il leur montrera o est la vrit et o est l'erreur ; mais il y aura
longtemps encore des scribes et des pharisiens qui le dnieront, comme
ils ont dni le Christ. Voulez-vous donc savoir sous l'influence de quels
Esprits sont les diverses sectes qui se partagent le monde ? Jugez-les
leurs oeuvres et leurs principes. Jamais les bons Esprits n'ont t les
instigateurs du mal ; jamais ils n'ont conseill ni lgitim le meurtre et la
violence ; jamais ils n'ont excit les haines des partis ni la soif des
richesses et des honneurs, ni l'avidit des biens de la terre ; ceux-l,
seuls, qui sont bons, humains et bienveillants pour tout le monde, sont
378
CONCLUSION
leurs prfrs et sont aussi les prfrs de Jsus, car ils suivent la route
qu'il leur a montre pour arriver lui.
SAINT AUGUSTIN.
382
Polythisme........................................................................................................253
Sacrifices............................................................................................................254
CHAPITRE III - II. - LOI DU TRAVAIL..............................................................258
Ncessit du travail............................................................................................258
Limite du travail. Repos.....................................................................................259
CHAPITRE IV - III. - LOI DE REPRODUCTION...............................................261
Population du globe...........................................................................................261
Succession et perfectionnement des races..........................................................261
Obstacles la reproduction................................................................................262
Mariage et clibat...............................................................................................263
Polygamie...........................................................................................................264
CHAPITRE V - IV. - LOI DE CONSERVATION.................................................265
Instinct de conservation.....................................................................................265
Moyens de conservation....................................................................................265
Jouissance des biens terrestres...........................................................................267
Ncessaire et superflu........................................................................................268
Privations volontaires. Mortifications................................................................269
CHAPITRE VI - V. - LOI DE DESTRUCTION...................................................272
Destruction ncessaire et destruction abusive....................................................272
Flaux destructeurs............................................................................................274
Guerres...............................................................................................................276
Meurtre..............................................................................................................277
Cruaut...............................................................................................................277
Duel...................................................................................................................279
Peine de mort.....................................................................................................280
CHAPITRE VII - VI. - LOI DE SOCIETE............................................................282
Ncessit de la vie sociale.................................................................................282
Vie d'isolement. Voeu de silence........................................................................282
Liens de famille..................................................................................................283
CHAPITRE VIII - VII. - LOI DU PROGRES.......................................................285
Etat de nature.....................................................................................................285
Marche du progrs.............................................................................................285
Peuples dgnrs..............................................................................................288
Civilisation.........................................................................................................290
Progrs de la lgislation humaine.......................................................................292
Influence du spiritisme sur le progrs.................................................................293
CHAPITRE IX - VIII. - LOI D'EGALITE.............................................................295
Egalit naturelle.................................................................................................295
Ingalit des aptitudes........................................................................................295
Ingalits sociales..............................................................................................296
Ingalit des richesses........................................................................................296
Epreuves de la richesse et de la misre..............................................................298
Egalit des droits de l'homme et de la femme....................................................299
Egalit devant la tombe......................................................................................300
CONCLUSION.....................................................................................379
TABLE DES MATIERES.....................................................................393
ERRATA
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Page 83, la fin de la remarque, ajoutez : Dans la mort naturelle, le trouble
commence avant la cessation de la vie organique, et l'Esprit perd toute conscience
de lui-mme au moment de la mort ; d'o il suit qu'il n'est jamais tmoin du dernier
soupir ; les convulsions mme de l'agonie sont des effets nerveux dont il n'est
presque jamais affect ; nous disons presque, parce que, dans certains cas, ces
souffrances peuvent lui tre imposes comme expiation.
Page 111, n 226, la fin de la remarque, ajoutez : Parmi les Esprits non
incarns, il y en a qui ont des missions remplir, des occupations actives et qui
jouissent d'un bonheur relatif ; d'autres flottent dans le vague et dans l'incertitude ;
ces derniers sont errants dans la vritable acception du mot, et sont, en ralit, ce
qu'on dsigne sous le nom d'mes en peine. Les premiers ne se considrent pas
toujours comme errants, parce qu'ils font une distinction entre leur situation et celle
des autres (1015).
Page 131, n 285, ajoutez : Ils peuvent galement, quand cela est ncessaire, se
reconnatre par l'apparence qu'ils avaient de leur vivant. A l'Esprit nouvellement
arriv, et encore peu familiaris avec son nouvel tat, les Esprits qui viennent le
recevoir se prsentent sous une forme qui lui permet de les reconnatre.
Page 172, n 437, ajoutez : voir n 257 ; essai thorique sur la sensation chez les
Esprits.
Page 186, n 479, ajoutez : voyez le Livre des Mdiums, chap. de l'Obsession.
Page 218, rponse la question n 586, supprimez : et intuitive.
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