02-La Nuit Des Pantins
02-La Nuit Des Pantins
02-La Nuit Des Pantins
Un enfant ?
L u c y eut un hoquet de terreur en voyant Caro le sortir de la benne ordures. E l l e apercevait son visage,
les traits figs, les yeux carquills. De l o i n , il
paraissait vtu d'une sorte de costume gris. Ses bras
et ses jambes pendaient, inertes.
- C a r o ! appela L u c y , la gorge sche de terreur.
Est-ce que... est-ce q u ' i l est... mort ?
Le cur battant tout rompre, elle se prcipita vers
sa sur. Caro berait dans ses bras la malheureuse
crature.
- E s t - c e q u ' i l est mort ? rpta L u c y hors d'haleine.
E l l e se tut en voyant sa sur clater de rire.
- N o n , mais il n'est pas vivant non plus ! rpondit
celle-ci joyeusement.
L u c y comprit alors que ce n'tait pas un enfant et
s'cria :
- a alors ! C'est une poupe !
Caro la leva bout de bras.
- a a l'air amusant, rpondit L u c y , les joues carlates. Si tu peux le faire, m o i aussi, ajouta-t-elle
d'une v o i x aigu.
- T ' e s vraiment une sale copieuse. Pour une fois, t'as
qu' avoir un truc toi. Pourquoi tu ne montes pas
t'occuper de ta collection de bijoux fantaisie ? a,
c'est ton truc. La ventriloque, c'est m o i !
- A l l o n s , les filles, vous n'allez pas vous battre pour
un pantin, dit madame Lafaye d'une v o i x apaisante.
L u c y ne voulait pas en dmordre.
- Je suis sre que je me dbrouillerais bien mieux
qu'elle. Caro n'est vraiment pas trs drle.
- Ce n'est pas ce que les autres pensent, rtorqua
Caro.
- L u c y , ce n'est pas trs gentil, ce que tu viens de
dire, remarqua madame Lafaye d ' u n ton sec.
- D ' a c c o r d , mais si Caro en a un, ce serait normal
que j ' e n aie un aussi, rpliqua L u c y .
- Sale copieuse ! rpta sa sur en secouant la tte.
Toute la semaine, tu m'as traite de nulle. M a i s je
sais trs bien pourquoi tu as chang d'avis. Tu es
furieuse parce que m o i , je vais gagner de l'argent, et
pas toi.
- J'aimerais bien que vous cessiez de vous disputer
propos de tout, dit monsieur Lafaye d ' u n air las.
- A l o r s , est-ce que je peux avoir un pantin ? reprit
Lucy.
M o n s i e u r Lafaye changea un coup d'il avec sa
femme.
- a vaut cher ! Un b o n modle doit coter plus de
- Ae !
L u c y cria, puis recula, la joue en feu :
- Tu me le paieras, Caro ! Tu m'as fait mal !
- M o i ? J ' a i rien fait ! C'est C l a c - C l a c !
- Ne fais pas l'idiote ! Tu m'as vraiment fait m a l ! se
plaignit L u c y en se frottant la joue.
- M a i s ce n'est pas m o i ! rpta Caro en tournant la
tte de C l a c - C l a c vers elle. Pourquoi as-tu t aussi
mchant avec L u c y ?
M o n s i e u r Lafaye se leva d'un bond.
- Arrte de faire l'imbcile et excuse-toi auprs de ta
sur, ordonna-t-il.
Caro fit baisser la tte C l a c - C l a c .
- E x c u s e - m o i , fit-elle dire la poupe.
- N o n , avec ta voix, insista monsieur Lafaye en croisant les bras d'un air dcid. Ce n'est pas C l a c - C l a c
qui a fait m a l Lucy. C'est toi.
- D ' a c c o r d , d'accord, marmonna Caro en rougissant, sans oser regarder sa sur. Je m'excuse. Tiens !
ajouta-t-elle en lui lanant C l a c - C l a c dans les bras.
Surprise par le poids de la poupe, L u c y faillit la
lcher.
- Et maintenant, comment je fais ?
Caro haussa les paules et alla s'crouler dans le
canap ct de sa mre.
- Pourquoi est-ce que tu fais tant d'histoires ? murmura madame Lafaye en se penchant vers elle.
Caro rougit de nouveau
- C l a c - C l a c est m o i ! Pour une fois, je ne pourrais
pas avoir quelque chose m o i ? dit-elle.
M o n s i e u r Lafaye s'assit sur l'accoudoir d ' u n fauteuil
de l'autre ct de la pice.
- A h , les filles, parfois, vous tes vraiment dlicieuses et parfois, tellement odieuses...
- C o m m e n t on fait bouger sa bouche ? demanda
L u c y en retournant la poupe pour examiner son dos.
- Il y a une ficelle derrire, dans la fente de sa veste,
expliqua sa sur contrecur. Tu n'as qu' tirer.
Je ne veux pas que L u c y touche C l a c - C l a c , pensait Caro avec colre. Je ne veux pas partager. Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas avoir quelque
chose qui m'appartienne ? Pourquoi est-ce qu'elle
doit toujours me copier ?
E l l e respira p r o f o n d m e n t p o u r faire passer sa
colre.
Cette nuit-l, L u c y s'assit toute droite dans son lit.
E l l e venait d'avoir un cauchemar, elle en avait encore
-Oh !
L u c y cria en sentant la main se refermer sur son
poignet.
C a r o , accroupie ct d'elle, lui tenait solidement le
bras.
D ' u n geste brusque, L u c y se dgagea. Dans le clair
de lune, sa sur avait un sourire diabolique.
- Je t'ai encore eue, ma pauvre fille !
- Tu ne m'as pas fait peur ! balbutia L u c y d'une v o i x
chevrotante.
- Tu parles, t'as fait un bond de trois mtres ! Tu as
vraiment cru que c'tait le pantin !
- C'est pas vrai ! s'exclama L u c y en se jetant sur son
lit.
- Au fait, pourquoi tais-tu debout ? Qu'est-ce que tu
fabriquais avec C l a c - C l a c ?
- J ' a i fait un cauchemar. Je me suis leve pour regarder par la fentre. C ' e s t tout..., rpondit L u c y .
Caro se mit ricaner.
- I l te plat ?
L u c y crut tout d'abord que c'tait C l a c - C l a c qui lui
parlait. E l l e en resta bouche be.
- A l o r s , qu'est-ce que tu en penses ?
L u c y eut du mal raliser que la v o i x venait de derrire elle. E l l e se retourna : son pre tait sur le seuil,
occup se tamponner les yeux avec un torchon
humide.
- L . . . le nouveau pantin ? bgaya L u c y .
- C'est pour toi, dit monsieur Lafaye en pntrant
dans la chambre.
- C ' e s t vrai ?
L u c y se prcipita pour regarder de prs son pantin.
- En face de m o n bureau, il y a une toute petite b o u tique. En passant devant, j ' a i vu q u ' i l y avait a en
vitrine. Et pas cher, en plus, c'tait donn ! J ' a i
l'impression que le vendeur voulait s'en dbarrasser.
- Il est... mignon, dclara L u c y en cherchant le mot
-Oh!
Caro suivit son regard. M o n s i e u r W o o d leur souriait
depuis le seuil de la porte. Il paraissait tenir debout,
les jambes bizarrement tordues. Il tait habill avec
les vtements chics de L u c y , la jupe de velours et le
chemisier de soie.
B o u c h e be, L u c y se prcipita vers la porte. E l l e
s'aperut tout de suite que le pantin ne tenait pas tout
seul. On avait gliss la poigne de la porte dans la
fente de son dos.
E l l e l'attrapa par la taille.
- Ma chemise ! E l l e est toute froisse, regarde ! criat-elle, les yeux plisss de fureur. C ' e s t vraiment
odieux de ta part, Caro.
- M o i ? s'exclama celle-ci. Je te jure, L u c y , c'est pas
m o i . J ' a i dormi comme une masse. Je n'ai pas boug
jusqu' ce matin. Je t'assure !
L u c y la dvisagea longuement, puis regarda le pantin. M o n s i e u r W o o d , lgamment vtu, lui souriait,
comme s ' i l apprciait la situation.
- V o y o n s , monsieur W o o d , je suppose que tu t'es
habill et que tu as march jusqu' la porte par tes
propres moyens ?
Caro allait rpondre, mais elle fut interrompue par la
voix de leur mre qui criait d'en bas :
- A l o r s , les f i l l e s , v o u s n ' a l l e z pas e n c l a s s e
aujourd'hui ? Vous tes en retard !
- On arrive ! rpondit L u c y en jetant un regard mauvais sa soeur.
E l l e installa soigneusement monsieur W o o d plat
Caro sortit du lit prcipitamment. L e s draps entortills autour de ses jambes la firent trbucher.
Le cri vous figer le sang de L u c y l u i rsonnait
encore dans les oreilles. Pieds nus, elle dvala l'escalier obscur pour se retrouver devant la porte de la
cuisine.
U n e trange lumire baignait la pice : celle de la
petite ampoule l'intrieur du rfrigrateur, dont la
porte tait grande ouverte.
Qu'est-ce qui se passe ?
E l l e avana d ' u n pas. Puis d'un autre. S o n pied p l o n gea dans quelque chose de froid et humide.
Caro sursauta et s'aperut qu'elle marchait dans une
grosse flaque de lait.
E l l e leva les yeux vers L u c y , adosse contre le mur,
les mains leves devant le visage comme pour se protger de l'horreur.
- L u c y , mais enfin...
E l l e s'arrta net, dcouvrant l'ampleur du dsastre.
- Au travail, monsieur W o o d !
E l l e replia le morceau de papier et le remit dans la
poche. Puis elle installa le pantin en position assise,
cherchant du bout des doigts les commandes pour les
yeux et la bouche.
- Comment a va chez vous, monsieur W o o d ?
- Pas trs bien, Lucy. J ' a i des termites. On peut dire
que a me ronge ! Ah ! Ah !
- Caro ! Lucy ! Descendez, s'il vous plat ! cria monsieur Lafaye au pied de l'escalier.
Le dner termin, les filles taient montes dans leur
chambre. C a r o , plat ventre sur son lit, lisait un livre
pour le collge. L u c y , assise devant la coiffeuse,
rptait tranquillement avec monsieur W o o d son
spectacle du lendemain.
- Q u ' e s t - c e que tu veux, Papa ? cria Caro d ' u n ton
agac.
- L e s Taylor sont l et ils meurent d'envie de v o i r
vos numros de ventriloque, rpondit leur pre.
Caro et L u c y grommelrent. L e s Taylor taient des
voisins, un couple g trs gentil mais trs ennuyeux.
L e s jumelles entendirent leur pre monter l'escalier.
Quelques secondes plus tard, il passa la tte par
l'entrebillement de la porte.
A l l e z , les filles ! Juste un petit numro. Ils sont
venus prendre le caf et on leur a parl de vos
marionnettes.
- M a i s il faut que je rpte pour demain soir, insista
Lucy.
- J e . . . je...
E l l e essayait de formuler des excuses, mais pas un
mot ne franchissait ses lvres.
- Pardon ! finit-elle par crier.
P u i s , h o r r i b l e m e n t gne, elle fit d e m i - t o u r et
grimpa l'escalier quatre quatre, les larmes ruisselant sur son visage.
- Tu dois me croire ! cria L u c y d'une v o i x tremblante. Ce n'est pas m o i qui ai dit toutes ces horreurs. M o n s i e u r W o o d parlait tout seul.
Caro leva les yeux au ciel.
- Cause toujours, tu m'intresses ! marmonna-t-elle.
E l l e avait suivi sa sur au premier. Au salon, leurs
parents taient encore en train de prsenter leurs
excuses aux Taylor. L u c y s'assit sur le bord de son lit
et s'essuya les yeux.
- J e ne fais pas des plaisanteries aussi mchantes,
m o i , dit-elle en jetant un coup d'il monsieur
W o o d , pos en tas au centre de la pice. Tu sais trs
bien que a ne correspond pas du tout m o n sens de
l'humour.
- A l o r s , pourquoi tu as dit des choses pareilles ? Tu
veux faire enrager tout le monde ou quoi ?
- M a i s je n'ai rien fait ! cria L u c y , en se tortillant les
mains. C'est monsieur W o o d qui a dit ces abominations ! Ce n'est pas m o i !
B r u s q u e m e n t , e l l e r e g a r d a s a sur d ' u n a i r
suspicieux :
- ... moins que... C'est encore un de tes tours !
- N ' i m p o r t e quoi ! J'tais l'autre bout du salon, se
dfendit Caro. J ' a i dj fait cette blague, comment
peux-tu tre aussi copieuse ? Tu ne peux pas imaginer quelque chose d'original, pour une fois ?
L u c y secoua la tte, visiblement dsempare.
- C a r o , je t'en prie ! implora-t-elle. J ' a i peur ! J ' a i
vraiment peur !
- Ouais. Srement ! s'exclama sarcastiquement sa
sur. M o i aussi, j ' e n tremble de partout. Ouah ! Tu
voulais me montrer que toi aussi, tu sais jouer des
mauvais tours, pas vrai ?
- F e r m e - l a ! h u r l a L u c y , t a n d i s que ses y e u x
s'emplissaient nouveau de larmes.
- C ' e s t facile de pleurer ! M a i s m o i , a ne me trompe
pas une minute ! Et a ne trompera pas non plus papa
et maman.
Caro se tourna pour attraper C l a c - C l a c et le balana
par-dessus son paule. Enjambant monsieur W o o d ,
elle sortit de la chambre.
Dans les coulisses de la salle des ftes, la chaleur
tait insupportable. L u c y avait la bouche sche et
elle ne cessait d'aller boire des gorges d'eau tide
au robinet. E l l e n'arrivait pas effacer les affreux
souvenirs de la veille. Ses parents l'avaient prive de
sortie pour deux semaines, et ils avaient mme f a i l l i
- E h ! s'exclama-t-elle.
E l l e n'avait pas touch la manette qui les contrlait.
E l l e fut envahie d'une terreur qui dpassait largement le trac. Peut-tre que je ne devrais pas continuer, pensa-t-elle en dvisageant intensment m o n sieur W o o d , s'attendant le voir nouveau cligner
des yeux. Je devrais peut-tre dire que je suis malade
et que nous ne pouvons pas faire notre numro ?
- Tu te sens nerveuse ? murmura une voix.
-Hein ?
Tout d'abord, elle crut que c'tait monsieur W o o d .
M a i s elle comprit rapidement q u ' i l s'agissait de
madame Stanley, la p r o f de musique.
- O u i . Un peu, avoua-t-elle, carlate.
- T u vas t ' e n sortir c o m m e u n chef, c h u c h o t a
madame Stanley en serrant l'paule de L u c y .
C'tait une grosse dame, avec toute une batterie de
mentons, un rouge lvres agressif et des cheveux
noirs flottant sur ses paules. E l l e tait vtue d'une
longue robe ample, imprime de fleurs bleues et
rouges.
- A l l o n s - y ! C'est le moment, ajouta-t-elle en l u i
broyant encore une fois l'paule.
Puis elle entra en scne, clignant des yeux dans la
lumire crue des projecteurs, pour prsenter L u c y et
monsieur W o o d .
E s t - c e que je v a i s v r a i m e n t m ' e n sortir ? se
demanda L u c y . Est-ce que je vais pouvoir le faire ?
S o n cur battait tellement la chamade q u ' e l l e
n'entendit pas ce que disait madame Stanley. S o u dain, la salle se mit applaudir et elle se retrouva en
train de s'approcher du m i c r o , tenant monsieur
W o o d deux mains.
M a d a m e Stanley, sa robe fleurs flottant autour
d'elle, se retira dans les coulisses. E l l e sourit L u c y
en lui faisant un c l i n d'oeil encourageant.
Aveugle par les projecteurs, L u c y s ' i m m o b i l i s a .
E l l e se sentait la bouche pleine de coton. A l l a i t - e l l e
tre capable d'articuler un son ?
On lui avait install une chaise pliante. Elle s'assit,
posa monsieur W o o d sur ses genoux, puis s'aperut
que le micro tait beaucoup trop haut. C e l a provoqua
quelques rires discrets dans l'assistance.
Gne, L u c y se leva et, tenant monsieur W o o d sous
le bras, s'effora de baisser le micro.
- T u as des problmes ? s'inquita madame Stanley
en se prcipitant pour l'aider.
M a i s avant qu'elle ait travers la moiti de la scne,
monsieur W o o d se pencha vers le micro :
- Il y a peut-tre beaucoup de fleurs, mais a ne sent
pas vraiment la rose! lana-t-il mchamment en
fixant la robe de madame Stanley.
-Quoi?
Surprise, le professeur de musique s'arrta.
- Votre tte me rappelle une verrue que je me suis
fait enlever ! assena le pantin la dame bahie, dont
la bouche s'ouvrit sous le coup.
- Lucy !
qui s'est pass hier soir.. Lucy se pencha pour ramasser monsieur
tenant aux paules, elle le secoua vigoureusement.
- On va l'enterrer, dclara L u c y .
-Hein ?
Caro touffa un billement.
E l l e s avaient l'impression de chuchoter depuis des
heures. Tandis qu'elles essayaient de mettre un plan
au point, elles entendaient les cris assourdis du pantin l'intrieur du placard.
- On va l'enterrer. Sous ce gros tas de dchets, expliqua L u c y , en jetant un il vers la fentre. Tu sais.
ct, prs de la nouvelle maison.
- O u i . D ' a c c o r d , approuva Caro. Je suis tellement
creve que je n'arrive plus rflchir.
E l l e regarda le radio-rveil : presque trois heures et
demie.
Je pense toujours q u ' o n devrait rveiller les
parents, ajouta-t-elle, les yeux carquills de frayeur.
- On ne peut pas. a fait cent fois q u ' o n ramne le
Tandis que L u c y contemplait, atterre, le pantin souriant, monsieur Lafaye apparut dans l'encadrement
de la porte.
- Tu es prte ? demanda-t-il sa femme.
M a d a m e Lafaye suspendit le torchon et se tourna
vers l u i , tout en lissant une mche de cheveux.
- O u i . Je vais chercher m o n sac, dit-elle en sortant de
la cuisine.
- O est-ce que vous allez ? cria L u c y , d'une voix
panique, sans quitter des yeux le pantin sur son
tabouret.
- On va faire quelques courses, rpondit son pre.
Il entra dans la pice et regarda par la fentre.
- On dirait q u ' i l va pleuvoir.
- N ' y allez pas ! supplia Lucy.
Il se tourna vers elle.
-Hein ?
- Je vous en prie, n ' y allez pas !
Le regard de son pre s'arrta sur le pantin.
L'norme chenille noire lui roula directement dessus, le renversant sur le dos, puis l'crasant avec un
bruit sec.
Un sifflement bruyant s'chappa de dessous la
machine, comme l'air d ' u n ballon crev.
Le rouleau sembla osciller d'avant en arrire. Un gaz
vert s'chappa des restes du pantin et monta dans
l'air, tel un champignon monstrueux.
C o o k i e cessa de foltrer et resta ptrifi, les yeux
fixs sur le nuage vert qui s'levait dans le ciel
presque noir.
Caro et L u c y regardaient la scne, bouche be.
Pouss par le vent et la pluie, le nuage les enveloppa.
- B e u r k ! a pue ! s'exclama Caro.
a sentait les ufs pourris.
C o o k i e gmit doucement.
Le rouleau compresseur s'immobilisa. Le conducteur sauta de la cabine et se prcipita vers elles.
C'tait un petit homme rbl, avec de gros bras muscls qui jaillissaient littralement des manches de
son T-shirt.
- J ' a i cras quelque chose ? s'cria-t-il.
- O u i , mais c'est rien. Juste un vieux pantin, rpondit L u c y .
L ' h o m m e poussa un soupir de soulagement. Puis il
se pencha pour regarder sous sa roue. L e s filles
s'approchrent pour v o i r les restes du pantin, le
corps aplati dans son jean et sa chemise de flanelle.
Le conducteur se redressa et s'essuya le front d ' u n
revers de manche.
FIN