Les Grandes Théories - Aprés Piaget
Les Grandes Théories - Aprés Piaget
Les Grandes Théories - Aprés Piaget
DEVELOPPEMENT
demande
majoux@iedparis8.net
lauteur
par
mail :
francoise.morange-
mcanisme qui permet au sujet dassimiler les objets quil rencontre ainsi que les
vnements aux schmes prexistants quil a pu dj construire. Plus prcisment
Piaget distingue 3 formes dassimilation : lassimilation reproductrice ou fonctionnelle
ou un schme est rpt lenvie par plaisir ou pour lexercer. Lassimilation
discriminative ou un schme est appliqu de faon diffrencie suivant lobjet auquel il
est confront et lassimilation gnralisatrice ou transpositive ou un schme est utilis
pour diffrents objets ou dans diffrentes situations. Enfin lassimilation rciproque qui
permet de coordonner des schmes exercs sparment sur un mme contenu. Quant
laccommodation, elle renvoie un processus dajustement des schmes
prexistants
pour
les
adapter
aux
donnes
concept est de donner une ouverture pour une lecture diffrentielle des profils de
dveloppement des individus, notamment ceux prsentant une dficience.
Interview de Jean Piaget : https://www.youtube.com/watch?v=PqO0wZllOKY
https://www.youtube.com/watch?v=cYzcGw6QoF4
Trs rapidement, la fin des annes 1970, un certain nombre de critiques lencontre de la
thorie de Piaget merge. Ainsi la notion mme de systme universel doprations logiques
est conteste, de nombreux cas de dcalages horizontaux et verticaux tant rapports mettant
mal la notion de stade et le caractre linaire et progressiste du dveloppement intellectuel.
Une autre critique majeure concerne labsence dexplication sur le fait quune structure plus
puissante puisse se construire en sappuyant sur une structure moins puissante (Fodor, 1983).
Nous reviendrons sur ces critiques en Master 1 et exposerons des modles qui proposent de
penser le dveloppement autrement. En plus de ces deux critiques majeures, sont opposs
un certain nombre darguments aux thses piagtiennes :
1) Labsence de la prise en compte de laffectif : on sait que des perturbations dans ce
domaine peuvent affecter grandement le dveloppement, sans pour autant toucher
lintelligence pure . Or, luvre de PIAGET naborde pas le dveloppement affectif.
Cest lun des plus gros reproche que certains chercheurs lui feront. Lenfant piagtien
est vu comme un sujet exprimental, sans histoire et sans inconscient.
2) La conception du dveloppement de l'intelligence de l'enfant selon Jean Piaget est
linaire et cumulative car systmatiquement lie, stade aprs stade, l'ide
d'acquisition et de progrs. Toutefois les recherches portant sur le dveloppement
cognitif prcoce montrent que les bbs ont des comptences beaucoup plus
prcoces que ce que pouvait imaginer Piaget. Les recherches actuelles montrent que
le dveloppement de l'intelligence jusqu' l'adolescence et l'ge adulte compris (la
dernire marche) est jalonne d'erreurs, de biais perceptifs, de dcalages inattendus,
non prdits par la thorie piagtienne. Ainsi, plutt que de suivre une ligne ou un plan
qui mne du sensori-moteur l'abstrait (les stades de J. Piaget), l'intelligence avance
de faon plutt non linaire.
3) Dans la thorie piagtienne, il ny a pas dexplications sur le pourquoi on passe
dun stade un autre. En effet, Piaget parle dintuition et de pense intuitive qui permet
lenfant de rsoudre un problme et donc de passer une tape mais il nexplique pas
les facteurs de dveloppement. Cest ce que vont essayer de faire les nopiagtiens.
Mais reprenons ces critiques plus prcisment une une :
lesprit
la
capacit
d'imitation
nonatale
des
la tte et des mains). Limitation, ignore par Piaget, est sans aucun doute une base
extrmement solide du dveloppement cognitif.
Vido dune confrence de Meltzoff : https://www.youtube.com/watch?v=y4MCqFkbQXI
Exemple dimitation la naissance : https://www.youtube.com/watch?v=k2YdkQ1G5QI
Ces recherches ont le mrite de montrer que le dveloppement des structures logicomathmatiques ne peut lui seul rsumer le dveloppement cognitif et que lenvironnement
intra-sujet (les motions comme la gourmandise ; la motivation) et inter-sujet (des objets
comme les bonbons, les adultes, les pairs, les interactions) peuvent modifier les structures de
connaissance ce que ne souponnait pas Piaget. Ainsi, soulignons que lenvironnement ne se
limite pas aux interactions de personne personne, il fournit galement une varit d'outils
pour rsoudre des problmes : Par exemple, 1 an, le bb a lide d'utiliser un rteau pour
attraper un jouet. Les recherches comparant les cultures montrent galement que
lenvironnement peut modifier les structures de connaissance: l'utilisation du boulier influence
la faon dont les enfants se reprsentent les nombres et lenvironnement influe la faon dont
les peuples catgorisent les objets : les habitants de Papouasie-Nouvelle-Guine organisent
leur univers en choses chaudes et froides tandis que les habitants de La Runion
localisent les objets de leur environnement en mer ou montagne et pas gauche / droite.
souvent maladroites, et peu nombreuses. Piaget aurait-il alors sous-estim les comptences
du bb en sappuyant sur ltude de ses actions, contraintes par le dveloppement
maturationnel du systme nerveux ? Laction est-il le seul media permettant de mesurer le
dveloppement cognitif ? De nombreuses recherches tendent montrer que la perception,
moins contrainte en dbut de vie que laction pourrait tmoigner dun dveloppement cognitif
prsent ds la naissance. Du reste, la sparation perception / action prsente lpoque de
Piaget tend disparaitre, la perception pouvant tre envisage comme une action simule
(Berthoz, 1997). Dans ce contexte, on comprend que le cerveau puisse tre vu comme un
simulateur dactions.
Ainsi, ds les annes 1980, des chercheurs sintressent la perception, et plus
particulirement au regard1 chez le bb. Grce des moyens techniques comme la vido et
l'ordinateur, ils mesurent les temps de regard du bb sur des scnes visuelles et montrent
par exemple, dans lexprience de la permanence de lobjet, que la capacit du bb
concevoir qu'un objet continue d'exister lorsqu'il disparat de sa vue est prsente bien plus tt
(ds 4-5 mois) que ne le pensait Piaget (entre 8 et 12 mois). Pour cela, Rene Baillargeon,
Elisabeth Spelke et Stanley Vassermann ralisent une exprience, dsormais clbre : ils
prsentent aux bbs sur un cran de tlvision une vido dun nounours qui disparait
derrire un cache et enregistrent leurs regards. Ils observent alors que le bb ds 4/5 mois,
attend du regard le nounours la sortie du cache ! Preuve que le bb ne le considre
pas comme disparu mais cach ! Baillargeon a galement montr que les bbs de 15 mois
sont capables dinfrer des tats mentaux chez autrui (leurs
croyances
vraies
ou
fausses)
comme
par
exemple,
des
Fantz (1958) est le premier montrer que les bbs regardent plus longtemps un objet nouveau. Auparavant,
Il a fait le constat suivant : lorsqu'un bb observe un phnomne nouveau, par exemple une girafe en plastique
qu'il n'a jamais vue avant, il fixe intensment l'objet pendant plusieurs secondes. Au bout d'un laps de temps,
l'enfant s'habitue la prsence de l'objet et dtourne son regard. Si ensuite on prsente un petit lapin en bois
ct de la girafe qu'il connat dj, le bb porte son attention sur le lapin. Le chercheur en dduit que le temps
de fixation du regard est un bon indicateur de l'intrt que le bb porte la nouveaut.
https://www.youtube.com/watch?annotation_id=annotation_754354&feature=iv&src_vid=R89
0raSJWYg&v=3AuHrp8hPs0
B. 1. LE NEOSTRUCTURALISME
Le nostructuralisme dont Pascual-Leone (1988) est le leader vise articuler les apports du
structuralisme piagtien et les donnes plus rcentes de la psychologie cognitive du traitement
de linformation. Pascual-Leone fait lhypothse quil existe une
architecture
cognitive
gnrale,
comprenant
une
mmoire
Pascual-Lone fait alors lhypothse qu un moment donn, les schmes pertinents sont
activs grce une ressource cognitive lui permettant de les activer plus fortement que les
schmes trompeurs. Ainsi, lactivation dlibre de schmes, qui ne sont pas
automatiquement dclenchs requiert ce que Pascual-Lone appelle lattention mentale.
Pour autant, Pascual-Leone conserve de la thorie piagtienne la notion de stades et
dquilibration.
B. 1.1. ARCHITECTURE DU SYSTEME COGNITIF
Pour Pascual-Leone, lenfant est un systme de reprsentation et de traitement de
linformation symbolique et pas juste exclusivement un sujet en dveloppement opratoire.
Ainsi, dans la thorie des oprateurs constructifs, lenfant est un mtasujet compos dun
systme subjectif, avec des rpertoires de schmes cognitifs (figuratifs, opratifs
et excutifs), affectifs (motions, motivations) et personnels (styles cognitifs,
valeurs, croyances), dclench par une situation ; ce systme subjectif pourrait
reprsenter les logiciels dans un systme informatique si le sujet tait un
ordinateur ;
et
Un rpertoire de schmes
ou systme subjectif
ou systme mtaconstructif
6 oprateurs principaux :
calculateur central M
oprateurs dapprentissages C et L
les facteurs de champ ou oprateur F
Loprateur F peut tre illustr par le style cognitif dindpendance ou pas lgard du champ perceptif (Witkin
et al., 1962). Cet auteur a montr que dans des taches comme celles dans lesquelles le sujet doit retrouver une
figure simple imbrique dans une figure complexe, les sujets prsentent des stratgies varies. Les sujets peu
sensibles au champ perceptif trouveront rapidement la figure, les sujets dpendants du champ perceptif ne
russiront pas activer la reprsentation de la figure simple plus fortement que la figure complexe. Le concept
doprateur F correspond aux effets de champ qui sont lorigine de ce style cognitif.
ne peuvent lemporter que si le sujet dispose dune ressource cognitive permettant dactiver
les pertinents plus fortement que les trompeurs : cest la puissance mentale M. Le passage
dun stade un autre sexplique par laugmentation de cette puissance avec laugmentation
du SNC. Pascual-Leone modlise la puissance M d la faon suivante : A chaque stade de
dveloppement il y a un nombre maximal de schmes qui peut tre activ si lnergie
ncessaire leur activation est prsente (e). Ainsi, Pascual-Leone postule que la capacit M
augmente avec la maturation du systme nerveux central au cours de lenfance. Il dfinit
mme prcisment cette augmentation : elle passe de 1 (3 ans) 7 vers 16 ans, avec
laugmentation dun schme tous les 2 ans peu prs.
Lensemble form par linteraction de ces 4 oprateurs (M, E, I, F) constitue le systme de
gestion de lattention mentale. Ainsi, on peut dcrire les mcanismes qui sous-tendent une
rsolution de problme de la faon suivante :
Ages
Sous-stades piagtiens
Espace mental
(nergie ncessaire pour activer les schmes excutifs
+ nb de schmes activs) e + K
3-4
Pr-opratoire II
e+1
5-6
Pr-opratoire II
e+2
7-8
Opratoire concret I
e+3
9-10
Opratoire concret II
e+4
11-12
Prformel
e+5
13-14
Formel I
e+6
15-16
Formel I
e+7
B. 2. LA THEORIE DE CASE
Comme nous venons de le voir, la thorie de Pascual-Leone (1970, 1976) apparait, la fin
des annes 60, comme une des premires alternatives srieuses la thorie du
dveloppement cognitif de J. Piaget. Toutefois, l'arrive des sciences cognitives la fin des
annes 1970 apporte de nouvelles perspectives pour les recherches sur le dveloppement de
l'intelligence et certains vont chercher concilier l'approche piagtienne et la psychologie
cognitive.
Le psychologue canadien Robbie Case (dcd en 2000 l'ge de 55 ans) est l'un des
pionniers en la matire. Il propose un modle o la mmoire de travail3 (lment central de la
psychologie cognitive), est un lment clef du dveloppement. Il garde
toutefois de la thorie piagtienne lide que lenfant est acteur de son
dveloppement (constructivisme), quil y a des structures lies les
unes
aux autres et
et
Pour les psychologues cognitivistes, la mmoire de travail (situe dans le lobe frontal) est le centre de
traitement des oprations mentales les plus complexes comme la planification, les calculs, la rflexion
consciente, la stratgie...
rsoudre. La thorie propose par Case est donc une thorie de rsolution de problme
: le sujet doit se faire une reprsentation de la situation (grce des schmes figuratifs -objets
ou situations physiques ou sociaux- reprsentatifs des tats), une reprsentation de lobjectif
atteindre (grce aux schmes opratifs qui assurent la transformation des schmes
figuratifs), et laborer des stratgies mettre en uvre pour atteindre le but (grce aux
schmes excutifs)
Ce modle gnral de fonctionnement est illustr ci-aprs pour deux niveaux de rsolution du
problme de la balance. Rappelons que le dispositif de lexprience de la balance est compos
dune balance qui a sur chacun de ses deux bras, diffrentes tiges sur lesquelles peuvent etre
accroches des rondelles (toutes identiques). Ce dispositif permet de prsenter des situations
problmes trs varis en fonction de lemplacement (loignement des rondelles par rapport au
pivot) et du nombre de rondelles places. Lenfant doit prdire en fonction du nombre de poids
et de la distance des poids dans quel sens la balance penchera. Les recherches montrent que
les enfants tiennent comptent dabord dune seule dimension, celle du poids puis quils
prennent ensuite en compte les deux dimensions, la distance et le poids, mais ne peuvent
rpondre correctement que lorsque la dimension poids est constante. Enfin, dans un dernier
temps, les enfants coordonnent les deux dimensions en coordonnant leurs produits. Pour
illustrer le modle de Case, nous choisissons deux niveaux de conduite :
Voici la forme utilise par Case (1985, 1987) et reprise dans le cours de Jaques Lautrey, (in
psychologie du dveloppement, Ionescu, S. et Blanchet, A. (2006), PUF) pour dcrire ces
niveaux de conduite : chaque tape intellectuelle du sujet est symbolise par un parcours
indiqu par des flches. Cela commence par une analyse de la situation problme qui conduit
un objectif. Cet objectif en retour permet une analyse plus fine de la situation problme
(notamment chercher des caractristiques sur lesquelles sappuyer pour atteindre lobjectif).
Cette analyse de la tche en termes de buts et sous-buts dtermine la stratgie qui va pouvoir
tre dploye pour atteindre le premier sous but puis le but.
Stade dimensionnel, sous-stade 1: coordination opratoire (5-7 ans) :
SITUATION PROBLEME
OBJECTIFS
de chaque ct
dunits identiques
STRATEGIE
Indiquer que celui qui a le plus grandnombre pse le plus (et donc descend)
OBJECTIFS
de chaque ct
descendre
Compter chaque ensemble dunits et noter celui qui a le plus grand nombre
Si poids gaux, prdire que le ct avec la plus grande distance descendra, sinon
prdire que le ct avec le plus grand poids descendra
Ces stratgies sont gres par des structures de contrle excutif (SCE) qui supervisent
les transformations effectues. Elles constituent le tissu conceptuel de la comprhension,
sorte de rseau interne de concepts et de relations conceptuelles qui permettent aux enfants
de rflchir sur un grand nombre de situations4.
Chez Case, les SCE jouent un rle central ds la naissance (et peut-tre mme avant) :
lactivation de tout schme tant expriment par le bb comme ayant une charge affective :
neutre, positive ou ngative. Ds lge d1 mois, le bb serait capable dexercer un contrle
par son exprience affective, sociale et cognitive. Les structures de contrle permettraient ce
contrle. Ensuite, des structures plus spcifiques, appeles structures conceptuelles centrales
(SCC) en rapport avec des domaines de connaissances plus spcifiques (comme celles
permettant de rflchir sur les nombres, lespace, les narrations), permettraient dautres
structures de slaborer ; ces structures conceptuelles centrales auraient pour objectif de
rsoudre les nouveaux problmes lmentaires que lenfant rencontre au quotidien. Dans
cette perspective, le dveloppement serait conu comme un ensemble de changements
dordre qualitatif (nouvelles structures) et quantitatif (optimisation de la mmoire de travail).
En 1996, Case propose dajouter les structures conceptuelles centrales qui sont pour lui une seconde
contrainte (la premire contrainte tant pour lui la capacit limite de la mmoire de travail) cette fois ci
smantique qui structurent le dveloppement cognitif. Ces structures sapparentent aux structures de
Piaget dans le sens o elles sont un ensemble interne doprations, organises en des systmes
cohrents voluant en stades et sous stades. Pour autant elles diffrent de celles de Piaget de faon
majeure en ce sens que les oprations qui les composent nont pas de caractre logico-mathmatique,
quelles sont universelles dans leur squence mais spcifiques dans leur forme et leur occurrence,
quelles sont applicables un domaine spcifique, quelles sont acquises par lenvironnement social et
enfin quelles peuvent tre enseignes.
4
M= e+7
formelles
M=e+6
M= e+5
structures
oprations
Reprenons lexemple de la balance, et illustrons avec cet exemple les sous-stades du stade
dimensionnel : les deux schmes, construits au stade prcdent (stade interrelationnel) sont,
dune part, celui du poids, qui permet de comprendre le fonctionnement de la balance (un
objet lourd dun ct de la balance et un objet lger de lautre ct fait pencher la balance du
ct de lobjet lourd) et, dautre part, celui de dnombrement (le nombre correspondant au
dernier objet compt indique la quantit). La coordination de ces deux schmes sous la forme
dune nouvelle structure A-B entraine la cration dune nouvelle opration qui permet de
quantifier le poids sur une dimension continue ; Ainsi, lenfant peut compter le nombre de poids
de chaque ct pour trouver de quel ct la balance va pencher et rsoudre le problme de la
balance au sous-stade 1. Ainsi est constitue lunit mentale de base qui donne son nom ce
stade, savoir la dimension. Au sous-stade 2, une place de plus en mmoire de travail permet
de commencer coordonner les variations sur les deux dimensions, le poids (A1-B1) et la
distance (A2-B2). La coordination reste partielle puisque quelle nest efficace que lorsquune
des deux dimensions est tenue constante (en loccurrence le poids). Au sous-stade 3, une
place de plus en mmoire de travail permet de construire une structure de contrle plus
labore qui permet de coordonner des variations sur les deux dimensions, comme faire la
fois la diffrence entre les poids et entre les distances et comparer ces diffrences. Cette
nouvelle opration de mise en relation des variations sur deux dimensions, qui ne permet pas
encore de traiter les rapports de proportionnalit, sera lunit de base de la structure de
contrle du stade suivant, le stade vectoriel, o le problme de la balance sera rsolu au
niveau le plus lev en comparant le rapport entre les poids au rapport entre les distances.
Exprience
de
la
balance
avec
des
enfants
de
14
ans :
https://www.youtube.com/watch?v=xbkZLiJOQ3o&index=5&list=PLC8592F221933DA4C
Concernant les sous-stades, chez Piaget, seuls deux stades comportent des sous-stades
proprement dits : le stade sensori-moteur qui en compte 6 et le stade opratoire qui en compte
2. Le stade opratoire concret prsente cependant une hirarchie dans lacquisition de
certains concepts qui peut tre perue comme une succession de sous stades. Chez Case,
chaque stade se subdivise en trois sous-stades : le sous stade uni focal, qui est le stade qui
correspond la capacit dactiver deux structures de contrle simultanment afin de les
coordonner. Le sous stade bifocal qui est le stade qui correspond la capacit dactiver deux
coordinations de structures de contrle successivement. Et enfin le sous stade bifocal intgr
ou pr focal du stade suivant qui est le stade qui correspond la capacit de mettre en relation
les deux coordinations de structures actives afin de crer une structure de contrle
suprieure.
C- DISCUSSION
Que ce soient les thories nopiagtiennes ou la thorie de Piaget, elles saccordent toutes
sur le rle majeur de la maturation du systme nerveux central. Pour autant, si la maturation
ouvre de nouvelles possibilits de structures, elle ne les installe pas. En ce sens, la voie
constructiviste ouverte par Piaget reste privilgie par les nopiagtiens qui postulent que les
nouvelles structures sont construire par lenfant. Ces thories cherchent galement toutes
dgager des principes de fonctionnement et une squence de stades gnraux, cest--dire
sappliquant lensemble des domaines de connaissance. Toutefois, pour les nopiagtiens,
ces stades ne sont pas lis des structures contraintes par le dveloppement logicomathmatique, mais par la contrainte quexerce sur le fonctionnement cognitif la limitation de
la capacit de traitement. Cette capacit voluerait avec lge, dterminant un niveau maximal
de complexit cognitive quun individu serait capable dapprhender dans la rsolution dune
tche nouvelle. Enfin, chez les nopiagtiens, ces structures sont universelles dans leur
squence mais spcifiques dans leur forme et leur occurrence, elles sont applicables un
domaine spcifique, elles sont acquises par lenvironnement social et enfin elles peuvent tre
enseignes.
Reste souligner les deux principales divergences existant entre Pascual-Leone et Case : la
premire porte sur la nature de la capacit mentale. Pour Case, il sagit de la mmoire de
travail tandis que pour Pascual-Leone il sagit dun systme de gestion de lattention mentale.
La seconde porte sur le dveloppement de cette capacit. Pour Pascual-Leone, cest la
capacit elle-mme qui augmente alors que pour Case, cest seulement lespace de stockage
qui augmente, au fur et mesure que lespace occup par le traitement diminue (du fait de
laugmentation de sa vitesse) en fonction de la maturation et de lexercice. Enfin, notons une
divergence sur les mcanismes qui mnent aux stades de dveloppement, puisque que
Pascual-Leone postule que cest laccroissement quantitatif du nombre de schmes pouvant
tre activs simultanment qui permet de passer dun stade un autre tandis que Case postule
des
D- CONCLUSION
Si Piaget, Pascual-Leone et Case voient le dveloppement comme avanant par bonds
successifs et vers lavant sous forme de stades, les annes 1990 voient naitre de nouveaux
modles dynamiques du dveloppement, comme les thories volutionnistes du
dveloppement, qui font voler en clats la progression par stades. Le dveloppement de
lintelligence est, dans cette nouvelle perspective, envisage de faon graduelle, et de ce fait
quasi continue: Elle n'volue plus par bonds et vers l'avant, mais par petits pas rapprochs,
marqus d'arrts, de retours en arrire et de faux pas. Cette une conception dynamique de
l'intelligence qui est propose et qui considre l'volution cognitive comme l'volution
biologique. Ainsi Siegler imagine-t-il le dveloppement cognitif
comme une srie de vagues qui se chevauchent, chacune
correspondant un mode de pense ou une stratgie diffrente.
Pour Siegler, 2000, la cognition est comme dans le monde
biologique, soumise la comptition. Cest en observant les
diffrentes stratgies des enfants pour rsoudre des oprations
arithmtiques quil dveloppe une thorie selon laquelle lenfant
disposerait dune varit de stratgies cognitives qui entreraient en comptition. Les thories
Plus rcemment encore Olivier Houd a propos une thorie du dveloppement selon laquelle
le dveloppement cognitif du bb ne devrait pas seulement tre conu comme
l'acquisition progressive de connaissances mais aussi relever d'une capacit d'inhibition de
ractions qui entravent l'expression de connaissances dj prsentes. Ainsi, pour Houd,
ce qui poserait problme dans les tches de J. Piaget comme celle de la conservation du
nombre, serait la capacit apprendre inhiber le schme trompeur (stratgie perceptive
inadquate longueur gale nombre ), appel biais perceptif, schme qui marche le plus
souvent et que mme les adultes appliquent7 mais qui parfois induit en erreur. Ainsi pour
Houd, se dvelopper, c'est non seulement construire et activer des stratgies cognitives
comme le pensait J. Piaget, mais cest aussi apprendre inhiber des stratgies qui entrent en
comptition dans le cerveau. Le dveloppement de l'enfant n'est pas donc pas toujours linaire
R. Siegler insiste sur la trs grande diversit de stratgies mentales dont les enfants disposent pour rsoudre les problmes
auxquels ils sont confronts. Pour prendre lexemple de laddition, Les enfants utilisaient quatre stratgies de comptage
diffrentes. Soit ils levaient un doigt pour chaque unit et les comptaient oralement, soit ils levaient les doigts en comptant
mentalement, soit ils comptaient voix haute, sans utiliser ni leurs mains ni autre chose comme support et, enfin, la quatrime
stratgie n'impliquait aucun comportement audible ou visible. L'exercice veille diffrents modes de pense qui entrent en
comptition. L'enfant doit choisir la stratgie la plus adapte la situation. Notamment, aux contraintes du milieu qui implique
selon les cas d'tre rapide, prcis... Le choix de la stratgie et les mcanismes qui permettent la dcouverte d'une nouvelle
stratgie sont une forme d'adaptation.
Des expriences ralises avec Bernard et Nathalie Mazoyer Caen, ont permis de dcouvrir ce qui se passe dans le cerveau
de jeunes adultes avant et aprs l'apprentissage de l'inhibition d'une stratgie perceptive inadquate, c'est--dire avant et
aprs la correction d'une erreur de raisonnement. On observe une reconfiguration des rseaux crbraux, notament dans la
zone dite prfrontale .
et Houd dcrit mme la pense comme une jungle o les comptences de l'enfant et de
l'adulte se tlescopent et se bousculent.
Confrence
dOlivier
Houd :
http://www.canal-
u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/le_developpement_de_l_intelligence_chez_l_enfa
nt_olivier_houde.904
Enfin, nous terminerons sur la question de linnit. La dcouverte de capacits prcoces chez
l'enfant rveille en effet la question de savoir si ces comptences sont innes et relance le
vieux dbat entre nativisme et constructivisme. Ainsi, Jacques Melher et Emmanuel Dupoux,
dveloppent une thse inniste expliquant que les facults cognitives s'accroissent avec
l'ge selon un calendrier prdtermin et un schma directeur spcifique l'espce, qui doit
peu l'exprience acquise, au milieu ou des apprentissages. Dans le domaine du langage,
ils ont pu montrer que lapprentissage du langage ncessite des structures cognitives
prdfinies et spcifiques au stimulus. Chomsky (1965) postule quil doit en tre de mme
avec les autres domaines du dveloppement. Ainsi, dans le domaine du raisonnement logique
et arithmtique, Baillargeon, Houd et Mounoud, soulignent qu'il existe des facults trs
prcoces d'apprentissage par la perception (notamment visuelle) ou par des couplages entre
perception et action. Ainsi les structures cognitives seraient ds le dpart spcialises et
spcifiques, ce qui est loppos de la vision piagtienne, pour qui la structure a une vise
gnrale. Larticle de Roger Lecuyer sur la question de linnit vous permettra de voir les
questions qui font dbat et les rponses que les noconstructivistes apportent.
En conclusion, des thories nopiagtiennes aux tenants de la psychologie inniste, en
passant par les spcialistes du dveloppement prcoce, les principaux chercheurs qui ont
poursuivi l'uvre de J. Piaget prsentent une diversit de points de vue sur le dveloppement
psychologique de lenfant. Les thories actuelles sarticulent autour du rle crucial de la
mmoire de travail et de lide que se dvelopper signifie activer sa mmoire de travail,
confronter diffrentes stratgies, les mettre en comptition, en inhiber certaines, et acqurir
un raisonnement logico-mathmatique de plus en plus sophistiqu. Cest lide dune pense
plus large, d'une pense plus en contexte que ne lavait envisag Piaget (Olivier Houd).
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