41 Le Petit Nicolas Voyage
41 Le Petit Nicolas Voyage
41 Le Petit Nicolas Voyage
Le Petit Nicolas
voyage
IMAV ditions
On part en Mvacances
cendu dans le salon et j'ai attendu papa. On entendait beaucoup de bruit dans la cave et puis papa est
arriv avec les valises, tout noir et pas content.
- Je me demande pourquoi on met toujours des
malles au-dessus des valises que je cherche, pourquoi on remplit cette cave avec du charbon et pourquoi l'ampoule est grille, il a demand papa, et il
est all se laver.
Quand papa est revenu et qu'il a vu le tas de
choses que je dois emporter, il a t trs mchant.
- Qu'est-ce que c'est que ce bric--brac ? il a cri,
papa ; tu ne crois tout de mme pas que nous allons
emmener tes ours en peluche, tes autos, tes ballons
de football et ton jeu de construction, non ?
Alors, moi, je me suis mis pleurer et papa est
devenu tout rouge dans le blanc des yeux et il m'a
dit : Nicolas, tu sais bien que je n'aime pas a , et
En voiture !
Le voyage en Espagne
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Mots croiss
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Signes de piste
puis j'irai me cacher, parce que moi je serai le prisonnier que les ennemis ont emmen. Alors, vous,
vous suivrez les signes et vous viendrez me dlivrer.
- Et les signes, on les reconnatra comment ? a
demand Maixent.
- Je vais prendre des cailloux dans les alles, a dit
Rufus, et j'en ferai des petits tas. Vous, vous devrez
suivre les tas. Mais attention ! Il faut pas que l'ennemi vous voie ; alors, vous devrez ramper, comme
font les Peaux-Rouges.
- Ah non, a dit Alceste. Moi, je ne rampe pas. Je
n'ai pas envie de salir mon sandwich.
- Il faut que tu rampes, a dit Rufus, sinon l'ennemi te verra.
- Tant pis pour l'ennemi, a dit Alceste. Il n'a qu'
pas regarder, l'ennemi, parce que moi je ne marche
pas pour ramper !
Si tu ne rampes pas, t'es pas un Peau-Rouge et
tu ne fais plus partie de la bande ! a cri Rufus.
Alceste lui a tir la langue, qui tait pleine de
miettes, et ils allaient commencer se battre. Mais
moi, j'ai dit qu'on n'allait pas perdre son temps et
qu'on ferait comme si Alceste rampait et comme si
l'ennemi ne le voyait pas. Et tout le monde a t
d'accord.
- Bon, a dit Rufus ; pendant que je prpare les
signes de piste, vous, retournez-vous et ne me regardez pas.
Nous on s'est retourns et Rufus est parti.
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On s'enfonait toujours dans la fort et M. Bldurt s'accrochait aux ronces, il a mme dchir un
peu sa culotte de cheval. Au bout d'un temps, je lui
ai demand s'il allait enfin nous les montrer, les
merveilles de la nature. Alors, M. Bldurt a commenc nous montrer comment on pouvait trouver son chemin en faisant des marques sur l'corce
des arbres avec un couteau. J'ai d faire un bandage
au doigt de M. Bldurt avec mon mouchoir, parce
qu'avec le couteau, M. Bldurt a rat l'arbre et il a eu
son doigt. On a continu marcher.
Alceste en a eu un peu assez et il a demand si
on ne pouvait pas faire quelque chose de plus utile,
comme cueillir des champignons, qui sont si bons
dans les omelettes. M. Bldurt lui a dit qu'il fallait
tre trs prudent avec les champignons, qu'il y en
avait des dangereux qui pouvaient vous empoisonner. Alceste a commenc ramasser des champignons, et, pour savoir s'ils taient empoisonns, il a
trouv un truc : il les gotait.
M. Bldurt lui a conseill d'arrter, parce qu'il ne
pensait pas que c'tait la bonne mthode.
Et puis, M. Bldurt a trouv des traces par terre.
- Regardez, les enfants, voici des traces. Je vais
vous montrer comment identifier l'animal par les
marques de ses pas.
M. Bldurt s'est accroupi pour regarder les
marques de prs, ce qui a fait craquer sa culotte de
cheval qu'il avait dj un peu dchire.
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Tout seul
- C'est ridicule, la fin ! a cri papa. Nicolas restera seul, il n'y a aucun danger. Il faut qu'il apprenne
se conduire en homme !
Moi j'tais drlement fier d'tre un homme. Et puis
lundi, je raconterai des tas de choses aux copains.
- Et puis, tu sais, Nicolas, m'a dit maman, demain
si tu es sage, nous t'emmnerons au cinma !
- Il y a un film de cow-boys formidable, dans le
quartier, a dit papa.
- Et tu vas dner tout seul, la cuisine, a dit
maman. Je vais te mettre la table, avec les jolies
assiettes, comme pour un invit, et je vais te faire,
devine... Des frites ! Et pour le dessert il y a un
gteau au chocolat, oui monsieur !
- Et tu pourras dessiner au lit ! a dit papa.
- Avec les crayons de couleur ? j'ai demand.
- Avec les crayons de couleur ! a rpondu papa en
rigolant.
Alors, je me suis mouch, j'ai rigol, maman a
rigol aussi, elle m'a embrass, elle m'a dit qu'elle
tait fire de son grand fils, papa m'a pass la main
sur la tte, il a dit qu'il tait impatient d'tre
demain pour aller voir ce fameux film de cow-boys,
et qu' l'entracte, a ne l'tonnerait pas tellement
qu'on mange des glaces.
Aprs, a a t trs chouette, je suis all jouer dans
ma chambre - papa ne m'a pas dit de faire mes
devoirs, comme les autres soirs - et puis maman est
venue me chercher pour me dire d'aller prendre mon
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Le voyage de Geoffroy
l'couter. Il y avait mme Agnan, qui est le chouchou de la matresse et qui d'habitude, avant la
classe, repasse ses leons, surtout quand c'est une dicte prpare ; et Geoffroy tait tout fier, cet imbcile.
- Tu n'as pas eu peur ? a demand Agnan.
- Peur ? Pourquoi veux-tu qu'il ait eu peur ? a
demand Rufus. Il n'y a aucun danger.
- Bien sr, a dit Eudes, l'avion, on le prend comme
un autobus, c'est tout.
- T'es pas un peu fou ? a demand Geoffroy. Tu me
fais rigoler avec ton autobus. C'est drlement dangereux, l'avion.
- Ce qui est dangereux, ce sont les fuses, a dit
Maixent. a, c'est vraiment dangereux ; parce
qu'une fuse, bing ! a clate tout le temps, et tu ne
peux pas comparer une fuse et un avion. Un avion,
ct d'une fuse, c'est un autobus.
- a, c'est vrai, a dit Clotaire. Les fuses, c'est
dangereux. J'en ai vu des tas clater la tl.
- Mon oncle, a dit Joachim, a pris l'avion pour
aller passer ses vacances en Corse, alors !
- Alors quoi ? a cri Geoffroy. a veut dire quoi,
a ? En tout cas, je suis le seul de la bande qui ait pris
l'avion !
- Qu'est-ce qu'il y avait manger au mariage de
la cousine ? a demand Alceste.
- Et tout le monde avait peur, dans l'avion ! a
cri Geoffroy. Tout le monde sauf moi !
- C'est toi qui leur faisais peur ! a dit Maixent.
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Eudes s'est mis rigoler, alors Geoffroy s'est drlement fch, et il s'est mis crier que parfaitement,
qu'il y avait eu une tempte terrible, et que l'avion
avait failli tomber, et que tout le monde avait eu
peur sauf lui, et qu'il tait prt donner une baffe
n'importe quel imbcile qui ne serait pas d'accord,
et que les fuses a le faisait bien rigoler.
- Geoffroy ! a cri la matresse. En voil des
manires ! Vous perdez la tte ! Allez vous asseoir !
Mais Geoffroy a continu crier et dire qu'il
tait prt donner des baffes tous les minables qui
n'avaient jamais pris l'avion.
- Geoffroy ! a cri la matresse. Vous me conjuguerez pour demain, l'indicatif et au subjonctif, le
verbe : Je ne dois pas crier en classe ni profrer, sans
raison, des insultes l'intention de mes camarades.
Maintenant, que je n'entende plus personne, sinon,
c'est la punition gnrale ! Sortez vos cahiers de dicte. .. Vous m'avez entendue, Clotaire ?
la rcr, nous nous sommes mis de nouveau
autour de Geoffroy, et Alceste nous a expliqu
qu'au mariage de son oncle, l'anne dernire, il y
avait un saumon terrible avec des tas et des tas de
mayonnaise ; mais comme on ne l'coutait pas, il a
sorti une tartine de sa poche et il s'est mis manger.
- C'est vrai qu'il y a eu une tempt ? a demand
Clotaire.
- Une tempte terrible ! a rpondu Geoffroy.
Mme les pilotes taient drlement inquiets.
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Le bureau de papa
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- Oh ! oui, j'ai dit. Peut-tre qu'ils nous emmneront ensemble au cinma, et puis au restaurant ! Et
puis papa il a dit aussi que ton pre il tait trs dur
en affaires.
- Et a veut dire quoi, a ? m'a demand Eudes.
- Ben, je ne sais pas, moi, j'ai rpondu. Je croyais
que toi tu savais, puisque c'est ton pre.
- Moi, je sais, a dit Geoffroy, qui venait d'arriver.
tre trs dur en affaires, a veut dire qu'on ne se
laisse pas faire quand les autres essaient de vous
rouler. C'est mon pre qui m'a expliqu a, et lui il
ne se laisse rouler par personne.
- Ah ! bien, tiens, a dit Eudes, mon pre non
plus il ne se laisse rouler par personne ! Et tu pourras dire ton pre, Nicolas, que s'il veut rouler mon
pre, il peut toujours courir !
- Mon pre, il veut pas rouler ton pre ! j'ai cri.
- Ouais, a dit Eudes.
- Parfaitement ! j'ai cri. Et puis mon pre n'est
pas all chercher ton pre. Il est venu tout seul, ton
pre ! On l'a pas sonn, ton pre ! On n'en a pas
besoin de ton pre, non, mais c'est vrai a, quoi, sans
blague, la fin !
- Ah ! on n'en a pas besoin de mon pre ? a dit
Eudes. Eh bien, ton pre il devait tre bien content
de le voir, mon pre, tiens !
- Ne me fais pas rigoler, j'ai dit. Mon pre il est
trs occup et il n'aime pas que des tas de minables
viennent le dranger !
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arrive un peu trop souvent, j'ai pens que vous voudriez leur parler.
- Mais vous avez trs bien fait, monsieur Dubon,
a dit le directeur. Alors, mes lascars, on vient
l'cole pour faire de la boxe ? On se conduit comme
des petites brutes ? Ne savez-vous donc pas, malheureux, que vous tes sur la mauvaise voie ? Celle
qui mne la dchance et au bagne ?... Alors, que
diront vos parents, quand on vous emmnera en
prison ? Vos pauvres parents, qui se sacrifient pour
vous et qui sont pour vous un exemple de sagesse et
d'honntet... Et puis, d'abord, quelle est la raison
de cette querelle ?... Eh bien ? j'attends !
Alors, Eudes et moi nous nous sommes mis
pleurer.
- Ah ! non. Ah ! non, a cri le directeur. Je n'aime
pas ces manires ! Nicolas, rpondez !
- Il a dit que mon pre il voulait rouler son pre !
j'ai dit. Et ce n'est pas vrai !
- Si, c'est vrai ! a cri Eudes. Et puis il a dit que
son pre avait dit que mon pre tait un minable !
Et puis mon pre il est plus fort que son pre, alors
s'il ne retire pas ce qu'il a dit, moi je dis mon pre
d'attendre son pre dehors et de lui donner des
coups de poing sur le nez, son pre !
- Il peut essayer, ton pre, tiens ! j'ai cri. Et puis
mon pre, il est plus fort que ton pre ! Drlement
plus ! Et ce sera bien fait s'il roule ton pre !
Et nous nous sommes remis pleurer, et le direc90
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All!
Et le tlphone a sonn.
- All, a dit papa, et puis il a cart le tlphone
de son oreille et il m'a appel.
- C'est pour toi, il a dit papa, et j'ai eu l'impression qu'il commenait ne pas rigoler.
J'ai pris le tlphone et Alceste a cri :
- Alors quoi ? Tu me rappelles ou pas ?
- Ben, je ne pouvais pas, Alceste, tu ne m'avais
pas donn ton numro ? je lui ai expliqu.
- All ! a cri Alceste. All ! Quel numro ? All !
Parle plus fort !
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(f
La sance de cinma
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dans le cinma. J'ai demand papa d'aller au premier rang, l o on entend mieux et o les images
paraissent plus longues. Papa, il ne voulait pas, il me
tirait par la main. Mais les lumires se sont teintes
et l'ouvreuse a dit papa de se dcider parce qu'elle
avait d'autres gens placer.
Au premier rang, papa tait le seul grand, ct
de papa se trouvait mon ami, le gros Alceste, celui
qui mange tout le temps.
Les six dessins anims se sont bien passs. Papa,
l'entracte, se plaignait seulement d'avoir un peu
mal la tte et aux yeux.
On a achet des glaces, une pour moi (au chocolat) et une pour papa. Alceste en a achet quatre,
pour tenir le coup pendant le film.
Puis, la lumire s'est teinte nouveau et Le
Mystre de la mine abandonne a commenc. C'tait
formidable ! Il y avait un homme, tout en noir, la
figure couverte par un mouchoir noir et qui avait
un cheval noir. L'homme tuait un vieux mineur et
la fille du vieux mineur pleurait et le shrif, qui tait
tout en blanc et qui n'avait pas de mouchoir sur la
figure, jurait de dcouvrir qui tait l'homme noir. Il
y avait aussi un mchant banquier qui voulait s'emparer de la mine aprs la mort du vieux mineur.
C'est ce moment que papa s'est retourn pour
demander au petit garon qui tait assis derrire lui
de ne plus donner de coups de pied dans le dossier
de son fauteuil.
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-14, f?
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~iii-
L'anniversaire de papa
Maman lui a rpondu que non et elle lui a propos encore un peu de caf. Papa s'est lev, il a dit
qu'il tait press et il est parti. Il n'avait pas l'air trop
content.
Quand papa est sorti, maman s'est mise rire.
- C'est ce soir que papa va tre surpris, elle a dit :
il croit que nous avons oubli que c'est son anniversaire !
Et puis maman m'a montr le cadeau qu'elle avait
achet pour papa : une chouette cravate. Elle a des
ides terribles, maman ! Et puis, cette cravate tait
formidable : toute jaune, avec des petites ross dessus. Maman achte souvent des cravates pour papa,
mais papa ne les met presque jamais. Elles sont si
belles qu'il doit avoir peur de les salir.
Maman m'a dit que je devais acheter aussi un
cadeau pour papa. Alors, avant d'aller l'cole, je
suis mont voir ce que j'avais comme conomies
dans ma tirelire, parce que je garde de l'argent pour
m'acheter un avion, plus tard, quand je serai grand.
Mais j'ai eu des tas de choses acheter la semaine
dernire et il ne me restait plus grand-chose, pas
assez pour offrir papa le train lectrique dont nous
avons envie.
l'cole, comme j'tais press de rentrer la
maison pour la fte, la journe n'a pas pass vite.
En revenant, j'ai achet le cadeau pour papa: un
paquet de caramels, des rouges. J'ai dpens tout
mon argent, mais papa sera content. Avec la cravate
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La rcompense
- Aussi, a dit le directeur, votre matresse et moimme avons dcid de vous rcompenser: jeudi,
vous irez en pique-nique !
On a tous fait oh , et puis le directeur nous a
dit:
- Il ne me reste qu' vous conseiller de ne pas
vous endormir sur vos lauriers, et de continuer
votre effort, qui vous permettra de marcher vers un
avenir prometteur, donnant ainsi toute satisfaction
vos chers parents, qui se sacrifient pour vous.
Le directeur est parti et, quand nous nous sommes
rassis, nous nous sommes tous mis parler en mme
temps, et la matresse a frapp avec sa rgle sur son
bureau.
- Un peu de calme, elle a dit. Allons, un peu de
calme ! Je vous demande tous d'apporter une
lettre de vos parents vous autorisant aller ce
pique-nique. L'cole fournira le repas, et nous nous
donnerons rendez-vous ici jeudi matin, o nous
prendrons le car qui nous emmnera la campagne. Et maintenant, nous allons faire une dicte ;
prenez vos cahiers et Geoffroy, si je vous prends
encore une fois faire des grimaces Agnan, vous
n'irez pas en pique-nique avec nous.
Le lendemain, nous avons tous apport des
lettres de nos parents, disant qu'on pouvait aller en
pique-nique, et Agnan a apport une lettre d'excuses, disant qu'il ne pourrait pas y aller. Jusqu'
jeudi, on a drlement parl du pique-nique, en
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M. Mouchabire, qui vient avec nous au piquenique, a mis ses paniers dans le car, et puis on nous
a dit de monter, et Geoffroy et Maixent se sont battus, parce qu'ils voulaient tre tous les deux assis
devant, la place ct du chauffeur, et la matresse les a spars, elle a fait asseoir Geoffroy au
fond du car, et elle leur a dit que s'ils n'taient pas
sages, ils ne viendraient pas avec nous. Il y a eu
encore quelques histoires, parce que tout le monde
voulait tre ct de la fentre, et Mouchabire
nous a dit que si on ne se tenait pas tranquilles, on
aurait des lignes, et que, encore un mot, et personne ne serait assis ct des fentres.
Et puis on est partis, c'tait chouette comme
tout, et on a chant, tous sauf Geoffroy qui boudait,
et qui a dit qu'il ne photographierait personne, et
que s'il avait su, il serait venu au pique-nique dans
la voiture de son papa, o il a le droit de s'asseoir
ct du chauffeur, chaque fois qu'il en a envie.
On a roul trs longtemps, et on rigolait bien
crier et faire des grimaces chaque fois qu'on voyait
une voiture, et la place la plus chouette c'tait celle
au fond du car, parce qu'on peut rigoler avec les
voitures qui n'arrivent pas doubler dans les ctes.
Et Geoffroy s'est battu avec Maixent, parce qu'il ne
voulait pas le laisser venir au fond du car, et la matresse les a fait asseoir tous les deux devant, ct
du chauffeur, qui a d se serrer.
Et puis, on s'est arrts dans la campagne, et la
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matresse et M. Mouchabire nous ont dit de descendre tous, mme les punis, de nous mettre en
rang, et de ne pas nous carter. Le chauffeur, le
pauvre, est rest seul dans le car, et il s'essuyait la
figure avec son mouchoir.
Nous sommes arrivs sous des arbres, et la matresse nous a dit que c'tait dfendu de grimper dessus, et qu'on ne devait pas manger les choses qu'on
pourrait trouver dans l'herbe, parce que c'tait du
poison. Pendant que la matresse et M. Mouchabire mettaient une nappe par terre, et commenaient sortir des ufs durs, des pommes et des
sandwiches des paniers, et qu'Alceste mangeait ce
qu'il y avait dans le panier qu'il avait apport pour
lui tout seul (du poulet et de la tarte !), nous, on
a commenc courir partout, jeter les balles, et
M. Mouchabire est venu en courant pour confisquer le filet crevettes de Clotaire, parce qu'il tapait
sur Rufus, qui lui avait jet sa balle la figure.
Clotaire tait fch, parce qu'on tait tous en
train de jouer la balle au chasseur, et quand vous
tes le seul qui n'a pas de balle, c'est nervant, la
balle au chasseur. Et puis la matresse nous a appels pour manger, et c'tait trs bien, il y avait deux
gros sandwiches pour chacun, des ufs durs et des
pommes, et le seul qui s'est plaint qu'il n'y en avait
pas assez, c'tait Alceste.
Aprs le djeuner, la matresse nous a propos de
jouer cache-cache, et on a t trs contents, parce
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Je suis sorti dans le jardin pour continuer pleurer tranquillement, parce que, dans la maison, papa
et maman parlaient trs fort, et on ne s'entendait
plus. M. Bldurt, qui est notre voisin, m'a vu pleurer
et il m'a demand ce que j'avais. Je lui ai rpondu
que mon papa tait l'agonie et qu'il ne voulait pas
faire mes problmes. M. Bldurt est devenu tout
blanc, il avait l'air d'avoir drlement peur des
rhumes, mais je n'ai pas eu le temps de lui expliquer
que l'agonie de papa n'tait pas bien grosse, c'est
peine s'il avait le nez rouge, que M. Bldurt avait
les comptes de la maison, parce que a faisait longtemps que a tramait, et elle a apport des tas de
papiers avec des calculs dessus.
- Je vais me crever les yeux avec tout a, a dit
papa, il n'y a pas assez de lumire dans ce salon !
Alors, maman a dit que papa avait raison et qu'il
fallait arranger la prise pour la lampe. Papa a donn
un coup de poing sur mes problmes et il a dit que
non, qu'il voulait se reposer, non mais des fois, et
maman a discut avec lui.
Papa tait assis par terre en train d'arranger la
prise quand le tlphone a sonn. Papa s'est lev, il
a dcroch l'appareil et il a dit :
- All, et il a cri vers la cuisine : Viens, c'est ta
mre !
Ta mre, c'est la maman de ma maman, c'est-dire mme.
- All, maman ? a dit maman. Bonjour, oui, il est
la maison... Non, ce n'est pas grave, un simple
rhume... Non, pas la peine d'appeler le docteur...
Comment ? Mais non, maman, M. Caplouffe n'est
pas mort d'un rhume, il est mort d'une pneumonie et il avait quatre-vingt-neuf ans... Attends, je
note..., et maman a inscrit des choses sur un papier
et puis aprs, comme chaque fois que mme tlphone, j'ai pris l'appareil, je lui ai dit que j'allais
bien, elle m'a dit que j'tais son petit chou elle, et
puis elle m'a demand de lui envoyer des baisers,
alors moi, j'ai fait des baisers dans notre tlphone,
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L'anniversaire de papa,
La rcompense,
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Ren Goscinnij
Jean-Jacques Semp
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