Le Fonds Latin Du Vocabulaire Francais
Le Fonds Latin Du Vocabulaire Francais
Le Fonds Latin Du Vocabulaire Francais
du vocabulaire franais
Lvolution du latin dans les langues romanes
Le franais, comme toutes les langues dites romanes , doit videmment
beaucoup au latin. En effet, la rpublique de Rome [particulirement aux iie et
iersicles avant J.-C.] puis lEmpire des Csars [surtout aux ier-iiesicles aprs J.C.] tendent la domination romaine sur le pourtour mditerranen et modifient
considrablement lunivers linguistique des pays conquis. lapoge de lexpansion romaine, au iiesicle aprs J.-C., la mditerrane est latinise des degrs
divers. Le latin se superpose aux langues existantes qui perdurent et coexistent
plus ou moins longtemps. Notons que le latin na jamais t impos par la volont de Rome. Il se trouve que lassimilation sest produite par le temps. Le substrat,
cest--dire la langue prexistant larrive du latin, a pu soit continuer voluer
puis, faute de locuteurs, steindre, soit tre assimil dune manire ou dune
autre avec le superstrat latin quil a contribu enrichir. Par exemple, le gaulois
tait une langue parle dans la plaine du P [Gaule cisalpine] et sur une grande
partie de la France actuelle [Gaule transalpine]. Le gaulois va lentement tre
supplant par la langue de lenvahisseur alors mme que le latin parl en Gaule
senrichissait dun vocabulaire nouveau [les emprunts latiniss furent nombreux1]
et en quatre cinq sicles, le substrat fut dune certaine manire assimil au superstrat latin. On considre que le gaulois sest maintenu tant bien que mal chez
les locuteurs jusquau ve ou viesicle de notre re. Il serait toutefois incorrect de
penser quavant le iiesicle avant J.-C., date laquelle les invasions se font plus
nombreuses en Gaule transalpine, on ne parlait que gaulois. Les Ibres taient
installs dans une grande partie de lactuel sud-ouest de la France [mais aussi plus
largement dans la pninsule dite ibrique] et leur langue a probablement t
parle jusquau iersicle avant J.-C. Les Ligures, autre trs vieux peuple europen
dont une partie vivait dans le Sud-Est de la France [essentiellement les Alpes mais
aussi plus au nord, le long du Rhne], ont sans doute perdur aprs les priodes
de colonisation romaine. Bref, le latin parl sur le territoire de la Gaule a russi
supplanter les langues prexistantes en enrichissant toutefois son vocabulaire.
Cest ainsi que ce latin-l, bien loin du classique idiome cicronien, est devenu
1. Voir le chapitre 3 de cet ouvrage sur le vocabulaire gaulois en franais.
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Latin
Populaire
Proto
Roman
Sarde
Latin
Chrtien
Proto-Roman
Oriental
Roumain
Italien
Proto-Roman
Occidental
Portugais
Espagnol
Catalan
Gallo-Roman
Gallo-Roman
Septentrional
Gallo-Roman
Mridional
Langue dOl
Langue dOc
Dialectes Franais
Dialectes Occitans
2. Voir ce sujet: Michel Banniard, Du latin aux langues romanes, Paris, Nathan, 1997, p.39.
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Force est de constater que sur bien des points, le franais a connu, au cours
de son volution, de nombreuses mtamorphoses dordre syntaxique, morphologique, phontique et bien sr lexical. Voyons dsormais de quel latin prcisment il est question ici.
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mauvais cheval, souvent de trait. Cest pourtant ce dernier terme qui supplante le
premier et volue naturellement sur le territoire de la Gaule pour donner cheval,
terme ayant pris alors un sens gnrique. Mais tout comme ignis, equus rapparat en franais la Renaissance dans les lexiques techniques et scientifiques
sous les formes composes quitation, questre, etc.
Ci-dessous un tableau de quelques formes concurrentes entre latin classique
et latin populaire:
Latin classique vs latin populaire:
Deux formes concurrentes, deux volutions distinctes
Latin
Franais standard
Lexique gnral
[date de la premire
attestation du mot]
Franais scientifique
et technique1
[date de la premire attestation du mot]
LC: equus
LP: caballus
cheval [xies.]
questre [xives.],
quitation [xvies.]
LC: ignis
LP: focus
feu [xies.]
LC: ager
LP: campus
champ [xies.]
LC: sidus
LP: stella
toile [xies.]
sidral [xvies.],
sidr [xvies.],
sidration [xvies.]
LC: tellus
LP: terra
terre [xes.]
LC: potare
LP: bibere
boire [xes.]
Il y avait donc bien en latin, sur le territoire de la Gaule et au moins pendant la priode impriale, des termes concurrents dsignant plus ou moins la
4. L es termes de cette catgorie ne relvent pas de lvolution phontique du mot latin considr mais
sont des emprunts tardifs scientifiques [en gnral partir du xiv e sicle mais certains peuvent tre
trs rcents] construits partir de cette base tymologique. Le mot en LC, tel quel, na en gnral
donn aucune forme en franais.
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mme ralit du monde5 [potare/bibere, tellus/terra, etc.] mais qui ntaient pas
employs dans les mmes contextes ou par les mmes personnes. Certains linguistes ont montr combien lart du compromis a d tre crucial dans la latinophonie des iiie et ix e sicles6 et na pas t tranger aux mutations profondes
du latin parl sur le territoire de la Gaule. De telles mutations sont diverses et
les variables langagires lintrieur dun diasystme7 sont multiples elles aussi:
lvolution des formes va de pair avec les transformations phontiques.
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un latin chrtien. On aura donc dans la langue un seul terme mais plusieurs
acceptions. Cest le cas du mot corruptio qui donnera en franais corruption9:
On constate lvolution complte du mot acheve au xiv esicle et qui dun ct
a intgr naturellement les sens classiques [altration, destruction pourriture et, dans une certaine mesure, sduction] mais surtout partir du xiv e
sicle les sens chrtiens du mot [perversion, corruption et destruction].
Le latin classique a donn en franais le sens concret du terme [la corruption
dun texte, dun fruit] alors que le latin chrtien fournit quant lui les acceptions
morales [la corruption politique, la corruption des murs, etc.].
Conclusion
En somme do vient le vocabulaire franais issu du latin
? Plusieurs
sourcessont convoquer:
du latin populaire provenant lui-mme dun latin employ dans les provinces gauloises aprs les invasions romaines. Ce latin parl, comme
dans toutes les aires gographiques de la latinophonie [puis romanophonie] a volu en marge dun latin classique conservateur et plutt
crit. Cest ce latin-l qui a naturellement connu des mutations profondes conduisant la cration du franais comme langue dite romane.
Cette mutation sest produite essentiellement entre le iiie sicle et le
ix esicle aprs J.-C. De cette source-l, le lexique franais est redevable
de la grande majorit des mots quil possde.
du latin chrtien qui a profondment modifi la civilisation impriale
dabord [iiie s.-Ve s.] puis lOccident en gnral. Les termes dorigine
chrtienne sont nombreux en franais: corruption, obdience, usurper,
cohrence, etc.
du latin classique enfin, dont il ne faudrait tout de mme pas ngliger
lapport: de nombreuses formes sont lorigine des termes populaires
et ont surtout t intgres par emprunt en franais ou comme base de
cration lexicale pour former le vocabulaire savant et spcialis10 que
nous connaissons aujourdhui.
9. P
our une tude complte de ce groupe, voir O.Bertrand, Du vocabulaire religieux, op.cit., particulirement le chapitre 3 sur la nologie smantique.
10. L e lexique scientifique franais doit aussi un tribut non ngligeable la langue grecque. Voir le
chapitre intitul que reste-t-il du grec en franais ? dans cet ouvrage.
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Rfrences bibliographiques
Banniard Michel, Du latin aux langues romanes, Paris, Nathan Universit, 1997.
Excellent ouvrage de synthse pour comprendre lvolution gnrale du latin
vers les langues romanes contemporaines. Lauteur y dcrit les principales
mutations [syntaxiques, phontiques, morphologiques]. Voir particulirement
le chapitre1: volutions et mtamorphoses.
Bertrand Olivier, Du vocabulaire religieux la thorie politique en France au
xiv esicle: les nologismes chez les traducteurs de Charles V, Paris, Connaissances et Savoirs, 2005. Louvrage explique lvolution de mots du latin chrtien jusquen franais. Voir en particulier la premire partie sur lmergence
du lexique chrtien dans le monde latin puis lvolution du lexique chrtien
jusquaux grandes traductions du xiv esicle en franais.
Herman Joseph, Le latin vulgaire, Paris, PUF, Coll. Que sais-je?, 1965 et rd.
Cet ouvrage, bien quassez ancien, est une synthse facile daccs et riche
denseignements sur les volutions du latin tardif dans la Romania.
Huchon Mireille, Histoire de la langue franaise, Paris, Le Livre de Poche, 2002.
Ouvrage de synthse trs complet. On notera en particulier concernant lvolution du latin le chapitre 1 intitul Le protofranais ou lmergence de la romana lingua: le latin vulgaire en Gaule lpreuve des Celtes et des Francs.
Picoche Jacqueline & Marchello-Nizia Christiane, Histoire de la langue franaise, Paris, Nathan Universit, 1994. Ouvrage de rfrence pour lvolution
des structures, la consultation du chapitre 10 sur le lexique sera particulirement instructive, notamment concernant les donnes statistiques du vocabulaire franais.
Walter Henriette, Laventure des langues en Occident, Paris, ditions Robert
Laffont, 1994. Dans la partie intitule Les langues issues du latin lauteur propose une lecture compare et offre presque systmatiquement des
exemples emprunts aux langues romanes. Le lecteur peut facilement voir
le cheminement dun mme mot travers diffrentes langues dont la source
est commune.
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retenir
L e fonds commun du vocabulaire franais est majoritairement latin. Le franais fait donc partie des langues
dites romanes, tout comme le portugais, lespagnol, le
roumain, litalien, le romanche.
C
est en premier lieu le latin populaire qui est lorigine
du franais sur le territoire de la Gaule transalpine.
L a mutation du latin populaire au protofranais puis
au franais se produit entre le iiiesicle et le ix esicle,
date laquelle les premires attestations en franais
sont connues.
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Le substrat gaulois
Pendant le premier millnaire avant J.-C., les peuples celtiques se dplacent
vers louest. Certains traversent la mer vers les les, dautres envahissent le territoire actuel de la France et sy installent durablement. Nous navons que trs peu
de traces crites des Gaulois eux-mmes qui ne pratiquaient pas une culture de
lcrit. En revanche, les historiens latins pour la plupart ont laiss des tmoignages de la civilisation gauloise dont nous ne connaissons, pour lessentiel, que
les pratiques des derniers sicles avant linvasion romaine. Quoi quil en soit,
lorsque Rome conquiert la Gaule, les peuples soumis vont connatre une situation de diglossie plus ou moins forte en fonction des aires gographiques et des
1. L e breton actuel est traditionnellement subdivis en quatre sous-groupes: lonard, cornouaillais,
trgorrois et vannetais. Voir plus loin le chapitre consacr au Breton.
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Mot gaulois
Mot latin
Sens en franais
alto
altus
profond
bovi
bos, bovis
buf
devu
deus
dieu
medio
medius
au milieu
rix
rex
roi
viro
verus
vrai
2. V
oir ce propos le chapitre intitul Parlers primitifs de louvrage Mille ans de langue franaise
de A. Rey [coord.], op. cit., 2007.
3V
oir larticle de Jakob West Latin vulgaire et crolisation, in La fragmentation linguistique de la
Romania, Actes du xx e Congrs International de Linguistique et Philologie Romanes, Tbingen-Basel,
Francke, 1993, vol. II, section3, p.656-661.
4. E
xemples emprunts A. Rey [coord.], Mille ans de langue franaise, histoire dune passion, Paris,
Perrin, 2007, p.34.
5. Cest cette forme que lon retrouve dans le nom gaulois Vercingtorix.
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Botanique
Liste des mots provenant du gaulois dans le domaine des sciences de la botanique[entre parenthses, date de leur premire attestation dans un texte franais7]:
Bouleau [xvie s.]
Si lorigine du mot est bien gauloise, le latin classique connaissait la forme
betulla et le latin populaire *betullus, lorigine du terme en ancien franais.
6. V
oir en particulier louvrage de Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Paris, Errance, 1994 et
larticle de Pierre Flobert, Lapport lexical du gaulois au franais: question de mthode , Nomina
Rerum, LAMA, 13, 1994, p.201-208.
7. L es dates de premire attestation en franais des divers mots choisis par lauteur proviennent de
plusieurs dictionnaires. Citons principalement le TLF [Trsor de la Langue Franaise] du Laboratoire
ATILF/CNRS, mais aussi le Dictionnaire tymologique et historique du franais de Dubois, Mittrand & Dauzat [1964 et rditions], ou bien encore celui de Baumgartner & Mnard [1996]. Nous
procdons ainsi pour tous les mots tudis dans cet ouvrage.
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Animaux
Ci-dessous, la liste des principaux mots dorigine gauloise dsignant des
animaux en franais9:
A lose [xiie s.]
Dorigine gauloise, le mot a donn en latin tardif alusa.
A louette [xiie s.]
galement dorigine gauloise, le mot a t latinis en tardif alauda puis aloe
8. C
ette dernire forme est sans doute le produit dun amalgame entre *brucos et le latin ruscus
houx. Voir ce sujet le livre de Ren Garrus, Les curiosits tymologiques, Paris, Belin, 1996.
9. O
n remarquera avec intrt le nombre relativement important de noms de poissons provenant du
gaulois en franais: alose, tanche, limande, lotte.
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en ancien franais avant de prendre la forme drive aloete puis celle quon
lui connat actuellement en franais.
Blaireau [xiv e s.]
Lhistoire du mot est douteusecar on ne sait trop si le mot, lorigine blarel
en ancien franais, provient du gaulois ou bien du germanique *blari. Les
sources sont incertaines sur cette tymologie.
Bouc [xiie s.]
Du gaulois *bucco, le mot a servi construire *buccus en latin parl. Cest
son driv *buccarius qui est lorigine du mot boucher en franais, qui
dsignait lorigine la personne en charge de labattage des boucs et autres
chvres avant de les vendre.
Chamois [xiie s.]
Les spcialistes ne sont pas unanimesquant son tymologie. Le mot proviendrait du terme *kamoke dsignant lanimal puis serait pass en latin parl
tardif sous la forme *camox puis camois en franais. Son origine gauloise est
pressentie mais non asserte.
Limande [xiiie s.]
Le mot provient du gaulois *lem signifiant planche, cest--dire poisson
plat et du suffixe gaulois anta puis anda.
Lotte [x e s.]
Du gaulois *lotta poisson deau douce lorigine.
Mouton [xiie s.]
Du gaulois *multo signifiant mle ovin chtr
Tanche [xiie s.]
Du bas latin *tinca, le mot est sans doute dorigine gauloise mais les spcialistes ne sont pas unanimes.
Truie [xiie s.]
Du gaulois *trogja, form sur la racine *trogh tirer et du suffixe ja. Le mot
est ensuite latinis en troja puis francis en truie.
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Paysage rural
Certains termes relevant du paysage de la ruralit sont dorigine gauloise.
Nous en donnons ici quelques exemples:
Berge [xiv es.]
Du gaulois *bergna signifiant lvation , le mot est latinis en *bergina.
Cette hypothse est conteste par une autre qui voit en ce terme une origine
galement celtique *bargod signifiant bord . Cest cette forme qui aurait
donn le latin *barica puis berche en ancien franais et enfin berge. Lorigine
celtique du mot semble de toute manire acquise.
Boue [xiies.]
Le terme est directement issu gaulois *bawa.
Bourbe [xiiies.]
L encore, lorigine directe du vocable est le gaulois *borvo.
Chemin [xiies.]
Dorigine gauloise, cest la forme latinise *camminus qui a donn en franais chemin.
Galet [xiies.]
La forme provient du gaulois *gallos, dont la racine est *gallo pierre que
lon retrouve dans lancien irlandais gall, de mme sens.
Glaise [xie s.]
Origine gauloise *gliso- signifiant blanc.
L ande [xiie s.]
Du gaulois *landa signifiant plaine, espace dgag. Lorigine celtique du
mot est conteste car le germanique possde galement une racine *landa
terre. Cette deuxime hypothse semble moins probable.
Quai [xiie s.]
Du gaulois caio- qui a galement donn le mot franais chai [xv e s.].
Ruche [xiiie s.]
Du gaulois *rusca qui signifie corce. Les ruches taient lorigine faites
partir de lcorce des arbres.
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Vtements
Quelques mots isols dsignant des vtements:
Bret [xix e s.]
Dorigine gauloise, le mot est entr dans la langue franaise par le barnais
berret au xix esicle, lui-mme driv du latin tardif birrum dsignant une
capote capuchon . Le mot est attest en latin dans les crits de saint
Augustin [iv e-ves.].
Braie [xiie s.]
Lorigine gauloise est atteste mais cest la forme latinise braca qui donne
en franais ce mot partir du xiiesicle pour dsigner un pantalon ample.
Le mot braie sera remplac tardivement [xviies.] par haut-de-chausses.
Alimentation
Enfin, quelques mots relevant du vocabulaire de la table:
Cervoise [xiie s.]
Boisson alcoolise trs rpandue pendant lAntiquit et jusquau Moyen ge,
la cervoise provient du gaulois, latinis en cervesia [ou cerevisia].
Crme [xiie s.]
Le mot franais est sans doute issu dune rencontre entre le gaulois crama et
le latin chrtien chrisma chrme dsignant lhuile consacre.
Jarret [xiie s.]
Du gaulois *garra jambe. Le mot jarret en franais a donn le driv jarretire au xiv e s. Le mot garrot [xiiie s.] dsignant la partie saillante du dos
dun animal et ses drivs [garrotter, garrotte] proviennent eux aussi de la
mme racine gauloise *garra.
Lie [xiie s.]
Le mot gaulois *liga signifiait vin. Cest cette forme qui est lorigine du
terme lie en franais, fortement concurrenc par le latin vinum [> vin].
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Les toponymes
Le legs le plus important du gaulois la langue franaise est sans doute celui
qui concerne les noms de lieux gographiques en France. Cest pourquoi nous
lui consacrons ici une partie spcifique.
Cest vraisemblablement partir des affixes [prfixes et suffixes confondus]
que lon peut redessiner la toponymie franaise dorigine gauloise:
Le suffixe ac/ay
Ce suffixe provient du gaulois -acum dsignant le territoire, la proprit.
Ainsi, il sest phontiquement rduit en -ac dans le sud-ouest de la France [Armagnac, Balzac, Bussac, Cognac, Loudac, Prignac, Rouffiac10] mais aussi en Bretagne [Brignac, Mordac, etc.] et sest rduit en -ec dans certains cas [Carantec],
en - [Liffr] ou bien encore en -ay ou -ai [Ville-dAvray, Villacoublay, Viroflay11].
Le suffixe un
Il provient du gaulois dunum ou durum signifiant citadelle , forteresse, lieu de dfense. Rduit en un, il entre dans la composition de nombreux noms de villes franaises: Verdun, Chateaudun, Loudun et mme Meudon
et Lyon [<lugdunum], qui signifie proprement citadelle du dieu Lug, dieu de
la mythologie celtique que lon retrouve aussi Laon!
Le suffixe magus
Le suffixe magos puis magus a dsign le champ puis le march et
entre dans la composition de plusieurs villes de France dont Rouen [rotomagus]
ou Caen [Catumagus].
La racine prfixale camboCambo dsigne la courbe en gaulois. Ce mot fonctionne comme base
prfixale pour plusieurs noms de villes, notamment, aprs palatalisation du [k]
initial en franais, Chambry, situ sur un des mandres tortueux de la Leysse
ou encore Chambord au bord du Cosson qui marque une courbe nette cet
endroit12.
10. Voir une liste des toponymes en -ac dans Henriette Walter, op. cit., p.105 et 263.
11. C
ette dernire origine est conteste. Il pourrait sagir soit dun prfixe toujours celtique avre/aure
humide , mouill dsignant ainsi des territoires humides, soit dun prfixe germanique [<
villacoublen, viroflen]. Voir ce sujet louvrage Ville-dAvray, cinq sicles dHistoire, publi par la
socit des Amis du muse de Ville-dAvray, 2000.
12. Voir ce propos H. Walter, op. cit., p. 31.
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Rfrences bibliographiques
Baumgartner Emmanule & Menard Philippe, Dictionnaire tymologique et
historique de la langue franaise, Paris, Le Livre de Poche, 1996. De consultation trs pratique, ce vade-mecum donne la date de premire attestation
dun mot et de ses drivs.
Garrus Ren, Les curiosits tymologiques, Paris, Belin, 1996. Trs riche en tymologies singulires du franais. consulter et feuilleter au gr des dcouvertes.
Lambert Pierre-Yves, La langue gauloise, Paris, Errance, 1994. La rfrence
concernant le gaulois.
Picoche Jacqueline, Dictionnaire tymologique du franais, Paris, Le Robert,
1979 et sq. Ce dictionnaire offre au lecteur des regroupements intressants
par familles de mots ou racines de sens identiques ou proches.
Walter Henriette, Le franais dici, de l, de l-bas, Paris, Le Livre de Poche,
1998. Il y a dans cet ouvrage de nombreuses cartes toponymiques et les
rfrences au gaulois, parmi dautres, sont bien documentes. Les notes,
nombreuses elles aussi, renvoient justement des ouvrages plus spcialiss.
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