72 Disciples
72 Disciples
72 Disciples
HISTOIRE
DE
CHACUN D E S
Soixante-douz
DE
NOTRE-SEIGNEUR JSUS-CHRIST
C O M P O S A N T
L.A
P R E M I R E
C O M P A G N I E
IDE
J S U S
HERAUTS
DE
L'VANGILE,
COADJUTEURS
DES APOTRES
LES
RCITS SCRIPTURAUX E T
PATROLOG1QUES J D'APRS
LES
PAR
M-
L'ABB M A I S T R E
DITION.
PARIS
F.
WATTELIER
19,
ie
ET C ,
HUE DE SVRES,
1868
LIBRAIRES
19
GRANDE CIIRISTOLOGIE
PAIITIE.
PRFACE.
plus grande valeur dmonstrative qu'il soit possible de souhaiter : ils sont irrprochables, ils sont nombreux, ils sont signs
avec tout le sang des tmoins eux-mmes; ils sont, consoquemment, premploires. Les prodiges de Jsus se trouvent
ainsi placs au degr le plus lev de la certitude historique.
Trop longtemps laisss dans l'oubli, demeurs mmo inconnus au sein do nos populations chrtiennes, ces vnrables et
saints personnages, mis en lumire, rjouiront le monde par
leur prsence, par l'histoire de leurs propres actes miraculeux,
par le retentissement de leur voix apostolique, par leurs irrcusables protestations en faveur de la divine ralit des faits de
notre Dieu et Sauveur Jsus-Christ.
CATALOGUE
DES
l'Ait
LUI-MME.
1.
2.
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4.
5.
6.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
BARNABE
ANTIPAS
ANANIAS
PARMNAS
ALEXANDRE, frre de S. Rufus
ETIENNE, protomartyr
7.
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23.
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S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
KICANOR
MNASON
ANDRONIQUE
JUNIAS, vque d'Apamce
STAC1IYS
SIMON-NIGER
PHILIPPE, diacre
TIMON
ARISTION
CARPUS
PATROBAS
AGABUS, prophte
AMPLIAS
JEAN-MARC
OLYMPAS
ARISTARQUE
SIMON, frre de Jsus
24. S. PRISCUS
10
35
45
54
57
65
135
138
140
140
145
148
151
158
1G2
165
171
173
177
179
185
187
169
196
25.
20.
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32.
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S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
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S.
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S.
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52.
S.
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S.
S.
53.
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55.
56.
S.
S.
S.
S.
AHCIUPPE
202
JEAN L'ANCIEN ou le Prtre
204
QUARTUS, voque de Bcryte
207
ABD1AS
210
EVODIUS
220
AliTMAS [V. notice hist. de S. Termtius)..
432
EVAIMIKODITE
22*
UIIKAIN
228
LAZARE, etc
230
JUDE-BARSAB
.250
MAXIMIN
252
MARTIAL
257
AHHAON
272
NARCISSE
274
JOSEP1I-BARSAB
277
MATTHIAS
280
LUC, cvangliste
281
LUCIUS de Cyrcne
296
RUFUS (Y. la Notice hist. de S. Alexandre).
57
ZNAS
299
IIRASTE, voque de Pancade
302
MANAUEN
305
JESUS LE JUSTE (V. la Notice hist. de S.
Trentius)
432
IIERMAS
308
EPAPHRAS
311
IIRODION, cvque dePalras.
314
AZYNCRITE (V. Notice de S. Hcrodion)
314
PIILGON, voque de Marathon (Notice de
S.llrodion)
314
HERMS,evequodoDalmalie [mimeNotice).
314
MARC, evang
319
APELLES
363
LUCIUS de Laodicco (V. Not. de S. Apelles)..
363
3G3
58. S. SILAS
59. S. JASON, cvque de Tharse
GO. S. SOSIPATRE, cvque d'Iconium (Y. Notice de
S. Jason)
61. S. NATUANAEL
3. S. TVCIIinilS
63. S. TITK
64. S. CRESCENT
65. S. CLOPIIAS
66. S. PROCIIORUS
67. S. PHILOLOGUE (V. la Notice de S. Patrobe)..
68. S. THADDE
69. NICOLAS
70. S. TRENT1US, ou TERTIUS
71. S. ARISTOBULE
72. S. VALRIUS
367
379
379
390
394
396
404
409
414
471
416
429
432
435
438
iG1
S . JOSEPH D'AIUMATIIIE.
S.
CAIUS.
S.
BARSIME.
PHIGELLUS.
S.
IGNACE.
DMAS.
S.
SlxUON LE LPREUX.
S.
S.
SOSTHNES.
S . PlIlLMON.
S.
PANCRATIUS..
S . PUDAS.
S.
TROPHIME.
S . NlCODME.
S . PAUL,
ONSIPIJORE.
S . EUDULUS et S . NYMPHAS.
S . RlIODON OU RlTODlON.
S.
DOMNINUS.
S . TlMOTHE.
S.
AQUIIA,
S . IIlROTHE.
$.
SOPATRE.
S . STPIIANA.
S.
APOLLON.
S.
S.
LIN.
S . ZOZIME.
S.
CLMENT DE ROME.
S . SPRNAS OU ASPREN.
ERMOGNES.
S . MARCIANUS ou MARGIEN.
S.
ZACHE.
S . EUCHARIUS.
S.
APOLLINAIRE.
S.
MATERNE.
S.
EPENTUS.
S.
POTENTIEN.
UTUOPE.
HISTOIRE
DES
SOIXANTE-DOUZE DISCIPLES
DU CHRIST
QUI FURENT DESTINS A TRE LES TMOINS n n i K D U T S ET DIRECTS
DES FAITS DIVINS DE JSUS.
Election et mission des Soixante-douze Disciples de Jsus. Instructions qu'ils reoivent de la bouche du Christ.
devant vous. Et gurissez les malades qui y sont, et dites leur : Le royaume de Dieu approche de vous. Mais en
quelque ville que vous soyez entrs, s'ils ne vous reoivent
pas, allez dans les rues, et dites : Nous secouons contre vous
jusqu' la poussire de votre ville, qui s'est attache nos
pieds; sachez cependant que le royaume de Dieu s'est appro cli de vous. Je vous dis que dans ce jour-l, Sodomc sera
traite moins rigoureusement que cette ville-l. Malheur
toi, Crozanl malheur loi, Bethsade! car si les miracles
qui ont t faits en vous, avaient t faits dans Tyr et dans
Sidon, il y a longtemps qu'elles auraient fait pnitence,
assises dans le sac et dans la cendre. Mais Tyr et Sidon
seront traites au jour du jugement avec moins de rigueur
que vous. Et toi, Capharnaiim, leve jusqu'au ciel, tu seras
abaisse jusqu'aux enfers. Qui vous coute, m'coule; qui
vous mprise, me mprise : or, qui me mprise, mprise
celui qui m'a envoy.
Or, les Soixante-douze revinrent avec joie, disanL :
Seigneur, les dmons mmes nous sont soumis en
votre nom.
El il leur dit :
Je voyais Satan tomber du ciel comme l'clair. Voici
< que je vous ai donn pouvoir de fouler aux pieds les ser penls et les scorpions, et toute la puissance de l'ennemi ,
et rien ne vous nuira. Toutefois, ne vous rjouissez point de
ce que les Esprits vous sont soumis; mais rjouissez-vous
plutt de ce que vos noms sont crits dans les cieux.
En cette mme heure, Jsus tressaillit de joie par l'Esprit Sainl, et dit :
Je vous rends grces, o Pore I Seigneur du ciel et de
la terre, de ce que vous avez cach ces choses aux Sages et
1
On ne doit donc pas s'tonner do voir dans les actes des 72 Disciples, des relations d'expulsions de dmons. On devrait plutt s'tonner si l'on n'y eu trouvait point, ou tjue trs-rarement.
3
aux Prudents, et que YOUS les avez rvles aux Petits et
aux Simples; oui, mou Pre! car il vous plut ainsi. Toutes
choses m'ont t remises par mon Pre. Et nul ne sait qui
est le Fils, sinon le Pre ; ni qui est le Pre, sinon le Fils, et
celui auquel le Fils le voudra rvler.
Et, se retournant vers ses Disciples, il leur dit en parli culior :
Bienheureux sont les yeux qui voient ce que vous
voyez! car je vous dclare que beaucoup de Prophtes et
beaucoup de Rois ont dsir voir les choses que vous voyez,
et ne les ont point vues, et entendre les choses que vous ence tendez, et ne les ont point entendues.
Il est fait mention des 72 Disciples dans les plus anciens
monuments do l'antiquit chrtienne, notamment dans les constitutions apostoliques \ dans les ouvrages de S. Clment ,
disciple des Aptres, dans S. Dorothe, S. Ilippolyle, dans
Tatianus, Origne, Ammonius, S. Ephiphane, S. Jrme,
S. Augustin, Bde, et plusieurs autres auteurs anciens et modernes : tous comptent 72 Disciples, non 70. Si quelquefois
des auteurs ont mis 70 au lieu de 72, c'tait pour abrgor le
discours. L'usage, remarque judiciousomontlo savant Cotelior,
aura plus aisment fait 70 de 72, que 72 do 70. S. Jrme *
dit que, comme les 12 Aptres ont t prophtiquement prfigurs par les 42 fontaines d'lim, ainsi les Septante Disciples
ont t pareillement prfigurs parles soixante-douze palmiers
2
Mose a parfaitement figur Jsus-Christ, qui, au commencement de son ministre, choisit semblablcment 12 Aptres et
72 Anciens, c'est--dire un Aptre et six prtres ou Anciens
pour chaque tribu. Dans l'Eglise, comme l'enseignent S. Anaclel et S. Jrme, les prtres ont succd aux 72 Disciples,
comme les Evoques aux Aptres.
Les 72 Interprtes de la sainte Ecriture figuraient aussi les
72 Bienheureux Disciples de Jsus-Christ, en ce qu'ils taient
destins les uns elles autres adonner aux Gentils la connaissance de la parole divine.
Le mme S. Anaclet, qui vcut avec les premiers hommes
3
5
apostoliques, nous apprend que l'institution de l'Ordre des
72 Disciples, ou des simples Prtres, a eu pour but, dans la
pense de Jsus-Christ, de venir en aide ceux qui ont la plnitude du Sacerdoce, c'est--dire aux Aptres et aux Evoques ;
que ceux-ci sont destins aux titres des grandes villes, et
ceux-l aux titres des cits moins considrables, des bourgs et
des autres centres ruraux.
Saccrdolum, fralrcs, Ordo hipartitus est, cl sicul illum
Dominus constiluil a nullo dbet perlurlmri. Scilis aulem a
Domino Apostolos esse eleclos et constitutos, et postea per
di versas provincial ad pradicandum dispersos. Cum vero messis cpisset crescere, videns paucos esse operarios, ad eorum
adjumentum sepluaginta duos elig pracepit Discipulos. Episcopi vero Domini Apostolorum ; Prasbyleri quoque, Septuaginla duorum Discipulorum locum t en en t. Episcopi non in caslellis aut modicis civitalibus debent constitui, sed ])resbyleri
per castella et modicas civilates atque villas debent ab episcopis ordinari et poni; singuli tamen per singulos titulos suos....
Ne vilescat nomen episcopi,... ad honorabilem urbem titulanduset denominandus est.
1
in adjutorium suum eligeret, quibus Spiritus S. dona dividercl, suggessit; quos lu nosli, qnod sencs populi sunl. Vos
siquidem in Septuaginla viris et Scnibus signali eslis. Sub
codem quoque mysterio, et eadem figura in novoeslamcnlo
Dominus Septuaginla duos elegil ac binos ante se in praxlicalionem misil... Taies itaque esse studealis, ut in adjulorium Moysi, et duodecim Apostolorum, piscoporum, videlicet catholicorum, qui per Moyscn, et Apostolos figuranlur,
digne per graliam Dei, eligi valeatis.
1
S. Anuclcli. cpisl. 3, 1 ci 2.
G
Les Eglises Orientales honorent les Septante tous ensemble
sous le litre d'Aptres le IV jour de janvier, et les Eglises Latines, le XV jour de juillet, sous le nom de Disciples*.
e
die.
7
S. Luc appelle un ancien Disciple du Seigneur, AKTHJIIUM
DISCIPULUM, demmeque
8
On regarde comme une merveille le nombre des tmoins
profanes cites dans Bullet : on trouve avec raison que le tmoignage de pareils tmoins forme une preuve irrfragable. Mais
qu'est-ce que le nombre, qu'est-ce que la qualit de ces tmoins, si on compare le tmoignage indirect, le tmoignage
verbal de ces derniers, au tmoignage direct et positif, au
tmoignage de sang, des 72 Disciples?
Quelle est imposante, celle nue 'de tmoins oculaires, qui,
disperss sur tous les points del terre, confessrent JsusChrisl, jusqu' livrer pour lui leur vie!
Qu'on ne nous parle plus ici de paraboles, de mythes, d'exgses symboliques , ce n'est plus la question. Voil ici des
hommes et des faits, des fidles et des pasteurs, qui accompagnent la personne de .lsus-Christ; je vois la Jude, thtre des
actions du Christ, convertie en grande partie avec diffrents
peuples de la terre, presque aussitt que Jsus-Christ est remont au ciel. Cela suppose ncessairement le grand nombre des
premiers tmoins de Jsus-Christ, leurpredication, et leur vracit notoire. Ce point historique est hors de toute contestation.
Les faits les plus clatants, les personnages contemporains sont la
dmonstration de l'Evangile. La vrit des uvres surnaturelles de Jsus ressort du fond mme des plus grands vne"
menls de cette clbre poque.
La translation du monde des Intelligences a t, alors mme,
opre par les '12 Aptres et par leurs 72 Coopraleurs. Par
eux, l'Orient et l'Occident sont entrs dans une voie nouvelle.
Le Paganisme avec ses institutions sculaires a fait place alors
au rgne du Christianisme. Celte immense rvolution morale
a t l'ouvrage des Disciples de Jsus.
Quels hommes ! Quels travaux ils entreprirent sous l'influence de leur foi! Quelle force, quelle mle nergie ils
surent dployer ! Quelle largeur de conceptions et de vues!
Quelle rsolution! Quelle activit ils firent paratre dans l'excution de leurs vastes desseins apostoliques! Le plus petit
9
d'entre eux tait comme le plus grand des hommes de notre fige.
Apres avoir t les fondateurs des diverses glises de la
terre, aprs les avoir gouvernes durant quelque temps en
qualit d'vcques, les Septante Disciples du Christ s'lancrent,
le Prince des Aptres leur tle, vers la capitale de l'empire
romain, sur Rome, le boulevard de l'idoltrie universelle,
combattirent aux cts de Pierre, et renversrent le royaume
de l'enfer. .L. ils recurent les saluls et les flicitations de Paul
et des diffrentes glises de la Grce civilise. L, environnant
la personne de Pierre, Pasteur universel de l'Eglise de Dieu,
et gouvernant avec lui, en qualit de coadjuteurs et de collaborateurs vangliques, les diffrentes chrtients qu'ils
avaient fondes, ils reurent en partie avec lui la palme triomphale du martyr.
Daigne le ciel multiplier parmi nous les imitateurs de ces
hommes dsintresss, vraiment grands, vraiment admirables !
Qu'il est consolant pour le chrtien de voir cette ancienne
constitution ecclsiastique perptue de sicle en sicle jusqu'
nos jours, et de reconnatre les Septante-deux Disciples de
Jsus-Christ survivant dans les divers pasteurs qui conduisent
les diffrentes glises du monde, et principalement encore dans
ces 72 Cardinaux , qui entourent llome le successeur de
saint Pierre, N. S. P. le Pape, et qui, avec lui et sous ses ordres, gouvernent l'Eglise Catholique!
1
* La Chronique d'Alexandrie, p. 12, compte 72 peuples ou nations dans l'univers, correspondant aux 72 langues du monde : Mi sunl, inquit, '72) p'puli, quos Dominus De us super
facicm lerrsc dispcml, pro numro dutTiim supra scpLuagiiila lin^uarum. c
SAINT BARNABE
XI JUIX.
1.
Le 11 juin, dit le Martyrologe Romain, fle de S. Barnab aptre, originaire de Chypre, qui, ayant t ordonn
aptre des Gentils avec S. Paul par les Disciples, parcourut
avec lui un grand nombre de provinces, remplissant partout
avec succs le ministre de la foi vanglique. Enfin, tant
venu en Chypre, il y consomma son apostolat par un glorieux martyre. Son corps, par la rvlation qu'il en fil luimme, fut trouv, du temps de l'empereur Zenon, avec un
exemplaire de l'Evangile de S. Matthieu, crit de sa main.
43
cette magnifique et sainte Eglise de Sion, la plus grande de
toutes les glises.
Lorsque le Christ se rendit de Jrusalem en Galile, Barnabe l'accompagna dans ce voyage. Ce fut alors que, la multitude des peuples (de la Palestine) venant lui et embrassant
la foi, il dit ses Disciples :
La moisson est considrable; mais les ouvriers sont en
petit nombre.
II choisit donc les 72 Disciples, parmi lesquels Barnabe occupa l'un dos premiers rangs. Ce fut alors que Pierre, inspir
par l'Esprit prophtique, lui donna le surnom de Bamabas,
c'est--dire fils de consolation, parce qu'il devait un jour
procurer de la consolation tous ses frres, et par son rainente saintet et par son inpuisable charit qui devait le porter plus tard vendre sa terre de Jrusalem pour soulager
leur dtresse commune.
Lorsqu'il eut entendu dire Notre-Seigneur dans une prdication ces paroles :
c Vendez ce que vous possdez, faites-en des aumnes,
et faites-vous des richesses qui ne prissent point, un trsor
qui soit plac dans le ciel et qui ne s'puise jamais ;
11 n'hsita point ; aussitt il vendit tous les objets prcieux
que ses parents dfunts lui avaient laisss en hritage, et il en
distribua l'argent aux pauvres. Il ne se rserva qu'une seule
terre qui devait lui fournir sa subsistance. Mais aprs la Passion du Sauveur et sa Rsurrection, aprs la descente du SaintEsprit sur les Disciples, S. Barnabe, dplus en plus enflamm
d'amour pour Jsus-Christ, vendit encore cette terre, en recueillit tout le prix et l'apporta aux pieds des Aptres, sans se rien
rserver. Son exemple engagea les autres Disciples pratiquer la mme abngation.
Au reste, il tait libre chacun de vendre ou de garder ses
biens. Mais dans le cas o Ton se dterminait les vendre
pour contribuer au soulagement des pauvres, on paraissait
44
s'engager par un vu ou du moins par une promesse solennelle de renoncer toute possession temporelle pour embrasser
un genre de vie plus parfait. Aussi voyons-nous qu'Ananie et
Saphire furent frappes de mort aux pieds de S. Pierre, pour
s'tre rserves secrtement une partie du prix provenant de
la vente de leurs biens ; et l'Aptre ne leur reprocha autre
chose, sinon d'avoir menti au Saint-Esprit, en prtendant tromper les ministres du Seigneur. Quant aux suites qu'eut leur
faute par rapport l'ternit, c'est un point sur lequel les
Pres ne sont point d'accord. Les uns esprent qu'ils se seront
repentis la voix de S. Pierre, et qu'en consquence leur
Faute leur aura t pardonnee, vu surtout qu'ils l'expirent par
un chtiment temporel ; les autres, au contraire, craignent
qu'ils ne soient morts dans l'impntence et qu'ils n'aient t
prcipits dans l'Enfer . Il y en a qui les accusent de s'tre
rendus coupables de sacrilge, en violant le vu qu'ils avaient
fait de vivre dans la pauvret volontaire. S. Chrysoslmc,
S. Basile, S. Isidore de Pluse, observent que le dessein de
Dieu, en frappant visiblement des coups de sa justice les premiers auteurs de quelque crime, est d'effrayer et d'instruire
quiconque serait tent do les imiter; que si la vengeance divine ne se manifeste point toujours par des effets sensibles, tes
pcheurs ne doivent pas se flatter pour cela de l'impunit ;
qu'il est une autre vie o ils subiront des peines proportionnes leur malice et leur endurcissement.
y
Quant ii S. Barnabe, il accompagna des plus parfaites dispositions de l'me l'offrande qu'il fit Dieu de tous ses biens.
Son zle et sa pit le rendirent trs-recommandable parmi les
fidles, el il avait beaucoup de part au gouvernement de
l'Eglise.
1
45
II.
Ministre apostolique de saint Barnabe.
Mi
J us q lies- quand, Saul, conlinuerez-vous tre Saul ?
Pourquoi perscutez-vous avec tant d'acharnement Jsus ,
l'Auteur de tout bien? Cessez de vous opposera l'accomplissement de ce redoutable mystre, qui a t annonc dans les
sicles passs par les Prophtes, et qui a t de nos jours manifest pour notre salut.
Saul entendant ces paroles, se jeta aux pieds de Barnabe,
versa des larmes, et dit :
Pardonnez-moi, Barnabe, docteur de la vrit, je connais maintenant par exprience et je sais que ce que vous m'avez dit est vritable. Celui que je maudissais et que je perscutais , je confesse prsentement qu'il est le fils Unique du
Dieu vivant; qu'il lui est coternel, qu'il participe sa substance divine, sa gloire, son trne cleste; qu'il est la
splendeur de la gloire et la figure parfaite de Dieu le Pre,
invisible maintenant nos regards. Dans ces derniers temps il
s'est ananti pour nous et pour notre salut, en se faisant
homme, et en naissant do la sainte Vierge Marie : il s'est fait
obissant jusqu' la mort de la croix, il est ressuscit d'entre
les morts le troisime jour, il a apparu vous autres, ses Aptres, et il s'est lev dans les cieux, o il est assis la droite
du Pre, d'o il viendra un jour pour juger les vivants et les
morts, et o il rgnera sans fin.
S. Barnabe, entendant un tel langage dans la bouche d'un
blasphmateur et d'un perscuteur, fut saisi d'un sentiment
d'lonnoment, ml d'admiration ; ses yeux se mouillrent de
larmes de joie, il l'embrassa avec tendresse, et lui dit :
Et qui vous a appris, Saul, rpter des paroles rvles du ciel? Qui a su vous persuader et vous porter reconnatre la filiation divine de Jsus de Nazareth ? O avcz-vous
puis cette parfaite connaissance des dogmes clestes ?
Alors Saul, le visage baiss, versant encore des larmes, le
cur plein d'un repentir qui se manifestait au dehors, lui rpondit :
47
C'est le Seigneur Jsus lui-mme, c'est celui contre qui
j'ai profr des blasphmes et que j'ai perscut, c'est luimme qui m'a enseign ces choses. Car il m'est aussi apparu,
moi tout indigne que je fusse de cette grce; ses paroles retentissent encore mes oreilles ; car il a us mon gard de sa
plus grande misricorde. Lorsque je fus renvers sur le chemin do Damas, il mo dit avec l'accent do quoiqu'un qui sodfond, plutt qu'avec l'autorit de celui* qui est indigne :
Saul, Saul, pourquoi me perscutez-vous ?
Pour moi, saisi de crainte et d'elTroi, je lui rpondis :
Qui tes-vous, Seigneur ?
Le Seigneur, continuant avec un ton de douceur et de bont,
me dit :
Je suis Jsus de Nazareth que vous perscutez.
Alors, admirant sa patience infinie, je le priai, et lui dis :
Qu'ai-je faire, Seigneur ?
Au mme instant, il m'instruisit des vrits que je viens
d'indiquer et de plusieurs autres.
A ce discours, le grand S. Barnabe prit Saul par la main, et
le conduisit aux Aptres :
Pourquoi, leur dit-il, fuyez-vous l'un des premiers pasteurs du troupeau de Jsus-Christ, dans la pense que c'est un
loup ravissant? Le Christ s'est choisi cet homme pour tre l'un
des principaux pasteurs de son glise, l'un des plus habiles pilotes de son vaisseau, l'un des plus intrpides guerriers de sa milice sacre, et pour tre l'un de ses plus illustres paranymphes.
Alors S. Paul raconta, en prsence des Aptres, tout ce qui
lui tait arriv sur la route de Damas, comment il avait vu le
Seigneur Jsus, ce qui lui avait t dit, les prdications qu'il
avait faites ensuite Damas avec une libert apostolique. Ds
lors donc, il prcha avec eux dans la ville de Jrusalem. Mais
les Juifs ne pouvaient supporter que Celui qui nagure perscutait le nom de Jsus-Christ, l'annont prsentement. Us
rsolurent de le mettre mort. Les Aptres, ayant eu con2
A d . xi. O-27.
<l!)
20
Bien que les Saintes Ecritures lui assignent partout un des premiers rangs dans la sainte hirarchie, il s'est constamment
attach ne choisir que la seconde place, imitant en cela son
divin matre qui a dit ses disciples : Apprenez de moi que
je suis doux et humble de cur.
Apres avoir dbarqu Alexandrie, capitale de l'Egypte, et y
avoir prch la parole de Dieu, il en sortit, parcourut cl vanglisa les villes qui se trouvaient sur son passage, jusqu' ce
qu'il vnt Jrusalem, d'o il sortit aussi pour retourner
Antioche. C'est l qu'il trouva une glise plus nombreuse encore
qu'au moment o il l'avait quitte.
Cependant la famine, que le prophte Agabus avait prdite,
faisait sentir ses ravages l'Orient, et surtout la Palestine.
Les fidles d'Antioche recueillirent une somme considrable
pour assister les frres de Jude qui taient dans le besoin
(l'an 44). Ils chargrent S. Barnabe et S. Paul de faire le
voyage de Jrusalem, et do remettre la somme aux chefs de
l'Eglise de cette ville. La famine, au rapport de l'historien
Josphe, affligea la Jude durant l'espace de quatre ans. Cela
arriva durant le gouvernement de Cuspius-Fadus et de TibreAlexandre, sous l'empire de Claude.
A leur retour, les deux Aptres amenrent avec eux JeanMarc, cousin de Barnabe par Marie, sa mre. L'Eglise d'Anliocho devint alors trs-llorissanle. Elle avait, outre nos deux
Aptres, plusieurs prdicateurs, tous dous du don de prophtie; et ces docteurs taient Simon, dit le Noir, Lucius de Cyrne, Manahen , frre de lait d'ilcrode le Tlrarque, et qui
tait, comme on le croit, fds de Manahen, prince de Sanhdrin, sous Ilillel, grand officier d'IIrode. Comme ils taient
occups du jene et du service du Seigneur, le Saint-Esprit
leur fit dire par quelques-uns des prophtes de sparer Paul
et Barnabe pour l'uvre laffuellc il les avait destins. Le
1
Act.
XXIX
21
terme sparer signifie en cet endroit la mme chose que mettre
part pour exercer des fonctions divines; et tirer de toute
occupation qui n'a pas la gloire de Dieu pour objet. C'est en
ce sens qu'il dit des Lvites et de S. Paul, qu'ils taient spars. L'uvre laquelle le Saint-Esprit destinait les deux Aptres tait la conversion des Gentils. Toute l'Eglise joignit le
jeune la prire, afin d'attirer la bndiction du ciel sur cette
importante entreprise. Aprs une tcllo prparation, S. Barnabe et S. Paul reurent l'imposition des mains; crmonie
par laquelle ils furent tablis vques ou Aptres des Gentils.
Ces deux Saints ayant reu leur mission de la manire qui
vient d'tre dite, quittrent Antioche, aprs avoir pris JeanMarc avec eux, et allrent Sleucie, ville de Syrie, situe
sur le bord de la mer. De l ils s'embarqurent pour l'le de
Chypre, et vinrent Salamine, o ils prchrent Jsus-Christ
dans les synagogues des Juifs. Us partirent ensuite pour Paphos,
ville del mme le, ville fameuse par un temple ddi Vnus.
Ce fut l qu'arriva la conversion de Scrgius-Paulus, proconsul
romain. Aprs avoir frapp d'aveuglement le magicien BarJsu, les saints Aptres se rembarqurent Paphos, et firent
voile vers Perge en Pamphilie. Jean-Marc se spara d'eux dans
celte ville et retourna Jrusalem. Ce qui le dtermina cette
sparation, fut que, tant encore jeune et faible'dans la vertu
apostolique, il fut effray la vue des fatigues qu'entranaient
des voyages longs et pnibles, et dcourag par les dangers
auxquels leur mission les exposait de la part des juifs ol des
paens. Saint Barnabe ressentit beaucoup de douleur l'occasion
de la dmarche de son parent.
De Perge, Paul et Barnabe prirent leur route vers Antioche
de Pisidie. L, ils prchrent dans les synagogues des Juifs.
Mais, voyant que ceux-ci refusaient opinitrement de les couter, ils leur dirent, que, puisqu'ils rejetaient la grce qui leur
tait offerte, ils allaient annoncer les paroles de la vie ternelle aux Gentils, comme le Seigneur l'avait ordonn par ses
avaient fondes on Asie. S. Barnabe y consentit, mais condition, que Jean-Marc, qui pour lors se trouvait Antioche, et
qui avait tmoign un vif repentir de sa faiblesse prcdente,
viendrait avec eux dans les provinces de l'Asie. S. Paul fut
d'un avis diffrent, et crut qu'ils ne devaient point s'associer
un homme qui prcdemment avait donne des preuves de son
pou de courage. Los doux Aptres se spareront par une permission du Saint-Esprit, afin que l'Evangile pt cire annonc
en un plus grand nombre do lieux.
Jean-Marc parut dans la suite tout autro qu'il n'avait t et
devint un modle de ferveur et de fermet dans les prouves.
11 mrita mme d'tre compt parmi les prdicateurs les plus
zls. S. Paul, dans son ptre aux Colossiens \ parle de lui
d'une manire trs-honorable ; et dans sa seconde ptre
Timothe , qu'il crivit quand il tait en prison Rome, il
chargeait son disciple de venir le trouver et d'amener avec lui
Jean-Marc, qui pouvait beaucoup servir pour le ministre
de l'Evangile. Jean-Marc finit sa course apostolique Biblis,
en Phnicie. Il est nomm dans le Martyrologe Romain sous le
27 de septembre.
3
25
ments des premiers sicles, el qui portent que le Saint prcha
la foi dans cette ville et qu'il en fonda l'glise , aprs avoir
annonc Jsus-Christ Rome.
1
do la prdication assidue, il fil qu'un grand nombre de personnes embrassrent la foi do Jsus-Christ. Alors, s'adressant
son illustre disciple Anatelon, qui tait parfaitement instruit
de la doctrine apostolique, il lui dit :
Allez vers cette contre orientale, qui est du ct de
Bresse, et portez ;\ ces peuples l'aliment do la parole cleste.
Je crois que la gnicc qui vous a t accorde portera ses fruits
et qu'il s'y trouvera une multitude de fidles.
Anatelon accepta avec reconnaissance celle mission, dirigea
ses pas vers la cit de Bresse, et y obtint un succs remarquable. Il revint en faire part S. Barnabe. Cet Aptre en fui
rempli de joie, rendit grces au Seigneur, exhorta plusieurs
reprises son disciple faire do plus en plus fructifier les talents qui lui taient confis, afin qu'il mritai d'entendre un
jour cette parole ilatleuse : Bon et fidle serviteur, entrez dans
la joie dit Seigneur. Il se mit en mme temps en prires, et
imposant les mains sur son disciple et collaborateur, il lui
remit le soin piscopal du troupeau que le Seigneur lui avait
confi, lui commanda d'instruire dans la foi les habitants de
Milan et de Bresse, en fixant nanmoins Milan son sige
principal.
Ce fut alors que le B. Barnabe, aprs avoir dispose et
ordonn toutes choses dans celle nouvelle glise, assembla ses disciples et leur lit ses adieux, leur disant que la i'lc
do Pques approchait cl qu'il devait la clbrer avec ses compatriotes dans l'le de Chypre. A celte nouvelle, les chrtiens
cl les paens furent dans une grande tristesse ; car ils taient
heureux do le voir au milieu d'eux. Anatelon lui-mme versa
des larmes cl exprima ses vifs regrets de ce qu'il avait dit qu'il
no reviendrait plus, qu'il allait passer le reste do ses jours avec
ses compatriotes, cl recevoir bientt la couronne duo ses
travaux vangeliques. Son matre le consolait et lui disait :
Pourquoi tenez-vous tant ce que je sois avec vous, lorsque Jsus-Christ, Noire-Seigneur, doit vous assister constam-
ment, selon qu'il nous l'a promis quand il a dit : Voil que je
suis avec vous pour jusqu' la fin du monde. Ignorez-vous
cette promesse? et peut-il vous manquer quelque chose lorsque
vous travaillerez la vigne du Pre de famille? Voil qu'avec
la doctrine de la foi vous possderez la puissance dos prodiges
et vous obtiendrez ce que vous demanderez.
Aprs avoir ainsi consol et fortifi son disciple, S. Barnabe
gagna le port de Home et s'embarqua pour l'Orient . Il retourna dans l'le de Chypre, o il trouva plusieurs disciples et
ministres de Jsus-Christ : Jean-Marc,Aristion, Timon, Rhodon,
Uraclide, Aristoclianus. Ce dernier avait t lpreux ; les
aptres l'ayant guri Antioche, le consacrrent voque et
l'envoyrent en Chypre. Ce fut chez lui que logea d'abord
S. Barnabe pendant un jour. Il alla ensuite Amalbonte, o il
fut oblig de secouer la poussire de ses pieds, parce que les
habitants, adonns l'idoltrie et aux orgies des fuies paennes,
excits d'ailleurs par le faux prophte Bar-Jsu, ne lui permirent pas d'entrer parmi eux et de leur parler. Seule, une
Yeuve de 80 ans se convertit la foi. Pour les mmes moLifs,
il vita d'entrer dans la ville de Cithium, qui a un promontoire situ au midi de l'ilc. A Curium, o se trouvait un temple
d'Apollon et o les idoltres se livraient publiquement aux
dsordres les plus honteux, l'Aptre, qu'on refusa de recevoir,
pria le Seigneur, et plusieurs paens se trouvrent blesss ou
ensevelis sous les ruines d'une partie de la montagne qui
tomba sur les coupables .
1
28
il voulut essayer de convertir une synagogue qui tait dans le
voisinage de Salaraine. Il expliqua l'Evangile de S. Matthieu,
se mit instruire les Juifs, et dj plusieurs d'entre eux
embrassaient le christianisme ; ce fut alors que survint le magicien Bar-Jsu avec plusieurs autres Juifs de Syrie. Ils se
mirent aussitt s'opposer la prdication de l'Evangile,
soulever la multitude contre l'Aptre, en disant qu'il n'enseignait point la vrit, que le Christ Jsus tait oppos Dieu,
puisqu'il avait rprouv la foi, les Prophtes et l'observation
du Sabbat. Ils cherchrent en mme temps l'occasion de le
mettre mort.
Or, S. Barnabe assembla les fidles et leur dit dans la prvision de la mort prochaine qui l'attendait :
Vous savez, mes frres, quelle a toujours t ma conduite au milieu de vous : j'ai constamment exhort chacun de
vous persvrer dans la foi et dans la grce de Notre-Seigneur
Jsus-Christ, dans la pratique de ses prceptes, dans la fuite
de tout mal et des mauvais dsirs. Car il faut que chacun de
nous se prsente un jour devant le tribunal de Jsus-Christ,
pour y rendre compte de toutes ses actions. La figure de ce
monde est passagre et le Seigneur doit venir juger les vivants
et les morts. Ne ngligez donc point l'affaire de votre salut,
puisque le Seigneur doit venir l'heure o vous n'y penserez
pas. Dans l'esprance des biens futurs, supportez avec patience
les travaux et les peines de cette vie. Souvenez-vous de] ce
que je vous ai souvent rpt : que l'adversit et la prosprit
de ce temps sont de courte dure; que le bonheur du sicle
venir durera sans fin, et que le chtiment de ceux qui auront
commis le pch sera ternel. Faites donc en sorte de vous
trouver sans tache au dernier jour, afin que vous ne tombiez
point dans les peines de l'enfer. Bappelez-vous les prodiges
et les miracles que Dieu a oprs par son serviteur au milieu
de vous, et priez le Seigneur pour moi. Car je dois tre immol
bientt, et le moment approche o je serai dlivr de ce corps.
29
Notre-Seigneur Jsus-Christ me Ta fait connatre. J'ai combattu
pour lui; il me rserve une couronne de justice, ainsi qu'
tous ceux qui auront confess son nom.
Lorsqu'il eut ainsi parl, il pria Dieu avec toute l'assistance
qui versa beaucoup de larmes, de ce que l'Aptre avait dit que
dans peu de temps il allait tre dlivr de ce corps terrestre.
S. Barnabe prit alors le pain et lo calice, clbra les divins
mystres, et fil la communion eucharistique avec tous ses
frres. Aprs la clbration du sacrifice, il prit Marc avec lui,
le tira part et lui dit :
Aujourd'hui il faut que je sois mis mort par les mains
des Infidles. Pour vous, sortez de la ville, allez vers l'Occident, et vous trouverez mon corps, que vous ensevelirez; vous
quitterez ensuite l'le de Chypre, et vous irez rejoindre Paul;
demeurez avec lui jusqu' ce que le Seigneur dispose autrement de vous. Il arrivera que votre nom deviendra clbre
dans toute la terre.
Aprs ce discours, Barnabe retourna la synagogue et il
enseignait les Juifs, s'appliquant leur montrer que Jsus est
le Christ, fils du Dieu vivant. Alors les Juifs de Syrie, excits
par le magicien Bar-Jsu, se saisirent de sa personne, le prsentrent au juge de Salamine, nomm Ilypalius, et un
homme appel Jebussus, parent de l'empereur Nron; ils
lui attachrent une corde au cou, et le tranrent dans un lieu
situ hors del ville. L, aprs lui avoir fait endurer plusieurs
tourments, ils le lapidrent
puis jetrent son corps dans un
bcher ardent, afin qu'il ne restt aucune partie de son corps.
Mais par un effet de la Providence divine, le corps de l'aptre
demeura intact, et ne fut aucunement endommag par le feu.
Jean Marc, conformment la recommandation de S. Barnabe,
sortit vers le couchant avec quelques fidles, enleva les reliques de l'aptre, les ensevelit dans une grotte, cinq stades
L an C3 de Jsus-Christ, selon S. Chrysostme ; au-del do l'an 70
ou 72, selon l'ptre de S. Barnabe.
30
environ de la ville. Ils revinrent ensuilc dans la ville, cl clbrrent ses funrailles par leurs larmes et par des marques de
deuil. S. Jean-Marc ajoute, dans sa relation, qu'il enveloppa
les reliques de l'aptre dans un linceul, et dans du plomb,
cl qu'il les plaa dans un endroit secret do la caverne, aprs
avoir mis sur le corps sacr l'Evangile que S. Barnabe avait
reu de S. Matthieu'. 11 avait avec lui, dans celle circonstance,
les disciples Arislion cl llhodou. La perscution ayant continu
contre l'Eglise, Jean-Marc sortit do Hic de Chypre cl alla rejoindre S. Paul Ephso; il fit part cet aptre du martyre de
S. Barnabe, dont le tombeau demeura longtemps ignor des
Chrtiens. Le cercueil du Saint fut dcouvert dans la suite
prs de Salamine, avec l'Evangile hbreu do S. Matthieu. De
grands miracles clataient dans ce lieu. Des hommes possds
par des esprits impurs taient subitement dlivrs en y passant.
Ces esprits sortaient en jetant des cris. Un grand nombre do
paralytiques, d'estropis, de personnes affliges de diverses
maladies, passaient la nuit et taient guries. Ce qui tait
pour la ville un grand sujet de joie. Tous savaient que la
Puissance Divine oprait des prodiges en cet endroit; mais
personne ne pouvait comprendre quelle tait la cause (l'une
faveur si remarquable. Les indignes avaient nomm cette
contre le lieu de la Guc'rison.
Alexandre, moine de Chypre, et Thodore-lc-Lccteur, rapportent que sous le rgne de l'empereur Zenon, l'an i 8 8 ,
l'poque ou les hrtiques troublaient l'Eglise, S. Barnabe apparut Anlbmius, voque de Salamine, homme d'une grande
saintet, mais peu capable de lutter dans des controverses
contre ses adversaires. L'Aptre se prsenta lui avec un visago tout cleste, un vtement resplendissant de lumire et un
extrieur clatant de gloire. Il lui fit un reproche de sa Iris-
3*
lesse, de sa torpeur et de son abattement. L'voque, effray,
se jeta la face, contre terre, versa des larmes et pria JsusChrist de venir en aide son glise, en ajoutant que, si cette
apparition venait de lui, il daignt la renouveler une seconde
et une troisime fois, afin qu'elle ft pour lui certainement divine. Cependant Anlhcmius, vitant la socit des hommes,
s'appliquait au jeno et la prire. Or, la nuit suivante, le
mme homme se reprsenta devant lui dans lo mme clat, et
lui commanda do ne rien craindre des menaces de ses ennemis.
II lui apparut une troisime fois, et lui promt l'assistance de
Dieu cl son propre secours.
L'voque prt alors la parole et lui dit :
Je vous conjure de me faire connalro qui vous tes,
vous qui me faites cette promesse.
Il lui rpondit :
Je suis Barnabe, Disciple de Noire-Seigneur Jsus-Christ,
spar par le Saint-Esprit, pour exercer le minislro apostolique avec-Paul, l'aptre qui fut un vase d'lection. Je vous
donne un signe de la vrit de ma promesse. Sortez l'occident
de la ville, i stades environ, au lieu appel le lieu des Guvisons [car c'est par moi que Dieu opre des prodiges en cet
endroit). Creusez sous un arbre, et vous trouverez uno grolto
cl un cercueil o mou corps a t dpos avec l'Evangile du
saint aptre et evangeliste Matthieu. Quant vos ennemis
qui cxciLcnt des troubles dans l'Eglise et qui vous opposent
certains droits, on disant que lo sige d'Antiocho est Apostolique, opposez-leur aussi votre propre droit en leur disant :
Mon siege aussi est apostolique, car j'ai un aptre dani ma
patrie.
Aprs avoir dit ces choses, S. Barnabe disparut. L'voque
rendit grces Dieu, assembla tout le clerg et tout le peuple
chrtien, partit en grande pompe et la croix en tle du cortgo,
au lieu qui avait t indiqu par la rvlation. Aprs avoir
adress des prires Dieu, il commanda qu'on creust le sol.
32
Lorsqu'on l'et fait une lgre profondeur, on trouva une
grotte dont l'entre tait forme par des pierres. On les enleva,
et l'on vit le cercueil. On le dcouvrit, et l'on y trouva les reliques vnrables du saint aptre Barnabe, qui exhalaient la plus
suave odeur. On trouva aussi un vangile plac sur la poitrine
de saint Barnabe *. Ils apposrent sur le cercueil un sceau do
plomb, et lorsqu'ils eurent ador Dieu, tous restrent, except
les hommes religieux que l'voque consigna dans ce lieu, pour
y louer Dieu le soir et le matin par des hymnes et des psaumes.
Anthmius alla ensuite Constantinople, o devant l'empereur et les voques assembls, il fit valoir les droits de son
glise, fit connatre le trsor qu'il possdait, et gagna sa cause,
en allguant que le corps entier du bienheureux aptre Barnabe,
l'un des plus illustres disciples du Christ, tait conserv dans
sa patrie, y oprant chaque jour des gurisons et des prodiges
clatants. L'empereur Zenon lui fit raconter l'invention de ces
saintes reliques avec toutes les circonstances du fait. Au rcit
de ces merveilles, il tmoigna sa joie, rendit grces la divine
misricorde, de ce qu'un si grand miracle avait signal l'poque
de son rgne. Ce prince mit un terme tous les troubles de
l'glise, demanda que l'vangile de saint Mathieu lui ft envoy,
et promit Anthmius son concours dans tout ce qu'il dsirerait
faire pour l'glise de sa patrie.
L'voque consentit la demande du prince, emmena avec
lui plusieurs officiers de la cour et le plus fidle ministre de
l'empereur. Ils apportrent l'vangile de saint Mathieu dans la
ville de Constantinople. Les tablettes de ce livre taient faites
d'un bois odorifrant appel thya. L'empereur prit dans ses
mains l'vangile, le baisa, le fit revtir de l'or le plus pur, le
1
34
Prlat, s'appuyant sur la tradition, dit que S. Barnabe prcha
la foi Milan, et, dans un de ses sermons, il l'appelle FAptre
de cette ville.
L'an 1530, Antoine-Marie Zacharie fonda Milan une congrgation qui, mise en possession de l'Eglise Saint-Barnabe en
4545, reut le nom de Congrgation des Barnabitcs, nom illustr par les vertus et le savoir de ses membres. L'Angleterre
a eu aussi de tout temps pour S. Ramab une dvotion particulire, et sa fte est mme marque dans la nouvelle liturgie
de l'Eglise Anglicane comme une fte de prcepte.
Nous avons en grec une ptre qui porte le nom de S. Barnabe. Elle est cite comme tant de cet Aptre par Clment
d'Alexandrie, par Origne et par divers Anciens : Elle a t
mise par quelques-uns d'entre eux parmi les Ecritures canoniques. Mais, comme d'autres ont dout qu'elle ft l'ouvrage de
S. Barnabe, l'Eglise ne l'a pas reue, comme inspire. Il est
certain qu'elle est trs-ancienne et qu'elle a t crite du temps
des Aptres. Le style en fournit la preuve. Elle fut adresse
aux Juifs convertis qui prtendaient que les observances lgales obligeaient encore sous l'Evangile. Son principal objet
est do prouver l'abolition de la Loi mosaque par l'Evangile,
l'inutilit des crmonies lgales, et la ncessit de l'Incarnation et do la Mort du Fils de Dieu. Dans la seconde partie,
l'Aptre donne d'excellents prceptes concernant l'humilit, la
douceur, la patience, la charit, la chastet, etc. Selon lui, les
bons marchent dans la voie de lumire, sous la conduite et la
sauvegarde des Anges de Dieu, comme les mchants marchent
sous la conduite dos Anges de Satan. Cette ptre laisserait
entendre que S. Barnabe vcut aprs la ruine de Jrusalem,
c'est--dire au-del de Tan 72 de Jsus-Christ.
SAINT ANTIPAS
XI i V R I t .
CHAPITRE PREMIER.
Epoque du martyre de saint Anlipas. Certitude et clat do ce fait.
2
Riccioli, in chron. Morri, dict. rclas ejus provectissima, ejusdemque in Christi Discipulalu antiquitas, id probant. Verba S. Joauuis
Evang. insinuant Anlipam fuisse ex is quibus Christus ait : Eritis mihi
testes...
Baron, an. 93, n 9. Bolland. 11 ApriL l. 2, p. 5 et ali. Meiuea ;
Metaphrastes, Lipoman., t. 7. Surius, t. 2.
Apoc. ii, 13.
2
:IG
vaienl le vrai Dieu,- et qu'on vit paratre la force el la constance des martyrs qui combattirent en tout lieu pour la foi du
Christ, Notre Sauveur. Ce fut dans ce temps, que la colonne
de l foi et de l'Eglise, que le soutien inbranlable de la vrit
chrtienne, que le sublime hraut de la Divinit du fils Eternel dit Pre, que Jean, l'excellent aptre du Christ, Tuf. relgu
dans l'le do Palhmos. Dans ce lieu d'exil, pour affermir le
courage do la grande multitude des martyrs, il crivit en particulier aux sept glises principales d'Asie, cl il leur parla
enlr'autres choses, dPAntipas, comme d'un tmoin fidle de
Jsus-Christ, qui avait t mis mort ( Pergame), dans un
lieu o Satan avait tabli le sige de son empire. Ces paroles
de l'Aptre peuvent nous fairejuger de ce qu'taient les habitants de Pergame, puisque Satan avait fix son trne au milieu
d'eux. En effet, dans cette ville, on n'observait ni la loi de la
nature, ni aucune justice : le droit de chacun se mesurait sur
sa force et sa puissance ; et tous croyaient avoir suffisamment
mrit le nom dejustes, d'hommes honntes et vertueux, lorsqu'ils avaient dnonc quelque chrtien.
1
CHAPITRE TU.
Les dmons, expulss par Antipas, excitent conlre lui les prtres
idoltres et le peuple paen.
38
dieux, prenaient-ils la fuite : et pas un seul n'osait demeurer
dans la ville o le Saint sjournait: C'est pourquoi les dmons
apparaissaient dans des songes leurs propres sacrificateurs,
et leur disaient qu'ils ne pouvaient ni agrer leurs sacrifices,
ni recevoir leur encens, parce que le chef des chrtiens, Antipas, les mettait en fuite. Alors la multitude furieuse se jeta
sur Antipas, l'arrta, et le trana au lieu on l'on avait coutume
d'oJrir des sacrifices (aux faux-dieux).
CHAPITRE IV.
Saint Antipas en prsence du gouverneur. Son interrogatoire.
Sa rponse.
Lorsqu'on l'eut amen devant le gouverneur de la ville, celui-ci l'interrogea en ces termes :
N'les-vous point cet Antipas fameux, qui n'obit point
aux dcrets des empereurs, et qui engage les autres n'y pas
obir ; qui jette un tel trouble dans nos sacrifices solennels,
qu'aucun des dieux ne peut jouir ni de la graisse ni de la fume des holocaustes? ce qui a fait qu'ils se sont loigns de
nous, et que nous sommes en danger de voir notre cit dsormais prive de leur protection. Qu'il vous sullisc d'avoir jusqu' ce jour suivi la superstition des chrtiens : rtractez votre
erreur, et obissez nos lois, afin que les dieux, qui prsident
cette ville remarquable par sa beaut, puissent nous continuer leurs soins et leur puissante protection. Que si vous vous
refusez le faire, el que par un coupable attachement votre
parti vous mprisez le culte des dieux, alors, conformment
la teneur des lois romaines, vous subirez les supplices que
vous aurez mrits.
Le bienheureux Antipas rpondit:
Sachez bien une chose, c'est que je suis chrtien, el que
le dcret de l'Empereur tant impie et oppos toute raison,
je ne veux nullement y obir. Et comme il faut rpondre
39
vos interrogations, je le ferai volontiers. Si les dieux que
vous adorez, et' que. vous dites les matres de l'univers, confessent, qu'un simple mortel les met tellement en fuite, qu'au
lieu d'tre vos dfenseurs et vos vengeurs, ils sont rduits
implorer votre secours, il vous est facile de reconnatre votre
erreur. En effet, comment ceux qui ne peuvent se venger ouxmmes, et qui s'avouent vaincus par un simple mortel, comment, dis-jo, de tels dieux pourront-ils dlivrer toute uno nation
ou toute une ville qui se trouve en quelque pril? Celte considration doit au moins maintenant vous faire abandonner
votre erreur, et vous porter croire en Jsus-Chrisl, qui est
descendu des cieux, pour sauver le genre humain, et qui la
fin des sicles doit venir comme juge de tous les hommes, pour
donner chacun d'eux des rcompenses ou des chtiments soIon leurs uvres.
CHAPITRE V.
Suite de l'interrogatoire. Le Juge lui reproche la nouveaut de la
foi chrtienne. Le Saint le confond.
Le Proconsul rpondit :.
Vous voulez obir des lois et des institutions nouvelles, au mpris du culte des. dieux et d'une religion, qui
nous a t transmise, ds les temps les plus recules, par nos
Pres, et qui nous a t lgue par eux comme un hritage
sacr. C'est pour ce. motif que nous marchons sur leurs vestiges ; car nous pensons que s'loigner de leurs traces n'est pas
une chose sre. Les usages anciens valent mieux que les nouveaux ; et ceux qui sont confirms par l'exprience du temps
sont plus dignes de notre approbation.
C'est pour celle raison que vous devez changer de sentiment, et ne point imiter dans votre conduite un homme qui
n'est connu que depuis peu, et qyi au moyen de. certains prestiges a jet le trouble dans la vie humaine ; vous le devez sur-
40
tout, si vous considrez qu'il a t attache une croix sous le
gouverneur Ponce Pilate. Obissez donc aux dcrets des empereurs, afin que votre vie se passe sans pril au milieu de nous.
Car vous trouverez toujours en nous des personnes favorables
et amies, et qui se comporteront votre gard comme des enfants respectueux : Votre ge . demande effectivement que
nous vous aimions comme nous aimons nos pres.
L'homme de Dieu lui fit la rponse suivante :
Bien que vous m'apportiez une foule de raisons (spcieuses), je ne serai pas toutefois assez imprudent, ni assez insens, prsentement que je suis arriv une extrme vieillesse
el que je louche mon dernier terme, pour changer de sentiment, et pour quitter la profession d'une foi certaine, et cela
dans la vue de jouir encore quelques jours d'une vie misrable
et dshonore. Cessez donc de me circonvenir: ma rsolution,
affermie par une lecture continuelle des oracles divins, est inbranlable. Le culte de vos dieux ne remonte point au commencement des temps ; et jamais du reste les prtendus dieux
n'ont rien fait d'utile pour vous. Mais vous vous tes livrs
des hommes infmes, qui fournissent aux autres le moyen de
mener une vie obscne, et qui leur offrent les occasions de se
plonger dans les volupts honteuses. Si, suivant vos paroles
on doit observer tout ce qui est ancien, pourquoi n'imitez-vous
pas Can, l'inventeur du fratricide? Pourquoi ne vous proposez-vous pas pour modles ces homms impies qui tentrent
d'escalader le ciel, ou qui ne craignirent point de commettre
d'abominables incestes ? ce qui a fait que le dluge les a extermins : car ils avaient ddaign de suivre la vritable voie
d e l pit et de la justice. Si donc vous voulez imiter ces
hommes et renouveler leurs crimes, parce qu'ils sont anciens,
ce ne sera plus dsormais par l'eau, mais ce sera par le feu
ternel, el par la morsure d'un ver, qui jamais ne dormira,
que vous serez consums, moins que vous ne veniez rsipiscence.
CHAPITRE VI.
S. Autipos, enferm dans un buf d'airain embras. Sa mort.
Rom.
|2
CHAPITRE VIL
Spulturo do S. Antipas. Miracles qui s'oprent a son tombeau.
43
Arlas, successeur du Pontife prcdent, dit que la narration du gnreux marlyre de l'vque de Pergame, subsistait
encore de son temps dans son intgrit,, et que son tombeau
s'tait aussi conserv jusqu' celte poque (an 780).
Un manuscrit, de l'une des glises de Constantinople, contient un grand loge du saint Martyr pour le 41 avril, el esl
intitul :
Combat du trs-saint martyr Antipas, vqw de Pergame
en Asie, dont le spulcre produit perptuellement et sans
cesse une manne de parfum.
Il dit que ses reliques furent dposes dans l'glise de Pergame, et il ajoute que perptuellement elles produisent des
parfums el procurenl des gurisons miraculeuses : Unguenta
et sanitales perenniter scaturiens; que le culle de ce saint est
clbre dans Constantinople.
Cdrcnus, dans son Compendium historique, n 446, dressant le dnombrement des objets prcieux qui faisaient l'ornement de la ville et qui y avaient cl apports par Thodose le
Grand, compte enlre autres le buf d'airain de Pergame, dans
lequel S. Antipas avait souffert le martyre : Bos mneus Pergamo advectus est ; fuit autem fornax, in qua ustus est
Antipas sanctus martyr.
.Comme les Latins \ les Grecs clbrent la fte de ce Saint
le 44 d'avril. L'hymnographe Joseph a compos, en son honneur un chant sacr qui commence ainsi :
Toy aitfpy sv Mapruffiv vriray oiw. I2tM\
Dcorum inter martyres colo Anlipam. Joseph.
J honore Antipas, illustre parmi les martyrs. (Joseph.)
1
il.
extraordinaires du ciel, que lui avait communiques le Thologien qui reposa sur la poitrine du Seigneur.
La neuvime s'exprime ainsi :
Aujourd'hui Pergame se rjouit cause de la fte solenn e l l e de son trs-saint Pasteur ; elle rassemble dans son
enceinte toutes les villes circonvoisincs. Nous aussi, nous
a nous rjouissons avec elle, cl. nous offrons au saint, martyr
nos hymnes sacres comme autant de couronnes immor telles.
RFLEXION.
SAINT NANIE
XXV JANVIER.
Baron, an. 33. l i a Grajci veeiiliori*. Vide liollau. 'i\ Jun. borotli..
in Synopsi. Tillemonl. Cal met. Dutripou. (Xfcuniwiiiis, ad Acia. S. Clem,
inConsiit. Aposl. t. 8, c. 4G. PeLrus do Natalibus, Muuroycus, CaniRns. Actu Graoca S. Auanu; (D SepjO
Ad. xxii, 12.
r
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Ce zl Disciple de Jsus s'acquittait donc du ministre de
la prdication, malgr les prils dont il tait environn, lorsque le plus ardent des perscuteurs de l'Eglise fut renvers sur
le chemin de Jrusalem Damas et subitement converti la
foi chrtienne par un miracle de la Grce Divine. Jsus-Christ
choisit Ananio pour instruire, baptiser, diriger et consacrer
le perscuteur converti. Il lui dit dans une vision:
nanie !
Le Disciple lui rpondit :
Me voici. Seigneur.
Le Seigneur ajouta :
Levez-vous, et allez dans la rue qu'on appelle Droite :
cherchez dans la maison un nomm Saul de Tarse ; car il y
est en prires.
f
47
Ananie obit donc, s'en alla, et tant entr dans la maison
o tait Saul, il lui imposa les mains et lui dit:
Saul,.mon frre, le Seigneur Jsus, qui vous est.apparu
dans le chemin par o vous veniez, ma envoy afin que vous
recouvriez la vue, et que vous soyez rempli du Saint-Esprit.
Aussitt il tomba de ses yeux comme des cailles, et il recouvra la mie, et, s'tant lev, il fut baptis. On montre encore aujourd'hui Damas la Fontaine oii Auunio baptisa
S. Paul.
Ce grand Aptre raconta lui-mme dans la suite cette solennelle circonstance dorant les Juifs assembls Jrusalem.
Apres avoir rapport comment Jsus-Christ l'avait converti
sur la route de Damas, il ajouta :
Or, il y avait alors, Damas, un homme pieux, nomm
Ananie, la vertu duquel tous les Juife rendaient un tmoi gnage avantageux. Il me vint trouver, et s'approchanl de
moi, il me dit :
:
Saul se leva aussitt pour recevoir le baptme, et ayant ensuite mang il reprit ses forces. Il resta quelques jours avec
les Disciples de Damas, et aprs avoir t instruit par Ananie,
il se mit prcher Jsus dans les Synagogues, assurant qu'il
taiL le Messie et le Fils de Dieu. Les Livres Sacrs des
1
Fromond./uc.
ct. xxii, 13 et
suiv.
48
1
Grecs et le Martyrologe Romain disent que, aprs avoir prch l'Evangile Damas, Eleuthropolis, deux villes dont il fut
l'vcque, et aprs avoir annonc la parole divine dans plusieurs
autres lieux, il fut meurtri et dchir de nerfs de buf, sous
le juge Licinius ou Lucilius; et qu'enfin, accabl de pierres,
il consomma son martyre Bclhagaure d'Eleuthropolis, en
Palestine, l'an 70 de Jsus-Christ.
Hollandus dit que son chof fut transporte de Home
Prague, eu Hohmc.
Les Grecs font sa fte le 1 jour d'octobre; les Latins la
joignent avec celle de la conversion de S. Paul lo 23 janvier.
Le 25 janvier les fidles se rendaient Damas pour prier nu
tombeau de S. Ananie .
e r
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so
J'adore le vrai Dieu, rpliqua Ananie; c'est lui que je
suis attach, c'est lui seul qui est l'objet de mon estime et de
mon culte : rien au monde ne m'est plus cher que lui. J'ai t
son ministre, lorsque j'ai donn Paul la connaissance de la
vrit,'et lorsque je lui ai rendu la vue. Il s'appelait Saul auparavant : depuis le nom de Paul lui a t donn, afin qu'il se
rappelt dans quel abme d'ignorance il tait d'abord plong,
et comment par la foi do Jsus il est parvenu la connaissance
de la vrit.
Confiant dans votre grandeur et dans votre force corporelle, lui dt le juge, vous semblez vouloir braver les supplices.
Voire sagesse s'est change en folie, et votre rare prudence
est en vous prsentement, comme je le vois, remplace par la
lgret.
Le Docteur de la Vrit leva alors les yeux et les mains au
ciel, et dit :
Seigneur Jsus-Christ, Dieu tout-puissant, que mon
ennemi ne me prenne jamais dans ses filets. Mais qu'il me
soit donn de souffrir pour vous, de mriter vos couronnes,
d'tre runi au Chur de vos Disciples, afin que je puisse
obtenir la grce qui a t accorde Paul.
Telles taient les paroles qu'Ananie adressait au Seigneur.
Mais sa prire fut accueillie par des coups rudement appliqus
sur ses paules nues.
Obissez aux ordres du Gouverneur! criaient les satellites. Sacrifiez nos dieux puissants 1
Ananie remuait alors les lvres sans exprimer hautement les
prires qu'il adressait Dieu.
Il fut suprieur dans ce moment aux tourments qu'on lui
faisait subir ; les bourreaux furent plutt fatigus tle lui donner
des coups, que lui de les endurer. On suspendit donc un
instant ce supplice, et le renard (je veux dire le juge) eut de
nouveau recours aux caresses :
Maintenant du moins, disait-il au Martyr de Jsus-Christ,
51
rentrez en vous-mme,, pargnez votre vie, sauvez celte beaut
qui autrement prira. Car de plus grands supplices vous attendent* j'en jurp par les Pieux I
Mais le disciple de Jsus, enflamm par l'amour de son Dieu,
mprisa hautement les menaces du, juge et lui rpondit que
jamais il ne sacrifierait aux dmons^ qu'au contraire il donnerait ses soins, tous les jours de sa vie, pour que le plus
grand, nombre possible de personnes se convertt 4 la foi de
Jsus-Christ. Lanant ensuite des traits contrle Gouverneur lui-mme, il lui adressa ces reproches :
Ne rougissez-vous pas, malheureux? nfavez-vous point
de honte, de recourir tantt la force brutale, tantt h la perfidie des. caresses, en essayant de nous sduire par. de douces
paroles, comme on ferait l'gard d'un petit enfant craintif et
dlicat?
A ce langage, le Gouverneur, anim par la colre, commande qu'on dpouille le Disciple de ses vtements; qu'on le
dchire avec des ongles de fer, qu'ensuite on le brle avec des
torches ardentes, afin qu'en lui brlant lentement le corps, les
douleurs lui assaillent le cur. Mais le martyr ne faisait pas
plus attention aux ongles de fer que. si c'et t un autre qui
les et prouvs., Le feu n'avait pas do force contre lui, et
semblait n'tre plus du feu,. Le cur du tyran demeurait insensible tout et sa fureur ne faisait qu'augmenter,
Jusques quand, disait-il, n'obirez-vous point aux dcrets des Empereurs, et n'Jionorerez-vous point les dieux
qu'ils adorent?
Pourquoi, rpliqua le Martyr, m'obligez-vous de parler
des mmes choses chaque instant, comme font ceux qui rptent un refrain dans les concerts de musique? Sachez donc,
sachez-le bien, et croyez que rien au monde ne m'branlera,
ni vos supplices, ni vos prsents, ni vos caresses, ni vos menaces, ni quoi que ce soit ; que je plains ceux qui ont t vaincus et qui sont tombs dans l'erreur; et que je dplore souve-
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rainement voire sort, parce que, non-seulemeni vous vous
causez vous-mme votre perte, mais que vous tes, de plus,
un sujet de ruine pour plusieurs autres hommes, soit lorsque
vous les invitez, soit lorsque vous les contraignez embrasser
l'impit idoltrique. Ne savez-vous pas que les objets
que vous adorez, ne sont que de l'airain, du bois, de
la pierre, qui sont la matire dont un homme so sort pour
former vos idoles ? Comment ne peul-il pas paratre absurde
que l'ouvrier adore l'ouvrage de ses mains? Quel est l'homme
qui, jouissant de sa raison, consentira jamais rendre un culte
son propre ouvrage, et lui demander des faveurs ?
L'homme de perdition, le juge idoltre, entrant dans une
sorte de rage, en entendant ces paroles et se voyant incapable
de lutter avec l'athlte du Christ, commanda alors qu'il soit
lapid hors de la ville. Le Martyr de Jsus-Christ, qui allait
endurer ce tourment, pronona alors ces paroles contre les
faux dieux :
Que les dieux qui n'ont point cr le ciel et la terre,
prissent 1
Lorsqu'il fut arriv au lieu du martyre, et que dj il recevait sur lui une grle de pierres, il leva les mains au ciel et
dit :
0 Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs, recevez ce
sacrifice que je vous fais de ma propre vie ; c'est pour vous
rendre tmoignage que je suis maintenant lapid.
En mme temps, il alla prs de Jsus-Christ, dans le
Royaume Eternel, recevoir des mains de Dieu la couronne
qui lui tait prpare. C'tait le premier jour du mois d'octobre* .
Des Disciples, amis des Martyrs, allrent, aprs le dpart
des licteurs, enlever le corps du B. Ananie, lui rendirent
de grands honneurs, et l'ensevelirent honorablement dans
1
53
un hritage paternel, situ dans le pays de Damas, rendant
gloire au Pre, au Fils et au S. Esprit, cette Unique et
Indivisible Trinit, qui soient l'honneur et l'empire, la majest et la magnificence, maintenant et dans tous les sicles 1
Amen.
SAINT FAMNAS
L'un des 7 premiers Diacres;
L'un des tmoins- immdiats do Jsus;
L'un de ses Septante Disciples;
Aptre do Philippes, en Macdoine;
Martyr du Christ.
Parmnas a t choisi par les Aptres entre tous les disciples de Jsus, pour remplir l'minente fonction de diacre
dans l'Eglise primitive de Jrusalem, comme il est rapport
dans les Actes des Aptres, ch. 6.
1
55
divers genres d'alTronls et de tourments, et qu'il mrita enfin
la couronne du martyre.
Les Mnologes Orientaux* ne.sont point,en dsaccord avec
les traditions de l'Eglise latine sur l'Apostolat du Bienheureux
Parmnas.
Ils s'expriment ainsi, enjoignant ensemble les rcits historiques de la vie de plusieurs diacres, qui rendirent tmoignage, par l'effusion de leur sang, la vrit des faits vangliques :
Martyre des 13B. Prochorc, Nicanor, Timon et Parmnas.
Tous ces Disciples, qui taient du nombre des premiers
Aptres (c'est--dire des premiers Disciples de Jsus) souf frirenl grand nombre de perscutions en diffrents lieux de
la terre, parce qu'ils prchaient la foi chrtienne : et c'est
pour avoir confess la divinit de Notre-Seigneur .lsu Christ, fils de Dieu, en mme temps que son humanit par faite, qu'ils conquirent la couronne du martyre.
S. Epiphane, S. Dorothe et S. Hippolyte, les mnologes
Grecs et Orientaux rangent le IL Parmnas parmi les
soixante-douze Disciples qui formrent la compagnie de Jsus
pendant son ministre public, et qui aidrent les douze Aptres
porter la parole vanglique jusqu'aux extrmits de la
terre.
2
Raban Maur dit que, au temps de la perscution des Chrtiens Jrusalem (vers Tan i i ) , lo Diacre Parmnas s'embarqua sur la Mditerrane avec sainte Madeleine et sainte
Marthe, sa sur, avec S. Lazare et Marcella, leur servante, avec
f
56
S. Maximin, l'un dcfv soixante-douze disciples de Jsus, se dirigea vers les plages Occidentales, et vint dans la province de
Vienne, Avignon, avec les Disciples Sosthnes et Epaphras.
Parmnas travailla dans les contres mridionales des
Gaules avec les autres docteurs vangliques la propagation
du rgne du Christ.
SAINT ALEXANDRE
L'un des 72 Disciples.
SAINT RUFUS,
Son frre, l'un des 72 Disciples ;
Tous deux tmoins et martyrs de Jsus-Christ.
L'ancien Martyrologe Romain, ceux deBde, d'Adon, d'Usuard, de Galsinus, S. Epiphane , Pierre des Nols et d'autres auteurs, mettent ces deux frres au rang* des premiers
2
Boni. xvi. 3.
S. Doroth.
inSynopsi.
Dexter, in citron, an. 100.
* S. Adon. in
Marlyrol.
* Equilinus, inlibro de sanclis.
1
m
1
(il)
toritc dans l'Eglise. Il tait ordinairement accompagn de plusieurs disciples.
On dit qu'il a t voque d'Avignon . Lorsque S. Lazare,
S. Maximiu, S. Trophime, S. Saturnin et d'autres ouvriers
cvangliques, vinrent travailler dans ces contres, S. Alexandre se dtermina i aller porter plus loin ses efforts. Il se rapprocha do son frre Rufus, et, passant ensuite en Afrique avec
ses intrpides compagnons, tous entirement dcids verser
leur sang pour la cause de Jsus-Christ, il fit briller lo flambeau de la foi aux. yeux des habitants de. Carthagne, de la
Mauritanie, el de la ville de Cartbage, capitale de l'Afrique Occidentale, et. si fameuse dans l'Antiquit.
Les infidles, ne pouvant souffrir que ces disciples du Christ
dtruisissent leurs superstitions et leurs idoles, anims, de
plus, par l'instigation de. Satan qui voyait, dj son rgne renvers dans ces florissantes contres, conspirrent contre
Alexandre el ses compagnons, et les mirent mort, aprs
leur avoir fait subir des outrages et des tourments. C'est ce
qu'attestent F. L. Dexter, dans sa Chronique, et les divers
Martyrologes .
1
61
1
152
Qu'elle tait ardente el assure de la vrit des promesses du
fils de Dieu, puisqu'ils, ne craignirent ni les plus lopgiies fatigues, ni les plus durs travaux, ni les supplices, ni la mort la
plus ignominieuse I Ici, sur les pas de S. Alexandre, Je disciple
et l'ami de Jsus, 21 mes gnreuses, 24 hros marchent sans
hsiter, au lieu du martyre.; ils.se,livrent, san,s.,balancer, aux
mains sanglantes des bourreaux I
Quu lu possession des biens invisibles, p r o m i s leur fidlit,
tait certaine leurs yeux! Que la vue de la splendeur du
royaume cleste de leur Divin Matre, tait claire et ravissante
leurs regards!
Pour Simon le Cyrnen, le pre d'Alexandre el de
Rufus, ce ne fut pas en vain qu'il avait aid le Christ porter
l'instrument du salut, ni qu'il avait eu des fils si intrpides lmoins du Fils de Dieu. Il participa, en effet, lui-mme nonseulement au salut que Jsus avait apport au genre humain,
mais aussi l'honneur de l'apostolat. Car suivant une ancienne
tradition, rapporte par Braulion, vque de Sarragosse, cite
plus haut, sentant ses deux fils en Espagne, dsirant lui-mme
rendre aussi avec eux un courageux et vridique tmoignage au
Fils de Dieu, il s'embarqua sur les Ilots de la Mditerrane, et
vint les rejoindre sur ces lointaines plages de l'Occident, o il
les trouva travaillant avec passion et avec succs au royaume
de Dieu parmi les peuples les plus indomptables. Ce fortun
vieillard fut ravi la vue des travaux de ses chers enfants; il
rendit grces au Seigneur, et, se livrant au saint zle dont il se
sentait anim, il travaillait aussi avec eux. Le vnrable auteur
prcit ajoute, que Simon tant all trouver S. Pierre avec les
autres aptres de l'Espagne, il reut avec eux la conscration
piscopale, et qu'aprs avoir annonc quelque temps la vrit,
il retourna Jrusalem, o il mourut, et oh ton fait sa fte
le 4* jour de dcembre .
1
SS. Ruli et Alexandri mmo ri a Simonis Cyreiiaoi... iiliorum, ce lebris est. Venit cum filiis Simon in Hispaniam..., et ibi prdicavit
HISTOIRE
DE
SAINT
ETIENNE
LE
P R E M I E R
D E S
M A R T Y R S .
AVERTISSEMENT.
60
culeux peut-tre plus clatants et plus nombreux encore; faits
prodigieux et divins, certainement au-dessus de toute contestation/ puisque les plus graves docteurs, les plus savants
hommes, des peuples entiers, tmoins de ces faits qui parlaient
publiquement, les ont attestes, crits, consigns dans des monuments, alors mme qu'ils s'accomplissaient dans le monde
entier, et sous les yeux mmes de ceux qui eu taient les objets
ou les tmoins oculaires.
Ces seconds prodiges, oprs par S. Etienne au v* sicle, el
enregistrs dans les doctes crits du gnie le plus lev, de la
science la plus consomme, de la vertu la plus pure, sont la
dmonstration la plus manifeste de l'histoire de S. Etienne,
crite par S. Luc.
Ici, vous ne pouvez douter ni user de moyens ternes. Il Faut
ncessairement, ou donner un dmenti formel S. Augustin et
tout un sicle de savants et de Saints, ou admettre ce que
prouvent les miracles de S. Etienne, dont le pouvoir miraculeux, aprs quatre sicles, parut mme plus puissant, plus
actif, que durant sa vie mortelle. Cette grande puissance surnaturelle et celte magnifique gloire du Protomartyr, qui clatrent de nouveau aprs un si grand nombre d'annes, prouvent admirablement les points suivants, savoir :
L'immortalit bienheureuse des justes ;
La lgitimit du culte des reliques et les avantages de l'invocation des Saints ;
La gloire immense destine au martyre dans le ciel el sur la
terre;
La vrit de ce que prchait S. Etienne durant sa vie temporelle, c'est--dire :
La vrit de tout l'Evangile;
L'abrogation de la Loi Ancienne el la substitution de la Loi
Nouvelle, dtermines par un dcret absolu de Dieu;
La divinit de Jsus, el sa sance actuelle la droite du
Tout-Puissant, comme il tait prdit, Ps. 109 : sede a dexiris
meis; sa gloire et. son rgne ternel au plus i^ut des cieux;
Le mrite de ceux qui rendent Jsus-Christ un courageux
tmoignage, qui confondent par la science divine et reprennent
les .hrtiques et les incrdules rebelles, fussent-ils dans la
puissance el dans la grandeur; ou, enfin, qui meurent, pour
la cause de Jsus-Christ, en succombant sous le coup d'accusations spcieuse, mais mensongres.
Il faut admettre tous ces points commo autant de faits et de
vrits trs-certaines, ou traiter d'imposteurs, non-seulement
les Saints Evanglistes, mais aussi les vnrables, les judicieux et trs-saints personnages que nous nommerons au. quatorzime chapitre do cette histoire do S. Etienne; personnages,
qui, loin d'tre disposs commettre ou approuver le mensonge, enseignrent constamment, au contraire, qu'il ne
peut jamais tre permis de faire le moindre mensonge, ft-ce
mme pour sauver la vie un homme, ou pour, empcher le
mal, ou pour procurer mme le baptme un enfant, qui
sans cela ne peut le recevoir; parce qu'il n'est point de
circonstance o ce qui est essentiellement mauvais puisse
devenir lgitime. A leurs yeux le mensonge serait surtout
criminel en matire de religion. On peut voir les traits
que S. Augustin a laisss sur ce sujet, Op. t. VI. 11 s'est particulirement signal par son application combattre le mensonge en toutes sortes de matires. Or, il est l'un des principaux tmoins des miracles de S. Etienne.
Aussi, le protestant Jean Le Clerc, voyant, dans ces miracles, la condamnation des erreurs de la prtendue rforme,
n'a pas trouv, pour se justifier, d'autre parti . prendre, que
d'attaquer (chose infme I) la vracit du grand S. Augustin
par rapport aux faits miraculeux de S. Etienne. Il a fallu quel
les miracles du saint martyr fussent bien dcisifs, pour que cet
hrtique et recours . un tel .acte de dsespoir. S. Augustin,
tous les Pres, tous les voques, avec les historiens et les auteurs de ce temps, sont accuss de mensonge par un petit cri-
(58
tique moderne, misrable champion de la philosophie incrdule du xvm sicle I Mais les chrtiens souffriront-ils que Ton
traduise ainsi les plus savants et les plus saints Docteurs de
l'Eglise comme des fourbes et des imposteurs? Et consentiront-ils que l'on range le reste des fidles dans la classe des
insenss?
Les miracles, oprs par les mrites et l'intercession de
S. Etienne, sont attests, non-seulement par S. Augustin, mais
encore par Possidius, par Evodius et par un grand nombre de
Saints Pontifes. De plus, il y avait alors en Afrique une foule
d'hommes recommandables par leurs lumires et leur pntration, qui examinrent les faits, et ne les admirent avec tout
le monde qu'aprs en avoir reconnu la vrit. Mais en supposant, par impossible, que les catholiques eussent t assez simples pour s'en laisser imposer par leurs vques, aurait-on pu
galement tromper leurs ennemis, qui piaient leurs actions
avec tant de malignit? Les miracles dont il s'agit s'oprrent
dans un temps o il y avait en Afrique beaucoup de Manichens, de Donatisles el d'Ariens. Trouve-t-on cependant la
moindre trace de rclamation de la part de ces hrtiques et
des paens? Ne voit-on pas, au contraire, les Juifs et les incrdules se convertir la vue des prodiges qui frappaient leurs
regards? S. Augustin n'allguait-il pas ces miracles pour con~
vaincre les paens el confondre les philosophes de son temps,
tant ces faits merveilleux taient notoires et avrs? Les nombreuses pices contemporaines qui attestent ces faits prodigieux sont conserves la plupart dans les uvres des Pres de
celle poque et runies, particulirement la lin du VU* tome
des uvres de S. Augustin.
e
A SAINT ETIENNE !
sur le peuple chrtien, sur ceux qui vous invoquent avec dvotion et dont le Christ, notreDieu, vous a confi la garde spciale, une partie de ces dons clestes, de cette grce, de cette
force, de cet Esprit-Saint, dont la plnitude lait en vous,
bienheureux Lvite, afin que, comme vous, nous puissions
remporter la victoire dans les combats du Seigneur, et recevoir la couronne de la main de Jsus, qui est glorieusement
assis la droite de Dieu, son Pre Tout-Puissant!
SAINT
ETIENNE
Premier martyr.
* Protomartyr et Lovita,
Clnrus fido, clan viln,
f clarua ot mirar.ulis.
Sub liacluce triomphait,
et triumpbana insuHavit
Stephanus incrcdulis.
* Lvite el protomartyr, illustre par sa fui, illustre
par ta saintet, illustre par ses miracles.
c Etienne a triomph avec clat, et dans son glo rfeux triomphe il a insult Vincrdulit du Juif.*
(/fym.r0m.)
I
Do l'origine do S. Etienne. Do son nom. Il sortait d'une cole
distingue. Ses tuions s'lvent et s'ennoblissent, aprs qu'il a
reu le Saint-Esprit. -~ Fruits de son ministre.
S. ETIENNE, l'illustre protomartyr, qui combattit si gnreusement pour la cause du Christ, Jils de Dieu, qui, plein des
dons de l'Esprit Divin, fit clater de grands prodiges au sein de
Jrusalem el prcha le nom de Jsus devant le peuple et devant la grande assemble des chefs de la nation : ce jeune hros do la Loi Nouvelle, en qui l'on vit briller avec clat les vertus du Christianisme, spcialement la grce et la mansutude
do l'Ange unie la plus grande force d'mo, la [dus grande patience jointe la plus sublime magnanimit, tait l'un des
Soixante-Douze Disciples de Jsus .
4
72
11 tait lo cousin Cermain do Saul, qui fui depuis l'aptre
suint Paul . 11 avait t son condisciple l'cole du clbre
Rabban Gamaliel : tous deux avec saint Barnabe et d'autres
disciples avaient t intruits de la doctrine de vrit par ce sage
Docteur .
Etienne tait hbreu d'extraction et descendait d'Abraham,
comme il lo dclare en parlant de lui-mme devant le grand
Sanhdrin .
Son nom, Stphane ou Etienne, est grec cl signifie couronne.
C'tait alors un usage trs-commun parmi les Juifs de changer le nom hbreu pour un nom grec ou latin. C'est ainsi que
le nom de Saul fut chang en celui de Paul; le nom de Thomas en celui de Didyme. Plusieurs d'entre les Aptres el les
Septante Disciples avaient pareillement adopt des noms grecs,
par exemple: S. Pierre, S. Philippe, S. Andr, S. Barthlmy, S. Luc ou Lucius, Sosthne, Andronique, Junius, Niger, SInason, Aristodmc. Parmi les autres,Hbreux, vers le
mme temps, on trouve Agrippa, Brnice, Alcime, /Ene,
Anliochus, Antigone, Alphe, Antipater, Apelles, Archelaiis, Arisiobule, Alexandre, etc. Les Pres, les Historiens et les Interprtes fournissent beaucoup d'autres preuves
dcisives.
1
Etienne tait cousin de Paul : ils riaient fils des deux frres.
M. Drach, d'aprs OEcumirius, etc. V. Brentano, p . 466.
Drauh, Harmonie, t.i, p. 146 -, S. Glcm. recogn., L 1, c. 9 et 10 ; Heda,
m retract., in Act. ApnsL, c. 5 ; Baron., Annal., an. 34, p. 234. Quant
l'autorit el la clbrit dont Oamaliol jouissait dans tout Isral,
on. peut voir ce qui on est dit dans sa notice biographique.
Act., vu, 30.
2
73
tait au milieu des Hbreux. Ce qui appuie ce sentiment, c'est
que Gamaliel fit inscrire sur le tombeau du premier martyr,
non pas le nom 'Etienne, mais celui de Chliel .
4
On ne sait pas quelle poque prcise il s'attacha JsusChrist ; mais on a tout lieu de croire qu'il le suivit de bonne
heure, ds les premiers temps de sa prdication , et qu'il reut
le litre de disciple vers le mme moment que Prochore et Barnabe, ses cousins.
II tait sorti scribe et docteur de l'cole do l'un des
plus grands chefs de la Synagogue. Il brillait, dans Jrusalem,
par son zle et ses lumires. Il tait trs-considr, trs-aim .
11 vit, avec les autres Disciples, Jsus ressuscit, il raccompagna sur le mont des Oliviers, lors de son Ascension. Revenu
au Cnacle, il attendit avec les autres l'envoi de l'Esprit-Saint,
dont il recul tous les dons avec plnitude, le jour de la Pentecte. Il fut alors investi, dans un degr minent, du pouvoir
prophtique et du pouvoir miraculeux. La grce dcoulait de
ses lvres, et convertissait tous ceux qui l'entendaient. De plus,
3
Nomenhabes COHONATI,
Te tornxenta dccet paix,
Pro corona gloriz.
74
lorsqu'il visitait les classes pauvres et fidles de Jrusalem, il
gurissait miraculeusement tous les infirmes et les malades
qu'on lui prsentait. De l le grand nombre de conversions qui
s'opraient de toutes parts. la vue de tant de signes prodigieux, les curs n'hsitaient plus d'embrasser le Christianisme
et de sacrifier leurs biens avec toutes leurs esprances temporelles. Bientt Ophcl tout entier et la partie orientale de Je rusalom et do Sion, oit se faisait principalement sentir l'acte lion d'Etienne, no pouvaient plus contenir la communaut
chrtienne, dont une partie dut occuper l'espace qui s'tend
de la ville Bthanie'.
II
Elvation de S..Etienne la dignit de Primicier et d'Archidiacre.
76
Les saints Aptres, ayant appris ce qui se passait et le sujet
de ce desaccord, pour arrter le mal dans sa source, assemblrent les fidles et leur dirent :
II n'est pas juste que nous quittions la prdication de
la parole de Dieu, pour avoir soin des tables : il n'est pas
convenable que nous cessions d'administrer la nourriture
des mes, pour nous occuper do celle des corps, el pour
vaquer des choses de moindre importance.
Choisisses donc, mes frres, sept hommes d'entre vous,
d'une probit reconnue, d'une conduite irrprochable, non
des hommes trop gs ou trop jeunes, qui n'auraient pas la
c forco ou la prudence suffisante pour remplir ce ministre
difficile, mais des hommes connus et prouvs, remplis du
Saint-Esprit et de sagesse, auxquels nous puissions com mettre en sret cette importante charge.
Pour nous, nous serons ainsi dlivrs de toute distraction,
et nous nous appliquerons entirement la prire et la
disjtensation de la parole. Les ministres que vous choisirez,
seront nos vicaires (gnraux) dans l'uvre que nous accom. plissions jusqu' ce jour : ils nous remplaceront tant dans la
distribution des pains de la table sacre, que dans la dispense salion des aliments communs. S'il s'lve dsormais quol que sujet do plainte, vous les porterez leur connaissance
et leur jugement; nous n'interviendrons que dans les
questions les plus graves. Lorsqu'ils se seront acquitts de ce
ministre, ils coopreront avec nous l'administration des
grces clestes et la prdication de la parole divine .
1
Act. vi, 2-4. Tel est le sens du discours que les Aptres adressrent rassemble des Disciples (Baronius, t. 1, p. 235). Peut-tre
les Aptres no s'adressrent-ils qu' la runion des 72 Disciples ; comme
on est en droit de le penser en voyant d'abord que les sept Diacres ont
t choisis parmi ce nombre (S. Epiph.) considerate viros ex vo&..., et
ensuite, qu'il fallait des personnes sacres, des prtres, pour tre les
ministres de l'unie), en mme temps que les dispensateurs des biens
ecclsiastiques
77
Alors les Disciples, comprenant que ceux qu'ils avaient
lire devraient remplir, aprs les aptres, la premire place
dans le service de l'Eglise et qu'ils devraient tre les ministres
des tables eucharistiques et des tables communes, les premiers
remplaants des Aptres dans la dispehsation des saints mystres et dans l'administration gnrale des affaires spirituelles
et temporelles des lidlcs; les Disciples, considrant la sublimit de l'emploi qui allait tre confi aux sept diacres, les
choisirent parmi les plus mincnts d'entre les soixante-douze
Disciples de Jsus, comme le remarque S. Epiphane * :
Et ils lurent les sept hommes suivants, recommandables
sous tous les rapports :
Etienne, homme plein de foi et du Saint-Esprit,
Philippe,
Proehore,
Nicanor,
Timon,
Parmcnas,
et Nicolas, proslyte d Antioche.
Tous ces noms sont grecs par les raisons que nous avons
indiques plus haut, et parce qu'ils taient plus faciles prononcer pour ceux avec qui les Hbreux avaient vivre.
S. Etienne, comme l'observe S. Augustin , est nomm le
premier parmi les diacres, comme S. Paul l'est parmi les
Aptres. C'est pour cela que le prtre Lucien lui a donn le
litre d'Archidiacre .
Ixs Disciples les prsentrent aux Aptres, qui, aprs aooir
fait des prires, leur imposrent les mains*. Celte crmonie
avait pour fin une communication plus abondante des dons du
Saint-Esprit aux nonveaux lus, afin qu'ils fussent rendus de
9
S. Stepliani,
c. S, 9 , etc.
78
plus en plus dignes du ministre sacr qu'ils allaient exercer.
Leur ordination se fit en vertu d'une commission gnrale ou
particulire, que les Aptres avaient reue de Jsus-Christ,
pour tablir des lvites ou des ministres infrieurs qui.pussent
servir l'autel. S. Paul parle des fonctions de ces minisires,
et demande qu'ils aient les mmes qualits que les voques.
S. Ignace, disciple des Aptres, ordonne aux fidles de respecter les diacres comme les ministres de Dieu, comme les ministres des mystres de Jsus-Christ. Leur ministre, dit-il
encore, ne consiste pas distribuer le boire et le manger,
mais remplir d'augustes fonctions dans l'Eglise de Dieu.
Diaconos mysteriorum Chrisli minisiros : nec enim cibo rum et potnum ministri sunt, sed Ecclesi Dci adminis tratorcs . Ce saint martyr, qui fut tmoin oculaire de ce
qui se pratiquait dans l'Eglise, aux temps des Aptres, nous
fait connatre conformment ce qui est marque dans les
Actes, que, dans celte poque primitive, les diacres n'taient
pas seulement charges du soin des ornements de l'autel, des
vases sacrs, du trsor, des oblalions des fidles, de la surveillance et de la dispensai on du temporel de l'Eglise, mais qu'ils
possdaient, de plus, les hauts emplois spirituels que nous avons
dit, l'administration des choses saintes, cl la prdication de
l'Evangile .
1
111
S. Etienne exerce avec sselo son nouvel ollicc. Ses vertus. Fruits
merveilleux de son ministre. IL sert a 1 au toi S. Jacques el les
autres Aplres.
79
l'exercice de leurs fondions. Suivant S. Chrysosldme,S. Etienne
eut la primaut el la prsance parmi eux. Il se montra trsdigne de cette prminence et du choix qu'on avait fait de lui,
par la vigilance et la charit avec lesquelles il s'acquitta de sa
charge; les aumnes verses pour les pauvres taient en sret dans ses mains: rien ne se perdait par sa ngligence, il
faisait une rpartition juste et quitable, ne se laissant point guider par des aicclions particulires, et ne s'offonsant point des
paroles cl des plaintes de ceux qui croyaient avoir sujet de murmurer. S'il traitait avec des femmes et des veuves, c'tait par
ncessit, pour leur fournir des aliments et la subsistance ; il
tait en mme temps si retenu et si rserv, qu'il tait pour tous
un modle de chastet et d'honntet. Bien qu'il ft le principal et le plus minent des diacres et des Disciples, il se faisait toutefois remarquer entre tous par sa modestie eL son humilit, sa douceur et son affabilit.
il brlait de zle pour Jsus-Christ, son divin Matre el
pour la gloire de Dieu. S. Clment pape, disciple de S. Pierre,
parlant on la personne des Aptres, dit que pour ce qui regarde l'amour de Dieu, S. Etienne ne le cdait en rien aux
Aptres.
Comme il tait rempli du Saint-Esprit, il prchait l'Evangile avec une ardeur intrpide, et de grands et nombreux miracles dont on ne pouvait contester la vrit el qu'il oprait en
plein jour, la vue de tout le peuple de Jrusalem, confirmaient la doctrine qu'il annonait. Chacun tait difi, ravi,
de la grande grce et de la force toute divine qui reluisaient
dans sa vie, dans ses paroles et dans ses actes.'
Aussi le nombre des Disciples de Jsus-Christ allait-il s'augmentant de jour en jour : les prtres mmes des Juifs, jusqu'alors infidles, indociles la voix d'en haut, se convertissaient
en foule. Tout cela est clairement attest par S. Luc, lorsque
cet Evangliste parle de ce qui suivit l'lection de S. Etienne :
Et verbum Domini crescebat, et mulliplicabatur
numerus
80
Discipulorum in Jrusalem valde : multa etiam turba Saccrdolum obediebat fidei.
Slephanus autem, plenusgratia et fortitudine, faciebatprodiffia et signa magna in populo. C'est--dire :
Ds lors la parole du Seigneur se rpandait de plus en
plus, et le nombre des Disciples augmentait considrable'
ment dans Jrusalem. Une grande foule de prtres obissait
aussi la foi.
Or, Etienne, tant plein de grce et force, faisait de grands
prodiges et de grands miracles parmi le peuple.
Que nous serions heureux de connatre le dtail de ces
clatantes merveilles, opres par S. Etienne, et qui firent
une si profonde impression sur les curs mmes si endurcis
des Juifs et de ceux qui soutenaient la Synagogue rprouve 1
Ce fut alors que Jrusalem se sentit le plus fortement branle
et incline vers la foi. Ce Tut alors que la Synagogue, possde
et agite de l'Esprit malin, comme Saul, se vit contrainte de
rendre hommage l'Eglise naissante, et se vit oblige par la
vrit et par le sentiment de l'honntet publique, de rpudier
son dicide, de le condamner, dele rejeter surd'autres : Eccc...
vultis induecre super nossanguinemhominisistius.
Le temps
du ministre do S. Etienne fut la plus glorieuse, la plus brillante poque de l'Eglise primitive.
Quels hommes composaient cette Eglise t Quels chefs la
gouvernaient I Les douze Aptres taient la tte, les soixante
douze Disciples de Jsus taient les ministres et les prtres
infrieurs. La Vierge par excellence, la Reine du ciel et de la
terre, prsidait les vierges pures et les saintes femmes de Jrusalem. S. Etienne, dont fume resplendissait comme les
rayons du soleil, et dont le corps tait le tabernacle privilgi
du Saint-Esprit, servait a l'autel les Aptres, en qui rsidait la
plnitude du sacerdoce, et particulirement le bienheureux Jacques le Mineur, frre du Seigneur, vque de Jrusalem. C'est
ce que rapporte S, Ignace, martyr, qui eut le bonheur de voir
81
briller l'clat de ces beaux jours, qui ne se renouvelleront que
dans la Jrusalem cleste. Etienne, selon ce saint Docteur,
servait, comme diacre et comme ministre, le bienheureux
Jacques et les Prtres, c'est--dire les Aptres qui taient
Jrusalem. Il tait pur et irrprhensible dans son minis 1re. Il ressemblait par ses vertus un ange descendu du
ciel. C'est pourquoi S. Ignace exhorte tous les diacres
le prendre pour exemple et pour leur modle. 0urd vero
Diacoui, quam imilalores angelicarum virtutum? Qui pu rum et inculpatum minisleriumillis exhibent (Saccrdotibus
scilicet), ut Sanctus Stephanus Bcalo Jucobo
Tu vero
illis ministras, ut S. Stephanus Jacobo et presbyteris qui
erant Jerosolymis. (Epist. ad Trallianos, 5, ci 43.)
Etienne tait donc une flamme brillante el ardente, qui clairait, chauffait el rjouissait singulirement la primitive
Eglise.
Fremunl ergo tanquam
Quia vicii de fecere
Luois adversarii.
Falsos testes statuant.
Et tinguas exacuunt
Viperat'um filii.
fer
IV
Conspiration des Juifs contre saint Etienne. lies docteurs entreprennent des disputes contre lui et sont vaincus. Ils intentent contre
lui une fausso accusation et l'oblige du comparatre devant le JSnuhdrin.
83
Alexandrie, des Ciciliens, des Asiatiques, il sortit des docteurs renomms, qui devaient par leur loquence et leur savoir
combattre S. Etienne qu'ils voyaient si docte el si ardcnl,
qu'ils considraient comme le destructeur de leur foi et comme
leur capital ennemi, parce qu'il brillait dans tout Jrusalem
par la vertu et la grce de la prdication, et qu'il convertissait un trs-grand nombre de personnes ;\ la foi de JsusChrist.
Ils disputrent plusieurs fois avec le saint Lvite, mais ils demeuraient toujours vaincus : ils ne pouvaient rsister ni rpondre la Sagesse et l'Esprit qui parlaient par sa bouche.
Ce fut la premire victoire de S. Etienne.
Alorsils furent si irrits, , la vue de leur propre confusion,
qu'ils subornrent de faux tmoins pour leur faire dire qu'ils
lui avaient entendu prononcer des paroles de blasphme
contre Mose et contre Dieu.
Ils murent donc le peuple, les Snateurs et les Scribes ;
et,> se jetant sur S. Etienne, ils ^entranrent et l'emmenrent devant le Sanhdrin, au grand Conseil des Juifs.
Et ils produisirent* aussitt contre lui leurs faux tmoins,
qui disaient:
Cet homme ne cesse point de profrer des paroles de
blasphme contre le lieu saint et contre la loi ; car nous lui
avons entendu dire que ce Jsus de Nazareth dtruira ce lieu
et changera les ordonnances que Mose nous a laisses.
Les deux chefs de cette accusation taient faux : S. "Etienne
n'avait point parle contre Mose, ni blasphm contre Dieu. Il
est vrai qu'ils taient -venus bout do se le persuader et de le persuader aux autres, en interprtant mal et en changeant les
paroles que Notre Seigneur et son Disciple avaient dites ce
sujet; en cela ils ne faisaient qu'imiter la coutume de ceux qui
pient l'occasion de nuire u leurs ennemis: une simple parole,
1
84
orsqu'on peut la plier dans un sens fcheux, est pour eux
une base d'accusation.
Aprs la lecture des charges faites en plein Consistoire, le
grand-prtre Caphe dit S. Etienne de parler pour se dfendre.
V
Comment saint Etienne se dfendit contre l'accusation intente
urtificicusumonl contre lui.
L'accusation la sur/ace portait que S. Etienne avait profr des blasphmes de quatre sortes diffrentes : blasphmes
contre Dieu, contre Mose, contre la Loi, et contre le tabernacle ou le Temple.
Mais le fond de cette mme accusation se rduirait dire
qu'il assurait que le Temple serait dtruit ; que les sacrifices
prescrits par Mose n'taient que des ombres et des types;
que les observances de la Loi (mosaque) n'taient plus agrables Dieu, et qu'elles avaient t abolies par Jsus de Nazareth.
Prsente de la premire manire, l'accusation tait fausse;
mais la seconde allgation tait la vrit vanglique.
Alors tous ceux qui taient dans le Conseil, ayant jet' les
yeux sur lui, virent son visage tout resplendissant de lumire
et semblable au visage d'un ange. Le Saint-Esprit, qui habitait dans l'intrieur de son me, faisait rejaillir et clater ses
rayons sur l'extrieur mme de son corps. Comme il tait irr
prhensihlo et innocent sous tout rapport, il paraissait matre
de lui-mme, n'avait aucune crainte, et laissait voir au dehors,
sur sa figure, ce qu'il avait au dedans, au fond de son cur ;
suivant ces paroles d'un ancien Pre : Telle tait la grce
surabondante do l'me, qu'elle s'panchait au dehors; telle
tait la puret, la beaut intrieure, qu'elle se rpandait
sur lotit le maintien extrieur : la lumire cache au dedans,
87
les meurtriers; que celle Loi qu'ils avaient reue par le ministre des anges faisait leur condamnation, puisqu'ils ne l'avaient
point garde.
Agonista, nuli cde,
Certa cerlus de mercede,
Persvrt
Stepliane,
Insla fasis leslibvs,
Confula sermonibus
Synagogam
Satan*.
Act. vu, I et suiv. Pour se justifier de l'accusation d'avoir blasphm contre l'Ancien Testament et ni la loi ancienne, S. Etienne affirme touio la loi ancienne, de mmo que l'avnement du Christ qu'elle
prdisait.
88
asseoir le pied; mais il lui promit de lui en donner la possession, el sa postrit' aprs lui, lorsqu'il n'avait pas encore de fils.
fi. Et Dieu lui prdit que, pendant 400 ans, sa postrit
demeurerait dans une terre trangre, et qu'elle serait tenue
en servitude, et fort maltraite.
7. Mais j'exercerai, dit le Seigneur, ma justice contre la
nation qui l'aura tenue en servitude, et elle sortira de ce
pays-l, et viendra me servir dans ce lieu-ci.
8. Il fit ensuite avec lui l'alliance de la Circoncision; et
ainsi Abraham ayant engendr lsaac, le circoncit le 8 jour,
Isaac engendra Jacob, et Jacob les douze patriarches.
9. Les Patriarches, mus d'envie, vendirent Joseph , pour
tre men en Egypte ; mais Dieu tait avec lui.
40. Et il le dlivra de toutes ses afflictions', et l'ayant
rempli de sagesse, il le rendit agrable Pharaon, roi d'Egypte , qui lui donna la conduite de son royaume et de tonte
sa maison.
{
89
15. Jacob descendit donc m Egypte, oh il mourut, et nos
pres aprs lui.
4 6. Et ils furent transports en Sichem, et on les mil dans
le spulcre qu'Abraham avait achet prix d'argent des enfants d'Hmor, fils de Sichem.
17. Mais comme le temps de la promesse que Dieu avait
faite Abrafiam s'approchait, le peuple s'accrut et se multiplia beaucoup en Egypte.
48. Jusqu'au rgne d'un autre roi, qui n'avait pas connu
Joseph.
49. Ce prince, usant d'une malice artificieuse contre notre
nation, accabla nos pres de maux, jusqu' les contraindre
d'exposer leurs enfants, pour en exterminer la race.
20. Ce fut en ce temps-l, que naquit Mose, qui tait
agrable Dieu. Il fut nourri trois mois dans la maison de
son pre.
24. Et, ayant t expos ensuite, la fille de Pharaon t'emporta, et le nourrit comme son fils.
22. Depuis, Mose fut instruit dans toute la sagesse des
Egyptiens, et devint puissant en paroles et en uvres.
23. Mais quand il eut atteint l'ge de 40 ans, il lui vint
dans l'esprit d'aller visiter ses frres, les enfants d'Isral, el
de voir leur dur esclavage, dont il gmissait plus que personne.
24. Et voyant qu'on faisait injure l'tm d'eux, il le dfendit et le vengea en tuant l'Egyptien qui l'outrageait.
25. Or, il croyait que ses frres comprendraient bien que
ce serait par sa main que Dieu les dlivrerait; mais, malgr
les signes miraculeux qui environnaient dj Mose, ces, esprits durs el rebelles ne le comprirent pas.
2C. Le lendemain, s'tanl rencontr, lorsque quelques-uns
d'entre eux se querellaient, el tchant de les accorder, il leur
dit:
Mes amis, vous tes frres; comment vous faites-vous
injure l'un l'antre ?
90
27. JMatf cc/i qui faisait injure Cautre, le rebuta, en lu i
disant :
Qui vous a tabli Prince et Juge sur nous ?
28. Ne voudriez-vouspasme tuer, comme vous tutes hier
cet Egyptien f
29. Cette parole fut cause que Mose, voyant que son action
tait connue du peuple, prit la fuite, el il demeura comme
tranger au pays de Madian, o il eut deux fils.
30. Quarante ans aprs, tin ange lui apparut au dsert
de la montagne de Sina, dans la flamme d'un buisson qui
brlait.
31. Ce que Mose ayant aperu, il fut tonn de ce qu'il
voyait; et, s approchant pour considrer ce que c'tait, il
entendit la voix du Seigneur qui lui dit :
J
91
leur, cel illustre prophte, qui a dit aux enfants d'Isral :
Dieu vous suscitera d'entre vous un prophte comme
moi, c'est--dire, le Messie librateur, lgislateur et prophte,
coutez-le : c'est lui surtout qu'il faudra couter, quand il sera
venu. 0 juges, et vous pres du peuple d'Isral, je suis donc
bien loign de combattre et de blasphmer contre Mose, lorsque je prche ce que Mose a annonce et que je fais connatre
lu Messie qu'il a prdit, .le suis donc au contruiro le dfenseur
do Mose el do ce qu'il a crit prophtiquement dans la loi.
Pour ceux d'entre vous qui combattent contre Jsus-Christ, ils
sont plutt les vritables ennemis de Mose, puisqu'ils combattent lo Christ qu'a prophtis Mose.
Pour moi, je n'ai jamais parl qu' la louange de Mose, et
que conformment ses paroles et ses oracles.
38. C'est lui qui, pendant que le peuple tait assembl dans
le dsert, s'entretenait avec l'Ange (avec le Yerbe Divin) qui
lui parlait sur la montagne de Sma. Cest lui qui tait avec
nos pres, et qui a reu les paroles de vie (c'est--dire la Loi)
pour nous les donner.
39. Nos pres ne voulurent point lui obir, pas plus comme
leur prophte et lgislateur, que comme leur rdempteur
temporel; mais ils le rebutrent, ils le rejetrent, retournant
de cur en Egypte, dsirant y demeurer parmi les idoles.
40. Et disant Aaron :
- r - Faites-nous des dieux qui marchent devant nous,
comme ceux dos Gentils ; car nous ne savons ce qu'est devenu
ce Mose, qui nous a tirs du pays d'Egypte.
4 1 . Ils firent ensuite un veau, et sacrifirent l'idole, mettant leur joie dans cet ouvrage de leurs mains.
4 2 . Alors Dieu se dtourna d'eux, et les abandonna de
telle sorte, qu'ils adorrent l'arme du ciel, le soleil, la lune
et les astres., comme il est crit au livre des proplitcs :
Maison d'Isral, m'avez-vous offert des sacrifices et des
hosties dans le dsert, durant quarante ans f
Isa!., 66, 1
93
docteurs et de snateurs, leur rsistance volontaire la vrit,
et leur criminel endurcissement :
54. Ttes dures, leur dit-il, hommes incirconeis de cur
et d'oreilles, vous rsistez toujours au Saint-Esprit, et vous
tes tels que vos pres ont t !
52. Qui est celui d'entre les Prophtes que vos pres n'aient
point perscut ? Ils ont tu ceux qui leur prdisaient l'avnement du Juste Jsus-Christ, que vous venez de trahir, et
dont vous avez t les meurtriers,
53. Vous qui avez recula Loi par le ministre des anges,
et qui.ne l'avez point garde; vous, qui, prsentement, en
mconnaissez l'accomplissement manifeste, en pchant contre
lo Saint-Esprit.
1
VU
Martyre de S. Etienne. Ses circonstances. . Gloiredu S. Lvite.
94
debout la droite de Dieu t Les cieux les plus levs cl l'empyre o tait le troue du Pre et du Christ, son Fils bienaim, venaient do s'ouvrir ses yeux, comme ils s'taient ouverts aux yeux du Prophte Ezchiol, sur les bords du fleuve
Cbobar, et lors du baptme do Noire-Seigneur sur les rives du
Jourdain.
Alors tes Juifs, entendant ces paroles, jetrent de grands
cris, se bouchrent les oreilles, et se prcipitrent sur lui tous
ensemble, en s'criant :
Qu'il meure I qu'il meure, le blasphmateur 1
Car, leurs yeux, c'tait un grand blasphme d'avoir dit
que celui qu'ils avaient condamn la mort commo- blasphmateur, fut au ciel, plac la droite de Dieu Tout-Puissant. Ces
hommes perfides profitrent donc de cette occasion pour se
venger du gnreux soldat de Jsus-Christ : ils rsolurent de
le mettre mort sans autre forme de justice. Ils n'attendirent
point qu'il intervnt une sentence, et n'eurent point recours
au gouverneur romain, quoique ces formalits fussent alors
requises pour faire mourir quelqu'un lgalement. Us le tranrent donc hors de la ville pour lui faire subir la peine porte
contre les blasphmateurs.
!
95
l'assure cumcnius ; ce jeune docteur, esprit bouillant, trszl'pour la loi mosaque, avait voulu partager ainsi leur
crime, il craignait que la prdication de S. Etienne ne dtruist et n'anantt cette loi : c'est pourquoi il voulut contribuer
sa mort, sacrifiant ainsi, par une erreur chez lui involontaire,
l'amour du sang et de la parent celui de la religion. 11 le
lapidait de la sorte par les mains de tous, comme s'exprime
S. Augustin : Saul ne se contentait pas dporter la main
sur lo Disciple de Jsus-Christ; mais afin- de le lapider au
moyen de cent bras, il gardait les vlements de tous ces
meurtriers, et il tait plus cruel en les aidant tous, que s'il
et frapp lui-mme.
Les Juifs s'empressrent de ramasser des pierres dans le
Cdron, et, anims d'une criminelle frocit, ils les lancrent
sur Etienne qui invoquait Notre-Seigneur, et disait :
Seigneur Jsus, recevez mon esprit !
Ce Disciple s'estimait bienheureux de recevoir las coups de
ces pierres meurtrires, afin d'tre digne de recevoir la gloire
d'une couronne immortelle. Pendant que de toutes parts il se
sentait frapp sous une bruyante grle de cailloux, il se rjouissait, il trouvait douces les pierres du torrent, parce qu'une
splendeur toute divine lui faisait voir en ce moment les cieux
ouverts et prts le recevoir, lui faisait dj contempler l'clat
el la batitude des demeures clestes. Loin de concevoir de la
haine contre ceux qui le lapidaient et qui lui frayaient de la
sorte, sans le vouloir, une route sre et abrge pour parvenir
la flicit, il priait pour eux. Les Juifs, plus durs que les rochers, lanaient des pierres contre celui qui les aimait et qui
demandait leur salut. J'aime la comparaison d'un pieux auteur
parlant des dispositions intrieures qu'avait alors le saint Martyr. Ses frres le lapidaient coups de pierres, el lui, semblable au silex qui rend du feu, lorsqu'il est frapp par une
autre pierre, leur renvoyait des tincelles de sa charit, leur
1
96
rendait en retour des sentiments et des paroles enflammes
d'amour, capables d'adoucir et d'embraser les curs de ses
cruels ennemis, s'ils n'eussent t plus insensibles que le
marbre glac.
Car, aprs que le fidle Disciple du Christ et recommand
son me Dieu, il se mit genoux, dit l'Ecriture, et fil haute
voix cette prire :
Seigneur, pardonnez-leur; ne leur imputez point ce pche! Tour lui-mme il pria debout; mais pour ses ennemis il
pria genoux. En faveur de ceux qui le lapidaient, son me
fit des efforts pour flchir le Seigneur, el il leva la voix autant
qu'il lui ft possible; mais dans la prire qu'il fit pour luimme il ne fit paratre, ni autant d'effort, ni un aussi vif dsir.
Sa brlante charit faisait qu'il se proccupait beaucoup moins
de lui-mme que de la perte et de la damnation ternelle de
ses frres, imitant en cela le Souverain Seigneur de toutes les
cratures, qui sur la Croix supplia son Pre Eternel de pardonner ceux qui l'avaient crucifi.
Nous savons que Notre-Seigneur exaua celte prire, sortie
du cur embras de son Disciple et fidle imitateur; plusieurs
de ceux qui avaient t l prsents pour le lapider, se convertirent aussitt aprs, et clairs de la lumire cleste, ils reurent la foi el le baptme de Jsus-Christ et moururent pour lui.
Saul lui-mme, Saul, qui excitait les autres, et qui avait voulu
garder les manteaux des faux tmoins et des bourreaux, devint,
par l'intercession de S. Etienne, de loup cruel un tendre
agneau, de perscuteur acharn un Aptre zl de Jsus-Christ,
pour l'amour duquel il affronta ensuite les perscutions et la
mort. Les Saints Pres et les Docteurs, et, en particulier,
S. Ambroise, enseignent que la conversion de S. Paul fut le
rsultai de la prire de S. Etienne : S. Augustin va mme
jusqu' dire que, si Etienne n'et pri, l'Eglise n'et pas eu
Paul ; et que Paul fut lev un si haut degr de grce, parce
1
382, Scrm.
1, et Serm, 5 de
Sanclis.
97
qu'Etienne s'tait prosterne en terre et avait intercd efficacement pour lui.
?
In pace in idipsum
donniam ci requiescam,
Ps 4, *J
7
.-- 9
Que mon me meuve de celte mort du Juste! Bien n'est
comparable cette mort du juste. Elle est remplie de douceur,
elle n'est que le passage d'une vie pleine de misres une
autre vie ternellement heureuse, resplendissante, inonde de
dlices.
La grande me du Bienheureux. Etienne entra donc triomphante dans les cieux qu'il avait vus ouverts. .11, fut couronn
par les. mains de Jsus-Christ, pour avoir le premier, et si hroquement, vers son sang pour la cause du Fils de Dieu : la
mystrieuse et prophtique signification de son beau nom (Stphane veut dire couronne'de Dieu) fut alors justifie, au milieu
* des acclamations et des rjouissances de .toute la Cour cleste.
Si l'envie pouvait avoir accs dans ces fortunes demeures, les
sublimes Esprits angliques eussent t jaloux de la gloire
d'Etienne. Mais ils taient les premiers et les plus empresss
rendre des hommages et des actions de grces Jsus-Christ,
leur Matre, qui avait si glorieusement couronn le B. Lvite.
Ils entonnrent les premiers et ils inspirrent l'Eglise catholique le chant suivant :
Christnm,.., qui Reatum hodie coronavit
Stephanum, venitc, adoremns!
(INVITT.)
Us le proclamrent Protomartyr, chef de la brillante arme
des martyrs.
Jrusalem fut alors plus glorifie, plus avantage, parla
mort d'Etienne, que ne In sera Home, un jour, par le martyre
du B. Laurent, cot autre Lvite si illustre.
Menus Sancio Spirilu
Pntrai inluittt
Stephanus
calcstia.
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Degloriam
Crescit ad vicloriam
Suspirat ad pr&mia.
En a dexlris Bei alantem
Jemmpro le dimicantem,
Sirp/ume considra.
99
TesLis luus est in clis
Teslis verax et
fideiis,
Teslis
innocentix.
Sibi clos reserari.
Sibi Christum revelari,
Clamt voce libra.
Secommendal
Salvalori,
Pro quo dulce ducil mori
Sub ipsis lapidibus.
Saulus serval omnium
Vestes lapidunlium,
Lapidansin omnibus.
t
N peccatum slaliuitur
flis a.quibus tapidatur,
Genu ponit et precalur,
Gondotens 'insanix.
InChvislo sicobdonnivU,
Qui Uhrto sic obcdivil,
Et cum GlwH&lo semprvivit
Marlyrum prtmitir*
Le lieu cl les circonstances de son inhumation ont t rvles plus tard par le S. Docteur Gamaliel au prtre Lucien. Le
corps de S. Etienne fut laiss un jour et une nuit dans un
champ, pour qu'il ft dvor par les htes ; mais les btes sauvages ni les oiseaux n'osrent y loucher. Alors Gamaliel envoya secrtement et pendant la nuit des hommes fidles avec
un char, pour enlever le corps du Lvite el le conduire dans
l'une do ses terres , qui tait situe 2 0 milles ou G ou 7
3
Act., vin, 2.
Hier. op. ad Paulam : funus
Appele Caplxargamala.
amplissimum.
400
lieues le Jrusalem. Il leur remit de grandes sommes pour que
les funrailles fussent faites honorablement. Elles furent clbres durant l'espace de 70 jours, au milieu de beaucoup de
regrets. Car l'Eglise faisait une grande perte dans la personne
de S. Etienne. A la vrit, elle fut bien ddommage par les
avantages prcieux que lui procura le martyre du saint Diacre
et par les effets de son grand crdit dans le Ciel. Toutefois,
quoique (es Chrtiens fussent persuads que sa mort tait un
vrai triomphe, comme ils l'estimaient el l'aimaient oxlraordinairement, ils ne laissrent pas, en mettant son corps dans le
spulcre de Gamaliel, de le pleurer fort longtemps,
S. Etienne souffrit le martyre le 26 dcembre, jour auquel
l'Eglise solennise sa foie, la mme anne que Noire-Seigneur
mourut et monta aux cieux, et le 1 jour qui commenait l'anne 35 de sa nativit .
e r
IX
La fureur des Juifs et de Saul se reporte sur les autres disciples.
Mort du diacre Nicauor et de 2,000 disciples. Force du tmoignage des premiers Chrtiens.
Mais les Pontifes et les Scribes ne furent pas satisfaits d'avoir fait mourir S. Etienne; au contraire, excits et comme
enivrs par le sang qu'ils avaient rpandu, ils s'acharnrent el
se rurent sur les autres chrtiens. C'est pourquoi, comme le
tmoigne S. Luc , il s'leva dans ce mme temps une grande
perscution contre l'Eglise de Jrusalem, el tous les fidles,
except les Aptres, qui taient les colonnes de l'Eglise naissante, sortirent do la ville el se dispersrent dans les diffrents
lieux de la Jude et de la Samarie.
2
101
Dorolh., in Synop.
II y a deux cents dans Baronius et quelques autres auteurs.
K. Paul atteste, dans sou discours devant lo roi Agrippa, Act. 1G, que
dans cette perscution dont il tait le principal instigateur, un grand
nombre de chrtiens dnoncs par lai, avaient t mis mort.
Nicodme fut alors destitu de sa dignit snatoriale, anathmatis
par Caphe, chass de Jrusalem, et contraint de s'loigner de cette
ville. Gamatiel le recueillit dans sa villa de Caphargamalfi, l'y entretint
de vtements et d'aliments jusqu' sa mort. Il l'ensevelit au mme endroit avec honneur, ct de S. Kliennc. Lucian. in CJK de invent.
S.
Stephani.
1
102
lail dans les veines des tmoins, non pas de trois ou" quatre
tmoins, mais de plusieurs centaines, de plusieurs milliers de
tmoins, non par devant un ou deux hommes publics, mais
devant les Princes el les Gouverneurs, devant les rois et les
magistrats, en prsence des peuples el des plus grandes villes !
Si Ton croit un acte notari, l'on a donc mille fois plus de"
motifs de croire l'Evangile.
X
403
'104
sance temporelle de .Noire-Seigneur, comme on le voit par les
paroles de S. Grgoire de Nysse qni vivait avant l'invention de
ses reliques:
Ecce diem feslum ex die feslo, et gratia pro gratia accipiraus Iferi Dominus Universi nos pavit ; hodie Domini imitator.
Quomodo hic ? aut quomodo ille ? Ille hominem pro nobis in duens ; hic pro illo hominem exuens. Ille vitsc speluncam
proplcr nos subiens : hic proptor illum ex spelunea uxiens.
Ille pro nobis fasciis involutus ; hic pro nobis Iapidatus,
c etc.
La relation de Gamaliel, qui se lit dans la lettre du prtre
Lucien, dit que S. Etienne fut lapid en dehors de la porte
d'Ephram, qui est au nord de Jrusalem et qui mne la ville
de Cdar. Cette porte fut nomme dans la suite la Porte de
S. Etienne'.
Le lieu oii le Martyr fut lapid, est loign de la ville de la
distance.d'un stade. L'impratrice Eudoxie, comme le rapportent les historiens Evagre et Marcellin, anoblit et consacra
ce lieu par l'rection d'une magnifique glise.
2
105
1
10
S. Etienne se trouvrent dans ce lieu, sans qu'on st ce qui
tait arriv. Or, on comprend pourquoi la rvlation cornac manda de dposer en ce lieu la pierre tombe du coude du
martyr ; c'est qu'en grec coude s'exprime par le mot ay/^v
(Ancne). Que ceux maintenant qui savent combien il s'o pre de prodiges en ce lieu, nous les racontent en dtail...
C'est ainsi quo S. Augustin parle do la pierre dont acte Trappe
le l'rotomarlyr .
Mous ne devons pas oublier de parler ici de l'oratoire que
lui leva S. Martial, l'un des Septante Disciples, dans le pays
des Gaules. Cet ancien Disciple de Notre Seigneur et des
Aptres, parle ainsi dans la lettre qu'il crivit aux habitants de
Bordeaux :
1
Baron, ibid.
Baron, ibid. c. 30, p. 242.
107
Xll
Rvlation touchant les reliques de saint Etienne et de trois autres
Saints. Relation authentique de saint Lucien. Fouilles entreprises Caphargamala.
-108
409
me mil moi-mme aprs ma mort. Ethna, nia femme, el
Smlias, mon fils an, qui ne voulurent point croire en
Jsus-Christ, furent, enterrs dans un autre endroit, qui se
. nomme Capharsmalia. Aprs ces paroles, la vision disparut,
Lucien craignit que ce ne fut une illusion et qu'un excs de
crdulit ne le ft passer pour un imposteur. Potjr s'assurer si
cette vision venait do Dieu, il supplia Notre- Seigneur do la lui
faire voir une deuximo.et une troisime fois, - et, afin qu'il
plt Dieu de lui accorder cette grce, il jena toute la semainejusqu'au vendredi suivant, en persvrant dans la prire.
Ce jour arriv, Gamalicl lui apparut sous la mme forme, et le
reprit de n'avoir pas accompli ce qu'il lui avait command. Il
lui fit connatre en mme temps les mrites des Saints .dont il
lui dcouvrait les reliques, sous l'emblme de quatre corbeilles
qu'il lui montra ; trois taient d'or, et l'autre tait d'argent.
Des corbeilles d'or, deux taient remplies de rpses blanches,
et l'autre de roses rouges. Celle d'argent tait remplie de
safran qui rpandait une odeur trs-suave. Lucien demanda
ce que signifiaient ces corbeilles?
:
410
On nous mit lu lors de nos*funrailles; et confor mment l'ancienne coutume, ce monceau de pierres fut
destin servir de monument la douleur de nos amis.
Cherchez ailleurs, dans oui lieu appel Debatalia. En effet,
dit Migce, en continuant de raconter la vision qu'il avait eue,
j e me trouvai tout cou^dans l'endroit indiqu, etj'yaper eus un vieux tombeau o taient trois lits orns d'or. L'un,
plus lev, contenait un jeune homme et une personne fige;
les deux autres contenait chacun un homme.
XIII
Dcouverte.des reliques de S. Etienne et dus trois autres Saints.
Leur translation. Miracles qui s'oprent en ce jour mmorable.
XIV
Certitude de ces faits miraculeux.
L'hisloire de celte dcouverte miraculeuse et de cette translation fut crite par le prtre Lucien lui-mme. Avitus, prtre
espagnol, intime ami de S. Jrme, lequel demeurait alors
Jrusalem, la traduisit en latin; et les Bndictins l'ont publie
dans leur Appendice au VII tome des uvres de S. Augustin.' Ce qu'elle contient est'attest par Chrysippe, un des principaux prtres de l'Eglise de Jrusalem, dont l'auteur de la
Vie de S. Euthyme loue singulirement la vertu; par Idace et
Marcellin, dans leurs chroniques ; par Basile, vque de Slencie; par S. Augustin (Tract. 420 in Joan. serm. 349, etc.);
parEvode, vque d'Uzale, ami de S. Augustin; par Svre,
vque deMinorque; par Paul Orose, savant historien espagnol, qui tait alors Jrusalem ; par Gennade,dans son livre
Des Hommes illustres, chap. xxxix, x l v i , x l v i i ; parBdc, etc.
Le rcit des mmes faits se trouve dans la plupart des historiens et dans les Sermons des principaux Pres de ce sicle,
fcond en hommes savants. On le trouve dansNicphore, J/asf.
liv. XIV, chap. ix, dans Mlaphraste, Baronius, an. 445, n. 2,
Surius, 3 aot, Lippoman, Godescard. Anastase le bibliolh-.
caire a traduit du grec un mmoire relatif la dcouverte des
reliques de S. Etienne Constantinople. Tous ces monuments
se trouvent la lin du VII tome des uvres de S. Augustin
el dans Surius, au lieu dj indique .
e
XV
Los prodiges oprs par les reliques de suint Etienne, convertissent
tous les Juifs de l'le M inorque.
Afrique, laissa les reliques de S. Etienne Magone (aujourd'hui Mahon), une des deux villes de l'le, en attendant qu'il
ft possible de les faire parvenir l'cvque de Brague, avec la
lettre que lui crivait Avitus, et que nous avons encore. Svre,
vque de Jammona (aujourd'hui Citadella), se rendit Mahon
dans le dessein de recevoir les reliques et d'avoir des confrences avec les Juifs, qui taient en fort grand nombre dans
cette le. La vue de ces reliques, jointe au zle des Chrtiens,
opra un prodige tonnant. Dans l'espace de huit jours,
540 Juifs, y compris Thodore, leur patriarche, se convertirent
et demandrent le baptme. Il n'y eut que quelques femmes
qui montrrent un peu plus d'opinitret ; mais la fin, elles
se rendirent aussi. Ces Juifs convertis btirent une glise
leurs frais et de leurs propres mains. Nous avons encore la
lettre circulaire o l'vquc Svre a consign l'histoire de ce
merveilleux vnement. Les Juifs n'avaient pu rsister tant
de prodiges qui s'taient oprs sous leurs yeux, comme l'crit
Evodius, vque, au 2 chap. du livre premier des miracles
de S. Etienne.
e
XVI
Miracles d'Uzale, ville d'Afrique, oprs par saint Etienne.
Le jour mme qu'Evodius, vque d'Uzale, lisait son troupeau la lettre circulaire de Svre, vque, arrivrent la chapelle des saints martyrs Flix et Gennade, situe prsdelaville,
quelques esquilles d'ossements de S. Etienne et une fiole o il
y avait de son sang. Des moines de Palestine avaient procur
ces reliques. Evodius alla les recevoir avec beaucoup de joie.
Un homme qui s'tait bris le pied en faisant une chute, et
qui gardait le lit depuis plusieurs jours, fut guri aprs avoir
implor l'intercession de S. Etienne, et se rendit la chapelle
des martyrs pour y remercier Dieu.
La clbration des Saints mystres finie, on alla en procs-
MC
sion n la ville. Le peuple, divise en plusieurs troupes, qui
tenaient la main des cierges et des flambeaux, chantait des
psaumes et des hymnes. Lorsqu'on fut arriv la principale
glise, on y dposa les reliques et on les mit sur le trne de
l'vque, que l'on couvrit d'un voile. Une femme aveugle recouvra la vue en appliquant ce voile sur ses yeux.
Ensuite on plaa les reliques sur un lit que l'on renferma
dans une espce d'armoire, o il y avait une ouverture par
laquelle on faisait loucher des linges qui, par l, recevaient la
vertu de gurir les malades.
Les fidles venaient le visiter de fort loin, et il s'opra un
grand nombre de miracles. Kvodc en fit crire la liste par un
de ses clercs. On les lisait publiquement la fte de S. Etienne!
El, aprs la lecture de chaque miracle, on appelait les personnes guries, que Ton faisait passer successivement au milieu de l'Eglise. Le peuple, en les voyant, pleurait de joie et
redoublait ses acclamations. Parmi ceux qu'on fit ainsi passer,
taient trois aveugles qui avaient recouvr la vue, et un homme
d'IIippone, nomm llestitute, qui avait t guri d'une paralysie. Les assistants paraissaient plutt voir les miracles qu'en
entendre le rcit.
Dans les deux livres Des Miracles de S. Etienne, que publia Tvque Evodius, l'ami intime de S. Augustin, il est dit,
/. H, c. 4, n. 2, que devant l'oratoire o taient les reliques
de S. Etienne, U/ale, tait un voile sur lequel on avait reprsent le Saint portant une croix sur ses paules.
Dans cette histoire des miracles d'Uzale, il est fait mention
de plusieurs gurisons et de quelques morts ressuscites, dont
parle galement S. Augustin et presque dans les mmes termes. Nous laisserons ce Pre nous en faire le rcit.
Un enfant, dit-il, Serm. 323 et 324, encore la ma melle, mourut sans avoir reu le baptme. Sa mre, le
voyant perdu pour toujours, court l'oratoire de S. Etienne
et fait la prire suivante :
\\1
<( Saint Martyr, vous voyez que j'ai perdu mon unique con solation. Rendez-moi mon enfant, alin que je puisse le re trouver devant celui qui vous a couronn.
Aprs sa prire, qui fut longue, l'enfant ressuscita, et on
l'entendit crier. On le porta sur-le-champ aux prtres, qui
le baptisrent. Il reut ensuite l'onction, l'imposition des
mains, el l'Eucharistie; car il tait alors d'usago de donner
t la confirmation et la communion immdiatement aprs le
baptme, quand ce dernier sacrement tait administr so lennellcment. Dieu appela bientt cet enfanta lui. Sa mre
le porta au tombeau avec autant de confiance que si elle et
t le dposer dans le sein de S. Elicnne. Ce sont les
propres paroles do S. Augustin.
Quoil ses suscitaverit
Mortuos in Africa,
Augiuttinus asseril,
Fama referl publiai.
rom).
XVII
Miracles oprs Hippono el dans d'autres Houx de l'Afrique, par les
reliques do saint Elimine, rapportes par saint Augustin et par d'nutres vques.
118
r[iie les ignorants no tombassent dans la superstition, en ne
distinguant point assez le matre du serviteur, il rptait, lorsque l'occasion s'en prsentait, que c'est Dieu qui opre les miracles par les Saints, et que c'est Dieu que nous devons les
rapporter, ainsi que les grces que nous recevons par l'intercession des Bienheureux qui rgnent dans le Ciel. Il n'y avait
point encore deux ans que les faits que nous avons dj cits
et que nous allons encore rapporter, taient arrivs, quand il
crivit son dernier livre De la Cit de Dieu, o il est dit,
livre XXII, chap. vin, qu'il avait reu la relation de prs de
70 miracles oprs Hippone par les reliques de S. Etienne,
outre plusieurs autres dont il savait qu'on n'avait point fait
mention. Entre ces derniers, il parle do la rsurrection de trois
morts. Il fut tmoin oculaire de la plupart de ces miracles.
e
419
apporta. Le mme tant lomb dans une autre maladie qui le
mit si bas qu'on le croyait mort , revint en parfaite sant par
le moyen de sa robe qu'on jeta sur lui, aprs l'avoir fait toucher aux reliques de S. Etienne.
1
'120
liaient un chariot, sortant (le leur chemin, liront passer la roue
sur lui et le turent sur-le-champ. Sa mre l'emporta, et
Fayanl mis proche la chsse du Saint, non-seulement il recouvra la vie, mais il ne parut pas mme qu'il eut cl blesse.
Une religieuse qui demeurait Caspalc, terre proche de
l, tant fort malade et dsespre des mdecins , on porta sa
robe la mme chasse; mais la religieuse mourut avant qu'on
l'eut rapporte. Ses parents nanmoins en couvrirent son
corps, et elle ressuscita et fut gurie.
A Jippoiio, un nomm Bassus ou Dessus, de Syrie,
priait devant les reliques de ce saint martyr pour sa fille qui
tait dangereusement malade, lorsque quelques-uns de ses
gens accoururent lui dire qu'elle tait morte ; mais quelquesuns de ses amis qu'ils rencontrrent en chemin, les empchrent, de lui annoncer cette nouvelle, de peur qu'il ne pleurt
devant tout le monde. Comme il fut de retour au logis qui
retentissait des plaintes et des cris de ses domestiques, et qu'il
eut jet la robe do sa fille qu'il apportait de l'Eglise sur son
corps, elle revint incontinent en vie.
Le lils d'un certain 1 rene, collecteur des impts, tait
mort dans la mme ville ; dans le temps que l'on se prparait
faire ses funrailles, un des amis du pre lui conseilla de
faire oindre son corps de l'huile du mme martyr : ce qui
ayant t fait, le jeune homme ressuscita.
1
XVIII
Continuation du mmo sujot.
Jo pourrais cacoro, ajoute lo S. Docteur, rapporter beaucoup Vautres miracles, mais que ferai-je? 11 faut bien finir cet
ouvrage, .le ne douto point que plusieurs des ntres qui liront
ceci ne soient faciles que j'ou aie omis beaucoup qu'ils savent
aussi bien que moi ; mais je les prie de m'oxcuscr et de considrer combien il serait long de faire ce que je suis oblig, pour
finir, de ne pas faire. Si je voulais seulement rapporter toutes
les guerisons qui se sont opres Calaine el Hipporie par
le glorieux martyr S. Etienne, elles contiendraient plusieurs
volumes, encore ne serait-ce que celles dont on a dress des
relations pour les lire au peuple; car nous avons ordonne
qu'on en dresst, lorsquo nous avons vu de notre temps plusieurs miracles semblables ceux d'autrefois, persuads que
nous tions qu'il n'en fallait pas laisser perdre la mmoire.
Or, il n'y a pas encore deux ans que cette relique est llippone, et bien qu'on n'ait pas dress des relations do tous les
miracles qui se sont faits depuis, toutefois il s'en trouve dj
prs de soixante et dix lorsque j'cris ceci. Mais Calamc o
les reliques de ce saint martyr sont plus anciennement et o
l'on a plus de soin de faire ces relations, le nombre en monte
bien plus haut.
Nous savons que plusieurs miracles illustres sont arrivs
Uzale, colonie proche d'Utique, par les reliques du mme
martyr que l'voque Evode y a apportes bien auparavant
qu'il y en eut Hippone; mais on n'a pas coutume d'y faire
des relations, au moins cela ne se pratiquait pas autrefois ;
peut-tre le fait-on maintenant. Comme nous y tions il n'y a
pas longtemps, une dame do grande condition nomme Pclro-:
nia, ayant t gurie miraculeusement d'une langueur qui
avait puis tous les remdes des mdecins, nous l'exhorta mes
m
lui plat ; mais ces derniers ne sont pas si connus, parce
qu'une frquente lecture ne les imprime pas dans la mmoire
comme les autres. Aux lieux mme o Ton prend soin d'en
faire des relations, ceux qui sont prsents lorsqu'on les lit ne
les entendent qu'une fois, et il y en a beaucoup qui n'y sont
pas prsents. Ceux mme qui les ont entendu lire ne les retiennent pas, et peine s'en troure-t-il un seul de ceux-l qui
les rapporte aux autres.
Kn voici un qui est arriv parmi nous, qui n'est pas plus
grand que ceux dont j'ai fait mention, mais qui est si illustre,
que je ne crois pas qu'il y ait personne Uippone qui ne l'ait
vu ou qui n'en ait ou parler, personne qui le puisse jamais
oublier. Dix frres, dont sept garons el trois filles, natifs
de Csaro, en Cappadoce, et d'assez bonne condition, ayant
t maudits par leur mre, pour quelqu outrage qu'ils lui firent
aprs la mort de leur pre, furent miraculeusement frapps
d'un horrible tremblement de membres ; de sorte que, ne pouvant souffrir la confusion qu'ils en recevaient dans leur pays,
ils s'en allrent, chacun de leur ct, errer dans tout l'empire
romain. Il en vint deux a Uippone, un frre et une sur,
Paul et Palladio , dj fameux par leur disgrce en beaucoup
d'endroits. Ils y arrivrent environ quinze jours environ avant
la fte de Pques, et ils visitaient tous les jours l'glise, priant
Dieu d'apaiser sa colre et de leur rendre leur premire sant.
Parlout o ils allaient, ils attirai ont sur eux les yeux de
toute la ville; et quelques-uns qui les avaient vus aillours et
qui savaient la cause de ce tremblement le disaient aux autres.
Le jour de Pques venu , et une grande multitude de peuple
se trouvant dj dans l'glise, comme le jeune homme tenait
les baluslres du lieu o tait la relique du Martyr, il tomba
1
124
loul d'un coup oL demeura par terre comme endormi, sans toutefois trembler comme il avait coutume, mme e n dormant.
Cet accident tonna tout l e monde, e t plusieurs e n furent touchs; e t comme quelques-uns voulaient l e rveiller, d'autres
les e n empchrent cl dirent qu'il valait mieux attendre l'issue
d o son sommeil, lorsque l e jeune homme se leva sur ses pieds
sans trembler, car il tait guri, regardant ceux qui le regardaient. O u i pt s'empcher alors d e rendre grce .Dieu?
Toute l'Eglise retentit d e cris do joie, cl l ' o n courut proiuplcment moi pour m e l e dire, l'endroit o j'tais assis, comme
si j e n e l'avais pas apprise du premier. Comme j e m ' e n rjouissais e t e n rendais grce Dieu e n moi-mme, l e jeune homme
guri entra lui-mme avec les autres, e t se jeta mes pieds ; j e
l'embrassai e t l e relevai. Nous nous avanmes vers l e peuple ;
l'Eglise tait toute pleine, e t l ' o n n'entendait que ces mots:
Dieu soit bnit Dieu soit lou! J e saluai l e peuple e t ils r e commencrent encore plus fort les mmes acclamations. Enfin,
comme chacun eut fait silence, o n lut quelques leons d e l ' E criture. Quand l e temps o je devais parler fut venu, j e fis un
petit discours* selon l'exigence du temps, e t l a grandeur d e
cette joie, aimant mieux qu'ils considrassent l'loquence d e
Dieu dans une uvre s i magnifique que dans mes paroles. Le
jeune homme dna avec nous e t nous raconta e n dtail toute
l'histoire d e son malheur e t d e celui d e ses frres e t d e sa
mre. Le lendemain, aprs l e sermon, j e promis au peuple d e
lui e n lire le rcit l e jour suivant. Le troisime jour donc
I
s.;
426
et clbres avec plusieurs autres prodiges dans les Discours
et les Sermons du mme Docteur.
S. Grgoire de Tours a rapport que des reliques du
glorieux Martyr, places et vnres dans des glises de France,
y firent beaucoup de miracles.
On assure qu'une liole qui contient du sang caill de
S. Etienne Tut apporte par un saint Evque dans une glise de
Naplos, au temps o tes Vandales ravageaient l'Afrique. Elle se
garde encore aujourd'hui trs-dvotement, dit le savant auteur
des Fleurs des Vies des Saints, dans cette glise de Naples ;
elle y opre, ce qui est fort remarquable, un miracle perptuel, qui dure encore prsent. Lorsque Ton place cette fiole
sur l'autel pendant que l'on clbre la sainte Messe, le sang
se liqufie et devient aussi vermeil que s'il venait d'tre extrait
d'une veine.
De ces diffrents faits surnaturels il rsulte, comme on
a d s'en apercevoir, une preuve confirmative de la doctrine
catholique, tonchant l'invocation des Saints et le culte des
saintes reliques. Mais cette invocation et ce culte taient
tablis depuis longtemps et avaient souvent opr des miracles dans les autres parties du monde chrtien, comme on
peut le voir, pour l'Occident, dans les ouvrages de S. Paulin,
de S. Prudence, de S. Sulpice-Svre, de S. Gaudence, etc.,
et pour l'Orient, dans ceux de S. Chrysostme, de S. Basile,
des deux SS. Grgoire, de Thodoret, de S. Ephrem, etc. Les
Protestants l'ont reconnu, malgr eux, dans les ouvrages et
dans la vie de plusieurs de ces Pres. Ils voient en outre
S. Augustin faire mention de cinq personnes ressuscites par
la vertu des reliques de S. Etienne ; ce grand Docteur rapporte
leurs noms, avec celui de leurs fanilles, et marque toutes les
circonstances, Deux recouvrrent la vie par des vlements que
l'on avait fait toucher aux saintes reliques du Martyr. On lit
quelque chose de semblable dans les Actes des Aptres, c. 49 ;
et l'on y voit que certaines choses qui avaient touch le corps
de S. Paul lurent les instruments de divers prodiges. Los critiques protestants attaqueront-ils l'histoire du mort ressuscit
par l'attouchement des os d'Elise*, et la gurison des malades
qui avaient dvotement appliqu sur eux les tabliers el les
mouchoirs qu'on avait ts de dessus le corps de S. P a u l ?
Qu'ils reconnaissent donc enfin que Dieu peut se servir de la
mort mme pour rendre la vie el d'instruments sensibles pour
manifester sa puissanco elsa misricorde, comme Jsus-Christ
lo fil souvent durant sa vie mortelle.
2
XIX
Translation des reliques de saint Etienne Constantinople, et de
Constantinople Rome.
2 Reg., xin, 21
Act., xix, 12.
128
temps s'agenouiller devant la victime des perscutions du Judasme. Dans le nombre se trouvrent un prince de Constantinople, Alexandre el sa femme Julienne. Ils firent lever un
Oratoire on l'honneur du Martyr, lorsqu'une maladie s'empara
ensuite du fondateur. Alexandre mourut; mais en mourant il
demanda que ses restes mortels fussent placs prs du Saint
qu'il tait venu honorer.
Ce vu accompli, sept annes so passrent, Julienne, qui
se trouvait en bulle d'intolrables vexations, se vil oblige
de quitter Jrusalem.
Elle veut alors emporter le corps de son mari ; mais une
difficult s'lve. Le tombeau d'Alexandre et celui de
S. Etienne sont exactement semblables, et le Patriarche de
Jrusalem n'ose prendre sur lui de trancher la difficult.
Je sais, moi, dil Julienne, quel est le vrai tombeau; le
voici.
Elle dsigne ainsi l'une des spultures, qu'on enlve aussitt et que l'on embarque.
Mais peine le navire a-t-il pris la mer, que les matelots entendent des voix mlodieuses chanter des cantiques autour
d'eux. Ce sont dos chanteurs invisibles qui remplissent les
airs de louanges en l'honneur de S. Etienne. En mme temps
celle pntrante odeur de z'oses qui avait caractris la dcouverte des quatre corps signals par Lucien, se rpand de tous
cts.
Plus de doute, au lieu du corps d'Alexandre, c'est celui
du martyr qu'on emporte.
L'Enfer son tour conrme ces symptmes; des cris
effroyables et des imprcations viennent se mler au\ mugissements d'une tempte soudaine, qui glace d'effroi les matelots les plus aguerris. La grande et temelle lutte entre le
bien el le mal, entre le ciel et l'enfer, a la mer pour thtre,
el l'une des gloires de l'Eglise pour objet. La tempte redouble, les mats se brisent, le voiles se dchirent par lambeaux
130
S. Etienne, qui fut martyris mme avant les Aptres,
fut bientt l'objet des prdilections de l'Orient et de l'Occident.
Do tous cts on leva des chapelles, des monastres, des
collgiales et des cathdrales, qui furent placs sous son invocation. En France seulement, il n'y a pas moins de douze cathdrales ddies, comme celle de Sens, au Diacre martyr.
Home renferme plusieurs glises; Saint-Etienne, Tours,
Bourges, Bordeaux, Meaux, Troycs, en possdent ou en ont
possd.
La collgiale de Saint-Etienne de Troycs, qui a malheureusement disparu en 1806, tait un des monuments les plus
remarquables d'une poque du moyen ge. C'tait une fondalion du conte Henri le Libral, qui, en 1157, avait transform
une simple chapelle en une glise de la plus haute importance.
72 prbendes en l'honneur des 72 Disciples de Jsus-Christ,
y avaient l tablies. Jamais collgiale ne fut plus richement
ni plus magnifiquement dote.
S. Etienne tait honor non-seulement dans les Eglises,
mais encore le peuple en avait fait l'objet de mystres el le
sujet de ses cantiques.
Il est peu de Saints dont l'histoire ait t peinte et sculpte
un plus grand nombre de fois. Dans toutes les glises dont il
est le patron, on trouve des bas-reliefs, des vitraux et des
sculptures en bois, reproduisant ses [Actes. A une certaine
poque, dans le mcanisme des horloges se trouvaient des
figurines qui se mouvaient au moment o le carillon sonnait
les heures. S. Etienne figurait ainsi dans plusieurs horloges,
et dans la collgiale de Troyes, au milieu du buffet des
orgues.
La cathdrale de Meaux, construite pour la plus grande
partie au xiv sicle, et place sous l'invocation de S. Etienne,
possde au portail mridional une srie de bas-reliefs, qui reprsentent la vie du saint Martyr. On voit sa condamnation dans
le Conseil, la lapidation aux portes de Jrusalem et le lom-
lgende^ archologie.
132
rjouis maintenant : la premire, a t ma bonne volont; la
deuxime, l'oraison des Aptres; la troisime, la passion et
l'amour de mon Dieu. C'est pourquoi je possde trois sortes de
biens : le premier est que je vois incessamment la face el la
gloire de Dieu; le deuxime est que je peux tout ce que je
veux, et je ne veux rien, sinon ce que Dieu veut; le troisime
est que ma joie sera sans fin, et, parce que vous vous rjouisse/, de ma gloire, mon oraison vous aidera avoir une plus
grande connaissance de Dieu, et l'Esprit de Dieu persvrera
avec vous. Vous irez Jrusalem, lieu de ma passion.
Si l'on voulait rapporter les autres prodiges que S. Etienne
a oprs en divers lieux, dans le cours des sicles, le nombre
des relations mentionnant ses bienfaits et ses faits surnaturels
serait infini.
AVERTISSEMENT
CHAI*.
I . Do l'origine do S. Etienne. De son nom. Il sortait d'une cole distingue. Ses talents s'lvent
et s'ennoblissent, aprs qu'il a reu le Saint-Esprit.
Fruits de son ministre
71
74
73
St
84
87
93
99
IX. La fureur des Juifs cl de Saul se reporto sur les autres disciples. Mort du diacre Nicanor et do '200
Disciples. De la force du tmoignage des premiers
chrtiens
X. Culte rendu li saint Etienne
65
er
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CHAP. X I V .
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ttl
12G
X JANVIER.
S. NICANOR
L'un des Septante Disciples ;
L'un des Sept premiers Diacres;
L'un des Tmoins immdiats de Jsus-Christ ;
L'un des premiers-Martyrs, perscut d'abord avec
S. Etienne, dans Jrusalem, mis mort ensuite
dans l'le de Chypre.
m
tyrs; et qu'avec eux furent martyriss 200 autres personnes
jqui espraient en Jsus-Christ*. On ne peut douter du grand
nombre de Chrtiens qui furent tues cette poque, puisque
S. Luc tmoigne i\u'cn ce temps-l il s'leva une grande perscution contre l'Eglise de Jrusalem . La plupart des Agiographes font mmoire de ce Saint en ce jour . Un grand nombre joignent sa fte ;'i celle des 5 5 . aptres Prochorc, Timon
et Parmnas, el ajoutent que, remplissant en divers lieux de
la terre, leurs fonctions apostoliques, cl perscuts pour avoir
enseign que le Christ Notre-Seigneur est tout ensemble Fils
de Dieu et homme parfait, ils supportrent divers genres de
tourments de la pari des impies et remportrent la couronne
du martyre \
2
137
lyre dans l'le de Chypre, sous le rgne de Vespasien, lorsqu'il
eut port l'Evangile en divers lieux du monde. Baronius donne
sur ce point un sentiment diffrent : il pense que les Cypriotes
ont pu transfrer les reliques du saint aptre Nicanor, ot que
c'est pour cette raison qu'ils clbrent particulirement son
martyre au jour anniversaire de cette translation.
XXT JUIN ET
S. MNASON
Xil 401LIET.
S. S0PAT11E,
Autre Disciple de Jsus.
139
maienl Mnason, comme il est crit dans les Actes des Aptres;
et il ajoute, que c'est tort que les modernes ont substitu,
dans plusieurs Martyrologes, le nom de Jason ouNason. Le
petit Martyrologe Romain des Anciens Latins portait autrefois
et porte encore aujourd'hui :
12 juillet, en l'le de Chypre, S. Mnason, ancien Disciple
du Christ. Si le mot Jason ou Nason s'est gliss en place
du vrai nom, cela, dit Bollandus, doit cire attribu l'inadvertance de quelque copiste, qui aura ainsi t cause, quo la
mme faute s'est glisse dans Adon, Usuard et les autres Martyrologistes subsquents.
Nanmoins, le texte s'est conserv pur, ou plutt, la tradition s'est conserve inaltre dans les Menes manuscrits de la
Bibliothque Ambroisienne, o Ton lit, au 19 octobre :
AOXvjaicTou aytou lepQfjwcpxupo Mvffovo, 7caxo7rou KuTrpou*
t Combat du trs-saint martyr Mnason, voque de Chypre.
Boll. \2 julii.
Ilippolyt., in lib, de l dise., apud
/ioW.,25 junii.
Baron.
144
1
1n Menologio ejusilemfiasiii
nperaloris.
Ibitl. Les autours prcits et ceux qui suivent joignent constamment iS\ Junias S. Andronique dans le nombre des 72 Disciples. S. Paul
conlirmo ce point lorsqu'il marque qu'ils s'taient l'un et Vautre atla~
cits la suite de Jsus bien avant lui (Rom., IG, 7), ce qui suppose qu'ils
taient de la compagnie de JsuS-Clirist avant la Passion. C'est ce
titre que toits deux taient considrables parmi les premiers Aptres.
Voyez Tillemont, Mm. eccl, t. I. D. Calmet, die t. biblique, Riccioli,
rJtron.
Rom., xvi, 7 .
2
U2
jamin, ou mme de sa nation, comme il le fait ailleurs, quand
il dit des Juifs*, qu'ils sont ses proches selon la chair. II les
nomme les compagnons de ses fers, parce que dans le cours de
leur apostolat, ils ont t, comme lui, jets quelquefois dans
les prisons et les fers, pour la foi de Jsus-Christ. Peut-tre
ont-ils eu une grande part aux travaux apostoliques et aux
souffrances de S. Paul, et ont-ils t prisonniers avec lui pour
rEvangile, soit Philippes, soit en quelqu'aulre Heu que nous
ignorons. Il dit qu'ils ont t considrables el illustres dans
leur ministre, parce qu'ils ont annonc la foi aux infidles
avec un grand clat, avec un grand pouvoir miraculeux, avec
un succs remarquable, comme l'atteste l'Eglise Orientale.
3
ai
143
vanglis plus particulirement ces contres, qui se sont honores ensuite de le rclamer pour leur premier vque et de
l'appeler leur premier pre dans la foi.
La tradition ne parle point de leur mort. Elle se contente de
dire qu'aprs avoir fait de grands prodiges, ils allrent recevoir du Seigneur la couronne d Injustice, et qu'aprs leur
mort ils continurent do faire des miracles dans l'Eglise o
reposaient leurs corps. Les Mnologes disent nanmoins d'An(Ironique qu'il a t Pontife et victime, Iepeu TE, Qvalx re.
Les Grecs et les Latins mettent la fte de ces deux Aptres
au 17 mai. Les premiers la clbrent trs-solennellement, et
ont compos des chants sacrs en leur honneur, mais surtout
pour honorer la mmoire de S. Andronique, dont le corps
avait t transfr dans un glise de Constantinople.
Citons quelques-unes des strophes composes par S. Joseph,
l'hymnographe ; elles nous raconteront quelques-uns des miracles oprs par le Saint avant et aprs sa mort :
1
AtvovTTp
ow) TCO
TTpo XptGTov
.XOS,
oc x a X e t
irpo cpw e V J .
vocat.
A Constantinople, on avait rig en l'honneur d Andronique une glise ou du moins un oratoire, comme on le voit
dans les Antiennes suivantes, qui sont chantes dans l'office
propre de ce Saint :
1
Bolland. 17 mai.
r 0
S. STGHIS
XXXI OCTOfi.
1U
qui tut lue et approuve au V Concile gnral*, porte que, depuis S. Pierre, nul vque de l'Eglise d'Orient et en particulier de Byzance ou Constautinople, n'avait t ordonn par le
Saint-Sige jusques Menna, Patriarche de Constantinople,
ordonn par ce mme pape; que celle circonstance tourne
l'loge de ce nouvel vque, puisqu'elle fait briller en lui un
Irait <lo ressemblance de plus avec ceux (pic le I rince des
A poires avail ordonns voques dans ces pays.
1
11 semble qu'on peut concilier entre elles ces deux traditions. S. Andr avait ordonn S. Stachys voque de toute la
province o se trouvait Byzance, en fixant son sige dans une
ville voisine, nomme Argyropolis. Ds lors le disciple Stachys se trouvait effectivement vque de Byzance, en mme
temps que de tout le pays. Mais S. Pierre tant venu, la
mme poque, dans ces contres du Pont et de la Bithynie,
institua Stachys particulirement vque de Byzance. Ainsi
d'aprs ces deux traditions, on aura pu tre fond dire que
Stachys a t ordonn premier vque de Byzance ou de Constantinople par S. Andr et par S. Pierre.
2
Salutalc...
Slachyn, JJUectum meum !
S a l u e / . . . , Stdoliys, mou bieu-aim !
V. Du Saussoy, de gL S. Andrew^ c. 9,
159.
Bol 1 and., 1 niait, p. 8 et 9 el alibi. Slacltis, eu jus domus a Procunside (Nicanor), el populo ineensa eral (IHrapoli).
2
S. SIMON-NIGEK OU LE NOIR,
L'un des premiers tmoins de Jsus;
L'un des 72 Disciples ;
Prdicateur et Confesseur de la foi ;
Prophte et Docteur dans la primitiveTCjiise;
Evoque de Bostra, en Arabie.
Les diffrents auteurs et historiens ecclsiastiques s'accordent communment h dire, avec la tradition , queSimonle
Noir tait du nombre des 72 Disciples. Ce Simon tait, en
effet, l'un des personnages les plus saints, les plus remplis du
Saint-Esprit, et les plus considrs qui fussent dans l'Eglise
primitive. Il tait Prophte, Docteur, et il avait lo caractre
piscopal, comme S. Luc nous le fait connatre, lorsqu'il dit :
4
Ensuite Simon-Niger, conjointement avec fAicins et Manalien, imposa les mains Paul et Barnabe ', qui reurent
ds lors tout pouvoir pour exercer le ministre apostolique.
De ce que Simon-Kiger et ses deux collgues donnrent,
dans celte circonstance, l'ordination S. Paul et S. Barnabe,
on a lgitimement conclu qu'ils avaient eux-mmes reu antrieurement des Aptres l'ordination piscopale.
S. Simon le Noir tait donc du nombre de ces hommes
remplis du don de prophtie, qui non-seulement expliquaient
srement les divines Ecritures et enseignaient la vritable
doctrine de l'Evangile, mais qui, en outre, annonaient, comme
Agabus, les choses venir, les vnements prochains el loigns, qui concernaient le monde et principalement l'Eglise.
Nous avons vu ailleurs que, dans ces temps apostoliques, le
don de prophtie taiL trs-commun dans l'Eglise. Ces Saints
sont nomms ici par S. Luc, parce qu'ils taient des plus illustres d'entre les Prophtes primitifs du Nouveau-Testament. De
plus, en qualit d'vques, ils prsidaient dans les diffrentes
glises ou assembles chrtiennes d'Antioche.
2
L'an 44 de Jsus-Christ.
Apud Corn, Lap. in Watth.
S. Doroth.. in synopsi delZ IHsciptdis.
?
fi
Le Martyrologe de S. Jrme, au 7 jour de mai, fait mention de 78 martyrs, qui rendirent tmoignage Jsus-Christ
par l'effusion de leur sang, dans les premiers temps de l'Eglise'.
Parmi les noms de ces chrtiens si gnreux, se trouvent ceux
d'un Niger et d'un Lucius, et plusieurs autres qui sont identiquement semblables ceux de plusieurs fidles des temps
apostoliques, lois quo Flaina, Gains, Fanstinus, Flix, Felicia,
Rufus, Julia, Jiusticus, etc., qui tous furent mis mort Bysance, aujourd'hui Constantinople. Le Saint dont nous parlons
pourrait tre l'un de ces martyrs primitifs qui ne sont pas probablement tous morts le mme jour.
3
TI J01S.
S. PHILIPPE,
L'un des Sept premiers Diacres;
Tmoin immdiat des uvres miraculeuses de
J6sur>;
L'un des 72 Disciples;
Evque deTrallium, en Asie;
Clbre Thaumaturge de la Primitive Eglise.
wpacyjjttrcwv,
Or un Ethiopien Eunuque ,
l'un des premiers officiers de
Candace, reine d'Ethiopie, et surintendant de toxts ses trsors, tait venu Jrusalem pour adorer.
Et s'en retournant, il tait assis dans son chariot et lisait
le Prophte Isae. Alors l'Esprit dit Philippe :
Avancez, el approchez-vous de ce chariot.
Aussitt Philippe accourut, et, ayant entendu que l'Eunuque lisait le Prophte Isae, il lui dit :
Croyez-vous entendre ce que vous lisez?
Il lui rpondit :
Comment pourrais-je l'entendre, si quelqu'un ne me
t'explique:*
Et il pria Philippe de monter, el de s'asseoir prs de lui.
Or, le passage de l'Ecriture qu'il lisait tait celui-ci:
t
Alors Philippe, prenant la parole, commena par cet endroit de l'Ecriture lui annoncer Jsus*. Aprs avoir march quelque temps, ils rencontrrent de l'eau, et l'Eunuque
lui dit :
Voil de l'eau; qu'est-ce qui empche que je ne sois baptis?
1
Isae, c. 53.
* Philippe lui lit voir dans la personne de Jsus-Christ l'accomplissement, non-seulement de cette prophtie, mais aussi de toutes les autres. Il faut qu'il lui ait parl longtemps. L'Eunuque savait d'\j les
Ecritures, et le diacre choisissait les endroits les plus propres convaincre l'Ethiopien de la v V i t d e l'Evangile.
t
*
<
rfttW
M W
'
cor/),/5, o 5flpien*,
prodigiorum mirabxlia
patrat,
ad illumina lionem omnium, pie
le beatificanlium.
Sublime Ministre du lils le Dieu, lu as brill comme un astre rcsplcndissant dans la ville de Ti al le ; lu as t lo magnifique ornement de celle cil. 'l'on corps sacr, digne de tous nos respects y repose
aujourd'hui et y opre des merveilles claUinlcs, qui rpandent la
lumire et la joie dans le cur do tous ceux qui t a d r c s s m t des vux,
Bienheureux, Disciple, plein d'une divine sagesse!
H Y^j <Jo>u.y. sou, t o -oXu'/Oov,
p a p p a p u y a ; sx~[./.~qv ! a ; / a T a v ,
Terra generosum coryus tuww, Sanalionibus illustre, occubit : cfuut. vi>n> sjnrilum luWI
Apostoliscolhhtntem.
BEpEl Y'iOofuvov.
La Terre recle tun corps gnreux, qui suppoi ta de rudes tra" vaux, el qui depuis est couvert de gloire par les gurisons prodi giouses qu'il a opres. Quant ton me, c'est le ciel qui la possde,
aiin qu'elle se rjouisse avec les bienheureux. Aptres.
1 :>7
el dans une partie de l'Ethiopie, o il aurait confirm la prdication de l'Eunuque de Candace. Ce serait pour cette raison
que ces peuples l'invoquent d'une manire toute spciale :
Salut, aptre Philippe, de Csare de Palestine, Pre des
quatre vierges prophtesscs I Par votre doctrine tanchez
ma soif, comme autrefois vous le files pour les habitants
de Samarie cl pour ceux de l'Asie I
D'aprs celle mme tradition, Philippe aurait mis Narcisse
la tle de l'Eglise qu'il aurait fonde dans l'Arabie, qui est
contigu l'Ethiopie et TAJbyssinie.
S. TIMON
XIX AVRIL
i(iO
Ap. Uzuard. et ap. alios Martyrologos et in Mss. Cenluleusi S. Richard : S. Timon, qui crucifixus est, Corinihi requiescit.
Chronicon Alexandr., p. 63 -, Ilippol. in scriplo ex Bibliolh. Valicana-,
S. Doroth., in calaiogo 72 DiscipuL Dm. ; Riccioli, in chronog. \ Tillemont, Mm. eccl. ; D. Calmet, Dicl. bibliq. ; D Sepp, Vie tte Notre-Seigneur Jsus-Christ, p. 482.
E \ uyiolQu'io ilieronimiano et aliis.
1
H. 45, p. 434.
il
XXII
S. ARISTION,
FK.
te
bliaicnl des doclrines trangres ou des nouveauts inventes par 1 esprit humain ; mais ceux qui rapportaient fidlement les prceptes que le Seigneur avait laisss pour lablir notre foi, et qui procdaieulde la vrit mme comme de
leur source. Quand je rencontrais quelqif iinqni avait suivi et
coul les Anciens, je l'interrogeais sur tous les discours
qu'il avait appris d'eux. .In demandais ce, qu'avait dit Andr,
ou Pierre, ou Philippe, ou Thomas, ou .! an pies, ou Jean,
ou Mathieu, ou queiqu'aulrn des Disciples du Seigneur: ce
que disaient Aristion, ou le prtre Jean*, cl ceux qui avaient
l aussi disciples de Jsus-Christ. Sedulo expiscabar, quid
Le Mcuologc des Grecs, au 3 septembre, el plusieurs Manuscrits anciens portent qu'aprs avoir accompli de grands
travaux apostoliques, il fut prouv par le feu, et martyris Alexandrie, o il avait rempli les fonctions piscopalcs.
D'autres disent que sa mort arriva le 8 des Calendes de Mars,
1
164
1
S. GARPUS.
XXVI MAI.
ipspEt
U7:ep
Carpus tait l'un des 72 Disciples de Jsus, comme le tmoignent S. Hippolyte et S. Dorothe, voque et martyr. Dans
ses courses apostoliques il s'arrta Troade et y sjourna
quelque temps. C'est chez lui que descendit S. Paul, lorsqu'il
passa dans TAsie-Mineure . Cet Aptre fait mention de ce Disciple lorsqu'il dit dans sa seconde ptre Timothe :
Apportez-moi en venant lemanteait que f ai laiss Troade
chez Carpus, et les livres, et surtout les papiers.
On lit dans le Mnologe* de l'empereur Basile Porphyrogente :
2
Carpus placentes offerens fructus Deo, mortis despeclum trilici portt loco.
S. Doroth., insyiiopsi. S. HippoL, inlibello de 72. Typicum Hiorosolymitanum S. Sabre. Menaa et Marlyrologia, ap. ttoll. 2G maii.
2 Timoth., iv, 13.
Menolog. Basilii imp. ad flnem mensis maii.
2
160
Le Christ lui-mcmo a choisi Carpus pour le mettre au
nombre de ses 72 Disciples et de ses Aptres. Ce Disciple
aida S. Paul dans lo ministre de la prdication, porta ses
lettres ceux qui cet A poire les envoyait, convertit la foi
un grand nombre de paens. Son me avait t claire par
la lumire du Saint-Esprit consolateur (qui tait descendu
sur lui). Il brillait comme un astre radieux dans tout l'Orient:
* il pairounit tontes l e s mitions tic l'univers en l e s clairant
de la science divine.
<< Or, comme chaque jour il oprait des miracle.- consid rbles, chassait les esprits les plus opinitres, el convertis* sait la foi de Jsus-Christ un grand nombre de villes
et de peuples, il eut souffrir une foule de peines et de per scutions de la pari des infidles. Mais son me ^ irile russit
heureusement vaincre tons les obstacles qu'on lui opposa,
el la colre des Princes ne lo fil point trembler. <l'est pour quoi, comme il avait glorilic Dieu dans toute sa conduite,
*< Dieu son tour le glorifia d'un clat magnifique, el recul
son me dans le sein de la paix.
1
Le Synaxaire de l'ancienneEglise de Constantinople, appartenant la Socit de Jsus, lui donne les litres \Y Evque et
de Martyr. Aprs avoir rappel tout ce qui so trouve dans le
Mcnologe de Basile, il ajoute ce qui suit:
Carpus fui ordonn vque de Bre, ville de la Thrace,
par le drand Docteur des Nations, par Paul, le hraut
de la vrit. Comme ce docte Disciple con>ainquait les
Juifs par des raisons dmonstratives, et leur enseignait
avec une pleine vidence, que le Christ, qu'ils avaient
attach une croix, tait le Dieu vritable et le Cra leur de l'univers, ils entrrent en fureur, et ces hommes
qui n'avaient aucun sentiment de misricorde, le turent
168
tume d'interrompre son repos el de s'veiller dans la nuit pour
la prire. L'heure peu prs venue, aprs un sommeil pnible, entrecoup, il se lve plein de trouble. Mais en entrant en
commerce avec la Divinit, il se livre un chagrin peu religieux, il s'indigne, il trouve injuste que des hommes impies et
qui traversent les voies du Seigneur, vivent plus longtemps.
L-dessus, il prie Dieu d'envoyer la foudre et de dtruire sans
piti ces deux pcheurs la fois.
A ces mots, il croit voir soudain la maison o il tait,
branle d'abord, puis se divisant en deux dans toute sa hauteur. Devant lui se dressait une llammc d'un clat immense,
qui, du haut des cieux, travers le fate dchir, semblait descendre jusqu' ses pieds. Dans la profondeur du firmament,
entr'ouvert, apparaissait Jsus environn de la multitude des
Anges qui avaient revtu une forme humaine.
Carpus, les yeux levs, contemple cette merveille et
s'tonne. Ensuite, abaissant ses regards, il voit au-dessous du
sol boulevers un vaste el tnbreux abme. Les deux pcheurs
qu'il avait maudits, se tenaient sur le bord du prcipice, tremblants, misrables, se soutenant peine, prts de tomber. Du
fond du gouffre, d'affreux serpents rampaient vers eux et s'entorlillaicnt autour de leurs pieds, el tantt les saisissaient, les
enveloppaient, les entranaient, tantt de la dent et de la
queue, les dchiraut ou les caressant, essayaient en toute
manire de les renverser dans l'abme. Bien plus, des hommes
se joignaient ces serpents pour assaillir en mme temps le
couple infortun, lui imprimer des secousses, le pousser, le
frapper de coups.
Enfin, le moment vint oii ces deux hommes semblaient
prs de prir, moiti de plein gr, moiti par force, contraints,
pour ainsi dire, et tout la fois sduits par le mal. Cependant
Carpus, comme il le rapporte lui-mme, triomphe d'aise en
contemplant ce spectacle et en oubliant celui du ciel; il s'irrite
et s'indigne de ce que leur ruine ne s'accomplissait pas assez
46fl
EVOEIO
*o0,
EVCOS.
Car-
Ut salutarem
prdicationem
crature
annunliaves, o gloriostf Carpe, mvttas perseculiotributationes
sustinuisii.
n e s
e i
Indignaliomm Pmidum
nihit omnino reformidant, 0 Sapiens, sine ftwra occurnsti ad
stadium
certoiuinis.
JUVOJJUXQ; T t t v AyvsXwv, ATTOCTOXWV,
TeXettoe VTLOV.
(Carpus) socius
Angelorum.
Aposlolorvm^ et Martymm,
in
pietatis cullu mirabitiler coniummatorum.
S. PTROBAS,
JV
S. P H I L O L O G U E .
Evoque de Synope, en Asie ;
Tous deux Tmoins immdiats des faits de Jsus;
Tous deux du nombre des 72 Disciples;
Prdicateurs de la Foi ;
Confesseurs de Jsus-Christ.
De his agunt Grci in menoiogiis ; S. Dorolh., in synopsi; S Hippolyt., inlibeflo de 1% Disc. ; liaron., an. 58, n. 5G et an. 159, n. i el ad
Makyrl. Rom. ; Clir. Alex., ?J, GO, Bibl. PP., t. 15
S. llippolyt. mart. libro de 72 Disc.
S. Dorolh., in synopsi.
* Ibidem. Vide etiam, apud du Saussay, narraliouom Grrocorum,
de S. Philologo ordinato episcopo Synopcnsi, a LS. Andra aposlolo.
p. 320.
"Orig. in Rom.
t
NOVEMBRE
Palrobam.
S. AGABUS,
XLII FVRIER.
Martyrologe Romain : Le i 3 jour de fvrier, se c lbre Antioche la fte de S. Agabe prophte, dont S. Luc
fait mention dans les Actes des Aptres.
La tradition de l'Eglise Orientale, suivie, approuve par
l'Eglise d'Occident, tmoigne que S. Agahe tait l'un des Septante Disciples de Noire-Seigneur.
Il avait le don de prophtie, comme la plupart des premiers
Disciples de Jsus, selon qu'il est marqu dans lesAcl.es des
Aptres, oh on lit ce qui suit :
En ce mme temps (l'anhit de Jsus-Christ), des Prophtes
vinrent de Jrusalem Antioche.
Hun d'eux, nomm Atjabus, prdit par l'Esprit de Dieu,
qu'il y aurait une grande famine par toute la lerre, comme
elle arriva ensuite sous l'empereur Claude.
D'aprs cette prdication d'Agahus, les Disciples rsolurent
d'envoyer chacun selon son pouvoir, quelques aumnes aux
frres qui demeuraient en Jude : ce qu'ils firent en effet, les
envoyant aux prrtres de Jrusalem par les mains de Barnabe
et de Paul.
La Synagogue, dans les temps desadivine institution, avait
eu ses Prophtes. L'Eglise chrtienne eut pareillement les
1
17
Christ, ne craignit point de s'exposer tous les prils, et la
prophtie prcdente s'accomplit la lettre, lorsque S. Paul
fut Jrusalem.
Les Grecs disent que S. Agabus fut martyris Antioche, el
ils marquent sa Tte au 8 mars, et les Latins la clbrent le
43 fvrier depuis le IX sicle .
e
V o i r lulluii'J. 13
Or., p. CM. S. A d o .
S. AMP LIAS
I X XI
Amplias tait l'un des Soixante-douze Disciples de NoireSeigneur, comme l'attestent. plusieurs Anciens, S. Dorothe,
martyr, l'Eglise d'Orient, la Chronique d"\lexandic, et plusieurs Docteurs de l'Eglise d'Occident. Les Cres lui donnent
le titre A Aptre de Jsus-Christ; c'tait, en effet, l'un des premiers qui crurent en Noire-Seigneur et qui furent mis au nombre des hommes apostoliques. Les Mnologcs rapportent
qu'il fit beaucoup de miracles durant le cours de son apostolat; qu'il fut vque en particulier d'Odyssaou Odyssopolis, en
Msie (Slysia), grande province de hrace, qui s'tendait le
long du Danube, son bord mridional, depuis l'endroit o
la Save se joint ce ileuve, jusqu' son embouchure dans le
Ponl-Euxin, ou mer Noire. La Dacie, la Servie el la Bulgarie,
faisaient partie de ce pays. S. Amplias fut ordonn vque de
ces contres par S. Andr, qui les avait galement vangliscs.
1
Il joignit encore ses efforts ceux des autres hommes apostoliques qui travaillaient Rome et dans tout l'empire romain.
Lorsque S. Paul crivit, en Tanne 58, sa lettre aux Chrtiens del capitale du monde, 5. Amplias s'y trouvait, et l'Aptre qui aimail beaucoup ceux qui avaient t les premiers Dis1
12
OCTOB.
- 178
ciplos de Nulro-Soigueur, le salue trs-alleeluousomonl. c Saluez, dit-il au\ fidles du Rome , Amplias, que j'aime tout
particulirement en Notre-Seigneur. SALUTATK AMPMATDU,
1
ACttl., XYl, 8.
> Ughell., /. C, p.
octobre.
S. JEAN-MARC
XXVH SEPT.
27 sept*
L'an 42.
-180
1
181
L'an <u.
482
rlargissement de S. Paul, alla en Asie, soit en la compagnie
L'an fis. de ce saint Apdtre, soit autrement. 11 y lail I U moins deux
ans aprs, lorsque S. Paul crivit do sa dernire p r i s o n sa se1
historiens
niade . Les Grecs ajoutent dans leurs Menes ou livres sacrs, qu'il se rendit si agrable Dieu en prchant l'Evangile,
que son ombre seule gurissait les maladies, ils lui donnent le
litre d'Aptre. Thodore! l'appelle le Bienheureux Marc*.
On trouve dans les Actes de S. Barnabe (attribus JeanMarc lui-mme), et en particulier dans ceux composs par
Alexandre, moine de Chypre, que, aprs avoir pleur sa faiblesse et sa faute, Jean-Marc lait all auprs de S. Barnabe,
lui avait exprim son regret, et avait obtenu de cet Aptre
d'tre admisse nouveau dans le ministre de l'Apostolat; qu'il
l'avait suivi Antioche, et de l Chypre; qu'ils avaient ensemble parcouru loulc celte le, et qu'enfin ils arrivrent
Salamine, ville importante de cetle le.
5
Coloss., IV,10.
IB4-
* Baronius, in Annal, ceci., an. 45, nwn. 42 et seq., montre par diffrentes preuves la fausset de l'opinion de quelques-uns, qui ont confondu y. Jean-Marc avec S. Marc l'Evanglisle.
S. Matin, x w i . 18 : maghler dicit. S.Luc, xxn,7-ll : Dicit tibiMagister-, ubi est divenortm.ubi
pascha...
3
S. OLYMPAS
L'un des 72 Disciples de Jsus ;
Compagnon des Aptres ;
Evque do Philippcs;
Martyris Rome avec S. Pierre et S. Paul ;
S. EHODION
Son compagnon, galement Disciple de Jsus ;
Ouvrier vanglique;
Et Martyr de la Foi.
X NOVEUBfiE.
IV A O U T .
S. ARISTARQDE
Tmoin oculaire des prodiges de Jsus;
L'un des 72 Disciples;
Evoque d'Apame et do Thcssalonique ;
Homme d'une vie pnitente et austre;
Martyr de Jsus-Christ.
Il accompagna S. Paul Ephse, et y demeura avec lui pendant les deux ans que cet Aptre y enseigna les Asiatiques. Il
partageait avec lui les travaux et les dangers de l'Apostolat.
L'an 57, il fut expos la fureur du peuple dans la sdition
de Dmtrius, dont il est parl au dix-neuvime chapitre des
Actes des Aptres; et il faillit tre mis mort dans le tumulte
populaire, espce de manifestation ou de raction idoltrique.
1
18*
L'anne suivante, il suivit encore S. Paul, lorsque cet Aptre passa d'Asie en Grce. De la Grce il l'accompagna de nouveau en Asie ; de l en Jude, et de Jude Rome.
Dans les plres que l'Aptre crivit de Rome un an ou deux
aprs ce voyage, il appelle Aristarque et Epaphras, compagnons do sa captivit, marquant par ces paroles qu'ils taient
prisonniers l l n m o avec lui. Il compte Arislarque parmi les
collaborateurs ou les collgues qui l'aidaient do leurs travail\,
qui l'assistaient, Rome, qui lui donnaient do la consolation.
S. Adon et le Martyrologe Romain le font vque de Thcssaloniquc. S. Dorothe, les Grecs et divers auteurs disent qu'il
avait t d'abord vque d'Apame, en Syrie, et ils ajoutent
qu'il a t dcapit Rome sous Nron, immdiatement aprs
S. Paul, qui il demeura constamment attach ; qu'il eut pour
compagnons de son martyre S. Pudens el S. Trophime. Ils
font sa fle avec celle de S. Znas, autre Disciple de Jsus. Ils
rapportent que, nouveau Jcan-Baptisle, S. Arislarque menait
une vie austre, se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, et qu'il portait une ceinture de cuir.
' Item apud Uodom, Usnard., Adon., ac cteros Lalinos ; Grasci ou*
lem in Menologio, ad 19 Rat. maii.
S. SIMON,
Evque de Jrusalem ;
Frre, tmoin immdiat, et martyr de Jsus-Christ.
1
De l'origine de S. Simon. De sa parent avec Notro-Soignour
Jsus-Christ.
XVIII FV.
Toutefois, une tradition consigne dans les Menes des (lies marque qu'il alla prcher avec un grand sucecs chez les peuples infidles
et qu'il ruina l'idoltrie parmi plusieurs provinces de la GenLilit.
Euscb., /. S, c- 11.
2
IV
Derniers temps de la vie de S. Simon. Sou martyre.
<H)3
rite le l'Eglise, et dbiter des doctrines opposes la loi de
l'Evangile.
Ce furent celte vigilance et cette fermet avec laquelle Simon maintenait la vrit qu'il avait apprise de la bouche
mme de Jsus-Christ avec les Aptres, qui lui firent mriter
d'en devenir lo tmoin et le martyr, en donnant son sang pour
sa dfense. La Providence divine l'avait prserv pendant un
temps trs considraMe, dans l'espace duquel il avait toujours
gouvern avec beaucoup de sagesse et de paix le troupeau qui
lui avait t confi, li avait l mis en oubli durant les recherches que Yespasien et ensuite Domitien avaient fait faire de tous
ceux qui taient de la race de David pour les faire mourir, non
dans ht vue de perscuter proprement le:" Chrtiens, mais pour
teindre toute la maison royale des Juifs et leur ter toute occasion de se soulever contre les Romains. Mais Trajan ayant
fait renouveler les mmes recherches, les hrtiques que
S. Simon rprimait si efficacement, se servirent de ce favorable prtexte pour se dfaire d'un homme qui leur tait oppos.
Selon la tradition, des Juifs baptiss, de la secte des Corinthiens el des Nicolatcs, unis d'autres qui taient demeurs
dans le Judasme, le dfrrent, el comme descendant de la
maison de David cl comme chrtien, au Gouverneur de Syrie,
nomm Allicus, homme consulaire, qui se trouvait alors en
Jude, province qui tait de son gouvernement avec toute
la Palestine*.
Le saint Vieillard souffrit divers tourments durant plusieurs
jours avec une constance qui tonna tout le monde el Allicus
lui-mme. Car il avait alors 120 ans, et Ton ne comprenait pas
1
S. PBJSGUS,
1 SEPTEMBRE
Les Martyrologes Romains, l'ancien et le moderne, ceux d'don, de Bde, d'Usuard, et des diverses glises s'expriment de
la manire suivante au sujet de S. Prisque :
Premier Septembre, Capoue, sur le chemin de l'Eau,
fle de S. Prisque, martyr, l'un des Anciens Disciples do J sus-Christ.
Voici maintenant comment son histoire est rapporte par
plusieurs auteurs et dans diircnls Brviaires anciens, el notamment dans celui de l'Eglise de Capoue:
Priscus (ou S. Prisque), tait l'un des Soixante-Douze
Disciples de Jsus-Christ. On croit que c'tait un pre de fa1
Priscus fut Vun des 72 Disciples. C'est ce-qu'attestent tous les crivains de Capoue, les autres historiens italiens, les divers Marlyrologistes *, les auteurs prcits, et entre autres, les cardinaux banclorius et
Bellanniu, etc. S. Dorothe, martyr. Il eut pour successeur Capoue
S. Sinotus, aussi martyr vers lo mmo temps (Vide Acla SS. 7 septemb.)
Dcda, Usu.irdn?, <io, Mnrlyrol. Rnm , Pctrus o Matai., 1. 8, c. 17. Baron, qui dicil <*>
testari l'riscum eue union de Ji lUtcipulu.
mi-
premier. L e s ennemis de Jsus-Christ se retirrent couverts de confusion et pleins dclonnement, de ce qu'ils n'avaient pas prvalu contre le Saint de Dieu. Le nombre des
croyants ne fit ds lors que s'accrotre de jour en jour.
Tel est l'abrg de la vie de S. Prisons, scion qu'elle est
rapporte dans les auteurs dj indiqus et dans les plus anciens brviaires.
. I e ; i n Pierrn Pasralis ni. lulhuulus , ajoutent les deux traditions populaires qui suivent.
Au rapport des anciens, dit le premier, le IL Pierre, al lant de Capoue Rome par la voie qui mne au fleuve
(Vulturne), tait accompagn dePriscus. Lorsqu'ils furent
mille pas environ de la ville, le Prince des Aptres empcha
Priscus d'avancer plus loin, et s'arrta un instant avec lui
dans la plaine qui est domine par le Monl-Tifat. Aprs
qu'ils se furent embrasss avec larmes cl qu'ils curent pris
cong l'un de l'autre, Pierre leva les yeux vers la montagne
et y vit le clbre temple de la Diane de Tifat. 11 le montra
du doigt l'vque de Capoue, en lui recommandant de s' lever fortement contre l'idole de ce lieu. Au mme instant,
dit l'ancienne tradition, et pendant que l'Aptre avait la
main tendue vers le sanctuaire profane, le simulacre de la
fausse divinit tomba. La pit des fidles, ayant ensuite
rig une glise dans ce mme lieu, lui donna un titre qui
rappelait ce fait. Cette glise tant dans la suite tombe de
vtust, on en construisit une nouvelle l'an MCDXX de
Jsus-Christ; elle fut encore dtruite, el, aprs sa res lauration, elle ne conserva plus que le titre de S. Pierre,
(Sancti Pelri Apostca).
Michel, moine de Capoue, rapporte de son ct ce qui
suit :
S. Priscus enseignait avec un zle spcial, entre autres
choses, l'observation et la sanctification du jour du Diman che, institu par les Aptres. C'est un fait que rptait sou-
Un ancien Manuscrit atteste l'invention du corps de S. Priscus. Clle eut lieu de la manire suivante:
Le corps du S. Martyr avait t enterr en dehors de l'ancienne Capoue, sur le chemin de l'Eau, o il avait t mis
mort; mais depuis on ignorait l'endroit de sa spulture. Quelque temps aprs, lorsque les glises des Chrtiens furent ouvertes, une dame espagnole, infirme depuis plusieurs annes,
el que les mdecins n'avaient pu gurir, cul une rvlation ou
vision cleste. Ln ange lui apparut cl lui dit :
Si vous voulez tre dlivre de voire infirmit, allez
Capoue, ville de la Campanio. Devant la porte de cette ville,
sur la voie qui conduit Bnvent, vous trouverez dans un
monument le corps de Priscus, qui est un homme de Dieu, et
qui a sou li rl eu ce lieu pour .lsus-Chrisl. Lorsque vous l'aurez enseveli avec honneur, dans l'endroit qui vous sera montr, vous recouvrerez aussitt la sant du corps. Celte femme
vint, Capoue, lit des recherches dans le lieu indiqu el y
trouva le corps de S. Priscus. Elle le mil dans son char el
s'avana sur la route, attendant que Dieu lui fit connatre le
Apogruphum Casincnse, op. A'o//., p. 103.
corpus
jacei.
larlyris.
XX MARS.
S. ARCHIPPE,
L'un des Premiers Disciples de Jsus;
Tmoin de ses uvres et de celle des Aptres ;
Aptre de Colosse ;
Murtyr de Jcsuri-ChrisL
*< Le 20 murs, eu Asio, dit le Martyrologe Romain, S. Ar chippe, compagnon de S. Paul dans ses travaux; ce grand
Aptre en fait mention dans fon ptre S. Philmon, et
dans celle, qu'il a crite aux Colossiens.
Or, voici comment l'Apotrc en parle dans son ptre Philmon :
Paul, prisonnier de Jsus-Christ, et Timothc, son frre,
notre cher Philmon, notre cooprateur; notre trs-chre
sur Appia;
' A Archippe, le compagnon de 7ios combats;
El VEglise qui est en votre maison.
Il lui donne le litre glorieux (h compagnon de ses combats,
parce que, comme lui cl comme Timothc, S. Archippe se
trouvait enrl dans la milice de Jsus-Christ, et comhallait
pour-tendre les conqutes du Matre commun, et reculer les
limites de son empire spirituel.
Dans l'pilre aux Colossiens , S. Paul recommande Archippe le ministre vanglique qu'il a accept du Seigneur, el
il l'engage le remplir avec un zle infatigable.
Dites Archippe ce mot de ma pari :
1
' Philtm. 2.
Voloss., iv, n.
Considrez bien le ministre que vous avez reu du Seigneur, afin d'en remplir tous les devoirs : VIDE MIMSTEIUUM
QUOD ACCEPISTI IN DOMINO UT ILLUD IMPLEAS.
De l Ton ne saurait conclure quel tait prcisment remploi qu'exerait S. rchippe dans l'Eglise de Colosse; si c'tait
l'office de diacre, ou celui de prtre, ou celui d'vque. Toutefois, on a lieu de croire qu'il y remplissait les fonctions sacres,
dont taient chargs les 7 2 Disciples, p u i s q u e S. P a u l marque
que ce ministre avait reu son emploi de Jsus-Christ mme.
Mais S. Amhroise tranche ici les diflicultcs, puisqu'il l'appelle vque des Colossiens. Divers Martyrologes lui donnent galement ce titre. En Asie, dit celui qui a t rdig
par Galsinius, fte de S. Archippe, qui fut vque del'E glise de Colosse, disciple de l'aptre S. Paul; que cet p tre a honor de son tmoignage, et qui, aprs s'tre rcli gieusement et saintement acquitt de la charge de la prdi cation vanglique, endura le martyre et alla auprs du
Seigneur.
1
S. Thomas, dans deux endroits de son Commentaire , l'appelle galement prlat des Colossiens, vque des Colossiens.
L'ancien manuscrit deFlorus ajoute au Martyrologed'Usuard
les paroles suivantes :
Hic fuit unus de Septuaginta duobus Discipulis Domini :
Celui-ci fut l'un des Septantc-doux Disciples du Seigneur.
2
t. 15, p. 60.
s.
THiuiiT.
JEN-L'ANCEN OU LE PRTRE,
(c
te
Je demandais ro qu'avait dil Andr, ou Pierre, ou Phi lippe, ou Thomas, ou Jacques, ou Jean, ou Mathieu, ou
Eusob., hist.,1.
Jean l'Ancien enseigna Ephse, ville principale de l'AsieMineure, et dut exercer dans ce lieu les fonctions piscopales,
(comme le marque la tradition), en l'absence ou en place de
ceux qui avaient t institus voques de cette glise. S. Papias, qui se dit son disciple, nous fait comprendre aussi Loulc
1
Tillemont, Manu eccl., t. 1, p. 27-28 ; Hiccioli, chronograpHu ; D. Calmet, Dicl. bibliq., au mot disciple. D Sopp, Vie de Notre-Seigneur Jcsus-Ghrisl, p. 4 8 2 .
Hiccioli dit, d'aprs S. Jrme, de vir. illusl., quo Jcan-l'Audcu
exera les fonctions de l'piscopat Ephse.
Ap. Euscb.,/ii* /. 7, c. 20.
r
30<i
S. QUARTDS,
III
Galesinius, in
Mariyrol.
iNOVKMB.
208
Quarlus tait donc absent celte poque. Or, ajoute l'auteur prcit, il est vraisemblable qu'il tait all en Espagne,
pour expliquer aux fidles de ce pays la cause de la dtention
de S. Paul Rome, et l'impossibilit o il se trouvait de venir
chez eux. Cet Aptre dut naturellement leur envoyer ce Dis-'
209
ciplc qu'ils connaissaient dj comme leur pasteur, et qu'ils
avaient dput S. Paul. S. Quartus, poursuivit donc l'uvre
dn ministre vanglique dans ces rgions occidentales, et particulirement dans les lieux qui avoisinent Salamanque, convertissant les infidles par sa prdication et ses miracles.
S. Quartus Aposlolorum Discipulus bis lfispaniam pcragi-al,
semel post Jacobum, iterum roi ictus Paulo; lierai;... in
lliiitouilms miraculis nuuc clarot. Obiit aime 70. (Scu
polius 405)'.
1
XXIX
S. ABDIAS,
OCTOB.
I
Sa rie. Son martyre. Son histoire apostolique.
Aprs avoir uni ses efforts ceux des Aptres, et aprs avoir
travaill longtemps encore dans la Babylonie la ruine de
l'idoltrie el rtablissement du christianisme dans ces vastes
contres Orientales, il reut la couronne du martyre de la manire quo le rapportent les Mnologes dos Eglises Grecques,
el notamment l'Histoire sacre d'Ughel :
2
Au 29 octobre du Martyrologe d'Usuard, annot par un savant thologien de la Compagnie de Jsus, par J.-B Sollier,
il est marqu que, l'vque Abdias , disciple des Aptres,
S. Simon et S. Jude, a crit en hbreu l'histoire de leur martyre, et qu'il mourut dans la paix du Seigneur.
le
212
disciples des Aptres de la Babylonie cl de ia Perse. Abdias
parat avoir t de la famille du clbre Abdias, fils d'Isae, et
pre de Smaias, l'un des chefs de la maison de David et des
principaux de Jnda, comme son pre cl son (ils, morts sous
Urodo Je Grand, selon la Petite Chronique des Juifs, SderOlam-Znlha*. Eusbc fait mention dans son Histoire Ecclsiastique* 1. II, o. 4, d'un personnage contemporain des Ap1res n o m m Abdon, qui est rendu \)nv Abdias dans la traduction de Ru fin.
Noire Saint homme Apostolique avait pour disciple Eutropius, qui se livra pareillement aux travaux de la prdication, et qui, comme son matre, s'occupa de l'histoire de Jsus-Christ et do colle des Aptres. On attribue ce dernier
la dcouverte de la lettre de Publius Lcnlulus, proconsul
en Jude adresse au Snat Romain, dans laquelle est trac
le portrait do Notre-Seigneur Jsus-Christ. On raconte que
Eutrope recueillit cette pice dans les Archives mornes du
Snat.
Quant h l'histoire d'Abdias relative aux Aptres, elle n'est,
comme le tmoignent Jules Africain et Abdias lui-mme
que l'abrg de la Grande Histoire des Aptres, compose par
Cratonl'un de leurs Disciples. Le disciple Eutrope la traduisit
d'abord de l'hbreu en grec ; et Jules Africain la lit passer
plus tard, de la langue grecque dans la langue latine , avec
les dix livres de Cralon, le grand historiographe des temps
Apostoliques.
3
Quoique non insr au canon do Saintes Ecritures, ce monument des temps apostoliques porte tous les caractres de la
certitude historique.
1
213
11 a cl compris in collcctionc variornm
monumcntorum
Ecclesiasticornm ; Bdle, 4554, in-folio, et Paris, 4566, in 8,
et par Laurent de La Barre dans son Historia Christiana Vcterum Patrum, Paris 4583, in-folio.
Le judicieux Sixte de Siennes , dans sa Bibliothque des
Pres, reconnat que les douze vies des Aptres, telles que
les rapportent Jacques, archevque de Gnes, et Pimre des
Noels, vque d'Emilinm, ont t crites en hbreu par
Abdias, premier vque de Babylone, ordonn par les Aptres eux-mmes, et qu'elles furent traduites de Vhbreu
en grec par Eutrope, disciple d'Abdias, et du grec en latin par
Julius Africanus . Aprs avoir parl de l'authenticit de cet
ouvrage, Sixte de Sienne ajoute qu'une certaine dition Allemande fut condamne par "Paul lA , parce qu'elle contenait des
explications et des propositions do l'dilcur, fausses par leur
exagration. En effet, Wolfgang Lazius, savant mdecin, en
1550, ayant trouv un manuscrit (VAbdias dans une caverne
de la Carinthie, le publia Bille en '1551.11 en fit tant de cas,
qu'il ne craignit point de mettre l'autorit de ce livre en parallle avec celle de Saint Luc, et mme au-dessus. Son opinion
fut censure avec raison ; si l'histoire Apostolique est un
livre vridique, elle n'est pas pour cela un livre canonique.
Elle a t imprime dans plusieurs ' Bibliothques dc$
Prcs*\ elle est reproduite dans les Bollandistcs ; ceux-ci
constatent, que tous les Agiographcs Latins modernes y ont
puis leurs documents sur les Aptres : Latini recentiores,
1
' Sixtus Seneusis, 1. 2 Bibliolhecx Sanctx, p. 43 ; Jacobus areliiop i s c , libro amutarum solcnmilatum ; Pctrus, Calalogo SS., I. 9.
Aposlolurum duodecim vil;u ; lias, ut roferiiut Jacobus Archio piscopus Gonucnsis, iu libro annuarum solcmnilatum,
et Pctrus
episcopus Equiiiims, libro 9 Calalogi Sanclorum, Ilcbruco suipsil
Abdias, primus Babylonis episcopus, nb ipsis apostoiis ordiualnsi
quas Eutropius, Abdirc discipulus, transtulil ex Iiebraoo in Graccum*
et Julius Africanus in latinum.
Apud fabric. cod. t. 2, p. 744.
2
t. n, p. 629.
24 li
cr
Voir du Saussuy, <''v. ilo Tout, de gt. D. Andr., i. iu, />. 102.
217
force, qui devait ncessairement rendre jamais impossible
la foi en son livre, il faudrait avoir perdu lo sens. Mais l'Auteur des Histoires Apostoliques est loin d'avoir perdu lo jugement ; il prouve la supriorit de son intelligence et de sa
science, par la rdaction gnrale de son Livre, par l'exactitude do son rcit, que nous pouvons trs-souvent comparer
avec d'nufrcs histoires gnralement reconnues pour trs-auIheutiqucs. Enfin, il est hors do doute que celui qui a interpol dans Abdias les noms do ses traducteurs, Entropms et
Jalias Africanus, est lo mmo qui a interpol (o bonne foi)
les noms de 5. Clment et do .S. Ilgsippe, de mme que le
passage de ce'dernicr. Ces deux interpolations ne furent, tout
d'abord, que des annotations guillemelcs ; mais, dans la suite,
elles ont pass dans le texte mme. Les transcripteurs n'attachaient pas d'importance ce mlange.
x
M. Vmmel , qui s'est spcialement occup do cet ancien monument ecclsiastique, considrant que plusieurs critiques
l'avaient jug avec trop do svrit, donne ainsi son sentiment :
La rigueur do celto apprciation (de Tillemonf) n'empche
pas que l'Histoire Apostolique ne soit digne d'tre connue
cause des (ditions qu'elle a conserves et o il y a un
fonds de vrit... Des rcits merveilleux se trouvent placs
h ct de sentences et de discours empreints de l'esprit lo
plus pur du Christianisme; ces discours sont, sans nul doute,
des fragments de prdication qui remontent une trs-haute
antiquit, et l'on pourrait, bon droit, y voir la reproduclion do paroles prononces par les Aptres eux-mmes. Sous
ce rapport, et sous celui do la connaissance des opinions rpanducs parmi les Chrtiens dans des fomps reculs, l'ouvrage d'Abdias... est digne d'allcnlion; il a l trop nglig
par les auteurs modernes.
Abdias,
21S
L'un des critiques du xvm" sicle , qui essaie de le combattre, sans toutefois apporter aucune raison valable, reconnat
qu'il n'y a pcnl-vire pas un seul des biographes modernes
(et des crivains anciens, dont le but tait de rapporter les faits
des Aptres), qui n'ait beaucoup puise dans le livre d'Abdias.
Aussi, csl-re un ;;rand sujet d'lonnement de voir un homme
isol leulcr, s a n s motif raisonnable, de Lire prvaloir sou opinion individuelle sur le sentiment de (nus les historiens qui
l'ont prcd, cl qui, avant lui, avaic.il mrement examin et
admis cet ouvrage.
Les Romains, comme les crivains des autres nations chrtiennes, y ont constamment puis d'utiles documents. Aussi, ni
lo pape (l/.sc, ni aucun IVuUi.c romain, n'ont jamais censure
le livre d'Ahdias ; l'Index \h Concile de Trente ne l'a point
mis au nombre des livres rejels .
2
Loin d'avoir proscrit, mpris*? celle histoire, l'Eglise Calholiqiic-Homaino en a, an contraire, admis et adopt les relations
(du moins quant au fond cl li la substance), pour son Brviaire
el pour le Martyrologe Jtomain*.
Nous pourrions rapporter ici beaucoup d'autres lmoi;;,i;igcs
qui font autorit dans l'tglisc, cl exposer plusieurs autres raisons d'un grand poids; mais nous aimons mieux renvoyer
Y introduction qui est en trie de Y Histoire des Aptres, C'est
la que nous oTmns un unniVc plus considrable de preuves
rationnelles el leslimoriules, l'appui du livre traditionnel de
ce grand homme des temps apostoliques.
Terminons relie notice biographique en plaant ici hi Prface de Jules rAfricain, qui nous donne une ide d Abdias et
de son ouvrage.
f
21 N
S. VODE,
L'un des 72 Disciples;
Tmoin immdiat des prodiges de Jsus ;
Prdicateur de l'Evangile, compagnon des Aptres,
Martyr de Jsus-Christ.
S. ONSIPliORE,
VI SEPTEUB.
S. PORPHYRE,
Son serviteur, en Asie, dans THellespont.
224
S. Ignace d'Antioche, dans son pilro aux Philadelphiens, dit galement qu'Evode tait du nombre des 72 disciples du Christ, et ajoute
qu'il mena une vio sainte et qu'il garda le clibat. Vide Uoll. \hjulii, t. 4, p. 8.
les tabernacles ternels au milieu du chur illustre des pr dicateurs de la foi, avec l'aptre Onsiphore.
S. Dorothe et S. Hippolyte rangent S. Evode au nombre
des 72 Disciples, et disent galement qu'il fut vque d'Antioche. II fut charg du gouvernement de cette Eglise vers
l'an 42 de Jsus-Christ, et, selon quelques auteurs, ce fut dans
la douzime anne de l'empire de Nron, vers la soixante-septime de Jsus-Christ, qu'il remporta la couronne lu martyre.
Le G septembre, dans l'ilellesponl, S. Onsiphore, dis ciple des Aptres, dont parle saint Paul Timothe, qui, y
ayant t cruellement flagell en mme temps que Porphyre,
\< par ordre du proconsul Adrien, el tran ensuite par des
chevaux fougueux, rendit son me Dieu. [Martgrol.
IZom.; Petrus de Nalalibus, epise. liv. S. c. 43; Meiuea, etc.)
Le Mnologe de l'empereur Basile dit que Onsiphore tait
alli la famille de l'impratrice Tryphne; qu'il tait originaire el habitant de la ville d'Icne, o il recul dans sa maison le grand Aptre, et reut, en change de la gnreuse
hospitalit qu'il lui offrit, le bienfait de la foi et du baptme. Il
faisait de grandes largesses aux pauvres et assista S. Paul
dans ses fers, le comblant de soins et de consolations, comme
cet Aplre le rappelle avec effusion dans sa deuxime lettre
Timothc, c. 1, v. 10, en ces termes :
Que le Seigneur rpande sa misricorde sur la famille
d'Onsiphore, parce qu'il m'a souvent soulag, et qu'il n'a
point rougi de mes chanes; mais qu'tant venu d Rome, il
m'a cherch avec grand soin, et m'a trouv. Que le Seigneur
lui fasse la grce de trouver misricorde devant lui en ce
dernier jour ; car vous savez mieux que personne combien
d'assistances il ma rendu Ephse.
On le saisit avec son serviteur Porphyre; comme il refusait
de sacrifier aux dieux el de renoncer Jsus-Christ, on les
tendit d'abord l'un el l'autre sur des grils enflamms, on les
flagella, on leur brilla les membres, mais l'assistance de Dieu
223
et la vue des biens temels les soulagrent dans ces supplices,
el les garantissaient contre la douleur. Cette vue excita la rage
des impies; ils attachrent alors les Saints a des chevaux indompts, chargrent des soldats de les traner ainsi parmi
les ronces, les pierres et les pines. Ce fut au milieu de ce
tourment qu'ils rendirent leurs mes Dieu. Les Chrtiens
recueillirent secrtement leurs reliques prcieuses et les ensevelirent ou rendant Dieu des actions de grces .
1
Martyrol. Rom., Berso, Usuardi, Adonis, ot aliorum. Acla S. Tacite. Menologia. Baron. an 47, n. K et an. 59, n. **. Acla SS
0 septembr. p. GG3.
t
S. EPPRODTK,
L'un des 72 disciples;
Tmoin des faits de Jsus-Christ et prdicateur de
l'Evangile;
Compagnon de S. Paul et des Aptres;
Institu par S. Pierre, vque de Terracine, puis de
Philippes, et ensuite d'Andrana;
Martyr de Jsus-Christ.
Terracine, dit le WarLyrologe Romain, Saint Epaphro dite, Disciple des Aptres, et qui fut ordonne voque de
cette ville par F Aptre S. Pierre-
Selon le Mnologe Oriental, public par le cardinal Sirlel ,
et suivant la Chronique d'Alexandrie, S. Epaphrodite tait
du nombre des 72 Disciples de Jsus, et il y est compt avec
Soslhno, Apollon, Cphas, Tycbiquo, Csar, Onsiphore.... ;
S. Dorothe, les Cres dans lo Mnologe de l'empereur Basile,
crit au x sicle, le comptaient pareillement au nombre dos
Septante, et Je joignent aux Disciples qui viennent d'tre
nomms.
1
fut vque de Corone (ville du Ploponnse) et Epaphro. dite, dont parle S. Paul dans sa lettre aux Philippiens, le
fut de l'Eglise d'Adriana (ou Andrana, Andraca , ville de la
Thrace). Tous ces Disciples, aprs avoir sagement gouvern
la Rpublique Chrtienne, rempli avec zle les fonctions de
leur charge pastorale, souffert un grand nombre de Iribula lions cl de perscutions dans l'administration des Eglises,
rendirent leurs mes Dieu, et lui offriront avec joie, le
sacrifice de leurs vies .
Divers auteurs disent que S. Epaphrodite fut institu
voque de Terracine par S. Pierre, dans le temps quo cet
Aptre, aprs avoir sjourn llorae et y avoir fond une
glise, ordonna S. Lin, voque, pour la gouverner en sa
place, et vint ensuite Terracine, dans la campagne de Rome,
de l Sirmium, ville d'Espagne. Ce disciple fut transfr
divers siges. Il fut aussi vque de Philippcs, puis d'Andrana,
en Thrace. Il quitta le sige de Terracine pour venir Philippes, dont les habitants , dj vangliss par S. Paul, avaient
une grande affection pour cet Aptre. A cette poque, ils lui
renouvelrent les marques de leur attachement, en usant son
gard d'une grande libralit. Car pendant qu'il tait prisonnier Rome pour Jsus-Christ, ils lui envoyrent Epaphrodite, leur Aptre , c'est--dire , leur vque, tant pour lui
porter des secours d'argent, que pour l'assister de sa personne
en leur nom. 11 le fit en s'exposant de grands dangers : ce
qui lui causa une maladie qui le rduisit l'extrmit et l'obligea de demeurer longtemps Rome. Les Philippiens surent sa
maladie et en furent trs-affligs. C'est pourquoi lorsqu'il fui
1
22G
Philip, n, 25.
227
Or, fai Maintenant tout ce que vous m'avez envoy, et je
suis dans l'abondance. Je suis rempli de vos biens que j'ai
reud'Epaphrodite, comme une oblation d'excellente odeur,
comme wie hostie que Dieu accepte volontiers, et qui lui est
agrable.
C'est aprs avoir gouverne l'Eglise de Philippes, que
S. Epaphroditc alla prcher ou Thrace, y fonda des chrtients, el fut voque d'ndrana.
S. URBAIN,
X X X I OCTOB.
L'un d e s T m o i n s i m m d i a t s d e J s u s - C h r i s t ;
L'un d e s S e p t a n t e D i s c i p l e s ;
Compagnon des Aptres;
Evoque de Macdoine ;
Martyr Thessalonique, avec plusieurs Disciples.
Salulate
Urbanum adjulorem
229
latrie. Il fut martyris le 2 avril avec les Saints Disciples des
Aptres, dont les noms suivent :
SS. THODOLUS,
AGATOPHUS,
MASTSUS,
PUBLIUS,
VALR1US,
Tous martyrs
ET 3 AUTRES,
JULIEN,
PROCULUS,
CAIUS,
AGAPITE,
DENYS,
CYRIAQUE,
ZONISUS.
l Thossaloniquo
en
1
Macdoine .
Mena, v, p. 88. 2.
* Rom., xvi.
Baron, a n . 58, n. 56.
4
XVII DJCE3IB
S. LAZARE,
Le Chtelain de Bthanie;
L'hte et l'ami de Jsus;
Le tmoin et l'objet de ses miracles;
Son fidle disciple et ministre;
Prdicateur intrpide et infatigable de son Evangile,
attestant par l'effusion de son sang, la vrit de
la foi de Jsus-Christ ;
Evque de Marseille.
S. Lazare, ou Ele'axar, frre de Mario Madeleine et de Marthe, demeurait avec ses surs h Bthanie, prs de Jrusalem'
et Jsus-Christ lui faisait l'honneur d'aller quelquefois loger
chez lui, lorsqu'il venait dans cette ville. Il l'aimait, et l'appelait son ami.
3
Un jour que Jsus tait avec ses Aptres au-del du Jourdain, Lazare tomba malade; el ses soeurs on donnrent avis
au Sauveur, en lui faisant dire :
Seigneur, celui que vous aimez, est malade.
Jsus rpondit :
Celle maladie ne va point la mort ; mais elle n'est que
pour la gloire de Dieu et pour celle do son Fils.
Il demeura encore deux jours au mme endroit, ot il dit
ses Disciples :
Notre ami Lazare est endormi ; mais je m'en vais le rveiller.
1
y. Jeun. xi. 1 4 5 .
231
Seigneur, lui rpondirent ses Disciples, s'il dort, il sera
guri.
Mais Jsus entendait parler de sa mort ; au lieu qu'ils crurent qu'il leur parlait du sommeil ordinaire. Jsus leur dit
donc alors clairement :
Lazare est mort... Et je me rjouis pour vous de ce que
je n'tais pas l, afin quo vous croyiez. Mais allons lui.
Jsus, tant arriv, trouva qu'il y avait dj quatro jours
que Lazare tait dans le tombeau. Et comme Bclbanie n'tait
loigne de Jrusalem que d'environ quinze stades, il y avait
quantit de Juifs qui taient venus voir Marthe et Marie, pour
les consoler de la mort de leur frre. Marthe ayant donc appris
que Jsus venait, alla au-devant de lui, et Marie demeura
dans la maison. Alors Marthe dit Jsus :
Seigneur, si vous eussiez t ici, mon frre ne serait pas
mort. Mais je sais que prsentement mme, Dieu vous accordera tout ce que vous demanderez.
Votre frre ressuscitera, lui rpondit Jsus.
Je sais, dit Marthe, qu'il ressuscitera en la rsurrection
qui se fera au dernier jour.
Jsus lui rpartit :
Je suis la rsurrection el la vie ; celui qui croit en moi,
quand il serait mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi,
ne mourra pas pour toujours. Croyez-vous cela ?
Oui, Seigneur, lui rpondit-elle, je crois que vous tes
le Christ, le Fils du Dieu Vivant, qui tes venu dans ce monde.
Peu de temps aprs, Marie vint aussi trouver Jsus, qui
n'tait pas encore entr dans le village, elle se jeta ses pieds
en rpandant des larmes, et lui dit :
Seigneur, si vous eussiez t ici, mon frre ne serait pas
mort.
Jsus, voyant qu'elle pleurait, et que les Juifs qui taient
venus avec elle, pleuraient aussi, frmit en son esprit, et se
troubla lui-mme :
232
Oh l'avoz-vous mis ? leur domanda-t-il :
Seigneur, lui rpondirent-ils, venez, et voyez 1
Alors Jsus pleura. Et les Juifs dirent entre eux :
Voyez comme il l'aimait I Mais il y en eut aussi quelques-uns qui dirent :
Ne pouvait-il pas empcher qu'il ne mourt, lui qui a ouvert les yeux un aveugle-nc ?
Jsus, frmissant donc do nouveau en lui-mme s'approcha
du spulcre, avec ses Disciples : c'tait une grotte et on avait
mis une pierre par dessus.
Otez la .pierre, leur dit Jsus.
Marthe, qui tait sur du mort, lui dit :
Seigneur il sent dj mauvais ; car il y a quatre jours
qu'il est l.
Ne vous ai-je pas dit, lui repondit Jsus, que si vous
croyez, vous verrez la gloire do Dieu ?
Ils (itrent donc la pierre, et Jsus, levant les yeux en haut,
rendit grce son Pre de ce qu'il l'exauait toujours, puis il
cria d'une voix forte :
Lazare, sortez dehors I
Et l'heure mme le mort sortit, ayant les pieds et les
mains lis de bandes, et le visage envelopp d'un linge. Alors
Jsus leur dit :
Dliez-le, et lo laissez aller.
Plusieurs donc d'entre les Juifs, qui taient venus voir Marie
el Marthe, cl qui avaient vu ce que Jsus avait fait, crurent en
lui. Mais d'autres allrent rapporter ce fait aux Pharisiens. Les
prtres voyant le grand bruit que faisait ce miracle opr aux
portes de Jrusalem, rsolurent de faire prir Jsus, Or Jsus,
sachant leurs mauvaises dispositions, se relira Ephrem, sur
le Jourdain, en attendant les moments marques dans les desseins ternels du* Pre Cleste.
Six jours avant Pques, Jsus vint de nouveau Bthanie,
ou il avait ressuscite Lazare. On lui apprta l souper.
lc
,fl
x n i dcemb
S. LAZARE,
TE
MARTHE ET S
TE
MADELEINE,
XXIX JUILLET
ET XXII J1I1L.
Ses Surs;
S. MAXIMIN,
Un des 72 Disciples de Jsus-Christ, vque d'Aix ;
S. MARTIAL,
uum.
S. T R O P H I ME,
7
Evque d'Arles.
Tous Tmoins de Jsus-Christ, et Aptres dans la
Gaule' mridionale.
AIV TUIL.
S. Trophime d'Arles,
S. Paul de Narbonne,
S. Martial de Limoges,
S. Austremoine de Clermont,
S. Gratien de Tours, et
S- Valero de Trves.
Selon la mme tradition, plus tard, le pape S. Clment, disciple et succosscurdo S. Pierre, y envoya S. Denys Paropagite, qui fut le premier voque do Paris. De son cot, S. fipiphane ditque S. Crescent, associe aux travaux de S. Paul, vint
dans le mme temps prcher l'Evangile dans les Gaules. D'aprs
S. Isidore dcScville, l'Aptre S. Philippe vint evangelisor le
mme pays durant quelque temps. C'est pour cela que, ds
l'anne 190, S. lrcno, vque de Lyon, prouvait la vrit de
la foi catholique par l'unanimit do la tradition dans toutes les
glises du monde, parmi lesquelles il met les glises tablies
chez les Celles ou Gaulois, pays alors divise par l'empereur
Auguste en quatre grandes rgions : Narbonne, Lyon, Belgique, Aquitaine. Suivant l'antique et universel lo tradition, la
premire introduction du Christianisme dans les Gaules avait
eu lieu par la prdication des hommes apostoliques prnomms.
Vers la lin du xvu sicle , la suite cl sur l'autorit de
Launoy, docteur suspect cl tmraire, un certain nombre d'crivains, plus ou moins infectes de jansnisme, se faisant les
chos les uns des antres, avancrent et soutinrent quo cette
constante el commune tradition sur la premire introduction
du Christianisme dans nos contres occidentales, tait fausse et
invente depuis le x sicle. Des catholiques mmes, sans y
regarder de plus prs, rptrent ce qu'ils entendaient dire.
Ce devint ds lors l'opinion dominante en Franco. Ou so mtt
changer la tradition des Brviaires el des Missels, tant Paris
que dans d'autres diocses. S Marie-Madeleine ne resta plus
une et la mme; elle fut divise en trois personnes : la femme
e
Lc
237
pcheresse et pnitente ; Marie, sur de Lazare, et enfin Marie-Madeleine, de laquelle le Sauveur avait chass sept dmons. L'arrive de Lazare et de ses deux surs en Provence
fut dclare non avenue. La mission apostolique des sept premiers vqes fut retarde de plus de deux sicles. Le tout,
parce que tel tait l'avis de Launoyet de ses pareils, qui marchaient plus on moins dans la voie protestante. Cependant
l'glise romaine, et dans son Brviaire, ot dans son Missel, ot
dans son Martyrologe, et dans ses crivains les plus approuvs,
conservait l'ancienne tradition, d'ailleurs si honorable pour la
France.
En 4848, un prtre franais, l'abb Paillon, de la congrgation de Saint-Sulpice, dmontra par une foule do monuments
indits ou peu connus, que l'Eglise Romaine avait raison, et
que les liturgistes franais ont ou tort de bouleverser aussi
prcipitamment leur liturgie et tradition ancienne, sur des autorits el des arguments plus minces les uns que les autres.
tc
238
sonne, qui, aprs une vie scandaleuse, mrita detre associe
aux Aptres et aux Evanglistes, pour annoncer la rsurrection du Sauveur.
L'auteur, aprs avoir solidement rfut Launoy, dont les
raisons n'taient fondes quo sur des mprises plus ou moins
grossires, en vient aux monuments crits et autres*, qui
prouvent l'apostolat des Saints Lazare, Marthe et Marie-Madeleine, ainsi que de S. Maximin, des Saintes Marie, Jacob
el Salom, en Provence. En voici la srie publie de nos
jours :
1 Une ancienne vie de S Madeleine, crite au v ou vi sicle, et transcrite textuellement dans une autre plus tendue ,
compose au ix par S. Raban Maur, archevque de Mayence,
lesquelles toutes confirment de point en point la tradition vivante.
te
2 L'auteur produit, comme monuments plus anciens encore que ces vies crites, divers tombeaux de la crypte de
S Madeleine : d'abord celui de S. Maximin. Il montre que ce
tombeau confirme la vrit de l'ancienne Vie, et prouve que,
ds les premiers sicles, et probablement avant la paix donne
l'Eglise par Constantin, les Chrtiens de Provence honoraient S. Maximin, leur Aptre, comme l'un des 72 Disciples
du Sauveur.
te
te
3 A ce tombeau, il joint celui de S Madeleine, qui confirme aussi la vrit de l'ancienne Vie el prouve que, ds les
premiers sicles de l'Eglise , les Chrtiens do Provence
croyaient possder et honoraient en effet le corps de S Madeleine, la mme dont l'Evangile fait mention.
4 Il montre que, longtemps avant les ravages des Sarrasins en Provence, la Sainte-Baume tait honore comme le
lieu de la retraite de S Madeleine.
t0
10
239
l'oratoire de Saint-Sauveur comme un monument sanctifi par
la prsence de S. Maxim in et de S'* Madeleine, et qu'en effet
c'est ces Saints Aptres qu'on doit en attribuer l'origine.
6 Que les Actes du martyre de S. Alexandre de Brescia,
en Italie, prouvent que, sous l'empire de Claude, S. Lazare
tait vque de Marseille et S. Maximin, vque d'Aix.
7 Qu'avant les ravages des Sarrasins, lo corps do S. Lazare, ressuscit par Jsus-Christ, tait inhum Marseille,
dans l'glise de Saint-Victor, et qu'on est bien fond en attribuant l'origine des cryptes de cette abbaye au mme S. Lazare, premier vque de Marseille.
8 Que la prison de Saint-Lazare, Marseille, est un monument antique qui confirme l'apostolat et le martyre de ce
Saint.
9 Que le tombeau de S Marthe, Tarascon, tait en trsgrande vnration au v et au vi sicles; que lovis I , tant
attaqu d'une maladie, s'y rendit lui-mme et y obtint sa gurison.
40. Qu'avant les ravages des Sarrasins, S" Marthe tait
honore comme l'aptre de la ville d'Avignon.
4 4. Que les dmls au sujet de la primalie d'Arles n'ont
rien de contraire l'apostolat de nos Saints, et que les archevques d'Arles, au lieu de rclamer contre celte mme croyance,
l'ont expressment reue et confirme.
42. Que l'apostolat de S.. Lazare, de S * Marthe et de
S Marie-Madeleine est confirm par les plus anciens Martyrologes d'Occident.
43. Qu'au commencement du vm* sicle, les Provenaux
cachrent les reliques de leurs Saints Aptres pour les soustraire aux profanations des Sarrasins, et mirent dans un spulcre, avec le corps de S Madeleine, une inscription de l'an
740, conue en ces termes : L'an de la Nativit du Seigneur,
710, le 6 jour de dcembre, sous le rgne d'Odon, *xcs bon roi des Francs, au temps des ravages de la perfide natc
er
te
tfl
240
lion des Sarrasins, ce corps de la trs-chre et vnrable
S Madeleine a t, cause de la crainte de ladite perfide
nation, transfr trs-secrtement, pendant la nuit, de sons pulcre d'albtre dans celui-ci qui est de marbre, duquel l'on
a retir le corps de Sidoine, parce qu'ici il est plus cach.
Comme Ta remarque le docte l'agi, ce roi des Francs, du nom
iYOdon ou d'Odoc, n'est autre que le fameux Eudes, duc
d'Aquitaine, qu'on trouve appel quelquefois Odon, quelquefois Otlon, Odoc ou Odoin. Il tait de la premire dynastie
des rois des Francs , dans laquelle nous voyons quo tous les
princes portaient le litre de roi. D'ailleurs c'est prcisment de
700 710, pendant que les Francs de Neuslrie et d'Auslrasie
se dispulaicnl qui serait le matre des rois fainanls, sous le
litre de maire du palais; c'est prcisment dans cet intervalle
que le duc Eudes, Odon, Odon ou Odoc, fut le seul dfenseur,
et par l mme le seul roi de la France mridionale contre les
Sarrasins.
le
241
Sous empereur
Gauls, pour prcher la foi de la Trinit aux Gentils, quelques disciples auxquels il assigna des villes particulires ; ce
furent Trophimc, Paul, Martial, Austremoine,
Catien, Sa-
cement du second .
Mais il existe en faveur de S. Trophime un tmoignage antrieur d'un sicle et demi Grgoire, tmoignage bien autrement solennel et authentique : c'est la lettre do dix-neuf ve1
16
242
ques au pape S. Lon, en faveur de l'glise d'Arles, pour le
supplier de rendre cette mtropole les privilges qu'il lui
avait ls.
Toute la Gaule sait, disent-ils, et la sainte Eglise ro mainc ne l'ignore pas , qu'Arles , la premire ville des
Gaules , a mrit de recevoir de S. Pierre, S. Trophime
pour vque, et que c'est de cette ville que le don de la foi
s'est communiqu aux autres provinces des Gaules.
Dans leur requte, ces dix-neuf voques voulaient montrer
que l'glise d'Arles tait plus ancienne que celle de Vienne.
Mais si S. Trophime n'avait fond l'glise d'Arles qu'au milieu
du 111 sicle, comment tous ces vques auraient-ils pu lui
attribuer une anciennet plus grande qu' l'glise de Vienne,
dj si florissante ds le second, comme on le voit par la lettre
de celte glise el de celle de Lyon aux glises d'Asie, sous
Marc-Aurle, l'an 177? Prtendre avec certains critiques, que
par ces mots envoy par S. Pierre, les vques voulaient
simplemenl dire que Trophime avait t envoy par le Sige
Apostolique, c'est leur attribuer une niaiserie el mconnatre
l'tal de la question. Le pape Innocent I atteste que tous les
vques des Gaules ont t envoys par ce sige, c'est--dire
par S. Pierre ou par ses successeurs. Comment donc les dixneuf vques auraient-ils pu conclure de l que l'glise d'Arles
tait plus ancienne que celle de Vienne? Enfin, l'glise de
Vienne elle-mme dment Grgoire de Tours, par le plus savant de ses archevques, S. Adon. Il dit au 23 janvier de son
Martyrologe :
A Arles, fle de S. Trophime vque et confesseur, disciple des aptres Pierre et Paul.
Il dit plus au long dans son livre De la fle des Aptres :
Fte de S. Trophime, de qui l'Aptre crit Timothe : J'ai
laiss Trophime, malade Milel. Ce Trophime, ordonn vque par les Aptres, Rome, a l envoy le premier Arles,
ville de la Gaule, pour y prcher l'Evangile du Christ; et
e
er
243
c'est de sa fontaine, comme crit te Bienheureux pape Zosime, que toutes les Gaules ont reu les ruisseaux de la foi.
Il s'est endormi en paix dans la mme ville*.
Ainsi, S. Adon, de Vienne, non-sulemenl assure que S.
Trophimc, d'Arles, y a t envoy comme premier voque par
les Aplres, mais il le prouve par l'autorit du pape Zosime ,
antrieur do plus d'un sicle Grgoire do Tours,
Un tmoignage plus ancien encore que celui des dix-neuf
voques, et mme du pape Zosime, fait voir qu'on ne peut pas
s'en rapporter, pour S. Trophimc, l'poque de Grgoire de
Tours. Vers l'an 252 ou 253, Faustin, voque do Lyon, et les
autres voques de la mme proviuce, crivirent au pape S.
Etienne et S. Cyprien de Carlhage, contre Marcien, voque
d'Arles, qui, infect du schisme et de l'erreur de Novatien, s'tait spar de leur communion depuis longtemps et refusait
l'absolution aux pnitents, mme la mort. S. Cyprien exhorta
le pape, au plus lard en 254, crire des lettres dans la province pour excommunier et dposer Marcien et le remplacer
par un autre.
H y a longtemps, dit S. Cyprien, qu'il s'est spar de noie Ire communion ; qu'il lui suffise d'avoir laiss mourir, les
c annes prcdentes, plusieurs de nos frres sans leur don ner la paix.
Ces expressions les annes prcdentes et depuis longtemps,
employes au plus tard au commencement de 254, font remon3
244
r
1er naturellement 250 ou 2>M, l'poque o Marcien se spara de ses collgues. Son piscopat avait d commencer avant
250. Comment alors supposer, avec Grgoire de Tours, que
S. Trophime ne fut envoy de Rome qu'en 230, sous l'empire
de Dce? Dce , de qui la perscution clata ds 249 et fut si
terrible, que le pape Fabien ayant t martyris ds le 20 janvier 2<)0, on fut plus de seize mois sans pouvoir lire un nouveau pape. Kl S. Cyprien en donne celte raison : ('/est que
le tyran, acharn coulre les pontifes do Dieu, faisait les plus
horribles menaces, moins irrite d'apprendre qu'un rival lui
disputait l'empire, que d'entendre qu'un pontife de Dieu
s'tablissait Rome. Certainement, on no comprend gure
comment le pape Fabien, martyris des le 20 janvier 250, put
envoyer, celte anne-l mme, sept voques avec des compagnons dans les Gaules, tandis qu'on le comprend sous l'empire
de Claude. Aussi Longueval ctTillemont abandonnent-ils Grgoire de Tours sur l'poque de cette mission, particulirement
1
lc
A la tle de ces vingl-quairo anciens, tait leclbro docleur Maximin, du nombre des soixante-douze disciples du
Sauveur, illustre par le don d'oprer loute sorte demirades, et le chef de la milice chrtienne aprs les Aptres.
Sainte Madeleine, unie par le lien de la charit la religion
et la saintet de ce disciple, rsolut de ne point se sparer
de sa socit, quel que fut le lieu o le Seigneur l'appelai...
Quel que ft pour les Aptres l'attachement de ces vingtquatre anciens, ils n'avaient pu garder ceux-ci auprs d'eux
aprs que la haine des Juifs eut suscit la perscution conIre l'Eglise, qu'Hrodo et dcapit l'aptre S.Jacques, jet
Pierre en prison, et chass de ses Etals les fidles. Ce fut
alors, pendant que la tempte de la perscution exerait ses
ravages, que les fidles, dj disperss, se rendirent dans les
lieux du monde que le Seigneur leur avait assigns chacun, afin de prcher avec intrpidit la parole du salut aux
Gentils, qui ignoraient Jsus-Christ. A leur dpart, les
femmes el les veuves illustres, qui les avaient servis Jrusalem et dans l'Orient, voulurent les accompagner. Tel fut
leur attachement pour l'amie spciale du Sauveur et la
24G
247
1
se
terminent la mor Adriatique . Enfin ils abordrent heureusment sur la droite, dans la Viennoise, province des Gau les, auprs de la ville de Marseille, dans l'endroit o le
Rhne se jette dans la mer des Gaules.
L, aprs avoir invoqu Dieu, le souverain monarque du
monde, ils partagrent entre eux, par l'inspiration du SaintEsprit, les provinces du pays o ce mme Esprit les avait
pousss ; puis ils s'avancrent cl prchrent parlent avec
l'aide du Seigneur qui confirmait leur prdication par des
miracles. Car le roi des armes clestes et de son peuple
bien-aim et chri communiqua ses prdicateurs le don
d'annoncer sa parole avec une grande force, et d'orner la
maison de Dieu des dpouilles du Fort arm.
Le saint voque MAXIMIN eut pour son partage la ville
d'Aix, mtropole de la seconde province Narbonnaise, dans
laquelle sainte Marie-Madeleine finit sa vie mortelle.
Placide Rayua, auteur italien, dans sa notice historique sur Messine, dcrit de celle manire l'itinraire de ces saints personnages.
248
EUTROPE, la ville de Saintes, dans la seconde Aqui laine, dont Bordeaux est maintenant la mtropole ;
SOST1IKNE;
249
SECUNDUS;
INDALECIUS ;
CCILIUS ;
ESYGHIUS;
EUPHltASIUS ;
ces sept prdicateurs runirent la foi chrtienne, les sept
provinces des Espagnes.
\ A petit Martyrologe Romain, l'un des plus anciens, le pape
S. Grgoire VII, dans une pitre au roi Alphonse (an. 1074),
le cardinal Baronius, dans ses annotations au Martyrologe
romain (ad 45 maii), et divers auteurs, que nous produirons
ultrieurement, font mention de ces sept prdicateurs de l'Es
pagne. Nous exposerons sommairement, on leur lieu, ce qui
regarde chacun des premiers prdicateurs des Gaules.
S. JUE-BRSAB,
Docteur et Prophte de Jrusalem;
L'un des Tmoins immdiats du Christ ;
L'un de ses72 Disciples;
Thaumaturge, prdicateur de la foi ;
Martyr Arara, en Armnie.
Alors il fut rsolu par les Aptres et les Prtres, avec toute
l'Eglise, de choisir quelques-uns d'entr'eux pour les envoyer
Antioche avec Vaut et Barnabe.
Ils choisirent donc Judc, surnomm Barsabas, el Silos,
qui taient les principaux d'entre les frres, vmos P I U M O S m
PRATMttUS,
1
S. MAXIMIN,
Tmoin des Miracles de Jsus ;
L'un de ses 72 Disciples;
Aptre de la Gaule mridionale;
Evque d'Aix, en Provence.
lc
Le Martyrologe Romain dit : Le 8 juin, . Aix en France, S. Maxi min, premier voque do cette ville, qu'on dit avoir t disciple du
Seigneur. Voyez Raronius, in Marlyrof. ; les Actes de S Marthe,
Raban. Maur., S. Odon, les anciens actes de S Marie-Madeleine, Pierre
dos Nocls, in catal., t. 5, c. 101 ; les anciens catatogues de l'glise d'Aix
dresss par Dniochars, etc. ; tous ces monuments marquent que
S. Maximin tait du nombre des 72 Disciples de Jsus-Christ. Le
Brviaire Romain, au 29 juillet, aflirme le mme fait lorsqu'il dit :
Martha... cum fralre et Maximino, uno ex Septuaginla duobus Dis" cipulis Uliristi, qui lolam illam domum baptizaverai...
,e
le
253
quo de la mme ville. Aprs lui S. Pierre lui avail spcialement recommand sainte Madeleine. S. Lazare visita ce pays et
cette ville et il gouverna ainsi l'Eglise qu'il y tablit conjointement avec son ami et compagnon.
Les reliques de S. Maximin, de S. Ckelidoine ou Sidoine,
son successeur, el celles de plusieurs autres, se montrent
Saint-Maximin, petite ville situe six lieues d'Aix. Lo monastre qui portail le nom de ce Sainl, el qui a donn sou
nom la ville, suivait anciennement la rgle de S, Benot, et
tait dpendant de celui de S. Victor de Marseille. Charles II,
roi de Sicile et comte de Provence, le donna en 4295 aux
Frres-Prcheurs. Ce prince lit rcblir l'glise, qu'on peut
regarder comme un des plus heaux monuments du xin sicle. L'ordre d'architecture est le mme que celui des glises
d'Italie, bties dans ce temps-l. Le trsor, qui tait prcieux
et digne de la vnration des fidles, offrait d'autres preuves
de la pieuse libralit do Charles II et de ses successeurs. Il n'y
avait qu'une paroisse dans la ville, et un religieux du couvent en tait cure. Il recevait les pouvoirs de l'Archevque
d'Aix, et exerait les fonctions sacres dans l'Eglise de son
ordre.
1
ANCIEN O F F I C E
Dfi S .
MAXIMIN
IN
t VESPERIS.
IN I NOCTURHO.
Lecl. /- Posl Dominiez Re-
Col oflico est extrait du Brviaire l'usage de l'glise du SaintSauveur, conserv aujourd'hui aux archives du dpartement des Bouches-du-Rhne ; Saint-Sauveur d'Aix, n 113, fol. 244. Voyez aussi
M. de IlaiUe, Mss. t. vu. llibtiolhque de Marseille* F. G. Brviaire
de Marseille, imprim en 1526. Brviaire mss. d'Aix, u la Bibliothque du Itoi, a Paris. - Voyez M. Faillou, / H , col. 587.
9
255
Obsequiis et votis sodulis.
Mentem pascens divinis ferculis
Quac sitiens erat justitiam.
Psalmus CoNi'rrEiUMUR.
An.
Lustrantes itaquo regnorum
IN SICUNDO NOCTURNO.
[meonia
In Hnguis variis loquunlur varia,
Lectio IV. Crescobal itaque
Et quod in srie verborum praenumeruscrcdenliumquotidio,adoo
[dicant,
ut multa millia per prdicationom
Kirmant miraculis et siguis indiApostolorum Verbo Dei obodirent
[cant.
suarum couleinplores rerum olPsal. DOMINUS REGNAVIT.
l'octi.
An. Bis quina septies virorum
tf. Coegit itaque facta dispersio
[concio
Secum cum Magdala se mari credere;
Sermonis mittitur in minsterio,
Ergo se prolinus tradunt navigio,
Ventis et fluctibus ulentes prospre. Ut quod non poterat patrum fra[gilitas,
NamChrislum rogitantqui pestis ponPulsis Discipulis fuit prsesidio. [dere Ilorum perficcret pia sedulitas.
ussu Verbi Salularis
Ev. Secundum Lucam.
Tranquillatur motus maris. Nam.
In iilo iempore designavit Dominus Jsus et alios septaagi?ita
Lectio V. Nullus enim inter
duos et misit itos binos ante faeos aliquid proprium habebat, sed
ciem suam in omnem civitatem et
erant illis omnia communia, halocum quo erat ipse venturus. Et
bentes cor unum et animamunam.
reliqua.
n>. Applicantes Sancti Massiliam
Inlrant urbem navemque deserunt,
Ubi stultso gentis perfidiam
ffom. B. Gregorii Papw.
Santitatis exemplo contenant
Dominus et Salvator noster,
Et dum verbum salutis proferunt,
fratres carissimi,...
Multi currunt ad Christi gratiam ;
u\ Incessanter divina prdicans
$.Nam quospascitinternusarbiter, Rexit Aquensium diu dyocesim
Deo plbes et loca dedieans
Amat, rgit et salvat pariter (per
Et
subortam suggillans haresim,
[iter). Et.
In Christo facions illam parentesim,
Dcum et hominem inesse indicans.
Lectio VI. Invidi;e ergo facibus accensi Sacerdolcs Judaoox. Nam quod Deus et homo dirum cum Pharisacis et Scribis
[cilur,
concitaverunt persecutionem in
Unus esse Christus asseritur.
Ecclesiam interliciendo protomartyrem Stephanum.
Lectio VII. Ipsa etenim facta.
H. In Aquensi comitatu
H'. Imminente Dilectao transitu
Sato salutis semine,
AdestChristivocantisvisio(jussio),
Multos solvunt a reatu
Ut cui toto servivit Spiritu,
Baplismi lotos flumine,
Foveatur ejus solatio,
In fideli stantes statu
Et qure proprio sumpsit hospitio.
Sancto juvante Flamine.
In immenso sumatur ambitu.
\ . O Flix commercium, mi[randa praomia 1
IN I I I NOCTORNO.
Cum temporalibus redduntur c [lestia.
An. Ergopulside Judte terminis
t
ad BENEDICTUS.
M X JDIX.
S. MARTIAL,
72
S. Martial fonda les siges piscopaux de Mende (Lozre), de Rodez [capitale du Rouergue] (Aveyron), de Clermont (Puy-de-Dme), Du
Puy (Haute-Loire). C'est ce qu'attestent les catalogues des prlats de
ces glises, qui ont t dresss par Dmochars, et que cite le card. Ba-
17
pli les plus glorieux travaux, quitta cette vie temporelle, selon
que le tmoignent ses Actes.
Or, pour rappeler ici quelques traits du commencement de
sa vie, on rapporte qu'il tait ce jeune homme, dont l'aptre
S. Andr avait pari Notro-Scigncur avant le miracle del
multiplication des pains: Il y a ici, disait-il Jsus, wi jeune
homme qui a cinq pains et deux poissons. On assure qu'il
tait du nombre des soixante-douze Disciples de INolre-Scigneur Jsus-Christ. L'histoire de sa vie a t crite par
Aurlicn, son successeur. Outre ces Actes, on a deux lettres
qu'on croit crites par lui, dont Tune a t adresse aux habitants de Bordeaux, et l'autre aux habitants de Limoges et de
Toulouse''. Dans sa leLlre ceux de Bordeaux, il dit entre
autres choses qu'il a consacr une glise et un autel au nom
du Dieu d'Isral el sous le vocable de S. Etienne son tmoin,
1
11
Ses Actes portent qu' la dernire Cne, ce fut lui qui prpara l'eau
et le linge pour le lavement des pieds.
Voir ce qu'on dit de ces doux lettres dans Y Introduction
christologique {clwp. v, art. iv. 3). Un manuscrit de l'glise de S. Martial ap.
Boll. 30 Junii, porte que durant la perscution de Domitien, ces deux
lettres ont t caches dans un tombeau, et qu'elles ont t dcou4
que les Juifs ont mis mort cause du Christ. II ajoute que
dans cette glise, ce n'est pas un homme que l'on adore, mais
Dieu seul. Car Etienne, dit-il, n'est pas un Dieu, mais l'ami
de Dieu, qui a sacrifie sa vie pour lui rendre tmoignage.
C'est son sang qui dcore cet autel ; cujus sanguine ipsa
mensa decorata est.
Ou cite dans la vie de S. Martial un fait mmorable. 11 ressuscita un mort, en posant sur lui le bton de S. Pierre, que
cet Aptre lui avait donn Rome. Le pape Innocent III fait
mention de ce fait et de l'histoire de l'aptre de Limoges.
Les travaux. Apostoliques de ce S. Disciple de Jsus oprrent la conversion d'un trs-grand nombre d'idoltres.
Son tombeau a cl illustre par plusieurs miracles ; il s'en
opra aussi par la vertu de ses reliques.
1
ZQjunii.
Dieu oprait, de loul.es paris cause de ses mrites. La tradition marque qu'il rendit la vie six hommes morts, la vue
beaucoup d'aveugles, l'usage de la parole un grand nombre
de muets ; et qu'il dlivra bon nombre de personnes possdes
du dmon. Les miracles qu'il opra furent si nombreux et si
clatants, que le bruit s'en rpandit dans toutes les Gaules,
depuis le Hhno jusqu' l'Ocan. Gomme il porta le (lambeau
fie l'I'Aangile dans l'Aquitaine, chez, les habitants de ISordcuux,
de Toulouse, d e Nmes, de l'Auvergne, etc., il mrita le surnom d'Aptre des Gaules, que lui a donn la postrit.
Un jour qu'il venait de dtruire les idoles d'un temple (ad
Ergediumvicum), les prtres idoltres, irrits, se prcipitrent
sur lui et le frapprent rudement. Mais Dieu, prenant alors en
main la dfense de son serviteur, le vengea aussitt, en frappant de ccit ses ennemis, et en ne leur rendant l'usage de la
vue qu'au moment o ils se prosternrent en suppliants aux
pieds de S. Martial, et aprs que les dmons' eurent confess
la divinit du Christ, el que leurs simulacres eurent l briss.
Un autre jour, tant entr Limoges, et ayant reu l'hospitalit d'une grande dame, nomme Suzanne, il la convertit
Jsus-Christ, gurit sa fille, qui tait frntique, et qui se nommait Valrie, et baptisa, en mme temps que ces deux personnes, 6,000 idoltres.
Ces succs excitrent contre lui l'envie des prtres idoltres
de celle ville; ils se saisirent de sa personne, le battirent et le
jetrent en prison, pour le livrer ensuite de cruels tourments. Mais Dieu prit de nouveau son serviteur sous sa protection : il fit clater la foudre, branla le ciel et la terre,
frappa les pontifes perscuteurs du juste; la vue de ces
prodiges le peuple court la prison, voit la porte ouverte, et
l'intrieur le Saint, qui est environn d'une lumire cleste
S. Martial sort de la prison, et, la prire du peuple, qui le
flicite de son triomphe et qui lui demande la rsurrection de
ceux qui ont pri, il rend la vie du corps et la vie de l'me
11
Autres faits, et autres prodiges de l'apostolat de S. Martial. Sa mort.
203
Hildcbcrl, fils d'Arcadius, gouverneur dans celle province,
fut prcipite dans les eaux du fleuve par un dmon, et s'y
noya. S. Martial commanda aux esprits malins; le cadavre fut
apport sur la rive de l'eau, cl, la prire du Saint, llildcbert
revint la vie, raconta ce qu'il avait vu dans les enfers, et,
depuis ce temps, mena une vie austre cl pnitente. Son pre,
Arcadius, en reconnaissance d'un tel bienfait, fit de grands
dons r Eglise. Ce fut avec le bton de S. Pierre que S. Martial fit cette rsurrection, el. qu'il teignit Bordeaux un incendie qui menaait toute la ville.
Le proconsul Etienne envoya dans tous les pays de sa juridiction des lettres, o il exhortait ces peuples dtruire leurs
idoles et rendre un culte Jsus-Christ. Tendant tout le
reste de sa vie, il vcut dans la pratique du christianisme et
dans des uvres de pit; quatre fois, chaque anne, vers
l'poque des quatre temps, il allait avec quelques-uns de ses
amis ou de ses sujets, visiter S. Martial; il pria trois jours
dans l'glise de S. Etienne, en observant le jeune et en se
couvrant du cilice et de la cendre.
Sigchcrt, gouverneur de lordcaux, ayant t attaqu de paralysie, eut recours au bienheureux Disciple du Christ, dont
la renomme avait publi au loin les uvres miraculeuses; et
' il fut dlivr de son infirmit. Ds lors, les idoles de celle ville
furent renverses, les grands de la cit convertis, el les temples consacrs au vrai Dieu et richement dcors par la libralit des nouveaux chrtiens. L'Aplro tablit quarante ecclsiastiques pour gouverner cette chrtient, fonda une maison
hospitalire pour y nourrir cinq cents pauvres cl consacra Aurclianus pour tre son futur successeur.
Enfin, aprs avoir parcouru une grande partie de la Gaule,
en prchant la parole de Dieu, surtout dans l'Aquitaine, au
moment o il se sentait accabl de fatigues, par suite de ses
travaux el de ses austrits, quinze jours avant sa mort, il fut
visit par Noire-Seigneur Jsus-Christ, qui lui apparut, et qui
m
l'invita venir prendre part au repos et la joie ternelle de
ses frres. Lo jour mme de sa mort, il clbra donc les Saints
Mystres, el, voyant tout le peuple qui s'tait runi son
appel, il l'exhorta persvrer dans lu foi qu'il leur avait
annonce, il lit une prire en prsence des frres, bnit une
dernire fois l'assemble dos fidles, el rendit son me Dieu
le 30 juin, Fan 74 aprs la Passion de Noire-Seigneur, la
3 anne de l'empire le Vespasicn cl la 28 de son piscopai.
P
MIRACLES DE S. MARTIAL.
J
Prodiges oprs au tombeau de S. Martial, dans les premiers temps.
Aussitt aprs sa mort, S. Martial a fait connatre par d'insignes miracles do quel crdit il jouissait dans lo Ciel, auprs
de la Souveraine Majest. II a signal son tombeau, son pou1
__ 2(ifl
iulultores qui avaient os venir mditer leur crime dans l e lieu
qui lui tait consacr.
t>. Un nomm Marculfe, assistant l'office du Saint, fut
tent par le dmon de s'emparer d'une croix du spulcre, afin
de se faire de l'arpent en la vendant. Mais, en vain essaya-t-il
de la vendre; on v a i n parcourut-il les marchs, les foires des
diverses provinces, il ne I m u v a personne q u i ost l'acheter.
Aprs a v o i r longtemps err on diffrents lioux, il reconnut lo
miracle q u i avait lion son gard, rentra en lui -mme, et, c o u vert de confusion, il reporta cette croix, en confessant publiquement son pch, et en satisfaisant Dieu par son repentir
et sa pnitence.
0. Deux captifs taient enchans dans un cachot. Vendant
que les gardiens taient endormis, l'un d'eux s'chappa de la
prison, avec les chanes q u i le liaient, et gagna en cet lat la
basilique de S. Martial. Aussi tt q u e , arriv aux portes de l'glise,
il cul invoqu le Saint, ses liens se rompirent et le laissrent
en libert. Ces chanes, tontes brises, se voient encore suspendues dans le temple. L'autre captif, qui avait le cou pris
dans de grosses pices de bois et les mains garollcs avec du
fer, les vit se rompre, tomber cl le laisser entirement libre,
ds qu'il eut invoqu S. Martial. Sans ce bienfait miraculeux,
il et subi p o u aprs le supplice de la mort.
7. Deux paralytiques (du pays et) de la ville do Tours, taient
entirement perclus des membres, ne pouvaient marcher qu'
l'aide de leurs mains ou des bras d'autrui. Ils rsolurent d e v e nir assidment au spulcre du Saint, et leurs prires obtinrent,
en ciet, leur parfaite gurison.
8. Un aveugle de la ville de Bourges, se mit en route,
conduit la main par un guide, pour se rendre au lieu que les
miracles de S. Martial avaient rendu si clbre. Quand il fut
arriv au spulcro, il se prosterna sur le pav, demandant
avec des larmes et des sanglots le recouvrement de la vue.
Aprs qu'il eut longtemps pri de la sorte, ses yeux furent d-
2f>8
lors que lo sige piseopal lo Limoges se trouvait vacant par
la mort do rvoque do cello ville, les fidles allrent, selon la
coutume, prier au tombeau de S. Martial, afin de connatre
celui qu'ils devaient avoir pour nouvel vque. Cet acte religieux accompli, ils rsolurent d'envoyer au roi lo prclre-gardien du spulcre avec le nom de deux autres prtres, afin que
le prince dsignai pour leur sige celui qu'il aurait agre,
ainsi que les grands de su c o u r . Mais ils eurent peine h dterminer le prtre-gardien, nomm Loup, aller trouver lo
roi. Dans la route, il pria plusieurs personnages de vouloir
bien se charger de porter la connaissance du prince l'objet
de sa demande : mais nul ne se rendit ses dsirs. Comme
jour et nuit il implorait avec larmes la misricorde de Dieu el
l'interccsssion de S. Martial, afin de trouver le moyen de faire
savoir au roi l'objet de sa demande, il arriva que le fils de CIotairc fut saisi et violemment tourment par une fivre qui le
rduisit en peu de temps la dernire extrmit. celte vue,
la reine alllige, poussait des gmissements et des cris, pratiquait des jeunes et priait instamment.
42. Or, le malin, l'heure oh l'aurore apparaissait l'orient, il lui sembla, dans une vision, qu'un prtre du monastre
de S. Martial lail arriv au palais, qu'il y avait clbr la
Messe, qu'il avait donn la communion son fils, el qu'ensuite
celui-ci, sorti d'une profonde lthargie, avait lui-mme pris el
bu le calice en entier, et avait l aiusi rendu une sant parfaite. A son rveil, la reine se mit s'informer s'il n'y avait
point dans le palais un prtre de Limoges. On lui rpondit
d'abord qu'il n'y en avait aucun dans les demeures royales;
les oJlicicrs de la.maison parcoururent aussitt toutes les dpendances du chteau, afin d'introduire aussitt dans la chambre de l'enfant royal le prtre de Limoges qu'on aurait
trouve.
43. Lorsque les serviteurs du roi eurent tenu peu prs
tous les lieux des environs du palais, sans trouver celui qu'on
209
XV JCILLKT
S. AMMAO
ET IV JANV.
nirent, le rompirent,
que, s'il disparut
et le prsentrent
leurs yeux,
ces deux
disciples.;
mais de sa
volont
puissance.
DicL univ.
Disc.
1 8
S. NARCISSE, PRTRE,
L'un des Tmoins immdiats des faits de JsusChrist;
L'un de ses 72 Disciples ;
Prdicateur et confesseur de la Foi ;
Evque d'Athnes, puis de Patras, ou rciproquement;
Martyr de Jsus-Christ, aprs avoir t Pasteur
d'une partie des fidles de Rome.
Le 31 d'octobre, dit le Martyrologe romain, S. Am plias, S. Urbain et S. NARCISSE, dont parle S. Paul, dans
son ptre aux Romains, qui furent tus par les Juifs et par
les Gentils, pour l'Evangile de Jsus-Christ.
1
Les Eglises d'Orient honorent S. Narcisse du litre d'Aptre, le rangent au nombre des Septante Disciples, affirment
qu'elles sont en possession de ses reliques, ainsi que de celles
{Ibid. Hom. U\).
La demeure de ces curs ou chargs du soin des mes, Hait ordinairement la maison d'assemble des fidles, ou tait conligui cette maison consacre la runion des chrtiens, ce qui la faisait appeler la
maison de tel prtre. L'Ambrosiastor le dit positivement : il marque
qu'Arislobule, l'un des 11 Disciples, celui dont parle S. Paul, rassemblait chez lui un grand nombre de chrtiens, et il appelle sa maison ta
congrgation d'Arislobule., ou son glise, son assemble de lidles...
Mentea, 31 oct. S. Ooroth. ; S. liippolyt., de 72 Discipulis.
2
270
de S. Urbain et de S. Amplias, ses co-aplres, et qu'elles ont
t conserves Constantinople. Elles marquent dans leurs
synaxaires, qu'il fut vque d'Athnes, aprs S. Denys, pendant quelque temps ; qu'ensuite il gouverna comme vque
l'Eglise de Patras, en Achaie .
Les Grecs et les Latins assurent galement, que S. Narcisse
a souffert le martyre pour l'Evangile, de la part des Juifs et
des Paens. Le Martyrologe Humain dit bien, que le S. Narcisse q u e l'Eglise h o n o r e le 'M o c t o b r e , c o m m e m a r t y r , e s t celui dont S. Paul parle aux Romains , en les priant de saluer
de sa part, les fidles de la maison de Narcisse. Cela montre
l'erreur de ces critiques, qui voudraient faire un paen de ce
saint martyr et disciple du Christ .
1
S. JOSEP-BARSABE,
SUBHOHM
LE JUSTE
Le 20 juillet, dit le Martyrologe Romain, Tcle do S. Josep h, qui fut surnomm le Juste, et que les Aplres proposrent, avec S. Malhias, pour remplir la place de l'Apostolat
du tratre Judas. Mais le sort tant tomb sur Malhins, il ne
se livra pas avec moins d'ardeur au ministre de la prdication et aux exercices de saintel ; et aprs avoir support
une longue perscution de la part des Juifs, pour la foi de
Jsus-Christ, il mourut triomphant dans la Jude. On rapporte aussi de ce Saint, que, ayant bu du poison, il n'en
prouva aucun mal, cause de sa foi en Ntre-Seigneur.'
a
se
re
Ce dernier trait est rapport par S. Papias, cit dans Eusbe : Allerum quoque ingens miraculum refert (Papias) de
Justo, qui Barsabas cognominatus est, qui cum lethalepoculum cbibisset, tamen Dei adjutus gratia, nullum indeaccepit
incommodum.
2
Joseph-Barsabas tait du nombre des Soixante-Dix Disciples, selon les Mnologes des Grecs, les Synaxaires et les Menes des Orientaux, les Calendriers des Syriens, des Cophtes
et des Ethiopiens. Clment d'Alexandrie, Euscbe*, S. Epiphane, le vnrable Bcde, et la plupart des Marlyrologisles
Occidentaux, lui donnent rang dans celle sainte compagnie .
C'est, du reste, ce qui doit se conclure de la teneur du texte
3
27i)
se
XXIV FVRIER
S. MATTHIAS,
Isralite distingu;
Rang d'abord au nombre des Septante Disciples;
Elev ensuite la dignit piscopale des aptres, en
place du tratre Judas.
Les diffrents auteurs Ecclsiastiques de l'antiquit tmoignent que S. Matthias faisait d'abord partie du nombre sacr
des Septante Disciples de Notre-Seigneur; qu'il prcha avec
eux pendant les trois annes du ministre public de Jsus ; el
qu'il occupa le mme rang jusqu' l'Ascension du Sauveur;
que ce fut alors, comme il est crit au livre des Actes, qu'il
passa du rang des 72 Disciples celui des 12 Aptres.
C'est pourquoi l'Histoire de ses travaux apostoliques et de
toute sa vie figure parmi celles des Douze.
* S. Dorothe, in Synapsi ; La Chronique d'Alexandrie, in
PP. t. 15, p. 60.
Bibliolh.
S. LUC, VANGLISTE,
xviii
Mdecin d'Antioche;
L'un des Tmoins oculaires des faits de JsusChrist et des Aptres ;
L'un des 72 Disciples de Notrc-Seigncur ;
Compagnon des Aptres et notamment de S. Paul ;
Prdicateur et Confesseur illustre de la foi, dans
l'Italie, la Gaule, la Dalmatie, la Grce.
[lie Pater ndncas, et magno nomine Lucas martyr, et illustris sanguine Nazirius. (S. Paulin de Noie, ep. 12 ad Scverum).
Euseh., /lis/., /. m, c. 4 ; S. .Trom., caial. c. 7.
3
OCTOB;
Vide Acla SS. p. ?97. Voir aussi ce qui a l dit au 2* et au 3" livres
de cette Vhrislologie.
Ibid.
* Bosius et Aringhi, Roma subterr., L 3, c. 41. Voyez sur los portraits
de la Bainto Vierge. Jos. Assemani, in Goiej\d. %miv. ad 18 oct., L 5,
p. 306.
1
[s'adjoignit
Christ
plus
avec lui.
tard F aptre
S. Paul
pour
annoncer
le
des hommes
nombre
apostoliques
itEHE, oivriMK T h o p h i l e .
S. Luc dit donc ici, comme l'Evanglisle S. Jean, qu'il annonce et qu'il certifie ce qu'il a vu el suivi exactement, touchant le Verbe de vie. C'est l, du reste, une observation faite
depuis longtemps par Origne, lorsqu'il dit que S. Luc a soin
de faire entendre qu'il n'crit pas sur le tmoignage des autres,
mais comme tmoin assidu et immdiat des uvres du Christ :
incutcat et replicat (inquit Origenes loquens de S. Luca),
quoniam qum scripturus est, non rumore cognaverit, sed ab
inilioipse fuerit consecutus*. Les paroles du saint Evang1
S . ' L u c i , 1-2-3.
E3O;E
y.ajjLOt,7rapYixoXou07ixoTc
avtoOev itaatv.
Marcum
m
liste marquent donc, qu'il a t le compagnon du Christ el de
ses Aptres dans tous les faits vangliques qui ont t accomplis en Jude.
L'opinion des modernes n'est fonde que sur un sens diffrent, donn aux paroles prcites de S. Luc ; selon ce sens, ce
serait le saint Evangliste qui crirait l'histoire du Christ, suivant le rapport des premiers tmoins et des premiers ministres de Jsus; tandis que cet auteur sacr marque que, outre
le tmoignage de ces premiers spectateurs des uvres de Jsus-Christ, il a un moyen de plus d'informer exactement Thophile, c'est qu'il a t lui-mme le disciple, le sectateur, mot
mot, Yacolyte du Christ, pendant qu'il oprait toutes ses
uvres. Lorsque S. Luc ajoute ces paroles, accomplies parmi
nous, ou au milieu de nous*, il indique clairement, qu'il
tait en Jude dans ce lemps-l ; qu'il tait, ou proslyte juif,
ou disciple de Jsus-Christ, lorsque le Sauveur oprait ses prodiges. Le sens donn par les Modernes ne parat donc poinl
fond; lors mme qu'il le serait, on ne pourrait pas en conclure, que S. Luc n'a pas t l'un des Soixante-Douze Disciples de Jsus-Christ ; car voici comment alors le texte de notre sainl Evangliste s'expliquerait : 4 suivant que nous ont
rapport ces choses, ceux qui les ont vues ds le commencement : c'est--dire la Sainle Vierge, les parents et les frres de
Jsus-Christ selon la chair-; eux seuls, en effet, ont pu raconter plusieurs merveilles relatives aux circonstances de l
Nativit, de l'enfance de Notre-Seigneur Jsus-Christ ; S. Luc
n'ayant pu tre tmoin oculaire de ces faits, a d en tre in-
Luc 1, i.
Du reslo, beaucoup de modernes, parmi lesquels Tillemont, Mm.
eccK, t. 1, et Calmet, Dicl. de la Hible, art. Disciple, suivent sur ce poinl
le sentiment dos anciens. Voyez aussi RiccioM,Chronotf.
C'est l lo sentiment trs-prononc de l'ancien auteur de la clbre
Chronique d*Alexandrie* p. 57, qui s'exprime ainsi sur ce point :
HSBC tradla accopimus ab iis, qui ab initio prsentes et oculalt lestes et aUmiistri verbi interfucrunt. AdfuitetS. Lucas, qui luec ab Mis
9
s.
cl Fils (le Dieu par la voix du Pre Cleste, sur les rives du
Jourdain, il conversait avec les hommes et les instruisait des
choses du salut. Sa renomme s'tendait dans la Jude, dans
la Galile et dans tous les pays limitrophes de la Palestine.
Pendant que plusieurs fermaient les oreilles la voix qui leur
annonait la vrit, d'autres taient attentifs ses prdications
et ne perdaient aucune parole, sortie de la bouche du Sauveur
des hommes. Du nombre de ces derniers se trouva noire saint
Evanglislc. II vint souvent l'couler, et il le vil souvent oprer des uvres surnaturelles. Eclair ds lors par une lumire
cleste, il ne considra plus les liens de la parent, ni les attachements naturels; il foula aux pieds l'argent, les richesses.
Sans se donner le temps d'aller vendre et de distribuer aux
pauvres les biens qu'il possdait, il embrassa la voie cleste,
qui se prsentait devant lui, et, aprs avoir convers avec
celui qu'il aimait ardemment, il s'attacha lui, comme son
disciple sincre et vritable.
Comme il avait l frquemment tmoin des miracles et des
prodiges clatants de son matre, il le reconnaissait pour le
Messie, envoy de Dieu, et celte foi tait solidement enracine dans son cur. Aussi l'accompagna-l-il constamment el
fidlement, partout et mme dans les afllictions et les perscutions que le Christ endura pour notre salut. 11 fut tmoin de
sa passion, ainsi que de sa rsurrection. Aprs avoir assist sur
le mont des Oliviers au spectacle merveilleux de l'Ascension
de Jsus-Christ, il reut, le jour de la Pentecte, avec les autres Disciples, les dons du Saint-Esprit, et devint avec les secours d'en haut, capable d'vangliser les peuples avec d'heureux succs. Ce nouveau pcheur d'hommes jeta alors son filet, et amena la connaissance de la vrit beaucoup de Grecs
et d'hommes civiliss, qu'il avait tirs des tnbres de l'ignorance eL de ridoltrie .
1
28!)
Lorsque S. Paul se fut converti au Christianisme, S. Luc se
joignit lui pour l'accompagner dans ses courses apostoliques,
partager ses travaux et ses prils. On ignore le lieu elle temps
o il se fit son cooprateur. Il commence parler de luimme, en premire personne, dans les Actes , au temps o
l'Aptre s'embarqua pour passer de Troade en Macdoine, l'an
51 de Jsus-Christ, peu do lemps aprs lo dpart de S. Barnabe. Ces deux grands Saints no se sparrent pins que par
intervalles, et lorsque lo besoin des glises le demandait.
Depuis que le perscuteur de l'Eglise s'tait converti cl avait
t miraculeusement destin convertir les nations, S. Luc
tait plein d'affection pour lui, s'attachait lui, aimait prendre
part ses peines et ses souffrances. Jl Ht avec lui quelque
sjour Philippes, en Macdoine. Ils parcoururent ensemble
les villes de la Grce, o la moisson devenait chaque jour
plus abondante. Les efforts de S. Luc et son courage agrandirent les conqutes du royaume de Jsus-Christ. S. Paul,
crivant Philmon , en rendit tmoignage, et dit qu'il vanglisait avec force, et qu'il tait son auxiliaire dans lo ministre de la parole.
1
l'J
290
entrepris (l'crire l'histoire de Jsus-Christ ; mais ces histoires taient incompltes et inexactes en certains points. Ce fut
pour S. Luc une occasion d'crire son vangile. On a pens
qu'il s'tait aussi propos de suppler aux omissions des vangiles de S. Mathieu et de S. Marc, qui avaient dj paru; mais
nous n'avons point de preuves certaines qu'il.ait eu ce dessein ;
il ne parat pas mme qu'il et lu les deux vanglisles qui l'avaient peut-tre prcd, comme l'ont observ do savants critiques. Ou dit que S. Paul contribua la rdaction de ce. troisime Evangile. Mais S. Luc dit que, outre qu'il avait entendu les premiers tmoins des merveilles de l'incarnation de Jus-Christ, et ceux qui avaient eu part aux premiers commencements de son ministre public, il avait lui-mme suivi toutes ces choses, ds le principe, et les avait rdiges en crit d'aprs cette connaissance parfaite. Il fut encore dirig par le
Saint-Esprit, qui lui rvla tout ce qu'il a rapport concernant
nos mystres, et qui l'assista d'une inspiration spciale, jusque
dans la relation des plus petits vnements historiques. Les
Anciens, en prtendant que S. Paul avait concouru l'Evangile
de S. Luc, semblent s'tre fonds sur la conformit des expressions dont ils se sont servis l'un et l'autre, en rapportant
l'institution do l'Eucharistie, el l'apparition de Jsus-Christ
S. Pierre.
1
Selon S. Jrme et S, Grgoire de Nazianze , S. Luc crivit son vangile dans le temps que S. Paul prchait en Achae,
l'an 5 i . Ce doit tre en clfet, en 53, que ce troisime vangile a t crit, s'il est vrai que S. Paul en parle dans son ptre aux Romains, comme l'assurent les Anciens.
S. Luc, dans tout le cours de son livre, justifie l'annonce,
que, ds lo premier chapitre, il fait de l'exposition mthodique avec laquelle il classera son rcit. Prenant d'abord son
principe l'histoire du Fils de l'homme, il nous montre comment
1
S. Luc a continu, plus tard, dans un autre livre, le rcit del prdication el de rtablissement de la bonne nouvelle. Cel
ouvrage, appel par les Grecs les Actes ou les Actions des
Aptres, contient le rcit des faits apostoliques pendant environ 30 ans, partir de la mort de Noire-Seigneur Jsus-Christ.
Il a l crit dans la mme langue que son Evangile, la
'deuxime anne de la captivit de S. Paul Rome. Il a t
ddi ce mme Thophile, auquel- S. Luc avait dj adressson Evangile.
2
Ce livre, dit S. Chrysostme , nous est aussi utile que l'Evangile mme, tant pour rtablissement des dogmes chrtiens, que
pour le rglement de nos murs. Nous y voyons l'accomplissement de diffrentes choses que Noire-Seigneur avait prdites,
la descente du Saint-Esprit, et le changement .prodigieux
opr par lui dans l'esprit el dans le cur des ApLres. Nous
y voyons le modle de la perfection chrtienne, soit pour les.
simples fidles dans' les premiers chrtiens de Jrusalem, soit
pour ceux qui gouvernent l'Eglise dans la vertu imcomparable des Aptres, et surtout dans leur union et dans leur charit parfaite. Nous y admirons aussi une doctrine, que nous>na
1
Niceph. L 2, c. 33.
Metaphr. in vita S. Lucx.
293
Thbadc cl dans la Lybio . Korlunat , parmi les Latins, est
dans le mme sentiment. Les Constitutions* apostoliques le
marquent galement, el disent qu'il ordonna Abilius, troisime
vque d'Alexandrie. Le Pmdestinatus* du P. Sirmond, dit
qu'il condamna h Antioche l'hrsie des Ebionilcs, ne vers le
temps de Domilicn.
S. Gaudence do Bresse (300), qui avait beaucoup voyag
dans I'Oricnl, met S. Luc au nombre do ceux qui, aprs avoir
prch le royaume de Dieu et sa justice, avaient l tus par
les impies. S. Paulin lui donne aussi la qualit de martyr.
L'Ancien Martyrologe Africain le qualifie positivement Evangliste et martyr . Entre les Grecs, S. Grgoire de .Nazianze
reproche Julien l'Apostat, de n'avoir point respect ces victimes immoles pour Jsus-Christ, ces glorieux athltes, Jean,
Pierre, Luc, Thcle, el les aulres qui ont expos leur vie pour
la vrit, qui ont combattu contre le fer elle feu, contrles
btes et les tyrans, comme si leurs corps eussent l insensibles, ou qu'ils n'eussent point eu de corps. Les Grecs disent
expressment que S. Luc a l martyris, et assurent qu'il
mourut attach et ci'ucifi un olivier. Bdc, Adon, Usnard,
Baronius, disent seulement dans leurs Martyrologes, qu'il
souffrit beaucoup pour la foi (tant en Grce que dans d'au1
Paulo qudcm Romro relicto, rursura hic ad Orientera discedit, to tamque Libyam porcurrens, in jKgyplum porvcnl. it cum superio rem Thcbaida intra suam rioclrinam reccpisseL, ac ad ma gi si ru m per
ovangcliiim adduxissel, Inferiorcm Thebaida..., acccdil, iu qua rliam
pouliex et paslor a Spiritu prpomtur. Statuts, impurisquo d:cmo,
num delubris in terrain dejectis, sacra lompla contra soli Oco erigil,
oisquo qui in profuwJis ignorance lenebris t'inubantur, por nvunge lium ad Dci cognitionem regeucratis, mites iilios eflici curt. (Meta phr. in vita S. Lucas, n. 9).
Fortunat. 2. 8, c. I.
Constit. ap. I. 7, c. 40.
Praod. c. 10, p. 14.
* S. Gaud. serrn. 17.
* Paulin, ep. 12.
' Mobill. anal. t. 3, p. 414.
Greg. Naz. oral. 3, p. 76.
1
Euseb. /. 6, c. 14.
Hier. v. Ulusir. c. 5.
Acta SS. 18 oct. p. 313.
VI MAI.
S. LUCIUS,
Evque de Cyrne;
L'un des 72 Disciples;
Tmoin oculaire des faits de Jsus-Christ;
Docteur et Prophte de la primitive Eglise ;
Le Martyrologe Komain, avec la plupart des autres Martyrologes, le distingue de Lucius de Laodice, cl le fait vque de
Cyrne (qui lail peut-tre sa pairie) :
Le G mai, Cyrne, dit-il, S. Lucius vque, dont S. Luc
fait mention dans les Actes des Aptres.
Or, le Livre des Actes le compte parmi les Prophtes et les
Docteurs les plus distingus de la primitive Eglise.
// y avait alors, dit-il, dans l'Eglise d'Antioche, des Prophtes et des Docteurs, entre lesquels taient:
Barnabe, et
Simon qu'on appelait le Noir,
Lucius le Cyrnen,
Manahen, frre de lait d'Hrode le Ttrarque, et
Saul.
Or, pendant qu'ils s'acquittaient des fonctions de leur ministre devant le Seigneur, et qu'ils jenaient, te Saint-Esprit
leur dit : Sparez-moi Saul el Barnabe pour l'uvre laquelle je les ai appels.
. Et aprs qu'ils eurent jefin et pri, ils leur imposrent les
mains et les laissrent aller.
On voit par l que S. Lucius le Cyrnen remplissait
dj les fondions piscopales et 'qu'il confrait dj l'or-
die.
II SEPT.
S. ZNAS ou ZENON,
L'un des Septante-deux Disciples du Christ ;
Tmoin immdiat des faits de Jsus;
Evque de Diospolis;
Confesseur de la foi.
Ces paroles de l'Aptre nous apprennent que Znas s'employait avec zle, comme le savant docteur Apollo, aux travaux
Apostoliques. L'aptre S. Paul voulut que ces deux ministres
de l'Evangile vinssent travailler avec lui Nicopolis, ville maritime de l'Epire, selon S. Jrme , ainsi appele l'occasion
de la victoire remporte en ce lieu par Csar-Auguste sur Antoine et Cloptre.
2
S. Jrme ajoute que l'Ecriture ne fait plus nulle part mention du docteur Znas. Elle nous apprend seulement que c'tait
un homme Apostolique, qui exerait les mmes fonctions ecclsiastiques que le savant et loquent Apollo. Quant au titre de
docteur de la Loi, LEGISPERITUS , vopxo, qu'elle lui donne,
1
300
S. Jean Chrysoslomc
Christum
Znas, Marc
et Aristarque, supportrent beaucoup de peines pour l'dification des Eglises et la destruction des idoles; aprs avoir
opr plusieurs prodiges et un grand nombre de gurisons,
1
301
1
XXVIII
JUIL.
8. HRASTE ou EASTE,
Ancien Trsorier de Corinthe;
L'un des 72 Disciples du Christ, suivant la tradition;
Compagnon de S. Paul et des Aptres;
Prdicateur de l'Evangile ;
Evque de Panade, puis de Philippes, en Macdoine;
Martyr de Jsus-Christ.
303
nanmoins recevoir ce litre dans l'Evangile, S. Paul, en parlant
d'Erasle, le dsignait par son ancienne qualit, pour montrer
que le Christianisme lail aussi embrass par des personnes
considrables selon le monde, et que ni les dignits, ni les
richesses, n'empchent point de se sauver, quand on le veut
sincrement. C'est la remarque de S. Chrysoslme, qui semble
croire qu'Eraslc avait conserv sa charge.
Mais il parat certain qu'il ne l'exerait plus depuis plusieurs
annes. Autrement il et l oblig de rester son poste, et il
lui et l impossible de s'attacher S. Paul et de le suivre
dans ses courses apostoliques, comme l'Ecriture nous l'apprend* . Car Eraste tait avec S. Paul Ephse, en 56. De l
cet Aptre l'envoya avec S. Timothce en Macdoine (peut-tre
pour prparer les aumnes des fidles). Ils taient tous deux
avec lui Corinlhe au commencement de Tanne 58, lorsqu'il
crivait aux Romains, qu'il salue de la part de l'un el de
l'autre. On croit qu'il suivit toujours depuis S. Paul jusqu'au
dernier voyage que cet Aptre fit Corinlhe, en allant souffrir
le martyre Rome, vers Tan G5. Car alors Eraste demeura
Corinlhe, comme S. Paul le marque dans son ptre Timothe , sans en donner la raison ni sans indiquer la dure de
son sjour en celte ville.
2
A c t . x x i , 22.
304
foi dans d'autres contr ces, il fut martyrise dans la ville dj
nomme.
Telle est la tradition commune el ancienne qui concerne
S. Eraste. Le Typique de S. Sabas le mentionne avec d'autres
Disciples de Jsus-Cbrisl, dont les noms suivent :
Les Saints Aptres :
Olympus,
llbodion,
Sosiptre,
c Terlius,
Eraste, el*
Quarlus.
Les Menes tmoignent qu'il a parcouru une grande partie
de la terre pour annoncer la foi de Jsus-Christ.
4
XXIV OCTOB.
306
Tillomont, menu eccl., t. 1, p. 28 ; Riccioli, cfironograph. ; D. Calmet, Dict de la ftibte; le livre des Actes, c. xin, 1-2, nous montre Manahen, prophte et docteur, prtre et conscralcur, avant les hommes
apostoliques los plus considrables, avant mme les premiers de l'ordre dos 72 Disciples, avant S. Barnabe, avant S. Paul. Il tait donc ncessairement l'un des premiers parmi les 72. D Sepp., Vie de JsusChrist, p. 482, /. 1.
r
307
S. Evode, qui en furent les premiers voques. Ce qui ne l'empcha point d'aller en tout lieu avec les autres Disciples, enseigner, prophtiser, offrir le saint Sacrifice, clbrer les louanges
de Dieu, prcher le royaume du Christ. Toutefois, il revint
Antioche, o il mourut en paix, aprs avoir rempli fidlement
les fonctions et la charge de son Apostolat. Les Latins clbrent sa fle le 2 i mai, et marquent que ce fut Antioche qu'il
mourul.
1
Si cet illustre tmoin de Jsus n'a pas vers son sang pour
confirmer son tmoignage en faveur du Christ, son matre,
c'est que l'occasion du martyre lui aura manqu. Le sacrifice
qu'il a fait de sa magnifique fortune ci de sa position considrable dans le sicle, vaut ici le tmoignage du sang .
2
X MAf.
S. ERMS ou H E M A N ,
L'un des 72 Disciples de Jsus;
Tmoin immdiat de ses miracles ;
L'un des hrauts de la parole vanglique;
Evque de l'Eglise de Philippes.
S. Hcrman, ou S. Ilermas, disciple de Jsus et ancien auteur, qu'Orignc, Eusbe, S. Jrme, etc., assurent tre
celui que S. Paul salue la fin de son ptre aux Romains, par
ces paroles :
2
Saluez Azyncrite,
Herms, et
Marlyrol. Rom., cl al ta ; scil. Bedre, Usuardi, Adonis, ac cler. La.uiorum ; Graci in Menologiis.
3
Marty-
300
ouvrage vritablement utile, et plusieurs anciens crivains
en ont invoqu le tmoignage; mais il est presque inconnu
chez les Latins.
Il a t crit sous le Pontificat de S. Clment de Rome,
quelque temps avant la perscution de Domilien, qui commena vers Tan 95. Il a t cit par quelques Anciens comme
un livre canonique; mais plusieurs glises ne l'ont considr
que comme un livre propre l'dification des fidles. Les Anciens en ont fait beaucoup d'estime; les Modernes n'en ont pas
tous jug de mme. Il est intitul le Pasteur, parce que dans
la plus grande partie de cet ouvrage, c'est un Ange qui parle
sous la figure d'un pasteur, qui donne des prceptes Ilermas
et lui explique les similitudes.
Cet ouvrage est divis en trois parties. La premire porte le
litre de vision, parce qu'elle est remplie de plusieurs visions,
qui sont expliques Ilermas par une femme qui reprsente
l'Eglise; elles regardent toutes l'tal de l'Eglise et les murs
des Chrtiens. La seconde est intitule les Ordonnances, et
comprend plusieurs prceptes de morale et plusieurs instructions de pit, que le Pasteur, ou l'Ange revtu de la forme
d'un Pasteur, prescrit Ilermas. La troisime partie a pour
litre les Similitudes, parce qu'elle commence par plusieurs
similitudes, ou comparaisons, et finit par des visions, qui regardent la pratique des vertus chrliennes.
On a perdu l'original grec de ces trois livres; cl il n'en
reste qu'une version, qui a l imprime dans la Bibliothque
des Pres et donne au public par Cotelier, avec les fragments
des anciens auteurs grecs. On ignore fauteur de celle version,
de mme que l'poque o elle a t faite; mais on voit qu'elle
est fidle, parce qu'elle se rapporte exactement aux passages
grecs cits par S. Clment, par Antiochus et par d'autres Anciens.
Quant l'autorit de ce livre, il est constant qu'il a t reu
autrefois dans plusieurs Eglises comme un livre canonique, et
310
Quae scriptura valde xnihi utilis videlur, et, ut puto, divinitus inspirt a. (Orig., i n c. 16 Paitli ad Rom.)
Et S. Alhanasius, episc. Alex., Theodoretus, etc.
' Boll. 9 mai ; le D Sepp., Vie de Jsus-Christ, p. 482.
s
S. EPAPHRAS.
t. 15).
312
1
Comme vous en avez t instruits par notre trs-cher Epaphras, qui est notre compagnon dans le service de Dieu, et
un fidle ministre de Jsus-Christ pour le bien de vos mes,
et de qui nous avons appris aussi votre charit toute spirituelle. SlCUT DID1CISTIS AB E P A M I i l A , CIIAKISSIMO CONSERVO
NOSTHO,
JfiSU,
Salulal te Epaphras,
Coloss. J, 1-7.
concaplivus
in Chrislo Jesu.
et que vous accomplissiez pleinement tout ce que Dieu demande de vous. Car je puis bien lui rendre ce tmoignage,
qu'il a un grand zle pour vous, et pour ceux de Laodicce et
d'IIirapolis.
S. Paul dit de ce Saint, qu'il tait d'entre les Colossiens,
qui ex vobis est, soit q u ' i l a i l l compte a u nombre dos citoyens de. Colosses |>cml;tnl. la dure.de son piscopal, soit (pie
selon la conjecture de S. Jrnio, il ait t transport de Jude
dans cette ville, comme S. Paul l'avait t de Jude Tharse,
en Cilicie.
Quelques auteurs nous apprennent que S. Epaphras souffrit le martyre pour son troupeau, aprs avoir t illustre dans
l'Eglise par ses vertus.
On rapporte que, durant la perscution de Lon l'Isaurien,
iconoclaste, des moines Grecs transportrent Rome les reliques de ce saint Disciple de Jsus-Christ, et qu'elles ont t
dposes, partie dans la basilique de Sainlo-Maric-Majeurc,
partie dans celle de Saint-Paul extra muros. Parmi les objets
prcieux conservs Sainle-Marie-Majeure, on compte un os
principal de S. Epaphras, martyr, l!un des 72 Disciples : Os
tibim Sancti Epaphras martyris, qui fuit unus de Septuaginla
Discipulis D. N. J. C,
Baronius assure que le fait a t consign dans les archives
de celte Eglise.
TJ1I AVRIL.
S. HRODION,
Evque de Patras.
S. AZYNORITE,
Evque d'Hyrcanie..
S PHLGON,
Evque de Marathon.
Evque de Dalmatie.
Quatre Tmoins qui vcurent dans la socit de Jsus et de ses Aptres ;
Qui virent leurs uvres miraculeuses;
Qui furent des thaumaturges et des prdicateurs de
la foi;
Qui signrent de leur sang leur tmoignage ;
Qui consentirent tre du nombre des 72 Disciples,
en renonant tous les biens du sicle et toutes
les esprances temporelles, en acceptant la pauvret, la souffrance et l'opprobre de la croix.
315
munment le litre d'Aptres. Voici ce qu'ils rapportent de chacun d'eux en particulier.
J . De S. Hrodion. Il tait l'un des 7 2 ' , dit le Mnologe
de l'empereur Basile; il imita en toutes choses les grands Aptres, fut leur cooprateur dans la grande prdication de la foi
de Jsus-Christ, se faisait leur ministre et leur obissait en
toutes choses, agissant ainsi comme vrai disciple du Christ qui
a dit :
Quiconque veut tre le premier de tous, qu'il se fasse le
serviteur de tous et le ministre de tous (ses frres). Dans la
suite, les mmes SS. Aptres l'ordonnrent prtre, et bientt
vque de la nouvelle Palras. Dans celle ville il prcha la
vraie foi un grand nombre de Paens, qui se convertirent
Jsus-Christ. Ces succs excitrent contre lui la jalousie des
Juifs, qui, ds lors, le perscutrent. Ils conspirrent avec les
idoltres, se prcipitrent un jour sur lui, s'en emparrent, lui
firent souffrir mille tourments inhumains : les uns le frappaient, les autres lui meurtrirent la bouche coups de pierres,
d'autres le blessrent la tte. Enfin, s'acharnant contre lui
la manire des btes froces, ils le suspendirent et l'immolrent comme une victime en le transperant avec le glaive.
Les auteurs sont partags sur la dsignation de cette Nouvelle Palras, dont S. ITrodion tait vque. Les uns pensent
qu'il s'agit de Palras , ville de l'Achae, dans le Ploponse,
eu souffrit S. Andr. D'autres indiquent une autre Palras, ville
de la Lycie, o il y aurait eu une colonie grecque. Quoi qu'il
en soit, les Anciens connaissaient parfaitement le lieu dsign
dans les Mnologes Orientaux. D'autres disent qu'il fut cn2
V. Du Saussay, de gl. S. Andrew Ap. I. 2, c. 9, p. 151 ; la Chronique d'Alexandrie, p. GO, Jiibliolh. SS. PP. t. 1b.
C'est Palras d'Aclwe, selon Du Saussay. Ibid., et selon les crivains
ecclsiastiques on gnral. Nous avons tout lieu de penser que ce
fut par lui, ou du moins par son ordre, qu'a l rdige la relation du
martyre de S. Andr, crucili Patras, intitule : Epitre des prtres cl
des diacres d'Achae, communment admise comme authentique.
S. Hippolyt.,dfl 72 Disc.
3
ncomparabikm
Asyncritus tandem tulit,
Jncumparabitem ut ddit laudem heo.
Pour avoir glorilic Dieu incomparablement,
Azyncrile s'est acquis une gloire incomparable.
Sacrale Phlegon, Gentilium errorcs divinis tuis sermonibus gloriose combussisti, eteordamisere extincta colore Spiritus manifeste accendisti.
Urbis Marathonis incolm te Prmsidem Maximum et Doctorem optimum, imo llluminatorem et P&dagogum nacti
gloriose Phlegon, incessanter vencrantur.'
Phlegon, ministre sacr de Jsus, vous avez par vos pa rles inspires d'en haut, teint, ananti, [les erreurs des
Gentils, et allum le feu du Saint-Esprit dans les curs que
n'clairait plus la lumire de la vrit, et que n'embrasait
plus la flamme cleste.
t
enflamm.
318
Les hnbilanls de la ville de Marathon se flicitent du bonheur de vnrer perptuellement dans votre personne, o
glorieux Phlgon, leur grand cl premier Pontife, leur excellent Docteur, l'illustre Auteur de leur foi, leur Matre bienaim .
SUS, QUI,
LNSTAIl SOUS,
DALMATIAM I L L U S T R A V I T .
S. MARC, VANGLISTE,
L'un des 72 Disciples de Jsus;
Aptre de l'Afrique ;
Patriarche d'Alexandrie;
Tmoin immdiat et martyr de Jsus-Christ.
T
Origine de S. Marc. D'abord disciple de Jsus, il accompagne
ensuite S. Pierre, aprs l'Ascension.
S. Marc tait Hbreu d'origine : son style', rempli d'hbrasmes, ne permet pas d'en douter. Le vnrable Bde , qui
le dit d'aprs la tradition, ajoute, qu'il tait de la race sacerdotale d'aron. Un ouvrage attribu S. Jrme le dit galement. Les Juifs et les Paens d'Alexandrie l'appelaient le Galilccn ; ce qui laisserait entendre qu'il pouvait cire de la province de Galile, patrie de S. Pierre, dont il fut l'interprte et
le compagnon.
2
Plusieurs Anciens, Caus , auteur des premiers temps, Papias , S. llippolylc , S. Dorothe , martyr, S. Epiphane ,
0
Tillemont, Godcscard.
Beda, in Marcum, p. 92.
S. Hieron. in Marc. pr. p. 87.
Acla S. Marci, n. 5, ap, Boll. 25 apr. p. 348.
Caius, comput.
Papias, ap. Euseb.
' S. Hipp. m., de 70 Disc.
S. Dorolh., in Synopsi.
S. Epiph., hser. 51, c. 5, p. 528.
fi
320
2
321
nail la forme cl le stylo aux pilrcs de l'Aptre. Selon les
autres, cette fonction consistait rendre en grec ou en latin ce
que S. Pierre disait en sa propre langue. Ou bien encore elle
consistait expliquer en particulier aux croyants, ce que
S. Pierre avait enseigne tous d'une manire gnrale, qui
demandait diffrentes explications et interprtations. C'est,
du moins, ce que font entendre les Ados do son Apostolat
d'Aquilo, o l'on voit que les disciples cl les auditeurs do
S. Pierre viennent trouver S. Marc pour cet effet, comme pour
un autre motif dont nous parlerons ci-aprs.
11
S. Marc travail lo Rorao avec S. Pierre. Leurs succs auprs des
nomains. S. .Marc proche Aquile, crit le second Evangile.
Ses prodiges. Son disciple Hermagoras.
21
avait pas sulli do l'ciilcndre avec avidit ; elle vint trouver son
disciple Marc', qu'elle pria avec instance de lui exposer de
nouveau la prdication de son matre, et de la lui transcrire,
mme par crit, afin qu'elle put ainsi en l'aire le perptuel objet de ses mditations du jour et de la nuit. Des vux si justes
furent entendus.
Sur ces entrefaites, S. Pierre envoya S. Marc prcher l'Evangile Aquile, ville alors trs-considrable et trs-clbre. Le
Disciple s'acquitta avec un grand zle et avec un grand succs
de son apostolat; une multitude innombrable embrassa la foi,
et forma ds lors une Eglise trs-remarquable par sa science
religieuse comme par la fermet de sa foi. Ce fut l, comme il
est rapport dans ses Actes, que, voyant l'heureuse avidit des
croyants pour la parole de Dieu, il acheva ou transcrivit la
rdaction de son Evangile, o il donna en abrg les faits contenus dans l'Evangile de S. Matthieu, mais en y ajoutant quelquefois des choses trs-importantes. On dit que l'amour que
tmoignait S. Pierre pour le silence, lui avait appris cette concision et cette brivet. Selon S. Irnc, Eusbe et Origne, il
mil par crit les choses que S. Pierre avait coutume de prcher; ce que les Romains l'avaient pri de rdiger pour leur
usage. C'est pour cela que, selon la remarque de S. Chrysoslmc, il ne rapporte point ce que le Sauveur dit l'avantage
du Prince des Aptres, lorsqu'il l'eut reconnu solennellement
pour le Christ et le Fils de Dieu : il ne parle point de la circonstance o il marcha sur les eaux. Mais il raconte son renoncement avec beaucoup d tendue et de dtails. Par humilit, le
Saint Aptre supprimait dans sa prdication tout ce qui lui lait
avantageux el honorable. 11 publiait avec les sentiments de la
plus vive componction le crime qu'il avait commis en renonant son Divin Matre. Il rapporte aussi des traits dont S. Mal2
325
aussitt qu'il serait digne d'occuper le sommet du sacerdoce.
Il le prit pour l'accompagner dans son retour Rome. Il
l'amena ensuite en prsence du B. Pierre, prince des Aptres.
Le premier Pasteur de l'Eglise le revtit du caractre et du
pouvoir sacerdotal, l'leva la dignit Pontificale et lui confia
le gouvernement de l'Eglise d'Aquile. Ce fut dans celle ville
qu'il reut la couronne du martyre, le 4 2 juillet, avec Forlunalus, sou diacre, el qu'il alla, jouir auprs do .lsus-Clirisl, lo
Prince des Pasteurs, do l'ternelle batitude du Royaume cleste.
III
S. Pierre approuve l'Evangile de S. Marc. Il envoie co Disciple en
Afrique et particulirement Alexandrie. Arrive do S. Marc.
Eclatante conversion dus Africains.
1
Euseb. L 2, c. 15.
S. Hier, de tw'r. ill. c. 8.
Tertull. adv. Marcion. L 4, c. 5.
S. Hier. ibid. c. 2.
3
An de J.-C.
47-4.9.
ration Divine et ternelle du Verbe, pour ceux qui ont les yeux
de la foi, il s'est trouv des hrtiques qui ont os se servir de
ret Evangile, de mme que de celui de S. Matthieu, pour s'aveugler do plus en plus sur ce dogme essentiel du Christianisme .
Lorsque S. Marc eut accompli en Italie l'objet do son
voyage, il reut du Prince des Aptres, le commandement
d'nilcr prcher eu Afrique, el, del, Alexandrie, capitale de
l'Egypte et du Midi, afin d'y riger une glise principale au
nom du Chef de la Chrtient. C'est ce qu'attestent les Actes
de S. Marc, les dcrets du pape Glase cits ailleurs, de mme
que toute la Tradition de l'Antiquit*.
Le Saint Evangliste dbarqua vers Cyrne, dans la Pentapolc. II annona l'avnement du Christ et son Evangile dans
ces vastes rgions africaines, dans la Lybic, dans la Marmarique (aujourd'hui royaume de Jarca), dans le pays des Ammonites, danslaThbade, dans la Cyrnaque, dans la Nubie,
une partie do l'Ethiopie, dans toute l'Egypte, et dans les rgions voisines el limitrophes . Il y avait apport son Evangile,
il convertit une multitude innombrable de paens; ces misrables esclaves des idoles, ou plutt des dmons, se livraient
dans leurs temples profanes toutes sortes de pchs, d'impurets, d'abominations. La puissance ennemie que Notre-Seigneur Jsus-Christ est venu combattre el dtruire son avnement sur la terre, les portait manger des viandes immoles
aux idoles, et commettre toute espce de crimes. S. Marc,
arrivant au milieu d'eux, et arm de'la divine parole, gurissait les malades el les infirmes, rendait nets les lpreux, chas1
Eulychius; Acla S. Marci; Bcde, 25 apr. Tillem. S. Jrm. de utris ill. c. 8. Ghronicon Orientale, ab Ecchellcnsi versum. boll. 25 apr.
Ordricus Vitalis, loc. cit. ; Dom Ceillior, dans son histoire des
auteurs ecclsiastiques, t. I, p. 492, et la plupart des crivains qui se
sont occups des Actes de S. Marc, font observer qu'on ne peut douter
de leur antiquit, et qu'ils contiennent plusieurs faits vritables de la
\ie de S. Marc, consigns dans la tradition de l'glise d'Alexandrie.
:
328
selon la rvlation qu'il en avait eue du Saint-Eprit. Semblable
un intrpide athlte, le bienheureux Evangliste S. Marc se
mit donc en marche avec une grande promptitude pour aller
livrer de nouveaux combats aux dieux du Paganisme. Il fit ses
adieux aux fidles de l'Afrique, et leur dit :
Le Seigneur m'a parl, et m'a donn le commandement
de partir pour Alexandrie.
Les fidles le renduisirent jusqu'au vaisseau, et, aprs avoir
mang avec lui le pain (eucharistique), ils le quittrent, en lui
disant :
Que le Seigneur Jsus-Christ rende heureux votre
voyage !
Le vnrable et saint Evangliste pria Dieu de conserver
ses frres et de les fortifier dans la foi jusqu' ce qu'il revnt
les visiter. Puis il partit pour Alexandrie, o il arriva en deux
jours, dans la septime anne de l'Empire de Nron (commence l'an GO au mois d'octobre)'.
Descendu du vaisseau, il arriva dans un lieu nomm Bennide.
l'entre de la ville. Au moment o il y entra, son soulier se
rompit. A cette vue le Saint, clair d'en haut, dit :
Ma marche sera dsormais plus libre.
Il aperut l'instant un homme, qui s'occupait du mtier de
cordonnier; il lui donna sa chaussure racommoder. Pendant
que ce dernier s'occupait de cet ouvrage, il se fit une large
blessure la main cl s'cria de douleur :
Lises DEUSI Ha, mon Dieu!
(Car toute la corruption de l'idoltrie n'a jamais pu empcher que, dans les occasions imprvues o Ton voit mieux
paratre les mouvements naturels, l'me des Paens mme ne
parut chrtienne , dit un ancien , en reconnaissant un seul
Dieu, el en ne s'adressant qu' lui seul.) Aussi cette parole
2
320
donna-t-elle do la joie S. Marc, el lui fit-elle esprer que
Dieu l'assisterait en cette rencontre.
En effet,
t Dieu a rendu heureux mon voyage.
Puis ^adressant Anianus, le cordonnier, il lui parla de
ce Dieu unique qu'il avait invoqu, ainsi que de Jsus-Christ,
par le pouvoir de qui il lui fit esprer de le gurir. En mme
temps il fit un peu do houe avec s a salive, e n mit sur la plaie,
et invoqua le nom du Sauveur, e n disant :
Au nom de Jsus-Christ, fils de Dieu, que votre main
reoive la gurison.
Et au mme instant la main d'Anianus fut gurie.
Le cordonnier, frapp la vue du pouvoir de cet homme, et
de la prodigieuse efficacit de sa parole, considrant d'ailleurs
l'extrieur mortifi du Saint, lui dit :
Je vous conjure, homme de Dieu, de daigner descendre dans la maison de voire serviteur, pour y prendre votre
rfection ; car aujourd'hui vous m'avez fait prouver les effets
de votre bont.
Le visage du bienheureux Marc parut joyeux :
Que le Seigneur, lui dt-il, vous donne le pain de vie
descendu du ciel 1
En mme temps Anianus l'obligea avec une douce violence
d'entrer chez lui.
dit-il
V
Conversion d'Anianus et de plusieurs Alexandrins.
1
Ibid. ut supra.
Dans tout l'univers, il n'y avait point de pays plus livrs que
l'Egypte aux superstitions du Paganisme. Dans toute l'antiquit, l'Egypte avait t le sige de l'empire de Satan, le
principal centre du culte idollrique. Mais les temps de bndiction prdits par les Prophtes taient enlin arrivs; et
S. Marc fut l'instrument dont Dieu se servit pour vrifier les
prdictions de ses serviteurs. En peu de temps, il forma
Alexandrie une Eglise trs-nombreuse; et bientt le nombre
des Chrtiens s'y multiplia d'une manire prodigieuse.. Et
S. Marc, comme le rapporte Eusbe', tablit plusieurs glises
dans Alexandrie, c'est--dire, qu'il divisa la ville en cantons
ou en paroisses, suivant notre manire dparier : ordonnant
que les Chrtiens de chaque canton s'assembleraient en un
lieu dtermin, sous la direction d'un prtre qui en serait
charg, pour y recevoir les Sacrements et y entendre la parole
de Dieu. Cette distribution des paroisses d'Alexandrie s'tait
conserve et s'observait au commencement du iv sicle ,
comme le rapporte S. Epiphane . Dans la plupart des autres
villes tout le peuple se runissait en un mme lieu, sous la
prsidence de l'vque.
c
Euseb. /. 2, c. 16.
S. Epiph. 69, c. i.
Euseb. /. 2, c. 15, 17. S. Jrm. de vir. ill. c. 8. S. Epiph. 29, c. 5.
Till. mm. {. I.
Philo, de Vita Theorica, p. 892.
5
332
ri Les. Quelques-unes de leurs femmes vivaient perptuellement dans la virginit, par motif de religion.
Eusbe et S. Jrme croient que ceux dont Philon parle
dans le Trait de la Vie Contemplative, taient les premiers
Chrtiens d'Alexandrie, ou au moins d'Egypte, qu'il croyait
tre Juifs, parce qu'tant Juifs de naissance pour la plupart,
ils conservaient encore beaucoup de choses des crmonies
judaques. Les principales raisons sur lesquelles Euscbe s'appuie , sonl la grande conformit qui se trouve cuire ces
Thrapeutes el les premiers Chrtiens de Jrusalem dcrits
dans les Actes; ce grand nombre de vierges volontaires, que
Pbilon dit tre parmi eux : ce qui ne peut se rencontrer, dit
Euscbe, que dans la religion chrtienne; ce que dit Philon,
qu'ils taient rpandus dans beaucoup d'endroits, mme des
pays barbares; leurs grandes austrits, et toutes leurs rgles
de vie qui sont en tout trs-conformes ce que ceux qu'on appelait Asctes el les Moines ensuite, ont pratiqu dans l'Eglise.
Aussi Cassien' el Sozomnc rapportent-ils ces Thrapeutes
l'origine et l'institution de la vie monastique, quoique le nom
de Moines el une partie de leurs exercices n'aient commenc
que plus tard. Ce sont donc ces fervents disciples de S. Marc
qui, ds lois, commencrenl peupler lesdserts de la Thbade
el y fonder ces monastres jamais clbres par la saintet
et la vie anglique des premiers Chrtiens qui les habitrent.
2
333
principalement compose de Juifs convertis l'vangile, et retenait encore un grand nombre d'Observances Judaques. On
peut donc s'assurer qu'il ne leur attribua rien qui ne s'accordt
avec le Judasme, et par consquent avec le Christianisme :
ces deux religions taient alors presque semblables en ccqui
regardait l'intrieur. Philon , voyant que les Disciples de l'Evangile lisaient les Anciens Interprtes des Livres sacrs, dit
que c'taient les anciens ouvrages do leur religion. Il a pu n'avoir pas une entire connaissance de la vrit, et prendre pour
anciens, soit les livres des Prophtes que consultaient souvent
les premiers Chrtiens, soit mme les crits des Aptres,
qu'on appelait les Anciens, Seniores, et pour qui l'on tmoignait lo plus grand respect el la vnration la plus profonde.
Que s'il y a quelque chose qui ne puisse pas convenir lous
les Chrticns,oii a loul lieu de croire que Philon a particulirement dcrit la vie de ceux d'entre eux qui taient dans l'tat le
plus parfait du Christianisme.
4
Les progrs du Christianisme dans Alexandrie, dans les villes voisines et dans toule l'Egypte furenL si Lonnants : le nombre et la verlu des Egyptiens el des Africains convertis fut si
considrable, du temps mme de S. Marc, que Ton peut dire
que ce saint Evangliste accomplit littralement el presque
compltement les anciens oracles des Prophtes, qui avaieut
annonc la conversion au Messie de ces riches el florissantes
contres.
1
de Supplicum
virlulibus,
p. 893.
En ce temps-l, dit lsae neuf sicles auparavant, le'Seigneur sera connu de l'Egypte, et les Egyptiens connatront
alors le Seigneur. Ils l'honoreront avec des hosties et des
oblations. Et ils lui feront des vux et il les accompliront.
Le Prophte ajoute qu'au temps du Messie, la paix existera
entre les Assyriens el les Egyptiens ; que ces peuples, actuellement ennemis, fraterniseront et s'accorderont pour servir le
Dieu du ciel; qu'Isral, c'est--dire l'Eglise du Christ, sera
mdiateur entre les Egyptiens et les Assyriens ; qu alors la bndiction sera an milieu de la terre, HEIVEDICTIO IN BIKDIO TENUE.
C'est en elut |>;ir Isral que la bndiction promise Abraham
devait s'tendre sur toutes les nations. Dans le mme oracle,
il est parl de plusieurs villes d'Egypte et notamment del
ville du Solcil qui parleront alors la langue de Chanaanel
ne jureront que par le nom du Seigneur des armes; de l'autel
du Seigneur qui sera rig au milieu de l'Egypte, et qui, consacr au vrai Dieu, sera dans l'Egypte un signe et un monument de la puissance du Dieu des armes. Car ils crieront au Seigneur, tant accabls par leur ennemi, et il leur
enverra le Suuveur qui decra les protger et les dlivrer*
9
saie, x i x , 1 8 et suiv.
336
VIII
Mais lus Puissances Infernales ne supportrent pas le spectacle de la destruction de leur rgne en Egypte, sans opposer
la plus vive rsistance Olui qui luisait si puissamment leurs
foires. Kilos vitrent 1rs Ames do ceux qui, dans Alexandrie,
resteront.attaches leurs idoles : elle.s lus soulevrent luinultucusemonl ronlrc l'homme de Dieu. Les Paens de la ville,
est-il crit dans les Actes de S. Marc, la vue de la multitude
de ceux qui croyaient au vrai Dieu, clatrent en murmures
contre ce Calilcn qui tait venu Alexandrie, pour miner
les sacrifices des dieux, pour empcher leurs crmonies
el leurs solennits. Ils cherchrent donc l'occasion et le
moyeu de le mettre mort, et ils lui tendirent quantit de
piges.
Or, le IL Marc, connaissant le dessein de ces Paens, crut
devoir se retirer pour un temps. Avant son dpart, il ordonna
pour vque d'Alexandrie S. Anianus, cl avec lui trois prtres,
savoir: ilelius [m Mclianus), Sabinns et Cordon, el sept diacres, puis onze autres prtres pour demeurer avec le patriarche Anianus (S. Agitait): de ce nombre on devait prendre un
jour relui qui succderait au patriarche dcd. La diffrence
ne porle gure ici que sur la destination des ministres ordonnes
par l'Aptre.
Cela accompli, le saint Kvanglisle reprit le chemin de la l'entapole, et arriva, ajoute Eutychius, Barca, ville principale
de celle province africaine. D'aprs Eusbe', c'tait la huitime anne de Nron, cl la soixante-deuxime de Jsus-Christ.
S. Marc demeura encore deux ans dans la Pcntapolc; il y confirma les (idoles qu'il y avait laisss avant d'aller en Egypte, el
337
il tablit des vques cl d'autres ministres dans ces divers pays
d'Afrique.
Puis il revint en Egypte.
IX
U n l o u r <M S . M u i v h A ! e \ i i N < l r i i \ puitf Uunu ; d n l
AliX.-iinli'ii', d il fsl, niiirLyrisi'*.
unruriwi
Acla H. Mnrci apud Bol. ibid. p. 3-iS. Kntvrli, p. 335. Vears. in Ign.
I. 1, p. 179. Tillwn. /. 2, p. W.
7
3
338
de sa personne, sans pouvoir trouver le moyen d'excuter leur
dsir. Aussi frmissaient-ils d'envie et de rage; et au milieu de
leurs spectacles publics, des festins et des ftes de leurs idoles,
ils s'criaient:
Quelle est grande la puissance de cet homme' !
Dieu voulut qu'ils ne pussent le dcouvrir, el que son serviteur administrt encore celte glise durant quoique temps.
Mais son heure lail enfin arrive. C'est pourquoi un jour
de dimanche, o les Chrtiens clbraient leur grande fle de
Tques, el les Paens la fte de leur Dieu Srapis, le 20 jour
dumoisPharmuthi, le vin d'avant les Calendes de mai, c'est--dire
le 24 avril de l'an 68, les Paens se runirent et envoyrent
quelques gens pour s'emparer de la personne de l'Aptre : ces
hommes le trouvrent au moment mme o il clbrait la
prire de l'oblation et du sacrifice : Repererunl eum orationis
oblationem Divinm Majestati sacratissimam celebrantem. Ils
se saisirent de lui, lui mirent une corde au cou, et le tranrenl en criant:
Tranons ce buffle Bucoles! (C'tait un lieu plein de
roches et de prcipices, situ sur le littoral et destin pour nourrir des bufs.)
Pendant qu'on le tranait ainsi depuis le malin jusqu'au soir,
et que l'on couvrait la terre cl les pierres de son sang, et des
morceaux de chair qui s'arrachaient de son corps, S. Marc bnissait Dieu, et lui rendait des actions de grces, de ce qu'il
l'avait jug digne de souffrir pour son saint Nom.
Gratins tibi ago, Domino meus Jesu Christe, quia dignus habitus stim hc pro nominc tuo pati.
Lorsque le soir fut arriv, ils le mirent dans une prison, en
attendant qu'ils eussent dlibr et arrt le genre de mort
qu'ils lui feraient subir.
1
339
X
Le H. Martyr est for tille par un ange et par la prsence de
Jsus-Christ.
Vers le milieu de la nuil, les portes tant fermes, et les gardes lanl endormis devant les portes de la prison, il se liL un
grand tremblement de terre. L'Ange du Seigneur venait de
descendre du ciel. Il toucha S. Marc, en lui disant :
Marc, serviteur de Dieu et chef des ministres du Christ,
qui font connatre l'Egypte les trs-saints dcrets de Dieu,
votre nom est consign dans le Ciel au Livre de Vie, el votre
mmoire ne prira jamais dans ce monde. Vous tes associ
aux Puissances Clestes, elles vont conduire votre me dans
les Cieux, o vous entrerez en participation du repos ternel el
de la lumire imprissable du Royaume de Dieu.
Cette vision consola le B. Marc. Il leva ses mains vers le
ciel et dit :
Jo vous rends grces, Soigneur Jsus-Christ, de ce que
vous ne m'avez point abandonn et de ce que vous m'avez
compt au nombre de vos Saints. Jo vous conjure, o Seigneur
Jsus-Christ, recevez mon me dans votre paix, et ne permettez
pas que je sois jamais spare de vous, o Sauveur plein de
grce et de misricorde.
Quand il eut fini cette prire, le Seigneur Jsus-Christ se
prsenta lui dans la mme forme et avec le mme extrieur
qu'il avait durant sa vie mortelle, lorsqu'il tait avec ses Disciples, avant sa Passion. S. Marc, qui tait du nombre de ses
Soixante-Douze premiers Disciples, le reconnut aussitt. Le
Seigneur lui dit :
La paix soit avec vous, Marc, notre Evanglistel
Mon Seigneur Jsus-Christ I rpondit le Martyr.
Et Jsus disparut.
340
XI
Mort du Bicnheuroux Martyr.
341
XII
Spulture du corps de S. Marc. Son portrait. Certitude de son
apostolat . Alexandrie. Eclat divin qui .brille sur son trno piscopal.
Les Paens ne furent pas satisfaits aprs lui avoir oie la vie.
Ils entreprirent, de plus, de brler son corps en un lieu appel
les Messagers, ou les Anges*. Jls lo tranrent donc do flucolos jusqu' cet endroit. Mais par un merveilleux effet de la
Providence de Dieu et de Noire-Sauveur Jsus-Christ, il s'leva un vent violent, suivi d'une grande tempte, qui droba
aux hommes la lumire du soleil, fit clater la foudre, et fondre
sur le lieu de tels torrents de pluie, que plusieurs habitations
s'croulrent et que plusieurs personnes prirent dans l'inondation. Saisis de crainte, ceux qui gardaient le corps sacr,
l'abandonnrent alors et prirent la fuite. D'autres tournrent la
chose en drision et dirent :
2
Ad Angeles.
Chron. Orientale, p. 110. Boll. 25 apr. Ghron. Alex. p. 594. Combeus, Act. p. 212. Acta S. Ptri Alex. ; Ordericus Vitalis, loc. cit.
3
3i2
cakaster, prolixa barba, velox, habitudinis optimm, mtatis
mcdi, canis aspersus, affectione ontinens, plenus Dei
gratia.
S. Pierre d'Alexandrie, successeur de S. Marc sur le sige
piscopal de celle ville (vers Pan 310), fut martyris au mme
endroit, Bucoles, prs de l'glise btie par les disciples du
S. Evanglisle, cl prs du lieu appel le Cimetire de S. Marc.
Il est rapport que S. Pierre ayant obtenu la libert d'aller
prier au tombeau do S. Marc, il lui recommanda son Eglise
comme celui qui en avait t le premier Pasteur, le pria de
lui obtenir la grce de souffrir le martyre, baisa son tombeau,
el alla ensuite avec joie recevoir le coup de la mort.
Pre, s'criait-il saint Evangliste du Fils unique de
Dieu, le tmoin de sa passion et son martyre, c'est vous que
Dieu le Christ a envoy comme le premier Prlat et comme
le premier Pasteur de cette cit. C'est vous qui avez annonc
l'Evangile dans l'Egypte et dans tous pays circonvoisins. Aprs
avoir accompli le ministre apostolique qui vous avait t
confi, vous avez reu la couronne du martyre comme la
digne rcompense de vos travaux. Lorsque vous ftes all
c vers Dieu, dont vous souhaitiez ardemment contempler la
face, ce fut le IL Anianus qui vous succda dans votre sige;
ce furent ensuite Milius, Dmtrius, Denys, et aprs eux,
Maxime, Uraclas, puis celui qui m'a lev et institu v que, le B. Thonas. A moi aussi, quoique pcheur, le
Christ a confi l'Eglise, que vous avez gouverne le pre micr. J'tais indigne d'une si grande charge. Mais le Fils de
Dieu m'a pntr d'un grand amour de sa Passion, il me l'a
fait vivement souhaiter et aimer : mon cur brle de ce
dsir et se sent press de le satisfaire ; j'ai soif de devenir
son associ, par mon martyre el par l'effusion de mon sang;.
si toutefois il daigne m'accorder cette faveur, et me donner
les forces d'excuter cette entreprise.
Priez donc pour moi, excellent Pre, afin que moi aussi
343
344
ceux. <|iii me voient, je m'assieds, comme vous le voyez, sur les
marches; elje le fais ainsi mme avec une grande tmrit, dans
la vue d'viter tout scandale en prsence du peuple. Mais lorsque j'aperois le trne inoccup, je ne refuse pas d'y siger.
Les divers auteurs rapportent ce fait prodigieux la chaire piscopale qui avait servi S. Marc.
XIII
Liturgie do S. Marc.
Outre son Evangile et la part qu'il peut avoir eue la premire ptre de S. Pierre, les Syriens disent que c'est S. Marc
qui a traduit le Nouveau-Testament en leur langue. Nous avons
aussi sous son nom une liturgie, dont se servent encore aujourd'hui les Egyptiens. Elle est intitule : La Divine Liturgie,
ou Messe du Saint Aptre et Evangliste Marc, disciple de
S. Pierre. Elle commence par ces mots : Eu;japi<rTou//ev coi
Ttai urapeuxapiffreu/xsv, Xvpis OGEO YIJUV.
1
o:o9Exa
<1>MTOV
. Niclas le Paphlagonien, et plusieurs autres auteurs, attribuent S. Marc cette liturgie, bien qu'ils reconnaissent que
plusieurs choses y ont t ajoutes dans la suite.
Outre la vie du Saint Evanglisle que nous avons donne, il
en existait encore une autre que les Bollandisles trouvent
moins ancienne el moins fidle. La premire existait ds lo m
et le iv sicle.
Procope, diacre, au commencement du vn sicle, et Niclas
David, qui vivait au ix sicle, ont (ait le pangyrique de
S. Marc. Leurs discours sont conservs parmi les crits des
Anciens.
c
XIV
Successeurs de S. Marc. Liste des Patriarches d'Alexandrie.
Cause des progrs du la foi dans cette ville.
Luscb. /.
c. 25.
346
toutes choses. S. Epiphane' dit qu'une glise fut fonde
Alexandrie sous son invocation. On la voyait au iv sicle.
Son successeur fut S. Mlien, ou Nilius, selon S. Pierre
d'Alexandrie et Eutychius, selon la Chronique Orientale , et
S. Abilius, selon Eusbe . C'esl le premier des trois prtres
que S. Marc avait ordonns Alexandrie. Les Constitutions
Apostoliques disent qu'il fut consacr vque par S. Luc.
Peut-tre ne scra-t-on pas fch de voir ici comment le Patriarchal, fond par S. Pierre el par S. Marc, son disciple,
s'est perptu travers les sicles. En jetant le regard sur le
dnombrement des successeurs du Saint Evangliste, il semble
qu'on le voit vivre travers tous les ges jusqu' notre temps,
et que l'uvre qu'il a commence grandit avec les sicles et
demeure imprissable au milieu des ruines universelles des
empires, des hommes et des choses.
Nous mettons d'abord l'anne de l'lvation des prlats sur
le sige patriarchal, puis les annes de l're chrtienne, ensuite
la dure des pontificals.
2
Nombre
des
PONTIFES.
2
a
4
5
G
7
Durft
Anne.* de Jsns-Chrisl. Commencement du Pontificat.
DE LEUR P0XT1F1CAT.
22 ans.
13
U
12
11
12 et quelq. m.
347
Nombre
dos
[PONTIFES.
8
0
10
11
12
144.
153.
167.
180.
189.
231.
Marc II ou Marcianus
Ccladion ou Claudion
Agrippinus
Julien
Dcmtrius
HAraclas
248. [)miy9
205.
15
282.
i
300.
17
312.
18
312.
19
320.
20 ' 373.
21
380.
22
385.
23
412.
24
444.
25
452.
SG
Maxime
TuGonas
S. Pierre, martyr
S. Adultes
S. Alexandre
S. Athanaso
Pierre II
Thimolhe
Thophile
S. Cyrille
DioEcore, exilA, mort on 458.
Protre
10 ans.
14
12
9
43
10
17
17
19
U
Quelques mois.
14 ans.
47 >
8
5
27
32
7
5
Ily a maintenant
39
610.
deux patriarches,
Eulychicns,
20
13
7
9
9
2
16
ans.
*
28
2
24
12
(>
39 ans.
10
10
10
La succossion des autres PC. Grecs, est peu connue, et, depuis
l'an 1100, ils ont t soumis au PC. de CP. Ainsi l'on no continue ici
quo la succession des PC, Jacobitos.
348
fUnbre
des
Dur*
Annes de JliM-Ckriil. Couimencemeol
4a PouliJicaL
PONTIFES.
L'an G i l , Alexandrie
40
4
42
43
44
45
4G
47
48
49
50
51
52
53
54
55
5G
57
58
fi M. l'i.
(4l. Aguthuii
668. Juan
G77. 1:
680. Simon
703. Alexandre
727. Cosrne
7*8. Thodoret
7.19. Chail
762. Minas ou M e n n a s . . .
772. Jean
798. Marc
Jacob...*
83G. Simon
83G. Joseph
850. Michel
851. Cosmo n
859. Sanul ou Chonouda.
880. Chail 1 1
Le sige vaque pendant quelques
59
GO
01
G2
G3
64
65
G7
08
n70o
71
72
7.1
74
75
70
DE LEUR PONTIFICAT.
913. Gabriel
924. Cosme 111
934. Maaiire
958. Thophano
962. Minas ou Mennas IL
9.S0. En h rem
982. Pliiliiihfio
1005. Xachario
1032. Sauutius
1047. ChrisLudulo
1078. Cyrille
1092. Michel
110*. Maire
1129. (iabriul
1146. Michel
414(1. JfHUl
1167. Mare
1189. Jean
10
19
9
2
23
24
l
11
23
9
25
ol 2 mois*
el 7 mois.
10
7 mois.
18 ans et 11 mois
1 et 5 mois.
9 cl 5 mois.
21 et 3 mois.
27
annes
1!
10
24
4
18
2
24
28
15
30
14
9
26
14
B
M
el <i<{.niois.
J>
3 mois.
8 mois.
1 mois.
2 mois.
9 mois.
20 ans.
27
1235. Cyrille...
1241, Athanaso
7 mois.
11
1
j
1
!
319
Konsbre
des
jrffllRS.
Dure
DE LEUR PONTIFICAT.
1 mois.
2!) ans.
G cl 6 mois.
20
6
Il
8
ai
82
83
84
85
86
87
88
89
90
9!
92
93
4
95
96
97
98
99
100
101
102
103
104
105
106
La chronologie et l'histoire do chacun do ces patriarches d'Alexandrie se trouvent dans los Acta Sanctaum de tiolland. (25 juin, t. v).
350
fort tendue. Le patriarchal d'Alexandrie comprend dans sa
juridiction les glises de Syrie, d'Ethiopie, d'Abyssinie, d'Armnie, de Msopotamie.
Les relations d'Ethiopie nous apprennent que l'empereur
David envoya au pape Clment VII, pour lui prter obissance; que le pape Vie TV y dputa Andr Ovido, Jsuite,
sous l'empereur (Mande, lils do David; el que Gabriel, patriarche d'Alexandrie, envoya en 4 595, au pape Clment VIII,
son ambassadeur et deux religieux, pour l'assurer de son
obissance, et de la volont qu'il avait de runir toute son
Eglise au Saint-Sige, fond par S. Pierre. Ces dputs reconnurent l'Eglise Romaine pour mre de toutes les glises.
Depuis cette solennelle profession de la foi catholique, une
grande partie des Jacobiles ou Cophles, est runie l'Eglise
Romaine, et l'autre partie semble demeurer spare.
Telle est l'importante chrtient, qui fut fonde par S.Marc,
qui persvra plusieurs sicles dans l'orthodoxie, sans aucune
tache d'hrsie; qui, ds ses commencements, tait devenue si
nombreuse, que le saint Evanglisle avait t oblig d'tablir
-plusieurs glises ou plusieurs paroisses dans Alexandrie;
Alexandrie, la premire ville de l'Afrique, aprs la ruine de
CarLhage, la premire ville du monde aprs Rome, comme
l'appelle llrodion. Ammien-Marccllin lui donne le litre de
Capitale. Et, en effet, soit que l'on considrt l'avantage de sa
situation, la fertilit de son sol, la magnificence de ses difices
et la commodit de son port ; soit que l'on envisaget les sciences el les arts qu'on y cultivait, elle semblait l'emporter sur
toutes les autres. C'tait celle du monde qui tait la plus fconde en hommes do lettres, et surtout en habiles astronomes
et en mdecins. On ne considrait presque que ceux qui sortaient des clbres coles d'Alexandrie. Les savants, les historiens les plus renomms, sortaient de celle ville. Les Ptolmes, rois d'Egypte, qui avaient choisi Alexandrie pour
capitale de leur royaume, s'taient appliqus avec tant de
351
soin la rendre illustre, qu'elle ne le cdait qu' Rome seule.
Lorsque les Romains eurent teint la domination de ces princes en la personne de Cloplre, et qu'ils se furent rendus
matres de l'Egypte aprs la dfaite de Marc-Antoine, ils conservrent cette cit dans sa splendeur ; ils y ajoutrent mme
des embellissements et augmentrent ses privilges. La qualit
do citoyen d'Alexandrie leur tait si chre, que les empereurs
en donnaient les lettres avec plus de prcaution el de rserve,
qu'ils n'eussent fait pour la qualit de citoyen romain.
Ce ne fut donc pas sur l'ignorance et la barbarie, que
S. Marc fonda l'difice du christianisme en Egypte, mais sur
la science la plus claire et sur la civilisation la plus brillante
de l'univers. Ce fut mme la profondeur et l'tendue de la
science d'Alexandrie, qui furent la cause des immenses progrs do l'Evangile dans celle reine des cits savantes. Si donc
c'est au foyer mme des lumires du monde, que la foi chrtienne a resplendi avec le plus bel clat, comment se fait-il
que de prtendus philosophes aient ose dire qu'elle n'obtenait
de succs que chez les nations ignorantes et incultes? Comment les incrdules peuvent-ils tre assez tmraires pour
avancer des assertions si fausses, si opposes aux faits les plus
certains de l'histoire des peuples ?
Que si quelqu'un faisait difficult do croire le grand progrs
que le Christianisme a fait ds le premier sicle dans Alexandrie, outre les preuves prcdentes tires, tant des crits du
Juif Philon, que de ceux des Pres et de l'histoire ecclsiastique, nous pouvons produire ici un tmoignage profane, non
suspect, que personne ne rcusera : c'est celui de l'empereur
Adrien. Ce prince (an 120-430), dans sa lettre que rapporte
l'historien paen Vopisque, tmoigne que la ville d'Alexandrie
est partage entre les adorateurs du Christ et ceux de Srapis;
que les premiers ont un patriarche et plusieurs prtres; que
plusieurs des seconds sont devenus Chrtiens; que ce changement religieux est devenu le mouvement gnral de la
353
lo corps do S. Marc n'tait plus Alexandrie, parce que les
Vnitiens l'avaient enlev celui qui en avait la garde, et
l'avaient port dans leur le. Tulerunl furtim. Les Vnitiens
affirment qu'ils le possdent encore aujourd'hui dans la magnifique chapelle de leurs ducs, qui porto le nom de Saint-Marc,
et qui fut construite dans le but de recevoir dignement les
restes prcieux du saint evanglisle. On no sait pas prcismont' , dit-on, en quel endroit il est dpos. Dans lo xiv* sicle,
le duc et les procurateurs do la Rpublique prtendaient le savoir seuls, et en faisaient un secret aux autres. Cette Rpublique a pris S. Marc pour son patron et son protecteur, el elle
fait la mmoire de sa translation le 31 de janvier.
3
23
354
XVI
Dcouverte des reliques do S. Marc.
Nous avons vu que l'Eglise des Ducs de Venise avait t btie magnifiquement pour recevoir le corps de S. Marc; qu'elle
avait l enrichie d'ornements d'or et de marbres travaills
avec art, et qu'on y avait dpos les reliques prcieuses dans
un endroit secret, qui finit par tre ignore de tout le monde.
On chercha donc longtemps et en vain le reconnatre. On
prescrivit Venise un jene de trois jours, qui fut observ:
exactement el accompagn du repentir des pchs et d'une
pnitence universelle. Le quatrime jour, le clerg* et
le peuple se runirent ladite Eglise, rcitrent les grandes litanies, Tirent une procession religieuse, en offrant
Dieu des prires multiplies avec des gmissements et des
larmes. Tous implorrent instamment la bont du Seigneur,
pour qu'il daignt faire connatre le Hou o reposait le corps de
S. Marc. Dieu exaua leurs vux et fit connatre alors mme
el avec clat l'endroit oii tait cach le corps sacr. Les marbres qui environnaient une colonne du temple se brisrent, et
le cercueil, qui contenait les saintes reliques, et qui se trouvait cach dans l'intrieur de la colonne, parut aux yeux de
tous les assistants, et se dcouvrit ainsi de lui-mme, d'une
manire toute merveilleuse.
1
Ex Mss. Pclri Calo ; apud Boll. 25 apr. p. 356. In breviario Car-molit. Venetjarum, edilo an 1495
385
XVII
Dlivrance d'une possde. L'ouvrier prserv de la mort.
Une femme tait possde de plusieurs dmons. Lorsqu'on l'eut trane par force auprs du tombeau de S. Marc,
elle fut l'heure mme dlivre, en prsence de tout le
monde.
Aprs qu'on eut plac respectueusement dans ladite Eglise
le corps sacr, un ouvrier eut faire quclquo ouvrage au fate
du clocher de celle glise. Tout coup il tomba, et se vil sur
le point d'tre bris dans sa chute. A l'instant mme il se souvint de S. Marc, et fit vu que, s'il venait tre garanti de son
danger, il se consacrerait perptuellement son service. Il se
recommanda donc a sa protection, et ce moment, contre tout
espoir, il se rattacha un bois qui aboutissait l'extrieur do
l'difice: on lui donna une corde, l'aide do laquelle il put
chapper au pril. Il acheva l'ouvrage qu'il avait entrepris,
puis il accomplit ce qu'il avait promis.
XVIll
Lo cancer guri. La tempte apaise. Le paralytiquo rendu a la
sant.
356
Une femme de Muranum (l'une des les de Venise), tait depuis quatre ans presque entirement paralyse, et se voyait prive de l'usage de tous ses membres. Elle pria S. Marc. Le saint
evangliste lui apparut et lui dit de se faire transporter son
glise. la Messe, lorsqu'on lut l'Evangile, elle se sentit gurie, l'tonnement et la grande admiration de tout le
monde.
XIX
Les Vnitiens et les Sarrasins dlivrs d'une tempte. Un noble de
Provence guri d'une infirmit.
357
XX
L'opprim dfendu par S. Marc.
Dans le mme lieu, un homme reut une trs-grande blessure la main, dont une partie no tenait plus l'autre que par
la peau comme par un faible ligament. Comme cette partie
de la main demeurait suspendue insensible et sans vie, on
lui conseilla de la dtacher entirement, pour qu'elle ne nuist point sa guris on. Mais il rpondit qu'il aimait mieux
mourir que devenir manchot. Un jour donc, aprs avoir ligatur sa main, il invoqua S. Marc, et se sentit guri
l'heure mme. De sa blessure, il ne restait plus que la cicatrice
extrieure.
Une femme, du diocse de Padoue, tait possde d'un
359
Dos Vnitiens assaillis sur mer par une horrible lemplo se
voyant sur le point de prir dans des cueils voisins, offrirent
S. Marc des prires ferventes et firent des vux pour
la conservation de leur vaisseau. Ils furent aussitt dlivrs
du pril, vinrent immdiatement dans son glise el s'acquittrent avec joie de ce qu'ils avaient promis pour le salut du navire.
Dans la Toscane, la prire de ses dvous serviteurs,
le bienheureux Marc arrta la foudre, loigna les temptes,
rendit la fertilit la terre, et accorda l'abondance de tous les
biens. C'est ce qu'atteste une foule de fidles tmoins.
J'ai oui dire ceux qui avaient fait le voyage d'Alexandrie,
dit l'auteur do celle relation, qu'au jour anniversaire de la mort
de S. Marc, si l'on cueille une herbe du lieu o fut trane le
B. Martyr, on en voit couler du sang.
XXIII
1
Apud Petrum Calo ; Mss. ; ap. olland. 25 apr. in Brcviario Carmelitano, ad festum S. Marci.
360
En profrant ces paroles el d'autres semblables, il s'endormit d'un lger sommeil, et vit le bienheureux Marc venir
lui, el il entendit une voix qui disait au saint Evangliste:
Que faites-vous, Marc?
Je vais, repondit l'Aptre, assister ce malade dont le Seigneur a agr le service.
Pourquoi, reprit la voix, assistez-vous celui-ci prfrablcmcnt h tant d'autres Saints?
C'est, rpondit Marc, qu'il m'a tmoigne une dvotion
toute spciale, et qu'il a assidment visit le lieu o repose mon corps. Voil pourquoi je vais le visiter l'heure de
sa mort.
A cet instant, des jeunes hommes tout vtus de blanc rempliront la maison du malade.
Pourquoi ctes-vous venus en ce lieu, leur dt S, Marc?
Afin, rpondirent-ils, que nous prsentions Pme de ce
religieux en prsence du Seigneur.
A ce moment, le frre s'veilla, envoya aussitt chercher le Prieur de la Maison, lui raconta tout ce qu'il avait vu.
puis, pntr de joie, il s'endormit dans le Seigneur.
C'est le Prieur lui-mme qui a compos celte relation, l'an
mi.
Tous ces miracles sont rapports dans les Actes des Saints,
au 2 5 avril, par les Bollandistes. On les lisait en partie dans
l'ancien Brviaire de N . - D . du Monl-Carmel de Venise, ime
361
le secours de Dieu par l'intercession de ce saint protecteur des
peuples et des villes, et de flchir la colre divine, irrite par
les pchs des hommes. L'origine de cette coutume est communment attribue S. Grgoire le Grand, qui, ayant ordonn
Rome une procession gnrale, o l'on chanta la Litanie, obtint de Dieu la cessation d'une peste cruelle. C'est le sentiment
de S. Grgoire de Tours, qui n'crivit que d'aprs lo rcit
d'un diacre qui tait pour lors Rome, et qui avait assist la
crmonie. On fit station a Sainte-Marie-Majeure, en 590.
S. Grgoire parle d'une semblable procession ou litanie qui se
fit treize ans aprs, le 29 d'aot 603, l'glise de Sainte-Sabine tant le lieu de la station. S. Grgoire ne manquait point
chaque anne cette crmonie fixe au 25 avril, la fin du
septime sicle. Elle fut reue en France et mme ordonne,
comme nous le voyons, par le Concile d'Aix-la-Chapelle,
tenu en 836, et par les Capilulaires de Charles le Chauve. Du
temps de S. Grgoire le Grand, la grande Litanie tait
accompagne d'un jene strict. Il n'y a aujourd'hui qu'abstinences dans plusieurs diocses, cause du temps pascal.
On garde encore dans quelques-uns le jene des Stations qui
finit Nones.
Rien de plus touchant que ce qu'ont dit les Conciles, les Pres et les Saints Pasteurs, sur la manire d'assister aux supplications et aux processions. Le premier Concile d'Orlans
voulait que les matres dispensassent ces jours-l leurs domestiques du travail ordinaire, afin que tous les fidles tant assembls, ils pussent unir leurs vux el leurs prires. Le Concile de Mayence ordonna que tous assistassent la crmonie
nu-pieds et en habit de pnitence ; ce qui fut observ pendant
quelque temps. S. Charles Borromemit tout en uvre pour
ranimer la pit des fidles aux jours de la grande Litanie et
des Rogations. Conformment aux pieux rglements qu'il fit,
les processions commenaient avant le point du jour, et duraient jusqu' trois ou quatre heures aprs-midi. Le saint
362
Archevque de Milan jenait ces jours-l au pain et l'eau, et
prchait plusieurs fois pour exhorter son peuple la pnitence ;
d'o il suit que la ngligence assister aux supplications publiques est un dsordre rel qui vient du refroidissement de
la pit. Les Chrtiens se privent par l d'un moyen efficace
d'obtenir les effets de la misricorde du Seigneur. On retirera
toujours de grands fruits de ces processions, si l'on y assiste
avec de vifs sentiments de religion, si l'on y implore avec ardeur le secours de la grce, pour connatre, pour aimer et pratiquer le bien ; si l'on y demande enfin, avec une humble confiance, la rmission de ses pchs, et la conservation des fruits
de la terre .
1
S. APELLES,
Evque de Smyrne;
S. LUCIUS,
Evque de Laodice ;
S. CLMENT,
Evque de Sardes ;
Tous Trois du nombre des Septante Disciples ;
Tous Trois tmoins immdiats des faits de Jsus,
Fils de Dieu.
et de
Sardes.
1
Martyrol. Rom., Mcncdogia Ura?ca ; S. Doroth. in synopsi ; S. Epi.phanius, in Panario, l. I ; Baron, ad Martyrol. Rom. 22 apr. ; Sirlet,
ex Menseis. S. Paul., id. ad Rom. xvi insinut ; Agiologium antiq. Lusitanum ; Bollandus, in indice SS. Apr. S. llippolyl., in lib. d(.
72 Disc. ; Chronicon Alexandr., p. 60 ; etc.
364
tculiremeut dans les villes d'Asie, qui ont t nommes plus
haut, ils allrent recevoir du Seigneur le prix de leurs souffrances.
Que S . pelles, ou pells, ait t vque de Smyrne,
1
si ce nom dsignait la mme personne. D'autres auteurs * ajoutent que Lucius fut vque d'Olympiade. L'Eglise d'Evora,*en
Portugal, clbre sous le rit double la fte de ce Saint, parce
que Joseph de Mello, archevque d'Evora, apporta de Rome
en l'glise des Carmes dchausss de cette ville, le chef de
1
Comm. de Peregrinalionibus
Grci inmenologio.
* Et Grrcci ibid. Baron.
Apud Riccioli, chron.
a
305
S. Lucius, disciple de Jsus-Christ, rcemment tir des catacombes. Cette relique est regarde comme authentique par les
Bollandistes .
4
S. Clment fut evque de Sardes, et ne doit pas tre confondu avec S. Clment, de Rome, qui succda S. Pierre sur
le trne pontifical. S. Dorothe, martyr, dit que c'est celui dont
S. Paul fait mention dans son cplro aux Philippiens , lorsqu'il
dit : avec Clment et mes autres collaborateurs; et que c'est
lo premier des Grecs et des Gentils qui ait cru et qui se soit
converti Jsus-Christ, lorsque le Sauveur tait sur la terre.
Comme ces premiers ministres, fondateurs des diverses
chrtients, ne pouvaient pas rsider longtemps dans les
mmes glises, mais devaient aller de lieu en lieu pour planter partout la foi chrtienne, on ne saurait dire qu'on est en
droit de leur faire l'application des avertissements que S. Jean,
dans l'Apocalypse*, adresse aux Anges ou Evques des Eglises
de Smyrne, de Sardes, do Laodice, etc. C'tait peut-tre
ceux qu'ils avaient tablis en leur place pour gouverner ces
Eglises, que le Saint Evangliste adressait ses remontrances
et ses conseils.
3
Quoiqu'il en soit, les trois disciples de Jsus-Christ ont toujours t gnralement regards comme de saints Confesseurs
et Pontifes. L'Eglise d'Orient, dans ses livres liturgiques, chante
leur louange le beau distique qui suit :
Tpta puxOqTfasv, cayiiv/j Aovou mtXat
lloXXou; Xaou 3EXXUHV tsc axou icXaw] !
TiHas Iwc Disciputorum, jam oim farta est Sagena eu rele
piscatorium,
Verbi, et multos populos attraxit ex profundo
errorum.
Cette Triade do Disciples fut autrefois entre los mains du Verbe, un
filet habile, qui tira do l'ocan des erreurs une multitude do peuples.
1
366
On Iil dans lo Martyrologe* Romain : Au 22 avril, se c lbre, Smyrne, la fle des SS. pelles et Lucius, deux
d'entre les premiers Disciples de Jsus-Christ.
S. SILAS,
Du nombre des 72 Disciples de Jsus ;
Docteur et Prophte du Nouveau Testament;
Aptre associ S. Paul, pour porter l'Evangile che
les Gentils ;
Tmoin immdiat des faits de Jsus-Christ et martyr du Fils de Dieu ;
Evque de Corinthe.
S. SYLVAIN,
L'un des Septante Disciples de Jsus-Christ;
Docteur et Aptre des Gentils, associ S. Paul ;
Tmoin immdiat de Jsus ;
Evque de Thessalonique, en Macdoine.
I
S. Silas, docteur ot prophte, accompagne S. Paul, et partage ses
travaux apostoliques.
4
368
Barnabe et Paul...
donc
voix*.
lettre,
et de joie.
cette
consolrent et
discours*.
envoys.
369
lioche, Silas se joignit S. Paul el S. Barnabe pour enseigner et annoncer la parole de Dieu. Aprs y avoir rempli leur
mission, S. Paul et S. Silas partirent ensemble pour vangliser la Syrie, la Cilicie, pour confirmer les Eglises, leur ordonnant de garder les rglements des Aptres et des Prtres
de Jrusalem.
Or, allant de mile en ville, ils enseignaient ces rgles
tous les fidles. Ainsi les Eglises taient fortifies dans la foi,
et croissaient en nombre de jour en jour.
Lorsqu'ils curent travers la Phrygie el la Galatie , le
Saint-Esprit leur dfendit d'annoncer la parole de Dieu dans
l'Asie proconsulaire, parce que les habitants de cette province,
disent les SS. Pres, n'taient point encore bien disposs
recevoir celte divine semence.
1
Et, tant venu en Mysie, ils se disposaient passer en liithynie; mais l'Esprit de Jsus ne le leur permit pas. Ils passrent ensuite la Mysie, et descendirent Troade. S. Luc,
auteur du livre des Actes, commence ici parler en premire
personne, parce que ce fut, comme on le croit, dans la Troade
qu'il se joignit S. Paul, et que depuis ce temps il ne le quitta
plus.
Nous nous embarqumes donc Troade, dit le S. Evanglisle, nous vnmes droit Samothrace, et le lendemain
Naples, ville de Macdoine, situe sur les frontires de la
Thrace, prs de l'embouchure du fleuve Strymon.
De l, le lendemain, nous arrivmes Philippes, qui est
la premire colonie Romaine qu'on rencontre de ce ct-l
dans la Macdoine, o nous demeurmes quelques jours.
Le jour du Sabbat nous sortmes hors de la ville, et nous
allmes prs de la rivire, o tait le lieu ordinaire de la
prire. Nous nous assmes, el nous parlmes aux femmes qui
taient l assembles.
1
Ibid. 40.
Ibid. xvi, 4 et suiv.
370
U y en avait une nomme Lydie, originaire do la ville de
Thyatire, marchande de pourpre, qui servait Dieu. Elle nous
couta; et le Seigneur lui ouvrit le cur pour entendre avec
soumission ce que Paul disait. Aprs qu'elle eut t baptise,
et sa famille avec elle, elle nous fit cette prire :
Si vous me voyez fidle au Seigneur, entres en ma
maison, el y demeurez. Et elle nous y fora.
Or il arriva que comme nous allions au lieu ordinaire de
la prire, nous rencontrmes une servante, qui, ayant un
esprit de python, apportait un grand gain ses matres, en
devinant. Elle se mit nous suivre, Paul et Nous (Luc et
Silas), en criant :
Ces hommes sont des serviteurs du Dieu Trs-Haut, qui
vous annoncent la voie du salut.
Elle fit la mme chose pendant plusieurs jours. Mais Paul,
ayant peine le souffrir, parce que le tmoignage du mauvais
Esprit produisait dans lsmes une fcheuse impression, se
retourna vers elle, et dit l'Esprit :
Je te commande, au nom de Jsus-Christ, de sortir de
cette fille.
Et il sortit l'heure mme. Mais les matres de cette servante, voyant qu'ils avaient perdu l'esprance de leur gain
se saisirent de Paul et de Silas; et les ayant emmens dans la
place devant ceux qui remplissaient les fonctions protonsuIaires, Us tes prsentrent aux magistrats, en leur disant :
Ces hommes troublent notre ville, car ce sont des Juifs
qui veulent introduire urne nouvelle manire de vie, qu'il ne
nous est pas permis, nous qui sommes Romains, de recevoir ou de suivre.
Le peuple courut en foule contre eux : el les magistrats,
ayant fait dchirer leurs robes, commandrent qu'ils fussent
battus de verges. On leur dchira leur tunique, ou leur vtement de dessous, en lo fendant depuis le col jusqu'aux rein s
afin de donner h Paul et Silas des coups de verges sur les
x
paules el sur le dos : cl cela conformment l'usage des Romains, dont on voit les vestiges dans les anciens auteurs. Les
Juifs eux-mmes dchiraient et ne dpouillaient point la tunique do ceux que l'on frappait do verges.
II
S . Silas, emprisonn avec S. Paul, et miraculeusement dlivr.
372
Croyez au Seigneur Jsus, et vous serez sauv, vous et
votre famille.
Et ils lui annoncrent la parole du Seigneur, et tous
ceux qui taient dans sa maison. cette heure lmme de la
nuit il lava leurs plaies : et aussitt ils furent baptiss avec
toute sa famille. Puis les ayant mens en son logement, il
leur scrr.it manger; et il se rjouit avec toute sa maison de
ce qu'il avait cru en Dieu.
Le jour tant venu, les magistrats lui envoyrent dire par
les huissiers qu'il laisst aller ces prisonniers. Aussitt le
gelier vint dire Paul :
Les magistrats ont mand qu'on vous largt : sortez
donc maintenant, et vous en allez en paix.
Mais Paul dit ces huissiers :
Quoi! aprs nous avoir publiquement battus de verges,
sans connaissance de cause, nous qui sommes citoyens Romains, ils nous ont mis en prison, et maintenant ils nous en
font sortir en secret? Il faut qu'ils viennent eux-mmes nous
en tirer.
Les huissiers rapportrent ceci aux magistrats, qui eurent
peur, ayant appris qu'ils taient citoyens Romains. Us vinrent
donc leur faire des excuses, et les ayant mis hors de la prison, ils les supplirent de se retirer de leur ville.
Pour eux, au sortir de la prison, ils allrent chez Lydie;
et ayant vu les frres, ils les consolrent, et partirent ensuite.
S. Paul cl S. Silas consolrent les fidles par le rcit des
prodiges que Dieu avait fait clater en leur faveur et pour leur
dlivrance. Bien que leur prsence ft redoute des magistrats idoltres, elle tait nanmoins agrable aux Philippiens.
Ceux-ci, en effet, se montrrent constamment attachs aux deux
Aptres, et contriburent de leurs biens leurs besoins temporels dans plusieurs occasions, et envoyrent de l'argent
S. Paul, lorsque cet Aptre tait Thessalonique, Corinlhe,
et lorsqu'il tait captif Rome.
373
111
S. Silos proche avec S. Paul Thessalonique, Bre, Corinlhe,
dont il est institua voque par S. Paul.
1
S. Paul et S. Silas passrent de Philippes par la Macdoine, par Amphipolis, par Apollonie, et vinrent Thessalonique, oh il y avait une Synagogue de Juifs.
Paul y entra selon sa coutume, et il les entretint des Ecritures durant trois jours de Sabbat; leur dmontrant que le
Messie prdit devait faire et souffrir ce que Jsus-Christ avait
fait et avait souffert.
Quelques-uns d'entre eux crurent et se joignirent Paul
et Silas; comme aussi une grande multitude de Grecs craignant Dieu, et plusieurs femmes de qualit, qui avaient assist
aux discours de F Aptre S. Paul et de Silas; car ce dernier,
comme docteur et prophte, enseignait aussi en particulier et
en public la vrit vanglique. On se rendit ses raisons
comme aux instructions savantes de S. Paul.
Mais les Juifs, pousss par la jalousie, prirmt avec eux
quelques hommes mchants de la lie du peuple; et ayant excit un tumulte, ils troublrent toute la ville et vinrent en
foule la maison de Jason (autre disciple de Jsus), voulant
enlever Paul et Silas, et les mener devant le peuple. Mais ne
les ayant pas trouvs dans celte maison o ils logeaient depuis
leur arrive, ils maltraitrent Jason et quelques Chrtiens.
Ds la nuit mme les frres conduisirent (secrtement) hors
de la ville Paul et Silas pour aller Bre : o, tant arrivs, ils entrrent dans la Synagogue des Juifs. Bre tait
situ sur le mme golfe que Thessalonique, mais plus au midi.
Or tes Juifs de cette ville avaient un esprit plus noble que
ceux de Thessalonique, et ils reurent la parole des deux
375
Que votre sang retombe sur votre tte! Pour moi, j'en
suis innocent, et je m'en vais dsormais vers les Gentils.
Il se retira peu de temps aprs, laissant Silas, en qualit
d'vque de Corinthe, pour gouverner l'glise trs-nombreuse
qui s'y tait forme par l'effet de la prdication. C'est ce que
S. Dorothe et les Grecs tmoignent dans leurs vies des hommes apostoliques.
1
376
IV
De S. Sylvain, aptre, associ S. Paul, dan3 lo ministre
vanglique.
1
2 Cor. i, 19.
8. Doroth. in synopsi, et Graci, in
* 1 Tliess. i, 1 ; 2 Thess. i, 1.
* 1 Petr. v, 12.
Menasa, p. 298.
4
Menologio.
Les reliques de S. Sylvain sont actuellement cnvoyos par lo Souverain Pontife Pie IX l'glise de Rumengol (diocse de Quimper).
On Ht ce sujet dans le journal l'Ami de la Religion, n. 5986, t. 172,
du 19 avril 1856 :
t Cette anne, le Souverain Pontife a tmoign sa grande affection
pour l'glise de l'auguste patronne des Bretons (Notre-Dame de Tout
Remde), en assimilant par lettres apostoliques donnes Rome le 10 janvier dernier (1856), le plerinage de Rumengol celui de Notre-Damede-Lorette, avec jouissance de tous les privilges et de toutes les faveurs
378
accordes ce sancluai.ro vnr, le plus riche on [bions spirituels do
touto la chrtient.
De plus, le Pre commun des fidles vient de donner l'glise de Rumongol le corps de saint Sylvain, dont le grand aptre S. Paul parle
dans une de ses pitres, et qu'il appelle : GARISSIME SYLVANE (mon bien
cher Sylvain).
La translation de ce corps aura lieu le Dimanche de la Sainte-Trinit,
jour du Grand-Pardon de l'Eglise de Notre-Dame de Rumengol, que
les vieux Brotons, dans leur confiance sans bornes la Sainte Vierge,
ont appele VEylisc miraculeuse de
Notre-Damc-de-Tout-Remde...
XXV J U W .
S. JASON,
XXV JDIN.
Evque de Tharse, et
S. SOSIPATRE,
Evque d'Icne, puis de Thessalonique ;
Tous deux Tmoins immdiats de Jsus;
Tous deux du nombre des Septante Disciples.
1
Origine do Jason ol de Sosiptro. Lour parent avec S. Paul. Us
s'attachent Jsus-Christ. Leur piscopat. Dvouement de Jason pour S. Paul.
380
et les honorent tous deux le mme jour; les premiers, le 28
ou 29 d'avril ; les seconds, le 25 de juin. Ceux-ci les comptaient
parmi les hommes aposLoliques les plus illustres ; ceux-l leur
donnent le titre * Aptres et de premiers Disciples de JsusChrist, compris dans le nombre des Septante'.
Ces deux Saints, Hbreux d'origine et de religion, ensuite
disciples de Jsus, puis prdicateurs vangliques, furent enfin
vques, Jason de Tharse (lieu de sa naissance) ou do Syrie,
et Sosiptre d'iconium*. Origne, in cp. ad Rom., dit que
Sosiptre fut ordonn (ensuite) vque de Thessalonique.
(Apud Baron.)
Les Actes des Aptres* citent de Jason un trait de gnrosit
chrtienne digne d'admiration. Ce Disciple exposa sa vie pour
sauver celle de S. Paul. Il avait une maison Thessalonique,
comme beaucoup d'autres Juifs en avaient parmi les Gentils,
lorsque l'Aptre vint dans cette ville , Jason le reut chez luiMais les autres Juifs endurcis, voyant que Paul convertissait
un grand nombre de Gentils et d'Isralites, furent pris de
jalousie, excitrent une sdition, et, prenant avec eux quelques mchants hommes de la lie du peuple, ils troublrent
tonte la ville. Ils vinrent assiger la maison de Jason, dans
le dessein d'enlever Paul et Silas, et de les mener devant le
peuple. Mais ne les ayant point trouvs, ils tranrent Jason
et quelques-uns des frres devant les magistrats de la ville, en
criant :
2
381
rebelles aux ordonnances de Csar, en soutenant qu'il y a
un autre roi, qu'ils nomment J S U S ! . . .
Us murent doncpar ces cris la populace et les magistrats
qui les coutaient. Mais Jason et les autres frres ayant donn
caution, qu'ils reprsenteraient S. Paul, s'il le fallait, les
magistrats les laissrent aller. Ds la nuit mme les frres
conduisirent secrtement hors de la ville Paul et Silas, qui
partirent pour Bre. Ce fut donc sur la caution de Jason qui
rpondit de leurs personnes et qui s'engagea aies reprsenter
en personnes, s'il tait ncessaire, qu'on cessa de rechercher
l'Aptre et de perscuter les Chrtiens. Mais il parat que ce
Disciple ne fut pas oblig d'en venir ce point; car il sut apaiser
la populace mutine et la colre des magistrats, en leur reprsentant que ces hommes n'taient rien moins que perturbateurs du repos public ; que le royaume dont ils parlaient, tait
un royaume tout spirituel; que Jsus-Christ n'tait point un
roi temporel, mais un Dieu qui rgnait dans le ciel; que personne n'tait plus soumis aux ordonnances de Csar, que ceux
que l'on accusait de s'y opposer. Satisfaits de ces raisons apportes par Jason, les magistrats n'exigrent plus la prsence
de S. Paul.
II
Prdication des deux Aptres dans l'le do Corcyro ou Gorfou. Conversion et martyre de sept voleurs, puis de quatre autres personnes.
et 28 et 29 apritis.
382
naquit Tharsc, en Cilicie, dont il fut vque dans la suite.
Sosiptre naquit Fatras, en chae, et fut vque d'Icne.
Aprs avoir gouvern leurs glises pendant quelques an nes, et avoir procur le salut d'un grand nombre de fidles,
ils allrent dans les pays de l'Occident. Ils dbarqurent
dans l'le de Corcyre, y convertirent beaucoup d'infidles
Jsus-Christ, y consacrrent une glise sous le vocable du
Prolomarlyr Saint-Etienne.
A cette vue le roi ou gouverneur de Corcyre (ouCorfou), fit
saisir les deux Aptres, et commanda qu'ils fussent jets dans
une prison, o se trouvaient enferms sept chefs de voleurs,
dont voici les noms : Saturnin, Incischolus, Faustianus,
Januarius, Marsalius, Euphrasius et Mammius. Ces captifs,
ayant vu les actions prodigieuses des deux hommes de Dieu,
et ayant entendu leurs discours, crurent en Jsus-Cbrist. Le
gardien de la prison se convertit pareillement ; et tous, de
loups ravissants qu'ils taient auparavant, furent changs en
de doux agneaux , tous disposs se laisser immoler pour le
nom de Jsus-Christ. En effet, Antoine, le gardien de la
prison, eut la tte tranche pour la foi, et les sept voleurs convertis, furent jets et brls dans des cuves d'airain embrases,
remplies de bitume et de soufre, et ils reurent ainsi la couronne du martyre. Cela se passa au dehors de la ville.
Tous les Martyrologes Grecs et Latins rapportent ces faits.
L'Ancien et le Nouveau Martyrologe Romain s'expriment ainsi
sur ce sujet :
Le mme jour (29 avril) sept voleurs, que S. Jason avait
convertis Jsus-Christ, parvinrent a la vie ternelle par
la voie du martyre.
Le Mnologe de l'empereur Basile est plus exprs : il raconte sommairement toute l'histoire prcdente, et joint le
nom do S. Sisoptre celui de S. Jason.
1
Ad 2 7 apr.
383
Les mmes auteurs s'accordent rapporter que dans ia
mme perscution et dans la mme ile de Corfou ou Corcyre,
plusieurs autres chrtiens et nommment Zenon, Eusbe,
Non et Vital, instruits par les SS. Aptres Jason et Sosiptre, furent accuss devant le gouverneur de l'le, saisis, chargs de chanes par son ordre, et trans devant lui par les
idoltres. Comme dans leur interrogatoire ils rendaient gloire
Jsus-Christ, on les dpouilla de leurs vtements, on les
tendit sur la terre, et, aprs leur avoir li les pieds et les
mains, on les flagella durant plusieurs heures avec une extrme
cruaut, dans le but de les obliger renoncer Jsus-Christ
et sacrifier aux idoles. Comme ils refusrent constamment de
le faire, et qu'ils ne tmoignrent par aucune de leurs paroles
qu'ils consentaient adorer les Dmons, on les rejeta presque
morts dans la prison. On alluma ensuite une grande fournaise
pour les y jeter au sortir de la prison. Ce fut dans les flammes
qu'ils consommrent leur martyre.
1
C'est leur sujet qu'on lit dans les Menes les distiques
suivants :
0eol XocrpeuEtv pi) OEXCOV EXXijvlot
KaOetXe xauOei rciaiv E R i p u v Newv.
384
TII
Conversion et martyre de la fille du proconsul de Corfou.
1
385
la perscution vint les trouver, quelque temps aprs, comme
nous l'apprenons par les monuments de l'Orient.
IV
Conversion du gouvornour de l'le. Miracles des deux hommes
apostoliques. Eptre de S. Denys S. Sosiptre.
Nous avons vu que lo gouverneur do l'lo avait fait incarcrer S. Jason et S. Sosipatre. Il les fit sortir de prison, les interrogea de nouveau, puis les fit remettre dans les fers, aprs
avoir donn Tordre au gardien Carpianus de leur faire subir divers tourments pour un jour indiqu.
Mais, durant la perscution, les saints hommes de Dieu, dlivrs de leur captivit, se rfugirent, comme il a t dit, dans
une le adjacente. Le proconsul, dsirant les livrer au supplice,
se mit en mer pour les y poursuivre ; mais lorsqu'il fut en
pleine mer, il y prit comme autrefois Pharaon. Ce fut pour le
peuple de Dieu un sujet de rendre des actions de grces au
Seigneur. Depuis qu'ils taient dlivrs de leur prison, Jason
et Sosipatre prchaient sans obstacle la parole de Dieu. Mais
lorsqu'un autre proconsul eut succd au prcdent, et qu'il
eut t inform de la question de ces deux hommes de Dieu, il
commanda, aprs avoir fait saisir les deux aptres, de faire
chauffer une cuve de fer, de la remplir de poix, de rsine et
de cire, et de plonger dans lo liquide brlant Jason et Sosipatre. Mais il arriva que ces saints hommes n'prouvrent aucun
mal, et que plusieurs infidles furent atteints du feu. A cette
vue, un grand nombre de personnes se convertirent JsusChrist, et le gouverneur lui-mme, suspendant une pierre
son cou en signe de repentir, s'criait :
Dieu de Jason et de Sosipatre, ayez piti de moi I
Jason, voyant son repentir et ses larmes, pendant qu'il donnait
au peuple des avis et des instructions, l'instruisit lui-mme,
et ensuite il le baptisa au nom du Pre, et du Fils, et du SaintEsprit, puis il lui donna le nom de Sbastien.
380
Quelque temps aprs, le fils du proconsul tomba dans une
maladie et mourut. Par ses prires, S. Jason le ressuscita
d'entre les morts.
Aprs qu'il eut opr un grand nombre d'autres miracles,
qu'il eut rig plusieurs temples remarquables par leur beaut,
qu'il eut augment le troupeau de Jsus-Christ et fait beaucoup d'autres uvres saintes et utiles, il sortit de ce monde
dans une heureuse vieillesse, et alla retrouver Celui que depuis
longtemps il dsirait avec tant d'ardeur contempler dans la
gloire cleste .
1
387
tablissez si bien la vrit quo les raisons dont vous Tapie puierez soient compltement irrfutables.
Cette lettre de S. Denys montre que Sosiptre combatbattait vigoureusement le paganisme et le pulvrisait par la force
de son argumentation. Cependant, les paens ne se rendant pas
encore, le zl Disciple, voulant atteindre le but qu'il poursuivait, c'est--dire la conversion des idoltres, consulte les Sages
de l'Eglise sur les moyens d'obtenir plus facilement cette fin.
S. Denys, qui il propose par crit sa mthode, lui rpond en
lui conseillant de s'appliquer plutt tablir la vrit chrtienne, qu' rfuter les opinions errones des paens.
Ce qui suit va faire voir que Jason employait galement la
Dialectique chrtienne pour convaincre et convertir les Juifs et
les Paens, et qu'en gnral les premiers prdicateurs de la vrit se servaient de puissants raisonnements dans les discours
qu'ils adressaient aux Infidles.
V
De la controverse de S. Jason avec un savant d'Alexandrie.
388
Jsus, et par la force pleine de douceur avec laquelle il combattit sa duret, que Papiscus, clair intrieurement par Tinfusion du Saint-Esprit, reconnut la vrit, ou plutt fut admis
la connatre. Touch de la crainte du Seigneur, par la grce
du Soigneur mmo, el ne rsistant poinl la lumire cleste
qui lui faisait apercevoir la vrit, il crut en Jsus-Christ, fils
de Dieu, et pria S. Jason de lui faire obtenir le sceau do sa foi
et de sa religion, c'est--dire lo baptme.
S. Jason faisait valoir, en particulier, cette vrit, Tune des
plus importantes pour les murs, que Dieu voit prsentement
et jugera un jour, non-seulement nos paroles et nos actions,
mais jusqu' nos penses ; qu'ainsi nous ne devons ni rien penser, ni rien faire qu'il puisse condamner, mais tout faire, jusqu'aux moindres choses, dans Tunique vue de lui plaire. Il
dmontrait solidement aussi contre les juifs, la divinit du
Christ, et sa qualit de Crateur du ;monde.
1
389
t connu du paen Celse. Pamlius prtend avec raison que
Jason, qui y soutient la vrit du Christianisme, est lo parent
de S . Paul, dont il est parl dans le chapitre xvi de l'Epitre
aux Romains, et dans le xvu des Actes. Les protestants d'Angleterre ont copi cette note dans leur dition de S. Cyprien ;
et Spencer dans ses notes sur Origcne, rapporte la mme ponso sans la contester. Elle tait partage par Sixte do Sienne .
Un chrtien nomm Celse, jugeant que cet crit pouvait tre
utile pour convaincre la duret des juifs, encore plus ennemis
de Jsus-Christ que les paens eux-mmes, le traduisit de
l'original grec en latin, en faveur de ceux qui ne savaient pas
le grec, et l'adressa un saint vque, nomm Vigile, qui savait l'une et l'autre langue, afin qu'il juget de sa traduction.
Nous avons encore cette prface, par laquelle il lui adresse
son travail. Quant l'ouvrage mme, nous ne l'avons plus aujourd'hui, ni en grec ni en latin. On ne connat rien de particulier de ce Celse, ni de cet vque Vigile, si non que ce sont
des auteurs fort anciens, qui crivaient durant le feu des perscutions .
1
XI
S. NATHNAEL,
-XOVKMHHIi
H
A vu II..
Docteur hbreu ;
L'un des premiers Tmoins des miracles de Jsus ;
L'un de ses 72 Disciples;
Prdicateur de l'Evangile;
Evque de Bourges, selon une ancienne tradition ;
Confesseur de la foi.
6. Jean, xxi, 2.
S . Jean, i, 45-51.
391
Avant que Philippe vous et appel, je vous ai vu lorsque vous tiez sous le figuier.
Nathanal lui dit :
Rabbi, c'est--dire Matre, vous tes le fils de Dieu, vous
tes le roi d'Isral. Car il avait remarqu par la rponse
de Jsus, qu'il connaissait toutes choses, mme les plus secrtes et les plus cachcos, que Dieu seul peut pntror.
Jsus lui rpondit qu'il verrait des choses bien plus surnaturelles que celle qu'il venait de lui rvler :
Vous croyez, Nathanal, parce que je vous ai dit que je
vous ai vu sous le figuier, o personne n'a pu vous voir que
Dieu seul ; vous verrez de bien plus grandes choses. Et il
ajouta :
En vrit, en vrit je vous le dis : vous verrez le ciel
ouvert et les Anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de
l'homme.
1
Cet heureux Disciple, qui eut pour historien saint Jean l'Evangliste, et pour pangyriste, le Fils de Dieu mme, fut un de
ceux qui Jsus se manifesta spcialement aprs sa rsurrection . Il devint un excellent ministre de l'Evangile. On pense
gnralement qu'il fut du nombre des 72 Disciples. Quelquesuns mme ont cru qu'il a t l'un des Douze Aptres, mais
sous un autre nom, soit celui de S. Barthlmy, soit celui de
S. Simon le Cananen. Ce ne sont-l que des conjectures
non fondes. Baronius, Tillemonl, Maldonat, et la plupart
4
S. Grcg. in cantic.
* y. Grcg. mag. in Job. lib. 3 .
S . Jean, xxi, 2.
3. B. Petrus cum ex pracepto Neronis imperatoris crucifigerelur, S. Ursinus ante crucem adfuit.
A. Suscepla B. Clemens Ecclesia, prdicatores disertos et
constantes in fide ad Evangelii fidem direxit in Gallias.
5. Alio aliis ahcunlibus, S. Ursinus cum suo lantumdiscipulo nomino Justo Bituricc fines ingressus est.
1
11 y a des autours qui pensent que S. Ursin, 1" voque de Bourges, est le mme que Nathanal ; d'autres, quo Nathanal est le premier vquo do cette ville, et S. Ursin le second ; que ces voques ont
t envoys par S. Pierro dans les Gaules.
Les anciens Actes de S. Ursin, et Yancien Brviaire de Bourges, publi par Labbe, lom. II, p. 459, portent que S. Ursin avait reu sa mission de Noire-Seigneur Jsus-Christ, et qu'il avait t l'un de ses
72 Disciples \ qu'il reut le nom d'Ursin son baptme, et que son
premier nom tait Nathanal; qu'il eut l'avantage de se trouver la
Cne, et qu'il y fit mmo la lecture pendant le repas, Notre-Seigneur
l'ayant dsign pour celle fonction ; qu'il suivit S. Pierre Rome, assista son martyre, et qu'enfin S. Clment ayant pris le gouvernement
de l'Eglise, S. Ursin fut envoy par lui Bourges pour y prcher la foi.
Vinc. Bellov. in Spcculo hist.
Petrus a Natalibus, /. 1, c. 9.
La Biographie universelle.
Dcxtri chron. ad an. 105, p. 291, etBivar. Ibid.
7
S. TYGHIQUE,
XXIX AVRIL.
S. Tychique, compagnon de S. Paul, dans ses courses apostoliques, tait un hbreu de la province d'Asie, aussi bien que
S. Trophime, comme le marque S. Luc dans les Actes des
Aptres*. L'on ne sait s'il tait depuis longtemps du nombre
des ouvriers vangliques. Mais il est certain qu'il tait trsattach la personne de S. Paul, qui l'avait avec lui lorsqu'il lit le voyage de Corinthe Jrusalem . L'Aptre se servait
volontiers de lui pour porter ses lettres ; et nous voyons en
effet qu'il fut le porteur, entre autres, de celles qu'il crivit
aux Colossiens et aux Ephsiens. Mais on ne doit pas croire
que S. Tychique ne sut faire auprs de lui que la fonction de
simple messager. Il l'employait aussi pour connatre et examiner l'tat des Eglises, et lui en faire son rapport; pour consoler
les fidles, leur donner des avis, et les encourager par ses exhortations et ses prdications. C'est pour cela sans doute qu'il
l'appelait son cher frre, un ministre fidle du Seigneur, el
son compagnon dans le service de Dieu et du prochain . Il
avait dessein de l'envoyer dans l'le de Crte ou Candie, la
2
Act. xx, 4. Souvent on voit que des juifs avaient des tablissements
dans les pays de la Gentilit : S. Barnabe tait de Chypre ; S. Paul, de
Tarse ; S. Lucius, de Cyrne ; S. Luc, d'Antioche, etc.
Ibid.
* L'Eglise grecque le met au nombre des 72 Disciples de Jsus-Christ.
Ce qui suppose qu'il n'a pas t converti par S. Paul, mais qu'il lui a
t donn pour tre son collaborateur dans l'uvre de la prdication,
et son compagnon dans ses courses apostoliques. S. Hippolyte ;
S. Dorothe, in Synopsi ; Ghron. Alex. ; Galmet, in 2 0 cap. Act*
Coloss. iv, 7, 8. Ephes. vi, 21-22.
2
395
place de Tite, el dans la ville d'Ephse, en l'absence de S. Timothe, pour gouverner ces glises . (An 65.)
Voil ce que l'Ecriture nous apprend de S. Tychique. La
tradition ajoute qu'il fut vque de Colophon en Ionie, dans la
province proconsulaire d'Asie , et qu'il succda en cette charge
S. Sosthne, autre disciple de S. Paul. Selon une autre tradition, il a t cvque de Chalccdoine* en Bithynie, puis de
Napoli on Chypre .11 y en a qui croient qu'il a administr l'glise de Paphos ou Baffo dans la mme le, en qualit de diacre. Mais la raison sur laquelle ils se fondent, parat peu solide ; car la qualit de ministre que lui donne S. Paul, peut
tre attribue tous les ouvriers vangliqnes, aux plus considrables comme aux moindres.
Les Grecs, qui le mettent au nombre des Septante Disciples
de Jsus-Christ, clbrent sa fte le 8 ou le 9 do Dcembre.
Les Latins Anciens, et notamment les Martyrologes d'Usuard
et d'Adon en font mmoire au 29 avril. Le Romain moderne
le met au 29 du mme mois.
1
IV
S. TITE
JANVIER.
o u
TITUS,
Vie de S. Tito, crite par l'un des 72 Disciples. Son illustre origine.
Comment il se trouva dans l'occasion de voir et d'entendre JsusChrist. Comment il se convertit et fut consacr voque.
397
vrages des Philosophes : lude trs-eslime parmi les Grecs el
rpute la seule capable de mettre un jeune homme sur la voie
des honneurs.
Tite vaquait donc cette occupation et avait dj atteint sa
vingtime anne, lorsqu'il entendit une voix du ciel qui lui dit
de quitter ce lieu et de sauver son me.
Colle science profane des Grecs, njoula-t-cllo, vous sera
peu utile pour le salut.
Tite souhaitait entendre encore une fois la voix mystrieuse,
pour s'assurer si elle venait du ciel ; car il savait que quelquefois les Idoles faisaient entendre des paroles superstitieuses. Il
aUendil donc encore une anne entire. Alors il cul une rvlation, o il lui fut recommand de lire les Ecritures des
Hbreux. Lors donc qu'il eut ouvert Isae, il tomba sur ce passage:
Toutes les lies de la terre, prtez mes paroles une
oreille attentive. Isral doit tre sauv par un Salut (on par
un Sauveur) ternel... Et ce qui suit.
C'est pourquoi le Proconsul de Crte, qui lail l'oncle de
Tite, ayant appris la prodigieuse et heureuse naissance de
Notre-Seigneur Jsus-Christ, de mme que les miracles qu'il
oprait Jrusalem et ailleurs, sur l'avis des Grands qui l'environnaient, envoya Tite Jrusalem pour y tre lmoin oculaire des prodiges du Christ. On le jugeait, en effet, trs-capable d'apprcier les faits de Jsus-Christ, do l'entendre el
mme de lui parler avec -propos, puis de rapporter exactement aux Grands de la Crte ce qu'il aurait vu et entendu.
Tite se mit donc en roule pour Jrusalem. Lorsqu'il y eut
vu Notre-Seigneur Jsus-Christ, el qu'il lui eut rendu ses hommages et ses adorations, il demeura dans celle ville, el fut
4
Isai. XLI, t, etc. selon la version des septante qui tait alors entre
los mains de Tite et de Znas ; Innovamini ad me InsuLc mullx. Isral
Salvatur a Domino (Jchova) salutem sempiternam. In vulgata autem ?
Taceanl ad me Insuke, etc.
398
ainsi lo spectateur de ses miracles. Il crut en lui et devint son
fidle disciple. Il fut compt au nombre des 72 Disciples*. Il
fut galement tmoin de la Passion, source de notre salut, de
la spulture et de la rsurrection de Jsus-Christ, de son Ascension dans les Cieux, de l'avnement du Saint-Esprit et de
sa descente sur les Aptres. Il se trouva prsent parmi les cent
vingt, et il vit les trois mille hommes qui, aprs avoir entendu
la prdication de S . Pierre, crurent en Jsus-Christ.
Les Aptres le consacrrent voque ou aptre, et l'envoyrent avec S. Paul vangliser les Gentils. II vint d'abord avec
Paul Antioche, de l Sleucie, puis en Chypre, Salamine, Paphos. De l il partit pour Perg, ville de Pamphilie,
el pour Antioche de Pisidie ; il alla ensuite Icne, o il logea
dans la maison d'Onsiphore. Puis il vint Lystre et Derb ;
prchant en tout lieu avec S. Paul la parole vanglique. Il y ava it
dj plus d'un an que Rutilius, le mari de sa sur gouvernait
l'le de Crte, en qualit de Proconsul, lorsque Paul et Tite dbarqurent dans cette le et commmencrent y prcher Jsus-Christ. Rutilius, parent de Tite, tournait en drision
les deux Aptres. Mais, quelque temps aprs, son fils tant
venu mourir et ayant t ressuscit par S. Paul, Rutilius se
convertit la foi et reut le baptme avec toute sa maison. Les
deux Aptres firent construire une glise dans l'le, et Tite fut
institu archevque de Crte, et de toutes les les adjacentes.
Aprs que ce Disciple illustre cl zl eut gouvern quelque
lemps cette vaste glise, il accompagna de nouveau S. Paul
dans ses courses apostoliques, et reut de lui mission particulire pour aller vangliser la Dalmalie , comme S. Paul lui2
2 Timoth. v, 10.
399
mme nous le fait connatre dans son ptre Timothe. C'est
la raison pour laquelle ce pays honore S. Tite comme son premier Aptre. On rapporte que ce saint Disciple ordonna premier vque de Salone S. Domnius, qui est honor le 7 de mai.
La dignit de mtropole, dont jouissait autrefois ce sige, a t
depuis transfre Spalatro.
1J
Prdilection de S. Paul pour Tite. Courses apostoliques de ce
Disciple.
Gomme S. Pierre, dons le mme temps, avait fait 6. Marc son interprte accoutum.
2 Cor. v m , 16. xii, 18.
2 Cor. vu, 6, 7.
2 Cor. n, 13.
1
400
la loi de la circoncision, l'Aptre rclama la libert de l'Evangile. Il est vrai qu'il avait circoncis Timothe; mais les circonstances taient changes, et faiblir en celles-ci, c'et t reconnatre la ncessit des rites anciens.
Vers la fin de l'anne 56, S. Paul envoyas. Tite d'Ephse
Corinthe, avec plein pouvoir de remdier plusieurs sujets
de scandale, et de terminer les diffrends et les divisions qui
troublaient l'Eglise do cette villo. Il y fut reu avec les plus
vives dmonstrations do respect, et tous les fidles s'empressrent de lui procurer toutes sortes de secours. Mais en excellent imitateur du grand Aptre, il ne voulut rien recevoir, pas
mme ce qui tait ncessaire aux plus indispensables besoins.
Son arrive produisit de trs-heureux effets : les coupables se
repentirent et rentrrent dans le devoir. Sa tendresse pour les
Corinthiens tait extraordinaire, et il se chargea de solliciter'
en leur nom la grce de l'incestueux Corinthien excommuni
par S. Paul. Les affaires de l'Eglise de Corinthe tant en bon
tat, il alla rejoindre le saint Aptre, auquel il rendit compte
du succs de son voyage. Quelque temps aprs, il fut envoy
une seconde fois dans la morne ville, afin de faire prparer les
aumnes destines aux pauvres de Jrusalem.
Aprs que S. Paul fut retourn en Orient, S. Tite revint
l'le de Crte, o il y avait une glise nombreuse trs-florissante, qui tait regarde par les anciens et notamment par
S. JeanrChrysostme comme l'une des plus importantes. Mais
l'aptre S. Paul ne put longtemps se passer d'un compagnon
tel que notre Saint. Ce fut ce qui l'engagea lui adresser, dans
l'automne de l'anne 64, l'pitre qui fait partie de nos Divines
Ecritures. Il lui mandait de le venir trouver JVicopolis, en
Epire, o il comptait passer l'hiver, aussitt aprs l'arrive
d'Artmas et do Tychique, qu'il envoyait pour le remplacer.
Il le chargeait ensuite d'tablir des prtres, c'est--dire, selon
S. Jrme, S. Chrysostme, Thodoret, etc., des vques,
dans toutes les villes do l'le. Plusieurs auteurs font voir par
401
les paroles de S. Paul Tite, que ce dernier tait rvolu de la
dignit archipiscopale, et ensuite que les archevques sont
d'institution apostolique. Aprs le dtail des qualits ncessaires un vque, l'Aptre donne Tito de sages avis sur la
conduite qu'il doit tenir envers son troupeau, et sur l'accord de
la fermet et de la douceur dans la manutention de la discipline.
Les pasteurs puisent dans cette ptre la connaissance des
vraies rgles, et s'excitent s'y conformer avec la mme fidlit que S. Tite.
III
Derniers traits do la vie de S. Tito.
402
du seul Dieu des Chrtiens, en l'assurant que parce moyen il
pourrait le rtablir conformment au vu qu'il venait d'exprimer : ce qui fut ainsi excut. L'ouvrage achev, Secundus reut avec son fils le sceau du baptme.
Ce fut vers ce temps quo S. Tite, qui, comme il a t dit,
avait reu de S. Paul une lettre prcieuse, en reut de S. Denys une autre plus tendue , relative la thologie et des
matires de l'Ecriture Sainte. C'est l'pilre ix qui se trouve
parmi les uvres de S. Denys. Cet autre disciple de S. Paul
lui envoya en mme temps son Trait de la Thologie Symbolique.
Dexter, dans sa Chronique , assure que S. Tite est venu
vangliser l'Espagne; qu'il y opra de grands miracles, dont
on conservait parfaitement le souvenir au iv sicle. Il ajoute
mme que Pline le Jeune, aprs avoir quitt le Pont et la Bitliynie pour venir en Crte, o il avait bti un temple Jupiter
par l'ordre de Trajan, fut converti la foi dans celte le par
S. Tite .
D'aprs les Grecs , cet aptre mourut Page de94 ans, aprs
avoir sagement gouvern son Eglise, et rpandu la foi dans les
les circonvoisines. On gardait autrefois son corps dans la cathdrale de Gorlyne, ancienne mtropole, trois lieues du
mont Ida. Les Sarrasins ayant ruin cette ville en 823, on ne
retrouva, de toutes les reliques de S. Tite, que son chef qui
depuis'a t port Venise, et dpos dans l'glise de S. Marc .
On voit encore aujourd'hui les ruines do Gorlhyne. La ville de
Candie, qui a donn son nom toute Ple, en est maintenant
la mtropole.
1
403
1
Dans lo Brov.Rom, on marque pour la fte de S. Tite l'vangile Designavit Dominus septuaginla. S. Dorolh. de 72 Disc. Grasci, in Menais.
XXVII JOIJf
S. GRESGBNT,
L'un des 72 Disciples ;
Tmoin immdiat et martyr de Jsus-Christ;
Evque de Chalcdoine, puis de Carthage, ensuite
de Vienne et de Mayence.
I
8. Crescent, aptre des Gaules, fondateur de l'Eglise de Vienne, aprs
avoir proche en Asie.
405
2
10
11
Et ailleurs, 29 dcembre :
A Vienne, en France, S. Crescent, disciple de l'aptre
S. Paul, et premier vque de cette ville.
De l, on conclut avec Estius, Baronius et plusieurs auteurs,
1
I I
400
que ce sainl Disciple de Jsus-Christ vint de la Galatio, thtre
de ses premiers travaux, prcher dans les Gaules. S. Adon,
dans sa Chronique, dit que lorsque S. Paul, dlivr de sa
prison de Rome, alla en Espagne, il laissa Trophimc d Ailles,
et Crescent Vienne, pour y commencer ou continuer la prdication vanglique.
Dans les Antiquits de l'Eglise do Vicnno, par Du Rose, il y
a une lettre du p.ipo Paul 11 Chaiicmagno, o il est dit que
cette Eglise a eu pour fondateur el pour matre S. Crescent,
collgue des Aptres.
407
tradition, puisqu'ils possdaient son corps et son tombeau.
C'est pourquoi, dans la pense que S. Crescent est venu de
la Gaule Mayence, qu'il a t leur premier cvcque, et qu'il
est mort chez eux, ils lui ont rig une glise remarquable par
sa beaut, et sur un tableau o ils ont fait peindre son portrait, ils ont crit les vers suivants :
Crcscentis fccil clurum sacra Pagina nomm,
Dum tibi fidus crut, Pavlc IicuLc amies.
Inde sed Occiduas Gallormn cessil in aras,
Ut Christi prompto spargerei ore fidem.
Bisque Maguntinis undcnis pr/'uit annis,
El viia ctarus, clarus et eloquio.
Martyriumque lulit* Trajano Pnncipe, Christi
Dum dcades denas auxerul una trias*.
y
m
S. Crescent, aptre et vque de Carthage. 11 ensevelit le corps de
S. Thodore, martyr. Son glise d'Orient.
3
408
1
son corps en Galice, o il l'accompagna . Ensuite il revint luimme son glise de Vienne, aprs avoir tabli Cartbage un
vque qui le remplaa sur ce sige. Ce fut devienne, qu'il
alla Mayence fonder une nouvelle Eglise, comme le rapportent les Martyrologes et les Tables du dnombrement des voques de celte ville.
Toutefois, cela n'empche pas de croire que cet Aptre zl,
comme le rapportent certaines traditions, ne soit retourn, au
moins durant quelque temps, des lieux de sa mission Occidentale, dans la Gallo-Grce ou la Galatie, situe dans l'Asie-Mineure, et qu'il n'ait encore gouvern comme vque cette
glise Orientale, qu'il avait fonde en partie avec S. Paul. C'est
pourquoi les Crocs disent qu'il fut, durant un temps, vque
de Chalccloinc ou de Chalets, ou Chalcide. L'hymnographe
Joseph lui adresse ces paroles dans son office :
O Crescent ! le Christ a fortifi ton me par l'onction de l'allgresse:
il a voulu que, tant son Disciple, tu fusses l'archi-pasteur ou le pre mior archevque do Chalcrdoine ; il l'a fait capable de montrer aux
hommes gars lo chemin de la Vie !
{Ode vi, stroph. G.)
lie.
* H l
kit transporter d'Afrique, se Ion le dsir de S. Thodore.
S l i n l
e s
Les papes S. Lon IV et Callixte II, de mme que les crivains d'Espagne, attestent ce fait.
S. CLOPHAS,
L'un des Septante-Deux Disciples;
Tmoin immdiat des miracles de Jsus et de sa
Rsurrection;
Aptre et martyr du Christ.
lia et Beda, Usuard., Ado, ac caeleri Latinorum, Graeci autem inMcnologio, ad 3 Idm octobris. Baron, an. 34, n. I93.
La Chronique d'Alexandrie, p. 60,; Le D Sepp., Vie de Notre-Seigncur Jsus-Christ.
3
XXV SEPT
XXX OCTOBRE
410
S. Jrme', S. Clophas tait originaire de la ville d'Emmas,
et propritaire d'une maison dans ce lieu.
L'Ecriture Sainte nous le reprsente comme faisant partie des Disciples de Jsus-Christ. Comme il n'tait pas compt
au nombre des douze Aptres, on en conclut qu'il tait l'un des
Soixante-Douze.
Voici ce que S. Luc dit de lui dans l'Evangile :
Lo premier jour do l;i semaine, c'est--dire, lejourmmo
de la rsurrection de Jsus, deux de ses Disciples s'en allaient
dans un bourg nomm Emmais, loigne de GO stades de Jrusalem, parlant ensemble de tout ce qui s'tait pass. Et il arriva que lorsqu'ils s'entretenaient et confraient ensemble sur
cela, Jsus vint lui-mme les joindre et se mit marcher avec
eux. Mais leurs yeux taient retenus, afin qu'ils ne pussent le
reconnatre.Et il leur dit:
2
' S. Jrme, cpisl. 27. Emmaus de quo loco fuit Clophas, cujus
Lucas ovaugelista meminit : hroc est mine Nicopolis, insignis civilas
Palestine. (6. Hier, de loch Ilebraicis.)
6. Luc. xxiv, 13-30.
1
que ces choses se sont passes et nous ne le voyons point paratre. Il est vrai que quelques femmes de celles qui taient
avec nous, et qui l'avaient suivi comme nous pendant sa vie,
nous ont effray ; car ayant l ds le malin son spulcro, el
n'y ayant point trouv son corps, elles sont venues dire que
des anges leur ont apparu, qui leur ont dit qu'il est vivant. Et
quelques-uns des ntres, ayant t aussi au spulcre, ont trouv
toutes choses comme les femmes les leur avaient rapportes ;
mais pour lui, ils ne l'ont point trouv.
Alors Jsus leur dit :
O insenss, dont le cur est tardif croire tout ce que
les Prophtes ont dt 1 Ne fallait-il pas que le Christ souffrt
toutes ces choses ol qu'il entrt ainsi dans la gloire?
Et commenant par Mose, et ensuite par tous les Prophtes,
il leur expliquait dans toutes les Ecritures ce qui avait l dit
de lui. Lorsqu'ils furent proche du bourg o ils allaient, il
fit semblant d'aller plus loin, mais ils le forcrent de s'arrter,
en lui disant :
Demeurez avec nous, parce qu'il est tard el que le jour
est dj sur son dclin.
Et il entra avec eux. Etant avec eux table, il prit le pain
et le bnit, et, l'ayant rompu, il lo leur donna. En mme temps
leurs yeux s'ouvrirent el ils lo reconnurent; mais aussitt il
disparut de devant leurs yeux.
Alors ils se dirent l'un l'autre :
N'est-il pas vrai que notre cur tait tout brlant dans
nous, lorsqu'il nous parlait dans le chemin/cl qu'il nous expliquait les Ecritures ?
El se levant l'heure mme, ils retournrent Jrusalem, et
trouvrent que les onze Aptres et ceux qui demeuraient avec
eux taient assembls el disaient :
Le Seigneur est vraiment ressuscit, cl il csl apparu
Simon.
Alors ils racontrent aussi eux-mmes ce qui leur tait
S. Marc. xvi.
Dum autem hxc loquuntiir, slelit Jsus in medio eorum, et dicit eis
Pax vobis t (S. Luc, ibid.)
.
Voir son article dans le grand Dict. historique.
S. Dorothe, martyr, in libcllo de 72 Disc, marque qu'il s'agit ici
d'un Clophas diffrent de VAncien, et pense mme que c'est l'un de ses
fils. C'est pourquoi il l'a confondu avec Simon, fils de Clophas l'Ancien,
et c'est d'aprs cette hypothse qu'il le fait vque de Jrusalem. Mais
le sentiment commun est que S. Clophas, disciple de Jsus, n'est autre
que Simon, vque de Jrusalem. Celui-ci, d'aprs la tradition, fut
martyris Jrusalem, celui-l Emmaus.
2
413
dc, se contenter du rle de simple fidle, non de celui de prdicateur et de missionnaire.
Lorsque S. Clophas prchait et attestait avec force la divinit ou la mission divine de Jsus devant les Juifs, il fut mis
mort pour la cause de l'Evangile. On l'ensevelit honorablement. C'est ce que rapporte la tradition consigne dans les
Anciens Brviaires o l'on trouve cette oraison :
Apais par les supplications du B. Clophas, votre DiscL
pie et votre Martyr, accordez-nous, Seigneur, nous vous en
conjurons, le pardon de nos pchs, et vos remdes salutaire res, qui nous communiquent l'immortalit.
B. Cleophm martyris tui atquc Discipuli, qummus, Domine, supplicatione placatus, et veniam nobis tribue, et remdia sempiterna concde.
S. Clophas est spcialement invoque, dans l'Ordre Teutonique, comme Disciple et Martyr du Christ, et dans les Mnologes Orientaux, comme Aptre de Jsus-Christ. Les Brviaires
d'Auxerre, de l'Ordre Teutonique, imprims en 1500, en \ 609,
etc., contiennent tous les faits mentionns plus haut .
4
S. PROGHORE,
XIX A VU IL.
Masinus, in Bononia
pcrlusirala.
S. Dorolh. in Synopsi.
S. Epiph. de Chrislo, c. 4.
Tillemonl, vini. ceci. t. 1 ; I). Cal mol, dict. hibliq. ; l'hisL. do S. Jean
TEvaiig. , lo U tiopp,
de Jsus-Christ, p. 482.
* Chr. Alex. inBibl. SS. PP. p. G3, J.xv.
2
T. TIIADDE,
L'un des Septante Disciples de Jsus, et
LE 001 ABGARB,
Souverain d'Edesse;
Tmoin des Miracles de Jsus-Christ.
I
Go qu'tait Abgaro. Comment il avait connu Jsus. Sa lettre au
Sauveur. Rponse qu'il en reoit.
L'un des 72 Disciples, voir Hist. apost. lib. ix, c. 1 ; D. Calmct, dict.
de la Bible \ Tillemont, mm. eccl. t. 1 ; M. Bor, hist. des Armniens,
p. 17.
Euseb. hist, 1.1. c. 13.
1
tom. i, p.
418
appele Callirho, cause d'une fontaine qui y coulait. Elle
devint la capitale de YOsrhone. Ce n'tait qu'une toparchie
dont les gouverneurs prenaient la qualit de rois . Le voyageur Nibuhr a vu celte ville, appele aujourd'hui Orfa, et il
en donne le plan.
i
SALUT !
Edesse.
449
dans les archives d'Edesse, et qu'JGusb a transcrite dans s,on
Histoire.
Rponse de Jsus au roi Abgare :
Vousclcs heureux, Abgare, d'avoir cru en moi sansm'a voir vu. Car il est crit de moi, que ceux qui m'auront vu,
m ne croiront point en moi, et que ceux qui ne m'auront pas
vu, croiront et seront sauvs. Quant h la prire que vous
me faites de vous aller trouver, il faut que j'accomplisse ici
l'objet de ma mission, et qu'ensuite je retourne vers Celui
qui m'a envoy ; lorsque j'y serai retourne, j'enverrai un
de mes Disciples, qui vous gurira, et qui vous donnera la
vie, vous et tous les vtres.
II
Accomplissement do la promesse du Christ h l'gard du Roi.
420
patois parmi ceux qui taient venus pour prier la fte. Ceux-ci s'adressrent Philippe el lui dirent : Matre, nous voudrions bien voir Jsus,
etc. (c. xii, 20). L'ambassade d'Abgare aurait eu lieu peu avant la dernire Pques.
1
Seigneur, il est venu chez moi un tranger qui opre di vers miracles.
Amenez-le moi, dit Abgare.
Tobio alla donc trouver Thadde et lui dit :
Le roi Abgare m'a command de vous conduire chez lui
afin que vous lo gurissiez.
Je suis pivt y aller, repartit Thadde, parce quo j'ai t
envoy ici pour cela.
m
Gurison d'Augare et de plusieurs autres personnes d'Edesse.
423
Je cros en lui et en son Pre, dit Abgare.
Sur celte raison, rpartit Thadde, au nom de Jsus, Notre Seigneur, je vous impose les mains.
El pendanl qu'il les mllait sur lui, Abgare fut guri do
c sa maladie. Abgare lut ravi de voir ainsi accomplir en sa
personne co qu'il avait entendu dire de Jcsus-Chrisl; qu'il
gurissait sans le secours des simples ni des remdes, par lo
ministre do sou Disciple.
11 ne fut pas lo seul guri do la sorte. Abde', fils d'Abdc,
s'tanl jol aux pieds do Thadde, fui guri de la goutte par
la vertu do ses prires et par l'imposition de ses mains. PIu sieurs autres citoyens furent aussi dlivrs do leurs maux
par cet Aptre, qui faisait sans cesse des miracles, et pr chait la parole do Dieu.
IV
Prdication do Thadde.
423
parlerai de la puissance par laquelle il a opr ces mer veilles, de la nouveaut de sa prdication, de la petitesse et
de la bassesse extrieures de son humanit, de la manire
dont il s'est humili jusqu' mourir du supplice de la Croix,
auquel il s'est soumis, de sa descente aux Enfers, do sa
rsurrection, des morts qu'il a ressuscites, de la compagnie
qu'il a cmnioiiu au ciel, en moulant vers son l*re, au lieu
qu'il tait descendu seul du ciel sur la (crie; comment il
s'est glorieusement assis la droite de son Pre; comment
il en reviendra environn de puissance et de majest, pour
juger les vivants et les morts.
Lo jour suivant Agbare commanda d'assembler tous les
habitants pour couler la prdication do Thadde. II com manda aussi de lui donner de l'or et de l'argent ; mais Thadde
ne voulut rien recevoir, disant :
Comment recevrions-nous le bien d'aulrui, aprs avoir
quitt le ntre?
Cela arriva en Tanne 340. J'ai cru qu'il serait utile d'en
traduire la relation du syriaque en notre langue, et de la
placer dans notre histoire.
Telle est la conclusion du savant Eusbe, voque do Csare.
Celle anne 340 se rapporte vraisemblablement l're des
Sclcucidcs des (recs, par laquelle on complte les annes do
la chronique d'Edesse, d'o Eusbe dit que celle chronique est
tire. Cette chronique a t publie par M. Assmani . Or
cette re commence l'an 312 avant noire re . Donc l'an 1
avant notre re correspond Tan 312 de cette re et l'an 1
de notre re l'an 313. Ainsi l'an 340 correspond l'an 29
de notre re. C'est sans doule l'poque laquelle le roi Abgare
crivit Jsus, qui avait reu le baptme de Jean le G janvier
de celle anne . C'tait celle laquelle ses prdications el ses
e
e r
er
Xi
Sur Abgare et ia ville d'Edesse.
4 2 6
Damascne,
Evagre; par le pape Adrien, dans une ptre au roi Charlemagne; par Gretser, Tillemont', et plusieurs autres modernes. La plus grave, la seule difficult srieuse qu'on ait allgue contre ces lettres, c'est que Glase en formant le Canon
des Ecritures, ne les ait pas admises. Tillemont rpond cette
objection, en disant que l'Eglise, qui n'a reu cette pice que
par une voie purement humaine, comme tire des archives
d'Edesse, n'a pas cru devoir la ranger au nombre des Ecritures
Sacres et Canoniques, mais que pour cette raison elle ne l'a
pas dclare fausse. Baluze, cit par Fleury , dit que le jugement, attribu Glase, n'est pas sans appel; qu'il s'y est
gliss des noms d'auteurs qui n'y avaient pas t ports.
D'autres ajoutent que ce dcret n'est rien moins que certain
aux yeux de l'Eglise. Un auteur protestant a os accuser Eusbe
d'avoir forg cette pice, et de l'avoir insre dans son histoire. Mais comme personne n'a jamais dout de l'exactitude et
de la fidlit de ce savant homme, la vue du soin si consciencieux avec lequel il a recueilli les anciens monuments de
l'Eglise chrtienne, on a repouss avec un sentiment d'indignation une pareille accusation. Il n'y a rien que Ton ne puisse
rvoquer en doute, si Ton se donne la libert, sur de frivoles
conjectures, de s'inscrire en faux contre une pice extraite des
athives et des registres publics, publis par un grand vque,
trs-clair et qui jouissait d'un grand crdit la tour de l'empereur Constantin (leGrand) .
2
Tillemontj mm.eccls. t. 1.
Fleury, hist. eccls. I. 30, c. 35.
Voir Annal, de Phil. n 110, p. 103.
m
4
<(
VI
D e rLmage miraculeuse d'Edesse.
5
fi
428
voya Jrusalem un peintre charg de tirer son portrait. Mais
ce peintre fut si frapp de la splendeur qui sortait du visage de
Jsus, qu'il fut oblig de quitter son entreprise. Cependant
Notre Sauveur, ne voulant pas priver Abgare de ce que dsirait sa dvotion, prit la toile du peintre et y imprima lui-mme
son portrait on l'approchant de son visage , et l'envoya au
roi.
L'historien Evagre, de mme que Constantin Porphyrognle, dans un trait grec qui lui csL attribu, et qu'a publi
Comblis, disent quo ce portrait fut transport Edesse; et
qu'il sauva cette ville assige par Cosrhos , roi des Perses ;
car cette image sacre tant porte par les assigs sur les
murs d'Edesse, elle opra un miracle, en mettant le feu aux
bois qui soutenaient le rempart que les ennemis avaient lev
pour entrer dans la ville. Cette image y fuL conserve jusqu'en l'anne 9 4 4 de Jsus-Christ, poque o l'mir d'Edesse
la cda l'empereur Romain, Lcapcne, qui la fit venir
Constantinople le d G aot de la mme anne 9 4 4 . On peut
voir de plus grands dtails sur ces vnements dans le livre
des Recherches historiques sur la personne de Jsus-Christ
et dans l'Histoire ecclsiastique de Fleury, au livre LV, paragraphe HO. Ces faits ont t regards comme si certains et
comme si prodigieux dans l'Eglise grecque, que les Orientaux
ont institu une fte en l'honneur de cette image miraculeuse.
Les Chrtiens la vnraient singulirement, et la considraient
comme un puissant rempart des villes qui la possdaient.
NICOLAS,
Proslyte d'Antioche ;
Disciple de Jsus;
L'un des sept premiers Diacres et des 72 Disciples ;
Evoque de Samario.
Nicolas fut l'un des premiers diacres, que les Aptres euxmmes choisirent parmi les 72 Disciples , comme des hommes
minemment sages et remplis du Saint-Esprit pour rehausser
l'clat des fonctions saintes et maintenir le bon ordre dans la
maison du Seigneur. 11 est regard comme l'instituteur et
le matre de la secte impie des Nicolates, par S. Irene,
S. Hippolyte, S. Grgoire de Nysse, S. Jlilaire, S. Jrme,
S. Pacien et plusieurs autres.
1
Clment d'Alexandrie raconte que les Aptres (ou les hommes apostoliques) lui ayant reproch d'tre trop jaloux de sa
femme, Nicolas, pour se dfendre de ce reproche, la prsenta
aux frres, en lui permettant d'pouser sa place quiconque
. lui plairait davantage. Ce qu'il fit uniquement pour montrer
1
Celles dos imoniens, des Mnandrieas, des Corinthiens, des Phibionites, des Epiphaniens, des Stratiotiques, des Lvitiques, etc.
431
plupart inconnus, cl qui, suivant chacuno leurs passions, inventrent mille sortes de crimes et d'abominations.
Les Nicolales, aprs avoir cl condamns par Jsus-Christ
mme dans l'Apocalypse, ont t rejets par S. Irne, par
S. Clment d'Alexandrie, par S. Ilippolyte, vque et martyr,
par Origne .
Selon plusieurs auteurs , Nicolas fut tabli voque do Samario. Selon S. Dorolhco , dans son Catalogue des Septante
Disciples, il avait dj l vquo de Sapria. L a tradition
marque que ses filles furent des modles de pit dans l'glise
primitive, el qu'elles persvrrent et moururent dans une
parfaite virginit.
1
Thodoret, /. 3, c. 1.
Morcri (au mot NicoMtes), citant diverses autorits.
* Nicolas, dit S. Dorothe, fut l'un dos sept Diacres. Lorsqu'il tait
vquo de Sapria, il tomba dans une doctrine htrodoxe, et il Ut
naufrage dans la foi avec Simon. Doroth. in Synopsi.
3
S. TERENTITJS ou TERTIUS,
e
S. JSUS,
SURNOMM
LE JUSTE,
Evque d'Eleuthropolis ;
S. ARTMAS,
Evque de Lystres ;
Tous Tmoins des Miracles de Jsus et des Aptres;
Thaumaturges eux-mmes ;
Tous trois du nombre des 72 Disciples de Jsus;
Prdicateurs de l'Evangile et illustres Confesseurs.
m
prodiges clatants, et ce fut lui qui crivit la lettre aux Ro mains. 11 dit, en effet, la fin de cette pitre, qu'il l'a
crite sous la dicte de l'aptre S. Paul : Je vous salue au nom
du Seigneur, moi Tertius, qui ai crit cette lettre*. C'est une
grande marque de sa vertu que S. Paul l'ait trouv digne
d'tre le premier dpositaire de ses penses, et qu'il se soit
servi do lui pour le faire crire sous sa dicte. S. Dorothe, la
Chronique d'Alexandrie el les Synaxaircs des glises d'Orient,
le mettent au rang des 72 Disciples, et ajoutent qu'il termina
son apostolat par le martyre, par le supplice des pines :
axavOcd xaraxevOei reXelora.
Maledicla Tellus quod fuftf,
Terenlio causa necis invicto
benedicta
fuit.
L'anio gnreuse de Trontius changea en bndiction la maldiction mme do la Terre, en ce que colle-ci lui procura une fin glorieuse
et la palme triomphale dus martyrs.
Rom. xvi, n.
Coloss. c. 4.
I b i d . iv, 11.
1
28
434
monuments Orientaux', fut cre vque d'Eleuthropolis,
et par renseignement de la vrit il en amena tous les ka bitants la connaissance de Dieu, Selon S. Epiphane et
les Grecs, il fut mis par Jsus-Christ au rang des Septante
Disciples, et travailla an ministre vanglique avec les autres
Aptres.
Artmas, autre disciple do Jsus, fut fait evque de
Lyslres, villo important de l'isaurie, sur las frontires do
la Lycaonie. L, ce vrai et dvou ministre du Christ rente versa les artifices du dmon, dtruisit ses piges et son
rgne, el y tablit celui du Fils de Dieu*. Il est pareillement compt au nombre des 72 Disciples, par la Chronique
d'Alexandrie, par S. Dorothe. S. Paul parle ainsi de lui dans
son ptre Tite :
Lorsque je vous aurai envoy rtmas et Tychique, ayez
soin d venir promptemenl me trouver Nicopolis, pare que
j'ai rsolu d'y passer l'hiver.
a Ces quatre Disciples combattirent gnreusement pour la
vraie religion, s'exposrent pour sa cause aux plus grands
dangers, et rendirent leurs mes Diou par une mort
tranquille, l'exception de S. Trenlius ouTertius, qui
fut martyris.
3
XV MARS.
S. ABJSTOBULE,
L'un des Tmoins immdiats et des 72 Disciples de
Jsus;
Compagnon des Aptres et Ministre de l'Evangile;
Evque de la Grande-Bretagne.
Voici en somme ce que rapportent de S. Aristobule les divers Martyrologes* de l'Orient et de l'Occident :
I/apdtre Aristobule tait du nombre des Soixante-Douze
Disciples du Christ, et frre de l'aptre S. Barnabe.
Aprs la glorieuse Ascension de Notrc-Seigneur Jsus-Christ,
notre grand Dieu, il s'attacha S. Paul, le docteur du monde;
avec lui il alla prcher l'Evangile par tout l'univers, il le servait et l'aidait en toute circonstance, comme son fidle disciple.
Il fut charg d'une partie des fidles de Rome .
2
m
Or, l'aptre des Gentils, ayanl, dans ses courses apostoliques, ordonn plusieurs voques pour diffrents peuples, ordonna en mme temps Aristobule, lui confra le caractre
piscopal, et lui donna mission pour la Grande-Bretagne, dont
les habitants, encore infidles, taient froces et cruols. Aussitt qu'il eut abord ce peuple et annonc Jsus-Christ, il fut
accueilli par de mauvais traitements cl, par la violence; il fut
quelquefois tran sur les places publiques, expos la drision et aux insultes de la populace britannique.
Cependant, ayant continu avec un courage hroque
publier la doctrine du salut, il Unit par persuader un grand
nombre d'insulaires, qui se convertirent, se donnrent Jsus-Christ, et reurent le baptme. Ces nouveaux fidles formrent une glise, pour le service de laquelle notre saint Aptre ordonna des prtres et des diacres.
Lorsqu'il eut achev le ministre de sa prdication, il couronna sa vie apostolique par le martyre. C'est pourquoi les
Martyrologes romain, anglican et espagnol, .l'honorent comme
un saint martyr-pontife.
Bien que S. Arislobulc se soit principalement attach suivre S. Paul, nous avons nanmoins lieu de croire qu'il fut ordonn par S. Pierre, chef de l'Eglise, et qu'il accompagna cet
aptre dans son voyage aux Iles Britanniques, comme il a t
dit dans la vie de S. Pierre, et comme on lo voit dans le Martyrologe d'Angleterre. Comme S. Paul assista l'ordination de
son bien aim disciple et compagnon, cela a fait dire aussi qu'il
l'avait ordonn et envoy en Bretagne. Mais les deux grands
Aptres, s'tanl trouvs ensemble Rome, ils auront l'un et
l'autre particip celte ordination, quoiqu'elle ait l l'aile par
S. Pierre. L'aptre S. Pierre, dit le Martyrologe anglican, ordonna Arislobule oque, et l'envoya prcher la foi en Bretagne, oh il mourut l'an 40 de Jsus-Christ.
Dans les Annales de l'Eglise britannique, l'an 00, au nombre 9, il est encore dit :
Sa fle se clbre le 1 5 mars chez les Grecs el chez les Latins. Les Grecs lui donnent le tiiro d'Aptre, de mme qu'
S. Amplias, S. Urbain, et marquent que Dieu a rassembl
leurs reliques en un mmo lieu, c'est--dire Constantinople,
o elles reposaienl on un endroit qu'on appelait l a FontamsV
2
S. VALRE ou VALEJUS,
XXIX JANVIER
DCMII.
xiv
SEITEMB.
S. EUC1IAIRE ou EDGI1ER,
S. MATERNE,
Tous trois Disciples et Compagnons des Aptres ;
Thaumaturges illustres de l'Allemagne;
Evques de Trves.
Martyrol. rom. 29 jan. ; Beda, Usuard., Ado, Sur. LI, ot alii foro
eadcm tradunt do Valerio. Petrus Cluniac., /. 1, ep. 2 , dum reccnset
cpscopos a S. Pctro in Gai lias missos-, mijtf, inquit in Gallium, Trevin u i , et Coloniam, Maternum, Eucharium, et VaUrinm.
Oe his SS. etiara haoc Mar. Scot. 1.2, ses; xtat. : anno J.-G. 54 ; Claudio 12 ; Episcopatus Ptri l\oma> anno 8, KUCUAIUUS cum sociis Valerio,
atque Materna ad prxdicandum
Gallicis Genlibus missi sunt, etc.
Inferius autera scribit anno Domini 75 Valerium Euchario sttccessisse.
(Note do Baronius).
L'ancien Catalogue des voques de Trves, dress et publi par Dmocliarsj met comme premiers voques do cette ville : Eucluirius,
Malemus, et Yalcrius.
Apud Baron, ibid. et in Annal, ceci. an. 46, n. 2. Voir aussi la Notice de S. Lazare.
* Que saint Valero ait l du nombre dos 72 Disciples de Jsus-Christ,
c'est co qui est marqu dans les Martyrologes de Gonslantius-Fehcius,
de Maurolycus, de Galesinius, dans le Martyrologe Germanique, dans
le 1 Centenaire de Guillaume ysengrein, el dans plusieurs autres
auteurs.
Hic unus o LXXII Discipulis B. Pctri Apostolorum Principis audi tor, in Galliam inissus, ingenti sollicitudine ad Evangelii propagatio nem atlentus, morluo Euchario, in ejus locum creatus episcopus, cum
annos xv. Trevirensi Ecclesiro prmfuisset, vit innocenlia, pielatis
Episcopaliumquo virtutum laude florens, obdormivit in Domino.
KMartyrolog. Galesinii.) etc.
ER
4 3 9
I
S. Eucher, S. Valero, S. Materne, sont envoys dans la Gaule-Belge
par S. Pierre. Rsurrection de S. Materne.
443
Plusieurs villes avaient des rapitoles, construits l'instar du Capitule Romain. (lia Itrawcrus, qui mulla de Capitoliis
disputai).
446
Fils du Trcs-IIaul, par qui loul a l cr, sans lequel rien n'a
l fait, ne pouvant tre vu des hommes dans la Majest de sa
Divinit, s'est montr visible, aprs avoir pris une chair dans
les entrailles d'une Vierge; il a pris notre nature (humaine), il
s'en est revtu, sans toutefois prendre la moindre part aucune faute, aucune souillure. Lors donc que le dmon le vit
prcher la saine doctrine aux peuples, remettre les pchs,
promettre aux croyants les royaumes des cieux, rendre la vue
aux aveugles, rendre nets les lpreux, gurir les paralytiques,
ressusciter les morts, faire entendre les sourds, dtruire les
langueurs et toutes les maladies, il fut effray la vue de sa
puret, de son innocence, et de l'excellence surnaturelle de ses
uvres ; mais le voyant semblable aux autres mortels, il douta
qu'il ft Dieu. C'est pourquoi il excita contre lui les perscuteurs les plus inhumains, pour s'opposer sa doctrine, pour
le couvrir d'affronts et le faire prir par une mort ignominieuse. Mais parce que le Fils de Dieu tait venu dans ce
monde, afin de souffrir pour nous, non-seulement les affronts,
mais encore la mort mme, il ne refusa point de souffrir les
flagellations, les crachats, les injures, et cela dans le but de
nous arracher aux ternels supplices. Ensuite, semblable un
agneau plein de douceur, il fut conduit l'immolation, crucifi,
offert Dieu lo Pre, pour lu salut du monde, comme la plus
pure victime, et, aprs avoir consomm sa Passion, il fut mis
dans un spulcre.
Le troisime jour, non-seulement il ressuscita d'entre les
morts, mais encore il enchana avec des liens de feu l'auteur
de la mort, le diable, et le confina dans le lieu d'ternelle damnation. Aprs cela, il apparut diffrentes fois ses Disciples,
pendant quarante jours, conversant el mangeant avec eux. Lo
jour mme, o il devait monter aux Cieux, il leur donna ses
ordres : Allez, leur dit-il, enseigner toutes les nations, les
baptisant, au nom du Pre, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Ayant dit ces paroles, il s'leva la vue de ses Disciples, p-
A celle prdication de S. Eucher, les habitants furent touchs de repentir el de componction ; ils tmoignrent qu'ils
n'avaient jamais enlendu rien de semblable. La puissance divine vint ensuite confirmer ce salutaire enseignement, qui fut
suivi de l'opration d'un miracle extraordinaire. Une veuve,
appele Albana, d'illustre origine, dame trs-opulente, se
trouvait en ce lieu : dans ce momcnl arrivrent en toule hte
quelques-uns de ses scrvileurs qui lui apportaient la triste nouvelle que son (ils unique, qu'elle avait laiss infirme el malade
la maison, venait do mourir, par suite d'une congestion crbrale. A celle annonce fatale, la dame se jela aux genoux de
S. Eucher, luidisanl avec larmes :
Je vous en conjure, o vous, le Restauraleur de notre cit,
449
et la Lumire de toute notre patrie, ayez compassion d'une
malheureuse qui est devenue deux fois veuve; daignez avoir
des entrailles de misricorde pour la plus infortune des
femmes 1 Dernirement j'ai perdu mon mari, et aujourd'hui,
hlas I je suis prive de mon fils unique. Que si vous le rendez
la vie, sachez que certainement, et trs-volontiers j'obirai
vos ordres, et qu'avec mon (ils et tous mes serviteurs, j'embrasserai la foi du Christ.
Touch de ces gmissements, le B. Euchcr s'en alla avec
Valre et Materne la maison de la veuve : une nombreuse
multitude dpeuple le suivait, afin d'tre tmoin d'un si grand
prodige. Arrivs sur les lieux, ils entrrent dans la maison, et
le peuple attendait dehors le rsultat de cette dmarche. Ils
flchirent tout d'abord les genoux pour se mettre en prires;
aprs avoir conjur le Seigneur, ils se levrent et ils s'approchrent du cadavre. Le B. Eucher prit la main du dfunt, puis
il lui dit avec assurance :
Je vous le commande, jeune homme, au nom de JsusChrist, qui par sa puissance ressuscita le fils unique de la veuve,
revenez vous-mme prsentement a la lumire de cette vie, et,
dans la suite, aprs avoir abandonn l'erreur des dmons,
(c'est--dire l'idoltrie), reconnaissez votre Crateur avec une
foi pure et sincre!
Aussitt, l'me tant rentre dans son corps, ie jeune homme
se leva, et avant mme d'avoir t instruit de la foi, rendit
grces Dieu. S. Euchcr, le prenant alors par la main, lo
conduisit dehors la maison, et, en prsence de tout le peuple,
il le rendit vivant el plein de sant sa mre, mue de joie cl
de reconnaissance. Alors tous ceux qui taient prsents se
mirent lever la voix cl. dire hautement :
Il est vritablement grand et tout-puissant le Dieu des
Chrtiens, qui par ses serviteurs opre de tels prodiges! Ces
miracles en sont la preuve manifeste !
Le mme jour Albana reut le baptme avec son fils, avec sa
29
450
domesticit et avec une foule considrable du peuple. Peu de
jours aprs, sa maison fut consacre par S. Eucher comme
glise du lieu*.
Sur ces entrefaites, un noble personnage, l'un des Snateurs
de la ville, eut une vision qui devait tourner au salut de plusieurs. Durant une nuit, il vit en songe, se tenant vis--vis de
lui, un homme d'un beau visage, dont les vtements blouissauts jetaient un grand clat, portant lu main une croix d'un
prix extraordinaire, et lui adressant ces paroles :
Ces hommes, qui sont venus en cette ville, sont les serviteurs du Dieu Trs-Haut, et vous ont t envoys pour votre
salut. Si donc vous voulez chapper la mort ternelle et parvenir la vie ternelle, faites tout ce qu'ils vous diront, et
obissez avez zle el empressement tout ce qu'ils vous commanderont.
Il dit ces paroles et disparut aux yeux du Snateur. Le lendemain, celui-ci raconta devant ses concitoyens assembls, la
suite de ce qu'il avait vu et entendu. A ce rcit, ils se mirent
courir vers les Saints hommes de Dieu, et solliciter avec
ardeur l'eau sacre du baptme. Le concours du peuple fut tel
pendant trois jours, qu'on les baptisa dans le fleuve qui coule
au milieu do la ville, sans qu'il ft possible de satisfaire autrement leur dsir empress. On croit que c'est dater do cette
poque que le ruisseau de la ville a depuis port le nomd'OZevia, cause de l'huile sainte qui y fut rpandue en cette circonstance. Cependant la cit se purifia.de la souillure des idoles,
rejeta les erreurs et les objets de sa superstition, dtruisit les
autels des dmons, construisit en divers lieux des glises en
l'honneur du Christ. La trompette sacre retentissait au loin
dans la ville, elle invitait et pressait les habitants venir la
grce de la foi. La cit se munissait de toutes parts des armes
de la foi contre les embches des puissances spirituelles, enne* Brawcr rapporte que cette gliso est situe vers l'extrmit mridionale de la ville.
451
mies do l'Eglise; le clianL d'un canliqno nouveau s'y faisait
entendre publiquement, et celle qui auparavant tait adultre
en mconnaissant son Crateur, devint, ds lors, par sa conversion la foi, la plus sainte pouse du Christ.
Un jour le Pontife bien-aim de Dieu passait, selon
sa coutume, au milieu de la ville pour aller faire une exhortation; il rencontra sur son chemin un paralyliqried'un extrieur
misrable, qui, eu qualit de mendiant, lo supplia d'avoir piti
do lui : l'homme de Dieu, sentant ses entrailles mues de misricorde, ne balana poinl, il leva la main pour marquer la
bndiction qu'il lui accordait. Nous jugeons convenable de rapporter ici ce que Dieu Tout-Puissant daigna faire en celle occasion. La foule environnait alors le Saint, qui ne pouvait apercevoir le corps inanim d'un homme tendu sur la place publique. Mais si l'Aptre ignora la prsence de ce cadavre, la
puissance de ses mrites ne resta point inconnue. Lors donc
que, comme nous l'avons dit, il leva la main pour faire le
signe de la croix sur le paralytique, l'ombre sainte de sa main
sacre s'tendit jusqu'au cadavre. Chose merveilleuseI on vil
en ce moment l'accomplissement de la promesse que le Seigneur a faile ses Disciples : Celui qui croit, eu moi fera les
uvres que je fais, et il en fera mme de plus grandes. Alors
donc le dfunt, revenant la vie en prsence de tout le peuple,
se tint debout l'instant mme; el, ignorant ce qui se passait
son gard, alla se jeter aux pieds du Saint homme pour lui
rendre grces. Ainsi, pendant qu'un seul demande la gurison,
la vie est accorde en mme temps un mort qui ne la demande
pas et en faveur de qui personne ne s'intressait. Le saint Prlat parut, en cette occasion, aussi grand que son Matre, dont
l'ombre seule gurissait les maladies. Tous ceux qui assistrent cet vnement rendirent Jsus-Christ des actions de
grces et publirent hautement ses louanges.
452
IV
Travaux des trois hommes apostoliques. Mort de S. Eucher.
V
Episcopat de S. Valre. Sa Mort.
454
pics la parole du salut. Dans le temps de son ministre, il convertit au Seigneur un grand nombre de peuples, en oprant
leurs yeux une foule de miracles et de prodiges extraordinaires, el en les instruisant solidement dans la connaissance de
la foi catholique. Il se livra m m o avec tant de zle la prdication de la parole d u salut, q u e ds lors, d a n s la. Gaule cl
d a n s la C e r m a u i e , les Chrtiens surpassaient e u n o m b r e les
p a e n s . S o n e n s e i g n e m e n t plaisait tellement c h a c u n , p a r a i s -
455
vous comblera. C'est pourquoi instituez votre place Materne, notre collaborateur et le compagnon de nos combats.
Avant le jour de votre trpas, faites-lui part de la visite quo
je vous aurai faite.
Il dit ces paroles, el se retira.
S. Valre se lova el ne larda pas communiquer cotte rvlation au B. Materne et aux autres frres qui se trouvaient prsents ; il les avertil avec un air plein de joie, que le jour de son
trpas tait proche. Le jour suivant, il leva le vnrable Materne l'piscopat, et l'instruisit avec soin des devoirs de son
ministre.
Dans le reste du temps, comme l'annonce de sa mort prochaine avait attire une multitude de fidles, il leur donna de
salutaires avis, leur traa les rgles d'une vie sainte, les exci la l'uvre de leur propre salut, par des exhortations plus
suaves que le miel et par des paroles touchantes, dictes par
son cur et par ses entrailles paternelles. Lorsque le cinquime jour commena luire ; il entra dans son oratoire, prit
le Viatique qu'il avait lui-mme consacr, puis, ensuite, tendant les mains, soutenu par les bras de ses Disciples, il rendit
son me au Ciel, le iv des Calendes de fvrier (ou le 29 janvier.) Ses Disciples recueillirent son corps sacr et l'ensevelirent cote de celui do S. Eucher, dans le mme spulcre,
en clbrant les louanges de Dieu. La divine Providence voulut
que ceux dont Pme avait toujours t unie dans le Seigneur,
ne fussent point spars aprs leur trpas, mais que leurs
corps sacrs fussent runis dans le mme tombeau.
VI
Episcopat de S. Materne. Sa
mort.
puis, posant sa tte sur ses deux mains appuyes sur ses
genoux, il cda un peu au sommeil : Aussitt alors lui apparurent, dans une claire vision, S. Eucher et le B. Valre, le visage tout resplendissant de clart ; leurs tiares pontificales et
leurs autres ornements lanaient des rayons tincelants : l'un
et l'autre portaient sur la tle des couronnes composes de roses et do lys, et d'autres Heurs odorifrantes, disposes avec
un art merveilleux. Leur aurole glorieuse tait semblable. Ils
lui adressrent ces paroles :
Voici, Materne, que selon la promesse que nous vous
avons faite autrefois, nous venons pour vous visiter avant le
jour de votre trpas. Maintenant donc, rjouissez-vous et
soyez dans l'allgresse ; dans trois jours, vous quitterez ce
monde, et vous entrerez dans la jouissance des joies inc narrables du Seigneur. A'oici l'incorruptible couronne qui
vous rcompensera; elle a t cueillie dans le jardin d'ter nelles dlices, et Jsus-Christ,vous fait connatre par ses ser viteurs qu'elle vous est destine ; les (leurs qui la composent
ne se fltrissent jamais ; jamais leur suave odeur no dimi nue; elle subsiste perptuellement; vous la possderez sans
fin, aprs le terme de cette vie fugitive, et, en prsenco du
Roi des Rois, votre front en sera orn durant toute l'cter nit.
Aprs avoir dit ces paroles, ils disparurent. Combl de
joie de ce qu'il avait t honor de celte vision, Materne appela aussitt son serviteur, qui vint l'aider retourner dans
son appartement, et il fit part de ce qu'il venait de voir ses
Disciples les plus intimes. Le lendemain, il convoqua prs de
lui la multitude des fidles, les avertit de persvrer avec soin
dans l'intgrit de la foi, et il enflamma leurs curs du dsir
des choses clestes par des discours pleins de suavit. Pendant
le jour il ne cessa de leur donner de salutaires avis, et il prolongea son discours exhortalif jusqu' la huitime heure de la
nuit suivante ; il passa le reste de la nuit rciter avec les
458
fidles des psaumes et des hymnes. Or, aprs le chant du coq,
au moment o le jour tait sur le point d'apparatre, une voix
du Ciel descendit et se fit entendre distinctement de tous ceux
qui se trouvaient dans l'appartement avec ces paroles :
Materne, homme chri de Dieu, venez I
Le Saint ayant aussitt entendu et compris cette voix, laquelle il tait dj comme accoutum, se tourna du ct des fidles qui l'environnaient et leur dit :
Adieu, mes enfants, l'objet do mes [dus chres affec tions, adieu I car je vais vous quitter, je ne serai plus avec
vous dans ce monde I
Aprs avoir dit ces paroles, il reut la communion sacramentelle, et rendit aussitt sa sainte me au Seigneur.
Alors les fidles qui taient prsents, accomplirent son
gard les derniers devoirs d'humanit, rendirent les honneurs
son corps sacr, et l'ensevelirent prs des restes de S. Eucher
et de S. Valre, le xvm des Calendes d'octobre .
1
459
ges venir. Bien que ce livre ne contienne qu un petit nombre
des trs-saintes actions de nos Pres dans la foi , nous devons
croire toutefois que, durant leur vie temporelle, ils ont, par
une grce spciale reue du Seigneur, opr une grande quantit de miracles, puisque maintenant encore, la prsence do
leurs seules reliques, les prodiges n'ont point cess d'clater.
En effet, leur tombeau, les aveugles recouvrent frquemment l'usage do la vue, les malades sont guris, les dmons
sont chasss des corps qu'ils possdaient, les diverses infirmits du corps et de l'me y trouvent,un remde efficace, et quiconquey vient avec un pieux dsir et avec une vritable dvotion,
et y prie le Seigneur par le mrite de ces Saints, pour quelque
ncessit que ce soit, non seulement il obtient l'effet de ses demandes, mais encore il a se fliciter d'avoir obtenu d'autres
grces plus excellentes, que lui a accordes Notre-Seigneur
Jsus-Christ, qui, avec le Pre et le Saint-Esprit, vit e^
rgne, tant Dieu comme eux, dans tous les sicles de l'Eternit. Amen.
1
RFLEXION GNRALE
voms
: Dmettrez en moi, et moi en vous. Comme la
branche (de vigne) ne saurait porter de fruit d'elle-mme et
si elle ne demeure attache au cep de la vigne; il en est ainsi
de vfius autres, si vous ne demeurez pas en moi. Je suis le
cep de la vigne, et vous en tes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits;
1
car vous ne pouvez rien faire sans moi. Sine me nihilpotesiatis facere. Us se considraient comme des instruments dans
les mains du Christ, pour procurer le salul des mes; et, ds
lors, comprenant qu'ils ne pouvaient rien sans sa grce et son
concours, ils s'attachaient tellement lui, que rien au monde
n'tait capable de les en sparer. De l, leur assiduit, leur
ferveur et leur persvrance dans l'Oraison.
ils taient pleinement pntrs <le la grandeur incomparable
de leur mission. Us savaient qu'ils travaillaient pour la gloire
du Fils de Dieu, c'est--dire, pour la plus belle de toutes les
causes. Celte pense les avait arms d'une patience solide, el
d'un courage inbranlable dans toutes les preuves. Leur cur
lailbrl du dsir de rendre tmoignage un Chef si glorieux,
suivant l'ordre qu'il leur en avait donn.
Et vos testimonium perhibebitis (de me), quia ab initio
mecum estis .
Vous rendrez tmoignage de moi, parce que vous tes ds
le commencement avec moi.
Eritis mihi testes in Jrusalem, et in omni Judcba, el Samaria, et usque ad ultimnm term :
Vous serez mes tmoins; vous me rendrez tmoignage dans
Jrusalem, el dans toute la Jude et la Samarie, et jusqu'aux
extrmits de la terre.
La vue des grands prodiges de Jsus, les prouves multiplies de sa divinit, le pouvoir prophtique el le pouvoir
miraculeux qu'ils avaient reus de lui, les avaient pntrs
d'une foi si vive et si ferme en sa personne divine, qu'ils
taienl transports do joie toutes les fois que l'occasion se
prsentait de lui rendre ce tmoignage par leurs souffrances, parleurs fatigues, par la grandeur du courage qu'il leur
fallait dployer dans les perscutions et dans les opprobres, et
{
m
enfin, par l'effusion volontaire, libre, et gnreuse de leur
sang. C'est par un tmoignage de cette nature, joint aux miracles, qu'ils opraient en mme temps au nom de JsusChrist, qu'ils ont attir le monde la foi vanglique.
Hi sunt qui vivantes in came, plantaverunt
Ecclcsiam
sanguine suo .
Voil les hommes qui, durant leur vie temporelle, ont
plant l'Egliso et l'ont arrose de leur sangl
Jbant gaudentes a conspeetu Concilii, quoniam digni habiti
sunt pro Nomine Jesu contumeliam pati .
Ils sortaient de la prsence des Juges, tant remplis de joie
de ce quils avaient t trouvs dignes de souffrir des outrages
pour le nom de Jsus.
Comme dans les promesses du Sauveur il n'y avait rien qui
regardt les biens de la terre ou la flicit de la vie actuelle ; et
qu'au contraire tout ne prsentait l'esprit qu'une perspective
de difficults cl de maux sans nombre, que des images de
tristesse et de mort, conformment ces paroles prophtiques :
x
Sancl.
terml
30
TABLE ALPHABTIQUE
PES
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
Agabus
Alexandre
Abdias
Ammao
Amplias
Ananias
Andronique
Antipas
Apellcs..'
Archippe
Aristarque
Aristobule
Aristion
Artmas {Voir la notice de S. Terentius on Ter tins)
Azyncrite (Voir la notice historique de S. Ilrodion)
Barnabe
Carpus
Clment, v q u e d e Sardes (Voir la Notice historique
173
5?
210
272
177
45
140
35
303
202
187
435
162
432
314
10
105
de
S. Apellcs)
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
Clophas
Crescent
Epaphras
Epaphrodite
Evodius
Etienne
Hrastc, v o q u e d e Pancade
'
Ilermas
Herms, v . d e Dalmatie (Voir la Notice de S.
Ilrodion, v o q u e d e Patras
Jason, v o q u e d e Tharsc
Jean l'Ancien
Jean-Marc
Jsus le Juste (Voir la Notice historique de S.
363
,
Ilrodion).
Terentius).
409
404
311
221
220
65
302
308
314
314
379
204
179
432
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
S.
Joseph le Juste
Judc-Barsabas (Voir la Notice de S. Thadde)
Junias, v o q u e d'Apame {Voir la notice de S. Androniquc)
Lazare
Luc, e v a n g l i s l e
,
Lucius, v o q u e d e Laodice (Voir la Notice de S. Apelles)
Lucius d e Cyrne
Manahen . .
Marc, e v a n g l i s l e
Martial
Matthias
Miximin
Mnason
Narcisse
Nathanal
Nicanor':
Nicolas.....
Patrobas
Olympas
Philologue (Voir la Notice de S. Patrobas)
Philippe, d i a c r e
P h l e g o n , v . de Marathon (Voir la Notice de S. Ilcrodion)
Parmcnas
Priscus
Prochorus
Quarlus, v q u e de Bcryte
Huiis (Voir S. Alexandre)
Silas
S i m o n , frre de Jsus
Simon-Niger
Sosiptre, v q u e d'Iconium (Voir la Notice de S. Jason).Stachys
Trcntius o u Tcrlius
Thadde
Timon
Tite
Tychique
Urbain
Valre
Znas
277
250
140
230
281
203
2%
205
310
2,77
280
252
138
274
390
135
429
471
171
1S1
314
54
J9G
414
207
57
3G7
189
148
379
145
432
41G
158
396
394
228
438
299