Lettres, Maximes, Sentences D'epicure
Lettres, Maximes, Sentences D'epicure
Lettres, Maximes, Sentences D'epicure
Sentences
TRADUCTION, INTRODUCTION
ET COMMENTAIRES
PAR JEAN-FRANOIS BALAUD
LE LIVRE DE POCHE
Classiques de la philosophie
Lettre ri Mnce
une
1 . Cela semble signifier que le commun des homrnes voit la fois juste
et faux sur la rnort : i l en a la prolepse (la mort est la cessation de la vie),
mais s'y ajoutent de fausses ides (le plus grand mal), qui le font osciller,
dans l'inquitude et la crainte. de l'une l'autre. toutes choses qu'il
appartient au philosophe de dissiper.
2. L'illusion mise en vidence. c'est le point de vue du sage qui
s'nonce : inversernent donc, pour tout individu qui i r tend la sagesse.
la mort n'est pas redoute, etc.
3. Citation de Thognis, V . 427.
Le~tres,Maximes, Sentences
Lptrre Mnce
comme rgle'. Et parce que c'est l le bien premier et COnaturel, pour cette raison nous choisissons tout plaisir ;mais
il y a des cas o nous passons par-dessus de nombreux plaisirs, chaque fois qu'un dsagrment plus grand rsulte pour
nous de ces plaisirs ; et nous pensons que bien des douleurs
sont prfrables des plaisirs, lorsqu'un plus grand plaisir
s'ensuit pour nous, aprs avoir longtemps support les douleurs. Donc, tout plaisir, parce qu'il a une nature approprie,
est un bien, et cependant tout plaisir n'est pas choisir ; de
mme aussi que toute douleur est un mal, bien que toute
douleur ne soit pas de nature toujours tre vite.
130 Cependant, c'est par la mesure comparative et la
considration des avantages et des dsavantages, qu'il convient de juger de tous ces points. Car certains moments
nous faisons usage du bien comme s'il tait un mal, et inversement du mal comme s'il tait un bien.
3. La suffisance soi
Lettre Mnce
2. La force du sage
133 Ensuite, penses-tu que l'on puisse tre suprieur
qui a des opinions pieuses sur les dieux, et qui, en ce qui
concerne la mort, est constamment sans peur, qui a
appliqu son raisonnement la fin de la nature, et qui
comprend qu'il est facile d'atteindre pleinement et de se
procurer le terme des biens, et que le terme des maux tient
une brve dure ou bien une faible souffrance, qui se
rirait de ce qui est prsent par certains comme la matresse de toutes choses2, < mais qui voit que certaines
choses arrivent par ncessit, > d'autres par la fortune,
d'autres dpendent de nous, parce qu'il voit que la ncessit n'est pas responsable, que la fortune est instable et que
ce qui dpend de nous est sans matre, d'o dcoulent
naturellement le blmable et son contraire 134 (car il serait
prfrable de suivre le mythe touchant les dieux plutt que
de s'asservir au destin des physiciens : le premier en effet
esquisse l'espoir de dtourner les dieux en les honorant,
tandis que l'autre prsente une ncessit que l'on ne peut
MAXIMES CAPITALES
1 Ce qui est bienheureux et incorruptible n'a pas soimme d'ennuis ni n'en cause .un autre, de sorte qu'il n'est
sujet ni aux colres ni aux faveurs ; en effet, tout cela se
rencontre dans ce qui est faible'.
1. SCHOLIE : Ailleurs, il dit que les dieux sont visibles par la raison,
existant d'une part numriquement, d'autre part selon l'identit de fohne,
partir d'un coulement continu de simulacres semblables qui ont t
constitus en une identit, de fprme humaine. Cette scholie est, en vue
de reconstituer la thologie d'Epicure, aussi importante qu'obscure. Elle
indique que la vision des dieux est penser selon deux axes : distinction
de dieux individuels, identit fondamentale de tous les dieux (qui renvoie
la prnotion divine).
2. Plaisir et douleur sont mutuellement exclusifs. Or, il peul y avoir
dans le corps diverses causes de douleur : le dbut de la maxime indique
donc la limite extensive du plaisir, c'est--dire la suppression de toute
douleur. Mais d'un point de vue intensif, le plaisir n'est pas plus ou
moins, il est (l'illusion est de croire qu'on peut l'accrotre, quand on ne
fait que le varier, cf. M.C. XVIII). On note en outre que la maxime raisonne sur ce qui prouve plaisir ou douleur. c'est--dire sur une certaine
disposition du corps dans laquelle i l prouve plaisir ou douleur. Enfin, la
maxime distingue entre tat souffrant, pour le corps, et tat d'affliction
pour l'me, sans que l'un implique ncessairement l'autre ; mais l'tat de
plaisir, lui, est prsent comme l'oppos de l'un et de l'autre.
Maximes capitales
XX La chair reoit les limites du plaisir comme illimites, et c'est un temps illimit qui le lui prpare. De son
ct, la pense, s'appliquant raisonner sur la fin et la
limite de la chair, et dissipant les peurs lies l'ternit,
prpare la vie parfaite - ainsi nous n'avons plus besoin en
quoi que ce soit du temps illimit ; mais elle ne fuit pas le
plaisir, et pas davantage, lorsque les circonstances prparent
la sortie de la vie, elle ne disparat comme sr quelque chose
de la vie la meilleure lui faisait dfaut'.
XXI Celui qui connat bien les limites de la vie, sait qu'il
est facile de se procurer ce qui supprime la souffrance due
au besoin, et ce qui amne, la vie tout entire sa
perfection ; de sorte qu'il n'a nullement besoin des situations de lutte.
XXII Il faut s'appliquer raisonner sur la fin qui est
donne l, et sur toute l'vidence laquelle nous ramenons
les opinions ; sinon, tout sera plein d'indistinction et de
XXIII Si tu combats toutes les sensations. tu n'auras
mme plus ce quoi tu te rfres pour juger celles d'entre
elles que tu prtends tre errones.
X X N Si tu rejettes purement et simplement une sensation donne, et si tu ne divises pas ce sur quoi l'on forme
une opinion, en ce qui est attendu et ce qui est dj prsent
selon la sensation, les affections et toute projection imaginative de la pense, tu iras jeter le trouble jusque dans les
autres sensations avec une opinion vaine, et cela t'amnera
rejeter en totalit le critre. Mais si tu tablis fermement,
dans les penses qui aboutissent une opinion, aussi bien
1 . Le sage forge une position qui le rend indpendant de la contingence
des plaisirs : en opposition complte ce que la chair imposerait, livre
elle-mme, soumise la loi du temps, la pense fait le tour de la chair
et d'elle-mme -elle dissipe la perspective d'une souffrance continue (du
corps et de l'esprit), et ainsi libre le vivant de la dpendance du temps.
Dans l'action, le sage se sert des plaisirs, sans tre soumis au besoin.;
ainsi. lorsqu'il meurt, le sage meurt sans aucun regret. n'rant pas Soumis
la loi du plaisir en mouvement, non ~ l u qu'
s
celle du temps.
Maximes capitales
tout ce qui est attendu que tout ce qui n'attend pas confirnation, tu ne renonceras pas l'erreur, si bien que tu auras
supprim toute possibilit de discuter ainsi que tout jugement sur ce qui est correct et incorrect.
Sentences vaticanes
Sentences i~uticur~es