Les Enfants Exceptionnels
Les Enfants Exceptionnels
Les Enfants Exceptionnels
Enfants exceptionnels :
prcocit intellectuelle,
haut potentiel et talent
Partie 1 Se reprer Chapitre 7 : Approche clinique des enfants haut potentiel (M.
Emmanuelli et C. Weismann-Arcache) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Chapitre 1 : Concepts, dfinitions et thories (T. Lubart) . . . . . . . . . - Elments thoriques et ouvertures cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- De quoi parle-t-on ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - Approche clinique et mthodologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Approches thoriques des enfants haut potentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Chapitre 8 : Approches psychopathologique et thrapeutique des
- Le dveloppement du haut potentiel au cours de la vie : tudes empiriques . . . .
enfants surdous (L. Lebihain et S. Tordjman) . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Chapitre 2 : Les diffrences individuelles chez les enfants haut - De la clinique la psychopathologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
potentiel (M. Pereira-Fradin) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - De la psychopathologie au projet thrapeutique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Les diffrences individuelles comme base des thories de lintelligence . . . . . . . .
Chapitre 9 : Modes de scolarisation des enfants intellectuellement
- Origine des diffrences individuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
prcoces (J. Lautrey et P. Vrignaud) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Diffrences inter-individuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Les mesures pdagogiques pour
- Diffrences intra-individuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . les enfants intellectuellement prcoces en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Diffrences inter-groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - Les effets des diffrents modes de scolarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Partie 2 Approfondir Chapitre 10 : Sous ralisation chez les enfants haut potentiel :
approches, conseils et solutions. (M. Besanon et W. Peters) . . . . .
Chapitre 3 : L'identification des enfants haut potentiel : vers une - Qu'est-ce que la sous ralisation ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
approche multidimensionnelle (X. Caroff, J-H. Guignard et M. - Les diffrentes causes possibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Jilinskaya) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - Remdiations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Les diffrentes conceptions de l'identification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Principes d'une approche multidimensionnelle de l'identification . . . . . . . . . . . .
- Illustration d'une approche multidimensionnelle du haut potentiel . . . . . . . . . . .
Chapitre 4 : Approche cognitive : Ltude de calculateurs prodiges
et denfants haut potentiel en mathmatiques (R. Lpine et V.
Camos) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Les calculateurs prodiges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Les enfants prsentant un haut potentiel en mathmatiques . . . . . . . . . . . . . . . .
Chapitre 5 : Approche dveloppementale et neuropsychologique
des enfants hautes potentalits (L. Vaivre-Douret et I.
Jambaqu) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Contexte dveloppemental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Donnes dveloppementales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Se reprer
Chapitre 1
accder des apprentissages de concepts mathmatiques rservs habituelle-
ment des enfants de 8 ans, ce qui peut tre conu comme une avance sur le plan
intellectuel. Cependant, ce mme enfant pourra plus tard perdre cette avance.
Enfin, la sortie du parcours dveloppemental de lenfance et de ladolescence,
les diffrences intellectuelles plus stables, mais non figes peuvent tre releves.
Concepts, dfinitions Le systme ducatif franais favorise actuellement cette conception. En sautant
une classe (ou deux) les enfants intellectuellement prcoces pourraient, en
thorie, trouver leur place dans le systme scolaire actuel (voir chapitre 9).
et thories Le terme haut potentiel met en exergue la diffrence entre une aptitude ou
une capacit pouvant tre mise en uvre si la situation sy prte, et une performance,
qui est la concrtisation dune aptitude dans la ralisation dune activit. Un haut
Dans ce chapitre, de multiples conceptions des enfants exceptionnels sont potentiel peut rester latent ou peut sexprimer et donner lieu des productions et des
prsentes. Sont abordes la difficult de trouver une dfinition consensuelle du performances excellentes, voire exceptionnelles. En Europe, le terme high ability ,
phnomne, les thories rcentes concernant les facteurs dterminants lmer- traduit littralement comme aptitude leve, est utilis prfrentiellement et se
gence du haut potentiel et du talent et, enfin, les questions du dveloppement rapproche de la notion du haut potentiel. Le terme talent est employ dans le cas
du haut potentiel chez lenfant et son devenir lge adulte. o un individu a fait preuve de hautes performances plusieurs occasions. La popu-
lation denfants haut potentiel est certainement plus importante que celle des
enfants talentueux, parce que chaque enfant na pas forcment les conditions opti-
1. De quoi parle-t-on ? males pour le dveloppement et/ou lexpression de son potentiel. Il est important de
noter que la notion de haut potentiel nimplique pas une prise de position concer-
Diffrents termes sont utiliss afin de dcrire la population denfants hors
nant les sources de ce potentiel (gntique, environnementale ou une association
normes : surdous, intellectuellement prcoces, enfants haut potentiel, enfants
des deux) ou la stabilit et lvolution du potentiel.
talentueux, prodiges ou gnies. Le choix des termes nest pas neutre parce que
ceux-ci recouvrent diffrentes connotations et concepts thoriques. Le phnomne des enfants prodiges peut tre considr comme un cas extrme
du talent dans une tche ou une domaine bien prcis. Par exemple, certains
a. Une terminologie riche enfants prodiges dans le domaine mathmatique peuvent accomplir rapidement
des calculs trs complexes qui ne sont pas la porte de beaucoup dadultes.
Le terme anglais gifted est souvent traduit en franais par le mot surdou . Lenfant prodige semble avoir une expertise gale ou suprieure celle des adultes
Ce terme voque lide que lenfant a reu un cadeau, un don, que la plupart des actifs dans un champ professionnel.
enfants nont pas eu. Pour certains auteurs, il sagit dun cadeau des dieux; des concep-
Les cas de gnie chez lenfant sont encore plus rares. Lexemple du jeune Mozart
tions modernes voquent plutt le patrimoine gntique. Ainsi, tre surdou reprsente
illustre bien les composantes habituellement retrouves : un niveau dexpertise trs
un statut relativement stable et permanent. Une deuxime notion voque par le
lev coupl avec la capacit faire avancer, souvent de faon transculturelle, un
terme surdou est celle dun excs, dun surplus. Le don est plus important que
champ artistique, technique ou scientifique. Le gnie est exceptionnel, aussi bien
dhabitude. Ce qui pourrait tre gnant dans un systme qui favorise lgalit des
chez lenfant que chez ladulte, et devra probablement tre distingu du phno-
chances . Dans le continuum allant de lenfant normal lenfant surdou, les enfants
mne du haut potentiel et du talent, abord dans cet ouvrage.
dous , et bien dous sont parfois distingus. Au Qubec, on parle de douance .
Lappellation intellectuellement prcoce prend sens par rapport un modle b. Considrations thoriques
linaire du dveloppement intellectuel qui suppose que lenfant passe par une
srie dtapes dacquisition de comptences intellectuelles. Il savre que certains Lapproche de lenfant exceptionnel conduit le mettre en rapport avec
enfants font leurs acquisitions plus rapidement que dautres et sont capables de lenfant typique ou moyen (ces deux termes sont employs dans louvrage).
certains types de pense avant lge habituel. Par exemple, un enfant de 6 ans peut Elle mobilise la notion dune distribution du potentiel, de la prcocit ou de la
Les diffrences auteurs de ces thories remettent en question les modles moyens fonds sur la
notion dintelligence gnrale. Auprs des spcialistes des enfants haut poten-
tiel, la thorie des intelligences multiples de Gardner (1997, 2004) rencontre
individuelles chez les un succs certain et permet dillustrer cette conception pluraliste de lintelli-
gence. Gardner dcrit huit formes dintelligence indpendantes les unes des
enfants haut potentiel autres. Selon lui, les apprentissages scolaires classiques font essentiellement appel
lintelligence verbo-linguistique et lintelligence logico-mathmatique au dtri-
ment des autres formes, ce qui pourrait masquer lexistence de haut potentiel
dans dautres domaines dexpression de lintelligence.
1. Intelligence Verbo-linguistique : il sagit de la capacit utiliser efficace-
Les enfants haut potentiel ne forment pas un groupe homogne, cette consta- ment les mots. Cette forme dintelligence sexprime dans des activits
tation doit souvent tre rappele car aucune liste de caractristiques ou dhabilets telles que la lecture, lexpression orale ou crite.
ne peut prtendre dcrire tous ces enfants sans exception. Les spcialistes les plus 2. Intelligence Logico-mathmatique : au-del de laptitude mathmatique, il sagit
prudents ou les plus expriments associent aux listes descriptives quils diffusent de la capacit utiliser efficacement les nombres mais aussi percevoir les
une mention prcisant quen raison dune variabilit inter-individuelle impor- relations logiques et les rgularits dans des ensembles abstraits ou physiques.
tante, un enfant haut potentiel peut ne possder ou ne manifester que certaines
des caractristiques numres. Mme si, lexception de certains enfants sous- 3. Intelligence Visuo-spatiale : il sagit de la capacit visualiser , crer et trans-
ralisateurs1 (voir chapitre 10), on constate un niveau lev de performance dans un former mentalement des informations, mais aussi savoir utiliser lespace
ou plusieurs domaines, dimportantes diffrences quantitatives et qualitatives exis- et sorienter dans son propre environnement.
tent dun enfant lautre et doivent tre prises en compte. 4. Intelligence Musicale-rythmique : il sagit de la capacit percevoir, distin-
guer, transformer et exprimer des formes musicales.
Trois grandes formes de diffrences seront exposes dans ce chapitre. La
5. Intelligence Corporelle-kinesthsique : il sagit de la capacit se servir de son
premire est consacre aux diffrences inter-individuelles dont ltude peut conduire
propre corps pour exprimer des ides, pour fabriquer des objets ou dve-
des typologies certes rductrices mais qui fournissent de prcieuses informations
lopper des aptitudes physiques. Cette forme dintelligence dcrit galement
sur les caractristiques des enfants haut potentiel. Dans une seconde partie, les
des habilets telles que la coordination des mouvements ou la dextrit.
diffrences intra-individuelles seront abordes. Mme si leur tude est difficile,
lhtrognit des performances observes chez un mme individu a fait lobjet 6. Intelligence Interpersonnelle : il sagit de la capacit percevoir et distin-
de quelques travaux bass notamment sur lanalyse des scores aux chelles de guer les humeurs, les intentions, les motivations et les sentiments dautrui.
Wechsler. Nous terminerons par la prsentation de diffrences inter-groupes illus- 7. Intelligence Intrapersonnelle : il sagit de la capacit se comprendre soi-
tres par les comparaisons entre filles et garons et des tudes inter-culturelles. mme et de sadapter en fonction de cette connaissance.
Pralablement, nous aborderons deux points fondamentaux : la prise en compte
8. Intelligence Naturaliste : Cette forme dintelligence est dfinie comme la
des diffrences individuelles dans llaboration de thories de lintelligence et la
capacit explorer et apprcier diffrents aspects de la flore et de la faune,
question de lorigine des diffrences individuelles dans le domaine de lintelligence.
diffrentes facettes du monde.
Pour identifier ces diffrences en dehors du contexte de lvaluation psycho- Betts et Kercher (1999) soulignent limportance de prendre en compte les
mtrique, McGuffog et col. (1987) ont constitu trois groupes denfants tests diffrences individuelles dans le contexte scolaire. Selon ces auteurs, la variabi-
la demande de leurs parents. Ces derniers pensaient tous que leur enfant avait lit individuelle observe chez les enfants haut potentiel pourrait conduire
un haut potentiel intellectuel : des erreurs didentification ou bien une reprsentation rductrice du haut
Laptitude spatiale est dfinie par Thurstone (1958) comme laptitude se Cratif Est mal laise sur le plan social
reprsenter des objets dans deux ou trois dimensions. Elle peut tre mieux Matrise bien les concepts Matrise mal la communication
dcrite comme laptitude imaginer comment un objet ou un dessin appara- mathmatiques verbale
tra lorsquil aura subi une rotation, et saisir les relations spatiales dun arran-
gement dobjets . Cette aptitude est en ralit plus complexe, elle englobe
Utilise efficacement Est mal laise avec les
les mtaphores rgles de composition acadmique
la fois la capacit manipuler visuellement des objets ou traiter des infor-
mations visuelles et la capacit comprendre des relations entre des objets ou A une bonne comprhension Peut avoir des faiblesses
des ensembles dobjets. en lecture en arithmtique
Laptitude Verbale est dfinie par Thurstone comme laptitude comprendre Possde une imagination vive Ne sait pas tre concis lorsquil
sexprime oralement
des ides exprimes par des mots . Cette aptitude peut tre mesure partir
de tches de vocabulaire, de dcouverte de synonymes ou de compltement de Connat les proprits et prouve des difficults pour
phrases. Elle dcrit lhabilet traiter efficacement des informations de nature les modles de la physique transcrire des histoires sous forme
verbale. crite
Certains spcialistes considrent que laptitude verbale est survalue dans Labsence de prise en compte de ce contraste entre niveau daptitude verbale
les apprentissages scolaires et joue un rle trop important dans les procdures et niveau daptitude spatiale peut avoir pour consquence de considrer que
didentification des enfants haut potentiel ce qui pnalise les enfants qui poss- certains enfants haut potentiel ont des difficults dapprentissage alors quen
dent une aptitude spatiale trs dveloppe et un faible niveau daptitude verbale. ralit ils possdent tout simplement un style dapprentissage diffrent
Pourtant, laptitude spatiale joue un rle vident dans certains domaines scolaires (Silverman, 1989).
comme les mathmatiques, la chimie ou la physique. De ce fait, les diffrences
individuelles font lobjet dtudes spcifiques destines identifier les caract-
ristiques des enfants ayant un haut potentiel en terme daptitude spatiale. A
4. Diffrences intra-individuelles
partir de la synthse de plusieurs tudes amricaines, Mann (2005) propose un
La variabilit intra-individuelle dcrit lhtrognit des performances dun
inventaire des champs o les enfants dominante spatiale prsentent des
mme individu, elle peut tre dordre quantitatif comme dordre qualitatif. Son
faiblesses et des points forts.
existence et limportance de ses manifestations soulignent limpossibilit de
considrer les enfants haut potentiel comme un groupe homogne.
Caractristiques des enfants haut potentiel
dans le domaine spatial (Traduit de Mann, 2005) a. Les dyssynchronies ou asynchronies
Points forts Points faibles Ces termes dsignent le dcalage observ chez de nombreux enfants haut
potentiel entre le dveloppement intellectuel, le dveloppement psychomoteur
Saisit facilement les relations A des difficults pour traiter des et le dveloppement socio-affectif. De nombreux spcialistes considrent ces
entre des ensembles informations isoles
dcalages dveloppementaux comme une caractristique de cette population.
Trs laise avec des savoirs A du mal avec les savoirs basiques Dans ses travaux, Terrassier (1981) distingue la dysynchronie interne qui
complexes ou trop simples
concerne avant tout la sphre cognitive et ses articulations avec la motricit ou
Possde une excellente mmoire Peut sembler rveur laffectivit, de la dysynchronie sociale qui se manifeste dans les relations de
pour des informations spcialises lenfant avec son entourage (parents, enseignants, pairs). Terrassier souligne que
40 partie 1 : Chapitre 2 41
les dysynchronies ont des effets importants sur les apprentissages scolaires. Clampit en concluent que cette variabilit intra-individuelle ne doit donc pas
Lexemple le plus souvent cit tant celui du dcalage entre lge assez prcoce tre considre comme rare chez les enfants haut potentiel intellectuel et ne
dapprentissage de la lecture chez les enfants haut potentiel et celui plus tardif doit pas ncessairement tre associe une quelconque pathologie.
de la matrise de lcriture, cette dernire activit faisant appel des habilets Dautres tudes comme celle de Hollinger et Kosek (1986) confirment et
motrices qui apparaissent plus tard dans le dveloppement. enrichissent ces rsultats. Leur tude porte sur un chantillon de 26 enfants
Chez certains enfants, ces dcalages entranent galement une vulnrabilit dont le QI Total est suprieur 130. Ils observent que chez 34 % des enfants,
socio-affective difficile grer pour eux mais aussi pour leur entourage car leur il existe un cart significatif entre les deux chelles. Cependant, la nature de cet
importance varie beaucoup selon les situations et implique des ajustements cart varie selon les enfants, dans 15 % des cas le QI Verbal est suprieur au QI
frquents de la part des enseignants ou des membres de la famille (Morelock, Performance alors que dans 19 % des cas, linverse est observ.
1992). Des adaptations de nature psycho-sociale sont alors ncessaires pour que
les asynchronies ne deviennent pas une source de problmes psychologiques
Les talonnages
particulirement marqus ladolescence (Alsop, 2003).
Les talonnages sont des techniques qui permettent dtablir des normes pour
b. Diffrences intra-individuelles observes partir des scores pouvoir comparer la performance dun individu celles de son groupe, ou bien
aux chelles de Wechsler comparer des rsultats obtenus par un mme individu mais des tests diffrents.
Sans talonnage, on ne peut interprter un rsultat brut obtenu dans un test.
cart entre QI Verbal et QI Performance
La dmarche gnrale des talonnages comporte les tapes suivantes :
Parmi les tests dintelligence gnrale les plus utiliss pour identifier le haut
potentiel, on trouve les chelles de Wechsler et particulirement le W.I.S.C. 1. recueil de rsultats sur un groupe dindividus reprsentatif de la population
adapt aux enfants dge scolaire (de 6 16ans). Ces outils prsentent la parti- gnrale. Cette notion de reprsentativit est fondamentale dans le cadre dune
cularit de mesurer distinctement un QI Verbal (QIV) et un QI Performance dmarche comparative. Lorsquun test comme le W.I.S.C. est talonn, le
groupe utilis pour construire les normes comporte un pourcentage de filles et
(QIP). Le calcul du QI Total qui sert de trs souvent dindicateur du haut poten-
de garons identique celui observ dans la population gnrale ; on contrle
tiel ntant thoriquement possible que si lcart observ entre QIV et QIP
galement que tous les ges sont reprsents. Dautres variables peuvent tre
nexcde pas une certaine valeur (12 points). Au del de cette valeur, on considre prises en compte si on estime quelles psent sur les performances, par exemple
que le fonctionnement cognitif nest pas homogne et que le calcul dun indice la profession et la catgorie sociale du chef de famille. Les talonnages vieillis-
global na pas de sens. Chez les enfants haut potentiel, un cart de cette impor- sent et il est ncessaire de les refaire rgulirement, certains phnomnes
tance, voire suprieur, nest pas systmatiquement constat. Cependant, il est trs comme leffet Flynn (voir le chapitre 3 dans cet ouvrage) pouvant fausser leur
souvent soulign et mme parfois prsent comme une caractristique des enfants lecture et leur interprtation.
haut potentiel (Mueller, Dash, Matheson et Short, 1984), ce qui est discutable.
2. ordonner les performances obtenues et construire des classes en nombre plus
Afin dtudier la frquence dobservation dcarts significatifs entre QI Verbal ou moins important selon le degr de diffrenciation des niveaux que lon sou-
et QI Performance selon les niveaux de performance, Silver et Clampit (1990) haite obtenir.
ont utilis les donnes des talonnages amricains du WISC-R. cette occa-
sion, un chantillon reprsentatif de 2200 enfants gs de 6,5 16,5 ans a t Techniquement, on distingue les talonnages normaliss et les quantilages,
constitu, ce qui reprsente une base de donnes tout fait considrable. La appels galement talonnages rectangulaires. Les talonnages normaliss sont
mthode utilise par ces auteurs consiste comparer la frquence dobservation raliss en construisant des classes dont les limites sont dfinies partir de
dcarts significatifs selon le QI Total. Leurs rsultats indiquent que, en compa- proportions dfinies grce la table de la loi normale (par exemple : pour un
talonnage normalis en 5 classes, les proportions sont de 6,7%, 24,15%,
raison avec ce qui est observ dans les sous-groupes ayant un QI Total moyen,
38,30%, 24,15 % et 6,7%). On obtient ainsi des talonnages qui discriminent
cette frquence est quatre fois plus leve chez les enfants avec un QIT sup-
finement les groupes extrmes et regroupent dans une classe moyenne un effec-
rieur 130, et cinq fois chez les enfants avec un QIT suprieur 140. Silver et tif beaucoup plus important. Les quantilages consistent construire des classes
42 partie 1 : Chapitre 2 43
de taille identique : un dcilage compte dix classes (10% de leffectif) , un quintilage Dautres explications cette htrognit intra-individuelle sont possibles.
compte 5 classes (20% de leffectif). Cette technique dtalonnage discrimine davan- Kaufman (1992) met en cause les critres de cotation appliqus dans les sub-tests,
tage les niveaux de performance moyens et discrimine moins les groupes extrmes. en particulier lattribution de points bonus en fonction de la vitesse de rponse.
Pour les tudes sur les enfants haut potentiel, les talonnages normaliss sont plus Il souligne que ces sub-tests appartiennent tous lchelle Performance. Daprs
utiles car ils diffrencient mieux les diffrents niveaux daptitude levs lui, certains enfants haut potentiel seraient sous-valus dans ces preuves,
non pas en raison dun niveau de performance brut infrieur, mais simplement
Htrognit des profils de performances aux chelles de Wechsler parce que, pour eux, la vitesse de rponse nest pas importante. En consquence,
leur potentiel rel serait partiellement masqu par la nature de lvaluation.
Lhtrognit des performances peut tre tudie un niveau de dtail et
dinformation plus fin que la simple observation des carts entre chelle verbale
et chelle Performance. En restant dans le cadre des chelles de Wechsler, il est Calcul des scatters
possible danalyser la dispersion intra-individuelle des scores aux diffrents
sub-tests laide de mthodes que lon appelle analyse de scatter. Plusieurs mthodes existent pour valuer la dispersion intra-individuelle dans
les tests dintelligence. La mthode la plus frquemment utilise peut tre
En utilisant une de ces mthodes, Hollinger et Kosek relvent que, chez 86,
illustre partir de lexemple suivant : prenons le cas dun enfant dont la
4 % de leurs sujets, les scores de certaines preuves sont significativement sup- moyenne des notes standard aux subtests verbaux du WISC serait gale 10.
rieurs ou significativement infrieurs au score moyen du sujet. Cette analyse leur Dans ce cas, si cet enfant obtient un score au subtest verbal Vocabulaire
permet didentifier les preuves pour lesquelles la variabilit intra-individuelle gal ou suprieur 13, on considrera quil prsente une supriorit dans cette
est la plus marque, cest--dire celles pour lesquelles on constate des pourcen- preuve (+3). Si son score est gal ou infrieur 7, on considrera quil pr-
tages levs de variation entre le score observ et la moyenne individuelle. Dans sente une faiblesse dans cette preuve (-3). Par construction, 3 est la valeur de
le graphique n1, on peut voir que les preuves suscitant le moins de variabilit lcart-type pour les notes standard de ce test.
intra-individuelle ont en commun de faire appel au raisonnement. A linverse,
Lanalyse du scatter permet de dterminer les points forts et les points faibles
celles qui sont associes une grande variabilit intra-individuelle appartien-
dune personne en termes de performances. Elle peut tre ralise sur des
nent lchelle Performance et font appel la mmoire visuelle et laptitude rsultats recueillis laide de tests de nature diffrente mais la condition de
traiter visuellement des stimuli abstraits. ramener les mesures la mme chelle, tout simplement pour rendre les
performances directement comparables les unes aux autres. On peut ainsi
valuer les points forts dune personne dont on aura, par exemple, mesur
Graphique n1 lintelligence gnrale, des aptitudes spcifiques et des performances scolaires.
5. Diffrences inter-groupes
a. Diffrences inter-genre
Avec la question de lidentification, les diffrences inter-genre chez les enfants
haut potentiel sont actuellement un des thmes de recherche les plus dvelopps,
notamment par les psychologues de lducation. Sachant que, dans la population
gnrale, des diffrences entre hommes et femmes ont t mises en vidence dans de
nombreux domaines comme la russite scolaire ou les capacits artistiques (Reuchlin,
1991), on comprendra aisment que ces questions soient particulirement explores
chez les enfants haut potentiel. Par ailleurs, certaines tudes dveloppementales
indiquent que parmi les jeunes enfants identifis comme intellectuellement prcoces,
44 partie 1 : Chapitre 2 45
on trouve davantage de filles que de garons. Cette particularit tiendrait au fait, quen Diffrences inter-genre dans les performances aux tests
moyenne, les filles matriserait plus tt et mieux le langage, quelles apprendraient plus
Les diffrences inter-genre ne sexpriment pas massivement dans les perfor-
rapidement lire et crire - une forme de prcocit facilement reprable. Dautres
mances aux tests dintelligence. Soulignons dailleurs que la plupart de ces tests ne
donnes modrent cette observation. Winner (1996), analysant les effectifs selon le
proposent pas dtalonnages diffrencis pour les filles et les garons. Nanmoins,
genre et selon le niveau des programmes ducatifs amricains rservs aux enfants
certains outils font tat de diffrences notables. Dans une tude ralise laide du
haut potentiel, constate que dans les programmes proposs aux trs jeunes enfants, les
DAT (Differential Aptitude Test), Stanley et col. (1992) observent que les filles
effectifs sont quilibrs mais quau niveau collge , on ne trouve plus que 30% de
haut potentiel russissent mieux les preuves bases sur lorthographe (effet
filles et que ce pourcentage diminue encore au niveau lyce . Il reste que les ques-
moyen = .50), alors que les garons haut potentiel russissent mieux les preuves
tions poses par ltude des diffrences inter-genre sont bien plus varies et complexes
faisant appel au Raisonnement Mcanique (effet moyen = .89).
que ne le laissent supposer ces quelques observations. En effet, les diffrences inter-
genre ont t particulirement tudies aux tats-Unis et la plupart des donnes dont
nous disposons proviennent dtudes ralises dans ce pays. Ceci pose videmment le Le DAT (Differential Aptitude Test) a t dit pour la premire fois en 1947 par
problme de la gnralisation des observations dautres pays ayant des systmes Bennett, Seashore et Wesman. Au dpart, ce test tait destin lorientation scolaire
et professionnelle des lves du secondaire. Il sagit dune batterie factorielle qui
ducatifs ou bien des habitudes socioculturelles diffrents. Ces dernires annes cepen-
permet de mesurer huit aptitudes : Raisonnement Verbal, Raisonnement Numrique,
dant, quelques recherches internationales permettent de prciser les possibilits de
Raisonnement Abstrait, Vitesse de Perception et Prcision, Raisonnement
gnralisation (Freeman, 2004). Mcanique, Relations Spatiales, Franais Orthographe et Franais Grammaire. La
La majorit des tudes amricaines menes sur ce thme lont t dans le dernire rvision du test date de 2002.
cadre dune tude longitudinale appele SMPY, conduite actuellement par
Benbow. Les diffrences inter-genre les plus marques concernant les math- Dans le cadre de ltude longitudinale SMPY (Benbow et Lubinski, 1993,
matiques et les sciences, une population identifie sur la base de scores dans des cits par Freeman, 2003), il apparat quen moyenne, les garons slectionns ont
preuves de cette nature se prte naturellement bien ce type dtude. obtenu des scores plus levs que ceux des filles dans les preuves de raisonne-
ment mathmatique ainsi que dans les preuves de raisonnement mcanique et
Ltude longitudinale SMPY (Study of Mathematically Precocious Youth) a t mise spatial. Les filles, quant elles, obtiennent des scores plus levs que les garons
en place aux Etats-Unis par lUniversit John Hopkins en 1971. Son principal objectif dans les preuves de calcul ou darithmtique (Lubinski et Benbow, 1992). De
est de suivre pendant 50 ans des personnes haut potentiel afin didentifier les nombreux chercheurs, dont Freeman (2004), soulignent que ces diffrences ne
facteurs contribuant au dveloppement du haut potentiel dans le domaine math-
se retrouvent pas dans des tudes ralises dans dautres pays comme la Grande
matique. Les facteurs tudis sont trs varis : ils concernent le domaine ducatif mais
Bretagne ou lAllemagne et que ces diffrences ne sexpliquent pas par lutili-
aussi les choix dorientation, les valeurs et les intrts. Actuellement, environ 5000
individus participent la recherche, cet effectif se composant de cinq cohortes diff-
sation de supports dvaluation diffrents mais par la spcificit des systmes
rentes recrutes environ 5 ans dintervalle. Au dmarrage de ltude, lidentifica- ducatifs et certains facteurs socioculturels (ce point sera dvelopp plus loin
tion ntait ralise que sur la base des aptitudes en mathmatiques mais, depuis les dans ce chapitre). Par ailleurs, aucune diffrence notable entre garons et filles
annes 80, des individus haut potentiel dans dautres domaines participent napparat dans les scores au SAT-Verbal (Lubinski et col. 2000).
ltude. Lidentification est ralise sur la base des rsultats au SAT-V (Scholastic
Achievement Test Verbal) et au SAT-M (Scholastic Achievement Test Mathematics),
Diffrences inter-genre dans les apprentissages scolaires
ces deux preuves tant utilises pour les concours dentre dans les universits Pendant de trs nombreuses annes, la plupart des pays occidentaliss ont
amricaines. Pour participer ltude SMPY, nont t retenus que les individus soulign les diffrences de performance moyenne entre garons et filles dans le
appartenant au centile le plus performant (cela signifie que leur performance est domaine scolaire, principalement dans les matires dites scientifiques, les garons
suprieure celles ralises par 99% de la population). Ces tests ayant t construits y russissant mieux. En France, plusieurs enqutes ralises linitiative du
et valids pour des individus plus gs (de 4 5 ans environ) que les participants
Ministre de lEducation Nationale, montraient quen moyenne les garons
la SMPY (ge moyen au moment de lidentification = 13 ans), les performances sont
avaient de meilleurs rsultats que les filles en mathmatiques et en physique,
encore plus remarquables.
alors que linverse tait observ en franais ou pour les langues vivantes. Le mme
46 partie 1 : Chapitre 2 47
phnomne tait constat dans dautres pays occidentaux o les systmes duca- filles, et ces diffrences sobservent galement en dehors du contexte scolaire
tifs sont assez comparables au systme franais. Cependant, les tudes rcentes puisque les garons sont plus nombreux choisir de participer des activits
ralises sur les enfants haut potentiel montrent que, dans la plupart de ces extra-scolaires lies aux mathmatiques (coles dt ou bien comptitions
pays, ces diffrences inter-genre ont disparu. Ce rsultat manifeste depuis les comme les olympiades de mathmatiques). Il semblerait que les filles sous-
annes 1990 amne sinterroger au sujet du dsquilibre des effectifs observs valuent leur potentiel dans cette matire alors que le phnomne inverse est
dans les cursus suprieurs en mathmatiques, en physique ou encore en biologie. observ chez les garons (Freeman, 2004). Certaines tudes tmoignent de
Si pendant de nombreuses annes, lexplication en termes de diffrences de rsul- linfluence de facteurs socioculturels sur le ratio filles-garons dans les formations
tats pouvait expliquer ce phnomne, il est maintenant ncessaire dexplorer plus suprieures. En Isral, Zohar et Sela (2003) ont ainsi constat que si dans les
loin les raisons de ce dsquilibre. Dans la plupart des tudes, les explications programmes de physique de trs haut niveau, le ratio classique tait de lordre
avances sont dordre socioculturel et motivationnel (Subotnik et Arnold, 2000). dune fille pour trois garons, un changement stait opr dans les annes 1990
De trs nombreuses tudes sur les diffrences inter-genre ont t ralises chez larrive massive des immigrants russes, les effectifs filles-garons stant alors
les enfants haut potentiel en mathmatiques et la plupart porte sur des compa- quilibrs. Par la suite, les auteurs ont constat quau fur et mesure que les
raisons deffectifs. En se basant sur des donnes recueillies au cours des vingt annes vagues dimmigrants taient intgres dans la socit isralienne, la supriorit
prcdant la publication de leur article, Lubinski et Benbow (1992) relvent que le en effectifs des garons revenait.
dsquilibre des effectifs augmente avec le niveau de performance valu par le Dans une tude longitudinale amricaine (Lubinski et Benbow, 1992) , 786
SAT-Mathmatique (score maximum = 800). Dans le groupe des enfants ayant garons et 461 filles haut potentiel (identifis daprs leurs scores au SAT-V
obtenu un score suprieur 500 points, on trouve une proportion de deux garons ou au SAT-M) ont t suivis de lge de 13 ans jusqu lge de 23 ans. Les
pour une fille. Si on considre les scores suprieurs 600 la proportion passe 4 analyses indiquent que 85 % dentre eux ont suivi des tudes suprieures. La
garons pour 1 fille et si le score au SAT-M est suprieur ou gal 700 la propor- rpartition entre les diffrents domaines de formation diffre notablement selon
tion passe 13 garons pour une fille. Ces donnes globales ne sont pas toujours le genre (voir graphique n2). Cest ainsi que lon peut constater que 50,4 % des
reprsentatives de lensemble de la population amricaine ; cest ainsi quen isolant garons ayant un diplme dtudes suprieurs viennent des filires scientifiques
les lves dorigine asiatique, les auteurs ont pu constater que dans ce dernier sous- alors que cette proportion nest que de 30,8 % chez les filles.
groupe le ratio garons-filles tait de 1 pour 4. Lanalyse de ces diffrences
inter-culturelles sera dveloppe plus loin dans ce chapitre. Graphique n2
Les diffrences mises en vidence peuvent galement tre de nature quali-
tative. Dans une tude publie en 1989, Linn et Hyde (cits par Wieczerkowski
et col., 2000) ont analys les stratgies de rsolution des problmes mathma-
tiques poss dans le SAT-M. Leurs rsultats indiquent que les filles et les garons
nutilisent pas les mmes stratgies. En gnral, les filles prfrent utiliser les
algorithmes classiques et les procdures de rsolution conventionnelles tandis que
les garons privilgient des solutions rapides et plus intuitives. Certaines attitudes
sociales contribuent galement aux diffrences inter-genre, on note ainsi que
les filles haut potentiel manifestent une faible confiance en soi dans le
domaine des mathmatiques (Pajares, 1996) et quelles possdent un niveau
danxit suprieur celui des garons (Catsambis, 1994).
48 partie 1 : Chapitre 2 49
Une analyse plus fine des rsultats de cette tude permet de mieux comprendre professions scientifiques, tandis que la valeur Social est ngativement corrle
lampleur du phnomne. Prenons lexemple de la biologie : en moyenne, tous avec lintrt pour de domaine professionnel.
diplmes confondus, les filles sont plus nombreuses que les garons. En ralit, dans
cette filire 2,2 % des garons et 5,4 % des filles ont arrt leurs tudes au niveau Le S.O.V. (Study of Values)3 mesure six chelles de valeur :
de la licence, et 1,1 % des garons et 1,5 % des filles sont alls jusquau doctorat.
1) T (Thorique) : valeurs tournes vers la recherche de vrit, vers lempirique
A ce niveau de diplme et lexception de la filire lettres , on observe, soit des
et le rationnel
effectifs pratiquement quilibrs, soit une proportion suprieure de garons. Dans
la littrature, on trouve des explications trs classiques ces diffrences. Subotnik 2) E (conomique) : valeurs tournes vers lutile, le pratique. Les connaissances
et Arnold (2000) estiment que les strotypes sociaux sont encore trs vivaces et abstraites sont considres comme inutiles
que de nombreuses filles privilgient des valeurs trs traditionnelles au dtriment 3) P (Politique) : recherche du pouvoir, de la renomme, de linfluence
parfois de leur formation ou de leur carrire professionnelle. 4) A (Esthtique) : valorisation des aspects artistiques
Quelques pays affichent une attitude trs volontariste en matire de rduc- 5) S (Social) : valorisation de laltruisme, de la sympathie lgard des autres
tion des diffrences inter-genre dans les choix de formation des personnes
6) R (Religieux) : valeurs tournes vers la spiritualit.
haut potentiel. Cest le cas de la Grande-Bretagne (Freeman, 2004) ou encore
du Canada (Lupart et col., 2004).
Dans une tude plus rcente, Lubinski, Benbow et Morelock (2000) ont mesur
Diffrences inter-genre dans le domaine des intrts et des valeurs les intrts dun groupe de 215 garons et de 129 filles identifis comme possdant
En psychologie, et notamment dans le domaine de lorientation scolaire et un haut potentiel dans le domaine mathmatique. Ces enfants sont gs de 13 ans
professionnelle, la distinction entre valeurs et intrts nest pas toujours vidente. environ au moment de lvaluation et leurs scores au SAT-M les situent dans le
Une valeur peut tre dfinie comme une croyance stable en la supriorit dun percentile le plus performant. En se basant sur le modle de la personnalit de
type de conduite ou dun style de vie (Huteau, 2002, p. 140). Dans cette optique, Holland, les auteurs mettent en vidence des profils diffrents selon le groupe
les intrts reprsentent une des expressions possibles des valeurs. Dans le champ (Tableau 5). Les rsultats indiquent que le profil moyen des garons met en avant
dtude des enfants haut potentiel, de plus en plus dtudes sintressent ces les intrts de type Intellectuel et Raliste tandis que le profil moyen des filles
dimensions qui dterminent en partie les comportements et influencent ladap- indique une certaine homognit des intrts de types Intellectuel , Artiste ,
tation de lindividu son environnement. On considre en effet que la mesure Social et Conventionnel . Cette diversit des intrts professionnels plus
des valeurs et des intrts fournit des informations importantes intgrer dans marque chez les filles expliquerait galement, selon les auteurs, que les orientations
lapproche ducative dans la perspective dune bonne adquation entre les apti- professionnelles soient plus diversifies chez ces dernires.
tudes de lindividu et lorientation professionnelle envisage. Mesures (moyennes et cart-types) des intrts professionnels dfinis selon la
De 1988 1991, Lubinski et Benbow (1992) ont administr huit cohortes thorie de Holland pour un groupe de garons et un groupe de filles haut
potentiel (daprs Lubinski et col. 2000).
diffrentes un test de mesure des valeurs appel le S.O.V. (Study of Values). Ltude
a t ralise sur des lves, gs denviron 13 ans, participant des programmes Dimensions Garons (n = 215) Filles (n = 129)
dt pour enfants haut potentiel. Au total, 468 garons et 317 filles ont t tests. selon Holland Moyenne Ecart-Type Moyenne Ecart-Type
Des diffrences inter-genre systmatiques ont t observes. Les valeurs Thorique,
Raliste 48.9 8.8 44.1 7.9
conomique et Politique apparaissaient plus importantes pour les garons que
pour les filles, ces dernires accordant plus dimportance aux valeurs Social et Intellectuel 54.1 7.8 54.9 8.2
Esthtique que les garons. Pour la valeur Religieux , les choses sont nettement Artiste 44.5 10.1 54.4 9.5
moins claires. Pour six cohortes (values entre 1988 et 1990) cette valeur est plus Social 39.6 9.4 50.7 10.4
importante pour les filles mais, pour les deux cohortes values en 1991, cette valeur Entrepreneur 44.1 9.0 46.5 10.5
est au mme niveau pour tous les lves. Ces rsultats peuvent tre mis en relation
avec les orientations professionnelles puisque la valeur Thorique est lie aux Conventionnel 47.1 9.4 49.2 10.2
50 partie 1 : Chapitre 2 51
systmes ducatifs, des pratiques culturelles, des pratiques socio-ducatives, des
Le modle de Holland (1966) dfinit six dimensions de la personnalit valeurs, etc. Dans ce contexte dinteraction entre de multiples facteurs, il devient
1) Raliste (R), cette dimension dcrit les personnes qui ont un mode de rela- difficile dinterprter les diffrences inter-culturelles observes.
tion concret et physique avec lenvironnement. Leurs choix professionnels sont
souvent en rapport avec lagriculture, lindustrie ou lartisanat. Les outils didentification
2) Intellectuel (I), correspond des personnes qui aiment manipuler les ides De simples approches comparatives permettent de distinguer les pays pour
ou les symboles et qui nont pas de got particulier pour les activits en groupe. lesquels lidentification se fait principalement sur la base dun indice global tel
Elles sont plutt attires par les domaines scientifiques. que le Q.I. comme cest actuellement le cas en France, et des pays o cette
3) Artiste (A), dcrit des individus originaux et cratifs, attirs par les domaines dmarche se base sur lanalyse de critres multiples : grilles dobservation remplies
artistiques. par lentourage (parents, enseignants, pairs), projet personnel prsent par
lenfant, utilisation de listes dadjectifs4, etc. Cette utilisation doutils didenti-
4) Social (S), indique la recherche et le got des interactions sociales. Ces personnes
fication varis est notamment beaucoup plus rpandue dans les pays dAmrique
vont de prfrence vers des activits comme lenseignement ou laide sociale.
du Nord.
5) Entrepreneur (E), cette dimension correspond un certain got pour la
Les principaux tests dintelligence, comme les Echelles de Wechsler, sont
dominance ou laventure qui se traduit notamment par une orientation vers les
professions de la vente ou du management. adapts pour chaque pays, mais de nombreux psychologues comme Saccuzzo
et col. (1994) (cits par Hernandez de Hahn, 2000) soulignent que seuls des
6) Conventionnel (C), ces personnes recherchent des activits sociales valori-
outils non-verbaux comme les Matrices de Raven permettent une identification
santes mais font preuve de manque doriginalit et dun certain conformisme
qui ne soit pas trop influence par les facteurs socioculturels. Quelques tenta-
social. Les professions qui les attirent correspondent plutt des activits de
bureau ou de comptabilit. tives dlaboration doutils multi-culturels ont t ralises sans grand succs.
On peut citer lexemple dun essai de transposition, lInde, dune batterie
partir de questionnaires, on peut dterminer les facettes dominantes chez
doutils didentification denfants haut potentiel, construite aux Pays-bas
chaque individu, il est ensuite possible de les mettre en relation avec des sec-
(Bleichchrodt et col., cits par Hernandez de Hahn, 2000). Les diffrences en
teurs professionnels.
termes de mode de scolarisation (plus prcoce aux Pays-Bas) et les diffrences
En principe, on considre que ces mesures ne sont pertinentes que pour des indivi- en termes de reprsentation sociale notamment pour les filles indiennes ont
dus gs dau moins 17 ans, les intrts professionnels tant alors suffisamment
rendu cette dmarche totalement inefficace.
stables pour pouvoir tre pris en compte dans le cadre dune orientation scolaire
ou professionnelle. Cependant Lubinski, Benbow et Ryan, (1995) ont montr que, Les mthodes didentification sont en partie indissociables des conceptions
chez les enfants haut potentiel, la stabilit des dimensions de la personnalit, va- du haut potentiel, or celles-ci varient considrablement selon les cultures. Des
lues une premire fois 13 ans et une seconde fois lge de 28 ans, tait remar- tudes australiennes illustrent de faon trs claire ces diffrences (Vasilevska,
quable et autorisait une utilisation prcoce de ce type doutil. 2005). laide de questionnaires et dentretiens, les auteurs ont interrog
plusieurs gnrations daborignes propos de leur dfinition des enfants
surdous ; les rponses recueillies tmoignent de diffrences culturelles mais
b. Diffrences inter-culturelles
galement de diffrences gnrationnelles. Dans une premire tude, Kearins
Les tudes inter-culturelles permettent de connatre les diffrents approches (cit dans Vasilevska, 2005) relve que les traits les plus souvent voqus par les
thoriques et pratiques des enfants haut potentiel, sur un plan descriptif ou adultes comme caractrisant les enfants surdous sont : lautonomie et le sens
analytique. Dans labsolu, un des principaux intrts des tudes inter-culturelles du service aux autres (pour 25 % des personnes interroges), ladaptation aux
est daider mieux comprendre les mcanismes dintervention des facteurs contraintes environnementales (20 %), les aptitudes sportives (15 %) et enfin
socioculturels ainsi que leur rle et leur poids dans le dveloppement indivi- les aptitudes cognitives (13,5 %). Dans une autre tude, ralise sur un chan-
duel. Cependant, les difficults dordre mthodologique sont si nombreuses que tillon de jeunes aborignes et de leurs parents, Harslett (cit dans Vasilevska,
la porte des conclusions que lon peut en tirer est trs relative. Il est effective- 2005) a obtenu les rsultats suivants : les parents plaaient les aptitudes artistiques
ment difficile de comparer des populations qui diffrent la fois sur le plan des et sensori-motrices au dessus des aptitudes intellectuelles, tandis que les enfants
52 partie 1 : Chapitre 2 53
aborignes scolariss considraient ces dernires comme la forme dexpression Notes
du haut potentiel la plus intressante.
1. Les enfants sous-ralisateurs sont des enfants chez qui on observe un grand dcalage
Comparaison en termes de performances scolaires entre le potentiel et lexpression de ce potentiel. Dans les situations les plus graves,
Pour une grande partie des recherches inter-culturelles menes dans ce ce dcalage peut mener jusqu une situation dchec scolaire complet, dans des cas plus
lgers lenfant se contente de rsultats moyens sans utiliser tous les moyens intellec-
domaine, il est difficile de dissocier compltement ltude des diffrences inter-
tuels dont il dispose.
genre de ltude des diffrences inter-culturelles. Lexemple des ratios
2. Les Primary Mental Abilities ( PMA) ont t labors par Thurstone en 1947.
filles-garons haut potentiel dans le domaine mathmatique illustre bien cette
Llaboration de cet outil repose sur une conception factorielle de lintelligence.
interaction. Comme nous lavons vu dans ce chapitre (partie 5.2.1.), on observe Thurstone soppose lide dune conception gnrale de lintelligence (dfendue par
des ratios diffrents selon lorigine socio-culturelle des enfants, Lubinski et des psychologues comme Binet, Spearman ou Wechsler) et dfinit lintelligence comme
Benbow (1992) ayant mis en vidence un meilleur quilibre des effectifs filles- un ensemble daptitudes relativement indpendantes les unes des autres. Les PMA
garons chez les lves dorigine asiatique. mesurent cinq aptitudes primaires : signification verbale (V), spatiale (S), numrique
(N), raisonnement (R) et fluidit verbale (W). Les preuves Signification Verbale et
Chen et Stevenson (1995) ont compar les performances scolaires en math-
Raisonnement sont de bons prdicteurs de la russite scolaire.
matiques de trois groupes dlves dorigine ethnique diffrente. Les auteurs
3. Une version franaise de ce test appele Echelle pour ltude des valeurs a t dite
constatent que les Amricains dorigine asiatique ont de meilleurs rsultats que
aux ECPA en 1972. Il sagit de ladaptation franaise de :Allport, G.W., Vernon, P.E.
les Amricains dorigine caucasienne mais quils natteignent pas le niveau de et Lindzey, G. (1970) Manual, Study of values, Grade 10-Adult (3rd ed.). Boston :
performance des lves chinois ou japonais. Selon Chen et Stevenson, des diff- Houghton Mifflin Co.
rences dans linvestissement des parents ou dans la valorisation de la formation 4. Les listes dadjectifs sont des outils utiliss dans les tudes sur la personnalit. Le plus
en mathmatiques expliqueraient les rsultats observs. connu est doute lACL (Adjective Check List) de Gough et Heilbrun (1985). Le sujet
doit choisir parmi 300 adjectifs ceux qui le dcrivent le mieux. On dfinit ensuite des
profils descriptifs en comparant des groupes constrats (exemple : enfants haut poten-
Conclusion tiel intellectuel et et enfants typiques).
54 partie 1 : Chapitre 2 55
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58 partie 1 :
prcdente, cette approche vise tendre le diagnostic du haut potentiel
Chapitre 3 dautres domaines que celui de lintelligence et nhsite pas utiliser plusieurs
techniques pour mesurer les comptences des enfants. Ces principes seront
illustrs par un exemple de recherche conduite auprs denfants de niveau intel-
lectuel lev.
vers une approche (Delaubier, 2002) indiquaient que lchelle dIntelligence de Wechsler pour Enfants
(W.I.S.C. : Wechsler Intelligence Scale for Children ; Wechsler, 1996) est le test le
plus utilis en France par les psychologues et les tablissements scolaires
multidimensionnelle accueillant des enfants haut niveau intellectuel. Le constat est le mme dans
les autres pays de la communaut europenne, ainsi quaux Etats-Unis o lon
utilise cependant bien dautres tests dont le Stanford-Binet, adaptation amricaine
du test de Binet et Simon et, plus rarement, le test des Matrices Progressives
(PM38 ; Raven, 1965). Compte tenu de la frquence dutilisation du WISC, il
On reproche souvent aux procdures didentification des enfants haut importe de vrifier que les mesures de QI sont fiables et pertinentes pour liden-
potentiel de privilgier un diagnostic psychomtrique et, cette occasion, de tification du haut potentiel.
nutiliser quun nombre limit doutils dvaluation. Force est de constater, en
effet, que lidentification partir du QI est de loin la dmarche la plus rpan- Intelligence gnrale et QI
due dans la pratique psychologique comme dans la recherche scientifique. Une mesure obtenue partir dun test est toujours le reflet dune certaine
Cette dmarche postule, plus ou moins implicitement, quun enfant prsen- conception de la caractristique psychologique mesure, du moins celle propo-
tant un niveau intellectuel lev pourra russir pareillement dans de nombreux se par le constructeur du test. Pour tre pertinente, linterprtation des rsultats
domaines de comptence. Elle admet aussi dutiliser des tests mesurant le QI au test doit donc sy rfrer. Selon Wechsler, Lintelligence est la capacit globale
ou dautres tests analogues, tout en reconnaissant quils prsentent de nombreux ou complexe de lindividu dagir dans un but dtermin, de penser dune manire
inconvnients dans ce contexte : en particulier, labsence de sensibilit de leurs rationnelle et davoir des rapports utiles avec son milieu (Wechsler, 1956, p.3).
normes pour les niveaux de performance extrmes et le fait que leurs qualits Pour autant, lintelligence nest pas, selon lui, une seule aptitude particulire ;
psychomtriques sont insuffisamment tudies auprs denfants haut poten- elle rsulte, au contraire, de lorganisation de diffrentes aptitudes. Selon cette
tiel. Mais linconvnient majeur de cette approche est quelle ne tient pas conception, assez proche de celle de Binet, la meilleure faon de construire un
suffisamment compte de la diversit des conceptions de l'intelligence, ni des test susceptible de mesurer lintelligence est dutiliser plusieurs preuves qui
nombreux autres domaines de comptences suggrs par les conceptions solliciteront chacune un aspect diffrent du fonctionnement intellectuel du sujet.
actuelles du haut potentiel. Ce principe de construction, trs pragmatique, peut tre illustr par les subtests
Dans ce chapitre, nous montrerons que l'identification du haut potentiel qui composent la troisime version du WISC (Wechsler, 1996). Lencadr 1
au moyen des tests de QI comporte de srieuses difficults. Les principes dune prsente ces diffrents subtests et les activits intellectuelles quils sont suppo-
approche multidimensionnelle seront ensuite prsents. Contrairement la ss mesurer.
Nous avons vu que lutilisation combine de plusieurs outils dvaluation a. Description de ltude
devrait permettre de mieux prciser la nature des potentialits leves prsentes
chez certaines personnes. De telles potentialits rsulteraient du jeu dinterac- Ltude a t ralise, en France, auprs dlves de 6me provenant dun tablis-
tions complexes entre plusieurs caractristiques psychologiques diffrentes sement classique mais qui accueille des enfants haut potentiel. La mthode de
(Gagn, 2000). Lune des mthodes utilises pour reprer les caractristiques slection retenue par cette cole consiste administrer deux tests collectifs. Il
pertinentes pour le diagnostic consiste vrifier si les enfants haut potentiel sagit du subtest Matrices , tir de la batterie Culture Fair de Cattell et
se distinguent des enfants typiques par un profil psychologique particulier. Cattell (1965), qui est destin mesurer le fonctionnement intellectuel gnral
Lobjectif de ltude prsente ici tait de comparer ces deux groupes denfants en rduisant le plus possible linfluence du facteur verbal, de lenvironnement
partir de plusieurs valuations portant aussi bien sur des aspects cognitifs que culturel et du niveau dinstruction. Dans ce test, les enfants doivent complter
conatifs, c'est--dire lis la personnalit. des suites logiques en choisissant la partie manquante dune matrice de symboles.
Ce test est complt par une preuve de comprhension verbale, le Test de Lecture
Comme nous lavons rappel, certains chercheurs proposent de faire repo-
Silencieuse, dans lequel on demande aux enfants de lire neuf histoires courtes et
ser lidentification des individus haut potentiel sur une valuation du niveau
de rpondre chaque fois une srie de cinq questions portant sur le texte. Lcole
de crativit qui viendrait complter une mesure daptitude intellectuelle
slectionne les lves obtenant les meilleurs rsultats aux tests quelle regroupe
(Treffinger, 1980 ; Naglieri et Kaufman 2001). Cette proposition est justifie
ensuite dans une mme classe. Une partie de ces enfants haut potentiel intel-
par le fait que la plupart des tests dintelligence et daptitudes cognitives solli-
lectuel ont t compars un groupe contrle compos denfants typiques
citent largement un type de pense, dite convergente, qui sapplique dans tous
provenant de la mme cole. Chaque groupe comprenait 22 enfants (11 garons
les cas o il faut, partir de faits donns, parvenir une conclusion exacte unique.
et 11 filles) gs en moyenne de 10 ans et demi.
Un individu engag dans un tel mode de pense orientera ses efforts pour trouver
la solution un problme donn. Par comparaison, la pense divergente Les enfants de chaque groupe ont t tests individuellement laide de
permet, partir de faits donns, de parvenir plusieurs ides ou solutions diff- plusieurs preuves mesurant lintelligence, la crativit et le perfectionnisme.
rentes pour un mme problme. Elle ouvre un champ de conscience plus large Intelligence fluide et intelligence cristallise. Elles sont conues comme des
qui permet de se dcentrer des contraintes dune tche ou dune situation et, de aspects diffrents de lintelligence gnrale. Lintelligence fluide correspondrait
ce fait, elle est troitement lie au processus cratif (Lubart et al., 2003). plus au substrat biologique de lintelligence alors que lintelligence cristallise
La plupart des chercheurs saccordent sur le fait que les enfants haut poten- reflterait lducation et lexprience. Ces composantes ont t mesures par
tiel se distinguent galement sur tout un ensemble de facteurs conatifs. Lun de deux subtests emprunts la batterie P.M.A. (Thurstone, 1948) : le subtest
ces facteurs, le perfectionnisme, a rcemment retenu lattention de plusieurs Fluidit verbale (W), dans lequel les sujets doivent trouver le plus de mots
Conclusion
Lidentification des enfants haut potentiel occupe une place minoritaire
dans la littrature scientifique (Heller et Schofield, 2000), ce qui ne manquera
pas de surprendre compte tenu de la complexit des problmes soulevs par cette
question. Pour illustrer lune des difficults rencontres, nous avons rappel que
la notion mme didentification comporte plusieurs facettes (Koren, 1994). Force
est de constater que les publications scientifiques font rfrence diffrentes
conceptions thoriques, plus ou moins contrastes, du haut potentiel et du talent.
On constate, par consquence, que les dimensions sur lesquelles porte le diagnos-
tic, les mthodes dvaluation utilises et les critres retenus pour lidentification
Lgende : * = Diffrence statistiquement significative prsentent une grande variabilit dans la littrature scientifique. Mme si, dans
prodiges et denfants sion de deux nombres de quatre chiffres ; la racine cubique d'un nombre de neuf
chiffres ; la racine cinquime d'un nombre de douze chiffres. [...] Des personnes
de l'assistance disent les chiffres. M. Inaudi les rpte mesure, pour s'assurer
haut potentiel en qu'il est d'accord avec toutes ces personnes, et l'impresario crit sur de grands
tableaux noirs les chiffres dits, sous la dicte de M. Inaudi. M. Inaudi ne se
mathmatiques tourne pas une seule fois vers les tableaux noirs; il reoit les chiffres et les nombres
par l'audition, [...] il se sert de la mmoire auditive. (Binet, 1894).
Ainsi, Binet (1894) a suggr de distinguer les calculateurs prodiges audi-
tifs , comme J. Inaudi, qui disent entendre les nombres lors des calculs, et les
calculateurs prodiges visuels , qui rapportent plutt mmoriser une image
Dans ce chapitre, travers le domaine mathmatique, une approche cogni-
mentale des nombres et des calculs crits. Les calculateurs auditifs utilisent prf-
tive des enfants exceptionnels sera illustre. La premire partie est consacre
rentiellement des codes verbaux. Ils verbalisent les diffrentes tapes des calculs
ces enfants qui se distinguent des individus ordinaires par une habilet excep-
et se livrent en mme temps des activits motrices exagres (e.g., tics nerveux,
tionnelle raliser rapidement des calculs mentaux complexes. Pour la plupart
mouvements des mains, balancement du corps). Ils manifestent dailleurs souvent
des tres humains, effectuer une multiplication telle que 25671 x 34785 sans
une tendance plus gnrale l'hyperactivit, et sont parfois dsigns par les termes
utiliser une feuille de papier et un stylo ou une machine calculer est impossible.
auditif-moteur ou acoustique-rythmique-moteur du fait de leurs mouve-
Ce nest pas le cas des individus que lon nomme calculateurs prodiges . Ils
ments spcifiques. Enfin, ils ont trs frquemment appris calculer avant mme
sont capables de rsoudre mentalement, trs rapidement et sans commettre der-
de savoir crire les nombres. Au contraire, les calculateurs visuels ont souvent
reur, des problmes aussi complexes que celui-ci, voire mme plus complexes. Ils
appris calculer aprs l'acquisition de l'criture des nombres ; certains ne mani-
peuvent calculer mentalement nimporte quelle racine carre ou cubique, retrou-
festent leur talent pour les calculs complexes que tardivement (aprs l'ge de
ver le jour de la semaine correspondant nimporte quelle date du calendrier. A
20 ans). Lors de leurs calculs, ils ne verbalisent pas et produisent peu de mouve-
ct des calculateurs prodiges, on distingue une autre population prsentant des
ments, mais ils utilisent plutt des codes imags. Dans leurs rcits, ils rapportent
comptences exceptionnelles en mathmatiques, celle des enfants haut poten-
qu'ils voient les calculs s'inscrire sur un tableau ou sur une page (comme
tiel en mathmatiques. Ces enfants se distinguent des lves ordinaires par une
S. Finkelstein, dcrit par Bousfield et Barry, 1933). Les diffrences entre ces deux
capacit nettement plus importante comprendre les problmes, les symboles
grands types de calculateurs prodiges se refltent notamment dans la mthode
et les mthodes utilises en mathmatiques, les apprendre, les reproduire,
quils utilisent pour rsoudre des multiplications de grands nombres (Figure 1) :
les combiner entre eux et les rutiliser dans des tches similaires (Werderlin,
les calculateurs auditifs effectuent les calculs de gauche droite alors que les calcu-
1958). Les caractristiques de ces enfants et les mthodes denseignement qui
lateurs visuels utilisent la mthode des multiplications croises (Camos, 2004).
leur sont proposes sont prsentes dans la seconde partie de ce chapitre.
hautes potentalits
Depuis de longues dates, il existe un intrt pour la prcocit et/ou les capa-
cits hors normes chez certaines personnes mais ce nest que de faon rcente
quune approche neurocognitive merge concernant les capacits spciales et/ou
parfois ingales constates chez certains enfants.
Si les enfants haut potentiel ont exist de tout temps, cest depuis quelques linverse, les capacits de haut niveau de certains enfants et adolescents sont
annes seulement que les demandes de consultations et de bilans psychologiques ignores et si certaines sinscrivent dans un fonctionnement harmonieux, la pratique
ont pour motif frquent lvaluation du surdon suppos des enfants. Deux motifs clinique nous amne parfois les mettre en vidence au cours dun bilan psycho-
expliquent cette volution : la pression sociale reporte de manire insistante logique men pour dautres motifs difficults scolaires, troubles psychiques divers.
sur la russite scolaire et la mdiatisation rcente de la notion. Aprs une priode Dans la pratique, le psychologue clinicien est donc essentiellement amen
o la question a t peu tudie, voire nglige, les dbats portant sur les carac- rencontrer des enfants et adolescents haut potentiel dans une vise dvaluation
tristiques et les difficults spcifiques de ces enfants sont prsent largement de leurs capacits intellectuelles initie par la famille, par lcole ou par un pdo-
diffuss et relays dans lopinion publique. Cest surtout la haute efficience intel- psychiatre, ou mettre celles-ci en vidence au cours dun bilan men pour
lectuelle qui est mise en avant, dans les demandes de bilan comme dans les comprendre les troubles quils prsentent. Pour ce faire, il sappuie sur lutilisation
mdias ; la question du haut potentiel cratif noccupe pour linstant, en France, doutils cliniques tels que lentretien et les tests, inclus dans une dmarche de bilan.
aucune place. Linterprtation des donnes ncessite le recours une thorie du fonctionnement
Dans la socit actuelle, le souci de russite, troitement li dans le systme psychique permettant de leur donner sens : parmi les thories utilises en psycho-
scolaire franais lentre sur concours dans des filires slectives, et accentu logie clinique, cest la thorie psychanalytique qui nous sert de rfrent dans
aujourdhui par la crainte du chmage li au manque de qualification, contribue lapproche prsente ici. Elle permet de comprendre les manifestations psychiques
mettre au premier plan des proccupations des parents et de certains tablis- de manire holistique, en mettant en rapport les donnes concernant la pense
sements la question de la performance de lenfant. Sera-t-il mme de suivre avec lensemble du fonctionnement psychique, et offre une perspective qui claire
au collge un cursus ouvrant au lyce sur une terminale scientifique, susceptible, les aspects normaux et des manifestations de troubles psychopathologiques de
dans lesprit de la majorit des gens, de lui donner lventail de chances le plus la personnalit partir des alas du dveloppement psychosexuel.
large pour entamer des tudes suprieures prestigieuses ? Ces ambitions trou- Afin dclairer la comprhension des sujets haut potentiel, nous commen-
vent souvent un cho parmi les enseignants eux-mmes, qui traitent les enfants cerons par prsenter les donnes thoriques concernant la naissance et le
de sections slectives comme de futurs lves de classe prparatoire - avec les dveloppement de la pense et de la crativit : ceci permettra dvoquer des
exigences que cette attitude implique, et en leur proposant parfois le programme hypothses quant la source de dispositions intellectuelles ou cratives de haut
de la classe venir afin de les stimuler. Cet tat desprit, prsent rpandu en niveau, et dvoquer les issues positives et les troubles ventuels de ces disposi-
France, a particip, au cours des dix dernires annes, la focalisation de lint- tions. Nous ne pouvons toutefois, compte tenu de la complexit de la question,
rt pour les enfants dits surdous et surtout la gnralisation de ce que lon en approfondir les implications dans cet ouvrage. Une rflexion sur le normal et
entend par ce terme. le pathologique permettra de clarifier sur ce point la question.
De lhtrognit la dysharmonie
Enfants haut potentiel gs de 6 12 ans
Dans le groupe des plus gs, 9-12 ans, la disparit des chelles verbale
Contrairement une ide parfois prsente dans la littrature, les QI les plus
et de performance du WISC III, peut parfois rpondre lhtrognit des
levs ne correspondent pas obligatoirement aux organisations les plus patho-
procdures de raisonnement lEPL : ainsi, pour deux sujets de notre recherche,
logiques. Dautre part, lhtrognit inter-chelles au WISC III semble tre
les carts trs importants au WISC III correspondent des dysharmonies
une constante, toujours au profit de lchelle verbale : 9-12 ans, les carts les
cognitives pathologiques mises en vidence lEPL, et telles que Gibello les a
plus importants se trouvent chez les garons. Grgoire (1992) voque linfluence
dcrites. Ces dysharmonies cognitives pathologiques peuvent aboutir des
de la valeur du QI total sur la diffrence QI Verbal/QI Performance : plus le QI
troubles dyspraxiques ou dyslexiques. Elles correspondent en fait des moda-
augmente et plus la diffrence significative est frquente. On peut attribuer cet
lits de raisonnement archaques (en de de lge de rel de lenfant) qui se
cart au fait que lchelle verbale, plus sature en facteur scolaire et culturel, offre
manifestentt certaines preuves comme les Conservations ou les Courbes
galement davantage dautonomie par rapport lge rel de lenfant : elle repose
mcaniques, mettant en jeu des fantasmes qui altrent les procdures de raison-
sur lintelligence cristallise, qui se dveloppe avec un effet boule de neige ,
nement. Ces altrations de la pense peuvent tre en lien avec des organisations
les apprentissages anciens attirant les nouveaux apprentissages. Lchelle perfor-
psychopathologiques, limites pour la plupart, la dysharmonie cognitive pouvant
mance sollicite les repres spatio-temporels, et partant, le corps comme axe
sintgrer une dysharmonie volutive. Le retard dans certaines structures de
organisateur des relations spatiales. Engageant le corps et la motricit, les subtests
pense logique conduit alors remettre en question le diagnostic de prcocit
de cette chelle se font donc plus contraignants dans leur fonction de rappel de
intellectuelle.
limmaturit neuro-physiologique : motricit fine, coordination visuo-motrice
et habilet manuelle y sont mises lpreuve. Ce rappel des limites ramne le Nous distinguons ces dysharmonies cognitives pathologiques des dyshar-
sujet son statut denfant, et sa dpendance aux adultes. Est-ce la raison pour monies cognitives que nous qualifierons de normales, et qui sont dues une
laquelle, toutes proportions gardes compte-tenu de notre chantillon, nous extrme avance dans le raisonnement, co-existant avec des structures de pense
relevons nanmoins une htrognit inter chelles plus importante chez les logique en rapport avec lge rel de lenfant. De plus, cette htrognit ne
garons, laquelle une explication fonde uniquement sur les limites des tests respecte pas non plus la chronologie dun dveloppement cognitif linaire, tel
ne saurait suffire. La dispersion intra-chelles permet de confirmer ce constat et celui dcrit par Piaget : la succession des stades implique en principe une
de le complter : toujours chez les garons, les deux preuves qui varient signi- constance dans lordre des acquisitions. Dans cette perspective, dvelopper
ficativement par rapport aux moyennes individuelles, sont les preuves Mmoire certaines structures de pense avant lheure -et parfois dans le dsordre- relve-
des chiffres et Code , habituellement mises en corrlation avec les capacits rait vritablement de la ncessit et de la crativit.
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des enfants surdous rponses thrapeutiques proposes, en considrant diffrents aspects de la souf-
france psychique observe chez certains de ces enfants et adolescents surdous,
souffrance souvent mconnue.
des enfants des avatars en fonction des poques et des pays, depuis des positions extrmes
visant mettre en place des programmes didentification systmatiques en vue
dintgrer dans des programmes spciaux tous les enfants prsentant des perfor-
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chez les enfants haut sus sur les critres quil convient dutiliser mme sil en existe de trs prcis.
Par consquent, chaque auteur choisit les indicateurs qui lui conviennent
et les variations peuvent tre trs importantes.
potentiel : approches, La troisime catgorie est celle dans laquelle la ralisation est prdite
partir dune mesure de potentiel. Par exemple, les rsultats que lenfant
conseils et solutions devrait obtenir l'cole sont estims sur la base de son QI. Dans ce cas, la
diffrence entre cette estimation et le score ralis est une mesure de la
sous-ralisation. Thorndike (1963, cit par Tannenbaum, 1991) relve que
la distance entre la prvision et la performance relle est reprsentative du
Un enfant haut potentiel ne mettra pas obligatoirement en uvre ses capa- phnomne tudi mais quil faut prendre en compte les facteurs externes
cits. Dans ce chapitre, nous nous intressons aux enfants haut potentiel en ainsi que les erreurs de mesure qui influencent galement l'indice de sous-
situation dite de sous-ralisation . Leurs performances ne sont pas la hauteur ralisation. Daprs cet auteur, en intgrant ces facteurs dans une quation
de ce quon pourrait attendre compte tenu de leurs capacits. Pour de nombreux de rgression, il est possible dobtenir une mesure fiable de la sous-rali-
auteurs, ces enfants doivent faire lobjet dune attention particulire. Mme si sation. Toutefois, cette procdure est trs peu utilise par les chercheurs
aucune tude psychologique sans biais de slection na t ralise ce jour, les (Peters et al., 2000).
recherches scientifiques ainsi que les pratiques cliniques et ducatives apportent
Dans la quatrime et dernire catgorie, la sous-ralisation est simple-
un certain nombre de connaissances sur les causes, les consquences et les rem- ment tudie comme un frein au dveloppement de l'individu. Ici, la
diations possibles de ce phnomne (Peters, Grager-Loidl et Supplee, 2000). faiblesse des rsultats n'est pas le critre important ; l'attention se porte
Dans un premier temps, nous dfinirons la sous-ralisation. Puis, nous nous sur les effets nuisibles de la sous-ralisation qui empchent lexpression du
intresserons aux origines diverses de ce phnomne avant denvisager les haut potentiel.
rponses apporter. Span (1988) souligne que la sous-ralisation ne signifie pas ncessairement
que les rsultats obtenus l'cole soient infrieurs au niveau moyen de la classe
1. Qu'est-ce que la sous-ralisation ? d'ge laquelle les enfants haut potentiel appartiennent. Mme si les rsultats
scolaires correspondent au niveau moyen de la classe, ou se trouvent au-dessus,
La description la plus lmentaire de la sous-ralisation correspond un il est encore possible de se trouver face un problme de sous-ralisation lorsque
dcalage entre le potentiel et son expression (Peters et al., 2000). Toutefois, dans le niveau de russite reste assez loign de ce que lindice de potentiel prdit
la littrature, il nexiste pas de consensus sur cette oprationalisation. (Pluymakers et Span, 1999).
Reis et McCoach (2000) ont essay de regrouper les diverses approches en VanTassel-Baska (1992) indique que la sous-ralisation correspond un
quatre catgories. schma comportemental qui, avec le temps, se fixe chez lindividu et sintgre
La premire catgorie correspond aux approches qui voquent simplement progressivement la structure de sa personnalit, au point quil devient difficile
une divergence entre le potentiel et les performances. Aucune exigence de le changer.
concernant la mesure par laquelle le potentiel et les performances doivent
pilogue1 1. Cette partie a t rdige par Annick Weil-Barais, directrice de la collection Amphi
Psychologie.
Le fait de sintresser aux raisons qui font que des enfants peuvent tre en
chec scolaire alors quils ont les moyens intellectuels de la russite interroge Bibliographie
bien entendu les conditions de la russite pour tous les enfants. Dune certaine
ALBAILI, M. A. (2003). Motivational goal orientations of intellectually gifted
manire, ces cas de surdous qui chouent scolairement mettent en lumire
achieving and underachieving students in the United Arab Emirates. Social
les mcanismes extrment complexes luvre dans linvestissement des objets Behavior and Personality, 31 (2), 107-120.
que la socit, travers lcole, offre aux enfants dapprendre (voir louvrage sur
BAKER, J. A., BRIDGER, R., et EVANS, K. (1998). Models of underachievement
les Apprentissages scolaires, dans la mme collection, Weil-Barais, 2004). Bien
among gifted preadolescents: The role of personal, family, and school
quayant un haut potentiel attest par leurs russites des tests, les enfants factors. Gifted Child Quarterly, 42 (1), 5-15.
peuvent se dtourner des activits scolaires, si les conditions ne sont pas runies
BANKS, R. (1979). How would you like it if you were gifted ? Special Education
eu gard leur personnalit et leurs milieux de vie. Cest pourquoi il y a lieu in Canada, 53 (2), 12-14
de sinterroger sur la diversit de loffre ducative dans une socit qui tend
BAUM, S. M., RENZULLI, J. S., et HEBERT,T. P. (1994). Reversing Underachievement:
cultiver les particularismes.
Stories of Success. Educational Leadership, 52 (3), 48-52.
Ce qui distingue les enfants sous-ralisateurs des enfants inefficients COOPER, E.E., NESS, M., et SMITH, M. (2004). A case study of a child with
intellectuels (qui font aussi lobjet dun ouvrage dans la mme collection, dyslexia and spatial temporal gifts. Gifted Child Quaterly, 48 (2), 83-94.
Lelivre, 2005) qui eux chouent aux tests defficience, est le fait que leur appa-
DOLE, S. (2000). The implications of the risk and resilience literature for gifted
reil psychique a pu se dvelopper dans des conditions normales (au plan biologique students with learning disabilities. Roeper Review, 23 (2), 91-96.
et social) au cours de la petite enfance, ce qui nest pas le cas des autres. Mme
262 263
Mmoire de travail remdiation
Mesure Rsolution de problmes
mta-analyse SAT-M (mathmatiques)
mtacognition, SAT-V (verbal)
Mthodes d'enseignement saut de classe
Motivation scatter
Motivation extrinsque Schoolwide Enrichment Model
Motivation intrinsque scolarisation
Motricit Sensibilit
Neuropsychologie Seuil d'identification
Nvrose sexe
Nourrisson sous-ralisation, sous-ralisateurs
Nouveau-n Study of Mathematically Precocious Youth
Organisation hmisphrique Styles affectifs
Orientation professionnelle Styles cognitifs
Origine des diffrences individuelles, Sublimation.
Over excitability surdou,
Pairs Talent
Parents Tests dintelligence
Pense (thorie psychanalytique) Tests de QI
personnalit, Traits de personnalit
perspectives thrapeutiques, Traits motionnels
Potentiel, Troubles du comportement
Prcoce , prcocit Troubles d'apprentissage
prodige, Typologies,
Profils scolaires, Valeurs
Psychopathologie Validit
Pulsion Variabilit
QE WISC,
QI
Questionnaire SRBCS
Raisonnement convergent,
Raisonnement Divergent,
Regroupements intraclasse
Regroupements interclasses
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