Vocabulaire PDF
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Philosophie
Philosophie transcendantale transcendantale
Esthtique Tsc.
(Thorie Tsc. de la Logique Tsc. RAISON
sensibilit)
Daniel MARTIN
1
Vocabulaire de la Critique de la raison pure
et des Prolgomnes
961 articles - Enrichissement en cours, republication tous les 1 2 jours.
Pourquoi ce vocabulaire de la Critique de la raison pure et des Prolgomnes
La Critique de la raison pure de Kant [38] est difficile tudier. Pour faciliter cette tude et
faire gagner du temps ses lecteurs, ce vocabulaire explique en termes assez simples la
quasi-totalit des centaines de termes philosophiques et de mots rares que l'auteur y utilise.
Reconnaissant que la Critique a t trop difficile comprendre, Kant a publi 2 ans aprs la
premire dition les Prolgomnes [56b], ouvrage qui apporte des clarifications trs utiles ;
j'en recommande la lecture.
Pour pouvoir tre consulte sur PC, Mac, tablette ou tlphone portable, chaque dfinition
de ce vocabulaire contient des hyperliens permettant d'afficher par un clic l'explication de tel
ou tel terme philosophique, puis de reprendre la lecture.
Conseils d'utilisation
Les citations de ce vocabulaire se rfrent une traduction imprime particulire de la
Critique de la raison pure : [24] ; ainsi, par exemple, K201 se rfre la page 201 de cet
ouvrage. Celui-ci est disponible au prix de 9,30 , et l'avoir sous la main simplifie les
recherches et la citation de passages.
Mais pour retrouver un passage quelconque de la Critique, l'idal est de disposer d'une
version lectronique explorable avec un logiciel comme Adobe Reader.
Exemple : celle (gratuite) en format PDF de la bibliothque nationale Gallica [62]. On
peut retrouver un passage de cette version lectronique dans le livre imprim [24] grce
la Table des matires de celui-ci, en annexe.
Ce vocabulaire a t construit en se rfrant souvent aux ouvrages cits dans la
bibliographie. Il n'a pas vocation remplacer l'un des dictionnaires cits, dont il vaut
mieux disposer, au contraire : le dictionnaire du CNRS [13], les dictionnaires
philosophiques [9] et [19], contiennent davantage de termes et des explications qui vont
parfois au-del de celles ncessaires ici pour la Critique.
Certains termes, comme aperception, sont dcrits compte tenu des connaissances
scientifiques actuelles comme [1], [15], [22] et [28], pour justifier, complter ou
(rarement) mettre jour leur description par Kant. C'est l un parti pris utilitaire : la
philosophie de Kant doit pouvoir tre la plus utile possible aux rflexions d'aujourd'hui.
Les textes entre crochets comme [en y crant une reprsentation] sont des
commentaires ou des explications ajoutes par moi. Les textes entre guillemets proches
d'une rfrence comme K151 "Dans la mesure o la logique", sont des citations de
Kant parfois lgrement explicites ou rsumes par moi.
On peut retrouver les articles ventuels traitant d'un sujet abord la page K du livre
de rfrence [24] en tapant ce K dans l'outil de recherche d'Adobe PDF.
Appel contributions
Je travaille chaque jour sur ce dictionnaire. Mais tant que je n'aurai pas arrt de le
complter, il y restera des problmes d'interprtation de la pense de Kant. Si vous m'en
signalez, je mettrai jour ce texte et en ferai profiter tous les lecteurs. Merci d'avance.
Daniel MARTIN
2
Pour bien profiter de ce texte
La Critique de Kant nous aide rflchir avec rigueur aujourd'hui autant qu'il y a
deux sicles. Sans jamais la dformer, ce texte lui apporte un petit complment de
connaissances de psychologie cognitive et de physique qui l'adaptent la pense de
notre sicle.
Pour situer ces ajouts et en profiter au mieux en tudiant la Critique il est
recommand de lire les articles suivants dans l'ordre ci-dessous :
Reprsentation
Attention
Schma d'attention
Interprtation - Processus de la conscience
Conscience - Conscience de
Cause et causalit
Dterminisme : connaissance de la nature et prdictions d'volution
3
Table des articles (cliquer)
Les dfinitions sont limites aux sens trouvs dans la pense de Kant.
4
Canon de la raison pure De l'opinion, du Concept de la raison
savoir et de la croyance Concept de la raison pure
Captieux Concept de la rflexion
Caractre Concept de la suprme ralit (possibilit des
Cardinale choses)
Cartsianisme Cartsien Concept rationnel de la totalit inconditionne
Catgories (concepts purs de l'entendement) Concept empirique
Catgorique Concept moral
Catgorisation Concept possible : il peut tre vide
Catharticon Concept pur de l'entendement
Cause et causalit Concept pur de la raison - Des concepts de la
Causalit (loi dynamique) raison pure
Causalit tendue Concept rationnel issu de notions (Ide)
Causalit par libert et loi universelle de la Concept scolastique
ncessit de la nature Concept sensible et concept sensible pur
Causalit (postulat) Concept transcendantal de la raison
Causalit Postulat de causalit tendue Concepts transcendants de la nature
Causalit globale Concepts-souches et concepts drivs
Causalit rversible ou non-rversible Concepts de comparaison
Cause - Pertinence des notions de causalit et Concepts de la raison pure Des Ides en
de conceptualisation gnral
Cause premire (commencement Concepts de la raison pure / Des Ides
chronologique du monde) transcendantales
Causes d'Aristote Concepts dont la dfinition est possible
Censure de la raison Concepts du monde
Chane de causalit Chane de Conceptualisation
consquences Conceptualisme
Champ de conscience Concurrence, concurremment
Changement et transformation Condition rationnelle (conditio sine qua non) du
Chimre bonheur
Chose en soi Conditionn
Cinabre Conditionn et conditions Srie des
Clart et obscurit psychologiques conditions
Coexistence Conditionn : totalit absolue des conditions
Coextensif ide transcendantale
Cogito, ergo sum Conflit de la raison avec elle-mme
Cognitio (latin) Congruent
Cognition Conjecture
Cognitivisme et Connexionnisme Connaissance
Commandement (de la raison) Connaissance : Thorie de la connaissance
Commencement du monde (vrit d'une connaissance)
Commencement d'une chane de causalit : Connaissance : conditions de possibilit et de
actif ou passif vraisemblance
Commerce Connaissance : les deux facults
Communaut fondamentales
Comparaison des produits de la raison avec Connaissance : les trois sources subjectives
ceux de l'entendement Connaissance du monde
Compiler Connaissance par analogie
Compltude Connaissance philosophique et connaissance
Complexe mathmatique
Composition / Connexion (synthses Connaissance procdant de principes
mathmatique ou dynamique) Connaissance pure
Comprhension Connaissance pure mathmatique
Concept Connaissance pure philosophique
Concept (construction d'un) Connecteur
Concept cosmique de la connaissance Connexion
Concept de base Conscience - Conscience de
Concepts de l'entendement : empirique Conscience de soi chez Kant
(intuition) et pur (jugement) Conscience : un interprteur logique
Concept de l'entendement universelle
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Conscience des actes et des procdures Dterminisme et prdterminisme de Kant
Conscient Devoir
Conscution Devoir-tre
Consomption Dialectique et logique de l'apparence (logique
Constitutif dialectique)
Constitution Constitution politique Dialectique transcendantale
Construction des concepts Dialectique : usage dialectique de la raison
Contingence (adjectif) pure
Contingent (substantif) Dialectique naturelle de la raison humaine : but
Continuit d'une variable et d'une fonction ultime
re
Continuit de tous les changements Dialectique naturelle de la raison - 1 Ide
Continuit des synthses de tous les rgulatrice (psychologique)
me
changements (loi) Dialectique naturelle de la raison - 2 Ide
Continuum rgulatrice (cosmologique)
me
Contradiction - Principe de [non-]contradiction - Dialectique naturelle de la raison - 3 Ide
Principe de dterminabilit rgulatrice (thologique)
Controuver Dialectique naturelle de la raison Autres
Convenance et disconvenance sources d'erreurs et conclusions
Convergence d'une suite ou d'une srie Diallle
Coordonner Dieu
Copernic (doctrine copernicienne) Dieu transcendantal
Copule Dieu n'existe pas (impossibilit de le prouver
Corpus mysticum (latin) apodictiquement)
Corrlat Dignit
Corrlatif Dirimante
Corruption, corruptibilit, incorruptibilit Discipline de la raison pure
Cosmologie - Cosmologique Discipline de la raison pure dans l'usage
Cosmologie - Cosmothologie ou dogmatique
ontothologie Discipline de la raison pure dogmatique : des
Crance dfinitions
Critrium Discipline de la raison pure dogmatique : des
Criticisme axiomes
Critique Discipline de la raison pure dogmatique : des
Critique de la mtaphysique dmonstrations
Critique de la raison pure Discipline de la raison pure relativement son
Critique de toute thologie issue de principes usage polmique
spculatifs de la raison Discipline de la raison pure relativement son
Critique transcendantale usage sceptique
Croyance Discipline de la raison pure relativement aux
Croyance doctrinale hypothses
Croyance morale Discipline de la raison pure relativement ses
Culture preuves
Data Discursif
Dduction mtaphysique Disjonction - Disjonctif
Dductions transcendantale, empirique et Divers
physiologique Exemples Division
Dfinition Doctrine
Degr Doctrine rationnelle de l'me
Disme - Diste Donn, donnes
Dlire Dogma - Dogmata (latin)
Dmonstration Dogmatisme Dogmatique
Dpendance Droit
Drivation physiologique Dualisme (au sens de Descartes)
Descartes : substance pensante et substance Dualisme (au sens de Kant)
tendue (paralogisme) Ducat
Dterminabilit d'un objet par un concept Dynamique
Dtermination Eclaircissement de la runion de l'Ide
Dtermination logique d'un concept cosmologique d'une libert et de la
Dterminisme : connaissance de la nature et ncessit universelle de la nature
prdictions d'volution Ecriture
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Effectivit Fin - Fins
Effectuation Fin en soi Fin objective ou subjective Fin
Elates relative ou absolue
Empirique Finitude, infinitude
Empirisme Fins dernires - Fins suprmes
Ens realissimum Fluente - Fluxion
Entendement Foi
Entendement (tapes) Fonctions au sens de Kant
Entendement pur : table des principes Fonctions logiques de l'entendement dans les
Entendement : pouvoirs de penser, de juger et jugements (Table)
de rguler Forme
Enthymme Forme essentielle
Entlchie Formel
Epicurisme Gnral (logique : en gnral)
Epistmologie Gntique
Episyllogisme Genre
Esotrique Gestalt
Espace Grandeur - Grandeur extensive
Espce Principe des espces Hasard
Esprit Histoire de la raison pure
Essence Heuristique
Esthtique - Esthtique transcendantale Homogne
Esthtique, organisation et information Hubris
Etant (Heidegger) Humanit parfaite
Ethique Hyperbolique
Ethologie Hyperphysique
Etiologie Hypostasier
Etre - Etre ncessaire Etre absolument Hypothse
ncessaire Hypothtique
Etre de raison Etre de pense Idal
Etre raisonnable Idal de la raison pure
Etre de tous les tres (ens entium) Idal : diffrences entre idal et ide
Etre originaire (ens originarium) Idal de l'Etre suprme
re
Etre suprme (ens summum) Idal de la raison pure : 1 section
me
Etre suprme : sa ralit objective est Idal de la raison pure : 2 section
me
indcidable Idal de la raison pure : 3 section
Euclidien Idal du souverain bien
Eudmonisme Idalisme : doctrine (idalisme empirique,
Ex nihilo subjectif ou transcendantal)
Exaltation Idalisme problmatique de Descartes
Examen d'un jugement et rflexion sur l'origine Idalisme matriel
de la connaissance Idalisme empirique
Existence de Dieu Idalisme subjectif de Berkeley
Existence de Dieu : impossibilit de prouver (Immatrialisme)
l'inexistence Idalisme de Kant - Idalismes empirique,
Existence du monde critique et transcendantal
Existentialisme Idalisme formel
Exprience, exprience effective Idalisme transcendantal comme clef pour
Exposition rsoudre la dialectique cosmologique
Extensif / Intensif / Protensif Idalisme transcendantal, Ralisme
Extension transcendantal et idalisme empirique
Externe / Interne (sens) Idaliste (dfinition)
Extrinsque, intrinsque Idaliste dogmatique, idaliste sceptique
Facult Idalit - Dualisme (au sens de Kant)
Facult de juger Idalit de l'espace et du temps dans la
Falsifiable doctrine de Kant
Fantasmagorie Ide selon Platon
Fantasme Fantasmatique - Fantasmes Ide selon Kant (concept rationnel issu de
originaires notions)
Fatalisme Ide simple
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Ide transcendantale Inhrence
Ide transcendante Inhrent
Ides cosmologiques (systme) Innisme
Ides psychologiques Instances de la personnalit (systmes
Ide thologique psychiques) Topiques
Ides transcendantales (systme) Intellect
Ides transcendantales : extension pratique du Intellection
champ de la raison Intellectuel
Ides transcendantales : les 4 conflits Intelligence
cosmologiques Intelligence suprme (Intelligent Design)
er
Ides transcendantales : 1 conflit Intelligible
me
Ides transcendantales : 2 conflit Intemporalit
me
Ides transcendantales : 3 conflit Intemporel
me
Ides transcendantales : 4 conflit Intention
Ides transcendantales : thses dogmatiques Interaction de la sensibilit avec l'entendement
contre antithses empiriques Interactionnisme
Ides transcendantales : remarque conclusive Intrt
sur la solution Intrieur et extrieur (concepts de la rflexion)
Ides transcendantales : remarque gnrale Interne
Ides de la raison pure (usage rgulateur des) Interprtation - Processus de la conscience
Idel, idelle Introspection
Identification Intuition
Identique Identit Intuition sensible ou intellectuelle Noumne
Idologie au sens ngatif ou positif
Idiosyncrasie Intuition (tapes)
Ignava ratio (latin) Ipsit
Illusion Irrductible
Imagination productrice et imagination Isomorphe - Isomorphisme
reproductrice de Kant Je
Imago Je pense donc je suis = Tout ce qui
Immanent Principes immanents et principes pense existe , mais ne l'implique pas
transcendants Je pense : ce qu'on peut dduire de la
Immatrialisme conscience de soi
Immatrialit - Immatriel Jugement (dfinitions : analytique, synthtique,
Immdiat, immdiatement synthtique a priori)
Immoral Jugement analytique
Immortalit Jugement synthtique
Immutabilit Jugements synthtiques a priori
Impntrabilit Jugements analytiques ou synthtiques :
Impratif - Impratif catgorique - Impratif diffrence
technique Jugements empirique, d'exprience ou de
Impression perception
Impressionnabilit Jugements proprement mtaphysiques
In abstracto (latin) Juste ou injuste - Transgression
In concreto (latin) Kant (croyances de)
Inclination Lacisation de la morale
Inconditionn Conditionn Lgal, lgalement, lgalit, lgitime, lgitimit
Inconscient Leurre
Inconscient collectif Liaison
Inconscient cognitif Liaison mathmatique ou dynamique
Inconscient personnel Libert
Indcidable Libert au sens transcendant ou au sens
Induction pratique
Intendu Libert au sens cosmologique
Infalsifiable Libert impossible par rapport aux lois de la
Infrence nature (le hasard n'existe pas)
Infini Libre arbitre (arbitrium liberum)
Inflation, la croissance explosive du dbut de Licite Illicite Facult d'agir
l'Univers Lieu logique Lieu transcendantal
Information Limite d'une grandeur continue ou de l'espace
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Limite du monde Mouvement (au sens volution dans le temps
Limites de la raison et l'espace)
Logique (philosophie) Multiplicit
Logique (chez Kant) : d'usage gnral, d'u. Mutabilit
appliqu, transcendantale Mystique
Logique de l'apparence (logique dialectique) Naturalisme
Logique : usage de l'entendement et logique Nature
transcendantale Ncessaire
Logique pratique Ncessit des choses (postulat)
Loi de la nature Ncessit de l'aperception transcendantale
Loi (rgle) morale Ngation
Lois pratiques pour chercher le bonheur (loi Nervus probandi
pragmatique et loi morale) Neurophysiologie
Maeutique Neuropsychique
Majeure Mineure Neuropsychologie
Matrialisme et opposition avec l'Idalisme et Neurosciences
le Ralisme Neurotransmetteurs
Mathema - Mathemata (latin) Neutralit
Mathmatiques Nvrose
Matire et forme Nexus (latin)
Matire et forme : 7 dfinitions Nihilisme
Matire-nergie Nombre
Maximes pratiques Maximes de la raison Nominalisme
Mcanique quantique Nommable
Mdiate, mdiation, immdiate, Nomothtique
immdiatement Non defensoribus istis tempus eget (latin)
Mmoire de travail - Mmoire de long terme Non liquet (latin)
Mtacognition Noologie
Mtaphysique Normatif
Mtaphysique : les sources Notion
Mtaphysique : le mode de connaissance Noumne, objet de l'entendement pur
Mtaphysique des murs Noumne en tant que chose en soi : un abus
Mtaphysique de la raison spculative de l'entendement
Mtaphysique : est-elle possible ? Numerica identitas
(Prolgomnes) Numriquement : diverses, identique
Mtaphysique : prfrence donne la Objectif - Subjectif
science Objection
Mtaconscience Objet Objet des sens Objet vritable
Mtempsycose Objet intelligible
Mthode scientifique Objet en gnral : phnomne ou noumne
Mthodologie physiologique Objet transcendantal
Misologie Objets purs, simplement intelligibles
Mnsique Objet absolument parlant Objet dans l'Ide
Modalit d'un jugement Obligation
Mode Obscurit d'une reprsentation
Modi (latin) Occasionnalisme
Modus ponens - Modus tollens (latin) Occurrence
Moi (Je) Oiseuse
Moment Ontique
Monade Ontogense (ontognie)
Monde Ontologie
Monde donn Opinion
Monde intelligible Opposition
Monde moral Ordonner
Monde sensible Ordre et rgularit des lois de la nature
Monisme Organon
Monogramme Originaire
Morale Ostensif
Moralit Palingnsie
Paradigme
9
Paralllisme de l'esprit humain Possibilit de la nature elle-mme
Paralogisme : explication par la recherche de Possibilit de penser sans cerveau, avec un
l'inconditionn interprteur
Paralogisme logique - Paralogisme Possibilit des volutions de systmes
transcendantal Possibilit d'un principe rel ou d'une causalit
Paralogisme de la psychologie rationnelle connus par concepts
Paralogisme psychologique : conclusion de la Possibilit d'une perception
solution Possibilit et ralit
er
Paralogisme de la substantialit (1 Postulat
paralogisme) Postulat de causalit
me
Paralogisme de la simplicit (2 paralogisme) Pouvoir de
me
Paralogisme de la personnalit (3 Pragmatique Pragmatisme
paralogisme) Pratique
me
Paralogisme de l'idalit (4 paralogisme) Prcepte
Paralogismes de la raison pure : apparence Prdicable
transcendantale et classement Prdicament
Pascal et Kant sur la science et l'me Prdicat Prdicatif Prdication
Pathologique Prgnant
Pense Prmisse
Pense empirique en gnral (postulats) Prsence l'esprit Prise de conscience
Perception Preuves possibles de l'existence de Dieu (liste
Perdurance des 3)
Permanence Preuves possibles de l'existence de Dieu (1 -
Permanence de l'me (rfutation de la preuve ontologique)
dmonstration de Mendelssohn) Preuves possibles de l'existence de Dieu (2 -
Permanence de la substance (principe) preuve cosmologique)
Personnalit Preuves possibles de l'existence de Dieu (3 -
Personnification preuve physico-thologique)
Ptition de principe Primaire (adjectif)
Phnomne Primaut
Phnomnes (ensemble des) Primitif
Phnomnologie Principe de la dtermination intgrale
Philosophes sensualistes et philosophes (synthse de tous les prdicats)
intellectualistes Principe de la primaut de la connaissance sur
Philosophie - 3 questions fondamentales : les objets (doctrine)
theoria, thique et sagesse Principe de raison
Philosophie de la nature Principe (dfinition) Diffrence avec postulat
Philosophie Philosophie de la raison pure Principes a priori
Philosophie mtaphysique de l'unit Principes cits dans la Critique de la raison
systmatique des connaissances pures pure
a priori Principe de la dterminabilit d'un concept
Philosophie transcendantale Principe de la simultanit (loi de l'action
Philosophie transcendantale (diagramme) rciproque ou de la communaut)
Phoronomie Principes de l'entendement pur
Physicalisme Principes fondamentaux de l'entendement pur
Physiocratie Physiocratie transcendantale Principes synthtiques de l'entendement pur
Physiologie (reprsentation systmatique)
Physiologique Problmatique
Physique quantique Procdure
Pierre angulaire Processus - Processeur
Pierre de touche Progression l'infini ou progression illimite
Pierre d'achoppement (progressus)
Platonisme Prolgomnes toute mtaphysique future qui
Polysyllogisme pourra se prsenter comme science
re
Pneumatisme Prolgomnes : 1 partie de la question
Polmique transcendantale capitale : comment la
Possession mathmatique pure est-elle possible ?
me
Possibilit des choses (postulat) Un concept Prolgomnes : 2 partie de la question
peut-il tre celui d'un objet ? transcendantale capitale : comment la
Possibilit de l'exprience (principes a priori)
10
science pure de la nature est-elle Raison pure : de l'usage empirique du principe
possible ? rgulateur relativement aux Ides
me
Prolgomnes : 3 partie de la question cosmologiques
transcendantale capitale : comment la Raison pure (usages)
mtaphysique en gnral est-elle Raison suprieure intgrale (raison suprme)
possible ? Raison : usage apodictique ou hypothtique
Prolgomnes : Conclusion de la Raisonnement - Raisonnement dductif,
dtermination des limites de la raison d'entendement ou de raison
pure Raisonnement dialectique de la raison pure
Prolgomnes : Solution de la question Ratiocination
gnrale : comment la mtaphysique Rationalisme Principe de raison
est-elle possible comme science ? Rationnel
Propdeutique Ralisme
Propension Ralisme transcendantal
Proposition Ralit et phnomnes
Prosyllogisme (pro-syllogisme) Ralit (existence) par opposition la ngation
Psychanalyse (inexistence)
Psych Ralit physique
Psychiatrie Ralit d'une chose en soi : ralit objective
Psychisme Ralit suprme
Psychokinse Rceptivit
Psychologie Rciprocable (rciproquable) - Rciproque
Psychologie cognitive Rciprocit
Psychologie, cosmologie et thologie Recognition (rcognition) de concept ou de
transcendantales procdure
Psychologie empirique Rcupration
Psychologie rationnelle (science du Moi) Rductionnisme
Psychologie rationnelle et cosmologie Rfrentiel
(passage de la premire au second) Rflexion - Rflexion transcendantale
Psychologie transcendantale : fonctions Rflexion logique
d'acquisition de l'exprience Refoulement
Psychopathologie Rfutation de l'idalisme
Psychose Rfutation du matrialisme (par l'Idalisme
Psychosomatique transcendantal)
Pulsion Rgle de stabilit du dterminisme
Pur Rgles voques par Kant
Qualit (proprit, en anglais : quale) Regnum gratiae Regnum naturae Regnum
Quantum (pluriel : quanta) gloriae (latin)
Quantitas Rgression - Rgression empirique -
Radicalit Rgression l'infini
Raison : condition permanente des actes Rgression mathmatique et rgression
relevant de l'arbitre dynamique
Raison pratique Rgulateur
Raison Raison pure De la raison en Rgularit
gnral Rification
Raison De l'usage logique de la raison Relation
Raison De l'usage pur de la raison Religion
Raison De l'intrt de la raison dans ce Reprsentation
conflit avec elle-mme Reprsentations et ensembles d'informations
Raison Dcision critique du conflit (diagramme)
cosmologique de la raison avec elle- Reproduction Imagination reproductrice
mme Rseau neuronal
Raison Des problmes transcendantaux de Rtention
la raison pure Rvlation
Raison Reprsentation sceptique des Rhapsodique
questions cosmologiques travers les Rhteur Rhtorique
quatre ides transcendantales Sagesse
Raison paresseuse Salut
Raison pure : principe rgulateur relativement Scepticisme
aux Ides cosmologiques Schma d'attention
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Schme, schmatisme, schme Substance
transcendantal Substance, matire, forme et physique
Schmes des concepts purs de l'entendement moderne
Science Substance pensante
Science de la nature Substantia phaenomenon
Science des rgles, sc. des principes, sc. de la Substantialit du Moi et de l'me
logique gnrale pure Substantiel
Scolastique Substrat
Scolie Subsumer, subsomption
Smantique Succession chronologique suivant la loi de
Smiotique causalit (principe)
Sens externe et interne Sujet Sujet pensant Sujet transcendantal
Sens psychique Superficielle (comprhension fournie par
Sensation Sensibilit - Impression l'entendement)
Sensualisme Suprasensible
Sentiment Surmoi
Srie et suite Syllogisme
Srie chronologique Syllogisme catgorique
Srie des conditions Syllogisme disjonctif
Seuil de conscience Syllogisme hypothtique
Simple Syllogismes la base d'apparences
Situation transcendantales
Soi Syllogistique
Solipsisme Synchronique
Solution de l'Ide cosmologique portant sur la Synopsis
totalit de la composition des Syntagme
phnomnes en un univers Syntaxe
Solution de l'Ide cosmologique portant sur la Synthse a priori
totalit de la division d'un tout donn Synthse a priori (possibilit)
dans l'intuition Synthse chez Kant
Solution des Ides cosmologiques portant sur Synthse de la reproduction dans l'imagination
la totalit de la drivation des (transcendantale)
vnements du monde partir de leur Synthse de l'agrgation
cause Synthse du divers
Solution de l'Ide cosmologique de la totalit Synthse de l'aperception
de la dpendance des phnomnes Synthse de l'apprhension (synthse
quant leur existence en gnral empirique)
Sophisma figurae dictionis Synthse de l'apprhension (du divers de
Sophisme, sophistique l'intuition)
Sophrologie Synthses de l'entendement (en gnral et
Sorite pure)
Souche Synthse de l'homogne
Souverain bien Synthse de l'imagination productive
Spcification - Loi et loi transcendantale de la (productrice)
spcification Synthse de l'intuition sensible par
Spculatif l'entendement
Sphrode - Gode Synthse de l'unit rationnelle
Sphre Synthse de type composition et synthse de
Spiritualisme type conjonction
Spiritualit Synthse des conditions
Spirituel Synthse des perceptions
Spontanit Synthse dynamique de la liaison causale.
Stocien - Stocisme Synthse empirique
Stupidit Synthse en gnral
Subconscient (nom et adjectif) Synthse figure et liaison intellectuelle
Subjectif Synthse intuitive de perceptions successives
Subliminal, supraliminale Synthse mathmatique et synthse
Subordonner quelque chose quelque chose dynamique
Subreption Synthse par imagination reproductrice
Subsistance (psychologie)
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Synthse pure Unit de justification
Synthse pure de reprsentation par Unit de l'exprience
l'entendement (synthse de Unit distributive considre tort comme
l'apprhension) unit collective
Synthse rgressive dans la srie des Unit d'entendement des phnomnes
conditions Unit inconditionne des conditions
Synthse sous un concept et synthse un Unit intgrative des conditions de la synthse
concept des intuitions
Synthse subjective du divers Unit objective de la conscience de soi
Synthse successive de l'imagination Consquences pour l'humanit
productive Unit rationnelle a priori des connaissances de
Synthse transcendantale de l'imagination l'entendement
Systmatique Unit rationnelle des phnomnes
Systme Unit synthtique de la nature
Systme des fins Unit synthtique de l'aperception
Systme des principes (remarque gnrale) Unit synthtique du divers de l'apprhension
Systme logique Unit systmatique
Systme nerveux somatique L'unit systmatique des fins runit la raison
Table des 12 catgories de l'entendement de pratique et la raison spculative
Kant Unit transcendantale - Unit subjective de la
Table des fonctions de l'entendement conscience
Table logique des jugements Unit transcendantale de l'aperception
Table transcendantale des concepts de Unit transcendantale de la conscience de soi
l'entendement Univers
Table physiologique pure des principes Universel - Universalit
universels de la science de la nature Univoque
Tautologie Usages de la raison pure
Technique Valeur
Tlologie - Tlologiste Validit objective, subjective, absolue
Temps Varit
Thisme Thiste Vrit d'une connaissance, d'une proposition
Thodice Vrit empirique : le Rationalisme critique
Thologie Vide
Thorme Vie future, principes de morale et rationalit
Thortique Volont - Vouloir
Thorie transcendantale de la mthode WYSIATI
Thorie transcendantale des lments Zlote
Thorie transcendantale de la sensibilit Zttique
(Esthtique transcendantale)
Thosophie
Thermodynamique
Thse
Thtique
Topique Topique transcendantale Topique
logique
Topologie
Totalit inconditionne
Transcendant
Transcendantal (chez Kant)
Transformation
Transgression
Transmigration
Unification de reprsentations et de concepts
Uniforme
Unit - Unit analytique - Unit synthtique -
Unit de la conscience
Unit absolue du sujet pensant
Unit cosmologique : unit de la synthse
inconditionne des conditions
Unit de conscution
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Dictionnaire des ides - Vocabulaire
A priori, apriori, absolument a priori
Si ncessaire voir d'abord Exprience.
A priori (crit aussi " priori") est :
Un adjectif signifiant : qui ne se fonde pas sur l'exprience.
En ce sens-l, une connaissance ou une intuition a priori supposent un
concept connu ds la naissance donc antrieurement toute exprience,
comme le nombre entier, les catgories, le temps ou l'espace. Cet adjectif
ne s'applique pas un concept produit par l'entendement ou la raison.
Une connaissance qui vient de l'exprience, s'en dduit ou en dpend est
donc a posteriori.
K94 "Nous entendrons donc par connaissances a priori, dans la suite de
cet ouvrage, non pas des connaissances qui adviennent indpendamment
de telle ou telle exprience, mais celles qui interviennent d'une manire
absolument indpendante de toute exprience. Leur sont opposes des
connaissances empiriques, autrement dit celles qui ne sont possibles qu'a
posteriori, c'est--dire par exprience. Mais dans les connaissances a priori,
sont appeles pures celles auxquelles absolument rien d'empirique n'est
ml. Ainsi, par exemple, la proposition : tout changement a sa cause est-
elle une proposition a priori, mais non point pure, tant donn que le
changement est un concept qui ne peut tre tir que de l'exprience."
Une locution adverbiale signifiant : qui est logiquement antrieur une
exprience. Exemple : une hypothse a priori (pose en l'absence de faits
d'exprience).
Dans tous les cas, a priori indique une origine de l'intuition ou du concept : une
invention de l'esprit faite sans rfrence l'exprience.
Apriori (en un seul mot, pluriel aprioris ou apriori) est un substantif dsignant
quelque chose donn a priori ; exemple : les aprioris mathmatiques.
Dans ce qui prcde, l'adjectif a priori est une condition logique de validit des
termes auxquels il s'applique. Il ne dcrit pas une antriorit temporelle.
14
Origine d'une proposition : empirique ou pure
Kant distingue les connaissances a priori des connaissances empiriques, d'origine a
posteriori (K94). Une connaissance ou une proposition a priori est pure lorsqu'elle est
cre par l'esprit indpendamment de toute exprience ; elle est non pure lorsqu'elle
comprend un concept impliquant l'exprience, comme la proposition a priori :
"Tout changement a une cause", dont "changement" implique l'exprience (K94).
Pour tre certaine, toute connaissance doit driver d'au moins un principe ou postulat
(propositions absolument a priori) ; en effet, si elle ne reposait que sur des vrits
empiriques elle serait incertaine, celles-ci l'tant ncessairement (K96).
15
K635 "nous pouvons toutefois connatre entirement a priori, mais par
rapport un troisime terme, savoir une exprience possible, donc bel et bien
a priori, la loi de la liaison entre des choses diverses. Quand donc la cire, qui
auparavant tait solide, se met fondre, je peux connatre a priori que quelque
chose, ncessairement, a d prcder (par exemple la chaleur du soleil), par
rapport quoi cela s'est ensuivi selon une loi constante, quand bien mme sans
exprience je ne pourrais certes connatre a priori et, sans l'enseignement de
l'exprience, d'une manire dtermine ni la cause partir de l'effet ni l'effet
partir de la cause."
16
4 - L'intuition est une facult de connatre par les sens, l'oppos d'une facult
transcendantale de connatre : ces deux facults s'excluent mutuellement.
5 Parfois transcendantal veut dire a priori, d'autres fois il veut dire critique
En tant que condition, transcendantal implique a priori :
Les principes transcendantaux de l'entendement sont les lois de l'usage de
l'entendement en tant que rgles de la connaissance.
Toute condition d'une exprience possible est transcendantale.
Est transcendantal tout ensemble de principes ou d'ides a priori qui a un
rapport ncessaire avec l'exprience : Esthtique transcendantale, Analytique
transcendantale, etc. Dans ce cas, transcendantal veut dire critique.
Absolu
Dictionnaire [13]
Adjectif
1. Dans le domaine de la pense : dont l'existence, la ralisation ou la valeur est
indpendante de toute condition de temps, d'espace, de connaissance, etc.
Oppos : relatif.
2. Dans le domaine du pouvoir d'une personne ou d'un acte : le pouvoir absolu est
celui d'un chef d'tat qui dicte les lois, et ne connat d'autres limites que les
siennes propres ; un pouvoir ou une libert sont absolus lorsqu'ils ne peuvent
subir aucune influence.
17
3. Dans le domaine de la valeur non mathmatique : absolu signifie sans borne,
indpassable.
Chez Kant
K348 et pages suivantes - Discussion du terme "absolu".
Proprit intrinsque
Une chose a une proprit absolue lorsque cette proprit existe du fait de la
chose elle-mme, de faon intrinsque. C'est alors une proprit de la chose en
soi.
En ce sens-l, absolument possible indique une possibilit d'existence sans
rfrence des circonstances. Savoir seulement que l'existence d'une chose est
absolument possible est la connaissance minimum qu'on peut en avoir.
On rencontre souvent ce sens-l en mathmatiques.
Exemple : thorme de Rolle :
Lorsqu'une fonction d'une variable relle f(x), continue sur un intervalle
ferm [a, b] et drivable sur l'intervalle ouvert ]a, b[ est telle que f(a)=f(b),
il existe au moins un rel c dans l'intervalle ]a, b[ o la drive f'(c)=0.
Dans l'intervalle [a, b] et quelle que soit la fonction f(x) continue et drivable
comme prcis ci-dessus nous savons qu'il existe au moins un rel c tel que,
mais nous n'en connaissons pas la (ou les) valeur(s).
Proprit existant en toutes circonstances
Une proprit absolue peut exister en toutes circonstances. C'est l une
indpendance par rapport aux circonstances. Exemple : un pouvoir politique
absolu.
En ce sens-l, absolument possible indique une proprit laquelle rien ne peut
s'opposer, que rien ne peut dpasser. Absolument possible est alors la
connaissance maximum qu'on peut en avoir.
18
Absolument : a priori, indpendant ou pur
Absolument
Adverbe d'intensit, utilis par Kant dans des circonstances comme les suivantes.
Connaissance absolument a priori
K110 "La raison est le pouvoir qui fournit les principes de la connaissance a
priori. La raison pure est par consquent celle qui contient les principes
permettant de connatre quelque chose absolument a priori."
Connaissance absolument pure
K110 Note b "Est particulirement nomme absolument pure une
connaissance laquelle ne vient se mler [aucune] exprience ou sensation, et
qui est par consquent possible compltement a priori."
Consquence : absolument pur est synonyme d'absolument a priori.
Connaissance absolument indpendante de toute exprience
K94 "Nous entendrons donc par connaissances a priori, dans la suite de cet
ouvrage, non pas des connaissances qui adviennent indpendamment de telle
ou telle exprience, mais celles qui interviennent d'une manire absolument
indpendante de toute exprience. Leur sont opposes des connaissances
empiriques, autrement dit celles qui ne sont possibles qu'a posteriori, c'est--dire
par exprience. Mais dans les connaissances a priori, sont appeles pures
celles auxquelles absolument rien d'empirique n'est ml. Ainsi, par exemple, la
proposition : tout changement a sa cause est-elle une proposition a priori, mais
non point pure, tant donn que le changement est un concept qui ne peut tre
tir que de l'exprience."
Intuitions absolument pures (donc aussi a priori) : l'espace et le temps
K207 - "L'intuition sensible est, ou bien intuition pure (espace et temps) ou bien
intuition empirique de ce qui, dans l'espace et le temps, est immdiatement
reprsent comme rel travers la sensation."
Proposition absolument a priori
Une proposition qui ne peut se dduire d'aucune autre proposition, est
absolument a priori ; elle n'admet alors aucune exception, elle est
universelle.
Est absolument a priori aussi une proposition rsultant d'une dmonstration
logique partir d'une ou plusieurs propositions absolument a priori ;
exemple : un thorme mathmatique. Cette universalit a priori diffre de
l'universalit empirique (postule par induction partir d'expriences) d'une
affirmation laquelle on ne connat pas d'exception (K95).
Impossibilit et ncessit absolue
K349 "Ce dont le contraire est intrinsquement impossible [et] se trouve ds
lors aussi tous gards impossible, est par consquent soi-mme absolument
19
ncessaire ; mais je ne peux pas conclure rciproquement que, du fait qu'une
chose est absolument ncessaire, son contraire soit intrinsquement impossible,
c'est--dire que la ncessit absolue des choses soit une ncessit intrinsque -
car cette ncessit intrinsque est, dans certains cas, une expression totalement
vide laquelle nous ne pouvons relier le moindre concept, alors qu'au contraire
le concept de la ncessit d'une chose sous tous les rapports (pour tout le
possible) implique des dterminations tout fait particulires."
K526 "Ce dont le concept contient en soi la solution de tous les pourquoi, une
raison d'tre qui n'est en dfaut dans aucun domaine et d'aucun point de vue, qui
apporte une condition suffisante en tout registre, semble constituer par l mme l'tre
qui correspond l'absolue ncessit, puisque, par la manire dont il possde en lui-
mme toutes les conditions pour tout le possible, il n'a besoin lui-mme d'aucune
condition, n'est pas mme susceptible d'en avoir besoin, et par consquent satisfait
au moins dans une certaine mesure au concept de la ncessit inconditionne - ce
que ne peut faire aussi bien que lui nul autre concept"
K530 "Le concept d'un tre absolument ncessaire est un concept pur de la raison,
c'est--dire une simple Ide dont la ralit objective est encore loin de se trouver
dmontre par le fait que la raison en a besoin : une Ide qui ne fait au demeurant
que nous indiquer une certaine perfection, pourtant inaccessible, et sert proprement
plutt limiter notre entendement qu' l'largir de nouveaux objets."
Cela quivaut dire que je ne peux jamais achever la rgression vers les conditions
de l'existence sans admettre un tre ncessaire, mais que je ne peux jamais
commencer par lui."
(Fin de citation)
Voir aussi L'tre absolument ncessaire est une croyance qui limite l'entendement.
20
Absolument premier
Un vnement absolument premier survient sans cause dterminante et
constitue le commencement d'une chane de causalit
K446 "Si maintenant (par exemple) je me lve de mon sige en toute libert et
sans qu'intervienne l'influence, qui dtermine avec ncessit, des causes
naturelles, alors, la faveur de cet vnement qu'accompagnent ses
consquences naturelles l'infini, commence absolument une nouvelle srie,
bien que, relativement au temps, cet vnement soit seulement le prolongement
d'une srie antcdente. Car cette dcision et cet acte ne sont nullement inscrits
dans la succession des simples effets naturels et ils n'en constituent pas un
simple prolongement ; au contraire, les causes dterminantes de la nature
cessent totalement de jouer, dans la srie, en amont par rapport cet
vnement, qui certes leur succde, mais n'en rsulte pas - ce pourquoi il faut le
dsigner comme un commencement absolument premier d'une srie de
phnomnes, non pas certes relativement au temps, mais cependant par rapport
la causalit."
L'tre absolument premier est le Crateur incr, Dieu.
Absolument inconditionn
Voir d'abord Absolument : a priori, indpendant ou pur.
Une rgression (parcours de la srie de conditions d'un conditionn dans le sens qui
remonte de chaque consquence sa condition) a pour limite l'inconditionn, qui est
inconnaissable. Mais en tant que condition d'existence d'un conditionn, cet
inconditionn doit tre absolu pour que la srie de conditions commence assez tt
dans l'histoire de l'Univers pour tre complte, c'est--dire :
Au Commencement du Monde, si on n'admet pas la possibilit d'apparitions ;
Lors d'une apparition, si on admet le postulat de causalit tendue.
Abstrus
Selon le dictionnaire [13] - Adjectif qualifiant une conception intellectuelle, une
philosophie, etc. : difficile comprendre, interprter.
La notion de mode d'existence d'une substance est lie la manire dont nous nous
la reprsentons. Puisque, selon la temprature et la pression, l'eau est solide, liquide
ou vapeur, parler de substance permanente de l'eau n'a pas de sens puisqu'elle n'est
pas ternelle ; on dcrit donc les trois modes d'existence de l'eau (ses trois tats :
solide, liquide, vapeur) comme des accidents de cette existence.
21
On appelle alors l'existence d'une dtermination accidentelle de la substance ( l'tat
solide, liquide ou vapeur) une inhrence de cette substance, alors que l'existence de
la substance sans prcision de dure est sa subsistance.
Voir :
Diffrences entre inhrence, dpendance et concurrence : un exemple.
Contingence.
Acroamatique
Adjectif synonyme d'sotrique.
Acte
[108] page 175 - "Le terme d'acte dsigne une action, dans la mesure o elle se
trouve soumise des lois d'obligation, par consquent aussi dans la mesure o le
sujet y est considr du point de vue de la libert de son arbitre. L'agent est,
travers un tel acte, considr comme l'auteur de l'effet qui en rsulte, et cet effet, en
mme temps que l'action elle-mme, peuvent lui tre imputs, si l'on connat
pralablement la loi en vertu de laquelle une obligation pse sur eux."
Action
Dictionnaire [13]
Opration d'un agent (anim ou inanim, matriel ou immatriel) envisage dans son
droulement ; rsultat de cette opration.
Chez Kant
L'action est un rapport de cause effet
K500-K501 La nature a une loi "qui veut que tout ce qui arrive possde une cause".
Cette cause a une causalit que Kant appelle action. Cette action prcde dans le
temps son effet, "ce qui arrive".
Cette action est une volution partir de la situation de dpart, c'est--dire quelque
chose qui arrive et n'tait pas encore arriv partir de cette situation. En effet, une
situation physique stable (qui n'volue pas) ne cre pas d'vnement nouveau, elle
ne peut tre cause d'aucune action. C'est l une loi gnrale (le dterminisme) : tout
22
phnomne a une cause qui le dtermine, "tous les vnements se trouvent
dtermins empiriquement dans un ordre de la nature".
La notion mme de nature recouvre un ensemble de lois d'volution qui rgissent les
phnomnes et l'exprience que nous en avons : "c'est une loi de l'entendement par
rapport laquelle il n'est permis sous aucun prtexte de faire un cart ni d'riger un
quelconque phnomne en exception, parce que, si tel tait le cas, on le situerait en
dehors de toute exprience possible." Et sans une telle exprience, un objet serait
"un tre de raison et une chimre."
Action rciproque
La notion d'action rciproque porte sur l'interaction physique ou logique de plusieurs
objets prsents simultanment dans une exprience. Voir :
D'abord la dfinition de la Rciprocit.
Ensuite Principe de la simultanit (loi de l'action rciproque ou de la
communaut).
Admonition
Selon le dictionnaire [13] : Action de donner un avertissement ; manifestation
concrte de cette action.
[56b] 35 page 111 "Mais il ne peut servir rien de vouloir modrer ces infructueux
essais de la raison pure en multipliant les admonitions."
Advenir
Affect
Sens courant, notamment en psychologie : sentiment subjectif, vague et
inanalysable, rsultant d'une motion, d'une peur, d'un dsir, d'une aversion, etc. Ce
sentiment produit automatiquement dans le sens interne des donnes qui en
constituent une reprsentation, laquelle l'esprit peut ou non tre sensible
consciemment. Dans le psychisme, toute reprsentation comprend un affect
dcrivant son effet psychologique (sentiment) peru [23].
K117 - "L'intuition n'intervient [en tant que moyen pour qu'une connaissance se
rapporte un objet] que dans la mesure o l'objet nous est donn. Cela n'est
possible que parce que l'objet affecte l'esprit, ce qu'il fait par la mdiation [par l'effet]
de la sensibilit."
23
K155 - "Toutes les intuitions en tant que sensibles reposent sur des affections, les
concepts [reposant par contre] sur des fonctions."
K227 - "L'image pure qui prsente toutes les grandeurs au sens externe est l'espace,
tandis que celle de tous les objets des sens en gnral est le temps."
(Tout objet des sens affecte l'esprit, produisant dans sa reprsentation une
information temps et, si elle a t perue par le sens externe, une information
espace.)
K706 note 87 Selon Kant comme selon la psychologie cognitive, le simple fait
subjectif de la prsence dans son esprit d'une reprsentation affecte le sujet : celui-ci
a conscience de l'existence d'un objet extrieur rel mais non encore identifi, il
peroit l'objet.
Kant ne fait pas de distinction claire entre les reprsentations et facults
conscientes et celles qui sont inconscientes, distinction clarifie notamment par
Freud [41] et que met en vidence l'article Entendement (tapes).
Dans K155 Kant oppose "affection" (associe une intuition sensible) et "fonction"
(associe un raisonnement) parce qu'une affection est involontaire et subie, alors
qu'une fonction est un processus conscient - mme si elle a t dclenche sans
intervention de la volont, par estimation automatique des consquences potentielles
psychologiques (favorables ou non) de la reprsentation d'objet prsente l'esprit.
24
K210 - "Le sens interne ne nous prsente nous-mmes la conscience que tels que
nous apparaissons de faon phnomnale, et non pas tels que nous sommes en
nous-mmes, car nous nous intuitionnons seulement comme nous sommes
intrieurement affects." (En somme, chacun se voit comme il croit tre vu de
l'extrieur.)
Citations de Kant
K187 - Le divers d'un objet est soumis une loi d'associativit : tous les divers de
phnomnes ont des reprsentations structures de manire permettre leur
association (par le subconscient et selon certains critres).
25
Affinit empirique et affinit transcendantale
Kant attribue la proprit d'associativit du divers des phnomnes leur affinit
empirique (dfinie par l'existence mme de cette proprit). Mais toute
reprsentation du divers implique aussi le respect du principe d'unit de l'aperception
(K192), donc aussi la soumission de tous les phnomnes une affinit
transcendantale.
K187 "Ainsi tous les phnomnes se trouvent-ils dans une liaison complte selon
des lois ncessaires, et par consquent soumis une affinit transcendantale dont
l'affinit empirique est la simple consquence."
Agnosticisme
Source : [19].
Doctrine d'impossibilit de connatre , qui dsigne :
Soit l'habitude de considrer toute mtaphysique, et particulirement toute
ontologie, comme futiles.
Soit l'ensemble des philosophies (comme le Positivisme d'Auguste Comte ;
l'Evolutionnisme de Herbert Spencer ; et le Relativisme de Hamilton) qui
admettent l'existence d'un ordre de ralit inconnaissable par nature.
Agrgat
Selon [13]
Un agrgat est une runion d'lments distincts en un tout de forme mal dfinie.
Selon [56] 26
Un agrgat est un assemblage sans structure particulire, l'oppos d'un systme :
"Je ferai seulement une recommandation au lecteur qui depuis longtemps a
l'habitude de prendre l'exprience pour un assemblage purement empirique de
perceptions, et qui ne songe pas que l'exprience dpasse de beaucoup le domaine
de ces perceptions, en donnant une valeur universelle des jugements empiriques,
et qu'elle a besoin, pour y arriver, de l'unit de l'entendement pur qui la prcde a
priori : qu'il tienne bien compte de la diffrence qui spare l'exprience d'un simple
agrgat de perceptions."
26
(La catgorie attribue par l'entendement un objet par une synthse
transcendantale, et qui apparat dans un jugement, est partage par un
ensemble d'objets, pour lesquels elle est universelle.)
Agrgation / Coalition
Substantifs dsignant deux types de synthse :
K238 note * : La synthse de l'homogne peut tre divise en celle de l'agrgation
(qui porte sur les grandeurs extensives) et celle de la coalition (qui porte sur les
grandeurs intensives).
Algorithme
Suite de rgles de calcul ou d'instructions de programme correspondant un
raisonnement logique dcrit tape par tape. L'ordre des tapes peut varier selon
des valeurs de donnes. Ainsi, lorsque la valeur d'un nombre X a t trouve et
qu'on a besoin de sa racine carre, l'algorithme distinguera deux cas :
Si X est positif ou nul, la racine est calculable et son calcul sera effectu.
Si X est ngatif, la racine n'est pas calculable et l'excution de l'algorithme se
poursuivra une tape prvue pour ce cas-l.
Algorithmique
Voir d'abord Algorithme.
Ame
Dans le dictionnaire [19]
Principe de la vie, de la pense ou des deux la fois, en tant qu'il est considr
comme une ralit distincte du corps par lequel il manifeste son activit. Cette
ralit peut d'ailleurs tre conue soit comme matrielle, soit comme
immatrielle :
Selon Descartes :
[71] "lme est vritablement jointe tout le corps, et quon ne peut pas
proprement dire quelle soit en quelquune de ses parties lexclusion des
autres, cause quil est un et en quelque faon indivisible, raison de la
disposition de ses organes qui se rapportent tellement tous lun lautre que,
lorsque quelquun deux est t, cela rend tout le corps dfectueux. Et cause
quelle est dune nature qui na aucun rapport ltendue ni aux dimensions ou
autres proprits de la matire dont le corps est compos, mais seulement tout
lassemblage de ses organes."
27
Principe d'inspiration morale. "Avoir de l'me", expression loue par Mme de
Stal, qui ajoute : "aimer en apprend plus sur les mystres de l'me que la
mtaphysique la plus subtile." [72]
Critique
Multiples sens du mot me
Le mot me implique toujours une dualit de nature et de fins, une opposition, au
moins provisoire, avec l'ide du corps, soit au point de vue mtaphysique, soit au
point de vue empirique, soit au point de vue moral, soit mme au point de vue
esthtique, par exemple quand on dit qu'il faut avoir de l'me pour avoir du got .
[]
Il a mme le plus souvent, chez les modernes, une nuance religieuse, par suite d'une
association trs gnrale :
Entre l'ide d'me et l'ide d'immortalit ;
Entre l'ide d'me et l'ide de Dieu, considr comme l'origine et le lien des
mes selon le christianisme.
Chez Kant
Kant emploie me pour dsigner :
Tantt le ressenti du phnomne du Moi par le sens interne de l'homme ;
Tantt une fonction donnant accs au temps (succession des vnements) et
la conscience de soi ;
Tantt le Moi pensant :
K371 "Le Moi pensant, l'me (nom dont on se sert pour dsigner l'objet
transcendantal du sens interne), est simple"
Tantt la pense (rflexion, raisonnement) ou le sentiment ;
Tantt la personnalit, suppose stable, inaltrable, immuable :
(Citation de K373)
"L'identit de la conscience que j'ai de moi-mme en diffrents temps n'est donc
qu'une condition formelle de mes penses et de leur cohsion, mais elle ne
28
prouve nullement l'identit numrique de mon sujet, o, indpendamment de
l'identit logique du Moi, peut cependant tre survenu un changement []
Nous ne pouvons pas nous-mmes, partir de notre conscience, juger si, en
tant qu'mes, nous sommes permanents ou non, parce que nous ne mettons au
compte de notre Moi identique que ce dont nous sommes conscients, et qu'ainsi
assurment nous sommes ncessairement forcs de juger que nous demeurons
les mmes"
(Fin de citation)
Voir Paralogisme de la personnalit (3me paralogisme).
K129 "le temps est une condition a priori de tout phnomne en gnral, et plus
prcisment la condition immdiate des phnomnes intrieurs (de notre me), et
par l mme aussi, de faon mdiate, celle des phnomnes extrieurs."
Voir aussi :
Doctrine rationnelle de l'me ;
Topique de la doctrine rationnelle (psychologie rationnelle) de l'me (Je).
29
Ce concept d'me est donc un concept subjectif de la raison pure, c'est--dire une
ide transcendantale.
Le concept de pense d'une me (d'un esprit) est celui d'un ensemble de fonctions
psychiques.
Personnification de l'me
En tant qu'esprit avec sa personnalit, l'me prouve des sentiments tant que son
corps vit. Ainsi, par exemple, le sujet a des dsirs et des ambitions auxquels il refuse
de renoncer. Ce refus devient un refus de ralit lorsqu'il s'agit de la mort : l'homme
a beaucoup de mal imaginer sa non-existence et accepter de renoncer, sa
mort, tout ce qu'il dsire ; et ce refus s'accompagne d'angoisse.
L'esprit humain ragit toujours aux angoisses en cherchant des solutions, pour viter
une souffrance. Dans le cas de la mort, l'homme a toujours imagin une vie de
l'esprit aprs la mort du corps : les anciens gyptiens avaient un culte des morts, des
peuples actuels ont un culte des anctres, les chrtiens croient l'me immortelle, etc.
C'est pourquoi les philosophes et les religieux ont de tout temps rflchi au problme
de l'immortalit, en proposant des mtaphysiques, des thologies et des doctrines,
imaginant pour leurs contemporains des solutions intellectuelles plus ambitieuses ou
des religions prtes l'emploi .
Complments
Conclusion sur la permanence de l'me ;
Remarques sur l'me et sa substance ;
Immortalit de l'me.
30
Ame - Concepts de la doctrine pure de l'me (psychologie rationnelle)
Voir Concepts de la doctrine pure de l'me (psychologie rationnelle).
[Un objet externe a une substance stable, alors que le ressenti de l'me varie sans
cesse]
L'explication en est la suivante. Bien que tous deux soient des phnomnes, celui qui
se prsente au sens externe possde pourtant quelque chose de stable ou de
permanent, qui fournit un substrat servant de fondement aux dterminations
changeantes et par consquent un concept synthtique, savoir celui de l'espace et
d'un phnomne dans l'espace ; au contraire, le temps, qui est l'unique forme de
notre intuition interne, n'a rien qui soit permanent, et par consquent il ne nous
donne connatre que le changement des dterminations, mais non pas l'objet
dterminable. (Voir Ordre des phnomnes perus dans le temps (ordre de la srie
chronologique.)
Car, dans ce que nous appelons l'me, tout se trouve dans un flux [changement]
continuel et il n'y a rien qui soit permanent, si ce n'est ventuellement [] le Moi,
lequel possde une telle simplicit prcisment parce que cette reprsentation n'a
pas de contenu, donc pas de divers"
(Fin de citation)
[Remarques : puisque l'me n'a rien de permanent, elle ne peut par dfinition
tre une substance ; et de son ct, le Moi n'en est pas une non, non plus.]
31
donn dans l'intuition quelque chose d'autre qui offre une matire pour se
reprsenter un objet.
[Ici s'achve la dmonstration de l'absence de substance et de permanence des
concepts de Moi et d'me ressenti du sens interne , et de l'espoir de la
psychologie rationnelle de complter la connaissance des phnomnes,
rserve au sens externe :]
La psychologie rationnelle a quand mme une utilit importante, bien que ngative
Kant constate que l'tude de la doctrine de l'me ne peut servir qu' dfinir une limite
de la connaissance, celle que dfinit l'Idalisme transcendantal. Il crit donc, la
suite du paragraphe prcdent :
K384 "bien que cette discipline ne soit d'aucune utilit pour l'accroissement de la
connaissance [] on ne peut [] lui dnier une importante utilit ngative."
Autre utilit d'une doctrine de l'me : protger le Moi pensant contre le matrialisme
Kant avait adopt la doctrine de l'Idalisme transcendantal et il tait croyant. A ce
titre, il a argument contre le matrialisme, qui refusait la notion mme d'me et
considrait comme superstition sa prtendue immortalit (la permanence de sa
substance).
32
(Citation de K385)
"Sur cette apparence transcendantale de nos concepts psychologiques se fondent
encore trois questions dialectiques, qui dfinissent le but spcifique de la
psychologie rationnelle et ne peuvent tre tranches autrement que par les analyses
prcdentes, savoir les questions :
1. De la possibilit de l'union de l'me avec un corps organique, c'est--dire de
l'animalit et de l'tat de l'me dans la vie de l'tre humain ;
[Dans cette phrase et la suite de cet article le mot me dsigne pour un sujet
aussi bien le Moi pensant, la pense et la personnalit immuable.]
2. Du dbut de cette union, c'est--dire de l'me lors de la naissance et avant la
naissance de l'tre humain ;
3. De la fin de cette union, c'est--dire de l'me lors de la mort et aprs la mort de
l'tre humain (question de l'immortalit).
(Fin de citation)
Voir aussi Penser l'me comme simple ou comme une substance simple ?
(Citation de K385-K386)
[Dans l'esprit d'un sujet la matire n'est qu'un concept empirique]
"En fait, la matire, dont l'union avec l'me soulve tant de rflexions dlicates, n'est
qu'une simple forme ou une certaine manire de se reprsenter un objet inconnu par
l'intermdiaire de l'intuition qu'on appelle le sens externe."
33
[Kant refuse de spculer sur la nature physique de la matire et applique son
principe d'Idalisme transcendantal : tout objet rel n'existe pour l'homme que
sous forme de reprsentation de phnomne :]
34
interactions inconnues (relations de causalit tels que des mouvements dus des
forces) existant entre objets extrieurs rels sont prsents la raison d'un sujet
sous forme de reprsentations cres par son sens externe ; si le sujet raisonne sur
elles telles qu'elles lui apparaissent, il peut trouver des interactions fort diffrentes de
la ralit :
K387 "Ds lors, nous n'avons donc plus d'autres effets extrieurs que des
changements de lieu, et d'autres forces que de simples tendances qui
aboutissent des rapports dans l'espace qui constituent leurs effets. En nous,
en revanche, les effets sont des penses, parmi lesquelles ne se trouvent pas de
rapports de lieu, pas de mouvement, de figure ou de dtermination spatiale en
gnral, et nous perdons totalement le fil conduisant des causes aux effets qui
devraient en rsulter dans le sens interne. En fait, nous devrions songer que les
corps ne sont pas des objets en soi qui nous sont prsents, mais une simple
phnomnalisation de je ne sais quel objet inconnu ; que le mouvement n'est
pas l'effet de cette cause inconnue, mais simplement la phnomnalisation de
son influence sur nos sens ; [] et finalement que toute la difficult que nous
avons nous-mmes cre se rduit la question de savoir comment et par
quelle cause les reprsentations de notre sensibilit sont si lies entre elles que
celles que nous nommons des intuitions extrieures peuvent tre reprsentes,
selon des lois empiriques, comme des objets existant hors de nous."
Conclusion
Kant fait ci-dessus le procs du Ralisme, de l'habitude de considrer les
phnomnes qu'on peroit comme rels, et leurs reprsentations subjectives comme
des reprsentations de la ralit objective.
35
Une conclusion s'impose ici : une connaissance suffisamment prcise d'un tat
d'objet (valeurs des variables qui le dcrivent, formes gomtriques, etc.) ou d'une loi
physique d'volution exige toujours un raisonnement. Celui-ci permet des
descriptions et prdictions qui font l'objet de vrifications. Tout cela est empirique,
certes, mais les scientifiques admettent aujourd'hui comme vraie toute description ou
loi physique dont on ne peut dmontrer l'erreur, par des dductions ou des
expriences ; et une telle vrit est toujours provisoire, jusqu' dcouverte d'une plus
prcise ou plus gnrale.
La vrit-consensus
Bien avant Popper, Kant a prconis de reconnatre la validit d'une proposition
scientifique au consentement universel des spcialistes comptents :
[56b] 4 pages 43-44 "La mathmatique pure et la science pure de la nature []
contiennent des propositions qui sont universellement reconnues, les unes
apodictiquement, certaines par la seule raison, les autres par le consentement
universel que fait natre l'exprience et comme nanmoins indpendantes de
l'exprience."
[La vrit par consensus, notamment celle des lois de la nature, est aujourd'hui
universellement reconnue, mme si elle doit tre provisoire.]
Complment : voir le chapitre Le Rationalisme critique de Karl Popper [90] dans [12].
Voir aussi :
La vrit d'un jugement rsulte d'un consensus sur l'absence de dfauts ;
Matrialisme et opposition avec l'Idalisme et le Ralisme.
Confusion des objets de l'intuition sensible avec des objets rels hors de nous
K388 Notre sujet pensant considre les choses situes hors de nous comme de
vrais objets, subreption qui "est le soubassement de toutes les thories sur l'union de
l'me et du corps. [] La question n'est jamais pose de savoir si cette ralit
objective des phnomnes est aussi parfaitement exacte qu'elle en a l'air, mais on la
prsuppose au contraire comme accorde et on se borne proposer des
raisonnements subtils pour montrer comment il faut l'expliquer et la concevoir."
36
Raisonnements proposs contre la possibilit d'une union de l'me et du corps
K388-K389 "Les trois systmes habituels qui ont t forgs [pour ces
raisonnements], et qui sont effectivement les seuls possibles, sont ceux de l'influence
physique, de l'harmonie prtablie et de l'assistance surnaturelle."
1. L'interaction d'un objet physique avec une pense (l'me) est impossible : aucun
tat physique n'est cause d'une pense (et inversement, d'ailleurs), par raison
d'homognit ; un tat physique n'a que des consquences physiques, et une
pense ne peut engendrer que des penses.
Cette affirmation de Kant, videmment vraie son poque, ne l'est plus de nos
jours o on sait que la pense n'est que l'interprtation d'tats de notre
psychisme par lui-mme (voir Interprtation).
2. L'harmonie prtablie est celle que la volont du Crateur de l'Univers y a
impose : les choses qui existent et leurs lois de comportement. Cette doctrine
tlologique postule a priori que le monde est plein de beauts, et que les choses
sont comme elles doivent tres, conformment au plan sage du Crateur.
3. L'assistance surnaturelle n'est possible qu'en renonant l'exprience, par un
acte de foi au-del de la raison. Kant crit dans [102] page 48 note 1 :
"On peut dire [qu'avec] ce qui est surnaturel [] cesse tout usage de la raison.
[] Notre concept de cause et d'effet ne s'applique qu'aux objets de l'exprience
et par consquent ne peut pas dpasser la nature"
Il est clair qu'on peut tout expliquer et tout justifier en invoquant une intervention
surnaturelle ; cela exige seulement de renoncer la raison et la recherche de la
vrit scientifique.
Voici pourquoi ces arguments couvrent tout le champ des possibilits d'explication
causale d'une union de l'me et du corps. Qu'elle aboutisse la conclusion que
l'union est possible ou non, une argumentation peut tre base sur les lois de la
nature, comme l'explication 1 ci-dessus. Si elle ne l'est pas, elle ne peut tre que
surnaturelle, et alors ou elle fait partie de la volont initiale du Crateur
(dterminisme divin) ou elle est due une action spcifique de Sa part.
Aprs avoir remarqu que les arguments 2 et 3 ci-dessus ont t invoqus contre
l'argument 1 pour affirmer l'union de l'me et du corps, Kant les vacue :
K388 "De telles objections ne peuvent pas attacher ce qu'elles entendent par
l'objet des sens extrieurs le concept d'une matire qui n'est rien qu'un
phnomne, et est par consquent dj en soi-mme une simple reprsentation
produite par des objets extrieurs quelconques ; car si elles le faisaient, elles
diraient que les reprsentations des objets extrieurs (les phnomnes) ne
peuvent tre causes extrieures des reprsentations dans notre esprit - ce qui
est une objection totalement vide de sens, puisqu'il ne viendrait l'ide de
personne de tenir pour une cause extrieure ce qu'il a d'ores et dj reconnu
comme une simple reprsentation."
37
mentale d'un objet inconnu ; cette erreur est indtectable en l'absence d'une rflexion
approfondie ou de l'adoption de l'Idalisme transcendantal.
"Il n'est donc possible, contre l'influence physique qui est communment admise,
de faire aucune objection dogmatique. [Un adversaire doit,] en suivant les preuves
que nous avons fournies plus haut, accorder ncessairement cet idalisme
transcendantal, s'il ne veut pas hypostasier l'vidence des reprsentations et les
dporter hors de lui comme si elles taient de vraies choses."
Rponse de Kant :
Aucun tre humain ne peut le savoir, cela restera une lacune de notre
connaissance ;
Mais il y a deux faons d'utiliser les reprsentations des phnomnes issues de
l'intuition du sens externe :
Soit les considrer comme "des objets en soi, sans nous proccuper du
fondement premier de leur possibilit (comme phnomnes)" :
c'est la doctrine raliste ;
Soit assigner (arbitrairement) les phnomnes extrieurs un objet
transcendantal cause de cette sorte de reprsentations, objet que nous ne
pouvons connatre et dont nous ne pourrions former aucun concept.
K391 "De ces rappels sur l'union de l'tre pensant et de l'tre tendu, la rsolution
de toutes les controverses ou objections concernant l'tat de la nature pensante
avant cette union (avant la vie) ou aprs sa dissolution (dans la mort) est une
consquence immdiate."
38
Tout cela est spculatif, et on ne peut lgitimement en affirmer ni la possibilit, ni
l'impossibilit :
K391 "Personne ne peut donc avec une quelconque lgitimit prtendre savoir
sur quoi repose, dans l'tat qui est actuellement le ntre (dans la vie), la ralit
des phnomnes extrieurs, ni non plus par consquent affirmer que la condition
de toute intuition extrieure, ou mme que le sujet pensant comme tel, doit
cesser une fois atteinte la fin de cet tat (dans la mort).
Ainsi tout dbat sur la nature de notre tre pensant et sur celle de la liaison qu'il
entretient avec le monde des corps est-il purement et simplement une
consquence du fait qu'en vue de faire disparatre ce que l'on ne sait pas on
comble les lacunes par des paralogismes de la raison en transformant ses
penses en choses [en soi] et en les hypostasiant ; d'o nat une science
imaginaire"
La question d'une pense avant la vie ou aprs la mort parat absurde. Mais
l'informatique en rseau offre de puissantes possibilits de mmorisation, recherche
et extraction d'informations - mme anciennes, ainsi que de simulation de
raisonnements correspondant des situations complexes (exemple : formation du
systme solaire partir de gaz et de poussires interstellaires sur quelques millions
d'annes) ; ces possibilits correspondent une pense artificielle. Nous sommes en
train de russir par intelligence artificielle l'apprentissage automatique de rgles
de reconnaissance d'images, de structures de donnes et de processus tapes,
permettant une programmation automatique dans des cas de plus en plus nombreux.
39
Ame Textes sur l'me, le Je pense, le Moi, l'Idalisme et les paralogismes
La liste suivante recense les articles sur l'me, le Je pense, l'Idalisme et les
paralogismes dans un ordre suggr pour leur lecture.
Articles gnraux dont la lecture est ncessaire pour comprendre beaucoup d'autres
Reprsentation
Dfinition moderne de ce concept, qui ajoute celui de Kant les connaissances
actuelles de psychologie cognitive dues aux enregistreurs d'activit crbrale.
Conscience - Conscience de
Descriptions modernes de la conscience en tant que facult, de la conscience
d'un objet et de la conscience de soi qui compltent les connaissances de Kant.
Interprtation - Processus de la conscience
Description moderne de la conscience en tant qu'tat des neurones et de leurs
interconnexions. Dfinition de la pense en tant qu'interprtations successives
de son tat par le cerveau.
Externe / Interne (sens)
Dfinitions des sens externe et interne ; relations avec l'intuition.
Relations entre sens interne et phnomne, conscience de soi et me.
40
L'me en tant que substance.
Permanence de l'me (rfutation de la dmonstration de Mendelssohn).
Paralogisme psychologique : conclusion de la solution.
Paralogisme de la substantialit (1er paralogisme).
Paralogisme de la simplicit (2me paralogisme).
Paralogisme de la personnalit (3me paralogisme).
Paralogisme de l'idalit (4me paralogisme).
Ame - Considration sur la doctrine pure de l'me suite aux paralogismes.
Ame Question 1 : union de l'me avec un corps organique.
Ame Questions 2 et 3 : me avant la vie et aprs la mort.
Paralogismes de la raison pure : apparence transcendantale et classement.
Pascal et Kant sur la science et l'me.
Amoral
Adjectif de philosophie Selon [13]
(En gnral, en parlant d'une entit abstraite) : qui est tranger la morale.
(En parlant d'une personne) : qui est naturellement indiffrent aux ides de bien
et de mal.
Amour en Dieu
On peut aimer une personne par espoir d'y gagner quelque chose (du plaisir, de
l'affection, de l'intrt) et c'est l'amour au sens courant, ou l'aimer parce qu'aimant
Dieu on respecte son commandement Aimez-vous les uns les autres .
41
Le titre de ce texte n'est accompagn d'aucun dtail dans la table des matires du
livre imprim [24]. Il commence par l'importante discussion : Rflexion - Rflexion
transcendantale - Rflexion logique. Cette discussion aborde notamment le risque
d'amphibologie transcendantale (raisonnement avec une conclusion double sens) :
Pour remonter de concepts compars leurs objets, il faut une rflexion
transcendantale pour en retrouver l'origine, entendement pur ou sensibilit :
K315 "Sans cette rflexion, je fais un usage trs mal assur de ces concepts,
et il en rsulte de prtendus principes synthtiques que la raison critique ne peut
reconnatre et qui se fondent exclusivement sur une amphibologie
transcendantale, c'est--dire sur une confusion de l'objet pur de l'entendement
avec le phnomne."
Analogie (isomorphisme)
En mathmatiques
Selon le dictionnaire [13] une analogie est un rapport de ressemblance, d'identit
partielle entre des ralits diffrentes pralablement soumises comparaison,
ralits qui ont un ou plusieurs traits communs.
Exemple :
A est l'ensemble des nombres entiers positifs {1, 2, 3} muni de la relation
d'ordre plus grand que (>) permettant d'affirmer que xi > xj comme 5 > 3 ;
B est l'ensemble des fractions inverses d'un nombre entier positif muni de la
relation d'ordre plus petit que (<) permettant d'affirmer que yi < yj comme
1/5 < 1/3.
Chez Kant
(Citation de [56b] 57 page 172)
[1er exemple d'analogie]
"Il y a une analogie entre le rapport juridique d'actions humaines et le rapport
mcanique de forces motrices : je ne puis jamais rien faire contre autrui sans lui
donner le droit d'en faire autant contre moi dans les mmes conditions, exactement
comme aucun corps ne peut agir sur un autre avec sa force motrice sans tre par l
mme cause que cet autre corps ragisse d'autant contre lui [principe d'galit de
l'action et de la raction]. Dans cet exemple, droit et force motrice sont des choses
tout fait dissemblables, mais dans leur rapport il y a cependant une ressemblance
complte.
42
Grce une telle analogie je peux donc donner un concept de relation entre des
choses qui me sont absolument inconnues.
Application de ce principe
Les analogies de l'exprience sont des principes de l'entendement pur o Kant voit
des analogies avec des principes de la physique newtonienne qu'il connat.
K236-K237 - "c'est sans distinction que toutes les lois de la nature sont
soumises des principes suprieurs de l'entendement, puisqu'elles se bornent
les appliquer des cas particuliers du phnomne. [] Ces principes fournissent
[] le concept qui contient la condition [] d'une rgle en gnral, alors que
l'exprience fournit le cas qui est soumis la rgle."
43
(Citations de [62] Prface pages iii v)
[Les trois analogies de l'exprience]
la physique ne peut pas plus cesser d'tre exprimentale qu'elle ne peut, d'autre
part, se dispenser de donner aux phnomnes et leurs relations une expression
mathmatique. Quant aux postulats qui rendent cette expression possible, Kant les
drive de trois conditions fondamentales de la pense qu'il nonce sous forme de
principes de l'entendement pur, et qu'il nomme les trois analogies de l'exprience :
[Tout phnomne reprsentant un objet de la nature a une substance]
Par la premire, l'entendement ne saurait connatre une Nature sans imposer a
priori cette Nature, ou l'ensemble des phnomnes qu'elle reprsente, la
condition d'une constance ou d'une invariance qui lui donne le caractre
substantiel de la matrialit (substance et matire d'un caractre strictement
phnomnal) ;
[Toute volution d'objet respecte une loi de conservation comme celle de la
substance]
Par la seconde, l'entendement impose cette substance permanente ou cet
invariant une variation actuelle qui en respecte l'invariance, en ce sens que le
changement est l'tat mme de la substance et s'effectue dans les limites qui lui
sont assignes par la loi fondamentale de permanence ou de conservation ;
[exemples : conservation de la quantit de matire d'un systme isol, de son
nergie totale, de sa quantit de mouvement, etc.]
[Toute volution (externe et/ou interne) d'un systme compos respecte
l'invariance de leur substance totale et les autres lois ventuelles de
conservation]
Enfin par la troisime, l'entendement requiert entre les substances matrielles ou
la matire des diffrents corps une action rciproque o se retrouve
rigoureusement ralise la double loi de l'invariance quantitative de la matire et
de son infinie variabilit. Ces principes, - on l'oublie trop souvent et il ne faut
jamais l'oublier, sous peine d'altrer gravement la pense de Kant, - ne sont
point des principes de la science ou appartenant dj au champ positif de la
science ; ce sont des conditions de pense, ou des principes suprmes
d'intelligibilit sans lesquels il n'y aurait pour nous ni Nature, ni science de la
Nature."
(Fin des citations)
44
3me analogie : Principe de la simultanit (loi de l'action rciproque ou de la
communaut).
Voir aussi Les trois modes (rapports temporels) du temps (positionnement relatif
dans le temps) et Accident.
Kant voit des analogies entre les 3 rapports au temps de l'exprience et le rapport de
deux nombres, analogies assez vagues et inutiles pour la comprhension.
K253 "Tous les phnomnes sont dans le temps, et c'est en lui seul, comme
substrat (comme forme permanente de l'intuition interne), qu'aussi bien la
simultanit que la succession se peuvent reprsenter."
45
K249 - "le temps lui-mme ne peut pas tre peru, la dtermination de l'existence
des objets dans le temps ne peut s'accomplir que par leur liaison dans le temps en
gnral, par consquent uniquement par l'intermdiaire de concepts qui effectuent la
liaison a priori."
La reprsentation d'un phnomne peru comprend ncessairement un
positionnement relatif dans le temps, sans lequel elle n'existerait pas, car
"L'existence des phnomnes ne peut tre connue a priori" et "toutes les
dterminations temporelles empiriques doivent tre soumises aux rgles de la
dtermination gnrale du temps ;" (K250)
Mais en philosophie, lorsqu'on connat deux rapports ayant chacun deux termes et
que ces rapports sont de mme nature (analogues), on ne peut, " partir de trois
termes donns, connatre et indiquer a priori que le rapport un quatrime, mais non
pas ce quatrime terme lui-mme" (K251). Exemple vident :
Si {A succde B, C succde D, et A succde C}, alors {A succde aussi
D}, mais on ne sait pas qui de B ou D succde l'autre ou s'ils sont simultans.
D'o la dfinition :
K251 "Une analogie de l'exprience sera donc seulement une rgle d'aprs
laquelle, partir de perceptions, doit se produire l'unit de l'exprience (non pas
comme perception mme, [mais] en tant qu'intuition empirique en gnral), et elle
vaudra comme principe des objets (des phnomnes) de manire non pas
constitutive, mais simplement rgulatrice."
46
Exemple d'analogie : le principe de permanence de la substance, principe de
l'usage empirique de l'entendement par opposition son usage transcendantal
gnrateur de concepts (K252).
Analogon Analogue
Substantif
Chez Kant
(Citation de K573)
"Bien que l'on ne puisse dcouvrir dans l'intuition, pour l'unit systmatique intgrale
de tous les concepts de l'entendement, aucun schme, un analogon d'un tel schme
peut et doit cependant tre fourni. [Cet analogon] consiste dans l'Ide du maximum
de la division et de la liaison de la connaissance d'entendement dans un seul et
mme principe.
Donc, l'Ide de la raison est un analogon d'un schme de la sensibilit, mais avec
cette diffrence que l'application des concepts de l'entendement au schme de la
raison n'est pas une connaissance de l'objet lui-mme (comme c'est le cas pour
l'application des catgories leurs schmes sensibles), mais seulement une rgle ou
un principe de l'unit systmatique de tout usage de l'entendement.
47
Or, dans la mesure o tout principe qui garantit a priori l'entendement l'unit
intgrale de son usage vaut galement, bien que ce soit seulement de manire
indirecte, pour l'objet de l'exprience, les principes de la raison pure possderont une
ralit objective, mme relativement ce dernier :
non pas certes pour y dterminer quelque chose, mais simplement pour indiquer la
dmarche selon laquelle l'usage empirique et dtermin de l'entendement peut tre
mis intgralement en accord avec lui-mme, travers la manire dont il se trouve
articul, autant qu'il est possible, au principe de l'unit intgrale et driv de lui."
(Fin de citation)
Analyse
Substantif
Une analyse commence par la dcomposition d'une chose en ses lments, d'un
tout en ses parties.
Ensuite l'analyse met en vidence les relations entre les lments, c'est--dire la
structure (hirarchie, rseau). Chaque lien de relation a :
Une signification (se compose de ; utilise ; a pour consquences ; etc.) ;
Un sens unique (de vers) ou double (de A vers B et de B vers A) ;
Une multiplicit (de 1 vers N ; de N vers P ; ou un pourcentage).
Pour qu'une chose puisse tre analyse il faut ncessairement que l'entendement la
conoive compose de parties lies par une ou des relations, c'est--dire qu'elle soit
une synthse.
Analytique
Adjectif
Qui est relatif l'analyse.
Dans un jugement analytique l'attribut du sujet du jugement (le prdicat) est contenu
dans cet objet ; ce type de jugement explicite donc la connaissance sans l'tendre.
Voir aussi logique analytique.
48
Substantif
Aristote [43] appelait science analytique les rgles de la dmonstration (c'est--dire
du syllogisme). Voici un extrait du dbut de ses Derniers analytiques :
1. Toute connaissance rationnelle, soit enseigne soit acquise, drive toujours de
notions antrieures.
2. L'observation dmontre que ceci est vrai de toutes les sciences ; car c'est le
procd des sciences mathmatiques, et de tous les autres arts sans exception.
3. C'est encore le procd de tous les raisonnements de la dialectique, aussi bien
de ceux qui sont forms par syllogisme que de ceux qui sont forms par
induction. Les uns et les autres, en effet, tirent toujours l'instruction qu'ils donnent
de notions antrieures ; les premiers, en supposant ces notions comprises et
accordes ; les autres, en dmontrant l'universel par l'vidence mme du
particulier. C'est galement par cette mthode que les raisonnements de
rhtorique produisent la persuasion ; car ils y arrivent, soit par des exemples, ce
qui n'est que l'induction ; soit par des enthymmes, ce qui n'est que le syllogisme.
Chez Kant
Thories de l'intuition et de l'entendement
L'intuition sensible d'un phnomne est suivie de son entendement.
La thorie de l'intuition est l'Esthtique ;
La thorie de l'entendement est l'Analytique.
L'analytique est la premire partie de la logique gnrale :
K148 Dans la Critique, la deuxime partie Logique transcendantale a dans
son Introduction le paragraphe III, dont le titre est De la division de la
logique gnrale en analytique et dialectique .
K149 "La logique gnrale rsout [dcompose] donc toute l'activit formelle
[indpendante du contenu smantique] de l'entendement et de la raison en ses
lments, et les prsente comme principes de toute apprciation logique
[apprciation de non-contradiction, de possibilit logique] de notre connaissance.
Cette partie de la logique peut par consquent se nommer analytique"
K220 "Cette doctrine [la logique gnrale] traite donc, dans son analytique, des
concepts, des jugements et des raisonnements"
L'analytique est la logique de la vrit :
K220 - "Car il est vident que l'usage transcendantal de la raison n'a aucune
valeur objective, et qu'il n'appartient pas, par consquent, la logique de la
vrit, c'est--dire l'analytique, mais que, comme logique de l'apparence, il
requiert, sous le nom de Dialectique transcendantale, une partie spcifique de
l'difice scolastique."
Dans la Critique, l'analytique est l'tude des formes de l'entendement. Elle
comprend l'Analytique transcendantale (Analytique des concepts et Analytique
des principes).
49
Analytique des concepts (K154)
Texte : L'analytique des concepts constitue le Livre I de l'Analytique
transcendantale , premire division de la Logique transcendantale .
Autre titre donn par Kant : Dduction mtaphysique.
Voir :
Diagramme de la philosophie transcendantale ;
Diagramme Logique de l'usage de l'entendement ;
Objet en gnral : phnomne ou noumne.
Texte de Kant
L'analytique transcendantale (1re partie de la Logique transcendantale ) est la
partie de la Critique de la raison pure qui dcrit les formes a priori de l'entendement
pur et les conditions d'une pense juste.
Dfinition
Voir d'abord les dfinitions spares Analytique et Transcendantal.
50
L'analytique transcendantale est la science des formes a priori de l'entendement pur.
Elle analyse la facult de connatre pour dcouvrir les concepts et principes a priori
sans lesquels aucune connaissance pure ne serait possible.
51
Limites de l'entendement rsultant de l'Analytique transcendantale (K300)
L'entendement ne peut a priori rien faire de plus que d'anticiper la forme d'une
exprience possible en gnral ;
Dans la mesure o ce qui n'est pas phnomne ne peut tre un objet de
l'exprience, l'entendement ne peut jamais outrepasser les limites de la
sensibilit, l'intrieur desquelles seulement des objets nous sont donns.
L'entendement ne s'applique donc pas aux choses en soi.
Animalit
Ensemble des caractres qui font qu'un animal a un comportement oppos
l'homme :
suprmatie de l'intelligence sur les penchants et de la sympathie sur l'indiffrence.
Anthropologie
Chez Kant
Connaissance du monde
(Citation de A041 [3])
[Connatre l'homme,] "conformment son espce, comme tre terrestre dou de
raison, mrite tout particulirement d'tre dsign comme connaissance du monde,
quand bien mme l'homme ne constitue simplement qu'une partie des cratures
terrestres.
52
Anthropomorphisme
Chez Kant
K558 "La thologie transcendantale [est donc trs utile en tant que] censure de
notre raison, quand cette dernire n'a affaire qu' des Ides pures qui, justement
pour cela, n'admettent nul autre critre d'apprciation qu'un critre transcendantal.
Car si jamais, sous un autre rapport, peut-tre sous l'angle pratique, la supposition
d'un tre suprme et intgralement suffisant comme consistant en une intelligence
suprme affirmait sa validit sans rencontrer de contradiction, il serait de la plus
grande importance de dterminer avec exactitude ce concept, dans sa dimension
transcendantale, comme le concept d'un tre ncessaire et suprmement rel, ainsi
que d'en carter ce qui est incompatible avec la suprme ralit, ce qui relve du
simple phnomne (de l'anthropomorphisme au sens le plus large), et en mme
temps de dblayer le terrain de toutes les assertions contraires, qu'elles soient
athes, distes ou anthropomorphiques : opration qui est trs aise dans le cadre
d'un tel examen critique, dans la mesure o les mmes raisons qui dcouvrent
l'impuissance de la raison humaine relativement l'affirmation de l'existence d'un tel
tre suffisent ncessairement aussi pour dmontrer l'inefficacit de toute assertion
contraire."
Principe
"Dans tous les phnomnes, le rel, qui est un objet de la sensation, possde une
grandeur intensive, c'est--dire un degr." (La sensation que nous percevons d'un
phnomne est intensive.)
Preuve
K242 - La perception, conscience empirique d'un phnomne, produit chez le sujet :
Une intuition pure simplement formelle : espace et temps ;
Une sensation qui l'affecte : il existe une ralit extrieure moi-mme, je la
perois mais je ne peux pas encore l'identifier .
53
Complment : Principe de la continuit des sensations des phnomnes.
K243 - Ce qu'on peut appeler anticipations, ce sont les dterminations pures inscrites
dans l'espace et le temps, avec leurs figures [aspects] et leurs grandeurs. En effet,
ces dterminations reprsentent a priori ce qui sera toujours donn a posteriori dans
l'exprience. - Dtails : voir phnomne.
54
La perception n'interprte pas les reprsentations qu'elle fournit, elle ne cre pas de
concept, donc pas de connaissance. Mais ds qu'une reprsentation est disponible
et mme si elle rsulte d'une anticipation - l'intuition se dclenche spontanment et
commence l'interprter.
L'esprit humain peut mal interprter a priori un phnomne peru par son sens
externe, en comparant dans le subconscient sa reprsentation de mauvais
modles ; il peut aussi la complter par intuition, produisant ainsi une interprtation
correcte ou incorrecte. - Dtails : voir Phnomne.
Philosophie [13]
Opposition de deux propositions, concepts, phnomnes ou raisonnements,
paraissant tous deux vrais ou dmontrables, et qui n'admet pas de solution.
Chez Kant
Dfinition : une antinomie de la raison pure est une contradiction entre deux
propositions dans laquelle la raison se perd lorsqu'elle entreprend la synthse d'un
conditionn en tentant d'atteindre l'exhaustivit de l'inconditionn :
K426 "Quand nous n'appliquons plus seulement notre raison, dans l'utilisation
que nous faisons des principes de l'entendement, des objets de l'exprience,
mais que nous prenons le risque de l'tendre au-del des limites de celle-ci, il en
nat des thses sophistiques qui n'ont ni esprer trouver dans l'exprience une
confirmation, ni en redouter une rfutation, et dont chacune est non seulement
dpourvue de contradiction interne, mais trouve mme dans la nature de la
raison des conditions de sa ncessit - cette seule rserve prs que
malheureusement la proposition oppose possde de son ct des raisons tout
aussi valides et ncessaires de se voir soutenue."
Voir :
Problmatique : Les trois cas d'usage dialectique de la raison pure ;
Description succincte : Les trois classes de raisonnements dialectiques.
55
Les trois sortes de syllogismes la base d'apparences transcendantales
Le 1er type d'antinomie est le paralogisme transcendantal :
K417 "La premire sorte de ces syllogismes sophistiques tendait l'unit
inconditionne des conditions subjectives de toutes les reprsentations en
gnral (du sujet ou de l'me), par correspondance avec les raisonnements
catgoriques dont la majeure nonce, comme principe, la relation d'un prdicat
un sujet."
Le paralogisme transcendantal consiste, pour un sujet, imaginer des
informations sur les objets du monde qui ne peuvent provenir que d'une
exprience partir du concept pur de l'entendement issu de l'aperception
transcendantale, qui n'a pas de rapport direct avec son exprience.
Le 2me type d'antinomie est analogue aux raisonnements hypothtiques :
K417 - "La deuxime sorte d'argument dialectique adoptera donc pour contenu,
par analogie avec les raisonnements hypothtiques, l'unit inconditionne des
conditions objectives dans le phnomne."
Ce sujet est trait ci-dessous, dans cet article, puis dans l'article Ides
cosmologiques (systme). Remarque : ce 2me type concerne l'unit des
conditions objectives dans le phnomne.
Le 3me type d'antinomie a pour thme l'unit inconditionne des conditions
objectives de la possibilit des objets donns en gnral.
K359 "Je conclus, partir de choses que je ne connais pas d'aprs leur simple
concept transcendantal, un tre de tous les tres, que je connais encore moins
travers un concept transcendant, et de la ncessit inconditionne duquel je
ne peux me forger aucun concept. Ce raisonnement dialectique, je le nommerai
l'idal de la raison pure." [Voir l'article Idal de la raison pure].
Remarque : ce 3me type concerne l'unit des conditions objectives en gnral
(et non dans le phnomne ou dans l'esprit du le sujet).
Exemples d'antinomies :
La proposition Le monde doit ncessairement possder un commencement
chronologique parat tort une vidence. L'erreur logique de cette proposition
rside dans le fait de croire ncessaire (c'est--dire dtermin par la nature des
56
choses) le postulat de causalit, qui rsulte d'une gnralisation par induction
d'enchanements de situations de la vie courante - et n'est pas dmontr ; on
confond ainsi ce postulat avec un principe : ce n'est pas parce que toutes les
situations dont nous connaissons la cause en ont une, que toutes les situations
en ont toujours eu une !
Par deux raisonnements diffrents, la raison pure peut conclure la fois que
l'Univers a une dimension finie et un ge fini, et que sa dimension et son ge
sont tous deux infinis ; pourtant ces deux possibilits s'excluent mutuellement.
L'existence de nombreuses antinomies dans le domaine de la physique (dont la
cosmologie fait partie) prouve que nos principes de pense sont parfois
contredits par la ralit exprimentale. Ainsi, la possibilit d'action instantane
une distance immense rsultant d'expriences avec des particules intriques
(groupes d'lectrons, ou de photons, etc. qui ont ensemble une nergie donne
non divisible) prouve que notre notion a priori de lieux distincts est inadapte
certaines circonstances o l'espace a la proprit de non-sparabilit [12].
Rsum sur les antinomies : la raison pure peut tre en conflit avec elle-mme
La citation suivante provient du paragraphe de la Critique : Discipline de la raison
pure relativement son usage polmique.
(Citation de K620)
"Il se trouve quelque chose de proccupant et d'humiliant dans le fait qu'il doive y
avoir en gnral une antithtique de la raison pure, et que cette raison pure, qui
reprsente pourtant, vis--vis de tous les litiges, le tribunal suprme, doive entrer en
conflit avec elle-mme. Certes, nous avons eu plus haut, devant nous, une telle
antithtique apparente de la raison ; mais il s'est rvl qu'elle reposait sur un
malentendu consistant prendre, conformment au prjug commun, des
phnomnes pour des choses en soi, et revendiquer ensuite, d'une faon ou d'une
autre (au demeurant tout aussi impossibles l'une que l'autre), une absolue
compltude de leur synthse, ce que l'on ne peut toutefois aucunement attendre de
phnomnes.
Il n'y avait donc alors aucune contradiction effective de la raison avec elle-mme
dans ces propositions :
la srie des phnomnes donns en soi a un commencement absolument
premier, et :
cette srie est absolument et en soi dpourvue de tout commencement ;
car les deux propositions coexistent parfaitement bien, puisque des phnomnes,
dans leur existence (en tant que phnomnes [c'est--dire de situations dont
l'homme prend conscience]), ne sont absolument rien d'en soi, ce qui veut dire qu'ils
[les phnomnes en tant que concept] sont quelque chose de contradictoire, et que
par consquent leur supposition doit tout naturellement entraner avec elle des
consquences contradictoires."
(Fin de citation)
57
"Cela dit, il est remarquable que le paralogisme transcendantal mette en uvre une
apparence seulement unilatrale [dogmatique] concernant l'Ide du sujet de notre
pense, et que pour l'affirmation du contraire ne se puisse trouver la moindre
apparence procdant de concepts de la raison. L'avantage est entirement du ct
du pneumatisme, bien que celui-ci ne puisse nier le dfaut hrditaire qui consiste en
ce que, malgr toute l'apparence qui lui est favorable, il s'en va en fume ds lors
que la critique le soumet l'preuve du feu."
(Fin de citation)
( Mette en uvre une apparence seulement unilatrale signifie que le
paralogisme transcendantal effectue dogmatiquement une synthse vers
l'inconditionn de reprsentations prsentes l'esprit, sans se proccuper de
leur smantique (donc sans critique) ; cette synthse est donc douteuse.
L'avantage au pneumatisme signifie que l'esprit croit aboutir une
connaissance rigoureuse de son objet parce qu'elle vient d'une synthse
formellement correcte ; mais un raisonnement prenant en compte la signification
des reprsentations dtecte l'erreur.)
58
Deux perspectives qui correspondent l'une comme l'autre la mort d'une saine
philosophie, mme si la premire peut au demeurant tre appele aussi
l'euthanasie de la raison pure." (K416-K417)
(Fin de citation)
Une antinomie apparue ne subsiste que si le sujet adopte une attitude dogmatique,
c'est--dire s'il n'entreprend pas la rflexion critique qui lui permettrait de reconnatre
que l'inconditionn idal ne peut tre atteint dans le cadre d'une exprience possible.
Il devrait, au contraire, multiplier les expriences autant que possible en suivant les
enchanements de causalit, tout en construisant ses connaissances avec un esprit
critique.
Objet de l'antinomie de la raison pure : exposer les principes d'une cosmologie pure
K418 "Tout comme les paralogismes constituaient le soubassement d'une
psychologie dialectique, l'antinomie de la raison pure exposera les principes
transcendantaux d'une prtendue cosmologie pure (rationnelle), non pas pour la
trouver valide et se l'approprier, mais, ainsi que l'indique dj la dnomination qui
dsigne ici un conflit de la raison, pour la prsenter dans son apparence
blouissante, mais fausse, comme une Ide qui ne se peut accorder avec des
phnomnes."
Antithse
Selon [19]
Opposition de sens entre deux termes ou deux propositions.
Chez Kant
Dans la logique transcendantale de Kant, une antithse s'oppose une thse.
Dans les antinomies de Kant, les antithses affirment, chacune pour la question
qu'elle concerne, qu'il n'existe pas de terme absolument premier :
Point de commencement du temps : voir Rgression l'infini ;
Point d'lments simples ;
Point d'acte libre ;
Point d'tre ncessaire,
et que, par suite, la recherche des antcdents, des composants, des causes
dterminantes ou des existences dpendant l'une de l'autre, ne peut que se
poursuivre indfiniment.
59
Ides transcendantales : thses dogmatiques contre antithses empiriques.
Il n'y a pas d'antithtique de la raison pure, qui reste le juge suprme des arguments
K622 "Ainsi n'y a-t-il pas proprement d'antithtique de la raison pure. Car le seul
terrain o elle pourrait trouver se battre devrait tre cherch dans le domaine de la
thologie et de la psychologie pures ; mais ce terrain n'est pas assez solide pour
supporter un quelconque combattant avec tout son attirail et des armes qu'il y ait lieu
de craindre. Il ne peut y paratre qu'en recourant des railleries et des
rodomontades dont on peut se moquer comme d'un jeu d'enfant. C'est l une
remarque consolante, qui redonne du courage la raison ; car entre quelles mains
pourrait-elle remettre son sort si, elle qui est la seule avoir vocation d'carter toutes
les erreurs, elle tait en elle-mme bouleverse au point de ne pouvoir esprer ni la
paix ni la tranquillit de ses possessions ?"
60
Raisonnements l'origine d'antinomies
(Citation de K426)
"Quand nous n'appliquons plus seulement notre raison, dans l'utilisation que nous
faisons des principes de l'entendement, des objets de l'exprience, mais que nous
prenons le risque de l'tendre au-del des limites de celle-ci, il en nat des thses
sophistiques [des antinomies dues des assertions transcendantales] qui n'ont ni
esprer trouver dans l'exprience une confirmation, ni en redouter une rfutation,
et dont chacune est non seulement dpourvue de contradiction interne, mais trouve
mme dans la nature de la raison des conditions de sa ncessit - cette seule
rserve prs que malheureusement la proposition oppose possde de son ct des
raisons tout aussi valides et ncessaires de se voir soutenue."
61
K427 "Puisqu'il faut que les conditions de cette unit s'accordent d'abord, en
tant qu'il s'agit d'une synthse effectue selon des rgles, avec l'entendement et
pourtant en mme temps, puisque cette synthse se dfinit par une unit
absolue, avec la raison, de telles conditions seront, si l'unit atteinte est
adquate celle de la raison, trop vastes pour l'entendement, et, si l'unit est
approprie l'entendement, trop troites pour la raison ; il ne peut donc en
rsulter qu'un conflit qui ne saurait tre vit, de quelque manire que l'on
entende procder."
Stratgie des dbats : c'est le dernier qui a choisi un sujet et parl qui a raison.
Dans le conflit entre deux possibilits logiques, si un sujet affirme l'une des
possibilits, un contradicteur ne peut lui prouver que l'autre est la seule logiquement
vraie :
K427 "C'est toujours le parti auquel il est permis de prendre l'offensive qui a le
dessus et o est certain de se soumettre celui qui est contraint d'adopter une
dmarche simplement dfensive."
Une telle situation est frquente dans un conflit entre deux opinons politiques :
celui qui affirme le premier une des positions logiques possibles ne peut tre
dmenti par l'autre, dont la position est toute aussi logique mais ne constitue pas
une rfutation. Kant en dduit donc une stratgie de dbat :
K427 "Pour la dernire [confrontation d'opinions d'un dbat], [celle] qui dcide
de l'affaire, le soin a toujours t pris que le dfenseur de la bonne cause restt
seul matre du jeu en interdisant son adversaire de reprendre les armes."
Elle est tout fait distincte du scepticisme, principe d'une ignorance dlibre et
scientifique qui sape les fondements de toute connaissance pour ne lui laisser
disposer nulle part, autant qu'il est possible, d'aucune scurit ni d'aucune
assurance.
L'antinomie qui se manifeste dans l'application des lois constitue, dans les limites de
notre sagesse, la meilleure mise l'preuve de la nomothtique pour rendre la
raison, qui ne s'aperoit pas facilement, dans la spculation abstraite, des faux pas
qu'elle commet.
Reste que cette mthode sceptique n'est essentiellement propre qu' la philosophie
transcendantale et qu'en tout cas on peut s'en passer dans tout autre domaine, sauf
dans celui-l."
62
(Fin de citation)
Assertions transcendantales
Voir d'abord :
Dialectique et logique de l'apparence (logique dialectique) ;
Dialectique transcendantale.
Apagogie Apagogique
Selon [13]
Apagogie : raisonnement par lequel on dmontre la vrit d'une proposition en
prouvant l'impossibilit ou l'absurdit de la proposition contraire.
Apagogique : par l'absurde.
Dfinitions
L'aperception est une conscience de soi, tantt une facult, tantt un tat psychique.
A061 [3] note * - "Si nous nous reprsentons avec conscience les deux actes
constitus par l'action intrieure (spontanit) grce laquelle un concept (une
pense) devient possible, savoir la rflexion, et l'impressionnabilit (rceptivit) par
quoi une perception, c'est--dire une intuition empirique, est possible, savoir
63
l'apprhension, la conscience de soi peut alors tre divise en conscience de la
rflexion et conscience de l'apprhension. La premire est une conscience de
l'entendement, la seconde est le sens interne ; celle-l est l'aperception pure, celle-ci
l'aperception empirique..."
64
A l'tat d'veil, ma conscience est continue, ininterrompue, d'o mon impression
d'unit, d'identit. Cette conscience fait en permanence une synthse des
reprsentations que j'ai prsentes l'esprit et la tient jour quand le temps
passe. Mes processus de synthse des reprsentations successives et
d'aperception ont une logique gnrale, valable pour toutes les circonstances,
qui rend immuable ma facult de reprsentation permanente.
L'aperception originaire est donc une fonction spontane de la conscience. Elle est
associe toute reprsentation et son concept de la mme faon que ces notions
sont associes entre elles. Une reprsentation ne peut rester prsente l'esprit
qu'accompagne de son aperception originaire et rciproquement, et ce tant que la
conscience est l'tat d'veil et qu'elle demeure donc identique elle-mme.
65
L'aperception empirique en tant que prise de conscience
L'aperception empirique est une prise de conscience spontane d'un phnomne
la suite d'une perception qui a cr une reprsentation R comprenant une synthse
subjective du divers du phnomne.
66
K199 - Les diverses reprsentations donnes dans une mme intuition doivent
se runir dans une mme conscience gnrale de soi ; leur synthse n'est
possible que par la conscience de cette synthse. (Et cette conscience tant une
conscience de soi, elle repose sur une reprsentation de reprsentation.) - Voir
identit et Axiomes de l'intuition
K200 - "L'entendement n'est lui-mme rien de plus que le pouvoir de lier a priori
et d'inscrire le divers de reprsentations donnes sous l'unit de l'aperception -
principe suprme de toute la connaissance humaine."
K201 - "La premire connaissance pure de l'entendement, sur laquelle se fonde tout
le reste de son usage, et qui est aussi, en mme temps, totalement indpendante de
toutes les conditions de l'intuition sensible, est donc le [rsulte donc du] principe de
l'unit synthtique originaire de l'aperception [et de son mcanisme]."
K205 - "Un divers contenu dans mon intuition est reprsent par la synthse de
l'entendement comme appartenant l'unit ncessaire [automatique] de la
conscience de soi, et cela se produit grce la catgorie. (La reprsentation de
l'unit de l'intuition d'un objet inclut toujours une synthse de son divers et la relation
du divers une unit de l'aperception - Voir identit)."
Voir :
Unification de reprsentations et de concepts ;
Jugements empirique, d'exprience ou de perception.
Dfinition
L'aperception transcendantale est une aperception (conscience de soi) pure,
formelle, objective et originaire, par laquelle le sujet a conscience d'exister tant qu'il
est l'tat d'veil parce qu'il a conscience de penser.
C'est aussi la fonction de synthse qui unifie les reprsentations pour en rendre
l'exprience possible.
C'est une facult spontane, dont le processus est lanc chaque fois qu'une
reprsentation est interprte pour crer un concept. La logique de ce processus est
indpendante du contenu et de la signification de la reprsentation et du concept :
c'est une synthse transcendantale. En somme, l'unit de l'aperception est celle de
la conscience dont l'entendement a fait une synthse du phnomne.
67
Unit objective de la conscience de soi Consquences pour l'humanit
Un jugement d'identit de deux concepts de phnomnes (ou de leurs
reprsentations) A et B qui affirme A est B les runit en leur confrant de manire
transcendantale une unit objective : ils (elles) reprsentent le mme objet par un
concept. Lorsque cela se produit pendant l'aperception, Kant parle d'unit
transcendantale de l'aperception :
K203 "L'unit transcendantale de l'aperception est celle par laquelle tout le divers
donn dans une intuition est runi en un concept de l'objet. C'est pourquoi elle
s'appelle objective et doit tre distingue de l'unit subjective de la conscience, qui
est une dtermination du sens interne, par quoi ce divers de l'intuition est donn
empiriquement en vue d'une telle liaison."
(L'unit transcendantale de l'aperception est l'unit de la conscience rsultant de
la synthse de la reprsentation du divers de l'intuition en une reprsentation de
reprsentation interprte comme un jugement divers points de vue autour
d'un concept de l'objet ; voir Exemple de jugement et analyse par titres et
moments. C'est l'unit originaire du Je me pense en tant que sujet.)
K203 "La forme pure de l'intuition dans le temps, simplement comme intuition en
gnral contenant un divers donn, n'est soumise l'unit originaire de la
conscience qu' travers la relation ncessaire du divers de l'intuition au seul et
unique : je pense, donc travers la pure synthse de l'entendement, laquelle sert a
priori de fondement la synthse empirique. Cette unit a seule une validit
objective ;"
L'intuition a un mcanisme (algorithme) qui fonctionne de la mme faon pour
toutes les perceptions et l'entendement, et qui garantit l'unit de la conscience.
Ce mcanisme est le mme pour tous les tres humains, comme le mcanisme
de la logique gnrale l'est de son ct.
L'entendement des phnomnes et le raisonnement logique sont donc objectifs :
ils sont valables pour tous les phnomnes et partags par tous les hommes,
sous rserve d'un langage commun pour les exprimer. Les hommes peuvent
donc partager une science commune et des valeurs morales communes.
Les choses extrieures existent tout aussi bien que moi-mme j'existe
K377 "Les choses extrieures existent tout aussi bien que moi-mme j'existe, et
cela, dans les deux cas, sur le tmoignage immdiat de la conscience que j'ai de
moi-mme, avec cette simple diffrence que la reprsentation de moi-mme comme
sujet pensant est rapporte uniquement au sens interne, alors que les
reprsentations qui font signe vers des tres tendus sont rapportes aussi au sens
externe." : voir Paralogisme de l'idalit (4me paralogisme).
68
Principe du milieu exclu (ou principe du tiers exclu) [55] ;
Principe de causalit.
En outre, les dductions sont soit des infrences, soit des syllogismes.
(Les raisonnements bass sur une induction ou une probabilit ne font pas partie des
raisonnements dductifs, leur conclusion n'est jamais certaine).
C'est pourquoi, par exemple, les hommes ont pu se mettre d'accord sur l'existence
de lois universelles et dterministes de la nature, et sur leurs noncs [12]. C'est
pourquoi ils sont d'accord sur la liste des catgories de l'entendement, comme sur
les autres principes a priori de la connaissance.
Citations
K184 Une reprsentation d'objet n'est possible que grce l'unit de la
conscience. Cette facult existe ds la naissance, prcde donc toutes les donnes
de l'intuition et permet les connaissances, leur synthse et leur unit. Cette
69
conscience pure, originaire, immuable est une facult appele aperception
transcendantale ; c'est videmment une aperception empirique (avec sa
reprsentation de reprsentation) et elle implique une recognition.
Voir aussi :
Unification de reprsentations et de concepts ;
Jugements empirique, d'exprience ou de perception.
Apodictique
Adjectif. Convaincant car ncessaire, dmontr. Exemple : affirmation apodictique.
K103 - "les raisonnements des mathmaticiens procdaient tous conformment au
principe de [non-]contradiction (ce que requiert la nature de toute certitude
apodictique)"
Apparence dialectique
K329 La dialectique transcendantale / Introduction / De l'apparence
transcendantale
Dictionnaire [13]
L'apparence de quelque chose est son aspect sensible, par opposition sa
substance. Cet aspect, manifestement subjectif, pourrait tre tort jug comme
objectif.
Dans ce texte
Le substantif apparence est utilis par Kant dans deux sens :
L'apparence peut tre une interprtation trompeuse d'une connaissance :
K354 "il y a des raisonnements qui ne contiennent pas de prmisses
empiriques et par l'intermdiaire desquels, de quelque chose que nous
connaissons, nous concluons autre chose dont nous n'avons pourtant aucun
concept et quoi nous donnons toutefois, par une invitable apparence, de la
ralit objective."
[56b] page 199 - Le principe qui rgit et dtermine de part en part mon idalisme
est au contraire le suivant : Toute connaissance des choses qui provient
70
uniquement de l'entendement pur ou de la raison pure est simple apparence et il
n'est de vrit que dans l'exprience .
Quand cette apparence est trompeuse et rsulte de la raison pure, Kant la
qualifie de dialectique.
L'apparence peut tre un contenu de la reprsentation brute d'un objet ou
phnomne peru, telle qu'elle est prise en compte initialement par la
conscience (donc telle qu'elle rsulte de la perception aprs synthse empirique
et transformation sous l'influence de la rceptivit) : voir Intuition (tapes) :
K392 "On peut dire que toute apparence consiste en ce que l'on prend la
condition subjective de la pense [c'est--dire sa reprsentation] pour la
connaissance de l'objet [c'est--dire sa chose en soi]."
Lire ce sujet :
Relation entre ce qui nous apparat et la ralit ;
Ralit et phnomnes ;
Rapport des phnomnes l'exprience en gnral.
Ce ne sont pas ses sens qui trompent l'homme, c'est son jugement
K335 "ainsi que cela arrive dans ce qu'on appelle les illusions des sens, nous
tenons souvent pour immdiatement peru quelque chose quoi nous a pourtant
seulement conduits la conclusion d'un raisonnement."
A076 [3] " 11. (146) Les sens ne sont pas trompeurs [] parce qu'en fait ils ne
jugent aucunement, - ce pourquoi l'erreur n'incombe jamais qu' l'entendement.
Pourtant, l'apparence sensible contribue, sinon justifier l'entendement, en tout cas
l'excuser : en suivant celle-ci, l'homme en vient souvent tenir pour objectif ce qu'il
y a de subjectif dans son mode de reprsentation ( considrer comme ronde la tour
loigne laquelle il ne voit pas d'angles, pour plus haute que le rivage la mer dont
les lointains atteignent son regard par des rayons lumineux plus levs [] et ainsi
est-il conduit prendre le phnomne pour l'exprience, ce qui le fait tomber dans
une erreur qu'il faut concevoir comme une faute de l'entendement, non pas comme
celle des sens."
Kant ne s'intresse pas, dans nos sources d'erreurs, aux limites de nos sens (comme
l'impossibilit de voir dans l'obscurit totale). Il considre aussi comme hors sujet les
illusions d'optique dues aux interprtations errones par notre cerveau des
reprsentations reues des sens (apparences empiriques).
71
Apparence dialectique dans les preuves transcendantales de l'existence d'un
tre ncessaire
K543 - Dialectique transcendantale / Livre II : des raisonnements dialectiques de la
raison pure / Chapitre 3 : L'idal de la raison pure / 5me section / Dcouverte et
explication de l'apparence dialectique dans toutes les preuves transcendantales de
l'existence d'un tre ncessaire
Si nous supposons l'existence de quelque chose, il y a une autre existence qui nous
parat ncessaire
(Citation de K543-K544)
"Il est extrmement remarquable que, si l'on suppose que quelque chose existe, on
ne puisse viter cette consquence que quelque chose aussi existe de manire
ncessaire. C'est sur cette conclusion tout fait naturelle (bien que n'tant pas
encore pour autant certaine) que reposait l'argument cosmologique.
[Lorsque notre raison suppose l'existence d'une chose, elle croit aussi
l'existence de sa chane de causalit, qui doit se terminer par une chose
absolument ncessaire : voir Rgression l'infini.]
[Je peux penser l'inexistence d'une chose, pas son absolue ncessit]
En revanche, je peux bien admettre d'une chose le concept que je veux : je trouve
que je ne peux jamais me reprsenter son existence comme absolument ncessaire,
[l'esprit ne peut se reprsenter une ncessit absolue, inconditionne]
et que rien ne m'empche, de quelque existence qu'il puisse s'agir, d'en penser le
non-tre ;
[Quelle soit la dfinition d'un concept, je ne peux le penser absolument
ncessaire, mais je peux le penser inexistant.]
72
[Je ne peux penser une chose unique comme ncessaire en soi]
par consquent, j'aperois qu'il me faut certes admettre, vis--vis de ce qui existe en
gnral, quelque chose de ncessaire, mais que je ne peux penser une chose
unique, par elle-mme, comme ncessaire en soi.
Cela quivaut dire que je ne peux jamais achever la rgression vers les conditions
de l'existence sans admettre un tre ncessaire, mais que je ne peux jamais
commencer par lui."
(Fin de citation)
donc, qu'aucun de ces deux principes n'est objectif, mais qu'ils ne peuvent jamais
tre que des principes subjectifs de la raison, lui imposant
d'une part de rechercher, pour tout ce qui est donn comme existant, quelque
chose qui soit ncessaire, c'est--dire de ne s'arrter jamais ailleurs que l o
elle rencontre une explication acheve a priori,
mais aussi d'autre part de ne jamais esprer cet achvement, c'est--dire de ne
jamais admettre comme inconditionn rien d'empirique en se dispensant par l
d'en produire une dduction plus pousse."
(Fin de citation)
73
connaissance par la manire dont vous poursuivez une telle Ide, c'est--dire ce
fondement ultime dont vous vous forgez l'image.
Mais mme si c'est un principe constitutif, ce n'est pas une condition d'existence
K546 "Quand je considre cet tre suprme, qui tait absolument
(inconditionnellement) ncessaire relativement au monde, comme une chose en soi,
cette ncessit n'est susceptible d'aucun concept et ne saurait donc se trouver dans
ma raison que comme condition formelle de la pense, mais non point comme
condition matrielle et hypostasie de l'existence."
74
Apparence empirique (apparence sensible)
K330 "Nous n'avons pas ici pour objet de traiter de l'apparence empirique (par
exemple de l'illusion d'optique) qui se produit l'occasion de l'usage empirique des
rgles, au demeurant justes, de l'entendement"
WYSIATI
Les problmes de jugement bas sur des informations insuffisantes s'aggravent
lorsque notre raison se base sur l'apparence du phnomne, fausse ou surtout
incomplte, pour en juger les informations et conclure.
Les erreurs de ce genre sont si frquentes et leurs consquences si regrettables
que le psychologue Daniel Kahneman a reu un prix Nobel d'conomie pour
avoir approfondi ce problme (qu'il nonce sous la forme What You See Is All
There Is) et propos des solutions [35].
En France, Jean Tirole, prix Nobel d'conomie lui aussi, a publi en 2016 un
ouvrage remarquable qui aborde ce sujet, dont on trouvera un extrait dans [114].
Voir aussi :
Je ne peux pas voir tout ce qui est possible ;
Conditions logiques d'une dtermination : non-contradiction et exhaustivit ;
Modus ponens Modus tollens (latin).
75
Or, c'est dans l'accord avec les lois de l'entendement que consiste la
dimension formelle de la vrit.
Dans les sens, il n'y a absolument aucun jugement, ni un jugement vrai, ni
un jugement faux." (Fin de citation)
Voir :
Dialectique et logique de l'apparence (logique dialectique) ;
Les trois types d'erreur de l'entendement due aux apparences.
76
l'acte mme de l'entendement et le dtermine juger, est le fondement de
l'erreur."
K332 "La dialectique logique, dans la rsolution des paralogismes, n'a affaire qu'
une faute dans l'observation des principes, ou une apparence artificielle dans leur
imitation."
Apparence transcendantale
Dfinition
Kant explique la survenance de l'illusion de l'apparence transcendantale comme suit.
L'utilisation de la raison pour connatre un objet met en jeu des rgles fondamentales
qu'elle possde. Ce sont des rgles subjectives de liaison des concepts, faites pour
le bon fonctionnement de l'entendement et rserves l'exprience. Hlas, elles
nous apparaissent tort comme des principes objectifs qui s'imposent pour la
77
dtermination des choses en soi ; en les utilisant, nous tendons tort la porte des
rgles de l'entendement au-del de l'exprience pour laquelle elles sont faites.
Voir aussi :
Les trois sortes de syllogismes la base d'apparences transcendantales ;
Paralogismes de la raison pure : apparence transcendantale et classement ;
Cause premire (commencement chronologique du monde).
Apparition
Kant : Les sens ne peroivent pas une apparition, ils ne peroivent qu'un
changement
K260-K261 "Que quelque chose survienne, c'est--dire que se produise quelque
chose ou un tat qui n'tait pas auparavant, cela ne peut tre empiriquement peru
l o n'advient pas antrieurement un phnomne ne contenant pas en lui cet tat ;
car une ralit qui succde un temps vide, par consquent une naissance qui n'est
prcde par aucun tat des choses, ne peut pas davantage tre apprhende que
78
le temps vide lui-mme. Toute apprhension d'un vnement est en ce sens une
perception qui succde une autre perception."
Nous examinons dans le reste de cet article une restriction possible des exigences
du postulat de causalit base sur une possibilit d'apparition.
Mais nous n'avons nullement postul que la loi L doit exister avant la premire
survenance de la situation S. Si elle existait avant, cette loi tait, au moins
provisoirement, sans objet. Pour l'homme, une loi physique est une abstraction
destine dcrire un phnomne ou son volution, ou calculer un rsultat. Si
l'homme imagine une loi s'appliquant des situations qui ne se sont jamais
produites, comme il peut toujours le faire, cette loi restera pure spculation jusqu' ce
que ses conditions d'application soient runies, ce qui arrivera ou non. Donc :
Nous limiterons la priode d'application d'une loi d'volution et de la rgle de
stabilit au temps qui suit l'apparition de la premire situation o elle s'applique.
Une loi d'volution d'une situation qui ne s'est jamais produite, et dont la
survenance n'est pas certaine, est pure spculation car elle est sans objet.
Pour nous, il n'y a pas de diffrence empirique entre une situation qui ne s'est
jamais produite et une situation qui n'a jamais t observe : jusqu' preuve du
contraire, nous pouvons raisonner comme si ce qui n'a jamais t observ n'a
jamais exist.
79
l'Univers est un apriori inutile du moment que la structure de cette situation (ses
objets composants et leurs relations) ne contredit pas de loi de structure existante (la
nouveaut ne peut rendre impossible ce qui existe dj, elle peut seulement en
changer les lois d'volution).
Rien n'interdit que l'Univers ait toujours exist, si toutes ses lois d'volution sont
restes stables aprs leur premire application. Rien n'oblige une loi d'volution
physique avoir exist avant la premire fois o apparait une situation laquelle elle
doit s'appliquer : la physique a intrt se passer au maximum de spculations
invrifiables.
Remarques
Affirmer qu'une situation est une apparition parce que nous n'en connaissons
aucune cause et qu'elle n'a pas d'quivalent peut, videmment, rsulter d'une
ignorance de notre part, et se trouver dmenti ultrieurement ; qualifier une
survenance d'apparition n'est donc qu'une conjecture, consquence d'une
restriction du postulat de causalit.
Le fait qu'une situation-apparition soit dcouverte aujourd'hui n'entrane pas
qu'elle n'existait pas auparavant : une telle affirmation ne peut rsulter que d'une
tude exprimentale ou thorique ; avant d'tre prouve elle n'est qu'une
conjecture.
80
Dfinition du postulat de causalit tendue, prenant en compte les apparitions
Toute situation volue instantanment selon les lois physiques qui s'appliquent.
81
Exemples de cas que l'on peut considrer comme des apparitions
La naissance de l'Univers [30]
Rien ne prouve qu'elle rsulte d'une situation prexistante dans un Univers
extrieur prexistant, par application de lois prexistantes. On peut conjecturer
que les lois d'volution de l'Univers sont nes avec lui, car leur existence
antrieure est pure spculation physiquement indmontrable ( cause de la
Relativit gnrale) et leur existence ultrieure une certitude.
Nous savons que, au commencement de l'Univers [117], des lois fondamentales
de notre Univers actuel ne s'appliquaient pas, notamment parce que des
concepts de base comme le temps et l'espace taient d'une autre nature
qu'aujourd'hui (probablement discontinue, quantifie) ; mais nous ne savons
pas (ou pas encore) quelles lois s'appliquaient. Ce commencement peut donc
tre considr comme une apparition, la premire.
L'inflation de l'Univers [30]
Voir Inflation, la croissance explosive du dbut de l'Univers.
Les fluctuations quantiques
Ce phnomne est une variation d'nergie en un point de l'espace vide sans
cause autre que l'affirmation l'nergie du vide est instable cause du principe
d'incertitude de Heisenberg [120] , ce qui n'explique rien. Ce n'est pas une
volution prenne, car l'emprunt d'nergie E l'espace environnant
(matrialis par l'apparition d'une paire particule + antiparticule) est restitu
environ t secondes aprs par fusion de cette particule avec l'antiparticule, en
respectant la limite E.t . C'est donc une apparition.
82
Apparitions et respect des lois de la physique
Admettre la possibilit d'apparitions, c'est admettre qu'une ou plusieurs lois
naturelles existantes (comme les Lois de conservation) puissent tre violes : c'est
impossible dans le cadre de la physique que nous connaissons.
Certaines thories [68] permettent d'imaginer d'autres univers dont les lois et
constantes physiques seraient diffrentes des ntres. Elles n'impacteraient pas
l'existence et les lois de notre propre Univers, mais permettraient des passages entre
univers conformes aux lois relativistes [125] ; mais aucune vrification de ces
thories n'est possible
Nos lois de la physique sont dfinies dans des conditions prcises, alors que nous
ne connaissons jamais toutes les circonstances d'une mesure de phnomne : il
existe peut-tre des variables qui rvleront leur importance dans d'autres
conditions. En toute rigueur, il y a des conditions de dterminabilit de l'nonc d'une
loi (notamment l'exhaustivit) comme il y en a pour un concept d'objet : chaque loi de
la nature peut, en principe, dpendre de toutes les autres lois, certaines continues et
d'autres discontinues voire quantifies.
Apptition
Substantif utilis par Leibniz [37] pour dsigner l'action du principe interne (dans la
monade) qui fait le changement ou le passage d'une perception une autre. ([19])
Notions voisines : volont de puissance [34] de Nietzsche [48], dterminisme.
Dfinition
L'apprhension est l'opration par laquelle la conscience s'approprie un objet de la
perception, en rendant sa reprsentation prsente l'esprit en vue d'un dbut de
comprhension par l'entendement. C'est une opration de l'intuition qui fait appel
l'entendement qui lui succdera.
83
en une reprsentation de synthse intuitive : c'est la composition du divers de
l'intuition empirique, opration qui rend possible la perception de l'objet par l'esprit.
Cette synthse est conforme aux formes de l'intuition que sont le temps et l'espace.
K179 "Toute intuition [empirique] contient en soi un divers qui ne serait pourtant
pas reprsent comme tel si l'esprit ne distinguait pas le temps dans la srie des
impressions qui se succdent : car, en tant que contenue dans un instant unique,
toute reprsentation ne peut jamais tre autre chose qu'une unit absolue. Or, pour
qu' partir de ce divers advienne l'unit de l'intuition (comme c'est le cas dans la
reprsentation de l'espace), il faut tout d'abord que soit parcourue la diversit, et
ensuite que ce divers soit rassembl : acte que j'appelle la Synthse de
l'apprhension, parce qu'il s'applique directement l'intuition." (Cette synthse de
l'apprhension est une composition du divers d'une intuition empirique).
Voir aussi :
Mcanisme de synthse de l'apprhension, catgories et possibilit de
l'exprience ;
Jugements empirique, d'exprience ou de perception.
84
Kant expose l une proprit de la fonction de perception : elle relie si
spontanment des images successives, qu'un objet nouveau un certain endroit
apparat comme l'volution de l'espace qu'il occupait lors de l'image prcdente.
Lorsqu'un sujet ouvre les yeux en se rveillant, l'image dont une reprsentation
se construit dans son esprit remplace progressivement celle qu'il avait avant sa
prise de conscience.
Cette ncessit d'un prdcesseur pour tout phnomne apprhend se traduit,
dans sa reprsentation en mmoire, par un historique des tapes de sa
construction : celles-ci sont mmorises sous forme de liens et de dtails
supplmentaires en mme temps que la reprsentation proprement dite : voir
Reprsentation.
85
tapes de la synthse de l'apprhension que nous l'avons situe leur suite dans les
tapes de l'intuition.
Toute apprhension d'un objet des sens met en uvre le sens interne du temps :
quand l'homme peroit quelque chose, son inconscient l'associe toujours un
souvenir rcent, permettant ainsi d'en reconstituer la date et une dure. Plus
gnralement, tout ce qui affecte l'homme en ayant un sens psychique, peut tre
rattach une date (et une dure s'il est aussi rattach une seconde date)
mais il ne possde pas ncessairement un espace (dimension ou position).
En outre, les facults d'affinit et d'association permettent une synthse continue
des reprsentations successives du divers des perceptions, avec unification dans le
temps de suites de reprsentations pour former (par imagination) une reprsentation
86
synthtique. Celle-ci est alors apprhende (voir identit) lorsque le subconscient
juge son intrt psychologique suffisant et lui fait franchir le seuil de conscience.
K227 - "L'image pure qui prsente toutes les grandeurs au sens externe est l'espace,
tandis que celle de tous les objets des sens en gnral est le temps."
Voir :
Rceptivit ;
Axiomes de l'intuition ;
Remarques sur l'espace et le temps, et leur caractre relatif ou absolu ;
Affect ;
Affection au sens de Kant ;
Unit transcendantale - Unit subjective ;
Changement et transformation ;
Loi fondamentale de la continuit des synthses de tous les changements.
K261 "Toute apprhension d'un vnement est [] une perception qui succde
une autre perception."
Nous apprhendons l'volution d'un phnomne sous forme d'une suite d'tats
perus, chacun avec sa reprsentation, comme les photos successives d'un film. Et
comme le temps d'exposition d'une photo, chacun des phnomnes a une dure
pendant laquelle il existe et aprs laquelle il disparat ; cette dure est donc sa
substance [substance au sens philosophique de ce qui est permanent].
Nous prenons conscience du changement parce que notre sens interne du
temps est continu, permanent, et parce qu'il mmorise les tats-phnomnes
successifs pour les comparer et en dduire leurs diffrences, qui constituent
l'volution. Ces comparaisons dterminent les rapports d'tats successifs sous forme
de succession ou de simultanit, seules formes possibles. Voir :
Unit transcendantale - Unit subjective ;
Loi fondamentale de la continuit des synthses de tous les changements.
87
tre effectue suivant une rgle objective pour que son rsultat soit conforme au
droulement de l'volution physique. Cette rgle conduit postuler le dterminisme.
Arbitre (arbitrium)
Chez Kant
L'arbitre est le pouvoir de l'homme de dcider.
Au sens pratique, ce pouvoir peut tre soumis des contraintes psychologiques.
88
Car un arbitre est sensible dans la mesure o il est affect pathologiquement
(par les mobiles de la sensibilit [arbitrium sensitivum]) ;
il est dit animal (arbitrium brutum) quand il peut tre pathologiquement ncessit.
L'arbitre humain est vrai dire [] non point brutum, mais liberum, parce que la
sensibilit ne rend pas son action ncessaire, mais que rside dans l'homme un
pouvoir de se dterminer par lui-mme indpendamment de la contrainte
exerce par des penchants sensibles."
(Fin de citation)
Arborescence
Structure reliant des nuds par des relations telle qu'un nud n'ait qu'un seul
suprieur dont il dcoule (le pre ), mais telle qu'un nud pre peut avoir
plusieurs nuds fils dcoulant de lui. Toutes les relations (liens logiques)
descendantes vont d'un pre vers un fils, jamais en sens inverse ou entre deux pres
ou deux fils. C'est donc une structure d'arbre vu l'envers, racine (pre sans pre)
en haut .
Archtype
Philosophie : Ide dont divers concepts peuvent driver, car c'est un modle
originaire.
K342 "Les Ides sont, chez Platon [49], des archtypes des modles originaux
des choses elles-mmes, et non pas simplement des clefs pour des expriences
possibles, comme le sont les catgories. Selon son opinion, elles dcoulaient de
la raison suprme, partir de quoi elles taient devenues partie intgrante de la
raison humaine"
Psychologie et philosophie empiriste : concept primitif servant de point de dpart
(de type) la construction psychologique d'une image plus dtaille.
Chez Jung [42]
Symbole primitif et universel appartenant l'inconscient collectif de l'humanit et
se concrtisant dans les contes, les mythes, le folklore et les rites des peuples
les plus divers. Par extension : type, modle de comportement.
Exemple : archtype de la mre.
Architectonique
K674 - Thorie transcendantale de la mthode / Architectonique de la raison pure
89
Dictionnaire [13]
Adjectif : qui a la structure rigoureuse d'une uvre d'architecture et son caractre
systmatique.
Chez Kant
Substantif
1er sens : art des systmes
(Citation de K674)
"J'entends par architectonique l'art des systmes. Puisque l'unit systmatique est ce
qui, simplement, transforme une connaissance commune en science, c'est--dire ce
qui, d'un simple agrgat, fait un systme, l'architectonique est donc la doctrine de ce
qu'il y a de scientifique dans notre connaissance en gnral, et elle appartient ainsi,
ncessairement, la mthodologie."
(Fin de citation)
[Les relations logiques entre les informations d'un systme protgent sa compltude
et sa non-redondance]
L'unit du but auquel toutes les parties se rapportent et dans l'Ide duquel elles se
rapportent aussi les unes aux autres, fait que l'absence de chaque partie peut tre
repre partir de la connaissance des autres,
[Les informations d'un systme sont donc structures de manire organises, et pas
juxtaposes au hasard]
Le tout est donc articul (articulatio), et non pas produit par accumulation
(coacervatio) ;")
90
(Fin de citation)
K337 "il est [] une loi subjective de la gestion des ressources de notre
entendement, consistant, par comparaison des concepts de celui-ci, en ramener
l'usage gnral au plus petit nombre possible"
C'est ainsi que Kant justifie l'existence d'une fonction d'unit systmatique de la
raison, la ncessit d'un tre originaire du monde, les nombreux principes constitutifs
ou rgulateurs, etc.
K461 "La raison humaine est, par sa nature, architectonique, ce qui veut dire
qu'elle considre toutes les connaissances comme appartenant un systme
possible et qu'elle n'admet comme principes que ceux qui pour le moins n'interdisent
pas une connaissance que l'on vise de s'intgrer avec d'autres dans un
quelconque systme."
91
le tout [unifi], que peut natre ce que nous appelons science, dont le schme doit
contenir les contours (monogramma) et l'articulation du tout en ses membres
conformment l'Ide, c'est--dire a priori, et distinguer [ce tout] de tous les autres
avec certitude et d'aprs des principes."
[Voir aussi Conditions logiques de dterminabilit : non-contradiction,
exhaustivit et possibilit]
92
On ne peut apprendre la philosophie, mais seulement philosopher
K677 - "On ne peut donc, parmi toutes les sciences rationnelles (a priori) apprendre
[] que la mathmatique, mais jamais la philosophie (si ce n'est historiquement) : en
fait, pour ce qui concerne la raison, on ne peut apprendre tout au plus qu'
philosopher."
(Le problme de la philosophie est l'absence de texte donnant une dfinition
objective, qui fasse autorit, ce qui en rend la connaissance factuelle
impossible.)
Lire ici :
Philosophie mtaphysique de l'unit systmatique des connaissances pures a
priori avec son paragraphe Systme entier de la mtaphysique ;
Possibilit d'une connaissance a priori procdant d'objets donns et d'une
physiologie rationnelle procdant de principes a priori ;
La mtaphysique, indispensable la rigueur de la raison, n'est pas le fondement
de la religion, mais elle la justifie ;
Conclusions sur le rle et l'intrt de la mtaphysique.
Argument cosmologique
Voir L'existence du monde est conditionne par une srie complte de changements.
Assertion
Proposition, de forme affirmative ou ngative, qui nonce un jugement et que l'on
soutient comme vraie absolument. Attention la diffrence avec assertorique.
Voir aussi Antithtique de la raison pure puis Assertions transcendantales.
Assertions transcendantales
Voir d'abord Antithtique de la raison pure.
93
Assertorique (assertif)
Chez Kant : un jugement est assertorique (ou assertif) quand il est mis sans ide de
ncessit, d'impossibilit ou de possibilit. Attention la diffrence avec assertion.
Associabilit et associativit
Ces deux termes ont des sens voisins :
L'adjectif associabilit dsigne une proprit de ce qui peut tre associ :
objets, phnomnes, qualits, ides
L'adjectif associativit dsigne :
En mathmatiques, la proprit (ou la loi) d'une opration ou relation R qui
permet l'quivalence formelle (aRb)Rc = aR(bRc).
Exemple avec l'addition : (3+1)+5 = 3+(1+5)
En psychologie cognitive, la possibilit d'associer des ides en une ide de
synthse.
K187 "Ce qui fonde la possibilit de l'association du divers, en tant que celui-ci
rside dans l'objet, s'appelle l'affinit du divers." (Voir exemple dans Affinit.)
En psychologie
Les ides ou reprsentations s'associent automatiquement, dans la conscience ou
l'inconscient, selon des rgles formules par le philosophe Hume [40] et le
psychologue Freud [41], et confirme par des travaux rcents. Une association
d'objets est favorise :
Soit par la proximit d'une ou plusieurs proprits de leurs reprsentations
(prsence de mots, couleurs, sens psychologiques, etc. qui se ressemblent) ;
Soit par une proximit temporelle, les objets ayant t pris en compte dans un
mme intervalle de temps considr comme un tout (seconde, minute, jour,
saison, vnement comme un match sportif, etc.)
L'association d'objets suit alors une rgle de proximit. Il existe d'autres critres
d'association, dont celui d'intrt : parmi toutes les associations d'objets possibles
un moment donn, l'esprit choisit celle qui prsente le plus d'intrt psychologique,
en tant la plus proche possible du sujet d'attention du moment.
94
Kant : association des reprsentations par imagination productrice
Les reprsentations d'un phnomne ont une proprit d'associativit base sur
l'affinit. Cette proprit est utilise par la fonction suivante.
L'association des reprsentations est possible parce qu'elles respectent toutes des
rgles universelles de liaison complte (associativit) que Kant appelle proprit
d'affinit.
95
Athisme
Selon le dictionnaire [13] :
Doctrine ou attitude fonde sur la ngation d'un Dieu personnel et vivant.
Refus des croyances religieuses, par ccit de l'intelligence relativement
l'existence de Dieu.
Ngation explicite de l'existence de Dieu, avec gnralement instauration d'un
humanisme sans religion.
Attention
Ce substantif a deux significations.
K213 "Je ne vois pas comment on peut trouver tant de difficults dans le fait que le
sens interne soit affect par nous-mmes. Chaque acte d'attention peut nous en
fournir un exemple."
(Chaque acte d'attention quelque chose dclenche la formation d'une
reprsentation R dont le sujet a conscience en l'interprtant ensuite sous forme
de concept empirique. Cette conscience dclenche son tour la conscience de
soi, par laquelle l'entendement forme une reprsentation C de la reprsentation
R, avec un concept de catgorie associ.)
K372 "Si je veux connatre par exprience l'identit numrique d'un objet extrieur,
je vais tre attentif ce qui est permanent dans ce phnomne, et quoi, comme
sujet, tout le reste se rapporte, comme dtermination ; ainsi vais-je remarquer
l'identit de ce sujet dans le temps, o tout le reste change."
96
Complments sur l'attention : Schma d'attention et Perception.
Attribut
Langage courant : proprit, qualit, caractristique de quelque chose.
En mtaphysique : proprit essentielle d'une substance.
Chez Kant (selon [57]) : caractre ncessaire de l'essence d'une chose comme
consquence d'autres caractres. Exemple : dans le concept de triangle, les
trois angles sont des attributs consquences de la donne des trois cts.
Axiologie
Science des valeurs philosophiques, esthtiques ou morales visant expliquer et
classer les valeurs.
Axiologique
Qui concerne ou qui constitue l'axiologie, ou les valeurs en gnral.
L'ordonnance des moyens par rapport aux fins constitue le type mme de la
hirarchie axiologique. Exemple ([13]) :
(Gense 1, 3-5) - Dieu dit : que la lumire soit et la lumire fut. Dieu vit que la
lumire tait bonne et spara la lumire d'avec les tnbres. Dieu appela la
lumire jour et il appela les tnbres nuit... .
Dfinition
Une axiomatique est une organisation formelle et syntaxique (un systme) d'un
ensemble d'noncs en vue de raisonnements dductifs.
Une prsentation axiomatique d'une science permet de savoir, pour tout nonc :
S'il est formellement possible (syntaxiquement correct) ou impossible (incorrect);
Et lorsqu'il est possible, s'il est vrai (juste) ou faux (non juste, crit injuste).
97
D'axiomes ;
De rgles de transformation (rgles d'infrence) permettant la dduction de
thormes (en un nombre fini d'infrences) partir d'axiomes et de thormes
dj tablis ;
D'une smantique, qui conditionne l'interprtation de ce langage (la signification
attribue aux propositions) et assigne leur validit aux thormes ;
D'une mtalogique, qui dtermine pour le systme :
La cohrence (non-contradiction : on ne peut y dduire la fois A et non-A) ;
La compltude (tout thorme est syntaxiquement valide, et rciproquement
toute proposition syntaxiquement valide est un thorme) ;
La dcidabilit du systme (toute proposition est valuable vrai ou faux).
Une proposition syntaxiquement correcte pour laquelle on a prouv
l'impossibilit de trouver une dmonstration de sa vrit ou de sa fausset
en un nombre fini d'tapes est dite indcidable. La prsence d'une seule
proposition indcidable dans une axiomatique rend celle-ci incomplte.
98
(Quels que soient x et y appartenant A, la proposition (x y) y quivaut y,
ce qui est une tautologie)
xA yA (x y) y = y ;
xA yA zA x (y z) = (x y) (x z) ;
xA yA zA x (y z) = (x y) (x z) ;
xA x x = 0 ;
xA x x = 1 ;
xA x 0 = x ;
xA x 1 = x .
Axiome
Dans un texte scientifique, un axiome est un nonc :
Evident ;
Non dmontrable ;
Universel, c'est--dire applicable toutes les significations que l'on peut
raisonnablement attribuer l'nonc. Exemple : l'axiome de logique Rien ne
peut la fois exister et ne pas exister un mme point de vue est universel
parce qu'il s'applique tout objet susceptible d'exister.
Dans une science axiomatique, les thormes se dmontrent partir des axiomes en
utilisant des rgles de dduction. Mais ces dmonstrations sont formelles, elles ne
prjugent pas de la vracit des thormes dmontrs.
Dans un texte philosophique, un axiome est une des propositions de base admise a
priori d'un systme hypothtico-dductif (aussi appel axiomatique).
Axiomes de l'intuition
Source : K239 K242
Voir d'abord la dfinition d'un axiome. Les axiomes de l'intuition font partie des
principes de l'entendement pur appels principes mathmatiques.
99
Tout phnomne est peru passivement sous forme d'une intuition dont la
reprsentation contient des informations d'espace et de temps et seulement sous
cette forme :
K179 "Toute intuition contient en soi un divers qui ne serait pourtant pas
reprsent comme tel si l'esprit ne distinguait pas le temps dans la srie des
impressions qui se succdent : car, en tant que contenue dans un instant
unique, toute reprsentation ne peut jamais tre autre chose qu'une unit
absolue. Or, pour qu' partir de ce divers advienne l'unit de l'intuition (comme
c'est le cas dans la reprsentation de l'espace), il faut tout d'abord que soit
parcourue la diversit, et ensuite que ce divers soit rassembl : acte que
j'appelle la synthse de l'apprhension.
Discussion
Pour crer une ligne droite - et une seule - partir de deux points donns, on
imagine une rgle appuye sur les deux points (on postule l'axiome euclidien qu'il n'y
a qu'une seule position de rgle possible). Puis on considre un un les points de la
ligne trace en s'appuyant sur la rgle et leur synthse progressive : une composition
l'infini produit alors la ligne droite unique passant par les deux points.
On peut donc reprsenter un phnomne extrieur (exemple : une route en ligne
droite) par une ligne droite sur une carte, concept gomtrique : les deux sont des
grandeurs extensives dfinies par synthses successives partir de deux points.
100
Intrt des modles mathmatiques
K241 - "L'intuition empirique n'est possible que par l'intuition pure (de l'espace et du
temps) ; donc, ce que la gomtrie dit de celle-ci vaut aussi, sans contradiction
possible, de celle-l"
Kant explique l que le mcanisme mental de l'intuition passe ncessairement
par les intuitions pures et concepts a priori que sont l'espace et le temps, et leurs
schmes de grandeurs extensives. Puisque la gomtrie offre des outils de
manipulation rationnelle de ces grandeurs, elle s'applique aux phnomnes rels
avec toute la rigueur ncessaire.
Baragouin
Selon le dictionnaire [13] : (Gnralement pjoratif) - Langage difficilement
comprhensible du fait de son incorrection, ou d'un excs de recherche, de
technicit, etc.
[56b] Prface page 25 "Aborder une science nouvelle [la Critique] qui est
compltement part et seule de son espce avec le prjug que les prtendues
connaissances dj acquises permettraient de l'apprcier, alors que ce sont
prcisment celles dont la ralit doit tre mise en doute, cela ne peut conduire
autre chose qu' croire qu'on voit partout du dj connu, raison de quelque
ressemblance littrale ; ceci prs que tout doit se prsenter comme manifestement
dfigur, absurde et baragouin, puisque ce n'est pas sur les penses de l'auteur
qu'on fait fond, mais toujours uniquement sur sa propre faon de penser, dont une
longue habitude a fait une nature."
Base de donnes
Voir dfinition [139].
Batitude suprme
Selon le dictionnaire [13] : Flicit ternelle que gote l'homme jouissant de la vision
de Dieu. La consquence de la perfection, c'est la batitude. Dieu est infiniment
heureux, parce qu'il est infiniment parfait. Ayant donc appel le monde jouir de sa
perfection, il a d l'appeler aussi jouir de sa batitude. (Lacordaire [142])
Bhaviorisme (Behaviourisme)
Doctrine qui assigne la psychologie l'tude du comportement des individus
l'exclusion de l'introspection.
On pensait que le Big Bang avait t suivi, une fraction de seconde aprs, par une
trs courte priode d'expansion explosive des milliards de fois plus rapide, l'inflation,
101
elle-mme suivie par l'expansion actuelle, bien plus lente. Nous savons depuis peu
qu'il n'en est rien : l'inflation a prcd le Big Bang. Dans ce texte et par respect des
habitudes, l'expression Big Bang dsigne toujours le dbut de l'expansion actuelle il y
a 13.8 milliards d'annes, car la vritable naissance de l'Univers, avant l'inflation, n'a
pas de nom particulier et la dure entre cette naissance et le Big Bang est
extrmement courte.
L'expression Big Bang est tellement connue - et la phase d'inflation si peu connue et
si courte - que beaucoup d'auteurs ont l'habitude de considrer le Big Bang comme
le dbut de l'Univers et ne parlent donc que de lui.
Pour avoir une ide de quelques ordres de grandeur de l'Univers physique un trs
court instant aprs le Big Bang au temps de Planck voir [117].
Bijective ou biunivoque
Adjectif (mathmatiques) : se dit d'une correspondance qui d'un lment x d'un
premier ensemble E fait passer un seul lment x' d'un second E', et
rciproquement.
Bonheur
K659 - "Le bonheur est la satisfaction de toutes nos inclinations [dsirs, pulsions,
instincts] (aussi bien extensive, l'gard de leur varit, qu'intensive, quant leur
degr, et mme protensive, du point de vue de leur dure)."
Reste que la moralit et, avec elle, le simple fait d'tre digne du bonheur ne
constituent pas encore non plus eux seuls, et de loin, le bien complet. Pour faire
102
accder celui-ci la compltude, celui qui s'est conduit de faon ne pas tre
indigne du bonheur doit pouvoir esprer y avoir part."
(Fin de citation)
Voir aussi Par nature, les tres raisonnables ont pour fin le bonheur.
a
Voir a.
Canon
Rgle directrice d'une discipline intellectuelle. Exemple : canons de l'architecture.
[Exemples]
Ainsi la logique gnrale constitue-t-elle, dans sa partie analytique, un canon
pour l'entendement et pour la raison en gnral, mais uniquement quant la
forme, puisqu'elle fait abstraction de tout contenu.
Ainsi l'Analytique transcendantale tait-elle le canon de l'entendement pur ; car
celui-ci seul est capable de vritables connaissances synthtiques a priori.
Mais l o aucun usage lgitime d'une facult de connatre n'est possible, il n'y a pas
de canon.
Donc, il n'y a nul canon de l'usage spculatif de la raison [], mais toute logique
transcendantale n'est cet gard rien d'autre qu'une discipline.
103
Par consquent, s'il y a quelque part un usage lgitime de la raison pure, auquel cas
il y en a aussi, ncessairement, un canon, celui-ci ne concernera pas l'usage
spculatif, mais l'usage pratique de la raison"
(Fin de citation)
Citations
K151 - Dans la mesure o la logique ne devrait tre qu'un canon pour apprcier
l'usage empirique [de l'entendement], on en fait usage abusif si on en fait l'organon
d'un usage universel et sans limites, et si l'on s'aventure, avec le seul entendement
pur, juger, affirmer ou dcider synthtiquement sur des objets en gnral.
Voir aussi
Organon ;
Raison, fins et lois pour parvenir au bonheur.
(Citation de K653)
"La raison est pousse par une propension de sa nature aller au-del de son usage
empirique, s'aventurer, en un usage pur et par l'intermdiaire de simples Ides,
jusqu'aux plus extrmes limites de toute connaissance, et ne trouver de repos que
si elle a achev de parcourir sa sphre, sous la forme d'un tout systmatique
possdant par lui-mme sa consistance.
[L'explication psychologique de cette propension est :
D'abord l'inquitude instinctive de l'homme face quelque chose d'inconnu
ou d'incompris, qui pourrait receler une menace ;
Ensuite la peur de manquer une opportunit de plaisir ou de progrs.]
104
Or cette tendance est-elle fonde simplement sur son intrt spculatif, ou ne l'est-
elle pas plutt, uniquement, sur son intrt pratique ?"
(Fin de citation)
105
[L'existence de Dieu ne peut expliquer la ralit ou son volution]
Quand bien mme, troisimement, l'existence d'une suprme intelligence serait
prouve, nous rendrions certes ainsi comprhensible ce qu'il y a de finalis dans
l'amnagement et dans l'ordre du monde en gnral, mais nous ne serions
aucunement autoriss en driver une quelconque disposition et un quelconque
ordre particuliers, ni non plus, l o nous ne les percevons pas, avoir l'audace
de conclure leur prsence : c'est en effet une rgle ncessaire de l'usage
spculatif de la raison que de ne pas laisser de ct les causes naturelles et de
ne pas renoncer ce que peut nous enseigner l'exprience, pour driver
quelque chose que nous connaissons de ce qui dpasse entirement toute notre
connaissance.
La raison ne peut fournir comme moyens que des lois pragmatiques de libert
106
laquelle ne peut fournir cette destination que des lois pragmatiques de la libre
conduite, en vue d'atteindre les fins qui nous sont recommandes par les sens,
Ces lois doivent convenir aux fins recommandes par nos sens, et non pas tre a
priori
et non pas, par consquent, des lois pures, dtermines compltement a priori.
Seules des lois pratiques a priori de la raison pure, dfinissant des fins absolues,
autorisent un canon
En revanche, des lois pratiques pures, dont la fin qu'elles noncent serait donne
compltement a priori par la raison, et qui ne commanderaient pas de manire
empiriquement conditionne, mais absolument, seraient des produits de la raison
pure. Or de ce type sont les lois morales ; par consquent, elles seules relvent de
l'usage pratique de la raison pure et autorisent un canon."
(Fin de citation)
Ces trois objets de la philosophie pure servent savoir dterminer ce qu'il faut faire
K655 "Tout l'appareillage que met en place la raison dans le travail qu'on peut
appeler philosophie pure n'est donc en fait dirig que vers les trois problmes
mentionns. Mais ceux-ci rpondent eux-mmes, leur tour, un objectif plus
loign, savoir dterminer ce qu'il faut faire si la volont est libre, s'il existe un Dieu
et un monde futur. Or, dans la mesure o il s'agit ici de notre conduite relativement
la fin suprme, l'intention ultime de la nature, dans le sage souci qu'elle a de notre
sort en disposant notre raison, n'est oriente que vers la dimension morale."
[La force de la foi tlologique de Kant apparat dans l'intention ultime de la
nature , son sage souci de notre sort et son orientation morale .]
Le sens de la vie
(Citation de K658, la suite de la prcdente)
"Tout intrt de ma raison (aussi bien spculatif que pratique) se rassemble dans les
trois questions suivantes :
107
1. Que puis-je savoir ? [Si j'ai bien compris la Critique de la raison pure]
2. Que dois-je faire ? [Quel est mon devoir moral vis--vis d'autrui et de la socit ?]
3. Que m'est-il permis d'esprer ? [Si je fais mon devoir ?]
La premire question est simplement spculative. [Voir Les trois objets du but final
de la spculation dans l'usage transcendantal de la raison]
La deuxime question est simplement pratique. Elle peut, comme telle, appartenir
certes la raison pure ; elle n'est cependant pas pour autant transcendantale, mais
morale : par consquent, elle ne peut en elle-mme proccuper notre critique.
La troisime question, savoir : si je fais ce que je dois, que m'est-il alors permis
d'esprer ? est pratique et thorique en mme temps, en telle faon que le pratique
ne conduit que comme un fil conducteur la solution de la question thorique et,
quand celle-ci s'lve, celle de la question spculative.
Car tout espoir vise le bonheur, et il est, relativement au pratique et la loi
morale, ce que le savoir et la loi de la nature sont par rapport la connaissance
thorique des choses.
L'espoir aboutit en dfinitive la conclusion que quelque chose est (qui
dtermine la dernire fin possible), parce que quelque chose doit arriver ;
[L'espoir naturel de l'homme lui fait croire en un rsultat final (ou une vie future)
conformes la loi juste qui prdit le bonheur ceux qui le mritent.]
et le savoir, [aboutit] cette conclusion que quelque chose est (qui agit comme
cause suprme), parce que quelque chose arrive."
[D'aprs le principe de causalit, pour un croyant toute situation ayant une
cause, le prsent a une cause suprme, initiale. Mais pour qu'il y ait une cause
suprme (donc absolument ncessaire) il faut renier les lois dterministes de la
nature pour admettre une cause transcendante.]
(Fin de citation)
[Loi pragmatique : ce qu'il faut faire pour satisfaire mes dsirs physiologiques]
La loi pratique qui prend pour mobile le bonheur, je l'appelle pragmatique (rgle de
prudence) ;
[Cette premire loi] indique ce qu'il nous faut faire si nous voulons prendre part
au bonheur ;
[Cette loi] se fonde sur des principes empiriques ; car je n'ai pas d'autre moyen
que l'exprience ni de savoir quelles sont les inclinations qui veulent tre
satisfaites, ni quelles sont les causes naturelles qui peuvent produire leur
satisfaction.
108
[Loi morale : ce qu'il faut faire pour tre digne du bonheur]
en revanche, [la loi] qui, dans la mesure o il en est une, ne prend pour mobile que le
fait d'tre digne du bonheur, je l'appelle morale (loi morale).
[Cette seconde loi] commande comment nous devons nous conduire pour
simplement devenir dignes du bonheur.
[Cette loi] fait abstraction des inclinations et des moyens naturels de les
satisfaire, et considre uniquement la libert d'un tre raisonnable en gnral,
ainsi que les conditions ncessaires sous lesquelles seulement elle s'accorde,
selon des principes, avec la distribution du bonheur, et en ce sens elle peut du
moins reposer sur de simples Ides de la raison pure et tre connue a priori."
(Fin de citation)
j'admets aussi que ces lois commandent de manire absolue (et non pas simplement
de faon hypothtique, sous la supposition d'autres lois empiriques) et donc qu'elles
sont ncessaires tous gards.
Proposition que je peux supposer juste titre, non seulement en me rclamant des
preuves des moralistes les plus clairs, mais aussi du jugement moral de tout
homme ds lors qu'il veut se reprsenter clairement une loi de ce type."
(Fin de citation)
109
aussi penser comme ncessaire, puisque la libert, en partie mue, en partie
restreinte, par des lois morales, serait elle-mme la cause du bonheur universel, et
que les tres raisonnables seraient donc eux-mmes, sous la direction de tels
principes, les auteurs de leur propre flicit constante, en mme temps que de celle
des autres."
(Fin de citation)
La loi morale est absolue, mais elle ne rcompense la conduite morale que si son
fondement est une suprme raison
(Citation de K661)
[La loi morale de chacun s'impose mme si d'autres ne la respectent pas]
Mais, dans la mesure o l'obligation rsultant de la loi morale continue de valoir pour
tout usage particulier de la libert quand bien mme d'autres ne se conduiraient pas
conformment cette loi,
[Le lien entre comportement et espoir de bonheur ne s'explique qu'avec une Foi]
au contraire n'est-il permis d'esprer un tel lien que si une suprme raison qui
commande selon des lois morales se trouve en mme temps, comme cause de la
nature, prise pour fondement."
[C'est--dire si on postule l'existence d'un Crateur qui a cr le monde selon
des lois morales, comme expliqu dans Monde moral.]
(Fin de citation)
[Le souverain Bien, lien originaire indispensable entre Loi Pragmatique et Loi Morale]
Donc la raison pure ne peut trouver que dans l'idal du souverain Bien originaire le
fondement du lien pratiquement ncessaire entre les deux lments du souverain
110
bien driv [la Loi Pragmatique et la Loi morale] qui correspond un monde
intelligible, autrement dit moral.
[Nous devons postuler le monde moral car nous appartenons au monde sensible]
Or, puisque nous devons ncessairement nous reprsenter nous-mmes par la
raison comme appartenant un tel monde, bien que les sens ne nous prsentent
rien d'autre qu'un monde de phnomnes, force nous sera aussi d'admettre ce
monde intelligible comme une consquence de notre conduite dans le monde
sensible
(Citation de K662)
[Maximes pratiques : des principes subjectifs des actions]
"Des lois pratiques, en tant qu'elles sont en mme temps des raisons subjectives
fondant les actions, c'est--dire des principes subjectifs, s'appellent des maximes.
L'apprciation de la moralit, dans sa puret et ses consquences, s'opre d'aprs
des Ides ; l'obissance ses lois, d'aprs des maximes.
[Pour agir un homme a besoin d'un espoir correspondant ses fins suprmes]
II est ncessaire que toute la conduite de notre vie soit subordonne des maximes
morales ; mais il est en mme temps impossible que cela se produise si la raison ne
relie pas la loi morale, qui est une simple Ide, une cause efficiente qui dtermine
pour notre conduite d'aprs cette loi une issue, que ce soit dans cette vie ou dans
une autre, correspondant exactement nos fins suprmes.
111
Or cela n'est possible que dans le monde intelligible, tel qu'il est soumis la sagesse
de celui qui en est l'auteur et qui le gouverne. La raison se voit donc contrainte
d'admettre un tel auteur, en mme temps que la vie dans un monde qu'il nous faut
considrer comme un monde futur, sauf considrer les lois morales comme de
vaines chimres, puisque ce qui rsulte ncessairement de ces lois, et que la mme
raison y relie, ne pourrait que disparatre sans cette prsupposition.
De l vient aussi que chacun considre les lois morales comme des
commandements, ce qu'elles ne pourraient tre en revanche si elles ne reliaient a
priori aux rgles qu'elles noncent des consquences proportionnes et donc si elles
ne vhiculaient avec elles des promesses et des menaces.
Ce que toutefois elles ne pourraient faire non plus si elles ne se trouvaient dans un
tre ncessaire constituant le souverain bien, lequel seul peut rendre possible une
telle unit finalise."
(Fin de citation)
Voir ici :
Bonheur ;
Jugement de Kant sur sa thologie morale : c'est la seule possible ;
L'unit systmatique des fins runit la raison pratique et la raison spculative.
112
vrifier si celui-ci est accept par la raison d'autres que lui-mme. Voici ce que Alain
Renaut, le traducteur de notre version de la Critique [24], crit ce sujet :
Voir :
Vrit d'une connaissance, d'une proposition ;
La solution scientifique pour trouver la vrit empirique : le Rationalisme critique.
Remarque
K667 "La persuasion ne peut donc en vrit tre distingue subjectivement de la
conviction, si le sujet considre la crance simplement comme un phnomne de
son esprit propre ;"
Voir ici :
Les dfinitions relatives Crance ;
Toute opinion doit tre fonde, que le jugement procde de la raison pure, de
l'usage transcendantal de la raison ou de son usage pratique ;
Croyance.
113
On ne peut dmontrer par un raisonnement de logique pure que Dieu n'existe pas
K673 "La certitude qu'il ne se trouve aucun Dieu ni aucune vie future [exige],
puisque ces deux points ne devraient tre prouvs que par la simple raison, par
consquent de manire apodictique, [qu'on puisse] dmontrer l'impossibilit de l'un
et de l'autre - ce qu'assurment nul homme raisonnable ne peut entreprendre."
Sur l'inexistence d'une preuve de l'existence de Dieu par la raison pure, voir :
Sur le principe d'une preuve logique de l'existence d'un tre absolument
ncessaire
Sur l'inexistence d'une vie future (c'est--dire sur l'immortalit de l'me), voir :
Conclusion sur la permanence de l'me.
Captieux
Selon [13] : qui tend tromper, qui sduit par de belles, de fausses apparences.
Exemples : argument, raisonnements captieux ; questions captieuses.
Caractre
(Citation de K499)
"Toute cause efficiente doit ncessairement possder un caractre, c'est--dire une
loi de sa causalit sans laquelle elle ne serait absolument pas une cause. Et ainsi
aurions-nous, relativement un sujet du monde sensible,
premirement un caractre empirique, par lequel ses actions [les consquences
de la cause], en tant que phnomnes,
se trouveraient de part en part enchanes selon des lois constantes de la
nature avec d'autres phnomnes, [voir article Dterminisme]
pourraient en tre dduites comme de leurs conditions
et constitueraient donc, en liaison avec ces phnomnes, des membres
d'une unique srie constitutive de l'ordre de la nature ;
deuximement, il faudrait en outre accorder ce sujet [la cause efficiente] un
caractre intelligible par lequel il soit certes la cause de ses actions considres
comme phnomnes, mais qui lui-mme ne se trouve soumis aucune des
conditions de la sensibilit et ne soit pas mme un phnomne.
On pourrait aussi nommer :
le premier [le caractre empirique] le caractre de cette chose dans le
phnomne ,
et le second [le caractre intelligible] le caractre de la chose en soi ."
(Fin de citation)
Cardinale
114
Chez Kant
K621 "Je ne partage certes pas l'opinion si souvent exprime par des hommes
remarquables et rflchis [] qui sentaient la faiblesse des preuves [d'existence de
Dieu] utilises jusqu'alors - savoir que l'on pourrait esprer encore trouver un jour
des dmonstrations videntes de ces deux propositions cardinales de la raison pure :
il y a un Dieu, il y a une vie future. Bien davantage suis-je certain que cela n'arrivera
jamais."
Kant considre comme cardinales d'un point de vue pratique la libert de la volont,
l'immortalit de l'me et l'existence de Dieu :
K655 "Si donc ces trois propositions cardinales ne nous sont nullement
ncessaires pour le savoir, et si pourtant elles nous sont recommandes avec
insistance par notre raison, leur importance ne pourra concerner proprement que
la dimension pratique."
Cartsianisme Cartsien
Le cartsianisme est la philosophie de Descartes [20] prise dans son ensemble
ou dans ses options fondamentales.
L'adjectif cartsien qualifie une doctrine ou un courant de pense qui a pour
auteur ou origine Descartes ou qui partage ses ides. En parlant d'une
personne, cartsien qualifie une manire de penser ou de raisonner qui prsente
les caractres rationnels, rigoureux et mthodiques propres la dmarche
intellectuelle et spirituelle de Descartes.
K162-K163 Les catgories sont les prdicats les plus gnraux qui peuvent tre
affirms dans des jugements, quelle que soit leur nature. La table des catgories
115
couvre toutes les fonctions logiques de l'entendement et des raisonnements
discursifs.
Mise en uvre des fonctions logiques de l'entendement qui gnrent des catgories
Exemple de jugement et analyse par titres et moments
116
identifie automatiquement et rapidement les phnomnes par leurs rapports
au temps et l'espace, puis comparaison aux catgories ;
value les jugements des phnomnes ainsi identifis aux sens relation et
modalit (voir catgories de jugements 3. et 4. ci-dessous).
Si ncessaire aprs l'entendement, le sujet fait appel sa raison pour
approfondir et valuer les connaissances rsultantes.
Voir aussi :
Possibilit de l'exprience (principes a priori).
Conditions de possibilit et de vraisemblance d'une connaissance.
Schme transcendantal.
Les catgories de l'entendement ne peuvent connatre ce qui ne relve pas de
l'intuition et de ses phnomnes (Exemple : une chose en soi). On ne peut donc
pas dcrire au moyen des catgories de Kant des objets abstraits comme une
organisation d'entreprise ou une dmonstration mathmatique : la connaissance
de tels objets relve de la comprhension, non de l'entendement :
K364 "Les catgories pures ([dont] celle de substance) n'ont en elles-
mmes absolument aucune signification objective, [si] on ne leur subsume
pas une intuition au divers de laquelle elles puissent tre appliques comme
fonctions de l'unit synthtique ; sans quoi elles ne sont que des fonctions
d'un jugement dpourvu de contenu."
Un concept pur de l'entendement n'a de sens que comme proprit d'un
phnomne.
K327 "Les catgories sont les seuls concepts qui se rapportent des objets en
gnral." (Elles se rapportent tout objet de l'exprience, quelle qu'elle soit.)
K700, note 61 : la Table des catgories est aussi une histoire des sciences.
Comme la seule raison d'tre d'une catgorie est de prciser la forme d'un
phnomne, et qu'il n'y a pas d'autre moyen de fournir cette prcision-l, elle doit
tre considre comme une notion originaire, que chacun comprend sans autre
explication.
117
Table des 12 catgories de l'entendement pur de Kant
A l'vidence, connatre compltement un objet physique ou un phnomne c'est
pouvoir le dcrire la fois lui-mme et dans ses relations avec le reste du monde
matriel ; cette description utilise des jugements.
Les 2 classes de jugements dits mathmatiques dcrivent l'objet lui-mme au
moyen des notions de quantit et de qualit ; elles se dduisent ncessairement
des fonctions logiques quantit et qualit correspondantes.
Les 2 classes de jugements qualifis de dynamiques dcrivent les jugements sur
l'objet : objectifs (jugements de relation) ou subjectifs (jugements de modalit) ;
elles aussi se dduisent ncessairement des fonctions logiques relation et
modalit correspondantes.
1.
De la quantit
Unit
Pluralit
Totalit
2. 3.
De la qualit De la relation
Ralit Inhrence et subsistance
Ngation (substantia et accidens)
Limitation Causalit et dpendance
(cause et effet)
Communaut
(action rciproque entre
l'agent et le patient)
4.
De la modalit
Possibilit Impossibilit
Existence Non-existence
Ncessit - Contingence
Voir aussi :
Table transcendantale des concepts de l'entendement ;
Du systme des catgories.
118
Voir Exemple de jugement et analyse par titres et moments.
Quantit Catgorie de
Exemples de jugements
(fonction logique) l'entendement
Tous les ours ont une queue Universel Unit
Certains ours sont bruns Particulier Pluralit
C'est un ours Singulier Totalit
Jugements de quantit
Qualit Catgorie de
Exemples de jugements
(fonction logique) l'entendement
Cet ours est brun Affirmatif Ralit
Cet ours n'est pas brun Ngatif Ngation
Cet ours est d'une couleur Tout (ou
Limitation
autre que brun tous) / sauf
Jugements de qualit
119
L'inhrence et la subsistance rendent possible un jugement catgorique ;
K399 Une chose est reprsente en elle-mme par la catgorie de
substance.
La causalit et la dpendance rendent possible un jugement hypothtique ;
La communaut et la rciprocit rendent possible un jugement disjonctif
(un et un seul) ou d'action rciproque (action et raction d'une force).
Les catgories de relation dcrivent l'origine (la cause) du jugement : certitude
(catgorique), cause externe (hypothtique) ou cause interne (disjonctif).
Relation
Catgorie de
Exemples de jugements (fonction
l'entendement
logique)
Cet ours dort Catgorique Inhrence / Subsistance
Cet ours dort car il est fatigu Hypothtique Causalit / Dpendance
Cet ours est endormi ou veill Disjonctif Communaut / Rciprocit
Jugements de relation
Modalit Catgorie de
Exemples de jugements
(fonction logique) l'entendement
Possibilit /
Cet ours peut tre dangereux Problmatique
Impossibilit
Existence /
Cet ours est dangereux Assertorique
Non-existence
Ncessit /
Cet ours est forcment dangereux Apodictique
Contingence
Jugements de modalit
120
Remarque sur la compltude de la table des catgories
K166 Dans chaque classe de 3 catgories, "la troisime procde toujours de la
liaison de la deuxime avec la premire."
Voir Compltude des classes de catgories.
Voir aussi :
Schmes de la sensibilit et catgories ;
Schmes des concepts purs de l'entendement.
Catgorique
Adjectif qualifiant un jugement.
Langage usuel : qui est conforme la rigueur ou la discipline ; premptoire ;
n'admettant ni l'incertitude ni la contradiction.
Opposs : hypothtique, modal.
Philosophie : qui est relatif un ensemble de catgories.
Chez Kant : en plus de la signification usuelle
(K157 : un jugement catgorique est un jugement affirm sans nuance, ce
qui n'est possible qu' cause d'une inhrence du prdicat au sujet ou de sa
subsistance Exemple de proposition catgorique : A est B ),
Kant a dfini un Impratif catgorique.
Catgorisation
Substantif : reprage de ce qui est identique malgr les diffrences.
Catharticon
Substantif : synonyme de remde.
K145 - [La logique applique] "n'est ni un canon de l'entendement en gnral ni un
organon de sciences particulires, mais simplement un catharticon [remde] de
l'entendement commun."
Cause et causalit
Voir d'abord Les 4 causes d'Aristote.
Cause
Dfinition : la cause est ce qui produit un effet, une consquence.
121
Causalit
Dfinition courante : une causalit est une relation de cause effet, c'est--dire
entre une cause et sa consquence.
Dfinition philosophique : la causalit est une rgle transcendantale permettant
une synthse entre deux reprsentations de phnomne, la cause et l'effet ;
cette synthse de l'entendement cre une catgorie de connexion causale.
Voir aussi :
Le postulat de causalit ;
Quelle est la cause d'un phnomne ? ;
Causalit globale.
Postulat de causalit
Le postulat de causalit est une condition ncessaire et suffisante :
Condition ncessaire : toute situation (et toute volution) a ncessairement une
cause qui l'a prcde et dont elle rsulte ;
donc rien ne peut exister sans avoir t cr auparavant.
Condition suffisante : il suffit que la cause existe pour que la consquence ait
lieu immdiatement (c'est une certitude).
Exemple : je tiens une pierre dans ma main ;
Pour qu'elle tombe je dois la lcher, condition ncessaire ;
Si je la lche elle tombe, condition suffisante.
Un postulat cr pour comprendre et prvoir
Dans certains cas favorables, le postulat de causalit rpond aux besoins de la
pense rationnelle de comprendre et de prvoir :
La condition ncessaire permet d'expliquer au moins en partie une
constatation (volution ou situation), en remontant le temps jusqu' sa
cause ;
La condition suffisante permet de prvoir une consquence, en suivant le
temps vers l'avenir depuis sa cause : l'volution est dclenche coup sr.
122
Pour Kant comme pour la science actuelle, la condition suffisante de
dclenchement est une loi de la nature.
Voir aussi :
Caractre ;
Quelle est la cause d'un phnomne ?
Progression l'infini ou progression illimite : dfinitions
Rgression - Rgression empirique - Rgression l'infini
Causalit globale.
123
Validit du principe de causalit Impossibilit d'une preuve de l'existence de Dieu
Le principe de causalit n'a de validit que dans le champ de l'exprience ;
il n'est pas valable dans le champ spculatif, o il n'a mme pas de signification :
(Citation de K556
"Je soutiens ds lors que toutes les tentatives d'un usage purement spculatif de
la raison en rapport la thologie sont entirement striles, et que, du fait de
leur nature intrinsque, ils sont nuls et non avenus, mais que les principes de
son usage naturel ne conduisent rigoureusement aucune thologie ;
que, par voie de consquence, si l'on ne prend pas pour fondement ou n'utilise
pas comme fil conducteur les lois morales, il ne saurait y avoir aucune thologie
de la raison. Car tous les principes synthtiques de l'entendement sont d'usage
immanent, alors que, pour la connaissance d'un tre suprme, se trouve requis
un usage transcendant de ces principes quoi notre entendement n'est
nullement prpar.
Complments :
Existence de Dieu ;
Rsum de la dmonstration de Hume concernant la mtaphysique et la
causalit ;
Validit du principe de causalit Impossibilit d'une preuve de l'existence de
Dieu ;
La possibilit et l'impossibilit d'un Dieu transcendantal sont indmontrables.
124
Car, dans la mesure o il ne pourrait en tout cas le dmontrer que par l'intermdiaire
de la raison pure, il faudrait qu'il entreprt de prouver qu'un tre suprme est
impossible, ou qu'est impossible le sujet pensant en nous, comme pure intelligence.
Mais o va-t-il aller chercher les connaissances qui l'autoriseraient prononcer ainsi
des jugements synthtiques propos de choses dpassant toute exprience
possible ?
[Voir Jugements synthtiques par concepts de la raison pure.]
Nous n'avons donc aucun souci nous faire cet gard : personne ne prouvera
jamais le contraire"
[On peut dmontrer l'impossibilit d'existence d'un Dieu crateur de l'Univers
partir de son caractre ncessairement transcendant : pour crer l'Univers il
devait tre extrieur et exister avant. Mais ces deux conditions sont impossibles
remplir si on admet le postulat de causalit et les lois de la nature qui
l'accompagnent, c'est--dire le dterminisme : voir Existence de Dieu.
Or ces conditions sont celles de l'exprience, pas celles de la raison pure
indispensable pour la dtermination d'un tre absolument ncessaire.
Remarque
Beaucoup de gens pensent que Kant ayant prouv qu'on ne pouvait dmontrer
qu'un Dieu crateur n'existe pas, ils pouvaient croire en son existence sans
crainte d'tre dmentis . En fait, pour croire en ce Dieu-l il faut refuser le
dterminisme sous prtexte que ce n'est qu'un postulat, malgr les preuves
concrtes quotidiennes de sa validit. Kant lui-mme refuse de s'opposer ainsi
aux lois de la nature et propose de croire en un Dieu transcendantal : voir
Dialectique naturelle de la raison humaine : but ultime.]
(Fin de citation)
Causalit tendue
Certains philosophes comme Aristote [43] appellent la causalit ci-dessus cause
efficace ou cause efficiente ; Schopenhauer [29] l'appelle Principe de raison
suffisante du devenir. Mais parce qu'elle dfinit la consquence d'une situation-cause
comme une volution vers toutes les situations permises par le domaine d'application
de la loi (au lieu d'une seule situation-consquence) nous l'appellerons causalit
tendue.
Voir Dfinition du postulat de causalit tendue, prenant en compte les apparitions.
125
Causalit et dterminisme
Le principe de causalit est conforme au principe du dterminisme, qui suppose la
stabilit des lois de la nature en plus de la causalit.
Voir aussi Causalit globale.
Contraintes d'action d'une cause efficiente : rester dans les limites de l'Univers
L'action d'une cause efficiente est rgie par les lois de la physique. Elle se droule et
s'achve dans l'espace de l'Univers et le temps de l'Univers, aucun franchissement
des frontires de l'espace-temps (transcendance) n'tant possible car il contient par
dfinition tout ce qui existe, a exist et existera.
C'est parce que ce principe est utilis si spontanment qu'on fait parfois l'erreur de
considrer la (loi de) causalit comme un principe de la raison en gnral (voir Ides
de la raison pure (usage rgulateur des) ).
Or il n'y a de causalit que pour les phnomnes (cause efficace, appele aussi
efficiente ou suffisante), les causes matrielle, finale et formelle n'tant pas soumises
une loi naturelle.
126
K285 Toute situation (tat d'un systme) rsulte ncessairement d'un
phnomne (cause physique, perceptible) suivant les lois de causalit de la
nature. Le seul critre de ncessit est la possibilit d'une exprience.
K285 "Tout ce qui arrive est dtermin a priori, phnomnalement, par sa
cause." C'est une affirmation sans exception du dterminisme des volutions
physiques et un rejet du hasard.
Dcrit en dtail dans [12], le hasard auquel certains croient est le plus
souvent un effet de leur ignorance, de la complexit d'une situation ou du
caractre non calculable d'une loi d'volution : Kant a raison de dire que le
hasard n'existe pas dans les lois physiques de la nature. Mme les lois
d'volution de la Mcanique quantique (notamment l'quation fondamentale
d'volution de Schrdinger [64]) sont parfaitement dterministes, malgr
l'interprtation probabiliste des superpositions d'tats.
Rgression jusqu' la cause premire
En remontant d'une situation sa cause, puis la cause de cette cause, etc.
l'infini, si on arrive une cause premire sans cause (exemple : Dieu) on
contredit le principe de causalit. Mais de tout temps des philosophes et des
croyants ont admis cette autre drogation que constitue la cause premire.
Ce problme est discut dans :
Commencement du monde ;
Ides transcendantales : 3me conflit ;
L'ouvrage [12].
Rgle de stabilit du dterminisme
La relation (loi) de cause effet est stable par rapport au temps, l'espace et
aux circonstances : une mme cause (mme situation) produit, a produit et
produira le mme effet partout et toujours.
Dtails :
2 Libert d'chapper aux lois de la nature, hasard et prdictibilit.
Chane de causalit Chane de consquences ;
Ides transcendantales : 4me conflit.
Voir aussi :
Causalit (loi dynamique) ;
Cause - Pertinence des notions de causalit et de conceptualisation ;
Causalit rversible ou non-rversible.
Catgorie de l'entendement
La causalit est aussi une catgorie de jugement de relation (voir Table des 12
catgories de l'entendement).
127
Loi dynamique de la causalit : la cause entrane ncessairement l'effet
(Citation de K286)
"La ncessit ne concerne [] que les rapports entre les phnomnes, d'aprs la loi
dynamique de la causalit. [Cette loi permet] de conclure a priori, partir d'une
quelconque existence donne ( partir d'une cause) une autre existence ( l'effet)."
[Principe de fatalisme]
"Tout ce qui arrive est hypothtiquement ncessaire [devait arriver] : c'est l un
principe fondamental qui soumet dans le monde le changement une loi, c'est--dire
une rgle s'appliquant l'existence ncessaire, sans laquelle rgle il n'y aurait pas
mme de nature.
[Soit S une situation (phnomne constat) d'un objet prcde d'une situation
P, qui en est la cause d'aprs une loi de la nature. S et P ont ncessairement la
mme situation de contingence : toutes deux contingentes ou toutes deux non-
contingentes. Donc puisque la situation S est un phnomne donn, constat, la
situation P dont elle rsulte est elle-mme certaine et a ncessairement entran
S. Donc S devait arriver.]
Par consquent, le principe : rien n'arrive par un hasard aveugle est une loi a
priori de la nature ; de mme : aucune ncessit intervenant dans la nature n'est une
ncessit aveugle, mais c'est toujours une ncessit conditionne, par consquent
intelligible".
(Fin de citation)
Il n'y a donc pas de phnomne sans cause ou d'objet qui existe sans avoir t cr.
Voir aussi :
Cause et causalit ;
Cause - Pertinence des notions de causalit et de conceptualisation ;
Dterminisme ;
Succession chronologique suivant la loi de causalit (principe) ;
Existence d'une suite de phnomnes dans le temps : srie chronologique ;
Cause premire (commencement chronologique du monde) ;
Ncessit de postuler le dterminisme pour rendre possible la reprsentation
d'objets.
128
La cause finale est le but (la fin) d'une action, lorsque celle-ci a un auteur
pensant susceptible d'avoir un but ; pour l'auteur on pense souvent Dieu ;
La cause matrielle est la substance ou le matriau ncessaire l'action ou la
ralisation d'un objet ;
La cause formelle est l'Ide, le plan ou le cahier des charges ncessaire la
dfinition intgrale d'un objet, pour sa construction comme pour son volution et
son interaction avec son environnement ; c'est aussi la prmisse dont se dduit
une conclusion.
Causalit tendue
Voir :
Dfinition ;
Dfinition du postulat de causalit tendu, prenant en compte les apparitions.
Dfinition
La libert au sens causal s'oppose au dterminisme. C'est le pouvoir d'agir sans
autre cause que l'existence de ce pouvoir lui-mme, c'est--dire sans aucune raison
relative l'acte accompli.
Pouvoir d'un homme d'agir sans se proccuper de l'aspect moral de l'acte ;
Pouvoir d'chapper aux lois de la nature : dclenchement spontan, effet au
hasard : voir Libert au sens cosmologique.
Kant postule le dterminisme absolu de la nature, excluant donc le hasard.
Voir Les deux causes de l'action des tres raisonnables : loi naturelle et libert.
Causalit (postulat)
Voir Le postulat de causalit.
Causalit globale
129
Causalit globale
Mais l'homme a aussi dfini une causalit naturelle de bout en bout, rgissant
l'volution d'un systme depuis un point origine A jusqu' un point destination B,
c'est--dire une loi globale dfinie par une fonction mathmatique.
D'un point de vue philosophique, toute se passe comme si, entre A et B, la nature
choisissait pour ses rayons lumineux les trajectoires demandant le minimum de
temps. C'est l une causalit globale, fondamentalement distincte de la causalit de
proche en proche habituelle.
sin i1 n2
sin i2 n1
C'est l un exemple du fait que c'est l'homme qui introduit l'ordre et la rgularit dans
les lois de la nature ; pour un mme phnomne il peut formuler des lois
d'expression diffrente, dans la mesure o elles donnent exactement le mme
rsultat.
t2
AC L(q1 , q2 , q3 ; q1, q2 , q3 ; t )dt
t1
o :
q1, q2, q3 sont les coordonnes gnralises du point, fonctions du temps t ;
q'1, q'2, q'3 sont les vitesses gnralises du point, drives de q1, q2, q3 par
rapport au temps t ;
L(q1, q2, q3 ; q'1, q'2, q'3 ; t) est le lagrangien du point matriel, diffrence fonction
du temps entre son nergie cintique et son nergie potentielle.
130
Le Principe de moindre action (qui est en fait un thorme dmontrable) affirme
que parmi toutes les trajectoires possibles d'un point matriel entre deux points A et
B, celle qui est choisie par la nature est celle qui minimise l'action.
On dmontre que ce principe quivaut aux lois du mouvement de Newton [46]
[97], dont il remplace la dtermination du mouvement de proche en proche par une
approche globale.
Exemple 3 : quasi-cristaux
Dernier exemple de dterminisme global (ou plus exactement grande
distance ) : la structure atomique des quasi-cristaux, dont la dcouverte par Daniel
Schechtman a t rcompense par le Prix Nobel de chimie 2011. Dans un cristal
normal la construction (cristallisation) se fait par ajout d'atomes un par un, des
emplacements compatibles avec les atomes voisins, pour respecter des motifs
simples comme les symtries de rotation d'ordre 2, 3, 4 ou 6, les seules permises par
la thorie traditionnelle. Dans un quasi-cristal (forme de matire dcouverte
fortuitement en 1984 et dont on connat aujourd'hui plus de 100 varits) la structure
des atomes est dterministe (non alatoire), fortement ordonne grande distance
(et non pas par rapport aux seuls atomes voisins) et avec des symtries de rotation
interdites par la thorie des cristaux normaux. On trouve ainsi, par exemple, des
symtries de rotation en icosadre, solide rgulier dont les 20 faces sont des
triangles quilatraux !
131
Tout se passe dans la construction d'un quasi-cristal comme s'il existait des
phnomnes de Mcanique quantique grande distance caractristiques d'un
nouvel tat de la matire. Nous n'entrerons pas dans le dtail du phnomne
complexe et insuffisamment connu des quasi-cristaux, car ce qui nous intresse du
point de vue dterminisme apparat suffisamment dans ce qui prcde : il existe des
phnomnes dont le dterminisme est global et prend en compte des lments
beaucoup plus nombreux ou plus loigns que ceux auxquels on s'attend d'aprs le
dterminisme classique local. En outre, la Mcanique quantique s'applique aussi
des phnomnes une chelle bien plus grande que l'chelle atomique.
Conclusion
La causalit de proche en proche, la seule considre par Kant pour les 3 sortes de
causalit, n'est pas la seule possible. Il est parfois plus pratique de considrer une
causalit globale, associe une fonction dont on peut dterminer la valeur en un
point (de l'espace ou du temps) ou les limites ventuelles vers le pass ou l'avenir.
Compte tenu de leurs dates de publication, Kant aurait pu connatre les principes
de Fermat et de Maupertuis bien avant de publier la Critique. Peut-tre aurait-il alors
pens, pour ses rgressions, d'autres raisonnements que de proche en proche.
Nous avons l un exemple de la ncessit d'une collaboration entre philosophes de
culture littraire et scientifiques.
Par contre, il est certain que notre sensibilit existe, traduit les phnomnes en
intuitions et lance des processus d'entendement qui les conceptualisent.
Voir aussi :
Cause et causalit ;
Causalit (loi dynamique) ;
132
Cause premire (commencement chronologique du monde) ;
Ncessit de postuler le dterminisme pour rendre possible la reprsentation
d'objets.
Voir aussi :
Rgression l'infini ;
Commencement du monde ;
Premier problme cosmologique (1er conflit des Ides transcendantales).
L'application illimite de ce postulat entrane une rgression l'infini (voir cet article).
133
2 Si une chose existe, elle a ncessairement t cre ex nihilo
C'est l une formulation diffrente du principe de causalit, que beaucoup de gens
considrent comme une vidence : l'existence d'une chose ayant ncessairement
une cause, elle a t cre dans le pass ; dans leur esprit, la cration a fait passer
la chose de l'inexistence l'existence, ce fut une cration ex nihilo ( partir de rien).
Certains sont incits penser ainsi par leur foi monothiste : Dieu a cr le monde
ex nihilo.
Mais la cration d'un objet A (son apparition pour nous) peut aussi rsulter de la
transformation d'un objet prexistant B : la logique l'affirme et la physique l'exige (lois
de conservation de l'nergie, de la charge lectrique, etc.). Dieu aurait pu crer le
monde partir de lui-mme, tre prexistant car absolument ncessaire. L'existence
actuelle peut vraiment rsulter d'une transformation, au vu de l'volution de l'Univers
qui se poursuit (son expansion acclre, par exemple) et de la possibilit qu'il ait
toujours exist.
Une cration ex nihilo du monde que nous connaissons n'est donc pas une ncessit
logique.
134
Causes d'Aristote
Voir Les 4 causes d'Aristote.
Censure de la raison
Chez Kant
(Citation de K632)
"On peut appeler censure de la raison un procd de ce genre, consistant
soumettre les faits de la raison l'examen et, le cas chant, au blme.
Il est indubitable que cette censure conduit invitablement au doute l'gard de tout
usage transcendant des principes. Simplement n'est-ce l que le deuxime pas, qui
ne met pas encore un terme, et de loin, l'ouvrage entrepris.
Dfinitions
Une situation l'instant t : St, a t cause par une situation l'instant t-1 : St-1, elle-
mme rsultant de la situation St-2, etc. La consquence de St l'instant t+1 est St+1,
la consquence l'instant t+n (n=-2, -1, 0, +1, +2, ) est St+n.
135
La suite des situations St+n o n<0 est appele chane de causalit de la situation St :
ses lments prcdent St. La suite des situations St+n o n>0 est appele chane de
consquences de la situation St : ses lments suivent St.
Champ de conscience
Ensemble des objets psychiques dont une personne a conscience un instant
donn.
Changement et transformation
K257 "C'est sur cette permanence que se fonde aussi ce qui vient lgitimer le
concept de changement. Natre et prir ne sont pas des changements de ce qui nat
et prit. Le changement est un mode d'existence qui succde un autre mode
d'existence du mme objet. En ce sens, tout ce qui change se trouve demeurer, et
seul son tat connat une transformation. Dans la mesure o, cela tant, ce
changement ne concerne que les dterminations qui peuvent cesser ou encore faire
leur apparition, nous pouvons dire, en une expression qui a en apparence quelque
chose d'un paradoxe : seul le permanent (la substance) connat le changement, ce
qui peut varier ne subit pas de changement, mais seulement une transformation, en
tant que certaines dterminations cessent et d'autres font leur apparition. Le
changement ne peut donc tre peru qu' l'gard de substances"
Chimre
Objet, animal ou tre imaginaire, qui ne peut exister.
Chose en soi
La chose en soi est une ralit absolue
La chose en soi d'un objet rel est une abstraction qui le reprsente dans sa nature
propre, indpendamment de toute possibilit d'exprience, donc de toute condition
d'existence, donc objectivement : c'est une ralit absolue.
136
La chose en soi est une dtermination logique d'un objet
La liste des informations d'une chose en soi est donc complte : elle contient tout ce
qui dfinit son objet, dans son tre comme dans ses possibilits d'interagir avec
l'extrieur.
Mais la liste des informations d'une chose en soi ne peut contenir l'existence de
cette chose, car une mme liste pourrait correspondre zro, une ou plusieurs
choses. Ainsi, par exemple, quelle que soit la dfinition de Dieu elle ne peut
contenir son existence.
Une chose en soi est inconnaissable, elle est seulement intelligible. On ne peut donc
pas rapporter le divers d'un phnomne ou d'une intuition directement une chose
en soi, il faut passer par l'entendement et ventuellement la raison. Par dfinition,
une chose en soi aurait une reprsentation qui en serait l'image parfaite si (tant
omniscient) on pouvait en connatre toutes les informations, mais on ne le peut pas.
Dans le conditionn de l'objet des sens Dans l'inconditionn de l'objet des sens
Conscience empirique (connaissance) Chose en soi
La chose en soi du phnomne correspondant un objet des sens peut aussi tre
interprte comme le contenu (le concept) d'une connaissance omnisciente de l'objet
du phnomne.
137
Une chose en soi peut tre pure imagination ; et si elle ne correspond pas une
possibilit d'exprience tout en tant intelligible, elle peut tre un noumne (au sens
positif).
Remarque
Le concept de chose en soi est un concept spculatif destin exclusivement des
raisonnements thoriques : on en affirme l'existence et on se rfre son contenu
comme ensemble limite maximum pour un objet rel donn.
Voir aussi :
Essence ;
Ide selon Platon ;
Ide selon Kant (concept rationnel issu de notions) ;
Noumne en tant que chose en soi : un abus de l'entendement ;
L'tre suprmement rel, ensemble ou fondement de toutes les ralits.
Cinabre
Sulfure de mercure de couleur rouge, utilis notamment pour la fabrication du
vermillon.
[56b] 13 remarque II page 67 "La sensation du rouge offre une ressemblance
avec la proprit du cinabre qui suscite en moi cette sensation."
138
reprsentations partielles d'un tout auquel elles appartiennent et la manire dont
elles s'y associent, il s'agit de reprsentations distinctes, qu'elles relvent de la
pense ou de l'intuition."
Kant qualifie d'obscure une reprsentation dont la prsence en mmoire ne
dclenche pas spontanment une prise de conscience, contrairement une
reprsentation claire, qui dclenche sa propre prsence l'esprit.
K406-K407 note * "La clart n'est pas [] la conscience d'une reprsentation ; car un
certain degr de conscience, mais insuffisant pour qu'il y ait souvenir, ne peut que se
rencontrer mme dans bien des reprsentations obscures. [] En fait, est claire une
reprsentation o la [prise de] conscience est suffisante pour tre conscience de la
diffrence qui la distingue d'autres reprsentations."
Coexistence
Voir Principe de la simultanit.
139
Coextensif
Qui est dfini sur le mme ensemble que... - Exemples :
La somme de deux nombres entiers est coextensive ces nombres :
elle est dfinie sur le mme ensemble que ces deux nombres, l'ensemble des
nombres entiers.
Kant croyait que la connaissance d'un objet est soit coextensive l'intelligence,
soit plus troite qu'elle car les fonctions de l'entendement sont un sous-ensemble
de celles de l'intelligence : voir comprhension.
Bergson [44] disait que la conscience est coextensive la vie.
Cognitio (latin)
Connaissance : toute connaissance provient subjectivement de faits ou de
raisonnements.
Cognition
Substantif - Ensemble des facults mentales d'acquisition, de gestion et d'utilisation
des connaissances, notamment les fonctions entendement et mmoire. Elle traduit
des reprsentations d'objets rels en symboles conceptuels et effectue des calculs
sur ces symboles, par exemple par l'approche connexionniste.
Cognitivisme et Connexionnisme
Cognitivisme
Approche de ltude de lacquisition des connaissances et du traitement de
linformation oriente vers la rsolution des problmes.
La recherche prouve que le systme nerveux central ne fonctionne pas tout fait
comme un ordinateur, mais plutt comme un rseau dautomates connexionnistes.
Connexionnisme
Doctrine de modlisation et de simulation des systmes cognitifs (processus
psychiques, oprations mnsiques, etc.). Le connexionnisme considre quon peut
modliser le systme cognitif par un rseau neuronal dautomates deux tats
simulant des neurones du cerveau, ltat de lun deux tant calculable partir des
messages activateurs ou inhibiteurs des autres.
140
Commencement du monde
Voir :
Inconditionn Conditionn ;
Cause premire (commencement chronologique du monde) ;
Les divers types de dbut de la srie de conditions d'un inconditionn ;
Preuve de la thse : raisonnement sur la finitude de l'ge et de l'tendue du
monde ;
Big Bang, la naissance de l'Univers ;
Ides transcendantales : 3me conflit.
Positions parfois contradictoires de l'Eglise catholique sur la cration divine du
monde et l'volutionnisme darwinien [113].
Commerce
Dictionnaire [13] :
Relations sociales, amicales ou affectives entre plusieurs personnes.
Exemples : Etre en commerce avec, entretenir un commerce avec, lier
commerce d'amiti avec ;
Frquentation de personnes ;
Echange d'ides ;
Relation avec :
K400 "Le rapport [de l'me] aux objets dans l'espace donne le commerce avec
le corps ;"
Communaut
La communaut est la relation entre des choses que l'on peut associer selon un
critre quelconque, parce qu'elles ont quelque chose en commun.
Des choses en communaut font donc partie d'un tout rel ([56b] 28 page 101).
Compiler
Rassembler en un seul ouvrage des extraits provenant de sources diffrentes ;
141
(Informatique) Traduire un programme d'un langage de haut niveau en langage
d'un niveau infrieur, ventuellement excutable.
[56b] 41 page 128 (A dfaut de distinguer les Ides (concepts purs de la raison)
des catgories (concepts purs de l'entendement) la mtaphysique est absolument
impossible ; "c'est tout au plus alors une tentative d'apprenti faite sans rgles pour
compiler un chteau de cartes, sans connatre les matriaux auxquels on a affaire ni
leur convenance tel ou tel emploi."
Compltude
Compltude fonctionnelle
La compltude fonctionnelle est un systme de connecteurs de propositions assez
riche pour permettre d'exprimer toutes les fonctions de vrit.
Exemple 1 : Kant parle de compltude au sens fonctionnel dans K155 pour
affirmer que l'ensemble des catgories (concepts primitifs de l'entendement pur)
est complet : il permet de formuler tous les jugements formels concernant des
phnomnes dont l'esprit peut avoir besoin.
Exemple 2 : Compltude des connecteurs des syllogismes catgoriques
Considrons les 4 connecteurs A, E, I, O des syllogismes catgoriques.
Ces connecteurs constituent un systme capable d'exprimer tous les cas de
vrit formelle des jugements d'un syllogisme catgorique : on dit que c'est un
systme de connecteurs fonctionnellement complet.
Compltude smantique
La compltude smantique est la proprit d'une axiomatique o :
Toute proposition formellement valable (syntaxiquement correcte) est
dmontrable l'aide des seuls axiomes et thormes dj connus ;
Rciproquement, toute proposition dmontrable est syntaxiquement correcte.
142
Complexe
En langage courant
Trouble de caractre, particulirement inquitude ou timidit.
Got, attirance plus ou moins maladifs pour quelque chose.
Composition
Dfinition : une composition d'lments les regroupe en un ensemble.
Exemple : une composition de tous les nombres pairs est l'ensemble des
nombres pairs.
K238 note *- [Une composition est] "la synthse d'un divers dont les lments ne
s'appartiennent pas ncessairement les uns aux autres, comme c'est le cas par
exemple de deux triangles que produit la division d'un carr par la diagonale : par
eux-mmes, ils n'appartiennent pas ncessairement l'un l'autre ;"
(Des lments qui s'appartiennent les uns aux autres sont des lments qui
ont quelque chose en commun : il existe une relation entre eux.
Donc des lments qui ne s'appartiennent pas ncessairement les uns aux
autres ont (ou n'ont pas) de relation entre eux : ils sont (ou ne sont pas)
disjoints.)
Exemple de composition : "la synthse de l'homogne, dans tout ce qui peut tre
soumis un examen mathmatique (synthse qui son tour peut tre divise en
celle de l'agrgation et celle de la coalition)."
143
connaissance : ce faisant, parce que toute composition devenue consciente
prsuppose l'unit de celle-ci et par consquent une rgle de la composition, un
certain ordre se trouve conu au sein de cette diversit."
Connexion
Dfinition : une connexion de choses est une mise en relation de ces choses selon
une proprit qu'elles partagent.
K238 note * - [Une connexion est] la synthse d'un divers qui fait apparatre entre
ses lments une relation d'appartenance rciproque ncessaire, comme c'est le cas
par exemple de l'accident dans son rapport une quelconque substance, ou de
l'effet par rapport la cause. Mme si les lments de ce divers sont htrognes, ils
sont lis a priori : cette liaison, parce qu'elle n'est pas arbitraire, je la nomme
dynamique.
(Entre des objets il existe une relation d'appartenance rciproque si et seulement
si ils ont quelque chose en commun, par exemple le fait d'appartenir un mme
ensemble dfini par ailleurs : voir Communaut.
Une synthse d'lments base sur la proprit commune constitue alors une
connexion de ces lments, une mise en relation par synthse.)
[Pas de telles connexions, non plus, entre des phnomnes en tant que tels]
et que je suis encore moins capable de penser de telles proprits en les attribuant
aux phnomnes en tant que phnomnes (car ces concepts ne contiennent rien qui
rside dans les phnomnes, mais ils contiennent ce que seul l'entendement doit
penser).
144
[L'exprience exige la possibilit de juger les reprsentations des phnomnes sous
l'angle des relations]
Mais [] la question n'est pas de savoir comment sont dtermines les choses en
elles-mmes ; il s'agit de savoir [] comment les choses en tant qu'objets de
l'exprience peuvent et doivent tre subsumes sous ces concepts de
l'entendement. Et l il est clair que j'aperois parfaitement non seulement la
possibilit, mais mme la ncessit de subsumer tous les phnomnes sous ces
concepts, c'est--dire de les utiliser comme principes de la possibilit de
l'exprience."
(Fin de citation)
Comprhension
En plus de la diffrence entre la pense d'un objet et sa connaissance, il y a une
diffrence entre la connaissance (par intuition et entendement), et la comprhension
dcrite ici.
145
En plus, il faut tenir compte du fait que les reprsentations de l'esprit humain
contiennent surtout des significations d'objets avec leur dimension psychologique, les
noms de ces objets n'en tant qu'une proprit. Or pour comprendre une signification
nouvelle il faut la rattacher une ou plusieurs significations connues, qui serviront
d'exemples, donc des exemples dont la comprhension est acquise.
Enfin, il est prudent de vrifier qu'on a compris quelque chose en citant des
exemples de choses semblables et de choses diffrentes.
146
Concept
Un concept reprsente une collection (une classe, un ensemble) d'objets nommables
ayant des proprits communes.
Exemple : concept de chien , reprsentant tous les chiens par des proprits
communes : quadrupde, mammifre descendant du loup, etc.
Complments :
Dfinition d'un concept de chose ;
Les concepts penss arbitrairement ne doivent pas tre dfinis, mais dclars ;
Chez Kant
Un concept est une synthse d'informations, cre partir d'une ou plusieurs
reprsentations, par les processus de l'intuition, de l'entendement, de la raison ou de
l'imagination : voir ces articles, et leur droulement dans : Intuition (tapes) et
Entendement (tapes).
L'intuition empirique est complte par l'imagination productive pour crer une
reprsentation enrichie d'un phnomne, que l'esprit interprte comme concept
empirique qui devient prsent l'esprit.
147
reprsentations un objet (spontanit des concepts) ; par la premire nous est donn
un objet, par la seconde celui-ci est pens en relation avec cette reprsentation
(comme simple dtermination de l'esprit)."
148
Concept empirique et concept pur
Le concept empirique (dduit de l'exprience) :
K515 - "Le concept empirique [] n'est rien d'autre qu'un concept de
l'entendement in concreto."
Le concept pur (produit spontanment par l'entendement ou existant a priori
dans l'entendement comme l'espace, le temps et les catgories (K170).
Concept souche, concept driv et concept compos
Un concept pur peut lui-mme tre :
Souche, appel aussi source, primitif ou lmentaire
(concept a priori, irrductible) ;
Driv (K166 - construit par synthse partir d'un ou plusieurs
concepts-souches) ;
Compos (construit par incorporation d'informations de plusieurs
concepts-souches).
Plus gnralement, les trois origines de concepts non-transcendantaux sont :
Une exprience (sensibilit et entendement), les deux souches cites par
Kant ;
Une spculation transcendante, comme l'action de Dieu ;
Une spculation mtaphysique.
Voir la prsentation des concepts transcendantaux.
Voir aussi :
Dtermination logique d'un concept ;
149
Trois origines possibles d'un concept ;
Reprsentation (Diagramme) ;
Concept sensible et concept sensible pur ;
Concept subordonn ;
Conceptualisme ;
Concept pur ayant sa source dans le seul entendement : Notion ;
Concept pur de la raison ou Ide transcendantale ;
Possibilit des choses (postulat) Un concept peut-il tre celui d'un objet ?
Problme de la vrit d'une connaissance - Thorie de la connaissance.
150
simples) comme les concepts de ligne droite et de nombre entier : voir synthse. Elle
peut aussi tre un concept pur de l'entendement, une des 12 catgories.
Du point de vue psychique, toute reprsentation est un tat des neurones et de leurs
interconnexions ; un concept est l'interprtation par nos mcanismes psychiques de
cet tat [23] - [28]. Mais du point de vue des abstractions que notre esprit manipule,
une reprsentation est un ensemble d'informations reprsentant, un instant donn,
le monde extrieur peru par notre sens externe et notre monde intrieur peru
par notre sens interne.
Rciproquement, l'esprit peut construire une reprsentation partir d'un concept, par
exemple pour la mmoriser ou l'associer d'autres reprsentations (par composition
ou connexion) dans le cadre de l'entendement ou d'un raisonnement.
151
Exposition d'un concept - Expositions mtaphysique et transcendantale
K120 - "J'entends [] par exposition la reprsentation claire (bien que non dtaille)
de ce qui appartient un concept." - "L'exposition est [en plus] mtaphysique quand
elle contient ce qui prsente le concept comme donn a priori."
K613 "Au lieu du terme de dfinition, je prfrerais employer celui d'exposition, qui
conserve toujours quelque chose de prudent et travers lequel le critique peut
jusqu' un certain degr accorder la dfinition et cependant demeurer encore rserv
sur ce qu'elle peut avoir de dtaill."
Voir Discipline de la raison pure dogmatique : des dfinitions.
Concept de base
C'est un concept a priori compris intuitivement, comme le point ou le temps : on ne
peut le dfinir dfinir partir de concepts plus simples, il est irrductible.
Exemples : Subsistance ; impntrabilit dans ides psychologiques.
Remarque
Un homme comprend un concept de base de manire inne, mais se le reprsente
comme un de ses cas particuliers physiques donn dans l'espace et le temps : je ne
peux me reprsenter une ligne droite que comme l'image cet instant d'une ligne
droite dessine ; je ne me reprsente un nombre entier que comme une suite de
chiffres, etc.
Concept de l'entendement
La Critique contient plusieurs fois l'expression concept de l'entendement, mais n'en
contient pas de dfinition formelle. On en distingue deux significations, selon qu'il
s'agit :
de l'entendement empirique, synthse des donnes de l'intuition qui prcde
l'exprience et en est la cause,
ou de l'entendement pur, indpendant de l'exprience, qu'il suit et qui rsulte de
sa prise en compte.
152
K206 "A la connaissance appartiennent en effet deux lments :
premirement le concept, par lequel en gnral un objet est pens (la catgorie),
et deuximement l'intuition, par laquelle il est donn ;".
(Noter l'htrognit de cette notion de connaissance, o l'intuition est
prsente comme si l'esprit pouvait la prendre en compte autrement que sous
forme de concept ce qu'il ne peut faire.)
Mais les 12 catgories ne dcrivent pas toutes les informations intervenant dans la
comprhension d'une perception, et Kant y a donc ajout les concepts de
l'entendement non purs (donc empiriques), sans jamais approfondir cette notion.
Nous savons aujourdhui, grce aux enregistreurs, quune reprsentation qui
sest forme ne peut tre prise en compte par la conscience que par formation dun
concept. Dans la notion de connaissance prcdente, la reprsentation de la partie
intuition donne est donc prise en compte sous forme de concept empirique de
l'entendement. Voyons donc ces deux types de concepts de l'entendement.
K515 - "Le concept empirique [] n'est rien d'autre qu'un concept de l'entendement
in concreto." C'est du phnomne que le concept de l'entendement obtient la matire
qui en fait un concept empirique.
K349 "La raison pure s'en remet entirement l'entendement quand il s'agit de se
rapporter immdiatement aux objets de l'intuition ou plutt leur synthse dans
l'imagination. Elle se rserve uniquement l'absolue totalit dans l'usage des concepts
153
de l'entendement et cherche conduire l'unit synthtique pense dans la catgorie
jusqu' l'absolument inconditionn.
Gnration du concept
Un concept pur de l'entendement est gnr par la fonction de base de
l'entendement, dans sa facult de comprhension de l'exprience en gnral. Ce
n'est pas un concept inn, mais un concept abstrait pens aprs la naissance par
rflexion sur les types de jugement de l'entendement.
Citations
K155 - Les concepts de l'entendement [empiriques ou purs] se fondent sur la
spontanit : ils sont produits automatiquement et sans effort conscient (voir
synthse et recognition).
K340-K341 :
Entendement + assemblage de propositions-conditions Concept de la raison
"Les concepts de la raison servent l'opration de rassembler [des propositions pour
leur donner une unit rationnelle], comme les concepts de l'entendement servent
celle de comprendre (des perceptions)."
154
mathmatique des phnomnes, tandis que les deux autres dsignent une synthse
dynamique." (Voir Remarques : principes mathmatiques et principes dynamiques.)
K396 "l'aperception traverse toutes les classes des catgories, mais [elle] ne
s'accomplit que vis--vis des concepts de l'entendement qui, dans chaque classe,
servent pour les autres fonder l'unit inscrite dans une perception possible, soit :
subsistance, ralit, unit (non-pluralit) et existence ;"
Concept de la raison
Voir Dfinition d'un concept de la raison.
Concept de la rflexion
Voir Comparaisons de la rflexion transcendantale : les 8 concepts de la rflexion.
Concept empirique
Voir Concept empirique et concept pur.
Concept moral
Voir Concepts moraux.
155
La raison pure est par consquent celle qui contient les principes permettant de
connatre quelque chose absolument a priori."
(Fin de citation)
156
Certains concepts de la raison sont transcendants
(Citation de [56] 40)
"Les concepts de la raison ayant pour objet le systme universel, c'est--dire l'unit
collective de toute l'exprience possible, dpassent toute l'exprience donne, et
sont par consquent des concepts transcendants."
(Fin de citation)
Concept scolastique
Voir Le concept scolastique de la philosophie est celui d'un systme cherchant la
science.
157
un concept construit partir d'un concept sensible par abstraction pure,
transcendantale.
Lorsqu'il a besoin d'un exemple concret pour penser un concept sensible pur plus
gnral comme CSP, notre esprit part toujours d'un concept sensible particulier
comme K. La reprsentation trs gnrale associe CSP n'est pas une
reprsentation d'objet sensible comme celle de K, c'est un schme, reprsentation
issue d'une reprsentation, c'est--dire une pense pure ; c'est un ensemble de
proprits, ici : tre un polygone et avoir 3 cts .
K226 - "En fait, nos concepts sensibles purs ne reposent pas sur des images des
objets, mais sur des schmes."
Concepts de comparaison
Voir Les 4 points de vue de comparaison ou distinction de la rflexion
transcendantale.
K342 "Platon [49] se servait du terme d'Ide de manire telle qu'on voit bien qu'il a
compris par l quelque chose qui, non seulement n'est jamais emprunt aux sens,
mais va mme largement au-del des concepts de l'entendement dont se servait
158
Aristote [43], dans la mesure o jamais rien qui y corresponde ne se rencontre dans
l'exprience. Les Ides sont, chez Platon, des archtypes des modles originaux des
choses elles-mmes, et non pas simplement des clefs pour des expriences
possibles, comme le sont les catgories. Selon son opinion, elles dcoulaient de la
raison suprme, partir de quoi elles taient devenues partie intgrante de la raison
humaine"
K343 note * - "[Platon] tendait aussi, assurment, son concept [d'Ide] des
connaissances spculatives, ds lors simplement qu'elles taient pures et donnes
entirement a priori, et mme la mathmatique, bien que celle-ci n'ait son objet
nulle part ailleurs que dans l'exprience possible [justification : voir mathmatiques].
En ce domaine, je ne peux alors le suivre, pas davantage que je ne peux le suivre
dans la dduction mystique de ces Ides ou dans les conceptions excessives par
lesquelles, pour ainsi dire, il les hypostasiait ;"
Kant rsume l'objectif suivant de son Livre I : Des concepts de la raison pure ainsi :
K345 "L'usage transcendantal de la raison pure, ses principes et ses Ides : tel est
donc ce qu'il nous incombe prsent de connatre avec prcision, pour pouvoir
dterminer et apprcier comme il convient l'influence et la valeur de la raison pure."
K530 "Le concept d'un tre absolument ncessaire est un concept pur de la raison,
c'est--dire une simple Ide dont la ralit objective est encore loin de se trouver
dmontre par le fait que la raison en a besoin : une Ide qui ne fait au demeurant
que nous indiquer une certaine perfection, pourtant inaccessible, et sert proprement
plutt limiter notre entendement qu' l'largir de nouveaux objets."
159
Ides transcendantales, concepts se rapportant tout usage de l'entendement
Totalit absolue des conditions dterminant une connaissance
(Citation de K350)
[Les Ides transcendantales sont des concepts de la raison pure, qui]
"considrent toute connaissance empirique comme dtermine par une totalit
absolue des conditions [voir :
Conditionn ; Conditionn et conditions Srie des conditions ; Inconditionn].
[Ces concepts] ne sont pas arbitrairement forgs, mais nous sont fournis par la
nature mme de la raison et se rapportent par consquent de faon ncessaire
tout l'usage de l'entendement. [Ils sont donc indpendants des phnomnes.]
Enfin, ils sont transcendants et dpassent les limites de toute exprience, dans
laquelle ne peut donc jamais intervenir un objet qui soit adquat l'Ide
transcendantale."
(Fin de citation)
Rsum : les Ides transcendantales sont des concepts de synthse crs par la
raison pure lors de toute exposition de phnomne ; aucune exprience ne peut les
illustrer.
160
Origine des concepts de la raison pure (Ides transcendantales)
Analogie entre jugements par l'entendement et jugements par la raison
K346-K347 - L'analytique transcendantale montre que la synthse des intuitions par
l'aperception n'est possible que si elle produit des jugements o l'usage de
l'entendement est conforme aux concepts des catgories, chacun reprsentant une
condition a priori. De mme, chaque raisonnement produit un jugement o l'usage de
l'entendement doit tre conforme des concepts a priori appels concepts purs de la
raison ou Ides transcendantales :
(Citation de K346-K347
[Dans l'Analytique transcendantale] "La forme des jugements [ A copule B ]
(transforme en un concept de la synthse des intuitions) produisit des
catgories qui dirigent tout usage de l'entendement dans l'exprience.
Sur le mme modle, nous pouvons esprer que la forme des raisonnements
[suite de dductions immdiates ou mdiates], si on l'applique l'unit
synthtique des intuitions selon la norme fournie par les catgories, contienne la
source de concepts particuliers a priori que nous pouvons nommer concepts
purs de la raison ou Ides transcendantales, et qui dtermineront, d'aprs des
principes, l'usage de l'entendement dans la totalit de l'exprience considre
dans son entier."
(Fin de citation)
Conclusion
Les Ides transcendantales sont issues des catgories de relation d'une
reprsentation de phnomne, dont on parcourt la chane des causes vers
l'inconditionn successivement selon les 3 types de relation de causalit
(voir Compltude des facults d'entendement) :
(Psychologique) par rapport au sujet absolu : inhrence ou substance ;
(Cosmologique) par rapport aux lois de la nature qui rgissent les phnomnes
du monde sensible, en supposant l'omniscience : causalit ou dpendance ;
(Thologique) par rapport la synthse des deux relations prcdentes :
communaut ou rciprocit.
161
[Les Ides transcendantales servent seulement dterminer les limites de la raison]
ce qui nous apprend du mme coup que ces Ides si remarquables servent
uniquement dterminer les limites de la raison humaine :
d'une part elles servent ne pas tendre sans limites la connaissance par
exprience de telle sorte qu'il ne nous resterait rien de plus connatre que le
monde [sensible] exclusivement,
[de sorte que notre connaissance serait limite au monde sensible]
et d'autre part elles servent cependant ne pas dpasser les limites de
l'exprience et ne pas prtendre juger comme des choses en elles-mmes les
choses qui sont extrieures ces limites."
(Fin de citation)
162
K347 La conclusion d'un raisonnement par syllogisme doit respecter une condition
a priori : l'universalit de sa proposition majeure dans le cadre de son extension.
Cette condition est reprsente par un concept a priori de quantit : la totalit des
conditions pour l'exprience considre dans son entier et un conditionn donn ; ce
concept a priori de totalit s'appelle concept transcendantal de la raison, et il est
inconditionn.
163
La recherche de l'inconditionn d'une connaissance doit rgresser dans la chane
des conditions qui y aboutissent. Le parcours de cette chane n'a de sens possible
que si les lments successifs de la chane sont relis par une relation d'un des 3
types prcdents.
Chacun de ces types de parcours vise un inconditionn correspondant une
Ide transcendantale : il y a 3 sortes de concepts purs de la raison comme il y a 3
sortes de catgories de relations de l'entendement.
(Citation de K347-K348)
"Autant il y a de sortes de rapports [jugements de relation] que l'entendement se
reprsente par l'intermdiaire des catgories, autant il y aura aussi de sortes de
concepts purs de la raison ; et il faudra donc chercher un inconditionn,
Premirement, de la synthse catgorique dans un sujet,
[recherche des conditions qui dterminent un sujet de manire certaine
(catgorique) et en font ce qu'il est]
Deuximement, de la synthse hypothtique des membres d'une srie,
[recherche des conditions successives d'une rgression dans la chane de
causalit du phnomne, conditions hypothtiques dans la mesure o la
ralisation de chacune a t ncessaire celle de la suivante]
Troisimement, de la synthse disjonctive des parties dans un systme.
[recherche des conditions successives de chacune des chanes de causalit
possibles de parties du monde sensible relativement au phnomne considr]
Tel est en effet le nombre de sortes de raisonnements, dont chacune tend, travers
des prosyllogismes, vers l'inconditionn :
La premire [sorte], vers un sujet qui lui-mme ne soit plus prdicat,
[donc qui serait connu absolument] ;
La deuxime [sorte], vers une supposition qui ne suppose rien de plus
[c'est--dire une connaissance totale du monde sensible] ;
La troisime [sorte], vers un agrgat des membres de la division qui n'exige rien
de plus pour achever la division d'un concept."
[Ce point de vue regrouperait les deux points de vue prcdents.]
(Fin de citation)
164
thologiques, vers un agrgat des membres de la division qui n'exige rien de
plus pour achever la division d'un concept :
ce sera l'objet de la Thologie rationnelle.
K350 " l'usage objectif des concepts purs de la raison est toujours transcendant,
cependant que celui des concepts purs de l'entendement ne peut jamais, d'aprs sa
nature, tre qu'immanent, tant donn qu'il se limite simplement l'exprience
possible."
Concepts du monde
Voir :
Concepts du monde et Concepts du monde et concepts transcendants de la nature.
Conceptualisation
Voir d'abord Concept et Construction des concepts.
165
Diffrence entre les synthses d'un concept et d'une intuition
La synthse d'un concept regroupe les informations qui en constituent le
contenu : son interprtation par l'esprit est un processus de bas en haut (des
lments vers leur ensemble).
Une intuition extrait le concept empirique d'un donn et le prsente l'esprit.
La synthse est toute faite : son interprtation par l'esprit est un processus de
haut en bas (du tout donn vers les informations de dtail ventuelles qui en
forment les parties). Dans ce processus, l'intuition utilise les informations
d'espace et de temps indispensables aux sens externe et interne : voir
Construction des concepts.
Voir aussi :
Intuition (tapes) ;
Reprsentations et ralit des phnomnes extrieurs ;
Problme de la vrit d'une connaissance - Thorie de la connaissance.
Conceptualisme
Substantif de philosophie classique : doctrine d'aprs laquelle le concept est une
abstraction qui exprime la nature essentielle de la pense. Cette dfinition du
concept, distincte des notions de signe ou de mot (et s'opposant en ce sens au
nominalisme), est aussi distincte du concept rsultant de la perception des objets
singuliers, qui est celle du Ralisme.
166
Concurrence, concurremment
K355 "On voit aisment que la raison pure n'a pas d'autre but que l'absolue totalit
de la synthse du ct des conditions (que ce soit d'inhrence, de dpendance ou de
concurrence) et qu'elle n'a pas se proccuper de la compltude absolue du ct du
conditionn."
Conditionn
Adjectif (Substantif entre parenthses)
(Ce) qui est soumis une condition ;
(Ce) dont l'existence dpend de quelque chose.
Exemples d'emploi
De l'adjectif conditionn : l'entendement d'un phnomne est le pouvoir de lui
imposer des rgles, conditions que respecte sa connaissance : le phnomne
doit pouvoir tre jug selon les catgories de l'entendement.
Du substantif conditionn : Concept transcendantal de la raison Condition
reprsente par un concept.
167
Exemple de raisonnement : syllogisme avec conditionn et inconditionn
Un chien est un animal ; Mdor est un chien ; donc Mdor est un animal.
Proposition majeure Proposition mineure Conclusion
(sujet : chien) (sujet : Mdor)
168
Conditionn et conditions Srie des conditions
La raison synthtise la srie totale des conditions reprise ensuite par l'entendement
Voir d'abord Srie des conditions.
(Citation de K355)
"On voit aisment que la raison pure n'a pas d'autre but que l'absolue totalit de la
synthse du ct des conditions (que ce soit d'inhrence, de dpendance ou de
concurrence)
169
toutes les consquences possibles, matrielles, morales, philosophiques, etc. de
l'existence de l'objet.)
170
Conflit de la raison avec elle-mme
Voir Raison De l'intrt de la raison dans ce conflit avec elle-mme.
Congruent
Opposs
Non-congruent ou incongruent. Exemple : considrons deux triangles sphriques
ayant une base commune sur l'quateur et symtriques par rapport au plan de
l'quateur : ils ne sont pas superposables ; ils sont donc incongruents.
Kant fait remarquer dans [56b] 13 pages 61-62 que deux objets peuvent avoir les
mmes proprits intrinsques tout en diffrant par une ou plusieurs proprits
extrinsques, ce qui les rend incongruents.
Conjecture
Selon [13] :
Ide non vrifie, fonde soit sur une probabilit, soit sur l'apparence ;
Construction de l'esprit au sujet du pass, du prsent ou de l'avenir ;
Explication anticipe qui attend sa vrification, soit de l'exprience, soit du
raisonnement.
Connaissance
Dictionnaire
Le substantif connaissance au singulier a plusieurs sens. Le seul qui nous intresse
ici est : savoir ce qu'un objet est (par sa reprsentation et son concept associ)
indpendamment de l'origine de cette connaissance (intuition, entendement ou
raisonnement).
Chez Kant
(Citation de K143)
[Les deux sources fondamentales de la connaissance]
"Notre connaissance procde de deux sources fondamentales de l'esprit, []
la premire [l'intuition] est le pouvoir de recevoir les reprsentations (la
rceptivit des impressions),
[cette source nous donne un objet]
la seconde [l'entendement, est] le pouvoir de connatre par l'intermdiaire de ces
reprsentations un objet (spontanit des concepts) ;
171
[cette source pense l'objet en relation avec cette reprsentation (comme simple
dtermination de l'esprit). Le concept d'une reprsentation se forme
spontanment lorsque la conscience la prend en compte.]
[]
[Une connaissance exige la fois intuition et concepts]
Intuition et concepts constituent donc les lments de toute notre connaissance, si
bien que ni des concepts, sans une intuition leur correspondant de quelque manire,
ni une intuition sans concepts ne peuvent fournir une connaissance.
Connaissance et exprience
K93 "D'un point de vue chronologique, nulle connaissance ne prcde en nous
l'exprience, et c'est avec celle-ci que toute connaissance commence."
K287 "L'exprience [] constitue l'unique connaissance o nous sont donns
des objets." - Voir :
Sensation Sensibilit Impression ;
Chose en soi et connaissance.
172
L'entendement, par laquelle les objets sont penss sous forme de concepts
(K117 et K206) :
K207 "Toute intuition possible pour nous est sensible (Esthtique) : donc la
pense d'un objet en gnral ne peut en nous devenir connaissance, par
l'intermdiaire d'un concept pur de l'entendement, que si ce concept est mis en
rapport avec des objets des sens" : voir catgories.
Complment : Concept de l'entendement (important).
Spontanit de la connaissance
La connaissance d'un phnomne se forme spontanment en prsence de son
intuition (dont la reprsentation fournit un concept empirique) et de son concept pur
de l'entendement (catgorie) : voir Concept de l'entendement.
173
Kant a donc pens, et nos enregistreurs d'activit crbrale confirment, que :
Un concept de phnomne rsulte d'un processus dynamique de synthse :
il n'arrive pas tout fait de la perception ; voir :
Intuition (tapes) ;
Entendement (tapes).
Il n'existe mme pas de concept de base prt l'emploi :
il est gnr la demande par un processus ad hoc.
Ce qui est inn et identique chez tous les hommes est l'ensemble de ces
processus, notamment ceux qui produisent des concepts paraissant a priori
comme ceux des intuitions d'espace et de temps ; tous ces processus sont des
interprtations de reprsentations, les conceptualisations.
C'est donc par souci de simplification qu'on se reprsente les concepts (de base et
autres) comme des reprsentations statiques : ils rsultent dynamiquement d'une
interprtation. Notre cerveau-ordinateur ne les a pas en mmoire mais sous forme de
programme, il les recre la demande :
Aprs la formation en mmoire, spontane et passive, d'une reprsentation de
phnomne, l'intuition, l'entendement et la raison mettent en uvre des
conceptualisations.
174
priori. La raison pure est par consquent celle qui contient les principes
permettant de connatre quelque chose absolument a priori."
Connaissance absolument pure :
K110 Note b "Est particulirement nomme absolument pure une
connaissance laquelle ne vient se mler [aucune] exprience ou sensation, et
qui est par consquent possible compltement a priori."
Connaissance pure
Une connaissance pure doit tre base sur une intuition pure ou un concept pur.
Exemples : les concepts mathmatiques comme le nombre entier et la ligne droite,
qui donnent des connaissances absolument pures.
K147 "il ne faut pas appeler transcendantale (en faisant par l rfrence la
possibilit de la connaissance ou son usage a priori) toute connaissance a priori,
mais uniquement celle par laquelle nous parvenons connatre que et comment
certaines reprsentations (intuitions ou concepts) sont appliques ou sont possibles
exclusivement a priori."
Connaissance et intuition
Dans une connaissance, intuition et entendement peuvent tre purs (si sa
reprsentation ne provient pas d'une exprience) ou empiriques ; la sensation
ventuelle est la matire de la connaissance.
175
Jugements empirique, d'exprience ou de perception.
En mmoire (de travail ou de long terme) une connaissance est une reprsentation,
interprte avec toutes ses informations, qu'elles proviennent de l'intuition ou de
l'entendement. Il n'y a pas de diffrence de contenu en informations entre une
reprsentation et un concept : leur diffrence n'existe que dans notre esprit, et
seulement pour faciliter leur comprhension en tant que notions. Il y a pourtant une
diffrence smantique entre la connaissance d'un phnomne, objet particulier, et un
concept, classe d'objets ; lors de l'interprtation de la reprsentation, notre
conscience fait la diffrence par entendement et rflexion.
Le mode de connaissance
Voir Mode.
176
Fondements (logiques) de la perception, de l'intuition et de la conscience empirique
(Citation de K188)
"Au fondement de la perception prise globalement, il y a a priori l'intuition pure
(laquelle, vis--vis de la perception comme reprsentation, est la forme de
l'intuition interne, le temps) ;
Au fondement de l'association, [il y a] la synthse pure de l'imagination ;
Et au fondement de la conscience empirique, [il y a] l'aperception pure, c'est--
dire l'identit complte de soi-mme travers toutes les reprsentations
possibles."
(Fin de citation)
177
L'unit doit permettre la connexion d'lments cognitifs mme htrognes par
l'intermdiaire de la qualit d'une connaissance prise comme principe ; c'est un
critre d'intelligibilit.
La vrit quant aux consquences (accord entre elles et avec l'exprience).
"Plus il y a de consquences vraies rsultant d'un concept donn, plus il y a de
signes de sa ralit objective. C'est l ce que l'on pourrait appeler la pluralit
qualitative des caractristiques qui appartiennent un concept comme un
fondement commun (qui ne sont pas penses en lui comme quantit)."
La perfection, qui consiste en ce que, en sens inverse, cette pluralit est
ramene globalement l'unit du concept, et qu'elle s'accorde compltement
avec lui et avec nul autre - ce que l'on peut appeler la compltude qualitative
(totalit).
K171 L'unique mode possible de dduction d'une connaissance pure a priori est le
mode transcendantal.
178
Bien qu'elle dispose, par rapport chacun de ces trois lments, de sources de
connaissance a priori qui, au premier abord, semblent ddaigner les limites de toute
exprience, une critique compltement acheve nous persuade pourtant que toute
raison, dans son usage spculatif, ne saurait jamais avec ces lments dpasser le
champ de l'exprience possible,
mais jamais pour franchir ses limites, hors lesquelles, pour nous, [en dehors des
phnomnes du monde sensible] il n'est rien que de l'espace vide."
(Fin de citation)
Connaissance du monde
Voir Connaissance du monde.
179
Connaissance philosophique et connaissance mathmatique
Voir Discipline de la raison pure dans l'usage dogmatique.
Connaissance pure
Voir Connaissance pure dans Connaissance.
Connecteur
En linguistique, le mot connecteur dsigne un oprateur de liaison L entre deux
phrases A et B permettant d'en constituer une seule. Ainsi, l'ensemble de phrases
connectes A L B doit tre interprt comme une seule phrase, C.
Exemple : avec le connecteur ET associ aux phrases Je suis venu et J'ai
mang on peut constituer deux phrases C1 et C2 de significations diffrentes
du point de vue de l'ordre implicite des actions :
C1 = Je suis venu ET j'ai mang ou C2 = J'ai mang ET je suis venu .
Synonyme : Copule.
Connexion
Voir Connexion.
Conscience - Conscience de
Source : [23].
Le mot franais conscience a trois significations :
Conscience morale, conscience de, et conscience tout court.
180
Conscience morale
On parle de conscience morale pour dsigner la fonction psychique permettant
l'homme d'apprcier la diffrence entre le bien et le mal, donc d'exercer son libre
arbitre. Ce sens n'apparatra pas dans ce texte.
Conscience de
On parle de conscience de ou d'aperception pour dsigner les mcanismes
psychiques par lesquels l'homme prend connaissance d'un objet. On en parle avec
les verbes avoir et tre :
Quand j'ai conscience d'un objet, il est prsent mon esprit, je peux en parler.
Quand je suis conscient d'une situation, elle est prsente mon esprit.
181
Or la conscience de est un tat psychique un instant donn, rsultat pour un
individu de l'tat de certains de ses neurones et des excitations (signaux
transportant des informations) qu'ils se sont transmis. A un instant donn, la
conscience de est donc dcrite par un ensemble de donnes : l'ensemble qui
dcrit l'tat des neurones correspondants et des excitations mises et reues
jusqu' cet instant-l.
Il y a donc un code conscient , propre chaque individu, qui dcrit la
reprsentation dont il a conscience un instant donn. Selon [15] page 205 :
La distribution des cellules actives et inactives compose un code interne
qui reflte fidlement le contenu de la perception subjective. Ce code
conscient est stable et reproductible : ce sont toujours les mmes neurones
qui dchargent ds que le patient pense Bill Clinton. Il suffit, pour les
activer, d'imaginer le visage du prsident : la plupart des neurones du cortex
temporal antrieur rpondent avec la mme slectivit aux images relles et
aux images mentales. La mmoire suffit galement les ractiver.
2me raison : lorsque je suis conscient de quelque chose (et seulement si j'en
suis conscient, ce qui implique que j'y fais attention), je peux en parler. Or les
muscles qui agissent pour parler (ceux de la bouche, etc.) sont commands par
des neurones moteurs. Comme tous les neurones, ceux-ci sont activs par des
signaux d'excitation et seulement de cette manire-l ; ils sont donc activs par
des donnes, celles des signaux reus, elles-mmes provenant d'autres
neurones, etc., l'origine de la chane de neurones tant la conscience de.
Pour activer une chane de neurones se terminant par les neurones moteurs
de la parole, la conscience de ne peut donc tre qu'un ensemble de donnes. Si
l'origine des signaux activant la parole tait une fonction autonome et
inconsciente du psychisme elle ne pourrait pas mettre des signaux aboutissant
des paroles cohrentes, fonction du seul contenu de la conscience de.
Voir aussi :
Aperception (conscience de soi), pure ou empirique ;
Conscience des actes et des procdures.
182
mmoriser, raisonner sur elles et commander des actions musculaires. Du point de
vue physiologique les fonctions rsultent d'tats et d'excitations de neurones.
Justification : "il nous faut ncessairement attribuer aux choses, a priori, toutes les
proprits qui constituent les conditions sous lesquelles seulement nous les
pensons.
[Nous devons attribuer aux objets rels les proprits et les fonctions que nous
en rapporte leur conceptualisation]
Or je ne peux avoir la moindre reprsentation d'un tre pensant par une quelconque
exprience externe,
[Nous n'avons aucune perception phnomnale de la pense d'autrui
- Kant ne croit videmment pas la possibilit d'une transmission de pense]
183
Donc, de tels objets ne sont rien d'autre que le transfert de cette conscience de moi-
mme d'autres choses qui ne peuvent tre reprsentes comme des tres
pensants qu' la faveur de cette opration."
Pour Kant, la conscience de soi est un tat de l'esprit, photographie instantane des
neurones et de leurs interconnexions, donc un ensemble de donnes, une
reprsentation : voir Conscience de. En toute rigueur ce n'est pas une
reprsentation, mais l'interprtation par la conscience d'une reprsentation de
reprsentation : je sais que je pense . - Voir aperception.
Chez l'tre humain, cette conscience requiert une perception interne du divers qui est
intuitive, spontane et fait partie de la sensibilit. Par conscience de soi, l'homme se
voit en tant que phnomne, d'une faon biaise par sa personnalit et non tel qu'il
serait vu par d'autres personnes, chacune avec ses propres biais.
K213 note * - Lors d'une conscience de soi, le sens interne de chacun est affect par
lui-mme, l'occasion d'un acte d'attention. L'entendement dtermine alors le sens
interne en synthtisant une liaison du divers.
184
concernant mon aspect externe en tant que phnomne ou mon sens interne) ; et
cette conscience d'exister est une pense, non une intuition. (K213 note ** - "Le :
Je pense exprime l'acte consistant dterminer mon existence.")
K284 "La conscience que j'ai de moi-mme dans la reprsentation Je n'est
nullement une intuition, mais c'est une reprsentation simplement intellectuelle
de la spontanit d'un sujet pensant."
K189 note * : "La proposition synthtique selon laquelle, dans ce qu'elle a de divers,
toute conscience empirique doit tre lie en une seule conscience de soi-mme
constitue le principe absolument premier et synthtique de notre pense en gnral."
("doit" : cette synthse unificatrice est systmatique.)
K402 "Je ne connais pas un objet du simple fait que je pense, mais c'est
uniquement dans la mesure o je dtermine une intuition donne du point de vue de
l'unit de la conscience en quoi consiste toute pense que je peux connatre un
quelconque objet. Donc, je ne me connais pas moi-mme par la conscience que j'ai
de moi comme tre pensant, mais si je suis conscient de l'intuition que j'ai de moi-
mme comme se trouvant dtermine relativement la fonction de la pense."
Moi (Je) est toujours sujet, mais en tant qu'objet je ne suis pas une substance
K402-K403 Le Moi, le Je pense, doit toujours dans la pense avoir valeur de sujet,
[c'est--dire] de quelque chose qui ne puisse tre simplement considr comme un
prdicat venant s'attacher la pense : c'est l une proposition apodictique et mme
identique ; toutefois, elle ne signifie pas que je sois, comme objet, un tre subsistant
par moi-mme, autrement dit une substance.
Cette certitude contredit l'opinion de Descartes selon laquelle l'homme est une
substance pensante et tendue.
Voir aussi :
Doctrine rationnelle de l'me ;
Principes suprmes de la possibilit d'intuition pour la sensibilit et
l'entendement ;
185
Moi ;
Conscience des actes et des procdures ;
Paralogisme psychologique : conclusion de la solution.
L'homme qui a conscience de ses actes et de ses penses s'en souvient et peut les
reproduire. Il peut y rflchir et en induire des mthodes valables pour tous les cas
semblables ; exemples : la mthode pour additionner deux fractions, la mthode de
drivation d'une fonction trigonomtrique. Enfin, il peut reconnatre dans une suite
d'actions ou de penses un cas particulier d'une procdure plus gnrale.
Conscient
Substantif : un des trois systmes de l'appareil psychique, situ entre le
prconscient et l'inconscient : voir 1re topique.
Adjectif : un sujet conscient est l'tat d'veil et peut s'exprimer.
Conscution
K335 "Dans tout raisonnement [logique], il y a une proposition qui sert de principe
et une autre, savoir la conclusion, qui en est tire, et enfin la dduction rationnelle
(conscution) d'aprs laquelle la vrit de la dernire est relie indissolublement la
vrit de la premire."
Cette liaison confre au raisonnement une unit d'enchanement ncessaire.
Consomption
Anantissement, destruction.
Constitutif
Adjectif Qualit qui constitue la base, le fondement d'une chose, avec laquelle on
peut l'imaginer (ou se la reprsenter) et sans laquelle elle est impossible.
186
Une telle formule (exemple) est le fondement (la base) de la relation de
proportion.
K562 - "L'usage hypothtique de la raison, qui se fonde sur des Ides admises en
tant que concepts problmatiques, n'est pas, proprement parler, constitutif, ce qui
veut dire qu'il n'est pas tel qu' juger en toute rigueur, en rsulte la vrit de la rgle
gnrale adopte comme hypothse ; car comment veut-on connatre toutes les
consquences possibles qui, en dcoulant du mme principe que l'on a admis,
prouvent son universalit ? En fait, cet usage n'intervient que de faon rgulatrice,
pour introduire ainsi, aussi largement qu'il est possible, de l'unit dans les
connaissances particulires et par l rapprocher la rgle de l'universalit."
Chez Kant
(Citation de K344)
"Une constitution qui recherche la plus grande libert humaine selon des lois faisant
en sorte que la libert de chacun puisse coexister avec celle des autres (sans qu'elle
cherche le plus grand bonheur, car celui-ci s'ensuivra de lui-mme), est en tout cas
pour le moins une Ide ncessaire, que l'on doit prendre pour fondement, non
seulement dans l'esquisse des premiers contours d'une constitution politique, mais
aussi l'occasion de toutes les lois, et o il faut faire ds l'abord abstraction de tous
les obstacles prsents, qui proviennent peut-tre non pas tant, invitablement, de la
nature humaine que bien davantage du mpris dans lequel on tient les Ides
vritables en matire de lgislation. []
Plus la lgislation et le gouvernement seraient en accord avec une telle Ide,
plus rares seraient de leur ct les peines, et ds lors il est, de fait, entirement
raisonnable d'envisager (comme Platon [49] l'affirme) qu' la faveur d'une
organisation parfaite de cette lgislation et de ce gouvernement absolument aucune
d'entre elles ne serait plus ncessaire. Or, bien que cette situation ne puisse jamais
se raliser, l'Ide est pourtant entirement juste qui tablit ce maximum comme le
modle ncessaire pour rapprocher toujours davantage, par rfrence lui, la
constitution lgale des hommes de la plus grande perfection possible."
(Fin de citation)
187
de signification. [Ainsi, par exemple,] la mathmatique remplit cette exigence par
la construction de la figure, qui est un phnomne prsent aux sens bien que
produit a priori."
(Pour l'intuition, cet objet doit tre reprsent la fois dans l'espace, pour le
sens externe, et dans le temps pour le sens interne.)
Voir :
Un concept possible peut tre vide :
Mathmatiques ;
Connaissance pure mathmatique ;
Dogmata et mathemata ;
Problme de la vrit d'une connaissance - Thorie de la connaissance.
Contingence (adjectif)
(Philosophie) : qui peut tre ou ne pas tre, se produire ou non, s'tre produit ou non.
Manire d'tre d'un objet, rel ou abstrait, qui peut exister ou non.
Manire d'tre d'une situation ou d'une volution qui peut se produire ou non,
s'tre produite ou non.
Exemple : une des dmonstrations de l'existence de Dieu (hlas fausse) est base
sur la contingence de l'Univers qui existe mais aurait pu ne pas exister :
Puisqu'il existe c'est qu'il a t cr, donc qu'il y a un Crateur, Dieu . Mais
l'hypothse de contingence d'un objet qui existe, a exist ou existera est absurde, car
contraire au principe d'identit [32].
Exemple : un jugement empirique est contingent dans la mesure (et seulement dans
la mesure) o il dpend de circonstances psychiques au moins en partie
inconscientes.
Voir aussi Accident.
Contingence et hasard
Le hasard fait qu'une chose peut se produire ou non, donc tre contingente : c'est ce
que croient la plupart des gens. Mais il n'y a pas de hasard dans les phnomnes
naturels, parce que l'homme en a dfini chaque loi sans exception (voir Hasard).
188
Contingence et probabilit
La notion binaire (oui/non) de contingence peut souvent tre remplace par celle de
probabilit d'occurrence, plus prcise.
Contingent (substantif)
(Philosophie) : ce qui peut tre ou ne pas tre, se produire ou ne pas se produire.
Voir aussi Contingence (adjectif).
189
K270 "Au sein de ce qu'il y a de rel dans le phnomne, il n'y a aucune
diffrence [non nulle], comme il n'y en a aucune dans la grandeur des temps, qui
soit la plus petite ;"
Par extension philosophique aux significations donnes par Kant :
Le domaine d'existence tout entier de x est dit continu s'il ne contient aucune
valeur x0 que x ne peut prendre. Exemple :
Le domaine d'existence de x comprenant l'ensemble des valeurs relles
comprises entre 0 et 1 not {0 x 1} n'a pas de trou ;
Mais le domaine d'existence en 2 parties
Du point de vue physique, affirmer que tout espace une, deux ou trois dimensions
est ncessairement continu est faux : voir Continuum.
Fluence et fluxion
K245 - Kant qualifie de fluentes des grandeurs continues, parce que la synthse de
l'imagination productive qui intervient dans leur production est une progression
continue dans le temps parfois appele fluxion (coulement).
190
(Cette affirmation traduit une exigence physique : tout changement affectant un
systme matriel macroscopique met en uvre une nergie, du fait de la
thermodynamique [119] ; cette mise en uvre exige un minimum de temps. Kant
le savait, bien que la thermodynamique ft inconnue son poque, et il en
dduit l'exigence de continuit.
Remarque : l'exigence d'nergie n'existe pas lorsque le changement est un
simple dplacement vitesse uniforme sans intervention de force.)
K270 "Tout changement n'est [] possible que par une action continue de la
causalit, laquelle, en tant qu'elle est uniforme, s'appelle un moment. Le changement
n'est pas constitu par ces moments, mais il est produit par eux comme leur effet."
Cette affirmation est fausse dans le cas d'une impulsion fournie par une particule
comme un photon, ou par un choc : le systme qui reoit l'impulsion peut
changer. Elle est aussi fausse dans le cas de la dcomposition radioactive
spontane d'un atome, dans le cas d'une fluctuation quantique, etc., mais Kant
ne pouvait le savoir.
Kant affirme que dans l'esprit humain les processus cognitifs de synthse qui grent
le changement (l'volution d'une reprsentation en mmoire de travail) sont continus,
aux sens dcrits ci-dessus pour une variable et pour une fonction :
K270 "Telle est donc la loi de la continuit de tous les changements, dont le
principe est le suivant : ni le temps, ni non plus le phnomne inscrit dans le
temps, ne sont constitus de parties qui soient le plus petites possible [c'est--
dire de quanta, au sens physique de minimum absolu non nul], et cependant
l'tat de la chose, lors de son changement, passe par toutes ces parties, pour
parvenir ce qu'il est sous sa deuxime forme, comme par autant d'lments.
Au sein de ce qu'il y a de rel dans le phnomne, il n'y a aucune diffrence,
comme il n'y en a aucune dans la grandeur des temps, qui soit la plus petite ; et
ainsi le nouvel tat de la ralit se dveloppe-t-il partir du premier, o il n'tait
pas prsent, en traversant tous les degrs infinis de cette mme ralit, entre
lesquels les diffrences sont toutes plus petites qu'entre 0 et A."
Kant utilise ici la notion de valeur infiniment petite mais non nulle d'une variable. Il
veut dire que la perception des changements est continue, passant de zro (aucun
changement n'est peru) A (le changement est termin et pris en compte par
l'esprit).
Seuils minimum et maximum d'une perception
Il dduit cette opinion du fait que toute perception de changement demande un
temps non nul, ce que les enregistreurs crbraux modernes confirment.
Mais la perception des vnements extrieurs par la conscience humaine n'est
pas continue : les enregistrements de l'activit du cerveau montrent que la prise
191
de conscience d'un vnement est soumise un seuil, qu'elle passe
brusquement de non peru peru. Ce n'est qu'au-del de ce seuil qu'elle est
continue, et encore jusqu' une limite traduisant la saturation de l'organe des
sens concern, saturation associe une douleur (blouissement,
assourdissement, etc.).
K270 Dans cette page des Analogies de l'exprience, on peut interprter le texte
de Kant de deux faons.
Soit comme l'affirmation de l'existence d'une "grandeur de la ralit (B-A)", ce
qui est inexact : un systme existe ou n'existe pas, une volution de systme se
produit ou ne se produit pas : en matire de ralit physique le principe d'identit
[32] rgne sans partage : voir Subliminal et Continuum.
Ce qui est vrai cependant, c'est qu'en physique quantique la valeur de certaines
grandeurs est probabiliste ; par exemple, la position d'un lectron en mouvement
peut tre dfinie, un instant prcis et dans un volume d'espace donn, avec
une certaine probabilit de prsence, la somme de toutes ces probabilits de
prsence de l'lectron dans l'espace infini valant 1. Mais les quations de la
Mcanique quantique rgissant les volutions des systmes l'chelle atomique
sont parfaitement dterministes : il n'existe jamais de ralit variable ou
progressive.
Soit comme l'affirmation que l'intensit perue d'un phnomne qui a une
certaine grandeur est continue, ce qui est vrai entre les deux limites ci-dessus.
192
K287 "Tous [ces principes ont] pour unique point commun qu'ils n'admettent rien,
dans la synthse empirique, qui puisse faire tort ou porter atteinte l'entendement et
l'enchanement continu de tous les phnomnes, c'est--dire l'unit de ses
concepts. Car c'est seulement en lui que devient possible l'unit de l'exprience, o
toutes les perceptions doivent ncessairement avoir leur place."
Continuum
Substantif - Un continuum est un espace d'un seul tenant (sans trou ou interruption).
Toute variable y est continue. Exemples : l'espace de l'Univers newtonien et
l'espace-temps de la Relativit gnrale d'Einstein [85] (continuum 4 dimensions).
193
(Nous venons de voir que cette affirmation, vraie l'chelle macroscopique
humaine, est fausse celle (atomique) de la physique quantique. Et l'poque
de Kant, on ne savait pas non plus que la perception crbrale passe toujours
par un seuil.)
K245 - "puisque, pour tout nombre, il faut en tout cas qu'une unit serve de base,
le phnomne qui constitue une unit est un quantum et, comme tel, toujours un
continuum." Donc tout phnomne est un continuum (dduction hlas fausse).
Principe de dterminabilit
K518 "Tout concept, vis--vis de ce qui n'est pas contenu en lui, est indtermin et
se trouve soumis au principe de dterminabilit qui veut que, de deux prdicats
contradictoirement opposs, un seul puisse lui revenir - principe qui repose lui-mme
sur le principe de contradiction et est par consquent un principe purement logique
qui fait abstraction de tout contenu de la connaissance et ne prend en considration
que la forme logique."
Controuver
Selon le dictionnaire [13] : affirmer des faits entirement errons (souvent avec une
intention malfaisante).
[56b] 27 page 100 "Je suis bien loign de considrer que ces concepts sont
simplement emprunts l'exprience et que la ncessit qui s'y trouve reprsente
est une simple apparence controuve dont nous leurre une longue habitude ;"
Convenance et disconvenance
Convenance
Selon le dictionnaire [13] : Fait de convenir (d'tre appropri ) quelque chose.
K312 "Quand la ralit ne nous est reprsente que par l'entendement pur (realitas
noumenon), ne se peut penser entre les ralits nulle disconvenance [conflit], c'est-
-dire nul rapport tel que, runies dans un sujet, elles annuleraient rciproquement
leurs consquences, au sens o 3 3 = 0. Au contraire, le rel phnomnal (realitas
phaenomenon) peut sans aucun doute contenir entre ses lments une relation de
disconvenance et, runi dans le mme sujet, anantir en totalit ou en partie, dans
l'un de ses lments, la consquence de l'autre, comme c'est le cas de deux forces
motrices oprant sur une mme ligne droite qui attirent ou poussent un point dans
des directions opposes"
194
Disconvenance
Oppos de convenance.
Coordonner
Selon [13] : Relier par des connecteurs logiques (ET, OU, SAUF) des propositions ou
des conditions. Exemple : J'pouserai quelqu'un de riche ET beau !
Voir diffrence avec subordonner.
Copule
Voir Connecteur (synonyme) et jugement.
Corrlat
Substantif : Considrons les deux termes, x ou y, d'une relation de la forme x R y.
Chacun de ces termes est dit corrl l'autre, qui est son corrlat. Exemples :
Jean (x) est pre de (R) Marie (y).
K166 - Les catgories de l'entendement des deux premires classes (Quantit et
Qualit) n'ont pas de corrlat, alors que celles de la seconde classe (Relation et
195
Modalit) en ont un : ainsi, le terme Impossibilit est corrl avec Possibilit et
Contingence avec Ncessit.
Corrlatif
Chez Kant
[93] D.1770, p. 642 :
Exemples de concepts acquis par l'entendement : "la possibilit, l'existence, la
ncessit, la substance, la cause, etc., avec leurs opposs et leurs corrlatifs."
Cosmologie - Cosmologique
Selon [13]
Science des grandes lois qui gouvernent l'univers physique.
Philosophie : Partie de la mtaphysique qui traite du monde physique.
Synonyme : philosophie de la nature.
Chez Kant
K354 "Le sujet est l'objet de la psychologie ; l'ensemble qui inclut tous les
phnomnes (le monde sensible), l'objet de la cosmologie".
196
K417 - "Tout autrement en va-t-il si nous appliquons la raison la synthse objective
des phnomnes : elle imagine, certes avec beaucoup d'apparence, y faire valoir son
principe de l'unit inconditionne, mais s'emptre bientt dans de telles
contradictions qu'elle est contrainte d'en rabattre de ses prtentions du point de vue
cosmologique."
Unit cosmologique : unit de la synthse inconditionne des conditions
L'unit inconditionne (celle du monde [sensible] tout entier, appele de ce fait
cosmologique) est l'objectif d'une synthse des reprsentations prsentes
l'esprit dont les objets sont considrs comme des choses en soi, synthse
ncessairement subjective. L'esprit, qui a commenc par faire une synthse
cosmologique parce que la raison veut aller jusqu' l'inconditionn, trouve
des contradictions (antinomies) qui le font revenir l'ensemble des conditions
objectives. La condition d'unit inconditionne des conditions est une condition
de compltude de leur srie.
Voir :
Problmatique du conditionn et de l'inconditionn ;
Totalit absolue des conditions.
Crance
Substantif
Selon le dictionnaire [13] : action de considrer quelque chose comme vrai.
197
Conviction et certitude
La suffisance subjective s'appelle conviction (pour moi-mme), la suffisance
objective s'appelle certitude (pour chacun)."
(Fin de citation)
Critrium
Selon le dictionnaire [13] : vieux terme qui n'est plus utilis, synonyme de critre.
Criticisme
Doctrine de Kant : Examen critique des fondements rationnels de la connaissance,
tel qu'il est expos dans ses ouvrages Critique de la raison pure et Critique de la
raison pratique [132].
Selon le criticisme :
L'esprit construit ses connaissances partir de formes ou de catgories lui ;
Il ne peut construire des connaissances vraies (conformes la ralit) qu' partir
de l'exprience.
Voir :
Idalisme de Kant ;
Philosophie transcendantale ;
Conditions de possibilit et de vraisemblance d'une connaissance ;
Diffrence de primaut entre la mtaphysique classique et le criticisme de Kant.
Critique
198
majest, veulent communment s'y soustraire. Mais elles suscitent ds lors vis--vis
d'elles un soupon lgitime et ne peuvent prtendre ce respect sans hypocrisie que
la raison tmoigne uniquement ce qui a pu soutenir son libre et public examen."
Kant, auteur du clbre texte Quest-ce que les Lumires ? [25], refuse les vrits
imposes depuis des millnaires par la religion (rvlations) ou l'autorit des princes
et despotes (lois dictes). Il milite pour que l'homme pense par lui-mme, parce qu'il
est dou de raison, et pour que soient admises comme vrits les affirmations que
tous les hommes peuvent accepter librement et d'un commun accord ; c'est une foi
en la science, la libert d'expression et la dmocratie.
K619 "La raison doit, dans toutes ses entreprises, se soumettre la critique, et elle
ne peut par aucun interdit attenter la libert de cette dernire sans se nuire elle-
mme et sans attirer sur elle un soupon qui lui est dommageable. De fait n'y a-t-il
rien de si important, quant l'utilit, ni rien de si sacr qui puisse se drober cet
examen qui contrle et inspecte tout, sans faire exception de personne. C'est sur
cette libert que repose mme l'existence de la raison, laquelle n'a pas d'autorit
dictatoriale, mais ne fait jamais reposer sa dcision que sur l'accord de libres
citoyens, dont chacun doit pouvoir exprimer ses objections, voire son veto, sans
retenue aucune.
Cela tant, si la raison ne peut certes jamais se refuser la critique, elle n'a
pourtant pas toujours de motifs de la redouter."
Pour comprendre le problme, voir d'abord Moi (Je), puis, Descartes : pense, me
et corps puis Permanence de l'me (rfutation de la dmonstration de Mendelssohn).
199
dmontre ainsi, en mme temps, l'impossibilit de dterminer dogmatiquement, vis-
-vis d'un objet de l'exprience, quoi que ce soit qui dpasse les limites de
l'exprience, rend la raison, relativement cet intrt mme, le service, qui n'est
pas dnu d'importance pour elle, de la garantir tout autant contre toutes les
affirmations possibles du contraire. Ce qui ne peut se produire que de deux faons :
soit l'on dmontre apodictiquement la proposition que l'on nonce ; soit, si l'on n'y
parvient pas, on recherche les sources de cette impuissance - et si celles-ci rsident
dans les bornes ncessaires de notre raison, alors la mme loi qui ordonne de
renoncer toutes les prtentions d'affirmer dogmatiquement quoi que ce soit
s'impose tout adversaire."
Critique de la mtaphysique
Lire d'abord Critique, Critique de la raison pure et Mtaphysique.
200
Complments :
La solution scientifique pour trouver la vrit empirique : le Rationalisme critique
Question : peut-on construire une science mtaphysique ?
Voir :
Pour quelles connaissances la mtaphysique est-elle ncessaire ?
Quelle connaissance est accessible la mtaphysique ?
Philosophie - 3 questions fondamentales : theoria, thique et sagesse.
Voir Conditions satisfaire par une critique de la raison pour que la mtaphysique
soit une science.
201
Exemple de critique rvolutionnaire l'poque de Kant : la croyance en Dieu
Pour Kant et les philosophes des Lumires [25], l'entendement et la raison de
l'homme lui permettent d'esprer connatre toute ralit : il peut remettre en question
n'importe quelle thse, doctrine ou foi, y compris l'existence de Dieu, et les soumettre
son tribunal de la raison (K477). Son apprhension de la ralit se base sur sa
seule certitude : j'existe, d'o il peut dduire l'interprtation de tous les phnomnes.
Et aprs avoir admis qu'un Dieu rel serait ncessairement transcendant, donc
physiquement impossible, Kant recommande de croire en un Dieu transcendantal,
simple Ide mais concept suprme cohrent la fois avec le monde sensible et le
monde moral de son Idalisme transcendantal.
202
malgr l'indpendance de nos concepts et de nos principes purs de
l'entendement l'gard de l'exprience, bien plus, malgr l'extension
apparemment plus grande de leur usage,
ils ne permettent cependant de rien penser du tout hors du champ de
l'exprience, parce qu'ils ne peuvent rien faire d'autre que de dterminer la
simple forme logique du jugement relativement des intuitions donnes ;
or, comme il n'y a absolument aucune intuition en dehors du champ de la
sensibilit, ces concepts purs restent dpourvus absolument de toute
signification, faute de tout moyen de les prsenter in concreto ;
[voir Ralit et phnomnes]
il s'ensuit que tous ces noumena, ainsi que l'ensemble qu'ils forment : celui d'un
monde intelligible, ne sont rien d'autre que les reprsentations d'un problme,
dont l'objet est bien possible en lui-mme,
[c'est le problme insoluble de la dtermination de l'objet rel d'une intuition]
mais dont la solution est tout fait impossible vu la nature de notre
entendement, puisque notre entendement n'est pas une facult de l'intuition,
mais simplement de la connexion d'intuitions donnes en une exprience; il faut
donc que cette exprience contienne tous les objets pour nos concepts, alors
qu'en dehors d'elle tous les concepts, seront dpourvus de signification,
puisqu'aucune intuition ne peut leur tre soumise."
(Fin de citation)
203
mais aussi de [] connatre a priori, [] par principes, la compltude dans :
l'numration,
la classification
et la spcification [description complte et prcise]
des concepts.
Faute de quoi, en mtaphysique tout n'est que rhapsodie o l'on ne sait jamais si ce
que l'on possde est suffisant ou bien s'il se peut qu'il manque encore quelque chose
et en quel endroit."
(Fin de citation)
[plus prcisment] dans cette action de la raison qui constitue, en tant qu'elle ne
concerne que la forme, l'lment logique des raisonnements, mais qui, en tant qu'elle
reprsente les jugements de l'entendement comme dtermins relativement telle
ou telle forme a priori, constitue des concepts transcendantaux de la raison pure.
204
Prsentation de l'ouvrage, par son traducteur, Alain Renaut
K9 - "La facult qui crit la Critique de la raison pure est moins la raison, comme
pouvoir d'enchaner dductivement les noncs, que la rflexion comme activit par
laquelle le sujet procde, partir d'une diversit d'objets, une opration de
classement au sein d'un genre commun (au sein d'un universel ) qu'il ne possde
pas encore - autrement dit : qui ne prcde pas l'activit rflchissante, mais en
mane."
La Critique cherche " faire surgir, partir de la diversit des reprsentations, une
certaine dimension d'unit - ce, par leur regroupement sous trois facults (sensibilit,
entendement, raison) qui constituent donc, vis--vis de cette diversit, comme des
principes de classement."
(Citation de K98)
"Or, il semble certes naturel, ds qu'on a quitt le sol de l'exprience [pour des
spculations mtaphysiques], avec des connaissances qu'on possde sans savoir
d'o elles proviennent, et sur le crdit de principes fondamentaux dont on ne connat
pas l'origine, de ne pas immdiatement riger un difice sans s'tre auparavant
assur de la fondation de celui-ci par des recherches scrupuleuses, et sans par
consquent avoir bien plutt soulev depuis longtemps la question de savoir
comment l'entendement peut parvenir toutes ces connaissances a priori et quelle
extension, quelle validit et quelle valeur elles peuvent bien possder.
[Kant aborde sa Critique de bas en haut : il commence par tudier les fonctions
et facults psychiques (comme les reprsentations, les intuitions, l'imagination,
l'entendement et la raison), avec leurs possibilits et leurs limites, pour ensuite
seulement utiliser ce savoir pour tudier les limites des rflexions
mtaphysiques.]
205
K99 - "C'est ainsi justement que Platon quitta le monde sensible, parce que
celui-ci impose l'entendement de si troites limites, et qu'il s'aventura au-del
de celui-ci, sur les ailes des Ides, dans l'espace vide de l'entendement pur."]
(Fin de citation)
K110 - "De tout cela [c'est--dire de la volont de trouver les principes d'une science
mtaphysique] rsulte donc l'ide d'une science particulire qui peut se nommer
Critique de la raison pure. Car la raison est le pouvoir qui fournit les principes de la
connaissance a priori. La raison pure est par consquent celle qui contient les
principes permettant de connatre quelque chose absolument a priori."
Exemple de critique
Seule la raison pure peut dtecter les erreurs dialectiques dues aux Ides.
ce qu'elle [la raison] nous apprend, c'est non quelque chose qu'il [l'objet de
l'exprience] est en lui-mme mais en relation avec le propre usage de la raison
dans sa plnitude et dirig vers les plus hautes fins dans le champ de l'exprience
possible.
206
Arguments pour la raison pure
(Citation de K626-K627)
[La critique de la raison pure est le juge suprme des dsaccords et des polmiques]
"On peut considrer la critique de la raison pure comme le vritable tribunal pour
tous les diffrends dans lesquels celle-ci est implique ;
[La raison pure n'intervient pas sur le fond des arguments, mais sur leur forme]
car elle n'est pas implique dans les diffrends qui portent immdiatement sur des
objets, mais elle est instaure pour dterminer et juger les droits de la raison en
gnral d'aprs les principes qui avaient prsid son institution initiale.
[La critique permet d'apprcier les arguments selon les rgles universelles de la
raison pure, par le dbat au lieu de la passion]
La critique, en revanche, qui tire toutes ses dcisions des rgles fondamentales de
sa propre instauration, dont personne ne peut mettre en doute l'autorit, nous
procure le calme d'un tat lgal o nous ne devons rgler notre diffrend d'aucune
autre manire qu'en recourant une procdure.
Ce qui met un terme aux affaires dans le premier cas, c'est une victoire dont les deux
partis se vantent, laquelle ne succde dans la plupart des cas qu'une paix
incertaine, tablie par l'intervention des pouvoirs publics venant s'interposer entre les
adversaires ;
[La sentence de la raison pure, juste par dfinition, apaise les dsaccords]
tandis que, dans le second cas, c'est la sentence qui, parce qu'elle touche ici la
source mme des diffrends, doit garantir une paix perptuelle.
Aussi les diffrends infinis d'une raison purement dogmatique nous contraignent-ils
chercher enfin le calme dans quelque critique de cette raison mme et dans une
lgislation qui trouve l ses fondations.
Comme l'affirme Hobbes [81] : l'tat de nature est un tat de non-droit et de violence,
et force est de l'abandonner pour se soumettre la contrainte lgale qui limite notre
libert uniquement pour qu'elle puisse coexister avec la libert de tout autre et par l
mme avec le bien commun.
A cette libert appartient donc aussi celle d'exposer publiquement au jugement ses
penses et les doutes que l'on ne peut rduire soi-mme, sans tre pour autant
dcri comme un citoyen agit et dangereux.
[Tous les hommes sont dous de raison, et en raison pure jugent de la mme faon]
C'est l un point qui se trouve dj compris dans le droit originaire de la raison
humaine, laquelle ne connat pas d'autre juge qu' nouveau l'universelle raison
humaine, o chacun a sa voix ;
207
[Tous les hommes ont le droit inalinable d'avoir une opinion et de l'exprimer]
et dans la mesure o c'est de cette dernire que doivent provenir toutes les
amliorations dont notre tat est susceptible, un tel droit est sacr et il ne peut y tre
attent."
(Fin de citation)
Abrviation
Dans ce texte, chaque fois que le mot Critique apparat seul en caractres italiques il
s'agit de la Critique de la raison pure.
208
diversit d'objets, une opration de classement au sein d'un genre commun (au
sein d'un universel [concept qui est universel pour la classe d'objets qu'il
reprsente]) qu'il ne possde pas encore - autrement dit : qui ne prcde pas
l'activit rflchissante, mais en mane."
[L'obscurit de la Critique] tient pour une part l'tendue du plan qui ne permet pas
de bien dominer les points principaux qui importent en cette recherche ; et c'est
cela que je vais remdier par les prsents Prolgomnes.
L'uvre qui prsente le pur pouvoir de la raison dans toute son tendue et ses
limites demeure fondamentale ; les Prolgomnes s'y rapportent titre d'exercices
prliminaires uniquement. Car cette Critique doit, en tant que science, exister de
faon systmatique et exhaustive jusqu'en ses moindres parties avant mme qu'on
puisse songer faire paratre une mtaphysique ou mme en nourrir la lointaine
esprance. []
Ces Prolgomnes [feront bien voir aux lecteurs de la Critique] que c'est une
science [de la raison pure] entirement nouvelle ; personne n'y avait mme pens
auparavant, sa seule ide tait elle-mme inconnue et rien de ce qui tait donn
jusqu'alors n'tait utilisable, la seule exception de l'indication que pouvait fournir le
doute de Hume ;"
(Fin de citation)
Voir :
Raison ;
Philosophie transcendantale ;
Mtaphysique ;
Criticisme.
209
Critique de toute thologie issue de principes spculatifs de la raison
K553 - Dialectique transcendantale / Livre II : des raisonnements dialectiques de la
raison pure / Chapitre 3 : L'idal de la raison pure / 7me section / Critique de toute
thologie issue de principes spculatifs de la raison
K554 "Le diste croit en un Dieu, mais [] le thiste croit en un Dieu vivant."
210
K554 "Je me contente ici de dfinir la connaissance thorique comme une
connaissance par laquelle je connais ce qui est, et la connaissance pratique comme
une connaissance par laquelle je me reprsente ce qui doit tre. En vertu de quoi
l'usage thorique de la raison est celui par lequel je connais a priori (comme
ncessaire) que quelque chose est [existe] ; tandis que l'usage pratique est celui par
lequel est connu a priori ce qui doit arriver."
[La connaissance thorique est donc celle qui rsulte de lois naturelles, tandis
que la connaissance pratique rsulte de rgles morales ( doit tre indique un
devoir moral, doit arriver indique une action conforme la morale).]
Dans le premier cas, la condition est postule (per thesin) ; dans le second, elle est
suppose (per hypothesin).
Consquence pour les lois morales : leur force obligatoire suppose une existence
K554 Si les lois morales (absolument ncessaires) prsupposent ncessairement
quelque existence comme la condition de possibilit de leur force obligatoire, cette
existence doit tre postule, puisque le conditionn d'o part le raisonnement pour
arriver cette condition dtermine [prcise] est lui-mme connu a priori comme
absolument ncessaire.
Critique transcendantale
Voir Critique transcendantale.
Croyance
Selon le dictionnaire [13] :
Certitude plus ou moins grande par laquelle l'esprit admet la vrit ou la ralit
de quelque chose.
Adhsion de l'esprit qui, sans tre entirement rationnelle, exclut le doute et
comporte une part de conviction personnelle, de persuasion intime.
Assentiment que donne l'esprit, sans rflexion personnelle et sans examen
approfondi.
Opinion qui, sans tre religieuse, a le caractre d'une conviction intime et qui
exclut le doute.
Chez Kant
L'intelligence suprme est ncessaire pour penser le souverain Bien - Croyance
(Citation de [132] page 251)
211
"Notre raison ne trouve pas pensable [le souverain Bien] autrement qu'en supposant
une intelligence suprme ;
bien que ce fait mme de l'admettre soit du ressort de la raison thorique, au regard
de laquelle seule il peut, considr comme fondement de l'explication, tre appel
une hypothse,
K669 Lorsqu'une croyance d'un sujet est, "mme dans son propre jugement,
simplement contingente", Kant l'appelle croyance pragmatique. Bien que
contingente, une telle croyance sert de fondement l'utilisation effective des moyens
pour certaines actions.
Exemple : le Principe de prcaution [145] de la Constitution franaise, a t
interprt de faon abusive par un tribunal. Celui-ci a fait dmonter une antenne
publique de tlphonie portable sans autre raison que des voisins avaient peur
de ses ondes . Ces voisins, qui taient tous utilisateurs de tlphones
portables, voulaient que l'antenne qu'ils utilisaient soit ailleurs, prs d'autres
utilisateurs
K670 "La croyance pragmatique possde [] un degr, qui, selon la diffrence des
intrts qui s'y trouvent en jeu (notamment en cas de pari, comme ci-dessous) peut
tre grand ou petit."
212
affirm quelque chose, on peut valuer son degr de certitude en lui proposant un
pari.
Croyance doctrinale
Voir d'abord Croyance.
[Mais je crois si fort dans l'explication d'une unit du monde par des fins divines]
l'unit finalise est cependant une si grande condition de l'application de la raison
la nature que je ne peux pas du tout la laisser de ct, dans la mesure, au
demeurant, o l'exprience m'en fournit profusion des exemples.
[Je ne trouve pas d'autre explication que Dieu Crateur pour l'unit que je vois]
Or, pour ce qui est de cette unit, je ne connais pas d'autre condition qui pt en faire
pour moi un fil conducteur de l'exploration de la nature que de supposer qu'une
suprme intelligence a tout ordonn ainsi d'aprs les fins les plus sages.
213
Par une croyance, une Ide fournit un principe directeur la raison
K671 Dans des questions comme celles de la justification tlologique de
l'existence de Dieu, "le terme de croyance est [] une expression de modestie du
point de vue objectif mais cependant, en mme temps, il exprime du point de vue
subjectif la solidit de la confiance. [Ce terme] s'applique seulement la faon dont
une Ide me fournit un principe directeur, et l'influence subjective qu'elle exerce sur
le dveloppement des actes de ma raison, qui renforce mon adhsion cette Ide,
bien que je ne sois pas en tat d'en rendre compte du point de vue spculatif.
Pour un rsum des croyances de Kant, voir Les Ides sont les causes efficientes de
la nature Les croyances de Kant.
Croyance morale
Voir d'abord, si ncessaire Croyance et Croyance doctrinale.
La fin est ici incontournablement fixe, et il n'y a, selon tout ce que je sais, qu'une
seule condition possible sous laquelle cette fin parvient former avec toutes les
autres fins un ensemble cohrent et possde ds lors une valeur pratique, savoir
qu'il y ait un Dieu et un monde futur ;
je sais aussi de faon tout fait certaine que personne ne connat d'autres conditions
conduisant la mme unit des fins sous la loi morale.
214
est ce point lie ma disposition morale que, tout aussi peu suis-je expos
perdre cette disposition, tout aussi peu ai-je craindre de pouvoir jamais me voir
ravir cette croyance."
Culture
Au niveau d'un groupe humain, c'est l'ensemble des valeurs, croyances et
coutumes partages par les membres d'un groupe (peuple, fidles d'une religion,
etc.) depuis suffisamment longtemps pour que chacun les ait incorpores son
inconscient (ces valeurs, croyances et coutumes leur paraissent inconsciemment
naturelles et indiscutables). Ce partage rsulte :
De l'histoire commune ;
De l'environnement gographique et climatique o le groupe vit depuis des
gnrations ;
De la (ou des) religion(s) les plus rpandues dans le groupe ;
Des lois morales ;
Des coutumes sociales, etc.
De l'ducation transmise aux enfants par les parents ou l'enseignement ;
Des informations diffuses par les mdias ;
Des formes d'art dominantes depuis des dcennies (littrature, peinture,
sculpture, danse, architecture, cinma, cuisine, etc.) ;
Une culture comprend, par exemple :
Des habitudes et prfrences dans des domaines comme la manire
d'lever des enfants, la nourriture et la cuisine, les expressions et gestes
utiliss pour exprimer son opinion, les relations avec les autres dans la vie
familiale ou au travail, et la discipline que chacun s'impose par exemple
pour faire des efforts ou aborder un problme complexe ;
Des valeurs comme les canons de beaut et les critres d'honntet ;
Des croyances en matire de mdecine, de cosmologie, de religion et de vie
aprs la mort ;
Des idologies et une thique en matire d'conomie ou de politique, etc.
La culture d'un groupe humain est en rapport avec l'ethnie, dfinie par son
hritage gntique et socioculturel (en particulier la langue), l'espace
gographique et la conscience de ses membres d'appartenir un mme groupe.
Au niveau d'une personne, la culture (l'acquis) rsulte de celle de son groupe,
qui lui a transmis ses valeurs, croyances et coutumes, ainsi que des
connaissances et expriences issues de sa propre vie.
Mais la culture d'une personne est sans rapport avec sa couleur de peau ou
d'autres caractristiques provenant de sa naissance : c'est une caractristique
transmise par la vie en socit.
Une civilisation est dfinie par une culture, une socit (institutions, lgislation,
modle conomique, etc.) et des ralisations (infrastructures, sciences et
techniques, architecture et autres arts, etc.).
215
Data
Nom collectif : informations, donnes.
K520 "Les ralits contiennent les data et, pour ainsi dire, la matire ou le contenu
transcendantal de la possibilit et de la dtermination intgrale de toutes choses."
Dduction mtaphysique
C'est le nom donn par Kant au 1er chapitre de l'Analytique des concepts (K154) :
Du fil conducteur permettant de dcouvrir tous les concepts purs de l'entendement.
Dduction transcendantale
C'est une justification de l'application de concepts a priori des objets de
l'exprience.
K170 - "J'appelle [] l'explication de la manire dont des concepts peuvent se
rapporter a priori des objets leur dduction transcendantale, et je la distingue de la
dduction empirique, laquelle montre de quelle faon un concept est acquis par
exprience et par rflexion sur celle-ci, et ne concerne donc pas la lgitimit de ce
concept, mais le fait d'o procde sa possession." C'est par dduction
transcendantale que les concepts d'espace, temps, et catgories se rapportent a
priori aux objets.
216
la reprsentation (indpendante de la forme du divers de l'intuition) rsulte d'une
synthse de l'apprhension, c'est--dire de la manire mme dont l'esprit fonctionne.
Dans cette premire synthse, en faisant abstraction de la forme (le temps) dans le
phnomne du gel, il reste une condition a priori : la cause du passage de l'eau de
l'tat liquide l'tat solide ; mon esprit fait donc une synthse transcendantale en
gnrant un concept pur de catgorie de relation, la causalit. Cette seconde
synthse est une synthse de l'aperception, qui prsuppose la synthse de l'intuition
prcdente.
Dfinition
Voir Discipline de la raison pure dogmatique : des dfinitions.
Degr
Chez Kant le degr d'une sensation est son intensit perue, toute perception tant
accompagne d'une sensation :
K242 "La perception est la conscience empirique, c'est--dire une conscience
dans laquelle intervient en mme temps une sensation."
217
souvent aussi une tendue d'espace, grandeurs non-nulles). C'est pourquoi le
degr est mesur par une intensit, pas par une dure ou une tendue.
Voir :
K242 - "Dans tous les phnomnes, le rel, qui est un objet de la sensation,
possde une grandeur intensive, c'est--dire un degr."
K251 "Ainsi pourrai-je [] avec peu prs deux cent mille fois la clart de la
Lune composer et dterminer a priori, c'est--dire construire, le degr des
sensations suscites par la lumire du Soleil."
K242-K243 "de la conscience empirique la conscience pure, un
changement s'accomplissant par degrs est possible en tant que le rel de la
premire disparat totalement, et qu'il ne reste qu'une conscience simplement
formelle (a priori) du divers dans l'espace et le temps..."
Cette affirmation est, hlas, fausse : voir Continuit de tous les changements et
Continuum.
Disme - Diste
Voir Dfinitions : diste, thiste (K553).
Dlire
Substantif (psychologie) : altration profonde du psychisme et de la personnalit,
parfois avec abolition de la conscience, caractrise par de fausses interprtations
ou de fausses perceptions.
Dans l'intuition : le sujet admet comme relle et vraie une ide fausse, sans
vrification ;
Dans l'imagination : le sujet construit un monde d'vnements et de situations
errones ;
Dans l'interprtation : le sujet donne une fausse signification un fait rel.
Dmonstration
Voir Discipline de la raison pure dogmatique : des dmonstrations.
Dpendance
K355 "On voit aisment que la raison pure n'a pas d'autre but que l'absolue totalit
de la synthse du ct des conditions (que ce soit d'inhrence, de dpendance ou de
concurrence) et qu'elle n'a pas se proccuper de la compltude absolue du ct du
conditionn."
218
Voir Diffrences entre inhrence, dpendance et concurrence : un exemple.
Drivation physiologique
Voir Dductions transcendantale, empirique et physiologique.
Dfinition
La dterminabilit du concept d'un objet est sa possibilit de dtermination.
219
Or il y a une diffrence entre une connaissance de l'objet en gnral
(indpendamment des circonstances, par sa chose en soi) et sa connaissance dans
une intuition.
K518 note * - "La dterminabilit de tout concept est soumise l'universalit
(universalitas) du principe qui exclut tout terme intermdiaire entre deux
prdicats opposs, [c'est--dire le principe du milieu exclu [55]] tandis que la
dtermination d'une chose est soumise la totalit (universitas) ou l'ensemble
global de tous les prdicats possibles."
Dtermination
Substantif 2 significations :
1. Dfinition ou loi tablissant une existence ; cette dfinition contient au moins une
condition d'existence de l'objet. Exemples :
K255 - "dans tous les phnomnes [qui voluent], il y a quelque chose de
permanent [la substance] par rapport auquel ce qui change n'est rien d'autre
qu'une dtermination de son existence."
Dtermination dans le temps
Un phnomne ayant un commencement et une fin, il n'existe qu'entre ces deux
instants : son existence est alors dtermine (dfinie) par ce qui a chang entre
avant le commencement et aprs la fin .
K255 "si ce que l'on veut, dans le phnomne, nommer substance doit tre le
substrat vritable de toute dtermination temporelle, il faut que toute existence,
aussi bien dans le pass que dans le futur, ne puisse trouver que l et
uniquement l ses dterminations.
Dtermination et exprience d'un phnomne : tat un instant donn
L'exprience effective d'un phnomne attribue une intuition un caractre
dtermin qui en fait une connaissance empirique ; la facult mise en uvre est
la synthse de l'entendement. Cette dtermination est la premire tape d'une
ventuelle comprhension plus complte.
Une dtermination d'un phnomne est son tat un instant donn ; chacun des
prdicats (informations) qui le dcrivent a alors une valeur prcise. La
reprsentation mentale du phnomne cet instant-l est un certain tat du
cerveau (neurones et leurs interconnexions).
Voir :
Prdicats d'une dtermination : informations, conditionn, inconditionn :
Dterminabilit d'un objet par un concept ;
Risque d'erreur : Je ne peux pas voir tout ce qui est possible ;
L'impossible dtermination de l'objet rel d'o provient une exprience.
2. L'un des 3 rapports de prsence dans le temps (permanence, succession et
simultanit). Ce rapport constitue une dtermination de l'objet, dtermination
dont le caractre contingent la fait qualifier d'accident.
K256 "Les dterminations d'une substance qui ne sont que des modes
particuliers de son existence s'appellent accidents. Elles sont toujours relles,
puisqu'elles concernent l'existence de la substance"
220
Voir aussi : Dtermination logique d'un concept.
221
- La condition suffisante permet de prvoir une consquence, en suivant
le temps vers l'avenir depuis sa cause : l'volution est dclenche
coup sr.
Le postulat de causalit fait partie des principes de l'entendement :
K647 "Si ce sont des principes de l'entendement (par exemple, celui de la
causalit)"
Ce postulat est utilis si spontanment qu'on fait parfois l'erreur de
considrer la (loi de) causalit comme un principe de la raison en gnral
(voir Ides de la raison pure (usage rgulateur des) ).
Or il n'y a de causalit que pour les phnomnes (cause efficace, appele
aussi efficiente ou suffisante), les causes matrielle, finale et formelle n'tant
pas soumises une loi naturelle.
K632 Comme Kant, le philosophe cossais David Hume [40] a constat
que le principe de causalit n'est pas un principe d'usage gnral de la
raison : il ne peut donc aller au-del de l'empirique (il ne s'applique qu'aux
objets de l'exprience).
Voir ici :
Validit du principe de causalit Impossibilit d'une preuve de
l'existence de Dieu ;
Le principe rgulateur de la raison qu'est l'Idal de l'tre suprme.
La consquence physique de la cause est une volution continue qui suit
une loi de la nature aussi longtemps qu'elle s'applique, pas une situation
finale un ou plusieurs instants arbitraires distincts.
La rgle de stabilit : les mmes causes produisent toujours les mmes
effets (reproductibilit : dans la nature les volutions obissent des lois).
Les lois physiques dont l'application est dclenche par une cause donne
sont stables, elles sont les mmes en tous lieux et tout instant.
Autre nom du dterminisme scientifique, donn par Kant comme par
Schopenhauer [29] : Principe de raison suffisante. Voir : Ncessit de postuler le
dterminisme pour rendre possible la reprsentation d'objets.
Le dterminisme statistique (Daniel Martin [12]), affirmant que dans certains cas
l'tat un instant t d'un systme qui volue est un lment d'un ensemble
prvisible choisi selon une probabilit statistique calculable. Exemples :
Le rsultat d'un lancer de d est un nombre choisi avec une probabilit de
1/6 dans l'ensemble {1, 2, 3, 4, 5, 6}.
En Mcanique quantique, l'tat d'un systme (position, vitesse) est un
lment d'un ensemble, fini ou infini, de solutions de l'quation d'volution
de Schrdinger [64].
Le dterminisme tendu (Daniel Martin) regroupant le dterminisme scientifique
et le dterminisme statistique pour rgir toutes les lois d'volution de la physique.
Ont utilis une notion voisine : Schopenhauer (la volont de vivre) [36], et Nietzsche
[48] (la volont de puissance) [34] ; ces notions sont des formes de dterminisme.
Causalit tendue
Certains philosophes appellent la causalit ci-dessus cause efficace ou cause
efficiente ; Schopenhauer l'appelle Principe de raison suffisante du devenir. Mais
222
parce qu'elle dfinit la consquence d'une situation-cause comme une volution (au
lieu d'une situation-consquence) nous l'appellerons causalit tendue.
Une volution prvisible est rgie par une loi de causalit : elle est donc dterministe.
Mais rciproquement, une loi d'volution dterministe n'entrane pas ncessairement
la prvisibilit des volutions ; par exemple :
En mcanique des fluides elle peut entraner des raisonnements trop complexes,
ou sans solution mathmatique calculable ;
En astronomie les orbites des astrodes ne peuvent tre prdites trop
longtemps l'avance, faute de donnes initiales de prcision infinie ;
Des calculs de nombres comme et racine de 2, faisables avec une prcision
arbitraire, sont donc dterministes ; pourtant, connaissant leurs N premires
dcimales, on ne sait en dduire la N+1me pour aucun N.
Bien qu'il y ait des phnomnes physiques volution non calculable par
l'homme, la nature n'hsite jamais : tout tat non fig d'un systme entrane
automatiquement et immdiatement son volution naturelle. La nature, elle,
sait ce qu'elle doit faire .
Pour plus de dtails, voir [12] et 2 Libert d'chapper aux lois de la nature, hasard
et prdictibilit.
K194 - "L'ordre et la rgularit [qualit de ce qui est conforme une loi, une rgle],
c'est donc nous-mmes qui les introduisons dans les phnomnes que nous
appelons nature, et nous ne pourrions les y trouver si nous ou la nature de notre
esprit ne les y avaient mis originairement." Voir Principe de la primaut de la
connaissance sur les objets (doctrine).
Kant rappelle l que les lois de la nature sont en fait des modles de comportement,
introduits par l'homme pour comprendre les phnomnes dont nous sommes
conscients et prvoir leur volution, rgie par le dterminisme.
"L'ordre" dont Kant parle signifie absence de hasard, tout phnomne tant
dterministe, c'est--dire rgi par des lois : la nature ne fait jamais n'importe quoi.
La "rgularit" est la stabilit des lois de la nature, le fait qu'elles ne changent
pas avec le temps qui passe, d'un lieu un autre, ou d'un concours de circonstances
un autre de son domaine d'application.
223
Dans K194, Kant poursuit le paragraphe prcdent en expliquant que le
dterminisme des volutions que nous voyons dans la nature (Kant cite "l'unit" et la
"liaison des phnomnes") correspond une facult de notre esprit, lorsqu'il se
montre capable de connatre et de comprendre les lois d'volution.
Il affirme donc, contrairement Platon [49] dans son mythe de la caverne, que
l'homme peut modliser le monde qu'il peroit par ses phnomnes, et prdire
l'volution de ces phnomnes en appliquant les lois dterministes de la nature que
ses observations lui ont suggr condition d'observer ces phnomnes et de
raisonner sur eux en renonant l'inaccessible ralit physique.
K285 Toute situation (tat d'un systme) rsulte ncessairement d'un phnomne
(cause physique et perceptible) suivant les lois de causalit de la nature. Le seul
critre de ncessit d'un tat particulier est la possibilit d'une exprience.
Voir aussi Une chose en gnral ne peut tre une cause, concept rserv
l'exprience.
Kant : tous les phnomnes de la nature sont dterministes, mme ceux du vivant
Pour Kant, non seulement les phnomnes naturels sont dterministes, sans hasard,
mais mme la pense de l'homme et ses sens (fonctionnant exclusivement avec des
mcanismes physiologiques, donc soumis aux lois de la physique) ne commettent
pas d'erreur :
(Citation de K329)
"Aucune force de la nature ne peut par elle-mme s'carter de ses propres lois.
Raison pour laquelle ni l'entendement par lui-mme (sans subir une influence
venue d'une autre cause) ni les sens par eux-mmes ne commettent d'erreur.
L'entendement ne le peut pas parce que, s'il agit simplement conformment
ses lois, l'effet (le jugement) doit ncessairement s'accorder avec ces lois.
Or, c'est dans l'accord avec les lois de l'entendement que consiste la
dimension formelle de la vrit.
Dans l'intuition des sens il n'y a absolument aucun jugement, ni un jugement
vrai, ni un jugement faux."
(Fin de citation)
224
(Suite de la citation de K329 prcdente)
"Ds lors, puisque nous ne disposons d'aucune autre source de connaissance
en dehors de ces deux-l [l'entendement et les sens], il en rsulte que l'erreur ne
peut tre produite que par l'influence inaperue de la sensibilit sur
l'entendement, sous l'effet de quoi il arrive que les principes subjectifs du
jugement viennent se confondre avec les principes objectifs et les font dvier de
leur destination"
(Fin de citation)
225
Voir :
Apparence Apparence empirique - De l'apparence transcendantale.
Cause et causalit ;
Ncessit des choses (postulat) ;
Rgles.
Kant postule l que les lois d'volution de la nature relvent du dterminisme et que
l'homme peut les connatre, donc prvoir les volutions ; il n'y a donc ni hasard ni
intervention de cause surnaturelle. Le prsent est dtermin par le pass et
dtermine l'avenir. C'est la vision de l'Univers partage par Newton [46] et Laplace
[47], qui ne sera remise en cause que par la Physique quantique et la Relativit.
226
type vectoriel, d'autres encore de type boolen (vrai/faux, on dit aussi logique),
etc.
Information descriptive d'un systme un instant donn
Une certaine information est contenue dans les variables de son tat, donnes
ncessaires pour le reconstruire thoriquement si on disposait de l'nergie
ncessaire : on connatrait chaque atome avec les valeurs de ses variables
d'nergie, de position et de dplacement, les champs de force et rayonnements
en chaque point du systme, etc.
L'quation universelle d'volution de Schrdinger
Or l'volution dans le temps et l'espace de l'tat physique de tout systme, petit
ou grand, est rgie par l'quation de Schrdinger [64], quation fondamentale de
la Mcanique quantique. Cette quation dterministe est symtrique par rapport
au temps : lorsqu' partir d'un tat B d'un systme l'instant t2 on inverse le sens
d'coulement du temps (comme si on passait le film des vnements
l'envers ), on retrouve un instant t1 qui prcde t2 l'tat A qu'il avait.
Cela ne veut pas dire qu'on peut changer le sens de l'coulement du temps dans
l'Univers physique (notamment parce que la thermodynamique [119] l'interdit),
mais seulement qu'on peut reconstituer thoriquement l'information qui dcrit un
tat quelconque du pass d'un systme ferm. C'est une consquence de
l'existence d'une loi d'volution de la nature, postule rversible et stable dans le
temps par le dterminisme.
Conservation de l'information d'un systme ferm
Cet tat reconstitu avec l'quation de Schrdinger est unique : il n'y a eu,
l'instant t1<t2 qu'un seul tat, A, qui est devenu B ; la chane de causalit de
l'volution passe du systme est unique, conformment au postulat de
causalit. Donc la loi prdit que tout se passe comme si la nature conservait
l'information de tous ses tats passs : c'est une consquence de la rversibilit
temporelle de l'quation universelle d'volution de Schrdinger.
La conservation de l'information est une proprit assez gnrale
Consquence : toutes les quations des lois physiques de la mcanique
macroscopique (comme les lois de Newton [115]), de la mcanique quantique,
de l'lectromagntisme, de la force nuclaire (interaction forte) et de la relativit
(gravitation) sont rversibles par rapport au temps - de rarissimes exceptions
prs non encore expliques :
Lorsqu'un corps cleste disparat dans un trou noir, l'information qui le
dcrivait disparat peut-tre (si elle est conserve, on n'est pas encore sr
de l'endroit, peut-tre la surface de l'horizon du trou noir) ;
La dcomposition d'un mson K0 (force faible) en msons + et - est
irrversible, mais on ne sait pas pourquoi ;
L'expansion de l'Univers, galement irrversible et en plus acclre, est
due un champ de force encore inconnu.
L'Univers a un nombre fini d'tats
Ayant ( un instant donn) un nombre immense, mais fini, d'atomes et de
particules des forces lectromagntique, nuclaire et faible, l'Univers a un
nombre fini d'tats d'nergie possibles, chacun dcrit par une certaine quantit
totale finie d'information.
227
Le passage du temps n'altre pas cette quantit totale. Mais cette information
prserve peut tre altre par certaines volutions physiques d'un systme
(comme l'absorption d'une toile par un trou noir) d'une manire telle qu'on ne
sache plus o elle est stocke, mme si elle existe toujours.
Un systme peut thoriquement revenir un tat antrieur, si la
thermodynamique [119] le lui permet
Il existe une probabilit non nulle qu'un tat donn de tous les atomes d'un
systme se reconstitue spontanment, mais les calculs montrent que cela se
produirait pour la premire fois au bout d'un temps qui se compte en milliers de
milliards de sicles : quand je renverse du caf de ma tasse, la probabilit pour
qu'il y remonte tout seul est vraiment faible, mme si on lui restitue l'nergie
thermique disperse par le renversement !
228
Dterminisme et prdterminisme de Kant
(Citation de [102] - La Religion dans les limites de la Raison page 46, note 1)
La conscience de la loi morale prcde en nous la libert de la volont, et la
dtermine car la loi morale est un prcepte inconditionn.
[La loi morale est un principe absolu qui dtermine la volont de l'homme.
La libert de vouloir de celui-ci n'ira pas contre cette loi.]
Chacun peut s'en convaincre en se demandant s'il "a conscience, d'une faon sre et
immdiate, d'avoir une facult qui permette de surmonter par le ferme propos tous
les mobiles, quelque grands qu'ils soient, incitant la transgression. Chacun devra
avouer qu'il ne sait pas si, tel cas se prsentant, il ne faiblirait pas dans sa rsolution.
Et pourtant le devoir commande inconditionnellement : tu demeureras fidle la loi ;
et l'homme a raison d'en conclure qu'il doit pouvoir agir ainsi et que par consquent
sa volont est libre."
[L'homme a le pouvoir d'agir dans le respect de la loi morale, donc sa volont de
le faire est libre.]
"Ceux qui prtendent faussement que cette proprit impntrable est tout fait
comprhensible forgent une illusion avec le mot dterminisme (en ce qui regarde la
thse de la dtermination de la volont par des raisons internes suffisantes), comme
si la difficult consistait concilier le dterminisme et la libert, ce quoi personne
ne pense ;
[La libert de la volont est un pouvoir que l'homme ne peut s'expliquer. S'il
prtend le contraire en attribuant la dtermination de la volont une facult de
son esprit, il se trompe : le problme n'est pas de concilier dterminisme des
fonctions de l'esprit (logique de leur fonctionnement, notamment dans
l'aperception) et libert (par rapport aux lois de la nature).
Kant dfinit ici le dterminisme comme une cause suffisante, une logique de
fonctionnement de l'esprit qu'on croirait tort capable de rgir sa volont, alors
que celle-ci est rgie par une loi morale suprieure toute logique de
fonctionnement.]
"(Il n'y a aucune difficult concilier le concept de la libert avec l'ide de Dieu en
tant qu'Etre ncessaire, parce que la libert ne consiste pas dans la contingence de
l'action (en vertu de laquelle cette action n'est pas dtermine par des motifs), c'est-
-dire dans l'indterminisme (en vertu duquel il faudrait que Dieu pt galement
accomplir le bien ou le mal pour que son action dt tre appele libre), mais bien
229
dans la spontanit absolue qui seule est en pril avec le prdterminisme o la
raison dterminante de l'action est dans le temps pass, si bien par suite
qu'actuellement l'action n'est plus en mon pouvoir, mais dans la main de la nature, et
que je suis irrsistiblement dtermin : or, comme en Dieu on ne peut concevoir
aucune succession de temps, cette difficult tombe alors d'elle-mme.)"
(Fin de citation)
Point de vue oppos sur ce libre arbitre humain : [123] - Les 3 dterminants des
valeurs selon le matrialisme.
Devoir
Chez Kant
Quand Kant crit doit il veut parfois dire devrait :
K504 "Nous ne pouvons pas davantage demander ce qui doit arriver dans la
nature [ce que la nature a le devoir moral de faire] que demander quelles
proprits un cercle doit avoir [les proprits qu'un cercle a le devoir moral
d'avoir] ; mais ce que nous pouvons demander, c'est uniquement ce qui arrive
dans la nature ou quelles proprits possde le cercle."
K504 Le "devoir exprime ainsi une action possible, dont le fondement n'est rien
d'autre qu'un simple concept, alors qu'au contraire le fondement d'une simple action
naturelle ne peut jamais tre qu'un phnomne."
230
C'est ainsi que l'homme se reprsente ncessairement sa propre existence ; dans
cette mesure il s'agit donc d'un principe subjectif d'actions humaines."
(Fin de citation)
[Impratif catgorique : Ce qui est une fin en soi doit tre une fin pour tout
homme, une loi pratique d'action universelle et un principe de la volont. Or le
monde sensible a t conu (voulu) comme monde moral. Donc un
comportement rationnel est une fin en soi. Puisque l'homme se reprsente sa
propre existence d'tre raisonnable comme objet du monde moral, ses actions
doivent respecter l'impratif catgorique d'agir conformment aux principes
pratiques.]
(Fin de citation)
[108] page 108 - "L'impratif pratique sera donc le suivant : agis de faon telle que tu
traites l'humanit, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,
toujours en mme temps comme fin, jamais simplement comme moyen."
Voir Exemples.
Le devoir exprime une sorte de ncessit et de liaison avec des fondements qui ne
se prsente nulle part ailleurs dans la nature. [Evident]
L'entendement ne peut connatre de cette dernire [de la nature] que ce qui est
existant, l'a t ou le sera. [Evident]
Il est impossible que quelque chose, en elle [dans la nature], doive tre autrement
qu'il n'est effectivement dans tous ces rapports de temps ;
[ Doive tre indique une obligation morale, un devoir sans rapport avec une
ncessit naturelle, la nature n'ayant pas d'obligation morale]
231
il faut mme dire que le devoir-tre, quand on a simplement devant les yeux le cours
de la nature, n'a absolument pas la moindre signification. [Evident]
Nous ne pouvons pas davantage demander ce qui doit arriver dans la nature [ce que
la nature a le devoir moral de faire] que demander quelles proprits un cercle doit
avoir [les proprits qu'un cercle a le devoir moral d'avoir] ; mais ce que nous
pouvons demander, c'est uniquement ce qui arrive dans la nature ou quelles
proprits possde le cercle.
Ce devoir exprime ainsi une action possible [contingente], dont le fondement n'est
rien d'autre qu'un simple concept, alors qu'au contraire le fondement d'une simple
action naturelle ne peut jamais tre qu'un phnomne."
[Par dfinition des concepts d'action, de devoir et de phnomne]
(Fin de citation)
Voir aussi : Doit : diffrence entre usage thorique de la raison et usage moral.
Devoir-tre
Le devoir-tre est une obligation morale d'avoir une certaine qualit.
[133] 76 page 399 "S'il est ncessaire que les lois morales soient reprsentes
comme des commandements (et les actions qui s'y conforment comme des devoirs),
et si la raison exprime cette ncessit, non par un tre (avoir lieu), mais par un
devoir-tre, cela procde uniquement de la constitution subjective de notre pouvoir
pratique."
Interprtation : les lois morales devant exister dans l'esprit sous forme de
commandements, la raison exprime cette obligation par un devoir-tre (avoir une
certaine qualit) parce que notre pouvoir pratique dtermine ainsi notre volont.
232
soi (reprsentant donc une classe d'objets qui n'est donne par aucune intuition), il
fait une erreur dialectique.
Kant utilise l'adjectif dialectique dans le mme sens : une apparence dialectique est
une apparence trompeuse, un raisonnement dialectique est un raisonnement faux.
Substantif
Raisonnement illusoire, logique de l'apparence ;
Etude et critique de cette illusion :
K353 [La dialectique logique] "fait abstraction de tout contenu de la
connaissance et se borne exclusivement dvoiler la fausse apparence inscrite
dans la forme des raisonnements"
233
gnralisation par induction d'enchanements de situations de la vie courante - et
n'est pas dmontr ; on confond ainsi ce postulat avec un principe : ce n'est pas
parce que toutes les situations dont nous connaissons la cause ont une cause,
que toutes les situations en ont toujours eu une !
Les concepts et principes a priori ne peuvent tre utiliss que dans le cadre de
l'exprience possible ; leur utilisation pour des choses en soi est transcendante :
elle est dite dialectique et conduit des erreurs.
K150 - "La logique gnrale, utilise comme prtendu organon, s'appelle
dialectique".
La logique de l'apparence ci-dessous a t appele logique dialectique pour
souligner son caractre erron et trompeur. C'tait un procd de logique des
anciens utilis pour convaincre en argumentant de manire fallacieuse.
K221 - "La raison, dans ses tentatives pour tablir quelque chose a priori sur des
objets et largir la connaissance au-del des limites d'une exprience possible, est
entirement et pleinement dialectique, et ses affirmations [sont] illusoires"
234
Dialectique transcendantale
Dans la Critique de la raison pure, la 2me division de la Logique transcendantale est
la Dialectique transcendantale (pages K329 et suivantes).
K480 "La Dialectique transcendantale vient donc l'appui, non pas du tout du
scepticisme, mais bien de la mthode sceptique, laquelle peut y montrer un exemple
de sa grande utilit si l'on laisse les arguments de la raison, dans leur plus grande
libert, se formuler les uns contre les autres : bien qu'ils ne fournissent finalement
235
pas ce que l'on cherchait [une conclusion claire], ils nous procureront toujours
quelque chose d'utile et d'exploitable pour la rectification de nos jugements."
[Lorsque partir d'un mme concept (exemple : la chose en soi Le monde en
tant qu'ensemble de tous les phnomnes ) on peut faire deux raisonnements
antinomiques (exemple : Il est fini dans le temps et dans l'espace ou Il est
infini dans le temps et dans l'espace ), au lieu de les rejeter il faut conclure que
le concept commun n'existe pas.]
La Critique utilise en ralit deux types de preuves de ce qu'elle avance quand elle
soutient que les concepts sans intuitions sont vides :
Le premier type de preuve fait simplement appel la conscience d'impossibilit.
Pour fonder l'objectivit des propositions scientifiques, il est impossible de ne
pas poser :
Les deux intuitions [temps et espace] ;
Les douze catgories ;
La schmatisation des concepts, etc.,
qui en sont les conditions de possibilit - ce sans quoi le fait mme de
l'objectivit ne peut tre pens. C'est l, aux yeux de Kant, la preuve la plus
naturelle de ce qu'il avance, mme si c'est en soi la preuve la moins
contraignante.
Un second type de preuve, dont les postkantiens ( l'exception de Fichte [122])
n'ont pas peru la fcondit, vient toutefois renforcer le premier, de faon pour
ainsi dire exprimentale : si la raison nie la finitude et se figure pouvoir
utiliser les concepts sans intuitions (comme le fait la mtaphysique dogmatique),
le discours produit est purement dialectique et se perd notamment dans les
antinomies ;
236
en ce sens, les antinomies, donnant le spectacle de l'impuissance de la raison
quand elle croit pouvoir penser par purs concepts, sont la vrification de la
thorie de l'intuition pure.
Il s'agit l, certes, d'une preuve indirecte (apagogique), non dductive, mais elle
est la fois plus fidle au contenu du criticisme que la dmarche dductive (elle
n'implique pas le projet de clore le systme) et plus contraignante que le simple
appel la conscience d'impossibilit."
(Fin de citation)
K575 "On ne peut se servir avec sret d'un concept a priori sans avoir mis en
uvre sa dduction transcendantale. Les Ides de la raison pure n'autorisent, il est
vrai, nulle dduction du type de celle des catgories ; si elles doivent toutefois avoir
au moins quelque validit objective, mme de caractre indtermin, et ne pas
reprsenter simplement de vains tres de raison (entia rationis ratiocinantis), une
dduction doit absolument en tre possible"
237
corps font partie uniquement comme conditions extrieures, ne cessent de
changer."
K577 - On recherche et ajoute l'ensemble de reprsentations prcdent "les
conditions des phnomnes naturels tant internes qu'externes, en une recherche
[cosmologique] jamais inachevable, comme si cette recherche tait infinie en
soi et n'avait de terme ni premier ni dernier"
K577 "Nous devons [ajouter ensuite] (par rapport la thologie) [] tout ce qui
ne peut jamais appartenir qu' l'ensemble de l'exprience possible comme si
cette dernire constituait une unit absolue, mais intgralement dpendante et
demeurant toujours conditionne l'intrieur des limites du monde sensible, et
pourtant en mme temps comme si l'ensemble global de tous les phnomnes
(le monde sensible lui-mme) avait en dehors de sa sphre un unique et
suprme fondement, suffisant tout, c'est--dire une raison subsistant pour ainsi
dire par elle-mme, originaire et cratrice, par rfrence laquelle nous
dirigeons tout usage empirique de notre raison dans sa plus grande extension
comme si les objets eux-mmes avaient tir leur origine de cet archtype de
toute raison."
[En admettant] donc de tels tres idaux, nous n'tendons pas proprement parler
notre connaissance au-del des objets de l'exprience possible, mais seulement
l'unit empirique de cette dernire travers l'unit systmatique dont l'Ide nous
procure le schme.
238
[]
[Concept rsultant : Dieu transcendantal, origine de l'unit de toute ralit empirique]
[K577] Ainsi le concept transcendantal, le seul qui soit dtermin, que la raison
simplement spculative nous donne de Dieu est-il, au sens le plus prcis du terme,
un concept diste. Autrement dit : la raison ne nous procure jamais la validit
objective d'un tel concept, mais seulement l'Ide de quelque chose sur quoi toute
ralit empirique fonde sa suprme et ncessaire unit, et que nous ne pouvons
penser autrement que selon l'analogie avec une substance effectivement relle qui
serait, selon des lois rationnelles, la cause de toutes choses, pour autant que nous
entreprenions de le penser sans rserve comme un objet particulier et que nous ne
prfrions pas, en nous contentant de la simple Ide du principe rgulateur de la
raison, laisser de ct, comme dpassant l'entendement humain, l'achvement de
toutes les conditions de la pense."
(Fin de citation)
Luc Ferry rsume cela dans [158] page 37 : "La thse de Kant est au fond la
suivante : l'ide de Dieu n'a, d'un point de vue thorique, aucune objectivit, comme
le montre suffisamment la critique de l'argument ontologique. Sa seule signification
vritable est de nous inviter, en tant que scientifiques (et non plus en tant que
mtaphysiciens), regarder l'univers comme si, cr par un auteur intelligent, il
formait un tout cohrent et systmatique."
Complments :
Justification du concept transcendantal d'un Crateur ;
Arguments de Kant pour une thologie base sur un Dieu transcendantal.
mais [] je peux satisfaire toutes les autres questions qui concernent le contingent
et procurer la raison la plus parfaite satisfaction concernant la plus grande unit
qu'elle puisse rechercher dans son usage empirique, mais non pas relativement
cette supposition elle-mme ;
ce qui prouve que c'est son intrt spculatif, et non pas sa capacit de pntration
[rvlation de la ralit], qui l'autorise partir d'un point chappant si largement sa
sphre [le sens interne], pour considrer de l ses objets comme appartenant un
tout intgral [le monde, cration divine]."
(Fin de citation)
239
[L'admission relative (purement spculative) convient pour des modles mentaux]
Cette distinction est pertinente quand nous avons affaire simplement un principe
rgulateur, dont nous connaissons assurment la ncessit en soi [], et que nous
admettons pour cela un fondement suprme [], comme c'est le cas par exemple
quand je pense comme existant un tre qui corresponde une simple [] Ide
transcendantale. []
[Un tel modle convient pour des objets dans l'Univers, pas pour l'Univers lui-mme]
Les concepts de la ralit, de la substance, de la causalit, mme ceux de la
ncessit dans l'existence, n'ont, en dehors de l'usage o ils rendent possible la
connaissance empirique d'un objet, absolument aucune signification qui pt
dterminer un quelconque objet. Ils peuvent donc certes tre utiliss pour expliquer
la possibilit des choses dans le monde sensible, mais non pas la possibilit d'un
tout cosmologique lui-mme, puisque ce principe d'explication devrait se situer en
dehors du monde et n'tre nullement, par consquent, l'objet d'une exprience
possible.
[J'attribue l'existence du monde Dieu par souci d'unit de tous les phnomnes]
Cela dit, je peux nanmoins admettre un tel tre incomprhensible, non pas certes
[comme existant physiquement] en soi, mais comme l'objet d'une simple Ide,
relativement au monde sensible."
(Fin de citation)
La raison pure n'est en fait occupe que d'elle-mme et ne peut mme avoir d'autre
fonction, puisque ce ne sont pas les objets qui lui sont donns en vue d'atteindre
l'unit du concept issu de l'exprience, mais les connaissances de l'entendement en
vue d'atteindre l'unit du concept issu de la raison, c'est--dire le rassemblement en
un seul principe.
L'unit rationnelle est l'unit du systme, et cette unit systmatique ne sert pas
objectivement la raison de principe lui permettant de s'tendre des objets, mais
elle lui sert subjectivement de maxime lui permettant de s'tendre toute
connaissance empirique possible des objets.
[]
240
L'assemblage systmatique que la raison peut procurer l'usage empirique de
l'entendement ne se borne pas en favoriser l'extension, mais il en garantit aussi la
justesse ;
[]
[L'unit systmatique ne peut tre pense que si son Ide a un objet inaccessible
l'exprience]
La raison ne peut toutefois penser cette unit systmatique autrement qu'en donnant
en mme temps son Ide un objet, tel toutefois qu'il ne puisse tre procur par
aucune exprience ; car l'exprience ne donne jamais un exemple d'une unit
systmatique parfaite.
[L'tre objet de l'Ide est une pure abstraction, construite pour se voir attribuer tout le
contenu du monde]
Or, cet tre de raison (ens rationis ratiocinatae) n'est assurment qu'une simple Ide
et il n'est donc pas admis absolument et en soi comme quelque chose
d'effectivement rel, mais c'est uniquement de faon problmatique qu'il est pris pour
fondement (puisque nous ne pouvons l'atteindre par aucun concept de
l'entendement), afin d'envisager toute liaison entre les choses du monde sensible
comme si elles avaient leur fondement dans cet tre de raison.
[Cet tre n'est mme pas suppos tre le fondement du monde, qui reste inconnu]
On mconnat la signification de cette Ide ds lors qu'on la tient pour l'affirmation ou
mme simplement pour la supposition d'une chose effectivement relle laquelle on
voudrait assigner la fondation de la constitution systmatique du monde ; bien plutt
laisse-t-on entirement non dcide, en fait, la question de savoir quelle est en soi la
nature de ce fondement qui se drobe nos concepts, et une Ide se trouve
simplement pose titre de point de vue partir duquel l'on peut largir cette unit si
essentielle la raison et si salutaire l'entendement. Bref, cette chose
transcendantale est seulement le schme de ce principe rgulateur par lequel la
raison, autant qu'elle le peut, tend l'unit systmatique toute exprience."
(Fin de citation)
(Citation de K582-K583)
"Je suis moi-mme, considr simplement comme nature pensante (me), le premier
objet d'une telle Ide. Si je veux chercher les attributs avec lesquels un tre pensant
existe en soi, il me faut interroger l'exprience, et je ne peux mme pas appliquer,
cet objet une quelconque des catgories si le schme ne m'en est pas donn dans
l'intuition sensible.
Reste que par l je ne parviens jamais une unit systmatique de tous les
phnomnes du sens interne. A la place, par consquent, du concept issu de
l'exprience ( la place du concept de ce que l'me est effectivement), qui ne peut
nous mener bien loin, la raison utilise le concept de l'unit empirique de tout penser,
241
et en concevant cette unit comme inconditionne et comme originaire, elle fait de ce
concept un concept rationnel (Ide) d'une substance simple qui, en soi immuable
(personnellement identique), se trouve en relation de communaut avec d'autres
choses relles extrieures elle ; en un mot : elle en fait l'Ide d'une intelligence
simple subsistant par elle-mme.
Mais, ce faisant, elle ne vise rien d'autre que des principes de l'unit systmatique
dans l'explication des phnomnes de l'me, permettant de considrer toutes les
dterminations comme inscrites dans un sujet unique, toutes les facults, autant que
possible, comme drives d'une unique facult fondamentale, tout changement
comme appartenant aux tats par lesquels passe un seul et mme tre permanent,
et de reprsenter tous les phnomnes se produisant dans l'espace comme
entirement distincts des oprations de la pense. Cette simplicit de la substance,
etc., ne devrait tre que le schme de ce principe rgulateur, et il n'est nullement
suppos qu'elle constitue le fondement effectif des attributs de l'me."
[]
[Le sens interne n'a pas de rapport avec les lois de la nature]
Aucune des lois empiriques rgissant les phnomnes corporels, qui sont d'une tout
autre espce, ne viennent se mler aux explications de ce qui appartient seulement
au sens interne ; on n'accorde plus de crdit aucune des vaines hypothses
portant sur la gnration, la corruption et la palingnsie des mes, etc. ; la
considration de cet objet du sens interne est donc entirement pure et sans aucun
mlange d'attributs htrognes ;
[]
[ La nature de l'me est-elle spirituelle ? est une question absurde]
A supposer en effet que je veuille aussi demander simplement si l'me n'est pas en
soi de nature spirituelle, cette question n'aurait absolument aucun sens. Car,
travers un tel concept, je ne mets pas simplement de ct la nature corporelle, mais
toute nature en gnral, c'est--dire tous les prdicats d'une quelconque exprience
possible, par consquent toutes les conditions permettant de penser un objet pour un
tel concept, soit : ce qui seul pourtant autorise dire que ce concept a un sens.
242
n'avons besoin d'aucune Ide, c'est--dire d'aucune reprsentation qui dpasse
l'exprience ; au demeurant n'y en a-t-il aucune qui soit possible en ce qui la
concerne, puisque nous sommes guids ici uniquement par l'intuition sensible et non
pas comme dans le concept psychologique fondamental (Moi), lequel contient a priori
une certaine forme de la pense, savoir l'unit de celle-ci.
[La raison pure n'a donc expliciter que la nature en gnral, avec toutes les
conditions applicables]
En ce sens, il ne nous reste rien d'autre pour la raison pure que la nature en gnral
et l'intgralit des conditions qui s'y dploient d'aprs quelque principe.
[L'objectif de totalit de la srie des conditions de la rgression des causes
naturelles doit tre poursuivi sous forme de parcours illimit]
[Conclusion]
Les Ides cosmologiques ne sont rien que des principes rgulateurs et sont loin de
poser, pour ainsi dire de faon constitutive, une totalit effectivement relle de telles
sries."
(Fin de citation)
[Penser le concept d'un tre ne donne pas le droit de croire qu'il existe]
L'objet de cette Ide, nous n'avons pas la moindre raison de l'admettre de faon
absolue (de le supposer en soi) ; qu'est-ce donc qui pourrait nous donner le pouvoir,
ou mme simplement nous fournir le droit, de croire ou d'affirmer, simplement partir
du concept que nous en avons, l'existence en soi d'un tre possdant une perfection
suprme et absolument ncessaire dans sa nature, s'il n'y avait le monde par rapport
auquel seulement cette supposition peut tre ncessaire ?
243
considrer toute liaison dans le monde d'aprs des principes d'unit systmatique,
par consquent comme si tous pris globalement provenaient d'un tre unique
comprenant tout en lui, comme d'une cause suprme et totalement suffisante. Ainsi
est-il clair que la raison ne peut en l'occurrence avoir pour but que sa propre rgle
formelle dans l'largissement de son usage empirique, mais jamais une extension
au-del de toutes les limites de l'usage empirique
[Le besoin psychologique d'unit formelle incite croire en une Intelligence suprme]
La suprme unit formelle, qui repose simplement sur des concepts de la raison, est
l'unit finalise des choses, et l'intrt spculatif de la raison rend ncessaire de
considrer toute organisation dans le monde comme si elle tait issue de l'intention
d'une raison suprme. Un tel principe, de fait, ouvre notre raison, quand elle
s'applique au champ des expriences, des perspectives tout fait nouvelles en vue
de relier les choses du monde selon des lois tlologiques et de parvenir ainsi leur
plus grande unit systmatique. La supposition d'une intelligence suprme conue
comme la cause unique de l'univers, mais ne se trouvant en vrit que dans l'Ide,
peut donc toujours tre utile la raison et ne saurait en tout cas jamais lui nuire."
(Fin de citation)
L'unit formelle tlologique est une supposition qui peut tre utile mais pas nuisible
(Citation de K585-K586)
"Si, propos de la configuration de la Terre (ronde, mais cependant lgrement
aplatie), des montagnes et des mers, etc., nous admettons par avance l'existence
d'intentions parfaitement sages d'un auteur suprme, nous pouvons en suivant cette
voie faire une foule de dcouvertes.
244
comme causes, ne peuvent en mme temps tre, de leur ct, causes de celles-
ci. C'est l une liaison causale par les causes efficientes (nexus effectivus).
[Une liaison causale descendante (d'une cause efficiente C son effet E)
n'est pas rversible : on ne peut considrer E comme cause de C.]
Toutefois on peut aussi concevoir une liaison causale d'aprs un concept
rationnel (des fins), qui, considre comme srie, prsenterait une relation de
dpendance aussi bien dans le sens descendant qu'ascendant ;
[Une telle liaison causale est rversible : on peut la remonter comme on l'a
descendue.]
On trouve facilement de semblables liaisons.
Exemple : la maison est bien la cause des sommes perues pour le loyer, mais
inversement aussi l'espoir de ce revenu tait la cause de l'dification de la
maison. C'est l une liaison causale par les causes finales (nexus finalis).
Remarque
En comparant une cause efficiente avec une cause finale on compare une ncessit
inluctable avec une volont humaine essentiellement libre. L'esprit humain peut
associer n'importe quoi avec n'importe quoi, d'aprs des critres qui peuvent mme
tre fantaisistes, se crant alors des dsirs, des craintes et des finalits
imprvisibles. C'est pourquoi parcourir une telle finalit dans les deux sens est
souvent possible, alors que le parcours d'une chane de causalit efficiente ne peut
tre que descendant.
1er exemple de dfaillance de la raison qui ignore ces limites : la raison paresseuse
La raison paresseuse
(Citation de K587)
"La premire dfaillance rsultant du fait que l'on utilise l'Ide d'un tre suprme, non
pas de faon simplement rgulatrice, mais (ce qui est contraire la nature d'une
Ide) de manire constitutive, correspond la raison paresseuse (ignava ratio).
245
C'est pourquoi mme l'Ide psychologique, quand elle est utilise comme un principe
constitutif pour l'explication des phnomnes de notre me, et ensuite pour largir
notre connaissance de ce sujet encore au-del de toute exprience (quant son tat
aprs la mort), est assurment d'une grande commodit pour la raison, mais en
mme temps elle corrompt et ruine de fond en comble tout usage naturel de celle-ci
selon la directive fournie par les expriences.
ou l'intrt que nous portons aux choses qui doivent se produire seulement aprs
notre mort, partir de la conscience de la nature immatrielle de notre sujet pensant,
etc.
[Beaucoup de gens sont dans le dni de ralit en refusant d'accepter qu'aprs
sa mort une personne n'existe plus, que ses dsirs n'ont plus de sens, etc. Ils
imaginent alors une vie aprs la vie]
[Recherche d'une explication scientifique remplace par une fin d'tre suprme]
Car alors toutes les fins qui se manifestent dans la nature, souvent forges
uniquement par nous-mmes, servent nous mettre fort l'aise dans l'exploration
des causes, en ceci qu'au lieu de les rechercher dans les lois universelles du
mcanisme de la matire, nous faisons appel directement au dcret insondable de
suprme sagesse et nous considrons achev l'effort de la raison parce que nous
nous dispensons de son usage - lequel ne trouve pourtant de fil conducteur que l o
c'est l'ordre de la nature et la srie de ses changements selon ses lois intrinsques et
universelles qui nous le fournit."
[Solution propose par Kant : imputer toute la nature un tre suprme pour
bnficier d'une unit systmatique et des lois scientifiques associes.]
246
(Fin de citation)
2eme exemple de dfaillance de la raison qui ignore ces limites : la raison renverse
La raison renverse
(Citation de K588-K589)
"La deuxime dfaillance qui procde de la fausse interprtation du principe de
l'unit systmatique est celui de la raison renverse (perversa ratio) [].
mais qu'en outre la raison manque elle-mme son but, savoir prouver partir de la
nature l'existence d'une telle cause suprme intelligente.
[La finalit tlologique est suppose a priori d'aprs l'harmonie de la nature pour en
dduire la ncessit absolue d'un Crateur, Intelligence suprme]
L'exploration de la nature suit son chemin en se bornant parcourir simplement la
chane des causes naturelles conformment aux lois universelles de cette nature,
certes d'aprs l'Ide d'un auteur originaire, non pas cependant pour driver de lui la
finalit qu'elle poursuit dans toutes les directions, mais au contraire pour connatre
l'existence de celui-ci partir de cette finalit recherche dans l'essence des choses
naturelles et mme, autant qu'il est possible, dans l'essence de toutes les choses en
247
gnral, par consquent pour connatre cette existence comme absolument
ncessaire."
(Fin de citation)
Si nous ne la trouvons pas dans l'essence des choses qui constituent tout l'objet de
l'exprience, c'est--dire de toute notre connaissance pourvue de valeur objective,
par consquent dans les lois universelles et ncessaires de la nature, comment
prtendons-nous en conclure directement l'Ide de la perfection suprme et
absolument ncessaire d'un tre originaire qui soit l'origine de toute causalit ?
La plus grande unit systmatique, par consquent aussi l'unit finale, est ce qui
duque la raison humaine son plus grand usage et mme fondamentalement la
rend possible.
L'Ide d'une telle unit est donc insparablement lie l'essence de notre raison.
[Question 1]
[Existe-t-il] "quelque chose de distinct du monde qui pt contenir le fondement de
l'ordre du monde et de son assemblage selon des lois universelles ?
La rponse est : sans nul doute. Car le monde est une somme de phnomnes : il
faut donc qu'il y ait un quelconque fondement transcendantal de ces phnomnes,
c'est--dire un fondement qui ne soit susceptible d'tre pens que par l'entendement
pur.
[Question 2]
[Cette chose, ce fondement, cet tre est-il une substance, est-il rel, est-il
ncessaire, etc.]
Je rponds que cette question n'a pas de sens. Car toutes les catgories travers
lesquelles je cherche me faire un concept d'un tel objet n'ont d'autre usage que
l'usage empirique, et elles n'ont aucun sens quand elles ne sont pas appliques
des objets d'exprience possible, c'est--dire au monde sensible. En dehors de ce
champ, elles ne sont que des intituls pour des concepts que l'on peut admettre,
mais par quoi on ne peut non plus rien comprendre.
248
[Question 3]
[Pouvons-nous] du moins penser cet tre distinct du monde selon une analogie avec
les objets de l'exprience ?
La rponse est : sans doute, mais uniquement comme objet dans l'Ide et non pas
dans la ralit, c'est--dire uniquement en tant qu'il constitue un substrat, pour nous
inconnu, de l'unit systmatique, de l'ordre et de ce qu'il y a de finalis dans la
constitution du monde, dont la raison doit se faire un principe rgulateur pour son
exploration de la nature.
Bien plus, nous pouvons dans cette Ide admettre, sans hsitation et sans nous
attirer de reproches, certains anthropomorphismes qui sont requis pour le principe
rgulateur dont il est question. Car il n'est jamais qu'une Ide, qui n'est nullement
rapporte de faon directe un tre distinct du monde, mais au principe rgulateur
de l'unit systmatique du monde, cela uniquement par l'intermdiaire d'un schme
de cette unit, c'est--dire d'une suprme intelligence qui en soit la cause originaire
d'aprs de sages desseins.
Ce qu'il s'agit de penser par l, ce n'est pas ce qu'est en soi ce fondement originaire
de l'unit du monde, mais comment nous devons l'utiliser, ou plutt utiliser son Ide,
relativement l'usage systmatique de la raison en ce qui concerne les choses du
monde.
Sans aucun doute, et non seulement nous pouvons supposer un tel tre, mais nous
devons ncessairement le faire.
Mais, dans ce cas, tendons-nous pour autant notre connaissance au-del du champ
de l'exprience possible ?
Nullement. Car nous avons suppos uniquement un quelque chose dont nous
n'avons pas le moindre concept concernant ce qu'il est en soi (un objet purement et
simplement transcendantal) ; mais, par rapport l'ordre systmatique et finalis de la
construction du monde, qu'il nous faut supposer quand nous tudions la nature, nous
n'avons pens cet tre inconnu de nous que selon l'analogie avec une intelligence
(un concept empirique), c'est--dire que, relativement aux fins et la perfection qui
reposent sur lui, nous l'avons justement dot des attributs qui, d'aprs les conditions
de notre raison, peuvent contenir le fondement d'une telle unit systmatique. Cette
Ide est en ce sens tout fait fonde eu gard l'usage que nous faisons de notre
raison dans le monde.
[L'tre suprme est une abstraction imagine des fins d'unit systmatique,
sans rapport avec le monde rel : nous pouvons donc lui attribuer les qualits
dont nous avons envie et en faire un idal.]
249
Mais [] en procdant ainsi, puis-je en tout cas faire usage du concept et de la
supposition d'un tre suprme dans la considration rationnelle du monde ?
Oui, et c'tait mme proprement pour cela que cette Ide a t rige en principe par
la raison.
Nanmoins, puis-je alors considrer comme des intentions des agencements qui
voquent des fins, en les drivant de la volont divine, bien que ce soit, certes, par
l'intermdiaire de dispositions particulires instaures cet effet dans le monde ?
Bien qu'elle dispose, par rapport chacun de ces trois lments, de sources de
connaissance a priori qui, au premier abord, semblent ddaigner les limites de toute
exprience, une critique compltement acheve nous persuade pourtant que toute
raison, dans son usage spculatif, ne saurait jamais avec ces lments dpasser le
champ de l'exprience possible,
Diallle
Raisonnement qui forme un cercle vicieux, car il cherche prouver une proposition
partir d'elle-mme.
250
Dieu
La volont des actions d'un tre raisonnable rsulte de sa prise en compte de lois
(Citation de [132] page 250)
"Un tre qui est capable d'actions d'aprs la reprsentation de lois [l'ide qu'il se fait
de lois] est une intelligence (un tre raisonnable), et la causalit d'un tel tre d'aprs
cette reprsentation des lois est sa volont.
[Un tre raisonnable ne veut agir que conformment aux lois.]
[Au nom du souverain Bien, Dieu est dfini comme la cause (l'auteur) de la nature]
Donc la cause suprme de la nature, en tant qu'il faut la supposer pour le souverain
Bien, est un tre qui, par l'entendement et la volont, est la cause (par consquent
l'auteur) de la nature, c'est--dire Dieu."
(Fin de citation)
Voir aussi :
Existence de Dieu ;
251
La possibilit et l'impossibilit d'un Dieu transcendantal sont indmontrables ;
Justification du concept transcendantal d'un Crateur ;
Preuves possibles de l'existence de Dieu (liste des 3) ;
Ide transcendante (origine de la recherche d'un tre absolument ncessaire) ;
Ide thologique ;
Concept rsultant : Dieu transcendantal, origine de l'unit de toute ralit
empirique ;
Lacisation de la morale ;
Validit du principe de causalit Impossibilit d'une preuve de l'existence de
Dieu ;
Croyance doctrinale ;
Dialectique naturelle de la raison humaine : but ultime.
Dieu transcendantal
Voir Concept rsultant : Dieu transcendantal, origine de l'unit de toute ralit
empirique.
Dignit
252
Chez Kant
Source : dictionnaire [9].
Kant oppose ce qui a un prix, donc une valeur relative, ce qui a une valeur
intrinsque, la dignit :
[107] page 45 - La dignit est rserve ce qui, ayant une valeur intrinsque, est
une fin en soi.
[107] page 45 - La dignit dun tre raisonnable consiste vouloir pour les autres la
mme loi que pour lui-mme.
Dirimante
Selon le dictionnaire [13] : dont la force contraignante ne laisse aucune possibilit de
recours. Exemples : objection dirimante, pouvoir dirimant.
[56b] 2 pages 36-37 "Sur ce point, [Hume [40] ] se trompa compltement et cette
erreur eut des consquences dirimantes pour toute sa conception."
253
La raison pure n'a pas besoin d'une critique dans son usage empirique
K602 "Il n'y a nul besoin d'une critique de la raison dans son usage empirique,
puisque ses principes, confronts la pierre de touche de l'exprience, se trouvent
soumis une preuve continuelle ;"
Aux erreurs particulires on peut remdier par la censure, et leurs causes par la
critique. Mais l o l'on rencontre, comme dans la raison pure, tout un systme
d'illusions et de fantasmagories fortement lies entre elles et runies sous des
principes communs, c'est toute une lgislation spcifique, mme si elle est certes
ngative, qui semble requise pour instituer sous le nom de discipline, partir de la
nature de la raison et des objets de son usage pur, une sorte de prcaution et
d'examen de soi-mme systmatiques, face quoi aucune fausse apparence
sophistique ne saurait subsister, mais ne peut que se trahir immdiatement, en dpit
de toutes les justifications grce auxquelles elle peut se maquiller.
[]
Je ne fais pas porter la discipline de la raison pure sur le contenu, mais seulement
sur la mthode de la connaissance par la raison pure. Le premier objectif [la critique
du contenu] a dj t atteint dans la thorie des lments."
(Fin de citation)
Rappel sur l'utilisation des concepts a priori : vrifier leur dduction transcendantale
K575 "On ne peut se servir avec sret d'un concept a priori sans avoir mis en
uvre sa dduction transcendantale. Les Ides de la raison pure n'autorisent, il est
vrai, nulle dduction du type de celle des catgories ; si elles doivent toutefois avoir
au moins quelque validit objective, mme de caractre indtermin, et ne pas
reprsenter simplement de vains tres de raison (entia rationis ratiocinantis), une
dduction doit absolument en tre possible" - Voir Objet absolument parlant
Objet dans l'Ide.
254
mathmatique] utilise pour parvenir la certitude apodictique [se confond-elle] avec
celle qui sert la recherche de la mme certitude en philosophie et que dans ce
domaine on devrait appeler dogmatique ?"
255
[Consquences]
La connaissance mathmatique [] "peut porter exclusivement sur des quanta",
car seul le concept de grandeur peut se construire, c'est--dire se prsenter a
priori dans l'intuition.
[Objection : une connaissance mathmatique issue d'une intuition a priori
peut aussi tre impossible associer une grandeur, donc tre
non-mesurable, comme celles de la topologie, mais son poque Kant ne
pouvait le savoir.]
La connaissance philosophique ne peut porter que sur des qualits, et celles-ci
ne se peuvent prsenter dans aucune autre intuition que l'intuition empirique.
Ce pourquoi une connaissance rationnelle n'en est possible que par
l'intermdiaire de concepts. Ainsi personne ne peut-il tirer d'ailleurs que de
l'exprience une intuition qui corresponde au concept de la ralit, mais nul ne
peut jamais y accder a priori partir de [la conscience de] soi-mme et
antrieurement la conscience empirique qu'il peut en avoir.
[Exemples]
"De la forme conique, on pourra faire un objet d'intuition sans aucune aide
empirique, uniquement d'aprs le concept, mais la couleur de ce cne devra
d'abord tre donne dans telle ou telle exprience.
Le concept d'une cause en gnral, je ne peux le prsenter dans l'intuition
autrement que dans un exemple que me fournit l'exprience, etc."
(Fin de citation)
256
si et jusqu' quel point il s'agit ou non d'un quantum,
en quoi une existence ou une privation [d'existence] doit y tre reprsente,
dans quelle mesure ce quelque chose (qui remplit de l'espace ou du temps) est
un substrat premier ou une simple dtermination,
si un rapport s'tablit entre son existence et quelque chose d'autre comme cause
ou comme effet,
et enfin s'il est, du point de vue de l'existence, isol ou en relation de
dpendance rciproque avec d'autres choses,
examiner la possibilit de cette existence, sa ralit et sa ncessit, ou leurs
contraires,
(Citation de K611-K612)
"La gomtrie et la philosophie sont deux choses tout fait diffrentes, quand bien
mme elles se prtent mutuellement la main en physique, et que par consquent les
dmarches de l'une ne sauraient jamais tre imites par l'autre.
La solidit des mathmatiques repose sur des dfinitions, des axiomes, des
dmonstrations.
Je me contenterai de montrer
257
qu'aucun de ces lments ne peut tre ni procur ni imit par la philosophie, au
sens o le mathmaticien les prend ;
que le gomtre, en suivant sa mthode, n'difierait en philosophie que des
chteaux de cartes ;
que le philosophe, en suivant la sienne dans le secteur de la mathmatique, ne
pourrait produire que du verbiage et ce, alors mme que la philosophie, sur ce
terrain, consiste en connatre les limites, et que le mathmaticien lui-mme,
quand son talent n'est pas dj limit par la nature et born son domaine, ne
puisse carter les avertissements de la philosophie ni se placer au-dessus
d'eux."
(Fin de citation)
Origines de concepts de la raison pure que l'on peut songer dfinir (K612-K613)
Concepts a priori (qu'on n'a pas besoin de dfinir, chacun les connaissant) :
Le temps et l'espace ;
Les catgories de l'entendement ;
258
Les concepts de l'entendement pur : la possibilit, l'existence, la ncessit,
la substance, la cause, le droit, l'quit, etc.
Concepts empiriques (qui ne reprsentent pas une classe d'objets et ne sont pas
produits par la raison pure) ;
Concepts penss arbitrairement, dans la mesure o ils reprsentent un vritable
objet, c'est--dire un objet de l'intuition dont les informations sont exactement les
mmes que celles du concept : les concepts mathmatiques.
Les concepts penss arbitrairement ne doivent pas tre dfinis, mais dclars
(Citation de K613)
"Dans la mesure, donc, o ni les concepts empiriques ni les concepts donns a priori
ne peuvent tre dfinis, il ne reste que ceux qui sont penss de faon arbitraire sur
lesquels cette manire de procder puisse tre tente.
Je peux toujours, dans un tel cas, dfinir mon concept ; car il faut pourtant bien que
je sache ce que j'ai voulu penser, puisque j'ai moi-mme forg ce concept
dlibrment, et qu'il ne m'a t donn ni par la nature de l'entendement ni par
l'exprience ;
259
[Le concept doit ensuite correspondre un objet possible (non contradictoire)]
je ne sais mme pas ainsi si ce concept possde quelque part un objet, et
l'explication que j'en donne mrite davantage d'tre appele une dclaration (de mon
projet) que la dfinition d'un objet."
(Fin de citation)
260
telles dfinitions sont des dcompositions de concepts donns, ce sont ces concepts
qui, bien qu'ils soient encore seulement confus, viennent en premier, et l'exposition
incomplte prcde l'exposition complte, tant et si bien qu' partir de quelques
marques caractristiques que nous avons tires d'une analyse encore inacheve
nous pouvons conclure d'autres avant d'en tre arrivs l'exposition intgrale,
c'est--dire la dfinition ; bref, en philosophie, la dfinition, comme clarification
pondre, doit plutt clore l'entreprise que l'inaugurer."
261
(Fin de citation)
Les premiers exigent toujours en outre une dduction, dont les derniers peuvent
totalement se dispenser ;
Conclusion : la philosophie n'a pas d'axiomes ; elle doit mme justifier leur emploi
K616 "La philosophie n'a donc pas d'axiomes, et il ne lui est jamais accord
d'imposer de manire aussi absolue ses principes a priori : bien plutt lui faut-il se
prter lgitimer par une dduction solidement taye le droit qu'elle a d'y recourir."
Remarques
Tous les hommes sains d'esprit partagent les principes de logique et les rgles
de dduction rationnelle.
Donc une proposition n'est considre comme prouve que si elle est objective,
c'est--dire qu'elle peut tre partage par tous les hommes (donc sans qu'aucun
puisse la rfuter) : elle a donc un caractre d'universalit.
262
[Un jugement d'exprience ne peut tre une dmonstration]
L'exprience nous enseigne sans doute ce qui est [dans un cas particulier], mais non
point que cela ne pourrait en aucun cas tre autrement [dans d'autres cas ou dans le
cas gnral].
[Une proposition dduite d'aprioris personnels n'est pas une certitude objective]
Mais partir de concepts a priori (dans la connaissance discursive) ne peut jamais
natre une certitude intuitive, c'est--dire une vidence, si apodictiquement certain
que puisse bien tre par ailleurs le jugement.
puisqu'il lui faut toujours considrer l'universel in abstracto (par concepts), cependant
que la mathmatique peut examiner l'universel in concreto (dans l'intuition singulire)
et [] a priori travers une reprsentation pure, la faveur de quoi toute dmarche
errone devient visible. Ce pourquoi je donnerais plus volontiers aux preuves
philosophiques le nom de preuves acroamatiques (discursives) que celui de
dmonstrations, parce qu'elles ne peuvent s'oprer qu' travers de simples mots (en
voquant l'objet en pense), tandis que les dmonstrations, comme l'expression dj
l'indique, se dveloppent dans l'intuition de l'objet."
(Fin de citation)
Dogmata et mathemata
K617 "Je divise toutes les propositions apodictiques (cela, qu'elles soient
dmontrables ou immdiatement certaines) en dogmata et mathemata. Une
proposition directement synthtique par concepts est un dogma ; en revanche, une
proposition synthtique obtenue par construction de concepts est un mathema."
(Les deux sortes de propositions apodictiques sont synthtiques a priori).
263
Ils ne peuvent donc pas tre pertinemment appels des dogmes (terme que l'on
pourrait peut-tre transcrire par prceptes doctrinaux).
Mais, entre les deux sortes mentionnes de propositions synthtiques a priori, seules
peuvent porter ce nom, selon la manire habituelle de parler, celles qui
appartiennent la connaissance philosophique, et l'on aurait quelque difficult
appeler dogmes les propositions de l'arithmtique ou de la gomtrie.
Cet usage confirme donc l'explication que nous avons donne en disant que seuls
des jugements par concepts, et non pas ceux qui procdent par la construction des
concepts, peuvent tre appels dogmatiques."
(Fin de citation)
Car par le moyen des Ides, comme nous l'avons montr, elle n'est capable de
porter absolument aucun jugement synthtique susceptible d'avoir une valeur
objective,
alors qu'en se servant des concepts de l'entendement elle tablit assurment des
principes certains, non pas toutefois directement par concepts, mais toujours
simplement de faon indirecte travers la relation de ces concepts quelque chose
de tout fait contingent, savoir l'exprience possible ;
de fait, quand cette dernire [] est prsuppose, il est vrai que ces jugements
peuvent tre apodictiquement certains, mme si, en eux-mmes (directement), ils ne
peuvent jamais tre connus a priori.
[Exemple :] Ainsi personne ne peut-il percer jusqu'en son fond, simplement
partir des concepts qui lui sont donns, cette proposition : tout ce qui arrive
possde sa cause.
Donc, ce n'est pas un dogme, bien que d'un autre point de vue, savoir [] dans
l'exprience, elle puisse fort bien tre prouve, et cela de manire apodictique.
Il s'agit toutefois d'un principe et non pas d'un thorme, mme si cette proposition
doit tre dmontre, parce qu'elle a cette proprit particulire qu'elle rend elle-
mme possible, et elle seule, le fondement mme de sa preuve, savoir
l'exprience, et qu'elle doit toujours s'y trouver prsuppose."
(Fin de citation)
264
erreurs, et elle abuse la philosophie, dont le but vritable est de faire apercevoir dans
leur plus vive lumire toutes les dmarches de la raison."
(Fin de citation)
Bien qu'elle dispose, par rapport chacun de ces trois lments, de sources de
connaissance a priori qui, au premier abord, semblent ddaigner les limites de toute
exprience, une critique compltement acheve nous persuade pourtant que toute
raison, dans son usage spculatif, ne saurait jamais avec ces lments dpasser le
champ de l'exprience possible,
mais jamais pour franchir ses limites, hors lesquelles, pour nous, [en dehors des
phnomnes du monde sensible] il n'est rien que de l'espace vide."
(Fin de citation)
La raison doit se soumette la critique, car elle n'a pas d'autorit dictatoriale
K619 "La raison doit, dans toutes ses entreprises, se soumettre la critique, et elle
ne peut par aucun interdit attenter la libert de cette dernire sans se nuire elle-
mme et sans attirer sur elle un soupon qui lui est dommageable. De fait n'y a-t-il
rien de si important, quant l'utilit, ni rien de si sacr qui puisse se drober cet
examen qui contrle et inspecte tout, sans faire exception de personne. C'est sur
cette libert que repose mme l'existence de la raison, laquelle n'a pas d'autorit
265
dictatoriale, mais ne fait jamais reposer sa dcision que sur l'accord de libres
citoyens, dont chacun doit pouvoir exprimer ses objections, voire son veto, sans
retenue aucune.
Cela tant, si la raison ne peut certes jamais se refuser la critique, elle n'a
pourtant pas toujours de motifs de la redouter."
(Point important : toute dcision de la raison doit tre critiquable par tous les
citoyens, dont chacun doit tre libre d'exprimer son veto.)
Une critique doit tre accepte dans un esprit d'ouverture, l'oppos du dogmatisme
L'homme a une tendance naturelle penser qu'un raisonnement logique donne
automatiquement raison celui qui le formule. Or partir d'une mme situation,
plusieurs points de vue diffrents permettent d'aboutir des conclusions logiques
diffrentes, parmi lesquelles seule une raison suprieure si elle est admise comme
telle pourra choisir.
[Il s'agit seulement de savoir s'il existe une preuve d'une affirmation oppose]
Il ne s'agit donc pas ici de savoir si ses affirmations ne pourraient pas aussi,
ventuellement, se trouver fausses, mais seulement du fait que personne ne peut
prtendre le contraire avec une certitude apodictique (ni mme avec vraisemblance).
(Fin de citation)
Rappel sur les antinomies : la raison pure peut tre en conflit avec elle-mme
(Citation de K620)
"Il se trouve quelque chose de proccupant et d'humiliant dans le fait qu'il doive y
avoir en gnral une antithtique de la raison pure, et que cette raison pure, qui
reprsente pourtant, vis--vis de tous les litiges, le tribunal suprme, doive entrer en
conflit avec elle-mme. Certes, nous avons eu plus haut, devant nous, une telle
antithtique apparente de la raison ; mais il s'est rvl qu'elle reposait sur un
malentendu consistant prendre, conformment au prjug commun, des
phnomnes pour des choses en soi, et revendiquer ensuite, d'une faon ou d'une
autre (au demeurant tout aussi impossibles l'une que l'autre), une absolue
compltude de leur synthse, ce que l'on ne peut toutefois aucunement attendre de
phnomnes.
Il n'y avait donc alors aucune contradiction effective de la raison avec elle-mme
dans ces propositions :
266
la srie des phnomnes donns en soi a un commencement absolument
premier, et :
cette srie est absolument et en soi dpourvue de tout commencement ;
car les deux propositions coexistent parfaitement bien, puisque des phnomnes,
dans leur existence (en tant que phnomnes [c'est--dire de situations dont
l'homme prend conscience]), ne sont absolument rien d'en soi, ce qui veut dire qu'ils
[les phnomnes en tant que concept] sont quelque chose de contradictoire, et que
par consquent leur supposition doit tout naturellement entraner avec elle des
consquences contradictoires.
Lire ici (source K621) : Validit du principe de causalit Impossibilit d'une preuve
de l'existence de Dieu.
Il n'y a pas d'antithtique de la raison pure, qui reste le juge suprme des arguments
K622 "Ainsi n'y a-t-il pas proprement d'antithtique de la raison pure. Car le seul
terrain o elle pourrait trouver se battre devrait tre cherch dans le domaine de la
thologie et de la psychologie pures ; mais ce terrain n'est pas assez solide pour
supporter un quelconque combattant avec tout son attirail et des armes qu'il y ait lieu
de craindre. Il ne peut y paratre qu'en recourant des railleries et des
rodomontades dont on peut se moquer comme d'un jeu d'enfant. C'est l une
remarque consolante, qui redonne du courage la raison ; car entre quelles mains
pourrait-elle remettre son sort si, elle qui est la seule avoir vocation d'carter toutes
les erreurs, elle tait en elle-mme bouleverse au point de ne pouvoir esprer ni la
paix ni la tranquillit de ses possessions ?"
267
Usage sceptique (principe de la neutralit de la raison pure)
K630 "Il n'y a pas [] admettre d'usage sceptique de la raison pure, que l'on
pourrait dsigner comme le principe de la neutralit dans tous les diffrends qu'elle
rencontre. []
au lieu de mettre fin mes recherches, est bien plutt la vritable cause qui les
provoque.
[L'homme a un besoin inn de savoir, car il redoute que ce qu'il ignore cache des
dangers ou des opportunits.]
Mais que mon ignorance soit absolument ncessaire et qu'elle me libre par
consquent de toute recherche ultrieure, cela ne se peut tablir empiriquement,
partir de l'observation, mais uniquement de faon critique, par exploration
approfondie des sources premires de notre connaissance.
[Une ignorance absolument ncessaire, donc invitable, me dispense
videmment de recherches, puisque celles-ci seraient infructueuses. Mais ce
n'est pas en cherchant (empiriquement) que je peux m'en apercevoir (car une
recherche matrielle infructueuse ne prouve pas que ce qu'on cherche n'existe
pas), c'est en rflchissant aux sources de la connaissance.]
268
nanmoins, il est possible aussi de connatre a posteriori, travers ce qui, malgr
tout ce que nous savons, nous reste encore et toujours savoir, sa limitation, bien
qu'il s'agisse l simplement d'une connaissance indtermine d'une ignorance
impossible jamais lever compltement.
[Quand nous cherchons la rponse une question qui dpasse notre
connaissance actuelle
(Exemples dans l'Univers : nature de la matire sombre reprsentant
environ 5 fois plus de masse que la matire visible astronomique, et raison
de l'absence d'antimatire)
nous restons, au moins provisoirement, dans l'ignorance parfois parce que
nous ne pouvons mme pas dfinir prcisment ce que nous cherchons.]
[On ne comprend pas assez l'anticipation d'exprience pour connatre son origine]
Or, si quelqu'un ne peut s'en rendre aucunement comprhensible la possibilit,
[Mais cette ignorance ne permet pas d'affirmer que cette facult est impossible
comprendre et qu'elle n'intervient pas dans la raison]
mais il ne peut pour autant dcrter la connaissance de ces principes impossible par
les simples forces de l'entendement et dclarer nuls et non avenus tous les pas que
la raison fait sous leur directive.
Tout ce qu'il peut dire, c'est ceci : si nous apercevions l'origine et l'authenticit de tels
principes, nous pourrions dterminer l'tendue et les limites de notre raison,
269
[Faute de comprendre cette facult, toute affirmation son sujet est pure conjecture]
et avant que cela se soit produit, toutes les assertions avances par elle sont
aventures de faon aveugle.
[De mme, toute philosophie dogmatique sans critique de la raison est suspecte]
Et ainsi un doute complet serait-il pleinement fond l'gard de toute philosophie
dogmatique effectuant son parcours sans critique de la raison elle-mme ;
Car tous les concepts et mme toutes les questions que la raison pure nous propose
ne sont pas en quelque sorte contenus dans l'exprience, mais uniquement, leur
tour, dans la raison,
[Il y a, par exemple, des ides transcendantales, concepts de la raison pure]
et c'est pourquoi on doit pouvoir les rsoudre, ainsi que comprendre leur validit ou
leur nullit.
Nous n'avons pas non plus le droit d'carter ces problmes comme si leur solution
rsidait effectivement dans la nature des choses, mais en recourant au prtexte que
fournirait notre impuissance, et de nous refuser poursuivre leur propos toute
recherche : c'est en effet la raison qui seule, en son sein, a elle-mme produit ces
Ides, sur la validit ou sur l'apparence dialectique desquelles elle est donc tenue de
rendre des comptes."
(Fin de citation)
270
d'une perception. Simplement croyons-nous aussi pouvoir sortir a priori de notre
concept et largir sur ce mode notre connaissance.
Cela, nous tentons de le faire soit par l'entendement pur, vis--vis de ce qui peut du
moins tre un objet de l'exprience, soit mme par la raison pure, vis--vis de
proprits des choses, voire de l'existence d'objets qui ne peuvent jamais intervenir
dans l'exprience.
[]
Bien que nous ne puissions jamais aller immdiatement au-del du contenu du
concept qui nous est donn, nous pouvons toutefois connatre entirement a priori,
mais par rapport un troisime terme, savoir une exprience possible, donc bel et
bien a priori, la loi de la liaison entre des choses diverses."
(Fin de citation)
271
Exemples de concepts impossibles cits dans K638
"Ainsi n'est-il pas permis de fabriquer par la pense de quelconques facults
originaires nouvelles, par exemple un entendement qui serait capable d'intuitionner
son objet sans les sens, ou une force d'attraction sans aucun point de contact"
(Kant n'avait donc pas compris l'attraction universelle de Newton, avec son
champ qui s'exerce distance du seul fait des masses)
Ils sont penss seulement de faon problmatique, pour fonder, par rapport [aux
objets de l'exprience] (comme fictions heuristiques), des principes rgulateurs de
l'usage systmatique de l'entendement dans le champ de l'exprience.
Si l'on va au-del, ce ne sont plus que des tres de raison, dont la possibilit n'est
pas dmontrable, et qui par consquent ne peuvent pas non plus, la faveur d'une
hypothse, tre placs au fondement de l'explication de phnomnes effectivement
rels."
(Fin de citation)
en vue de donner pour principe, d'aprs cette Ide, notre apprciation de ses
phnomnes intrieurs une unit complte et ncessaire de toutes les forces de
l'esprit, bien qu'on ne puisse l'apercevoir in concreto.
En revanche, admettre que l'me est une substance simple (ce qui correspond un
concept transcendant), ce serait une proposition non seulement indmontrable
(comme c'est le cas d'un certain nombre d'hypothses physiques), mais aussi
totalement arbitraire et risque l'aveuglette, parce que le simple ne peut se
prsenter dans absolument aucune exprience et que, si l'on entend ici par
substance l'objet permanent de l'intuition sensible, la possibilit d'un phnomne
simple ne peut nullement tre aperue."
(Fin de citation)
272
Voir Il n'y a pas d'tres ou de proprits purement intelligibles.
Un phnomne donn nouveau ne doit tre expliqu qu' partir de lois connues
K639 "Pour expliquer des phnomnes donns, on ne peut allguer d'autres
choses et d'autres principes d'explication que ceux qui ont t poss en liaison avec
ceux et celles qui taient dj donns, selon des lois dj connues des phnomnes.
Une hypothse transcendantale o l'on se servirait d'une simple Ide de la raison
pour expliquer les choses naturelles ne serait donc nullement une explication, parce
que ce que l'on ne comprend pas suffisamment partir de principes empiriques
connus serait alors expliqu par quelque chose dont on ne comprend rien."
(Toute explication, tout nonc de loi nouvelle doit reposer sur des
connaissances existantes, elles-mmes fondes partir de la naissance sur des
aprioris. Toute affirmation fonde sur des faits ou lois incertains est sans valeur.
Ces maximes inattaquables sont suivies, dans la citation suivante situe
immdiatement aprs la prcdente, par une affirmation par Kant de sa doctrine
tlologique, reposant sur une intention prte l'tre originaire, Dieu, dont Kant
a montr avant l'impossibilit par viol des lois naturelles !)
273
d'explication [le principe de l'tre absolument premier, le Crateur] qui nous dispense
de cette recherche et vient clore notre investigation"
Pour un rsum des croyances de Kant, voir Les Ides sont les causes efficientes de
la nature Les croyances de Kant.
274
Des preuves des propositions transcendantales et synthtiques
K645 "Les preuves des propositions transcendantales et synthtiques ont en soi
ceci de particulier, parmi toutes les preuves d'une connaissance synthtique a priori,
que la raison, par l'intermdiaire de ses concepts, ne doit pas s'y appliquer
directement l'objet, mais doit au contraire dmontrer d'abord la validit objective
des concepts et la possibilit de leur synthse a priori."
275
l'on entend puiser les principes sur lesquels on songe construire ces preuves, et
tabli de quel droit on peut en attendre le bon rsultat de ses raisonnements.
S'il doit s'agir de principes issus de la raison pure, toute peine est nouveau
dpense vainement. Car la raison possde certes de tels principes, mais, en tant
que principes objectifs, ils sont tous dialectiques et ne peuvent en tout tat de cause
avoir de valeur que comme principes rgulateurs de l'usage systmatiquement
structur de l'exprience.
Deuxime rgle concernant les preuves transcendantales : une seule par proposition
(Citation de K648)
"La deuxime caractristique propre aux preuves transcendantales est que, pour
chaque proposition transcendantale, on ne peut trouver qu'une seule preuve.
[Si la preuve transcendantale doit partir d'une intuition :]
Si ce n'est pas partir de concepts que je dois conclure, mais partir de
l'intuition correspondant un concept,
qu'il s'agisse d'une intuition pure, comme dans la mathmatique,
ou d'une intuition empirique, comme en physique,
l'intuition adopte comme fondement me fournit une matire diverse pour des
propositions synthtiques que je peux relier entre elles de plus d'une faon :
dans ce cas, puisque je peux partir de plus d'un point, c'est par divers chemins
que je puis parvenir la mme proposition.
[Si la preuve transcendantale doit partir d'un seul concept :]
En revanche, toute proposition transcendantale part uniquement d'un seul
concept et exprime la condition synthtique de la possibilit de l'objet d'aprs ce
concept.
Il ne peut donc y avoir qu'un unique argument, parce qu'en dehors de ce concept
il n'y a plus rien par quoi l'objet puisse tre dtermin et que la preuve ne peut
donc contenir rien de plus que la dtermination d'un objet en gnral d'aprs ce
concept, qui est lui aussi unique."
(Fin de citation)
276
Cas de la proposition Tout ce qui pense est simple ;
Cas de la preuve transcendantale de l'existence de Dieu, qui repose uniquement
sur le caractre rciprocable des concepts de l'tre suprmement rel et de l'tre
ncessaire, et qui ne peut nullement tre tente d'une autre manire. Voir :
Idal de la raison pure : 2me section ;
Problme de l'idal transcendantal : le concept de l'absolue ncessit.
Troisime rgle concernant les preuves transcendantales : une preuve doit toujours
tre ostensive, jamais apagogique
Or, au lieu de parcourir dans une preuve ostensive toute la srie des principes qui
peut conduire la vrit d'une connaissance par l'intermdiaire d'une vision
complte de sa possibilit, si l'on peut trouver une unique consquence fausse parmi
celles qui dcoulent du contraire de cette connaissance, ce contraire est faux lui
aussi, et par consquent la connaissance que l'on avait prouver est vraie."
(Fin de citation)
Si la conclusion un basset est un animal tait fausse, l'une au moins des deux
prmisses serait fausse, ce qui est contraire leur vrit suppose.
Donc la conclusion est juste.
277
reprsentations leur dimension objective, c'est--dire la connaissance de ce qui
est dans l'objet.
ou bien que les deux propositions ne se contredisent l'une l'autre que sous une
condition subjective faussement tenue pour objective, et que, puisque la condition
est fausse, toutes les deux puissent tre fausses sans que, de la fausset de l'une, il
soit possible de conclure la vrit de l'autre.
278
Ainsi, par exemple, si l'on suppose que le monde sensible est en soi donn selon sa
totalit, il est faux qu'il doit tre ou bien infini dans l'espace, ou bien fini et limit,
parce que les deux noncs sont faux.
Car des phnomnes (en tant que simples reprsentations) qui seraient pourtant
donns en soi (en tant qu'objets) sont quelque chose d'impossible, et l'infinit de ce
tout imagin serait certes inconditionne, mais contredirait (puisque tout, dans les
phnomnes, est conditionn) la dtermination inconditionne de la quantit qui est
pourtant suppose dans le concept."
[Voir Ides transcendantales : 1er conflit.]
(Fin de citation)
Discursif
Adjectif : issu d'un raisonnement logique, donc dmontrable et universel.
Exemples : connaissance discursive, jugement discursif (dynamique).
Opposs : intuitif ou non discursif (non dmontrable), donn, a priori.
Voir aussi :
Apodictique ;
Comparaison des mthodes rationnelles des mathmatiques et de la philosophie
pure.
Disjonction - Disjonctif
Disjonction
Substantif : c'est l'action de disjoindre (sparer) ou le rsultat de cette action.
Logique : on appelle disjonction la relation entre deux propositions logiques
A et B correspondant l'oprateur logique OU non-exclusif ( l'un, l'autre ou
les deux ). Elle s'crit :
A OU B ou A B . La proposition A B est toujours vraie sauf si les
propositions A et B sont toutes deux fausses.
Disjonctif - Adjectif : qui ralise une disjonction. Exemples :
K166 : Le contenu d'un jugement disjonctif (l'ensemble de ses concepts) est
divis en parties (sous-ensembles) appeles "concepts subordonns", qui
s'excluent mutuellement (le choix de l'un excluant tous les autres).
K497 "c'est une proposition exactement disjonctive que celle selon laquelle
tout effet survenant dans le monde doit procder ou bien de la nature [causalit],
ou bien de la libert."
Kant emploie donc l'expression exactement disjonctive au sens d'un OU
exclusif : un seul des lments logiques relis est vrai (ou choisi) :
pour Kant, disjonctif veut dire alternatif.
Les dictionnaires [13] et [19] admettent pour disjonctif les deux types de relation :
OU exclusif (alternative) et OU non-exclusif.
[56b] 43 page 130 note 1 Dans un jugement disjonctif, c'est l'ensemble de
tous les possibles qui est divis relativement un certain concept :
"L'action de la raison dans les raisonnements disjonctifs est, quant la forme,
identique avec ceux au moyen desquels elle produit l'Ide d'un ensemble de la
279
ralit, qui contient en soi ce qu'il y a de positif dans tous les prdicats
mutuellement opposs."
(La disjonction dfinit une partition d'une ensemble en un sous-ensemble et
son complment, les lments du sous-ensemble satisfaisant une condition
donne. Un lment donn de l'ensemble n'a que deux possibilits :
il satisfait OU il ne satisfait pas la condition disjonctive.)
La causalit thologique [] dfinit une relation disjonctive dans le systme
de tous les possibles accessible au seul entendement divin.
Divers
Le divers est l'ensemble des informations de la forme permettant de distinguer deux
objets ou phnomnes dont la matire ou la substance peuvent tre semblables.
Le divers d'une perception (qui a subi une synthse par association) est transform
en reprsentation consciente en mmoire de travail : voir Intuition (tapes) ; il
contient l'ensemble des informations de la reprsentation.
K205 - "Un divers contenu dans mon intuition est reprsent par la synthse de
l'entendement comme appartenant l'unit ncessaire [invitable] de la conscience
de soi, et cela se produit grce la catgorie. (La reprsentation de l'unit de
l'intuition d'un objet inclut toujours une synthse de son divers et la relation du divers
une unit de l'aperception)"
Division
Opration de logique qui partage l'extension d'un concept (appel genre) en classes
(appeles espces) qui sont, elles-mmes, les extensions de concepts composants
du premier.
280
Dcomposition selon la matire : le bronze de la statue (alliage de cuivre et
d'tain) comprend deux parties : le cuivre et l'tain. Au sens matire, chacun
de ces mtaux purs est simple, indcomposable.
Extraction : on peut extraire de l'espace une partie (sous-espace) qui est
elle-mme un espace de mme nature que le prcdent. De celui-ci on peut
extraire une partie (sous-sous-espace), et ainsi de suite l'infini ; aucune partie
ne sera indivisible, aucune ne sera une partie simple comme un point. On parle
alors de subdivision (subdivisio).
Divisibilit
K490 "Tout espace intuitionn l'intrieur de ses limites est une totalit dont les
parties, lors de toute dcomposition [ l'infini ou illimite], sont toujours leur tour
des espaces, et par consquent il est divisible l'infini."
K490-K491 [La divisibilit d'un] "phnomne extrieur enferm dans ses limites
(corps) se fonde sur la divisibilit de l'espace [qu'il occupe. Il] est donc divisible
l'infini, sans qu'il se compose pour autant d'un nombre infini de parties."
Au sens du volume d'espace qu'il occupe, un corps est (comme cet espace)
divisible l'infini, car tout sous-espace est lui-mme un espace divisible, et
aucune division ne peut aboutir un espace simple (indivisible). (Tout cela en
ignorant le concept d'atome).
Mais au sens de la substance du corps et contrairement son espace occup,
sa matire peut tre simple.
Ainsi, un corps peut tre fait d'un seul lment chimique (corps simple comme le
cuivre), ou d'une seule molcule (corps compos comme l'eau), ou d'un nombre
fini de corps simples ou composs. Il peut en principe tre fait d'un nombre infini
de corps composs, parce qu'il y a 92 corps simples naturels dans la
classification de Mendeleev, partir desquels le nombre de composs
constructibles (molcules) est infini.
Division d'un tout donn dans l'intuition, c'est--dire d'une reprsentation d'objet
Voir d'abord Progression l'infini (in infinitum) ou progression illimite (in
indefinitum) : dfinitions
Il faut distinguer ventuellement les divers modes de division d'un objet donn par sa
reprsentation, comme le volume (divis en espaces) et la matire (divise en
parties). Un lment de la division (espace ou partie, par exemple) peut tre
subdivis son tour jusqu' ce que ses lments soient simples, ou l'infini si pour
le mode de division l'objet est continu (comme un volume).
(Citation de K490)
"Quand je divise un tout qui est donn dans l'intuition, je vais d'un terme conditionn
aux conditions de sa possibilit.
[L'existence du tout est conditionne par l'existence de tous ses lments.]
281
La division des parties (subdivisio ou decompositio) est une rgression dans la srie
de ces conditions. La totalit absolue de cette srie ne serait alors donne que si la
rgression pouvait arriver des parties simples.
[Comme dans l'exemple de la statue ci-dessus, la totalit absolue de la srie des
mtaux composants en comprend deux, le cuivre et l'tain.]
Mais si, dans une subdivision se poursuivant sans discontinuer toute partie est
toujours son tour divisible, la subdivision, c'est--dire la rgression, va du
conditionn ses conditions [ l'infini] in infinitum, puisque les conditions (les parties)
sont contenues dans le conditionn lui-mme et que, comme celui-ci est donn tout
entier dans une intuition enferme dans ses limites, elles sont elles aussi donnes
toutes ensemble avec lui.
[Exemple : la subdivision en volume peut tre poursuivie l'infini, en ngligeant
l'existence des atomes.]
La rgression ne doit donc pas tre appele simplement une rgression [illimite] in
indefinitum, sur le modle de cela seul que permettait la prcdente Ide
cosmologique, dans la mesure o je devais aller du conditionn ses conditions qui
taient en dehors de lui [parce que la chose en soi de l'intuition n'existait pas encore]
et par consquent n'taient pas donnes en mme temps que lui, mais
n'intervenaient que dans la rgression empirique.
[Un objet divisible l'infini n'a pas ncessairement un nombre infini de parties]
Pour autant, il n'est nullement permis de dire, propos d'un tel tout qui est divisible
l'infini, qu'il se compose de parties infiniment nombreuses. Car, bien que toutes les
parties soient contenues dans l'intuition du tout, ne s'y trouve pourtant pas contenue
la division tout entire, qui ne consiste que dans la poursuite de la dcomposition,
autrement dit dans la rgression elle-mme, qui seule rend effective la srie. Or,
puisque cette rgression est infinie, tous les membres (les parties) auxquels elle
parvient sont certes contenus comme agrgats dans le tout donn, mais non point la
srie tout entire de la division, laquelle est infinie de faon successive, mais ne l'est
jamais de faon entire, et par consquent ne peut prsenter une multitude infinie ni
une synthse de celle-ci en un tout."
[Nous avons vu dans l'exemple ci-dessus de la statue, que s'il y a plusieurs
modes de division envisags, les types de rsultat (division l'infini, illimite ou
en parties simples) peuvent tre diffrents.]
(Fin de citation)
282
Doctrine
Substantif - Ensemble de principes et/ou d'noncs, formant ou non un systme,
traduisant une certaine conception de l'Univers, de l'existence humaine, de la
socit, etc., accompagns souvent, pour le domaine envisag, de la formulation de
modles de pense, de rgles de conduite. Exemples :
K383 "Si nous comparons la doctrine de l'me, comme physiologie du sens
interne, avec la doctrine du corps, comme physiologie des objets des sens
externes"
[132] page 256 - "Il ne faut jamais que la morale en elle-mme soit traite
comme une doctrine du bonheur, c'est--dire comme un enseignement
concernant la manire d'avoir part au bonheur, car sa seule affaire est la
condition rationnelle (conditio sine qua non) de ce dernier, non le moyen de
l'acqurir."
Donn, donnes
Donn (adjectif et participe pass) : qui est impos, qui provient directement de
l'exprience, qui est un fait constat sur lequel l'esprit n'a pas encore raisonn.
Donnes (substantif) : rsultat intuitif de cette exprience, une ou plusieurs
reprsentations.
K117 "L'intuition n'intervient [en tant que moyen pour qu'une connaissance se
rapporte un objet] que dans la mesure o l'objet nous est donn. Cela n'est
possible que parce que l'objet affecte l'esprit [en y crant une reprsentation], ce qu'il
fait par la mdiation [par l'effet] de la sensibilit." - Voir aussi Rceptivit et Divers.
Voir :
Principes suprmes de la possibilit d'intuition ;
Connaissance infinie par opposition la connaissance de l'entendement.
283
Dogmatisme Dogmatique
Dogmatisme
Doctrine philosophique qui affirme la possibilit d'avoir des certitudes, contrairement
au scepticisme. C'est aussi l'attitude d'une personne qui affirme de faon
premptoire, sans admettre la discussion. Exemple : Idalisme subjectif de Berkeley.
Kant a combattu vigoureusement cette attitude dans le clbre texte Qu'est-ce
que les Lumires ? [25].
Dogmatique
Kant emploie l'adjectif dogmatique dans le sens de assur, dmontrable :
[140] page 516 - "La mthode spcifique de l'enseignement en philosophie est
zttique, comme l'ont nomme quelques Anciens, c'est--dire qu'elle est une
mthode de recherche et elle ne devient en certains domaines dogmatique,
c'est--dire assure, que pour une raison dj exerce."
Droit
Adjectif : est conforme au droit ce qui est conforme la loi, notamment ce qu'on peut
exiger en vertu des lois en vigueur ou des droits de l'homme (ou de l'enfant, etc.)
[53].
Substantif : le droit est l'ensemble des rgles de la vie en en socit ; il s'agit plutt
de rgles crites, car il y a aussi des rgles non crites : les coutumes.
Pour Kant, les rgles du droit font partie des rgles de la morale :
K134 "le droit ne peut aucunement apparatre de faon phnomnale, mais son
concept rside dans l'entendement et reprsente une proprit (la proprit morale)
des actions qui leur appartient en elles-mmes."
284
Voir aussi Descartes : pense, me et corps.
L'interactionnisme de Descartes est l'origine d'une doctrine un peu diffrente,
l'occasionnalisme. Celle-ci postulait que toutes les actions de l'Univers suivent le
modle de l'interaction entre l'me et le corps de l'homme : les causes
paraissant naturelles ne sont en ralit qu'occasionnelles, la cause vritable de
toute action tant toujours la volont de Dieu.
Une autre doctrine, le paralllisme psychophysique, postule aussi une diffrence
de nature entre le cerveau et l'esprit, mais nie toute interaction causale entre
eux.
Enfin, Leibniz [37] croyait en une coordination d'origine divine qui synchronise le
corps et l'esprit, par ailleurs distincts
Pour expliquer l'origine des objets physiques, le matrialisme s'oppose
l'idalisme.
En matire de valeurs morales, le Bien s'oppose au Mal.
Autre sens de dualisme, donn par Kant : voir Idalit - Dualisme (au sens de Kant).
Ducat
Selon le dictionnaire [13] : Monnaie d'or fin (plus rarement d'argent) de valeur
variable selon les pays et les poques.
Dynamique
Voir :
Remarques : principes mathmatiques et principes dynamiques ;
Exemples de diffrence entre principe mathmatique et principe dynamique.
Ecriture
Avec une majuscule, dans le langage chrtien et l'art : ensemble des textes de
l'Ancien et du Nouveau Testament ; la Bible.
285
et, comme l'amlioration morale de l'homme constitue la fin propre de toute la
religion rationnelle, c'est aussi cette religion qui contiendra le principe suprme de
toute l'interprtation de l'Ecriture.
Effectivit
Selon [13] : qui existe rellement ; dont on peut vrifier la ralit ; dont la ralit est
effective, incontestable.
Effectuation
Action par laquelle une chose parvient la ralit ;
Mise excution.
Elates
Selon le dictionnaire [13] : philosophes grecs, disciples de Znon d'le [154] qui
professaient aux VIme et Vme sicles avant Jsus-Christ les principes de l'cole
latique. La doctrine de cette cole niait la ralit du changement (appel
mouvement) : voir Achille et la tortue [103].
Empirique
Adjectif : fond sur (provenant de) l'exprience sensible, donc subjectif.
Opposs : transcendantal, a priori, discursif (dmontrable), objectif ou pur.
Empirisme
Dfinition du substantif
Philosophie : l'empirisme est la doctrine selon laquelle l'exprience est la donne
premire et la source de la connaissance : c'est celle de Locke [39] et de Hume [40].
Les faits d'une exprience s'expliquent par d'autres faits d'exprience, sans recourir
aux explications idalistes, tlologiques ou, plus gnralement, mtaphysiques.
Opposs
Dogmatisme, scepticisme, innisme de Descartes [20], idalisme, rationalisme.
Empirisme de Hume
La doctrine empiriste de Hume [40] ne tenant pour vrai que ce qui rsulte de
l'exprience, une loi de la nature ne pourrait rsulter que d'une induction base sur
plusieurs expriences. Elle ne pourrait donc tre certaine, c'est--dire garantir la
stabilit (la mme cause produisant la mme consquence). Hume croit donc toute
science impossible, toute loi induite de l'exprience n'tant qu'une croyance !
Kant s'est donc fermement oppos Hume, reprochant sa doctrine de conduire au
scepticisme.
286
Exemple d'empirisme de Hume dnonc par Kant, pour qui des principes a priori
sont indispensables pour que l'exprience soit possible
(Citation de K95-K96)
"Le concept d'une cause contient lui-mme si manifestement le concept d'une
ncessit de la liaison avec un effet et d'une rigoureuse universalit de la rgle qu'il
serait totalement ananti si on voulait le dduire, comme Hume [40] le fit, d'une
association frquente de ce qui se produit avec ce qui prcde, et d'une habitude qui
en rsulte (ncessit par consquent simplement subjective) de lier des
reprsentations.
[La liaison causale qui traduit une loi de la nature ne rsulte pas d'une ncessit
logique ; il faut donc la postuler et l'admettre comme loi jusqu' preuve du
contraire : voir Principe de la primaut de la connaissance sur les objets
(doctrine).]
287
nature telle que, ds lors que cette chose est pose, il faut par l mme que quelque
chose d'autre soit aussi ncessairement pos ; car c'est ce que dit le concept de
cause.
[Erreur : il existe une causalit logique, exprimant une ncessit, utilise dans
les dductions mathmatiques et logiques, les infrences et les syllogismes.
Mais cette causalit logique (ne reliant que des propositions abstraites) est
distincte de la causalit physique des lois de la nature (postules par l'homme
pour relier des phnomnes), qui n'en rsulte nullement. On ne doit ni confondre
la causalit logique avec la causalit physique, ni dduire l'une de l'autre.]
[Hume a bien vu que la causalit n'est pas une ncessit a priori de la raison]
Il prouva irrfutablement qu'il est tout fait impossible que la raison pense a priori et
partir de concepts une telle liaison, car celle-ci implique ncessit ;
Voir aussi :
Objectif Subjectif ;
Une chose en gnral ne peut tre une cause, concept rserv l'exprience ;
288
Avantages de l'empirisme ;
Sensualisme ;
Histoire de la raison pure.
Ens realissimum
Voir [130] et L'tre suprmement rel, ensemble ou fondement de toutes les ralits.
Entendement
L'entendement pense une intuition donne en la rapportant son sujet avec deux
concepts successifs
Facult de la connaissance, l'entendement dtermine conceptuellement le contenu
d'un objet en gnrant :
Une reprsentation synthtique de l'objet interprte par l'intuition comme un
concept empirique de l'entendement de cet objet ;
Des jugements qui le dcrivent l'aide de concepts purs appels catgories :
par l'entendement l'objet est pens, alors que par la rceptivit des impressions
seule une reprsentation du divers en est donne.
[56b] 21 page 88 [Les] "concepts purs de l'entendement, [] ne sont rien de
plus que des concepts d'intuitions en gnral, en tant que ces intuitions sont en
elles-mmes, par consquent de faon ncessaire et universelle, dtermines
en jugements relativement tel ou tel de ces moments [de l'entendement]."
289
K155 - L'entendement est un pouvoir de connatre non sensible, alors que l'intuition
repose sur la sensibilit. Donc l'entendement n'est pas un pouvoir d'intuition. Et
comme en dehors de l'intuition la seule manire de connatre est par concepts, la
connaissance rsultant de l'entendement est par concepts, et elle n'est pas intuitive
mais discursive.
K155 - Discursifs, les concepts reposent sur des fonctions de l'entendement, alors
que les intuitions, tant sensibles, reposent sur des affections :
K155 "J'entends par fonction l'unit de l'action consistant ordonner des
reprsentations diverses sous une reprsentation commune. Les concepts se
fondent donc sur la spontanit de la pense, tout comme les intuitions
sensibles se fondent sur la rceptivit des impressions."
L'esprit humain a une facult d'entendement ; c'est aujourd'hui une certitude vrifie
par des enregistrements d'ondes crbrales [23] [28], en plus de la certitude
philosophique qu'en avait Kant et qui est toujours d'actualit.
290
(Citation K194)
"Nous avons dfini l'entendement [] :
Par une spontanit de la connaissance ;
Par un pouvoir de penser (entendre, analyser et gnraliser par induction) ;
Par un pouvoir de concepts ;
Par un pouvoir de jugements,
Les rgles, en tant qu'elles sont objectives [] s'appellent des lois. [] Ces lois ne
sont cependant que des dterminations particulires de lois encore suprieures, dont
les plus leves (sous lesquelles s'inscrivent toutes les autres) proviennent a priori
de l'entendement lui-mme et ne sont pas empruntes l'exprience.
Tous les phnomnes [ce que nous en percevons] rsident donc, comme
expriences possibles, a priori dans l'entendement [] toutes les lois empiriques ne
sont que des dterminations particulires des lois pures de l'entendement []
L'entendement pur est donc, travers les catgories, la loi de l'unit synthtique de
tous les phnomnes base sur l'aperception transcendantale, et ainsi est-il ce qui,
le premier et originairement, rend possible l'exprience quant sa forme."
(Fin de citation)
Conclusion : l'entendement soumet ses rgles les reprsentations issues des
sens ; il est la source des principes qui imposent ces rgles. (K236)
Les rgles de l'entendement d'une intuition donne lient celui-ci en une unit
synthtique selon des lois, unit la base de l'exprience.
291
K237 "toutes les lois de la nature sont soumises des principes suprieurs de
l'entendement, puisqu'elles se bornent les appliquer des cas particuliers du
phnomne."
Le fonctionnement inn de l'entendement reflte les lois de la nature ;
c'est pourquoi nous pouvons la connatre par l'exprience. (Justification :
Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine).)
Dans ces deux citations Kant explique que la facult d'entendement permet la
connaissance des phnomnes (leur traduction en concepts issus de l'intuition
sensible) parce qu'elle est rgie par des rgles dterministes et stables ; par
entendement un mme phnomne peut toujours tre compris, et l'tre de la mme
faon. Kant ajoute (K236) : "Ces principes possdent a priori et avant toute
exprience leur validit". Ce sont des principes gnraux, applicables toutes les
fonctions de l'entendement.
Les fonctions de l'entendement sont bases sur des processus inns du cerveau
d'un adulte, fonctions dcrites par Schopenhauer dans [29] sous le nom de
Raison suffisante de l'tre. Elles permettent la reprsentation dans l'esprit de
ralits matrielles (phnomnes) ou d'tres abstraits comme en
mathmatiques, ainsi que l'interprtation et certaines manipulations de
reprsentations (mmorisation, recherche, assemblage/dsassemblage).
292
K295-K296 "L'entendement ne peut faire de tous ses principes a priori et mme de
tous ses concepts un usage autre qu'empirique, [il n'en fait] jamais un usage
transcendantal." L'entendement ne s'applique donc pas aux choses en soi.
Voir aussi :
Limites de l'entendement rsultant de l'Analytique transcendantale (K300) ;
Noumne, objet de l'entendement pur ;
Noumne en tant que chose en soi : un abus de l'entendement.
Pour Kant, l'entendement est la fonction mentale spontane qui ordonne les
intuitions prsentes l'esprit du sujet selon des systmes cohrents et des
catgories gnrales, pour qu'il puisse les interprter et raisonner sur elles.
(Dit plus simplement : identifier un objet O, c'est dcrire les relations de son
concept C avec des concepts a priori connus.)
Comme tout concept, le concept pur C gnr par l'entendement en tant que
prdicat descriptif de l'objet O, est l'interprtation d'une reprsentation S en mmoire
de travail. Celle-ci rsulte, son tour, de l'aperception transcendantale d'une
reprsentation synthtique R du divers de O gnre par l'intuition de l'objet O :
S est une reprsentation de reprsentation de l'objet O, et son concept C est
ncessairement une catgorie de l'entendement.
Le concept final C a donc t gnr par l'entendement en deux tapes successives.
293
La matire (la partie de la reprsentation qui n'est pas la forme),
correspondant la sensation.
De 12 concepts purs, les mmes pour tous les tres humains et tous les objets,
appels catgories, auxquelles l'entendement comparera une reprsentation R
de la reprsentation S pour construire un concept transcendantal C de l'objet O
refltant l'unit ncessaire de la conscience de soi ; C est l'une des catgories.
D'une facult de relation entre consciences empirique et transcendantale :
La prise de conscience d'un objet O est dclenche par la disponibilit en
mmoire de travail de sa reprsentation. Celle-ci, initialement sous une forme
brute provenant de la perception, doit tre convertie en reprsentation
synthtique a priori du divers de O par la fonction transcendantale de
l'imagination ; c'est alors seulement que la prise de conscience peut avoir lieu,
car elle ne peut comprendre qu'une telle reprsentation.
Cette prise de conscience dclenchant une aperception transcendantale, elle
produit ncessairement une conscience de soi, avec sa reprsentation de
reprsentation R : c'est une conscience transcendantale :
K189 note *- "Toute conscience empirique entretient une relation ncessaire
avec une conscience transcendantale (prcdant toute exprience particulire),
c'est--dire avec la conscience de moi-mme en tant qu'aperception originaire."
294
analytique et produit des concepts purs de l'entendement par dduction
transcendantale.
Elle n'est possible qu' partir de la synthse empirique initiale, reprsentation
prsente l'esprit : voir K199, identit et les exemples de synthse.
295
Produire systmatiquement l'unit de tous les actes empiriques possibles de
l'entendement, c'est l une opration de la raison, de mme que l'entendement relie
par des concepts le divers des phnomnes et le soumet des lois empiriques.
Nanmoins, bien que l'on ne puisse dcouvrir dans l'intuition, pour l'unit
systmatique intgrale de tous les concepts de l'entendement, aucun schme, un
analogon d'un tel schme peut et doit cependant tre fourni, qui consiste dans l'Ide
du maximum de la division et de la liaison de la connaissance d'entendement dans
un seul et mme principe."
(Fin de citation)
Remarques
K156 - Toutes les actions de l'entendement permettant des jugements,
l'entendement est un pouvoir de juger. (Voir Mdiate)
K161 - La logique transcendantale reoit de l'Esthtique transcendantale un
divers de la sensibilit a priori qui lui fournit l'information pour synthtiser les
indispensables concepts purs de l'entendement, les catgories. L'entendement
d'un phnomne peru est indispensable l'intuition, qui se poursuit.
K162 L'interprtation spontane du divers d'une perception produit une unit :
296
D'abord analytique, avec une forme logique d'unit analytique,
(synthse de logique gnrale sous un mme concept, simple effet de
l'imagination) ;
Puis dductive, avec une forme logique d'unit synthtique
(synthse pure de logique transcendantale un mme concept).
L'entendement systmatise les apparences donnes par la sensibilit, en les
soumettant des rgles de classement en catgories.
Entendement (tapes)
Etapes en gnral
Quel que soit le phnomne entendre, l'entendement d'un ensemble de
reprsentations en mmoire de travail considr comme un tout passe par 3 tapes :
Reconnaissance de chaque reprsentation par comparaison d'autres
reprsentations, qu'il faut ventuellement aller chercher en mmoire de long
terme et amener en mmoire de travail.
Cette reconnaissance bnficie de fonctions puissantes : reconnaissance de
contenu complet ou partiel d'une reprsentation, d'une structure comme un ordre
d'vnements ou un visage, comparaison exacte ou approche, etc.
Rflexion pour trouver la relation entre les reprsentations reconnues (au fur et
mesure de leur reconnaissance).
Cette rflexion utilise toutes les fonctions de l'imagination et de l'intelligence ; elle
peut, au besoin, chercher des informations supplmentaires en mmoire ou par
les sens externe et interne.
Abstraction pour liminer les informations inutiles et ne conserver que celles du
concept gnrer : concept empirique de l'entendement et catgorie.
Etapes (dtails)
Pendant les tapes de l'intuition, l'entendement a fourni sa fonction
transcendantale de l'imagination ;
Enchanement automatique : perception intuition entendement :
K193 "Nous possdons donc une imagination pure, constituant un pouvoir
fondamental de l'me humaine, qui sert a priori de fondement toute
connaissance. Par l'intermdiaire de celle-ci, nous mettons le divers de l'intuition,
d'un ct, en liaison avec, de l'autre, la condition de l'unit ncessaire de
l'aperception pure. Les deux termes extrmes, savoir la sensibilit et
l'entendement, doivent ncessairement s'agencer l'un l'autre par l'intermdiaire
de cette fonction transcendantale de l'imagination"
Prise en compte de la reprsentation reue de l'intuition :
il y a recognition de son concept et subsomption sous des concepts nouveaux :
concept de l'intuition et catgorie (cration synthtique qui suppose une
aperception transcendantale) ;
Rsultats de cette synthse :
Les concepts de l'intuition et de l'entendement ;
297
L'exprience que le sujet a de sa perception, du fait de l'aperception qui a
gnr le concept pur de l'entendement.
Par exprience, le phnomne initial est connu aprs entendement par son intuition
et sa catgorie (ses catgories si on tient compte de la gnration par l'entendement
de multiples catgories). Il fait l'objet d'une connaissance ; celle-ci sera alors souvent
approfondie par la raison.
Kant classe ces principes sous 4 titres : axiomes, anticipations, analogies, postulats.
1.
Axiomes de l'intuition
2. 3.
Anticipations de la perception Analogies de l'exprience
4.
Postulats de la pense empirique en gnral
298
Remarques : principes mathmatiques et principes dynamiques
Source : K238-K239 note *
Les principes 1-Axiomes et 2-Anticipations peuvent donner lieu une certitude
intuitive ; on les qualifie de principes mathmatiques [et ils sont constitutifs].
(Le caractre intuitif a priori de ces principes vient de leur nature mathmatique,
elle-mme provenant de leur association des grandeurs. Or ce caractre
mathmatique donne lieu des jugements de logique gnrale, fonction
considre comme inne dans la facult de raison.)
Les principes 3-Analogies et 4-Postulats ne peuvent entraner qu'une certitude
discursive ; on les qualifie de principes dynamiques [et ils sont rgulateurs].
(Le caractre dynamique de ces principes vient de ce qu'ils rgissent l'existence
du divers de l'intuition, dans la relation des objets les uns avec les autres ou
avec l'entendement :
Liaison physique dans le temps pour les analogies de l'exprience ;
Liaison mtaphysique pour le pouvoir de connatre a priori des postulats de
la pense empirique en gnral.)
299
Voir Monde et nature.
Dtails :
Axiomes de l'intuition ;
Anticipations de la perception et de l'exprience ;
Analogies de l'exprience ;
Postulats de la pense empirique en gnral.
Enthymme
Forme de raisonnement dans laquelle le syllogisme est rduit deux termes,
l'antcdent et le consquent. Exemple : Je pense, donc je suis .
Entlchie
Tradition aristotlicienne, une entlchie est un principe crateur de l'tre, par lequel
il trouve sa perfection en passant de la puissance [l'aptitude tre] l'acte [l'tre
dans sa plnitude]. Pour Aristote [43], l'me est l'entlchie et la forme d'un corps
naturel possdant la vie en puissance ; c'est son principe d'organisation.
Epicurisme
Source : dictionnaire [9].
Courant philosophique des disciples d'Epicure [80], c'est d'abord une thique qui
considre le plaisir comme le principe et la fin d'une vie heureuse ; c'est ensuite un
eudmonisme.
Epicure est matrialiste et l'picurisme est athe. Sa philosophie est base sur la
sensation (dont toute connaissance drive) et se mfie des dfinitions gnrales (
part quelques indispensables concepts a priori) et des raisonnements spculatifs. Sa
reprsentation de la matire, du corps et mme de l'me, faits d'atomes simples et
de vide, est emprunte Dmocrite [79] ; elle exclut toute tlologie : la
comprhension physique de la nature et de son origine n'a pas besoin d'un Dieu
crateur.
300
Hommage de Kant Epicure
Bien qu'ayant avec Epicure des divergences fondamentales (idalisme
transcendantal contre matrialisme), Kant a voulu reconnatre l'apport de sa
philosophie de la connaissance :
Que l'on doive, dans l'explication des phnomnes, se mettre l'ouvrage comme si
le champ de la recherche n'tait dcoup par l'existence d'aucune limite ni
commencement du monde ;
[Il faut interprter les phnomnes sans se laisser arrter par des objections
philosophiques comme la ncessit de commencer une chane de causalit par
un lment sans cause]
qu'il faille admettre la matire du monde telle qu'elle doit l'tre si nous voulons en
tre instruits par l'exprience ;
[Il faut admettre la ralit des reprsentations que nous formons des
phnomnes pour pouvoir confronter avec elle ce que nous en comprenons]
que l'on ne doive recourir aucune autre gnration de ce qui a lieu que celle qui est
dtermine par des lois immuables de la nature,
[On ne doit expliquer aucun tat ou volution d'un objet physique autrement qu'
l'aide des lois immuables de la nature]
ce sont l, encore maintenant, des principes trs justes, bien que peu observs, pour
largir la philosophie spculative et en mme temps aussi pour dcouvrir les
principes de la morale indpendamment de tout secours tranger, sans que celui qui
dsire ignorer ces principes dogmatiques aussi longtemps que nous avons affaire
la simple spculation puisse tre accus pour autant de vouloir les nier."
[Ces principes trs justes permettent d'enrichir la philosophie spculative et la
morale par apport de vrits d'exprience, tout en permettant un philosophe
qui veut les ignorer dans des spculations de le faire sans tre accus de les
rejeter.]
(Fin de citation)
Epistmologie
Partie de la philosophie qui a pour objet l'tude critique des postulats, conclusions et
mthodes d'une science particulire, considre du point de vue de son volution,
301
afin d'en dterminer l'origine logique, la valeur et la porte scientifique et
philosophique.
Episyllogisme
Dans un polysyllogisme (raisonnement comprenant plusieurs syllogismes
successifs), un pisyllogisme est un syllogisme dont la prmisse est la conclusion du
syllogisme prcdent, le prosyllogisme.
Esotrique
Adjectif
Enseignement de la philosophie : qui est rserv aux seuls initis.
Par extension dans le langage courant, en parlant d'un comportement, d'une
uvre ou d'un auteur : accessible un cercle restreint d'auditeurs, d'accs
difficile.
Synonyme : acroamatique
Espace
K120 - K121 - "L'espace est une reprsentation ncessaire, a priori, qui intervient
la base de toutes les intuitions externes, [notamment des phnomnes K128]".
C'est un principe de connaissance des objets extrieurs, forme pure des intuitions
externes, un archtype inn. C'est un concept a priori de l'intuition, une forme du
sens externe en gnral. L'espace est un et infini, en philosophie comme en
sciences [30].
Voir Principe suprme de la possibilit d'intuition relativement la sensibilit.
(Citation de K129)
[Tout phnomne occupe un volume d'espace situ une certaine position]
"Si je peux dire a priori : tous les phnomnes extrieurs sont dans l'espace et sont
dtermins a priori selon des rapports spatiaux,
[Un objet extrieur (un phnomne) a ncessairement une existence dans
l'espace, o il occupe un certain volume. Des objets distincts ont des positions
relatives par rapport l'espace (dans un systme de coordonnes), dont on peut
dduire la position de chacun par rapport un autre.
Explication du caractre a priori de ces connaissances : voir Ce qu'un sujet peut
dduire du Je pense, selon Kant.]
302
que ses intuitions pures d'espace et de temps contiennent a priori sa condition
de possibilit. Son existence dans le temps suppose qu'il succde un
phnomne dj peru, par rapport auquel l'inconscient peut le situer et auquel il
peut rattacher sa reprsentation.)
(Fin de citation)
Si l'on veut poser un de ces deux lments en dehors de l'autre (l'espace en dehors
de tous les phnomnes), il en nat toutes sortes de dterminations vides de
l'intuition externe, qui ne sont pourtant pas des perceptions possibles : par exemple,
le mouvement ou le repos du monde dans l'espace vide infini, ce qui constitue une
dtermination de la relation intervenant entre les deux termes qui ne peut jamais tre
perue et qui est donc aussi le prdicat [la proprit] d'un simple tre de raison."
(Fin de citation)
K202 - "La simple forme de l'intuition sensible externe, l'espace, n'est [pas] une
connaissance ; l'espace fournit seulement le divers de l'intuition a priori pour une
connaissance possible."
K227 - "L'image pure qui prsente toutes les grandeurs au sens externe est l'espace,
tandis que celle de tous les objets des sens en gnral est le temps."
(Voir apprhension)
Comme l'espace lui-mme, le volume d'un objet peru est divisible l'infini :
K245 "Tous les phnomnes en gnral sont des grandeurs continues, aussi
bien selon leur intuition, comme grandeurs extensives, que selon la simple
perception (sensation et par consquent ralit) comme grandeurs intensives."
K437 "L'espace n'est pas constitu de parties simples, mais d'espaces."
303
Comment un objet apparat aux sens externe et interne
Caractre extrieur ou intrieur
K379 "L'objet empirique [] s'appelle un objet extrieur ds lors qu'il est
reprsent dans l'espace et un objet intrieur quand il est reprsent exclusivement
dans le rapport temporel ; l'espace et le temps, quant eux, ne peuvent tous deux
tre trouvs qu'en nous. [] L'espace et le temps sont certes des reprsentations a
priori, qui sont inscrites en nous comme formes de notre intuition sensible avant
mme qu'un objet rel ait dtermin, travers la sensation, notre sens le
reprsenter sous ces rapports sensibles."
et il n'est pas un corrlat des phnomnes, mais la forme des phnomnes eux-
mmes.
L'espace ne peut donc intervenir en premier et absolument (par lui seul), dans
l'existence des choses, comme une instance dterminante, puisqu'il n'est
nullement un objet, mais seulement la forme d'objets possibles."
(Fin de citation)
C'est l'entendement qui organise le divers de l'intuition pour obtenir une
connaissance utilisant l'espace et le temps, intuitions pures pour Kant.
304
Celui-ci ne retient pas les concepts newtoniens d'espace et de temps absolus de
l'Univers : dans les rsultats d'interprtation d'un phnomne par l'entendement,
il ne reconnat qu'un espace et un temps relatifs au sujet ;
pour lui, l'entendement ne situe pas le phnomne en un lieu particulier absolu
et un instant particulier (date absolue), il interprte la perception spatio-
temporelle d'un homme comme exclusivement relative lui-mme :
K123 - "Nous ne pouvons [] parler de l'espace, d'tres tendus, etc., que
du point de vue d'un tre humain. [] Ce prdicat [l'espace] n'est attach
aux choses que dans la mesure o elles nous apparaissent, c'est--dire en
tant qu'elles sont des objets de la sensibilit"
Les notions absolues de lieu gographique et de date (jour + heure) ne sont pas
donnes pour Kant, car elles ne sont pas physiques, pas perceptibles. Elles sont
galement absurdes pour la physique relativiste moderne : tout vnement (lieu,
heure) est un point du continuum espace-temps 4 dimensions de l'Univers,
toujours dfini par rapport un repre arbitraire ; l'espace et le temps absolus de
Newton [46] sont des notions simplistes (dtails : [12]). En pratique, donc, ces
notions absolues sont des abstractions que nous imaginons aprs contact
extrieur, par exemple en regardant une carte et une montre.
305
tre rel ou une modalit relle, est imaginaire ; mais le concept de l'espace
considr comme relatif tout ce qui est sensible non seulement est trs vrai,
mais il est le fondement de toute vrit en ce qui concerne la sensibilit externe.
Car les choses ne peuvent, sous aucun aspect, apparatre aux sens, sinon par
l'entremise d'une facult de l'me [la conscience] coordonnant toutes les
sensations selon une loi stable, loi inhrente sa nature mme.
C'est pourquoi, puisque, de faon gnrale, rien ne peut tre donn aux sens,
sinon en conformit avec les axiomes primitifs de l'espace, et ce qui rsulte de
la nature de l'espace (selon les les prceptes de la gomtrie),
quoique le principe de ces axiomes et de ces consquences soit seulement
subjectif, il sera ncessairement d'accord avec les choses sensibles car, dans
cette mesure, il sera d'accord avec soi ;
[il s'agira des mmes intuitions, pour la construction des concepts
mathmatiques et pour l'apprhension des phnomnes]
et les lois de la connaissance sensible seront les lois de la nature en tant qu'elle
peut tomber sous les sens.
La nature respecte les principes de la gomtrie
Voil pourquoi la nature est rigoureusement soumise aux principes de la
gomtrie : en cette science, toutes les modalits de l'espace sont dmontres
selon une hypothse qui n'est pas arbitrairement forge, mais intuitivement
donne, comme la condition subjective de tous les phnomnes par lesquels la
nature puisse jamais tre rvle aux sens."
[Les lois que l'homme conoit pour la nature (ensemble des phnomnes)
sont les mmes qu'il conoit pour la gomtrie, elles sont bases sur les
mmes intuitions.]
(Fin de citation)
Diffrence entre limite et borne
Dans le domaine de variation d'une variable, celle-ci peut tendre vers une limite :
elle peut s'en approcher aussi prs que l'on veut (voir Convergence).
Indpendamment d'une limite (qui peut exister ou non) il peut exister une valeur
appele borne qu'une variable ne peut dpasser : la variable est alors dite
borne et une variable numrique peut avoir des bornes suprieure et infrieure.
Cette borne peut tre ou ne pas tre une limite : la variable ne peut pas
ncessairement s'en approcher aussi prs que l'on voudra.
Exemple. Considrons la suite des nombres de la forme xn = 2+1/n, o n est un
entier positif : 1, 2, 3 On a alors x1=3 ; x2=2.5 ; etc.
Lorsque n tend vers l'infini, la suite tend vers 2. Mais quel que soit n, la suite ne
peut dpasser 3, elle est borne par 3.
306
Philosophie (logique classique) et Linguistique : ide gnrale ou classe d'tres
ou d'objets qui possdent un ou plusieurs caractres communs.
Taxinomie, Biologie animale et vgtale : niveau de la classification des tres
vivants, plac sous la famille au-dessus des espces ;
Par extension : classe.
Chez Kant
Principe des espces
(Citation de K566-K567)
"Au principe logique des genres, qui postule l'identit, s'oppose un autre principe,
celui des espces, qui rclame, en dpit de l'accord des choses sous un mme
genre, leur diversit et l'existence de varits, et qui prescrit l'entendement de ne
pas tre moins attentif aux espces qu'aux genres.
[]
[Diffrences entre genres et espces]
La raison manifeste ici deux intrts qui s'opposent l'un l'autre :
D'un ct, l'intrt pour l'extension (pour la gnralit), relativement aux genres ;
De l'autre, l'intrt pour le contenu (pour la dterminit), relativement la
diversit des espces,
puisque,
Dans le cas du genre l'entendement pense certes beaucoup de choses sous ses
concepts,
Mais que, dans le cas de l'espce, il pense d'autant plus en eux.
K566 "Les diffrentes espces de terres (qui constituent la matire des pierres et
mme des mtaux), on a peu peu cherch les ramener trois, et finalement
deux ; non encore satisfait toutefois de ce rsultat, on ne peut se dprendre de l'ide
qu'il faille prsumer pourtant encore derrire ces varits l'existence d'un genre
unique, voire d'un principe commun aux terres et aux sels."
Esprit
307
Principe de la pense et de l'activit rflchie de l'homme.
Kant
K691 note 13 Esprit dsigne l'ensemble des facults.
Voir aussi : me.
Essence
Substantif de philosophie - D'aprs les dictionnaires [9], [19] et [13]
Sens mtaphysique
Par opposition accident : ce qui est considr comme la ralit fondamentale
d'un tre, par opposition aux attributs secondaires et aux modifications qui ne
l'atteignent que superficiellement ou temporairement.
Par opposition existence : la nature d'un tre, par opposition au fait d'exister.
Sens logique
Au sens conceptualiste : ensemble des dterminations qui dfinissent un objet
de pense. L'essence s'oppose alors l'existence comme le rationnel aux
donnes de l'exprience, ou comme le possible l'actuel.
Kant [73] "L'essence est le principe premier et interne [dfini dans l'absolu,
indpendamment de tout autre objet, de toute circonstance] de tout ce qui
appartient la possibilit des choses."
Au sens nominaliste il n'y a pas d'essence, mais ce que les ralistes et les
conceptualistes ont appel essence n'est que l'ensemble des caractres
connots par un mot. Exemple : la glace qui, pile, garde son essence, mais qui
la perd une fois fondue.
Chez Kant
Kant distingue :
Une essence idelle, logique, connaissable par analyse du concept dcompos
en ses lments ;
Une essence relle (celle du phnomne, de l'objet physique) inconnaissable :
c'est le principe premier interne de tout ce qui appartient ncessairement une
chose donne (ci-dessus).
L'homme, limit par son entendement et le donn de son intuition, peut accder
au phnomne (et au concept de sa reprsentation), mais pas la chose en soi
dont les informations ne sont pas accessibles par exprience.
308
Esthtique - Esthtique transcendantale
K117 et pages suivantes L'Esthtique transcendantale / 1
Dfinitions
K144 - L'esthtique est la science des rgles de la sensibilit en gnral, la logique
gnrale tant la science des rgles de l'entendement en gnral.
K207 "Toute intuition possible pour nous est sensible (Esthtique) : donc la pense
d'un objet en gnral ne peut en nous devenir connaissance, par l'intermdiaire d'un
concept pur de l'entendement, que si ce concept est mis en rapport avec des objets
des sens" : voir catgories.
Donc l'intuition purement intellectuelle est impossible.
309
Droulement d'une telle acquisition : voir Intuition (tapes)
Il vous faut donc, convaincu par la ncessit avec laquelle ce concept s'impose
vous, convenir qu'il possde sa place dans votre pouvoir de connatre a priori."
(Fin de citation)
Il supprime ensuite tout ce qui rsulte de la sensation du phnomne.
310
Spontanment, la perception anticipe une reprsentation du phnomne avant toute
identification ou interprtation. Cette reprsentation est prise en compte par la
sensibilit, en affectant les sens externe (pour l'espace) et interne (pour le temps) :
le sujet sait alors qu'il existe quelque chose l'extrieur de lui-mme.
Voir aussi :
Chose en soi ;
Philosophie transcendantale ;
Esthtique, organisation et information.
Nous savons aujourd'hui que la force mcanique n'est qu'un effet de l'une ou de
plusieurs des 4 forces fondamentales. Nous avons constat quel point la
complexit des systmes rels, ceux du vivant comme ceux de nos ordinateurs ou
de notre socit, rend impossible la dfinition de leurs lois d'volution dterministes
partir des lois bases sur les forces fondamentales :
on ne peut dduire directement les lois de la biologie molculaire de l'quation
de Schrdinger [64] qui rgit la formation des liens molculaires ;
connaissant les lois de biologie molculaire on ne peut en dduire celles de la
transmission de signaux entre neurones, et encore moins celles de la pense
311
Le dterminisme n'entrane pas la prvisibilit
La complexit des systmes, pourtant bass sur des mcanismes tous dterministes
(il n'y a pas de hasard dans la nature !) rend leur volution imprvisible. Cette
imprvisibilit (et mme imprdictibilit) est illustre par l'exemple suivant.
Dans un flacon de 1 litre d'eau, considrons une des molcules un instant
donn. Le fait que l'eau soit liquide, donc une temprature suprieure au zro
absolu (-273.15C), fait que la molcule a une nergie cintique. De ce fait elle
bouge tout le temps, comme toutes les autres molcules d'eau du flacon, une
vitesse moyenne de l'ordre de 600 m/s pour de l'eau 27C.
Ce mouvement se voit au microscope si on introduit de minuscules grains de
poussire dans l'eau : du fait des chocs incessants de molcules d'eau en
mouvement, chaque grain est pouss dans une direction ou une autre, sans
arrt ; cela s'appelle le mouvement brownien.
Les lois des chocs mcaniques sont connues et simples. Mais si nous
connaissons un instant donn la position et le vecteur vitesse de notre
molcule, prdire sa position 1 seconde plus tard compte tenu des chocs qu'elle
subira de la part des autres molcules et contre les parois du flacon est d'une
complexit inoue.
Conclusion : l'volution dterministe dans un systme complexe est imprdictible
en pratique, mme si sa loi est connue et simple.
312
Le fonctionnement d'un PC avec un logiciel est dterministe, sur le plan matriel
comme sur le plan logiciel. Mais la logique algorithmique de son programme
d'application comptable ne peut se dcrire avec les concepts et relations de Kant :
il faut un langage procdural, capable de dcrire des logiques conditionnelles :
Si (condition) Alors (excution du code X) Sinon (excution du code Y)
Exemple : Si (solde client dbiteur) Alors (envoyer lettre de relance)
Sinon (passer au client suivant)
Certaines lois naturelles sont dcrites par une logique algorithmique, base par
exemple sur des systmes d'quations diffrentielles susceptibles de fournir des
solutions multiples entre lesquelles il faut choisir.
(Le dterminisme et ses problmes sont dcrits de manire approfondie dans [12].)
Etant (Heidegger)
Pour Heidegger [127], un tant est un objet qui existe rellement dans le temps ( un
instant particulier) et dans l'espace (o il occupe un certain volume).
Ethique
Le mot thique a t appliqu la morale sous toutes ses formes, soit comme
science, soit comme art de diriger sa conduite ; mais depuis la fin du XVIIIe sicle, on
a prcis :
313
La morale en gnral est un commandement qui s'adresse l'individu ;
L'thique dfinit un commandement qui suppose aussi une socit d'tres
moraux.
Chez Kant
[109] page 220 L'thique peut [] tre dfinie comme le systme des fins de la
raison pure pratique.
Ethologie
Etude des murs (humaines ou animales) en tant que faits sociaux.
Etiologie
Discipline qui a pour objet la recherche des causes.
Chez Kant
Kant ne dfinissant pas ce qu'il entend par le substantif tre , chaque lecteur doit
en construire sa propre dfinition
Un tre est ncessaire si son existence est (ou peut tre) prouve, invitable.
Un tre est absolument ncessaire si son existence est indpendante des
circonstances, c'est--dire absolument inconditionne ; son inexistence est alors
impossible.
L'tre absolument premier est le Crateur incr, Dieu.
Exemples
K448 (Ides transcendantales : 4me conflit) "Thse : Au monde appartient
quelque chose qui, comme sa partie ou comme sa cause, est un tre absolument
ncessaire."
K450 - "Pour prouver l'existence d'un tre ncessaire, je suis tenu ici de ne me servir
que de l'argument cosmologique, tel qu'il s'lve du conditionn dans le phnomne
l'inconditionn dans le concept [d'tre absolument ncessaire], en considrant cet
inconditionn comme la condition ncessaire de la totalit absolue de la srie [des
conditions]."
314
K450 - "La pure preuve cosmologique ne peut dmontrer l'existence d'un tre
ncessaire qu'en laissant indcide la question de savoir si cet tre est le monde lui-
mme ou une chose distincte de lui."
K510 "une existence qui puisse tre la condition suprme de tout ce qui change,
c'est--dire l'tre ncessaire."
Voir aussi :
Ide transcendante (origine de la recherche d'un tre absolument ncessaire) ;
Etre - Etre ncessaire Etre absolument ncessaire ;
Etre raisonnable ;
Etre de tous les tres.
Etre raisonnable
Ne pas confondre avec tre de raison.
Exemple : l'homme.
Dans la mesure o, pour driver les actions partir de lois, la raison est requise, la
volont n'est rien d'autre qu'une raison pratique.
315
[1er cas : la volont n'est dtermine que par la raison seule]
Quand la raison dtermine infailliblement la volont, les actions d'un tel tre qui sont
reconnues comme objectivement ncessaires sont aussi reconnues comme
subjectivement ncessaires, en d'autres termes : la volont est une facult de
choisir cela seul que la raison, indpendamment de l'inclination, reconnat comme
pratiquement ncessaire, c'est--dire comme bon.
[Un tre raisonnable n'agit que conformment aux principes pratiques de la
raison objective, dont il approuve toujours les recommandations.]
[2me cas : la volont est aussi dtermine par des conditions subjectives]
"Mais si la raison ne dtermine pas suffisamment, par elle seule, la volont, si celle-ci
reste soumise des conditions subjectives ( divers mobiles) ne s'accordant pas
toujours avec les conditions objectives, - bref : si la volont n'est pas encore en soi
entirement conforme la raison [], les actions qui sont reconnues objectivement
comme ncessaires sont subjectivement contingentes, et la dtermination d'une telle
volont conformment des lois objectives est une contrainte."
[Si l'homme a des dsirs non conformes la raison objective, agir selon celle-ci
est une contrainte et demande d'aller contre ces dsirs.]
(Fin de citation)
[Tous les impratifs noncent un devoir, relation d'une loi objective de la raison une
volont qui demeure libre.] Ils disent que faire ceci ou cela, ou bien s'en abstenir,
serait bon, mais ils le disent une volont qui ne fait pas toujours ce qu'elle fait parce
qu'il lui est reprsent que la chose est bonne faire.
Mais ce qui est pratiquement bon, c'est ce qui dtermine la volont par l'intermdiaire
de reprsentations de la raison, par consquent non pas partir de causes
subjectives, mais de manire objective, c'est--dire selon des principes qui valent
pour tout tre raisonnable comme tel."
(Fin de citation)
316
Etre de tous les tres (ens entium)
Dfinition vague
Voir Conclusion sur la possibilit des choses Concept de la suprme ralit.
Euclidien
Adjectif (gomtrie) : fond sur le premier postulat mathmatique d'Euclide [54] :
Par deux points on peut faire passer une ligne droite et une seule.
317
La gomtrie euclidienne postule qu'il y a une droite - et une seule - passant par
deux points donns. Il y a d'autres gomtries possibles : dans une gomtrie
sphrique (o l'espace est la surface d'une sphre comme la Terre) et o la ligne
droite est dfinie comme le plus court chemin entre deux points , ce plus court
chemin est le plus petit des deux arcs de grand cercle (centrs au centre de la Terre)
passant par les deux points : ce n'est pas une ligne droite, il n'y en a pas sur une
surface sphrique.
Il y a des gomtries hyperboliques, o par exemple deux droites parallles
convergent d'un ct et divergent de l'autre et o, par un point extrieur une droite,
passent au moins deux droites parallles la premire.
En gomtrie riemannienne il n'y a pas de droite parallle une droite donne
passant par un point extrieur cette droite
Eudmonisme
Doctrine philosophique qui fait du bonheur le bien suprme, donc le but de toute
action, et selon laquelle le bonheur vritable est :
Intellectuel, non le rsultat d'un plaisir des sens ;
Durable et non passager ;
Rationnel et non motionnel.
Ex nihilo
Voir 2 Si une chose existe, elle a ncessairement t cre ex nihilo
Exaltation
Substantif
En gnral : action de donner beaucoup d'importance, de valeur quelque
chose, de lui accorder de l'admiration, des loges ; rsultat de cette action.
Chez Kant : l'exaltation de l'esprit est une forme de dlire :
K294 "[L'entendement] est le pays de la vrit (nom fascinant), entour par un
ocan vaste et agit de temptes, sige propre de l'illusion, o maints bancs de
brouillard et maints blocs de glace bientt fondus font croire de faon trompeuse
des terres nouvelles et, abusant sans cesse par de vaines esprances le
navigateur exalt la perspective de nouvelles dcouvertes, l'emptrent dans
des aventures auxquelles il ne peut jamais renoncer, mais qu'il ne peut pourtant
jamais non plus conduire leur terme."
318
Existence de Dieu
Voir d'abord Dieu.
Expos complet sur l'existence de Dieu (13 pages) : Les preuves logiques de
l'existence de Dieu (synthse). En voici l'essentiel.
319
Kant pense l'existence de Dieu et du monde par rapport l'homme
Pour les croyants, Dieu est absolu : infini, parfait, omniscient, omniprsent, etc.
L'homme au contraire est fini. Il doit croire en Dieu sans discuter cette foi.
Pour Kant et les philosophes des Lumires [25], l'entendement et la raison
humaines permettent d'esprer connatre toute ralit : l'homme peut remettre
en question n'importe quelle thse, doctrine ou foi, y compris l'existence de Dieu,
et les soumettre son tribunal de la raison (K477). Son apprhension de la
ralit se base sur sa seule certitude : j'existe, d'o il peut dduire l'interprtation
de tous les phnomnes.
Et aprs avoir admis qu'un Dieu rel serait ncessairement transcendant, donc
physiquement impossible, Kant recommande de croire en un Dieu
transcendantal, simple Ide mais concept suprme cohrent la fois avec le
monde sensible et le monde moral de son Idalisme transcendantal.
320
Dieu est un pur tre intelligible
[56b] 53 page 151 note 1 Dieu est un pur tre intelligible.
(Kant sait et affirme l que le concept de Dieu est une pure invention humaine
qui chappe toute possibilit d'intuition sensible.)
Voir aussi :
Intelligence suprme (Intelligent Design) ;
[Concept rsultant : Dieu transcendantal, origine de l'unit de toute ralit
empirique] ;
Lacisation de la morale ;
Le prtendu foss infranchissable sparant la pense et les actions de l'homme ;
Croyance doctrinale.
Dtails : [113].
321
Existence de Dieu : impossibilit de prouver l'inexistence
L'existence de Dieu (et plus gnralement la transcendance) sont incompatibles
avec la ralit des seuls phnomnes de l'exprience possible :
[56b] 57 page 165 "Jamais la science de la nature ne nous dvoilera
l'intrieur des choses, c'est--dire ce qui n'est pas phnomne, tout en pouvant
cependant servir de principe suprme d'explication des phnomnes ;
[C'est l'homme qui dfinit a priori les lois de la nature]
mais elle n'en a mme pas besoin pour ses explications physiques ;
[voir C'est l'homme qui introduit l'ordre et la rgularit dans les lois de la
nature]
bien plus, si un tel principe [d'intervention transcendante] lui tait d'autre part
propos (par exemple, une influence d'tres immatriels), elle se doit de l'exclure
et de se garder de l'introduire dans la suite de ses explications, qu'elle doit
toujours fonder uniquement sur ce qui peut, titre d'objet des sens, relever de
l'exprience et tre mis, selon les lois de l'exprience, en connexion avec nos
perceptions relles."
Voir aussi :
Impossibilit de prouver apodictiquement que Dieu n'existe pas ;
La possibilit et l'impossibilit d'un Dieu transcendantal sont indmontrables.
Existence du monde
Voir Ce qu'un sujet peut dduire du Je pense, selon Kant.
Existentialisme
Philosophie qui affirme le primat (prminence, suprmatie) de l'existence vcue,
individuelle, irrductible un concept, une dfinition, une essence. [13]
322
Ensuite c'est le concept pur de l'entendement qui en est dduit. Le sujet se rend
alors compte (par l'aperception) de sa perception du phnomne.
Cette aperception produit l'exprience, qui est une impression ressentie.
L'exprience rsulte donc de la synthse de l'aperception. Voir aussi sensation.
Voir :
Intuition (tapes) ;
Entendement (tapes) ;
Jugements et synthses.
K195 - "L'entendement pur est donc, travers les catgories, la loi de l'unit
synthtique de tous les phnomnes, et ainsi est-il ce qui, le premier et
originairement, rend possible l'exprience quant sa forme."
323
entendement (voir Intuition tapes) ; en tant que fonction l'exprience effectue
une unification objective a priori du donn.)
Unit de l'exprience
Les perceptions successives par la conscience du divers d'un phnomne ont lieu
sans impression de coupure. Le phnomne reste constamment prsent l'esprit,
l'exprience qu'il en a prsente une unit, le phnomne fait un tout la fois dans le
temps et dans l'espace : un instant donn, l'esprit a conscience d'une intuition.
K251 " partir de perceptions, doit se produire l'unit de l'exprience (non pas
comme perception mme, [mais] en tant qu'intuition empirique en gnral)"
Voir Principe de l'unit synthtique du divers de toute intuition possible.
Pourtant la reprsentation brute d'un objet reue de la perception ne dcrit pas celui-
ci compltement (ce n'est pas une connaissance, car il manque les synthses), pas
plus que ne le dcrit une chose en soi (concept spculatif inapplicable
l'exprience).
324
Mais aucune exprience n'est inconditionne.
Exposition
Voir Exposition d'un concept
Extensif
Au sens mesurable :
Est extensif un objet dont la dimension est mesurable, qui relve donc d'une
quantit. Exemple : l'espace est extensif (il a une tendue).
Pour Kant, une grandeur est extensive lorsque la reprsentation de toutes ses
parties rend possible la reprsentation du tout - et donc la prcde (K240).
Exemple : Axiomes de l'intuition.
Au sens extension (contenu logique) : voir Extension :
K103 - "Or, c'est sur des principes synthtiques, c'est--dire extensifs, que
repose dans son intgralit la vise finale de notre connaissance spculative a
priori ;"
Intensif
Oppos d'extensif : intensif, qui a une intensit mais n'est pas mesurable parce qu'il
relve d'une qualit. Un phnomne intensif forme un tout indcomposable (un
325
continuum), mais dont la sensation perue permet nanmoins des apprciations de
degr (d'intensit) telles que plus ou moins.
K243 "une grandeur intensive, c'est--dire un degr d'influence sur les sens, doit
tre attribue tous les objets de la perception, en tant que cette perception contient
de la sensation."
K251 "Ainsi pourrai-je [] avec peu prs deux cent mille fois la clart de la
Lune composer et dterminer a priori, c'est--dire construire, le degr des
sensations suscites par la lumire du Soleil."
Kant introduit une notion de degr de ralit qui varie de 0 (n'existe pas, n'est pas
rel) 1 (existe, est rel). Cette notion remplace la notion binaire de ralit comme la
notion de probabilit allant de 0 (impossible) 1 (certain) remplace la contingence
(qui peut se produire ou non). Une perception peut ainsi tre plus ou moins intense
en produisant une sensation variant de 0 (insensible, phnomne non peru)
1 (peru sans ambigut). Il crit ainsi :
K242-K243 "de la conscience empirique la conscience pure, un
changement s'accomplissant par degrs est possible en tant que le rel de la
premire disparat totalement, et qu'il ne reste qu'une conscience simplement
formelle (a priori) du divers dans l'espace et le temps..."
Cette affirmation est, hlas, fausse : voir Continuit de tous les changements
et Continuum.
K245 - "puisque, pour tout nombre, il faut en tout cas qu'une unit serve de base,
le phnomne qui constitue une unit est un quantum et, comme tel, toujours un
continuum."
En apparence tout phnomne (ralit perue) est un continuum : l'homme ne
peroit que des phnomnes continus, la discontinuit tant un modle abstrait
indispensable en physique mais non perceptible par ses sens. Mais en ralit la
physique comme la conscience humaine connaissent des phnomnes seuil.
326
mme." (Deux objets de mme grandeur extensive peuvent donner lieu des
sensations diffrentes.)
Protensif
Qui dfinit une dure. Est protensif un objet dont la dure est plus ou moins grande.
Exemple : K659 - "Le bonheur est la satisfaction de toutes nos inclinations (aussi
bien extensive, l'gard de leur varit, qu'intensive, quant leur degr, et
mme protensive, du point de vue de leur dure)."
Extension
Substantif
Philosophie : proprit des corps d'tre situs dans l'espace et d'en occuper une
partie. Synonyme : tendue.
Linguistique : Fait de donner un mot (par gnralisation et abstraction) outre
son sens premier (original et spcifique) un sens secondaire plus gnral.
Exemple : Sphre.
Logique : Ensemble des objets (concrets ou abstraits) auxquels s'applique un
lment de connaissance :
Pour un concept : ensemble des objets qu'il peut dsigner (dont il est
prdicat) ;
Pour une proposition : ensemble des cas o elle est vraie ;
Pour une relation : ensemble des systmes de valeurs qui la vrifient.
Classe des objets auxquels s'applique un prdicat. Exemples :
L'extension d'un jugement est sa proprit d'tre universel, particulier ou
singulier (voir Table des fonctions logiques de jugement de
l'entendement).
K158 - "j'ai rellement nonc une affirmation en posant l'me dans
l'extension illimite des tres qui ne meurent pas."
K103 - Ajout la connaissance : "Or, c'est sur des principes
synthtiques, c'est--dire extensifs, que repose dans son intgralit la
vise finale de notre connaissance spculative a priori ;"
En mathmatiques : domaine de dfinition, domaine d'existence d'une
variable, d'une fonction
Un concept dfinissant un ensemble d'objets, il a une extension gale au
nombre d'lments de l'ensemble, appel cardinal si c'est un ensemble fini.
Inversement, tout ensemble d'objets dfinis par leurs caractristiques
communes correspond un concept.
327
Externe / Interne (sens)
K119 - Kant distingue deux fonctions de l'esprit qu'il appelle sens :
Le sens externe, permettant l'homme de se reprsenter des objets extrieurs
lui-mme, et qui fournit les informations de position et de forme dans l'espace ;
Le sens interne, permettant l'homme de s'intuitionner lui-mme et son tat
intrieur, et qui n'a pas la notion d'espace mais seulement celle du temps.
K90 note "j'ai conscience de mon existence dans le temps [] par
exprience interne"
(Un homme connat son moi dans la forme du temps, en tant que phnomne.)
Descartes [20] tait certain de penser par lui-mme du fait de son sens interne
[33]. Voir Je pense donc je suis = Tout ce qui pense existe , mais ne
l'implique pas.
Le sens interne est l'aperception empirique :
K183 "La conscience de soi qui se forge d'aprs les dterminations de notre
tat pour la perception interne est simplement empirique, toujours changeante, il
ne peut y avoir dans ce flux de phnomnes internes un Moi stable ou
permanent, et c'est l ce qu'on appelle communment le sens interne ou
l'aperception empirique."
Toutes les reprsentations affectent le sens interne et ont une information temps
Principe du sens interne
K179 "D'o que viennent nos reprsentations, qu'elles soient produites par
l'influence de choses extrieures ou par des causes internes, qu'elles se constituent
a priori ou de faon empirique, comme phnomnes, elles appartiennent nanmoins,
en tant que modifications de l'esprit, au sens interne, et comme telles toutes nos
connaissances sont en tout cas soumises finalement la condition formelle du sens
interne, savoir le temps, dans la mesure o elles doivent toutes y tre ordonnes,
connectes et mises en rapport."
(Ds sa formation, une reprsentation contient une information temps et un
historique des tapes de sa formation : voir reprsentation. De son ct, une
connaissance figurant en mmoire de travail sous forme de reprsentation,
contient aussi une information temps qui prend en compte l'historique des tapes
de sa construction.)
K210 - "Le sens interne ne nous prsente nous-mmes la conscience que tels que
nous apparaissons de faon phnomnale, et non pas tels que nous sommes en
nous-mmes, car nous nous intuitionnons seulement comme nous sommes
intrieurement affects."
328
K213 note * - "je n'ai [] nulle connaissance de moi tel que je suis, mais
seulement tel que je m'apparais moi-mme. La conscience de soi-mme n'est donc
pas encore, tant s'en faut, une connaissance de soi"
Ce qui dtermine le sens interne est l'entendement et son pouvoir originaire de relier
le divers de l'intuition, c'est--dire de l'inscrire sous une aperception".
K211 - Le sens interne contient la simple forme de l'intuition, mais sans que s'y
accomplisse nulle liaison du divers ; il ne contient donc aucune intuition dtermine
(c'est--dire impose). Toutefois (K213 note *), l'entendement dtermine le sens
interne rsultant d'un acte d'attention en synthtisant une liaison du divers.
329
succession, de simultanit et de permanence. Prcdant les connaissances
spatiales, celle du temps est intuitive a priori.
Ce n'est pas parce que j'ai l'esprit une reprsentation de phnomne qu'il existe
K285 "Du fait que l'existence d'objets extrieurs est requise pour la possibilit d'une
conscience dtermine de nous-mmes, il ne s'ensuit pas que toute reprsentation
intuitive de choses extrieures en contienne en mme temps l'existence, car une
telle reprsentation peut parfaitement tre le simple effet de l'imagination."
Voir :
Rfutation de l'idalisme ;
Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine).
Extrinsque, intrinsque
Selon le dictionnaire [13] :
Qui est extrieur l'objet que l'on considre; qui ne lui appartient pas mais
dpend des circonstances, de faits accessoires.
Qui n'appartient pas l'essence mme du sujet mais se rapporte aux
circonstances. Exemple : argument extrinsque.
Facult
Psychologie
Ensemble des fonctions psychiques (mentales) et science qui les tudie ;
Ensemble des sensations, des sentiments, des motivations qui accompagnent,
qui caractrisent un acte, un vnement, un phnomne.
Philosophie
Une facult est un pouvoir (capacit, aptitude), notamment chez l'homme, de faire
une certaine action, notamment d'avoir une intuition, de comprendre ou de penser.
Mais c'est un pouvoir qui ne s'est pas encore traduit dans les faits, une simple
possibilit ; c'est donc aussi le pouvoir de ne pas faire
Une facult mentale agit par l'intermdiaire d'au moins une fonction psychique.
330
Exemples de facults :
[107] page 159 "La facult de dsirer est la facult d'tre, par ses
reprsentations, cause des objets de ces reprsentations."
[107] page 159 "La facult que possde un tre d'agir conformment ses
reprsentations s'appelle la vie."
[108] page 87 note * - "La dpendance de la facult de dsirer vis--vis des
sensations s'appelle inclination, et cette dernire manifeste donc toujours un
besoin."
331
L'imagination les reprsente dans l'association (et la reproduction) ;
L'aperception les reprsente dans la conscience empirique de l'identit de ces
reprsentations reproductives avec les phnomnes par lesquels elles taient
donnes, par consquent dans la recognition." (Fin de citation)
332
Et comme l'unit du divers est synthtique, "l'aperception pure fournit un principe
[et une facult] de l'unit synthtique du divers de toute intuition possible."
K190 - "La synthse pure de l'imagination est une condition a priori de la
possibilit de toute composition du divers en une connaissance. Or la synthse
productive de l'imagination ne peut intervenir qu'a priori, car la synthse
reproductive repose sur des conditions de l'exprience. Donc, le principe de
l'unit ncessaire de la synthse pure (productive) de l'imagination constitue,
avant l'aperception, le fondement de la possibilit de toute connaissance, en
particulier de l'exprience. []
Remarque : du point de vue ordre de droulement des oprations, la
synthse par imagination productive doit avoir lieu avant la synthse a priori,
pour fournir une reprsentation initiale cette dernire (voir liaison, puis
reprsentation de reprsentation et exemples).
Conclusion : l'unit transcendantale de la synthse de l'imagination est la forme
pure de toute connaissance possible ; c'est travers cette unit que tous les
objets de l'exprience possible doivent tre reprsents a priori."
Voir aussi :
Interaction de la sensibilit avec l'entendement (facult / rceptivit) ;
Du systme des catgories.
Facult de juger
K221 - "Si l'entendement en gnral est dfini comme le pouvoir des rgles, la
facult de juger est le pouvoir de subsumer sous des rgles, c'est--dire de
distinguer si quelque chose s'inscrit ou non sous une rgle donne."
Il s'agit par exemple de juger si une proposition est formellement possible ou
ncessairement fausse.
333
K222 note * - "Le manque de facult de juger s'appelle stupidit, et une telle
infirmit il n'y a pas de remde."
K222 - "L'unique et grande utilit des exemples : ils aiguisent la facult de juger."
Kant affirme l qu'un exemple ne prouve rien, il ne peut qu'aider comprendre ou
vrifier.
K222-K223 - La logique gnrale ne peut fournir de prcepte la facult de juger, la
logique transcendantale si : elle peut corriger la facult de juger et lui fixer des rgles
d'usage de l'entendement pur.
Falsifiable
Une affirmation, une hypothse ou une thorie est dite falsifiable si on peut imaginer
(ou mieux, crer exprimentalement) une situation o elle est prise en dfaut, mme
334
si on ne peut pas imaginer de situation o elle se ralise - notamment parce qu'elle
est indcidable ou spculative. Exemples :
La loi d'Ohm L'intensit de courant lectrique travers une rsistance est
proportionnelle la diffrence de potentiel entre ses bornes est falsifiable ;
L'affirmation Ce feu de fort a pour origine la volont de Dieu est infalsifiable.
Fantasmagorie
Selon [13]
Pjoratif : Reprsentation de l'esprit errone et ne reposant sur rien de rel, de
srieux.
Fantasmatique
Qui relve du fantasme.
Fantasmes originaires
Fantasmes qui transcendent le vcu individuel et ont un certain caractre
d'universalit. En ce sens, ils sont rapprocher des mythes collectifs. Ils mettent
en scne ce qui aurait pu dans la prhistoire de l'humanit participer la ralit de
fait et ce titre ils entrent dans le cadre de la ralit psychique.
Fatalisme
Selon le dictionnaire [13] : doctrine suivant laquelle le cours des vnements
chappe l'intelligence et la volont humaine, de sorte que la destine de chacun
de nous serait fixe l'avance par une puissance unique et surnaturelle.
Fin - Fins
Dfinition
(Citation de [109] pages 224-225)
"Une fin est un objet du libre arbitre dont la reprsentation [prsence l'esprit]
dtermine celui-ci une action (par laquelle cet objet est produit).
[Consquences]
Toute action a donc sa fin, et dans la mesure o personne ne peut avoir une fin sans
se faire soi-mme de l'objet de son arbitre une fin, c'est un acte de la libert du sujet
agissant, et non pas un effet de la nature, que d'avoir pour ses actions une
quelconque fin.
335
[Se donner une fin, c'est se donner un devoir inconditionnel, un impratif
catgorique]
Mais puisque cet acte qui dtermine une fin est un principe pratique qui ne
commande pas les moyens (par consquent, ne commande pas de manire
inconditionne), mais commande la fin elle-mme (donc, inconditionnellement), c'est
un impratif catgorique de la raison pure pratique, par suite un impratif tel qu'il relie
un concept de devoir celui d'une fin en gnral."
(Fin de citation)
[102] page 88 [La fin de toute la religion rationnelle est l'amlioration de l'homme]
"Donc, bien qu'un crit soit admis comme rvlation divine, le critre suprme qui le
fait juger tel est que tout crit, qui nous vient de Dieu, est utile pour nous instruire,
nous corriger, nous amliorer , etc. ; et, comme l'amlioration morale de l'homme
constitue la fin propre de toute la religion rationnelle, c'est aussi cette religion qui
contiendra le principe suprme de toute l'interprtation de l'Ecriture."
Fins
[109] page 220 L'thique peut [] tre dfinie comme le systme des fins de la
raison pure pratique.
Kant pensait que les lois de la nature qui rgissent le monde ont t cres selon
des fins de l'tre originaire :
K412 " l'ordre des fins, qui est cependant en mme temps un ordre de la
nature"
336
(Citation de [56b] 60 page 179)
"C'est une tche digne de la recherche [mtaphysique] que celle qui vise dcouvrir
quelles peuvent bien tre les fins de la nature auxquelles s'ordonne cette disposition
que manifeste notre raison des concepts transcendants, car il est constant que tout
ce qui se trouve dans la nature doit l'origine tre dispos en vue de quelque fin
utile."
(Fin de citation)
Par consquent, elles sont ou la fin finale, ou des fins subalternes qui se rattachent
ncessairement celle-ci titre de moyens.
La premire fin [la fin finale] n'est autre que la destination complte de l'tre humain,
et la philosophie portant sur cette destination s'appelle morale."
(Fin de citation)
Voir aussi :
Fins dernires Fins suprmes ;
Principaux arguments de cette preuve en faveur d'une doctrine tlologique.
Chez Kant
Une fin en soi est objective, ncessaire, par opposition aux fins subjectives ou
individuelles qu'une volont peut se proposer elle-mme.
C'est une fin absolue, inconditionnelle, par opposition aux fins relatives qui ont
un caractre intermdiaire parce qu'elles sont des moyens d'une autre fin, plus
leve.
Une fin objective repose sur des motifs valables pour tout tre rationnel : elle est
donc universelle et peut inspirer une loi.
Une fin subjective repose sur des mobiles lis au dsir : elle n'est donc pas
universelle.
337
La nature raisonnable existe comme fin en soi : d'o un impratif catgorique
(Citation de [108] page 108)
"S'il doit donc y avoir un principe pratique suprme et, vis--vis de la volont
humaine un impratif catgorique, il faut que ce soit quelque chose de tel qu' partir
de la reprsentation de ce qui est ncessairement une fin pour chacun (parce que
c'est une fin en soi), il dfinisse un principe objectif de la volont, que par consquent
il puisse servir de loi pratique universelle.
[108] page 108 - "L'impratif pratique sera donc le suivant : agis de faon telle que tu
traites l'humanit, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,
toujours en mme temps comme fin, jamais simplement comme moyen."
Exemples
1. (Citation de [108] pages 108-109 : sur le suicide)
"D'aprs le concept du devoir ncessaire envers soi-mme, celui qui songe au
suicide se demandera si son action peut tre compatible avec l'ide de l'humanit
comme fin en soi. Si, pour fuir une situation pnible, il se dtruit lui-mme, il se
sert d'une personne simplement comme d'un moyen en vue de prserver une
situation supportable jusqu' la fin de la vie. Mais l'homme n'est pas une chose,
par consquent pas quelque chose qui peut tre trait simplement comme moyen
: au contraire faut-il que, dans toutes ses actions, il soit toujours considr
comme une fin en soi. Je ne puis disposer en rien de l'homme en ma personne,
pour le mutiler, le corrompre ou le tuer."
(Fin de citation)
2. (Citation de [108] page 109 : sur une promesse mensongre)
"En ce qui concerne le devoir ncessaire ou oblig envers d'autres hommes, celui
qui a en tte de faire d'autres une promesse mensongre apercevra aussitt
qu'il veut se servir d'un autre tre humain simplement comme d'un moyen, sans
que ce moyen contienne en mme temps en lui la fin. Car celui que, par une telle
promesse, je veux utiliser en le mettant au service de mes desseins ne peut
aucunement tre d'accord avec ma faon de procder envers lui et contenir ainsi
lui-mme la fin de cette action."
(Fin de citation)
[107] page 45 "La moralit est la condition qui seule peut faire quun tre raisonnable
est une fin en soi."
338
Finitude, infinitude
Selon [13] : Fait d'tre fini, d'avoir des limites. Oppos : infinitude.
K430 Thse sur la finitude du monde : "Le monde [la totalit de ce qui existe] a
un commencement dans le temps et il est aussi, relativement l'espace,
contenu dans certaines limites."
K431 Antithse (infinitude) : "Le monde n'a ni commencement ni limites
spatiales, mais il est infini aussi bien relativement l'espace que par rapport au
temps."
K715 note 132 - "La radicalit de la finitude inhrente nos pouvoirs de
connatre a certes t fonde par l'Esthtique transcendantale - c'est--dire par
la mise en vidence que les concepts sans intuition sont vides et qu'il n'est
pour nous de connaissance qu' partir d'un moment d'ouverture une donation
de matire correspondant l'apport de la sensibilit. [] Les antinomies
confirment la strilit d'une connaissance qui, oubliant la sensibilit, croit
pouvoir dpasser la finitude."
Chez Kant
Voir d'abord Fin Fins.
Kant utilise tantt fins dernires , tantt fin suprme , tantt fin finale .
339
ce sont l des questions pour la solution desquelles le mathmaticien donnerait bien
volontiers toute sa science ; car celle-ci, en tout tat de cause, ne peut lui procurer
aucune satisfaction vis--vis des fins de l'humanit qui sont les plus leves et qui lui
tiennent le plus cur."
(Fin de citation)
K655 "Les fins suprmes sont celles de la moralit, et seule la raison pure peut
nous les faire connatre."
Par consquent, elles sont ou la fin finale, ou des fins subalternes qui se rattachent
ncessairement celle-ci titre de moyens.
La premire fin [la fin finale] n'est autre que la destination complte de l'tre humain,
et la philosophie portant sur cette destination s'appelle morale."
(Fin de citation)
Fluente - Fluxion
K245 - Kant qualifie de fluentes des grandeurs continues, parce que la synthse (de
l'imagination productive) qui intervient dans leur production est une progression
continue dans le temps parfois appele fluxion (coulement).
Foi
Selon le dictionnaire [13] : croyance aux dogmes de la religion, donc en Dieu.
340
Fonctions au sens de Kant
Pour Kant
L'esprit est un ensemble complexe de facults (possibilits cognitives) rsultant de
fonctions (activits ou rsultats d'activits) conscientes (actives seulement l'tat
d'veil) :
K155 "Toutes les intuitions en tant que sensibles reposent sur des affections,
les concepts, par consquent, sur des fonctions. Or, j'entends par fonction l'unit
de l'action consistant ordonner des reprsentations diverses sous une
reprsentation commune. Les concepts se fondent donc sur la spontanit de la
pense, tout comme les intuitions sensibles se fondent sur la rceptivit des
impressions."
Kant dduit les fonctions cognitives qui existent des facults mentales humaines
observables. Il recourt le plus souvent possible une mthode transcendantale, dont
l'indpendance par rapport l'exprience lui apporte rigueur et universalit.
341
K523 "Un objet des sens ne peut tre intgralement dtermin que s'il est compar
avec tous les prdicats du phnomne et s'il est reprsent par l'intermdiaire de ces
prdicats de faon affirmative ou ngative [c'est--dire s'il a t reconnu]."
Droulement
L'action produit un jugement :
K155-K156 - "De ces concepts, l'entendement ne peut [] faire aucun autre usage
que celui qui consiste juger par leur moyen. [] Le jugement est donc la
connaissance mdiate d'un objet, par consquent la reprsentation d'une
reprsentation de celui-ci. Dans tout jugement il y a un concept qui vaut pour
plusieurs [donc qui en est la synthse sous lui-mme ou lui-mme] et qui, parmi
cette pluralit de concepts, comprend aussi une reprsentation donne [qui
correspond l'objet]."
Retenons que tout concept est le rsultat de l'interprtation par l'esprit de sa
reprsentation associe (elle-mme un tat du cerveau). Un concept n'est
jamais "enregistr" en mmoire de travail ou en mmoire de long terme, il est
"recr" par interprtation chaque fois que sa reprsentation est prsente
l'esprit, en mmoire de travail : c'est une vue smantique de sa reprsentation.
Une fonction peut tre considre soit comme une transformation de concepts
initiaux en un concept final, soit comme une transformation de reprsentations
initiales en une reprsentation finale, car un concept n'est que l'interprtation d'une
reprsentation.
Voir Possibilit de l'exprience (principes a priori).
342
Puisqu'un concept dfinit une classe d'objets dont les reprsentations peuvent tre
contenues sous lui, il est le prdicat d'un jugement possible qui s'applique tous les
objets de la classe.
Pour trouver toutes les fonctions de l'entendement, il suffit donc de trouver tous les
concepts-prdicats de jugements synthtiques unifiant des reprsentations d'objets.
Ces concepts devant s'appliquer au contenu de phnomnes en gnral, ils ne
pourront rsulter que d'une synthse pure de logique gnrale : ce sera la synthse
de l'aperception.
(Kant exclut donc de l'entendement les concepts de synthse empirique de
l'apprhension, fonction qu'il attribue l'intuition bien qu'elle fasse appel
l'imagination productive. Voir Concept de l'entendement et Jugements de
perception et jugements d'exprience.)
En rflchissant la forme des jugements, comme Aristote [43] avant lui mais de
faon moins intuitive et plus systmatique, Kant trouva qu'un jugement a 4 types
(titres) de prdicats possibles, chaque titre ayant sous lui 3 moments ; voici le dtail.
1.
Quantit des jugements
Universels
Particuliers
Singuliers
2. 3.
Qualit Relation
Affirmatifs Catgoriques
Ngatifs Hypothtiques
Infinis Disjonctifs
4.
Modalit
Problmatiques
Assertoriques
Apodictiques
Kant appelle jugement infini un jugement affirmatif dont l'affirmation est suivie d'une
ngation ; c'est une affirmation de type Tout (tous) / sauf
343
Compltude des facults d'entendement
Kant affirme que les fonctions logiques ci-dessus reprsentent tous les mcanismes
par lesquels l'entendement peut transformer spontanment la reprsentation d'une
intuition sensible en critres de jugements dcrivant un phnomne prsent la
conscience. En outre cet ensemble de mcanismes est complet, il couvre tous les
cas de vrit formelle ncessaires pour qualifier tous les phnomnes possibles. En
effet, un objet sensible (phnomne) peut tre reprsent avec toutes ses proprits
par une proposition (jugement) dcrivant une quantit, une qualit, une relation et
une modalit dfinis comme suit :
Quantit : un jugement ne peut tre que de 3 types :
universel ( tous les ours ont une queue ),
particulier ( certains ours sont bruns )
ou singulier ( c'est un ours ).
Qualit : un jugement ne peut tre que de 3 types :
affirmatif ( cet ours est brun ),
ngatif ( cet ours n'est pas brun )
ou infini ( la couleur de cet ours est tout sauf brun ).
Relation : chaque jugement de l'objet doit ncessairement tre :
catgorique,
hypothtique
ou disjonctif,
il n'y a pas d'autre possibilit logique.
Kant s'est aperu qu'un homme a, par sa conscience de soi, la "certitude
logique" de ses jugements spontans : quand je dcris ce que je vois, je sais
que ma description est :
Une certitude, et que le prdicat est d une proprit de l'objet qui est soit
inhrente, soit subsistante ;
Ou une hypothse, et que le prdicat exprime une causalit ou une
dpendance ;
Ou un choix entre plusieurs possibilits, et que le prdicat exprime une
communaut ou une rciprocit.
Modalit : Autre facult humaine remarque par Kant, la conscience du degr de
certitude personnelle de l'auteur d'un jugement : quand j'nonce un jugement, je
sais :
s'il est possible mais pas certain,
ou certain car dmontrable,
ou si je ne peux rien affirmer sur sa vracit.
L'auteur d'un jugement a une opinion personnelle (donc subjective) sur la
vracit de chaque jugement. Il peut le qualifier de :
Douteux (problmatique, c'est--dire possible mais pas certain), et le
prdicat correspondant nonce une possibilit ou une impossibilit ;
344
Ou ncessaire (apodictique, c'est--dire logiquement certain, dmontrable),
et le prdicat correspondant nonce une ncessit ou une contingence ;
Ou tre sans opinion sur sa vracit (jugement assertorique), et le prdicat
correspondant nonce une existence ou une inexistence.
Rsultat de l'entendement
K162 - A partir de l'intuition du phnomne, chacune des 12 fonctions logiques
produit un concept prdicat de jugement. Ce jugement superficiel doit souvent tre
complt par la raison.
345
comprhension superficielle de l'entendement est de l'ordre de quelques
dizaines de millisecondes, donc trs rapide [28].
Bien que Kant ne l'ajoute pas, chaque rsultat de fonction ci-dessus est valu
psychologiquement aussitt form dans l'inconscient du sujet. Cette valuation
donne un rsultat analogue un nombre entier algbrique (muni d'un signe) : un
rsultat positif est psychologiquement favorable, prometteur, agrable, et un
rsultat ngatif est dfavorable, inquitant, dsagrable. La valeur absolue dcrit
l'importance psychologique : un rsultat petit est ignor ; un rsultat grand
franchit le seuil de conscience, dclenchant un raisonnement pour approfondir le
problme et dcider d'une action.
Forme
Ensemble des proprits (informations) qui font qu'une chose est reconnaissable, qui
la distinguent d'un point de vue intellectuel (Ide) ou d'un point de vue sensible
(apparence, acte).
Exemple 1
Matire : le bronze ; forme (espace) : aspect de statue ; objet visible faisant sens
(reconnaissable et apprciable psychologiquement) : le compos des deux, la statue.
Exemple 2
[56b] 29 page 102 [Concernant] "le concept de cause, ce qui m'est d'abord donn
a priori par la Logique c'est la forme [c'est--dire l'ensemble des lments] d'un
jugement conditionnel en gnral, c'est--dire une connaissance donne utiliser
comme principe, et l'autre comme consquence."
(En logique, une cause est une connaissance (sous forme de jugement) prise
comme hypothse, qui entrane une consquence.)
346
Forme pour Kant
Pour Kant, la forme d'un objet dans l'esprit d'un homme est l'origine de la
reprsentation qu'il s'en est fait. La forme est le produit de la conscience lorsqu'elle
se rapporte au monde. Voir Ide selon Kant (concept rationnel issu de notions).
Voir :
Contenu d'un phnomne : forme et matire ;
Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine) ;
Apprhension ;
Matire et forme d'un phnomne ;
Substance, matire, forme et physique moderne.
Forme essentielle
Voir Matire et forme.
Formel
Adjectif : qui concerne la forme logique (la liste des informations et les relations entre
elles) par opposition au contenu (la signification, le fond).
Exemple 2 : [56b] 36 page 112 "La nature au sens formel [est l'ensemble] des
rgles auxquelles doivent tre soumis tous les phnomnes pour pouvoir tre
penss comme lis en une exprience."
L'usage formel d'une facult (appel usage en gnral ou usage gnral) est
indpendant de son contenu smantique, il est le mme quel que soit ce contenu.
Exemples :
Dtermination logique d'un concept ;
347
Axiomatique et Systme logique.
K149 "La logique gnrale rsout [dcompose] donc toute l'activit formelle
[indpendante du contenu smantique] de l'entendement et de la raison en ses
lments, et les prsente comme principes de toute apprciation logique
[apprciation de non-contradiction, de possibilit logique] de notre connaissance.
Cette partie de la logique peut par consquent se nommer analytique"
Exemples
Une grammaire formelle est un ensemble de rgles d'criture qui ne tient pas
compte de la signification des lments.
La structure formelle d'un jugement prdicatif est : A est (n'est pas, est tout
sauf) B , qui veut dire le concept A a (n'a pas, a tout sauf) la proprit B .
Cette structure est ainsi quels que soient les contenus smantiques
(significations) de A et B, elle est formelle.
Un tel jugement est une proposition dont la valeur logique ne peut tre que vrai
ou faux.
En France, un numro de Scurit Sociale est un nombre de 13 chiffres. Affirmer
cela, c'est en dcrire une proprit formelle. Tout nombre de moins de 13
chiffres ou de plus de 13 chiffres ne peut tre un numro de Scurit Sociale
franais ; toute chane de 13 caractres qui ne sont pas tous des chiffres non
plus.
Autre proprit formelle : le premier des 13 chiffres d'un numro de Scurit
Sociale franais doit tre 1 (pour un homme) ou 2 (pour une femme). Donc un
nombre de 13 chiffres commenant par un 5 ne peut tre un numro de Scurit
Sociale franais, c'est une impossibilit formelle.
Mais le fait d'avoir un nombre de 13 chiffres commenant par 1 ou 2 ne garantit
pas qu'il y a un homme ou une femme qui ce nombre a t attribu comme
numro de Scurit Sociale, ou que cette personne est toujours en vie : un
nombre (ou plus gnralement un texte) formellement correct ne garantit pas
l'existence ou la vracit de son objet ; le respect de la forme est une condition
d'existence ncessaire, mais pas suffisante.
348
Complment important : Conformit d'une description l'objet dcrit.
Voir Vrit ; Logique (chez Kant) : d'usage gnral, d'u. appliqu et transcendantale.
349
Logique de l'apparence
Kant rsume la limitation du pouvoir critique de la logique analytique une
apprciation ngative en qualifiant cette logique de canon illusoire d'objectivit, et en
dnonant ses usages abusifs en tant qu'organon. (K149 et Dialectique). Voir
Apparence.
Gntique
Chez Kant
[56b] 13 Remarque III page 68 "Nous avons prouv que ce n'est pas dans cette
diffrence de caractre logique entre la clart et l'obscurit, mais bien dans la
distinction gntique concernant l'origine de la connaissance elle-mme que consiste
la sensibilit"
350
Genre
Philosophie : Ide gnrale ou classe d'tres ou d'objets qui possdent un ou
plusieurs caractres communs. C'est le sens utilis par Kant.
Biologie animale et vgtale : Niveau de la classification des tres vivants, plac
sous la famille au-dessus des espces ; par extension : classe, espce.
Kant appelle genre une classe d'tres dont le divers, dans une exprience,
prsente une certaine homognit des proprits que l'entendement peut
identifier : en l'absence de proprit commune plusieurs tres, ceux-ci ne
peuvent tre du mme genre et ne peuvent tre associs un mme concept
empirique.
En plus du sens philosophique ci-dessus du mot genre, Kant utilise aussi son
sens biologique : voir Subsumer.
(Citation de K566)
"S'il y avait parmi les phnomnes qui s'offrent nous une varit si grande []
quant au contenu, c'est--dire quant la diversit des tres existants, que mme
l'entendement humain le plus pntrant ne pt dcouvrir, en comparant les uns avec
les autres, la moindre ressemblance [], il n'y aurait alors aucune place pour la loi
logique [le principe logique] des genres ;
et mme aucun concept de genre ou aucun concept gnral n'auraient lieu d'tre,
aucun entendement non plus, puisque l'entendement n'a affaire purement et
simplement qu' de tels concepts.
Le principe logique des genres suppose donc un principe transcendantal, s'il doit tre
appliqu la nature (par quoi j'entends ici uniquement les objets qui nous sont
donns). D'aprs ce principe, dans le divers d'une exprience possible, une
dimension d'homognit est ncessairement prsuppose (bien que nous n'en
puissions dterminer a priori le degr), parce que, sans elle, il n'y aurait pas de
concepts empiriques et par consquent pas d'exprience qui ft possible."
(Fin de citation)
351
Gestalt
Ensemble structur ou structure formant un tout qui influence les perceptions
plus que ses lments constitutifs. Exemple : une mlodie est identifiable quelle
que soit la cl si les rapports de hauteur entre notes sont respects.
La Gestalttheorie (gestalt-theorie) est une doctrine affirmant que les formes
sont les donnes premires de la psychologie. Synonyme : thorie de la forme.
Ces formes sont des proprits de rgularit, de symtrie, de simplicit qui
rendent un ensemble reconnaissable et prgnant. Exemple de trait prgnant :
Un seul trait suffit pour changer notre impression globale sur autrui, s'il a un
poids suffisant ou s'il apparat en premier dans l'ensemble des qualits perues.
Une grandeur est extensive lorsqu'elle est un ensemble d'lments distincts dont on
peut mesurer une proprit au moins : nombre d'lments, somme des longueurs
unitaires donnant une longueur totale, etc. ; c'est donc une grandeur mesurable.
Par extension, la mesure peut tre remplace par une synthse selon une certaine
rgle, ou selon une proprit commune aux lments de l'ensemble et l'ensemble
tout entier.
352
puisque c'est seulement par synthse successive (de partie partie) qu'il peut tre
connu dans l'apprhension."
Hasard
Disons-le tout net, comme Kant : un tel phnomne n'existe pas dans la nature, dont
les lois n'ont pas d'exception.
Le besoin de rigueur
Affirmer qu'une situation, l'tat d'un systme ou une volution sont dus au hasard
demande autant de rigueur qu'affirmer qu'ils sont rgis par des lois de la physique.
Comme son oppos le dterminisme, le hasard doit tre postul explicitement.
Aucun ensemble de phnomnes constats ne prouve qu'ils sont rgis par le hasard
Quelles que soient les remarques faites sur ces phnomnes, quel que soit
l'tonnement qu'ils nous suggrent, il est impossible d'en dduire une preuve
d'absence de loi qui les rgit ; et le fait de ne pas avoir dcouvert de loi ne prouve
pas qu'il n'y en a aucune.
353
Choix d'un tat final unique par dcohrence
Une telle transformation, appele dcohrence, est due l'interfrence entre des
forces de l'chelle macroscopique et le systme superpos l'chelle atomique,
interfrence qui n'est pas rgie par une loi physique particulire mais dpend de
chaque concours de circonstances. C'est pourquoi l'tat unique final observ ne
peut tre prvu : on sait seulement qu'il correspond une des valeurs propres
de l'ensemble des tats superposs.
De mme, les quations qui dcrivent l'volution d'un systme dans le temps et/ou
l'espace peuvent avoir des solutions multiples, parfois mme une infinit, l aussi en
superposition.
Ces lois physiques statistiques nous conduisent admettre une forme statistique du
dterminisme dcrite dans [12]. Mais la prsence de distributions statistiques de
valeurs dans une situation ou une volution doit tre interprte comme
l'impossibilit de prdire un rsultat unique, un refus de la nature de nous laisser le
faire, pas comme le fait qu'elle fait n'importe quoi , car la probabilit de chaque
rsultat est prdictible.
Conclusion
Donc, puisque toutes les attributions au hasard que l'on constate sont dues
l'ignorance, il est bon de rappeler la position de Kant ci-dessous et des prcisions l.
Chez Kant
Voir d'abord le principe de fatalisme.
K286 "Le principe : rien n'arrive par un hasard aveugle est une loi a priori de la
nature ; de mme : aucune ncessit intervenant dans la nature n'est une ncessit
aveugle, mais c'est toujours une ncessit conditionne, par consquent intelligible" :
Le hasard n'existe pas dans une volution physique, toujours dterministe. Donc
toute volution naturelle a une cause et est soumise des lois que l'homme doit
pouvoir dcouvrir ; Kant a foi dans l'aptitude de l'humanit dcouvrir la nature
par la science, conformment la doctrine des Lumires [25].
Pour Kant comme pour les scientifiques modernes, la nature ne fait jamais
n'importe quoi , elle est rgie par des lois sans exception : le hasard n'existe pas.
354
Hlas, le problme d'une croyance en la possibilit d'une intervention divine dans
l'Univers est qu'elle est la fois :
Physiquement impossible car transcendante (voir Existence de Dieu) ;
indmontrable car contraire aux lois naturelles que nous postulons, infalsifiable,
inexplicable et impossible distinguer du hasard lorsqu'on croit la constater
Voir aussi :
Cause et causalit ;
Dterminisme ;
Ncessit des choses (postulat) ;
Complments sur le hasard : [12].
Les hommes ont commenc par spculer sur Dieu et l'esprance d'un autre monde
K685-K686 Les tres humains, dans l'enfance "de la philosophie, [ont] pris pour
point de dpart la connaissance de Dieu et l'esprance ou mme la nature d'un autre
monde."
(Citation de K686-K687)
"Si grossiers que fussent les concepts religieux introduits par les anciennes pratiques
subsistant encore de l'tat sauvage des peuples, cela n'empcha cependant pas la
fraction la plus claire de se consacrer de libres recherches [spculations] sur cet
objet,
[Kant justifie une conduite sociale morale par la foi en un Etre suprme et la
promesse d'un bonheur au moins posthume]
et l'on s'aperut aisment qu'il ne saurait y avoir de manire plus radicale et plus
fiable de plaire la puissance invisible gouvernant le monde, afin d'tre heureux du
moins dans un autre monde, que de bien conduire sa vie.
355
poussa peu peu la raison simplement spculative vers une entreprise qui est
ultrieurement devenue clbre sous le nom de mtaphysique."
(Fin de citation)
Aristote [43] peut tre considr comme le chef des empiristes, tandis que Platon
[49] est le chef des noologistes. []
[Dans les raisonnements de son systme sensualiste, Epicure [80] n'allait jamais au-
del des limites de l'exprience.]
La voie critique seule est encore ouverte. supposer que le lecteur ait eu
l'obligeance et la patience de la parcourir en ma compagnie, il lui est loisible
maintenant de juger si, au cas o il lui plairait d'apporter sa contribution personnelle
la transformation de ce sentier en voie royale, ce que tant de sicles ne purent
effectuer risque encore de s'accomplir avant la fin de celui-ci : satisfaire entirement
la raison humaine dans ce qui a de tout temps occup sa curiosit, mais jusqu'ici en
toute vanit."
356
(Fin de citation)
Heuristique
Selon [19]
Adjectif : qui sert la dcouverte. Exemple : une hypothse adopte
provisoirement pendant une recherche de faits.
Substantif : Partie de la science qui a pour objet la dcouverte des faits.
Homogne
Adjectif : qualit d'un ensemble ou d'un objet dont tous les lments sont de mme
nature et/ou prsentent des similitudes de signification, de fonction ou de structure.
Oppos : htrogne. Exemples :
Un objet en cuivre est homogne s'il ne contient que du cuivre. Sa substance
n'est faite que d'une matire, un corps pur, le cuivre.
En physique : sont homognes deux grandeurs de mme nature, comme un
travail et une nergie, tous deux mesurs en joules.
Voir Subsumer.
Synthse de l'homogne
Kant utilise aussi homogne comme substantif dsignant l'ensemble des
informations de mme nature dans des reprsentations dont on fait la synthse :
357
l'htrogne que l'on peut admettre dans la synthse dynamique de la liaison
causale, aussi bien que dans celle du ncessaire avec le contingent.
"De l procde la manire dont, dans la liaison mathmatique des sries de
phnomnes, nulle autre condition ne peut intervenir qu'une condition sensible, c'est-
-dire une condition qui soit elle-mme une partie de la srie, alors qu'en revanche la
srie dynamique des conditions sensibles autorise [] une condition htrogne, qui
n'est pas une partie de la srie, mais qui, en tant que condition purement intelligible,
se situe en dehors de la srie."
Exemple : Conclusion : nos reprsentations sont libres par rapport nos perceptions
en mme temps qu'elles sont dtermines par les lois de la nature.
Hubris
Chez les Grecs, tout ce qui, dans la conduite de l'homme, est considr par les dieux
comme dmesure, orgueil et devant appeler leur vengeance.
Humanit parfaite
Voir L'idal de l'humanit parfaite.
Hyperbolique
Selon le dictionnaire [13] :
Caractris par l'hyperbole, l'exagration ;
Qui a un caractre excessif.
Hyperphysique
Qualifie une hypothse ou une explication au-del des lois de la nature, donc
purement spculative ou imaginaire.
K639 "L'ordre et la finalit prsents dans la nature doivent tre expliqus leur tour
par des raisons d'tre naturelles et d'aprs des lois de la nature, et ici mme les
hypothses les plus grossires, du moment qu'elles sont de nature physique, sont
plus supportables qu'une hypothse hyperphysique, c'est--dire que l'appel un
auteur divin que l'on prsuppose cette fin."
Voir Un phnomne donn nouveau ne doit tre expliqu qu' partir de lois connues.
Hypostasier
Considrer abusivement une pure abstraction comme une ralit.
358
K385 "on hypostasie ce qui n'existe que dans la pense et on l'admet hors du
sujet pensant en lui reconnaissant la qualit qui serait celle d'un objet rel ce qui
veut dire que l'on tient l'tendue, qui n'est rien qu'un phnomne, pour une proprit
des choses extrieures, subsistant mme indpendamment de notre sensibilit, et
que l'on tient le mouvement [le changement, l'volution] pour leur effet se produisant
lui aussi rellement, en soi, en dehors de nos sens."
Hypothse
Chez Kant
Une hypothse ne peut concerner qu'un objet possible et doit avoir un fondement
certain car bas sur l'exprience
K637 Pour que l'imagination puisse "inventer sous la stricte surveillance de la
raison, il faut toujours que quelque chose, auparavant, soit pleinement certain, et ne
constitue pas une invention ou une simple opinion : cet lment correspond la
possibilit de l'objet mme. Dans ce cas, il est bien permis de recourir l'opinion
pour ce qui concerne la ralit effective de cet objet : reste que cette opinion, pour ne
pas tre sans fondement, doit tre relie, comme principe d'explication, ce qui est
effectivement donn et qui est par consquent certain, et elle s'appelle alors une
hypothse."
Hypothtique
Langage usuel : qui n'est pas certain ; dont l'existence ou la ralisation est
douteuse.
Philosophie et Logique : qui repose sur une hypothse ; qui n'existe qu' l'tat
d'hypothse, qui suppose une condition.
Exemple de proposition hypothtique : Si A alors B .
Idal
Adjectif ou substantif
359
Selon [13]
Sens courant (adjectif) : qui a toutes les qualits propres son type, son
modle et correspond l'ide que l'on se fait de la perfection ; qui prsente le
caractre lev de la perfection.
Par opposition rel : qui n'a qu'une existence intellectuelle, sans tre ou sans
pouvoir tre peru par les sens ; en particulier qui a les caractres de l'ide.
Chez Kant
1er sens : substantif
D'aprs [19] : un idal est un concept rduit aux notions indispensables.
D'aprs [13] : un idal est un tre individuel aux caractres dtermins par
l'Ide, modle suprme dont la perfection ne peut tre gale.
Dfinition de Kant d'un idal
K516 [J'appelle idal] "l'Ide, non pas seulement in concreto, mais in individuo,
c'est--dire en tant que chose singulire qui n'est dterminable ou tout fait
dtermine que par l'Ide."
360
Suite de cette citation : La force pratique des idaux permettant des actions
parfaites.
361
Idal de l'Etre suprme
Voir Idal de l'tre suprme : un principe rgulateur de la raison.
[Concepts moraux]
Les concepts moraux ne sont pas tout fait des concepts purs de l'entendement,
dans la mesure o il se trouve leur racine quelque chose d'empirique (le plaisir ou
le dplaisir).
Cependant, si on les envisage du point de vue du principe par lequel la raison tablit
des limites la libert qui, par elle-mme, est dpourvue de lois (donc, si on les
considre uniquement quant leur forme [indpendamment de leur contenu]), ils [les
concepts moraux] peuvent fort bien servir d'exemple de concepts purs de la raison
[ides transcendantales]."
(Fin de citation)
362
"Tout autrement en est-il des crations de l'imagination, propos desquelles
personne ne peut s'expliquer, ni fournir un concept intelligible : pour ainsi dire des
monogrammes, qui ne sont faits que des traits pars, chappant en tout cas une
quelconque rgle que l'on puisse indiquer, [] du type de ceux que les peintres et
les physionomistes prtendent avoir en tte et qui doivent tre comme une silhouette
incommunicable de leurs productions ou mme de leurs apprciations. Ils peuvent
tre dsigns, bien que ce soit improprement, comme des idaux de la sensibilit,
parce qu'ils doivent tre le modle inaccessible d'intuitions empiriques possibles et
ne fournissent pourtant aucune rgle susceptible de dfinition et d'examen."
(Fin de citation)
K520 "Si donc la dtermination intgrale a pour fondement dans notre raison un
substratum transcendantal qui contient pour ainsi dire toute la rserve de matire
[contenu] d'o peuvent tre tirs tous les prdicats possibles des choses, ce
substratum n'est rien d'autre que l'Ide d'un tout constitu par la ralit (omnitudo
realitatis). Toutes les vraies ngations ne sont ds lors rien que des bornes -
dnomination que l'on ne pourrait leur donner si c'tait l'illimit (le tout) qui se trouvait
pris pour fondement."
363
capable, puisque c'est seulement dans cet unique cas qu'un concept en soi universel
d'une chose est intgralement dtermin par lui-mme et qu'il est connu comme la
reprsentation d'un individu."
(Fin de citation)
(Citation de K521)
"La dtermination logique d'un concept par la raison repose uniquement sur un
raisonnement disjonctif dans lequel :
La majeure contient une division logique (la division de la sphre d'un concept
universel) ;
La mineure limite cette sphre une partie ;
Et la conclusion dtermine le concept par cette partie.
Le concept universel d'une ralit en gnral ne peut pas tre divis a priori, puisque
sans exprience on ne connat pas d'espces dtermines de ralit qui soient
contenues sous ce genre.
[La dtermination d'une chose repose sur la limitation de ce tout constitu par la
ralit]
et la dtermination intgrale de chaque chose repose sur la limitation de ce tout
constitu par la ralit, dans la mesure o une dimension de cette ralit est
attribue la chose, tandis que le reste en est exclu - ce qui s'accorde avec le ou
bien..., ou bien... de la majeure disjonctive et avec la dtermination de l'objet par un
des membres de cette division dans la mineure."
(Fin de citation)
364
[En somme, la possibilit d'une chose est un lment de l'ensemble de toutes les
possibilits de choses, trouve par limination de toutes les autres possibilits
de choses. (Sic)]
Car toutes les ngations (qui sont pourtant les seuls prdicats par lesquels tout ce
qui est autre que l'tre le plus rel de tous s'en peut distinguer) sont de simples
limitations d'une ralit suprieure et finalement de la ralit suprme : par
consquent, elles la prsupposent et sont simplement drives d'elle quant leur
contenu.
[La diversit des choses limite le concept de la suprme ralit dont elles font partie]
Toute la diversit des choses est seulement une manire tout aussi diverse de limiter
le concept de la suprme ralit, qui est leur substratum commun, de mme que
toutes les figures ne sont possibles que comme des manires diverses de limiter
l'espace infini.
Voir aussi : Conclusion sur l'tre suprme : sa ralit objective ne peut tre ni
dmontre ni rfute.
365
La drivation de toute autre possibilit partir de cet tre originaire ne doit donc pas
non plus, proprement parler, tre considre comme une limitation de sa suprme
ralit et, en quelque sorte, comme une division de celle-ci ;
car si tel tait le cas, l'tre originaire ne serait plus considr que comme un simple
agrgat d'tres drivs, ce qui, d'aprs ce que l'on vient de voir, est impossible, bien
que nous en ayons initialement, dans une premire esquisse grossire, donn cette
reprsentation.
[La suprme ralit est au fondement de toutes choses, qui en sont des extensions]
Bien davantage la suprme ralit rsiderait-elle au principe de la possibilit de
toutes choses comme un fondement et non pas comme un ensemble, et la diversit
des choses ne reposerait pas sur la limitation de l'tre originaire lui-mme, mais sur
le dploiement complet de ce qui en dcoule, quoi appartiendrait donc aussi toute
notre sensibilit [exprience interne], avec la ralit comprise dans le phnomne,
qui ne peut appartenir comme un ingrdient l'Ide de l'tre suprme [abstraction
qui ne peut tre une ralit].
[Voir aussi : Idal de l'tre suprme : un principe rgulateur de la raison.]
[La notion d'tre originaire peut tre hypostasie en une Ide transcendantale de
Dieu]
Si nous nous attachons davantage cette Ide en l'hypostasiant, nous pourrons
dterminer l'tre originaire, par le seul concept de la suprme ralit, comme un tre
unique, simple, autosuffisant, ternel, etc., bref : nous pourrons le dterminer dans
sa compltude inconditionne par tous les prdicaments. Le concept d'un tel tre est
celui de Dieu entendu au sens transcendantal [et pas aux sens mtaphysique ou
transcendant] ; et ainsi l'idal de la raison pure est-il l'objet d'une thologie
transcendantale."
[Dieu ainsi dfini est l'idal de la raison pure de toute ralit.]
(Fin de citation)
K526 "Ce dont le concept contient en soi la solution de tous les pourquoi, une
raison d'tre qui n'est en dfaut dans aucun domaine et d'aucun point de vue, qui
apporte une condition suffisante en tout registre, semble constituer par l mme l'tre
qui correspond l'absolue ncessit, puisque, par la manire dont il possde en lui-
mme toutes les conditions pour tout le possible, il n'a besoin lui-mme d'aucune
condition, n'est pas mme susceptible d'en avoir besoin, et par consquent satisfait
au moins dans une certaine mesure au concept de la ncessit inconditionne - ce
que ne peut faire aussi bien que lui nul autre concept"
Voir aussi :
Trois dductions problmatiques ;
Dialectique naturelle de la raison humaine : but ultime.
366
Car c'tait uniquement comme le concept de toute ralit que la raison la mettait au
fondement de la dtermination intgrale des choses en gnral, sans exiger que
toute cette ralit soit donne objectivement et constitue elle-mme une chose.
Cette dernire est une simple fiction travers laquelle nous rassemblons et ralisons
dans un idal, sous la forme d'un tre particulier, le divers compris dans notre Ide,
sans que nous en ayons le droit, ni mme sans que nous ayons celui d'admettre
sans plus de dtours la possibilit d'une telle hypothse.
La mme observation s'applique aussi toutes les consquences dcoulant d'un tel
idal [un tre unique, simple, autosuffisant, ternel, etc.], qui ne concernent en rien la
dtermination intgrale des choses en gnral (pour laquelle l'Ide seule tait
ncessaire) et qui n'ont pas sur elle la moindre influence.
[]
Ce pourquoi je demande comment la raison parvient considrer toute possibilit
des choses comme drive d'une unique possibilit qui en constitue le fondement, et
supposer ensuite celle-ci comme contenue dans un tre originaire particulier."
(Fin de citation)
Or, un objet des sens ne peut tre intgralement dtermin que s'il est compar avec
tous les prdicats du phnomne et s'il est reprsent par l'intermdiaire de ces
prdicats de faon affirmative ou ngative. [Voir Comprhension]"
(Fin de citation)
367
[cette abstraction du phnomne de l'exprience est considre abusivement
comme un noumne du phnomne rel]
et qu' travers ce tout du phnomne nous nous forgeons la pense d'une chose
singulire qui contient en soi toute ralit empirique [l'tre originaire] et qui alors, par
l'intermdiaire de la subreption transcendantale dj voque, est confondue avec le
concept d'une chose qui se situe au sommet de la possibilit de toutes les choses
[l'tre suprme], pour la dtermination complte desquelles c'est cette chose unique
qui fournit les conditions relles.
[Note *]
Cet idal de l'tre le plus rel de tous est en ce sens, quand bien mme il ne s'agit
que d'une simple reprsentation, d'abord ralis, c'est--dire transform en objet,
ensuite hypostasi et enfin, la faveur d'une progression naturelle de la raison vers
l'achvement de l'unit, personnifi, comme nous l'indiquerons bientt. L'explication
en est que l'unit rgulatrice de l'exprience repose, non sur les phnomnes eux-
mmes (sur la sensibilit seule), mais sur l'enchanement de la diversit qu'ils
contiennent par l'entendement (dans une aperception), et que par consquent l'unit
de la ralit suprme et la dterminabilit intgrale (possibilit) de toutes choses
semblent rsider dans un entendement suprme, donc dans une intelligence [celle
de l'tre suprme]."
(Fin de citation)
(Citation de K525)
"En dpit de ce besoin pressant qu'prouve la raison de supposer quelque chose qui
puisse servir compltement de fondement l'entendement pour la dtermination
intgrale de ses concepts [du monde], elle remarque pourtant beaucoup trop
facilement ce qu'a d'idal et de purement fictif une telle supposition pour pouvoir tre
persuade par cela seul d'admettre d'emble comme un tre effectivement rel une
simple crature engendre spontanment par sa pense,
[Kant attribue le concept d'tre originaire l'imagination humaine, et en reconnat
le caractre hypothtique et fictif]
368
si elle n'tait pas pousse par un autre biais rechercher quelque part un point o se
reposer dans la rgression allant du conditionn, qui est donn, vers l'inconditionn,
lequel, certes, n'est pas en soi et d'aprs son simple concept donn comme
effectivement rel, mais peut seul achever la srie des conditions rapportes leurs
fondements.
[L'homme a un besoin psychologique d'expliquer l'origine de l'Univers partir de
ses constatations actuelles, donc de lois naturelles d'volution.]
Or, c'est l le cours naturel que suit toute raison humaine []. Elle ne part pas des
concepts, mais de l'exprience commune, et elle prend donc pour fondement
quelque chose d'existant. Mais le sol qu'elle s'est ainsi donn s'effondre s'il ne
repose pas sur le roc immuable de l'absolument ncessaire [rgi par des lois de la
nature]."
(Fin de citation)
Les lois de la nature n'expliquent pas l'origine du monde et la raison de son existence
K525, la suite de la citation prcdente "Mais [ce roc immuable], son tour, flotte
sans point d'appui s'il y a encore un espace vide en dehors et au-dessous de lui, s'il
ne remplit pas lui-mme tout et ne laisse ainsi aucune place disponible pour le
pourquoi, c'est--dire s'il n'est pas infini quant sa ralit."
369
4. Mais le tout que rien ne vient limiter est unit absolue et implique le concept d'un
tre unique, savoir le concept de l'tre suprme ;
5. et ainsi la raison conclut-elle que l'tre suprme, en tant que fondement originaire
de toutes choses, existe d'une faon absolument ncessaire."
(Fin de citation)
Mais si nous prfrons "laisser toute cette affaire en suspens jusqu' ce nous soyons
contraints donner notre adhsion par le seul poids des arguments, c'est--dire s'il
s'agit uniquement de porter une apprciation sur ce que nous savons propos de ce
problme et sur ce que nous nous flattons seulement de savoir, le raisonnement pr-
cdent n'apparat plus alors [] dans une perspective si avantageuse et il a besoin
que la faveur vienne remplacer les titres de lgitimit qui lui manquent."
Suite de cette section : Preuves possibles de l'existence de Dieu (liste des 3).
370
Pour un matrialiste, la cause ultime est la matire, dont l'homme dduit une
ide et sa reprsentation.
Idalisme de Platon
Platon [49] dplore la difficult de raisonner correctement sur les objets et
phnomnes du monde physique, parce qu'ils changent sans cesse avec le temps
qui passe ou l'observateur, rendant ainsi alatoire la connaissance de la vrit.
S'inspirant de Pythagore [74], dont les nombres n'ont pas ce dfaut d'instabilit,
Platon a dcid de raisonner le plus possible sur des Ides (une ide tant une
abstraction, une essence, une chose en soi absolue, immuable et ternelle). Dans sa
doctrine idaliste, une ralit physique n'est qu'une manifestation particulire d'une
ide dans des circonstances donnes.
371
c'est--dire qu'il se demande seulement si l'exprience comporte des critres
certains qui la distinguent de l'imagination.
Or il est facile de lever ici ce doute et nous ne cessons de le faire dans la vie
courante en nous enqurant de la liaison des phnomnes selon les lois gnrales
de l'exprience : si la reprsentation des choses extrieures s'y conforme
entirement, nous ne pouvons douter que ces choses doivent constituer une
exprience vritable."
[La bonne comprhension des phnomnes traduits en reprsentations permet,
par induction, de formuler des lois d'volution de prvoyant les phnomnes
futurs ; si ces prvisions s'avrent exactes, nous postulons que notre
comprhension et nos lois sont correctes.]
(Fin de citation)
Idalisme matriel
Kant qualifie la doctrine de Descartes d'Idalisme problmatique (K282) et l'appelle
aussi Idalisme matriel
Idalisme empirique
Voir Dfinition de l'idalisme empirique.
Evque anglican, Berkeley [75] nie l'existence de toute ralit physique, donc de
toute matire. Il considre l'ide (la reprsentation mentale humaine) comme la seule
ralit, et affirme que son origine ultime est Dieu. Il considre l'espace comme une
abstraction humaine, une proprit de l'essence d'un objet ou phnomne, sans
existence physique. Sa doctrine, dogmatique, porte les noms d'Immatrialisme,
Idalisme subjectif ou Idalisme dogmatique. Elle affirme que tre, c'est tre
peru , les objets matriels n'tant en ralit que des perceptions humaines. Voir
Idaliste dogmatique, idaliste sceptique.
L'immatrialisme de Berkeley, adopt par exemple par Nietzsche [34] suite aux
thories fantaisistes de Boscovich [76], a abouti des absurdits physiques
contredisant, par exemple, les lois de Newton [115] et l'existence des atomes.
Mais il y a plus grave : attribuer tout ce qu'on voit et tout ce qu'on ne comprend
pas Dieu dispense de chercher une explication scientifique ou simplement
rationnelle. C'est une ngation de la science, donc aussi de la connaissance qui
permet l'homme d'agir sur la nature pour lutter contre la maladie, la famine, le
372
froid, etc. C'est une apologie de la passivit et de l'ignorance, une soumission
un dogmatisme contraire la dignit de l'homme.
Nietzsche [48] adhrait cette doctrine parce qu'il refusait toute science et toute
rationalit [34]. Je ne vois qu'une raison pour que Kant ne l'ait pas dnonce
vigoureusement dans la Critique de la raison pure, sachant qu'il est l'auteur d'un
des textes les plus clbres de tous les temps contre l'ignorance et l'absence de
rflexion, [25] : les consquences socitales ci-dessus sont hors de son sujet.
Pour Kant, l'idalisme est la doctrine du doute sur l'existence des objets externes
(Citation de [56b] 13 Remarque II pages 66-67)
[Les seuls tres qui existent sont les tres pensants]
"L'idalisme consiste soutenir qu'il n'y a pas d'autres tres que les tres pensants ;
les autres choses, que nous croyons percevoir dans l'intuition, ne seraient que des
reprsentations dans les tres pensants ;
[Noter le dans, qui veut dire dans l'esprit]
[L'idalisme nie tout lien entre ces reprsentations et des objets extrieurs rels]
ces reprsentations ne correspondrait aucun objet ayant une existence l'extrieur
de ces reprsentations.
[Voir aussi le cas particulier de l'Idalisme immatrialiste de Berkeley]
373
Toute connaissance obtenue par les sens et l'exprience est simple
apparence, et il n'est de vrit que dans les Ides de l'entendement et de la
raison pure .
[La connaissance est celle du Mythe de la caverne de Platon, un reflet
de la ralit qu'il faut reformuler sous forme d'Ides pures, seule ralit]
Le principe qui rgit et dtermine de part en part mon idalisme est au contraire le
suivant :
Toute connaissance des choses qui provient uniquement de l'entendement pur
ou de la raison pure est simple apparence et il n'est de vrit que dans
l'exprience .
[- La prise de conscience du sujet vient de l'aperception, pas l'intuition ;
- l'exprience n'est pas apparence, elle est objective ;
- enfin, c'est le jugement ultrieur qui peut tre trompeur.]
comment en suis-je donc venu me servir de ce terme dans une intention toute
oppose, et comment le critique en est-il venu le voir partout ? La solution de cette
difficult repose sur quelque chose que l'on aurait pu aisment, si on l'avait voulu,
dgager de l'ensemble de l'uvre [La Critique].
Mais eux, et c'est le cas de Berkeley en particulier, ils considraient l'espace comme
une reprsentation simplement empirique qui, [comme] les phnomnes qu'il
contient, ne nous est connu, avec toutes ses dterminations, que grce
l'exprience ou perception ;
En consquence, comme la vrit repose sur des lois universelles et ncessaires qui
en sont les critres, l'exprience chez Berkeley ne peut avoir de critres de vrit
puisqu'il n'a assign aux phnomnes de cette exprience rien d'a priori comme
principe ; il s'ensuit qu'ils ne sont qu'apparence, alors que pour nous, au contraire,
espace et temps (en conjonction avec les purs concepts d'entendement) prescrivent
a priori toute exprience possible sa loi, qui procure en mme temps le sr critre
qui permet de distinguer en elle la vrit de l' apparence.
374
[L'idalisme de Berkeley est idologique, celui de Kant est utilitaire]
L'idalisme proprement dit [celui des idalistes vritables ] a toujours eu une
intention visionnaire, et il ne peut mme en avoir d'autre ;
Mon idalisme [critique] est donc d'une espce tout fait particulire : il ruine
l'idalisme habituel, il est le premier procurer toute connaissance a priori, mme
celle de la gomtrie, une ralit objective que mme les ralistes les plus fervents
ne pourraient nullement soutenir dfaut de la dmonstration que j'ai donne de
l'idalit de l'espace et du temps.
En fait, sachant que cet idalisme est la doctrine avec laquelle il a dvelopp sa
philosophie transcendantale, on peut aussi l'appeler idalisme transcendantal :
K110 - "Je nomme transcendantale toute connaissance qui s'occupe en gnral
moins d'objets que de notre mode de connaissance des objets, en tant que celui-
ci doit tre possible a priori. Un systme de tels concepts s'appellerait
philosophie transcendantale."
375
dans le temps, il ne trouve nulle difficult les admettre comme des choses
relles ; bien plus, il soutient que cette exprience interne prouve suffisamment
par elle-mme et elle seule l'existence effective de son objet (en soi, avec
toute cette dtermination temporelle)."
alors il faut aussi que tous les corps ainsi que l'espace dans lequel ils se trouvent,
nous les rduisions de simples reprsentations en nous
et il faut qu'ils n'existent nulle part ailleurs que dans notre seule pense . N'est-ce
pas l manifestement l'idalisme?
[Position de l'idalisme de Kant : un monde extrieur existe, mais nous n'en voyons
que nos reprsentations]
Tout au contraire, moi, je dis : des choses nous sont donnes comme objets de nos
sens et existant hors de nous ; mais nous ne sommes informs que de leurs
apparitions, c'est--dire des reprsentations qu'elles produisent en nous en affectant
nos sens.
376
peuvent tre en elles-mmes, nous prenons connaissance grce aux reprsentations
que nous procure leur influence sur notre sensibilit ;
et c'est ces choses que nous donnons le nom de corps , mot qui signifie par
consquent simplement l'apparition de cet objet qui nous est inconnu, mais qui pour
autant n'en est pas moins rel. Est-on fond qualifier ceci d'idalisme ? C'en est
mme tout juste le contraire. []
Idalisme formel
Voir Idalisme formel.
Idalisme formel
[56b] 49 page 141 - Kant appelle aussi l'Idalisme transcendantal Idalisme formel :
"L'idalisme formel (que je nomme encore idalisme transcendantal) supprime
rellement l'idalisme matriel ou cartsien. Car, si l'espace n'est rien qu'une
forme de ma sensibilit, en tant que reprsentation en moi, il est tout aussi rel
que moi-mme, et il ne s'agit plus ds lors que de la vrit empirique des
phnomnes dans cet espace. S'il n'en est pas ainsi, mais si l'espace ainsi que
les phnomnes dans l'espace sont quelque chose qui existe hors de nous,
alors tous les critres de l'exprience en dehors de notre perception ne peuvent
jamais prouver la ralit de ces objets hors de nous."
Ralisme empirique
K377 "L'idaliste transcendantal peut [] tre un raliste empirique, par
consquent, comme on l'appelle, un dualiste, c'est--dire admettre l'existence de la
377
matire sans sortir de la simple conscience de soi, ni accepter quelque chose de plus
que la certitude des reprsentations en moi, par consquent que le cogito, ergo sum
[latin : je pense, donc j'existe]".
En effet, parce qu'il ne donne cette matire et mme sa possibilit
intrinsque que la valeur d'un phnomne qui, spar de notre sensibilit, n'est rien,
elle ne constitue chez lui qu'une espce de reprsentations (intuition) que l'on
appelle extrieures , non pas au sens o elles se rapporteraient des objets
extrieurs en soi, mais en tant qu'elles rapportent des perceptions l'espace dont
tous les lments existent les uns en dehors des autres, alors que l'espace lui-mme
est en nous."
378
[Malgr l'existence physique d'objets externes nos reprsentations ne sont que
des abstractions]
Reste que cet espace lui-mme, ainsi que ce temps et, avec eux, tous les
phnomnes ne sont pourtant pas, en eux-mmes, des choses, mais qu'ils ne
sont rien que des reprsentations et ne peuvent aucunement exister en dehors
de notre esprit ;
[Ma conscience de soi n'est pas ma personnalit (inaccessible), c'est une
interprtation d'une reprsentation de moi-mme dans mon esprit]
et mme l'intuition interne et sensible de notre esprit (intuitionn comme objet de
la conscience), dont la dtermination est reprsente par la succession de divers
tats dans le temps, n'est pas non plus le vritable Moi, tel qu'il existe en soi, ni
le sujet transcendantal, mais seulement un phnomne qui se trouve donn la
sensibilit de cet tre inconnu de nous.
[Ma reprsentation de moi-mme n'existe pas en tant que chose en soi, car elle
n'existe que pendant que j'en suis conscient, alors qu'une chose en soi est
conue indpendamment du temps]
L'existence de ce phnomne interne comme chose qui existerait ainsi en soi ne
peut pas tre accorde, puisque la condition en est le temps, lequel ne peut tre
une dtermination d'une quelconque chose en soi.
[Contrairement ma conscience de soi, lie mon sens interne, l'existence des
phnomnes perus par mon sens externe est certaine du fait de leur cohrence
dans l'espace et le temps et de leur conformit des lois empiriques]
Mais dans l'espace et dans le temps la vrit empirique des phnomnes est
assez garantie et elle se trouve suffisamment distingue de ce qui pourrait
l'apparenter au rve, ds lors que, dans les deux registres [espace et temps], ils
[les phnomnes] s'enchanent exactement et compltement, en se conformant
des lois empiriques, au sein d'une exprience.
[Conclusion : la ralit physique n'existe qu' travers notre exprience]
Les objets de l'exprience ne sont par consquent jamais donns en eux-
mmes, mais seulement dans l'exprience, et ils n'existent aucunement en
dehors de celle-ci."
(Fin de citation)
[Mais le postulat d'existence des objets extrieurs ne vaut pas certitude]
Il est impossible l'homme de prouver la ralit de ses reprsentations du
monde externe, car elles pourraient tre imagines et/ou dformes par sa
pense. En outre, tant subjectives, elles ne permettent pas le raisonnement et
la communication avec d'autres hommes comme des connaissances objectives.
[Ce qui chappe l'exprience peut tre considr comme n'existant pas]
Ce que l'homme ne peut connatre par exprience tant manifestement
inconnaissable, nous pouvons l'ignorer comme s'il n'existait pas, car nous ne
pouvons raisonner dessus. Mme s'il est impossible de dmontrer l'existence ou
l'inexistence d'une ralit externe indpendante des reprsentations de
phnomne, en pratique on peut ne prendre en compte que ces reprsentations,
constituant pour nous la ralit (K260).
L'homme se contente donc de connaissances bases sur une seule certitude :
J'existe en tant qu'tre pensant , et des reprsentations de phnomnes
externes fournies par son sens externe et sujettes erreurs.
379
Voir aussi : Ce qu'un sujet peut dduire du Je pense, selon Kant ; Ralit.
Pour complter sa connaissance du monde issue de ses reprsentations,
l'homme s'en construit des modles sous forme de lois de la physique, qui
dcrivent les objets des phnomnes [voir objet des sens], leurs relations et
leurs volutions : chaque loi infre une cause partir d'un effet, conformment
au dterminisme.
Ces lois sont bases sur le principe de la primaut des connaissances sur les
objets : l'homme postule que ses lois de la nature sont ce qu'elles paraissent tre
du fait des reprsentations des phnomnes.
Comme une telle loi n'est qu'une gnralisation par induction de constatations de
phnomnes, elle n'est pas certaine, c'est un postulat.
Cette loi postule peut tout moment tre remise en cause si une description
qu'elle fournit ou une volution qu'elle prdit s'avre fausse ou insuffisamment
prcise. Cette approche est la base de la mthode scientifique moderne : voir le
chapitre Le Rationalisme critique de Karl Popper [90] dans [12].
Voir aussi : Les Ides sont les causes efficientes de la nature Les croyances de
Kant.
La cause non sensible de ces reprsentations nous est totalement inconnue, et c'est
pourquoi nous ne pouvons l'intuitionner comme objet ; car il faudrait qu'un tel objet ne
380
soit reprsent ni dans l'espace ni dans le temps (en tant que ces derniers sont
simplement conditions de la reprsentation sensible) - conditions sans lesquelles
nous sommes incapables de penser la moindre intuition.
Voir aussi :
Ce qu'un sujet peut dduire du Je pense, selon Kant ;
Matrialisme et opposition avec l'Idalisme et le Ralisme ;
Les Ides sont les causes efficientes de la nature Les croyances de Kant ;
Rfutation de l'idalisme.
Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine) ;
Ralisme ;
Conceptualisme.
Idaliste (dfinition)
Voir Dfinition d'un idaliste.
381
Idaliste dogmatique, idaliste sceptique
Voir d'abord Dfinition d'un idaliste.
(Citation de K381-K382)
"L'idaliste dogmatique serait celui qui nie l'existence de la matire, l'idaliste
sceptique, celui qui la met en doute, parce qu'il la tient pour indmontrable.
Le premier peut faire sienne cette position simplement parce qu'il croit trouver
des contradictions dans la possibilit d'une matire en gnral []
[Voir Idalisme subjectif de Berkeley (Immatrialisme)]
L'idaliste sceptique, qui vise simplement le fondement de notre affirmation et
dclare insuffisante la faon dont nous nous sommes persuads de l'existence
de la matire, que nous croyons fonder sur la perception immdiate [] nous
contraint bien ouvrir les yeux, mme pour ce qui touche au plus petit pas de
l'exprience commune, et ne pas accepter immdiatement [] ce que nous ne
faisons peut-tre qu'obtenir par subreption.
[Ces objections] nous poussent puissamment, si nous ne voulons pas nous emptrer
dans nos affirmations les plus communes, considrer toutes nos perceptions, qu'on
les appelle intrieures ou extrieures, simplement comme une conscience de ce qui
se rattache notre sensibilit, et les objets extrieurs de ces perceptions, non
comme des choses en soi, mais seulement comme des reprsentations dont nous
pouvons avoir immdiatement conscience, comme de toute autre reprsentation,
mais qui sont dites extrieures parce qu'elles se rattachent ce sens que nous
nommons le sens externe, dont l'intuition est l'espace, lequel n'est cependant lui-
mme autre chose qu'un mode intrieur de reprsentation o certaines perceptions
tablissent entre elles des liens."
(Fin de citation)
La ralit extrieure notre esprit n'est accessible qu'en tant que reprsentations
(Citation de K376)
"Je ne peux [] proprement percevoir des choses extrieures, mais seulement,
partir de ma perception interne, conclure leur existence, en regardant cette
perception interne comme l'effet dont quelque chose d'extrieur moi est la cause la
plus prochaine. [Dtails]
382
[L'existence d'une ralit externe n'a que la certitude d'un raisonnement]
Du moins l'existence de ces derniers n'est-elle obtenue que comme conclusion d'un
raisonnement, et elle court le risque de toutes les conclusions, alors qu'au contraire
l'objet du sens interne (moi-mme avec toutes mes reprsentations) est peru
immdiatement et que son existence ne souffre pas le moindre doute."
(Fin de citation)
Kant considre donc, comme Platon [49], que la ralit extrieure n'est accessible
notre esprit qu'en tant que reprsentation, donc en tant qu'Ide. Or notre esprit tant
sujet toutes sortes d'erreurs, la ralit correspondant une reprsentation
extrieure que nous avons est douteuse : elle peut exister, ne pas exister ou tre
diffrente.
Cette incertitude ne concerne que la ralit de ce qui est seulement dans l'esprit ou
qui ne peut tre connu qu'en tant que phnomne de l'esprit, comme la ralit du
phnomne extrieur correspondant une reprsentation.
383
appel une relation cause extrieure consquence perue] mais qu'il ne peut
qu'y tre conclu comme la cause de perceptions donnes.
Donc, l'existence de tous les objets des sens externes est douteuse. Cette
incertitude, je la nomme l'idalit des phnomnes extrieurs, et la doctrine de
cette idalit s'appelle l'idalisme, par opposition comparative auquel
l'affirmation d'une possible certitude concernant les objets des sens extrieurs
est appele le dualisme [d'existence]."
(Fin de citation)
Conclusions :
L'idalisme est la doctrine du doute sur l'existence des objets externes.
Le dualisme d'existence (existe/n'existe pas) est l'oppos de l'idalit.
K124 - "Les explications que nous donnons enseignent par consquent la ralit
(c'est--dire la validit objective) de l'espace l'gard de tout ce qui peut s'offrir
nous extrieurement comme objet, mais en mme temps l'idalit de l'espace
l'gard des choses, ds lors qu'elles sont apprcies par la raison en elles-mmes
[en tant que Ides], c'est--dire sans que soit prise en compte la constitution de notre
sensibilit.
Nous affirmons en ce sens la ralit empirique de l'espace ( l'gard de toute
exprience externe possible), tout en affirmant son idalit transcendantale, c'est--
dire qu'il n'est rien ds que nous omettons la condition de la possibilit de toute
exprience. [] Nous admettons [l'espace] comme quelque chose qui est au
fondement des choses en elles-mmes."
K132 : note 50 page 698 - L'espace et le temps ont tous deux la fois une ralit
empirique et une idalit transcendantale.
384
Pour l'Idalisme transcendantal : les objets des sens ne sont que des phnomne
K138 - L'idalit des sens externe et interne fait des objets des sens de simples
phnomnes.
Sens externe et intuition d'espace. Toutes nos connaissances d'origine intuitive
ne sont que de simples relations dans l'espace entre des lieux, des mouvements
et des forces d'volution. Or travers ces relations on ne peut connatre ni
chose en soi, ni ralit intrinsque appartenant un objet physique.
Sens interne et intuition de temps. Le temps o nous situons les reprsentations
spatiales prcde la conscience que nous en avons et en est la condition
formelle pour les situer. La connaissance du temps contient des relations de
succession, de simultanit et de permanence. Prcdant les connaissances
spatiales, celle du temps est donc intuitive a priori.
Rponse de Kant
(Citation de [56b] 13 Remarque III page 68)
"La connaissance sensible ne reprsente pas du tout les choses telles qu'elles sont,
mais seulement la manire dont elles affectent nos sens,
[La formation sensible des reprsentations des phnomnes est un automatisme
qui exclut tout entendement, donc tout jugement de ces phnomnes.]
[donc] ce qu'elle donne la rflexion de l'entendement, ce n'est pas les choses elles-
mmes, mais simplement les phnomnes."
[La sensibilit est donc seulement l'origine de l'entendement, qui seul pense les
phnomnes. Et ce sont les phnomnes qu'il pense, pas les choses elles-
mmes.]
(Fin de citation)
385
Consquences
(Citation de [56b] 13 Remarque III pages 68-69)
"Lorsque le phnomne nous est donn, nous restons entirement libre de la
manire dont nous allons former notre jugement partir de ce phnomne.
Mais ce qui introduit la diffrence entre la vrit et le rve, ce n'est pas la nature des
reprsentations qui sont rapportes l'objet, puisque dans les deux cas elles sont
identiques, c'est leur connexion selon les rgles qui dterminent la cohrence des
reprsentations dans le concept d'un objet [c'est--dire leur conformit], et la mesure
dans laquelle elles peuvent ou non coexister dans une exprience [c'est--dire
l'absence de contradictions entre ces reprsentations]."
(Fin de citation)
Conclusion
Notre sensibilit nous donne une reprsentation du monde dont nous tirons des lois
dterministes qui expliquent chaque phnomne partir du pass et prdisent son
volution partir du prsent.
Sens de Ide donn par les Grecs (Platon, etc. : I majuscule dans ce texte)
Pour les Grecs l'Ide est ce que Kant appelle une Ide transcendantale, concept de
la raison pure. C'est une ralit d'un domaine suprieur (parfaite), intemporelle,
indpendante du monde physique et de l'homme. Kant confirme que, pour les Grecs,
c'est dans l'Ide que rside l'absolue ncessit, la matire n'tant que le substrat des
phnomnes :
K545 [C'est dans la pense de l'Ide] "que rsidait aussi, pour eux, l'absolue
ncessit."
386
(L'existence d'une Ide ne reposant sur aucun pralable, aucune cause
naturelle, est donc une ncessit absolue : elle a toujours exist
indpendamment d'un homme qui la conoit, et existera toujours.)
L'Ide serait un concept si celui-ci pouvait contenir toutes les informations d'une
description exhaustive parfaite d'un objet rel, ce qui est impossible. C'est parce
qu'ils croyaient une telle description possible pour le Dieu crateur (et lui seul) que
certains penseurs ont cru tort que Celui qu'ils imaginaient existait rellement : voir
Preuve ontologique et Idal.
K342 "Platon [49] se servait du terme d'Ide de manire telle qu'on voit bien qu'il a
compris par l quelque chose qui, non seulement n'est jamais emprunt aux sens,
mais va mme largement au-del des concepts de l'entendement dont se servait
Aristote [43], dans la mesure o jamais rien qui y corresponde ne se rencontre dans
l'exprience. Les Ides sont, chez Platon, des archtypes des modles originaux des
choses elles-mmes, et non pas simplement des clefs pour des expriences
possibles, comme le sont les catgories. Selon son opinion, elles dcoulaient de la
raison suprme, partir de quoi elles taient devenues partie intgrante de la raison
humaine"
K342-K343 "Platon trouvait ses Ides principalement dans tout ce qui est d'ordre
pratique, c'est--dire dans ce qui repose sur la libert."
Voir :
Reprsentation (diagramme) ;
387
Chose en soi ;
Noumne ;
Transcendantal ;
Ide selon Kant ;
Philosophes sensualistes et philosophes intellectualistes.
Dfinitions
Ide de la raison
(Citation de K350)
"J'entends par Ide un concept ncessaire de la raison auquel aucun objet qui lui
corresponde ne peut tre donn dans les sens.
[Pourquoi les ides sont indispensables la connaissance
K342 "Platon [49] remarquait trs bien que notre facult de connatre ressent
un besoin beaucoup plus lev que celui d'peler [nommer] simplement des
phnomnes en fonction d'une unit synthtique, pour pouvoir les lire comme
une exprience, et que notre raison s'lve tout naturellement des
connaissances allant beaucoup trop loin pour qu'un quelconque objet
susceptible d'tre fourni par l'exprience puisse jamais leur correspondre - mais
des connaissances possdant nanmoins leur ralit et ne se rduisant
nullement de simples chimres."]
[Les ides sont reprsentes par des concepts purs de la raison, appels de ce fait
ides transcendantales ]
Ainsi nos concepts purs de la raison, l'examen desquels nous procdons
actuellement, sont-ils des Ides transcendantales.
Ce sont l des concepts de la raison pure, dans la mesure o ils considrent toute
connaissance empirique comme dtermine par une totalit absolue des conditions.
Ils ne sont pas arbitrairement forgs, mais nous sont fournis par la nature mme de
la raison et se rapportent par consquent de faon ncessaire tout l'usage de
l'entendement.
Enfin, ils sont transcendants et dpassent les limites de toute exprience, dans
laquelle ne peut donc jamais intervenir un objet qui soit adquat l'Ide
transcendantale."
(Fin de citation)
K346 - Kant appelle aussi l'Ide concept rationnel issu de notions ou tre de raison.
388
L'ide est un concept intelligible
Une Ide est un concept intelligible dont la source est la raison. Il dcrit en
profondeur son objet en lui-mme, tel qu'issu de l'entendement pur, mais sans
affirmer sa ralit qui ne peut tre donne au sujet qui conoit l'Ide :
K350 "Quand on nomme une Ide, on dit normment quant l'objet (comme
objet de l'entendement pur), mais on dit trs peu quant au sujet (c'est--dire
concernant sa ralit sous une condition empirique), pour cette raison prcise
que comme concept d'un maximum [chose en soi], l'Ide ne peut jamais tre
donne d'une manire qui lui soit adquate."
La totalit absolue de tous les phnomnes n'est pas elle-mme une exprience
(Citation de [56] 40) "Toute exprience particulire en effet n'est qu'une partie de
la sphre totale de son domaine, or la totalit absolue de toute exprience possible
n'est pas elle-mme une exprience ;" (Fin de citation) - Le concept de totalit
absolue de toute exprience possible est donc une simple Ide, une abstraction.
389
objet des sens. Le noumne est dduit d'un phnomne et ne contient pas de
concept de valeur.
Voir aussi :
Diffrence entre l'Ide de Platon et celle de Kant ;
Ides cosmologiques (systme) ;
Chose en soi ;
Essence ;
Noumne.
Les Ides sont les causes efficientes de la nature Les croyances de Kant
Dfinition d'une Ide : voir Ide selon Kant (concept rationnel issu de notions).
Dfinition d'une cause efficiente : voir d'abord Les 4 causes d'Aristote.
(Citation de K344-K345, dlimite par des [numro.] pour l'interprtation qui suit)
[1.] "Toutefois, ce n'est pas seulement dans le registre o la raison humaine montre
une vritable causalit
[2.] et o les Ides deviennent des causes efficientes (des actions comme de leurs
objets), c'est--dire dans le registre moral,
[3.] mais c'est aussi vis--vis de la nature elle-mme que Platon [49] aperoit bon
droit des preuves transparentes de la manire dont l'origine s'en trouve dans des
Ides. Une plante, un animal, l'organisation rgulire de l'Univers [conformment au
390
dterminisme] (vraisemblablement aussi, par consquent, tout l'ordre de la nature)
montrent clairement qu'ils ne sont possibles que d'aprs des Ides ;
[4.] qu' vrai dire nulle crature individuelle, sous les conditions particulires de son
existence, ne correspond l'Ide de ce qu'il y a de plus parfait dans son espce (pas
davantage que l'homme ne correspond l'Ide de l'humanit, qu'il porte pourtant lui-
mme en son me comme modle de ses actions) ;
[5.] que cependant ces Ides sont dtermines pour chacune d'elles dans
l'entendement suprme, immuablement et compltement, qu'elles sont les causes
originaires de choses
[6.] et que seul l'ensemble constitu par leur liaison dans l'univers est pleinement
adquat l'Ide que nous en avons. []
[7.] l'lan de l'esprit par lequel le philosophe s'lve de la considration de la copie
que constitue, dans sa dimension physique, l'ordre du monde jusqu' la liaison
architectonique de cet ordre d'aprs des fins, c'est--dire d'aprs des Ides,
[8.] est un effort qui mrite d'tre respect et imit.
[9.] Mais l'gard de ce qui a trait aux principes de la morale, de la lgislation et de
la religion, o c'est partir des Ides que l'exprience elle-mme (celle du bien)
devient possible, quand bien mme elles ne peuvent jamais s'y trouver entirement
exprimes, cet effort a un mrite tout particulier"
(Fin de citation)
Dans ce court passage, Kant expose ses croyances partir du concept d'Ide :
1. La raison humaine a une facult de causalit, aptitude imaginer par induction
les causes des phnomnes naturels partir d'expriences, et des penses
humaines partir d'observations de raisonnements.
2. Les causes efficientes des actions des hommes et de leurs valeurs sont des
abstractions : les Ides.
3. Selon Kant, Platon a raison de croire que l'existence du monde et ses lois
physiques d'volution ont aussi pour origines des Ides. Il trouve des preuves
videntes de cette doctrine dans l'harmonieuse organisation des plantes,
animaux et objets de la Terre et de l'Univers, organisation qui ne peut tre due
qu' l'existence d'Ides directrices. Comme Platon, Kant affirme l une doctrine
tlologique du monde.
4. Aucune crature ne correspond parfaitement l'idal de son espce. L'homme
lui-mme ne correspond pas au modle idal de l'humanit qu'il porte en son
cur.
5. Les Ides, causes originaires des choses, ont pour origine la volont de l'Etre
suprme et elle seule. Voir aussi :
Matrialisme et opposition avec l'Idalisme et le Ralisme ;
Positions parfois contradictoires de l'Eglise catholique sur la cration divine
du monde et l'volutionnisme darwinien [113].
6. Nous pouvons comprendre l'Univers, mais seulement l'aide d'un modle bas
sur les Ides et leurs relations.
7. Le monde physique, ses objets et ses lois sont des copies de leurs Ides
d'origine, elles-mmes dfinies par l'Etre suprme selon ses objectifs.
391
8. Un philosophe doit lever sa pense du monde terrestre au monde des Ides, et
chaque homme devrait le respecter et l'imiter.
9. L'exprience du bien n'est possible qu'en postulant des Ides bonnes, mme si
leur ralisation parfaite est impossible : c'est l un effort particulirement mritant.
Kant pouvait croire tout cela par cohrence avec son Principe de la primaut de la
connaissance sur les objets (doctrine), principe applicable aussi aux connaissances
du "majestueux difice de la morale" (K345).
Voir aussi Arguments de Kant pour une thologie base sur un Dieu transcendantal.
Voir aussi :
Principaux arguments de cette preuve en faveur d'une doctrine tlologique ;
Concept rsultant : Dieu transcendantal, origine de l'unit de toute ralit
empirique.
Morale : s'il n'y a ni Dieu crateur ni libre arbitre, les rgles morales ne s'imposent
pas (K457)
Voir aussi :
Kant et le problme de choix de la primaut entre les connaissances et les
objets ;
392
Autre utilit d'une doctrine de l'me : protger le Moi pensant contre le
matrialisme ;
Ide simple
Voir La connaissance incomplte d'un phnomne est "simplement une Ide".
Ide transcendantale
Ide transcendante
K514 et pages suivantes - Dialectique transcendantale / Des raisonnements
dialectiques de la raison pure / Remarque conclusive sur toute l'antinomie de la
raison pure
(Citation de K514)
[Ides transcendantales et cosmologiques]
"Aussi longtemps que nous n'avons pour objets, travers nos concepts de la raison,
que la totalit des conditions prsentes dans le monde sensible et ce qui, par rapport
celles-ci, peut servir la raison, nos Ides sont certes transcendantales, mais
nanmoins cosmologiques.
[Si l'inconditionn est hors du monde sensible, les Ides sont transcendantes]
En revanche, ds que nous situons l'inconditionn (dont pourtant il s'agit
proprement parler) dans ce qui est tout fait en dehors du monde sensible, par
consquent en dehors de toute exprience possible, les Ides deviennent
transcendantes :
393
La contingence des phnomnes conduit la recherche d'un tre absolument
ncessaire
(Citation de K514-K515)
"L'existence des phnomnes, qui n'est nullement fonde en soi-mme, mais qui est
toujours conditionne, nous invite nous mettre la recherche de quelque chose de
distinct de tous les phnomnes, qui soit par consquent un objet intelligible
travers lequel cette contingence cesse.
[]
Puisque nous n'apprenons connatre le contingent que par l'intermdiaire de
l'exprience, mais qu'il est ici question de choses qui ne doivent absolument pas tre
des objets de l'exprience, nous serons forcs d'en driver la connaissance partir
de ce qui est en soi ncessaire, partir de concepts purs des choses en gnral.
[Nous chercherons donc un tre absolument ncessaire], ainsi qu' driver des
concepts de cet tre les concepts de toutes les choses en tant qu'elles sont
purement intelligibles;"
(Fin de citation)
Objet de l'antinomie de la raison pure : exposer les principes d'une cosmologie pure
K418 "Tout comme les paralogismes constituaient le soubassement d'une
psychologie dialectique, l'antinomie de la raison pure exposera les principes
transcendantaux d'une prtendue cosmologie pure (rationnelle), non pas pour la
trouver valide et se l'approprier, mais, ainsi que l'indique dj la dnomination qui
dsigne ici un conflit de la raison, pour la prsenter dans son apparence
blouissante, mais fausse, comme une Ide qui ne se peut accorder avec des
phnomnes."
dans cette mesure elle est donc immanente et non transcendante, par suite, jusque
l ce n'est pas encore une Ide ;
alors qu'au contraire penser l'me comme une substance simple revient dj
penser un objet (le simple) tel qu'il ne peut tre reprsent aux sens.
394
Nanmoins, l'Ide cosmologique tend tellement la liaison entre le conditionn et sa
condition (que celle-ci soit mathmatique ou dynamique) que l'exprience ne peut
jamais l'galer et, de ce point de vue, c'est toujours une Ide dont l'objet ne peut
jamais tre donn adquatement dans aucune exprience."
(Fin de citation)
395
"La raison dveloppe cette exigence en suivant ce principe : si le conditionn est
donn, se trouve donne aussi la somme entire des conditions, et par consquent
l'absolument inconditionn par lequel seulement le conditionn tait possible."
396
j'appellerai progressive celle qui, du ct du conditionn, va de la consquence la
plus proche vers les plus loignes [donc du prsent vers l'avenir]. La premire
procde par antcdents, la seconde par consquences.
Le temps est en soi une srie (et la condition formelle de toutes les sries), et il y a
donc lieu d'y distinguer a priori, relativement un prsent donn, le pass comme
conditions [de ce prsent dont il est la consquence]. Par consquent, l'Ide
transcendantale de la totalit absolue de la srie des conditions, vis--vis d'un
conditionn donn, porte seulement sur l'ensemble du temps pass."
(Fin de citation)
Raisonnement sur les mesures d'un objet dans le temps et l'espace : la quantit
(Citation de K420-K421 - Remarque 1)
1. "D'aprs l'Ide de la raison, tout le temps coul, en tant que condition du
moment donn, est ncessairement pens comme donn.
2. En revanche, pour ce qui concerne l'espace, il n'y a en lui, considr
intrinsquement, nulle distinction possible entre progression et rgression, parce
qu'il constitue un agrgat, et non une srie, dans la mesure o ses parties sont
[prsentes] toutes ensemble en mme temps.
[Le raisonnement qui suit considre un objet dans l'espace comme un agrgat de
parties, chacune associe la condition d'exister en tant que partie distincte de
l'objet sans espace commun avec une autre partie.]
3. Le moment prsent, je saurais, par rapport au temps pass, le considrer comme
conditionn, mais jamais comme condition de celui-ci []
4. Mais, tant donn que les parties de l'espace sont non pas subordonnes les
unes aux autres, mais coordonnes entre elles, une partie n'est pas la condition
de possibilit de l'autre, et [l'espace] ne constitue pas en lui-mme, comme c'est
le cas du temps, une srie.
5. Simplement, la synthse des diverses parties de l'espace, travers laquelle nous
l'apprhendons, est tout de mme successive, donc elle se produit dans le temps
et contient une srie [chronologique].
[Un objet dans l'espace extrieur est en gnral apprhend en plusieurs
perceptions successives dont l'esprit fait spontanment la synthse.]
397
6. Et puisque, dans cette srie des espaces agrgs (par exemple, celle des pieds
dans une perche), telle qu'elle part d'un espace donn,
[Kant prend, comme exemple d'une suite ordonne d'espaces vus
successivement, les parties de longueur 1 pied d'une perche de saut en hauteur
dlimites par des traits de couleur.]
7. ceux qu'on y ajoute par la pense sont toujours la condition de la limite des
prcdents, la mesure d'un espace doit aussi tre considre comme une
synthse d'une srie de conditions relativement un conditionn donn ;
[La mesure d'une longueur d'objet, nombre de fois qu'elle contient la longueur
prise pour unit, implique une synthse d'ajouts successifs d'un lment adjacent
l'lment unitaire initial, synthse dont le rsultat mesure l'objet.
Dans la suite de son raisonnement, Kant considre qu'une mesure est le rsultat
d'une suite de synthses qui ajoutent la mesure initiale, gale 1 unit, une
unit supplmentaire ; la mesure globale est alors une condition synthtisant
toutes les conditions lmentaires exigeant l'ajout d'une unit.]
8. simplement, le ct des conditions n'est pas intrinsquement distinct du ct o
se trouve le conditionn, et par consquent rgression et progression semblent,
dans l'espace, se confondre.
[La longueur trouve par la synthse (en fait simple dnombrement) ne dpend
pas de l'ordre de ce dnombrement : du haut de la perche vers le bas, ou
l'inverse.]
9. Par rapport la dlimitation, la progression est donc aussi, dans l'espace, une
rgression, et l'Ide transcendantale de la totalit absolue de la synthse dans la
srie des conditions concerne aussi l'espace : je peux m'interroger aussi bien sur
la totalit absolue du phnomne dans l'espace que sur sa totalit dans le temps
coul."
[Par rapport un objet entier, la mesure de sa longueur (dans l'espace ou dans le
temps coul du dbut de la perception de l'objet sa fin) peut s'effectuer en
divisant par la pense l'objet en parties successives de longueur unit, chacune
munie de sa condition d'ajout aux autres ; en passant ainsi de la totalit de l'objet
ses parties, on effectue une rgression.]
(Fin de citation)
398
Toutes ces conditions, internes et externes l'objet, dfinissent une synthse
rgressive qui reprsente la matire de l'objet aprs analyse. Il est clair qu'une
connaissance complte de l'objet exige une connaissance intgrale de sa
matire, avec toutes ses conditions, la dcomposition de la matire devant aller
jusqu'aux lments simples pour une comprhension complte de l'objet.
Cette analyse de la matire d'un objet, oriente vers sa comprhension,
comprend donc, un ensemble de conditions et une progression vers
l'inconditionn (le simple).]
Car des accidents (en tant qu'ils sont inhrents une substance unique) sont
coordonns les uns aux autres et ne forment pas une srie. Mais pour ce qui est de
leur rapport la substance, ils ne lui sont pas proprement subordonns : ils sont en
fait la manire que la substance mme a d'exister.
Ne reste donc disponible que la catgorie de causalit, qui fournit pour un effet
donn une srie de causes o l'on peut remonter de cet effet (en tant qu'il constitue
le conditionn) ses causes comme conditions et rpondre la question de la
raison."
(Fin de citation)
399
[Les jugements de modalit (voir catgories) doivent toujours respecter le
dterminisme : ce que l'homme juge contingent, s'il existe, rsulte en fait d'une
srie de causes successives constituant une ncessit inconditionne.
En outre, qu'un concept de jugement provienne de l'entendement ou de la
raison, les types de rapport qu'il peut avoir avec le sujet qui juge sont les
mmes : Possibilit / Impossibilit ; Existence / Non-existence ;
Ncessit / Contingence.]
K454 "Ces affirmations sophistiques sont autant d'essais pour rsoudre quatre
problmes naturels et invitables de la raison : au reste ne peut-il y en avoir que ce
nombre, ni plus ni moins, puisqu'il n'y a pas plus de sries de suppositions
synthtiques qui dlimitent a priori la synthse empirique."
[Ces 4 Ides cosmologiques sont : la totalit, la ralit, la causalit et la
ncessit inconditionne.]
Ces quatre Ides cosmologiques sont rsumes dans K423 par quatre compltudes
absolues de la totalit donne :
La totalit dans 1 - composition ;
La ralit (matire) dans 2 division ;
La causalit dans 3 gense ;
La ncessit inconditionne dans 4 - dpendance de l'existence.
1.
L'absolue compltude de la
composition
de la totalit donne de tous les phnomnes
2.
3.
L'absolue compltude de la
L'absolue compltude de la
division
gense
d'une totalit donne dans le
d'un phnomne en gnral
phnomne
4.
L'absolue compltude de la
dpendance de l'existence
de ce qu'il y a de changeant dans le phnomne
400
Ne pas confondre Totalit des conditions et Totalit des choses en gnral
(Citation de K423)
"L'Ide de la totalit absolue [des conditions] ne concerne rien d'autre que
l'exposition des phnomnes, [] elle ne concerne pas le concept pur de
l'entendement qui porte sur une totalit des choses en gnral.
Or, cet inconditionn est toujours contenu dans la totalit absolue de la srie, quand
on se la reprsente dans l'imagination.
Seulement, cette synthse absolument acheve n'est pour sa part qu'une Ide : on
ne peut en effet savoir [] l'avance si une telle synthse est possible aussi du ct
des phnomnes.
Or, dterminer si cette compltude est possible dans le registre sensible, cela
demeure un problme.
[L'esprit ne peut savoir si la reprsentation de synthse qu'il a forme en
mmoire de travail est ou non complte par rapport la ralit inaccessible.]
Reste que l'ide de cette compltude est cependant inscrite dans la raison,
indpendamment de la possibilit ou de l'impossibilit d'y rattacher adquatement
des concepts empiriques.
401
[Les deux possibilits pour penser l'inconditionn de la srie rgressive]
Cet inconditionn [d'une synthse rgressive peut tre pens] de deux manires :
(voir d'abord Progression l'infini (in infinitum) ou progression illimite (in
indefinitum) : dfinitions)
[Soit c'est une srie entire de phnomnes donne, et la rgression est infinie]
Ou bien on le pense comme consistant uniquement dans la srie tout entire,
dont par consquent tous les membres sans exception seraient conditionns et
dont seule la totalit qu'ils forment serait inconditionne - et dans ce cas la
rgression est dite infinie ;
La srie est [alors] sans limites (sans commencement), c'est--dire infinie, et
cependant entirement donne, mais la rgression n'y est jamais compltement
acheve et ce n'est que de manire potentielle qu'elle peut tre dite infinie.
[Soit c'est une rgression faire pas pas partir du prsent]
Ou bien l'absolu inconditionn est seulement une partie de la srie [dont] les
autres membres [] sont subordonns, mais qui elle-mme n'est soumise
aucune autre condition.
[Les divers types de dbut de la srie de conditions d'un inconditionn]
Il y a [alors] un premier terme de la srie, qui :
Par rapport au temps coul, s'appelle le commencement du monde ;
Par rapport l'espace, la limite du monde ;
Par rapport aux parties d'une totalit donne dans ses limites, le simple ;
Par rapport aux causes, l'absolue spontanit (la libert [le hasard]) ;
Par rapport l'existence de choses soumises au changement, l'absolue
ncessit de la nature."
(Fin de citation)
Voir Rgression l'infini.
Monde et nature
A ce point de son expos sur le systme des Ides cosmologiques, Kant prcise ce
qu'il entend par monde et nature.
Rappel de dfinitions
K448 - Le monde sensible est la totalit des phnomnes dont la perception est
possible ( l'instant prsent).
K513 "Le monde sensible ne contient rien d'autre que des phnomnes, mais
ceux-ci sont de simples reprsentations qui, leur tour, sont toujours conditionnes
de faon sensible ;"
402
Diffrences entre Monde et Nature dfinis tous deux comme totalit des
phnomnes
(Citations de K425)
[Monde : totalit mathmatique pour une synthse par composition ou division]
[Monde] "signifie la totalit mathmatique de tous les phnomnes et la totalit
de leur synthse, en grand aussi bien qu'en petit, c'est--dire dans
l'accomplissement progressif de cette synthse aussi bien par composition que
par division."
"Par monde, se trouve compris l'ensemble global de tous les phnomnes".
"Nos Ides [cosmologiques] ne visent [] l'inconditionn que parmi les
phnomnes, en partie aussi parce que :
le terme de monde, au sens transcendantal, signifie l'absolue totalit de
l'ensemble global des choses existantes
et que nous visons seulement la compltude de la synthse (mme si
c'est uniquement, proprement parler, en rgressant vers les
conditions)."
Remarque : "Le Tout absolu de toute exprience possible n'est pas lui-mme
une exprience" ([56b] 40 pages 126-127)
[Nature : totalit dynamique pour l'unit dans l'existence des phnomnes]
"Ce mme monde reoit le nom de nature en tant qu'il est considr comme une
totalit dynamique et que l'on a en vue, non pas l'agrgation dans l'espace ou
dans le temps [du sens mathmatique] pour la mettre en uvre comme une
grandeur, mais l'unit dans l'existence des phnomnes."
Nature a deux sens :
Adjectivement (formaliter) : un sens dterministe indiquant la succession des
dterminations d'une chose due aux volutions physiques, toujours
conformes au principe de causalit.
Substantivement (materialiter) : un sens d'ensemble global des phnomnes
"en tant qu'ils forment un ensemble systmatique complet en vertu d'un
principe interne de la causalit."
[Interne veut dire rgissant la nature en tant que telle.]
[K501 - "Cette loi par laquelle seulement des phnomnes peuvent
constituer une nature et fournir les objets d'une exprience, c'est une loi de
l'entendement par rapport laquelle il n'est permis sous aucun prtexte de
faire un cart ni d'riger un quelconque phnomne en exception."
La nature est l'ensemble de tous les phnomnes du monde, ensemble
formant un systme complet rgi par une causalit interne.]
(Fin des citations)
Autre dfinition de nature, employe par Kant propos du Principe logique des
genres
K566 "La nature (par quoi j'entends ici uniquement les objets qui nous sont
donns)".
403
Rgression mathmatique et rgression dynamique
Voir d'abord : Rgression - Rgression empirique - Rgression l'infini.
Voir aussi : Conclusion sur le monde (totalit des phnomnes) : ce concept n'est
pas possible.
404
Le conditionn, dans l'existence en gnral, se nomme contingent, et
l'inconditionn ncessaire.
[Lorsqu'on admet qu'un objet est soumis des conditions d'existence, il pourrait
exister ou non : il est alors contingent ; l'ensemble des conditions du phnomne
(l'inconditionn) est videmment ncessaire, car il n'existe pas de condition qui
n'en fasse pas partie.
Toutefois, la ralit physique est toujours soumise au principe d'identit [32].]
La ncessit inconditionne des phnomnes peut tre appele ncessit
naturelle."
(Fin de citation)
Ides psychologiques
Source : [56b] 46 pages 135 et suivantes
[56b] 46 page 135 - "On a remarqu qu'en toutes substances le sujet proprement
dit, c'est--dire ce qui reste une fois tous les accidents mis part (comme prdicats),
par consquent le substantiel lui-mme, nous est inconnu, et ces bornes de la
pntration [de notre entendement] ont t maintes fois dplores."
Attribuer un sujet tout prdicat, puis considrer ce sujet son tour comme prdicat
(Citation de [56b] 46 pages 135-136)
"La raison pure exige que nous cherchions pour chaque prdicat d'une chose le sujet
qui lui revient, puis pour ce dernier qui, ncessairement, n'est son tour que
prdicat, son sujet, et ainsi de suite l'infini (ou du moins aussi loin que nous
parvenons).
405
Tout sujet ainsi atteint en remontant la chane explicative ne peut tre ultime
Mais il s'ensuit que nous ne devons tenir pour sujet ultime rien que nous puissions
atteindre et que si profonde soit la pntration de notre entendement, mme si toute
la nature lui tait dcouverte, il n'est jamais capable de penser le substantiel lui-
mme ;
car tous les prdicats du sens interne se rapportent au Moi comme sujet et ce Moi ne
peut plus tre encore pens comme prdicat de quelque autre sujet [car c'est un
concept de base, a priori par dfinition].
Ainsi il semble qu'ici soit donne dans l'exprience l'intgralit dans la relation un
sujet des concepts donns comme prdicats, sujet qui n'est pas simple Ide, mais
bien l'objet, c'est--dire le sujet absolu lui-mme.
Mais cette attente est due. Car le Moi n'a rien d'un concept, c'est uniquement la
dsignation de l'objet du sens interne, en tant que nous ne pouvons le connatre au
moyen d'aucun prdicat ;
en consquence, il est vrai qu'en lui-mme il ne peut tre le prdicat d'une autre
chose, mais il ne peut pas davantage non plus tre un concept dtermin d'un sujet
absolu ;
comme dans les autres cas, il est seulement la relation des phnomnes internes au
sujet inconnu.
Nanmoins cette Ide (fort utilisable comme principe rgulateur pour rduire nant
toutes les explications matrialistes des phnomnes internes de notre me) donne
lieu, par un malentendu tout fait naturel, un argument trs spcieux permettant
de conclure de cette prtendue connaissance du substantiel de notre tre pensant
sa nature, en tant que la connaissance de cette nature tombe tout fait en dehors de
l'ensemble de l'exprience."
406
[En prenant en compte dans son raisonnement le concept imprcis d'me, et en
supposant que l'esprit humain et sa conscience ne peuvent s'expliquer partir
de considrations matrialistes, Kant se trompe ; voir les articles :
Interprtation - Processus de la conscience
Conscience - Conscience de
Kant a cependant raison de rejeter la dduction de la psychologie cognitive
(nature humaine) du substantiel.]
(Fin de citation)
Ide thologique
mais elle effectue une rupture complte et partir des simples concepts de ce qui
constituerait l'intgralit absolue d'une chose en gnral,
par consquent grce l'Ide d'un Etre originaire suprmement parfait,
[tre crateur du monde, purement imaginaire]
L'homme a imagin cet tre originaire pour expliquer l'existence et l'ordre du monde
(Citation de [56b] 55 page 157, la suite de la citation prcdente)
"Cela tant, la simple supposition d'un Etre qui, bien qu'il ne soit pas pens dans la
srie de l'exprience, est nanmoins pens en vue de l'exprience pour permettre
d'en concevoir la connexion, l'ordre et l'unit, supposition en quoi consiste l'Ide,
407
Pour finir la 4me partie des Prolgomnes, lire :
Les Ides transcendantales rgulent l'usage de l'entendement.
Mais cette intgralit ne peut tre qu'une intgralit des principes, et non pas celle
des intuitions et des objets.
(Voir Logique (chez Kant) : d'usage gnral, d'u. appliqu, transcendantale.)
408
Problmatique de la Dialectique transcendantale
K354 - La raison qui se trompe par dialectique transcendantale, "s'lve en partant
de la synthse conditionne [de l'apprhension] laquelle l'entendement demeure
toujours attach, jusqu' une synthse inconditionne qu'il ne peut jamais atteindre."
Voir :
Problmatique du conditionn et de l'inconditionn ;
Concepts de la raison pure / Des Ides transcendantales ;
Paralogismes de la raison pure : apparence transcendantale et classement.
Pour trouver ces trois sortes de raisonnements, Kant considre les mcanismes de
synthse de connaissances d'un sujet qui produisent des reprsentations dans son
esprit. Il ne peut y avoir que les 3 mcanismes suivants :
la synthse du sens interne ;
la synthse du sens externe ;
la synthse de la raison pure.
Voir aussi :
Paralogismes de la raison pure : apparence transcendantale et classement ;
Les 3 sortes de causalits et les concepts purs de la raison correspondants.
409
Les 3 classes d'Ides transcendantales, correspondant aux 3 formes de ces Ides
Kant dduit de l'existence des 3 classes de rapports prcdentes les concepts de
synthse correspondants qui constituent les Ides transcendantales :
410
empirique : en fait, une telle esquisse est exclusivement un pur et authentique
produit de la raison pure, autrement dit un problme relevant de celle-ci."
(Fin de citation)
La dduction objective est possible pour les catgories, pas pour des Ides
transcendantales
K355 "De ces Ides transcendantales n'est possible proprement parler nulle
dduction objective du type de celle que nous avons pu fournir propos des
catgories. Car elles n'ont en fait aucune relation un quelconque objet qui puisse
tre donn de manire leur correspondre, prcisment parce qu'elles ne sont que
des Ides. En revanche, [est possible] leur drivation subjective partir de la nature
de notre raison ;"
K355 "Ainsi les Ides transcendantales ne servent-elles qu' s'lever dans la srie
des conditions jusqu' l'inconditionn, c'est--dire aux principes."
(Lorsque la raison effectue sa synthse d'unit rationnelle, elle prend en compte
toutes les conditions, crant ainsi une connaissance la plus complte possible,
c'est--dire la plus proche de l'inconditionn ; cette connaissance relve alors
des seuls principes de la raison pure.)
411
sert pourtant leur procurer, outre la plus grande extension, la plus grande unit."
(Fin de citation)
Concepts du monde
Les concepts du monde sont des Ides cosmologiques.
K425 "Eu gard au fait qu'en outre ces Ides [cosmologiques] sont toutes
transcendantes et que, bien qu'elles ne dpassent pas l'objet, c'est--dire les
phnomnes, quant l'espce, mais aient exclusivement affaire au monde sensible
(et non pas aux noumnes), elles poussent nanmoins la synthse jusqu' un degr
qui dpasse toute exprience possible, on peut toutes les appeler, mon avis de
faon parfaitement approprie, des concepts du monde."
K459 Un philosophe empiriste sait qu' travers les ides transcendantales "on ne
peut rien connatre, sauf que l'on ne sait rien".
412
En divisant les connaissances accessibles un sujet en 3 classes (soi-mme, le
monde qu'il peroit, et l'Univers avec son Etre suprme crateur) on s'aperoit
que la raison lui permet de dcrire de faon rationnelle, en utilisant ses facults
de perception, d'intuition, d'entendement et de raison, tout ce que sa science lui
aura permis de dcouvrir de la nature.]
Tout ce dont cette science se proccupe par ailleurs lui sert uniquement de moyen
pour parvenir ces Ides et leur ralit. Elle n'en a pas besoin en vue de la
connaissance de la nature, mais pour aller au-del de la nature. Les pntrer ferait
que la thologie, la morale et, travers leur mise en liaison, la religion, par
consquent les fins les plus leves de notre existence, dpendraient simplement du
pouvoir spculatif de la raison, et de rien d'autre. Dans une reprsentation
systmatique de ces Ides, l'ordre que l'on a indiqu, en tant que synthtique, serait
le plus appropri ; mais dans l'effort d'laboration qui doit ncessairement prcder
la reprsentation systmatique, l'ordre analytique, qui inverse l'ordre systmatique,
est plus adquat au but vis, qui consiste accomplir notre vaste plan en allant de
ce que l'exprience nous fournit immdiatement, la psychologie, la cosmologie et,
partir de l, jusqu' la connaissance de Dieu."
(Fin de la note)
[Kant affirme l que la mtaphysique, effort pour dpasser la science, doit
prciser les Ides la base des fins les plus leves de l'homme : Dieu, la
libert et l'immortalit. La raison de l'homme doit lui permettre d'y parvenir, et ce
sans recourir des dogmes, comme Kant l'crit dans Quest-ce que les
Lumires ? [25]. Sa recherche peut partir de l'exprience accessible en tudiant
la psychologie et la cosmologie, pour aller vers la connaissance de Dieu.
Personnellement, je ne vois pas comment une telle dmarche rationnelle peut
fournir une connaissance de Dieu, concept mon avis minemment subjectif et
indfinissable avec assez de prcision pour une apprhension autrement que
par le sentiment individuel]
(Fin de citation)
413
moins tre accepts comme possibles, principes qui, s'ils ne trouvaient pas devant
eux un tel espace [l'espace des objets de l'entendement pur] pour l'attente et
l'esprance qui leur sont ncessaires, ne sauraient accder cette universalit dont
la raison a absolument besoin pour sa fin morale."
et elle conduit au concept d'une cause par libert, donc d'une intelligence suprme.
414
(Citation de [56b] 60 page 181)
"L'utilit pratique que peut avoir une science simplement spculative se situe en
dehors des limites de cette science ; elle ne peut donc tre considre que comme
un scolie, et pas plus qu'aucun scolie, elle ne fait partie de la science elle-mme.
[Ces Ides ne concernent que la compltude des conditions d'un conditionn donn]
mais dans chacune de celles-ci, elles ne concernent que la compltude absolue de
la srie des conditions pour un conditionn donn.
Cette antinomie qui, loin d'tre controuve, se fonde dans la nature de la raison
humaine, et qui, de ce fait, est invitable et n'a jamais de fin, comporte les quatre
thses suivantes avec leurs antithses :
415
1 [voir aussi Ides transcendantales : 1er conflit]
Thse :
Selon le temps et l'espace, le monde a un commencement (une limite).
Antithse :
Selon le temps et l'espace, le monde est infini.
416
(Citation de [56b] 52 pages 144-145)
[1re condition]
"Si, comme il arrive d'ordinaire, nous pensons les phnomnes du monde sensible
comme s'ils taient les choses en elles-mmes,
[2me condition]
si,
ce qui n'est pas moins habituel et ce qui est mme invitable en l'absence de
notre critique,
nous admettons que les principes de leur liaison [par des lois de causalit de la
nature] valent de faon gnrale pour les choses considres en elles-mmes et non
pas simplement pour l'exprience,
puisque thse et antithse peuvent l'une et l'autre tre tablies par des preuves
galement lumineuses et irrsistibles"
(Fin de citation)
Or tel est effectivement le cas ici o il s'agit de quatre Ides naturelles de la raison,
d'o naissent d'une part quatre assertions et d'autre part autant d'assertions
opposes, chacune tant correctement conclue de principes universellement
reconnus."
[Complment : voir dans Objection la diffrence entre objections dogmatique,
critique et sceptique.]
417
(Fin de citation)
[56b] 52b page 146 "Deux propositions qui se contredisent ne peuvent tre toutes
deux fausses, sauf si le concept qui les fonde toutes deux est lui-mme
contradictoire ;"
Exemples :
Dmonstration de l'indcidabilit de la question de l'infinit du monde ;
Dmonstration de l'indcidabilit de la question de la division en parties simples ;
418
L'espace et le temps, abstractions pures, sont infinis ;
L'espace est continu, d'un seul tenant, et prsent partout, dans et entre
les objets ;
Le temps est continu, d'un seul tenant et infini vers le pass comme
vers l'avenir ;
Un objet rel a une position dans l'espace o il occupe un certain
volume qui a une certaine forme, et sa ralit est dfinie une certaine
date-heure du temps.
Un tat des choses est une situation un instant donn. Le temps tant
continu, il peut y avoir une infinit d'tats successifs dans tout intervalle de
temps, infini ou fini : c'est une proprit mathmatique des espaces continus
(voir Division).]
2. "Or l'infinit d'une srie consiste prcisment en ce qu'elle ne peut jamais tre
acheve par une synthse successive.
[En effet, la synthse successive du dbut jusqu' un lment particulier
n'est pas complte : il reste toujours d'autres lments non pris en compte,
car dans une infinit il y a toujours des lments non inclus dans un sous-
ensemble donn. Kant en conclut tort, par manque de connaissances
mathmatiques - qu'une srie infinie de situations du monde qui se serait
coule est impossible :]
par consquent, un commencement du monde est une condition ncessaire de
son existence, c.q.f.d."
[conclusion non prouve, la dmonstration comportant une erreur]
(Fin de citation)
Selon Kant, une synthse d'un nombre infini d'tats n'aboutit pas
D'aprs Kant, une synthse successive est une mthode de composition qui ne peut
s'achever dans un ensemble infini : on peut considrer des instants successifs
partir du pass vers le prsent, et faire la synthse de leurs tats sans jamais trouver
la fin de la srie, donc sans jamais pouvoir s'arrter.
Kant en conclut tort - qu'une telle synthse est impossible. Or, puisque le monde
rel existe certainement (il est "donn de manire simultane"), sa synthse d'tats
est possible car l'homme en a conscience. Donc l'hypothse initiale d'absence de
commencement du monde est absurde.
Critique de ce raisonnement
Hlas, le non-achvement de la synthse d'une srie qu'affirme Kant est fausse :
voir : [65] ; Convergence d'une suite ou d'une srie ; Achille et la tortue [103].
Le modle d'volution du monde par succession d'tats choisi par Kant n'est pas le
seul possible : il y a aussi l'volution continue, modle o la nature prend chaque
instant et instantanment les dcisions dterministes d'volution selon la loi
naturelle qui s'applique ; la synthse du pass (par la nature) est alors continue et la
causalit a des consquences instantanes.
En fait, l'volution par tats successifs est une abstraction humaine, un modle
que la nature n'utilise que dans des cas prcis comme la physique quantique : voir le
modle alternatif expliqu dans l'article Apparition.
419
Les volutions de la physique macroscopique, conformes des lois rgissant des
forces et des nergies dans le temps, suivent des quations diffrentielles, leur
continuit est intrinsque sauf en de rares points singuliers de certaines lois.
Kant aurait pu envisager un modle continu, comme il l'a fait par ailleurs, car les
principales quations diffrentielles d'volution physique d'un systme taient dj
connues son poque. Un raisonnement bas sur une fonction continue du temps
permet d'tudier sa limite lorsque le temps tend vers l'infiniment pass (-), en
cherchant si aucune impossibilit physique n'apparat : c'est l'approche moderne, qui
a conduit limiter l'applicabilit de nos lois physiques dans le pass l'poque du
Big Bang, il y a 13.8 milliards d'annes ; aucun raisonnement philosophique
n'apporte une solution correcte au problme du commencement du monde s'il ne
tient pas compte des lois de la physique.
420
bass sur un choix malheureux : celui d'une suite d'instants distincts, l'tat lors
de chacun tant consquence de l'tat lors du prcdent. S'il avait choisi un
modle d'volution bas sur une loi continue, il aurait substitu son
raisonnement par non-convergence un raisonnement par limite de fonction.
Kant ne connaissait pas, a fortiori, les thories mathmatiques de la mesure
[103] (adapte des espaces continus ou non), et des transfinis (adapte des
espaces ayant infiniment plus de points qu'un espace dnombrable). Il ne
connaissait pas, enfin, les thories cosmologiques modernes permettant
l'existence d'une infinit croissante d'espaces infiniment grands [30].
Avec de telles connaissances, un temps et un espace tous deux infinis sont
possibles la fois scientifiquement et philosophiquement.
421
temps. Un monde, par consquent, n'est pas infini relativement l'espace, mais il
est contenu dans les limites qui sont les siennes, c.q.f.d."
(Fin de citation)
422
3. Donc, dans le monde, maintes sries de choses peuvent fort bien, certes,
commencer d'tre, mais le monde lui-mme ne peut avoir aucun commencement,
et il est par consquent, par rapport au temps pass, infini."
(Fin de citation)
423
Kant commence par dnoncer une dfinition fausse de l'adjectif infini :
K432 "Infinie est une grandeur telle qu'il ne peut s'en trouver de plus grande (c'est-
-dire une grandeur qui dpasse toujours la multitude de fois o s'y trouve contenue
une unit donne)."
[Critique : une grandeur ou le nombre qui la mesure ne peuvent tre infinis, car
l'infini est une limite, pas un nombre. Une variable ne peut tre infinie, elle ne
peut que tendre vers l'infini. On peut additionner ou soustraire des nombres, pas
des infinis ; on ne peut ni ajouter ni soustraire un nombre l'infini, ni multiplier ou
diviser celui-ci par un nombre : la (non-)limite reste la mme.]
424
celle d'un ballon gonflable sur lequel on a reprsent une carte du monde : si
on gonfle le ballon, les distances et les pays grandissent.]
Conclusion sur le monde (totalit des phnomnes) : ce concept n'est pas possible
Puisque la thse et l'antithse sont toutes deux fausses, l'hypothse initiale Le
monde existe en tant que chose en soi est absurde. Donc le concept de monde
en tant que totalit des phnomnes n'existe pas en tant que chose en soi : c'est
un exemple de produit de l'imagination qui ne correspond rien de possible
physiquement.
Voir Dmonstration de l'indcidabilit de la question de l'infinit du monde.
(Citation de K436)
"Supposons en effet que les substances composes ne fussent pas constitues de
parties simples :
[Un exemple d'objet compos qui n'est pas constitu de parties simples est la
ligne droite : on peut la dcomposer en segments, puis dcomposer chaque
segment en segments plus petits, etc. l'infini : jamais on ne trouvera de partie
simple (c'est--dire indcomposable) comme le point. Le problme vient de ce
qu'un segment est un ensemble continu qui a une longueur non-nulle, alors
qu'un point a une longueur nulle, et on ne peut dcomposer un nombre non nul
en somme de zros.
425
Considrons, pour la suite de ce raisonnement, la substance de l'uranium
naturel, compose de deux isotopes : l'uranium 238 not 238U et l'uranium 235
not 235U ; dans notre exprience chacun de ces isotopes est simple,
indcomposable. Dans un chantillon d'uranium, comme on ne peut sparer
l'il nu ces isotopes, on utilise un appareil bien connu, le spectromtre de
masse. Plus prcisment, on suppose disposer d'un spectromtre spcialis
dans la sparation des deux isotopes de l'uranium, opration ncessaire pour
analyser le degr de richesse d'un chantillon en 235U, l'isotope fissile dont
l'industrie a besoin.
Pour une masse d'uranium donne, le spectromtre ne peut qu'afficher les
pourcentages de masse respectifs des deux isotopes, X% et Y%.]
Dans ce cas,
Si se trouvait supprime en pense toute composition, aucune partie compose
ne subsisterait, ni non plus aucune partie simple (puisqu'il n'y a pas de parties
simples) ; par consquent, il ne restera absolument plus rien, et donc aucune
substance ne sera donne.
Ou bien, donc, il est impossible de parvenir supprimer en pense toute
composition,
[Dans quelles conditions notre spectromtre refuserait-il d'indiquer les
pourcentages des deux isotopes ? Cela n'arriverait que si l'chantillon qu'il
analyse ne contenait pas d'uranium, ou en contenait si peu qu'il ne pourrait
dtecter de pourcentage.]
Ou bien il faut qu'aprs sa suppression, quelque chose [une masse
analysable] demeure subsistant en dehors de toute composition, c'est--dire
le simple.
[Dans un chantillon d'uranium non-compos le spectromtre dtecterait
videmment un seul isotope, soit 238U, soit 235U.]
Mais, dans le premier cas [celui o le spectromtre n'indique rien], le compos,
pour sa part, ne serait pas constitu de substances [d'uranium] (puisque la
composition n'y est alors qu'une relation contingente des substances,
indpendamment de laquelle elles doivent subsister comme des tres persistant
par eux-mmes dans l'existence).
[Dans notre exemple, la persistance de la substance dont parle Kant est la
masse d'un isotope dtecte par notre spectromtre : persistance et masse sont
des conditions ncessaires et suffisantes d'existence.]
tant donn toutefois que la [dernire] supposition contredit ce que l'on a
suppos [au dpart], seul le deuxime cas demeure envisageable, savoir que
le compos substantiel, dans le monde, soit constitu de parties simples."
[Si le spectromtre analyse bien un chantillon d'uranium, il ne peut donner
qu'un rsultat de la forme : 238U = X% + 235U = Y%, avec X + Y = 100.
Pour un isotope pur (simple), l'appareil peut donner :
X = 0 et Y = 100,
ou Y = 0 et X = 100.
c.q.f.d.]
426
(Fin de citation)
Dans la mesure o toute relation extrieure [relation d'un objet avec l'espace
extrieur lui, abstraction absolument a priori], par consquent aussi toute
composition de substances, ne sont possibles que dans l'espace, ncessairement,
autant il y a de parties dont le compos est constitu, autant il doit aussi y avoir de
parties dont soit constitu l'espace qu'il occupe.
Or l'espace n'est pas constitu de parties simples, mais d'espaces [il est
dcomposable en sous-espaces eux-mmes dcomposables, l'infini]. Donc,
chaque partie du compos doit occuper un espace.
Donc, le simple occupe un espace. Mais dans la mesure o tout [objet] rel, qui
occupe un espace, contient en lui une diversit d'lments qui se trouvent les uns en
dehors des autres, par consquent est compos, et cela comme un compos rel,
fait non pas d'accidents (car ceux-ci, sans substance, ne peuvent pas tre extrieurs
les uns aux autres) mais de substances, le simple serait un compos substantiel ; ce
qui est contradictoire."
(Fin de citation)
Preuve de l'antithse : "Il n'existe nulle part rien qui soit simple dans ce monde"
L'absolument simple est une ide a priori, un postulat indmontrable
K427 - "L'existence de l'absolument simple ne peut tre dmontre par aucune
exprience ou perception, ni extrieure ni intrieure, et [] l'absolument simple est
ainsi une pure ide dont la ralit objective ne peut jamais tre dmontre dans
aucune exprience possible et est par consquent, dans l'exposition des
phnomnes, dpourvue de toute application comme de tout objet."
(Citation de K437-K439)
"Car admettons qu'il se puisse trouver, pour cette ide transcendantale, un objet de
l'exprience : il faudrait pour cela que l'intuition empirique d'un quelconque objet
puisse tre reconnue comme ne contenant absolument aucune diversit d'lments
extrieurs les uns aux autres et relis d'une manire qui les runit.
[Par dfinition, pour qu'une intuition concerne un objet simple, son divers doit ne
contenir aucune liaison entre deux de ses lments.]
427
Or, puisque, du fait que nous n'avons pas conscience d'un tel divers, nous ne
sommes pas en droit de conclure son entire impossibilit dans une quelconque
intuition d'un objet,
[Notre intuition formant en mmoire de travail une synthse du divers peru,
nous n'avons pas conscience d'ventuels lments et relations entre eux.]
mais que cette dernire perspective est totalement ncessaire pour qu'il y ait
simplicit absolue, il en rsulte que cette simplicit ne saurait tre conclue de nulle
perception, quelle qu'elle soit.
[Puisque nous ne pouvons viter la synthse empirique qu'il faudrait pour une
certitude d'absence de relation, nous ne pouvons obtenir cette certitude par
l'exprience.]
Puisque donc rien ne peut jamais tre donn dans une quelconque exprience
possible qui apparaisse comme un objet absolument simple, et puisque le monde
sensible doit cependant tre considr comme l'ensemble global de toutes les
expriences possibles, il n'y a donc nulle part en lui rien de simple qui soit donn."
[Conclusion : aucune exprience ne produit de reprsentation du concept
d'absolument simple. Celui-ci est une abstraction invrifiable en pratique.]
(Fin de citation)
428
K442 "Thse : La causalit qui s'exerce d'aprs les lois de la nature n'est pas
la seule d'o puissent tre drivs les phnomnes du monde considrs dans
leur totalit. II est encore ncessaire d'admettre en vue de leur explication une
causalit par libert."
[Libert veut dire ici qui chappe la causalit des lois naturelles .]
K443 "Antithse : Il n'y a pas de libert, mais tout dans le monde arrive unique-
ment d'aprs les lois de la nature."
Donc il faut qu'une cause suffisante initiale sans cause ait exist, cause suffisante
qui est une "libert transcendantale" par rapport la causalit de la nature, une
volution qui ne respecte pas ses lois. En d'autres termes, le Monde a
ncessairement eu un commencement malgr le dterminisme et il faut complter le
postulat de causalit. Voir aussi Rgression l'infini.
429
Conclusions (Citation de K443-K445)
"Ce n'est donc nulle part ailleurs que dans la nature qu'il nous faut rechercher
l'enchanement et l'ordre des vnements du monde.
[Toutes les volutions physiques sont rgies par les lois de la nature :
le dterminisme s'applique toujours et partout.]
La libert (indpendance) l'gard des lois de la nature est certes une libration vis-
-vis de la contrainte, mais aussi vis--vis du fil conducteur de toutes les rgles
[c'est--dire du dterminisme]. Car on ne peut pas dire qu'au lieu des lois de la
nature ce sont des lois de la libert qui interviennent dans la causalit du cours du
monde, dans la mesure o, si elle se trouvait dtermine suivant des lois, elle serait
non pas libert, mais elle-mme purement et simplement nature.
[Si des volutions naturelles taient rgies par le hasard, celui-ci serait une loi
d'volution de la nature, une autre sorte de dterminisme. C'est ainsi qu'en
physique quantique les volutions sont rgies par une loi dterministe, l'quation
de Schrdinger [64], dont les rsultats s'interprtent avec des valeurs de
variables statistiques (position, vitesse).]
430
l'exprience. Mais Kant va plus loin : puisqu'on a admis, pour le Monde, qu'il a eu un
commencement, il faut admettre que d'autres chanes de causalit ont pu et peuvent
encore commencer spontanment aprs le Big Bang :
K446 - "Mais, puisque par l le pouvoir de commencer tout fait par soi-mme
une srie dans le temps a t prouv une fois (quand bien mme il n'a pas
donn lieu une saisie claire), il nous est dsormais permis de faire commencer
par elles-mmes diverses sries, du point de vue de la causalit, au milieu du
cours du monde et d'attribuer leurs substances un pouvoir d'agir par libert."
Voir ce propos : Hasard.
431
Kant admet ci-dessus une extension ncessaire du dterminisme des
commencements (causes sans cause au dbut d'une chane de causalit) se
produisant aprs le dbut de l'Univers. On pourrait aussi admettre une volutivit des
lois de la nature partir de chaque commencement : l'apparition d'une situation
nouvelle serait accompagne d'un nonc nouveau ou modifi de certaines lois
physiques que le dterminisme postule identiques partout et toujours.
Mais une loi physique de la nature pourrait changer pour deux raisons :
Un changement rel, comme la variation de vitesse d'expansion de l'Univers
[30] :
Trs peu de temps aprs le Big Bang, l'expansion a t extraordinairement
rapide, des milliards de fois plus rapide que la vitesse de la lumire : ce fut la
phase d'inflation ;
Puis elle a ralenti trs fort, passant par un minimum il y a quelques milliards
d'annes ;
Enfin, elle a recommenc crotre et crot encore de nos jours.
Un changement peru : d'aprs le Principe de la primaut de la connaissance
sur les objets, nous postulons que ce que nous ne percevons pas n'existe pas,
en ignorant ce qui existe (situations et lois de la nature) dont nous ne pouvons ni
nous rendre compte, ni prvoir l'existence. Une loi de la nature peut alors
apparatre lorsque nous la dcouvrons, par l'exprience ou la dduction. Nous
devons alors vrifier l'nonc des autres lois existantes.
Exemple : lorsque les paramtres de l'orbite de Mercure ont pu tre mesures
avec une prcision suffisante, une anomalie de 43 secondes par sicle par
rapport aux prvisions des lois de Kepler est apparue. Cette anomalie, qui
mettait en cause les lois de Newton [115] et de Kepler, n'a pu tre explique que
par la Relativit gnrale, apparue en 1915. Ces lois ont alors t
rtrogrades en lois de premire approximation , la loi de mouvement
prcise tenant compte de la dformation d'espace-temps due la masse du
Soleil prvue par la Relativit gnrale.
432
Voir les gnralits sur le hasard et le dterminisme, qui n'entrane pas la
prdictibilit.
Mais Kant n'aborde pas la prise de libert avec les lois physiques sous deux
aspects :
Cette libert est-elle due au hasard, c'est--dire la possibilit pour un systme
matriel d'avoir une structure (gomtrie, contraintes internes, etc.) non rgie par
des lois stables, et/ou d'voluer en ne respectant pas les lois de la nature ?
En somme, le systme peut-il tre ou faire n'importe quoi ?
Le hasard (approfondi dans [12]) a plusieurs dfinitions, qu'on peut rsumer
comme suit : est au hasard toute structure, tout comportement dont on peut
dmontrer l'impossibilit d'une description complte partir d'une de ses parties
et du contexte, faute de lois de dduction et calcul applicables.
Cette libert est-elle un faux hasard, une imprdictibilit due :
A la nature statistique de l'objet. Exemple : une loi physique dterministe,
l'quation de Schrdinger [64], fait qu' un instant donn la position et la
vitesse d'une particule en mouvement dans un champ de potentiel ont des
valeurs possibles rgies par une loi statistique ;
A la complexit : un systme soumis des lois dterministes peut avoir une
volution prcise exigeant des calculs trop complexes ou trop prolongs
pour tre ralisables. Exemple : prvoir quelle boule va sortir d'une
sphre de tirage de loto connaissant les paramtres initiaux ;
A l'ignorance : il y a de nombreux systmes dans la socit dont l'volution
est difficile prvoir, ou prvoir avec la prcision dsire, parce qu'on ne
peut pas connatre tous les paramtres ncessaires. Exemple : des cours de
bourse soumis des anticipations, optimistes ou non, d'investisseurs [106] ;
L'homme a une tendance naturelle attribuer au hasard ce qu'il ne peut
expliquer ou prvoir. C'est l une affirmation sans preuve, aussi injustifie
que l'attribution Dieu.
A l'instabilit : les fluctuations quantiques d'nergie sont dues une
instabilit intrinsque, une impossibilit de dfinir une nergie un instant
donn un endroit donn, car elle varie constamment et sans cause ;
A une loi de chaos mathmatique, o une prdiction prcise de l'volution
exige une impossible connaissance de ses paramtres avec une prcision
infinie. Exemple : trajectoire d'un astrode du systme solaire, soumise aux
perturbations de l'norme Jupiter et des autres plantes ; Henri Poincar l'a
dmontr sous le nom de Problme des trois corps [101].
433
[Si on n'admet pas la ncessit d'un commencement pour une suite (srie) infinie]
Si vous n'admettez pas dans le monde de terme qui soit mathmatiquement premier
dans l'ordre du temps, vous n'avez pas non plus besoin de rechercher un terme qui
soit dynamiquement premier dans l'ordre de la causalit.
[Qu'une suite d'vnements ait un dbut n'est pas une ncessit logique]
Qui vous a ordonn d'imaginer un tat absolument premier du monde, et par
consquent un commencement absolu de la srie au cours de laquelle se succdent
les phnomnes et, pour que vous puissiez procurer votre imagination un point o
elle se repose, d'imposer des limites la nature sans bornes ?
[Une chane de causalit peut avoir toujours exist, sans avoir de commencement]
Etant donn que les substances ont de tout temps t dans le monde, ou du moins
que l'unit de l'exprience rend ncessaire une telle supposition, il n'y a pas de
difficult admettre aussi que le changement de leurs tats, c'est--dire une srie de
leurs changements [une chane de causalit de leurs tats successifs], aurait exist
de tout temps, et par consquent que nul premier commencement n'aurait besoin
d'tre recherch, ni du point de vue mathmatique ni du point de vue dynamique.
[L'unit de l'exprience d'un objet au cours d'un intervalle de temps exige qu'il
existe du dbut la fin, existence insparable de celle de sa substance.]
Intellectuellement, on remplacerait ainsi une difficult logique par une autre, avec
l'inconvnient que ce nouveau postulat permettrait d'expliquer n'importe quoi, sans
rigueur scientifique :
"Car au regard d'un tel pouvoir de libert, n'obissant aucune loi, on ne peut plus
gure penser une nature, puisque les lois de cette dernire sont continuellement
transformes par les influences qu'exercerait cette libert et que le jeu des
434
phnomnes, rgulier et uniforme selon la simple nature, est ainsi rendu confus et
incohrent."
K448 - Le monde sensible est la totalit des phnomnes dont la perception est
possible ( l'instant prsent).
K513 "Le monde sensible ne contient rien d'autre que des phnomnes, mais
ceux-ci sont de simples reprsentations qui, leur tour, sont toujours conditionnes
de faon sensible ;"
Remarque : "Le Tout absolu de toute exprience possible n'est pas lui-mme
une exprience" ([56b] 40 pages 126-127)
435
suppose, relativement son existence, une srie complte de conditions, jusqu'
l'absolument inconditionn [ici : la synthse de l'ensemble des situations de la chane
de causalit du monde], lequel seul est absolument ncessaire [c'est--dire sans
cause]."
(L'argument qui passe du conditionn du phnomne l'inconditionn du
concept est appel argument cosmologique. En somme, puisque le monde
existe certainement il a t cr ex nihilo.)
Qui dit changement , dit cause dans le temps du phnomne qui change
Il existe donc certainement, et ce dans le monde sensible, quelque chose (un tre)
qui est la cause absolument ncessaire du monde actuel qui a volu. En outre,
puisque cette cause existe dans le temps, elle appartient au phnomne, qui
appartient au monde sensible. Ce dernier contient donc un tre absolument
ncessaire, "que ce soit alors la srie tout entire du monde ou une partie de cette
srie", c.q.f.d.
(D'aprs le postulat de causalit, puisque le monde a subi une srie de
changements et que ceux-ci supposent le passage du temps et une cause dans
le monde, celle-ci est absolument ncessaire, qu'il s'agisse de tout ou partie de
la srie.)
Une consquence de cette thse est la ncessit de l'existence d'un objet initial
incr du monde, qu'on l'appelle Cause premire, Crateur, Dieu, Etre suprme
436
Si le temps a commenc une certaine date du pass (hypothse retenue
par la thorie du Big Bang : il y a 13.8 milliards d'annes) le monde existe
alors aussi depuis cette date-l.
Dans les deux cas :
La logique et la physique moderne (continuum espace-temps de la Relativit
gnrale) exigent que le monde ne soit pas concevable sans le droulement
du temps, et rciproquement que le temps ne soit pas concevable sans un
Univers auquel il s'applique ;
Un Crateur ne peut pas avoir exist avant le dbut du temps pour crer
l'Univers ; et bien entendu, il ne peut pas avoir t dans l'Univers o il se
serait cr lui-mme.
A l'extrieur du monde.
Dans ce cas, on aurait une cause extrieure au monde agissant dans le monde,
car sa causalit appartiendrait au temps, donc aux phnomnes du monde.
Cette hypothse contredit la loi de causalit, qui exige qu'une action dans le
monde soit le fait d'une cause appartenant elle-mme au monde.
Quant rechercher la preuve partir de la simple Ide d'un tre suprme par rapport
tous les tres en gnral, cela relve d'un autre principe de la raison, et une telle
preuve devra donc se voir consacrer un expos particulier. []
437
[Le concept d'un tre absolument ncessaire, c'est--dire ncessaire
indpendamment de toute condition, est un concept d'tre contingent en gnral.
Sa dduction partir d'un concept issu de l'exprience comme l'inconditionn
est transcendante, donc logiquement impossible.
La preuve cosmologique est donc fausse parce qu'elle dduit un concept de
logique pure, la ncessit absolue, d'un concept issu de l'exprience,
gnralisation impossible. Le problme est le mme que pour une induction :
partir d'un nombre d'exemples, mme lev, on ne peut dduire une loi sans
exception.
Ce raisonnement est gnral : un jugement d'existence d'un ensemble ne peut
tre dduit de ses proprits sans appliquer au moins une rgle de
raisonnement impossible dfinir dans l'ensemble. Exemple : quelle que soit la
description de Dieu, elle pourrait s'appliquer telle quelle un Dieu, plusieurs
dieux ou zro dieu : l'existence d'un ensemble ne fait pas partie de ses
proprits et ne peut s'en dduire.]
(Fin de citation)
Sur le principe d'une preuve logique de l'existence d'un tre absolument ncessaire
K451 Une telle preuve, ontologique, est impossible car il n'y a pas de liaison
causale entre un tre inconditionn (absolument ncessaire) et la srie
chronologique (chane de causalit) d'tats qui a abouti au monde sensible actuel.
438
L'antithse dduit de la contingence de chaque tat successif la ncessit de
respecter une condition l'tat prcdent, lui-mme conditionn. La remonte
d'une chane de causalit ne s'arrtant jamais, il n'y a plus d'tat inconditionn,
donc plus d'tre absolument ncessaire.
A cet gard, toutes les reprsentations dialectiques de la totalit dans la srie des
conditions, par rapport un conditionn donn, taient donc aussi, de part en part,
du mme type. Il s'agissait toujours d'une srie o la condition tait lie au
conditionn de faon constituer tous deux des membres de cette srie, et o par
consquent ils taient du mme type, puisque la rgression ne devait en effet jamais
tre pense comme acheve, ou qu'alors, si cela devait se produire, il fallait qu'un
membre en soi conditionn ft considr faussement comme un membre premier, et
donc comme inconditionn.
[Voir Division d'un tout donn dans l'intuition, c'est--dire d'une reprsentation
d'objet.]
Ainsi n'tait-ce vrai dire nulle part l'objet, c'est--dire le conditionn, que nous
soumettions notre examen, mais bel et bien la srie des conditions prsidant
celui-ci, uniquement quant sa grandeur, et la difficult qui ne pouvait tre dpasse
par aucun compromis, mais uniquement en tranchant le nud du dbat, consistait
en ce que la raison rendait la chose ou trop longue ou trop courte pour
l'entendement, tant et si bien que ce dernier ne parvenait jamais galer l'ide
qu'ainsi elle forgeait."
(Fin de citation)
439
Accord des concepts de l'entendement avec l'Ide de la raison
K493 - Dans le tableau des quatre Ides cosmologiques, il y a "une distinction
essentielle [] parmi les objets, c'est--dire parmi les concepts de l'entendement que
la raison s'applique lever au rang d'Ide" : deux d'entre elles dsignent une
synthse mathmatique des phnomnes, tandis que les deux autres dsignent une
synthse dynamique." (Voir Remarques : principes mathmatiques et principes
dynamiques.)
440
par exemple : d'o vient que les matires [masses] s'attirent entre elles?"
car dans ce cas ce n'est plus la nature ou de faon gnrale des objets donns
que nous avons affaire, mais uniquement des concepts qui ne tirent leur origine
que de notre raison et uniquement des tres de pense relativement auxquels tous
les problmes que fait natre leur concept doivent pouvoir tre rsolus ;
car sans contredit la raison peut et doit rendre intgralement compte de son propre
procd."
[Dans la mesure o sa pense est rationnelle, sans aprioris, intuitions,
imaginations et motions, un sujet qui pense sait quoi il pense et par quel
chemin il est arriv sa pense actuelle.]
(Fin de citation)
441
[Les Ides transcendantales visent l'unit systmatique de l'usage de l'entendement]
"Ce sont des principes destins amener l'usage de notre entendement complte
harmonisation, perfection et unit synthtique, [donc une unit systmatique.]
[]
A dfaut d'une telle unit, notre connaissance demeure dcousue et elle ne peut
servir la fin suprme (qui n'est jamais que le systme de toutes les fins) ; or je
n'entends pas ici uniquement la fin pratique, mais galement la fin suprme de
l'usage spculatif de la raison.
[]
[Cette unit du mode de connaissance n'est pas constitutive, mais rgulatrice]
Mais si on traite cette unit du mode de connaissance comme si elle tait attache
l'objet de la connaissance, [donc] si on la tient pour constitutive alors qu'elle n'est
proprement que rgulatrice,
442
Voir :
Usages de la raison pure ;
La raison ne cre pas de concepts d'objets, elle les ordonne et les unifie ;
Usage rgulateur ncessaire des ides transcendantales ;
Unit systmatique ;
Principe logique des genres ;
Espce Principe des espces ;
Spcification - Loi et loi transcendantale de la spcification ;
Principes de la raison dlimitant le champ de l'entendement avec unit
systmatique ;
Structure transcendantale des concepts ;
Dmarche d'unit systmatique de l'exprience l'entendement, puis la
raison ;
La raison unifie les actes de l'entendement ;
Maximes pratiques Maximes de la raison.
Idel, idelle
Adjectif (philosophie) : qui se rapporte l'Ide ou qui n'existe que dans l'Ide.
Synonymes : idal, thorique, conceptuel.
Identification
Identifier quelque chose c'est reconnatre :
Son unicit ou sa ressemblance une chose connue ;
Et/ou son appartenance une classe ou une catgorie ;
Et/ou l'quivalence entre certaines de ses proprits et des proprits d'objets
connus.
443
Identique Identit
K199 - "Ce n'est que dans la mesure o je puis lier dans une conscience un divers
de reprsentations [successives] donnes qu'il m'est possible de me reprsenter
l'identit de la conscience dans ces reprsentations mmes - ce qui veut dire que
l'unit analytique de l'aperception n'est possible que sous la supposition de quelque
unit synthtique."
Kant explique l que pour analyser (de manire dductive) ce qu'on a peru d'un
phnomne, on a besoin d'avoir pralablement peru quelque chose, ce qu'on n'a pu
faire que par une synthse unifiant des reprsentations de phnomnes successifs ;
synthse et analyse ont t dclenches spontanment par l'inconscient.
Voir aussi : Aperception, Entendement et principe d'identit [32].
Identit numrique :
K311 "Unit et diversit. Quand un objet se prsente nous plusieurs reprises,
mais chaque fois avec les mmes dterminations intrieures (qualit et quantit)
[voir catgories mathmatiques], il est, si on le fait valoir comme objet de
l'entendement pur, le mme, toujours le mme, non pas une pluralit de choses,
mais une seule chose (numerica identitas) ;"
L'tat physique d'un objet un instant donn est dcrit par l'ensemble des
informations qui le caractrisent, c'est--dire son divers ; on l'appelle aussi
dtermination.
Divers objets de l'entendement qui se prsentent nous avec des
dterminations identiques ont alors une identit numrique : le nombre d'objets
diffrents est 1.
Unit et diversit sont les deux premiers concepts de la rflexion.
K312 "Ainsi peut-on dans deux gouttes d'eau faire compltement abstraction de
toute diversit intrieure (de qualit et de quantit), et il suffit qu'elles soient
intuitionnes en mme temps dans des lieux diffrents pour qu'on les considre
comme numriquement diverses."
444
(Numriquement diverses signifie : que l'on peut distinguer dans un
dnombrement, c'est--dire distinctes.)
K400 "A travers les divers temps o elle existe, [l'me est] numriquement
identique, c'est--dire unit (non-pluralit) :"
(L'me reste identique elle-mme et unique tant que l'homme vit.)
K372 "Si je veux connatre par exprience l'identit numrique d'un objet extrieur,
je vais tre attentif ce qui est permanent dans ce phnomne, et quoi, comme
sujet, tout le reste se rapporte, comme dtermination ; ainsi vais-je remarquer
l'identit de ce sujet dans le temps, o tout le reste change."
Idologie
Selon le dictionnaire [13] :
Ensemble plus ou moins cohrent des ides, des croyances et des doctrines
philosophiques, religieuses, politiques, conomiques, sociales, propre une poque,
une socit, une classe et qui oriente l'action.
Idiosyncrasie
Mdecine : Prdisposition particulire de l'organisme qui fait qu'un individu ragit
d'une manire personnelle l'influence des agents extrieurs.
Psychologie : Personnalit psychique propre chaque individu.
Cicron dit que cette faon de raisonner tire son nom de ce que, si on la suit, il ne
subsiste plus aucun usage de la raison dans la vie. C'est pourquoi je dsigne par le
mme nom l'argument sophistique de la raison pure." [Voir La raison paresseuse.]
(Fin de citation)
Illusion
Dictionnaire [13]
Comme principe d'erreur dans le domaine sensoriel : perception errone dans la
mesure o elle ne correspond pas la ralit considre comme objective, et
qui peut tre normale ou anormale, naturelle ou artificielle.
445
Illusion optique : erreur d'interprtation des donnes visuelles, due aux lois de
l'optique ou leur interprtation par le cerveau.
Comme principe d'erreur dans le domaine intellectuel et affectif : croyance ou
conception errone procdant d'un jugement ou d'un raisonnement faux (d
l'ignorance ou l'imagination).
Caractre trompeur d'une chose.
Acte de l'esprit qui s'abuse ou se laisse abuser par des ides fausses, des
conceptions chimriques et sduisantes ; tat qui en rsulte.
K335 "ainsi que cela arrive dans ce qu'on appelle les illusions des sens, nous
tenons souvent pour immdiatement peru quelque chose quoi nous a pourtant
seulement conduits la conclusion d'un raisonnement."
A076 [3] " 11. (146) Les sens ne sont pas trompeurs [] parce qu'en fait ils ne
jugent aucunement, - ce pourquoi l'erreur n'incombe jamais qu' l'entendement.
Pourtant, l'apparence sensible contribue, sinon justifier l'entendement, en tout cas
l'excuser : en suivant celle-ci, l'homme en vient souvent tenir pour objectif ce qu'il
y a de subjectif dans son mode de reprsentation ( considrer comme ronde la tour
loigne laquelle il ne voit pas d'angles, pour plus haute que le rivage la mer dont
les lointains atteignent son regard par des rayons lumineux plus levs [] et ainsi
est-il conduit prendre le phnomne pour l'exprience, ce qui le fait tomber dans
une erreur qu'il faut concevoir comme une faute de l'entendement, non pas comme
celle des sens."
446
ncessaire se produisant dans la synthse de ce phnomne, elle peut tre
appele la fonction transcendantale de l'imagination."
K193 - L'affinit des phnomnes et l'association, donc aussi la reproduction
conforme des lois, donc enfin l'exprience elle-mme, ne sont possibles que
par l'intermdiaire de cette fonction transcendantale de l'imagination.
K193 - La sensibilit et l'entendement doivent ncessairement s'agencer l'un
l'autre par l'intermdiaire de la fonction transcendantale de l'imagination.
K193 "Nous possdons donc une imagination pure, constituant un pouvoir
fondamental de l'me humaine, qui sert a priori de fondement toute
connaissance. Par l'intermdiaire de celle-ci, nous mettons le divers de l'intuition,
d'un ct, en liaison avec, de l'autre, la condition de l'unit ncessaire de
l'aperception pure. Les deux termes extrmes, savoir la sensibilit et
l'entendement, doivent ncessairement s'agencer l'un l'autre par l'intermdiaire
de cette fonction transcendantale de l'imagination"
Cette fonction transcendantale de l'imagination produit un concept empirique de
l'entendement.
447
Voir aussi :
Schmes des concepts purs de l'entendement ;
Synthse transcendantale de l'imagination ;
Kant : association des reprsentations par imagination productrice.
Imago
Selon [13]
Psychanalyse : Image inconsciente d'une personne, schme imaginaire travers
lequel le sujet vise autrui (en particulier image du pre, de la mre pour l'enfant) et
qui oriente ses relations avec autrui.
L'exprience possible est rgie par des principes immanents, alors que l'imagination
permet des situations et actes transcendants.
K350 "L'usage objectif des concepts purs de la raison est toujours transcendant,
cependant que celui des concepts purs de l'entendement ne peut jamais, d'aprs sa
nature, tre qu'immanent, tant donn qu'il se limite simplement l'exprience
possible."
(Citation de K331)
"Le transcendantal et le transcendant ne sont pas la mme chose.
448
dterminantes externes, n'en est pas moins dtermine dans sa raison ternelle, par
consquent dans la nature divine."
Immatrialisme
Voir Idalisme subjectif de Berkeley (Immatrialisme).
Immatrialit - Immatriel
Dictionnaire [13]
Immatriel
Usage courant : qui n'est pas form de matire ;
Philosophie : qui est oppos la matire et n'a de rapport ni avec les sens ni
avec la chair. Exemples : amour, tre, ordre, principe immatriel,
abstraction, me, existence, force, pense.
Immatrialit
Qualit, caractre de ce qui est immatriel, comme l'amour ou l'esprit.
Chez Kant
K400 "Cette substance [l'me], simplement comme objet du sens interne, fournit le
concept de l'immatrialit."
Immdiat, immdiatement
Voir Mdiate, mdiation, immdiate, immdiatement.
Immoral
Adjectif - Selon [13]
(En parlant d'une personne) : qui a une conduite contraire aux principes de la
morale, dont les uvres sont contraires la morale.
(En parlant d'un objet inanim) : qui est contraire la morale ou aux bonnes
murs (dans sa forme ou dans son contenu).
Immortalit
449
Chez Kant
Dfinition de l'immortalit On ne peut en dmontrer ni la possibilit, ni la cessation
aprs la mort
Lire d'abord :
Ame ;
Ame Question 1 : union de l'me avec un corps organique ;
Ame Questions 2 et 3 : me avant la vie et aprs la mort.
(Citation de K391)
[L'immortalit de l'me consiste ce qu'elle continue penser aprs la mort
physique]
"L'opinion qui veut que l'me [l'esprit], aprs dissolution de tout lien avec le monde
corporel, puisse encore continuer penser s'noncerait alors sous cette forme :
et il serait parfaitement possible que ces mmes objets inconnus continuent d'tre
connus par le sujet pensant, bien que ce ne soit sans doute plus en qualit de corps
[mais en tant que choses en soi illusions d'objets rels].
Or, vrai dire, personne ne peut partir de principes spculatifs allguer la moindre
raison d'adhrer une telle affirmation ni mme en tablir la possibilit : tout au plus
peut-on en faire la supposition ;
[L'existence ou l'inexistence d'objets rels reprsents par des phnomnes ne
peut se dmontrer avec des spculations]
mais tout aussi peu est-il envisageable, pour qui que ce soit, de faire valoir l contre
une quelconque objection dogmatique possdant une validit. Car nul, de qui qu'il
puisse s'agir, n'en sait davantage que moi ou que n'importe quel autre sur la cause
absolue et intrinsque des phnomnes extrieurs et corporels.
[En effet, un ventuel esprit pensant indpendant du corps serait un phnomne
extrieur rel au sujet duquel nous ne savons rien.]
[Personne ne peut savoir quoi que ce soit sur la ralit des phnomnes extrieurs,
donc aussi sur la cessation des intuitions extrieures aprs la mort]
Personne ne peut donc avec une quelconque lgitimit prtendre savoir sur quoi
repose, dans l'tat qui est actuellement le ntre (dans la vie), la ralit des
phnomnes extrieurs, ni non plus par consquent affirmer que la condition de
toute intuition extrieure, ou mme que le sujet pensant comme tel, doit cesser une
fois atteinte la fin de cet tat (dans la mort)."
(Fin de citation)
450
Complments :
Personnification de l'me ;
Travaux de Jung sur l'me et sa personnification [6].
De son ct, l'me-chose en soi [l'esprit] ne pense pas : elle n'a aucune facult, c'est
un objet dans l'Ide. Elle n'a pas de rapport de causalit, ni avec quelque
phnomne que ce soit, ni avec un concept accessible la spculation : comme le
concept de Dieu, elle repose sur des fondements subjectifs ; et son immortalit tant
postule arbitrairement, la dmontrer ou en dmontrer l'impossibilit est impossible.
451
Immutabilit
Adjectif d'emploi rare : caractre de ce qui ne peut changer dans le temps, qui est
immuable, notamment dans sa nature.
Synonymes : permanence, prennit, inaltrabilit, stabilit.
Impntrabilit
Selon [13]
Physique
proprit selon laquelle deux corps ne peuvent occuper la fois le mme lieu dans
l'espace.
"Les atomistes, tels que Gassendi, en joignant l'tendue l'impntrabilit, mettent
dans les corps un principe de rsistance." ([98] Monadologie page 56).
Chez Kant
K683 - "le simple concept de matire (tendue, impntrable et sans vie)".
Remarque
Pour tre compatible avec les phases gazeuse, liquide et solide de la matire,
l'impntrabilit doit tre comprise comme rsistance la pntration , rsultant
d'une loi physique tenant compte de variables comme la viscosit et la duret ; mais
la compatibilit avec les connaissances modernes de physique quantique et de
relativit reste dans ce cas hors de propos de la philosophie kantienne.
Dfinitions
452
Dfinitions de Kant d'un commandement et d'un impratif
(Citation de [108] pages 86-87, la suite de la prcdente)
"La reprsentation d'un principe objectif, en tant qu'il est contraignant pour une
volont, se nomme un commandement (de la raison), et la formule [l'nonc] du
commandement se nomme un IMPERATIF.
[Tous les impratifs noncent un devoir, relation d'une loi objective de la raison une
volont qui demeure libre.] Ils disent que faire ceci ou cela, ou bien s'en abstenir,
serait bon, mais ils le disent une volont qui ne fait pas toujours ce qu'elle fait parce
qu'il lui est reprsent que la chose est bonne faire.
Mais ce qui est pratiquement bon, c'est ce qui dtermine la volont par l'intermdiaire
de reprsentations de la raison, par consquent non pas partir de causes
subjectives, mais de manire objective, c'est--dire selon des principes qui valent
pour tout tre raisonnable comme tel."
(Fin de citation)
Importance de l'intention
Pour Kant, le caractre catgorique rgit la moralit de l'intention d'une action
[108] page 91 [Un impratif catgorique] "concerne, non pas la matire [l'objet] de
l'action ni ce qui doit en rsulter, mais la forme et le principe dont elle procde elle-
mme, et ce qui est essentiellement bon dans une telle action consiste dans
l'intention, quelle qu'en puisse tre l'issue. Cet impratif peut tre appel celui de la
moralit."
(Remarque : Kant reprend ici un critre fondamental de jugement d'une action du
christianisme : l'intention de cette action et sa conformit la loi divine, qui
comptent plus que son rsultat et que la loi des hommes. Voir exemple extrait de
la Bible [147].)
Impratif catgorique : ton action doit pouvoir tre rige en loi universelle
(Citation de [108] page 177)
"L'impratif catgorique, qui nonce simplement d'une manire gnrale ce qui est
obligation, est celui-ci :
Agis d'aprs une maxime qui puisse valoir en mme temps comme une loi
universelle !
Tu dois donc commencer par considrer tes actions d'aprs leur principe subjectif ;
mais pour ce qui est de savoir si ce principe a aussi une valeur objective, tu ne peux
le savoir que d'aprs la manire dont, quand ta raison le soumet l'preuve qui
consiste te penser toi-mme, travers un tel principe, comme lgifrant
universellement, il se qualifie pour une telle lgislation universelle."
(Fin de citation)
453
Libert et impratif catgorique
(Citation de [108] page 172)
[Libert au sens cosmologique : ce qui chappe la causalit de l'exprience]
"Le concept de la libert est un pur concept de la raison qui, prcisment de ce fait,
est transcendant pour la philosophie thorique, c'est--dire qu'il est tel qu'on ne peut
en fournir aucun exemple adquat dans une quelconque exprience possible : c'est
donc un concept [] qui ne peut valoir aucunement comme principe constitutif, mais
exclusivement comme principe rgulateur - et, vrai dire, uniquement ngatif - de la
raison spculative ;
[Les lois morales sont bases sur la libert (le libre arbitre)]
C'est sur ce concept positif (du point de vue pratique) de la libert que se fondent
des lois pratiques inconditionnes [notez INCONDITIONNEES] qui sont dsignes
comme morales,
[Influenc par nos sentiments, notre pouvoir de dcision ne nous obit pas toujours]
[lois qui], vis--vis de nous dont l'arbitre est affect de faon sensible et ne se
conforme donc pas par lui-mme la volont pure, mais au contraire entre souvent
en contradiction avec elle,
454
(Citation de [108] pages 173-174 : dtails sur l'impratif)
"L'impratif est une rgle pratique par laquelle l'action, en elle-mme contingente, est
rendue ncessaire.
L'impratif est donc une rgle dont la reprsentation rend ncessaire l'action
subjectivement contingente, et qui reprsente par consquent le sujet en tant que tel
comme devant tre forc (ncessit) s'accorder avec cette rgle.
[Quand un impratif d'action devient prsent l'esprit d'un sujet, celui-ci se
reprsente comme ncessaire l'objectif qu'il pourrait atteindre par l'action]
L'impratif catgorique (inconditionn) est celui qui pense et rend ncessaire l'action
[] travers la simple reprsentation de cette action elle-mme (de sa forme), donc
de manire immdiate, comme objectivement ncessaire ;
[Le sujet se reprsente l'action et ses dtails comme ncessaires : il ne se pose
pas de questions, il n'a pas le choix, il n'a pas de libre arbitre]
nulle autre doctrine pratique que celle qui prescrit l'obligation (la doctrine des murs)
ne peut fournir des exemples de tels impratifs. Tous les autres impratifs sont
techniques et, dans leur totalit, ils sont conditionns."
(Fin de citation)
Impression
Voir Sensation Sensibilit - Impression.
Impressionnabilit
Synonyme de rceptivit. Voir Aperception.
In abstracto (latin)
Expression latine.
Oppos : In concreto.
Chez Kant
Qualifie la reprsentation d'un concept forme par raisonnement.
455
Diffrence entre in abstracto et in concreto
K617 [La connaissance philosophique doit] "toujours considrer l'universel in abs-
tracto (par concepts), cependant que la mathmatique peut examiner l'universel in
concreto (dans l'intuition singulire) et [] a priori travers une reprsentation pure,
la faveur de quoi toute dmarche errone devient visible. Ce pourquoi je donnerais
plus volontiers aux preuves philosophiques le nom de preuves acroamatiques
(discursives) que celui de dmonstrations, parce qu'elles ne peuvent s'oprer qu'
travers de simples mots (en voquant l'objet en pense), tandis que les
dmonstrations, comme l'expression dj l'indique, se dveloppent dans l'intuition de
l'objet."
In concreto (latin)
Expression latine.
Oppos : in abstracto.
Chez Kant
1er cas : caractre concret d une origine empirique
Qualifie la reprsentation d'un concept forme partir d'un exemple empirique, c'est-
-dire d'un concept empirique. C'est un exemple concret.
K515 "Nous avons vu plus haut qu' travers les concepts purs de l'entendement,
sans toutes les conditions de la sensibilit, absolument aucun objet ne peut nous
tre reprsent, puisque les conditions de la ralit objective de ces concepts leur
font dfaut et que l'on n'y trouve rien d'autre que la simple forme de la pense.
Cependant, ils peuvent tre prsents in concreto, si on les applique des
phnomnes ; car c'est en eux qu'ils obtiennent proprement la matire que requiert le
concept empirique, lequel n'est rien d'autre qu'un concept de l'entendement in
concreto."
2me cas : caractre concret par construction synthtique partir de concepts a priori
Pour l'esprit, un concept a priori parat aussi concret qu'un concept empirique lorsque
tous deux proviennent d'une intuition. Donc :
Un concept mathmatique, construit intuitivement par synthse pure partir de
concepts a priori, a un caractre concret ; exemple : le nombre entier.
Un concept pur est construit intuitivement par une synthse pure au moyen du
mme mcanisme mental qu'un concept empirique par une synthse empirique,
et il parat aussi concret.
[56b] 7 page 55 Un jugement synthtique sera a priori certain et apodictique,
alors qu'un jugement bas sur une intuition empirique sera a posteriori et
contingent.
Voir :
Il y a, par contre deux intuitions a priori, absolument pures : l'espace et le temps ;
Connaissance pure mathmatique ;
Discipline de la raison pure dans l'usage dogmatique.
456
Voir la diffrence avec in abstracto.
Inclination
Chez Kant
[108] page 87 note * - "La dpendance de la facult de dsirer vis--vis des
sensations s'appelle inclination, et cette dernire manifeste donc toujours un besoin."
Inconditionn Conditionn
Philosophie
L'inconditionn est un concept mtaphysique unique, laquelle tout ce qui
correspond une certaine Ide peut se rapporter en tant que condition d'existence,
alors que cette Ide est par dfinition indpendante de toute condition d'existence.
Exemple 1 : en tant qu'Ide, l'Univers (tout ce qui existe physiquement) un
instant donn est un concept dont toute partie (exemple : la France) est une
condition d'existence : sans cette partie, l'Univers ne serait pas tel qu'il est.
Et puisqu'il ne peut tre autre que ce qu'il est d'aprs le principe d'identit [32],
cette partie est une condition d'existence de l'tre. L'Univers est l'inconditionn
de la chose en soi Tout ce qui existe de cet instant-l.
Exemple 2 : un phnomne dont nous avons conscience est issu d'une ralit.
L'ensemble des concepts de cette ralit est sa chose en soi. La forme de la
chose en soi donne par le phnomne ne comprend, dans sa reprsentation,
qu'une partie de ses informations : le conditionn. L'ensemble des concepts de
la chose en soi est l'inconditionn, sur-ensemble du conditionn.
Exemple 3 : voir Syllogisme.
Chez Kant
Voir d'abord la dfinition de Conditionn, puis Conditionn et conditions Srie des
conditions.
Kant emploie plusieurs fois dans la Critique les mots inconditionn et conditionn
sans les avoir dfinis explicitement ; sa premire utilisation est celle de l'exemple de
la prface de la 2me dition K79-K80 ci-dessous.
457
Problmatique du conditionn et de l'inconditionn
Considrons la connaissance C d'un phnomne, telle qu'on peut l'acqurir partir
de l'intuition empirique et des concepts de ce phnomne gnrs par l'entendement
et la raison ; cette connaissance est synthtique et a une unit rationnelle absolue.
La qualit de cette connaissance, sa conformit la ralit R du phnomne
(inaccessible l'homme, mais dont l'existence est postule par l'Idalisme
transcendantal de Kant et le Principe de la primaut de la connaissance sur les
objets), voudrait que tout son inconditionn soit pris en compte dans cette
connaissance C de phnomne.
Malheureusement la connaissance C ne contient que le conditionn du
phnomne, sous-ensemble de l'inconditionn de R (donc de sa chose en soi). La
connaissance dsire est celle de la chose en soi, dgage de toutes les
particularits et imperfections de l'exprience :
K79-K80 "Car ce qui, avec ncessit, nous pousse aller au-del des limites
de l'exprience et de tous les phnomnes, c'est l'inconditionn que la raison
rclame ncessairement et de faon entirement lgitime dans les choses en
soi, vis--vis de tout ce qui est conditionn, en exigeant ainsi que la srie des
conditions soit close [entirement prise en compte]."
458
Risque associ au dsir de connatre mme lorsqu'il manque des informations
La raison ayant une tendance naturelle chercher une connaissance complte du
phnomne mme lorsqu'elle ne dispose pas de donnes d'exprience suffisantes,
elle raisonnera malgr tout avec ce qu'elle sait et aboutira des antinomies.
La tendance dsirer une connaissance complte, celle de la chose en soi,
vient de ce que l'homme redoute instinctivement la connaissance incomplte, qui
pourrait comporter des menaces. Voir :
Je ne peux pas voir tout ce qui est possible ;
Conditions logiques d'une dtermination : non-contradiction et exhaustivit.
Voir aussi :
Chose en soi et connaissance ;
Unit inconditionne des conditions ;
Unit rationnelle Unit d'entendement ;
Les divers types de dbut de la srie de conditions d'un inconditionn.
Inconscient
Substantif
Ensemble des phnomnes et processus neuropsychiques inaccessibles la
conscience du sujet, qu'il soit veill ou non. Linconscient a aussi une activit
permanente de rorganisation des contenus de la mmoire de long terme. Enfin, il
coopre avec le conscient dans des processus de compensation psychologique
(manire dont se dveloppent ou se renforcent automatiquement des
comportements, des sentiments, des dsirs ou des croyances pour compenser un
dsquilibre source de dplaisir).
459
Ou un refoulement secondaire, parce qu'elles ont eu accs la conscience
(tant alors prconscientes) et ont t refoules par la suite.
Adjectif
Sont inconscientes :
Certaines activits du Moi (exemple : les mcanismes de dfense) ;
Certaines activits du Surmoi (exemple : jugements, prescriptions) ;
Des reprsentations, sensations et affects qui n'ont pas atteint la valeur,
l'intensit qui leur permettraient de franchir le seuil de conscience.
Exemple : perceptions sensorielles subliminales.
Inconscient collectif
Partie de linconscient commune tous les humains, donc inne. C'est sa partie la
plus ancienne et la plus profonde (archaque), la base de linconscient personnel.
Contenu : fantasmes, imagos, catgories hrites, archtypes.
Exemple d'archtype : l'image de Dieu hrite du pass de l'humanit [6].
Inconscient cognitif
Synonyme du subconscient, sige des oprations subliminales.
Inconscient personnel
Partie de linconscient qui contient l'acquis de l'individu, reprsentations qui
pourraient tre conscientes et passer dans la conscience. Cet acquis fait partie de la
personnalit.
Indcidable
Une affirmation (proposition) qui ne peut tre que toujours vraie ou toujours fausse
est dite indcidable s'il n'existe pas de dmonstration prouvant qu'elle est vraie, et s'il
n'existe pas, non plus, de dmonstration prouvant qu'elle est fausse.
Exemple : tant donn un programme excutable dans un ordinateur et
l'affirmation Ce programme s'arrtera , il n'existe pas, en gnral, de
dmonstration prouvant que l'excution s'arrtera au bout d'un certain temps, ni
de dmonstration prouvant qu'il ne s'arrtera jamais. La seule faon certaine de
savoir s'il s'arrtera est de lancer l'excution et d'attendre
Induction
Mode de raisonnement consistant gnraliser (riger en loi) le rsultat d'un
ensemble de faits qui ne sont que des cas particuliers.
L'induction ne produit pas de certitude : il faudrait pour cela prouver qu'il n'existe
aucun cas o sa conclusion est fausse, et ce ne serait plus, alors, une induction.
Voir :
Empirisme ;
460
Prolgomnes toute mtaphysique future qui pourra se prsenter comme
science.
Intendu
Sans tendue, comme un point gomtrique. Voir Simple.
Infalsifiable
Adjectif qui qualifie une affirmation dont on ne peut prouver la fausset ventuelle.
C'est le contraire de falsifiable. Une hypothse (ou une conjecture, ou une thorie)
est dite falsifiable si on peut imaginer (ou mieux, crer exprimentalement) une
situation o elle est prise en dfaut, mme si on ne peut pas imaginer de situation o
elle se ralise - notamment parce qu'elle est indcidable ou spculative. Exemples :
La loi d'Ohm "L'intensit de courant lectrique travers une rsistance est
proportionnelle la diffrence de potentiel entre ses bornes" est falsifiable ;
L'affirmation "Ce feu de fort a pour origine la volont de Dieu" est infalsifiable.
Infrence
Logique : opration qui consiste admettre une proposition en raison de son lien
avec une proposition pralable (prmisse) tenue pour vraie. (Lorsqu'une conclusion
se dduit de plusieurs prmisses, la logique utilise un syllogisme.)
L'infrence est une dduction immdiate d'une conclusion partir d'une seule
prmisse, alors que le syllogisme est une dduction mdiate.
Infini
Adjectif
Sans bornes, illimit (dans l'espace et/ou dans le temps et/ou en nombre
d'lments).
Philosophie : qui n'a pas de borne,
soit en ce sens qu'il est actuellement plus grand que toute quantit donne
de mme nature (infini actuel) ;
461
soit en ce sens qu'il peut devenir tel (infini potentiel).
Mathmatiques :
Qui est plus grand, dont le nombre d'lments est plus grand que tout
nombre choisi ;
Un ensemble form d'units distinctes est dit infini s'il est quivalent lui-
mme , c'est--dire s'il existe une correspondance biunivoque entre toute
unit qui le compose et les units qui composent une de ses parties.
Exemple : correspondance entre la suite des nombres entiers naturels et la
suite des nombres premiers (qui en fait partie).
Substantif
Mathmatiques :
Ce qui est plus grand que toute quantit imaginable, de mme nature,
positivement ou ngativement ; reprsent par le signe .
L'infini n'est pas un nombre, c'est une limite inatteignable :
on dit qu'une variable X qui grandit indfiniment tend vers l'infini ,
et on crit X .
Chez Kant
(Citation de K432)
"Infinie est une grandeur telle qu'il ne peut s'en trouver de plus grande (c'est--dire
une grandeur qui dpasse toujours la multitude de fois o s'y trouve contenue une
unit donne).
Or, aucune multitude n'est la plus grande possible, puisqu'une ou plusieurs units
peuvent toujours lui tre encore ajoutes.
462
acheve. (Ce quantum contient ainsi une multitude, vis--vis de l'unit donne) qui
est plus grande que tout nombre, ce qui est le concept mathmatique de l'infini.)"
[Kant ne conoit une mesure rapport d'une grandeur celle prise pour unit
que comme le dnombrement d'une synthse. Or nous savons aujourd'hui
dfinir la grandeur de collections dont l'ensemble des parties est non-
dnombrable. Nous connaissons une infinit de classes d'infinis, chacune plus
grande que les prcdentes :
La plus petite est celle de l'ensemble des nombres entiers, de taille
dsigne par 0 (aleph zro) ;
La suivante est celle de l'ensemble (indnombrable) des nombres rels (le
continu), de taille dsigne par 1 (aleph un) ;
etc.]
Une synthse de dure infinie d'tats successifs n'a pu avoir lieu pour le monde
(Citation de K434 faisant suite la prcdente)
"D'o il rsulte de faon tout fait certaine qu'une ternit d'tats rels succdant les
uns aux autres jusqu' un moment donn (le prsent) ne peut s'tre coule, donc
que le monde doit ncessairement avoir un commencement."
[Kant raisonne comme ceci : puisque je vois le monde extrieur moi-mme
d'un seul tenant un instant donn, j'en vois une synthse. Donc celle-ci existe.
Et comme une synthse infinie n'aurait pu s'achever, il n'y a pas eu de synthse
infinie. Donc le monde a eu un commencement une date particulire du pass.
Ce raisonnement est faux, car une suite infinie peut converger (avoir une limite
finie) si chacun de ses lments est assez proche du suivant.]
(Fin de citation)
463
quantifis. Il y a eu, avant le Big Bang, un trs court moment (de l'ordre de
10-35 seconde) appel inflation, pendant lequel la dimension de l'Univers a augment
infiniment plus vite que la vitesse de la lumire c = 2.99792458 108 m/s, son
diamtre tant multipli par un facteur colossal de l'ordre de 1078 !
Sa taille croissant aprs le Big Bang l'Univers s'est refroidi, tout simplement parce
que sa densit d'nergie a diminu. La longueur d'onde des photons lumineux
porteurs d'nergie en train de se dplacer a augment du fait de la dilatation de
l'espace (ils se sont dilats ).
Information
Nom collectif :
ensemble de connaissances runies sur un sujet dtermin ;
ne pas confondre avec une base de donnes.
Nom (dfinition du Bulletin officiel de l'Education nationale) :
lment de connaissance susceptible d'tre reprsent (crit, parl, dessin)
l'aide de conventions pour tre conserv, trait ou communiqu.
Toute information dfinie avec prcision peut tre crite et manipule dans un
ordinateur sous forme de bits, caractres, lettres et chiffres.
464
Inhrence
Voir d'abord Inhrent
K355 "On voit aisment que la raison pure n'a pas d'autre but que l'absolue totalit
de la synthse du ct des conditions (que ce soit d'inhrence, de dpendance ou de
concurrence) et qu'elle n'a pas se proccuper de la compltude absolue du ct du
conditionn."
Inhrent
Inhrent est un adjectif qui signifie :
Qui, de par sa nature, est li d'une manire insparable et ncessaire une
personne ou une chose. Exemple : Les droits inhrents l'espce humaine
appartiennent tous les hommes.
Qui n'existe que par rapport un sujet, une manire d'tre qui lui est
intrinsque. Exemple : La dignit est inhrente la qualit d'homme.
465
Innisme
Deux exemples
[33] Mditations mtaphysiques Abrg des Six Mditations Suivantes :
"Toutes les choses que nous concevons clairement et distinctement sont vraies."
"La pense est un attribut qui m'appartient : elle seule ne peut tre dtache de
moi. Je suis, j'existe : cela est certain ; mais combien de temps ? A savoir, autant
de temps que je pense."
[Je suis certain d'exister parce que je pense.]
[Inversement :] "L'esprit, qui, usant de sa propre libert, suppose que toutes les
choses ne sont point, de l'existence desquelles il a le moindre doute, reconnat
qu'il est absolument impossible que cependant il n'existe pas lui-mme."
"Les choses que l'on conoit clairement et distinctement tre des substances
diffrentes, comme l'on conoit l'esprit et le corps, sont en effet des substances
diverses, et rellement distinctes les unes d'avec les autres."
466
lois de la nature doivent en tre dduites par induction partir d'expriences
multiples.
Voir critique de l'empirisme par Kant dans Empirisme.
Remarque
L'innisme de Descartes est dualiste.
Voir :
Critique de l'innisme par Kant : Descartes : pense, me et corps ;
Ralit et phnomnes ;
Ce qu'un sujet peut dduire du Je pense, selon Kant.
467
Moi : construit progressivement partir du a, inconscient qui coopre avec la
couche consciente du Moi.
Surmoi : issu d'une division du Moi, qu'il juge et censure. Communique avec le
a par ses parties archaques. Comprend deux parties :
L'idal du moi : reprsentations idalises des parents et personnes
admires ; projets ou activits valoriss.
Instance critique d'interdiction de prise de conscience et d'accomplissement
des dsirs.
Instance corrlative au dclin du complexe d'dipe : identification aux parents,
refoulements intriorisant leurs interdits, adoption des reprsentations des
parents et de l'entourage. En outre, adaptation aux exigences sociales et
culturelles.
Intellect
Selon le dictionnaire [13] : Facult suprieure de la connaissance abstraite et
logique, facult d'engendrer et d'utiliser des ides gnrales, de penser par
concepts.
Synonyme : entendement.
Intellection
Selon le dictionnaire [13] : (Philosophie) Opration de l'intellect (l'entendement) ; en
particulier, opration par laquelle l'intellect, par opposition l'imagination, comprend
ou conoit par des processus abstraits et logiques tels que la formation d'un concept.
[93] D.1770, p. 643 - "Il n'y a pas (pour l'homme) d'intuition des choses
intellectuelles, mais seulement, en ce domaine, une connaissance symbolique, et
l'intellection par concepts universels ne nous est permise que dans l'abstrait, et non
par une perception singulire dans le concret.
Intellectuel
Selon [13]
Adjectif : qui concerne l'intelligence, l'intellect, l'entendement ; qui est pur esprit, pure
intelligence.
468
[(a priori)] des choses : mais nous n'avons pas la moindre ide d'une telle
intelligence, ni par suite des tres intelligibles, objets de cette intelligence."
(Fin de citation)
Intelligence
Fonction mentale d'organisation du rel en penses.
Elle interprte des reprsentations prsentes en mmoire de travail,
D'abord par l'entendement spontan, qui les identifie et les juge
superficiellement ;
Puis si ncessaire par raisonnement dlibr.
Ces processus crent de nouvelles reprsentations.
Elle transmet des reprsentations entre la mmoire de travail et la mmoire
de long terme, o elle sait les retrouver.
L'intelligence permet l'homme d'acqurir et d'approfondir des connaissances,
de crer des abstractions et des modles. Cela lui permet de s'adapter son
milieu, d'adapter sa conduite aux circonstances et de poursuivre des buts
conformes ses valeurs (en l'absence de tels critres de jugement, l'intelligence
n'a pas de sens).
Chez Kant
Etre raisonnable :
La volont de ses actions rsulte de sa prise en compte de lois.
[132] page 250 "Un tre qui est capable d'actions d'aprs la reprsentation de lois
est une intelligence (un tre raisonnable), et la causalit d'un tel tre d'aprs cette
reprsentation des lois est sa volont."
Un tre raisonnable peut agir conformment aux lois morales, car il est libre : voir
Monde moral.
469
Intelligence suprme (Intelligent Design)
L'intelligence suprme est celle du Crateur de l'Univers, Dieu, considr par les
croyants comme seul capable d'y avoir apport autant d'ordre, d'harmonie et de
beaut. Cette croyance tlologique est d'ailleurs appele par les Amricains
Intelligent Design.
Concept d'une suprme intelligence : simple Ide, exemple d'objet dans l'Ide
(Citation de K576)
Le concept d'une suprme intelligence est une simple Ide,
c'est--dire que sa ralit objective ne doit pas consister en ce qu'il se rapporte
directement un objet [des sens] (car, pris dans ce sens, nous ne saurions en
justifier la validit objective [voir Existence de Dieu]) :
et qui ne sert qu' maintenir la plus grande unit systmatique dans l'usage
empirique de la raison, en faisant que l'on drive l'objet de l'exprience pour ainsi
dire de l'objet imaginaire de cette Ide comme de son fondement ou de sa cause.
Voir :
Doctrine de la thologie naturelle ;
Conclusion sur la possibilit des choses Concept de la suprme ralit ;
Principaux arguments de cette preuve en faveur d'une doctrine tlologique ;
Dialectique naturelle de la raison - 3me Ide rgulatrice (thologique) ;
Idal du souverain bien ;
Dogmatisme possible de la foi en une Intelligence suprme et de la physico-
thologie ;
Croyance doctrinale.
470
bien que ce fait mme de l'admettre soit du ressort de la raison thorique, au regard
de laquelle seule il peut, considr comme fondement de l'explication, tre appel
une hypothse,
Intelligible
Philosophie
Qui est identifi et compris par l'intelligence ;
Qui, aprs analyse, est organis en discours cohrent et prsent comme
ncessaire par l'intelligence ; qui est l'objet ou le rsultat de ce travail de
l'intelligence. (En somme : une chose intelligible est une chose que l'intelligence
peut comprendre logiquement en tant que consquence de certitudes admises).
471
autorisation de la raison qui soit fonde, quand bien mme (parce que l'on ne
dispose d'aucun concept de leur possibilit ou de leur impossibilit) aucune manire
de voir prsume meilleure ne permet d'en nier dogmatiquement l'existence."
Intemporalit
Selon [13] : Caractre de ce qui est tranger la variabilit du temps, qui reste
immuable.
Voir Dfinition de la raison pure pratique (ou raison pratique) chez Kant.
Intemporel
Qui est tranger au temps et n'a pas non plus de dure.
Voir Substance, Ide, Chose en soi.
Intention
Voir Importance de l'intention.
"Pour ce qui concerne l'tat des reprsentations, ou bien mon esprit est actif et
tmoigne d'une facult, ou bien il est passif et consiste en une rceptivit. Une
connaissance contient, runies en elle, les deux dimensions, et la possibilit de
disposer d'une telle connaissance porte le nom de facult de connatre par rfrence
la partie qui en est la plus noble, savoir l'activit de l'esprit qui consiste relier
des reprsentations ou les distinguer les unes des autres."
(Lorsque l'esprit prend conscience d'une reprsentation il y a deux cas
psychologiques :
Ou il se sent concern et apprcie les consquences de l'objet de la
reprsentation comme favorables ou dfavorables ; il est alors affect, il a
une attitude passive de rceptivit.
Ou il ne se sent pas concern ; son esprit est alors en mesure de juger
rationnellement, sans motion, avec une ou plusieurs des autres facults.)
472
Facults de connaissance infrieure et suprieure
(Suite de la citation ci-dessus)
"Les reprsentations vis--vis desquelles l'esprit se comporte de manire passive,
par lesquelles le sujet est donc affect (tant entendu qu'il peut s'affecter lui-mme
ou tre affect par un objet), appartiennent la facult sensible de connatre ; en
revanche, celles qui contiennent un pur agir (la pense), appartiennent la facult
intellectuelle de connatre. La premire est dsigne aussi comme la facult
infrieure de connaissance, la seconde comme la facult suprieure. La facult
infrieure a le caractre de passivit du sens interne qui appartient aux sensations ;
la facult suprieure a celui de la spontanit de l'aperception, c'est--dire de la pure
conscience de l'action qui, dfinissant la pense, relve de la logique (systme des
rgles de l'entendement) - de mme que la passivit relve de la psychologie
(ensemble de toutes les perceptions internes runies sous des lois de la nature) - et
fonde ainsi l'exprience interne." (Fin de citation)
Interactionnisme
Doctrine dualiste de Descartes selon laquelle le corps et l'esprit interagissent, bien
qu'tant des substances distinctes. Selon cette doctrine, un vnement mental peut
causer une action physique : la volont d'avancer le pied droit fait qu'il avance.
Inversement, un vnement physique peut causer une pense : si mon pied heurte
une pierre, j'ai mal.
Intrt
[L'intrt] ne se trouve donc que dans une volont dpendante qui, d'elle-mme,
n'est pas toujours conforme la raison ;
[1er cas : la volont ne dpend que de principes de la raison]
[Ainsi,] dans la volont divine, on ne peut se figurer la prsence d'aucun intrt
[pratique pour l'action ; la volont dans ce cas ne dpend de principes de la
raison en elle-mme, et le sujet ne s'intresse qu' l'action.]
[2me cas : la volont dpend de principes de la raison mise au service de
l'inclination]
[] La volont humaine peut [aussi] concevoir un intrt pour quelque chose
473
sans pour autant agir par intrt. [Il s'agit ici de l'intrt pathologique que l'on
prouve pour l'objet de l'action. La volont dans ce cas dpend de principes de
cette mme raison se mettant au service de l'inclination, et le sujet s'intresse
l'objet de l'action (en tant qu'il lui est agrable).]
[]
[Cas o l'action est accomplie par devoir]
Lorsqu'il s'agit d'une action accomplie par devoir, ce n'est pas l'intrt pour l'objet
qu'il faudrait considrer, mais uniquement celui qui porte sur l'action elle-mme et sur
le principe qui est le sien dans la raison (la loi)."
(Fin de citation)
Interne
Voir externe/interne
Les penses ne sont que des interprtations de l'tat du cerveau par lui-mme
Notre psychisme (activit crbrale) est incapable de manipuler des objets
physiques. Il ne manipule que des abstractions qui les reprsentent, et nos facults
n'ont que deux origines possibles : celles dont nous avons hrit de nos anctres en
naissant, par notre gnome, et celles que nous nous sommes construit depuis -
notamment en nous reprsentant mentalement le monde que nous percevons.
Dans mon esprit, c'est une abstraction appele reprsentation qui tient lieu
d'objet rel. Mon esprit ne peut pas voir ma maison physique, il "voit" sa
reprsentation abstraite (un phnomne) et la considre comme relle. Et c'est
sur le concept associ cette reprsentation, sur ce qu'il en voit comme sur ce
qu'il en imagine, qu'il raisonne si ncessaire ; c'est son seul accs la ralit,
c'est ce qui en tient lieu pour l'esprit.
Voir Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine).
Processus de la conscience
Des processus du cerveau interprtent continuellement l'tat de ses neurones, ainsi
que les signaux qu'ils se transmettent travers leurs interconnexions. Quand je vois
ma maison, en fait je construis puis j'interprte inconsciemment sa reprsentation
sous forme de concept ; la fin de cette interprtation ma maison est prsente
mon esprit, j'en ai conscience.
474
sont dans ma mmoire de travail ; l'homme en a une demi-douzaine au maximum.
Changeantes, ces reprsentations sont sans cesse rinterprtes : c'est pourquoi
elles restent prsentes mon esprit avec des significations qui changent.
Voil donc le lien que certains philosophes ignorent lorsqu'ils croient qu'aucune
cause matrielle ne peut expliquer la pense : ils font comme s'il devait exister une
transformation physique de matire ou nergie en pense ; ils oublient que notre
pense (et tout ce dont nous avons conscience) est une perception du
fonctionnement physique de notre cerveau : l'interprtation continue et instantane
de son propre tat par lui-mme. Il n'y a l ni transcendance, ni spiritualit.
Du point de vue des facults, il faut comprendre qu'elles ne sont que des aspects
diffrents de l'activit globale incessante du cerveau : la perception utilise l'intuition
qui utilise l'imagination et l'entendement, etc., et toutes changent les informations de
reprsentations et les modifient, toutes interagissent.
Introspection
Opration de la conscience lorsqu'elle s'observe elle-mme.
Exemple : quand je pense mon frre, je suis conscient de penser mon frre.
475
Intuition
La facult d'intuition
La facult d'intuition cre ou complte des reprsentations de deux faons :
par intuition sensible et par imagination.
Intuition sensible (intuition des sens)
Une intuition rsulte toujours de la facult de sensibilit. Il y a deux sortes
d'intuitions sensibles : l'intuition empirique et l'intuition pure.
L'intuition empirique est une facult par laquelle la conscience prend en
compte la perception d'un objet physique en un lieu donn et un instant
donn.
Elle commence le connatre sous forme d'espace et de temps : cest
l'intuition sensible, ainsi nomme parce quelle complte une reprsentation
des informations des sens externe et interne cre par une suite de
perceptions, puis enrichie par une synthse successive de l'imagination
productive.
Cette reprsentation est prise en compte par l'esprit sous forme d'un
concept qu'on pourrait attribuer l'entendement plutt qu' l'intuition, du fait
de son enrichissement par l'imagination ; Kant ne lui donnant pas de nom
particulier, je l'ai appel concept empirique de l'entendement.
Lorsque ce concept est utilis dans un jugement, Kant parle de jugement de
perception.
476
Voir dans Conceptualisation le fait qu'une intuition empirique est une
synthse toute faite d'une perception donne, synthse qui gnre un
concept empirique de l'entendement.
L'intuition pure : espace et temps, formes absolument a priori de l'intuition.
K207 - "L'intuition sensible est, ou bien intuition pure (espace et temps) ou
bien intuition empirique de ce qui, dans l'espace et le temps, est
immdiatement reprsent comme rel travers la sensation."
Kant n'admet que deux informations pour l'intuition sensible (intuition des objets
matriels et des phnomnes) : l'espace et le temps ; les objets abstraits comme
Dieu sont suggrs par raisonnement, ils ne sont pas intuitifs.
Voir Principe suprme de la possibilit d'intuition relativement la sensibilit.
Intuition par imagination partir de reprsentations donnes
Lintuition peut aussi crer une reprsentation par imagination productrice et par
imagination reproductrice ; comme toutes les reprsentations, celle-ci est
aussitt prise en compte sous forme de concept.
477
Intuition en gnral
Mcanisme natif de l'esprit, le mme pour toutes les intuitions empiriques, quel que
soit le phnomne. Voir Mcanisme de synthse de l'apprhension, catgories et
possibilit de l'exprience.
478
Les sens reprsentent les phnomnes empiriquement dans la perception ;
L'imagination les reprsente dans l'association (et la reproduction :
imagination reproductrice) ;
L'aperception les reprsente dans la conscience empirique de l'identit de
ces reprsentations reproductrices avec les phnomnes par lesquels elles
taient donnes, par consquent dans la recognition.
K210 L'imagination appartient la sensibilit. Mais la synthse de
l'imagination, spontane, intervenant a priori, produit des intuitions en conformit
avec les catgories. C'est une synthse transcendantale, effet de l'entendement
sur la sensibilit.
Complments de dfinition
L'intuition est passive, elle ne se produit que quand quelque chose affecte nos sens :
K117 "L'intuition n'intervient [en tant que moyen pour qu'une connaissance se
rapporte un objet physique] que dans la mesure o l'objet nous est donn.
Cela n'est possible que parce que l'objet affecte l'esprit, ce qu'il fait par la
mdiation [par l'intermdiaire] de la sensibilit."
479
de concepts. Donc la connaissance de tout entendement est une connaissance par
concepts.
K239 - La forme de tout phnomne extrieur contient une intuition dans l'espace et
dans le temps qui lui sert de fondement a priori. L'intuition pure ne concerne que la
forme des phnomnes.
K472 "Le pouvoir sensible d'intuition n'est proprement parler qu'une rceptivit,
qui consiste tre affect d'une certaine manire par des reprsentations dont le
rapport qu'elles entretiennent les unes avec les autres est une intuition pure de
l'espace et du temps (simples formes de notre sensibilit), et qui se trouvent
dsignes comme des objets en tant qu'elles sont dans ce rapport (l'espace et le
temps) relies et dterminables d'aprs des lois rglant l'unit de l'exprience."
Voir :
Contenu d'un phnomne : forme et matire ;
Exprience, exprience effective ;
Jugements empirique, d'exprience ou de perception.
Intuition (tapes) ;
Entendement (tapes).
480
Principes suprmes de la possibilit d'intuition pour la sensibilit et l'entendement
Par dfinition un objet existe physiquement si et seulement si il existe la fois dans
le temps et dans l'espace. Mais comme l'esprit n'a pas accs la ralit physique, il
aura conscience de l'existence de l'objet lorsqu'une reprsentation se sera forme
dans sa mmoire de travail et que son intuition a priori de l'espace et du temps l'aura
prise en compte.
Possibilit de toute intuition relativement la sensibilit
K201 - "Le principe suprme de la possibilit de toute intuition relativement la
sensibilit consiste, suivant l'esthtique transcendantale, en ce que tout le divers
de l'intuition se trouve soumis aux conditions formelles de l'espace et du temps."
Spontane, l'intuition cre une reprsentation brute du phnomne avant toute
identification ou interprtation. Cette reprsentation est prise en compte en
affectant les sens, externe (pour l'espace) et interne (pour le temps).
La soumission aux conditions formelles de l'espace et du temps vient de ce que
les reprsentations diverses de l'intuition nous sont donnes :
K120 - "L'espace est une reprsentation ncessaire, a priori, la base de
toutes les intuitions externes. Il n'y a pas de reprsentation o ne figure pas
l'espace."
K129 - Le temps est une reprsentation ncessaire, a priori, la base de
toutes les intuitions internes. Il n'y a pas de reprsentation o ne figure pas
le temps : "Jamais dans l'exprience ne peut nous tre donn un objet qui
ne s'inscrive pas sous la condition du temps."
K241 - "L'intuition empirique n'est possible que par l'intuition pure (de l'espace et
du temps)". (Le mcanisme mental de l'intuition passe ncessairement par les
intuitions pures et concepts a priori que sont l'espace et le temps, et leurs
schmes de grandeurs extensives.)
K314 "L'espace et le temps prcdent tous les phnomnes, ainsi que toutes
les donnes de l'exprience, et ils ne font [] que les rendre possibles."
Possibilit d'intuition relativement l'entendement
"Le principe suprme de la possibilit d'intuition relativement l'entendement
consiste en ce que tout le divers de l'intuition se trouve soumis aux conditions de
l'unit originairement synthtique de l'aperception."
(Raison : toutes les composantes du divers doivent tre lies du fait de l'unit
ncessaire de la conscience de soi.)
Autrement dit (K205) : "Le divers d'une intuition sensible s'inscrit ncessairement
sous l'unit synthtique originaire de l'aperception, puisque c'est uniquement par
son intermdiaire que l'unit de l'intuition est possible."
Cette synthse transcendantale d'un concept pur fait ncessairement suite une
synthse empirique : elles vont toujours ensemble.
Voir : Principe de l'unit synthtique du divers de toute intuition possible.
K122 - Une connaissance a priori peut se dduire par synthse d'une intuition a
priori ; partir d'un concept on ne peut dduire a priori qu'un autre concept.
481
K128 - "Le temps n'est rien que la condition subjective sous laquelle toutes les
intuitions peuvent avoir lieu en nous. [] C'est la forme de l'intuition que nous avons
de nous-mmes et de notre tat intrieur."
K135 - "Nous distinguons fort bien, parmi les phnomnes ce qui s'attache par
essence leur intuition [] de ce qui ne vient s'y joindre que de manire
contingente. [] la premire connaissance se reprsente l'objet en soi, la seconde le
phnomne de cet objet." Conclusion : dans une connaissance d'origine intuitive, il
faut distinguer l'essence (stable) du phnomne (contingent).
K143 - Une intuition pure (voir K119) contient exclusivement la forme de l'objet
intuitionn (sans matire), alors qu'un concept pur contient uniquement la forme d'un
objet pens en gnral ; tous deux sont possibles a priori.
K231 - Les principes mathmatiques sont des jugements synthtiques a priori issus
de la seule intuition, pas d'un concept pur de l'entendement.
Voir aussi :
Le sentiment, effet de la reprsentation sur le sujet, appartient la sensibilit ;
Temps ;
Unit transcendantale - Unit subjective ;
Comment l'intuition en gnral est-elle possible ? ;
Axiomes de l'intuition : les intuitions sont des grandeurs extensives ;
Anticipations de la perception et de l'exprience.
Intuition (tapes)
Perception initiale
Le sujet tant dou de sensibilit peroit un objet des sens (un phnomne) : la
rceptivit de sa capacit de reprsentation fait que l'objet affecte son esprit.
Cette perception gnre des reprsentations brutes dans sa mmoire de travail.
Intuition
L'affinit des phnomnes permet l'association de ces reprsentations.
Une synthse successive de l'imagination productive (premire synthse,
effectue par l'apprhension : la synthse intuitive) produit une reprsentation
synthtique du divers.
482
L'intuition pure ordonne cette reprsentation selon l'espace et le temps, concepts
connus a priori.
L'entendement de cette reprsentation commence pendant l'intuition, ds la
formation de la reprsentation synthtique ordonne par rapport lespace et au
temps. L'esprit prend en compte cette reprsentation en construisant un concept
empirique de l'entendement.
Cette reprsentation synthtique produit chez le sujet un dbut d'exprience, de
connaissance empirique, tat de l'esprit rsultant des reprsentations en
mmoire de travail : l'esprit prend conscience de la prsence du phnomne
dans le temps et l'espace.
La connaissance empirique peut aussi provenir d'une anticipation de la
perception.
Entendement
La matire du phnomne produit une sensation due sa grandeur intensive :
l'information matire complte la reprsentation synthtique du divers.
C'est cette sensation de matire qui rend possible et mesure l'exprience de
l'intuition sensible.
Deuxime synthse, par l'aperception : la reprsentation prcdente subit une
synthse pure a priori par la fonction transcendantale de l'imagination
productrice de l'entendement : la reprsentation synthtique rsultante dcrit
l'objet donn dans son intgralit. Le concept pur de l'entendement associ
cette reprsentation est dit dduit de l'objet par dduction transcendantale.
Enchanement automatique : perception intuition entendement :
K193 "Nous possdons donc une imagination pure, constituant un pouvoir
fondamental de l'me humaine [l'esprit humain], qui sert a priori de fondement
toute connaissance. Par l'intermdiaire de celle-ci, nous mettons le divers de
l'intuition, d'un ct, en liaison avec, de l'autre, la condition de l'unit ncessaire
de l'aperception pure. Les deux termes extrmes, savoir la sensibilit et
l'entendement, doivent ncessairement s'agencer l'un l'autre par l'intermdiaire
de cette fonction transcendantale de l'imagination"
L'entendement, qui a gnr des catgories, coopre avec la raison, qui peut
construire des concepts qui le dpassent.
Voir aussi :
Etapes de la recherche par analyse de la possibilit d'une science pure de la
nature ;
Jugements empirique, d'exprience ou de perception.
483
Ipsit
Substantif : ce qui fait qu'une personne, par des caractres strictement individuels,
est non rductible une autre. Exemples : Il n'est pas d'tre sans ipsit ;
Parce qu'il n'a pas d'ipsit, un lectron est identique un autre.
Irrductible
Adjectif : impossible dfinir partir d'une ou plusieurs notions plus simples.
Un concept irrductible est un concept de base.
Exemple : le nombre entier 1, reprsentant la notion d'unit.
Isomorphe - Isomorphisme
Isomorphe
Adjectif (mathmatiques) dfinition du dictionnaire de l'Acadmie [13] :
Se dit de deux ensembles en correspondance biunivoque, munis chacun d'une loi de
composition interne, de telle faon que ces lois appliques des lments
correspondants donnent pour produit des lments correspondants.
Isomorphisme
Substantif En mathmatiques, la relation entre deux ensembles isomorphes est
appele isomorphisme. Explication :
Soient deux ensembles E et E' o tout lment a appartenant E (not : aE)
correspond un lment bE (correspondance biunivoque) tel que a et b soient
lis par la relation R (on crit aRb) ; de mme, tout lment a'E' correspond
un lment b'E' tel que a' et b' soient lis par la relation R' (on crit a'R'b'). Il y a
isomorphisme entre les ensembles E et E' si et seulement si il existe une relation
S qui associe chaque lment aE un lment a'E' (on crit : aSa') et qui
associe aussi leurs correspondants b et b', c'est--dire bSb'.
En somme, si on considre les relations R et R' comme des transformations
internes aux ensembles E et E' respectivement, et que l'on considre
l'association S faisant passer de tout lment aE son correspondant
biunivoque a'E', l'isomorphisme signifie que les transformations associes R et
R' respectent l'association S.
Je
Voir Moi (Je).
Je pense donc je suis = Tout ce qui pense existe , mais ne l'implique pas
Dialectique transcendantale / Livre II : des raisonnements dialectiques de la raison
pure / Chapitre 1er : Des paralogismes de la raison pure / Rfutation de la
dmonstration par Mendelssohn de la permanence de l'me : K411 note *
484
d'avoir en tant que reprsentation : cette fonction et son acte dclencheur, Je
pense , agissent pour "tous les concepts en gnral, et par consquent aussi des
concepts transcendantaux."
K364 "Or, tant donn que la proposition : Je pense (prise en un sens
problmatique) contient la forme de tout jugement de l'entendement en gnral
et qu'elle accompagne toutes les catgories en constituant comme leur vhicule,
il est clair que les conclusions susceptibles d'en tre tires ne sauraient contenir
qu'un usage transcendantal de l'entendement qui exclut tout ajout venant s'y
mler partir de l'exprience"
K360 "Je suis, en tant que pensant, un objet du sens interne et porte le nom d'me.
Ce qui est un objet des sens externes porte le nom de corps. En vertu de quoi le
terme : Je, en tant qu'tre pensant, dsigne dj l'objet de la psychologie, qui peut
tre appele la doctrine rationnelle de l'me lorsque je ne dsire rien savoir de plus,
sur l'me, que ce qui, indpendamment de toute exprience (qui me dtermine plus
prcisment et concrtement), peut tre conclu partir de ce concept Je, en tant qu'il
survient dans toute pense."
Voir Aperception (conscience de soi), pure ou empirique.
Kant nie la possibilit de dire Tout ce qui pense existe , puisque penser implique
par dfinition l'existence d'un cerveau vivant capable de penser et possdant un sens
interne qui constate sa pense, ce qui garantit J'existe . Pour que l'acte de penser
puisse avoir lieu sans un tel cerveau il faut imaginer un tre pensant immatriel ou
artificiel :
K400 "Cette substance [l'me], simplement comme objet du sens interne,
fournit le concept de l'immatrialit."
Un tel tre pensant est pure imagination, nous n'en avons nulle exprience. Sur un
tel tre nous ne pouvons donc raisonner mais seulement spculer. Il s'agit par
exemple d'une me sans corps, d'un dieu ou d'un ordinateur, si nous admettons
qu'un ordinateur pense :
K411 [Avec la psychologie rationnelle] "disparat donc une connaissance que
l'on recherchait au-del des limites d'une exprience possible et qui se rapporte
pourtant l'intrt suprme de l'humanit : elle se rsout, si on la demande la
philosophie spculative, en une esprance abuse par l'illusion."
Ce sujet est parat-il d'une difficult telle qu'il a donn lieu plusieurs interprtations,
que le philosophe Alain RENAUT aborde dans [3] pages 11 29.
485
Je pense : ce qu'on peut dduire de la conscience de soi
Voir Ce qu'un sujet peut dduire du Je pense, selon Kant.
Voir aussi :
Mtaphysique : le mode de connaissance ;
Jugements empirique, d'exprience ou de perception ;
Table de ce qui appartient au jugement en gnral (table logique des jugements)
486
On peut conclure d'une exprience (cas particulier) un jugement synthtique qui
apporte de la connaissance par son prdicat.
Exemple de jugement empirique, donc contingent :
K204 - "Les corps sont pesants".
K103 - "Dans toutes les sciences thoriques de la raison sont contenus des
jugements synthtiques a priori faisant fonction de principes"
Voir Axiomatique et Systme logique.
Parce qu'un tel jugement d'objet dcrit une grandeur, Kant l'appelle mathmatique.
Ces jugements reposent sur la facult de logique pure dont chaque esprit rationnel
dispose a priori. Ils sont synthtiques parce que le prdicat du sujet ne peut en tre
dduit, contrairement au cas des propositions analytiques.
487
ligne droite. Il faut donc s'aider ici de l'intuition, par l'intermdiaire de laquelle
seulement la synthse est possible."
et c'est pourquoi il ne s'agit pas du tout pour elle de simplement dcomposer des
concepts que nous nous faisons a priori de certaines choses et par l de les
expliciter analytiquement :
en fait, nous voulons largir a priori notre connaissance, ce en vue de quoi il nous
faut nous servir de propositions fondamentales qui, par-del le concept donn,
ajoutent quelque chose qui n'tait pas contenu en lui,
et par des jugements synthtiques a priori nous avancer vraiment si loin que
l'exprience elle-mme ne peut nous suivre jusque-l, par exemple dans la
proposition : Le monde doit avoir un premier commencement, etc. ;
(Fin de citation)
Conclusion
Les exemples 1, 2 et 3 prcdents montrent qu'un systme de connaissances est
toujours bas sur un ensemble de connaissances et de principes a priori, admis
comme axiomes ou postulats de faits, et comme rgles de dduction de propositions.
488
Facult de jugement
K310 - Un jugement qui n'est ni prcd ni suivi d'une rflexion critique (sur sa
validit) est effectu par l'entendement pur.
Jugement analytique
K231 Du principe suprme de tous les jugements analytiques.
Voir les dfinitions : types de jugements et analytique.
Voir ensuite Jugement (dfinitions : analytique, synthtique, synthtique a priori).
K232 - Un jugement sans contradiction interne peut tre faux ou sans fondement.
K232 Une chose qui a la proprit valeur logique A (A=vrai ou A=faux) ne peut
pas avoir en mme temps la proprit valeur oppose non-A, mais elle peut tre A
et non-A des instants diffrents : il faut bien comprendre le principe de non-
contradiction !
Jugement synthtique
K233 Du principe suprme de tous les jugements synthtiques.
Voir les dfinitions des types de jugements et de synthse.
Voir ensuite Jugement (dfinitions : analytique, synthtique, synthtique a priori).
489
(L'explication de Kant se ramne une exigence d'intuition pour comprendre par
synthse les oprations d'arithmtique, les axiomes et jugements mathmatiques et
leur utilisation dans des dductions logiques ; en mathmatiques, les jugements sont
mme synthtiques a priori).
K155-K156 - Un jugement tant une connaissance mdiate d'un objet, il est associ
la reprsentation d'une reprsentation de cet objet.
Voir aussi Les jugements synthtiques requirent un autre principe que le principe de
contradiction.
490
"Il doit tre possible, soit d'largir avec assurance notre raison pure, soit de lui
poser des bornes dtermines et sres." En somme : "Comment la
mtaphysique est-elle possible comme science ?"
K109 - "On peut donc et on doit considrer comme non avenues toutes les tentatives
[] pour difier dogmatiquement une mtaphysique" : les contradictions sont
invitables dans une telle approche.
consiste dans l'unit objective de l'aperception des concepts qui s'y trouvent
contenus."
Exemple : le jugement Tous les corps sont pesants nonce un rapport
objectif (affirmation partageable par tous les individus) et non pas subjectif
(impression personnelle).
C'est de cette faon que des jugements synthtiques a priori sont possibles, quand
nous rapportons les conditions formelles de l'intuition a priori (la synthse de
l'imagination et l'unit ncessaire de celle-ci dans une aperception transcendantale)
une connaissance exprimentale possible, et que nous disons : les conditions de la
possibilit de l'exprience en gnral sont en mme temps conditions de la
possibilit des objets de l'exprience, et elles ont pour cette raison une validit
objective dans un jugement synthtique a priori."
(Fin de citation)
Consquences (K236)
L'exprience, en tant que synthse empirique, est l'unique mode de
connaissance qui permet d'atteindre la vrit (connaissance exacte d'un
phnomne physique).
Une connaissance a priori ne peut tre vraie (conforme son objet) que si elle
contient le mme ensemble d'informations que celles ncessaires l'unit
synthtique d'une exprience qui la produirait.
491
(En gros : une connaissance ne peut tre vraie que si on peut concevoir une
exprience susceptible de reproduire son droulement et ses informations
toutes ses informations et seulement celles-l.)
D'o le principe suprme : tout objet peru fournit une reprsentation qui respecte les
conditions ncessaires de l'unit synthtique du divers de l'intuition dans une
exprience.
Voir :
Principe de l'unit synthtique du divers de toute intuition possible
Unit synthtique de l'aperception
L'aspect jugement de l'entendement
Jugements synthtiques par concepts de la raison pure
Jugements synthtiques tendant un concept : ncessit d'un troisime terme
[56] 18 page 91 - Tous les jugements d'exprience sont empiriques, puisqu'ils ont
"leur fondement dans une perception immdiate des sens."
Jugements empiriques
Mais rciproquement, tous les jugements empiriques ne sont pas des jugements
d'exprience : l'lment empirique, et en gnral aux donnes de l'intuition
sensible, doivent s'ajouter des concepts particuliers, qui ont leur origine
compltement a priori dans l'entendement pur, et sous lesquels toute perception doit
tre avant tout subsume pour tre ensuite, par leur intermdiaire, convertie en
exprience et faire l'objet d'un jugement empirique.
492
[Les jugements de perception lient celles-ci sans intervention de l'entendement]
[Les jugements de perception] n'ont pas besoin d'un concept de l'entendement pur,
mais seulement de la liaison logique des perceptions dans un sujet pensant ;
[Cette liaison logique cre une reprsentation de synthse ; cest la prise en
compte spontane de cette reprsentation par les fonctions de recognition et
d'imagination productive qui crent un concept de l'entendement. Si celui-ci
correspond une perception du seul objet, il est objectif et sa prise en compte
constitue un jugement dexprience.]
[Un jugement d'exprience de phnomne est le mme pour tous les sujets]
Si en effet un jugement s'accorde avec un objet, tous les jugements sur le mme
objet s'accorderont ncessairement entre eux. Ainsi la valeur objective du jugement
d'exprience n'est autre chose que la ncessit et l'universalit.
493
Valeur objective et universalit des jugements d'exprience
Source : [56] 19 page 93
"Ainsi la valeur objective, et l'universalit ncessaire (pour tout le monde) sont des
concepts rciproques, et bien que nous ne connaissions pas l'objet en lui-mme,
nanmoins, quand nous attribuons au jugement une valeur universelle et par suite
ncessaire, c'est la valeur objective que nous entendons par l."
J'avoue que ces exemples ne sont pas des jugements de perception tels qu'ils
puissent jamais devenir jugements d'exprience, quand mme on y ajouterait un
concept [pur] de l'entendement ; car ils se rapportent uniquement l'affection
sensible que chacun reconnat comme purement subjective, et qui ne peut tre
jamais attribue l'objet ; par suite ils ne peuvent jamais non plus devenir objectifs.
J'ai voulu seulement prsenter un exemple d'un jugement dont la valeur est
purement subjective, qui ne contient en lui rien qui puisse rendre raison d'une
universalit ncessaire et d'un rapport l'objet.
Je ne prtends pas que je doive sentir toujours de mme, ni les autres comme moi ;
ces jugements n'expriment qu'une relation de trois sensations au mme sujet, c'est-
-dire moi-mme, et cela seulement dans l'tat actuel de ma perception ; ils ne
doivent donc pas avoir de valeur pour l'objet : ce sont ces jugements que j'appelle
jugements de perception."
(Fin de citation)
J'nonce donc tous les jugements de cette espce comme objectifs : par exemple,
quand je dis : l'air est lastique, ce jugement n'est en premier lieu qu'un jugement de
perception, c'est--dire que j'tablis dans mes sens un rapport entre deux
sensations.
Pour pouvoir l'appeler un jugement d'exprience, j'exige que celte liaison soit
soumise une condition qui la rende universelle. Je demande par consquent que
moi-mme en tout temps et que chacun comme moi unisse ncessairement la mme
perception dans les mmes circonstances."
(Fin de citation)
494
(Citation de [56] 20)
L'exprience est produite par l'action des sens et de l'entendement.
Ce dont le sujet a conscience (ce qui est prsent son esprit) c'est une
reprsentation cre spontanment par ses sens. La fonction psychique qui cre la
prise de conscience est l'intuition.
La perception d'un phnomne du sens externe (ou d'un sentiment du sens interne)
est le plus souvent un ensemble de perceptions successives dont l'esprit fait
spontanment la synthse : du dbut la fin, l'esprit n'a conscience que d'un seul et
mme phnomne tant que la suite des phnomnes successifs perus ne traduit
pas une volution dans le temps.
Un jugement universel est cr par l'entendement dans une seconde tape, partir
de la reprsentation de synthse rsultant de l'tape prcdente.
495
Juste ou injuste - Transgression
(Citation de [108] pages 175-176 "Un acte est juste ou injuste en gnral (rectum
aut minus rectum) dans la mesure o il est conforme ou contraire au devoir (factum
licitum aut illicitum), le devoir lui-mme pouvant alors, dans son contenu ou dans son
origine, tre de quelque espce que ce soit.
Une transgression non prmdite qui peut cependant tre impute s'appelle une
simple faute (culpa).
Ce qui est conforme aux lois extrieures reoit le nom de juste (justum) ; ce qui n'y
est point conforme, celui d'injuste (injustum)."
(Fin de citation)
Lacisation de la morale
Voir Lacisation de la morale.
Kant utilise ces termes dans le sens conforme la loi de la raison ; conforme
au principe de l'unit synthtique de l'aperception ; qui respecte une ncessit .
Leurre
Dictionnaire [13]
Un leurre est un artifice spcieux dont l'apparence sduisante est destine
tromper.
Synonymes : duperie, tromperie, mystification.
Kant : le leurre tendu l'entendement par les sens est illusion ou tromperie
(Citation de A081-A082 [3] ) "Du jeu artificiel avec l'apparence sensible
13. Le leurre qui est tendu l'entendement par les reprsentations des sens peut
tre naturel ou artificiel, et il est ou bien illusion, ou bien tromperie. Le leurre cause
496
duquel on se trouve contraint de tenir quelque chose pour vrai sur le tmoignage des
yeux, alors que le mme sujet le dclare impossible par son entendement, c'est ce
que nous appelons illusion d'optique.
Est illusion le leurre dont les effets persistent, bien que l'on sache que l'objet
prsum n'existe pas rellement. []
Mais il y a tromperie des sens, quand, ds que l'on sait comment l'objet est fait,
l'apparence cesse aussitt." (Fin de citation)
Liaison
Concept de Kant signifiant synthse, notamment celle du divers de l'intuition et de
son unit ; la liaison est alors la reprsentation de l'unit synthtique du divers des
phnomnes perus l'tat d'veil.
Dfinition de Kant
K238 note * : "Toute liaison est une composition ou une connexion."
Complments de la dfinition
K95 : "dans l'exemple Tout changement doit avoir une cause le concept
d'une cause contient lui-mme [] le concept d'une ncessit de la liaison."
K197 - "Toute liaison n'en est pas moins un acte de l'entendement, que nous
voudrions dsigner par la dnomination gnrale de synthse, afin de faire
remarquer en mme temps par l que nous ne pouvons rien nous reprsenter
comme li dans l'objet sans auparavant y avoir nous-mmes produit en lui cette
liaison, et que, de toutes les reprsentations, la liaison est la seule qui ne peut
tre donne par des objets, mais ne peut tre accomplie que par le sujet lui-
mme, parce qu'elle est un acte de sa spontanit [ l'tat d'veil]."
K198 - "le concept de liaison contient en lui, outre le concept du divers [de
l'intuition] et de sa synthse, aussi celui de l'unit de ce divers. La liaison est la
reprsentation de l'unit synthtique du divers. [] Cette unit, qui prcde a
priori tous les concepts de la liaison, ne saurait tre la catgorie de l'unit ci-
dessus mentionne ;"
(Dans cette remarque, l'expression le concept de liaison dsigne la notion de
liaison, pas un concept appartenant la liaison ou la reprsentant.)
Il y a donc deux sortes de synthse du divers rsultant de l'entendement :
K198 - La synthse en gnral, simple effet de l'imagination (K161),
reposant sur l'unit synthtique du divers, la liaison ;
K162 - La synthse pure reposant sur l'unit synthtique a priori, qui produit
le concept pur de l'entendement, concept transcendantal se rapportant a
priori des objets. Voir Unit synthtique de l'aperception.
Voir aussi :
Synthse de l'homogne ;
497
Principes suprmes de la possibilit d'intuition pour la sensibilit et
l'entendement ;
Continuit de tous les changements.
Voir aussi :
Synthse de l'homogne ;
Composition / Connexion (synthses mathmatique ou dynamique).
Libert
Source : [19].
498
Pouvoir d'chapper aux lois de la nature : dclenchement spontan, effet au
hasard : voir Libert au sens cosmologique.
Kant postule le dterminisme absolu de la nature, excluant donc le hasard.
[Les lois morales sont bases sur la libert (le libre arbitre)]
C'est sur ce concept positif (du point de vue pratique) de la libert que se fondent
des lois pratiques inconditionnes [absolues] qui sont dsignes comme morales"
(Fin de citation)
(Citation de K496)
"La libert entendue au sens pratique est l'indpendance de l'arbitre vis--vis de la
contrainte exerce par les penchants de la sensibilit.
Car un arbitre est sensible dans la mesure o il est affect pathologiquement
(par les mobiles de la sensibilit [arbitrium sensitivum]) ;
[L'homme est affect par ce qui peut le faire souffrir ou lui tre agrable.]
il est dit animal (arbitrium brutum) quand il peut tre pathologiquement ncessit.
499
[Quand une pulsion est plus forte que la valeur dominante prsente sa
raison, l'homme fait ce qu'elle lui dicte]
L'arbitre humain est vrai dire [] non point brutum, mais liberum, parce que la
sensibilit ne rend pas son action ncessaire, mais que rside dans l'homme un
pouvoir de se dterminer par lui-mme indpendamment de la contrainte
exerce par des penchants sensibles."
[Kant pense, comme Descartes, que la raison peut toujours l'emporter sur la
passion, pouvoir d'tre raisonnable dont Freud [41] et Jung [42] ont montr
le caractre illusoire.
Voir aussi Remarques sur la libert au sens pratique et le pouvoir de
surmonter les dsirs.]
(Fin de citation)
(Citation de K656-K657)
[Le concept de libert au sens transcendantal] "ne peut pas tre suppos
empiriquement comme un principe d'explication des phnomnes, mais constitue lui-
mme un problme pour la raison.
Un arbitre, en effet, est simplement animal (arbitrium brutum) s'il ne peut tre
dtermin autrement que par des impulsions sensibles, c'est--dire
pathologiquement. En revanche, celui qui peut tre dtermin indpendamment des
impulsions sensibles, par consquent par des mobiles que seule la raison peut se
reprsenter, s'appelle le libre arbitre (arbitrium liberum), et tout ce qui s'y relie, que ce
soit comme principe ou comme consquence, est appel pratique.
Celle-ci fournit donc aussi des lois qui sont des impratifs, c'est--dire des lois
objectives de la libert, et qui disent ce qui doit arriver, bien que peut-tre cela
n'arrive jamais, et se distinguent en cela des lois de la nature, qui ne traitent que de
ce qui arrive, ce pourquoi elles sont aussi appeles des lois pratiques."
(Fin de citation)
500
russir, dans la mesure o, partir de l'exprience, nous ne pouvons jamais
conclure quelque chose qui ne doit pas du tout tre pens d'aprs des lois de
l'exprience."
et qu'en tant que telle elle semble tre contraire la loi de la nature, par consquent
toute exprience possible, et donc demeure un problme.
[Avec l'affirmation de Kant de l'existence d'un foss infranchissable sparant la
pense et les actions de l'homme, la libert transcendantale ne semble pas tre
contraire la loi de la nature, elle lui est contraire : aucune interaction
transcendante n'est possible entre le psychisme humain et le monde matriel.
Mais comme cette affirmation est errone, cette libert transcendantale est
possible au sens de l'imprdictibilit de la pense due l'inconscient, au
subconscient, aux motions du moment et aux automatismes mentaux
spontans divers : toute pense a bien une cause physique, mais il ne peut
exister d'algorithme permettant de la dduire de circonstances donnes (le
dterminisme n'entrane pas toujours la prdictibilit bien qu'il exclue le hasard) ;
hlas, la psychologie n'est pas une science exacte.]
501
transcendantale. C'est par exemple le cas de la libert par rapport aux lois de la
nature, concept d'usage transcendant qui est une Ide transcendantale.
Voir en complment :
Causalit due la nature ou due la libert ;
Possibilit d'une conciliation entre la causalit par libert et la loi universelle de
la ncessit de la nature ;
Constitution Constitution politique.
Dfinition
(Citation de K495)
"J'entends par libert, au sens cosmologique du terme, le pouvoir d'inaugurer par
soi-mme un tat - une libert dont la causalit n'est donc pas son tour soumise,
selon la loi de la nature, une autre cause qui la dterminerait suivant le temps.
[ Inaugurer par soi-mme un tat signifie crer une situation sans cause ;
voir Rgression l'infini et Apparition.]
Mais dans la mesure o, sur ce mode, on ne peut obtenir dans la relation causale
aucune totalit absolue des conditions,
[parce que sa chane de causalit rgression illimite ne satisfait pas la
condition de compltude, la rgression restant penser pas pas]
502
la raison se forge l'Ide d'une spontanit [absence de conditions] capable de
commencer par elle-mme d'agir sans qu'une autre cause ait d intervenir
pralablement pour la dterminer son tour l'action suivant la loi de
l'enchanement causal."
[La raison commande de complter le postulat de causalit par une possibilit de
cause premire : voir Apparition et Rgression l'infini.]
(Fin de citation)
Libert impossible par rapport aux lois de la nature (le hasard n'existe pas)
Voir Hasard et Ides transcendantales : 3me conflit.
503
Libre arbitre (arbitrium liberum)
Pouvoir de choisir un acte en toute indpendance, en chappant au dterminisme de
la nature, ou de ne rien faire ; pouvoir de choisir librement entre le bien et le mal.
Le libre arbitre suppose qu'un homme ait une volont qui chappe aux instincts ou
pulsions issus de son corps ; le matrialisme nie l'existence d'un tel libre arbitre
[110].
Voir :
arbitre ;
libert ;
Chez Kant : libert au sens transcendant ou au sens pratique ;
Dterminisme et prdterminisme de Kant ;
[123] - Les 3 dterminants des valeurs selon le matrialisme.
Limite du monde
Voir Les divers types de dbut de la srie de conditions d'un inconditionn.
Limites de la raison
Voir Considrations sur les limites.
Logique (philosophie)
Substantif - La logique est la science des processus de la pense rationnelle et de la
dduction discursive des vrits. Elle rgit donc les jugements d'apprciation qui
distinguent le vrai du faux. Elle s'intresse donc la validit des oprations
intellectuelles visant la connaissance, sur le plan normatif comme sur le plan
rgulateur. On distingue :
504
Logique gnrale : dtermine, parmi les oprations discursives de l'esprit,
lesquelles conduisent la vrit par leur nature (comme la non-contradiction) ou
leur enchanement (comme le syllogisme). Elle traite, par exemple, des
infrences, des hypothses et des inductions.
K148 (Titre) "De la division de la logique gnrale en analytique et dialectique"
Logique formelle : science des concepts, jugements et raisonnements
considrs abstraitement et indpendamment des objets qu'ils dsignent.
Il existe des logiciels excutant des recherches de dmonstrations ou preuves
formelles de propositions logiques.
Logique scolastique : logique drive de la philosophie d'Aristote [43] et
enseigne au Moyen Age.
Logique classique : science des discours dductions rigoureuses, des
dmonstrations.
Logique symbolique : science des notations purement formelles assignes aux
concepts et visant tablir un systme de relations symboliques exprimant
l'inclusion, la disjonction, l'implication et la transformation d'ensembles.
K145 La logique gnrale est la logique lmentaire. Elle prsente deux formes :
La logique gnrale pure fait abstraction de toutes les conditions empiriques
sous lesquelles notre entendement s'exerce, par exemple de l'influence des
sens, du jeu de l'imagination, des lois de la mmoire, des prfrences et
prjugs
505
La logique gnrale pure est base exclusivement sur des principes a priori ;
c'est un canon de l'entendement et de la raison, mais uniquement du point de
vue formel de leur usage.
La logique gnrale pure est une science qui se prsente comme une doctrine
lmentaire de l'entendement.
[La logique gnrale applique] "prend pour objet les rgles de l'usage de
l'entendement dans les conditions subjectives et empiriques que nous enseigne
la psychologie. Elle possde donc des principes empiriques, bien qu'elle soit en
vrit gnrale en tant qu'elle porte sur l'usage de l'entendement sans distinction
des objets. Ce pourquoi elle n'est ni un canon de l'entendement en gnral ni un
organon de sciences particulires, mais simplement un catharticon de
l'entendement commun."
K151 - Dans la mesure o la logique ne devrait tre qu'un canon pour apprcier
l'usage empirique, on en fait usage abusif si on en fait l'organon d'un usage universel
et si l'on s'aventure, avec le seul entendement pur, juger, affirmer ou dcider
synthtiquement sur des objets en gnral.
506
et des effets qu'elle produit, de l'origine de l'erreur, de l'tat correspondant au doute,
au scrupule, la conviction, etc.
Elle possde donc des principes empiriques, bien qu'elle soit en vrit gnrale en
tant qu'elle porte sur l'usage de l'entendement sans distinction des objets. Ce
pourquoi elle n'est ni un canon de l'entendement en gnral, ni un organon de
sciences particulires.
507
Logique de l'apparence (logique dialectique)
Voir La logique de l'apparence (logique dialectique) critique par Kant.
Logique transcendantale
Logique de l'usage
(connaissances pures
de l'entendement
priori)
Logique des
Logique gnrale Analytique Dialectique
cas particuliers
(pure ou applique) transcendantale transcendantale
(organons de sciences)
Analytique Analytique
Logique analytique Logique dialectique
des concepts des principes
Logique pratique
Voir la dfinition de la thorie transcendantale de la mthode.
Loi de la nature
Voir aussi, dans Dfinition de la nature par ses lois, une critique de la dfinition
restrictive de Kant.
508
Caractre
Rgle de stabilit ;
Dterminisme.
Le principe de dterminisme suppose la stabilit des lois de la nature en plus de
la causalit, ce que rsume la formule :
C'est l'homme qui introduit l'ordre et la rgularit dans les lois de la nature
K194 "L'ordre et la rgularit, c'est donc nous-mmes qui les introduisons dans les
phnomnes que nous appelons nature, et nous ne pourrions les y trouver si nous
ou la nature de notre esprit ne les y avaient mis originairement. Car cette unit de la
nature doit tre une unit ncessaire, c'est--dire certaine a priori, de la liaison des
phnomnes. Or, comment pourrions-nous instaurer a priori une unit synthtique,
si, dans les sources originaires de connaissance de notre esprit, ne se trouvaient
contenus a priori des principes subjectifs d'une telle unit, et si ces conditions
subjectives ne possdaient en mme temps une validit objective, dans la mesure o
elles sont les principes de la possibilit de connatre un quelconque objet dans
l'exprience ?"
Complment : Comment nos facults de sensibilit et d'entendement sont-elles
possibles ?
509
Chez Kant
Voir :
Dfinition de l'Idalisme transcendantal ;
Doctrine de l'Idalisme transcendantal ;
Principe de fatalisme.
K194 "Les rgles, en tant qu'elles sont objectives [] s'appellent des lois. [] Ces
lois ne sont cependant que des dterminations particulires de lois encore
suprieures, dont les plus leves (sous lesquelles s'inscrivent toutes les autres)
proviennent a priori de l'entendement lui-mme et ne sont pas empruntes
l'exprience."
Voir L'entendement est le pouvoir des rgles.
Tant qu'une loi ainsi postule n'est pas contredite par des constatations empiriques,
elle est rpute vraie. Au moindre dfaut de vrit ou cas particulier imprvu, la loi
doit tre remise en cause. C'est le principe de l'attitude scientifique moderne.
Tout effet constat dans le monde est rgi par une loi de la nature ou par la libert
K497 "c'est une proposition exactement disjonctive que celle selon laquelle tout
effet survenant dans le monde doit procder ou bien de la nature, ou bien de la
libert."
Pour constituer une nature, les phnomnes doivent respecter une loi universelle
K501 - "Cette loi par laquelle seulement des phnomnes peuvent constituer une
nature et fournir les objets d'une exprience, c'est une loi de l'entendement par
rapport laquelle il n'est permis sous aucun prtexte de faire un cart ni d'riger un
quelconque phnomne en exception."
510
Voir aussi Conditions de possibilit des volutions de systmes.
Une loi morale (cas particulier de loi pratique), au contraire, dfinit une volution
souhaitable, c'est--dire ce qui devrait arriver (Kant dit : doit arriver).
Lois morales pures a priori, prescrivant ce qu'il faut ou ne faut pas faire
K655 "Des lois pratiques pures, dont la fin qu'elles noncent serait donne
compltement a priori par la raison, et qui ne commanderaient pas de manire
empiriquement conditionne, mais absolument, seraient des produits de la raison
pure. Or de ce type sont les lois morales ; par consquent, elles seules relvent de
l'usage pratique de la raison pure et autorisent un canon."
(Citation de K659)
"J'admets qu'il y a effectivement des lois morales pures qui dterminent
compltement a priori (sans prendre en considration les mobiles empiriques, c'est-
-dire le bonheur) ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire, c'est--dire l'usage de
la libert d'un tre raisonnable en gnral ;
j'admets aussi que ces lois commandent de manire absolue (et non pas simplement
de faon hypothtique, sous la supposition d'autres lois empiriques) et donc qu'elles
sont ncessaires tous gards.
Proposition que je peux supposer juste titre, non seulement en me rclamant des
preuves des moralistes les plus clairs, mais aussi du jugement moral de tout
homme ds lors qu'il veut se reprsenter clairement une loi de ce type."
(Fin de citation)
511
(indpendamment du sensible en gnral) et dmontrent en nous la prsence d'une
volont pure dans laquelle les concepts et les lois morales trouvent leur origine.
[Affirmation importante de la doctrine morale de Kant : c'est sa libert que
l'homme doit des principes pratiques de raisonnement, principes qui constituent
une volont et dterminent ses choix possibles indpendamment du sensible.]
[Les lois morales sont bases sur la libert (le libre arbitre)]
C'est sur ce concept positif (du point de vue pratique) de la libert que se fondent
des lois pratiques inconditionnes [notez INCONDITIONNEES] qui sont dsignes
comme morales,
[Influenc par nos sentiments, notre pouvoir de dcision ne nous obit pas toujours]
[lois qui], vis--vis de nous dont l'arbitre est affect de faon sensible et ne se
conforme donc pas par lui-mme la volont pure, mais au contraire entre souvent
en contradiction avec elle,
512
Mais comment savoir si une personne tait consciente de quelque chose dans
des circonstances donnes, et plus gnralement comment savoir ce qu'elle
pense ? Sans le savoir on ne peut juger sa responsabilit, on ne peut juger que
l'acte lui-mme, et peut-tre ses consquences.
De mme, lorsqu'il s'agit de la moralit de mes propres actions, je ne puis juger
avec confiance si elles m'ont t dictes par des circonstances matrielles ou
par ma raison pure agissant librement.]
Jusqu' quel point cependant est-ce l le pur effet de la libert, jusqu' quel point
c'est la simple nature et ce que peut avoir de vici, hors de toute responsabilit,
le temprament ou aux heureuses dispositions de celui-ci (merito fortunae), qu'il faut
attribuer cet effet, personne ne peut l'lucider jusqu'en son fond, ni par consquent
porter un jugement avec une pleine justice."
(Fin de citation)
Maeutique
Mthode socratique [50] reposant sur l'interrogation pour amener un interlocuteur
prendre conscience de ce qu'il sait implicitement, l'exprimer et le juger.
Majeure Mineure
Voir Syllogisme.
Postulat matrialiste : les volutions sont rgies par les lois dterministes de la
physique, qui doivent suffire pour expliquer tout phnomne constat. En rejetant
l'explication de l'existence des choses et lois physiques (donc de l'Univers) par un
postulat spirituel, l'me ou l'Ide, cette doctrine prne l'athisme : il n'y a ni Dieu ni
Etre suprme. Bien entendu, le matrialisme rejette aussi toute ide d'me pouvant
exister avant, dans, ou aprs le corps, tout spiritualisme et toute transmigration.
513
aprs la mort d'une vie o seraient chtis ou rcompenss les actes effectus par
les hommes de leur vivant.
Le dbat opposant ces deux doctrines porte donc, pour l'essentiel, sur l'existence de
Dieu et la Cration du monde (nous n'abordons pas ici les questions de morale).
Kant apporte ce dbat une doctrine de la connaissance rationnelle, l'Idalisme
transcendantal, base sur la seule certitude d'existence disponible pour un homme :
celle qui rsulte de la conscience de soi (prise en compte de la clbre phrase Je
pense, donc j'existe (je suis) . Pour cette doctrine, toute connaissance issue du
sens externe est celle (subjective) d'un phnomne, ce n'est pas une reprsentation
de la ralit : Kant combat donc le matrialisme pour dfendre sa foi en un Etre
suprme ; et il combat le Ralisme pour faire triompher son Idalisme transcendantal
en tant que seule doctrine philosophique de la connaissance vraie.
K457 - Morale : s'il n'y a ni Dieu crateur ni libre arbitre, les rgles morales ne
s'imposent pas
Voir aussi :
[110] - Luc FERRY - De la vraie nature du matrialisme et de la sduction
lgitime qu'il exerce ;
Idalisme de Kant - Idalismes empirique, critique et transcendantal ;
Rfutation du matrialisme (but de sa critique invoqu par Kant) ;
Autre utilit d'une doctrine de l'me : protger le Moi pensant contre le
matrialisme ;
La solution scientifique pour trouver la vrit empirique : le Rationalisme
critique ;
Naturalisme ;
Les Ides sont les causes efficientes de la nature Les croyances de Kant.
Mathmatiques
Dictionnaire [19]
Substantif : Nom gnrique des sciences qui ont pour objet le nombre, l'ordre
(de classement) ou l'tendue : algbre, analyse, arithmtique, gomtrie, etc.
Adjectif : qui appartient aux mathmatiques, qui les utilise, qui en a la rigueur.
514
Chez Kant
Les mathmatiques sont une science aux objets a priori et purs :
K74-K75 "Mathmatique et physique sont les deux connaissances thoriques
de la raison qui doivent dterminer leurs objets a priori, la premire de faon
entirement pure, la seconde du moins en partie, mais aussi selon d'autres
sources de connaissance que celles de la raison."
Les objets mathmatiques sont des produits de l'imagination humaine,
exactement comme les connaissances qui constituent le modle humain de
l'inaccessible ralit.
Un objet mathmatique a priori ne contient que ce que l'homme a imagin :
K75 " le premier qui dmontra le triangle isocle [] trouva qu'il ne devait
pas suivre ce qu'il voyait sur la figure, ni mme le simple concept de celle-ci, []
mais qu'il lui fallait produire cette figure par l'intermdiaire de ce qu'il y pensait et
prsentait lui-mme a priori d'aprs des concepts (par construction), et que, pour
savoir avec sret quelque chose a priori, il fallait n'attribuer la chose rien
d'autre que ce qui rsultait ncessairement de ce qu'il y avait mis lui-mme
conformment son concept."
Les concepts mathmatiques sont penss arbitrairement. Ils reprsentent un
vritable objet, c'est--dire un objet de l'intuition dont les informations sont
exactement les mmes que celles du concept.
Les seuls concepts dfinissables sont ceux des mathmatiques
K613 ( la suite de la citation prcdente) "Donc, il ne reste pas d'autres
concepts qui soient mme d'tre dfinis que ceux qui contiennent une
synthse arbitraire pouvant tre construite a priori : par consquent, seule la
mathmatique possde des dfinitions. Car l'objet qu'elle pense, elle le prsente
aussi a priori dans l'intuition, et cet objet ne peut certainement contenir ni plus ni
moins de choses que le concept, puisque c'est par l'explication qu'on en a fourni
que le concept de l'objet a t donn originairement, c'est--dire sans en driver
de nulle part ailleurs l'explication."
Les dfinitions mathmatiques :
Sont des constructions de concepts forms originairement ;
Sont formes synthtiquement et de telle manire qu'elles constituent donc
le concept mme.
Voir Dogmata et mathemata.
K614 - "En mathmatique, nous ne disposons d'absolument aucun concept
avant la dfinition, dans la mesure o c'est travers celle-ci seulement que le
concept est donn."
Des dfinitions mathmatiques ne peuvent jamais tre fausses. Puisqu'en effet
le concept est donn en premier lieu par la dfinition, il contient tout juste ce
quoi la dfinition veut qu'il soit pens par ce concept. Mais bien qu'il ne puisse
s'y trouver rien de faux quant au contenu, il peut pourtant parfois [] y avoir des
dfauts dans la forme (dans la faon de les prsenter), c'est--dire relativement
la prcision.
Remarques : voir Axiomatique et Systme logique.
515
Connaissance pure mathmatique
[56b] 1 page 36 "Le caractre essentiel de la connaissance pure
mathmatique et celui qui la distingue de toutes les autres connaissances a
priori, c'est qu'elle doit procder non pas [] partir de concepts, mais toujours
uniquement par la construction des concepts. Donc puisque dans ses
propositions il faut qu'elle dpasse le concept pour atteindre ce qui contient
l'intuition correspondant ce concept, en aucun cas ses propositions ne peuvent
ni ne doivent prendre naissance au moyen d'une analyse du concept ; c'est--
dire qu'elles ne sont pas analytiques, mais sont toutes synthtiques." Voir :
Diffrence entre preuves philosophiques et preuves mathmatiques ;
Dogmata et mathemata ;
In concreto.
Possibilit des mathmatiques pures (consquence de la ncessit de construire
ses connaissances)
Voir d'abord Prolgomnes : 1re partie de la question transcendantale capitale :
comment la mathmatique pure est-elle possible ?
(Citation de [56b] 11 page 58)
[La mathmatique pure est base sur des objets des sens : espace et temps]
"La mathmatique pure n'est possible comme connaissance synthtique a priori
que parce qu'elle s'attache exclusivement aux objets des sens dont l'intuition
empirique se fonde sur une intuition pure (de l'espace et du temps) et d'ailleurs a
priori et donc comme pouvant se fonder sur elle,
puisque celle-ci n'est autre que la simple forme de la sensibilit,
forme qui prcde l'apparition relle des objets en la rendant en fait
primordialement possible.
[Un objet physique n'existe que lorsqu'il apparat dans le temps, il ne peut
tre peru avant.]
[L'intuition a priori n'est pas possible pour la matire des phnomnes]
Cependant ce pouvoir d'intuitionner a priori ne concerne pas la matire de
l'apparition, c'est--dire ce qui en cette dernire est sensation, car c'est l ce qui
constitue l'empirique, mais uniquement la forme de cette apparition, l'espace et
le temps."
(Fin de citation)
Identit et nature des lois des phnomnes externes et de la gomtrie
(Citation de [56b] 13 pages 63, 64 et 65)
[Ralit de la mathmatique pure et de la gomtrie pure]
[Nous venons de voir que] "la mathmatique pure et notamment la gomtrie
pure, ne peut avoir de ralit objective qu' la seule condition de concerner
uniquement les objets des sens ;
[Nos reprsentations des choses ne sont que leur apparence]
mais on [dmontre] que notre reprsentation sensible n'est aucunement une
reprsentation des choses en elles-mmes, mais seulement de la manire dont
celles-ci nous apparaissent.
[Mais l'apparence des objets de la gomtrie correspond leur ralit]
Il s'ensuit que les propositions de la gomtrie ne sauraient tre les
516
dterminations d'une simple cration de notre fantaisie potique qui, ce titre,
ne sauraient tre rapportes avec certitude des objets rels ;
[Ce sont des objets de l'espace, le mme espace que celui des phnomnes]
tout au contraire, il s'ensuit que c'est de faon ncessaire qu'elles valent pour
l'espace et du mme coup pour tout ce que l'on peut rencontrer dans l'espace,
puisque l'espace n'est rien d'autre que la forme de tous les phnomnes
externes et que c'est seulement sous cette forme que les objets des sens
peuvent nous tre donns.
[Les concepts des phnomnes externes sont ceux de la gomtrie]
La sensibilit, dont la forme [notamment l'espace] fonde la gomtrie, est ce sur
quoi repose la possibilit des phnomnes externes ; donc ces phnomnes ne
contiennent jamais rien d'autre que ce que la gomtrie leur prescrit. []
[Les lois spatiales des phnomnes externes sont celles de la gomtrie]
Tous les objets extrieurs de notre monde sensible s'accordent ncessairement
en toute exactitude avec les propositions de la gomtrie, puisque c'est la
sensibilit elle-mme qui rend primordialement possibles ces objets comme
simples phnomnes grce sa forme d'intuition externe (l'espace) dont
s'occupe le gomtre. []
[En rsum]
Cet espace en pense rend possible l'espace physique, c'est--dire l'extension
de la matire elle-mme ; []
Cet espace en pense n'est aucunement la proprit des choses en elles-
mmes, [c']est seulement une forme de notre facult de reprsentation sensible ;
[]
Tous les objets dans l'espace sont de simples phnomnes, c'est--dire non pas
les choses en elles-mmes, mais les reprsentations de notre intuition sensible
[]
Comme l'espace tel que le gomtre en forme la pense est trs prcisment la
forme de l'intuition sensible que nous trouvons a priori en nous et qui contient le
principe de la possibilit de tous les phnomnes externes (selon leur forme), il
faut bien que ceux-ci concordent de manire ncessaire et parfaitement exacte
avec les propositions du gomtre"
(Fin de citation)
Suite du texte des Prolgomnes : Comparaison de la doctrine idaliste de Kant
et de la doctrine traditionnelle.
K103 - "Les jugements mathmatiques sont tous synthtiques"
Kant qualifie de mathmatique un jugement qui dcrit la quantit (nombre
d'lments par rapport l'ensemble entier : unit, pluralit ou totalit) et la
qualit (choix entre ralit, ngation ou limitation).
voir Table des 12 catgories de l'entendement pur de Kant.
Parce qu'un tel jugement d'objet dcrit une grandeur, Kant l'appelle
mathmatique.
Ces jugements reposent sur la facult de logique pure dont chaque esprit
rationnel dispose a priori. Ils sont synthtiques parce que le prdicat du sujet ne
peut en tre dduit, contrairement au cas des propositions analytiques.
517
K104 "des propositions proprement mathmatiques sont toujours des
jugements a priori et ne sont pas empiriques, parce qu'elles apportent avec elles
une ncessit qui ne peut tre tire de l'exprience."
Exemples de jugements synthtiques
K102 Dans le jugement "Tout ce qui arrive a une cause", le prdicat "a une
cause" est extrieur au phnomne de "Tout ce qui arrive", on ne peut l'en
dduire. "Tout ce qui arrive a une cause" est donc un jugement synthtique ;
et comme on peut le formuler sans faire appel l'exprience, il est
synthtique a priori.
K105 "Tout aussi peu analytique est un axiome quelconque de la
gomtrie pure. Que la ligne droite soit, entre deux points, la plus courte,
c'est une proposition synthtique. Car mon concept de ce qui est droit ne
contient aucune dtermination de grandeur, mais seulement une qualit. Le
concept de ce qui est le plus court est donc entirement surajout et ne peut
tre par aucune analyse tir du concept de la ligne droite. Il faut donc s'aider
ici de l'intuition, par l'intermdiaire de laquelle seulement la synthse est
possible."
Voir aussi :
Remarques : principes mathmatiques et principes dynamiques ;
Exemples de diffrence entre principe mathmatique et principe dynamique ;
Dogmata et mathemata ;
Discipline de la raison pure dans l'usage dogmatique.
Matire et forme
En philosophie, l'information qui dcrit un objet ou phnomne est traditionnellement
divise en deux parties disjointes (compltement spares, sans lment commun) :
La forme, ensemble d'informations permettant d'identifier l'objet ou le
phnomne (de le distinguer d'un autre objet ou phnomne qui pourrait avoir la
mme matire) et d'en connatre les caractristiques.
La forme est donc une abstraction qui regroupe un ensemble d'abstractions :
les informations descriptives de l'objet ou du phnomne.
La matire, qui correspond la ralit physique, est l'origine (la cause) des
sensations que procure la perception de l'objet ou du phnomne :
K683 - "le simple concept de matire (tendue, impntrable et sans vie)"
Etendue veut dire : qui occupe un volume d'espace.
(Voir la diffrence avec la substance).
518
posteriori, une fois que sa forme a t identifie par rapport des modles a priori,
qui prexistent dans l'esprit abstraction faite de toute sensation : l'espace et le temps.
K239 - La forme de tout phnomne contient une intuition dans l'espace et dans le
temps qui lui sert de fondement a priori.
(Citation de K313)
"Matire et forme. Ce sont deux concepts qui sont au fondement de toute autre
rflexion, tant ils sont insparablement lis tout usage de l'entendement.
[Cause et consquence]
Le premier [matire] signifie le dterminable (le donn, la cause) en gnral, le
second [forme] sa dtermination [sa consquence] (l'un et l'autre dans le sens
transcendantal), dans la mesure o l'on fait abstraction de toute diffrence au
sein de ce qui est donn et de la manire dont il est dtermin.
[Ensemble et lments]
Les logiciens nommaient autrefois le gnral matire, et la diffrence spcifique
forme.
[Objet jug et jugement]
Dans tout jugement, on peut appeler les concepts donns la matire logique
(soumise au jugement), et le rapport entre ces concepts (par l'intermdiaire de la
copule) la forme de ce jugement.
[Elments d'un ensemble et relations entre eux]
Dans tout tre, les lments qui en sont constitutifs (essentialia) correspondent
la matire ; la faon dont ces lments sont relis en une chose est la forme
essentielle.
[Ce qui est possible et ce qui ne l'est pas]
En outre, vis--vis des choses en gnral, la ralit illimite tait considre
comme la matire de toute possibilit, tandis que la limitation de cette ralit
(ngation) tait considre comme la forme par laquelle une chose se distingue
d'une autre d'aprs des concepts transcendantaux.
Un objet doit tre dfini et nomm pour qu'on puisse en dcrire les dtails
Il se trouve en effet que l'entendement exige d'abord que quelque chose soit
donn (du moins dans le concept) pour pouvoir le dterminer d'une certaine
manire."
(Fin de citation)
519
et la matire (la dimension physique) ou le contenu, dsignant un quelque chose
qui se trouve dans l'espace et dans le temps, et qui par consquent contient une
existence et correspond la sensation."
[La matire ne peut tre reprsente que dans la perception, par consquent a
posteriori.]
(Fin de citation)
K608 "La matire des phnomnes, travers quoi des choses nous sont donnes
dans l'espace et le temps, ne peut tre reprsente que dans la perception, par
consquent a posteriori. Le seul concept qui reprsente a priori ce contenu
empirique des phnomnes, c'est le concept de la chose en gnral, et la
connaissance synthtique que nous en avons a priori ne peut rien fournir de plus a
priori que la simple rgle de la synthse de ce que la perception peut donner a
posteriori, mais jamais l'intuition de l'objet rel, puisque celle-ci doit tre
ncessairement empirique."
K314 "L'espace et le temps prcdent tous les phnomnes, ainsi que toutes les
donnes de l'exprience, et ils ne font [] que les rendre possibles."
Voir :
Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine) ;
Criticisme ;
Matire et forme (K313) : 7me et 8me concepts de la rflexion ;
Substance, notamment Substance, matire, forme et physique moderne.
Matire-nergie
La Relativit restreinte d'Einstein (1905) enseigne que la matire et l'nergie sont
deux formes d'une mme ralit physique, la matire-nergie, souvent dsigne
simplement par le mot nergie compris au sens large.
520
L'quivalence entre une masse de matire m (en kg), suppose immobile, et son
nergie E (en joules) est donne par la clbre formule d'Einstein :
= 2
o c est la vitesse de la lumire dans le vide, c = 299 792 458 mtres/seconde
Selon [13]
Prcepte, principe de conduite, rgle morale.
Dfinitions de Kant
Maximes pratiques : des principes subjectifs des actions
(Citation de K662)
"Des lois pratiques, en tant qu'elles sont en mme temps des raisons subjectives
fondant les actions, c'est--dire des principes subjectifs, s'appellent des
maximes. L'apprciation de la moralit, dans sa puret et ses consquences,
s'opre d'aprs des Ides ; l'obissance ses lois, d'aprs des maximes.
[Pour agir un homme a besoin d'un espoir correspondant ses fins suprmes]
II est ncessaire que toute la conduite de notre vie soit subordonne des
maximes morales ; mais il est en mme temps impossible que cela se produise
si la raison ne relie pas la loi morale, qui est une simple Ide, une cause
efficiente qui dtermine pour notre conduite d'aprs cette loi une issue, que ce
soit dans cette vie ou dans une autre, correspondant exactement nos fins
suprmes.
[L'espoir ne peut provenir que de la foi en Dieu et en un bonheur posthume]
Par consquent, sans un Dieu et sans un monde [futur] qui n'est pas
actuellement visible pour nous, mais dans lequel nous plaons notre espoir, les
grandioses Ides de la moralit sont certes objets d'approbation et d'admiration,
mais non point des mobiles de l'intention et de l'effectuation, parce qu'elles ne
remplissent pas entirement la fin qui est assigne tout tre raisonnable de
faon naturelle et a priori prcisment par cette mme raison pure."
(Fin de citation)
Maxime de la raison : des principes de connaissance rigoureuse
K573 "J'appelle maximes de la raison tous les principes subjectifs qui ne sont
pas tirs de la nature de l'objet, mais de l'intrt de la raison pour une certaine
perfection possible de la connaissance de cet objet. Ainsi y a-t-il des maximes de
la raison spculative, qui reposent uniquement sur l'intrt spculatif de cette
raison, quand bien mme elles ont l'apparence d'tre des principes objectifs."
521
sera l'intrt de l'unit (selon le principe de l'agrgation). Chacun d'eux croit tenir
son jugement de la considration de l'objet, et le fonde en fait uniquement sur
l'attachement plus ou moins grand qui est le sien pour l'un des deux principes,
dont aucun ne repose sur des fondements objectifs, mais seulement sur l'intrt
de la raison, et qui pourraient donc tre nomms plus justement maximes que
principes."
Diagnostic de Kant sur ce sujet
K574 "Rien d'autre n'intervient ici que le double intrt de la raison, dont
chacune des parties prend cur l'un des versants, ou encore affecte de le
faire : rien d'autre, par consquent, que ce qui diffrencie les maximes de la
diversit ou de l'unit de la nature, lesquelles peuvent fort bien s'unir, mais qui,
aussi longtemps qu'elles se trouvent tenues pour des apprhensions objectives,
provoquent non seulement un conflit, mais crent mme des obstacles retardant
durablement la vrit, jusqu' ce que soit dcouvert un moyen de rconcilier les
intrts en litige et d'apaiser la raison sur cette question."
Exemple 2
Un journal satirique a publi des caricatures du prophte Mahomet. Elles ont fait
rire certains lecteurs aux dpends de la religion musulmane, alors que les
musulmans taient outrs qu'on insulte ainsi leur prophte. Dans la polmique
qui en a rsult, les journalistes ont argu de leur libert de publier, tandis que
les musulmans ont dfendu leur droit au respect de leur foi.
Mcanique quantique
Source : [12].
La Mcanique quantique est un ensemble d'outils mathmatiques destins la
physique de l'infiniment petit, au niveau atomique, c'est--dire une chelle de
dimension et de distance de l'ordre de taille d'un atome : 1 angstrm () = 10-10 m.
Ces outils permettent le calcul et la modlisation des systmes physiques en
volution ou stables ; ils ne constituent pas une science exprimentale de l'infiniment
petit, rle que tient la physique quantique.
522
La Mcanique quantique reprsente une avance scientifique considrable par
l'tendue de ses consquences et la qualit de ses prdictions. Elle fournit
aujourd'hui l'explication fondamentale de la stabilit des atomes et molcules, de
leurs changes d'nergie la base des lois de la chimie et de la biologie molculaire,
des phnomnes lectromagntiques comme le laser et la finesse des lignes
observes en spectroscopie, etc.
Mdiate qualifie une connaissance ou un jugement qui repose sur une autre
connaissance ou un autre jugement. Exemple (K156) : Tous les corps sont
divisibles est un jugement des corps o ( sont ) repose sur un autre jugement, la
divisibilit en molcules ou atomes. On dit que le concept de corps est
reprsent mdiatement par celui de divisibilit .
Un concept ayant d'autres concepts sous lui peut tre prdicat de jugements.
Exemple : le concept de corps ayant d'autres concepts sous lui (comme
mtal ), le jugement Tout mtal est un corps peut qualifier de corps des
objets en mtal.
523
est immdiatement disponible, notamment pour que l'entendement en forme des
concepts.
Mtacognition
Pense sur sa propre pense, permettant de l'analyser, de la comprendre et de la
contrler.
Mtaphysique
Autre nom selon Kant : Philosophie de la raison pure.
Adjectif
Qui dpasse le domaine des phnomnes, pour atteindre la chose en soi.
Qui dpasse les bornes de l'entendement, de la raison.
Substantif
La mtaphysique est la partie fondamentale de la philosophie qui cherche les causes
et les principes. Elle cherche notamment aller au-del de la science, de manire
spculative :
K79 La mtaphysique a pour objectif le plus essentiel d'aller au-del des
limites de l'exprience possible.
524
Pour quelles connaissances la mtaphysique est-elle ncessaire ?
Quelle connaissance est accessible la mtaphysique ?
Philosophie - 3 questions fondamentales : theoria, thique et sagesse.
K356 note * - "La mtaphysique n'a pour objectif propre de sa recherche que trois
Ides : Dieu, la libert et l'immortalit, en tel mode que le deuxime concept,
combin au premier, doit conduire au troisime comme une conclusion
ncessaire."
[Kant n'explique pas cette affirmation dans la Critique de la raison pure ;
peut-tre l'explique-t-il dans la Critique de la raison pratique]
Kant croit :
en Dieu (un dieu transcendantal conu par l'homme pour des raisons de
cohrence de son systme de connaissances et son monde moral),
que l'homme jouit d'un libre arbitre,
et que l'me est immortelle (voir Les Ides sont les causes efficientes de la
nature Les croyances de Kant).
K97-K98 - La mtaphysique "est initialement dogmatique - ce qui veut dire que, sans
examen pralable du pouvoir de la raison, ou de son manque de pouvoir, vis--vis
d'une si grande entreprise, elle en entreprend avec confiance la ralisation."
525
ni gnralement [de la possibilit] d'aucune proposition synthtique ;
ds lors toute cette analyse n'a abouti rien, n'a rien produit ni amlior et, aprs
tant de tumulte et de tapage, la science en est toujours o elle en tait du temps
d'Aristote [43].
[Aucune proposition synthtique appartenant la mtaphysique ne peut tre
dmontre a priori par la mthode dogmatique.]
[Conclusion]
La mtaphysique comme science n'a pas encore exist jusqu' ce jour."
(Fin de citation)
Car qu'est-ce que le bon sens ? C'est le sens commun, en tant qu'il juge
correctement.
Ainsi, c'est peine si le sens commun entendra la rgle : tout ce qui arrive est
dtermin par sa cause , et il ne la comprendra jamais sous cette forme gnrale.
526
Ainsi exige-t-il un exemple tir de l'exprience et quand il apprend que cela ne
signifie pas autre chose que ce qu'il a toujours conu lorsqu'on lui a cass une vitre
ou qu'un de ses meubles a disparu, alors il comprend le principe et il l'admet.
L'emploi du sens commun ne va donc pas plus loin que le point o il peut voir ses
rgles confirmes dans l'exprience (rgles qui cependant rsident en lui a priori) ;
discerner ces rgles a priori et indpendamment de l'exprience relve par
consquent de l'entendement spculatif et c'est tout fait au-del de l'horizon du
sens commun. Or c'est uniquement de cette dernire espce de connaissance que la
mtaphysique s'occupe."
(Fin de citation)
[La mtaphysique est indispensable pour tudier les rgles et les limites de la
rflexion]
Ce pourquoi la raison humaine, depuis qu'elle s'est mise penser, ou plutt
rflchir, n'a jamais pu se dispenser d'une mtaphysique, mme si elle n'a jamais t
capable de la prsenter en l'purant suffisamment de tout lment tranger.
L'Ide d'une telle science est tout aussi ancienne que la raison spculative de l'tre
humain ; et quelle raison ne spcule pas, que ce soit la manire scolastique ou la
faon populaire ?"
(Fin de citation)
Voir Conditions satisfaire par une critique de la raison pour que la mtaphysique
soit une science.
527
L'avantage exclusif de la mtaphysique par rapport toutes les sciences possibles
(Citation de [56b] page 187)
[Voici] "un avantage sur lequel, seule entre toutes les sciences possibles, la
mtaphysique peut compter avec assurance : on peut la porter sa perfection et
l'tat stable, car elle ne peut se transformer ultrieurement et elle n'est pas
susceptible de s'accrotre du fait des nouvelles dcouvertes ;
[La mtaphysique repose sur la logique gnrale de la raison humaine,
suppose parfaite et immuable]
528
Voir aussi En mtaphysique une affirmation ne peut tre contredite par l'exprience.
Une science est dfinie par son objet, ses sources de connaissance et leur mode
(Citation de [56b] 1 pages 29-30)
"Si l'on veut prsenter une connaissance comme science, il faut tout d'abord pouvoir
dterminer exactement son caractre distinctif, ce qu'elle n'a de commun avec
aucune autre science, et du mme coup ce qui lui appartient en propre ; faute de
quoi, les limites de toutes les sciences se confondent et on ne peut en traiter aucune
fond selon sa nature.
529
La mtaphysique est plus que la science des premiers principes de la connaissance
K680 "Quand on disait : la mtaphysique est la science des premiers principes de
la connaissance humaine, on ne mettait pas en relief par l une espce tout fait
particulire, mais seulement un rang dans l'ordre de l'universalit, par quoi elle ne
pouvait donc tre distingue nettement de l'empirique ;"
Lire ici :
Mtaphysique de la nature,
Systme entier de la mtaphysique,
Conditions satisfaire par une critique de la raison pour que la mtaphysique
soit une science
[2me question]
Et comment est-il possible de connatre la nature des choses d'aprs des principes a
priori, et de parvenir une physiologie rationnelle ?
[2me question]
Psychologie empirique (qui doit tre bannie de la mtaphysique)
En second lieu : quel lieu demeure donc pour la psychologie empirique, qui a depuis
toujours revendiqu sa place dans la mtaphysique, et de laquelle on a attendu
530
notre poque de si grandes choses pour la clarification de celle-ci, aprs avoir perdu
l'espoir de parvenir a priori aucun rsultat exploitable ?
Je rponds : elle vient l o doit tre place la doctrine de la nature proprement dite
(empirique), c'est--dire du ct de la philosophie applique, en vue de laquelle la
philosophie pure contient les principes a priori, devant ainsi entretenir un lien, certes,
avec la philosophie applique, mais sans tre confondue avec elle. La psychologie
empirique doit donc tre totalement bannie de la mtaphysique, et elle s'en trouve
dj entirement exclue par l'ide de cette science.
(Fin de citation)
Qu'elle serve davantage, comme simple spculation, carter les erreurs qu' largir
la connaissance, cela ne porte pas atteinte sa valeur, mais au contraire lui donne
bien plutt de la dignit et du prestige, en ce sens qu'elle remplit une fonction de
censure qui assure l'ordre et l'entente gnrale, voire la prosprit de la rpublique
531
scientifique, et qui retient ses travaux audacieux et fconds de s'loigner de leur fin
principale : le bonheur universel."
(Fin de citation)
Voir aussi :
En mtaphysique une affirmation ne peut tre contredite par l'exprience ;
Prolgomnes toute mtaphysique future qui pourra se prsenter comme
science ;
Systme entier de la mtaphysique ;
Critique de la mtaphysique ;
Philosophie mtaphysique de l'unit systmatique des connaissances pures a
priori.
532
Toutefois les uns et les autres s'accordent en ce que le principe de l'analyse, c'est--
dire le principe de contradiction, ne suffit en aucune faon leur donner naissance ;
ils exigent en outre un tout autre principe, bien que de ce principe, quel qu'il soit, ils
doivent tre toujours drivs en conformit avec le principe de contradiction ; car il
n'est rien qui doive contrevenir ce principe, lors mme que tout n'en peut tre
driv."
(Fin de citation)
Un jugement d'addition comprend donc les intuitions a priori des deux nombres et le
nombre de synthses additives ncessaires pour ajouter 1 au premier nombre. Le
principe de contradiction intervient dans le comptage de ce nombre de synthses
additives ncessaires pour ajouter exactement le second nombre : il est
indispensable la synthse globale 7+5=12.
[56b] 2 page 34 "Un principe quelconque de gomtrie pure n'est pas davantage
analytique. Que la ligne droite entre deux points soit la plus courte, c'est une
proposition synthtique. Car mon concept de droit ne contient nullement la
grandeur, mais uniquement une qualit. Le concept de ce qui est le plus court est
donc entirement ajout, et aucune analyse ne peut le tirer du concept de ligne
droite. Il faut donc ici recourir l'intuition qui, seule, rend possible la synthse."
533
Conclusions sur les propositions mtaphysiques
(Citation de [56b] 2 pages 38-39)
[La mtaphysique a pour seul but la production de propositions synthtiques a priori]
"La mtaphysique a proprement affaire des propositions synthtiques a priori, et ce
sont uniquement de telles propositions qui constituent sa fin ;
Voir aussi : En mtaphysique une affirmation ne peut tre contredite par l'exprience.
534
vous y trouverez, dmontre partir des principes de la raison pure, la principale fin
de cette science : la connaissance d'un Etre suprme et d'un monde futur."
Il n'y a pas, non plus, de propositions synthtiques, mme non dmontres, qui
conviennent
(Citation de [56b] 4 page 41)
"Vous pouvez bien exhiber aussi des propositions synthtiques (par exemple, le
principe de raison suffisante), dont vous n'avez jamais donn la dmonstration
partir de la seule raison, donc a priori, comme c'tait cependant votre devoir de le
faire, et que, malgr cela, on vous accorde volontiers :
[Le principe de raison suffisante (le dterminisme) est indmontrable en logique
pure, il doit tre postul.]
quand vous voulez les mettre au service de votre fin principale, vous aboutissez
cependant des affirmations ce point irrecevables et incertaines que de tout temps
une mtaphysique a contredit l'autre, soit qu'elle en conteste les thses elles-mmes,
soit qu'elle conteste leurs preuves, et elle a par l mme annul sa prtention tre
approuve de faon durable.
535
[Dmarche de bas en haut de la Critique : trouver les processus de la raison pure
pour en dduire par synthse les lois de son usage pur]
Dans la Critique de la raison pure, pour traiter cette question, j'ai procd
synthtiquement, c'est--dire que j'ai cherch dans la raison pure elle-mme et c'est
cette source mme que j'ai tch de dterminer, selon des principes, aussi bien les
lments que les lois de son usage pur.
Nous avons donc tout le moins quelques connaissances synthtiques a priori qui
ne sont pas contestes, et nous n'avons pas nous demander si elles sont possibles
(puisqu'elles sont relles), mais uniquement comment elles sont possibles, pour tre
mme, partir du principe de la possibilit de celles qui sont donnes, de driver
galement la possibilit de toutes les autres."
[L'tre humain a quelques connaissances d'origine gntique sa naissance et il
construit toutes les autres par apprentissage, au fur et mesure de sa vie.]
(Fin de citation)
Voir aussi En mtaphysique une affirmation ne peut tre contredite par l'exprience.
La mtaphysique est ainsi une activit normale d'un sujet chaque fois qu'une
question sur un objet ou une loi de la nature n'a pas de rponse scientifique qu'il
connat. Sa spculation peut avoir l'avantage d'introduire une exigence de rigueur
536
thorique dans la rflexion sur le sujet, mais elle risque aussi d'y introduire des
aprioris.
C'est pourquoi, dans ce dictionnaire des ides de la Critique, chaque fois que nous
disposerons de connaissances scientifiques sur un sujet que Kant a abord de
manire mtaphysique il y a plus de deux sicles, nous le signalerons pour
remplacer ou complter des spculations par des faits aujourd'hui tablis.
Le but est de rendre la pense de Kant la plus fconde possible pour les lecteurs
d'aujourd'hui, de les faire profiter au maximum de l'extraordinaire rigueur et de
l'honntet absolue de cet immense philosophe.
Exemples d'ajouts :
Limitation de lois de la nature par celles de la thermodynamique [119] ;
Limitation des possibilits de prdiction d'volution par la Mcanique quantique,
la Relativit et le principe de conservation de la quantit d'information ;
Limitation des rgressions infinies la naissance de l'Univers lors du Big Bang ;
Suggestion d'une causalit tendue, base de relations
situation-cause loi d'volution-consquence en remplacement des relations
situation-cause situation-consquence de la Critique ;
Suggestion du dterminisme tendu prenant en compte les lois statistiques, etc.
Mtaconscience
Conscience d'avoir conscience de quelque chose.
Mtempsycose
Philosophie : Passage d'une me d'un corps dans un autre.
Synonyme : transmigration.
Mthode scientifique
Voir : La raison recommande une base axiomatique des connaissances et des
dductions (Consquences pour la Mthode scientifique).
Mthodologie physiologique
Voir Rapport des phnomnes l'exprience en gnral.
Misologie
Selon le dictionnaire [13] : (philosophie) aversion pour le raisonnement, pour la
discussion, pour l'argumentation logique.
Exemple : voir Naturalisme.
Mnsique
Adjectif : qui a trait la mmoire. Qualifie trois processus : la mmorisation, la
rtention et la rcupration. La mmorisation conserve en mmoire la trace des
processus mis en uvre par le sujet (le schma d'attention).
537
Voir aussi : cognition.
Mode
Forme particulire sous laquelle se prsente un fait, un objet, un phnomne.
Synonymes : forme, genre, attribut, qualit, caractre.
En logique : forme que prsente un syllogisme, dans les diverses figures, selon
que les propositions qui le composent varient en qualit et en quantit.
538
la classification
et la spcification [description complte et prcise]
des concepts.
Faute de quoi, en mtaphysique tout n'est que rhapsodie o l'on ne sait jamais si ce
que l'on possde est suffisant ou bien s'il se peut qu'il manque encore quelque chose
et en quel endroit."
(Fin de citation)
Modi (latin)
Latin : types, espces, formes, modes (K164)
En logique
Modus ponens
Opration logique consistant, partir d'une infrence entre deux propositions si A
est vrai, alors B est vrai (B est la consquence de A, note A B) et de
l'hypothse A est vrai (note A), d'en conclure alors B est vrai , note B.
A, A B B
Modus tollens
Rgle d'infrence entre deux propositions logiques A et B, dont les opposes sont
respectivement non-A (note A) et non-B (note B) :
Si A entrane B (note A B), alors non-B entrane non-A (note B A).
A B B A
Chez Kant
K649 Si une connaissance (en fait une situation) S a pour consquences (au sens
logique ou au sens des lois de la nature) des situations A, B, C, etc., on ne peut
dduire de la donne des situations A, B, C, etc. que la situation S a exist que si
cette donne concerne toutes les consquences de S : il suffit d'une seule
consquence de S qui n'est pas donne pour que S n'ait pas eu lieu (les situations
constates A, B, C, etc. tant en fait dues une situation initiale S' diffrente de S).
Donc dduire d'un ensemble de situations la cause S qu'elles partagent est une
dmarche dangereuse :
On risque d'oublier des consquences possibles de S, comme dans WYSIATI ;
En outre, il peut y avoir des causes autres que S de cet ensemble de situations
que la dduction ne rvlerait pas.
539
L'origine du critre moderne de vrit scientifique, tabli par rationalisme critique
K650 - Kant remarque donc fort justement qu'il est plus facile et plus rigoureux de
chercher si une proposition ou une thse est fausse grce un seul contre-exemple,
que de chercher si elle est vraie connaissant tous ses cas possibles d'application.
Cette rgle est d'une grande importance, car la mthode scientifique moderne de
validation d'une thorie qui ne peut tre prouve de faon strictement dductive en
rsulte : si aucun des spcialistes qui la thorie a t soumise n'a pu la rfuter, par
exprience ou raisonnement, on admet qu'elle est vraie. C'est l une vrit par
consensus, essentiellement provisoire, mais c'est la dmarche admise [90].
Moi (Je)
En psychologie
Complexe de reprsentations corporelles et d'affects constituant le champ de la
conscience de soi. La facult de les crer et de les manipuler se forme tout au long
d'une vie pour s'adapter aux circonstances. L'adaptation utilise des fonctions
psychiques : pense ou affect, intuition, sensation, etc.
Le Moi est un centre de dcisions, notamment pour les choix thiques du sujet, et un
centre de connaissances, notamment pour distinguer le sujet de son environnement.
Le Moi ignore linconscient, qui fait partie du Soi dfini comme le sujet dans la
totalit de sa psych . Mais certaines activits du Moi sont inconscientes ; exemple :
les mcanismes de dfense.
Chez Kant
Selon les traductions, le mme mot allemand est traduit tantt par Moi, tantt par Je.
Je est d'abord un objet du sens interne, dont l'homme est conscient sans
perception ou exprience externe et sans en tre affect. C'est un noumne.
Je est ensuite une abstraction pure avec laquelle l'homme se pense en tant que
sujet. Ce n'est pas un phnomne, car Je n'a ni forme ni matire, et ce n'est pas
une chose en soi ; c'est un concept rationnel.
K362-K363 "Je [] qui est une simple conscience accompagnant tous les
concepts."
540
K371 "Le Moi pensant, l'me (nom dont on se sert pour dsigner l'objet
transcendantal du sens interne), est simple"
K384 "Ce Moi est aussi peu une intuition qu'un concept d'un quelconque objet,
mais il est la simple forme de la conscience, telle qu'elle peut accompagner les deux
sortes de reprsentations et les lever ainsi au rang de connaissance, ds lors qu'est
en outre donn dans l'intuition quelque chose d'autre qui offre une matire pour se
reprsenter un objet."
K360 "Je suis, en tant que pensant, un objet du sens interne et porte le nom d'me.
Ce qui est un objet des sens externes porte le nom de corps. En vertu de quoi le
terme : Je, en tant qu'tre pensant, dsigne dj l'objet de la psychologie, qui peut
tre appele la doctrine rationnelle de l'me lorsque je ne dsire rien savoir de plus,
sur l'me, que ce qui, indpendamment de toute exprience (qui me dtermine plus
prcisment et concrtement), peut tre conclu partir de ce concept Je, en tant qu'il
survient dans toute pense." Voir Aperception (conscience de soi), pure ou
empirique.
541
R (du concept C) qu'il a l'esprit, il se reprsente cette reprsentation-l : je
suis en train de me reprsenter R, je pense C .
Je est donc une conscience, abstraction d'une autre nature que le phnomne ou la
chose en soi : c'est un noumne au sens ngatif, avec une reprsentation qui lui est
propre et qui accompagne spontanment toute reprsentation de concept. Cette
conscience est l'origine de l'unit logique transcendantale de toute connaissance,
de toute reprsentation, de tout concept. Elle conditionne formellement l'aperception
et la raison.
Kant explique que la doctrine rationnelle de l'me n'est pas fonde sur une
perception empirique, qu'elle est donc bien pure :
K361 "cette perception interne n'est rien de plus que la simple aperception :
Je pense, laquelle justement rend possibles tous les concepts transcendantaux
o l'on dit : je pense la substance, la cause, etc."
542
Le Moi est si simple parce que cette reprsentation n'a pas de contenu
K384 "le Moi [] possde une telle simplicit prcisment parce que cette
reprsentation n'a pas de contenu, donc pas de divers, ce pourquoi elle semble aussi
reprsenter ou, pour mieux dire, dsigner un objet simple.
K403 - Le Je de l'aperception est dans toute pense un terme singulier qui ne peut
se rsoudre en une pluralit de sujets. Donc il dsigne un sujet logiquement simple
[dont le concept indcomposable a un nom : Je, mais ne contient pas d'information],
par dfinition du concept mme de pense dont il se dduit analytiquement.
Moi (Je) est toujours sujet, mais en tant qu'objet je ne suis pas une substance
K402-K403 Le Moi, le Je pense, doit toujours dans la pense avoir valeur de sujet,
de quelque chose qui ne puisse tre simplement considr comme un prdicat
venant s'attacher la pense : c'est l une proposition apodictique et mme
identique ; toutefois, elle ne signifie pas que je sois, comme objet, un tre subsistant
par moi-mme, autrement dit une substance.
Cette certitude contredit l'opinion de Descartes selon laquelle l'homme est une
substance pensante et tendue.
Moment
Les moments sont les parties, les phases ou les tapes d'une activit ou d'un
raisonnement ; ce sont aussi parfois des lments d'un ensemble.
K165 - "des indications pour tous les moments d'une science spculative".
K157 "la fonction de la pense dans ce jugement peut tre place sous
quatre titres dont chacun contient sous lui trois moments".
K500 "nous allons analyser les moments travers lesquels il parvient sa
dcision".
K549 "Les principaux moments de la preuve physico-thologique que l'on a
voque sont les suivants : 1. Dans le monde []. 2. Cette mise en ordre"
K270 "Tout changement n'est donc possible que par une action continue de la
causalit, laquelle, en tant qu'elle est uniforme, s'appelle un moment. Le changement
n'est pas constitu par ces moments, mais il est produit par eux comme leur effet."
Monade
Substantif utilis par Leibniz [37] pour dsigner une substance sans tendue, sans
parties, impermable toute action du dehors, mais subissant des changements
internes obissant aux principes d'apptition et de perception, et qui constitue
l'lment dernier, le plus simple, des tres et des choses. Les monades entrent dans
tous les composs, ce sont les vritables atomes de la nature.
543
Monde
Voir :
(Phnomnes et lois de la nature) :
Monde et nature ;
Monde sensible.
(Noumnes) : Monde intelligible ;
(Lois morales) : Monde moral ;
(Anthropologie) : Connaissance du monde.
Monde donn
Voir Dfinition du monde donn.
Monde intelligible
Voir d'abord :
Phnomne, peru par intuition et sensation, lment de base du monde des
sens ;
Noumne, chose en soi du phnomne, dduite de lui par l'entendement,
lment de base du monde intelligible ;
Dfinition approfondie d'un noumne, justifiant la division du monde en un
monde des sens et un monde de l'entendement (le monde intelligible) ;
Noumne en tant que chose en soi : un abus de l'entendement ;
Monde des sens (monde sensible), totalit des phnomnes (tout ce qui existe
sous forme perceptible) ;
Monde moral, sous-ensemble du monde intelligible.
L'homme est un noumne, en tant que phnomne d'un monde lui-mme considr
comme phnomne ; mais l'homme appartient aussi au monde moral, donc au
monde intelligible. Donc le monde intelligible est une Ide qui a des consquences
pratiques.
Le monde intelligible et l'homme qui en fait partie ont t conus par la volont de
l'Etre suprme, conformment des fins.
544
Origine du concept de monde intelligible
Dans son texte de 1766 Rves d'un visionnaire expliqus par des rves
mtaphysiques, au chapitre II Fragment de la philosophie occulte qui a pour fin
d'entrer en communication avec le monde des esprits, Kant voque un
pressentiment d'une intelligence avertie et des tres immatriels, principes
autonomes, qui pourraient bien constituer un grand tout qu'on peut appeler le monde
immatriel (mundus intelligibilis)
Monde moral
Selon la doctrine tlologique de Kant, l'Etre suprme a cr le monde et ses tres
raisonnables en le dotant de lois morales en plus des lois de la nature.
(Citation de K660)
"Le monde, en tant qu'il serait conforme toutes les lois morales (tel qu'il peut donc
tre d'aprs la libert des tres raisonnables, et tel qu'il doit tre d'aprs les lois
ncessaires de la moralit), je l'appelle un monde moral.
Sous ce rapport, il est simplement pens comme monde intelligible, puisqu'il y est fait
abstraction de toutes les conditions (des fins) de la moralit et mme de tous les
obstacles auxquels elle se heurte dans ce monde (faiblesse ou impuret de la nature
humaine).
Il est donc en ce sens une simple Ide, mais cependant une Ide pratique qui peut et
doit exercer effectivement son influence sur le monde sensible, pour le rendre autant
que possible conforme cette Ide.
545
Consquence : les lois morales forment un systme de la moralit.
Complment : [141].
Voir aussi :
Principaux arguments de cette preuve en faveur d'une doctrine tlologique ;
Croyance doctrinale ;
La nature raisonnable existe comme fin en soi.
Monde sensible
K448 - Le monde sensible (celui que peroit notre sens externe l'instant prsent)
est dfini comme la totalit des phnomnes (tout ce qui existe sous forme
perceptible).
K513 "Le monde sensible ne contient rien d'autre que des phnomnes, mais
ceux-ci sont de simples reprsentations qui, leur tour, sont toujours conditionnes
de faon sensible ;"
[Le monde sensible et ses lois d'volution ne sont que des abstractions humaines]
(Citation de [56b] 57 page 166)
"Le monde sensible n'est qu'une chane de phnomnes lis selon les lois
universelles, il n'a pas de consistance en lui-mme, il n'est pas proprement la chose
en elle-mme ;
[Il y a une relation entre le monde sensible et les noumnes qui l'expliquent.]"
(Fin de citation)
Voir :
Dfinition du monde sensible ;
Monde et nature ;
Ralit et phnomnes.
Monisme
Doctrine philosophique dogmatique qui considre lensemble des tres, soit comme
rductibles une mme substance, soit comme relevant pour leur existence et leurs
proprits dun mme principe ou ensemble de lois.
546
Soit lidalisme (les choses sont rductibles aux ides seules, donc des
penses abstraites), conception qui sous-tend le connexionnisme.
Soit le matrialisme (les choses sont rductibles la matire seule), conception
qui sous-tend le bhaviorisme.
Monogramme
Selon le dictionnaire [13] :
Chiffre form gnralement de la combinaison des lettres initiales d'un nom ;
exemple : le monogramme du Christ est J.-C.
Marque ou signature stylise qu'un artiste appose sur ses uvres.
Morale
C'est aussi l'effort pour se conformer ces prescriptions et l'exhortation les suivre.
Chez Kant
K146 "La morale pure [] contient seulement les lois morales ncessaires d'un
libre vouloir en gnral."
Voir :
Bonheur et lois pratiques ;
La morale n'est que la condition rationnelle du bonheur ;
547
Moralit ;
Ethique ;
Lacisation de la morale.
Moralit
[La morale, issue de la raison a priori, rgit la volont dans son libre arbitre]
Dans cette raison, ce qui est moral est fond a priori, il prend sa source dans la
lgislation originairement propre la conscience doue de volont rationnelle, dans
son autonomie.
[Tout homme (exactement : tout homme en tant que phnomne) a donc
intrioris les critres de Bien et de Mal, qui s'imposent spontanment lui.]
La raison pure, moralement lgislatrice, est en tant que telle en tant que source de
normes validit intemporelle quelque chose de suprasensible, d'intelligible, un
noumne qui prescrit l'homme en tant que son phnomne un devoir-tre, un
commandement, un devoir.
[Le respect des normes thiques de la loi morale est un impratif catgorique]
Ce commandement inspire l'homme du respect. La loi morale - le principe des
normes thiques particulires, leur prsuppos et leur fondement - se formule
548
comme impratif catgorique, comme principe a priori synthtique-pratique, valant de
faon inconditionne pour toute exprience morale.
[Selon l'universalit que veut Kant, tous les hommes doivent avoir, et avoir
toujours eu, les mmes impratifs thiques. Qu'en pensent les ethnologues et
les fidles des diverses religions ? Pour Nietzsche et les athes, ce n'est pas
raliste.]
[Tous les hommes doivent chercher partager les mmes lois morales]
La volont morale est une volont qui a pour objectif l'unit idale du vouloir des
hommes.
[Le systme politique idal prend en compte la volont de tous les citoyens : c'est
donc une dmocratie o chaque citoyen respecte les droits des autres]
La lgislation idale, dont la maxime de notre volont doit pouvoir s'exhiber comme
son principe, est telle qu'en elle se trouve galement prise en considration la
volont du prochain,
[Impratif pratique : traite tout homme et l'humanit comme des fins, pas des
moyens]
A ce titre, ils ne sont pas de simples moyens pour une fin, mais des fins en eux-
mmes, d'o rsulte donc la forme de l'impratif catgorique : ne pas traiter
simplement comme moyen l'humanit qui est en chacun.
Dans la volont morale, nous nous situons en une communaut idale avec les
autres tres raisonnables, en un rgne des fins , dans un monde intelligible ;
la volont morale se rapporte donc d'emble une communaut, elle fonde du
communautaire (mais sans qu'on ait la driver par des voies historico-
sociologiques).
549
(Fin de citation)
La moralit est l'unique lgalit des actes qu'on peut driver a priori de principes
K679-K680 "La moralit est l'unique lgalit des actes qui puisse tre drive
entirement a priori de principes. Ce pourquoi la mtaphysique des murs est
proprement la morale pure, o nulle anthropologie (nulle condition empirique) ne se
trouve prise pour fondement."
Nous ne pouvons nous reprsenter l'volution d'un objet dans le temps (que Kant
appelle son mouvement) que comme la synthse d'une succession de sens internes
analogue la succession d'images qui constituent un film raison d'environ 25 par
seconde ; une telle synthse est produite par l'imagination productrice.
Multiplicit
Substantif - Caractre de ce qui est form de plusieurs parties ou lments, de ce qui
prsente des proprits diverses.
Mutabilit
Substantif - Caractre ou tat de ce qui est sujet au changement.
Synonyme : volutivit. Oppos : immutabilit ou immuabilit.
550
Exemple et remarque sur le dterminisme
K246 - "qu'une cause soit possible qui change l'tat des choses, c'est--dire les
dtermine au contraire d'un certain tat donn, c'est l un point sur lequel
l'entendement ne nous apporte a priori aucun clairage [parce que] la mutabilit ne
concerne que certaines dterminations des phnomnes que seule l'exprience peut
enseigner, cependant que leur cause est trouver dans l'immuable."
(Kant explique l que l'on ne peut savoir a priori ou par dduction logique si une
situation (un phnomne) peut voluer et comment, c'est l un fait d'exprience.
Mais il affirme que le dterminisme est une loi (immuable) de la nature, c'est--
dire que les mmes causes produisent les mmes effets, toujours et partout.)
Mystique
Selon le dictionnaire [13] :
Adjectif : dans les domaines de la religion, de la philosophie : relatif au mystre,
une croyance surnaturelle, sans support rationnel.
Substantif fminin :
Etude, connaissance du mysticisme, de la spiritualit mystique ;
Ensemble des mouvements spirituels par lesquels l'me accde la
prsence divine.
Par analogie : croyances, doctrines, thses, idologies, etc. qui suscitent une
adhsion de caractre passionn. Exemples : mystique dmocratique,
hitlrienne, scientifique.
Naturalisme
Doctrine philosophique selon laquelle :
Tous les tres et vnements de l'Univers ont une origine naturelle ;
Leur connaissance est possible par la mthode scientifique ;
L'Univers est rgi par des lois ;
Aucune ralit nest surnaturelle ;
La nature ne subit aucune influence transcendante.
551
problmes de mtaphysique, que par la spculation. Il affirme donc que l'on peut
dterminer la grandeur de la Lune et la distance laquelle elle se situe plus
srement d'un coup d'il que par le dtour mathmatique.
C'est l une simple misologie, rige en principe, et, ce qui est le plus absurde, le
renoncement tous les moyens techniques, clbr comme une vritable mthode
pour largir sa connaissance. Car, en ce qui concerne ceux qui sont naturalistes par
dfaut d'une conception plus vaste, on n'est en rien justifi mettre quoi que ce soit
leur charge. Ils suivent la raison commune sans se vanter de leur ignorance
comme d'une mthode qui devrait contenir le secret permettant de tirer la vrit du
puits profond de Dmocrite [79]. Les vers de Perse [149] :
[ Je sais assez de choses, car je n'ai pas besoin d'tre comme Arcesilas ou
comme un des malheureux Solons ]
constituent leur devise, avec laquelle ils peuvent vivre contents et mriter les
applaudissements sans se soucier de la science ni en perturber les oprations."
(Fin de citation)
Nature
Ces objets nous sont donns en tant que phnomnes, dont l'ensemble constitue le
monde sensible :
[56b] 36 page 111 "La nature, prise au sens matriel, c'est--dire selon
l'intuition, [est] l'ensemble des phnomnes."
552
Critique de cette dfinition
"Une loi universelle" n'est possible que si toutes les lois postules par l'homme
conformment au Principe de la primaut de la connaissance sur les objets
(doctrine) (c'est--dire les lois de la physique) sont unifies :
Sous un mme principe ou postulat, le dterminisme, regroupant le postulat
de causalit et la rgle de stabilit ;
Ou par une mme facult d'unification, celle de l'entendement.
La dfinition de la nature par sa loi de Kant est trs restrictive, c'est une loi de
l'entendement et seulement de l'entendement. De nos jours, les lois de la nature
ont deux objectifs :
dcrire pour expliquer,
et prdire une volution pour dcider (voir Dterminisme).
Imaginer, mettre au point et vrifier une loi demande plus que de l'entendement.
553
Ncessaire
Adjectif (philosophie et logique) Substantif correspondant : ncessit.
Qui est impos, rigoureusement dtermin par la nature des choses ou par un
tat de fait. Exemple : une loi de la physique comme l'attraction universelle .
Qui est invitable, qui ne peut manquer de se produire, qui chappe la volont
humaine.
Dont le contraire est impossible. Exemple : respect du principe de contradiction.
Voir aussi :
Ncessit des choses (postulat) ;
Ncessit et contingence ne peuvent tre que des principes subjectifs de la
raison. (Conditions de l'opposition entre ncessit et contingence).
Absolument ncessaire
Synonyme de sans cause (inconditionn), car ne dpendant de rien.
Voir Absolument : a priori, indpendant ou pur.
K285 "Aucune existence des objets des sens ne peut tre connue entirement a
priori, mais elle peut l'tre [] relativement une autre existence dj donne."
Je ne suis sr de l'existence physique d'un objet que je vois que s'il a un rapport
(exemple : de proximit) avec un autre objet que j'ai peru.
K286 "La ncessit ne concerne [] que les rapports entre les phnomnes,
d'aprs la loi dynamique de la causalit. Elle concerne aussi la possibilit, qui se
fonde sur cette loi, de conclure a priori, partir d'une cause, l'effet."
K286 "Tout ce qui arrive est hypothtiquement ncessaire [devait arriver] : c'est l
un principe fondamental qui soumet dans le monde le changement une loi, c'est--
dire une rgle s'appliquant l'existence ncessaire, sans laquelle rgle il n'y aurait
pas mme de nature." (Voir Principe de fatalisme)
Hypothtiquement : Kant rappelle l que le dterminisme des lois est postul par
l'homme : constatant que les mmes causes produisent toujours les mmes
effets , l'homme gnralise par induction ce comportement. Le dterminisme n'est
pas dmontrable : dans [12] on montre mme la possibilit de situations sans cause.
K425 "La ncessit inconditionne des phnomnes peut tre appele ncessit
naturelle."
554
Ncessit de l'aperception transcendantale
Ngation
K519
La ngation logique (le mot non ) ne correspond jamais un concept, "mais
uniquement au rapport de ce concept avec un autre dans le jugement, et elle ne
peut donc suffire [] pour caractriser un concept relativement son contenu.
Une ngation transcendantale indique une non-origine en soi, c'est--dire une
inexistence. Elle s'oppose ainsi quelque chose qui a une origine, un tre, une
ralit.
K520 "Or, personne ne peut penser une ngation de faon dtermine sans
disposer comme fondement de l'affirmation oppose. [] L'ignorant n'a aucune
notion de son ignorance, parce qu'il n'en a aucune de la science. C'est sur ce mode
que tous les concepts des ngations sont galement drivs, et les ralits
contiennent les data et, pour ainsi dire, la matire ou le contenu transcendantal de la
possibilit et de la dtermination intgrale de toutes choses."
Nervus probandi
Expression latine dsignant l'argument central d'une argumentation.
Neurophysiologie
Etude de la structure et des fonctions du systme nerveux ; fait partie des
neurosciences.
Neuropsychique
Adjectif qualifiant un rapport avec la neuropsychologie.
Neuropsychologie
Science qui analyse le rapport entre le cerveau et les activits mentales
(intellectuelles et motives, conscientes ou non). Repose sur la neuroanatomie, la
neurophysiologie, la psychologie exprimentale, la linguistique et l'analyse
comportementale.
555
La neuropsychologie cognitive tudie des modles du fonctionnement cognitif sans
rfrence au fonctionnement crbral physiologique, en essayant de rejoindre les
modles des neurosciences.
Neurosciences
Ensemble des sciences qui tudient la structure, le fonctionnement et les fonctions
du systme nerveux. A l'heure actuelle, les sciences cognitives se dveloppent en
utilisant des modles informatiques d'intelligence artificielle.
Neurotransmetteurs
Les neurones communiquent grce aux neurotransmetteurs, molcules qu'ils
scrtent pour activer ou inhiber un autre neurone.
Neutralit
Principe de la neutralit de la raison dans tous les diffrends qu'elle rencontre :
voir Discipline de la raison pure relativement son usage sceptique.
Nvrose
En psychiatrie : affection psychique caractrise par l'absence de lsion ou de
trouble organique et ayant ses racines dans l'inconscient du sujet. Celui-ci prsente
des troubles mineurs du comportement et conserve la conscience du caractre
morbide de ses troubles (contrairement la psychose).
Nexus (latin)
Lien, liaison. - Exemple : liaison de causalit (voir Les 4 causes d'Aristote)
Nexus effectivus : cause efficiente ou efficace ;
Nexus finalis : cause finale.
Voir [134].
Nihilisme
556
Nombre
Lorsqu'il crit nombre, Kant pense le plus souvent un nombre entier. Il y pense en
tant que mesure d'une quantit ou d'une grandeur par comparaison avec une autre
de mme espce prise pour unit.
Dans cette fonction de mesure, un nombre est un schme transcendantal
permettant de comparer des objets trs diffrents (voir exemple des pommes et des
poires dans schme), c'est le schme de la grandeur. Kant l'crit ci-dessous,
rappelant ensuite qu'un nombre se conoit comme rsultat synthtique d'une addition
d'units (l'unit tant un concept irrductible).
K227 - "L'image pure qui prsente toutes les grandeurs au sens externe est l'espace,
tandis que celle de tous les objets des sens en gnral est le temps. Mais le schme
pur de la grandeur, envisage comme concept de l'entendement, est le nombre,
lequel est une reprsentation qui embrasse l'addition successive de l'unit l'unit
(homogne). Donc, le nombre n'est autre que l'unit de la synthse du divers
compris dans une intuition homogne en gnral, rendue possible par le fait que je
produis le temps lui-mme dans l'apprhension de l'intuition."
Kant affirme l que la synthse par identit d'intuitions homognes (comme celle de
reprsentations successives d'un phnomne - voir association) produit une
reprsentation unifie qui comprend ncessairement une valuation quantitative de
type nombre. En somme, quand je vois une chose, je sais si elle contient un ou
plusieurs objets visibles . L'intuition d'une pluralit d'objets rsulte d'une suite de
perceptions d'un seul objet spares par un court instant, et de la facult de
synthse de l'esprit qui sait qu'il en a unifi plusieurs.
Nominalisme
Substantif de philosophie classique : doctrine d'aprs laquelle les ides gnrales ou
les concepts n'ont d'existence que dans les mots servant les exprimer.
Diffrence avec le Ralisme : le nominalisme pense que les ides gnrales ne sont
que des mots ; le Ralisme pense que les ides gnrales supposent quelque chose
de rel.
Nommable
Adjectif - Que l'on peut nommer ; qui l'on peut attribuer un nom.
557
Un objet, crit Lebesgue [67], est dfini ou donn quand on a prononc un nombre
fini de mots s'appliquant cet objet et celui-l seulement ; c'est--dire quand on a
nomm une proprit caractristique de l'objet.
Nomothtique
Selon [13] : Science ou discipline dont l'objet et la mthode permettent d'tablir des
lois gnrales ou universelles, reprsentes par des relations constantes entre les
phnomnes observs.
Noologie
Selon le dictionnaire [13] : science qui tudie le monde de l'esprit, de la pense.
Synonyme vieilli de psychologie.
Normatif
Qui fixe, prescrit une norme, met des jugements de valeur.
Ainsi, la logique prescrit des normes de vrit d'une affirmation.
Une science normative comme la morale permet de juger si une action vise le
bien ou le mal, l'esthtique permet de juger si quelque chose est beau ou laid.
Notion
K346 "le concept pur, en tant qu'il a sa source exclusivement dans l'entendement
(et non pas dans une image pure de la sensibilit), s'appelle notion.
Un concept issu de notions, dpassant la possibilit de l'exprience, est l'Ide,
autrement dit : le concept rationnel."
Le noumne est la chose en soi du phnomne tel qu'il est dans sa ralit objective
inconnaissable, pas tel qu'il nous apparat.
Exemple : Je est un objet du sens interne dont l'homme est conscient sans
perception, sans exprience et sans en tre affect ; c'est un noumne.
558
Diffrence entre chose en soi et noumne
D'aprs [56] 34 page 128 note :
Une chose en soi tant issue de l'intelligence est qualifie d'intellectuelle et
s'applique au monde sensible ;
Un noumne est qualifi d'intelligible ; il est issu de l'entendement et inapplicable
aux objets de l'exprience.
Lire ici :
Exemple : L'impossible dtermination de l'objet rel d'o provient une exprience
Noumne en tant que chose en soi : un abus de l'entendement.
K306 "Le concept d'un noumne, c'est--dire d'une chose qui doit tre pense, non
pas du tout comme objet des sens, mais comme une chose en soi (uniquement par
un entendement pur), n'est nullement contradictoire ; car on ne peut en tout tat de
cause affirmer de la sensibilit qu'elle soit le seul mode d'intuition possible. En outre,
ce concept est ncessaire pour viter d'tendre l'intuition sensible jusqu'aux choses
en soi elles-mmes, et donc pour limiter la validit objective de la connaissance
sensible (car le reste, quoi cette dernire n'a pas accs, s'appelle prcisment
noumnes pour indiquer ainsi que ces connaissances ne peuvent tendre leur objet
tout ce que pense l'entendement)."
559
Le sens positif tant absurde, seul le sens ngatif est acceptable :
K306 - "Le concept d'un noumne est donc simplement un concept-limite, afin de
limiter les prtentions de la sensibilit, et est donc uniquement d'usage ngatif."
Critique
K306 Kant admet que l'existence relle de noumnes (en tant que
reprsentations) n'est pas vidente :
"la possibilit de tels noumnes ne se peut nullement apercevoir"
K306 Nous ne voyons du monde physique que les phnomnes. Mais notre
entendement gnre, au-del de leur contenu sensible, des concepts et
prdicats qui sont problmatiques, alors que nous n'avons pas les intuitions
ncessaires pour qu'il juge mme assertoriquement de leur ralit.
Voir Apparence.
K307 [Notre entendement] "n'est pas born par la sensibilit, mais borne bien
plutt celle-ci, du fait qu'il appelle noumnes les choses en soi (quand elles ne
sont pas considres comme phnomnes)."
Voir aussi :
Ralit et phnomnes ;
Noumne en tant que chose en soi : un abus de l'entendement.
560
Comportement de l'entendement lorsqu'il cre un concept pur par aperception
[56b] 33 pages 107-108 Kant dcrit ce comportement imaginatif de l'entendement
comme un usage transcendant, un pouvoir de crer un tre artificiel, sans existence
perceptible mais paraissant rel.
L'explication est simple : les concepts purs de l'entendement (notamment ceux
de l'exemple), dont l'esprit se sert sans cesse, lui paraissent si clairs par eux-mmes,
qu'il fait pour chacun comme s'il existait une classe d'tres qui lui correspond, alors
qu'en ralit il n'a de sens qu'avec un objet ou plusieurs auquel (auxquels) il
s'applique.
Exemple : je comprends le concept de force, mais pour l'expliquer j'ai besoin
d'un objet-origine qui en est la cause et d'un objet-cible auquel elle s'applique
ncessairement.
Dans notre esprit, un concept qui parat intellectuellement trs clair (incontestable) ou
psychologiquement trs dsirable nous parat souvent correspondre un objet rel,
imagin de faon transcendante. C'est pourquoi il m'est arriv de personnifier une
voiture qui refusait de dmarrer en l'injuriant ; certains croient en Dieu parce qu'ils ont
besoin de quelque chose venant de lui (expliquer l'existence du monde, offrir la
rdemption), etc.
Numerica identitas
Voir Numriquement : diverses, identique.
Objectif - Subjectif
Objectif (philosophie)
Adjectif avec 2 sens :
Qui existe en soi, indpendamment du sujet pensant, donc que plusieurs
personnes peuvent partager. L'objet d'une chose en soi est donc objectif.
Exemple : la ralit objective.
Les conditions de possibilit de l'objectivit (pour pouvoir la penser) sont :
Les intuitions de l'Esthtique transcendantale : le temps et l'espace ;
Les 12 catgories de l'entendement ;
La schmatisation des concepts ;
Les intuitions mathmatiques : nombre entier ; point ; droite, etc.
Qui :
Relve de la ralit externe indpendante des consciences (et pas d'une
chose en soi) ;
Est susceptible d'tre peru comme phnomne.
Dans ce sens, la subjectivit d'un concept de phnomne peru ne l'empche
pas d'tre objectif, car il est pens avec une porte universelle.
Exemple
K523 "C'tait uniquement comme le concept de toute ralit que la raison []
561
mettait [l'ide transcendantale de Dieu] au fondement de la dtermination
intgrale des choses en gnral, sans exiger que toute cette ralit soit donne
objectivement et constitue elle-mme une chose."
Voir :
Ralit et phnomnes ;
Ce qu'un sujet peut dduire du Je pense, selon Kant.
562
Conditions d'objectivit d'une proposition scientifique
Pour qu'une proposition soit scientifique, c'est--dire que son sujet soit un concept
partageable d'objet rel, il faut que ses proprits ontologiques soient satisfaites.
Celles-ci comprennent :
Les deux intuitions [temps et espace] ;
Les douze catgories ;
La schmatisation des concepts ;
etc.
Trouver et prciser tous les critres ontologiques d'un objet est un des objectifs les
plus importants de la philosophie, pour le penser avec prcision et de manire
partageable.
Subjectif
Adjectif signifiant :
En philosophie :
Qui est propre un individu dtermin et ne vaut que pour lui seul ;
Qui se fonde sur des critres personnels ;
Au sens psychologique : qui dpend de la conscience du sujet, comme la
sensation et le sentiment (source : [57]) ;
Au sens critique transcendantale : qui dpend des fonctions du sujet
connaissant en gnral (source : [57]).
En psychologie :
Qui ne correspond pas une ralit, un objet extrieur au sujet, mais
une disposition particulire du sujet qui peroit.
Qui relve de l'exprience interne, qui ne concerne que le seul sujet
pensant.
K330 "L'erreur [de jugement] ne peut tre produite que par l'influence
inaperue de la sensibilit sur l'entendement, sous l'effet de quoi il arrive que les
principes subjectifs du jugement viennent se confondre avec les principes
objectifs et les font dvier de leur destination"
Complments
Unit objective de la conscience de soi Consquences pour l'humanit ;
Unit transcendantale - Unit subjective ;
Apparence Apparence empirique - De l'apparence transcendantale.
Objection
Une objection est un argument oppos une affirmation pour la rfuter.
Kant analyse ce procd comme suit.
(Citation de K387-K388)
"Toutes les objections peuvent se rpartir en dogmatiques, critiques et sceptiques.
563
L'objection dogmatique est celle qui est dirige contre une proposition ;
[Elle] requiert une comprhension pntrante de la nature propre de l'objet, pour
pouvoir affirmer le contraire de ce que la proposition avance propos de cet
objet ; elle est par consquent elle-mme dogmatique et prtend connatre cette
nature de l'objet mieux que ne le fait la position laquelle elle s'oppose.
L'objection critique [est] celle qui est dirige contre la preuve d'une proposition.
Dans la mesure o elle n'aborde pas la proposition du point de vue de sa validit
ou de son absence de validit et ne vise que la preuve, [elle] n'a nullement
besoin de mieux connatre l'objet ou de prtendre en avoir une meilleure
connaissance ; elle montre seulement que ce qu'on affirme est dpourvu de
fondement, et non pas que l'affirmation est inexacte.
L'objection sceptique oppose mutuellement la proposition et la proposition
contraire comme constituant, l'une vis--vis de l'autre, des objections de
pertinence gale [] ; ainsi cette objection est-elle en apparence dogmatique
des deux cts opposs, pour rduire intgralement nant tout jugement sur
l'objet. []
Or, nous sommes dogmatiques vis--vis des concepts ordinaires de notre raison qui
concernent la relation que notre sujet pensant entretient avec les choses situes
hors de nous, et nous considrons ces dernires comme de vrais objets, subsistant
indpendamment de nous"
(Fin de citation)
Chez Kant
Objet vritable reprsent par un concept
K613 Un concept pens reprsente un objet vritable si (et seulement si) il a
exactement les mmes informations que cet objet. Voir aussi :
Discipline de la raison pure dogmatique : des dfinitions ;
Conditions formelles d'existence d'un objet ;
Ralit (existence) par opposition la ngation (inexistence).
564
de phnomnes, on peut considrer la causalit de cet tre sous deux angles :
comme intelligible, d'aprs son action en tant que celle d'une chose en soi ; et
comme sensible, d'aprs les effets de cette action considre comme un phnomne
dans le monde sensible.
[Voir Pouvoir de]
Nous nous ferions donc, quant au pouvoir d'un [objet des sens], un concept
empirique et en mme temps aussi un concept intellectuel de sa causalit, lesquels
interviennent conjointement propos d'un seul et mme effet.
Objet du sentiment
K656 "Tous les concepts pratiques portent sur des objets de satisfaction ou de
dsagrment, c'est--dire de plaisir et de dplaisir, par consquent, au moins indi-
rectement, sur des objets de notre sentiment."
565
La seule manire de rendre comprhensible la possibilit d'une catgorie de
l'entendement est de recourir la sensibilit, c'est--dire au phnomne qui doit
ensuite tre son objet.
566
contingence objective de ces substances dans leur existence, c'est--dire
quant la possibilit de leur non-existence en soi."
Communaut
K299 "Comme les catgories pures de la substance aussi bien que de la
causalit n'autorisent aucune dfinition dterminant l'objet, la causalit
rciproque dans la relation qu'entretiennent entre elles les substances en est
tout aussi peu susceptible." Communaut est donc une notion originaire.
Possibilit, existence et ncessit
K299 "personne n'a encore pu les dfinir autrement que par une flagrante
tautologie..." : ce sont l aussi des notions originaires.
Objets purs, simplement intelligibles : Voir ci-dessous.
Noumnes : Voir Noumnes.
Exemples :
L'objet transcendantal, cause sensible inconnue de nos reprsentations ;
L'impossible dtermination de l'objet rel d'o provient une exprience.
Voir aussi, pour les objets des sens : Doctrine de l'idalisme transcendantal.
Objet transcendantal
Voir L'objet transcendantal, cause sensible inconnue de nos reprsentations.
567
et qui ne sert qu' maintenir la plus grande unit systmatique dans l'usage
empirique de la raison, en faisant que l'on drive l'objet de l'exprience pour ainsi
dire de l'objet imaginaire de cette Ide comme de son fondement ou de sa cause.
Obligation
[108] page 173 "Ncessit d'une action libre accomplie par soumission un
impratif catgorique de la raison."
Occasionnalisme
Substantif (philosophie) - Chez les cartsiens et principalement chez
Malebranche [86] : thorie selon laquelle Dieu est la seule cause, les cratures
n'tant que les antcdents constants de son intervention.
Voir aussi Dualisme.
Occurrence
Elment particulier d'un ensemble (classe) d'lments possibles (vnements,
circonstances, objets d'une collection de choses, etc.).
Exemple : une description d'un concept particulier peut correspondre zro, une
ou plusieurs de ses occurrences (dterminations) tout en restant la mme.
568
Circonstance particulire :
K459 note * - "il a fait preuve en l'occurrence d'un esprit plus authentiquement
philosophique qu'aucun des sages de l'Antiquit."
Oiseuse
Selon le dictionnaire [13] : qui ne sert rien ; qui est vain, inutile.
[56b] 4 pages 40-41 "en ce cas la question que nous venons de formuler serait
oiseuse"
Ontique
Selon le dictionnaire [13] l'adjectif ontique s'oppose ontologique, particulirement
chez Heidegger [127]. Il dsigne des tres concrets, perus ou dtermins.
Ontogense (ontognie)
En biologie, c'est l'ensemble des processus d'volution d'un tre vivant de sa
cellule uf l'adulte reproducteur.
En psychologie, c'est l'volution psychologique individuelle.
Ontologie
Substantif utilis en philosophie. Significations :
Partie de la philosophie qui a pour objet l'tude des proprits les plus gnrales
de l'tre, telles que l'existence, la possibilit, la dure, le devenir.
Synonyme : philosophie premire.
Etude ou connaissance de ce que sont les choses en elles-mmes en tant que
substances par opposition l'tude de leurs apparences ou de leurs attributs.
Par extension : thorie sur l'tre ; ensemble de vrits fondamentales de l'tre.
Chez Kant : science qui prtend connatre Dieu par dductions (analyse) partir
de son concept, sans passer par l'exprience, et qui tombe sous le coup de la
critique de la preuve ontologique :
K536 - "la malheureuse preuve ontologique, qui ne vhicule avec elle rien
qui pt satisfaire ni l'entendement naturel et sain ni l'examen mthodique."
569
Satisfaire toutes les lois de la nature.
Il est remarquable que ces conditions ontologiques d'existence d'un objet rel soient
partages par toute l'humanit ; elles sont un des fondements de la science
traditionnelle et une raison de la possibilit d'en partager les mthodes et les
rsultats.
Toutefois, ces conditions s'noncent diffremment de nos jours compte tenu de
nos connaissances de physique quantique et de cosmologie ; nous n'irons pas plus
loin dans ce dictionnaire philosophique.
Concept vide
Tout concept d'objet ayant une des proprits ci-dessus avec une valeur ngative
(c'est--dire contredisant cette proprit) est vide : il correspond un objet qui
n'existe pas. Ainsi, un objet dont la dfinition contredit une loi de la nature ne peut
exister ; exemple : une particule dont la charge lectrique serait la moiti de celle
d'un lectron.
[56b] 57 page 170 "Par le simple concept d'un Etre originaire, auquel nous
attribuons des prdicats uniquement ontologiques [Dieu] (ternit, omniprsence,
omnipotence), en ralit nous ne pensons absolument rien de dtermin ;"
Opinion
570
La loi rgissant un telle liaison doit en outre tre certaine. Car si, vis--vis de cette loi,
je n'ai galement rien qu'une opinion, tout n'est plus qu'un jeu de l'imagination, sans
la moindre relation la vrit.
Ce pourquoi il est absurde de former des opinions dans la mathmatique pure : il faut
savoir ou s'abstenir de tout jugement. De mme en est-il avec les principes de la
moralit, o l'on n'a pas le droit de risquer une action sur la simple opinion que
quelque chose est permis, mais o il faut savoir que c'est le cas.
Opposition
571
La proposition "le monde est ou bien infini, ou bien fini (non infini)" est plus
qu'une opposition simple entre un monde qui est ou n'est pas infini : elle affirme
en plus que le monde a une grandeur. Il y a alors 3 cas :
Le monde existe et est infini ;
Le monde existe et n'est pas infini ;
Le monde n'existe pas ou n'a pas de grandeur.
Cette opposition est dite dialectique. On voit que "deux jugements
dialectiquement opposs l'un l'autre peuvent tous deux tre faux, puisque l'un
ne contredit pas simplement l'autre, mais dit quelque chose de plus que ce qui
se trouve requis pour la contradiction." C'est le cas des deux premires
propositions si c'est la troisime qui est vraie.
Si les propositions "le monde est infini quant sa grandeur" et "le monde est fini
quant sa grandeur" sont considres comme contradictoirement opposes
l'une l'autre, on admet que le monde (la srie entire des phnomnes) est
une chose en soi. Car il demeure en place quand bien mme je supprime la
rgression, infinie ou finie, dans la srie de ses phnomnes.
Si je nie que le monde est une chose en soi (je parle alors du monde physique
ou du phnomne-monde) "l'opposition contradictoire des deux affirmations se
transforme en une opposition simplement dialectique ;" ce monde peut alors tre
fini, infini ou ni l'un ni l'autre car n'ayant pas de grandeur. Le monde ne peut
alors se trouver que dans la rgression de la srie empirique des phnomnes.
Or une telle srie est conditionne, mais jamais donne en entier, donc le
monde n'est aucunement un tout inconditionn : ce n'est donc pas une chose en
soi, il n'existe donc pas non plus, en tant que tel, ni avec une grandeur infinie ni
avec une grandeur finie.
Ordonner
Kant appelle ordonner l'opration de l'entendement consistant classer un objet
sous un concept ou dans une catgorie. Le critre de classement de l'objet est
dans le divers de sa forme.
Il appelle aussi ordonner le fait d'organiser les lments d'un ensemble dans un
certain ordre ou selon une certaine structure :
K392 "Les paralogismes de la raison pure [peuvent tre] ordonns selon une
structure systmatique et parallle la table des catgories."
Voir aussi :
Dduction transcendantale ou dduction empirique ;
Subsumer ;
Recognition.
572
Organon
Ensemble de mthodes et directives permettant d'arriver des connaissances
certaines, par la logique comme par l'exprience. Pour Kant (qui considre que la
logique gnrale est un canon), la philosophie de la raison pure n'est pas un organon
permettant d'tendre les connaissances, mais une discipline servant en dterminer
les limites. Par contre l'esthtique transcendantale doit servir d'organon.
Voir La logique de l'apparence (logique dialectique) critique par Kant.
K110 "La raison est le pouvoir qui fournit les principes de la connaissance a priori.
La raison pure est par consquent celle qui contient les principes permettant de
connatre quelque chose absolument a priori. Un organon de la raison pure serait un
ensemble runissant les principes d'aprs lesquels toutes les connaissances pures a
priori peuvent tre acquises et effectivement tablies. L'application dtaille d'un tel
organon procurerait un systme de la raison pure."
Originaire
Adjectif : que l'esprit comprend sans autre explication possible ; c'est un concept
irrductible comme le point gomtrique ou le nombre entier. Exemples :
K122 - "Il faut [que la reprsentation de l'espace] soit originairement une
intuition."
K127 - "Il faut que la reprsentation originaire du temps soit donne comme
illimite.
K163 [La table des catgories] "contient tous les concepts originairement purs
de la synthse que l'entendement contient a priori [] C'est uniquement par leur
moyen qu'il peut comprendre quelque chose dans le divers de l'intuition, c'est--
dire penser un objet de celle-ci."
Ostensif
Selon le dictionnaire [13] (En logique : s'agissant d'une proposition, d'une
dmonstration) : qui fait voir ce qu'elle nonce, qui en prsente directement la
preuve.
En mathmatiques, un raisonnement ostensif est celui qui conduit au rsultat
avec la conscience claire de tous les intermdiaires qui le rendent possible.
Une preuve ostensive s'oppose une preuve simplement logique, formelle, dite
preuve apagogique : la preuve apagogique peut dmontrer, elle ne peut
persuader ; la preuve ostensive dmontre et persuade.
Palingnsie
Substantif fminin. Significations selon le dictionnaire [13] :
Retour la vie, renaissance qui est en mme temps une rgnration.
(Philosophie, sociologie) - Doctrine selon laquelle l'histoire des peuples est la
reproduction d'une mme suite de rvolutions dont la succession tend raliser
une fin gnrale et providentielle de l'humanit.
K583 "On n'accorde plus de crdit aucune des vaines hypothses portant sur la
gnration, la corruption et la palingnsie des mes, etc. ;"
573
Paradigme
Selon [13] : (Epistmologie) - Conception thorique dominante ayant cours une
certaine poque dans une communaut scientifique donne, qui fonde les types
d'explication envisageables, et les types de faits dcouvrir dans une science
donne.
Exemple : paradigme de la causalit tendue.
Or l'inconditionn que la raison vise spontanment est plus qu'une cause ultime,
c'est une ncessit absolue, la cause la plus gnrale possible, la seule qui
satisfasse compltement le besoin de justification logique de l'esprit, car une
ncessit absolue est invitable.
Une chane de causes commence toujours par une cause absolument ncessaire
L'application rpte l'infini du principe de raison ne peut donc conduire qu' l'une
des conclusions suivantes :
Ou la chane des causes se termine par une cause absolument ncessaire ;
574
Ou la chane des causes ne se termine pas, car elle n'a jamais commenc ; elle
a exist depuis que le temps existe et passe, c'est--dire :
Depuis toujours, si le temps a toujours exist et n'a pas de commencement ;
Ou depuis que le temps existe, c'est--dire le Big Bang selon notre science.
Une telle incertitude est psychologiquement pnible pour l'homme, qui elle inspire
de la crainte la crainte de l'inconnu. L'homme combat cette incertitude en imaginant
son oppos, la certitude concernant tout phnomne, certitude qui suppose
575
l'omniscience. L'homme se persuade, par imagination qui extrapole le pouvoir de sa
raison, qu'il est possible de tout savoir sur les phnomnes, donc sur le monde, et
que le Dieu crateur imagin pour le besoin psychologique d'omnipotence est aussi
omniscient.
Critique
D'abord la contingence d'un phnomne constat (peru et faisant l'objet d'une
exprience) est une hypothse absurde, car elle contredit le principe d'identit
[32].
Ensuite, ce n'est pas parce que l'homme dsire, donc imagine, la possibilit
d'une connaissance totale du monde et des lois naturelles, c'est--dire d'un
monde totalement intelligible, qu'un tel monde est possible. Nous savons :
Que l'existence de processus mentaux inconscients et subconscients rend la
description et la prvision de la pense humaine si difficiles qu'elles sont
impossibles ;
Que malgr la rigueur d'une description axiomatique des lois de la nature, il
restera toujours des volutions dterministes imprvisibles [12].
Omniscient, Dieu n'aurait pas se poser de questions, ni sur ce qui est, ni sur ce qui
peut tre ; pour Lui, intuition, concept et pense seraient synonymes. Voir :
Dialectique naturelle de la raison humaine : but ultime ;
Thorie transcendantale de la mthode.
Dfinition gnrale
Un paralogisme est une faute de raisonnement due des prmisses fausses ;
nonc de bonne foi, c'est un sophisme sans intention de tromper .
576
Chez Kant
(Citation de K360)
"Le paralogisme logique consiste dans la fausset formelle d'un raisonnement,
quel qu'en puisse tre par ailleurs le contenu.
Un paralogisme transcendantal, en revanche, possde un fondement
transcendantal qui incite produire des conclusions formellement fausses.
En sorte qu'un raisonnement fautif de ce type aura son fondement dans la nature
de la raison humaine et induira une illusion invitable, bien qu'il ne soit pas
impossible de la rsoudre en ses lments."
Voir Antinomie (dfinition) Antinomie de la raison pure.
(Fin de citation)
Exemple de paralogisme
Les paralogismes transcendantaux de la raison pure sont des raisonnements de
psychologie rationnelle faux, tels que celui de Descartes dans la citation suivante.
577
On ne peut en dduire l'unit du sujet lui-mme ;
On ne peut donc en dduire, comme Descartes, que toute ralit n'est faite que
de deux substances, une abstraite et une concrte : Kant qualifie une telle
proposition d'erreur par paralogisme.
Voir en complment :
Le Moi pensant ne peut tre une substance simple,
Conditionn,
Conditionn et conditions Srie des conditions.
578
Paralogisme de la psychologie rationnelle
Voir Paralogisme de la psychologie rationnelle.
K413 "Je me pense moi-mme par rapport une exprience possible, en faisant
abstraction aujourd'hui de toute exprience relle, et j'en conclus que je pourrais
avoir conscience de mon existence mme en dehors de l'exprience et de ses
conditions empiriques. Par consquent, je confonds l'abstraction possible de mon
existence empiriquement dtermine avec la prtendue conscience d'une existence
spare possible de mon Moi pensant, et je crois connatre dans le sujet
transcendantal ce qu'il y a de substantiel en moi, alors que je n'ai dans la pense que
l'unit de la conscience qui rside au fondement de toute activit de dtermination"
K414 "La pense, prise en elle-mme, est seulement la fonction logique, par
consquent la pure spontanit de la liaison du divers d'une intuition simplement
possible, et elle ne prsente nullement le sujet de la conscience comme phnomne,
simplement pour cette raison qu'elle ne prend nullement en compte l'espce de l'in-
tuition et ne se demande pas si elle est sensible ou intellectuelle."
579
K413 [La psychologie est] "transcendante, bien qu'elle s'occupe d'un objet de
l'exprience [mon me], mais uniquement en tant qu'il cesse d'tre un objet de
l'exprience."
580
5. K364-K365 - "Ce Moi ne peut tre utilis comme la dtermination d'une autre
chose."
6. K365 Le concept de la substantialit de mon sujet pensant ne sert qu' dduire,
si possible, de ce concept de substance, "que comme tre pensant je continue
par moi-mme de durer, sans natre ni prir de faon naturelle" ; mais hlas, cette
dduction est impossible.
En effet, pour pouvoir "appliquer [ un objet] le concept d'une substance, tel qu'il
est susceptible d'tre utilis empiriquement", nous devons "prendre pour principe
la persistance d'un objet donn procdant de l'exprience" [car, par dfinition,
une substance est persistante, mais son concept ne s'applique qu' un objet de
l'exprience].
7. K365 Quand un sujet pense, il est conscient de cette pense : Je pense . La
relation entre lui, sujet, et son acte de penser ne peut tre utilise pour en dduire
la permanence de cette pense, ncessaire pour qu'elle soit substance : le sujet
ne reoit pas cette information du sens interne d'o il tire la conscience de soi, il
n'en a pas l'intuition.
"Or, nous n'avons toutefois, dans notre proposition, pris pour fondement aucune
exprience"
La conscience de soi du sujet ne constitue pas "une intuition stable et
permanente dans le cadre de laquelle les contenus de pense (dans ce qu'ils ont
de variable) se succdent."
581
Or, l'me, autrement dit le Moi pensant, est une telle chose.
Donc, etc." (Fin de citation)
582
Kant n'envisage que le cas d'une pense un instant donn, avec sa
reprsentation. Nous savons aujourd'hui rsoudre les problmes de cohrence
d'un systme comprenant plusieurs processeurs, indpendants mais
interconnects, systmes soumis des vnements externes multiples,
indpendants, simultans ou non.
Exemple : une automobile haut de gamme comprend une dizaine de tels
processeurs, interconnects par fibre optique, grant le freinage, l'amortissement,
l'adhrence en virage et en acclration, l'assiette horizontale, l'alimentation du
moteur, etc. Tous ces processeurs doivent avoir un comportement d'ensemble
rpondant des critres de scurit, d'conomie de carburant et de pollution,
quels que soient les vnements rencontrs sur un parcours.
5. Conclusion (dans l'hypothse d'une pense globale de Kant) : il faut donc
postuler ceci : un rsultat dfini, quelle que soit sa forme, ne peut rsulter que
d'une logique d'obtention (algorithme) unique, quelles que soient ses tapes
d'excution effective.
6. K368 "La simplicit de moi-mme (en tant qu'me) n'est pas non plus une
conclusion qui se dduirait effectivement de la proposition : Je pense, mais elle
est au contraire dj inscrite en toute pense. La proposition : Je suis simple doit
tre considre comme une expression immdiate de l'aperception, tout comme
le prtendu raisonnement de Descartes : cogito, ergo sum [je pense, donc
j'existe], est en fait tautologique, dans la mesure o le cogito (sum cogitans)
nonce immdiatement l'effectivit. Or, Je suis simple n'a pas d'autre signification
que de dire que cette reprsentation : Je, ne contient pas en elle la moindre
diversit et qu'elle est une unit absolue (bien que purement logique)."
7. K368 "Le sujet de l'inhrence n'est indiqu, par le Je attach la pense, que
de manire transcendantale, sans qu'en soit remarque la moindre proprit, ou
sans que quoi que ce soit en donne lieu une connaissance ou un savoir. Il
signifie un quelque chose en gnral (sujet transcendantal) dont la reprsentation
doit tre absolument simple prcisment parce que l'on n'y dtermine rigoureu-
sement rien, puisque, de fait, rien ne peut assurment tre reprsent avec
davantage de simplicit qu' travers le concept d'un pur quelque chose. Mais la
reprsentation de la simplicit d'un sujet n'est pas pour autant une connaissance
de la simplicit du sujet lui-mme, car abstraction se trouve totalement faite de
ses proprits quand il est dsign exclusivement par l'expression entirement
vide de contenu : Je (que je peux appliquer tout sujet pensant).
8. K368-K369 - "Aussi est-il certain que je pense toujours, travers le Je, une unit
absolue, bien que purement logique, du sujet (simplicit), mais non point que
j'acquiers par l mme une connaissance de la simplicit relle de mon sujet."
9. De mme que la proposition : Je suis une substance ne signifiait rien de plus que
la catgorie pure, dont je ne peux in concreto faire aucun usage (empirique), de
mme il m'est aussi permis de dire : Je suis une substance simple, c'est--dire
une substance dont la reprsentation ne contient jamais une synthse du divers ;
mais ce concept, voire cette proposition, ne nous apporte pas le moindre
enseignement vis--vis de moi-mme comme objet de l'exprience"
583
matire, et par consquent d'excepter l'me de l'instabilit laquelle la matire est
toujours soumise."
(Kant s'intresse toujours au dbat philosophique sur l'immortalit et
l'immutabilit de l'me, dbat qui dure depuis des millnaires. Il tudie les
conditions de possibilit d'une preuve rationnelle de cette immortalit partir du
sens interne de l'homme et de son aperception.)
584
6. La simplicit de l'me humaine est reconnue. Mais d'aprs ce qui prcde, l'me
envisage simplement comme phnomne "ne se trouve en rien suffisamment
distingue de la matire quant son substrat."
7. K370-K371 - "Si la matire tait une chose en soi, elle se distinguerait pleinement
[], en tant [qu'] tre compos, de l'me comme tre simple. Mais il se trouve
qu'elle est simplement un phnomne extrieur, dont le substrat n'est connu par
absolument aucun prdicat que l'on puisse indiquer ; aussi puis-je parfaitement
admettre [que le phnomne en soi est] simple, mme s'il produit en affectant nos
sens, l'intuition de l'tendu et donc du compos, et donc mme si, dans la
substance dont notre sens externe voit l'extension, il y a aussi, en soi, des
penses susceptibles d'tre reprsentes avec conscience par le sens interne"
[de cette substance].
(Kant admet ici la possibilit d'une substance externe la fois tendue et
pensante, et munie d'un sens interne.)
8. K371 "Ainsi, le mme tre qui, sous un certain rapport, est dit corporel serait en
mme temps, sous un autre rapport, un tre pensant ; [ses] penses ne peuvent
certes tre intuitionnes dans le phnomne, mais [] en tout cas les signes de
ses penses peuvent l'tre. Par l disparatrait cette faon de s'exprimer selon
laquelle seules pensent des mes (entendues comme espces particulires de
substances) ;"
Cette hypothse paraissant pour le moins hardie, Kant abandonne son hypothse
et revient un modle classique de l'me :
9. K371 "Mieux vaudrait dire, comme on en a l'habitude, que les tres humains
pensent, c'est--dire que le mme tre qui, comme phnomne extrieur, est
tendu est intrieurement (en soi-mme) un sujet qui n'est pas compos, mais au
contraire est simple et pense."
Une question non pertinente : l'me est-elle de mme espce que la matire ?
K371 "Si j'entends par me un tre pensant en soi, la question de savoir si l'me
est ou n'est pas de mme espce que la matire (laquelle n'est aucunement une
chose en soi, mais correspond seulement, en nous, une sorte de reprsentation)
manque de pertinence : il est vident qu'une chose en soi est d'une tout autre nature
que les dterminations simplement constitutives de son tat."
Une question sans rponse : le Moi pensant est-il de mme espce que l'instance
intelligible au fondement de la matire ?
K371 "Si nous comparons le Moi pensant [l'me], non pas avec la matire, mais
avec l'instance intelligible qui est au fondement du phnomne extrieur que nous
appelons matire, nous ne pouvons pas non plus, dans la mesure o nous ne
savons absolument rien de cette instance intelligible, dire que l'me s'en distingue
intrinsquement en quoi que ce soit."
K371 "Le Moi pensant, l'me (nom dont on se sert pour dsigner l'objet
transcendantal du sens interne), est simple"
585
pouvons jamais, dans ces conditions, esprer tendre nos vues par de simples
concepts [] sans relation avec une exprience possible."
586
K374 "Comme cette identit de la personne [donc la permanence de sa
personnalit] ne peut aucunement rsulter de l'identit du Moi dans la conscience
que je possde de tout le temps o je me connais, la substantialit de l'me n'a pas
pu elle non plus trouver l [] ce qui et permis de la fonder."
(Citation de K375)
"Ce l'existence de quoi il ne peut tre conclu que comme celle d'une cause
intervenant pour des perceptions donnes possde une existence seulement
douteuse.
Or, tous les phnomnes extrieurs [ l'homme] sont de telle sorte que leur
existence ne peut tre perue [par lui] immdiatement, mais qu'il ne peut qu'y
tre conclu comme la cause de perceptions donnes.
Donc, l'existence de tous les objets des sens externes est douteuse. Cette
incertitude, je la nomme l'idalit des phnomnes extrieurs, et la doctrine de
cette idalit s'appelle l'idalisme, par opposition comparative auquel
l'affirmation d'une possible certitude concernant les objets des sens extrieurs
est appele le dualisme."
(Fin de citation)
587
K188 "au fondement de la perception prise globalement, il y a a priori
l'intuition pure (laquelle, vis--vis de la perception comme reprsentation, est
la forme de l'intuition interne, le temps) ;"
K207 - "Des choses ne sont donnes, dans l'espace et dans le temps, que
dans la mesure o elles sont des perceptions (des reprsentations
accompagnes de sensation)."
Je considre comme rel (au sens intellectuel) un objet extrieur (hors de
moi) que je connais aprs rflexion sur une perception qui a affect mon
sens interne : je ne peux le percevoir directement, et seul un raisonnement
me permet de conclure son existence.
K376 "C'est pourquoi aussi Descartes avait raison de limiter toute la
perception, au sens le plus strict du terme, la proposition : Je (comme tre
pensant) suis [existe]. Il est en effet clair que, puisque ce qui est extrieur
n'est pas en moi, je ne saurais le trouver dans mon aperception, par
consquent pas non plus dans la moindre perception, laquelle perception
n'est proprement que la dtermination de l'aperception."
K376 "Je ne peux donc proprement percevoir des choses extrieures,
mais seulement, partir de ma perception interne, conclure leur existence,
en regardant cette perception interne comme l'effet dont quelque chose
d'extrieur moi est la cause la plus prochaine."
K376 "Or le raisonnement infrant d'un effet donn une cause dtermine
est toujours incertain, parce que l'effet peut avoir rsult de plus d'une
cause. Par consquent, dans le rapport de la perception sa cause, il reste
toujours douteux de savoir si cette cause est interne ou externe, et donc si
toutes les perceptions qu'on dit extrieures ne sont pas un simple jeu de
notre sens interne, ou si elles se rapportent des objets extrieurs rels
comme leur cause."
K376 "Du moins l'existence de ces derniers n'est-elle obtenue que comme
conclusion d'un raisonnement, et elle court le risque de toutes les
conclusions, alors qu'au contraire l'objet du sens interne (moi-mme avec
toutes mes reprsentations) est peru immdiatement et que son existence
ne souffre pas le moindre doute."
Idalisme transcendantal, Ralisme transcendantal et idalisme empirique
Cet article fait suite Paralogisme de l'idalit (4me paralogisme).
K376 "Par idaliste, il faut donc entendre non pas celui qui nie l'existence
d'objets extrieurs des sens, mais celui qui, simplement, n'admet pas qu'elle
soit connue par perception immdiate, et qui en conclut que nous ne
pouvons jamais acqurir, par aucune exprience possible, l'entire certitude
de leur ralit."
K376 "Avant que j'expose notre paralogisme dans ce que son apparence a
de trompeur, il me faut d'abord remarquer que l'on doit ncessairement
distinguer un double idalisme, l'idalisme transcendantal et l'idalisme
empirique."
K376 "J'entends alors par idalisme transcendantal de tous les
phnomnes la position doctrinale selon laquelle nous les regardons tous,
globalement, comme de simples reprsentations, et non pas comme des
choses en soi, et conformment laquelle espace et temps ne sont que des
588
formes sensibles de notre intuition, mais non pas des dterminations
donnes pour elles-mmes ou des conditions des objets en tant que choses
en soi."
[Dfinition du Ralisme transcendantal]
(Citation de K376-K377-K378)
"A cet idalisme [transcendantal] est oppos un Ralisme transcendantal qui
considre l'espace et le temps comme quelque chose de donn en soi
(indpendamment de notre sensibilit). Le raliste transcendantal se
reprsente donc les phnomnes extrieurs (si l'on admet leur ralit)
comme des choses en soi qui existent indpendamment de nous et de notre
sensibilit, et qui donc, correspondant des concepts purs de
l'entendement, seraient aussi en dehors de nous.
C'est proprement ce raliste transcendantal qui, ensuite, joue le rle de
l'idaliste empirique et, aprs avoir faussement suppos, propos des
objets des sens, qu'ils devaient, pour tre extrieurs [pour exister et ne pas
tre une illusion du sens interne], possder aussi leur existence en eux-
mmes, sans intervention des sens, trouve, en se plaant de ce point de
vue, toutes nos reprsentations sensibles insuffisantes pour en rendre
certaine la ralit.
L'idaliste transcendantal peut au contraire tre un raliste empirique, par
consquent, comme on l'appelle, un dualiste, c'est--dire admettre
l'existence de la matire sans sortir de la simple conscience de soi, ni
accepter quelque chose de plus que la certitude des reprsentations en moi,
par consquent que le cogito, ergo sum [latin : je pense, donc j'existe].
En effet, parce qu'il ne donne cette matire et mme sa possibilit
intrinsque que la valeur d'un phnomne qui, spar de notre sensibilit,
n'est rien, elle ne constitue chez lui qu'une espce de reprsentations
(intuition) que l'on appelle extrieures , non pas au sens o elles se
rapporteraient des objets extrieurs en soi, mais en tant qu'elles rapportent
des perceptions l'espace dont tous les lments existent les uns en dehors
des autres, alors que l'espace lui-mme est en nous.
C'est en faveur de cet idalisme transcendantal que nous nous sommes
dclars ds le dbut. Par consquent, la faveur de notre doctrine,
disparat toute difficult admettre, sur le tmoignage de notre simple
conscience de nous-mmes, et dclarer par l dmontre l'existence de la
matire tout aussi bien que l'existence de moi-mme comme tre pensant.
Car j'ai en tout tat de cause conscience de mes reprsentations ; donc,
elles existent et moi aussi, qui ai ces reprsentations. Or, les objets
extrieurs (les corps) ne sont que des phnomnes : par consquent, ils ne
sont rien d'autre qu'une espce de mes reprsentations, dont les objets ne
sont quelque chose qu' travers ces reprsentations, mais ne sont rien [ne
sont pas prendre en compte] abstraction faite de celles-ci.
[Voir Ce qu'un sujet peut dduire du Je pense, selon Kant]
Donc, les choses extrieures existent tout aussi bien que moi-mme j'existe,
et cela, dans les deux cas, sur le tmoignage immdiat de la conscience que
j'ai de moi-mme, avec cette simple diffrence que la reprsentation de moi-
mme comme sujet pensant est rapporte uniquement au sens interne,
589
alors que les reprsentations qui font signe vers des tres tendus sont
rapportes aussi au sens externe.
[K377-K378 -] Il ne m'est pas davantage ncessaire de procder un
raisonnement dductif en ce qui concerne la ralit des objets extrieurs
que je n'en ai besoin pour ce qui touche la ralit de mon sens interne (de
mes penses) ; car, des deux cts, il ne s'agit de rien d'autre que de
reprsentations, dont la perception immdiate (la conscience) est en mme
temps une preuve suffisante de la ralit qui est la leur."
[K378 -] Donc, l'idaliste transcendantal est [aussi] un raliste empirique, et
il accorde la matire, en tant que phnomne, une ralit qui n'a pas
besoin d'tre dduite, mais qui est au contraire immdiatement perue. Par
opposition, le raliste transcendantal tombe ncessairement dans l'embarras
et se voit contraint de mnager une place l'idalisme empirique, parce qu'il
regarde les objets des sens extrieurs pour quelque chose de distinct des
sens eux-mmes et considre de simples phnomnes comme des tres
indpendants qui se trouvent en dehors de nous"
(Fin de citation)
Rsum
Voir d'abord Rfutation du matrialisme (but de sa critique invoqu par Kant).
Kant dmontre l qu'il est plus rigoureux, du point de vue logique doctrinale, de
postuler l'idalisme transcendantal qu'il dfend que le matrialisme ou le Ralisme
transcendantal. Sa dmonstration n'est pas critiquable, mais il faut noter que les
scientifiques actuels postulent le Ralisme ; ils sont souvent matrialistes et non
idalistes, et leur position sur la vrit est le Rationalisme critique [90].
590
Dans la mesure, alors, o l'apparence dialectique de la raison pure ne peut tre
une apparence empirique, se prsentant dans telle ou telle connaissance empirique,
elle concernera la dimension gnrale des conditions de la pense, et il n'y aura que
trois cas o interviendra l'usage dialectique de la raison pure :
1. La synthse des conditions d'une pense en gnral.
2. La synthse des conditions de la pense empirique.
3. La synthse des conditions de la pense pure.
[] C'est sur cette division que se fonde aussi la triple apparence transcendantale
qui donne lieu aux trois sections de la Dialectique et fournit l'ide d'autant de
sciences apparentes dduites de la raison pure, la psychologie, la cosmologie et la
thologie transcendantales. Nous n'avons affaire ici qu' la premire."
(Fin de citation)
La synthse des conditions d'une pense en gnral n'est pas du tout objective
K393 "Parce que, dans la pense en gnral, nous faisons abstraction de toute
relation de la pense un quelconque objet [des sens ou de l'entendement pur], la
synthse des conditions d'une pense en gnral (n 1) n'est pas du tout objective :
elle constitue simplement une synthse [des reprsentations prsentes l'esprit] du
sujet, mais une synthse qui est tenue faussement pour une reprsentation
synthtique d'un objet."
(Les processus psychiques en eux-mmes, indpendamment de l'objet de leur
pense, ne sont pas objectifs parce qu'ils ne tiennent pas compte de la
signification de cet objet.)
1re question sans rponse : de quelle nature est une chose qui pense ?
K393 "Si quelqu'un [me demandait] : de quelle nature est une chose qui pense ?, je
ne dispose pas cet gard du moindre savoir a priori permettant de rpondre, parce
que la rponse doit tre synthtique [et] pour toute solution synthtique se trouve
requise l'intuition, laquelle est totalement carte dans un problme aussi gnral."
2me question sans rponse : quelle doit tre la nature d'une chose qui est mobile ?
K393-K394 "Personne ne peut rpondre, au niveau de gnralit qui est le sien,
la question de savoir quelle doit tre la nature d'une chose qui est mobile. Car
l'tendue impntrable (la matire) n'est alors pas donne."
591
Savoir qu'une chose est mobile ne permet pas d'en dduire ce qu'elle est. La
question concerne la nature et les rgles gnrales de la pense, et savoir par
exprience que le Moi est le premier sujet et qu'il est simple n'apporte pas de rgle
universelle nonant en gnral et a priori les conditions de possibilit de la pense.
Donc juger de la nature d'un tre pensant par purs concepts (par dduction pure) est
sans espoir.
K395 "Ce concept de la substance ne m'apprend pas en effet que l'me, en elle-
mme, continue d'tre, ni qu'elle est une partie des intuitions extrieures qui ne peut
plus elle-mme tre divise, et qui ne peut donc natre ou prir sous l'effet d'aucun
changement de la nature : seules proprits susceptibles de me faire connatre l'me
au sein de ce qui constitue l'exprience comme ensemble structur et me donner un
aperu de son origine et de son tat futur."
592
Cependant, rien n'est plus naturel et plus garant que l'apparence qui conduit
tenir l'unit, dans la synthse des penses, pour une unit perue dans le sujet
de ces penses. On pourrait l'appeler la subreption de la conscience
hypostasie.
593
Conditions inconditionnes de la possibilit d'un tre pensant
(Citation de K396-K397, suite de la citation prcdente)
"reste que la raison se les reprsente toutes ici comme des conditions, elles-mmes
inconditionnes, de la possibilit d'un tre pensant. L'me reconnat donc en elle-
mme :
1.
L'unit inconditionne de la relation,
c'est--dire elle-mme,
non comme inhrente, mais comme subsistante.
3.
2. L'unit inconditionne
L'unit inconditionne de la qualit, dans la pluralit du temps,
c'est--dire non comme un tout rel c'est--dire non pas numriquement
mais comme simple. diverse selon les temps diffrents,
mais comme un seul et mme sujet.
4.
L'unit inconditionne de l'existence dans l'espace,
c'est--dire non pas comme la conscience
de plusieurs choses en dehors d'elle,
mais seulement de l'existence d'elle-mme,
et des autres choses simplement comme
de ses reprsentations.
K397 - Fin du texte de Kant sur les paralogismes dans la 1re dition de la Critique.
594
Pascal et Kant sur la science et l'me
Pense 206
"Le silence ternel de ces espaces infinis .m'effraie".
Commentaires
Ce cri pntrant est d'un savant et d'un chrtien. Pour le gomtre l'univers offre
l'image de l'infinit et de l'ternit ; il semble participer ainsi aux attributs de la
divinit. Mais le Dieu du chrtien est un tre moral, il est sensible au cur . Or cet
univers infini est muet , il est destitu de toute vie morale, il ne parle pas au cur
et il ne tmoigne pas de Dieu. Ce monde qui emplit l'esprit du savant est comme un
dsert pour celui qui cherche Dieu.
Ces deux choses, je n'ai pas les chercher, comme si elles taient enveloppes de
tnbres, ou situes dans une rgion transcendante, au-del de mon horizon, et je
n'ai pas les conjecturer seulement ; je les vois devant moi, et je les rattache
immdiatement la conscience de mon existence.
595
Le premier spectacle d'une multitude innombrable de mondes anantit pour ainsi dire
mon importance, en tant que je suis une crature animale qui doit de nouveau rendre
la plante ( un simple point dans l'univers), aprs avoir t pour un court laps de
temps doue de force vitale, la matire dont elle fut forme.
Pathologique
Adjectif : ce qui est pathologique repose sur un affect subi, d la sensibilit, et
s'oppose :
Ce qui dpend de la raison ;
Ce qui est pratique ;
Citations
Citation de l'article arbitre (arbitrium)
L'arbitre est le pouvoir de l'homme de dcider.
Au sens pratique, ce pouvoir peut tre soumis des contraintes psychologiques.
K496 - "La libert entendue au sens pratique est l'indpendance de l'arbitre vis-
-vis de la contrainte exerce par les penchants de la sensibilit.
Car un arbitre est sensible dans la mesure o il est affect pathologiquement
(par les mobiles de la sensibilit [arbitrium sensitivum]) ; il est dit animal
(arbitrium brutum) quand il peut tre pathologiquement ncessit."
(Fin de citation)
Pense
Substantif
596
Pense en tant que facult
Activit psychique dans son ensemble.
Ensemble des facults psychiques tant affectives qu'intellectuelles.
Ensemble des fonctions psychiques et psycho-physiologiques ayant la
connaissance pour objet ; ensemble des phnomnes par lesquels ces fonctions
se manifestent.
597
Penser ne peut gnrer de connaissance que par entendement d'une intuition, donc
d'un phnomne : penser n'est pas raisonner.
K289 "Les principes de la modalit n'noncent donc rien d'autre, propos d'un
concept, que l'action du pouvoir de connatre par lequel il est produit."
K289 - Les prdicats de ces postulats (possibilit, ralit, ncessit) n'ajoutent rien
au concept auquel on les applique ( sa reprsentation) : ces postulats ne sont donc
598
pas objectivement synthtiques, ils sont subjectivement synthtiques en ajoutant une
explication fournie par son auteur relativement au pouvoir de connatre.
Ces postulats de modalit d'un jugement sont-ils des postulats ou des principes ?
K288-K289 "J'ai nomm justement postulats les principes de la modalit."
Kant justifie le changement d'appellation de ces jugements synthtiques a priori en
remarquant que ce caractre ne justifie pas, lui seul, une adhsion sans condition ;
ils ne sont pas dmontrables et ne doivent pas tre considrs comme des principes.
Perception
Le substantif perception a deux sens :
Facult, opration par laquelle l'esprit (la conscience l'tat d'veil attentif)
construit en mmoire de travail une reprsentation du divers du phnomne
peru (de l'objet des sens).
Cette reprsentation tant accompagne d'une sensation, la perception est le
dbut d'une conscience empirique du phnomne.
Cette facult utilise l'intuition pure du temps, celle du sens interne :
K188 "au fondement de la perception prise globalement, il y a a priori
l'intuition pure (laquelle, vis--vis de la perception comme reprsentation, est la
forme de l'intuition interne, le temps) ;"
K207 - "Des choses ne sont donnes, dans l'espace et dans le temps, que dans
la mesure o elles sont des perceptions (des reprsentations accompagnes de
sensation)."
Voir aussi Rceptivit et Affecter et affection au sens de Kant.
Rsultats de l'opration prcdente (K242) :
Une intuition pure simplement formelle : espace et temps ;
Cette affirmation est importante : la perception comprend l'intuition.
Une reprsentation brute du phnomne, forme en mmoire de travail
passivement, avec une forme non encore interprte ;
Une sensation : la matire de la perception ;
La certitude que le phnomne existe :
La perception d'un phnomne apporte, dans la reprsentation qu'elle en
construit, une information par laquelle le sujet prend conscience qu'il peroit
quelque chose qui est rel, c'est--dire qui existe dans le temps et l'espace :
K242 [Les phnomnes] "contiennent donc, outre l'intuition, les matriaux
ncessaires pour quelque objet en gnral (par quoi se trouve reprsent
quelque chose d'existant dans l'espace ou dans le temps), c'est--dire le
rel de la sensation, en tant que celle-ci constitue une reprsentation
simplement subjective par laquelle on peut seulement prendre conscience
que le sujet est affect et que l'on rapporte un objet en gnral, en soi."
599
Grce une perception l'esprit sait que ses sens sont affects par
quelque chose, par exemple qu'il voit quelque chose dans le temps (et
souvent aussi dans l'espace), mais il ne sait pas encore quoi, il doit
attendre la fin de l'intuition et surtout l'entendement : voir Concept de
l'entendement.
Le plaisir ou le dplaisir :
K361 "Le moindre objet de la perception (par exemple, le plaisir ou le
dplaisir)"
Selon les connaissances scientifiques actuelles [23], la reprsentation du
phnomne comprend aussi :
Son sens psychique (le sentiment qu'il inspire) ;
L'historique des tapes d'attention qui ont permis de construire le
phnomne (le schma d'attention) ;
Une anticipation de la perception (dtails importants).
Voir comment Kant se reprsente la perception d'un phnomne.
Voir aussi Reprsentations et ensembles d'informations (diagramme).
600
reprsentation S par aperception transcendantale. Et comme S est ncessairement
une catgorie de l'entendement, R est soumise aux mmes catgories : celles-ci
valent donc aussi pour tout phnomne, c'est--dire tout objet de l'exprience.
601
Relation entre ce qui nous apparat et la ralit
[56b] 12 page 60 "Tout ce qui peut tre donn nos sens (au sens externe dans
l'espace, au sens interne dans le temps) n'est intuitionn par nous que comme il
nous apparat, et non comme il est en lui-mme."
Il explique aussi, dans K381-K382, pourquoi l'intuition ne peut se former que si l'objet
existe et est peru, et rciproquement que l'existence de l'objet et sa perception
entranent l'intuition, relation de cause effet :
K379 [L'objet empirique] "qui doit tre intuitionn dans l'espace, prsuppose
ncessairement une perception et ne peut, indpendamment de cette perception
qui indique la ralit de quelque chose dans l'espace, tre ni invent ni produit
par aucune imagination. La sensation [indique] une ralit dans l'espace et dans
le temps, selon qu'elle est rapporte l'une ou l'autre espce de l'intuition
sensible [sens externe ou interne]."
K380 "Toute perception extrieure est donc immdiatement la preuve de
quelque chose de rel dans l'espace, ou plutt elle est le rel mme"
A076 [3] " 11. (146) Les sens ne sont pas trompeurs [] parce qu'en fait ils
ne jugent aucunement, - ce pourquoi l'erreur n'incombe jamais qu'
l'entendement."
K335 "ainsi que cela arrive dans ce qu'on appelle les illusions des sens,
nous tenons souvent pour immdiatement peru quelque chose quoi nous a
pourtant seulement conduits la conclusion d'un raisonnement."
Voir aussi :
Ralit et phnomnes ;
Rapport des phnomnes l'exprience en gnral.
et [ considrer] les objets extrieurs de ces perceptions, non comme des choses en
soi, mais seulement comme des reprsentations dont nous pouvons avoir
immdiatement conscience, comme de toute autre reprsentation,
[Les objets extrieurs de ces perceptions ne sont que des reprsentations de la
ralit inaccessible (mythe de la caverne de Platon)]
602
mais qui sont dites extrieures parce qu'elles se rattachent ce sens que nous
nommons le sens externe, dont l'intuition est l'espace, lequel n'est cependant lui-
mme autre chose qu'un mode intrieur de reprsentation o certaines perceptions
tablissent entre elles des liens."
(Fin de citation)
Perdurance
Selon [13] : Caractre de ce qui dure longtemps, de ce qui se perptue.
Permanence
Selon [13]
Caractre de ce qui demeure ou de ce qui fonctionne sans interruption pendant
une priode de temps longue et indtermine.
Principes de permanence : principes qui noncent le caractre invariable d'une
grandeur travers des transformations observables : principes de conservation
de la masse, de l'nergie, etc.
Chez Kant
Voir Premire analogie de l'exprience - Principe de la permanence de la substance)
K253 "Tous les phnomnes sont dans le temps, et c'est en lui seul, comme
substrat (comme forme permanente de l'intuition interne), qu'aussi bien la
simultanit que la succession se peuvent reprsenter. Le temps donc, o doit tre
603
pens tout changement des phnomnes, demeure et ne change pas, parce qu'il est
ce en quoi la successivit ou la simultanit ne peuvent tre reprsents que comme
en constituant des dterminations."
Kant prcise que "ce degr peut dcrotre en passant par tous les degrs moindres,
qui sont en nombre infini, et ainsi la prtendue substance (la chose dont la
permanence n'est, au demeurant, pas dj garantie) peut tre rduite nant, sinon
par dcomposition en ses parties, du moins par diminution progressive de ses forces
(donc par consomption, s'il m'est permis d'utiliser cette expression). Car mme la
conscience a toujours un degr, qui sans cesse peut encore tre diminu, [comme]
le pouvoir d'tre conscient de soi-mme, comme de tous les autres pouvoirs." (K406-
K407)
En somme, Kant affirme que l'influence ventuelle de l'me tant continue,
(comme la conscience de soi et les autres pouvoirs humains) peut dcrotre
progressivement jusqu' zro. Voir les remarques Continuit de tous les
changements et Continuum.
604
o l'tre pensant (comme tre humain) est en mme temps, pour lui-mme, un objet
des sens externes, soit par elle-mme claire" [et la dmonstration de Mendelssohn
[95] de l'existence ternelle de l'me est rfute.]
ce concept n'en demeure pas moins tout fait vide et sans consquence, si l'on ne
peut pas en prouver la permanence, car c'est l ce qui rend fcond dans l'exprience
le concept des substances.
[ que si on peut prouver sa permanence, condition d'intrt de l'exprience]
605
En tant que ressenti par le sens interne de la conscience de soi, l'me est un tat du
cerveau : neurones et leurs interconnexions. Cet tat n'est pas un objet physique,
c'est une description, un tat (ensemble de valeurs de variables).
Donc :
La substance que certains philosophes font correspondre l'me n'est pas, non
plus, de la matire : c'est une abstraction dcrivant un comportement ou un tat
psychique.
En tant qu'abstraction, elle n'a ni grandeur extensive ni grandeur intensive. On
peut seulement supposer qu'un tat du cerveau l'instant t influence ses
rflexions ultrieures, mais celles-ci cesseront la mort du cerveau.
On peut considrer l'me comme associe au corps, qui a une substance
matrielle, mais cette association ne peut que cesser lorsque le corps meurt
([56b] 48 page 138).
L'affirmation il ne se trouverait aucun temps entre un instant, o il est, et l'autre
instant, o il ne serait plus - ce qui est impossible n'est possible que pour un
corps physique, en tant qu'exigence de la thermodynamique [119] ; pour une
abstraction, elle est videmment fausse. Mendelssohn raisonnait comme si la
substance de l'me tait matrielle, hypothse absurde. Il est surprenant que
Kant n'ait pas relev cette absurdit en raisonnant lui-mme sur une grandeur
intensive de l'me.
Pour un matrialiste, toute cette discussion sur l'me, sa substance et son
ternit est du niveau du sexe des anges , c'est--dire une perte de temps.
Mais elle a eu lieu srieusement au XVIIIe sicle (K713-K714).
606
Un argument bas sur la seule imagination, sans la moindre probabilit d'existence
ou de survenance, n'est pas recevable, il n'a aucune valeur. Face une crainte, on
ne peut prendre une dcision rationnelle que si on connat :
Les consquences redoutables possibles, et la probabilit au moins
approximative de chacune dans les jours, mois et annes venir ;
Le cot estim de chacune de ces consquences (vies humaines, argent,
environnement), qui est aussi le cot de l'inaction fasse sa cause ;
Le cot estim d'une protection contre chacune de ces consquences.
Une dcision prise sans ces connaissances sera une dcision politique
La seule dcision raisonnable face une crainte est d'en tudier les risques, ainsi
que les cots et dlais des diverses actions de protection, en vrifiant constamment
que les cots et dlais de l'tude elle-mme sont raisonnables face aux enjeux
supposs.
Voir Principe de prcaution [145].
A partir du Je pense issu de son sens interne, qui prouve l'existence du sujet pensant
(voir Descartes : pense, me et corps) ;
De l'existence vidente de choses non pensantes ;
De l'vidence de l'attachement d'une substance corporelle ou tendue aux
facults non pensantes de l'homme ;
607
Enfin du fait que l'me humaine est pure substance (pensante) et substance
permanente (c'est--dire ternelle, Descartes tant croyant),
Kant juge que ce systme (cette doctrine) relve de l'idaliste problmatique, parce
qu'il repose sur des vidences indmontrables :
K408 "Mais il [rsulte de ce systme rationaliste] que [] l'idalisme est
invitable, du moins l'idalisme problmatique, et que si l'existence des choses
extrieures n'est pas du tout requise pour dterminer notre propre existence
dans le temps, c'est seulement sans la moindre raison qu'elle sera admise, dans
des conditions telles que l'on n'en pourra jamais fournir une preuve."
1.
Je pense
2. 3.
comme sujet, comme sujet simple,
4.
comme sujet identique,
dans tout tat de ma pense."
(Fin de citation)
608
Dans la proposition 2 : comme sujet, l'tre pensant en gnral n'est dtermin
que s'il peut tre pens la fois comme sujet et comme prdicat d'un autre sujet.
Donc
"Le concept d'un sujet est pris ici selon une acception uniquement logique, et reste
indtermine la question de savoir si l'on doit ou non entendre par l une substance."
Ce monde extrieur est peru par le sens externe de l'espace. Cet espace contenant
des points (le concept de point est a priori) de grandeur nulle est donc non-simple :
ses objets rels, de grandeur non-nulle, sont aussi non-simples. Or il est impossible
de dcrire quelque chose de non simple (un objet de l'espace) avec seulement
l'information de quelque chose de simple (le temps et un ensemble de points), la
seule dont le sujet dispose, la grandeur d'un ensemble de points n'tant pas dfinie,
mme si l'espace occup par un objet rel est bien un ensemble infini de points.
609
"Il n'y a donc pas de psychologie rationnelle comme doctrine qui soit capable de
nous procurer quelque chose ajouter la connaissance que nous avons de
nous-mmes, mais il n'en existe une que comme discipline qui instaure des
limites infranchissables, dans ce domaine, la raison spculative, d'un ct pour
qu'elle ne se prcipite pas dans le sein du matrialisme sans me, de l'autre ct
pour qu'elle ne se perde pas avec exaltation dans le spiritualisme, dpourvu pour
nous de tout fondement dans la vie. []
On voit partir de tout cela que c'est un simple malentendu qui est l'origine de
la psychologie rationnelle. L'unit de la conscience, qui est au fondement des
catgories, est ici prise pour une intuition du sujet en tant qu'objet, quoi la
catgorie de substance se trouve applique. []
Le sujet des catgories ne peut donc pas recevoir, du simple fait qu'il les pense,
un concept de lui-mme comme s'il constituait un objet de ces catgories ;"
(Fin de citation)
610
rationnelle], comme par exemple la persistance ternelle de l'me travers tous ses
changements, et mme aprs la mort de l'tre humain - bref : ds lors que nous
admettons qu'il dsigne donc seulement une substance dans l'ide, mais non point
dans la ralit.
Enoncs du principe
1re dition de la Critique : "Principe de la permanence - Tous les phnomnes
contiennent quelque chose de permanent (substance), constituant l'objet mme,
et quelque chose de changeant, correspondant une simple dtermination de
cet objet, c'est--dire un mode de son existence."
2me dition de la Critique : "Principe de la permanence de la substance - Dans
tout changement connu par les phnomnes, la substance persiste, et son
quantum ne se trouve dans la nature ni augment ni diminu."
C'est ce que Lavoisier [63] a crit : Rien ne se perd, rien ne se cre, tout se
transforme . Pour Kant, l'exprience (humaine) d'un phnomne respecte
ncessairement cette loi de la nature.
Preuve
1re dition : "Tous les phnomnes sont dans le temps. Celui-ci peut dterminer
de deux faons le rapport intervenant dans leur existence, selon qu'ils sont
successifs ou simultans. Du premier point de vue, le temps est considr
comme srie chronologique ; du second, il est considr comme tendue
temporelle."
2me dition : "Tous les phnomnes sont dans le temps, et c'est en lui seul,
comme substrat (comme forme permanente de l'intuition interne), qu'aussi bien
la simultanit que la succession se peuvent reprsenter"
Dans cette seconde dition, ce premier paragraphe est plus long ;
l'argumentation de la preuve est rsume dans Substance.
K298 "Si je laisse de ct la permanence (qui est une existence en tout temps), il
ne me reste, pour le concept de substance, que la reprsentation logique du sujet,
laquelle je pense raliser en me reprsentant quelque chose qui peut avoir lieu
simplement comme sujet (sans tre prdicat de quoi que ce soit)."
611
rationnelle], comme par exemple la persistance ternelle de l'me travers tous ses
changements, et mme aprs la mort de l'tre humain - bref : ds lors que nous
admettons qu'il dsigne donc seulement une substance dans l'ide, mais non point
dans la ralit.
Personnalit
Psychologie
Ensemble de conduites stable, considr sous un angle qui fait son unit.
Chez Kant
K374 "Il est remarquable que la personnalit et ce qu'elle prsuppose, la
permanence, par consquent la substantialit de l'me, doivent maintenant
commencer par tre dmontres." (Dmonstration impossible)
Personnification
Attribution d'une reprsentation de personne une abstraction, vision de cette
abstraction comme un tre humain qui l'incarne.
Les peuples primitifs voient parfois l'me (l'esprit) d'une personne dcde comme
un tre humain vivant dans un monde parallle, o cette me est plus ou moins
capable d'intervenir dans notre monde. (Jung [6])
Ptition de principe
Une ptition de principe est une faute logique consistant dmontrer une
proposition :
Soit en s'appuyant sur une proposition quivalente nonce sous une forme un
peu diffrente ; exemple : La Bible dit que Dieu existe ; or elle a t dicte par
Dieu, donc Dieu existe .
Soit en s'appuyant sur une proposition considre comme gnrale alors qu'elle
ne l'est pas dans tous les cas. C'est l un sophisme que Kant dnonce sous le
nom de Dialectique en gnral, logique de l'apparence.
Phnomne
Substantif
1er sens (scientifique) : fait objectif, observ, susceptible de se reproduire.
C'est une ralit extrieure perue par l'homme.
Un type de phnomnes est un concept, classe dont les membres partagent les
proprits.
Exemple : phnomnes de propagation de la lumire, d'attraction universelle.
Les phnomnes physiques sont rgis par des lois dterministes ; exemple :
la chute d'une pierre est un phnomne de la classe des effets de la pesanteur.
2me sens (philosophique) : une situation dont on prend conscience, qui peut se
reproduire, acqurir une valeur objective et faire l'objet d'une connaissance.
612
En langage courant, le mot phnomne dsigne :
Tantt une situation (l'tat d'un systme un instant donn) ;
Tantt une volution dans le temps et/ou l'espace, tous deux observables et
susceptibles de se reproduire ; exemple : le phnomne des mares.
Danger
On a facilement tendance confondre le phnomne du monde rel et sa
reprsentation dans l'esprit, parce que l'homme a l'habitude de considrer que ce
qu'il peroit est la ralit.
En fait, le phnomne du monde rel (dfini par sa chose en soi) est
inaccessible : si on prend sa reprsentation (forme spontanment en mmoire de
travail) pour celle de cette chose en soi, on peut crer un conflit de la raison dnonc
par Kant.
Voir :
Contenu d'un phnomne : forme et matire ;
Matire et forme d'un phnomne ;
Chose en soi.
K245 - "Tous les phnomnes en gnral sont donc des grandeurs continues, aussi
bien selon leur intuition, comme grandeurs extensives, que selon la simple
perception (sensation et par consquent ralit), comme grandeurs intensives."
613
Kant se reprsente la perception d'un phnomne en deux parties successives
D'abord une intuition, dnue de sensation donc purement intellectuelle,
correspondant au sens externe et permettant l'identification a priori d'une
grandeur extensive ; cette identification se fait dans le subconscient par
rfrence des concepts et modles prexistants (espace, archtypes, etc.)
Puis une sensation de la partie relle du phnomne, sensation qui correspond
au sens interne et qui ajoute sa connaissance a priori la connaissance
empirique d'une grandeur intensive.
K242 - "Dans tous les phnomnes, le rel, qui est un objet de la sensation, possde
une grandeur intensive, c'est--dire un degr." (Voir Anticipations)
Un phnomne est peru avec l'information ncessaire pour savoir qu'il existe
La perception d'un phnomne apporte, dans la reprsentation qu'elle en construit,
une information par laquelle le sujet prend conscience qu'il peroit quelque chose qui
est rel, c'est--dire qui existe dans le temps et l'espace.
K242 "[Les phnomnes] contiennent donc, outre l'intuition, les matriaux
ncessaires pour quelque objet en gnral (par quoi se trouve reprsent quelque
chose d'existant dans l'espace et/ou dans le temps), c'est--dire le rel de la
sensation, en tant que celle-ci constitue une reprsentation simplement subjective
par laquelle on peut seulement prendre conscience que le sujet est affect et que
l'on rapporte un objet en gnral, en soi."
Voir aussi :
Ralit et phnomnes ;
Reprsentations et ralit des phnomnes extrieurs ;
Quelle est la cause d'un phnomne ?
614
K499 "il nous faut en pense donner en gnral pour fondement aux
phnomnes un objet transcendantal, quand bien mme nous ne savons rien de ce
qu'il est en soi."
Phnomnologie
En philosophie et langage des sciences : observation et description des
phnomnes et de leurs modes d'apparition, indpendamment de tout jugement
de valeur.
Chez Husserl [87] :
Mthode de description et d'analyse des phnomnes avec une rigueur
scientifique. C'est un pont entre l'empirisme (qui met l'accent sur
l'observation) et le rationalisme (qui met l'accent sur la raison).
La phnomnologie propose un retour aux choses mmes, leur
signification, en s'en tenant non aux mots, mais aux actes o se dvoile leur
prsence.
C'est une philosophie de l'intention cratrice. La vision intellectuelle cre
rellement son objet, non pas le simulacre, la copie, l'image de l'objet, mais
l'objet lui-mme. C'est l'vidence, cette forme acheve de l'intentionnalit,
qui est constituante.
Phnomnologie pure ou transcendantale : doctrine selon laquelle, au terme
de rductions successives (idtiques, phnomnologiques), l'esprit se
trouve en face de la conscience pure, du Moi transcendantal, dans les
conditions ultimes d'intelligibilit de tout ce qui peut tre connu.
La phnomnologie explique l'essence d'un phnomne partir des
variations dont est susceptible son apprhension lors des descriptions
eidtiques.
La phnomnologie transcendantale ouvre l'accs aux connaissances
absolues. Elle dcrit les phnomnes et objets d'exprience dans leur
ncessit d'essence, et dtermine leurs limites et leur communicabilit.
Pour dcrire leur essence, la phnomnologie tudie ses objets :
du point de vue des actes donnant accs l'vidence phnomnale ;
selon leurs structures propres, les formes constitutives et les normes
rgulatrices.
En sciences humaines (psychologie, sociologie, histoire...) : tude des faits de
l'exprience vcue, indpendamment des principes ou des thories (tude des
rapports du sujet humain avec le monde, de la signification de la ralit
sociale...).
K686 Par rapport l'objet de toutes les connaissances rationnelles, Kant distingue
les philosophes sensualistes et les philosophes intellectualistes. "Cette diffrence
des coles, si subtile qu'elle soit, avait cependant dj commenc dans les temps les
plus primitifs, et elle s'est maintenue longtemps de manire ininterrompue."
615
Philosophes sensualistes
Le plus notable : Epicure [80].
"Les tenants de [cette] cole affirmaient qu'il n'est de ralit effective que dans
les objets des sens, que tout le reste est imaginaire ;"
Les sensualistes "ne dniaient cependant pas toute ralit aux concepts de
l'entendement, mais cette ralit n'tait leurs yeux que logique, alors que pour
les autres elle tait mystique."
Ils "dsiraient que les vrais objets fussent simplement intelligibles, et affirmaient
la possibilit d'une intuition produite par l'entendement pur que n'assisterait
aucun des sens, lesquels, selon leur opinion, ne feraient que perturber
l'entendement."
Philosophes intellectualistes
Le plus notable : Platon [49].
Les tenants de [cette autre cole] disaient au contraire que dans les sens il n'est
rien qu'apparence, que seul l'entendement connat le vrai." Voir Ide.
Ils "admettaient des concepts intellectuels, mais n'acceptaient que des objets
sensibles."
Voir aussi :
Empirisme ;
Avantages de l'empirisme ;
Danger d'un empirisme devenu dogmatique ;
616
Complment : [78] - Sens de la vie selon Kant et Nietzsche.
617
Il n'y a pas une mais des philosophies : plusieurs explications du monde et mthodes
pour les trouver, plusieurs thiques et plusieurs sagesses. Chacun doit choisir sa
philosophie, la construire par l'tude des uvres philosophiques et la rflexion
personnelle, en gnral en adoptant des ides et des approches appartenant
plusieurs des grands systmes de pense.
Philosophie de la nature
Voir Philosophie de la nature.
618
doit servir juger toute philosophie subjective, dont l'difice est souvent si diversifi
et si soumis au changement.
K678 note * - "Le concept cosmique s'entend ici au sens de celui qui concerne ce qui
intresse ncessairement chacun [le monde des phnomnes] ; par consquent, je
dtermine l'objectif d'une science d'aprs des concepts scolastiques quand je ne la
considre que comme l'une des comptences requises en vue de certains objectifs
arbitrairement dtermins."
Ce que la philosophie prescrit du point de vue des fins pour l'unit systmatique
DES fins essentielles ne sont pas LA fin suprme
(Citation de K678-K679)
"Des fins essentielles ne sont pas encore pour autant les fins suprmes, desquelles il
faut dire qu'il ne saurait y en avoir qu'une seule (rsidant en une unit systmatique
parfaite de la raison).
619
Par consquent, elles sont ou la fin finale, ou des fins subalternes qui se rattachent
ncessairement celle-ci titre de moyens.
La premire fin [la fin finale] n'est autre que la destination complte de l'tre humain,
et la philosophie portant sur cette destination s'appelle morale."
(Fin de citation)
(Citation de K679)
[La philosophie de la raison pure peut tre d'abord une critique de la raison pure]
"La philosophie de la raison pure ou bien est une propdeutique (un exercice
prliminaire) qui examine le pouvoir de la raison relativement toute connaissance
pure a priori, et elle s'appelle critique ;
- bien que ce nom puisse aussi tre donn la philosophie pure tout entire, en y
incluant la critique, pour runir
[Recherche de ce qui peut tre connu a priori]
aussi bien la recherche de tout ce qui peut jamais tre connu a priori
[Prsentation du contenu d'un systme de connaissances pures]
que la prsentation de ce qui constitue un systme de connaissances
philosophiques pures de ce genre, mais se distingue de tout usage empirique de
la raison, en mme temps que de son usage mathmatique."
(Fin de citation)
[Mtaphysique de la nature
Mtaphysique au sens restreint (partie spculative de la philosophie ci-dessus).
620
Cette mtaphysique "examine tout en tant qu'il est (et non pas ce qui doit tre)
partir de concepts a priori" (K682)]
Ce qu'on appelle la mtaphysique au sens restreint du terme se compose de la
philosophie transcendantale et de la physiologie de la raison pure.
[La philosophie transcendantale] considre seulement l'entendement et la raison
eux-mmes, dans un systme de tous les concepts et principes qui se rapportent
des objets en gnral, sans admettre des objets qui seraient donns (ontologia
[ontologie]) ;
[La physiologie de la raison pure] considre la nature, c'est--dire l'ensemble des
objets donns (qu'ils soient donns aux sens ou, si l'on veut, une autre sorte
d'intuition), et elle est donc une physiologie (bien que seulement rationalis
[rationnelle]). Cela tant, l'usage de la raison, dans cette considration
rationnelle de la nature, est soit physique, soit hyperphysique, ou mieux : soit
immanent, soit transcendant.
[Usage immanent de la raison (usage physique) Physiologie immanente :]
Le premier porte sur la nature, en tant que sa connaissance peut tre
applique dans l'exprience (in concreto),
La physiologie immanente considre [] la nature comme l'ensemble qui
inclut tous les objets des sens, par consquent telle qu'elle nous est donne,
mais selon des conditions a priori sous lesquelles elle peut nous tre
donne en gnral. Mais Il n'y a que deux sortes d'objets des sens :
[Physique (rationnelle) :]
1. Les objets des sens externes, par consquent l'ensemble de ces
objets, la nature corporelle ; la mtaphysique de la nature corporelle se
nomme physique, mais, puisqu'elle doit contenir seulement les principes
de la connaissance a priori de la nature corporelle, physique rationnelle.
[Psychologie (connaissance rationnelle de l'me) :]
2. L'objet du sens interne, l'me, et, d'aprs les concepts fondamentaux
de l'me en gnral, la nature pensante. La mtaphysique de la nature
pensante se nomme psychologie, et, pour la mme raison que l'on vient
d'indiquer, il n'y a lieu d'entendre ici que la connaissance rationnelle de
l'me.
[Usage transcendant de la raison (usage hyperphysique) - Physiologie
transcendante :]
Le second [porte] sur cette liaison des objets de l'exprience qui dpasse
toute exprience. Cette physiologie transcendante a donc pour objet soit
une liaison interne, soit une liaison externe, mais qui vont toutes deux au-
del de l'exprience possible :
[Physiologie de la nature dans sa globalit (liaison interne) :]
Dans le premier cas, elle est la physiologie de la nature dans sa
globalit, c'est--dire la connaissance transcendantale du monde, []
[Connaissance transcendantale de Dieu (liaison externe) :]
Dans le deuxime cas, elle est celle de la relation qui unit la nature dans
sa globalit un tre situ au-dessus d'elle, c'est--dire la connaissance
transcendantale de Dieu."
(Fin de citation)
621
Systme entier de la mtaphysique
(Citation de K682-K683) "Le systme tout entier de la mtaphysique se compose
de quatre parties principales :
1. L'ontologie ;
3. La cosmologie rationnelle ;
4. La thologie rationnelle.
L'ide originaire d'une philosophie de la raison pure prescrit cette division elle-
mme ; elle est donc architectonique, conforme aux fins essentielles de celle-ci, et
non pas simplement technique, tablie d'aprs des affinits perues de manire
contingente et pour ainsi dire au petit bonheur, et c'est bien pourquoi elle est
galement immuable et a valeur de lgislation."
(Fin de citation)
Philosophie transcendantale
Voir d'abord la dfinition de transcendantal.
622
K110 - "Je nomme transcendantale toute connaissance qui s'occupe en gnral
moins d'objets que de notre mode de connaissance des objets, en tant que celui-ci
doit tre possible a priori. Un systme de tels concepts s'appellerait philosophie
transcendantale." On peut donc dfinir celle-ci comme suit :
La philosophie transcendantale est un systme comprenant l'ensemble des
rgles de recherche, de formation et d'utilisation des intuitions pures et des
concepts a priori pour dfinir des connaissances sres.
K112 "La philosophie transcendantale est l'Ide d'une science dont la critique de la
raison pure doit tracer tout le plan de faon architectonique, c'est--dire en partant de
principes, et en procurant la garantie pleine et entire que sont compltes et sres
toutes les pices qui constituent cet difice. Elle est le systme de tous les principes
de la raison pure."
K327 "Le concept suprme, par lequel on commence en gnral une philosophie
transcendantale, est communment la division en possible et impossible. Dans la
mesure cependant o toute division suppose un concept qui soit divis, un concept
suprieur doit encore tre indiqu, savoir le concept d'un objet en gnral (pris de
faon problmatique et sans qu'il soit considr s'il est quelque chose ou rien).
Puisque les catgories sont les seuls concepts qui se rapportent des objets en
gnral, la dmarche visant distinguer si un objet est quelque chose ou rien suivra
l'ordre et l'indication des catgories."
L'esprit humain peut, tout moment, construire des reprsentations dont les
concepts associs ne peuvent exister, car ils n'ont pas de sens ou sont
contradictoires : ce sont des concepts impossibles. L'esprit peut aussi construire
des reprsentations de concepts possibles, mais qui ne sont associs aucun
objet d'exprience au moins l'instant considr : ils sont alors possibles, mais
pas rels.
Lorsqu'on dfinit deux concepts comme sous-ensembles d'un concept divis,
c'est qu'on suppose que ce concept global existe.
Pour s'assurer qu'un concept prsent l'esprit est possible, il suffit donc de
vrifier qu'on peut lui attribuer une ou plusieurs catgories.
Comme la connaissance d'un objet comprend, outre les concepts penss, des
reprsentations donnes par la sensibilit, la philosophie transcendantale comprend
aussi une thorie transcendantale de la sensibilit.
623
Principe 2 : Pour la connaissance d'un phnomne, les concepts donns de la
philosophie transcendantale, d'origine empirique, sont aussi produits
spontanment par l'entendement - et mme ncessairement avant les concepts
penss (K114).
Voir aussi :
Idalisme de Kant - Idalismes empirique, critique et transcendantal ;
Comment des propositions synthtiques a priori sont-elles possibles ?
624
concept. (Ces jugements ne peuvent porter plus loin que sur les objets des sens et
d'une exprience possible.)
Rponse 2 de Kant : il faut donc chercher les conditions de validit de ces intuitions
Entre une attitude dogmatique : Mes intuitions se passent de justification, acceptez-
les sans discuter et une attitude sceptique Toute intuition est douteuse , Kant
choisit une position (en fait : une doctrine) intermdiaire : le criticisme. La Critique de
la raison pure dcrit les conditions ncessaires d'une connaissance vraie.
Voir aussi :
Criticisme ;
Facult de juger ;
L'Esthtique transcendantale ;
Aperception.
Philosophie
Philosophie transcendantale transcendantale
Esthtique Tsc.
(Thorie Tsc. de la Logique Tsc. RAISON
sensibilit)
625
Phoronomie
Dictionnaire Littr : science des lois de l'quilibre et du mouvement des corps ; mot
qu'on a propos pour remplacer mcanique.
Physicalisme
Philosophie : Thorie pistmologique empiriste tendant faire de la langue de la
physique une langue universelle, convenant toutes les sciences y compris les
sciences humaines.
Selon [13]
La physiocratie est une doctrine professe par certains conomistes du XVIIIme
sicle, qui repose sur l'ide que toute richesse vient de la terre, que la seule classe
productive est celle des agriculteurs et qu'il existe des lois naturelles bases sur la
libert et la proprit prive qu'il suffit de respecter pour maintenir un ordre parfait.
Chez Kant
Par analogie avec l'conomie, Kant appelle physiocratie transcendantale la doctrine
d'une toute-puissance de la nature, dont les lois s'imposent en toutes circonstances,
excluant donc le hasard que Kant appelle libert (de dsobir ces lois).
Physiologie
Substantif
Dictionnaire [13]
La physiologie gnrale est l'tude des phnomnes gnraux de la vie
indpendamment d'une application une espce particulire.
Etymologie : physiologie vient d'un mot grec signifiant recherche ou dissertation sur
les choses de la nature .
Philosophie
Par opposition psychologie, physiologie dsigne tout ce qui, dans l'homme,
appartient au corps et non l'esprit ; dans ce cas, physiologie peut mme devenir
synonyme de physique. Voir :
Mtaphysique de la nature (La physiologie de la raison pure)
K383 "Si nous comparons la doctrine de l'me, comme physiologie du sens interne,
avec la doctrine du corps, comme physiologie des objets des sens externes"
626
Physiologique
Adjectif
Qui concerne le fonctionnement d'un organisme vivant, d'un organe, d'un
systme organique ou tissulaire particulier.
Qui concerne l'action d'une substance, d'un mdicament, d'une technique
thrapeutique ou d'un agent physique sur l'organisme, sur un tissu ou un organe.
Par opposition psychique ou psychologique, physiologique veut dire :
qui concerne la vie de l'organisme, l'tat, les besoins physiques du corps.
Physique quantique
Voir Mcanique quantique.
Pierre angulaire
Selon [13] : lment fondamental d'une entreprise importante. Exemple.
Pierre de touche
Selon [13] : Ce qui sert faire connatre la qualit ou la valeur de quelqu'un ou de
quelque chose. Une pierre de touche est un critre ou une valeur de comparaison.
K602 "Il n'y a nul besoin d'une critique de la raison dans son usage empirique,
puisque ses principes, confronts la pierre de touche de l'exprience, se trouvent
soumis une preuve continuelle ;"
Pierre d'achoppement
Obstacle, embarras, difficult, occasion de faillir, cueil grave.
Platonisme
Voir Idalisme : doctrine (idalisme empirique, subjectif ou transcendantal).
Polysyllogisme
Argument compos de deux syllogismes, tels que la conclusion du premier devient la
majeure du second. On peut faire aussi un prosyllogisme compos de plusieurs
syllogismes, tels que la conclusion de chacun d'eux devienne la majeure du suivant.
Pneumatisme
Selon [13] : Connaissance spculative des choses spirituelles ; spiritualisme.
K417 "Il est remarquable que le paralogisme transcendantal mette en uvre une
apparence seulement unilatrale concernant l'Ide du sujet de notre pense, et que
pour l'affirmation du contraire ne se puisse trouver la moindre apparence procdant
de concepts de la raison. L'avantage est entirement du ct du pneumatisme, bien
que celui-ci ne puisse nier le dfaut hrditaire qui consiste en ce que, malgr toute
627
l'apparence qui lui est favorable, il s'en va en fume ds lors que la critique le soumet
l'preuve du feu."
Polmique
Chez Kant
Dfinition de l'usage polmique de la raison pure
(Citation de K620)
"Par usage polmique de la raison pure, j'entends [] la dfense de ses noncs
contre [les] ngations dogmatiques.
[Il s'agit seulement de savoir s'il existe une preuve d'une affirmation oppose]
Il ne s'agit donc pas ici de savoir si ses affirmations ne pourraient pas aussi,
ventuellement, se trouver fausses, mais seulement du fait que personne ne peut
prtendre le contraire avec une certitude apodictique (ni mme avec vraisemblance).
(Fin de citation)
Possession
K170-K171 - Kant utilise le mot possession pour dsigner une connaissance pure
obtenue par dduction empirique partir d'objets. En fait, Kant prcise que ce n'est
pas une dduction, mais une drivation physiologique.
Voir Dductions transcendantale, empirique et physiologique Exemples.
Possibilit des choses (postulat) Un concept peut-il tre celui d'un objet ?
C'est un postulat de la pense empirique en gnral.
Enonc du postulat
K278 Un objet physique dcrit par un concept peut exister (Kant dit que son
concept est possible ) s'il satisfait les conditions formelles d'une exprience en
gnral, c'est--dire s'il contient toute synthse ncessaire la connaissance d'un
objet. Or pour une telle synthse il y a 3 cas :
Soit la synthse ne se rapporte aucune exprience, et le concept est vide : il
ne se rapporte aucun objet qui existe ou peut exister ; il est pure abstraction.
Soit la synthse se rapporte une exprience relle ou possible, et le concept
est dit empirique ;
Soit la synthse est une condition a priori de l'exprience en gnral, et le
concept est dit pur : son objet ne peut tre trouv que dans l'exprience. C'est le
cas des catgories, concepts purs de l'entendement.
628
Son concept doit contenir toutes les synthses ncessaires pour une
connaissance complte, sans toutefois contenir de contradiction ;
Son concept ne doit contenir aucune synthse qui n'appartient pas l'exprience
relle possible. Or cette appartenance peut avoir lieu de deux faons :
La synthse porte sur l'exprience donne : le concept est empirique ;
La synthse porte sur l'exprience en gnral : le concept est pur.
En rsum (K279) : "Si l'on voulait, cela tant, se forger des concepts vraiment
nouveaux de substances, de forces, d'actions rciproques partir de la matire que
la perception nous offre, sans emprunter l'exprience elle-mme l'exemple de leur
629
liaison, on se perdrait dans de pures chimres, dont la possibilit ne bnficie pas du
moindre signe en sa faveur, dans la mesure o l'on ne prend pas leur gard
l'exprience pour matresse et qu'on ne lui emprunte pas ces concepts.
De tels concepts imaginaires ne peuvent recevoir a priori, la manire des
catgories, le caractre de leur possibilit, comme des conditions dont toute
l'exprience dpend, mais seulement a posteriori, comme des termes qui sont
donns par l'exprience elle-mme, et leur possibilit doit tre connue a posteriori et
empiriquement, ou bien elle ne peut pas tre connue du tout."
630
Condition gnrale de l'exprience : cration de concepts communs tous les
phnomnes
[56b] 26 page 97 - Un phnomne constitue la matire de l'exprience, qui n'est
possible qu' partir de sa reprsentation.
K293 "Tous les principes de l'entendement pur ne sont que des principes a priori
de la possibilit de l'exprience ; [] c'est celle-ci [l'exprience] uniquement que se
rapportent aussi toutes les propositions synthtiques a priori, leur possibilit reposant
elle-mme totalement sur cette relation.
Remarque : "le Tout absolu de toute exprience possible n'est pas lui-mme une
exprience" ([56b] 40 pages 126-127)
Un concept pur de l'entendement n'est que l'un des deux concepts de l'entendement.
Un concept pur de l'entendement n'a de sens que comme proprit d'un phnomne.
631
L'exprience correspond l'objet Elle est objective et fidle
Les conditions formelles d'existence d'un objet tant les mmes que celles d'une
exprience en gnral, l'exprience correspond l'objet, elle est objective et le dcrit
parfaitement.
K235 - "La possibilit de l'exprience est donc ce qui donne de la ralit objective
toutes nos connaissances a priori. Or, l'exprience repose sur l'unit synthtique des
phnomnes, c'est--dire sur une synthse, opre d'aprs des concepts de l'objet,
des phnomnes en gnral"
Aux conditions de possibilit de l'exprience nonces par Kant, il faut donc ajouter
les consquences prvisibles d'une loi physique ; dans le cas du dplacement d'un
lectron dans un champ lectrique, par exemple, elles sont dcrites par l'quation de
Schrdinger [64].
Le dterminisme statistique
En outre, les rsultats de cette quation ou de cet algorithme ne sont pas tenus
d'tre exacts : ils peuvent tre probabilistes comme dans l'quation de Schrdinger.
C'est pourquoi j'ai propos dans [12] une forme correspondante du dterminisme, le
dterminisme statistique. Celui-ci postule qu'un rsultat (tat l'instant t ou volution
d'un systme) peut tre dcrit par :
Un rsultat xi appartenant un ensemble prvisible de rsultats exacts
E{x1, x2,, xn}, chacun assorti d'une probabilit calculable ; l'ensemble E peut
avoir un nombre fini ou infini d'lments, la probabilit totale tant gale 1.
Voir l'exemple de la molcule d'ammoniac.
Ou un rsultat combinaison linaire de rsultats du type prcdent (l'ammoniac,
encore).
632
Un rsultat soumis au dterminisme statistique n'est pas au hasard ; il fait partie
d'un ensemble de valeurs prdfinies parmi lesquelles la nature ne choisit que
lorsqu'une interaction brutale l'chelle macroscopique (comme une mesure)
perturbe le systme.
Dans un phnomne soumis au dterminisme statistique la nature a plusieurs
volutions possibles en mme temps, mme si cela choque notre intuition ! Elle
n'agit pas au hasard alors, elle nous impose un rsultat imprvisible ; il y a du reste
des systmes matriels dont une variable volue d'une faon non calculable en un
temps raisonnable, ou calculable avec une prcision toujours insuffisante
Possibilit et ralit
K523 "La possibilit des objets des sens est un rapport de ces objets notre
pense o quelque chose (savoir la forme empirique) peut tre pens a priori, mais
o ce qui constitue la matire, la ralit dans le phnomne (ce qui correspond la
sensation), doit ncessairement tre donn - faute de quoi il ne pourrait mme pas
du tout tre pens et par consquent sa possibilit ne pourrait pas tre reprsente.
Or, un objet des sens ne peut tre intgralement dtermin que s'il est compar avec
tous les prdicats du phnomne et s'il est reprsent par l'intermdiaire de ces
prdicats de faon affirmative ou ngative." (Voir Dtermination)
Appartenance ncessaire d'un objet des sens au concept global de toute ralit
empirique
K524 "il n'y a [] pas d'autres objets qui puissent nous tre donns que les
objets des sens, et d'aucune autre manire que dans le contexte d'une exprience
possible : par consquent, rien n'est pour nous un objet s'il ne prsuppose pas le
concept global de toute ralit empirique comme condition de sa possibilit."
(Le concept global de toute ralit empirique est l'ensemble des ralits que
nous pourrions percevoir sous forme de phnomnes. En effet, tout objet a des
proprits un instant donn qui peuvent ventuellement dpendre d'autres
objets, ce qui rend certaines configurations d'objets impossibles : par exemple, si
je suis Paris aujourd'hui 8h12mn je ne peux pas tre Londres ; je peux
donc 8h12 tre photographi Paris, mais pas Londres et le phnomne
moi Londres est alors impossible.)
633
Ne pas considrer un principe du donn comme principe des choses en gnral
K524 "Selon une illusion naturelle, nous voyons alors en cela un principe qui
devrait valoir pour toutes les choses en gnral, alors qu'il ne vaut proprement
parler que pour celles qui sont donnes comme objets de nos sens. Par voie de
consquence, le principe empirique de nos concepts de la possibilit des choses en
tant que phnomnes devient, travers la mise entre parenthses de cette
restriction, un principe transcendantal de la possibilit des choses en gnral."
D'o le principe suivant (voir Dterminabilit d'un objet par un concept) :
Possibilit et imagination
Kant rappelle que notre esprit imagine un ensemble beaucoup plus grand de choses
que celui des choses possibles, et que celles-ci leur tour sont plus nombreuses que
l'ensemble de celles qui existent en ralit (dlimit par l'exprience) :
K290 note * "La chose ne peut jamais contenir dans la ralit plus que ce qui
tait contenu dans sa possibilit complte."
K288 "La pauvret est frappante de nos raisonnements habituels par lesquels
nous produisons un vaste empire de la possibilit, dont tout lment de la ralit
(tout objet de l'exprience) n'est qu'une petite partie. Tout rel est possible ; de
l rsulte naturellement, suivant les rgles logiques de la conversion, la
proposition simplement particulire : Quelque [une partie du] possible est
rel - ce qui semble avoir la mme signification que : Il y a beaucoup de
possible qui n'est pas rel ."
En plus des possibilits videntes ci-dessus, Kant rappelle la ralit de choses qu'on
ne peroit pas, mais qui ont un rapport physique certain avec une perception :
K288 "Pour mon entendement, une seule chose peut venir s'ajouter l'accord
avec les conditions formelles de l'exprience - savoir la liaison avec quelque
perception ; mais ce qui est li avec celle-ci d'aprs des lois empiriques est rel,
bien qu'il ne soit pas immdiatement peru."
Cette habitude de croire que Ce que je vois est tout ce qu'il y a est si frquente,
et a des consquences pratiques si importantes, que le Prix Nobel d'conomie 2011
a t attribu au psychologue Daniel Kahneman pour l'avoir tudie en dtail [35] :
K288 - "Qu'en revanche, dans l'enchanement global avec ce qui m'est donn
dans la perception, soit possible une autre srie de phnomnes, par
consquent davantage qu'une exprience unique comprenant tout en elle, cela
ne se peut conclure partir de ce qui est donn, et bien moins encore sans que
634
quelque chose soit donn, puisque sans matire rien, nulle part, ne se peut
penser. Ce qui est possible uniquement sous des conditions qui sont elles-
mmes simplement possibles ne l'est pas tous les points de vue. Du moins
est-ce de cette faon que l'on prend la question quand on veut savoir si la
possibilit des choses s'tend au-del de l'exprience."
Conclusion : la ralit dont je peux tre certain est dlimite par la condition d'une
exprience unique comprenant tout en elle.
Postulat
Substantif de philosophie : proposition qui n'est pas vidente par elle-mme, mais
qu'on est conduit recevoir parce qu'on ne voit pas d'autre principe auquel on puisse
rattacher soit une vrit qu'on ne saurait mettre en doute, soit une opration ou un
acte dont la lgitimit n'est pas conteste. Exemple : postulat du dterminisme.
Par extension : Rgle qui est admise de faon implicite et sur laquelle se fonde un
systme de pense.
Dans le premier cas, la condition est postule (per thesin) ; dans le second, elle est
suppose (per hypothesin).
Postulat de causalit
Voir Le postulat de causalit.
Pouvoir de
Kant utilise souvent le mot pouvoir dans le sens de :
Facult ou fonction
Exemple : K110 - "La raison est le pouvoir qui fournit les principes de la
connaissance a priori."
Causalit Exemple (extrait de K498) : la causalit d'un objet des sens, en tant
que cause de phnomnes, peut tre considre sous deux angles :
635
Comme intelligible, d'aprs son action en tant que chose en soi ;
Comme sensible, d'aprs les effets de cette action considre comme un
phnomne dans le monde sensible.
Une telle double manire de penser le pouvoir d'un objet des sens ne contredit
aucun des concepts que nous avons nous forger des phnomnes et d'une
exprience possible.
636
conclusion, c'est--dire de juger mdiatement (par la subsomption de la condition
d'un jugement possible sous la condition d'un jugement donn). Le jugement donn
est la rgle universelle (majeure). La subsomption de la condition d'un autre
jugement possible sous la condition de la rgle est la mineure. Le jugement effectu,
qui nonce l'assertion de la rgle dans le cas subsum, est la conclusion."
Bien qu'elle dispose, par rapport chacun de ces trois lments, de sources de
connaissance a priori qui, au premier abord, semblent ddaigner les limites de toute
exprience, une critique compltement acheve nous persuade pourtant que toute
raison, dans son usage spculatif, ne saurait jamais avec ces lments dpasser le
champ de l'exprience possible,
mais jamais pour franchir ses limites, hors lesquelles, pour nous, [en dehors des
phnomnes du monde sensible] il n'est rien que de l'espace vide."
(Fin de citation)
637
Pouvoir de subsumer sous des rgles
K221 "La facult de juger est le pouvoir de subsumer sous des rgles, c'est--dire
de distinguer si quelque chose s'inscrit ou non sous une rgle donne. La logique
gnrale ne contient aucun prcepte pour la facult de juger et ne peut non plus en
contenir."
Pragmatique Pragmatisme
638
Chez Kant
A041 [3] "Une doctrine de la connaissance de l'homme, formule de manire
systmatique (anthropologie), peut s'accomplir d'un point de vue physiologique ou
d'un point de vue pragmatique. La connaissance physiologique de l'homme vise
l'exploration de ce que la nature fait de l'homme, la connaissance pragmatique celle
de ce que l'homme, comme tre agissant par libert, fait ou peut et doit faire de lui-
mme."
La raison ne peut fournir comme moyens que des lois pragmatiques de libert
laquelle ne peut fournir cette destination que des lois pragmatiques de la libre
conduite, en vue d'atteindre les fins qui nous sont recommandes par les sens,
Ces lois doivent convenir aux fins recommandes par nos sens, et non pas tre a
priori
et non pas, par consquent, des lois pures, dtermines compltement a priori.
Seules des lois pratiques a priori de la raison pure, dfinissant des fins absolues,
autorisent un canon
En revanche, des lois pratiques pures, dont la fin qu'elles noncent serait donne
compltement a priori par la raison, et qui ne commanderaient pas de manire
empiriquement conditionne, mais absolument, seraient des produits de la raison
pure. Or de ce type sont les lois morales ; par consquent, elles seules relvent de
l'usage pratique de la raison pure et autorisent un canon."
(Fin de citation)
Pratique
639
peut y avoir qu'un usage rgulateur et [ne peut] servir qu' [y] mettre en uvre l'unit
de lois empiriques ;"
K656 "Tous les concepts pratiques portent sur des objets de satisfaction ou de
dsagrment, c'est--dire de plaisir et de dplaisir, par consquent, au moins indi-
rectement, sur des objets de notre sentiment."
[108] page 87 "Ce qui est pratiquement bon, c'est ce qui dtermine la volont par
l'intermdiaire de reprsentations de la raison, par consquent non pas partir de
causes subjectives, mais de manire objective, c'est--dire selon des principes qui
valent pour tout tre raisonnable comme tel."
Voir Impratif - Impratif catgorique - Impratif technique.
K554 "Il y a des lois pratiques qui sont absolument ncessaires (les lois morales)"
Prcepte
Chez Kant
(Citation de [102] - La Religion dans les limites de la Raison page 46, note 1)
La conscience de la loi morale prcde en nous la libert de la volont, et la
dtermine car la loi morale est un prcepte inconditionn.
[La loi morale est un principe absolu qui dtermine la volont de l'homme. La
libert de vouloir de celui-ci n'ira pas contre cette loi.]
640
K222-K223 - La logique gnrale ne peut fournir de prcepte la facult de
juger, la logique transcendantale si : elle peut corriger la facult de juger et lui
fixer des rgles d'usage de l'entendement pur.
Ren DESCARTES - "Discours de la mthode pour bien conduire sa raison et
chercher la vrit dans les sciences" (1637) - Extrait dit des quatre
prceptes :
"Le premier tait de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la
connusse videmment tre telle ;"
Prdicable
En langage courant : adjectif. Une qualit est prdicable si elle peut tre affirme
propos d'un sujet.
Chez Kant : substantif. Un prdicable est un concept a priori driv d'une
catgorie. Exemple : concept de force, driv du concept-souche de la causalit.
Voir aussi Prdicables de l'entendement.
Prdicament
Synonyme de catgorie.
Prgnant
Adjectif : qui s'impose avec une grande force.
Prmisse
Selon [13] :
Proposition, affirmation entrant dans une dmonstration dont on tire une
conclusion ;
Chacune des deux propositions, majeure et mineure, d'un syllogisme, d'un
raisonnement.
Domaine d'attention
Un objet prsent l'esprit du sujet fait l'objet de son attention. Celle-ci peut concerner
plusieurs objets la fois, par exemple pour comparaison ou pour synthse. Un sujet
641
qui distingue plusieurs objets ne peut en citer qu'un la fois, mais celui-ci peut
rsulter d'une comparaison ou d'une synthse.
"Il n'y a, procdant de la raison spculative, que trois types de preuves possibles de
l'existence de Dieu"
(Citation de K529)
"Toutes les voies que l'on peut tenter de suivre dans ce but partent
[Preuve physico-thologique]
ou bien de l'exprience dtermine et de la nature particulire de notre monde
sensible, telle que cette exprience nous la fait connatre, et elles s'lvent
partir de celle-ci, en suivant les lois de la causalit, jusqu' la cause suprme
situe en dehors du monde ;
[Preuve cosmologique]
ou bien elles ne prennent empiriquement pour fondement qu'une exprience
indtermine, c'est--dire une existence quelconque ;
[Preuve ontologique]
ou bien enfin elles font abstraction de toute exprience et concluent entirement
a priori, partir de simples concepts, l'existence d'une cause suprme.
Je dmontrerai que la raison parvient tout aussi peu de rsultats sur l'une de ces
voies (la voie empirique) que sur l'autre (la voie transcendantale), et que c'est en vain
qu'elle dploie ses ailes pour s'lever au-del du monde sensible par la seule force
de la spculation."
(Fin de citation)
Voir aussi :
Validit du principe de causalit Impossibilit d'une preuve spculative de
l'existence de Dieu ;
Existence de Dieu.
642
Dieu en tant qu'tre absolument ncessaire
Lire d'abord Dterminisme : connaissance de la nature et prdictions d'volution.
643
n'avons pas d'exprience de ce type d'volution, qui n'est voque ici que par
souci de rigueur, et ne poursuivrons pas l'expos dans cette voie.
Dans les deux premiers cas (limite fixe et limite infinie), il y aurait ncessairement eu
une situation-cause initiale de tous les vnements et situations ultrieurs. Cette
cause initiale ne suppose aucune condition pralable, car elle a t dfinie partir de
la causalit d'vnements postrieurs (et toujours du postulat de causalit) ; elle est
donc absolument ncessaire.
Ils admettaient donc l'existence d'un Etre originaire, Ide synthse d'une substance
matrielle, d'une me et d'une morale, principe spirituel rpondant la fois aux
besoins d'expliquer causalement la cration du monde physique avec ses lois
causales, et des valeurs et lois divines.
L'homme conoit Dieu comme un tre parfait, un absolu ingalable - donc unique ; il
conoit son Ide. La preuve ontologique consiste dduire de cette Ide d'un Dieu
parfait qu'Il existe en tant qu'tre absolument ncessaire, hypostasie non vidente :
ce n'est pas parce que l'homme imagine une chose qu'elle existe.
Une existence relle ne peut tre prouve que par une exprience, et il ne peut y
avoir d'exprience d'un tre absolument ncessaire, c'est--dire existant
indpendamment des circonstances d'une exprience.
Voir Je peux penser l'inexistence d'une chose, pas son absolue ncessit.
644
Objection : l'Ide d'un Dieu parfait ne permet pas d'en dduire quoi que ce soit
L'Ide de Dieu ne dcrit son objet qu'avec des jugements : parfait, ternel,
omniprsent, etc. Or un jugement n'est pas un objet d'exprience, on ne peut le
percevoir pour en vrifier la ralit : l'Ide de Dieu est pure imagination, et on ne peut
en dduire quoi que ce soit, ni par cause efficiente ni par dduction logique :
K531 "Tous les exemples avancs [pour montrer l'existence d'un tel tre] sont,
sans exception, tirs uniquement de jugements, et non pas de choses et de leur
existence. Mais la ncessit inconditionne des jugements n'est pas une
ncessit absolue des choses. Car la ncessit absolue du jugement est
seulement une ncessit conditionne de la chose ou du prdicat prsent dans
le jugement."
[Le raisonnement qui conduit un tre absolument ncessaire parat tort rigoureux]
Or [] le raisonnement qui conduit d'une existence donne en gnral quelque
existence absolument ncessaire semble tre contraignant et rigoureux, [malgr le
non-respect] de toutes les conditions qu'impose l'entendement pour se forger un
concept d'une telle ncessit."
(Fin de citation)
645
(quelle que soit sa description, donc sa dtermination) elle ne peut contenir
l'affirmation de sa ncessit (de son existence inconditionne), parce que cette
ncessit est une information d'un type incompatible avec toute description.
En effet, une mme description d'un concept particulier peut correspondre
zro, une ou plusieurs occurrences (dterminations) de ce concept tout en
restant la mme : quelle que soit la dfinition de Dieu, elle peut correspondre
zro, un ou plusieurs dieux.
Exemple d'erreur par inclusion d'un prdicat d'existence dans une dfinition :
Dans l'Ethique de Spinoza [131], la premire partie, De Dieu, a une premire
dfinition logiquement impossible :
I. J'entends par cause de soi ce dont l'essence enveloppe [inclut] l'existence,
ou ce dont la nature ne peut tre conue que comme existante.
Complments d'explication
(Citation de K533-K534)
"Etre n'est l'vidence pas un prdicat rel, c'est--dire un concept de quelque
chose qui puisse s'ajouter au concept d'une chose. C'est simplement la position
[ralit] d'une chose ou de certaines dterminations en soi.
Dans l'usage logique, [est] est purement et simplement la copule d'un jugement. La
proposition : Dieu est tout-puissant contient deux concepts qui possdent leurs
objets : Dieu et toute-puissance ; le petit mot : est n'est pas un prdicat de plus, mais
c'est seulement ce qui pose [met] le prdicat en relation avec le sujet.
Or, si je prends le sujet (Dieu) avec tous ses prdicats (auxquels appartient aussi la
toute-puissance), et que je dis : Dieu est, ou : il est un Dieu, je ne pose pas un
nouveau prdicat venant s'ajouter au concept de Dieu, mais seulement le sujet en
lui-mme avec tous ses prdicats, et du mme coup, certes, l'objet se rapportant
mon concept. Tous deux ne peuvent qu'avoir exactement le mme contenu. []
[Le concept d'un objet possible a les mmes informations que celui de l'objet rel]
Cent thalers [pices de monnaie] rels ne contiennent pas le moindre lment de
plus que cent thalers possibles. Car dans la mesure o ces derniers signifient le
concept, tandis que les premiers signifient l'objet en lui-mme et sa position [ralit],
mon concept, au cas o cent thalers rels contiendraient plus que cent thalers
possibles, n'exprimerait pas l'objet tout entier, et par consquent il n'en serait pas
non plus le concept adquat. Mais quand il s'agit de l'tat de ma fortune, il y a plus
avec cent thalers rels qu'avec leur simple concept (c'est--dire leur possibilit). Car
s'il appartient la ralit effective, l'objet n'est pas simplement contenu de manire
analytique dans mon concept, mais il s'ajoute synthtiquement mon concept (qui
est une dtermination de mon tat), sans qu' la faveur de cette existence en dehors
de mon concept, ces cent thalers dont j'avais la pense soient le moins du monde
augments.
Quand je pense donc une chose, quels que soient les prdicats au moyen
desquels je la pense et si nombreux qu'ils soient (mme dans la dtermination
complte), du fait que j'ajoute encore que cette chose existe, je n'ajoute pas le
moindre lment la chose."
646
[Conclusion : l'existence d'un ensemble ou d'un concept ne peut faire partie des
informations qui les dfinissent, c'est une information supplmentaire.]
(Fin de citation)
K536 "nul tre humain ne saurait davantage devenir plus riche de connaissances
partir de simples Ides qu'un marchand ne le deviendrait en argent si, pour
amliorer l'tat de sa fortune, il voulait ajouter quelques zros son relev de
caisse."
Voir aussi :
Validit du principe de causalit Impossibilit d'une preuve spculative de
l'existence de Dieu ;
Existence de Dieu.
647
inconditionne, pralablement donne, de quelque tre la ralit illimite de celui-
ci"
[Proposition majeure]
Si quelque chose existe, il faut aussi qu'existe un tre absolument ncessaire.
[Toute chose qui existe a une cause de son existence, qui a elle-mme une
cause, etc. Pour empcher cette rgression de causalit de remonter l'infini, il
faut une cause sans cause, c'est--dire un tre absolument ncessaire.]
[Proposition mineure]
Or, j'existe au moins moi-mme ;
[Voir Ce qu'un sujet peut dduire du Je pense, selon Kant.]
Conclusion
donc, existe un tre absolument ncessaire."
[Critique de ce raisonnement :
1 - Ma propre existence (phnomne Je pense) prouve qu'il existe un
phnomne l'origine de cette existence, mais rien ne prouve qu'il soit caus
par un tre crateur. La chane de causalit de mon existence pourrait remonter
l'infini, avoir toujours exist.
2 - L'existence ventuelle d'un phnomne initial qui a caus mon existence ne
prouve pas celle d'un crateur du monde entier (objet de toute exprience
possible), crateur qui devrait, en outre, avoir agi de manire transcendante,
contraire la loi de causalit de la nature.]
(Fin de citation)
648
la loi dynamique de la causalit. [Cette loi permet] de conclure a priori, partir
d'une quelconque existence donne ( partir d'une cause) une autre existence
( l'effet).
[Principe de fatalisme : ce qui arrive devait arriver]
Tout ce qui arrive est hypothtiquement ncessaire [devait arriver] : c'est l un
principe fondamental qui soumet dans le monde le changement une loi, c'est-
-dire une rgle s'appliquant l'existence ncessaire, sans laquelle rgle il n'y
aurait pas mme de nature. [Preuve : [32] ]
Par consquent, le principe : rien n'arrive par un hasard aveugle est une loi a
priori de la nature ; de mme : aucune ncessit intervenant dans la nature n'est
une ncessit aveugle, mais c'est toujours une ncessit conditionne, par
consquent intelligible".
(Fin de citation)
Du point de vue logique (en ignorant le Big Bang), notre Univers a peut-tre
toujours exist, sans avoir t cr. Mais du point de vue scientifique, sa
cration a peut-tre eu lieu dans un autre Univers : nous avons des thories
possibles mais non prouves (les thories des multivers [30]) qui le supposent.
(Citation de K540)
"Se trouvent donc ici, par exemple :
1. Le principe transcendantal qui consiste conclure du contingent une cause,
lequel principe n'a de signification que dans le monde sensible, mais en dehors
de lui n'a plus du tout de sens. Car le concept purement intellectuel du contingent
ne peut produire aucune proposition synthtique telle que celle de causalit, et le
principe de cette dernire n'a aucune signification ni aucun critre rglant son
usage, si ce n'est uniquement dans le monde sensible ; or, ici, il devrait servir
prcisment sortir du monde sensible et le dpasser.
2. Le principe qui conduit conclure de l'impossibilit d'une srie infinie de causes
donnes s'tageant les unes au-dessus des autres dans le monde sensible une
cause premire - conclusion laquelle les principes de l'usage de la raison,
mme dans l'exprience, ne nous autorisent pas, bien loin donc qu'ils nous
donnent la capacit d'tendre ce principe au-del de l'exprience (o cette chane
ne peut pas du tout tre prolonge).
3. La fausse autosatisfaction qu'prouve la raison relativement l'achvement de
cette srie, du fait que l'on carte enfin toute condition, sans laquelle pourtant nul
concept d'une ncessit ne peut se prsenter, et que, dans la mesure o l'on ne
peut alors rien comprendre de plus, on tient cela pour un achvement de son
concept.
4. La confusion entre la possibilit logique d'un concept de la runion de toute
ralit (qui ne donne lieu nulle contradiction interne) et la possibilit
transcendantale, laquelle requiert un principe de l'effectuabilit d'une telle
649
synthse, mais un principe qui son tour ne peut concerner que le champ des
expriences possibles, etc."
(Fin de citation)
L'Ide transcendantale d'un tre originaire qui soit ncessaire et totalement suffisant
est si dmesurment grande, elle dpasse de si haut tout ce qui est empirique et se
trouve toujours conditionn, que
d'une part on ne peut jamais dgager de l'exprience assez de matire pour
remplir un tel concept,
650
et que d'autre part on ttonne toujours au milieu du conditionn en ne cessant de
chercher en vain l'inconditionn, dont aucune loi de quelque synthse empirique
que ce soit ne nous fournit un exemple ou ne procure le moindre indice."
(Fin de citation)
S'il ne fait pas partie de la chane, son action sur l'exprience donne a d tre
transcendante, ce qui est contraire aux lois de la nature que nous postulons.
651
Kant finit par croire par son cur son Etre suprme transcendantal
K548 [Ces connaissances] "accentuent notre croyance en un auteur suprme, au
point d'en faire une irrsistible conviction."
Voir Idal de l'tre suprme : un principe rgulateur de la raison.
K548-K549 "Ce serait par consquent, non seulement une perte inconsolable, mais
aussi un geste totalement inutile, que de vouloir retirer cette preuve une dimension
de son autorit. La raison, sans cesse rehausse par des arguments si puissants et
qui se multiplient toujours en sous-main, bien qu'ils soient simplement empiriques, ne
peut pas tre ce point rabaisse par un doute n d'une spculation subtile et
abstraite qu'il ne lui faille pas tre arrache toute irrsolution morose, en quelque
sorte comme un songe, par un regard jet sur les merveilles de la nature et sur
l'agencement majestueux du monde, pour s'lever de grandeur en grandeur jusqu'
la grandeur suprme, du conditionn sa condition, jusqu' l'auteur ultime et
inconditionn.
(Citation de K549-K550)
"Les principaux moments de la preuve physico-thologique que l'on a voque sont
les suivants :
1. Dans le monde se dcouvrent partout des signes transparents d'une mise en
ordre conforme une intention dtermine, opre avec une grande sagesse et
constituant un tout aussi indescriptible dans la diversit de son contenu qu'il peut
tre illimit quant la grandeur de son tendue.
2. Cette mise en ordre finalise est totalement trangre aux choses du monde, et
elle ne leur est attache que de faon contingente autrement dit : la nature de
cette diversit de choses n'aurait pas pu d'elle-mme, par des moyens
convergents de tant de sortes, s'accorder des intentions finales, si ces moyens
n'avaient t choisis tout exprs pour cela et disposs cette fin par un principe
organisateur dou de raison prenant pour fondement des Ides et intervenant
d'aprs elles.
3. Il existe donc une (ou plusieurs) cause sublime et sage qui doit tre la cause du
monde, non pas simplement par fcondit, comme une nature toute-puissante
agissant de manire aveugle, mais par libert, comme une intelligence.
652
4. On peut conclure l'unit de cette cause partir de l'unit de la relation
rciproque des parties du monde considres comme les lments d'une
construction, cela avec certitude pour ce que notre observation atteint, mais pour
le reste avec vraisemblance, en suivant tous les principes de l'analogie."
(Fin de citation)
Voir aussi Kant croit en une finalit voulue par le Crateur, Etre suprme.
Primaire (adjectif)
Psychologie : qualifie certains types de processus, de mcanismes de dfense,
didentification, etc. que lon rencontre dans le a. Qualifie aussi des modes
dorganisation : hystrie primaire, analit primaire, etc. Synonymes : prcoce,
profond.
Selon Freud [41], les processus primaires ont pour but l'adquation de la pense
inconsciente au principe de plaisir.
En psychanalyse primaire dsigne aussi lirreprsentable, ce dont on ne peut se
souvenir mais quil faut reconstruire. Cest aussi le premier stade du dveloppement
psychique, o ce qui est primaire existe la naissance, alors que ce qui est
secondaire est acquis ultrieurement et en drive.
Primaut
Voir Dfinition de la primaut.
Primitif
Voir types de concepts.
653
[Corrlat commun de la possibilit totale de choses
Tous les prdicats de possibilit d'une chose ont en commun de s'appliquer un
objet abstrait commun : la possibilit totale de choses. Dans cet ensemble de
prdicats, il existe donc une affinit entre lments due l'identit de leur valeur
(= Vrai) pour l'objet possibilit totale (que Kant appelle dtermination intgrale ou
dtermination complte) : la possibilit totale n'existe que si et seulement si
toutes ses composantes possibilit d'une chose existent, et rciproquement.]
[La dtermination intgrale exige les valeurs logiques de tous les prdicats possibles]
La proposition : toute chose existante est intgralement dtermine signifie que, non
seulement de chaque couple de prdicats opposs donns, mais aussi de tous les
prdicats possibles, il y en a toujours un qui lui convient ; ce ne sont pas simplement,
par cette proposition, des prdicats qui se trouvent logiquement compars les uns
aux autres, mais c'est la chose elle-mme que l'on compare transcendantalement
l'ensemble global de tous les prdicats possibles.
Cette Ide est celle d'un "ensemble de tous les prdicats possibles en gnral". Elle
s'pure jusqu' former un concept dtermin intgralement a priori, en devenant ainsi
le concept d'un objet singulier intgralement dtermin par la seule Ide et qu'il faut
appeler par consquent un idal de la raison pure.
Dfinition de la primaut
Substantif La primaut est la situation de ce qui est au premier rang, qui est
prminent, qui est plus important qu'une autre chose ou qui en est cause.
654
Le problme du mouvement des astres
Avant Copernic [88], voyant les astres (plantes, toiles, Soleil et Lune) tourner
autour de la Terre, l'homme imaginait leurs mouvements rels tels qu'il les voyait,
avec la Terre au centre de l'Univers ; les astres tournaient selon le modle de
Ptolme, bas sur des picycles [99]. Non seulement ce paradigme cosmique tait
compliqu, mais il ne permettait pas de prvoir les phnomnes astronomiques
(clipses, conjonctions, etc.) avec prcision.
Kant propose donc de faire comme Copernic, d'inverser le point de vue : d'admettre
que la ralit est ce que nous en voyons par nos reprsentations (car nous ne
pourrons jamais la voir autrement) et d'imaginer des lois qui la dcrivent et prdisent
son volution quitte revenir ultrieurement sur ces lois si ncessaire :
K77-K78 "Que l'on fasse donc une fois l'essai de voir si nous ne russirions
pas mieux, dans les problmes de mtaphysique, ds lors que nous admettrions
que les objets [rels] doivent se rgler d'aprs notre connaissance"
K78 "Si l'intuition devait se rgler sur la nature des objets, je ne vois pas
comment on pourrait en savoir a priori quelque chose ; en revanche, si l'objet
(comme objet des sens) se rgle sur la nature de notre pouvoir d'intuition [est
dfini par ce que nous en voyons], je peux tout fait bien me reprsenter cette
possibilit."
K79 "Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons
nous-mmes." (Toute connaissance nouvelle est construite partir de (avec des
liaisons des) connaissances existantes, issues d'intuitions des sens ou a priori
et prcises par l'entendement et la raison.)
Cette ide est rvolutionnaire. Elle consiste considrer comme rels les objets et
phnomnes physiques donns et prsents l'esprit par leurs reprsentations : la
ralit suit le modle que l'homme en conoit. Tout homme fait donc confiance ce
qu'il peroit parce que c'est la seule ralit accessible. Mais cette confiance est
655
provisoire, elle peut tre mise en cause ds qu'une contradiction apparat avec une
autre ralit constate, et il faut alors changer quelque chose dans le modle.
Pour constituer une nature, les phnomnes doivent respecter une loi universelle
K501 - "Cette loi par laquelle seulement des phnomnes peuvent constituer une
nature et fournir les objets d'une exprience, c'est une loi de l'entendement par
rapport laquelle il n'est permis sous aucun prtexte de faire un cart ni d'riger un
quelconque phnomne en exception."
Voir aussi :
C'est l'homme qui introduit l'ordre et la rgularit dans les lois de la nature ;
Comment la nature elle-mme est-elle possible ?
Comment nos facults de sensibilit et d'entendement sont-elles possibles ?
656
Une mthode valide par l'exprience
Kant justifie son approche par une vrification a posteriori de la validit du modle de
la nature : il compare la reprsentation et les volutions qu'on en peroit avec des
ides qu'on s'en fait.
Or, s'il se trouve que, quand on considre les choses de ce double point de vue, il se
produit un accord avec le principe de la raison pure, alors qu' se placer d'un unique
point de vue on voit surgir un invitable conflit de la raison avec elle-mme,
l'exprimentation tranche en faveur de la justesse de cette distinction." (Fin de
citation)
657
K319 [Les phnomnes] "ne reprsentent pas des choses en soi. [] L'espace et
le temps ne seront pas des dterminations des choses en soi, mais des
phnomnes : ce que les choses peuvent bien tre en soi, je ne le sais pas et n'ai
pas non plus besoin de le savoir, tant donn qu'en tout cas une chose ne peut
jamais se prsenter moi autrement que dans le phnomne."
Voir aussi : Non-existence d'un objet sensible.
Connatre la nature c'est dcrire ses objets et aussi ses lois d'volution
En plus des phnomnes que l'on peroit, la connaissance dsire de la nature
concerne aussi les lois d'volution, pour prvoir une situation future connaissant la
situation actuelle et l'volution qui y a abouti. L'approche de Kant dans ce domaine
consiste postuler que toute loi d'volution constate dans le pass est stable,
qu'elle est valable partout et toujours - c'est--dire le dterminisme.
Conclusion
La seule manire possible pour l'homme de connatre le monde qui l'entoure est d'en
construire des reprsentations par exprience, partir de l'ensemble des concepts et
lois d'volution disponibles dans sa mmoire, a priori ou acquis, ensemble qu'il
enrichit depuis sa naissance.
En postulant que le monde rel, inaccessible, est tel qu'il le voit, l'homme risque de
se tromper : la certitude des connaissances ainsi acquises est provisoire, elle peut et
doit tre remise en question chaque fois qu'une connaissance en contredit une autre.
Cette approche est la base de la mthode scientifique moderne : voir le chapitre Le
Rationalisme critique de Karl Popper [90] dans [12].
Voir aussi :
Exprience, exprience effective ;
Possibilit de l'exprience (principes a priori) ;
Une chose en gnral ne peut tre une cause, concept rserv l'exprience ;
Dtermination ;
Diffrence de primaut entre la mtaphysique classique et le criticisme de Kant.
658
L'esprit humain est incapable, par construction, de se reprsenter les tats et
volutions des particules l'chelle atomique. Les physiciens ont donc d, dans ce
domaine, renoncer leur comprhension intuitive des phnomnes base sur leurs
perceptions, et la remplacer par la prdiction de leur volution l'aide d'quations
dterministes interprtation probabiliste comme l'quation de Schrdinger [64]. Et
l'chelle astronomique, la Relativit gnrale impose un modle d'espace-temps 4
dimensions et des volutions de concepts mtaphysiques comme la causalit. Le
modle humain abstrait de la nature continue dfinir la ralit (provisoirement,
jusqu' remise en cause), mais il est bas sur des quations au lieu d'objets des
sens. [30], [68] et [69].
Principe de raison
Voir Rationalisme Principe de raison.
Chez Kant
La raison est un pouvoir de dduction
K332-K333 Le premier pouvoir de la raison est celui de procder des infrences
(dductions) mdiates, l'entendement permettant des connaissances immdiates.
Alors que les connaissances de l'entendement sont construites par intuition
empirique, les dductions de la raison ne font pas appel l'exprience :
Dans un argument ontologique (par exemple de l'existence de Dieu) la raison
dduit l'existence (de Dieu) du concept (de Dieu).
Dans un syllogisme, la raison dduit un cas particulier d'un cas gnral.
659
absolu du terme, quand bien mme toutes les propositions universelles en gnral
peuvent tre appeles comparativement des principes."
Principes a priori
K230-K231 - Un principe a priori est le fondement d'autres jugements. En outre, il
n'est pas lui-mme fond dans des connaissances plus leves et plus gnrales.
Voir aussi Tous les principes synthtiques a priori ne sont rien de plus que les
principes de l'exprience possible.
660
Principe de conservation de l'information d'un systme ferm
Principe de fatalisme
Principe de l'absolue totalit de la srie des conditions, considre comme
donne en soi dans les phnomnes
(principe cosmologique constitutif afflig de nullit)
Principe d'galit de l'action et de la raction
Principe de l'exigence de l'inconditionn pour la connaissance
Principe de l'indiscernable (Leibniz)
Principe de la continuit de tous les changements
Principe de l'absence de sauts dans l'espace ou le temps
Principe de l'absence de lacune ou hiatus dans l'espace ou le temps
Principe de l'absence de hasard dans les changements du monde physique
Principe d'intelligibilit des lois de la nature.
Principe de la continuit des formes
Principe de la continuit des sensations des phnomnes
Principe de la dterminabilit d'un concept
Principe de la dtermination intgrale (synthse de tous les prdicats)
Principe de la distinction des objets en gnral en phnomnes et noumnes
Principe de la division transcendantale illimite d'un phnomne en gnral
Principe de la neutralit de la raison dans tous les diffrends qu'elle rencontre
Principe de la permanence de la substance
Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine)
Principe de la raison suffisante
Principe de la simultanit suivant la loi de l'action rciproque ou de la
communaut
Principe de la succession chronologique suivant la loi de causalit
(Principe de la production)
Principe de la varit de l'homogne sous des espces infrieures
Principe de la vie dans la matire (psychologie rationnelle) : substance pensante
Principe de l'homognit du divers sous des genres suprieurs
Principe de prcaution de la Constitution franaise
Principe de l'application des mathmatiques l'exprience
Principe de l'unit synthtique du divers de toute intuition possible
Principe de raison
Principes d'unit systmatique
661
Principe de [non-]contradiction - Principe de dterminabilit
Principe des analogies de l'exprience
Principe des espces
Principe du pouvoir des rgles de l'entendement
Principe du milieu exclu (ou principe du tiers exclu)
Principe du sens interne
Principe d'exhaustivit de la dtermination d'un objet
Principe d'identit
Principe d'incertitude de Heisenberg
Principe empirique suprme de l'unit des phnomnes
Principe fondamental Tout changement est soumis une loi
Principe impos par la raison l'entendement : la cohrence avec lui-mme
Principe logique des genres
Principe logique de l'unit systmatique de l'entendement
Principe pratique suprme et impratif catgorique de la volont humaine
Principe qui conduit conclure de l'impossibilit d'une srie infinie de causes
donnes s'tageant les unes au-dessus des autres dans le monde sensible
une cause premire
Principe Rien n'arrive par un hasard aveugle (Ncessit des choses)
Principe rgulateur de la raison sur la condition empirique des phnomnes
(principe de la contingence intgrale)
Principe rgulateur de la raison : l'Idal de l'tre suprme
Principe rgulateur de la totalit des conditions
Principe suprme de la raison pure
Principe suprme de la connaissance humaine : l'unit synthtique de
l'aperception
Principe suprme de la possibilit d'intuition relativement l'entendement
Principe suprme de la possibilit d'intuition relativement la sensibilit
Principe suprme de tous les jugements analytiques : la non-contradiction
Principe suprme de tous les jugements synthtiques
Principe transcendantal de la possibilit de toutes les connaissances en gnral
Principe transcendantal qui consiste conclure du contingent une cause
Principe transcendantal de la possibilit des choses en gnral
Principe transcendantal de la raison pure pour la connaissance synthtique
662
Principe transcendantal de l'unit de tout le divers des reprsentations
Principe transcendantal : la raison rend peut-tre l'unit systmatique des
connaissances objectivement ncessaire
Principes a priori de la possibilit de l'exprience
Principes de la connaissance a priori (fournis par la raison)
Principes de la physique gnrale
Principes de la raison pure (Philosophie transcendantale)
Principes de la thermodynamique
Principes des concepts penss et donns de la philosophie transcendantale
Principes immanents et principes transcendants
Principes mathmatiques et principes dynamiques
Principes physiologiques de l'exprience :
Principe de l'application des mathmatiques l'exprience ;
Principe de la continuit des sensations des phnomnes.
Principes pratiques, comme lois d'une causalit de la raison pure
Principes purs de la raison procdant de simples concepts
( l'exclusion de la mathmatique) (mtaphysique de la nature)
Principes qui dterminent a priori et rendent ncessaires le faire et le ne pas
faire (mtaphysique des murs)
Principes subjectifs (maximes)
Principes transcendantaux de l'usage de l'entendement pur (tables)
Axiomes de l'intuition ;
Anticipations de la perception et de l'exprience ;
Analogies de l'exprience ;
Postulats de la pense empirique en gnral.
Principes universels des murs.
Enonc du principe
La dterminabilit de tout concept est soumise l'universalit (universalitas) du
principe qui exclut tout terme intermdiaire entre deux prdicats opposs.
663
opposs, tandis que la dtermination d'une chose est soumise la totalit
(universitas) ou l'ensemble global de tous les prdicats possibles."
Enoncs
1re dition : "Principe de la communaut - Toutes les substances, en tant
qu'elles sont simultanes, s'inscrivent en une communaut universelle (c'est--
dire dans une relation d'action rciproque)."
2me dition : "Principe de la simultanit suivant la loi de l'action rciproque ou
de la communaut - Toutes les substances, en tant qu'elles peuvent tre
perues dans l'espace comme simultanes, entretiennent une relation d'action
rciproque universelle."
Traduction du principe
Deux objets physiques sont perus en mme temps si et seulement si la certitude de
la prsence de l'un entrane celle de l'autre, leur ordre de prsence l'esprit tant
indiffrent.
K277 "L'unit de l'univers, dans lequel tous les phnomnes doivent tre lis, est
visiblement une simple consquence du principe implicitement admis de la commu-
naut de toutes les substances qui sont simultanes."
Cette unit est un postulat, admis pour rendre possible la connaissance empirique de
l'existence simultane d'objets dont l'existence spare des substances (appele
coexistence par Kant) est contingente (n'est pas dj certaine ou ncessaire).
Kant postule que la simultanit perue est relle, c'est--dire que les objets
simultans sont lis par une relation ncessaire de rciprocit : cet instant-l, si l'un
existe, alors l'autre existe aussi ; on ne peut envisager l'un sans envisager l'autre que
par la raison pure, hors de toute exprience ; ils ne sont possibles qu'ensemble.
Preuve du principe
L'existence simultane de deux objets dans une perception implique une relation
ncessaire : la certitude qu' l'instant de la perception si l'un existe, l'autre existe
aussi. Cette certitude implique une relation de rciprocit :
K273 "La coexistence simultane des substances dans l'espace ne peut tre
connue dans l'exprience autrement qu' travers la supposition d'une action
664
rciproque intervenant entre elles ; cette supposition est donc aussi la condition
de la possibilit des choses elles-mmes comme objets de l'exprience."
Principe d'galit de l'action et de la raction
L'action rciproque (dans laquelle les objets ne peuvent se concevoir
qu'ensemble) voque l par Kant a une analogie avec la 3me loi de Newton
[46], le principe d'galit de l'action et de la raction :
Quand deux corps interagissent, la force de vecteur F12 exerce par le
premier sur le second est l'oppos de celle du second sur le premier, F21 :
F12 = -F21
En fait Kant utilise dans sa preuve le postulat newtonien d'un espace absolu,
indpendant d'un dplacement de l'observateur, avec un temps unique (mme heure
et mme vitesse de passage du temps partout), postulat qui n'est qu'une premire
approximation depuis la Relativit. Pour Kant, deux choses que nous voyons en
mme temps sont simultanes (existent en mme temps), mme si nous en avons
pris conscience successivement, parce que notre entendement a une facult de
datation qui leur attribue le mme instant. Cette facult est base sur l'unit
synthtique de l'aperception et la correspondance des fonctions de l'entendement
avec les catgories.
665
On trouve, pages K236 et suivantes, la description dtaille des principes
synthtiques de l'entendement pur :
1. Axiomes de l'intuition ;
2. Anticipations de la perception et de l'exprience ;
3. Analogies de l'exprience :
1re analogie : Principe de la permanence de la substance ;
2me analogie : Principe de la succession chronologique suivant la loi de
causalit ;
3me analogie : Principe de la simultanit suivant la loi de l'action rciproque
ou de la communaut.
4. Postulats de la pense empirique en gnral.
K293 "Tous les principes de l'entendement pur ne sont que des principes a priori
de la possibilit de l'exprience ; [] c'est celle-ci [l'exprience] uniquement que se
rapportent aussi toutes les propositions synthtiques a priori, leur possibilit reposant
elle-mme totalement sur cette relation.
Notre entendement a une logique de fonctionnement, dans la gnration de ses
concepts (donc des jugements correspondants), convenant parfaitement la
comprhension des situations de la nature et la prdiction de leurs volutions,
comprhension et prdictions conformes aux dterminisme des lois de la nature.
Voir aussi :
Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine).
Aperception transcendantale, pure.
Enfin, nos facults de rflexion et de raisonnement compltent l'entendement
pour satisfaire nos besoins de connaissance et de prise de dcision.
Voir aussi Tous les principes synthtiques a priori ne sont rien de plus que les
principes de l'exprience possible.
Problmatique
Adjectif - Chez Kant un jugement problmatique est un jugement dont l'auteur admet
l'affirmation ou la ngation comme simplement possibles.
A un instant donn, la valeur logique du jugement ne peut tre que vrai ou faux,
l'une excluant l'autre (non-contradiction).
Procdure
Ensemble d'actions ou d'tapes de raisonnement pour raliser une opration
complexe ou un programme d'ordinateur.
666
Ensemble des actes accomplis pour parvenir une solution juridictionnelle
particulire, c'est--dire un jugement par un tribunal.
Manire de conduire une analyse philosophique, un raisonnement.
Srie de formalits administratives.
Processus - Processeur
Un processus est l'action d'un mcanisme mental (processeur) mis en uvre par un
sujet, enchanement d'oprations mentales excutant des fonctions psychiques :
Elaboration de concepts (conceptualisation) ;
Fonctions cognitives ;
Jugements d'une affirmation (jugements vrai/faux et jugements de valeur) ;
Raisonnements (dduire une affirmation d'autres, tenues pour vraies) ;
Organisation par l'entendement et la raison de connaissances prsentes
l'esprit :
Classification : affirmer qu'un objet fait partie d'un ensemble (exemple : le
fromage est un aliment), ou qu'un objet a une certaine proprit.
Exemple de classes : les catgories de l'entendement.
Voir aussi Recognition (rcognition) de concept ou de procdure.
Comparaison : comparaison d'lments (plus petit, plus grand, gal,
diffrent), proportionnalit, schme.
Sriation : trier des lments selon un ordre croissant ou dcroissant.
Dnombrement : compter des objets quel que soit leur ordre.
Oprations formelles : raisonner sur des propositions logiques et des
hypothses, et faire des dductions logiques.
Etc.
667
Introduction l'ouvrage [56b] de Kant portant ce titre
(Citation de [56b] Prface pages 15, 16, 17 Intention de Kant concernant cet
ouvrage : convaincre de la ncessit d'une critique de la mtaphysique suivie d'une
reconstruction complte)
"Mon intention est de convaincre tous ceux qui jugent bon de s'occuper de
mtaphysique qu'il est absolument ncessaire qu'ils interrompent provisoirement leur
travail, qu'ils considrent tout ce qui s'est fait jusqu' ce jour comme non avenu et
qu'avant tout ils commencent par soulever la question de savoir si dcidment une
chose telle que la mtaphysique est seulement possible . []
668
[De nombreuses personnes (les littraires, par exemple) ont un talent pour les
connaissances bases sur l'intuition, alors qu'ils manipulent mal l'abstraction]
il ne manque pas de talents qui russissent fort bien dans des sciences solides et
mmes profondes qui se rapprochent davantage de l'intuition, alors qu'ils chouent
dans les recherches qui procdent par concepts purement abstraits ;
[Que ces intuitifs appliquent leurs talents autre chose que la mtaphysique]
en ce cas, qu'ils appliquent leurs dons intellectuels un autre objet ;
De la mathmatique
"Nous voici en prsence d'une connaissance vaste et avre : elle a ds maintenant
atteint une extension admirable et elle promet pour l'avenir un dveloppement
illimit ; elle comporte de part en part une certitude apodictique, c'est--dire une
ncessit absolue ; ainsi elle ne repose sur aucun principe [aucune hypothse]
d'exprience et c'est un pur produit de la raison, au surplus entirement synthtique.
Comment est-il donc possible que la raison humaine parvienne constituer
compltement a priori une telle connaissance ? "
faute de ce moyen, elle est incapable de faire un pas ; aussi ses jugements sont-ils
toujours intuitifs, au lieu que la philosophie doit se contenter de jugements discursifs,
partir de simples concepts : elle peut bien se servir de l'intuition pour illustrer ses
thses apodictiques, mais elle ne saurait driver celles-ci de l'intuition."
[Voir Connaissance pure mathmatique ; Discipline de la raison pure dans
l'usage dogmatique]
(Fin de citation)
Condition premire de la mathmatique : son fondement doit tre une intuition pure
[56b] 7 page 54 - Consquence de la ncessit d'un concept d'apparatre dans
l'intuition pure : il doit y tre construit par synthse partir de concepts a priori,
construction qui lui confre un caractre concret, aussi concret pour l'esprit que s'il
provenait d'intuitions empiriques : voir In concreto.
669
La possibilit de propositions synthtiques a priori se ramne celle d'intuitions a
priori
[56b] 7 page 54 - La question fondamentale de la philosophie transcendantale :
Comment des propositions synthtiques a priori sont-elles possibles ? se ramne
donc celle de la possibilit d'intuitions synthtiques a priori. Et si cette dernire est
possible, alors les mathmatiques pures en tant que science le sont aussi.
Le problme pos est donc rsolu, mais sous une condition : la construction a priori
des intuitions doit se faire partir de concepts dj connus.
forme qui prcde l'apparition relle des objets en la rendant en fait primordialement
possible.
[Un objet physique n'existe que lorsqu'il apparat dans le temps, il ne peut tre
peru avant.]
Connaissance de phnomnes
La solution prcdente concerne plus que les mathmatiques : pour les phnomnes
et l'intuition des objets des sens, la condition prcdente impose que leur divers soit
connu par des concepts construits a priori partir des concepts a priori intuitifs
d'espace et temps.
Elle ne peut donc concerner que la forme d'ventuels objets physiques, leur
description dans l'espace et le temps. La matire de ces objets ne provient que de la
sensation que nous en prouvons, elle ne peut tre connue qu'aprs l'intuition de la
forme.
670
Rappel sur la relation entre ce qui nous apparat et la ralit
[56b] 12 page 60 "Tout ce qui peut tre donn nos sens (au sens externe dans
l'espace, au sens interne dans le temps) n'est intuitionn par nous que comme il
nous apparat, et non comme il est en lui-mme."
671
(Fin de citation)
1re conclusion sur la connaissance des lois de la nature : l'homme doit les imaginer
On ne peut connatre les lois gnrales de la nature, dcrivant toutes les situations et
leur volution, ni a priori, ni en les dduisant a posteriori de l'observation de
phnomnes. L'homme doit donc les imaginer, puis en vrifier chaque nonc en
comparant ce qu'il comprend et prvoit aux phnomnes qu'il constate, pour rectifier,
complter ou annuler cet nonc si ncessaire :
voir Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine).
Il est vrai qu'on y trouve galement beaucoup de choses qui ne sont pas pures et
indpendantes des sources de l'exprience : telles le concept du mouvement, de
l'impntrabilit (sur laquelle repose le concept empirique de matire), de l'inertie,
etc., qui s'opposent ce qu'on la qualifie de science de la nature tout fait pure ;
ajoutons qu'elle ne concerne que les objets des sens externes, et par consquent
qu'elle n'est pas l'exemple d'une science de la nature gnrale au sens strict,
puisque c'est la nature en gnral, qu'elle concerne l'objet du sens externe ou du
sens interne (l'objet de la physique ou celui de la psychologie), que celle-ci doit
soumettre des lois universelles.
672
[56b] pages 78 84 : voir Jugements empirique, d'exprience ou de perception.
Les jugements synthtiques sont objectifs par leur concept pur de l'entendement
[56b] 20 pages 86-87 : "Quiconque analyse tous ses jugements synthtiques, en
tant qu'ils ont une valeur objective, dcouvre qu'ils ne consistent jamais en simples
intuitions qu'une simple comparaison suffirait, comme on le croit d'ordinaire, lier
dans un jugement ; il trouve qu'ils seraient impossibles si, aux concepts tirs de
l'intuition [les concepts empiriques de l'entendement], ne venait encore s'ajouter un
pur concept d'entendement [la catgorie], sous lequel ces concepts ont t
subsums et de ce fait lis de manire primordiale en un jugement objectivement
valable."
673
Table de ce qui appartient au jugement en gnral (table logique des jugements)
Voir d'abord Comment Kant a trouv les fonctions de l'entendement.
Un jugement est une proposition propos d'un sujet. En tant que processus mental
en gnral (dont le droulement est indpendant du sujet le mme pour tous les
jugements sur tous les sujets) il contient toujours deux types d'informations :
Les informations intuitives sur le sujet, qui en sont constitutives :
La quantit :
Le jugement est universel, il concerne tous les objets de la classe du
sujet : Tous les ;
Le jugement est particulier, il concerne certains objets de la classe du
sujet : Certains ;
Le jugement est singulier, il concerne un seul objet de la classe du
sujet : Un des
Ces trois attributs (moments) de quantit sont les seuls possibles, et l'un
d'entre eux existe dans tout jugement.
La qualit :
Le jugement est affirmatif, nonant une vrit sans nuance :
c'est une assertion. Exemple : Un nombre premier n'est divisible que
par lui-mme et l'unit.
Le jugement est ngatif : il exclut compltement, s'oppose sans nuance.
Exemple : A part 2, un nombre premier n'est jamais pair.
Le jugement est infini : il affirme une ngation prs, comme Tout
sauf . Exemple : Un couple de nombres entiers A et B pris dans cet
ordre dfinit toujours une fraction note A/B, sauf lorsque B = 0.
Ici aussi ces trois moments sont les seuls possibles.
Les informations discursives sur le sujet, qui dcrivent un jugement sur le
jugement :
La relation :
Le jugement est catgorique, c'est une certitude.
Le jugement est hypothtique, il est soumis des conditions.
Le jugement est disjonctif, il nonce une alternative (deux possibilits
mutuellement exclusives).
Ici aussi ces trois moments sont les seuls possibles.
La modalit :
Le jugement est jug problmatique par son auteur : il n'en est pas
certain.
Le jugement est jug assertorique par son auteur : il ne se prononce
pas sur sa vrit, c'est une simple ventualit.
Le jugement est jug apodictique par son auteur : il le croit ncessaire,
dmontrable.
Ici aussi ces trois moments sont les seuls possibles.
674
l'esprit dispose comme chacun peut s'en rendre compte. Cette mme facult est
mise profit par l'entendement pour penser ses concepts purs, les catgories,
qui sont des jugements de concepts d'intuitions :
[56b] 21 page 88 [Les] "concepts purs de l'entendement, [] ne sont rien
de plus que des concepts d'intuitions en gnral, en tant que ces intuitions
sont en elles-mmes, par consquent de faon ncessaire et universelle,
dtermines en jugements relativement tel ou tel de ces moments [de
l'entendement]."
1.
Selon la quantit
Universels
Particuliers
Singuliers
2. 3.
Selon la qualit Selon la relation
Affirmatifs Catgoriques
Ngatifs Hypothtiques
Infinis Disjonctifs
4.
Selon la modalit
Problmatiques
Assertoriques
Apodictiques
675
Jugements et synthses
Voir Unification de reprsentations et de concepts (important).
Des jugements aux rgles, puis aux rgles a priori, aux principes et enfin aux lois
(Citation de [56b] 23 page 92)
"Des jugements, en tant qu'on les considre simplement comme la condition de
l'unification dans une conscience de reprsentations donnes, sont des rgles.
Ces rgles, en tant qu'elles reprsentent l'unification comme ncessaire, sont des
rgles a priori et, dans la mesure o il n'y en a pas de suprieures, dont elles soient
elles-mmes drives, ce sont des principes."
(Fin de citation)
"Or les principes de l'exprience possible sont en mme temps les lois universelles
de la nature, qui peuvent tre connues a priori."
[Critique : la dfinition de la nature par ses lois de Kant est trs restrictive, c'est
une loi de l'entendement et seulement de l'entendement. De nos jours, les lois
de la nature ont deux objectifs : dcrire pour expliquer, et prdire une volution
pour dcider (voir Dterminisme) ; imaginer, mettre au point et vrifier une loi
demande plus que de l'entendement.]
(Fin de citation)
Car ici on donne entire satisfaction ce que la forme [la liste des informations et de
leurs relations] d'une science exige de systmatique, puisque, au-dessus des
conditions formelles cites de tous les jugements en gnral, donc de toutes les
rgles en gnral que prsente la Logique, il n'y en a plus de possibles.
676
rend primordialement possible et de ce fait mrite proprement le nom de science
universelle et pure de la nature."
[Voir :
Table de ce qui appartient au jugement en gnral (table logique des
jugements) ;
Table transcendantale des concepts de l'entendement ;
Table physiologique pure des principes universels de la science de la
nature]
(Fin de citation)
de l vient qu'aucune perception n'est possible qui dmontre un manque absolu [une
inexistence], [] et il en va de mme dans tous les cas de la sensation ;
voil pourquoi mme les sensations qui constituent la qualit propre des
reprsentations empiriques (phnomnes) peuvent tre anticipes par l'entendement
grce au principe suivant : toutes les sensations dans leur ensemble, par consquent
le rel de tout phnomne, ont des degrs ; et telle est la seconde application de la
mathmatique (mathesis intensorum) la science de la nature."
677
Seuil de perception
Kant affirme que toute sensation non-nulle, si faible soit son intensit, est
ressentie et procure l'impression d'existence d'un phnomne ; cette affirmation
est errone : nous savons aujourd'hui, grce des mesures, qu'en dessous d'un
certain seuil, le cerveau ne peroit rien.
1.
Selon la quantit
Unit (la mesure)
Pluralit (la grandeur)
Totalit (le tout)
2. 3.
Selon la qualit Selon la relation
Ralit Substance
Ngation Cause
Limitation Communaut
4.
Selon la modalit
Possibilit
Existence [ralit]
Ncessit
678
Catgories de relation
Dans une relation entre un sujet et un prdicat, celui-ci peut :
Rsulter d'une proprit intrinsque du sujet comme sa substance ;
Rsulter d'une cause physique, avec sa chane de causalit dans le temps ;
Rsulter de la logique pure, comme ( un instant donn) l'appartenance d'un
lment un ensemble ou l'interaction entre deux lments (voir Communaut).
Catgories de la modalit
Ces catgories ne dcrivent pas l'objet, mais ce que son concepteur en connat :
L'objet peut exister (possibilit) ;
L'existence de l'objet est concevable, mais son concepteur ne se prononce pas
sur son existence ou son inexistence ;
L'existence de l'objet est certaine, ncessaire, dmontrable.
Il faut donc [voir Catgories de relation] que [ces phnomnes] soient subsums :
1. sous le concept de substance qui fonde toute dtermination de l'existence titre
de concept de la chose elle-mme ;
2. ou bien sous le concept d'un effet par rapport une cause, s'il se trouve une
succession entre les phnomnes, c'est--dire un vnement ;
3. ou encore sous le concept de communaut (action rciproque) pour que la
simultanit soit connue objectivement, c'est--dire par un jugement
d'exprience ;
et c'est ainsi que des principes a priori fondent des jugements objectivement valables
tout en tant empiriques ; c'est--dire qu'ils fondent la possibilit de l'exprience,
dans la mesure o celle-ci doit lier dans la nature des objets quant leur existence.
Ces principes sont proprement les lois de la nature que l'on peut qualifier de
dynamiques."
(Fin de citation)
679
Rapport des phnomnes l'exprience en gnral
(Citation de [56b] 25 pages 95-96)
"Enfin, relve galement des jugements d'exprience la connaissance de la
concordance et de la connexion [des phnomnes] l'exprience en gnral ; ce
rapport unifie en un concept (dcrit),
soit l'accord des phnomnes avec les conditions formelles que l'entendement
connat [c'est--dire la possibilit],
soit leur corrlation avec ce que les sens et la perception comportent de matriel
[c'est--dire la ralit],
soit cet accord et cette corrlation [c'est--dire la ncessit] ;
par suite cet accord contient Possibilit, Ralit et Ncessit selon des lois
universelles de la nature ;
[Mthodologie physiologique]
ce qui constituerait la mthodologie physiologique [des jugements d'exprience]
(distinction
de la vrit et des hypothses
et des limites de la lgitimit de ces hypothses)."
(Fin de citation)
Voir aussi :
Possibilit de l'exprience (principes a priori) ;
Relation entre ce qui nous apparat et la ralit ;
Ralit et phnomnes.
Dfinition de la science de la nature (propose par Daniel MARTIN, car Kant n'en
donne pas)
La science de la nature est un ensemble de connaissances et de lois d'volution a
priori inspires l'homme par des expriences issues de ses perceptions. Les
scientifiques vrifient par consensus [90] la non-contradiction de ces connaissances
et lois avec de nouveaux faits d'exprience au fur et mesure qu'ils surviennent.
680
1.
Axiomes
de l'intuition
2. 3.
Anticipations Analogies
de la perception de l'exprience
4.
Postulats de la pense
empirique en gnral
Elle n'a pas t tire des choses elles-mmes, selon la mthode dogmatique :
"c'est que dans cette table tous les principes synthtiques a priori ont t tablis de
faon exhaustive et selon un principe : le pouvoir de juger en gnral, qui constitue
l'essence de l'exprience au regard de l'entendement ; de la sorte, on peut tre sr
qu'il n'existe plus aucun autre principe semblable (c'est une satisfaction que la
mthode dogmatique ne peut jamais procurer) ;"
681
donc des propositions synthtiques valables objectivement et universellement,
[Ces principes rgissent l'existence dans le temps de cette synthse selon des lois]
ils ne sauraient donc consister en rien d'autre qu'en dtermination de l'existence
dans le temps selon des lois ncessaires, auxquelles il est indispensable qu'elle soit
soumise pour tre objectivement valable et par consquent exprience ;
[Les tats successifs d'un mme objet peru rsultent ncessairement d'une
causalit qui fait passer de chaque tat son successeur]
et mme des perceptions non pas relativement leur contenu, mais relativement la
dtermination du temps et au rapport de l'existence dans le temps selon des lois
universelles.
682
[Ainsi, une loi de la nature doit tre valable n'importe quelle poque et pendant
n'importe quelle dure.]
Une chose en gnral ne peut tre une cause, concept rserv l'exprience
Voir d'abord :
Principe (dfinition) Diffrence avec postulat ;
Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine).
ce qui veut dire que l'exprience ne peut tre qu'une connaissance objectivement
valable des phnomnes et de leur succession, en tant que l'antcdent peut tre
rattach au consquent selon la rgle des jugements hypothtiques."
[En tant qu'empiriste, Hume [40] croit que les situations qu'il peroit sont des
choses en soi (des ralits) auxquelles la nature applique ses lois d'volution.
Kant, au contraire, postule que les situations dcrivent des phnomnes dont les
lois d'volution postules par l'homme prdisent l'volution.]
(Fin de citation)
Un concept pur de l'entendement n'a de sens que comme proprit d'un phnomne
(Citation de [56b] 30 pages 103-104 suite de la prcdente)
"C'est galement la raison pour laquelle les concepts purs de l'entendement sont
absolument dpourvus de signification ds qu'on prtend les dtacher des objets de
l'exprience pour les rapporter aux choses en elles-mmes (Noumena).
Ils ne servent en quelque sorte qu' peler [prciser] les phnomnes pour pouvoir
les lire [interprter] comme exprience ;
683
les principes, qui proviennent de ce qu'on [met en relation ces concepts purs] avec le
monde sensible, ont pour seul usage l'emploi que notre entendement en fait en vue
de l'exprience ;
au-del, ce ne sont que des connexions arbitraires sans ralit objective, dont on ne
peut ni connatre a priori la possibilit, ni confirmer ou mme seulement rendre
comprhensible par le recours quelque exemple la relation aux objets, puisque
tous les exemples ne peuvent tre emprunts qu' une quelconque exprience
possible, et que par consquent ce n'est galement que dans une exprience
possible que l'on peut trouver les objets de ces concepts.
[]
[On ne drive pas les concepts purs de l'entendement de l'exprience, c'est au
contraire elle qui en est drive.]"
(Fin de citation)
Tous les principes synthtiques a priori ne sont rien de plus que les principes de
l'exprience possible
(Citation de [56b] 30 page 104)
" Tous les principes synthtiques a priori ne sont rien de plus que les principes de
l'exprience possible , et ce n'est jamais aux choses en elles-mmes, mais
uniquement aux phnomnes comme objets de l'exprience qu'on peut les rapporter.
Complments :
Ralit et phnomnes ;
L'impossible dtermination de l'objet rel d'o provient une exprience.
Premirement :
comment est possible en gnral la nature, prise au sens matriel, c'est--dire
selon l'intuition, comme l'ensemble des phnomnes ;
comment sont possibles en gnral l'espace, le temps et ce qui les remplit tous
deux : l'objet de la sensation ?
684
[Par dfinition, un objet des sens qui existe occupe un volume d'espace et un
intervalle de temps.]
Voici la rponse :
grce [sa constitution,] notre sensibilit [est] affecte par des objets qui en eux-
mmes lui sont inconnus et qui sont entirement distincts de ces phnomnes. Dans
l'ouvrage lui-mme, cette rponse a t donne dans l'Esthtique transcendantale,
alors qu'ici, dans les Prolgomnes, elle a t donne par la solution de la premire
question capitale.
Deuximement :
comment est possible la nature au sens formel, comme ensemble des rgles
auxquelles doivent tre soumis tous les phnomnes pour pouvoir tre penss
comme lis en une exprience ?
[Comment le monde sensible peut-il tre soumis un ensemble de lois dcrivant
des situations et des volutions causales, c'est--dire au dterminisme ?]
ce qui rend primordialement possible notre manire propre de penser : je veux dire,
au moyen des rgles
[L'existence de telles synthses nous permet de postuler des lois par induction]
685
cerveau qui interprte son propre tat des neurones. Mais si on nous demande
d'expliquer ces mcanismes-l, il y aura deux ordres distincts de difficult :
L'analyse devra se terminer tt ou tard par des concepts de base a priori ;
L'analyse devra dcrire les structures relationnelles (statiques) et les
algorithmes (dynamiques) qui rendent compte des facults qui nous
intressent ; ces structures et algorithmes ne pourront tre dtailles au-del
des oprations logiques de base, elles-mmes principes a priori.]
Car la seule notion que nous ayons de la nature, c'est celle de l'ensemble des
phnomnes, c'est--dire des reprsentations en nous, et par consquent nous ne
pouvons tirer la loi de leur connexion d'ailleurs que des principes de leur connexion
en nous, c'est--dire des conditions de l'union ncessaire en une conscience, union
qui constitue la possibilit de l'exprience.
Une telle concordance, et qui plus est ncessaire, entre les principes de l'exprience
possible et les lois de la possibilit de la nature ne peut rsulter que de deux
causes :
ou bien ces lois sont empruntes la nature au moyen de l'exprience,
ou bien, l'inverse, c'est la nature qui est drive des lois de la possibilit de
l'exprience en gnral et elle est tout fait identique la simple lgalit
universelle de l'exprience.
686
La premire hypothse se contredit elle-mme, car les lois universelles de la nature
peuvent et doivent tre connues a priori (c'est--dire indpendamment de toute
exprience) et [rgir] tout usage empirique de l'entendement ;
[56b] 39 page 120 Kant a alors utilis "le travail des logiciens qui me mettait
mme de prsenter une table complte des fonctions de l'entendement, fonctions
pures tout en tant indtermines relativement tout objet."
[56b] 39 page 120 Enfin, Kant a rapport ces fonctions de jugement " la
condition qui permet de dterminer des jugements comme objectivement valables, et
il en rsulta des concepts purs de l'entendement [catgories dont la table est l].
687
Compltude de cet ensemble de 12 qualificatifs de la connaissance des choses par
entendement pur
[56b] 39 page 120 "Je ne pouvais douter que c'tait prcisment ces concepts
purs-l, rien que ceux-l, pas un de plus ni de moins, qui sont capables de constituer
toute notre connaissance des choses par entendement pur. [] Je les appelai de
leur ancien nom de catgories."
Considrons un ensemble E d'lments distincts (ils doivent tre distincts pour que
les notions d'unit, pluralit et totalit aient un sens prcis).
Supposons que les lments x1, x2, x3 de E sont munis d'une loi d'associativit
permettant de dfinir des sous-ensembles S d'lments x de E, nots S E (S est
inclus dans E et peut ventuellement tre vide ou contenir E tout entier) : tout
lment x de E n'appartenant pas un S donn peut lui tre incorpor (ajout).
Avec les deux jugements ci-dessus : Unit (pour dfinir et isoler un lment x de E)
et Ajout (pour incorporer un lment x absent d'un sous-ensemble S donn dans ce
sous-ensemble, on peut crer un S contenant tous les lments de E. En effet, si un
lment x de E absent de S ne pouvait y tre ajout, cela contredirait la loi
d'associativit. Donc le jugement Totalit est superflu, on peut en reconstituer la
dfinition partir de l'Unit et de l'Ajout.
Donc :
Tout sous-ensemble S non vide fait l'objet d'un jugement de Pluralit ;
L'ensemble complet E est un ensemble S construit partir d'un S vide avec un
nombre suffisant d'ajouts d'un lment x, mme s'il en faut une infinit.
688
1.b - Jugements dynamiques
La catgorie de Limitation correspond une notion sauf . Elle peut tre obtenue
en dsignant explicitement, pour un objet jug, le ou les cas opposs qui font
exception la catgorie principale Ralit ou Ngation.
Exemple : tous les nombres entiers sont impairs, sauf ceux qui sont divisibles
par 2.
Jugements de relation
Avec un esprit large, on peut considrer les jugements disjonctifs comme des
combinaisons de jugements catgoriques et hypothtiques, mais l'intrt de cette
constatation est contestable.
Jugements de modalit
De mme, on peut considrer les jugements assertoriques comme des combinaisons
de jugements apodictiques et problmatiques, mais l aussi quel intrt ?
et ainsi c'est pour elle-mme que cette science a besoin d'une [dduction comme
celle utilise pour les catgories]."
(Fin de citation)
Consquences
La dfinition de Dieu par ses qualits ne permet pas de s'en construire une
image perceptible ; elle n'est pas schmatisable.
689
La mtaphysique ne produit pas de concept associable un objet des sens, elle
n'est pas non plus schmatisable.
mais le Tout absolu de toute exprience possible n'est pas lui-mme une exprience
Ceux-ci [les Ides] se trouvent tout autant dans la nature de la raison que ceux-l [les
catgories] se trouvent dans la nature de l'entendement, et si les Ides comportent
une apparence qui peut aisment sduire, cette apparence est invitable.
[]
[Les Ides comportent une apparence qui peut induire en erreur]
Comme toute apparence consiste en ce que le principe subjectif du jugement est
tenu pour objectif, une connaissance que la raison aura d'elle-mme dans son usage
transcendant (exalt) sera l'unique moyen pour elle de se prserver des garements
o elle se fourvoie lorsqu'elle se mprend sur sa destination et rapporte de manire
transcendante l'objet en lui-mme ce qui ne concerne que son propre sujet."
690
[L'erreur consiste prendre nos reprsentations pour leurs objets rels, alors
qu'elles se rapportent des phnomnes.]
(Fin de citation)
Seule la raison pure peut dtecter les erreurs dialectiques dues aux Ides
(Citation de [56b] 42 pages 128-129)
"Le propre de toutes les connaissances pures de l'entendement, c'est que leurs
concepts se rapportent l'exprience et que leurs principes peuvent tre confirms
par l'exprience ;
aussi l'erreur qui peut s'y glisser ne peut tre dtecte que par la seule raison pure,
chose trs difficile parce que ses Ides rendent cette raison naturellement
dialectique, et que ce n'est pas un examen objectif et dogmatique des choses, mais
uniquement l'examen subjectif de la raison elle-mme, en tant que source des Ides,
qui peut imposer des bornes cette apparence invitable."
(Fin de citation)
Complments :
Principal objectif de la Critique : distinguer les modes de connaissance et leurs
concepts ;
Ides transcendantales : les 4 conflits cosmologiques qui se termine par le sujet
suivant :
[Les deux premires antinomies s'expliquent par une contradiction comme celle-l]
[56b] 52c page 147 "C'est un concept contradictoire de ce genre qui est au
principe des deux premires antinomies, que je nomme mathmatiques parce
qu'elles s'occupent de l'addition ou de la division de l'homogne ; et partir de l
691
j'explique comment il se fait que dans ces deux antinomies la thse aussi bien que
l'antithse sont fausses."
[Mes concepts issus de l'exprience ne peuvent connatre la grandeur d'un objet rel]
Or si je me demande quelle est, selon l'espace et le temps [considrs sparment],
la grandeur du monde, tous mes concepts sont tout aussi incapables de me dire qu'il
est infini ou qu'il est fini.
692
L'esprit peut effectuer une division d'un phnomne en parties, chacune ayant sa
reprsentation et devenant prsente l'esprit : l'esprit en a alors une exprience.
Mais cette exprience n'est pas celle d'une partie de l'objet rel du phnomne, qui
nous est inaccessible ; elle ne nous permet mme pas d'affirmer que l'objet rel est
dcomposable.
La dcomposition est une action de notre esprit sur une reprsentation prsente
dans sa mmoire, et seulement cela. Elle ne peut produire une partie simple (c'est--
dire indcomposable) que si notre esprit l'a pense, et ce sans rapport avec la
composition de l'objet rel inaccessible considr en lui-mme, indpendamment du
sujet qui l'observe.
693
[Par sens du devoir-tre, l'homme cherche agir conformment l'image qu'il veut
avoir de lui-mme]
tout au contraire, l'attribut en question est [] le devoir-tre, qui [bien que] jamais
encore advenu, en dtermine l'activit et peut tre cause d'actions dont l'effet est
phnomne dans le monde sensible.
Les deux causes de l'action des tres raisonnables : loi naturelle et libert
(Citation de [56b] 53 pages 153-154, consquence de la prcdente)
"Toutes les actions d'tres raisonnables pour autant que ce sont des phnomnes
(qu'on peut les trouver dans quelque exprience) se soumettent la ncessit
naturelle, alors que les mmes actions, au seul point de vue du sujet raisonnable et
de son pouvoir d'agir uniquement par la raison, sont libres.
[La nature exige seulement que tout vnement du monde sensible soit rgi par des
lois constantes, c'est--dire par le dterminisme], par consquent une relation la
cause dans le phnomne, ct de quoi la chose considre en elle-mme, qui en
est le principe, ainsi que sa causalit demeurent inconnues.
[Le dterminisme qui rgit les lois de la nature s'applique aux phnomnes, pas
leur objet qui demeure inconnu]
[Qu'une volution ait t dclenche par l'homme ou une situation naturelle, la loi
naturelle s'applique toujours aux phnomnes que nous percevons]
Or je prtends : la loi naturelle demeure, que l'tre raisonnable soit cause des effets
du monde sensible par raison, donc par libert, ou qu'il ne les dtermine pas par
principes rationnels. [] Dans les deux cas, l'interdpendance des effets est rgie
par des lois constantes ;
[]
[La raison est indpendante de la sensibilit (sa logique est absolue par dfinition)]
quant la raison, elle n'en est pas elle-mme pour autant dtermine par la
sensibilit (c'est impossible) et par consquent [] elle est libre [elle laisse l'homme
libre].
694
[La loi naturelle est indpendante de la libert, donc de l'usage pratique de la raison]
Donc la libert ne fait pas obstacle la loi naturelle des phnomnes, pas plus que
cette loi ne porte atteinte la libert de l'usage pratique de la raison, usage qui est
en connexion avec les choses en elles-mmes titre de principes dterminants.
Critique
Ce raisonnement suppose l'existence indpendante d'un libre arbitre de l'homme
malgr le dterminisme de la nature ; on peut donc aussi l'interprter comme un
argumentaire antimatrialiste.
Nous savons aujourd'hui que ce que l'homme veut (dsire) un instant donn ne
dpend pas de sa raison, car celle-ci n'est qu'un outil au service de dsirs non
raisonns. Ce qu'il veut dpend de son tat psychique, lui-mme dpendant de son
hritage gntique, de ses connaissances et des circonstances ; ces conditions
dfinissent l'tat des neurones et de leurs interconnexions, tat que la conscience
interprte. Nous ne savons pas dduire le dtail des volonts humaines d'tats
psychiques, mais ce n'est pas une raison pour croire l'existence d'une volont
indpendante, notion aussi infonde que celles d'me et de Dieu crateur.
695
[dterminer sa chose en soi d'aprs les lments qui composent l'objet et leur
structure de relations]
car comment veut-on parvenir cette dtermination, alors que le temps, l'espace et
tous les concepts d'entendement, bien plus : tous les concepts tirs du monde
sensible par l'intuition empirique ou perception, n'ont et ne peuvent avoir d'autre
usage que de rendre l'exprience possible
et alors que mme les concepts purs de l'entendement ds qu'ils sont affranchis de
cette condition ne dterminent aucun objet et sont dpourvus de toute signification ?"
(Fin de citation)
Mais il y a d'autres modes de connaissance que celles qui sont conformes aux
possibilits de l'exprience
(Citation de [56b] 57 page 162)
"Mais il y aurait une absurdit plus grande encore ne concder aucune chose
d'exister en elle-mme [sans pouvoir faire l'objet d'une exprience]
[Remarque]
La toute premire origine du scepticisme, c'est la mtaphysique et sa dialectique non
police.
[]
C'est vrai : nous ne pouvons donner, au-del de toute exprience possible, aucun
concept dtermin de ce que peuvent tre les choses en elles-mmes.
696
et nous laisse toujours insatisfaits quand il s'agit d'explication complte, comme
chacun peut s'en apercevoir suffisamment par la dialectique de la raison pure, qui
prcisment de ce fait est subjectivement bien fonde.
et sans admettre cette seule fin, si aucun concept d'exprience n'y suffit, tout le
moins un concept de la raison (celui d'un tre immatriel simple), lors mme que
nous ne pouvons pas du tout dmontrer sa ralit objective ?
[Quand une rponse factuelle n'est pas conforme nos envies, nous pouvons en
imaginer une, mme irrelle. Kant prpare l le terrain pour son Dieu
transcendantal.]
697
bornes n'exigent rien de tel : ce sont seulement des ngations affectant une grandeur
pour autant qu'elle n'a pas une intgralit absolue.
Limites de la raison
Or notre raison voit [conoit], si l'on peut dire, autour d'elle un espace pour la
connaissance des choses en elles-mmes, bien qu'elle ne puisse jamais en avoir de
concepts dtermins et qu'elle soit restreinte aux phnomnes."
(Fin de citation)
[56b] 57 page 165 - Le pouvoir de l'homme d'imaginer des concepts partir des
phnomnes ou a priori n'est pas born par la raison (bien que la psychologie
montre qu'il y a des concepts que l'homme se refuse construire ou mme
considrer, du fait de barrires inconscientes ou subconscientes comme le dni de
ralit et le conflit cognitif).
698
[Le monde sensible et ses lois d'volution ne sont que des abstractions humaines]
Le monde sensible n'est qu'une chane de phnomnes lis selon les lois
universelles, il n'a pas de consistance en lui-mme, il n'est pas proprement la chose
en elle-mme ;
ds lors qu'il est de fait que les phnomnes supposent toujours une chose en elle-
mme."
[Il y a toujours une ralit inconnaissable qui fonde chaque phnomne]
(Fin de citation)
699
On ne peut dterminer l'Etre suprme par des concepts comme celui de facult
d'entendement, parce qu'on n'en a que des intuitions subjectives dont le concept est
dans le phnomne, et qu'on veut ici dpasser le phnomne.
[56b] 57 page 169 - "Si d'autre part je coupe l'entendement de la sensibilit pour
avoir un entendement pur, alors il ne me reste que la seule forme de la pense sans
intuition, qui ne me permet de ne rien connatre de dtermin, donc aucun objet. A
cette fin, il me faudrait penser un entendement autre qui aurait l'intuition des objets ;
mais je n'en ai pas le moindre concept, puisque celui de l'homme est discursif et ne
peut connatre que par concepts gnraux."
La raison peut aller jusqu' la limite entre le champ de l'exprience et les concepts
transcendants : les Ides transcendantales
(Citation de [56b] 57 pages 170-171)
"Si nous associons au mot d'ordre d'viter tous les jugements transcendants de la
raison pure, le mot d'ordre oppos en apparence de pousser jusqu'aux concepts qui
se situent hors du champ de son usage immanent (empirique), nous nous
apercevons que tous deux peuvent fort bien coexister, mais uniquement la limite
prcise de tout usage lgitime de la raison ; car cette limite appartient tout aussi bien
au champ de l'exprience qu' celui des tres de pense [les Ides
transcendantales],
700
Justification du concept transcendantal d'un Crateur
(Citation de [56b] 57-58 pages 171 175, la suite de la citation prcdente)
"Or nous nous tenons sur cette limite si nous restreignons notre jugement au seul
rapport que le monde peut avoir un Etre dont le concept mme se trouve extrieur
toute connaissance que nous sommes capables d'avoir l'intrieur du monde.
[Le concept (Ide transcendantale) de l'Etre suprme, crateur de notre monde
sensible et des lois de la nature (abstractions humaines), mais qui n'est pas
cens avoir cr le monde physique lui-mme, n'a rien de choquant ; il permet
une synthse des concepts du monde sensible et du monde moral, plus
satisfaisante pour l'esprit que leur indpendance.]
Car alors nous n'attribuons l'Etre suprme aucune des proprits en elles-mmes
qui nous permettent de penser les objets de l'exprience, et de ce fait, nous vitons
l'anthropomorphisme dogmatique ; mais nous attribuons cependant ces proprits au
rapport de l'Etre suprme au monde [sensible] et nous nous permettons un
anthropomorphisme symbolique qui concerne en fait uniquement le langage et non
l'objet lui-mme.
Une connaissance de cette espce, c'est la connaissance par analogie, mot qui ne
veut pas dire, comme on l'entend communment, une ressemblance imparfaite entre
deux choses, mais bien la ressemblance parfaite de deux rapports entre des choses
tout fait dissemblables [pour Kant une analogie est un isomorphisme].
(Fin de citation)
701
(Fin de citation)
Donc vouloir y puiser les principes et suivre en s'en servant l'apparence qui, pour
tre naturelle, n'en est pas moins fausse, cela ne peut produire qu'un vain art
dialectique, jamais une science ;"
(Fin de citation)
Conditions satisfaire par une critique de la raison pour que la mtaphysique soit
une science
(Citation de [56b] pages 185-186)
"Or pour [que la mtaphysique] puisse prtendre, titre de science, non pas
simplement une persuasion trompeuse, mais la comprhension et la conviction,
il faut qu'une critique de la raison elle-mme expose :
Le fond des concepts a priori,
leur division selon leurs diffrentes sources : la sensibilit, l'entendement et
la raison,
en outre, leur tableau complet [leur liste exhaustive]
et l'analyse de tous ces concepts [la dfinition dtaille de chacun] avec
toutes les consquences qui peuvent s'ensuivre,
Ensuite et surtout la possibilit de la connaissance synthtique a priori, grce
la dduction de ces concepts, les principes de leur emploi, enfin les limites de
cet emploi ;
Et il faut qu'elle expose tout cela dans un systme complet.
702
Propdeutique
lments de connaissance constituant une prparation ncessaire l'tude plus
approfondie d'une science.
Exemple : la Critique de la raison pure en tant qu'introduction au raisonnement.
Propension
Selon le dictionnaire [13] : Force intrieure, inne, naturelle, qui oriente
spontanment ou volontairement vers un agir, un comportement.
Synonymes : disposition, inclination, penchant.
K653 "La raison est pousse par une propension de sa nature aller au-del de
son usage empirique, s'aventurer, en un usage pur et par l'intermdiaire de simples
Ides, jusqu'aux plus extrmes limites de toute connaissance, et ne trouver de
repos que si elle a achev de parcourir sa sphre, sous la forme d'un tout
systmatique possdant par lui-mme sa consistance.
Proposition
Une proposition est le texte d'un jugement comprenant un sujet, un connecteur et un
prdicat. Exemple : Cet ours (sujet) est (connecteur) dangereux
(prdicat).
Une proposition est une affirmation qui ne peut tre que vraie (toujours vraie, sans
cas particulier ou exception) ou fausse (parce qu'il existe au moins un cas o sa
signification contredit une certitude) ; elle a donc deux valeurs logiques possibles :
vrai ou faux.
Exemple : Disjonction.
Il existe aussi des informations isoles valeur logique. En informatique, une telle
information peut tre reprsente par un bit qui vaut 0=faux ou 1=vrai.
Prosyllogisme (pro-syllogisme)
Conclusion d'une srie polysyllogistique qui sert de prmisse d'un raisonnement situ
aprs.
Psychanalyse
Procd d'investigation des phnomnes inconscients ;
Mthode thrapeutique des troubles nvrotiques ;
Partie de la psychologie.
Psych
Psychologie : Ensemble des comportements individuels conscients et inconscients,
par opposition ce qui est purement organique. C'est un assemblage de complexes
contradictoires.
703
Le conscient est la frange adaptative de la psych. Au conscient incombe
l'adaptation au monde, ses soucis, ses difficults, ses tensions. Le reste de la psych
est droulement vgtatif, voire vgtal de la vie. [6] (page 207 - Note du Traducteur)
Selon Jung [42], la psych est un systme autorgulateur : si le conscient est dans
une position trop unilatrale, linconscient tend spontanment en rtablir l'quilibre
en crant un symbole.
Psychiatrie
Partie de la mdecine qui tudie et traite les maladies mentales et les troubles du
psychisme.
Psychisme
Ensemble, conscient ou inconscient, considr dans sa totalit ou partiellement, des
phnomnes et processus relevant de l'esprit, de l'intelligence et de l'affectivit, et
constituant la vie psychique. Cet ensemble comprend les phnomnes conscients,
relevant de l'tat d'veil, et les phnomnes non conscients prsents que le sujet soit
veill ou non.
Voir aussi : sens psychique.
Psychokinse
Capacit influencer mentalement un objet, un processus ou un systme sans
lutilisation de mcanismes ou dnergies connues.
(La notion d'utilisation d'une nergie inconnue ou d'un mcanisme inconnu est
elle-mme scientifiquement absurde. La science peut ventuellement chercher
des formes d'nergie encore inconnues ou de nouveaux mcanismes, mais
l'utilisation de quelque chose d'inconnu n'est pas scientifique.)
Psychologie
A l'origine branche de la philosophie qui tudiait l'me, aujourd'hui discipline
scientifique qui tudie le psychisme. Comprend une dizaine de branches :
psychanalyse, psychologie clinique, psychologie exprimentale, psychopathologie,
psychologie du dveloppement, psychologie de l'ducation, psychologie cognitive,
neuropsychologie, psychologie sociale, psychologie du travail et des organisations
Psychologie cognitive
Science de la cognition.
704
Psychologie, cosmologie et thologie transcendantales
Voir Ides transcendantales (systme).
Psychologie empirique
Voir Psychologie empirique.
705
matriel doivent tre bass.]
(Fin de citation)
3. Instauration de limites la raison spculative (raison d'tre affirme par Kant) :
K410 - "Il n'y a donc pas de psychologie rationnelle comme doctrine qui soit
capable de nous procurer quelque chose ajouter la connaissance que nous
avons de nous-mmes, mais il n'en existe une que comme discipline qui instaure
des limites infranchissables, dans ce domaine, la raison spculative, d'un ct
pour qu'elle ne se prcipite pas dans le sein du matrialisme sans me, de l'autre
ct pour qu'elle ne se perde pas avec exaltation dans le spiritualisme, dpourvu
pour nous de tout fondement dans la vie."
706
Existence des objets de l'intuition extrieure
K471 "Notre idalisme transcendantal [admet] que les objets de l'intuition
extrieure existent aussi effectivement tels qu'ils sont intuitionns dans l'espace,
et tous les changements dans le temps tels que le sens interne les reprsente.
[] Puisque sans objets dans l'espace il n'y aurait absolument aucune
reprsentation empirique, nous pouvons et devons y admettre comme
effectivement rels des tres tendus ; et il en va de mme aussi du temps."
Comme toute conscience de soi est toujours un instant donn, le sujet ignore
notamment si ce monde extrieur est permanent, et dans ce cas si son Moi a une
dure par rapport lui.
(Citation de K385)
[De ces dductions,] "certes, je ne connais pas mieux ce Moi pensant dans
ses proprits, et je ne peux apercevoir sa permanence,
[Il ignore galement si ce monde extrieur a des phnomnes que son sens
externe pourrait percevoir, phnomnes qui auraient donc un substrat
transcendantal. Et si c'est le cas, il ne sait pas, non plus, si cet ventuel
substrat a une existence propre, indpendante de son esprit, ou si c'est une
cration de cet esprit, une imagination.]
ni mme l'indpendance de son existence vis--vis de l'ventuel substrat
transcendantal des phnomnes extrieurs ; car celui-ci m'est tout aussi
inconnu que celui-l."
(Fin de citation)
5. Je est le sujet absolu de sa pense : il ne peut tre prdicat de quoi que ce soit
d'autre.
6. Le sujet a une unit absolue
La conscience de soi d'un sujet ne dpend d'aucun phnomne externe : elle est
absolue.
Elle comprend une conscience ininterrompue du temps qui passe.
Cette conscience confre au sujet une unit absolue : toutes ses penses
contiennent une conscience de soi.
K367 "Le Moi subjectif ne peut [] tre partag et divis, et ce Moi, nous le
supposons cependant propos de toute pense."
K371 "Le Moi pensant, l'me (nom dont on se sert pour dsigner l'objet
transcendantal du sens interne), est simple."
707
aucune connaissance du monde extrieur (notamment la permanence de l'me ou
du corps) ne peut s'en dduire par analyse, car l'me et le Moi dont le sujet a
conscience par son sens interne et sa rflexion tant simples, il faudrait des
informations supplmentaires, c'est--dire une synthse, pour les prendre en compte
dans un jugement d'objet extrieur.
D'o une seconde conclusion : un sujet ne peut conclure de sa conscience de
soi autre chose que les jugements 1, 2 et 3 ci-dessus.
Donc la psychologie rationnelle qui voudrait dduire des concepts internes de l'me
et du Moi d'un sujet des proprits externes de substance et de permanence leur
attribuer est illusoire. Kant l'explique comme suit.
K384 - "Ce Moi est aussi peu une intuition qu'un concept d'un quelconque objet, mais
il est la simple forme de la conscience, telle qu'elle peut accompagner les deux
sortes de reprsentations [externe et interne] et les lever ainsi au rang de
connaissance, ds lors qu'est en outre donn dans l'intuition quelque chose d'autre
qui offre une matire pour se reprsenter un objet. Donc, toute la psychologie
rationnelle s'effondre comme une science dpassant toutes les forces de la raison
humaine, et il ne nous reste qu' tudier notre me partir du fil conducteur de
l'exprience et nous maintenir dans les limites des questions qui ne vont pas au-
del du domaine o l'exprience intrieure possible est mme de leur confrer un
contenu."
Le Moi est si simple parce que cette reprsentation n'a pas de contenu
K384 "le Moi [] possde une telle simplicit prcisment parce que cette
reprsentation n'a pas de contenu, donc pas de divers, ce pourquoi elle semble aussi
reprsenter ou, pour mieux dire, dsigner un objet simple."
Moi (Je) est toujours sujet, mais en tant qu'objet Je n'est pas une substance
K402-K403 Le Moi, le Je pense, doit toujours dans la pense avoir valeur de sujet,
de quelque chose qui ne puisse tre simplement considr comme un prdicat
venant s'attacher la pense : c'est l une proposition apodictique et mme
identique ; toutefois, elle ne signifie pas que je sois, comme objet, un tre subsistant
par moi-mme, autrement dit une substance.
Quand un sujet pense lui-mme en train de penser, donc en tant qu'objet, sa
reprsentation de lui-mme est vide, ce n'est qu'une certitude d'exister pendant
que le temps extrieur passe. Cette impression d'exister par rapport au monde
extrieur indpendamment du temps qui passe fait qu'il est tent de s'attribuer
708
sans preuve - une substance permanente. La certitude d'existence d'un temps
extrieur moi-mme me prouve seulement qu'il existe un monde extrieur
pendant que j'en sens passer le temps ; elle ne prouve pas que j'en sois un
homme physique capable d'intuition de substance (jugement synthtique comme
le remarque Kant).
Cette affirmation de Kant contredit l'opinion de Descartes selon laquelle l'homme est
une substance la fois pensante et tendue.
1.
L'me est [existe comme] substance [permanente]
3.
A travers les divers temps o elle
2.
existe, [l'me est] numriquement
[L'me est] qualitativement simple
identique, c'est--dire unit
(non-pluralit)
4.
[L'me est] en rapport avec des objets possibles dans l'espace
709
l'existence d'un monde extrieur, donc de son corps. Or celui-ci a un caractre
permanent, une substance physique.
L'me est qualitativement simple (jugement de qualit : ralit)
K360 "Je suis, en tant que pensant, un objet du sens interne et porte le nom
d'me."
K362-K363 "la reprsentation simple et par elle-mme totalement vide de
contenu : Je, dont on ne peut pas mme dire qu'elle soit un concept, mais qui est
une simple conscience accompagnant [et prsupposant] tous les concepts."
L'me est simple, la fois en tant que substance non dcomposable et en tant
que reprsentation d'un concept vide (le sujet conscient de soi ne peut par cette
conscience dcrire autre chose que sa propre existence).
A travers les divers temps o elle existe, [l'me est] numriquement identique,
c'est--dire unit (non-pluralit) (jugement de quantit : unit - voir catgories
mathmatiques)
L'me reste identique elle-mme et unique tant que l'homme vit, ou mme
ternellement pour les croyants.
L'me est en rapport avec des objets possibles dans l'espace (Jugement de
modalit)
Un sujet ne peut concevoir son me que si sa conscience de soi existe, c'est--
dire l'tat d'veil ; sa sensation du temps qui passe lui confre une certitude
d'existence d'un espace extrieur lui-mme, espace qui par dfinition peut
contenir des objets. Voir :
Possibilit des choses (postulat) Un concept peut-il tre celui d'un objet ?
Possibilit de l'exprience (principes a priori).
(Citation de K400)
"De ces principes lmentaires proviennent tous les concepts de la doctrine pure de
l'me, uniquement par combinaison, sans qu'il y ait connatre le moins du monde
un autre principe.
Cette substance [] fournit le concept de l'immatrialit ;
[L'me est immatrielle par dfinition.]
Comme substance simple, celui de l'incorruptibilit ;
[L'me est incorruptible par dfinition.]
Son identit, en tant que substance intellectuelle [permanente], donne la
personnalit ;
Les trois lments pris ensemble fournissent la spiritualit ;
[par dfinition de la spiritualit.]
710
[Substance pensante : principe de la vie dans la matire]
Le rapport aux objets dans l'espace donne le commerce avec le corps ; en vertu de
quoi la psychologie pure reprsente la substance pensante comme le principe de la
vie dans la matire, c'est--dire comme une me (anima) et comme le principe de
l'animalit ; celle-ci, dans les limites de la spiritualit, donne l'immortalit."
[La substance pensante est le complment de la substance tendue dans toute
ralit.]
(Fin de citation)
Mais cela ne signifie pas que le Moi pensant soit une substance simple, ce qui serait
une proposition synthtique car la substance ne fait pas partie des proprits d'un
sujet. Le concept de la substance se rapporte toujours des intuitions, lesquelles, en
moi, ne peuvent tre que sensibles : par consquent, elles se trouvent tout fait en
dehors du champ de l'entendement et de sa pense, dont cependant il s'agit ici
proprement et exclusivement quand on dit que le Moi, dans la pense, est simple.
Voir aussi :
Le prtendu foss infranchissable sparant la pense et les actions de l'homme.
711
Conclusion : je ne peux dduire une connaissance de moi-mme en tant qu'objet
K404 "Par l'analyse de la conscience que j'ai de moi-mme dans la pense en
gnral, pas le moindre gain n'est effectu du point de vue de la connaissance de
moi-mme comme objet."
Donc "L'explicitation logique de la pense en gnral est prise faussement pour une
dtermination mtaphysique de l'objet" : une telle explicitation est un paralogisme.
Proposition : "Tout tre pensant est, en tant que tel, une substance simple" (critique)
K404 Descartes nonce l une proposition synthtique a priori, car :
Elle va au-del du concept Moi (Je) dont elle serait dduite, concept vide
d'informations dfini par son seul nom car la conscience de soi ne sent
aucun dtail ;
Elle ajoute ce concept une modalit d'existence en tant que substance, ce qui
est absurde car ce concept de pense en gnral (de logique gnrale) est a
priori et ne peut avoir de prdicat ;
Elle ajoute aussi ce concept le prdicat de simplicit, qui ne peut tre donn
dans aucune exprience.
712
Explication du paralogisme
K405 note * - "La pense est prise dans les deux prmisses selon des
significations tout fait diffrentes : dans la majeure, elle est prise au sens o
elle s'applique un objet en gnral (tel, par consquent, qu'il peut tre donn
dans l'intuition) ; dans la mineure, en revanche, elle est prise uniquement dans
sa relation la conscience de soi, o l'on ne pense donc aucun objet, mais o
l'on se reprsente seulement la relation soi comme sujet (en tant que forme de
la pense). Dans la premire, il est question de choses qui ne peuvent tre
penses autrement que comme sujets ; tandis que, dans la seconde, il est
question, non de choses, mais de la pense, o le moi sert toujours de sujet de
la conscience - d'o ne se peut pas dduire cette conclusion que je ne peux
exister autrement que comme sujet, mais simplement que je ne peux, dans la
pense de mon existence, me servir que de sujet du jugement, ce qui constitue
une proposition identique [une vidence] qui ne me dcouvre absolument rien
sur la modalit de mon existence."
Ces deux penses tant distinctes (l'une provenant de l'intuition et l'autre de
l'aperception), le syllogisme est impossible et la conclusion est trompeuse.
(Citation de K405) "Le concept d'une chose qui peut exister en soi comme sujet
[une Ide , un concept de la raison ou une chose en soi], et non pas simplement
comme prdicat, ne contient encore en lui aucune ralit objective - ce qui veut dire
que l'on ne peut pas savoir s'il pourrait se trouver quelque part un objet qui lui
corresponde, tant donn que l'on n'aperoit pas la possibilit d'un tel mode
d'existence, et que par consquent un tel concept ne fournit absolument aucune
connaissance."
[Un tel concept pourrait tre une abstraction, un produit de l'imagination ne
contenant aucune intuition.]
"Si ce concept doit donc indiquer, sous le nom de substance, un objet susceptible
d'tre donn, s'il doit devenir une connaissance, il faut qu'il y ait, sa base, une
intuition permanente, condition indispensable de la ralit objective d'un concept,
constituant ce par quoi seulement l'objet est donn.
Or, nous n'avons, dans l'intuition intrieure, absolument rien qui soit permanent,
puisque, de fait, le moi n'est que la conscience de ma pense ; donc, si nous nous
en tenons simplement la pense, il nous manque mme la condition ncessaire
pour nous appliquer nous-mmes, comme tres pensants, le concept de la
substance, c'est--dire le concept d'un sujet subsistant pour soi" (Fin de citation)
713
trouve une intuition empirique, par consquent aussi l'objet pens comme
phnomne, et tout semble donc se passer comme si, d'aprs notre thorie, l'me
tout entire, mme dans la pense, tait transforme en phnomne, et que de cette
faon notre conscience elle-mme, en tant que pure apparence, devait en fait tre
rduite nant."
K414 "La pense, prise en elle-mme, est seulement la fonction logique, par
consquent la pure spontanit de la liaison du divers d'une intuition simplement
possible, et elle ne prsente nullement le sujet de la conscience comme phnomne,
simplement pour cette raison qu'elle ne prend nullement en compte l'espce de l'in-
tuition et ne se demande pas si elle est sensible ou intellectuelle. En consquence, je
ne me reprsente moi-mme ni tel que je suis, ni tel que je m'apparais, mais je me
pense seulement comme n'importe quel objet en gnral, vis--vis duquel je fais
abstraction du mode selon lequel il est intuitionn."
Voir Erreur due l'apparence dialectique.
Ces considrations ne doivent pas nous faire oublier qu'il y a toujours
interprtation de l'tat du cerveau par lui-mme.
Psychopathologie
Science des maladies et des troubles psychiques.
Psychose
Affection psychique grave, dont le malade n'a pas conscience, caractrise par une
dsintgration de la personnalit accompagne de troubles de la perception, du
jugement et du raisonnement.
Psychosomatique
Adjectif : qui se rapporte l'influence du psychisme sur l'organisme.
Pulsion
Selon [13] - Psychanalyse : souvent au pluriel. Force biopsychique inconsciente
crant dans l'organisme un tat de tension propre orienter sa vie fantasmatique et
sa vie de relation vers des objets, et suscitant des besoins dont la satisfaction est
ncessaire pour que la tension tombe.
Exemples : Pulsion sexuelle ; pulsion d'auto-conservation.
Pur
Si ncessaire voir d'abord Exprience.
Sens gnral
Qui ne contient rien d'tranger. Exemple : un corps chimique pur.
Sens de Kant
Qui ne dpend pas de l'exprience, qui n'a pas de rapport avec elle. Exemples :
K94 "dans les connaissances a priori, sont appeles pures celles auxquelles
absolument rien d'empirique n'est ml. Ainsi, par exemple, la proposition : tout
changement a sa cause est-elle une proposition a priori, mais non point pure,
714
tant donn que le changement est un concept qui ne peut tre tir que de
l'exprience."
Connaissance absolument pure :
K110 Note b "Est particulirement nomme absolument pure une
connaissance laquelle ne vient se mler [aucune] exprience ou sensation, et
qui est par consquent possible compltement a priori."
K118 "Je nomme pures (au sens transcendantal) toutes les reprsentations
dans lesquelles ne se rencontre rien qui appartienne la sensation."
Intuition pure de l'espace et du temps ; concepts purs de l'entendement.
Les principes purs se rapportent l'exprience mais sont certains parce qu'ils ne
s'appuient sur aucune donne d'exprience.
K110 "La raison est le pouvoir qui fournit les principes de la connaissance a priori.
La raison pure est par consquent celle qui contient les principes permettant de
connatre quelque chose absolument a priori. Un organon de la raison pure serait un
ensemble runissant les principes d'aprs lesquels toutes les connaissances pures a
priori peuvent tre acquises et effectivement tablies. L'application dtaille d'un tel
organon procurerait un systme de la raison pure."
K143 - Une intuition pure contient exclusivement la forme de l'objet intuitionn, sans
matire ; elle est donc indpendante de toute sensation. Un concept pur contient
uniquement la forme d'un objet pens en gnral ; tous deux sont possibles a priori.
K278 Un concept pur appartient pourtant l'exprience lorsque son objet ne peut
tre trouv qu'en elle.
715
K245 - "puisque, pour tout nombre, il faut en tout cas qu'une unit serve de
base, le phnomne qui constitue une unit est un quantum et, comme tel,
toujours un continuum." Donc tout phnomne est un continuum.
(Citation de K430 note *)
"Nous pouvons intuitionner un quantum indtermin comme un tout, quand il est
contenu dans des limites, sans avoir besoin d'en construire la totalit en le
mesurant, c'est--dire par la synthse successive de ses parties. Car les limites
dterminent dj la compltude, puisqu'elles excluent toute autre quantit.
[Mais lorsqu'un quantum n'est pas donn avec des limites, notre intuition ne peut
l'imaginer] qu' travers la synthse des parties, [et nous ne pouvons en imaginer
la totalit] qu' travers la synthse acheve ou l'addition rpte de l'unit elle-
mme."
(Fin de citation)
Chez Kant
Quantum discretum (quantum discret) : partie d'un ensemble qui en comprend
un multiple entier. Exemples :
Tout volume d'eau pure comprend un nombre entier de molcules d'eau :
le quantum d'eau est N molcules.
Tout change d'nergie lumineuse comprend un nombre entier de photons,
chacun avec sa frquence : le quantum d'nergie est un multiple de h, o
h est la constante de Planck h = 6.6261 .10-34 joule.seconde.
K490 "La multitude des parties qui sont dj, d'une certaine manire, spares
dans le tout donn et qui constituent en ce sens un quantum discretum."
Quantum continuum (partie d'un objet divisible l'infini). Exemple : segment de
ligne droite, divisible l'infini en sous-segments eux-mmes divisibles.
K492 "Quand il s'agit d'un corps organique articul l'infini, le tout [du
phnomne] est dj reprsent, travers ce concept [de multitude], comme
divis, et il s'y rencontre, avant toute rgression accomplissant la division, une
multitude de parties dtermine en soi, mais infinie - ce la faveur de quoi l'on
se contredit soi-mme, dans la mesure o ce dveloppement infini est considr
comme une srie qui n'est jamais susceptible d'tre acheve (infinie) et se
trouve aussi cependant, puisqu'on l'apprhende synthtiquement, considr
comme achev. La division infinie ne caractrise le phnomne que comme
quantum continuum et elle ne peut tre spare du remplissement de l'espace,
puisque c'est prcisment dans ce remplissement que rside le fondement de la
divisibilit infinie."
Quantitas
K606 "La mathmatique ne construit pas simplement des grandeurs (quanta),
comme c'est le cas en gomtrie, mais construit aussi la pure grandeur (quantitas),
comme en algbre, o elle fait totalement abstraction de la nature de l'objet qui doit
tre pens d'aprs un tel concept de grandeur."
(La pure grandeur de Kant est une variable rgie par des rgles de dfinition et
de manipulation.)
716
Radicalit
Raison pratique
Voir Dfinition de la raison pure pratique (ou raison pratique) chez Kant.
717
Dans son usage rel, la raison contient elle-mme la source de certains
concepts et principes qu'elle n'emprunte ni aux sens ni l'entendement :
la raison exerce l son pouvoir logique transcendantal.
La raison pure est la facult qui unifie les rgles de l'entendement sous des principes
de ncessit et d'universalit, principes purs a priori.
K355 "La raison pure ne se rapporte jamais directement des objets, mais aux
concepts que l'entendement s'en forge."
K355 "On voit aisment que la raison pure n'a pas d'autre but que l'absolue totalit
de la synthse du ct des conditions (que ce soit d'inhrence, de dpendance ou de
concurrence) et qu'elle n'a pas se proccuper de la compltude absolue du ct du
conditionn."
La raison pure est fortement structure : toutes ses parties sont interdpendantes
(Citation de [56b] Prface pages 26-27)
"La raison pure est une sphre tellement isole et tout s'y tient l'intrieur ce point
que l'on ne peut en toucher une partie sans atteindre toutes les autres, ni parvenir
rien sans avoir pralablement fix la place de chacune ainsi que son influence sur
les autres ;
car comme il n'existe rien l'extrieur de cette sphre qui permette de rectifier notre
jugement l'intrieur, la validit et l'usage de chaque partie dpend du rapport en
lequel elle se trouve avec les autres dans la raison mme ;
et il en va ici comme dans la structure d'un corps organis : la fin de chaque membre
ne peut tre dduite que de la notion complte du tout.
718
Aussi peut-on dire d'une telle Critique qu'elle n'est jamais sre si elle n'est pas
acheve entirement jusque dans les moindres lments de la raison pure et que, de
la sphre de cette facult, c'est tout ou rien qu'il faut dterminer ou dcider."
(Fin de citation)
La raison ne cre pas de concepts d'objets, elle les ordonne et les unifie
(Citation de K560)
"La raison ne se rapporte jamais directement un objet, mais uniquement
l'entendement et, par l'intermdiaire de celui-ci, son propre usage empirique : elle
ne cre donc pas de concepts (pas de concepts d'objets), mais simplement elle les
ordonne et leur confre l'unit qu'ils peuvent avoir dans leur plus grande extension
possible, c'est--dire par rapport la totalit des sries,
que pour sa part l'entendement n'a pas du tout en vue, puisqu'il vise seulement la
liaison la faveur de laquelle des sries de conditions sont partout tablies d'aprs
des concepts.
La raison n'a donc proprement pour objet que l'entendement et son fonctionnement
finalis ;
Exemples
K106 "Dans la solution du problme ci-dessus nonc est comprise aussi, en
mme temps, la possibilit de l'usage pur de la raison en vue de la fondation et de la
mise en uvre de toutes les sciences contenant une connaissance thorique a priori
d'objets, c'est--dire la rponse aux questions :
Comment une mathmatique pure est-elle possible ?
Comment une physique pure est-elle possible ?
Raison de cette possibilit invoque par Kant (K107) : c'est dmontr par leur
ralit effective , c'est--dire ces sciences (et leur rationalit) sont possibles parce
que nous les pratiquons , raison dogmatique s'il en est. Constatant qu'on ne peut
que postuler la possibilit et la rationalit de jugements synthtiques a priori, Kant en
dduit le besoin d'en trouver les limites (quels types de raisonnements sont
possibles, quels sont les risques d'erreur, etc.), donc de faire une critique de la raison
pure. Complment : Scepticisme.
719
Besoin d'une critique transcendantale
K111 "[La recherche] pour apercevoir dans toute leur tendue les principes de la
synthse a priori [] nous pouvons [la] nommer, non pas doctrine, mais seulement
critique transcendantale, parce qu'elle a pour projet, non d'largir les connaissances
elles-mmes, mais simplement de les rectifier et qu'elle doit fournir la pierre de
touche de la valeur ou de l'absence de valeur de toutes les connaissances a priori"
Voir :
Usages de la raison pure ;
Censure de la raison ;
La raison a une fonction d'unit systmatique des connaissances
d'entendement ;
Diffrence et interactions entre entendement et raisonnement ;
La raison peut aller jusqu' la limite entre le champ de l'exprience et les
concepts transcendants : les Ides transcendantales ;
Conflits d'opinion dus l'application de maximes diffrentes.
Pouvoir de la raison : dduire une connaissance d'un principe (pouvoir des principes)
K333 "Nous avons dfini l'entendement [] comme le pouvoir des rgles ; ici, nous
distinguons la raison de l'entendement en la nommant le pouvoir des principes."
(Le pouvoir des principes est celui de dduire par raisonnement une
connaissance d'un principe, car : K333 - "Tout raisonnement est [] une forme
de l'opration consistant driver une connaissance partir d'un principe.")
720
de l'opration consistant driver une connaissance partir d'un principe [c'est--
dire un syllogisme]. Car la majeure fournit chaque fois un concept qui fait alors que
tout ce qui est subsum sous la condition de ce concept est connu partir de lui
d'aprs un principe."
Dans cette mesure, elle a une causalit propre, une efficacit qui n'est pas
simplement phnomnale, mais aussi intelligible , suprasensible, pour autant que
la raison procure des principes l'action en ne recourant qu' ses ides.
[La morale a des lois et des impratifs qui chappent la raison pure d'usage
gnral. En cela elle est comme le cur : Pascal crivait dans sa pense 277 :
Le cur a ses raisons que la raison ne connat point [116].]
[Kant distingue deux sortes de raison pratique, selon leur domaine d'application :]
[Dfinition de la raison pratico-technique]
La raison pratico-technique est la base de toute action et figure extra-morale ;
elle donne des normes relatives, des rgles de l'habilet ou de la prudence.
[Dfinition de la raison pratico-morale]
Mais la raison pratico-morale est la source des normes absolues, du devoir
721
absolu ; la dfinition de son but, son impratif, ses principes valent absolument,
inconditionnellement. Cette raison vise une unit inconditionne, la lgalit et la
validit universelle de la volont, l'accord de celle-ci avec elle-mme, bref, une
unit pratique systmatique."
(Fin de citation)
K666 "la raison pratique a atteint ce point culminant, j'entends : le concept d'un
tre originaire unique comme constituant le souverain Bien"
Lacisation de la morale
Kant a renvers l'ordre des consquences entre la ralit physique et sa
reprsentation phnomnale : comme l'homme n'a pas accs la ralit, Kant la
dfinit comme tant la reprsentation qu'il s'en fait [141], quitte changer celle-ci au
vu d'une erreur.
Dans la citation suivante, on voit que Kant a aussi interverti l'ordre entre les
commandements de Dieu et les raisons intriorises de l'homme issues de ses
instincts et pulsions, sa culture ou son ressenti propos de circonstances :
(Citation de K666)
"Aussi loin que la raison pratique ait le droit de nous conduire, nous ne tiendrons
pas nos actions pour obligatoires parce qu'elles sont des commandements de
Dieu, mais les considrerons comme des commandements divins parce que
nous y sommes intrieurement obligs.
Voici ce qu'en dit le traducteur de notre version de la Critique [24], Alain Renaut :
K719 note 164 "Extraordinaire renversement, qui marque l'un des enjeux de la
rvolution kantienne, savoir une fantastique lacisation de la morale : de mme
que, dans l'ordre thorique, ce n'est plus la finitude humaine qui est relativise
par rapport l'Absolu divin, mais l'Absolu divin qui, n'tant plus qu'une exigence
ou un horizon de sens pour le sujet fini, devient relatif celui-ci, de mme, dans
le registre pratique, ce n'est plus la rfrence l'Absolu divin, dispensateur des
lois morales, qui fait de celles-ci des commandements, mais c'est l'exprience de
ces commandements par le sujet pratique qui impose une rfrence l'ide d'un
Absolu."
722
Citations
Kant a cit la raison pratique principalement dans :
Critique de la raison pure en 1781 (1re dition) et 1787 (2me dition) ;
Fondements de la mtaphysique des murs en 1785 ;
Critique de la raison pratique [132] en 1788 ;
Critique de la facult de juger en 1790 ;
Mtaphysique des murs en 1979.
Raison suprieure intgrale (raison suprme), pour penser l'me, le monde et Dieu
La facult de raison prsente jusqu' ce point dans cet article exclut l'exprience et
l'entendement. Kant a donc aussi dfini une raison suprieure intgrale, qui les
comprend aussi. Cette raison suprieure permet de penser les Ides de l'me, du
monde et de Dieu :
K084-K085 "Une mme dmonstration de ce qu'il y a de positivement utile
dans des propositions fondamentales de la raison pure possdant une
dimension critique [est possible pour] le concept de Dieu et celui de la nature
simple de notre me, ce que toutefois je laisse de ct par souci de brivet. Je
ne peux donc pas mme admettre Dieu, la libert et l'immortalit, [pour l'usage]
pratique de ma raison, si je n'ampute pas en mme temps la raison spculative
de sa prtention des vues dbordant toute apprhension, parce qu'il lui faut,
pour les atteindre, se servir de propositions fondamentales qui, ne s'tendant en
fait qu' des objets d'une exprience possible, sont cependant appliques ce
qui ne peut tre un objet de l'exprience, transforment effectivement, chaque
fois, cet objet en phnomne et ainsi dclarent impossible toute extension
pratique de la raison pure. Il me fallait donc mettre de ct le savoir afin d'obtenir
de la place pour la croyance"
Exemple : Locke croyait possible de prouver l'existence de Dieu et l'immortalit
de l'me.
Dans ce texte, on appellera raison (tout court) la facult qui exclut l'exprience et
l'entendement, et raison suprme la facult qui les inclut.
723
K332 "Toute notre connaissance dbute avec les sens, passe de l
l'entendement et se termine par la raison, laquelle rien en nous ne se peut
trouver qui soit suprieur pour laborer la matire de l'intuition et la ramener
sous l'unit la plus leve de la pense."
(Unit de la pense signifie que la raison peut prendre en compte tous les
lments d'une situation :
Toutes les perceptions d'un phnomne avec tous les dtails de leurs
divers ;
Tous les concepts, quelle que soit leur origine, en appliquant toutes les
mthodes de raisonnement ncessaires pour comprendre la situation [aprs
entendement] par analyse et synthse, et prvoir son volution et ses
consquences.
Cette prise en compte est synthtique, utilisant au maximum les associations et
l'entendement lui-mme pour unifier et simplifier la description de la situation
prsente l'esprit.
La raison peut aussi examiner les intuitions d'une faon critique, les approfondir
et en faire la synthse. Elle peut enfin former des principes qui guideront les
raisonnements futurs.)
K355 "la raison pure ne se rapporte jamais directement des objets, mais aux
concepts que l'entendement s'en forge."
724
que deux sortes possibles d'enchanement dductif : ceux qui dduisent la
conclusion directement d'une seule prmisse appels infrences, et ceux qui la
dduisent de plusieurs prmisses (que l'on peut dcomposer en tapes deux
prmisses seulement, appels syllogismes).
K333 "Toute proposition universelle, quand bien mme elle serait tire de
l'exprience (par induction), peut servir de majeure dans un raisonnement ; toutefois,
elle n'est pas elle-mme pour autant un principe."
725
unit a priori se peut appeler unit rationnelle et est d'une tout autre sorte que celle
qui peut tre produite par l'entendement."
Unit rationnelle = unit de conscution + unit de justification
La raison, applique lors d'un raisonnement des connaissances sous forme
d'une suite d'infrences et syllogismes, confre cette suite (donc aux
connaissances elles-mmes) une unit de conscution (d'enchanement
ncessaire) ; en outre, ces connaissances acquirent une unit de justification
car elles drivent de toutes les prmisses du raisonnement.
Rappelons ici qu'un mme phnomne est le plus souvent traduit par l'entendement
en plusieurs concepts, dans un mme jugement, car un seul ne suffit que rarement
le dcrire : voir Exemple de jugement et analyse par titres et moments.
La raison fait ensuite la synthse (l'unit rationnelle) de tous ces jugements.
Cette totalit, on peut donc la nommer l'unit rationnelle des phnomnes, tout
comme celle qu'exprime la catgorie se peut nommer unit d'entendement.
afin de lui prescrire de s'orienter vers une certaine unit dont l'entendement ne
possde aucun concept [l'unit rationnelle] et qui tend rassembler tous les actes de
l'entendement, vis--vis de chaque objet, [c'est--dire tous les concepts de tous les
jugements] en un tout absolu [le tout de l'inconditionn].
La libert de la raison
Voir La raison se cre un ordre de prise en compte des concepts qui lui est propre.
726
sans effort, spontanment, mais qui pourtant existe ; il explique que tout se passe,
alors, comme si on avait une illusion des sens.
K337 "La diversit des rgles et l'unit des principes constituent une exigence de la
raison pour mettre l'entendement en complet accord avec lui-mme, tout comme
l'entendement soumet le divers de l'intuition des concepts et procde ainsi sa
liaison. [] Bref, la question est de savoir si la raison en elle-mme, c'est--dire la
raison pure, contient a priori des principes et des rgles synthtiques, et en quoi ces
principes peuvent bien consister."
(La diversit des rgles est ce qui permet la connaissance d'un phnomne par
autant de catgories de l'entendement qu'il faut pour le dcrire compltement.
L'unit des principes est ce qui permet l'entendement de rester cohrent dans
l'ensemble des catgories qu'il gnre pour un phnomne donn.)
(Citation de K337) :
"Premirement, le raisonnement ne s'applique pas des intuitions, pour les ramener
sous des rgles (comme le fait l'entendement avec ses catgories), mais des
concepts et des jugements.
727
Si donc la raison pure porte aussi sur des objets, elle n'a cependant nulle
relation immdiate ceux-ci et leur intuition, mais ne se rapporte qu'
l'entendement et ses jugements, lesquels s'appliquent immdiatement aux sens et
leur intuition, pour dterminer leur objet. L'unit rationnelle n'est donc pas l'unit
d'une exprience possible, mais au contraire elle est distincte par essence de celle-ci
comme de l'unit d'entendement.
Le principe selon lequel tout ce qui arrive a une cause [principe de causalit, voir
si ncessaire Le principe de causalit n'est qu'un postulat] n'est nullement un
principe connu et prescrit par la raison. Il rend possible l'unit de l'exprience et
n'emprunte rien la raison, qui n'aurait pu partir de simples concepts, sans cette
relation une exprience possible, imposer une telle unit synthtique."
[Conclusion : le fondement cherch n'est pas la causalit.]
K338 "si le conditionn est donn, c'est aussi la srie entire des conditions
subordonnes les unes aux autres qui est donne (c'est--dire contenue dans l'objet
et sa liaison), laquelle srie est par consquent elle-mme inconditionne."
La chane de dductions logiques d'un raisonnement gnral ne supprime ni
n'ajoute aucune condition, donc aucune connaissance, au conditionn de l'objet :
cette chane est donc inconditionne ; le raisonnement a pris en compte toutes
les connaissances disponibles pour sa synthse d'unit rationnelle.
Du point de vue de l'information traite par un raisonnement sur une
connaissance de l'entendement, quelles que soient les conditions introduites par
ses diverses tapes, l'information disponible dans la conclusion ne peut tre que
celle de l'information initiale : un tel raisonnement ne cre ou ne dtruit jamais
d'information, il ne peut qu'en faire diffrentes synthses pures priori.
728
K338 - "Un tel principe de la raison pure est manifestement synthtique ;"
Voir aussi :
Raisonnement ;
Rationnel ;
Logique.
(Citation de K454)
"Dsormais, nous disposons de tout le jeu dialectique des Ides cosmologiques,
[Il y a exactement 4 Ides cosmologiques : la totalit, la ralit, la causalit et la
ncessit inconditionne.]
telles qu'elles ne permettent aucunement que leur soit donn dans une quelconque
exprience possible un objet qui leur soit congruent, ni mme que la raison s'en
forge une pense s'accordant avec les lois universelles de l'exprience,
[K423 "L'Ide de la totalit absolue [des conditions] ne concerne rien d'autre
que l'exposition des phnomnes, [] elle ne concerne pas le concept pur de
l'entendement qui porte sur une totalit des choses en gnral."]
729
alors que pourtant elles ne sont pas inventes arbitrairement, mais que la raison se
trouve conduite elles avec ncessit dans le progrs continuel de la synthse
empirique quand elle veut affranchir de toute condition et apprhender dans sa
totalit inconditionne ce qui ne peut jamais tre dtermin selon les rgles de
l'exprience que comme conditionn.
[Voir Compltude de l'inconditionn, seul objectif de cette synthse de la raison]
Ces affirmations sophistiques sont autant d'essais pour rsoudre quatre problmes
naturels et invitables de la raison : au reste ne peut-il y en avoir que ce nombre, ni
plus ni moins, puisqu'il n'y a pas plus de sries de suppositions synthtiques qui
dlimitent a priori la synthse empirique."
(Fin de citation)
Ces antinomies rsultent de raisonnements qui crent par synthse des Ides
cosmologiques partir de donnes de l'exprience :
K454 [Ce sont de] "brillantes prtentions de la raison, quand elle tend son
domaine au-del des limites de l'exprience."
Argument de sagesse
K454 "La philosophie qui abandonne le champ des expriences [les penses lies
la vie terrestre] et se hausse peu peu jusqu' ces Ides sublimes [] promet de
quoi fonder nos plus grandes esprances et de nous dcouvrir les fins dernires vers
lesquelles tous les efforts de la raison doivent en dfinitive converger."
[La rflexion philosophique doit nous permettre de dcouvrir les rgles suivre
de notre vivant pour esprer le bonheur de l'me dans sa vie future.]
730
ce sont l des questions pour la solution desquelles le mathmaticien donnerait bien
volontiers toute sa science ; car celle-ci, en tout tat de cause, ne peut lui procurer
aucune satisfaction vis--vis des fins de l'humanit qui sont les plus leves et qui lui
tiennent le plus cur."
[La connaissance scientifique satisfait l'intelligence et le got de l'esthtique
mathmatique, mais elle ne rpond pas au besoin de spiritualit que la
philosophie mtaphysique tente de satisfaire.]
(Fin de citation)
(Citation de K456)
[L'antithse applique une maxime d'empirisme]
"On remarque, dans les affirmations de l'antithse, une parfaite uniformit du mode
de pense et une complte unit de la maxime, savoir un principe qui est celui du
pur empirisme, non seulement pour l'explication des phnomnes se produisant
dans le monde, mais aussi pour la solution des Ides transcendantales concernant
l'univers lui-mme.
(Citation de K456)
"Que le monde ait un commencement,
que mon Moi soit simple et par consquent de nature incorruptible,
qu'il soit en mme temps, dans les actions dont il est l'arbitre, libre et suprieur
la contrainte exerce par la nature,
et qu'enfin l'ordre tout entier des choses qui constituent le monde drive d'un
tre originaire auquel tout emprunte son unit et la manire dont il se trouve li
par des rapports de finalit,
ce sont l autant de pierres angulaires de la morale et de la religion. L'antithse
nous drobe tous ces points d'appui ou, du moins, semble nous les drober."
731
(Fin de citation)
ce que ne permet pas l'antithse, qui donne d'elle-mme une reprsentation trs
dommageable en se rvlant incapable de fournir la question des conditions de sa
synthse une rponse permettant de ne pas questionner sans fin toujours plus
avant."
(Fin de citation)
Avantages de l'empirisme
Voir dfinition de l'empirisme.
[Matrialisme : s'il n'y a ni Dieu crateur ni libre arbitre, les rgles morales ne
s'imposent pas (K457)]
S'il n'y a pas un tre originaire qui soit distinct du monde,
[S'il n'y a pas de Dieu crateur]
732
[si le fonctionnement de notre esprit, donc sa volont, sont pures consquences
de lois physiques]
dans ce cas, les Ides morales et leurs principes perdent eux aussi toute validit et
s'effondrent en mme temps que les Ides transcendantales qui constituaient leur
soubassement thorique."
(Fin de citation)
733
(Fin de citation)
de mme, partir des objets de la nature qu'il peut dcomposer par l'observation et
la mathmatique et dterminer synthtiquement dans l'intuition, ne saurait-il
permettre de passer ( partir de ce qui est tendu) des objets que ni le sens ni
l'imagination ne peuvent jamais prsenter in concreto (au simple) ;
[A partir de la reprsentation d'un objet de la nature, qui occupe ncessairement
un espace, on ne peut passer des objets simples, car de tels objets ne sont
pas accessibles aux sens :
K437 "L'espace n'est pas constitu de parties simples, mais d'espaces."]
il n'admettra pas non plus que l'on prenne pour fondement, mme dans la nature, un
pouvoir d'agir indpendamment des lois de la nature (libert), et que l'on rabaisse
ainsi l'affaire de l'entendement, qui consiste, en suivant le fil conducteur de rgles
ncessaires, rechercher l'origine des phnomnes ;
[Un empiriste n'admet pas d'exception aux lois de la nature, sans lesquelles
l'entendement est impossible]
enfin ne tolrera-t-il pas davantage que, vis--vis de quoi que ce soit, l'on en cherche
hors de la nature la cause (tre premier), puisque, dans la mesure o la nature est le
seul lment nous fournissant des objets et susceptible de nous informer de leurs
lois, nous ne connaissons rien d'autre qu'elle."
[Un empiriste n'admet pas la tlologie, ni aucun dogmatisme]
(Fin de citation)
734
[Si nous adhrions l'empirisme] "les prsuppositions intellectuelles de nos intrts
pratiques [comme l'existence d'un Etre suprme et le libre arbitre] et la croyance [en
Sa cration du monde] qu'ils exigent ne nous seraient pas retires :
[Nous pourrions continuer croire, condition de sparer cette foi et la
connaissance scientifique, laquelle la foi ne peut rien apporter]
il tombe lui-mme dans le dfaut de l'immodestie, qui est ici d'autant plus
rprhensible qu'un irrparable dommage se trouve ainsi occasionn l'intrt
pratique de la raison.
[L'intrt pratique de la raison est sa justification des rgles de recherche de la
vrit, notamment par la connaissance des lois de la nature.]
735
en toute partie toujours d'autres encore, elles-mmes leur tour divisibles,
[Le volume d'un objet peru est divisible l'infini :
K245 "Tous les phnomnes en gnral sont des grandeurs continues,
aussi bien selon leur intuition, comme grandeurs extensives, que selon la
simple perception (sensation et par consquent ralit) comme grandeurs
intensives."
K437 "L'espace n'est pas constitu de parties simples, mais d'espaces."]
avant tout vnement un autre qui, son tour, s'est trouv produit tout aussi bien
par d'autres voies,
[Tout vnement a t caus par un vnement prcdant, lui-mme caus par
un troisime, et ainsi de suite autant que ncessaire ce qui est certain en vertu
du principe d'identit [32] ]
et, dans l'existence en gnral, tout n'est jamais que conditionn, sans que
puisse tre reconnue une quelconque existence inconditionne et premire."
[La seule certitude d'existence est la certitude empirique : on ne doit invoquer
aucune existence thorique ou a priori, aucune cause premire.]
(Fin de citation)
736
Soleil : une ellipse dont le Soleil occupe un foyer, parcourue selon la loi des
aires .
On dtermine ensuite, par des relevs astronomiques de position, les valeurs
des paramtres d'orbite qui vrifient la loi thorique de mouvement.
Avec ces paramtres on prdit des positions futures de la plante et on calcule
des positions anciennes, pour vrifier la bonne adquation de la loi.
Si, au lieu de partir d'une orbite thorique (approche dogmatique), on s'tait content
de mesures de position et on avait imagin diverses orbites qui conviennent ces
mesures (approche empirique utilise par Kepler, qui a mis ainsi des annes
trouver les paramtres de l'orbite de Mars par essais successifs) on aurait eu une
pseudo-loi correcte dans les cas particuliers des positions mesures, mais pas une
loi gnrale. C'est pourquoi Newton, partant de lois gnrales de la mcanique, a
dmontr les quations des orbites des plantes, tablissant ainsi des lois valables
dans tous les cas [115], notamment ceux que Kepler avait utiliss pour Mars.
K474 "Toute l'antinomie de la raison pure repose sur cet argument dialectique :
Quand le conditionn est donn, la srie entire de toutes ses conditions est elle
aussi donne ; or les objets des sens nous sont donns comme conditionns ; donc,
etc."
737
par l'entendement et conduire aussi loin qu'il est possible cette liaison d'un concept
avec ses conditions qui est dj inscrite dans le concept lui-mme."
[Une connaissance complte d'un phnomne dont le conditionn est donn
exige la rponse toutes les questions Pourquoi cette condition ? :
K475 "Postulat logique de la raison : poursuivre par l'entendement et conduire
aussi loin qu'il est possible cette liaison d'un concept avec ses conditions."]
1er cas : le conditionn et la condition prcdents sont des choses en soi, (l'esprit
ayant dj eu le temps de les former)
Nous connaissons alors la signification du conditionn et de la condition.
K475 Dans ce cas, la srie complte des conditions, donc aussi l'inconditionn, se
trouvent donns simultanment et l'entendement les reprsente telles qu'elles sont.
La rgression implique par la compltude de la srie a dj t prise en compte.
K479 - "La srie des conditions ne se peut rencontrer que dans la synthse
rgressive elle-mme, mais non pas en soi dans le phnomne comme dans une
chose possdant son existence propre, donne avant toute rgression."
K479 - "La multiplicit des parties, dans un phnomne donn, n'est en soi ni finie ni
infinie, puisque le phnomne n'est rien d'existant en soi-mme et que les parties ne
sont donnes que par la rgression qu'opre la synthse procdant sa
dcomposition et dans cette mme rgression, laquelle n'est jamais donne
absolument tout entire, ni comme finie ni comme infinie.
La mme observation vaut pour la srie des causes subordonnes les unes aux
autres, ou pour celle qui va de l'existence conditionne jusqu' l'existence
738
inconditionnellement [absolument] ncessaire, qui ne peut jamais tre considre ni
comme finie en soi relativement la totalit qu'elle constitue, ni comme infinie."
Une telle science peut, par exemple, tre structure sous forme axiomatique :
voir l'article Axiomatique et Systme logique. Mais dans ce chapitre Kant pense la
morale de la raison pratique, comme le montre la citation suivante.
K462 "Ce qui, dans tous les cas possibles, est juste ou injuste [voir cet article pour
comprendre le reste de la phrase], [il] faut qu'on puisse le savoir d'aprs la rgle,
puisque la question concerne notre obligation et que, vis--vis de ce que nous ne
pouvons pas savoir, nous n'avons non plus aucune obligation."
[Kant adopte ici le raisonnement moral chrtien : l'obligation morale (donc la
transgression ventuelle) est lie la connaissance des faits ; je ne peux tre
responsable de faits dont je n'avais pas connaissance, que je n'avais pas
prvus, sur lesquels je n'avais pas prise.]
739
Y a-t-il des questions sur la nature des objets de la raison pure insolubles pour la
philosophie transcendantale ?
K462-K463 "Il y a donc lieu de se demander si, dans la philosophie
transcendantale, il existe une quelconque question concernant un objet propos la
raison qui soit insoluble prcisment par cette raison pure, et si on a le droit de se
refuser y apporter une rponse dcisive en mettant la chose, parce que
absolument incertaine ( partir de tout ce que nous pouvons connatre), au nombre
de celles dont nous avons certes un concept suffisant pour soulever une question,
sans disposer toutefois aucunement des moyens et du pouvoir de jamais y apporter
une rponse."
Rponse : NON
K463 "J'affirme que la philosophie transcendantale a ceci de particulier, parmi
toutes les connaissances spculatives, que pas la moindre question concernant un
objet donn la raison pure n'est insoluble pour cette mme raison humaine, et que
l'on ne saurait jamais allguer une quelconque ignorance invitable, ni l'insondable
profondeur du problme, pour se librer de l'obligation d'y rpondre de manire
radicale et complte ; le mme concept qui nous met en mesure de soulever la
question doit en effet nous rendre absolument capables de rpondre cette
question, puisque l'objet (comme pour le juste et l'injuste) ne se trouve pas en dehors
du concept."
Les seules questions possibles sur la nature d'un objet portent sur des Ides
cosmologiques, car l'objet doit tre empiriquement donn, et la question porte
uniquement sur sa conformit une Ide.
(Citation de K463-K464)
"Si l'objet est transcendantal et se trouve donc lui-mme inconnu [] nous devons
alors, pour notre Ide, rechercher un objet dont nous puissions convenir qu'il nous
est inconnu, mais que pour autant il n'est pas impossible.
Les Ides cosmologiques ont seules cette proprit de pouvoir prsupposer comme
donns leur objet et la synthse empirique requise par le concept de celui-ci ; et la
question qu'elles soulvent ne concerne que le processus de cette synthse, en tant
qu'il doit englober une totalit absolue, laquelle n'est alors plus rien d'empirique,
puisqu'elle ne peut tre donne dans aucune exprience.
Or, dans la mesure o il n'est ici question d'une chose que comme objet d'une
exprience possible, et non pas comme une chose en soi, la rponse la question
cosmologique transcendante ne peut se trouver nulle part en dehors de l'Ide, vu
qu'elle ne concerne aucun objet en soi ;
car cette Ide est une pure et simple cration de la raison, laquelle ne peut donc se
dispenser d'apporter une rponse ni se dfausser de cette charge sur l'objet
inconnu."
740
(Fin de citation)
Conclusion sur ce qu'on peut ou ne peut pas savoir des lois de la nature
K465-K466-K467 - Notre esprit peut imaginer de nombreuses questions qui ne
correspondent pas des expriences possibles, pour lesquelles nous ne pourrons
donc apporter une rponse certaine. Il peut aussi dsirer des niveaux de prcision
incompatibles avec la ralit naturelle, par exemple en Mcanique quantique pour la
position et la vitesse d'une particule. Il peut dsirer l'existence d'une causalit dans
des phnomnes comme les fluctuations d'nergie ou la dcomposition radioactive,
o l'instabilit naturelle dclenche spontanment des gnrations de couples de
particules. Mais tout ce que l'homme voudrait savoir ou dsire est ignor par la
nature.
Kant aborde ce problme des questions possibles dans la section suivante (K467).
741
Plus l'homme connat les lois de la nature, plus il mesure son ignorance
K467 "Nous abandonnerions volontiers l'exigence de voir nos questions obtenir
une rponse dogmatique [fonde en thorie], si nous concevions dj l'avance
que, de quelque teneur que pt tre la rponse, elle se bornerait accrotre encore
notre ignorance et nous plonger d'une incomprhensibilit dans une autre, d'une
obscurit dans une obscurit encore plus grande et peut-tre mme dans des
contradictions."
Une question limite la vracit ou la fausset d'un texte peut dj tre utile
K467 "Si notre question est pose uniquement en vue d'une rponse affirmative ou
ngative, c'est procder avec prudence que de laisser provisoirement en suspens ce
que l'on pourrait prsumer tre de nature fonder la rponse, et de commencer par
apprcier ce que l'on gagnerait si l'on rpondait dans une direction, et de mme si la
rponse allait dans la direction oppose."
[Nous pouvons limiter notre dsir de comprendre un phnomne une
recherche de la vrit ou de la fausset d'une conjecture, sans essayer de
comprendre vraiment le phnomne.]
Si une telle question binaire s'avre vide de sens nous devons en faire la critique
(Citation de K467)
"Or, s'il se produit que dans les deux cas le rsultat est purement et simplement vide
de sens (non-sens), nous sommes alors invits [] examiner notre question elle-
mme d'un point de vue critique et voir si elle ne reposerait pas sur une
prsupposition sans fondement.
C'est l la grande utilit que possde la manire sceptique de traiter les questions
que la raison pure pose la raison pure, et l'on peut ainsi peu de frais tre
dbarrass d'un grand fatras dogmatique pour instaurer sa place une critique
pondre qui, tel un vritable catharticon, cartera avec bonheur l'aveuglement
dlirant, en mme temps que le got, qui l'accompagne, d'une multiplication effrne
du savoir."
(Fin de citation)
742
il n'est pas encore inconditionn, et la loi de l'usage empirique de l'entendement vous
prescrit de vous interroger encore sur une condition de temps suprieure : le monde
est par consquent, l'vidence, trop petit pour cette loi."
Raison paresseuse
Voir La raison paresseuse.
Maximum de la srie des conditions dans un monde sensible considr comme une
chose en soi
(Citation de K480-K481)
"Alors que ne se trouve donn par le principe rgulateur de la totalit aucun
maximum s'appliquant la srie des conditions dans un monde sensible considr
743
comme une chose en soi, mais qu'un tel maximum peut seulement tre propos
comme une tche dans la rgression au sein de cette srie,
[Dans un conditionn peru dont l'esprit se reprsente la chose en soi, la srie
de conditions n'est pas complte : la perception et l'entendement ont cr une
reprsentation qui ne parcourt pas toute la rgression ; c'est la raison pure,
aide par l'entendement, d'assurer cette tche.]
744
Signification de cette rgle de la raison pure
(Citation de K480-K481)
[Cette rgle] " ne saurait dire ce qu'est l'objet, mais comment il faut oprer la
rgression empirique pour parvenir au concept complet de l'objet.
[Si la rgle disait ce qu'est l'objet] elle serait un principe constitutif, ce qui n'est jamais
possible partir de la raison pure. On ne peut donc aucunement songer dire par l
que la srie des conditions pour un conditionn donn est en soi finie ou infinie ; []
745
Mais si c'est seulement un membre de la srie qui se trouve donn [c'est--dire
une reprsentation que l'esprit n'a pas encore eu le temps d'interprter sous
forme de chose en soi], dont la rgression doit commencer par partir pour aller
la totalit absolue, il ne se produit alors qu'une rgression d'une ampleur
indtermine (in indefinitum) [, rgression qui va du conditionn des conditions
qui, tant en dehors de lui, n'ont pu tre donnes avec lui.]
(Fin de citation)
K485 - "La totalit absolue de la srie des conditions dans le monde sensible
s'appuie uniquement sur un usage transcendantal de la raison, laquelle exige cette
compltude inconditionne de ce qu'elle prsuppose comme chose en soi, tandis
que le monde sensible ne contient rien de tel"
(Citation de K486)
[La proposition prcdente revient] " dire que, dans la rgression empirique, je ne
parviens toujours qu' une condition qui doit elle-mme son tour, ncessairement,
tre considre comme empiriquement conditionne." [Il y a une] "rgle stipulant
que, si loin que je puisse en tre arriv ainsi dans la srie ascendante, je dois sans
746
cesse me poser la question d'un membre plus lev de la srie, que celui-ci puisse
ou non m'tre connu par exprience.
[Lire ici Progression l'infini (in infinitum) ou progression illimite (in
indefinitum) : dfinitions.]
Je ne dirai pas non plus que la rgression conduisant d'une perception donne tout
ce qui la limite dans une srie, aussi bien dans l'espace que dans le temps, va
l'infini : cela suppose, en effet, la grandeur infinie du monde ;
747
ni non plus qu'elle est finie : car la limite absolue est tout aussi impossible
empiriquement.
En vertu de quoi je ne pourrai donc rien dire de tout l'objet de l'exprience (du monde
sensible), mais uniquement de la rgle d'aprs laquelle l'exprience doit tre
organise et poursuivie d'une manire qui soit conforme son objet.
Une limite absolue du monde est impossible empiriquement, par consquent aussi
absolument impossible.
(Fin des citations)
Autres remarques
Sur la grandeur du monde
(Citation de K489)
"Tout commencement est dans le temps [par dfinition] et toute limite de ce qui
possde une tendue est dans l'espace [par dfinition]. Mais l'espace et le temps ne
sont que dans le monde sensible [ce sont des intuitions a priori du monde sensible].
Par consquent, des phnomnes, dans le monde, ne sont limits que d'une
manire conditionne, mais le monde lui-mme n'est limit ni d'une manire
conditionne ni d'une manire inconditionne.
(Fin de citation)
Sur la rgression
(Citation de K489)
"Le concept de la grandeur du monde n'est donn qu' travers la rgression, et non
pas, antrieurement cette rgression, dans une intuition collective.
748
Mais la rgression ne consiste jamais que dans l'acte de dterminer la grandeur et
elle ne donne donc pas un concept dtermin, ni non plus un concept d'une grandeur
qui serait infinie par rapport une certaine mesure :
par consquent, elle ne va pas l'infini (comme s'il tait donn), mais une distance
indtermine, pour donner ( l'exprience) une grandeur qui ne commence devenir
effective qu' travers cette rgression."
(Fin de citation)
(Citation de K562)
"Si la raison est un pouvoir de driver le particulier partir du gnral,
Ou bien le gnral est dj en soi certain et donn, et par suite il ne requiert que
la facult de juger pour procder la subsomption, et le particulier se trouve par
l mme ncessairement dtermin. C'est l ce que je nommerai l'usage
apodictique de la raison.
[Usage hypothtique de la raison]
Ou bien le gnral n'est admis que de faon problmatique, et il est une simple
Ide ; le particulier est certain, mais l'universalit de la rgle conduisant cette
consquence est encore un problme : ainsi plusieurs cas particuliers, qui, tous,
sont certains, sont-ils rapports la rgle pour savoir s'ils en dcoulent ; et dans
ce cas, s'il apparat que tous les cas particuliers que l'on peut indiquer
s'ensuivent de celle-ci, on conclut l'universalit de la rgle, puis de celle-ci
tous les cas, y compris ceux qui ne sont pas en eux-mmes donns. C'est l ce
que je nommerai l'usage hypothtique de la raison."
(Fin de citation)
749
pour introduire ainsi, aussi largement qu'il est possible, de l'unit dans les
connaissances particulires et par l rapprocher la rgle de l'universalit.
Inversement, l'unit systmatique (en tant que simple Ide) est purement et
simplement une unit projete, que l'on doit considrer en soi, non pas comme
donne, mais seulement comme constituant un problme : cette unit sert alors
trouver un principe pour l'usage divers et particulier de l'entendement, et guider
aussi par l cet usage vers les cas qui ne sont pas donns et le rendre cohrent."
(Fin de citation)
750
Raisonnement d'entendement (immdiat) et raisonnement de raison (mdiat)
K335 Kant appelle l'infrence raisonnement d'entendement et le syllogisme
raisonnement de raison ; l'infrence est immdiate, le syllogisme est mdiat.
K335 "Si le jugement conclu est dj compris dans la premire proposition, de telle
manire qu'il puisse en tre dduit sans la mdiation d'une troisime reprsentation,
le raisonnement est dit immdiat : plus volontiers parlerais-je alors de raisonnement
d'entendement. Mais si, outre la connaissance qui est prise pour principe, se trouve
encore tre ncessaire un autre jugement pour oprer la dduction, le raisonnement
s'appelle raisonnement de raison."
Voir aussi :
Raison - Usage hypothtique de la raison ;
Conscience des actes et des procdures.
751
Un raisonnement ne s'applique qu' des concepts et des jugements (propositions)
K337 [] "Le raisonnement ne s'applique pas des intuitions, pour les ramener
sous des rgles (comme le fait l'entendement avec ses catgories), mais des
concepts et des jugements."
Nous savons aussi que, chaque fois qu'il le peut, l'esprit enregistre une connaissance
nouvelle N en mmoire de long terme en rutilisant au maximum des connaissances
anciennes A, B, C qu'il a dj. Il reprsente N en utilisant des liens de relation avec
ces connaissances tels que l'information nouvelle de N partir d'elles soit la plus
simple possible. Il pourra ultrieurement reconstituer N partir des connaissances A,
B, C en parcourant ces liens (qui aboutissent des reprsentations), en faisant la
synthse des reprsentations ainsi trouves, et en interprtant la reprsentation de
synthse sous forme de connaissance.
La rutilisation est aussi prfre en tant que mthode mentale : chaque fois qu'il le
peut, l'esprit rsoudra un problme nouveau en rutilisant des raisonnements qu'il
connat plutt que de construire un raisonnement nouveau adapt au problme pos.
Exemple : J'utilise depuis l'adolescence une mthode de calcul du carr d'un
nombre termin par 5 : multiplier son nombre de dizaines d par son successeur
d+1 et ajouter 25 au bout, droite. Ainsi le carr de 65 s'obtient par 6x(6+1)=42,
et en ajoutant 25 droite de 42 on trouve 4225 : 652 = 4225.
J'utilise aussi l'identit remarquable (a+b)(a-b)=a2-b2.
Ainsi 63x67=(65-2)(65+2)=4225-4=4221.
752
J'ai tellement l'habitude, depuis des annes, d'utiliser ces mthodes que j'y
recours sans me poser de question, sans me demander chaque fois s'il n'y a pas
une mthode plus lgante, sans prendre le temps d'en chercher une.
Gestion d'historiques
La conscience de soi va au-del de celle de savoir qu'on a une reprsentation
prsente l'esprit, elle a le pouvoir de mmoriser et retrouver des historiques (suites
d'actions ou de penses conscutives), et ce par la mme fonction de gestion de la
mmoire que celle qui enregistre le schma d'attention d'une reprsentation.
Exemple : tout adulte sait additionner deux nombres entiers en se souvenant de
la mthode : les crire aligns l'un sous l'autre, additionner les chiffres
superposs en partant de la droite et en ajoutant les retenues ventuelles
753
concept et quoi nous donnons toutefois, par une invitable apparence, de la ralit
objective."
[Un raisonnement sur de pures abstractions ne peut crer que des abstractions,
car la seule manire d'obtenir des connaissances d'objets ou phnomnes
physiques est l'exprience.]
Kant rejette ces raisonnements, tout en admettant qu'ils sont issus "de la nature de la
raison" :
K359 - "Ce sont des sophistications, non pas de l'tre humain, mais de la raison
pure elle-mme, l'gard desquelles mme le plus sage de tous les hommes ne
peut se librer"
Ratiocination
Raisonnement abusif, hors de propos, argument subtil et vain (K151).
754
Rationalisme Principe de raison
Le rationalisme est la doctrine philosophique de Kant et de Descartes [20] base sur
le Principe de raison, appel aussi Principe de raison suffisante :
Tout ce qui existe a une raison d'tre ;
Tout phnomne a une cause.
Selon le principe de raison, toute ralit s'explique par une exprience, ce qui la rend
intelligible.
D'aprs cette doctrine, la raison, en tant que systme de principes organisateurs des
donnes empiriques, fonde la possibilit de l'exprience.
Voir Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine).
Le principe de raison peut tre appliqu pour tirer une consquence d'un fait ou
d'une hypothse ; exemple : Syllogisme hypothtique.
Rationnel
Adjectif
Qui relve de la raison, de la logique, d'un raisonnement juste, apodictique.
Par opposition sensible, esthtique (artistique), rvl (religion) ou surnaturel
(magique) : ce qui est rationnel relve de la logique sans motion ni prjug.
755
Ralisme
Substantif de philosophie : doctrine qui affirme qu'il existe une ralit extrieure
indpendante de l'homme, distincte de sa pense. Oppos : Idalisme.
Chez Kant : doctrine suivant laquelle le monde extrieur est connu tel qu'il
apparat travers les phnomnes, et non tel qu'il est en soi.
Oppos : Conceptualisme.
Remarque : Kant professait aussi un idalisme critique.
Voir aussi :
Idalisme transcendantal, Ralisme transcendantal et idalisme empirique ;
Idalisme critique ;
Rfutation du matrialisme (but de sa critique invoqu par Kant) ;
Principe de la primaut de la connaissance sur les objets (doctrine).
Ralisme transcendantal
Voir Dfinition du Ralisme transcendantal.
Ralit et phnomnes
Lire d'abord :
Relation entre ce qui nous apparat et la ralit ;
Rapport des phnomnes l'exprience en gnral.
756
Existence des phnomnes extrieurs et intrieurs, dont l'me
(Citation de [56b] 49 pages 139-140)
[Il existe bien un monde extrieur en tant que phnomne dans l'espace]
"On peut fort bien dmontrer qu'il existe hors de nous quelque chose sur le mode
empirique, donc comme phnomne dans l'espace, car nous n'avons [affaire qu'aux
objets] qui appartiennent une exprience possible.
[]
Existe empiriquement hors de moi ce qui est intuitionn dans l'espace ;
[Ce monde extrieur est celui que j'intuitionne et dont j'ai conscience]
et comme cet espace ainsi que tous les phnomnes qu'il contient relve des
reprsentations [lies par la fonction de liaison du sens interne], j'ai conscience de la
ralit des corps comme phnomnes extrieurs dans l'espace,
[Les reprsentations de l'espace avec ses phnomnes extrieurs sont des
vrits objectives parce qu'elles sont lies par les lois de l'exprience.]
[Nous ne pouvons rien savoir de cette chose en soi, sinon qu'elle d'affecte nos sens]
bien que nous ne sachions pas comment elle est constitue en elle-mme, et que
nous ne soyons informs que de son phnomne, c'est--dire de la manire dont
nos sens sont affects par ce quelque chose d'inconnu.
[Notre entendement admet donc que ces choses en soi inconnaissables existent]
Donc l'entendement, du fait mme qu'il admet les phnomnes, reconnat galement
l'existence des choses en elles-mmes,
757
[En utilisant donc des noumnes, nous limitons la porte de l'Esthtique]
Ainsi notre dduction critique n'exclut-elle en aucune faon de tels tres (noumena) ;
bien plutt elle limite les principes de l'Esthtique en telle sorte qu'ils n'aillent pas
s'tendre toutes choses, ce qui aurait pour rsultat de tout transformer en simple
phnomne,
[L'Esthtique ne peut et ne doit s'appliquer qu' la sensibilit a priori, au-del de
laquelle l'entendement en gnral est rgi par la logique.]
Ralit physique
La ralit d'un objet est postule d'aprs l'intuition de son phnomne, qui comprend
une forme (le temps et, pour les phnomnes du sens externe, l'espace).
K298 "On ne peut [] dfinir la ralit par opposition la ngation que si l'on se
forge la pense d'un temps (comme ensemble o tout ce qui est se trouve englob),
[temps] qui, soit est rempli de cette ralit, soit est vide."
758
Voir aussi Possibilit de l'exprience au XXIme sicle.
Voir aussi :
Data
Ngation
Idalisme transcendantal comme clef pour rsoudre la dialectique cosmologique
Ce qu'un sujet peut dduire du Je pense, selon Kant
Non-existence d'un objet sensible
Voir aussi Possibilit de l'exprience au XXIme sicle
Ralit suprme
Voir Conclusion sur la possibilit des choses Concept de la suprme ralit.
Rceptivit
K117 "La capacit de recevoir (rceptivit) [passivement] des reprsentations par
la manire dont nous sommes affects par des objets s'appelle sensibilit. C'est
donc par la mdiation de la sensibilit que des objets nous sont donns, et c'est elle
seule qui nous fournit des intuitions ; mais c'est par l'entendement qu'ils sont penss,
et c'est de lui que procdent des concepts."
K472 "Le pouvoir sensible d'intuition n'est proprement parler qu'une rceptivit,
qui consiste tre affect d'une certaine manire par des reprsentations dont le
rapport qu'elles entretiennent les unes avec les autres est une intuition pure de
l'espace et du temps (simples formes de notre sensibilit), et qui se trouvent
dsignes comme des objets en tant qu'elles sont dans ce rapport (l'espace et le
temps) relies et dterminables d'aprs des lois rglant l'unit de l'exprience."
759
K227 - "L'image pure qui prsente toutes les grandeurs au sens externe est l'espace,
tandis que celle de tous les objets des sens en gnral est le temps."
En s'exprimant comme un mathmaticien, la reprsentation fournie la
conscience pour prise en compte par apprhension est une fonction de deux
variables, le temps et l'espace. L'expression de la fonction ( la formule
calculer ) est une description du phnomne, la reprsentation fournie par la
synthse empirique : voir Intuition (tapes).
Rciprocable
Adjectif : se dit d'une proposition ou d'une thse dont la rciproque existe.
Rciproque
Adjectif ou substantif.
Selon le dictionnaire [13] : (philosophie, logique) - Deux propositions hypothtiques
sont rciproques quand l'hypothse de l'une est la consquence de l'autre, et quand
la consquence de la premire est l'hypothse de la seconde.
Exemple : si une figure est un triangle, c'est un polygone de trois cts ; si une
figure est un polygone de trois cts, c'est un triangle.
On dit qu'une relation entre deux termes est rciproque quand un terme prsuppose
l'autre et vice versa.
Rciprocit
760
La force lectrostatique (force de Coulomb [92]), de porte infinie, dcouverte en
1785).
La force faible, de porte 2 .10-3 fermi (1 fermi = 10-15 m).
La force nuclaire, de porte 1 fermi (c'est le diamtre approximatif d'un noyau
atomique).
Relation entre deux objets abstraits qui agissent chacun sur l'autre
Exemple : En conomie, le prix d'un article et la demande de cet article
interagissent : quand l'un augmente l'autre baisse, et rciproquement.
Dictionnaire [13]
Action de reconnatre en identifiant.
Chez Kant
La recognition est l'acte de l'esprit par lequel une reprsentation est subsume sous
un concept, ce qui exige de reconnatre ce concept comme ensemble d'informations
prsentes dans la reprsentation.
761
En fait, dans sa gnration de concepts la recognition est insparable de
l'imagination ; celle-ci peut mme prendre de l'avance , produisant des
anticipations de la perception.
Recognition de procdure
L'esprit humain a une facult de recognition de procdure (suite d'tapes de la
pense) permettant de reconnatre une procdure P, adapte un problme du
moment, en tant que dtail ou variante d'une procdure plus gnrale G enregistre
dans sa mmoire de long terme. Exemples :
L'esprit sait additionner 142857 et 50834 en reconnaissant dans ce problme un
cas particulier d'une mthode gnrale d'addition apprise dans l'enfance.
L'esprit sait calculer la primitive de la fonction cos(3x+0.12) en y reconnaissant
un cas particulier de la primitive de cos x
L'esprit sait reconnatre des situations et volutions politiques, de jeu d'checs
L'esprit sait reconnatre des directions d'volution : mouvement d'un ballon, coup
port par un adversaire, brouillard qui s'paissit
Modles et archtypes
Le subconscient joue un rle important dans les fonctions mentales comme
l'association, l'apprhension, l'intuition, l'imagination, la synthse et la recognition.
L'entendement lui-mme, lorsqu'il ne fait pas appel la raison, se droule dans le
subconscient.
762
Le subconscient dispose aussi de modles de procdures mentales, qu'il peut suivre
et combiner pour ses diverses fonctions conscientes ou inconscientes.
Rcupration
Fait de retrouver une information en mmoire. Oppos : oubli.
Rductionnisme
On appelle rductionnisme un principe d'explication d'un phnomne complexe par
une seule de ses composantes, cense suffire rendre compte des autres. Cette
dfinition s'applique notamment au vivant, lorsque les phnomnes de niveau
suprieur sont expliqus partir du niveau infrieur : le psychisme est expliqu
partir de la seule biologie, et celle-ci partir de la chimie et de la physique. Le
rductionnisme est donc une mthode d'explication par simplification et abstraction,
approche scientifique ncessairement analytique.
Avec une approche rductionniste, les proprits d'un tout doivent se dduire de
celles d'une de ses parties.
Rfrentiel
Systme de coordonnes, trois spatiales et une temporelle, auxquelles sont
rapportes les positions et dplacements des objets physiques.
763
Dfinition d'une rflexion par l'origine d'une reprsentation : entendement ou pense
K315 [Une rflexion est une] "dtermination du lieu auquel appartiennent les
reprsentations des choses [prsentes l'esprit] qui sont compares, pour savoir si
c'est l'entendement pur qui les pense [donc si leurs concepts sont des catgories] ou
la sensibilit qui les donne dans le phnomne [ce qui les associe des concepts
empiriques de l'entendement]."
Connatre ce lieu permettra de savoir comment interprter ces reprsentations
pour en dduire des concepts de l'entendement.
Rapports selon lesquels les concepts peuvent se relier les uns aux autres
K310 - 4 points de vue auxquels des comparaisons de concepts sont possibles :
1. Identit (unit) ou diversit : il s'agit de l'ventuelle identit de reprsentations
multiples sous un mme concept, ncessaire pour des jugements universels,
ou de leur diversit quand il s'agit de produire des jugements particuliers ;
2. Convenance : c'est le point de vue des jugements affirmatifs, les jugements
ngatifs relevant de la disconvenance ;
3. Intrieur ou extrieur : c'est le point de vue de l'appartenance (intrieur) ou non-
appartenance (extrieur) un ensemble qui est un objet de l'entendement pur ;
4. Dterminable ou dtermination : c'est la distinction entre matire et forme :
voir Diffrences entre matire et forme divers points de vue.
K310 La rflexion est l'activit psychique qui cherche la relation entre des
reprsentations donnes en mmoire (l'objet de la rflexion) et diverses sources de
connaissances. Elle est dclenche lorsque l'esprit est dans un certain tat (Kant
parle dans K309-K310 d'tat de l'esprit), c'est--dire lorsqu'il a conscience de la
prsence de reprsentations de l'objet dans sa mmoire de travail.
764
La rflexion commence par dterminer laquelle des deux facults de connaissance
peut runir ces reprsentations en gnral : l'entendement ou l'intuition des sens.
Cette dtermination utilisera des comparaisons.
Remarque : un jugement qui n'est ni prcd ni suivi d'une rflexion critique (sur
sa validit) est attribu l'entendement pur ; rien comparer alors.
Rflexion logique
K311 "La rflexion logique est une simple comparaison, puisque l'on y fait
abstraction totalement de la facult de connaissance laquelle les reprsentations
donnes appartiennent, et qu'elles sont donc dans cette mesure, quant leur sige
dans l'esprit, traiter comme si elles taient homognes ;"
(Citation de K321)
[Limite des comparaisons de concepts d'une rflexion logique]
"Quand nous procdons de faon seulement logique une rflexion, nous
comparons uniquement nos concepts entre eux dans l'entendement pour savoir :
si deux concepts contiennent la mme chose,
s'ils se contredisent ou non,
si quelque chose est contenu intrieurement dans le concept ou s'il vient s'y
ajouter,
et lequel de deux concepts est donn, lequel, en revanche, n'a de valeur que
comme une manire de penser le concept donn.
[Ces points de vue] "se diffrencient des catgories en ceci qu'ils prsentent, non
l'objet d'aprs ce qui constitue son concept (grandeur, ralit), mais seulement la
comparaison des reprsentations prcdant le concept des choses, et cela dans
toute leur diversit.
765
[La comparaison de reprsentations cherche d'abord leur lieu transcendantal]
Cette comparaison, toutefois, a d'abord besoin d'une rflexion, c'est--dire d'une
dtermination du lieu auquel appartiennent les reprsentations des choses qui sont
compares, pour savoir si c'est l'entendement pur qui les pense [sous forme de
noumne] ou la sensibilit qui les donne dans le phnomne.
Sans cette rflexion, je fais un usage trs mal assur de ces concepts, et il en rsulte
de prtendus principes synthtiques que la raison critique ne peut reconnatre et qui
se fondent exclusivement sur une amphibologie transcendantale, c'est--dire sur une
confusion de l'objet pur de l'entendement avec le phnomne."
(Fin de citation)
766
Voir Diffrences entre matire et forme divers points de vue.
Il est important de dterminer celui des points de vue ci-dessus sous lequel la facult
de connatre [entendement ou intuition] relie subjectivement les reprsentations :
K310 "Car la diffrence entre ces facults produit une grande diffrence dans la
faon dont on doit penser les rapports entre les concepts."
Exemples d'erreurs dnonces par Kant propos de l'amphibologie :
K322 "On peut certes dire que ce qui, en gnral, convient ou rpugne un
concept convient ou rpugne aussi tout le particulier qui est subsum sous ce
concept (dictum de omni et nullo) ; pour autant, il serait absurde de transformer
ce principe logique en vue de lui faire dire que ce qui n'est pas contenu dans un
concept gnral n'est pas contenu non plus dans les concepts particuliers qu'il
subsume ; car ceux-ci sont des concepts particuliers prcisment parce qu'ils
contiennent davantage en eux que ce qui est pens dans le concept gnral. Or
c'est pourtant bel et bien sur ce dernier principe qu'est construit tout le systme
intellectuel de Leibniz ; il s'effondre donc en mme temps que ce principe, avec
toute l'ambigut qui en rsulte dans l'usage de l'entendement."
K322 "Le principe de l'indiscernable [de Leibniz [37]] se fondait proprement sur
la prsupposition que, si une certaine distinction ne se rencontre pas dans le
concept d'une chose en gnral, elle ne se peut trouver non plus dans les
choses elles-mmes ; et que, par consquent, toutes les choses sont
parfaitement identiques (numero eadem) qui ne se distinguent pas dj les unes
des autres dans leur concept (quant la qualit ou quant la quantit). Mais
puisque, quand il s'agit du simple concept d'une chose quelconque, abstraction
est dj faite de maintes conditions ncessaires d'une intuition, on est port
prendre, par une trange prcipitation, ce dont on a fait abstraction pour quelque
chose qui ne se peut rencontrer nulle part, et l'on n'accorde la chose que ce
qui est contenu dans son concept."
Kant ne justifie pas le choix de ces mthodes de comparaison. Il les cite en critiquant
la mtaphysique de Leibniz [37], hors sujet dans ce vocabulaire.
"Une rflexion transcendantale, en revanche, qui porte sur les objets eux-mmes,
contient le principe de la possibilit de la comparaison objective des reprsentations
entre elles et est donc vraiment trs diffrente [de la rflexion logique], puisque la
facult de connaissance dont elles relvent n'est pas la mme."
Kant utilise le terme concept de la rflexion dans la Critique sans l'avoir explicitement
dfini. En tudiant son texte on trouve qu'il dsigne les points de vue 1., 2., 3., et 4.
767
suivants, utiliss pour comparer les concepts de comparaison par rflexion
transcendantale.
768
phaenomenon) peut sans aucun doute contenir entre ses lments une relation
de disconvenance et, runi dans le mme sujet, anantir en totalit ou en partie,
dans l'un de ses lments, la consquence de l'autre, comme c'est le cas de
deux forces motrices oprant sur une mme ligne droite qui attirent ou poussent
un point dans des directions opposes"
Exemple 1 : compatibilit de grandeurs
On ne peut mesurer un poids en centimtres : ces deux grandeurs sont
incompatibles, un physicien les dclarerait incommensurables, Kant parlerait de
disconvenance. On ne peut pas comparer des objets incommensurables.
Pourtant, aprs talonnage, on peut mesurer un poids par l'allongement d'un
ressort auquel il est suspendu, appareil qui convient cet effet : Kant parlerait
alors de convenance (du verbe convenir) ; la comparaison d'objets est alors
possible.
Exemple 2 : compatibilit d'un ensemble avec une relation pour obtenir un
rsultat
Considrons :
L'ensemble E des nombres entiers positifs, ngatifs ou nul ;
Une relation R entre deux lments a et b de l'ensemble E produisant un
lment c = a R b appartenant aussi E (exemple : l'addition, qui produit un
lment c = a + b) ;
L'lment zro (0) de E dfini comme neutre, tel qu'tant donn un lment
a appartenant E (not aE) : a R 0 = a, c'est--dire (a + 0 = a).
Pour tout aE il existe alors un lment bE tel que a R b = 0
(a + b = 0, donc b = -a) : la mise en relation R (l'addition) de a et b annule a.
Donc si on a choisi (dfini) un ensemble E muni d'une relation R lment
neutre 0, on peut annuler (neutraliser) n'importe quel lment de E : on dit qu'un
tel choix {E, R, 0} convient pour une possibilit d'annuler tout lment de E ;
Kant dirait qu'il introduit une relation de convenance.
Considrons prsent l'ensemble F des nombres entiers positifs ou nul (dduit
de E par suppression des entiers ngatifs) et choisissons la mme relation R que
prcdemment, avec son lment neutre 0.
Alors, quel que soit l'lment aF autre que 0, il n'existe pas d'lment b dont la
mise en relation R (l'addition) avec a annule a : l'addition de deux nombres
positifs dont l'un au moins est non-nul donne toujours un nombre non-nul : le
choix {F, R, 0} ne convient pas pour une possibilit d'annuler un lment non-nul
de F ; Kant dirait qu'il introduit une relation de disconvenance.
Par analogie avec cet exemple, on peut associer deux reprsentations d'un mme
objet au sens de l'existence d'une certaine relation entre eux, existence appele
alors convenance ou disconvenance ; voici comment.
Si les deux reprsentations sont issues de l'entendement pur, elles sont
identiques et aucune association ne pourra produire un rsultat neutre : l'une ne
pourra annuler l'autre et on parlera entre eux d'une relation de convenance.
Au contraire, si les deux reprsentations sont issues de l'intuition, elles pourront
diffrer par au moins une information X. Leur association pourra produire un rsultat
769
neutre si l'information X a des valeurs opposes, et on parlera entre eux d'une
relation de disconvenance.
770
Simplement, que puis-je penser, titre d'accidents intrieurs, sinon ceux que me
fournit mon sens interne, c'est--dire ce qui est soi-mme une pense"
(Fin de citation)
Kant, qui a rdig ce paragraphe pour critiquer Leibniz [37] et ses monades, dfinit
une substance d'une manire qui omet les liquides, les gaz (et bien entendu des
notions plus modernes faisant intervenir l'nergie comme les plasmas, les champs
lectriques et les espaces quantiques) ; il exclut aussi toute connaissance de
substance d'objet autre que par des forces d'attraction, rpulsion et duret
(rsistance la pntration). Nous ne commenterons pas cette physique, aujourd'hui
dpasse. Voir Substance, matire, forme et physique moderne.
771
(Citation de K314)
"L'espace et le temps prcdent tous les phnomnes, ainsi que toutes les donnes
de l'exprience, et ils ne font [] que les rendre possibles.
[]
Comme l'intuition sensible est une condition subjective tout fait particulire qui est a
priori au fondement de toute perception, et dont la forme est originaire, la forme est
donne seule par elle-mme et, bien loin que la matire (ou les choses mmes qui
apparaissent phnomnalement) doive intervenir comme fondement (ainsi qu'on
serait forc d'en juger d'aprs de simples concepts), la possibilit en suppose plutt
que soit donne une intuition formelle (espace et temps).
(Fin de citation)
(La perception suppose l'intuition, qui comprend la forme du phnomne.)
Refoulement
Mcanisme de dfense par lequel le sujet repousse ou maintient dans l'inconscient
des penses, images ou souvenirs en conflit avec une valeur consciente.
Rfutation de l'idalisme
Voir d'abord :
Idalisme : doctrine (empirique, subjectif, transcendantal) ;
Idalit - Dualisme (au sens de Kant).
K282-K283 Kant admet, comme Descartes [20], que le sens interne de l'homme lui
donne une certitude d'exister au moins en tant qu'tre dou d'imagination, tre qui a
donc une conscience et une exprience interne. Il en dduit le thorme suivant :
Thorme
La simple conscience, mais empiriquement dtermine, de ma propre existence
prouve l'existence des objets dans l'espace hors de moi.
Signification : Mon sens interne me rend conscient du temps, information externe
mon corps et mon esprit. Donc j'ai conscience d'objets externes.
Preuve
K283 Kant crit, en substance : J'ai conscience de mon existence comme
dtermine dans le temps du fait de mon sens interne ( Je pense, donc je suis et
[33]). Or, toute dtermination de temps suppose quelque chose de permanent dans
la perception. Mais cet lment permanent ne peut pas tre quelque chose en moi,
puisque la permanence de mon existence ne peut tre apprcie que par rapport
quelque chose d'extrieur moi, mon sens interne ne fournissant ni date ni dure
absolues par rapport l'Univers : il doit donc exister des choses externes que ma
772
conscience peroit hors de moi de manire spontane : j'ai donc la fois un sens
interne et un sens externe moins que la perception de ma conscience ne soit
pure imagination.
Dans sa Remarque 2 (K284-K285), Kant rappelle que l'volution d'un objet observ
(son mouvement ), n'a de sens que lorsqu'un sujet a simultanment conscience
du temps et de l'espace. Il peut alors distinguer sa substance (permanente,
inchange) de ce qui change, grce des repres extrieurs qu'il se donne
arbitrairement et qu'il dfinit comme permanents.
Ce n'est pas parce que j'ai l'esprit une reprsentation de phnomne qu'il existe
K285 "Du fait que l'existence d'objets extrieurs est requise pour la possibilit d'une
conscience dtermine de nous-mmes, il ne s'ensuit pas que toute reprsentation
intuitive de choses extrieures en contienne en mme temps l'existence, car une
telle reprsentation peut parfaitement tre le simple effet de l'imagination."
Par cette prise de position, Kant s'oppose clairement l'innisme de Descartes.
Conclusions
Kant a contest l'idalisme dogmatique de Berkeley dans l'Esthtique
transcendantale en postulant que l'espace est une reprsentation a priori, ncessaire
toute intuition externe, que c'est une intuition pure (K120-K121).
Par dfinition, l'Univers tant tout ce qui existe il n'y a pas d'extrieur l'Univers.
Mme si on postulait l'existence d'un tel extrieur, aucune action travers la frontire
de l'Univers (action qui serait donc transcendante) n'est possible d'aprs nos lois de
la nature ; il en rsulte l'impossibilit de l'existence d'un Dieu qui aurait cr l'Univers
ncessairement de l'extrieur de celui-ci.
Kant a admis qu'on ne pouvait ni dmontrer l'existence d'un espace externe
(faute de repre absolu extrieur l'Univers), ni son inexistence, d'o son postulat de
l'espace reprsentation a priori, justifi par son utilit en tant que concept de base
pour former les connaissances.
773
L'immatrialisme de Berkeley, adopt par exemple par Nietzsche [48] suite des
thories fantaisistes de Boscovich (1763), a abouti des absurdits physiques
contredisant, par exemple, les lois de Newton [46] et l'existence des atomes.
774
K337 "La diversit des rgles et l'unit des principes constituent une exigence de la
raison pour mettre l'entendement en complet accord avec lui-mme, tout comme
l'entendement soumet le divers de l'intuition des concepts et procde ainsi sa
liaison. [] Bref, la question est de savoir si la raison en elle-mme, c'est--dire la
raison pure, contient a priori des principes et des rgles synthtiques, et en quoi ces
principes peuvent bien consister."
(La diversit des rgles est ce qui permet la connaissance d'un phnomne par
autant de catgories de l'entendement qu'il faut pour le dcrire compltement.
L'unit des principes est ce qui permet l'entendement de rester cohrent dans
l'ensemble des catgories qu'il gnre pour un phnomne donn.)
Voir aussi :
Les rgles de l'entendement proviennent de ses propres principes ;
Cause et causalit ;
Entendement pur : table des principes ;
Principes suprmes de la possibilit d'intuition pour la sensibilit et
l'entendement ;
Voir aussi Possibilit de l'exprience au XXIme sicle.
Rgression empirique
Lorsqu'un objet ou phnomne est donn, un instant particulier, la rgression
empirique consiste remonter de cet objet sa cause, puis ventuellement la
cause de cette cause, etc. L'esprit manipule les reprsentations et concepts
correspondants en utilisant la fois l'entendement et la raison.
775
Une rgression empirique ne peut atteindre le dbut absolument inconditionn
d'une chane de causalit
K486 "Le fondement du principe rgulateur de la raison est la proposition selon
laquelle, dans la rgression empirique, ne se peut rencontrer aucune exprience
d'une limite absolue, par consquent aucune exprience d'une condition qui, en
tant que telle, soit absolument inconditionne de manire empirique. La raison
en est que, dans une telle exprience, les phnomnes ne devraient tre limits
par rien, ou par le vide, sur lequel buterait, par l'intermdiaire d'une perception, la
poursuite de la rgression, ce qui est impossible."
Rgression l'infini
Lorsque des philosophes considrent la cause de la cause , puis la cause de la
cause de la cause... , etc., ils parlent d'une suite de situations (srie infinie)
constituant une chane de causalit unique. Celle-ci doit compter, d'aprs le principe
de raison, autant de chanons qu'il y a d'instants choisis arbitrairement avant le
prsent auxquels on considre la situation.
Autres solutions
1. Une chane infinie peut ne pas dpasser une date prcise
Un nombre infini de chanons n'entrane pas ncessairement une chane qui
remonte infiniment loin : si l'intervalle de temps entre les instants arbitraires de la
chane est suffisamment rduit ou dcrot suffisamment vite, la chane peut
parfaitement tendre vers une date prcise D : on dit qu'elle converge vers D [65].
776
2. L'ge de l'Univers n'est pas ncessairement infini
En toute logique, la chane de causalit de l'Univers lui-mme peut converger
une date infiniment lointaine ou non. L'hypothse d'un Univers ayant toujours
exist n'a rien d'aberrant ou d'impossible dans l'tat actuel de nos connaissances
cosmiques, mais elle exclut toute cause premire, toute cration initiale, divine ou
non et on ne peut en vrifier exprimentalement ni la vrit, ni la fausset : elle
est infalsifiable.
Rappelons ici que l'existence prouve du Big Bang ( commencement de
l'Univers par un dbut d'expansion de l'espace ) il y a 13.8 milliards d'annes ne
prouve pas que rien n'existait avant, c'est seulement la limite de toute visibilit
possible depuis la Terre par un moyen physique, limite due la vitesse de la
lumire c = 2.99792458 108 m/s et la vitesse d'expansion de l'Univers [30].
Nous savons aussi que nos lois physiques cessent d'tre valables au voisinage
du Big Bang : nous ne pourrions pas raisonner avec, par exemple parce qu'il se
pourrait que le temps et l'espace soient alors discontinus et quantifis.
3. Il peut y avoir eu une date de dbut du Temps
En dfinissant arbitrairement le dbut de l'Univers lors du Big Bang (hypothse
scientifique la plus courante, car infalsifiable), l'coulement du temps a
commenc ce moment-l ; rien n'existait avant, ni espace ni temps, et le
postulat de causalit tait sans objet.
4. Le postulat de causalit n'apporte aucune certitude
Ce n'est pas parce qu'on a constat la mme causalit dans 1000 cas particuliers
qu'on a la certitude qu'elle s'applique aussi au 1001me ; la raison elle-mme
n'apporte de certitude logique ni pour ni contre la ncessit d'un commencement
du monde.
5. Restriction du postulat de causalit
Voir Apparition et Libert au sens cosmologique.
777
Voir :
Preuve de la thse : raisonnement sur la finitude de l'ge et de l'tendue du
monde ;
Antithse ;
Chane de causalit Chane de consquences ;
Ides transcendantales : 4me conflit.
Rgulateur
Adjectif Axiome, principe ou postulat qui gouverne l'nonc de rgles.
Kant oppose rgulateur constitutif (K251-K252).
778
Principes rgulateurs de l'action et de la conduite
En philosophie, l'thique est la science qui traite des principes rgulateurs de l'action
et de la conduite morale.
Rgularit
Voir dterminisme.
Rification
(Philosophie) Transformation, transposition d'une abstraction en objet concret, en
chose. Synonyme : chosification.
Relation
Chez Kant la relation de la pense est une des fonctions logiques qui dcrivent tous
les jugements possibles de correspondance entre deux termes. Dans le paragraphe
K158-K159 il dcrit les relations suivantes :
Du prdicat au sujet : jugement catgorique ;
Du principe (ou de la cause) sa consquence : jugement hypothtique ;
De la connaissance divise et de tous les membres de la division les uns vis--
vis des autres : jugement disjonctif."
Voir aussi :
Liaison ;
Exemple de connexions non dfinies, ni par la raison ni par l'exprience ;
Catgories de la relation ;
Table transcendantale des concepts de l'entendement.
Religion
Reprsentation
Source : [1] - Le mot reprsentation a deux significations :
1 - Acte par lequel l'esprit du sujet se reprsente une chose (son objet, par exemple
un phnomne) tel qu'elle est un instant donn
C'est une mise en relation de l'objet avec l'ensemble de donnes mentales qui le
reprsentent dans l'esprit du sujet. L'objet peut tre externe (empirique) ou interne (a
priori) (K179). L'objet qu'un sujet se reprsente est prsent son esprit.
779
2 - Rsultat de cet acte
L'ensemble de donnes mentales prcdent, en mmoire de travail, dont l'esprit peut
prendre conscience par intuition, entendement et raison : voir Entendement (tapes).
780
fois que la conscience fait attention cette reprsentation en la
conceptualisant
L'historique des tapes d'attention qui ont permis de construire la reprsentation
de l'objet (le schma d'attention). Ces tapes permettent de reconstruire la
reprsentation initiale complte de l'objet partir des reprsentations de
certaines de celles de ces tapes.
(Exemple : je cherche me souvenir d'une personne, dont je me rappelle
seulement qu'elle portait un foulard rouge. A partir de l'attention ce
souvenir, je retrouve d'autres dtails sur la personne, le lieu de notre
rencontre, et finalement son nom.)
Le temps et l'espace. Ensemble de donnes mentales, une reprsentation a
ncessairement une date (celle de la formation en mmoire de l'historique des
tapes), son contenu est " un instant donn".
Si un objet reprsent volue (exemple : un footballeur voit le ballon qui
arrive) sa reprsentation volue automatiquement, comme les photos
successives d'un film. Et si l'objet est externe, sa reprsentation contient
ncessairement des donnes spatiales : lieu, formes et dimensions.
L'esprit a une facult de synthse et comparaison de reprsentations
successives permettant d'avoir conscience du passage du temps.
Voir aussi apprhension.
Nous savons aujourd'hui que cette perception rsulte d'une opration d'attention
l'objet [1] ; [23] ; [28]. La perception, avec son anticipation de la perception, produit
des informations simplifies constituant une bauche de reprsentation de l'objet,
bauche qui sera complte par l'intuition, l'entendement, etc. La construction de la
reprsentation se droule dans le subconscient, o elle est dclenche
automatiquement par l'attention.
781
ai conscience, j'ai prsente l'esprit une reprsentation de moi-mme en train de
penser une table. Cette reprsentation de reprsentation correspond une
conscience de soi, une aperception.
K184 "Toutes nos reprsentations ont, en tant que reprsentations, leur objet
et elles peuvent elles-mmes, leur tour, tre objets d'autres reprsentations."
782
On ne peut donc pas reconstituer un objet partir d'une de ses reprsentations ;
on ne peut en atteindre qu'une approximation dont on ne connat mme pas la
fidlit.
Voir aussi :
Rgle psychique de rutilisation maximum des reprsentations et des mthodes
Le sentiment, effet de la reprsentation sur le sujet, appartient la sensibilit ;
Sensibilit ;
Perception ;
Affection au sens de Kant ;
Apprhension ;
Aperception transcendantale ;
Ncessit de postuler le dterminisme pour rendre possible la reprsentation
d'objets.
A tout moment, une reprsentation peut tre stocke en mmoire de long terme, o
elle peut rester pendant des annes. Elle peut ultrieurement y tre retrouve :
l'esprit dispose alors non seulement de la description de phnomne qu'elle contient,
mais aussi des tapes de sa construction (attentions successives) et de sa
signification psychologique. C'est parce qu'une reprsentation contient aussi une
telle signification que l'homme prouve automatiquement une motion lorsqu'il se
souvient de certaines choses ou qu'il pense elles (en fait aux concepts associs
leurs reprsentations).
Complments : [23].
Voir aussi :
Reprsentation (Diagramme) ;
Information ;
Principe de l'unit synthtique du divers de toute intuition possible ;
Passage d'une reprsentation un concept ou d'un concept une
reprsentation.
783
(Citation de K346) :
"Le genre est la reprsentation en gnral (repraesentatio).
En dessous d'elle, il y a la reprsentation avec conscience (perceptio).
Une perception qui se rapporte exclusivement au sujet, en constituant une
modification de son tat, est sensation (sensatio) ;
une perception objective est connaissance (cognitio). Celle-ci est
ou bien intuition
ou bien concept (intuitus vel conceptus).
La premire se rapporte immdiatement l'objet et est singulire, le second
mdiatement, par l'intermdiaire d'un caractre qui peut tre commun plusieurs
choses. Le concept est
ou bien un concept empirique
ou bien un concept pur,
et le concept pur, en tant qu'il a sa source exclusivement dans
l'entendement (et non pas dans une image pure de la sensibilit), s'appelle
notion.
Un concept issu de notions, dpassant la possibilit de l'exprience, est
l'Ide, autrement dit : le concept rationnel.
Qui s'est jamais habitu cette faon de distinguer les reprsentations ne peut que
trouver insupportable d'entendre nommer Ide la reprsentation de la couleur
rouge. Elle ne doit pas mme tre nomme notion (concept de l'entendement)."
(Fin de citation)
784
Phnomne
Perception
Monde sensible
Reprsentation brute
Apprhension
Aperception
Reprsentation synthtique Noumne
Intuition Conceptualisation
Entendement
Conditions
Condition
Concept transcendantal
Conditions 8 concepts de comparaison
de la raison (quantit,
(concepts de la rflexion)
qualit, relation, modalit)
Idal
Ide transcendante
785
Reproduction Imagination reproductrice
Voir Imagination reproductrice (reproduction).
Rseau neuronal
Ensemble de neurones interconnects, c'est l'organisation fondamentale du tissu
nerveux. Chaque neurone communique, par signaux d'excitation et d'inhibition, avec
d'autres neurones.
Par extension, c'est un ensemble d'ordinateurs interconnects excutant une
application d'intelligence artificielle (exemples : reconnaissance d'images ou de
billets de banque faux ; simulation de rseau de neurones crbraux).
Rtention
Maintien en mmoire de long terme d'une information prsente l'esprit.
Rvlation
Substantif relatif la religion.
786
nous est donne, c'est--dire lui trouver d'un bout l'autre un sens qui
s'accommode aux rgles pratiques universelles d'une religion rationnelle pure.
La fin de toute la religion rationnelle est l'amlioration de l'homme
Page 88 : Donc, bien qu'un crit soit admis comme rvlation divine, le critre
suprme qui le fait juger tel est que tout crit, qui nous vient de Dieu, est utile
pour nous instruire, nous corriger, nous amliorer , etc. ; et, comme
l'amlioration morale de l'homme constitue la fin propre de toute la religion
rationnelle, c'est aussi cette religion qui contiendra le principe suprme de toute
l'interprtation de l'Ecriture.
Un peuple a besoin d'une rvlation divine pour adopter une religion rationnelle
Page 89 : "L'autorit de l'Ecriture, qui est l'instrument le plus digne et le seul
aujourd'hui, dans le monde civilis, runissant tous les hommes dans une Eglise,
constitue la foi ecclsiastique, qui, en tant que foi populaire, ne saurait tre
nglige, parce qu'une doctrine fonde sur la simple raison ne semble pas au
peuple capable d'tre une rgle immuable et qu'il faut ce peuple une rvlation
divine, par consquent aussi une confirmation historique qui en tablisse
l'autorit par la dduction de son origine."
La foi historique est base sur la rvlation
Page 90 : "La marque de l'Eglise vritable est son universalit ; et ce caractre se
reconnat sa ncessit et son incapacit d'avoir un autre mode de
dtermination. Or, la foi historique (base sur la rvlation, c'est--dire sur
l'exprience), n'a pas de porte gnrale et ne peut atteindre que ceux auxquels
est parvenue l'histoire sur laquelle elle s'appuie ;"
Rhapsodique
Adjectif : qui est dcousu, dsordonn.
K163 - "Cette division [de la synthse en concepts purs de l'entendement] est
produite systmatiquement partir d'un principe commun, savoir le pouvoir de
juger [] ; elle ne procde pas rhapsodiquement d'une recherche, entreprise au petit
bonheur, de concepts purs que l'on ne peut jamais tre certain d'avoir compltement
dnombrs."
[56] 39 page 141 Kant reproche Aristote [43] d'avoir imagin les catgories de
manire rhapsodique, sous forme de dix concepts lmentaires purs auxquels il a
ajout plus tard cinq autres dj en partie contenus dans les premiers.
Rhteur Rhtorique
Rhtorique : technique du discours ; ensemble de rgles et de procds
constituant l'art de bien parler, de l'loquence.
Rhteur : dans l'antiquit un rhteur tait une personne qui enseignait
l'loquence, un matre de rhtorique.
Sagesse
[132] page 257 "Comme la sagesse, considre thoriquement, signifie la
connaissance du souverain Bien, et, considre pratiquement, la conformit de la
volont au souverain Bien, on ne peut donc attribuer, une sagesse indpendante
souveraine, une fin qui serait fonde uniquement sur la bont."
787
Salut
Voir La finitude humaine et la question du salut.
Scepticisme
Doctrine philosophique qui nie la possibilit de connatre la vrit ; elle prconise
donc de s'abstenir le plus longtemps possible de juger et de prendre parti, et de
douter de toute affirmation.
Schma d'attention
Source : [23]
Des expriences de neuropsychologie ont montr que l'acte d'attention un
phnomne est mmoris automatiquement avec sa reprsentation.
Spontanment, mon inconscient mmorise le contexte de l'action (lieu, date),
mon tat d'esprit lors de son dclenchement (ce quoi je voulais faire attention), la
suite des ordres donner aux nerfs qui commandent des muscles ncessaires la
vision, et d'autres renseignements analogues sur l'attention.
788
Schme, schmatisme, schme transcendantal
Schme
Philosophie : Type, principe ou catgorie dont relve quelque chose ;
principe gnral d'organisation.
Psychologie : forme gnrale ayant une organisation interne ainsi qu'une action
organisatrice et structurante. Exemples : schme de pense, schme perceptif.
Exemples
Exemple 1 : comparaison d'un sac de pommes avec un cageot de poires
On peut comparer un sac de pommes et un cageot de poires par l'intermdiaire
d'une proprit commune comme le poids ou le nombre de fruits. Une
reprsentation d'une telle proprit commune est un schme transcendantal des
reprsentations de ces ensembles, intermdiaire entre une perception et la
catgorie correspondante.
Exemple 2 : la dtermination transcendantale du temps est un schme des
concepts de l'entendement.
K224-K225 - "il est clair qu'il doit y avoir un troisime terme contenant une
relation d'homognit d'un ct avec la catgorie, de l'autre avec le
phnomne, terme qui rend possible l'application d'une catgorie un
phnomne". Cette relation mdiatisante qui doit tre pure (sans lment
empirique) et la fois intellectuelle et sensible, c'est le schme transcendantal.
K225 - "Le temps, comme condition formelle [d'existence] du divers du sens
interne, donc de la liaison de toutes les reprsentations, contient un divers a
priori dans l'intuition pure. Or, une dtermination transcendantale du temps est
homogne la catgorie qui en constitue l'unit, en ce qu'elle est universelle et
repose sur une rgle a priori. Mais elle est, d'un autre ct, homogne au
phnomne, en ceci que le temps se trouve contenu dans toute reprsentation
empirique du divers. Par consquent, une application de la catgorie des
phnomnes sera possible par l'intermdiaire de la dtermination
transcendantale du temps qui, comme schme des concepts de l'entendement,
mdiatise la subsomption des phnomnes sous la catgorie."
D'une part, le temps est homogne un phnomne sensible, parce que
tout phnomne sensible est peru par le sens interne de temps, il est
un instant donn et/ou il dure un certain temps . On peut subsumer la
789
reprsentation du phnomne sous le concept gnral de temps, au sens
instant comme au sens dure.
D'autre part, le temps est le concept unificateur de la synthse pour
apprhension puis intuition du divers de phnomnes successifs par les
fonctions de l'entendement que sont l'association, l'apprhension et la
recognition (voir Entendement (tapes) et identit). Or "une dtermination
transcendantale du temps est homogne la catgorie qui en constitue
l'unit, car elle est universelle et repose sur une rgle a priori" : tous les
phnomnes lis par la synthse tant de ce fait dans le mme instant, il y a
unit de temps, ils sont dans la mme catgorie temps.
Le temps est donc un concept mdiateur permettant de subsumer tout
phnomne (ou tout ensemble de phnomnes) sous une catgorie, concept pur
de l'entendement. Une reprsentation du temps est donc un schme
transcendantal entre reprsentations de phnomnes et catgories : voil
pourquoi on peut toujours affirmer qu'un phnomne relve d'une catgorie.
Par extension, un schme est un outil de mdiation tel qu'un concept ou une
mthode.
Exemple : schme de passage de la cause l'effet, c'est--dire de la causalit
K228 - "Le schme de la cause et de la causalit d'une chose en gnral est le
rel auquel, une fois qu'il est pos arbitrairement, quelque chose d'autre succde
toujours. Il consiste donc dans la succession du divers, en tant qu'elle est
soumise une rgle."
K226 - Complter la reprsentation d'un objet par un nombre est une mthode
gnrale pour dfinir la multiplicit d'un objet (ou pour dfinir une proprit
mesurable, un rang ou une position dans une suite ordonne).
Le concept de nombre peut donc faire partie d'une mthode de reprsentation d'un
objet ou d'un phnomne, mthode gnrale la disposition de l'imagination. La
reprsentation mentale de cette mthode gnrale est appele schme
correspondant ce concept : c'est la reprsentation d'une mthode d'enrichissement
d'une reprsentation d'objet. La mthode d'enrichissement pratique par
l'entendement avec de tels schmes est appele schmatisme de l'entendement pur.
790
(Citation de K226-K227)
"Ce schmatisme de notre entendement relativement aux phnomnes et leur
simple forme est un art cach dans les profondeurs de l'me humaine, dont nous
arracherons toujours difficilement les vrais mcanismes la nature pour les mettre
dcouvert devant nos yeux.
[La schmatisation des concepts par rduction et abstraction, est effectue par
l'entendement d'une faon subconsciente.]
791
Voir aussi : Schmes des concepts purs de l'entendement
792
L'attribution de catgories permet la liaison continue des phnomnes perus dans la
conscience de l'tat d'veil.
Science
Chez Kant
Voir d'abord Une science est dfinie par son objet, ses sources de connaissance et
leur mode.
Voir :
Dfinition de la science de la nature ;
Dfinition d'une science gnrale de la nature, propdeutique une thorie ;
Conditions satisfaire par une critique de la raison pour que la mtaphysique
soit une science.
Dterminisme ;
Kant et le problme de choix de la primaut entre les connaissances et les
objets ;
La solution scientifique pour trouver la vrit empirique : le Rationalisme
critique ;
Systme ;
Unit systmatique ;
Architectonique.
793
Science de la nature
Voir Dfinition de la science de la nature.
Science des rgles, sc. des principes, sc. de la logique gnrale pure
K144 - L'esthtique est la science des rgles de la sensibilit en gnral, la logique
tant la science des rgles de l'entendement en gnral.
K145 - La logique gnrale pure est une science qui se prsente comme une
doctrine lmentaire de l'entendement. Elle n'a affaire qu' des principes a priori et
elle est un canon de l'entendement et de la raison, mais uniquement du point de vue
de leur usage formel, quel que puisse tre le contenu (empirique ou transcendantal).
Scolastique
Adjectif pjoratif qualifiant une philosophie, une thologie ou une logique :
Qui concerne ou rappelle la scolastique du Moyen Age dans ce qu'elle a de
plus dogmatique, dans l'abus de la dialectique et de l'abstraction ;
Essentiellement abstraite, dductive et fige.
Exemple : (K88) - "la Critique est plutt la prparation ncessaire au
dveloppement d'une mtaphysique solide possdant la valeur d'une science,
laquelle doit tre ncessairement traite d'une manire dogmatique et
strictement systmatique, donc sous une forme scolastique (et non populaire) ;"
C'est le besoin de rigueur rationnelle de la critique, et son caractre a priori, qui
imposent la forme systmatique et scolastique (abstraite, dductive et fige).
Substantif :
Thologie, philosophie et logique enseignes au Moyen Age dans les
universits et les coles ; elles tentaient d'accorder la raison et la rvlation
en s'appuyant sur les mthodes d'argumentation aristotlicienne ;
Philosophe ou thologien adepte de la scolastique au Moyen Age ;
Pjoratif : homme l'esprit scolastique, dogmatique.
Scolie
Selon le dictionnaire [13] Substantif masculin : remarque complmentaire suivant
un thorme ou une proposition.
794
[56b] 60 page 181 "L'utilit pratique que peut avoir une science simplement
spculative se situe en dehors des limites de cette science ; elle ne peut donc tre
considre que comme un scolie, et pas plus qu'aucun scolie, elle ne fait partie de la
science elle-mme."
Smantique
Dans ce texte, c'est un mot savant pour signification. Un texte peut tre
syntaxiquement correct (on dit bien form) tout en n'ayant pas de signification ou en
tant absurde. Exemple : la proposition Le cheval dploya ses ailes et s'envola
est du bon franais mais elle est absurde. Voir Logique (philosophie).
Smiotique
Adjectif de linguistique : qui a trait aux signes dans toutes leurs formes et dans toutes
leurs manifestations ; thorie gnrale des reprsentations, des systmes signifiants.
Ce qui est smiotique (le signe : objet perceptible qui reprsente un autre objet
quelconque) doit tre RECONNU ; ce qui est smantique (le discours) doit tre
COMPRIS.
Sens psychique
Effet affectif d'une pense ou d'une perception, sentiment qu'elle inspire. Exemples :
Pour un optimiste, la vie a un sens et mrite des efforts ; pour un nihiliste elle
n'en a pas, et il peut se laisser aller l'abattement comme la rvolte violente.
Le nihilisme est une doctrine de dsespoir pour qui aucune valeur n'a de ralit.
Le nihiliste nie les valeurs morales, religieuses et sociales, car elles n'ont pas,
ses yeux, de sens psychique. Pour lui, aucun espoir n'est permis, aucun effort
n'est justifi, aucune autorit n'est supporte.
Complment : [78].
795
Cette perception affecte l'esprit (le psychisme) : la reprsentation devient
automatiquement, instantanment, prsente l'esprit (K117). Mais ce stade-l son
phnomne d'origine n'est pas encore analys : la reprsentation est encore l'tat
brut et Kant la qualifie d'indtermine (K134). En fait, l'intuition n'interprte nullement
une reprsentation brute, c'est l'entendement qui le fait (Kant dit : qui la pense).
Voir :
C'est la sensation qui rend possible et mesure l'exprience de l'intuition sensible
Principe suprme de la possibilit d'intuition relativement la sensibilit ;
Perception ;
Entendement ;
et (pour expliquer les erreurs de jugement) : Objectif - Subjectif - Objectivit
subjective.
K227 - "L'image pure qui prsente toutes les grandeurs au sens externe est l'espace,
tandis que celle de tous les objets des sens en gnral est le temps."
[La ralit de quelque chose nous est indique que par sa perception]
Simplement, cet lment matriel ou cette dimension de ralit, ce quelque chose
qui doit tre intuitionn dans l'espace, prsuppose ncessairement une perception et
ne peut, indpendamment de cette perception qui indique la ralit de quelque chose
dans l'espace, tre ni invent ni produit par aucune imagination.
796
[Une chose est relle dans l'espace ou le temps si et seulement si nous en
prouvons la sensation ; rciproquement, une sensation indique un objet rel]
La sensation est donc ce qui fait signe vers une ralit dans l'espace et dans le
temps, selon qu'elle est rapporte l'une ou l'autre espce de l'intuition sensible."
(Fin de citation)
Tout phnomne (associ une ralit physique) occupe un espace et a une dure
K383-K384 "le phnomne qui se prsente au sens externe possde []
quelque chose de stable ou de permanent, qui fournit un substrat servant de
fondement aux dterminations changeantes et par consquent un concept
synthtique, savoir celui de l'espace et d'un phnomne dans l'espace ; au contraire,
le temps, qui est l'unique forme de notre intuition interne, n'a rien qui soit permanent,
et par consquent il ne nous donne connatre que le changement des
dterminations, mais non pas l'objet dterminable."
C'est l une accusation de la sensibilit qui n'explique pas comment elle perturbe la
synthse de l'entendement. Or cette perturbation ne peut rsulter que d'un
dtournement de la conscience de soi, dont l'unit assure le fonctionnement correct
de la synthse. Ce dtournement ne peut provenir que d'une seule fonction :
l'imagination qui assure la liaison entre intuition et entendement.
797
Voir aussi :
Principes suprmes de la possibilit d'intuition pour la sensibilit et
l'entendement.
Affection au sens de Kant
Connaissance
L'Esthtique transcendantale
La sensibilit fait spontanment appel l'imagination
Sensualisme
Selon le dictionnaire [19] : (philosophie) doctrine philosophique d'aprs laquelle toute
connaissance provient des sensations et d'elles seules. C'est une des formes de
l'empirisme.
Sentiment
Dictionnaire [13]
Un sentiment est :
Une apprciation psychologique de la valeur de quelque chose, apprciation qui
lui confre un sens psychologique (sens psychique) ;
Un tat affectif complexe, assez stable et durable, compos d'lments
intellectuels, motifs ou moraux, et qui concerne soit le moi (orgueil,
jalousie...) soit autrui (amour, envie, haine...).
Chez Kant
[107] pages 159-160 "si on appelle sentiment la capacit d'prouver du plaisir ou
du dplaisir l'occasion d'une reprsentation, c'est que l'un et l'autre contiennent,
dans ce qui touche notre reprsentation, l'lment purement subjectif, et non point
du tout une relation un objet en vue de la possible connaissance de celui-ci (ni non
plus en vue de la connaissance de notre tat) ; au reste en effet, mme des
sensations [] entretiennent pourtant aussi, comme ingrdients d'une connaissance,
un rapport un objet, alors que le plaisir ou le dplaisir [] n'expriment absolument
rien de l'objet, mais purement et simplement une relation au sujet."
Le sentiment est une interprtation par le sujet de l'tat de son sens interne ;
ce n'est pas une connaissance, mais sa prsence peut fausser l'entendement :
voir Le sentiment, effet interne de la reprsentation, appartient la sensibilit.
798
Srie et suite
Kant utilise le mot srie dans plusieurs sens, pour lesquels le franais a les termes
distincts suite et srie.
La suite, ensemble dont les lments sont rangs dans un certain ordre de
conscution : voir [65]. Exemples :
La suite des nombres premiers (1 ; 2 ; 3 ; 5 ; 7 ; 11) ;
La suite des mois de l'anne : janvier, fvrier
Dans ce sens-l, Kant n'utilise pas le terme suite, il le remplace par srie.
La srie chronologique est une suite d'lments conscutifs dans le temps,
comme des reprsentations de perceptions successives d'un mme phnomne
ou les chiffres d'affaires mensuels d'un artisan. Kant utilise ce sens-l :
K420 "Le temps est en soi une srie (et la condition formelle de toutes les
sries)"
La srie, suite de sommes des termes d'une suite de nombres : voir [65].
Kant n'utilise pas cette notion de srie mathmatique.
Srie chronologique
Voir Existence d'une suite de phnomnes dans le temps : srie chronologique.
K79-K80 "Car ce qui, avec ncessit, nous pousse aller au-del des limites de
l'exprience et de tous les phnomnes, c'est l'inconditionn que la raison rclame
ncessairement et de faon entirement lgitime dans les choses en soi, vis--vis de
tout ce qui est conditionn, en exigeant ainsi que la srie des conditions soit close
[entirement prise en compte]."
(Pour comprendre compltement un phnomne dont on a l'exprience avec
tous les concepts ncessaires - il faut trouver ce qui l'explique, c'est--dire tous
les lments des choses en soi de sa chane de causalit, suite qui tend vers
l'inaccessible inconditionn. Il y a plusieurs types d'explications :
voir Les divers types de dbut de la srie de conditions d'un inconditionn.
En pratique, toutes les chanes de causalit physique de l'Univers tendent vers
son commencement, le Big Bang.)
799
La raison est indpendante des phnomnes
K507 " la raison n'est pas elle-mme un phnomne et n'est soumise aucune
des conditions de la sensibilit ; il ne se trouve en elle-mme, concernant sa
causalit, nulle succession chronologique, et la loi dynamique de la nature, qui
dtermine la succession chronologique selon des rgles, ne peut donc lui tre
applique."
Seuil de conscience
Selon les expriences de [15] pages 185 et 196-197, la conscience de quelque
chose possde un seuil, un point de non-retour. Ce seuil a deux dimensions : une
intensit minimum et une dure minimum.
Ainsi, un stimulus trop bref reste subliminal, tandis qu'un autre peine plus long est
pleinement perceptible. La prise de conscience a un fonctionnement tout-ou-rien : en
dessous du seuil n'y a pas conscience de, au-dessus il y a conscience de... L'tat
de certains neurones reprsentant la conscience change, preuve supplmentaire
que la conscience de est un tat, pas une action ; c'est la transmission du stimulus
qui est une action. Une prise de conscience excite des neurones dans l'ensemble du
cerveau, pas dans une petite partie comme le fait un stimulus rest subliminal.
Un stimulus qui a franchi le seuil est pris en compte sous forme de reprsentation et
de sensation. La reprsentation et la sensation constituent l' image du stimulus,
en tant que phnomne peru. L'intuition et l'entendement permettent une
conceptualisation du phnomne, dont il rsultera une consquence psychologique
(sentiment qu'il inspire). Toute nouvelle reprsentation perue est ainsi
automatiquement et tout de suite interprte par l'entendement, pour que l'esprit en
comprenne la nature, puis ventuellement par l'intelligence si un raisonnement
conscient s'impose vu son importance.
Voir aussi :
Anticipations de la perception et de l'exprience ;
Principe de la continuit des sensations des phnomnes.
Simple
Dictionnaire [13]
Qui n'est pas compos, qu'il est impossible de diviser ou d'analyser, qui n'est pas
multiple. Pour les anciens Grecs, la matire tait faite d'atomes, eux-mmes
indcomposables donc simples.
Oppos : compos.
Chez Kant
Ce qui est simple :
N'est pas dcomposable, c'est un concept de base ;
N'a pas d'tendue, ni dans le temps ni dans l'espace, o il est ponctuel ;
800
N'a pas de complment, d'attribut ou de proprit autre que l'information
inhrente sa dfinition.
[93] D.1770, 1 page 629 "En ce qui concerne un compos substantiel, l'analyse
ne prend fin que si elle atteint une partie qui ne soit plus un tout, c'est--dire le
SIMPLE ; de mme, la synthse ne peut tre acheve qu'en parvenant un tout qui
ne soit plus une partie, c'est--dire au MONDE."
En somme, le simple est une partie indcomposable, et le monde est tout ce qui
existe, c'est--dire l'Univers.
[93] D.1770, 1 page 630 "Un compos substantiel tant donn, on parvient
aisment l'ide d'lments simples : il suffit pour cela de supprimer la notion
intellectuelle de composition en gnral ; en effet, toute ide d'assemblage une fois
carte, ce qui reste, ce sont les simples."
801
parties qui auront des longueurs non-nulles. La dcomposition d'une ligne
droite ne trouvera jamais de point, partie simple indcomposable :
K437 "L'espace n'est pas constitu de parties simples, mais d'espaces."
Les causes dues l'homme et/ou sa mthode d'analyse du compos :
Le pouvoir sparateur : avec de trs bons yeux, un homme ne peut
distinguer sur une photo, 40 cm des yeux, deux points distants de moins
de 0.11mm.
La sensibilit, aptitude voir un objet trs peu lumineux : l'homme voit l'il
nu, dans le ciel nocturne, les plantes Mercure, Vnus, Mars, Jupiter et
Saturne. Il ne voit pas Uranus et Neptune, trop peu lumineux.
La perception humaine d'un objet est limite par deux seuils minimaux :
la luminosit et la dure d'apparition.
La connaissance du sujet analys, permettant de bien concevoir et bien
interprter l'analyse d'un compos.
Etc.
Du point de vue philosophique, l'homme ne peut connatre empiriquement un
objet dans sa totalit que comme constitu de la substance que lui rvle
l'exprience. Cette connaissance est limite par les aptitudes comme le pouvoir
sparateur et la sensibilit : un composant prsent en quantit trop faible dans
une substance passera inaperu l'analyse.
Simple Ide
Voir La connaissance incomplte d'un phnomne est "simplement une Ide".
Situation
Voir Dfinition d'une situation.
Soi
Dfinit la personne dans son unit et son individualit. Le Soi est le sige de
l'ensemble de l'activit psychique, sujet dans la totalit de sa psych . C'est
l'ensemble de la personnalit englobant le conscient et linconscient. L'influence du
Soi se manifeste dans la nature particulire des lments de l'inconscient qui
viennent compenser et contrebalancer la situation consciente [6].
Solipsisme
Selon le dictionnaire [13] :
Attitude du sujet pensant pour qui sa conscience propre est l'unique ralit, les
autres consciences, le monde extrieur n'tant que des reprsentations.
Doctrine du philosophe qui pose la subjectivit comme fait primitif et qui pratique
le scepticisme radical face tout jugement sur la ralit objective.
802
Voir Solution de l'Ide cosmologique portant sur la totalit de la composition des
phnomnes en un univers.
(Citation de K495)
"On ne peut penser, propos de ce qui arrive, que deux sortes de causalit, soit
selon la nature, soit par libert.
803
pas son tour soumise, selon la loi de la nature, une autre cause qui la
dterminerait suivant le temps.
[ Inaugurer par soi-mme un tat signifie crer une situation sans cause en
chappant aux lois de la nature, libert qui ne peut s'appliquer la causalit de
la nature, mais seulement celle de l'homme. Voir Apparition.]
Mais dans la mesure o, sur ce mode, on ne peut obtenir dans la relation causale
aucune totalit absolue des conditions,
[parce que sa chane de causalit rgression illimite ne satisfait pas la
condition de compltude, la rgression restant concevoir pas pas]
804
La doctrine matrialiste nie la libert transcendantale, donc la libert pratique
K496 "On voit facilement que si toute causalit prsente dans le monde sensible
n'tait que nature [c'est--dire si le dterminisme rgissait toute volution], chaque
vnement serait dtermin par un autre dans le temps suivant des lois ncessaires,
et que par consquent, puisque les phnomnes, en tant qu'ils dterminent l'arbitre,
devraient rendre ncessaire toute action comme la consquence qui en rsulterait
naturellement, la suppression de la libert transcendantale [qui suppose la possibilit
d'chapper au dterminisme] ferait disparatre en mme temps toute libert pratique
[car celle-ci suppose le libre arbitre]."
Pour Kant, la libert pratique d'un sujet lui permet d'chapper aux lois naturelles et
de commencer une srie d'vnements sans cause efficiente. C'est une croyance en
la possibilit d'une transcendance (K496).
805
K497 "L'exactitude de ce principe qui pose un enchanement intgral de tous les
vnements du monde sensible selon des lois immuables de la nature est dj
solidement tablie comme principe de l'analytique transcendantale, et ne souffre
aucune mise en cause."
Mais une telle cause intelligible n'est pas dtermine, relativement sa causalit, par
des phnomnes, bien que ses effets se manifestent phnomnalement et qu'ils
puissent tre dtermins par d'autres phnomnes. Elle est donc, en mme temps
que sa causalit, en dehors de la srie, alors mme que ses effets se rencontrent
dans la srie des conditions empiriques."
[Nos reprsentations rsultant de notre facult de perception, indpendante des
phnomnes perus, leur cause ne fait pas partie de la srie des conditions de
notre intuition, bien qu'elle en gnre des reprsentations.]
(Fin de citation)
Conclusion : nos reprsentations sont libres par rapport nos perceptions en mme
temps qu'elles sont dtermines par les lois de la nature
K498 "L'effet peut donc tre considr, relativement sa cause intelligible, comme
libre et en mme temps, relativement aux phnomnes, comme une consquence
qui en rsulte suivant la ncessit de la nature."
[Les reprsentations que nous percevons sont la fois indpendantes des
phnomnes externes par leur perception, et rgies par les lois de la nature
appliques ces phnomnes.
Nous avons l un exemple de deux propositions antinomiques (indpendance et
dpendance par rapport aux phnomnes) vraies simultanment car rsultant de
synthses diffrentes (voir Synthses parallles et indpendantes de
l'homogne et de l'htrogne).
806
Possibilit d'une conciliation entre la causalit par libert et la loi universelle de la
ncessit de la nature
K498 - Dialectique transcendantale / Livre II : des raisonnements dialectiques de la
raison pure / Chapitre 2 : l'antinomie de la raison pure / 9me section / III. Possibilit
d'une conciliation entre la causalit par libert et la loi universelle de la ncessit de
la nature
807
entire, se rencontreraient en mme temps et sans aucune contradiction dans
les mmes actions, selon qu'on les rfre leur cause intelligible ou leur cause
sensible."
(Fin de citation)
Remarque sur la possibilit d'un d'objet des sens d'tre connu de plusieurs faons
Le raisonnement prcdent montre que, pour un objet des sens, un concept d'objet
intelligible peut tre pens indpendamment du concept d'objet physique : il y a deux
processus de comprhension distincts.
L'expos de cette intressante possibilit logique est une occasion de rappeler que,
mme au sens des lois de la nature, un objet peut tre pens plusieurs points de
vue ; c'est mme un devoir pour qui rflchit srieusement, que d'envisager tous les
problmes importants autant de points de vue qu'il faut pour dcider en
connaissance de cause. Voir WYSIATI.
Pour constituer une nature, les phnomnes doivent respecter une loi universelle
808
K501 - "Cette loi par laquelle seulement des phnomnes peuvent constituer une
nature et fournir les objets d'une exprience, c'est une loi de l'entendement par
rapport laquelle il n'est permis sous aucun prtexte de faire un cart ni d'riger un
quelconque phnomne en exception."
(L'homme n'a pas accs la ralit, mais des phnomnes qu'il peroit,
intuitionne, et entend : voir Principe de la primaut de la connaissance sur les
objets (doctrine). C'est ces phnomnes qu'il applique les lois du dterminisme
pour expliquer leur structure prsente et leur volution future :
Ce qu'il constate (la situation) un instant donn ;
L'volution qu'il prvoit de constater sous forme de phnomne reprsentant
l'tat du systme un instant futur, volution rgie par une loi de la nature.
Ces lois n'admettent pas d'exception.)
C'est l'homme qui introduit l'ordre et la rgularit dans les lois de la nature.
Cette logique, base sur l'aperception de l'homme (la conscience d'avoir conscience
des phnomnes), fait que pour lui-mme il "constitue un objet simplement
intelligible", basant alors sa connaissance sur sa raison ; or celle-ci possde une
causalit propre, indpendante de celle des phnomnes, donc libre par rapport
eux :
809
Causalit des facults de raison et d'entendement
(Citation de K503-K504)
"Que cette raison possde ds lors une causalit, du moins que nous nous
reprsentions en elle une telle causalit, c'est ce qui dcoule clairement des
impratifs que nous prescrivons comme des rgles, dans tout le domaine pratique,
aux facults qui exercent leur activit.
[La raison est soumise un impratif moral de devoir constituant une causalit]
Le devoir exprime une sorte de ncessit et de liaison avec des fondements qui ne
se prsente nulle part ailleurs dans la nature. [Evident]
L'entendement ne peut connatre de cette dernire [de la nature] que ce qui est
existant, l'a t ou le sera. [Evident]
Il est impossible que quelque chose, en elle [dans la nature], doive tre autrement
qu'il n'est effectivement dans tous ces rapports de temps ;
[ Doive tre indique une obligation morale, un devoir sans rapport avec une
ncessit naturelle, la nature n'ayant pas d'obligation morale]
il faut mme dire que le devoir-tre, quand on a simplement devant les yeux le cours
de la nature, n'a absolument pas la moindre signification. [Evident]
Nous ne pouvons pas davantage demander ce qui doit arriver dans la nature [ce que
la nature a le devoir moral de faire] que demander quelles proprits un cercle doit
avoir [les proprits qu'un cercle a le devoir moral d'avoir] ; mais ce que nous
pouvons demander, c'est uniquement ce qui arrive dans la nature ou quelles
proprits possde le cercle.
Ce devoir exprime ainsi une action possible [contingente], dont le fondement n'est
rien d'autre qu'un simple concept, alors qu'au contraire le fondement d'une simple
action naturelle ne peut jamais tre qu'un phnomne."
[Par dfinition des concepts d'action, de devoir et de phnomne]
(Fin de citation)
810
La raison se cre un ordre de prise en compte des concepts qui lui est propre
K504 "Que ce soit un objet de la simple sensibilit (l'agrable) ou mme de la
raison pure (le bien), la raison ne se rend pas au principe qui est empiriquement
donn et elle ne suit pas l'ordre des choses telles qu'elles se prsentent dans le
phnomne ;" au contraire se cre-t-elle avec une parfaite spontanit un ordre qui
lui est propre en suivant des Ides auxquelles elle fait correspondre les conditions
empiriques et d'aprs lesquelles elle dclare ncessaires mme des actions qui,
pourtant, ne se sont pas produites et peut-tre ne se produiront pas, mais en
supposant l'gard de toutes que la raison peut exercer une causalit leur endroit
- vu que, sinon, elle n'attendrait pas de ses Ides des effets dans l'exprience."
(La raison, en tant que facult, est parfaitement libre par rapport aux faits, la
logique et la cohrence. Elle peut associer des concepts selon des critres
fantaisistes et imaginer des vnements impossibles. Mais elle n'a pas de
volont propre, ce n'est qu'un outil au service des instincts, pulsions et dsirs du
sujet.)
"Ainsi tout homme a-t-il un caractre empirique de sa volont, qui n'est autre qu'une
certaine causalit de sa raison, en tant que celle-ci fait apparatre, travers ses
effets dans le phnomne, une rgle d'aprs laquelle on peut en infrer les motifs
rationnels qui la fondent et la faon dont ils agissent quant leur espce et leurs
degrs, et apprcier les principes subjectifs de son arbitre.
[Le dterminisme philosophique a t dfini par Kant 13 ans avant Laplace [47] ]
et si nous pouvions explorer jusqu'en leur fond tous les phnomnes de son arbitre
[l'arbitre de l'homme], il n'y aurait pas une seule action de l'tre humain que nous ne
811
pourrions prdire avec certitude et reconnatre comme ncessaire partir de ses
conditions antcdentes.
La raison est dtermine par les circonstances physiologiques, qui comprennent les
concepts intelligibles prsents l'esprit. Mais la pense nous demeure inconnue, en
ne permettant que l'accs aux reprsentations qui relvent des sens, ce qui nous
empche de formuler des jugements moraux.
Or une action due la pense pure ne rsulte que du phnomne du sens interne.
"La raison pure, en tant que pouvoir simplement intelligible, n'est pas soumise la
forme du temps, ni non plus, par consquent, aux conditions de la succession
chronologique. La causalit de la raison dans le caractre intelligible ne nat pas ou
ne commence pas en un certain temps produire un effet." Donc la raison a le
pouvoir de lancer des actions indpendamment de toute condition sensible : par
rapport ces conditions, elle est libre de le faire :
"Dans la mesure, en effet, o la raison n'est pas elle-mme un phnomne et
n'est soumise aucune des conditions de la sensibilit, il ne se trouve en elle-
mme, concernant sa causalit, nulle succession chronologique, et la loi
dynamique de la nature, qui dtermine la succession chronologique selon des
rgles, ne peut donc lui tre applique."
(Fin des citations)
812
laquelle, par consquent, agit librement, sans tre dtermine dans la chane des
causes naturelles par des principes qui, externes ou internes, la prcderaient dans
le temps ;
et cette libert qui est sienne, on ne peut pas l'envisager uniquement de manire
ngative, comme indpendance vis--vis de conditions empiriques (car dans ce cas
le pouvoir de la raison cesserait d'tre une cause des phnomnes), mais il faut
aussi la dsigner de faon positive, comme un pouvoir de commencer par soi-mme
une srie d'vnements,
de telle faon qu'en elle-mme rien ne commence, mais que, comme condition
inconditionne de tout acte procdant de l'arbitre, elle n'admette au-del d'elle
aucune des conditions chronologiquement antrieures, et cela quand bien mme
pourtant son effet commence dans la srie des phnomnes sans toutefois pouvoir
jamais y constituer un commencement absolument premier."
(Fin de citation)
813
justement pas ncessaire que la condition dt constituer avec le conditionn une
srie empirique."
[En remontant le plus loin possible la chane de causalit d'un phnomne,
infinie d'aprs le postulat de causalit, on a le choix entre deux possibilits :
O on considre que cette chane est infinie, et la srie des phnomnes a
toujours exist ;
O on postule, en complment du postulat de causalit, la cration du
monde par une cause transcendante, concept intelligible d'tre absolument
ncessaire indpendant des phnomnes de la rgression.]
"Ces deux thses peuvent tre vraies en mme temps sous des rapports diffrents,
tant et si bien que toutes les choses du monde sensible soient intgralement
contingentes, par consquent n'aient galement qu'une existence empiriquement
conditionne, et qu'intervienne cependant aussi, l'gard de la srie entire, une
condition non empirique, c'est--dire un tre inconditionnellement ncessaire. Car
celui-ci, en tant que condition intelligible, n'appartiendrait aucunement la srie de
manire en constituer un membre (pas mme le membre le plus lev), et il ne
rendrait non plus nul membre de la srie empiriquement inconditionn, mais
laisserait le monde sensible dans sa totalit son existence empiriquement
conditionne, telle qu'elle traverse tous ses membres."
et qu'il n'y a nulle part en lui, vis--vis de quelque proprit que ce soit, une ncessit
inconditionne ;
[Rien dans le monde n'a une existence absolument ncessaire, quelle que soit la
proprit selon laquelle on l'envisage]
814
qu'il ne se trouve aucun membre de la srie des conditions dont on ne doive attendre
et, aussi loin qu'on le peut, rechercher toujours la condition empirique dans une
exprience possible,
[Un phnomne ne peut exister que s'il fait l'objet ou rsulte d'une exprience
possible]
et que rien ne nous autorise driver une quelconque existence d'une condition
situe en dehors de la srie empirique,
[La causalit des lois de la nature limite l'existence possible aux objets de
l'exprience ou de la srie empirique]
- ce qui ne met toutefois pas en doute que la srie tout entire puisse tre fonde
dans quelque tre intelligible (qui est ds lors libre de toute condition empirique et
contient bien plutt le fondement de la possibilit de tous ces phnomnes).
[Mais ces rgles n'excluent pas la possibilit d'un tre transcendant intelligible]
(Fin de citation)
et ne dclare pas impossible l'intelligible, quand bien mme nous ne pouvons pas
l'utiliser pour expliquer les phnomnes."
[Kant ajoute l au Premier prcepte de Descartes [128] un complment ngatif :
Ne pas tenir pour impossible un objet issu de la raison pure (comme un
noumne) parce qu'on n'en connat pas d'exemple concret : l'impossibilit doit
tre prouve autant que la possibilit, on en a un exemple avec l'utilisation d'un
alibi en justice pnale.]
(Fin de citation)
815
(Citation de K512-K513)
"On montre donc seulement par l que la contingence intgrale de toutes les choses
de la nature et de toutes leurs conditions (empiriques) est parfaitement compatible
avec la prsupposition dlibre d'une condition ncessaire [l'tre ncessaire], bien
que purement intelligible, donc qu'il ne se peut rencontrer de vritable contradiction
entre ces affirmations, par consquent qu'elles peuvent tre vraies toutes les deux.
K513 " se forger la pense d'un fondement intelligible des phnomnes, c'est--
dire du monde sensible, et le penser comme affranchi de la contingence de ce
dernier, cela ne va l'encontre ni de la rgression empirique illimite dans la srie
des phnomnes ni de la contingence intgrale de ceux-ci. C'est mme l en fait la
seule chose que nous ayons faire pour lever l'antinomie apparente, et cela ne
pouvait se faire que sur ce mode."
[On peut imaginer que notre monde sensible des phnomnes est l'uvre
transcendante d'un tre absolument ncessaire, concept intelligible affranchi des
lois de la nature et de la contingence du monde sensible. Une telle conjecture ne
va l'encontre ni de la rgression empirique illimite dans la srie des
phnomnes ni de la contingence intgrale de ceux-ci.]
K515 "Dans la mesure o, une fois que nous nous sommes autoriss admettre,
en dehors du champ de la sensibilit dans son ensemble, une ralit effective
possdant par elle-mme sa consistance [cohrence], les phnomnes ne sont plus
considrer que comme des modes contingents de reprsentation d'objets
intelligibles par des tres [humains] qui sont eux-mmes des intelligences, il ne nous
reste ds lors rien d'autre que l'analogie d'aprs laquelle nous utilisons les concepts
de l'exprience pour nous forger cependant quelque concept que ce soit de choses
intelligibles dont nous n'avons pas en soi la moindre connaissance."
(Le concept de Crateur incr est une pure imagination base sur une analogie
avec les concepts de l'exprience. Kant tait croyant, mais sans confondre
ralit et conjecture.)
(Citation de K396)
Si l'on veut donner un intitul logique au paralogisme compris dans les
raisonnements dialectiques de la doctrine rationnelle de l'me, en tant qu'ils ont
malgr tout des prmisses justes, on peut l'apprcier comme un sophisma figurae
dictionis, o la majeure fait de la catgorie, par rapport ses conditions, un usage
816
purement transcendantal, alors que la mineure et la conclusion font de la mme
catgorie, relativement l'me qui est subsume sous cette condition, un usage
empirique.
Sophisme, sophistique
Sophisme
En logique, le substantif sophisme dsigne un argument ou un raisonnement :
Qui, partant de prmisses vraies, ou considres comme telles, et obissant aux
rgles de la logique, aboutit une conclusion inadmissible.
Ayant l'apparence de la validit, de la vrit, mais en ralit faux et non
concluant, avanc gnralement avec mauvaise foi, pour tromper ou faire
illusion.
Sophistique
En tant qu'adjectif, sophistique signifie :
Qui est de la nature du sophisme ; qui relve du sophisme ;
Relatif aux sophistes grecs, la sophistique.
En tant que substantif, la sophistique est :
Une argumentation fonde sur des sophismes ;
Une attitude intellectuelle, un mouvement philosophique reprsent par les
sophistes grecs.
Sophrologie
Mdecine : Partie de la mdecine psychosomatique qui tudie les effets sur
l'organisme de certains tats de conscience provoqus par suggestion, par
relaxation, par autoconcentration, etc.
817
Sorite
En logique selon [13] : polysyllogisme dans lequel l'attribut de la premire proposition
devient le sujet d'une seconde proposition et ainsi de suite jusqu' une conclusion qui
unit le sujet de la premire proposition l'attribut de la dernire. Exemple :
Ce qui fait du bruit remue ;
Ce qui remue n'est pas gel ;
Ce qui n'est pas gel est liquide ;
Ce qui est liquide plie sous le faix ;
Donc cette rivire qui fait du bruit pliera sous le faix. (Source : [61] Lecture 45.)
Souche
Voir types de concepts.
Souverain bien
818
Sagesse : connaissance du souverain Bien et conformit au souverain Bien
[132] page 257 "Comme la sagesse, considre thoriquement, signifie la
connaissance du souverain Bien, et, considre pratiquement, la conformit de la
volont au souverain Bien, on ne peut donc attribuer, une sagesse indpendante
souveraine, une fin qui serait fonde uniquement sur la bont."
Selon Kant
Que spcifie-t-on ?
Spcifier c'est dtailler et prciser les informations d'un phnomne interprt par
l'entendement, c'est--dire sa forme, du point de vue logique comme du point de vue
signification.
Car partir de la sphre du concept, qui dsigne un genre, il est tout aussi peu ais
d'apercevoir jusqu'o la division en peut aller que ce n'est le cas partir de l'espace
qu'une matire peut occuper.
Enonc : dans une subdivision, nulle espce ne doit tre considre comme dernire
Ce pourquoi tout genre exige diverses espces, lesquelles exigent pour leur part
diverses sous-espces, et, dans la mesure o aucune de ces dernires ne peut
intervenir sans avoir toujours son tour une sphre qui lui corresponde (une
extension, en tant que conceptus communis), la raison exige, dans toute son
tendue, que nulle espce ne soit considre en elle-mme comme la dernire,
puisque, comme elle est en tout cas toujours un concept ne contenant en lui que ce
qui est commun des choses diverses, ce concept ne saurait tre intgralement
dtermin et donc pas non plus rapport immdiatement un individu - ce pourquoi il
lui faut toujours contenir en lui d'autres concepts, c'est--dire des sous-espces.
819
Cette loi de la spcification pourrait s'exprimer ainsi : entium varietates non temere
esse minuendas [il ne faut pas diminuer inconsidrment la varit des tres].
(Fin de citation)
Cette loi logique de la spcification repose sur la loi transcendantale suivante, car
elle ne peut tre tire de l'exprience.
Spculatif
Adjectif : qui porte sur des recherches abstraites, thoriques, qui leur est consacr.
Synonymes : abstrait, intellectuel, thorique. Opposs : concret, positif, pratique.
Philosophie spculative : mtaphysique.
K555 "Une connaissance thorique est spculative quand elle porte sur un objet ou
sur des concepts d'un objet que l'on ne peut atteindre dans aucune exprience. Elle
s'oppose la connaissance de la nature, qui ne porte pas sur d'autres objets ou
d'autres prdicats de ces objets que ceux qui peuvent tre donns dans une
exprience possible."
(Citation de K681-K682)
"Toute connaissance pure a priori constitue donc, en vertu du pouvoir de connatre
particulier o elle seule peut trouver son sige, une unit particulire, et
mtaphysique est la philosophie qui doit prsenter une telle connaissance dans cette
unit systmatique. Sa partie spculative, qui s'est tout particulirement appropri ce
nom, savoir celle que nous appelons mtaphysique de la nature, et qui examine
tout, en tant qu'il est [tout objet qui existe] (et non pas ce qui doit tre [obligation
morale]), partir de concepts a priori, se divise donc de la faon suivante.
820
Conclusions sur la connaissance et ses limites
(Citation de K594-K595)
"Ainsi toute connaissance humaine commence-t-elle donc par des intuitions, va de l
des concepts et s'achve par des Ides.
Bien qu'elle dispose, par rapport chacun de ces trois lments, de sources de
connaissance a priori qui, au premier abord, semblent ddaigner les limites de toute
exprience, une critique compltement acheve nous persuade pourtant que toute
raison, dans son usage spculatif, ne saurait jamais avec ces lments dpasser le
champ de l'exprience possible,
Voir L'usage spculatif de la raison pure ne recourt pas aux mthodes dogmatiques.
Sphrode - Gode
821
Chez Kant
K585 note * - "L'avantage cr par la configuration sphrique de la Terre est assez
bien connu ; mais peu de gens savent que son aplatissement, qui lui donne une
forme de sphrode, est le seul obstacle qui empche que le surgissement des
continents, ou mme de montagnes d'ampleur plus modeste que peut soulever un
tremblement de terre, ne dplace continuellement et de manire considrable en peu
de temps l'axe de la Terre ce qui arriverait si le renflement de la Terre sous la
ligne quatoriale n'tait pas une montagne assez puissante pour que l'irruption de
toute autre montagne ne pt modifier notablement sa position par rapport l'axe. Et
pourtant on n'hsite pas expliquer cette sage disposition par l'quilibre de la masse
terrestre autrefois fluide."
(C'est la fluidit de la jeune masse terrestre, due la chaleur dgage par
l'agglomration des particules qui l'ont forme en perdant leur nergie cintique
de chute gravitationnelle, qui explique l'aplatissement du sphrode et son
renflement quatorial. Kant le savait, mais prfrait attribuer cette forme la
sage volont de l'Intelligence suprme qu'il postulait de stabiliser l'axe terrestre
pour favoriser l'apparition de la vie)
Sphre
K167 - "dans tous les jugements disjonctifs, la sphre (l'ensemble de ce qui est
contenu dans le jugement) est reprsente comme un tout divis en parties (les
concepts subordonns)" : sphre dsigne l'ensemble des lments d'un tout.
Ici, "ce qui est contenu dans le jugement" dsigne tous les concepts du jugement.
Spiritualisme
En tant que doctrine, le spiritualisme affirme :
La spiritualit (immatrialit) de l'me, distincte et indpendante du corps ;
La possibilit d'une action de l'esprit sur la matire, l'esprit tant suprieur la
matire bien que son activit puisse en tre dpendante. (Ne pas chercher le
sens prcis de suprieur , il relve d'intuitions fumeuses)
Au sens moral, la primaut de l'esprit sur la matire fait que c'est l'esprit qui cre
spontanment les valeurs morales, sans intervention de la nature ou de l'homme.
Ces valeurs sont absolues et rgissent l'activit de l'homme.
Critique
On apprciera le caractre vague des notions d'esprit et d'me, ainsi que le
caractre dogmatique des croyances en une supriorit (?) de l'esprit et l'existence
822
de valeurs morales absolues, indpendantes des circonstances historiques et
culturelles.
Spiritualit
Selon le dictionnaire [13] : qualit de :
Ce qui est de l'ordre de l'esprit (considr comme l'me en tant que principe
indpendant) ;
Ce qui concerne l'esprit ou l'me ;
Ce dont l'origine n'est pas matrielle, mais relve du ressenti.
Spirituel
Adjectif ou substantif. - Selon le dictionnaire [13] :
(Ce) qui est de l'ordre de l'esprit ou de l'me, qui concerne sa vie, ses
manifestations, qui est du domaine des valeurs morales et intellectuelles.
Qui est de l'ordre de l'esprit (considr comme un principe indpendant), qui
concerne l'esprit ; dont l'origine n'est pas matrielle.
Qui se rapporte au domaine de l'esprit, de la pense, de l'activit intellectuelle.
Qui se situe au niveau de l'me, de l'esprit, de la vie psychique, sans rien de
sensuel ; qui a rapport la vie intrieure de l'me dgage des sens, aux
fonctions suprieures de l'esprit.
Qui n'appartient pas au monde physique mais au monde de l'esprit, de l'me,
la vie religieuse, au domaine moral distinct des ralits du monde sensible et de
la vie pratique.
Rempli, pntr de spiritualit.
Spontanit
L'adjectif spontan qualifie une action :
Qui se dclenche automatiquement, involontairement.
Exemple de l'aperception : partir d'une reprsentation d'objet R reue
passivement de l'intuition, l'entendement gnre spontanment une
reprsentation S de la reprsentation R ; le concept C associ S permet alors
la connaissance de l'objet initial par un jugement.
L'entendement est donc un processus de spontanit de la connaissance.
Que l'on fait de soi-mme, de sa propre initiative, notamment sans avoir rflchi.
La spontanit des concepts est le pouvoir d'interprter (sans action volontaire) une
reprsentation en formant un concept ; c'est une fonction de l'entendement.
K143 "Notre connaissance procde de deux sources fondamentales de l'esprit,
dont la premire est le pouvoir de recevoir les reprsentations (la rceptivit des
impressions), la seconde le pouvoir de connatre par l'intermdiaire de ces
reprsentations un objet (spontanit des concepts) ; par la premire nous est
donn un objet, par la seconde celui-ci est pens en relation avec cette
reprsentation (comme simple dtermination de l'esprit)."
823
Rciproquement : un concept est toujours le rsultat spontan de l'interprtation
d'une reprsentation, ce n'est ni un tat de l'esprit (tat de neurones et de leurs
connexions) ni un ensemble d'informations en mmoire : c'est une vue smantique
de sa reprsentation, gnre par sa prsence l'esprit.
Stocien - Stocisme
Selon le dictionnaire [13] :
Un stocien est un disciple de Znon de Cition, philosophe professant le
stocisme.
Le stocisme est une attitude morale caractrise par une grande fermet d'me
dans la douleur ou le malheur.
Stupidit
K221 - "La facult de juger est un talent particulier, qui ne se peut nullement
apprendre, mais seulement exercer" [contrairement l'entendement, qui peut
apprendre et s'armer de rgles].
K222 note * - "Le manque de facult de juger s'appelle stupidit, et une telle
infirmit il n'y a pas de remde. [C'est un dfaut] dont on ne peut jamais venir
bout."
Subjectif
Voir Objectif-Subjectif
Subliminal, supraliminale
[En parlant d'un stimulus] Qui n'atteint pas un seuil de conscience suffisant pour
provoquer une excitation sensorielle. Ainsi, une mme image est subliminale
824
(invisible car non perue) lorsqu'elle apparat moins de 40 ms (millisecondes) et
supraliminale (visible car perue) lorsqu'elle apparat plus de 60 ms.
Subreption
Selon [13] - Logique : sophisme qui consiste introduire dans le raisonnement un
changement de sens ou un postulat dissimul.
Exemple : Le langage de la syllogistique (...) permettrait de glisser dans le
discours sans que la subreption se dcelt d'elle-mme, des relations de cause
effet nullement rduites quelque chose comme des relations de principe
consquence.
Subsistance
K256 - L'existence de la substance sans prcision de dure est sa subsistance.
Selon [19], la subsistance est le rapport de la substance l'accident et de
l'accident la substance.
Voir Table des 12 catgories de l'entendement pur de Kant : catgories de
relation.
je vais mme jusqu' ajouter que nous ne pouvons nous faire aucun concept de la
possibilit d'une telle chose (encore que nous soyons capables de dsigner dans
l'exprience des exemples de son emploi) ;
[]
825
[Autre concept de base : la communaut]
cette inconcevabilit concerne galement la communaut des choses ; car on
n'aperoit pas du tout comment de l'tat d'une chose on pourrait conclure l'tat de
choses tout autres qui lui sont extrieures et rciproquement, ni comment des
substances, dont chacune a cependant bien sa propre existence part, doivent
dpendre les unes des autres, et mme de faon ncessaire."
Substance
Chez Kant
Matire qui persiste pendant le changement (l'volution d'un objet perue sous forme
de phnomnes) et en rend l'existence permanente. C'est une des catgories de la
relation : substantia (substance). Mais, attention : le concept de substance ne
s'applique qu' un objet de l'exprience.
K364 "De chaque chose en gnral, je peux dire qu'elle est substance, en tant que
je la distingue de simples prdicats et dterminations des choses."
Voir :
Matire et forme ;
Catgories de l'entendement : inhrence / subsistance ;
K399 Une chose est reprsente en elle-mme par la catgorie de substance.
Temps.
La substance d'un objet est ternelle : elle existe, a toujours exist et existera
toujours
K253 "le substrat de tout le rel, c'est--dire de tout ce qui appartient
l'existence des choses, est la substance, dans laquelle tout ce qui appartient
l'existence ne peut tre pens que comme dtermination" :
C'est donc une condition a priori de la connaissance empirique, permettant
d'apprcier un objet dans sa totalit comme constitu de la substance. Connatre
826
la substance d'un objet ne provient donc pas de l'intuition sensible (qui ne
permet jamais d'apprcier la totalit d'un objet), mais de l'exprience.
K445-K447 "Etant donn que les substances ont de tout temps t dans le monde,
ou du moins que l'unit de l'exprience rend ncessaire une telle supposition, il n'y a
pas de difficult admettre aussi que le changement de leurs tats, c'est--dire une
srie de leurs changements [une chane de causalit de leurs tats successifs],
aurait exist de tout temps, et par consquent que nul premier commencement
n'aurait besoin d'tre recherch, ni du point de vue mathmatique ni du point de vue
dynamique."
[L'unit de l'exprience d'un objet au cours d'un intervalle de temps exige qu'il
existe du dbut la fin, existence insparable de celle de sa substance.]
K298 "Si je laisse de ct la permanence (qui est une existence en tout temps), il
ne me reste, pour le concept de substance, que la reprsentation logique du sujet,
laquelle je pense raliser en me reprsentant quelque chose qui peut avoir lieu
simplement comme sujet (sans tre prdicat de quoi que ce soit)."
La substance n'est attribut d'aucun sujet, n'est inhrente aucun sujet.
Tout ce qui existe de manire permanente s'explique par la substance (on dirait
aujourd'hui la matire ou la masse-nergie, bien que la physique connaisse
d'autres invariants, comme la charge lectrique) ;
L'existence physique d'un objet ncessite l'existence de sa substance en tant
que cause matrielle au sens d'Aristote : le concept d'objet physique n'a de sens
que s'il a une cause matrielle.
Lorsqu'un systme isol volue, ni son concept ni sa matire ne cessent
d'exister. Ce qui existe physiquement du dbut la fin d'une volution est, par
dfinition, sa substance :
sa substance (matire) est permanente, pour Kant comme pour Lavoisier
[63] qui a crit : Rien ne se perd, rien ne se cre, tout se transforme
(dans une raction chimique, les atomes sont les mmes du dbut la fin :
mmes atomes d'lments chimiques, mme nombre de chaque atome) ;
"son quantum dans la nature ne peut ni augmenter ni diminuer"
(sa masse-nergie, sa charge lectrique, etc. sont constantes).
K268 "Tout effet consistant dans ce qui arrive, par consquent dans quelque
chose qui est susceptible de changer et que le temps caractrise travers la
succession, le sujet ultime en est le permanent, comme substrat de tout ce qui
change, c'est--dire la substance."
(Dcrire l'volution d'un systme suppose deux choses : dcrire le systme
en tant que matire qui ne change pas, et dcrire le changement subi par
cette matire.)
K253 "L'lment permanent, en relation avec lequel seulement tous les
rapports temporels des phnomnes peuvent tre dtermins, est la substance
dans le phnomne, c'est--dire le rel prsent en lui, qui, comme substrat de
tout changement, demeure toujours le mme."
Consquence : Principe de la permanence de la substance.
827
Le concept de substance d'un objet fait partie de son exprience possible, pas
de sa chose en soi. Il a besoin du schme de la permanence fourni par l'intuition.
Le sens interne de l'homme ressent l'me (voir Moi (Je) ) et le passage du
temps, mais pas la permanence. L'homme ne se peroit donc pas en tant que
substance, il n'est pour lui-mme que sujet, jamais prdicat.
Moi (Je) est toujours sujet, mais en tant qu'objet je ne suis pas une substance :
K402-K403 Le Moi, le Je pense, doit toujours dans la pense avoir valeur de
sujet, de quelque chose qui ne puisse tre simplement considr comme un
prdicat venant s'attacher la pense : c'est l une proposition apodictique et
mme identique ; toutefois, elle ne signifie pas que je sois, comme objet, un tre
subsistant par moi-mme, autrement dit une substance.
Cette certitude contredit l'opinion de Descartes selon laquelle l'homme est une
substance pensante et tendue.
K312-K313 "La substance dans l'espace, nous ne la connaissons que par des
forces qui agissent en lui, soit pour y attirer d'autres forces (attraction), soit pour les
empcher de pntrer en lui (rpulsion et impntrabilit) ; nous ne connaissons pas
d'autres proprits constitutives du concept de la substance qui apparat
phnomnalement dans l'espace et que nous appelons matire."
Discussion : voir L'intrieur et l'extrieur.
Voir aussi :
Substantiel ;
Remarques sur l'me et sa substance.
Voir aussi :
Apprhension d'un phnomne ;
Principe de la permanence de la substance ;
Ncessit de postuler le dterminisme pour rendre possible la reprsentation
d'objets ;
Substance pensante : principe de la vie dans la matire.
828
moment cintique, de la charge lectrique, etc.). Des particules comme les atomes et
les molcules respectent des principes de symtrie (c'est--dire d'invariance)
lorsqu'elles subissent des transformations comme l'inversion de charge lectrique
(particule antiparticule), l'change de la gauche avec la droite dans l'espace
(symtrie) ou l'inversion du sens du temps.
Substance pensante
Voir Substance pensante : principe de la vie dans la matire.
Substantia phaenomenon
Latin : ce qui est substance (c'est--dire permanent) dans le phnomne.
Voir aussi :
Substance pensante : principe de la vie dans la matire.
Remarques sur l'me et sa substance.
829
Substantiel
Adjectif selon [13]
(Par opposition accidentel) : qui est de la mme nature que la substance, ou qui
appartient la substance.
Substantif
[56b] 46 page 135 - "On a remarqu qu'en toutes substances le sujet proprement
dit, c'est--dire ce qui reste une fois tous les accidents mis part (comme prdicats),
par consquent le substantiel lui-mme, nous est inconnu, et ces bornes la
pntration [de notre entendement] ont t maintes fois dplores."
Substrat
Chez Kant
K253 "Tous les phnomnes sont dans le temps, et c'est en lui seul, comme
substrat (comme forme permanente de l'intuition interne), qu'aussi bien la
simultanit que la succession se peuvent reprsenter."
Subsumer, subsomption
Subsumer c'est penser un cas particulier sous un concept (classe gnrale) : un
individu sous une espce, une espce sous un genre ; c'est aussi considrer un fait
(une exprience) comme rgi(e) par une loi. Un jugement est une subsomption.
830
Condition d'homognit
K224 - "Dans toutes les subsomptions d'un objet sous un concept, la reprsentation
du premier doit tre homogne la seconde : le concept doit contenir ce qui est
reprsent dans l'objet subsumer sous lui - car tel est ce que signifie prcisment
l'expression : un objet est contenu sous un concept. Ainsi le concept empirique d'une
assiette a-t-il une dimension d'homognit avec le concept gomtrique pur d'un
cercle, en tant que la forme ronde qui est pense dans le premier se peut intuitionner
dans la seconde reprsentation."
Noter que lorsqu'un concept A a une reprsentation et qu'il est subsum sous un
concept B de reprsentation , l'homognit de avec implique que toutes les
informations {1, 2,n} de sont des lments de l'ensemble des informations
{1, 2,p} de , o p n : il y a au moins autant d'informations dans que dans ,
et toute information de (donc de B) existe dans (donc dans A).
Si on considre les reprsentations comme des ensembles d'informations
= {1, 2,p} et = {1, 2,n} avec p n, alors : l'ensemble est
inclus dans l'ensemble .
Par contre, si on considre les reprsentations comme des ensembles de
conditions ou de contraintes d'existence d'un objet, avec = {1, 2,p} et
= {1, 2,n} avec p n, alors : l'ensemble comprend l'ensemble :
plus il y a de contraintes, plus l'ensemble des objets qui peut les satisfaire est
rduit.
Pour Kant, subsumer c'est clarifier les intuitions par traduction en concepts purs de
l'entendement. Exemples :
K144 : [Il est ncessaire] "de se rendre intelligibles ses intuitions (c'est--dire de
les subsumer sous des concepts)."
K221 - La facult de juger est le pouvoir de subsumer sous une rgle, c'est--
dire de distinguer si elle s'applique ou non [dans un contexte donn].
831
K258 "Toute transformation (succession) des phnomnes n'est que changement
[volution sans cration ou disparition de substance]".
Preuve
L'homme postule le dterminisme par induction : il a remarqu qu'une situation
donne voluait toujours de la mme faon et il postule (par pouvoir synthtique de
l'imagination) que cette volution est stable, c'est--dire que :
La situation d'un systme est la cause de l'volution qui la suit ;
Il n'y a ni situation ni volution sans cause ;
Toute loi d'volution est stable : les mmes causes produisent les mmes effets,
toujours et partout.
Kant attribue l'imagination la synthse qui associe deux tats successifs (d'un
mme systme) dans le temps. Il attribue ensuite l'entendement (qui labore un
concept pur, le rapport de la cause l'effet) la dcision de leur ordre : le premier, qui
devient la cause, et le second, consquence ncessaire du prcdent.
Les parties d'un phnomne sont perues successivement, son objet l'est
progressivement
L'esprit n'identifie les diverses parties d'un phnomne que l'une aprs l'autre :
K259-K260 "L'apprhension du divers phnomnal est toujours successive. Les
reprsentations des parties se succdent les unes aux autres. [] Ainsi, par
exemple, l'apprhension du divers contenu dans le phnomne d'une maison qui est
prsente devant moi est successive."
Ce n'est qu'aprs avoir identifi diverses parties d'un objet que l'esprit (entendement,
intelligence) en fait la synthse en un objet global :
K259 "Pour ce qui est de savoir si elles se succdent aussi dans l'objet, c'est l
un deuxime point de la rflexion, qui n'est pas contenu dans le premier. []
cela relve d'une recherche plus profonde."
832
Sujet Sujet pensant Sujet transcendantal
Dictionnaire [13]
Etre ou principe actif susceptible de possder des qualits ou d'effectuer des
actes.
Sujet de la connaissance : tre qui connat, considr, non dans ses
particularits individuelles, mais en tant que condition ncessaire l'unit
d'lments reprsentatifs divers, unit en vertu de laquelle ces reprsentations
apparaissent comme constituant un objet.
Chez Kant
Le sujet pensant (l'homme) se peroit lui-mme en tant qu'objet (phnomne)
par son sens interne, sensible au seul temps ; mais sa conscience de soi (Moi)
ne lui donne pas de dtails autres que la certitude d'exister.
Sujet transcendantal : facult a priori qui en tant que telle agit sur le rel et
dtermine les conditions de l'exprience :
K362-K363 "la reprsentation simple et par elle-mme totalement vide de
contenu : Je, dont on ne peut pas mme dire qu'elle soit un concept, mais qui est
une simple conscience accompagnant [et prsupposant] tous les concepts. A
travers ce Je, cet Il ou ce a (la chose) qui pense, rien de plus ne se trouve alors
reprsent qu'un sujet transcendantal des penses = x, lequel n'est connu que
par les penses, qui sont ses prdicats, et dont, pris abstraction faite de celles-
ci, nous ne pouvons jamais avoir le moindre concept"
Suprasensible
Selon [13] : Qui n'est pas accessible aux sens ; qui est au-del de la ralit sensible.
Synonymes : surnaturel, supranaturel, extrasensible.
Voir aussi Dfinition de la raison pure pratique (ou raison pratique) chez Kant.
833
Surmoi
Voir Surmoi.
Syllogisme
La dfinition suivante est un simple rsum de la notion de syllogisme, dont on
trouvera des complments dans [61].
Le syllogisme catgorique
Exemple
Un chien est un animal (prmisse 1 : proposition majeure)
Un basset est un chien (prmisse 2 : proposition mineure)
Donc un basset est un animal (conclusion).
834
Structure d'un syllogisme catgorique
Dans un syllogisme catgorique :
La proposition majeure nonce une condition universelle :
Un chien est un animal, o tout chien est inconditionnellement un animal ;
le concept de chien est inconditionn.
La proposition mineure nonce une condition particulire : l'appartenance de son
sujet (Mdor) la classe d'objets dfinie par le sujet de la majeure (chien) ;
le sujet Mdor, soumis la condition d'tre un chien, est conditionn ;
La conclusion (Mdor est un animal) est une consquence de l'appartenance du
conditionn Mdor l'inconditionn animal. Le concept conditionn Mdor est
subsum sous l'inconditionn chien.
Les 3 types des propositions successives d'un syllogisme constituent son mode.
Ainsi, l'exemple ci-dessus (chien, animal, basset) est du mode AAA.
Dans les deux exemples ci-dessous il peut tre utile de reprsenter graphiquement
les ensembles, avec leurs inclusions et leurs intersections :
Chats
Chiens
Flins
835
Exemple de mode AOO
L'exemple suivant est de mode AOO. Un cheval est un animal ; certains chiens
ne sont pas des chevaux ; donc certains chiens ne sont pas des animaux
(conclusion incorrecte : il y a plusieurs cas, dont 3 sont reprsents ci-dessous).
1 Animaux Certains
chiens
Chevaux
Certains
2 Animaux chiens
Chevaux
Animaux
3
Chevaux
Certains
chiens
836
Raisonnement conditions multiples constituant un syllogisme
Pour construire une connaissance partir d'actes de l'entendement, un
raisonnement enchane des propositions relies par des relations appartenant aux 3
types ci-dessus.
et en passant alors seulement de cette dernire une troisime qui relie son tour la
connaissance loigne (changeant) la connaissance prsente : donc les corps sont
changeants,
Syllogisme catgorique
Voir Syllogisme.
Syllogisme disjonctif
C'est un syllogisme (deux propositions entranant une troisime) dont la majeure est
disjonctive au sens OU exclusif.
837
1er cas
(Majeure) Ou A est vrai ou B est vrai (ou exclusif : un seul des deux est vrai)
(Mineure) A n'est pas vrai
(Donc) B est vrai .
2me cas
(Majeure) Ou A est vrai ou B est vrai (ou exclusif : un seul des deux est vrai)
(Mineure) A est vrai
(Donc) B est faux .
Syllogisme hypothtique
C'est un syllogisme (deux propositions entranant une troisime) dont l'une au moins
est hypothtique.
Propositions
1re proposition : Si A est B, alors C est D, qui s'crit (p q) ;
2me proposition : Si E est F, alors A est B, qui s'crit (r p) ;
Conclusion : Si E est F, alors C est D, qui s'crit (r q).
Syllogistique
Selon [13] - Logique : qui appartient au syllogisme, relve du syllogisme, procde par
syllogisme, constitue un syllogisme.
Synchronique
Qui tudie ou prsente des vnements, des lments, des objets d'analyse en tant
qu'ils sont contemporains, en dehors de leur volution. Oppos : diachronique
Synopsis
Rsum qui donne par sa disposition une vue gnrale d'un texte comprenant
plusieurs parties, que l'on peut ainsi embrasser d'un seul coup d'il.
838
Syntagme
Combinaison de mots qui se suivent et produisent un sens acceptable. Le syntagme
se compose donc toujours de deux ou plusieurs mots conscutifs.
Syntaxe
Logique, dans un langage formalis : La syntaxe dcrit l'alphabet utilis, les rgles
de construction des expressions bien formes, ainsi que les rgles de dduction
oprant partir des axiomes. Connatre la syntaxe d'un langage permet d'crire un
texte correctement, pas d'en connatre le sens, qui relve de la smantique.
Voir Axiomatique.
Synthse a priori
Voir Synthse a priori.
Mais il y a une seconde raison : c'est qu'une rponse satisfaisante cette seule
question exige une rflexion bien plus soutenue, profonde et pnible que n'en
imposa jamais le plus volumineux ouvrage de mtaphysique promettant l'immortalit
son auteur ds sa parution."
(Fin de citation)
839
La rponse cette question est la philosophie transcendantale tout entire
(Citation de [56b] 5 page 49)
La philosophie transcendantale, qui prcde toute mtaphysique, est encore
inconnue
"On peut dire que la philosophie transcendantale en son entier, qui prcde
ncessairement toute mtaphysique, n'est elle-mme rien d'autre que la seule
solution complte, mais systmatiquement ordonne et dveloppe jusqu'au bout, de
la question prcdemment formule et on peut donc dire que, jusqu' ce jour, on ne
possde aucune philosophie transcendantale.
Car ce qui en porte le nom est proprement une partie de la mtaphysique, alors que
la science dont nous parlons doit tout d'abord en tablir la possibilit et par
consquent prcder toute mtaphysique."
(Fin de citation)
840
est pure quand le divers est donn, non empiriquement, mais a priori comme celui
qui est donn dans l'espace et le temps."
Synthse en gnral
K161-K162 - "La synthse en gnral est [] le simple effet de l'imagination, fonction
aveugle mais indispensable de l'me, sans laquelle nous n'aurions jamais aucune
connaissance, mais dont nous ne sommes que trs rarement conscients."
Kant explique l qu'une synthse est spontane quel que soit son objet, son
concept rsultant se formant dans l'esprit (sous forme, comme toujours, d'une
reprsentation interprte) comme toute autre imagination non consciente.
K162 - Une synthse de reprsentations est donc aussi une synthse de concepts.
K162 - "La mme fonction [de synthse] qui fournit de l'unit aux diverses
reprsentations dans un jugement donne aussi la simple synthse de diverses
reprsentations dans une intuition une unit qui, exprime de faon gnrale,
s'appelle le concept pur de l'entendement ; cette fonction est l'unit synthtique
originaire de l'aperception.
K205 - "Un divers contenu dans mon intuition est reprsent par la synthse de
l'entendement comme appartenant l'unit ncessaire [invitable] de la conscience
de soi, et cela se produit grce une catgorie. (La reprsentation de l'unit de
l'intuition d'un objet inclut toujours une synthse de son divers et la relation du divers
une unit de l'aperception)"
Synthse du divers
K239 - "Tous les phnomnes contiennent, quant leur forme, une intuition dans
l'espace et dans le temps, qui leur sert eux tous de fondement a priori. Ils ne
peuvent donc tre apprhends, c'est--dire intgrs dans la conscience empirique,
autrement qu' travers la synthse du divers [par l'imagination productive] par
laquelle sont produites les reprsentations d'un espace ou d'un temps dtermins,
c'est--dire travers la composition de l'homogne et la conscience de l'unit
synthtique de ce divers (de cette diversit homogne)."
841
K198 - "Le concept de liaison contient en lui, outre le concept du divers [de l'intuition]
et de sa synthse, aussi celui de l'unit de ce divers. La liaison est la reprsentation
de l'unit synthtique du divers. [] Cette unit, qui prcde a priori tous les
concepts de la liaison, ne saurait tre la catgorie de l'unit ;"
Voir :
Les exemples illustrant ces deux sortes de synthses.
Diffrence entre jugements analytiques et jugements synthtiques (K100).
Liaison, Axiomes de l'intuition et Nombre.
Synthse a priori
Dans l'exemple "Tout ce qui arrive a une cause" (K102), "a une cause" est un
prdicat extrieur au phnomne de "Tout ce qui arrive", on ne peut l'en dduire.
"Tout ce qui arrive a une cause" est donc un jugement synthtique ; et comme on
peut le formuler sans faire appel l'exprience, il est synthtique a priori.
K293 "Tous les principes de l'entendement pur ne sont que des principes a priori
de la possibilit de l'exprience ; [] c'est celle-ci [l'exprience] uniquement que se
rapportent aussi toutes les propositions synthtiques a priori, leur possibilit reposant
elle-mme totalement sur cette relation.
Voir :
Exemples de synthse.
Principe de l'unit synthtique du divers de toute intuition possible.
Principe suprme de tous les jugements synthtiques.
Comment des propositions synthtiques a priori sont-elles possibles ?
Tous les principes synthtiques a priori ne sont rien de plus que les principes de
l'exprience possible.
Synthse pure
K162 - La synthse pure donne un concept pur de l'entendement. Elle est base
sur la fonction mentale appele unit synthtique a priori. Ainsi, compter est une
synthse pure selon des concepts ; exemple : le concept de dizaine unifie 10
concepts "lment singulier".
Il y a un second cas de synthse pure : celui des concepts mathmatiques,
construits intuitivement partir de concepts a priori ; voir :
842
In concreto ;
Connaissance pure mathmatique ;
Discipline de la raison pure dans l'usage dogmatique.
Synthse de l'agrgation
Voir Agrgation / Coalition.
Synthse du divers
Voir Synthse du divers.
843
Synthse de l'aperception
Voir Unit synthtique de l'aperception principe suprme de la connaissance
humaine.
Synthse de l'homogne
Voir Synthse de l'homogne - Synthse dynamique de la liaison causale (de
l'htrogne).
Synthse empirique
Voir Synthse de l'apprhension (synthse empirique).
Synthse en gnral
Voir Synthse en gnral.
844
Synthse mathmatique et synthse dynamique
Voir Accord des concepts de l'entendement avec l'Ide de la raison.
Synthse pure
Voir Synthse pure.
Systmatique
Voir Unit systmatique
Systme
Construction de l'esprit
Ensemble de propositions, de principes et de conclusions, qui forment un corps
de doctrine ;
Construction thorique cohrente, structure, qui rend compte d'un ensemble de
phnomnes.
Cette dfinition est souvent utilise pour dsigner un objet physique, plus ou
moins complexe, avec ou sans des liaisons internes entre ses parties.
Exemples
Mathmatiques : systme d'quations que les valeurs des variables doivent
satisfaire toutes simultanment.
845
Physique : un pendule, masse oscillant autour d'un axe sous l'action de la
pesanteur ou d'un ressort.
Astronomie : le systme solaire est un ensemble de satellites du soleil (plantes,
astrodes, comtes) dont les orbites et mouvements sont rgis par les trois lois
de Kepler [45] et la Relativit gnrale.
Logique : un systme formel est compos d'un vocabulaire, d'un ensemble
d'axiomes et d'un ensemble de rgles de dduction. C'est un langage permettant
d'crire et de dduire des propositions logiques.
Axiomatique et Systme logique.
K290 "Remarque gnrale sur le systme des principes".
K599 Systme complet de la raison pure.
Chez Kant
Dfinition et structure d'un systme
(Citation de K674)
"J'entends par systme l'unit des diverses connaissances sous une Ide.
Cette dernire [(l'Ide)] est le concept rationnel de la forme d'un tout, en tant que,
travers ce concept, la sphre du divers [(les informations des connaissances)] aussi
bien que la position des parties les unes par rapport aux autres [(les relations entre
les connaissances)] sont dtermines a priori.
Le tout est donc articul (articulatio) [structur], et non pas produit par accumulation
(coacervatio) ;"
(Fin de citation)
846
recherche de donnes informatiques connaissant leur contenu (indpendamment de
leur structure).
Systme logique
Voir Axiomatique et Systme logique.
La catgorie d'une proposition ne suffit pas pour apprcier la possibilit de son objet
K290 - L'esprit humain ne peut apprcier la possibilit d'aucun objet d'aprs la
catgorie d'une proposition o il apparat : il a toujours besoin d'un exemple sous
forme d'intuition pour se faire une ide de la ralit objective d'une catgorie.
Exemple : pour apprcier si l'objet d'une affirmation peut tre une substance,
l'esprit a besoin d'un exemple de substance d'un objet analogue ;
pour apprcier si un objet peut tre cause d'un phnomne, l'esprit a besoin d'un
exemple o un objet analogue est cause de quelque chose, etc.
Consquences :
K290 [Les catgories] "ne sont pour elles-mmes jamais des connaissances,
mais de simples formes de pense en vue de produire des connaissances
partir d'intuitions donnes."
K290-K291 A partir de simples catgories, on ne peut laborer aucune
proposition synthtique, on ne peut enrichir un concept donn. Exemple de
proposition dont on ne peut enrichir le concept : Toute chose est un quantum ;
K291 Un jugement qui est une proposition synthtique dont le prdicat est une
catgorie, est indmontrable. Exemple : Tout ce qui existe de faon contingente
a une cause.
847
En voici la preuve pour chacune des 3 catgories de relation.
Substance : un objet est rel si et seulement si il a une substance. Celle-ci
existant dans l'espace, l'intuition qui en produit la reprsentation doit tre
externe.
Causalit : L'entendement pur ne peut comprendre une possibilit physique. Or il
faut, pour qu'un objet change, que quelque chose se dplace dans l'espace.
Pour comprendre un tel dplacement l'esprit a besoin de se le reprsenter
physiquement, comme quelque chose de permanent dont les positions varient
dans le temps, ce qui exige une intuition externe.
Communaut : K292-K293 "La catgorie de la communaut, quant sa
possibilit, n'est pas du tout comprendre par la simple raison, et donc il n'est
pas possible d'apercevoir la ralit objective de ce concept sans une intuition
[] externe dans l'espace."
Les objets d'une communaut, dont les substances sont distinctes par dfinition,
nous apparaissent spars dans une intuition externe et seulement dans une
telle intuition.
Systme logique
Voir Axiomatique et Systme logique.
848
Tautologie
Proposition vidente (donc n'apportant rien de neuf), car son sujet et son prdicat ont
mme signification, qu'ils soient ou non exprims par un mme mot.
Technique
Selon [19]
Relatif des procds (artistiques, scientifiques ou industriels) ;
Par opposition la connaissance thorique dont on considre les applications.
Tlologie - Tlologiste
Philosophie : doctrine qui considre que dans le monde tout tre (vivant ou non) a
t cr dans un but prcis par la volont d'un Etre suprme (Dieu). Cette doctrine
conoit le monde comme un systme de relations, de rapports entre des moyens et
des fins. Synonyme : finalisme. Oppos : mcanisme.
Les tlologistes (ceux qui professent la tlologie, par exemple les chrtiens)
justifient leur doctrine par le refus de croire que l'ordre et l'harmonie qu'ils constatent
dans le monde puissent tre dus un hasard aveugle. C'est l une justification
psychologique : Je crois cela parce que je serais choqu qu'il en fut autrement ;
elle n'a aucune valeur rationnelle, mais elle rassure les esprits que le froid
dterminisme effraie : voir Pascal et Kant sur la science et l'me et [113] sur
l'affirmation par le pape Benot XVI en 2007 de la cration divine de l'Univers.
K412 - "A en juger d'aprs l'analogie avec la nature des tres vivants dans ce
monde, concernant lesquels la raison doit ncessairement adopter comme principe
qu'il ne se peut trouver aucun organe, aucun pouvoir, aucun penchant, rien, donc,
qui ft superflu ou dpourvu de tout rapport avec son usage, donc sans finalit, mais
qu'au contraire tout est exactement adquat la destination qui est la sienne dans la
vie"
849
(Citation de [144] pages 354-355)
[Kant justifie l'existence de Dieu par une finalit vidente qu'il voit dans l'harmonie
des phnomnes et des lois de la nature : il ne lui parat pas possible qu'elle soit due
au hasard (auquel il ne croit pas). C'est la justification la plus classique de la
tlologie, celle de l'Intelligence suprme (Intelligent Design).]
on doit dire que c'est manifestement dans l'essence mme des choses que se
trouvent des correspondances naturelles qui tendent l'unit et l'accord, et qu'une
harmonie universelle se dploie dans le royaume mme de la possibilit.
[Unit, accord, harmonie et universalit sont des apprciations favorables
esthtiques, donc indmontrables]
Elles rvlent une unit dans les possibilits mmes et une dpendance commune
de l'essence de toutes les choses l'gard d'un seul grand fondement."
850
[Pourquoi un seul ? O est-ce prouv ? En ralit, le postulat d'unit de finalit et
de conception du monde n'apporte qu'une satisfaction psychologique : la
simplicit !]
(Fin de citation)
Philosophie de la nature
Maxime : ne pas tenter d'expliquer les lois de la nature voulues par l'tre suprme
[56b] 44 pages 131-132 "Selon une juste maxime de la philosophie de la nature,
nous devons nous abstenir de toute explication de l'organisation naturelle qui a t
tire de la volont d'un tre suprme, parce que ce n'est plus de la philosophie de la
nature, mais un aveu que nous sommes par l au bout de notre rouleau."
851
d'obligation, il faut que ce soit une volont suprme unique, qui comprenne toutes
ces lois en elle.
Car comment entendrions-nous trouver entre diverses volonts une unit parfaite
des fins ?
Voir :
Impossibilit de prouver apodictiquement que Dieu n'existe pas ;
La possibilit et l'impossibilit d'un Dieu transcendantal sont indmontrables ;
Conclusion sur la possibilit des choses Concept de la suprme ralit ;
Principaux arguments de cette preuve en faveur d'une doctrine tlologique ;
Les Ides sont les causes efficientes de la nature Les croyances de Kant ;
Croyance doctrinale ;
Un phnomne donn nouveau ne doit tre expliqu qu' partir de lois connues
(Kant en contradiction avec ses propres maximes) ;
Positions parfois contradictoires de l'Eglise catholique sur la cration divine du
monde et l'volutionnisme darwinien [113].
Temps
K126 - Le temps est une reprsentation ncessaire qui joue le rle de fondement
pour toutes les intuitions ; il est donc donn a priori. C'est un principe de
connaissance des objets intrieurs, car toute intuition comprend dans le sens interne
une intuition de temps, la fois par une dure et par une position relative dans
l'historique des vnements psychiques ressentis par le sujet.
Le temps n'est pas un concept discursif (universel), mais une forme pure de
l'intuition sensible.
K128 "Le temps n'est rien d'autre que la forme du sens interne, c'est--dire de
l'intuition que nous avons de nous-mmes et de notre tat intrieur."
K249 - "le temps lui-mme ne peut pas tre peru, la dtermination de l'existence
des objets dans le temps ne peut s'accomplir que par leur liaison dans le temps en
852
gnral, par consquent uniquement par l'intermdiaire de concepts qui effectuent la
liaison a priori."
En effet, le temps tant intuitionn par le sens interne, savoir qu'un objet existe
dans le temps n'est possible qu'en reliant a priori sa perception celle d'au
moins un autre objet (antrieur ou simultan) dont on connait l'existence.
Le sens interne ne peroit pas le temps, mais le passage du temps, reprsent par
l'ordre d'vnements (phnomnes) que le sujet peroit sans pouvoir connatre la
dure qui les spare : ce n'est pas un temps absolu, il n'est pas ressenti comme une
grandeur. (K265). Voir ci-dessous Ordre des phnomnes perus dans le temps
(ordre de la srie chronologique).
K129 - "Tous les phnomnes extrieurs sont dans l'espace et sont dtermins a
priori selon des rapports spatiaux. [] Tous les phnomnes en gnral, c'est--dire
tous les objets des sens, sont dans le temps et ncessairement soumis des
rapports temporels."
Un phnomne comme une motion est ressenti par le seul sens interne, et pas
le sens externe : il existe donc dans le temps (o il est situ par rapport un
phnomne prcdent) mais pas dans l'espace.
K201 note - "L'espace et le temps, ainsi que toutes les parties de ceux-ci, sont des
intuitions, par consquent des reprsentations singulires, avec le divers qu'elles
contiennent en elles [] ; ce ne sont donc pas de simples concepts travers
lesquels la mme conscience est trouve contenue dans de nombreuses
reprsentations : au contraire, de nombreuses reprsentations se trouvent-elles ici
contenues en une seule et dans la conscience que nous en avons, par consquent
lies les unes aux autres - ce qui fait que l'unit de la conscience ainsi trouve est
synthtique, mais pourtant originaire."
K225 - "Le temps [est une] condition formelle du divers du sens interne, donc de la
liaison de toutes les reprsentations."
K227 - "L'image pure qui prsente toutes les grandeurs au sens externe est l'espace,
tandis que celle de tous les objets des sens en gnral est le temps." (Voir
apprhension et nombre)
853
Voir aussi Remarque sur l'espace et le temps ; Mouvement et Nombre.
Kant considre ici le concept pur de l'entendement en gnral, en tant que classe de
concepts. Dans ce concept, la matire (par opposition la forme) est la sensation
dont l'entendement a dduit le concept pur de l'entendement. Kant dfinit la ralit
d'un phnomne par le fait que sa perception affecte l'individu, et que toute sensation
(tout ce qui affecte) ayant une dure et une position relative dans la suite des
sensations a donc une dimension temps.
854
et par consquent il ne nous donne connatre que le changement des
dterminations, mais non pas l'objet dterminable."
Kant affirme l que toute perception de ralit est associe une intensit d'activit
crbrale en proportion croissante puis dcroissante, ce que les recherches
modernes confirment, enregistrements l'appui [28].
855
certain temps d'observation rien ne change de manire perceptible ou mesurable, on
ne peut savoir si du temps est pass, ou combien de temps est pass.
Temps vide : nulle naissance d'une quelconque chose n'y est possible
K431 "Dans un temps vide, nulle naissance d'une quelconque chose n'est possible,
parce qu'aucune partie de ce temps plutt qu'une autre ne possde en soi une
condition distinctive de l'existence plutt que de la non-existence (et cela, aussi bien
dans l'hypothse o le monde nat de lui-mme [ou a toujours exist] que dans celle
o il nat sous l'effet d'une autre cause."
[Dans un temps vide il n'y a pas de cause efficiente de naissance, volution ou
disparition de quelque chose ; et par dfinition, l'existence d'un objet physique
s'entend un instant donn. Le concept de temps vide n'ayant pas de
correspondance physique est pure abstraction.]
Les trois modes (rapports temporels) du temps (positionnement relatif dans le temps)
K250 "Les trois modes du temps sont la permanence, la succession et la
simultanit." Ce sont des modes d'existence de phnomnes (voir ci-dessous).
Cette affirmation est vidente pour des intervalles de temps distincts. En effet : ou il y
a un seul intervalle de temps, ou il y en a plusieurs (s'il n'y en a aucun, en qualifier le
mode n'a pas de sens).
S'il y a un seul intervalle de temps, ou sa dure est illimite (il est permanent) ou
elle est limite.
S'il y a deux intervalles de temps, ou ils sont successifs ou ils sont simultans au
moins en partie ; et s'il y a plus de deux intervalles de temps, on peut les grouper
par deux et se ramener par ajouts successifs au cas de deux intervalles.
K253 - Du point de vue existence des phnomnes pendant un temps non nul, deux
phnomnes sont soit successifs, soit simultans au moins en partie ; une suite de
phnomnes successifs est alors appele srie chronologique, tandis que pour un
ou plusieurs phnomnes simultans on parle d'tendue temporelle. Voir
apprhension.
K254 - Un intervalle de temps est mesur par une grandeur, sa dure. L'existence
d'un phnomne ou d'une srie chronologique de phnomnes est donc associe
un nombre non nul, sa dure, que le sens interne ne peut apprcier (voir Temps).
856
chacun d'eux, titre de consquence, une place dtermine a priori dans le temps,
vis--vis des phnomnes prcdents, faute de quoi il ne s'accorderait pas avec le
temps lui-mme, qui dtermine pour toutes ses parties la place qui leur revient.
[]
Ce qui suit ou arrive succde selon une rgle universelle [par exemple la causalit],
ce qui tait contenu dans l'tat prcdent ; par l se constitue une srie de
phnomnes, laquelle, par l'intermdiaire de l'entendement, produit et rend
ncessaire le mme ordre, le mme enchanement continu, dans la srie des
perceptions possibles, que celui qui se trouve a priori dans la forme de l'intuition
interne (le temps) o toutes les perceptions devraient obtenir leur place."
(Fin de citation)
Thisme Thiste
Voir Dfinitions : diste, thiste (K553).
Thodice
Selon le dictionnaire [13] : Partie de la mtaphysique qui traite, d'aprs les seules
lumires de l'exprience et de la raison, de l'existence et de la nature de Dieu.
Synonyme : thologie rationnelle.
Thologie
857
En philosophie (thologie naturelle ou rationnelle) : partie de la mtaphysique qui
traite de l'existence et des attributs de Dieu, de la destine de l'homme et de
l'immortalit de l'me en s'appuyant uniquement sur la raison.
Chez Kant
Thologie morale
Science qui dmontre l'existence de Dieu par les fins morales de l'homme.
K666-K667 "La thologie morale est donc simplement d'un usage immanent,
savoir celui qui nous permet d'accomplir notre destination ici-bas, dans le monde, en
prenant notre place dans le systme de toutes les fins, et non pas d'abandonner, en
proie une exaltation de l'esprit [] le fil conducteur d'une raison moralement
lgislatrice dans la bonne conduite de notre vie, afin de le relier immdiatement
l'Ide de l'tre suprme - ce qui constituerait un usage transcendant, mais qui, tout
comme celui de la simple spculation, ne peut que renverser et faire chouer les fins
dernires de la raison."
Voir :
[Concept rsultant : Dieu transcendantal, origine de l'unit de toute ralit
empirique] ;
Jugement de Kant sur sa thologie morale : c'est la seule possible.
Thologie transcendantale
K553 - La thologie est la connaissance de l'tre originaire :
Issue de la simple raison (theologia rationalis), qui conoit son objet :
Simplement "par la raison pure, par l'intermdiaire de concepts purement
transcendantaux (ens originarium, realissimum, ens entium), et elle s'appelle
la thologie transcendantale ;"
"A l'aide d'un concept qu'elle tire de la nature (de notre me), en y voyant la
suprme intelligence, et elle devrait alors s'appeler la thologie naturelle."
Voir Doctrine de la thologie naturelle.
La thologie transcendantale est une thologie spculative.
Ou issue de la rvlation (revelata).
Cosmothologie ou ontothologie
K553 "La thologie transcendantale, ou bien pense driver l'existence de l'tre
originaire partir d'une exprience en gnral (sans dterminer quoi que ce soit de
plus prcis sur le monde auquel elle appartient), et elle s'appelle cosmothologie ; ou
bien elle croit connatre son existence par simples concepts, sans l'aide
complmentaire de la moindre exprience, et elle s'appelle ontothologie."
K558 "La thologie transcendantale [est donc trs utile en tant que] censure de
notre raison, quand cette dernire n'a affaire qu' des Ides pures qui, justement
pour cela, n'admettent nul autre critre d'apprciation qu'un critre transcendantal.
Car si jamais, sous un autre rapport, peut-tre sous l'angle pratique, la supposition
858
d'un tre suprme et intgralement suffisant comme consistant en une intelligence
suprme affirmait sa validit sans rencontrer de contradiction, il serait de la plus
grande importance de dterminer avec exactitude ce concept, dans sa dimension
transcendantale, comme le concept d'un tre ncessaire et suprmement rel, ainsi
que d'en carter ce qui est incompatible avec la suprme ralit, ce qui relve du
simple phnomne (de l'anthropomorphisme au sens le plus large), et en mme
temps de dblayer le terrain de toutes les assertions contraires, qu'elles soient
athes, distes ou anthropomorphiques : opration qui est trs aise dans le cadre
d'un tel examen critique, dans la mesure o les mmes raisons qui dcouvrent
l'impuissance de la raison humaine relativement l'affirmation de l'existence d'un tel
tre suffisent ncessairement aussi pour dmontrer l'inefficacit de toute assertion
contraire."
Voir aussi :
Dogmatisme possible de la foi en une Intelligence suprme et de la physico-
thologie ;
Doctrine de la thologie naturelle.
Thorme
Selon le dictionnaire [13] :
(Logique et mathmatiques, par opposition axiome et postulat) :
proposition qui peut tre dmontre par un raisonnement logique partir de faits
donns ou d'hypothses justifiables.
(Par extension) : nonc reposant sur une dmonstration rigoureuse.
Thortique
Dictionnaire [13]
Adjectif : qui a pour objet la connaissance, qui vise la connaissance. Dans la
classification aristotlicienne des sciences, la mathmatique, la physique, la
859
thologie sont des sciences thortiques par opposition aux sciences potiques et
pratiques.
Chez Kant
Kant distingue deux ordres de sciences : les sciences purement empiriques, et les
sciences thortiques qui sont ses yeux les vritables sciences parce qu'elles sont
bases sur des postulats ou principes explicites.
[93] D.1770, p. 643 note * - "Nous considrons une chose thortiquement dans la
mesure o nous sommes attentifs ce qui concerne son tre ; nous la considrons
pratiquement si nous examinons ce qui devrait lui appartenir par le moyen de la
libert.
[Un point de vue thortique est apodictique (ncessaire), alors qu'un point de
vue pratique prend en compte l'arbitre.]
Dfinition
Thorie des conditions formelles d'un systme complet de la raison pure
K599 "J'entends donc par thorie transcendantale de la mthode la dtermination
des conditions formelles d'un systme complet de la raison pure. Dans ce but, nous
aurons nous proccuper d'une discipline, d'un canon, d'une architectonique et enfin
d'une histoire de la raison pure, et nous mettrons en uvre dans une perspective
transcendantale ce que l'on cherche faire dans les coles sous le nom de logique
pratique relativement l'usage de l'entendement en gnral"
Thosophie
Philosophie, religion :
Thosophie traditionnelle : Description des mystres de la vie cache de Dieu
dans sa relation avec celle de l'homme et de la cration tout entire ;
860
Thosophie moderne : Doctrine mtaphysique et morale fonde en 1875, qui a
des liens secrets avec le bouddhisme et le lamasme, et qui a fait de trs
nombreux adeptes, en particulier aux tats-Unis.
Thermodynamique
Voir [119].
Thse
Selon [13] : proposition ou thorie que l'on tient pour vraie et que l'on soutient par
une argumentation pour la dfendre contre d'ventuelles objections. - Oppos :
antithse.
Voir aussi :
Ides transcendantales : thses dogmatiques contre antithses empiriques.
Thtique
Selon [13]
Adjectif : qui concerne une affirmation thorique ; qui pose un contenu de pense
comme thse.
Chez Kant
Substantif
K426 "Tout ensemble runissant des doctrines dogmatiques est une thtique".
Freud
Freud [41] a dfini deux topiques, points de vue particuliers du psychisme :
1re topique : inconscient, prconscient et conscience [23].
2me topique : a, Moi et Surmoi [23].
K314 - Pour tout concept, le lieu transcendantal et les rgles pour le trouver
constituent la topique transcendantale, doctrine qui apporte une protection radicale
contre ce par quoi l'entendement pur peut se laisser capter subrepticement, et contre
les illusions qui en rsultent.
K315 "La topique transcendantale ne contient que les 4 titres [rapports] (voqus
dans la Rflexion transcendantale) de toute comparaison et de toute distinction.
[Ces rapports] se diffrencient des catgories en ceci qu'ils prsentent, non
l'objet d'aprs ce qui constitue son concept (grandeur, ralit), mais seulement la
861
comparaison des reprsentations prcdant le concept des choses, et cela dans
toute leur diversit.
Cette comparaison, toutefois, a d'abord besoin d'une rflexion, c'est--dire d'une
dtermination du lieu auquel appartiennent les reprsentations des choses qui sont
compares, pour savoir si c'est l'entendement pur qui les pense ou la sensibilit qui
les donne dans le phnomne."
K315 "Sans cette rflexion [transcendantale], je fais un usage trs mal assur de
ces concepts, et il en rsulte de prtendus principes synthtiques que la raison
critique ne peut reconnatre et qui se fondent exclusivement sur une amphibologie
transcendantale, c'est--dire sur une confusion de l'objet pur de l'entendement avec
le phnomne."
Topologie
Selon le dictionnaire [13] : Partie de la gomtrie qui considre uniquement les
relations de position.
Totalit inconditionne
Voir Concept rationnel de la totalit inconditionne.
Transcendant
Adjectif (philosophie) : qui se situe au-del de toute exprience physique, qui est
externe l'Univers. Exemples : sont transcendants Dieu crateur du monde et l'me
humaine.
Existence de Dieu
Voir Les preuves logiques de l'existence de Dieu (synthse).
862
des impressions issues de son subconscient. Une pense rsulte d'une transmission
d'excitations entre neurones interconnects : un cerveau vivant a un rseau de
neurones qui gnre continuellement des penses interprtant son propre tat. Ce
que peroit notre psychisme un instant donn est un tat du cerveau.
Une pense humaine est abstraite comme toute interprtation, exactement comme
les rsultats produits par un ordinateur o un programme interprte les donnes de
sa mmoire ; certaines donnes appartiennent mme parfois au code du programme
lui-mme, comme la reprsentation d'une reprsentation que l'esprit utilise lorsqu'il a
conscience de soi.
Quant la notion d'esprit humain, c'est aussi une abstraction, synthse de facults
construite par l'homme partir d'autres abstractions, et sans rapport avec une
proprit physique. Ce n'est pas parce que l'homme peut imaginer des objets ou des
causes externes l'Univers (transcendantes) qu'elles peuvent exister dans l'Univers
ou y exercer une influence ; inversement, aucune situation ou action physique dans
l'Univers ne peut rsulter d'une cause extrieure l'Univers ou avoir un effet
extrieur l'Univers. Ces deux impossibilits rsultent de limitations,
scientifiquement tablies, des possibilits de transmission d'nergie. Seule la pense
humaine peut franchir les frontires de l'Univers, parce qu'elle ne manipule pas
d'nergie.
Orthographe
Transcendantal est parfois crit avec un "e" : transcendental. Le dictionnaire de
l'Acadmie [13] crit transcendantal, orthographe reprise dans ce texte.
863
Ne pas confondre transcendantal avec transcendant.
864
Exemple : une intuition pure (concept a priori comme le temps, l'espace ou le
nombre entier) ne rsulte d'aucune d'entre elles.
Ainsi, la justification d'une validit a priori d'un concept pour dcrire un objet des sens
est transcendantale, car elle n'est ni empirique, ni transcendante, ni mtaphysique.
Il y a ncessairement un domaine transcendantal de la pense d'o dcoulent
des rgles d'usage de l'entendement et de la raison.
865
C'est par dduction transcendantale que les concepts d'espace, temps, et
catgories se rapportent a priori aux objets.
K575 "On ne peut se servir avec sret d'un concept a priori sans avoir mis en
uvre sa dduction transcendantale. Les Ides de la raison pure n'autorisent, il
est vrai, nulle dduction du type de celle des catgories ; si elles doivent toutefois
avoir au moins quelque validit objective, mme de caractre indtermin, et ne
pas reprsenter simplement de vains tres de raison (entia rationis ratiocinantis),
une dduction doit absolument en tre possible"
Voir Objet absolument parlant Objet dans l'Ide.
K171 L'unique mode possible de dduction d'une connaissance pure a priori est
le mode transcendantal.
Savoir que l'exprience a priori d'un phnomne est possible est transcendantal,
comme sont transcendantales toutes les conditions de possibilit de l'exprience.
Savoir qu'une exprience peut tre conforme son objet est aussi
transcendantal.
K175 note a "Or il y a trois sources originaires [facults] qui contiennent les
conditions de la possibilit de toute exprience [c'est--dire d'une perception avec
ce qu'elle donne ou qui en est abstrait] et ne peuvent elles-mmes tre drives
d'aucun pouvoir de l'esprit : sens, imagination et aperception."
Ces pouvoirs possdent, outre leur usage empirique, un usage transcendantal,
qui concerne exclusivement la forme et est possible a priori.
Critique transcendantale :
K111 [La] "critique transcendantale [] a pour projet, non d'largir les
connaissances elles-mmes, mais simplement de les rectifier. [] Elle doit fournir
la pierre de touche de la valeur ou de l'absence de valeur de toutes les
connaissances a priori []. Une telle critique est par consquent une prparation,
dans la mesure du possible, un organon, et, si celui-ci devait chouer, du moins
un canon de ces connaissances."
K540 "Dans cet argument cosmologique, se [tient] dissimule toute une niche
de prtentions dialectiques que la critique transcendantale peut dcouvrir et
dtruire."
2. Toute tude ou philosophie qui a pour objet les formes, principes, ou ides a
priori dans leur rapport ncessaire avec l'exprience est transcendantale :
Esthtique transcendantale et Logique transcendantale ;
Analytique transcendantale et Dialectique transcendantale ;
Dduction transcendantale, etc.
Transcendantal, en ce sens, est synonyme de critique : la Logique
transcendantale est oppose la logique commune ou gnrale en ce que celle-
ci n'envisage la forme logique que dans les rapports des connaissances entre
elles, tandis que la premire recherche l'origine de nos connaissances relatives
des objets.
En ce sens-l, l'oppos de transcendantal est gnral : La logique
transcendantale (critique) s'oppose la logique gnrale.
866
Diffrences entre usages transcendantal et empirique
K147 - L'usage de l'espace propos d'objets en gnral [c'est--dire qui existent
ou non, indpendamment de leur description et de leur signification] est lui aussi
transcendantal ; en revanche, s'il est limit exclusivement des objets des sens,
il est empirique. La diffrence entre les usages transcendantal et empirique
appartient donc uniquement la critique des connaissances, et elle ne concerne
pas la relation de celles-ci leur objet.
K296 "L'usage transcendantal d'un concept, dans un quelconque principe, est
celui qui consiste le rapporter des choses en gnral et [ des choses] en soi,
tandis que l'usage empirique intervient quand il se rapporte seulement des
phnomnes, c'est--dire des objets d'une exprience possible." Or seul l'usage
empirique est valable, l'usage transcendantal ne l'tant pas.
K331 "Les principes de l'entendement pur [] doivent tre simplement d'un
usage empirique, et non pas d'un usage transcendantal, c'est--dire tel qu'il
s'tende au-del des limites de l'exprience."
867
Usage transcendantal de la raison et vrit
K220 - L'usage transcendantal de la raison (ncessairement dans le cadre de la
logique transcendantale, donc limit aux connaissances pures a priori) n'a aucune
valeur objective [pour des objets physiques] et n'appartient pas la logique de vrit.
Transformation
Voir Changement et transformation.
Transgression
Voir Juste ou injuste Transgression.
Transmigration
Philosophie : Passage d'une me d'un corps dans un autre.
Synonyme : mtempsycose (mtempsychose).
868
jugements en gnral [jugements qui produisent des concepts purs de
l'entendement].
Cette unification en une conscience est ou bien analytique, par l'identit [du sujet], ou
bien synthtique par la composition ou l'addition de reprsentations distinctes les
unes avec les autres.
[La prise de conscience des phnomnes est celle du concept pur de l'entendement]
Ainsi les concepts purs de l'entendement sont ceux sous lesquels toutes les
perceptions doivent au pralable tre subsumes avant de pouvoir servir aux
jugements d'exprience, dans lesquels l'unit synthtique des perceptions est
reprsente comme ncessaire et universellement valable."
(Fin de citation)
Uniforme
Adjectif Qui est toujours le mme, qui ne varie pas. Exemples :
Un mouvement rectiligne uniforme conserve la mme vitesse (le mme vecteur
vitesse) en direction, sens et grandeur.
K270 "Tout changement n'est donc possible que par une action continue de la
causalit, laquelle, en tant qu'elle est uniforme, s'appelle un moment. Le
changement n'est pas constitu par ces moments, mais il est produit par eux
comme leur effet."
(Par dfinition une cause uniforme pendant un certain temps ne change ni de
nature ni d'intensit ; elle est donc continue pendant ce temps-l et son effet est
galement uniforme).
869
Unit - Unit analytique - Unit synthtique - Unit de la conscience
Voir d'abord la dfinition d'une fonction et Synthse chez Kant.
Voir ensuite unit en tant que catgorie de quantit.
La fonction unit analytique est une synthse par la logique gnrale de l'imagination
de reprsentations du divers de l'intuition.
K201 - "L'unit de la conscience est cela seul qui constitue la relation des
reprsentations un objet, donc leur validit objective : c'est ainsi qu'elles
deviennent des connaissances et c'est donc sur elle que repose la possibilit mme
de l'entendement. Voir Principe de l'unit synthtique du divers de toute intuition
possible.
K205 - "Un divers contenu dans mon intuition est reprsent par la synthse de
l'entendement comme appartenant l'unit ncessaire [invitable] de la conscience
de soi, et cela se produit grce la catgorie. (La reprsentation de l'unit de
l'intuition d'un objet inclut toujours une synthse de son divers et la relation du divers
une unit de l'aperception)."
Unit de conscution
Voir Unit rationnelle a priori des connaissances de l'entendement.
870
Unit de justification
Voir Unit rationnelle a priori des connaissances de l'entendement.
Unit de l'exprience
Voir Unit de l'exprience.
871
Unit systmatique
Dfinition
K674 "L'unit systmatique [autrement dit rationnelle (K563)] est ce qui,
simplement, transforme une connaissance commune en science, c'est--dire ce qui,
d'un simple agrgat, fait un systme."
K516 "Il ne se peut trouver aucun phnomne par rapport auquel [les Ides] se
laissent reprsenter in concreto. Elles contiennent une certaine compltude
laquelle ne parvient aucune connaissance empirique possible, et la raison ne
considre en elles qu'une unit systmatique dont elle cherche rapprocher l'unit
qui est empiriquement possible, sans jamais l'atteindre pleinement.
Voir :
Philosophie mtaphysique de l'unit systmatique des connaissances pures a
priori. (K681-K682)
Ncessit et contingence en tant que principes heuristiques et rgulateurs ;
(K544-K545)
Idal de l'tre suprme : un principe rgulateur de la raison ; (K545-K546)
[L'unit des concepts du systme est rgie par une Ide rgulatrice de
l'entendement]
On ne peut pas dire proprement parler que cette Ide soit un concept de l'objet,
mais bien plutt celui de la complte unit de ces concepts, dans la mesure o une
telle unit sert de rgle l'entendement. De tels concepts de la raison ne sont pas
tirs de la nature, mais bien davantage interrogeons-nous la nature d'aprs ces
Ides et tenons-nous notre connaissance pour dfectueuse aussi longtemps qu'elle
ne leur est pas adquate."
(Fin de citation)
872
Raison : usage apodictique ou usage hypothtique
(Citation de K562)
"Si la raison est un pouvoir de driver le particulier partir du gnral,
Ou bien le gnral est dj en soi certain et donn, et par suite il ne requiert que
la facult de juger pour procder la subsomption, et le particulier se trouve par
l mme ncessairement dtermin. C'est l ce que je nommerai l'usage
apodictique de la raison.
[Usage hypothtique de la raison]
Ou bien le gnral n'est admis que de faon problmatique, et il est une simple
Ide ; le particulier est certain, mais l'universalit de la rgle conduisant cette
consquence est encore un problme : ainsi plusieurs cas particuliers, qui, tous,
sont certains, sont-ils rapports la rgle pour savoir s'ils en dcoulent ; et dans
ce cas, s'il apparat que tous les cas particuliers que l'on peut indiquer
s'ensuivent de celle-ci, on conclut l'universalit de la rgle, puis de celle-ci
tous les cas, y compris ceux qui ne sont pas en eux-mmes donns. C'est l ce
que je nommerai l'usage hypothtique de la raison."
(Fin de citation)
Inversement, l'unit systmatique (en tant que simple Ide) est purement et
simplement une unit projete, que l'on doit considrer en soi, non pas comme
donne, mais seulement comme constituant un problme : cette unit sert alors
trouver un principe pour l'usage divers et particulier de l'entendement, et guider
aussi par l cet usage vers les cas qui ne sont pas donns et le rendre cohrent."
(Fin de citation)
873
Principe transcendantal : la raison rend peut-tre l'unit systmatique des
connaissances objectivement ncessaire
L'information des objets et les fonctions de l'entendement ont peut-tre une unit
systmatique
K563 "Quant indiquer [] si la teneur des objets ou si la nature de l'entendement,
qui les connat comme tels, sont en elles-mmes destines l'unit systmatique, et
si l'on peut [] dans une certaine mesure la postuler a priori, et dire donc que toutes
les connaissances possibles de l'entendement (y compris les connaissances
empiriques) possdent une unit rationnelle et sont soumises des principes
communs d'o elles peuvent, en dpit de leur diversit, tre drives, cela
constituerait un principe transcendantal de la raison qui rendrait l'unit systmatique,
non pas simplement ncessaire subjectivement ou logiquement, comme mthode,
mais objectivement ncessaire."
K565 "Mais que dans la nature aussi se trouve une telle concorde, c'est ce que
prsupposent les philosophes dans la rgle d'cole bien connue, selon laquelle il ne
faut pas multiplier les principes sans ncessit (entia praeter necessitatem non esse
multiplicanda). Ce que l'on dit par l, c'est que la nature des choses elles-mmes
offre matire l'unit de la raison, et que la diversit apparemment infinie ne doit
nous retenir de prsumer derrire elle une unit des proprits fondamentales d'o la
diversit ne peut tre drive que par l'intermdiaire d'une pluralit de
dterminations."
874
Rgles imposes par ces lois de la raison
(Citation de K570)
"La premire loi vite donc que l'on n'aille se perdre dans la varit de genres
originaires qui seraient divers et recommande l'homognit ;
La deuxime impose au contraire une limite ce penchant pour l'intgration et
ordonne de diffrencier les sous-espces avant de se tourner, avec son concept
gnral, vers les individus.
La troisime runit les deux premires en prescrivant de rechercher jusque dans
la plus extrme diversit nanmoins de l'homognit travers le passage
graduel d'une espce l'autre, ce qui indique une sorte de parent entre les
diverses ramifications, dans la mesure o elles sont toutes ensemble issues d'un
mme tronc."
(Fin de citation)
"En procdant ainsi, il n'y a rien, dans toute la sphre des concepts possibles, qui
reste vide, et [] en dehors de cette sphre rien ne se peut rencontrer, ce qu'on
nonce sous la forme "non datur vacuum formarum, c'est--dire qu'il n'y a pas divers
genres originaires et premiers qui soient pour ainsi dire isols et spars les uns des
autres (par un espace vide intermdiaire), et que tous les genres divers sont
seulement des divisions d'un genre unique, suprme et universel."
(La structure est une arborescence unique, ayant par dfinition un seul sommet.)
Consquence : les transitions ne sont possibles que d'un pre un de ses fils ou
d'un fils son pre : montes et descentes, pas de sauts
K569-K570 "datur continuum formarum [la continuit des formes est donne], c'est-
-dire que toutes les diffrences correspondant aux espces se limitent
rciproquement et n'autorisent, pour passer de l'une l'autre, aucun saut, mais
875
imposent que ce soit en traversant tous les degrs infrieurs de la diffrence que l'on
russisse aller de l'une l'autre ; en un mot, il n'y a pas d'espces et de sous-
espces qui (dans le concept de la raison) soient les plus proches les unes des
autres, mais des espces intermdiaires sont encore et toujours possibles dont la
diffrence avec les prcdentes soit plus restreinte que ne l'tait entre celles-ci leur
propre diffrence."
Voir aussi L'unit systmatique des fins runit la raison pratique et la raison
spculative
876
dans ce monde des intelligences qui, bien que, comme simple nature, [peut
aussi n'tre appel que] monde sensible,
[et qui] peut recevoir, en tant qu'il constitue un systme de la libert,
le nom de monde intelligible, c'est--dire moral (regnum gratiae),
[cette unit des fins] conduit immanquablement aussi, pour toutes les choses
composant ce grand tout [du monde moral], une unit finalise d'aprs des lois
universelles de la nature,
[Kant affirme ici que le Crateur a eu une vision unifie du monde qu'il crait,
comprenant la fois le monde physique (dont les phnomnes sont rgis par les
lois universelles de la nature dfinies par l'homme) et le monde intelligible rgi
par les lois morales. C'est pourquoi une mme raison unit les domaines
d'application pratique et spculatif.]
tout comme la premire unit s'tablit d'aprs des lois morales universelles et
ncessaires : elle runit ainsi la raison pratique la raison spculative.
Il faut se reprsenter le monde comme provenant d'une Ide, [la vision unifie qu'en
a eu le Crateur] s'il doit s'accorder avec l'usage de la raison sans lequel nous nous
conduirions nous-mmes d'une faon indigne de la raison, savoir l'usage moral,
dans la mesure o ce dernier repose absolument sur l'Ide du souverain Bien.
[Les fondements de la nature sont des aprioris d'une thologie transcendantale dont
l'tre originaire est unique]
Mais celle-ci, dans la mesure en tout cas o elle a pris son point de dpart dans
l'ordre moral, comme unit qui se trouve fonde dans l'essence de la libert et qui
n'est pas tablie de faon contingente par des commandements extrieurs, rapporte
la finalit de la nature des fondements qui ne peuvent qu'tre insparablement lis
a priori la possibilit interne des choses, et ainsi une thologie transcendantale
qui fait de l'idal de la perfection ontologique suprme un principe d'unit
systmatique qui relie toutes choses d'aprs des lois universelles et ncessaires de
la nature, puisqu'elles possdent toutes leur origine dans l'absolue ncessit d'un
tre originaire unique."
(Fin de citation)
877
(Une dtermination du sens interne est une reprsentation de ce que ressent le
sens interne aprs synthse associative des reprsentations successives
perues.)
K203 "L'unit transcendantale de l'aperception est celle par laquelle tout le divers
donn dans une intuition est runi en un concept de l'objet. C'est pourquoi elle
s'appelle objective et doit tre distingue de l'unit subjective de la conscience, qui
est une dtermination du sens interne, par quoi ce divers de l'intuition est donn
empiriquement en vue d'une telle liaison."
(L'unit transcendantale de l'aperception est l'unit de la conscience rsultant de
la synthse de la reprsentation du divers de l'intuition en une reprsentation de
reprsentation interprte comme un jugement divers points de vue autour
d'un concept de l'objet ; voir Exemple de jugement et analyse par titres et
moments. C'est l'unit originaire du Je me pense en tant que sujet.)
Voir aussi :
Ncessit de l'aperception transcendantale ;
Jugements empirique, d'exprience ou de perception.
Univers
878
Donnes actuelles
Naissance : notre Univers est n d'une explosion colossale, le Big Bang, il y a
13.8 milliards d'annes (voir Big Bang).
Nous ne savons pas s'il a exist quelque chose (espace-temps ou matire-
nergie) avant ce Big Bang, nous n'avons ce sujet que des conjectures. Nous
ne savons mme pas si l'espace-temps n'est pas apparu en mme temps que la
matire-nergie de l'Univers lors du Big Bang.
Structure : La Relativit gnrale d'Einstein nous apprend que l'Univers est un
continuum (espace continu) quadridimensionnel : 3 dimensions d'espace + 1
dimension de temps, le tout formant l'espace-temps. Le temps est une
dimension ncessaire de cet espace-temps, dont on ne peut concevoir un
espace rel sans temps ou un temps rel sans espace.
Dimension : l'Univers observable depuis la Terre est une sphre de la surface de
laquelle la lumire a mis 13.8 milliards d'annes pour nous parvenir depuis le Big
Bang : son rayon est dfini par un temps de parcours, pas par une distance.
Expansion : l'Univers est en expansion depuis le Big Bang : les galaxies
lointaines s'loignent de nous d'autant plus vite qu'elles sont loin [105]. La
vitesse d'expansion de l'Univers a vari depuis le Big Bang, dcroissant pendant
les 8 9 premiers milliards d'annes, puis croissant depuis.
Du fait de cette vitesse d'expansion variable, les galaxies les plus lointaines
jamais cres depuis le Big Bang sont une distance de 47 milliards d'annes-
lumire, la surface d'une sphre appele Univers physique actuel. Cet Univers
contient environ 1011 galaxies, 1023 toiles.
On appelle Volume de Hubble [137] l'intrieur de la sphre la surface de
laquelle les galaxies s'loignent de nous la vitesse de la lumire. Les galaxies
situes au-del mettent une lumire qui ne nous atteindra jamais, car elle se
propage moins vite que l'Univers ne se dilate.
La surface de l'Univers observable s'loigne de nous environ 6 fois plus vite que
la vitesse de la lumire c = 299 792 458 m/s (un peu moins de 300 000 km/s).
Une telle vitesse ne contredit pas la Relativit Gnrale, car celle-ci ne limite c
que les vitesses de ce qui est matire ou rayonnement, pas celle de l'expansion.
Complments
[30] Inflation, Big Bang et Multivers - L'Univers selon nos connaissances dbut
2014 ;
Hubble Volume [137].
Universel - Universalit
Adjectif de quantit (au sens des catgories de l'entendement).
Qui s'tend tout ou tous ; qui se rapporte, s'applique l'ensemble des
hommes, la totalit des phnomnes. Exemple : savoir universel.
C'est une universalit concrte, comme la souhaite Hegel [51].
Qui est commun tous les hommes, toutes les socits humaines.
Exemples : croyance, dclaration universelle des droits de l'homme.
(Universalit concrte).
879
Qui vaut pour tout, pour tous les lments de la classe que constitue un concept.
Exemples : explication universelle ; valeur, vrit universelle. C'est une
universalit en extension, comme la veut Kant.
En philosophie : qui est exprim par un terme si gnral qu'il peut tre prdicat
de tous les jugements relatifs aux phnomnes. Exemple : les catgories de
l'entendement. (Universalit en extension).
Jugements d'universalit
Un jugement d'universalit exprime (d'un point de vue transcendantal) une ncessit
ou un apriori.
(Citation de K95)
[Quel que soit leur nombre, des expriences ne garantissent pas l'existence d'une loi]
"L'exprience ne donne jamais ses jugements une universalit vritable ou
rigoureuse, mais seulement une universalit suppose et comparative (par
induction),
tant et si bien que ce qu'il faut entendre proprement par une telle universalit, c'est
que, si nombreuses qu'aient t jusqu'ici nos perceptions, il ne se trouve vis--vis de
telle ou telle rgle aucune exception.
Ncessit et rigoureuse universalit sont donc des critres srs d'une connaissance
a priori et renvoient en outre, insparablement, l'une l'autre."
(Fin de citation)
Univoque
Adjectif : qui n'est susceptible que d'une seule interprtation, mme pour plusieurs
choses diffrentes.
Ainsi, un objet dans l'Ide est un schme permettant de reprsenter plusieurs
objets avec une signification univoque.
880
Usages de la raison pure
Usage empirique
La raison ne cre pas de concepts d'objets, elle les ordonne et les unifie
(Citation de K560)
"La raison ne se rapporte jamais directement un objet, mais uniquement
l'entendement et, par l'intermdiaire de celui-ci, son propre usage empirique : elle
ne cre donc pas de concepts (pas de concepts d'objets), mais simplement elle les
ordonne et leur confre l'unit qu'ils peuvent avoir dans leur plus grande extension
possible, c'est--dire par rapport la totalit des sries,
que pour sa part l'entendement n'a pas du tout en vue, puisqu'il vise seulement la
liaison la faveur de laquelle des sries de conditions sont partout tablies d'aprs
des concepts.
La raison n'a donc proprement pour objet que l'entendement et son fonctionnement
finalis ;
Usage transcendantal
Voir d'abord Ides de la raison pure (usage rgulateur des). Consquence :
K559 - Bien que naturel et spontan, l'usage transcendantal de la raison pure peut
produire des concepts (qui sont des ides transcendantales), mais ceux-ci ne
peuvent pas appartenir des connaissances.
Complment : Comparaison des usages des concepts purs de la raison et de
l'entendement
881
Ces trois objets de la philosophie pure servent savoir dterminer ce qu'il faut faire
K655 "Tout l'appareillage que met en place la raison dans le travail qu'on peut
appeler philosophie pure n'est donc en fait dirig que vers les trois problmes
mentionns. Mais ceux-ci rpondent eux-mmes, leur tour, un objectif plus
loign, savoir dterminer ce qu'il faut faire si la volont est libre, s'il existe un Dieu
et un monde futur. Or, dans la mesure o il s'agit ici de notre conduite relativement
la fin suprme, l'intention ultime de la nature, dans le sage souci qu'elle a de notre
sort en disposant notre raison, n'est oriente que vers la dimension morale."
[La force de la foi tlologique de Kant apparat dans l'intention ultime de la
nature , son sage souci de notre sort et son orientation morale .]
Voir aussi : Limites des usages lgitimes de la raison : les Ides transcendantales.
Usage pratique
K666 "la raison pratique a atteint ce point culminant, j'entends : le concept d'un
tre originaire unique comme constituant le souverain Bien"
Voir La libert pratique existe, alors que la libert transcendantale est impossible.
Usage moral
L'usage moral de la raison est un cas particulier d'usage pratique :
(Citation de K659-K660)
"La raison pure contient donc, non pas certes dans son usage spculatif, mais
pourtant dans un certain usage pratique, savoir l'usage moral, des principes de la
possibilit de l'exprience, c'est--dire d'actions qui, conformment aux prescriptions
morales, pourraient tre trouves dans l'histoire de l'tre humain.
[Une unit morale est ncessaire la possibilit d'actions conformes aux principes
moraux]
Car, tant donn qu'elle commande que de telles actions doivent se produire
[obligation morale], il est ncessaire aussi qu'elles puissent se produire, et il faut
donc que soit possible une sorte particulire d'unit systmatique, savoir l'unit
morale,
alors que l'unit systmatique de la nature ne pouvait tre prouve d'aprs des
principes spculatifs de la raison, parce que la raison possde certes une causalit
vis--vis de la libert en gnral, mais non point l'gard de la nature dans son
ensemble,
[car la causalit de la nature est un postulat, pas un principe de la raison]
et que les principes moraux peuvent certes produire des actions libres, mais non pas
les lois de la nature.
En consquence, les principes de la raison pure dans son usage pratique, c'est--
dire dans l'usage moral, ont une ralit objective."
[Complment : Monde moral.]
(Fin de citation)
882
Doit : diffrence entre usage thorique de la raison et usage moral
K554 - L'usage thorique de la raison est celui par lequel je connais a priori (comme
ncessaire) que quelque chose est [existe] ; tandis que l'usage pratique est celui par
lequel est connu a priori ce qui doit arriver."
[La connaissance thorique est donc celle qui rsulte de lois naturelles, tandis
que la connaissance pratique rsulte de rgles morales :
Doit tre indique un devoir moral,
Doit arriver indique une action conforme la morale).
Voir aussi : Indpendance de l'entendement et de la raison.]
L'usage transcendant de la raison est contraire aux lois de la nature : il ne peut donc
fournir aucune connaissance. On ne peut connatre ce qui est extrieur l'Univers,
car la notion mme d'extrieur l'Univers n'a pas de sens.
Consquence : un dieu crateur de l'Univers tant ncessairement extrieur,
donc transcendant, son existence relle est contraire aux lois de la nature, son
concept n'appartient pas une connaissance, il est pure imagination.
Donc croire la fois en un tel dieu et que la nature est toujours rgie par des lois
est contradictoire. Voir Existence de Dieu.
K350 "L'usage objectif des concepts purs de la raison est toujours transcendant,
cependant que celui des concepts purs de l'entendement ne peut jamais, d'aprs sa
nature, tre qu'immanent, tant donn qu'il se limite simplement l'exprience
possible."
Voir aussi : Limites des usages lgitimes de la raison : les Ides transcendantales.
883
Voir Raison : usage apodictique ou usage hypothtique.
Cela dit, ou bien un concept a priori (un concept non empirique) contient dj en soi
une intuition pure, et dans ce cas il peut tre construit ;
ou bien il ne contient rien que la synthse d'intuitions possibles qui ne sont pas
donnes a priori, et alors on peut sans doute grce lui juger de manire
synthtique et a priori, mais seulement sur le mode discursif, d'aprs des concepts,
et jamais de faon intuitive, travers la construction du concept.
Mais la matire des phnomnes, travers quoi des choses nous sont donnes
dans l'espace et le temps, ne peut tre reprsente que dans la perception, par
consquent a posteriori. Le seul concept qui reprsente a priori ce contenu
empirique des phnomnes, c'est le concept de la chose en gnral, et la
connaissance synthtique que nous en avons a priori ne peut rien fournir de plus a
priori que la simple rgle de la synthse de ce que la perception peut donner a
posteriori, mais jamais l'intuition de l'objet rel, puisque celle-ci doit tre
ncessairement empirique."
[L'esprit a conscience de la prsence de quelque chose dans le phnomne,
c'est--dire d'une existence, mais sans disposer des dtails que seule donnera
l'intuition.]
(Fin de citation)
Conclusion
(Citation de K609-K610)
"Il y a donc deux usages de la raison qui, bien qu'ayant en commun l'universalit de
la connaissance et l'engendrement de celle-ci a priori, sont pourtant trs diffrents
dans leur processus,
884
et cela parce que dans le phnomne, en tant qu'il constitue ce travers quoi tous
les objets nous sont donns, il y a deux lments :
la forme de l'intuition (espace et temps), qui peut tre connue et dtermine
compltement a priori,
et la matire (la dimension physique) ou le contenu, dsignant un quelque chose
qui se trouve dans l'espace et dans le temps, et qui par consquent contient une
existence et correspond la sensation.
[Voir Contenu d'un phnomne : forme et matire.]
Relativement au dernier lment [la matire], qui ne peut jamais tre donn d'une
autre manire qu'empiriquement, nous ne pouvons avoir a priori rien d'autre que des
concepts indtermins de la synthse de sensations possibles, en tant qu'elles
appartiennent l'unit de l'aperception (dans une exprience possible)."
(Fin de citation)
Usage mathmatique
Voir mathmatiques.
Usage spculatif
Conclusions sur la connaissance et ses limites
(Citation de K594-K595)
"Ainsi toute connaissance humaine commence-t-elle donc par des intuitions, va de l
des concepts et s'achve par des Ides.
Bien qu'elle dispose, par rapport chacun de ces trois lments, de sources de
connaissance a priori qui, au premier abord, semblent ddaigner les limites de toute
exprience, une critique compltement acheve nous persuade pourtant que toute
raison, dans son usage spculatif, ne saurait jamais avec ces lments dpasser le
champ de l'exprience possible,
885
consquence, si l'on ne prend pas pour fondement ou n'utilise pas comme fil
conducteur les lois morales, il ne saurait y avoir aucune thologie de la raison. Car
tous les principes synthtiques de l'entendement sont d'usage immanent, alors que,
pour la connaissance d'un tre suprme, se trouve requis un usage transcendant de
ces principes quoi notre entendement n'est nullement prpar. Si la loi de la
causalit, dote d'une validit empirique, devait conduire l'tre originaire, il faudrait
que celui-ci appartnt la chane des objets de l'exprience ; auquel cas toutefois il
serait lui-mme, comme tous les phnomnes, son tour conditionn."
Usage polmique
Dfinition de l'usage polmique de la raison
(Citation de K620)
"Par usage polmique de la raison pure, j'entends [] la dfense de ses noncs
contre [les] ngations dogmatiques.
[Il s'agit seulement de savoir s'il existe une preuve d'une affirmation oppose]
Il ne s'agit donc pas ici de savoir si ses affirmations ne pourraient pas aussi,
ventuellement, se trouver fausses, mais seulement du fait que personne ne peut
prtendre le contraire avec une certitude apodictique (ni mme avec vraisemblance).
(Fin de citation)
Voir L'usage spculatif de la raison pure ne recourt pas aux mthodes dogmatiques.
Complments
La raison a une fonction d'unit systmatique des connaissances
d'entendement ;
Raison De l'usage logique de la raison ;
Raison De l'usage pur de la raison ;
Comparaison des usages des concepts purs de la raison et de l'entendement ;
Censure de la raison ;
Critique de la raison pure.
Valeur
C'est la qualit de ce qui est dsir ou estim, ou au contraire rejet, redout.
Exemples de valeurs : vrit, justice, amour, beaut, etc.
Toute valeur est en mme temps objet d'un dsir et objet d'un jugement : le dsir est
la cause, le jugement, l'arbitre ; si l'un de ces deux facteurs disparat, il n'y a plus de
valeur. Dans l'esprit humain, chaque valeur est automatiquement associe un ou
plusieurs affects sur lesquels le jugement peut se baser.
886
En plus des valeurs positives prcdentes, il y a bien entendu des valeurs ngatives
correspondant ce qui est dtest, craint, etc. Les valeurs d'une personne qui
s'appliquent une situation donne sont ordonnes ; en cas de choix entre deux
valeurs, le jugement se base toujours sur la plus forte.
Une valeur secondaire peut tre cre par une rflexion ou une interprtation de
situation, si elle ne s'oppose pas une valeur plus forte.
Les valeurs d'une personne sont toujours accompagnes d'aprioris issus de son
gnome, de sa culture ou de son exprience, et agissant dans son subconscient. En
France, par exemple, beaucoup de gens craignent les OGM et les retombes de la
science ou de la mondialisation.
Chez Kant
La validit objective d'une connaissance est sa vrit formelle.
K124 "Les explications que nous donnons enseignent par consquent la ralit
(c'est--dire la validit objective) de l'espace l'gard de tout ce qui peut s'offrir
nous extrieurement comme objet, mais en mme temps l'idalit de l'espace
l'gard des choses, ds lors qu'elles sont apprcies par la raison en elles-
mmes, c'est--dire sans que soit prise en compte la constitution de notre
sensibilit."
K235 "Mme l'espace et le temps, si purs que soient ces concepts de tout
lment empirique, et si forte que soit la certitude qu'ils sont reprsents
pleinement a priori dans l'esprit, seraient pourtant dpourvus de toute validit
objective, comme de tout sens et de toute signification, si n'tait dmontr ce
que leur usage a de ncessaire pour les objets de l'exprience ;"
887
Varit
Selon le dictionnaire [13] : subdivision de l'espce, groupe d'individus qui diffrent
des autres individus de la population par un ou plusieurs caractres hrditaires.
Exemple : voir Loi transcendantale de la spcification.
La logique pure n'a pas les moyens de dcouvrir, dans une proposition, une
ventuelle erreur sur le contenu, mais seulement une erreur formelle.
888
Qu'il ne dcrive pas trop l'objet (qu'il ne contienne pas d'information que l'objet
ne possde pas en lui-mme).
Par contre, un phnomne qui apparatrait en dehors de toute action naturelle est
imaginaire : la nature rgit tous les phnomnes, le dterminisme n'a pas
d'exception. Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des lois et des circonstances
inconnues.
Pour penser la vrit objective, Kant ajoute aux lois universelles de la nature des lois
universelles de la pense rationnelle, celles de la logique transcendantale.
Vrit subjective
Du fait de ma sensibilit, un phnomne que je perois est transform par mon
entendement en connaissance. Celle-ci a une reprsentation qui me parat vraie,
c'est ma vrit, une vrit subjective que d'autres ne partagent pas ncessairement.
889
Voir aussi :
Problme de la vrit d'une connaissance - Thorie de la connaissance ;
Canon de la raison pure De l'opinion, du savoir et de la croyance ;
La vrit d'un jugement rsulte d'un consensus sur l'absence de dfauts.
Vide
Voir Continuit de tous les changements.
Vie
[107] page 159 "La facult de dsirer est la facult d'tre, par ses reprsentations,
cause des objets de ces reprsentations. La facult que possde un tre d'agir
conformment ses reprsentations s'appelle la vie."
Aprs avoir dfini et critiqu la psychologie rationnelle, et conclu comme dcrit dans
Fin de l'espoir de la psychologie rationnelle de dpasser les limites de l'exprience,
Kant revendique le droit et l'intrt de spculations philosophiques :
890
rectitude d'esprit) dicte l'homme de se comporter comme s'il vivait dans le
monde idal qu'il imagine.
Voir aussi Les Ides sont les causes efficientes de la nature Les croyances de
Kant.
Volont - Vouloir
La volont (ou vouloir) est la facult d'un sujet :
De choisir ses fins, dont il se forme une reprsentation,
Ou de suivre une loi morale (Kant l'appelle pratique).
Cette facult n'existe que chez les tres dous de raison. Chez de tels tres, les
dsirs sont transforms en concepts que la raison value et guide.
(Chez Nietzsche [48], au contraire, tout tre vivant est et doit tre domin par sa
volont de puissance, indpendante et souvent oppose la raison [78].)
La volont des actions d'un tre raisonnable rsulte de sa prise en compte de lois
Un tre raisonnable ne veut agir que conformment aux lois : il ne fait pas n'importe
quoi.
[132] page 250 "Un tre qui est capable d'actions d'aprs la reprsentation de lois
est une intelligence (un tre raisonnable), et la causalit d'un tel tre d'aprs cette
reprsentation des lois est sa volont."
Lorsqu'un tre n'agit que selon la raison, il ne veut que ce qui est objectivement bien
[108] page 86 "Dans la mesure o, pour driver les actions partir de lois, la raison
est requise, la volont n'est rien d'autre qu'une raison pratique. Quand la raison
dtermine infailliblement la volont, les actions d'un tel tre qui sont reconnues
comme objectivement ncessaires sont aussi reconnues comme subjectivement
ncessaires, - en d'autres termes : la volont est une facult de choisir cela seul que
la raison, indpendamment de l'inclination, reconnat comme pratiquement
ncessaire, c'est--dire comme bon."
Lorsque la volont est plus faible que les dsirs, les actions objectivement
ncessaires paraissent contingentes.
891
c'est une fin en soi), il dfinisse un principe objectif de la volont, que par consquent
il puisse servir de loi pratique universelle.
[108] page 108 - "L'impratif pratique sera donc le suivant : agis de faon telle que tu
traites l'humanit, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,
toujours en mme temps comme fin, jamais simplement comme moyen."
Voir Exemples.
Volont du Crateur
Voir Idal du souverain bien.
Volont suprme
Voir Jugement de Kant sur sa thologie morale : c'est la seule possible.
WYSIATI
Voir WYSIATI.
Zlote
Selon le dictionnaire [13] : Celui ou celle qui fait preuve d'un zle excessif dans ses
activits ou ses ides.
892
Zttique
Selon le dictionnaire [13] (histoire de la philosophie) : l'adjectif zttique signifie qui
cherche, qui examine. La zttique est une mthode scientifique d'investigation des
phnomnes prtendus paranormaux.
L' cole des philosophes zttiques est celle de Pyrrhon [153] et des sceptiques
grecs.
893
Bibliographie et notes
Pour crire ce texte j'ai consult les ouvrages ci-dessous.
Pour les rfrences la Critique de la raison pure de Kant voir [24].
[1] Michael S. A. Graziano - Consciousness and the Social Brain - Oxford University
Press, 2013 (268 pages)
Compte-rendu de recherches rcentes en matire de conscience, cet ouvrage
prsente une thorie nouvelle sur sa nature et son fonctionnement, ainsi que sur le
fonctionnement de la conscience de l'autre et de la conscience de soi .
Directeur d'un laboratoire de psychologie Princeton University
( http://www.princeton.edu/~graziano/ ), le professeur Graziano nous offre l un texte
de neuroscience cognitive extrmement clair. Je recommande vivement cet ouvrage,
car dans ce texte-ci je n'ai fait que rsumer en franais sa thorie de la conscience.
[3] Emmanuel Kant - Anthropologie du point de vue pragmatique (1798, 350 pages)
Flammarion 1993 Les rfrences cet ouvrage dsignent une page sous la forme :
Annn [3]. Exemple : A061 [3] pour la page 61.
[5] Elisabeth Roudinesco - Sigmund Freud en son temps et dans le ntre - Seuil,
2014 (577 pages).
894
que telle, ne le cdait en rien au monde matriel. [] Il semble galement qu' peu
prs tous les primitifs sont plus ou moins familiariss avec l'existence d'esprits.
[Ainsi, les anciens Egyptiens personnifiaient les mes des dfunts. De nos jours,
certaines religions ont un culte des anctres. Et pour les chrtiens, l'me est
immortelle.]
Conclusion
L'esprit humain a un mcanisme inconscient de personnification crant des
esprits que l'imagination et les croyances enrichissent. Les sujets de ces illusions
sont tellement persuads de leur ralit qu'il leur faut une pression psychologique
importante et prolonge pour qu'ils puissent, parfois, s'en librer.
[9] Michel Blay - Dictionnaire des concepts philosophiques - CNRS ditions, 2006
(880 pages)
[10] Psychologie - Commencez avec les meilleurs professeurs - Eyrolles, 2007 (279
pages)
895
http://www.cnrtl.fr/definition/comprhension .
896
Cet opuscule ne contient que 60 dfinitions de termes pour toute la philosophie de
Kant, dfinitions en gnral superficielles.
[22] Steven Pinker - How the Mind Works (Penguin books - 2015, 660 pages)
L'auteur est professeur de psychologie Harvard et chercheur en psychologie
cognitive. Il a enseign au MIT et Stanford.
[27] Nagel, Newman, Hofstader - Gdel's Proof - Revised edition- NYU Press, 2008
[30] Daniel Martin - Inflation, Big Bang et Multivers - L'Univers selon nos
connaissances dbut 2014. http://www.danielmartin.eu/Physique/Inflation.pdf
897
[32] Principe d'identit
Le principe logique d'identit s'nonce : Ce qui est, est ; ce qui n'est pas, n'est
pas. Une chose (objet, situation, vnement) est (existe, a lieu ou a eu lieu) ou
n'est pas (n'existe pas, n'a pas lieu ou n'a pas eu lieu).
L'existence a pour conditions :
Une certaine permanence (existence pendant un certain temps) un instant
particulier ;
L'occupation d'un certain volume d'espace une position particulire.
Si la chose est, elle est identique elle-mme, pas autre chose : c'est la seule
ralit. On peut toujours imaginer un monde diffrent, ou des conditions dans
lesquelles un objet qui existe n'existerait pas, mais ce serait pure imagination.
La contingence n'est possible que pour un phnomne chappant aux lois naturelles
La contingence est donc rserve aux objets ne relevant pas d'une loi de
consquences prvisibles. C'est le cas par exemple de la pense humaine, dans la
mesure o celle-ci met en uvre des processus inconscients ou subconscients ; le
fonctionnement physique des neurones a beau tre soumis la causalit prdictible
des lois de la nature, le fonctionnement des penses est trop complexe et
inconscient pour que nous puissions imaginer des lois scientifiques qui le dcrivent.
898
esprit. Qu'est-ce donc qui pourra tre estim vritable ? Peut-tre rien autre
chose, sinon qu'il n'y a rien au monde de certain.
aprs y avoir bien pens, et avoir soigneusement examin toutes choses,
enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : Je suis,
j'existe, est ncessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la
conois en mon esprit.
je trouve ici que la pense est un attribut qui m'appartient : elle seule ne
peut tre dtache de moi. Je suis, j'existe : cela est certain ;
[35] Daniel Kahneman - Prix Nobel d'conomie 2011 - Thinking, Fast and Slow
Penguin Press, 10 mai 2012
[38] Emmanuel Kant (1724-1804) Philosophe allemand clbre pour ses travaux
sur la connaissance, la raison, la morale et les Lumires :
La Critique de la raison pure a t publie en deux versions, en 1781 et 1787.
Quest-ce que les Lumires ? [25] a t publie en 1784.
899
[41] Sigmund Freud (1856-1939) Mdecin neurologue autrichien, fondateur de la
psychanalyse.
[45] Johannes Kepler (1571-1630) Astronome allemand, auteur des trois lois de
mouvement des plantes qui portent son nom, publies en 1609 et 1618 :
1re loi : une plante dcrit une ellipse dont le soleil est un foyer ; (1609)
2me les aires parcourues par le rayon vecteur reliant la plante au soleil sont
proportionnelles aux temps mis pour les parcourir ; (1609)
3me loi : les carrs des dures de rvolution ( dures de l'anne plantaire )
sont proportionnelles aux cubes des grands axes des ellipses. (1618)
900
Qu'il existe, pour la situation prsente, une chane de causalit unique
commenant infiniment loin dans le pass et se poursuivant infiniment loin dans
l'avenir.
[54] Euclide (n vers 300 avant J.-C.) Alexandrie (Egypte) Le plus grand
mathmaticien de l'Antiquit, auteur d'un trait axiomatique de gomtrie, Elments.
Il n'y a pas de troisime cas. C'est sur ce principe que reposent les dmonstrations
par l'absurde.
901
[57] Rudolf Eisler Kant-Lexicon (2 tomes, collection "tel" de Gallimard).
Monumental dictionnaire des ides de Kant, crit en allemand au dbut du XXe
sicle, traduit et mis jour depuis 1083 pages. Ce dictionnaire est trs difficile
utiliser, car les articles sont de longues successions de citations sans sous-titres.
Ainsi, par exemple, les articles "Ide" et "Objet" contiennent chacun 10 pages de
citations, texte serr qu'il faut lire intgralement jusqu' ce qu'on ait trouv celle que
l'on cherche : la perte de temps est insupportable. Et ces articles n'expliquent
pratiquement aucune ide, sinon de faon trop concise pour comprendre la pense
abstraite de Kant.
Cette absence de sous-titres est un problme de place et de cot : une mise en
page plus facile parcourir aurait exig plusieurs tomes de 1000 pages.
[62] Critique de la raison pure / par Emmanuel Kant ; nouvelle traduction franaise,
avec notes, par A. Tremesaygues et B. Pacaud (1905), tlchargeable gratis de la
Bibliothque nationale de France (BnF) - http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5443790t
902
|(t)> = H(t)|(t)>
Equation de Schrdinger (notation de Dirac)
Une srie est une suite de sommes des termes d'une suite. Ainsi, la srie
Sn=x1+x2+x3++xn construite partir de la suite xn prcdente a pour termes : S1=2,
S2=(2+4=6), S3=(6+6=12)
[66] Sophocle (495-406 avant J.-C.) - auteur grec de tragdies, dont dipe Roi (vers
430 avant J.-C.)
[71] Ren Descartes Les Passions de l'me (1649) - Premire partie Des passions
en gnral, Article XXX. - http://dacjosvale.free.fr/biblio/30g.htm
903
[73] Kant Premiers principes mtaphysiques de la science de la nature (1786)
Prface, 3.
[74] Pythagore (n vers 580 avant J.-C., mort vers 500 avant J.-C.) - mathmaticien
Questions
Kant Nietzsche
fondamentales
Je voudrais comprendre le monde,
en situant les faits les uns par
Je ne comprends pas le
rapport aux autres (les choses
monde, il n'a pas de sens.
Que puis-je sont-elles comme elles devraient
savoir ? tre, y a-t-il une harmonie ?) La science n'existe pas,
chercher la connaissance
Qu'est-ce qui explique l'existence
est une erreur.
de l'Homme, de l'Univers et des
difficults que j'y subis ?
Qu'est-ce qui est bien, qu'est-ce Les valeurs traditionnelles
qui est mal ? O est mon devoir ? n'ont plus cours : Dieu est
Que dois-je Si je suis croyant, la religion me le mort.
faire ? dit.
Si je suis athe, je peux faire ce Je dois vivre selon ma
que je veux et gagner ou perdre. volont de puissance.
904
Le problme du devoir ( Que dois-je faire ), compte tenu de ma religion ou de
mon athisme.
Le problme des espoirs pour l'avenir : que puis-je esprer qui justifie mes
efforts, et mme de rester en vie ?
Le monde est un chaos, sans structure dfinie reliant les objets. Les volutions
rsultent d'un contexte par ncessit (causalit), mais sont imprvisibles car rgies
par le hasard. On ne peut donc se permettre d'noncer des lois reprsentant la
ralit physique ou son volution, et il faut aborder chaque situation avec un il neuf
car c'est un cas particulier.
(Cette reprsentation du monde avec ses volutions au hasard est contredite par
la physique et son dterminisme ; Nietzsche l'affirme sans preuve.)
Il n'y a pas de morale ; tu n'as de devoir qu'envers toi-mme, tu peux choisir ton
attitude envers les autres. Tu peux ignorer les gens d'une classe ("race") infrieure
la tienne, mais il est d'usage de respecter les gens de ta classe.
Il n'y a pas de Dieu et pas de justice ; donc il ne faut craindre aucun chtiment ( pas
vu, pas pris ) et il ne faut esprer aucune rcompense. L'altruisme, la piti, la
gnrosit, la compassion et la solidarit sont proscrire en tant que marques de
faiblesse.
905
Sinon, tu es un tre faible, subalterne : comme tu ne peux rien savoir ; comme ta
libert est bloque de tous cts par les lois judiciaires, les rgles morales et ton
insignifiance dans un monde dshumanis ; comme tu ne peux donc pas faire grand-
chose pour satisfaire tes dsirs ; comme les autres sont indiffrents ou hostiles, alors
que tu as besoin d'amiti, de consolation et de solidarit ; comme tu ne peux esprer
aucun progrs, la meilleure chose faire est de quitter ce monde, pour le
dbarrasser de toi et mettre un terme ta propre souffrance
Conclusion de Nietzsche :
En gnral, rien ne justifie un effort, ta vie n'a pas de sens, tu ne peux tre que
nihiliste !
Et selon ton nergie, tu seras un nihiliste hroque ou un nihiliste ractif si tu restes
en vie.
[79] Dmocrite (~460 avant J.-C. ~370 avant J.-C.), philosophe Grec qui a propos
que le monde est fait d'atomes.
[80] Epicure (341 avant J.-C.-270 avant J.-C.), philosophe Grec qui a propos que le
monde est fait d'atomes. Voir picurisme.
906
avaient habitus ; et ils ont tabli une distinction entre la ralit prcise du systme
physique et les informations partiellement indtermines que nous avons sur lui.
Albert Einstein [85] lui-mme jugeait la mcanique quantique incomplte ainsi qu'il
l'exprimait en 1935 dans l'nonc du paradoxe E.P.R. (Einstein, Podolsky et Rosen)
qui est rest au centre de ce dbat. D'autres, comme Louis de Broglie, allant plus
loin, ont essay de complter la mcanique quantique en introduisant des variables
caches, inaccessibles la mesure, mais qui sont censes cependant caractriser
l'tat rel du systme physique. Jusqu'en 1964 toutes les prdictions exprimentales
faites partir des thories variables caches taient identiques aux prdictions
faites partir de la mcanique quantique de Copenhague ; et rien ne permettait donc
de trancher dfinitivement entre les deux types de thories. Disons seulement que la
trs grande majorit des physiciens estimait plus sage d'viter la complication inutile
des variables caches. C'est cette situation que l'ingalit de Bell est venue modifier
radicalement.
[85] Albert Einstein (1879-1955), physicien n en Allemagne, prix Nobel 1921 pour
l'explication de l'effet photolectrique, dcouvreur de la Relativit restreinte (1905) et
de la Relativit gnrale (1915).
[90] Karl Popper (1902-1994), philosophe qui rejetait l'induction en tant que mthode
scientifique valable pour trouver la vrit empirique. Il a propos d'accepter comme
vrit provisoire tout texte dont aucun spcialiste ne peut prouver le caractre
erron, par dduction thorique ou contre-exemple exprimental. Cette approche est
aujourd'hui universellement accepte par les scientifiques.
Voir chapitre Le Rationalisme critique de Karl Popper dans [12].
[91] Sadi Carnot (1796-1832), ingnieur qui a dcrit le cycle thermodynamique des
machines vapeur et nonc le "Principe de Carnot", devenu depuis "Deuxime
principe de la thermodynamique" [119]. Sa thorie a t reprise et prcise
ultrieurement par Rudolf Clausius [155] et William Thomson (Lord Kelvin) [156].
907
[95] Mose Mendelssohn (1729-1786) Philosophe allemand, auteur de Phdon ou
entretiens sur la spiritualit et l'immortalit de l'me (1767).
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95690g.r=
Kant a rfut sa dmonstration de cette immortalit dans K406 et pages suivantes.
[96] Hraclite (540 avant J.-C. 480 avant J.-C.) Philosophe grec, auteur de la
phrase : On ne se baigne jamais deux fois dans la mme eau du mme fleuve .
Il entendait par l que le monde change sans cesse et que la vie se poursuit
(persiste) et conserve son unit malgr les changements. Platon en a dduit que tout
change, indpendamment de ce que l'homme peroit.
[97] Sir Isaac Newton fut un des plus grands savants de tous les temps. Son principal
ouvrage, Principia (exactement : "Philosophi Naturalis Principia Mathematica",
"Principes mathmatiques de la philosophie naturelle"), publi en 1687, est la base
de la physique classique (thories de l'espace et du temps, forces, lois
fondamentales du mouvement, gravitation, optique) et une contribution essentielle
aux mathmatiques (calcul infinitsimal, gomtrie analytique).
[98] Kant La Monadologie : avec notice sur la vie, les crits et la philosophie de
Leibnitz / par M. E. Segond,...
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54944039/f4.item.r=imp%C3%A9n%C3%A9trabili
t%C3%A9
[100] Tycho Brahe (1546-1601), astronome danois, le premier homme qui ait
jamais fait des mesures prcises de position d'astres (angles azimut et hauteur,
heure). Ses observations de l'orbite de Mars ont t utilises par Kepler, son lve et
assistant, pour tablir ses trois clbres lois de mouvement des plantes [45].
908
Et Znon, qui ne connaissait pas les notions de suite et de srie convergentes, en
dduisait que le mouvement n'existe pas objectivement ! Il est regrettable que des
personnes pensent encore, de nos jours, qu'une suite infinie tend toujours vers
l'infini, et que des philosophes dplorent le caractre interminable des rgressions
l'infini (comme la cause de la cause de la cause) en ignorant que certaines
convergent distance finie.
[106] Daniel Martin Economie : rationalit des dcisions et validit des thories
traditionnelles - http://www.danielmartin.eu/Economie/RatDecEco.pdf .
(Citation)
"De la vraie nature du matrialisme et de la sduction lgitime qu'il exerce
[] on doit entendre par matrialisme la position qui consiste postuler que la
vie de l'esprit est tout la fois produite et dtermine par la matire, en quelque
acception qu'on la prenne. En clair : les ides philosophiques ou religieuses,
mais aussi les valeurs morales, juridiques et politiques, ainsi que les grands
symboles esthtiques et culturels n'ont ni vrit ni signification absolues, mais
909
sont au contraire relatifs certains tats de fait matriels qui les conditionnent de
part en part, ft-ce de faon complexe et multiforme. Par rapport la matire,
donc, il n'est pas d'autonomie vritable, absolue, du monde de l'esprit ou, si l'on
veut, pas de transcendance relle, mais seulement une illusion d'autonomie.
Constance du discours matrialiste : la critique de la religion, bien sr, mais
aussi de toute philosophie qui postule une transcendance relle de la vrit des
ides ou des valeurs morales et culturelles.
En ce sens prcis, les grandes philosophies du soupon qui ont tant marqu
les annes soixante, celles de Marx [52], Nietzsche [48] et Freud [41], sont des
illustrations du matrialisme contemporain : on y rduit les ides et les valeurs
en les rapportant ce qui les engendre en dernire instance : l'infrastructure
conomique, la Vie des instincts et des pulsions, la libido et l'inconscient. Mme
s'il prend en compte la complexit des facteurs qui entrent en jeu dans la
production des ides et des valeurs, le matrialisme doit donc assumer ses deux
traits caractristiques fondamentaux : le rductionnisme et le dterminisme.
- Tout matrialisme est, en effet, un moment ou un autre, un
rductionnisme [] : Si l'on entend par rductionnisme la soumission du
spcifique au gnral et la ngation de toute autonomie absolue des
phnomnes humains, le matrialisme ne saurait, sans cesser d'tre
matrialiste, s'en passer []
- Tout matrialisme est aussi un dterminisme en ce sens qu'il prtend montrer
comment les ides et les valeurs dont nous croyons pouvoir disposer librement,
comme si nous pouvions sinon les crer, du moins les choisir, s'imposent en
vrit nous selon des mcanismes inconscients que le travail de l'intellectuel
consiste justement mettre au jour.
De l, me semble-t-il, la relle sduction qu'il exerce.
- D'une part, son travail se dveloppe, presque par dfinition, dans l'ordre du
soupon, de la dmystification : le matrialiste prtend par nature en savoir
plus que le vulgaire, puisqu'il se livre une vritable gnalogie de ce qui
apparat ds lors comme nos navets. La psychanalyse, par exemple,
appartient au registre de la psychologie des profondeurs , elle est cense
dcrypter au plus profond, l o le commun des mortels n'ose gure s'aventurer ;
elle va au-del des apparences, des symptmes, et se prte ainsi volontiers
une lecture matrialiste. Mme chose, bien sr, chez Nietzsche ou chez Marx.
- D'autre part, le matrialisme offre, plus que toute autre option philosophique, la
particularit non seulement de ne pas prendre les ides pour argent comptant,
mais de partir des faits , de s'intresser enfin, si je puis dire, aux vraies
ralits , c'est--dire celles qui sont rellement dterminantes : Freud nous
parle de sexe, Nietzsche des instincts, Marx de l'histoire conomique et sociale.
Bref, ils nous parlent de ce qui importe vraiment et que l'on cache si volontiers, l
o la philosophie idaliste se tourne vers les abstractions. Or le plus souvent,
c'est vrai, le rel est plus intressant que les brumes philosophiques."
(Fin de citation)
910
Darwin n'a tendu qu'en 1869 la thorie de la slection naturelle l'volution de
l'homme, en publiant une premire dition de :
La descendance de l'homme et la slection sexuelle
http://classiques.uqac.ca/classiques/darwin_charles_robert/descendance_homme/de
scendance_homme.html .
[112] Ilya PRIGOGINE (1907-2003), prix Nobel de chimie 1977, livre La fin des
certitudes publi chez Odile Jacob en 1996.
Le cardinal Schnborn a t contredit par le pape Benot XVI, qui a dit en juillet 2007
accepter l'volution, tout en confirmant que l'Eglise catholique attribue la cration de
l'Univers Dieu :
Extrait de la rponse de Benot XVI une question pose le 24/07/2007 :
"Je vois actuellement en Allemagne, mais aussi aux Etats-Unis, un dbat assez
vif entre ce qu'on appelle le crationnisme et l'volutionnisme, prsents comme
s'ils taient des alternatives qui s'excluent : celui qui croit dans le Crateur ne
pourrait pas penser l'volution et celui qui en revanche affirme l'volution
devrait exclure Dieu. Cette opposition est une absurdit parce que, d'un ct, il
existe de nombreuses preuves scientifiques en faveur d'une volution qui
apparat comme une ralit que nous devons voir et qui enrichit notre
connaissance de la vie et de l'tre comme tel. Mais la doctrine de l'volution ne
rpond pas toutes les questions et surtout, elle ne rpond pas la grande
question philosophique : d'o vient toute chose ? et comment le tout s'engage-t-il
sur un chemin qui arrive finalement l'homme ? Il me semble trs important et
c'est galement cela que je voulais dire Ratisbonne dans ma Confrence, que
la raison s'ouvre davantage, qu'elle considre bien sr ces lments, mais
911
qu'elle voit galement qu'ils ne sont pas suffisants pour expliquer toute la ralit.
Cela n'est pas suffisant, notre raison est plus ample et on peut voir galement
que notre raison n'est pas en fin de compte quelque chose d'irrationnel, un
produit de l'irrationalit, mais que la raison prcde toute chose, la raison
cratrice, et que nous sommes rellement le reflet de la raison cratrice. Nous
sommes penss et voulus et, donc, il existe une ide qui me prcde, un sens
qui me prcde et que je dois dcouvrir, suivre et qui donne en fin de compte un
sens ma vie."
La position du pape, qui admet l'volution darwinienne, contredit sur ce point celle du
cardinal Schnborn.
[114] Jean TIROLE, prix Nobel d'conomie 2014 Economie du bien commun
(mai 2016) - Editions PUF
Nous croyons souvent ce que nous voulons croire, pas ce que l'vidence nous conduirait
croire. Comme l'ont soulign des penseurs aussi divers que Platon, Adam Smith ou le
grand psychologue amricain du XIXe sicle William James, la formation et la rvision de
nos croyances servent aussi conforter l'image que nous voulons avoir de nous-mme ou
du monde qui nous entoure. Et ces croyances, agrges au niveau d'un pays, dterminent
les politiques conomiques, sociales, scientifiques ou gopolitiques.
Non seulement nous subissons des biais cognitifs, mais qui plus est, il arrive assez
frquemment que nous les recherchions. Nous interprtons les faits au prisme de nos
croyances, nous lisons les journaux et recherchons la compagnie de personnes qui nous
confortent dans nos croyances, et donc nous nous enttons dans ces croyances, justes ou
errones. Confrontant des individus des preuves scientifiques du facteur anthropique
(c'est--dire li l'influence de l'homme) dans le rchauffement climatique, Dan Kahan,
professeur de droit l'universit de Yale, observa que les Amricains qui votent dmocrate
ressortent encore plus convaincus de la ncessit d'agir contre le rchauffement climatique,
tandis que, confronts aux mmes donnes, de nombreux rpublicains se voyaient conforts
dans leur posture climatosceptique1. Plus tonnant encore, ce n'est pas une question
d'instruction ou d'intelligence : statistiquement, le refus de faire face l'vidence est au
moins aussi ancr chez les rpublicains disposant d'une ducation suprieure que chez les
rpublicains moins instruits ! Personne n'est donc l'abri de ce phnomne.
912
1. Dans son article Ideology, Motivated Reasoning, and Cognitive Reflection , Judgment and
Decision Making, 2013, n 8, p. 407-424. Plus prcisment, Kahan montre que les capacits
de calcul et d'analyse rflexive n'augmentent pas la qualit de la rvision des croyances sur le
facteur anthropique. Rappelons qu'en 2010 seulement 38 % des rpublicains acceptaient
l'ide d'un rchauffement climatique depuis l're prindustrielle et seulement 18 % y voyaient
un facteur anthropique (c'est--dire une cause humaine).
(Fin de citation)
F = Ma = dp/dt
F12 = -F21
C'est la loi d'galit de l'action et de la raction, valable tout instant t.
MM '
F G
d2
913
celui de masse M' avec une force reprsente par le vecteur F, le point de masse M'
attire celui de masse M avec une force -F, conformment la 3e loi.
= = 1.6 .10-35 m
3
Au dbut de l'Univers, aprs le Big Bang, il y a aussi eu une trs courte dure
pendant laquelle la densit d'nergie permettait toutes les particules de fusionner
en s'approchant une distance infrieure lP. Pendant cette dure, les quatre forces
fondamentales (force forte, force faible, force lectromagntique et gravitation) n'en
faisaient qu'une et nos lois physiques actuelles ne s'appliquaient pas. Cette dure est
le temps de Planck tP mis par la lumire pour parcourir la distance de Planck lP. Il
vaut lP/c :
914
= = 0.5391 .10-43 s o =
5 2
5
= = 5.1 .1096 kg/m3
G
c
mp = = 2.177 .10-8 kg
G
En 1918, Emmy Noether [157] a dmontr que l'invariance d'une thorie physique
par rapport une transformation continue se traduit toujours par l'existence d'une loi
de conservation d'une quantit. Voici des exemples d'invariance.
915
uniforme l'un par rapport l'autre. Elle implique notamment le principe
d'additivit des vitesses ;
L'invariance relativiste traduit le fait que la vitesse de la lumire
c = 2.99792458 108 m/s est constante dans toutes les directions de l'espace,
c'est une constante de l'Univers ;
La symtrie relativiste contracte ou dilate l'espace et le temps selon les vitesses
relatives de deux observateurs.
916
Lois de conservation Origines physiques
Homognit du temps
Energie d'un systme isol
(invariance par translation dans le temps)
Information totale d'un systme Rversibilit dans le temps de l'quation de
isol Schrdinger
Quantit de mouvement ou Homognit de l'espace
impulsion d'un systme isol (invariance par translation dans l'espace)
Moment cintique Isotropie de l'espace
d'un systme isol (invariance par rotation)
Invariance par le couple
de symtries CP Symtrie gauche-droite de l'espace
(charge-parit)
Symtrie du temps en changeant
Invariance par la symtrie T
dans les quations t en -t
Charge lectrique
Inconnue
d'un systme isol
Charge baryonique
Inconnue
d'un systme isol
Charge leptonique
Inconnue
d'un systme isol
Etranget (proprit de
Inconnue
certaines particules)
[119] Thermodynamique
917
Thermodynamique des phnomnes, des processus irrversibles : Branche de
la thermodynamique qui tudie les processus de passage d'un tat d'quilibre
un autre.
S Q1/T1 + Q2/T2 +
Entropie
Cette ingalit, due au physicien Clausius [155], fournit d'autres formulations du
2me principe de la thermodynamique ; exemples :
- l'entropie d'un systme isol qui subit des transformations est toujours
croissante ;
- l'nergie disponible pour une conversion en travail utile dans un systme ferm
comme dans l'Univers entier s'puise peu peu.
L'entropie ne peut tre constante que pour un systme en tat d'quilibre
thermodynamique, partir duquel toute petite transformation est rversible.
La croissance de l'entropie d'un systme mesure sa dsorganisation
L'entropie d'un systme est une mesure de son tat d'organisation :
- plus l'entropie est faible, plus le systme est organis, structur ;
- plus elle est forte, moins il est organis.
Exemple : quand de l'eau liquide gle, elle s'organise en cristaux de glace et son
entropie diminue ; quand elle s'vapore, ses molcules sont moins lies par une
force de viscosit s'opposant toute dformation, elle se dsorganise et son
entropie augmente.
918
La dsorganisation d'un systme s'interprte aussi comme un manque
d'information descriptive. Le 2me principe affirme qu'un systme isol tend
toujours vers la dsorganisation (et l'entropie) maximum. Il y a l une
irrversibilit, obligeant le temps avoir un sens d'coulement, une flche ,
du prsent vers l'avenir.
3me principe : aucun systme ne peut tre port une temprature gale au
zro absolu en degrs Kelvin (environ -273.15 degrs C), temprature laquelle
son entropie serait nulle. Ce principe permet de dfinir une chelle absolue de
l'entropie, c'est--dire de la dsorganisation d'un systme.
h
2
x . p (a)
Lorsque la particule mesure n'a pas de masse, comme c'est le cas pour un photon,
il n'y a pas d'incertitude sur sa vitesse - toujours gale la vitesse de la lumire dans
le vide c = 2.99792458 108 m/s - mais il y a incertitude sur sa position du fait de sa
longueur d'onde.
E . t (b)
L'ingalit (b) peut tre interprte comme une instabilit de l'nergie, une non-
reproductibilit d'expriences mesurant une nergie rptes trop peu de temps l'une
aprs l'autre : si on fait l'exprience "2" longtemps aprs l'exprience "1", t est
919
grand et E peut tre trs petit, la reproductibilit peut tre excellente ; mais plus tt
on ralise l'exprience "2" aprs l'exprience "1", plus E pourra tre grand, ce qui
dgradera la reproductibilit. Le manque de reproductibilit est d une instabilit
naturelle, des fluctuations traduisant un refus de prcision et de stabilit de la nature.
L'ingalit (b) peut aussi tre interprte comme l'impossibilit de mesurer avec
prcision l'nergie d'un phnomne extrmement bref, ou l'impossibilit de dater
avec prcision l'change d'une trs faible quantit d'nergie. Exemple : lorsqu'un
atome perd une nergie E par l'mission d'un photon, la dure de cette transition et
de l'mission du photon ne peut tre dtermine avec une imprcision meilleure que
/2E.
Cette imprcision est un phnomne naturel incontournable, qui nous oblige donc
revoir notre conception du dterminisme : une volution ne peut toujours tre prvue
avec une prcision infinie.
Problmatique
Kant croit que l'homme a le pouvoir de dterminer librement ses actes, c'est--dire
d'imposer son corps d'agir selon des lois morales : voir Dterminisme et
prdterminisme de Kant. Voici le point de vue moderne qui, contrairement celui de
Kant, n'a pas besoin d'invoquer Dieu pour expliquer l'inexistence d'un libre arbitre.
Toute pense a pour cause une motion, se poursuit et s'achve avec de l'motion
La pense de l'homme n'est qu'un outil au service de ses pulsions et dsirs du
moment : chaque fois qu'il rflchit, l'homme cherche une solution pour satisfaire un
dsir ; il n'existe pas de rflexion sans but affectif, et un tel but est caractris par
une valeur qui domine toutes les autres pour cette rflexion. C'est l un principe de
causalit de la rflexion humaine, une partie du dterminisme humain. La
920
psychologie enseigne que la rationalit, la logique et la cohrence ne sont pas des
valeurs [12].
L'inn ne change que trs peu pendant la vie d'un individu, car l'adaptation de son
gnome et des mcanismes par lesquels il s'exprime ses conditions de vie est
modeste et lente. L'acquis s'enrichit chaque fois que nous apprenons quelque chose
et s'appauvrit chaque oubli ou dformation des informations mmorises. Les
circonstances changent videmment tout le temps.
Conclusion
L'homme agit exclusivement en rponse au dsir dominant du moment, qui rsulte
de la valeur qui domine son ressenti ; en ce sens-l, il n'a pas de libert. Si un
prisonnier militaire prfre subir la torture au lieu de rvler un secret, c'est que son
patriotisme domine sa douleur.
921
L'imprvisibilit de l'homme
Les mcanismes gntiques et psychiques peuvent crer des comportements
humains imprvisibles du fait de leur complexit, de l'influence du subconscient, d'un
acquis variant sans cesse et de contextes toujours diffrents. Nous avons vu que
cela n'a pas de rapport avec le dterminisme et n'entrane pas l'existence du hasard.
Page 83
"l'influence de ses gnes peut rendre une personne plus ou moins motive
dans son comportement, plus ou moins impulsive dans ses ractions, plus ou
moins sociable et extravertie, d'humeur plus ou moins stable ou labile (sujet
changer ou se transformer), et plus ou moins assure ou agressive dans ses
rapports avec autrui. Tous ces traits de caractre sont quantitatifs plutt que
prsents ou absents. Autrement dit, la population ne se subdivise pas en
individus agressifs et individus que ne le sont pas ; mais d'une personne une
autre, la probabilit qu'elle soit agressive varie."
Page 222
"Le fonctionnement de l'esprit est ncessairement bas sur celui du cerveau,
dont la structure et le dveloppement sont faonns la fois par les gnes et
l'environnement, comme ceux de tout organe. Nous devons tout prix nous
dbarrasser de l'ide que certains comportements rsultent de causes externes
au corps, ide sans fondement biologique. Les effets des gnes sont
omniprsents ce qui n'implique pas, bien entendu, qu'ils prennent le pas sur
ceux de l'environnement."
(Fin des citations)
922
[125] Wormholes
Drs. Eric Christian and Louis Barbier (NASA - Space Physics: Wormholes, Time
Travel, and Faster-Than-Speed-of-Light Theories -
http://helios.gsfc.nasa.gov/qa_sp_sl.html
Nola Taylor Redd - What is a Wormhole?
http://www.space.com/20881-wormholes.html
Le concept d'ens realissimum est celui d'un tre suprmement rel, ensemble ou
fondement de toutes les ralits. C'est le concept que forge la raison non assujettie
la critique quand elle dtermine compltement toute chose en gnral.
923
remet pas en question le rsultat de l'Analytique : la seule ralit que l'on peut
connatre est phnomnale.
[138] Daniel MARTIN Philosophie : tout ce que vous avez toujours voulu savoir
sans jamais oser le demander - Hommage au livre de Luc Ferry paru chez Plon :
Apprendre vivre - Trait de philosophie l'usage des jeunes gnrations
http://www.danielmartin.eu/Religion/Philosophie.htm
924
Exhaustivit (toutes les informations sur le sujet) ;
Non-redondance (aucune information duplique ou hors sujet) ;
Structure (liens relationnels entre informations du sujet bien dfinis).
C'est en partie grce aux SGBD relationnels que Internet apporte la plupart des
informations structures de domaines comme la gestion d'entreprises, les ressources
humaines et l'conomie.
Le monde moral est l'ensemble des phnomnes du monde du point de vue moral,
avec un idal vers lequel les comportements des tres raisonnables doivent tendre,
profitant de leur libre arbitre.
925
[142] Henri-Dominique LACORDAIRE (1802-1861) Prtre, auteur des
Confrences de Notre-Dame de Paris, publies en 1872
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k202681x
926
Les rapporteurs et les dbats du sminaire aboutissent la mme conclusion,
affirmant notamment la ncessit dun nouveau "texte de prcision". Ce texte, qui
pourrait prendre la forme dune loi organique, devrait insister sur la ncessaire
"proportionnalit" et le caractre provisoire des mesures de prcaution, ceci dans le
but de ne pas "sur-valoriser le doute" et bloquer linnovation et le progrs
scientifique.
[146] Virgile (Publius Vergilius Maro) (70 avant J.-C. 19 aprs J.C.) Pote latin
[149] PERSE (Aulus Persius Flaccus n en l'an 34, mort en l'an 62) pote latin
stoque auteur de satires.
[152] Daniel MARTIN - Hasard, chaos et dterminisme : les limites des prdictions
http://www.danielmartin.eu/Philo/Resume.pdf
[153] Pyrrhon (~360 avant J.-C.-~270 avant J.-C.) philosophe sceptique grec,
indiffrent l'gard des vnements et des opinions : pour l'homme, aucune chose
n'est plus ceci que cela , c'est--dire que l'homme ne peut pas faire de diffrences
entre les choses, ni du point de vue de la valeur ni du point de vue de la vrit.
[154] Znon d'Ele - Philosophe grec du Vme sicle avant J.-C. dont les
disciples sont les lates. Voir aussi Achille et la tortue [103].
927
[158] Luc Ferry Kant Une lecture des trois critiques - Grasset (2006)
Excellent ouvrage qui m'a permis d'approfondir plusieurs sujets. J'y ai aussi trouv
des synthses auxquelles je n'avais pas pens. J'en recommande vivement la
lecture.
[160] Daniel MARTIN - Philosophie : tout ce que vous avez toujours voulu savoir
sans jamais oser le demander - Hommage au livre de Luc Ferry paru chez Plon :
Apprendre vivre - Trait de philosophie l'usage des jeunes gnrations
http://www.danielmartin.eu/Religion/Philosophie.htm
Son clbre dernier thorme , dmontr seulement en 1998 par Andrew Wiles,
concerne des quations dites diophantiennes : xn + yn = zn o x, y, z et n sont des
nombres entiers n'a pas de solution pour n>2.
928
Table des matires de la
Critique de la raison pure
INTRODUCTION 93
I. De la diffrence entre la connaissance pure et la connaissance empirique 93
II. Nous sommes en possession de certaines connaissances a priori, et mme l'entendement commun
n'est jamais sans possder de telles connaissances 94
III La philosophie requiert une science qui dtermine la possibilit, les principes et l'tendue de toutes
les connaissances a priori 97
IV. De la diffrence des jugements analytiques et des jugements synthtiques 100
V. Dans toutes les sciences thoriques de la raison sont contenus des jugements synthtiques a priori
faisant fonction de principes 103
VI. Problme gnral de la raison pure 106
VII. Ide et division d'une science particulire portant le nom de Critique de la raison pure 110
1. 117
Premire section de l'esthtique transcendantale : De l'espace 119
2. Exposition mtaphysique de ce concept 119
3. Exposition transcendantale du concept de l'espace 122
Consquences rsultant des concepts prcdents 123
929
PREMIRE DIVISION DE LA LOGIQUE TRANSCENDANTALE : L'ANALYTIQUE
TRANSCENDANTALE 153
CHAPITRE PREMIER : Du fil conducteur permettant de dcouvrir tous les concepts purs de
l'entendement 154
Premire section du fil conducteur transcendantal de la dcouverte de tous les concepts purs de
l'entendement 155
De l'usage logique de l'entendement en gnral 155
Deuxime section du fil conducteur de la dcouverte de tous les concepts purs de l'entendement 156
9. De la fonction logique de l'entendement dans les jugements 156
Troisime section du fil conducteur de la dcouverte de tous les concepts purs de l'entendement 161
10. Des concepts purs de l'entendement, ou catgories 161
11. 165
12. 167
Deuxime section (premire dition): Des principes a priori de la possibilit de l'exprience 177
Avertissement pralable 179
1. De la synthse de l'apprhension dans l'intuition 179
2. De la synthse de la reproduction dans l'imagination 180
3. De la synthse de la recognition dans le concept 181
4. Explication pralable de la possibilit des catgories comme connaissances a priori 185
Deuxime section (deuxime dition): Dduction transcendantale des concepts purs de l'entendement
197
15. De la possibilit d'une synthse en gnral 197
16. De l'unit originairement synthtique de l'aperception 198
17. Le principe de l'unit synthtique de l'aperception est le principe suprme de tout l'usage de
l'entendement 201
18. Ce qu'est l'unit objective de la conscience de soi 203
19. La forme logique de tous les jugements consiste dans l'unit objective de l'aperception des
concepts qui s'y trouvent contenus 203
20. Toutes les intuitions sensibles sont soumises aux catgories comme constituant les conditions
qui seules permettent d'en rassembler le divers dans une conscience 205
21. Remarque 205
22. La catgorie n'a pas d'autre usage pour la connaissance des choses que son application des
objets de l'exprience 206
23. 207
24. De l'application des catgories des objets des sens en gnral 209
25. 213
26. Dduction transcendantale de l'usage exprimental que l'on peut faire en gnral des concepts
purs de l'entendement 214
27. Rsultat de cette dduction des concepts de l'entendement 218
Bilan rapide de cette dduction 219
930
LIVRE II : ANALYTIQUE DES PRINCIPES 220
Premire section du systme des principes de l'entendement pur : Du principe suprme de tous les
jugements analytiques. 231
Deuxime section du systme des principes de l'entendement pur : Du principe suprme de tous les
jugements synthtiques 233
CHAPITRE III : De la doctrine transcendantale de la facult de juger (ou analytique des principes)
294
APPENDICE : De l'amphibologie des concepts de la rflexion, produite par la confusion entre l'usage
empirique de l'entendement et son usage transcendantal 309
INTRODUCTION 329
I. De l'apparence transcendantale 329
II. De la raison pure comme sige de l'apparence transcendantale 332
A. De la raison en gnral 332
B. De l'usage logique de la raison 335
C. De l'usage pur de la raison 336
931
CHAPITRE PREMIER (premire dition) : Des paralogismes de la raison pure 360
Quatrime section : Des problmes transcendantaux de la raison pure, en tant qu'il leur faut
absolument pouvoir tre rsolus 462
Cinquime section : Reprsentation sceptique des questions cosmologiques travers les quatre Ides
transcendantales 467
Sixime section : L'idalisme transcendantal comme clef pour rsoudre la dialectique cosmologique
470
Septime section : Dcision critique du conflit cosmologique de la raison avec elle-mme 474
Huitime section : Principe rgulateur de la raison pure relativement aux Ides cosmologiques 480
Neuvime section : De l'usage empirique du principe rgulateur de la raison relativement toutes les
Ides cosmologiques 485
I - Solution de l'Ide cosmologique portant sur la totalit de la composition des phnomnes en un
univers 486
II - Solution de l'Ide cosmologique portant sur la totalit de la division d'un tout donn dans l'intuition
490
Remarque conclusive sur la solution des Ides transcendantales caractre mathmatique
et
considration prliminaire propos de la solution des Ides transcendantales caractre
dynamique 492
III - Solution des Ides cosmologiques portant sur la totalit de la drivation des vnements du
monde partir de leur cause 495
Possibilit d'une conciliation entre la causalit par libert et la loi universelle de la ncessit
de la nature 498
claircissement de la runion de l'Ide cosmologique d'une libert et de la ncessit
universelle de la nature 500
IV - Solution de l'Ide cosmologique de la totalit de la dpendance des phnomnes quant
leur existence en gnral 510
Remarque conclusive sur toute l'antinomie de la raison pure 514
932
CHAPITRE III : L'idal de la raison pure 515
Troisime section : Des preuves de la raison spculative qui conduisent conclure l'existence
d'un tre suprme 525
Septime section : Critique de toute thologie issue de principes spculatifs de la raison 553
Deuxime section : La discipline de la raison pure relativement son usage polmique 619
Deuxime section : De l'idal du souverain bien comme principe permettant de dterminer la fin
dernire de la raison pure 657
933