Peronnet
Peronnet
Peronnet
Ces travaux de thse ont t raliss au sein de lquipe Mcanique des Matriaux, des
Structures et des Procds (M2SP) du Laboratoire Gnie de Production (LGP) de lcole
Nationale dIngnieurs de Tarbes (ENIT). Ils ont t financs, dans le cadre du programme
FUSCOMP, par DAHER-SOCATA et par le Conseil Gnral des Hautes Pyrnes.
Je tiens tout dabord remercier lensemble des membres du jury qui ont aliment les
discussions grce leurs remarques et questions constructives, et ont permis denrichir ce
manuscrit. Je remercie plus particulirement Mostapha Tarfaoui davoir prsid ce jury,
ainsi que Alain Grard et Abdelghani Saouab davoir accept de rapporter mon mmoire
de thse.
Jaimerais aussi remercier lensemble des membres du CRCC et de Nimitech qui mont
accueilli avec bienveillance et aid la fabrication des cinq prouvettes talons. Je vou-
drais remercier, plus particulirement, Nathalie Coureau pour son implication dans la
ralisation de lensemble des plaques talons.
Jadresse aussi des remerciements Christophe Pescay et Marianne Perrin pour les
nombreuses mesures ultrasonores ralises. Je remercie galement, Richard Huillery de
Thermoconcept et Sylvain Gnot de TomoAdour pour leur collaboration.
Je passe ensuite une ddicace spciale tous les doctorants que jai eu le plaisir
de ctoyer durant ces trois ans Tarbes et toute la troupe du Laboratoire Gnie de
Production. Et je remercie, plus particulirement, mes colloques de bureau (Benji et
Damien) ainsi que mes voisins de palier (Valentin et Marina) pour mavoir support et
soutenu.
Table des matires
Introduction 1
Conclusion 147
iv TABLE DES MATIRES
Table des figures
Labellis par le ple de comptitivit Aerospace Valley, le projet de Recherche & Dve-
loppement FUSCOMP (FUSelage COMPosite) vise la ralisation dun test de dmons-
trateur de fuselage composite produit par LRI. Ces travaux runissent principalement
quatre partenaires de la Rgion Midi-Pyrnes : la socit DAHER-SOCATA situe
Louey, le Laboratoire Gnie de Production de lEcole Nationale dIngnieurs de Tarbes,
lInstitut Universitaire Technologique de Tarbes (dpendant de lInstitut Clment Ader
de Toulouse) et le Centre de Ressources et de Comptences Composites (CRCC) du Lyce
Jean Dupuy de Tarbes.
Dans ce cadre, deux objectifs majeurs ont t viss pour ce travail de recherche. Le pre-
mier porte sur lvaluation des mthodes de Contrle Non Destructif (CND) sur ces types
de matriaux, incluant des stratifis monolithiques et des sandwichs. DAHER-SOCATA
ayant la volont dacqurir de nouvelles comptences dans ce domaine, cette premire
tape a consist en une analyse comparative de diffrentes techniques juges intressantes
pour les applications industrielles. Prcisment, les mthodes tudies sont toutes bases
sur des mesures de champs capables de mesures globales sous forme de cartographies, ce
qui est un avantage certain du point de vue de la maintenance des structures. Ces tech-
niques se distinguent par ailleurs par leur rapidit dexcution, leur capacit contrler
des pices gomtrie complexe et leur utilisation le plus souvent sans contact.
Dans la continuit de cette analyse, le second enjeu abord dans ce travail porte
sur lidentification paramtrique des matriaux composites plans partir de mesures de
champs cinmatiques. Lide ce stade est denrichir la caractrisation fournie par le
CND au travers dune quantification des proprits lastiques. Sappuyant sur certains
dveloppements existants au sein du laboratoire, une procdure didentification globale
puis locale par recalage de modles lments finis a t mise en place de manire pouvoir
capter le caractre htrogne dune structure prsentant un dfaut et dterminer les
paramtres de chacune des zones (saine et dgrade).
Le premier chapitre est ddi la revue bibliographique des mthodes de CND exis-
tantes et bases sur des mesures de champs. Trois grandes familles sont notamment trai-
tes, fournissant des mesures de champs acoustiques, densimtriques et thermiques sur
structures composites. Pour chacune des mthodes abordes dans lanalyse comparative,
des prsentations du principe physique et du principe de contrle sont ralises. Un bilan
des avantages et inconvnients de chaque famille est galement propos.
Une synthse gnrale par type de structures vient conclure cette partie en indiquant les
tendances observes pour les trois familles de mesures de champs.
Lidentification des dfauts par mesures de champs cinmatiques est aborde dans
le dernier chapitre. Aprs une synthse bibliographique sur les mthodes de mesures de
champs et les techniques didentification les plus rpandues, la procdure didentification
sur structure composite multi-zones est dtaille de manire apprhender les verrous
scientifiques levs dans le cas prsent (matriaux anisotropes et macroscopiquement ht-
rognes). Un certain nombre de rsultats sont enfin prsents pour illustrer chacune des
diffrentes tapes de la mthodologie.
4 Introduction
Chapitre 1
Sommaire
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Mesures de champs acoustiques : les ultrasons . . . . . . . . . 8
1.2.1 Principe physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.2 Principe de contrle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.3 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3 Mesures de champs densimtriques : radiographie rayons
X et tomographie rayons X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.3.1 Principe physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.3.2 Principe de contrle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.3.3 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.4 Mesures de champs thermiques : la thermographie infrarouge 29
1.4.1 Principe physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.4.2 Principe du contrle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.4.3 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
1. Contrle de dfauts par mesures de champs acoustiques,
6 densimtriques, thermiques
1.1 Introduction
Les Contrles Non Destructifs (CND) ont pour vocation de fournir des informations
concernant la sant matire des pices contrles sans altrer ni modifier leurs proprits
physico-chimiques ainsi que mcaniques. Ils valuent les dfauts dune pice durant son
cycle de vie (durant le processus de fabrication, aprs fabrication, en maintenance) afin
de dfinir si celle-ci est toujours utilisable suivant les critres mcaniques associs lors de
sa conception. Cette dmarche dinvestigation est un lment majeur du contrle qualit
des pices dans lindustrie aronautique.
En ce qui concerne les structures composites, les principaux dfauts que lon cherche
identifier sont dune part les imperfections dues au procd de fabrication (porosits,
mauvaises imprgnations, fibres non alignes,..) et dautre part, les dcohsions de matire
1.1. Introduction 7
Dans cette premire partie du travail, nous avons focalis notre tude sur trois types
dacquisition :
la mesure de champs acoustiques (contrle ultrasonore), qui est actuellement la
technique la plus employe dans le secteur aronautique,
la mesure de champs densimtriques, incluant la radiographie rayons X et la
tomographie rayons X,
la mesure de champs thermiques par thermographie infrarouge.
Le traducteur ultrasonore est le capteur qui permet dmettre et/ou de recevoir les
ondes ultrasonores. Il est principalement constitu par le transducteur, soit llment
pizo-lectrique traduisant les pressions mcaniques induites par les ondes ultrasonores
en signal lectrique. Un traducteur est caractris par sa frquence, le type donde quil
gnre et la forme de son faisceau acoustique.
1. dans ce cas, le mme capteur peut ventuellement assurer les rles dmetteur et de rcepteur
1.2. Mesures de champs acoustiques : les ultrasons 9
Figure 1.2 Intensit acoustique sur laxe du faisceau (D est le diamtre de la source
utilise et la longueur donde) (Dumont-Fillon [71])
Figure 1.3 Types dondes et modes de propagation des ultrasons dans un solide
(Dumont-Fillon [71])
Dans le cas des ondes de volume transversales dites ondes de cisaillement, le dpla-
cement des particules lmentaires se fait perpendiculairement au dplacement de londe
(figure 1.4-b). Celles-ci induisent des contraintes de cisaillement-torsion (figure 1.5-b) et
ne peuvent tre transmises par des liquides ou des gaz. Leur utilisation est adapte la
dtection de dfauts non parallles la surface de dtection tels que des kissing bonds
(Adams and Drinkwater [2]).
1.2. Mesures de champs acoustiques : les ultrasons 11
(a)
(b)
Figure 1.4 Ondes de volume : (a) ondes de compression, (b) ondes de cisaillement
(Lefebvre et al. [133])
Les ondes de surface dites ondes de Rayleigh rsultent quant elles de la combinaison
dune onde longitudinale et dune onde transversale en quadrature se propageant la
surface libre du matriau. Le dplacement des particules lmentaires suit une orbite
elliptique dont le grand axe est perpendiculaire la surface inspecte et dont le petit axe
est parallle la direction de propagation de londe qui correspond au contour de la surface
contrle (onde guide). Ces ondes ne prennent naissance qu la surface du matriau et
permettent de dtecter des dfauts trs proches de la surface mais non dbouchants ou
qui se situeraient dans la zone de Fresnel de certains traducteurs (Lefebvre et al. [133]).
(a)
(b)
(c)
Figure 1.5 Ondes et contraintes induites : (a) onde volumique de compression, (b)
onde volumique de cisaillement, (c) onde de surface (Mistou [143])
1. Contrle de dfauts par mesures de champs acoustiques,
12 densimtriques, thermiques
On distingue enfin les ondes de plaque dites ondes de Lamb qui se propagent parall-
lement aux surfaces tudies (onde guide galement) et qui rsultent de la superposition
de deux ondes longitudinales et de deux ondes transversales. Ces ondes sont utilises
pour contrler des plaques de faible paisseur (quelques longueurs dondes au maximum)
puisque leur caractristique est de se propager dans lpaisseur dune paroi (Cherfaoui
[55]). Elles sont ainsi adaptes la dtection de dfauts se situant au niveau de la colle
entre 2 plis ou entre un pli et une me car les ondes de plaques sont galement sensibles
aux proprits mcaniques des adhsifs (Adams and Drinkwater [2]), lvaluation de d-
laminages produits par un impact ainsi que de dcollements de semelle domga (Yashiro
et al. [198]).
Les composites stratifis sont gnralement dots de proprits dabsorption non ngli-
geables qui sont dues au comportement viscolastique des matrices. De plus, leur structure
multi-couche entraine des effets de diffraction des ondes dans la structure interne (inter-
faces solide-solide imparfaites, porosits, fibres, fissures et autres dfauts). La combinaison
de ces deux phnomnes entrane lattnuation de lamplitude de londe ultrasonore lors
de sa propagation dans le composite, soit une perte dans lamplitude du signal de sortie
par rapport celle du signal dentre.
Lanalyse de lattnuation ultrasonore est utilise dans les techniques de contrle non
destructif par ultrasons (cho ultrasonore, transmission ultrasonore). Dans le cas par
exemple de porosits se situant dans un joint de colle entre 2 plis ou entre un pli et
une mousse, la comparaison de lattnuation mesure sur la pice par rapport celle
obtenue sur des prouvettes talons non poreuses permet dvaluer quantitativement le
taux volumique de vides (Boyer [46], Ledru [131], Phani [165]). Il est important de noter
que la rsolution de la dtection par contrle ultrasonore samliore en augmentant la
frquence de londe ultrasonore, et en consquence lpaisseur de la structure pouvant
tre contrle diminue (Bar-Cohen et al. [28]).
A partir des principes gnraux sur les ondes ultrasonores qui viennent dtre voqus,
on se propose prsent de dtailler les mthodologies de contrle par ultrasons les plus
utilises sur les structures composites.
1.2. Mesures de champs acoustiques : les ultrasons 13
Cette mthode est trs approprie au contrle des pices ne possdant quune surface
accessible puisquelle ne ncessite lutilisation que dun seul capteur jouant la fois le
rle dmetteur et de rcepteur. Deux typologies de capteurs ultrasonores peuvent tre
employs (Framezelle et al. [79]) :
les capteurs mono-lments contenant un seul lment pizo-lectrique mettant et
recevant londe et qui sont les plus employs dans lindustrie,
les capteurs multi-lments appels aussi phased array, composs de plusieurs l-
ments individuels pouvant tre pilots indpendamment ; ils permettent une focalisa-
tion lectronique du faisceau ultrasonore diminuant les zones mortes dinvestigation.
Dun point de vue pratique, une couche dagent couplant est place entre le capteur et
la pice de faon guider le passage de londe. Ce couplant peut tre de nature diverse
(Bar-Cohen et al. [28], Mouritz et al. [151], Zani [199]) :
un corps gras, un gel ou de leau (ventuellement additionne dun agent mouillant)
en petite quantit positionne sur la pice ; on parle alors de mthode par contact,
de leau (ventuellement additionne dun agent mouillant) en grande quantit, par
immersion partielle (capteur et une partie de la pice) ou totale (capteur et pice)
dans une cuve.
Lpaisseur de lagent de couplage doit absolument rester constante tout au long du
contrle afin dassurer une inspection complte et homogne de la zone balaye par le
traducteur sur la structure. Lorsque la taille de la cuve le permet, ceci justifie le recours
prfrentiel aux mesures en immersion qui bnficient dautre part de systmes de guidage
automatique. Dans certains cas, il est ncessaire de placer en plus un sabot entre la pice
et le traducteur afin dloigner lentre du signal dans la pice de la zone de Fresnel, et
ainsi permettre un contrle optimal ds les premiers millimtres.
Lanalyse des dfauts est ensuite base sur le principe du radar : les ondes ultraso-
nores mises dans la pice sont rflchies sur les interfaces principales du matriau (entre
et fond) ainsi que sur les htrognits internes produisant des chos par rupture dim-
pdance acoustique. La distance entre les diffrents chos par rapport lcho dentre
dans la pice est relie directement aux temps de propagation aller-retour de londe dans
lpaisseur de celle-ci. Le rsultat mesur se prsente alors sous forme dun chogramme
(galement appel A-scan) traduisant lamplitude (en dB) des chos en fonction de la
distance traverse par londe (Mouritz et al. [151]) (figure 1.6) :
1. Contrle de dfauts par mesures de champs acoustiques,
14 densimtriques, thermiques
Figure 1.6 Mthode cho ultrasonore par immersion ou par contact avec sabot (Cher-
faoui [55], Lambert et al. [121])
Figure 1.7 Mthode cho ultrasonore par contact (Framezelle et al. [79])
1.2. Mesures de champs acoustiques : les ultrasons 15
Lobservation de ces chos permet de localiser les dfauts internes prsents dans une
structure mais galement den raliser des mesures dimensionnelles. Un traitement du
signal peut ventuellement tre ralis pour amliorer lanalyse, comme par exemple pour
la mthode -6dB, qui consiste faire un crtage des amplitudes pour enlever une partie
du bruit de mesure. La taille des dfauts est ensuite estime par la comparaison entre
les amplitudes des chos de fond et de dfaut ; la profondeur des dfauts est quant elle
dtermine par le temps de vol entre lcho dentre (ou de fond) dans la pice et lcho du
dfaut (Bar-Cohen et al. [28]) (figure 1.6). Pour cela, il faut bien sr talonner avant tout
test lappareil de mesure avec une plaque talon reprsentative de la structure inspecte.
Cette plaque est compose de dfauts artificiels ayant pour but de reprsenter au plus prs
les dfauts devant tre identifis aussi bien en terme de nature, quen terme de dimension.
Lutilisation dune plaque talon permet de raliser les diffrents rglages ncessaires la
visualisation des dfauts signals comme critiques pour la structure contrle.
Il existe traditionnellement deux cartographies 2D interprtes dun contrle ultraso-
nore, savoir le B-scan sous la forme dune coupe dans lpaisseur de la pice (figure
1.8) et le C-scan sous la forme dune projection en surface des dfauts prsents dans la
pice contrle (Bar-Cohen et al. [28], Perdijon [161]) (figure 1.8). Le couplage de ces
trois vues permet davoir une visualisation 3D de la rpartition des dfauts dans la pice
contrle. On peut enfin signaler que lemploi de sondes multi-lments permet daccder
des vues sous des angles diffrents (par exemple B-scan angulaire appel aussi le S-scan
(Fidahoussen et al. [78])).
Lcho ultrasonore permet didentifier essentiellement les dfauts suivants dans les
composites dus :
la fabrication : porosits, dcollements, variations du taux dimprgnation (Boro-
Djordjevic [44], Ledru [131], Wong and Ron [196]),
et/ou leur utilisation en service : dlaminages, impacts (Boro-Djordjevic [44], Mouritz
et al. [151], Wong and Ron [196]).
Dans le cas de cette technique, la dtection des dfauts se ralise par mesure de latt-
nuation ou coupure directe du faisceau ultrasonore suivant les propits dabsorption du
dfaut intercept (figure 1.10). Gnralement, ltalonnage de lappareil de test se ralise
vide ou avec un matriau sain. Avant chaque test, il convient de sassurer que les cap-
teurs soient correctement positionns pour que le signal soit mis et rceptionn de faon
1.2. Mesures de champs acoustiques : les ultrasons 17
optimale. Une fois le test ralis, les rsultats sont bien sr visualisables par les 3 vues
(A-scan, B-scan et C-scan) dj dtailles dans la partie prcdente.
Les difficults lies cette technique sont les modifications de londe ultrasonore qui
ne sont pas dues la prsence des dfauts et qui, de fait, perturbent lanalyse : problme
li lagent couplant, dsalignement des deux traducteurs, changement de structure dans
la pice contrle par exemple. Par consquent, cette technique est gnralement associe
aux techniques dcho ultrasonore par contact ou immersion.
Lagent couplant utilis pour la transmission ultrasonore peut tre un corps gras, de
leau (en immersion ou par jet deau) ou de lair. Le recours au jet deau est trs frquent
dans le milieu industriel, associe gnralement un systme automatique de dplacement
des traducteurs assurant une liaison acoustique optimale (Hsu [107], Robert and Green
[176]). Toutefois, face la contamination potentielle des surfaces de la structure par ce
moyen (endommagement, corrosion) et autre perturbation induite par les changements de
milieux dans la propagation de londe, des mthodes sans contact et sans milieu couplant
tendent se dvelopper. On peut citer par exemple les trois suivantes qui peuvent tre
ventuellement couples entre elles (Cawley [52], Clorennec [61], Eyma et al. [75], Kazys
et al. [116], Robert and Green [176], Ruzek et al. [179], Zani [199]) :
les ultrasons couplage air, qui sont particulirement adapts au contrle des
structures hydrophobes ou sensibles leau telles que composites sandwichs (Hsu
1. Contrle de dfauts par mesures de champs acoustiques,
18 densimtriques, thermiques
[107], Kazys et al. [116]) ; on peut noter que les capteurs coupls lair sont adap-
ts la gnration et la dtection dondes de Lamb en mode mission-rception
(Framezelle et al. [79], Hsu [107]),
les ultrasons lasers, gnres par un laser et dont la dtection est souvent ralise par
une sonde interfromtrique comme le systme de Fabry-Perot (Cawley [52], Robert
and Green [176], Voillaume and Campagne [194]) ; dans cette dmarche, la prsence
dune surface rflchissante savre ncessaire (par exemple, un film mince peut tre
coll cette fin en surface de composites en carbone-poxy) ;
ultrasons avec traducteurs magnto-acoustiques.
Ces nouvelles technologies sont de plus en plus convoites dans les inspections sur struc-
tures composites (Cawley [52], Zani [199]). Outre les avantages prcits, elles minimisent
en effet les bruits de mesures (impliquant une bonne reproductibilit), permettent lins-
pection de pices chaudes ou gomtrie complexe comportant de multiples courbures
ainsi quun contrle sur la ligne de fabrication.
Parmi les dfauts sur matriaux composites pouvant tre identifis par la transmission
ultrasonore, on peut citer galement :
des dfauts de fabrication : porosits, dcollements entre lme et les peaux de
matriaux sandwichs Hsu [107],
et/ou leur utilisation en service : dlaminages, fissures Hsu [107], Mouritz et al.
[151].
1.2.3 Bilan
Le contrle ultrasonore est aujourdhui la technique la plus utilise et la plus recon-
nue dans lindustrie aronautique au travers des standards AITM. Parmi ses avantages
principaux, il faut citer :
mme si les reprsentations planes sont les plus couramment employes, la possibilit
de dtecter des dfauts dans le volume de la pice (par combinaison des vues 2D),
une grande sensibilit de dtection des dfauts plans, grce lutilisation trs r-
pandue des ondes longitudinales incidence normale,
lautomatisation possible du contrle permettant dobtenir une liaison acoustique
optimale,
le caractre portable de certains dispositifs exprimentaux.
1.3. Mesures de champs densimtriques : radiographie rayons X et
tomographie rayons X 19
Toutefois, cette technique prsente quelques inconvnients dont notamment une mise
en oeuvre difficile et dlicate, le besoin le plus souvent de lagent couplant ainsi que la
ncessit de raliser une plaque talon reprsentative de la pice inspecte et des dfauts
recherchs. Par ailleurs, il existe certaines contraintes dapplication dues lemploi de
traducteurs spcifiques selon le matriau test, son paisseur, la forme de la structure
ainsi que de son tat de surface. Enfin, il convient de signaler la sensibilit de la mthode
par rapport au type dondes choisi (les rsultats obtenus pour chaque type diffrent selon
lorientation de la surface du dfaut) ainsi qu leur frquence.
Lorsque des rayons X traversent un milieu, on note une perte par rapport au nombre
de particules incidentes, soit en dautres termes une variation dintensit du faisceau. Ce
phnomne, appel attnuation, rsulte de linteraction des photons avec la matire au
travers de plusieurs processus distincts (Le-Bras [125], Freud [81], Lecomte [130]) :
Les rsultats du contrle par rayons X tant bass sur les diffrences dabsorption de
la pntration de ces radiations dans le matriau inspect, deux paramtres conditionnent
fortement la rsolution des images obtenues et donc la performance de la technique en
terme de dtection :
dune part la capacit du matriau test absorber les radiations X, soit limpor-
tance de son coefficient massique dattnuation ; pour les composites en carbone dont
le coefficient dabsorption est faible la base, il est ainsi recommand dutiliser une
faible nergie de radiation (les tensions les plus couramment employes se trouvent
entre 10 keV et 50 keV mais lintervalle de 10 keV 20 keV est gnralement suf-
fisant) voire demployer un liquide pntrant radiographiquement opaque (comme
par exemple le ttrabromthane) si lon souhaite dtecter des dfauts dbouchants
et connects entre eux (Schilling et al. [181], Wong and Ron [196]),
dautre part le constraste dabsorption entre le matriau dit sain et les dfauts au
sein de celui-ci, soit le rapport entre le nombre N2 de photons X transmis par le
1.3. Mesures de champs densimtriques : radiographie rayons X et
tomographie rayons X 23
dfaut et le nombre N1 de photons X transmis par son voisinage (voir figure 1.15
pour une pice dpaisseur constante comportant un vide, Lecomte [130]) ; de faon
vidente, le contraste sera dautant meilleur que le dfaut sera pais.
Figure 1.15 Contraste dun dfaut sur limage radiante (Lecomte [130])
Au niveau de la rsolution spatiale des images obtenues (soit la taille des pixels/voxels),
un certain nombre de paramtres entre en jeu et de manire diffrente suivant la configu-
ration matrielle du systme :
la source de rayons X (taille, type, nergie des rayons),
le dtecteur (nature, dimensions, rsolution spatiale, grossissement 2 ),
lchantillon (taille et forme).
Du point de vue du CND, la qualit de la dtection sera lie une rsolution spatiale
de la mesure infrieure la taille habituelle des dfauts recherchs en ultrasons ; cela
conditionnera donc une grande partie des rglages du dispositif exprimental (Lenoir
[134]) ainsi que les temps dacquisition ncessaires.
Lors de cette acclration, lnergie des photons va varier de quelque keV lnergie
correspondant la haute tension choisie. Les interactions des lectrons avec la cible sont
de deux types (Le-Bras [125], Lecomte [130]) :
par collision des lectrons avec les lectrons des atomes de la cible,
par collision et freinage des lectrons dans le champ lectrique des noyaux de la
cible.
Figure 1.16 Schma dun tube rayons X (Badel [24], Le-Bras [125], Lecomte [130])
Parmi les diffrents supports de visualisation des rsultats, le plus frquemment utilis
est le film radiographique (film argentique). Ce dernier comprend un support transpa-
rent dont les deux faces sont recouvertes de couches dmulsion comportant des cristaux
dhalognures dargent. Le rayonnement X y produit des actions de diffrents types : tout
dabord larrachement dlectrons et ensuite des ractions chimiques entre ces lectrons
librs et les cristaux de bromure dargent prsents dans le film. Un traitement chimique
de dveloppement transforme compltement ces cristaux modifis en argent mtallique
noir, les autres tant limins. Ce traitement peut tre effectu de faon manuelle ou au-
tomatiquement en machine. Laction du rayonnement X sur le film dpend, entre autres,
de la dure de lexposition et de son intensit (Lecomte [130]).
En ce qui concerne les matriaux composites, les principales applications de la radio-
graphie X concernent la dtection dinclusions comme des inserts mtalliques (Avril et al.
[18]), des manques de colle (Herve et al. [105]) ou dendommagements locaux tels que des
fissures et dlaminages (Bertin et al. [37], Thomas [191]). Nanmoins, les mesures fournies
par cette technique restent une projection 2D sur le dtecteur des dfauts prsents dans le
volume de la structure contrle. Afin de pouvoir complter cette information et localiser
les htrognits en profondeur, il convient de se tourner vers lextension 3D de cette
mthode : la tomographie X.
1.3. Mesures de champs densimtriques : radiographie rayons X et
tomographie rayons X 25
Classiquement, la mesure par tomographie est effectue laide de scanners pour ap-
plications mdicales ou industrielles. Ces appareils, bass sur le mme principe de cration
des rayons X que prcdemment, peuvent tre distingus selon lagencement des couples
metteur/dtecteur (figure 1.19) (Lenoir [134]) :
La premire gnration de scanners utilise un faisceau en pinceau et un seul d-
tecteur, situs dans le plan de coupe ; la mesure est effectue par translation de
lensemble source/dtecteur sur toute la largeur de lchantillon puis en recommen-
ant lopration aprs rotation de lchantillon ou de lensemble source/dtecteur,
Il convient enfin de signaler que les rsultats obtenus sont particulirement sensibles
au principe de reconstitution des images. La mesure radiographique de lattnuation des
rayons X travers un objet est une mesure projete pour un angle incident donn. Afin
daccder lattnuation en chaque point du volume, il est ncessaire dassocier un en-
semble de projections sous diffrents angles rgulirement espacs (figure 1.20 (Lenoir
[134])). Lalgorithme utilis pour raliser la reconstitution doit tre capable de corriger les
erreurs engendres par les diffrences entre les conditions relles de mesure et les condi-
tions thoriques de la reconstruction afin de rduire ou supprimer les artfacts qui peuvent
masquer ou modifier des zones dintrt.
1. Contrle de dfauts par mesures de champs acoustiques,
28 densimtriques, thermiques
En ce qui concerne les matriaux composites, la tomographie X est utilise pour quan-
tifier la prsence de dfauts induits par le procd de fabrication ou par des sollicitations
externes, par exemple :
des porosits (Babout [22], Bayraktara et al. [32], Hanke et al. [104], Schilling et al.
[181]),
la distribution de lorientation des fibres (Bernasconi et al. [36]),
des fissurations (Moffat et al. [145], Schilling et al. [181]),
des dlaminages et leurs contours (Bayraktara et al. [32], Geier [85], Hanke et al.
[104], Schilling et al. [181], Tsao and Hocheng [192]).
On notera galement que cette technique permet le suivi de ces dfauts sous contraintes
lorsque la taille et le temps dacquisition des tomographes sont respectivement compatibles
avec la dimension des essais et les vitesses de phnomnes (Babout et al. [23], Carmona
[50], Lenoir [134], Maire et al. [136, 137], Moffat et al. [145], Reifsnider and Williams
[174]).
1.3.3 Bilan
Les mesures de champs densimtriques par radiographie X et tomographie X per-
mettent daccder de manire non intrusive des informations sur la microstructure in-
terne des matriaux, en particulier de rvler toute htrognit ou singularit. Dans le
1.4. Mesures de champs thermiques : la thermographie infrarouge 29
cadre du CND, il sagit donc de techniques particulirement intressantes dont les princi-
paux avantages sont :
leur applicabilit la quasi-totalit des matriaux,
la possibilit de contrler des pices gomtrie complexe,
la dtection volumique de dfauts (inclusions gazeuses, inclusions de matire tran-
gre,...).
Par rapport la radiographie qui noffre quune visualisation 2D du dfaut, la tomo-
graphie a permis des avances notables grce une information dans le volume et la
localisation des imperfections dans lpaisseur des pices. Dans les deux cas, on peut
nanmoins citer comme limitations potentielles les contraintes de protection ncessaires
lors de la ralisation du contrle, la matrise technique indispensable leur utilisation,
le cot des appareillages et leur taille qui ne permet gnralement pas de contrler des
pices de grande envergure.
Dans le cadre du CND sur structures mcaniques de faible paisseur, une nouvelle
technologie sans contact, rapide en terme dexcution et permettant de raliser des acqui-
sitions de champs en une prise merge depuis quelques annes. Il sagit de la thermogra-
phie infrarouge qui permet daccder des mesures de champs thermiques (temprature
ou proprits thermiques, Bremond [47], Chrysochoos [57], Guibert [102], Lambert et al.
[121]). Cette technique commence tre prsente dans lindustrie puisque sa pratique est
dj normalise par les standards AITM (AITM6-0015 [6]).
les gammes les plus frquemment tudies tant les domaines proche et moyen.
Lorsquun flux thermique est envoy sur la pice (figure 1.21), une partie r du
rayonnement est rflchie sur le corps, une autre partie t est transmise au travers de
celui-ci et une dernire partie a est enfin absorbe. En absorbant ce flux a , le matriau
schauffe et le flux de chaleur e quil met est fonction de sa temprature linstant
considr. Si une sollicitation interne induit cet chauffement, la dissipation produite est
de la mme faon lie sa temprature. Cette transcription en temprature se fait partir
de la connaissance de lmissivit (rapport dmission entre le matriau et un corps de
rfrence dit corps noir 3 ) qui caractrise laptitude du matriau mettre de lnergie par
rayonnement. Lmissivit du matriau, comprise entre 0 et 1, est une proprit thermique
fonction notamment de sa densit, de son tat de surface, de la temprature et de la
longueur donde (Guibert [102], Ibarra-Castanedo [110], Pajani and Audaire [156]).
3. Un corps noir est un matriau idal opaque dmissivit gale 1, qui absorbe intgralement tous les
rayonnements qui lui parviennent, sans aucune rflexion, et indpendemment de la direction dmission
et de la longueur donde.
1.4. Mesures de champs thermiques : la thermographie infrarouge 31
test et de raliser les essais dans le noir. Lorsque les mesures sont ralises sur de trs
faibles dissipations thermiques, une calibration est par ailleurs recommande avant chaque
srie dexpriences (Guibert [102]). Enfin, quel que soit le sens de contrle adopt (voir
ci-aprs), lobjectif de la camra doit tre positionn paralllement la surface examine
de faon optimiser le champ optique et viter tout effet de distorsion de limage.
rvle galement attractive dans le cas dassemblages ferms puisquelle ne ncessite pas
davoir accs aux deux cts de la pice inspecte.
Sajoutant au bruit environnant, il existe dans cette configuration deux autres bruits
de mesure importants :
les rflexions du rayonnement de la source, qui sera dautant plus accentu que la
surface tudie est brillante,
limpact thermique sur la surface au niveau du point focal de la source, qui acclre
la saturation de la pice, et donc celle de limage, rendant trs peu visible les dfauts
localiss cet endroit.
De plus, suivant la gomtrie de la pice contrle ainsi que la taille de la fentre de test
utilise, la notion dencombrement entre la source thermique et la camra IR peut devenir
un problme crucial pour la bonne ralisation du contrle.
1.4. Mesures de champs thermiques : la thermographie infrarouge 35
1.25) ; la surface mesure est donc oppose la surface chauffe. Dans ce cas, le flux mesur
par la camra correspond aux flux transmis et restitus par la pice. Cette configuration,
assez peu utilise dans lindustrie, est prfrentiellement adopte lorsque les dfauts sont
supposs tre prs du ct de la camra (Ibarra-Castanedo [110]).
Dans cette configuration, un seul autre type de bruit est adjoint leffet de lenvi-
ronnement, savoir les rflexions de la brillance de ltat de surface sur lobjectif de la
camra.
On notera que les trois techniques de thermographie infrarouge qui sont dtailles
maintenant peuvent tre utilises soit en configuration face avant, soit en configuration
face arrire.
danalyse globale alors que la TIRM ultrasonore prsente un domaine dinvestigation plus
local.
Lutilisation de la lampe flash permet de solliciter la pice inspecte sur toutes ses fr-
quences caractristiques en une seule impulsion (Larbi [122]). De nombreux traitements
dimages (par exemple analyse de contraste, traitement statistique, dcomposition en va-
leurs singulires, cartographie de paramtres thermophysiques) sont appliqus aux images
thermiques ralises lors des contrles par TIRP dans le but de mettre en vidence les
dfauts prsents dans la pice inspecte (Larbi [122], Prodjinonto [170]). Les donnes de
sortie gnralement utilises sont des mesures de champs de diffusivit ou conductivit
(Parker et al. [158]) et les dfauts prsents au sein de la structure inspecte sont mis
en vidence partir des variations locales de ces proprits thermiques. Depuis quelques
annes, de multiples amliorations ont t apportes, rendant cette technique particulire-
ment efficace et rapide pour le CND en milieu industriel (Batsale et al. [30, 29], Bendada
et al. [33, 34], David et al. [66], Degiovanni and Laurent [69], Degiovanni [68], Ramond
et al. [172, 171]).
Cette mthode est plutt adapte ltude des matriaux fins (Prodjinonto [170])
(les temps dexposition requis pour des matriaux pais, de lordre de lheure, ne sont
pas compatibles avec un maintien uniforme du flash). Des essais en TIRP ont t rali-
ss sur des structures composites sandwichs avec une me en nid dabeille daluminium
et des structures monolithiques de type CFRP (plastique renforc de fibres de carbone
(Larbi [122])). La TIRP est galement employe dans le cadre du suivi dessai de fatigue
(Steinberger et al. [188]).
Il existe aussi une autre mthode appele thermographie infrarouge de phase pulse
qui est une combinaison des avantages de la thermographie pulse avec sa rapidit dac-
quisition de donnes, et de la thermographie module avec la localisation du dfaut en
profondeur moyennant lexcution de diffrents calculs aprs tests (Clerjaud [60], Guibert
[102], Ibarra-Castanedo and Maldague [113, 112], Ibarra-Castanedo [110]).
1.4.3 Bilan
Les mesures de champs thermiques sont des mesures optiques sans contact prsen-
tant de nombreuses potentialits pour le CND. Du point de vue industriel, on peut citer
comme avantages principaux leur rapidit dexcution, un caractre portable et une mise
en oeuvre facile ainsi que la capacit contrler les pices gomtrie complexe, de
manire globale et/ou locale selon le besoin. Certains inconvnients subsistent lheure
1. Contrle de dfauts par mesures de champs acoustiques,
40 densimtriques, thermiques
1.5 Conclusion
Ce premier chapitre a t ddi un tat de lart des techniques industrielles de CND
par mesure de champs, en focalisant notamment sur des applications composites. Trois
familles de mthodes ont t abordes :
les ultrasons, technique la plus utilise actuellement dans laronautique, qui conduit
des mesures de champs acoustiques,
la radiographie X et la tomographie X qui fournissent des mesures de champs den-
simtriques,
la thermographie infrarouge qui permet des mesures de champs thermiques.
Pour chacune delles, leur base physique et les principes gnraux de leur mise en oeuvre
ont t dtaills. Leurs avantages et les limitations ont t galement mis en vidence. Ceci
permet davoir une vision globale de ce qui est pratiqu actuellement dans lindustrie.
Sommaire
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.2 Prsentation des chantillons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.2.1 Eprouvette 1 : matriau monolithique avec inserts Tflon . . 43
2.2.2 Eprouvette 2 : matriau monolithique avec trous fond plat . . 44
2.2.3 Eprouvette 3 : matriau sandwich avec inserts Tflon (peaux
de 0.66 mm) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.2.4 Eprouvette 4 : matriau sandwich avec inserts Tflon (peaux
de 1.08 mm) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.2.5 Eprouvette 5 : matriau multi-structures . . . . . . . . . . . . . 50
2.3 Protocoles exprimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.3.1 Mesures de champs acoustiques : les ultrasons . . . . . . . . . . 54
2.3.2 Mesures de champs densimtriques . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.3.3 Mesures de champs thermiques : thermographie infrarouge . . . 66
2.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
42 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
2.1 Introduction
Cette partie est consacre la mise en place dun certain nombre de techniques de CND
parmi les trois familles de mthodes de mesure de champs voques au chapitre prcdent.
La dmarche comparative a t mene sur des structures reprsentatives des constituants
dun fuselage composite, savoir des structures monolithiques et des structures sandwichs.
5. pressage chaud.
Au cours de ltape 4, des disques en Tflon de diffrents diamtres (4, 6, 8, 10, 12
et 15 mm) ont t mis en place diffrentes profondeurs (0.7, 1.4 et 2.1 mm) (figure
2.2) ; prcisment, chaque range horizontale dinserts a t positionne tous les deux plis
(figure 2.3).
Figure 2.2 Vue de dessus du matriau monolithique avec inserts Tflon - Position-
nement des inserts
Figure 2.3 Matriau monolithique avec inserts Tflon - Coupe schmatique dans
lpaisseur au niveau dune range dinserts de mme diamtre
Les dfauts artificiels sont ici des trous fond plat de diffrents diamtres (2, 3, 6 et
10 mm) jusqu diffrentes profondeurs (0.52, 2.8, 3, 3.48 et 5.2 mm) aprs fabrication de
lprouvette (figures 2.5 et 2.6).
Figure 2.5 Vue de dessus du matriau monolithique avec trous fond plat - Position-
nement des trous
46 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
Figure 2.6 Matriau monolithique avec trous fond plat - Coupe schmatique dans
lpaisseur au niveau dune range de trous de mme diamtre
Figure 2.7 Photo du matriau sandwich avec inserts Tflon (peaux de 0.66 mm)
Lors de lempilement des tissus (tape 2), des inserts Tflon de 3 et 6 mm de diamtre
ont t positionns entre tous les plis des peaux ainsi quentre la mousse et le premier
pli de chaque peau (figure 2.9). Du fait de la fine paisseur des plis utiliss, deux inserts
ont t superposs, chaque localisation de dfaut artificiel, afin de simuler au mieux
un dlaminage (figure 2.9). Cette double paisseur, de lordre de grandeur de lpaisseur
des plis, a alors gnr des surpaisseurs sur la surface finale de la pice du ct du
contre-moule souple, qui prsente de fait un aspect rugueux, bossel et mat (type B). Par
consquent, cette solution na pas t retenue par la suite.
Figure 2.8 Vue de dessus du matriau sandwich avec inserts Tflon (peaux de 0.66
mm) - Positionnement des inserts Tflon
Figure 2.9 Matriau sandwich avec inserts Tflon (peaux de 0.66 mm) - Coupe
schmatique au niveau dune range dinserts de mme diamtre
48 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
Figure 2.10 Photo du matriau sandwich avec inserts Tflon (peaux de 1.08 mm)
Aprs la prparation de la mousse (chanfreinage des bords, perage au laser tous les
5 mm avec des trous de 1 mm de diamtre pour conduire la rsine), un point important
de ce procd consiste prparer la prforme sche selon les diffrentes tapes suivantes :
1. drapage de tissus carbone secs poudrs (peau infrieure), positionnement de lme
en mousse, drapage de tissus carbone secs poudrs (peau suprieure) ; dans le cas
prsent, le drapage a t ralis sur une plaque de verre jouant le rle de moule
rigide plan, amenant de ce ct un aspect de type A,
2. mise en place du tissu darrachage,
3. mise en place du feutre de drainage,
4. implantation du rseau de vide et mise en place de la bche qui sert de contre-moule
souple,
5. prformage des tissus secs poudrs par tirage de vide (dpression) et mise en tuve
(dure 1h 105C avec une rampe de 1C/min).
2.2. Prsentation des chantillons 49
Figure 2.11 Vue de dessus du matriau sandwich avec inserts Tflon (peaux de 1.08
mm)
Figure 2.12 Matriau sandwich avec inserts Tflon (peaux de 1.08 mm) - Coupe
schmatique dans lpaisseur au niveau dune range dinserts de mme diamtre
50 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
Tous les plis de cette structure sont raliss partir de tissus carbone Hexcel HexForce
G0926. La plus mince des parties monolithiques est compose de 6 plis avec la squence
dempilement [45/0/45]2 , la plus paisse comporte 12 plis empils selon la squence
[(45/0/45) (0)6 (45/0/45)]. Les peaux de la partie sandwich sont quant elles com-
poses de 3 plis de ce mme tissu avec la squence dempilement [45/0/45].
Tout dabord, la stratgie choisie ici est lutilisation dun moule et dun contre-moule
rigides : le moule rigide permettra de donner sa forme gomtrique la structure tandis
2.2. Prsentation des chantillons 51
que le contre-moule rigide (plaque de PMMA) donnera la surface plane de la pice. Pour
raliser le moule rigide, il a fallu au pralable raliser un master en rsine usinable (figure
2.14) sur lequel le moule rigide a t ralis.
A partir de ce moule rigide, on ralise ltape de prformage des tissus secs poudrs
de la mme manire que pour lprouvette 4.Durant ltape de prformage, des inserts
Tflon de 3 et 6 mm de diamtre (figure 2.16) ont t positionns tous les deux plis
dans les parties monolithiques et tous les plis dans la structure sandwich, selon la pro-
cdure dtaille prcdemment (figure 2.17). Diffrents prformages ont t raliss afin
doptimiser dune part la forme de la pice avec le respect des angles et des pentes au
niveau de la structure sandwich et, dautre part, de maximiser la rticulation des tissus
poudrs sur lesquels les inserts Tflon ont t positionns. Pour cela, les trois premiers
et trois derniers plis ont t prforms un par un ; concernant le bloc de six plis 0,
ceux-ci ont t prforms tous les deux plis.
(a)
(b)
(c)
En ce qui concerne ltape dinfusion, un film micro perfor a t dispos entre la pice
et le tissu darrachage de faon limiter laspect rugueux obtenu par le contact direct de
la pice avec le tissu darrachage (figure 2.18). De plus, le contre-moule rigide en PMMA
a t usin aux dimensions de lprouvette et perfor selon le positionnement du rseau
dinjection. Une fois linfusion termine, la structure a t mise en tuve (16h 60C)
afin de polymriser le mlange rsine/durcisseur inject (rsine poxy SR1710/SD8822) et
ensuite dmoule. Lensemble du procd de fabrication (prformage et infusion) implique
lobtention du ct moule dun tat de surface lisse et mat du fait du gel coat (type D)
alors que le ct contre-moule est rugueux et brillant grce au film micro perfor (type E,
figure 2.17).
Figure 2.20 Dispositif exprimental du contrle par cho ultrasonore par contact
56 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
Une fois ce dispositif exprimental ajust, la structure est positionne sur celui-ci
et recouverte de lagent couplant (constitu ici de 50% de gel couplant et 50% deau).
Ltalonnage du capteur par rapport la structure inspecte est ralis avec lOmniscan
et se dcompose en trois tapes :
1. calcul de la vitesse de propagation de londe dans le matriau inspect : ceci permet
de traduire la mesure en temps de vol en mesure en paisseur, et ainsi den dduire
la profondeur des dfauts en fonction des chos mesurs,
2. positionnement des trois portes de dtection des chos correspondant aux trois types
dchos dtaills dans le chapitre 1 :
la porte I (jaune sur le A-scan de la figure 2.22) place sur lcho dentre et
synchronise sur limpulsion de londe ultrasonore,
la porte A (rouge) positionne sur lcho de fond et synchronise sur le pic dentre
de londe dans la pice,
la porte B (verte) place entre lcho dentre et lcho de fond afin de distinguer
lapparition dun dfaut et synchronise comme la porte A sur le pic dentre de
londe dans la pice.
Ainsi la distance entre lcho dentre (dtect par la porte I) et lcho de fond
(dtect par la porte A) correspond lpaisseur de la zone inspecte, la porte B
localisant la position du dfaut. La hauteur de chaque porte doit tre au minimum
suprieure celle du bruit de mesure,
2.3. Protocoles exprimentaux 57
Figure 2.22 A-scan ralis en cho ultrasonore par contact (phase dtalonnage, sans
dfaut)
(a)
(b)
Figure 2.23 C-Scan (matriau monolithique avec insert Tflon ) : (a) en amplitude,
(b) en paisseur
58 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
Une fois lprouvette place et ltalonnage termin, la sonde multi-lments doit tre
positionne au dessus dun coin de la pice contrle qui constituera le dpart de la
trajectoire du contrle. La distance entre le capteur et la pice (distance de focalisation)
est prise de faon sextraire du champ proche du faisceau du traducteur, soit 50 mm
dans le cas prsent. Les cartographies 2D obtenues aprs le contrle sont les mmes que
pour lcho ultrasonore par contact.
60 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
La transmission ultrasonore par immersion suit les mmes principes dinspection que
lcho ultrasonore par immersion mais selon un contrle en configuration face arrire.
Deux traducteurs mono-lments V309 (frquence de 5 MHz, diamtre de 0,5 pouce) sont
utiliss, lun jouant le rle dmetteur et lautre de rcepteur (figure 2.27).
Tous les contrles de radiographie X ont t raliss par le site de Tarbes du groupe
Daher-Socata. Le montage exprimental utilis est compos du tube rayons X (met-
teur), du film radiographique (rcepteur) ainsi que de lcran de blocage (figures 2.30 et
2.31). Le pupitre de commande permet dajuster lintensit, la tension ainsi que la position
du tube rayons X ainsi que de dclencher le test.
Figure 2.31 Dispositif exprimental ddi au contrle par radiographie X utilis par
Daher Socata sur le site de Tarbes
2.3.2.2 Tomographie X
Les contrles par tomographie X ont t pris en charge par la socit Tomo Adour
situe Pau. Un scanner mdical de quatrime gnration adapt la mesure de pices
industrielles a t employ, savoir le SOMATOM Sensation Open de SIEMENS dnergie
maximale 140 keV (figure 2.33). Cet appareil se compose :
dun ordinateur de gestion permettant dexcuter les programmes danimation, de
contrle et de dialogue avec lutilisateur,
dun systme dacquisition assurant la saisie et le prtraitement des mesures datt-
nuation ; celui-ci est constitu du banc mcanique de positionnement et de balayage
de lobjet, du gnrateur de rayonnement X (source en ventail) et de lensemble
de dtection (capteurs cramiques haute dfinition en ligne, figure 2.34) associ
llectronique de numrisation,
du systme danalyse des images et de reconstruction fournissant notamment les
coupes en temps rel et les vues 3D aprs post-traitement.
Du fait dune large couverture permise par la configuration du couple source-dtecteurs
ainsi que par son temps de rotation rapide (environ une seconde), ce scanner permet
lanalyse de volumes importants dans un temps trs court.
64 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
(a)
(b)
Le dispositif exprimental utilis en face avant, pour lequel le flux thermique est mis
et dtect du mme ct de la pice, est illustr la figure 2.36. La configuration face
arrire qui consiste dtecter le flux thermique du ct oppos son mission est quant
elle prsente sur la figure 2.37. Dans ces deux configurations, le positionnement des
metteurs et rcepteurs doit en premier lieu tre ajust afin de minimiser les bruits de
mesure. En particulier, la lampe halogne et lobjectif de la camra doivent tre parallles
la pice et leur point focal respectif (thermique pour lhalogne, optique pour la camra)
doit tre centr sur la zone inspecte (des lasermtres sont utiliss cette fin, figure 2.37).
2.3. Protocoles exprimentaux 67
Cinq tapes doivent ensuite tre ralises avant de procder aux essais :
ltalonnage sur une rfrence (corps noir) ; cette tape seffectue de faon automa-
tique avec la camra employe qui bnficie dun systme de dernire gnration,
la dfinition de lmissivit du matriau tudi ; cette donne est trs sensible
de nombreux paramtres intrinsques mais aussi extrinsques au matriau tudi
(Bodnar [39]) ; en labsence dinformations spciques, nous avons choisi dentrer ici
une valeur constante et uniforme, savoir celle du carbone (0,98),
le rglage de la frquence dacquisition du champ de temprature ; dans le cas pr-
sent, nous avons considr une valeur de 50 Hz, soit 50 images par seconde,
la mesure de la distance prouvette-camra afin dobtenir la rsolution spatiale ;
dans notre cas, cette distance est comprise suivant les essais entre 80 cm et 1 m,
la mise au point de lobjectif.
Une fois ces diffrents rglages effectus, le test se droule selon le protocole suivant :
1. extinction des lumires, la salle de contrle devant tre compltement dans le noir
de faon optimiser le test,
6. arrt du film.
Figure 2.38 Mesures de champ thermique (en relatif) ralises par TIR (matriau
monolithique avec inserts Tflon )
En comparaison avec le matriel employ pour la TIR, cette mthode requiert en plus
un gnrateur de signal (HAMEG) qui permet dune part denvoyer un signal sinusodal
via lamplificateur la lampe halogne et, dautre part, de le connecter avec la camra
infrarouge. Le logiciel employ pour la ralisation des films est par ailleurs dans ce cas
ALTAIR-LI (FLIR), capable de reconnatre la frquence de travail du gnrateur ainsi
que le type de signal mis.
Les configurations employes pour cette technique ainsi que les prcautions de posi-
tionnement de la source et de la camra sont les mmes que celles indiques prcdemment.
Le protocole exprimental diffre lgrement :
La dure dun film de TIRM peut varier entre 1 min 20 sec et 2 min 40 sec suivant
lpaisseur des prouvettes testes. Ce film permet daccder des cartographies 2D de
70 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
(a)
(b)
Figure 2.39 Cartographie 2D des mesures de champs thermiques obtenus par TIRM
(matriau monolithique avec inserts Tflon ) : (a) amplitude, (b) phase
La dure dun test varie de 0.18 11 sec suivant lpaisseur des talons contrls. Aprs
traitement du film par le logiciel THERMO-CND, le rsultat obtenu est une unique car-
tographie 2D caractristique des mesures de champs thermiques (figure 2.42).
2.4. Conclusion 73
Figure 2.42 Cartographie 2D des mesures de champs thermiques par TIRP (matriau
monolithique avec inserts Tflon )
2.4 Conclusion
Il tait important dans cette partie de bien dtailler tant la conception et le procd
de fabrication des matriaux et structures faisant lobjet de ltude que les dtails de
mise en oeuvre des huit techniques de CND employes dans chacune des familles de
mesures de champs (trois ultrasonores, deux densimtriques, trois thermiques). Toutes
ces informations seront en effet cruciales pour la comprhension et linterprtation des
rsultats qui vont tre prsents au chapitre suivant.
74 2. Matriaux et protocoles exprimentaux
Chapitre 3
Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.2 Principes danalyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.2.1 Dimensionnement des dfauts par traitement dimage . . . . . . 77
3.2.2 Critres danalyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
3.3 Rsultats exprimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.3.1 Etalons monolithiques avec inserts Tflon . . . . . . . . . . . 80
3.3.2 Etalon monolithique avec trous fond plat . . . . . . . . . . . 88
3.3.3 Etalons sandwich avec inserts Tflon . . . . . . . . . . . . . . 94
3.3.4 Synthse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
76 3. Etude comparative sur prouvettes talons
3.1 Introduction
Lenjeu de ce chapitre est de prsenter la dmarche danalyse comparative de tech-
niques de CND. Si certaines tudes dans ce sens existent dans la littrature, elles ne portent
en gnral que sur les variantes de mesures de champs thermiques abordes au chapitre
prcdent (voir par exemple Clerjaud [60], Giorleo and Meola [88], Ibarra-Castanedo et al.
[111], Larbi [122], Pradere et al. [169], Sakagami and Kubo [180]). Loriginalit de ce tra-
vail consiste en une large porte de cette comparaison qui couvre les trois grandes familles
de mthodes de mesure de champs au travers de huit techniques spcifiques mises en
oeuvre sur les cinq prouvettes talons prsentes au chapitre prcdent :
champs acoustiques avec lcho ultrasonore par contact, lcho ultrasonore par im-
mersion et la transmission ultrasonore par immersion,
champs densimtriques avec la radiographie X et la tomographie X,
champs thermiques avec la thermographie Infra-Rouge (TIR), la TIR Module
(TIRM) et la TIR Pulse (TIRP).
A ce stade, lprouvette multi-structure permet une analyse uniformise en terme de
matriaux et de dfauts tandis que les autres prouvettes talons prsentent des dfauts
de diffrents types (inserts ou trous fond plat) et des diamtres plus varis.
Ces mthodes ont gnralement des applications et des notorits diffrentes dans
le domaine du CND sur structures composites pour lindustrie aronautique. DAHER-
SOCATA ayant la volont dlargir ses comptences en la matire, lobjectif principal de
cette tude comparative est de fournir un bilan des capacits de dtection de chacune
des techniques employes en terme de largeur de spectre et de prcision. Outre la mise en
vidence de ladquation de celles-ci selon le type de structures, cette dmarche permettra
plus gnralement de comparer les capacits de techniques rcentes (tomographie X et
mesures de champs thermiques) par rapport aux mthodes plus classiques (mesures de
champs acoustiques et radiographie X).
Ce chapitre sarticule autour de deux parties avec tout dabord lexplication du principe
danalyse des rsultats, puis ltude dtaille de lensemble des rsultats obtenus sur les
cinq structures prsentes prcdemment.
3.2. Principes danalyse 77
Limage est en premier lieu segmente manuellement de faon isoler chacun des
dfauts identifis (figure 3.1-a). Sur celle-ci, la procdure consiste appliquer les oprations
suivantes :
78 3. Etude comparative sur prouvettes talons
A titre dexemple, le tableau 3.1 rcapitule le type de rsultat obtenu par cette dmarche
pour des techniques de chacune des familles des mthodes de mesures de champs.
Diamtres
Famille de
Image en Image en rels /
mesure de Seuillage
sortie de test niveau de gris dtec-
champs
ts
Acoustiques
4/4
(cho US par
mm
immersion)
Densimtriques
10/10.84
(radiographie
mm
X)
Thermiques 15/16.53
(TIRM) mm
part, en fonction de leur diamtre. Cette dernire analyse apporte notamment des
informations quant la prdisposition des techniques identifier des dfauts consi-
drs comme critiques par le rfrentiel aronautique (de taille suprieure 6 mm
de diamtre (AITM6-4002 [8])) voire galement de plus petite taille.
Cette partie recouvre les rsultats concernant le matriau monolithique avec inserts
Tflon ainsi que les deux zones monolithiques de lprouvette multi-structure.
Les tableaux 3.2 et 3.3 rcapitulent les analyses de la sensibilit de dtection pour ces
talons monolithiques, respectivement pour lprouvette monolithique et pour les zones
concernes de la structure multi-structure. Trois techniques prsentent une efficacit re-
marquable pour ces deux prouvettes, conduisant la dtection de la totalit des dfauts
(tableau 3.2) :
deux techniques de mesures acoustiques en configuration face avant, savoir les
mthodes dcho ultrasonore par contact et par immersion,
une technique de mesure densimtrique en mode face arrire : la radiographie X.
3.3. Rsultats exprimentaux 81
Si lon examine les caractristiques des dfauts non dtects, on remarque que la majo-
rit dentre eux possde un diamtre infrieur au dfaut critique des normes aronautiques
(6 mm de diamtre (AITM6-4002 [8])). De manire gnrale, les techniques en face arrire
sont dautant plus perturbes que les dfauts sont situs en profondeur par rapport la
source dmission. Par exemple pour le matriau monolithique avec inserts Tflon , les
phnomnes de dispersions dondes sont notablement amplifis partir de la profondeur
mdiane (1,4 mm), amenant une rduction de la capacit de dtection des mesures.
Transmission ultrasonore
Bien quefficace pour lprouvette monolithique, cette mthode savre dfaillante pour
les zones monolithiques de lprouvette multi-structure : 52% des dfauts ne sont pas
dtects, dont 84% dinserts de 3 mm de diamtre, et ce quelle que soit la profondeur.
Cette diffrence peut sexpliquer par les tats de surface des structures tudies. En effet,
sur lprouvette n 5 le contrle a t effectu avec le capteur metteur du ct lisse (type
D) et le capteur rcepteur sur la surface rugueuse et brillante (type E). Ainsi, lentre des
ondes ultrasonores est optimise (minimisation des phnomnes de rflexion) mais pas leur
rception. De plus, pour cette technique, la dtection des ondes est ralise uniquement par
le positionnement de la porte A rcuprant lcho de rception. Lors du dimensionnement
-6 dB, la chute damplitude gnre par la prsence de dfauts de 3 mm de diamtre
nest pas suffisante pour permettre lidentification de dfauts.
Tomographie X
En dpit des nombreuses tudes doptimisation dans le traitement des images, lincon-
vnient majeur de la tomographie X reste la prsence ventuelle dartefacts produits lors
de la phase de reconstruction. En effet, ceux-ci soit empchent directement la visibilit
des dfauts, soit perturbent la dtermination prcise de leur contour. Cest ainsi le cas
des 3 dfauts non dtects pour le matriau monolithique (artfact situ 1,4 mm de
profondeur) et de la partie monolithique la plus fine de lprouvette multi-structure. Et
contrairement ce qui est prconis par la norme AITM, la nature des dfauts (Tflon )
nest peut tre pas adquat la tomographie X en rapport la densit et lattnuation
un peu trop proche de la rsine polymre.
TIR
Cette technique dtecte trs difficilement les dfauts de 3 et 4 mm prsents en pro-
fondeur (au-del de 2.1 mm) dans les deux structures tudies. De manire observer le
3.3. Rsultats exprimentaux 83
plus grand nombre de dfauts, le point focal des halognes est positionn au centre de
la zone inspecte. Les dfauts excentrs par rapport ce point sont ds lors difficilement
accessibles. Par ailleurs, la source thermique de TIR met un signal en crneau qui a
tendance se disperser facilement, amenant une sollicitation de faible intensit pour les
dfauts de petite taille localiss en profondeur.
A cette justification, sajoutent dautres perturbations de la propagation du flux ther-
mique associes la composition et au procd de fabrication de lprouvette multi-
structure. La taille du tissage faisant environ 3 mm de large, la vision de larmure est
trs prpondrante sur les images thermiques et du mme ordre de grandeur que la taille
des petits dfauts. De plus, les images du film sont galement trs bruites sur toute
lpaisseur de la structure au niveau des emplacements des grilles destines propager la
rsine lors de linfusion (tat de surface de type E). De ce fait, la dtection des dfauts
localiss en ces endroits est rendue quasiment impossible dans la mesure o le bruit de
mesure est quivalent lcart thermique gnr par chaque dfaut.
TIRM
Les performances de dtection de la TIRM sont bien meilleures que celles de la TIR
grce lemploi du signal priodique basse frquence (sinusodal de frquence 0,05 Hz).
Le signal priodique attnue en effet les phnomnes de dissipation thermique puisque la
pice emmagasine de la chaleur tout au long du contrle et par consquent en transmet
davantage au dtecteur. Dans le mme temps, lutilisation dune onde basse frquence
augmente la capacit de celle-ci se propager dans lpaisseur de la structure inspecte et
diminue le bruit des images des films thermiques. Enfin, les cartographies de phase sont
plus contrastes que les cartographies en amplitude et permettent donc une identification
plus complte des dfauts, notamment des plus profonds.
TIRP
Concernant cette technique, les rsultats obtenus sont quasiment identiques ceux de
la TIR. Comme pour toute technique thermique, le point focal des lampes flash est situ au
centre de la zone contrler de faon raliser un film optimisant la propagation du champ
thermique. Ici, lutilisation dun signal non priodique (impulsion de Dirac) augmente les
phnomnes de dissipation thermique au niveau des extrmits de la structure, rendant
nouveau les petits dfauts en profondeur difficilement identifiables.
84 3. Etude comparative sur prouvettes talons
La prcision moyenne de chaque technique est tablie, pour les dfauts dtects, laide
de la moyenne des carts entre la valeur du diamtre rel et celle du diamtre mesur,
quel que soit le diamtre et quelle que que soit sa profondeur. Il est bien entendu que les
techniques capables de dtecter 100% des dfauts sont susceptibles dengendrer des carts
moyens plus important que celles ne dtectant que 40% de dfauts. Lcart moyen calcul
sur un dnominateur commun en terme de dfauts modifie les rsultats (i.e. diminution
des carts moyens pour les techniques dtectant 100% des dfauts) mais le dnominateur
commun est souvent faible, seulement 15% des dfauts environ, et donc non reprsentatif.
Le tableau 3.4 apporte une vue globale de la performance dans ce domaine de chaque
technique. Les mesures de champs densimtriques sont globalement les plus pertinentes
avec un cart moyen infrieur 0.6 mm, suivies de prs par les mthodes par thermogra-
phie : la TIR conduit de meilleurs rsultats pour le matriau monolithique avec inserts
Tflon alors que la radiographie X semble plus adapte lprouvette multi-structure
(carts infrieurs ou gaux 0.3 mm). Dans les deux cas cependant, les techniques les
moins prcises sont les trois mthodes ultrasonores, avec des carts moyens pratiquement
tous suprieurs 1 mm. En particulier, la mthode dcho ultrasonore par immersion
conduit une assez mauvaise estimation sur le cas du matriau monolithique (cart su-
prieur 6 mm), les rsultats ntant pas reprsentatifs et notamment influencs par une
mauvaise compaction de lprouvette, ils ont t supprims des figures suivantes (figures
3.2, 3.3)pour une meilleure lisibilit des autres rsultats.
Afin daller plus loin dans lanalyse, ces rsultats gnraux sont dtaills pour chaque
technique vis--vis des profondeurs des dfauts (figure 3.2) et vis--vis de leur diamtre
(figure 3.3).
3.3. Rsultats exprimentaux 85
(a)
(b)
Figure 3.2 Prcision de dtection en fonction de la profondeur des dfauts - Etalons
monolithiques : (a) matriau monolithique avec inserts Tflon , (b) prouvette multi-
structure
86 3. Etude comparative sur prouvettes talons
(a)
(b)
Figure 3.3 Prcision de dtection en fonction du diamtre des dfauts - Etalons mono-
lithiques : (a) matriau monolithique avec inserts Tflon , (b) prouvette multi-structure
Pour chacun des matriaux tests, les carts de dtection de lcho ultrasonore par
contact augmentent sensiblement avec la profondeur des dfauts. Plus le dfaut est proche
de la surface de dtection, plus il y a des risques quil soit confondu avec lcho dentre
3.3. Rsultats exprimentaux 87
ou lcho de fond. Qui plus est, plus le dfaut est profond, plus le chemin parcourir
par londe ultrasonore est important : londe de retour, reue par le traducteur, sera donc
plus attnue et perturbe par les dfauts prsents dans lpaisseur de lprouvette. La
capacit de dtection de la technique est quant elle faiblement impacte par la taille des
dfauts ; notons en particulier quelle se rvle performante pour des dfauts infrieurs
6 mm de diamtre.
Daprs le tableau 3.5, trois mthodes sur huit dtectent la totalit des dfauts :
lcho ultrasonore par immersion (configuration face avant),
les deux mthodes de champs densimtriques, radiographie X et tomographie X
(configurations face arrire).
On peut associer ces mthodes les plus efficaces lcho ultrasonore par contact (confi-
guration face avant) dont le seul dfaut non dtect est le plus petit dfaut (2 mm de
diamtre) le plus proche de la surface de dtection (1 mm de profondeur) pour lequel
lcho de dfaut est difficilement dissociable de lcho dmission.
3.3. Rsultats exprimentaux 89
Table 3.5 Sensibilit de dtection - Matriau monolithique avec trous fond plat
La majorit des dfauts non dtects sont localiss aux profondeurs les plus impor-
tantes (5.2 et 7.48 mm). Examinons dans le dtail le cas des techniques qui prsentent
des limitations pour ce cas de figure.
TIR
A nouveau, la diffusion du flux thermique des halognes et donc la profondeur din-
vestigation de cette technique est limite dans cette pice paisse. Aucun dfaut nest
90 3. Etude comparative sur prouvettes talons
ainsi identifi 7.48 mm de profondeur alors quils le sont tous 0.52 mm de profon-
deur. De manire gnrale, la profondeur limite de dtection dun dfaut critique pour
laronautique (6 mm de diamtre (AITM6-4002 [8])) vaut ici 2.8 mm de profondeur. En
comparaison, celle dun dfaut de 10 mm de diamtre est de 5.2 mm de profondeur.
TIRM
Les rsultats de la TIRM sont peu prs quivalents ceux de la TIR. Nanmoins,
on remarque une amlioration notable concernant lidentification des dfauts localiss aux
faibles profondeurs (entre 0.52 et 2.8 mm) pour lesquelles le signal priodique semble plus
adapt la dtection.
TIRP
Bien moins performante que les autres mesures par thermographie, la TIRP ne dtecte
sur cette prouvette que les dfauts proches de la surface (0.52 mm de profondeur). La
puissance du flash thermique ne semble donc pas tre suffisante vis--vis de lpaisseur
inspecte.
Les rsultats concernant la prcision moyenne sur les dfauts dtects sont prsents
la figure 3.6. Lorsquils sont visibles par les diffrentes techniques, les trous fond plat
engendrent davantage dhtrognits dans les champs que les inserts, et du coup sont
facilement dtects. Ainsi, sur les huit mthodes employes,
cinq dentre-elles (cho ultrasonore par contact, cho ultrasonore par immersion,
radiographie X, tomographie X et TIR) prsentent un cart de dtection global
infrieur ou gal 0.5 mm ; en particulier, la tomographie X est la plus efficace ;
les trois autres (transmission ultrasonore par immersion, TIRM, TIRP) ne dpassent
pas un cart de 2 mm.
3.3. Rsultats exprimentaux 91
Table 3.6 Prcision moyenne de dtection - Matriau monolithique avec trous fond
plat
Comme prcdemment, les figures 3.4 et 3.5 illustrent lanalyse des prcisions par
profondeur et par diamtre de dfauts.
Lcho ultrasonore par contact conduit, comme dans le cas des structures monoli-
thiques, de trs bons rsultats et fait preuve dune capacit didentification relativement
constante quelle que soit la profondeur des dfauts et leur taille.
Bien que la prcision samliore avec laugmentation des tailles de dfauts, la trans-
mission ultrasonore est le contrle qui gnre les carts les plus importants, et ce sur la
quasi totalit des profondeurs des dfauts. La particularit de la transmission ultrasonore
3.3. Rsultats exprimentaux 93
par immersion rside dans le placement dune seule porte sur lcho de rception (porte
A). Londe ultrasonore tant fortement attenue par lpaisseur de la pice, lamplitude
de cet cho de rception est faible. De ce fait, il faut ajouter du gain pour amplifier le
signal, et par voie de consquence le bruit de mesure. Cette perturbation, associe la
faible attnuation provoque par les dfauts sur une partie aussi paisse expliquent ces
imprcisions des mesures obtenues.
Comme pour les inserts, les rsultats de radiographie X et tomographie X sont trs
bons avec une bonne stabilit de la prcsion quelle que soit la profondeur et la taille des
trous.
Les rsultats de la TIRM sont assez htrognes, tant pour lanalyse des profondeurs
que des tailles. Dans la mesure o un seul dfaut est identifi 1 et 5.2 mm de profondeur et
quaucun dfaut nest dtect 7.48 mm de profondeur, les profondeurs reprsentatives
des performances de cette mthode sont 0.52 et 2.8 mm. Plutt satisfaisante sur des
dfauts proches de la surface dmission (0.5 mm dcart 0.52 mm de profondeur), cette
technique est trs sensible laugmentation de la profondeur (plus de 2 mm dcart 2.8
mm de profondeur). Cet aspect se confirme au niveau des diamtres des dfauts avec le
dfaut de 2 mm parfaitement mesur se situant proche de la surface dmission. Pour les
dfauts de 3 10 mm, la tendance globale est lamlioration avec laugmentation des
tailles, linstar de la TIR. En revanche, si le signal priodique amliore la sensibilit
de dtection par rapport cette dernire, la prcision de la TIRM est globalement plus
faible.
94 3. Etude comparative sur prouvettes talons
Lanalyse de la TIRP reste limite car seuls sont reprs les dfauts prsents 0.52
mm de profondeur. Qui plus est, le rsultat pour chaque diamtre ne correspond qu un
seul dfaut. La prcision dans ce cas est moyenne (cart lgrement suprieur 1.5 mm),
induite par des phnomnes dovalisation sur les images dautant plus importants que les
dfauts sont grands.
Seuls les rsultats des mthodes de mesures ultrasonores et thermiques mens en confi-
guration face avant sont prsents ici. La transmission ultrasonore nest par ailleurs pas
intgre dans lanalyse qui suit car elle na pas permis de dtecter le moindre dfaut. En
effet, lme en mousse tant un isolant acoustique, les ondes ultrasonores mises narrivent
pas traverser les matriaux tudis et tre dtectes par le traducteur rcepteur.
Dautre part, afin de faciliter la comprhension des phnomnes expliqus par la suite,
on rappelle brivement certains aspects essentiels concernant ces matriaux. Chacun des
talons est constitu de fines peaux : lpaisseur des peaux de la premire prouvette est
de 0.66 mm alors que celles des deux autres prouvettes est de 1.08 mm. Par ailleurs, les
tats de surface de chacune des structures conditionne la qualit de la mesure :
le sandwich avec peaux de 0.66 mm possde un tat de surface lisse et brillant du
ct moule (type A) et un tat de surface rugueux, bossel et mat du ct contre-
moule (type B) ; les mesures pour cette prouvette ont t ralises du ct bossel ;
le sandwich avec peaux de 1.08 mm prsente un tat de surface lisse et brillant (type
A) du ct moule et un tat de surfacerugueux (type C) du ct contre-moule ; la
face contrle correspond dans ce cas au ct lisse ;
lprouvette multi-structure a quant elle un tat de surface lisse et mat du ct
moule (type D) et un tat de surface brillant et bossel du ct contre-moule (type
E) ; pour cette dernire, les deux cts ont t tests et lon prsente dans la suite la
moyenne des rsultats obtenus qui savre donc reprsentative dun tat de surface
de nature intermdiaire entre les deux types de cts.
3.3. Rsultats exprimentaux 95
Daprs les tableaux 3.7, 3.8 et 3.9, les mthodes de mesures de champs densimtriques
sont les plus efficaces pour le contrle des structures sandwichs. La radiographie X d-
tecte notamment la totalit des dfauts insrs dans les trois prouvettes tudies. La
tomographie X identifie quant elle lensemble des dfauts prsents sur les prouvettes
sandwichs mais sa mesure est lgrement perturbe par des artefacts pour lprouvette
multi-structure. En ce qui concerne la qualit des mesures ultrasonores et thermiques, on
note des disparits suivant les prouvettes contrles.
TIR
Les mesures thermiques en configuration face avant sont de manire gnrale sensibles
deux phnomnes :
la saturation thermique trs rapide des structures suite lmission du flux, qui
rduit le temps de visibilit des dfauts,
limpact thermique du point focal de lhalogne qui minimise la visibilit des dfauts
cet endroit.
Plus la surface est brillante, plus ces aspects sont accentus et affectent la capacit de
dtection de ces mesures. Les rsultats obtenus avec la TIR confirment ce propos : cette
technique dtecte la totalit des dfauts dans la premire structure (tat de surface mat)
et moins de 50% pour les autres talons (tats de surface brillant et intermdiaire). Dans
le premier cas, il faut noter que le doublement des inserts accrot sans doute galement les
carts thermiques et amliorent leur visibilit. Les deux dernires structures, fabriques
partir du mme tissu carbone, sont galement perturbes par le bruit gnr par son ar-
mure vis--vis des dfauts de 3 et 6 mm. Enfin, la diffrence entre les rsultats de celles-ci
(50% pour lprouvette sandwich paisse, 35% pour lprouvette multi-structure daspect
moyen pourtant plus mat) sexplique en grande partie par leffet isolant induit par les nom-
breuses tapes de prformage ncessaires la fabrication de lprouvette multi-structure
(modification physico-chimique) ainsi que par les effets de bords dus la gomtrie de
lprouvette.
TIRM
Les commentaires prcdants pour la TIR peuvent tre tendus la TIRM. Nanmoins,
lutilisation dun signal priodique et le traitement des images sur la cartographie de phase
permettent de diminuer le bruit de mesure li larmure du tissu et donc damliorer la
98 3. Etude comparative sur prouvettes talons
TIRP
A nouveau, les conclusions sur la TIR sappliquent cette dernire mthode par ther-
mographie. Le traitement dimages spcifique ne permet cependant pas de sextraire to-
talement de la perturbation lie larmure du tissu de lprouvette multi-structure.
Le tableau 3.10 rcapitule, pour les dfauts dtects, les carts moyens obtenus pour
chacune des techniques. A nouveau, les mesures de champs densimtriques sont les plus
performantes (cart moyen infrieur 0.5 mm), les mesures thermiques donnent de trs
bons rsultats (avec un cart moyen infrieur 1 mm hormis pour la TIR sur le premier
matriau), et les mesures acoustiques restent un peu en retrait (cart moyen autour de 2
mm).
Lvolution de ces carts de mesure vis--vis des profondeurs (figures 3.6, 3.7 et 3.8)
et des diamtres de dfauts (figures 3.9 , 3.10 et 3.11) compltent lanalyse. Il convient
de noter pour la premire prouvette que les dfauts situs 0.22 mm de profondeur font
tous 6 mm de diamtre, que ceux 0.44 mm de profondeur font tous 3 mm de diamtre et
que les deux diamtres de dfauts sont prsents 0.66 mm de profondeur. Ceci explique
3.3. Rsultats exprimentaux 99
notamment le pic dcart observ 0.44 mm de profondeur sur la figure 3.6 pour de
nombreuses techniques. Pour les deux autres prouvettes, les dfauts de 3 mm et 6 mm
de diamtre sont rpartis quitablement selon la profondeur.
Lcho ultrasonore par immersion apporte une rponse en terme de prcision globale-
ment meilleure que la prcdente mthode ultrasonore, grce notamment aux amliora-
tions associes son protocole exprimental. Si lvolution avec la profondeur et la taille
suit la mme tendance que lcho par contact sur le matriau sandwich avec peaux de 1.08
mm, les rsultats obtenus sur ces deux critres pour lprouvette multi-structure sont plus
instables. Une des explications est lutilisation dun procd de fabrication lgrement
modifi entre les deux talons (notamment vis--vis des tapes de prformage).
Les mauvais rsultats obtenus par transmission ultrasonore par immersion sexpliquent
par le manque dadquation entre le matriel utilis (frquence du capteur) et le type de
structure contrle (paisseur de la pice). En effet, actuellement de nombreuses pices
sandwichs aronautiques sont inspectes par transmission ultrasonore par immersion avec
des frquences beaucoup plus faibles (< 1MHz).
Si lon extrait le cas de la premire prouvette o la TIR prsente les mmes spcificits
de prcision que lcho par contact, cette mthode thermique conduit pour les deux autres
talons de bons rsultats. De manire gnrale, la prcision diminue sensiblement avec
la profondeur, de faon plus marque pour la premire prouvette du fait de la mauvaise
dtection des petits dfauts situs en profondeur. L encore, les prcisions les plus grandes
sont obtenues sur des dfauts de plus grand diamtre.
3.3.4 Synthse
On se propose pour conclure cette partie dtablir un bilan gnral des performances
des diffrentes techniques, regroupes selon les trois familles de mesures de champs.
Compte tenu des problmatiques industrielles, le point de vue retenu pour ce bilan est
celui dune analyse par types de structures, monolithiques et sandwichs, et vis--vis de la
taille des dfauts. Les moyennes ont t calcules partir des 1160 rsultats individuels et
non partir des tableaux prcdents lis la prcision moyenne de dtection qui portent
sur des chantillons diffrents.
Le tableau 3.11 et le graphique 3.12 prsentent un bilan des moyennes obtenues pour
toutes les structures monolithiques tudies (prouvettes monolithiques et prouvette
multi-structure, avec inserts et trous fond plat), respectivement vis--vis de la sensi-
bilit de dtection et de la prcision moyenne. Pour ces matriaux, on rappelle que les
rsultats des mthodes thermiques concernent la configuration face arrire.
Lanalyse des prcisions moyennes montre en revanche une trs bonne capacit des
mthodes densimtriques et thermiques avec un cart moyen de dtection infrieur 1
mm, voire infrieur 0.5 mm pour la radiographie X et la tomographie X qui sont moins
affectes par la profondeur des dfauts (figure 3.12). Il faut noter en particulier les trs bons
rsultats de la TIR pour ces structures monolithiques, dune prcision globale analogue
3.3. Rsultats exprimentaux 105
Une analyse identique est propose pour les structures sandwichs (prouvettes mo-
nolithiques et prouvette multi-structure). Dans ces cas, les techniques thermiques ont
t mises en oeuvre en configuration face avant et la transmission ultrasonore par im-
mersion a chou du fait dune trop forte attnuation du signal par la mousse dans cette
configuration (matriel utilis/matriau contrl).
En terme de taille de dfaut, il faut souligner la capacit des mesures de champs den-
simtriques mesurer avec une grande prcision les dfauts critiques pour laronautique
(diamtre 6 mm AITM6-4002 [8] (tableau 3.13 et figure 3.14)) et mme ceux de taille
infrieure (cart infrieur 0.5 mm). Les rsultats des mthodes par thermographie sont
1. Pour lcho ultrasonore par immersion, ce constat est fait par rapport au niveau de prcision a
priori le plus reprsentatif, soit celui obtenu sans inclure ltalon monolithique avec inserts.
3.3. Rsultats exprimentaux 107
3.4 Conclusion
Cette tude comparative a permis de comparer des techniques de CND bases sur des
mesures de champs acoustiques, densimtriques et thermiques :
les mesures ultrasonores sont les plus utilises dans le milieu aronautique,
la radiographie X est peu employe dans les structures composites,
la tomographie X et les mesures de champs thermiques connaissent actuellement un
important essor.
Lensemble des dfauts artificiels considrs dans cette tude (inserts Tflon et trous
fond plat) sont en gnral pertinents pour les contrles ultrasonores mais beaucoup
moins reprsentatifs de dfauts de cohsion (fissurations, cavits, dlaminages) du point
de vue de leur densit ou des proprits thermiques. En dpit dun contraste qui nest
donc pas optimal, les mthodes de mesures de champs densimtriques et thermiques ont
rvl sur les matriaux tudis des capacits de dtection au moins quivalentes et sou-
vent meilleures que les mthodes de CND courantes de laronautique. Lanalyse des
sensibilits de dtection et des prcisions dmontre en effet dexcellentes performances
de la radiographie X et de la tomographie X, quels que soient le type de structure (mo-
nolithique ou sandwich), la profondeur ou la taille des dfauts. Les mesures de champs
acoustiques et thermiques montrent enfin une relle complmentarit au regard de len-
semble des rsultats sur les deux types de structures composites. Dautres paramtres
pourraient galement tre intgrs cette analyse, savoir : le temps de mise en oeuvre
et de contrle, non favorable aux techniques acoustiques ; le cot du matriel et des in-
frastructures ncessaires, non favorable aux techniques densimtriques. Enfin, la notion
de contrle face avant ou face arrire est aussi importante prendre en compte, car la
face arrire nest pas toujours accessible ce qui peut tre non favorable aux techniques
densimtriques.
On peut enfin conclure sur des choix ou positions qui rsultent de cette tude :
3.4. Conclusion 109
Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
4.2 Mthodes de mesures de champs . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
4.2.1 Mesures surfaciques (2D) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
4.2.2 Mesures surfaciques et hors-plan (2D 1/2) . . . . . . . . . . . . 115
4.2.3 Mesures volumiques (3D) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.3 Mthodes didentification du comportement . . . . . . . . . . 119
4.3.1 Mthodes itratives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.3.2 Mthodes non itratives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
4.4 Mthodologie didentification multi-zones . . . . . . . . . . . . 125
4.5 Identification des proprits dun matriau orthotrope plan . 128
4.5.1 Modles de rfrence et de recalage . . . . . . . . . . . . . . . . 129
4.5.2 Description du fonctionnement de lalgorithme didentification . 131
4.5.3 Rsultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
4.6 Identification des proprits dune zone dgrade . . . . . . . 135
4.6.1 Cration de la cartographie derreurs . . . . . . . . . . . . . . . 136
4.6.2 Estimation de la taille de la zone dgrade . . . . . . . . . . . . 139
4.6.3 Identification des proprits de la zone dgrade . . . . . . . . . 141
4.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
112 4. Identification des dfauts par mesures de champs cinmatiques
4.1 Introduction
A cette fin, notre objectif est de mettre en place une procdure didentification des
proprits lastiques de matriaux macroscopiquement htrognes partir de mesures
de champs cinmatiques. En lien avec les dveloppements de mthodes de mesures telles
que la stro-corrlation dimages numriques, lidentification paramtrique a fait lobjet
dtudes rcentes au sein du laboratoire vis--vis du comportement lasto-plastique de
matriaux mtalliques isotropes (Fazzini [76], Fazzini et al. [77] ). Dans le cadre de ce
travail, la premire difficult est donc dtendre ces travaux au cas des composites propres
au projet FUSCOMP, en loccurrence des matriaux orthotropes plans. A partir de ce
rsultat, une des contributions majeures de ce travail consiste tablir une mthodo-
logie danalyse multi-zones, qui vise dterminer la variation spatiale des proprits
macroscopiques du matriau (zones saines et zones dgrades).
xx xy
1
= FT + F I = xy yy (4.3)
= 2 = = =
Les techniques de mesure surfaciques les plus couramment rencontres sont la photo-
lasticit, linterfromtrie, le moir et les mthodes utilisant lanalyse dimages.
Le moir Le moir consiste faire apparatre des franges dinterfrence entre une grille
de rfrence (rseau rgulier de lignes) et une seconde grille, identique la grille de rf-
rence, qui est dpose sur la surface de la pice tudier et qui se dforme avec celle-ci. Les
franges sont alors analyses par le biais dun interfromtre moir qui permet de mesurer
des dplacements et des dformations la surface de la pice (Post et al. [167]).
Le gradient de dplacement dcrit par lquation 4.5 ne permet daccder quaux compo-
santes planes du tenseur de Green-Lagrange E (quation 4.6).
=
Fxx Fxy
F = Fyx Fyy (4.5)
Fzx Fzy
E xx E xy
1 T
E= F + F I = Exy Eyy (4.6)
= 2 = = =
Le moir dombre La technique du moir peut tre utilise pour dterminer le relief
dune pice. Dans ce cas, lombre de la grille de rfrence est projete sur la surface dun
objet par une source ponctuelle. La superposition du rseau et de son ombre montre les
lignes de niveau de lobjet par rapport au plan de rfrence dfini par le plan de la grille
(Breque et al. [48], Post et al. [167]).
116 4. Identification des dfauts par mesures de champs cinmatiques
Le gradient de dplacement F dcrit par lquation 4.8 permet daccder cette fois
lintgralit du tenseur de Green-Lagrange E (quation 4.9).
=
Fxx Fxy Fxz
F = Fyx Fyy Fyz (4.8)
E xx E xy E xz
1 T
E= F + F I = Exy Eyy Eyz (4.9)
= 2 = = =
Exz Eyz Ezz
On dtaille ci-dessous deux ensembles de techniques de mesure volumiques, la photolas-
ticit et les mthodes utilisant lanalyse dimages.
4.3. Mthodes didentification du comportement 119
Table 4.1 Donnes de base et rsultats des problmes directs et indirects (Kleinermann
[118])
Grce notamment lutilisation des lments finis, cette mthode est flexible et peut
tre utilise avec un nombre limit de donnes (elle nest dailleurs pas restreinte aux
mesures de champs). Elle est ainsi largement applicable des pices de gomtrie et
chargement complexes. De nombreux travaux ont t raliss pour identifier les paramtres
lastiques ou lasto-plastique de matriaux isotropes (Avril and Pierron [21], Claire et al.
[58, 59], Crouzeix [65], Fazzini [76], Pannier [157]), les paramtres lastiques de matriaux
orthotropes (Leclerc et al. [127], Lecompte et al. [129], Molimard et al. [147], Rikards et al.
[175], Vautrin et al. [193]). Elle a galement t employe dans des cas de comportements
non-linaires tels que lendommagement (Geers et al. [84]), llasto-plasticit (Cooreman
[63], Fazzini [76], Fazzini et al. [77]) ou la viscoplasticit (Le-Magorou et al. [126]). On
notera que les calculs itratifs peuvent nanmoins conduire dans certains cas des temps
de calcul importants et quil convient de vrifier la stabilit/unicit de la solution par
rapport aux valeurs initiales.
Pagano [42], Latourte [123], Latourte et al. [124]). Lobjectif est de minimiser une erreur
en relation de comportement entre le dplacement u mesur et la contrainte sur le
volume , dont lexpression est base sur lcriture de la somme des nergies potentielles
et complmentaires :
Z
1
E(u, , C) = ( C : (u)) : C 1 : ( C : (u))dv (4.10)
2
avec C le tenseur dlasticit recherch. Daprs les principes variationnels, cette erreur
E est positive pour tout champ de dplacement u cinmatiquement admissible et tenseur
de contraintes statiquement admissible et nulle pour un problme de mcanique des
solides bien pos. Dans la pratique, avec des champs mesurs, cette minimisation peut
tre partielle (Bonnet and Pagano [42]).
Cette technique, qui peut galement fonctionner avec un nombre limit de mesures, a
t mise en place pour lidentification de comportements lastiques linaires ou non ainsi
que de comportements lastoplastiques (Bonnet et al. [41], Geymonat et al. [87], Latourte
[123], Merzouki et al. [142]).
Z Z
: [C C] : dV = (T u T u ) dS (4.11)
Z Z
: d = T u dS (4.12)
mation associe, Grediac [94], Grediac et al. [95, 98, 99], Meraghni et al. [141], Pannier
[157]).
La mthode des champs virtuels permet didentifier des paramtres de lois de com-
portement de matriaux partir de champs cinmatiques htrognes. Elle a t appli-
que lidentification de rigidits de flexion de plaque en statique (Grediac and Vautrin
[100], Grediac [92]) et en dynamique (Grediac and Paris [96], Guo [103]). Elle a gale-
ment permis lidentification dans le plan de proprits lastiques de matriaux (Pierron
et al. [166]). Son emploi reste cependant assez rare pour les comportements non linaires
(Grediac and Pierron [97]) et la construction des champs virtuels spciaux peut sav-
124 4. Identification des dfauts par mesures de champs cinmatiques
rer trs dlicate dans des cas plus complexes (matriau anisotrope, gomtrie complexe,
chargement multiaxial).
avec {fres } le vecteur des rsidus defforts nodaux associs au champ de dplacement
Une des grandes limites de cette mthode est lie au maillage sur lequel sapplique la
discrtisation de la formulation qui doit tre bas directement sur les points de mesure.
Cela ne permet pas ltude de gomtries complexes et justifie le recours gnralement
des champs simuls (tests virtuels) comme champs mesurs (Claire et al. [58, 59], Crouzeix
[65], Perie et al. [163, 164], Roux and Hild [178]).
4.4. Mthodologie didentification multi-zones 125
Vis--vis des objectifs lis ce travail, nous nous sommes donc naturellement appuys
sur le savoir-faire et une partie des dveloppements internes dans ce domaine. La tech-
nique didentification FEMU a en particulier t privilgie, et ce dautant plus que le
contexte de multi-zones limite une grande partie des autres mthodes didentification. Si
la mthode des champs virtuels a t rcemment applique au cas dune plaque composite
endommage (Kim et al. [117]), un certain nombre de problmes de stabilit se posent
encore vis--vis du choix des fonctions polynomiales introduites dans la formulation (Vau-
trin et al. [193]). Le logiciel de calcul par lments finis employ est quant lui Abaqus
(Simulia [182]).
Les donnes dentre de ce problme sont les champs cinmatiques induits sur cette pice
lors dun chargement mcanique, qui prsentent une htrognit macroscopique spcifi-
quement induite par la prsence du dfaut. A partir de ces informations, la mthodologie
didentification vise alors :
A linstar de Vautrin et al. [193], la stratgie employe pour rsoudre cette problma-
tique repose sur une analyse globale puis locale qui sarticule autour des grandes tapes
suivantes (figure 4.7) :
1. Identification globale des paramtres lastiques du matriau sain (macroscopique-
ment homogne) sur une prouvette talon,
2. Analyse des carts entre la rfrence et le modle EF de recalage constitu dun
matriau macroscopiquement homogne et sain puis localisation de la zone dgrade
par seuillage au niveau des carts significatifs,
3. Intgration de la zone dgrade dans le modle EF de recalage (matriau macrosco-
piquement htrogne comportant deux zones de proprits distinctes),
4. Identification locale des paramtres lastiques de la zone dgrade.
La dmarche propose ici se distingue cependant des travaux de Vautrin et al. [193] par
ltude dune structure htrogne pleine (ce qui rend lidentification globalement plus
difficile, voir Molimard et al. [146, 147]), dont la zone dgrade est constitu dun matriau
de mme classe (do un constraste de proprits plus faible) et orthotrope.
(a)
(b)
travail, nous avons adopt une dmarche progressive afin de sextraire en premire ap-
proche dun certain nombre de difficults lies aux bruits de mesures et aux discontinuits
locales des champs exprimentaux. Ainsi, la rfrence consiste ici en un jeu de donnes
simules numriquement (modle exprimental numrique), ce qui permet de construire
entirement la procdure didentification multi-zones. Afin de sapprocher au plus prs de
la ralit du comportement du composite tudi, la rfrence sera tablie laide dune
modlisation par lments finis qui tient compte de lempilement des diffrents plis (pro-
prits et orientation, figure 4.8-b).
En rgle gnrale, cette lasticit anisotrope est dcrite par quatre paramtres las-
tiques plans ainsi que par lorientation des axes dorthotropie. Le tissu de carbone utilis
dans le cas dtude est parfaitement quilibr et les orientations des plis considres pour
le stratifi (matriau FUSCOMP et autres validations) sont par la suite exclusivement
0, 45 et 90 ; le repre principal dorthotropie (e1 , e2 , e3 ) correspond alors au repre de
calcul (x, y, z) (ces deux bases tant orthonormes directes, figure 4.9). Lidentification
revient donc dterminer les quatre coefficients lastiques plans suivants (la direction
z = e3 tant perpendiculaire la surface du stratifi) :
les modules dYoung E1 et E2 , associs respectivement aux directions de vecteur
unitaire e1 et e2 ,
le coefficient de Poisson 12 , associ au couple de directions (e1 , e2 ),
le module de cisaillement G12 , associ au couple de directions (e1 , e2 ).
4.5. Identification des proprits dun matriau orthotrope plan 129
La structure de rfrence considre pour cette premire tape est ainsi une prouvette
de traction troue en son centre, dont on dcrit chaque pli laide dune modlisation
3D solide stratifi dans Abaqus. La procdure didentification est illustre par la suite sur
plusieurs cas de matriaux composites bass sur lemploi du mme tissu carbone Hexcel
HexForce G0926 mais qui se distinguent vis--vis de lorientation de leurs plis :
le composite FUSCOMP 6 plis, dempilement [45/0/45]2 ,
un composite not COMP-A 4 plis, dempilement [0/90]s ,
un composite not COMP-B 4 plis, dempilement [45/ 45]s .
Pour chaque pli i de ces structures, les donnes prciser sont donc :
son orientation dfinie par langle i = (x, x0i ) entre le repre de calcul (x, y, z) et le
repre principal du tissu (x0i , yi0 , z) (cette base est galement orthonorme directe),
les proprits principales planes du tissu : les modules dYoung E10 et E20 (E10 = E20
puisque le tissu est quilibr), le coefficient de Poisson 120
et le module de cisaillement
G12 (tableau 4.2).
0
Pour tous ces matriaux, chaque pli est discrtis dans lpaisseur en cinq lments finis de
faon sapprocher au mieux du comportement rel du composite et notamment assurer
la continuit des contraintes de cisaillement transverse aux interfaces entre les plis (figure
4.6-a). Les lments finis utiliss sont des ttradres C3D4 et le modle comporte en tout
130 4. Identification des dfauts par mesures de champs cinmatiques
470219 lments soit 1880876 noeuds dont 2399 noeuds sur la surface de la zone dintrt.
Table 4.2 Proprits planes du tissu Hexcel HexForce G0926 dans ses axes principaux
Le programme principal est employ chaque itration par la fonction scipy . opti-
mize . leastsq qui est un algorithme doptimisation de Levenberg-Marquardt disponible
132 4. Identification des dfauts par mesures de champs cinmatiques
dans la librairie Python. Cette partie du programme rgit ensuite lenchanement des onze
autres modules : elle fait appel eux pour leur fonction individuelle et rcupre dans une
variable la modification apporte. Le module FonctionnelleCout renvoie la fonction
cot ncessaire lalgorithme doptimisation. Dans le cas prsent, la fonction cot est
dfinie par : v
u l m n
uX X X
exp 2
J(p) = t unum
ij (p) uij (4.14)
k=1 i=1 j=1
o p est le vecteur des valeurs des paramtres. Le couple (i ; j) correspond aux coordonnes
suivant x et y et le paramtre k indique le step.
Bloc Ecart Ce bloc calcule en chaque point le vecteur cart entre les points
numriques interpols et les points de rfrence.
134 4. Identification des dfauts par mesures de champs cinmatiques
Bloc CoupTorchon Cette fonction permet de supprimer tous les points aberrants
lis une erreur de la fonction dinterpolation.
4.5.3 Rsultats
Le tableau 4.3 indique les rsultats issus de la procdure didentification pour les
trois matriaux orthotropes homognes considrs. Les valeurs des paramtres issus de la
thorie classique des stratifis pour chaque empilement sont galement prciss. Pour un
temps de calcul CPU relativement court (environ 30 minutes avec processeur Intel Xeon
E5410 2,33 GHz 4 coeurs), on observe donc une bonne cohrence des rsultats obtenus
par recalage vis--vis de cette reprsentation.
Table 4.3 Identification de matriaux orthotropes par procdure FEMU (le calcul de
chaque paramtre selon la thorie classique des stratifis est donn entre parenthses)
maillage prsente galement les mmes spcificits (5 lments dans lpaisseur de chaque
pli, lments ttradriques C3D4, 545221 lments soit 2180884 noeuds dont 2800 noeuds
en face avant de la zone dintrt).
Le modle EF de recalage suit lui aussi les mmes prrogatives quau paragraphe
4.5.1, avec une modlisation 3D solide mais cette fois dpaisseur constante et continue
(structure pleine). Son maillage est conforme au cas 4.5.1 (2 lments dans lpaisseur,
lments ttradriques C3D4, 174860 lments soit 699440 noeuds dont 2800 noeuds sur
la surface de la zone dintrt). Les proprits saines affectes au matriau qui le constitue
sont celles identifies dans la partie prcdente pour le matriau FUSCOMP (tableau 4.3).
le champ de dplacements ,
le champ de dformations U ,
Afin de guider ce choix, on prsente la figure 4.14, les volutions des composantes
de ces diffrents champs sur la face avant de la rfrence, selon une ligne traversant
les zones saine et dgrade. On observe ainsi que les champs de dformation mettent
beaucoup plus en vidence la singularit gomtrique et offrent ainsi la rponse la plus
reprsentative de la prsence du dfaut. Le calcul portera donc sur cette information.
Dautre part, lensemble des composantes du tenseur de dformation tant affectes, il
semble pertinent pour intgrer de manire globale tous ces phnomnes de recourir la
dformation quivalente au sens de Von Mises dans le calcul derreur :
r
5 2 5 4
equi = xx + 2yy xx yy + 32xy (4.15)
6 6 3
138 4. Identification des dfauts par mesures de champs cinmatiques
(f) Dformation xy
ref modele EF
equi equi
ecart = (4.16)
ref
equi
La figure 4.15 illustre une cartographie derreur obtenue selon cette dmarche. Notons
quelle est ralise en 256 niveaux de gris de faon faciliter les traitements dimages par
la suite.
On dfinit les hauteurs relles h des profils entre le point haut de la courbe dter-
min automatiquement et la valeur basse identifie manuellement. Reste dfinir le seuil
qui permet destimer la taille de la zone dgrade. Plusieurs choix sont possibles, point
dinflexion, mi-hauteur, ... il a t dcid dans une premire approche de se baser sur le
seuil reprsentatif du diamtre du dfaut. Une zone affecte par le dfaut de proprits
moyennes entre la zone saine et la zone dgrade na pas t prise en compte dans cette
140 4. Identification des dfauts par mesures de champs cinmatiques
(a)
Figure 4.16 Identification de la taille de la zone dgrade : (a) coupes ralises sur la
carte derreur, (b) et (c) : volution des niveaux de gris et dfinition des seuils
4.6. Identification des proprits dune zone dgrade 141
Ces constats nous incitent penser plusieurs origines potentielles pour ces pro-
blmes. Compte tenu des discontinuits de matire et de contraintes induites par le trou
fond plat dans la rfrence, il est certain tout dabord quune reprsentation bi-zone telle
que suppose la figure 4.8-a constitue une simplification forte qui perturbe sans doute
lidentification paramtrique. Celle-ci prend en compte en effet tous les points de la zone
dintrt de manire identique quils soient dans la zone saine, dans la zone centrale de la
zone dgrade et dans la zone de transition entre les deux. Cela rend donc la procdure
de minimisation et de convergence plus difficile. Par ailleurs, les soucis de localisation du
dfaut voqus prcdemment accentuent dautant plus ce phnomne. Une des solutions
envisages viserait slectionner des points reprsentatifs des proprits recherches,
soit parmi la zone centrale de la zone dgrade (la figure 4.19 confirme bien ladquation
des paramtres issus de la thorie des stratifis dans ce secteur).
4.7 Conclusion
Au travers ce chapitre, une procdure didentification paramtrique FEMU sur struc-
ture composite orthotrope multi-zones a t mise en place. Un certain nombre daspects
importants ont pu tre valids, notamment :
lidentification des paramtres lastiques orthotropes plans dun matriau sain,
4.7. Conclusion 145
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Doctorat de lUniversit de Toulouse
Rsum :
Ces travaux concernent lidentification du comportement dde structures composites. Le premier volet
porte sur une tude exprimentale base sur la rvlation de dfauts internes par des techniques de contrle
non destructif (mesures de champs acoustiques, thermiques et densimtriques), visant dterminer leur
position et leur taille. Le deuxime volet prsente une dmarche didentification numrique permettant
dvaluer les caractristiques mcaniques rsiduelles dune structure composite constitue dune zone saine
et dune zone endommage. Cette thse sinscrit dans une dmarche qualit de dveloppement dun outil
daide la dcision visant dune part, la dtection et la localisation des dfauts internes, et dautre part,
lvaluation de leur niveau de dgradation.
Mots-cls : composite, contrle non destructif, mesures de champs, ultrasons, thermographie infrarouge,
tomographie X, identification, recalage lments finis
Title : Experimental identification of the behavior of a composite fuselage : defect detection by full field
measurements
Abstract :
These works are related to the identification of the behavior of composite structure. The first part concerns
an experimental study based on internal defect revelation by non destructive testing methods (acoustic,
thermal, densimetric full field measurements) to determine their location and their size. The second
part presents a numerical identification method to evaluate the four in-plane elastic parameters of an
orthotropic composite structure (sample with a healthy zone and a damaged zone simulated by a flat
bottomed hole). This thesis is part of a quality approach in order to develop of a decision support tool
with firstly, the detection and the localization of internal defects, and secondly, the evaluation of their
damage level.
Keywords : conposite, non destructive testing, full field measurements, ultrasound, infrared thermogra-
phy, X ray tomography, experimental identification, finite element model updating