These Jean COLLOMB
These Jean COLLOMB
These Jean COLLOMB
Présentée par
Jean COLLOMB
M. Sylvain DRAPIER
Professeur, Mines Saint-Etienne, Président
M. Vincent SOBOTKA
Professeur, Laboratoire de Thermocinétique de Nantes, Rapporteur
M. Pierre-Alain YVARS
Professeur, Laboratoire LISMMA - Supméca, Rapporteur
M. Pierre MAGNIN
Responsable service R&T engineering, Stelia Aerospace, Examinateur
Mme. Pascale BALLAND
Professeur, Laboratoire SYMME, Directrice de thèse
M. Pascal FRANCESCATO
Maître de conférence, Laboratoire SYMME, Co-Directeur de thèse
M. David LEH
Docteur Ingénieur R&D, CT1 - Compose Group, Co-Encadrant de thèse
"A mes parents,
qui m’ont permis de poursuivre les études jusqu’à aujourd’hui,
pour leur amour et leur dévouement."
Remerciements
Remerciements
Un travail de thèse est personnel mais ne se réalise pas en solitaire. Ainsi, ce travail a été mené
en collaboration avec l’entreprise CT1 et le laboratoire SYMME avec une tri-localisation des par-
tenaires de ce projet. Je tiens donc à remercier toutes celles et ceux qui m’ont accompagné durant
ces trois années.
Tout d’abord, je souhaite remercier l’entreprise CT1 qui a rendu possible la réalisation de
ces travaux et en particulier, M. Yves Gardet et M. David Leh pour m’avoir accueilli au sein de
l’entreprise, pour la confiance qu’ils m’ont accordé dans ce travail ainsi que pour le temps et les
investissements réalisés pour la réussite de ce projet. Cette dernière est aussi le fruit de leur dispo-
nibilité et des nombreux échanges scientifiques et techniques que nous avons pu avoir.
Merci à Françoise, Jérôme et Nassika pour leur gentillesse, leur patience, leur réactivité et leur
aide qui facilitent grandement la vie du laboratoire.
Je tiens à remercier les membres du jury pour l’intérêt qu’ils ont porté à ce travail. Notamment
M. Vincent Sobotka et M. Pierre-Alain Yvars pour m’avoir fait l’honneur d’accepter d’en être les
rapporteurs ainsi que M. Sylvain Drapier et M. Pierre Magnin pour m’avoir fait l’honneur d’ac-
cepter de juger mon travail.
Par ailleurs, merci aux doctorants pour ces moments partagés, ces échanges et les excel-
lents souvenirs associés. Un merci particulier pour Soumaya, Hamza et Mohamed, les docto-
rants/ATER du Bourget-du-Lac qui ont partagé mon bureau. Merci également à Amandine, Amé-
lie, Jérémy, Mathias, Pierre, Thibault G., Aurélien, Thomas, Jean Rom., Clairion, Tony, Thibault
M., Imed,. . . et tous ceux que j’aurais pu oublier !
Je voudrais également remercier grandement Jean Pourtier. Ce projet de fin d’étude réalisé
ensemble était l’une des premières pierres du projet MATTE.
Merci à M. Arnaud Lagarde (société SISE) et M. Julien Ramousse (laboratoire LOCIE) pour
la qualité de nos échanges techniques et scientifiques. Nos discussions ont été constructives pour
la réussite de ce travail.
Pour terminer, je voudrais adresser un remerciement spécial à Marie ainsi qu’à ma famille,
pour m’avoir soutenu et encouragé durant ces années.
i
Table des matières
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i
Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii
Introduction générale 1
iii
Table des matières
Bibliographie I
iv
Table des matières
v
Introduction générale
Introduction générale
Les normes environnementales actuelles imposent une réduction importante des rejets de gaz
à effet de serre dans les secteurs aéronautique et automobile. Une des voies de développement per-
mettant la réduction de ces rejets est l’allégement des structures afin de réduire les consommations
en fonctionnement. Cet allégement peut être réalisé grâce à l’utilisation des matériaux composites
possédant une très bonne rigidité spécifique (ratio du module d’élasticité sur la masse volumique
d’un matériau). Les industries aéronautique et automobile se tournent de ce fait de plus en plus
vers ce type de matériaux pour la conception de leurs produits. Les nouveaux avions commerciaux
sont ainsi constitués de plus de 50% de composites et les pièces primaires structurelles sont main-
tenant concernées.
Il est cependant impératif que les process de mise en œuvre des matériaux composites soient
compétitifs en terme de coût-cadence-qualité afin de pouvoir répondre aux demandes des indus-
triels et intégrer ce type de matériaux à grande échelle.
L’A320 d’Airbus, constitué d’environ 14% de matériaux composites, est un exemple typique
de la nécessité à développer des lignes de fabrication efficientes et compétitives pour répondre à
l’augmentation de la demande. En effet, la production d’A320 est passée de 58 appareils/an en
1990, à 241 en 2000, 401 en 2010 et 558 en 2017 1 .
La chaîne de production classique pour les matériaux composites hautes performances consiste
généralement en :
1. la fabrication de la matière première : production de la résine thermodurcissable ou thermo-
plastique et production du renfort (carbone, aramide,. . . ) ;
2. la création de semi-produits : production de pré-imprégnés et/ou de préformes ;
3. la transformation du semi-produit : cuisson en autoclave, injection RTM 2 . . . ;
4. la finition de la pièce transformée : détourage. . .
L’obtention d’une chaîne de production compétitive pour la transformation des matériaux com-
posites hautes performance passe par le développement, l’optimisation et l’automatisation de cha-
cune de ces étapes.
1
Introduction générale
Dans l’industrie aéronautique, le procédé historique utilisé encore actuellement est l’autoclave.
Il garantit une excellente qualité des pièces structurelles composites mais est incapable d’absorber
des cadences de production plus élevées à un coût compétitif. L’industrie aéronautique a donc fixé
comme axe stratégique prioritaire de tendre vers des procédés "Low cost high volume" (LCHV)
en ayant recours par exemple à des technologies Heat & Cool afin d’accroître ses capacités de
production, de baisser ses coûts et surtout, d’accroître la souplesse de production. Par ailleurs,
l’industrie aéronautique tend depuis quelques années à l’intégration croissante de matériaux com-
posites thermoplastiques pour répondre à des problématique d’assemblage, de mise en oeuvre, de
cycle de vie du produit. . .
Il existe à ce jour des systèmes Heat & Cool 3 qui permettent l’augmentation des cadences de
transformation des composites. Cependant, cette amélioration des vitesses de chauffe et de refroi-
dissement s’accompagne généralement d’une hausse des puissances thermiques en jeu et d’une
diminution de la maîtrise spatio-temporelle de la thermique dans la structure. Cette problématique
étant fortement liée aux phénomènes de transferts thermiques dans la structure et à la conception
généralement massive des outillages, il est primordial de faire évoluer les règles de conception de
ces structures dans le but d’optimiser la thermique des outillages.
Par ailleurs, dans le cas d’outillages thermorégulés par un fluide caloporteur, le dimensionne-
ment thermique fait généralement appel à des modèles éléments finis 3D qui couplent les phéno-
mènes fluidiques et thermiques. La mise en place, la résolution et l’optimisation de tels modèles
peuvent permettre l’obtention de résultats affinés avec la prise en compte des phénomènes d’ad-
vection 4 et du travail visqueux du fluide par exemple, mais s’avèrent nettement plus complexes et
coûteux.
Dans ce contexte, l’enjeu du projet MATTE (Moule Autonome à Transfert Thermique Effi-
cient) est double et consiste à :
— développer un concept d’outillage Heat & Cool, à faible inertie thermique et thermorégulé
par un fluide caloporteur. Ce concept d’outillage doit ainsi être capable de réaliser la pro-
duction haute cadence de structures composites hautes performances thermodurcissables et
thermoplastiques à fibres continues ;
— développer une chaîne complète et automatisée d’outils-métier numériques, peu coûteux,
qui permettent le dimensionnement et l’optimisation thermomécanique de l’outillage à partir
des données technologiques liées à l’environnement de fonctionnement.
3. Systèmes Heat & Cool : systèmes qui permettent la chauffe et le refroidissement dans l’optique de réaliser des
cycles thermiques rapides.
4. Phénomène de transport de la chaleur par le mouvement du fluide
2
Introduction générale
Le cahier des charges fixé initialement par l’entreprise CT1 5 du groupe Compose et le labora-
toire SYMME 6 , partenaires pour ces travaux de recherche, est le suivant :
Le concept d’outillage MATTE se veut versatile et devra permettre différents modes de trans-
formation en adaptant les choix matériaux/géométriques/technologiques, en fonction des attentes
finales du client :
— L’injection RTM : injection de la résine sous pression dans l’outillage thermorégulé et qui
contient le renfort sec ;
— La consolidation in-situ : dépose des plis composites thermoplastiques chauffés par la tête
de dépose et consolidation "sur place" ;
— L’infusion (Out-of-Autoclave) : injection de la résine sous dépression dans l’outillage qui
contient le renfort sec ;
— La transformation de préimprégné : cuisson du préimprégné thermodurcissable ou thermo-
plastique dans l’outillage fermé, sous pression et thermorégulé.
Selon les choix des matériaux constitutifs de l’outillage, de la géométrie et des technologies de
thermorégulation périphériques, il devra être possible d’obtenir différentes "gammes d’outillages"
MATTE :
— MATTE cadence - cadence élevée : système de chauffe type TPC 7 possédant une puissance
de chauffe importante et un faible volume de fluide, structure moulante robuste (rigidité et
dureté de surface importantes) ;
— MATTE performance - très bonne homogénéité thermique : système de chauffe convention-
nel (thermorégulateur conventionnel à eau ou à huile), structure moulante à forte conducti-
vité thermique (surface en nickel ou cuivre par exemple) ;
— MATTE économe - faible consommation énergétique : structure quasi-isotherme, structure
moulante en composite, température d’utilisation réduite (problématique de la Tg de la struc-
ture moulante en composite).
3
Introduction générale
Pour cela, il est nécessaire de développer une chaîne de conception et des outils qui permettent
la modélisation de l’outillage, ainsi que l’intégration des données liées aux technologies de chauffe
et de refroidissement.
Ces travaux de thèse se focalisent ainsi sur les phénomènes physiques liés à la thermique de
l’outillage, c’est-à-dire :
— la structure de l’outillage : nature des matériaux, géométries ;
— le comportement du fluide caloporteur dans les canaux de chauffe et de refroidissement :
prise en compte de l’aspect technologique lié au thermorégulateur et à la pompe associée ;
— les phénomènes de transferts thermiques : échanges convectifs dans les canaux, régulation
thermique,. . .
Les phénomènes de cinétique de polymérisation des résines et l’écoulement de la résine, lors
d’une injection RTM par exemple, ne seront donc pas étudiés.
La chaîne d’outils-métier numériques doit permettre, de manière fiable et peu coûteuse, le di-
mensionnement et l’optimisation thermique ainsi que mécanique d’outillages MATTE. Ces outils
doivent être génériques de sorte à pouvoir être exploités sur les outillages conventionnels.
C’est l’utilisation conjointe d’un modèle éléments finis simplifié de simulation multi-physique
et de l’optimisation du concept qui permettent d’obtenir une méthode globale robuste de concep-
tion et de dimensionnement d’outillage facilement intégrable au sein du bureau d’étude de Com-
pose Group. De plus, au cours de la thèse, des campagnes expérimentales sur démonstrateur labo-
ratoire et industriel à l’échelle 1 ont été réalisées afin de conforter les attentes vis-à-vis du concept
et de valider les outils de calculs développés.
4
Introduction générale
Le deuxième chapitre a pour objectifs : (i) la présentation des phénomènes physiques mis
en jeu lors du cyclage thermique des outillages ; (ii) la présentation des principaux outils numé-
riques développés pour la prise en compte de ces phénomènes lors du développement du concept
MATTE. Ces outils numériques sont utilisés par la suite pour le dimensionnement et l’optimisa-
tion thermomécanique d’outillages.
Le troisième chapitre est consacré : (i) à la présentation du concept MATTE et des choix
technologiques associés ; (ii) au développement du concept MATTE à l’aide d’études numériques
thermomécaniques grâce à l’exploitation des outils numériques présentés dans le chapitre 2.
Enfin, en conclusion de ce manuscrit un bilan concernant les travaux de ces trois années de
thèse est dressé et une discussion est proposée concernant les perspectives.
Une partie de ces travaux de thèse ont fait l’objet d’une publication scientifique [Collomb2017a]
et de communications en congrès [Collomb2017b, Collomb2018a, Collomb2018b].
5
Contexte, état de l’art et objectifs
1
L’objectif de ce chapitre est dans un premier temps de faire un état
de l’art des principales technologies de mise en oeuvre des matériaux
composites hautes performances, ainsi que de présenter le contexte
général dans lequel s’intègre ce travail de thèse. Dans un second
temps, les objectifs du projet MATTE vis-à-vis des attentes des indus-
triels est exprimé. Enfin, le déroulement général du travail de thèse
est introduit.
Sommaire
1.1 Contexte et objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.1 Contexte industriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.2 Contexte législatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.1.3 Les procédés actuels de mise en oeuvre des composites . . . . . . . . . 10
1.1.4 Technologies Heat & Cool actuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2 Objectifs industriels et objectifs MATTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2.1 Travaux de recherche actuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2.2 Le projet MATTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.3 Déroulement des travaux de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.1 Présentation des partenaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.2 Démarche de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
7
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
Le secteur automobile s’avère être quant à lui un marché d’avenir pour les matériaux compo-
sites. En effet, depuis les années 85, la masse moyenne des véhicules automobiles est en constante
augmentation, passant de 900kg en 1985 à 1300kg en 2011 pour les véhicules PSA [David2013].
Cela s’explique par une intégration toujours plus importante de systèmes de sécurité, d’acces-
soires de confort, d’équipements et de l’augmentation des dimensions des véhicules. Cependant,
le contexte réglementaire mondial imposant des réductions importantes des émissions de gaz à ef-
fet de serre, le secteur automobile tend à la réduction des masses des véhicules. Comme le montre
la Figure 1.2, un des leviers principaux permettant cette réduction de masse est le changement de
matériaux, comme par exemple le remplacement de structures acier par des structures aluminium
ou en matériaux composites possédant une meilleure rigidité spécifique. Actuellement, en dehors
de quelques voitures de luxe ou de sport (TESLA, McLaren MP4 12C, Alpha 4C) [Elend2016],
l’utilisation actuelle des matériaux plastiques et composites dans l’automobile se limitent essen-
tiellement à des pièces non-structurelles s’expliquant en partie par les procédés de mise en œuvre
non adaptés aux cadences de l’industrie automobile (problématique de robustesse et de simulation
des procédés par exemple). Cependant, à l’image de l’industrialisation de la BMW i3 [Elend2016],
une évolution du marché automobile est en cours dans le but d’intégrer de manière croissante des
8
1.1. Contexte et objectifs
pièces composites structurelles et ce, de manière automatisée dans le but de rendre ce type de ma-
tériaux compétitifs vis-à-vis des structures conventionnelles telles que les structures aciers.
Figure 1.2 – Principaux leviers pour la réduction du CO2 dans l’automobile [Leahy2017]
Les enjeux pour le secteur des matériaux composites sont donc de pouvoir répondre aux be-
soins croissants de composites hautes performances pour le secteur aéronautique et également
de développer des matériaux et procédés permettant de garantir la mise en œuvre haute cadence
de pièces automobiles structurelles. Il est important de noter que la réponse apportée à ces pro-
blématiques pourra être étendue à d’autres secteurs tels que le sport et loisirs, le domaine de la
construction. . .
Afin de limiter en partie l’impact de l’Homme sur l’environnement, les réglementations mon-
diales dans le domaine du transport tendent à réduire les rejets de gaz à effet de serre. Ainsi, dans
le domaine de l’automobile, il apparaît une convergence mondiale des objectifs de réduction de
rejet de CO2 , pour passer de 180g de CO2 /kg en moyenne en 2008 à 100g de CO2 /kg en moyenne
en 2020. L’Union Européenne s’avère être leader dans ce domaine via une législation contrai-
gnante pour les constructeurs et les clients [UE Commission2012, UE Commission2016]. Ainsi,
les constructeurs possèdent un règlement strict concernant les rejets de CO2 de leurs véhicules, à
respecter sous peine de pénalités financières. Les clients quant à eux voient leur achat de véhicule
crédité d’un bonus ou d’un malus financier en fonction des émissions de l’automobile.
9
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
L’industrie aéronautique est également concernée par la mise en place de réglementation des
émissions de gaz à effet de serre. Ainsi en 2017, l’Organisation de l’Aviation Civile Internatio-
nale a mis en place une nouvelle norme pour réduire l’incidence des émissions de gaz à effet de
serre produit par les aéronefs sur le climat mondial. Cette norme qui entrera en vigueur en 2020
imposera aux constructeurs d’aéronefs l’achat de crédits de compensation des émissions de CO2
supérieures au niveau des émissions de l’année 2020 [Internationale2017].
Le procédé de mise en œuvre des composites hautes performances de référence dans l’aéro-
nautique est l’autoclave, dont le schéma de principe est présenté Figure 1.5. L’autoclave est une
enceinte sous pression thermorégulée qui permet une polymérisation optimale du stratifié compo-
site issu du drapage de préimprégnés à l’aide d’un contrôle précis de la pression dans l’enceinte,
du vide dans l’outillage.
Le procédé de mise en œuvre des composites à haute cadence de référence dans l’automo-
bile est la compression des compounds par SMC/BMC tel que présenté Figure 1.5. Le compound
est un semi-produit constitué d’un renfort et d’une matrice pré-mélangés et prêts pour la mise en
10
1.1. Contexte et objectifs
Infusion
Moulage au contact
SMC/BMC
Cadence de production
Figure 1.4 – Comparaison des procédés de mise en œuvre des matériaux composites
Le RTM (Resin Transfer Molding), présenté Figure 1.5, est quant à lui un procédé intermé-
diaire au SMC/BMC et à l’autoclave en terme de qualité-cadence [Boinot1991]. Les renforts, sous
forme de mats ou tissus, sont placés entre un moule et un contre moule rigides et régulés thermi-
quement, dans lesquels une résine de faible viscosité est injectée sous 1 à 4 bars. Le démoulage est
effectué une fois la réticulation terminée. Ce procédé garantit une bonne reproductibilité et permet
l’obtention de pièces composites présentant peu de porosité, ayant deux faces lisses et possédant
de bonnes propriétés mécaniques et géométriques. Le RTM est ainsi bien adapté pour la réalisa-
tion de pièces de moyennes séries et est utilisé dans les secteurs aéronautiques, automobiles, sport
et loisirs . . . Les développements actuellement menés sur les résines thermodurcissables et ther-
moplastiques ouvrent la voie à la transformation rapide des matériaux composites par ce type de
procédé de mise en œuvre. Cette augmentation des cadences, tout en préservant la qualité structu-
relle et géométrique de la pièce moulée, passe par le développement de résines thermoplastiques
(TP) réactives in-situ et d’outillages réactifs thermiquement couramment appelés outillages Heat
& Cool. Le RTM traditionnel pour composites thermoducissables (TD) se fait avec des outillages
en quasi-isotherme et le cycle de fabrication est ici piloté par la réactivité du système résine. Pour
les résines TP, qui présentent plusieurs intérêts par rapport aux résines TD pour de nombreux mar-
chés, les outillages devront permettre le cyclage thermique rapide, tout en garantissant une bonne
homogénéité. Les principaux avantages et inconvénients du RTM sont également présentés Ta-
bleau 1.1.
11
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
Outillage
Plateau presse
Pression Outillage
Outillage
Pompe à vide
Résine
Autoclave
Figure 1.5 – Schéma de principe SMC-BMC (gauche), RTM (centre) et Autoclave (droite)
Les procédés utilisés pour transformer les matériaux composites, notamment pour la mise en
œuvre des composites hautes performances, ne sont pas compétitifs en terme de coût-cadence-
performance vis-à-vis des matériaux et procédés usuels (métaux et alliages). En effet, aujourd’hui
pour palier à la faible réactivité thermique des outillages, l’augmentation des cadences de produc-
tion passe par la multiplication des postes de mise en œuvre, provoquant des coûts de production
importants en terme de matériels et de main d’œuvre. Afin de répondre aux besoins à venir des
industriels, il est impératif de rendre les lignes de production des composites compétitives pour
permettre la mise en œuvre de structures hautes performances, à cadence importante et à coûts
maîtrisés. Comme représenté en pointillés Figure 1.4, des développements et des solutions techno-
logiques émergent quant à l’automatisation des lignes de production avec par exemple la dépose
automatique par des robots de fibres sur les outillages [Kozaczuk2016] et le développement de
lignes RTM hautes pressions et hautes cadences [Geiger2011, James2014, SFIP2016]. Ce contrôle
du trio qualité-cadence-coût passe également par une maîtrise efficace des procédés de mise en
œuvre, notamment en terme de performances liées à l’outillage : vitesse de chauffe et de refroidis-
sement, homogénéité thermique, tenue mécanique et consommation énergétique.
12
1.1. Contexte et objectifs
Phénomènes
Technologies Avantages Inconvénients
transferts
Puissance crête élevée
Electrique
Intégration CAO
Fils Vitesses de chauffe
Conduction Chauffe locale
Films élevées
Pas de froid
Cartouches
Encombrement
Aciers spécifiques
Puissance crête élevée
Vitesses de chauffe
Induction Conduction Conception complexe
élevées
Investissements élevés
Pas de froid
Chauffe sans contact
Rayonnement non-visible
Chauffe directe du solide
Puissance crête élevée
Infrarouge Rayonnement Efficacité élevée
Pas de froid
Température d’utilisation élevée
Uniquement moule ouvert
Temps de réponse rapide
Solution robuste
Fluide Convection Homogénéité thermique Échange thermique faible
Huile Conduction Température d’utilisation élevée Réticence secteur aéronautique
Possibilité chaud/froid
Solution robuste
Fluide Convection Corrosion
Possibilité chaud/froid
Eau Conduction Température limitée à 200°C
Echange thermique élevé
Fluide Convection Echange thermique optimal
Température limitée à 200°C
Vapeur Conduction Possibilité chaud/froid
Forte inertie thermique
Convection Homogénéité thermique Vitesse limitée
Bain d’huile
Conduction Pression de compactage Enceinte sous pression
Investissement huile
Les principales technologies actuelles de mise en œuvre des composites par un système Heat
& Cool sont présentées Tableau 1.3 et illustrées Figure 1.6.
13
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
Avantages Inconvénients
Roctool Analyse multi-physiques
Vitesses H & C très importante
«Chauffe d’outillage Puissance élevée : jusqu’à 500kW
≈ 20°C/s
métallique par induction » Géométries type 2D
Energie consommée faible
[Feigenblum2012] Investissements importants
Canaux de chauffe
Arrk Tooling Sermo
Découplage fonctions thermique usinés dans de la résine :
« Outillage multi-matériaux
et mécanique température et robustesse limitées
thermorégulé »
Masse à chauffer plus faible Aucune gestion des dilatations
[INPI2010]
thermiques différentielles
Quickstep
« Chauffe d’outillage Structure sous pression
dans un bain de fluide Très bonne homogénéité thermique (fluide à 1 à 2 bars)
sous pression » Vitesses H & C faibles (<5°C/min)
[Quickstep2015]
TechniModul
Mise en œuvre 3D aisée Vitesses H & C faibles (<5°C/min)
« Outillage composite
Peu de masse à chauffer Limité en température (<200°C)
thermorégulé »
Faibles investissements Faible longévité outillage
[INPI2014]
14
1.1. Contexte et objectifs
Ces différentes technologies Heat & Cool de mise en œuvre des matériaux composites pré-
sentent des intérêts différents : réduction du temps de chauffe (Roctool), faibles investissements
(TechniModul), séparation des fonctions thermique et mécanique pour limiter la masse à chauffer
(Arrk Tooling Sermo), maîtrise de l’homogénéité thermique (Quickstep). Cependant, chacune de
ces technologies présentent des contraintes fortes pouvant être problématiques pour les besoins
à venir des industries aéronautique et automobile : géométries limitées à du 2D (Roctool), fluide
sous pression (Quickstep), vitesses et températures d’utilisation limitées (TechniModul).
L’objectif de ces travaux de thèse consiste au développement d’un outillage novateur pour la
mise en œuvre des matériaux composites hautes performances reposant sur la synergie et la com-
binaison des avantages des solutions actuelles existantes. Comme présenté Figure 1.7 et comme
cela sera présenté dans la suite de ce rapport, le concept d’outillage MATTE (Moule Autonome à
Transfert Thermique Efficient) repose sur le découplage des fonctions thermiques et mécaniques
par l’utilisation (i) d’une structure métallique mince pour la mise en forme et la cuisson du com-
posite, (ii) d’un isolant rigide et d’un caison externe pour la reprise des efforts mécaniques.
15
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
caisson externe
isolant rigide
Les différences majeures entre un outillage conventionnel et MATTE sont présentées Ta-
bleau 1.4. Ainsi, la mise en place d’une structure à très faible inertie thermique nécessite le déve-
loppement d’outils de calculs à la fiabilité et à la prédictivité accrue concernant les phénomènes
de transferts thermiques.
16
1.2. Objectifs industriels et objectifs MATTE
Figure 1.8 – Principaux travaux de recherche pour la mise en œuvre des composites [Liraut2014]
D’autres travaux de recherche sont également menés sur ces thèmes, comme par exemple le
développement de moyens et de procédés pour la réalisation de préformes à destination de l’indus-
trie automobile dans le cadre du projet FAST FORM. Le projet mené par l’IRT M2P en collabo-
ration avec 14 industriels (Arkema, Chomarat, Compose Group, Coriolis, ESI, Faurecia, Hexion,
Hutchinson, Institut de soudure, Owens Corning, PEI, PSA, Renault, SISE) a pour objectif de dé-
velopper un procédé permettant la réalisation de préformes sèches pour des pièces structurelles de
grandes dimensions et avec un temps de cycle inférieur à 2 minutes [M2P2016, SFIP2016].
17
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
D’autre part, des travaux sont à ce jour menés par les fabricants de résines thermodurcissables
et thermoplastiques afin d’accroître la réactivité de la polymérisation dans le but de réduire les
temps de mise en œuvre des stratifiés composites. En effet, les résines utilisées actuellement sont
majoritairement des résines thermodurcissables et les temps de polymérisation associés sont de
quelques dizaines de minutes à quelques heures. Par exemple, la résine RTM6 dédiée à l’injection
RTM est couramment utilisée dans l’industrie aéronautique nécessite un temps de cycle de 120
minutes à 180°C. Dans cette optique, Arkema a par exemple récemment débuté la commercialisa-
tion d’une nouvelle résine thermoplastique, la résine Elium, aux propriétés similaires à une résine
époxy et permettant d’atteindre des cadences de production de 100 pièces par jour en RTM [Ar-
kema2016c].
Par ailleurs, des développements sont également à l’étude afin d’automatiser les lignes de
production RTM dans le but de favoriser l’industrialisation des matériaux composites hautes
performances. Le projet FAST RTM par exemple, porté par l’IRT M2P et 10 industriels (Ar-
kema, Chomarat, Compose Group, Faurecia, Hexion, Hutchinson, Institut de soudure, Renault,
SISE), vise à développer de nouveaux équipements pour la production de pièces structurelles de
grandes dimensions pour les industriels de l’automobile et de l’aéronautique, tout en réduisant le
temps de cycle, notamment par le biais du procédé C-RTM (Compression – Resin Transfer Mol-
ding) [M2P2016,SFIP2016]. Le groupe Compose a pour sa part développé une ligne de production
RTM automatisée : FlexCell. Cette cellule flexible de production, présentée Figure 1.10, permet
une injection automatique mono ou bi-composants et le changement rapide d’outillage grâce à une
connectique universelle au niveau de la buse d’injection.
Les recherches menées sur la réalisation des préformes composites, sur les résines thermodur-
cissables et thermoplastiques réactives, ainsi que sur les lignes de production permettent d’espérer
des cadences de mise en œuvre pour les matériaux composites hautes performances. Afin d’at-
teindre des temps de cycle de l’ordre de quelques minutes (voir 1 à 2 minutes pour les cadences
automobile), il apparaît nécessaire de développer un nouveau type d’outillage, qui puisse réaliser
un cyclage thermique efficace (rapide et de manière homogène dans la structure) afin de trans-
former le composite dans des conditions optimales et donc de garantir une bonne qualité et santé
matière.
18
1.2. Objectifs industriels et objectifs MATTE
Système de verrouillage
Cellule d’injection automatique Outillage thermo -régulé Thermorégulateur
mécanique automatique
19
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
Par ailleurs, les industries consommatrices de matériaux composites tendent de plus en plus
à remplacer les résines thermodurcissables par des résines thermoplastiques [Juras2010]. En ef-
fet, à la différence des résines thermodurcissables, les thermoplastiques présentent les avantages
suivants [Juras2010] :
— Faible temps de mise en œuvre : en moyenne de l’ordre de 1 à 2 minutes ;
— Meilleures propriétés concernant la résistance aux chocs ;
— Assemblages facilités : soudage, sur-moulage. . . ;
— Meilleur environnement de travail : moins de problèmes d’émission de COV 1 ;
— Meilleur stockage des produits ;
— Meilleure recyclabilité ;
— ...
L’objectif de ces travaux de thèse est le développement du concept MATTE : Moule Autonome
à Transfert Thermique Efficient. La structure devra être autonome, c’est-à-dire intégrer le système
de régulation thermique en chaud et en froid et être efficiente thermiquement afin de pouvoir maî-
triser les vitesses et les gradients thermiques au cours du cycle.
20
1.2. Objectifs industriels et objectifs MATTE
A cet effet et pour répondre simultanément aux demandes de ces deux secteurs en proposant
un procédé de fabrication innovant issu de la combinaison de solutions éprouvées afin d’éviter les
risques technologiques, le cadre d’intervention du procédé MATTE, équipé d’un système Heat &
Cool, concerne toutes les variantes de procédés :
— d’injection d’une résine liquide dans une préforme fibreuse sèche insérée dans un moule
et contre-moule régulés en température, dit RTM, avec une maîtrise spatio-temporelle du
champ de température ;
— ou de thermo-compression : compression d’une préforme pré-imprégnée dans un moule et
contre moule régulés en température.
Les procédés d’injection pour les matériaux composites permettent l’obtention d’un bon com-
promis entre les performances mécaniques du stratifié composite et les cadences de production.
Ce type de procédé, couplé à la fabrication rapide de préformes et la polymérisation rapide de la
résine dans un moule chaud/froid réactif rend possible l’obtention d’une finition netshape et peut
permettre une augmentation sensible des cadences de production.
Ainsi, le concept MATTE devant être une technologie polyvalente permettant la chauffe et le
refroidissement rapide de la structure et en assurant un compactage suffisant pour l’obtention de
propriétés mécaniques élevées, les choix possibles pour la technologie de chauffe sont donc : la
chauffe par induction, cartouches électriques ou fluides caloporteurs, présentés Tableau 1.2. Des
actions correctives peuvent être menées afin de palier à certains inconvénients liés à la chauffe par
fluide caloporteur. Ces actions sont présentées Tableau 1.5.
21
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
par exemple possible de réaliser le cyclage thermique à l’aide d’huile pour outillages utilisés à des
températures élevées supérieures à 200°C ou avec de l’eau pour accroître les vitesses de chauffe
et refroidissement en dessous de 200°C.
Inconvénients Solutions
Utilisation d’eau/vapeur ou d’huile
Température d’utilisation
en fonction de la température d’utilisation
Optimisation des canaux pour
Echange thermique
accroître les performances thermiques
Réticence secteur aéronautique Démontrer la parfaite
vis-à-vis de l’huile étanchéité des canaux
Tableau 1.5 – Solutions potentielles aux inconvénients de la chauffe par fluide caloporteur
Aux vues des performances thermiques et mécaniques attendues et du cahier des charges fixé,
le concept MATTE s’est dirigé vers une solution d’outillage type RTM à faible inertie thermique,
thermorégulé par un fluide caloporteur réalisant la chauffe et le refroidissement.
Le concept MATTE, présenté Figure 1.11, est ainsi basé sur le principe d’un outillage multi-
matériaux constitué d’une peau chauffante, mince et thermorégulée par un fluide caloporteur, d’un
isolant rigide et d’un caisson externe en acier. Les principaux aspects de cette structure sont :
— Peau chauffante mince pour favoriser la réduction de la masse à chauffer et ainsi augmenter
la réactivité thermique ;
— Intégration dans la peau chauffante de canaux de chauffe et de refroidissement conformables
et rectangulaires pour accroître l’échange convectif, favoriser la diminution de l’épaisseur
de la peau et améliorer la maîtrise du champ de température sur la surface moulante ;
— Intégration d’un isolant rigide pour focaliser le flux thermique du côté de la pièce moulée et
participer à la reprise des efforts mécaniques.
Ce travail de thèse a donc pour objectif de développer des outils numériques permettant de
confirmer l’intérêt de ce concept d’outillage, d’optimiser les performances thermomécaniques de
celui-ci en ayant confirmé expérimentalement les résultats numériques obtenus et les modèles as-
sociés. L’ambition de ces travaux est d’aboutir à un processus complet de dimensionnement et
d’optimisation thermomécaniques des structures MATTE pour la mise en œuvre des matériaux
composites hautes performances.
22
1.2. Objectifs industriels et objectifs MATTE
Figure 1.11 – Comparaison entre des canaux conventionnels et des canaux conformables
23
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
CT1 est une filiale du groupe Compose et est dédiée au développement des process composites.
Le groupe Compose comprend également les entreprises :
— Compose Tools : mouliste expert dans la réalisation d’outillages à destination du marché du
composite et de la plasturgie ;
— Global RTM : développeur de lignes process complètes pour les matériaux composites ;
— IronJaw : fournisseur des produits IronJaw permettant d’accroître la force de fermeture des
outillages.
Les principaux marchés de CT1 sont l’aéronautique, l’automobile, l’énergie et le sport et loi-
sirs. La société conçoit et réalise des outillages métalliques innovants pour transformer les maté-
riaux thermoplastiques et composites par RTM, drapage, SMC, injection, estampage. . . Sa prin-
cipale force est de pouvoir gérer des projets dans leur globalité en offrant des solutions clés en
main : du développement pièce jusqu’au démarrage série.
Le laboratoire SYMME (SYstèmes et Matériaux pour la MEcatronique) (EA4144) est l’un des
trois laboratoires de recherche de Polytech Annecy-Chambéry, une école d’ingénieurs publique
intégrée à l’Université Savoie Mont Blanc et au Réseau Polytech (13 écoles). Son effectif est de
40 enseignants-chercheurs et 30 doctorants/post-doctorants. Le laboratoire regroupe des compé-
tences en Automatique, Electronique, Instrumentation, Génie Mécanique, Science des Matériaux,
et mène des recherches à caractère pluridisciplinaire pour mettre au point des méthodologies de
conception et de production de systèmes mécatroniques, avec pour but la maîtrise des matériaux et
l’introduction de l’intelligence dans des systèmes mécaniques, pour en améliorer les potentialités
et/ou les performances.
La démarche de recherche mise en place pour ces travaux de thèse présentée Figure 1.12 est
basée sur une réflexion de recherche pour le développement du concept MATTE et également
pour répondre aux besoins industriels dans le cadre du déroulement d’une affaire pour le traite-
ment d’une demande client.
La démarche classique et simplifiée pour le traitement d’une affaire à CT1 est constituée des
étapes suivantes :
— Réception du besoin client : informations sur la géométrie, les températures de transforma-
tion, . . . ;
24
1.3. Déroulement des travaux de recherche
— Conception d’un outillage : conception basée sur des règles prédéfinies et sur le savoir-faire
de l’entreprise ;
— Vérification : validations numériques thermomécaniques des performances de la structure ;
— Fabrication : mise en œuvre de l’outillage ;
— Essais : réalisation de quelques pièces composites pour valider le bon fonctionnement de la
structure ;
— Livrables client : Note de calculs thermique, note de calculs mécaniques, outillage.
Ces travaux de recherche nécessitent la mise en place d’outils numériques permettant le trai-
tement des données d’entrées brutes issues du cahier des charges clients et des fiches techniques
(homogénéisation du stratifié composite par exemple) et permettant le dimensionnement thermo-
mécanique des structures. Ces outils doivent être généralistes afin de pouvoir être réutilisés ulté-
rieurement au sein de l’entreprise CT1 pour le traitement des futures affaires clients. Par ailleurs,
les résultats issus des campagnes numériques, expérimentales et d’optimisation ont pour objectif
la mise en place de règles de conception et/ou d’abaques permettant de guider la conception d’ou-
tillages lors du traitement des affaires client par la suite.
La démarche de recherche pour le développement du concept MATTE est basée sur un pro-
cessus similaire à l’échelle TRL (Technology Readiness Level) consistant à évaluer le niveau de
maturité d’un système. La démarche adoptée pour le développement du concept MATTE à travers
ces travaux de thèse est ainsi :
— L’étude numérique du concept MATTE pour la mise en place du concept ;
— La validation expérimentale à l’aide de démonstrateurs laboratoire et industrielle échelle 1
dans un environnement significatif ;
— L’optimisation numérique du concept MATTE grâce aux retours d’expériences des cam-
pagnes expérimentales et numériques.
25
Chapitre 1. Contexte, état de l’art et objectifs
CT1 FLUIDIQUE
Conception Outil calcul coefficient convectif
CT1 THERMIQUE
Vérification dimensionnement Outil simulation thermique
CT1 MECANIQUE
Fabrication Outil simulation mécanique
CT1 OPTIMISATION
Essais pré -série Outil d’optimisation
thermomécanique
CT1 à CLIENT
Notes de calculs - Outillage
26
Phénomènes physiques et Outils-métier
2
L’objectif de ce chapitre est de présenter dans un premier temps les
principaux phénomènes physiques intervenant dans les outillages à
fluides caloporteurs pour la transformation de pièces composites :
phénomènes de transferts thermiques, écoulement fluidique et inter-
actions technologiques. Dans un second temps, les outils numériques
mis en place pour le développement du concept MATTE sont présen-
tés. Ces outils doivent permettre de modéliser de manière fiable le
comportement thermomécanique de la structure.
Sommaire
2.1 Phénomènes physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.1.1 Généralités : fluidique et thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.1.2 Généralités : circuit de chauffe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.1.3 Pertes de charge dans le circuit de chauffe . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.1.4 Thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.1.5 Régulation PID . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2 Outils-métier numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.2.1 Outil-métier FLUIDE1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.2.2 Outil-métier THERM1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.2.3 Outil-métier MECA1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
28
2.1. Phénomènes physiques
totale
∆Estockee = Q −W (2.1)
L’énergie totale stockée par le système correspond à l’énergie mécanique (énergie cinétique et
énergie potentielle) et à l’énergie interne (énergie thermique, chimique et nucléaire). Ainsi, afin de
respecter la loi sur la conservation d’énergie, il est défini que pour un intervalle de temps défini ∆t,
l’augmentation de la quantité d’énergie thermique et mécanique stockée dans le système doit être
égale à la quantité d’énergie thermique et mécanique qui entre dans le système, moins la quantité
d’énergie thermique et mécanique qui sort du système, plus l’énergie thermique et mécanique qui
est générée dans le système. Cela se traduit mathématiquement par l’équation 2.2.
Cette égalité devant être satisfaite également à tout instant t, l’équation 2.2 peut être généralisée
au flux thermique par l’équation 2.3.
dEstockee
= Ėentrant − Ėsortant + Ėgeneree (2.3)
dt
Dans le cas d’un échange thermique en surface, la conservation énergétique est caractérisée par
l’équation 2.4.
Les phénomènes de transferts thermiques pouvant agir en surface sont : phénomène de conduction
du solide à sa surface frontière, phénomène de convection avec le milieu extérieur et phénomène
de rayonnement avec le milieu extérieur. La conduction est un phénomène de transfert thermique
sans déplacement de matière et est provoquée par la différence de température au sein d’une struc-
ture. Dans un outillage de mise en œuvre des composites, la conduction se déroule principalement
dans le moule et dans le composite transformé.
→
−
Pour rappel, le lien entre le flux thermique Φ et la densité de flux thermique →
−
ϕ est présenté
équation 2.5. La densité de flux thermique correspond au flux thermique par unité de surface.
→
− →
Φ =−
ϕ .S (2.5)
29
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
La densité de flux de chaleur par conduction, est caractérisée par la loi de Fourier, présentée équa-
tion 2.6 [Theodore L.2011] :
− −−−−−→
ϕ−−−−→
conducti f = −λ (T ).grad(T ) (2.6)
dT
ϕconducti f = −λ (T ). (2.7)
dx
La convection quant à elle est un phénomène de transfert thermique avec déplacement de matière
et se déroule essentiellement dans les fluides ou entre un solide et un fluide. Le transfert de chaleur
par convection est constitué de deux mécanismes : l’énergie transférée par diffusion moléculaire
et l’énergie transférée par le déplacement macroscopique du fluide. Ces phénomènes associés à
un gradient de température contribuent au transfert de chaleur. Le phénomène de convection peut
être classé en fonction de la nature de l’écoulement du fluide : naturel dans le cas d’un écoule-
ment dû à la gravité, forcé dans le cas d’un écoulement dû à une force extérieure telle que celle
apportée par une pompe. Dans un outillage régulé thermiquement à l’aide d’un fluide caloporteur,
une convection forcée se déroule au niveau des canaux de circulation du fluide, tandis qu’une
convection naturelle existe sur les faces externes de la structure. La densité de flux de chaleur par
convection, normale à la surface d’échange, est caractérisée par l’équation 2.8 [Theodore L.2011] :
−
ϕ−−−−→ →
−
convecti f = hconvecti f .(Tsur f ace − T∞ ). n (2.8)
Avec hconvecti f le coefficient d’échange convectif, Tsur f ace la température de la surface frontière du
système, T∞ la température du fluide et → −n le vecteur unitaire normal à la surface.
−
ϕ−−−→ 4 4 →
−
radiati f = ε.σ .(T∞ − Tsur f ace ). n (2.9)
Ainsi, en intégrant les équations 2.6 à 2.9 dans l’équation 2.4, la balance énergétique peut être
caractérisée par l’équation 2.10.
−
ϕ−−−−→ −−−−−→ −−−−→ → −
conducti f − ϕconvecti f − ϕradiati f = 0 (2.10)
30
2.1. Phénomènes physiques
Par ailleurs, après application de la conservation d’énergie sur un volume élémentaire à travers
lequel le transfert d’énergie se fait exclusivement par conduction, nous obtenons l’équation aux
dérivées partielles de la chaleur, équation 2.11, qui permet la description du phénomène de conduc-
tion thermique dans le repère cartésien.
∂T ∂ ∂T ∂ ∂T ∂ ∂T
ρ(T ).c p (T ). = (λ (T ). ) + (λ (T ). ) + (λ (T ). ) + Ėgeneree (2.11)
∂t ∂x ∂x ∂y ∂y ∂z ∂z
Dans le cas d’une conduction sans génération d’énergie dans un matériau présentant des proprié-
tés constantes et non dépendantes vis-à-vis de la température, l’équation de la chaleur est redéfinie
par l’équation 2.12.
∂T
ρ.c p . = λ .∇2 (T ) (2.12)
∂t
D’autre part, la chauffe d’un outillage par un fluide caloporteur est réalisée par l’intermédiaire
d’un écoulement interne du fluide dans la structure. Cet écoulement génère un échange thermique
par convection dépendant du coefficient convectif h. La démarche de calcul permettant d’estimer
ce coefficient sera présentée par la suite et fait appel aux nombres sans dimension présentés ci-
après [Theodore L.2011] :
— Nombre de Prandlt (Pr) – équation 2.13 ;
— Nombre de Reynolds (Re) – équation 2.14.
µ f luide .c p
Pr = (2.13)
λ f luide
4.A
Dh = (2.15)
P
Et avec :
31
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
L’utilisation du diamètre hydraulique permet de rendre une section quelconque de canal équi-
valente à une section circulaire, permettant ainsi l’utilisation des équations présentées ci-dessus.
L’utilisation du diamètre hydraulique permet de ce fait l’estimation d’un coefficient convectif ho-
mogène sur la paroi du canal de chauffe.
Concernant le régime d’écoulement du fluide en circulation forcée, le régime est laminaire
pour Re inférieur à 2300, turbulent pour Re supérieur à 10000 et transitoire entre ces deux bornes.
Il existe par ailleurs le nombre de Biot caractérisant le rapport entre la résistance thermique de
surface d’une structure et la résistance thermique au sein de la structure [Theodore L.2011]. Ce
paramètre sans dimension est défini par l’équation 2.16.
h.Lc
Bi = (2.16)
λ
Avec :
Dans le cas d’une structure possédant une résistance thermique à l’interface supérieure à la
résistance thermique au sein de la structure, le nombre de Biot est inférieur à 1. Ainsi, c’est la ré-
sistance de surface qui limite l’échange thermique dans la structure et il peut être approximé que le
gradient de température est faible en son sein [Theodore L.2011]. Le champ de température dans
la structure est considéré homogène pour des valeurs du nombre de Biot inférieures à 0,1. A l’in-
verse, pour une structure possédant une résistance thermique à l’interface inférieure à la résistance
thermique au sein de la structure, le nombre de Biot est supérieur à 1. C’est ainsi la résistance de
conduction qui limite l’échange thermique dans la structure et le gradient de température devient
non négligeable en son sein.
Dans le cas d’un outillage destiné à la transformation des matériaux composites, la détermi-
nation du nombre de Biot peut permettre l’identification du facteur technologique limitant dans la
chauffe de la structure. En effet, pour un outillage possédant un nombre de Biot inférieur à 1, le
gradient de température peut être considéré faible dans la structure du fait du caractère limitant
de l’échange convectif. Les performances thermiques peuvent donc être augmentées via une aug-
mentation du l’échange convectif en améliorant la circulation du fluide caloporteur. A l’inverse,
pour un moule possédant un nombre de Biot supérieur à 1, le gradient de température ne peut
pas être considéré comme négligeable dans la structure du fait du caractère limitant de l’échange
par conduction. Ainsi, les performances thermiques de la structure peuvent être augmentées via
une diminution de l’épaisseur de l’outillage si possible, ou par le passage à un matériau possédant
un coefficient de conduction supérieur. Ainsi, dans un outillage régulé thermiquement par de la
convection et de la conduction, il est judicieux d’adapter les paramètres géométriques et technolo-
giques du système, de sorte à équilibrer la résistance de convection et la résistance de conduction.
Cela se traduit par l’obtention d’un nombre de Biot proche de 1 pour la structure.
Par ailleurs, dans le cas de transferts thermiques en régime transitoire faisant intervenir de la
conduction et de la convection, il peut être intéressant de considérer la constante de temps convec-
tive qui caractérise la réactivité thermique du système [Theodore L.2011, Lévy1988].
32
2.1. Phénomènes physiques
Dans le cas simple d’un solide présentant une température uniforme et échangeant de la cha-
leur par convection avec le milieu extérieur qui est également à température constante, l’équilibre
énergétique du système peut être défini par l’équation 2.17.
dT
− hconvecti f .Sechange .(Tsur f ace − T∞ ) = ρ.Vsolide .c p . (2.18)
dt
Avec :
— Sechange : La surface d’échange convectif entre le solide et le fluide ;
— Tsur f ace : La température de la surface d’échange ;
— T∞ : La température constante du fluide ;
— ρ : La masse volumique du solide ;
— Vsolide : Le volume du solide ;
— c p : La chaleur spécifique du solide.
Il apparaît ainsi la constante de temps présentée équation 2.20, dans laquelle un premier terme
correspond à la résistance de convection et un second terme à la capacité thermique du système.
Une augmentation de l’un ou l’autre des termes entraine une augmentation de la réactivité du
système, et inversement. La constante de temps τ correspond au temps théorique du système pour
atteindre 63% de la réponse en régime permanent.
1
τ= .ρ.Vsolide .c p (2.20)
hconvecti f .Sechange
Concernant la chauffe d’un outillage par une technologie de chauffe à température constante, telle
qu’un système SKID, un travail sur la constante de temps peut permettre une meilleure carac-
térisation de la réactivité de la structure. Il est important de noter que dans le cas d’un système
« outillage – fluide – thermorégulateur – pompe » dans lequel l’outillage et le fluide voient leur
température évoluer au cours du cycle thermique, il n’est plus possible d’exploiter la démarche
présentée précédemment permettant d’aboutir à la constante de temps, équation 2.20. En effet,
dans ce cas de figure la température du fluide s’avère être variable, tout comme le coefficient
convectif. De plus, la réponse thermique du système peut, en fonction des technologies de chauffe
utilisées, ne plus être d’apparence logarithmique.
Enfin, il est possible dans des phases de pré-dimensionnement de faire appel à la constante de
temps conductive. Dans le cas d’une conduction simple unidimensionnelle et avec des propriétés
matériaux considérées comme constante avec la température, la diffusion thermique est caractéri-
sée par l’équation 2.21.
∂T ∂ 2T
ρ.c p . = λ. 2 (2.21)
∂t ∂x
33
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
λ
α= (2.22)
ρ.c p
Ainsi, un analyse dimensionnelle sur le paramètre α montre que ce coefficient est équivalent
à un rapport d’une longueur au carré sur un temps. Nous avons ainsi l’apparition d’une constante
de temps conductive équation 2.23.
τ ∼ α.L2 (2.23)
Fluide caloporteur :
Un fluide caloporteur est un fluide permettant le transport de chaleur entre différentes sources de
température. Dans le cas d’un système RTM, le fluide caloporteur a pour objectif de transporter
la chaleur du thermorégulateur à l’outillage lors de la phase de chauffe et de l’outillage au ther-
morégulateur lors de la phase de refroidissement. Industriellement, deux fluides sont couramment
utilisés : l’eau et l’huile [Shayfull2014, SISE2017].
Outillage :
L’outillage est la structure permettant la mise en forme et la transformation du matériau com-
posite. Il est défini par son ou ses matériaux constitutifs, la masse à chauffer et les canaux de
chauffe et de refroidissement intégrés. Actuellement, les outillages RTM sont conçus à l’aide de
règles de conception issues du domaine de la plasturgie, c’est-à-dire qu’un bloc massif d’acier ou
d’aluminium est usiné, puis des perçages droits sont réalisés pour former les canaux de circulation
du fluide caloporteur [Rosato2000]. Cette méthodologie de conception présente l’intérêt d’obtenir
des outillages robustes, résistants aux pressions d’injection de la résine et fabriqués à l’aide de
procédés de mise en œuvre maîtrisés, mais cela est fait au détriment des performances thermiques
telles que la vitesse de chauffe, la consommation énergétique . . . De plus, ces règles de conception
mènent à des outillages surdimensionnés mécaniquement car les pressions en jeu lors de l’injec-
tion plastique sont de l’ordre de plusieurs centaines de bars, tandis que pour le RTM, ces pressions
sont au maximum de quelques dizaines de bars.
Canaux :
Les canaux de chauffe et de refroidissement permettant la circulation du fluide caloporteur au sein
de l’outillage sont caractérisés par leur géométrie, leur distance vis-à-vis de la surface moulante,
leur entraxe et le réseau de circulation. Actuellement, les canaux étant réalisés par perçage au sein
des outillages massifs, les canaux sont de géométrie circulaire et avec un positionnement et un
réseau de circulation du fluide dépendant des contraintes de perçage et de l’encombrement éven-
tuel d’autres éléments dans l’outillage (capteurs, broches. . . ). L’altitude des canaux par rapport à
la surface moulante est de ce fait variable et le réseau de perçage peut être multi-branche, abou-
tissant à une circulation du fluide non maîtrisée. Un exemple de canaux droits conventionnels est
présenté Figure 1.11a. Des solutions à canaux conformables réalisées par impression 3D métal-
lique existent (SLM, EBM, . . . ), mais sont actuellement limitées en tailles et en applications.
34
2.1. Phénomènes physiques
Thermorégulateur :
Le thermorégulateur est un système permettant de réaliser la chauffe, et parfois le refroidissement
du fluide caloporteur le traversant et est caractérisé par sa puissance thermique et par le volume
de fluide dans son réservoir. Généralement, les thermorégulateurs sont équipés d’un système de
régulation PID, permettant de piloter la puissance du thermorégulateur et ainsi de contrôler auto-
matiquement la chauffe et le refroidissement du fluide en fonction de la consigne de température
imposée. Un exemple de thermorégulateur est présenté Figure 2.1.
Pompe :
La pompe, intégrée au thermorégulateur, permet de forcer la circulation du fluide dans l’outillage
et ainsi de transporter la chaleur du thermorégulateur à l’outillage et inversement. La pompe est
caractérisée par sa capacité à faire circuler le fluide caloporteur dans le réseau de canaux.
35
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
Outillage conventionnel
avec canaux intégrés
Tuyaux de raccordement
Thermorégulateur et Pompe
Un outillage, composé de canaux dans lesquels un fluide circule, possède une courbe caracté-
ristique définie à une température donnée du fluide et est fonction du débit d’écoulement du fluide
et des pertes de charge du système. La pompe intégrée au thermorégulateur possède également
une courbe caractéristique définie par sa capacité de reprise des pertes de charge en fonction du
débit d’écoulement du fluide. L’intersection entre les courbes caractéristiques de l’outillage et de
la pompe correspond au point de fonctionnement du système et permet ainsi l’obtention du dé-
bit du fluide dans l’outillage. Ce point de fonctionnement est donc dépendant : des canaux dans
l’outillage, du fluide, de la pompe et de la température. Un exemple de point de fonctionnement
déterminé par l’intersection des deux courbes caractéristiques est présenté Figure 2.3.
Pertes de charge
Point de fonctionnement
36
2.1. Phénomènes physiques
Les calculs de pertes de charge régulières et singulières, respectivement équation 2.24 et équa-
tion 2.25, sont réalisés à l’aide des formules issues du Memento des pertes de charge de I.E Idel-
cik [Idel’cik1986].
β .L.v2 ρ f luide
∆Hreguliere = . (2.24)
2.g.Dh ρeau
κ.v2 ρ f luide
∆Hsinguliere = . (2.25)
2.g ρeau
(B − A)2 −2
β = (A − ) (2.26)
C − 2B − A
Avec les équations 2.27 à équation 2.29 et ε la rugosité relative de la paroi :
ε
Dh 12
A = −2 log10 ( + ) (2.27)
3, 7 Re
ε
Dh 2, 51.A
B = −2 log10 ( + ) (2.28)
3, 7 Re
ε
Dh 2, 51.B
C = −2 log10 ( + ) (2.29)
3, 7 Re
64
β= (2.30)
Re
En présence de singularités, κ est une caractéristique spécifique à la singularité géométrique
et est déterminé à l’aide des abaques issues du Memento des pertes de charge de I.E Idelcik
[Idel’cik1986].
Par exemple, les principales singularités présentes dans les réseaux de circulation du fluide
caloporteur dans les outillages sont des coudes à parois concentriques présentées Figure 2.4.
Pour des serpentins présentant un rapport entre le rayon du coude et le diamètre hydraulique
supérieur à 1,5, la détermination du coefficient κ est réalisée à l’aide des équation 2.31 à équa-
tion 2.36d. Aux vues des dimensions en jeu, ce cas de figure devrait être le cas majoritairement
rencontré lors des différentes conceptions d’outillages.
κ = κ f + κM (2.31)
0, 3164 R0
κ f = 0, 0175. √4
. .δ (2.32)
Re Dh
37
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
δ R0
b
a
δ R0
κM = A.B.C (2.33)
0, 21
B= p R (2.35)
( D0h )
Dans le cas d’un rapport entre le rayon du coude et le diamètre hydraulique inférieur à 1,5,
la détermination du coefficient κ sera possible en se référant à l’abaque correspondante dans le
Memento des pertes de charge de I.E Idelcik [Idel’cik1986].
2.1.4 Thermique
Dans ces travaux, comme cela sera présenté par la suite, une modélisation thermique 2D est
mise en place dans le but de s’affranchir d’un modèle fluidique 3D coûteux en temps de mo-
délisation et temps de calcul. Ce type de modélisation a pour objectif de (i) pouvoir faciliter le
développement du concept MATTE et de la mise en place des règles de conception associées (ii)
faciliter l’exploitation en entreprise d’un modèle peu coûteux. Ce type de modélisation (modèle
thermique sur une structure 2D représentative) s’avère être courant dans la bibliographie scienti-
fique et dans le domaine industriel. Le choix d’exploiter une modélisation thermique 2D implique
cependant des hypothèses sur les phénomènes de transfert thermique. Ainsi, les phénomènes d’ad-
vection 1 , la perte de chaleur du fluide le longue du canal et la zone de développement du fluide
dans le canal ne sont pas pris en compte dans ce modèle.
38
2.1. Phénomènes physiques
Dans le cas d’un écoulement d’un fluide caloporteur dans un outillage, le transfert thermique
par convection forcée à l’interface paroi – fluide et sans la prise en compte des phénomènes d’ad-
vection, peut être caractérisé par équation 2.37.
→
−
Φ = (Tsur f ace − T f luide ).h̄.Sconvection .→
−
n (2.37)
Avec h̄ le coefficient convectif moyen sur la surface d’échange convective totale de canaux,
Tsur f ace la température de la surface d’échange et T f luide la température moyenne du fluide.
Le coefficient h̄ caractérise ainsi le transfert de chaleur par convection. Ce coefficient dépend
du modèle d’écoulement du fluide, des propriétés du fluide et du débit de fonctionnement.
L’écoulement du fluide caloporteur dans les canaux de l’outillage étant un écoulement interne,
les équation 2.38a à équation 2.38d sont utilisées pour la détermination du coefficient convec-
tif [Theodore L.2011].
a/b 4 8 ∞
Nu 4,44 5,60 7,54
Tableau 2.1 – Nombre de Nusselt en régime laminaire – tube rectangulaire de section a.b
Les études qui seront présentées par la suite étant en 2D, nous considèrerons l’écoulement du
fluide comme établi dans les canaux, ainsi, nous utilisons la corrélation de Dittus-Boelter, équa-
tion 2.38a, pour la détermination du nombre de Nusselt.
39
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
2- Point de fonctionnement
3- Coefficient de convection
40
2.1. Phénomènes physiques
Dépassement
Température
Erreur statique
Consigne
Temps d’établissement
du régime stationnaire
Temps
41
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
L’objectif de ces travaux de thèse est le développement d’un système novateur permettant
d’accroître les vitesses de chauffe et de refroidissement pour la mise en œuvre des composites,
tout en garantissant une maîtrise spatiotemporelle du champ de températures. Afin de maîtriser
les vitesses de chauffe et de refroidissement et de maîtriser l’écart de température sur la surface
moulante, un système de double régulation PID doit être mis en place selon la démarche présentée
Figure 2.8.
Commande écart
Commande température
température
Une comparaison est menée sur les commandes de la régulation PID en température et de la
régulation PID en écart de température, afin de déterminer l’action à réaliser par le thermorégula-
teur : lancement de la puissance de chauffe ou lancement de la puissance de froid. Le Tableau 2.2
présente les combinaisons de commandes possibles et les actions à réaliser par le thermorégulateur
associé.
Dans le cadre des études numériques menées au cours de ces travaux de thèse, les mesures
de températures sont réalisées à l’aide de relevés nodaux sur le modèle éléments finis. Indus-
triellement, les mesures peuvent être effectuées à l’aide de thermocouples positionnés sur la peau
42
2.2. Outils-métier numériques
moulante.
Il est tout de même important de noter que les réglages PID implémentés dans la régulation ne
sont pas optimaux, mais sélectionnés de sorte à obtenir un compromis entre la précision, la stabi-
lité et la rapidité du système. De plus, les régulations PID peuvent s’avérer inefficaces en présence
de systèmes fortement non-linéaires et/ou en présence de réponses différentes entre l’activation
et l’arrêt de la commande. Par exemple, dans le cas d’un fluide thermorégulé à l’aide d’une puis-
sance de chauffe et d’une puissance de froid d’intensité différente, il est nécessaire d’ajuster les
paramètres PID afin de garantir la stabilité du système, ce qui impact de ce fait la performance.
43
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
Client Données
d’entrées
Besoin – Cahier des charges
MAT1
MAT2
Données d’entrées
FLUIDE1
Abaques FLUIDE1
MAT1 MAT2
Outils VER
Traitement des données d’entrée
numériques
à l’aide d’outils -métier
THERM1
Abaques et résultats des outils -métier
sont une aide à la conception
Généralisation à toutes les sections 2D
MECA1
Conception
Exploitation
des outils
Livrables
Abaques
Notes de calculs - Outillages
44
2.2. Outils-métier numériques
45
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
Détermination courbe
caractéristique outillage
Détermination du point de
fonctionnement
46
2.2. Outils-métier numériques
L’outil THERM1 est développé sur le logiciel éléments finis Ansys v.17. Des éléments ther-
miques quadratiques PLANE77 sont utilisés pour les géométries de l’outillage, du composite, de
l’isolant. . . Afin de prendre en compte la masse totale à chauffer, une épaisseur est appliquée aux
éléments PLANE77. Cette épaisseur est définie par l’équation 2.39.
Scanal
Selementaire = (2.40)
N
Par ailleurs, comme démontré dans l’Annexe B.2, le passage à un coefficient convectif variable
sur la paroi des canaux, dans l’optique de prendre en compte le fait que l’échange peut être moindre
au niveau des singularités, n’a que peu d’impact sur les résultats thermiques de la structure dans
le domaine actuel d’utilisation pour MATTE. Le coefficient convectif h est donc considéré pour
THERM1 comme étant homogène sur la paroi des canaux de chauffe. Par la suite, si besoin est, il
47
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
sera possible d’intégrer à THERM1 une méthode de création automatique des éléments LINK34
dans le but de créer un coefficient variable en fonction de la position sur le canal.
Isolant
Outillage
Outillage
Multi-matériaux
Liens convectifs
Composite
Masse thermique
Les données d’entrée à renseigner sont ainsi issues des fiches techniques, de la conception de
l’outillage réalisée par le bureau d’étude ou sont générées au préalable par l’outil-métier.
Des exemples de résultats obtenus par THERM1 sont donnés Figure 2.13a et Figure 2.13b.
48
2.2. Outils-métier numériques
49
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
Double PID
Régulation T ◦C et DT
Ajustement MASS71
Gestion puissance
50
2.2. Outils-métier numériques
Un exemple animé de la chauffe du plateau de presse à l’aide de l’outil THERM2 est présenté
Figure 2.16.
Par ailleurs, les outils FLUIDE1, THERM1 et MECA1 peuvent être exploités sur des structures
3D. Cependant, seule la modélisation 2D nominale sera exploité dans le cadre de ces travaux pour
des raisons de temps de calculs.
51
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
Figure 2.16 – Exemple animé de résultats thermiques issus de THERM2 (Adobe reader 10 mini-
mum requis)
52
2.2. Outils-métier numériques
Les données d’entrée à renseigner sont ainsi issues de l’outil FLUIDE1 et des conditions du
procédé de mise en œuvre :
— Pression de circulation du fluide caloporteur des points de fonctionnement (FLUIDE1) ;
— Pression d’injection de la résine.
Il est important de noter que cet outil ne permet qu’une observation locale du comportement
mécanique de la structure et n’a pour objectif qu’une vérification simple et rapide du comporte-
ment au niveau des canaux. Une vérification des déplacements globaux de la structure nécessite
un modèle 3D et est ainsi dépendante de la géométrie client. La modélisation éléments finis est
présentée Figure 2.17.
53
Chapitre 2. Phénomènes physiques et Outils-métier
Isolant
Outillage
Outillage
Multi-matériaux
Surface moulante
2.3 Conclusion
Les phénomènes, équations et modèles principaux liés à la fluidique et à la thermique ont
été présentés afin de mettre en évidence l’interaction forte entre ces phénomènes. De même, les
technologies de chauffe associées : thermorégulateur, pompe, fluide et régulation PID ont été pré-
sentées et mettent en exergue le lien fort entre les performances de l’outillage et les technologies
associées.
Des outils numériques : FLUIDE1, THERM1 et MECA1 ont été conçus dans l’optique de
réaliser les campagnes de simulations éléments finis pour le développement et l’optimisation du
concept MATTE. Ces outils permettent de déterminer les points de fonctionnement, coefficients
convectifs et réponses thermomécaniques de structures VER avec la prise en compte des données
géométriques de l’outillage, des propriétés du fluide caloporteur et des données technologies pour
la chauffe et le refroidissement du système.
54
Développement numérique du concept MATTE
3
L’objectif de ce chapitre est de présenter dans un premier temps
le concept d’outillages MATTE : constituants, conception, technolo-
gies associées. . . Dans un deuxième temps, les résultats thermomé-
caniques de différentes études numériques sont présentés afin d’étu-
dier l’attrait d’un tel concept d’outillage pour la mise en oeuvre des
matériaux composites. Ces études ont ainsi pour objectif de confir-
mer et de conforter d’un point de vu numérique l’intérêt du concept
MATTE afin d’envisager par la suite une phase expérimentale puis
une phase d’optimisation thermomécanique.
Sommaire
3.1 Concept MATTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.1.1 Outillage multi-matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.1.2 Outillage à canaux rectangulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.1.3 Fabrication des outillages MATTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.1.4 VER 2D nominal MATTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.2 Études numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.2.1 Intérêt des canaux rectangulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.2.2 Intérêt de la réduction de la masse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.2.3 Aspect antagoniste entre vitesse et homogénéité . . . . . . . . . . . . . 79
3.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
56
3.1. Concept MATTE
∂T ∂T
stockee = ρ.c p . ∂t .dx.dy.dz = ρ.V.c p . ∂t
Ė
(3.2)
entrant = q.dx.dy.dz = Pthermoregulateur
Ė
Soit :
∂T
m.c p . = Pthermoregulateur (3.3)
∂t
Ainsi, comme le montre l’équation 3.3, un gain de vitesse de chauffe peut être obtenu par :
— Une augmentation de la puissance de chauffe apportée, Pthermoregulateur ;
— Une réduction de la masse à chauffer, m et/ou de la chaleur spécifique c p .
Pour répondre aux objectifs cités précédemment, la réduction de la masse à chauffer apparaît
comme particulièrement importante et fait l’objet du propos ci-après.
Comme cela a déjà été démontré [Shayfull2014, Yao2002, Xu2009, Wang2012], la réduction
de la part d’acier dans les outillages permet un gain de vitesse de chauffe sensible à iso-puissance
ou un gain énergétique sensible à iso-vitesse de chauffe. Cette réduction de la masse pour les
outillages dédiés à la transformation des composites peut être réalisée par évidement des zones
massives et/ou par réduction de l’épaisseur de la structure, du fait des plus faibles pressions d’in-
jection (de 1 à 15 bars) comparées aux outillages d’injection plastique (quelques centaines de bars).
Par ailleurs, il a été démontré que l’ajout d’isolant limite les pertes thermiques et accroît les
performances des outillages grâce à la focalisation du flux thermique en direction de la partie
moulante [Shayfull2014, Guilong2010]. Ainsi, plus l’épaisseur d’isolant est importante dans la
structure, plus le flux thermique est redirigé en direction de la partie moulante. Cependant, pour
57
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
des épaisseurs importantes d’isolant, le gain thermique n’est observé que pour une utilisation cy-
clique de l’outillage. En effet, l’énergie stockée pour une structure multi-matériaux est définie par
l’équation 3.4 et correspond à la somme des énergies thermiques à stocker de chacun des consti-
tuants.
∂T
Ėstockee = ∑(ρ i .cip ). (3.4)
i ∂t
Il est important de noter que pour des structures gauches, une épaisseur minimale d’isolant est né-
cessaire afin d’éviter la situation du « paradoxe du tuyau isolé ». En effet, l’ajout d’isolant permet
une augmentation de la résistance conductive, cependant, sur une surface convexe cette augmen-
tation de l’épaisseur engendre également une augmentation de la surface d’échange convective et
donc des pertes thermiques associées. Il est donc nécessaire de déterminer l’épaisseur d’isolant
minimale permettant d’assurer une réduction des pertes thermiques du système.
Aux vues de ces résultats, le concept MATTE est développé et repose sur le principe d’un
outillage multi-matériaux avec séparation des fonctions thermiques et mécaniques. Un exemple
d’outillage MATTE est présenté Figure 3.1. L’objectif de ce concept est de remplacer les outillages
conventionnels massifs par des outillages constitués :
58
3.1. Concept MATTE
D’autre part, des études ont également été menées sur le réseau de circulation du fluide ca-
loporteur dans le but de maximiser les vitesses de chauffe tout en maîtrisant l’homogénéité ther-
mique [Pistoresi2015,Xia2015,Wei2015a]. Deux catégories de réseaux de canaux sont ainsi mises
en évidence et des exemples sont présentés Figure 3.3 :
— Les réseaux présentant un unique canal – un réseau de type serpentin ;
— Les réseaux présentant plusieurs canaux.
Les réseaux multicanaux présentent l’intérêt principal de pouvoir faire circuler le fluide calo-
porteur sur une surface plus importante de l’outillage et/ou de limiter les variations de température
du fluide entre l’entrée et la sortie de chacun des canaux garantissant théoriquement une meilleure
homogénéité thermique. En effet, lors de la chauffe, la perte de chaleur du fluide est fonction de
la longueur du canal, provoquant de ce fait une variation de température plus importante dans un
réseau en serpentin plutôt que dans un réseau à canaux en parallèle. En revanche, une bonne cir-
culation du fluide et donc une bonne homogénéité thermique ne peut être garantie dans un réseau
à canaux multiples qu’à l’aide d’études poussées et coûteuses en simulation fluidique. A l’inverse,
un canal en serpentin présente l’avantage de maîtriser la circulation du fluide et donc l’échange
de chaleur associé. Le développement du concept MATTE a pour objectif d’aboutir à un concept
d’outillage efficient thermiquement et dont la chaîne de conception est robuste et intégrable en
bureau d’étude. Ainsi, le choix du réseau de circulation du fluide caloporteur s’est porté sur un
réseau en serpentin. Cela permet ainsi de maîtriser l’écoulement du fluide et donc l’échange ther-
mique associé, et rend ainsi la conception plus simple, plus efficace et transposable à différentes
géométries de pièces injectées.
59
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
Par ailleurs, si l’on s’intéresse au flux thermique échangé par convection entre le fluide calo-
porteur et l’outillage, équation 2.35, il apparaît que la surface d’échanges s’avère être un paramètre
influant dans ce phénomène de transfert thermique et qu’une augmentation des dimensions des ca-
naux permet de favoriser l’échange thermique et donc d’accroître les performances de l’outillage.
Cette augmentation de la surface d’échange peut être réalisée par une augmentation du dia-
mètre des canaux ou par un changement de géométrie de ces derniers comme présenté Figure 3.4.
Le choix d’une section de canaux impose un encombrement en hauteur et donc de la masse. Le
passage de canaux circulaires à des canaux rectangulaires impose naturellement une diminution
de la masse, à iso-surface d’échange.
Un exemple de peau chauffante constituée d’un canal à section rectangulaire formant un ré-
seau en serpentin au sein d’une peau chauffante plane mince est présenté Figure 3.5.
60
3.1. Concept MATTE
La réflexion portée sur les facteurs essentiels influençant les performances thermiques des
outillages a permis d’aboutir à un concept d’outillage MATTE qui repose donc sur :
— Une structure multi-matériaux pour réduire la masse à chauffer et pour accroître les vitesses
de chauffe ;
— Des canaux d’écoulement du fluide en serpentin et à section rectangulaire pour maîtriser
la circulation du fluide et donc l’homogénéité thermique tout en augmentant la surface
d’échange convective ;
— Un système H & C par fluide caloporteur.
Certains procédés peuvent être envisagés pour la mise en œuvre de la peau chauffante avec
l’intégration de canaux à section rectangulaire :
— La mise en forme de tôles puis un assemblage soudé par brasage/faisceau d’électron/laser
(1) ;
— L’électroformage : dépôt électrolytique d’un métal (généralement du nickel) sur un modèle
qui est séparé par la suite (2) ;
— L’usinage conventionnel ou par électroérosion de structures minces (3) ;
— La fabrication additive métallique (4) ;
— La fabrication par stratoconception métallique (5) [Massol2009] ;
— La fonderie (6).
61
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
Deux solutions principales peuvent être envisagées pour l’isolant et sont présentés Figure 3.6 :
— Assemblage de blocs d’isolant puis usinage à la forme de la peau moulante ;
— Coulée d’isolant dans le caisson avec la peau moulante.
Dans cette optique, des campagnes de caractérisation mécanique d’isolants ont été réalisées et
sont présentées de manière synthétique en Annexe C.
Le caisson externe peut être, quant à lui, un assemblage mécanosoudé servant au maintien
global de la structure et à la manutention.
62
3.1. Concept MATTE
Figure 3.6 – Mise en œuvre de l’isolant par usinage (gauche) et par coulée (droite)
63
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
-a-
Caisson
Moule
Isolant
Contre moule
Peau
moulante
-c- Composite
(moitié)
-b-
Figure 3.7 – VER MATTE – a : outillage MATTE – b : Motif – c : VER avec symétrie
64
3.2. Études numériques
Caisson acier
Isolant
Liens thermique
Structure moulante
Composite
Masse thermique
65
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
L’objectif de cette étude est la comparaison des performances thermiques entre un outillage
conventionnel type RTM avec des canaux de chauffe à section circulaire issus des règles de
conception de la bibliographie [Rosato2000] et un outillage avec des canaux à section rectangu-
laire. S’agissant d’un outillage destiné à la transformation des matériaux composites, les pressions
d’injection sont nettement plus faibles que celles utilisées lors de l’injection polymère. Le para-
mètre étudié ici, en plus du changement de géométrie des canaux de chauffe, est l’altitude H des
canaux par rapport à la pièce composite moulée (Figure 3.9). Pour chaque cas, une simulation ther-
mique transitoire est menée, puis une simulation structurelle statique afin d’observer l’impact du
changement de géométrie et de positionnement des canaux de chauffe. L’étude est menée à l’aide
de l’outils THERM1, c’est-à-dire sur une structure VER 2D qui se focalise sur la zone de chauffage
du moule en négligeant les effets de bord. Les modélisations des structures à canaux circulaires
et à canaux rectangulaires sont présentées sur la Figure 3.9. L’outillage est considéré symétrique
au plan neutre du composite et les épaisseurs et propriétés matériaux de chaque partie du modèle
sont présentées dans le Tableau 3.2. Les propriétés de l’acier inoxydable 1.2311 [TKM2016] et de
l’isolant Monolux [Elit2001] sont issues de leur fiche technique et les données du composite sont
quant à elles issues des calculs d’homogénéisation pour un composite UD carbone haute résis-
tance et d’une matrice thermoplastique ou thermodurcissable, avec un taux volumique de fibres de
50% [Hexcel2013, Paris2011]. Par ailleurs, comme cela a été mis en évidence dans l’Annexe B.1,
la variation de la conductivité du composite dans le plan n’a que peu d’influence sur les réponses
thermiques globales du système.
La modélisation de l’outillage de référence est basée sur les règles de conception issues de la
bibliographie concernant la conception des outillages d’injection [Rosato2000]. Le diamètre φ du
canal est de 8 mm pour une épaisseur de composite moulé de 3 mm. L’entraxe entre les canaux
circulaires est de 3.φ , soit 24 mm. L’altitude des canaux par rapport au composite est de h = 2, 5.φ ,
soit 20 mm pour le modèle de référence issu des règles de conception de la bibliographie. Ce pa-
ramètre géométrique étant une variable étudiée dans cette étude, les altitudes H étudiées sont : 20
mm (configuration de référence), 16 mm, 12 mm et 8 mm.
66
3.2. Études numériques
caloporteur considéré pour cette étude est l’huile Jarytherm DBT [Arkema2016b].
Plateau
presse
Isolant
Outillage
Composite
3×Φ
Figure 3.9 – Comparaison des modèles circulaire (a) et rectangulaire (b) avec H = 20, 16, 12 ou
8 mm
La démarche permettant de déterminer les dimensions des canaux de section rectangulaire est
présentée Figure 3.10 et consiste à :
1. Déterminer le débit de fonctionnement pour l’outillage de référence à canaux circulaires
permettant d’atteindre un coefficient h de 1500 W.m−2 .K −1 ;
2. Déterminer les pertes de charge associées à ce débit pour l’outillage de référence ;
3. Pour un débit de fonctionnement identique, déterminer pour l’outillage à canaux rectangu-
laires les pertes de charge associées pour différentes sections de canaux de chauffe (aux vues
de problématiques de mise en œuvre et de rigidité de la structure, l’évolution de la hauteur
du canal est comprise entre 1,5 à 4,5 mm et entre 9 à 20 mm pour la largeur) ;
4. Sélectionner la section rectangulaire générant des pertes de charge identiques au modèle de
référence à canaux circulaires ;
5. Déterminer le coefficient convectif associé à la géométrie rectangulaire retenue.
Les canaux rectangulaires issus de ces calculs ont une section a.b = 16 × 3, 8 mm2 .
67
Détermination des dimensions des canaux pour un point de fonctionnement identique
fonctionnement
Dimensions canaux
Propriétés pompe Détermination du
Les conditions de températures au temps initial de la structure ont été définies à partir de la
fiche technique de la résine époxy RTM6 [Arkema2016a].
— La pièce composite est à 80°C ;
— L’outillage est à 120°C.
La simulation considère par ailleurs que le fluide est à température constante égale à 185°C
tout au long du cycle et qu’il s’arrête lorsque la température du point froid dans le composite
atteint 180°C. Les phénomènes liés à la réticulation de la résine (dont l’exothermie) ne sont pas
pris en compte dans cette étude. Une convection naturelle est présente à la surface extérieure du
plateau de la presse avec une température de 25°C et un coefficient convectif de 15 W.m−2 .K −1 .
Les surfaces latérales représentent des plans de symétries thermiques, une condition adiabatique
est fixée, soit un flux thermique de 0 W. De même, de par la symétrie de l’outillage, seule la moitié
du composite est modélisée, soit 1,5 mm et une surface adiabatique est fixée : flux thermique de 0
W.
Comme présenté précédemment, le coefficient convectif fixé au niveau des canaux de chauffe
est issu de la démarche présentée Figure 3.10. Compte tenu des hypothèses retenues, les coeffi-
cients convectifs pour chaque modèle sont :
— h = 1500 W.m−2 .K −1 pour le modèle de référence à canaux circulaires avec φ = 8 mm ;
— h = 1180 W.m−2 .K −1 pour le modèle à canaux rectangulaires de section a.b = 16 × 3, 8 mm2 .
Il apparaît ainsi que le modèle constitué de canaux à section rectangulaire présente un gain au
niveau de l’indice de performance de l’ordre de 24%, qui doit être confirmé par les simulations
numériques.
69
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
Les résultats des simulations thermiques réalisées pour chacun des cas sont présentées dans le
Tableau 3.3 pour les temps de chauffe et dans le Tableau 3.4 pour les écarts de température.
16 320 330 32
12 326 336 31
8 348 357 26
Tableau 3.3 – Comparaison des temps de chauffe pour différentes altitudes H de canaux
◦C)
H (mm) ∆T sur f ace moulante (◦C) ∆T composite (◦C) ∆T sur f ace moulante−composite(
20 ≤ 0,01 0,16 0,16
Circulaire
Tableau 3.4 – Comparaison des écarts de température pour différentes altitudes H de canaux
La Figure 3.11 montre la comparaison des temps de chauffe nécessaires pour que la tempéra-
ture minimale de l’empreinte du moule et du composite atteignent 180°C.
Les résultats présentés Tableau 3.3 et Figure 3.11 confirment l’efficience thermique du modèle
rectangulaire. Il apparaît que le modèle à canaux de section rectangulaire permet une chauffe plus
rapide que le modèle à canaux de section circulaire. Le cas 2 (H = 16 mm) montre un gain de 32%
du modèle rectangulaire par rapport au modèle circulaire. Le cas 4 (H = 8 mm) permet un gain de
26%. Le gain observé numériquement s’avère être du même ordre de grandeur que le gain calculé
sur les indices de performances des deux structures. Cela confirme ainsi le fait que le changement
de géométrie, impacte le coefficient d’échange convectif, mais qu’un des critères objectifs de com-
paraison est le produit entre la surface d’échange convective et le coefficient convectif.
Les résultats présentés Tableau 3.4 confirment les différences au niveau de la diffusion du flux
thermique entre les deux modèles. Lorsque le point froid du composite atteint 180°C, il appa-
70
3.2. Études numériques
Figure 3.11 – Comparaison des temps de chauffe en fonction de l’altitude des canaux
raît que pour le modèle de référence, l’écart de température sur la surface moulante du moule est
constant et nul, tandis que pour le modèle à canaux rectangulaires cet écart croît lorsque l’alti-
tude des canaux diminue. Comme le montre la Figure 3.12, les mêmes observations sont réalisées
concernant l’écart de température au sein du composite moulé, démontrant ainsi le lien entre l’ho-
mogénéité thermique dans le composite et l’homogénéité de la surface moulante.
Les résultats présentés Figure 3.13 représentent l’évolution typique des températures au sein
du composite au cours du temps. Cette évolution est similaire pour les deux modèles étudiés, ainsi
que pour chaque altitude H de canaux. Nous constatons que pour ce cas de chargement, l’écart
de température dans le composite tend à se réduire au cours du temps. Il y a homogénéisation du
champ de température dans le stratifié.
Un optimum local est également mis en évidence à l’aide de ces mesures, montrant ainsi l’im-
portance du positionnement des canaux de chauffe par rapport au composite moulé. Ce phénomène
est davantage marqué dans le modèle à canaux rectangulaires du fait que la géométrie focalise le
flux thermique, alors que le modèle circulaire le diffuse de manière homogène.
71
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
Figure 3.13 – Evolution typique des température dans le composite (Ici : Modèle rectangulaire -
H = 20 mm)
72
3.2. Études numériques
Il est essentiel de noter qu’aucune contrainte concernant les vitesses de chauffe et l’homo-
généité thermique dans le composite n’est fixée. Il s’agit donc d’une comparaison de manière
quantitative entre les deux modèles étudiés.
Il est également important de relever que plus l’altitude des canaux de chauffe est faible, plus
la masse à chauffer est faible côté composite et donc que la masse à chauffer est plus importante
vers l’extérieur du moule. Par conséquent, plus l’altitude des canaux est faible, plus le flux ther-
mique en direction du composite est faible et qu’inversement, le flux thermique en direction du
plateau presse augmente.
Ces résultats montrent qu’un outillage chauffé à l’aide de canaux à section rectangulaire, à
point de fonctionnement identique par rapport à un outillage conventionnel, permet une réduction
sensible des temps de chauffe. En contrepartie, il apparaît que la géométrie rectangulaire focalise
le flux thermique et pénalise l’homogénéité thermique.
La Figure 3.14 présente les champs de températures dans le moule et le composite pour les dif-
férents modèles à échelle de températures identique. On constate que pour une altitude H donnée,
les gradients de températures macroscopiques sont assez identiques pour les deux configurations,
avec la confirmation que le flux thermique vers le plateau de la presse (les pertes thermiques) est
plus important pour les canaux circulaires.
Figure 3.14 – Comparaison des champs de températures pour les altitudes H égales de 20 mm, 16
mm, 12 mm, 8 mm
73
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
Les résultats des simulations mécaniques réalisées pour chacun des cas sont présentées dans le
Tableau 3.5. La Figure 3.15 montre la comparaison des déplacements de l’empreinte du moule
entre le modèle circulaire et le modèle rectangulaire pour différentes altitudes des canaux de
chauffe. Il est essentiel de noter qu’aucune valeur limite pour le déplacement de l’empreinte n’est
fixée. En effet, la valeur limite acceptable pour ce critère est dépendante de l’application envisa-
gée. Il s’agit donc d’une comparaison de manière quantitative entre les deux modèles étudiés.
De manière générale, plus les canaux sont positionnés de manière proche de la surface de mou-
lage, plus le déplacement est important. De plus, il est visible que l’outillage à canaux à section
rectangulaire présente des déplacements supérieurs à l’outillage à canaux à section circulaire et
cela est d’autant plus marqué que les canaux de chauffe sont proches de la surface de moulage.
Il est cependant important de noter que la pression d’injection pour la transformation du maté-
riau composite est faible comparée aux pressions d’injection polymère. Les déplacements mesurés,
pour le modèle circulaire et pour le modèle rectangulaire restent donc maîtrisés : ∆umax = 88, 9 µm.
La Figure 3.16 présente une comparaison des champs de déplacement dans les différents mo-
dèles à échelle de déplacements identique, montrant un déplacement à surface ondulée pour les
canaux rectangulaires mais à une échelle microscopique.
H (mm) usur
min
f ace moulante
(µm) usur
max
f ace moulante
(µm) ∆usur f ace moulante (µm)
20 837 839 1,80
Circulaire
Tableau 3.5 – Comparaison des déplacements de la surface moulante pour différentes altitudes H
de canaux
74
3.2. Études numériques
Figure 3.16 – Champs de déplacements dans les modèles circulaires et rectangulaires pour les
altitudes H égales de 20 mm, 16 mm, 12 mm, 8 mm
75
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
Les simulations ont ainsi mis en évidence le fait qu’à règles de conception et qu’à point de
fonctionnement identiques, la structure avec canaux à section rectangulaire voit son coefficient
convectif diminuer mais qu’elle permet tout de même d’accroître les vitesses de chauffe jus-
qu’à 32% et donc de réduire les temps de cycle grâce à sa surface d’échange plus importante.
Cela s’explique par une augmentation sensible de la surface d’échange convective et se calcule à
l’aide de l’indice de performance correspondant au produit du coefficient convectif et de la surface
d’échange. Le gain n’est pas négligeable à l’échelle industrielle puisqu’il est répété sur les phases
de chauffe et de refroidissement pour un très grand nombre de cycles. D’autre part, le lien entre
l’homogénéité thermique au sein du composite et l’homogénéité thermique de la surface mou-
lante a été mis en évidence. Il apparaît que la structure à canaux de chauffe rectangulaires focalise
davantage le flux thermique que le modèle à canaux circulaires, réduisant de ce fait l’homogé-
néité thermique au sein du matériau transformé. Par ailleurs, la variation d’altitude des canaux
par rapport au composite moulé a mis en exergue l’impact de ce paramètre de conception sur les
performances thermiques de l’outillage. L’optimum local relevé sur la Figure 3.11 démontre égale-
ment que l’altitude des canaux n’est pas la seule variable agissant sur les performances thermiques
de la structure. En effet, l’entraxe entre les canaux, l’épaisseur totale du moule, les dimensions des
canaux et la nature des matériaux sont des paramètres impactant la thermique de la structure.
Concernant les simulations mécaniques, les résultats mettent en évidence la bonne tenue des ca-
naux de chauffe à section rectangulaire et la possibilité de les rapprocher de la surface moulante.
Il est cependant nécessaire de prendre en compte les attentes spécifiques de chaque client afin
d’adapter la tolérance concernant la déformée au niveau de la surface de moulage.
Pour conclure, malgré une conception basée sur les règles préconisées pour les outillages à
canaux circulaires et massifs, ce travail met en évidence l’intérêt thermique que peut présenter des
canaux de chauffe de forme rectangulaire. Ces résultats confirment ainsi l’intérêt pour le concept
MATTE d’intégrer ce type de canaux de chauffe dans la partie chauffante et rend de ce fait possible
une réduction sensible de l’épaisseur de la peau moulante. Il est cependant important de noter qu’il
existe un intérêt pour le passage de canaux de chauffe circulaires à rectangulaires dès lors que
l’indice de performance IPrectangulaire est supérieur à IPcirculaire . Dans le cas de systèmes de grandes
dimensions et/ou ayant un fluide caloporteur fortement visqueux, il sera préférable de conserver
des canaux circulaires afin de limiter les pertes de charge et d’avoir un indice de performance
supérieur.
Ayant démontré précédemment l’intérêt des canaux à section rectangulaire, l’objectif de cette
étude est désormais de comparer numériquement avec l’aide de l’outils THERM1 la réponse ther-
mique d’une structure massive de référence à canaux circulaires et d’une structure basée sur le
concept MATTE, c’est-à-dire, avec une peau chauffante mince possédant des canaux rectangu-
laires.
L’outillage MATTE associé à cette étude est le démonstrateur industriel destiné à mouler des
stratifiés composites de 3 mm d’épaisseur et qui sera présenté par la suite. Les données associées
au moule MATTE et au moule massif sont présentées Tableau 3.6. Les dimensions des canaux
rectangulaires sont définies de sorte à minimiser l’épaisseur de la peau chauffante, tout en garan-
76
3.2. Études numériques
Contre
6,7 30 x 2 8 40 30
Moule
Total 13,4 - - - 60
Rectangulaire
Moule 6,7 8 50 20 30
Contre
6,7 8 50 20 30
Moule
Total 13,4 - - - 60
Tableau 3.6 – Caractéristiques outillages pour une empreinte de moulage de 500 x 500 x 3 mm3
Pour cette étude, seuls les coudes à 90° sont considérés pour les singularités liées à l’écou-
lement du fluide. L’outillage massif servant de référence possède des canaux de diamètre 8 mm
situés à une altitude de 24 mm, conformément aux règles courantes de conception. Les modélisa-
tions sont présentées Figure 3.17.
Acier
20 mm
Isolant
40 mm
50 mm
Acier
8 mm
Composite
Il apparaît que le gain d’épaisseur de la partie moulante acier est de l’ordre de 85% pour le
modèle MATTE vis-à-vis du modèle massif de référence, notamment grâce au changement de
géométrie des canaux et au passage à une section rectangulaire. Les propriétés matériaux de l’ou-
tillage ont été données Tableau 3.2.
77
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
La plage de température conseillée pour le fluide caloporteur utilisé dans cette étude est com-
prise entre 100°C et 200°C. Ainsi, le cycle thermique imposé aux deux modélisations consiste en
une première phase de 2000 secondes pour la mise en température du fluide, puis une seconde
phase durant laquelle la consigne de température est fixée à 200°C. Seule la deuxième phase du
cycle thermique est utilisée pour réaliser la comparaison des performances thermiques des struc-
tures. Le cycle prend fin dès lors que le point froid du composite atteint 190°C.
Les vitesses de chauffe sont calculées à l’aide de l’équation 3.6, avec un temps final considéré
pour T = 190°C afin d’exclure l’asymptote relevée sur la courbe temps-température.
190 − 100
v= (3.6)
t190◦C − t100◦C
Les résultats obtenus sont présentés dans le Tableau 3.7 et la comparaison entre les deux struc-
tures de l’évolution au cours du temps des températures est présentée Figure 3.18. Les résultats
observés mettent en évidence le gain de temps lors de la phase de chauffe entre les deux modèles,
passant de 8419 secondes pour l’outillage de référence massif à canaux circulaires, à 1349 se-
condes pour l’outillage MATTE. Le gain observé est de l’ordre de 85% et correspond au gain de
masse entre les deux structures. Cela confirme dans un premier temps l’intérêt de la réduction des
masses à chauffer dans les outillages et cela confirme également que le passage à des canaux de
chauffe de section rectangulaire n’est pas pénalisant pour les vitesses de chauffe.
78
3.2. Études numériques
Cette étude numérique a permis de comparer les performances thermiques d’une structure
MATTE et d’une structure massive de référence. Il apparaît que la forte réduction de masse à
chauffer couplée à un passage à des canaux à section rectangulaire, permet un gain de l’ordre
de 85% sur les vitesses de chauffe. Dans cette étude, le gain thermique observé correspond es-
sentiellement au gain sur la masse à chauffer ; le gain de masse étant accru grâce aux canaux
rectangulaires de faible hauteur. Le concept MATTE confirme ainsi son intérêt thermique pour les
outillages destinés à la transformation des matériaux composites.
L’outillage MATTE associé à cette étude est le démonstrateur industriel destiné à mouler des
stratifiés composites de 3 mm d’épaisseur et qui sera présenté par la suite. Les données associées
au moule MATTE ont été présentées Tableau 3.6 et étaient identiques au modèle étudié lors de
l’étude sur l’intérêt de la réduction de la masse de la structure. La modélisation VER de l’outillage
est identique au modèle VER MATTE présenté Figure 3.17. Les propriétés matériaux ont été don-
79
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
Tout comme pour l’étude précédente, la plage de température conseillée pour le fluide ca-
loporteur utilisé dans cette étude est comprise entre 100°C et 200°C. Ainsi, le cycle thermique
imposé aux deux modélisations consiste en une première phase de 2000 secondes pour la mise
en température du fluide, puis une seconde phase durant laquelle la consigne de température est
fixée à 200°C. De même, seule la deuxième phase du cycle thermique est utilisée pour réaliser la
comparaison des performances thermiques des structures. Le cycle prend fin dès lors que le point
froid du composite atteint 190°C.
Le choix du second thermorégulateur conventionnel s’est ainsi porté sur un système existant
et proposé par l’entreprise SISE, partenaire de CT1. La masse à chauffer dans l’outillage MATTE
étant minimisée, le choix du thermorégulateur s’est porté sur un système de faible puissance ther-
mique et possédant un faible volume d’huile afin de limiter l’inertie thermique. La référence du
thermorégulateur conventionnel retenu est 210H18.
L’entreprise SISE dispose également d’une technologie de chauffe baptisée « TPC » pour
« Tube à Passage de Courant » [Parmilleux2016], mettant en jeu un système à faible volume de
fluide et forte puissance thermique. Avec cet objectif d’augmentation des vitesses de chauffe des
outillages pour le concept MATTE, ce type de procédé présente donc un intérêt fort. Le TPC re-
tenu pour cette étude possède une puissance de chauffe de 50 kW, 20 litres de fluide caloporteur
et la référence de la pompe associée est : TOE-CY-6091.
Les propriétés du fluide caloporteur, notamment la viscosité, ont un fort impact sur l’échange
convectif et donc sur les performances globales du système. Pour chaque modèle, le fluide utilisé
est l’huile Therminol D12 [Solutia2017] présentant une faible viscosité permettant de diminuer les
pertes de charge et donc d’accroître le coefficient convectif. Les études réalisées sont présentées
Tableau 3.8.
Le traitement des résultats pour ces simulations est identique à la méthode présentée dans
l’étude 3.2.2, employée pour l’étude portant sur la réduction de la masse de la structure. Pour
chaque étude, le nombre de Biot moyen entre 100°C et 200°C est calculé et présenté Tableau 3.9.
Ces résultats sont également confrontés à une étude de référence correspondant au modèle MATTE
associé au fluide et au thermorégulateur présents dans l’entreprise CT1 et présentés dans l’étude 3.2.2.
80
3.2. Études numériques
Les résultats obtenus sont présentés dans le Tableau 3.9 et le Tableau 3.10 et les évolutions au
cours du temps des températures et des ∆T sont présentées Figure 3.19a et Figure 3.19b.
81
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
Influence
thermorégulateur
Consigne Influence
viscosité
82
3.2. Études numériques
La comparaison des résultats entre l’étude de référence et l’étude 1 met en évidence l’influence
du fluide dans les performances thermiques de la structure. En effet, avec son fluide de faible vis-
cosité, l’étude 1 augmente de manière sensible l’échange convectif et par conséquent la vitesse de
chauffe de la surface moulante. Comme cela était anticipé par l’observation du nombre de Biot,
l’étude 1 possède un déphasage de température entre le fluide et la surface moulante plus faible
que l’étude de référence.
Enfin, les résultats de l’étude 3 confirment qu’un rapport « Puissance de chauffe/masse à chauf-
fer » important (système TPC), permet d’accroître de manière significative les vitesses de chauffe
du système.
Par ailleurs, les résultats observés sur les écarts de températures maximaux au cours du temps
pour chaque étude mettent en évidence et confirment le caractère antagoniste entre la vitesse de
chauffe et l’homogénéité thermique. Ainsi, l’augmentation des vitesses de chauffe provoque une
augmentation de l’écart de température dans le stratifié composite. Cela peut également être ob-
servable et prévisible à l’aide du calcul du nombre de Biot. En effet, s’agissant du rapport des
résistances thermiques de convection et de conduction, l’équation 3.7 permet la détermination du
nombre de Biot pour un mur multi-matériaux.
E paisseur
Bi = h. ∑ (3.7)
Conductivite
Le nombre de Biot devient respectivement : 8,2 ; 27,8 ; 35,0 ; 35,0 pour l’étude de référence ;
l’étude 1 ; l’étude 2 et l’étude 3. Ainsi, l’étude du nombre de Biot permet de réaliser des compa-
raisons sur l’homogénéité dans la peau chauffante et dans la structure composite et de connaître
l’impact de changement apporté aux paramètres : épaisseur, conductivité thermique, coefficient
convectif et puissance thermique. Par exemple, pour un même nombre de Biot, l’augmentation
de la puissance de chauffe provoquera une augmentation du ∆T dans le composite. Cette étude
numérique a permis de comparer les performances thermiques d’une structure MATTE associée
à différents thermorégulateurs. Il apparaît tout d’abord que les propriétés du fluide caloporteur,
notamment sa viscosité, impacte fortement l’échange convectif et donc l’efficience thermique de
la structure. De plus, il est montré que le thermorégulateur peut être caractérisé par le rapport «
masse à chauffer/puissance thermique », mettant de ce fait en évidence l’intérêt des technologies
telles que le TPC possédant un faible volume de fluide associé à une forte puissance de chauffe. Par
83
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
ailleurs, cela met en exergue l’intérêt de sélectionner un thermorégulateur de plus faible puissance
thermique et ayant un volume de fluide restreint, afin de limiter l’inertie thermique du système. Il
apparaît également à travers ces simulations le lien fort entre la vitesse de chauffe et l’homogénéité
et le caractère antagoniste de ces deux paramètres est confirmé.
Cette étude confirme ainsi le potentiel du concept MATTE en terme de performance ther-
mique et la nécessité de considérer le système complet outillage/fluide/pompe/thermorégulateur
afin de développer les outillages MATTE. Dans l’optique d’accroître les vitesses de chauffe et de
refroidissement des outillages, tout en garantissant une maîtrise spatio-temporelle de l’homogé-
néité thermique, il apparaît nécessaire de réaliser une campagne d’optimisation sur les différents
paramètres géométriques de la peau chauffante.
Afin d’accroître les performances thermiques du système, il est également envisageable d’uti-
liser deux thermorégulateurs identiques : un thermorégulateur pour la circulation dans le moule et
un thermorégulateur pour la circulation dans le contre moule. Les pertes de charge par réseau de
chauffe sont ainsi réduites de moitié, augmentant de ce fait le débit de fonctionnement et donc le
coefficient convectif.
Deux nouvelles simulations sont réalisées sur la base d’une huile Therminol D12 de faible
viscosité et la pompe TOE-CY-6091 :
— Étude 4 : Couplage de deux thermorégulateurs de 9 kW ;
— Étude 5 : Couplage de deux thermorégulateurs de 18 kW.
Les résultats obtenus pour ces deux nouvelles configurations sont présentés Tableau 3.11. Pour
rappel, l’étude 2 présentée précédemment correspond à un système équivalent de chauffe, mais ne
possède qu’un unique thermorégulateur de 18 kW. Le coefficient convectif, le temps de chauffe et
la vitesse de chauffe de la peau chauffante sont respectivement de 4501 W.m2 .K −1 , 449 secondes
et 12,2 ◦C.min−1 .
84
3.2. Études numériques
Par ailleurs, l’importance de la prise en compte du ratio "puissance de chauffe / masse à chauf-
fer" est confirmée à l’aide de l’étude 5. Le passage d’un unique thermorégulateur à deux thermo-
régulateurs de 18kW provoque une augmentation d’un facteur 2 de la vitesse de chauffe de la peau
chauffante.
Les études précédentes ont mis en évidence l’impact du débit de fonctionnement du fluide sur
le coefficient convectif. Ce débit est directement lié à la géométrie des canaux de chauffe et à la
viscosité du fluide. L’huile utilisée actuellement à CT1 étant visqueuse engendre un faible échange
convectif dans les canaux du démonstrateur MATTE (cf. étude de référence).
Une nouvelle simulations est ainsi réalisée sur la base d’une huile SHELL Oil S2 et la pompe
NIT 40-160 :
— Étude 6 : Canaux de section 30 × 4 mm2 .
Le rappel des résultats thermiques pour l’outillage à canaux de chauffe de section 30 × 2 mm2
et les résultats obtenus pour cette nouvelle configurations sont présentés Tableau 3.12.
85
Chapitre 3. Développement numérique du concept MATTE
3.3 Conclusion
Les études numériques réalisées à l’aide des outils FLUIDE1, THERM1 et MECA1 ont permis
de confirmer le fort intérêt du concept MATTE dans l’optique d’augmenter les vitesses de chauffe
et de refroidissement. Cependant, ces études ont également mis en lumière le fait que le passage
de canaux circulaires à rectangulaire, outre le fait de permettre une forte réduction de l’épaisseur
de la peau chauffante, engendrait une augmentation des pertes de charge du système. Il existe
donc un domaine d’utilisation pour lequel l’augmentation de la surface d’échange convective est
supérieure à la diminution du coefficient convectif, améliorant de ce fait le transfert de chaleur
du fluide vers l’outillage. A l’inverse, pour des structures de grandes dimensions et/ou pour des
fluides caloporteurs ayant une viscosité importante, l’échange convectif dans des canaux rectan-
gulaires peut s’avérer moindre vis-à-vis des canaux circulaires. Il est donc nécessaire pour ces
configurations de s’assurer que le gain obtenu par la réduction de la masse, grâce à l’intégration
de canaux rectangulaires, soit supérieur à la perte issue de la diminution de l’échange convectif.
Enfin, la dernière étude numérique a permis de mettre en évidence la nécessité d’intégrer les
technologies de chauffe, fluide, pompe, thermorégulateur, lors de la conception et du dimension-
nement. En effet, la nature du fluide et la pompe s’avèrent être influents sur le point de fonction-
nement du système et donc sur l’échange convectif dans les canaux de chauffe. La puissance du
thermorégulateur rapportée à la masse totale à chauffer détermine quant à elle les performances
maximales pouvant être atteintes par le système.
Ces différentes études numériques confirment ainsi le potentiel du concept MATTE et es-
quissent les premières règles de conception dans le but de rendre le système de mise en oeuvre
efficace thermiquement.
86
Validations expérimentales du concept MATTE
4
L’objectif de ce chapitre est de présenter dans un premier temps les
résultats thermiques obtenus lors d’une phase expérimentale sur un
démonstrateur laboratoire. Dans un second temps, la présentation
du démonstrateur industriel et des premiers résultats issu de la phase
expérimentale sont détaillés.
Sommaire
4.1 Démonstrateur laboratoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.1.1 Outillage laboratoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.1.2 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.1.3 Confrontation avec la simulation numérique . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.2 Démonstrateur industriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
4.2.1 Outillage industriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
4.2.2 Instrumentation et banc d’essai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
4.2.3 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.2.4 Synthèses et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
88
4.1. Démonstrateur laboratoire
Aucune cible en terme de vitesse de chauffe et d’homogénéité thermique n’est fixée pour cet
outillage innovant.
Les caractéristiques des deux outillages sont présentées Tableau 4.1 et 4.2. L’outillage de ré-
férence et ses canaux de chauffe sont présentés Figure 4.1.
Caractéristiques Unité
Dimensions outillage 570 x 570 x 110 mm3
Matériau outillage Acier – 316L -
Epaisseur isolant extérieur 10 mm
Matériau isolant extérieur Monolux -
Dimensions composite moulée 400 x 400 x 3 mm3
Matériaux composite moulé Carbone-Epoxy -
L’outillage innovant MATTE est conçu de sorte à conserver les mêmes caractéristiques que
l’outillage de référence, c’est-à-dire : mêmes dimensions outillage, mêmes matériaux et mêmes
dimensions d’empreinte de moulage.
Les modifications apportées concernent la géométrie des canaux de chauffe avec un passage à
une section rectangulaire et la proportion de chaque matériau :
89
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
— Zone de moulage acier : épaisseur 8 mm avec canaux intégrés de 30 x 2 mm2 et une distance
entre canaux de 15 mm ;
— Isolant Monolux : 45 mm ;
— Tôle acier extérieur : 3 mm pour le maintien de la structure.
90
4.1. Démonstrateur laboratoire
Figure 4.3 – Outillage innovant – Vue de la structure interne (a) peau chauffante, (b) isolant, (c)
peau extérieure
Le cycle de température imposé pour la réalisation des essais expérimentaux est présenté Fi-
gure 4.4. Pour l’outillage innovant, une première phase de 10 minutes à 25°C est fixée afin d’homo-
généiser thermiquement la structure et pour garantir une condition initiale identique entre chaque
essai. Ensuite, une phase de chauffe de 15 minutes est imposée avec une consigne de température
de 80°C. Concernant l’outillage de référence, un cycle de température similaire est imposé, seul
la durée de chauffe à 80°C est différente du fait du caractère massif de la structure. Le temps
d’homogénéisation à 25°C est quant à lui identique à l’outillage innovant.
Temperature
consigne
80◦C
Phase de
chauffe
25◦C
Phase
d’homogénéisation
thermique de 10 min Temps
Pour réaliser les mesures de températures, 16 thermocouples de type J et K sont placés sur la
zone de moulage de l’outillage étudié et la position des thermocouples est représentée Figure 4.5.
Des relevés de température sont également réalisés au sein du stratifié composite, en adoptant le
même positionnement que ceux présents sur la peau moulante. Les thermocouples sont position-
nés de sorte à relever des températures sur l’ensemble de la surface de l’outillage et également de
sorte à obtenir des mesures de température au-dessus et entre les canaux afin de les comparer aux
résultats numériques. La position des thermocouples est identique pour l’outillage de référence.
Le montage expérimental est présentée Figure 4.6.
Afin de garantir la répétabilité des essais et pour limiter les erreurs statistiques, les essais
expérimentaux sont réalisés trois fois dans des conditions identiques. Trois relevés de température
sont réalisés sur la peau moulante pour l’outillage innovant et trois relevés de température sont
réalisés pour l’outillage de référence. De même dans le stratifié, soit 12 essais. Les essais étant
réalisés trois fois, les valeurs relevées sont ensuite moyennées, puis un filtre de Stavitstky-Golay
est appliqué afin de réduire le bruit de mesure [Savitzky1964].
91
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
Figure 4.5 – Position des thermocouples pour l’outillage MATTE (à gauche) et l’outillage de
référence (à droite)
92
4.1. Démonstrateur laboratoire
Les vitesses de chauffe sont calculées à l’aide de l’équation 4.1 avec un temps final considéré
pour T = 88°C car la consigne de température étant de 90°C, une asymptote est relevée sur la
courbe temps-température.
85 − 25
v= (4.1)
t85◦C − t25◦C
Les vitesses calculées, présentées Tableau 4.3 mettent en évidence une faible réactivité du moule
de référence, pouvant être expliquée par l’aspect massif de la structure. La forte épaisseur d’acier
à chauffer provoque également un déphasage entre l’eau et la peau moulante concernant la chauffe
et le refroidissement. A l’inverse, il apparaît une bonne réactivité du moule innovant MATTE, pou-
vant être expliquée par le découplage des fonctions thermiques et mécaniques et ainsi l’obtention
d’une peau chauffante mince. La faible épaisseur d’acier à chauffer provoque également un faible
déphasage entre l’eau et la peau moulante au niveau de la chauffe et du refroidissement. De plus,
les canaux à section rectangulaire assurent également un meilleur échange convectif grâce à la
surface d’échange plus importante. Le gain observé en terme de temps de chauffe pour la surface
moulante est de l’ordre de 75% et confirme ainsi l’intérêt industriel du concept MATTE pour la
transformation des matériaux composites.
93
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
est présentée Figure 4.7. Cette évolution des températures confirme la faible réactivité thermique
de l’outillage de référence due à son aspect massif et à la position de ses canaux de chauffe. Ce
réseau de distribution du fluide n’étant pas réparti de manière homogène dans l’outillage, un gra-
dient thermique de 11,5°C apparaît en surface moulante au cours de la chauffe.
Concernant l’outillage innovant, le temps de chauffe observé pour la surface moulante est de 6
minutes et 35 secondes, avec une vitesse moyenne de 7,5°C/min. L’évolution des 16 températures
relevées sur la surface moulante et de la moyenne de ces températures est présentée Figure 4.8.
Ces résultats confirment la très bonne réactivité de l’outillage due à sa faible inertie thermique.
Le temps de chauffe de l’outillage innovant est ainsi réduit de 77% par rapport à l’outillage de
référence, pour les mêmes technologies de chauffe : même puissance de chauffe, même fluide et
même pompe. A cela s’ajoute une réduction du gradient de température sur la surface moulante de
l’outillage grâce à l’intégration de canaux rectangulaires ayant une répartition homogène dans la
structure. Comme présenté Figure 4.8, deux groupes de thermocouples apparaissent sur la surface
moulante : le premier correspondant aux thermocouples positionnés au-dessus des canaux et le
second correspondant aux thermocouples positionnés entre les canaux. Le gradient thermique en
surface moulante est donc fortement dépendant des paramètres géométriques de réseau de distri-
bution du fluide : distance entre les canaux et largeur des canaux.
94
4.1. Démonstrateur laboratoire
95
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
3 mm
45 mm
8 mm
1.5 mm
Le Tableau 4.4 présente la comparaison des résultats obtenus numériquement à l’aide de l’ou-
til THERM1 et expérimentalement.
96
4.1. Démonstrateur laboratoire
Le modèle numérique ne prenant pas en compte les effets de bord, une comparaison avec les
températures au centre de l’empreinte est menée afin d’observer la réponse thermique de deux
thermocouples dans des conditions identiques à celles du modèle numérique. Il apparaît une très
bonne corrélation entre les valeurs simulées et les valeurs mesurées expérimentalement. Les résul-
tats sont présentés Figure 4.11.
Les résultats ainsi obtenus montrent tout de même une très bonne corrélation entre les don-
nées expérimentales et les données numériques. Les outils FLUIDE1 et THERM1 s’avèrent ainsi
être représentatifs du système étudié et permettent d’envisager leur utilisation pour une campagne
d’optimisation.
Une comparaison de l’évolution des températures moyennes en surface moulante pour l’ou-
tillage de référence massif, l’outillage innovant et la simulation thermique éléments finis sur le
modèle innovant est présentée Figure 4.12. Cette comparaison met en exergue la différence de
réactivité des deux structures, dont le gain observé sur le temps de chauffe s’avère être non négli-
geable d’un point de vue industriel, car répété un grand nombre de fois lors de la phase de chauffe
et de refroidissement.
97
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
98
4.1. Démonstrateur laboratoire
Figure 4.12 – Comparaison des températures moyennes en surface moulante - outillage de réfé-
rence, innovant et simulation
-a- -b-
-c-
99
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
Par ailleurs, grâce aux relevés de températures expérimentales sur la surface moulante de l’ou-
tillage de référence et de l’outillage innovant, une interpolation de ce champ est réalisée au cours
du temps. Les champs typiques de températures pour ces deux structures, lorsque le gradient ther-
mique en surface est maximal, sont présentés Figure 4.13 et comparés au champ de température
issu de la simulation éléments finis. Cette comparaison confirme les résultats précédemment mis
en évidence concernant l’importance du réseau de circulation du fluide caloporteur et l’importance
des choix géométriques pour le réseau de canaux rectangulaires afin de maîtriser le gradient ther-
mique.
Les résultats obtenus grâce à cette campagne expérimentale permettent de confirmer le fait
que :
— Plus la masse à chauffer est importante, plus les vitesses de chauffe sont faibles ;
— Plus l’épaisseur de la partie chauffante est importante, plus le déphasage est important ;
— Meilleure est la répartition des canaux, meilleur est le champ de température sur l’empreinte
de moulage et dans le composite.
Le concept MATTE obtient ainsi des résultats expérimentaux conformes aux attentes en terme
de gain de performances thermiques comparé à un outillage massif de référence. Il confirme éga-
lement expérimentalement que le passage à des canaux de chauffe de section rectangulaire ne
pénalise pas l’échange convectif, lorsque la géométrie est étudiée de sorte à limiter les pertes de
charge, et peut ainsi permettre l’obtention d’une bonne réactivité thermique.
100
4.2. Démonstrateur industriel
2
1
La peau chauffante en 316L, présentée Figure 4.15, est constituée d’un assemblage brasé de
tôles découpées :
— 1 : tôle acier – épaisseur 2 mm ;
— 2 : tôle acier – épaisseur 4 mm : découpée au laser afin de réaliser le réseau de circulation
d’huile ;
— 3 : tôle acier – épaisseur 2 mm ;
— 4 : tôle acier – épaisseur pouvant être variable : découpée afin de réaliser l’entrefer de l’ou-
tillage et l’injection résine pour la phase RTM.
La CAO de l’outillage démonstrateur industriel est donnée en figure 4.16.
101
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
Figure 4.16 – Vues dynamiques de l’outillage démonstrateur industriel, activez les formulaires et
cliquez sur l’image si nécessaire pour charger la visualisation ; les zooms et translations sur la
CAO sont disponibles.
102
4.2. Démonstrateur industriel
103
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
Pour ces essais expérimentaux, la chauffe est réalisée à l’aide de 20 litres d’huile SHELL et
d’un thermoragulateur SISE de 18 kW. Un échangeur froid à eau permet de refroidir l’huile afin
de pouvoir réaliser des cyclages thermiques de la structure.
Dans cette étude, seuls les résultats issus de la première phase expérimentale est présentée.
Pour cette étude, le cycle thermique imposé à la structure est :
— palier de 30 minutes à 50°C ;
— chauffe à 180°C ;
— palier de 30 minutes à 180°C ;
— refroidissement à 50°C.
Pour cette première phase expérimentale, afin de pouvoir juger de la réactivité de l’outillage en
phase de chauffe et de refroidissement, ainsi que de la perte de chaleur dans le fluide entre l’entrée
et la sortie de l’outillage, les température relevées puis traitées sont :
— température entrée fluide dans le raccord outillage-thermorégulateur ;
— température sortie fluide dans le raccord outillage-thermorégulateur ;
— 4 thermocouples positionnés sur la zone centrale de la peau chauffante, au-dessus du canal
de chauffe.
104
4.2. Démonstrateur industriel
105
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
L’observation de l’évolution des températures, Figure 4.19, confirme la très bonne réactivité
thermique de la structure MATTE du fait des faibles épaisseurs d’acier en jeu. Ainsi, les tempé-
ratures en surface moulante possèdent le même profil que les températures du fluide en entrée et
sortie d’outillage. Cette observation, couplée à l’observation de l’évolution des vitesses de chauffe
et de refroidissement, Figure 4.20, met en lumière la limite technologique liée au thermorégula-
teur. En effet, le profil de vitesse de la peau chauffante s’avère être identique au profil de vitesse
du fluide : les performances de l’outillage MATTE sont donc limitées par les performances du
thermorégulateur.
Le profil des vitesses pour les phases de chauffe (valeurs positives des vitesses) est constitué
de 3 phases distinctes :
1. augmentation rapide et quasi-linéaire de la vitesse de 0 à 10◦C.min−1 ;
2. stagnation de la vitesse à 10◦C.min−1 ;
3. diminution rapide et quasi-linéaire de la vitesse de 10 à 0◦C.min−1 .
106
4.2. Démonstrateur industriel
— de l’inertie de l’outillage ;
— de l’échange convectif dans les canaux de chauffe.
Le profil des vitesses pour les phases de refroidissement (valeurs négatives des vitesses) est
constitué quant à lui de 2 phases distinctes :
1. augmentation brutale et quasi-linéaire de la vitesse de 0 à 15◦C.min−1 ;
2. diminution progressive de la vitesse.
107
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
Il apparaît Figure 4.22, que l’écart de température entre l’entrée-sortie du fluide et la vitesse
de chauffe du fluide semblent être corrélés pour les phases de chauffe du système. Cette corréla-
tion permet, pour une structure donnée, d’estimer en amont l’écart de température entre l’entrée et
la sortie du fluide lorsque les performances du thermorégulateur sont connues. Cette information
peut être une donnée utile lors de la phase de conception et de dimensionnement de l’outillage,
car pour des structures de grandes dimensions, un gradient thermique trop important au niveau
du fluide peut générer un gradient thermique sur la surface moulante supérieur aux attentes des
clients. Il est donc primordial lors de ces phases de conception et de dimensionnement de pouvoir
estimer cette valeur de ∆T f luide afin de pouvoir dimensionner le réseau de distribution du fluide et
la pompe en conséquence. Si besoin est, il peut également être envisagé de multiplier les zones
de chauffe à l’aide de plusieurs thermorégulateurs. A partir de l’équation 3.3, et en faisant l’hypo-
thèse que l’ensemble de la chaleur fournie par le thermorégulateur est transmise par le fluide à la
structure, il est possible d’obtenir une estimation de ce gradient de température, équation 4.2. Lors
des prochaines phases expérimentales, de nouvelles mesures de l’écart de température du fluide
∆T f luide seront réalisées dans le but de confronter les résultats expérimentaux aux résultats analy-
tiques issus de l’équatiion 4.2 et de FLUIDE1. L’objectif sera également d’étudier les possibles
corrélations entre ∆T f luide et les relevés de température sur la peau chauffante.
Pthermo. .∆t
∆T f luide = (4.2)
m f luide .Cp f luide
Pthermo.
∆T f luide = (4.3)
Q̇ f luide .Cp f luide
108
4.2. Démonstrateur industriel
Une synthèse des résultats expérimentaux relevés, vitesse maximale, vitesse moyenne, ∆T fmax
luide
max
et ∆Tempreinte , est donnée Tableau 4.5.
Il est cependant important de noter que de nouvelles phases expérimentales sont en cours au
sein de l’entreprise dans le but de pouvoir exploiter la totalité de l’instrumentation présente dans
la structure : relevés de températures sur la totalité de la surface moulante, relevés de températures
sur et entre les canaux, . . .
Par la suite, un modèle 2D et un modèle 3D seront mis en place en intégrant les spécificités de
modélisation des outils FLUIDE1 et THERM1, puis une confrontation expérimental-numérique
sera réalisée.
1. Production simultané de fluide froid et chaud dans des réservoirs séparés et distribution du fluide à la température
voulue par mélange.
109
Chapitre 4. Validations expérimentales du concept MATTE
4.3 Conclusion
Dans un premier temps, un démonstrateur laboratoire a été mis en place avec pour objectif de
valider expérimentalement l’intérêt du concept MATTE grâce à une confrontation directe avec un
outillage conventionnel équivalent tel qu’utilisé aujourd’hui dans l’industrie. Ces essais ont éga-
lement permis de vérifier la fiabilité des outils numériques développés. Les résultats thermiques
obtenus expérimentalement ont confirmé les gains prévus par le modèle numérique, c’est-à-dire
augmentation des vitesses de chauffe de l’ordre de 75% et diminution de l’écart de température
sur la surface moulante. Par ailleurs, la confrontation entre les résultats numériques et les résultats
expérimentaux met en évidence la bonne représentativité du modèle éléments finis et ouvre la voie
à une campagne d’optimisation sur le concept MATTE.
Les résultats numériques et expérimentaux à l’échelle laboratoire ont permis de valider les
choix technologiques réalisés pour le concept MATTE :
— Canaux de chauffe rectangulaire pour la réduction de l’épaisseur de la peau chauffante tout
en garantissant un bon échange convectif ;
— Canaux de chauffe en serpentin afin de maîtriser le champ de température sur la surface
moulante ;
— Nécessité de prise en compte des technologies de chauffe dans la démarche de dimension-
nement numérique.
Dans un second temps, un démonstrateur industriel a été mis en place avec pour objectif de
valider les premiers points techniques liés à la fabrication et de confirmer expérimentalement l’in-
térêt du concept MATTE dans un contexte industriel, avec des températures d’utilisation atteignant
180◦C. Il a été démontré lors de cette première phase expérimentale la très bonne réactivité ther-
mique de l’outillage en phase de chauffe et de refroidissement, la limite sur les vitesses étant due au
thermorégulateur lui-même (10◦C.min− 1 en chauffe et 15◦C.min− 1 en refroidissement). De nou-
velles campagnes expérimentales vont être menées au sein de l’entreprise CT1 afin d’observer le
comportement thermique et mécanique de la structure lors de consolidation de pré-imprégnés sous
15 bars de pression, mais également pour affiner la caractérisation des performances thermiques
de l’outillage à l’aide d’un système SKID. Des modèles numériques 2D et 3D seront également
mis en place en intégrant les outils FLUIDE1, THERM1 et MECA1 afin de mener une confronta-
tion numérique-expérimental.
Il apparaît désormais nécessaire de mener une campagne d’optimisation dans le but de quan-
tifier l’influence de chacun des paramètres géométriques et technologiques vis-à-vis des objectifs
thermiques et mécaniques fixés. Ces résultats permettront d’éditer des règles de conception adap-
tées aux différents besoins des industriels (cadence, performance pièce. . . ) et ainsi faciliter les
choix de conception par le bureau d’étude.
110
Optimisation et outil d’aide à la conception
5
L’optimisation de structures est courante dans les domaines de la
mécanique [Roux2011, Leh2015] mais est généralement une tâche
complexe et coûteuse en temps de calculs. L’optimisation thermomé-
canique de la structure MATTE avec la prise en compte des techno-
logies environnantes (thermorégulateur et pompe) ajoute un degré
de complexité à ces travaux de thèse. L’objectif de ce chapitre est
de présenter une démarche d’optimisation permettant d’obtenir une
solution optimale approchée, fiable, pour un coût minimal.
Sommaire
5.1 Optimisation thermo-mécanique du concept MATTE . . . . . . . . . . . . 113
5.1.1 Méthode, modèles et métamodèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
5.1.2 Résultats et discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
5.1.3 Compléments d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
5.1.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
5.2 Outil d’aide à la conception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
5.2.1 Démarche mise en place . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
5.2.2 Exemple d’utilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
5.2.3 Principaux résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
5.2.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
5.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
112
5.1. Optimisation thermo-mécanique du concept MATTE
Pour cette étude, suite à l’étude des différentes méthodes d’optimisation possibles (Annexe A),
la démarche mise en place retenue consiste à :
1. Observer les réponses thermomécaniques sur le modèle d’outillage conventionnel massif ;
2. Optimiser la géométrie de cet outillage à canaux de chauffe circulaires ;
3. Optimiser la géométrie d’un outillage de même géométrie, à canaux de chauffe rectangu-
laires.
La modélisation numérique éléments finis, présentée Figure 5.1, est basée sur l’outil-métier
THERM1 et est réalisée sur une structure VER 2D afin de négliger les effets de bords et pour se
focaliser sur la zone de chauffe des outillages.
Pour les simulations thermiques, la température initiale est de 25°C et la consigne de tem-
pérature fixée est de 80°C. Les lignes latérales et la ligne inférieure étant des plans de symé-
tries, une condition adiabatique est appliquée : flux thermique nul. Une convection naturelle
est appliquée sur la ligne supérieure de la tôle acier extérieure : température = 25°C et ha = 5
W.m−2 .K −1 [Müller-Steinhagen2016]. Une convection forcée est appliquée dans les canaux de
chauffe par l’intermédiaire des éléments liens thermiques. Le coefficient convectif est déterminé
par la méthode présentée dans les études de Collomb et al. [Collomb2017a] et avec la prise en
compte des données de la pompe du thermorégulateur, de la nature du fluide et de la température.
Le fluide utilisé pour la thermorégulation est dans un premier temps de l’eau, puis dans un second
113
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
temps de l’huile Therminol D12. La chauffe est quant à elle réalisée par l’application d’une puis-
sance thermique de 12 kW régulée par PID, sur l’élément masse thermique et correspondant à la
puissance du thermorégulateur. Les phénomènes liés à la réticulation de la résine (dont l’exother-
mie) ne sont pas pris en compte.
Pour les simulations mécaniques, les plans de symétries sont conservés. La structure est consi-
dérée comme étant sous presse : le déplacement vertical de la ligne supérieure de la tôle extérieure
est bloqué. Une pression de 15 bars correspondant à l’injection de la résine est appliquée sur la
surface de moulage. Une pression de 3,5 bars est appliquée sur les canaux de chauffe, correspon-
dant à la pression du fluide mis en circulation.
5 mm Caisson
externe
10 mm Isolant
16 mm
Canaux de chauffe
8 mm Liens thermiques
16 mm Outillage
Composite
Masse thermique
16 mm
114
5.1. Optimisation thermo-mécanique du concept MATTE
Eau Huile
tchau f f e (s) 910 3659
Référence
∆T (◦C) 0,06 0,03
umax (mm) 3,99 3,99
Par la suite, une optimisation est réalisée sur le modèle circulaire, puis sur le modèle rectan-
gulaire. L’optimisation est réalisée en deux étapes :
1. Création des métamodèles thermomécaniques à l’aide de la méthodologie des plans d’expé-
riences [Fisher1925, Taguchi1978] et des surfaces de réponses (RSM) ;
2. Optimisation mono-objective sous contrainte par algorithme génétique (GA), dont la mé-
thode a vu le jour avec les travaux de Holland [Holland1962].
La stratégie globale adoptée pour l’optimisation est donc présentée Figure 5.2.
Début
Optimisation par AG
Non
Précis ?
Oui
Fin
La modélisation éléments finis de l’outillage à canaux de chauffe circulaire, les variables d’op-
timisation et les critères d’optimisation sont présentés Figure 5.3 et Tableau 5.2. La modélisa-
115
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
tion de l’outillage à canaux de chauffe rectangulaire, dont l’intérêt thermique a été montré [Col-
lomb2017a], est basée sur un outillage démonstrateur laboratoire présenté Figure 5.4. La modéli-
sation éléments finis de l’outillage à canaux de chauffe circulaire, les variables d’optimisation et
les critères d’optimisation sont également présentés Figure 5.3 et Tableau 5.2. Les niveaux min et
max de chacune des variables sont sélectionnés en fonction de contraintes de fabrication.
-a-
-b-
A F
B D
C E G
Dans le but de limiter les problématiques de dilatations différentielles, l’épaisseur d’acier si-
tuée en dessous et au-dessus des canaux est identique.
116
5.1. Optimisation thermo-mécanique du concept MATTE
Masse thermique
Composite
Lien thermique
Outillage avec canaux rectangulaires
Isolant
Caisson acier
Figure 5.4 – Outillage à faible inertie thermique avec canaux de chauffe rectangulaires et modé-
lisation VER
Min Max
A Diamètre canal 4 mm 15 mm
circulaire
Modèle
B Épaisseur acier 2 mm 15 mm
C Distance entre canaux 5 mm 40 mm
D Epaisseur acier 2 mm 15 mm
rectangulaire
Modèle
E Demi-largeur canal 5 mm 20 mm
F Hauteur canal 2 mm 10 mm
G Distance entre canaux 5 mm 40 mm
contraintes
Objectif et
117
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
La construction des surfaces de réponses est réalisée à l’aide du logiciel Ellistat et de la mé-
thode de remplissage d’espace Latin Hypercube Sampling (LHD) [Tang1993]. Cette méthode per-
met de générer une distribution aléatoire d’expériences tout en maîtrisant le nombre d’essais, dans
le but d’obtenir des métamodèles prédictifs pouvant être utilisés dans la phase d’optimisation par
algorithme génétique.
Une analyse de la variance, ANAVAR, est réalisée afin de déterminer par le test d’adéquation
à la loi de Fisher les facteurs et les interactions ayant de l’influence sur la réponse observée. Les
métamodèles quadratiques ou cubiques pertinents construits présentent ainsi des p-values 1 < 0,01
pour les métamodèles mécaniques et métamodèles thermiques chauffés à l’eau et des p-values
comprises entre 0,01 et 0,05 pour les métamodèles chauffés à l’huile.
Les métamodèles polynomiaux pour la thermique obtenus pour le modèle circulaire sont pré-
sentés équations (5.1 ; 5.2) pour la chauffe à l’eau et équations (5.3 ; 5.4) pour la chauffe à l’huile.
Le métamodèle polynomial pour la mécanique est présenté équation 5.5 et est commun pour les
deux chauffes.
eau
tcirculaire =1617.7 − 348.1 × A + 59.72 × B − 4.593 ×C
(5.1)
+ 31.46 × A2 − 0.891 × A3 − 3.016 × AB + 0.471 × AC
eau
∆Tcirculaire =0.295 − 0.182 × B + 0.074 ×C + 0.016 × B2 + 0.003 ×C2
(5.2)
+ 0.001 × AC − 0.013 × BC
huile
tcirculaire = 13614 − 3183 × A + 359 × B − 79.2 ×C + 266 × A2
(5.3)
− 7.44 × A3 − 21.5 × AB + 6.21 × AC
huile
∆Tcirculaire = 0.901 − 0.453 × B + 0.056 × B2 + 0.0022 ×C2 − 0.0014 × B3
(5.4)
− 0.0061 × AB + 0.011 × AC − 0.009 × BC − 0.0004 × ABC
2
umax
circulaire = 3.618 + 0.0456 × A + 0.00148 × B + 0.00231 × AB − 0.00011 × BC (5.5)
Les métamodèles polynomiaux pour la thermique obtenus pour le modèle rectangulaire sont
présentés équations (5.6 ; 5.7) pour la chauffe à l’eau et équations (5.8 ; 5.9) pour la chauffe à
l’huile. Le métamodèle polynomial pour la mécanique est présenté équation 5.10 et est commun
pour les deux chauffes.
eau
trectangulaire = 450.6 + 18.51 × D − 10.65 × E + 0.973 × D2 + 0.306 × E 2
+ 0.281 × F 2 + 0.041 × G2 − 0.036 × D3 − 0.003 × E 3 (5.6)
− 0.145 × DE − 0.21 × DF − 0.04 × DG + 0.24 × EF
eau
∆Trectangulaire = −0.589 − 0.229 × D + 0.076 × E + 0.153 × G + 0.015 × D2
− 0.002 × E 2 + 0.003 × G2 + 0.007 × DF − 0.015 × DG (5.7)
− 0.002 × EF + 0.003 × EG − 0.006 × F
huile
trectangulaire = 2273 + 141 × D − 107 × E − 180 × F − 8.06 × G + 1.33 × E 2
+ 6.3 × F 2 − 2.18 × DE − 1.68 × DF − 0.45 × DG + 3.67 × EF (5.8)
+ 0.36 × EG + 0.78 × FG
1. probabilité pour un modèle statistique donnée sous l’hypothèse nulle d’obtenir la même valeur
118
5.1. Optimisation thermo-mécanique du concept MATTE
huile
∆Trectangulaire = 1.73 − 0.59 × D + 0.14 × G + 0.054 × D2 − 0.0036 × G2
(5.9)
− 0.0086 × DE − 0.029 × DG − 0.009 × EG − 0.0045 × FG
2 2 3
umax
rectangulaire = 15.86 − 5.13 × D + 0.615 × D + 0.022 × E − 0.019 × D
(5.10)
− 0.0002 × E 3 − 0.051 × DE
Pour chacun des métamodèle les coefficients de corrélation R2 ,R2ad j et R2press , respectivement
coefficient de corrélation multiple, coefficient de corrélation ajusté et coefficient de corrélation
prédictif, ont été calculés et sont présentés Tableau 5.3. Le coefficient de corrélation multiple cor-
respond à la variation expliquée par le métamodèle et donc à la qualité de la régression. Ce critère
ayant tendance à augmenter avec le nombre d’expériences, il est préférable d’utiliser le coeffi-
cient de corrélation ajusté qui fait intervenir les degrés de liberté du métamodèle. Le coefficient de
corrélation prédictif permet à l’aide d’une validation croisée « leave-one-out » de mesurer la qua-
lité de prédiction du métamodèle [Leh2013]. Les coefficients de corrélation présentés Tableau 5.3
confirment la très bonne qualité des métamodèles mathématiques construit puisque les valeurs
sont proches de 1.
Pour chacun des métamodèles créés, il est possible de déterminer l’influence des paramètres du
modèle vis-à-vis des réponses thermiques et mécaniques. Pour des raisons technologiques, écono-
miques, de mise en œuvre. . . il est parfois plus ou moins complexe de modifier certains paramètres
géométriques de l’outillage. La mise en corrélation des paramètres influents du modèle avec ces
contraintes technologiques, économiques. . . peuvent ainsi faciliter la prise de décision lors de la
phase de conception et de dimensionnement des outillages. Les trois principaux termes influents
pour chacun des métamodèles créés sont résumés Tableau 5.4.
119
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
Cette étude de l’influence des paramètres révèle que pour le modèle à canaux circulaires, les
trois paramètres géométriques ont de l’influence sur les réponses thermiques (temps et ∆T ), tan-
dis que que seul le paramètre A (diamètre du canal) a de l’influence sur la réponse mécanique.
Concernant le modèle à canaux rectangulaires, les paramètres D, E et G (épaisseur acier, demi-
largeur canal et distance entre canaux) ont de l’influence sur les réponses thermiques. La réponse
mécanique est pour sa part essentiellement pilotée par les paramètres D et E. Le paramètre F (hau-
teur canal) présente donc peu d’influence sur les réponses thermomécaniques dans le domaine
étudié.
120
5.1. Optimisation thermo-mécanique du concept MATTE
Référence
circulaire
B : épaisseur acier sous le canal 16 mm 16 mm
C : distance entre canaux 16 mm 16 mm
Circulaire A : diamètre canal 9 mm 15 mm
optimisé
B : épaisseur acier sous le canal 2 mm 2 mm
C : distance entre canaux 17 mm 5 mm
D : épaisseur acier sous le canal 2,5 mm 5 mm
Rectangulaire
optimisé
E : demi-largeur de canal 18 mm 35 mm
F : hauteur du canal 2 mm 4,5 mm
G distance entre les canaux 5 mm 5 mm
-b - -c-
-a-
-d - -e-
Figure 5.5 – Comparaison entre -a- la structure massive de référence et les modèles optimisés -b-
circulaire eau, -c- rectangulaire eau, -d- circulaire huile et –e- rectangulaire huile
121
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
Les résultats prédictifs des modèles optimaux réalisés à l’aide des métamodèles et les résul-
tats issus d’une vérification éléments finis sont comparés Tableau 5.6. Sur le domaine d’étude,
les erreurs de prédiction sont inférieures à 5% pour les métamodèles thermiques et inférieures à
10% pour le métamodèle mécanique, ce qui confirme la qualité des métamodèles utilisés pour
l’optimisation. Les comparaisons des temps de chauffe entre le modèle de référence, le modèle
optimisé circulaire et le modèle optimisé rectangulaire sont présentées respectivement Figure 5.5a
et Figure 5.5b pour la chauffe à l’eau et la chauffe à l’huile.
Concernant la chauffe à l’eau, le modèle circulaire optimisé, Figure 5.5b, est essentiellement
piloté par les aspects thermiques car la géométrie circulaire des canaux permet une très bonne
reprise des efforts mécaniques. L’optimum géométrique est donc le compromis permettant de mi-
nimiser le temps de chauffe tout en maîtrisant l’écart de température à 2°C sur la surface moulante.
La prise en compte des aspects technologiques (pertes de charge, pompe et fluide) s’avère être pri-
mordiale dans cette étude car il apparaît que la solution optimale ne minimise pas totalement
l’entraxe entre les canaux et le diamètre des canaux (donc la masse d’acier). En effet, dès lors que
le diamètre et la distance entre les canaux diminue, il est nécessaire de multiplier le nombre de ca-
naux, ce qui augmente les pertes de charge et donc réduit les débits de fonctionnement et l’échange
convectif. La solution optimale pour ce cas d’étude est donc une géométrie qui minimise l’épais-
seur d’acier de part et d’autre des canaux tout en faisant un compromis entre le diamètre des
canaux et l’entraxe afin de limiter l’écart de température en surface moulante tout en minimisant
la masse d’acier.
Le modèle rectangulaire, Figure 5.5c, est quant à lui piloté par la contrainte mécanique. L’op-
timum géométrique consiste donc pour ce cas d’étude à une géométrie qui minimise la distance
entre canaux et la hauteur de ceux-ci pour minimiser la masse d’acier et qui fait un compromis
entre la largeur des canaux et l’épaisseur d’acier de part et d’autre des canaux afin de satisfaire la
tenue mécanique tout en limitant la masse d’acier.
122
5.1. Optimisation thermo-mécanique du concept MATTE
123
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
Il apparaît qu’avec la chauffe à l’eau, l’optimisation du modèle circulaire permet une réduction
du temps de chauffe de 48% par rapport à la référence massive, tandis que le modèle rectangulaire
permet la réduction du temps de chauffe de 57%. Le passage à des canaux de chauffe optimisés
de section rectangulaire permet ainsi une réduction du temps de chauffe de l’ordre de 20% par
rapport au modèle circulaire optimisé.
Concernant la chauffe à l’huile, les optima obtenus pour le modèle circulaire et le modèle
rectangulaire, respectivement Figure 5.5d et Figure 5.5e, s’avèrent répondre aux mêmes problé-
matiques que pour la chauffe à l’eau, à savoir :
— Modèle circulaire : contrainte mécanique peu influente, recherche d’un compromis permet-
tant la minimisation de la masse tout en garantissant une chauffe rapide et homogène ;
— Modèle rectangulaire : contrainte d’homogénéité peu influente, recherche d’un compromis
permettant la minimisation de la masse tout en garantissant une bonne tenue mécanique.
Cependant, l’huile ayant une viscosité plus importante que l’eau, les géométries de canaux
obtenues pour les modèles chauffés à l’huile présentent une section d’écoulement plus importante
que les géométries de canaux des modèles chauffés à l’eau afin de limiter les pertes de charge.
Il apparaît qu’avec la chauffe à l’huile, l’optimisation du modèle circulaire permet une réduc-
tion du temps de chauffe de 78%, tandis que le modèle rectangulaire permet la réduction du temps
de chauffe de 88%. Le passage à des canaux de chauffe optimisés de section rectangulaire permet
ainsi une réduction du temps de chauffe de l’ordre de 45% par rapport au modèle circulaire opti-
misé.
La comparaison des dimensions des blocs acier nécessaire pour la fabrication des moules et
des masses estimées associées est présenté Tableau 5.7. Cette comparaison met en évidence la ré-
duction possible de la masse d’acier dans la structure, permettant de réduire les temps de chauffe
ou de réduire la consommation énergétique du système, mais également de faciliter la manutention
de la structure. Cette réduction de la masse d’acier rend par ailleurs attractif les procédés de fabri-
cation additive pour lesquels le coût de fabrication est essentiellement lié à la masse de matériau
déposé et non à la complexité du produit.
Par ailleurs, les gains observés sur le temps de chauffe permettent également une réduction
du coût énergétique et donc financier par pièce composite injectée. En effet, en considérant que
l’essentiel du coût énergétique correspond à la phase de chauffe du système, c’est-à-dire de t = 0 à
t = tchau f f e et sans la prise en compte des phénomènes physicochimiques liés à la transformation du
composite, le bilan énergétique du système peut être défini par l’équation 5.11, avec Est l’énergie
thermique stockée par le système, Ein l’énergie apportée par le thermorégulateur et Eout les pertes
thermiques.
124
5.1. Optimisation thermo-mécanique du concept MATTE
125
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
Eau
Circulaire 8,15E-03 63,6 51,6
Rectangulaire 4,39E-03 34,2 26,6
Référence 2,51E-02 195,7 185,4
Huile
Tableau 5.7 – Dimensions et masses des blocs acier pour les moules
E = P.tchau f f e (5.12)
126
5.1. Optimisation thermo-mécanique du concept MATTE
Les caractéristiques géométriques obtenues après optimisation sont présentées Tableau 5.9 et
les résultats thermomécaniques associés sont présentés Tableau 5.10.
Circulaire Rectangulaire
Cas n° A B C D E F G
0 9 2 17 2,5 18 2 5
1 8,5 2 30 2,5 18 2 5
2 8 2 40 2,5 18 2 5
3 8 2 40 2 25 2 5
127
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
5.1.4 Synthèse
En résumé, grâce à cette étude d’optimisation numérique, il apparaît que le modèle à canaux
de chauffe circulaires présente une bonne reprise des efforts mécaniques et donc que l’optimisa-
tion consiste essentiellement à un compromis permettant de minimiser le temps de chauffe par
la réduction de la masse, tout en maîtrisant l’écart de température sur la surface moulante et les
pertes de charge. Le modèle à canaux rectangulaires quant à lui permet l’obtention d’une bonne
homogénéité thermique. L’optimisation consiste donc à obtenir un compromis permettant de mi-
nimiser le temps de chauffe par la réduction de la masse, tout en garantissant une tenue mécanique
suffisante. Les gains observés sur le temps de chauffe pour le modèle circulaire optimisé, vis-à-vis
de la structure de référence sont de 48 et 78%, respectivement pour la chauffe à l’eau et la chauffe
à l’huile. Les gains observés pour le modèle rectangulaire optimisé, vis-à-vis du modèle de réfé-
rence sont de 57 et 88%, respectivement pour la chauffe à l’eau et la chauffe à l’huile. Il apparaît
également dans cette étude que les résultats thermomécaniques de la structure à canaux de chauffe
rectangulaires sont fortement dépendantes des contraintes, notamment mécaniques, imposées par
un cahier des charges. Dans un souci d’efficacité de mise en œuvre des matériaux composites,
il apparaît donc essentiel d’optimiser la partie chauffante des outillages en fonction des besoins
clients afin d’obtenir un compromis entre la vitesse de chauffe, l’homogénéité et la tenue méca-
nique. Les gains observés pour le modèle rectangulaire optimisé, vis-à-vis du modèle circulaire
optimisé sont de 20 et 47%, respectivement pour la chauffe à l’eau et la chauffe à l’huile. Ces gains
de vitesse s’avèrent être non négligeables à l’échelle industrielle puisque répétés sur les phases de
chauffe et de refroidissement pour un très grand nombre de cycles.
Pour conclure, cette étude confirme donc :
— l’intérêt des outillages à faible inertie thermique afin d’améliorer les performances thermo-
mécaniques des structures ;
— la nécessité de prendre en compte la nature du fluide et les éléments technologiques pour la
conception et les études d’un outillage ;
— l’intérêt que présente des canaux de chauffe de section rectangulaire pour réaliser la ther-
morégulation d’outillage.
128
5.2. Outil d’aide à la conception
Un des objectifs de ces travaux de thèse consiste à la transmission de ces outils au sein du bu-
reau d’étude afin de pouvoir par la suite faciliter les choix de conception en fonction des besoins
du client et permettre les vérifications éléments finis des performances thermomécaniques.
Dans cette optique, un outil d’aide à la conception est développé. Son objectif consiste à pro-
poser au bureau d’étude des solutions géométriques pour la peau chauffante et l’estimation des
performances thermomécaniques associées en fonction des données technologiques transmises
par le client.
La démarche mise en place pour la création de la base de données des simulations thermoméca-
nique est présentée Figure 5.8. Le processus repose sur l’exploitation des outils-métier FLUIDE1,
THERM1 et MECA1, ainsi que le logiciel Ellistat pour la génération des surfaces de réponses.
Pour cette phase de création de la base de données, les variables géométriques de la peau
chauffante MATTE sont identiques aux variables utilisées pour l’étude d’optimisation 5.1 et sont
présentées Tableau 5.2. Les surfaces de réponses sur le temps de chauffe t, l’écart de température
maximal sur la surface moulante ∆T et le déplacement maximal umax de la peau chauffante sont
construites après la réalisation des simulations thermomécaniques, dont les expérimentations sont
déterminées à l’aide du logiciel Ellistat et de la méthode de remplissage d’espace Latin Hyper-
cube Sampling (LHD). Cette démarche est appliquée pour différents thermorégulateurs, différents
fluides caloporteurs et différentes dimensions de surfaces moulantes :
— Thermorégulateurs à eau SISE : 180E40P ;
— Thermorégulateur à huile SISE : 210H18 et XH40 ;
— Eau ;
— Huile Therminol ADX10 ;
— Huile SHELL ;
— Surface moulante de 0,5 m2 ;
— Surface moulante de 1 m2 ;
— Surface moulante de 2 m2 .
129
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
Domaines d’étude
Création table
Choix du thermorégulateur
Simulations thermiques et mécaniques
Choix du fluide
FLUIDE1 MECA1
THERM1
thermiques mécaniques
130
5.2. Outil d’aide à la conception
Par la suite, il sera possible de compléter cette base de données par de nouveaux couples
thermorégulateur-fluide-surface et par l’exploitation du processus de construction de la base de
données présenté Figure 5.8. Ce processus pourra également être exploité sur de nouvelles géo-
métries, telles que des outillages à canaux de chauffe circulaires.
131
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
Données client
Système de thermorégulation, géométrie pièce
d’entrées
Données
attentes client
base de données
système de chauffe
132
5.2. Outil d’aide à la conception
L’outil génère une figure comparative des différentes solutions présentes dans la base de don-
nées, Figure 5.10, et répondant aux critères du client.
Toutes les contraintes industrielles n’étant pas intégrées à l’outil, il est nécessaire de faire ap-
pel à l’expertise d’un ingénieur du bureau d’étude pour le choix de la configuration. Après étude
des différentes solutions proposées, nous considérons que le bureau d’étude sélectionne la confi-
guration n◦ 972 et décide de réaliser des ajustements sur les données géométriques de la peau
chauffante afin de satisfaire des contraintes technologiques liées à la mise en oeuvre. Les données
géométriques de la peau chauffante sont présentées Tableau 5.11.
Après vérification éléments finis à l’aide des outils THERM1 et MECA1, nous obtenons les
réponses thermomécaniques présentées Tableau 5.11. Ces résultats permettent ainsi au bureau
d’étude d’obtenir de manière simple et rapide un ordre de grandeur des dimensions de la peau
chauffante pouvant être utilisées pour la conception de l’outillage MATTE, ainsi qu’un aperçu des
performances thermomécaniques sur la base des hypothèses fixées dans les modèles.
133
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
Tableau 5.11 – Géométrie issue de la base de données et ajustements du bureau d’étude (BE)
La masse totale est calculée à l’aide de l’équation 5.13 en considérant que seuls le fluide et
la peau moulante chauffent. La masse du fluide présent dans le thermorégulateur est déterminée à
l’aide de la fiche technique, tandis que la masse de fluide dans les canaux est calculée pour cha-
cune des configurations en fonction de la géométrie de la peau chauffante.
mtotale = mtotale
f luide + m peau chau f f ante (5.13)
Avec :
Les configurations qui ont un temps de chauffe supérieurs à 10000 secondes sont exclues de
la figure car elles correspondent à des géométries de peaux chauffantes provoquant un écoulement
laminaire du fluide caloporteur. Ces configurations nécessiteraient un nouveau domaine d’étude
pour la géométrie de la peau chauffante.
134
5.2. Outil d’aide à la conception
(a)
(b)
(c)
135
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
Il apparaît sur la Figure 5.11 que la nature du fluide et la dimension de la surface moulante
sont deux facteurs influents sur le temps de chauffe du système.
Par ailleurs, l’observation sur la Figure 5.11 du positionnement des différents systèmes simulés
laisse apparaître une dispersion des configurations d’autant plus grande que la viscosité du fluide
est importante. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que pour une même plage de ratio P/m,
il existe différentes configurations géométriques de la peau chauffante : différentes sections de
canaux, distances entre les canaux. . . Ainsi, pour un système de chauffe avec une huile visqueuse
telle que la SHELL, les variations de pertes de charge et de la surface d’échange d’une configu-
ration à une autre peuvent être importantes et donc affecter l’échange convectif, provoquant une
augmentation du temps de chauffe. A l’inverse, pour un système de chauffe à l’eau, la viscosité
étant faible, les variations de pertes de charge d’une configuration à une autre s’avère limitées,
réduisant la dispersion sur les résultats.
Influence du thermorégulateur
Il apparaît sur la Figure 5.11 que le passage d’une configuration 18 kW à 40 kW, Figure 5.11a
pour l’huile SHELL et Figure 5.11b pour l’huile Therminol, provoque une augmentation du ratio
136
5.2. Outil d’aide à la conception
Ainsi, après calcul du ratio P/mthermo. , avec mthermo. la masse du fluide présent dans le ther-
morégulateur, nous obtenons des ratios de 1, 2 kW.l −1 et de 0, 9 kW.l −1 , respectivement pour le
thermorégulateur de 18 kW et de 40 kW. Le thermorégulateur de 18 kW a donc une capacité de
chauffe du fluide dans la chaudière plus importante que le thermorégulateur de 40 kW. Le fluide
chauffe donc de manière plus rapide, permettant une chauffe de l’outillage plus rapide également.
La Figure 5.12 présente l’écart de température maximal sur la peau chauffante en fonction du
temps de chauffe, pour les différents fluides caloporteurs, les différents thermorégulateurs et les
différentes surfaces moulantes. De même que pour la Figure 5.11, la Figure 5.12 exclut les confi-
gurations qui ont un temps de chauffe supérieur à 10000 secondes.
L’observation des résultats Figure 5.12 met en évidence le lien existant entre le temps de
chauffe et l’écart de température sur la surface chauffante. L’affichage des différentes configura-
tions simulées laisse apparaître un front limite, similaire à un front de Pareto, correspondant aux
limites liées à l’outillage, aux technologies de chauffe et aux physiques en jeu (fluidique et ther-
mique).
Par ailleurs, comme observé Figure 5.11, il est également mis en évidence Figure 5.12 l’in-
fluence des pertes de charge sur les performances thermiques du système. En effet, le passage
d’un fluide peu visqueux à un fluide visqueux, et/ou l’augmentation de la surface moulante, pro-
voque une translation de la position des configurations vers des temps de chauffe plus longs. Par
exemple, pour une chauffe à 40 kW à l’aide de l’huile Therminol, après passage d’une surface
moulante de 0, 5 m2 à une surface de 2 m2 , il apparaît que les configurations restantes pour 2 m2
ne permettent que l’obtention de performances thermiques du type : temps de chauffe important et
écart de température faible, là où pour 0, 5 m2 il était possible d’obtenir de faible temps de chauffe
et où des précautions devaient être prises sur la géométrie de la peau chauffante pour limiter l’écart
de température.
137
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
(a)
(b)
(c)
Figure 5.12 – Ecart de température ∆T en fonction du temps de chauffe t, -a- surface = 0,5 m2 ,
-b- surface = 1 m2 et -c- surface = 2 m2
138
5.2. Outil d’aide à la conception
5.2.4 Synthèse
Ce travail de construction d’une base de données regroupant différentes configurations outillage-
système de chauffe, grâce à l’exploitation des outils FLUIDE1, THERM1 et MECA1 développés
au cours de la thèse, a permis de :
— confirmer la forte influence des pertes de charge sur les réponses thermiques des systèmes ;
— confirmer le lien fort entre le temps de chauffe t et l’écart de température ∆T ;
— mettre en évidence la nécessité de mettre en place un nouveau domaine d’étude pour les
configurations générant de fortes pertes de charge (surface de la peau chauffante importante
et/ou fluide visqueux) ;
— mettre en évidence une potentielle limite technologique liée au thermorégulateur et à sa
capacité à chauffer le fluide caloporteur ;
— confirmer la grande disparité de résultats concernant le couple (∆T , t) et donc la nécessité
d’une recherche d’optima, notamment pour les systèmes à forte réactivité thermique.
Le développement d’un outil d’aide à la décision exploitant la base de données a pour objectif
de faciliter les choix de conception au bureau d’étude dans le but d’obtenir une conception quasi-
optimale en fonction des données et demandes des clients.
Enfin, il pourrait être envisagé par la suite d’implémenter un algorithme d’apprentissage au-
tomatique supervisé sur la base de données afin de pouvoir obtenir les prédictions des réponses
thermomécaniques sans le passage préalable par une phase subjective de création des surfaces de
réponses.
139
Chapitre 5. Optimisation et outil d’aide à la conception
5.3 Conclusion
Ces travaux d’optimisation et de création d’un outil d’aide à la conception reposant sur une
base de données de différents systèmes outillages-systèmes de chauffe ont permis de mettre en
évidence la nécessité d’évolution des règles de conception dans le but de concevoir des systèmes
efficients thermiquement et mécaniquement. Il apparaît essentiel de considérer l’ensemble du sys-
tème outillage-fluide-thermorégulateur afin d’estimer au plus juste les pertes de charge générées
et donc les performances thermiques pouvant être atteintes, plutôt que de considérer ces différents
constituants de manière séparée.
De cette manière, selon le type de fluide caloporteur utilisé, il a été mis en évidence des ré-
ductions de temps de chauffe de l’ordre de 50 à 80% pour des structures à canaux de chauffe
circulaires et de l’ordre de 60 à 90% pour des structures à canaux de chauffe rectangulaires. Les
gains pouvant être atteints après optimisation correspondent à la configuration géométrique garan-
tissant le compromis optimal entre : la réduction de la masse à chauffer, la maîtrise des pertes de
charge pour garantir un échange convectif suffisant et l’obtention d’une rigidité suffisante, dans le
but de répondre aux besoins thermomécaniques des clients.
La mise en place de l’outil d’aide à la décision a pour sa part permis de mettre en place un
processus complet, simple et rapide permettant de définir les variables du modèle et le domaine
d’étude, puis de générer et de simuler automatiquement les différentes modélisations en exploitant
les outils FLUIDE1, THERM1 et MECA1. Pour finir, le processus permet une extraction des
résultats thermomécaniques et un remplissage de la base de données de manière automatisée. Ce
processus a été mis en place de sorte à pouvoir par la suite compléter la base de données avec
de nouvelles configurations (nouveaux couples outillage-système de chauffe, section de canaux
circulaire), mais également en laissant la possibilité aux outils FLUIDE1, THERM1 et MECA1
d’évoluer individuellement si besoin.
140
Conclusion générale
Conclusion générale
La méthode employée, dont la démarche globale est présentée Figure 5.13, peut-être résumée
en trois étapes clés :
1. Mise en place des outils numériques et d’une chaîne complète et automatisée pour le dimen-
sionnement et l’optimisation thermomécanique.
2. Validations numériques et expérimentales du concept MATTE
3. Optimisation thermomécanique et création d’une base de données de simulations permettant
de mettre en lumière l’influence des paramètres géométriques de la peau chauffante et des
technologies de chauffe sur les réponses thermiques et mécaniques.
Ce processus a été mis en place et exploité sur la base d’un modèle VER 2D, mais peut facile-
ment être utilisé sur des modèles 2D quelconques, ainsi que sur des modélisations 3D. Concernant
ces dernières, il serait envisageable d’implémenter des éléments "tube fluidique-thermique" sur la
longueur des canaux de chauffe dans le but de simuler l’écoulement du fluide et ainsi prendre en
compte la perte de chaleur dans le fluide sur la longueur du canal. Ce processus tolère également
des modifications dans les outils FLUIDE1, THERM1 et MECA1. Ainsi, par le suite il serait inté-
ressant de compléter l’outil THERM1 avec une option permettant l’intégration de la cinétique de
142
Conclusion générale
Suite au développement de ces outils de calculs, une option a été ajoutée au processus dans
le but de pouvoir réaliser une optimisation thermomécanique sur la base de surfaces de réponses
issues d’un plan d’expériences et d’un algorithme génétique. L’exploitation de ces outils a permis
la mise en évidence des facteurs influents vis-à-vis des réponses thermomécaniques du système,
ainsi que des gains potentiels pouvant être obtenus. Suite à ces simulations, il apparaît nécessaire
de faire évoluer les règles de conception des outillages afin de tendre vers des structures à plus
faible inertie thermique. L’importance de la prise en compte des technologies de chauffe lors des
phases de conception et de dimensionnement a également été mise en évidence. Ainsi, dans le but
d’améliorer les performances thermomécaniques du système, la conception et le dimensionnement
d’un outillage devrait s’effectuer de manière conjointe au choix du thermorégulateur, de sa pompe
et du fluide caloporteur.
En parallèle aux simulations éléments finis, des campagnes expérimentales ont été menées, au
niveau laboratoire dans un premier et au niveau industriel dans un second temps. Le démonstra-
teur laboratoire avait pour objectif de confirmer expérimentalement l’intérêt thermique du concept
MATTE grâce à une confrontation avec un outillage de référence conventionnel. Il a ainsi été mis
en lumière une réduction du temps de chauffe de l’ordre de 75% pour des technologies de chauffe
identiques. Cette campagne a également permis de vérifier la fiabilité des outils numériques déve-
loppés à l’aide d’une confrontation directe entre les résultats expérimentaux et les résultats issus
du calcul éléments finis.
Pour conclure, ces travaux ont permis de mettre en place une chaîne complète et automatisée
d’outils permettant le dimensionnement thermique et mécanique d’un outillage, avec la prise en
compte des technologies de chauffe. L’exploitation de ces outils, les campagnes d’optimisation,
ainsi que les campagnes expérimentales, ont permis de confirmer l’intérêt du concept MATTE pour
l’augmentation des performances thermiques. Par ailleurs, il apparaît essentiel d’intégrer les tech-
nologies de chauffe lors des phases de conception et de dimensionnement des outillages. En effet,
l’augmentation des performances thermiques passe par une réduction de la masse à chauffer, mais
également par une optimisation des dimensions des canaux de chauffe et de leur position, dans le
but de contrôler les pertes de charge du système afin de conserver un échange convectif suffisant.
Une conception et un dimensionnement prenant en compte le système global outillage-système de
chauffe, conduisent ainsi à une conception équilibrée et au plus juste vis-à-vis des besoins clients.
Il est ainsi possible d’envisager avec un tel système, une augmentation des vitesses de chauffe et
143
Conclusion générale
Par ailleurs, les études et les développement plus généraux suivants pourraient également être
envisagés à l’avenir :
— Poursuivre la généralisation des outils-métier afin de faciliter l’exploitation sur des modèles
quelconques. Ce travail peut être réalisé en deux étapes : (i) automatisation de la modéli-
sation sous Ansys Workbench à l’aide de scripts Python appelant les outils FLUIDE1 et
THERM1,(ii) création d’une extension ACT intégrée à Ansys Workbench pour la création
d’un workflow graphique, automatisée et encapsulant les scripts Ansys et Python dévelop-
pés à l’étape (i) [Ansys2016] ;
— La généralisation des outils FLUIDE1 et THERM1 pour réaliser l’intégration des éléments
FLUIDE116 dans le but de pouvoir prendre en compte la perte de chaleur dans le canal de
chauffe au cours du cycle thermique ;
— Permette l’intégration dans le modèle éléments finis de la cinétique de polymérisation, puis
étudier l’influence de celle-ci sur les réponses thermiques du système ;
— Généraliser à différents systèmes de chauffe l’étude sur le profil du coefficient convectif,
puis développer un outil permettant d’automatiser la modélisation de la convection sur les
parois des canaux ;
— Étudier l’influence de l’ajout de charges thermiques dans le composite afin d’accroître les
vitesses de chauffe, tout en garantissant un gradient thermique. Une phase numérique puis
une confrontation expérimentale à l’aide du démonstrateur MATTE pourraient être réalisées
et porter sur : (i) les gains potentiels sur les performances de chauffe grâce à l’amélioration
de la conductivité thermique dans l’épaisseur (vitesses et gradients thermiques), (ii) l’impact
sur les propriétés mécaniques de la pièce finale.
144
Conclusion générale
145
Bibliographie
I
Bibliographie
II
Bibliographie
III
Bibliographie
IV
Bibliographie
V
Bibliographie
VI
Bibliographie
VII
Bibliographie
[Wei2015a] Min Wei, Yilin Fan, Lingai Luo et Gilles Flamant. CFD-
based evolutionary algorithm for the realization of target
fluid flow distribution among parallel channels. Chemical
Engineering Research and Design, vol. 100, pages 341–352,
2015.
[Wei2015b] Min Wei, Yilin Fan, Lingai Luo et Gilles Flamant. CFD-
based evolutionary algorithm for the realization of target
fluid flow distribution among parallel channels. Chemical
Engineering Research and Design, vol. 100, pages 341–352,
2015.
[Xia2015] Chenhui Xia, Jianzhong Fu, Jintao Lai, Xinhua Yao et Zi-
chen Chen. Conjugate heat transfer in fractal tree-like chan-
nels network heat sink for high-speed motorized spindle co-
oling. Applied Thermal Engineering, vol. 90, pages 1032–
1042, 2015.
[Xiao2016] Cheng Long Xiao, Han Xiong Huang et Xing Yang. Develop-
ment and application of rapid thermal cycling molding with
electric heating for improving surface quality of microcellu-
lar injection molded parts. Applied Thermal Engineering,
vol. 100, pages 478–489, 2016.
[Xu2009] Ronald Xu et Emanuel Sachs. Rapid thermal cycling with
low thermal inertia tools. Polymer Engineering & Science,
vol. 47, pages 21–25, 2009.
[Xuan2000] Y Xuan et Q Li. Heat transfer enhancement of nanofluids.
International Journal of heat and fluid flow, vol. 21, no. 1,
pages 58–64, 2000.
[Yao2002] Donggang Yao et Byung Kim. Development of rapid hea-
ting and cooling systems for injection molding applications.
Polymer Engineering & Science, vol. 42, no. 12, pages 2471–
2481, 2002.
[Yu2010] Xinjie Yu et Mitsuo Gen. Introduction to Evolutionary Algo-
rithms. Decision Engineering. Springer London, London, 1
edition, 2010.
VIII
Table des figures
X
Table des figures
XI
Table des figures
5.5 Comparaison entre -a- la structure massive de référence et les modèles optimisés
-b- circulaire eau, -c- rectangulaire eau, -d- circulaire huile et –e- rectangulaire huile121
5.6 Comparaison des temps de chauffe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
5.7 Comparaison des temps de chauffe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
5.8 Processus pour la création de la base de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
5.9 Principe de fonctionnement de l’outil d’aide à la décision . . . . . . . . . . . . . 132
5.10 Principe de fonctionnement de l’outil d’aide à la décision . . . . . . . . . . . . . 133
5.11 Puissance thermorégulateur rapportée à la masse totale à chauffer en fonction du
temps de chauffe, -a- SHELL, -b- Therminol et -c- Eau . . . . . . . . . . . . . . 135
5.12 Ecart de température ∆T en fonction du temps de chauffe t, -a- surface = 0,5 m2 ,
-b- surface = 1 m2 et -c- surface = 2 m2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
5.13 Démarche globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
XII
Liste des tableaux
XIV
Liste des tableaux
XV
Annexe 1 : Bibliographie optimisation
A
L’optimisation de structure est une tâche généralement coûteuse et
complexe en temps de calculs. L’objectif de cette annexe est de pré-
senter de manière synthétique les principales méthodes d’optimisa-
tion, leurs avantages et inconvénients, vis-à-vis de la problématique
et du modèle. Suite à cela, il a été retenu pour l’optimisation du
concept MATTE de faire appel à une méthode de métamodélisation
et d’un algorithme génétique.
XVII
Annexe A. Annexe 1 : Bibliographie optimisation
A.1 Définitions
Un rappel des principales définitions liées au domaine de l’optimisation est présenté ci-après.
Heuristique :
Qui procède par approches successives en éliminant progressivement les alternatives et en ne
conservant qu’une gamme restreinte de solutions tendant vers celle qui est optimale.
Méta-heuristique :
Dans le cadre des algorithmes d’optimisation, le terme « méta » a pour objectif de préciser le fait
que la méthode est multi-heuristiques, c’est-à-dire qu’elle permet de réaliser une approche multi-
optima.
Stochastique :
Qui relève du domaine de l’aléatoire, du calcul des probabilités.
Optimisation :
D’après le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, l’optimisation peut être définie
comme étant : « Le raisonnement ou calcul permettant de trouver les valeurs d’un ou plusieurs
paramètres qui correspondent au maximum d’une fonction. » « Rendre optimal, donner à quelque
chose les meilleures conditions d’utilisation, de fonctionnement, de rendement. »
Optima globaux et locaux : Pour un domaine d’étude défini, une fonction peut posséder des
extrema globaux et locaux. Les extrema globaux sont les valeurs maximales ou minimales de la
fonction sur le domaine d’étude, tandis que les extrema locaux sont les valeurs maximales ou
minimales de la fonction sur un domaine d’étude restreint. Une illustration d’extrema locaux et
globaux est présentée Figure A.1.
Maxima global
Maxima local
Minima local
Minima global
Fonction objectif :
La fonction objectif d’un problème correspond à la réponse du produit/concept comme par exemple
la consommation en carburant d’un véhicule en fonction de ses paramètres géométriques. L’ob-
jectif de l’optimisation est la minimisation ou la maximisation de la fonction objectif.
Fonction contrainte :
L’optimisaton d’un problème peut également se voir imposer des conditions d’admissibilités de la
XVIII
A.2. Principales méthodes d’optimisation
solution : des fonctions contraintes. Dans ce cas, l’optimisation consiste à minimiser ou maximiser
la fonction objectif tout en garantissant le respect des contraintes fixées. Dans le cas d’une optimi-
sation de la géométrie d’un véhicule, cela peut par exemple être : minimiser la consommation de
carburant, avec pour contrainte de garantir une vitesse maximale du véhicule d’au moins 150 km/h.
A noter qu’il existe des contraintes explicites permettant de rejeter une solution sans avoir
recours à la simulation de l’étude, comme par exemple : une étude avec le mélange de deux gaz
explosifs n’est pas possible et pas acceptable. Il existe d’autre part des contraintes implicites néces-
sitant le calcul de la solution avant de statuer sur l’acceptabilité de l’étude, comme par exemple :
une étude sur des paramètres géométriques d’une structure avec pour réponse le coefficient de
trainée du produit.
Types de problème :
Le Tableau A.1 présente une synthèse des différents types de problème d’optimisation en fonction
du nombre de fonctions objectifs et contraintes.
Mono-objectif Multi-objectif
Sans contrainte Avec contraintes
Variables continues Variables discrètes
Étude non coûteuse Étude coûteuse
Il est possible pour des problèmes multi-objectif de ramener l’étude à une problématique
mono-objective sous contraintes. Par exemple, la redéfinition du cahier des charges et l’affine-
ment des objectifs peut permettre de passer d’un problème tel que : « minimiser la masse d’une
poutre IPN et maximiser la rigidité de la poutre », à un problème tel que : « minimiser la masse
d’une poutre IPN tout en ayant une flèche de moins de 1 mm ».
XIX
Annexe A. Annexe 1 : Bibliographie optimisation
Optimisation mathématique
(méthodes du gradient)
Méthodes itératives
Pente la plus Gradient Solutions e«xactes»
Newton
forte conjugué Modèles haute fidélité
Quasi-Newton Gauss-Newton Sous-gradient
Algorithmes évolutionnaires
et d’intelligence distribuée
Essaims Méthodes heuristiques
Algorithme Solutions approchées
particulaires
génétique Métamodèles
(PSO)
Machine Learning
Méthode d’apprentissage
Supervisé Non supervisé Solutions approchées
Métamodèles par apprentissage
Classification Régression
∇ f (x) = 0 (A.1)
Ainsi, l’optimisation consiste à faire tendre le gradient de la fonction objectif vers 0. Pour ce
faire, le calcul du gradient permet de déterminer la direction de minimisation de la fonction ob-
jectif et donc de déterminer les études à réaliser par la suite pour minimiser f (x). La direction de
descente d en x est définie par l’équation A.2 suivante :
XX
A.2. Principales méthodes d’optimisation
Gradient nul
Gradient positif Fonction
Gradient négatif
Gradient nul
est possible de tendre vers la solution optimale par itération, avec λ > 0 et suffisamment petit.
Ces méthodes consistent donc à l’évaluation du gradient de la fonction coût, nécessitant donc
une fonction coût dérivable à l’ordre 1 et parfois aux ordres supérieurs pour le calcul de la matrice
Hessienne par exemple.
XXI
Annexe A. Annexe 1 : Bibliographie optimisation
Essais réalisés
y
-1-
-2-
-3 et 4-
Direction descendante
Direction descendante pas du gradient
du gradient
x
XXII
A.2. Principales méthodes d’optimisation
Généralement, les individus les mieux adaptés à leur environnement sont les plus résilients et
leur reproduction est favorisée.
Le principe général de ce type d’algorithme est présenté à l’aide d’un exemple Figure A.5
dans lequel chaque individu (chaque solution potentielle au problème) présente des caractéris-
tiques qui sont : le volume et la densité. Les étapes principales de l’optimisation par algorithme
évolutionnaire sont :
— Création de manière aléatoire d’une population initiale i constituée de n individus ;
— Évaluation de la fonction objectif pour chaque individu ;
— Création de la nouvelle génération i + 1 avec des individus, issus de la reproduction des
meilleurs individus de la génération i et d’individus ayant mutés ;
— Répétition des deux étapes précédentes jusqu’à la convergence vers une solution optimisée.
Par exemple, dans le cas de la recherche de nourriture par des fourmis, chaque individu cherche
dans un premier temps de manière individuelle. Lors de la découverte de nourriture par un indi-
vidu, celui-ci dépose sur son chemin des phéromones permettant d’indiquer aux autres individus la
direction à suivre pour atteindre la source et qui laisseront par la suite eux aussi des phéromones.
Une boucle de rétroaction positive est ainsi mise en place.
XXIII
Annexe A. Annexe 1 : Bibliographie optimisation
Population initiale
Evaluation
oui
Convergence ?
non
Selection
Croisement
Mutation
Nouvelle génération
Population finale
Graphiques
XXIV
A.2. Principales méthodes d’optimisation
Modèle de
Classification
y
Données initiales
Machine Learning Optimisation
Supervisées ou non- Modèle prédictif
Création d’un modèle•
supervisée
A.2.4 Synthèse
XXV
Annexe A. Annexe 1 : Bibliographie optimisation
La méthode des plans d’expériences n’est pas une méthode d’optimisation permettant de mi-
nimiser la fonction objectif d’un système. Cet outil permet de caractériser au mieux le système
(paramètres influents. . . ) avec un minimum d’essais, le tout reposant sur une méthodologie ma-
thématique rigoureuse.
Après construction du plan d’expériences et réalisation des essais associés, un modèle ma-
thématique, généralement polynomial, est construit afin de modéliser la réponse Y du système. Le
modèle polynomial sous forme matricielle est présenté équation A.4, avec Y le vecteur de réponses
mesurées, X la matrice d’essais, β le vecteur colonne des coefficients de régression du polynôme
et ε le vecteur des erreurs résiduelles.
Y = X.β + ε (A.4)
Le vecteur β des coefficients de régression peut être estimé comme étant β̂ à l’aide de l’équa-
tion A.5, avec X T la matrice transposée de X.
β̂ = (X T .X)−1 .X T .Y (A.5)
La régression multi-linéaire utilisée pour la détermination des coefficients β̂ du modèle im-
plique certaines hypothèses qu’il est nécessaire de vérifier a posteriori par une analyse de la va-
riance ANOVA :
XXVI
A.4. Métamodélisation
La qualité de la régression peut être évaluée par les coefficients de corrélation R2 ,R2ad j et R2press
, respectivement coefficient de corrélation multiple, coefficient de corrélation ajusté et coefficient
de corrélation prédictif. Le coefficient de corrélation multiple correspond à la variation expliquée
par le métamodèle et donc à la qualité de la régression. Ce critère ayant tendance à augmenter
avec le nombre d’expériences, il est préférable d’utiliser le coefficient de corrélation ajusté qui fait
intervenir les degrés de liberté du métamodèle. Le coefficient de corrélation prédictif permet, à
l’aide d’une validation croisée « leave-one-out », de mesurer la qualité de prédiction du modèle
polynomial [Leh2013].
La validation croisée est une méthode ayant pour objectif de déterminer la qualité de prédiction
d’un métamodèle, afin de s’assurer de l’acceptabilité de l’erreur introduite lors de la construction
du modèle. Le principe générale de la validation croisée est de :
— Séparer le jeu de données en deux groupes : un groupe d’apprentissage et un groupe de
validation ;
— Entrainer le groupe d’apprentissage : création d’un métamodèle à l’aide des données de ce
groupe ;
— Validation de la pertinence du métamodèle à l’aide de vérifications sur les prédictions com-
parées aux données du groupe de validation ;
— Réitérer l’opération un nombre de fois défini en changeant les groupes d’apprentissage et
de validation ;
— Réaliser une combinaison (moyennation) des métamodèles créés afin d’obtenir un métamo-
dèle global permettant l’obtention d’une meilleure capacité de prédiction.
A.4 Métamodélisation
Un objet physique réel peut être simplifié sous la forme d’un modèle numérique dit « haute
fidélité », pouvant lui aussi être simplifié sous forme de modèle, appelé « métamodèle ». La Fi-
gure A.7 présente l’exemple d’une poutre IPN (à gauche - réalité), modélisée par la méthode des
éléments finis (au centre – modèle haute-fidélité), dont le métamodèle est présentée à droite (équa-
tions de la RDM).
L’intérêt des métamodèles est mis en exergue dans le cas d’optimisation de problèmes coûteux
pour lesquels les méthodes classiques d’optimisations mathématiques ne sont pas envisageables.
La création du métamodèle permet l’utilisation par la suite de méthodes d’optimisation nécessi-
tant un plus grand nombre d’essais tels que les algorithmes évolutionnaires ou les algorithmes
d’intelligence distribuée. La métamodélisation permet ainsi de réaliser l’évaluation de la fonction
objectif de manière plus rapide et donc de diminuer le temps d’optimisation, mais ajoute en conte
partie une perte de précision du fait de la simplification du modèle haute-fidélité.
Différents types de métamodèles existent, dont les trois méthodes les plus couramment utili-
sées (hors machine learning) sont :
XXVII
Annexe A. Annexe 1 : Bibliographie optimisation
XXVIII
Annexe 2 : Compléments numériques
B
Le développement MATTE vise l’amélioration des performances
thermiques de l’outillage fondé essentiellement sur des calculs ther-
miques éléments finis. Dans cette annexe, une première étude sur
l’influence du composite dans la thermique globale du système est
présentée, puis une seconde étude sur l’influence du profil du coeffi-
cient convectif est réalisée.
XXIX
Annexe B. Annexe 2 : Compléments numériques
Les caractéristiques techniques des thermorégulateurs sont issues des fiches techniques de cha-
cun des systèmes de chauffe : thermorégulateur SISE 12 kW et thermorégulateur SISE 40 kW.
La modélisation VER 2D de l’outillage est présentée Figure B.1. Les simulations thermiques
consistent à la chauffe de la structure jusqu’à 180°C. Les conditions de chargements thermiques
sont présentées Tableau B.1. Pour chacune des simulations, les tableaux des coefficients convectifs
en fonction de la température sont calculés à l’aide de l’outil FLUIDE1 et donc intégrés dans les
éléments "lien convectif".
Pour chacune des simulations, 3 relevés des températures sont réalisés au cours du cycle de
chauffe :
— TC1 : température sur la surface moulante, sous le canal de chauffe ;
— TC2 : température sur la surface moulante, entre les canaux de chauffe ;
— TC3 : température au sein du composite, entre les canaux de chauffe.
XXX
B.1. Influence des propriétés du composite
x
Caisson acier
5 mm
externe
Isolant 10 mm
3 mm
Peau chauffante
2 mm
acier
3 mm
Composite
15 mm 15 mm
TC1 TC2 TC3
A partir de ces relevés des températures au cours du temps, les résultats suivants sont détermi-
nés :
— tchau f f e : temps nécessaire à TC3 pour atteindre 90% de la consigne, soit 162°C ;
— ∆T 1 : écart de température sur la surface moulante, soit TC1 – TC2 ;
— ∆T 2 : écart de température dans l’épaisseur du composite, soit TC2 – TC3 ;
— ∆T 3 : écart maximal de température dans le composite, soit TC1 – TC3 ;
— v : la vitesse de chauffe de la surface moulante à la position TC2.
La variation de conductivité de λx n’ayant que peu d’influence sur les réponses mesurées, les
valeurs moyennes x̄ et les écarts types σ ont été calculés pour chacune des épaisseurs et sont pré-
sentés Tableau B.2 et Tableau B.3, respectivement pour la chauffe à 12 kW et la chauffe à 40 kW.
XXXI
Annexe B. Annexe 2 : Compléments numériques
XXXII
B.1. Influence des propriétés du composite
L’observation des écarts-types vis-à-vis des moyennes pour chacune des simulations met en
évidence la faible influence du λx sur les résultats thermiques en terme de temps de chauffe et
d’écarts de températures maximaux au niveau de la peau chauffante.
En effet, concernant le temps de chauffe du point froid du composite (TC2), deux phénomènes
de transfert par conduction peuvent apparaître, représentés Figure B.2 :
— Conduction de la chaleur selon l’axe x dans la peau chauffante, puis conduction dans l’épais-
seur du composite (axe y) – Ordre de grandeur de la résistance thermique surfacique :
10−3 W.m−1 .K −1 ;
— Conduction de la chaleur dans l’épaisseur du composite (axe y), puis conduction selon l’axe
x dans le composite (axe x) – Ordre de grandeur de la résistance thermique surfacique : 10−2
à 10−1 W.m−1 .K −1 .
Cas 1
Cas 2
Ce raisonnement appliqué sur le temps de chauffe peut également être transposé aux réponses
suivantes : ∆T 2, ∆T 3 et v, étant donné que ces réponses sont dérivées de la température TC2.
Concernant ∆T 1, s’agissant de la différence de température au niveau de la surface moulante de
l’outillage, le composite n’a que peu d’influence sur cette réponse.
Par la suite, les Figures sont tracées pour la valeur moyenne des trois conductivités λx avec
l’écart-type pour incertitude.
XXXIII
Annexe B. Annexe 2 : Compléments numériques
Ces résultats mettent en évidence le fait que pour de faibles épaisseurs de composite, il est
possible d’augmenter les vitesses de chauffe en ayant un impact limité sur le gradient ∆T 2 grâce
à une résistance thermique faible. Le gradient ∆T 3 augmente, mais il est possible de le maîtriser à
l’aide d’une optimisation de la position et de la géométrie des canaux.
XXXIV
B.1. Influence des propriétés du composite
Figure B.3 – évolution -a- du temps de chauffe, -b- de la vitesse de chauffe dans le composite, -c-
de l’écart de température dans l’épaisseur du composite entre les canaux
XXXV
Annexe B. Annexe 2 : Compléments numériques
B.1.4 Synthèse
Cette étude réalisée pour un outillage fixé permet d’étudier l’influence de la conductivité λx du
composite, de l’épaisseur du composite et la puissance de chauffe du thermorégulateur vis-à-vis
des réponses thermiques du système : temps de chauffe, vitesse de chauffe du composite et écart
de température au sein du composite.
Il est important de noter que trois domaines d’épaisseurs distincts sont à prendre en considé-
ration sur l’influence des paramètres variables sur les réponses thermiques :
— Faibles épaisseurs de composite - limite technologique : les variations des réponses ther-
miques sont essentiellement pilotées par les variations sur les technologies de chauffe. Une
augmentation des vitesses de chauffe avec une maîtrise des gradients thermiques est possible
avec une augmentation de la puissance de chauffe et une conception adaptée des canaux de
chauffe ;
— Fortes épaisseurs de composite - limite matériau : les variations des réponses thermiques
sont essentiellement pilotées par les variations des propriétés de la matière composite trans-
formée. Une augmentation de la conductivité λy (dans l’épaisseur du stratifié) par l’utilisa-
tion d’une résine chargée ou d’un tissu 3D pourrait potentiellement permettre une réduction
de la résistance thermique et donc augmenter les vitesses de chauffe ;
— Épaisseurs de composite modérée - zone de transition : les technologies de chauffe et les
propriétés du composite ont de l’influence sur les variations des réponses thermiques.
Une prochaine étude avec la prise en compte de la cinétique de polymérisation pourrait s’avé-
rer pertinente afin d’observer quelle pourrait être l’influence de l’exothermie de la résine sur les
réponses thermiques du système.
XXXVI
B.2. Influence du profil du coefficient convectif
Dans le but de réaliser des dimensionnements thermiques peu coûteux, mais fiables, une dé-
marche de modélisation thermique a été mise en place avec les outils FLUIDE1 et THERM1,
basée sur la détermination du coefficient convectif h moyen dans le canal de chauffe en fonction
des points de fonctionnement du système et de la température du fluide [Collomb2017a]. Cepen-
dant, ces outils reposent sur l’hypothèse d’un h convectif moyen, appliqué de manière homogène
sur le périmètre du canal de chauffe de l’outillage [Theodore L.2011].
Dans le but d’améliorer les performances thermiques des outillages, en terme de temps de
chauffe, de maîtrise spatiotemporelle du champ de température et de consommation énergétique,
des études ont été menées sur : les paramètres process tels que la pression d’injection, la tempé-
rature outillage, les traitements de surface [Park2014, Nian2015, Li2018], mais également sur les
paramètres relatifs au moule tels que la nature du matériau constitutif de l’outillage [Guilong2010,
Asproiu2007], l’ajout d’isolant pour focaliser le flux thermique du côté de la pièce moulée, l’op-
timisation du réseau de canaux de chauffe [Xu2009, Guilong2010], la création de canaux confor-
mables [Shayfull2014,Sachs2016,Ferreira2003,Wang2015,Kitayama2018,Jahan2017,Park2017],
la création de canaux profilés [Collomb2017a, Altaf2011, Shayfull2013] et le type de technologies
de chauffe [Wang2011, Agazzi2013]. Enfin, des études ont été menées sur des paramètres phy-
siques liés au fluide caloporteur par : l’ajout de nanoparticule dans le fluide [Xuan2000], l’uni-
formité de la suspension de nanoparticules [El Becaye Maiga2005], l’utilisation d’un fluide bi-
phasique [Thome2004]. Ces études sont réalisées de manières analytiques ou numériques à l’aide
de modèles fluidiques coûteux ou à l’aide de modèles thermiques n’intégrant pas les contraintes
technologiques liées au système de chauffe (pertes de charge, pompe, fluide) et/ou en intégrant un
coefficient convectif constant sur la périphérie du canal de chauffe.
Le passage à des canaux de chauffe de section rectangulaire peut permettre une amélioration
de l’échange convectif caractérisé par : h̄.S, avec h̄ le coefficient convectif moyen et S la sur-
face d’échange. Les études scientifiques relatives au coefficient d’échange convectif local dans
des canaux rectangulaires portent généralement sur : des micro-canaux [Morini2005], des canaux
rectangulaires avec l’insertion de singularités pour l’augmentation de l’échange convectif [Mo-
rini2005], mais aussi sur l’obtention d’un h̄ convectif moyen sur une section d’échange don-
née [Morini2005, Warrier2002], mais ces études ne permettent que l’obtention d’un coefficient
convectif moyen et homogène sur une section donnée de canal à section rectangulaire.
Cependant, d’après le livre « Fundamentals of Heat and Mass Transfer » [Theodore L.2011],
pour des sections de canaux non-circulaires, le coefficient de convection varie sur la périphérie du
canal est tend vers 0 dans les coins. Dans le cas d’un outillage thermorégulé à l’aide de canaux
rectangulaires, est-il donc judicieux de conserver un coefficient convectif moyen homogène sur la
XXXVII
Annexe B. Annexe 2 : Compléments numériques
périphérie du canal, ou faut-il intégrer une variation de ce coefficient sur la périphérie des canaux ?
L’objectif de cette étude consiste à étudier la pertinence d’une modélisation thermique avec
un coefficient convectif constant sur la périphérie des canaux de chauffe, vis-à-vis d’une modéli-
sation thermique avec un coefficient convectif variable, dans différents cas de chauffe considérés
comme critiques d’un point de vu thermique : fluide de faible viscosité (h convectif élevé), épais-
seur d’acier de l’outillage faible, chauffe rapide de la structure, profil du coefficient convectif sur
la périphérie des canaux de chauffe.
B.2.2 Modélisation
Les modélisations thermiques usuelles intègrent un coefficient convectif constant et homogène
sur la périphérie des canaux de chauffe, car il est fait l’hypothèse que la circulation du fluide
est la même quelle que soit la position dans le canal (pas de prise en compte des singularités
géométriques). Dans le cas d’un écoulement de fluide dans une conduite, des zones de fluides
présentent une vitesse d’écoulement nulle due aux frottements avec la paroi et aux singularités.
Pour cette étude, le modèle avec un coefficient convectif h variable sur la périphérie du canal
possède un profil de h similaire au profil d’écoulement du fluide dans le canal, présenté Figure B.4.
Canal Fluide
Le profil du coefficient convectif sur la périphérie des canaux de chauffe est représenté Fi-
gure B.5, avec a et b les dimensions caractéristiques de l’ellipse et h̄ le coefficient convectif moyen
déterminé à l’aide de l’outil FLUIDE1 et renseigné dans les modèles thermiques usuels.
Les dimensions de l’ellipse sont fixées de sorte à :
— Garantir une convection nulle sur les coins du canal, équation B.1 ;
— Garantir un coefficient convectif moyen du profil elliptique égal au coefficient convectif
moyen déterminé par l’outil FLUIDE1 et usuellement intégré dans les modélisations ther-
miques, équation B.2.
XXXVIII
B.2. Influence du profil du coefficient convectif
h̄
largeur canal
a= (B.1)
2
π.a.b
h̄ = (B.2)
2.largeur canal
Soit, a = 15 mm et b = 19100 W.m−2 .K −1 pour un h̄ = 15000 W.m−2 .K −1 .
Dans le but de faciliter le processus de modélisation éléments finis, un facteur ratio, équa-
tion B.3 et équation B.4, est déterminé en fonction de la position sur le canal. Ce ratio correspond
au rapport entre le coefficient convectif h̄ du profil elliptique, rapporté au coefficient convectif h
moyen. Ce coefficient est donc inférieur à 1 pour les zones proches des singularités du canal et
supérieur à 1 au centre du canal.
y
ratio = (B.3)
h̄
Avec :
x = a.cos(t)
(B.4)
y = b.cos(t)
La modélisation éléments finis est réalisée à l’aide de l’outil THERM1 sur le VER 2D, pré-
senté Figure B.6. L’épaisseur de la tôle acier externe est de 5 mm, l’épaisseur de l’isolant est de
50 mm, la dimension des canaux de chauffe est de 30 × 2 mm2 , la distance entre les canaux est
de 15 mm et l’épaisseur d’acier sous et sur les canaux est variable. La chauffe est réalisée par un
thermorégulateur à eau de 16 litres et de 12 kW. Une convection naturelle est présente sur la face
extérieure du caisson acier : T = 25°C et h = 10 W.m−2 .K −1 . La convection forcée dans les ca-
naux de chauffe est pilotée par les éléments liens convectifs qui possèdent comme caractéristique :
une section d’échange et un coefficient convectif h. Dans le cas de la modélisation avec un profil
constant du coefficient convectif et étant donné que la taille du maillage est imposée à 1 mm, la
surface d’échange de chaque élément "lien convectif" est caractérisée par équation B.5.
XXXIX
Annexe B. Annexe 2 : Compléments numériques
Perimetrecanal
Slien convecti f = (B.5)
Nombre noeuds
Concernant la modélisation avec un profil elliptique du coefficient convectif, il a été décidé
pour un souci de simplicité de modélisation de faire varier la surface d’échange des éléments "liens
convectifs" en fonction de la position, plutôt que le coefficient convectif. La surface d’échange de
chaque élément "lien convectif" est ainsi caractérisée par l’équation B.6.
Perimetrecanal
Slien convecti f = ratio. (B.6)
Nombre noeuds
Convection naturelle
Surface Isolant
adiabatique
Liens convectifs
Outillage
Masse thermique
Tchaud (12 kW + 16 l)
Tfroid
Pour cette étude, différentes configurations sont mises en place afin d’étudier l’influence du
cycle thermique, de la nature de l’acier constitutif de l’outillage et de l’épaisseur d’acier de celui-
ci. Pour chacun des cas, une simulation éléments finis thermique est réalisée avec un coefficient
convectif constant sur la périphérie du canal et une seconde simulation est réalisée avec un coeffi-
cient convectif variable avec un profil elliptique.
XL
B.2. Influence du profil du coefficient convectif
La position du point froid de la surface moulante, T f roid , et la position du point chaud, Tchaud ,
nécessaire au calcul de ∆T sont présentés Figure B.6. Les propriétés thermiques des matériaux
des modèles sont présentées Tableau 4.2. Les caractéristiques de l’outillage sont présentées Ta-
bleau 4.1. Les caractéristiques de la pompe CY-4281 assurant la circulation du fluide sont présen-
tées dans la fiche technique du thermorégulateur.
Les résultats thermiques obtenus pour chacune des modélisations, temps de chauffe du point
froid de la surface moulante, vitesse moyenne de chauffe du point froid de la surface moulante
et écart maximal de température sur la surface moulante au cours de la chauffe, sont présentés
Tableau B.4.
h constant h elliptique
Epaisseur acier Nature acier Résultats T fconstante
luide T fvariable
luide T fconstante
luide T fvariable
luide
XLI
Annexe B. Annexe 2 : Compléments numériques
Figure B.7 – Evolution typique de la température du point froid de la surface moulante – Ici :
acier 1.2312
Pour chaque cas d’étude, l’erreur relative est calculée entre le modèle avec un profil de co-
efficient convectif constant et le modèle avec un profil elliptique. Cette erreur est déterminée à
l’aide de l’équation B.7, avec X le résultat étudié : t, v ou ∆T . Les erreurs relatives calculées pour
chacune des configurations sont présentées Tableau B.5.
Xhconstant
erreur(%) = − 100 (B.7)
Xhelliptique
L’évolution des erreurs relatives en fonction de l’épaisseur d’acier, de la nature de l’acier et
de la nature du cycle de chauffe, sont présentées Figure B.9 et Figure B.10, respectivement pour
l’erreur sur le temps de chauffe t et l’erreur sur le ∆T .
XLII
B.2. Influence du profil du coefficient convectif
XLIII
Annexe B. Annexe 2 : Compléments numériques
XLIV
B.2. Influence du profil du coefficient convectif
XLV
Annexe B. Annexe 2 : Compléments numériques
Tout d’abord, ces simulations éléments finis confirment que la chauffe de l’outillage est for-
tement dépendante du cycle de chauffe imposé et des éléments technologiques de chauffe péri-
phériques : nature du fluide, pompe, pertes de charge, thermorégulateur. Ainsi, dans le cas d’une
chauffe de la structure avec un fluide maintenu à 180°C, les temps de chauffe sont de 253 s à
525 s et les vitesses de chauffe de 16 à 34◦C.min−1 en fonction de l’épaisseur et de la nature de
l’acier. Pour une chauffe avec un fluide initialement à 25°C, les temps de chauffe sont de 1169 s à
1434 s. En effet, dans ce second cas, la chauffe du fluide caloporteur par le thermorégulateur est
effectuée en même temps que la chauffe de la structure. Dans cette étude, les vitesses de chauffe
mesurées de 6 à 7◦C.min−1 font apparaître les limites technologiques du système : la puissance du
thermorégulateur est insuffisante vis-à-vis de la masse à chauffer de l’outillage et du fluide.
D’autre part, ces simulations confirment également qu’une augmentation de l’épaisseur d’acier
de l’outillage et donc de la masse à chauffer, provoque une augmentation significative du temps
de chauffe. Le passage d’une épaisseur d’acier de 3 mm à 7 mm provoque une augmentation du
temps de chauffe de 90% environ pour la chauffe avec le fluide à température constante et une
augmentation du temps de chauffe de 20% pour la chauffe avec le fluide à température variable.
Cette augmentation de l’épaisseur d’acier réduit donc les vitesses de chauffe et favorise ainsi la
réduction de l’écart de température sur la surface moulante.
Concernant la nature de l’acier, il apparaît suite à ces simulations que le passage d’un acier in-
oxydable 316L à un acier inoxydable 1.2312 et donc l’augmentation de la conductivité thermique,
provoque une diminution sensible de l’écart de température sur la surface moulante au court de la
chauffe. L’impact sur le temps de chauffe est quant à lui limité sur le modèle avec le profil ellip-
tique du coefficient convectif et quasi-nul pour le modèle avec le coefficient convectif constant.
Par ailleurs, les comparaisons effectuées entre les deux modélisations révèlent que le passage
d’un coefficient convectif constant à un coefficient convectif au profil elliptique s’avère être un
nouveau facteur numérique ayant de l’influence sur les réponses thermiques de la structure. Cette
nouvelle méthode de modélisation fait apparaître des différences sur les résultats thermiques en
terme de temps de chauffe et d’écart de température sur la surface moulante.
Concernant le temps de chauffe, l’erreur relative calculée s’avère être d’autant plus impor-
tante que le cas étudié est critique d’un point de vue thermique : faible épaisseur d’acier, acier de
plus faible conductivité thermique, température fluide constante à 180°C. L’erreur relative atteint
ainsi 18% à son maximum. Dès lors que les contraintes thermiques se relâchent, l’erreur relative
diminue et est limitée à 2 à 3% dans le cas d’une chauffe progressive de la structure avec une
température de fluide variable.
Concernant l’écart de température sur la surface moulante, à l’inverse, les erreurs relatives
s’avèrent être plus importantes pour les cas d’études à plus faibles vitesses de chauffe. L’observa-
XLVI
B.2. Influence du profil du coefficient convectif
tion de l’évolution des courbes de températures, Figure B.7, met en évidence un retard thermique
entre la modélisation avec un profil elliptique du coefficient convectif et la modélisation avec un
coefficient convectif constant dû au faible échange convectif sur les bordures des canaux. Les er-
reurs relevées sur l’écart de température sont donc majoritairement dues à ce retard thermique
initial.
B.2.4 Synthèse
Cette étude numérique comparative entre une modélisation usuelle avec un coefficient convec-
tif constant et une modélisation avec un profil elliptique du coefficient de convectif, a permis :
— Dans un premier temps, de confirmer l’influence de paramètres physiques, géométriques et
technologiques sur les performances thermiques du système ;
— Dans un second temps, de mettre en évidence l’influence d’un paramètre numérique sur les
performances thermiques du système : le profil du coefficient convectif sur la périphérie des
canaux de chauffe.
Dans une optique de recherche de structures capables d’atteindre des vitesses de chauffe et de
refroidissement importantes, les résultats numériques obtenus confirment l’intérêt des structure à
faible inertie thermique et réactives thermiquement, ainsi que la nécessité de prendre en compte
les aspects technologiques liés à la technologie de chauffe : nature du fluide, pompe, pertes de
charge, thermorégulateur.
Cette étude comparative révèle par ailleurs que la simulation thermique avec l’intégration d’un
coefficient convectif ayant un profil elliptique peut s’avérer nécessaire dans les cas suivants :
— Canaux avec singularités géométriques (ex : canaux rectangulaires) ;
— Et/ou : Structure à faible inertie thermique (ex : faible épaisseur) ;
— Et/ou : Structure réactive thermiquement (ex : forte conductivité thermique) ;
— Et/ou : Technologie de chauffe réactive (ex : SKID hydraulique, TPC ;
— Et/ou : étude ayant pour objectif de réaliser une optimisation sur l’écart de température sur
la surface moulante.
XLVII
Annexe 3 : Synthèse actions et perspectives
C
Dans le cadre du développement de la technologie MATTE, dif-
férentes actions satellites au travail de thèse ont été menées dans
le but de faciliter le choix de matériaux, étudier la faisabilité tech-
nique de solutions de mise en œuvre et de maintien, ou bien d’étudier
les possibilités de généralisation d’outils numériques. Cette présente
quelques unes de ces actions, mais seulement celles pour lesquelles
des travaux complémentaires seront à réaliser.
XLVIII
C.1. Dilatations différentielles
C.1.1 Problématique
Avec une observation du comportement mécanique du système lié uniquement aux dilatations
thermiques, il peut être défini :
XLIX
Annexe C. Annexe 3 : Synthèse actions et perspectives
avec :
— L0peau chau f f ante : Dimension caractéristique initiale de la peau chauffante ;
— L0cable : Longueur initiale du câble ;
— α peau chau f f ante : Conductivité thermique de la peau chauffante ;
— α cable : Conductivité thermique du câble ;
— E cable : Module d’élasticité du câble ;
— Scable : Section du câble ;
— ∆T : L’écart de température.
L
C.2. Mise en œuvre de la peau chauffante
D’après les données techniques issues des fournisseurs de câbles, l’augmentation du diamètre
du câble permet d’obtenir une force admissible supérieure. Cependant, d’après l’équation C.1g,
cette augmentation de la section du câble provoque également une augmentation de la force géné-
rée dans le câble due aux dilatations thermiques. Il est donc nécessaire d’observer les augmenta-
tions respectives de la force admissible et de la force générée afin de trouver la section de câble
optimale.
Par ailleurs, en faisant l’hypothèse que les stop-fitting fixés au câble ne se déforment pas et
sont fixés de manière parfaite, les efforts générés dans le câble sont transmis à la visserie. Il est
donc nécessaire d’adapter cette visserie de sorte à pouvoir reprendre ces efforts mécaniques. L’uti-
lisation d’un câble de faible diamètre peut s’avérer judicieux afin de limiter la force générée dans
la visserie et de limiter les pertes thermiques.
Dans le cas d’une structure plane ou élancée, il est possible d’estimer la distance maximale
à laquelle peut être placé le système câble avant rupture de celui-ci, par rapport au centre de
symétrie, équation C.2.
q
F cable timesLcable
( maxE cable .Scable0 + L0cable + uth
cable )2
Lmax = (C.2)
α peau chau f f ante .∆T
C.1.4 Synthèse
Des essais mécaniques ont été menés au sein de l’entreprise CT1 afin de s’assurer de la bonne
tenue des stop-fitting et de la visserie. Des études complémentaires restent à mener afin de s’assu-
rer du bon fonctionnement du système lors d’une utilisation en température. Le système câble peut
être intégré relativement aisément dans l’outillage pour assurer une tenue mécanique suffisante à
la température de démoulage, tout en autorisant les déplacements dus aux dilatations thermiques
à la température de fonctionnement.
LI
Annexe C. Annexe 3 : Synthèse actions et perspectives
Les différentes techniques investiguées et pour lesquelles des il y a eu prise de contacts avec
des industriels, sont :
— Le formage à froid fait appel aux techniques conventionnelles du travail des matériaux à
température ambiante : l’écrouissage, le pliage, l’emboutissage ; le repoussage. . . ;
— Le formage hydraulique consiste en la mise en forme d’une tôle sur son support par l’appli-
cation d’une pression par un fluide ;
— Le formage superplastique consiste à chauffer une tôle, puis à appliquer une pression de gaz
pour déformer la tôle sur son support ;
— La fabrication additive SLM (Selective Laser Melting) consiste à la fusion locale et couche
par couche d’une poudre métallique à l’aide d’un laser ;
— La fabrication additive par projection au robot consiste à faire fondre la surface d’une pièce
métallique à l’aide d’un laser tout en projetant un jeu de poudre métallique sur la zone en
fusion.
Par ailleurs, il est également possible de faire appel au brasage pour l’assemblage de 3 tôles en
forme pour la réalisation de la peau chauffante (méthode appliquée pour la réalisation du démons-
trateur industriel). Cependant, cette méthode ne reste applicable que pour des structures de faibles
dimensions. En effet, pour la peau chauffante du démonstrateur industriel, des difficultés sont ap-
parues pour le brasage des 3 tôles planes du fait de l’apparition de dilatations différentielles entre
chacune des tôles. Ce phénomène était dû au gradient thermique dans les tôles, mais également à
l’anisotropie des tôles laminées (dilatations accrues dans le sens de fibrage).
LII
C.3. Caractérisation matériaux
Les technologies de fabrication additives permettent quant à elles une intégration des ca-
naux de régulation thermique et une optimisation géométrique simplifiée. Les limites à ce jour
concernent le coût et les faibles dimensions des pièces fabriquées. L’évolution de ce secteur reste
cependant très prometteur à moyen terme.
Cette phase de caractérisation a permis la mise en évidence des références d’isolants tech-
niques répondant au cahier des charges MATTE d’un point de vue thermique et mécanique. Ces
isolants s’avèrent être idéaux pour des outillages plans ou présentant de faibles emboutis. Ainsi,
le collage, vissage et usinage de plaques d’isolants permet d’obtenir l’isolation à la forme de l’ou-
tillage MATTE.
Dans un second temps, un isolant de coulée à base de fibres de verre a été réalisé par l’entre-
prise Compose. Cet isolant chargé a été développé dans le but de pouvoir faciliter la mise en œuvre
pour des outillages MATTE en forme. Des campagnes de caractérisation ont été menées afin de
déterminer les performances mécaniques du matériau. Les résultats obtenus mettent en évidence
le potentiel de ce type de méthode de mise en œuvre et de ce matériau pour le concept d’outillages
LIII
Annexe C. Annexe 3 : Synthèse actions et perspectives
MATTE. Des études complémentaires sont planifiées afin d’affiner les paramètres de coulée de
l’isolant et le ratio de fibres.
Dans cette optique, une campagne expérimentale a été réalisée sur la tenue en cisaillement
de différentes colles hautes températures, Figure C.4. L’objectif étant que ces colles puissent re-
prendre les efforts mécaniques ayant lieu dans la peau chauffante pour des températures pouvant
atteindre 300°C.
Suite à ces essais, deux nuances de colle ont été retenues et devraient permettre de répondre
aux attentes MATTE. Des études complémentaires sont à réaliser afin de garantir la tenue des
colles aux cyclages thermiques. Par ailleurs, outre le concept MATTE, ces colles peuvent s’avérer
utiles pour l’assemblage de différents sous-ensembles dans des outillages conventionnels devant
cycler à températures élevées.
LIV
C.4. Généralisation de l’outil THERM1 et perspectives d’évolution
Un exemple d’outillage cornière, présenté Figure C.5, a été utilisé afin de valider la possibilité
d’exploitation des outils sur une géométrie 3D réelle. Après exécution, il a été confirmé le bon
fonctionnement de l’outil FLUIDE1, ainsi que de l’intégration des éléments MASS71, LINK34 et
de la régulation thermique.
Pour la réalisation de cette simulation thermique sur un modèle 3D, le logiciel Ansys Work-
bench v18 a été utilisé. L’intégration des données issues de FLUIDE1 et de THERM1, passe par
l’ajout d’un script de commande. Ce script a été mis en place pour la réalisation de l’étude, mais
le processus de mise à jour automatique du script est en cours de développement.
Des études complémentaires sont en cours de réalisation au sein de l’entreprise CT1 afin de
confronter les données expérimentales aux résultats numériques obtenus.
LV
Annexe C. Annexe 3 : Synthèse actions et perspectives
Dans le cas de modèles 3D, ces outils ne permettent cependant pas la prise en compte de la
perte de chaleur du fluide le long du canal de chauffe. Dans le but de conserver une modélisa-
tion éléments finis thermique et ainsi éviter les problématiques liées aux modélisations couplées
fluidique-thermique, une amorce de travail a été réalisée afin de mesurer les possibilités et l’intérêt
d’intégration d’éléments FLUID116 au modèle. Les éléments FLUID116, présents dans le logiciel
Ansys, permettent la prise en compte de ce phénomène à l’aide des équations de la dynamique des
fluides en 1D. Comme cela a été démontré [Raatikainen2011], ce type d’éléments permet ainsi
l’obtention de données fiables issues des phénomènes fluidiques, tout en conservant une modéli-
sation peu coûteuse.
LVI
Figure C.6 – Exemple de modèle 3D intégrant un élément FLUID116 - Cas d’un échangeur ther-
mique
"Optimisation du processus de dimen-
sionnement thermomécanique de Moule
Autonome à Transfert Thermique Effi-
cient pour la transformation rapide des
matériaux composites à renforts conti-
nus"
Résumé
Ce travail a pour but de proposer : (i) un nouveau concept d’outillage à faible inertie
thermique destiné à la transformation rapide des composites hautes performances
visant à répondre aux enjeux industriels, (ii) une nouvelle approche du dimension-
nement et de l’optimisation thermique de l’outillage basée sur l’exploitation d’un mo-
dèle éléments finis peu coûteux. La démarche s’appuie sur trois axes principaux : (i)
mettre en place un processus permettant d’estimer le coefficient convectif et de mo-
déliser le thermorégulateur avec la prise en compte des données technologiques du
système de chauffe (fluide, puissance thermique, régulation, pompe),(ii) développer
une démarche d’optimisation thermomécanique sous contrainte, reposant sur des
méthodes de métamodélisation et d’optimisation par algorithme génétique, (iii) qua-
lifier la démarche complète à l’aide de campagnes expérimentales permettant la
confrontation aux résultats numériques.
Abstract
The purpose of this study is to propose : (i) a new low thermal inertia mold concept
for rapid manufacturing of high performance composite materials in order to meet
industrial challenges, (ii) a new modeling approach for suitable thermomechanical
optimizations based on the exploitation of an inexpensive finite element model. This
approach relies on the three following tasks : (i) to develop a process for the convec-
tive coefficient estimation and for the thermoregulator modeling, both taking into
account heating technological constrains (fluid nature, thermal power, thermal re-
gulation, pump), (ii) to develop a thermomechanical optimization approach under
stress, based on surrogate methods and optimization by genetic algorithm, (iii) to
approve the whole approach using experimental campaigns allowing the compari-
son with numerical results.