Le Corps Utopique (FOUCAULT)

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LE CORPS UTOPIOUE, Cet ouvragê, pub ie dans le cadre du

LES HETEROTOPIES Programme d'AicJe à la Publicêtron


postface de Daniel Defert 2Ol3 Carlos Drummond de Andrade
de lâ l\4edrathêque de la Maison
O CORPO UTOPICO, de France, beneficie du soutien
AS HETEROTOPIA.S du N4inistêre franÇals des Affaires
com posfácio de Daniel Defert Etrêngeres et Europeennes.
O Nouvelles Editions Lignes, 2OO9
O n-1 publications, 20l3

Edition bilingue: FranÇais

«Le corps utopiques» et «Les


- Portugais

hétérotopies» sont deux conférences


G-I
Libêté. É,gatÍté, Fratemité
RÉPUBLIQUE FRANÇAIsE

radiophoniques prononcées par Michel


Foucault, les 7 et 21 décembre 1966 sur uéoraruêoue
France-Culturê. Ces conférences ont fait Maísond,eFrànce
l'objet d'une édition audio sous le titre
«Utopies et hétérotopies» (lNA-lYemoires
vives, 2004). «Les hétérotopies» a fait Cet ouvrage a benéficie du soutien
l'objet d'une edition, dans une version des Programmes d'aide à la 7 LE CORPS UTOPIOUE
rãccourcie et remaniee, sous le titre «Dês publlcatiÕn de l'lnstitut franÇêts.
espaces autres», aux Editions Gallimard
(Dits et Ecrits, t. lV).
19 LES HÉTÉROTOPIES
Tout en adoptant les usages éditoriaux
et finlandais, n-l publications ne suit pas
f*ffiilXIs
forcément lês normes institutionnelles
lmprimé en São Paulo
33 POSTFACE
courantes dans lã mesure oü l'édition est
un travail de création qui doit interagír Novembre, 2013
;: avec la pluÍalité des langues et la
singularité dê chaque ouvrage publié.
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ã Projet graphique: prôd.art.br
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Ê i:::,::l"jE.",ij;:iJ:;"['ií5;J1""'"' ffiffi
r La rêproduction partielle de cê livre sans
but lucratif êst autorisée - sous n'impôrte

i quelle forme, imprimée ou électronique


- à condition d'en mentionner la sourcê.
Pour une reproduction intégralê, priêre
d'entrer ên contact avec les éditeurs.
n -l pu b I icatio ns.org
LE CORPS UTOPIQUE

Ce lieu que Proust, doucement, anxieusement, vient occu-


1,cr de nouyeau à chacun de ses réveils, à ce lieu-là, dês que j'ai
It's yeux ouverts, je ne peux plus échapper. Non pas que je sois
prrr lui cloué sur place - puisque aprês tout je peux non seule-
rncnt bouger et remuer, mais je peux le obougerr, le remuer, le
. hanger de place -, seulement voilà: je ne peux pas me déplacer
t,rns lui; je ne peux pas le laisser là oü il esr pour m'en aller, moi,
:rillcurs. Je peux bien aller au bout du monde, je peux bien me
trrpir, le matin, sous mes couvertures, me faire aussi petit que je
pourrais, je peux bien me laisser fondre au soleil sur la plage, il
s('rir toujours là oü je suis. Il est ici irréparablement, jamais ail-
It'urs. Mon corps, c'est le contraire d'une utopie, ce qui n'est
j:rrlrais sous un autre ciel, il est le lieu absolu, le petit fragment
.l'cspace avec lequel, au sens strict, je fais corps.
Mon corps, topie impitoyable. Et si, par bonheur, je vivais
,rvcc lui dans une sorte de familiarité usée, comme avec une
()rnbre, comme avec ces choses de tous les jours que finalement
it' ne vois plus et que la vie a passées à la grisaille; comme avec
cheminées, ces toits qui moutonnent chaque soir devant ma
, r's

ícnêtre? Mais tous les matins, même présence, même blessure;


\()us mes yeux se dessine l'inévitable image qu'impose le miroir:
visage maigre, épaules yoütées, regard myope, plus de cheveux,
vrrriment pas beau. Et c'esr dans cette vilaine coquille de ma tête,
rl:rns cette câge que je n'aime pas, qu'il va falloir me monrrer er
nrc promener; à travers cette grille qu'il faudra parler, regarder,

L F aarFFS UTOt ()!t


être regardé; sorrs cette peau, croupir. Mon corps, c'est le lieu utopie de leurs corps glorieux, puissants, solaires, terreur des
sâns recours auquel je suis condamné. Je pense, aprês tout, que armées. Il y a eu les peintures et les sculptures des tombeaux;
c'est contre lui et comme pour l'effacer qu'on a fait naitre toutes les gisants, qui depuis le Moyen âge prolongent dans ['immo-
ces utopies. Le prestige de l'utopie, la beauté, l'émerveillement bilité une jeunesse qui ne passera plus. Il y a maintenant, de
de I'utopie, à quoi sont-ils dus? L'utopie, c'est un lieu hors de nos jours, ces simples cubes de marbre, corps géométrisés par la
tous les lieux, mais c'est un lieu oü j'a:urai un corps sans cor?s, pierre, figures réguliêres et blanches sur le grand tableau noir des
un corps qui sera beau, limpide, transparent, lumineux, véloce, cimetiêres. Et dans cette cité d'utopie des morts, voilà que mon
colossal dans sa puissance, infini dans sa durée, délié, invisible, corps devient solide comme une chose, éternel comme un dieu.
protégé, toujours transfiguré; et il se peut bien que I'utopie Mais peut-être la plus obstinée, la plus puissante de ces uto-
premiêre, celle qui est la plus indéracinable dans le caur des pies par lesquelles nous effaçons la triste topologie du corps,
hommes, ce soit précisément l'utopie d'un corps incorporel. Le c'est le grand mythe de I'âme qui nous la fournit depuis le fond
pays des fées, le pays des lutins, des génies, des magiciens, eh de l'histoire occidentale. L'âme fonctionne dans mon corps
bien, c'est le pays oü les corps se transportent aussi vite que la d'une façon bien merveilleuse. Elle y loge, bien sür, mais elle sait
lumiêre, c'est le pays oü les blessures guérissent avec un baume bien s'en échapper: elle s'en échappe pour voir les choses, à tra-
merveilleux le temps d'un éclair, c'est le pays oü on peut tom- vers les fenêtres de mes yeux, elle s'en échappe pour rêver quand
ber d'une montagne et se relever vivant, c'est le pays oü on est je dors, pour survivre quand je meurs. Elle est belle, mon âme,
visible quand on veut, invisible quand on le désire. S'il y a un elle est pure, elle est blanche; et si mon corps boueux - en tout
'- pays feerique, c'est bien pour que j'y sois prince charmant et cas pas três propre - vient à la salir, il y aura bien une vertu, il
E
G que tous les jolis gommeux deviennent poilus et vilains comme y aura bien une puissance, il y aura bien mille gestes sacrés qui
E des oursons. la rétabliront dans sa pureté premiêre. Elle durera longtemps,
t-
It
r Mais il y a aussi une utopie qui est faite pour effacer les
corps. Cette utopie, c'est le pays des morts, ce sont les grandes
mon âme, et plus que longtemps, quand mon vieux corps ira
pourrir. Vive mon âme! C'est mon corPs lumineux, purifié,
cités utopiques que nous a laissées la civilisation égyptienne. Les vertueux, agile, mobile, tiêde, frais; c'est mon corps lisse, châ-
I momies, aprês tout, qu'est-ce que c'est? C'est I'utopie du corps
nié et transfiguré. La momie, c'est Ie grand corps utopique qui
tré, arrondi comme une bulle de savon.
Et voilà! Mon corps, par la vertu de toutes ces utopies, a dis-
persiste à travers le temps. Il y a eu aussi les masques d'or que paru. Il a disparu comme la flamme d'une bougie qu'on souffie.
la civilisation mycénienne posait sur les visages des rois défunts: L'âme, les tombeaux, les génies et les fées ont fait main basse

LE COÍiPS L]TOPIOUE
LE CORPS UTOPIOUE
10 sur lui, l'ont fait disparaitre en un tournemain, ont souffié sur rn'y attends, je sais ce qu'est être nu; Pourtant, ce même corps
sa lourdeur, sur sa laideur, et me I'onr restitué éblouissant et qui est si visible, il est retiré, il est capté par une sorte d'invi-
perpétuel. sibilité de laquelle jamais je ne peux le détacher. Ce crâne, ce
Mais mon corps, à vrai dire, ne se laisse pas réduire si facile_ derriêre de mon crâne que je peux tâter, là, avec mes doigts,
ment. Il a, aprês tout, lui-même, ses ressources propres de fan- rnais voir, jamais; ce dos, que je sens appuyé contre la pous-
tastique; il en possêde, lui aussi, des lieux sans lieu et des lieux sée du matelas sur le divan, quand je suis allongé, mais que je
plus profonds, plus obstinés encore que l'âme, que le rombeau, ne surprendrai que par la ruse d'un miroir; et qu'est-ce que
que l'enchantement des magiciens. Il a ses caves et ses greniers, c'est que cette épaule, dont je connais avec précision les mou-
il il a ses plages lumineuses. Ma tête, par
a ses séjours obscurs, v€ments et les positions, mais que je ne saurai jamais voir sans
exemple, ma tête: quelle étrange caverne ouverte sur le monde rne contourner affreusement. Le corps, fantôme qui n'apparait
extérieur par deux fenêtres, deux ouyertures, j'en suis bien sür, qu'au mirage des miroirs, et encore, d'une façon fragmentaire.
puisque je les vois dans le miroir; et puis, je peux fermer l,une Est-ce que vraiment j'ai besoin des génies et des fees, et de la
ou l'autre séparément. Et pourtant, il n'y en a qu'une seule, de mort et de l'âme, pour être à la fois indissociablement visible et
ces ouyertures, car je ne vois devant moi qu'un seul paysage, invisible? Et puis, ce corps, il est léger, il est transparent, il est
continu, sans cloison ni coupure. Et dans cette tête, comment impondérable; rien n'est moins chose que lui: il court, il agit, il
est-ce que les choses se passent? Eh bien, les choses viennent vit, il désire, il se laisse traverser sans résistance par toutes mes

t se loger en elle. Elles y enrrenr


- er ça, je suis bien sür que les
choses enrrenr dans ma tête quand je regarde, puisque le soleil,
intentions. Hé oui! Mais jusqu'au jour oü j'ai mal, oü se creuse
la caverne de mon ventre, oü se bloquent, oü s'engorgent, oü se
quand il est trop fort et m'éblouit, va déchirer jusqu'au fond de bourrent d'étoupe ma poitrine et ma gorge. Jusqu'au jour oü
:É mon cerveau -, et pourtant ces choses qui entrent dans ma tête
I demeurent bien à l'exrérieur, puisque je les vois devant moi et
s'étoile au fond de ma bouche le mal aux dents. Alors, alors 1à,

I que, pour les rejoindre, je dois m'avancer à mon tour.


Corps incompréhensible, corps pénétrable et opaque, corps
je cesse d'être léger, impondérable, etc.; je deviens chose, archi-
recture fantastique et ruinée.
Non, vraiment, il n'est pas besoin de magie ni de féerie, il
ouverr et fermé: corps utopique. Corps absolument visible, n'est pas besoin d'une âme ni d'une mort pour que je sois à la fois
;
en un sens: je sais três bien ce que c'esr qu'être regardé par opaque et transparent, visible et invisible, vie et chose: Pour que
quelqu'un d'autre de la tête aux pieds, je sais ce que c,esr qu,être je sois utopie, il suffit que je sois un corps.Toutes ces utopies par
épié par-derriêre, surveillé par-dessus l'épaule, surpris quand je lesquelles j'esquivais mon corPs, elles avaient tout simplement

I L CORPS L]IOPIQUL I (AIRT]S UI']P Ot]L


leur modêle et leur point premier d'application, elles avaient lieu qui n'a pas de lieu directement dans le monde, ils font de
leur lieu d'origine dans mon corps lui-même. J'avais bien tort, ce corps un fragment d'espace imaginaire qui va communiquer
tout à l'heure, de dire que les utopies étaient tournées contre le avec l'univers des divinités ou avec l'univers d'autrui. On sera
corps et destinées à l'effacer: elles sont nées du corps lui-même saisi par les dieux ou on sera saisi par la personne qu'on vienr
et se sont peut-être ensuite retournées contre lui. de séduire. En tout cas, Ie masque, le tatouage, le fard sont des
En tout cas, il y a une chose certaine, c'est que le corps opérations par lesquelles Ie corps est arraché à son espace propre
humain est l'acteur principal de toutes les utopies. Aprês tout, et projeté dans un autre espace.
une des plus vieilles utopies que les hommes se sonr raconrées Écort., par exemple ce conte japonais et la maniêre dont
à eux-mêmes, n'est-ce pas le rêve de corps immenses, démesu- un tatoueur fait passer dans un univers qui n'est pas le nôtre le
rés, qui dévoreraient l'espace et maitriseraient le monde? C'est corps de la jeune fille qu'il désire: ule soleil dardait ses ralons sur
la vieille utopie des géants, qu'on trouve au ccur de tant de la riuiàre et incendiait la chambre dux se?t nattes. Ses rayons réflé-
légendes, en Europe, en Afrique, en Océanie, en Asie; certe chis sar la surface de l'eauformaient un dessin de udgues dorées sur
vieille légende qui a si longtemps nourri l'imagination occiden- le papier des paraaents et sur le uisage de la jeune
fille profondément
tale, de Prométhée à Gulliver. endormie. Seihichi, apràs auoir tiré les cloisorus, prit en mdins ses
Le corps aussi est un grand acreur utopique, quand il s'agit outils de tatouage. Pendant quelques instants, il demeura plongé
des masques, du maquillage et du tatouage. Se masquer, se dans une sorte d'extase. C'est à préserut qu'il goírtait pleinement
maquiller, se tatouer, ce n'est pas exactement, comme on pour- l'étrange beauté de la jeune flle. Il lui semblait qu'il pouuait res-
L*
rait se l'imaginer, acquérir un autre corps, simplement un peu ter assis deaant ce uisage immobile pendant des dizaines et des cen-
plus beau, mieux décoré, plus facilemenr reconnaissable; se taines d'années sans jamais ressentir nifatigue ni ennui. Comme le
:H tatouer, se maquiller, se masquer, c'est sans doute tout autre peuple de Memphis embellissait jadis la terre magnifique d'Egryrc
!
t chose, c'est faire entrer le corps en communication avec des pou-
voirs secrets et des forces invisibles. Le masque, le signe tatoué,
le fard déposent sur le corps rout un langage: tout un langage
de pyramides et de sphinx, ainsi Seihichi de tout son dmour uou-
lut embellir de son dessiru la peau fraíche de la jeune flle. Il lui
rypliqua aussitôt la pointe de ses piruceaux de couleur t€nus entre le
énigmatique, tout un langage chiffré, secret, sacré, qui appelle louce, l'annukire et le petit doigt de la main gauche, et à mesare
; sur ce même corps la violence du dieu, la puissance sourde du que les ligrues étaient dessinées, il les piquait de son aiguille teruue de
sacré ou la vivacité du désir. Le masque, le tarouage, le fard h main droite.u
placent le corps dans un autre espace, ils le font entrer dans un Et si on songe que le yêtement sacré, ou profane, religieux

Lt CORPS UTOP]OUÊ I-F CORPS U TOP OUE


ou civil fait entrer l'individu dans l'espace clos du religieux ou ',,r lr' lroint zéro dt monde, là oü les chemins et les espaces
dans le réseau invisible de la société, alors on voit que tout ce \r( lur('llt se croiser le corps n'est nulle part: il est au caur du
qui touche au corps - dessin, couleur, diadême, tiare, vêtement, nl,n(lc ce petit noyau utopique à partir duquel je rêve, je parle,
uniforme -, tout cela fait épanouir sous une forme sensible et t.r\'.lnce, j'imagine, je perçois les choses en leur place et je les
bariolée les utopies scellées dans le corps. rrr' .urssi par le pouvoir indéfini des utopies que j'imagine. Mon
Mais peut-être faudrait-il descendre encore au-dessous du ,,rl)s cst comme la Cité du Soleil, il n'a pas de lieu, mais c'est
vêtement, peut-être faudrait-il atteindre la chair elle-même, et ,1, ltri tlue sortent et que rayonnent tous les lieux possibles, réels
alors on verrait que dans certains cas, à la limite, c'est le corps ,,rr rrt«rpiques.
lui-même qui retourne contre soi son pouvoir utopique et fait Aprês tout, les enfants mettent longtemps à savoir qu'ils ont
entrer tout l'espace du religieux et du sacré, tout l'espace de rn ( ()rps. Pendant des mois, pendant plus d'une année, ils n'ont
l'autre monde, tout l'espace du contre-monde, à I'intérieur rlu un corps dispersé, des membres, des cavités, des orifices, et
même de l'espace qui lui est réservé. Alors, le corps, dans sa r,rrr ccci ne s'organise, tout ceci ne prend littéralement corps
matérialité, dans sa chair, serait comme le produit de ses propres rlu('(lans l'image du miroir. D'une façon plus étrange encore,
fantasmes. Aprês tout, est-ce que le corps du danseur n'est pas 1,,, ( irccs d'Homêre n'avaienr pas de mot pour désigner l'unité
justement un corps dilaté selon tout un espace qui lui est inté- ,lrr ..orps. Aussi paradoxal que ce soit, devant Troie, sous les
rieur et extérieur à la fois? Et les drogués aussi, et les possédés; rrrrrrs cléfendus par Hector et ses compagnons, il n'y avait pas
les possédés, dont Ie corps devient enfer; les stigmatisés, dont le ,l, , or'1>s,il y avait des bras levés, il y avait des poitrines coura-
k corps devient souÊfrance, rachat et salut, sanglant paradis. li( us('s, il y avait des jambes agiles, il y avait des casques étin-
I
I
J'étais sot, vraiment, tout à l'heure, de croire que le corps
n'était.iamais ailleurs, qu'il était un ici irrémédiable et qu'il s'op-
,,l,rrr(s au-dessus des têtes: il n'y avait pas de corps. Le mot
1,rcr rf ui veut dire corps n'apparait chez Homêre que pour dési-
posait à toute utopie. 1'rr,'r' lc cadavre. C'est ce cadavre, par conséquent, c'est le
Mon corps, en fait, il est toujours ailleurs, il est lié à tous , ,r(lrrvrc et c'est le miroir qui nous enseignent (enfin, qui ont

les ailleurs du monde, et à vrai dire il est ailleurs que dans le ,'rrrcigné aux Grecs et qui enseignent maintenant aux enfants)
monde. Car c'est autour de lui que les choses sont disposées, (1r('nous avons un corps, que ce corps a une forme, que cette
c'est par rapport à lui - et par rapport à lui comme par rapport Ir )nnc a un contour, que dans ce contour il y a une épaisseur, un

à un souverain - qu'il y a un dessus, un dessous, une droite, une 1',,itls; bref, que le corps occupe un lieu. C'est le miroir et c'esr le
gauche, un avant, un arriêre, un proche, un lointain. Le corps , ,r,l:rvrc qui assignent un espace à l'expérience profondément

Lt CORPS L]TOP]1]!F LE (]ORP5 ! IOP QUE


et originairement utopique du corps; c'esr le miroir et c,est le
cadavre qui font taire et apaisent et ferment sur une clôture _ qui
est maintenant pour nous scellée cette grande rage utopique
-
qui délabre et volatilise à chaque instant notre corps. c'est grâce
à eux, c'est grâce au miroir et au cadavre que notre corps n,est
pas pure et simple utopie. Or, si l'on songe que l,image du miroir
est logée pour nous dans un espace inaccessible, et que nous ne
pourrons jamais être là oü sera notre cadavre, si l,on songe que le
miroir et le cadavre sonr eux-mêmes dans un invincible ailleurs,
alors on découvre que seules des utopies peuvenr refermer sur
elles-mêmes et cacher un instant l'utopie profonde et souveraine
de notre corps.
Peut-être faudrait-il dire aussi que faire l,amour, c'esr sen_
tir son corps se refermer sur soi, c'est enfin exister hors de toute
utopie, avec toute sa densité, entre les mains de l,autre. Sous les
doigts de l'autre qui vous parcourenr, routes les parts invisibles
de votre corps se mettent à exister, contre les lêvres de l'autre les
vôtres deviennent sensibles, devant ses ye,.x miclos votre visage
acquiert une certitude, il y a un regard enfin pour voir vos pau-
piêres fermées. L'amour, lui aussi, comme le miroir et comme
la mort, apaise I'utopie de votre corps, il la fait taire, il la calme,
il l'enferme comme dans une boite, il la clôt et il la scelle. c'esr
pourquoi il
est si proche parent de l'illusion du miroir et de
la menace de la mort; et si malgré ces deux figures périlleuses
qui l'entourent, on aime tant faire l'amour, c,est parce que dans
l'amour le corps est ici.

I E CORPS UTOPIQUL
O CORPO UTOPICO

I ). lugar que Proust ocupa, docemente, ansiosamente, sem-


pr, (' .r .:lda vez que desperta, deste lugaq se meus olhos estive-
r.rrr .rl,crtos, náo posso mais escapar. Náo que ele me paralise
lrilr\, ifinal, posso náo aPenas mover-me e remover-me, como
;rrrrr,r t:rmbém"mouê-10", remouê-lo, mudá-lo de localizaçáo -
{lr('n.r.\ isto: náo posso deslocar-me sem ele; náo posso deixá-lo
li ,,rr,lc ele está para ir-me a outro lugar. Posso até ir ao fim do
rrrrrn.lrr, posso, de manhá, sob as cobertas, encolher-me, fazer-
rrr rrio pequeno quanto possível, posso deixar-me derreter na
comigo onde eu estiver. Está
1'r.,r.r, sob o sol, e ele estará sempre
orpri, irreparavelmente, jamais em outro lugar. Meu corpo é o
r ililrriirio de uma utopia, é o que jamais se encontra sob outro

., u. lugar absoluto, pequeno fragmento de espaço com o qual,


lrr r«'ntido estrito, faço corpo.
Mcu corpo, topia implacável. E se, por sorte, eu vivesse com
,1,' .'rn uma espécie de familiaridade gasta, como se com uma
r,,rnllra, ou com as coisas de todos os dias que no fim das contas
n,r. cnxergo mais e que a vida embaçou; como as chaminés, os
rr'f ()s que, todas as tardes, se ondulam diante de minha janela?

N, t'ntanto, todas as manhás, a mesma presença' a mesma ferida;


,1,'r.'nha-se aos meus olhos a inevitável imagem imposta pelo
rosto magro, ombros arcados, olhar míope, sem cabe-
''\p('lho:
1,,r, rcalmente nada belo. E é nesta desprezível concha da minha
, .rlrt'ça, nesta gaiola de que náo gosto, que será preciso mostrar-

rnc c caminhar; é através desta grade que será preciso falar, olhar,

O CORPO UTOP CO
ser olhado; sob esta pele, deteriorar. Meu corpo é o lugar sem
lrrunlr:ls e as esculturas dos túmulos onde jazem os que desde a
recurso ao qual estou condenado. Penso, afinal, que é contra ele I'l,r,l, Módia prolongam na imobilidade uma juventude que náo
e como que para apagá-lo que fizemos nascer todas as utopias. rrr,rrr p;155x1i. Existem agoÍa, em nossos dias, os simples cubos
A que se deve o prestígio da utopia, abeleza,o deslumbramento nr.ilr)rore, corpos geometrizados pela pedra, figuras regulares
'1,
da utopia? A utopia é um lugar fora de todos os lugares, mas um , I'r.rrrtus sobre o grande quadro negro dos cemitérios. E, nessa
lugar onde eu teria um corpo sem cor?o, um corpo que seria belo, , t,l,rrlt'rle utopia dos mortos, eis que meu corpo torna-se sólido
límpido, transparente, luminoso, veloz, colossal na sua potência, ,rnr() urna coisa, eterno como um deus.
infinito na suâ duração, solto, invisível, protegido, sempre rrans- llrri'm, a mais obstinada talvez, a mais possante dessas utopias
figurado; pode bem ser que a utopia primeira, a mais inextirpá- p.l.n r;trais apagamos a triste topologia do corpo, nos é fornecida,
vel no coraçáo dos homens, consisra precisamente na utopia de ,l, o,l.' .,s confins da história ocidental, pelo grande mito da alma.
um corpo incorporal. O país das fadas, o país dos duendes, dos  .rlrrr;r funciona no meu corpo de maneira maravilhosa. Nele
gênios, dos mágicos, este é o país onde os corpos se rransportam rr ,rIrj;r, certamente, mas sabe bem dele escapar: escapa para ver
táo rápido quanro aluz, o país onde as feridas se curam com um ,r! r ois:rs através das janelas dos meus olhos, escapa para sonhar
bálsamo maravilhoso na duraçáo de um relâmpago, o país onde ,1rr,rrr.l«r durmo, para sobreviver quando morro. Minha alma é
se pode cair de uma montanha e reerguer-se vivo, o país onde se
l,, l,r, t: pura, é branca; e, se meu corpo lamacento - de todo modo
é visível
quando se quiser, invisível quando se desejar. Se existir l,t,r ntuito limpo - yier a sujá-la, haverá sempre uma virtude,
um país feérico, é justamente para que eu seja príncipe encan- lr,rr', r;í uma potência, haverá mil gestos sagrados que a restabele-
tado e que todos os janotas graciosos tornem-se peludos e vilóes , , t.t( ) r'lrl sua pureza primeira. Minha alma durará muito tempo
como pequenos ursos. r lr,ris que muito tempo, quando meu corpo vier a apodrecer.
Mas há também uma utopia que é feita paraapagar os corpos. \'rr',r rrrinha alma! É meu corpo luminoso, purificado, virtuoso,
Essa utopia é o país dos morros, sáo as grandes cidades utópicas ,i1irl, nrrivel, tépido, viçoso; é meu corpo liso, castrado, arredon-
que nos foram deixadas pela civilizaçáo egípcia. Afinal, o que sáo ,1,r,1,, tomo uma bolha de sabáo.
asmúmias? Elas sáo a utopia do corpo negado e transfigurado. A l',is entáo que em virtude de todas essas utopias meu corpo
múmia é o grande corpo utópico que persiste arrayés do tempo. rlr'\,rl)ilr-cceu! Desapareceu como a chama de uma vela que se
Existiram também as máscaras de ouro que a civilizaçáo micênica !r\,,(,1)rrr. A alma, os túmulos, os gênios e as fadas o massacraram,
colocaya sobre os rosros dos reis defuntos: utopia de seus corpos lrr, r.rnr-no desaparecer num átimo, soprarâm sobre seu peso e
gloriosos, possantes, solares, terror dos exércitos. Existiram as srr.r ír':rlclade, e o restituíram a mim deslumbrante e perpétuo.

o CÔRPO UTÓP Co
O CORI'O UIOP]CO
Mas, na verdade, meu corpo náo se deixa reduzir táo facil- rr,r prt'ssãodo colcháo sobre o divá quando me deito, mas que
mente. Afinal, ele tem suas fontes próprias de fantástico; possui, *rnr('nte surpreenderei pelo ardil de um espelho; e o que é este
também ele, lugares sem lugar e lugares mais profundos, mais ,,nrlrro, cujos movimentos e posiçóes conheço com precisáo,
obstinados ainda que a alma, que o túmulo, que o encanrâmento nr,r\ (lue jamais poderei \rer sem me contorcer terrivelmente?
dos mágicos. Possui, também ele, suas caves e seus celeiros, tem ( ) t orpo, fantasma que só aparece na miragem dos espelhos e,
abrigos obscuros e plagas luminosas. Minha cabeça, por exem- drr(Ll assim, de maneira fragmentária. Preciso, verdadeiramente,
plo, ah minha cabeça: estranha caverna aberta pâra o mundo ,[,r gênios e das fadas, da morte e da alma, para ser ao mesmo
exterior por duas janelas, duas aberturas, sei disso, pois as vejo r('nrl)o indissociavelmente visível e invisível? Ademais, este corpo
no espelho; ademais, posso fechar uma ou outra separadamente. ,' k'vc, é transparente, é imponderável; nada é menos coisa que
E, no entanto, essas aberturas náo sáo senáo uma só, pois náo .'1,': cle corre, age, vive, deseja, deixa-se atravessar sem resistência
vejo diante de mim senáo uma só paisagem, contínua, sem divi- por todas as minhas intençóes. É verdade! Mas somente até o
sáo nem corte. E dentro desta cabeça, como se passam as coisas? ,lr,r t'rn que adoeço, em que se rompe a caverna de meu ventre,
Elas entram lá - e estou muito seguro de que as coisas enrram .nr (lue meu peito e minha garganta se bloqueiam, se entoPem,
na minha cabeça quando eu olho, pois o sol, se for demasiado r,' lt'cham. Até o dia em que a dor de dentes estrala no fundo da
forte e me ofuscar, dilacera até o fundo do meu cérebro e, no
- rrrirrlra boca. Entáo, aí entáo, deixo de ser leve, imponderável etc.;
entanto, essas coisas que entram dentro da minha cabeça perma- rr )r rro-me coisa, arquitetura fantástica e arruinada.
necem no exterior, pois vejo-as diante de mim e eu, por minha Náo, verdadeiramente náo há necessidade da mágica nem
vez, devo me adiantar para alcançá-las. ,1,, ícérico, náo há necessidade de uma alma nem de uma morte
Corpo incompreensível, corpo penetrável e opaco, corpo
l).il;l que eu seja âo mesmo temPo opaco e transparente, visível
aberto e fechado: corpo utópico. Corpo absolutamente visível, ,'irrvisível, vida e coisa: para que eu seja utopia, basta que eu
em um sentido: sei muito bem o que é ser olhado por alguém da r«'irr um corpo. Todas aquelas utopias pelas quais eu esquivava
cabeça aos pés, sei o que é ser espiado por trás, vigiado por cima nr('u corpo encontrâyâm muito simplesmente seu modelo e seu
do ombro, surpreso quando percebo isso, sei o que é estar nu; no
1,,rnto primeiro de aplicaçáo, encontrayam seu lugar de origem
entanto, este mesmo corpo que é táo visível, é afastado, captado n, nreu próprio corpo. Enganara-me, há pouco , ao dizer que as
por uma espécie de invisibilidade da qual jamais posso desven- lropias eram voltadas contra o corpo e destinadas a apagá-lo:
cilhá-lo. Este meu crânio, atrás do meu crânio, que posso tocar ,'l.rs rrascem do próprio corpo e, em seguida, talyez, retornem
com meus dedos, mas nunca ver; este dorso, que sinto apoiado ,,,rrtra ele.

O CORPO UTOPICO
O CORPO UTOP CO
Em todo caso, uma coisa é certa, o corpo humano é o ator ( )rrÇamos, por exemplo, este conto japonês e a maneira com
principal de todas as utopias. Afinal, uma das mais velhas utopias ,|l( ilrl tatuador faz passar para um universo que náo é o nosso
que os homens contaram para si mesmos náo é o sonho de corpos ,, , r,r l)o da jovem que ele deseja: "O sol dardejava seus raios sobre
imensos, desmesurados, que devorariam o espaço e dominariam , r. (' incendiava o quarto de sete esteiras. Seus raios refletidos
o mundo? É a velha utopia dos gigantes, que enconrramos no rr.r rrrlrcrffcie daáguaformavam um desenho de ondas douradas
coraçáo de tantas lendas, na Europa, .r" Áfri.a, na Oceania, na r,,l,rt'o papel dos biombos e sobre o rosto da jovem profunda-
Âi", erra velha lenda que há táo longo tempo nurre a imaginaçáo irr, nrc adormecida. Seikichi, após puxar a divisória, tomou nas
ocidental, de Prometeu a Gulliver. rr.r()s seus instrumentos de tatuagem. Durante alguns instantes,
O corpo é também um grande ator utópico, quando se trata de p('rrrureceu mergulhado em uma espécie de êxtase. Era entáo que
máscaras, da maquiagem e da tatuagem. Mascarar-se, maquiar-se, , l, plenamente a estranha beleza da jovem. Parecialhe
';rlroreava
tatuar-se náo é, exatamente, como se poderia imaginar, adquirir
1r,rlt'r' ficar sentando diante desse rosto imóvel durante dezenas
outro corpo, simplesmente um pouco mais belo, melhor decorado, r r t'ntcnâs de anos sem jamais sentir cansaço nem fastio. Como
mais facilmente reconhecível: tatuar-se, maquiar-se, mascarar-se ,ru r r( )r'a o povo de Mênfis embelezava a magnífica terra do Egito
é sem dúvida algo muito diferente, é fazer com que o corpo entre ,,,rrr pirâmides e esfinges, assim Seikichi, com todo amor, que-
em comunicaçáo com poderes secretos e forças invisíveis. Máscara, rr.r , rrrbelezar com seu desenho a pele viçosa da jovem. Aplicou-
signo tatuado, pinrura depositam no corpo toda uma linguagem: llrt' cntáo a ponta de seus pincéis coloridos que segurava entre o
toda uma linguagem enigmática, toda uma linguagem cifrada,
;,,,lcg:rr, o anular e o pequeno dedo da máo esquerda e, à medida
secreta, sagrada, que evoca para este mesmo corpo a violência do , nr (lue as linhas eram desenhadas, picava-as com a agulha que
deus, a porência surda do sagrado ou a vivacidade do desejo. A \( lilrrrva na máo direita."
máscara, a tatuagem, a pintura instalam o corpo em ouüo espaço, l. se considerârmos que a vestimenta sagrada ou profana, reli-
fazem-no entrar em um lugar que náo tem lugar diretamente no
fir()sir ou çivilfaz com que o indivíduo entre no espaço fechado
mundo, fazem deste corpo um fragmento de espaço imaginário , l, , r't'ligioso ou na rede invisível da sociedade, veremos entáo que

que se comunicará com o universo das divindades ou com o uni- rrr,l., o que concerne ao corpo - desenho, cor, coroa, tiara, vesti-
verso do outro. Por ele, seremos tomados pelos deuses ou seremos rr('ntrl, uniforme tudo isso faz desabrochar, de forma sensível
-
tomados pela pessoa que acabamos de seduzir. De todo modo, a ilriltizada, as utopias seladas no corpo.
'
máscara, a ratuagem, a pintura sáo operaçóes pelas quais o corpo é Mas talvez fosse preciso descer mais, por baixo da vestimenta,
arrancado de seu espaço próprio e projetado em um espaço ourro. r.rlv..'z fosse preciso atingir a própria carne, e veríamos entáo que,

O CORPO I'TOP
'Ô o CoRPo UTÓP C.)
em certos casos, no limite, é o próprio corpo que retorna Ar t rirrnças, afinal, levam muito tempo para saber que têm
poder utópico conrra si e faz enrrar todo o espaço do religioso unr r,rp«r. Durante meses, durante mais de um ano, elas têm
e do sagrado, todo o espaço do outro mundo, todo o espaço
do 4|. ll,r\ lltrr corpo disperso, membros, cavidades, oriftcios, e tudo
contramundo, no interior mesmo do espaço que lhe é reservado. iirrrr, st' organiza, tudo isso literalmente toma corpo somente
Entáo, o corpo, na sua materialidade, na sua carne, seria como o n,r rn.rli('rn do espelho. De modo mais estranho ainda, os gregos
produto de seus próprios fantasmas. Afinal, o corpo do dançarino rlr I l,,rrre ro náo tinham uma palavra para designar a unidade do
náo é justamenre um corpo dilatado segundo um espaço que lhe ,,,r1',,. I)«lr paradoxal que seja, diante detóia, abaixo dos muros
é ao mesmo rempo interior e exterior? E os drogados também, e rlrllrr.litkrs por Heitor e seus companheiros, náo havia corpos,
os possuídos; os possuídos, cujo corpo tornâ-se inferno; os esti
frr,n l,r:rços erguidos, peitos intrépidos, pernas ágeis, capacetes
matizados, cujo corpo torna-se sofrimento, resgate e salvaçáo, r lrrnl,urÍcs em cima de cabeças: náo havia corpo. A palavra grega
ensanguentado paraíso.
rnr.r (lizcr corpo só aparece em Homero para designar cadáver.
Verdadeiramenre, engânara-me, há pouco, ao crer que o l' ,,,.rrllíver, portanto, o cadáver e o espelho que nos ensinam
corpo jamais estivesse em outro lugar, que era um aqui irreme- lr rrlrrr, que ensinaram aos gregos e agora ensinam às crianças)
diável e que se opunha a toda utopia. 11r(' r('rnos um corpo, que este corpo tem uma forma, que esta
Meu corpo está, de fato, sempreem outro lugar, ligado a todos lrrn.r tcm um contorno, que no contorno há uma espessura, um
os outros lugares do mundo e, na verdade, está em outro lugar ('n) sumâ, que o corpo ocupa um lugar. Espelho e cadáver
Irr'\r):
que náo o mundo. Pois, é em rorno dele que as coisas estáo dis- r- rf n(' ;rsseguram um espaço para a experiência profundamente e
postas, é em relaçáo a ele
- e em relaçáo a ele como em relaçáo a ,'r rliirrrrriamente utópica do corpo; espelho e cadáver é que silen-
um soberano - que há um acima, um abaixo, uma direita, uma t,ill| (' .screnizâm, encerrando em uma clausura
r
- gue, para nós,
esquerda, um diante, um atrás, um próximo, um longínquo. O lr,,;,', ú selada * esta grande cólera utópica que corrói e volatiliza
corpo é o ponto zero do mundo, lá onde os caminhos e os espaços rír\\() corpo a todo instante. Graças a eles, graças ao espelho e
se cruzam, o corpo está em parte alguma: ele está no coraçáo do ,r.lriver, é que nosso corpo náo é pura e simples utopia. Ora,
,r,, ,
mundo, este pequeno fulcro urópico, a partir do qual eu sonho, n, ,,,rrsiderarmos que a imagem do espelho está alojada para
falo, avanço, imagino, percebo as coisas em seu lugar e também r.\ ('r)l um espaço inacessível, e que jamais poderemos estar lá
as nego pelo poder indefinido das utopias que imagino. Meu ,,rr,k cstará nosso cadáver, se considerarmos que o espelho e o
corpo é como a Cidade do Sol, náo tem lugar, mas é dele que ,,r,l,ivcr estáo, eles próprios, em um inatingível outro lugar, des-
sâem e se irradiam todos os lugares possíveis, reais ou utópicos. ,,,1,r'irrros entáo que unicamente as utopias podem fazer refluir

o CoRPo UTÓPICo
O CORPO UTOPICO
nelas mesmas e esconder por um instante a utopia profunda
soberana de nosso corpo.
Seria talvez necessário dizer também que fazer amor é
tir o corpo refluir sobre si, é existir, enfim, fora de toda utopi
com toda densidade, entre as máos do ourro. Sob os dedos
outro que nos percorrem, todas as parres invisíveis de n
corpo póem-se a existir, conrra os lábios do outro os nossos
tornam sensíveis, diante de seus olhos semicerrados, nosso ros
adquire uma certezâ, existe um olhar, enfim, para ver nossas pál-
pebras fechadas. O amor, também ele, como o espelho e
a morte, sereniza a utopia de nosso corpo, silencia-a, acalma_a,
fecha-a como se numa caixa, tranca-a e a sela. É por isso que ele é
parente táo próximo da ilusáo do espelho e da ameaça da morte;
e se, apesar dessas duas figuras perigosas que o cercam, amamos
tanto fazer amor, é porque no amor o corpo está aqui.

O CORPO U]OP CO

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