La Concurrence Déloyale
La Concurrence Déloyale
La Concurrence Déloyale
DREYER
Faculté des Sciences économiques et 2007
sociales (semestre automne)
LE DROIT DE LA CONCURRENCE
Première Partie
L’accès au marché
Chapitre 1
LE MARCHE
§3 LA REGLEMENTATION DU MARCHE
Chapitre 2
Deuxième Partie
L’exercice de la concurrence et la protection du marché
Chapitre 3
Chapitre 4
§7 LES ENTENTES
Chapitre 5
APPLICATION DU DROIT
§ 10 DROIT ADMINISTRATIF
§ 11 DROIT CIVIL
* * * * *
UNIVERSITE DE FRIBOURG D. DREYER
Faculté des Sciences économiques et 2007
sociales (semestre automne)
LE DROIT DE LA CONCURRENCE
DOCUMENTS DE TRAVAIL
1
L’évolution des économies suisse, européenne et mondiale au cours des quinze dernières
années a accentué le rôle de la concurrence dans le fonctionnement des marchés :
- La mise en place d’un véritable marché intérieur européen (de 15 Etats en 1992, de 27
Etats en 2007 dans l’Union européenne et 3 Etats dans l’Espace Economique Européen
et des Accords bilatéraux avec la Suisse !) a permis aux entreprises européennes de
travailler et d’organiser leurs activités à une autre échelle ;
- Dans ce contexte, la Suisse a d’abord pris conscience de son décalage (refus de l’Espace
économique européen en 1992) et, depuis, essaie de se repositionner (adhésion à l’ONU,
accords bilatéraux avec l’Union européenne, réforme du droit économique interne).
2
Au cours de cette période, à tous les échelons (OMC, Union européenne, Suisse), on s’est
préoccupé du fonctionnement de la concurrence et de sa réglementation. La première
tâche du législateur est de favoriser les échanges et de permettre l’accès au marché (1ère
Partie). Le cadre dans lequel la concurrence peut s’exercer étant fixé, il s’agira ensuite
d’examiner comment elle risque d’être entravée ou éliminée ou encore accaparée (2e
Partie). Ces sujets seront traités en droit suisse et en droit européen car ils se présentent
d’une manière assez comparable même si c’est à une échelle très différente.
Préalablement, il convient de rappeler la place et le rôle du droit de la concurrence (§ 1).
2
Textes législatifs : art. 27, 94-97, 100-103, Cst. féd (RS 101); art. 3 let. g, 81 et 82,
92 TUE.
3
Le droit de la concurrence est une branche de ce que certains appellent le droit
économique, (G. FARJAT, Pour un droit économique, Paris 2004 ; J.-PH. COLSON,
Droit public économique, 3e éd., Paris 2001), et d’autres le droit du marché, (C.
LUCAS DE LEYSSAC / G. PARLEANI, Droit du marché, Paris 2002). Cette manière
assez différente de « classer » cette branche du droit n’est pas surprenante ; elle met
en évidence les aspects administratifs (rapports entre l’Etat et les administrés, en
l’occurrence, les entreprises) ou les aspects de droit privé (rapports des entreprises
entre elles).
8
La liberté contractuelle et les mécanismes prévus par le droit privé des
contrats permettent d’organiser l’activité économique. Cette liberté
contractuelle n’est toutefois pas sans limite :
9
- l’Etat intervient et impose des règles protectrices chaque fois que
l’expérience montre qu’une des parties au contrat n’est pas en position de
négocier avec une véritable marge de manœuvre : protection du locataire
dans le droit du bail ; protection du travailleur dans le contrat de travail ;
protection de l’emprunteur dans la loi sur le petit crédit.
10
- Si les entreprises utilisent les règles contractuelles pour empêcher le
fonctionnement du marché (accord sur les prix, sur les territoires,
interdiction de revendre à certains acteurs économiques), l’Etat intervient
pour faire constater la nullité de ces clauses contractuelles.
11
En droit européen, les fondements du droit de la concurrence se trouvent
déjà dans le Traité de Rome signé en 1957 (art. 3 ch. 1 let g TCE; art. 81 et
82 TCE ; cf. ci-dessous § 7 et 8).
12
D’une manière caractéristique, l’Union européenne s’est d’abord donnée pour but la mise en
place d’un marché intérieur « caractérisé par l’abolition, entre les Etats membres, des obstacles
à la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux » (art. 3 ch. 1
let. c TCE). Ensuite, l’Union a voulu que soit instauré et maintenu « un régime assurant que la
concurrence n’est pas faussée dans le marché intérieur » (let. g).
Ainsi, en dehors du système juridique américain, l’Union européenne est la principale entité
économique qui a, à la fois adopté des règles juridiques relatives à l’accès au marché et à
l’exercice de la concurrence, et qui a aussi mis en place les instruments de mise en œuvre et
d’application effective de ces règles (cf. ci-dessous, § 10 et 11).
13
Ces dispositions ont été :
4
14
- complétées par de nombreux règlements adoptés par le Conseil et par la
Commission ; soit par exemple le règlement du Conseil sur l’application
de l’art. 81 TCE qui prohibe les ententes (R n° 19/65/CEE modifié par le
R n° 1215/1999/CE ou le R n° 1400/2002 de la Commission concernant
l’application de l’art. 81 par. 3 TCE à des catégories d’accords verticaux et
de pratiques concertées dans le secteur automobile.
En droit européen, un règlement est l’équivalent d’une loi en ce sens qu’il contient des règles
qui doivent être appliquées telles que définies alors qu’une directive indique un but à atteindre
en laissant aux Etats membres le choix des moyens pour atteindre ce but.
Les autorités européennes adoptent aussi des communications pour expliquer leur manière
d’appliquer certains textes. Par exemple, la Communication de la Commission sur la
définition du marché en cause aux fins du droit communautaire de la concurrence a pour objet
d’expliquer la manière dont la Commission applique le concept de marché de produit ou de
marché géographique en cause (cf. Communication 97/C 372/03).
15
- interprétées, c’est-à-dire appliquées, par la Cour de Justice des Commu-
nautés européennes (CJCE).
20
Au cours des vingt dernières années, le rôle de l’Etat a été fortement modifié :
21
- marchés publics : lorsque l’Etat investit, construit, achète des biens ou
des services, il doit, dès que le marché atteint un certain seuil financier,
respecter la réglementation nationale, européenne ou de l’OMC ;
22
- politique monétaire : celle-ci n’est plus dans les mains des
gouvernements, mais de la banque nationale (pour la Suisse) ou de la
Banque Centrale Européenne (BCE) pour l’Union Européenne ;
23
- politique structurelle : elle n’est admissible que pour autant que ses effets
ne sont pas qualifiés affecter la concurrence (problématique des aides
d’Etat prohibées par les art. 87 ss TCE ; en Suisse, la Commission de la
concurrence (Comco) est invitée de par la loi à se déterminer sur les
projets législatifs qui pourraient affecter ou fausser la concurrence (art. 45
LCart.) :
24
De plus, la création du marché unique européen, à fin 1992, et les règles du
GATT sur le commerce international ont changé les dimensions du terrain sur
lequel s’exerce la concurrence. Pour cette raison, les règles du droit de la
concurrence ont été harmonisées dans la Communauté européenne et les
règles suisses adaptées à celle du droit européen.
25
Il est intéressant de constater que, dans toute une série de domaines économiques particuliers, le
régime juridique adopté spécialement vise aussi à garantir une certaine égalité entre les opérateurs
pour garantir l’exercice de la concurrence :
26
L’évolution a également été marquée dans l’application des règles du droit de
la concurrence :
- ne pas fausser le marché par des aides étatiques (subventions, aides aux
entreprises en détresse);
- 1995 : la présomption est renversée pour les accords sur les prix, les
quantités ou sur les marchés géographiques.
A. En général
39
Dans les pays industriels, le besoin d'une protection internationale des droits
de propriété industrielle a été ressenti très tôt et concrétisé à la fin du XIXème
siècle déjà dans un traité intitulé «Convention de l'Union de Paris» (CUP),
9
signé en 1883 et modifié à plusieurs reprises depuis lors (1925, 1934, 1958,
1967).
40
Cette convention a été complétée par de nombreux traités ou accords inter-
nationaux dans le but de faciliter l'enregistrement dans des pays étrangers de
marques, de modèles ou dessins industriels, de brevets; de même, d'autres
accords protègent les appellations d'origine et les indications de provenance.
(L'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle - OMPI - a été
instituée, avec siège à Genève, dans le but de coordonner ces efforts).
41
L'importance accordée aux droits de la propriété industrielle par les pays
industrialisés a été soulignée dans la révision des accords du GATT, puisque
l'accord du 15 avril 1994 instituant l’OMC comprend une annexe 1C
intitulée : « Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent au commerce ».
42
Depuis quelques années, en particulier depuis la réunion ministérielle de
Doha en 2001, la question de l’étendue de la protection des droits de la
propriété intellectuelle fait l’objet d’un débat nourri. C’est en particulier le
cas dans les relations avec les pays les plus démunis et dans le domaine de la
santé publique. Dans quelles circonstances et à quelles conditions une licence
obligatoire peut-elle être imposée au titulaire du brevet ?
- Mais cet « épuisement » n’a-t-il d’effet que pour le pays objet de la licence
(épuisement national) ou a-t-il un effet au-delà de ce territoire (épuisement
international) ? Si le titulaire du droit constate que son produit, légalement
mis sur le marché dans la zone A (pour le territoire de laquelle la licence a
été octroyée), est mis en vente dans la zone B, peut-il obtenir des mesures
judiciaires pour mettre fin à ces ventes dans la zone B ?
* * * * *
11
1ère partie
L’ACCES AU MARCHE
45
La concurrence implique l’existence d’un marché sur lequel elle puisse s’exercer. La
notion de marché a évolué avec l’extension géographique des marchés (Chapitre 1). La
possibilité d’accéder au marché constitue un élément essentiel de son bon fonctionnement
(Chapitre 2).
Chapitre 1
LE MARCHE
46
Les échanges commerciaux ont été favorisés par l’abaissement des barrières tarifaires et
non tarifaires (§ 2). Depuis 1992, l’Union européenne poursuit la mise en place d’un
marché intérieur (§ 3), dont le modèle a inspiré le législateur suisse (§ 4).
12
Art. 2 Objectifs
53
En réalité, après avoir aboli les barrières douanières, les membres de l'AELE
ne se sont que tardivement occupés des barrières non tarifaires (en fait,
ce n'est qu'à l'initiative du Président de la Commission européenne, J. Delors,
qu'en 1988 s'ouvrirent des discussions sur la création de l'Espace Economique
Européen).
54
De plus, l'AELE n'établit pas un système de concurrence mais se contente
d'assurer le jeu du libre-échange. La Convention ne prévoit aucune institution
qui serait chargée de veiller à son application; la violation des règles relatives
à la concurrence (art. 13 à 17) ne peut être sanctionnée que par une décision
du Conseil des ministres (prise à la majorité). De telles décisions n'ont été que
très rarement prises, ce qui démontre l'importance toute relative que les Etats
membres de l'AELE attribuent au droit de la concurrence.
The North American Free Trade Agreement (NAFTA) a été signé en 1992
entre les USA, le Canada et Mexico, qui vise le libre commerce des
marchandises et des services, ainsi que la protection des investissements.
60
- Amérique du Sud
61
- Amérique Centrale et Caraïbes :
afin de favoriser le libre échange (avec cette différence que cet accord a une
portée quasi planétaire).
a) Présentation du problème
72
Le GATT avait pour but, à l’origine, d’éliminer les obstacles tarifaires
(droits de douane) au commerce international. Cependant, les acteurs du
commerce international le savent, les échanges commerciaux subissent
aussi des entraves en raison de pratiques commerciales restrictives dues
aux organes étatiques ou aux entreprises elles-mêmes (ou association
d’entreprises). Ces pratiques commerciales restrictives peuvent avoir des
effets sur la concurrence internationale. Le GATT en avait conscience dès
ses origines puisqu’une charte fut négociée à La Havane, en 1947/48, sur
ces questions de concurrence ; cependant, cette charte n’a pas pu entrer en
vigueur suite à son rejet par le Sénat américain. Quant à l’art. XXIX du
GATT, il est resté dépourvu de force juridique à ce jour. Il n’existe donc
pas encore, dans l’OMC, de réglementation générale de la concurrence
relative aux pratiques commerciales restrictives d’origine privée.
73
Même si les Etats membres de l’OMC n’ont pu à ce jour se mettre
d’accord sur des règles spécifiques relatives à la concurrence, ils ont
17
A titre d’exemples :
78
- En 1997, les Etats-Unis ont contesté devant les instances OMC la
compatibilité du régime communautaire d’importation des bananes
avec le droit GATT/OMC.
79
- En 1996, les Etats-Unis ont invoqué que le Japon avait violé les règles
OMC en adoptant ou maintenant des lois, règlements, prescriptions ou
mesures touchant la distribution et la vente sur le marché japonais de
pellicules et papiers photographiques destinés aux consommateurs.
18
- la libre circulation des marchandises (qui n'est possible que si, le cas
échéant, les contrôles de qualité ou certificats du lieu de provenance sont
reconnus);
A. La législation suisse
85
La Loi fédérale sur les entraves techniques au commerce (LETC) a été
adoptée en 1995, après l'adoption des accords de l'OMC et alors que la Suisse
avait entamé la négociation des accords bilatéraux avec l'Union européenne et
préparait sa propre législation sur le marché intérieur.
a) But de la loi
19
86
Cette loi a pour but de faciliter les échanges sur le marché intérieur, ainsi
que les activités d'importation et d'exportation.
87
Les entraves techniques au commerce sont définies comme les entraves
aux échanges internationaux de produits qui résultent :
b) Méthode du législateur
88
Afin de ne pas entraver le commerce, les prescriptions techniques devront
dorénavant :
(A noter qu'en 1988 déjà, les pays membres de l'AELE ont passé une
convention sur la reconnaissance mutuelle des résultats d'essais et des
preuves de conformité).
A. Principes
92
L'importance économique des "marchés publics" n'est plus à démontrer. Le
risque est grand que l'autorité adjudicatrice, en l'absence de règles à suivre,
n'accorde le "marché" à une entreprise qui n'offre pas la meilleure offre
possible pour l'adjudicateur. C'est afin d'éviter des distorsions dans le
processus d'adjudication que des règles de procédure ont été adoptées :
B. OMC
96
Des valeurs plancher ont été définies dans l'Accord de l'OMC sur les marchés
publics (à noter que cet accord - Annexe 4 de l'Accord de Marrakech - n'a pas
été signé par tous les pays membres de l'OMC mais par 24 Etats membres).
97
L'accord ne s'applique qu'aux marchés dont la valeur est supérieure à :
* * * * *
22
§ 3 LA REGLEMENTATION DU MARCHE
Textes législatifs : art. 94-97, 100-103, Cst. féd. (RS 101); art 6 CC ; Loi fédérale du
06.10. 1995 sur les cartels (LCart) (RS 251) ; Loi fédérale du 19 décembre 1986
contre la concurrence déloyale (LCD) (RS 241).
105
Dans des domaines particuliers du droit, le législateur a adopté des règles
spéciales protégeant la partie qui n’est pas en position de négocier le contrat
dans des conditions usuelles :
106
a) Contrat de bail (art. 253 à 274 g CO, bail à loyer)
- le Chapitre III (art. 271 ss CO) est intitulé : « Protection contre les
congés concernant les baux d’habitations et de locaux commerciaux ».
107
b) Contrat de travail (art. 319 à 362 CO)
Les émissions d’actions par souscription publique sont réglées par la loi
fédérale sur les bourses et les valeurs mobilières (LBVM) et celles
d’obligations par souscription publique par les art. 1156 ss CO dont l’al.
2 renvoie par analogie à la LBVM (RS 952.03).
109
d) Le contrat d’assurance
Cette branche économique est régie, dans ses relations avec ses clients,
par la loi fédérale sur le contrat d’assurance (RS 221.229.1).
112
- La formation du contrat : en 1990, le législateur a adopté les art. 40a à 40f
CO sur le droit de révoquer certains contrats (RO 1991 846).
113
- Le crédit à la consommation : en 2001, le législateur a adopté la loi
fédérale sur le crédit à la consommation.
114
- La sécurité des produits : la réglementation suisse est disséminée dans les
différents domaines du droit.
A. La concurrence déloyale
a) Droit suisse
115
Paradoxalement, le législateur suisse s’est d’abord préoccupé de la
manière d’exercer la concurrence avant même de se préoccuper que le
marché existe et que la concurrence y fonctionne.
116
La première loi suisse sur la concurrence déloyale (LCD) a été adoptée
en 1943, soit vingt et un ans avant la première loi sur les cartels (LCart.).
On lit souvent que la LCD protège les concurrents alors que la loi sur les
cartels protège la concurrence. Une telle formule simplificatrice ne
correspond pas à la réalité. En effet, selon l’art. 1er LCD (révisée en
1986), cette loi « vise à garantir, dans l’intérêt de toutes les parties
concernées, une concurrence loyale et qui ne soit pas faussée ». Cette
expression d’une concurrence qui n’est pas faussée figure à l’art. 3 ch. 1
let. g TCE, comme fondement du droit européen de la concurrence.
117
Il est cependant exact que le droit de la concurrence au sens étroit
concerne la garantie de la possibilité d’exercer la concurrence, alors que
la législation contre la concurrence déloyale se rapporte à la manière
d’exercer la concurrence. Ainsi, selon l’art. 2 LCD « est déloyal et illicite
tout comportement ou pratique commercial qui est trompeur ou qui
contrevient de toute autre manière aux règles de la bonne foi et qui influe
sur les rapports entre concurrents ou entre fournisseurs et clients. »
L’art. 3 LCD donne ensuite une liste exemplative de ce genre de
comportements : dénigrement d’autrui, indications inexactes ou
fallacieuses, mesures de nature à faire naître une confusion avec les
marchandises ou les prestations d’autrui, ventes en dessous du prix
coûtant, etc.
118
L’action en concurrence déloyale sera toujours introduite par un
concurrent à l’encontre d’un autre opérateur sur le marché. Elle n’est
jamais engagée par une autorité administrative (et les dispositions
pénales sont rarement invoquées). Pourtant, en protégeant les concurrents
contre des pratiques déloyales c’est aussi le fonctionnement du marché
qui est indirectement protégé.
25
119
La plupart des systèmes juridiques connaissent des dispositions légales
relatives à la concurrence déloyale. La Convention d’Union de Paris, de
1883, faisait déjà référence aux « usages honnêtes et loyaux du
commerce ».
b) Droit communautaire
120
Jusqu’en 2005, le droit communautaire ne s’est pas préoccupé de la
concurrence déloyale, laissant ce domaine aux pays membres. Le 11 mai
2005, la Commission a adopté la Directive 2005/29 sur les pratiques
commerciales déloyales. Par cette Directive, la Commission vise deux
buts :
B. La protection de la concurrence
122
Alors que les règles relatives à la concurrence déloyale protègent d’abord le
concurrent, le droit de la concurrence proprement dit vise l’existence même
de la concurrence sur le marché et son exercice (cf. 2e Partie, ci-dessous).
a) But
123
Après avoir instauré des mesures conjoncturelles de surveillance des
prix, au cours des années 1970, le législateur suisse, exécutant un mandat
résultant d’une initiative constitutionnelle, a adopté en 1985 une loi
fédérale sur la surveillance des prix. Le Surveillant des prix observe
l’évolution des prix (art. 4 al. 1 LSPr) et empêche les augmentations de
prix abusives et le maintien de prix abusifs.
b) Champ d’application
124
Quant aux personnes, la loi s’applique aux cartels et aux organisations
analogues (« autres restrictions à la concurrence ») au sens de la LCart.
26
125
Si une appréciation de la situation est nécessaire, le Surveillant des prix
doit consulter la Commission de la Concurrence avant de prendre sa
décision (art. 5 al. 4 LSPr).
126
Quant à la matière, la loi
c) Prix administrés
127
Si une autorité (fédérale, cantonale ou communale) est compétente pour
décider ou approuver une augmentation de prix proposée par un cartel ou
une organisation analogue, elle prend au préalable l’avis du Surveillant
des prix (art. 14 LSPr).
* * * * *
27
Textes législatifs : art. 30, 43, 49, 56 TUE ; Accords bilatéraux, RS 0.142.112.681;
0.972.052.68; 0.420.513.1; 0.740.72; 0.748.127.192.68; 0.916.026.81; 0.946.526.81.
Les liens entre les différentes parties de ce Traité sont indiqués à la page
suivante et plus loin sous forme de schéma.
Table des matières des versions consolidées du traité sur l’Union européenne et du traité
instituant la Communauté européenne
Titre II TUE : art. 8 TUE = art. 1 à 314 TCE (numérotation propre, traité de Rome)
Union européenne
I II III
CE PESC JAI
a) La définition
140
La CJCE (10.12.1968, Commission c/ Italie, aff. 7/68) a défini les
marchandises comme les « produits appréciables en argent et
susceptibles, comme tels de former l’objet de transactions
commerciales ».
b) Le caractère communautaire
141
L’art 23 al. 2 TCE dispose que la liberté de circulation s’applique « aux
produits qui sont originaires des Etats membres, ainsi qu’aux produits en
provenance de paya tiers qui se trouvent en libre pratique dans les Etats
membres ».
142
La détermination de l’origine de la marchandise pose deux problèmes :
143
L’art. 24 du Code des douanes communautaire dispose que l’origine d’un
tel produit est le lieu de sa dernière ouvraison à condition que celle-ci soit
substantielle et économiquement justifiée
144
De plus, la marchandise issue d’un Etat tiers mais introduite dans la
Communauté à la suite des formalités douanières et fiscales et donc
régulièrement importée est alors assimilée à une marchandise
communautaire.
a) Le principe
145
Puisqu’elle est une zone de libre-échange, la Communauté interdit à ses
Etats membres de percevoir des droits de douane dans leurs relations
commerciales réciproques.
146
Par ailleurs, l’Union européenne a instauré, progressivement de 1957 à
1969, une union douanière : tarif douanier commun et réglementation
douanière unique (Code des douanes communautaires, envois
administration, contrôle et sanction par les Etats membres).
147
Une taxe imposée au commerce international et qualifiée de droit de
douane est donc illicite si elle ne correspond pas au Code des douanes. Les
problèmes ont surgi lorsque les Etats ont adopté des taxes « d’effets
équivalent aux droits de douane ».
« La taxe d’effet équivalent peut être considérée, quelles que soient son
appellation et son origine, comme un droit unilatéralement imposé, soit au
moment de l’importation, soit ultérieurement et qui, frappant
spécifiquement un produit importé d’un pays membre à l’exclusion du
produit national similaire, a pour résultat, en altérant son prix, d’avoir
ainsi sur la liberté de circulation des produits, la même incidence qu’un
droit de douane. »
150
Depuis la fin des années 1960, la taxe d’effet équivalent est définie (cf.
CJCE 01.07.1969, Sociaal fonds Diamanterbeiders c/ Brachfeld et
Chougol, aff. 2/69 et 3/69 et Commission c/ Italie, aff. 24/68) comme :
33
157
Deux actions sont ouvertes pour celui qui a payé indûment cette taxe :
167
Elle l'a également fait en renonçant à condamner des restrictions ayant un
effet trop hypothétique et aléatoire sur le commerce intracommunautaire.
- la recherche,
- les obstacles techniques aux échanges,
- l'accès aux marchés publics,
- les transports terrestres,
- les transports aériens,
- la libre circulation des personnes,
38
- modifient les annexes des accords lorsque cette compétence leur a été
accordée ;
* * * * *
42
Textes législatifs : Loi fédérale du 6.10.1995 sur le marché intérieur (LMI) (RS
943.02), FF 1995 IV 552 ss et 2005 461 ss ; Loi fédérale sur les entraves techniques
au commerce (LETC) (RS 946.51), FF 1995 IV 539 ss; LF sur la formation
professionnelle, RS 412.10 ; TCE, art. 28 ss.
5.1.1 Généralités
193
La Loi fédérale sur le marché intérieur est fondée sur l’art. 95 Cst qui donne à
la Confédération la compétence de légiférer sur l’exercice des activités
économiques privées.
194
En vertu de l’al. 2 de cette disposition : la Confédération veille à créer un
espace économique suisse unique;
197
Comment garantir l'accès au marché ? Par les principes suivants :
43
198
- la suppression des dispositions et des mesures de nature protectionniste
édictées par les cantons et les communes; les cantons, les communes et les
autres organes assumant des tâches publiques avaient un délai de deux ans
dès l'entrée en vigueur de la loi en 1996 pour adapter leurs prescriptions
(art. 11 LMI); cette disposition n’a malheureusement eu que peu d’effets ;
199
- l'interdiction des mesures discriminatoires (art. 3 al. 1 let. a LMI) ;
200
- l'application du principe «Cassis-de-Dijon» (art. 2 al. 1 et 3 al. 2 LMI) ;
201
- la suppression des obstacles techniques (cf. LETC).
a) Origine du principe
206
Ce principe a été établi par la Cour de Justice des Communautés
européennes en application de l'art. 28 (ex art. 30) TCE qui interdit les
restrictions quantitatives et les mesures d'effet équivalent (cf. ci-dessous §
4.3).
44
207
Selon ce principe, les produits fabriqués et commercialisés légalement
dans l'un des Etats membres doivent en principe être admis dans toute la
Communauté.
208
Certes, en l'absence de réglementation communautaire, les Etats membres
restent compétents pour édicter des prescriptions applicables sur leur
propre territoire. Mais les obstacles qui en résultent ne sont admissibles
que dans la mesure où ces prescriptions «peuvent être reconnues comme
étant nécessaires pour satisfaire à des exigences impératives tenant,
notamment à l'efficacité des contrôles fiscaux, à la protection de la santé
publique, à la loyauté des transactions commerciales et à la défense des
consommateurs» (Arrêt Cassis-de-Dijon).
- protection de l'environnement;
236
L’administration ne peut exiger que des produits satisfassent littéralement et
exactement aux mêmes dispositions ou caractéristiques techniques
prescrites en Suisse alors que les produits importés garantissent
objectivement le même niveau de protection. La règle est la même mutatis
mutandis pour la reconnaissance des diplômes.
237
Si l’autorité arrive à la conclusion que le produit n’est pas conforme ou que
la personne prestant le service n’a pas les qualifications requises, elle prend
une décision d’interdiction de la vente du produit ou d’exercice de l’activité
par la personne en cause.
238
Cette décision pourra faire l’objet d’un recours :
239
- devant un tribunal administratif cantonal lorsque c’est un organe de
l’administration cantonale qui a pris la décision ;
240
- devant le Tribunal fédéral administratif lorsque la décision a été prise par
une autorité administrative fédérale.
246
Il faut encore préciser que la Comco peut exercer son droit de recours
indépendamment d’un éventuel recours privé visant le respect de la liberté
d’accès au marché. L’aval des particuliers concernés n’est par ailleurs pas
nécessaire et le recours de la Comco n’interrompt pas le délai pour le dépôt
d’un recours individuel.
247
* * * * *
50
2ème partie
L'EXERCICE DE LA CONCURRENCE
ET LA PROTECTION DU MARCHE
Dans cette deuxième partie, après avoir précisé le champ d’application du droit de la
concurrence (Chapitre 3), il s’agira d’examiner à quelles conditions les entraves à la
concurrence sont illicites (Chapitre 4) et de quelle manière on procède pour appliquer ce
droit (Chapitre 5).
Chapitre 3
Le droit de la concurrence ne s’applique pas à tous les acteurs économiques et il vise un but
spécifique. C’est pourquoi, il faut délimiter le champ d’application matériel et le champ
d’application personnel et géographique, du droit de la concurrence.
249
Le champ d’application de la loi sur les cartels est précisé aux art. 2 à 4 LCart. ; la
loi s’applique :
- aux entreprises qui, par une entente (6.2.1), une position dominante (6.2.2) ou
une opération de concentration (6.2.3) exercent une influence sur le marché ;
- télécommunications
- secteur laitier
- trafic aérien de ligne
- activité de notaire
52
255
(Certains secteurs qui échappent à la concurrence restent soumis à la
surveillance des prix, RS 942.20)
256
L’art. 3 al. 1 LCart. précise la notion de « prescriptions qui excluent de la
concurrence certains biens ou services » en indiquant que ce sont celles qui :
A. Les conventions
261
Une convention avec force obligatoire passée entre deux entreprises est un
contrat au sens de l’art. 1er CO. La convention peut aussi résulter d’une
décision prise par une association d’entreprises ou de sociétés auxquelles des
entreprises participent en qualité d’associés.
262
La loi distingue les conventions avec force obligatoire et celles sans force
obligatoire, mais sans prévoir des conséquences différentes à ces ententes.
Autrement dit, les deux types de conventions sont illicites. (Une convention
sans force contraignante n’est pas un contrat ; une partie à la convention ne
peut pas exiger une réparation à l’égard d’une autre partie qui ne respecterait
53
- de la structure du marché ;
- du nombre et de la qualité des concurrents potentiels ;
- des barrières d’entrée sur le marché.
268
Selon l’art. 4 al. 2 LCart., la position dominante peut être détenue par une ou
plusieurs entreprises. On parle alors d’une position dominante collective
(duopole ou oligopole).
Un groupe de sociétés – société holding et filiales – ne constitue pas une position dominante
collective car les filiales ne jouissent pas d’une autonomie suffisante pour déterminer leurs modes
d’actions sur le marché.
A noter aussi que l’oligopole peut – selon les circonstances du marché – présenter une structure
de marché où la concurrence fonctionne de manière particulièrement efficace (chaque acteur
54
réagit rapidement aux actions de ses rivaux) ou présenter le risque de pratiques parallèles ou
concertées.
A. Principe
269
Une position dominante peut résulter d’une opération de concentration. Celle-
ci résultant d’un accord entre deux ou plusieurs entreprises pourrait aussi
tomber dans le champ d’application de l’art. 5 LCart. Toutefois, la procédure
d’examen des ententes selon cette disposition n’est pas idéale pour les
entreprises qui souhaitent savoir le plus rapidement possible si l’opération de
concentration projetée peut être réalisée. C’est pourquoi, les autorités de la
concurrence (aussi bien européennes que suisses) ont mis en place des
procédures de contrôle des concentrations.
270
Selon ces règlements, les entreprises concernées ont l’obligation d’annoncer
l’opération de concentration (cf. § 9.2.1) ; elles ne peuvent se contenter
d’attendre que l’autorité administrative ouvre une enquête comme c’est le cas
pour la violation présumée de l’art. 5 LCart. Au vu de cette obligation, il
importe de
B. Notion
271
Le contrôle s’applique à :
C. Seuils d’intervention
a) Droit suisse
272
Selon l’art. 9 LCart., les entreprises concernées sont d’une importance
suffisante pour justifier l’exigence de notification à la Comco de
l’opération de fusion lorsque :
273
Pour les sociétés d’assurances, au lieu du chiffre d’affaires, c’est le
montant total des primes brutes annuelles qui est pris en compte.
274
Pour les banques soumises à la loi fédérale sur les banques et les caisses
d’épargne, c’est le 10 % de la somme du bilan qui est retenu comme
critère.
275
Nonobstant ces critères, la notification à la Comco est obligatoire lorsqu’il
a été établi d’une autre manière qu’une des entreprises occupe une position
dominante en Suisse et que la concentration concerne ce marché.
b) Droit européen
276
La concentration est réputée de dimension communautaire lorsque :
277
1. le chiffre d’affaires total réalisé sur le plan mondial par l’ensemble des
entreprises concernées est supérieur à 5 milliards d’euros,
278
2. le chiffre d’affaires total réalisé individuellement dans l’Union
européenne par au moins deux des entreprises concernées est supérieur
à 250 millions d’euros,
279
à moins que chacune des entreprises concernées réalise plus de deux tiers
de son chiffre d’affaires dans l’Union européenne à l’intérieur d’un seul et
même Etat membre.
280
La concentration qui n’atteint pas les seuils sus-indiqués reste de
dimension communautaire lorsque :
281
1. le chiffre d’affaires réalisé sur le plan mondial par l’ensemble des
entreprises concernées est supérieur à 2,5 milliards d’euros ;
282
2. dans chacun d’au moins trois Etats membres, le chiffre d’affaires réalisé
par toutes les entreprises concernées est supérieur à 100 millions
d’euros ;
283
3. dans chacun d’au moins trois Etats membres - selon point 2 - le chiffre
d’affaires total réalisé individuellement par au moins deux des
entreprises concernées est supérieur à 25 millions d’euros, et
284
4. le chiffre d’affaires total réalisé individuellement dans l’Union
européenne par au moins deux des entreprises concernées représente un
montant supérieur à 100 millions d’euros.
56
- produits agricoles
- transports (certains types de transports maritimes internationaux; les
services de transports maritimes assurés exclusivement entre des ports
situés dans un même Etat membre; les transports aériens entre les
aéroports de la Communauté et des pays tiers).
A. Droit suisse
291
L'art. 5 LCart. vise les comportements des entreprises qui affectent la
concurrence de manière notable.
292
La Comco a publié une communication sur les accords entre PME
(communication relative aux accords ayant pour but d'améliorer la
compétitivité et dont l'impact sur le marché est restreint). Selon ce projet, les
accords en matière de concurrence ayant pour but l'amélioration de la
compétitivité sont en principe admissibles lorsque :
B. Droit européen
296
En droit européen, ne sont visés que les accords ou pratiques concertées
"susceptibles d'affecter le commerce entre les Etats membres".
297
La Commission européenne a publié une Communication définissant les
accords dont il peut être présumé qu'ils ne sont pas "susceptibles d'affecter le
commerce entre les Etats membres" (art. 81 al. 1 TUE). C'est le cas lorsque
les produits ou services objets de l'accord ne représentent pas plus de 5 % de
l'ensemble des produits et services sur le territoire européen où l'accord
produit ses effets et le chiffre d'affaires total des entreprises à l'accord ne
dépasse pas 200 millions d'euros.
Art. 23
* * * * *
61
Chapitre 4
§ 7 LES ENTENTES
313
La Comco a également commencé à faire usage de la possibilité que lui
accorde l'art. 6 LCart de publier des communications précisant les conditions
d'application de la loi (cf. la Communication concernant l'appréciation des
accords verticaux, la Communication concernant les accords verticaux dans
le domaine de la distribution automobile).
A. Principes
316
Le principe de l'art. 5 LCart. peut se résumer ainsi. Sont déclarés illicites :
b) Faits justificatifs
328
Si, au vu de ces deux critères, l'entrave ne peut être qualifiée de notable,
l'art. 5 n'est pas violé. S'il est constaté que l'entrave est notable, il convient
alors d'examiner si elle peut être justifiée par un motif d'efficacité
économique; ce pourra être le cas, selon l'art. 5 al. 2 LCart. lorsque
l'accord est nécessaire :
329
- pour réduire les coûts de production ou de distribution;
330
- pour améliorer des produits ou des procédés de fabrication;
331
- pour promouvoir la recherche ou la diffusion de connaissances
techniques ou professionnelles;
332
- pour exploiter plus rationnellement des ressources.
333
La loi ajoute cependant une condition négative : la justification n'est pas
admissible si l'accord a pour effet de supprimer une concurrence efficace.
c) Règles d'application
334
Afin de faciliter la compréhension et l'application de l'art. 5 LCart, le
législateur a prévu à l'art. 6 que le Conseil fédéral pourra édicter des
65
7.2.2 Principes
344
Concernant les ententes entre entreprises, le principe fondamental est énoncé
à l'art. 81 TCE en deux paragraphes :
- les accords entre entreprises qui ont pour objet ou pour effet de restreindre
ou de fausser le jeu de la concurrence sont interdits.
- les accords qui tombent sous le coup de l'interdiction de l'art. 81 al. 1 sont
nuls de plein droit.
345
Les conditions à remplir pour échapper à l'interdiction sont données à l'art. 81
al. 3 TCE.
B. Un but ou un résultat
352
La condition est satisfaite si les parties à l’entente ont eu pour but
d’empêcher, restreindre ou fausser le jeu de la concurrence. Elle l’est aussi si
le résultat du comportement des parties en cause est une entrave, une
distorsion ou une restriction de la concurrence (même si ce résultat n’a pas
été expressément voulu) : « qui ont pour objet ou pour effet » :
353
L'art. 81 TCE donne à l'al. 1 une liste exemplative de pratiques qui portent
atteinte à la concurrence :
C. Un lien de causalité
354
Le comportement visé ne pourra être illicite que si un lien existe entre la
pratique et l'atteinte à la concurrence. Si le lien est établi, l'entente est illicite
lorsque l'accord a pour but de porter atteinte à la concurrence (peu importe
que le résultat ait été effectivement atteint). Réciproquement, l'entente est
illicite si le résultat (atteinte) est obtenu sans même que les parties l'aient
recherché.
7.2.4 La sanction
355
La sanction de cette incompatibilité est donnée par l'al. 2 de l'art. 81 TCE :
"Les accords ou décisions interdits en vertu du présent article sont nuls de
plein droit."
356
Cela signifie que les accords ou la décision n'ont pu produire aucun effet
valable dès leur adoption. De plus, la décision de constatation de la nullité est
généralement accompagnée d'une sanction pécuniaire importante (cf. § 10).
A. Le principe
357
Selon l'art. 81 al. 3 TCE, le premier alinéa (principe d'interdiction) n'est pas
applicable si les conditions cumulatives suivantes sont réunies :
358
- l'entente contribue à améliorer la production ou la distribution des produits
ou à promouvoir le progrès technique ou économique;
359
- l'entente réserve aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en
résulte;
68
360
- l'entente n'impose pas aux entreprises intéressées des restrictions qui ne
sont pas indispensables pour atteindre ces objectifs;
361
- l'entente n'élimine pas la concurrence, pour une partie substantielle des
produits en cause.
B. Le régime applicable
362
La réglementation du régime des exemptions a été profondément modifiée en
2004. Alors que, jusque là, les entreprises avaient l'obligation de notifier les
accords tombant sous le coup de l'art. 81 TCE, cette exigence a été supprimée
par le Règlement (CE) 1/2003.
363
Dorénavant, dans toutes les procédures d'application de l'art. 81 TCE, que ce
soit dans une procédure communautaire ou dans une procédure engagée dans
un Etat membre :
364
- la charge de la preuve d'une violation de l'art. 81 par. 1 TCE incombe à la
partie ou à l'autorité qui l'allègue;
365
- il appartient à l'entreprise ou l'association d'entreprises qui invoque le
bénéfice de l'art. 81 par. 3 TCE d'apporter la preuve que les conditions de
ce paragraphe sont réunies.
C. Règles d’application
366
Afin d'accroître la sécurité juridique et de favoriser la bonne marche des
affaires, la Commission a adopté ou publié :
- des règlements
- des communications
- des lettres d'orientation
367
Ainsi, le Règlement 2790/1999, relatif aux accords verticaux pour l'achat ou
la vente de biens ou de services présume la licéité des accords verticaux pour
autant que les parties à l'entente n'occupent pas ensemble une part de marché
supérieure à 30 % :
368
- si le seuil n'est pas atteint, l'autorité d'application peut néanmoins tenter de
démontrer que l'entente viole l'art. 81 par. 1 TCE;
369
- si le seuil est atteint, les parties visées peuvent tenter de démontrer que
l'entente ne viole pas l'art. 81 par. 1 ou satisfait les conditions de l'art. 81
par. 3 TCE.
370
De plus, la Commission a adopté des règlements pour certains types de
contrats particuliers :
69
371
- Règlement n° 4087/88 concernant les accords de franchise.
372
- Règlement n° 1475/95 concernant les accords de distribution et de services
de vente et d'après-vente de véhicules automobiles.
373
- Règlement n° 240/96 concernant les accords de transfert de technologie.
A. Droit européen
378
- Règlement CE n° 2790-1999 du 22 décembre 1999 concernant
l’application de l’art. 81 par. 3 du traité à des catégories d’accords
verticaux et de pratiques concertées.
70
379
Pour rappel, un règlement a valeur législative et contient des règles
d’application directe, ce qui signifie que les autorités des Etats membres
doivent les appliquer même si elles n’ont pas été reprises formellement en
droit national.
380
- Communication de la Commission des CE n° 2000 - C 291 – 01 Lignes
directives sur les restrictions verticales : il s’agit là d’un document par
lequel la Commission explique de quelle manière elle applique le
règlement sur les accords verticaux.
381
La Commission européenne a également adopté des règles spécifiques sur un
secteur particulier, celui de la vente des véhicules automobiles :
382
- Règlement (CE) 1° 1400 – 2002 du 31 juillet 2002 concernant
l’application de l’art. 81, par. 3, du traité à des catégories d’accords
verticaux et des pratiques concertées dans le secteur automobile.
383
- La Direction générale de la concurrence à Bruxelles, a publié une
« Brochure explicative en matière de distribution et service après-vente
des véhicules automobiles dans l’Union européenne ».
B. Droit suisse
384
De son côté, la Comco a publié :
A. Prix
387
La suppression de la concurrence efficace est présumée en cas d’imposition
de prix de revente minimaux ou fixes.
71
388
En cas de recommandation de prix, celle-ci est également présumée illicite si
elle indique un prix minimal ou fixe. Dans les autres cas, la Commission
examine si :
C. Distribution sélective
396
Dans un système de distribution sélective, le fournisseur s’engage à vendre
les biens ou les services contractuels uniquement à des revendeurs
sélectionnés sur la base de critères prédéfinis et ces revendeurs s’engagent à
ne pas vendre ces biens ou ces services à des revendeurs non agréés.
397
La sélection des revendeurs se fait exclusivement sur la base de critères
qualificatifs, objectifs et requis par la nature du produit (formation du
personnel, service fourni, assortiment des produits).
72
A. Prix
400
L’exemption de l’application de l’art. 81 al. 3 TCE ne peut être reconnue aux
accords verticaux qui ont pour objet la restriction de la capacité du
distributeur ou du réparateur de déterminer son prix de vente. La possibilité
subsiste pour le fournisseur d’imposer un prix de vente maximal ou de
recommander un prix de vente, à condition que ces derniers n’équivalent pas
à un prix de vente fixe ou minimal sous l’effet de pressions exercées par l’une
des parties ou de mesures d’incitation prises par elle.
B. Plafonds
401
L’exemption s’applique, les autres conditions étant satisfaites, à condition
que la part de marché détenue par le fournisseur ne dépasse pas 30 % du
marché en cause sur lequel il vend les véhicules automobiles neufs.
402
Les parts de marché sont calculées pour la distribution de véhicules
automobiles neufs sur la base du volume des biens contractuels et biens
correspondants vendus par le fournisseur, ainsi que tout autre type de biens
vendus par le fournisseur et que l’acheteur considère comme interchan-
geables ou substituables en raison de leurs caractéristiques, de leur prix et de
l’usage auquel ils sont destinés (art. 8 ch. 1 Règl.).
C. Distribution sélective
403
Au sujet de ce mode de distribution, le Règlement donne d’abord des défini-
tions :
404
- système de distribution sélective : un système de distribution dans lequel
le fournisseur s’engage à ne vendre les biens ou les services contractuels,
directement ou indirectement, qu’à des distributeurs ou des réparateurs
sélectionnés sur la base de critères définis, et dans lequel ces distributeurs
ou réparateurs s’engagent à ne pas vendre ces biens ou ces services à des
distributeurs non agréés ou à des réparateurs indépendants, sans préjudice
de la faculté de vendre des pièces de rechange à des réparateurs
indépendants ou de l’obligation de fournir aux opérateurs indépendants
l’ensemble des informations techniques, des systèmes de diagnostic, des
outils et de la formation nécessaires pour la réparation et l’entretien des
véhicules automobiles ou pour la mise en œuvre des mesures de protection
de l’environnement ;
73
405
- système de distribution sélective quantitative : un système de distribution
sélective dans lequel le fournisseur applique, pour sélectionner les
distributeurs et les réparateurs, des critères qui limitent directement le
nombre de ceux-ci ;
406
- système de distribution qualitative : un système de distribution sélective
dans lequel le fournisseur applique, pour sélectionner les distributeurs ou
les réparateurs, des critères purement qualitatifs, requis par la nature des
biens ou des services contractuels, établis uniformément pour tous les
distributeurs ou réparateurs souhaitant adhérer au système de distribution,
et appliqués d’une manière non discriminatoire et ne limitant pas
directement le nombre de distributeurs ou de réparateurs.
* * * * *
74
8.1 LA PROBLEMATIQUE
407
Avant d’aborder les notions de position dominante et d’abus de cette position,
trois remarques s’imposent aussi bien en droit suisse qu’en droit européen :
408
- Les deux systèmes juridiques reconnaissent que toute entreprise, de par
son existence, exerce une certaine influence sur le marché ; toutefois, la
constatation de ce fait ne signifie pas encore que les autorités de la
concurrence doivent s’y intéresser. Ce n’est que lorsqu’une entreprise
dispose d’une influence qualifiée sur le marché et que l’on peut dire que
cette entreprise occupe une position de puissance sur le marché que le
droit de la concurrence va s’y intéresser.
409
- A première vue, la position dominante est le fait d’une entreprise, puisque
si plusieurs entreprises se concertent pour influencer le marché, on sera en
présence d’une entente (§ 7). Pourtant, la théorie économique a expliqué
que la position dominante peut découler de l’existence d’un oligopole,
sans qu’il existe une concertation entre les entreprises occupant
collectivement une position dominante.
410
- Alors que les deux premières remarques se réfèrent à une puissance
horizontale, une situation de domination peut aussi exister dans des
relations verticales, du côté des acheteurs (puissance d’achat), et
engendrer des situations de dépendance de certaines entreprises
(fournisseurs, sous-traitants).
412
- quant à l’objet : y a-t-il des produits de substitution ?
75
417
Le Traité ne donnant pas de définition de la notion de position dominante,
celle-ci a été élaborée par la Commission et la Cour de Justice.
418
Lorsque le marché a été délimité, l’existence de la position dominante est
établie par les autorités de la concurrence à l’aide des critères de :
419
- structure (répartition des parts de marché, conditions d’accès au marché) :
après avoir défini le marché en cause, quant au produit et au territoire, la
Commission détermine la taille totale du marché et les parts détenues sur
le territoire en cause. Elle le fait en consultant les sources disponibles
(estimations des entreprises, publication des associations professionnelles)
ou en demandant à chaque fournisseur sur le marché en cause de lui
communiquer son chiffre d’affaires ;
420
- comportement (quant à la fixation des prix, aux rapports avec les
fournisseurs) ; l’entreprise a le pouvoir de faire obstacle au maintien d’une
concurrence effective ; autrement dit, l’entreprise (ou les entreprises)
concernée(s) dispose(nt) d’une autonomie de stratégie sur le marché.
421
- résultat (marge bénéficiaire) : l’entreprise obtient des marges supérieures à
la moyenne.
422
Du point de vue géographique, selon la formule de l’art. 82 TCE, la position
dominante peut exister sur le « marché commun ou dans une partie
substantielle de celui-ci ». A diverses reprises, les autorités communautaires
ont considéré que le territoire d’un Etat membre (Allemagne, Royaume-Uni,
mais aussi Belgique ou Hollande) pouvait constituer le marché géographique.
8.3.1 Généralités
423
La concurrence est une lutte pour des parts de marchés. Les efforts entrepris
pour acquérir, conserver ou augmenter ces parts de marchés sont donc
propres au système. Les entreprises peuvent donc accéder à une position
dominante grâce à leur succès économique et leur croissance interne (la
croissance externe – par acquisition d’autres entreprises – fait l’objet du
contrôle des concentrations cf § 10). La constatation de l’existence d’une
position dominante n’implique pas un reproche à l’égard de cette entreprise.
Cependant, lorsque cette position est acquise, l’entreprise en position
dominante doit assumer une responsabilité particulière, celle de ne pas – par
son comportement – porter atteinte à une concurrence effective.
424
Le même comportement d’une entreprise dominant le marché pourra, selon
les circonstances, être considéré comme un comportement concurrentiel
77
432
Une intention de l’entreprise en cause de vouloir dominer le marché en
exploitant sa situation ou en écartant ses concurrents permettra bien sûr de
conclure à un comportement abusif. La preuve de cette intention ne sera pas
facile à apporter car les autorités disposent rarement d’écrits permettant
d’établir cette intention. Mais celle-ci peut aussi résulter d’indices. Des
pratiques s’apparentant à des mesures « disciplinaires » (boycott, interruption
des relations contractuelles, conditions commerciales discriminatoires)
dénotent une intention de domination.
433
L’Association suisse pour l’insémination artificielle avait le monopole
d’approvisionnement aux vétérinaires. Le monopole fut aboli. L’association
a proposé aux vétérinaires des contrats d’approvisionnement exclusif avec
des clauses de réduction des prestations et de conditions financières
désavantageuses si le vétérinaire se fournit aussi ailleurs (DPC 1999, p. 75
ss.).
434
En l’absence d’une preuve de l’intention, la qualification d’abus résultera de
l’analyse des effets du comportement de l’entreprise en position dominante.
L’alinéa 2 de l’art. 7 LCart donne une liste exemplative de ces
comportements.
438
Le fait d’empêcher une entreprise (dominante) de mettre un terme à ses
relations commerciales avec un partenaire commercial ou de l’obliger à
entamer des relations avec ce partenaire constitue une atteinte forte à la
liberté de contracter de l’entreprise concernée. Une telle décision ne peut
intervenir qu’aux conditions suivantes
c) Suppression de la concurrence
441
Le refus a pour effet d’éliminer toute concurrence de la part de l’entreprise
qui requiert la relation commerciale.
445
La discrimination n’a pas besoin d’atteindre un degré tel que ces conditions
soient inéquitables (cf. art. 7 al. 2 let. c LCart) pour être considérée comme
une entrave illicite.
446
Des conditions commerciales exceptionnellement favorables résultant de
subventions croisées peuvent être discriminatoires (let. b), prédatoires (let. d)
ou inéquitables (let. c)
(Télécom PTT – nom de l’entité qui a repris l’activité téléphone à PTT et qui
a précédé Swisscom – a discriminé les exploitants privés d’accès ou de
services Internet en réservant exclusivement le numéro O-842 à son service
« Blue Window » ; de plus, Blue Window a bénéficié de subventions
croisées).
447
En droit européen, une différence de prix devient significative et injustifiable,
donc illicite, à un faible niveau lorsque la discrimination résulte d’une
politique claire de cloisonnement des marchés.
448
(Abus de position dominante par United Brands qui vendait ses bananes à des
prix différents selon le pays du distributeur dans l’UE – avec interdiction de
revente – alors que toutes les autres conditions étaient semblables).
449
Quid des rabais de fidélité accordés aux clients qui s’engagent à ne
s’approvisionner qu’auprès du vendeur pour un certain pourcentage de leurs
besoins ?
454
- soit par la méthode absolue : les conditions commerciales proposées sont
inéquitables parce que dans un rapport déraisonnable avec la valeur
économique de la prestation de l’entreprise dominante.
* * * * *
92
9.1. NOTION
463
Alors que le Traité de Rome instituant le Marché Commun date de 1957, ce
n’est qu’en 1989 que le Conseil a adopté le premier Règlement (n°
4064/1989) sur le contrôle des opérations de concentrations entre entreprises.
Ce Règlement a été remplacé en 2004 par le Règlement du Conseil n°
139/2004.
464
En Suisse, ce n’est qu’en 1995 que des dispositions légales relatives aux
concentrations d’entreprises ont été introduites dans la loi (art. 9 à 11 et 32 à
38 LCart). Ces règles ont été complétées par l’Ordonnance du Conseil fédéral
du 17 juin 1996. Le régime légal suisse s’inspire très largement des règles du
droit européen.
465
Il y a opération de concentration en cas de fusion de deux ou plusieurs
entreprises. Mais le contrôle de la concentration ne s’exerce pas seulement en
présence d’une fusion formelle de deux entreprises. Il s’exerce à toute
opération d’acquisition du contrôle quelle qu’en soit la forme. Le contrôle est
réputé acquis lorsque, par la prise de participations au capital ou par tout autre
moyen, une entreprise est en mesure d’exercer une influence déterminante sur
l’activité de l’entreprise visée (art. 1 OCCE ; art. 3 Règl. n° 139/2004).
466
L’influence déterminante peut être obtenue par :
467
- des droits de propriété ou de jouissance sur des biens de l’entreprise ;
468
- des droits ou des contrats permettant d’influencer la composition, les
délibérations ou les décisions des organes de l’entreprise.
469
Le droit communautaire présente deux particularités :
93
470
1) Le Règlement européen ne s’applique qu’aux opérations de concentration
de dimension communautaire (art. 1er ch. 1 Règl.).
471
2) La Commission peut renvoyer l’examen de la concentration à un Etat
membre :
472
- si la concentration menace d’affecter de manière significative la
concurrence dans un marché intérieur de cet Etat membre qui présente
toutes les caractéristiques d’un marché distinct ;
473
- ou si la concentration affecte la concurrence dans un marché à
l’intérieur de cet Etat membre, qui présente toutes les caractéristiques
d’un marché distinct et qui ne constitue pas une partie substantielle du
marché commun.
9.2 NOTIFICATION
481
- une description de l’opération de concentration et un exposé des faits et
circonstances pertinents ainsi que des objectifs poursuivis par l’opération
de concentration ;
482
- les données relatives aux marchés de produits et aux marchés
géographiques affectés par la concentration, sur lesquels la part de
marché totale en Suisse de deux ou plusieurs entreprises participantes est
de 20 % ou plus, ou sur lesquels la part de marché en Suisse de l’une des
entreprises participantes est de 30 % ; en outre une description de ces
marchés qui indiquera au moins la structure de la distribution et de la
demande ainsi que l’importance de la recherche et du développement ;
483
- pour les marchés affectés selon la lettre d, les parts de marché des
entreprises participantes pour les trois dernières années et, si elles sont
connues, celles de chacun des trois principaux concurrents, ainsi qu’un
exposé des bases de calcul utilisées pour déterminer les parts de marché ;
484
- pour les marchés affectés selon la lettre d, des informations sur les
entreprises entrées sur le marché au cours des cinq dernières années et sur
celles qui pourraient le faire dans les trois ans qui suivent ; les coûts
d’une entrée sur le marché seront, si possible, indiqués ;
485
- des copies des comptes et rapports annuels les plus récents des
entreprises participantes ;
486
- des copies des contrats qui mettent en œuvre la concentration et de ceux
qui lui sont liés.
487
Afin d’aider les entreprises dans la préparation de la notification, l’UE et la
Comco ont élaboré chacune une formule de notification donnant toutes les
rubriques auxquelles une réponse doit être apportée.
9.2.3 Procédure
488
A l’exception du calcul des délais, les grandes étapes de la procédure sont
semblables en droit suisse et en droit européen.
489
En pratique, les entreprises engagent des contacts informels avec les autorités
compétentes afin d’anticiper leurs réactions et de savoir si une procédure
simplifiée est possible (procédure de pré-examen seulement).
490
Au cours de la procédure d’examen préalable, l’autorité examine s’il existe
des indices que la concentration crée ou renforce une position dominante (art.
10 LCart.).
491
A l’issue de cette procédure de pré-examen (phase 1, qui dure un mois selon
l’art. 32 LCart., 25 jours ouvrables, voire 35 jours ouvrables selon l’art. 10
ch. 1 Règl. n° 139/2004), l’autorité communique aux entreprises concernées
95
- L’autorité rend sa décision dans les quatre mois (art. 33 al. 3 LCart.) en
droit suisse, dans les 90 jours ouvrables, voire 105 jours ouvrables, à
compter de la date d’ouverture de la procédure.
495
- en droit européen, on commence aussi par se référer à la Communication
sur la définition du marché du 9.12.1997.
496
Il s’agit ensuite de déterminer si la concentration permet de créer ou de
renforcer une position dominante. Mais alors que la position dominante de
l’art. 82 TCE (art. 7 LCart.) était examinée sous l’angle du comportement (de
l’abus), le contrôle des concentrations s’intéresse aux effets sur la structure
du marché, y compris à son évolution (rôle de la concurrence potentielle).
Pour le même motif, il est tenu compte de l’évolution probable du marché en
l’absence de la concentration : il n’y a pas de renforcement de la position
dominante si l’entreprise rachetée était en difficulté et aurait disparu à défaut
de la concentration (failing company defence).
497
L’appréciation des autorités européennes et suisses diffère quant aux effets
considérés :
498
- en droit suisse, la concentration peut être interdite si la position dominante
est capable de supprimer une concurrence efficace (art. 10 al. 2 let. a
LCart.) ;
499
- en droit européen, la concentration doit être refusée lorsqu’elle entrave de
manière significative une concurrence efficace dans le marché commun
ou une partie substantielle de celui-ci (art. 2 ch. 1 let. b Règl.).
A. La part de marché
502
La part de marché à considérer est celle de l’entité qui résultera de l’opération
de concentration. Le calcul de cette part de marché résulte de l’addition des
parts de marché des entreprises participant à l’opération de concentration.
503
Une première indication est donnée par l’art. 11 al. 1 let. d de l’Ordonnance
de contrôle des concentrations d’entreprises : celles-ci doivent donner des
indications détaillées si :
97
515
Les décisions des autorités d’application du droit peuvent faire l’objet de
recours (cf. § 10).
* * * * *
100
Chapitre 5
APPLICATION DU DROIT
§ 10 DROIT ADMINISTRATIF
A. Enquêtes
518
Selon l’art. 45 LCart, la Comco observe de façon suivie la situation de la
concurrence en Suisse et procède à une enquête administrative soit au sujet
d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises en particulier, soit au sujet
d’une branche économique s’il existe des indices d’une restriction illicite à la
concurrence (art. 27 LCart).
519
La procédure commence généralement par une enquête préalable (art. 26
LCart) ouverte par le Secrétariat de la Comco. Cette enquête préalable peut
aboutir à un accord amiable (qui doit être approuvé par la Comco ; art. 29
LCart). Suite à l’enquête préalable, le Secrétariat peut recommander à la
Comco d’ouvrir une enquête.
520
Le but de l’enquête est de déterminer l’éventuelle existence d’une restriction
illicite à la concurrence. Lorsqu’une telle restriction est constatée, la Comco
prend une décision, (cf. no 497) sur les éventuelles mesures à prendre (art. 30
LCart).
C. Autres tâches
522
La Comco a également pour tâche :
- donner des avis aux autorités sur des questions de principe touchant la
concurrence (art. 47 LCart).
102
10.1.2 Organisation
523
Pour accomplir les tâches prévues par la loi, ont été mis en place une
Commission de la concurrence (Comco) et un Secrétariat.
A. La commission
524
La Commission de la concurrence (Comco) est composée de onze à quinze
membres qui n’exercent pas cette activité à plein-temps et qui doivent être en
majorité des experts indépendants.
525
L’organisation et le mode de fonctionnement de la Comco sont fixés dans un
Règlement interne (RS 251.1) approuvé par le Conseil fédéral.
526
Selon le Règlement interne, les décisions prises au nom de la Commission
peuvent l’être par :
530
Le Surveillant des prix prend part aux séances de la Comco ou des Chambres
avec voix consultative.
B. Le secrétariat
531
Le Secrétariat, dirigé par un Directeur, est composé d’une cinquantaine de
collaborateurs. Il instruit les affaires de la Comco, lui fait des propositions et
exécute ses décisions.
532
Il mène les enquêtes préalables (art. 26 ss LCart) et informe la Chambre
compétente de leur clôture. S’il existe des indices d’une restriction illicite à la
concurrence, le Secrétariat, d’entente avec un membre de la Présidence de la
Comco, ouvre une enquête (art. 27 LCart).
533
A l’issue de la procédure d’enquête, la Comco, sur proposition du Secrétariat,
prend sa décision sur les mesures à prendre ou sur l’approbation de l’accord
amiable (art. 30 LCart).
A. Décisions
534
A l’aboutissement de son enquête ou de l’examen de l’opération de
concentration, la Comco prend une décision. En droit administratif, une
décision (cf. art. 5 Loi fédérale sur la procédure administrative) est une
mesure prise par une autorité, dans un cas d’espèce, fondée sur le droit public
fédéral et ayant pour objet :
Le droit suisse de la concurrence n’a évolué que très progressivement à ce sujet. Jusqu’en 1996,
la Comco ne faisait qu’adopter des recommandations ; seul le Département de l’Economie était
habilité, le cas échéant, à prendre une décision au sens indiqué ci-dessus. Jusqu’en 2004, la
Comco pouvait certes prendre des décisions mais celle-ci se contentait de constater l’illicéité
d’une pratique. Une sanction ne pouvait intervenir que si la décision n’était pas respectée. Depuis
2005, la Comco est en droit, lorsqu’elle constate la violation de la loi d’infliger immédiatement
une sanction.
536
La Comco dispose de tous les moyens nécessaires pour instruire une affaire :
104
B. Sanctions
a) Le montant de la sanction
538
La sanction de la Comco est déterminée selon les principes énoncés à l’art.
49a LCart et explicités dans l’Ordonnance sur les sanctions adoptée par le
Conseil fédéral.
539
La sanction est calculée en fonction de la durée et de la gravité des
pratiques illicites, ainsi que du profit présumé résultant de ces pratiques
(art. 2 Ordonnance sur les sanctions). La prise en compte de ces critères
permet d’établir un montant de base.
540
Ce montant de base pourra :
C. Programme de clémence
547
Dans la modification législative de 2004, le législateur suisse a introduit (art.
49 a LCart) ce que l’on appelle le « programme de clémence ». Etant donné
qu’il est souvent difficile d’apporter les preuves de l’accord cartellaire, les
autorités encouragent un membre du cartel à en dénoncer l’existence et offre,
à titre de récompense, la possibilité pour le dénonciateur d’échapper à toute
sanction.
548
Le procédé est certes controversé et discutable. Il est cependant déjà appliqué
depuis plusieurs années par les autorités de la concurrence de l’UE.
549
Cette immunité ne peut toutefois être accordée qu’à des conditions très
strictes ; une entreprise ne peut être libérée de toute sanction que si :
- la société dénonciatrice remet spontanément (de son propre chef) toutes les
informations et preuves dont elle dispose ;
D. Procédure d’opposition
554
Une autre possibilité offerte par la révision législative de 2004 afin d’offrir
une certaine sécurité juridique est celle de l’annonce d’une restriction à la
concurrence avant que celle-ci ne produise ses effets. Si dans les 5 mois à
compter de l’annonce, la Comco n’a pas décidé l’ouverture d’une enquête au
sens de l’art. 26 LCart, l’entreprise peut mettre en œuvre le comportement
annoncé sans risque d’une sanction directe.
555
Il faut également rappeler qu’une entreprise peut demander une consultation
au Secrétariat sur la licéité d’un comportement annoncé (art. 23 al. 2 LCart).
107
E. Instances de recours
556
Les décisions de la Comco peuvent faire l’objet d’un recours dans les 30
jours au Tribunal administratif fédéral.
557
Les arrêts du Tribunal administratif fédéral peuvent être attaqués devant le
Tribunal fédéral par un recours en matière de droit public.
558
A tous les stades de la procédure, y compris dans les 30 jours suivant l’arrêt
du Tribunal fédéral, une demande d’autorisation exceptionnelle peut être
adressée au Conseil fédéral.
A. Autorités européennes
a) La Commission européenne
559
La Commission européenne est la principale autorité chargée d’appliquer
le droit européen de la concurrence. A ce titre, la Commission européenne
ne fait pas qu’adopter des décisions dans des cas d’espèce. Elle adopte
aussi des Règlements et des Communications afin de faciliter l’application
du droit.
560
Au sein de la Commission, un Commissaire – actuellement Mme Neelie
KROES – a la charge de la politique de la concurrence, charge qu’elle
assume avec l’aide de la Direction générale de la concurrence (actuel
directeur-général Philip LOWE) et son staff.
564
Le Règlement n° 1/2003 du 16.12.2002 relatif à la mise en œuvre des art. 81
et 82 du traité a complètement changé le système en instituant un régime de
compétences parallèles permettant à la Commission et aux autorités de
concurrence des Etats membres d’appliquer l’art. 81 et l’art. 82 du traité !
565
Ces autorités forment ensemble un réseau : réseau européen de la
concurrence (REC) (European Competition Network – ECN). Elles
collaborent désormais étroitement. Ce réseau devrait assurer une division
efficace du travail et une application homogène des règles communautaires
relatives à la concurrence.
566
La répartition des tâches s’effectue selon les principes suivants :
567
- toutes les autorités de concurrence (la Commission européenne ou une
autorité nationale) sont habilitées à appliquer les art. 81 et 82 du traité ;
568
- l’autorité qui reçoit une plainte ou entame une procédure d’office restera
en principe en charge de l’affaire ; si nécessaire, l’autorité peut solliciter le
concours d’une autre autorité ;
569
- la réattribution d’une affaire ne peut être envisagée qu’au commencement
de la procédure que si cette autorité estime qu’elle « n’est pas bien placée
pour agir » ou si d’autres autorités s’estiment « bien placées » elles aussi
pour agir (cette procédure implique que tous les membres du réseau soient
informés de l’ouverture d’une procédure) ;
570
- une autorité est considérée comme étant « bien placée » pour traiter une
affaire si les trois conditions cumulatives suivantes sont remplies :
571
1) l’accord ou la pratique a des effets directs, substantiels, actuels ou
prévisibles sur son territoire ;
572
2) l’autorité est à même de faire cesser efficacement l’intégralité de
l’infraction et de la sanctionner d’une manière appropriée ;
573
3) l’autorité est en mesure de réunir les preuves requises pour démontrer
l’infraction (le cas échéant avec le concours d’autres autorités).
574
- la Commission européenne est « particulièrement bien placée » si un
accord (ou des accords similaires) ont des effets sur la concurrence dans
plus de trois Etats membres ;
575
- la Commission européenne est aussi « particulièrement bien placée » pour
traiter une affaire si celle-ci est étroitement liée à d’autres dispositions
communautaires pouvant être plus efficacement appliquées par la
Commission ou si l’intérêt de la Communauté exige l’adoption d’une
décision de la Commission (cas d’un problème nouveau, par exemple).
109
576
- lorsque la Commission européenne est saisie la première d’une affaire, les
autorités nationales ne peuvent plus, de leur propre chef, traiter l’affaire.
577
- dans les deux mois qui suivent la date de l’information, envoyée au réseau
par une autorité nationale, de l’ouverture d’une affaire, la Commission
européenne peut, après avoir consulté l’autorité concernée, ouvrir une
procédure, ce qui aura pour effet de dessaisir l’autorité nationale.
578
- après la période initiale de deux mois, ce n’est que dans des situations
exceptionnelles que la Commission peut décider de reprendre une affaire
(retard excessif d’une procédure, nécessité d’une décision
communautaire).
10.2.2 Procédure
A. Saisine
579
La Commission ou l’autorité nationale intervient soit d’office, après avoir
constaté l’existence d’un problème potentiel, soit suite à une plainte.
B. Instruction
580
La Commission peut exiger des parties qu’elles lui fournissent les
renseignements utiles pour son enquête. Elle peut aussi solliciter la collabo-
ration des autres autorités administratives communautaires ou des Etats
membres.
581
Vu l’importance des conséquences possibles, les autorités administratives
doivent respecter les principes de la procédure administrative lors de leurs
enquêtes :
582
- droit d’être entendu : les entreprises visées doivent avoir la possibilité de
s’exprimer sur les reproches formulés à leur égard ;
583
- accès au dossier : un des aspects essentiels du droit d’être entendu est celui
de l’accès au dossier. Les entreprises concernées doivent être en mesure de
connaître, en temps voulu, les éléments sur lesquels l’autorité envisage de
fonder sa décision
584
- secret professionnel : (correspondance avec un avocat).
C. Décision
585
L’autorité peut être amenée à prendre des décisions en cours d’instruction du
dossier : exigence de production des pièces, audition des parties, de témoins
ou d’experts.
110
586
Lorsque la procédure est terminée, l’autorité rend une décision. En droit
communautaire, l’enquête relative à une pratique restrictive de la concurrence
doit être ouverte au plus tard cinq ans après la survenance de la pratique,
faute de quoi l’affaire serait prescrite. La décision finale peut faire l’objet
d’un recours :
587
- auprès du Tribunal de 1ère instance, si la décision a été prise par la
Commission européenne ;
588
- selon les règles du droit national si la décision a été rendue par une autorité
administrative d’un Etat membre.
* * * * *
111
§ 11 DROIT CIVIL
a) Suppression de l’entrave
596
L’action en suppression vise une entrave actuelle et qui dure encore.
597
Deux situations peuvent être envisagées. Dans le premier cas, le
demandeur subit les effets d’un accord auquel des entreprises tierces sont
parties ou subit les effets d’une position dominante. Dans le second cas, le
demandeur est partie à un accord dont il souhaite être libéré sans devoir
subir les peines contractuelles prévues dans cette situation. Dans les deux
cas, il est demandé au juge de constater que l’accord est illicite, et donc nul
(art. 13 LCart et art. 20 CO). (Le même résultat pourrait être obtenu par
une dénonciation de l’accord à la Comco mais selon une procédure
différente).
112
b) Cessation de l’entrave
598
L’action en cessation vise une entrave qui risque sérieusement de se
réaliser ou de se répéter.
599
Afin de supprimer ou d’écarter l’entrave, l’art. 13 LCart donne au juge la
possibilité de décider que celui qui est à l’origine de l’entrave doit
conclure avec celui qui la subit des contrats conformes au marché et aux
conditions usuelles de la branche.
B. Action en dommages-intérêts
600
L’action en dommages-intérêts suppose quatre conditions :
601
- un acte illicite : en l’espèce, ce serait la violation de l’art. 5 LCart (entente
illicite) ou de l’art. 7 LCart (abus d’une position dominante)
602
- une faute ou une négligence qui est appréciée objectivement
603
- un dommage qui correspond à la différence entre l’état du patrimoine de
la partie entravée s’il n’y avait pas eu d’entrave et l’état actuel du
patrimoine
604
- un lien de causalité entre l’acte illicite et fautif et le dommage subi ; selon
la jurisprudence, ce doit être un lien de causalité « adéquate », c’est-à-dire
que, selon le cours ordinaire des choses et l’expérience de la vie, il était en
soi propre à produire un effet du genre de celui qui s’est réalisé, de sorte
que la survenance de ce résultat paraît, d’une manière générale, provoquée
ou favorisée par cet événement.
C. Autorités compétentes
a) Niveau cantonal
605
En Suisse, l’organisation judiciaire et la procédure civile sont de la
compétence des cantons. Cette règle générale trouve parfois des
exceptions dans le droit fédéral (matériel) qui détermine alors le tribunal
(for) compétent ou la règle de procédure. C’est le cas à l’art. 14 LCart
selon lequel les cantons doivent désigner pour leur territoire un tribunal
chargé de connaître en instance cantonale unique des actions civiles
intentées pour violation du droit de la concurrence. Dans le Canton de
Fribourg, c’est une cour d’appel du Tribunal cantonal qui est compétente
pour traiter ce type de litige.
606
La loi fédérale sur les fors désigne (quant au lieu) le tribunal devant lequel
l’action peut être introduite :
113
b) Niveau fédéral
608
L’arrêt rendu par un tribunal cantonal peut faire l’objet d’un recours en
matière civile au Tribunal fédéral.
c) Tribunal arbitral
609
Les parties peuvent avoir convenu par contrat – ou décider après la
survenance du conflit, par un « compromis arbitral » - de soumettre leur
litige à un tribunal arbitral. La sentence du Tribunal arbitral sera exécutoire
comme un jugement d’un tribunal ordinaire (pour autant que certaines
conditions soient respectées, en particulier l’indépendance des arbitres).
11.1.2 Procédure
A. Règles générales
610
Devant l’instance cantonale, les règles de procédure sont celles prévues par le
droit cantonal.
611
Devant le Tribunal fédéral, ce sont celles prévues par la loi fédérale sur
l’organisation judiciaire fédérale.
B. Rôle de la Comco
612
Le procès est introduit devant l’instance cantonale unique – et non pas devant
le tribunal ordinaire de première instance – parce que le demandeur invoque
la violation de la loi sur les cartels. Cela implique que le demandeur fonde
son action sur l’existence d’une entente ou d’une position dominante et la
violation de l’art. 5 ou de l’art. 7 LCart.
613
Afin d’éviter des interprétations divergentes de la notion d’entrave ou de
suppression de la concurrence, l’art. 15 LCart prescrit que lorsque la licéité
d’une restriction à la concurrence est contestée, la Cour doit soumettre cette
question à la Comco qui rend un avis (et non pas une décision) :
114
614
- si la Comco arrive à la conclusion qu’il n’y a pas d’entrave à la
concurrence, la procédure n’a plus d’objet (sauf si la Cour cantonale refuse
de suivre l’avis de la Comco !) ;
615
- si la Comco constate une violation, l’affaire est reprise par l’autorité
judiciaire cantonale sur les autres aspects du procès (étendue du dommage,
réparation).
- des sûretés peuvent être imposées, sur requête, si les mesures sont de
nature à causer un préjudice à la partie adverse.
* * * * *
UNIVERSITE DE FRIBOURG D. DREYER
FACULTE DES SCIENCES 2007
ECONOMIQUES ET SOCIALES semestre automne
LE DROIT DE LA CONCURRENCE
EXERCICES
3. La loi peut-elle imposer au titulaire d’un brevet d’accorder une licence (afin
d’assurer que le brevet soit suffisamment exploité) ?
En l’espèce, les faits étaient les suivants (ATF 132 III 389 ss) :
Par contrat du 26 mai 1998, les deux sociétés se sont engagées à présenter
conjointement leurs offres pour la mise en oeuvre de ces technologies dans
le cadre de la réalisation de deux ponts sur un tronçon d’une ligne
ferroviaire. Leur coopération revêtait un caractère exclusif en ce sens que
chacune d'elles s'interdisait aussi bien de passer des accords séparés avec
d'autres entreprises que de soumissionner individuellement aux appels
d'offre. Régi par le droit italien, ledit contrat contenait une clause
compromissoire qui fixait le siège de l'arbitrage à Lausanne et prévoyait
l'application du Règlement d'arbitrage de la Chambre de Commerce
Internationale (CCI).
* * * * *
§ 2 ZONES DE LIBRE ECHANGE ET MARCHE INTERIEUR
Questions :
2) Quelles sont les étapes de la procédure selon les règles du GATT (ORD) ?
5) Lorsque les instances du GATT ont constaté une violation des accords,
comment s’applique cette décision ?
(Sur ce cas, voir B. MERKT, p. 93 ss ; également : OMC, Japon-Mesures
affectant les pellicules et papiers photographiques destinés aux
consommateurs, WT/DS 44/R (Rapport Fuji & Kodak). Ce rapport a été
publié sur le site Internet de l’OMC et dans World Trade and Arbitration
Materials, V. 10 n° 4, 1998, p. 1 ss. Le cas est décrit par M. FURSE dans
Competition Law and the WTO Report : « Japan-Measures Affecting
Consumer Photographic Film and Paper, ECLR 1999, p. 9 ss).
* * * * *
§ 3 LA REGLEMENTATION DU MARCHE
Chanel
1. Le groupe Chanel, qui est titulaire de la marque « Chanel » dans les divers
pays de l’Union européenne et en Suisse, a établi un réseau de distribution
sélective composé de détaillants agréés. Afin de contrôler le cheminement de
ses produits, Chanel appose un code sur les emballages des articles offerts
sur le marché.
EPA ne fait pas partie des distributeurs agréés Chanel. Elle vend néanmoins
dans ses magasins des produits de la marque « Chanel » qu’elle a acquis sur
le marché dit parallèle.
2. Même problématique dans l’affaire Kodak contre Jumbo Markt dans laquelle
Kodak invoquait la violation de son brevet pour s’opposer à l’importation
parallèle.
* * * * *