Clarmont Ganneau-Un Stèle Du Temple de Jérusalem
Clarmont Ganneau-Un Stèle Du Temple de Jérusalem
Clarmont Ganneau-Un Stèle Du Temple de Jérusalem
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TEMPLE DE JÉRUSALEM
DÉCOUVERTE ET PUBLIÉE
M. CH. CLERMONT-GANNEAU
Ancien drogman , chancelier du consulat de France à Jérusalem,
' drogman de l’ambassade de France à Constantinople.
PARIS
AUX BUREAUX DE LA REVUE ARCHÉOLOGlQUE
LIBRAIRIE ACADÉMIQUE - DIDIBR et CE
QUAI mas AUGUSTINS, 35
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UNE STÈLE
TEMPLE DE JÉRUSALEM
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UNE
STÈLE DU
TEMPLE DE JÉRUSALEM
DÉCOUVERTE ET PUBLIÉE
PAR
M. CH. CLERMONT-GANNEAU
Ancien drogman , chancelier du consulat de France à Jérusalem,
drogman de l’ambassade de France à Constantinople.
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PARIS
AUX BUREAUX DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUÊ
LIBRAIRIE ACADÉHIQUE — DIDIER et ce
QUAI DES AUGUSTINS, 35
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Ï‘STÏELES TEMPLE"DE JERUWM2
- ' Uùa'nd un suit,‘_ à'paflir.du Tariq-bdb-el—Anwâæ'la rue considérée
pèr_'la‘tâditipñ:cnréqennecomme une section de la Voie‘ 4Mou—'
feùÿe3 46n,pas‘se‘sficœssîvement (de l’ouest . à l’est) devantll’fiospi’cè
autrichien; sous l’arc. romain dit de I’Ecce Homo‘, devant lfétablisse‘
meptfldeä_Daü1eàîde'Sidnàdevant la caserne,'le long de laqfaéqSepf
bÿtrÏohàtqdùfflqrarfi_(esplanade sacrée, delà grande mosquée),
1’é'gliæ‘fiajSainte4Anne‘et1qBirkçt13rdfl, et l‘on aboutit'à' 15
'=_._"’"té‘SàjptèËtienne,pù Bàb ,Sitti-Myriam,'qgîp‘d0nñe surlla'valléé
S:’CËlron;mLorsqueflen prenant cette 'dirèqÏion,'oÏt alaissé à main‘
-=— _, caserne, età main gauche une ‘rue montante, perpendicul
--_'-"'äfie“à.v'talÿoie douloureuse, on s’engage sous une'aSsez longue
‘t_Qtîte_Ç{gjyaïé,yà l’extrémité de laquelle ou.‘rèmarqtge,à m’ain droite;
Îa 'p0rtè'Éäbæl-Atm, par où L’on a‘sur la mosquée d’0mar une'm'erï
veilleuse échappée}. Almain gauche, et faisant face à cette‘pqg‘ie.‘,0d
Ÿoît, doñnänt,su‘r un pe‘tit‘. cimetière musulman, uue| so’rte' de“häi
. " 'illée;'pratiquéc flans un‘mur c'0nstruît en gros‘blôcs‘àŒoèsàçès_( '
- t‘e' projection) et ffl'anqué 'd’u'ne eSpèce de” contrefort 'du.‘ mémé
.; âppäyçil. Le cimetière ne contient que quel'qu‘es torflbesä_dqcheîlfihë
:' ilibÿtä ‘en_ odeur de sainteté; et appartenant probablement Ig‘ la‘
-- _ I{ëdiésé (école supérieuré)‘ qui S’élevait‘jadis derfiéré‘ée murpu"æ:
. 'fiéçt
'“ De'bônne{
si caractéristique.
heure l'attention
' des 'archéologues
‘ ' ' ’ avàit"été
‘ .' ' attiréq‘sùt‘
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' .ge' point, et‘ plusieurs d’entre eux,‘ attacharit‘une importance peut-‘
être trop Æi‘é'ü’t
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à laont'vculu
taille de matëriaùi'q’u‘pù ne saurait,‘ d’_a‘ille‘u‘rrP
a'mrmïer vbir là le reste d"unant’i'que édifice àe‘
la'Jérusalefi1'juive. Lès u'nsï inclineraienl à'en_fai‘re, opinion'certa‘ii
nèment'ins'outenable aujourd'hui, un des“ angles de'la' fo’rtér“ésäd
À‘ntonia‘; d’autres,‘s'appuÿafl in”gçnieusëçnent sur unfl'pas‘säg‘è‘ tr‘èç’-‘
' (4) Lu à l'A'ndéflri9 debänscfiptîohœle I” mur-51872. > ‘ Ï n I A ' l
6 UNE STÈLE DU TEMPLE DE JÉBUSALEM.
qui masquait les creux; quelques-uns même avaient été mutilés par
des coups de pince et de marteau donnés pendant la mise en place
de la pierre par les maçons arabes. Je me bornai à constater que le
bloc appartenait à l’assise de fondation du mur, et j’en pris les me—
sures le plus exactement possible. A ce moment un vieil éfendi, pré—
venu par une des femmes de la maison qu’un France était en train
de fouiller dans la Médrésé, probablement pour y découvrir des tré—
sors, accourut comme un furieux, gesticulant et vociférant. J'eus
toutes les peines du monde à le calmer. en lui expliquant ce dont il
s’agissait en réalité. J’y parvins enfin, et je pas poursuivre mon
travail. Après avoir fait élargir la tranchée, je nettoyai soigneuse—
ment la pierre avec une brosse dure pour enlever le ciment, et je
pris du texte un estampage aussi bon que me le permettaient les
conditions où je me trouvais. Le vieil éfendi s’était installé à côté de
moi et me surveillait de près. Il voulut bien me laisser prendre l’es—
tampage, mais sur le chapitre de l’extraction de la pierre il fut in
traitable; il s’y opposa formellement en qualité de copessesseur et
d’administrateur du waqouf.
Le mieux était, en face de ce fâcheux empêchement, d'ajourner
toute tentative dans ce sens. Mon estampage détaché, je fis recouvrir
de mortier toute la face écrite, et consciencieusement reboucher le
trou, de sorte qu'il n’y parut plus en rien. L’éfendi se retira satisfait,
et j’emportai mon estampage.
Après une étude qui ne fut pas sans difficultés, je parvins à dé
chiffrer entièrement l’estampage, et, comprenant la valeur inappré
ciable du monument que je venais de découvrir, je pris le sage
parti de laisser dormir les choses, afin de ne rien ébruiter parmi les
importuns et les indiscrets qui ne manquent pas dans une petite
ville comme Jérusalem. J'ai appris cependant, beaucoup plus tard,
que le gouverneur de Jérusalem. fort amateur, à un certain point
de vue, d’objets et d'inscriptions antiques, ayant eu vent de mes faits
et gestes, avait, quelques jours après, dépêché un émissaire sur les
lieux pour fouiller au même endroit et examiner la pierre, qui, mas
quée par l’épais badigeon dont je l‘avais prudemment fait enduire,
parut à des yeux inexercés n’être qu’un simple bloc anépigraphe.
Toutefois je jugeai convenable de _signaler sans retard aux savants
l’existence d’un aussi rare monument. Je rédigeai sur cette décou
verte une note très-brève, où je publiai le texte, la' traduction et
quelques remarques, mais en évitant tout détail sur l'emplacement
de l’inscription et les circonstances qui en avaient accompagné la
découverte. Les événements qui se passaient alors a Paris, et dont
UNE STÈLF. ou remue or. JÉIlUSALEH. 9
Il
La pierre qui nous occupe est, à en juger par les deux seules faces
que j’aie pu mettre à nu, un parallélipipède rectangle mesurant,
21 0‘“,01 près (1), 3‘.) x 90 X 60 centimètres. La matière est la pierre
(1) Mon carnet me donne pour la mesure, prise la première fois, de la largeur
la cote 0539, et pour la même mesure prise de_nouveau le lendemain, 0m,ao.
*
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40 UNE STÈLE ou TEMPLE DE JÉI‘tUSALEM.
la plus dure du pays, dite Misé-Yahoûdi (Mizéjuif), espèce de cal
caire compact qui fait feu sous le marteau. Le bloc était placé de
champ sur une de ses petites faces, de sorte que les lignes d’écriture
étaient perpendiculaires à la surface du sol.
(l) Kitdb el«uns el-djälil fl tari/ch cl—qouds urel-hhalil. Texte arabe imprimét‘t
lloulaq, p. 389»393. Les deux turlkbs arabes encastrés aux côtés du grand liwân
pourraient fournir quelques indications à ce sujet. Malheureusement ils étaient
placés trop haut pour que je pusse les lire sans le secours d'une lorgnette.
UNE STÈLE nu TEMPLE m: JÉRUSALEM. Il
MHOENAAAAOI‘ENHEIZI‘IO
PEYEEOAIENTOZTOYTÏE
PITOIEPONTPYOAKTOYKAI
TIEPIBOAOYOZAANAH
00HEAYTOIAITIOZEZ
TAIAIATOEEAKOAOY
OEINOANATOÎ
M1|0éu dÀÀoyev-i eîmopaîeo‘6at s’vrbç 105 1:59} 13) Îsp‘ov tpuqadxrou ml. 7re
ptGélou ' ôç 8' â'v H3:an Eutth aÏ-rmç ê'o‘1ut Btàt rb êEaxolouôsîv 0ävarov.
a Que nul étranger ne pénètre à l’intérieur du tryphact0s (balu
strade) et de l’enceinte (péribola) qui sont autour du hiéron (espla
nade du temple): celui donc qui serait pris (y pénétrant, eîcnopzu6
y.svoç s.—ent.) serait cause (tilt. coupable, responsable envers lui—
méme) que la mort s’ensuivrait (pour lui). »
Laissons de côté, pour le moment, les difl‘érentes questions de
détail que soulève ce texte, pour- ne nous attacher qu’à en établir
l’origine et l’identité.
Joséphe nous apprend, en deux endroits difl'éreuts, qu'il y avait
dans le temple d’Hérode des stèles placées de distance en distance
avec des inscriptions, en grec et en latin, portant défense aux étran
gers de franchir les enceintes sacrées. Dans le premier passage,
l’historien juif dit qu’après avoir traversé l’espace hypèthre qui s'é—
tendait entre les portiques extérieurs et le second hiéron, on trou
vait:
« Une balustrade (dryphactos) de pierre, s’étendant tout autour,
haute de trois coudées, et fort élégamment travaillée; là (“7) se dres
l‘2 UNIE STÈl.E nu TEMPLE DE JÉRUSAI.EM.
snient, à intervalles égaux, des stèles destinées à avertirde la loi de
la pureté, les unes en lettres grecques, les autres en lettres latines, (à
savoir) que l’étranger ne devait pas entrer dans le Saint. On appe
lait en etïet saint, le deuxième hiéron. »
... . . . ôpôçaxmc 7r!ptËs’flr,ro M0woç, rpiwr,ypç p.Èv ï5<lroç, 7:oivu 8è Xan—
pœ’vrwç 8t:tpyacy.a’voç. ‘Ev 01676 8' sior‘rîxzeuv ê'ç' i'cou 311076p.a10ç «filou,
rbv rñç äyveïa{1rpowqyaivowm vôy.ov, al lJ.èV ‘EXMVmoÏç, ai 8è Î’wpaïxoïç
ypoîy.p.uct, p:À ôsÏv âÀÀo’çulov êvrôç roÜ äyiou :açtéVut. Tè yàzp Sséupov tepèv
â'ytov ËxaÀsïro. (Joséphe, Guerre juive, V, 5 : 2.)
Dans le second passage, Joséphe, après avoir décrit les portiques
extérieurs et la première enceinte (péribole), ajoute :
TOIOÜIOÇ y.Èv ô 1tpôroç nepiêoÂoç :Îiv, êv y.Éaqt 8è c’me'æmv 06 110M 8:6
repoç, npoc€arèç fia0p‘ictv ÔM‘{MÇ, 3v TIEPIEΑ/_E êpxtov )u0tvou Spuçdxmu,
ypuqa'fi xtoÀîiov, e’wts’Vm TôV &Monv’ñ, 0avunx‘ñq &mtÀouyévqç -r‘ñç C-qy.iu:.
(Antiq. iud., XV, 11 : ä.) '
« Tel était le premier (extérieur) péribole; a peu de distance,
au milieu, s’élevait le second (péribole); quelques degrés y don
naient accès et il était entouré d’une clôture consistant en une ba
lustrade de pierre, avec l’interdiction par écrit aux étrangers d'y
entrer sous peine de mort. 1
La précision de ces textes et la manière absolue dont ils concor
dent avec celui que nous étudions, dispense de tout commentaire.
Il est superflu de démontrer que notre monument est justement une
de ces stèles.
Cette inscription confirme d’une manière éclatante l’exactitude
scrupuleuse des descriptions de Joséphe. Les similitudes existent
jusque dans les expressions les plus importantes, celles qui sont les
dénominations des diverses parties du Temple : le hiéron, le péribole,
le dryphactos. La légère et curieuse altération qui affecte ce dernier
mot (tryphactos), dans le texte épigraphique, n'est produite que par
un accidentde prononciation vulgaire; elle s'explique d’autant mieux
que le vocable s’est singulièrement écarté de son sens étymologique
«le clôture en bois (Spüç + çpdacw), écart encore plus frappant quand
on rencontre dans Joséphe ce mot accompagné de l'épithéte MOwo;
(de pierre). La variante àllo’çukoç, au lieu de àÀXoyawlç, peut être faci
lement négligée, surtout lorsqu’on voit Joséphe, dans un autre pas
sage, remplacer &Do’çuÀoç par dtloeflvv’,ç.
L’âge de notre inscription est facile à préciser; les considérations
épigraphiques sont ici pleinement d’accord avec les textes histo—
riques pour nous permettre de rapporter avec certitude l’exécution
UNI—I STÈI.E ou TEMPLE ne réarsu.eu. 13
111
(1) Pour plus de commodité, nous rappellerons que la coudée de 0m,h50 se subdi
vise en six palmes de 0m,075, et le palme en 14 doigts de 0m,01875.
(2) La coudée vulgaire de om,aso ne diflérant de la coudée royale de 0‘“,525 que
par un palme, 0m,075 en plus. il est difficile de savoir à laquelle des deux coudées
il faut rapporter nos dimensions exprimées en palmes ou en doigts.
(3) On peut encore évaluer en doigts les trois dimensions. De cette façon on n'a
que des nombres multiples d'une même unité :
Longueur, as
Hauteur, 32 doigts.
Épaisseur, 21
il; use sri-zu: DU TEMPLE ne JénU.stéM.
riennes, on constate qu’un chiffre intermédiaire entre 0'”,39 et 0”,40,
soit : 0”,393750, peut être égal à 18 doigts philétériens. Comme il
m‘a été impossible de mesurer le bloc à quelques millimètres près,
on pourrait aussi supposer qu’au lieu de la cote de 0‘“,90 juste que
j'ai trouvé, il y avait en réalité 0",fl96875,ce qui équivaudrait exac
tement à læl doigts philétériens. Mais il me paraît très-dilficile d’ad
mettre qu’au lieu de la troisième cote 0“,60 il y ait en réalité
0m,612500 ou 0“,590625,ce qui dans le premier cas serait 28 et dans
le second cas 27 doigts philétériens. Je ne pense pas avoir commis,
en plus ou en moins, une erreur d’un centimètre. Je dois d'ailleurs
constater que la hauteur moyenne des caractères, mesurés il est vrai
sur l'estampage, paraît être sensiblement égale à 2 doigts philété—
riens, et celle de l'interligne à t doigt du même système. En outre,
la première ligne paraît être séparée du bloc supérieur par un inter
valle de trois doigts philétéricns (1). Est-ce à dire cependant, à sup
poser méme que l’emploi du doigt philétérien dans les mesures du
texte soit réel, que toutes les dimensions du bloc dérivent de ce
même système? Ne pourrait—on pas toujours prétendre qu’un bloc
taillé d’après un système mélrologique particulier aux Juifs a pu re
cevoir une inscription en lettres grecques qui, gravées par un lapi
cide grec, peuvent avoir un module et être alignées d’après des dis
positions calculées suivant un système métrologique grec?
Quon qu’il en soit, nous possédons désormais dans le monument
qui bientôt, espérons-le, sera recueilli dans une collection scienti
fique et accessible à tous, une base certaine, et nous pouvons, tout en
réservant l’identification jusqu’à plus ample vérification, affirmer que
nous avons un spécimen non douteux des mesures linéaires, qu’elles
soient égyptiennes, philétériennes ou de toute autre espèce, employées
sous Hérode par les Juifs dans la restauration ou la construction de
certaines parties du Temple. Ainsi donc notre monument, entre
autres précieuses informations, nous permettra d'établir expérimen
talement un fait d’une importance capitale. Ce n'est pas encore, il
faut l’avouer, la solution complète de ce problème si complexe de la
métrologie hébraïque. Mais c’est incontestablement un grand pas de
(1) Si l’on admet pour nusure réelle de la longueur du bloc 0'“,018750 et pour les
autres dimensions les hypothèses déjà propoaées, ou obtiendrait en doigts philéte
riens les nombres (,2, 27, 18, n,3, 2, 1, représentant la. longueur, la hauteur, l'é
paisseur, la. marge inférieure, la marge supérieure, la hauteur des lettres, l'inter
valle des lignes, nombres qu‘on pourrait aisément ramener aux règles traditionnelles
de proportions mises en lumière parles ingénieuses recherches de M. Auxès.
UNE STÈLE DU TEMPLE DE JÉBUSALEM. 17
fait vers le terme de ces recherches si ardues, et un jalon qui facili
tera singulièrement l'exploration des autres points sur ce terrain.
(i) Antiq.j., X1", 13 :5. ... ôpüçamw ôè Eù).wov nepi tèv {âœp.àv ni si»: vaàv
BaD.6p.zvo: p.év_px 105 0ptymii. , .
UNE STÈLE DU TEMPLE DE JÉBUSALEM. 19
Le texte de Joséphe que nous avons cité. plus haut (p. 46) pré
sente une grande difficulté. L’expression êv aûn‘ë se rapporte—t-elle
à et: 6mdtpov ou au mot ôpôquroç, ou bien est-elle prise adverbia
(i) J'l'tD, Midd0th, 2, 3. Le sens primitif parait étre celui de haie, enclos,
treillis, à en juger par la signification des termes congénères J'1‘t’J, plea:it, com
plexit, D’J’Ts‘l, palmiles vitis, et des formes similaires 11?, lexut't, nexuit.
Cf. l‘arabe conslruætt, cluust‘t lat/nets; filet, réf.
(2) Il est singulier que la difl'érenœ entre les chiffres de Joséphe et ceux du Talmud
soit précisément égale à la hauteur de notre pierre (8 palmes).
20 UNE sréus DU TEMPLE DE JÉHUSALEM.
(1) Cette dernière hypothèse parait beaucoup plus probable; elle semble à peu
prés confirmée parla phrase de Joséphe (Antiq. j.. XV. 1 l , 5) èpxlev ).t0ivou 6puço’mou
ypaçîg mküov, littér. la clôture d'une balustrade défendant par «fait.
(9) Il est clair que les textes grecs et latins étaient sur des stèles distinctes; Jo
séphe le dit d'ailleurs expressément : a les unes en lettres grecques, les autres en
lettre: romumes. n Nous pouvons donc être convaincus, sans les avoir vues, qu’aucune
des quatre autres faces de notre bloc ne porte, comme on aurait pu le croire un
moment. le texte latin. Il est à espérer qu‘un hasard heureux permettra un jour de
retrouver une stèle latine analogue et peut—être d'autres exemplaires de ces monu
ments uniformes, qui devaient être assez nombreux. J‘ai remarqué dans le Harem
beaucoup de blocs ayant exactement les mêmes dimensions que le nôtre. Qui sait
si en les retournant on ne découvrirait pas une face écrite?
me srèu; nu TEMPLE DE 1Ëausamu. 21
admis_sible qu’il est évident que c’est surtout aux pomts où l'on pou
vait franchir le dryphactos qu'il fallait placer les stèles prohibitives.
Dans ce cas, ces espèces de dés supportant les stèles, soit qu’ils '
fussent en quelque sorte les pieds-droits des ouvertures (équidis- _
tantes) servant de portes. soit qu'ils fussent répartis à intervalles
égaux le long du dryphactos même, auraient eu pour largeur la lon
gueur du bloc. 12 palmes, et pour épaisseur le double de sa lar—
geur, par exemple 12 palmes et 2 doigts. Il se peut que le bloc écrit
fût surmonté d’un abaque ou de quelque autre ornement léger, tel
qu’un fronton triangulaire (1).
(1) Il est probable, dans ce cas, que la face supérieure de notre bloc écrit offrirait
des traces de scellement.
(2) Si le dryphactos eût été travaillé ùjour, de façon à former une balustrade l
claire-voie, il est probable que. Joséphe et)! mentionné cette particularité.
| tv
Joséphe nous dit que les inscriptions prohibitives étaient en grec
et en latin, ce qui parait exclure implicitement l’hébreu, chose d’ail
leurs parfaitement compréhensible (l ). L’interdiction s’adressant uni
quement aux étrangers, il eût été oiseux de la rédiger dans une langue
qu’ils ne pouvaient, qu’ils ne devaient pas comprendre. Le grec était
un idiome universellement répandu à cette époque parmi les popula
tions païennes de la Palestine et de la Syrie, la langue romaine allait
bientôt devenir la langue des maltres.
L'interdiction formelle aux étrangers d’aller au-delà de la cour
des Gentils et de pénétrer surle sol consacré, n’a pas besoin d'expli
cation. Elle s'appuie sur des prescriptions probablement fort au
(1) Quelques auteurs, entre autres Jahn, ont admis, mais vraisemblablement à
tort, que cet avertissement devait être également en hébreu. L’accès du temple était
en effet interdit par la loi religieuse aux Juifs qui ne se trouvaient pas à l’état de
pureté. Hais, outre que Joséphe mentionne uniquement, dans les deux passages,
des stèles grecques et latines, il ne faut pas oublier qu’en parlant de la loi de la
pureté il n'entend pas l'état d'impureté accidentel et temporaire dans lequel pouvait
se trouve un Juif, et qui lui défendait momentanément l’entrée au temple, maisl'impu
reté pour ainsi dire multiple et absolue du gentil, qui réunit en lui tous les cas prévus
d‘impureté, et avant tout celui, pour ainsi dire constitutionnel, d’étre incirconcis.
Ce n’est pas le Juif qui a besoin d’être averti qu'il ne saurait pénétrer dans le
Saint s’il est en état d'impureté, mais bien le paten étranger aux préceptes de la loi.
une STÈLE ou TEMPLE ne 1Énusausu. 23
cxemplelesAmmonitesetles Moabites(Deutér.,23,3),tandisqued’au
tres y étaient admis avec certains tempéraments (Deutér., 23, 7-8).
Il est à remarquer que le législateur a tenu, même dans une rédac
tion aussi laconique que celle de notre texte, à introduire quelques
mots qui tendent à Justifier la sévérité excessive de la disposition
pénale édictée par lui. en rejetant sur la téte du coupable la respon
sabilité de sa propre mort. Le gentil est averti des suites (êEaquw0âv)
qu‘entraînerait pour lui une transgression qui ne saurait être l'effet
de l'ignorance, puisqu’on 3 soin de le prévenir, par des avis écrits
dans les langues qu’il comprend, des dangers auxquels il s’expose
rait en passant outre. C’est une manière profondément sémitique
d’envisager l’application de la peine capitale. doctrine si bien ré
sumée dans cette expression : Que son sang retombe sur sa propre tête!
Il serait difficile de ne voir la qu’un simple avis comminatoire des
tiné à tenir en respect et à distance les gentils trop audacieux, par la
crainte salutaire d‘un châtiment qui, le cas échéant, n'eût pas été
aussi rigoureux, ou même simplement par l’appréhension de la colère
céleste se faisant justice elle—même. L’expression de Joséphe, 0avmxi:
&ueùoups’w;ç 1—71: Çnpiuç, sousmenace de mort, dans un passage, tendrait
peut—être à faire admettre cette supposition; mais ne peut—on voir
aussi dans l’emploi de cette expression mitigée de Joséphe que le fait
de la répugnance éprouvée par lui à mentionner crûment la sévérité
inexorable de la loi, répugnance qui explique même peut-être pour—
quoi l’historien a été, dans l’autre passage où il relate encore l'in
terdiction, jusqu’à omettre complètement la sanction pénale qui
l'accompagnait (1).
Bien que le législateur soit muet sur la manière dont la peine doit
être appliquée, il n’est guère douteux qu‘elle ne le fût rigoureuse
ment, et peut—être, suivant cette barbare coutume de l'antiquité qui
revit dans la loi de Lynch, par la main même des assistants. Les
Actes des Apôtres contiennent à ce sujet un passage très-important
qui ferait croire que, le délit étant flagrant, l’exécution devait ou
pouvait être sommaire (2).
(1)'Phi10n (Opp., Il, 977) parle également de l’interdiction sous peine de mort,
faite aux gentils, de pénétrer dans le hieron. Je n'ai malheureusement pas ici le texte
de cet auteur, qu’il serait instructif de comparer sur ce point à celui de Joséphe.
(2) Actes des apôtres, XXI, et notamment 26-32. Il parait d'ailleurs qu’en dehors
des prêtres (ou choisis parmi eux) il y avait de véritables gardiens du Temple (QÛÀŒXë;
roi: tapoB), placés sous les ordres d’un chef qui portait le titre de strutége(Jos., 6. j.,
VI, 5 : 3; Antiq., XX.6:2; Actes des up., V : 21;, IV :1). L'Èvangile de Luc, XXII. 52,
parle même de plusieurs strute’ges. Ces fonctionnaires semblent avoir été chargés de
UNE STÈLE DU TEMPLE DE JÉRUSALEM. 25
Paul étant venu à Jérusalem aprés'avoir prêché la foi nouvelle
dans divers pays, fut informé par les frères de Jérusalem qu’il pas
sait dans cette ville pour enseigner à tous les Juifs qui étaient parmi
les gentils à ne pas suivre les prescriptions de Moïse et les coutumes
de la loi, à ne pas circoncire leurs enfants, etc. Pour dissiper cette
fâcheuse prévention et faire faire àPaul acte de fidèle observance de
la loi, on lui conseilla de prendre quatre hommes qui avaient fait un
vœu et de se purifier avec eux.
c Alors Paul, ayant pris ces hommes avec lui et s’étant purifié avec
eux, entra dans le Temple (icpév) le jour suivant, annonçant les jours
auxquels la purification s’accomplirait, et quand l’oflrande devait
être présentée pour chacun d’eux. ,
c Et comme les sept jours allaient s'accomplir, les Juifs d’Asie
l'ayant vu dans le Temple, ameutèrent tout le peuple et se saisirent
de lui en criant :
- Israélites! à l’aide! Voici l’homme qui prêche partout à tout le
monde contre le peuple, contre la loi et contre le lieu. Il a méme in
troduit des Hellènes dans le Hiéron et profané ce saint lieu.
« Ils avaient vu en effet, dans la ville, Trophime d’Éphèse avec
lui, et Ils avaient cru que Paul l’avait introduit dans le Hiéron.
- Toute la ville s’émut et un rassemblement se forma; on saisit
Paul, on le tralna hors du Hiér0n, dont les portes furent auSsit0t
fermées.
c Comme on cherchait à le tuer, ou annonça au tribun de la co—
horte que toute Jérusalem était en rumeur. n
Ainsi, il ressort clairement de ce récitque non—seulement le gentil
qui avait pénétré dans le Temple, mais aussi le Juif qui avait prêté
les mains à cette profanation, encouraient les rigueurs de la loi. Cet
incident jette sur notre inscription et en reçoit une grande lumière.
C'était au nom de la loi que les Juifs ameutés demandaient au tribun
la mort de Paul arraché par lui de leurs mains, au moment oùjustide
allaiten être faite.
la police générale du temple; on les voit intervenir chaque fois qu‘ils pensent l‘ordre
public menacé. Il est certain que parmi leurs attributions, une des plus importantes
était celle de veiller à ce que les prescriptions destinées à préserver le temple de
toute souillure fussent rigoureusement observées, et à ce titre c’était peut-0tre à
eux qu’incombait le soin de saisir les délinquants ou les coupables et de leur appli
quer, proportionnellement à la gravité de leur faute, les peines prononcées par la loi.
26 UNE STÈLE ou remue DE JÉHUSALEM.
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28 UNE STÈLE DU TEMPLE DE JÈRUSALEM.
Philon entendent bien parler en effet d’une exécution dans les ré—
gles, ou d’un massacre par le peuple, alléguer qu’ils commettent,
en disant ceia, une inexactitude soit involontaire, soit intentionnelle.
Joséphe aurait forcé la note pour rehausser les Juifs en leur attri
buantun droit souverain qu’ils ne pouvaient plus en réalité exercer
sous la domination romaine, surtout contre des Romains; Philon
aurait fait de cette assertion un argument pour les besoin de la cause,
destiné à dissuader Caligula de son projet de faire placer sa statue
dans le temple juif.
Cette théorie pourrait peut—être se soutenir si elle n’était pas en
désaccord avec le texte méme de notre monument, que nous allons
interroger en faisant abstraction des passages historiques contro—
versés.
Quelle que soit l’interprétation que l’on veuille proposer de ces
différents passages que nous avons successivement examinés, il est
hors de doute que notre inscription, considérée en elle-même, ne
présente de ce chef aucune espèce d’ambiguïté. C’est ce qu’on peut
démontrer en quelques mots.
Que dit en effet la stèle?
(4 Celui qui sera pris (8: 8‘ av Mapôi) sera cause de ce que la mort
s‘ensuivra .. . . . »
S'il s‘agissait d'une mort surnaturelle, il .y aurait tout autre mot
que Àr,ç6fi: Celui qui franchira, qui profanera, qui violera, etc. Le
châtiment céleste n'a pas besoin, pour se manifester, que le délin
quant soit ùppréhendé au corps par des mains humaines; au contraire,
on en admet plus volontiers l'intervention au cas où la juStice d’ici—
bas. qui n’est pas infaillible, se trouverait en défaut; c’est surtout
le sacrilège qui arriverait à se soustraire à la surveillance et à com—
mettre une profanation inaperçue, qui enfin violerait le saint lieu
sans se faire prendre, que ce châtiment devrait frapper. L‘expres
'sion MçGä implique donc absolument l’action humaine, et partant,
l’application d’une loi positive et formelle. Si cet avis eût été réelle
ment destiné à avertir les païens de ne pas s’exposer au courroux
céleste, on n’eût bien Certainement pas employé ce mot Mçûfi.
Cela est tellement vrai qu’on comprendrait plutôt, dans l'hypo
thèse d’une mort surnaturelle, une phrase de ce genre: « Celui
même qui violerait le lieu saint et ne serait pas pris (et échapperait '
ainsi à la justice humaine), ne saurait pour cela se soustraire à la
vengeance du dieu. » ’
Ajoutez à cela que si, pour le rédacteur du texte, il s’agissait réel
30 UNE srÈu: DU TEMPLE nu 1Énusacnu.
(1) Joséphe, Antiq.jud., XX, 5 :I;. Cf. le récit parallèle, avec quelques variantes,
dans la G.juive, H, 12 :3.
(2; Id., ibid., XX, 5 : 3; cf. G. juive, H, 12: t.
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32 UNE STÈLE un TEMPLE ne 1Énusxnau._
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