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Coed Djerba

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TUNISIE
Coût de la dégradation de l’environnement
due aux pratiques de gestion des déchets solides :
Cas de l’île de DJERBA
Le réseau régional d’échange d’informations et d’expertises dans le
secteur des déchets solides dans les pays du Maghreb et du Machreq

TUNISIE
COÛT DE LA DÉGRADATION DE
L’ENVIRONNEMENT
DUE AUX PRATIQUES DE GESTION
DES DÉCHETS SOLIDES :
CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Publié en
Janvier 2015

Sherif Arif, Fadi Doumani et Ilyes Abdeljaouad


REMERCIEMENTS ET CITaTION

Remerciements :
Nous tenons à remercier chaleureusement S.E. M. Mounir Majdoub,
Secrétaire d’Etat chargé du développement durable pour l’intérêt
particulier qu’il a porté à cette étude. Nous remercions vivement
Messieurs les Conseillers du Secrétaire d’Etat chargé du développe-
ment durable, M. le Directeur Général de l’ANGed et ses collègues,
M. le Directeur Général de la DGCL et ses collègues, Messieurs les
représentants du Ministère du Tourisme, des communes de Djerba, de
la Fédération Régionale des Hôteliers et de la FTAV ainsi que l’Associa-
tion de sauvegarde de l’île de Djerba et l’opérateur SEGOR.

Nous tenons également à remercier M. Markus Luecke, M. Anis Ismail,


M. Wassim Chaabane et Mlle Nora Ben Ameur de GIZ/SWEEP-Net
pour leurs commentaires et leur précieux support qui nous a permis
de mener à bien cette étude.

Ce rapport doit être cité comme suit :


Sherif Arif, Fadi Doumani et Ilyes Abdeljaouad. 2014. Tunisie, Coût de la
Dégradation de l’Environnement Due aux Déchets Ménagers : Le Cas
de Djerba. Programme SWEEP-Net financé par la GIZ, Tunis.

Taux de Change :
1 € = 2,047 Dinars tunisiens (DT) (Décembre 2012)
1 € = 2,256 Dinar tunisien (DT) (Décembre 2013)
1 € = 2,280 Dinars tunisiens (DT) (Octobre 2014)
1 $ EU = 1,549 Dinar tunisien (DT) (Décembre 2012)
1 $ EU = 1,639 Dinar tunisien (DT) (Décembre 2013)
1 $ EU = 1,808 Dinar tunisien (DT) (Octobre 2014)

Source : www.oanda.com

Le contenu de cette publication est de la seule responsabilité des auteurs et ne représente


pas nécessairement les vues de SWEEP-Net ou celles du Gouvernement tunisien.
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Table DES Matières

Remerciements et citation 2

Table des matières 3

Acronymes 6

Résumé analytique 8

1. Introduction 17

2. Les répercussions de la fermeture des centres de transfert


et d’enfouissement à Djerba 19
2.1 Au niveau des politiques de gestion 19
2.2 Au niveau technique 19
2.3 Au niveau social 20
2.4 Au niveau financier 20

3. Justification et objectif de l’étude du coût de la dégradation


de l’environnement dûe aux déchets de Djerba 22

4. Contexte socioéconomique et déchets municipaux à Djerba 24


4.1 Contexte général 24
4.2 Disparité entre les communes 25
4.3 Tendances du tourisme 26
4.4 La pêche 28
4.5 Le chômage 30
4.6 Caractéristiques des déchets ménagers et touristiques à Djerba 31
4.7 La collecte, transport et enfouissement des déchets 32
4.8 Les acteurs institutionnels 33
4.8.1 Au niveau national 33
4.8.2 Au niveau local 33
4.9 Conclusions 34

3
5. Méthodologie, calibrage et limites de l’évaluation,
et sous-catégorie 36
5.1 Contexte général 36
5.2 Méthodologie 36
- Changement dans la production 36
- Changement de l’état de santé 36
- Changement du comportement 36
5.3 Calibrage et limites de l’évaluation 37
5.4 Catégories évaluées 37

6. Coût de la dégradation des déchets ménagers à Djerba 39


6.1 Données de base 39
6.2 Aperçu général des coûts de la dégradation 41
6.3 Agrégation des sous-catégories 43
6.4 CDEDM récurrent 44
6.4.1 Moins-value des terrains autour des centres
de transfert et Guellala 44
6.4.2 Émissions de méthane non captées
et environnement global 44
6.4.3 Production d’énergie 45
6.5 CDEDM marginal 45
6.5.1 Déchets non collectés à Houmet Souk 45
6.5.2 Nettoyage requis des déchets collectés
et non collectés jetés dans la nature 45
6.5.3 Moins-value des terrains autour des décharges sauvages 45
6.6 Pertes et Dégâts 46
6.6.1 Perte de la réhabilitation de la décharge d’Aghir 46
6.6.2 Pertes d’amortissement des centres de transfert
et de la décharge de Guellala 46
6.6.3 Dégâts à Guellala et Melitta 47
6.6.4 Pertes associées aux coûts fixes de gestion 47
6.7 Perception des touristes 47
6.8 Autres préoccupations non quantifiées et non monétisées 47
6.9 Pertes d’opportunité récurrentes 48
6.9.1 Collecte 48
6.9.2 Transfert et enfouissement 48
6.9.3 Recyclage et compostage 48
6.9.4 Zone d’enfouissement évitable 49
6.10 Pertes d’opportunité potentielles 50
6.11 Benchmarking et conclusions 50
6.11.1 Benchmarking entre le Grand Tunis et Djerba 50
6.11.2 Conclusion 51
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

7. Coût de la restauration à Djerba 53


7.1 Résultats agrégés du coût de la restauration 53
7.2 Scénario 1 d’urgence 55
7.3 Scénario 2 pour le transport des déchets en dehors de Djerba 56
7.4 Scénario 3 pour la réouverture de Guellala 57
7.5 Scénario 4 pour un plan rapide pour la réduction des déchets 58
7.6 Scénario 5 pour la méthanisation simple 60
7.7 Scénario 6 pour le compostage confiné 60
7.8 Conclusions 61

8. Conclusions générales et recommandations 63


8.1 Conclusions générales 63
8.2 Recommandations 64

9. Références 67

10. ANNEXE I Méthodes spécifiques pour l’évaluation


des coûts de la dégradation des sous-catégories
déchets 69

11. ANNEXE II Méthodes spécifiques pour l’évaluation


des coûts de la dégradation des sous-catégories
des déchets 73

12. ANNEXE III Coûts de la restauration 74

5
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

aCRONYMES

A/C Ratio Avantages/Coûts

ANGed Agence Nationale de Gestion des Déchets

ANPE Agence Nationale de Protection de l’Environnement

APS Avant- Projet Sommaire

APD Avant- Projet Définitif

BA Benefit Assessment

C/A Coûts/avantages

CAP Consentement à Payer

CDEDM Coût de la dégradation de l’environnement due aux déchets municipaux

CE Communauté Européenne

CH4 Méthane

CO2 Dioxyde de carbone

DMA Déchets Ménagers et Assimilés

EPA Environmental Protection Agency des Etats-Unis

FTAV Fédération Tunisienne des Agences de Voyages et de Tourisme

GES Gaz à Effet de Serre

GIZ Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit

kg Kilogramme

km Kilomètre

km2 Kilomètre carré

m Mètre

m2 Mètre carré

m3 Mètre cube

MDP Mécanisme de Développement Propre

OMS Organisation mondiale de la santé (WHO)

PIB Produit Intérieur Brut

PRONAGDES Programme National de Gestion des Déchets Solides

PRONGIDD Programme National de Gestion Intégrée et Durable des Déchets

6
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

SIG Système d’Information Géographique

STEP Station de Traitement des Eaux Polluées

TEEB The Economics of Ecosystems and Biodiversity

TRI Taux de Rendement Interne

UE Union Européenne

VAN Valeur Actualisée Nette

VET Valeur Économique Totale

7
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

RESUMÉ aNaLYTIQUE

Djerba est la plus grande île de la Tunisie, avec une superficie totale de 514 Km2 et une population
de 160.714 habitants en 2014 avec une densité moyenne de 313 habitants par Km2 et appartenant au
Gouvernorat de Médenine. Djerba est constituée des trois communes, au nord Houmet Souk, à l’est
Ajim, et Midoun au Sud Ouest avec des disparités économiques et sociales. Houmet Souk est considérée
le chef-lieu de l’île, et la plus peuplée des trois communes. Elle est devenue un centre polyfonctionnel
de services et s’est développée grâce au tourisme et à la hausse des valeurs foncières et immobilières ;
Midoun, qui est à l’origine rurale, s’est transformée en commune urbaine et est devenue le premier
pôle touristique de l’île. Ceci a bouleversé son organisation territoriale ; Ajim est la commune la moins
peuplée et ne comprend pas de zones touristiques. Cette commune est connue pour son artisanat et son
agriculture. Elle n’a pas connu le même développement que les autres communes.

L’économie de l’île est basée sur les revenus des émigrés Djerbiens vivants à l’étranger et particulièrement
en Europe où ils travaillent dans le commerce et les services. Le tourisme est de masse, saisonnier, et
à bas prix pour lequel Djerba est considérée le premier pôle touristique de la Tunisie avec un revenu
annuel de 483,9 millions DT, soit 15 % des revenus globaux du tourisme en Tunisie en 2012 ; l’agriculture
n’implique que 4 % de la population de 2004 et est en baisse. Elle consiste en des arbres fruitiers, des
oliviers et certaines cultures telles que l’orge, le sorgho et les lentilles. La pêche est aussi une source
de revenus pour un nombre de pêcheurs dans les trois ports artisanaux de Houmet Souk, Midoun et
Ajim qui consistent en 2.000 flottilles de pêche côtière et une production de 9.000 tonnes en 2011 qui est
cependant insuffisante pour couvrir la consommation de l’île. Enfin, l’artisanat qui rapporte autant que
les revenus de la pêche et de l’agriculture consiste en un artisanat de laine, de poterie et de bijoux.

La quantité des déchets ménagers retenue est celle qui arrivait à la décharge contrôlée de Guellala et
qui était de 45.700 tonnes/an. Les déchets municipaux, dont 55 % sont des déchets organiques, ont une
humidité de 40-60 % tandis que les déchets hôteliers, dont 68 % sont des déchets organiques, ont une
humidité de moins de 70 %. La collecte et le transport des déchets vers les trois centres de transfert
respectifs étaient assurés par les trois communes. L’ANGed était responsable d’assurer le transport
depuis les trois centres de transfert vers la décharge contrôlée de Guellala dont le site appartient
administrativement à la commune de Midoun, mais les deux villages de Ouer Sigean (2 kms de la
décharge) et celui de Guellala (6 kms de la décharge, 10.000 habitants) appartiennent administrativement
à la commune d’Ajim.

Des manifestations de riverains se plaignant des odeurs émanant de la décharge contrôlée de Guellala ont
éclaté le 6 septembre 2012 jusqu’à atteindre un seuil critique le 11 octobre 2012, avec des confrontations
entre les forces de l’ordre et des habitants du village de Guellala. À la suite de ces manifestations, le
gouvernement a décidé de fermer la décharge contrôlée, tout en promettant la mise en œuvre d’une
solution durable dans un délai de 6 mois. Dans le cadre d’un accord signé entre le gouvernement, les
communes, l’UTICA et la fédération régionale des hôteliers, les pouvoirs publics ont décidé de rouvrir
momentanément la décharge le 7 juillet 2014. Des riverains, opposés à cet accord, ont alors vandalisé et
en partie brûlé les installations de la décharge. Le montant des dégâts a été estimé à 2,9 millions de DT.

8
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

La fermeture de la décharge contrôlée de Guellala a fortement perturbé le système de gestion des


déchets dans les trois communes Houmt Souk, Midoun et Ajim de l’île de Djerba. À présent, la situation
se présente comme suit :

a) La décharge contrôlée et les trois centres de transferts dans les trois communes sont totalement en
arrêt d’activité ;

b) Les décharges sauvages de chaque commune qui étaient fermées depuis 2007, ont été ré — ouvertes et
reçoivent les déchets. D’autres décharges sauvages ont été créées et hélas, les anciens et traditionnels
puits d’eau sont utilisés comme dépôts d’enfouissement ;

c) Les services de collecte ont été aussi négativement affectés. À Houmt Souk, le taux de collecte par la
commune a été réduit à 10 %, et les sacs des déchets sont jetés partout dans les rues et éventuellement
brûlés. À Midoun, un opérateur privé (SAS) contracté par la commune, assure la collecte des déchets
des hôtels sans indiquer son site d’enfouissement, et la commune se charge de la collecte des déchets
ménagers de la ville, cependant des sacs plastiques vides jonchent les rues. À Ajim, la commune
assure la collecte des déchets ménagers et les dispose dans trois décharges sauvages dont deux
de ces sites sont congruents à la ville de Guellala, alors que la décharge contrôlée est à 6 kms à vol
d’oiseau de ce village.

Les causes et effets de la problématique des déchets ont subi une tournure sociopolitique mal
appréhendée tant au niveau national, régional que local. Cependant à ce jour, la situation demeure fluide
et inchangée en attendant une solution « miracle » de la part des instances gouvernementales et qui
serait acceptable par toutes les parties. La problématique de la situation s’articule à plusieurs niveaux.
Au niveau des politiques de gestion, les avis sont partagés entre trois variantes :

a) Transfert des déchets à la décharge contrôlée de Bou Hamed à Médenine se trouvant sur le continent ;

b) Valorisation des déchets à Djerba : sélection d’un nouveau site acceptable par les communes pour le
traitement des déchets par tri, compostage ou méthanisation avec enfouissement des déchets ultimes ;

c) Solution intérimaire pendant 4 ans : réouverture de la décharge de Guellala et les centres de


transfert pendant une période transitoire de quatre ans avec un contrôle et suivi suivant les normes
internationales jusqu’à ce qu’une décision soit prise pour une gestion intégrée, durable et acceptable
des déchets par les communes et les citoyens de Djerba.

Du point de vue technique, une étude technique et financière a été élaborée et discutée avec les trois
communes sur quatre types de traitement : le compostage, stabilisation aérobique ou anaérobique
(méthanisation) et l’incinération avec des coûts à l’entrée des installations (gate fee) variant de 146 DT/
tonne pour le compostage à 751 DT/tonne pour l’incinération. Ces coûts sont exorbitants et représentent
4,5 à 22,7 fois le coût actuel de l’enfouissement dans la décharge contrôlée de Guellala estimée entre 33
et 40 DT/tonne, qui peuvent être soumis à un traitement de compostage avec un coût de 146 DT/tonne,
le coût total serait de 4,3 millions de DT par an. Ceci représente 14,3 % du budget annuel de l’ANGed
de 30 millions de DT pour l’enfouissement des déchets de 7 millions d’habitants dans 13 décharges
contrôlées dont 9 sont munis d’installations de récupération de biogaz qui génèrent des revenus.

Du point de vue social, la méfiance et l’opportunisme sont les caractères dominant du paysage
relationnel entre les citoyens et l’administration. La relation habitants/commune est caractérisée par
« une incompréhension mutuelle et l’absence de canaux de dialogue efficaces ».

9
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Du point de vue financier, il n’existe pas encore à Djerba comme dans toutes les villes tunisiennes, un
système de recouvrement des coûts pour le traitement des déchets, et les coûts de gestion ne sont pas
liés directement aux coûts actuels. Les communes souffrent d’une faiblesse de collection des taxes avec
toutes les incidences budgétaires que cela entraîne étant donné que 2/3 des habitants ne payent pas
leurs taxes annuelles fiscales. Par ailleurs, certains hôtels ont aussi décidé depuis 2014 de ne plus payer
la taxe hôtelière augmentant ainsi la pression fiscale.

Le problème financier va au-delà de la résolution de la gestion des déchets à Djerba, car il s’agit
de : maintenir l’équité entre toutes les villes tunisiennes pour la gestion des déchets. Un surplus
d’investissement pour des procédés technologiques de valorisation au profit d’une commune tunisienne
ou d’un gouvernorat ne pourra pas se faire en exclusion d’autres villes ou gouvernorats qui ont accepté un
système d’enfouissement moins coûteux ; prévaloir une transparence dans l’allocation des subventions
de l’État pour le traitement des déchets, une augmentation des recettes de l’État au profit d’une commune
se manifestera par une transparence inadéquate dans l’allocation des ressources dans le secteur des
déchets et entraînera par le fait même une augmentation du déficit national ; et prévenir l’effet « domino »
pour toutes les autres communes qui ont accepté les décharges contrôlées. Une préférence accordée
à une commune entraînera aussi des répercussions semblables sur d’autres vu que certaines d’entre
elles ont déjà manifesté leur mécontentement d’abriter une décharge contrôlée sur leur territoire. L’effet
domino prendra une envergure telle qu’elle paralyserait le système existant de la gestion des déchets en
Tunisie.

Malgré la complexité politique et socioéconomique, l’aspect environnemental n’a pas été quantifié de
manière à présenter aux décideurs et aux citoyens la valeur monétaire des conséquences économiques
engendrées par la crise actuelle de la gestion des déchets à Djerba. Cette dimension sociale et
environnementale servira aussi de support et de plus-value afin que les décideurs en étroite collaboration
avec les citoyens et les communes puissent trouver une solution tout en respectant les principes
d’équité, de transparence et d’efficience des subventions de l’État tunisien. La solution optimale d’une
gestion durable devra viser à améliorer la situation actuelle aux moyens déjà éprouvés, économiques et
réalisables dans le contexte local.

C’est dans ce contexte général que s’inscrit l’étude du coût de la dégradation de l’environnement due
aux déchets dans l’île de Djerba et qui est appuyée par SWEEP-Net/GIZ. Un objectif général serait
d’appréhender dans sa globalité les actions possibles à Djerba pour parvenir à une situation durable, à la
fois sur les plans : techniques (système de traitement, bon fonctionnement confié à des professionnels) ;
environnementaux (internaliser aussi bien les coûts de la dégradation de l’environnement) ; que
financiers (permanence et suffisance des ressources collectées ainsi que transparence dans l’allocation
des subventions de l’État) pour une gestion intégrée des déchets municipaux au sein de l’île.

L’objectif principal est d’évaluer le coût de la dégradation de l’environnement due aux déchets ménagers
pour assister les décideurs à l’échelle nationale et locale à identifier et prioriser des actions concrètes
déjà proposées dans l’étude de l’APS de Djerba visant à améliorer la gestion intégrée de ces déchets par
le biais du potentiel de financement des projets lié aux avantages environnementaux et à la réduction des
externalités négatives.

Les techniques d’estimation d’impact et d’évaluation économique retenues sont principalement


dérivées des méthodes éprouvées et synthétisées dans le manuel de la Banque mondiale sur le Coût
de la Dégradation, le manuel de la Commission européenne sur le Benefit Assessment ainsi que
d’autres manuels et sources de référence comme les publications de The Economics of Ecosystems
and Biodiversity (TEEB), elles aussi financées par la Commission européenne en coopération avec le
Gouvernement allemand. Les principales méthodes d’estimation d’impacts se regroupent autour de

10
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

3 piliers : le changement dans la production, le changement de l’état de santé avec la dose-réaction


afin d’établir la fonction entre polluant (inhalation, ingestion, absorption ou exposition) et maladie et le
changement de comportement avec deux sous-impacts : préférences révélées ; et préférences énoncées.
Au cas où les données ne sont pas disponibles, un transfert d’avantages peut être effectué à partir
des études ayant été faites dans d’autres pays en ajustant les résultats pour le différentiel du revenu,
d’éducation et de préférence.

L’année de base 2014 a été retenue pour l’estimation des coûts de la dégradation. L’évaluation des
avantages (coût de la dégradation réduite sur une année) a été utilisée pour dériver les coûts de la
restauration pour certaines sous-catégories prioritaires. Les coûts de la restauration reposent sur
une analyse coûts/avantages (C/A) avec un taux d’actualisation de 10 % du fait de la courte durée des
investissements. Trois indicateurs sont pris en compte dans l’analyse C/A qui sont : la valeur actualisée
nette (VAN) ; le taux de rendement interne (TRI qui remet à zéro la VAN et le ratio Avantages/coûts A/C,
qui doit être égal ou supérieur à 1.

Les données utilisées dans l’analyse du coût de dégradation de l’environnement due aux déchets ménagers
[CDEDM] de Djerba proviennent notamment des documents de l’Institut National de la Statistique, de
l’Office National du Tourisme Tunisien, des rapports pays du réseau GIZ/SWEEP-Net sur la Tunisie de
2010 et 2014, les différents rapports publiés sur Djerba ainsi que les indicateurs du développement de la
Banque mondiale.

Le CDEDM de Djerba, illustré dans la Figure 1, atteint 14,1 millions de DT ou 7,8 millions de $ EU en 2014
avec une borne inférieure [BI] de 8,3 millions de $ EU et une borne supérieure [BS] de 8,7 millions de $
EU. Le résultat moyen est équivalent en moyenne à 1,1 % du PIB de Djerba et 0,02 % du PIB national de
Tunisie en 2014 basé sur les projections du FMI. Inversement, les pertes d’opportunité, dont le produit
pourrait être utilisé de manière plus judicieuse [efficience allocative] pour améliorer la gestion du secteur
des déchets comme la réduction des subventions, le recyclage et le compostage, s’élèvent à 3,7 millions
de DT ou 2,1 millions de $ EU équivalent à 0,004 % du PIB tunisien en 2014.

Ventilées par sous-catégorie du coût de la dégradation, et des pertes et dégâts, l’équivalent du revenu
disponible associé aux déchets non collectés [90 % des habitants de Houmt Souk] vient en premier
[38 %] et est suivi par le coût de réhabilitation des décharges sauvages [13,1 %], les dégâts subis à
Guellala et Melita [12,3 %], la moins-value des terrains des centres de transfert et des décharges
contrôlées et sauvages [10,5 %], les pertes d’amortissement des centres de transfert et de la décharge
de Guellala [9,1 %], la perte au titre des décharges qui avaient été réhabilitées [6,2 %], les coûts fixes
à l’opérateur privé des centres de transfert et de la décharge de Guellala [4,2 %], le consentement à
payer des touristes devant subir la pollution visuelle et olfactive des déchets dans les rues [3,2 %], les
coûts associés à l’environnement global [1,8 %], la production d’énergie pouvant être produite dans les
cellules de la décharge [1,1 %] ainsi que les émissions de méthane évitable de la décharge contrôlée
de Guellala [0,02 %]. Plusieurs sous-catégories mériteraient quelques approfondissements tels que la
contamination de l’eau due à l’infiltration des lixiviats dans les nappes et dans la mer ou bien les effets
sur la santé qui n’ont pas été évalués, car ceux-ci requièrent des enquêtes épidémiologiques.

L’analyse a montré dans la Figure 2 que le CDEDM a augmenté de 548.251 DT [0,0001 % du PIB]
avant 2012, qui échoient toujours en 2014, à 13,6 millions de DT [0,015 %] du PIB après 2012 soit 45
fois le CDEDM qui démontre que les déchets ménagers sont la cause principale de la dégradation de
l’environnement. De même, les coûts d’opportunité sont de 3,8 millions de DT [0,004 % du PIB] et risques
d’être augmentés potentiellement de 12,9 millions de DT [0,014 %] en 2015 reflétant ainsi des pertes de
recettes de tourisme si la crise actuelle des déchets n’est pas résolue dans les plus brefs délais.

11
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Figure 1 : Coût de la dégradation et perte d’opportunité des déchets solides à Djerba,


2014, millions de DT

14,1 3,7
5ts à
Djerba
éche Moins-value des terrains : CT et DC
d
ue Emissions de méthane
it q Energie potentielle perdue
a 4 14,1 3,7
5 Moins-value des terrains
global : CT et DC
m

Environnement

Millions de DT

Emissions de méthane
rob

Non-Collecte : 90% HS
3
Energie potentielle
requisperdue
la p

4 Nettoyage : décharges sauvages


Environnement global
Moins-value des terrains : DS
Millions de DT
Coût de

2 Non-Collecte : 90% HS des décharges


3 Perte de réhabilitation
Nettoyage requis : décharges
Perte d'amortissement : CTsauvages
et DC
1 Moins-value des terrains
Dégats à Guellela : DS
et Melita
2
Perte de réhabilitation des décharges
a
Perte d'amortissement : CT et DC
1
0
Coût de la Pertes e et Melita rb
Dégats à Guellela
5

Dj
Dégradation d'Opportunité

CD
0 4
Coût de la Pertes

Millions de DT
Dégradation d'Opportunité 3

0
Figure 2 : Coût de la problématique déchets à Djerba Non-Collecte : 90% HS
Nettoyage requis : décharges
Moins-value des terrains : CT et
Moins-value des terrains : DS
Perte de réhabilitation des
Perte d'amortissement : CT et
Dégats à Guellela
Dégats à Melitta
Coûts fixes à l'opérateur privé :
Emissions de méthane
Energie potentielle perdue
Environnement global
CAP des Touristes : pollution
en 2014 dû à la situation Ante et Post 2012

Djerba: 201
ets à 4
déch
ue
iq
at 16 Pertes d'opportunité
m

potentielle 2015

14 13,6
rob

12,9 Pertes d'opportunité


récurrente
la p

millions de DT

12 Consentement à payer:
pollution visuelle
Coût de

10 Pertes et dégâts
8 Coût marginal de la
dégradation
6 Coût récurrent de la
dégradation
4 3,7
ts à Djerba: 2014 %
é che du
d
2 ue PI
0,5 it q B
0 a 0,016% 0,015% Pertes d'O
tu
m

CD due à CD due à PO due à PO due à 0,014%


ni

Ante 2012 Post 2012 Ante 2012 Post 2012 Potentiell


sie

0,014%
rob

Pertes d'O
la p

0,012%
% du PIB tunisien
Coût de

Pertes d'opportunité Consente


0,010% Visuelle
potentielle 2015
13,6 Pertes d'opportunité Pertes et
12,9 0,008%
récurrente
Consentement à payer: 0,006% Coût Mar
pollution visuelle 0,004%
Pertes et dégâts 0,004% Coût Récu
Coût marginal de la
dégradation 0,002%
0,001%
Coût récurrent de la 0,000%
dégradation CD due à CD due à PO due à PO due à
3,7 Ante 2012 Post 2012 Ante 2012 Post 2012
Note : CD = coût de la dégradation ; et PO = pertes d’opportunité.
0,5 Source : Auteurs.
12
D due à CD due à PO due à PO due à
te 2012 Post 2012 Ante 2012 Post 2012
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Finalement, la comparaison concernant le coût de la dégradation entre le Grand Tunis et Djerba permet
un éclairage et un benchmarking concernant la problématique des déchets à Djerba depuis septembre
2012. Le coût de la dégradation due aux déchets en 2014 représente la moitié de celle du Grand Tunis en
2012 pour une population 16 fois moins importante et un volume de déchets générés 10 moins important,
alors que les touristes sont plus importants par un facteur 1,2. La comparaison des ratios du coût de
la dégradation par tonne et par habitant atteignent des différences significatives : 234 DT/tonne pour
Djerba contre 52 DT/tonne pour le Grand Tunis et 88 DT/habitant pour Djerba contre 13 DT/habitant pour
le Grand Tunis [Figure 3].

Figure 3 : Comparaison entre le Grand Tunis et Djerba, millions de DT et $EU

and Tunis and Tunis


ba vs. Gr ba vs. Gr
jer jer
n:D n:D
so 25 so 250 160
234 129
i

i
ra

ra
Coût de la dégradation 38.5 21.3 Coût de la dégradation
pa

40 pa DT/Tonne $EU/Tonne
Pertes d'opportunité
Com

Com

20 200
31.3 17.3 120
Coût de la dégradation
millions de $EU
millions deDT

30 DT/Habitant $EU/Habitant

millions de $EU
150
millions deDT

15
80
20
10 100 88 49
14.1 7.8

52 29 40
10 5 50
3.7 2.1
13 7
0 0 0 0
Djerba Grand Tunis Djerba Grand Tunis
2014 2012 2014 2012

and Tunis and Tunis


ba vs. Gr ba vs. Gr
jer jer
n:D n:D
so so
0.060%
i

i
ra

ra

50
pa

pa

Coût de la dégradation 0.051%


Com

Com

0.050% Coût de la dégradation


38,5
Pertes d'opportunité 40
Pertes d'opportunité
0.040%
% du PIB Tunisien

millions deDT

0.037% 31,3
30
0.030%

20
0.020% 14,1
0.016%

0.010% 10
0.004% 3,7
0.000% 0
Djerba Grand Tunis Djerba Grand Tunis
2014 2012 2014 2012

13
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Sur la base du CDEDM des coûts de restauration ont été estimés, 6 scénarios ont été considérés avec
et sans pertes d’opportunité potentielles en considérant une seule réduction hypothétique des recettes
touristiques de 2,5 % à Djerba en 2015. Ce sont :

• Scénario 1 d’urgence : rétablir la collecte des déchets municipaux de Houmt Souk par la commune et
aménager une décharge contrôlée provisoire et équiper les décharges sauvages avec un système de
dégazage passif.
• Scénario 2 pour le transport des déchets en dehors de l’île : transport des déchets à la décharge de
Bouhamed [Médenine] avec 2 options de transport ainsi que l’investissement dans un nouveau casier
ainsi que la mise à niveau du traitement des lixiviats et du torchage des gaz.
• Scénario 3 pour la réouverture de Guellala : réouverture de la décharge selon le schéma d’avant 2012
en attendant de trouver une solution permanente et acceptable par toutes les parties.
• Scénario 4 pour un plan rapide de réduction des déchets à la source : considérer le projet de 2014-
2016 pour le recyclage et le compostage sans le coût d’enfouissement, alors que le projet préconise un
enfouissement classe 2 [CET pour les déchets ultimes]. Ce projet a été en partie mis en veilleuse après
la destruction des structures à Melita.
• Scénario 5 pour la méthanisation simple : dégradation partielle et anaérobique [sans oxygène] de la
fraction organique des déchets sous l’action de micro-organismes. Cette réaction qui produit du gaz
méthane et du gaz carbonique a lieu dans un digesteur fermé et confiné qui empêche tout contact du
gaz produit avec l’extérieur avec valorisation du biogaz. Le sous-produit est le méthane qui sert comme
source d’énergie pour alimenter une turbine [ou des turbines] pour la production de l’électricité ainsi
que le digestat qui peut servir de compost. Cette option mentionnée dans l’APS et réalisée par le projet
GIZ/SWEEP-Net [2013] est la moins coûteuse et est estimée à 35,4 DT pour les coûts dynamiques de
fonctionnement et 146,0 DT/tonne pour les coûts dynamiques totaux [fonctionnement et investissement].
• Scénario 6 pour le compostage confiné qui consiste à une dégradation partielle de la fraction
organique des déchets sous l’action de micro-organismes en milieu aérobique en l’équipant d’un
bâtiment confiné avec un traitement de gaz de fermentation. Cette réaction produit du compost, mais
pas de l’énergie. Cette option de l’APS de GIZ/SWEEP-Net [2013] est considérée la plus coûteuse et est
estimée à 142,6 DT/tonne pour les coûts dynamiques de fonctionnement et 751,4 DT/tonne pour les
coûts dynamiques totaux [fonctionnement et investissement].

Les résultats des analyses présentés dans la Figure 4 ont montré que la situation pourrait empirer au cas
où la mauvaise gestion des déchets entraînera en 2015 une diminution de 2,5 % du nombre de touristes
de 2013-2014. Dans ce cas, tous les six scénarios seront économiquement non viables, d’où la nécessité
de mener une action urgente dans les six premiers mois de l’année 2015.

Dans le cas où la réduction possible des recettes touristiques de 2,5 % n’est pas considérée, c’est-à-
dire que le nombre de touristes et nuitées sont semblables à ceux de 2013 et 2014, deux scénarios sont
uniquement rentables [Tableau 1], ce sont :

a. Scénario 1 d’urgence : rétablir la collecte des déchets municipaux de Houmt Souk et aménager
une décharge contrôlée provisoire de 2 ans et équiper les décharges sauvages avec un système de
dégazage passif. La valeur actuelle nette est de 6,3 millions de DT et le ratio de valeur actualisée des
coûts/avantages est de 3,9.

b. Scénario 3 : Réouverture de la décharge de Guellala pendant cinq ans selon le schéma d’avant 2012 en
attendant de trouver une solution permanente et acceptable par toutes les parties. La valeur actuelle
nette est de 2,7 millions de DT et le ratio de valeur actualisée des coûts/avantages est de 1,3.

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 1 : Analyse Coût/Avantage des scénarios avec/sans réduction de recettes touristiques,


millions de DT
Scénario 1 Scénario 2 Scénario 2 Scénario 3 Scénario 4 Scénario 5 Scénario 6
Indicateurs Option 1 Option 2 Coûts Tot. Coûts Tot.
2 ans 5 ans 5 ans 5 ans 5 ans 5 ans 5 ans

Sans réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de DT) 6,3 0,2 1,4- 2,7 0,5- 21,7- 132,7-

TRI (±%) >%100 %8- <%0 >%100 <%0 <%0 <%0

Ratio VA Avantage/Coût 3,9 1,0 0,9 1,3 1,0 0,2 0,0

Rentabilité du projet Oui Non Non Oui Non Non Non

Avec réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de DT) 5,4- 11,6- 14,5- 17,0- 13,7- 33,4- 144,5-

TRI (±%) <%0 <%0 <%0 <%0 <%0 <%0 <%0

Ratio VA Avantage/Coût 0,6 0,5 0,4 0,4 0,4 0,1 0,0

Rentabilité du projet Non Non Non Non Non Non Non

Sur la base de l’analyse des coûts de la dégradation et de restauration, les recommandations suivantes
sont proposées :

Sur le plan opérationnel :


• Procéder au scénario d’urgence pour Houmt Souk qui consiste à rétablir la collecte des déchets
municipaux de Houmt Souk et aménager une décharge contrôlée provisoire de 24 à 48 mois et équiper
les décharges sauvages avec un système de dégazage passif. Cette action est la plus économiquement
rentable et aura un impact positif sur le tourisme.
• Engager les services d’un opérateur international de renom pour la conception-construction-opération
[DBO] de cette décharge. Ce type de contrat a été retenu dans l’APS [2013] revu par les trois communes.
• Engager les services d’un bureau d’engineering pour la supervision du contrat de conception-
construction-opération.

Sur le plan financier :


• Solliciter la contribution de la Fédération Régionale des Hôteliers et de la FTAV pour le financement de
la décharge contrôlée provisoire pour un coût d’investissement et d’exploitation de deux ans d’environ
1,5 million de DT. Afin de pouvoir procéder le plus vite possible à l’ octroi du marché et de la mise en
œuvre de cette mesure d’urgence, il est suggéré que cet investissement soit financé entièrement par
le secteur privé sans l’intervention financière de l’État avec une exemption future de la taxe hôtelière
dont les modalités restent à définir. Cette dernière se chargera uniquement de fournir les permis
requis par la réglementation tunisienne. Il est recommandé que la Fédération Régionale des Hôteliers,
à travers la création d’un groupement d’intérêt économique ou d’une société de projet, signe le contrat
clé en main avec le bureau-conseil/operateur alors que les trois communes signent le contrat de
supervision avec le bureau d’engineering qui sera financé par l’ANGed ou le Secrétariat d’État chargé
du Développement Durable.
• Au niveau de la coopération et de l’équité entre les 3 communes, le déséquilibre des recettes fiscales
du secteur hôtelier [Houmt Souk et Midoun au détriment de Ajim] entre les trois communes demeure

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

un point de litige non déclaré nécessitant un arbitrage du gouvernement central afin d’arriver à une
juste redistribution des recettes fiscales contribuant à la restauration de la confiance au sein de l’île.

Sur le plan social :


• Engager les services d’un bureau-conseil international pour la résolution des conflits et pour
la communication avec les citoyens et qui sera financé par le Secrétariat d’État chargé du
Développement Durable. Vu le manque de confiance, l’État ne peut pas être le communicateur
impartial puisqu’il est lui-même partie prenante dans le conflit.

Sur le plan du support technique :


Assurer qu’une agence internationale, bailleur de fonds ou institution financière internationale
fournisse un support technique pour :
• Identifier un expert international de renom pour le choix des sites et des techniques pour la gestion
des déchets à Djerba ;
• Identifier les bureaux-conseil/opérateurs susceptibles d’être engagés pour la décharge provisoire et
assurer une performance conformément à des standards internationaux ;
• Assister la Fédération Régionale des Hôteliers et la FTAV pour la préparation et la revue des APDs et
des dossiers d’appel d’offres ;
• Superviser le bureau-conseil pour la résolution des conflits et la communication avec les citoyens ;
• Les dégâts environnementaux marginaux nécessiteront des investissements additionnels pour la
réhabilitation des décharges sauvages.

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

1. Introduction

En 2014, SWEEP-Net a publié un rapport sur le coût de la dégradation de l’environnement due aux déchets
ménagers (CDEDM) dans le Grand Tunis. Ce rapport a montré que le CDEDM du Grand Tunis atteint
17,3 millions de $ EU (26,7 millions de DT) en 2012 avec une borne inférieure (BI) de 4,1 millions de $ EU et
une borne supérieure (BS) de 30,5 millions de $ EU. Le résultat moyen est équivalent en moyenne à 0,16 %
du PIB dans le Grand Tunis et 0,04 % du PIB national actuel de Tunisie en 2012. Inversement, les pertes
d’opportunité, dont le produit pourrait être utilisé de manière plus judicieuse (efficience allocative) pour
améliorer la gestion du secteur des déchets, s’élèvent à 23,1 millions de $ EU soit à 35,8 millions de DT
équivalents à 0,05 % du PIB tunisien de 2012.

Le rapport a aussi soulevé que l’une des raisons de cette dégradation est la négligence accentuée et le
laxisme dans les services de collecte suite aux perturbations sociales de la période post-janvier 2011 qui
se sont traduits par la remise en cause par les citoyens des installations de traitement et des décharges
contrôlées causant dans certains cas des actes de vandalisme. Ce problème s’est aggravé particulière-
ment dans l’île de Djerba considérée comme un des piliers du tourisme en Tunisie.

Des manifestations de riverains se plaignant des odeurs émanant de la décharge contrôlée de Guellala
ont éclaté le 6 septembre 2012 jusqu’à atteindre un seuil critique le 11 octobre 2012, avec des confronta-
tions entre les forces de l’ordre et des habitants du village de Guellala. À la suite de ces manifestations,
le gouvernement a décidé de fermer la décharge contrôlée, tout en promettant la mise en œuvre d’une
solution durable dans un délai de 6 mois. Dans le cadre d’un accord signé entre le gouvernement, les
communes, l’UTICA et la fédération régionale des hôteliers, les pouvoirs publics ont décidé de rouvrir
momentanément la décharge le 7 juillet 2014. Des riverains, opposés à cet accord, ont alors vandalisé et
en partie brûlé les installations de la décharge. Le montant des dégâts a été estimé à 2,9 millions de DT.

La fermeture de la décharge contrôlée de Guellala a fortement perturbé le système de gestion des dé-
chets dans les trois communes Houmt Souk, Midoun et Ajim de l’île de Djerba. À présent, la situation se
présente comme suit :

a) La décharge contrôlée et les trois centres de transferts dans les trois communes sont totalement à
l’arrêt ;

b) Les décharges sauvages de chaque commune qui étaient fermées depuis 2007, ont été ré-ouvertes et
reçoivent les déchets. D’autres décharges sauvages ont été créées et hélas, les anciens et traditionnels
puits d’eau sont utilisés comme cimetière d’enfouissement ;

c) Les services de collecte ont été aussi négativement affectés. À Houmt Souk, le taux de collecte par la
commune a été réduite à 10 %, et les sacs des déchets sont jetés partout dans les rues et éventuel-
lement brûlés. À Midoun, un opérateur privé (SAS) contracté par la commune assure la collecte des
déchets des hôtels sans indiquer son site d’enfouissement, et la commune se charge de la collecte des
déchets ménagers de la ville, cependant des sacs vides de plastiques sont éparpillés dans les rues. À
Ajim, la commune assure la collecte des déchets ménagers et les dispose dans trois décharges sau-

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

vages dont deux de ces sites sont congruents à la ville de Guellala alors que la décharge contrôlée est à
6 kms à vol d’oiseau de ce village.

En résumé, les investissements du gouvernement tunisien pour juguler le problème de la gestion des
déchets ménagers à Djerba se sont avérés peu rentables et le système archaïque de l’enfouissement des
déchets dans des décharges sauvages a réémergé pour réincarner le système délabré et inefficace des
années 80. 

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

2. Les Répercussions de la Fermeture


des Centres de Transfert
et d’Enfouissement à Djerba

Les causes et les effets de la problématique des déchets ont subi une tournure sociopolitique mal appré-
hendée tant au niveau national, régional que local. Une multitude de réunions entre les différentes parties
ont été organisées, des propositions techniques ont été développées, des promesses ont été faites et
des décisions ont été prises, mais tenues en partie. Cependant à ce jour, la situation demeure fluide et
inchangée en attendant une solution « miracle » de la part des instances gouvernementales et qui serait
acceptable par toutes les parties affectées, activistes et/ou activement intéressées. La problématique de
la situation s’articule à plusieurs niveaux.

2.1 Au niveau des politiques de gestion :


Les avis sont partagés entre trois variantes :

a) Transfert des déchets à la décharge contrôlée de Bouhamed au Gouvernorat de Médenine se trouvant


sur le continent ;

b) Valorisation des déchets à Djerba : Sélection d’un nouveau site acceptable par les communes pour le
traitement des déchets par séparation, compostage ou méthanisation avec enfouissement des déchets
ultimes ;

c) Solution intérimaire pendant 4 ans1 : Réouverture de la décharge de Guellala et les centres de transfert
pendant une période transitoire de quatre ans avec un contrôle et suivi suivant les normes internatio-
nales jusqu’à ce qu’une décision soit prise pour une gestion intégrée, durable et acceptable des déchets
par les communes et les citoyens de Djerba.

2.2 Au niveau technique :


Une étude technique et financière2,3, a été élaborée sur quatre types de traitement : le compostage, stabi-
lisation aérobique ou anaérobique (méthanisation) et l’incinération avec des coûts à l’entrée des installa-
tions (gate fee) variant de 146 DT/tonne pour le compostage à 751 DT/tonne pour l’incinération.

Dans l’Avant Projet Sommaire (APS) de cette étude, des scénarios sur la gestion intégrée ont été propo-
sés sur l’adaptation de l’une des deux variantes notamment une gestion par une société de l’ensemble
de la chaîne des déchets ménagers dans l’île de Djerba avec un contrat soit en conception, construction
et exploitation connu en Anglais sous l’acronyme DBO (Design, Build and Operate) soit en construction,
exploitation et transfert connu en Anglais sous l’acronyme BOT (Build Operate and Transfer).

1 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba (PGIDID), Présentation des scenarios, avril 2013.
2 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba, avant projet sommaire, janvier 2013.
3 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba (PGIDID), Présentation des scenarios, avril 2013.

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

2.3 Au niveau social :


L’état des lieux a montré que4 « Les citoyens sont dans un oued et nous (administration) dans un autre :
“Houma fi oued ou ahna fi oued”….. Le déficit de confiance aidant, ceci ne favorise pas la réalisation d’ac-
tion collective. La méfiance, l’opportunisme et l’égoïsme sont les caractères dominant du paysage rela-
tionnel entre les citoyens et l’administration. La relation habitants/commune est caractérisée par “une
incompréhension mutuelle et l’absence de canaux de dialogue efficaces”. En plus les trois communes se
sont désistées de toute appropriation concernant le traitement des déchets et responsabilisent l’ANGed
alors que cette institution, conformément à son mandat, est considérée comme un maître d’ouvrage pour
les communes.

Le Secrétariat d’État du Développement Durable à travers les cadres de l’ANGed, est en train de préparer
une stratégie de communication pour améliorer les relations entre l’administration locale et nationale et
les citoyens de Djerba et impliquer ces citoyens dans la prise de décision, sans toutefois faire appel à des
spécialistes de communication dans la résolution des conflits.

2.4 Au niveau financier :


Les solutions proposées dans l’APS qui ont été discutées avec les représentants des trois communes ont
montré que les types de traitement des déchets comme le compostage, la méthanisation et l’incinération
sont exorbitants. Ces coûts varient entre 146 DT/tonne pour le compostage et 751 DT/tonne pour l’inci-
nération sans compter les coûts de la collecte et transfert et l’enfouissement des déchets ultimes.5 Ces
coûts font 4,5 à 22,7 fois le coût actuel de l’enfouissement dans la décharge contrôlée de Guellala estimée
entre 33 et 40 DT/tonne.

Dans la mesure où 45.700 tonnes/an de déchets ménagers étaient enfouies dans la décharge de Guellala
et que 29.705 tonnes/an (65 %) sont des déchets organiques, qui peuvent être soumis à un traitement de
compostage avec un coût de 146 DT/tonne, le coût total serait de 4,3 millions de DT par an. Ceci représente
14,3 % du budget annuel de l’ANGed de 30 millions de DT 6 pour l’enfouissement des déchets de 7 millions
d’habitants dans 13 décharges contrôlées dont 9 sont munis d’installations de récupération de biogaz qui
génèrent des revenus.

En plus, il n’existe pas encore à Djerba comme dans toutes les villes tunisiennes, un système de recou-
vrement des coûts pour le traitement des déchets, et les coûts de gestion ne sont pas liés directement
aux coûts actuels. À présent, en raison de la fermeture de la décharge de Guellala et ses trois centres de
transfert, les trois communes ne remboursent plus à l’ANGed les 5 DT/tonne destinés à l’enfouissement
des déchets. De même, ces communes souffrent d’un faible taux de recouvrement des taxes municipales
avec toutes les incidences budgétaires que cela entraîne (ainsi, 2/3 des habitants ne payent pas leurs taxes
annuelles fiscales).

Le problème financier va au-delà de la résolution de la gestion des déchets à Djerba car il s’agit de :

Maintenir l’équité entre toutes les villes tunisiennes pour la gestion des déchets. Un surplus d’inves-
tissement pour des procédés technologiques de valorisation au profit d’une ville tunisienne ou d’un gou-
vernorat ne pourra pas se faire alors que d’autres communes ou gouvernorats ont accepté un système

4 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba (PGIDID), Présentation des scenarios, avril 2013.
5 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba, avant projet sommaire, janvier 2013.
6 Présentation Banque mondiale: Pour un gestion durable des DMA en Tunisie: Acquis et Opportunités, novembre 2013.

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

d’enfouissement moins coûteux. Des investissements de l’ordre de 4,5 millions de DT pour 160.000 habi-
tants à savoir 28 DT/habitant ne seraient équitables pour des investissements totaux de 30 millions de DT
pour 7,0 millions d’habitants urbains à savoir 4,2 DT/habitant.

Prévaloir une transparence dans l’allocation des subventions de l’État pour le traitement des déchets.
Vu l’absence de recouvrement des coûts, de la faible performance des communes, et des coûts élevés
pour l’adoption des technologies, une augmentation des recettes de l’État au profit d’une ville se mani-
festera par une transparence inadéquate dans l’allocation des ressources dans le secteur des déchets et
entraînera par le fait même une augmentation du déficit national.

Prévenir l’effet “domino” pour tous les autres gouvernorats qui ont accepté les décharges contrôlées.
Une préférence accordée à une commune entraînera aussi des répercussions semblables sur d’autres
vu que certaines d’entre elles ont déjà manifesté leur mécontentement d’abriter une décharge contrôlée
sur leur territoire. L’effet domino prendra une envergure telle qu’elle paralyserait le système existant de
la gestion des déchets en Tunisie et mettrait en question les institutions responsables de la gestion des
déchets tant qu’ à l’échelle locale que nationale.

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

3. Justification et Objectif de l’Étude du Coût


de la Dégradation de l’Environnement due
aux Déchets de Djerba

Malgré la complexité politique et socioéconomique, l’aspect environnemental n’a pas été quantifié de
manière à présenter aux décideurs et aux citoyens la valeur monétaire des conséquences économiques
engendrées par la crise actuelle de la gestion des déchets à Djerba. Cette dimension sociale et envi-
ronnementale servira aussi de support et de plus-value afin que les décideurs en étroite collaboration
avec les citoyens et les communes puissent trouver une solution idoine tout en respectant les principes
d’équité, de transparence et d’efficience des subventions de l’État tunisien. La solution optimale d’une
gestion durable devra viser à améliorer la situation actuelle aux moyens déjà éprouvés, économiques et
réalisables dans le contexte local.

C’est dans ce contexte général que s’inscrit l’étude du coût de la dégradation de l’environnement due aux
déchets dans l’île de Djerba et qui est appuyé par SWEEP-Net/GIZ. Un objectif général serait d’appréhen-
der dans sa globalité les actions possibles à Djerba pour parvenir à une situation durable, à la fois sur
les plans : techniques (système de traitement, bon fonctionnement confié à des professionnels) ; envi-
ronnementaux (internaliser les coûts de la dégradation de l’environnement) ; et financiers (pérennité et
suffisance des ressources allouées et transparence dans l’allocation des subventions de l’État) pour une
gestion intégrée des déchets municipaux au sein de l’île.

Conscient de l’importance du coût de l’inaction causée par la faible performance de la collecte et d’en-
fouissement, et qui peut engendrer une pollution de l’air, des eaux, olfactive et visuelle ainsi que la proli-
fération de vecteurs de propagation des maladies, et vu l’impact négatif d’une telle gestion sur la qualité
de vie ainsi que sur le tourisme, une appréciation économique du coût de la dégradation de l’environne-
ment due aux déchets ménagers est nécessaire pour sensibiliser les décideurs, les communes et les
citoyens, promouvoir la concertation et prendre des actions concrètes pour améliorer la gestion intégrée
des déchets ménagers.

L’objectif principal est d’évaluer le coût de la dégradation de l’environnement due aux déchets ménagers
pour assister les décideurs à l’échelle nationale et locale à identifier et prioriser des actions concrètes
déjà proposées dans l’APS de Djerba visant à améliorer la gestion intégrée de ces déchets par le biais du
potentiel de financement des projets lié aux avantages environnementaux et à la réduction des externali-
tés négatives.

Les résultats visés sont :

• Un aperçu des aspects économiques des problèmes de gestion des déchets dans l’île de Djerba ;

• Une évaluation du coût de la dégradation de l’environnement incluant la dégradation écologique ;

• Une analyse économique pour certaines alternatives prioritaires citée dans l’APS.

Des recommandations concrètes afin d’intégrer les avantages dont bénéficiera l’environnement et d’amé-
liorer la gestion des déchets à Djerba.

22
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Le coût de la dégradation de l’environnement peut être envisagé comme une mesure du bien-être perdu
en raison de la dégradation due aux mauvaises pratiques de gestion des déchets. Une perte en termes de
bien-être comprend, sans s’y limiter nécessairement :

• Une perte en termes de vie en bonne santé et de bien-être de la population (par exemple, le fardeau de
la maladie) ;

• Des pertes économiques (par exemple, des revenus auxquels certains agents économiques ont dû re-
noncer) ; et

• Une perte en termes d’opportunités relatives à l’environnement (par exemple, une perte en termes de
tourisme, de ressources halieutiques et de biodiversité).

23
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

4. Contexte Socioéconomique et Déchets


Municipaux à Djerba

4.1 Contexte général


Djerba est la plus grande île de la Tunisie, avec une superficie totale de 514 Km2 et une population de
160.714 habitants avec une densité moyenne de 313 habitants par Km2,7 et appartenant au Gouvernorat de
Médenine. Djerba est constitué des trois communes, au nord Houmt Souk, à l’est Ajim, et Midoun au Sud
Ouest. Les caractéristiques démographiques des communes sont illustrées dans le Tableau 4.1.

Tableau 4.1 : Caractéristiques démographiques de l’île de Djerba, 2014


Caractéristiques Communes

Houmt Souk Midoun Ajim Total

Surface Km2 176,54 193,7 119,0 489,4

Population 75.643 59.228 25.843 160.714

Nombre de ménages 14.547 11.501 5.339 31.389

Nombre d’habitants/ménage 5,2 5,15 4,84 5,12

Nombre de logements 19.642 16.046 7.015 42.703


Source : Site de l’INS www.ins.nat.tn ; site web de la commune de Houmt Souk www.commune-Houmtsouk.gov.tn/fr/presentation_
ville/ville_en_chiffres.htm ; site web de la commune de Midoun  www.commune-djerbamidoun.gov.tn/fr/index2.htm ; et Site web de
la commune de Ajim www.commune-ajim.gov.tn/ar/presentation_commune/organigrammear.pdf.

erba
de Dj
te
ar
:C
.1
e4
ur
Fig

Source : Plan Bleu (2011).

7 Site web de l’INS : www.ins.nat.tn.

24
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

L’île de Djerba est essentiellement urbaine et se distingue par une zone touristique à Houmt Souk et Midoun
(Figure 4.1). Les hôtels se concentrent sur le littoral nord et nord-est, et sont séparés des principales
villes sans « aucune référence à un cadre organisé dans l’espace ». 8 Son climat est essentiellement
méditerranéen aride avec des pluies de 200 mm/an et une température variant entre 8 et 32 degrés
Celsius.

L’économie de l’île est basée sur :


• Le revenu des émigrés Djerbiens vivant à l’étranger et particulièrement en Europe où ils travaillent dans
le commerce et les services. Ces émigrés sont toutefois attachés à leur île et investissent dans le foncier
et l’immobilier ;9
• Le tourisme est de masse, saisonnier, et à bas prix pour lequel Djerba est considérée le premier pôle
touristique de la Tunisie avec un revenu annuel de 483.9 millions DT soit 15 % des revenus globaux du
tourisme en Tunisie en 2012. L’île compte plus de 117 hôtels sur le littoral de Houmt Souk (44 hôtels)
et de Midoun (73 hôtels). Le parc hôtelier comprend 46.159 lits en 2013 avec 965.545 touristes et 6,4
millions de nuitées.10 Le secteur compte quelque 76.000 personnes ;11
• L’agriculture n’implique que 4 % de la population de 2004 et est en baisse. Elle consiste en des arbres
fruitiers, des oliviers et certaines cultures telles que l’orge, le sorgho et les lentilles ;
• La pêche est aussi une source de revenus pour un nombre de pêcheurs dans les trois ports artisanaux
de Houmt Souk, Midoun et Ajim qui consistent en 2.000 bateaux de pêche côtière et une production de
9.000 tonnes en 2011 qui est cependant insuffisante pour couvrir la consommation de l’île ;12
• Enfin l’artisanat qui rapporte autant que les revenus de la pêche et de l’agriculture consiste en un
artisanat de laine, de poterie et de bijoux.13

4.2 Disparité entre les communes


Les trois communes ont connu des disparités économiques et sociales comme suit :14
a) Houmt Souk est considérée le chef-lieu de l’île, et la plus peuplée des trois communes. Elle est devenue
un centre polyfonctionnel de services et s’est développée grâce au tourisme et à la hausse des valeurs
foncières et immobilières. Son indicateur de développement régional est de 0,437 en comparaison à
Tunis 0,82 ;15
b) Midoun, qui est à l’origine rurale, s’est transformée en commune urbaine et est devenue le premier pôle
touristique de l’île. Ceci a bouleversé son organisation territoriale. Son indicateur de développement
régional est de 0,39 ;16
c) Ajim est la commune la moins peuplée et ne comprend pas des zones touristiques. Cette commune est
connue pour son artisanat et son agriculture. Elle n’a pas connu le même développement que les autres
communes avec un indicateur inférieur de 0,278 et elle possède le plus grand nombre d’émigrés de l’île.17

8 La destination de Djerba en Tunisie : À partir de l’étude de cas réalisée par Jean Mohamed Mehdi Chapoutot, Plan Bleu Juillet
2011.
9 Site web de Leaders : www.leaders.com.tn/article/djerba-l-ile-aux-sables-d-or?id=15019.
10 Notesditinerance.canalblog.com
11 Nadia Chahed, « Une destination de choix », La Presse de Tunisie, 30 novembre 2009.
12 Site web de Leaders www.leaders.com.tn/article/djerba-l-ile-aux-sables-d-or?id=15019.
13 Idem.
14 Abderraouf Dribek. Vers un tourisme durable en Tunisie : le cas de l›île de Djerba. Economies and finances. Université de Bre-
tagne occidentale - Brest, 2012.
15 OTEDD Indicateurs de développement durable.
16 Idem.
17 Idem.

25
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

4.3 Tendances du tourisme


Le secteur touristique de la Tunisie a subi le contrecoup de 2011. Toutefois, le secteur se remet
graduellement de ce choc. La tendance, quoique pas encore au niveau de 2010 (2,6 milliards de $ EU de
recettes), a rebondi, mais plafonne en 2013 presque au niveau de 2012 avec 2,21 milliards de $ EU contre
2,23 milliards de $ EU de recettes respectivement.

Tableau 4.2 : Tendances des touristes en 2013-14 par rapport à 2010


Niveau de Comparaison ±% 2013/2010 ±% Jan-Sept 2014/2010

Touriste Nuitée Touriste Nuitée

Tunisie -9,2 % -15,7 % -10,2 % -16,9 %

Djerba-Zarzis -13,0 % -15,9 % ND ND


Note : ND correspond à non disponible. Source : Site web de l’ONTT www.tourisme.gov.tn.

Cependant, la comparaison de la tendance sur les trois premiers trimestres de 2014 par rapport à ceux de
2010 est négative pour le nombre de nuitées alors qu’elle est positive pour le nombre de touristes et les
recettes touristiques qui ont dépassé le niveau de 2010. Mais, cette tendance serait négative si les recettes
étaient considérées en termes constants (Figure 4.2).

Toujours est-il que la tendance positive semble s’inverser en 2014 pour l’ensemble de la Tunisie à en
croire les statistiques des trois premiers trimestres de 2014 quand elles sont comparées à 2010 où il y a
moins de touristes et ils restent moins de temps en Tunisie. Plus important est que la baisse du nombre
de touristes et de nuitées en 2013 par rapport à 2010 est plus prononcée à Djerba-Zarzis que l’ensemble
de la Tunisie (Tableau 4.2 et Figure 4.2) surtout pour le nombre de touristes (-13,0 % contre -9,2 %).

Figure 4.2 : Tendances annuelles et trimestrielles des touristes en Tunisie, 2010-2014

dance
2010-13 ndance Sept. 201
: Ten ie: Te 0-1
sie nis 4
uni s Tu
T
e

40 40
ist
s
te

ur

35.6
ris

35
To

35
Tou

30.0 30.0 29.1


30 30
24.9 24.5 24.2
25 Recettes 25
20.6 touristiques
20 20
en Milliards DT 16.3
15 Nuitées 15
globales
10 en Millions 10
6.9 6.0 6.3
3.5 2.4 4.8 3.2 3.2 Arrivées aux 5.5 3.6 4.7 4.9 4.9
5 5 2.6
frontières 1.8 2.4 2.4 2.7
0 en Millions 0
2010 2011 2012 2013 Sept. Sept. Sept. Sept. Sept.
2010 2011 2012 2013 2014

Source : Site web de l’ONTT www.tourisme.gov.tn.

Les tendances sont plus nuancées à Djerba-Zarzis et Djerba pour ce qui est de la nationalité des touristes.
En moyenne, Djerba accueille 90 % des touristes de la zone Djerba-Zarzis pour ce qui a trait au nombre de

26
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

touristes et aux nuitées. Pour ce qui est du nombre de touristes, la tendance en 2013 est stable pour les
nuitées (+0,2 % en 2013 par rapport à 2012), mais certainement à la hausse pour le nombre de touristes
(+6,5 %). Cependant, les touristes européens et notamment français sont en baisse en nombre et en
nuitée, mais ont été doublement compensés par les touristes libyens cherchant des cieux plus cléments
et les nationaux tunisiens (Figure 4.3).

Malheureusement, les statistiques de 2014 au niveau des communes ne sont pas encore disponibles.
Cependant, la tendance semble être à la baisse en 2014 selon les représentants du secteur hôtelier malgré
les efforts fournis par les acteurs économiques. Ces derniers tentent de développer le tourisme culturel
afin de mieux rentabiliser les basses saisons touristiques comme suggéré par le Plan Bleu (2011). À titre
d’exemple, le musée en plein air (Djerbahood) a été organisé à El-Riad le 5 septembre 2014 et le concert
Pop in Djerba du 23 au 25 octobre 2014 avec des artistes de renom international comme Eric Clapton et
Yasmine Hamdan (Figure 4.4).

Figure 4.3 : Tendances annuelles des touristes par groupe de nationalité et par commune à Djerba,
2010-2013
: Tendance 2010 Tend
ance 2012-13
Zarzis -13 a:
- b
ba jer
jer s D
D
e
ist

7,000,000
s

1,400,000
te

Autres Tunisiens 6,392,117 6,403,627


ur

Houmet Souk
ris

To

Maghrebins Européens
Tou

1,200,000 6,000,000
1,202,286 1,224,878 Midoune
1,000,000 5,000,000

800,000 4,000,000
5,189,831 5,178,749
600,000 3,000,000

400,000 2,000,000

211,970 228,238
200,000 1,000,000
694,843 45,203 737,307 46,159
0 0
2010 2011 2012 2013 Nuitées Touriste Capacité Nuitées Touriste Capacité

2012 2013
Source : Site web de l’ONTT www.tourisme.gov.tn.

Fait encore plus marquant est que l’accumulation des déchets


dans les rues semblerait être la cause de la baisse du taux
d’occupation des lits à Houmt Souk en 2013 par rapport à
2012 alors que le taux d’occupation est en hausse à Midoun
pour la même période ou les déchets sont régulièrement
collectés (Tableau 4.3). Mais selon les représentants du
secteur hôtelier à Djerba, la contraction du tourisme à
Djerba ne serait pas seulement due à la propreté des
voies, qui laisse à désirer, mais aussi à un problème de
laxisme au point de vue sécuritaire. Ces deux aspects ont
été notés par les touristes de Djerba dans leurs revues sur

27
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Source : Site web de Artnet www.artnet.com ; et Paris Match du 9 au 15 octobre 2014.

les sites comme TripAdvisor et Holidaycheck.18 De plus, les commentaires directs des clients auprès d’un
des plus importants hôtels de Djerba sont invariablement : « l’hôtel est super, mais l’île est vraiment très
sale ».

Tableau 4.3 : Tendances annuelles des touristes à Djerba, 2012-2013


2012 2013
Commune
Taux Taux
Nuitées Touriste Capacité Nuitées Touriste Capacité
d'Occupation d'Occupation

Houmt Souk 1.202.286 211.970 9.284 47,9 % 1.224.878 228.238 9.284 43,2 %

Midoun 5.189.831 694.843 35.919 51,1 % 5.178.749 737.307 36.875 54,6 %

Total 6.392.117 906.813 45.203 50,5 % 6.403.627 965.545 46.159 52,0 %


Source : Site web de l’ONTT www.tourisme.gov.tn.

4.4 La pêche
La pêche constitue une importante activité du gouvernorat de Médenine avec un volume de 15.729 tonnes
d’une valeur de 67,1 millions de DT en 2013 et emploie 9.094 pêcheurs. L’île de Djerba représente 16 %
de ces prises, 23 % de leurs valeurs et engage 36 % de la main d’œuvre. La pêche de Djerba est plutôt
traditionnelle (côtière) avec une petite production d’éponge. Chacune des trois communes de Djerba a son
propre port de pêche (Tableaux 4.4-4.6 et Figure 4.5).

Tableau 4.4 : Volume et valeur ajoutée de la pêche à Médenine, 2009-13


2009 2010 2011 2012 2013

Volume en Tonne 15,858 17,729 15,025 16,257 15,729

Valeur en 1.000 DT 70,937 82,529 64,861 62,463 67,060

Valeur par Tonne 4,473 4,655 4,317 3,842 4,263


Source : Direction générale de la pêche et de l’aquaculture.

18 Sites web de TripAdvisor : www.tripadvisor.com ; et www.holidaycheck.com.

28
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 4.5 : Pêche à Médenine, en tonnes


Houmt Bahiret el Midoun Hessi Total Total
Zarzis Ajim Boughrara El Ketf
Souk Bibane Aghir Jellaba Djerba Mdenine

Pêche côtière 3.488 1.542 636 249 759 183 163 2.361 7.020
Pêche au
100 0 100
chalut de fond
Aquaculture 261 42 0 303
Pêche des
poissons 7.803 108 108 7.911
bleus
Pêche du thon 0 0
Pêche des
29 0 29
huîtres
Pêche
11 11 11
d'éponge
Pêche dans
190 0 190
les lacs
Erreurs et
165 165
Omissions
Total 11.681 1.661 636 291 759 190 183 163 2.480 15.564
Source : Direction générale de la pêche et de l’aquaculture.

Tableau 4.6 : Pêche à Médenine, en 000’ de DT


Houmt Bahiret el Midoun Hessi Total Total
Zarzis Ajim Boughrara El Ketf
Souk Bibane Aghir Jellaba Djerba Mdenine

Pêche côtière 24.393 8.657 4.020 1.059 4.457 917 1.118 13.594 44.621
Pêche au
888 888
chalut de fond
Aquaculture 2.091 420 2.511
Pêche des
poissons 14.523 189 189 14.712
bleus
Pêche du thon 0
Pêche des
140 140
huîtres
Pêche
1.600 1.600 1.600
d'éponge
Pêche dans
1.770 1.770
les lacs
Erreurs et
818 818
Omissions
Total 42.035 10.446 4.020 1.479 4.457 1.770 917 1.118 15.383 66.242

Pêcheur (#) 2.232 1.200 1.650 592 330 2.500 440 150 3.290 9.094
Source : Direction générale de la pêche et de l’aquaculture.

29
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Figure 4.5 : Pêche à Djerba et courbe de demande de la pêche, en tonnes et 000’ DT

à Djerba
êche nn
e
p To
de ar
n

rp
o

12,000 5,000
cti

leu
Volume (Tonnes)
du

10,446 4,500

Va
Valeur (000' DT)
Pro

10,000 4,000
Pêcheur (#)
3,500
8,000
3,000

DT/Tonne
Valeur par Tonne
6,000 2,500
Log. (Valeur par Tonne)
2,000
4,020
4,000 1,500

1,661 1,650 1,000


2,000 1,200 917 500
440 636
183
0 0
Houmet Souk Midoun Ajim 0 20,000 40,000 60,000 80,000 100,000
Prises en Tonnes

Source : Direction générale de la pêche et de l’aquaculture ; et Auteurs.

Trois points importants sont à souligner : (i) il y a une parfaite corrélation (R2 = 0,89) entre le nombre de
touristes et les prises de la pêche de Médenine en volume qui confirme que la pêche tout entière semble
être absorbée par le secteur touristique à Médenine dont Djerba en constitue 90 % ; (ii) la demande des
produits de la pêche est forte à Médenine et semble un produit de première nécessité dans la chaîne de
valeur ajoutée de l’industrie hôtelière et restauratrice de l’île de Djerba, ce qui se traduit par une courbe de
demande à pente forte ; et (iii) la pêche absorbe relativement un grand nombre de pêcheurs notamment
à Ajim qui représente 67 % du total alors que Houmt Souk produit la plus forte valeur ajoutée qui atteint
6.289 DT/tonne (Tableau 4.4).

Pour ce qui est de la présence de déchets en mer et leur impact sur la pêche, des pêcheurs ont été
questionnés pour voir s’ils attrapaient des déchets dans leurs filets, ce à quoi ils ont confirmé l’absence
de déchets en mer. Cependant, les pêcheurs craignent de voir des déchets ménagers déversés en mer si
le problème des déchets persiste à Djerba.

4.5 Le chômage
Les statistiques concernant l’emploi sont disponibles seulement au niveau du gouvernorat et illustrent
une augmentation du chômage pour la population en général et les diplômés en particulier à Médenine.
Ainsi, le taux de chômage s’est détérioré depuis 2010 avec un taux atteignant 20,4 % pour les chômeurs
tout confondus et 50,1 % pour les chômeurs ayant fait de hautes études. Cependant, le chômage affecte
beaucoup plus les femmes qui ont subi des taux record de chômage en 2013 (Tableau 4.7). Il ne fait aucun
doute que la tendance du chômage réel à Djerba suit celle du gouvernorat et la contraction de l’activité
touristique sur l’île affecte surtout les femmes en général et les diplômés en particulier.

30
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 4.7 : Chômage à Médenine, 2010-2013


Catégorie 2010 2012 2013

Chômage tout confondu 13,9 % 21,0 % 20,4 %

-Hommes 9,4 % 14,7 % 13,3 %

-Femmes 36,1 % 46,0 % 48,9 %

Chômage chez les diplômés 32,6 % 39,1 % 50,1 %

-Hommes 16,7 % 17,4 % 27,1 %

-Femmes 51,7 % 59,5 % 68,4 %


Source : Site web de l’INS : <www.ins.nat.tn/>.

4.6 Caractéristiques des déchets ménagers et touristiques à Djerba


La quantité des déchets retenue est celle qui arrivait à la décharge contrôlée de Guellala et qui était
de 45.700 tonnes/an19 avec des variations de quantité de 5.000 t/jour en été et 3.000 t/jour en hiver. La
quantité enfouie des trois communes sont :

• Houmt Souk: 20.100 tonnes/an, dont 5.840 tonnes/an provenant des hôtels ;
• Midoun: 19.000 tonnes/an, dont 8.760 tonnes/an provenant des hôtels ; et
• Ajim: 4.400 tonnes/an.

Les déchets ménagers ont une humidité de 40-60 % et la composition moyenne des déchets est comme
suit 20:

• Déchets organiques 55 %


• Déchets verts 12 %
• Plastiques 7 %
• Papiers et cartons 7 %
• Verre 4 %
• Métaux 2 %
• Autres 13 %

Cependant, les déchets hôteliers ont une humidité de moins de 70 % et la composition moyenne des
déchets est comme suit21 :

• Déchets organiques 68 %


• Déchets verts ND et sont sans doute inclus dans la Rubrique Déchets organiques
• Plastiques 11 %
• Papiers et cartons 10 %
• Verre 1 %
• Métaux 4 %
• Autres 6 %

19 Communication avec SEGOR.


20 Présentation ANGED : Djerba 2014-2016, Traitement des Déchets.
21 Présentation ANGED : Djerba 2014-2016, Traitement des Déchets.

31
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

4.7 La Collecte, Transport et Enfouissement des Déchets


La collecte et le transport des déchets vers les trois centres de transfert respectifs étaient assurés par les
trois communes. L’ANGed était responsable d’assurer le transport depuis trois centres de transfert vers
la décharge contrôlée de Guellala dont le site appartient administrativement à la commune de Midoun,
mais les deux villages de Ouer Sigean (2 kms de la décharge) et de Guellala (6 kms de la décharge, 10.000
habitants) appartiennent administrativement à la commune d’Ajim.

La surface de la décharge est de 29 ha munie d’un casier de 2,8 ha recevant 125 tonnes jour. Depuis
l’ouverture de la décharge en mai 2007 jusqu’à septembre 2012, 252.000 tonnes ont été enfouies dans
ce premier casier construit en trois alvéoles dont la surface de deux alvéoles est de 9.000 m2 et un
troisième de 10.000 m2. La décharge contrôlée était munie d’une station de traitement de lixiviat par
osmose inverse de 30 m3/jour et d’un réseau de captage de gaz avec un débit de 225 m3/heure.

Suite à la fermeture de la décharge, Midoun et Ajim ont continué à collecter leurs déchets ménagers
d’une manière discontinue. Les déchets ménagers des hôtels de Midoun sont collectés par un opérateur
privé (SAS) payé au nombre de passage et financé par la commune. La situation est différente à Houmt
Souk. En effet, vu le manque d’équipement et de centres d’enfouissement, la collecte dans la commune
n’est assurée qu’à 10 % et le reste est jeté tout le long des rues et éventuellement brûlé ; certains citoyens
paient des travailleurs clandestins 35 DT/heure pour nettoyer les déchets devant leurs maisons. Les
hôtels de Houmt Souk ont organisé chacun leur système de collecte avec des opérateurs clandestins
privés (les hôtels payent de 100 à 150 DT par passage de camion) et certains enfouissent leurs déchets
dans des terrains appartenant aux hôtels.

L’enfouissement de tous les déchets de l’île se fait dans des décharges sauvages ou des décharges
réhabilitées qui avaient été fermées. Ces dernières ont été rouvertes. Les décharges d’enfouissement
sont présentées dans le Tableau 4.8.

Tableau 4.8 : Enfouissement sauvage à Djerba depuis 2012


Typologie Houmt Souk Midoun Ajim

Riad, Guizen, Melita,


El Bouheira, un site près
Sedghiane, Sidi Sallem,
Décharges sauvages Aghir, El Kantra d’une compagnie de
autres sites sauvages non
pêche, ancienne carrière
déclarés
Dans les locaux de la
ONAS
STEP
Puits d’eau abandonnés Dans toute la Commune

Depuis la fermeture des trois centres de transfert et de la décharge contrôlée, deux projets de valorisation
ont été testés. En décembre 2012, la commune de Houmt Souk a créé un mini centre expérimental
de compostage de biodéchets dans le quartier de Tawrit avec une capacité de 1-2 tonnes/jour avec
ventilation forcée en quatre cellules dans le centre de la ville à 60 mètres des habitations. Un centre
de tri et de compostage pour une capacité de 20 tonnes/jours a été installé sur la décharge sauvage de
Melita avec un financement de 400.000 DT du Ministère de l’Intérieur et une subvention de 300.000 DT
du Département de l’Hérault (France). Suite à un litige foncier sur le site de Melita se trouvant sur un
périmètre communal, des manifestants venant du village de Melita ont saccagé les installations déjà
érigées mettant ainsi un terme à ce projet.

32
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

4.8 Les acteurs institutionnels


4.8.1 Au niveau national

La Présidence de la République a demandé à ce que les déchets de Djerba soient transférés à la décharge
contrôlée de Bou Hamed à Médenine sur le continent, solution à laquelle les habitants locaux s’y sont
opposés.

Le Premier Ministre a ordonné en juin 2014 à ce que la situation soit débloquée. Le 14 juillet, le Gouverneur
de Médenine a donné l’ordre de rouvrir la décharge contrôlée de Guellala ce qui a entraîné par la suite
les affrontements avec les forces de l’ordre. L’incendie des installations de la décharge s’en est suivie.

Deux ministères sont aussi impliqués à essayer de résoudre le problème des déchets :

• Le secrétariat d’État au Développement Durable et l’ANGed sont journellement impliqués dans la crise
de l’île de Djerba. Une stratégie pour la gestion intégrée et durable des déchets, ainsi qu’une stratégie
de communication sont en cours de préparation. Par ailleurs, des plans d’action sont sous examen.
Cependant, un consensus sur le plan d’urgence 2014-2016 pour une valorisation des déchets n’a pas
pu être établi entre les parties prenantes.
• Le Ministère de l’Intérieur et sa direction générale des collectivités locales travaillent aussi avec les
communes et le Secrétariat d’État chargé du Développement durable pour la préparation de mesures
d’urgence, des mesures à moyen terme de 6 mois et des mesures à long terme de 2 ans. Cependant,
aucune décision concrète n’a été prise.

La Fédération Tunisienne des Agences de Voyages et de Tourisme (FTAV)22 représente les secteurs des
agences de voyages en Tunisie et agissent en son nom auprès des autorités publiques et instances
officielles. La FTAV regroupe 756 agences de voyages et participe à concurrence de 80 % des affaires
dans le secteur des agences et voyages en Tunisie. La FTAV est directement concernée par la crise
de Djerba étant donné qu’il y aurait des possibilités que les opérateurs étrangers puissent réduire ou
annuler les tours (package) pour les années 2015 et 2016. Ceci affecterait directement les revenus des
hôtels et par le fait même les salaires des employés, mais aussi toute la chaîne directe et indirecte du
tourisme sur l’île. La FTAV est prête à assister à la recherche d’une solution, mais pense que c’est l’État
et ses organismes locaux qui doivent trouver le financement et la solution.

4.8.2 Au niveau local

Les communes de Midoun et de Ajim23 ont leur propre conseil municipal ainsi que des commissions
permanentes. Chacune des deux communes a aussi une direction de la propreté et de l’environnement
et qui est responsable de la collecte des déchets. À Houmt Souk, le conseil municipal a présenté sa
démission suite à la crise de la gestion des déchets. Il a été remplacé par le délégué de Houmt Souk qui
représente le Gouverneur. Avec ses modestes moyens, la direction de la propreté a réduit la collecte des
déchets faute de trouver des sites d’enfouissement et d’éviter toute objection et des échauffourées avec
la population.

22 Site de la FTAV : www.ftav.org.


23 Site web de la commune de Houmet Souk www.commune-Houmetsouk.gov.tn/fr/presentation_ville/ville_en_chiffres.htm ; Site
web de la commune de Midoun www.commune-djerbamidoun.gov.tn/fr/index2.htm ; et Site web de la commune d’Ajim www.
commune-ajim.gov.tn/ar/presentation_commune/organigrammear.pdf.

33
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Les trois communes sont d’avis que les déchets doivent être valorisés avec un tri sélectif à la source et
que l’enfouissement n’est plus une solution acceptable. Elles sont toujours dans l’attente d’un plan de
gestion de l’ANGed qui leur soit acceptable. Cependant, chacune a préféré enfouir ses propres déchets
dans leurs décharges sauvages sous prétexte comme l’a si bien dit un représentant de la commune de Ajim,
« qu’ils ne sont sûrs que de la qualité des leurs déchets et qu’ils n’ont pas confiance dans ceux des autres
communes ». Cette situation de ségrégation est difficilement compréhensible tant sur le plan technique,
social qu’environnemental. Cependant, ce message sous-entend un manque d’équité où les recettes
fiscales du tourisme de Djerba ne touchent que très indirectement et de façon minime la commune de Ajim.

La Fédération Régionale des Hôteliers de Djerba-Zarzis est aussi consciente du problème des déchets.
Elle estime que chaque hôtel verse une redevance moyenne de 150.000 DT par an aux communes de
Houmt Souk ou Midoun qui devrait en partie couvrir la collecte et l’enfouissement des déchets et que
ce montant est plus que suffisant pour que les communes assument pleinement la responsabilité de la
gestion des déchets de l’île.

Les ONGs sont nombreuses dans l’île de Djerba. Toutes sont impliquées d’une façon ou d’une autre dans
la résolution des déchets de l’île. L’une d’entre elles, l’Association pour la Sauvegarde de l’île de Djerba,
déplore le manque de crédibilité et de transparence qui a mené à l’impasse et reconnaît que beaucoup
de promesses ont été faites par les autorités de tutelle pour trouver une solution « miracle » sans pour
autant maintenir un dialogue positif et franc avec les citoyens. L’Association pense que le tri sélectif et le
compostage sont la solution à adopter et devraient être financés par l’État tunisien.

Il est aussi important de souligner que différents partis politiques ont essayé d’instrumentaliser l’affaire
des déchets de Djerba à des fins électorales. Ceci a exacerbé les tensions et poussé les différentes
tendances à s’aligner sur des positions extrêmes et divergentes avant les élections parlementaires
d’octobre 2014.

4.9 Conclusions
Tout compte fait, la situation à Djerba est déplorable surtout à Houmt Souk où les déchets sont jetés et
brûlés dans les rues. La priorité pour une solution immédiate est requise pour cette commune. Cette
solution ne peut pas être arrêtée par les autorités de tutelle, mais de concert avec elles. Plutôt, cette
solution doit être conçue et mise en œuvre avec les agences et institutions, dont leurs revenus et le
revenu de leurs employés qui seront affectés si une solution rapide n’est pas trouvée. Ceci nécessitera
de faire appel à des spécialistes, des médiateurs et des opérateurs de renom international.

Les résultats des entrevues avec les acteurs de Djerba montrent un consensus concernant le problème
des déchets pour ce qui a trait à la santé, l’environnement et les préoccupations économiques notamment
touchant le secteur du tourisme et les activités directes et indirectes en découlant. Les communautés
locales sont conscientes des facteurs de risque associés au problème des déchets et elles sont prêtes à
coopérer dans le cadre d’une résolution globale du problème.

La majorité des acteurs non publics interrogés a fait valoir que « les odeurs dégagées de la décharge
contrôlée de Guellala, le double discours de différents responsables du gouvernement (fermeture et/ou
réouverture de Guellala), les doléances de la société civile, les promesses non tenues par le gouvernement
sont les principales raisons qui ont entravé la résolution de cette crise ». Ainsi, les populations locales
ont perdu confiance dans les efforts du gouvernement pour mettre en œuvre une politique endossée par
la société civile.

34
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Les acteurs publics ont pour leur part essayé de rouvrir sans succès la décharge de Guellala, quoique
de façon temporaire, afin de rendre à Djerba un état de salubrité ante 2012 dans un souci de prévenir de
potentielles épidémies et d’assurer l’environnement propice afin de maintenir l’activité économique et
notamment touristique de l’île.

Les acteurs tant publics que privés sont confrontés au même problème sans pour autant trouver un modus
vivendi. C’est ainsi que l’analyse et l’évaluation sociale est nécessaire pour éviter la résistance sociale
résultant du phénomène « Not In My Back Yard » (NIMBY) ou pas dans mon arrière-cour. Cependant,
il est difficile d’expliquer le comportement des individus qui cherchent à promouvoir les avantages
collectifs lorsqu’ils sont confrontés à des dilemmes sociaux (théorème de Coase).24 Une multiplicité de
facteurs contribue aux comportements individuels lorsqu’ils sont confrontés à des dilemmes sociaux ;
valeurs personnelles, à savoir l’altruisme et la confiance des différentes parties prenantes, y compris
la communauté locale. Les niveaux de coopération au sein de la communauté n’augmenteront que
lorsque la confiance dans la communauté est renforcée par la réciprocité (par exemple, l’engagement
mutuel à recycler). Similairement, les niveaux de coopération entre la communauté et le gouvernement
n’augmenteront que lorsque la confiance entre ces deux parties est renforcée par la réciprocité
« confidence building mesures ». Savoir pourquoi et comment les dilemmes sociaux sont résolus
peut mieux informer la compréhension des motivations individuelles et sociales et aider les décideurs
publics à mieux élaborer les politiques. Finalement, au niveau de la coopération et de l’équité entre les 3
communes, le déséquilibre des recettes fiscales du secteur hôtelier (Houmt Souk et Midoun au détriment
de Ajim) entre les trois communes demeure un point de litige non déclaré nécessitant un arbitrage de
l’État afin d’arriver à une juste redistribution des recettes fiscales contribuant à la restauration de la
confiance au sein de l’île.

24 Définition du Théorème de Coase dans Wikileaks : si les coûts de transaction sont nuls et si les droits de propriété sont bien
définis, il résultera une allocation efficace. Comme les coûts de transactions (le transfert de droits de propriété, de décision, de
bénéfice) ne sont pas nuls, l’intervention étatique peut se justifier par la théorie économique, mais seulement à deux conditions :

1. Il faut d’une part que les coûts de transaction engendrés par la réglementation soient eux-mêmes inférieurs aux coûts de
transaction engendrés par les autres solutions n’impliquant pas l’intervention de l’État ;

2. Il faut d’autre part que l’action produise des bénéfices supérieurs à ces coûts de transaction, sans quoi l’intervention de l’État
engendrerait une perte nette.

En d’autres termes, si les utilisateurs de la ressource n’arrivent pas à gérer la ressource de façon optimale, l’intervention de l’État
est requise.

35
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

5.Méthodologie, Calibrage et Limites


de l’Evaluation, et Sous-Catégorie

5.1 Contexte général


Les coûts de la dégradation ont été évalués en utilisant les données disponibles dont la source ne peut
pas être entièrement fiable. De plus, les lacunes dans les données ont nécessité de faire plusieurs
hypothèses. Les résultats sont donc considérés à titre indicatif et permettent de fournir un ordre de
grandeur. Cependant, les résultats sont considérés comme utiles afin de montrer le potentiel en valeurs
relatives et peuvent ainsi avoir un usage comparatif.

Par ailleurs, il est difficile de délimiter de façon précise la dégradation de l’environnement qui est strictement
d’origine naturelle et celle qui est strictement d’origine anthropogénique. Dans certains cas de figure, il y a
chevauchement entre les deux causes de la dégradation où se produit un renforcement mutuel.

5.2 Méthodologie
Les techniques d’estimation d’impact et d’évaluation économique retenues sont principalement
dérivées des méthodes éprouvées et synthétisées dans le manuel de la Banque mondiale sur le Coût
de la Dégradation,25 le manuel de la Commission Européenne sur le Benefit Assessment26 ainsi que
d’autres manuels et sources de référence comme les publications de The Economics of Ecosystems
and Biodiversity (TEEB), elles aussi financées par la Commission européenne en coopération avec le
Gouvernement allemand.27 Les principales méthodes d’estimation d’impacts se regroupent autour de
3 piliers (Figure 5.1) :

• Changement dans la production ;


• Changement de l’état de santé avec la dose-réaction afin d’établir la fonction entre polluant (inhalation,
ingestion, absorption ou exposition) et maladie ;
• Changement de comportement avec deux sous-impacts : préférences révélées ; et préférences
énoncées.

Au cas où les données ne sont pas disponibles, un transfert d’avantages peut être effectué d’études
ayant été faites dans d’autres pays en ajustant les résultats pour le différentiel du revenu, d’éducation,
de préférence, etc. Les résultats d’origine reposent sur l’une des méthodes d’évaluation économique des
4 piliers susmentionnés.

L’année de base 2014 a été retenue pour l’estimation des coûts de la dégradation. L’évaluation des avantages
(coût de la dégradation réduite sur une année) sera utilisée pour dériver les coûts de la restauration
pour certaines sous-catégories prioritaires. Les coûts de la restauration reposent sur une analyse coûts/
avantages (C/A) avec un taux d’escompte de 10 % du fait de la courte durée de vie des investissements
(les coûts d’investissement et le flux des avantages générés lors de la restauration) lorsque celui-ci est

25 Site web de la Banque mondiale : www.worlddbank.org.


26 Site web de l’EC ENPI BA : www.environment-benefits.eu.
27 Site web de TEEB: www.teebtest.org.

36
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

considéré dans l’évaluation. Trois indicateurs sont pris en compte dans l’analyse C/A qui sont : la valeur
actualisée nette (VAN) qui est la différence entre les avantages et les coûts totaux actualisés ; le taux de
rendement interne (TRI), qui est le taux d’actualisation qui remet à zéro la VAN ou le taux d’intérêt qui rend
la VAN de tous les flux monétaires égal à zéro ; et le ratio A/C, qui est le rapport de la valeur actualisée
des avantages sur la valeur actualisée des coûts au cours de la durée de vie du projet, doit être égal ou
supérieur à 1.

Figure 5.1 : Estimation des impacts et évaluation économique

Source : Adapté de Bolt et al. (2005).

5.3 Calibrage et limites de l’évaluation


En plus des contraintes de ressource et de temps, les techniques utilisées ont leurs propres limites
méthodologiques. En règle générale, dans le processus de recherche des faits, il était clair que la
disponibilité, l’accessibilité et l’actualité des informations posent de nombreux problèmes qui ont été
cependant surmontés par l’identification et la rencontre des contacts clés au sein des autorités nationales,
régionales et locales.

5.4 Catégories évaluées


Les coûts de la dégradation comprennent l’ensemble de la chaîne des déchets ménagers de la collecte à la
mise en décharge et peuvent envisager d’autres types de déchets lorsque ceux-ci ne sont pas réglementés
et gérés de façon adéquate et finissent par être jetés dans les décharges sauvages. Les méthodes utilisées
pour l’évaluation des coûts de la dégradation et des pertes d’opportunité sont illustrées dans le Tableau 5.2
et comprennent notamment les pertes et dégâts subis à Djerba du fait de la crise des déchets ainsi que
les pertes d’opportunité notamment les pertes de recettes fiscales. La description générale et spécifique
des méthodes des catégories se trouvent dans les Annexes I à III.
37
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 5.2 : Techniques d’évaluation des coûts de la dégradation et pertes d’opportunité


Technique d’Evaluation
Catégories
Coût de la Dégradation Pertes d’Opportunité

1% du revenu disponible moyen par Subventions du Gouvernement


Collecte
habitant (déchets non-collectées) local (tous les déchets collectés)
Subventions du Gouvernement
Transfert et traitement Central et Local (tous les déchets
transférés, traités et enfouis)
Coût de nettoyage pour les déchets non-
Coût du nettoyage nécessaire
collectés
Coût du marché des recyclables et
Recyclage et compostage
du compost
Coût du terrain évité ou extension
Zone d’enfouissement évitable de la durée de vie de la décharge
existante

Moins-value autour des stations de transfert Hédonique (moins-value)

Moins-value autour des décharges actives Hédonique (moins-value)

Moins-value autour des décharges passives Hédonique (moins-value)

Moins-value au sein des décharges actives Coût du terrain évité

Moins-value au sein des décharges passives Coût du terrain évité

Effets sur la santé Dose-réponse ou prévalence

Emission de méthane évitée Modèle EPA LandGem (CER)

Modèle EPA LandGem (tarif moyen du


Energie
kW/h)

Environnement global Coût globaux (Nordhaus, 2011)

Prix fixe de gestion de Guellala et des CT Paiement actuel/an

Perte de la réhabilitation de la décharge


Coût de réhabilitation/2 ans
d'Aghir

Perte d'amortissement de Guellala et des CT 10% des coûts d’investissements/an

Evaluation des dégâts fournie par


Dégâts à Guellala
l’ANGed/2 ans
Transfert d’avantage d’une étude sur
CAP des Touristes Occidentaux pour éviter la le consentement à payer effectuée à
pollution visuelle et olfactive Bruxelles pour les touristes occidentaux/
nombre de nuitée
Gestions des autres déchets: Huiles, Boues, Divers mais non pris en compte dans cet
Margines, Posidonie, déchets médicaux, etc. exercice
Contamination des nappes phréatiques et des Coût de traitement de l’eau mais non
zones côtières pris en compte dans cet exercice
Risques d'explosions liées à la mauvaise Dégazage passif mais non prise en
gestion des décharges sauvages compte dans cet exercice
Risques de maladies respiratoires, hydriques
Exposition, prévalence et brûlures
et épidermiques ainsi que brûlures
Possibilité de rejets de déchets en mer et Baisse des rendements de la pêche
impact sur la pêche et les services éco- et des éponges ; contamination des
systémiques mollusques, etc.
Dépense moyenne par touriste
pour 2013 (dernier chiffre
disponible) ; cependant, un travail
en profondeur pourrait établir
Pertes de recettes touristiques
des multiplicateurs pour chaque
activité directe (exemple de la
pêche) et/ou indirecte dépendant
du tourisme
Source : Auteurs.

38
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

6. Coût de la Dégradation des Déchets


Ménagers à Djerba

6.1 Données de base


Les données utilisées dans l’analyse du CDEDM de Djerba proviennent notamment des documents de
l’Institut National de la Statistique,28 de l’Office National du Tourisme Tunisien, des Rapports GIZ/SWEEP-
Net sur le Tunisie de 2010 et 2014,29 les différents rapports publiés sur Djerba ainsi que les indicateurs du
développement de la Banque mondiale.30 La population de Djerba s’élève à 160.714 habitants et l’île a par
ailleurs accueilli 965.545 touristes en 2013. De plus, le coût abordable, qui tient lieu de charge de collecte
de référence et est considéré comme mesure défensive, s’élève à 1 % du revenu disponible, soit 43,1 $ EU/
an par habitant en 2014. Pour ce qui est déchets générés, ceux-ci varient entre 45.000 tonnes/an (volume
moyen recueilli et enfoui à Guellala de 2007 à 2012 se monte à 44.607 tonnes/an) et plus de 60.000 tonnes/
an lorsque sont utilisées les chiffres du recensement de la population de 2014 et le nombre de nuitées
enregistré par touriste en 2013.

Une partie de l’écart entre les deux chiffres s’explique par une possible collecte parallèle à celle des
communes ainsi qu’au recyclage et compostage qui demeurent mal quantifiés comme par exemple : la
collecte effectuée par Eco-Lef qui se situe autour de 200 tonnes par an ; le projet pilote concernant le
recyclage (mise en place du tri sélectif en mai 2013 avec composteur individuel et collecte de bouteilles
en plastiques dans 2 quartiers de 10.000 habitants) et le compostage (10 à 15 tonnes de déchets par
semaine) avec aération forcée présentée en 4 cellules dans le parc de Tawrit à Houmt Souk en 2013
qui ont permis notamment de déterminer le bon dosage en mixant 1/3 de déchets verts avec 2/3 de
déchets bio pour obtenir du bon compost lequel a un prix de marché de 50 DT/tonne ; l’effort fourni par les
hôteliers et les restaurateurs qui a consisté à entreprendre un tri à la source ; le démarrage en 2013 par un
entrepreneur de la collecte et transfert de Midoun de matières recyclables (fractions plastiques, carton et
verre) provenant des hôtels et supermarchés, qui sont estimées à 4.000 tonnes/an, semble s’essouffler du
fait du manque de débouchés rencontré par l’opérateur ; les bouteilles consignées ; la collecte des déchets
par le secteur informel ; etc.

28 Site web de l’INS : www.ins.nat.tn/.


29 Site web SWEEP-NET : www.sweep-net.org.
30 Site web de la Banque mondiale : www.worldbank.org.

39
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 6.1 : Ensemble des données sur Djerba, 2012-2014


Houmt Souk
Intrant Unité Date Midoun Ajim Total Djerba
(HS)

Population # 2014 75.643 59.228 25.843 160.714

-Déchets générés par pop (0,62kg/jour) Tonne 2014 17.118 13.403 5.848 36.370

Commune et marchés

-Déchets générés Tonne 2012 2.824 2.211 965 6.000

Nombre de Touristes # 2013 228.238 737.307 0 965.545

-Déchets générés (2,82kg/jour) Tonne 2013 3.454 14.604 0 18.058


Revenu disponible par habitant (1% du
$EU 2014 43,1 43,1 43,1 43,1
Rev. Dis.)
$EU/
Coût de la collecte : déchets ménagers 2014 33,2 33,2 33,2 33,2
tonne
$EU/
Coût du transfert moyen 2012 7,8 7,8 7,8 7,8
tonne
$EU/
Coût de l’enfouissement à Guellala 2012 14,4
tonne
$EU/
Coût total de la chaine des déchets 2012-14 55,4
tonne
Source : Site web de l’INS : www.ins.nat.tn/ ; WDI (2014) ; site web de l’ONTT www.tourisme.gov.tn; Site web du Ministère des
Finances : www.impots.finances.gov.tn ; GIZ/SWEEP-Net (2013) ; et données fournies par l’ANGed.

Les plus ou moins 60.000 tonnes/an en 2014 se basent sur une génération de 0,62 kg/jour par habitant et
de 2,82 kg/jour pour les touristes ainsi qu’un volume de 6.000 tonnes/an générées par les Communes et
marchés. Cependant, ce chiffre ne comprend pas les déchets médicaux (mise en place du traitement des
déchets médicaux avec une société agréée par le Ministère de l’Environnement en juin 2014), les déchets
de démolition et construction, les huiles alimentaires (précédemment collectées en partie par notamment
Eco Oleo), les déchets agricoles (margines, grignons, feuilles de dattiers), les boues, la posidonie des
plages, les déchets dangereux ainsi que d’autres déchets. 31

Le coût d’exploitation pour la collecte, transfert et enfouissement de la tonne de déchet d’exploitation


s’élève à près de 55,4 $ EU/tonne à Djerba avec les communes couvrant la collecte qui se monte à 33,2 $ EU
ainsi que 2,8 $ EU pour le transfert (gate fee) totalisant 36 $ EU/tonne alors que l’ANGed se charge de
couvrir le montant résiduel de 19,6 $ EU/tonne pour le transfert et l’enfouissement (Tableau 6.1).

Le code de la fiscalité locale ne permet pas aux communes de percevoir des redevances auprès des
ménages. Exception étant faite pour notamment les déchets encombrants ou verts. Les services de
collecte des déchets ménagers sont ainsi financés par l’impôt avec un taux de recouvrement de la Taxe
d’Habitation ne dépassant pas 30 %.32

Le taux d’imposition total des établissements hôteliers s’élève à 2,2 % et se répartit comme suit :

31 SWEEP-Net GIZ (2014).


32 SWEEP-Net GIZ (2014).

40
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

- Le taux de la taxe hôtelière est fixé à 2 % du chiffre d’affaires brut et, est réparti dans les proportions
suivantes : 50 % au profit du budget de la commune dont relève l’établissement ; et 50 % au profit du Fonds
de Protection des Zones Touristiques qui est destiné à financer notamment les travaux d’aménagement
urbain et de reboisement, de protection, et d’enrichissement de l’environnement.

- La taxe sur les établissements à caractère industriel, commercial ou professionnel s’élève à 0,2 % du
chiffre d’affaires brut local.33

Ainsi, seules les communes de Houmt Souk et Midoun reçoivent l’imposition des établissements hôteliers
(1 % du chiffre d’affaires brut) qui leur permet de couvrir une partie des coûts associés à la collecte qui
représente 40 % de leur budget. Il est à noter que le montant de 29 $ EU/tonne (36 $ EU/tonne en moyenne
à Djerba), qui n’inclue pas le balayage et l’arrosage des rues, est beaucoup plus difficile à supporter par la
commune de Ajim que les deux autres communes du fait qu’elle ne reçoit pas de taxes hôtelières.

La collecte des déchets ménagers est assurée par les communes alors que celle des déchets hôteliers
est assurée par la commune à Houmt Souk et par un opérateur privé financé par la commune de
Midoun. Depuis 2012, certains établissements hôteliers dans ces deux communes ont retenu les services
d’opérateurs privés pour la collecte de leurs déchets bio, verts, huiles alimentaires, etc. pour faire face aux
perturbations subies par le service communal depuis 2012.

6.2 Aperçu général des coûts de la dégradation


Les résultats du CDEDM à Djerba sont illustrés dans le Tableau 6.2 et la Figure 6.1. De plus, ces résultats
sont divisés en deux catégories distinctes : le CDEDM ainsi que les pertes d’opportunité lesquelles
pourraient générer des revenus additionnels permettant d’améliorer la gestion du secteur des déchets
dans le futur. Il convient de noter que les résultats sont comparés à la fois au PIB national (49,9 milliards
de $ EU en 2014) ainsi qu’au PIB de Djerba (0,7 milliard de $ EU en 2014), qui a été extrapolé en utilisant
le PIB par habitant projeté par le Fonds Monétaire International (4.477 par habitant en 2014) et en le
multipliant par le nombre d’habitants à Djerba de 160.714.

Le CDEDM de Djerba atteint 7,8 millions de $ EU (14,1 millions de DT) en 2014 avec une borne inférieure
(BI) de 8,3 millions de $ EU et une borne supérieure (BS) de 8,7 millions de $ EU. Le résultat moyen est
équivalent en moyenne à 1,1 % du PIB de Djerba et 0,02 % du PIB national de Tunisie en 2014 basé sur les
projections du FMI. Inversement, les pertes d’opportunité, dont le produit pourrait être utilisé de manière
plus judicieuse (efficience allocative) pour améliorer la gestion du secteur des déchets comme la réduction
des subventions, le recyclage et le compostage, s’élèvent à 2,1 millions de $ EU soit à 3,7 millions de DT
équivalents à 0,004 % du PIB tunisien en 2014 (Tableau 6.2 et Figure 6.1).

33 Site web du Ministère des finances: www.impots.finances.gov.tn.

41
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 6.2 : Coût de la dégradation, pertes et dégâts matériels, et perte d’opportunité des déchets
solides à Djerba, 2014, en millions de $ EU
Coût de la dégradation
Pertes d’opportunité Total
pertes et dégâts
Catégories
Millions Millions Millions Millions Millions Millions %
de $EU de DT de $EU de DT de $EU de DT

Moins-value des terrains : CT et DC 0,1 0,1 0,1 0,1 0,8%

Emissions de méthane 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0%

Energie potentielle perdue 0,1 0,2 0,1 0,2 0,9%

Environnement global 0,1 0,3 0,1 0,3 1,4%

Non-Collecte : 90% HS 2,9 5,3 2,9 5,3 29,7%


Nettoyage requis : décharges
1,0 1,8 1,0 1,8 10,3%
sauvages
Moins-value des terrains: DS 0,8 1,5 0,8 1,5 8,2%

Perte de réhabilitation des décharges 0,5 0,9 0,5 0,9 4,9%

Perte d'amortissement : CT et DC 0,7 1,3 0,7 1,3 7,2%

Dégâts à Guellala et Melita 1,0 1,7 1,0 1,7 9,8%


Coûts fixes à l'opérateur privé : CT
0,3 0,6 0,3 0,6 3,3%
et DC
CAP des Touristes : pollution visuelle
0,2 0,5 0,2 0,5 2,5%
et olfactive
Subvention de la collecte : 10% HS,
0,9 1,6 0,9 1,6 9,1%
Midoun et Ajim
Subvention du transfert et
0,0 - 0,0 - 0,0%
enfouissement
Recyclage et compostage 1,0 1,8 1,0 1,8 10,2%

Zone d'enfouissement évitable 0,2 0,3 0,2 0,3 1,6%

Total 7,8 14,1 2,1 3,7 9,9 17,8 100,0%

% PIB Djerba 1,085% 0,287% 1,372%

% PIB Tunisie 0,016 % 0,004% 0,020%


Note : ND = Non disponible. Source : Auteurs.

Ventilées par sous-catégorie du coût de la dégradation, et des pertes et dégâts, l’équivalent du revenu
disponible (1 % des revenus disponibles des ménages devant être alloué aux services de collecte) associé
aux déchets non collectés (90 % des habitants de Houmt Souk) vient en premier (38 %) et est suivi par
le coût de nettoyage des déchets des décharges sauvages (13,1 %), les dégâts subis à Guellala et Melita
(12,3 %), la moins-value des terrains des centres de transfert et des décharges contrôlées et sauvages
(10,5 %), les pertes d’amortissement des centres de transfert et de la décharge de Guellala (9,1 %), la perte
au titre des décharges qui avaient été réhabilitées (6,2 %), les coûts fixes à l’opérateur privé des centres
de transfert et de la décharge de Guellala (4,2 %), le consentement à payer des touristes devant subir
la pollution visuelle et olfactive des déchets dans les rues (3,2 %), les coûts associés à l’environnement
global (1,8 %), la production d’énergie pouvant être produite dans les cellules de la décharge (1,1 %) ainsi
que les émissions de méthane évitable de la décharge contrôlée de Guellala (0,02 %). Plusieurs sous-
catégories mériteraient quelques approfondissements tels que la contamination de l’eau due à l’infiltration
des lixiviats dans les nappes et dans la mer ou bien les effets sur la santé qui n’ont pas été évalués, car

42
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

ceux-ci requièrent des enquêtes épidémiologiques du fait que ces problèmes sont perçus comme tels par
les personnes vivant dans la zone des décharges alors que les statistiques sur la prévalence des maladies
communicables n’affiche pas des écarts notables par rapport aux années précédentes.

Figure 6.1 : Coût de la dégradation et perte d’opportunité des déchets solides à Djerba, 2014,
millions de DT

Djerba - 20
ets à 14 -
déch Mi
ue lli
iq on
at 14,1 3,7

sd
5 Moins-value des terrains : CT et DC
m

eD
Emissions de méthane
rob

T
Energie potentielle perdue
la p

4
Environnement global
Millions de DT
Coût de

Non-Collecte : 90% HS
3
Nettoyage requis : décharges sauvages
Moins-value des terrains : DS
2
Perte de réhabilitation des décharges
Perte d'amortissement : CT et DC
1 Dégats à Guellela et Melita

0
Coût de la Pertes
Dégradation d'Opportunité
- Millions de DT
2014
-
ba
er
5
Dj
CD

4
Source : Auteurs.
Millions de DT

0
Non-Collecte : 90% HS
Nettoyage requis : décharges
Moins-value des terrains : CT et
Moins-value des terrains : DS
Perte de réhabilitation des
Perte d'amortissement : CT et
Dégats à Guellela
Dégats à Melitta
Coûts fixes à l'opérateur privé :
Emissions de méthane
Energie potentielle perdue
Environnement global
CAP des Touristes : pollution

6.3 Agrégation des sous-catégories


Les sous-catégories de l’analyse sont agrégées différemment ici-bas pour faire un état des lieux du coût
qui est d’une part récurrent et d’autre part issue de la nouvelle problématique depuis 2012 (Figure 6.2) :
• CDEDM récurrent;
• CDEDM marginal;
• Pertes et dégâts;
• Perception des touristes;
• Autres préoccupations non quantifiées et monétisées;
• Pertes d’opportunité récurrentes;
• Pertes d’opportunité potentielles.

43
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Figure 6.2 : Coût de la problématique déchets à djerba en 2014 due à la situation Ante et Post 2012

: 2014 - M Djerba: 201


à Djerba illio chets à 4%
hets ns dé du
c de ue PI
dé D tiq B
e 16 a
Pertes d'opportunité
0,016% 0,015% Pertes d'
u

tu
T

m
potentielle 2015
tiq

0,014%

ni

14 13,6 Potentiel
ma

sie
0,014%

rob
12,9 Pertes d'opportunité
récurrente

n
blé

Pertes d'

la p
millions de DT

12 0,012%
Consentement à payer:
Coût de la pro

% du PIB tunisien
pollution visuelle

Coût de
10 Consente
Pertes et dégâts 0,010% Visuelle
8 Coût marginal de la
0,008% Pertes et
dégradation
6 Coût récurrent de 0,006%
la Coût Mar
dégradation 0,004%
4 3,7 0,004% Coût Réc
2 0,002%
0,5 16 0,001%
Pertes d'opportunité
0 potentielle 2015
0,000%
CD due à CD due14 à PO due à PO due à
13,6 CD due à CD due à PO due à PO due à
Ante 2012 Post 2012 Ante 2012 Post 2012 12,9 Pertes d'opportunité
Ante 2012
récurrente Post 2012 Ante 2012 Post 2012
millions de DT

12 Consentement à payer:
pollution visuelle
16 10 Pertes d'opportunité Pertes et dégâts
Note : CD = coût de la dégradation ; et potentielle 2015
14 13,6 8 Coût marginal de la
PO = pertes d’opportunité. 12,9 Pertes d'opportunité dégradation
récurrente
6
millions de DT

12Source : Auteurs. Consentement à payer: Coût récurrent de la


pollution visuelle dégradation
10 4 3,7
Pertes et dégâts
8 2 Coût marginal de la
0,5 dégradation
6
6.4 CDEDM Récurrent
0
CoûtPO
récurrent
CD due à CD due àdégradation
due à POde la
due à
4 Le CDEDM récurrent Ante
est 2012 Post 2012 Ante 2012 Post 2012
3,7 défini comme le coût de la dégradation
dont les causes sont inhérentes à la
2 période ante 2012 et qui persiste en 2014. Il atteint 548.251 DT ou 303.236 $ EU en 2014.
0,5
0
6.4.1 Moins-value
CD due à CD due à des
POterrains
due à POautour
due à des centres de transfert et Guellala
Ante 2012 Post 2012 Ante 2012 Post 2012

La moins-value des terrains touche les 3 stations de transfert de l’île et la décharge de Guellala. La
superficie de chaque station de transfert a été estimée à 5.000 m2 et celle de Guellala à 290.000 m2.
L’évaluation de la dépréciation des terrains est basée sur le prix moyen actuel des terrains est de
30 $ EUm2 avec deux cercles concentriques avec le premier anneau dégageant une dépréciation de 15 %
et le deuxième anneau dégageant une dépréciation de 10 %. La valeur de moins-value des appartements
n’a pas été envisagée en raison de l’absence de données, mais aurait pu augmenter de manière
significative la valeur de l’évaluation associée à cette sous-catégorie. Le coût de la dégradation, qui a
été annualisé sur 15 années d’exploitation pour toutes les stations et la décharge contrôlée, s’élève à
76.827 $ EU en 2014.

6.4.2 Émissions de méthane non-captées et environnement global

Sur la base du modèle LandGEM développé par l’EPA des EU, les émissions de méthane qui pourraient
être évitées sur 20 ans ont été calculées pour le volume de déchets de 2014 à Guellala équivalent à
45.000 tonnes dont 34.524 tonnes comprenant une valeur calorifique. Le méthane généré est de 2.240
tonnes en 2014 et de 23.885 tonnes sur 20 ans. Le méthane évité est de 1.275 tonnes en 2014 et 13.596

44
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

tonnes de CO2 équiv. sur la période. La VAN escomptée à 5 % du CO2 évité sur la période se monte $ EU
1.911 en utilisant le dernier taux de 2014 de réduction certifiée des émissions ($ EU 0,202/tonne). Par
contre, concernant l’environnement global et en utilisant la valeur de $ EU 14,6 par tonne de CO2 émis,
la dégradation s’élève à 138.411 de $ EU en 2014. La description de la méthodologie et les calculs sont
développés dans l’Annexe I.

6.4.3 Production d’Énergie

Le manque à gagner d’électricité qui aurait pu être produite dans les cellules (valeur actuelle nette
actualisée à 5 % pour les déchets 2014 sur 20 ans) dans la décharge de Guellala pour les seuls déchets
de 2014 s’élève à 86.087 $ EU en 2014 sur la base du tarif moyen de la facture d’électricité de 0,06 $ EU/
kW/h.

6.5 CDEDM marginal


Le CDEDM marginal est défini comme le coût de la dégradation dont les causes sont dues aux
perturbations du système de gestion des déchets ménagers avec la nouvelle problématique qui prévaut
depuis 2012 sur l’île. Il atteint 8,6 millions de DT ou 4,7 millions de $ EU en 2014.

6.5.1 Déchets non-collectés à Houmt Souk

Alors que la collecte est assurée bon an, mal an à Midoun et Ajim, le taux de couverture de la collecte
à Houmt Souk ne dépasse pas les 10 % et le balayage des rues est compromis depuis la fermeture de
Guellala en 2012. Le coût de la dégradation, qui est considéré représenter l’équivalent de 1 % du revenu
disponible des ménages sur un an (Tableau 6.1), se monte à 0,7 million de $ EU en 2014.

6.5.2 Nettoyage requis des déchets collectés et non-collectés jetés dans la nature

Les déchets collectés et non collectés, qui sont jetés dans les décharges sauvages et dans la nature,
requièrent un nettoyage. Ils se montent à 75 % des déchets générés (60.428 tonnes/an), soit 45.321 tonnes
en 2014 alors que les 15.107 tonnes résiduelles (25 %) sont considérées recyclées ou brûlées. Les déchets
jetés dans la nature ont le potentiel de polluer 44.432 m2. Pour le nettoyage des décharges sauvages,
23 $ EU par tonne par m3 (1 min 2 s par 1 mètre de profondeur) est adopté.34 Le coût du nettoyage se
monte à 1 million de $ EU en 2014.

6.5.3 Moins-value des terrains autour des décharges sauvages

La même méthode pour la moins-value des terrains autour des centres de transferts et la décharge
de Guellala a été utilisée pour des décharges sauvages. La surface des décharges sauvages ainsi que
les centres de compostage pilote ainsi que de recyclage sont illustrés dans le Tableau 6.3. La moins-
value est considérée sur 2 ans, donc la valeur est divisée par 2. La moins-value des terrains se monte à
0,89 million de $ EU en 2014.

34 Bassi et al. (2011); Arif et Doumani (2014).

45
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 6.3 : Moins-value des terrains à cause des nouvelles décharges sauvages


Superficie Pertes 1 Pertes 2 Pertes 1 15% Pertes 2 10% Pertes/1 an Pertes/1 an
Décharge/Centre m2 m2 m2 m2 m2 m2 $EU million

Midoun Aghir 40.000 24.097 19.194 0,1 0,2 0,1 0,15

Midoun Al Kantra 40.000 24.097 19.194 0,1 0,2 0,1 0,15

Ajim Décharge 1 10.000 13.462 19.194 0,1 0,1 0,1 0,09

Ajim Décharge 2 10.000 13.462 19.194 0,1 0,1 0,1 0,09

Ajim Décharge 3 10.000 13.462 19.194 0,1 0,1 0,1 0,09

Melita/Errous Décharge 40.000 24.097 19.194 0,1 0,2 0,1 0,15

Melita/Errous Recyclage 1.000 6.190 19.194 0,0 0,1 0,0 0,05

Tawrit compostage pilote 300 4.669 19.194 0,0 0,1 0,0 0,04

Total 111.300 0,89


Source : Auteurs.

6.6 Pertes et dégâts


Suite aux perturbations qu’a subit le système de gestion des déchets à Djerba et la nouvelle problématique
qui prévaut depuis 2012, les pertes et dégâts ont été considérés sous une catégorie distincte et se montent
à 4,5 millions de DT ou 2,5 millions de $ EU.

6.6.1 Perte de la réhabilitation de la décharge d’Aghir

Suite à la réutilisation de l’ancienne décharge sauvage d’Aghir, qui avait été réhabilitée en 2007 et dont
le site réhabilité devait rester inaltéré sur plus de 10 ans, le coût de la réhabilitation est pur perte et doit
être diviser sur deux ans depuis le début de la réutilisation de la décharge. Aux prix de 2014, le coût de
réhabilitation s’élève à 969.703 $ EU. Ainsi, le montant de la perte totale est la moitié de l’investissement,
soit 484.852 $ EU en 2014.

6.6.2 Pertes d’amortissement des centres de transfert et de la décharge de Guellala

Les pertes d’amortissement des centres de transfert et de la décharge de Guellala sont estimées à 10 %
du montant d’investissement initial sur 15 ans, soit 709.275 $ EU en 2014 aux prix de 2014 (Tableau 6.4).

Tableau 6.4 : Perte d’amortissement des installations des centres de transfert et de Guellala


Investissement Equipement Torchage Total

Guellala, Décharge contrôlée 2.423.250 1.663.333 4.086.583

Houmt Souk, Centre de transfert 376.950 376.950

Midoun, Centre de transfert 376.950 376.950

Ajim, Centre de transfert 376.950 376.950

Total aux prix de 2007 3.554.100 1.663.333 5.217.433

Total aux prix de 2014 7.092.752

Amortissement (10%/an à mi-chemin) 709.275 19.194


Source : Responsables de l’ANGed ; et Auteurs.

46
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

6.6.3 Dégâts à Guellala et à Melita

Les pertes à Guellala ont été évaluées par l’ANGed en 2014 et se montent à 2,9 millions de DT. Les pertes
pour l’année 2014 (montant total/2) s’élèvent ainsi à 709.275 $ EU. Pour Melita, les dégâts se montent à l’in-
vestissement initial de 553.400 de DT en 2012 pour les installations de compostage dont l’enveloppe totale
était de 700.000 DT. Ainsi, les pertes se montent à 164.580 $ EU sur une année en 2014 aux prix de 2014.

6.6.4 Pertes associées aux coûts fixes de gestion

Les pertes associées aux coûts fixes de gestion des centres de transfert de Houmt Souk, Midoun et Ajim
ainsi que Guellala sont toujours payées par l’ANGed à hauteur de 60 % à l’opérateur privé et se montent à
329.137 $ EU en 2014. Ceux-ci comprennent les frais de personnel, les charges d’électricité, les taxes et
assurances, FGB, etc.

6.7 Perception des touristes


Le consentement à payer (CAP) des touristes occidentaux, qui constituent la majorité des touristes (80,2 %
en 2013) à Djerba pour éviter la pollution visuelle et olfactive, a fait l’objet d’un transfert de bénéfice d’une
étude faite en Belgique. L’évaluation contingente a permis de déterminer la valeur des désagréments liés
à la présence de déchets sauvage en Wallonie. Cette valeur se situe entre 34 et 39 Euros par ménage en
2011.35 Après un ajustement du différentiel du pouvoir d’achat du CAP par habitant européen aux prix de
2014, ce CAP atteint 22,8 $ EU par habitant par an aux prix de 2014. Ce montant a été appliqué aux seuls
touristes occidentaux et a été divisé par le nombre de nuitées passées à Djerba en une année. Ce montant
(CAP de 0,06 $ EU/jour x 726.230 touristes occidentaux x 6,7 nuitées en moyenne en 2013 à Djerba) s’élève
à 450,523 DT ou 249.183 $ EU en 2014.

6.8 Autres préoccupations non-quantifiées et non-monétisées


Certaines autres catégories peuvent avoir des effets néfastes, mais ne figurent pas dans l’agrégation des
résultats du CDEDM faute de données.

Les autres déchets tels que les boues des STEPs, les margines issues de la production d’huile d’olive,
la posidonie sur les grèves ainsi que les DASRI ne sont pas considérés dans cette analyse, car ils ne
contribuent pas a la problématique actuelle des déchets à Djerba alors qu’ils peuvent avoir un effet
négatif sur l’environnement en général. Cependant, il est important de noter que les huiles et graisses
alimentaires des hôtels et des restaurants qui étaient stockées depuis 2009 à Guellala dans un bassin
en attendant la mise en place d’un programme national de transformation des huiles en biodiesel ont
contribué à la pollution olfactive émanant de Guellala. Ceci n’a fait qu’exacerber le problème des déchets
qui a culminé en septembre 2012 avec la fermeture de la décharge.

La contamination des nappes phréatiques et des zones côtières par les nouvelles décharges sauvages ne
fait aucun doute, mais des analyses de la qualité des eaux souterraines et marines sont nécessaires pour
quantifier et évaluer les dégâts.

Les risques d’explosions liées à la mauvaise gestion des décharges sauvages est un risque grandissant et
il est impératif d’introduire une méthanisation passive à toutes les nouvelles décharges sauvages de peur
qu’elles ne causent des explosions, des dégâts et des victimes.

35 RDC Environment, 2011; Le nombre moyen par ménages en Belgique est de 2,3.

47
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Il y a certainement des risques futurs de maladies respiratoires, hydriques et épidermiques ainsi que des
risques de brûlure lorsque les déchets sont brûlés en pleine rue. Cependant, les autorités sanitaires n’ont
reporté aucune anomalie dans les tendances saisonnières de prévalence des maladies communicables
depuis 2012. Toujours est-il que certains employés d’hôtels ont souffert de contusions et autres conditions
lorsqu’ils effectuaient le tri sélectif à la source, et ce, faute d’accoutrement adapté.

6.9 Pertes d’opportunité récurrentes


Les pertes d’opportunité récurrentes, qui se montent à 3,7 millions de DT ou 2,1 millions de $ EU, sont
dues aux subventions courantes (efficience allocative) ainsi qu’au manque de recyclage et compostage qui
pourrait par la même occasion réduire la superficie des décharges nécessaires ou l’augmentation de la
durée de vie des décharges en question.

6.9.1 Collecte

En 2014, la collecte et le balayage sont supportés par le budget des communes, qui sont alimentés par
le produit des taxes, impôts, redevances, droits et contribution de l’État (FCCL), à hauteur du volume
total collecté à Houmt Souk, qui est de 10 % des déchets générés, et de 100 % à Midoun et Ajim. Le coût
d’opportunité de la subvention accordée par les municipalités en matière de ressources propres afin de
couvrir la collecte et de balayage se monte à (33,2 $ EU/tonne x 27.000 tonnes représentant les déchets
générés par les ménages seulement) 0,9 million de $ EU. Il est important de signaler que la redevance
(gate fee) de 3 $ EU/tonne payée par chaque commune à l’ANGed n’est plus effectuée depuis l’arrêt du
travail à la décharge de Guellala.

6.9.2 Transfert et enfouissement

La subvention de l’ANGed n’est payée qu’en partie au titre de coûts fixes à l’opérateur depuis la fermeture
de Guellala. Cependant, ce montant est considéré comme pertes dues à la situation des déchets à Djerba
et figure sous la catégorie pertes associée aux coûts fixes de gestion ci-haut.

6.9.3 Recyclage et compostage

Le compostage et le recyclage potentiel sont illustrés dans le Tableau 6.11 où le montant total généré est de
60.328 tonnes en 2014. De ce montant potentiel, un montant équivalent à 30.869 tonnes est possiblement
recyclable et « compostable » à condition qu’il y ait peu de résistance au changement de comportement
quand il s’agit de la séparation à la source, d’un tri adéquat, et que de bons processus de recyclage et
de compostage soient mis en place, etc. Les coûts par tonne de matières recyclables et de compost sont
dérivés des prix actuels du marché. Cependant, seul le prix du compost a été aligné sur le prix des engrais
organiques naturels. Par conséquent, la perte d’opportunité de recyclage et de compostage pour Djerba
s’élève à 1,1 million de $ EU en 2014 millions (Tableau 6.5).

48
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 6.5 : Opportunités de recyclage et de compostage, 2014, millions de $ EU


Recyclage/ Génération Prix du mar- Opportunité
Ventilation comp. pos- annuelle ché en 2014 BI BS
perdue
Recyclage/comp. potentiel sible
Tonne/an $EU /tonne Millions de Millions de Millions de
% % $EU $EU $EU

Déchets ménagers et communaux

Recyclage/comp. potentiel 42.370

Recyclage/comp. possible 100,0% 20.973 0,7 0,5 0,8

Organique 67,0% 50% 14.194 28 0,4

Papier 7,0% 80% 2.373 19 0,0

Plastique 7,0% 80% 2.373 50 0,1

Verre 4,0% 80% 1.356 14 0,0

Métal 2,0% 80% 678 125 0,1

Autre 13%

Déchets hôteliers

Recyclage/comp. potentiel 18.058

Recyclage/comp. possible 9.896 0,4 0,3 0,4

Organique 68,0% 50% 6.140 28 0,2

Papier 10,0% 80% 1.445 19 0,0

Plastique 11,0% 80% 1.589 50 0,1

Verre 1,0% 80% 144 14 0,0

Métal 4,0% 80% 578 125 0,1

Autre 6,0%
Source : Section 3 ; WDI (2014) ; et Auteurs.

6.9.4 Zone d’enfouissement évitable

L’opportunité perdue du recyclage et du compostage se traduit également en termes de zone de


décharge évitée. Un facteur de conversion de densité de déchets compactés a été appliqué à la
possibilité d’une réutilisation de ces déchets et le poids de compostage est équivalent à un volume
d’environ 104.287 m3. Une borne inférieure et supérieure a été considérée en termes de hauteur de la
décharge. De 10-20 m et 5-10 m. Avec 30 $ EU par m2, le coût du terrain est assez déprécié autour de
la décharge à Guellala. Par conséquent, les économies en termes de terrain pour la mise en décharge
s’élèvent à 0,2 million de $ EU en 2014 (Tableau 6.6).

49
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 6.6 : Gain de superficie de l’enfouissement grâce au recyclage et compostage, 2014,


millions de $ EU
Recyclage/ Conversion de Poids du Gain de superficie Gain de superficie Coût par Opportunité
compostage densité pour les volume en considérant une en considérant une
Superficie m2 perdue
possible déchets compacté hauteur de 10-20 m hauteur de 5-10 m
gagnée
Tonne/an Tonne/m3 m3 m2 m2 $EU/m2 $EU millions

(compacté)
Décharge 30.869 104.287 5.214 10.429 30 0,2
3,4
BI 0,1

BS 0,3
Source : Tableau 6.6 ; Australian Environment Protection Authority ; et Auteurs.

6.10 Pertes d’opportunité potentielles


Les pertes d’opportunité potentielles (pertes de touristes pour les années à venir) ne figurent pas dans
les agrégats du Tableau 6.3 et Figure 6.2, mais seront considérées dans l’analyse coût/avantage ici-bas.

Il est très difficile de changer le comportement des tours opérateurs et des touristes quant à ce qui
se passe au niveau des déchets à Djerba. Toujours est-il que certains tours opérateurs ont déjà tiré la
sonnette d’alarme et les hôteliers appréhendent une baisse de la demande sur Djerba à cause de la
problématique des déchets qui pourrait augmenter au cas où le problème ne serait pas réglé dans des
les plus brefs délais.

Six hypothèses sont considérées sur la base des touristes de 2013 : une réduction de 0, 2,5, 5, 10, 15 et
20 % du nombre de touristes visitant Djerba en 2015. Les montants son illustrés dans le Tableau 6.7 et
varient entre 0 et 103,2 millions de DT ou 0 et 57,2 millions de $ EU. Cette baisse est loin de prendre en
compte tous les effets socioéconomiques et surtout fiscaux d’une telle baisse des recettes sur l’économie
nationale et locale de Djerba, mais sert comme un bon indicateur pour faire les analyses coût/avantage.

Tableau 6.7 : Pertes d’opportunité potentielles


Nombre de touriste à Pertes d’opportunité potentielles
Pertes de revenus Dépense en devise par touriste Djerba en 2013 en 2015
du tourisme à
Djerba: DT /Touriste aux prix $EU/Touriste aux prix Millions Millions
#
de 2014 de 2014 de DT de $EU

de 0% 573 317 902.642 0 0

de 2,5% 573 317 902.642 12,9 7,2

de 5% 573 317 902.642 25,9 14,3

de 10% 573 317 902.642 51,7 28,6

de 15% 573 317 902.642 77,6 42,9

de 20% 573 317 902.642 103,5 57,2


Source : Site web de l’ONTT www.tourisme.gov.tn.

6.11 Benchmarking et conclusions


6.11.1 Benchmarking entre le Grand Tunis et Djerba

La comparaison concernant le coût de la dégradation entre le Grand Tunis et Djerba permet un éclairage
et un benchmarking concernant la problématique des déchets à Djerba depuis septembre 2012. Le coût
de la dégradation due aux déchets en 2014 représente la moitié de celle du Grand Tunis en 2012 pour une

50
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

population 16 fois moins importante et un volume de déchets générés 10 moins importants alors que les
touristes sont plus importants par un facteur 1,2. La comparaison des ratios du coût de la dégradation
par tonne et par habitant atteignent des différences significatives : 234 DT/tonne pour Djerba contre
52 DT/tonne pour le Grand Tunis et 88 DT/habitant pour Djerba contre 13 DT/habitant pour le Grand Tunis
(Figure 6.3).

Figure 6.3 : Comparaison entre le Grand Tunis et Djerba, millions de DT et $ EU

. Grand Tunis . Grand Tunis


rba vs rba vs
Dje Dje
n: n:
so 25 so 250 160
234 129
i

i
ra

ra
Coût de la dégradation 38.5 21.3 Coût de la dégradation
pa

pa
40 DT/Tonne $EU/Tonne
Pertes d'opportunité
Com

Com
20 200
31.3 17.3 120
Coût de la dégradation

millions de $EU
millions deDT

30 DT/Habitant $EU/Habitant

millions de $EU
150

millions deDT
15
80
20
10 100 88 49
14.1 7.8

52 29 40
10 5 50
3.7 2.1
13 7
0 0 0 0
Djerba Grand Tunis Djerba Grand Tunis
2014 2012 2014 2012

and Tunis and Tunis


ba vs. Gr ba vs. Gr
jer jer
n:D n:D
so so
0.060%
i

i
ra

ra

50
pa

pa

Coût de la dégradation 0.051%


Com

Com

0.050% Coût de la dégradation


38,5
Pertes d'opportunité 40
Pertes d'opportunité
0.040%
% du PIB Tunisien

millions deDT

0.037% 31,3
30
0.030%

20
0.020% 14,1
0.016%

0.010% 10
0.004% 3,7
0.000% 0
Djerba Grand Tunis Djerba Grand Tunis
2014 2012 2014 2012

6.11.2 Conclusions

La présente analyse sur Djerba révèle que les coûts de la dégradation (14,1 millions de DT ou 7,8 millions
de $ EU) sont beaucoup plus importants que les pertes d’opportunité (3,7 millions de DT ou 2,1 millions de
$ EU) des déchets solides. Ainsi, la gestion des déchets selon le schéma envisagée par l’ANGed en 2007
a été interrompue du fait d’un concours de circonstances qui s’est traduit par la fermeture de la décharge
contrôlée, l’ouverture d’anciennes décharges réhabilitée et l’enfouissement informel dans des endroits
qui restent difficilement repérables.

51
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Les coûts de la dégradation ont été agrégés de façon à séparer les coûts récurrents (3,9 %), qui sont en
partie (moins-value des terrains autour des centres de transfert et de la décharge contrôlée de Guellala)
un mal nécessaire et auraient perduré avec la continuation du schéma tel qu’élaboré par l’ANGed en 2007
(sans génération d’électricité et capture de méthane), des coûts issus de la détérioration de la gestion
des déchets depuis 2012. Ceux-ci incluent les coûts marginaux (61,1 %), les pertes (19,5 %), les dégâts
(12,3 %) et le consentement à payer des touristes occidentaux pour avoir une destination touristique avec
un environnement propre (3,2 %).

Pour ce qui est des pertes d’opportunité récurrente (3,7 millions de DT ou 2,1 millions de $ EU) qui sont en
grande partie issue de la continuation du schéma tel qu’élaboré par l’ANGed en 2007. Il est évident que la
durabilité du secteur nécessitera soit d’augmenter les recettes directes (création d’une redevance dédiée
aux déchets), soit d’introduire une taxe indirecte (similaire à l’écotaxe déjà collectée sur les matières
plastiques ou le transfert d’une partie de la TPE (et d’autres taxes nationales, comme la TVA) aux budgets
des communes) soit les deux pour la collecte (communes) ainsi que pour le transfert, la transformation et
l’enfouissement (Gouvernement). Cependant, il est essentiel que le recouvrement des coûts de la collecte
soit amélioré pour alléger le fardeau fiscal des trois communes notamment Ajim qui ne collecte pas une
taxe touristique contrairement à Houmt Souk et Ajim. Pour ce qui est du recyclage et du compostage,
Djerba est encore au point mort malgré le projet pilote de Tawrit pour le compostage et la malencontreuse
expérience de Melita tous deux à Houmt Souk. Cependant, le recyclage et le compostage ont un potentiel
de réduire le gaspillage et de réduire l’enfouissement.

Pour ce qui est des pertes d’opportunité potentielles, l’enjeu est de taille, car elles représentent la baisse
du nombre de touristes due à l’état des déchets non solutionné à Djerba. Ceci pourrait ne pas avoir
d’incidence sur la saison future comme il pourrait avoir une incidence plus ou moins importante comme
le révèlent les commentaires des touristes sur certains sites comme TripAdvisor. Les réductions retenues
de façon hypothétique peuvent varier de 12,9 millions de DT avec une réduction de 2,5 % de touristes à
103,5 millions de DT avec une réduction de 20 %.

Sur la base de ces résultats et dans un souci de préserver la saison touristique prochaine, les priorités
sont considérées en deux temps :

a- Actions à considérer urgemment :


• Reprendre coûte que coûte et de façon immédiate la collecte à Houmt Souk et qui représente plus du
tiers (34,6 %) du coût de la dégradation ;
• Trouver un lieu d’enfouissement contrôlé provisoire pour les déchets collectés à Houmt Souk ; et
• Installer une méthanisation passive sur tous les dépotoirs sauvages afin d’éviter toute explosion.

b- Actions à considérer sur les court et moyen termes :


• Œuvrer pour définir un nouveau schéma pour la gestion des déchets à Djerba avec comme pierre
d’achoppement le rétablissement de la confiance, l’équité fiscale entre les trois communes, le dialogue
et la prise de décisions concertées entre les parties prenantes dans le but de faire de Djerba un exemple
à suivre pour l’élaboration d’un nouveau paradigme permettant de gérer les déchets de façon durable.
Les analyses coût/avantage ci-après vont permette aux différentes parties d’avoir une première esquisse
des scénarios chiffrés qui pourront être débattus et arbitrés jusqu’à arriver à faire des choix informés
répondant aux attentes de toutes les parties prenantes.

52
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

7. Coût de la Restauration à Djerba

7.1 Résultats agrégés du coût de la restauration


Sur la base des priorités identifiées dans la section précédente, 6 scénarios ont été considérés avec et
sans les pertes d’opportunité potentielles en considérant une seule réduction hypothétique des recettes
touristiques de 2,5 % à Djerba en 2015 :

• Scénario 1 d’urgence : rétablir la collecte à Houmt Souk par la commune et aménager une décharge
contrôlée provisoire et équiper les décharges sauvages avec une dégazification passive.

• Scénario 2 pour le transport des déchets en dehors de l’île : transport des déchets à la décharge de
Bouhamed à Médenine sur le continent avec 2 options de transport ainsi que l’investissement dans un
nouveau casier ainsi que la mise à niveau du traitement des lixiviats et du torchage.

• Scénario 3 pour la réouverture de Guellala : réouverture de la décharge selon le schéma d’avant 2012
en attendant de trouver une solution permanente et acceptable par toutes les parties.

• Scénario 4 pour un plan rapide de réduction des déchets à la source : considérer le projet de 2014-
2016 pour le recyclage et le compostage sans le coût d’enfouissement alors que le projet préconise un
enfouissement classe 2 (CET pour les déchets ultimes). Ce projet a été en partie mis en veilleuse après
la destruction des structures à Melita.

• Scénario 5 pour la méthanisation simple qui consiste à une dégradation partielle et anaérobique (sans
oxygène) de putrescibles sous l’action de micro-organismes. Cette réaction qui produit du gaz méthane
et du gaz carbonique a lieu dans un digesteur fermé et confiné qui empêche tout contact du gaz produit
avec l’extérieur avec valorisation du biogaz. Le sous-produit est le méthane qui sert comme source
d’énergie pour alimenter une turbine (ou des turbines) pour la production de l’électricité ainsi que le
digestat qui peut servir de compost. Cette option dans de l’APS de GIZ/SWEEP-Net (2013) est la moins
coûteuse et est estimée à 35,4 DT pour les coûts dynamiques de fonctionnement et 146,0 DT/tonne pour
les coûts dynamiques totaux (fonctionnement et investissement).

• Scénario 6 pour le compostage confiné qui consiste à une dégradation partielle de putrescibles sous
l’action de micro-organismes en milieu aérobique en l’équipant d’un bâtiment confiné avec un traitement
de gaz de fermentation. Cette réaction produit du compost, mais non pas de l’énergie. Cette option
dans l’APS de GIZ/SWEEP-Net (2013) est considérée la plus coûteuse et est estimée à 142,6 DT/tonne
pour les coûts dynamiques de fonctionnement et 751,4 DT/tonne pour les coûts dynamiques totaux
(fonctionnement et investissement).

53
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 7.1 : Analyse Coût/Avantage des scénarios avec/sans réduction de recettes touristiques,


millions de DT
Scénario 1 Scénario 2 Scénario 2 Scénario 3 Scénario 4 Scénario 5 Scénario 6
Indicateurs Option 1 Option 2 Coûts Tot. Coûts Tot.
2 ans 5 ans 5 ans 5 ans 5 ans 5 ans 5 ans

Sans réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de DT) 6,3 0,2 1,4- 2,7 0,5- 21,7- 132,7-

TRI (±%) >%100 %8- <%0 >%100 <%0 <%0 <%0

Ratio VA Avantage/Coût 3,9 1,0 0,9 1,3 1,0 0,2 0,0

Rentabilité du projet Oui Non Non Oui Non Non Non

Avec réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de DT) 5,4- 11,6- 14,5- 17,0- 13,7- 33,4- 144,5-

TRI (±%) <%0 <%0 <%0 <%0 <%0 <%0 <%0

Ratio VA Avantage/Coût 0,6 0,5 0,4 0,4 0,4 0,1 0,0

Rentabilité du projet Non Non Non Non Non Non Non


Source : Auteurs.

Par ailleurs, à l’exception du scénario 1 d’urgence dont la durée est sur 2 ans afin de débarrasser dans
les plus brefs délais Houmt Souk de ses déchets qui moisissent dans les rues et éviter des explosions
dans les décharges sauvages, les autres 5 scénarios sont sur 5 ans pour mieux pouvoir les comparer. Une
plus grande durée de vie pourrait être envisagée pour ces 5 scénarios, mais il est peu probable que les
résultats ne changent de façon drastique.

Des analyses Coût/Avantage ont été effectuées et les résultats sont présentés dans le Tableau 7.1 et
Figure 7.1. Deux des 6 scénarios sont rentables lorsque la réduction possible des recettes touristiques
de 2,5 % n’est pas considérée. Si elles sont considérées, aucun des 6 scénarios n’est rentable ou plutôt
n’absorberait cette possible réduction. Pour les scénarios rentables, les VAN varient entre 2,7 à 6,4
millions de DT, un TRI de plus de 100 %, car les avantages échoient immédiatement et un ratio de la VA
des avantages/coûts variant entre 1,3 et 3,9 (Tableau 7.2).

Figure 7.1 : Analyse Coût/Avantage de certaines interventions dans le Grand Tunis, 2015-19, millions de DT
tion - Millions d C/A d
es scenario
staura eD VA s
a re T la
l de
de io
7 6,4
t
s

Ra

25
rio

VAN: Millions de DT
&
na

Investissement 2015 Ratio de la VA C/A


VAN
Sce

Restauration 2014 5 3,9


20 2,7
VA de l'Investissement
Millions de DT

VA de la Restauration 2 1,0 1,3


0,9 1,0
15 0,2 0,2 0,0
-1
-0,5
-1,3
10
-3

5 -6

- 33,4 -132,7
-8
0 Scenario 1 Scenario 2a Scenario 2b Scenario 3 Scenario 4 Scenario 5 Scenario 6
Scenario 1 Scenario 2a Scenario 2b Scenario 3 Scenario 4 Scenario 5 Scenario 6
Oui Non Non Oui Non Non Non Oui Non Non Oui Non Non Non

54
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau 7.2 : Coût de la restauration à Djerba sans réduction des recettes touristiques, 2015-19,
millions de DT
Dégradation Restauration VAN de l’Investissement VAN de la Restauration
2015 2015
Interventions
Millions de DT

Scénario 1 1,5 6,7 2,2 8,6

Scénario 2a 5,6 5,8 12,2 12,4

Scénario 2b 5,8 5,8 13,8 12,4

Scénario 3 4,4 5,8 9,5 12,2

Scénario 4 1,8 4,2 5,6 5,6

Scénario 5 (coût total) 6,9 4,2 26,8 5,6

Scénario 6 (coût total) 35,3 4,2 137,7 5,6


Source : Auteurs.

7.2 Scénario 1 d’urgence


Le scénario 1 d’urgence consiste à rétablir la collection de Houmt Souk et aménager une décharge
contrôlée provisoire et équiper les décharges sauvages avec un dégazage passif.

L’aménagement d’une décharge contrôlée provisoire de 1 ha pour les déchets de 20.311 tonnes/an
(augmentation de 1,6 %/an) de Houmt Souk pour un coût d’investissement de 0,276 million de $ EU, qui
ne comprend pas le prix du terrain qui devrait être avancé par la commune, ainsi qu’un coût d’exploitation
de 0,276 million de $ EU par an. La moins-value des terrains avoisinants n’est pas considérée. Le coût
d’investissement de la méthanisation passive se monte à 55.310 $ EU pour chacune des 5 décharges
sauvages de Djerba (voir Tableau 6.9). Dans les deux interventions envisagées, l’exploitation des
investissements commence à la mi-2015, et ce, pour 1,5 an.

Le coût de la reprise de la collecte par la commune de Houmt Souk n’est pas inclus dans ce scénario
comme c’est un service qui fonctionne d’office. Cependant, l’optimisation de la collecte, qui reste à
envisager du fait de la surcapacité de la collecte pour répondre à la forte demande saisonnière, n’est pas
considérée dans ce cas de figure.

Les avantages incluent les coûts associés aux déchets non-collecte à Houmt Souk (l’équivalent de 1 %
du revenu disponible des ménages sur 1,5 an qui se monte à 1,05 million de $ EU en 2014) ainsi que les
coûts associés au nettoyage requis des déchets collectés et non collectés jetés dans la nature pour Houmt
Souk uniquement et qui se monte à 0,75 million de $ EU pour 1 an et demi ou l’équivalent de 34.500 m2 de
nettoyage évité. Par ailleurs, le consentement à payer pour la pollution visuelle et olfactive peut aussi être
considéré comme un avantage (0,2 million de $ EU).

Les avantages associés à la méthanisation passive sont difficilement quantifiables, mais éviteraient des
explosions qui pourraient faire des dégâts et des victimes.

L’intervention est rentable avec un VAN de 3,5 millions de $ EU, un TRI de plus de 100 % et un ratio de la
VA des avantages/coûts de 3,9 (Tableau 7.3) sans considérer la réduction de recettes touristiques de 2,5 %
en 2015 par rapport à 2014.

55
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions
deviennent non-rentable avec un VAN de -3,0 millions de $ EU, un TRI négatif et un ratio de la VA des
avantages/coûts de 0,6 (Tableau 7.3). Il va sans dire les résultats seraient encore plus mauvais avec une
diminution des recettes de plus de 2,5 %.

Tableau 7.3 : Analyse Coût/Avantage du Scénario 1, 2015, millions de $ EU


Critère de rentabilité
Indicateurs Scénario 1 : d’Urgence
(taux d’escompte à 10% sur 2 ans)

Sans réduction de recettes touristique en 2015 6,7

VAN (Millions de $EU) >0 3,5

TRI (±%) ≥10% >100%

Ratio VA Avantage/Coût >1 3,9

Rentabilité du projet Oui

Avec réduction de recettes touristique en 2015 4,2

VAN (Millions de $EU) >0 -3,0

TRI (±%) ≥10% <0

Ratio VA Avantage/Coût >1 0,6

Rentabilité du projet Non


Source : Auteurs.

7.3 Scénario 2 pour le transport des déchets en dehors de Djerba


Le Scénario 2 pour le transport des déchets en dehors de l’île de Djerba consiste à transporter les déchets
des centres de transfert à la décharge contrôlée de Bouhamed à Médenine sur le continent. Ceci concerne
la reprise des activités des centres de transfert de Djerba ainsi que le transport des déchets de Djerba et
leur enfouissement à la décharge contrôlée de Bouhamed sur le continent (voir l’Annexe III pour le calcul
du transport et de l’enfouissement de la tonne).

Tableau 7.4 : Coût du transfert, transport et de l’enfouissement à Guellala et à Bouhamed,


$ EU/tonne
Option 1 : Coût Option 2 : Coût
de transport vers de transport
Coût de Coût fixe à la Coût variable à la
Indicateurs Bouhamed vers Bouhamed Total
Transfert décharge décharge
Avec 2 camions Avec 4 camions
et 17 caissons et 23 caissons

Coût Guellala
7,8 7,4 6,9 22,2
($EU/tonne)
Coût
Bouhamed 7,8 8,1 13,5 7,4 5,8 29,1-34,5
($EU/tonne)
Note : le coût fixe de la décharge de Guellala a été considéré pour la décharge de Bouhamed. Source : Annexe III.

Une première option consiste à utiliser 2 camions Ampliroll et 17 caissons alors que la seconde option
opte pour 4 camions et 23 caissons. Le coût se monte a 8,1 et 13,5 $ EU/tonne respectivement. Pour ce qui
est de l’enfouissement : les investissements au titre d’un nouveau casier (0,33 million de $ EU ainsi que
la mise à niveau du traitement des lixiviats et du torchage des gaz [2,1 millions de $ EU] sont considérés
pour pouvoir accommoder le surplus de déchets venant de Djerba ; et le coût fixe par tonne de déchets de
la décharge de Guellala a été considéré pour la décharge de Bouhamed alors que le coût variable atteint

56
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

5,8 $ EU. Ces montants sont à ajouter à la gestion des centres de transfert, soit, 7,8 $ EU/tonne. Ainsi, le
coût avec 2 camions et 17 caissons augmente de 31 % et 55 % par rapport à celui de Guellala : 29,1 et 34,5
respectivement contre 22,2 $ EU/tonne. Toujours est-il que ces montants sont des coûts encourus même
s’il faut défalquer 3 $ EU/tonne au titre des redevances payées par les communes de Djerba à l’ANGed.
Par ailleurs, une augmentation de 1,6 %/an est considérée concernant les déchets à traiter qui s’élèvent
à 45.700 tonnes/an en 2015. L’exploitation des investissements commence à la mi-2015, et ce, pour 5 ans.

Les avantages sont exactement ceux du Scénario 1, car les déchets sont collectés à Houmt Souk, le coût
de nettoyage de tous les déchets est évité et la pollution visuelle disparaît après 6 mois. Par ailleurs, une
plus-value des terrains avoisinant Guellala est préconisée. L’investissement est sur 5 ans et l’exploitation
commence à la mi-2015.

Les deux options ne sont pas rentables avec un VAN de 0,1 et -0,8 million de $ EU respectivement, un
TRI négatif dans les deux cas et un ratio de la VA des avantages/coûts de moins de 1 dans les deux cas
[Tableau 7.5]. Dans les deux cas, la réduction de recettes touristiques de 2,5 % en 2015 par rapport à 2014
n’est pas considérée.

Tableau 7.5 : Analyse Coût/Avantage du Scénario 2, 2015, millions de $ EU


Critère de rentabilité Scénario 2 : Transport des déchets en dehors de
Indicateurs (taux d’escompte à 10% sur 5 ans) Djerba
Option 2 camions Option 4 camions
et 17 caissons et 23 caissons

Sans réduction de recettes touristique en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 0,1 -0,8

TRI (±%) ≥10% -8% <10%

Ratio VA Avantage/Coût >1 1,0 0,9

Rentabilité du projet Non Non

Avec réduction de recettes touristique en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 -6,4 -8,0

TRI (±%) ≥10% <0 <0

Ratio VA Avantage/Coût >1 0,5 0,4

Rentabilité du projet Non Non


Source : Auteurs.

Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré ces deux investissements, les deux options
deviennent non-rentables avec un VAN de -6,4 et -8.0 millions de $ EU, un TRI négatif et un ratio de la VA
des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.5].

7.4 Scénario 3 pour la réouverture de Guellala


Le Scénario 3 consiste en la réouverture de Guellala et la remise en marche de la décharge sur 5 ans
selon le schéma d’avant 2012 en attendant de trouver une solution permanente et acceptable par toutes
les parties.

L’investissement consiste à couvrir les dégâts [1,6 million de $ EU] et l’excavation d’un nouveau casier
[0,33 million $ EU].

57
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Les coûts de 22,2 $ EU/tonne seront couverts par l’ANGed et les communes soit, 3 $ EU/tonne au titre des
redevances payées par les communes de Djerba à l’ANGed. Par ailleurs, une augmentation de 1,6 %/an
est considérée concernant les déchets à traiter qui s’élèvent à 45.700 tonnes/an en 2015. L’exploitation des
investissements commence à la mi-2015, et ce, pour 5 ans.

Les avantages sont exactement ceux du Scénario 2, car les déchets seront collectés aussi à Houmt Souk,
le coût de nettoyage de tous les déchets est évité et la pollution visuelle disparaît. L’investissement est sur
5 ans et l’exploitation commence à la mi-2015.

L’intervention est rentable avec un VAN de 1,5 million de $ EU, un TRI de plus de 100 % et un ratio de la VA
des avantages/coûts de 1,3 [Tableau 7.6] sans considérer la réduction de recettes touristiques de 2,5 % en
2015 par rapport à 2014.

Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions
deviennent non-rentables avec un VAN de -5,1 millions de $ EU, un TRI négatif et un ratio de la VA des
avantages/coûts de 0,6 [Tableau 7.6].

Tableau 7.6 : Analyse Coût/Avantage du Scénario 3, 2015, millions de $ EU


Critère de rentabilité
Indicateurs Scénario 3 : Réouverture de Guellala
(taux d’escompte à 10% sur 5 ans)

Sans réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 1,5

TRI (±%) ≥10% >100%

Ratio VA Avantage/Coût >1 1,3

Rentabilité du projet Oui

Avec réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 -5,1

TRI (±%) ≥%10 <0

Ratio VA Avantage/Coût >1 0,6

Rentabilité du projet Non


Source : Auteurs.

7.5 Scénario 4 pour un plan rapide pour la réduction des déchets


Le Scénario 4 pour un plan rapide pour la réduction des déchets consiste à considérer le projet de 2014-
2016 développé par la GIZ en 2013 pour le recyclage et le compostage avec un enfouissement de classe 2.
Des 45.700 tonnes en 2015, le projet envisage de composter et recycler 55 % du total généré par an sur
3,5 ans.

Cinq points de collecte doivent être créés au nord de l’île de Djerba où les hôtels devront assumer le
transfert de leurs ordures vers ces 5 points. Les communes se chargeront de collecter les déchets
ménagers et le balayage des rues. Le centre de traitement des déchets à Melita devrait être ré-ouvert.
Les déchets organiques et recyclables seront séparés et un enfouissement communal pour les déchets
résiduels.

58
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Le coût total du projet sur 1,5 an se monte à 2,55 millions de $ EU et la durée de fonctionnement est de 3,5
ans. Les investissements se montent à 1,8 million de $ EU et comprennent notamment : le centre de Melita
avec 8 cellules de compostage semi-confinées, un hangar de tri d’une surface de 800 m2 et une plateforme
de 3.000 m3 ; tri sélectif ; investissement utile et de secours pour les déchetteries ; investissements TRVI ;
subventions des investissements par les hôtels.

Les coûts de fonctionnement se montent à 0,55 million de $ EU par an sur 3,5 ans dont notamment
l’exploitation du centre de Melita qui sera à la charge des communes avec une charge de fonctionnement
de 0,061 million de $ EU.

Le plan de sensibilisation atteint 0,18 $ EU. Une sensibilisation et des formations sont comprises dans le
projet avec un calendrier bien précis.

Les avantages sont exactement ceux du Scénario 2, mais avec un décalage de 1,5 an, car les déchets
de Houmt Souk ne seront collectés que dans 1,5 an, le coût de nettoyage de tous les déchets est évité
dans 1,5 an et la pollution visuelle ne disparaît que dans 1,5 an. De plus, le recyclage et le compostage
permettront de faire rentrer des fonds estimés à 0,44 million de $ EU/an. Le projet est sur 5 ans dont 3,5
ans d’exploitation et commence à la mi-2016 s’il est lancé début 2015.

L’intervention n’est pas rentable avec un VAN de -0,3 million de $ EU, un TRI de moins de 10 % et un ratio
de la VA des avantages/coûts de 1,0 [Tableau 7.7] sans considérer la réduction de recettes touristiques de
2,5 % en 2015 par rapport à 2014.

Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions sont
aussi non-rentables avec un VAN de -6,8 millions de $ EU, un TRI négatif et un ratio de la VA des avantages/
coûts de 0,3 [Tableau 7.7].

Tableau 7.7 : Analyse Coût/Avantage du Scénario 4, 2015, millions de $ EU


Critère de rentabilité Scénario 4 : Pour un plan rapide pour la
Indicateurs (taux d’escompte à 10% sur 5 ans) réduction des déchets

Sans réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 -0,3

TRI (±%) ≥10% <10%

Ratio VA Avantage/Coût >1 1,0

Rentabilité du projet Non

Avec réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 -6,8

TRI (±%) ≥%10 <0

Ratio VA Avantage/Coût >1 0,3

Rentabilité du projet Non


Source : Auteurs.

59
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

7.6 Scénario 5 pour la méthanisation simple


Le Scénario 5 pour la méthanisation simple avant compostage avec une capacité de 40.000 tonnes/
an consiste à considérer l’option la moins élevée du coût dynamique partiel [fonctionnement] et total
[fonctionnement et investissement] de 19,6 et 80,8 $ EU la tonne respectivement retenu dans l’APS de GIZ/
SWEEP-Net [2013] pour l’ensemble des déchets générés de 45.700 tonnes en 2015 avec une croissance
annuelle de 1,6 %.

Tableau 7.8 : Analyse Coût/Avantage du Scénario 5, 2015, millions de $ EU


Critère de rentabilité Scénario 5 : Méthanisation simple
Indicateurs (taux d’escompte à 10% sur 5 ans) Coûts d’investissement
Coûts de fonctionnement et de fonctionnement

Sans réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 -0,8 12,0-

TRI (±%) ≥10% <10% <%10

Ratio VA Avantage/Coût >1 0,9 0,2

Rentabilité du projet Non Non

Avec réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 -7,3 18,5-

TRI (±%) ≥%10 <10% <%10

Ratio VA Avantage/Coût >1 0,3 0,1

Rentabilité du projet Non Non


Source : Auteurs.

Les avantages sont exactement ceux du Scénario 2, mais avec un décalage de 1,5 an, car les déchets
de Houmt Souk ne seront collectés que dans 1,5 an, le coût de nettoyage de tous les déchets est évité
dans 1,5 an et la pollution visuelle ne disparaît que dans 1,5 an. De plus, le recyclage et le compostage
permettra de faire rentrer des fonds estimés à 0,44 million de $ EU/an. Le projet est sur 5 ans dont 3,5 ans
d’exploitation et commence à la mi-2016 s’il est lancé début 2015.

Les interventions ne sont pas rentables avec un VAN de -0,8 et -12,0 millions de $ EU respectivement,
des TRI de moins de 10 % et des ratios de la VA des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.8] sans
considérer la réduction de recettes touristiques de 2,5 % en 2015 par rapport à 2014.

Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions sont
aussi non-rentables avec un VAN de -7,3 et -18,5 millions de $ EU respectivement, des TRI négatifs et des
ratios de la VA des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.8].

7.7 Scénario 6 pour le Compostage confiné


Le Scénario 6 pour le compostage confiné consiste à considérer l’option la plus élevée du coût dynamique
partiel [fonctionnement] et total [fonctionnement et investissement] de 78,9 et 415,6 $ EU la tonne
respectivement retenu dans l’APS de GIZ/SWEEP-Net [2013] pour l’ensemble des déchets générés de
45.700 tonnes en 2015 avec une croissance annuelle de 1,6 %.

60
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Les avantages sont exactement ceux du Scénario 2, mais avec un décalage de dans 1,5 an, car les déchets
de Houmt Souk ne seront collectés que dans 1,5 an, le coût de nettoyage de tous les déchets est évité
dans 1,5 an et la pollution visuelle ne disparaît que dans 1,5 an. De plus, le recyclage et le compostage
permettra de faire rentrer des fonds estimés à 0,44 million de $ EU/an. Le projet est sur 5 ans dont 3,5 ans
d’exploitation et commence à la mi-2016 s’il est lancé début 2015.

Tableau 7.10 : Analyse Coût/Avantage du Scénario 6, 2015, millions de $ EU


Critère de rentabilité Scénario 6 : Compostage confiné
Indicateurs (taux d’escompte à 10% sur 5 ans) Coûts d’investissement
Coûts de fonctionnement et de fonctionnement

Sans réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 -11,6 -73,4

TRI (±%) ≥10% <10% <10%

Ratio VA Avantage/Coût >1 0,2 0,0

Rentabilité du projet Non Non

Avec réduction de recettes touristiques en 2015

VAN (Millions de $EU) >0 -18,2 -79,9

TRI (±%) ≥10% <10% <10%

Ratio VA Avantage/Coût >1 0,1 0,0

Rentabilité du projet Non Non


Source : Auteurs.

Les interventions ne sont pas rentables avec un VAN de -11,6 et -73,4 millions de $ EU respectivement,
des TRI de moins de 10 % et des ratios de la VA des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.10] sans
considérer la réduction de recettes touristiques de 2,5 % en 2015 par rapport à 2014.

Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions sont
aussi non-rentables avec un VAN de -18,2 et -79,9 millions de $ EU respectivement, des TRI négatifs et
des ratios de la VA des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.10].

7.8 Conclusions
Il ne fait aucun doute que les résultats des analyses coût/avantage apportent des éclaircissements
concernant deux aspects importants des scénarios, mais chaque scénario nécessitera la considération de
comportement des individus qui cherchent à promouvoir les avantages collectifs lorsqu’ils sont confrontés
à des dilemmes sociaux :

• Les scénarios du compostage et du recyclage ne sont pas rentables même en ne considérant que les
coûts de fonctionnement, et des économies d’échelles devraient être envisagées afin de déterminer les
volumes nécessaires en associant d’autres communes du gouvernorat de Médenine continentales et
insulaires permettant ainsi de réaliser des taux acceptables de rentabilité ;
• Lorsque la réduction des recettes du tourisme de 2,5 % est ajoutée aux coûts dans l’analyse Coût/
Avantage, tous les scénarios deviennent non rentables et n’absorbent en aucun cas la baisse des
recettes. En d’autres termes, le facteur temps est essentiel afin de réduire le risque de contraction
des recettes touristiques de l’île en 2015. Pour réduire ce risque, le seul investissement capable d’être
réalisé en 6 mois est le Scénario 1 d’urgence ;

61
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

• Pour ce qui est du Scénario 3 pour la réouverture de Guellala, il demeure la seule solution réaliste avec
un rendement économique positif ;
• Concernant le Scénario 2 pour transporter les déchets à Bouhamed, les deux options de ce Scénario ne
sont pas rentables surtout qu’il est nécessaire de creuser et équiper un nouveau casier ainsi que mettre
à niveau le torchage. De plus, les habitants des communes desservies par Bouhamed ont déjà fait part
de leur refus d’accueillir les déchets de Djerba. Et puis, la fragilité du pont romain reliant Djerba au
continent risque de ne pas supporter le poids des camions Ampliroll.

Dans un premier temps, il est impératif d’aller immédiatement de l’avant concernant le Scénario 1
d’urgence pour assurer un semblant de retour à la normale quant aux déchets dans les rues à Houmt
Souk et prévenir le désenchantement des touristes pour ce qui de la pollution visuelle et olfactive. Par
ailleurs, ce scénario demeure celui qui a le plus de chance de renverser la vapeur quant au risque de
réduction des touristes sur l’île.

Sur le court terme, le scénario 3 mérite d’être débattu et arbitré par les parties prenantes puisqu’il est le
seul à être justifié sur des bases économiques avant de trouver une solution satisfaisante à moyen terme.

Pour le Scénario 2 Options 1 et 2, l’analyse économique ne justifie pas ces alternatives. Même si ces
derniers étaient justifiés, ceci présupposerait que les communes et les habitants desservis par la décharge
contrôlée de Bouhamed acceptent la réception des déchets de Djerba et que la route puisse accommoder
le va-et-vient des camions. Cependant, ces deux conditions ne sont même pas remplies à cause d’une
part de la résistance affichée par les habitants des communes avoisinant la décharge de Bouhamed et
d’autre part de la fragilité du pont romain reliant l’île au continent.

Sur le moyen terme, les scénarios 4 à 6 ne doivent être considérés que dans le cadre d’une stratégie au
niveau national afin de réaliser les économies d’échelle nécessaires afin de justifier de tels investissements.

Par ailleurs, les dégâts environnementaux nécessiteront des investissements additionnels pour la
réhabilitation des décharges sauvages qui ne sont pas pris en compte dans les 6 scénarios.

62
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

8.Conclusions Générales
et Recommandations

8.1 Conclusions générales


Le diagnostic et les analyses, qui ont été développés dans les précédents chapitres, permettent d’arriver
à 9 conclusions d’ordre général :

1) La problématique des déchets ménagers dans l’île de Djerba est déplorable surtout à Houmt Souk. Ce
qui est encore plus déplorable sont les divisions sociales internes, l’absence d’altruisme et le manque
de confiance des différentes parties prenantes, y compris la communauté locale et l’administration
régionale et centrale.

2) Le dispositif de communication a été mal appréhendé dès le début de la crise à cause du manque
d’implication et d’information transparente avec les populations concernées. Cette faiblesse de
communication a créé un sentiment profond que les autorités locales et nationales veulent imposer de
force sans garantir à tous les citoyens l’information et la concertation pertinentes. Cette communication
est survenue aussi trop tard en espérant que les oppositions n’auront pas le temps de se former
pendant la décision par l’ANGed de renouveler le contrat de l’opérateur SEGOR au-delà de son contrat
initial de cinq ans. Lors de la crise, la communication a pris un revers trop technique par des cadres
non spécialisés dans la communication, et les explications n’ont pas toujours été données dans des
termes « qui parlent à tout le monde ». Finalement les promesses et affirmations formulées n’ont pas
été respectées de part et d’autre. Les citoyens n’ont pas oublié les promesses non tenues même si elles
sont orales, et les autorités sont négativement évaluées et jugées en fonction de leurs déclarations.

3) Cette problématique pourra avoir des répercussions économiques et financières qui affecteront
principalement les Djerbiens. Une diminution des recettes du tourisme, principale source de revenus
finira par affecter les revenus des citoyens eux-mêmes. En effet, la baisse du nombre de touristes et
de nuitées en 2013 par rapport à 2010 est plus prononcée à Djerba-Zarzis que l’ensemble de la Tunisie
surtout pour le nombre de touristes (-13,0 % contre -9,2 %). Aussi, les touristes européens sont en
baisse en nombre et en nuitée à Djerba-Zarzis. Si cette tendance continue, la situation économique
pourra s’aggraver. Par ailleurs, le chômage s’est aggravé depuis 2011 et touche surtout les diplômés
et les femmes. De plus, les activités économiques directement liées au tourisme seront affectées
avec une baisse des tourismes telle que le volume et les prix de marché du poisson du gouvernorat de
Médenine qui sont directement liés à l’activité touristique.

4) Les répercussions environnementales ont été estimées pour la première fois en valeur monétaire. Le
coût de la dégradation de l’environnement de Djerba due aux déchets ménagers a atteint 14,1 millions
de DT ou 7,8 millions de $ EU en 2014. Le résultat moyen est équivalent à 1,1 % du PIB de Djerba et
0,02 % du PIB national de Tunisie en 2014. En plus, les pertes d’opportunité qui auraient pu être une
source de revenus additionnelle aux budgets municipaux et au Trésor public s’élèvent à 3,7 millions de
DT ou 2,1 millions de $ EU équivalent à 0,004 % du PIB tunisien en 2014.

63
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

5) Depuis la perturbation du système de gestion des déchets ménagers, l’île de Djerba contribue à
elle seule à hauteur de 50 % du coût de le dégradation du Grand Tunis (Tunis, Ariana, Ben Arous et
Manouba). En effet 45.700 tonnes de déchets ménagers générés à Djerba avec une population de
160.000 habitants et 1 million de touristes engendrent un coût de la dégradation de 14,1 millions de DT
équivalent à 0,02 % du PIB tunisien en 2014. En revanche, 600.000 tonnes de déchets ménagers dans
le Grand Tunis avec une population de 2,5 millions d’habitants et 0,8 million de touristes engendrent
un coût de la dégradation de 31,3 millions de DT équivalent à 0,04 % du PIB tunisien en 2012.

6) Le coût de la dégradation de l’environnement par habitant à Djerba, estimé à 88 DT est d’environ 6,7
fois le coût de la dégradation de l’environnement par habitant du Grand Tunis estimée à 13 DT/habitant.
La comparaison du coût de la dégradation de l’environnement en tonnage de déchets ménagers est
aussi sérieuse. Le coût de la dégradation par tonne enfouie à Djerba et estimée à 234 DT/tonne est
4,5 fois plus élevé que le coût de la dégradation par tonne enfouie dans le Grand Tunis et estimée à
52 DT/tonne. Alors que le coût de la gestion des déchets ménagers est estimé à Djerba à 100 DT/tonne,
ce coût est de 44,5 % moins que coût de la dégradation de l’environnement, ce qui signifie que cette
gestion ne peut être ni efficace, ni efficiente, ni durable.

7) L’analyse coût/avantage des six scénarios de restauration avec leurs déclinaisons dont quatre ont été
proposés dans l’avant-projet sommaire (APS, 2013) et approuvés par les trois communes de Djerba,
ont montré que économiquement, il n’existe pas une solution « miracle » pour résoudre le problème
épineux des déchets ménagers à Djerba dans une fourchette de cinq ans.

8) Les analyses des coûts de restaurations ont aussi montré que la situation pourra empirer au cas où la
mauvaise gestion des déchets entraînera en 2015, une diminution de 2,5 % du nombre de touristes par
rapport à 2013-2014. Dans ce cas, tous les six scénarios seront économiquement non viables, d’où la
nécessité de mener une action urgente dans les six premiers mois de l’année 2015.

9) Dans le cas où la réduction possible des recettes touristiques de 2,5 % n’est pas considérée, c’est-à-
dire que le nombre de touristes et nuitées sont semblables à ceux de 2013 et 2014, deux scénarios sont
uniquement rentables, ce sont :

a. Scénario 1 d’urgence : rétablir la collection de Houmt Souk et aménager une décharge contrôlée
provisoire de 2 ans et équiper les décharges sauvages avec une dégazification passive. La valeur
ajoutée nette est de 6,4 millions de DT, et le ratio de valeur actualisée des coûts/avantages est de
3,9.

b. Scénario 3 Réouverture de la décharge de Guellala pendant cinq ans selon le schéma d’avant 2012
en attendant de trouver une solution permanente et acceptable par toutes les parties. La valeur
ajoutée nette est de 2,7 millions de DT, et le ratio de valeur actualisée des coûts/avantages est de
1,3.

8.2 Recommandations
Sur la base de l’analyse des coûts de la dégradation et de restauration, les recommandations suivantes
sont proposées :

64
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Sur le Plan opérationnel :

- Procéder au scénario d’urgence pour Houmt Souk qui consiste à rétablir la collecte des déchets
municipaux de Houmt Souk et aménager une décharge contrôlée provisoire de 24 à 48 mois et équiper
les décharges sauvages avec un système de dégazage passif. Cette action est la plus économiquement
rentable et aura un impact positif sur le tourisme.

- Engager les services d’un opérateur international de renom pour la conception-construction-opération


(DBO) de cette décharge. Ce type de contrat a été retenu dans l’APS (2013) revu par les trois communes.

- Engager les services d’un bureau d’engineering pour la supervision du contrat de conception-
construction-opération.

Sur le Plan financier :

- Solliciter la contribution de la Fédération régionale des Hôteliers et de la FTAV pour le financement de


la décharge contrôlée provisoire pour un coût d’investissement et d’exploitation de deux ans d’environ
1,5 million de DT. Afin de pouvoir procéder le plus vite possible à l’octroi du marché et de la mise en
œuvre de cette mesure d’urgence, il est suggéré que cet investissement soit financé entièrement par le
secteur privé sans l’intervention financière de l’État avec une exemption future de la taxe hôtelière dont
les modalités restent à définir. Cette dernière se chargera uniquement de fournir les permis requis par
la réglementation tunisienne. Il est recommandé que la Fédération régionale des Hôteliers, à travers la
création d’un groupement d’intérêt économique ou d’une société de projet, signe le contrat clé en main
avec le bureau-conseil/operateur alors que les trois communes signent le contrat de supervision avec
le bureau d’engineering qui sera financé par l’ANGed ou le Secrétariat d’État chargé du développement
durable.

- Au niveau de la coopération et de l’équité entre les 3 communes, le déséquilibre des recettes fiscales
du secteur hôtelier (Houmt Souk et Midoun au détriment de Ajim) entre les trois communes demeure
un point de litige non déclaré nécessitant un arbitrage du gouvernement central afin d’arriver à une
juste redistribution des recettes fiscales contribuant à la restauration de la confiance au sein de l’île.

Sur le Plan social :

- Engager les services d’un bureau-conseil international pour la résolution des conflits et pour la
communication avec les citoyens et qui sera financé par le Secrétariat d’État chargé du Développement
durable. Vu le manque de confiance, l’État ne peut pas être le communicateur impartial puisqu’il est
lui-même partie prenante dans le conflit.

Sur le plan du Support technique :

Assurer qu’une agence internationale, bailleur de fonds ou institution financière internationale fournisse
un support technique pour :

- Identifier un expert international de renom pour le choix des sites et des techniques pour la gestion des
déchets à Djerba.

- Identifier les bureaux-conseil/opérateurs susceptibles d’être engagés pour la décharge provisoire et


assurer une performance conformément à des standards internationaux.

65
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

- Assister la Fédération régionale des Hôteliers, la Fédération Régionale des Hôteliers et la FTAV pour
la préparation et la revue des APDs et des dossiers d’appel d’offres.

- Superviser le bureau-conseil pour la résolution des conflits et la communication avec les citoyens.

- Les dégâts environnementaux marginaux nécessiteront des investissements additionnels pour la


réhabilitation des décharges sauvages.

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

9. RÉFÉRENCES

• Banque Mondiale. 2010. La Génération des Bénéfices Environnementaux pour Améliorer la Gestion des
Bassins Versants en Tunisie. République Tunisienne. Rapport No 50192 – TN. Bureau Régional Moyen-
Orient & Afrique Du Nord Département Développement Durable. Washington, D.C.

• Bassi, S. (IEEP), P. ten Brink (IEEP), A. Farmer (IEEP), G. Tucker (IEEP), S. Gardner (IEEP), L. Mazza
(IEEP), W. Van Breusegem (Arcadis), A. Hunt (Metroeconomica), M. Lago (Ecologic), J. Spurgeon (ERM),
M. Van Acoleyen (Arcadis), B. Larsen and, F. Doumani. 2011. Benefit Assessment Manual for Policy
Makers: Assessment of Social and Economic Benefits of Enhanced Environmental Protection in the
ENPI countries. A guiding document for the project ’Analysis for European Neighbourhood Policy (ENP)
Countries and the Russian Federation on social and economic benefits of enhanced environmental
protection’. Brussels.

• Centre d’analyse stratégique. 2009. La valeur tutélaire du carbone. Rapports et documents N.16/2009 -
Rapport de la commission présidée par Alain Quinet. Paris.

• Centre for Development and Environment (CDE). 2009. Benefits of sustainable land management.
University of Bern. UNCCD, WOCAD, and others. Bern.

• European Environment Agency (EEA). Undated: glossary.eea.europa.eu

• Lindhjem and Navrud. 2010. Meta-analysis of stated preference VSL studies: Further model sensitivity
and benefit transfer issues. Prepared by Henrik Lindhjem, Vista Analyse, Norway, and Ståle Navrud,
Department of Economics and Resource Management, Norwegian University of Life Sciences, Working
Party on National Environmental Policies, OECD.

• MA - Millennium Ecosystem Assessment. 2005. Ecosystems and Human Well-being: Biodiversity


Synthesis. World Resources Institute, Washington, D.C. www.millenniumassessment.org/documents/
document.354.aspx.pdf

• Matthews, E. and Themelis, N.J. 2007. Potential for Reducing Global Methane Emissions From Landfills,
2000-2030, Sardinia 2007, Eleventh International Waste Management and Landfill Symposium. NASA
Goddard Institute for Space Studies, Earth Engineering Center, Columbia Univ. Boston.

• Mediterranean Environmental Technical Assistance Program (METAP). 2009. Coastal Legal and
Institutional Assessment and Environmental Degradation, Remedial and Averted Cost in Coastal
Northern Lebanon. Funded by EC SMAP III and The Ministry of Foreign Affairs of Finland. Washington,
D.C.

• Nelson, J. 1978. «Residential choice, hedonic prices, and the demand for urban air quality». Journal of
Urban Economics 5 (3): 357–369.

• Nordhaus, William. 2001. “Global Warming Economics.” Science. 294(5545): 1283-1284. Nordhaus,
William. 2011. “Estimates of the Social Cost of Carbon: Background and Results from the RICE-2011
Model.” NBER Working Paper No. 17540. Oct 2011.

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

• RDC Environment. 2011. Evaluation Contingente du Coût des Désagréments Visuels Causés par les
Cannetes dans les Déchets Sauvages en Wallonie. Rapport Final. Etude pour l’Office Wallon des Déchets.

• ten Brink, P. and S. Bassi. 2008. Benefits of Environmental Improvements in the European Neighbourhood
Policy (ENP) Countries – A Methodology. A project working document for DGENV.

• Van Acoleyen, M., and A. Baouendi. 2011. Analysis for European Neighbourhood Policy (ENP) Countries
and the Russian Federation of social and economic benefits of enhanced environmental protection –
Tunisia Country Report, funded by the European Commission. Brussels.

• World Bank. 2004. Cost of Environmental Degradation – The Case of Lebanon and Tunisia. Environmental
Economics Series. Paper number 97. Edited by M. Sarraf. M. Oweygene and B. Larsen. Washington, D.C.

• World Bank. 2010. Lebanon Country Environmental Analysis. Washington, D.C.

• World Bank. 2013. World Development Indicators. Washington, D.C.

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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

10. aNNEXE I METHODES SPECIFIQUES POUR


L’EVaLUaTION DES COUTS DE La DEGRaDaTION
DES SOUS-CaTEGORIES DECHETS

Collecte
Lorsque les déchets ne sont pas correctement collectés, ils créent des externalités négatives en termes de
nuisance et de risques sanitaires. En règle générale, un chiffre de 1 % du revenu disponible des ménages
dans les zones où il n’y a pas de collecte est utilisé comme un guide pour déterminer le coût. Source : Les
personnes sans couverture seront fournies par SWEEP-Net /GIZ et le WDI de la Banque mondiale sera
utilisé pour le revenu disponible.

Décharge
Le coût de nettoyage par volume (m3) de déchets générés qui ne sont pas recyclés ou bien mis en décharge
sera considéré. La même population sans couverture sera considérée et les déchets produits par habitant
seront dérivés de SWEEP-Net /GIZ. Les hypothèses suivantes sont utilisées :

• La profondeur de la décharge est en moyenne de 1 mètre;


• La densité moyenne de déchets immergés est de 340 kg/m³;
• La réduction du volume à travers les feux incontrôlés dans les décharges est de 2/3 laissant ainsi un
solde de 1/3.

Les déchets non collectés générés ont le potentiel de polluer une superficie de = m2 (ton par jour par
365 jours)* 1/3 * 1/340. Pour le nettoyage des décharges sauvages, 21,4 $ EU par tonne par m3 (1 m2 par 1
mètre de profondeur) est adopté.1

Tri et recyclage
Le coût du marché des matières recyclables est utilisé pour les matériaux non recyclés et ce coût est
considéré comme une perte d’opportunité. La gestion des déchets pourrait suivre des systèmes formels
et informels développés pour la récupération des déchets avec de grandes répercussions sur le volume et
le poids de la collecte des déchets municipaux et la mise en décharge. Les résultats pour le recyclage et
le compostage seront tirés des données de SWEEP-Net et utilisés dans le Tableau A1.1.

1 Bassi et al. (2011).

69
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Tableau A1.1 : Déchets potentiellement recyclables, 2014


Déchets Déchets Papiers / Plastiques
Population générés Métaux Verre Textile Compost Total
Sous- générés carton
catégorie
# Kg/jour Tonnes/an % % % % % % %

Total
Produits
Recycles
Produits
Recyclables
nets
Coût/tonne
($EU/tonne)
COED

Borne inférieure

Borne supérieure
Source : GIZ (2011) ; Bassi et al. (2011) ; et Auteurs.

Contamination des eaux souterraines


L’absence d’un système adéquat de traitement des déchets peut affecter les eaux souterraines. Cela se
produit par lixiviation ainsi que par la pollution des eaux côtières et de surface par un déversement direct
des déchets dans les milieux aquatiques et marins. Cet impact a été estimé au Maroc, sur la base du
coût supplémentaire de traitement de l’eau extrêmement polluée en raison de l’infiltration de lixiviats.2
Dans cette étude, une masse volumique de 0,4 tonne/m3 de déchets a été supposée, a un niveau de lixiviat
d’environ 50 %, un taux d’infiltration de 10 % et une pollution de 50 m3 d’eaux souterraines par m3 de
lixiviats.

Moins-value des terrains et des contrats de Bail


La composante moins-value est estimée en trois parties. La première est la zone autour des stations
de transfert. La seconde est pour les sites d’enfouissement passifs, où les terrains qui les entourent ont
perdu de la valeur. La troisième est pour une décharge majeure active où les valeurs foncières sont moins
élevées en raison de ses activités courantes.

Moins-value des contrats de bail entourant les stations de transfert. La méthodologie des coûts
hédoniques a été utilisée pour calculer le coût de dépréciation des terrains se trouvant autour des stations
de transfert. Les décharges sont considérées en forme de cercles concentriques afin d’obtenir la première
bande et la deuxième bande de dépréciation de la valeur des terrains/bail : ± 15 % de réduction des prix
des terrains dans un rayon de 30 m autour de la station de transfert ; et de ± 10 % de réduction des prix
des terrains/bail dans un rayon de 30 à 100 m autour de la station de transfert.

Moins-value des terrains entourant les décharges/dépotoirs actifs (présentement utilisés) et passifs
(présentement non utilisés et laissés à l’abandon). La méthodologie des coûts hédoniques a été utilisée
pour déterminer le coût de la moins-value des terrains entourant les décharges/dépotoirs actives et
passives. Dans le cas d’une décharge/dépotoir actif, la mesure de la perte d’agrément est également
faite par une baisse de la valeur des logements sur le site. Les estimations du taux de baisse des prix des

2 World Bank (2003).

70
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

terrains/logement au fur et à mesure que vous vous rapprochez d’un des sites de décharge/dépotoir ont
été faites aux États-Unis et en Europe et sont généralement jugées importantes. Une enquête des études
a été réalisée par Walton et al. (2003). Basées sur un large éventail d’études, ces dernières concluent
qu’un taux d’environ 4,2 % par kilomètre de perte est constaté lorsque vous vous rapprochez d’un site
d’enfouissement. La distance à laquelle il n’y a aucune incidence est d’environ 5 km. Cependant, la
gamme de moins-values est importante avec des estimations allant de 0,4 % à 17,6 %. Les facteurs,
qui sont importants dans la détermination de ce taux, comprennent la taille de la décharge, la densité
de la population et le revenu médian. Aucune distinction n’a été faite entre les rejets sauvages et semi-
contrôlés. Les critères retenus pour les décharges/dépotoirs actifs sont dérivés de Nelson (1978) et passifs
sont basés sur Walton et al. (2003), et sont illustrés dans le Tableau A1.2.

Table A1.2 : Critère hédonique pour la moins-value des terrains


Superficie Rayon 1 Rayon 2 Perte 1 Perte 2
Intrant
m2 m m % %

Actif
Stations de transfert
et décharges/ >0 ≤30 >31m; <100m 15% 10%
dépotoirs
Passif

Décharges/dépotoirs <500 +20m >20m; <100m 10% 4%


>200m;
Décharges/dépotoirs ≥500 +200m 10% 4%
<1,000m
Sources : Nelson (1978) ; Walton et al. (2003) ; et Auteurs.

La rareté des terrains et le coût d’opportunité des terrains en raison de pratiques d’élimination non
durables dans le passé concerne les sites d’enfouissement passifs comme ceux découlant de décharges
fermées ou abandonnées. L’analyse suppose que l’utilisation de pratiques d’élimination durables dans
le passé aurait évité la perte d’un certain pourcentage de la surface actuelle de ces décharges en faveur
d’autres utilisations. Le prix de marché des terrains autour de la décharge a été recueilli par SWEEP-Net
pour chaque pays. En supposant que la présence de la décharge entraînerait une réduction de 20 % de
cette valeur,3 la valeur de marché des terrains proches des décharges sera estimée. Sur la base de (1) et
(2), la perte de décharges en raison de pratiques d’élimination non durables dans le passé seront évalués,
mais cette perte est attribuable à au moins 10 à 30 ans de pratiques non durables de sorte que le coût
d’une année de cette pratique sera divisé par le nombre d’années où il y a eu négligence.

Effets sur la santé


Il y a des risques de santé associés à des personnes vivant à proximité de stations de transfert et des
sites d’enfouissement et ces risques doivent être envisagés si des prévalences plus élevées de certaines
maladies pourraient être recueillies auprès de centres de santé se situant dans les zones des stations
de transfert, des décharges et des sites d’enfouissement. Aussi, la migration des gaz d’enfouissement
peut entraîner des risques de santé et de sécurité graves pour la population environnante. Par ailleurs,
la prévalence des maladies transmises par des vecteurs pourrait augmenter autour des stations de
transfert, des décharges et dépotoirs.

3 En utilisant la méthode des prix hédoniques, une enquête menée en Tunisie a révélé que la présence de décharges sauvages
pourrait entraîner une dévaluation de 35% des prix des terrains (Banque mondiale, 2003).

71
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Émission de méthane évitée et Énergie


Les décharges peuvent libérer le méthane, qui, s’il n’est pas capturé, ajoute à la charge mondiale de gaz
à effet de serre (GES) et réduit la possibilité de produire de l’énergie. La production de déchets solides qui
est mal gérée sera dérivée à partir des données de SWEEP-Net. Le modèle LandGEM de l’USEPA a été
utilisé pour générer les émissions évitables et la production potentielle d’électricité. Un taux d’escompte
sur dix ans sera actualisée en termes de réduction des émissions et la production d’électricité en utilisant
le tarif moyen du kW/h par pays. La production d’énergie électrique, qui peut être générée, utilise la
formule suivante : 1 m3 de CH4 = 9,8 kW/h avec 100 % d’efficacité. L’émission de méthane en tonne, qui
pourrait être évité entre l’année 0 et l’année 20, sera calculée et considérée en équivalent CO2.

Le World Resource Institute a identifié 2 tonnes de CO2 par an et par habitant comme le seuil à ne pas
dépasser pour limiter la croissance des températures à 2° Celsius au-dessus desquelles un changement
climatique irréversible et dangereux deviendra inévitable. Ainsi, le coût de la dégradation considère les
émissions de carbone marginaux qui dépassent les 2 tonnes de CO2 par an et par habitant (l’excès des
tonnes de CO2 par an et par habitant à multiplier par la population et le prix du carbone). Les émissions de
méthane générées par la mauvaise gestion des déchets sont considérées comme au-delà de la moyenne
des 2 tonnes/habitant. Le coût social de CO2 présent et futur (2000-2099) représente les dommages
causés par une tonne des émissions actuelles en termes de : inondations, sécheresses, élévation
accélérée du niveau de la mer, baisse de la production alimentaire, extinction des espèces, migration,
etc. Plusieurs estimations sont disponibles pour le coût social des émissions de CO2 allant de $ EU 3 à $
EU 95 (Nordhaus, 2001; Stern, 2007; UNIPPC, 2007). Récemment, la Commission européenne (CE 2008 et
DECC 2009) a considéré 6 $ EU la tonne comme valeur inférieure consolidée de CO2 et l’étude française
(Centre d’analyse stratégique, 2009) comme valeur limite supérieure de CO2 avec 11 $ EU par tonne en
2009. Une fourchette de 11,3-15,4 $ EU par tonne de CO2 en 2010 sont les prix ayant été considérés comme
borne inférieure et borne supérieure basée sur Nordhaus, 2011, qui a réestimé le coût social du carbone
au temps présent et jusqu’à 2015, y compris l’incertitude, pondération des actions, et l’aversion au risque.
Le prix moyen considéré est donc de 13,6 $ EU équivalent par tonne de CO2 (46,1 $ EU par tonne de
carbone) en $ EU de 2012.

Autres problèmes environnementaux


D’autres problèmes environnementaux qui ne pourraient pas correctement être quantifiés sont l’érosion
des sols et la déstabilisation des sols causées par les travaux d’excavation menant à la fréquence accrue
d’émanation de mauvaises odeurs et d’impacts visuels ; dangers d’ouverture de décharges abandonnées
en raison de gaz s’échappant des fissures de la terre ; impact négatif sur les animaux sauvages (flore et
faune) et la destruction de l’habitat dans un environnement terrestre restreint ; la pollution de l’air et de
la poussière pendant les opérations dans les sites d’enfouissement ; et la pollution de l’air à cause du
transport des déchets, surtout si l’essence et le gazole sont subventionnés, les embouteillages et les
risques d’accidents de la circulation.

72
Les résultats de la méthode des prix hédonistes sont illustrés dans le Tableau A2.1.

Tra ns fer/Segra ga ti on StaSuperfi


ti on ci e Cout du m2 D2=A/Pi /4 Superfi ci e 1 Superfi ci e 2 Pertes 1 Pertes 2 $/M2 Pertes 1 15% Pertes 2 10% Total Pertes s ur 2 a ns
Guel l el a Decha rge Control l ee290,000 30.3 369239 350,097 436,678 60,097 146,678 30 0.3 0.4 0.7 0.05
Mi doun Centre de Tra ns fert 5,000 30.3 6366 15,347 37,253 10,347 32,253 30 0.0 0.1 0.1 0.01
Houmi t Souk Centre de Tra ns fert 5,000 30.3 6366 15,347 37,253 10,347 32,253 30 0.0 0.1 0.1 0.01
Aji m Centre de Tra ns fert 5,000 30.3 6366 15,347 37,253 10,347 32,253 30 0.0 0.1 0.1 0.01
Mi doun Aghi r Decha rge Sa uva 250,000
ge 30.3 318310 306,001 387,256 56,001 137,256 30 0.3 0.4 0.7
Mi doun Aghi r Decha rge ra menee 40,000
a 30.3 50930 64,097 103,877 24,097 63,877 30 0.1 0.2 0.3 0.15
Mi doun AL Ka ntra 40,000 30.3 50930 64,097 103,877 24,097 63,877 30 0.1 0.2 0.3 0.15
Aji m Decha rge Sa uva ge 1 10,000 30.3 12732 23,462 49,417 13,462 39,417 30 0.1 0.1 0.2 0.09

73
Aji m Decha rge Sa uva ge 2 10,000 30.3 12732 23,462 49,417 13,462 39,417 30 0.1 0.1 0.2 0.09
Aji m Decha rge Sa uva ge 3 10,000 30.3 12732 23,462 49,417 13,462 39,417 30 0.1 0.1 0.2 0.09
Mel i ta /Errous Decha rge Sa uva40,000
ge 30.3 50930 64,097 103,877 24,097 63,877 30 0.1 0.2 0.3 0.15
Mel i ta /Errous Si te brul e 1,000 30.3 1273 7,190 23,692 6,190 22,692 30 0.0 0.1 0.1 0.05
Ta wri t Compos ta ge pi l ote 300 30.3 382 4,969 19,494 4,669 19,194 30 0.0 0.1 0.1 0.04
Tota l 151,300 0.89

Source : Nelson (1978) ; Bassi et al. (2011) ; GIZ (2010) ; et Auteurs.


des sous-categories des dechets
11.annexe ii methodes specifiques pour
l’evaluation des couts de la degradation
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Les calculs de la restauration sont présentés dans les Tableau A3.1 à A3.4.

Tableau A3.1 : Coût additionnel de la tonne pour le transfert à Médenine

Capacité moyenne Quantité Distance tonne-Km Nb. Engin / Gestion Nombre


Désignation CT/DC en Voy / Jour Nb. Caisson DT GO/mois
t / jour t / mois t / an Référence & H par an Camion Lixiviat de Poste
Km
Décharge de Guellala 125.0 3,802 45,625 45,700 - 2,800 3 2 16,600
Capacité moyenne Quantité Distance tonne-Km Nb. Engin / Gestion Nombre
CT Houmet Souk - Guellala
Désignation 52.0 1,582 18,980 19,000 CT/DC
22 en 91,986 Voy / Jour6 Nb. Caisson6 DT GO/mois
62,336
t / jour t / mois t / an Référence & H par an Camion 1 Lixiviat 1 de Poste 2
CT Midoun - Guellala 55.0 1,673 20,075 20,100 Km
21 93,202 6 1 8 1 2 59,682
Décharge de Guellala 125.0
12.0 45,625 45,700 - 2,800 3 16,600
CT Ajim - Guellala 3,802 365 4,380 4,400 22 21,301 2 3 1
21 20,779
CT Houmet Souk
3 Centres - Guellala
de transfert 52.0
119 18,980 19,000
43,500 22 91,986 6 1 6 1 62,336
3,6201,582 43,435 206,489 14 2 17 3 2 142,797
CT Midoun - Guellala 55.0 1,673 20,075 20,100 21 93,202 6 1 8 1 2 59,682
CT Houmet Souk - Médenine 52.0 1,582 18,980 19,000 70 279,992 6 1 6 1 2 189,742
CT Ajim - Guellala 12.0 365 4,380 4,400 22 21,301 2 3 1 1 20,779
CT Midoun - Médenine 55.0 1,673 20,075 20,100 57 242,423 6 1 8 1 2 155,236
3CTCentres de transfert
Ajim - Médenine 119
12.0 3,620 365 43,435
4,380
43,500
4,400 77 206,489
71,184 14 2 2 17 3 3 1 1 142,797
69,441
CT Houmet Souk
3 Centres - Médenine
de transfert 52.0
119 18,980 19,000
43,500 70 279,992 6 1 6 1 189,742
3,6201,582 43,435 593,599 14 2 17 3 2 414,418
CT Midoun - Médenine 55.0 1,673 20,075 20,100 57 242,423 6 1 8 1 2 155,236
CT Ajim - Médenine 12.0 365 4,380 4,400 77 71,184 2 Consommation 3 1 1 69,441
Tonnage moyen / caisson = 9.8 t/voy Prix GO = 1.250 DT/lit 48 Lit/100 Km Ecart Gasoil -271,621
3 Centres de transfert 119 3,620 43,435 43,500 593,599 14 2 17 3 414,418
-6.244

74
Tonnage moyen / caisson = Salaire
9.8Brut t/voy Sociales DT/lit
Prix GO = Charges1.250 IRPP Charges Patronales
Consommation 48 Lit/100 Km Ecart Gasoil -271,621
CHAUFFEUR Ʃ Brut Salaire Net 13ème mois Tenue Vaccins
arrondi 9.2% Taux Montant 23.4% -6.244
Salaire Mensuel 1,200 1,172 675 56 74 16.0% 139 188 24 15
Salaire Horaire / Base 208 H Salaire Brut
5.640 5.636 Charges Sociales IRPP Charges Patronales
CHAUFFEUR Ʃ Brut Salaire Net 13ème mois Tenue Vaccins
arrondi 9.2% Taux Vitesse
Montant Moy 23.4%
PERSONNEL : 40 Km/H
SalaireDATA
Mensuel: 1,200
Investissement 1,172
150,000 DT 675 Un camion56Ampliroll 74 16.0% 139 Trajet 387,111
188 Km 24 15
Salaire Horaire / Base 208 H 5.640
Quantité 5.636
43,500 tonnes Temps 9,680 H
Ecart Km 387,111 Km/an PERSONNEL : Vitesse
Coût annuel
Moy 54,595.20 40 Km/H
DT
Jeu Pneus
DATA / 60 000 Km
: Investissement 150,000
6.5 DT
Jeux de Pneus Un camion Ampliroll Trajet
Surcoût Personnel 387,111 Km
1.250 DT/t
Quantité 43,500
995 tonnes
DT/Pneu Temps 9,680 H
Coût Pneus
Ecart Km 387,111
64,196 Km/an
DT Investissement 2.300 DT/t Coût annuel 54,595.20 DT
Jeu Pneus / 60 000 Km 6.5
1.476 Jeux
DT/t de Pneus Personnel 1.250 DT/t Surcoût Personnel 1.250 DT/t
Entretien 995
0.250 DT/Pneu
Dt/t Carburant 6.250 DT/t
Coût Pneus
Maintenance 64,196
1.200 DT
Dt/t Investissement
Pneumatique 2.300
1.475 DT/t
12. annexe iii couts de la restauration

1.476 DT/t Personnel


Entretien 1.250
0.250 DT/t
Entretien 0.250 Dt/t Carburant
Maintenance 6.250
1.225 DT/t
Incidence Globale : Maintenance 1.200 Dt/t Pneumatique
FGB 1.475
1.900 DT/t
Ecart de Prix : 14.650 Entretien 0.250
14.650 DT/t Surcoût à la tonne
Quantité : 43,500 Maintenance 1.225 DT/t
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA

Incidence Globale : Montant : 637,271 FGB 1.900 DT/t


Ecart de Prix : 14.650 14.650 DT/t Surcoût à la tonne
Quantité : 43,500
Montant :
Coût d'enfouissement à Bouhamed 637,271
2. Exploitation de la décharge contrôlée Unité Prix Unitaire
2.1. Frais fixes de la décharge de Médenine mois 39,000.000
Coût d'enfouissement à Bouhamed
Exploitation
2. 2.2. Frais la décharge
variables dede de Médenine
la décharge contrôlée tonne
Unité Prix10.500
Unitaire
2.1. Frais fixes de la décharge de Médenine mois 39,000.000
Vu l'augmentation du kilomérage et par conséquent la rotation des camions, pour assurer le transport sur le site de
2.2. Frais de la décharge de Médenine tonne 10.500
Bouhamed, il est nécessaire de renforcer la variables
flotte actuelle de deux camions par deux autres camions Ampliroll ou à
défaut un camion et une remorque
Vu l'augmentation du kilomérage et par conséquent la rotation des camions, pour assurer le transport sur le site de
Bouhamed, il est nécessaire de renforcer la flotte actuelle de deux camions par deux autres camions Ampliroll ou à
défaut scénario
Pour le un camionprésenté ci-haut (Communiqué à l'ANGed au mois de juillet 2014) j'ai calculé sur la base d'un seul camion
et une remorque
Coût de transfert sur Médenine Avec 2 camions supplémentaires et 6 caissons avec 1 € = 2,300 DT

Pour le scénario présenté ci-haut (Communiqué à l'ANGed au mois de juillet 2014) j'ai calculé PERSONNEL
sur la base:d'unVitesse Moy
seul camion 40 Km/H
Coût de transfert sur Médenine
DATA Avec 2 camions
: Investissement 445,000supplémentaires
DT et caissons
Un6camion avec 1 € = 2,300 DT
Ampliroll Trajet 593,599 Km
Quantité 43,500 tonnes Temps 14,840 H
Distance en Km/an 593,599 Km/an PERSONNEL : Vitesse
Coût annuel
Moy 83,697.60 40 Km/H
DT
Jeu Pneus
DATA / 60 000 Km
: Investissement 445,000
9.9 DT Jeux de Pneus Un camion Ampliroll Trajet
Coût Personnel 593,599 Km
1.924 DT/t
Quantité 43,500 DT/Pneu
995 tonnes Temps 14,840 H
Coût
Distance Pneus
en Km/an 593,599
98,439 Km/anDT Investissement 6.821 DT/t Coût annuel 83,697.60 DT
Jeu Pneus / 60 000 Km 9.9 Jeux
2.263 DT/t de Pneus Personnel 1.924 DT/t Coût Personnel 1.924 DT/t
Entretien 995 DT/Pneu
0.250 Dt/t Carburant 9.527 DT/t
Coût Pneus
Maintenance 98,439
1.200 DT Dt/t Investissement
Pneumatique 6.821
1.475 DT/t
2.263 DT/t Personnel
Entretien 1.924
0.250 DT/t
Entretien 0.250 Dt/t Carburant
Maintenance 9.527
1.225 DT/t

75
Incidence Globale : Maintenance 1.200 Dt/t Pneumatique
FGB 1.475
3.200 DT/t
Ecart de Prix : 24.422 Entretien 0.250 DT/t
24.422 Coût à la tonne de transfert depuis les CT de Djerba vers Bouhamed
Quantité : - Maintenance 1.225 DT/t avec acquisition de deux camions et six caissons
Incidence Globale : Montant : - FGB 3.200 DT/t
Ecart de Prix : 24.422 24.422 DT/t Coût à la tonne de transfert depuis les CT de Djerba vers Bouhamed
REMARQUE : Depuis Quantité :
la fermeture -de la décharge de Djerba en Octobre 2012, Un camion Ampliroll avecetacquisition
4 caissonsde
ontdeux
été transférés six caissons
camions etpour les besoins du marché de Médenine
Montant : -

REMARQUE : Depuis la fermeture de la décharge de Djerba en Octobre 2012, Un camion Ampliroll et 4 caissons ont été transférés pour les besoins du marché de Médenine
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
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December 2014

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Mise à jour Décembre 2014

Impression/ Conception Kréa


1002 Tunis

Texte Sherif ARIF, Fadi DOUMANI, Ilyes ABDELJAOUED

Le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la GIZ.

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