Coed Djerba
Coed Djerba
Coed Djerba
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e 2 0 14
TUNISIE
Coût de la dégradation de l’environnement
due aux pratiques de gestion des déchets solides :
Cas de l’île de DJERBA
Le réseau régional d’échange d’informations et d’expertises dans le
secteur des déchets solides dans les pays du Maghreb et du Machreq
TUNISIE
COÛT DE LA DÉGRADATION DE
L’ENVIRONNEMENT
DUE AUX PRATIQUES DE GESTION
DES DÉCHETS SOLIDES :
CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Publié en
Janvier 2015
Remerciements :
Nous tenons à remercier chaleureusement S.E. M. Mounir Majdoub,
Secrétaire d’Etat chargé du développement durable pour l’intérêt
particulier qu’il a porté à cette étude. Nous remercions vivement
Messieurs les Conseillers du Secrétaire d’Etat chargé du développe-
ment durable, M. le Directeur Général de l’ANGed et ses collègues,
M. le Directeur Général de la DGCL et ses collègues, Messieurs les
représentants du Ministère du Tourisme, des communes de Djerba, de
la Fédération Régionale des Hôteliers et de la FTAV ainsi que l’Associa-
tion de sauvegarde de l’île de Djerba et l’opérateur SEGOR.
Taux de Change :
1 € = 2,047 Dinars tunisiens (DT) (Décembre 2012)
1 € = 2,256 Dinar tunisien (DT) (Décembre 2013)
1 € = 2,280 Dinars tunisiens (DT) (Octobre 2014)
1 $ EU = 1,549 Dinar tunisien (DT) (Décembre 2012)
1 $ EU = 1,639 Dinar tunisien (DT) (Décembre 2013)
1 $ EU = 1,808 Dinar tunisien (DT) (Octobre 2014)
Source : www.oanda.com
Remerciements et citation 2
Acronymes 6
Résumé analytique 8
1. Introduction 17
3
5. Méthodologie, calibrage et limites de l’évaluation,
et sous-catégorie 36
5.1 Contexte général 36
5.2 Méthodologie 36
- Changement dans la production 36
- Changement de l’état de santé 36
- Changement du comportement 36
5.3 Calibrage et limites de l’évaluation 37
5.4 Catégories évaluées 37
9. Références 67
5
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
aCRONYMES
BA Benefit Assessment
C/A Coûts/avantages
CE Communauté Européenne
CH4 Méthane
kg Kilogramme
km Kilomètre
m Mètre
m2 Mètre carré
m3 Mètre cube
6
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
UE Union Européenne
7
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
RESUMÉ aNaLYTIQUE
Djerba est la plus grande île de la Tunisie, avec une superficie totale de 514 Km2 et une population
de 160.714 habitants en 2014 avec une densité moyenne de 313 habitants par Km2 et appartenant au
Gouvernorat de Médenine. Djerba est constituée des trois communes, au nord Houmet Souk, à l’est
Ajim, et Midoun au Sud Ouest avec des disparités économiques et sociales. Houmet Souk est considérée
le chef-lieu de l’île, et la plus peuplée des trois communes. Elle est devenue un centre polyfonctionnel
de services et s’est développée grâce au tourisme et à la hausse des valeurs foncières et immobilières ;
Midoun, qui est à l’origine rurale, s’est transformée en commune urbaine et est devenue le premier
pôle touristique de l’île. Ceci a bouleversé son organisation territoriale ; Ajim est la commune la moins
peuplée et ne comprend pas de zones touristiques. Cette commune est connue pour son artisanat et son
agriculture. Elle n’a pas connu le même développement que les autres communes.
L’économie de l’île est basée sur les revenus des émigrés Djerbiens vivants à l’étranger et particulièrement
en Europe où ils travaillent dans le commerce et les services. Le tourisme est de masse, saisonnier, et
à bas prix pour lequel Djerba est considérée le premier pôle touristique de la Tunisie avec un revenu
annuel de 483,9 millions DT, soit 15 % des revenus globaux du tourisme en Tunisie en 2012 ; l’agriculture
n’implique que 4 % de la population de 2004 et est en baisse. Elle consiste en des arbres fruitiers, des
oliviers et certaines cultures telles que l’orge, le sorgho et les lentilles. La pêche est aussi une source
de revenus pour un nombre de pêcheurs dans les trois ports artisanaux de Houmet Souk, Midoun et
Ajim qui consistent en 2.000 flottilles de pêche côtière et une production de 9.000 tonnes en 2011 qui est
cependant insuffisante pour couvrir la consommation de l’île. Enfin, l’artisanat qui rapporte autant que
les revenus de la pêche et de l’agriculture consiste en un artisanat de laine, de poterie et de bijoux.
La quantité des déchets ménagers retenue est celle qui arrivait à la décharge contrôlée de Guellala et
qui était de 45.700 tonnes/an. Les déchets municipaux, dont 55 % sont des déchets organiques, ont une
humidité de 40-60 % tandis que les déchets hôteliers, dont 68 % sont des déchets organiques, ont une
humidité de moins de 70 %. La collecte et le transport des déchets vers les trois centres de transfert
respectifs étaient assurés par les trois communes. L’ANGed était responsable d’assurer le transport
depuis les trois centres de transfert vers la décharge contrôlée de Guellala dont le site appartient
administrativement à la commune de Midoun, mais les deux villages de Ouer Sigean (2 kms de la
décharge) et celui de Guellala (6 kms de la décharge, 10.000 habitants) appartiennent administrativement
à la commune d’Ajim.
Des manifestations de riverains se plaignant des odeurs émanant de la décharge contrôlée de Guellala ont
éclaté le 6 septembre 2012 jusqu’à atteindre un seuil critique le 11 octobre 2012, avec des confrontations
entre les forces de l’ordre et des habitants du village de Guellala. À la suite de ces manifestations, le
gouvernement a décidé de fermer la décharge contrôlée, tout en promettant la mise en œuvre d’une
solution durable dans un délai de 6 mois. Dans le cadre d’un accord signé entre le gouvernement, les
communes, l’UTICA et la fédération régionale des hôteliers, les pouvoirs publics ont décidé de rouvrir
momentanément la décharge le 7 juillet 2014. Des riverains, opposés à cet accord, ont alors vandalisé et
en partie brûlé les installations de la décharge. Le montant des dégâts a été estimé à 2,9 millions de DT.
8
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
a) La décharge contrôlée et les trois centres de transferts dans les trois communes sont totalement en
arrêt d’activité ;
b) Les décharges sauvages de chaque commune qui étaient fermées depuis 2007, ont été ré — ouvertes et
reçoivent les déchets. D’autres décharges sauvages ont été créées et hélas, les anciens et traditionnels
puits d’eau sont utilisés comme dépôts d’enfouissement ;
c) Les services de collecte ont été aussi négativement affectés. À Houmt Souk, le taux de collecte par la
commune a été réduit à 10 %, et les sacs des déchets sont jetés partout dans les rues et éventuellement
brûlés. À Midoun, un opérateur privé (SAS) contracté par la commune, assure la collecte des déchets
des hôtels sans indiquer son site d’enfouissement, et la commune se charge de la collecte des déchets
ménagers de la ville, cependant des sacs plastiques vides jonchent les rues. À Ajim, la commune
assure la collecte des déchets ménagers et les dispose dans trois décharges sauvages dont deux
de ces sites sont congruents à la ville de Guellala, alors que la décharge contrôlée est à 6 kms à vol
d’oiseau de ce village.
Les causes et effets de la problématique des déchets ont subi une tournure sociopolitique mal
appréhendée tant au niveau national, régional que local. Cependant à ce jour, la situation demeure fluide
et inchangée en attendant une solution « miracle » de la part des instances gouvernementales et qui
serait acceptable par toutes les parties. La problématique de la situation s’articule à plusieurs niveaux.
Au niveau des politiques de gestion, les avis sont partagés entre trois variantes :
a) Transfert des déchets à la décharge contrôlée de Bou Hamed à Médenine se trouvant sur le continent ;
b) Valorisation des déchets à Djerba : sélection d’un nouveau site acceptable par les communes pour le
traitement des déchets par tri, compostage ou méthanisation avec enfouissement des déchets ultimes ;
Du point de vue technique, une étude technique et financière a été élaborée et discutée avec les trois
communes sur quatre types de traitement : le compostage, stabilisation aérobique ou anaérobique
(méthanisation) et l’incinération avec des coûts à l’entrée des installations (gate fee) variant de 146 DT/
tonne pour le compostage à 751 DT/tonne pour l’incinération. Ces coûts sont exorbitants et représentent
4,5 à 22,7 fois le coût actuel de l’enfouissement dans la décharge contrôlée de Guellala estimée entre 33
et 40 DT/tonne, qui peuvent être soumis à un traitement de compostage avec un coût de 146 DT/tonne,
le coût total serait de 4,3 millions de DT par an. Ceci représente 14,3 % du budget annuel de l’ANGed
de 30 millions de DT pour l’enfouissement des déchets de 7 millions d’habitants dans 13 décharges
contrôlées dont 9 sont munis d’installations de récupération de biogaz qui génèrent des revenus.
Du point de vue social, la méfiance et l’opportunisme sont les caractères dominant du paysage
relationnel entre les citoyens et l’administration. La relation habitants/commune est caractérisée par
« une incompréhension mutuelle et l’absence de canaux de dialogue efficaces ».
9
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Du point de vue financier, il n’existe pas encore à Djerba comme dans toutes les villes tunisiennes, un
système de recouvrement des coûts pour le traitement des déchets, et les coûts de gestion ne sont pas
liés directement aux coûts actuels. Les communes souffrent d’une faiblesse de collection des taxes avec
toutes les incidences budgétaires que cela entraîne étant donné que 2/3 des habitants ne payent pas
leurs taxes annuelles fiscales. Par ailleurs, certains hôtels ont aussi décidé depuis 2014 de ne plus payer
la taxe hôtelière augmentant ainsi la pression fiscale.
Le problème financier va au-delà de la résolution de la gestion des déchets à Djerba, car il s’agit
de : maintenir l’équité entre toutes les villes tunisiennes pour la gestion des déchets. Un surplus
d’investissement pour des procédés technologiques de valorisation au profit d’une commune tunisienne
ou d’un gouvernorat ne pourra pas se faire en exclusion d’autres villes ou gouvernorats qui ont accepté un
système d’enfouissement moins coûteux ; prévaloir une transparence dans l’allocation des subventions
de l’État pour le traitement des déchets, une augmentation des recettes de l’État au profit d’une commune
se manifestera par une transparence inadéquate dans l’allocation des ressources dans le secteur des
déchets et entraînera par le fait même une augmentation du déficit national ; et prévenir l’effet « domino »
pour toutes les autres communes qui ont accepté les décharges contrôlées. Une préférence accordée
à une commune entraînera aussi des répercussions semblables sur d’autres vu que certaines d’entre
elles ont déjà manifesté leur mécontentement d’abriter une décharge contrôlée sur leur territoire. L’effet
domino prendra une envergure telle qu’elle paralyserait le système existant de la gestion des déchets en
Tunisie.
Malgré la complexité politique et socioéconomique, l’aspect environnemental n’a pas été quantifié de
manière à présenter aux décideurs et aux citoyens la valeur monétaire des conséquences économiques
engendrées par la crise actuelle de la gestion des déchets à Djerba. Cette dimension sociale et
environnementale servira aussi de support et de plus-value afin que les décideurs en étroite collaboration
avec les citoyens et les communes puissent trouver une solution tout en respectant les principes
d’équité, de transparence et d’efficience des subventions de l’État tunisien. La solution optimale d’une
gestion durable devra viser à améliorer la situation actuelle aux moyens déjà éprouvés, économiques et
réalisables dans le contexte local.
C’est dans ce contexte général que s’inscrit l’étude du coût de la dégradation de l’environnement due
aux déchets dans l’île de Djerba et qui est appuyée par SWEEP-Net/GIZ. Un objectif général serait
d’appréhender dans sa globalité les actions possibles à Djerba pour parvenir à une situation durable, à la
fois sur les plans : techniques (système de traitement, bon fonctionnement confié à des professionnels) ;
environnementaux (internaliser aussi bien les coûts de la dégradation de l’environnement) ; que
financiers (permanence et suffisance des ressources collectées ainsi que transparence dans l’allocation
des subventions de l’État) pour une gestion intégrée des déchets municipaux au sein de l’île.
L’objectif principal est d’évaluer le coût de la dégradation de l’environnement due aux déchets ménagers
pour assister les décideurs à l’échelle nationale et locale à identifier et prioriser des actions concrètes
déjà proposées dans l’étude de l’APS de Djerba visant à améliorer la gestion intégrée de ces déchets par
le biais du potentiel de financement des projets lié aux avantages environnementaux et à la réduction des
externalités négatives.
10
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
L’année de base 2014 a été retenue pour l’estimation des coûts de la dégradation. L’évaluation des
avantages (coût de la dégradation réduite sur une année) a été utilisée pour dériver les coûts de la
restauration pour certaines sous-catégories prioritaires. Les coûts de la restauration reposent sur
une analyse coûts/avantages (C/A) avec un taux d’actualisation de 10 % du fait de la courte durée des
investissements. Trois indicateurs sont pris en compte dans l’analyse C/A qui sont : la valeur actualisée
nette (VAN) ; le taux de rendement interne (TRI qui remet à zéro la VAN et le ratio Avantages/coûts A/C,
qui doit être égal ou supérieur à 1.
Les données utilisées dans l’analyse du coût de dégradation de l’environnement due aux déchets ménagers
[CDEDM] de Djerba proviennent notamment des documents de l’Institut National de la Statistique, de
l’Office National du Tourisme Tunisien, des rapports pays du réseau GIZ/SWEEP-Net sur la Tunisie de
2010 et 2014, les différents rapports publiés sur Djerba ainsi que les indicateurs du développement de la
Banque mondiale.
Le CDEDM de Djerba, illustré dans la Figure 1, atteint 14,1 millions de DT ou 7,8 millions de $ EU en 2014
avec une borne inférieure [BI] de 8,3 millions de $ EU et une borne supérieure [BS] de 8,7 millions de $
EU. Le résultat moyen est équivalent en moyenne à 1,1 % du PIB de Djerba et 0,02 % du PIB national de
Tunisie en 2014 basé sur les projections du FMI. Inversement, les pertes d’opportunité, dont le produit
pourrait être utilisé de manière plus judicieuse [efficience allocative] pour améliorer la gestion du secteur
des déchets comme la réduction des subventions, le recyclage et le compostage, s’élèvent à 3,7 millions
de DT ou 2,1 millions de $ EU équivalent à 0,004 % du PIB tunisien en 2014.
Ventilées par sous-catégorie du coût de la dégradation, et des pertes et dégâts, l’équivalent du revenu
disponible associé aux déchets non collectés [90 % des habitants de Houmt Souk] vient en premier
[38 %] et est suivi par le coût de réhabilitation des décharges sauvages [13,1 %], les dégâts subis à
Guellala et Melita [12,3 %], la moins-value des terrains des centres de transfert et des décharges
contrôlées et sauvages [10,5 %], les pertes d’amortissement des centres de transfert et de la décharge
de Guellala [9,1 %], la perte au titre des décharges qui avaient été réhabilitées [6,2 %], les coûts fixes
à l’opérateur privé des centres de transfert et de la décharge de Guellala [4,2 %], le consentement à
payer des touristes devant subir la pollution visuelle et olfactive des déchets dans les rues [3,2 %], les
coûts associés à l’environnement global [1,8 %], la production d’énergie pouvant être produite dans les
cellules de la décharge [1,1 %] ainsi que les émissions de méthane évitable de la décharge contrôlée
de Guellala [0,02 %]. Plusieurs sous-catégories mériteraient quelques approfondissements tels que la
contamination de l’eau due à l’infiltration des lixiviats dans les nappes et dans la mer ou bien les effets
sur la santé qui n’ont pas été évalués, car ceux-ci requièrent des enquêtes épidémiologiques.
L’analyse a montré dans la Figure 2 que le CDEDM a augmenté de 548.251 DT [0,0001 % du PIB]
avant 2012, qui échoient toujours en 2014, à 13,6 millions de DT [0,015 %] du PIB après 2012 soit 45
fois le CDEDM qui démontre que les déchets ménagers sont la cause principale de la dégradation de
l’environnement. De même, les coûts d’opportunité sont de 3,8 millions de DT [0,004 % du PIB] et risques
d’être augmentés potentiellement de 12,9 millions de DT [0,014 %] en 2015 reflétant ainsi des pertes de
recettes de tourisme si la crise actuelle des déchets n’est pas résolue dans les plus brefs délais.
11
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
14,1 3,7
5ts à
Djerba
éche Moins-value des terrains : CT et DC
d
ue Emissions de méthane
it q Energie potentielle perdue
a 4 14,1 3,7
5 Moins-value des terrains
global : CT et DC
m
Environnement
lé
Millions de DT
Emissions de méthane
rob
Non-Collecte : 90% HS
3
Energie potentielle
requisperdue
la p
Dj
Dégradation d'Opportunité
CD
0 4
Coût de la Pertes
Millions de DT
Dégradation d'Opportunité 3
0
Figure 2 : Coût de la problématique déchets à Djerba Non-Collecte : 90% HS
Nettoyage requis : décharges
Moins-value des terrains : CT et
Moins-value des terrains : DS
Perte de réhabilitation des
Perte d'amortissement : CT et
Dégats à Guellela
Dégats à Melitta
Coûts fixes à l'opérateur privé :
Emissions de méthane
Energie potentielle perdue
Environnement global
CAP des Touristes : pollution
en 2014 dû à la situation Ante et Post 2012
Djerba: 201
ets à 4
déch
ue
iq
at 16 Pertes d'opportunité
m
potentielle 2015
lé
14 13,6
rob
millions de DT
12 Consentement à payer:
pollution visuelle
Coût de
10 Pertes et dégâts
8 Coût marginal de la
dégradation
6 Coût récurrent de la
dégradation
4 3,7
ts à Djerba: 2014 %
é che du
d
2 ue PI
0,5 it q B
0 a 0,016% 0,015% Pertes d'O
tu
m
0,014%
rob
Pertes d'O
la p
0,012%
% du PIB tunisien
Coût de
Finalement, la comparaison concernant le coût de la dégradation entre le Grand Tunis et Djerba permet
un éclairage et un benchmarking concernant la problématique des déchets à Djerba depuis septembre
2012. Le coût de la dégradation due aux déchets en 2014 représente la moitié de celle du Grand Tunis en
2012 pour une population 16 fois moins importante et un volume de déchets générés 10 moins important,
alors que les touristes sont plus importants par un facteur 1,2. La comparaison des ratios du coût de
la dégradation par tonne et par habitant atteignent des différences significatives : 234 DT/tonne pour
Djerba contre 52 DT/tonne pour le Grand Tunis et 88 DT/habitant pour Djerba contre 13 DT/habitant pour
le Grand Tunis [Figure 3].
i
ra
ra
Coût de la dégradation 38.5 21.3 Coût de la dégradation
pa
40 pa DT/Tonne $EU/Tonne
Pertes d'opportunité
Com
Com
20 200
31.3 17.3 120
Coût de la dégradation
millions de $EU
millions deDT
30 DT/Habitant $EU/Habitant
millions de $EU
150
millions deDT
15
80
20
10 100 88 49
14.1 7.8
52 29 40
10 5 50
3.7 2.1
13 7
0 0 0 0
Djerba Grand Tunis Djerba Grand Tunis
2014 2012 2014 2012
i
ra
ra
50
pa
pa
Com
millions deDT
0.037% 31,3
30
0.030%
20
0.020% 14,1
0.016%
0.010% 10
0.004% 3,7
0.000% 0
Djerba Grand Tunis Djerba Grand Tunis
2014 2012 2014 2012
13
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Sur la base du CDEDM des coûts de restauration ont été estimés, 6 scénarios ont été considérés avec
et sans pertes d’opportunité potentielles en considérant une seule réduction hypothétique des recettes
touristiques de 2,5 % à Djerba en 2015. Ce sont :
• Scénario 1 d’urgence : rétablir la collecte des déchets municipaux de Houmt Souk par la commune et
aménager une décharge contrôlée provisoire et équiper les décharges sauvages avec un système de
dégazage passif.
• Scénario 2 pour le transport des déchets en dehors de l’île : transport des déchets à la décharge de
Bouhamed [Médenine] avec 2 options de transport ainsi que l’investissement dans un nouveau casier
ainsi que la mise à niveau du traitement des lixiviats et du torchage des gaz.
• Scénario 3 pour la réouverture de Guellala : réouverture de la décharge selon le schéma d’avant 2012
en attendant de trouver une solution permanente et acceptable par toutes les parties.
• Scénario 4 pour un plan rapide de réduction des déchets à la source : considérer le projet de 2014-
2016 pour le recyclage et le compostage sans le coût d’enfouissement, alors que le projet préconise un
enfouissement classe 2 [CET pour les déchets ultimes]. Ce projet a été en partie mis en veilleuse après
la destruction des structures à Melita.
• Scénario 5 pour la méthanisation simple : dégradation partielle et anaérobique [sans oxygène] de la
fraction organique des déchets sous l’action de micro-organismes. Cette réaction qui produit du gaz
méthane et du gaz carbonique a lieu dans un digesteur fermé et confiné qui empêche tout contact du
gaz produit avec l’extérieur avec valorisation du biogaz. Le sous-produit est le méthane qui sert comme
source d’énergie pour alimenter une turbine [ou des turbines] pour la production de l’électricité ainsi
que le digestat qui peut servir de compost. Cette option mentionnée dans l’APS et réalisée par le projet
GIZ/SWEEP-Net [2013] est la moins coûteuse et est estimée à 35,4 DT pour les coûts dynamiques de
fonctionnement et 146,0 DT/tonne pour les coûts dynamiques totaux [fonctionnement et investissement].
• Scénario 6 pour le compostage confiné qui consiste à une dégradation partielle de la fraction
organique des déchets sous l’action de micro-organismes en milieu aérobique en l’équipant d’un
bâtiment confiné avec un traitement de gaz de fermentation. Cette réaction produit du compost, mais
pas de l’énergie. Cette option de l’APS de GIZ/SWEEP-Net [2013] est considérée la plus coûteuse et est
estimée à 142,6 DT/tonne pour les coûts dynamiques de fonctionnement et 751,4 DT/tonne pour les
coûts dynamiques totaux [fonctionnement et investissement].
Les résultats des analyses présentés dans la Figure 4 ont montré que la situation pourrait empirer au cas
où la mauvaise gestion des déchets entraînera en 2015 une diminution de 2,5 % du nombre de touristes
de 2013-2014. Dans ce cas, tous les six scénarios seront économiquement non viables, d’où la nécessité
de mener une action urgente dans les six premiers mois de l’année 2015.
Dans le cas où la réduction possible des recettes touristiques de 2,5 % n’est pas considérée, c’est-à-
dire que le nombre de touristes et nuitées sont semblables à ceux de 2013 et 2014, deux scénarios sont
uniquement rentables [Tableau 1], ce sont :
a. Scénario 1 d’urgence : rétablir la collecte des déchets municipaux de Houmt Souk et aménager
une décharge contrôlée provisoire de 2 ans et équiper les décharges sauvages avec un système de
dégazage passif. La valeur actuelle nette est de 6,3 millions de DT et le ratio de valeur actualisée des
coûts/avantages est de 3,9.
b. Scénario 3 : Réouverture de la décharge de Guellala pendant cinq ans selon le schéma d’avant 2012 en
attendant de trouver une solution permanente et acceptable par toutes les parties. La valeur actuelle
nette est de 2,7 millions de DT et le ratio de valeur actualisée des coûts/avantages est de 1,3.
14
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
VAN (Millions de DT) 6,3 0,2 1,4- 2,7 0,5- 21,7- 132,7-
VAN (Millions de DT) 5,4- 11,6- 14,5- 17,0- 13,7- 33,4- 144,5-
Sur la base de l’analyse des coûts de la dégradation et de restauration, les recommandations suivantes
sont proposées :
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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
un point de litige non déclaré nécessitant un arbitrage du gouvernement central afin d’arriver à une
juste redistribution des recettes fiscales contribuant à la restauration de la confiance au sein de l’île.
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COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
1. Introduction
En 2014, SWEEP-Net a publié un rapport sur le coût de la dégradation de l’environnement due aux déchets
ménagers (CDEDM) dans le Grand Tunis. Ce rapport a montré que le CDEDM du Grand Tunis atteint
17,3 millions de $ EU (26,7 millions de DT) en 2012 avec une borne inférieure (BI) de 4,1 millions de $ EU et
une borne supérieure (BS) de 30,5 millions de $ EU. Le résultat moyen est équivalent en moyenne à 0,16 %
du PIB dans le Grand Tunis et 0,04 % du PIB national actuel de Tunisie en 2012. Inversement, les pertes
d’opportunité, dont le produit pourrait être utilisé de manière plus judicieuse (efficience allocative) pour
améliorer la gestion du secteur des déchets, s’élèvent à 23,1 millions de $ EU soit à 35,8 millions de DT
équivalents à 0,05 % du PIB tunisien de 2012.
Le rapport a aussi soulevé que l’une des raisons de cette dégradation est la négligence accentuée et le
laxisme dans les services de collecte suite aux perturbations sociales de la période post-janvier 2011 qui
se sont traduits par la remise en cause par les citoyens des installations de traitement et des décharges
contrôlées causant dans certains cas des actes de vandalisme. Ce problème s’est aggravé particulière-
ment dans l’île de Djerba considérée comme un des piliers du tourisme en Tunisie.
Des manifestations de riverains se plaignant des odeurs émanant de la décharge contrôlée de Guellala
ont éclaté le 6 septembre 2012 jusqu’à atteindre un seuil critique le 11 octobre 2012, avec des confronta-
tions entre les forces de l’ordre et des habitants du village de Guellala. À la suite de ces manifestations,
le gouvernement a décidé de fermer la décharge contrôlée, tout en promettant la mise en œuvre d’une
solution durable dans un délai de 6 mois. Dans le cadre d’un accord signé entre le gouvernement, les
communes, l’UTICA et la fédération régionale des hôteliers, les pouvoirs publics ont décidé de rouvrir
momentanément la décharge le 7 juillet 2014. Des riverains, opposés à cet accord, ont alors vandalisé et
en partie brûlé les installations de la décharge. Le montant des dégâts a été estimé à 2,9 millions de DT.
La fermeture de la décharge contrôlée de Guellala a fortement perturbé le système de gestion des dé-
chets dans les trois communes Houmt Souk, Midoun et Ajim de l’île de Djerba. À présent, la situation se
présente comme suit :
a) La décharge contrôlée et les trois centres de transferts dans les trois communes sont totalement à
l’arrêt ;
b) Les décharges sauvages de chaque commune qui étaient fermées depuis 2007, ont été ré-ouvertes et
reçoivent les déchets. D’autres décharges sauvages ont été créées et hélas, les anciens et traditionnels
puits d’eau sont utilisés comme cimetière d’enfouissement ;
c) Les services de collecte ont été aussi négativement affectés. À Houmt Souk, le taux de collecte par la
commune a été réduite à 10 %, et les sacs des déchets sont jetés partout dans les rues et éventuel-
lement brûlés. À Midoun, un opérateur privé (SAS) contracté par la commune assure la collecte des
déchets des hôtels sans indiquer son site d’enfouissement, et la commune se charge de la collecte des
déchets ménagers de la ville, cependant des sacs vides de plastiques sont éparpillés dans les rues. À
Ajim, la commune assure la collecte des déchets ménagers et les dispose dans trois décharges sau-
17
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
vages dont deux de ces sites sont congruents à la ville de Guellala alors que la décharge contrôlée est à
6 kms à vol d’oiseau de ce village.
En résumé, les investissements du gouvernement tunisien pour juguler le problème de la gestion des
déchets ménagers à Djerba se sont avérés peu rentables et le système archaïque de l’enfouissement des
déchets dans des décharges sauvages a réémergé pour réincarner le système délabré et inefficace des
années 80.
18
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Les causes et les effets de la problématique des déchets ont subi une tournure sociopolitique mal appré-
hendée tant au niveau national, régional que local. Une multitude de réunions entre les différentes parties
ont été organisées, des propositions techniques ont été développées, des promesses ont été faites et
des décisions ont été prises, mais tenues en partie. Cependant à ce jour, la situation demeure fluide et
inchangée en attendant une solution « miracle » de la part des instances gouvernementales et qui serait
acceptable par toutes les parties affectées, activistes et/ou activement intéressées. La problématique de
la situation s’articule à plusieurs niveaux.
b) Valorisation des déchets à Djerba : Sélection d’un nouveau site acceptable par les communes pour le
traitement des déchets par séparation, compostage ou méthanisation avec enfouissement des déchets
ultimes ;
c) Solution intérimaire pendant 4 ans1 : Réouverture de la décharge de Guellala et les centres de transfert
pendant une période transitoire de quatre ans avec un contrôle et suivi suivant les normes internatio-
nales jusqu’à ce qu’une décision soit prise pour une gestion intégrée, durable et acceptable des déchets
par les communes et les citoyens de Djerba.
Dans l’Avant Projet Sommaire (APS) de cette étude, des scénarios sur la gestion intégrée ont été propo-
sés sur l’adaptation de l’une des deux variantes notamment une gestion par une société de l’ensemble
de la chaîne des déchets ménagers dans l’île de Djerba avec un contrat soit en conception, construction
et exploitation connu en Anglais sous l’acronyme DBO (Design, Build and Operate) soit en construction,
exploitation et transfert connu en Anglais sous l’acronyme BOT (Build Operate and Transfer).
1 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba (PGIDID), Présentation des scenarios, avril 2013.
2 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba, avant projet sommaire, janvier 2013.
3 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba (PGIDID), Présentation des scenarios, avril 2013.
19
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Le Secrétariat d’État du Développement Durable à travers les cadres de l’ANGed, est en train de préparer
une stratégie de communication pour améliorer les relations entre l’administration locale et nationale et
les citoyens de Djerba et impliquer ces citoyens dans la prise de décision, sans toutefois faire appel à des
spécialistes de communication dans la résolution des conflits.
Dans la mesure où 45.700 tonnes/an de déchets ménagers étaient enfouies dans la décharge de Guellala
et que 29.705 tonnes/an (65 %) sont des déchets organiques, qui peuvent être soumis à un traitement de
compostage avec un coût de 146 DT/tonne, le coût total serait de 4,3 millions de DT par an. Ceci représente
14,3 % du budget annuel de l’ANGed de 30 millions de DT 6 pour l’enfouissement des déchets de 7 millions
d’habitants dans 13 décharges contrôlées dont 9 sont munis d’installations de récupération de biogaz qui
génèrent des revenus.
En plus, il n’existe pas encore à Djerba comme dans toutes les villes tunisiennes, un système de recou-
vrement des coûts pour le traitement des déchets, et les coûts de gestion ne sont pas liés directement
aux coûts actuels. À présent, en raison de la fermeture de la décharge de Guellala et ses trois centres de
transfert, les trois communes ne remboursent plus à l’ANGed les 5 DT/tonne destinés à l’enfouissement
des déchets. De même, ces communes souffrent d’un faible taux de recouvrement des taxes municipales
avec toutes les incidences budgétaires que cela entraîne (ainsi, 2/3 des habitants ne payent pas leurs taxes
annuelles fiscales).
Le problème financier va au-delà de la résolution de la gestion des déchets à Djerba car il s’agit de :
Maintenir l’équité entre toutes les villes tunisiennes pour la gestion des déchets. Un surplus d’inves-
tissement pour des procédés technologiques de valorisation au profit d’une ville tunisienne ou d’un gou-
vernorat ne pourra pas se faire alors que d’autres communes ou gouvernorats ont accepté un système
4 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba (PGIDID), Présentation des scenarios, avril 2013.
5 Programme pilote de gestion intégrée des déchets à l’île de Djerba, avant projet sommaire, janvier 2013.
6 Présentation Banque mondiale: Pour un gestion durable des DMA en Tunisie: Acquis et Opportunités, novembre 2013.
20
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
d’enfouissement moins coûteux. Des investissements de l’ordre de 4,5 millions de DT pour 160.000 habi-
tants à savoir 28 DT/habitant ne seraient équitables pour des investissements totaux de 30 millions de DT
pour 7,0 millions d’habitants urbains à savoir 4,2 DT/habitant.
Prévaloir une transparence dans l’allocation des subventions de l’État pour le traitement des déchets.
Vu l’absence de recouvrement des coûts, de la faible performance des communes, et des coûts élevés
pour l’adoption des technologies, une augmentation des recettes de l’État au profit d’une ville se mani-
festera par une transparence inadéquate dans l’allocation des ressources dans le secteur des déchets et
entraînera par le fait même une augmentation du déficit national.
Prévenir l’effet “domino” pour tous les autres gouvernorats qui ont accepté les décharges contrôlées.
Une préférence accordée à une commune entraînera aussi des répercussions semblables sur d’autres
vu que certaines d’entre elles ont déjà manifesté leur mécontentement d’abriter une décharge contrôlée
sur leur territoire. L’effet domino prendra une envergure telle qu’elle paralyserait le système existant de
la gestion des déchets en Tunisie et mettrait en question les institutions responsables de la gestion des
déchets tant qu’ à l’échelle locale que nationale.
21
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Malgré la complexité politique et socioéconomique, l’aspect environnemental n’a pas été quantifié de
manière à présenter aux décideurs et aux citoyens la valeur monétaire des conséquences économiques
engendrées par la crise actuelle de la gestion des déchets à Djerba. Cette dimension sociale et envi-
ronnementale servira aussi de support et de plus-value afin que les décideurs en étroite collaboration
avec les citoyens et les communes puissent trouver une solution idoine tout en respectant les principes
d’équité, de transparence et d’efficience des subventions de l’État tunisien. La solution optimale d’une
gestion durable devra viser à améliorer la situation actuelle aux moyens déjà éprouvés, économiques et
réalisables dans le contexte local.
C’est dans ce contexte général que s’inscrit l’étude du coût de la dégradation de l’environnement due aux
déchets dans l’île de Djerba et qui est appuyé par SWEEP-Net/GIZ. Un objectif général serait d’appréhen-
der dans sa globalité les actions possibles à Djerba pour parvenir à une situation durable, à la fois sur
les plans : techniques (système de traitement, bon fonctionnement confié à des professionnels) ; envi-
ronnementaux (internaliser les coûts de la dégradation de l’environnement) ; et financiers (pérennité et
suffisance des ressources allouées et transparence dans l’allocation des subventions de l’État) pour une
gestion intégrée des déchets municipaux au sein de l’île.
Conscient de l’importance du coût de l’inaction causée par la faible performance de la collecte et d’en-
fouissement, et qui peut engendrer une pollution de l’air, des eaux, olfactive et visuelle ainsi que la proli-
fération de vecteurs de propagation des maladies, et vu l’impact négatif d’une telle gestion sur la qualité
de vie ainsi que sur le tourisme, une appréciation économique du coût de la dégradation de l’environne-
ment due aux déchets ménagers est nécessaire pour sensibiliser les décideurs, les communes et les
citoyens, promouvoir la concertation et prendre des actions concrètes pour améliorer la gestion intégrée
des déchets ménagers.
L’objectif principal est d’évaluer le coût de la dégradation de l’environnement due aux déchets ménagers
pour assister les décideurs à l’échelle nationale et locale à identifier et prioriser des actions concrètes
déjà proposées dans l’APS de Djerba visant à améliorer la gestion intégrée de ces déchets par le biais du
potentiel de financement des projets lié aux avantages environnementaux et à la réduction des externali-
tés négatives.
• Un aperçu des aspects économiques des problèmes de gestion des déchets dans l’île de Djerba ;
• Une analyse économique pour certaines alternatives prioritaires citée dans l’APS.
Des recommandations concrètes afin d’intégrer les avantages dont bénéficiera l’environnement et d’amé-
liorer la gestion des déchets à Djerba.
22
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Le coût de la dégradation de l’environnement peut être envisagé comme une mesure du bien-être perdu
en raison de la dégradation due aux mauvaises pratiques de gestion des déchets. Une perte en termes de
bien-être comprend, sans s’y limiter nécessairement :
• Une perte en termes de vie en bonne santé et de bien-être de la population (par exemple, le fardeau de
la maladie) ;
• Des pertes économiques (par exemple, des revenus auxquels certains agents économiques ont dû re-
noncer) ; et
• Une perte en termes d’opportunités relatives à l’environnement (par exemple, une perte en termes de
tourisme, de ressources halieutiques et de biodiversité).
23
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
erba
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Fig
24
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
L’île de Djerba est essentiellement urbaine et se distingue par une zone touristique à Houmt Souk et Midoun
(Figure 4.1). Les hôtels se concentrent sur le littoral nord et nord-est, et sont séparés des principales
villes sans « aucune référence à un cadre organisé dans l’espace ». 8 Son climat est essentiellement
méditerranéen aride avec des pluies de 200 mm/an et une température variant entre 8 et 32 degrés
Celsius.
8 La destination de Djerba en Tunisie : À partir de l’étude de cas réalisée par Jean Mohamed Mehdi Chapoutot, Plan Bleu Juillet
2011.
9 Site web de Leaders : www.leaders.com.tn/article/djerba-l-ile-aux-sables-d-or?id=15019.
10 Notesditinerance.canalblog.com
11 Nadia Chahed, « Une destination de choix », La Presse de Tunisie, 30 novembre 2009.
12 Site web de Leaders www.leaders.com.tn/article/djerba-l-ile-aux-sables-d-or?id=15019.
13 Idem.
14 Abderraouf Dribek. Vers un tourisme durable en Tunisie : le cas de l›île de Djerba. Economies and finances. Université de Bre-
tagne occidentale - Brest, 2012.
15 OTEDD Indicateurs de développement durable.
16 Idem.
17 Idem.
25
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Cependant, la comparaison de la tendance sur les trois premiers trimestres de 2014 par rapport à ceux de
2010 est négative pour le nombre de nuitées alors qu’elle est positive pour le nombre de touristes et les
recettes touristiques qui ont dépassé le niveau de 2010. Mais, cette tendance serait négative si les recettes
étaient considérées en termes constants (Figure 4.2).
Toujours est-il que la tendance positive semble s’inverser en 2014 pour l’ensemble de la Tunisie à en
croire les statistiques des trois premiers trimestres de 2014 quand elles sont comparées à 2010 où il y a
moins de touristes et ils restent moins de temps en Tunisie. Plus important est que la baisse du nombre
de touristes et de nuitées en 2013 par rapport à 2010 est plus prononcée à Djerba-Zarzis que l’ensemble
de la Tunisie (Tableau 4.2 et Figure 4.2) surtout pour le nombre de touristes (-13,0 % contre -9,2 %).
dance
2010-13 ndance Sept. 201
: Ten ie: Te 0-1
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T
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40 40
ist
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te
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35.6
ris
35
To
35
Tou
Les tendances sont plus nuancées à Djerba-Zarzis et Djerba pour ce qui est de la nationalité des touristes.
En moyenne, Djerba accueille 90 % des touristes de la zone Djerba-Zarzis pour ce qui a trait au nombre de
26
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
touristes et aux nuitées. Pour ce qui est du nombre de touristes, la tendance en 2013 est stable pour les
nuitées (+0,2 % en 2013 par rapport à 2012), mais certainement à la hausse pour le nombre de touristes
(+6,5 %). Cependant, les touristes européens et notamment français sont en baisse en nombre et en
nuitée, mais ont été doublement compensés par les touristes libyens cherchant des cieux plus cléments
et les nationaux tunisiens (Figure 4.3).
Malheureusement, les statistiques de 2014 au niveau des communes ne sont pas encore disponibles.
Cependant, la tendance semble être à la baisse en 2014 selon les représentants du secteur hôtelier malgré
les efforts fournis par les acteurs économiques. Ces derniers tentent de développer le tourisme culturel
afin de mieux rentabiliser les basses saisons touristiques comme suggéré par le Plan Bleu (2011). À titre
d’exemple, le musée en plein air (Djerbahood) a été organisé à El-Riad le 5 septembre 2014 et le concert
Pop in Djerba du 23 au 25 octobre 2014 avec des artistes de renom international comme Eric Clapton et
Yasmine Hamdan (Figure 4.4).
Figure 4.3 : Tendances annuelles des touristes par groupe de nationalité et par commune à Djerba,
2010-2013
: Tendance 2010 Tend
ance 2012-13
Zarzis -13 a:
- b
ba jer
jer s D
D
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ist
7,000,000
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1,400,000
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Houmet Souk
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Maghrebins Européens
Tou
1,200,000 6,000,000
1,202,286 1,224,878 Midoune
1,000,000 5,000,000
800,000 4,000,000
5,189,831 5,178,749
600,000 3,000,000
400,000 2,000,000
211,970 228,238
200,000 1,000,000
694,843 45,203 737,307 46,159
0 0
2010 2011 2012 2013 Nuitées Touriste Capacité Nuitées Touriste Capacité
2012 2013
Source : Site web de l’ONTT www.tourisme.gov.tn.
27
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
les sites comme TripAdvisor et Holidaycheck.18 De plus, les commentaires directs des clients auprès d’un
des plus importants hôtels de Djerba sont invariablement : « l’hôtel est super, mais l’île est vraiment très
sale ».
Houmt Souk 1.202.286 211.970 9.284 47,9 % 1.224.878 228.238 9.284 43,2 %
4.4 La pêche
La pêche constitue une importante activité du gouvernorat de Médenine avec un volume de 15.729 tonnes
d’une valeur de 67,1 millions de DT en 2013 et emploie 9.094 pêcheurs. L’île de Djerba représente 16 %
de ces prises, 23 % de leurs valeurs et engage 36 % de la main d’œuvre. La pêche de Djerba est plutôt
traditionnelle (côtière) avec une petite production d’éponge. Chacune des trois communes de Djerba a son
propre port de pêche (Tableaux 4.4-4.6 et Figure 4.5).
28
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Pêche côtière 3.488 1.542 636 249 759 183 163 2.361 7.020
Pêche au
100 0 100
chalut de fond
Aquaculture 261 42 0 303
Pêche des
poissons 7.803 108 108 7.911
bleus
Pêche du thon 0 0
Pêche des
29 0 29
huîtres
Pêche
11 11 11
d'éponge
Pêche dans
190 0 190
les lacs
Erreurs et
165 165
Omissions
Total 11.681 1.661 636 291 759 190 183 163 2.480 15.564
Source : Direction générale de la pêche et de l’aquaculture.
Pêche côtière 24.393 8.657 4.020 1.059 4.457 917 1.118 13.594 44.621
Pêche au
888 888
chalut de fond
Aquaculture 2.091 420 2.511
Pêche des
poissons 14.523 189 189 14.712
bleus
Pêche du thon 0
Pêche des
140 140
huîtres
Pêche
1.600 1.600 1.600
d'éponge
Pêche dans
1.770 1.770
les lacs
Erreurs et
818 818
Omissions
Total 42.035 10.446 4.020 1.479 4.457 1.770 917 1.118 15.383 66.242
Pêcheur (#) 2.232 1.200 1.650 592 330 2.500 440 150 3.290 9.094
Source : Direction générale de la pêche et de l’aquaculture.
29
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
à Djerba
êche nn
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12,000 5,000
cti
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Volume (Tonnes)
du
10,446 4,500
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Valeur (000' DT)
Pro
10,000 4,000
Pêcheur (#)
3,500
8,000
3,000
DT/Tonne
Valeur par Tonne
6,000 2,500
Log. (Valeur par Tonne)
2,000
4,020
4,000 1,500
Trois points importants sont à souligner : (i) il y a une parfaite corrélation (R2 = 0,89) entre le nombre de
touristes et les prises de la pêche de Médenine en volume qui confirme que la pêche tout entière semble
être absorbée par le secteur touristique à Médenine dont Djerba en constitue 90 % ; (ii) la demande des
produits de la pêche est forte à Médenine et semble un produit de première nécessité dans la chaîne de
valeur ajoutée de l’industrie hôtelière et restauratrice de l’île de Djerba, ce qui se traduit par une courbe de
demande à pente forte ; et (iii) la pêche absorbe relativement un grand nombre de pêcheurs notamment
à Ajim qui représente 67 % du total alors que Houmt Souk produit la plus forte valeur ajoutée qui atteint
6.289 DT/tonne (Tableau 4.4).
Pour ce qui est de la présence de déchets en mer et leur impact sur la pêche, des pêcheurs ont été
questionnés pour voir s’ils attrapaient des déchets dans leurs filets, ce à quoi ils ont confirmé l’absence
de déchets en mer. Cependant, les pêcheurs craignent de voir des déchets ménagers déversés en mer si
le problème des déchets persiste à Djerba.
4.5 Le chômage
Les statistiques concernant l’emploi sont disponibles seulement au niveau du gouvernorat et illustrent
une augmentation du chômage pour la population en général et les diplômés en particulier à Médenine.
Ainsi, le taux de chômage s’est détérioré depuis 2010 avec un taux atteignant 20,4 % pour les chômeurs
tout confondus et 50,1 % pour les chômeurs ayant fait de hautes études. Cependant, le chômage affecte
beaucoup plus les femmes qui ont subi des taux record de chômage en 2013 (Tableau 4.7). Il ne fait aucun
doute que la tendance du chômage réel à Djerba suit celle du gouvernorat et la contraction de l’activité
touristique sur l’île affecte surtout les femmes en général et les diplômés en particulier.
30
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
• Houmt Souk: 20.100 tonnes/an, dont 5.840 tonnes/an provenant des hôtels ;
• Midoun: 19.000 tonnes/an, dont 8.760 tonnes/an provenant des hôtels ; et
• Ajim: 4.400 tonnes/an.
Les déchets ménagers ont une humidité de 40-60 % et la composition moyenne des déchets est comme
suit 20:
Cependant, les déchets hôteliers ont une humidité de moins de 70 % et la composition moyenne des
déchets est comme suit21 :
31
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
La surface de la décharge est de 29 ha munie d’un casier de 2,8 ha recevant 125 tonnes jour. Depuis
l’ouverture de la décharge en mai 2007 jusqu’à septembre 2012, 252.000 tonnes ont été enfouies dans
ce premier casier construit en trois alvéoles dont la surface de deux alvéoles est de 9.000 m2 et un
troisième de 10.000 m2. La décharge contrôlée était munie d’une station de traitement de lixiviat par
osmose inverse de 30 m3/jour et d’un réseau de captage de gaz avec un débit de 225 m3/heure.
Suite à la fermeture de la décharge, Midoun et Ajim ont continué à collecter leurs déchets ménagers
d’une manière discontinue. Les déchets ménagers des hôtels de Midoun sont collectés par un opérateur
privé (SAS) payé au nombre de passage et financé par la commune. La situation est différente à Houmt
Souk. En effet, vu le manque d’équipement et de centres d’enfouissement, la collecte dans la commune
n’est assurée qu’à 10 % et le reste est jeté tout le long des rues et éventuellement brûlé ; certains citoyens
paient des travailleurs clandestins 35 DT/heure pour nettoyer les déchets devant leurs maisons. Les
hôtels de Houmt Souk ont organisé chacun leur système de collecte avec des opérateurs clandestins
privés (les hôtels payent de 100 à 150 DT par passage de camion) et certains enfouissent leurs déchets
dans des terrains appartenant aux hôtels.
L’enfouissement de tous les déchets de l’île se fait dans des décharges sauvages ou des décharges
réhabilitées qui avaient été fermées. Ces dernières ont été rouvertes. Les décharges d’enfouissement
sont présentées dans le Tableau 4.8.
Depuis la fermeture des trois centres de transfert et de la décharge contrôlée, deux projets de valorisation
ont été testés. En décembre 2012, la commune de Houmt Souk a créé un mini centre expérimental
de compostage de biodéchets dans le quartier de Tawrit avec une capacité de 1-2 tonnes/jour avec
ventilation forcée en quatre cellules dans le centre de la ville à 60 mètres des habitations. Un centre
de tri et de compostage pour une capacité de 20 tonnes/jours a été installé sur la décharge sauvage de
Melita avec un financement de 400.000 DT du Ministère de l’Intérieur et une subvention de 300.000 DT
du Département de l’Hérault (France). Suite à un litige foncier sur le site de Melita se trouvant sur un
périmètre communal, des manifestants venant du village de Melita ont saccagé les installations déjà
érigées mettant ainsi un terme à ce projet.
32
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
La Présidence de la République a demandé à ce que les déchets de Djerba soient transférés à la décharge
contrôlée de Bou Hamed à Médenine sur le continent, solution à laquelle les habitants locaux s’y sont
opposés.
Le Premier Ministre a ordonné en juin 2014 à ce que la situation soit débloquée. Le 14 juillet, le Gouverneur
de Médenine a donné l’ordre de rouvrir la décharge contrôlée de Guellala ce qui a entraîné par la suite
les affrontements avec les forces de l’ordre. L’incendie des installations de la décharge s’en est suivie.
Deux ministères sont aussi impliqués à essayer de résoudre le problème des déchets :
• Le secrétariat d’État au Développement Durable et l’ANGed sont journellement impliqués dans la crise
de l’île de Djerba. Une stratégie pour la gestion intégrée et durable des déchets, ainsi qu’une stratégie
de communication sont en cours de préparation. Par ailleurs, des plans d’action sont sous examen.
Cependant, un consensus sur le plan d’urgence 2014-2016 pour une valorisation des déchets n’a pas
pu être établi entre les parties prenantes.
• Le Ministère de l’Intérieur et sa direction générale des collectivités locales travaillent aussi avec les
communes et le Secrétariat d’État chargé du Développement durable pour la préparation de mesures
d’urgence, des mesures à moyen terme de 6 mois et des mesures à long terme de 2 ans. Cependant,
aucune décision concrète n’a été prise.
La Fédération Tunisienne des Agences de Voyages et de Tourisme (FTAV)22 représente les secteurs des
agences de voyages en Tunisie et agissent en son nom auprès des autorités publiques et instances
officielles. La FTAV regroupe 756 agences de voyages et participe à concurrence de 80 % des affaires
dans le secteur des agences et voyages en Tunisie. La FTAV est directement concernée par la crise
de Djerba étant donné qu’il y aurait des possibilités que les opérateurs étrangers puissent réduire ou
annuler les tours (package) pour les années 2015 et 2016. Ceci affecterait directement les revenus des
hôtels et par le fait même les salaires des employés, mais aussi toute la chaîne directe et indirecte du
tourisme sur l’île. La FTAV est prête à assister à la recherche d’une solution, mais pense que c’est l’État
et ses organismes locaux qui doivent trouver le financement et la solution.
Les communes de Midoun et de Ajim23 ont leur propre conseil municipal ainsi que des commissions
permanentes. Chacune des deux communes a aussi une direction de la propreté et de l’environnement
et qui est responsable de la collecte des déchets. À Houmt Souk, le conseil municipal a présenté sa
démission suite à la crise de la gestion des déchets. Il a été remplacé par le délégué de Houmt Souk qui
représente le Gouverneur. Avec ses modestes moyens, la direction de la propreté a réduit la collecte des
déchets faute de trouver des sites d’enfouissement et d’éviter toute objection et des échauffourées avec
la population.
33
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Les trois communes sont d’avis que les déchets doivent être valorisés avec un tri sélectif à la source et
que l’enfouissement n’est plus une solution acceptable. Elles sont toujours dans l’attente d’un plan de
gestion de l’ANGed qui leur soit acceptable. Cependant, chacune a préféré enfouir ses propres déchets
dans leurs décharges sauvages sous prétexte comme l’a si bien dit un représentant de la commune de Ajim,
« qu’ils ne sont sûrs que de la qualité des leurs déchets et qu’ils n’ont pas confiance dans ceux des autres
communes ». Cette situation de ségrégation est difficilement compréhensible tant sur le plan technique,
social qu’environnemental. Cependant, ce message sous-entend un manque d’équité où les recettes
fiscales du tourisme de Djerba ne touchent que très indirectement et de façon minime la commune de Ajim.
La Fédération Régionale des Hôteliers de Djerba-Zarzis est aussi consciente du problème des déchets.
Elle estime que chaque hôtel verse une redevance moyenne de 150.000 DT par an aux communes de
Houmt Souk ou Midoun qui devrait en partie couvrir la collecte et l’enfouissement des déchets et que
ce montant est plus que suffisant pour que les communes assument pleinement la responsabilité de la
gestion des déchets de l’île.
Les ONGs sont nombreuses dans l’île de Djerba. Toutes sont impliquées d’une façon ou d’une autre dans
la résolution des déchets de l’île. L’une d’entre elles, l’Association pour la Sauvegarde de l’île de Djerba,
déplore le manque de crédibilité et de transparence qui a mené à l’impasse et reconnaît que beaucoup
de promesses ont été faites par les autorités de tutelle pour trouver une solution « miracle » sans pour
autant maintenir un dialogue positif et franc avec les citoyens. L’Association pense que le tri sélectif et le
compostage sont la solution à adopter et devraient être financés par l’État tunisien.
Il est aussi important de souligner que différents partis politiques ont essayé d’instrumentaliser l’affaire
des déchets de Djerba à des fins électorales. Ceci a exacerbé les tensions et poussé les différentes
tendances à s’aligner sur des positions extrêmes et divergentes avant les élections parlementaires
d’octobre 2014.
4.9 Conclusions
Tout compte fait, la situation à Djerba est déplorable surtout à Houmt Souk où les déchets sont jetés et
brûlés dans les rues. La priorité pour une solution immédiate est requise pour cette commune. Cette
solution ne peut pas être arrêtée par les autorités de tutelle, mais de concert avec elles. Plutôt, cette
solution doit être conçue et mise en œuvre avec les agences et institutions, dont leurs revenus et le
revenu de leurs employés qui seront affectés si une solution rapide n’est pas trouvée. Ceci nécessitera
de faire appel à des spécialistes, des médiateurs et des opérateurs de renom international.
Les résultats des entrevues avec les acteurs de Djerba montrent un consensus concernant le problème
des déchets pour ce qui a trait à la santé, l’environnement et les préoccupations économiques notamment
touchant le secteur du tourisme et les activités directes et indirectes en découlant. Les communautés
locales sont conscientes des facteurs de risque associés au problème des déchets et elles sont prêtes à
coopérer dans le cadre d’une résolution globale du problème.
La majorité des acteurs non publics interrogés a fait valoir que « les odeurs dégagées de la décharge
contrôlée de Guellala, le double discours de différents responsables du gouvernement (fermeture et/ou
réouverture de Guellala), les doléances de la société civile, les promesses non tenues par le gouvernement
sont les principales raisons qui ont entravé la résolution de cette crise ». Ainsi, les populations locales
ont perdu confiance dans les efforts du gouvernement pour mettre en œuvre une politique endossée par
la société civile.
34
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Les acteurs publics ont pour leur part essayé de rouvrir sans succès la décharge de Guellala, quoique
de façon temporaire, afin de rendre à Djerba un état de salubrité ante 2012 dans un souci de prévenir de
potentielles épidémies et d’assurer l’environnement propice afin de maintenir l’activité économique et
notamment touristique de l’île.
Les acteurs tant publics que privés sont confrontés au même problème sans pour autant trouver un modus
vivendi. C’est ainsi que l’analyse et l’évaluation sociale est nécessaire pour éviter la résistance sociale
résultant du phénomène « Not In My Back Yard » (NIMBY) ou pas dans mon arrière-cour. Cependant,
il est difficile d’expliquer le comportement des individus qui cherchent à promouvoir les avantages
collectifs lorsqu’ils sont confrontés à des dilemmes sociaux (théorème de Coase).24 Une multiplicité de
facteurs contribue aux comportements individuels lorsqu’ils sont confrontés à des dilemmes sociaux ;
valeurs personnelles, à savoir l’altruisme et la confiance des différentes parties prenantes, y compris
la communauté locale. Les niveaux de coopération au sein de la communauté n’augmenteront que
lorsque la confiance dans la communauté est renforcée par la réciprocité (par exemple, l’engagement
mutuel à recycler). Similairement, les niveaux de coopération entre la communauté et le gouvernement
n’augmenteront que lorsque la confiance entre ces deux parties est renforcée par la réciprocité
« confidence building mesures ». Savoir pourquoi et comment les dilemmes sociaux sont résolus
peut mieux informer la compréhension des motivations individuelles et sociales et aider les décideurs
publics à mieux élaborer les politiques. Finalement, au niveau de la coopération et de l’équité entre les 3
communes, le déséquilibre des recettes fiscales du secteur hôtelier (Houmt Souk et Midoun au détriment
de Ajim) entre les trois communes demeure un point de litige non déclaré nécessitant un arbitrage de
l’État afin d’arriver à une juste redistribution des recettes fiscales contribuant à la restauration de la
confiance au sein de l’île.
24 Définition du Théorème de Coase dans Wikileaks : si les coûts de transaction sont nuls et si les droits de propriété sont bien
définis, il résultera une allocation efficace. Comme les coûts de transactions (le transfert de droits de propriété, de décision, de
bénéfice) ne sont pas nuls, l’intervention étatique peut se justifier par la théorie économique, mais seulement à deux conditions :
1. Il faut d’une part que les coûts de transaction engendrés par la réglementation soient eux-mêmes inférieurs aux coûts de
transaction engendrés par les autres solutions n’impliquant pas l’intervention de l’État ;
2. Il faut d’autre part que l’action produise des bénéfices supérieurs à ces coûts de transaction, sans quoi l’intervention de l’État
engendrerait une perte nette.
En d’autres termes, si les utilisateurs de la ressource n’arrivent pas à gérer la ressource de façon optimale, l’intervention de l’État
est requise.
35
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Par ailleurs, il est difficile de délimiter de façon précise la dégradation de l’environnement qui est strictement
d’origine naturelle et celle qui est strictement d’origine anthropogénique. Dans certains cas de figure, il y a
chevauchement entre les deux causes de la dégradation où se produit un renforcement mutuel.
5.2 Méthodologie
Les techniques d’estimation d’impact et d’évaluation économique retenues sont principalement
dérivées des méthodes éprouvées et synthétisées dans le manuel de la Banque mondiale sur le Coût
de la Dégradation,25 le manuel de la Commission Européenne sur le Benefit Assessment26 ainsi que
d’autres manuels et sources de référence comme les publications de The Economics of Ecosystems
and Biodiversity (TEEB), elles aussi financées par la Commission européenne en coopération avec le
Gouvernement allemand.27 Les principales méthodes d’estimation d’impacts se regroupent autour de
3 piliers (Figure 5.1) :
Au cas où les données ne sont pas disponibles, un transfert d’avantages peut être effectué d’études
ayant été faites dans d’autres pays en ajustant les résultats pour le différentiel du revenu, d’éducation,
de préférence, etc. Les résultats d’origine reposent sur l’une des méthodes d’évaluation économique des
4 piliers susmentionnés.
L’année de base 2014 a été retenue pour l’estimation des coûts de la dégradation. L’évaluation des avantages
(coût de la dégradation réduite sur une année) sera utilisée pour dériver les coûts de la restauration
pour certaines sous-catégories prioritaires. Les coûts de la restauration reposent sur une analyse coûts/
avantages (C/A) avec un taux d’escompte de 10 % du fait de la courte durée de vie des investissements
(les coûts d’investissement et le flux des avantages générés lors de la restauration) lorsque celui-ci est
36
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
considéré dans l’évaluation. Trois indicateurs sont pris en compte dans l’analyse C/A qui sont : la valeur
actualisée nette (VAN) qui est la différence entre les avantages et les coûts totaux actualisés ; le taux de
rendement interne (TRI), qui est le taux d’actualisation qui remet à zéro la VAN ou le taux d’intérêt qui rend
la VAN de tous les flux monétaires égal à zéro ; et le ratio A/C, qui est le rapport de la valeur actualisée
des avantages sur la valeur actualisée des coûts au cours de la durée de vie du projet, doit être égal ou
supérieur à 1.
38
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Une partie de l’écart entre les deux chiffres s’explique par une possible collecte parallèle à celle des
communes ainsi qu’au recyclage et compostage qui demeurent mal quantifiés comme par exemple : la
collecte effectuée par Eco-Lef qui se situe autour de 200 tonnes par an ; le projet pilote concernant le
recyclage (mise en place du tri sélectif en mai 2013 avec composteur individuel et collecte de bouteilles
en plastiques dans 2 quartiers de 10.000 habitants) et le compostage (10 à 15 tonnes de déchets par
semaine) avec aération forcée présentée en 4 cellules dans le parc de Tawrit à Houmt Souk en 2013
qui ont permis notamment de déterminer le bon dosage en mixant 1/3 de déchets verts avec 2/3 de
déchets bio pour obtenir du bon compost lequel a un prix de marché de 50 DT/tonne ; l’effort fourni par les
hôteliers et les restaurateurs qui a consisté à entreprendre un tri à la source ; le démarrage en 2013 par un
entrepreneur de la collecte et transfert de Midoun de matières recyclables (fractions plastiques, carton et
verre) provenant des hôtels et supermarchés, qui sont estimées à 4.000 tonnes/an, semble s’essouffler du
fait du manque de débouchés rencontré par l’opérateur ; les bouteilles consignées ; la collecte des déchets
par le secteur informel ; etc.
39
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
-Déchets générés par pop (0,62kg/jour) Tonne 2014 17.118 13.403 5.848 36.370
Commune et marchés
Les plus ou moins 60.000 tonnes/an en 2014 se basent sur une génération de 0,62 kg/jour par habitant et
de 2,82 kg/jour pour les touristes ainsi qu’un volume de 6.000 tonnes/an générées par les Communes et
marchés. Cependant, ce chiffre ne comprend pas les déchets médicaux (mise en place du traitement des
déchets médicaux avec une société agréée par le Ministère de l’Environnement en juin 2014), les déchets
de démolition et construction, les huiles alimentaires (précédemment collectées en partie par notamment
Eco Oleo), les déchets agricoles (margines, grignons, feuilles de dattiers), les boues, la posidonie des
plages, les déchets dangereux ainsi que d’autres déchets. 31
Le code de la fiscalité locale ne permet pas aux communes de percevoir des redevances auprès des
ménages. Exception étant faite pour notamment les déchets encombrants ou verts. Les services de
collecte des déchets ménagers sont ainsi financés par l’impôt avec un taux de recouvrement de la Taxe
d’Habitation ne dépassant pas 30 %.32
Le taux d’imposition total des établissements hôteliers s’élève à 2,2 % et se répartit comme suit :
40
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
- Le taux de la taxe hôtelière est fixé à 2 % du chiffre d’affaires brut et, est réparti dans les proportions
suivantes : 50 % au profit du budget de la commune dont relève l’établissement ; et 50 % au profit du Fonds
de Protection des Zones Touristiques qui est destiné à financer notamment les travaux d’aménagement
urbain et de reboisement, de protection, et d’enrichissement de l’environnement.
- La taxe sur les établissements à caractère industriel, commercial ou professionnel s’élève à 0,2 % du
chiffre d’affaires brut local.33
Ainsi, seules les communes de Houmt Souk et Midoun reçoivent l’imposition des établissements hôteliers
(1 % du chiffre d’affaires brut) qui leur permet de couvrir une partie des coûts associés à la collecte qui
représente 40 % de leur budget. Il est à noter que le montant de 29 $ EU/tonne (36 $ EU/tonne en moyenne
à Djerba), qui n’inclue pas le balayage et l’arrosage des rues, est beaucoup plus difficile à supporter par la
commune de Ajim que les deux autres communes du fait qu’elle ne reçoit pas de taxes hôtelières.
La collecte des déchets ménagers est assurée par les communes alors que celle des déchets hôteliers
est assurée par la commune à Houmt Souk et par un opérateur privé financé par la commune de
Midoun. Depuis 2012, certains établissements hôteliers dans ces deux communes ont retenu les services
d’opérateurs privés pour la collecte de leurs déchets bio, verts, huiles alimentaires, etc. pour faire face aux
perturbations subies par le service communal depuis 2012.
Le CDEDM de Djerba atteint 7,8 millions de $ EU (14,1 millions de DT) en 2014 avec une borne inférieure
(BI) de 8,3 millions de $ EU et une borne supérieure (BS) de 8,7 millions de $ EU. Le résultat moyen est
équivalent en moyenne à 1,1 % du PIB de Djerba et 0,02 % du PIB national de Tunisie en 2014 basé sur les
projections du FMI. Inversement, les pertes d’opportunité, dont le produit pourrait être utilisé de manière
plus judicieuse (efficience allocative) pour améliorer la gestion du secteur des déchets comme la réduction
des subventions, le recyclage et le compostage, s’élèvent à 2,1 millions de $ EU soit à 3,7 millions de DT
équivalents à 0,004 % du PIB tunisien en 2014 (Tableau 6.2 et Figure 6.1).
41
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Tableau 6.2 : Coût de la dégradation, pertes et dégâts matériels, et perte d’opportunité des déchets
solides à Djerba, 2014, en millions de $ EU
Coût de la dégradation
Pertes d’opportunité Total
pertes et dégâts
Catégories
Millions Millions Millions Millions Millions Millions %
de $EU de DT de $EU de DT de $EU de DT
Ventilées par sous-catégorie du coût de la dégradation, et des pertes et dégâts, l’équivalent du revenu
disponible (1 % des revenus disponibles des ménages devant être alloué aux services de collecte) associé
aux déchets non collectés (90 % des habitants de Houmt Souk) vient en premier (38 %) et est suivi par
le coût de nettoyage des déchets des décharges sauvages (13,1 %), les dégâts subis à Guellala et Melita
(12,3 %), la moins-value des terrains des centres de transfert et des décharges contrôlées et sauvages
(10,5 %), les pertes d’amortissement des centres de transfert et de la décharge de Guellala (9,1 %), la perte
au titre des décharges qui avaient été réhabilitées (6,2 %), les coûts fixes à l’opérateur privé des centres
de transfert et de la décharge de Guellala (4,2 %), le consentement à payer des touristes devant subir
la pollution visuelle et olfactive des déchets dans les rues (3,2 %), les coûts associés à l’environnement
global (1,8 %), la production d’énergie pouvant être produite dans les cellules de la décharge (1,1 %) ainsi
que les émissions de méthane évitable de la décharge contrôlée de Guellala (0,02 %). Plusieurs sous-
catégories mériteraient quelques approfondissements tels que la contamination de l’eau due à l’infiltration
des lixiviats dans les nappes et dans la mer ou bien les effets sur la santé qui n’ont pas été évalués, car
42
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
ceux-ci requièrent des enquêtes épidémiologiques du fait que ces problèmes sont perçus comme tels par
les personnes vivant dans la zone des décharges alors que les statistiques sur la prévalence des maladies
communicables n’affiche pas des écarts notables par rapport aux années précédentes.
Figure 6.1 : Coût de la dégradation et perte d’opportunité des déchets solides à Djerba, 2014,
millions de DT
Djerba - 20
ets à 14 -
déch Mi
ue lli
iq on
at 14,1 3,7
sd
5 Moins-value des terrains : CT et DC
m
lé
eD
Emissions de méthane
rob
T
Energie potentielle perdue
la p
4
Environnement global
Millions de DT
Coût de
Non-Collecte : 90% HS
3
Nettoyage requis : décharges sauvages
Moins-value des terrains : DS
2
Perte de réhabilitation des décharges
Perte d'amortissement : CT et DC
1 Dégats à Guellela et Melita
0
Coût de la Pertes
Dégradation d'Opportunité
- Millions de DT
2014
-
ba
er
5
Dj
CD
4
Source : Auteurs.
Millions de DT
0
Non-Collecte : 90% HS
Nettoyage requis : décharges
Moins-value des terrains : CT et
Moins-value des terrains : DS
Perte de réhabilitation des
Perte d'amortissement : CT et
Dégats à Guellela
Dégats à Melitta
Coûts fixes à l'opérateur privé :
Emissions de méthane
Energie potentielle perdue
Environnement global
CAP des Touristes : pollution
43
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Figure 6.2 : Coût de la problématique déchets à djerba en 2014 due à la situation Ante et Post 2012
tu
T
m
potentielle 2015
tiq
0,014%
ni
lé
14 13,6 Potentiel
ma
sie
0,014%
rob
12,9 Pertes d'opportunité
récurrente
n
blé
Pertes d'
la p
millions de DT
12 0,012%
Consentement à payer:
Coût de la pro
% du PIB tunisien
pollution visuelle
Coût de
10 Consente
Pertes et dégâts 0,010% Visuelle
8 Coût marginal de la
0,008% Pertes et
dégradation
6 Coût récurrent de 0,006%
la Coût Mar
dégradation 0,004%
4 3,7 0,004% Coût Réc
2 0,002%
0,5 16 0,001%
Pertes d'opportunité
0 potentielle 2015
0,000%
CD due à CD due14 à PO due à PO due à
13,6 CD due à CD due à PO due à PO due à
Ante 2012 Post 2012 Ante 2012 Post 2012 12,9 Pertes d'opportunité
Ante 2012
récurrente Post 2012 Ante 2012 Post 2012
millions de DT
12 Consentement à payer:
pollution visuelle
16 10 Pertes d'opportunité Pertes et dégâts
Note : CD = coût de la dégradation ; et potentielle 2015
14 13,6 8 Coût marginal de la
PO = pertes d’opportunité. 12,9 Pertes d'opportunité dégradation
récurrente
6
millions de DT
La moins-value des terrains touche les 3 stations de transfert de l’île et la décharge de Guellala. La
superficie de chaque station de transfert a été estimée à 5.000 m2 et celle de Guellala à 290.000 m2.
L’évaluation de la dépréciation des terrains est basée sur le prix moyen actuel des terrains est de
30 $ EUm2 avec deux cercles concentriques avec le premier anneau dégageant une dépréciation de 15 %
et le deuxième anneau dégageant une dépréciation de 10 %. La valeur de moins-value des appartements
n’a pas été envisagée en raison de l’absence de données, mais aurait pu augmenter de manière
significative la valeur de l’évaluation associée à cette sous-catégorie. Le coût de la dégradation, qui a
été annualisé sur 15 années d’exploitation pour toutes les stations et la décharge contrôlée, s’élève à
76.827 $ EU en 2014.
Sur la base du modèle LandGEM développé par l’EPA des EU, les émissions de méthane qui pourraient
être évitées sur 20 ans ont été calculées pour le volume de déchets de 2014 à Guellala équivalent à
45.000 tonnes dont 34.524 tonnes comprenant une valeur calorifique. Le méthane généré est de 2.240
tonnes en 2014 et de 23.885 tonnes sur 20 ans. Le méthane évité est de 1.275 tonnes en 2014 et 13.596
44
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
tonnes de CO2 équiv. sur la période. La VAN escomptée à 5 % du CO2 évité sur la période se monte $ EU
1.911 en utilisant le dernier taux de 2014 de réduction certifiée des émissions ($ EU 0,202/tonne). Par
contre, concernant l’environnement global et en utilisant la valeur de $ EU 14,6 par tonne de CO2 émis,
la dégradation s’élève à 138.411 de $ EU en 2014. La description de la méthodologie et les calculs sont
développés dans l’Annexe I.
Le manque à gagner d’électricité qui aurait pu être produite dans les cellules (valeur actuelle nette
actualisée à 5 % pour les déchets 2014 sur 20 ans) dans la décharge de Guellala pour les seuls déchets
de 2014 s’élève à 86.087 $ EU en 2014 sur la base du tarif moyen de la facture d’électricité de 0,06 $ EU/
kW/h.
Alors que la collecte est assurée bon an, mal an à Midoun et Ajim, le taux de couverture de la collecte
à Houmt Souk ne dépasse pas les 10 % et le balayage des rues est compromis depuis la fermeture de
Guellala en 2012. Le coût de la dégradation, qui est considéré représenter l’équivalent de 1 % du revenu
disponible des ménages sur un an (Tableau 6.1), se monte à 0,7 million de $ EU en 2014.
6.5.2 Nettoyage requis des déchets collectés et non-collectés jetés dans la nature
Les déchets collectés et non collectés, qui sont jetés dans les décharges sauvages et dans la nature,
requièrent un nettoyage. Ils se montent à 75 % des déchets générés (60.428 tonnes/an), soit 45.321 tonnes
en 2014 alors que les 15.107 tonnes résiduelles (25 %) sont considérées recyclées ou brûlées. Les déchets
jetés dans la nature ont le potentiel de polluer 44.432 m2. Pour le nettoyage des décharges sauvages,
23 $ EU par tonne par m3 (1 min 2 s par 1 mètre de profondeur) est adopté.34 Le coût du nettoyage se
monte à 1 million de $ EU en 2014.
La même méthode pour la moins-value des terrains autour des centres de transferts et la décharge
de Guellala a été utilisée pour des décharges sauvages. La surface des décharges sauvages ainsi que
les centres de compostage pilote ainsi que de recyclage sont illustrés dans le Tableau 6.3. La moins-
value est considérée sur 2 ans, donc la valeur est divisée par 2. La moins-value des terrains se monte à
0,89 million de $ EU en 2014.
45
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Tawrit compostage pilote 300 4.669 19.194 0,0 0,1 0,0 0,04
Suite à la réutilisation de l’ancienne décharge sauvage d’Aghir, qui avait été réhabilitée en 2007 et dont
le site réhabilité devait rester inaltéré sur plus de 10 ans, le coût de la réhabilitation est pur perte et doit
être diviser sur deux ans depuis le début de la réutilisation de la décharge. Aux prix de 2014, le coût de
réhabilitation s’élève à 969.703 $ EU. Ainsi, le montant de la perte totale est la moitié de l’investissement,
soit 484.852 $ EU en 2014.
Les pertes d’amortissement des centres de transfert et de la décharge de Guellala sont estimées à 10 %
du montant d’investissement initial sur 15 ans, soit 709.275 $ EU en 2014 aux prix de 2014 (Tableau 6.4).
46
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Les pertes à Guellala ont été évaluées par l’ANGed en 2014 et se montent à 2,9 millions de DT. Les pertes
pour l’année 2014 (montant total/2) s’élèvent ainsi à 709.275 $ EU. Pour Melita, les dégâts se montent à l’in-
vestissement initial de 553.400 de DT en 2012 pour les installations de compostage dont l’enveloppe totale
était de 700.000 DT. Ainsi, les pertes se montent à 164.580 $ EU sur une année en 2014 aux prix de 2014.
Les pertes associées aux coûts fixes de gestion des centres de transfert de Houmt Souk, Midoun et Ajim
ainsi que Guellala sont toujours payées par l’ANGed à hauteur de 60 % à l’opérateur privé et se montent à
329.137 $ EU en 2014. Ceux-ci comprennent les frais de personnel, les charges d’électricité, les taxes et
assurances, FGB, etc.
Les autres déchets tels que les boues des STEPs, les margines issues de la production d’huile d’olive,
la posidonie sur les grèves ainsi que les DASRI ne sont pas considérés dans cette analyse, car ils ne
contribuent pas a la problématique actuelle des déchets à Djerba alors qu’ils peuvent avoir un effet
négatif sur l’environnement en général. Cependant, il est important de noter que les huiles et graisses
alimentaires des hôtels et des restaurants qui étaient stockées depuis 2009 à Guellala dans un bassin
en attendant la mise en place d’un programme national de transformation des huiles en biodiesel ont
contribué à la pollution olfactive émanant de Guellala. Ceci n’a fait qu’exacerber le problème des déchets
qui a culminé en septembre 2012 avec la fermeture de la décharge.
La contamination des nappes phréatiques et des zones côtières par les nouvelles décharges sauvages ne
fait aucun doute, mais des analyses de la qualité des eaux souterraines et marines sont nécessaires pour
quantifier et évaluer les dégâts.
Les risques d’explosions liées à la mauvaise gestion des décharges sauvages est un risque grandissant et
il est impératif d’introduire une méthanisation passive à toutes les nouvelles décharges sauvages de peur
qu’elles ne causent des explosions, des dégâts et des victimes.
35 RDC Environment, 2011; Le nombre moyen par ménages en Belgique est de 2,3.
47
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Il y a certainement des risques futurs de maladies respiratoires, hydriques et épidermiques ainsi que des
risques de brûlure lorsque les déchets sont brûlés en pleine rue. Cependant, les autorités sanitaires n’ont
reporté aucune anomalie dans les tendances saisonnières de prévalence des maladies communicables
depuis 2012. Toujours est-il que certains employés d’hôtels ont souffert de contusions et autres conditions
lorsqu’ils effectuaient le tri sélectif à la source, et ce, faute d’accoutrement adapté.
6.9.1 Collecte
En 2014, la collecte et le balayage sont supportés par le budget des communes, qui sont alimentés par
le produit des taxes, impôts, redevances, droits et contribution de l’État (FCCL), à hauteur du volume
total collecté à Houmt Souk, qui est de 10 % des déchets générés, et de 100 % à Midoun et Ajim. Le coût
d’opportunité de la subvention accordée par les municipalités en matière de ressources propres afin de
couvrir la collecte et de balayage se monte à (33,2 $ EU/tonne x 27.000 tonnes représentant les déchets
générés par les ménages seulement) 0,9 million de $ EU. Il est important de signaler que la redevance
(gate fee) de 3 $ EU/tonne payée par chaque commune à l’ANGed n’est plus effectuée depuis l’arrêt du
travail à la décharge de Guellala.
La subvention de l’ANGed n’est payée qu’en partie au titre de coûts fixes à l’opérateur depuis la fermeture
de Guellala. Cependant, ce montant est considéré comme pertes dues à la situation des déchets à Djerba
et figure sous la catégorie pertes associée aux coûts fixes de gestion ci-haut.
Le compostage et le recyclage potentiel sont illustrés dans le Tableau 6.11 où le montant total généré est de
60.328 tonnes en 2014. De ce montant potentiel, un montant équivalent à 30.869 tonnes est possiblement
recyclable et « compostable » à condition qu’il y ait peu de résistance au changement de comportement
quand il s’agit de la séparation à la source, d’un tri adéquat, et que de bons processus de recyclage et
de compostage soient mis en place, etc. Les coûts par tonne de matières recyclables et de compost sont
dérivés des prix actuels du marché. Cependant, seul le prix du compost a été aligné sur le prix des engrais
organiques naturels. Par conséquent, la perte d’opportunité de recyclage et de compostage pour Djerba
s’élève à 1,1 million de $ EU en 2014 millions (Tableau 6.5).
48
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Autre 13%
Déchets hôteliers
Autre 6,0%
Source : Section 3 ; WDI (2014) ; et Auteurs.
49
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
(compacté)
Décharge 30.869 104.287 5.214 10.429 30 0,2
3,4
BI 0,1
BS 0,3
Source : Tableau 6.6 ; Australian Environment Protection Authority ; et Auteurs.
Il est très difficile de changer le comportement des tours opérateurs et des touristes quant à ce qui
se passe au niveau des déchets à Djerba. Toujours est-il que certains tours opérateurs ont déjà tiré la
sonnette d’alarme et les hôteliers appréhendent une baisse de la demande sur Djerba à cause de la
problématique des déchets qui pourrait augmenter au cas où le problème ne serait pas réglé dans des
les plus brefs délais.
Six hypothèses sont considérées sur la base des touristes de 2013 : une réduction de 0, 2,5, 5, 10, 15 et
20 % du nombre de touristes visitant Djerba en 2015. Les montants son illustrés dans le Tableau 6.7 et
varient entre 0 et 103,2 millions de DT ou 0 et 57,2 millions de $ EU. Cette baisse est loin de prendre en
compte tous les effets socioéconomiques et surtout fiscaux d’une telle baisse des recettes sur l’économie
nationale et locale de Djerba, mais sert comme un bon indicateur pour faire les analyses coût/avantage.
La comparaison concernant le coût de la dégradation entre le Grand Tunis et Djerba permet un éclairage
et un benchmarking concernant la problématique des déchets à Djerba depuis septembre 2012. Le coût
de la dégradation due aux déchets en 2014 représente la moitié de celle du Grand Tunis en 2012 pour une
50
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
population 16 fois moins importante et un volume de déchets générés 10 moins importants alors que les
touristes sont plus importants par un facteur 1,2. La comparaison des ratios du coût de la dégradation
par tonne et par habitant atteignent des différences significatives : 234 DT/tonne pour Djerba contre
52 DT/tonne pour le Grand Tunis et 88 DT/habitant pour Djerba contre 13 DT/habitant pour le Grand Tunis
(Figure 6.3).
i
ra
ra
Coût de la dégradation 38.5 21.3 Coût de la dégradation
pa
pa
40 DT/Tonne $EU/Tonne
Pertes d'opportunité
Com
Com
20 200
31.3 17.3 120
Coût de la dégradation
millions de $EU
millions deDT
30 DT/Habitant $EU/Habitant
millions de $EU
150
millions deDT
15
80
20
10 100 88 49
14.1 7.8
52 29 40
10 5 50
3.7 2.1
13 7
0 0 0 0
Djerba Grand Tunis Djerba Grand Tunis
2014 2012 2014 2012
i
ra
ra
50
pa
pa
Com
millions deDT
0.037% 31,3
30
0.030%
20
0.020% 14,1
0.016%
0.010% 10
0.004% 3,7
0.000% 0
Djerba Grand Tunis Djerba Grand Tunis
2014 2012 2014 2012
6.11.2 Conclusions
La présente analyse sur Djerba révèle que les coûts de la dégradation (14,1 millions de DT ou 7,8 millions
de $ EU) sont beaucoup plus importants que les pertes d’opportunité (3,7 millions de DT ou 2,1 millions de
$ EU) des déchets solides. Ainsi, la gestion des déchets selon le schéma envisagée par l’ANGed en 2007
a été interrompue du fait d’un concours de circonstances qui s’est traduit par la fermeture de la décharge
contrôlée, l’ouverture d’anciennes décharges réhabilitée et l’enfouissement informel dans des endroits
qui restent difficilement repérables.
51
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Les coûts de la dégradation ont été agrégés de façon à séparer les coûts récurrents (3,9 %), qui sont en
partie (moins-value des terrains autour des centres de transfert et de la décharge contrôlée de Guellala)
un mal nécessaire et auraient perduré avec la continuation du schéma tel qu’élaboré par l’ANGed en 2007
(sans génération d’électricité et capture de méthane), des coûts issus de la détérioration de la gestion
des déchets depuis 2012. Ceux-ci incluent les coûts marginaux (61,1 %), les pertes (19,5 %), les dégâts
(12,3 %) et le consentement à payer des touristes occidentaux pour avoir une destination touristique avec
un environnement propre (3,2 %).
Pour ce qui est des pertes d’opportunité récurrente (3,7 millions de DT ou 2,1 millions de $ EU) qui sont en
grande partie issue de la continuation du schéma tel qu’élaboré par l’ANGed en 2007. Il est évident que la
durabilité du secteur nécessitera soit d’augmenter les recettes directes (création d’une redevance dédiée
aux déchets), soit d’introduire une taxe indirecte (similaire à l’écotaxe déjà collectée sur les matières
plastiques ou le transfert d’une partie de la TPE (et d’autres taxes nationales, comme la TVA) aux budgets
des communes) soit les deux pour la collecte (communes) ainsi que pour le transfert, la transformation et
l’enfouissement (Gouvernement). Cependant, il est essentiel que le recouvrement des coûts de la collecte
soit amélioré pour alléger le fardeau fiscal des trois communes notamment Ajim qui ne collecte pas une
taxe touristique contrairement à Houmt Souk et Ajim. Pour ce qui est du recyclage et du compostage,
Djerba est encore au point mort malgré le projet pilote de Tawrit pour le compostage et la malencontreuse
expérience de Melita tous deux à Houmt Souk. Cependant, le recyclage et le compostage ont un potentiel
de réduire le gaspillage et de réduire l’enfouissement.
Pour ce qui est des pertes d’opportunité potentielles, l’enjeu est de taille, car elles représentent la baisse
du nombre de touristes due à l’état des déchets non solutionné à Djerba. Ceci pourrait ne pas avoir
d’incidence sur la saison future comme il pourrait avoir une incidence plus ou moins importante comme
le révèlent les commentaires des touristes sur certains sites comme TripAdvisor. Les réductions retenues
de façon hypothétique peuvent varier de 12,9 millions de DT avec une réduction de 2,5 % de touristes à
103,5 millions de DT avec une réduction de 20 %.
Sur la base de ces résultats et dans un souci de préserver la saison touristique prochaine, les priorités
sont considérées en deux temps :
52
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
• Scénario 1 d’urgence : rétablir la collecte à Houmt Souk par la commune et aménager une décharge
contrôlée provisoire et équiper les décharges sauvages avec une dégazification passive.
• Scénario 2 pour le transport des déchets en dehors de l’île : transport des déchets à la décharge de
Bouhamed à Médenine sur le continent avec 2 options de transport ainsi que l’investissement dans un
nouveau casier ainsi que la mise à niveau du traitement des lixiviats et du torchage.
• Scénario 3 pour la réouverture de Guellala : réouverture de la décharge selon le schéma d’avant 2012
en attendant de trouver une solution permanente et acceptable par toutes les parties.
• Scénario 4 pour un plan rapide de réduction des déchets à la source : considérer le projet de 2014-
2016 pour le recyclage et le compostage sans le coût d’enfouissement alors que le projet préconise un
enfouissement classe 2 (CET pour les déchets ultimes). Ce projet a été en partie mis en veilleuse après
la destruction des structures à Melita.
• Scénario 5 pour la méthanisation simple qui consiste à une dégradation partielle et anaérobique (sans
oxygène) de putrescibles sous l’action de micro-organismes. Cette réaction qui produit du gaz méthane
et du gaz carbonique a lieu dans un digesteur fermé et confiné qui empêche tout contact du gaz produit
avec l’extérieur avec valorisation du biogaz. Le sous-produit est le méthane qui sert comme source
d’énergie pour alimenter une turbine (ou des turbines) pour la production de l’électricité ainsi que le
digestat qui peut servir de compost. Cette option dans de l’APS de GIZ/SWEEP-Net (2013) est la moins
coûteuse et est estimée à 35,4 DT pour les coûts dynamiques de fonctionnement et 146,0 DT/tonne pour
les coûts dynamiques totaux (fonctionnement et investissement).
• Scénario 6 pour le compostage confiné qui consiste à une dégradation partielle de putrescibles sous
l’action de micro-organismes en milieu aérobique en l’équipant d’un bâtiment confiné avec un traitement
de gaz de fermentation. Cette réaction produit du compost, mais non pas de l’énergie. Cette option
dans l’APS de GIZ/SWEEP-Net (2013) est considérée la plus coûteuse et est estimée à 142,6 DT/tonne
pour les coûts dynamiques de fonctionnement et 751,4 DT/tonne pour les coûts dynamiques totaux
(fonctionnement et investissement).
53
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
VAN (Millions de DT) 6,3 0,2 1,4- 2,7 0,5- 21,7- 132,7-
VAN (Millions de DT) 5,4- 11,6- 14,5- 17,0- 13,7- 33,4- 144,5-
Par ailleurs, à l’exception du scénario 1 d’urgence dont la durée est sur 2 ans afin de débarrasser dans
les plus brefs délais Houmt Souk de ses déchets qui moisissent dans les rues et éviter des explosions
dans les décharges sauvages, les autres 5 scénarios sont sur 5 ans pour mieux pouvoir les comparer. Une
plus grande durée de vie pourrait être envisagée pour ces 5 scénarios, mais il est peu probable que les
résultats ne changent de façon drastique.
Des analyses Coût/Avantage ont été effectuées et les résultats sont présentés dans le Tableau 7.1 et
Figure 7.1. Deux des 6 scénarios sont rentables lorsque la réduction possible des recettes touristiques
de 2,5 % n’est pas considérée. Si elles sont considérées, aucun des 6 scénarios n’est rentable ou plutôt
n’absorberait cette possible réduction. Pour les scénarios rentables, les VAN varient entre 2,7 à 6,4
millions de DT, un TRI de plus de 100 %, car les avantages échoient immédiatement et un ratio de la VA
des avantages/coûts variant entre 1,3 et 3,9 (Tableau 7.2).
Figure 7.1 : Analyse Coût/Avantage de certaines interventions dans le Grand Tunis, 2015-19, millions de DT
tion - Millions d C/A d
es scenario
staura eD VA s
a re T la
l de
de io
7 6,4
t
s
Ra
25
rio
VAN: Millions de DT
&
na
5 -6
- 33,4 -132,7
-8
0 Scenario 1 Scenario 2a Scenario 2b Scenario 3 Scenario 4 Scenario 5 Scenario 6
Scenario 1 Scenario 2a Scenario 2b Scenario 3 Scenario 4 Scenario 5 Scenario 6
Oui Non Non Oui Non Non Non Oui Non Non Oui Non Non Non
54
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Tableau 7.2 : Coût de la restauration à Djerba sans réduction des recettes touristiques, 2015-19,
millions de DT
Dégradation Restauration VAN de l’Investissement VAN de la Restauration
2015 2015
Interventions
Millions de DT
L’aménagement d’une décharge contrôlée provisoire de 1 ha pour les déchets de 20.311 tonnes/an
(augmentation de 1,6 %/an) de Houmt Souk pour un coût d’investissement de 0,276 million de $ EU, qui
ne comprend pas le prix du terrain qui devrait être avancé par la commune, ainsi qu’un coût d’exploitation
de 0,276 million de $ EU par an. La moins-value des terrains avoisinants n’est pas considérée. Le coût
d’investissement de la méthanisation passive se monte à 55.310 $ EU pour chacune des 5 décharges
sauvages de Djerba (voir Tableau 6.9). Dans les deux interventions envisagées, l’exploitation des
investissements commence à la mi-2015, et ce, pour 1,5 an.
Le coût de la reprise de la collecte par la commune de Houmt Souk n’est pas inclus dans ce scénario
comme c’est un service qui fonctionne d’office. Cependant, l’optimisation de la collecte, qui reste à
envisager du fait de la surcapacité de la collecte pour répondre à la forte demande saisonnière, n’est pas
considérée dans ce cas de figure.
Les avantages incluent les coûts associés aux déchets non-collecte à Houmt Souk (l’équivalent de 1 %
du revenu disponible des ménages sur 1,5 an qui se monte à 1,05 million de $ EU en 2014) ainsi que les
coûts associés au nettoyage requis des déchets collectés et non collectés jetés dans la nature pour Houmt
Souk uniquement et qui se monte à 0,75 million de $ EU pour 1 an et demi ou l’équivalent de 34.500 m2 de
nettoyage évité. Par ailleurs, le consentement à payer pour la pollution visuelle et olfactive peut aussi être
considéré comme un avantage (0,2 million de $ EU).
Les avantages associés à la méthanisation passive sont difficilement quantifiables, mais éviteraient des
explosions qui pourraient faire des dégâts et des victimes.
L’intervention est rentable avec un VAN de 3,5 millions de $ EU, un TRI de plus de 100 % et un ratio de la
VA des avantages/coûts de 3,9 (Tableau 7.3) sans considérer la réduction de recettes touristiques de 2,5 %
en 2015 par rapport à 2014.
55
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions
deviennent non-rentable avec un VAN de -3,0 millions de $ EU, un TRI négatif et un ratio de la VA des
avantages/coûts de 0,6 (Tableau 7.3). Il va sans dire les résultats seraient encore plus mauvais avec une
diminution des recettes de plus de 2,5 %.
Coût Guellala
7,8 7,4 6,9 22,2
($EU/tonne)
Coût
Bouhamed 7,8 8,1 13,5 7,4 5,8 29,1-34,5
($EU/tonne)
Note : le coût fixe de la décharge de Guellala a été considéré pour la décharge de Bouhamed. Source : Annexe III.
Une première option consiste à utiliser 2 camions Ampliroll et 17 caissons alors que la seconde option
opte pour 4 camions et 23 caissons. Le coût se monte a 8,1 et 13,5 $ EU/tonne respectivement. Pour ce qui
est de l’enfouissement : les investissements au titre d’un nouveau casier (0,33 million de $ EU ainsi que
la mise à niveau du traitement des lixiviats et du torchage des gaz [2,1 millions de $ EU] sont considérés
pour pouvoir accommoder le surplus de déchets venant de Djerba ; et le coût fixe par tonne de déchets de
la décharge de Guellala a été considéré pour la décharge de Bouhamed alors que le coût variable atteint
56
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
5,8 $ EU. Ces montants sont à ajouter à la gestion des centres de transfert, soit, 7,8 $ EU/tonne. Ainsi, le
coût avec 2 camions et 17 caissons augmente de 31 % et 55 % par rapport à celui de Guellala : 29,1 et 34,5
respectivement contre 22,2 $ EU/tonne. Toujours est-il que ces montants sont des coûts encourus même
s’il faut défalquer 3 $ EU/tonne au titre des redevances payées par les communes de Djerba à l’ANGed.
Par ailleurs, une augmentation de 1,6 %/an est considérée concernant les déchets à traiter qui s’élèvent
à 45.700 tonnes/an en 2015. L’exploitation des investissements commence à la mi-2015, et ce, pour 5 ans.
Les avantages sont exactement ceux du Scénario 1, car les déchets sont collectés à Houmt Souk, le coût
de nettoyage de tous les déchets est évité et la pollution visuelle disparaît après 6 mois. Par ailleurs, une
plus-value des terrains avoisinant Guellala est préconisée. L’investissement est sur 5 ans et l’exploitation
commence à la mi-2015.
Les deux options ne sont pas rentables avec un VAN de 0,1 et -0,8 million de $ EU respectivement, un
TRI négatif dans les deux cas et un ratio de la VA des avantages/coûts de moins de 1 dans les deux cas
[Tableau 7.5]. Dans les deux cas, la réduction de recettes touristiques de 2,5 % en 2015 par rapport à 2014
n’est pas considérée.
Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré ces deux investissements, les deux options
deviennent non-rentables avec un VAN de -6,4 et -8.0 millions de $ EU, un TRI négatif et un ratio de la VA
des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.5].
L’investissement consiste à couvrir les dégâts [1,6 million de $ EU] et l’excavation d’un nouveau casier
[0,33 million $ EU].
57
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Les coûts de 22,2 $ EU/tonne seront couverts par l’ANGed et les communes soit, 3 $ EU/tonne au titre des
redevances payées par les communes de Djerba à l’ANGed. Par ailleurs, une augmentation de 1,6 %/an
est considérée concernant les déchets à traiter qui s’élèvent à 45.700 tonnes/an en 2015. L’exploitation des
investissements commence à la mi-2015, et ce, pour 5 ans.
Les avantages sont exactement ceux du Scénario 2, car les déchets seront collectés aussi à Houmt Souk,
le coût de nettoyage de tous les déchets est évité et la pollution visuelle disparaît. L’investissement est sur
5 ans et l’exploitation commence à la mi-2015.
L’intervention est rentable avec un VAN de 1,5 million de $ EU, un TRI de plus de 100 % et un ratio de la VA
des avantages/coûts de 1,3 [Tableau 7.6] sans considérer la réduction de recettes touristiques de 2,5 % en
2015 par rapport à 2014.
Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions
deviennent non-rentables avec un VAN de -5,1 millions de $ EU, un TRI négatif et un ratio de la VA des
avantages/coûts de 0,6 [Tableau 7.6].
Cinq points de collecte doivent être créés au nord de l’île de Djerba où les hôtels devront assumer le
transfert de leurs ordures vers ces 5 points. Les communes se chargeront de collecter les déchets
ménagers et le balayage des rues. Le centre de traitement des déchets à Melita devrait être ré-ouvert.
Les déchets organiques et recyclables seront séparés et un enfouissement communal pour les déchets
résiduels.
58
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Le coût total du projet sur 1,5 an se monte à 2,55 millions de $ EU et la durée de fonctionnement est de 3,5
ans. Les investissements se montent à 1,8 million de $ EU et comprennent notamment : le centre de Melita
avec 8 cellules de compostage semi-confinées, un hangar de tri d’une surface de 800 m2 et une plateforme
de 3.000 m3 ; tri sélectif ; investissement utile et de secours pour les déchetteries ; investissements TRVI ;
subventions des investissements par les hôtels.
Les coûts de fonctionnement se montent à 0,55 million de $ EU par an sur 3,5 ans dont notamment
l’exploitation du centre de Melita qui sera à la charge des communes avec une charge de fonctionnement
de 0,061 million de $ EU.
Le plan de sensibilisation atteint 0,18 $ EU. Une sensibilisation et des formations sont comprises dans le
projet avec un calendrier bien précis.
Les avantages sont exactement ceux du Scénario 2, mais avec un décalage de 1,5 an, car les déchets
de Houmt Souk ne seront collectés que dans 1,5 an, le coût de nettoyage de tous les déchets est évité
dans 1,5 an et la pollution visuelle ne disparaît que dans 1,5 an. De plus, le recyclage et le compostage
permettront de faire rentrer des fonds estimés à 0,44 million de $ EU/an. Le projet est sur 5 ans dont 3,5
ans d’exploitation et commence à la mi-2016 s’il est lancé début 2015.
L’intervention n’est pas rentable avec un VAN de -0,3 million de $ EU, un TRI de moins de 10 % et un ratio
de la VA des avantages/coûts de 1,0 [Tableau 7.7] sans considérer la réduction de recettes touristiques de
2,5 % en 2015 par rapport à 2014.
Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions sont
aussi non-rentables avec un VAN de -6,8 millions de $ EU, un TRI négatif et un ratio de la VA des avantages/
coûts de 0,3 [Tableau 7.7].
59
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Les avantages sont exactement ceux du Scénario 2, mais avec un décalage de 1,5 an, car les déchets
de Houmt Souk ne seront collectés que dans 1,5 an, le coût de nettoyage de tous les déchets est évité
dans 1,5 an et la pollution visuelle ne disparaît que dans 1,5 an. De plus, le recyclage et le compostage
permettra de faire rentrer des fonds estimés à 0,44 million de $ EU/an. Le projet est sur 5 ans dont 3,5 ans
d’exploitation et commence à la mi-2016 s’il est lancé début 2015.
Les interventions ne sont pas rentables avec un VAN de -0,8 et -12,0 millions de $ EU respectivement,
des TRI de moins de 10 % et des ratios de la VA des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.8] sans
considérer la réduction de recettes touristiques de 2,5 % en 2015 par rapport à 2014.
Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions sont
aussi non-rentables avec un VAN de -7,3 et -18,5 millions de $ EU respectivement, des TRI négatifs et des
ratios de la VA des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.8].
60
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Les avantages sont exactement ceux du Scénario 2, mais avec un décalage de dans 1,5 an, car les déchets
de Houmt Souk ne seront collectés que dans 1,5 an, le coût de nettoyage de tous les déchets est évité
dans 1,5 an et la pollution visuelle ne disparaît que dans 1,5 an. De plus, le recyclage et le compostage
permettra de faire rentrer des fonds estimés à 0,44 million de $ EU/an. Le projet est sur 5 ans dont 3,5 ans
d’exploitation et commence à la mi-2016 s’il est lancé début 2015.
Les interventions ne sont pas rentables avec un VAN de -11,6 et -73,4 millions de $ EU respectivement,
des TRI de moins de 10 % et des ratios de la VA des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.10] sans
considérer la réduction de recettes touristiques de 2,5 % en 2015 par rapport à 2014.
Au cas ou les recettes de tourisme diminuent de 2,5 % malgré cet investissement, les interventions sont
aussi non-rentables avec un VAN de -18,2 et -79,9 millions de $ EU respectivement, des TRI négatifs et
des ratios de la VA des avantages/coûts de moins de 1 [Tableau 7.10].
7.8 Conclusions
Il ne fait aucun doute que les résultats des analyses coût/avantage apportent des éclaircissements
concernant deux aspects importants des scénarios, mais chaque scénario nécessitera la considération de
comportement des individus qui cherchent à promouvoir les avantages collectifs lorsqu’ils sont confrontés
à des dilemmes sociaux :
• Les scénarios du compostage et du recyclage ne sont pas rentables même en ne considérant que les
coûts de fonctionnement, et des économies d’échelles devraient être envisagées afin de déterminer les
volumes nécessaires en associant d’autres communes du gouvernorat de Médenine continentales et
insulaires permettant ainsi de réaliser des taux acceptables de rentabilité ;
• Lorsque la réduction des recettes du tourisme de 2,5 % est ajoutée aux coûts dans l’analyse Coût/
Avantage, tous les scénarios deviennent non rentables et n’absorbent en aucun cas la baisse des
recettes. En d’autres termes, le facteur temps est essentiel afin de réduire le risque de contraction
des recettes touristiques de l’île en 2015. Pour réduire ce risque, le seul investissement capable d’être
réalisé en 6 mois est le Scénario 1 d’urgence ;
61
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
• Pour ce qui est du Scénario 3 pour la réouverture de Guellala, il demeure la seule solution réaliste avec
un rendement économique positif ;
• Concernant le Scénario 2 pour transporter les déchets à Bouhamed, les deux options de ce Scénario ne
sont pas rentables surtout qu’il est nécessaire de creuser et équiper un nouveau casier ainsi que mettre
à niveau le torchage. De plus, les habitants des communes desservies par Bouhamed ont déjà fait part
de leur refus d’accueillir les déchets de Djerba. Et puis, la fragilité du pont romain reliant Djerba au
continent risque de ne pas supporter le poids des camions Ampliroll.
Dans un premier temps, il est impératif d’aller immédiatement de l’avant concernant le Scénario 1
d’urgence pour assurer un semblant de retour à la normale quant aux déchets dans les rues à Houmt
Souk et prévenir le désenchantement des touristes pour ce qui de la pollution visuelle et olfactive. Par
ailleurs, ce scénario demeure celui qui a le plus de chance de renverser la vapeur quant au risque de
réduction des touristes sur l’île.
Sur le court terme, le scénario 3 mérite d’être débattu et arbitré par les parties prenantes puisqu’il est le
seul à être justifié sur des bases économiques avant de trouver une solution satisfaisante à moyen terme.
Pour le Scénario 2 Options 1 et 2, l’analyse économique ne justifie pas ces alternatives. Même si ces
derniers étaient justifiés, ceci présupposerait que les communes et les habitants desservis par la décharge
contrôlée de Bouhamed acceptent la réception des déchets de Djerba et que la route puisse accommoder
le va-et-vient des camions. Cependant, ces deux conditions ne sont même pas remplies à cause d’une
part de la résistance affichée par les habitants des communes avoisinant la décharge de Bouhamed et
d’autre part de la fragilité du pont romain reliant l’île au continent.
Sur le moyen terme, les scénarios 4 à 6 ne doivent être considérés que dans le cadre d’une stratégie au
niveau national afin de réaliser les économies d’échelle nécessaires afin de justifier de tels investissements.
Par ailleurs, les dégâts environnementaux nécessiteront des investissements additionnels pour la
réhabilitation des décharges sauvages qui ne sont pas pris en compte dans les 6 scénarios.
62
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
8.Conclusions Générales
et Recommandations
1) La problématique des déchets ménagers dans l’île de Djerba est déplorable surtout à Houmt Souk. Ce
qui est encore plus déplorable sont les divisions sociales internes, l’absence d’altruisme et le manque
de confiance des différentes parties prenantes, y compris la communauté locale et l’administration
régionale et centrale.
2) Le dispositif de communication a été mal appréhendé dès le début de la crise à cause du manque
d’implication et d’information transparente avec les populations concernées. Cette faiblesse de
communication a créé un sentiment profond que les autorités locales et nationales veulent imposer de
force sans garantir à tous les citoyens l’information et la concertation pertinentes. Cette communication
est survenue aussi trop tard en espérant que les oppositions n’auront pas le temps de se former
pendant la décision par l’ANGed de renouveler le contrat de l’opérateur SEGOR au-delà de son contrat
initial de cinq ans. Lors de la crise, la communication a pris un revers trop technique par des cadres
non spécialisés dans la communication, et les explications n’ont pas toujours été données dans des
termes « qui parlent à tout le monde ». Finalement les promesses et affirmations formulées n’ont pas
été respectées de part et d’autre. Les citoyens n’ont pas oublié les promesses non tenues même si elles
sont orales, et les autorités sont négativement évaluées et jugées en fonction de leurs déclarations.
3) Cette problématique pourra avoir des répercussions économiques et financières qui affecteront
principalement les Djerbiens. Une diminution des recettes du tourisme, principale source de revenus
finira par affecter les revenus des citoyens eux-mêmes. En effet, la baisse du nombre de touristes et
de nuitées en 2013 par rapport à 2010 est plus prononcée à Djerba-Zarzis que l’ensemble de la Tunisie
surtout pour le nombre de touristes (-13,0 % contre -9,2 %). Aussi, les touristes européens sont en
baisse en nombre et en nuitée à Djerba-Zarzis. Si cette tendance continue, la situation économique
pourra s’aggraver. Par ailleurs, le chômage s’est aggravé depuis 2011 et touche surtout les diplômés
et les femmes. De plus, les activités économiques directement liées au tourisme seront affectées
avec une baisse des tourismes telle que le volume et les prix de marché du poisson du gouvernorat de
Médenine qui sont directement liés à l’activité touristique.
4) Les répercussions environnementales ont été estimées pour la première fois en valeur monétaire. Le
coût de la dégradation de l’environnement de Djerba due aux déchets ménagers a atteint 14,1 millions
de DT ou 7,8 millions de $ EU en 2014. Le résultat moyen est équivalent à 1,1 % du PIB de Djerba et
0,02 % du PIB national de Tunisie en 2014. En plus, les pertes d’opportunité qui auraient pu être une
source de revenus additionnelle aux budgets municipaux et au Trésor public s’élèvent à 3,7 millions de
DT ou 2,1 millions de $ EU équivalent à 0,004 % du PIB tunisien en 2014.
63
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
5) Depuis la perturbation du système de gestion des déchets ménagers, l’île de Djerba contribue à
elle seule à hauteur de 50 % du coût de le dégradation du Grand Tunis (Tunis, Ariana, Ben Arous et
Manouba). En effet 45.700 tonnes de déchets ménagers générés à Djerba avec une population de
160.000 habitants et 1 million de touristes engendrent un coût de la dégradation de 14,1 millions de DT
équivalent à 0,02 % du PIB tunisien en 2014. En revanche, 600.000 tonnes de déchets ménagers dans
le Grand Tunis avec une population de 2,5 millions d’habitants et 0,8 million de touristes engendrent
un coût de la dégradation de 31,3 millions de DT équivalent à 0,04 % du PIB tunisien en 2012.
6) Le coût de la dégradation de l’environnement par habitant à Djerba, estimé à 88 DT est d’environ 6,7
fois le coût de la dégradation de l’environnement par habitant du Grand Tunis estimée à 13 DT/habitant.
La comparaison du coût de la dégradation de l’environnement en tonnage de déchets ménagers est
aussi sérieuse. Le coût de la dégradation par tonne enfouie à Djerba et estimée à 234 DT/tonne est
4,5 fois plus élevé que le coût de la dégradation par tonne enfouie dans le Grand Tunis et estimée à
52 DT/tonne. Alors que le coût de la gestion des déchets ménagers est estimé à Djerba à 100 DT/tonne,
ce coût est de 44,5 % moins que coût de la dégradation de l’environnement, ce qui signifie que cette
gestion ne peut être ni efficace, ni efficiente, ni durable.
7) L’analyse coût/avantage des six scénarios de restauration avec leurs déclinaisons dont quatre ont été
proposés dans l’avant-projet sommaire (APS, 2013) et approuvés par les trois communes de Djerba,
ont montré que économiquement, il n’existe pas une solution « miracle » pour résoudre le problème
épineux des déchets ménagers à Djerba dans une fourchette de cinq ans.
8) Les analyses des coûts de restaurations ont aussi montré que la situation pourra empirer au cas où la
mauvaise gestion des déchets entraînera en 2015, une diminution de 2,5 % du nombre de touristes par
rapport à 2013-2014. Dans ce cas, tous les six scénarios seront économiquement non viables, d’où la
nécessité de mener une action urgente dans les six premiers mois de l’année 2015.
9) Dans le cas où la réduction possible des recettes touristiques de 2,5 % n’est pas considérée, c’est-à-
dire que le nombre de touristes et nuitées sont semblables à ceux de 2013 et 2014, deux scénarios sont
uniquement rentables, ce sont :
a. Scénario 1 d’urgence : rétablir la collection de Houmt Souk et aménager une décharge contrôlée
provisoire de 2 ans et équiper les décharges sauvages avec une dégazification passive. La valeur
ajoutée nette est de 6,4 millions de DT, et le ratio de valeur actualisée des coûts/avantages est de
3,9.
b. Scénario 3 Réouverture de la décharge de Guellala pendant cinq ans selon le schéma d’avant 2012
en attendant de trouver une solution permanente et acceptable par toutes les parties. La valeur
ajoutée nette est de 2,7 millions de DT, et le ratio de valeur actualisée des coûts/avantages est de
1,3.
8.2 Recommandations
Sur la base de l’analyse des coûts de la dégradation et de restauration, les recommandations suivantes
sont proposées :
64
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
- Procéder au scénario d’urgence pour Houmt Souk qui consiste à rétablir la collecte des déchets
municipaux de Houmt Souk et aménager une décharge contrôlée provisoire de 24 à 48 mois et équiper
les décharges sauvages avec un système de dégazage passif. Cette action est la plus économiquement
rentable et aura un impact positif sur le tourisme.
- Engager les services d’un bureau d’engineering pour la supervision du contrat de conception-
construction-opération.
- Au niveau de la coopération et de l’équité entre les 3 communes, le déséquilibre des recettes fiscales
du secteur hôtelier (Houmt Souk et Midoun au détriment de Ajim) entre les trois communes demeure
un point de litige non déclaré nécessitant un arbitrage du gouvernement central afin d’arriver à une
juste redistribution des recettes fiscales contribuant à la restauration de la confiance au sein de l’île.
- Engager les services d’un bureau-conseil international pour la résolution des conflits et pour la
communication avec les citoyens et qui sera financé par le Secrétariat d’État chargé du Développement
durable. Vu le manque de confiance, l’État ne peut pas être le communicateur impartial puisqu’il est
lui-même partie prenante dans le conflit.
Assurer qu’une agence internationale, bailleur de fonds ou institution financière internationale fournisse
un support technique pour :
- Identifier un expert international de renom pour le choix des sites et des techniques pour la gestion des
déchets à Djerba.
65
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
- Assister la Fédération régionale des Hôteliers, la Fédération Régionale des Hôteliers et la FTAV pour
la préparation et la revue des APDs et des dossiers d’appel d’offres.
- Superviser le bureau-conseil pour la résolution des conflits et la communication avec les citoyens.
66
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
9. RÉFÉRENCES
• Banque Mondiale. 2010. La Génération des Bénéfices Environnementaux pour Améliorer la Gestion des
Bassins Versants en Tunisie. République Tunisienne. Rapport No 50192 – TN. Bureau Régional Moyen-
Orient & Afrique Du Nord Département Développement Durable. Washington, D.C.
• Bassi, S. (IEEP), P. ten Brink (IEEP), A. Farmer (IEEP), G. Tucker (IEEP), S. Gardner (IEEP), L. Mazza
(IEEP), W. Van Breusegem (Arcadis), A. Hunt (Metroeconomica), M. Lago (Ecologic), J. Spurgeon (ERM),
M. Van Acoleyen (Arcadis), B. Larsen and, F. Doumani. 2011. Benefit Assessment Manual for Policy
Makers: Assessment of Social and Economic Benefits of Enhanced Environmental Protection in the
ENPI countries. A guiding document for the project ’Analysis for European Neighbourhood Policy (ENP)
Countries and the Russian Federation on social and economic benefits of enhanced environmental
protection’. Brussels.
• Centre d’analyse stratégique. 2009. La valeur tutélaire du carbone. Rapports et documents N.16/2009 -
Rapport de la commission présidée par Alain Quinet. Paris.
• Centre for Development and Environment (CDE). 2009. Benefits of sustainable land management.
University of Bern. UNCCD, WOCAD, and others. Bern.
• Lindhjem and Navrud. 2010. Meta-analysis of stated preference VSL studies: Further model sensitivity
and benefit transfer issues. Prepared by Henrik Lindhjem, Vista Analyse, Norway, and Ståle Navrud,
Department of Economics and Resource Management, Norwegian University of Life Sciences, Working
Party on National Environmental Policies, OECD.
• Matthews, E. and Themelis, N.J. 2007. Potential for Reducing Global Methane Emissions From Landfills,
2000-2030, Sardinia 2007, Eleventh International Waste Management and Landfill Symposium. NASA
Goddard Institute for Space Studies, Earth Engineering Center, Columbia Univ. Boston.
• Mediterranean Environmental Technical Assistance Program (METAP). 2009. Coastal Legal and
Institutional Assessment and Environmental Degradation, Remedial and Averted Cost in Coastal
Northern Lebanon. Funded by EC SMAP III and The Ministry of Foreign Affairs of Finland. Washington,
D.C.
• Nelson, J. 1978. «Residential choice, hedonic prices, and the demand for urban air quality». Journal of
Urban Economics 5 (3): 357–369.
• Nordhaus, William. 2001. “Global Warming Economics.” Science. 294(5545): 1283-1284. Nordhaus,
William. 2011. “Estimates of the Social Cost of Carbon: Background and Results from the RICE-2011
Model.” NBER Working Paper No. 17540. Oct 2011.
67
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
• RDC Environment. 2011. Evaluation Contingente du Coût des Désagréments Visuels Causés par les
Cannetes dans les Déchets Sauvages en Wallonie. Rapport Final. Etude pour l’Office Wallon des Déchets.
• ten Brink, P. and S. Bassi. 2008. Benefits of Environmental Improvements in the European Neighbourhood
Policy (ENP) Countries – A Methodology. A project working document for DGENV.
• Van Acoleyen, M., and A. Baouendi. 2011. Analysis for European Neighbourhood Policy (ENP) Countries
and the Russian Federation of social and economic benefits of enhanced environmental protection –
Tunisia Country Report, funded by the European Commission. Brussels.
• World Bank. 2004. Cost of Environmental Degradation – The Case of Lebanon and Tunisia. Environmental
Economics Series. Paper number 97. Edited by M. Sarraf. M. Oweygene and B. Larsen. Washington, D.C.
68
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Collecte
Lorsque les déchets ne sont pas correctement collectés, ils créent des externalités négatives en termes de
nuisance et de risques sanitaires. En règle générale, un chiffre de 1 % du revenu disponible des ménages
dans les zones où il n’y a pas de collecte est utilisé comme un guide pour déterminer le coût. Source : Les
personnes sans couverture seront fournies par SWEEP-Net /GIZ et le WDI de la Banque mondiale sera
utilisé pour le revenu disponible.
Décharge
Le coût de nettoyage par volume (m3) de déchets générés qui ne sont pas recyclés ou bien mis en décharge
sera considéré. La même population sans couverture sera considérée et les déchets produits par habitant
seront dérivés de SWEEP-Net /GIZ. Les hypothèses suivantes sont utilisées :
Les déchets non collectés générés ont le potentiel de polluer une superficie de = m2 (ton par jour par
365 jours)* 1/3 * 1/340. Pour le nettoyage des décharges sauvages, 21,4 $ EU par tonne par m3 (1 m2 par 1
mètre de profondeur) est adopté.1
Tri et recyclage
Le coût du marché des matières recyclables est utilisé pour les matériaux non recyclés et ce coût est
considéré comme une perte d’opportunité. La gestion des déchets pourrait suivre des systèmes formels
et informels développés pour la récupération des déchets avec de grandes répercussions sur le volume et
le poids de la collecte des déchets municipaux et la mise en décharge. Les résultats pour le recyclage et
le compostage seront tirés des données de SWEEP-Net et utilisés dans le Tableau A1.1.
69
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Total
Produits
Recycles
Produits
Recyclables
nets
Coût/tonne
($EU/tonne)
COED
Borne inférieure
Borne supérieure
Source : GIZ (2011) ; Bassi et al. (2011) ; et Auteurs.
Moins-value des contrats de bail entourant les stations de transfert. La méthodologie des coûts
hédoniques a été utilisée pour calculer le coût de dépréciation des terrains se trouvant autour des stations
de transfert. Les décharges sont considérées en forme de cercles concentriques afin d’obtenir la première
bande et la deuxième bande de dépréciation de la valeur des terrains/bail : ± 15 % de réduction des prix
des terrains dans un rayon de 30 m autour de la station de transfert ; et de ± 10 % de réduction des prix
des terrains/bail dans un rayon de 30 à 100 m autour de la station de transfert.
Moins-value des terrains entourant les décharges/dépotoirs actifs (présentement utilisés) et passifs
(présentement non utilisés et laissés à l’abandon). La méthodologie des coûts hédoniques a été utilisée
pour déterminer le coût de la moins-value des terrains entourant les décharges/dépotoirs actives et
passives. Dans le cas d’une décharge/dépotoir actif, la mesure de la perte d’agrément est également
faite par une baisse de la valeur des logements sur le site. Les estimations du taux de baisse des prix des
70
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
terrains/logement au fur et à mesure que vous vous rapprochez d’un des sites de décharge/dépotoir ont
été faites aux États-Unis et en Europe et sont généralement jugées importantes. Une enquête des études
a été réalisée par Walton et al. (2003). Basées sur un large éventail d’études, ces dernières concluent
qu’un taux d’environ 4,2 % par kilomètre de perte est constaté lorsque vous vous rapprochez d’un site
d’enfouissement. La distance à laquelle il n’y a aucune incidence est d’environ 5 km. Cependant, la
gamme de moins-values est importante avec des estimations allant de 0,4 % à 17,6 %. Les facteurs,
qui sont importants dans la détermination de ce taux, comprennent la taille de la décharge, la densité
de la population et le revenu médian. Aucune distinction n’a été faite entre les rejets sauvages et semi-
contrôlés. Les critères retenus pour les décharges/dépotoirs actifs sont dérivés de Nelson (1978) et passifs
sont basés sur Walton et al. (2003), et sont illustrés dans le Tableau A1.2.
Actif
Stations de transfert
et décharges/ >0 ≤30 >31m; <100m 15% 10%
dépotoirs
Passif
La rareté des terrains et le coût d’opportunité des terrains en raison de pratiques d’élimination non
durables dans le passé concerne les sites d’enfouissement passifs comme ceux découlant de décharges
fermées ou abandonnées. L’analyse suppose que l’utilisation de pratiques d’élimination durables dans
le passé aurait évité la perte d’un certain pourcentage de la surface actuelle de ces décharges en faveur
d’autres utilisations. Le prix de marché des terrains autour de la décharge a été recueilli par SWEEP-Net
pour chaque pays. En supposant que la présence de la décharge entraînerait une réduction de 20 % de
cette valeur,3 la valeur de marché des terrains proches des décharges sera estimée. Sur la base de (1) et
(2), la perte de décharges en raison de pratiques d’élimination non durables dans le passé seront évalués,
mais cette perte est attribuable à au moins 10 à 30 ans de pratiques non durables de sorte que le coût
d’une année de cette pratique sera divisé par le nombre d’années où il y a eu négligence.
3 En utilisant la méthode des prix hédoniques, une enquête menée en Tunisie a révélé que la présence de décharges sauvages
pourrait entraîner une dévaluation de 35% des prix des terrains (Banque mondiale, 2003).
71
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
Le World Resource Institute a identifié 2 tonnes de CO2 par an et par habitant comme le seuil à ne pas
dépasser pour limiter la croissance des températures à 2° Celsius au-dessus desquelles un changement
climatique irréversible et dangereux deviendra inévitable. Ainsi, le coût de la dégradation considère les
émissions de carbone marginaux qui dépassent les 2 tonnes de CO2 par an et par habitant (l’excès des
tonnes de CO2 par an et par habitant à multiplier par la population et le prix du carbone). Les émissions de
méthane générées par la mauvaise gestion des déchets sont considérées comme au-delà de la moyenne
des 2 tonnes/habitant. Le coût social de CO2 présent et futur (2000-2099) représente les dommages
causés par une tonne des émissions actuelles en termes de : inondations, sécheresses, élévation
accélérée du niveau de la mer, baisse de la production alimentaire, extinction des espèces, migration,
etc. Plusieurs estimations sont disponibles pour le coût social des émissions de CO2 allant de $ EU 3 à $
EU 95 (Nordhaus, 2001; Stern, 2007; UNIPPC, 2007). Récemment, la Commission européenne (CE 2008 et
DECC 2009) a considéré 6 $ EU la tonne comme valeur inférieure consolidée de CO2 et l’étude française
(Centre d’analyse stratégique, 2009) comme valeur limite supérieure de CO2 avec 11 $ EU par tonne en
2009. Une fourchette de 11,3-15,4 $ EU par tonne de CO2 en 2010 sont les prix ayant été considérés comme
borne inférieure et borne supérieure basée sur Nordhaus, 2011, qui a réestimé le coût social du carbone
au temps présent et jusqu’à 2015, y compris l’incertitude, pondération des actions, et l’aversion au risque.
Le prix moyen considéré est donc de 13,6 $ EU équivalent par tonne de CO2 (46,1 $ EU par tonne de
carbone) en $ EU de 2012.
72
Les résultats de la méthode des prix hédonistes sont illustrés dans le Tableau A2.1.
73
Aji m Decha rge Sa uva ge 2 10,000 30.3 12732 23,462 49,417 13,462 39,417 30 0.1 0.1 0.2 0.09
Aji m Decha rge Sa uva ge 3 10,000 30.3 12732 23,462 49,417 13,462 39,417 30 0.1 0.1 0.2 0.09
Mel i ta /Errous Decha rge Sa uva40,000
ge 30.3 50930 64,097 103,877 24,097 63,877 30 0.1 0.2 0.3 0.15
Mel i ta /Errous Si te brul e 1,000 30.3 1273 7,190 23,692 6,190 22,692 30 0.0 0.1 0.1 0.05
Ta wri t Compos ta ge pi l ote 300 30.3 382 4,969 19,494 4,669 19,194 30 0.0 0.1 0.1 0.04
Tota l 151,300 0.89
74
Tonnage moyen / caisson = Salaire
9.8Brut t/voy Sociales DT/lit
Prix GO = Charges1.250 IRPP Charges Patronales
Consommation 48 Lit/100 Km Ecart Gasoil -271,621
CHAUFFEUR Ʃ Brut Salaire Net 13ème mois Tenue Vaccins
arrondi 9.2% Taux Montant 23.4% -6.244
Salaire Mensuel 1,200 1,172 675 56 74 16.0% 139 188 24 15
Salaire Horaire / Base 208 H Salaire Brut
5.640 5.636 Charges Sociales IRPP Charges Patronales
CHAUFFEUR Ʃ Brut Salaire Net 13ème mois Tenue Vaccins
arrondi 9.2% Taux Vitesse
Montant Moy 23.4%
PERSONNEL : 40 Km/H
SalaireDATA
Mensuel: 1,200
Investissement 1,172
150,000 DT 675 Un camion56Ampliroll 74 16.0% 139 Trajet 387,111
188 Km 24 15
Salaire Horaire / Base 208 H 5.640
Quantité 5.636
43,500 tonnes Temps 9,680 H
Ecart Km 387,111 Km/an PERSONNEL : Vitesse
Coût annuel
Moy 54,595.20 40 Km/H
DT
Jeu Pneus
DATA / 60 000 Km
: Investissement 150,000
6.5 DT
Jeux de Pneus Un camion Ampliroll Trajet
Surcoût Personnel 387,111 Km
1.250 DT/t
Quantité 43,500
995 tonnes
DT/Pneu Temps 9,680 H
Coût Pneus
Ecart Km 387,111
64,196 Km/an
DT Investissement 2.300 DT/t Coût annuel 54,595.20 DT
Jeu Pneus / 60 000 Km 6.5
1.476 Jeux
DT/t de Pneus Personnel 1.250 DT/t Surcoût Personnel 1.250 DT/t
Entretien 995
0.250 DT/Pneu
Dt/t Carburant 6.250 DT/t
Coût Pneus
Maintenance 64,196
1.200 DT
Dt/t Investissement
Pneumatique 2.300
1.475 DT/t
12. annexe iii couts de la restauration
Pour le scénario présenté ci-haut (Communiqué à l'ANGed au mois de juillet 2014) j'ai calculé PERSONNEL
sur la base:d'unVitesse Moy
seul camion 40 Km/H
Coût de transfert sur Médenine
DATA Avec 2 camions
: Investissement 445,000supplémentaires
DT et caissons
Un6camion avec 1 € = 2,300 DT
Ampliroll Trajet 593,599 Km
Quantité 43,500 tonnes Temps 14,840 H
Distance en Km/an 593,599 Km/an PERSONNEL : Vitesse
Coût annuel
Moy 83,697.60 40 Km/H
DT
Jeu Pneus
DATA / 60 000 Km
: Investissement 445,000
9.9 DT Jeux de Pneus Un camion Ampliroll Trajet
Coût Personnel 593,599 Km
1.924 DT/t
Quantité 43,500 DT/Pneu
995 tonnes Temps 14,840 H
Coût
Distance Pneus
en Km/an 593,599
98,439 Km/anDT Investissement 6.821 DT/t Coût annuel 83,697.60 DT
Jeu Pneus / 60 000 Km 9.9 Jeux
2.263 DT/t de Pneus Personnel 1.924 DT/t Coût Personnel 1.924 DT/t
Entretien 995 DT/Pneu
0.250 Dt/t Carburant 9.527 DT/t
Coût Pneus
Maintenance 98,439
1.200 DT Dt/t Investissement
Pneumatique 6.821
1.475 DT/t
2.263 DT/t Personnel
Entretien 1.924
0.250 DT/t
Entretien 0.250 Dt/t Carburant
Maintenance 9.527
1.225 DT/t
75
Incidence Globale : Maintenance 1.200 Dt/t Pneumatique
FGB 1.475
3.200 DT/t
Ecart de Prix : 24.422 Entretien 0.250 DT/t
24.422 Coût à la tonne de transfert depuis les CT de Djerba vers Bouhamed
Quantité : - Maintenance 1.225 DT/t avec acquisition de deux camions et six caissons
Incidence Globale : Montant : - FGB 3.200 DT/t
Ecart de Prix : 24.422 24.422 DT/t Coût à la tonne de transfert depuis les CT de Djerba vers Bouhamed
REMARQUE : Depuis Quantité :
la fermeture -de la décharge de Djerba en Octobre 2012, Un camion Ampliroll avecetacquisition
4 caissonsde
ontdeux
été transférés six caissons
camions etpour les besoins du marché de Médenine
Montant : -
REMARQUE : Depuis la fermeture de la décharge de Djerba en Octobre 2012, Un camion Ampliroll et 4 caissons ont été transférés pour les besoins du marché de Médenine
COÛT DE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT DUE AUX PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES : CAS DE L’ÎLE DE DJERBA
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December 2014
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