Porto Novo Dechets 10 - 10 - 02
Porto Novo Dechets 10 - 10 - 02
Porto Novo Dechets 10 - 10 - 02
VOLUME III
Elisabeth Dorier-Apprill
Noukpo Agossou
Jean Claude Barbier
Etienne Domingo
François Tchibozo
Avec la collaboration d’Elidja Zossou
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire Population 1
Environnement Développement. IRD - Université de Provence.
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE 1
PORTO NOVO, VILLE MOYENNE ET CAPITALE 6
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CHAPITRE 2 40
CHAPITRE 3 57
CHAPITRE 4 85
BIBLIOGRAPHIE 129
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Chapitre 1
Porto Novo, ville moyenne et capitale
1-1-1 le site
La circonscription urbaine de Porto-Novo (CUP) s'étend sur une superficie de 108,7 km2. Elle est bordée
au sud par la lagune dans laquelle se déverse en partie le fleuve Ouémé, lagune qui constitue encore la
limite avec la sous-préfecture de Sèmè-Podji.(voir carte 1 situation de Porto Novo et carte 2 Découpage
administratif dans le sud du département de l’Ouémé ).
Les quartiers centraux de Porto-Novo sont construits sur la terrasse, sur le versant ou sur le rebord d’un
plateau façonné dans un matériau alluvial sablo-argileux ou "terre de barre" qui domine d’environ 25
mètres la basse vallée lagunaire de l’Ouémé. Les problèmes de drainage et d’évacuation des déchets
liquides y sont donc moins aigus qu’à Mopti, et ne concernent pas les quartiers centraux. Néanmoins ils
sont importants dans les parties basses des berges qui restent des foyers d’insalubrité, aggravés par le fait
qu’elles constituent à la fois des espaces de rejets « sauvages » des déchets urbains et d’installation de
quartiers irréguliers défavorisés. Un certain laisser-faire de l’administration a permis l’occupation
informelle de ces zones insalubres par des acteurs de niveau socio-économique très hétéroclite, ce qui a
abouti à la formation de paysages très diversifiés où sont juxtaposées jardins maraîchers, maisons en terre,
grandes et somptueuses villas de dignitaires politiques, et, coincés entre l’eau et la ville régulière, des
quartiers irréguliers de maisons de bois sur pilotis, occupés par une population de pêcheurs.
1
Un projet de gestion des déchets solides ménagers, financé par OXFAM Québec, a été lancé en 2001 à Cotonou ; Porto Novo n’a pas
encore trouvé de bailleur pour un projet équivalent.
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carte 1 situation de Porto Novo
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carte 2 Découpage administratif dans le sud du département de l’Ouémé
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Un projet d’aménagement concerne actuellement ces berges qui sont depuis longtemps utilisées comme
lieu de décharge des ordures de toute une partie de la ville. Une proportion des immondices est réutilisée
par les habitants pour remblayer les bas fonds, ailleurs elles sont exploitées par les maraîchers, mais la
plupart des « trous à ordures » sont de simples décharges, sans valorisation particulière.
Porto-Novo a l’épaisseur et la diversité sociale d’une ancienne cité fondée à la fin du XVIIIe siècle.
Comptoir de traite négrière et ville royale puis centre commercial et administratif de la première
implantation coloniale, elle se développe à la fin du XIXe grâce aux immigrations afro-brésilienne et
yoruba.
Vers 1730, après la conquête d’Allada et du « port » de Godomey par les Dahoméens (respectivement
1724 et 1732), des immigrés adja mettent à profit leur position de courtiers dans le trafic des esclaves
avec les Portugais pour fonder un nouveau royaume, Hogbonou ( la « grande maison »). Celui-ci sera
reconnu par les Portugais comme « Porto-Novo . Hogbonou, cité courtière des Yoruba qui
l’approvisionnent en esclaves, se développera en un premier temps au bord du rivage de la lagune, en
relation étroite avec les populations de pêcheurs, puis s’étendra vers le nord-est jusqu’au quartier Attaké,
selon un axe correspondant à la « route des esclaves ». A l’époque troublée des guerres entre petits
royaumes côtiers, Porto-Novo fut un lieu d’intense immigration, si bien que le voyageur anglais J.
Adams, vers 1800, la considéra comme la seconde ville de la région et évalua sa population entre 7 et
10 000 habitants.
Les quartiers de cette vieille ville ont été cartographiés vers 1884 par un missionnaire français : A la
même date, le résident colonel Dorat estimait que le diamètre de l’agglomération ne dépassait pas les 10
km. Hogbonou est encore repérable dans le tissu urbain, avec ses ruelles tortueuses, son habitat rural
progressivement remplacé par des immeubles en béton, ses multiples collectivités familiales, ses placettes
protégées par des autels de génies et d’ancêtres, etc.
On retrouve ce même type d’habitat dans de petits villages bordant la lagune, devenus les noyaux de
quartiers urbains. Akron, fondé par des agriculteurs yoruba, préexistait à la fondation d’Hogbonou et
constitua le relais indispensable pour l’approvisionnement en esclaves dont profitèrent les immigrés adja.
Préexistaient également, plus à l’ouest, des villages de pêcheurs, Djassin (avec Hounvié comme doublon
peuplé d’agriculteurs) et Louho. Adjina, également hameau de pêcheurs, s’ajouta ultérieurement. Plus à
l’intérieur, Ouenlinda, le village du « Migan », immigré adja et grand notable d’Hogbonou, demeura à
l’écart. Enfin, vers 1883, Toffa 1er installa sa famille à Gbèkon et y fit construire sa résidence privée. Le
village tori de Gbokou, au nord-est d’Hogbonou, inclus dans un lotissement, n’est plus visible.
Face aux menaces dahoméennes de la fin du XIXème siècle, la ville s’entoure d’un demi-cercle de fossés,
que les Français protègeront de forts (camps français, forts Oudard, Mousset, Toffa). C’est cette ligne,
représentée sur une carte militaire de 1895, devenue depuis la 6ème avenue, qui constituera longtemps,
jusque dans les années trente, la limite de la ville. Très rapidement (fin XIXème – début XXème), les
immigrations afro-brésilienne et yoruba combleront les espaces existant entre la vieille cité et cette ligne
de front. En 1905, un dénombrement de la population donne 17 800 habitants. En 1907, le « tramway »
de Porto-Novo à Sakété est inauguré (sa construction avait été commencée en 1900 ; il atteindra Pobé en
1913). Par une tranchée, il contourne l’agglomération par l’ouest, englobant le quartier administratif qui
s’est développé entre Hogbonou et Ouenlinda, puis effleure la 6 ème rue au niveau de la gare de Dégué,
avant de partir vers le nord. En 1940, la population est évaluée à 30 000 hab., puis à 33 000 au
dénombrement de 1950. Les Européens restent très peu nombreux : 110 en 1940, 244 en 1946, etc.
Grosso-modo, la ville a doublé sa population depuis le début du siècle.
L’expansion s’est faite essentiellement vers le nord et le nord-est. En 1951, le plan directeur dessiné par
Calsat, en tient compte et propose un boulevard extérieur. En 1952, la partie nord et nord-est de ce
boulevard a été tracée si l’on en croit un plan de la ville à cette date. En 1955, des travaux
d’assainissement se font au bénéficie du quartier Dégué-Gare (qui était souvent inondé) et l’Office des
habitations économiques aménage le premier lotissement de la ville, toujours à l’intérieur du même
boulevard - mais à cette date là, l’agglomération a commencé à déborder plus au nord de cette nouvelle
voie.
2
Synthèse établie par JC Barbier, 2000.
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carte 3 Tissus urbains et lotissements de Porto Novo
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carte 4 découpage administratif de la circonscription urbaine de Porto-Novo
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Au recensement de 1961, Porto-Novo a, de nouveau - mais sur deux décennies seulement, doublé sa
population des années quarante avec 64 000 habitants. Elle se trouve alors dépassée par Cotonou, qui en a
78 000. Ce boum démographique des années de l’autonomie (1958) puis de l’Indépendance (1960) a
saturé l’espace au nord du boulevard extérieur, en premier lieu les quartiers Foun-foun, Houinmé et
Kandévié, zone que nous appellerons de seconde extension 1950-1960. L’habitat s’y est développé le
long des anciens chemins qui mènent à l’extérieur de la ville. La voirie y sera restructurée vers 1974.
Toujours plus au nord, une troisième extension, sans aucune opération de lotissement, investit une zone
en continuité avec les deux extensions précédentes, formant les quartiers de Houinmé-Ganto, Guévié,
Hounsouko, Hlogou et Anavié. Elle est contemporaine des premiers lotissements.
Après celui de l’Office des habitats économiques (en 1955) qui comportait des bâtiments, les lotissements
suivants ne proposent plus qu’une trame d’accueil. Dans l’ordre chronologique on a : Davié (Kandévié 3
sur la carte du Serhau) vers 1955, Gbézounkpa en 1965, Houinmé Gbédjromédé, Agbokou 1 et 2 (qui
accueille l’actuelle mairie dont la construction commence en 1975), Avakpa en 1977, Djassin-zoumé à
partir de 1980.
Au recensement de 1971, l’agglomération porto-novienne dépassait les 133 000 habitants (133 168
habitants ; Cotonou a alors plus de 320 000 habitants).
La population de Porto Novo est passée de 179 138 en 1992 de 218 785 habitants d'après les résultats
provisoires du RGPH3 de février 2002, ce qui donne un taux d'accroissement annuel moyen de 2,02%. La
population de Porto-Novo s'accroît donc à un rythme relativement faible (entre 79 et 92, le taux
d’accroissement était de 2,30% seulement). Malgré cet accroissement démographique réduit, la
croissance spatiale de l’agglomération est très importante.
A partir des années 1985, sous l’impulsion de l’Etat (maîtrise d’ouvrage SERHAU-SEM), de grands
lotissements vont se mettre en place, absorbant progressivement des zones habitées par des hameaux
ruraux et de nouvelles constructions éparses : « les Palmiers » (sur une zone qui avait été prévue pour les
installations universitaires) en1985, Tokpota I (également en 1985) et II, « Hounsouko-Nord »
(correspondant aux quartiers Dodji et Hounsa), Djégan-Daho, et Agbokou-Est.
Les derniers espaces ruraux périphériques internes à la CUP ont été lotis dans les années 1990 et sont en
cours de construction. Au-delà des limites de cette circonscription urbaine, ce seront Louho, Dowa,
Gbodjié, Danto, etc. après 1998. Les sous-préfectures voisines se sont également urbanisées, avec des
lotissements, si bien que l’agglomération se développe à une échelle régionale où les milieux périurbains
assurent une certaine continuité entre la ville et sa campagne. La ville s’étale donc avec une densification
limitée, en continuité progressive de sa périphérie.
Le plan directeur horizon 2009 établi par la Serhau-Sa en 1999 en tient d’ailleurs compte puisqu’il
englobe une partie de la sous-préfecture d’Adjarra. Vers le nord-ouest, d’importants jalons sont déjà
posés en direction d’Akpro-Missèrrété et de Dangbo. Vers le sud, la commune de Djéregbé et le village
de Ouenta sont concernés par le plan directeur sus mentionné : pour la première fois, officiellement, la
ville de Porto-Novo (cité de plateau) s’installe dans son environnement lagunaire.
En reprenant cette description, nous proposons la typologie suivante des quartiers : la cité historique
(Hogbonou = la « grande maison »), les noyaux villageois, inclus aujourd’hui dans l’agglomération
(Ouenlinda, Adjina, Djassin, Louho), les quartiers afro-brésiliens au nord et à l’ouest de la vieille ville, les
lotissements d’avant l’Indépendance, les lotissements postérieurs, enfin les zones non encore loties.
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Carte 5 Densité de population des quartiers de Porto-Novo en 1992
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Carte 6 Evolution démographique dans la région urbaine de Porto-Novo : 1979-1992
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Carte 7 Evolution démographique des communes de Porto-Novo
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1-1-3 Peuplement et découpages administratifs
La Circonscription urbaine de Porto Novo est actuellement divisée en 15 communes et sous divisée en 86
quartiers. Lors des prochaines élections (décembre 2002) qui entraîneront la mise en vigueur de la loi sur
la décentralisation, la nouvelle commune urbaine de Porto-Novo, tout en conservant peu ou prou les
limites administratives de l’actuelle CUP, sera divisée en 5 arrondissements 3 regroupant les 15 communes
actuelles.(voir carte 4 découpage administratif de la circonscription urbaine de Porto-Novo)
Nouveau découpage administratif territorial de la Commune urbaine de Porto-Novo
Arrondissements Population au RGPH 2 Ressort territorial, Ex communes de :
1er Arrondissement 34 553 habitants Aklon, Ahouantinkomè, Avassa, Déguè-Gare,
Houèzounmè et Iléfiè
2ème Arrondissement 35 6798 habitants Attakè et Djègan-Daho
3ème Arrondissement 31 004 habitants Djassin, Foun-Foun, Oganla et Zèbou
4ème Arrondissement 44 276 habitants Houinmè et Hounsouko
5ème Arrondissement 33 656 habitants Ouando
Source : Recueil des lois sur la décentralisation, p. 59
La population est inégalement répartie dans ces limites territoriales (voir carte 5 Densité de
population des quartiers de Porto-Novo en 1992). Les quartiers du vieux Porto-Novo connaissent un certain
dépeuplement, la densité du bâti y demeure élevée, mais celle des résidents y a diminué entre les
recensements de 1979 et de 1992. Tandis que les quartiers plus récents enregistrent un net accroissement
démographique global, mais conservent une faible densité : l’habitat y est essentiellement composé de
maisons familiales d’un étage maximum, avec cour ou jardin.
L’essentiel des extensions s‘effectue aujourd’hui hors des limites administratives de la circonscription,
dans les sous-préfectures rurales d’Adjarra, au nord, celles d'Avrankou et Akpro-Missérété, à l'ouest (voir
carte 6 - Evolution démographique dans la région urbaine de Porto-Novo : 1979-1992 et carte 7 - Croissance
brute des communes de Porto-Novo). L’agglomération déborde donc aujourd’hui très largement les limites
naturelles que constituaient les deux dépressions latérales, Zounvi et Donoukin, respectivement à l’ouest
et à l’est, et même la lagune au sud, puisque le schéma directeur de l’agglomération, révisé en 2001,
prévoit des extensions de la ville sur ses berges sud, du côté de l’actuelle sous-préfecture de Sèmè-Podji.
Porto-Novo se développe aussi de plus en plus vers le sud valorisant ainsi l’axe routier reprofilé qui
rejoint l’autoroute Cotonou-Lagos, elle rééquilibre ainsi sa place au sein d’une vaste conurbation en
émergence, en continuité avec l’agglomération cotonoise, distante d’une trentaine de kilomètres.
Porto-Novo se distingue par sa dimension historique, et plus qu’à Cotonou, la gestion de la quotidienneté
et de la proximité est aux mains d’une multitudes d’acteurs sociaux, consacrés par la tradition et l’histoire
et donc incontournables pour les pouvoirs modernes et pour les acteurs émergents que sont les GIE et
autres ONG. Il s’agit de collectivités familiales perpétuant les lieux de fondation des lignées immigrées
des associations coutumières (Zangbéto, Egoun-goun, etc.) ; elles tiennent un rôle important dans la
gestion coutumière de certains espaces urbains. Plus que les activités économiques (principalement axées
3
Au titre de l'article 4 de la loi n° 98-005 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes à statut particulier.
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sur le commerce avec le Nigeria), ce sont les stratégies sociales des divers acteurs locaux qui font la ville.
Du moins les pouvoirs publics doivent-ils sans cesse composer avec ces derniers.
Les principaux groupes socio-culturels présents dans la ville sont les Gunnu et assimilés (Sètonu, Tolinu)
qui représentent un peu moins des 2/3 de la population, et les Yoruba et assimilés (Anago) environ 1/3.
Les Fonnu, Ajanu, etc. viennent ensuite. La répartition de ces groupes est assez contrastée (voir carte 9
-Yoruba et Anago (Nagots) à Porto-Novo et carte 10 - Gun et autres ethnies "adjatado" à Porto-Novo). La
géographie des ethnies en ville détermine la plus ou moins forte densité d’implantation de certaines
structures d’encadrement traditionnelles (liées au vodun et, aux sociétés de masques zangbeto ou egoun
goun) qui jouent un rôle non négligeable dans la cohésion sociale, y compris dans le domaine qui nous
intéresse ici, celui de la gestion des déchets (voir infra, 1-3-4).
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cartes 8-Yoruba et Anago (Nagots) à Porto-Novo et 9 Gun et autres ethnies "adjatado" à Porto-Novo
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1-2 le Programme spécial de réhabilitation de Porto Novo
Capitale administrative sous la colonisation, Porto-Novo avait perdu entièrement cette fonction au profit
de Cotonou jusqu’en 1990 : cette situation avait vu disparaître tous les services publics, les uns après les
autres, à l’exception de l’assemblée nationale… C’est à la faveur de « La Conférence des Forces vives de
la Nation de 1990 » que la décision a été prise de redonner à la ville sa place de Capitale politique et
administrative du Bénin : le Programme spécial de réhabilitation de Porto Novo vise à pallier cette
évolution. Il s’agit aussi d’un projet politique, lié aux alliances et engagements électoraux de M. Kerekou.
Au cours de la campagne électorale de 1996, le Président actuel avait fait la promesse de faire valoir le
statut de capitale politique inscrit dans la constitution béninoise. Cette promesse est liée à l'accord
d'alliance avec le Parti du renouveau démocratique (PRD) parti du Président actuel de l'Assemblée
nationale (Adrien Houngbédji), dont le département de l’Ouémé et la ville de Porto Novo sont les
principales bases (19 députés). A la suite de ces élections, A. Houngbédji est nommé 1 er ministre, et le
projet est alors lancé sous pilotage direct de son directeur de cabinet, jusqu'à la démission d’A.
Houngbédji en 1998. A la démission d'Adrien Houngbédji en 98, le projet est transféré au MEHU. Il
comprend deux volets :
- réhabilitation de Porto Novo dans ses fonctions de capitale, avec le transfert progressif des institutions
de l’Etat ;
- amélioration du cadre de vie des populations par la réfection ou la création d’infrastructures et un projet
d’aménagement des berges de la lagune.
Cette volonté a été réaffirmée après la réélection de M.Kerekou en 2001, le programme spéciale de
réhabilitation de la ville de Porto Novo figure parmi les actions prioritaires du programme d’Action du
Gouvernement.
La direction du projet est instituée par décret 98 307 du 23 juillet 98 et confiée à deux responsables
opérationnels : un directeur, un directeur adjoint/directeur technique, conseillés par un comité de
supervision (divers ministères : environnement, urbanisme, finances, plan, santé, TP, hydraulique et
énergie..) et un comité consultatif local (présidé par le Préfet et composé des maires de communes de la
CU, collectif des notables de la ville4, chef de CU).
Le projet est estimé à plus de 300 Milliards CFA sur 20 ans. La ventilation des prévisions de dépenses est
révélatrice de la hiérarchie des priorités politiques nationales et locales : d’abord rehausser l’image et le
prestige de la ville5. Mais les bailleurs ne suivent pas forcément le même ordre de priorité …
4
Le collectif des notables est un "comité des sages", créé il y a 10-15 ans par d'anciens députés, des hauts fonctionnaires retraités, des
notables nationaux résidants à Porto Novo, personnes âgées ayant eu des responsabilités politiques," appartenant à plusieurs tendances" :
"des gens qui réfléchissent librement" (selon M Bankole, directeur technique du Programme spécial)
5
Ainsi le principal poste budgétaire prévu, et de loin, est construction d’un stade omnisport 12 milliards (mais le financement de ce projet
n’est pas trouvé, emplacement non défini, l’emplacement initial ayant été détourné)
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- Le transfert des institutions :
C’est un projet d’envergure nationale, à haute résonance politique, lancé par l’ancien gouvernement. La
Cour suprême et la cellule de moralisation de la vie publique sont en cours d’achèvement, la haute
autorité de l’audiovisuel, la chancellerie, le Conseil Economique et Social et la Cour constitutionnelle
devraient aussi être transférés à Porto Novo (appels d’offre en cours), et une nouvelle Assemblée
nationale devrait y être construite.
Ainsi le projet de reconstruction de la Cour suprême (en cours, 2,8 milliards financé par le budget
national), initialement prévu à Cotonou a-t-il été réorienté à Porto Novo. Si le projet aboutit, c’est tout le
quartier colonial situé le long des berges ouest de la ville qui, à terme, devrait être transformé en un
Centre politique dont le projet architectural de béton évoque davantage les villes nouvelles la péninsule
arabique que celui de la vieille cité coloniale…
L’ensemble de ces travaux ont notablement modifié la physionomie de la ville. Leur impact sur la gestion
des déchets pourrait être considérable, car ils facilitent la circulation des véhicules et des charrettes de
précollecte, et en réduisant les rejets d’ordures aux abords des principales voies publiques (la justification
du remblai ou de la protection anti-érosion ayant disparu). En outre, la circonscription urbaine veille
davantage à l’entretien de ces axes et leur désensablement/nettoiement qui ont été délégués à de nouvelles
coopératives de travaux de cantonnage (voir infra). Cependant, on observe de grandes disparités de
salubrité entre les quartiers, et entre les axes goudronnés et pavés et les voies secondaires de terre battue.
6
Sur 6 concurrents, le concours remporté par cabinet de Cotonou“ Les deux génies ” (associant deux architectes : Memi Ibrahim, architecture
du soleil, M.Afise Marcos).
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1-3 LES DECHETS DANS LA VILLE A PORTO NOVO
En 1995, le PRGU donne l’évaluation suivante sur la quantité d’OM produites à Porto Novo et à
Cotonou. Dans ce document, les quantités et volumes indiqués sont les même pour Cotonou et Porto
Novo. On retrouve ces évaluations dans divers autres documents concernant Porto Novo, notamment les
notes éditées par la DST de Porto Novo.7
Selon l’enquête DESSEAU de 1997, la production moyenne de déchets à Porto Novo s’élèverait à 1,7 l et
0,65 kg par pers et par jour en moyenne. Mais le principal biais de cette évaluation vient de ce que les
quantités produites ont été évaluées auprès d’un échantillon de ménages habitués à confier leurs déchets à
une ONG collectrice, ce qui n’est pas le cas de la majorité des ménages porto noviens, et surévalue peut-
être les quantités produites (les auteurs de l’enquête signalent eux même ce biais).8
Quantité dOM produites par jour en l/pers selon PRGU (1995) 1,42
Poids volumique 0,380
Quantité dOM produites par jour en kg/pers selon PRGU (1995) 0,54
Quantité dOM produites par jour en kg/pers selon DESSEAU (1997) 0,65
On peut admettre que la réalité se situe dans cette fourchette, en sachant qu’il y a de fortes différences
selon le niveau socio-économique des ménages : selon l’enquête DESSEAU 1997, la quantité journalière
de déchets émises par le quartier pauvre de Degre serait de 0,11 kg/pers et par jour, tandis qu’elle
s’élèverait à 0,92 kg/pers dans les quartiers de niveau « moyen » de la ville.
En admettant que les modes de consommation ont peu évolué et que les quantités de déchets produites
demeurent stables, ces évaluations donnent les quantités théoriques suivantes de déchets à évacuer si on
les rapporte aux chiffres de population de 1992 et 2002 :
A Porto Novo, l’étude DESSEAU de 1997 analyse la composition des déchets ménagers portant sur 15
tonnes prélevées par le CTOM auprès d’environ 1000 résidents de 3 quartiers de la ville (Acron, Foun
Foun et Degre). La collecte a été faite par le CTOM auprès de ses abonnés, aux jours habituels de collecte
(2 jours par semaine), sur 2 semaines.
7
Ce chiffre est considéré comme pertinent par les interlocuteurs auxquels nous nous sommes adressés (DST, CTOM).
8
Le poids moyen d’OM généré dans les villes d’Afrique de l’ouest ne dépasse pas 0,5 kg par habitant et par jour.
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Composition en % des déchets
à Porto Novo
Masse Volume
Matières organiques végétaux, putrescibles 46,3 62,2
Sable, inertes 40,7 13,7
Plastique 2,6 7,8
Papier carton 2 6,4
Tissu 1,1 2,9
Bois 0,1 0,3
Métaux, ferraille 1,3 2,9
Verre 0,4 0,7
Piles 0,1 0,0
Chaussures 1 1,6
Coquilles escargots, os 0,1 0,1
Autres 4,3 1,4
Desseau Ial, 1997, p 2.21.
Le principal biais de cette évaluation vient de ce que la composition des déchets a été évaluée auprès d’un
échantillon de ménages habitués à confier leurs OM à une ONG collectrice, ce qui n’est pas le cas de la
majorité des ménages porto noviens, et surévalue sans doute les volumes évacuées du domicile pour être
mises en décharge. (les auteurs de l’enquête signalent eux même ce biais).
C’est pourquoi nous avons souhaité mener une enquête qualitative à la source, dans les quartiers, auprès
de ménages abonnés ou non d’ONG de précollecte, afin d’effectuer un bilan des pratiques et conditions
de vie quotidienne autour de la question des déchets.
L’écrasante prédominance des débris putrescibles et la faiblesse des déchets manufacturés et emballages
est bien sûr liée à la faiblesse du niveau de consommation et à la persistance de pratiques culinaires
traditionnelles. Elle rappelle aussi que la récupération est encore actuellement très importante au sein des
ménages porto noviens, un peu plus forte, selon l’enquête DESSEAU, qu’à Cotonou.
On y pratique encore ce « tri sélectif » domestique que les ménages occidentaux doivent réapprendre pour
gérer leurs déchets urbains : bouteilles de verre, papiers utilisés comme emballages ou pour l’ « hygiène »
intime, sachets plastiques lavés et réutilisés jusqu’à ce qu’ils soient crevés… animaux domestiques ou
bétail consomment les restes ou les os. A noter qu’il n’y a pas dans les déchets d’huile de vidange. Les
usagers et les garagistes réutilisent en effet les huiles usées pour tuer les cafards dans les fosses d’aisance
et faire descendre leur niveau. Certaines piles (à charbon) sont réutilisées pour la soudure. Boîtes de
conserve, pneus, chaussures de plastique usagées sont couramment revendues à des collecteurs informels
(voir infra).
D’une façon générale, dès lors que leur parcelle est suffisamment vaste pour le permettre, la plupart des
ménages brûlent leurs ordures ménagères ; ce qui a l’avantage de réduire considérablement les volumes,
les papiers, les feuilles, les sachets plastiques, etc., étant réduits en cendre, puis poussés sous la végétation
existante, avec le sable et la poussière. Le brûlage, s’il réduit considérablement le volume d’ordures, n’est
pas sans poser des problèmes environnementaux du fait de la multiplication des sachets en plastique.
Beaucoup d’enquêtés ne font pas de différence entre brûler du papier ou des matières végétales et
consumer des plastiques. Certes, la plupart des ménages lave les sachets pour les réutiliser et ne les jette
que lorsqu’ils sont déchirés, mais les lambeaux de plastique jonchent les lieux de dépôts. Les fins d’après-
midi, dans maints quartiers, l’atmosphère s’alourdit de leurs gaz toxiques, d’autant plus que les brûlages
se font par combustion lente, les matières inflammables étant enfouies au sein de tas de sable et de
poussière. Les piles électriques ajoutent également des produits chimiques plus ou moins volatiles. Il y a
là une réelle pollution, en plus du spectacle inesthétique de sachets en plastique jonchant les sols.
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Les autorités de la CUP croient bien faire en interdisant tout brûlage en ville, mais elles s’affrontent à une
pratique à la fois ancienne et de bon sens et nous ne voyons pas comment les populations obtempèreraient
à un mot d’ordre absolu, global et non expliqué. Il vaudrait mieux axer l’information d’une façon ciblée,
en visant les produits effectivement nocifs. Les gens comprendraient alors mieux. Encore faut-il qu’il y
ait la place pour procéder à de tels brûlages sélectifs.
c) remblai et enfouissement
Dans tous les quartiers de faible densité du bâti et situés à proximité de vallons ou zones maraîchères, le
ménage peut, non seulement disposer d’une parcelle suffisamment vaste pour procéder au brûlage ou à
l’enfouissement de ses propres déchets organiques à domicile, mais aussi mettre à profit l’existence d’une
parcelle mitoyenne ou proche non encore bâtie pour y jeter ses ordures, se dispensant ainsi de l’opération
du brûlage qu’il faut surveiller.Il y a par ailleurs, ici et là, les rigoles et les échancrures, parfois très
profondes, creusées par l’érosion, notamment sur le talus du plateau, et que les ordures servent à
colmater. L'une de ces échancrures, non loin de la Circonscription urbaine, au quartier Agbokou, s'est
creusée dans le prolongement du boulevard extérieur. Il a servi de décharge jusqu'à l'année dernière où un
drain a été mis en place. On peut y ajouter les rigoles qui, progressivement, déchaussent les ouvrages tels
que les ponts et ponceaux. A Adjina, les abords du "viaduc" qui enjambait la tranchée servant au passage
du chemin de fer aurait assurément été creusés s'il n'avait pas reçu l'apport d'ordures.
Une partie des ordures sert de remblai pour les trous en dehors de la sphère domestique. Dans les espaces
non encore lotis, les habitants ont l’habitude ancienne de creuser des trous à la recherche d’une argile de
qualité pour la construction. Ces trous, qui collectent l’humidité alentour et les eaux de ruissellement, se
révèlent propices aux bananiers. Les gens y jettent leurs ordures dont une partie servira effectivement à la
bonne croissance des plantes. Les trous de la voirie sont également bouchés, mais trop souvent avec des
ordures molles, bio-dégradables, car les propriétaires préfèrent garder matériaux et débris de construction
pour d’éventuels travaux. Ils sont guère disposés à donner un vieux parpaing ou autre matériel en dur,
bien qu’ils les stockent souvent devant chez eux ! Nous avons pu cependant constater que, en liaison avec
de nouveaux chantiers, des trous étaient bouchés avec de la caillasse – comblés grossièrement car on ne
prend pas toujours la peine de concasser pour ajuster, en misant sur les passages de véhicule pour aplanir
les choses.
1-3-4 Modes traditionnels de régulation pour les rejets d’ordures en milieu urbain : le zangbeto
A Porto Novo, ville historique fortement marquée par le contrôle social coutumier, une institution
originale liée au vaudou, le Zangbeto, est très habituellement sollicitée par les riverains, ou même des
institutions locales, en butte avec des problèmes de sécurité et d’environnement, notamment de décharges
sauvages dans les espace publics ou privés. Celles-ci font donc généralement l’objet d’une certaine
régulation et d’un certain consensus.
Les initiés de Zangbéto sont les chasseurs (gbèto) de la nuit (zan) ; en quelque sorte des veilleurs de nuit.
L'institution était au service du roi et jouait le rôle de police royale. Son siège suprême est d’ailleurs au
quartier Avassa, tout juste au nord-ouest du palais. Zangbéto chasse les voleurs, les mauvais esprits et les
sorciers. Le Zangbeto est une institution aussi ancienne que la ville de Porto-Novo. La légende le fait
remonter aux sources du royaume de Xogbonu. Les immigrants d'Ajatado via Alada, fuyant devant les
conquérants Fon plus puissants, auraient imaginé ce subterfuge pour effrayer leurs frères ennemis et
couvrir la fuite notamment de leur chef. Devant le succès de l'entreprise, le Zangbeto est depuis
longtemps vénéré et a été institué comme police (notamment nocturne, d'où son appellation) dans le
royaume de Porto-Novo. Le Zangbeto a résisté à toutes les vicissitudes de l'histoire. On se rappelle qu'il a
été interdit sous la période révolutionnaire, compte tenu d'un certain nombre d'abus et indélicatesses dont
sont accusés ses adeptes. Au lendemain de la Conférence nationale, le Zangbeto a été réhabilité. Il n'est
pas impossible que Kpakliyau, le chef suprême de la “ congrégation ” dont le siège national se trouve au
quartier Avasse, essaie de discipliner ses troupes depuis lors.
Afin de contrôler le territoire qui lui est dévolu, la société multiplie ses cellules de base. En juillet 2001,
le siège national en comptait 229 dans la circonscription urbaine de Porto-Novo (voir carte 11). Chaque
groupe se réunit dans un enclos particulier, devant lequel – souvent sous un portique ou dans une hutte -
trône un masque Zangbéto (non porté). L’ensemble est gardé par un génie protecteur des lieux habités, un
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legba, appelé en l’occurrence “ legba zangbéto ”. Au niveau de chaque quartier (maintenant
administratif), les diverses cellules sont placées sous la responsabilité d’un zangan. Au-dessus des
zangan, au siège d’Avassa (aujourd’hui siège “ national ”), se trouve le zangan daho. Avec l’organisation
administrative moderne, des “ chefs de zone ” ont été désignés pour coordonner l’action des zangan au
niveau de chacune des 15 communes (bientôt arrondissements) de la circonscription urbaine de Porto-
Novo. Les coutumiers ne sont pas seuls à faire fonctionner la société puisque la moitié des responsables
sont catholiques et qu'on y trouve quelques musulmans.
Lorsque Zangbéto constate, à l’aide de ses multiples guetteurs, qu’un de ses interdits a été violé, il émet
un avertissement en direction du ou des chefs de famille concernés. Ceux-ci sont estimés responsables de
leurs enfants, de leurs femmes, et de tous ceux qu’ils hébergent (parents, dépendants, locataires,
étrangers, etc.). Si les entorses au règlement se reproduisent, on en arrive vite aux amendes – en général
des victuailles à consommer par les initiés. Au-delà, les choses s’enveniment : Zangbéto vient faire le
siège de la maison incriminée en criant le nom du chef de famille, celui de sa ou ses épouses, etc. Il
devient alors dangereux de s’entêter. En cas de résistance, les zangbéto peuvent sculpter un cercueil en
miniature, censé représenter votre propre cercueil si vous continuez dans votre comportement, pour vous
avertir une ultime fois. Passé cette mise en scène et au terme de neuf nuits, Zangbéto peut venir vous
“ emporter ” à vos risques et périls.
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Carte 10-L’association coutumière des Zangbeto à Porto-Novo
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Il suffit donc au Zangbeto de matérialiser sa présence par les rameaux de palme en délimitant un site ou
un espace donné. Tout l’espace urbain est ponctué de ces signes (cf planche photographique n°6 en
annexe). Et le langage est bien compris de la population : les gens savent qu’il s’agit ni plus ni moins de
territoires de restriction ou mieux d’interdiction, très efficaces dans la régulation des dépôts de déchets
urbains sauvages (orientation des déchets vers les espaces à remblayer, interdiction des déversements).
En conséquence, et dans le mouvement de réhabilitation de valeurs traditionnelles qui accompagne la fin
de la période marxiste, certains acteurs locaux pensent que le Zangbeto pourrait être associé
officiellement par les pouvoirs publics à la tâche de surveillance/couverture du territoire et que la police
environnementale que les autorités publiques viennent de créer – du moins sur le papier – vient donc en
double emploi, avec cette société coutumière parfaitement opérationnelle dans une ville historique
comme Porto-Novo. Le zangbeto est, de fait, déjà sollicité ponctuellement par des représentant de
l’autorité publique (ainsi lors de la mise en place du comité de quartier de Tokpota -dans le cadre du
PGUD-, le maire a-t-il choisi un représentant zangbeto pour le volet sécurité) ou des institutions comme
le Conseil de réhabilitation de la ville de Porto-Novo (CRVP).
Le Zangbeto, c'est concluant du moins au niveau tout à fait local. Il suffit de prendre contact avec la confrérie du quartier et ça
marche. Il importe néanmoins que l'Etat donne ou redonne sa reconnaissance ou plus de considération à cette confrérie, que ses rôles
soient clairement définis / la police nationale. Je suis convaincu qu'une complicité agissante entre le Z et la PN devraient contribuer à
régler et résoudre pas mal de problèmes dans ce domaine [dans le domaine des déchets urbains]. Le Z mérite d'être restauré comme
entité culturelle et comme force de sécurité. Il ne s'agirait pas de lui attribuer un autre pouvoir ou un pouvoir qui ne serait pas le sien.
Il s'agit d'une reconnaissance d'un je ne sais quelle force magico-religieuse dont l'efficacité est redoutée.
Naturellement la prestation sera récompensée. Pas comme un travail au sens économique ou économiciste du terme. Mais il faudra
rechercher de commun accord avec les intéressés qui ont dorénavant une structure hiérarchique reconnue au plan national, les
modalités de récompense appropriées. Sans tomber dans des perversions. Il faut soutenir la confrérie tout en sachant que cela s'inscrit
dans un cadre communautaire et non comme une activité économique stricto sensu. Tout cela suppose une réorganisation et une
restauration de leur chef suprême qui est le Kpakliyau, processus du reste en cours de nos jours
Les Zangbeto ont promis nous aider [dans le domaine des déchets urbains], mais c'est moyennant compensation. Mais se pose le
problème de la hiérarchie. Si on verse une certaine compensation à Kpakliyau, il n'est pas certain que les retombées soient reversées
jusqu'au niveau de ceux qui ont fait ou font le travail sur le terrain. Alors moi je préfère m'adresser directement aux Z du quartier.
L'approche est de faire intervenir les riverains pour nous aider à faire la surveillance par les Z.
14/06/02 S. R, chargé du contrôle et des interventions à la DST de la circonscription urbaine
Mais doit-on banaliser et officialiser ce recours sans le vider de sa substance ? Peut-on canaliser les
“ forces occultes ” dont se prévaut le zangbeto et les associer à un état de droit laïc ? Bien des dérives
sont possibles, à commencer par celles qui tiennent à la violence, quelle soit physique, sociale ou
symbolique, et au caractère dégradant des sanctions usuelles au sein de cette institution traditionnelle.
“ C’était quelques jours après l’inauguration par l’ancien président de la République Nicéphore Soglo en
décembre 1995, de la statue érigée par le CRVP en hommage au roi de Porto-Novo Dè Tofa. Le CRVP
avait alors confié la surveillance des lieux au Zangbeto du quartier Gbèloko. Il s’est trouvé un
énergumène pour aller déféquer au pied même de la statue. Pris en flagrant délit. Comme sanction, il
devait de ses lèvres ramasser ses propres rejets et payer une amende. Plus tard un autre dans sa soutane de
chrétien céleste, a osé monter sur la statue pour prêcher à peu près en ces termes : ériger une statue à un
mortel, quel sacrilège ! seul Jésus-Christ mérite une telle attention. Il fut pris, on le délesta de sa soutane
qu’on déchira en lambeaux pour l’attacher et on lui administra la correction et la leçon qui s’imposent. ”
un membre fondateur du Conseil de réhabilitation de la ville de Porto-Novo (CRVP)
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Carte 12-Densité de population des quartiers de Porto-Novo en 1992_localisation des quartiers étudiés
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Pour chaque quartier, nous avons réalisé un état des lieux cartographié concernant la salubrité de la voirie,
les aménagements anti-érosifs, la végétation, informés par des entretiens avec les autorités locales et
quelques ménages. C’est également au niveau du quartier que la première institution apparaît avec le chef
de quartier, et avec elle la possibilité de mener des actions concrètes à cette échelle.
Nous avons pu discuter avec les enquêtés, les chefs de quartier et les maires des communes de
l’éventualité de dépotoirs de quartier gérés de façon correcte. Le quartier apparaît bel et bien comme une
unité pouvant être facilement mobilisée dans le cadre d’une action concertée avec les populations.
Dans les quartiers périphériques à faible densité, les deux pratiques les plus répandues sont le brûlage et
le rejet de proximité dans les espaces non bâtis du voisinage. Les besoins de précollecte domiciliaire des
déchets sont davantage ressentis par les ménages des quartiers plus denses et qui ne disposent pas
d’espace suffisant pour organiser le brûlage, mais le critère principal semble l’état de la voirie
environnante : les rejets sauvages sont moins pratiqués le long des axes pavés ou goudronnés, alors qu’ils
paraissent légitimes lorsque les voies sont ravinées, inondables, mal entretenues (cas du quartier Dodji, où
les rues sont jonchées de dépôts d’ordures ou de dépôts en dur supposés lutter contre le ravinement).
Il convient de remarquer que toutes les rues ne sont pas destinées au trafic des véhicules. Le pavage en
cours de certains axes accentue d’ailleurs la distinction à faire entre les rues passagères et celles où le
passage de véhicule est à la fois rare et lent. Les nids de poule, la détérioration des chaussées, les
« gendarmes » en terre, parfois en ciment pour freiner le ruissellement des eaux et pour ralentir les motos,
les remblaiements de déchets pour combler les ornières constituent également autant d’obstacles au
passage des charrettes des ONG précollecte. Ainsi certains habitants de ces quartiers se plaignent de
l’absence d’offre de collecte des ordures ménagères le long des « vons » de terre mal accessibles.
Nombre de rues sont en fait des milieux de vie, souvent dans le prolongement des espaces privés. Les
matériaux de construction y sont entreposés (tas de sable, parpaings, etc.), les vieux paniers ou cuvettes
qui servent de poubelles y sont mises en attendant le passage des Ong, les vieux et les jeunes oisifs
passent leur temps devant les portes d’entrée, les revendeuses et les cuisinières occupent des abris en
matériaux provisoires ou encore disposent de simples étalages, les garçons jouent au football, les activités
des artisans débordent des ateliers, etc.
Dans les quartiers périphériques (cas de Dodji), les parcelles non occupées sont très souvent emblavées de
maïs, de manioc ou de haricot. Les cultivateurs acceptent les ordures du voisinage aux abords de leurs
champs pour en retirer le compost. De nombreuses parcelles vides, surtout celles qui jouxtent les zones
habitées, constituent de véritables dépotoirs sauvages. Les dépôts sont nombreux aux pieds des bananiers.
Mais certaines parcelles sont soigneusement nettoyées pour servir d’aire de jeux aux enfants et jeunes du
quartier (par exemple, à Dodji, les deux parcelles qui se trouvent devant le lieu de réunion de l’association
coutumière Zangbéto).
Cette utilisation par les ménages de l’environnement de leur habitat ne dépend guère du niveau social du
chef du ménage, hormis la couche supérieure des ménages les plus aisés (qui constitue, on le verra,
l’essentiel des clients des ONG de précollecte). Dans la plupart des cas, ce sont en effet les femmes, les
enfants et les « petites bonnes » qui s’occupent des ordures, ce qui gomme en quelque sorte les
différences.
Il présente un état de propreté satisfaisant grâce aux Ong qui collectent les ordures et auxquelles les chefs
de famille sont abonnés. Néanmoins, quelques dépôts d’ordures sauvages existent encore. On observe
également des efforts d’aménagement pour lutter contre l’érosion : terrasses cimentées, escaliers et
entrées de garage également cimentés, rebords de bas de mur, caillasses disposées le long des murs, etc.
Les constructions récentes prévoient d’emblée de tels aménagements.
les poubelles en attente disposées le long des murettes à l’entrée (de part et d’autre du portail) attestent
souvent de l’abonnement des maisons à une Ong collectrice d’ordures (ici, Emmaus et Jeunesse
Ambition). Ce sont souvent des bassines trouées, des seaux en plastiques cassés et des paniers remplis et
débordant d’ordures de toute sorte. Par exemple dans la seule partie méridionale du quartier, nous avons
dénombré pas moins de 16 poubelles ainsi entreposées. Les gens préfèrent mettre ces poubelles à
l’extérieur afin de dégager leur propre parcelle et aussi pour éviter que les collecteurs ne trouvent porte
10
Etat des lieux réalisé par Glwadis Bossa
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close en cas d’absence. Le long du boulevard extérieur sont disposées plusieurs poubelles débordantes
d’ordures, ce qui ne donne pas un effet esthétique le long d’une voie importante, très fréquentée, et qui
vient d’être pavée. Un ménage aligne à lui seul huit récipients !. On dénombre au moins 20 poubelles
dans la partie Nord du quartier étudié. Au total le quartier Oganla-gare Est comptait 36 poubelles
exposées lors de notre passage, sans compter celles qui n’étaient pas sorties dehors.
Quelques dépôts d’ordures existent toujours devant des maisons, le long des murs, sur des parcelles non
bâties, ou encore dans et autour de vieilles carcasses de voitures abandonnées. Ils sont brûlés
périodiquement, avec les sachets plastiques qui s’y trouvent. Sur la rue 159 une parcelle vide sert de
dépotoir (n° 5 sur la carte). En fait ce « dépotoir » existe à la demande d’un jardinier qui utilise le
compost qu’il peut en retirer pour un champ de maïs et de patate douce. Ce jardinier est un boulanger qui
complète ainsi ses revenus après son travail de la journée. Il a l’accord des propriétaires des parcelles 1-
237 k et d pour cette culture intra-urbaine.
On relève aussi la présence de dépôts en dur. Il s’agit des carcasses de voitures entreposées non seulement
devant les garages, mais aussi en pleine rue. Il faut dire que certains garages regorgent de véhicules en
panne, usés, hors d’usage, servant de magasin de pièces détachés, devenant tas de ferraille. Dans le garage
G (voir carte), par exemple, nous avons pu dénombrer neuf carcasses de voiture et une demi-douzaine de
scooters de marque Vespa hors d’usage – toutefois rangés dans l’enceinte du garage. Autres dépôts en
dur : les caillasses qui sont mises à l’extérieur pour diminuer l’encombrement des cours, sans pour autant
être utilisées pour des aménagements anti-érosif. De simples tas qui sont parfois envahis par la végétation.
1-4-2-quartier KANDEVIE-OWODE11
Le quartier Kandévié-Owodé présente de nombreuses maisons modernes à deux ou trois niveaux, parfois
quatre, dont la plupart ont été construites en style « yoruba ». Mais il reste quelques maisons anciennes en
terre de barre. La végétation, arbres d’ombrage et plantes d’ornementation, est abondante devant certaines
habitations. L’ouverture de voies « modernes » a occasionné de nombreuses casses, d’autant plus que le
tracé s’est voulu esthétique avec un tracé en courbes (rues n° 50, 423, 389, etc.). Des cicatrices sont
encore visibles, des maisons disposées de travers par rapport à la rue, etc. Le quartier présente un aspect
globalement propre grâce aux Ong qui interviennent dans le ramassage des ordures, mais on observe de
fortes disparités internes. Des espaces couverts d’herbes sont jonchés d’ordures, les carcasses de voitures
encombrent les bas-côtés de la chaussée devant les garages de soudure et de mécanique, des tas de
caillasse sont laissés ici et là. La chaussée, insuffisamment drainée, est pleine de flaques d’eau, etc.
Ce sont de petits tas d’ordures déposés le long des rues par les patrons d’ateliers, les vendeurs et les
propriétaires des maisons riveraines. Ils sont composés de feuilles mortes, de papiers, de boîtes de
conserve, de sachets de plastiques. Ces tas sont le plus souvent brûlés par les populations.
Certaines parcelles vides servent de dépôts sauvages. C’est le cas des parcelles 3-108d, rue 466 et 3-122f,
rue 414. Cette dernière correspond à la place publique du quartier. Elle est actuellement occupée par une
vingtaine de buses en béton et couverte d’herbes. Ces buses ont été laissées sur place après la construction
d’un égout de huit mètres de profondeur pour le drainage des eaux de pluies des quartiers Houinmè-
Château, Kandévié-Missogbé, Kandévié-Owodé et Hounsouko. Dans ces buses sont déposés des OM, et
même des cadavres d’animaux. Le chef du quartier, Damien Chanvoèdou, se plaint de cette situation et de
l’inaction de la Circonscription urbaine à ce sujet. Les eaux usées, contenant des déchets ménagers
(boules de pâte de maïs, arêtes de poissons, feuilles mortes, etc ), y sont déversées sur la chaussée sans
considération aucune. Les matériaux de construction (sable marin ), les fagots de bois, les pneus
superposés, les eaux stagnantes où nagent des sachets de plastique noir, empêchent la circulation des
piétons.
11
Etat des lieux réalisé par Grégroire Noudaïkpon
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire Population 30
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Carte 13-Etude de l’assainissement dans le quartier Oganla Gare-Est (Porto-Novo)
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Carte 14-Etude de l’assainissement dans le quartier Kandévié-Owodé (Porto-Novo)
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En saison des pluies, il y a une stagnation des eaux sur les rues :n°391, au niveau du lot 3-115 ; 200 au
niveau du lot 3-116 ; 458, au niveau du lot 3-99. Les eaux de ruissellement creusent des ravines le long de
la rue 50.
Dans le quartier, il n’y a pas moins de huit garages et trois casses-autos. Il arrive que des carcasses de
voitures encombrent la chaussée devant les garages de mécanique et de soudure, et les casses-autos. Le
chef du quartier a proposé aux garagistes de découper leurs carcasses de voitures afin de faciliter leur
enlèvement.
On observe aussi des caillasses de toute sorte : graviers amassés ou étalés devant les maisons, le long des
murs et dans les rues pour combler les creux laissés par les eaux stagnantes ; parpaings entassés devant
les parcelles en construction. Elles constituent un dispositif anti-érosif si elles sont étalées le long des
murs ou devant les maisons. Souvent elles sont simplement mises en tas devant certaines maisons. De
nombreux tas de sable marin relevés dans le quartier (une dizaine en tout) témoignent des nombreuses
constructions dans un quartier pourtant déjà anciennement occupé.
Plusieurs Ong de précollecte des OM interviennent dans le quartier : AVPB, AVB, SBP, Mahu-Lolo et
OCP. Elles passent soit les mardis et les vendredis, soit les lundis et les jeudis selon le programme de
l’Ong. Seules AVPB et Mahu-Lolo disposent de véhicules motorisés. Les autres Ong n’ont que des
charrettes à bras. C’est pourquoi ces dernières refusent parfois les ordures de certains ménages, trop
volumineuses. Ces Ong délivrent à chaque abonné une carte sur laquelle elles pointent leur passage. Les
poubelles en attente sont des bidons éventrés, des paniers, des bassines de tout genre. Elles sont disposées
devant les portails. Le jour de notre passage n’était pas un jour de ramassage des ordures, ce qui ne nous a
pas permis de recenser beaucoup de poubelles, celles-ci étant pour la plupart laissées à l’intérieur des
parcelles.
la végétation
Plusieurs carrefours ont été aménagés avec des espaces gazonnés. Il s’agit des carrefours formés par le
croisement des rues n° 200 (rue de Fodégbé) et 40 (boulevard extérieur), des rues n° 209 et 210
(boulevard d’Adjarra ), des rues n° 40 (boulevard extérieur ) et 116, des rues n° 210 (boulevard
d’Adjarra) et 50. Des arbres ont été plantés le long du boulevard extérieur (rue n°40) et sont entretenus.
Une place publique a été créée au dernier carrefour que nous venons d’énumérer, avec des sièges en
ciment ; elle n’est toutefois pas électrifiée.
Dans la rue 458, deux parcelles vides (parcelles 3-107o et 3-107j27 ), clôturées par de vieilles feuilles de
tôles et par des bambous, servent de jardin (bananeraie). Les parcelles citées dans la rubrique dépôts
d’ordures abritent de la végétation. De même, sur certaines rues et ruelles, des îlots d’herbes s’étendent.
Le chef du quartier se montre favorable à la création d’un dépotoir public dans le quartier, et propose
précisément ce terrain occupé par les buses. A l’origine, cet emplacement était prévu pour une « maison
du peuple ». Il insiste pour qu’un éventuel dépotoir soit bien entretenu afin de pas causer de désagrément
au voisinage et qu’il soit strictement réservé aux habitants du quartier. Il continue en disant qu’un gardien
de nuit est nécessaire pour empêcher que des personnes de mauvaise foi et étrangères au quartier ne
viennent la nuit jeter les ordures sur le site. Une souscription volontaire de la population est alors
nécessaire. Il cite l’exemple du quartier Agbokou ou la population refuse l’installation d’un dépotoir
public. Une large concertation au niveau du quartier est nécessaire pour réaliser un tel projet. Parfois des
litiges apparaissent entre le Ong collectrices des ordures et leurs abonnés. Il joue alors le rôle de
médiateur.
C’est un quartier qui garde son caractère traditionnel avec beaucoup de maisons anciennes construites en
terre de barre. De belles maisons à plusieurs niveaux, en style « yoruba », s’y sont ajoutées. Les rues sont
étroites et sinueuses. Les plus grandes rues correspondent à des percées de voies opérées dans un tissu
déjà habité.
12
Etat des lieux réalisé par Grégroire Noudaïkpon
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Bien que les Ong collectrices d’ordures soient présentes, Houinmè-Ganto est un quartier dont l’état de
propreté laisse à désirer par endroit, notamment dans les zones inondées en périodes de pluies.
les aménagements
Des tentatives d’aménagement ont été faites par les habitants des maisons inondées. Devant les maisons,
le long des murs, des caillasses sont étalées et recouvertes de terre latéritique; des terrasses sont
construites. En périodes de pluies, des parpaings sont superposés afin de faciliter le passage des piétons.
Plusieurs maisons sont construites dans une zone dépressionnaire, si bien qu’elles sont immédiatement
inondées dès les premières pluies. Certaines ont dû être abandonnées.
Lors de notre passage dans le quartier, nous étions interpellés plusieurs fois par les habitants qui nous
demandaient si ce sont les travaux de canalisation et de pavage qui vont commencer, car, eux, ils sont
comme des poissons en périodes de pluies ! Un peu partout dans le quartier, des terrasses sont construites
devant les maisons. Notons aussi la plantation d’arbres le long des rues, ce qui est très remarquable
surtout dans la partie méridionale du quartier; ainsi que des haies devant ou autour des maisons.
Les parcelles vides sont occupées par des cultures intra-urbaines, à défaut par des herbes, les tas
d’ordures y sont nombreux. Elles sont pour la plupart à moitié ou totalement clôturées.
1-4-4-QUARTIER DODJI13
l’occupation du quartier :
Il s’agit d’un quartier récent. Les rues ont été tracées dans le cadre d’un lotissement, mais la végétation en
a recouvert plusieurs. Nombre de parcelles ne sont pas occupées, envahies par la végétation, construites à
moitié, ou encore ont été construites puis abandonnées à la « brousse ». Ces parcelles non construites
représentent 90%du lotissement. Nous pouvons dire qu’il s’agit d’un quartier en chantier. Les parcelles
construites complètement ou à moitié sont clôturées en dur, avec une murette cimentée.
Le quartier est habité par une proportion significative de Yoruba musulmans et il compte quatre écoles
coraniques (parcelles 3-592 n, 3-597 i, 3-594 p et 3-601 f). Les maisons en construction sont nombreuses
ainsi qu’en témoignent les nombreux tas de sable relevé (une cinquantaine) et les entassements de briques
13
Etat des lieux réalisé par Glwadis Bossa
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disposés ça et là dans les rues. Du fait de l’humidité du milieu (cf. la dépression de Dodji), des bananiers
poussent dans les parcelles inoccupées. dans une parcelle vide, il y a toujours un bananier..
l’aménagement :
Les efforts d’aménagement s’observent surtout au sud et au centre du quartier. Il s’agit d’aménagements
préventifs vis à vis du phénomène d’érosion qui se manifeste déjà dans le centre du quartier. Ce sont les
terrasses en ciment, les parterres plantés de fleurs (parcelles3-594 q et p), les caillasses disposées le long
du mur ou autour des terrasses (parcelles 3-607 n et 3-592 g). Dans ce cadre, les propriétaires des
parcelles 3-593 f g h i ont aménagé la portion de la rue 727 qui passe devant leurs maisons en
l’empierrant à l’aide de caillasses. En plus, le propriétaire de la parcelle3-603 d a érigé une murette de 10
à 12cm de hauteur dans la plus grande dépression du quartier (17-18m sur la carte des courbes de niveau).
La dépression est située au niveau du terrain de sport de l’école publique (voir 1 sur la carte
d’aménagement). La murette a été élevée là où commence sa parcelle, d’ailleurs elle-même située dans la
dépression. Il a certainement pris cette disposition pour empêcher que la devanture de sa maison soit
creusée au fil du temps.
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Carte 15-Etude de l’assainissement dans le quartier Houinmé-Ganto (Porto-Novo )
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Carte 16-Etude de l’assainissement dans les quartiers Dodji et Hounsa (Porto-Novo)
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Trame pour un rapport collectif – version de travail en cours de modifications, usage interne - 16/08/02 EDA
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Trame pour un rapport collectif – version de travail en cours de modifications, usage interne - 16/08/02 EDA
Quartier Kandévié-Owodé
bâti espace disponible Abonnement ONG de récupération brûlage ? dépôt fixe Zangbéto ? cantonnier de
Précollecte ? ? de quartier ?
enfouissage ? proximité ?
parcelle n° 3-136 n, rue 50 une cour avec une bananeraie au abonnement à une Ong (Mawu Une bananeraie oui, y compris les oui, mais Oui, parce que NR
maison familiale ancienne fond Lolo) partagé par les trois jonchée plastiques entretenu leurs interdictions
construite en terre, un seul niveau, 3 ménages qui habitent. 1500 d’ordures (y sont respectées par
ménages apparentés. pour 2 passages hebdo. Se compris la population
plaignent d’interruptions du plastiques) au
service ; ont suspendu une fois fond de la cour.
leur abonnement à cause de
cela..
parcelle n° 3-136 e, rue 50 Cour arborée, avocatier, bananiers, non abonné, par manque de Les ordures oui, une fois par si espace oui, car « souvent aide par des
maison familiale ancienne touffes d‘herbe, ensemble mal moyens financiers et espace sont enterrées semaine, tout disponible respectées par pourboires
construite en terre, un seul niveau entretenu. disponible une fois compris. crainte de
brûlées. sanction ».
Quartier Houinmè-Ganto
bâti espace disponible Abonnement ONG de récupération ? brûlage ? dépôt fixe de Zangbéto ? cantonnier de
Précollecte ? proximité ? quartier ?
parcelle n° 3-251 f, rue 383 non, tous les ménages déposent les non ; essais sans suite pour NR Le dépotoir est brûlé Oui, qui suggère que le chef oui, 1000 F/an
appartement dans un immeuble à ordures dans un dépotoir sauvage mobiliser les locataires ; estime une fois par an en constitue une quartier implique les
deux niveaux comprenant 6 ménages devant l’immeuble que les ménages ne pourront pas saison sèche gêne pour zangbéto dans
s’abonner pour la pré collecte l’interwievée. l’interdiction du
tant que ce dépotoir existera. dépôt d’ordures.
parcelle n° 3-234 j, rue 371 non, les ordures sont déposées devant non, faute de moyens financiers NR deux fois par mois Oui. onstate NR. oui, 100 F/mois
collectivité familiale la maison, à défaut d’un dépotoir devant la maison que la rue, est
sauvage qui a été fermé sale, jonchée
d’ordures, et
difficile
d’accès en
saison
pluvieuse.
Rend le
délégué
responsable de
l’état
d’insalubrité.
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Trame pour un rapport collectif – version de travail en cours de modifications, usage interne - 16/08/02 EDA
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Chapitre 2
Contexte institutionnel de la gestion des déchets urbains
Porto Novo, comme les autres circonscriptions urbaines du Bénin est encore dirigée par un « chef de CU »
nommé par le pouvoir central (Mme Inès Aboh à Porto Novo), et ce jusqu’aux élections prévues pour décembre
2002. En raison de son statut de capitale, et du programme de réhabilitation dont elle fait l’objet, elle est
soumise à une politique urbaine sous influence de plus en plus rapprochée de l’Etat et de ses bailleurs
internationaux, et ce malgré la proximité annoncée de la décentralisation. Dans le domaine des déchets, comme
ailleurs, les décisions concernant la ville sont orientées par des programmes nationaux : PRGU puis PGUD puis
PMAE (voir infra). La Circonscription urbaine et autres institutions locales ne semblent avoir qu’un rôle
d’exécutants dans leur mise en œuvre. Comment, et avec quelle marge de manœuvre la future municipalité élue
pourra-t-elle s’approprier ce programme ?
Au Bénin, contrairement au Mali, la municipalisation puis la décentralisation ne sont pas encore effectives sur
le plan institutionnel et politique, malgré la mise en place méthodique, (impulsée par la Banque mondiale et
relayée par le PDM (Programme de Développement Municipal) et les coopérations françaises 14 et allemandes
principalement), de structures, et d’un environnement institutionnel et juridique, outils et programmes de
gestion urbaine et de formation des personnels municipaux orientés vers la promotion d’un développement
urbain durable.
Les reports successifs des élections municipales constituent un verrou essentiel au passage effectif des
circonscriptions administratives aux collectivités municipales.
La réforme de l’administration territoriale est entamée depuis la Conférence nationale de 1990. En décembre
1990, la Constitution prévoit la création et la libre Administration des Collectivités Territoriales. En janvier
1993, de Etats Généraux de l'Administration Territoriale définissent ses principes fondamentaux. En mai 1995,
un Projet de Loi d'Orientation porte sur l’organisation de l'administration territoriale au Bénin. En 1997, sont
successivement créées la Direction Générale de l'Administration Territoriale (DGAT), puis la Mission de
Décentralisation (MD), enfin la Maison des Collectivités Locales (MCL). Il faut pourtant attendre encore deux
années (1999) pour que soient adoptées les lois de décentralisation. Et il faudra attendre les prochaines élections
municipales (1er déc 2002) pour que ces lois entrent en vigueur.
14
Dans le cadre d’une coopération urbaine tripartite Bénin/France/Allemagne, le FAC a centré son action sur la décentralisation et l’appui aux
collectivités locales (circonscriptions urbaines), tandis que la GTZ s’attache davantage au développement institutionnel.
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Lois de décentralisation15
Loi n° 97-028 du 15/01/99 portant organisation de l'administration territoriale de la République du Bénin
Loi n° 97-029 du 15/01/99 portant organisation des communes en République du Bénin
Loi n° 98-005 du 15/01/99 portant organisation des commune à statut particulier (c’est à dire les grandes communes urbaines :
Cotonou, Porto Novo et Parakou)16
Loi n° 98-007 du 15/01/99 portant régime financier des communes Loi n° 98-008 du 09/03/00 portant régime électoral communal et
municipal en République du Bénin
En attendant, donc, que la décentralisation soit effective, les villes de Cotonou et de Porto-Novo, ont fait l'objet
d'une plus grande attention de la part des autorités centrales et de leurs bailleurs internationaux, notamment sur
la question de la gestion des déchets.
Ainsi, plusieurs programmes de gestion urbaine et environnementale (PRGU, PGUD, voir infra) ont permis de
lancer dans les Circonscriptions urbaines de gros investissements de réhabilitation selon des méthodes à haute
intensité de main d'œuvre (voir ci-dessous la liste des programmes concernant la gestion des déchets) tout en
mettant en place les moyens budgétaires d’un renforcement des capacités municipales.
Pour “ faciliter la consommation rapide des crédits ”, la maîtrise d’ouvrage des études et travaux a été
systématiquement déléguée à des Agences autonomes, recevant directement leurs financement de coopérations
occidentales ou de la Banque mondiale (par accords de Projets avec l’IDA) : la SERHAU et l’AGETUR sont
les principales à intervenir en milieu urbain.
Enfin, des outils de gestion urbaine ont été mis en place à l’attention des Circonscriptions urbaines dont les plus
importants sont : le Registre Foncier Urbain (RFU) pour l'amélioration et la consolidation des ressources
locales, la gestion foncière, et d'autres applications pratiques notamment le panneautage; les Systèmes
d'Information Géographique (SIG) associés à ces RFU, pour l'aide à la décision à travers la fourniture
d’informations urbaines actualisables avec des représentations graphiques ; les programmes pluriannuels de
développement et d'investissement (PPDI), pour assurer une bonne planification des investissements
communaux et une amélioration des qualités des services urbains offerts à la population.
Malgré la mise en place de ce dispositif organisationnel, les élections municipales, promises depuis la
Conférence nationale ont été plusieurs fois ajournées (en 1999 et en 2000) sans doute pour des raisons
politiques –(crainte de voir les grandes villes échapper au contrôle de la majorité gouvernementale) 17, et les
Circonscriptions urbaines sont donc encore un simple échelon de l'administration territoriale centrale de
même niveau que la sous-préfecture18, et dont le chef est nommé par décret pcm, sur proposition du MISD
parmi les administrateurs civils (cadre A). Comme en France, son autorité hiérarchique de référence est le
Préfet.
Certes, depuis quelques années la situation semble avoir évolué vers une plus grande autonomie des sous-
préfets et chefs de circonscription urbaine (cf les initiatives de Mme Aboh, chef de CU de Porto Novo 19 en
matière d’assainissement). On est donc encore dans une phase transitoire vers la décentralisation.
En janvier 2002, enfin, le Conseil des ministres annonce la tenue d’élections municipales pour décembre 2002.
Lors du scrutin, des communes divisées en arrondissements se substitueront aux “ Circonscriptions urbaines ”.
15
On trouvera des informations détaillées sur le cadre institutionnel de la décentralisation au Bénin en consultant le Site web de la Maison des
collectivités locales : http://www.mcl-net.org/
16
Les trois critères cumulatifs pour bénéficier du statut particulier sont : Avoir une population de 100 000 habitants au moins ; s’étendre de façon
continue sur 10 km au moins ; Avoir des ressources suffisantes pour faire face aux dépenses de fonctionnement et d’investissement. Les communes
de Porto Novo, Cotonou et Parakou bénéficient, dès le départ, de ce statut particulier.
17
A plusieurs reprises, les coopérations associées à la mise en place de programmes de gestion urbaines (GTZ et coopération française) ont exprimé
leur souhait pour la mise en route effective du processus de démocratisation de la vie locale. A tel point que, fin 2001 l’Ambassade de France à
Cotonou annonce la suspension de la coopération urbaine française si des élections ne sont pas organisées, gelant tous les travaux en cours à la
Serhau Sa.
18
à cette seule différence près que le sous-préfet est nommé à la tête d'une circonscription administrative territoriale rurale
19
Cette dernière en poste depuis 1998 a succédé à Véhouénou D., obligé de démissionner pour gestion peu orthodoxe Administrateure
du Travail comme son prédécesseur, elle se tire beaucoup mieux d’affaires, grâce à un dialogue permanent avec les administrés à tous
les échelons, une gestion pragmatique, des descentes permanentes sur le terrain, la sollicitation de toutes les bonnes volontés, sans que
pour autant elle se laisse dicter des leçons de gestion urbaine.
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Elles seront dirigées par un Conseil municipal composé des conseillers d’arrondissements élus au suffrage
direct sur la liste d’un parti politique, (les non inscrits ne seraient donc pas éligibles). L’élection des maires se
fera au suffrage indirect parmi les conseillers d’arrondissements élus. Les chefs d’arrondissement gèreront, par
délégation du maire, les infrastructures de proximité : les marchés, écoles, places publiques et espaces verts de
quartier.
Une disposition transitoire de la loi de décentralisation prévoit que les anciens chefs de CU ne sont pas éligibles
(sauf s’ils ont démissionné un an avant)20 ; à Porto Novo, Mme Aboh, malgré sa grande popularité, ne sera donc
pas renouvelée à la tête de l’agglomération. Cette situation lui confère sans doute une plus grande liberté de
parole et d’action et lui permet de faire activer plusieurs dossiers. En revanche, les deux anciens chefs de CU de
Cotonou et de Parakou, démis de leurs fonctions il y a 6 mois ainsi que leurs intérimaires (nommés) sont
éligibles.
Dans le contexte actuel, les Circonscriptions et autres institutions locales semblent avoir plutôt un rôle
d’exécutants d’une politique de gestion urbaine qui se décide au niveau des bailleurs de fonds en liaison avec
les instances ministérielles et les agences techniques concernées.
- La SERHAU-SA
Cette structure est omniprésente dans la planification et gestion urbaine au Bénin. Elle a été créée dans le cadre
du Projet urbain au Bénin (PUB) sur financement de la Coopération française .Devenu service d’Etudes
Régionales d’Aménagement et d’Urbanisme (Ministère des TP) elle a évolué vers un statut de Société d’Etat,
puis société d’économie mixte et, depuis le courant de 2001 société anonyme.
Rattachée au MEHU depuis la création de ce ministère au lendemain de la Conférence nationale. Est chargée
des études d’aménagement urbain, de planification urbaine, d’habitat, etc. Les circonscriptions urbaines sont
actionnaires de la SERHAU.
Elle double la DAVU avec pour mission de fournir des prestations d'assistance, de conseil et d'étude aux
collectivités locales et aux institutions de l'Etat dans le domaine du développement urbain, de la gestion des
services urbains et de l'habitat,
Elle a capacité à recevoir mandat ou délégation de maîtres d'ouvrages publics pour faire exécuter par des tiers
toute fourniture de biens, de services ou de prestations d'études, ce qui l’amène à sous-traiter partiellement à des
Bureaux d’Etudes ou cabinets d’architectes. Son autonomie financière lui permet d’accomplir toutes opérations
financières, industrielles, commerciales, mobilières ou immobilières pouvant se rattacher à son objet social.
- L'AGETUR
Parallèlement maître d'ouvrage délégué, l’AGETUR met en œuvre pour le compte de l'Etat et des collectivités
locales, la réalisation des travaux d'infrastructures sociales et de voirie et d'assainissement urbains, en utilisant
les petites et moyennes entreprises du secteur des bâtiments et travaux publics.
L'AGETUR comme la SERHAU est sous tutelle du MEHU.
Les problèmes d'attribution et conflit de compétence entre ces différentes structures ou même entre organes au
sein d'une même structure ou d'un même service ministériel sont générateurs de tensions. Souvent les rôles ne
sont pas clairement définis et délimités, le flou dans les textes laisse le champ libre à tous les empiètements ou à
des interprétations divergentes, contradictoires. C’est pourquoi un audit institutionnel et organisationnel du
21
Signé à Port-Louis (Ile Maurice), le 17 octobre 1993, le traité relatif à l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (O.H.A.D.A.) a pour objectif de favoriser, au
plan économique, le développement et l'intégration régionale ainsi que la sécurité juridique et judiciaire
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MEHU a été lancé en 2001 dans le cadre du PGUD (Programme de gestion urbaine décentralisée, voir infra).
Ses rapports successifs ont été rendus entre mars 2002 et janvier 2002.
Au terme de cet audit, certaines directions du MEHU concernées par l’urbanisme et l’assainissement (DAVU -
Direction de l'Assainissement et des Voies Urbaines) doivent recevoir un appui institutionnel
Il est prévu de doter les chefs-lieux de département de schémas/plans directeurs de voirie assainissement
(SDA) en vue de poursuivre la réhabilitation des voiries et l’assainissement des principaux centres urbains. Les
SDA existants seront également actualisés. Le MEHU souligne qu’à ce jour, aucune ville du Bénin ne dispose
encore de décharge contrôlée en bonne et due forme.
Enfin, le plan stratégique du MEHU prend acte du fait que des activités de pré-collecte et de collecte sont bel et
bien menées, mais de manière souvent dispersées et par un grand nombre d’acteurs, et prévoit d’évaluer le
niveau de cette filière dans les principaux centres urbains, de la pré-collecte pour aller jusqu’à la décharge
finale contrôlée, en passant par la collecte, le transport, le traitement, le recyclage, la construction des décharges
et leur gestion. Il prévoit les points suivants :
- Identifier et aménager des zones de pré-collecte des ordures ménagères. Doter les grands axes des centres
urbains de poubelles.
- Procéder à l'enlèvement régulier des ordures collectées et les évacuer sur les sites de décharge.
- Organiser le milieu des ONG prestataires de services, en assurant le développement des compétences des
entrepreneurs et des artisans locaux.
- Procéder à l'identification et à l'aménagement de sites de décharge pour les 3 grandes villes.
la DE (Direction de l’Environnement)
22
Art 88, chapitre 1, titre 5 de la loi cadre « nul ne peut entreprendre des aménagements … sans suivre la procédure d’étude d’impact … l’étude
d’impact doit être faite et présentée avec la demande d’autorisation au ministre (…) celui-ci ne délivre l’autorisation d’entreprendre ou d’exploiter
l’ouvrage ou l’établissement ayant fait l’objet de l’étude d’impact après avis technique de l’Agence. »
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L’étude d’impact concerne notamment les déchets (titre IV, chapitre 1). Selon l’article 70 de la loi: « Tout
terrain destiné à la réalisation d’un site d’entreposage, de transfert, de traitement ou d’élimination des déchets
de toute nature doit faire l’objet d’une étude d’impact préalable qui doit être soumise en même temps que la
demande d’exploitation au Ministre »
Selon l’article 88, l’étude d’impact obligatoire doit être validée par l’Agence béninoise pour l’environnement
(qui doit fournir un « avis technique » avant soumission au Ministre pour l’obtention du certificat de conformité
environnementale).
Dans les faits, la DE est doublée par l'ABE (Agence béninoise pour l’environnement) 23 dans la plupart de ses
attributions.
L’ Agence béninoise pour l’environnement est placée sous tutelle officielle du MEHU et émarge au budget
de l’Etat, mais elle dotée dans les faits d’une grande autonomie budgétaire (financements directs de la Banque
mondiale) et d’importants moyens de fonctionnement. Son statut d’établissement public, doté de la personnalité
juridique et de l’autonomie financière est fixé par le chapitre 3, art. 11 de la loi cadre sur l’environnement.
La création de l’Agence béninoise pour l’environnement et l’élaboration de la loi cadre sur l’environnement
sont issues du PGE (Projet de gestion environnementale) financé par la Banque mondiale en 1996 (avec le
PNUD et la GTZ)24.
L’ABE est d’abord « chargée de la mise en œuvre de la politique environnementale définie par le
gouvernement » (art 12). Elle joue aussi un rôle important dans l’élaboration et la vulgarisation (notamment sur
le web) des textes de référence en matière de législation, réglementation ou planification environnementale,
comme la Loi cadre sur l’environnement ou encore le livre blanc de 1999 pour le Schéma directeur
d’aménagement du littoral.)
En ce qui concernent la gestion des déchets, l’ABE intervient concrètement auprès des collectivités urbaines
dans les domaines suivants :
- L’élaboration de la procédure et des textes d’application relatifs aux études d’impact ainsi que la mise en
œuvre des différentes étapes des études d’impact légalement indispensables pour la création de décharges
ou de centres de traitement des déchets (voir infra) ; la mise en œuvre des différentes étapes de la procédure
d’étude d’impact telles que définies par les lois et règlements en vigueur ; l’évaluation des études d’impacts.
- La réalisation des audits environnementaux , le suivi et le contrôle de l’application des normes en matière
d’environnement
- La fourniture d’une assistance en matière d’élaboration, de mise en œuvre et de suivi des Plans
municipaux d’action environnementale (cf. infra)
a) PRGU
23
Selon la loi, l’ABE “ est chargée de mettre en œuvre la politique nationale en matière d’environnement. Elle veille à l’intégration de
l’environnement dans les Politiques, programmes et / ou stratégies sectorielles. ”.
24
Le PGE a également permis le renforcement des capacités d'intervention de plusieurs Directions du MEHU.
25
Nous mettons ici l’accent sur les volets concernant les questions d’assainissement dans la CU de Porto Novo.
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- la création du RFU
Pour remédier à la faible capacité d’autofinancement et de gestion urbaine des collectivités urbaines, et en
particulier le mauvais recouvrement des taxes foncières, c’est au cours de cette période qu’ont été élaborés et
mis en place les Registres Fonciers Urbains (RFU) qui visaient à améliorer de façon substantielle les
ressources de Cotonou, Porto Novo et Parakou.
Le RFU a été conçu dans le cadre du PRGU et est présenté 26 comme « un Système d'Informations Foncières
(SIF) à buts multiples basé sur une cartographie parcellaire numérisée ; un système d’adressage composé de
deux modes complémentaires : une adresse géo-codifiée (quartier/zone, îlots et parcelles) et une adresse postale
(rues et entrées de parcelles) ». Les RFU stricto sensu, (bases de données foncières parcellaires) sont complétés
par des SIG comportant des données démographiques (de 1992) et urbanistiques à l’échelle des îlots et de la
voirie urbaine.
L’ensemble à été développé en 1996 par la Société d’Etudes Régionales, d’Habitat et d’Aménagement Urbain
(SERHAU-SEM), avec l’appui financier et technique de la Coopération Française. La cartographie a été
réalisée en sous-traitance par l’IGN-Bénin en 1996, à partir d’une mission de photographies aériennes de Porto
Novo à l’échelle du 1/10 000e. Le plan, d’une précision à l’îlot de + ou - 50 cm comportant les contours d’îlots
est d’une grande précision et très utile pour des repérages et suivis de travaux urbains. La cartographie du
parcellaire (plan parcellaire au 1/2000e) comporte les limites de parcelles physiquement identifiables ou issues
des plans de lotissements, l’indication des bâtiments remarquables, l’hydrographie principale et la toponymie.
La numérisation du plan a été prévue pour rendre aisée l’édition à diverses échelles et la conservation et
l’actualisation.
Le système d’adressage mis au point pour le repérage des objets urbains comporte deux modes
complémentaires : une codification géographique basée sur le découpage administratif ou en zones et intégrant
le quartier, l’îlot et la Parcelle (QIP/ZIP), une numérotation des Rues et des Entrées de Parcelle (REP). Le
système d’adressage est matérialisé dans la ville par une opération de panneautage.
la base de données urbaines informatisée a été constituée au départ à partir d'une enquête foncière et urbaine
exhaustive sur l'ensemble des parcelles fiscalisables de la circonscription. Les données sont actualisées grâce à
des cellules RFU implantées au sein des Circonscriptions urbaines et qui collectent à chaque transaction
foncière les données relatives aux parcelles échangées. Le SIG contient aussi un outil d’urbanisme et de gestion
technique urbaine comportant plusieurs couches d'informations à l’échelle de l’îlot ou de la voirie ("habitat",
"équipements", "services publics", réseaux", "activités", "démographie" . "environnement".).
L’ensemble constitue donc un bon outil géographique et, potentiellement, un remarquable outil de gestion
fiscale et urbaine ; malheureusement des dysfonctionnements et litiges entre acteurs entraînent sa sous-
utilisation par la circonscription urbaine, ainsi que sa non-actualisation, et un certains nombre de défauts de
conception réduisent considérablement sa portée pratique27.
Ainsi, depuis l’achèvement du système en 1996, les fichiers du SIG n’ont pas encore été mis à disposition de la
CU de Porto Novo. Physiquement, cette base de données cartographique est restée localisée dans les
ordinateurs de l’IGN et de la Serhau Sa, à Cotonou, sans que ni la CU de Porto Novo, ni même sa cellule RFU
puissent y accéder. Les informations n’ont pas été actualisées.
Lorsque la CU de Porto Novo a besoin d’une carte, elle doit la faire imprimer à la Serhau Sa (et régler la facture
correspondante). Un litige financier est à la base de cette incohérence : la Serhau Sa et l’IGN demandent aux
collectivités utilisatrices de régler des droits d’utilisation, de formation et de licence pour le logiciel nécessaire
à l’implantation de la base, et, contrairement à Cotonou et Parakou qui ont acquis leurs SIG, la CU de Porto
Novo refuse de payer. En attendant, les cadres de la DST de Porto Novo continuent à gérer l’état de la voirie
urbaine, le pavage des rues, leur entretien, la gestion des dépôts d’ordures, à l’aide de grandes cartes murales,
tirages papier du SIG dans sa version “ 1996 ”, sur laquelle sont surlignées, au crayon, les travaux prévus ou en
cours…
Cette situation de blocage n’empêche pas les acteurs locaux d’avoir conscience du potentiel de l’outil ainsi
“ gelé ”. Finalement, suite à l’augmentation du budget de la CUP grâce au PGUD et à l’appui apporté par des
26
sur le site web de la serhau Sa : http://www.bj.refer.org/benin_ct/cop/serhau/sources/rfu.htm
27
Ainsi, en l’état actuel du SIG, les limites de parcelles ne sont que des tracés graphiques, les parcelles n’ont pas été saisies comme des « objets », et
ne peuvent pas être associées aux données foncières du RFU.
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partenaires de coopération décentralisée (la COURLY) pour la formation de cadres de la DST et du RFU,
l’acquisition du système d’information a été prévue dans le budget prévisionnel 2002 de la ville, et des
négociations sont engagées courant 2002 avec la SERHAU SA (sur la base d’un devis d’environ 3,5 millions
CFA pour l’acquisition du SIG).
Le PRGU avait une composante spécifique concernant la Gestion des déchets, résumée dans une note de 1995 :
Renforcement de la gestion des services urbains à Cotonou et Porto Novo, état de la collecte des ordures
ménagères à Cotonou et Porto Novo.28 Dans ce cadre, une filière déchets commence à être esquissée, à
Cotonou, tandis que des contrats ont été signés, à titre plus ou moins expérimental, entre les deux
circonscriptions urbaines et des entreprises privées et ONG (SIBEAU et CTOM-Mawu Lolo à Porto Novo)
pour l’enlèvement et le traitement des déchets urbains. L’analyse critiques des performances de ces contrats
figure dans le rapport de la composante D du PRGU (p 7).
Dans le cadre de la composante G : (stratégie sectorielle d’investissement public en milieu urbain) de ce
premier Projet Urbain, les villes de Porto-Novo et de Cotonou ont bénéficié d’infrastructures de Voirie et
d’Assainissement.
b) PGUD
Le PGUD (Programme de gestion urbaine décentralisée) concerne les 3 Circonscriptions urbaines à statut
spécial Cotonou - Porto Novo - Parakou. Il a débuté le 28 mars 2000 par une année d’études et arrive
aujourd’hui en phase d’exécution. Il a pris le relais du Projet de réhabilitation et de gestion urbaine (PRGU –
1993-97), et ce pour un coût global d’environ 21 milliards de FCAF, co-financé par la Banque mondiale (AID :
16 milliards ), l’AFD (3 milliards ), l’Etat béninois (1,4 milliards) et une participation les CU et autres
bénéficiaires directs des opérations à hauteur de 230 millions.
Le PGUD donne un appui institutionnel aux Circonscriptions urbaines ainsi qu’à plusieurs directions du
MEHU : la Direction de la Programmation et de la Prospective (DPP), la Direction de l'Urbanisme (DU), la
Direction de l'Assainissement et des Voies Urbaines (DAVU) et aux Directions Départementales de
l'Environnement de l'Habitat et de l'Urbanisme (DDEHUs) et à la Cellule de Communication du Ministère ;
Il s’appuie sur deux agences d’exécution : SERHAU SA (et qui a signé une convention de maîtrise d’ouvrage
déléguée avec la République du Bénin pour le PGUD pour l’appui institutionnel et les études) et AGETUR
(pour les travaux d’infrastructures).
Le PGUD a 3 composantes :
- renforcement des capacités de gestion municipale
- réhabilitation et construction d’infrastructures de base
- participation et intégration communautaire
28
PRGU, Composante D, juin 1995, 15p.
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- PGUD et renforcement des capacités de gestion municipale à Porto Novo
- Augmentation des budgets : Le PGUD a eu un véritable effet de déblocage des budgets des Circonscriptions
urbaines en supprimant les 13% de “ ristourne ” sur recettes effectuée par les CU aux préfectures et surtout
grâce à l’initiative de reversement aux circonscriptions urbaines d’une part de la ,TVA et de la taxe de voirie29
de 1,5%. Du fait du versement des arriérés 2000 de cette taxe, les recettes de la CU de Porto Novo sont ainsi
passées de 300 M FCFA à plus d’1 milliard en 2001 30, permettant aussi d’augmenter la part allouée à
l’assainissement et la gestion des déchets.
Evolution des parts du budget consacrées à la gestion des déchets urbains et à l'assainissement,
Circonscription urbaine de Porto-Novo (en F CFA)
Mais il s’agit de reversements émanant de l’Etat. L’amélioration du recouvrement fiscal local 31 et des “ recettes
propres32 ” à la CU constitue toujours une nécessité prioritaire. En effet, une étude menée en 2001 pour le
PGUD33 a souligné “ les grandes insuffisances au niveau de la filière fiscale ”34. Le rapport pointe “ un système
qui ne sera pas en mesure de procurer de façon, stable et continue des ressources aux collectivités locales ”
notamment à cause du manque de fiabilité des bases de données fiscales, de l’absence de mise à jour de la
cartographie numérisée urbaine, du manque de transparence dans le calcul de l’impôt, d’un laxisme
administratif qui facilité la “ fuite ” des gros contribuables devant l’impôt35.
Certes, l’existence du RFU, même non cartographiable (voir supra), a déjà entraîné de nets progrès dans
l’émission de l’impôt, le recouvrement brut augmente lentement, mais le taux de recouvrement, lui, diminue.
De plus, après actualisation du RFU en 2002, seules les 2/3 de parcelles de Porto Novo font l’objet d’une
émission d’imposition.
29
Il s’agit en fait d’une taxe sur les importations douanières ainsi appelée parce que sa recette devait être affectée à l’entretien de la voirie des
communes. Instaurée en 90, elle n’avait en fait jamais été utilisée et “ dormait ” au Trésor public. 80% sont désormais reversés aux 3 CU et 20% aux
autres communes. Pour la TVA c’est le contraire, 20% sont reversés aux trois CU.
30
La taxe de voirie (douane) et la TVA représentent plus de la moitié des recettes de la Cu de Porto Novo en 2001.
31
Les recettes fiscales des CU proviennent de la taxe professionnelle, de la taxe foncière, des patentes et licences, au total environ ¼ des recettes de
la CU en 2001.
32
Les “ recettes propres ” proviennent surtout des produits du patrimoine communal, diverses taxes sur les taxis, les marchés, les prestations
fournies par la CU, elles représentent environ 15% des recettes de la CU en 2001.
33
Consultant Ernst Young
34
Serhau Sa-PGUD, Rapport d’activités au 31 octobre 2001, p 10.
35
A Porto Novo, en 2001, le taux de recouvrement fiscal est de 64%, sur la base d’une liste de parcelles fiscalisables lacunaire. Le recouvrement des
arriérés de 48%.
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Les parcelles inventoriées au RFU de Porto-Novo
- 38 286 parcelles fiscalisables
-
- dont : 21 285 parcelles nues
- 17 001 parcelles bâties
-
- et : 21 358 parcelles « complètes »
- 16 928 parcelles « incomplètes »
Légende :
- Parcelles fiscalisables : ensemble de toutes les parcelles qui couvrent la CUP et qui devraient être imposées mais
qui ne le sont pas encore actuellement pour différentes raisons qui tiennent à l'insuffisance des données
disponibles.
- Parcelles complètes : parcelles imposées à cette date.
- Parcelles incomplètes : parcelles repérées dans la base de données, mais dont on ne dispose pas encore de toutes
les informations nécessaires sur le propriétaire pour permettre de faire le travail d'imposition.
- Parcelles nues : ce sont en principe les parcelles sur lesquelles ne figure aucune construction d'aucune sorte. En
principe seulement : car dans la réalité et notamment en raison du retard accusé par le service des Impôts à
effectuer le travail, certaines consistent en des parcelles bâties et habitées, d'autres encore en des parcelle en
chantier plus ou moins avancé, etc.
- Parcelles bâties : ce sont celles qui sont reconnues comme telles par le service des Impôts et qui de ce fait sont
imposées.
- Parcelles complètes + Parcelles incomplètes = Parcelles fiscalisables.
L’acquisition de la base cartographique SIG du RFU par la commune (prévue en 2002, voir supra) permettra
peut-être, en identifiant mieux les parcelles fiscalisables, d’améliorer encore ce recouvrement, et les recettes de
la ville.
-Programme de formation des personnels administratifs des CU ; Tous les acteurs s’accordent pour
déplorer le manque de cadres dans les CU, par opposition à la pléthore d’employés subalternes. Le PGUD
s’attache à doter les services financier et technique de personnel qualifié, recruté sur contrat.
Avec la nouvelle politique urbaine clairement exprimée dans le PGUD, l’objectif est de réduire
substantiellement les dépenses de fonctionnement (1/3 des dépenses de la CU de Porto Novo en 2000) et de
consacrer jusqu'à 75 % des dépenses à l’entretien des équipements et aux investissements (2/3 en 2000). En
2002 l’objectif est d’atteindre 75 % de dépenses d'équipement et d'entretien. Il s’agit pour l’essentiel de
Travaux Urbains à Haute Intensité de Main d'Oeuvre (TUHIMO) qui doivent déboucher sur le pavage
généralisé des centres urbains.
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- PGUD et participation et intégration communautaire à Porto Novo
- La “ responsabilisation des responsables de CU ” (sic) passe par la réalisation régulière d’Enquêtes socio-
urbaines de satisfaction dans le cadre du PGUD (MO délégué SERHAU)
- L’information des administrés est développée par le biais de contrats trimestriels avec des radios de proximité
privées une plage horaire par semaine en plusieurs langues locales et français. A Porto Novo, il s’agit de Radio
Afrique espoir (ou Attakè), et radio Wèkè (Djeregbe)
- création à la CU de Porto Novo d’un Service d’appui aux initiatives communautaires (SAIC), qui a axé
l’essentiel de son activité 2001 sur l’organisation de la gestion des déchets dans 2 “ quartiers pilotes ”
périphériques (en fait 2 communes: Tokpota et Djegan Daho) de Porto Novo pour une “ approche intégrée de
développement participatif ”. L’ONG DCAM-Bethesda y assure l’interface entre la population de ces quartiers
et les agences d’exécution du PGUD (Agetur et Serhau SA).
Des comités de développement de quartier (CDQ) y ont été créés afin d’identifier, en concertation avec l’ONG
DCAM, des projets susceptibles d’être financés par le PGUD : achat de charrettes pour la précollecte des
ordures, rechargement de voies et réalisation de caniveaux, organisation d’une “ campagne de salubrité ” (7-11
août 2001) à laquelle ont été associées les ONG locales de précollecte, organisation d’une réunion sur la gestion
des poubelles publiques, participation au “ séminaire sur la problématique des déchets solides et eaux usées
dans les centres urbains ” organisé à Cotonou en août 2001.
Le critère de choix de ces quartiers comme “ prioritaires ” pose question : en effet malgré leur localisation
périphérique et le caractère relativement récent des lotissement, il s’agit de secteurs résidentiels de composition
socio-économique plutôt moyenne et supérieure, avec une bonne qualité de l’habitat et une assez bonne
“ capacité à payer ” de la population. Est-ce un gage de réussite de l’opération-pilote avant d’en lancer d’autres
dans des secteurs vraiment défavorisés ? Ou une erreur d’interprétation dont on peut aussi trouver le
témoignage dans le rapport de l’étude DESSEAU sur la gestion des déchets à Cotonou et Porto Novo (1997) :
la localisation périphérique y est considérée comme un indicateur de pauvreté, alors qu’à Porto Novo on
observe une forte délocalisation des CSP aisées hors du vieux centre ville, vers des lotissements récents !
a) de la Voirie à la DST
Dans la perspective de la décentralisation toute proche, la responsabilité de tout premier plan dans la gestion
des déchets urbains sera dévolue à la future Municipalité (qui remplacera la CUP). Depuis l’indépendance, la
gestion des déchets urbains a successivement relevé du service de la Voirie, fonctionnant sur le principe de la
régie, puis d’une Voire-pompes funèbres autonome, et enfin, depuis 1997 une Direction des Services
Techniques de la Circonscription Urbaine.
Entre 1980 et 1983, le service, toujours dirigé par un agent voyer, est rebaptisé VOPOFU (Voirie et pompes
funèbres). La différence entre la voirie d'antan et la VOPOFU vient de l'autonomie de gestion accordée à cette
dernière36. Mais l'autonomie de gestion obéit à des règles qui n’ont pas été suivies… la Vopofu a vite fait
faillite, et l’on est revenu, entre 84 et 97, à l’ancien système d’un service de voirie, qui peut à peu perd toute
consistance et devient totalement inefficace.
- En juin 1992, à Porto Novo comme à Cotonou, dans le cadre du PRGU, des Cellules techniques (composées
d’un ingénieur et d’un cadre financier) appuyées par un assistant technique sont greffées sur les services de la
Voirie, qui ont déjà perdu leur autonomie : la Voirie proprement dite conserve ses attributions, la CT est
chargée du contrôle de l’exécution des travaux en ville.
- C'est dans ce contexte que le pays a adopté ses Plans d’ajustement structurels. L'application du PAS s'est
effectuée à travers la mise en œuvre de quelques projets dans le domaine de la gestion urbaine. C’est ainsi
36
A l'origine les Pompes funèbres ne constituaient pas un service, une prestation distincte de la voirie. La ville disposait alors d'un véhicule noir
spécialement conçu pour recevoir le cercueil et quelques membres de la famille du défunt accompagnant ce dernier jusqu'au cimetière.
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qu’en 1993, les agents de la Voirie émargeant au budget national et recrutés après 1980 par le préfet sont
remerciés. Ce qui fut fait en mars pour 42 agents de Porto Novo. Mais certains postes de responsabilité ont été
convertis en contrats locaux d’ « agents occasionnels » (sic), ce qui est encore le cas de certains personnels
d’encadrement, comme le Chargé du contrôle et d’intervention de l’actuelle DST.
- Une étude institutionnelle dont le rapport final a été adopté en novembre 1995 a confirmé la nécessité de la
création en 1997 de Directions des Services Techniques à Porto Novo comme à Cotonou et Parakou37, et la
progressive substitution de structures privées contractuelles aux travaux publics jusqu’alors effectués en régie
par les Services de voirie.
Créée par arrêté du ministre chargé de l'administration territoriale, n° 112/MISAT/DC/DPP du 21/08/1997, la
DST a pour mission :
- de réaliser les études de planification générale pour les secteurs relevant de sa
compétence,
- soumettre annuellement au C/CUP un programme de travaux à réaliser,
- assurer la préparation des études techniques détaillées pour l'option retenue,
- réaliser toutes les procédures en vue de l'exécution des travaux planifiés,
- assurer le contrôle de la bonne exécution technique et financière des travaux découlant du
programme annuel et recourir pour l'exécution desdits travaux, au secteur privé.
-
La DST jouit d'une autonomie de gestion financière. Pour le moment malgré le recrutement de 3 techniciens
supérieurs en génie civil et d'un DTI, la DST souffre encore de pénurie de personnel qualifié pour l'exécution
correcte des tâches qui lui sont dévolues, alors qu’il y a toujours pléthore d’agents subalternes sous-employés.
En renforcement de la DST est créé par arrêté préfectoral n° 1/016/SG-SAE du 03/02/1999, le Service d'Appui
aux Initiatives Communautaires (SAIC).
La mission des DST est donc pour l’essentiel de veiller à l’entretien du patrimoine urbain, tout en orchestrant le
recours aux structures privées dans l’exécution des Travaux Urbains38 (cf chapitre 3).
En dehors des structures administratives qui font corps avec la CUP, il en existe d'autres, qui contribuent à
apporter un appui consultatif aux autorités locales en vue d'une prise de décision plus informée et plus éclairée.
37
Arrêté N°112/MISAT/DC/DPP du 21 Août 1997 par le Ministre N’DA Théophile alors Ministre chargé de l’Administration territoriale.
38
Interview de Monsieur GBAGUIDI, Directeur des Services Techniques de la Circonscription Urbaine de Cotonou,
http://www.cotonou.org/idst.htm.
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avant leur lancement, à l'ouverture des plis, au dépouillement, à l'évaluation et au jugement des offres. Elle
étudie également et donne son avis sur tout projet de contrat ou de commande en vue de l'acquisition de biens
d'équipement et de service.
Dans la réalité et pour des raisons d'équité et de justice sociale, la CMP essaie dans toute la mesure du possible
de répartir les offres en autant d'entreprises qu'il existe de lots. Pour cela l'offre la moins disante est attribuée
d'office à l'entreprise ou à la coopérative qui suit immédiatement celle qui théoriquement aurait gagné le
marché. Et ainsi de suite jusqu'à épuisement des offres. L'avantage par ailleurs de ne pas confier plusieurs
chantiers à la même entreprise ou coopérative tient dans le souci d'éviter que la trop grande concentration de
chantiers entre les mains d'une seule crée des problèmes de travail bâclé, mal fait, et/ou de non respect des
délais, etc. En tant qu'organisme chargée de la mise en œuvre de la passation des marchés publics de la CUP, la
CMP joue un rôle de tout premier plan dans la gestion des déchets urbains. En tant que rapporteur de la
Commission des marchés publics, le DST aidé de ses collaborateurs prépare les dossiers techniques et
financiers d'appel d'offres qu'il soumet à la Commission.
A noter cependant qu’une bonne partie des contrats publics passés auprès des ONG en matière d’entretien de la
voirie, par exemple, sont simplement passés par lettre de commande, qui ne donne pas lieu à examen par la
commission.
Il existe bien d'autres organes mixtes ponctuellement impliqués dans la prise de décision concernant
directement ou indirectement la gestion des déchets. On peut citer : la commission locale d'urbanisme, le comité
d'animation des jumelages de Porto-Novo, etc.
1- Un diagnostic ou Profil environnemental, réalisé par un bureau d’étude, devrait idéalement constituer le
“ point de départ du processus de planification ” selon un responsable de l’ABE et selon le Manuel de
planification participative pour les villes secondaires en Afrique (1997).
39
Financé par la Banque mondiale en 1996 avec le PNUD et la GTZ), le PGE (Projet de gestion environnementale) a permis la mise en place de
l'ABE et le renforcement des capacités d'intervention des cadres de la Direction de l'Environnement (DE), de la Direction de l'Aménagement du
Territoire (DAT), de la Direction de la Programmation et de la Prospective (DPP) et la Direction de l'Assainissement et des Voies Urbaines (DAVU).
40
le PCE a permis l'opérationnalisation de l'ABE, la mise en place des outils essentiels de gestion de l'environnement et le renforcement des
capacités d'intervention de la Direction de l'Environnement, de la Direction de l'Aménagement du Territoire, des Directions Départementales de
l'Environnement, de l'Habitat et de l'Urbanisme et de la Direction de l'Administration.
41
“ le concept : on a voulu faire démarrer des documents de gestion à l’usage des futurs maires… ” “ fournir les outils de la décentralisation ” (un
responsable de l’Agence béninoise pour l’environnement).
42
“ Cotonou : ville sans âme où la gestion communautaire est difficile… ” selon notre interlocuteur à l’ABE.
43
au départ, l’initiative concernait, le Bénin, le Ghana (sans suite),et la Côte d’Ivoire (1 ville faite).
44
En principe les PMAE ne sont pas destinés aux 3 grandes villes. Néanmoins grâce au dynamisme de mme Aboh (chef de C.U) et à d'autres facteurs
non moins subjectifs liés semble-t-il à l'attachement des responsables de l'ABE à la ville de Porto-Novo où ils ont effectué la plus grande partie de
leurs études, P-N a pu bénéficier d'un PMAE au même titre que les villes secondaires du Bénin.
45
I. M.Sani, Agence béninoise pour l’environnement.
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2- Un Atelier public d’identification des problèmes : les participants sont sélectionnés par échantillonnage de
la population locale, stratifiée en CSP, et en évitant les “ leaders d’opinion ”46 (ou alors présents en tant que
simples habitants47). La procédure de choix est le vote par tête pour définir les priorités dégageant trois
“ défis ”.48
4-Des financements pour lancer des projets : “ on [l’ABE] se positionne ensuite comme bailleur de fonds ”
afin de lancer et “ donner du crédit ” aux projets. Ensuite les microprojets, une fois amorcés, peuvent solliciter
directement les bailleurs externes. Ainsi 25 MF ont été attribués aux villes venant d’avoir un PMAE ; la
subvention pour microprojets qui doit obligatoirement être complétée par la ville (10%) et les bénéficiaires
(3%). Le budget s ‘élève entre 30 à 40 M FCFA de crédits pour le lancement de microprojets par ville en l’an
2000. Les fonds ne sont pas versés aux communes, mais pour la gestion de ces fonds , sont créées dans les
villes concernées des associations municipales d’action environnementale.
La procédure suivie à Porto Novo s’est sensiblement écartée de ce modèle, en ce qu’elle s’appuie plus sur la
mobilisation de notables et d’experts locaux que sur le principe participatif populaire prôné au départ, et dans
un contexte communal volontariste, impulsé par une chef de CU particulièrement dynamique, Mme InèsAboh.:
1- Dans le cas de Porto Novo, le profil environnemental a été publié trop tard pour servir de point de départ à
la réflexion52, les participants aux réunions de septembre et d’octobre 2001 n’ont pas eu connaissance de ce
rapport qui, normalement, vise à orienter la réflexion.
2- -Une “ journée de dialogue public pour le PMAE”, présidée par M.Baglo (directeur ABE), a tenu lieu d’Atelier
public. Organisée le 7 sept 2001, à l’hôtel Beaurivage, elle a réuni 80 participants convoqués par la chef de CU, Mme
InèsAboh, secondée par le DST, V.Zounmenou.
3- Un atelier municipal de planification PMAE organisé du 10 au 13 sept 2001 dans les locaux de la CU a réuni 36
participants (dont 4 femmes). Il a débouché sur la publication des documents du PMAE, datés de septembre 2001 53
- plan d’action à long terme
- plan triennal définit les fiches de présentation de micro-projets
les fiches 10 à 14, pp 42-48 concernent les déchets solides :
46
“ le chef des pauvres, il n’est plus pauvre ”nous explique un responsable de l’ABE.
47
NB : Issa D.Moko, le directeur de la maison des collectivités locales et ancien préfet a ainsi présidé, “ en tant que simple citoyen ”, l’élaboration du
PMAE de sa ville natale Kandi.
48
Moritz C.V., PMAE, Manuel de planification participative pour les villes secondaires en Afrique, PGU-GTZ, 1997.
49
exemples à Ouidah : place, place du fort français, ponceaux de crues, citernes etc.
50
Cf. Voigt Moritz Christian, Programme municipal d’actions environnementales, Manuel de planification participative pour les villes secondaires
en Afrique, Programme Gestion Urbaine (PNUD-CNUEH-BM-GTZ), juillet 97, 61p.
51
Entretien avec un responsable de l’Agence béninoise de l’environnement.
52
Dagnon-Prince Olga, CU de Porto Novo, PMAE, Profil environnemental, ABE, décembre 2001, 50p, 10 p annexes.
53
ABE-PGE-CU de Porto Novo, Plan municipal d’actions environnementales de la CU de Porto Novo, programme btriennal d’actions prioritaires
2002-2004, septembre 2001, 120p.
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10 : actions d’IEC pour bonne gestion des déchets
11 : aménagement de points de transfert des déchets
12 : équiper les points de transfert des déchets dans la CUP
13 : aménagement de la décharge finale
4- Du 3 au 5 oct 2001 un Atelier sur la gestion des déchets solides à Porto Novo, est organisé par l’ABE et la
CU de Porto Novo, dans le cadre de l’élaboration du PMAE54
Il réunit
Enfin, la création d’une AMAE dotera Porto Novo d’une structure de gestion des financements relatifs au
PMAE, et de lancement de micro-projets concernant notamment le domaine de l’assainissement.
- 26 nov 2001 : “ Arrêté portant création, composition et attribution du comité de pilotage du PMAE de la CU
de Porto Novo ” et pour la mise en place de l’AMAE (arrêté envoyé aux membres du Comité le 10 janvier
2002, en même temps que la convocation à l’assemblée constitutive de l’AMAE). Le comité de pilotage est
présidé par le chef de CU et comprend des représentants de la société civile (par exemple, les femmes, les
jeunes, les ONG, les notables…), mais aussi le directeur des services techniques municipaux et un représentant
du ministère de l’urbanisme.55
- Convoquée le 10 janvier 2002 à Porto Novo, l’assemblée constitutive de l’AMAE est finalement reportée à la
suite de contestations politiques56 – La convocation tardive (et sélective) est contradictoire avec les principes de
création des AMAE officiellement prévus.
Il est à noter que les participants porto-noviens de ces réunions de septembre et d’octobre, y compris des
membres nommés au comité de pilotage du PMAE n’ont pas eu connaissance des documents présentés à l’issue
de leurs réflexions (plans d’action et liste des micro-projets). Ceux -ci étaient disponibles à Cotonou en janvier
2002 (et nous ont été aimablement communiqués pour notre action de recherche directement par l’ABE).
Il semble donc que, au moins dans le cas de Porto Novo, la “ participation ” de la société civile serve davantage
à entériner et légitimer des projets de l’ABE (et/ou de la CU) qu’à fonder ceux-ci … mais sans doute est-ce
dans l’objectif d’une meilleure efficacité 57, et la méthode ne semble pas contestée à la base. Un cadre de l’ABE
nous fait remarquer que « si l’on analyse la méthode participative en terme de sociologie des institutions ce
54
Cf. Dagnon-Prince Olga, Rapport d’Atelier sur la gestion des déchets solides à Porto Novo, ABE- CU Porto Novo, oct 2001 (non paginé)
55
NB. 2 membres de notre équipe de recherche, chargés de l’analyse des acteurs institutionnels (E.Zossou et N.Agossou) sont membres de ce comité
de pilotage, l’un comme représentant des ONG au titre de l’ONG CIPCRE, l’autre en tant que membre du CRVP (Conseil de réhabilitation de la
ville de Porto Novo)
56
Les raisons du report de l'AGC de l'AMAE semblent obscures. Elles seraient politiques; Porto-Novo étant le bastion du PRD actuellement parti
d'opposition, à cette assemblée les éléments de ce parti seraient arrivés massivement pour investir les lieux et prendre d'assaut la direction de
l'AMAE.
57
Un responsable de l’ABE nous explique d’ailleurs : “ on [l’ABE] conduit ça, mais on se rend le moins visible possible , pour que les populations,
les préfets aient l’impression de l’avoir conçu eux-mêmes ”
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire Population 55
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sont toujours les mêmes qui se font élire dans les différentes structures, alors qu’ils ne peuvent pas tout
suivre ».
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tableau récapitulatif des principaux programmes concernant la gestion urbaine à Porto Novo
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Chapitre 3
Les opérateurs de la collecte des déchets a Porto Novo
Le camion benne tasseur faisait la pré-collecte. Il assurait le porte à porte notamment dans la zone
administrative coloniale et dans un rayon limité au nord par la rue allant de l'école urbaine centre vers la
place Kokoyè. Des ouvriers collecteurs arrimés à l'arrière du camion vidaient les contenants de déchets
disposés devant les maisons dans le véhicule. Les camions bennes enlevaient les ordures des dépotoirs. Ces
dépotoirs consistaient en enclos faits de murettes en dur hautes de 1,25 m environ X 3 m environ de côté.
Les usager y accédaient par un portillon. Au début l'enlèvement et l'évacuation étaient régulièrement
assurés par les camions bennes de la voirie. Ceux-ci les livraient alors aux agriculteurs de la banlieue nord
de Porto-Novo. Il faut noter qu'à l'époque les déchets urbains étaient constitués essentiellement de produits
bio-dégradables. Et donc étaient recherchés par les cultivateurs qui les répandaient dans leurs champs au
moment des labours.
Une série de facteurs interdépendants sont venus bouleverser ce schéma et compliquer la gestion rationnelle et
écologique des déchets à Porto-Novo :
- L'incapacité du jeune Etat indépendant à faire face à maintes dépenses dont notamment celles liées à la gestion
des déchets urbains, y compris dans la capitale : les moyens de la Voirie sont demeurés inchangés malgré la
croissance urbaine.
« très tôt la voirie s’était montrée totalement incapable compte tenu de ses difficultés matérielles et financières. Les déchets
s’entassaient comme des montagnes à différents endroits de la ville. La pollution était devenue grandissante et inquiétante pour les
habitants qui ne voulaient plus voir les dépôts à proximité de leurs maisons. Néanmoins la pré-collecte a continué. Dès lors les ordures
sont convoyées vers tout ce que la ville pouvait compter d’espaces vides, les abords des grandes voies, les rails désaffectés, etc. La
ville à des moments donnés louait des véhicules pour assurer l’évacuation des déchets vers des sites que certains particuliers mettaient
à sa disposition. Mais cela n’était qu’un pis-aller. » Responsable DST Porto Novo, 2002
- La dégradation et mauvaise utilisation du matériel : une bonne partie des véhicules et engins est tombée en
panne et la ville n’avait pas les moyens de les remettre en état. Par ailleurs “ les moyens disponibles étaient
plutôt utilisés à des fins personnelles, soit pour convoyer du sable marin à des parents et amis, etc ” (selon un
cadre de l’actuelle DST). La CUP n’avait donc pas les moyens pour couvrir toute la ville dans ses nouvelles
extensions. Au total le système ne fonctionnait presque plus.
- La modification progressive dans la composition des déchets urbains, due notamment à l'intrusion d'une plus
forte proportion des déchets manufacturés; industriels et des produits non dégradables biologiquement a posé
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un problème de lieux de dépôt. En effet les agriculteurs acceptaient de moins en moins ces déchets qui
exigeaient de leur part des masses de plus en plus considérables de travail pour de moins en moins d'ordures
véritablement utiles.
1993 Enlèvement et élimination des ordures ménagères à Cotonou et à Porto Novo , SERHAU SEM,
1993, 15p.Note élaborée dans le cadre du PRGU
1995 PRGU, Composante D, renforcement de la gestion des services urbains à Cotonou et Porto Novo,
état de la collete des ordures ménagères à Cotonou et Porto Novo, juin 1995, 15p.
1993-97 Etudes du bureau d’études canadien DESSEAU sur Cotonou et Porto Novo. Rapport final en
199759
Mars Commande de la DST60 : Etude de zonage et d’identification des points de transfert des ordures à
2001 Porto Novo61 L’OCGD est associée à l’étude.
2001 Plusieurs rapports dans le cadre de l’élaboration du PMAE (plan municipal d’action
environnementale) de Porto Novo:
58
Serhau-Sem, 1996 (juin) - Programme pluriannuel de développement et d’investissement, rapport n° 1 – Analyses et diagnostics (74 p.), rapport n°
2 – politiques et programmes sectoriels (59 p.). Projet d’appui à la gestion urbaine (PAGU) de Porto-Novo/ Comité d’animation des jumelages de
l’agglomération de Cergy-Pontoise (CAJA)/ Ministère de la coopération française et Citées Unies France.
59
Dessau international, groupe dMB Inc, 1993. Etude de faisabilité pour la gestion des déchets solides et des eaux-vannes, rapport final, Cotonou :
MEHU, 244 p. (villes : Cotonou, Porto-Novo, Abomey, Parakou, Nattitingou et Lokossa)
60
DST : Direction des Services techniques de la CU de Porto Novo
61
ETRICO ingénieurs conseils, Etude de zonage et d’identification des points de transfert des ordures à Porto Novo, rapport définitif, Min de
l’intérieur et de l’administration territoriale, Direction des services techniques de la CU de Porto Novo, mars 2001, 42 p, nombreuses annexes.
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire Population 59
Environnement Développement. IRD - Université de Provence.
a) Rapports dans le cadre du PRGU (Programme de réhabilitation et de gestion urbaines)
Le rapport ne mentionne pas les deux autres logiques économiques qui président à la création et au
développement des ONG de précollecte, bien identifiables à Porto Novo (comme à Mopti, d’ailleurs), et qui ne
sont pas exclusives des précédentes :
- Logique de captation de financements exogènes. En réalité, les 3 ONG données dans ce rapport du PRGU
comme exemples de logique « entrepreunariale », « environnementaliste » ou « service public » ont toutes été
largement portées par des bailleurs extérieurs (et le sont toujours).
- Logique de présence sur le marché des contrats publics (rentables) à travers l’exécution à perte ou sans
bénéfice de l’activité de précollecte domiciliaire. C’est à l’évidence le cas de DCAM-BETHESDA qui, après
avoir mis en place un système de précollecte complet dans le quartier Sainte Rita de Cotonou, se désengage de
la précollecte domiciliaire après avoir reçu de gros contrats publics, comme le traitement par tri-compostage des
déchets de la ville de Cotonou (1994, puis 2000-2002), et le suivi du PGUD (à partir de 2001) dans les quartiers
pilotes de Cotonou, Porto Novo et Parakou.
62
SERHAU SEM, 1993, 15p.
63
PRGU, Composante D, juin 1995, 15p.
64
Cette ONG recevra ensuite le contrat de traitement des déchets de la ville de Cotonou et se désengagera de la précollecte domiciliaire.
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire Population 60
Environnement Développement. IRD - Université de Provence.
b) 1996 le Programme pluriannuel de développement et d’investissement (PPDI) dresse le bilan de la situation à
Porto Novo (p 64 et sqq65 )
- 1997: Rapport final du bureau d’études canadien DESSEAU sur Cotonou et Porto Novo 67
Le rapport, qui reste aujourd’hui le principal texte de référence, base de la politique des déchets à Cotonou et
Porto Novo, est très explicite sur le rôle central des ONG dans le dispositif :
- « L’exploitation de la précollecte sera assurée par des ONG dédiée à de telles fins et par des sociétés privées
spécialisées dans les quartiers résidentiels, les marchés, les artères commerciales et les concentrations
institutionnelles et industrielles des deux villes »
- Le système doit être géré sans appui des pouvoirs publics : la collecte « sera dans la mesure du possible
entièrement assumée sous la forme d’abonnements de services par les bénéficiaires » (p 3.2)
- Le système sera toutefois administré : « les circonscriptions urbaines régiront la délimitation des aires de
collecte d’ONG et des sociétés privées dans les deux villes en s’inspirant du partage informel des
responsabilités présentement en vigueur » (p 3.2)
- les circonscriptions urbaine auront pour tâche d’organiser des points de transfert, traitement et enfouissement :
« il faudra prévoir des centres de transfert permettant de concentrer davantage les déchets » dans les
quartiers » (p 3.2)
Tandis que les ONG continuaient à se multiplier de manière plus ou moins spontanée, ponctuellement
encouragées par des dons de bailleurs internationaux, le projet est demeuré en veilleuse jusqu’en 2001, le temps
que soit relancé un programme d’application PGDSM à Cotonou, toujours avec l’appui de la coopération
canadienne (OXFAM). A Cotonou, cependant, un contrat durable (deux ans) a été passé entre la ville et l’ONG
DCAM pour le traitement des déchets (voir chapitre 4).
-2001, Etude de zonage et d’identification des points de transfert des ordures à Porto Novo69
A Porto Novo, on en est encore au stade des études. Une étude de zonage et d’identification des points de
transfert des ordures à Porto Novo70 a été récemment réalisée. Cette étude, commandée par la DST de Porto
Novo et réalisée en nov-déc 2000 par le bureau d'étude ETRICO (rapport rendu en mars 2001) vise à organiser
le zonage de la ville entre les ONG de précollecte des déchets en 9 secteurs où seront répartis des points de
transferts des déchets ménagers. Depuis ces points de transfert, prévus pour être facilement accessibles aux
charrettes des ONG de précollecte, une décharge intermédiaire de 2 ha est prévue au nord ouest de la ville
(Dowa).
Le document, réalisé en principe à la suite d’une concertation avec les acteurs impliqués dans la précollecte,
donne lieu à controverse. Concernant l’attribution de zones d’interventions aux ONG : l’OCGD (Organe de
concertation et de gestion des déchets, coordination des ONG de Porto Novo) conteste la légitimité du bureau
d’études ETRICO revendique une participation directe à la réalisation du zonage à partir de la répartition
actuelle des abonnés des ONG. (voir infra)
Concernant les dépôts de transferts : l’étude n’a pas donné lieu à une mise en œuvre effective. Les dépôts n’ont
même pas encore été définis pour les deux quartiers pilotes du PGUD où des comités de développement ont été
créés à cet effet. (CDQ)
68
CUC : circonscription urbaine de Cotonou
69
ETRICO ingénieurs conseils, Etude de zonage et d’identification des points de transfert des ordures à Porto Novo, rapport définitif, Min de
l’intérieur et de l’administration territoriale, Direction des services techniques de la CU de Porto Novo, mars 2001, 42 p, nombreuses annexes.
70
ETRICO ingénieurs conseils, Etude de zonage et d’identification des points de transfert des ordures à Porto Novo, rapport définitif, Min de
l’intérieur et de l’administration territoriale, Direction des services techniques de la CU de Porto Novo, mars 2001, 42 p, nombreuses annexes.
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire Population 62
Environnement Développement. IRD - Université de Provence.
3-2-2 PRESENTATION DES OPERATEURS
15 structures formelles s’intéressent à la collecte des déchets solides à Porto-Novo : 14 structures sont actives et
font de la pré collecte ou carrément de la gestion des ordures ménagères (cf tableau). Le CIPCRE a choisi de se
spécialiser dans l’accompagnement des acteurs spécifiques que sont les artisans recycleurs des métaux de rebut.
A la tête de l’OCGD (Organe de concertation et de gestion des déchets, coordination des ONG de Porto Novo),
le CIPCRE pense rester sur sa ligne de conduite : sensibilisation, information et formation, sans s’engager dans
la précollecte. Quelques structures se signalent nettement dans le lot avec pour chacune d’elle plus de 10000 m 3
d’ordures collectées par an auprès de particuliers et d’institutions : si l’on tient compte des abonnements
groupés, elles avaient chacune plus de 700 clients en 2001.
a) le CTOM s’est distingué depuis sa création en 1987 par ses initiatives pionnières en matière de traitement
biologique des déchets ménagers pour l’agriculture à travers la production de compost. C’était même sa raison
d’être, avant même la précollecte domiciliaire. C’est pourquoi cette ONG a acquis un terrain propre pour le
dépôt des ordures à Tohoué, ainsi qu’une autre décharge de proximité à Danto.
b) les ordures collectées par la coopérative Mawu Lolo sont déposées dans une décharge propre à elle ; une
partie de ces ordures est directement déversée dans des fermes agricoles pour la fumure ;
c) Jeunesse Ambition a une décharge de traitement à Missérété, conçue pour que des maraîchers viennent trier
pour prendre le terreau…mais elle est située à une heure de tracteur de la ville, accessible par une piste étroite
et herbue. A cause d’une panne de tracteur et faute de clientèle pour le terreau, le site ne fonctionne pas
actuellement.
Ce sont les plus anciennes ONG : elles sont équipées de tracteurs72, qui leurs permettent seules d’atteindre des
lieux de décharge et de traitement des déchets éloignés de la ville, mais ils se révèlent trop chers d’entretien et
grèvent les coûts de revient. En août 2002 lors de notre enquête « abonnés » ces deux ONG avaient
temporairement interrompu leurs prestations, et JA déplorait une chute brutale de ses abonnés, imputée à la
concurrence déloyale d’ONG pratiquant un « dumping » sur les tarifs, ainsi qu’à une panne de tracteur.
Trois autres structures de collecte plus jeunes et simplement équipées de charrettes émergent actuellement : ce
sont AVP, SADECO et SBP. Elles déclarent 1168 clients, soit une moyenne de 389 par structure et chacune
plus de 3000 m3 d’ordures par an ….Leur part de marché tend à s’accroître, du fait de leurs coûts de revient
inférieurs, qui leur permet de pratiquer des tarifs plus avantageux pour les ménages et de leur matériel léger qui
leur permet de sillonner de petites ruelles (vons) sans être exposées aux pannes et aux interruptions de desserte
qui paralysent périodiquement les ONG « historiques » de Porto Novo.
En août 2002, notre enquête « abonnés » dénombre plus de 1000 ménages desservis par l’ONG SADECO-
ADASE qui, avec 4 équipes de charretiers partant de points différents de la ville, couvre presque l’ensemble de
la Porto Novo (voir carte). L’émergence soudaine de cette ONG semble liée aux interruptions de service des
ONG JA et Mawu Lolo, à cause de leurs pannes de tracteurs. Dans ce cas il s’agirait plus d’un transfert
d’abonnés que d’un élargissement du marché.
71
sources : VIGNINOU Toussaint, 2000 – La gestion des déchets ménagers à Porto-Novo et la problématique des mutations de comportements
socio-économiques et administratifs. Abomey-Calavi : DEA de géographie, FLASH / UNB, 85 p. annexe; sous la direction de Benoît N’Bessa.
THENOT Aurélie, 1997 - L'accès aux services dans l'espace urbain et périurbain de Porto-Novo (Bénin). Strasbourg : Université Louis Pasteur
(UFR de Géographie), . mémoire de maîtrise sous la direction de J. L. Piermay, 144 p. AGENCE BENINOISE POUR L’ENVIRONNEMENT
(ABE), 2000 – Répertoire des structures non gouvernementales nationales intervenant dans l’environnement ; Cotonou : ABE/Aigle, 493 p. (2ème
édition) – Ce répertoire dresse une liste de 229 structures non gouvernementales établie avec la collaboration de l’Organe de concertation des SNG
en environnement (OCE) (organe suscité par l’ABE). 400 “ structures ” se sont vues adresser un courrier, 229 ont répondu.
72
Trois tracteurs sur financement de la Coopération Allemande (GTZ) ; à Porto-Novo, les bénéficiaires étaient CTOM, JA et Mahou Lolo.
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire Population 63
Environnement Développement. IRD - Université de Provence.
Fiche signalétique des ONG intervenant dans le secteur des ordures ménagères à Porto-novo
Désignation Siège Adresse Création Activité Personnel Nature des Bénéficiaires Types de Nomb Zones d'intervention Destination Volume des
déchets des contrat re déchets
M F Te prestations d'abo collectés par
nnées jour
Santé et développement Sainte Anne Tél : 21-41- 16/10/96 Précollecte 12 10 Ordures Particulier/serv Mensuelle 400 Attakê, Illéfiê, Agbokou, Davié, Dépotoirs 5 m3
communautaire (SADECO) 42/02-13-04 ménagères ice & annuelle Kandévié, Doudjia, Sêto- sauvages/
Gbodjê,Tokpota, Wando, Djrado, Jardiniers
Avakpa
Association Ville Propre Houinmè Tél : 22-26-92 4/10/94 Précollecte 11 1 8 Ordures Particuliers/ser Mensuel/s 468 4 quartiers à Houinmè, Bas-fond 15 m3
(AVP) BP : 02-268 ménagères vices (écoles) emestriel Hounsouko, Founfoun, Ouando
(10 quartiers)
Bio-performance (BIOP) Hlogou Bénoit Dahoué Avril 1996 Précollecte 6 1 7 Ordures Particuliers/ Mensuel 215 Commune de Djêgan-Daho, Bas-fonds de 12 m3
BP 2036 Tél. ménagères/ écoles Attakê, Houssouko(11 quartiers) Donoukin
212721 déchets
biomédicaux
Action Sociale Pour le Houssou- 22/2/96 Précollecte 9 1 4 Ordures Particuliers Mensuel 95 Attakê, Houssou-médé Décharge privée 5 m3
Développement (ASPD) Mèdé ménagères négocier avec les
propriétaires du
marécage
Jeunesse Ambition (JA) Danto Tél : 22-26- 10/7/93 Précollecte 19 2 16 Ordures Particuliers/ Mensuel 350 Founfoun, Wando, Djassin, Maraîcher 32 m3
43/93-65-69BP ménagères services Ahountinkomè, Attakê, Zèbou,
: 10-2173 Houinzoumè, Oganla, Houinmê,
Hounsoukou
Service Bénin Propre (SBP) Koutongbé Ayoho Octave Février 1995 Précollecte 11 9 Ordures Particuliers/ser Mensuel 300 Koutongbé, Anavié, kandévié, Bas-fons 15 m3
ménagères vices/écoles Attakê /Demande des
paysans pour
engrais vert
Emaûs-Solidarité- Tohouê Abé Pierre 1987 Précollecte / 19 6 6 Ordures Particuliers/ser Mensuel 550 Tous les quartiers de Porto-novo Jardinage 32 m3
Bénin/CTOM (France) Formation ménagères vices/sociétés/
écoles
Mawulolo (COS/ML) Kokoyè Fulbert Octobre Précollecte/ 11 1 11 Ordures Particuliers/So Mensuel/g 500 15 communes et 30 quartiers Décharge de 30 m3
Owolabi 1993 Transport ménagères/ ciétés/ écoles ré à gré transit/Ferme
par déchets pour agricole
moments artisanaux certains
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire Population Environnement Développement. IRD - Université de Provence. 64
Désignation Siège Adresse Création Activité Personnel Nature Bénéficiaires Types de Nomb Zones d'intervention Destination Volume des
des des contrat re déchets
déchets prestations d'abo collectés par
nnées jour
M F Te
Réseau autono6me d’A- Djassin- Samuel S. Mai 1996 Précollecte/ 6 0 3 Ordures Particuliers Mensuel/g 150 4 communes . Décharge de 30 m3
nalyse, Renseignements, Zounmè GBENOU ménagère ré à gré Quarters : Djassin, Katchi, Adjara- transit/Ferme
Informations (RARI) Compos- s pour dokodji, Vèkpa. agricole
tage certains
Volontaires d’action pour le Ananvié 01BP 2592 2001 Particuliers 1 commune : Houssouko.
Développement (VADID) P/N Précollecte
Tél.
- 226649
- 959442
Propreté Source de Santé Dowa GBEGNONGB Juillet 2001 Précollecte 6 1 6 Ordures Particuliers Mensuel 170 4 communes : Ouando, Djègan Décharge de 9 m3
(PSS) E Sévérin ménagère Kpèvi, Founfoun, Tokpota transit
Tél. 015408 s
Association la santé au Aïdjèdo/ Coto- Sébastien G. Juillet 1994 Précollecte/ Ordures Particuliers/So Mensuel/g 110 6 Communes Décharge de
Vert/ Programme Bénin nou HOUN- ménagère ciétés/ écoles ré à gré NB : Certaines données comme transit
Propre (ASV / PBP) KANRIN 03BP s pour celle-ci restent à approfondir :
3616/CotTél. : certains nous avons discuté avec un
324453 ouvrier (peu informé) sur le
terrain pour avoir ces quelques
précisions.
Association de lutte pour un Tokpo-ta2 Slyvie PREE 30 nov.2001 Précollecte 3 0 3 Ordures Particu-liers et Mensuel 100 2 quartiers ( Tokpota 1 et Tokpota Décharge de 8 m3
environnement sain (ALES) Zèbè Tél ; ménagère écoles 2) transit
491108 s et qlqs
déchets
biomédi-
caux
Association Vallée de Gbodjè Blaise 1997 Précollecte 4 0 4 Ordures Particu-liers Mensuel 120 Djègan Kpèvi, Guévié, Dodji, Dépotoirs 2 m3
Béraka (AVB) CLEDJO Tél : ménagère Houinmè, Anavié, sauvages (bas-
041693 s Hlogou, Sèdjèko, Hounsa, fonds de
Houssouko et Kandévié Dounoukin)
Source : déclaration des ONG-
F.Tchibozo, 2001-2002 NB : M = Masculin, F= Féminin, Te.= Personnel de terrain
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire Population Environnement Développement. IRD - Université de Provence. 65
b) Une structure de coordination des ONG : le rôle de l’OCGD
L’ OCGD fonctionne un peu comme une union professionnelle défendant les intérêts de ses
membres, notamment face aux pouvoirs publics qui tendent à vouloir administrer le secteur. Ainsi,
à la suite de la hausse des prix des produits pétroliers, ont-ils décidé de relever les tarifs des
abonnements de 1000 FCFA à 1500 FCFA. Ainsi également, courant 2001, l’OCGD a-t-elle
entrepris de constituer un « comité de zonage » pour établir les bases d’un dialogue avec les
autorités sur la question de l’attribution d’aires d’interventions de précollecte.
L’OCGD, avec 14 membres fondateurs, réunit la quasi totalité des ONG de précollecte de Porto
Novo. Le CIPCRE en assure une présidence « neutre » puisque cette ONG n’intervient pas dans la
précollecte.
- Mahu-Lolo
- AVPB(Association Villes Propres – Bénin)
- BIOP (Bio Performances)
- CTOM-Emmaüs (Centre de Traitement des Ordures Ménagères)
- SADECO (Santé et Développement Communautaire)
- PBP (Programme Bénin Propre)
- SBP (Service Bénin Propre)
- AVB (Association Vallée de Béraka)
- VADID (Volontaires d'Action pour le Développement Intégré et Durable)
- ALES (Association de Lutte pour un Environnement Sain)
- ASPD (Actions sociales pour le Développement)
- RARI (Réseau autonome d’Analyse, Renseignements, Informations)
- PSS (Propreté Source de Santé)
- JA Jeunesse Ambition vient de quitter d’OCGD à la suite d’un conflit sur les tarifs
Les chiffres résultant lors de notre enquête « abonnés » d’août 2002 sont assez différents du nombre
d’abonnés revendiqués par les structures lors de l’enquête par questionnaire. Au delà d’un
phénomène de sur-déclaration, il faut admettre que le nombre d’abonnés varie sans cesse, dans un
contexte fortement concurrentiel, où le prix unique fixé consensuellement dans le cadre de l’OCGD
(1500F/mois) n’est pas respecté par toutes les structures.
L’instabilité des clientèles est aussi liée aux pannes de matériel lourd qui périodiquement obligent
certaines ONG à suspendre la collecte, les abonnés se reportant temporairement ou définitivement
chez un concurrent. Ainsi, en août 2002, SADECO qui ne revendiquait que 400 abonnée en 2001
desservait plus de 1000 ménages (bénéficiant sans doute de l’arrêt provisoire des activités de JA et
Mawu Lolo).
Si l’on observe les carets 17 et 18, on peut être frappé par la faible implantation des ONG de
précollecte dans le tissu urbain dense du vieux centre : il faut rappeler que les « collectivités
familiales », lieux de fondation des premiers lignages disposent encore de quelques espaces
arborés ; et puis il y a les berges lagunaires peu distantes, où domestiques et tâcherons peuvent
rapidement évacuer les déchets …
73
D’après enquête Agossou - Dorier-Apprill, août 2002. Nous remercions l’OCGD pour sa collaboration.
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Carte 17-Les abonnés des Ong de précollecte des O.M. à Porto-Novo
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Carte 18-Les abonnés des Ong de précollecte des O.M. dans le centre de Porto-Novo
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Les quartiers les mieux desservis par les ONG de précollecte sont ceux situés autour du périmètre
du boulevard, et les lotissements immédiatement extérieurs à ce boulevard, zones densément bâties,
éloignées des bas fonds, et dont les voies goudronnées dissuadent des rejets sauvages. La largeur, le
pavage et la platitude des voies est aussi un atout pour la circulation des charrettes. Le niveau de vie
des ménages aussi.
La fréquence des abonnements diminue vers la périphérie, où la gestion domestiques est très facile
sur le périmètre de la parcelle, ou en rejetant les déchets dans les environs.
Désignation Siège Création Nombre d'abonnés déclarés 2001 Nombre d'abonnées desservis
selon F. Tchibozo aout 2002 enquête de terrain
L’examen des localisations d’abonnés sur les cartes montre aussi une diversité dans les stratégies
d’implantation des ONG. A cause de leur faibles moyens, la plupart des ONG collectrices des
ordures ménagères, n’interviennent pas sur l’ensemble de l’agglomération et se contentent de
quelques quartiers, tout en acceptant des “ isolés ”. BIOP ou PSS par exemple ont délibérément opté
pour une prospection groupée de la clientèle dans un petit nombre de quartiers proches de leur
siège : il s’agit généralement des ONG simplement dotées de charrettes à traction humaine.
D’autres paraissent davantage disperser leurs efforts (SADECO-ADASE), mais cette dispersion est
gérée grâce à une répartition des charrettes sur 2 points de regroupements où le personnel se
retrouve chaque matin. Ailleurs il s’agit des ONG qui peuvent assumer de plus larges déplacements,
étant équipées de matériel motorisé (CTOM) et possédant des abonnés collectifs qui justifient le
trajet (écoles, prison… ).
En définitive, l’on peut remarquer qu’il existe un « zonage » de fait, et que quelques petits
ajustements de celui-ci permettrait de sectoriser la ville sur la base de l’existant.
Les zones les plus concurrentielles correspondent aux axes bien pavés ou goudronnés bordés par
des commerces ou petits immeubles. Et paradoxalement, ce sont ceux où les pouvoirs publics
cherchent à intervenir dans la précollecte (benne tasseuse de la Ville, ou création ex nihilo dans le
cadre du PGUD d’une nouvelle ONG aux tarifs inférieurs à ceux recommandés par l’OCGD).
Certaines ONG n’ont que quelques dizaines d’abonnés, comme VADID, qui vient d’être créée. La
jeunesse de l’ONG n’explique pas tout, dans certains cas, la précollecte domiciliaire n’est qu’un
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire 69
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motif pour être présent sur le terrain et sur le marché des contrats publics, beaucoup plus
rémunérateur. C’est ainsi que VADID, ou BIOP réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaire.
Si le monopole d’intervention était accordé aux ONG, chacune pour sa zone, on aurait alors une
nette atténuation de la concurrence, et sans doute une hausse des coûts pour les usagers. Toutefois
une zonation stricte de leur travail leur enlèverait des clients épars et leur ferait éventuellement
perdre des quartiers. Elle entraînerait des rapports de force entre eux et une course aux prébendes
distribuées par la Voirie (laquelle trouve un nouveau souffle en distribuant ainsi des parts de
marché !).
Les Habitations économiques constituent un quartier planifié de plusieurs dizaines de petites villas, occupées par des
ménages de niveau socio-culturel assez élevé et homogène. Il a été choisi par le CTOM pour y déposer un conteneur,
afin de réaliser ses premières expériences de tri-compostage dans les années 80. Par la suite, le système du conteneur
s’avérant difficile à gérer et générateurs d’abus, c’est dans ce quartier que le CTOM a recruté ses premiers abonnés à la
précollecte domiciliaire. Il sont aujourd’hui plus d’une soixantaine de voisins, desservis deux fois par semaine.
Un Comité de gestion des ordures du quartier centralise les abonnements, et établit la liste des ménages à jour de leur
cotisation, en cas de non paiement, le CTOM suspend sa précollecte
Chaque ménage paie 1200F (ce qui constitue une ristourne de 300 F sur le prix habituel payé par les abonnés
individuels) à charge pour le comité de remettre chaque mois la somme forfaitaire de 50 000 FCFA au CTOM. La
différence entre les sommes perçues par le comité et le forfait versé au CTOM est utilisé pour la réalisation
d’aménagements dans le quartier. Mais de son côté, le comité a recruté un collecteur ainsi qu’un jeune qui vient aider
les ouvriers du CTOM à charger le tracteur, à raison de 2 heures deux fois par semaine.
De l’avis général ce système auto-géré et mis en place sans aide extérieure ni contrôle administratif fonctionne bien, en
raison de l’homogénéité sociale et culturelle du quartier, et de sa dimension limitée.
Les ONG collectrices d’ordures répondent aux besoins d’une clientèle solvable, minoritaire à Porto
Novo.
Celle-ci est segmentaire et constituée par :
- des ménages qui ne disposent pas d’espaces ouverts pour pouvoir effectuer des brûlages (cour,
jardin, éventuellement dans la rue devant leur parcelle)
- des ménages en location qui trouvent plus simple de souscrire un abonnement collectif qui, divisé
par deux, trois ou quatre, n’est plus une dépense insurmontable
- des ménages de CSP moyennes, avec une forte proportion de « commerçants et vendeurs » mais
l’on sait que cette catégorie (près du tiers des ménages) est peu significative et une sur-
représentation des professions intellectuelles (ainsi, sur 2275 professions déclarées lors de notre
enquête abonnés d’août 2002, on relève 264 enseignants -instituteurs et professeurs, soit près de
10% du nombre total d’abonnés recensés, une cinquantaine de médecins etc.) qui trouvent plus
pratique d’évacuer ainsi à l’extérieur leurs ordures. Mais au regard des professions déclarées lors de
notre enquête, on ne peut conclure que les abonnés aient un profil socio-professionnel spécifique
- Des propriétaires aisés intègrent volontiers les ordures de leurs locataires dans les leurs sans contre
partie financière.
- Le statut locatif incite les ménages d’une même habitation à s’inscrire à une Ong collectrice
d’ordure pour des raisons d’organisation plus facile et – dans ce cas – l’abonnement divisé par
plusieurs ménages représente une charge plus acceptable.
Les ménages adeptes de la précollecte sont peut-être susceptibles d’augmenter avec les campagnes
d’information et de sensibilisation, l’amélioration du niveau de vie, mais il semble qu’il y ait un
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire 70
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certain tassement de la demande, le plein ayant été pratiquement fait à moins de 10% des Porto-
Noviens.
Toutefois, pour les ménages moins aisés « on regarde à la dépense » et les possibilités
environnementales sont alors mises à profit selon les quartiers : un coin jardin, une touffe de
bananiers ou un petit verger dans la cour, ou – à l’extérieur - une parcelle voisine non occupée, une
excavation d’où l’on a extrait de l’argile à bâtir, une dépression boueuse sur la chaussée « à
boucher », un voisin jardinier, voir une zone maraîchère, qui accepte les ordures pour en tirer du
compost, sinon un simple espace de végétation susceptible de cacher un dépôt d’ordures au regard
du passant !
Par ailleurs, des dépotoirs « sauvages » existent encore (chapitre 4) et les gens s’y rendent tant
qu’on ne le leur interdit pas expressément par information du chef du quartier et – souvent – par des
signes d’interdit déposés par l’association coutumière des Zangbéto. Des ménages qui ont à leur
disposition des espaces ouverts résilient leur abonnement au bout d’un certain temps, n’ayant
somme toute que peu d’ordures à évacuer et préférant revenir à la pratique du brûlage. Nous avons
eu l’exemple d’un propriétaire qui, ayant acquis un terrain en périphérie, préférait transporter ses
ordures sur son nouveau terrain.
La plupart des nouvelles habitations se construisent dans les lotissements périphériques, là où
précisément il est plus aisé de brûler et enterrer les ordures sur place dans la parcelle, d’évacuer ses
ordures dans une parcelle voisine non construite, ou dans un bas-fond voisin.
En dépit du déploiement d’ONG sur le terrain, une quinzaine pour Porto-Novo, les pouvoirs publics
ont constaté que la ville restait “ sale ”. En effet, depuis la disparition de la Voirie 74 – maintenant
“ Direction des services techniques ” de la Circonscription urbaine –, les espaces publics de la ville
ne sont entretenus régulièrement que lorsqu’ils se trouvent occupés par des revendeurs, des artisans,
des terrasses de bar, etc. Dans ces cas, les occupants informels des lieux ou occupants tolérés
(lorsqu’ils ont une autorisation verbale) balaient avec soin leur emplacement, matin et soir. Dans le
meilleur des cas, ils en brûlent le résultat à même le trottoir où le poussent en direction d’une friche.
Si l’intérieur des maisons et des cours est relativement propre, les espaces publics, quant à eux, ne
le sont pas ; or c’est l’aspect visible de la ville !
Depuis deux ans, la Circonscription urbaine, fait ponctuellement appel à des ONG ou des
entrepreneurs privés pour ratisser des dépotoirs sauvages ici et là dans l’agglomération.
La DST de Porto Novo s’est presque totalement désengagée de la collecte, se limitant à intervenir
périodiquement pour résorber les plus gros dépôts sauvages situés au cœur du tissu urbain. Des
appels d'offres sont lancés en début d'année (4 fois par an en 2001, par exemple), ou bien des lettres
de commandes sont passées suivant l’urgence ou le budget disponible. Les responsables de la CUP
admettent qu’il n‘y a «pas de réelle concurrence car seules 2 ou 3 Entreprises ont de gros engins à
Porto Novo75 »: comme le CTOM, CITRAPCO (M Toussaint Saizonou) et Ne te fâche pas (M
Djebou).
La CUP a essayé de travailler avec les engins des Préfectures (en 1999 et 2000), moins onéreux,
mais tombant constamment en panne … En 2002, la CUP prévoyait de louer engins et conducteurs
auprès des Travaux Publics, finalement, l’entreprise Ne te fâche pas a encore obtenu le contrat. Il
est vrai que cette entreprise propose, outre le transport, la mise à disposition gracieuse de terrains
privés situés dans la commune d’Adjarra où les déchets sont déposés sans traitement particulier
74
Certains de ses employés ont été licenciés, d’autres mis à la retraite (départ ciblé) ; certaines initiatives privées proviennent de ce
fait ( ce fut le cas de la Coopérative Mahou Lolo).
75
selon Mme Aboh, chef de la CU. Entretien réalisé par EDA, janvier 2002.
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(tandis que le CTOM, dans la mesure où il effectue un traitement des déchets, facture la mise en
décharge des OM sur ses terrains 500 F CFA par m3).
b) Contrats entre la CUP et des ONG et coopératives pour le déblaiement des artères principales :
Très populaire et capable de mobiliser de la main d’œuvre pour des coûts modestes, cette initiative
peut néanmoins soulever quelques critiques :
- Le caractère artificiel de ces groupements de femmes nés de la manne des pouvoirs publics sur des
budgets de programmes exceptionnels ; plusieurs de ces coopératives « féminines » sont en fait
76
La société coutumière des Zangbéto a été requise en plusieurs endroits afin que les dépotoirs ne se reconstituent pas.
77
Marché financé par l'AFD qui avait déjà financé celui du centre. L'AFD exigeait, avant de continuer les travaux de Ouando, que les
commerçants du marché central s'acquittent de leurs taxes et que le marché soit "bien géré". Finalement, AFD a accepté de
poursuivre les travaux.
78
Les textes autorisent les administrations à travailler seulement avec les GIE –qui paient des impôts-
79
Le chef de l'Etat lui même a publiquement appuyé ce projet.
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l’émanation secondaire d’ONG déjà existantes dans le secteur de la précollecte (et contrôlées par
des hommes ! ).
- Les conditions de travail : les travailleuses sont exposés à la poussière que soulèvent leurs
instruments : faisceau de feuilles de palmier servant de balais, crin pour le finissage, pelles de
maçonnerie à bout rond, etc. Certains utilisent des mouchoirs ou des foulards pour se protéger de
cette poussière. Notons que la méningite sévit au Sud-Bénin, les germes y étant apportés par
l’harmattan en décembre et janvier de chaque année. Le travail se fait assez souvent de nuit afin
d’être moins gêné par le trafic des véhicules.
- Autre point d’interrogation : le travail mobilise surtout des femmes, distribue de petits salaires –
mais, s’il offre quelques emplois, ceux-ci sont assurément précaires et les méthodes de travail sont
rudimentaires et inadaptées : faut-il balayer la voirie comme on balaie une cour d’habitation ou
l’intérieur d’une maison ? Plutôt qu’un balayage minutieux “ pour faire propre ” – mais vain et
répétitif puisque le vent et surtout la pluie ramènent d’autres sédiments, ont pourrait imaginer un
ramassage plus rapide du sable, mais attacher plus d’importance au à l’évacuation des déchets
ramassés et au curage des caniveaux au moyen de pelles à bout carré et en forme de U (que les
forgerons locaux peuvent très bien réaliser). Il conviendrait aussi de casser les carapaces latéritiques
qui se forment en cône de déjection sur les rues aux endroits où il y a ruissellement en provenance
de terrains à découverts, au moyen d’herminettes. Mieux, un traitement en amont de ces cônes de
déjection, afin qu’ils ne se reproduisent pas, serait souhaitable.
Par rapport aux prestations des sociétés, le rapport qualité/prix est nettement en faveur des
coopératives. A la dernière réunion de la CMP de la ville, le problème s'est posé de savoir s'il fallait
tout simplement confier le sous-secteur aux seules coopératives. Deux tendances se sont opposées,
le PPDI favorable aux coopératives, la DST pour les sociétés. La situation a été tranchée en faveur
du statu quo, les deux groupes d'opérateurs continueront.
Les pouvoirs publics souhaitent que ces coopératives de “ désensablage ” puissent évoluer vers un
statut entreprenarial, après la première phase d’assistance. Dans cette optique, ils ont voulu planifier
leur répartition géographique en délimitant des secteurs géographique d’intervention qui sont portés
sur chaque contrat.
Les problèmes suivants ont été signalés de manière récurrentes par les ONG interrogées, nous nous
contentons de mentionner pour mémoire certains points, qui sont déjà bien connus (comme les
problèmes de recouvrement) ou détaillés ailleurs dans ce rapport.
a) Problèmes liés à l’organisation interne des ONG et aux relations avec les abonnés
- L’insuffisance de la clientèle, la nécessité pour les ONG de prospecter de nouveaux abonnés dans
toute la ville, obligeant les charretiers à parcourir de longues distances, la mauvaise maîtrise de leur
liste d’abonnés, les problèmes de recouvrement des abonnements (souvent inférieur à 60%) ont été
signalés par toutes les ONG et déjà soulignées par de nombreux rapports antérieurs.
Le système de tarification tend à gonfler artificiellement les volumes à évacuer, car les ménages
sont abonnés de manière forfaitaire aux ONG de précollecte, quelle que soit la quantité de déchets
produites. Sable, poussière, débris végétaux qui pourraient aisément être transformés en terreau,
brûlés ou enfouis à domicile encombrent donc les charrettes de collecte, ce dont se plaignent toutes
les ONG. Il serait dommage, en systématisant la précollecte « en vrac », d’augmenter le volume des
déchets mis en décharge.
Concurrence tarifaire
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Le problème des tarifs est récurrent. Les ONG membres de l’OCGD ont décidé une augmentation
commune courant 2001, mais n’ont pu l’appliquer à tous leurs abonnés, compte tenu de la
concurrence et des menaces de résiliation d’abonnement. Il en résulte une disparité des tarifs pour le
même service suivant les ménages, entre anciens et nouveaux abonnés…
- périodes d’interruptions de prestations liés aux pannes de matériel motorisé, pour les
ONG dotées de ce matériel
L’action durable dans le domaine de la collecte des ordures dépend beaucoup de l’équipement.
Toutes les structures de collecte reconnaissent que le coût réel des intrants est difficile à amortir, ce
qui pose directement le problème de la pérennité de ces structures dès que le système initial de
préfinancement ou de subvention s’arrête.
Après 10 années d’expérience dans le domaine, plusieurs responsables d’ONG, interrogés
individuellement ou en groupe insistent sur le fait que sans subvention l’activité de collecte à
domicile est peu rentable en dessous du seuil de 1500 FCFA, à moins d’avoir des abonnements
groupés, mais que le fait d’être présents et reconnus par les pouvoirs publics dans le secteur des
déchets leur donne accès aux contrats publics qui permettent globalement d’équilibrer les comptes
de la structure.
Le point de vue d’un abonné, quartier Kandévié Owodé,
I.S., brûlait et enterrait ses ordures ; mais il a délaissé ces pratiques parce que cela lui prenait trop de temps.
Maintenant, les trois ménages de la parcelle cotisent pour s’abonner à l’Ong Mawu Lolo. Celle-ci passe deux fois par
semaine pour un abonnement mensuel de 1500 F CFA. Il fut un moment où Mawu Lolo n’avait plus respecté ses
engagements, manquant durant trois semaines. I.S. et ses co-habitants furent obligés d’entasser les ordures dans la
cour durant trois semaines. A la suite de cela, ils rompirent le contrat pour deux mois ; enfin un nouveau contrat fut
signé. Inversement, il est arrivé que les ménages ne pouvant réunir la somme, faute de moyens financiers, demandent
la suspension de l’abonnement pour quelque temps.
La cour est grande, avec une bananeraie tout au fond. Celle-ci se trouve jonchée d’ordures, y compris de sachets en
plastique, qui résultent du balayage de la cour. Par ailleurs, un atelier de menuiserie, où travaillent un cousin et un
neveu de I.S. est temporairement encombré de copeaux. Ces derniers sont brûlés ou jetés par la suite. L’interviewé
apprécierait qu’un dépotoir soit installé dans le quartier. Il estime que cela permettra aux maisons non encore
abonnées aux Ong de disposer d’un emplacement où déposer leurs ordures et de ne plus salir la rue. Mieux, il s’est
montré disposé à « se sacrifier » pour sensibiliser tout le quartier sur cet objectif. Mais il souhaite vivement que le
dépotoir soit bien entretenu, vidé à temps pour éviter les débordements d’ordures.
Un pneu de tracteur coûte environ 900 000 FCFA (prix payé en juillet 2002 par l’ONG Jeunesse
Ambition pour réparer un véhicule en panne). Les trois ONG dotées de tracteurs doivent souvent
interrompre leurs prestations lors des pannes de matériel, les pièces détachées du matériel lourd
offert par des bailleurs occidentaux étant souvent difficile à trouver sur le marché béninois. Ce fut le
cas entre mai et juillet 2002 pour l’ONG JA, c’est le cas en août 2002 pour Mawu Lolo ; cela risque
d’être un jour le cas pour la benne tasseuse offerte par la COURLY à la ville. Le coût d’entretien de
ces engins grève le prix de revient de la précollecte domiciliaire des particuliers qui est plus rentable
s’il est opéré par charrette. En outre, lors de ces interruptions, ces ONG perdent des abonnés.
Si l’on tient compte de l’amortissement du matériel lourd et lorsque l’apport extérieur des bailleurs
internationaux disparaît, les responsables d’ONG interrogés s’accordent sur la faible rentabilité de
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la précollecte effectuée à l’aide de tracteurs aux tarifs actuellement pratiqués par ménage. Cette
impression, (pas toujours argumentée), est corroborée par une étude économique réalisée par
l’Ambassade des Pays bas pour l’ONG Jeunesse Ambition 80. Si l‘on devait intégrer tous les coûts et
l’amortissement du matériel lourd (2 tracteurs) dont cette ONG a été dotée, le montant de
l’abonnement devrait dépasser 4000F par ménage et par mois ….
On peut suggérer des associations entre ONG qui se spécialiseraient dans la précollecte domiciliaire
auprès des ménages avec des charrettes et d’autres qui se chargeraient de la collecte des points de
transfert vers des sites de tri et traitement. Seules les ONG motorisées peuvent en effet desservir les
collectivités (écoles, prisons, centres de santé) ou évacuer les déchets hors des quartiers vers des
terrains suffisamment dégagés pour envisager un tri et un traitement.
80
ELEGBE Idelphonse, 1998
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Jeunesse ambition “ Ville santé pour vivre mieux”
Synthèse d’entretien avec Lucien Ahouandjinou (directeur exécutif) 81, rue du Cimetière municipal de
Danto 01 BP 2173 Porto-Novo, tél. 22 26 43, e-mail : jeunesse.ambition@syfed.bj.refer.org
J.A. comptait 800 abonnés en 2000, mais en a perdu près de la moitié en 2001 à la suite du relèvement de
ses tarifs.. L’abonnement était de 1 000 F par mois, jusqu’en 2001 où il passe à 1500 F suivant une
décision collective des ONG membres de l’OCGD (JA est membre fondateur de l’OCGD).
A la suite d’un audit et d’une aide de l’Ambassade royale des Pays Bas, JA avait entrepris de rationaliser
la gestion de ses abonnés L’abonné reçoit une plaque avec un numéro (petite, de couleur verte) de 4
chiffres (le premier chiffre indique le quartier, tandis que les 3 autres donnent le n° de l’abonné) et le n°de
téléphone de J.A. pour que le client puisse appeler immédiatement en cas de réclamation. Il reçoit chaque
année une carte qu’il remplit à chaque passage, et , chaque mois, 8 jetons (contre paiement des 1 000 F
d’abonnement). A chaque passage de l’éboueur, il lui remettra 1 jeton. L’éboueur effectue deux passages
par semaine, soit le lundi et le vendredi pour une zone centrale de collecte, ou le mardi et samedi pour les
quartiers plus périphériques.
Le taux de recouvrement, qui n’était que de 50 à 60 %, a été relevé à 70-75 %. Mais les clients restent
mauvais payeurs. J.A. ne peut pas trop les bousculer de crainte de perdre sa clientèle au bénéfice de la
concurrence. Les éboueurs n’ont pas en effet le monopole d’une zone. Ils doivent se faire une clientèle sur
l’ensemble de la ville, ce qui implique des déplacements excessifs.
Les éboueurs passent avec de petites charrettes à bras, puis, après la collecte, convergent vers un
emplacement convenu où un tracteur prend le relais. J. A. dispose ainsi de deux tracteurs ; le premier a été
offert par la coopération allemande, le second par la coopération néerlandaise (aide pendant un an).
Ces charrettes à bras circulent dans des rues ravinées. Les tôles commencent à rouiller au bout de 6 mois
et les roulements des roues doivent être changées tous les ans.
L’Etat a confié à J.A une ferme d’agriculture et élevage à Agbokou. Cette ferme absorbait une partie des
OM organiques et devenait rentable, mais située dans une zone inondable, elle s’est avérée impropre au
traitement des déchets. Les tracteurs ont ensuite acheminé les ordures jusqu’à un terrain de 2 hectares que
JA a reçu des autorités et qui se trouve à Kouvè, un quartier de la commune urbaine d’Akpro-Misserété. Il
faut 1 heure en tracteur pour s’y rendre. Là, deux équipes de tâcherons faisaient le tri :
1 – matériaux et sachets en plastiques (ils sont brûlés dans un trou profond avec un peu d’huile de vidange
pour accélérer la combustion!)
2 – textiles, cuirs et caoutchouc (les pneus sont rares car revendus au Nigeria pour rechapage ; les
pêcheurs les utilisent aussi).
4 – piles (on les enfouit !)
5 – ferraille, objets métalliques (commencent à devenir encombrants)
8 – terre, sable, matériaux bio-dégradables. Formation de compost et de terreau ( vendu 200 F CFA la
brouette + frais de transport, 300 F pour le compost-terreau, et 400 F pour le terreau)
Mais le compost se vend mal, les coûts d’acheminement sont élevés ; lors de notre visite sur le terrain en
août 2002, le site était inactif, les déchets simplement recouvert d’une pellicule de terre.
En août 2002, à la suite du relèvement de ses tarifs -conformément à la décision de l’OCGD- et, surtout,
d’une panne prolongée de tracteur, JA a (temporairement ?) perdu les 2/3 de ses abonnés, suspendu ses
activités de tri. Se plaignant de la « concurrence déloyale » d’autres ONG n’ayant pas porté leur tarif à
1500F, JA a quitté l’OCGD. L’ONG continue a entretenir des contacts étroits avec divers bailleurs de
fonds pour des projets variés (éducation, santé) mais semble souhaiter se reconvertir dans d’autres
activités.
Comme la plupart des ONG, JA a démarré un programme d’Approvisionnement en eau potable et
assainissement (AEPA) qui consiste, par des séances publiques, a sensibiliser les villageois des sous-
préfectures environnantes à faire des projets. JA aide alors pour la mise au point des projets, la recherche
de crédits et de partenaires. Il aide aussi des groupes coopératifs de femmes, notamment des groupements
de crédit etc.
81
entretiens de L. Ahouandjinou par J.-C. Barbier, F.Darnaud (2001) et visite du site de Missérété par E.Dorier-Apprill, août 2002.
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b) Problèmes liés à l’insuffisante implication des pouvoirs publics ou à des concurrences
jugées déloyales
C’est une plainte récurrente de la part des ONG qui ne parviennent bien souvent à équilibrer leur budget
que grâce aux contrats communaux d’entretien de la voirie, cantonnage, déblaiement de dépôts
sauvages, contrats toujours brefs et ponctuels qui se multiplient depuis plusieurs années, dans le
cadre du PRGU puis du PGUD.
On pourrait imaginer de revoir les procédures de délégation, de développer l’implication des
pouvoirs publics sous forme de subvention, ou sous forme de concession durable de marchés
publics (par exemple la prise en charge de l’évacuation des déchets depuis les points de
regroupement vers la décharge intermédiaire).
L’action des ONG est limitée par la lenteur des pouvoirs publics qui tardent à mettre en place des
dépotoirs officiels. L’absence de dépôts de proximité est beaucoup plus gênante pour les ONG
fonctionnant avec des charrettes. Les collecteurs perdent du temps et se plaignent unanimement de
la carence des pouvoirs publics dans ce domaine. Les dépotoirs des bas-fonds, seuls utilisables par
les collecteurs sans entraîner de soulèvement du voisinage, sont éloignés des zones de desserte, d'où
des pertes de temps considérables. C'est ainsi par exemple que dans le cas de Hlinkomè il faut se
rendre jusque dans la dépression de Donukin pour vider les charrettes avant de recommencer la
précollecte. En désespoir de cause, les convoyeurs se rabattent sur les demandes de remblais qui
leur sont adressées de la part de propriétaires privés pour renforcer leur parcelle ou la voie d’accès à
leur terrain.
- quand la Ville concurrence les ONG de précollecte : les effets pervers des dons internationaux
Depuis quelques semaines, une crainte maintes fois mentionnée par les ONG de précollecte est
devenue réalité : Depuis que la CUP a été dotée d’une benne-tasseuse offerte par la COURLY
(communauté urbaine de Lyon) dans le cadre de la coopération décentralisée, la ville semble
vouloir se ré-impliquer directement dans le domaine de la précollecte domiciliaire, sur la portion la
plus rentable de l’espace urbain, c’est à dire le boulevard circulaire, goudronnné, où circulation et
déplacement sont faciles et où la clientèle solvable (notamment commerces) ne manque pas. Ce qui
est paradoxal est contradictoire avec toute la politique de délégation menée depuis 10 ans.
Il est difficile d’avoir des informations fiables sur cette affaire qui suscite beaucoup
d’incompréhension de part et d’autre. Si ce premier camion est bien géré, la COURLY a promis
d’en offrir deux autres à la ville, qui ne veut pas refuser cette opportunité. Le chauffeur serait fourni
et payé par la ville, mais la benne tasseuse gérée par une association de jeunes dont la création a été
suscitée par la CUP (Forum jeunes).
Ce projet a pris deux ans de retard au cours lesquels la benne est restée inutilisée, car Forum jeune
n'avait encore ni statuts légaux ni de compte bancaire. La mise en service de la benne a eu lieu en
août 2002 dans des conditions un peu opaques, à grand renfort de tracts publicitaires, sur un secteur
malheureusement déjà bien couvert par les ONG de précollecte qui perçoivent l’initiative comme
une concurrence déloyale (bien que le tarif proposé par la mairie soit identique à celui qu’elles
pratiquent). Les conditions de lancement de cette opération semblent un peu opaques : on peut se
demander, par exemple, pourquoi la CUP n’a pas délégué la gestion de cette benne à l’une des
ONG de collecte déjà existante ? Ou bien, comme cela avait été débattu avec l’OCGD, mettre
ponctuellement la benne-tasseuse à disposition des ONG pour pallier ces défaillances ponctuelles de
matériel lourd de celles d’entre elles qui seraient chargées de l’entretien des points de transfert ? Ou
encore pourquoi, plutôt que de livrer concurrence aux ONG en pratiquant la précollecte
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domiciliaire, la CUP ne consacre-t-elle pas ce nouveau matériel à l’enlèvement des dépôts de
transfert des ONG ? On sait que la COURLY a mis une condition de rentabilité au don de nouveau
matériel : il faut donc que la benne tasseuse soit utilisée eu service de clients payants et pas de
service public gratuit … On ne peut que déplorer l’absence de projet lié à ces dons ponctuels,
généreux peut-être, mais contradictoires avec les stratégies en cours (ici le développement de petites
ONG dotées de charrettes) et inadaptés aux besoins du moment.
- Comme cela est en cours à Cotonou dans le cadre du PGDSM 82, une des priorités d’une politique
de gestion des déchets solides à Porto Novo semble bien de clarifier les rôles et les responsabilités
respectives de la ville et des différents opérateurs, afin d’éviter ce genre d’empiètement. Plutôt que
de se réengager dans la précollecte domiciliaire, la ville ne devrait-elle pas plutôt prendre ses
responsabilités dans la définition des aires de transit, leur déblaiement régulier vers la décharge
intermédiaire, puis finale ?
Une étude de zonage, commandée par la DST de Porto Novo et réalisée en nov-déc 2000 (rapport
rendu en mars 2001) par le bureau d'étude ETRICO vise à organiser le zonage de la ville entre les
ONG de précollecte, comme c’est déjà le cas à Cotonou, de manière à réguler la concurrence et
éviter la déperdition de l’effort des structures de collecte.
On peut s’étonner de la volonté publique d’administrer après avoir suscité l’émergence d‘acteurs
privés autonomes obéissant aux lois d’un marché concurrentiel …L’OCGD, pourtant formellement
consultée pour cette étude, n’a pas adhéré à la méthodologie ni au zonage proposé, qui ne tient pas
compte de la répartition actuelle des abonnés des ONG et de leur importance respective. En effet,
tandis que certaines ONG ont des abonnés très dispersés, plusieurs se sont attachées, depuis leur
création, à regrouper leurs abonnés intervenir dans un nombre limité de secteurs de la ville, et
souhaitent tirer bénéfice de cette stratégie lors du zonage.
L’OCGD a surtout vivement réagi aux propositions maladroites de microzonage effectuées par les
Comités de développement de quartier (appuyés par l’OG DCAM) dans les deux quartiers pilotes
du PGUD (Tokpota et Djegan Daho). Le projet de découpage (qui n’est pas encore appliqué) y
attribue autoritairement à chaque ONG de la ville un petit secteur dans les quartiers concernés,
évinçant injustement des ONG bien implantées et depuis longtemps sur place, déplaçant d’autres
ONG dans les bas fonds où aucun ménage ne s’abonne au service de précollecte (cas du CTOM à
Tokpota)…(voir carte 20, projet de zonage à Tokpota)
A Djegan Daho, autre quartier pilote du PGUD, l’Ong BIOP se retrouve pénalisée par le projet de
zonage, ayant fait le choix de concentrer ses abonnés dans le secteur précisément parce qu’à
l’époque de sa création, cette zone était encore non desservie. «J’avais mon plus gros lot d’abonnés
à DD, les autres n’avaient rien et avec le zonage ils se retrouvent à ma place ! » ; le préjudice est
d’autant plus mal vécu que l’ONG animatrice du PGUD à Djegan Daho a suscité la création d’un
nouveau groupement de précollecte dans ce même quartier à un tarif inférieur à celui pratiqué par
les ONG membres de l’OCGD… (voir infra)
82
PGDS, Forum de clarification des rôles et responsabilités de la circonscription urbaine de Cotonou dans la gestion des déchets
solides ménagers, Bulletin spécial, numéro 3, décembre 2001. ACDI, OXFAM Québec, 6p.
83
ETRICO ingénieurs conseils, Etude de zonage et d’identification des points de transfert des ordures à Porto Novo, rapport
définitif, Min de l’intérieur et de l’administration territoriale, Direction des services techniques de la CU de Porto Novo, mars 2001,
42 p, nombreuses annexes.
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Carte 19, projet de zonage à Tokpota
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D’autre part un zonage de type administratif risque de s’avérer peu fonctionnel : il est par exemple
plus rentable pour une ONG de desservir des abonnés situés des deux côtés d’un axe goudronné sur
une faible longueur de cet axe, plutôt que de couvrir tout un côté …
Dans un souci de consensus, les ONG membres de l’OCGD ont donc mis en place, lors de plusieurs
réunions organisées courant 2002, un comité de zonage charger de promouvoir la réalisation d’une
enquête sur la localisation actuelle des abonnés, la répartition des ONG dans la ville. Sollicités, les
pouvoirs publics, notamment la DST ont tardé à appuyer le projet. Finalement, c’est dans le cadre
de la présente opération de recherche que l’enquête a été réalisée. (voir infra)
- les projets d’identification des points de transfert des ordures à Porto Novo84
Selon Mme Aboh, chef de la CU “ Chaque ONG jette ses ordures n'importe où, d'où l’idée de
sectoriser la ville ” et "pour discipliner les ONG, il faut d'abord réglementer"(I. Aboh) . Dans les
« secteurs » de précollecte définis par l’étude de zonage ETRICO seraient répartis 39 points de
transferts des déchets ménagers, susceptibles d’être équipés de conteneurs levables. L’identification
des sites de transfert s’est faite en concertation avec les populations et les chefs de quartiers. En
général, la DST note que ce sont les « les lieux habituels de dépôts sauvages » qui ont été choisis
par les riverains pour être PT.85
Les habitants que nous avons interrogés à ce sujet86 ont conservé un très mauvais souvenir des
dépotoirs locaux que la Voirie tardait à enlever durant la période révolutionnaire – dépotoirs à
même le sol ou bien bennes débordantes. Les promesses d’enlèvement ne sont plus crédibles. Nous
n’étions pas mandatés pour interroger les gens sur le projet Desseau qui préconise des décharges par
secteur et leur nettoyage périodique, mais nous pensons que les gens, avec grande méfiance,
poseront très vite la question de savoir comment elles seront gérées. En revanche, ils ne se sont pas
montrés réticents pour des décharges qui seraient entretenues et du ressort du quartier. Mieux,
plusieurs chefs de quartier nous ont confirmé que des terrains pouvaient être disponibles pour cela :
lots non bâtis, espaces publics, etc. - du moins à titre temporaire. Hormis le vieux centre-ville, nous
confirmons effectivement que les tissus urbains présentent une faible densité de bâti, y compris les
quartiers pourtant urbanisés dès les années 30-50.
Nous avons émis l’idée que ces dépôts de quartier, placés sous la responsabilité du quartier
pouvaient être gérés – avec tri et premier traitement - par des jeunes sans emploi, ressortissants du
quartier. La proposition a été bien perçue, les personnes interviewées acceptant même l’idée d’une
cotisation pour aider les jeunes volontaires. Un chef de quartier nous demanda cependant de prévoir
un gardien de nuit afin que les autres habitants de Porto-Novo ne viennent, nuitamment, y jeter leurs
propres ordures ! …
Depuis ces points de transfert, choisis près des voies de manière à être facilement accessibles aux
charrettes des ONG de précollecte, une décharge intermédiaire de 2 ha est prévue à la limite du
lotissement le plus récent au nord ouest de la CUP (Dowa), à 4km de la route de Ouando et 6
kilomètres environ à vol d’oiseau du centre de Porto Novo.
L’ensemble reste théorique, aucun aménagement n’a été réalisé sur le terrain. Les dépôts de
transferts n’ont même pas encore été définis dans les deux quartiers pilotes du PGUD où sont créés
des comités de développement. Pour la gestion des points de transfert et le suivi du zonage, Mme
Aboh compte sur la nouvelle structure autonome (AMAE) qui serait financée à 80% par l'ABE et à
20% par la CU, et gérera ses fonds de manière autonome. La CU en sera membre.
84
ETRICO ingénieurs conseils, Etude de zonage et d’identification des points de transfert des ordures à Porto Novo, rapport
définitif, Min de l’intérieur et de l’administration territoriale, Direction des services techniques de la CU de Porto Novo, mars 2001,
42 p, nombreuses annexes.
85
DST Porto Novo, juillet 2001.
86
Enquête de JC Barbier, 2001.
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- la polémique sur la réglementation des tarifs
Le programme déchets en cours dans les deux quartiers pilotes du PGUD (Tokpota et Djegan
Daho), est l’objet de vives controverses entre les ONG de précollecte de Porto Novo (fédérées au
sein de l’OCGD) et l’ONG sous contrat avec le PGUD pour la mise en œuvre du programme (la
DCAM).
En effet, le PGUD prévoit de doter les Comités de Développement de ces quartiers (CDQ) de 8
charrettes à répartir entre les ONG sous contrat avec le CDQ. Les termes du contrat prévoient, de la
part du CDQ l’attribution d’une charrette par ONG sous contrat, l’aménagement de points de
transfert des déchets à l’intérieur du quartier, la sensibilisation des résidents à l’abonnement et au
paiement régulier des redevances.
En contrepartie, les ONG de précollecte doivent s’engager à pratiquer un tarif unique de 1000
FCFA sur lequel 30% doit être reversé au CDQ. Même si à moyen terme ces dispositions ont pour
objectif de multiplier le nombre d’abonnés, la polémique porte sur le fait que dans l’immédiat cette
contractualisation diminue par deux le gain des ONG. En outre, l’OCGD de Porto Novo n’a pas été
associé à ce dispositif, alors que les 14 ONG membres de cette structure venaient de s’accorder
difficilement pour relever et homogénéiser leurs tarifs à 1500 FCA. « au lieu de demander aux
ménages de cotiser, ils comptent sur les déchets pour renflouer les caisses du CDQ, c’est ça qui fait
la révolte des ONG » (ONG BIOP).
L’OCGD, a eu beau négocier avec la DCAM une période transitoire de 3 mois au cours de laquelle
la ristourne versée aux Comités de quartiers se limiterait à 15%, la plupart des ONG qui opéraient
déjà dans le quartier avant la mise en œuvre du PGUD ont refusé de signer le contrat et surtout de
baisser leurs tarifs. Afin de prouver la rentabilité du travail aux nouvelles conditions tarifaires
préconisées par le PGUD, la DCAM n’a pas hésité à susciter la création d’une nouvelle structure
(PRAPE) dotée d’une charrette et pratiquant le tarif de 1000 FCFA par mois dans le secteur de
Djegan Daho.
Il faut noter qu’actuellement, les charretiers des ONG ne semblent pas mieux rémunérés que le gain
des tâcherons informels, pour des journées de travail très lourdes (6 heures jusqu’à plus de 20
heures quelquefois) : la seule différence étant la sécurité du salaire, de l’ordre de 15 000 F CFA par
mois (avec une fourchette de +- quelques milliers de FCFA selon les ONG).
Cela explique sans doute l’instabilité de la main d’œuvre (souvent composée de ruraux des environs
de Porto Novo) dont se plaignent les ONG, et qui entraîne des interruptions du service, mauvaises
en terme d’image auprès des abonnés.
A la suite d’une enquête de l’OCGD auprès de 5 structures de Cotonou pour comprendre comment
« fidéliser » les manœuvres, certaines ONG de Porto Novo affirment avoir fait ce choix, comme
BIOP, dont les manœuvres seraient payés 22 000 F CFA. Augmenter les salaires des charretiers
jusqu’à un niveau approchant le SMIC, ou doubler le salaire de primes au rendement est une
recommandation fréquente des bailleurs faite aux ONG, mais elle suppose une répercussion sur les
tarifs.
Or les ONG emploient aussi un « bureau » de 2 à 3 cadres (parmi lesquels les fondateurs de la
structure), quelquefois aussi nombreux que la main d’œuvre de terrain pour les petites structures
(directeur, secrétaire, receveur, contrôleur), et considérablement mieux rémunérés.
Dans la pratique, la plupart des charretiers d’ONG semblent compléter leurs revenus (et la
cargaison de leurs charrettes) en collectant ponctuellement les déchets de quelques ménages
supplémentaires, avec paiement de gré à gré.
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3-3 LES COLLECTEURS INFORMELS
Ce sont les grands absents des rapports et études, y compris celle-ci, alors qu’ils représentent sans
doute une part importante de la précollecte. Il faut dire que certains relèvent du travail domestique,
que beaucoup sont des travailleurs occasionnels, des femmes, et peu acceptent de se prêter aux
questions.
Ces « informels » sont connus de tous les commerçants des marchés de Porto-Novo et aussi des
quartiers attenants à ces marchés : « ils nous ont sauvés quand la Voirie avait cessé ses activités…
Et encore aujourd’hui quand ces gens passent, ils nous débarrassent de ce qu’il y a »87.
L’avantage des collecteurs individuels (souvent des collectrices) consiste d’abord en leur mode de
déplacement pédestre (avec panier sur la tête), mieux adapté que les charrettes à la morphologie du
centre ville ancien avec ses vons étroits et sinueux : les déchets sont déversés à proximité, sur les
berges de la lagune ou le long de la voie de chemin de fer (secteur d’Adjina, où la voie est en
contrebas). C’est l’une des raisons pour laquelles les ONG de précollecte sont très peu présentes
dans la partie ancienne de la ville. Les observations faites sur deux dépotoirs sauvages assez
proches du centre88 ont permis de dénombrer vingt cinq (25) collecteurs n’appartenant à aucune
structure formelle venant y déposer des ordures : seulement sept (7) ont accepté de répondre aux
questions (voir planche photo n°2).89
Individuel 1 :
M. OUSMANE Yaya a commencé cette activité en 2000 ; il passe chez certains particuliers de sa connaissance pour
faire la pré collecte : il dessert actuellement les quartiers Iléfié, Obaléhoundé et Madouhou. Il ramasse environ 1,5 m 3
d’ordures par jour ; le service est payé de gré à gré.
Individuel 2 :
M. ALANMANOU Dansou André fait la pré collecte depuis 1986 dans le Grand marché de Porto-Novo et environs : il
est connu avec le sobriquet Baba Sakété. Sa clientèle est constituée des commerçantes du marché, des particuliers
d’alentour et du Centre communal de Santé d’Akron ; le volume collecté varie de1 à 2 m3 d’ordures qui sont jetées dans
les bas-fonds, dans la broussaille ou sont déversées chez des jardiniers qui les demandent ; le service est parfois payé
gré à gré, mais avec les anciens clients, le contrat est hebdomadaire ou mensuel.
Individuel 3 :
M. FAGNON Luc est un élève qui a pris en charge l’enlèvement de toutes les ordures de sa maison (sa famille) située à
Déguè ; il ramasse en moyenne par semaine 0,5 m3 d’ordures, lesquelles sont jetées en bordure de la Lagune ou
délestées quelques fois dans la broussaille.
Individuel 4 :
Madame SOUROU dite Maman Sourou fait la pré collecte depuis plus de vingt ans. Elle quitte quotidiennement son
domicile à Akonaboè dans la périphérie Nord de Porto-Novo pour venir à Déguè et Oganla où elle ramasse à peu près 1
m3 d’ordures par jour : le service est journalier90 ou payé gré à gré.
Individuel 5 :
Monsieur X…91 fait la pré collecte depuis 1992 dans les deux quartiers de Guévié et Hlogou où il a quinze (15)
abonnés. Par jour de travail, il peut collecter à peu près 4 charrettes (volume de la charrette = 0,650 m 3) : les ordures
sont déversées dans les bas-fonds. La clientèle est constituée de particuliers et d’une école privée.
Individuel 6 :
M. ADJADJA François habite le quartier Anavié où il est connu de tous les habitants pour les « enlèvements express » :
son surnom est ADJASKO. Il fait ce travail depuis 1990. Sa particularité est qu’il intervient à la demande et se fait
87
Déclaration de Madame Thérèse … de Sokè-Komê.
88
Il s’agit de l’entrée Est du viaduc de Porto-Novo à Djassin et du prolongement de la buvette La Détente au bord de la Lagune.
89
Enquête F.Tchibozo.
90
Elle est payé 300 f cfa / jour…Mais il arrive qu’elle reçoive en plus quelques gratifications en nature.
91
Il n’a pas voulu donner son nom, mais a laissé toutes les coordonnées nécessaires pour le retrouver en cas de besoin pour faire un
travail : il habite la Maison Zoumènou, C/430 à Kandévié Owodé, s/c de M. Zoumènou Grégoire BP 181 Porto-Novo.
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payer de gré à gré : il couvre les deux quartiers de Anavié et Hounsa. Il est difficile d’évaluer la quantité de déchets
ramassés : ils sont d’ailleurs réutilisés par lui-même ou jetés en vrac loin des lieux de ramassage.
Individuel 7 :
M. ZOUNINME habite à Kandévié et y fait la pré collecte depuis 1992 : il a pris en compte quinze abonnés fidèles et
quelques autres particuliers occasionnels ; il dessert aussi des écoles primaires. Le volume ramassé et jeté sur des
dépotoirs sauvages atteint bien 2 m3 d’ordures par jour de travail. Selon les types de clients, il pratique l’abonnement
mensuel, hebdomadaire, journalier ou le gré à gré.
Le maintien et la forte présence sur le terrain des collecteurs informels pose surtout la question des
tarifs et des salaires pratiqués par les ONG de précollecte. Leur mode de rémunération, négociable
de gré à gré, à la tâche ou à la journée, est plus souple et mieux adapté aux besoins et aux moyens,
notamment, des petits revendeurs des marchés aux revenus irréguliers. Tandis que l’abonnement à
une ONG représenterait une charge fixe d’1/10ème mensuel, insupportable pour un bas salaire de
métier non qualifié (à titre d’exemple, tandis que le traitement de base de la fonction publique est à
25 000 FCFA environ, les charretiers des ONG sont rémunérés autour de 15 000FCFA par mois, un
tâcheron salarié est rémunéré de l’ordre de 500 à 800 F CFA la journée). Le coût d’enlèvement de
quelques paniers de déchets peut ne pas dépasser 100 FCFA, somme variable selon la « capacité à
payer » du client estimée par le prestataire et après marchandage éventuel.
________________
- Même si un pourcentage faible de ménages sont abonnés aux ONG collectrices, elles répondent
aux besoins précis d’une partie de la population : les citadins du centre-ville, les ménages aisés, les
habitants des immeubles locatifs, etc. D’autant plus que chefs de quartier et autres responsables ont
été mobilisés dans les années quatre-vingt dix pour promouvoir cette solution. Par ailleurs, les Ong
collectrices – et surtout celles qui ont des unités de traitement - ont accumulé un indéniable savoir-
faire (technique, organisationnel et social) qu’il serait judicieux de mettre à profit si l’on met en
place un nouveau dispositif.
- L’activité stricte de précollecte domiciliaire auprès des particuliers est à la limite, ou parfois en
dessous du seuil de rentabilité, dès lors qu’on tient compte de l’entretien et du renouvellement du
matériel, et beaucoup d’ONG n’équilibrent leur budget que grâce à l’obtention périodique de
contrats publics, auxquels leur présence sur le terrain leur donne accès (entretien de voirie,
nettoyage de places, de marchés, résorption des dépotoirs sauvages les plus visibles). Il conviendrait
peu-être de systématiser et consolider ces contrats (actuellement trop précaires) de manière à utiliser
au mieux le savoir faire de ces structures et leur capacité d’organisation.
- Les ONG qui veulent (et à qui l’on demande) se situer dans une économie marchande, laissent de
côté la clientèle des ménages de revenus modestes ou irréguliers. Pourquoi ne pas prolonger la
logique de services marchands par des abonnements groupés de quartier qui permettraient aux ONG
de réaliser des économies d’échelle sur les déplacements, et aux ménages modestes de bénéficier du
service ? En complément des abonnements « ménage », des contrats collectifs de quartier, à tarif
préférentiel, qui seraient garantis par des comités ne pourraient-ils pas être envisagés aussi pour la
précollecte domiciliaire ?
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- Le rôle des acteurs publics, notamment celui de la future municipalité et des maires
d’arrondissements demandera à être clarifié, afin d’éviter les empiètement de compétences qui
nuisent au fonctionnement du système. La ville devrait sans doute se limiter à un rôle
d’organisation, de supervision et d’arbitrage, et mettre son matériel au service de la gestion des
espaces publics, sans plus chercher à intervenir directement dans la précollecte commerciale auprès
des particuliers.
- Enfin ne faut-il pas se poser la question de l’efficacité sociale du travail ainsi mobilisé ? La
question du balayage des rues, par exemple, soulève celle des “ genres ” et de l’articulation entre
efficacité sociale, politique et environnementale. Le recours a une main d'œuvre jeune et/ou
féminine et/ou rurale, dévouée, mal encadrée, routinière et mal payée, avec peu de chance d'évoluer
vers une compétence entrepreunariale relève-t-elle de la politique sociale ou de l'exploitation ?
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Chapitre 4
Le devenir des déchets, de la collecte à la décharge finale
En l’absence de points de transferts contrôlés dans les quartiers, et quels que soient les acteurs de la
précollecte domiciliaire (membres du ménage, collecteurs informels ou ONG), les déchets collectés
auprès des ménages finissent encore presque toujours par être évacués et déposés tels quels vers des
dépotoirs « sauvages » situés dans les interstices de l’espace urbain, notamment dans les bas-fonds
humides, sur les emprises inutilisées de la voie ferrée et sur les berges de la lagune.
L’appel aux ONG de collecte domiciliaire ne règle pas la question des lieux de dépôt. Face à
l’inexistence à Porto Novo d’un site de décharge officiel et contrôlé (voir infra), et à moins de
posséder du matériel motorisé, les ONG, tout comme les ménages ou les collecteurs informels n’ont
toujours pas d’autre possibilité que de pratiquer le dépôt des déchets solides au plus proche des
lieux de production et collecte ; le résultat est une dispersion de petits dépôts dans tout le milieu
urbain, mais surtout dans les zones de bas fonds où les déposeurs rencontrent une certaine demande.
Diverses formes de régulation sociale, certaines de type traditionnel (société zangbeto) permettent
de canaliser les dépôts dits « sauvages » dont on peut considérer qu’ils sont plus ou moins
socialement concertés.
La question de l’identification et de l’aménagement de sites officiels de décharges intermédiaires et
contrôlées n’est toujours pas réglée.
Les relevés cartographiques des dépôts d’ordures d’apparence notable, d’au moins 10 m 3, effectués
dans les quinze communes de la ville, en suivant les axes principaux et certains autres secondaires,
permettent d’identifier les tendances dans la répartition des dépôts d’ordures à l’échelle des
communes et des quartiers de la ville de Porto-Novo.
La cartographie des dépôts d’ordures réalisée sur la base des données relevées sur le terrain en 2002
montre l’existence de deux grandes catégories de communes : ceux n’ayant pas de dépôts d’ordures
notables et ceux qui en ont sur leur sol.
92
Cette partie a été rédigée sur la base du rapport d’E.Domingo.
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Carte 20-Les dépotoirs sauvages à Porto-Novo en mars 2002
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- La première catégorie regroupe les anciens quartiers de la ville, c’est-à-dire ceux des communes
peu étendues de Oganla, Zèbou, Houézounmè, Iléfiè, Ahouantikon et Déguè-Gare. Il s’agit du vieux
Porto-Novo, le premier centre ville marqué par un maillage de petites rues, très serré au centre et un
peu plus relâché vers la périphérie. On devrait compter dans ce groupe les communes, d’Avassa et
d’Akron pour leur appartenance à ce vieux centre et du fait qu’ils n’abritent plus nulle part de
dépôts sauf à la lisière sur la berge de la lagune.
Dans cette partie de la ville, très anciennement urbanisée, pourvue de nouvelles voies pavées à la
faveur du Programme de réhabilitation et de gestion urbaine (PRGU) des années 1990, et de plus en
plus fréquentée par les Organisation non gouvernementales (ONG) spécialisées dans l’enlèvement
des ordures, les gros dépôts d’ordures des années 1970 à 1980 ont progressivement disparu.
Toutefois, il faut faire remarquer que l’habitude persistante des habitants de ces quartiers (ou les
collecteurs informels qui y opèrent) de jeter les ordures sur la berge de la lagune dans Avassa et
Akron et sous le pont contribue notablement à obtenir cet assez bon niveau local d’assainissement
(voir planche photo n°1). Il demeure donc ici, dans une certaine mesure chez les habitants,
l’habitude de se débarrasser de ses ordures au plus proche et dans les zones humides.
- La deuxième catégorie de communes est constituée de tout le reste, c’est-à-dire Djassin, Foun-
Foun, Ouando, Houinmè, Hounssouko, Attakè, et Djègan-Daho, formant un large éventail au dessus
de la vieille ville et marquant l’extension de celle-ci vers l’ouest, le nord et l’est. Le fait
remarquable est la présence des dépôts d’ordures importants dans certains quartiers et pas d’autres.
Il s’agit plus précisément de parties de quartiers à forte occupation humaine, relativement dégagées
de la végétation. C’est particulièrement vrai des quartiers Kandévié (commune de Hounsouko), de
la partie de Dowa jouxtant le quartier de Ouando très peuplé (commune de Ouando), et surtout de
Foun-Foun-Tokpa. Il existe donc dans ces communes et quartiers des poches importantes de dépôts
d’ordures.
Cette localisation apparemment contrôlée des dépôts prévaut actuellement parce qu’on se trouve,
pour une bonne partie ici dans des espaces très ouverts, étendus, largement occupés par la
végétation et même cultivés. La faible occupation humaine, de l’ordre de 30% des parcelles dans le
lotissement de Tokpota II par exemple (Foundohou, J., 2002), offre la possibilité aux habitants de
jeter leurs ordures dans les champs, jachères et végétation naturelle. Ailleurs, c’est la bonne
présence des ONG de ramassage d’ordures dans les secteurs de quartiers dans Djassin, Foun-Foun,
Houimè, Hounsouko et même dans Tokpota plus excentré, qui contribue à circonscrire les dépôts
dans ces poches.
La distribution spatiale des dépôts d’ordures en deux catégories de communes obéit à la logique de
la qualité d’urbanisme et de gestion urbaine déterminée, dans le cas de Porto-Novo, par l’état de
revêtement ou non des voies, une certaine surveillance des lieux de dépôt par la Circonscription
urbaine et la possibilité d’utiliser des espaces ouverts non contrôlés pour le rejet des ordures.
Les observations de terrain amènent à considérer la dimension « site » pour affiner davantage
l’analyse.
Suivant qu’on se trouve sur le sommet du plateau, le versant, la berge et le fond de vallon, la
répartition des dépôts d’ordures se différencie en terme de concentration et d’importance des
dépôts.
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- Berge de lagune
La berge de la lagune de Porto-Novo au sud de la ville fait la place à de gros dépôts le long de la
ligne de rivage à certains endroits. (voir planches photo 1 et 2)
Les énormes dépôts des quartiers de Honnou-Hondji-Filla (commune d’Avassa) et de Naémouta
(commune d’Akron) sont un des traits distinctifs de ces quartiers.
- Fonds de vallon
Les fonds de vallon pénétrant le plateau de terre de barre se révèlent être des lieux de prédilection
des dépôts d’ordures. Trois marquent l’espace de Porto-Novo : le vallon du Donoukin à l’extrême-
est accolé à la commune d’Attakè par ses quartiers Gbèzounkpa et inclus dans la commune de
Djègan-Daho au niveau des quartiers Agbokou 2 et Koutongbé, le vallon du Boué à l’extrême-ouest
jouxtant la commune de Ouando à la limite administrative de la ville et enfin le vallon du Zounvi
plus inclus dans la ville, séparant par son talweg les communes de Foun-Foun à l’est et de Ouando à
l’ouest.
Si le Boué est exempt de dépôts d’ordures parce que bien loin du milieu urbain et encore très
marqué par le rural, les deux autres sont atteints. Le Donoukin accueille déjà deux dépôts
d’importance dont un en tête de vallon, est l’un des plus gros des dépôts recensés dans la ville.
Mais, à cause de sa position limite entre la ville relativement ancienne du côté du quartier de Foun-
Foun-Tokpa et de la ville nouvelle par le lotissement de Tokpota, c’est incontestablement le Zounvi
qui est la cible privilégiée pour le rejet des ordures. Habitants, ONG et autres ramasseurs
individuels d’ordures s’y sont faits une place. On y compte aujourd’hui trente trois (33) dépôts
d’ordures, certains de grande taille, avec une plus forte concentration vers l’amont sur les deux rives
(Foun-Foun-Tokpa et Tokpota) et sur toute la rive gauche (quartiers Foun-Foun-Tokpa et Avakpa).
Le peuplement y est dense.
Par rapport aux autres facettes topographiques, sommet de plateau, versant et berge de lagune,
l’utilisation intensive du fond du vallon Zounvi comme bassin de réception privilégié des ordures de
la ville est révélatrice des problèmes de gestion des ordures et de gestion urbaine parmi lesquels
l’environnement.
La localisation des dépôts d’ordures dans la ville de Porto-Novo connaît une évolution dans laquelle
on peut lire le jeu des acteurs que sont les populations, les ONG engagées dans le ramassage des
ordures, les ramasseurs individuels d’ordures et le pouvoir municipal. L’étude de cette évolution
permet de mettre en évidence d’autres aspects de la question des ordures.
a) La situation de 1998
Un recensement fait en 1997 (Dossou-Yovo, 1998) donne par commune et par quartier la
localisation et le volume des dépôts d’ordures que présente le tableau n° 1 suivant.
Il apparaît que seul un noyau de quartiers, regroupés dans cinq communes (Oganla, Zèbou,
Houèzoumè, Ahouantikon, Iléfiè) au cœur du tissu urbain serré de la ville ancienne, n’enregistrent
pas sur leur territoire des dépôts d’importance notable. Les effets des actions d’élimination des
décharges sauvages par la circonscription urbaine et de l’enlèvement des ordures par les ONG se
faisaient sentir.
Les dix autres communes autour du vieux tissu urbain ont plus d’un dépôt, jusqu’à dix pour les plus
peuplées et contiguës pour certains (Foun-Foun, Déguè-Gare, Houinmè, Attakè, Djassin). Certains
quartiers s’illustrent particulièrement dans ce schéma. C’est le cas par exemple de Foun-Foun-
Gbègo et Foun-Foun-Tokpa dans la commune de Foun-Foun avec respectivement 3 et 4 dépôts, 733
m3 et 1455 m3 au total. C’est aussi le cas de Adjina et Djassin-Kpêvi dans la commune de Djassin
avec respectivement 1 et 2 dépôts, 125 m3 et 1435 m3 au total. Plus loin dans le nord de la ville, les
quartiers de Ouando et Dowa sont en tête avec 3 et 4 dépôts, et 531 m3, 108 m3.
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Tableau n° 1 Recensement des dépôts d’ordures et leur volume en m 3 dans les quartiers de
Porto-Novo (1997)
1 2 3 4 Total
Hounsouko Anavié 20 20
Hlogou 10 10
Kandévié 35 90 120 245
Dodji 24 24
299
Attakè Gbèzounkpa 75 75
Agbokou 1 20 20
Agbokou 2 763 763
858
Akron Akron 95 95
Gbèkon 17 17
112
Total 7760
Source : tableau construit à partir des données du recensement de 1998 effectué par Serge Dossou-Yovo, 1998
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La situation de 2002
L’enquête organisée en mars 2002 dans le cadre de la présente étude apporte des données qui
permettent de faire une comparaison avec les constats de 1997 :
1 2 3 4 5 6 Total
Houinmè
Houinmè-Gbèdjromèdé 120 175 500 795
Djègan-Kpêvi 60 300 350 710
Gbodjè 17 17
1522
Hounsouko Anavié 42 42
Hlogou 300 300
Kandévié 12 12
Kandévié-Alobatin 10,5 15 25,5
Dodji 100 100
479,5
Djègan-Daho Koutongbé 52 52
Donoukin 1440 1440
1492
Total 13735,
5
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Source : tableau réalisé avec les données de l’« Enquête de localisation des dépôts d’ordures dans la ville de Porto-Novo »,
Etienne Domingo et Josiane Foundohou, mars 2002
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Entre les deux enquêtes, il se produit comme un mouvement centripète à partir du vieux centre,
dans l’ensemble plus moderne en équipements et services urbains. Il faut faire remarquer que ce
mouvement de rejet vers la périphérie marque un arrêt dans le fond du vallon du Zounvi situé à
l’ouest, partagé entre trois communes (Foun-Foun, Djassin, Ouando) dont les déchets y sont
convoyés (10 dépôts). Le vallon du Donoukin à l’est n’est pas épargné. Cerné par les communes
d’Attakè et de Djegan-Daho, il a deux bons dépôts, gros de 75 m 3 et 763 m3 dans les quartiers
Gbèzounkpa et Agbokou 2, dans la commune d’Attakè. Une certaine pression urbaine par les
déchets s’exerce donc sur ses zones humides avec un certain consensus autour. Tout le monde
semble d’accord pour transformer les zones humides en réceptacle géant des ordures, occultant
totalement leur importance dans le cycle de l’eau, l’écologie végétale, animale et humaine, et les
notions de fonctionnalité et de beauté dans l’urbanisme.
On voit que Déguè-Gare ne figure plus en 2002 dans la liste des communes à dépôts d’ordures et
rejoint ceux de la catégorie formant le tissu ancien auquel il fait d’ailleurs partie. L’action de
dégagement des ordures par la municipalité se poursuit donc pour cette partie de Porto-Novo, ville
qui, dans son ensemble, ne compte plus de décharges autorisées et aménagées jadis par la
circonscription urbaine. Houinmè et Foun-Foun ont connu cette action d’élimination de décharges
sauvages. Certains de leurs quartiers en sont débarrassés tels Foun-Foun-Djaguidi, Avakpa-Kpodji,
et Avakpa-Tokpa pour Foun-Foun, Houinmè-Djaguidi pour Houinmè et Djassin-Kpèvi pour
Djassin. A titre d’illustration des changements intervenus, la voie en terre au bord de laquelle se
trouvait le dépôt de Djassin-Kpèvi est aujourd’hui toute pavée et n’accepte plus d’ordures
certainement pour l’image de la ville. Le même paysage d’assainissement se remarque dans
Houinmè, le long de la voie ferrée débarrassée des ordures qui l’encombraient, ceci à la faveur des
travaux de pavage actuellement en cours.
Il se produit ainsi une redistribution spatiale des dépôts d’ordures sauvages importants dans la ville
de Porto-Novo, dans une dynamique de diminution de leur nombre qui passe de 51 au recensement
de 1997 à 42 en 2002. Pour autant la quantité n’a pas baissé, au contraire elle a beaucoup augmenté,
passant de 7760 m3 en 1997 à 13735 m3 en 2002. Il s’en suit des concentrations d’ordures sur des
dépôts et/ou des sites. L’augmentation du nombre des dépôts dans le quartier Foun-Foun-Tokpa
englobant une grande partie du fond du vallon du Zounvi est un indicateur de cette concentration
qui se produit en réalité exclusivement dans ce fond de vallon. Il faut le rappeler, un comptage
systématique dans le Zounvi en marge de l’enquête générale, indique la présence de trente trois
dépôts y compris ceux de taille modeste. On observe également qu’en tête du vallon de Donoukin
se forme un dépôt de grande envergure où convergent plusieurs ONG à la recherche de dépôts pour
leurs chargements, faute d’avoir des décharges publiques clairement indiquées par la municipalité.
Celle-ci a supprimé les décharges autorisées et aménagées autrefois par elle sans concrètement
trouver une solution de remplacement. Elle ferme les yeux sur ce qui tient lieu aujourd’hui de
décharges finales créées par les populations et surtout par les ONG, de préférence dans les fonds de
vallon. Le projet de création d’une décharge intermédiaire à 10 km à l’ouest de la ville dans un
autre vallon, celui du Boué, en bas de versant à pente assez forte de 7%, et d’une décharge finale
dans le village de Takon à 20 km au nord dans la sous-préfecture de Sakété, est la réponse qu’elle
apporte en ce moment à ces partenaires impliqués dans la gestion des ordures, les ONG notamment.
Les résistances manifestées par les populations de Vakon (vallon du Boué) ne sont pas pour faciliter
la mise en œuvre de ce projet. En attendant, elle s’est installée dans la politique du laisser-faire dont
s’accommodent populations et ONG.
L’environnement urbain à Porto-Novo est, à plusieurs égards, durement affecté par les dépôts
d’ordures. Qu’il s’agisse de la voirie, de la voie ferrée, des habitations et autres installations
humaines liées aux activités, des zones humides dans leurs fonctions vitales pour l’homme.
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a) Modalités d’occupation de la voirie par les dépôts d’ordures
L’absence de réaction de la part de l’Office de Chemin de fer Bénin Niger (OCBN) qui n’a pas
cherché à ressortir les sections ensevelies et à les entretenir laisse penser à un abandon du chemin
de fer, finalement livrée à la dégradation anthropique et par l’érosion. Ceci d’autant plus que la
gestion des ordures par la municipalité devrait prendre en compte ce problème qui relève aussi de
l’entretien et de la préservation du capital en infrastructures de la ville.
Parmi les constats faits lors des travaux de terrain, il y a la non démarcation entre les dépôts
d’ordures et les installations humaines. Les données recueillies permettent d’apprécier l’ampleur de
ce phénomène.
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Sur les quarante deux dépôts d’ordures recensées à travers la ville y compris quelques uns du vallon
du Zounvi, seulement six – soit 14% – n’ont pas aux alentours des maisons d’habitation. La
moyenne est de 10 maisons autour, le minimum étant de 5 et le maximum de 23, des plain-pied
comme des bâtiments à étages d’un standing correct. C’est dire que les dépôts d’ordures s’érigent à
l’intérieur du bâti urbain, sans grande discrimination. Il en découle naturellement des situations
d’insalubrité et de risques pour la santé publique.
Des activités de commerce se retrouvent autour des tas d’ordures dans une proportion moindre que
les habitations, mais bien représentées. 69% des dépôts ont des boutiques et étals à proximité, trois
en moyenne par dépôt, un au minimum et onze au maximum. Etant donné que boutiques et étals
sont souvent réunies sur les mêmes lieux et dans les mêmes bâtiments que les domiciles,
l’insalubrité ne prend pas une dimension autre que celle signalée au sujet des habitations.
Il n’est pas de dépôt qui n’ait dans son environnement immédiat au moins un garage-auto, un
garage-moto, une menuiserie, une scierie, une forge, un salon de coiffure, un studio-vidéo, un
atelier de vulcanisation, etc. Même une usine se trouve parfois non loin. Il s’agit là de diverses
sources de production de déchets, certains étant non biodégradables comme les mèches de cheveux
artificiels, les pellicules, d’autres très dangereux pour la santé humaine comme les piles, les patins
de freins de voiture, les huiles à frein et de vidange de moteur, etc.
Que des centres de santé et des écoles – peu nombreux il est vrai– aient dans leur voisinage un
dépôt d’ordures, est en soi un fait de paysage urbain assez déconcertant. La taille importante de ces
dépôts dénote de l’incapacité de ces établissements publics et privés à prendre le problème à leur
charge dans le sens de l’interdiction de jeter les ordures en face ou à côté ou dans celui de leur
élimination pour la nuisance qu’elles provoquent.
Pour certains de ces centres privés situés dans les vallons et les berges, le prix intéressant des
terrains conduit les promoteurs à s’y installer et à se retrouver fatalement dans un environnement
insalubre du fait des ordures.
C’est cette même logique foncière qui conduit certaines communautés religieuses (christianisme
céleste, église christique, assemblée de Dieu, islam, etc.) à ériger sur les terrains de bas-fonds dans
les vallons, leurs églises pour se retrouver finalement en situation de cohabitation avec les ordures,
situation qu’elle n’ont pas les moyens de corriger, tant la pression sociale liée aux ordures est forte.
c) Dépôts d’ordures dans les fonds de vallon : un problème de gestion de zones humides
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devient verdâtre et qui se transforme en milieu favorable aux moustiques et à des germes nuisibles à
l’organisme humain.
Le Zounvi communique avec la lagune de Porto-Novo – comme d’ailleurs le Donoukin et le Boué –
et assure l’évacuation des eaux pluviales venant de son bassin versant largement dénudé en
végétation pour cause d’urbanisation. Cette fonction se double avec celle d’accumulation des
mêmes eaux pluviales. Elle est bien comprise dans la logique des aménagements urbains puisque
tous les grands collecteurs et certains caniveaux sont orientés vers le Zounvi malheureusement en
voie de comblement par les ordures. Il y a là une contradiction au niveau de l’approche de la gestion
urbaine.
L’étalement des ordures en couches successives dans le fond de vallon ralentit et même empêche
l’infiltration des eaux du fait surtout de la présence d’une quantité de sachets en plastique qui
imperméabilisent le sol. Dans ces conditions, les risques d’inondation en périodes pluvieuses existe
désormais pour les habitants situés sur la berge et même en bas de versant situé un peu plus haut.
Ces risques vont augmenter si la tendance actuelle de comblement par les ordures se maintient, ce
qui est probable dans un contexte de proximité où le contrôle et la recherche du consensus social
demeure important : une certaine logique préside donc au choix des lieux de dépôt, qui ne sont donc
pas à considérer comme étant strictement « sauvages » , mais plutôt comme « socialement
concertés », et donc acceptés par les riverains...
a) ordures et jardinage
Les principaux lieux de dépôt des ordures ménagères sont les zones de jardinage (cas par exemple
de la zone maraîchère d’Accron , celle de Djassin, ainsi que le vallon du Donoukin et la berge de
lagune attenante, à l’extrême-est de la ville) situées dans les fonds de vallon et les berges de la
lagune de Porto-Novo. Les riverains ou les collecteurs y déposent leurs déchets aux abords des
zones ou encore dans les parcelles de jardinage, avec l’accord de leurs occupants. Les jardiniers
intéressés utilisent les matières susceptibles de se transformer en terreau (terre, sable, poussières,
cendres, déchets végétaux), et repoussent le reste à la limite de leurs parcelles pour y faire une
bordure surélevée qui sera recouverte par une végétation sauvage et sur laquelle pousseront des
papayers (voir planches photo 4 et 5). Les matières organiques qui leur sont délivrées sont
directement déposées à la surface des planches pour la culture des légumes93.
Les ONG attachent une grande importance à trouver des lieux de dépôt qui ne gênent pas les
riverains afin d’éviter les conflits. Mais seules celles qui sont dotées de matériel lourd (tracteurs)
peuvent évacuer les déchets suffisamment loin des zones habitées. L’ONG AVPB s’est ici
entendue, d’abord avec des riverains désireux d’étendre leur parcelle constructible, puis avec des
propriétaires coutumiers (résidant sur le plateau) désireux de remblayer des trous à poissons afin de
valoriser ultérieurement le terrain pour la construction. Dans ce cas, l’ONG veille à l’entretien du
dépôt : nivellement régulier, épandages intercalaires de sable, brûlage régulier.
Sur le site du plus grand dépôt formant passage entre les deux rives, les ordures sont étalées en face
de maisons construites dans le lotissement réalisé abusivement jusque sur la berge. Des riverains,
propriétaires de parcelles, ont autorisé une ONG à y déverser leurs chargements. Cette ONG fait
une sorte d’entretien en étalant les ordures et en les brûlant de temps à autre. Le résultat positif pour
93
Des paiements de l’ordre de 1500 F CFA par charrette ont été signalés, lorsque les matières organiques ont été préalablement
triées.
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les propriétaires de parcelles est le comblement des parties basses sur lesquelles ils ont leur
propriété. (voir planche photo 3)
Lorsque les riverains estiment avoir reçu ainsi suffisamment de matières, ils posent un panneau
d’interdiction ou demandent à la société coutumière Zangbéto (moyennant rétribution) de venir
poser des interdits afin de faire cesser les livraisons. (voir planche photo 6)
Inversement, tant que ces signes d'interdit ne sont pas posés, le dépôt n'est pas considéré comme
gênant. Il est remarquable de voir ces dépôts informels du vallon Zounvi, presque parfaitement
géométriques suivant le tracé des parcelles, s’arrêtant à la limite de certaines parcelles agricoles.
La perception populaire des vallons marécageux et des zones humides explique cette attitude vis-à-
vis des vallons de Porto-Novo considérés comme des zones répulsives, malsaines et de peu de
valeur foncière. C’est les revaloriser que de leur apporter des ordures pour les combler. Mais il faut
souligner que cette perception est celle des urbains venus d’ailleurs, les immigrés en somme.
Les autochtones, demeurés des paysans, voient la chose autrement. Le vallon marécageux est pour
eux un milieu pourvoyeur de ressources. Les femmes y vont prélever les feuilles du thallia utilisées
pour l’emballage d’une pâte cuisinée appelée localement « acassa » ; les hommes y récoltent, par la
technique de la saignée, la sève du palmier raphia pour produire le vin de palme et ensuite un alcool
du nom de « sodabi » ; ils y font également la pêche, la pisciculture et la chasse ; tout le monde y va
aussi pour prélever les plantes médicinales.
Il y a donc une opposition objective d’intérêts entre différents acteurs autour de la question à deux
volets de la gestion des zones humides en milieu urbain et de la gestion des ordures : les ONG pour
qui il faut nécessairement un emplacement pour jeter les ordures et les fonds de vallon marécageux
sont indiqués pour satisfaire ce besoin, les populations urbaines qui ont besoin de se débarrasser de
leurs déchets ménagés peu importe où on les dépose, les riverains des vallons marécageux qui
veulent produire du foncier en acceptant que les ONG fassent le comblement des berges avec les
ordures, enfin la circonscription urbaine qui tolère ces arrangements parce n’ayant pas pour l’instant
de solution adéquate au problème du traitement des ordures.
Les négociations de voisinage sur les dépôts d’ordures n’empêchent donc pas que des conflits
d’usage éclatent régulièrement à leur sujet, car la concertation n’implique pas toujours tous les
acteurs concernés. Par exemple, lorsqu’une collectivité familiale traditionnelle de Tokpota,
implantée sur le plateau, mais estimant avoir des droits coutumiers sur le fond du vallon du Zounvi,
accorde à une ONG l’autorisation de remblayer ses trous à poisson, à proximité immédiate de la
parcelle d’un nouveau propriétaire résident incommodé par les ordures.
Tous les acteurs locaux signalent l’absence de la circonscription urbaine dans ces transactions
sociales (où interviennent cependant souvent les chefs de quartiers), alors même que l’appropriation
de parcelles à proximité du fond de vallon ne relève pas seulement de logiques foncières
coutumières (les collectivités familiales autochtones estiment avoir des droits sur les bas fonds
même si ceux-ci appartiennent légalement au domaine public) ou informelles.
Il faut signaler que lors du lotissement du quartier Tokpota, par exemple, des ménages ont été très
officiellement recasés sur les versants du Zounvi, à charge donc pour eux de remblayer et niveler
leur terrain. Dans ce contexte, la zone humide du bas-fond est bien considérée comme une nuisance,
non comme un espace à préserver, et les déchets permettant de la résorber à moindre coût pour les
riverains.
Cette rationalité sociale informelle, où les pouvoirs publics ne jouent aucun rôle, permet la
poursuite du processus de comblement du vallon. L’impact environnemental (blocage de la fonction
de ruissellement du vallon, risque d’inondation) semble encore limité dans la tête de vallon, mais on
sait qu’il y a généralement une période latence entre une modification du milieu et son impact
environnemental.
L’utilisation les fonds de vallon pour le dépôt des ordures en quantité croissante, même socialement
acceptée, pose d’évidents problèmes d’environnement et de gestion urbaine. Le Programme de
gestion urbaine décentralisée (PGUD) pris en compte par la municipalité de Porto-Novo, exécute le
volet assainissement en construisant en ce moment de grands collecteurs d’eau pluviale, tous
orientés vers le fond du vallon du Zounvi pour les eaux venant du bassin versant du même nom.
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La fonction de drainage du Zounvi ainsi reconnue et pris en compte techniquement dans la mise en
place de cette infrastructure urbaine contraste singulièrement avec l’extension des remblais de
déchets dans le même fond du Zounvi, que le laisser-faire pratiqué par la circonscription urbaine et
que la loi du silence observée par la société civile laissent suivre tranquillement son cours.. Il va
falloir un jour résoudre cette contradiction, ce qui pose évidemment la question de la création d’une
décharge officielle dans un site approprié (voir infra).
Les intérêts contradictoires des acteurs en présence sont en fait la trame du système de gestion des
ordures qui prévaut dans la ville aujourd’hui : production du foncier par comblement des zones
marécageuses appropriées par des acquéreurs de parcelles, poursuite de l’activité de collecte des
ordures par des ONG qui offrent des emplois, besoin des populations urbaines de se débarrasser de
leurs ordures ménagères, difficulté de la circonscription urbaine à trouver une solution appropriée.
___
Au terme de l’étude sur la localisation et la caractérisation des dépôts d’ordures dans la ville de
Porto-Novo, trois caractéristiques majeures peuvent être dégagées. Premièrement et en prenant pour
base d’observation l’importance de la taille, les dépôts d’ordures se retrouvent presque
exclusivement en dehors de l’ancienne ville au sud, dans les communes et quartiers formant une
grande couronne s’étendant vers l’ouest, le nord et l’est (communes de Djassin, Foun-Foun,
Ouando, Houinmè, Houssouko, Attakè, Djègan-Daho), bien moins aménagés, moins équipés et
occupés encore par une bonne végétation, et dans la frange lagunaire des communes tout à fait au
sud (Avassa et Akron). Deuxièmement, les plus gros dépôts sont installées dans les fonds de
vallon (en premier lieu le Zounvi et ensuite le Donoukin) et sur la berge de la lagune de Porto-
Novo. Troisièmement de petits dépôts existent un peu partout dans la ville, sans distinction de
communes et de quartiers.
Une typologie peut être établie sur la base des critères de finalité et d’écologie. Il y a les dépôts du
sommet du plateau ou du versant, utilisés notamment par les populations du quartier, dont elles
attendent qu’ils soient enlevés un jour ; c’est parmi eux que la circonscription urbaine en choisit
pour être éliminés. Il y a ceux situés dans les fonds de vallon constitués en très grande partie des
apports par les ONG et les individuels faisant la collecte des ordures à travers la ville. Pour
l’instant, le traitement des ordures s’arrête là et on peut considérer que les fonds de vallons
aujourd’hui sont les zones des décharges finales.
récapitulatif des principales études et expériences concernant la gestion des déchets solides à
Porto Novo depuis 1993
2001-2002 - PMAE
ABE
4-2-1 une expérience solide en matière de tri compostage, le CTOM, inspirateur des actuels
projets de gesion intégrée des déchets
Porto Novo possède une ONG pionnière en matière de tri-compostage des déchets. Le CTOM-
Emmaüs, créée en 1985 et dont le centre de tri-compostage de Tohoué fonctionne depuis 1989. Le
village de Tohoué est situé sur le cordon littoral sud de la lagune, à 10 km de Porto Novo. La zone
est difficilement cultivable et assez dépeuplée, le trafic frontalier y supplante largement
l’agriculture dans les revenus ruraux, si bien que les terrains y étaient facilement disponibles. Après
avoir reçu l’usage de 7 ha mis à disposition par une collectivité familiale de la zone, l’ONG a acquis
progressivement, depuis 1989 un domaine de 27 ha, dot 20 destinés au traitement et à
l’enfouissement des déchets de Porto Novo.
Initiatrice du projet, Mme Nganih, fonctionnaire en disponibilité du ministère du développement
rural, est une personnalité de fort charisme qui a su non seulement fonder et développer la structure
autour de l’idée d’articuler gestion urbaine durable (par tri-compostage des OM et lagunage des
eaux-vannes), agriculture biologique intégrée et alternative aux sous emploi des jeunes, mais aussi
séduire les bailleurs de fonds internationaux.
94
Enlèvement et élimination des ordures ménagères à Cotonou et à Porto Novo, SERHAU SEM, 1993, 15p.
95
Dessau international, groupe dMB Inc, 1993. Etude de faisabilité pour la gestion des déchets solides et des eaux-vannes, rapport
final, Cotonou : MEHU, 244 p. (villes : Cotonou, Porto-Novo, Abomey, Parakou, Nattitingou et Lokossa)
96
DST : Direction des Services techniques de la CU de Porto Novo
97
ETRICO ingénieurs conseils, Etude de zonage et d’identification des points de transfert des ordures à Porto Novo, rapport
définitif, Min de l’intérieur et de l’administration territoriale, Direction des services techniques de la CU de Porto Novo, mars 2001,
42 p, nombreuses annexes.
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Première ONG à proposer ce type de service au Bénin, le CTOM commence bénévolement et à titre
expérimental par l’éradication de dépôts d’ordures sauvages dans un quartier de Porto Novo (Dèguè
gare,), destinée à démontrer la viabilité d’un processus de tri et compostage parfaitement au point98.
Puis en 1989 le CTOM dépose son premier conteneur dans le quartier des Habitations économiques
en contrepartie d’une cotisation collective du quartier, vite muée en cotisations individuelles, face à
l’afflux incontrôlé d’ordures dans le conteneur. Ces débuts pionniers n’ont pas été faciles,
notamment à cause de l’opposition de la Voirie qui cherchait à dissuader les ménages de payer
l’abonnement, mais aussi des réticences de certains ménages eux-mêmes suivant le raisonnement
suivant : puisque le CTOM fabriquait du compost pour le commercialiser, pourquoi ne paierait-il
pas sa matière première, c’est à dire les ordures ?
Finalement, face à la faillite du service de la voirie, l’activité de précollecte s’est développée, au
tarif initial de 500 F par mois pour deux enlèvements par semaine. Peu soutenu par les pouvoirs
publics béninois, le projet a été aidé et reconnu de l’extérieur, notamment grâce à un financement
Emmaüs International/CEE pour la construction d’un centre de formation. Le CTOM devient centre
de référence pour le Projet Conseiller en Environnement (PCE).
Parallèlement à l’activité de précollecte auprès de collectivités et ménages abonnés, et du
compostage qui se développe peu à peu (20 m3 traités par jour en 1994), le CTOM, financé par
Emmaüs international, développe un volet de formation aux techniques de traitement intégré des
déchets solides et liquides (compostage et lagunage), destiné à des stagiaires d’associations ou
institutions, soutenu et financé par des bailleurs internationaux, notamment la coopération française
et le PDM. C’est ainsi que les responsables de l’ONG Laabal de Mopti, ou encore ceux des ONG
aujourd’hui concurrentes du CTOM sur le marché du traitement des déchets au Bénin (par exemple
la DCAM-Bethesda) ont été formés à Tohoué. En 1995, on le verra, le CTOM, associé à la
coopérative Mawu Lolo, obtiendra brièvement un contrat de mise en décharge des déchets de la
ville Porto Novo, mais ce type de contrat n’aura pas de suite, contrairement à la politique qui a été
menée à Cotonou.
4-2-2 le PRGU
a) 1993 l’idée d’une filière gérée commercialement, Note élaborée à la demande de la Serhau Sem dans
le cadre du PRGU99
La note soulève le problème des dépotoirs spontanés, nombreux à Porto Novo à cette époque de
transition entre la Voirie et la DST, et de l’absence de site de décharge imposé aux opérateurs de la
précollecte. Elle propose la création d’une décharge terminale à Tohoué, sur le site du CTOM. Le
rapport évalue les besoins annuels de stockage à 10 ha par an et cumulés à 100 ou 200 ha sur 20 ans
selon les techniques de stockage. Il suggère le réaménagement des terrains au fur et à mesure et leur
restitution à l’agriculture après 5 ans ( ?), ce qui limiterait le besoin de « décharge active » à 20 ha.
98
Sans entrer dans les détails techniques, rappelons que la production de compost nécessite 3 mois ½ de traitement des matières
biodégradables ; la production de terreau (qui n’est en principe pas utilisable pour les cultures alimentaires) consiste seulement à
laisser reposer les déchets pendant une saison des pluies, puis de les tamiser.
99
Enlèvement et élimination des ordures ménagères à Cotonou et à Porto Novo, SERHAU SEM, 1993, 15p.
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Dans les quartiers de Porto Novo, il est proposé la mise en place de “ centres intermédiaires de
groupage des déchets ” dont l’exploitation serait confiée par voie d’appel d’offre à des opérateurs
indépendants, de même que le transport vers la décharge finale, ouvert à la concurrence et
librement accessible à tout opérateur disposant d’un camion. La gestion de la décharge finale , qui
nécessite “ un savoir faire technique et une certaine capacité financière ” serait aussi attribuée par
voie d’appel d’offre à “ des sociétés distinctes et concurrentes, à qui les activités de collecte et de
transport seront interdites ” (p 10)
En 1993, seuls deux opérateurs sont identifiés dans ce document comme exerçant une activité
significative dans ce domaine : SIBEAU (entreprise commerciale équipés de bennes leveuses,
opérant surtout à Cotonou, notamment dans le domaine des vidanges de fosses, mais aussi pour
l’évacuation des conteneurs à ordures) et le CTOM (ONG propriétaire du terrain de Tohoué et
jouant à Porto Novo, depuis 1989, un rôle pionnier en matière de précollecte et de traitement des
déchets pour la production de compost).
Enfin, le rapport préconise une logique commerciale de gestion de la filière : les décharges,
rémunérées par le maître d’ouvrage pour le stockage et le traitement des déchets selon les quantités
effectivement stockées achèteront directement les ordures aux transporteurs. Un indépendant
assurerait la certification en poids et en volume des déchets livrés à la décharge finale.
La mise en place du système suppose une réorganisation administrative de la filière qui a été
amorcée dans les années qui ont suivi, plus rapidement à Cotonou qu’à Porto Novo (multiplication
des ONG de précollecte, suspension du statut d’opérateur exercé par le service de la voirie, création
des DST, clarification des rapports entre différents niveaux de tutelle).
b) expériences de contrat de délégation d’enlèvement et décharge des OM entre les CU et des ONG
A son tour, le rapport « déchets » du PRGU (1995) insiste beaucoup sur la nécessité d’intégration
de la précollecte à une stratégie globale de gestion (et de traitement) des OM, associant ONG et
circonscriptions urbaines (les CU étant responsables des points de transferts dans les quartiers, de
l’aménagement de sites de décharge et traitement des déchets). Le PRGU préconise « que la charge
financière du projet soit assumée par les CU avec participation de la population ». Ce qui suppose
une augmentation du rapport de la fiscalité locale, « après la suppression de la taxe civique qui
comprenait une taxe additionnelle d’enlèvement des ordures ménagères ». (PRGU, 1995, p 12). Le
projet est d’abord expérimenté à Cotonou, où la mise en place précoce du Registre foncier urbain
laisse augurer une bonne croissance des ressources fiscales.
A la fin du PRGU, des contrats de 3 mois renouvelables sont signés, à titre plus ou moins
expérimental, entre les deux circonscriptions urbaines et des entreprises privées et ONG pour
l’enlèvement et le traitement des déchets urbains100. Ainsi, à Porto Novo, le contrat PRGU de 3
mois passé avec un groupement CTOM/Mawu Lolo) consiste en simple prise en charge du
chargement (rémunération de 800F CFA/m3) et transport des déchets de PN vers la décharge de
Tohoué (rémunération de 400F CFA/m3) : le contrat ne prévoyait pas de rémunérer le traitement
des ordures que le CTOM aurait eu la capacité technique d’assurer.
Dans la capitale économique, une filière déchets cohérente commence à être esquissée sur la base
de contrats de délégation durables, tandis qu’à Porto Novo, ce type de contrat n’a plus été renouvelé
après le PRGU, dans l’attente d’un plan déchets cohérent. Depuis deux ans à nouveau, des contrats
ponctuels sont signés entre CU de P et entreprises pour l’enlèvement des ordures, dans le cadre du
PGUD.
100
le rapport contient une analyse critiques des performances des contrats passés à Cotonou (p 7).
Programme PSEAU-PDM – AR D08 "Gestion des déchets urbains et aide à la décision municipale. Mopti. Port Novo".UMR Laboratoire 100
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4-2-3- le projet de gestion des déchets solides ménagers à Cotonou et Porto Novo (PGDSM)
a) 1995-97 Etude de planification intégrée de gestion des déchets solides à Cotonou et Porto Novo 101
L’étude, menée par le bureau d’études canadien DESSEAU prolonge et concrétise les principes
énoncés dans la note de synthèse de 1993. Il propose une conception d’ensemble de la filière de pré-
collecte, la collecte, sites de transfert, mettant l’accent sur l’évacuation des déchets hors des espaces
urbanisés dans des décharges finales, après tri et compostage des déchets.
L’objectif fixé est la mise en place d'infrastructures de traitements des déchets pour le compte des
CU de Cotonou et de Porto-Novo, mais dont l'exploitation serait confiée sur appel d’offre en
exclusivité au secteur privé, entreprises de transport et ONG spécialisées dans le tri et le
compostage, sur des terrains et avec des équipements entièrement assumées par celles-ci (plate-
formes pour le tri et le compostage par andins, et des basins de décantation pour les eaux issues de
ces plate formes). (p 3.6).
Compte tenu de leur expérience dans le domaine du tri-compostage, du fait qu’elles disposent alors
déjà de sites propres de traitement des déchets, et qu’elles sont déjà travaillé sous contrat avec les
deux circonscriptions urbaines ; les auteurs suggèrent le choix de l’ONG CTOM Emmaüs pour
Porto Novo et de DCAM-Bethesda pour Cotonou (cette ONG a démarré ses activités en 1995, avec
l’appui du CTOM Emmaüs, effectuant le tri-compostage d’une partie des déchets de Cotonou sur le
site de Hêviè). L’étude rappelle l’expérience de ces deux structures en matière de recyclage des
déchets et analyse de manière très détaillée les milieux physiques et humains de leurs deux sites de
traitement.
Le site de traitement du CTOM à Tohoué (à 5,1 km de la route bitumée Porto Novo-Cotonou) est
situé sur un terrain sableux du cordon littoral, à 7 mètres d’altitude. A plusieurs reprises, notamment
en 1995 dans le cadre du PRGU (voir supra), le CTOM a obtenu des contrats de traitement des
ordures de la ville sur ce site. Le rapport DESSEAU lui même insiste (p 6-26) sur l’intérêt de mettre
à profit du savoir faire du centre de tri du CTOM Emmaüs à Tohoué : « l’expertise et l’expérience
que ce centre possède dans les opérations de tri-compostage et dans la formation de spécialistes
dans le domaine sont largement reconnus et constituent un facteur facilitateur dans la mise en
œuvre du projet ».
Cependant, alors que l’aménagement du centre de traitement et d’enfouissement de Hêvié
(Cotonou) est retenu par l’étude DESSEAU, sur le principe de l’ « atténuation naturelle », option la
moins onéreuse, « c’est sur la base du même principe que le site de Tohoué est rejeté » en tant que
décharge finale de la CU de Porto Novo.
Selon l’étude, il serait en effet nécessaire d’étanchéifier le site de Tohoué pour minimiser
l’infiltration des eaux de lixiviation 102 dans la nappe située entre 2 et 3 mètres de profondeur dans
un terrain poreux et très perméable ; d’autant plus qu’au moment de l’étude, 97% des résidents de la
commune de Tohoué consomment l’eau des puits et que des bas-fonds humides se trouvent à moins
de 600m au nord, de 1000m à l’est et de 1500m au sud.
Compte tenu des coûts et de la difficulté technique de gestion d’un site avec imperméabilisation, le
rapport préconise donc de limiter les activités du site au tri et au compostage, et d’identifier un site
alternatif pour l’enfouissement situé sur le plateau nord de Porto Novo, sur un site à déterminer à 10
km, dans une zone accessible par voie bitumée et où la nappe phréatique est plus éloignée, ainsi que
la création d’une décharge intermédiaire. Sa mise en service serait réalisée ultérieurement, « en
tenant compte des acquis du site de Hêvié »103.
Dans cette perspective, le CTOM a donc entrepris d’acheter des terres (plusieurs hectares) sur le
plateau nord de la CU de Porto Novo, se tenant près pour un éventuel contrat avec la ville.
101
Dessau international, groupe dMB Inc, 1993. Etude de faisabilité pour la gestion des déchets solides et des eaux-vannes, rapport
final, Cotonou : MEHU, 244 p. (villes : Cotonou, Porto-Novo, Abomey, Parakou, Nattitingou et Lokossa)
102
Même si, toujours selon l’étude qui évoque des essais en laboratoire, la teneur essentiellement organique des déchets laisse
augurer d’une faible charge contaminante du lixiviat (étude DESSEAU, p 4-87).
103
Paradoxalement, le même rapport évoque de manière détaillée (pages 3-19 et 3-20) la réalisation d’un site de traitement et
d’enfouissement des déchets de la partie Est de Cotonou vers le site de Tohoué…
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b) 2001, lancement du PGDS à Cotonou.
Fin 2001, un programme d’application du projet intégré de gestion des déchets solides (PGDS) est
lancé dans la seule agglomération de Cotonou, toujours avec l’appui de la coopération canadienne
(OXFAM). Des bulletins trimestriels permettent d’en suivre l’évolution.
Le Programme s’est surtout attaché à définir le cadre institutionnel d’intervention des différents
acteurs (entreprise privées de collecte, élus locaux, circonscription urbaine) dans le but de
formaliser les relations/collaborations entre ces acteurs ; il vise à réglementer la précollecte, à
généraliser le zonage de la ville de Cotonou en 16 lots, définissant une aire d’intervention pour
chaque ONG.
Mais Porto Novo ne bénéficie pas de ce financement. A Porto Novo, la mise en oeuvre du
programme d’assainissement, suivant les principes préconisées par l’étude DESSEAU (précollecte,
points de transfert de proximité, décharge intermédiaire avec traitement, décharge finale pour
enfouissement), est à peine amorcée, et se fait à l’initiative de la DST (Direction des services
techniques) municipaux, mais -pour l’instant du moins- sans financement extérieur, sinon, dans
deux quartiers pilotes, l’appui du PGUD104.
Le CTOM obtient à plusieurs reprises des contrats avec la CU de Porto Novo, et est toujours
présenté comme un acteur incontournable dans tous les plans de gestion des déchets urbains du
Bénin. Mais on est frappé par le décalage entre ce capital d’expérience, de dynamisme et de
crédibilité et la situation actuelle, où le CTOM se borne à des activités de précollecte (notamment
auprès de collectivités, écoles, prison, centres de santé de Porto Novo) et de mise en décharge des
OM, ne se livrant plus au traitement que sur commande. La circonscription urbaine se borne à faire
appel ponctuellement au CTOM pour des déblaiements de dépôts (grâce à sa pelle mécanique et son
tracteur) ou le nettoyage de voies (dernier contrat sur lettre de commande en juin 2002).
Contrairement à Cotonou, il n’y a pas encore eu mise en œuvre, à Porto Novo, du Projet intégré de
gestion des déchets solides (PGDS). La faiblesse des rentrées fiscales, l’absence de bailleur
spécifique et le manque de volonté politique (la ville de Porto Novo n’a toujours pas de décharge
finale), se conjuguent sans doute pour expliquer la paralysie de cette expérience prometteuse.
D’autres motifs moins avouables ne sont peut-être pas à exclure, Mme Nganih étant réputé pour son
franc-parler et son intransigeance en matière de contrats. Le CTOM semble plus ou moins écarté de
certaines commandes ou appels d’offre locaux ; ainsi lors du choix d’une étude sur le projet de
décharge intermédiaire pour la ville, c’est l’ONG DCAM-Bethesda (Cotonou) qui a été sollicitée
(de gré à gré) pour évaluer le coût d’aménagement du site. (mai 2002).
104
Parallèlement , dans le cadre de la composante C du PGUD (qui concerne la dynamique locale et donc la gestion des
déchets urbains), une nouvelle étude doit prochainement être réalisée sur la gestion des déchets urbains à Porto-Novo et
à Parakou (financée par la BM). Les termes de référence de cette étude ont été envoyés à la BM pour agrément. Il s’agit
de proposer une gestion économique des déchets urbains dans les deux villes retenues, prenant en compte tous les stades
de la filière gestion des déchets urbains et débouchant sur une opération pilote. Mais en attendant la ville doit continuer
à tourner selon le statu-quo. En janvier 2002, un concours international a été lancé auquel 6 bureaux d’études ont
répondu. (selon TOSSOU Robert, SERHAU, Juriste, chargé d’étude en urbanisme, aménagement et gestion urbaine).
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Carte 21-Les projets de décharges de Porto-Novo (région urbaine
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4-3-1 le choix du site de la décharge intermédiaire :
Tenant compte de l’avis réservé du rapport DESSEAU sur le site de l’ONG CTOM à Tohoué, la
circonscription urbaine de Porto-Novo a choisi un site de décharge intermédiaire de 2 ha à Dowa,
quartier officiellement loti situé au nord ouest de la circonscription urbaine. Attribué par arrêté
préfectoral, le terrain est situé à l’extrémité du lotissement. Pas encore utilisé en août 2002, il a déjà
été délimité par une clôture de béton et barbelés, etc. Il ne reste que l’obtention du Titre foncier.
Cependant, le site choisi n’est pas meilleur que celui de Tohoué, ou que les lieux de décharges
sauvages, en outre, il est douteux qu’un traitement des déchets puisse y être mis en oeuvre : car il
s’agit du versant pentu d’un vallon humide en contrebas du plateau, tout près des berges
marécageuses sur la rive gauche de la Boué, rivière qui trace la limite ouest de la ville, et dont l’eau
est consommée pour la boisson par les populations rurales. Le terrain s’abaisse de 12 m en son point
le plus élevé à moins de 2,50 m d’altitude à sa base (pente de 4,5 à 5%) ! La zone humide est toute
proche pour recevoir les eaux de ruissellement qui se seront chargées d’éléments pollués en
traversant les zones de dépôts. En outre, dans la partie basse du site, la nappe est toute proche de la
surface : en août 2002, on pouvait observer son affleurement à 1,5 m de profondeur au bas de
l’enclos prévu pour la décharge.
L’étude d’impact, obligatoire depuis l’adoption de la loi cadre n°98-030 sur l’environnement du 12
février 1999 a été réalisée par un bureau d’étude indépendant (POLYTECH), mais pas encore
validée par l’ABE (qui doit fournir un « avis technique » avant soumission au Ministre pour
l’obtention du certificat de conformité environnementale105). Des aménagements en dur y sont
envisagés afin d’atténuer les risques de pollution de la nappe et du cours d’eau ; mais les pluies
risqueront d’inonder les installations … et rien n’est prévu pour la récupération et le traitement des
lixiviats106. Toujours en saison des pluies, les camions risquent de labourer la voie d’accès au dépôt
qui emprunte la terrasse et qui, pour l’instant, est en terre.
De leur côté, les riverains, nouveaux habitants du lotissement de Dowa, ont commencé à se
mobiliser contre ce projet lors de la tentative de mise en service de la décharge intermédiaire de
Dowa par la CUP de Porto Novo, creusant d’une tranchée l’accès au site afin d’empêcher le passage
des camions ; prenant à parti les représentants de la CUP venus visiter les lieux (juillet 2002),
arrachant et défonçant les poteaux de la clôture (observation d’août 2002). Il s’agit encore pour
l’instant d’une mobilisation spontanée, mais qui pourrait être relayée par des groupes de pression.
Ce n’est pas la première réaction de ce type ayant trait à l’implantation d’une décharge qui soit
observée au sud-Bénin107.
En mai 2002, la CUP a confié à la DCAM, (ONG déjà sous contrat avec la ville de Cotonou pour le
traitement de ses déchets), une étude pour définir le coût d’un protocole de traitement des déchets
de Porto Novo sur ce site, avant le transfert en décharge finale. Le rapport, rendu le 20 août 2002,
insiste sur l’inadéquation du site en raison notamment de la proximité de zones habitées, et suggère
de … déplacer les habitations !
Comme de toutes façons l’étude d’impact, réalisée par un bureau d’études –POLYTECH-, n’a pas
encore été validée par l’ABE, les riverains ont le droit pour eux, et, aux termes de la loi cadre sur
l’environnement, pourraient faire appel de la localisation de cette décharge auprès de l’ABE.
Dans le même temps, la CU de Porto Novo a soumis le dossier à l’ONG DCAM-Bethesda, qui
traite depuis deux ans les déchets de Cotonou sur son site de Hêvié afin qu’elle évalue la faisabilité
d’un centre de tri sur le site de Dowa. La DCAM a émis les plus grandes réserves, et chiffré le coût
105
Art 88, chapitre 1, titre 5 de la loi cadre « nul ne peut entreprendre des aménagements … sans suivre la procédure d’étude
d’impact … l’étude d’impact doit être faite et présentée avec la demande d’autorisation au ministre (…) celui-ci ne délivre
l’autorisation d’entreprendre ou d’exploiter l’ouvrage ou l’établissement ayant fait l’objet de l’étude d’impact après avis technique
de l’Agence. »
106
lixiviats : flux sortant de la décharge, correspond aux eaux de percolation de la décharge et au biogaz produit.
107
Un site avait été ouvert à Savi, à l’ouest de Ouidah, en 1999, pour y enfouir telles quelles les ordures en provenance de Cotonou.
Les paysans du lieu, (aidés par un curé !), s’opposèrent à une telle intrusion.
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d’aménagement du site à plus de 400 millions de F CFA. La CUP a décidé de surseoir à son choix
pour l‘instant.
Une alternative pourrait être offerte par le CTOM qui a récemment acquis des terrains en pleine
propriété (avec titre foncier) dans une zone lotie mais encore non construite dans le quartier de
Danto, à la limite nord (mais à l’extérieur) de la CUP, Il s’agit d’un site de plateau, suffisamment à
l’écart des habitations ; ces terrains représentent plusieurs hectares, dont certains sont déjà utilisés
comme décharge et pour la production de terreau, et qui pourraient aisément être aménagés pour le
tri et le traitement des ordures ménagères de la ville.
Troisième étape prévue dans le rapport DESSEAU, les ordures seraient acheminées, toujours par
camion, vers un site terminal en milieu rural où elles seraient “enfouies”. En application de ce
projet, un site est, à cet effet, en cours d’acquisition, sur un terrain de 50 ha attribué par le préfet à
Takon, dans la sous-préfecture de Sakété, à 23 km de Porto Novo. Le site (sur le plateau, mais à
proximité d’une tête de vallon) est déjà borné. Lorsque son affectation sera connue des riverains, on
peut s’attendre à des réactions de rejet si les choix se font d’une façon arbitraire et non négociée, car
le terrain est actuellement intensément cultivé (maïs, haricots verts, tomates, gombos) et bordée de
plusieurs villages.
Pour l’instant, il n’est pas prévu d’indemnité ou de compensation pour les communes réceptrices.
L’expérience de Cotonou pourrait servir d’exemple : dans la zone de Hêvié, où le sous-emploi des
jeunes constituait un problème social, l’ONG en charge des déchets de Cotonou (DCAM) a su se
concilier la population en embauchant une centaine de jeunes pour le tri et traitement des déchets,
en associant les notables à la gestion du centre, et en accompagnant divers projets de
développement local.
Mais à Takon, la situation économique et sociale est différente. Agriculture et trafics frontaliers
permettent d’occuper la main d’œuvre. Pour parer d'éventuels conflits fonciers avec les riverains108,
la mairie de Porto Novo a décidé d'acheter progressivement le terrain de la décharge finale. Et
effectivement 10 ha sont déjà achetés en 2001. Mais si l’achat permet de minimiser les tensions
foncières et les oppositions locales, il ne résout pas les risques de dysfonctionnement des centres de
traitement, et reste notamment en suspens la question des eaux de percolation et d’écoulement
d’une décharge appelée à atteindre une grande extension.
Le choix du mode de transport et des modalités de rémunérations des transporteurs pose aussi
problème : les camionneurs seront rémunérés selon le volume apporté. On peut imaginer que les
débris végétaux, pourtant incinérables sur place, feront partie des voyages du fait de leur
encombrement ! Ce sera sans doute la route vers Pobè qui sera mise à contribution.
Les citadins ne seront pas non plus épargnés car, si on leur enlèvera toutes leurs ordures, l’opération
à coup de camions, de transport à longue distance, d’engins enfouisseur, de nombreux manœuvres,
etc., reviendra fort cher … et leur reviendra assurément sous la forme de taxe à payer. On fait croire
pour l’instant que les autorités demanderont l’aide de bailleurs de fond internationaux ou autres en
misant sur la survie d’un système d’assistance pourtant décrié. Sans parler de la puissance
d’influence des camionneurs, sur lesquels reposera le système, et qui ne manqueront pas d’imposer
leurs exigences par les alliances qu'ils sauront développer.
En 1998, selon une petite enquête menée auprès de l’ensemble des ONG de précollecte de Porto
Novo, la quantité d’ordures collectées pouvait être évaluée à environ 89 m 3 par jour109. Il faut
ajouter à cette masse au moins un tiers de ce volume qui est acheminé par des collecteurs
108
Cf. pour éviter la répétition d'un conflit du type de celui qui a concerné le nouveau cimetière de Porto Novo, attribué aussi par la
préfecture et qui était situé à cheval sur la CU et sur la préfecture d'Akpro Missérété." Les jeunes d''Akpro Missérété ont manifesté et
fait pression, entraînant l’abandon de cet emplacement.
109
Enquêtes de DOSSOU-YOVO S., 1998 in Gestion urbaine et problèmes d’environnement : la collecte et le traitement des
déchets ménagers dans la ville de Porto-Novo. - Université Nationale du Bénin.
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individuels informels. On pouvait donc estimer à cette date là, que le volume d’ordures déplacé
chaque jour des lieux de production vers des dépotoirs par une main d’œuvre rémunérée avoisinait
150 mètres cubes, le reste étant rejeté, éliminé (brûlé) ou recyclé dans le cadre familial.
4-3-4- Non rentabilité commerciale des procédures de traitement des déchets organiques :
Les expériences passées, à Porto Novo (CTOM, JA), à Cotonou (DCAM) ou ailleurs nous montrent
que dans les conditions actuelles du marché et du niveau de vie de la population, les centres de
traitement ne peuvent être rentabilisés par la seule commercialisation des produits recyclés. Maintes
fois citée en exemple, l’expérience d’un tri-recyclage des déchets par compostage au centre de
traitement des ordures ménagères de Tohoué (au sud de Porto Novo) a ainsi tourné court faute de
débouchés pour le compost. Or cette expérience avait servi de base a tout le projet actuel de gestion
des déchets ménagers des villes de Cotonou et Porto Novo.
Sur la question du compost, les principales ONG qui ont tenté et qui ont diffusé l’expérience, à
Porto Novo (CTOM, Jeunesse Ambition) comme à Cotonou (DCAM) s’accordent sur l’insuffisance
de la demande locale, liée au prix élevé du compost (300F la brouette, 3000F le m 3) par rapport aux
engrais chimiques. Cette situation s’explique par la politique de développement agricole
productiviste héritée des années 70-80 qui a généralisé l’usage des engrais chimiques (ceux-ci
étaient subventionnés dans le cadre de la “ révolution verte ” prônée par l’ancien régime Kerekou ;
aujourd’hui importés -souvent frauduleusement- du Nigeria, ils sont toujours bon marché) ; le
contexte économique actuel aggrave les choses.
Le centre de Tohoué, conçu et choisi pour ce mode de traitement est ainsi devenu un simple centre
de formation ; la production se poursuit mais uniquement sur commande. Le CTOM (comme les
autres ONG qui s’étaient lancées dans le compostage, et notamment la DCAM qui a en charge le
traitement des déchets ménagers de Cotonou depuis 2 ans) privilégient aujourd’hui la production de
terreau, plus simple et moins coûteuse en main d’œuvre : il suffit de laisser les déchets en dépôt
pendant une saison des pluies puis de les tamiser pour obtenir un terreau utilisable pour les cultures,
mais uniquement les cultures non alimentaires, comme les plantes ornementales ou le coton fibre, à
cause de la contamination possible du substrat si certains déchets toxiques ne sont pas
préalablement triés (piles, par exemple).
Faut-il pour autant abandonner le principe même du tri-compostage ? A Cotonou, le principe a été
maintenu même si dans les faits la DCAM ne produit surtout que du terreau sur son site de Hévié.
Le principal problème est évidemment le coût des opérations de tri et recyclage que l’on cherche ici
à faire fonctionner dans une logique de marché alors que, dans les pays occidentaux, des procédures
équivalentes ne sont pas équilibrés par la revente, mais largement prises en charge par les
collectivités. Mais s’il s’agit vraiment d’un choix politique, il est clair que celui–ci pour être
cohérent devrait s’appliquer à toute la filière, jusqu’aux débouchés agricoles.
Pour élargir les débouchés du produit, les acteurs interrogés -CTOM et DCAM- suggèrent que le
compost soit subventionné de manière à baisser les prix de vente public, on peut aussi imaginer des
campagnes de promotion publicitaire du compost qui emprunteraient le média le plus suivi du pays,
la télévision. Mais
Il existe aussi, dans le secteur informel, de véritables filières de collecte à domicile et de revente des
déchets recyclables (traitement des boîtes de conserve, déchets métalliques, des huiles de vidange et
des pneus, dépotages dans les zones maraîchères) ; elles devraient être mises en évidence et
appuyées, plutôt que par rapport aux filières tronquées de plusieurs projets officiels ou
subventionnés.
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La récupération et le recyclage du métal
A Porto Novo et dans les environs, l’artisanat de la récupération et du recyclage est assez
développé, et se déroule pour l’essentiel dans un cadre informel : selon une enquête du CIPCRE
(mars 2002), environ 200 artisans et 50 collecteurs sont impliqués dans une filière qui concerne
surtout les déchets métalliques : boîtes de conserve, canettes en aluminium, épaves de voitures,
pièces usagées de véhicules etc.
La collecte des déchets s’opère sur les dépotoirs ou par démarchage de porte à porte (dans ce cas les
déchets sont achetés, à l’unité ou au poids). Il est le fait de tâcherons informels, souvent femmes,
enfants ou encore immigrés nigérians, pour les cas que nous avons étudiés.
L’impact de cette activité n’est pas négligeable pour contribuer à débarrasser l’espace urbain de
déchets non biodégradables. D’après les enquêtes du CIPCRE, certaines collectrices de boîtes de
conserve collectent jusqu’à 1000 boîtes par semaine.
Les déchets récupérés sont ensuite vendus aux artisans recycleurs, forgerons ou ferblantiers (qui ne
procèdent pas eux-mêmes à la collecte). Ainsi, 3 ferblantiers, travaillant individuellement dans un
même atelier, ont acheté 2084 boîtes de conserve à recycler en une semaine. M.A, forgeron suivi
pendant 15 mois par le CIPCRE (juin 99-oct 2000) a recyclé 27 épaves de voitures au cours de cette
période pour produire des récipients métalliques (seaux, arrosoirs, abreuvoirs etc.).
Les déchets plastiques représentent un cas particulier puisqu’il n’existe pas au Bénin d’unité de
production capables d’utiliser le plastique recyclé (l’usine SIP –société industrielle du plastique-
utilise des granulés importés). A Cotonou, l’ONG DCAM qui a mis au point une filière de
précollecte des plastiques et leur transformation en granulats (Agriplas) est obligée d’écouler sa
production en direction du Nigéria par l’intermédiaire de grossistes.
A Porto Novo, il existe cependant une filière informelle de récupération des plastiques : les
collecteurs informels d’origine nigériane (tous haoussa) du site d’Attakè, récupèrent les chaussures
plastiques sur les dépôts d’ordures et les collectent à domicile (dans ce cas elles sont achetées entre
5 et 10FCFA la pièce) ; elles sont ensuite revendues au Nigeria en gros sacs de plusieurs dizaines de
kilos (75 F CFA/kg) pour la production de plastique reçyclé.
- Les pêcheurs sont preneurs des pneus usés. Mais cette récupération est faite à un prix dérisoire( 50
à 100 FCFA le pneu) ; l’intermédiation se fait par les garagistes (notamment les apprentis).
- Les grosses piles électriques à charbon sont utilisées pour les soudeurs.
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- Les garages récupèrent les huiles de vidange à la source. La récupération se fait sans précautions
particulières ; l’huile sert au graissage des engrenages, à la lutte contre la gale des animaux
(particulièrement mouton), contre les odeurs des WC traditionnels, etc.
Après tous ces tris effectués à domicile et le passage des récupérateurs ne restent guère sur les
dépotoirs que des déchets minéraux, végétaux et les sacs de plastique déchirés110, les piles à mercure
(mais elle sont encore rares) les débris de verre, les emballages de médicaments, certains débris de
plastiques durs111.
CONCLUSIONS
- Les projets actuels de gestion des déchets ne tiennent pas suffisamment compte de l’existant, des
segments de filière qui fonctionnent, des expériences anciennes, du savoir faire d’acteurs parfois
informels, mais bien présents sur le terrain. Ils laissent de côté l’expérience ancienne et
internationalement reconnue d’une des plus anciennes ONG porto-novienne (le CTOM) en matière
de tri et recyclage des déchets. Celle-ci a pourtant inspiré tous les plans de gestion élaborés depuis
dix ans dans le cadre des divers projets de développement urbains (PRGU, PGUD), mais sans
déboucher (contrairement à Cotonou) sur une mise en pratique à l’échelle de la ville.
Dans l’état actuel de la filière déchets, qui aboutit à la mise en décharge pure et simple, on peut
donc se demander s’il n’est pas prématuré d’encourager la précollecte à un coût modeste pour les
ménages, et ce faisant de susciter une augmentation des masses d’OM brutes à déplacer. Peut-être
pourrait-on intensifier et rationaliser l’effort de précollecte dans les vieux quartiers denses ; mais
est-il judicieux de chercher à créer le “ besoin de collecte ” dans des quartiers périphériques peu
denses où les ménages récupèrent, recyclent, gèrent en interne une part importante de leurs
déchets ?
- Par exemple, dans le domaine de la récupération et du recyclage, plutôt que de créer de toute
pièce, et à renfort de subvention, des ONG au fonctionnement quelquefois bureaucratique, pourquoi
ne pas soutenir et développer les filières existantes dans le secteur informel. C’est d’ailleurs le sens
de la démarche du CIPCRE auprès des artisans ferrailleurs et fondeurs de Porto Novo 112. Il
conviendrait sans doute de mieux évaluer et quantifier le potentiel de cette filière en en établissant
une base de données localisées.
On pourrait étendre cette action au secteur des plastiques : mais est-il nécessaire de produire les
granulats sur place s’il existe un débouché régulier pour les plastiques au Nigéria voisin ?
- La volonté de faire de la filière de traitement des déchets une filière commercialement rentable et
« durable », sans subvention des pouvoirs publics est sans doute une gageure.
En effet, mis à part des pétitions de principes sur le “ traitement ”, la “ valorisation ” ou
l’enfouissement, rien de convainquant n’est concrètement prévu, ni dans les projets de dépôt
intermédiaire, ni dans celui de décharge finale, sur les prescriptions minimales à respecter
concernant le confinement, l'isolement du site, la collecte et le traitement des effluents, la
prévention des risques et les responsabilités, la surveillance des sites…alors même que dans les
pays bailleurs (Canada, France) des législations ont progressivement été mise en place dans ce
sens113.
110
A Porto Novo, l’ONG Qui dit mieux, subventionnée par des fonds allemands, confectionne des accessoires de mode (sacs à mains,
sacs à dos, chapeaux) avec les sachets plastiques tricotés au crochet. L’expérience semble anecdotique. Esthétiques et très appréciés
par une clientèle européenne, ces articles sont beaucoup trop onéreux pour le marché béninois et inadaptés aux goûts locaux (5000
FCFA le sac).
111
A noter cependant que le CTOM avait entrepris de créer une unité de recyclage du verre, mais stoppé ce projet car le coût de
l’énergie nécessaire entraînait des prix de fabrication supérieurs à la production initiale de verre.
112
CIPCRE, 2002.
113
Arrêté du 9 septembre 1997 relatif aux nouvelles installations de stockage de déchets ménagers et assimilés et à la mise en
conformité- Directive européenne du 26 avril 1999 relative à la mise en décharge
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- L’échec économique de la filière compost est une cause de déception des ONG qui s’y sont
investies et de leurs bailleurs : mais faut-il renoncer à la durabilité environnementale et sociale sous
le prétexte que la rentabilité économique n’est pas acquise ?
Nous pensons que si le développement durable a une valeur pour la collectivité sociale en tant que
telle, et pas seulement pour chaque usager en particulier, il a aussi un prix, à payer par cette
collectivité, sur arbitrage des pouvoirs publics. Ils serait illusoire de compter sur les seuls effets du
marché. Et même si la vente de compost doit se réaliser à prix subventionné, il serait dommage de
renoncer aux projets fondés sur ce mode de traitement des déchets, particulièrement approprié au
milieu biogéographique, et par ailleurs porteur d’avenir pour une agriculture qui chercherait à
évoluer.
Quelle ville moyenne occidentale peut se prévaloir d’une gestion à la fois intégrée, écologique et
rentable de ses déchets, sans injection d’argent public ?
Les élections municipales prévues pour décembre 2002 pourraient être l’occasion de débattre d’un
tel plan, avec ses implications financières non négligeables pour les populations citadines,
lesquelles sont supposées régler la facture finale sous forme de taxe pour les ordures.
Encore faudrait-il que la gestion intégrée des déchets solides ménagers soit appréhendée comme
relevant de choix et de responsabilités politiques locales, et pas seulement du domaine de
compétence, de financement et de pilotage de la coopération internationale…
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30 septembre 2002
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ANNEXES METHODOLOGIQUES
Annexe 1 : Liste des enquêtes et entretiens
Annexe 2 : Observation des quartiers et Enquête sur les pratiques des ménages
Annexe 3 : Etude de localisation et de caractérisation des dépôts d’ordures
Annexe 4 : Identification des ONG de pré-collecte à Porto-Novo.
Annexe 5 : Enquête sur les abonnés des ONG de pré-collecte à Porto-Novo Méthodologie et
rapport de coordination
Annexe 6 : liste des sigles et abréviations utilisés
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Annexe 1 LISTE DES ENQUETES et ENTRETIENS
1-1-ENQUETES
Etudiants enquêteurs
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1-2-PERSONNALITES INTERROGEES
Institutions publiques
ONG
114
Entretiens formels réalisés par : EDA : E.Dorier Apprill – NA : Noukpo Agossou EZ : Elidja Zossou. A titre indicatif, car la
plupart des personnalités mentionnées ont été rencontrées de multiples fois (notamment les responsables de la CUP, DST et ONG)
115
DCAM : Développement communautaire et assainissement du milieu, ONG basée à Cotonou, a commencé ses activités dans la
précollecte domiciliaire des déchets, le recyclage des déchets plastiques, avant de prendre en charge le traitement par tri compostage
des OM de Cotonou (contrat de 2 ans). Sous contrat avec la SERHAU SA pour l’animation des quartiers pilotes retenus dans le cadre
du PGUD (Cotonou, Porto Novo, Parakou).
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Sites visités116
116
E.Dorier-Apprill
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Annexe 2 : Enquêtes sur l’environnement des quartiers et les pratiques des
ménages
JC Barbier, 3 enquêteurs, Août 2001
Les enquêtes de terrain ont démarré en juillet-août 2001 par des enquêtes qualitatives auprès d’un
petit nombre de ménages (22 cas étudiés selon divers types d’habitat) et d’environnement (état
d’encombrement et de salubrité de la voirie comprenant un recensement des dépôts d’ordure, bilan
de l’action érosive et recensement des dispositifs anti-érosifs, état de la végétation).
Afin que ces études soient le plus possible représentatives de l’ensemble de l’agglomération, nous
avons procédé à des monographies de quartier selon un transect partant du centre de la ville vers la
périphérie qui, d’une part, traverse les divers types de tissu urbain existant (voir carte des tissus
urbains) et, d’autre part, qui se situent entre une partie Est de la ville marquée par une plus forte
immigration yoruba et une partie Ouest où domine encore le peuplement autochtone, en empruntant
un axe sud-nord. 5 quartiers ont été ainsi choisis et étudiés, en août 2001 (voir cartes 10 et 12):
Oganla-gare Est, Kandévié-Owodé, Houinmé-Ganto, Dodji (partie Ouest), Hounsa (sous-quartier
Setto Gbodjè).
Pour chaque quartier, nous avons réalisé un état des lieux cartographié concernant la salubrité de la
voirie, les aménagements anti-érosifs, la végétation, informés par des entretiens avec les autorités
locales et quelques ménages :
6) Guide d'entretien
quartier :
parcelle :
description des lieux :
propriétaire :
nom prénom,
adresse postale :
activités professionnelle / économique,
ici depuis quand ? à Porto-Novo depuis quand ?
lieux de résidence avant l’arrivée à Porto-Novo
niveau scolaire :
appartenance ethnique (ou langue parlée) :
pratique religieuse :
épouses
enfants
autres parents
autres personnes du ménage
qui est chef de ménage :
autres ménages dans la parcelle :
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gestion des ordures ménagères
à l’extérieur :
remblai d’un trou dans la rue, dans les herbes de la rue, dans un caniveau
comblement d’une carrière, d’un bas-fond
dans une parcelle voisine non occupée
qui va porter les déchets ?
tri :
sable, poussière et feuilles suite au balayage
déchets de la cuisine (épluchures)
huiles de friture
déchets de la table (os)
papiers
sachets en plastique
bouteilles en plastique
bouteilles en verre
boites de conserve, bidons en fer
morceaux de fer
morceaux de plastique
piles usées
huile moteur
batterie de voiture
pneus usés
caillasse de la construction
opinions
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Annexe 3 : Etude de localisation et de caractérisation des dépôts d’ordures :
Etienne Domingo
Géographe / Université d’Abomey-Calavi (Bénin)
La localisation et la caractérisation des dépôts d’ordures dans la ville de Porto-Novo est une étude
complémentaire de trois autres (1- Acteurs institutionnels, 2- Production et exportation des déchets,
3- Participation des ONG) L’objet est d’approfondir cet aspect de localisation des dépôts d’ordures
dans une réflexion générale axée sur la pertinence du système de gestion des déchets mis en place
dans la ville de Porto-Novo, depuis la source de leur production jusqu’à leur dépôt final.
Méthodologie
La méthodologie suivie est la recherche documentaire dans un premier temps, visant à
disposer des données permettant d’une part d’avoir un regard rétrospectif sur la localisation des
dépôts de déchets à l’échelle de l’ensemble de la ville de Porto-Novo, d’autre part de comprendre le
fonctionnement du système de gestion des déchets solides. Les sources prospectées sont notamment
la Direction des services techniques (DST / ex-Voirie) de la Circonscription urbaine de Porto-Novo
(CUP) ; la Société d’études régionales d’habitat et d’aménagement urbain – Société anonyme -
(SERHAU-SA), commanditaire de plusieurs études sur la question ; le Cercle international pour la
promotion de la création (CIPCRE), très actif dans le domaine des déchets dans la ville de Porto-
Novo ; l’Agence béninoise pour l’environnement (ABE), source d’information importante sur les
questions d’environnement ; le Département de géographie et d’aménagement du territoire (DGAT)
de l’Université d’Abomey-Calavi, producteur de mémoires de maîtrise entre autres sur les déchets.
Dans un deuxième temps, il a été organisé une campagne d’enquêtes de terrain en deux étapes.
La première étape a été consacrée au repérage des dépôts d’ordures sur la base du plan RFU
(Registre foncier urbain) de la ville de Porto-Novo et d’une fiche de relevé conçue pour les données
de localisation, de description de l’environnement du dépôt d’ordures et de description des dépôts
(forme, aspect et composition). Une deuxième étape a été un fucus sur le cas particulier du vallon
du Zounvi, zone humide utilisée comme débouché de tous les grands collecteurs et caniveaux du
bassin versant du Zounvi couvrant presque la moitié-ouest de la ville de Porto-Novo (1713,5 ha) (E.
Domingo, 1996).
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Les données collectées et leur analyse permettent de présenter la localisation et la
caractérisation des dépôts d’ordures d’au moins 10 m3, effectués dans les quinze communes de la
ville, en suivant les axes principaux et certains autres secondaires. On peut en tirer les questions
fondamentales de la gestion des ordures à Porto-Novo, ceci autour de trois points majeurs : la
répartition spatiale des dépôts d’ordures, la relation dépôts d’ordures environnement, l’évolution de
la localisation des dépôts d’ordures et les effets induits en matière de gestion urbaine.
NB : Cette enquête a donné lieu à la remise d’un rapport spécifique, dont les éléments ont pu être intégrés
tels quels au rapport final (chapitre 4) ainsi qu’à une base de données géoréférencées (cf carte 21) qui a été
utilisée en septembre 2002 par Mme la chef de CU pour planifier une opération d’éradication de dépotoirs :
si bien que la carte présentée dans le rapport n’est peut-être plus tout à fait d’actualité ! Au moins cette
enquête aura-t-elle eu des retombées opérationnelles immédiates …
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Annexe 4 : Identification des ONG de pré-collecte à Porto-Novo.
Par F.Tchibozo
117
Ce volet « itinéraire » n’a pas été abordé dans le rapport d’étude, et seuls 7 collecteurs individuels ont finalement été interrogés sur
un lieu de dépôt.
118
Le rapport d’étude ne contient pas de localisation précise, celle-ci a du être réalisée in extrémis en août 2002 dans le cadre de
l’enquête « abonnés » menée en collaboration avec l’OCGD.
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Le volume (estimé) des déchets : déchets produits par la ville entière :
Le volume collecté par l’ensemble des structures :
Le volume collecté par votre structure :
Sites de prédilection des dépotoirs sauvages :
bas-fonds / dépressions broussailles puits abandonnés
anciennes carrières ruines concessions non habitées
places publiques autres ………………….
Aboutissement des déchets collectés :
juste entassés recyclés / transformés enfouis incinérés
autres procédures ……………………………
Votre jugement sur l’activité :
œuvre utile peu considérée service public travail de fortune
Appréciation de la gestion actuelle des déchets :
mauvaise médiocre passable bonne assez bonne
Principales causes de la mauvaise gestion :
Suggestions :……………………………………………………………………………………………
A.1 Identification
Désignation : Société Association ONG Autre
Appellation / Sigle :
Date de création :
Siège :
Adresse du Président / fondateur :
A.1 Identification
Désignation : Société Association ONG Autre
Appellation / Sigle :
Date de création :
Siège :
Adresse du Président / fondateur :
NB : Cette enquête s’est finalement bornée à l’identification des structures, laissant de côté un certain
nombre de points qui étaient initialement prévus (localisation des abonnés et des sièges des ONG,
itinéraires des fondateurs d’ONG, mode de fonctionnement des collecteurs informels, analyse des coûts et de
la rentabilité des structures). Quelques enquêtes complémentaires ont heureusement pu être organisée peu
avant la fin du calendrier de recherche (en août 2002), mais tous les aspects prévus n’ont pu être couverts.
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Annexe 5 : Enquête sur les abonnés des ONG de pré-collecte à Porto-Novo
Méthodologie et rapport de coordination
Pr Noukpo AGOSSOU
E.Dorier-Apprill
Avec la collaboration d’E Zossou
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L'enquête sur les ONG de pré-collecte des ordures ménagères présentée en annexe 4 n’ayant pas
traité de la localisation des abonnés (comme c’était prévu dans le programme de l’équipe), une
enquête spécifique a du être organisée in extrémis, peu avant la fin du calendrier de recherche. Elle
s'est déroulée du jeudi 20/08/02 au 03/09/2002. Elle a été conçue en partenariat avec l’OCGD qui,
depuis plusieurs semaines, avait créé un « comité de zonage » destiné à réaliser le dénombrement et
la localisation des abonnés de ses membres, mais sans disposer des moyens de techniques
nécessaires, notamment de l’outil cartographique. Elle a été supervisée par le Pr ; Noukpo Agossou
avec la collaboration d’E.Dorier Apprill.
L’enquête a été précédée d'une séance de concertation, d'explication et de sensibilisation des ONG
membres de l'OCGD qui s'est déroulée le 21/08/02 au CIPCRE. Au début de la séance proprement
dite, le directeur national du CIPCRE, monsieur Elidja ZOSSOU, coordonnateur de l'OCGD, a pris
la parole pour expliquer l'objet de la réunion. Il a souligné l'intérêt et l'utilité pour les ONG d'une
telle enquête : facilitation de la tâche, concentration sur quelques zones pour un travail plus
efficace, le but ultime étant l'étude de zonage.
Les ONG présentes (Cf. liste en annexe) ont manifesté leur intérêt à travers les nombreuses
questions que les responsables posaient.
De façon pratique, un bilan était présenté en fin de journée par chaque enquêteur au moment de la
préparation du matériel de terrain (cartes et fiches d'enquête) pour le lendemain.
Entre le 20 août et le 2 septembre, 12 ONG ont été enquêtées. Deux ONG absentes lors de la
réunion de lancement n’ont pu être enquêtées dans le délai prévu (complément d’enquête en cours).
Deux des principales ONG de Porto Novo, ayant du interrompre plusieurs mois leurs activités n'ont
pas souhaité participer à l’enquête dans l’immédiat :
- Mawu Lolo (membre de l’OCGD, représenté à la réunion)., ayant interrompu son service de
précollecte deux plus de 2 mois pour cause de panne de matériel roulant, et ayant par conséquent
perdu, au moins temporairement, de nombreux abonnés.
- JA (membre fondateur, mais démissionnaire de l’OCGD et absent de la réunion de lancement de
l’enquête), Jeunesse Ambition venait juste de reprendre ses prestations fin août, mais ayant perdu de
nombreux abonnés à la suite d’une longue interruption n’a pas souhaité être enquêté à ce moment.
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ONG de précollecte des OM à Porto Novo
Enquêtées en août 2002 téléphone contact précollecte
ALES Association de Lutte pour un Environnement
Sain 49-11-08 Slyvie Pree
Association Vallée de Beraka
AVB 04-16-93 Blaise Cledjo
Association Ville Propre Bénin Barthélémy Goussanou
AVPB 22-26-98
Bio Performance 212721 / 01-53-
BIOP 63 Bénoit Dahoué
Cercle International pour la Promotion de la
CIPCRE Création 22-22-49 E. Zossou
Centre de Traitement des Ordures Ménagères 21-29-07 / 03-13-
CTOM 58 Pascal Aholiatin
Programme Bénin Propre
PBP 32-44-53 Hounkanrin Francis
Programme d'Assainissement & Protection de
PRAPE l'Environnement
Réseau Autonome de Renseignement &
d'Information
RARI 04-39-40 Samuel S. Gbenou
Santé & Développement Communautaire /
Association Développement Autocentré &
Sauvegarde de l'Environnement - Mathieu Kounta, Rémy Allodo,
SADECO/ADASE 21-41-42 Georges Ahoyo
Service Bénin Propre
La saisie informatique et cartographique des adresses de ménages abonnés a été faite parallèlement
au déroulement de l’enquête. Le 3 septembre, une séance de restitution et de concertation a été
effectuée par l’équipe de recherche, en présence du président de l’OCGD, des membres du comité
de zonage de l’OCGD, de Mme la chef de CUP (Mme Inès Aboh), du Directeur des Services
Techniques (Victor Zounmenou), du responsable du RFU de la Circonscription urbaine, des
enquêteurs et agents de saisie ayant participé à l’enquête. La séance d’exposés et de débats a duré
deux heures, au cours desquelles les participants ont pu observer et commenter les premières cartes
de localisation réalisées ; la séance s’est conclue par une proposition de Mme la chef de CU de
prolonger l’enquête auprès des ONG qui n’avaient pu être touchées dans le délai prévu (ASPD et
PSS), la CUP prenant en charge financière ce complément d’investigation (290 000 FCFA). Les
débats ont également porté sur le problème des points de transfert et de la décharge intermédiaire.
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Problèmes méthodologiques et limites de l’enquête
Dans la pratique, le travail ne s'est pas toujours déroulé selon les schémas pré-établis. Quelques
problèmes sans doute mineurs se sont posés aux enquêteurs. Ils sont liés à :
Prolongements de l’enquête
Cette étude vise à constituer une base de réflexion, de dialogue et de concertation entre acteurs
concernés par le zonage de la ville en aires d’intervention des ONG de précollecte.
Au sein de l’OCGD, elle permet de fonder sur une base objective les positions et l’importance
respective des différentes ONG.
Le 3 septembre, une séance de restitution et de concertation a été effectuée par l’équipe de
recherche, en présence du président de l’OCGD, des membres du comité de zonage, de Mme la
chef de CUP (Inès Aboh), du DST (Victor Zounmenou), du responsable du RFU de la
Circonspcrition urbaine, des enquêteurs et agents de saisie.
La séance d’exposés et de débats a duré deux heures, au cours desquelles les participants ont pu
observer et commenter les premières cartes de localisation réalisées ; la séance s’est conclue par
une proposition de Mme la chef de CU de prolonger l’enquête auprès des ONG qui n’avaient pu
être touchées dans le délai prévu, la CUP prenant en charge financière ce complément
d’investigation. Les débats ont également porté sur le problème des points de transfert et de la
décharge intermédiaire.
L’enquête a par ailleurs eu des retombées pratiques positives pour certaines ONG, leur permettant
de prendre conscience de problèmes organisationnels (organisation des parcours), de mieux
localiser leurs propres abonnés, de récupérer certains arriérés de recettes, grâce à la présence des
enquêteurs qui a en quelque sorte "impressionné" les ménages, ou encore de retrouver la confiance
perdue auprès de certains abonnés.
N.Agossou, E.Dorier Apprill, Porto-Novo/Marseille, le 22/09/02
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Annexe 6 : étude de la stratégie des acteurs institutionnels publics
par Noukpo Agossou
Avec la collaboration d’Elidja Zossou
Nous avons en premier lieu identifié les institutions intervenant ou susceptibles d’intervenir dans la
gestion des déchets urbains (gestion des déchets urbains), en distinguant les niveaux international,
national, et « territorial ». La liste des institutions identifiées est annexée au dit rapport. La réflexion
s'est faite sur la base des informations recueillies auprès des responsables, de l’analyse des
documents inventoriés et de notre propre connaissance et observation du terrain (non seulement en
tant que porto novien mais aussi en tant que membre du Conseil consultatif, de la Commission des
marchés publics de la ville de Porto Novo et du Conseil de réhabilitation de la ville de porto Novo).
Un rapide coup d’œil laisse apparaître l’inégal niveau d’intervention des acteurs d’une même
échelle. Ainsi par exemple au niveau national, le rôle du MEHU apparaît prépondérant bien
évidemment. De la même manière au titre des organismes relevant de ce département ministériel,
une place de choix revient à l’ABE. Quoi qu’il en soit dans le cadre de la décentralisation, c’est bien
à la ville qu’il revient de définir sa stratégie notamment dans le domaine de la gestion des déchets
urbains.
Après avoir identifié les principaux acteurs institutionnels publics, on a fait un inventaire
bibliographique des documents produits. La littérature sur la gestion des déchets urbains en général
et dans la ville de Porto-Novo en particulier est loin d’être indigente de nos jours. On peut même
dire que le thème présente de plus en plus d’intérêt pour différents auteurs, opérateurs, institutions.
La troisième étape consiste en l’analyse des documents les plus significatifs. L’objectif étant non
seulement de faire le point des écrits les plus marquants, mais d’en présenter une étude critique, de
faire ressortir les points forts, mais aussi les insuffisances, les aspects qui n’ont pas été abordés par
telle ou telle étude. Cette analyse des documents permet de confronter les discours avec la réalité,
de montrer les écarts entre les intentions avouées et les actions entreprises.
La quatrième étape est celle des entretiens avec quelques responsables d’institutions choisis en
fonction de leur importance stratégique (voir liste)
119
DCAM : Développement communautaire et assainissement du milieu, ONG basée à Cotonou, a commencé ses activités dans la
précollecte domiciliaire des déchets, le recyclage des déchets plastiques, avant de prendre en charge le traitement par tri compostage
des OM de Cotonou (contrat de 2 ans). Sous contrat avec la SERHAU SA pour l’animation des quartiers pilotes retenus dans le cadre
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Le rapport final de cette étude, rendu comme les autres en septembre 2002, a été précédé entre janvier et
août 2002 de nombreux et fructueux échanges d’informations, de documentation et de fichiers d’entretiens,
qui ont étroitement contribué à l’élaboration du rapport collectif.
E Dorier Apprill.
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BIBLIOGRAPHIE
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125
les rapports ont été rendus sous forme de fichiers, le nombre de pages a été calculé au même format d’interligne 1,5.
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