Biologie
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Biologie
1. Morphologie
Trois castes d’abeilles peuplent la ruche : les ouvrières, de loin les plus
nombreuses; la reine (ou mère), unique sauf rares cas (supersédure),
reconnaissable à son abdomen nettement plus allongé, et à sa démarche
particulière; les mâles ou faux-bourdons, présents en principe en période
de reproduction, plus gros et trapus, au bourdonnement caractéristique.
Morphologie générale :
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La mélanine, polymère de la tyrosine, possède une palette de couleurs
dans les tons jaune-brun-noir. Le corps est couvert de poils.
10 000 abeilles pèsent 1 kg; c’est en pesant une colonie qu’on peut donc
estimer sa force. On reconnaît les vieilles abeilles à ce qu’elles sont plus
lisses que les jeunes.
La tête
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Le spectre perçu est différent de celui de l’homme : l’abeille voit donc
des couleurs que nous ne voyons pas (du côté de l’ultraviolet), et
inversément. L’image que perçoit l’abeille provient de l’intégration des
images de chaque ommatidie, sous forme d’une image mosaïque
particulièrement bien adaptée à la perception du mouvement (l’œil
composé de l’abeille est capable de capter 300 images à la seconde !).
A la jonction de chaque facette est implanté un poil qui permet
vraisemblablement à l’abeille d’apprécier la vitesse du vent.
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Le pédicelle contient l’organe de Johnston qui sert à l’équilibre de
l’insecte, et lui permet de détecter la courbure antennaire, et ainsi la
vitesse de l’air quand il est en vol.
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Si la température monte au-delà de 40,5°C dans la ruche, elles ne peuvent
plus assurer la régulation et évacuent la ruche (font la barbe à l’entrée).
Les essaims aussi sont plus serrés quand la température est fraîche, plus
ouverts quand il fait plus chaud.
Le thorax
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Le peigne chargé est alors raclé par le râteau de la patte postérieure
opposée, ce qui le pousse vers la presse formée par l’articulation entre le
tibia et le tarse; la pelote se forme et monte dans la corbeille au fur et à
mesure de la récolte. Ramenées à la ruche, les pelotes seront tassées
dans les cellules par d’autres ouvrières.
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Les ailes sont des replis membraneux parcourus par les nervures, qui sont
des vaisseaux où circule l’hémolymphe (le sang de l’abeille).
Les ailes antérieures sont plus grandes que les postérieures; elles sont
munies d’un repli où peuvent venir s’ancrer des crochets (hamules) qui
bordent l’aile postérieure, de telle sorte que les ailes ne forment qu’un
seul plan pendant le vol.
Les nervures divisent l’aile antérieure en cellules, qui ont reçu chacune un
numéro. Le rapport entre les segments a et b de la cellule 33 - l’index
cubital - est un critère de race et la variation de ce rapport, un critère
de pureté de la race.
Une abeille non chargée peut battre des ailes 250 fois/seconde et
atteindre la vitesse de 8m/seconde (+/- 29 km/heure).
L’abdomen
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2. Anatomie interne (et éléments de biologie associés)
L’appareil digestif
Il comprend :
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- l’intestin grêle suivi par l’ampoule rectale et l’anus.
L’appareil excréteur
Il est très simple : environ 200 tubes de Malpighi reprennent les déchets
présents dans l’hémolymphe; ils débouchent entre l’estomac et l’intestin
grêle.
L’appareil circulatoire
La musculature
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Les glandes indépendantes
Il faut 1.250.000 écailles (0,8 mg) pour donner 1kg de cire. Les abeilles
bâtissent en faisant la chaîne cirière: une grappe d’abeille pend, têtes
vers le haut, maintenant la chaleur qui rend la cire malléable; elle
exsudent et pétrissent la cire qu’elles transmettent vers le haut. En haut,
des ouvrières construisent et se déplacent dans un désordre apparent
d’où sortira un rayon parfaitement régulier.
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Il semble que chaque abeille puisse percevoir à tout moment où en est la
construction de la cellule où elle se trouve, et contribuer à la poursuite de
l’édifice. Le rayon bâti sera toujours vertical; à bord d’un vol Challenger
en 1984, des abeilles, en apesanteur, ont néanmoins construit des
cellules fonctionnelles.
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L’appareil vulnérant
L’abeille meurt dans les heures qui suivent, des suites des blessures
internes provoquées par l’arrachement de l’appareil vulnérant.
Le dard sert à la défense contre les prédateurs, vertébrés (ours,
blaireaux, moufettes, oiseaux et... hommes) ou autres insectes (guêpes,
sphynx). L’abeille qui repère un prédateur émet une phéromone d’alarme
qui alerte les autres. Elles pratiquent parfois la menace avant de piquer
(bourdonnement particulier).
Les couleurs sombres, les textures rugueuses, les odeurs animales les
incitent à piquer.
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L’agressivité a une composante génétique, mais est fortement influencée
par les conditions du milieu: le temps orageux, le retour de la grisaille et
du froid après une période de beau temps, les dérangements fréquents
mettent les colonies de mauvaise humeur.
Les colonies peuvent se piller mutuellement. Ce comportement apparaît
surtout après la récolte d’été. On limite le pillage en rétrécissant les
trous de vol, lors de la récolte, en évitant les odeurs de miel frais au
rucher. Le pillage peut tuer la colonie pillée, privée de ses réserves, mais
aussi handicaper la colonie pillarde en entravant la ponte de la reine par
encombrement du nid.
L’appareil reproducteur
La reine
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La ponte de la seule reine doit permettre le renouvellement des abeilles
et la spectaculaire croissance de la colonie au printemps; en forte saison
de ponte (mai-juin), la reine déposera entre 1000 et 1500 oeufs par jour
dans le nid à couvain (jusque 200.000 par an).
C’est la capacité de la spermathèque qui détermine la longévité de la
reine : ce11e-ci est remplacée lorqu’elle est déficiente (après 2 à 5 ans de
ponte).
Le faux-bourdon
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Durant l’hiver et au début du printemps, la colonie ne contient en principe
pas de mâles; ceux-ci sont élevés exclusivement pendant la saison de la
reproduction. Les mâles sont sexuellement mûrs à 12 jours; dès 8 jours,
ils commencent les vols d’orientation qui les conduiront aux lieux de
rassemblement.
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3. Développement de l’abeille
L’oeuf
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Parthénogenèse
Chez l’apis mellifica, l’oeuf entreprend toujours son évolution, qu’il soit ou
non fécondé. L’oeuf fécondé donne toujours naissance à un individu
femelle (reine ou ouvrière).
Dans le premier cas, la cellule originelle contient 16 paires de
chromosomes, elle est diploïde. De même le seront toutes celles qui
proviendront de sa division.
Dans le second cas, la cellule de base ne contient que 16 chromosomes;
elle est haploïde et toutes celles qui en découleront le seront également.
L’individu femelle - reine ou ouvrière - a un père et une mère.
L’individu mâle, c’est-à-dire le faux-bourdon, n’a qu’une mère et son
premier ascendant mâle est le père de la reine, c’est-à-dire son grand-
père.
La larve d’abeille
La larve ressemble à un
ver de couleur blanc
nacré incurvé
ventralement,
contrairement à l’oeuf.
Cinquante à cinquante-
cinq heures après sa
naissance, l’embryon né
de l’oeuf se divise en
segments.
Initialement, une
séparation permet de
distinguer d’une part la
tête ou céphalon, d’autre part le tronc.
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Plus tard, d’insignifiantes rainures apparaissent sur l’ensemble du corps,
plus marquées sur la partie centrale.
- Les six premiers vont édifier la tête et portent les rudiments des
yeux, des antennes, des mandibules (supérieures et inférieures) et
de la lèvre inférieure. Ils sont difficilement identifiables.
- Les treize segments suivants sont à l’origine du thorax avec ses
appendices (pattes et ailes) et de l’abdomen.
- Les deux derniers segments embryonnaires disparaissent pendant
l’évolution sans laisser de traces.
La larve est un asticot blanchâtre sans yeux, sans pattes, sans antennes
ni aiguillon, possédant des pièces buccales simples qui ont seulement
besoin de lécher les quantités copieuses de nourriture placées dans la
cellule par des ouvrières nourrices. La plupart de la cavité du corps est
remplie par l’intestin antérieur et la poche rectale, avec les glandes
salivaires sécrétant les enzymes et les tubes excréteurs qui sont les
autres structures internes principales.
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Après quoi, la larve est scellée dans sa cellule par un opercule de cire que
les ouvrières construisent, parfois avec un peu de nourriture, qui sera ou
non mangée. Les derniers jours de la vie larvaire sont consacrés à la
construction d’un cocon; à l’intérieur de la cellule, la larve se déroule et
s’étend dans sa cellule, avec la tête dirigée vers l’opercule et commence à
tisser le cocon avec ses filières, qui deviendront les glandes salivaires
thoraciques de l’abeille adulte. La larve déféque très tôt dans son cocon.
Les fientes brunes ainsi qu’une substance plus claire provenant des tubes
excréteurs constituent les autres matériaux utilisés pour la construction
du cocon. Ce dernier stade larvaire est considéré comme étant le stade
prépupal puisque la dernière mue larvaire comprend une métamorphose en
pupe. La larve prépupale commence à prendre l’apparence d’une abeille
adulte juste avant que la peau soit déchirée, et suivant la mue les formes
de l’abeille adulte se manifestent dans la pupe. Les ailes pourtant
apparaissent comme de petits coussinets attachés au thorax. La durée du
stade larvaire varie entre les castes et les races d’abeilles, avec les
reines au plus court temps de développement larvaire suivies par les
ouvrières puis les mâles. Le temps de développement des larves est
généralement considéré comme la durée de la période larvaire non
operculée, puisque celle-ci est la plus facile à observer.
Les pupes
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Après cette mue finale de l’exosquelette, l’adulte reste à l’intérieur de la
cellule pendant plusieurs heures pendant que la nouvelle cuticule durcit.
Pour émerger, les imagos commencent par utiliser leurs mandibules pour
perforer l’opercule de petits trous, et, comme ils tournent à l’intérieur de
la cellule, les antennes sortent souvent par ces trous. Les opercules de
cire sont manipulés avec les mandibules et fixés à la paroi de la cellule, où
les ouvrières adultes les prennent pour operculer d’autres cellules. Après
des efforts considérables et des essais manqués, l’abeille naissante
finalement élargit suffisamment la cellule et sort.
Une fois sur le rayon, l’imago étale ses ailes et antennes, laisse sécher les
poils de son corps et commence ses activités.
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4. LA DIVISION TEMPORELLE DU TRAVAIL
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Pendant les 3 premiers jours, elle est chargée de nettoyer les cellules de
ses consoeurs qui viennent d’éclore.
Ensuite, et jusqu’au 13ème jour, elle a en charge le couvain qu’elle doit
nourrir, d’abord les larves les plus âgées puis les plus jeunes. Grâce au
pollen qu’elle consomme, ses glandes nourricières se développent de plus
en plus et lui permettent de remplir cette mission. A partir de cet âge,
elle effectue d’autres travaux intérieurs : nettoyer la ruche, expulser les
déchets et les abeilles mortes, tasser le pollen dans les cellules, invertir
le nectar ou le miellat pour en faire du miel, produire de la cire et
construire des rayons et enfin boucher avec la propolis les fentes de la
ruche ou entre les cadres.
Du 18ème au 20ème jour, elle sera gardienne au trou de vol, devra assurer la
ventilation, l’aération, la régulation de la température et aussi entrepren-
dre de temps à autre des vols d’orientation de plus en plus éloignés de la
ruche. Alors, elle deviendra butineuse jusqu’à la fin de sa vie. Elle devra
rapporter tout ce dont la colonie a besoin : nectar, miellat, pollen, eau et
propolis.
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5. LA DANSE DES ABEILLES
Dès qu’une nouvelle source de nourriture apparaît, elle est aussitôt visitée
par les butineuses. Si par exemple l’apiculteur abandonne un rayon de
miel, il est immédiatement assiégé par les abeilles qui vont arriver de plus
en plus nombreuses pour profiter de l’aubaine. Une seule abeille, qui aura
découvert le rayon, aura dirigé toutes les autres vers cet endroit.
La communication transmise dans la ruche contient toutes les
informations indispensables qui se traduisent par une danse.
Rentrée dans sa ruche, elle exécute une danse circulaire sur un rayon et
pendant ce temps, elle sera suivie et tâtée par ses consoeurs. Le sens de
la rotation s’effectue alternativement vers la droite puis vers la gauche.
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Si cette source est éloignée à plus de 100 m, les éclaireuses exécutent
alors une danse “frétillante” qui fournit plus de précisions que la danse
“en rond”. Elles communiquent ainsi non seulement la direction, mais
également la distance exacte déterminée par le nombre de frétillements
par une unité de temps. Si par exemple la source se trouve à 1.000 m, la
danse sera exécutée avec 4 à 5 frétillements pendant 15 secondes.
L’angle formé par la direction de la source au départ de la ruche, par
rapport à la position du soleil est également indiqué.
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Les abeilles utilisent un correcteur de temps couplé avec l’estimation de
la position du soleil, de sorte qu’elles corrigent le mouvement du soleil
pendant le temps du vol et généralement peuvent retourner à la colonie si
le soleil est caché. Elles corrigent la dérive due aux vents latéraux en
obliquant leur corps pendant le vol.
6. Les phéromones
Les phéromones sont des “odeurs” utilisées par les abeilles pour
communiquer entre elles. Elles sont perçues par les récepteurs
antennaires. Elles sont connues pour fonctionner dans les réactions
d’alarme et de défense, lors de l’accouplement, pour l’orientation, la
reconnaissance de la colonie et l’intégration des activités de la colonie.
Nombre de ces substances ont été identifiées (acides gras insaturés, par
ex. les substances de la reine, 9-OAD et 9-HDA; esters, par ex. acétate
d’isoamyle, substance d’alarme du dard…), mais d’autres ne sont que
soupçonnées sur base d’expérimentations sur le comportement des
abeilles.
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Odeurs produites par les ouvrières
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Odeurs produites par la reine
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Une autre hypothèse qui avait été envisagée pour la transmission des
phéromones était les contacts par échange de nourriture (trophallaxie) ;
en effet, la distribution à la colonie d’un sirop de sucre avec marquage
radioactif permet de se rendre compte que ce sirop pouvait être
distribué en quelques heures à la plupart des ouvrières de la colonie. Le
nombre d’échanges de nourriture semble toutefois trop faible pour
expliquer la transmission des phéromones dans la ruche.
Autres phéromones
Les sécrétions mandibulaires des mâles attirent les autres mâles vers les
lieux de rassemblement.
Les odeurs de couvain stimulent le butinage (surtout le pollen) et
préviennent le développement ovarien des ouvrières.
Enfin, les abeilles reconnaissent à l’odeur leur colonie, et sont capables de
différencier leurs soeurs de leurs demi-soeurs - elles élèvent de
préférence une reine qui est leur vraie soeur. Cette reconnaissance
n’empêche pas les abeilles de se “tromper” assez fréquenunent de ruche;
elles rentrent alors sans difficulté dans les ruches voisines. Ce
phénomène, qu’on appelle la dérive, peut fausser l’appréciation de la
qualité des colonies quand il favorise systématiquement les mêmes ruches.
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