Gerard Figari - Evaluer - Quel Referentiel PDF
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Gerard Figari - Evaluer - Quel Referentiel PDF
quel référentiel?
Avec une préface de Jacques Ardoino
Gérard Figari
MÉTHODOLOGIE
DE L4 RECHERCHE
Évaluer: que1 référentiel?
c --
0 LIVRARIA ESCOLAR EDITORA
-
Gérard Figari
O De Boeck-Wesmael s.a. 1994
Rue des Minimes 39 - B 1000 Bmxeiles
Toute reproduction d'un extrait quelconque de ce livre, par quelque procédé que ce soit, et
notarnment par photocopie ou microfilm, est stnctement interdite.
Pnnted in Belgium
ISSN 0779-9276
D 199410074165 ISBN 2-8041-1911-4
Au jeune philosophe d o n t le regard
étonné e t critique porté sur cet ouurage
fut si salutaire, a Joel, mon fils.
TABLE DES MATIÈRES
Préface ........................................................................................
Introduction ....................................................................................
La question ................................................................................
Les t e m e s du débat ...................................................................
1 Les dispositifs éducatifs : objets de notre temps ..............................
La notion de dispositif éducatif ......................................................
Les interrogations ........................................................................
2 L'évaluation des dispositifs :
quelles réponses a Ia demande ? ...................................................
Conceptions et définitions ............................................................
Demandes et pressions ................................................................
Problèmes posés .........................................................................
Recherche d'une réponse théorique et méthodologique ...................
3 Le recours au référentiel en éducation et formation ........................
Une notion fréquemment utilisée ..................................................
Un contexte d'évolution des cadres de références ...........................
Du cadre de références au référentiel .............................................
Concepts en cascade :
référent. référentiel. référentialisation .............................................
1 Référent. référentiel .....................................................................
2 Redevances et distinctions ............................................................
Le référentiel cartésien .................................................................
Le référentiel en linguistique .........................................................
3 Référentialisation .........................................................................
4 Apports des concepts de modèle et de système ..............................
4.1 Référentiel et modèle ............................................................
4.2 Référentiel et système ...........................................................
8 Table des rnatières Table des ma- 4
1 L'évaluation
1 Le diagnostic
2 Diagnostic et
- DIIIII
FT LU
2 L'audit de Ia f o r r r . i
1 L'audit des etablisi
~ t - ..
.
112
Analyser n'est pas évaluer ................................................................................... 113
trôle que j'ai élaborée, a partir de 19752, et qui se retrouve dans l'ouvrage
D'une évaluation en miettes à une évaluation en acte3, écrit en collabora-
tion avec Guy Berger. C'est peut-être ainsi I'occasion, avec cette préface, de
creuser un peu plus ces différentes notions. Le travail de la langue (ou des
langues) employée(s), fait, en effet, cruellement défaut chez les formateurs,
comme chez les décideurs politiques, ou les gestionnaires, préoccupés par
I
I'évaluation. O n s'en tient trop volontiers, en ces milieux, a l'unidimen-
sionnalité d'un langage ((passe-partoub),médiatique, administratif.. . La lit-
térature intéressant les ((projetsd'établissemenb), le ((partenariat)),les ((objec-
tifs)),les ((compétences)),les ((curricula))peut en attester a l'envi.
ia notion de référence tient probablement ses principaux sens de Ia lo-
gique et de Ia linguistique, constituant ses registres d'emplois les plus actuels.
I
A partir du latin referre, littéralement rapporter, voire attribuer, se consti-
!r
tuent dans notre langue, notamment au cours du dix-neuvième siècle, les ter-
mes : référence, référencer, cadre et système de références, ((référé))(Droit),
référer, référent et référentiel. La référence est une action, tantôt celle de se
référer par rapport a quelque chose, a des coordonnées, a des repères, par
exemple, pour se situer, tantôt celle de se rapporter a quelque chose de
préexistant et d'extérieur a soi, pour fonder, authentifier, assurer, une
opinion, un jugement, un témoignage, un récit. ia première acception con-
duit a I'idée d'un cadre ou d'un système de référence, et se rapporte tou-
jours, au moins implicitement, a I'espace ou a I'étendue, tandis que Ia se-
conde implique surtout la caution d'une autorité. Au pluriel, les références,
qu'on peut demander, a de futurs employés ou a des fournisseurs, de pro-
duire, c'est-a-dire de montrer, d'exhiber, sont des attestations destinées a ac-
créditer I'idée qu'on peut leur faire confiance. Un peu dans le même sens,
des catalogues, des échantillons pour les marchands de tissus, des ((nuancierç.
chez les imprimeurs quand ils travaillent Ia couleur, serviront également de
références. De son côté, le référé est une action juridique a portée unique-
ment conservatoire, qui tend a résoudre provisoirement, et dans des délais
relativement plus rapides, une situation ou un problème pendants, sans pour
autant préjuger du ((fond))de Ia question qui fera éventuellement I'objet d'une
autre instance. Le terme référentiel est utilisé en physique par Louis de
Broglie comme synonyme de ((cadre))ou de ((système))de références, après
avoir été employé en mathématiques. Les géologues emploieront a peu près
les mêmeç mois ou expressions, a propos du globe terrestre.
Pour les sciences du langage, le référent est, d'abord, une chose du
monde réel a laquelle se rapporte un item linguistique. Est alors désigné
comme référentiel ce qui est censé se rapporter au monde réel (objectif) par
opposition aux sentiments (çubjectifs)des locuteurs. ia référence est, de son
4. Ençemble des caract8res communs aux individus constituant une classe donnée et, le cas
échéant ensernble des traits perrnettant de donner Ia définition du terme.
5. Pour M. Goblot, connotation et cornpréhension sont d'abord pris cornrne synonyrnes, mais
certains uréfèrent réserver Ia notion de connotation au conceut et celle de cornuréhension
a I'idée. ~ fA.. Lalande, Vocobulaire technique et critique d e Ia philosophie. ~ a r i sPUF,
,
1947.
6. La dénotation du concept est I'ensemble des objets qu'il peut désigner.
7. L'ensernble des objets, réels ou idéaw, concrets ou abstraits, awquels s'applique un élé-
rnent de connaissance.
8. G. Frege, Uber Sinn und Bedeunung, traduit en français : Ecrits logiques et philosophi-
ques, Paris. C. Irnbert, 1972.
9. F. Jacques, Dialogues, Paris, PUF, 1979.
10. D. Vernant, art, référence, in Encyclopédie philosophique uniuerselle, ((Lesnotions phi-
losophiques~~, dictionnaire, T. 2, p. 2198. Paris, PUF. 1993.
11. Très expliciternent, certains rnots de Ia langue ne peuvent d'ailleurs avoir de référence qu'en
fonction du contexte irnrnédiat (J.-F. Le Ny, art. référence in Grond dictionnoire d e Ia
psychologie, Paris, Larousse, 1992, p. 656). Ce sont les indexicaux (pronoms dérnons-
tratifs, pronorns personnels, adverbes.. .). Mais, tandis que les spécialistes y voient surtout
des cas particuliers, ils nous sernblent, en outre, avoir pour rnérite de nous rappeler que
tous les rnots d e Ia langue obéissent finalernent plus ou rnoins a c e q u e les
ethnornéthodologues, héritiers de Ia phénornénologie interactionniste, appelleront plus tard
indexicalité du langage. La cohérence sera donc en linguistique Ia relation renvoyant
un pronorn relatif a un rnot ou a une expression antérieur(e) dans Ia phrase ou dans le
texte.
tôt fonction de Ia nature même de Ia communication et des processus d'alté-
ration qu'elle suppose, avec les incidences des intentionnalités et du jeu pro-
pre des affectivités au niveau des langues naturelles.
Le référent ainsi défini (être ou objet originaires d'une réalité extra-lin-
guistique, telle que découpée par I'expérience, auxquels renvoie un signe lin-
guistique) a été très vite rejeté de Ia problématique proprement linguistique
(avec Ia théorie saussurienne du signe), mais les travam sur I'énonciation et
b communication lui ont redonné par Ia suite une statut sémiologique (ob-
14. Grâce à eux, I'enfant localise les objets par rapport a lui-même. En fonction des sens (sys-
tPmes d e capture) impliqués o n parlera d e référentiels oculocentrés, orocentrés,
manuocentré. Certains de ces systèmes peuvent s'emboiter les uns dans les autres. Ainsi
les référentiels oculocentré et orocentré s'articulent a I'intérieur d'un référentiel
céphalocentré.
15. L'enfant localise te1 ou te1 objet particulier, dont il a besoin, ou qui I'intéresse, par rapport
a d'autres objets ou caractéristiques de son environnement qui font alors office de repères.
Mais il peut y avoir des référentiels egocentrés actualisés où I'enfant se montre capable
d'intégrer et de prendre en compte les caractéristiques spatiales de ses mouvements et dé-
placements propres.
16. Pour les référentiels exocentrés, Ia localisation est, par définition, indépendante de I'obser-
vateur.
17. G. Lukaw, Histoire et conscience de classe, Paris, Ed. de Minuit, 1960.
18. J. Gabel. La fausse conscience, Paris, Ed. de Minuit, 1962.
Cette hétéro-référenciation appellera a son tour Ia notion d'auto-réfé-
rence, qui nous retiendra quelques instants encore au terme de ce vagabon-
dage terminologique. Dans le Dictionnaire critique de Ia c o m m ~ n i c a t i o n ~ ~ ,
P. Livet distingue les différentes implications de celle-ci; logiques (non-
démonstrabilité),paradoxologiques (indécidabilité)ou pragmatiques (réflexivité).
Ce sont surtout ces dernières qui nous intéressent, ici, dans Ia mesure ou
eles posent, tout a Ia fois, le caractère nécessaire des contenus implicites de
tout discours relevant des langues naturelles, et les conditions rendant possi-
ble. ou limitant, I'explicitation de ces contenus implicites, au niveau des ac-
tes d'énonciation, d a n s une situation et pour des partenaires donnés. Dans
Ia communication, I'intentionnalité propre des uns et des autres reste prise
aux jeux du désir, aux liens imaginaires des processus transférentiels et aux
rêts inconscients des mécanismes de défense de chacun des interlocuteurs,
autant qu'elle obéit aux décrets plus généraux de Ia raison pratique. Ce sont
ces données implicites de Ia communication, constituant une opacité natu-
relle et continuellement renouvelée, qui fondent I'indexicalité du langageZ0et
qui permettent de comprendre que si une logique de l'information se donne
bien pour idéal Ia pureté, Ia fidélité, I'absence de distorsions, de bruit et de
parasitage, il ne saurait en aller de même pour Ia communication qui, elle,
Iégitimera par Ia force des choses ((l'infidélité))et Ia ((trahison))a partir d'une
visée de réappropriation, donc d'altération et de métissage. A Ia diffé-
rence des vues traditionnelles de la linguistique et de Ia pragmatique, cette
réflexivité apparait, ici, inépuisable. Elle ((échappe))parce qu'elle se recrée,
indéfiniment ressourcée par sa durée même. L'altération est histoire plus en-
core que mémoire.
L'évaluation tient fortement a un te1 paradigme. C'est parce qu'elle est
tout autant auto-référence que rapport a des référents extérieurs à sa dé-
marche, comme le suggèrent déjà les pistes linguistiques et pragmatiques que
nous venons de survoler, que I'évaluation est naturellement contradictoire"
en ce qu'elle met en jeu des registres (praxis, poiesis) inspirant des modeles
épistémologiques irréductibles les uns aux autres : logique, mécanique, bio-
logique; privilégiant I'universel ou le particulier... Comme le voulait Roland
BarthesZ2,elle est alors proprement une fondation de valeur. Son carac-
tère problématique I'emporte largement désormais sur ses dimensions ins-
trumentales. L'optimisation technique ne suffit donc jamais a épuiser les dif-
ficultés qu'elle suscite ou rencontre. Le caractère toujours quelque peu am-
phigourique de son discours ne tient ni a une insuffisance d'éclairage, ni a m
défauts de Ia méthode. Janus bifrons, Ia nature de I'évaluation est fonda-
19. Sous Ia direction de L. Siez, T. 1, 2, Concepts transversaw, pp. 231-233, Paris, PUF,
1993.
20. Ici, au sens ethnométhodologiquedu terme ~(indexicalité))(Bar Hillel, in Mind, 1950).
21. Plus encore, finalement, que le caractère paradoxal sur leque1 les systémiciens, I'école de
Palo-Alto notamment, préfèrent insister.
22. R. Barthes, R. Barthes, Paris, Seuil, 1975.
rnentalement double. Ce sont des visées, indéfinies si ce n'est infinies, qui
constituent les projets auxquels elle s'applique, avant même les objectifs,
les stratégies et les programmes, aussi définis que possible, qui s'efforce-
ront de traduire ensuite ces finalités, pour les rendre opératoires. Si l'évalua-
tion implique bien une situation de communication (ADMEE, 1990), les ma-
t é r i a ~les plus signifiants qu'elle puisse recueillir en vue d'un traitement ré-
sident aux marges de I'organisation formelle (du discours, de Ia situation, de
I'action ...), dans le non dit plus encore que dans l'énoncé. Le type d'appro-
che caractérisant de telles pratiques évaluatives est. en ce sens, ((clinique)),
associant l'écoute a l'observation, requérant I'interprétation. Jeux et
enjeux constituent bien deux ordres d'univers qu'on tente d'articuler, autant
en vain qu'avec succès, du reste. Quand on parvient a s'accommoder de I'un
et de I'autre «...ordre et désordre convenablement maniés expliquent ou du
moins rapprochent bien des c h ~ s e s ) Les ) ~ ~processus
. inscrits dans une tem-
poralité, plus facilement polémiques, interfèrent constamment avec les
procédures qui veulent en rendre compte, en modifiant ou en hypothéquant
celles-ci, au besoin, a partir de Ia négatricité propre aux organismes vi-
vants et intelligents dont ils procèdent. C'est en cela que les outils d'in-
vestigation employés n'ont plus grand chose a voir avec I'analyse classique,
plus appropriée aux diverses formes de controle, notamment a I'audit, qui,
contrairement a l'image suggérée par son étymologie, ne mobilise finalement
que le regard d'une inspection panoptique. L'évaluation d'une situation, quand
elle ne s'abime pas dans Ia mesure, est finalement un travail d'ordre ethno-
logique, conférant un statut positif a I'intersubjectivité, créant littéralement
la notion d'objet-sujet. h, ou une homogénéisation reste toujours plus
ou moins attendue de Ia construction d'un référentiel c'est Ia reconnaissance
(multiréférentielle ?) de l'hétérogénéité qui est sans doute proprement
évaluative. Que devient alors I'évaluateur dans un te1 contexte ? Si Ia fonc-
tion de contrôle peut effectivement constituer un métier, a partir du moment
ou elle est généralement exercée par des agents appropriés, toute assimila-
tion hâtive dans le domaine de I'évaluation serait incontestablement malen-
contreuse. Un regard associé a une écoute, impliqués différemment parce
que venant aussi de I'extérieur, I'apport méthodologique éventuel d'une per-
sonne-ressource, pour utiles qu'il soient, ne doivent jamais permettre d'oublier
Ia fonction auto-référentielle et réflexive liée, avant tout, au groupe ou aux
individus, auxquels elle se rapporte, et, par voie de conséquence, attachée a
leurs productions respectives. A proprement parler, c'est donc a un double
mouvement de référenciation [construction du. des référent(s) externe(s)]
et de référentialisation [élaboration du, des référent(s) interne(s)]qu'entend
nous sensibiliser Ia méthode de G. Figari.
Cet ouvrage constitue une étape dans un itinéraire de recherche sur I'éva-
luation éducative. Une étape, c'est-a-dire a Ia fois Ia fin d'une série d'épreu-
ves et le temps d'arrêt préparatoire a Ia suivante.
11 s'agit en effet de réaliser Ia synthèse d'un certain ombre de travaux se
rapportant a I'évaluation de situations de formation. Mais une synthèse n'est
pas une somme, de même que le tout n'et pas uniquement l'addition des
parties : elle consiste ici a reconstruire a Ia fois I'objet d'évaluation (le dispo-
sitif éducatif) et I'approche méthodologique (ce que I'on appellera Ia
référentialisation). Au fil des études et des recherches entreprises, ces deux
dimensions ont livré a I'auteur un sens ajouté : celui des effets de toute orga-
nisation éducative en tant que telle sur les résultats de I'éducation et de Ia
formation. Pour accéder a ce sens, i1 est apparu nécessaire de définir les
référents d'une telle évaluation. Or une étude systématique de Ia notion de
référent ne pouvait pas ne pas rencontrer les ((référentiela,instruments très
répandus dans I'enseignement technique et dans Ia formation professionnelle.
On s'apercevra que cet ouvrage remet en question I'utilisation de ce terme
pour définir des programmes, et qu'il en repropose une lecture et une utili-
sation différente sous le terme de référentialisation.
Le cadre étant posé (le dispositif) et Ia méthode fondée (Ia
référentialisation) restera a résoudre I'ensemble des problèmes relatifs a I'in-
terprétation des informations livrées par les dispositifs évalués : le rôle des
différents processus en cause dans I'enseignement et I'apprentissage et le sens
que leur attribue I'évaluation.
INTRODUCTION
La question
quoi on évalue, et de partager cette réflexion avec tous les acteurs concer-
nés (c'est-a-dire brièvement les évalués comme les i( évaluateurs ))), acteurs
(( ))
un dispositif, ce sont tous ses acteurs que I'on entreprend d'évaluer, et c'est
avec eux que I'évaluation fonctionnera.
Maintenant, le lecteur peut entrevoir le titre développé de cet ouvrage :
« Evaluer les dispositifs éducatifs : que1 référentiel ?
))
- ;
Les termes du débat
rnent ?
Mais on constate fréquemment qu'une réponse (par exemple te1 ou te1
résultat Óbtenu : Ia réussite a des examens ou toute autre procédure de qua-
lification) dépend d'une autre réponse (par exemple un mode de recrutement
ou de fonctionnement : Ia sélection ou I'organisation des apprentissages). La
structure éducative comporte donc bien des caractéristiques propres, elles-
rnêmes en interaction, qu'il parait nécessaire - selon les cas - d'élucider, de
construire ou de reconstruire, si l'on veut comprendre sa conception ou en-
visager son évaluation. Mais Ia notion de structure désigne des réalités fort
différentes selon qu'il s'agit de macrostructures (le système scolaire en est
(( ))
- Le dispositif éducatif
Utiliser cette expression c'est poser I'hypothèse selon laquelle le dispositif
n'est pas une simple catégorie descriptive des systèmes de formation, mais
qu'il est, par lui-même éducatif qu'il joue un role formateur.
(i )),
truit d'action collective » défini par Crozier et Friedberg (1977) faisant I'objet
d'un projet d'apprentissage ou d'une opération d'évaluation :
- a long terme et localisés (établissements scolaires et de formation, orga-
nismes internes de formation d'entreprises, d'administrations ou de col-
lectivités)
- occasionnels et circonstanciels (= cycles de formation, sessions de for-
mation de formateurs ou d'enseignants, projets de modification d'une or-
ganisation.. .).
Dans tous les cas, i1 sera question de voir, avec quelles caractéristiques et
sous quelles conditions, le dispositif pourra être éducatif c'est-à-dire utili-
(( ))
nelle : une partie d'entre elles sont a rechercher dans Ia modification pro-
fonde des pratiques de formation et d'enseignement, ainsi qu'au niveau de
I'organisation des dispositifs permettant Ia mise en ceuvre de procédures socio-
cognitives adaptées aux situations.
Le dispositif souvent circonstanciel et éphémère, est un produit de
(( )),
Les interrogations
Le role joué par les dispositifs éducatifs est difficile à étudier dans Ia mesure
ou ces derniers ne sont pas aisément séparables de leur contexte : ils fonc-
tionnent dans I'intervalle entre I'organigramme du système scolaire ou de for-
mation et Ia situation quasi individuelle d'apprentissage. Néanmoins, si I'on
veut comprendre sinon connaitre cet espace trop souvent abandonné au 10-
28 Introduction
tics (échec scolaire, désintérêt pour Ia formation et les études) et des re-
cherches de solutions (moyens accrus, dispositifs de renforcement). I1
s'agira donc d'expliciter ce qui relève de ce qu'on appellera l'induit.
Ce niveau de traitement serait-il a Ia fois indiscutable (les solutions pa-
raissant automatiques et évidentes) et passif (seules des mesures organi-
sationnelles et politiques étant nécessaires aux intéressés) ou bien serait-
il conditionné par les méthodologies utilisées et par le degré de compré-
hension et de participation des acteurs ?
- comment expliquer, accompagner et conduire I'élaboration des projets,
des programmations, des curricula ? On tentera alors de mieux compren-
dre Ia construction des dispositifs, en examinant les processus (représen-
tations, comportements, évolutions) et les procédures (négociations, créa-
tions de situations, stratégies de pouvoir et de décision) qui définissent
I'action éducative proprement dite. On I'appellera le construit.
- comment, enfin, observer et interpréter les formes manifestes, et même
volontairement données a voir, de cette action ainsi que ses effets, c'est-
a-dire sa production ? On s'intéressera donc aux caractéristiques des pro-
jets finis et surtout a Ia manière avec laquelle les résultats et les effets
sont établis, analysés et mis en valeur, c'est-a-dire au produit.
Conceptions et définitions
Nous amvons ainsi au sujet même de I'ouvrage : les problèmes posés par
I'évaluation des dispositifs éducatifs. I1 nous reste donc a définir I'évaluation,
ou du moins, car beaucoup d'autres I'ont déja fait, a désigner, parmi les nom-
breuses et diverses conceptions (et définitions) de I'évaluation en éducation,
celles qui serviront, a leur tour, de référence. On prendra les plus simples,
les plus générales, afin de pouvoir les appliquer, dans une même visée, aussi
bien aux apprentissages individuels qu'aux stnictures et aux dispositifs. Celle
de J. Cardinet (1986, p. 13),d'abord : une démarche d'observation et d'in-
terprétation des effets de l'enseignement, visant a guider les décisions nécessai-
res au bon fonctionnement de l'école 1). On peut aussi rappeler celle formulée
par Stufflebeam (1980) : le processus par leque1 on délimite, obtient, et
fournit des informations utiles permettant de juger des décisions possibles )).
Demandes et pressions
La demande d'évaluation est forte.
La demande sociale, tout d'abord, exprime un désir de compréhension
des phénomènes scolaires, une attente de 11 sorties du système qui soient
))
Problèmes posés
Face a ces demandes, les réponses sont multiples et ne vont pas sans poser
de problèmes parmi lesquels on relève :
la confusion qui règne autour d e la notion même d'évaluation : se-
lon les opérations menées, il lui est en effet attribué le sens de controle. de
vérification, de comparaison d'indicateurs, de mesure du niveau, de sanction,
etc. C'est dire que I'évaluation comme processus de régulation des appren-
tissages cogéré par les partenaires éducatifs n'apparait pas toujours de ma-
nière évidente aux intéressés, au premier rang desquels, bien sur, figurent
les évalués ;
Ia confusion des rôles qui en résulte entre les décideurs (responsables
d'institutions, auteurs de dispositifs d'évaluation), les instances de controle
(corps d'inspection par exemple), les évaluateurs externes (dont il va être ques-
tion ci-après), les acteurs de base (formateurs ou enseignants et apprenants) :
les uns collaborent-ils avec les autres ? Aucun de ces partenaires n'est-il pas
I gêné par l'évaluation de I'autre ? Leurs intetventions sont-elles complémen-
taires ? Sont-elles comprises par les intéressés ?
Ia tendance à la professionnalisation de la fonction d'évaluation.
Les pratiques, les méthodes et le langage devenant effectivement de plus en
i
plus spécialisés, mais surtout, les institutions étant de plus en plus désireuses
de disposer d'obsetvatoires variés et le plus souvent indépendants, on assiste
a l'anivée sur le terrain d'experts, de consultants, de conseillers, d'auditeurs,
! autant de professionnels de I'évaluation. Deux conséquences contradictoires
(mais qui ne s'annulent pas réciproquement) peuvent en être déduites :
- on peut penser que l'évolution est bénéfique dans Ia mesure où elle per-
met a I'évaluation en formation de sortir de l'artisanat et de I'empirique
qui Ia caractérisait pour devenir plus technique, plus experte et plus juste
E lorsqu'elle fait appel au regard extérieur ;
- mais on peut aussi craindre I'émergence d'un nouveau pouvoir dans les
(et autour des) organisations : celui des évaluateurs. Et le corollaire, s'il
était amené a exister, serait inquiétant : Ia déresponsabilisation des ac-
teurs qui pourraient penser que I'évaluation ne serait pas leur affaire mais
celle des spécialistes.
Recherche d'une réponse théorique et méthodologique
Réponse théorique
L'évaluation concernant les dispositifs pose les mêmes problèmes que l'éva-
luation concernant les individus. O n entend souvent le contraire : les institu-
tions, organismes, structures relèvent d'autres champs conceptuels (Ia socio-
logie des organisations, l'analyse des systèmes, Ia psychologie sociale, l'eth-
nographie, I'analyse institutionnelle, etc.). I1 est vrai que nous avons besoin
de ces lectures pour comprendre le fonctionnement des dispositifs éducatifs.
Mais il s'agit Ia d'éclairages apportés par la recherche, non d'évaluation pro-
prement dite.
Ainsi, on retrouve les deux approches bien connues :
- I'approche normative rappelle Ia dimension normative de la note, du clas-
sement attribués aux élèves dans une perspective comparative. Elle prend
la forme d'indicateurs (taux de réussite ou d'échec, par exemple) per-
mettant de classer les établissements ou les écoles (cf. les palmarès pu-
bliés dans la presse). Le dispositif est alors évalué comme un objet ;
- I'approche critériée rappelle I'émission du jugement porté sur Ia produc-
tion de I'apprenant en fonction du critère annoncé, dans une perspec-
tive de progrès et de réussite individuelle. Elle prend Ia forme d'un réfé-
rentiel interne, sorte de cahier des charges ayant prévu les critères de
réalisation et d'évaluation des activités de formation. Le dispositif est alors
également évalué comme un sujet disposant d'autonomie et peut-être
même d'un projet.
Sur le plan théorique, Ia réponse est donc a chercher dans Ia définition cor-
recte de ce qui est a évaluer. On ne peut en effet évaluer qu'un objet (c'est-
adire un établissement, une organisation, un service, un dispositif) déja re-
péré, défini, circonscrit, ayant donné lieu a une description de ses finalités,
de ses fonctions, de ses spécificités - un objet en quelque sorte conceptua-
lisé.
Rbponse mbthodologique
On voit bien que, face a une telle complexité, il devient indispensable de disposer
d'un cadre de références par rapport auquel il deviendra possible d'envisager, non
une accumulation d'études distinctes, mais une évaluation de Ia spécificité et des ef-
fets du dispositif tout entier. La réponse est donc a chercher dans Ia référentialisation,
c'est-adire dans l'interrogation et le dévoilement d'un système de coordonnées réa-
lisé en fonction du dessein/dessin que les acteurs peuvent en esquisser.
3 Le recours au référentiel en éducation et formation
Les deux premiers éléments constitutifs du thème de cet ouvrage viennent
d'être définis : évaluer les dispositifs éducatifs. I1 reste a en présenter le
troisième : avec que1 référentiel ? Si Ia question est ainsi posée, c'est qu'ef-
fectivement, en accord avec tous les auteurs, i1 n'est pas envisagé d'évalua-
tion sans recours implicite ou explicite a un système de références. Les in-
certitudes ou les divergences portent plutôt sur Ia façon dont on peut accé-
der a ce système de références qu'on appellera alors peut-être « référentiel ».
diplôme ... ces expressions sont devenues monnaie courante dans les mi-
))
Ces questions se posent d'autant plus que les cadres de références reIatifs
aux mésostructures sont l'objet de fortes évolutions. On peut en effet, sans
crainte de se tromper, émettre I'hypothèse selon laquelle, en France tout au
moins, se vit actuellement une rupture entre un ancien système d'éducation
et de formation professionnelle, centralisé autour d'un modèle de référence
national, et une nouvelle forme d'organisation locale sinon plus autonome,
du moins plus interpellée parce que plus investie par les attentes sociales.
Cette évolution prend des formes diverses comme Ia décentralisation régio-
nale, les projets d'établissements les systèmes de formation de plus en
(( )),
COMPRENDRE
LA NOTION DE RÉFÉRENTIEL
C'est A partir de trois exemples, pris dans des contextes divers, que I'on ten-
tera d'introduire la réflexion sur les fonctions jouées par les référentiels : dans
I'enseignement d'une discipline, dans une instance de formation profession-
nelle et dans le cadre d'un système éducatif tout entier.
Voici, a titre d'illustration, des éléments d'un exemple tiré des Unités
du Domaine D4 (Français) (Ministère de 1'Ed. Nat., 1982, p. 16) :
))
cornpétences
caractéristiques
11 situations possibles critères de réussite
Le référentiel dont est tiré cet extrait comporte en fait deux dimensions :
- le découpage d'un champ disciplinaire par capacités e n lieu e t
place des contenus :
Ia réjérence n'est plus la somme descriptive des savoirs constituant la
discipline et par rapport a laquelle se justifierait le choix de séquences
d'enseignement, mais plutôt une liste hiérarchisée d'objectifs désignant
des capacités jugées constitutives de compétences sociales (savoir com-
muniquer, etc.) auxquelles Ia maitrise de Ia discipline peut prétendre con-
duire. Paradoxalement, alors que le recours au programme comme
(( ))
vironnement ...)))
tiellement une description des tâches et des fonctions souhaitées par les
décideurs.
ne pas savoir répondre.. . mais qu'il n'est pas inutile de se poser du type : ))
de rubriques que nécessaire pour recueillir des données et des projets qu'il
est envisageable de trouver dans une institution éducative.
Pour utiliser ce guide, l'essentiel est de choisir son point d'entrée, de
((
Voici, à titre d'illustration un extrait des questions posées aux trois ni-
veaux indiqués (appelées questions fondamentales », questions principales »,
(( ((
analyse des effets attendus ou questions précises ))) placées ici en pers-
(( )) ((
pective, dans un tableau reconstitué par I'auteur (p. 32). Seules les premiè-
res rubriques d'un passage du document sont reproduites : pour examen ex-
haustif, le lecteur est invité a se reporter a Ia publication en question.
1 Référent, référentiel
Afin de ne pas se limiter au réemploi d'une terminologie que I'on soupçonne
par ailleurs de ne constituer que la version provisoire d'une notion plus ri-
che, i1 convient tout d'abord de refaire le chemin na~fdes définitions. II n'est
pas inutile d'examiner les origines du mot et les modifications de sens surve-
nues avec les dérivations, ainsi que de repérer I'emploi du terme référen-
((
tiel)) dans d'autres champs scientifiques afin de mieux mesurer les contrain-
tes mais aussi les libertés que peut apporter I'utilisation d'une famille de con-
cepts utiles a une approche théorique de Ia conception et de l'évaluation des
dispositifs de formation.
Référent
Au début de Ia chaine considérée, le référent, concept apparemment fixé,
donne lieu a des utilisations très précises chez les auteurs en matière d'éva-
luation :
44 COMPRENDRE L4 NOTION DE RÉFÉRENTIEL
de valeur est porté ...Dans son statut, le référent appartient a I'ordre des re-
présentations d'objectifs ... (Barbier, 1985, p. 294) ; le référé quant a lui
))
rait alors en une réflexion (pour ne pas Ia réduire a une mesure) sur l'écart
entre le référent (qui fixe I'état final nécessaire ou souhaitable et j oue un
(<
Référentiel
Le terme de référentiel, dérivé du terme précédent, est utilisé dans d& do-
maines différents et semble se prêter a des manipulations et a des interpré-
tations très diverses.
On ne s'attardera pas sur l'adjectif qui conserve le sens du nom réfé- ((
rent » et désigne par Ia nature de son suffixe iel» une propriété du nom
((
qu'il accompagne (= tout ce qui renvoie a) et que I'on trouve par exemple
dans Ia M fonction référentielle du langage. Mais employé comme substan-
))
2 Redevances et distinctions
ii a &é prdcddemment fait appel d'une pah A des ddfinltions générales, d'autre
part à des utilisations courantes, dans le monde de Ia formation, de Ia no-
tion de référentiel Mais a partir du moment où il a été avancé qu'il s'agissait
(( )).
Le référentiel cartbsien
En mathématiques, Ia notion de référentiel cartésien désigne le système qui
consiste a situer un point dans I'espace par rapport a des axes (a 2 ou n
dimensions) : c'est en définitive ce qui permet d e repérer la position d'un
objet par rapport a un ensemble d'autres objets qui jouent le rôle
d e N système d e référence ».
Cette définition élémentaire invite h rétablir, parmi les usages qui çont
faits de cette notion dans les milieux éducatifs, le statut des données comme
éléments de référence, données devenant a leur tour échelles de détermina-
tion de coordonnées. II faudra bien alors distinguer ces données de référen-
ces des objectifs et des normes qui constituent souvent les éléments es-
(( ))
Le référentiel en linguistique
Schérna 1
recherche d'une réference a
signe objet
(expression : établissement) (établissernent)
Dans notre champ d'études, on pourrait dire que les pratiques courantes d'éva-
luation partent au contraire de I'objet existant (un établissement a évaluer)
qui n'a pas encore de signification (sauf celle d'appartenir a Ia catégorie des
établissements), et cherchent des signaux de cet objet, signaux porteurs
(( ))
Schéma 2
recherche d'indicateurs
objet r signe
(établissernent a évaluer) (descripteursde I'établissement)
Mais si I'on regarde de plus pres ces pratiques et les méthodes employées,
on s'aperçoit d'un fonctionnement sensiblement différent. En effet, l'obser-
vateur n'aborde I'objet qu'avec un ensemble de présupposés, de catégories
descriptives préformées (instrumentées ou implicites) : il part bien lui aussi
de signes, de discours composés de concepts qu'il va tenter de référer à une
réalité :
Concepts en cascade :référent, référentid, référentialisation 47
Schéma 3
- La fonction référentielle
Dans Ia distinction que Ia linguistique a opérée entre Ia fonction dénotative
(ou référentielle) du langage, essentiellement informative, e t Ia fonction
connotative qui fait appel au contexte, on retiendra tout d'abord les défini-
tions de Ia première de ces fonctions : Ia fonction référentielle.
La fonction référentielle, comme le terme l'indique, met en relief le
référent d'un signe : elle renvoie a I'existence objective d'une chose définie
(= le signe arbre renvoie aux arbres existants) soit dans un système général
de signes (= I'arbre comme catégorie de végétaux dont I'existence est réper-
toriée), soit dans le cadre de I'expérience (= te1 arbre du jardin), par rapport
a deux systèmes de coordonnées distincts :
- dans le cadre d'une insertion dans /e système général des signes qui
servent a Ia définition, cette fonction appelée dénotation linguistique »
((
- Apports de Ia linguistique
De Ia fonction dénotative, il convient de retenir Ia distinction essentielle en-
tre Ia dénotation linguistique (paradigmatique) et Ia dénotation référentielle
(syntagmatique).La première désignant le modèle général qui détermine une
partie prévisible des formes prises par I'objet (dans notre champ d'étude, il
s'agira des caractéristiques générales du dispositif repéré comme appartenant
a une classe connue, comme les établissements scolaires) ; Ia seconde dési-
((
3 Référentialisation
Au risque d'abuser de Ia dérivation, I'emploi du mot référentialisation per-
(( ))
rent Elle recoupe d'autres concepts par rapport auxquels on doit égale-
)).
ment pouvoir Ia situer. Parmi eux, on notera celui de modèle qui vient
(( ))
~
les critères et les indicateurs de saisie de Ia réalité a évaluer.
- En linguistique, le modèle est souvent défini comme une construction qui
tant Simmel (1981), cet auteur exprime l'idée selon laquelle la connais-
sance des phénomènes sociaux n'est possible qu'a partir du moment où
le sociologue organise le réel a l'aide de systèmes, de catégories ou de
modèles sans lesquels les faits sociaux constituent un univers chaotique,
sans signification.
On peut aisément transposer cette remarque aux champs d'investigation
constitués par les dispositifs éducatifs : comment traiter cette masse d'in-
formations fournies actuellement sur le fonctionnement de l'établissement
scolaire (pour continuer a exploiter I'exemple privilégié dans ce chapi-
tre), sans avoir recours a ce qui pourrait être un modèle d'évaluation de
I'établissement ? La procédure de référentialisation consisterait précisé-
ment à organiser Ia recherche d'une connaissance du dispositif autour
d'un éventuel modèle (systémique, stratégique, curriculaire...).
(groupe en formatíon)
système A système régulé système B
(environnement
psychosocial)
I I
(système institutionnel
supportant Ia formation)
sance de I'objet nous est acquise.. .en lui attribuant des projets ; dans le se-
))
Apports a Ia référentialisation
I1 n'en reste pas moins que, conformément au modèle systémique, Ia
référentialisation constitue un ensemble de procédures qui tendent a :
- fixer comme préalable Ia définition des finalités du système a traiter ;
- récupérer I'information pour Ia remettre en circuit après traitement dans
le fonctionnement du système : Ia référentialisation fait I'objet d'une ré-
gulation de Ia même manière que Ia boucle de rétroaction permet d'as-
socier un système a ses effets a travers un dispositif correcteur ;
- traiter Ia complexité qui constitue une double caractéristique essentielle
(( ))
du système :
- en termes de complexité structurelle, lorsque I'on est amené a cher-
cher de quoi le système est constitué et que l'on débouche sur un
répertoire d'éléments définis et reliés,
- en termes de complexité fonctionnelle, lorsque I'on tente de com-
prendre pour quoi le système est fait afin de disposer d'un cahier
des charges définissant les postes de travail, les besoins, etc.
Dans les exemples qui seront évoqués par Ia suite, on s'apercevra que
les projets et les dispositifs éducatifs relèvent de cette double complexité :
au niveau des définitions mêmes, on remarquera ainsi que les Projets d'Ac-
tions Educatives (PAE) relèvent de Ia complexité fonctionnelle, que les
dispositifs d'audit peuvent relever de Ia complexité structurelle et que les
Projets d'Etablissements conjuguent les deux caractéristiques. Certes, on
notera ensuite que comme pour toute forme de classement, il y a ma-
tière a recoupements, mais les fonctions que ce modèle amène a décrire
vont constituer des éléments utiles au (1 référentiel ».
- étudier une situation en utilisant un système d'explication reconstruit de
manière artificielle. Berbaum, en reprenant les travaux de Von Bertalanffy
(1980) et de Morin (1977) rappelle Ia dimension artificielle d'un système :
Concepts en cascade :référent, référentiel, référentialisation 53
Le statut opératoire
Le statut méthodologique
che d'un principe qui rende compte de I'existence d'une unité de sens des
mésostructures éducatives a construire tout au long de l'investigation.
Cette réflexion constitue le dernier stade de Ia conceptualisation entre-
prise autour de Ia référentialisation a Ia suite de ce qui a été esquissé pré-
(( ))
les résultats de l'audit, non de manière absolue (ce qui paraitrait impen-
sable) mais relativement a un cadre hypothétique clairement identifié.
- dans les procédures d'analyse de situations inductrices de formation, Ia
référentialisation jouera le role de délimitation d'un contexte dans un en-
vironnement multiforme, fixant ainsi un cadre par rapport auquel les dia-
gnostics pourront être argumentés.
- dans I'établissement scolaire enfin, face a de nombreux référentiels dis-
ponibles, Ia lisibilité des résultats dépendra de la compréhension par les
acteurs de Ia reconstruction locale d'éléments provenant des différents
référentiels en présence : Ia reférentialisation consistera a justifier et a
nommer les critères qui présideront a I'évaluation.
On utilisera donc ici ce schéma qu'on appellera, par son abréviation com-
mode, le schéma ICP (= Induit-Construit-Produit) censé reproduire les di-
(( ))
aussi I'individuel ;
- au H construit correspondrait le champ des formes institutionnelles de
)) ((
Ces trois dirnensions sont apparues a ce point associées qu'on serait tenté,
de ce fait, de les relier dans une structure unique a trois pôles :
construit
induit 4 produit
exernple, qui d'une part ne ferait pas réfléchir ou auquel les acteurs
n'auraient pas participé (= le construit), et qui d'autre part n'agirait
pas sur les effets (= le produit) ?
- du construit : que voudrait dire, dans ce cas, un processus de con-
(( ))
certation sans fin qui d'une part ne se serait pas appuyé sur des don-
nées et des diagnostics (= l'induit), et qui d'autre part n'aurait pas
pour fin une décision ou une action (= le produit) ?
- du produit k) : que1 sens aurait alors une réalisation ou un programme
((
tre une « production ; mais cette dernière constitue a son tour un phé-
))
nomène inducteur de nouvelles données qui influent sur les autres pôles,
etc.
Le schéma ICP, ainsi provisoirement posé, doit pouvoir :
- répondre a des fonctions d'explication mais aussi de réalisation des dis-
positifs éducatifs,
- donner lieu a des applications.
situations
connaissance des commandes
déterminants contraintes induit
connaissance des
fonctionnements i
définition des
contenus -1 t savoirs
décisions
produit
facilitation des
réalisation
processus cognitifs i 1 situations
méthodes
du systbme -I
régulation et évolution changement
production I
explicatiin
téleologique - i finalités
valeurs
6.5 Applications
Trois applications au moins du schéma ICP sont d'ores et déja envisageables.
Elles consistent a :
1. décrire le fonctfonnement d'un dispositif autour d'un systdme
d e dimensions stabilisé, dans Ia mesure ou on a dit et on va voir qu'un
dispositif éducatif n'est jamais complètement le fruit du hasard ni d'une
volonté unique, et qu'il comprend peu ou prou des dimensions constitu-
tives incontournables (orientations, contexte.. .) influant sur le choix des
contenus de formation et sur les performances. Le repérage des indica-
teurs de ces dimensions peut alors permettre de poser un diagnostic (=
évaluation, audit) ou d'opérer des renforcements (= évaluation formative,
modifications des curricula) ;
2. référer l'évaluation d'un dispositif a un modèle, dans Ia mesure
ou l'on sait que l'évaluation, ici comme ailleurs, n'est pas une opération
distincte, indépendante, mais qu'elle est partie prenante de Ia concep-
tion du dispositif, et qu'elle se construit en fonction d'un modèle des-
criptif et téléologique de I'objet a évaluer ;
3. construire un référentiel spécifique a chaque dfspositif, dans Ia
mesure ou un te1 modèle permet de justifier une méthodologie et de re-
lativiser la valeur d'un référentiel et a fortiori la pertinence de son utilisa-
tion.
60 COMPRENDRE LA NOTION DE RÉFÉRENTIEL
Le schéma ICP n'est que le résultat tout à fait provisoire d'une tenta-
tive de disposer d'un principe explicatif du fonctionnement des dispo-
sitifs éducatifs. II pourrait constituer un instrument au service de ce qui
a été appelé ici Ia référentialisationet qui se propose de doter d'un sup-
port rationnel Ia description d'une pari et Ia conception, Ia conduite et
I'évaluation de ces dispositifs d'autre pari.
La nécessité de disposer de modèles de fonctionnement des disposi-
tifs de formation parait en tous cas de plus en plus nécessaire dans
une époque de crise et d'évolution de nos systèmes éducatifs. Face a
cette situation, il est clair que les savoirs, les méthodes ou les solu-
tions techniques ne manquent pas, mais qu'en revanche, faute de ca-
dres de références renouvelés et disponibles auprès des acteurs, les
modifications et les réformes peuvent continuer a demeurer incompri-
ses, donc mal réalisées, donc sans effets.
Deuxième partie
RETROUVER UN RÉFÉRENTIEL
PAR CANALYSE
DES SITUATIONS ÉDUCATIVES
présente tout d'abord dans ses généralités mais aussi dans une globalité
difficile a saisir) ;
- le choix, dans cet ensemble, des éléments de contexte délimité (c'est-
))
a-dire celui qui va donner lieu a analyse, parce qu'il est, par hypothèse,
celui qui va pouvoir fournir les informations directement utiles au traite-
ment des questions qui se posent) ;
- Ia façon dont s'est déroulé (ou ne s'est pas déroulé) le raisonnement de
((référentialisation
)).
Dans un second temps (5 2), on clarifiera les notions utilisées en tentant d'en
dégager certains concepts.
64 RETROUVER LIN R- PAR CANALYSE DES SITUATONS ÉDUCATIVES
a I'Education Nationale
Nous avons eu a organiser des travaux permettant une analyse de Ia de-
((
dèles possibles qui s'offrent aux choix des entreprises : modèles nouveaux
s'opposant aux anciennes formes d'organisation du travail, modèles contra-
dictoires s'opposant les uns aux autres par le type d'organisation productive
qu'ils génèrent, par les besoins de formation auxquels ils font référence (id.).
))
Avec tous les doutes, toutes les méfiances et toutes les précautions que Ia
notion de besoin engage, ce n'est qu'autour d'un principe d'explication des
besoins langagiers que Ia recherche pouvait se construire.
Ce principe se référait a Ia fois :
- a I'activité langagière non liée à son contexte, traitant essentiellement
les problèmes que rencontrent les individus ayant conscience de ne pas
être en conformité avec la norme (en orthographe par exemple), et qui
constituent très souvent les motivations des recyclages,
- a Ia réalité extra-linguistique qui enveloppe l'expression, définissant les
situations de communication dans lesquelles se posent les problèmes de
langage.
Cette détermination d'éléments de références précisément définis dans leur
double dimension, générale (connaissance des normes du langage) et con-
tingente (référence a des situations précises et limitées de communication),
devait permettre d'éviter une stratégie d'analyse qui s'enferme dans la re-
((
lot, 1976),
- les dangers d'une procédure magique d'ajustement de I'offre à Ia demande
(Marquart, 1976),
- des propositions d'élargissement de Ia notion à I'ensemble des détermi-
nations et des caractéristiques contextuelles d'un projet de formation
(Figari, Bautier, 1980 ; Figari, Vigezzi et al.,1986).
Mais les pressions économiques, sociales et politiques exercées de plus en
plus sur Ia formation reposent le problème avec plus d'acuité en matière d'in-
génierie et d'évaluation éducatives, dans Ia mesure où les actions, les curricula,
les projets » ont maintenant a faire Ia preuve de leur utilité sociale, techni-
((
que et économique.
En fait, on se trouve toujours devant Ia nécesçité de traiter et d'interpré-
ter des données caractérisant un contexte et ses contraintes, en liaison avec
un dispositif, un curriculum ou une formation. Ces données concernent gé-
néralement :
- une population interne (les acteurs d'une formation) ou externe (les par-
tenaires),
- un environnement interne (en termes de moyens) ou externe (en termes
économiques),
- des tâches comportant des contenus, des processus et des finalités.
tion (les dominations amont et aval ; les représentations des acteurs ; les
modèles de formation disponibles)
- pour Ia seconde étude, le subtexte était constitué par les informations
décrivant les situations professionnelles et sociales de communication, si-
tuations censées expliquer les demandes de formation.
Le projet interrogé
La conception de I'action de forrnation cornrne celle de I'action sociale
porte de plus en plus, dans Ia société rnoderne, le nom de projet :
ce terrne désigne des pratiques éducatives les plus diverses, depuis
toutes les formes d'anticipation et les tentatives de rnatérialisation de
I'intention individuelle d'une part, jusqu'a Ia programrnationdes cumcula,
a Ia construction collective et a Ia contractualisation institutionnelle,
d'autre part.
On ne reprendra pas ici les différentes conceptions possibles de cette
notion : J.P. Boutinet (1990) en a élaboré Ia sornrne et Ia synthèse a
74 RETF70UMR UN RÉFÉREMIEL PAA CANALYSE DES SíiUATlONS ÉDUCATMS
mesure ou, comme le dénonce Boutinet dans les typologies qu'il pro-
pose, le projet éducatif ou pédagogique relève souvent du flou, de Ia
confusion verbale, bref d'une véritable (c dérive sémantique ., il parait
d'autant plus utile de tenter de confronter des exemples de dispositifs
de projets aux exigences de Ia référentialisation. Car le postulat est for-
mulé que le projet éducatif n'a de Iégitimité, comme concept, comme
ensemble de procédures d'anticipation et de choix, que s'il est ré- ((
Un dispositif ambitieux
Instaurés en France au début des années 80, avec Ia volonté de lutter contre
les inégalités sociales et culturelles, les Projets dlActions Educatives (PAE) ont
visé dès I'origine a regrouper des activités relevant de I'autonomie de I'éta-
((
blissement autour d'une idée directrice assurant son unité, qu'il s'agisse d'une
démarche pédagogique, d'un thème d'étude, d'un type d'activité ou d'une
réalisation a entreprendre en commun C'est ainsi qu'on trouve, parmi d'in-
)).
Un dispositif important
Chaque année, durant Ia décennie 80/90, on a compté environ dix mille
PAE qui ont concerné en moyenne plus de deux millions d'élèves et plus de
cent mille enseignants. Par leur quantité, leur présence dans Ia quasi totalité
des établissements scolaires (à raison de deux projets en moyenne par éta-
(( ))
du projet. I1 est brièvement évoqué ici a trois niveaw : a. les modalités d'ob-
servation ; b. le support de référentialisation ; c. le projet référé.
- Le support d e référentialisation
La référentialisation, c'est-a-dire la recherche des références spécifique-
ment choisies dans le but de constituer un modèle pour la description
mais aussi, comme c'est le cas ici, pour I'action, est d'autant plus com-
plexe a élaborer qu'elle répond a une situation aux entrées contradictoi-
res. I1 fallait en effet construire un support qui intègre deux dimensions
opposées :
- une mesure globale des effets d'un dispositif et par conséquent de sa
pertinence (= Ia pédagogie mettant en avant le projet existait-elle de
manière spécifique et produisait-elle des résultats appréciables ?)
- une production ainsi qu'une utilisation de I'information sur ce dispo-
sitif par les acteurs eux-mêmes.
- La conception
C'est dans cette situation que, préalablement a la recherche d'informa-
tions, a donc été élaboré un cadre de références pour Ia conception et
I'évaluation des projets d'actions éducatives. I1 s'agissait de repérer :
- les conditions requises par I'institution pour qu'une activité pédago-
gique soit conforme à I'appellation PAE en tant que dispositif fina-
lisé et contractualisé et bénéficie de son statut,
- les représentations et les conceptions que pouvaient noumr les prin-
cipaux intéressés (enseignants, élèves, autres partenaires).
La méthode employée a alors été celle d'une élaboration collective par
des groupes représentatifs des concepteurs de projets qu'étaient les pro-
((
- Les principes
1. Le premier principe consistait à faire appel à un cadre théorique
fixant les catégories jugées constitutives du système PAE.
2. le second principe visait a l'incontestabilité de I'outil d'évaluation a
Ia fois par les décideurs (I'institution désireuse de connaitre les effets
globaux et Ia pertinence du dispositif incitateur de projets) et les ac-
teurs (en particulier les enseignants) ;
3. le troisième principe voulait I'harmonisation entre les différents ac-
teurs de Ia conception et de I'évaluation, entre fonctions externes et
fonctions internes, entre prescription et description, etc. ;
4. le quatrième principe devait permettre Ia comparaison et Ia confron-
tation des informations obtenues par les voies externes et internes ;
5. le cinquième principe demandait Ia possibilité pour chaque partenaire
(de I'institution a I'élève) de se situer dans l'ensemble du dispositif
des PAE.
- L a formulation
Le document de référence issu de cette élaboration comportait quatre
rubriques intéressant Ia référentialisation :
1. les catégories constitutives des activités de projet : les réalisateurs (élè-
ves, enseignants, autres partenaires), I'entourage (intra- et extra-sco-
laire), I'établissement (son organisation et ses pratiques pédagogiques),
le système éducatif (avec ses structures internes a I'école, mais aussi
externes : sociales, économiques, culturelles),
2. les éléments caractéristiques des activités en question (processus et
effets) qui sont spécifiques de chaque catégorie précédente,
3. les critères d'évaluation qui sont en même temps des critères de
((
- rnotivation
- acquisition et structuration des
savoirs
- maitrise des langages
- réduction des carences culturelles
- appropriation de I'espace et de Ia
réalité scolaires
- socialisation
- prise en compte des initiatives
intra-scolaires :
- reconnaissance des rales dans
I'établissement
extra-scolaires :
- connaissance de I'école
- implication dans I'école
- apport a l'école
révélant a Ia fois les malentendus dont elle fait I'objet et Ia variété de ses
éventuelles applications ainsi que de ses rapports avec Ia conduite des
curricula. En effet, i1 ne fait aucun doute que le projet d'établissement dont il
sera question plus loin, constitue un dispositif qui réutilisera, a une plus grande
échelle, le modèle suggéré par le PAE (qui consiste a proposer a une com-
(( ))
1 . un principe unificateur
En fait, les six principes énoncés plus haut qui ont prévalu à sa concep-
tion participent d'un principe plus général qui opère une liaison entre
I'abstrait (= un modèle descriptif qui reproduit, en la simplifiant mais
aussi en Ia limitant par I'énoncé de caractéristiques privilégiées, Ia réalité
à étudier) et /e concret (= une pratique de Ia conception et de l'évalua-
tion d'un PAE) ;
(en délimitant les sujets, les lieux et les institutions) et les dimensions ou
domaines d'investigation (en opérant les choix de questionnement a tra-
vers ses différentes catégories et en fixant au préalable les critères de
réalisation et d'évaluation) ;
des années 80, est encore peu étudié bien qu'il offre des potentialités de
modifications importantes du fonctionnement du système éducatif.
Les phénomènes qui le caractérisent sont récents, les données limitées.
C'est pourquoi, a partir des études précédentes sur les activités de projet )),
peut s'interpréter autrement : les partenaires pourraient ainsi y placer les con-
tenus de leur choix, en utilisant de manière positive l'espace de liberté dont
ils disposent, les modalités contractuelles ne constituant que des garde-fous.
sans doute intéressant d'en observer I'évolution, car il peut être fondateur et
mobilisateur dans ses premières formulations mais perdre une partie de son
sens en étant réutilisé et devenir alors répétitif, stéréotypé, voire normatif.
hdyse du projet éducatif :projet et dférentiel 85
qui en relèvent une obsession majeure alors que chez les prescripteurs
on envisage davantage « un programme d'actions inscrit dans Ia durée ))
dans les textes présentant les PAE sous Ia forme de (1 projets reposant
sur Ia liberte d'initiative d'une équipe d'enseignants et d'élèves.. .))
86 RETROWER UN REFERENTIELPAR CANALYSE DES SITUATIONS ÉDUCATNES
gement » : on en trouve les traces soit sur le terrain soit dans des docu-
ments prescriptifs qui relèvent de Ia formation, soit a I'occasion de PAE
centrés sur des situations de partenariat avec des organismes profes-
((
de lui.
La désignation d'activitks intermédiaires pour caractériser le projet, si elle
peut illustrer la perception floue que les acteurs ont de ce concept, ap-
porte cependant des éléments a prendre en considération dans un éven-
tuel « référentiel » d'évaluation des dispositifs concernés : des activités
existantes, qu'elles soient diverses ou isolées, peuvent se révéler comme
constitutives d'un dispositif de projet en cours, non explicitement formulé
en tant que tel.
Que nous apporte ici Ia simple analyse thématique d'un discours ? Elle per-
met, outre le prédiagnostic générateur d'hypothèses, de poser des questions
que I'évaluation devra traiter : role et acteurs de Ia planification, formes pri-
ses par les processus en cours, importance relative de l'individuel et du col-
lectif, prégnance du modèle de management et de relations humaines et
(( ))
et dans I'espace des actions auparavant éparses, de gérer des processus que
cette situation est censée favoriser, de susciter les stratégies de ses acteurs,
de recommander a cette fin Ia médiation de pratiques psychosociales et pé-
dagogiques adaptées, de proposer une synthèse d e conceptions éducatives
autour de finalités comme I'autonomie et I'adaptation, valeurs sociales large-
ment véhiculées dans nos systèmes de formation.
Les conclusions
En ce qui concerne les activités de projet pp repérées a travers les documents
((
acteurs dans un jeu collectif ou existe le débat sur les systèmes de va-
leurs en présence. Cette dimension rend compte des projets développant
un mode de conception qui associe un souci opératoire a Ia recherche
de références.
Au centre du processus, cette construction pose davantage le problème
de sa modalité que celui de son existence même. On Ia trouve cepen-
dant comme modèle dominant dans des opérations qui comportent Ia
coexistence des caractéristiques suivantes :
- Ia présence d'un raisonnement de diagnostic tentant de justifier, à
partir des données, Ia formulation des problèmes et I'opportunité des
décisions,
- I'implication des acteurs présentée comme une réalité ou une préoc-
cupation, et parfois, en premier lieu, celle des élèves avec le recours
i
9b REIROWER LIN RÉFÉRENTIEL PAR CANALYSE DES SriUAilONS ÉDUCATIVES
Cette dimension qui finit toujours par prendre une forme de document-
projet incontournable, apparait parfois comme le souci premier de ses
concepteurs. On observe alors un temps découpé selon les exigences
((
Le changement
Sans entrer dans le débat concernant Ia pertinence des théories du change-
ment social, on ne peut pas ignorer I'existence de facteurs de changement
(endogènes comme les évolutions des systèmes de valeurs, exogènes comme
les phénomènes liés aux modifications techniques ou démographiques) in-
tervenant dans les orientations prises par les systèmes de formation. Pour
ne citer qu'un exemple, la réflexion sur les processus de décision scolaire
face a I'inégalité des chances devant Ia réussite parait indispensable a Ia com-
préhension des stratégies concernant les parcours scolaires projetés par les
élèves (Boudon, 1984).
L'internalité et I'externalité
Ces notions, développées par Dubois (1988),Beauvois, F e r y (1987), Monteil
(1989), suggèrent que le type de valorisation privilégié par des pédagogies
de la responsabilisation (comme celles relevant du projet) favorisent les su-
jets a comportement « interne au détriment des sujets externes Ces
)) (( )>.
La prospective et Ia prévision
Abondamment utilisées en économie et en sciences politiques, ces notions
que Gaston Berger (1964) avait clairement distinguées s'appliquent a toutes
les problématiques d'anticipation que développent les activités de projet et
qui sont reprises par Boutinet (1987).
Le constrvit social
Dans ce que Crozier et Friedberg (1977) nomment le construit d'action col-
((
O L'ingénierie de Ia formation
« Dérivé du mot anglais engineering, I'ingénierie a désigné dans les sciences
de l'ingénieur, en génie chimique mais aussi en psychophysiologie et en er-
gonomie :
- Ia recherche des meilleures combinaisons, des meilleurs compromis tech-
niques permettant d'analyser et de traiter des situations de travail ou de
production,
- Ia recherche de lois communes a plusieurs techniques et appliquées a
une même situation, permettant de maitriser l'ensemble d'un environne-
ment et de s'y adapter.
Appliqué a I'éducation (Viallet, 1987), ce concept peut désigner « Ia combi-
naison de différentes sciences, techniques, outils et attitudes nécessaire pour
concevoir et maitriser une opération de formation » (Figari, 1988, a).
On dispose avec cette notion :
- d'une définition de Ia conception de la formation en référence A un mo-
dèle technicien. On monterait une formation comme on monterait une
usine : or, « on ne monte plus une usine comme i1 y a vingt ans.. . Main-
tenant i1 faut être ingénieur mais aussi architecte, économiste, sociolo-
gue, ergonome (Requet, 1989). L'ingénierie technique est par défini-
))
ridisciplinaires ;
- d'une version du projet éducatif adaptée a Ia culture de I'entreprise, se
référant a un projet d'entreprise et visant essentiellement I'amélioration
des performances de cette dernière ;
- d'un ensemble de procédures volontairement reliées, explicitées et donc
visibles destinées a élaborer une action de formation en réponse a une
situation requérant un traitement spécifique par Ia formation.
O Le curriculum
11 est vrai que I'on rencontre souvent cette notion dans le vocabulaire relatif
aux systèmes d'enseignement (plus rarement en France) : ainsi, Ia consulta-
tion de Ia banque de données ERIC révèle l'existence de plus de 75000 oc-
currences du terme curriculum dans la littérature.
(( ))
En tout cas I'idée selon laquelle les cunicula produisent des effets qui mé-
ritent d'être étudiés est partagée par de nombreux auteurs, y compris fran-
cophones : J.C. Forquin (1984), a partir d'une étude historique des travaux
anglais, a mis en valeur « une nouvelle approche des enjeux sociaux de Ia
scolarisation ; dans un recuei1 d'articles sur les savoirs scolaires V.
)) )):
curriculum réel))qui désigne ce qui se passe dans Ia réalité, lorsque les en-
seignants ont sélectionné, adapté et intégré dans des méthodes diverses les
éléments issus du curriculum forme1 ; P. Perrenoud (1985) construit sa ré-
flexion sur Ia même distinction.
On ne peut que constater les nombreux liens existant entre les différents
aspects relevés dans Ia mise en ceuvre des projets éducatifs et Ia vision du
fonctionnement des structures de formation que présente Ia notion de curri-
culum : I'origine des intentions de programmation des séquences d'appren-
tissage, Ia planification des activités éducatives, le cheminement de I'appre-
nant dans le système, les rapports entre projet et programme, contenu et
méthodes en sont les plus fréquents.
En tous cas, le curriculum comme le projet tentent de justifier Ia mise en
place de dispositifs de formation en référence a des valeurs, des objectifs et
des besoins.
DISTINGUER CÉVALUATION
DIAGNOSTIQUE ET L'AUDIT
avant I'action », et qui exerce donc une fonction de prévision fait partie
(( )),
des fonctions que Querenet (1987, p. 134) range dans I'évaluation initiale
(( )),
les besoins a combler ...diagnostique les problèmes qui empêchent que ces
besoins soient satisfaits... L'évaluation de contexte est macro-analytique : elle
établit les limites du système qui doit être évalué, puis le décrit et I'analyse.. .
Elle décrit les valeurs et les buts du système a étudier.. . Elle reflète une con-
naissance théorique et pratique d'un champ . . . sous ce rapport, elle déter-
mine dans quelle mesure Ia pratique est en accord avec les principes admis
d'une théorie pertinente ». La prise d'indices qu'elle constitue, dès I'abord
(( ))
de I'opération qui nous intéresse, constitue son principal intérêt. Mais elle
pose d'emblée d'importants problèmes de méthode en ce qui concerne le
choix de ces indices dans Ia masse d'informations disponibles.
1O0 DISTINGUER L'ÉVALUATION DIAGNOSTIOUE ET CALIDIT
1 Le diagnostic :
de I'objet observé a I'objet interprété
Lors de I'évaluation d'un dispositif de formation, on va s'apercevoir, en ef-
fet, qu'il existe un potentiel d'information important et en général facilement
accessible sur I'ensemble du dispositif : on Ia trouve aussi bien dans les ar-
chives et auprès des responsables de I'organisation elle-même que dans Ia
littérature produite sur le secteur ou le système auxquels elle appartient. 11
n'y a qu'a se pencher sur ces documents pour Ia recueillir. Mais c'est Ia qu'in-
tervient Ia première difficulté : I'immensité de I'information est souvent aug-
mentée par le recours qu'elle suggère (par comparaison, association, etc.) a
d'autres informations. Les méthodologues de Sciences Sociales connaissent
ce problème et se réfèrent a un modèle théorique qui leur permet de consti-
tuer et de délimiter le corpus de leur étude (parce qu'ils ne s'intéresseront
qu'au discours lui-même ou bien seulement aux indices sociologiques etc.).
Malheureusement, il n'existe pas de modèle d'évaluation au sens propre du
terme ; on dispose, certes, de Ia notion de référé (cf. Ir" partie) qui est censée
(( ))
cadre
institut.
envirt
interne
envirt
externe
populat. 4
encadt
fonction
r
5
I
I
I
6
I
l-
laire ? (autrement dit, a quoi sert-il, quelles sont ses fonctions et les effets
)) I.(
qu'on en attend ... ? ))), et nous obtiendrons déja une grande diversité de dé-
finitions. On aura ainsi le choix entre un lieu d'éducation, un regroupement
juxtaposé d'enseignements disciplinaires, une construction curriculaire visant
à organiser des itinéraires individualisés d'élèves, une entité autonome ou,
au contraire, une subdivision conforme aux normes d'un système central,
un lieu fermé ou au contraire ouvert sur le monde professionnel, technique
et culturel. Qui d'entre nous n'a de réponse ou de début de réponse a Ia
plupart de ces questions et a de nombreuses autres possibles sur le sujet ?
monographies, mais qui ne sont pas encore rassemblées dans une somme
faisant autorité. En revanche, il existe de nombrew travaux sur les perfor-
mances, I'efficacité voire le fonctionnement des établissements. La recher-
che propose en effet différentes approches pour étudier I'établissement : elle
nous indique a partir de quels points de vue on peut le regarder et tenter de
spécifier ses fonctions et son identité, en observant principalement ses ca-
ractéristiques (population d'élèves, environnement . . .) et ses performances.
I1 est utile, avant d'aborder le problème de l'évaluation d'un établissement,
de connaitre les principaux points de vue des chercheurs sur Ia mesure de
ses effets. Le lecteur intéressé pourra consulter Ia bibliographie de Scheerens
(1989). On ne rappellera ici que les pistes d'interrogation que les principaux
courants de recherche peuvent apporter a notre entreprise :
- d'abord, il faut rappeler pour mémoire, Ia catégorie des grandes enquê-
tes américaines sur le système d'enseignement aux USA. Parmi celles-
ci, Ia plus connue est le rapport Coleman (1966) mettant en valeur I'im-
portance des facteurs socio-économiques duns les résultats obtenus
par les établissements ;
- par Ia suite, les travaux sur I'efficacité de I'école (I( school effectiveness »)
ont permis de poser un certain nombre de questions comme le poids et
rôle du contexte (travaux de Friedkin et Necochea, 1988) ; le poids et
le role respectifs des variables constitutives de ce que l'on a coutume d'ap-
peler I'(( inpu t (éléments matériels et financiers ...) et I'« output (réus-
)) ))
que s'intéressent les travaux sur le rôle de I'orientation, sur I'analyse cout-
efficacité, sur a l'effet établissernent de M. Duru-Bellat et A. Mingat
))
(1988) ;
- i1 y a aussi les prornesses contenues dans une approche anthropologi-
que de l'établissernent, définie par Ballion (1989) cornrne .se donnant
cornrne objectif de décrire le social en train de s'assernbler H, et qui envi-
sage celui-ci cornrne une communauté que I'on expliquera par la com-
((
préhension des rapports qui se nouent entre les individus C'est dans )).
i
Constrvire un réféfentid mur évaluer I'établissement scolaire 123
sant aux résultats obtenus critère par critère, en fonction des données de
situation et des finalités poursuivies. Mais i1 n'est pas question pour autant
de suggérer qu'il s'agirait d'une alternative ni que l'une ou I'autre de ces pra-
tiques serait préférable a I'autre. L'établissement fait partie d'un système dans
leque1 il a des comptes a rendre » : il est alors un objet d'évaluation. Mais i1
constitue aussi une communauté située et relativement autonome, amenée a
organiser des stratégies locales et a piloter en connaissance de cause ses dif-
férents projets : I'établissement devient alors sujet de son évaluation. I1 reste
a résoudre le problème de Ia relation de sens pouvant s'établir entre les deux
perspectives : c'est-a-dire Ia nécessaire connexion entre des appréhensions
externes et comparatives et des constructions internes prenant en compte
les différents niveaux de performances et de fonctionnement.
e
4 CONSTRUIRE UN RÉFÉRENTIELD'ÉVALUAI-ION
éducatif les notions qu'il mettait en jeu, les problèmes conceptuels et mé-
)),
thcdologiques qu'il entrainait. Et, parmi les applications qu'on peut en ob-
server dans le système scolaire, le projet d'établissement a été posé comme
objet de réflexion et d'investigation. Certes les publications suggérant des
méthodes pour Ia conduite du projet existent déja et suggèrent aux acteurs
de nombreux outils de conception et d'autres, moins nombreux, d'évalua-
tion de ce dispositif (Broch, M.H., Cros, F. 1987 ; 1990, collectif ; Obin,
J.P., Cros, F., 1991) mais l'évaluation de ces projets reste un problème en-
tier : objets difficilement isolables, ils se prêtent surtout a une approche cli-
nique nécessitant elle-même une instrumentation particulière. C'est dans cet
esprit qu'il est suggéré ici, dans le cadre de Ia référentialisation telle qu'elle a
été définie en première partie, un ensemble de procédures visant a cons-
truire, au cas par cas, mais en utilisant les informations générales utiles a Ia
compréhension du système, un cadre de références qui, une fois établi, pourra
constituer un système organisé de critères constituant l'armature de I'évalua-
tion de I'établissement en projet Et si I'établissement n'est pas en pro-
(( )). ((
(1) Ont participé aux travaux d'enquête et d'élaboration progressive d'un cadre de référentiel
quatre établissements de I'lsère : Collège Edouard Vaillant, St Martin d'Hères ; Coliège G.
Philipe, Fontaine ; Collège de Gières ; Collège de La Motte d2Aveillans.
(2) Un logiciel de présentation de cette approche méthodologique a été élaboré au GRAIF,
Laboratoire des Sciences de I'Education de I'université de Grenoble 11 (Sciences Sociales).
Construífe un réfémtkl pur kvaItlêr P6fabhssement scolaire 125
ces objectifs dans un cadre contractuel) pose les mêmes problèmes de prise
de décision : ces prises de décision peuvent ou non donner lieu a une éva-
luation préparatoire comportant un recours a des informations dont il s'agit
d'organiser le choix, le traitement et I'interprétation. D'autre part, comme
on I'a vu, I'établissement ne peut fuir les évaluations auxquelles la société le
soumet : I'enjeu, pour lui, sera d'en être le sujet participant ou seulement
l'objet soumis a controle.
Le projet sera donc le prétexte a Ia construction d'un référentiel qui I'in-
tègre et le dépasse, dans Ia mesure où i1 ne constitue qu'un dispositif mo-
mentané, révisable et provisoire au service d'un autre dispositif plus stable,
Ia mésostructure que constitue I'établissement.
De ces quatre principes vont dépendre les différentes procédures utilisées par
Ia suite :
- organiser un recours aux informations impliquera Ia mise en place d'ins-
truments de recuei1 de données et d'observation dès le début de l'opéra-
tion, avec des modalités différentes au cours de chaque phase ;
I
- reconnaitre les acteurs demandera d'en repérer I'existence, de les ques-
tionner et de leur restituer les informations traitées de manière a leur
laisser Ia possibilité de décider leur éventuel mode d'implication dans les
processus d'évaluation qui vont se dérouler dans leur environnement ;
- analyser Ia construction collective entrainera l'observation des modes de
prise de décision dans le déroulement de l'opération ;
- fonder I'évaluation veut dire que les critères et les indicateurs qui servi-
ront a les mesurer pourront s'expliquer a partir des résultats des premiè-
res prises d'informations réalisées.
2.3 Le plan d'étude
II constitue Ia trame nécessaire a I'organisation du recours aux informations
et comprendra : 1.une délimitation des dimensions du problème a traiter et
de leur implication, 2. une formulation des questions qui en découlent, 3. les
directions d'investigation et les matériaux, 4. les méthodes de traitement et
d'analyse, 5. Ia détermination des critères.
- Les dimensions de I'objet a évaluer
Sans préjuger de ce que seront les catégories terminales d'un référentiel éven-
tuel, Ia première démarche consiste, comme dans toute investigation en Scien-
ces Sociales, a cerner les éléments constitutifs de la question de départ
(( ))
Ces éléments sont ici, en fait, les dimensions (= catégories descriptives per-
mettant de mesurer un objet) engendrées par le projet d'évaluation d'un éta-
blissement et ont été regroupés autour de trois grandes catégories : les fon-
dements (finalités, éléments producteurs d'objectifs), les initiatives et les stra-
tégies (traitement pédagogique, par Ia formation, collectif, décisionnel) :
- les finalités : Ia première dimension de notre évaluation est en effet celle
des valeurs de référence que constituent une philosophie de I'action édu-
cative ou une politique éducative implicite ou explicite menée par l'éta-
blissement ou préconisée par les acteurs.
- les éléments producteurs d'objectifs : ont été désignés par cette expres-
sion tous les phénomènes qui expriment des difficultés (formes d'échec
ou de désaffection des études), toutes les données porteuses de questions
a résoudre et de mesures a envisager (environnement géographique, éco-
nomique et social), toutes les expressions de besoins et de demandes
d'aide ou d'action.. .
- Les initiatives : comment évaluer un établissement sans tenir compte, en
effet, des dynamiques existantes, des dispositifs déja mis en place ou en
projet et qui ont pour role d'influer sur les résultats espérés ? Comment
ignorer d'autre part les conséquences des initiatives, souvent individuel-
les, tendant a résoudre localement et partiellement te1 ou te1 problème
(activité de renforcement ou de découverte organisée par un enseignant
et qui dépasse le cadre de la classe, par exemple) ?
- Les stratégies :
a) le traitement pédagogique des différents problèmes
I1 est apparu en effet qu'il était nécessaire de pouvoir établir le lien
entre telle ou telle décision d'organisation matérielle (construction de
locaux, équipement informatique, transport, alimentation, etc.) et sa
portée éducative.
b) le traitement par Ia formation
I1 s'agit de se demander en quoi des situations ou des difficultés
(comportement, compréhension et performances des élèves, résul-
tats aux examens.. .) peuvent avoir un rapport avec Ia formation des
((
personnels ))
Construire un référentiel ~ o uévaluer
r I'établissement scolaire ln
c) le traitement collectif
Le sens des activités et des phénomènes qui vont être observés ris-
que aussi d'être affecté par Ia dimension collective des élaborations
de projets ou de dispositifs et donc par I'implication des acteurs dans
les processus que Crozier appelle les construits d'action collective
(( ))
Fondements
- Finalités - Quelles orientations de I'institution sont en cause ?
- Quelles sont les visées exprimées par les acteurs ?
- Elérnents - Dans Ia masse de données disponibles quelles sont ceiles qui
producteurs seront retenues et pourquoi ?
d'ob~ectifs - Quelles sont les demandes, les attentes en présence ?
Initiatives - Quels sont les projets en cours de fonctionnernent, en cours
d'élaboration ?
- Quelles sont leurs caractéristiques ?
Stratégies
- traitement - Au norn de quelle conception pédagogique se prennent les
pédagogique décisions ?
- Quels sont les dispositifs identifiables de lutte contre I'échec, de
recherche de situations favorisant les apprentissages ?
- traitement par Ia - Quelles sont les demandes de forrnation (contenu, formulation
forrnation individuelle ou collective, etc.)
- Existe-t-il un plan de formation interne (caractéristiques...) ?
- Comment fonctionne-t-il ?
- traitement - Comrnent fonctionne Ia comrnunication (supports, réseaux,
collectif résultats) ?
- Comment fonctionnent les instances collectives de I'établisse-
ment ?
- mode d'élabora- - Le fonctionnement décisionnel est-il repérable ?
tion des choix - Les projets ont-ils fait I'objet d'une décisioncollective ?
A ce stade de la démarche, on dispose donc d'un questionnement de Ia réa-
lité a travers une première série d'options sur la conception des fonctions
I d'un établissement, du rôle de ses différents acteurs, de son mode de fonc-
I
I tionnement, de ses valeurs de référence, etc. autant d'indications qui consti-
tuent la première série de procédures de Ia référentialisation : un cadrage
des interrogations portées par les évaluateurs sur I'objet de l'évaluation (I'éta-
blissement en p-ojet), cadrage qui joue le role de corps d'hypothèses en cours
de constitution au fur et a mesure que progresse Ia référentialisation.
Dimensionn de
I'objet a évaluer
I Direçtions d'invertigation Matériaux
r-
Fondements
-
Finalités
Eléments
producteurs
d'objectifs
- traitement de documents par analyse de contenu
- entretiens individuels et collectifs
- construction de typologies
- analyse de contenu de discours
Strat4gies
- traitement - analyse de contenu thématique de documents et de discours
pédagogique
Vocabulaire
conseils
D6cisions prises
1 perceptibles (thèmes,
occurrences) 1
I approbation du
i gestion de
I'établissernent 1 budget I débatS
néant
1
gestion du approbation des conflits n6ant
personnel propositions du
chef d'établisse-
rnent
carte scolaire
vie scolaire
stages souhaits
-
- I
information travaux néant
traiternent de Ia projet global vote néant
Dotation Hor.
activités ( projets précis procédures de objectifs,
éducatives prise de décis. thèrnes,
1 rnéthodes
132 CONSTRUIRE UN R É F É ~ E D'ÉVALUATION
L
((mode d'élaboration des choix ))), sur I'existence et le type d'enjeux éduca-
tifs caractérisant les débats de cette instance, ou tout simplement, sur le fait
que les procès verbaux ne consignent que des éléments techniques et orga-
nisationnels a I'exclusion des raisons profondes pour lesquelles les décisions
sont arrêtées. Evidemment, d'autres grilles peuvent être conçues pour traiter
d'autres matériaux visés par les différentes directions d'investigation.
Fondements
I
- Finalités - conformité des évolutions a long teme avec les orienta-
tions prises
- modes de sortie du syst8me.. .
- EiBments producteurs - conformité des évolutions a court terme avec les buts et
d'objectifs objectifs
- niveau d'implication et de satisfaction des acteurs...
Initiatives - participation
- effets perçus par les acteurs
- impact sur les évolutions a court teme.. .
Stratégies
- traitement pédagogique - utilisation de dispositifs, méthodes...
- traitement collectif
ressources
1. environnement NIVEAU D'UN PAYS
économique
2. priorités, répartition
3. finalités, orientation
4. curricula
nement
1. populations NIVEAU INTERNATIO-
scolarisées NAL
2. cout de Ia
formation
3. role des systèmes
éducationnels
4. niveaux de sortie
Pour clore cette réflexion, i1 faut retenir que, quelle que soit Ia position de
l'évaluateur par rapport a I'établissement (externe ou interne par exemple),
les critères qui vont être utilisés pour évaluer ce dernier (doté ou non d'un
projet officiel) concernent les mêmes dimensions (dans ce dernier exemple :
I'environnement, les ressources, le fonctionnement, les résultats) : celles-ci
seront alors visibles -et donc lisibles- avec des diagnostics relatifs aux diffé-
rents points de vue des opérations d'évaluation entreprises.
La référentialisation
I1 a donc été procédé essentiellement à une recherche d'éléments de réfé-
rence qui s'est déroulée de façon progressive :
- a /'origine d e I'évaluation, par un inventaire des notions permettant de
décrire de manière générale l'établissement scolaire (en référence aux re-
cherches qui le concernent) et de décypter les caractéristiques actuelle-
ment visibles des phénomènes liés au projet » ;
((
nence des critères ainsi obtenus. A partir de Ia peuvent se construire les ins-
truments d'évaluation comme les axes des (1 projets : c'est I'utilisation pos-
))
sible de Ia référentialisation.
Le référentiel
I1 est vrai que ce qui a été décrit jusqu'à présent, c'est le processus de
référentialisation qui peut encore se poursuivre au fur et a mesure que l'or-
ganisation qu'il concerne évolue et voit se modifier ses caractéristiques. Mais
il faut bien, a des moments donnés, sinon arrêter le processus, du moins
fixer et produire un schéma opératoire du processus, ne serait-ce que pour
le communiquer et le discuter, mais aussi pour I'instrumenter (construire des
questionnaires, analyser des résultats), prendre des décisions et déboucher
sur I'action. C'est alors qu'intervient Ia nécessaire production d'un document
qu'il faudra bien appeler (1 référentiel (même provisoire) d'évaluation.
))
cifique des Ecoles Thématiques Cette étude était souhaitée cornrne une con-
)).
138 CONSTRIJIRE UN RÉFÉRENI-IEL D'ÉVALUAIION
!&i
au service de ces finalités. Le fait de favoriser une réflexion sur les Eco-
les Thématiques s'inscrit donc dans ce projet : I'opération envisagée y
trouve sa légitimité.
- « engager une politique d'évaluation des Ecoles Thématiques ))
2 Le projet d'évaluation
Après avoir compris, interprété et reformulé Ia commande de I'institution, il
reste a proposer un projet d'évaluation, c'est-àdire a fixer entre partenaires
de l'évaluation les éléments essentiels de l'opération, tant en ce qui concerne
I'objet d'évaluation lui-même que l'instrumentation qui lui sera appliquée.
On conviendra donc ici :
- de prendre comme objet d'étude le fonctionnement et les réalisations de
ce dispositif, compte tenu des missions et des résultats qu'il s'est fixés.
- de développer une instrumentation qui permette de choisir et de traiter
les informations utiles a partir de Ia détermination d'un système de réfé-
rences qui, une fois établi, devra être reconnu par les acteurs.
Construire un réfkrentiei p o r Bvalver un dispositif de formation 139
I1 s'agit :
- de décnre et de catégoriser les écoles : celles-ci ont une histoire, des
((
finalités, des partenaires. Quels sont les éléments qui les déterminent,
qui les spécifient ou qui les relient ?
- de repérer les missions qui leur sont affectées par les différents partenai-
res, globalement et separément : Quelle politique de formation les éco- ((
I La politique de Ia Recherche
I La formation a Ia Recherche
Construire un référentid oour évaluer un disoositif de fomation 141
Certes i1 s'agit d'évaluer les écoles thématiques. Mais on a déjà vu que cette
opération visait Ia place de ces écoles dans le dispositif de formation et
(( ))
que d'autre part i1 était question d'en référer les orientations a Ia politique
générale de l'institution. 11 est donc nécessaire de déterminer I'emboitement
des dimensions du problème posé.
Le schéma précédent illustre deux procédures importantes.
La première consiste a définir, dans un raisonnement de recherche des
causes antécédentes, par quoi est conditionné le problème posé : l'évalua-
tion des Ecoles Thématiques (cadre 1)ne peut être abordée sans référence
aux processus de formation dans ces dispositifs (cadre 2) ; ces derniers n'ont
de sens que par rapport au problème de Ia formation permanente des cher-
cheurs (cadre 3) ; mais Ia formation permanente ne peut être totalement dis-
sociée de Ia formation initiale (cadre 4) ; et comment poser le problème de
Ia formation a Ia recherche sans en référer a Ia politique de Ia recherche ?
(cadre 5).
La seconde procédure évoquée invite 21 ne pas s'enfermer dans un rai-
sonnement linéaire qui déduirait chaque champ de questions du précédent :
on peut procéder a un balayage de 1 a 5 , de 5 a 1, etc., I'essentiel étant de
disposer d'une première hypothèse qui permette de structurer les questions
de l'investigation.
tre les directions et les départements, entre ces derniers et les labo-
ratoires, etc. i
Quelle utilisation ?
formation pour les écoles ?) et celles de I'étude qui viennent d'être expo-
(( ))
sées ((( que1 role des différentes instances dans Ia politique ? que1 recrute-
)) ((
détailler ainsi :
- pour répondre à Ia question de Ia commande il est nécessaire de savoir
les réponses aux questions de I'étude
- les questions de Ia commande relevaient du registre stratégique : elles ap-
partiennent au commanditaire. Celles de I'étude relèvent de Ia méthodo-
logie de l'évaluation : elles appartiennent aux évaluateurs. L'investigation
peut maintenant commencer sur ces nouvelles bases.
les discours d'une part, et les modalités d'évaluation figurant dans les
différents documents, d'autre part
- construire le référentiel d'évaluation des écoles » ((
" b
4 Les modes de traitement et d'analyse
O n a vu que Ia problématique posée ici à I'évaluateur était vaste (avec des
interrogations en cascade), que les questions partaient dans des directions
très variées, que les consignes d'investigation s'intéressaient a des informa-
tions parfois dispersées : c'est effectivement Ia que réside une grande partie
de Ia difficulté de I'évaluation d'un dispositif complexe. On se trouve devant
une alternative périlleuse. Ou bien I'on s'attache a prendre en compte I'en-
semble des questions que pose l'évaluation du dispositif et on obtient des
investigations diversifiées et, par conséquent des diagnostics multiples et non
nécessairement cohérents, le risque étant une perte de sens en termes de
lisibilité globale du dispositif. Ou bien, pour éviter cet écueil, dans un souci
de clarté et donc de simplification, on décide la représentativité de quelques
éléments que I'on traite a I'exclusion des autres. On obtient alors des juge-
ments inférés qui, même s'ils sont annoncés comme plausibles ou simple-
ment indicatifs (et I'on revoit apparaitre ici I'attrait des indicateurs), n'en cons-
tituent pas moins des résultats plus incertains. Or ceux-ci seront néanmoins
reçus comme définitifs et généralisables par les partenaires de I'évaluation.
D'ou Ia nécessité d'intégrer au processus de référentialisation un cadre
méthodologique permettant des synthèses : ce cadre, d'une part utilise des
modèles appartenant aux sciences humaines et sociales (sociologies, psycho-
logie sociale ou cognitive, analyse de discours) ou a certains de leurs champs
d'application (théorie du curriculum, évaluation éducative, analyse des effets
de I'école, etc.) et, d'autre part élabore un protocole spécifique a Ia référen-
tialisation d'un dispositif.
Le tableau suivant permet, de manière synoptique, de pointer les diffé-
rents modes d'analyse des informations définies dans Ia phase précédente
en fonction du type de question (sur la politique, sur les apprentissages, etc.),
et du support a traiter (document, discours, questionnement, observation).
On entrevoit ainsi Ia variété des approches et donc des analyses possibles
de Ia même situation, en même temps que Ia nécessité de disposer d'un ca-
dre général qui permette d'utiliser ces analyses dans une évaluation des ef-
fets du dispositif.
Constnlirãm Onférentiel pour Bvaluer un dispositií de fomation 145
consignes
d'investigation
1. Ia politique de
recherche
- inventaire de
documents
- fonulation
d'orientations
2. Ia f m t i o n A Ia
recherche
- inventaire des
programmes
- recrutement
- évaluation
3. Ia formation
permanente des
chercheurs
- fo. initialelfo.
permanente
- dispositifs
- situations
d'apprentissage
4. la formation
dans les Ecoles
- objectifs
- situations
didactiques
- caractérist.
c< école n
5. I'évaluat'm des
Ecoles- éval.
- existantes
- conceptions de
I'évaluation
- référentiel
consignes
d'investigation
146 . CONSTRUIRE UN RÉFÉRENTIELD@
'A
'.LUR~O
IN
ment ))). Ces colonnes intéressent d'abord le chercheur qui propose d'élargir
le diagnostic posé sur un dispositif a Ia recherche de caractéristiques
généralisables et de lois qui expliquent les résultats ; elles indiquent a
l'évaluateur les prolongements possibles de Ia réflexion lorsqu'il interprète les
résultats qu'il a obtenus.
5 La référentialisation et le référentiel
OU en est I'évaIuateur ?
- i1 a reçu une commande globale (évaluer les écoles thématiques
(( qui a
)))
La référentialisation
a) sa construction
Celle-ci a commencé avec le début de I'opération, et s'est poursuivie A cha-
que étape, chaque fois qu'il s'est agi de se demander par rapport a quoi le