GOUIN 2015 Archivage
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Présentée par
Victor GOUIN
Thèse dirigée par Bertrand RAISON et
co-encadrée par Marie-Cécile ALVAREZ-HERAULT
En premier lieu, je tiens à remercier Bruno François et Zita Vale pour avoir accepté
d’être les rapporteurs de mon manuscrit et m’avoir permis de soutenir mes travaux de
thèse. Je les remercie pour leurs remarques, commentaires et conseils autant dans leur
rapport que leurs questions lors de ma soutenance, qui m’encouragent et ouvrent de nou-
velles perspectives à mes travaux. J’étais également heureux de rencontrer Zita Vale qui
m’a notamment aidé à partir en échange au Brésil durant ma thèse, dans le cadre du pro-
jet ELECON. Je remercie également Fabrizio Pilo d’avoir effectué le déplacement depuis
la Sardaigne et pour nos précieux échanges qui ont suivis. Enfin je remercie Nouredine
Hadj-Said, qui m’a donné mon premier cours sur les réseaux électriques à l’ENSE3, pour
avoir accepté de présider mon jury de thèse de manière très conviviale.
Je remercie aussi Fabrice Lhote et Guillaume Roupioz qui ont répondu présents à mon
invitation le jour de ma soutenance. J’ai beaucoup apprécié travailler avec eux durant ma
thèse dans le cadre du projet Greenlys. Fabrice a répondu avec beaucoup de gentillesse à
mes nombreuses questions techniques, et Guillaume m’a permis de valoriser mes travaux
en partenariat avec ERDF. Ils m’ont permis de conserver un lien entre le monde "réel" et
celui de la recherche académique, et ainsi apporté beaucoup de valeur à mon travail, le
tout dans une ambiance amicale. Je remercie à travers eux tous les autres partenaires in-
dustriels avec qui j’ai pu échanger pendant ces 3 ans. Parmi les gens avec qui j’ai travaillé,
je remercie également Philippe Deschamps pour mon "pré-doc" à Schneider Electric, ainsi
que Wojciech Bienia pour ses cours d’optimisation.
Ma plus grande gratitude va bien sûr à mes deux encadrants, Bertrand Raison et
Marie-Cécile Alvarez-Hérault. Ils ont toujours été de très bon conseil, très efficaces dans
nos réunions de travail et redoutables dans la relecture des mes articles et de mon manus-
crit, tout en me laissant beaucoup de liberté dans la manière de mener mes travaux. J’étais
heureux d’être le premier doctorant de Marie-Cécile et j’espère qu’elle en restera fière, et
également heureux que certaines circonstances atténuantes ne l’ait pas empêchée d’être
présente jusqu’à la fin ! C’est en tout cas grâce à elle que j’ai pu obtenir et mener à bout
ce doctorat. J’estime aussi avoir eu énormément de chance d’être encadré par Bertrand
autant pour son énergie, son sens de l’humour (en français et en latin) et ses talents de
pâtissier (merci pour le fondant aux amandes lors de la dernière réunion de préparation
de la soutenance, un jour férié...). J’espère que mes dessins et graphiques toujours plus
incompréhensibles au fil des ans leurs manqueront quand même un peu...
Ces quatre ans et demi passés dans le laboratoire du G2ELab (en comptant stage et
pré-doc) ont été une superbe aventure humaine. Je pense à tout le personnel qui m’a aidé
dans mes différentes démarches, toujours avec gentillesse et patience : Nadine, le redoutable
duo de coinche Elise et Florence, Sylvie, Roland, Cathy, et mes sauveteurs informaticiens
iv . Remerciements
Philippe, Vincent et Corine. Je pense aux moments passés au sein du dorénavant très
célèbre "G2ELAB All Stars Band", qui comme son nom l’indique regroupait les sommités
musicales de Grenoble et du reste du monde : Antoine l’initiateur du projet, Fabien et
Johan qui ont du perdre un poumon depuis, les plus que flegmatiques Pierre, Diego, Sellé,
Davis et Hugo, les divas Mélissa et Mariam, Rolland, Nicolas, et de nombreuses autres
guest stars... les échos de notre talent résonnent encore à la MINP. Il y avait aussi les évè-
nements organisés par OPLAT dans laquelle j’ai pu m’investir un peu : barbecue annuel,
tournois de coinche, concours de pâtisserie, soirées des talents... il ne restait plus beaucoup
de temps pour le boulot !
Une pensée émue va à mes anciens co-bureau du D052 : Clémentine et sa notion parti-
culière des responsabilités, Aurélien avec sa passion des fringues trop grandes en conférence
et sa grande disponibilité entre 13h et 13h30, Jean-Louis maître de la benne et docteur
en Youtube, Raphaël le militant pro-LaTeX depuis reconverti en politique. J’étendrai ce
débordement d’émotions aux potes de l’équipe SYREL : Manue la bazue, Gaspard le roi
des sigles, Archie le hipster refoulé, Sellé et sa bonne humeur infinie, Egor le matheux. Il y
avait bien sûr les "grand-frères" docteurs : Damien, Alex, Florent, Vincent, Thibault que
j’ai eu le plaisir de connaître avant de partir, et plus généralement l’ensemble des cher-
cheurs de l’équipe qui ont été tour à tour professeurs, collègues et amis. Les gens bien étant
trop nombreux dans ce labo, je suis obligé d’étendre la liste aux autres équipes : Fabien
pour notre grand amitié et notre amour commun des pauses, Johan le rockeur au cœur
tendre, Antoine le motivateur de troupes et trafiquant de Saint Nectaire, Vincent l’unique
hippypster au monde, Manel pour sa générosité et sa vie digne d’une série dramatique
pour reprendre les propos de Fabien, mes modèles de barbes et de force tranquille : Diego,
Guillaume et Mounir, la petite Audrey au grand cœur, Benjamin le beauf raffiné, les amis
Brésiliens Douglas et Jérôme. Pendant la plus grand partie de ma thèse j’ai habité dans
la Maison du Bonheur avec cinq colocataires géniaux : Guillaume, Jérémy, Lucas, Simon
et Éric, et nos 3 poules qui m’auront apporté la dose nécessaire en protéine pour tenir le
coup : Poule And The Gang, Poule Up et Poule Over. Je ne remercierai pas le renard qui
les a mangées depuis...
Je remercie ma famille qui est venue nombreuse le jour de ma soutenance : mes pa-
rents, mes sœurs, ma grand-mère et mon oncle, mais aussi ceux qui n’ont pas pu venir. Ils
ont enfin pu se faire une idée de ce que je fabrique à Grenoble depuis toutes ces années,
ou peut-être que c’est encore plus flou qu’avant... En tout cas merci de m’avoir soutenu
toutes ces années ! Merci aussi à Emmanuel pour les conseils costume ! Et, tradition étant,
je finis par remercier Luiza : pour avoir rendu mon séjour à São Paulo plus facile, m’avoir
conseillé pour mon manuscrit et ma présentation et même corrigé des fautes de Français,
faire chaque jour de la vie un peu plus agréable, e para ser a coisa mais linda do mundo !
Un grand merci à tous ceux qui ont contribué au plus beau cadeau de thèse dont j’aurais
pu rêver en faisant venir Luiza du Brésil pour ma soutenance, sans que je le sache (mention
spéciale aux comploteurs Guillaume, Carole, et Cécile) !
Si j’ai oublié quelqu’un dans ces remerciements, il peut me le faire savoir et je lui trans-
mettrai mes plus grandes excuses et une version dédicacée manuscrite... Bonne lecture !
Table des matières
Remerciements iii
Acronymes xvii
Introduction générale 1
Bibliographie 163
V.4 Coûts de renforcement pour les différentes stratégies selon le scénario . . . 148
V.5 Coûts de renforcement en fonction de la probabilité de fonctionnement
sans contrainte désirée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
V.6 Déploiement de flexibilité nécessaire sur les postes HTA/BT . . . . . . . . 150
V.7 Déploiement de flexibilité nécessaire sur les postes HTA/BT . . . . . . . . 151
V.8 Courbe d’insertion de GED du réseau réel de Grenoble . . . . . . . . . . . 153
V.9 Algorithme pour déterminer le taux maximal d’insertion de GED . . . . . 154
V.10 Lien entre les indices de fiabilité : SAIDI et SAIFI . . . . . . . . . . . . . 155
V.11 Graphe d’aide à la décision pour le GRD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
A.1 Cas d’étude n◦ 1 - Artères du réseau réel sur la zone d’étude . . . . . . . . 173
A.2 Cas d’étude n◦ 1 - Artères du réseau simulé sur la zone d’étude . . . . . . 173
A.3 Cas d’étude n◦ 1 - Congestion des rues pour le réseau réel sur la zone
d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
A.4 Cas d’étude n◦ 1 - Congestion des rues pour le réseau simulé sur la zone
d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
A.5 Travaux pour l’extension du réseau - β2rue = 80% . . . . . . . . . . . . . . 175
A.6 Travaux pour l’extension du réseau - β2rue = 10% . . . . . . . . . . . . . . 175
BT : Basse Tension
SG : Smart Grids
V2G : Vehicle-To-Grid
V4G : Vehicle-For-Grid
Les réseaux électriques sont en perpétuelles mutations car ils évoluent de manière étroi-
tement liée avec les changements démographiques et économiques, le développement des
nouvelles lois et incitations nationales et internationales autour des énergies, le dévelop-
pement des consciences autour du changement climatique et la modification progressive
des habitudes de consommation. Les premiers changements importants interviennent de-
puis les années 1990 en France avec la première directive Européenne adoptée en 1996
instaurant le début de l’ouverture du marché de l’énergie électrique. L’ouverture du mar-
ché, l’évolution des technologies de production et l’influence des nouvelles préoccupations
environnementales ont mené à l’apparition de plus en plus importante de productions
décentralisées sur les réseaux électriques de distribution. Ce premier changement de para-
digme remet en cause la façon dont les réseaux ont été construits, c’est-à-dire pour des flux
d’énergie unidirectionnels allant des grands centres de production jusqu’aux utilisateurs
finaux. Ces flux à présent bidirectionnels engendrent des contraintes sur des réseaux qui
n’ont pas été construits pour cela.
Si son développement fait toujours partie des préoccupations majeures des gestion-
naires des réseaux électriques, la production décentralisée n’est plus le seul changement de
paradigme important auxquels ils doivent faire face. Depuis plusieurs années, les modes
de consommations sont sujets à de profondes mutations. Avec l’ouverture du marché de
l’énergie, les consommateurs peuvent dorénavant prendre part de manière active au fonc-
tionnement du réseau, en devenant eux-mêmes producteurs. Avec le développement des
compteurs communicants, ils peuvent également avoir une plus grande observabilité et
un meilleur contrôle de leur consommation. Avec le déploiement des technologies d’energy
box couplées aux compteurs communicants, ces mêmes utilisateurs peuvent répondre à des
incitations de la part de différents acteurs du réseau électrique afin de réduire leur consom-
mation aux heures de pointe, sources de contraintes techniques sur le réseau et de pollution.
La consommation devient flexible, et les consommateurs deviennent des "consom’acteurs".
De nouvelles charges font également leur apparition : les véhicules électriques font l’objet
d’un fort engouement en raison des préoccupations environnementales, de la volatilité du
prix des carburants, et de la médiatisation et des plans de soutiens gouvernementaux au-
tour de la mobilité électrique.
2 Introduction générale
Le but des travaux de cette thèse est d’étudier l’évolution des méthodes de planification
des réseaux électriques de distribution dans un contexte de Smart Grids. Le vieillissement
des réseaux électriques actuels est étudié dans un contexte soumis à de nombreuses incerti-
tudes sur l’évolution de la consommation, le déploiement de la production décentralisée et
le développement des réseaux électriques. Dans ce contexte, l’utilisation de fonctions avan-
cées de conduite est étudiée en alternative aux solutions structurelles classiques comme le
renforcement du réseau. Une attention particulière est prêtée à l’utilisation des flexibilités
de consommation via des stratégies de maîtrise de la demande en énergie. Le Chapitre
I présente la structure historique des réseaux électriques de distribution, les méthodes
usuelles de planification et décrit succinctement l’évolution des réseaux historiques aux
Smart Grids. Le Chapitre II propose une méthodologie de construction de réseaux élec-
triques selon les règles usuelles de planification enrichies de l’utilisation d’algorithmes
heuristiques et d’outils issus de la théorie des graphes. Le Chapitre III propose un outil
d’analyse des réseaux soumis à des incertitudes, dans des contextes d’évolution tirés des
prévisions du Grenelle et du scénarion 100 % ENR de NégaWatt. Le Chapitre IV présente
une modélisation des fonctions de conduite du réseau adaptée aux études de planification,
avec un développement important autour des stratégies d’effacement. Enfin le Chapitre
V expose deux premières méthodologies allant vers une planification des Smart Grids, en
combinant les différents outils développés aux chapitres précédents.
Cette thèse a été conduite dans le cadre du projet Greenlys. Ce projet répond à un
Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) réalisé en 2009 par l’ADEME pour un investisse-
ment de 43 millions d’euros de 2012 à 2016, dans le cadre du Programme d’Investissements
d’Avenir (PIA). L’objectif est de réaliser un démonstrateur de réseau intelligent à l’échelle
réelle dans certains quartiers des villes de Lyon et de Grenoble. Ce démonstrateur vise à dé-
velopper et éprouver des solutions innovantes autour de l’intégration massive des énergies
renouvelables, des réseaux de télécommunication et de systèmes d’information, des réseaux
électriques autocicatrisant, des véhicules électriques et du stockages, de la participation
active du client final et de l’efficacité énergétique. Au travers de ces solutions, la valeur
économique, environnementale et sociétale d’un réseau électrique intelligent doit être éva-
luée. Dans ce but, tous les acteurs de la chaîne énergétique sont impliqués. On trouve
Introduction générale 3
ainsi parmi les partenaires principaux deux distributeurs (ERDF et GEG), un fournis-
seur d’énergie (ENGIE), un universitaire (Grenoble INP) et un fournisseur de solutions
(Schneider Electric). De nombreux autres acteurs prennent part au projet Greenls, repré-
sentés sur la figure 1. Ce partenariat entre universitaires et industriels est un atout pour
ces travaux de thèse car il apporte une vision extérieure sur les outils créés, une expérience
de terrain, et permet d’éprouver les méthodes développées sur des données de réseaux réels.
Tutelle
Partenaires de Cercle 1
Partenaires de Cercle 2
Sommaire
1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2 Description physique du réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.1 Choix techniques majeurs . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 7
2.2 Postes de transformation . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 9
2.2.1 Postes sources HTB/HTA . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 9
2.2.2 Postes de distribution HTA/BT . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 10
2.3 Lignes HTA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 12
2.3.1 Architectures . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 12
2.3.2 Caractéristiques et modélisation . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 15
2.4 Plan de protection du réseau . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 17
2.5 Consommateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 18
2.6 Producteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . 21
3 Planification des réseaux électriques de distribution . . . . . . . 24
3.1 Objectifs de la planification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.2 Critères pour la planification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.2.1 Contraintes techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.2.2 Qualité de l’énergie électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.2.3 Fiabilité de l’alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.3 Étude technico-économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.4 Étapes de la planification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4 Évolution des réseaux électriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4.1 Ouverture du marché de l’énergie et évolution des lois environnementales . 34
4.2 Nouveaux modes de consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.3 Les réseaux intelligents ou Smart Grids . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Abstract
1 Introduction
Les réseaux électriques sont depuis quelques années en pleine mutation. Pensés à l’ori-
gine pour acheminer l’énergie depuis les grands centres de production jusqu’aux consomma-
teurs, ils ont été mis à l’épreuve par l’ouverture du marché de l’énergie et le développement
de la production décentralisée. Les flux d’énergie devenant dès lors bidirectionnels, les mé-
thodes de planification des réseaux électriques doivent être revues. Cependant, d’autres
changements de paradigmes ont lieu aujourd’hui. Les habitudes de consommation évoluent
via le développement des nouvelles technologies autour du bâtiment et de la domotique,
des énergies renouvelables, de la prise de conscience environnementale et des nouvelles
politiques incitatives. Les véhicules électriques et hybrides connaissent également un dé-
veloppement important ces dernières années et viennent modifier le comportement des
consommateurs et leur impact sur le réseau.
Ces nouveaux éléments et leurs synergies ont potentiellement des impacts positifs et
négatifs sur le réseau [115]. De plus, ils ne sont pas seulement passifs mais peuvent se
comporter de manière active sur le réseau pour prendre part à son fonctionnement. La
production décentralisée peut être contrôlée pour limiter les contraintes en tension et
diminuer les pertes techniques [133], les véhicules électriques peuvent synchroniser leur
consommation avec les moyens de production renouvelable ou servir de réserve d’énergie
pour soutenir le réseau lors des périodes de pointe [134], et les consommateurs équipés
de compteurs communicants peuvent répondre aux incitations du gestionnaire du réseau
électrique afin de diminuer l’impact des pics de consommation par exemple [82]. Le dé-
veloppement de ces nouvelles fonctions de conduite pour le réseau est possible en partie
grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Les
NTIC ont en effet un rôle crucial car elles apportent, via l’utilisation du potentiel des tech-
nologies du numérique, une interaction entre les différents éléments du réseau ainsi que
des solutions d’infrastructures de communication sécurisées, des logiciels de pilotages ou la
maîtrise de la consommation au travers d’afficheurs 1 . Les différents éléments constituant
le réseau électrique sont maintenant plus automatisés et peuvent communiquer entre eux,
offrant au gestionnaire une meilleure observabilité et un meilleur contrôle de son réseau.
Ces changements mènent peu à peu le réseau électrique actuel à évoluer vers le concept
de Smart Grid, ou réseau intelligent. Il s’agit du système électrique incluant des techno-
logies de compteurs et autres appareils communicant, des énergies renouvelables et des
charges flexibles, surveillés et contrôlés à l’aide des NTIC [49]. Cette mutation amène les
différents acteurs du réseau à revoir leur manière de fonctionner afin d’intégrer les avantages
et inconvénients du Smart Grid. Entre autres, le gestionnaire du réseau de distribution
doit évaluer la robustesse de ses techniques de planification et les faire évoluer si nécessaire.
Cette étape de la vie du réseau est très importante car elle concerne des investissements
très lourds pour des durées de vie importantes avec des répercussions socio-économiques
conséquentes. De plus, les réseaux actuels sont âgés et vont être amenés à être remplacés
ou renforcés. C’est donc l’occasion de revisiter les méthodes usuelles de planification.
1. http://www.smartgrids-cre.fr
2. Description physique du réseau 7
La fréquence dans les réseaux électriques Français est de 50 Hz et ce choix est histo-
rique. Les spécifications en France autorisent la fréquence à fluctuer de +/- 1 % pendant
99,5 % du temps sur l’année pour des réseaux reliés par des connexions synchrones à un
système interconnecté, d’après la norme EN 50160. Toutefois, grâce aux interconnexions,
2. Niveau retenu dans les années 60. Fin 2004, il reste 11 % du réseau HTA exploité sous 15 kV ou
inférieur pour le réseau de ERDF [45].
3. Au 1er Janvier 2014 les activités opérationnelles de l’UTE ont été transférées à l’AFNOR : http:
//www.afnor.org/profils/activite/electrotechnologies
8 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
Réseau de
transport et
HTB de
répartition
HTA
Réseaux de
distribution
BT
l’écart est plus généralement de +/- 0.1 % [24]. Les fluctuations sont dues aux déséquilibres
entre la production et la consommation. Presque tout le réseau de transport fonctionne
sur un système triphasé. Ce choix est fondé sur le fait qu’un transport triphasé de l’énergie
électrique permet de faire circuler la même quantité d’énergie qu’un système monophasé
mais avec une quantité de conducteur diminuée de moitié, économiquement plus intéres-
sant [24]. Même si le système monophasé est plus intéressant pour desservir de faibles
charges dispersées grâce à un transit faible comparé à la capacité des conducteurs, ce cas
n’existe pas en France. Un autre choix technique majeur est le régime de neutre, à savoir la
connexion du neutre à la terre, qui se fait via une impédance consistant en une résistance
seule ou via une bobine triphasé, selon le milieu urbain ou rural du réseau et l’accessibilité
au neutre. Ce choix a pour but de limiter les courants de défaut à la terre afin de réduire
leurs conséquences sur le réseau tout en assurant un seuil suffisant pour les détecter [24,55].
Les réseaux de distribution sont constitués des postes sources HTB/HTA qui reçoivent
l’énergie du réseau de transport et la transmettent aux différentes charges du réseau de
distribution. Le transfert de l’énergie est assuré par les lignes dont l’architecture et le type
de conducteur sont variables. L’énergie est transmise aux postes de distribution HTA/BT
et consommateurs moyenne tension. La sécurité de l’alimentation est assurée par la pré-
sence de différents moyens de protections pour la détection des incidents sur le réseau, ainsi
que d’organes de coupure télécommandés permettant l’isolation et la réparation des zones
touchées. Les caractéristiques, le nombre et la disposition géographique de ces différents
éléments sont déterminés lors de la planification des réseaux électriques de distribution.
Par la suite, les différents éléments décrits sont restreints au réseau de distribution.
2. Description physique du réseau 9
Les postes sources sont les premiers éléments du réseau de distribution. Ils transmettent
l’énergie depuis le réseau de transport et de répartition au réseau de distribution, en trans-
formant l’énergie électrique de la haute tension (HTB) à la moyenne tension (HTA). Il y
a en France environ 2200 postes sources HTB/HTA dont 9 % en niveau de tension 225 kV
côté HTB [45]. Leur structure est décrite sur la figure I.2.
Antenne 1 Antenne 2
Jeu de barre
Disjoncteur HTB
« HTB »
Disjoncteur de
transformateur
Transformateurs
HTB HTB/HTA
Jeu de barre
« HTA »
Disjoncteur Disjoncteurs
Shunt de
départ
Les postes sources sont constitués des arrivées d’énergie côté HTB, appelées antennes.
Elles sont rattachées aux transformateurs HTB/HTA dont le nombre et la puissance dé-
pendent de la densité de puissance de la zone à desservir. Dans une zone de faible densité
de type rural, il y a entre 1 et 3 transformateurs dont la puissance est de 20 MVA. Pour
les agglomérations moyennes, il peut y avoir jusqu’à 3 transformateurs de 36 MVA. Pour
les grandes agglomérations, l’énergie du poste source est directement fournie par le réseau
220 kV et il peut y avoir jusqu’à 4 transformateurs de 70 MW chacun [55]. Chaque trans-
formateur HTB/HTA alimente entre 1 et 8 départs [55]. Chaque départ est une ligne qui
alimente les clients depuis un poste source puis rejoint un organe de manœuvre normale-
ment ouvert. Cet organe permet de gérer le réseau de manière radiale tout en garantissant
un secours entre les différents départs. Le secours d’un départ est la reprise de son ali-
mentation par une autre partie du réseau si le poste source l’alimentant ou si une de ses
10 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
sections connaît un défaut. Cet aspect est abordé plus en détails dans la section suivante.
La puissance distribuée par départ est généralement de 5 MW maximum pour les zones
rurales et 6 MW pour les zones urbaines [30,29]. Les jeux de barres permettent de modifier
la structure d’alimentation du poste source en cas de défaut ou d’intervention. On parle de
jeu de barres HTB quand un transformateur change d’antenne, et de jeu de barres HTA
quand un départ change de transformateur. Selon la taille du poste source, on peut trou-
ver plusieurs jeux de barres côté HTB. Différentes protections sont présentes dans le poste
source : disjoncteurs de ligne permettant d’effectuer la maintenance sur les jeux de barres
HTB, disjoncteurs de transformateurs et disjoncteurs de départ. Les disjoncteurs « shunt
» permettent de connecter directement une phase en défaut à la terre en cas d’incident sur
le réseau de distribution, dans le but d’éliminer la plupart des défauts monophasés sans
perturber les utilisateurs. Enfin le poste source comprend des bancs de condensateurs dont
le rôle est de compenser l’énergie pour de réduire les pertes par effet Joule et ajuster la
tension.
Chaque transformateur HTB/HTA peut être équipé d’un régleur en charge qui permet
d’ajuster la tension à sa sortie. Chaque prise permet de modifier le rapport du nombre
de spires du transformateur et donc le rapport de transformation. Lors du changement de
prise, une résistance est intégrée afin de limiter le courant de court-circuit généré circulant
dans une partie des spires du transformateur. Le changement de prise intervient lorsqu’une
chute de tension (U < Umin) ou une hausse de tension (U > Umax) est observée en un point
du réseau pendant un temps minimum. Les régleurs en charge permettent généralement
des variations de la tension de +/- 12 % autour de la valeur nominale.
Les postes de distribution HTA/BT sont les centres de consommation du réseau moyenne
tension. Leur puissance nominale est variable et impacte la structure du poste qui est divi-
sée en trois familles [24] représentées sur la figure I.3. Les transformateurs sur poteau H61
sont présents uniquement dans les réseaux aériens et dans la plus grande partie des cas
en zone rurale. Ces postes sont alimentés par une seule ligne et font partie des structures
2. Description physique du réseau 11
dites arborescentes. Ils possèdent un disjoncteur basse tension relié à 1 ou 2 départs basse
tension. Leur puissance peut être de 63, 100 ou 130 kVA. Les transformateurs bas simpli-
fiés sous capot peuvent être à l’air libre ou abrités sous un préfabriqué. Leurs dimensions
sont généralement de 3m2 x 1,5m. Ils possèdent de 1 à 2 départs protégés par des fusible.
En sortie du transformateur se trouve un interrupteur / disjoncteur. La puissance de ces
postes peut être de 160, 250 ou 400 kVA. Les transformateurs urbains reliés en souterrain
sont enterrés ou disposés à l’intérieur d’un bâtiment. Un interrupteur et un fusible pro-
tègent l’arrivée HTA. Un interrupteur / disjoncteur se trouve en sortie BT, et des fusibles
protègent chaque départ BT dont le nombre varie de 1 à 8. Le transformateur dispose d’un
régleur hors-charge possédant 3 positions : +/-2,5 %, 0 % et -2,5 %. La puissance de ces
postes peut être de 250, 400, 630 ou 1000 kVA.
Interrupteur
Interrupteur / Interrupteur /
Disjoncteur
disjoncteur disjoncteur
Connexion en
coupure d’artère
Connexion en simple
dérivation (ou antenne)
Connexion en double
dérivation
Figure I.4 – Les différents types de connexion des postes HTA/BT aux lignes HTA
Dans les zones urbaines, le nombre de postes HTA/BT est minimisé au profit d’une
puissance nominale plus grande, du fait de la densité des charges et des contraintes envi-
ronnementales. En zone rurale, le nombre optimal de postes HTA/BT est un compromis
technico-économique entre le coût du transformateur, le coût des lignes basse tension qui
lient le transformateur aux charges et le coût de la ligne moyenne tension qui relie le
poste au réseau moyenne tension. En France, le réseau électrique de distribution com-
prend environ 700 000 postes HTA/BT - environ un poste tous les 1 km de ligne - et 120
000 consommateurs HTA - environ un consommateur tous les 5 km [30,45]. Au niveau des
postes de transformation HTA/BT, les protections mises en place sont la plupart du temps
des fusibles [24, 55, 97]. Leur avantage est un coût faible, la rapidité de déclenchement face
à un défaut et la limitation du courant de défaut. Le transformateur sur poteau H61 est à
l’inverse protégé par un disjoncteur. Avec les fusibles, il n’y a pas de problèmes rencontrés
concernant les défauts polyphasés car ils fondent en quelques millisecondes. Les défauts
monophasés ne sont pas détectés par les fusibles et sont gérés par les protections en amont
sur le réseau de distribution. Le calibre des fusibles varie de 6,3 à 63 A en fonction de la
puissance des postes qui va de 50 à 1000 kW.
Artères principales
Artères secondaires
Postes sources
Charges (postes HTA/BT)
Organes de manœuvre
normalement ouverts
Organes de manœuvre
normalement fermés
Les architectures en coupure d’artère utilisent des postes à deux points de connexion
[8, 24, 30, 29, 45]. Les lignes partent d’un poste source HTB/HTA, alimentent successive-
ment plusieurs postes HTA/BT et rejoignent une autre source d’alimentation qui peut
être un autre poste source, le même poste source de départ, un point de réflexion ou un
câble de secours. Tous les interrupteurs des postes HTA/BT d’une ligne sont normalement
fermés à l’exception de l’interrupteur normalement ouvert qui marque la séparation entre
les deux départs de la ligne. Une structure en coupure d’artère avec deux postes sources
différents est appelée coupure d’artère de source à source, illustrée sur la figure I.6. C’est
l’architecture de référence retenue pour nos études de planification. Ses principaux intérêts
sont sa fiabilité et sa facilité à l’exploiter. Elle assure la sûreté des postes HTB/HTA, une
bonne qualité d’alimentation et de faibles pertes Joule. Elle est de plus économique et
facile à faire évoluer [8, 24, 30, 29, 45]. Elle est retenue pour nos cas d’étude car elle est
caractéristique des milieux urbains et des réseaux réels étudiés.
BTA
une station appelée « tête de pétale » qui alimente les charges aux moyens de boucles. La
structure en maille consiste en plusieurs boucles partant de "tête de boucles" connectées
au poste source par des conducteurs de forte section, avec plusieurs secours entre les dif-
férentes boucles.
Structure en épi
Structure
en boucles
Structure en
fuseau
Structure en
maille
Structure en pétale
de marguerite
La structure en boucle est facile à exploiter avec une bonne qualité d’alimentation et
de faibles pertes Joule. En revanche, la sûreté des postes HTB/HTA n’est pas assurée et
la taille du réseau est conséquente par rapport à l’artère de source à source. Le constat
est sensiblement le même pour la structure en pétale de marguerite qui est une struc-
ture utilisée pour des cas spécifiques (quelques charges localisées et denses). Les structures
en fuseau et en épi offrent également une bonne qualité d’alimentation mais la première
2. Description physique du réseau 15
présente de fortes pertes Joule et la seconde est complexe à exploiter pour des coûts d’in-
vestissement et d’opération importants. La structure en maille présente une très bonne
qualité d’alimentation - à l’image des réseaux de transport - mais est coûteuse et difficile
à exploiter.
Les architectures en double dérivation, illustrées sur la figure I.8, sont des architectures
doublant le réseau depuis le jeu de barre du poste source [8, 24, 30, 29, 45]. Chaque poste
HTA/BT est connecté à deux lignes via des boîtes de dérivation et deux interrupteurs
permettant de passer d’une ligne à l’autre, selon le mode d’exploitation ou en cas de
défaut. Une variante de cette architecture est la structure à double alimentation multiple.
Chaque poste HTA/BT est connecté à deux lignes faisant partie d’un ensemble de 1 à 8
lignes. On parle de secours intégré si toutes les lignes sont chargées, ou de secours spécialisé
si une ligne non chargée est reliée à tous les postes et dédiée au secours. Les structures en
double alimentation permettent une bonne qualité d’alimentation mais sont coûteuses (il
faut doubler les lignes) et complexes à exploiter. Elles sont le plus souvent réservées à des
clients sensibles (industriels, hôpitaux, etc.).
Lignes
Ligne de secours
Postes sources Charges (postes HTA/BT) Lignes Organes de manœuvre normalement ouverts
Les lignes constituant l’architecture sont divisées en deux types [24, 41]. Les lignes
aériennes sont moins chères que les câbles souterrains et faciles à installer. Elles sont en
revanche plus soumises aux facteurs environnementaux et rencontrent donc plus de dé-
fauts avec un temps de réparation néanmoins peu important. Les conducteurs souterrains
sont plus chers et plus difficiles à installer que les lignes aériennes mais rencontrent moins
de défaut avec un temps de réparation important. Les lignes aériennes ont tendance à
disparaître des réseaux électriques français au profit des câbles souterrains dans le cadre
d’une campagne de qualité de l’alimentation électrique. Ainsi en 1996, les câbles aériens
représentaient 72 % du réseau moyenne tension et 76 % du réseau basse tension, contre
16 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
Une ligne est composée de trois conducteurs triphasés considérés comme équilibrés
pour les réseaux moyenne tension. Ce système triphasé équilibré de tension composée
U entre phases (en kV) est représenté par son schéma monophasé équivalent de tension
√
simple V (en kV). Les tensions U et V sont reliées par la relation U = 3V . Les lignes
sont représentées par un modèle de ligne en Pi représenté sur la figure I.9. Ce modèle est
linéique à constantes réparties. Les paramètres r, x et c sont respectivement la résistance
linéique (en Ω/km), la réactance linéique (en Ω/km) et la capacité linéique (en F/km).
Le dernier paramètre associé est le courant maximal admissible pouvant circuler dans le
conducteur en régime permanent sans dépasser ses limites thermiques. Au-delà de cette
température, l’isolant et/ou le conducteur se détériorent et peuvent aller jusqu’à brûler. Ce
courant admissible est noté I therm . Ces paramètres dépendent du type de matériau utilisé
et de la section choisie. Ils permettent également d’exprimer deux grandeurs physiques
importantes qui sont la chute de tension ∆V /V le long du câble (en %) et les pertes Joule
PJoule dans le câble (en kW).
2 2
V
∆V r × l × Pmono + x × l × Qmono
= (I.1)
V V 2 × 103
∆U r × l × Ptri + x × l × Qtri
= (I.2)
U U 2 × 103
Avec :
l : longueur du conducteur (en km)
Ptri : puissance active triphasée de la charge (en MW)
Qtri : puissance réactive triphasée de la charge (en MW)
Pmono : puissance active monophasée équivalente de la charge (en MW)
Qmono : puissance réactive monophasée équivalente de la charge (en MW)
4. Cette évolution est en grande partie due aux tempêtes Lothar et Martin en 1999 qui ont conduit à
l’enfouissement progressif du réseau électrique pour le rendre moins sensibles aux évènements climatiques
de ce type.
2. Description physique du réseau 17
Les défauts polyphasés ou monophasés peuvent être de quatre types [97], les trois
premiers types étant plutôt associés à des défaut monophasés :
• Les défauts auto-extincteurs (10 % des défauts) : ils disparaissent spontanément dans
un temps très court, sans provoquer le déclenchement d’une protection.
• Les défauts fugitifs (75 % des défauts) : pour les faire disparaître, il faut procéder
à une très courte coupure d’alimentation du réseau (quelques dixièmes de seconde)
ou - s’il s’agit d’un défaut monophasé - une connexion à la terre via un disjoncteur
shunt.
• Les défauts semi-permanents (10 % des défauts) : contrairement aux défauts fugitifs,
ils nécessitent une coupure d’alimentation plus longue, à savoir quelques dizaines de
secondes.
18 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
2.5 Consommateurs
Dans la planification des réseaux électriques de distribution moyenne tension, les clients
du réseau sont composés des clients moyenne tension (industriels, centre commerciaux,
hôpitaux, etc.) et des postes de transformation HTA/BT qui desservent le réseau basse
tension. On définit pour les postes HTA/BT le nombre Nclients de clients basse tension
desservis. Dans un réseau urbain composé de conducteurs souterrains, chaque poste pos-
sède de 100 à 200 mètres de longueur de départ et peut alimenter de 120 à 150 maisons
individuelles (50 à 60 avec chauffage électrique) ou de 250 à 300 logements en immeuble
collectif groupé (100 à 130 avec chauffage électrique) [45]. Le nombre de clients basse ten-
sion permet de déterminer le coefficient de foisonnement associé. La norme NF C14-100 [5]
donne le coefficient à utiliser pour les colonnes montantes au pied des immeubles. Selon
le distributeur, la norme NF C14-100 peut être extrapolée pour le poste HTA/BT ou un
autre modèle peut être utilisé comme BAGHEERA pour ERDF. Ce coefficient permet
d’estimer la puissance maximale d’un poste en fonction de ses clients basse tension. On
2. Description physique du réseau 19
attribue également à chaque client une priorité d’alimentation en cas d’incident : 1A pour
un impact sur les vies humaines, 1B pour un impact sur les matériels, LS pour un client
sensible ou 2 si le client peut être coupé sans risque. Cette priorité est utilisée dans la
phase de planification pour décider de l’architecture utilisée en fonction de la qualité d’ali-
mentation requise pour chaque client (les clients très importants peuvent par exemple être
alimentés par une structure en double dérivation), et dans la phase d’exploitation pour
des opérations de délestage par exemple, afin de ne couper en premier que les clients peu
sensibles.
Les clients (moyenne tension ou poste HTA/BT) sont modélisés comme des nœuds PQ,
dont les puissances active P et réactive Q sont connues. La puissance consommée par une
charge est le plus souvent décrite par une courbe appelée monotone de puissance [24]. Cette
courbe est obtenue à partir d’une courbe de charge sur une période d’une année, soit 8760
heures qui est une période suffisamment représentative du comportement de la charge. Pour
plusieurs niveaux de puissance définis, on comptabilise la durée écoulée par niveau pour
construire la monotone de charge. C’est pourquoi pour une bonne précision de la courbe, on
utilise de préférence une courbe de charge instantanée ou avec un échantillonnage temporel
élevé. La monotone de charge, illustrée sur la figure I.11, se présente avec les niveaux de
puissances en ordonnée et le temps cumulé par niveau de puissance en abscisse.
Pmax
Pmoyen
La partie gauche de la courbe donne des indications sur la puissance de pointe. La mo-
notone permet d’évaluer la proportion du temps pendant laquelle on dépasse une puissance
donnée, qui est interprétée comme une probabilité pour les études de dimensionnement. On
définit également la durée moyenne d’activité à puissance maximale H de la charge dans
l’année, qui correspond à la puissance maximale Pmax . H est variable et les hypothèses
classiques de planification [30] la fixent souvent à 4000 heures pour des réseaux urbains
et 3200 heures pour des réseaux ruraux. La puissance moyenne de la charge Pmoyen est
associée à la durée totale de l’année (8760 heures). Le rapport des aires permet de faire
le lien entre Pmax et Pmoyen par la relation I.4. La puissance moyenne permet de calculer
les pertes annuelles moyennes dues à la charge dans le réseau électrique et la puissance
maximale permet d’évaluer le cas où le transit de puissance dans les conducteurs sera le
plus important et donc de vérifier si les contraintes thermiques des câbles ou la chute de
tension admissible sont respectées.
H
Pmoyen × 8760 = Pmax × H ⇒ Pmoyen = Pmax × (I.4)
8760
20 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
La courbe de la monotone de charge est évaluée sur un intervalle de mesure donné qui
est dit "réalisé". Pour dimensionner le réseau de manière robuste, l’aléa météorologique doit
être pris en compte, c’est-à-dire l’impact sur la consommation de la différence entre une si-
tuation météorologique réalisée et une situation météorologique de référence. Une situation
météorologique est définie par de très nombreux paramètres (pression atmosphérique, hy-
grométrie, température, direction et vitesse du vent, pluviosité, ensoleillement, etc.) dont
les relations sont très complexes et n’ont pas encore été modélisées de manière parfaite.
C’est pourquoi dans un souci de compromis entre précision, simplicité et robustesse, le
seul paramètre retenu est la température qui est a le plus d’impact sur la consommation
et qui est facile à acquérir. La relation entre la consommation et la température est repré-
sentée par le gradient de température g qui traduit la variation de consommation liée à
une variation de 1◦ C de température, et qui est exprimé en %/◦ C. De manière générale,
on observe un gradient seulement lorsque la température est en-dessous d’une valeur seuil
de chauffage égale à 15◦ C. Au-dessus de cette valeur, la consommation n’est pas impactée
par la variation de température. L’ajustement d’un profil de charge ou de sa monotone
associée en fonction de l’aléa climatique est décrit dans [47, 114]. Il est utile pour les res-
ponsables d’équilibre qui ont besoin d’une bonne prédiction de la consommation. A titre
d’exemple, la valeur de gradient calculée d’après la méthodologie décrite dans [114] est
de 1 420 MW/◦ C pour le réseau de ERDF. Cela signifie qu’une variation d’un degré en
dessous de la valeur seuil peut entraîner la mise en marche ou l’arrêt d’environ une centrale
nucléaire 5 pour le réseau de ERDF.
∗ Pmax
Pmax = (I.5)
1 + g(θN − θ)
∗
PT mb = Pmax [1 + g(θN − θT mb )] (I.6)
Avec :
∗
Pmax : puissance de référence pour le régime secours (en MW)
Pmax : puissance historique maximale mesurée (en MW)
PT mb : puissance de référence pour le régime normal (en MW)
θN : température de mesure de Pmax∗ (en ◦ C)
θ : température de mesure de Pmax (en ◦ C)
θT mb : température de mesure de PT mb (en ◦ C)
g : gradient de température (en %/◦ C)
5. L’International Atomic Energy Agency tient à jour une base de données des réacteurs nucléaires dans
le monde : https://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/CountryDetails.aspx?current=FR
6. Cette définition varie selon le GRD
2. Description physique du réseau 21
∗
Une fois que les puissances de référence Pmax et PT mb sont estimées à la première an-
née de l’étude de planification grâce aux puissances réalisées et aux données climatiques,
leurs évolutions au cours du temps est prédite. La prévision à long terme permet d’es-
timer les contraintes maximales que va connaître le réseau quand la consommation est
maximale. Plusieurs périodes d’évolution associées à différents taux sont définies. Ceux-ci
dépendent des données à disposition du GRD : historiques de consommation, évolution
démographique, évolution de l’emploi, développement d’autres sources d’énergie, proxi-
mité des structures de transport, etc [29]. Définir des sous-périodes permet des prévisions
à court et moyen termes qui sont importantes pour établir les dates d’investissements des
réseaux intermédiaires pour la construction de la cible long terme, décrite dans la suite
de ce chapitre. Un taux d’évolution est défini pour la puissance moyenne et la puissance
maximale. Celles-ci sont exprimées en I.7 et I.8.
nombre X
de périodes
Pmoyen (T ) = Pmoyen (0) × (1 + τiconso )Ti (I.7)
i=1
nombre X
de périodes
Pmax (T ) = Pmax (0) × (1 + τipointe )Ti (I.8)
i=1
Avec :
T : durée de la période d’étude (en années)
Ti : durée de la période i (en années)
τipointe : taux annuel d’évolution de la puissance maximale sur la période i (en %)
τiconso : taux annuel d’évolution de la puissance moyenne sur la période i (en %)
2.6 Producteurs
Les générateurs d’énergie dispersés ou GED désignent les moyens de production connec-
tés au réseau de répartition 63 ou 90 kV et aux réseaux de distribution moyenne et basse
tension. Ce type de production diffère des moyens de production classiques car il est dis-
persé, de faible puissance et peut être proche des consommateurs (ce qui n’est pas le cas
des éoliennes ou hydroliennes offshore par exemple). Les GED sont de plusieurs types :
groupes diesel, micro-turbines, stockages, éoliennes, panneaux solaires, moteurs à com-
bustion en cogénération, etc. La nature même de la source d’énergie des GED apporte
de nouvelles problématiques sur le réseau électrique car il peut s’agir d’énergies fatales à
l’instar des éoliennes et des panneaux solaires. Dans ce cas l’énergie est perdue si elle n’est
pas utilisée ou stockée. La non synchronisation entre consommation et production peut
alors devenir problématique pour les responsables d’équilibre. Ces types de production
sont moins contrôlables mais également plus difficiles à prédire car ils dépendent des aléas
météorologiques. De nouveaux outils de prévisions incluant la modélisation du vent où de
l’ensoleillement par exemple doivent être mis en place.
Les GED ont d’autres impacts négatifs. Par exemple, les choix pour le dimensionne-
ment initial du réseau sont remis en cause par l’insertion de GED, comme l’illustre la
figure I.12. Les conducteurs sont généralement dimensionnés avec une section décroissante
22 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
P2
I1+2+3 I2+3 I3
Poste HTB/HTA P3
P1
UN + 5%
UN
UN - 5%
P2
IGED - I1+2+3 IGED-I3 I3
Poste HTB/HTA P3
IGED - I2+3
P1 PGED > P1+P2+P3
UN + 5%
UN
UN - 5%
Figure I.12 – Impact des GED sur le plan de tension et le transit de puissance
IGED
D1 Défaut
Aveuglement de protection
inactive
Protection à seuil de courant (réglage = Iseuil) :
enclenchée
tion harmonique. Des normes sur la qualité de la tension sont imposées aux producteurs
qui doivent s’adapter en utilisant des filtres actifs ou des générateurs à haut rendement
avec une faible injection d’harmoniques. Ces normes 7 concernent également d’autres effets
comme le phénomène de flicker provoqué par les éoliennes [123, 77]. Ce phénomène peut
produire la variation rapide de la luminosité des lampes à incandescence chez les par-
ticuliers, entraînant de nombreux désagréments. Le contrôle et l’interface avec le réseau
des génératrices éoliennes doivent être améliorés. Les GED doivent également comporter
des régulateurs de fréquence pour mieux contrôler leur réaction en cas de fluctuations
rapides de la fréquence sur le réseau. Le changement d’impédance du réseau dû à l’in-
sertion de GED peut également perturber les signaux tarifaires. Il faut alors installer des
ré-amplificateurs de signaux pour les clients en aval de GED, des horloges directement au
niveau des compteurs clients ou des circuits bouchons.
Selon la technologie considérée et la puissance installée, les GED peuvent participer aux
réglages sur le réseau en absorbant ou en injectant de la puissance réactive. Cette gestion
du réactif permet de diminuer ou d’éliminer les impacts négatifs des GED sur le réseau
mais également d’améliorer son fonctionnement grâce au Volt Var Control (VVC) [63] qui
permet de participer de manière active au réglage de tension et de diminuer les pertes
Joule. Le contrôle des GED se fait en fixant par contrat la tangente de fonctionnement
des producteurs dans les limites des capacités constructives 8 . La tangente correspond
à une fourniture de puissance réactive au point de livraison de 40 % de la puissance
installée et une puissance d’absorption de 35 % de la puissance installée, pour une plage
de tension de +/- 5 % de la tension nominale. La contractualisation de ce réglage est
effectuée au travers d’une bande comprise entre des seuils de tangente correspondant aux
7. Les normes internationales sur le phénomène de flicker sont les EN 50 308 et CEI 61 400-1
8. Arrêté du 23 avril 2008 en application du décret 2008-386
24 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
besoins du réseau pour le plan de tension. Des dispositions particulières sont prises lors
d’un fonctionnement à faible puissance compte tenue de la difficulté à gérer le réactif dans
ce mode de fonctionnement. Le type de contrat diffère selon l’impact du producteur sur
le réseau : selon la loi, un producteur a un impact important si sa variation de puissance
maximale entraîne une variation de la tension en son point de connexion supérieure à
2,5 % [52]. Dans ce cas, le producteur doit s’engager à effectuer le réglage de la tension
toutes les 10 minutes. Pour un faible impact, le producteur s’engage à régler son mode de
fonctionnement une fois par mois. L’injection ou absorption de réactif sur le réseau par le
producteur peut être régulée de deux manières différentes. Le producteur peut effectuer les
réglages au niveau local sans communication avec le GRD ou de manière synchronisée avec
le GRD qui peut envoyer des consignes. Le second cas est obligatoire si le producteur est
considéré comme non-marginal, c’est-à-dire si sa puissance est suffisamment importante :
• Dans le cas d’un départ dédié au producteur : au moins 25 % de la puissance du
poste source.
• Si le producteur n’est pas sur un départ dédié : au moins 25 % de la puissance du
départ.
• Dans tous les cas, si la puissance du producteur est supérieure à 5 MW.
Cette section a permis de présenter la structure actuelle du réseau électrique français.
La description est focalisée sur les réseaux de distribution et plus précisément les réseaux
en milieu urbain qui constituent le sujet d’étude de ce manuscrit. Les différents éléments
le constituant sont introduits et constitueront les entrées et les sorties de notre modèle
de planification décrit dans le Chapitre II. La section suivante pose les bases des règles
de planification usuelles des réseaux électriques de distribution, en complément pour la
compréhension des outils développées dans le Chapitre II.
terme, entre 30 et 40 ans dans le cas de la planification long terme du réseau électrique.
La planification est un problème très complexe dont les enjeux sont très importants,
au-delà de celui évident qui est la desserte en énergie électrique dont dépend l’économie
nationale. Un réseau dont la qualité de la fourniture est faible peut avoir de lourdes ré-
percussions sur les utilisateurs et entraîner des pertes de production industrielle dues aux
défaillances. De plus, la valeur des pertes techniques peut être importante pour l’économie
du pays car elles peuvent représenter jusqu’à 10 % de l’énergie acheminée [32]. Le coût
des défaillances et des pertes techniques vient s’ajouter aux investissements très impor-
tants pour les réseaux électriques. En France, les investissements pour le réseau électrique
peuvent représenter 5 % des investissements industriels [24]. Les choix pour la planification
sont donc très stratégiques et sont conditionnés par la politique énergétique du pays. En
France, cela se traduit par la publication de la Programmation Pluri-annuelle d’Investisse-
ments (PPI) [102] qui définit les axes de développement à suivre par les gestionnaires du
réseau électrique. De plus, le GRD a une obligation de service public telle que l’obligation
de desservir tous les clients. Les choix dépendent également des orientations stratégiques
et des choix techniques majeurs adoptés par le GRD, définis dans sa documentation tech-
nique de référence [45].
Les investissements pour le réseau électrique sont donc très lourds et peuvent avoir
des répercussions socio-économiques très importantes. De plus, ces décisions concernent
des ouvrages dont la durée de vie peut aller jusqu’à 40 ans avec des délais de réalisation
26 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
également importants. Le poids du passé est donc très influent et l’impact de chaque
décision sur l’avenir doit être évalué avec soin. Ces décisions sont multiples, dépendent
d’un très grand nombre de variables et varient énormément selon le type et l’emplacement
du réseau étudié. Enfin, ces décisions sont prises vis-à-vis d’un ensemble d’hypothèses
qui tentent de simplifier un avenir confronté à de nombreux facteurs d’incertitudes. Tous
ces éléments montrent que la planification doit résulter d’une analyse approfondie afin de
décider de la solution technico-économique adéquate respectant les différents objectifs et
contraintes posés. Dans cette section sont décrits les critères de la planification, le principe
de l’étude technico-économique, ainsi que les différentes étapes de la planification.
Les éléments du réseau électrique sont également dimensionnés afin de respecter les
limites autorisées de courant et de tension :
Avec :
ΩB : ensemble des branches du réseau
ΩN : ensemble des nœuds du réseau
Ijmax : courant maximal dans la branche j (en A)
Ijtherm : limite thermique du conducteur de la branche j (en A)
Ui : tension dans le nœud i (en p.u.)
Uimin et Uimax : tensions minimale et maximale admissibles dans le nœud i (en p.u.)
3. Planification des réseaux électriques de distribution 27
La valeur des tensions et des courants dans les nœuds et lignes du réseau dépend des
puissances consommées et injectées sur le réseau et des caractéristiques des lignes qui sont
fonction de leur longueur et des conducteurs utilisés. Un calcul de répartition de charges
ou Load Flow [73] est utilisé pour déterminer l’état électrique complet du réseau : tensions
en chaque nœuds et courants et pertes dans chaque branche à partir des informations
de consommation / production en chaque nœud et de la matrice d’impédance du réseau.
L’algorithme utilisé dans les travaux de cette thèse est le calcul de répartition de charge
développé par [56].
Les contraintes en courant et en tension doivent être respectées suivant deux scénarios
évalués au terme de la période d’étude quand la consommation est maximale [30, 45] :
• En régime normal d’exploitation pour une consommation à PT mb . Dans ce cas, le
courant maximal admissible des conducteurs doit être respecté et les valeurs de
tension doivent rester dans une plage de +5 %/- 5% autour de la tension nominale
Un .
• En régime de secours ou "situation N-1" pour une consommation à Pmax ∗ . Les valeurs
de tension doivent rester dans une plage de +5 %/- 8% autour de la tension nominale
Un . Pour les contraintes en courant, deux scénarios de régime de défaut, illustrés
dans la figure I.14, sont étudiés. Ils correspondent à l’apparition d’un défaut en
tête d’un des deux départs d’une ligne. Dans cette situation, l’ensemble des charges
de la ligne est alimenté via un seul poste source. Pour chaque branche, le courant
maximal correspondant est la valeur maximale entre les deux scénarios étudiés. Les
conducteurs sont choisis afin de respecter cette valeur.
Les valeurs des limites maximales pour les hausses et chutes de tension sont le choix du
distributeur et sont publiées dans leur documentation technique de référence. Les valeurs
présentées ici sont celles du distributeur ERDF [45].
OMT I1
Cas 1
défaut fermé
tronçon étudié
L’énergie électrique doit être fournie aux clients en respectant des normes de qualité
mais également des objectifs de fiabilité. Les clients doivent rester alimentés en cas de
défaut sur le réseau ou à minima être déconnectés à une fréquence et une durée réduites.
Dans le cadre de nos études de planification, seul l’impact des défauts permanents est
évalué. La détection et l’élimination des défauts fugitifs et semi-permanents relèvent du
déploiement des appareils de protection sur le réseau. Les critères utilisées sont le nombre
et la durée des coupures ainsi que l’énergie et la puissance totales coupées au moment des
interruptions. Ils sont évalués à l’aide de quatre critères internationaux [16] :
• Le System Average Interruption Duration Index (SAIDI) : temps moyen de coupure
par an et par client. Il est aussi connu en France sous le nom de critère B.
• Le System Average Interruption Frequency Index (SAIFI) : fréquence moyenne de
coupure par an et par client.
• L’Energie Non Distribuée (END) : énergie n’ayant pas pu être distribuée aux clients
à cause de défauts apparus sur le réseau. Elle est exprimée en kW h/an.
• La Puissance Coupée (PC) : puissance coupée au moment de l’interruption. Elle est
exprimée en kW/an.
3. Planification des réseaux électriques de distribution 29
Ces indices sont évalués pour chaque section de ligne définie comme étant la zone entre
deux organes de manœuvre, et correspondent à l’impact de cette section sur le départ
associé. Le départ est la portion de ligne allant du poste source à l’organe de manœuvre
normalement ouvert. Les indices sont calculés d’après la stratégie décrite en section 2.4
par la figure I.10.
!
Nclients (k)
SAIDI(k) = τdef × Lsection (k) × T1 + T2 × départ
(I.11)
Nclients
Nclients (k)
SAIF I(k) = τdef × Lsection (k) × départ
(I.12)
Nclients
départ
EN D(k) = τdef × Lsection (k) × T1 × Pmoyen + T2 × Pmoyen (k) × 103 (I.13)
moyen
P C(k) = τdef × Lsection (k) × Pdépart × 103 (I.14)
Avec :
τdef : taux de défaillance (en nombre de défaillance / an / km)
Lsection (k) : longueur de la section k (en km)
Nclients (k) : nombre de clients basse tension de la section j, chaque consommateur
moyenne tension étant considéré comme un seul client
départ
Nclients : nombre de clients basse tension du départ, chaque consommateur moyenne
tension étant considéré comme un seul client
T1 : temps d’isolation du défaut (en heure)
T2 : temps de réparation du défaut (en heure)
départ : puissance moyenne du départ (en MW)
Pmoyen
Pmoyen (k) : puissance moyenne de la section k (en MW)
Les indices correspondant aux départs sont obtenus en sommant les indices de tous les
tronçons de chaque départ, où Nsections est le nombre de sections du départ.
P
Nsections
SAIDI = k=1 SAIDI(k)
PN
SAIF I = sections
SAIF I(k)
k=1
PN (I.15)
EN D = sections
EN D(k)
Pk=1
Nsections
PC = k=1 P C(k)
Le dernier critère utilisé pour évaluer la qualité d’alimentation des clients est le critère
français P L [8,30,29]. Il peut être calculé pour différents éléments du réseau : une ligne, un
départ ou une section de ligne, comme le montre la figure I.15. Celui-ci est égal au produit
entre la puissance totale à température normale et la longueur développée, exprimé dans
l’équation I.16.
nombreX
de charges nombre X
de branches
∗
PL = Pmax (i) × l(j) (I.16)
i=1 j=1
30 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
Avec :
P L : produit PL (en M W.km)
∗ (i) : puissance de référence pour le régime secours de la charge i (en MW)
Pmax
l(j) : longueur de la branche j (en km)
P1L1
P3L3
P4L4 P5L5
P12L12
P10L10 = P11L11
P10L10 P11L11 P13L13 P12L12 = P13L13
P14L14
P15L15
P15L15 = P16L16
P16L16 P17L17 = P18L18
P17L17 P14L14 P19L19 = P20L20
P20L20
P19L19
P18L18
Plus une ligne est chargée, plus l’énergie non distribuée sera importante en cas de
défaut. Plus une ligne est longue, plus la probabilité de défaut sera grande et le nombre
de coupures par an important. Le produit PL augmente proportionnellement à ces deux
paramètres. Limiter le produit PL lors de la planification permet d’interdire la construction
de lignes trop longues ou trop chargées. En milieu rural, le produit PL maximal d’un départ
est limité à 100 MVA.km [29]. En milieu urbain, il est naturellement limité par la forte
densité de puissance et les faibles longueurs de ligne qui en résultent. Équilibrer le produit
PL entre lignes permet d’équilibrer les indices de qualité entre les clients. On cherche donc
à équilibrer au maximum les produits PL entre lignes, puis entre départs d’une même ligne
et enfin entre sections d’un même départ, comme le montre la figure I.15.
de sélectionner celle qui est la plus économique tout en respectant les objectifs. L’ensemble
des coûts du réseau électrique ou T OT EX (Total Expenditures) se répartit entre les coûts
d’investissements ou CAP EX (Capital Expenditures) et les coûts d’opération ou OP EX
(Operational Expenditures) [24, 30, 29, 45].
T OT EX = CAP EX + OP EX (I.17)
Avec :
ΩB : ensemble des branches du réseau
l(j) : longueur de la branche j (en km)
Ccdt (j) : coût en conducteur de la branche j (en ke/km)
Ctrc (j) : coût en tranchée de la branche j (en ke/km)
NOM T : nombre d’organes de manœuvre télécommandés
C OM T : coût d’un organe de manœuvre télécommandé (en ke)
V u : valeur d’usage (en ke)
La valeur d’usage est la valeur que l’on peut attribuer à un ouvrage ayant une durée
de vie déterminée après une période d’exploitation. C’est la valeur résiduelle de l’ouvrage
à la fin de la période d’étude si celle-ci est inférieure à la durée de vie de l’ouvrage [30,29].
Dans le cas de la planification, les ouvrages ont une durée de vie importante et souvent
la période d’étude est la même que leur durée de vie. Cependant, la valeur d’usage n’est
plus négligeable pour des études à court et moyen termes, comme un renforcement de
conducteur par exemple ou le remplacement d’un transformateur pour une puissance plus
importante.
!
(1 + a)tdurée de vie − (1 + a)T
V u = V T + (V O − V T ) × (I.19)
(1 + a)tdurée de vie − 1
Avec :
V O : valeur à neuf de l’ouvrage (en ke)
V T : valeur de ferraillage de l’ouvrage (en ke)
a : taux d’actualisation (en %)
tdurée de vie : durée de vie de l’ouvrage (en années)
T : période d’étude (en années)
L’OP EX regroupe les coûts d’exploitation le réseau électrique et est constitué du coût
des pertes techniques et des défaillances. Les coûts d’exploitation doivent être actualisés
tout au long de la période d’étude. La valeur de l’argent évoluant au fil du temps, les coûts
d’opération des futures années sont ramenés à des valeurs comparables aux coûts actuels.
32 I. Évolution des paradigmes pour la planification des réseaux électriques
Le taux d’actualisation qui est utilisé tient compte à la fois du « coût du temps » qui fait
qu’un euro d’aujourd’hui vaut plus qu’un euro demain (en étant investi par exemple), et le
« coût du risque » qui illustre l’incertitude des événements entraînant une perte d’argent
suite à une opération financière ou économique par exemple. L’OP EX est exprimé dans
I.20.
T
X 1 X
pertes pertes
X
EN D PC
OP EX = C .Pj,t + C .EN Dk,t + C .P Ck,t
t=1
(1 + a)t B S
j∈Ω k∈Ω
(I.20)
Avec :
ΩB : ensemble des branches du réseau
ΩS : ensemble des sections du réseau
pertes
Pj,t : pertes à la pointe dans la branche j à l’année t (en kW)
EN Dk,t : énergie non distribuée de la section j à l’année t (en kWh)
P Ck,t : puissance coupée de la section j à l’année t (en kW)
C pertes : coût des pertes Joule (en ke/kW)
C EN D : coût de l’énergie non distribuée (en ke/kWh)
C P C : coût des interruptions (en ke/kW)
moyen
EN Dk,t = τdef × Lsection (k) × T1 × Pdépart (0) + T2 × Pkmoyen (0) × (1 + τ conso )t (I.22)
moyen
P Ck,t = τdef × Lsection (k) × Pdépart (0) × (1 + τ conso )t (I.23)
Avec :
pertes
Pj,t : pertes à la pointe dans la branche j à l’année t (en kW)
EN Dk,t : énergie non distribuée de la section j à l’année t (en kWh)
P Ck,t : puissance coupée de la section j à l’année t (en kW)
r(j) : résistance linéique du conducteur de la section j (en Ω/km)
l(j) : longueur de la branche j (en km)
I0pointe (j) : courant à la pointe dans la section j au début de la période d’étude (en A)
τ pointe : taux annuel d’évolution de la consommation maximale (en %)
τdef : taux de défaillance (en nombre de défaillances / an / km)
Lsection (k) : longueur de la section k (en km)
T1 : temps d’isolation du défaut (en heure)
T2 : temps de réparation du défaut (en heure)
départ : puissance moyenne du départ (en MW)
Pmoyen
3. Planification des réseaux électriques de distribution 33
La troisième étape est la construction de la cible long terme : la cible long terme
est construite grâce au diagnostic du réseau existant et des prévisions d’évolution. Elle
est dépendante des grands choix techniques tels que le niveau de tension, le système de
distribution (neutre distribué ou non), et les courants de court-circuit en régime normal
et en régime de secours, de la politique du distributeur (enfouissement des conducteurs
par exemple), et du budget à disposition. L’élément le plus structurant dans la cible long
terme est le choix de l’architecture. Au terme de l’étude, la cible long terme doit contenir
tous les postes de transformation, lignes et organes de manœuvre devant être construits,
ainsi que les éléments existants qui doivent être supprimés. La cible long terme respecte
l’ensemble des critères de planification et minimise les investissements à effectuer. Elle ne
représente pas nécessairement le réseau final, qui risque de changer en fonction de l’évolu-
tion des hypothèses d’étude, mais définit les orientations structurelles principales.
terme à 10 ans permet également de résoudre des problèmes techniques immédiats, comme
des chutes de tension non acceptables sur le réseau existant. Avant d’arriver au terme de
cette période, en fonction de l’évolution des hypothèses de planification, la cible long terme
est réévaluée, ainsi que la stratégie des réseaux intermédiaires pour l’atteindre.
mêmes industriels sont autorisés plus tard à revendre leur surplus de production au même
tarif EJP. Plus tard, l’arrêté du 25 Juillet 1996 fait la promotion de la cogénération en
autorisant la revente fondée sur le même prix que les énergies fossiles.
Durant les années 1990, le contexte économique et les incitations Européennes mènent
peu à peu le monopolistique réseau électrique Français vers un système dérégulé avec l’in-
fluence d’autres pays comme les Etats-Unis avec le Energy Policy Act de 1992 ou le Chili
et la Grande Bretagne qui sont les premiers à adopter la dérégulation dans les années
1980. Les raisons de cette évolution sont nombreuses : un réseau suffisamment mature,
une volonté de plus de compétitivité et moins de régulation, des industriels ayant besoin
d’une énergie moins chère, des différences de coût de l’énergie entre les différents pays trop
importantes [14]. La concurrence semble offrir beaucoup d’avantages aux consommateurs
et les états ont besoin de privatiser les compagnies d’état pour combler leurs dettes [14]. La
directive Européenne 96/92/CE est adoptée en 1996 et établit les règles de l’ouverture du
marché de l’énergie électrique [14]. Le but est d’imposer aux pays Européens une ouverture
minimale de leurs marchés, libéraliser la production, autoriser les acteurs annexes à accé-
der au réseau, séparer les activités de production/consommation et transport/distribution,
et élargir progressivement le champ de clients éligibles, c’est-à-dire ceux pouvant choisir
leur fournisseur. Ces objectifs sont transposés en France avec la loi 2000-108 du 10 Février
2000 et abrogés en 2003 avec la directive Européenne 2003/54/CE qui conclut le planning
final des clients éligibles. La dérégulation du réseau électrique s’applique aux activités de
production et de services au consommateur, pouvant être facilement soumises aux règles
du marché ouvert. Pour des raisons économiques et techniques, les réseaux de transport et
de distribution ne sont pas séparés entre différents acteurs et restent exploités de manière
monopolistique [40]. EDF continue d’exercer son activité de producteur, mais ses activités
de Gestionnaire de Réseau de Transport (GRT) et de Gestionnaire de Réseau de Distri-
bution (GRD) sont scindées en deux nouvelles sociétés en 2008 : Réseau de Transport
d’Electricité (RTE) et Electricité des Réseaux de Distribution Français (ERDF). L’acti-
vité de GRT en France est exclusivement réservée à RTE, tandis que l’activité de GRD
est assurée à la fois par ERDF 9 et les différentes ELD 10 encore présentes. Le système
d’ouverture du marché de l’énergie électrique a également vu l’apparition de nombreux
acteurs en plus de ceux déjà présents, représentés sur la figure I.16.
Coordinateur Producteurs
Négociants
ENTSOE
communiquent régule et
Powernext harmonise les
règles
Réseaux de
Réseau de transport transports
Gestionnaire et propriétaire : RTE Européens
régule
CRE Propose Fournisseurs
des services de services
régule Réseaux de distribution système
Propriétaire : les communes
Gestionnaires : ERDF et les ELD
GED
Fournisseurs Consommateurs
L’ouverture des marchés de l’énergie est un premier vecteur d’évolution des GED car
toute personne devient éligible pour produire sa propre énergie et réinjecter le surplus sur le
réseau. Le deuxième vecteur est l’évolution des technologies de production à partir d’éner-
gies renouvelables avec l’augmentation des rendements de conversion et la diminution des
coûts de production. Le troisième vecteur est l’influence des nouvelles préoccupations envi-
ronnementales se traduisant par différentes incitations législatives et politiques aux niveaux
4. Évolution des réseaux électriques 37
Français, Européen et mondial. La loi du 10 Février 2000 impose aux GRD d’accepter la
connexion des nouveaux producteurs et d’établir les règles techniques de connexion publiée
dans leur documentation technique de référence. La loi 2000-1996 publiée le 6 Décembre
2000 étend l’obligation de rachat de l’électricité aux énergies renouvelables, le recyclage des
déchets et la co-génération. Des objectifs au niveau européen concernant le développement
des énergies renouvelables sont émis : la directive Européenne 2001/77/CE publiée le 27
Septembre 2001 et relative à la promotion des énergies renouvelables impose un objectif
de 22,1 % d’électricité d’origine renouvelable dans la Communauté Européenne pour 2010.
Cette directive fait suite au Livre blanc de 1997 sur les sources d’énergies renouvelables et
est également un volet important pour respecter les engagements de l’Union Européenne
au protocole de Kyoto. L’objectif de 21 % pour la France n’a cependant pas été atteint.
En 2012, la production issue de l’ensemble des sources d’énergies renouvelables atteint
16,4 % de la production Francaise [113]. Cependant, un nouveau plan d’action nommé le
Plan Climat a été adopté par l’Union Européenne en Décembre 2008 [48]. L’objectif est la
mise en place d’une politique Européenne commune de l’énergie plus soutenable et durable
afin de lutter contre le changement climatique. La cible pour 2020 appelée "objectif 3x20"
est de faire passer la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique Européen à
20 %, réduire les émissions de C02 des pays de l’Union de 20 % et d’accroître l’efficacité
énergétique de 20 % par rapport aux niveaux de 1990. En 2014, la Commission Euro-
péenne a adopté une nouvelle série d’orientations pour le plan climat portant les objectifs
"20-20-20" à "27-40-27" 11 . Du côté Français, ces orientations se traduisent par le Grenelle
de l’Environnement, un ensemble de rencontres politiques entre Septembre et Décembre
2007 ayant mené par la suite à l’élaboration des lois Grenelles I et II, respectivement le 3
Août 2009 et le 12 Juillet 2010 12 .
également être amenées à diminuer [2]. Avec les progrès de la domotique et la nouvelle
règlementation thermique, les maisons individuelles deviennent plus efficaces énergétique-
ment avec une isolation renforcée et des appareils électriques moins énergivores 13 . De
même, les bâtiments résidentiels, tertiaires ou industriels peuvent devenir des bâtiments
à énergie positive grâce à la production décentralisée. Enfin, les méthodes de chauffage
alternatives au chauffage électrique se développent de plus en plus, comme les chaudières
à bois par exemple 14 [1], contribuant également à diminuer la consommation en énergie
électrique.
La consommation électrique est également amenée à évoluer avec l’apparition des véhi-
cules électriques et hybrides (VEH). En effet, la fin du 20e siècle a vu le développement des
VEH, en partie à cause de la volonté croissante des états à réduire leur dépendance aux
énergies fossiles. Les VEH sont aujourd’hui en constante progression : entre 2011 et 2014
le nombre d’immatriculation de VEH par année en France est passé de 2 626 à 10 555.
Même avec une augmentation des moyens de production d’énergie électrique qui peuvent
être polluants pour les périodes de pointe, les VEH offrent un meilleur rendement "de
la source à la roue" grâce au rendement des moteurs électriques plus important que les
moteurs thermiques. On peut distinguer le type des VEH par leur mode de recharge sur
le réseau électrique : une charge longue aux domiciles particuliers (entre 6 et 8 heures) ou
une charge courte dans des stations de recharge spécialisées (d’une trentaine de minutes
à une heure) [26]. Les VEH ont un impact sur la courbe de consommation électrique du
réseau. Premièrement, la consommation énergétique croît, augmentant ainsi le volume du
mix énergétique français. Deuxièmement, la consommation va augmenter à certains mo-
ments de la journée, entraînant une dégradation de la pointe et donc un besoin plus grand
en moyens de production de type centrales thermiques, critiques pour les investissement
et la pollution. Cette dégradation des pics de consommation va également avoir un impact
sur le dimensionnement des équipements électriques des réseaux de distribution, comme
les conducteurs ou les postes de transformation. Cependant l’insertion de VEH peut aussi
procurer des avantages au réseau électrique si les instants de recharges des VEH peuvent
être contrôlés. L’équilibre entre production et consommation peut être amélioré en syn-
chronisant la recharge des VEH avec les GED comme les panneaux photovoltaïques ou
les éoliennes dont la production d’énergie est fatale, ou certaines unités thermiques qui
sont plus efficientes à partir d’un certain niveau de puissance. Les VEH peuvent aussi être
utilisés comme équipements intelligents en procurant aux acteurs du réseau différentes
fonctionnalités. L’énergie stockée dans les batteries des VEH peut être utilisée comme
moyen de production en renfort au réseau pendant les périodes de pointe, ou pour réguler
la fréquence sur le réseau.
La gestion intelligente des flux énergétiques au sein du bâtiment, des nouveaux équi-
pements, de la production décentralisée et des véhicules électriques est possible. Elle est
réalisée grâce au déploiement des compteurs intelligents. Ils peuvent communiquer à la fois
13. Après une hausse moyenne de 1,6 % par an sur la période 1990-2001, la consommation d’éner-
gie du résidentiel-tertiaire a ensuite plafonné entre 2001 et 2012. Source : http://www.statistiques.
developpement-durable.gouv.fr
14. En 2012, 7,4 millions de ménages utilisaient le bois comme mode de chauffage dans leur résidence
principale contre 5,9 millions en 1999.
4. Évolution des réseaux électriques 39
avec le distributeur et avec les équipements électriques domestiques s’ils sont assistés par
l’Energy Box adéquate et ses services associés, vendus par des acteurs tiers. En France, le
matériel choisi par ERDF est le compteur Linky et son déploiement total de 35 millions
d’unités est prévu d’ici 2021 15 , les différentes ELD gérant le reste des réseaux de distri-
bution n’ayant pas toutes arrêté leur choix quant au type de technologie. Cette insertion
massive apporte de nombreux avantages aux différents acteurs du réseau électrique. Pour
le consommateur, la possibilité d’avoir accès à sa courbe de charge lui permet de mieux
gérer sa consommation. Pour le GRD, une nouvelle visibilité du réseau est possible car les
compteurs renvoient à intervalles réguliers leurs données de consommation sans nécessiter
de visite technique. Parmi ces données, les courbes de charge des consommateurs et de
production permettent de mieux prévoir les périodes de pointe. Du côté des fournisseurs
d’énergie, l’accès à ces données permet de proposer de nouvelles offres en fonction du pro-
fil de consommation, et des services d’efficacité énergétique et de maîtrise de la demande
énergétique (MDE).
Le compteur intelligent constitue le lien entre les NTIC et les nouveaux modes de
consommation. Le compteur Linky adopté par ERDF renvoie ses données de consomma-
tion au poste source HTB/HTA correspondant via la technologie CPL. Chaque compteur
est associé à un modem qui code et décode les données en un signal électrique superposé
au signal électrique 50 Hz du réseau. Au poste source, ces données sont agrégées par le
concentrateur, formant un réseau local ou Local Area Network (LAN) avec le groupe de
compteurs correspondants. Les LAN des concentrateurs sont agglomérées en un réseau
large ou Wide Area Network (WAN) qui permet la communication entre les concentra-
teurs et le système central d’information. Les données sont transmises des concentrateurs
au système central par réseau téléphonique ou General Packet Radio Service (GPRS).
4. Évolution des réseaux électriques 41
Eléments
communiquants SCADA DMS
(protections, OMT,
producteurs, …)
AMM System GIS
Concentrateurs
A partir des données de l’AMM et du GIS, le SCADA traite les informations et ef-
fectue les opérations de maintenance du réseau en envoyant des consignes aux différents
éléments communicants du réseau de distribution comme les protections, les organes de
manœuvres ou la production décentralisée. Pour prendre des décisions, le GRD est aidé
par un ensemble de fonctions issues des méthodes traditionnelles (régleurs en charge, plans
de protections, etc.) et des méthodes dites Fonctions Avancées de Conduite (FAC). Les
FAC sont réalisables grâce au déploiement de nouveaux capteurs intelligents, de nouvelles
méthodes de traitement pour les grandes quantités d’information, et des nouveaux logiciels
pour les applications temps réel ou offline. Ces fonctions peuvent permettre une meilleure
connaissance du réseau : estimation d’état (meilleure confiance malgré le bruit, les me-
sures manquantes ou inexactes), calculs de répartition de charge, prévision de la consom-
mation (modèles prédictifs, logique floue, réseaux de neurones). Le réseau est également
plus contrôlable : le Volt Var Control (VVC) permet de soutenir les moyens de réglage
classiques de la tension en gérant les injections/absorptions de réactif par les GED. La
reconfiguration des organes de manœuvre peut minimiser les pertes sur le réseau. Ces
nouvelles fonctionnalités sont stockées dans le Distribution Management System (DMS).
Elles peuvent s’exercer en moyenne tension, voire en basse tension dans une moindre me-
sure, et sur différentes échelles de temps.
5 Conclusion
Au vu des différents objectifs, critères et méthodologies présentés dans ce chapitre,
l’impact du Smart Grid sur la planification des réseaux électriques de distribution peut
être appréhendé suivant deux axes principaux : les incertitudes dans le développement du
réseau et la nécessité de combiner les activités de planification et de gestion du réseau
électrique.
Deuxièmement, la mutation des réseaux électriques vers le Smart Grid est synonyme
d’arrivée de nouvelles fonctions avancées de conduite. Le dimensionnement du réseau influe
fortement la mise en application des FAC. Par exemple, la reconfiguration du réseau afin
de minimiser les pertes techniques dépend de la répartition des organes de manœuvre télé-
commandés. De même, prendre en compte l’utilisation des FAC sur le réseau peut modifier
5. Conclusion 43
les choix d’investissements qui sont faits lors de la phase de planification. Par exemple, la
prise en compte de la VVC et de la MDE peut permettre de différer ou annuler certains
travaux de renforcement sur le réseau en réduisant les contraintes de congestion. Il est
donc nécessaire de modéliser le fonctionnement des FAC dans les étapes de planification
pour réajuster le choix des investissements. De nombreux phénomènes temporels rentrant
en jeu, comme les effets de rebond et de report d’un effacement de consommation, l’étude
du réseau ne peut plus se limiter à l’étude de quelques cas dimensionnants. Une analyse
temporelle sur des courbes de charges simulées doit être effectuée, ce qui complexifie le
problème de planification et augmente les données d’entrée nécessaires. Parmi les points
bloquants, on peut aussi noter l’aspect économique. En effet, par manque de retour d’expé-
rience dans le domaine et de données disponibles dans le milieu académique, il est difficile
de chiffrer précisément le déploiement des nouvelles technologies Smart Grid.
Le prochain chapitre vise à développer une méthode de planification pour les réseaux
électriques de distribution conforme aux règles usuelles. L’objectif est de disposer d’une
méthodologie de base afin de générer des réseaux de type "historique" afin de tester leur
robustesse aux nouveaux paradigmes du Smart Grid, et de pouvoir faire évoluer cette mé-
thodologie vers une "planification des Smart Grids". La planification usuelle est par ailleurs
enrichie par l’utilisation d’outils mathématiques issus des méthodes méta-heuristiques, de
la recherche opérationnelle et de la théorie des graphes.
Chapitre II
Construction de l’architecture
Sommaire
1 Formalisation du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
1.1 Modélisation du problème de planification . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
1.2 Choix de la méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
1.2.1 Complexité algorithmique du problème proposé . . . . . . . . . 48
1.2.2 État de l’art des méthodes heuristiques et méta-heuristiques
pour la planification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
1.2.3 Description de la méthodologie proposée . . . . . . . . . . . . . 50
2 Routage pour la construction de l’architecture . . . . . . . . . . . 52
2.1 Modélisation de la topologie des rues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.2 Recherche des chemins de coût minimal entre les charges . . . . . . . . . 55
2.3 Coefficients de correction du coût des rues . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3 Algorithme de construction de l’architecture de longueur
minimale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.1 Affectation des artères entre les postes sources . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.1.1 Détermination du nombre d’artères . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.1.2 Répartition des artères entre les postes sources . . . . . . . . . . 59
3.2 Raccordement des charges aux différentes artères . . . . . . . . . . . . . . 60
3.2.1 Modélisation du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.2.2 Heuristiques de minimisation de la longueur du réseau . . . . . 61
3.2.3 Algorithme retenu : le recuit simulé . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4 Construction du réseau final . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.1 Respect des contraintes techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.2 Respect des objectifs de fiabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5 Exemples d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.1 Description du réseau étudié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.2 Cas 1 : Planification d’un réseau "sorti de terre" . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.3 Cas 2 : Extension d’un réseau de distribution existant . . . . . . . . . . . 80
6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Abstract
Ce chapitre présente une méthodologie de planification pour les réseaux électriques
de distribution en accord avec les règles classiques de planification. Dans ce contexte,
la présence de production décentralisée et de véhicules électriques sur le réseau n’est
pas encore envisagée. Le but est de générer des architectures construites selon des
règles historiques de manière automatique et optimisée. Les objectifs sont d’évaluer la
robustesse des réseaux actuels soumis aux nouveaux paradigmes du Smart Grid et de
disposer d’une méthode de référence qu’il est possible de faire évoluer vers une méthode
de planification des réseaux Smart Grid.
46 II. Construction de l’architecture
1 Formalisation du problème
1.1 Modélisation du problème de planification
Dans ce chapitre, des méthodes de planification long terme des réseaux électriques de
distribution moyenne tension en milieu urbain sont développées. Deux cas d’étude sont
étudiés : la construction d’un réseau "sorti de terre" et l’extension d’un réseau existant. Un
réseau "sorti de terre" ne prend pas en compte les infrastructures de réseau déjà existantes
tandis que l’extension d’un réseau les intègre dans la solution finale. Le contexte de l’étude
étant long terme, l’architecture est construite selon une projection de l’état du réseau dans
30 ans. Ainsi, le remplacement potentiel de tous les conducteurs se justifie car leur durée
de vie est du même ordre de grandeur. La solution au problème de planification est un
modèle statique appelé cible long terme. Cette solution est fondée sur les hypothèses de
croissance des charges et reste identique au cours de la période d’étude. L’établissement
des cibles intermédiaires n’est pas réalisé. La structure en coupure d’artère de source à
source est choisie car elle est la structure la plus utilisée dans les réseaux urbains Français
qui sont le cadre de nos études. Ses avantages ont été décrits dans le Chapitre I, partie
2.3.1. La nature urbaine du réseau impacte aussi le choix des conducteurs qui sont enfouis
pour satisfaire les objectifs de fiabilité et respecter les contraintes topologiques.
La figure II.1 montre les entrées et sorties du modèle de planifcation d’un réseau "sorti
de terre".
La figure II.3 synthétise les objectifs, contraintes et données d’entrée et de sortie qui
ont été retenus pour le modèle de planification. L’objectif de planification se décline en
trois sous-objectifs qui correspondent aux différentes étapes d’évolution du réseau élec-
trique : fournir aux clients du réseau l’accès à l’énergie électrique, prévoir l’évolution de la
consommation et assurer la continuité de l’alimentation.
Consommateurs Conducteurs
• Emplacement • Longueur
• Type de client
Objectif 2 : prévoir l’évolution de • Nature (aérien, souterrain)
• Caractéristiques électriques la consommation • Type (section, matériau)
• Evolution
Organes de manœuvre
télécommandés
Réseau existant • Nombre
Objectif 3 : assurer la continuité
• Charges • Emplacement
• Lignes
de l’alimentation • Position de l’interrupteur
• Organes de manœuvre normalement ouvert
contraintes en courant dans les différents éléments du réseau, et les variations de tension
maximales admissibles aux différents nœuds du réseau en régime normal et de secours. Les
contraintes de fiabilités sont l’obligation au GRD d’assurer la continuité de l’alimentation
en cas d’incidents sur le réseau. Celle-ci est quantifiée par les indices de fiabilité SAIDI,
SAIFI, END et PC. La contrainte économique contraint l’ensemble des choix menant à
la solution finale à être réalisés de manière à respecter un optimum technico-économique.
Les contraintes topologiques sont propres aux obstacles rencontrés en environnement de
type urbain et concernent principalement le trajet des lignes.
NP S −1
X (NP S − 1)(NP S − 1 + 1) NP S (NP S − 1)
Ncouplages possibles = i= = (II.1)
i=1
2 2
Avec :
NP S : nombre de postes sources
M : nombre d’artères
N : nombre de charges
La première méthode apparue est le Branch-and-Bound utilisée dans [109,126], qui est
une estimation systématique par l’exploration des branches de l’arbre des solutions, tout
en discriminant certaines branches selon des règles heuristiques issues de l’expérience du
distributeur. Cette technique reste cependant difficile à appliquer pour des problèmes de
grande taille. La technique du Branch Exchange utilisée dans [58, 75, 86, 89–91, 100] est
aussi une des premières heuristiques largement utilisées : elle consiste à démarrer par une
solution faisable, ajouter une ligne afin de former une maille bouclée, puis retirer une an-
cienne ligne afin d’améliorer la fonction objectif choisie tout en respectant les contraintes.
L’opération est répétée jusqu’à ce que la solution ne puisse plus être améliorée. La re-
cherche avec tabou utilisée dans [107, 116] est une procédure qui explore l’espace des
solutions de manière locale en analysant le voisinage immédiat de la solution courante.
L’utilisation de structures mémorielles ainsi que de règles de sélection adaptées évite à
l’algorithme de rester bloqué sur un optimum local [42]. Les algorithmes évolutionnistes
utilisés dans [21, 75, 87, 105, 116] sont inspirés des processus naturels de l’évolution. Les
algorithmes génétiques par exemple utilisent les concepts d’héritage, de mutation et de
croisement sur des générations d’individus correspondant à des solutions, jusqu’à obtenir
une solution optimale. Les algorithmes de colonies de fourmi reproduisent l’exploration
d’un environnement de solutions via la dispersion de phéromones indiquant les chemins
vers les optimums locaux. Le recuit simulé utilisé dans [21, 75, 116] reproduit le processus
du même nom utilisé en métallurgie, et est adapté pour des espaces de solutions discrets
et de grande taille. De nombreuses hybridations de ces algorithmes ont également été étu-
diées, comme dans [21, 116]. La performance de ces algorithmes dépend de la complexité
du problème et des règles empiriques apportées par l’expérience de l’utilisateur.
Pour améliorer l’efficacité de l’algorithme de résolution choisi, celui-ci peut être appli-
qué au problème de planification entier ou à une sous-partie du problème, plus facile à
modéliser et moins sujet à une explosion combinatoire du nombre de solutions. Le pro-
blème de planification dans la littérature peut être décomposé en plusieurs sous-objectifs.
Les travaux [75] proposent un problème maître pour la topologie et un problème esclave
pour la faisabilité de la solution. Les travaux [105] proposent un algorithme génétique
pour trouver un ensemble de solutions puis examine leur frontière de Pareto entre le coût
50 II. Construction de l’architecture
du réseau et les indices de fiabilité. La planification est aussi souvent traitée de manière
séquentielle et donc gloutonne : les éléments du réseau sont dimensionnés les uns à la suite
des autres et il n’est parfois plus possible de revenir en arrière pour reconsidérer les choix
ayant été faits. Les postes HTB/HTA et HTA/BT sont déjà localisés et dimensionnés
dans l’ensemble des références. La plupart possèdent également un ensemble de chemins
prédéterminés pour la construction des lignes, ce qui diminue la taille du problème. Lors
de la construction des lignes la contrainte de radialité est intégrée afin de déterminer une
architecture arborescente dans un premier temps, puis de placer les OMT dans un second
temps. Les références [9, 21, 57] visent la construction d’une architecture en coupure d’ar-
tère de source à source en procédant premièrement à la construction des départs puis à
leur connexion afin de créer une coupure d’artère. Les objectifs de fiabilité peuvent aussi
être traités séparément : les travaux [38, 75, 87, 105, 127] les prennent en compte dans
l’optimisation.
L’objectif n◦ 1 est de fournir aux clients du réseau l’accès à l’énergie électrique. Il s’agit
de déterminer la structure du réseau permettant l’acheminement de l’énergie depuis le
réseau de transport jusqu’aux consommateurs finaux. La réalisation de cet objectif est
limitée à la construction de l’architecture, c’est-à-dire au choix du partitionnement des
lignes entre les postes sources, et du partitionnement des charges entre les lignes. Ce
problème mène à une explosion combinatoire du nombre de solutions. C’est pourquoi on
se ramène à une optimisation mono-objectif permettant d’explorer de manière rapide et
efficace un espace de solution très grand. L’objectif choisi est la longueur totale du réseau
notée Ltot . Il s’agit d’un objectif facile à évaluer par opposition à un calcul de répartition de
charge qui est plus coûteux en calculs. La longueur totale a également une grande influence
sur les investissements, les pertes techniques et coûts de défaillance, comme l’illustre les
équations II.3, II.4 et II.5 déjà exprimées en section 3.3 du Chapitre I.
T OT EX = CAP EX + OP EX (II.3)
sous-coût 2
X z }| {
CAP EX = l(j). (Ccdt (j) + Ctrc (j)) + NOM T .C OM T −V u (II.4)
j∈ΩB
| {z }
sous-coût 1
1. Formalisation du problème 51
sous-coût 4
T zX }| {
X 1 X
pertes pertes EN D PC
OP EX = + .EN Dk,t + C .P Ck,t
C .Pj,t C
t=1
(1 + a)t
j∈ΩB
k∈ΩS
| {z }
sous-coût 3
(II.5)
Avec :
T OT EX : TOTal EXpenditures : coût total du réseau
CAP EX : CAPital EXpenditures : coûts en investissement
OP EX : OPerational EXpenditures : coûts d’exploitation
ΩB : ensemble des branches du réseau
ΩS : ensemble des sections du réseau
l(j) : longueur de la branche j (en km)
Ccdt (j) : coût en conducteur de la branche j (en ke/km)
Ctrc (j) : coût en tranchée de la branche j (en ke/km)
NOM T : nombre d’OMT
C OM T : coût d’un organe de manœuvre télécommandé (en ke)
V u : valeur d’usage (en ke)
T : période d’étude (en années)
a : taux d’actualisation (en %)
ΩS : ensemble des sections du réseau
pertes
Pj,t : pertes à la pointe dans la branche j à l’année t (en kW)
EN Dk,t : énergie non distribuée de la section j à l’année t (en kWh)
P Ck,t : puissance coupée de la section j à l’année t (en kW)
C pertes : coût des pertes Joule (en ke/kW)
C EN D : coût de l’énergie non distribuée (en ke/kWh)
C P C : coût des interruptions (en ke/kW)
Réseau existant
Objectif 1 : Section 3
Postes sources alimenter les Architecture
clients
Consommateurs
Section 4
Objectif 2 : prévoir
l’évolution de la
consommation Conducteurs
Objectif 3 : assurer
la continuité de Organes de manœuvre
l’alimentation
importante pour le distributeur car beaucoup de paramètres doivent être pris en compte
comme le coût des travaux, les opportunités de voirie, ou la présence d’autres réseaux
(télécommunications, gaz, eau, tramway, etc.). Il est possible de devoir revenir sur cette
étape suite à l’évolution de certains de ces paramètres. Par exemple, une opportunité de
voirie amène à reconsidérer le trajet d’une ligne pour profiter des travaux engagés. D’autres
références comme [21,86,128] prennent en compte tous les couplages possibles de charges :
aucune route prédéfinie n’est imposée. Mais les contraintes topologiques dues à l’environ-
nement urbain ne sont pas prises en compte. Il est en effet très coûteux voire impossible
de faire passer les câbles au-dessus ou en-dessous des édifices ou des voies de tramway /
métro par exemple. On considère que les câbles doivent être enfouis et emprunter le même
trajet que les rues. Prendre en compte les rues permet de calculer de manière précise la
longueur finale des conducteurs, les travaux nécessaires, les coûts associés et le respect des
contraintes techniques. Il est aussi important de savoir combien de lignes électriques sont
enterrées dans la même rue afin de calculer le coût des tranchées de manière plus réaliste.
L’objectif de cette section est de représenter la topologie des rues de manière simple afin
de faciliter l’accès aux données par le GRD et limiter leur taille pour améliorer l’efficacité
des algorithmes. Dans nos études, nous utilisons le terme générique de "chemin" pour
les rues de la zone étudiée mais également les éventuels passages décidés par le GRD et
qui ne sont pas des rues, au travers d’un parc par exemple. Les rues et les postes de
transformation HTB/HTA et HTA/BT sont représentés par un graphe non orienté. Un
graphe est un ensemble de sommets notés V dont chaque paire peut être reliée par une
ou plusieurs arêtes qui forment l’ensemble des arêtes E. On définit le graphe non orienté
G = (V, E) où E est un ensemble de paires d’éléments de V . Le graphe G est connexe :
chaque point est relié à un autre par une ou plusieurs arêtes. L’exemple de la figure II.5
illustre la méthode utilisée. Les sommets et arrêtes sont définis de la manière suivante :
• L’ensemble des sommets E désigne 3 types de sommets (cf figure II.5) :
• Type s1 : intersections de la zone étudiée : croisement entre deux chemins ou
point de bifurcation d’un même chemin (par exemple un chemin en ligne droite
sera représentée par 2 points, un chemin en « L » par 3 points et un chemin en
arc de cercle par un nombre de points dépendant du niveau de précision requise
54 II. Construction de l’architecture
par le GRD).
• Type s2 : ensemble des points représentant l’emplacement géographique des
postes de transformation HTB/HTA ou HTA/BT.
• Type s3 : ensemble des « points de connexion » des postes de transformation
permettant de les relier au chemin le plus proche.
• L’ensemble des arêtes V désigne 2 types d’arêtes (cf figure II.5) :
• Type c1 : arêtes représentant les chemins et reliant deux intersections.
• Type c2 : arêtes qui relient un poste de transformation à un chemin.
Type s1
Bâtiment
Type s2
Bâtiment
Poste HTA/BT
n°2
Poste HTA/BT n°1
Bâtiment
Type c2
Type s3
Bâtiment Type c1
En milieu urbain, les postes HTA/BT sont des postes enterrés, des cabines, ou sont
disposés à l’intérieur d’un bâtiment. Ils occupent un emplacement réservé de taille impor-
tante du fait de l’encombrement des matériels pour le passage de la haute à la moyenne
tension. Les contraintes peuvent être très variables d’un emplacement de poste à un autre.
Pour ne pas rentrer dans une modélisation trop complexe, les postes sont reliés à l’arête
la plus proche par une projection orthogonale (aussi appelé "chaussette" dans le jargon
industriel). Un nouveau point d’intersection est alors créé et l’arête est divisée en deux
nouvelles arêtes. Dans l’exemple utilisé, le plan correspond à un graphe à 12 sommets dont
8 intersections de rues, 2 points de connexion pour le poste de transformation n◦ 2 et 2
points correspondant aux postes de transformation. Ces sommets sont reliés entre eux par
11 arêtes dont 2 arêtes de connexion de poste. La figure II.6 illustre le passage sous forme
de graphe.
2. Routage pour la construction de l’architecture 55
5
Bâtiment
Bâtiment
Poste HTA/BT
n°2
10
Poste HTA/BT n°1
7 11
Bâtiment
9 4
Bâtiment
3
G = (V,E) G’ = (V’,E’)
postes électriques + intersections postes électriques
6
6
5
10 10
7 11
11
5 2
4
9 20 3
8 8
3 15
2
1
1
Nœuds 2, 3, 4, 5 et 7 : intersections (type s1)
Nœuds 10 et 11 : postes HTA/BT (type s2) 10 11
Nœud 9 : point de connexion (type s3) Longueur : 45 mètres
Nœuds 1,6 et 8 : vers le reste du réseau Chemin : {10,9,7,3,4,11}
Le nombre d’arêtes du graphe G′ est calculé dans l’équation II.6. Le nombre de cou-
plages possibles considérés entre les charges est proportionnel à |E ′ |2 .
|E | ′
′
X |E ′ |(|E ′ | − 1)
|V | = |E ′ | − i = (II.6)
i=1
2
La figure II.7 montre pour l’exemple étudié le passage du graphe initial au graphe com-
plet. Le graphe initial G = (V, E) permet d’obtenir le graphe G′ = (V ′ , E ′ ) qui contient 5
sommets et 10 arêtes, soit 5 × (5 − 1)/2. Les nœuds 1, 6 et 8 sont conservés car ce sont les
intersections permettant d’accéder au reste du réseau. L’arête de l’ensemble E ′ qui corres-
pond au couple (10, 11). La connexion des postes HTA/BT n◦ 1 et n◦ 2 est obtenu par le
plus court chemin entre les sommets 10 et 11, à savoir l’ensemble des points 10, 9, 7, 3, 4, 11.
Son coût est égal à la somme des coûts des arêtes intermédiaires contenues dans E.
besoins d’un autre réseau, le distributeur en est informé et peut décider d’en saisir
l’opportunité pour effectuer également des travaux.
Chaque arête du graphe G est associée à un coefficient correctif β1rue afin d’ajuster le
coût de chaque rue en fonction des informations du GRD. β1rue est lié au coût de génie
civil de chacune des rues. La valeur des coefficients β1rue est choisie par le GRD. On fixe un
coefficient β1rue de référence égal à 1 pour les rues ayant un coût de référence. Le coût de
travaux pour les autres rues est normalisé par rapport au coût de référence. Par exemple,
un coefficient de 2 est affectée à une rue dont les travaux coûtent deux fois plus cher, ou
0,25 à une rue présentant une opportunité de voirie pour des travaux quatre fois moins
chers. La longueur de chaque rue est virtuellement modifiée pour modéliser la différence
des coûts. Lors de l’application de l’algorithme de Dijsktra, les chemins déterminés entre
les différentes charges sont les moins coûteux, et non plus les plus courts.
La configuration des artères entre les postes sources est définie par le nombre d’artères
et leur agencement entre les postes sources. Un nombre d’artères trop grand entraîne des
investissements importants en conducteurs et en tranchées au profit d’une bonne continuité
d’alimentation et le respect des contraintes techniques, tandis qu’un nombre d’artères trop
faible induit un investissement réduit mais la surcharge et la mise en contrainte des conduc-
58 II. Construction de l’architecture
teurs. Le nombre d’artères est donc minimisé en garantissant le respect des contraintes
techniques. On définit la puissance maximale admissible par artère notée Parteremax , corres-
pondant au cas le plus contraignant. Ce cas est lié à l’apparition d’un défaut en tête d’un
des départs, d’un défaut au transformateur HTB/HTA ou d’une coupure d’alimentation du
réseau de transport. Ce défaut contraint l’alimentation de l’ensemble des consommateurs
de la ligne à être assurée via l’intermédiaire d’un seul poste source. Le réseau fonctionne
alors en régime de secours, décrit dans la section 2.4 du Chapitre I. Cette puissance est
évaluée au terme de la période d’étude quand la puissance consommée est maximale. Ce
cas dimensionnant est illustré en figure II.8.
Idim
Isolation du défaut Consommation maximale au terme
de la période d’étude
Dans cette situation, le courant Idim circulant dans le conducteur en tête de départ doit
être inférieur à sa contrainte thermique Itherm . Idim dépend de la puissance à desservir, des
caractéristiques des charges et des conducteurs utilisés. A titre d’exemple, Idim peut être
évalué simplement par l’équation II.7 en considérant une évolution de la consommation
constante chaque année sur la période d’étude et un le facteur de puissance pour tous les
postes HTA/BT. Parteremax est déduite dans l’équation II.8.
contraintes techniques en régime de secours est calculé avec l’équation II.9. Ptotale (0) est la
puissance totale maximale consommée sur le réseau à l’année initiale. L’opérateur de partie
entière par excès, noté ⌈⌉, garantit un nombre d’artères entier respectant la contrainte
max . P ∗
Partere artere (0) et Ptotale (0) sont calculées à partir des puissances estimées Pmax .
Ptotale (0)
M =⌈ max ⌉ (II.9)
Partere
3. Algorithme de construction de l’architecture de longueur minimale 59
La répartition des artères entre les différents postes sources doit permettre de garan-
tir le secours des postes sources entre eux en cas d’incidents, de répartir équitablement
la puissance entre les postes sources ou les artères, et de diminuer la longueur totale du
réseau. Le réseau étudié et présenté plus en détails dans la section 5 possède un total de
13 postes sources. D’après l’équation II.1, le nombre de couplage possibles entre postes
sources est de 13 × (13 − 1)/2 = 78. Considérer l’ensemble des couplages possibles mène à
un grand nombre de solutions à étudier, et donc un temps de simulation conséquent. C’est
pourquoi une première sélection doit être effectuée par le distributeur.
Dans nos études, pour limiter de manière simple l’ensemble des couplages possibles de
postes sources, on utilise la triangulation de Delaunay [35]. Elle consiste à effectuer une
triangulation de l’ensemble des points correspondants aux postes sources de manière à ce
qu’aucun point ne soit à l’intérieur du cercle circonscrit d’un des triangles. Cette méthode
permet de discriminer rapidement les couples de postes sources qui sont trop éloignés et
requièrent des lignes trop longues pour être reliés. Dans l’exemple de la zone de Grenoble,
la triangulation de Delaunay représentée sur la figure II.9 procure 37 couplages possibles
respectant le critère des cercles circonscrits, ce qui réduit de plus de deux fois le nombre de
possibilités. La puissance totale à alimenter dans ce réseau est de 415 MW. Si on considère
par exemple une puissance maximale admissible par artère de 12 MW, correspondant à
la limite de 6 MW par départ due aux cellules du poste source [29], 35 artères doivent
être construites. Le nombre de configurations possibles des artères entre les postes sources
est de 3735 soit 7, 7.1054 . Le nombre de solutions à étudier est donc très important, sans
prendre encore en compte les différentes combinaisons envisageables pour le partitionne-
ment des charges entre les artères.
Pour simplifier nos études, l’évaluation se limite à des zones de 3 postes sources corres-
pondant aux triangles de Delaunay pré-évalués. L’objectif est de créer des motifs élémen-
taires de coupure d’artère indépendants à reproduire sur l’ensemble du réseau. De plus, à
60 II. Construction de l’architecture
partir de 3 artères, on impose la construction d’au moins une artère par couple de poste
source pour mieux répartir les puissances à desservir entre les postes sources et assurer
une redondance suffisante en cas d’incidents. Le nombre de configurations possibles pour
chaque triangle de Delaunay est évalué par dénombrement et exprimé dans l’équation
II.10.
(
(M + 1)(M + 2)/2 si M ≤ 3
Nconf igurations = (II.10)
(M − 2)(M − 1)/2 si M > 3
Une fois M déterminé, les Nconf igurations configurations correspondantes sont analy-
sées. La méthodologie est synthétisée dans la figure II.10. Pour chaque configuration, le
raccordement des charges aux artères est réalisé au moyen de l’algorithme d’optimisation
décrit en 3.2. A l’issue de l’optimisation, le coût total et les indices de fiabilité des diffé-
rentes configurations sont évaluées. La meilleure configuration est alors sélectionnée. Dans
la section suivante, la méthodologie de raccordement des charges aux artères pour une
configuration donnée est décrite. L’évaluation des coûts et indices de fiabilité est décrite
dans la section 5 au travers de deux cas d’étude.
Puissance totale à desservir, caractéristiques des
Emplacement des postes sources
charges, caractéristiques des conducteurs utilisés
Figure II.10 – Recherche de la meilleure configuration des artères entre les postes sources
Pour une configuration donnée des artères entre les différents postes sources, la répar-
tition des charges entre les différentes artères doit être déterminée. Elle est modélisée par
le vecteur Xrac décrit par les équations II.11 et II.12, où N est le nombre de charges et M
le nombre d’artères.
x1
x2
Xrac =
..
(II.11)
.
xN
3. Algorithme de construction de l’architecture de longueur minimale 61
(
∀i ∈ {1...N }
xi = m si la charge i est connectée à la ligne m (II.12)
∀m ∈ {1...M }
L’ordre dans lequel les charges sont reliées entre deux postes sources est obtenu par la
résolution du problème de voyageur de commerce non bouclé [78] pour chaque artère. Ce
problème mathématique consiste à trouver le plus court chemin reliant plusieurs points
en ne passant qu’une seule fois par point. Les points de départ et d’arrivée sont les postes
sources reliés en coupure d’artère. Les charges décrites par le vecteur X pour cette ar-
tère sont les points intermédiaires à relier en minimisant le parcours total. Il n’existe pas
d’algorithme permettant de trouver une solution optimale en un temps polynomial mais
il existe plusieurs méthodes d’approximation, d’heuristiques ou d’algorithmes gloutons.
L’algorithme utilisé est l’algorithme d’approximation de Christofides [28]. Il garantit que
la solution trouvée est une approximation de facteur 3/2 maximum [33].
L’algorithme de Christofides fournit l’ordre dans lequel les charges sont reliées ainsi
que la longueur totale de la solution qui est utilisée comme fonction objectif pour la
construction de l’architecture de longueur minimale. Si la topologie des rues n’est pas
prise en compte, la résolution du voyageur de commerce est faite à partir des distances
entre charges à vol d’oiseau. Dans le cas contraire, ce sont les distances du graphe G′
calculées dans la section 2 qui sont utilisées.
Comme il a été convenu dans la section précédente, la fonction objectif fobj (Xrac ) est la
longueur totale du réseau Ltot . Elle est définie par l’équation II.13 où Ωb est l’ensemble de
branches du réseau et lj (Xrac ) est la longueur de la branche j. fobj (Xrac ) est calculée après
résolution du problème de voyageur de commerce pour chacune des artères du réseau.
X
fobj (Xrac ) = Ltot = lj (Xrac ) (II.13)
j∈Ωb
Quatre heuristiques décrites dans [42] sont comparées pour la construction de l’archi-
tecture de longueur minimale : un algorithme génétique, le recuit simulé, la recherche avec
tabou et l’algorithme de colonies de fourmi. Ces heuristiques peuvent être de type distri-
bué où plusieurs solutions sont étudiées et modifiées en parallèle, ou de voisinage où on
ne travaille que sur une seule solution à la fois et que l’on fait évoluer. Les données d’en-
trées sont les emplacements géographiques des postes sources HTB/HTA et des postes
HTA/BT, ainsi que le nombre et la configuration des artères entre les différents postes
sources. La donnée de sortie est le vecteur objectif X.
Pour comparer les heuristiques étudiées, on utilise le réseau IEEE représenté sur la
figure II.11 et utilisé dans les références [21, 57]. Ce réseau possède 3 postes sources et
69 charges à relier. La connexion des charges se fait à vol d’oiseau : aucune contrainte
topologie n’est considérée pour cet exemple. Le nombre et la configuration des artères est
la même que pour les deux articles de références, afin de faciliter la comparaison.
62 II. Construction de l’architecture
« Open loop distribution System Design », « Urban medium voltage distribution network
V.Glamocanin, IEEE Transaction on Power planning based on ASAGA and TSP path optimization
Delivery, Octobre 1993 method », V.Cai, CICED 2012
Les résultats sont donnés dans le tableau II.1. Chacune des heuristiques est utilisée
100 fois pour tenir compte de leur aspect stochastique. Les simulations sont effectuées sur
un serveur de calcul doté d’un processeur Intel(R) Xeon(R) CPU-E5-2690 @ 2,90 GHz
(2 cœurs), de 96 Go de RAM, sur un système d’exploitation 64 bits fonctionnant sous
Windows 7.
Sur la base des résultats du tableau II.1, le recuit simulé offre les meilleures perfor-
mances et une faible variance des résultats. Le nombre d’appels à la fonction objectif est
également plus faible. Ceci est dû en partie à sa méthode d’exploration de l’espace des
solutions par voisinage. A chaque itération, la fonction objectif n’est utilisée qu’une seule
fois, et seulement sur la partie de la solution qui a été modifiée. Les algorithmes génétiques
et de colonies de fourmi ont un temps de calcul très important car ils sont de type distribué,
et leur performance est liée au nombre de solutions évaluées en parallèle. Enfin, le recuit
simulé est un algorithme très simple à mettre en œuvre qui nécessite le réglage de peu de
paramètres. A l’inverse, l’algorithme génétique nécessite d’effectuer de nombreux tests afin
de déterminer le nombre de générations et d’individus menant à une bonne solution en un
temps acceptable. La recherche avec tabou nécessite de paramétrer avec soin la fonction
de hachage, et l’algorithme de colonie de fourmis nécessite de bien définir la méthode de
formation des phéromones. Par la suite, le fonctionnement de l’algorithme de recuit simulé
est décrit.
64 II. Construction de l’architecture
Le recuit simulé est inspiré d’un processus utilisé en métallurgie dans lequel on alterne
des processus de refroidissement et de réchauffage lents sur un matériau, ce qui a pour
effet de diminuer progressivement son énergie libre thermodynamique dont dépendent cer-
taines propriétés importantes de la matière. On associe la valeur de la fonction objectif
à une énergie libre affiliée à une température fictive. Plus cette température est haute,
plus la solution est dans un état instable et peut être soumise à des transformations dimi-
nuant son énergie mais également à d’autres l’augmentant. La température est diminuée
progressivement et les transformations dégradantes sont de plus en rares ce qui a pour
effet de stabiliser la solution dans un optimum local. Cette méthode permet d’obtenir en
métallurgie des matériaux présentant de bonnes propriétés et il a été démontré que dans
le cas d’autres problèmes, la méta-heuristique associée converge vers des optimums locaux
ayant de bonnes performances [42]. Les équivalences entre le recuit simulé en métallurgie
et le recuit simulé adapté au problème de planification sont détaillées dans le tableau II.2.
La structure générale de l’algorithme est résumée dans le logigramme II.12.
Initialisation
non
∆L = L2 − L1 < 0 ? oui
Sélection aléatoire de p
entre 0 et 1
Modification acceptée
r < e − ∆L /T ? L 1 = L2
oui
non
Critère de changement
non de température vérifié ?
oui
non
Convergence ?
oui
Fin
0 −L¯0
Trecuit = (II.17)
ln(τ0 )
L’algorithme converge lorsque plus aucune modification n’est acceptée et que le réseau
s’est stabilisé sur un optimum local. Cela correspond en théorie à une température Trecuit
égale à 0, atteinte au bout d’une quantité infinie d’itérations. En pratique, on considère
que le recuit simulé a convergé si la meilleure solution trouvée reste inchangée pendant
Nconvergence paliers de température. La figure II.13 montre un exemple de convergence du
recuit simulé sur l’exemple du réseau de IEEE à 69 nœuds de la figure II.11. Le critère de
convergence y est fixé à 10 paliers de température sans variations de la meilleure solution.
Cette simulation converge en 29 paliers, pour 128 647 appels à la fonction objectif. Le
nombre total de modifications apportées à la solution est de 24 013. La solution initiale
générée aléatoirement possède 389,4 km de conducteurs. La solution finale possède 172,8
km de conducteurs.
2 400
Température
Longueur totale de la solution courante
Longueur totale de la meilleure solution
Température fictive (en °C)
200
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5
Itérations du recuit simulé #10 4
La puissance maximale admissible par artère a été déterminée dans la section 3.1.1 via
l’équation II.8. La solution proposée pour respecter cette limite est d’effectuer un échange
de charges entre les lignes de manière à équilibrer la répartition de la puissance totale.
Cette procédure est gloutonne : on procède systématiquement à l’échange de charges mi-
nimisant la dégradation de la longueur totale. L’opération est répétée jusqu’à ce que toutes
les lignes respectent le critère de puissance maximale. L’algorithme est décrit sur la figure
II.14.
Initialisation
Fin
La prise en compte des contraintes topologiques dans ces échanges permet de minimi-
ser la dégradation de la longueur. Si deux lignes, dont une surchargée et une autre non
surchargée, traversent la même rue dans laquelle se situe une charge, ces deux lignes pour-
ront procéder à l’échange de charges sans augmenter la longueur de l’une ou de l’autre.
68 II. Construction de l’architecture
Il existe cependant des méthodes empiriques pour le placement des OMT. En milieu
urbain, la plupart des distributeurs considèrent que chaque départ d’une artère doit pos-
séder 2,5 OMT, le demi-OMT correspondant à l’organe normalement ouvert, d’un côté ou
l’autre de l’artère. Il existe également une formule empirique permettant d’optimiser le bi-
lan techno-économique du placement des OMT [30]. L’équation donne le temps de coupure
moyen sur une ligne en fonction du nombre d’OMT et de la longueur totale. On cherche
à minimiser le coût total de l’investissement en OMT et le coût actualisé des défaillances
décrits dans les équations II.19 et II.20, en faisant varier le nombre d’OMT.
T
X C EN D × EN D(t)
C = NOM T × C OM T + (II.19)
t=1
(1 + a)t
Avec :
Tmoy : temps moyen de coupure par an (en heures)
Lligne : longueur de la ligne (en km)
NOM T : nombre d’OMT le long de la ligne
C : coût actualisé des OMT et de l’énergie non distribuée, à minimiser (en ke)
T : période d’étude (en années)
C OM T : coût unitaire d’un OMT (en ke)
C EN D : coût de l’énergie non distribuée (en ke/kWh)
EN D(t) : énergie non distribuée à l’année t (en kWh)
a : taux d’actualisation (en %)
τ : taux de défaillance des conducteurs (en incident / km / an)
Pmoyen (0) : puissance consommée sur la ligne au début de la période d’étude (en kW)
tconso : taux d’évolution de la consommation (en %)
Cette formule n’est pas adaptée à tous les cas car les coefficients utilisés dans l’équation
II.18 ont été calculés à partir de réseaux pouvant présenter des caractéristiques différentes
aux réseaux étudiés et doivent être mis à jour. De plus, dans le cadre de nos études, les
organes de manœuvres sont placés en fonction des objectifs de fiabilité et non par optimum
économique. Ces deux approches pouvent mener à une solution différente. La seconde ap-
proche est décrite dans le schéma II.16.
∆ é ∆ é
∆ ∆ ∆ ∆ ∆
Figure II.16 – Placement des organes de manœuvres télécommandés sur une artère
L’OMT normalement ouvert est placé de manière à minimiser l’écart des produits
P Ldépart 1 et P Ldépart 2 entre deux départs d’une artère donnée afin de garantir le meilleur
équilibre de la fiabilité entre les clients. Ce placement est effectué en testant toutes les
positions possibles dont le nombre est égal au nombre de postes HTA/BT sur la ligne. Les
70 II. Construction de l’architecture
OMT normalement fermés sont ensuite placés afin de respecter les objectifs de fiabilité
par départ notés SAIF Iobj et SAIDIobj tout en équilibrant au maximum les produits
P Lsection des différentes sections. A l’état initial, seul l’OMT normalement ouvert est pré-
sent : les indices de fiabilité pour cette configuration sont calculés. Si ils ne respectent pas
les limites SAIF Iobj et SAIDIobj , un OMT normalement fermé est ajouté sur les départs
concernés, puis les indices de fiabilité sont de nouveau évalués. La procédure est répétée
jusqu’à ce que les objectifs soient atteints.
Pour chaque ajout d’un OMT sur un départ, tous les OMT déjà présents sont retirés
pour être replacés en même temps que le nouveau. L’objectif choisi pour décider de l’em-
placement des OMT est d’équilibrer les produits PL entre chaque tronçon. Les OMT sont
initialement placés de manière à équilibrer le nombre de postes HTA/BT pour chaque sec-
tion de ligne délimitée par deux OMT. Pour chaque déplacement possible de chaque OMT
le long du départ (vers la gauche ou vers la droite), le gain sur l’équilibre des produits
P L entre les sections est évalué. Le déplacement d’OMT équilibrant au mieux les produits
P L est effectué. Lorsque tous les déplacements possibles dégradent l’équilibre des produits
P Lsection , l’optimum local est atteint et la solution est conservée. La méthodologie est
décrite sur la figure II.17.
Initialisation
5 Exemples d’application
5.1 Description du réseau étudié
Le cas d’étude est une portion du réseau électrique de distribution de Grenoble corres-
pond au centre-ville, géré par le distributeur GEG 1 . Ce réseau contient 6 lignes en coupure
d’artère de source à source. Les artères sont réparties entre 3 postes sources : Mallifaud,
Nord-Ouest et Ile Verte. Elles desservent 136 postes de distribution sous une tension nomi-
nale de 20 kV pour une puissance totale de 61,19 MW. Le cas d’étude comprend également
1. Le Groupe GEG regroupe également des activités de production d’électricité renouvelable et de
chaleur propre au travers de plusieurs filiales telles.
POSTES POSTES TELEC.
Poste Abonne
Poste Mixte
POSTES 5,5kV
POSTES POSTES TELEC.
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Poste Abonne
Poste Mixte
LEGE
LEGENDE SCHEMA 20 kV
5. Exemples d’application CABLES
71 GRENOB
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Sous
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