Test Significativité Globale Ede La Regression PDF
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Econométrie
La régression linéaire simple et multiple
Version 1.1
Lorsqu'on m'a demandé si je voulais assurer le cours d'économétrie en Licence L3-IDS (http://dis.
univ-lyon2.fr/), j'ai ressenti une grande joie mais aussi une certaine inquiétude.
D'une part une grande joie car c'est à travers l'économétrie que je suis venu au traitement statistique
des données. Lorsque j'ai vu un nuage de point avec une forme plus ou moins armée, et que j'ai
compris qu'on pouvait en déduire une liaison fonctionnelle représentée par une courbe passant au milieu
de ces points, je me suis dit qu'il y avait là quelque chose de magique. Je trouvais formidable l'idée
que des données recèlent une vérité que l'on est capable de reconstituer ou bien, inversement, que l'on
s'imagine une certaine forme de vérité que l'on peut conrmer ou inrmer à travers des données observées,
totalement objectives. Par la suite, de l en aiguille, j'ai découvert une très vaste littérature autour de
ces principes. Les appellations sont diérentes selon les cultures : on parle d'analyse de données, de data
mining, etc. Mais qu'importe nalement, pour ma part je sais très bien ce que je fais. Et ce qui était
initialement une sorte de loisir (ah, le temps passé sur mon Thomson M05 à programmer des petites
procédures statistiques... 1 ) est devenu mon métier.
D'autre part, je ressentais quand même un certaine inquiétude car c'était la première fois que je pas-
sais de l'autre côté de la barrière dans ce domaine. A priori, je connais bien la régression. Je l'ai beaucoup
étudiée jusqu'en DEA (l'équivalent d'un Master 2 Recherche de nos jours). Trouver mes repères ne devait
pas poser de problèmes particuliers. Mais comme la grande majorité des étudiants (j'imagine), j'avais
surtout étudié dans l'optique de restituer, pour préparer les examens quoi (un peu pour la program-
mer aussi, d'où le logiciel REGRESS qui a près de 20 ans aujourd'hui, et qui est toujours en ligne
http://eric.univ-lyon2.fr/~ricco/regress.html même si, honnêtement, il doit y avoir très peu
d'utilisateurs je pense). Ici, l'aaire est autrement plus corsée. Il s'agit d'expliquer à d'autres personnes.
La diérence est énorme. C'est donc non sans inquiétude que j'ai sorti mes anciennes notes de cours
(entres autres les fameux polycopiés de Patrick Sylvestre-Baron de la Faculté de Sciences Économiques
de l'Université Lyon 2) et que j'ai fait l'acquisition de plusieurs ouvrages qui allaient me servir de base
de préparation.
1. La courbe bleue tracée à une allure d'escargot au milieu des points verts (on n'avait droit qu'à 16 couleurs
en mode graphique), c'était jouissif !
Je me suis rendu compte que la régression linéaire est toujours aussi passionnante. Plus même, les
années post DEA passées à étudier les techniques de Data Mining, en particulier l'apprentissage supervisé,
m'ont apporté un recul que je n'avais pas (quelques années en plus, il faut bien que ça serve à quelque
chose aussi). Tout de suite, j'ai pu raccrocher ce que je lisais à ce que je savais par ailleurs. Quand même, ils
avaient vraiment découvert beaucoup de choses ces économètres. Par exemple, pouvoir calculer une erreur
de prédiction en leave-one-out sans avoir à construire explicitement le modèle sur les (n − 1) observations
grâce au concept de levier est tout bonnement fabuleux. En retour, j'ai mieux compris certains aspects
de l'apprentissage supervisé en étudiant les techniques économétriques. Bref c'est tout bonus. Ce travail
m'a d'ailleurs permis par la suite de monter mon cours de régression logistique, et de rédiger le support
associé [14].
Reste une question. A quoi peut bien servir un polycopié supplémentaire sur la régression linéaire
simple et multiple. En eet, ils sont légions sur internet (tapez "économétrie" dans Google pour voir).
S'il s'agit de reproduire ce qui est déjà (très bien) écrit par ailleurs, on ne voit pas vraiment où est
l'intérêt.
La première raison est mon cours de licence. Au l des années, le nombre d'heures dont je dispose
pour le faire a été réduit comme une peau de chagrin. Ce qui ne manque pas de me chagriner d'ailleurs
(ok, ok, elle est facile celle-là). Comme je ne souhaite absolument pas diminuer le nombre des séances TD
sur machine, je suis obligé de rogner sur les CM. De fait, il ne m'est plus possible de détailler certaines
démonstrations au tableau comme je pouvais le faire naguère. De même, en utilisant de plus en plus des
slides pour le cours, je fais des ellipses à de nombreux endroits. Je me suis dit que la seule manière de
donner des repères identiques à tous les étudiants est de leur épargner la prise de notes en fournissant le
cours rédigé. En cela, mon cours d'économétrie se rapproche de plus en plus de mon cours de Data Mining
où je parle de beaucoup de choses en très peu de temps en me focalisation sur les aspects opérationnels
(en cours tout du moins), mais en donnant accès aux étudiants à une abondante documentation gratuite.
La seconde raison est que cela me permet tout simplement de présenter les choses à ma manière,
en donnant la part belle aux exemples traités sur tableur 2 . Ce qui est une de mes principales marques
de fabrique. Parfois, je ferais le parallèle avec les résultats fournis par les logiciels de statistique, en
privilégiant toujours les outils libres (Tanagra, Regress et R principalement) 3 . Ainsi, le lecteur pourra
refaire tous les calculs décrits dans ce document. A cet eet, les chiers de données qui ont servi à sa
préparation sont également accessibles en ligne. Ils sont énumérés en annexes.
Bien évidemment, selon l'expression consacrée, ce support n'engage que son auteur. Toutes suggestions
ou commentaires qui peuvent en améliorer le contenu sont bienvenus.
3 Inférence statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.1 Évaluation globale de la régression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.1.1 Tableau d'analyse de Variance - Test de signicativité globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.1.2 Exemple : les rendements agricoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.2 Distribution des coecients estimés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.2.1 Distribution de â et b̂ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.2.2 Estimation de la variance de l'erreur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.2.3 Distribution des coecients dans la pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.3 Étude de la pente de la droite de régression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3.1 Test de signicativité de la pente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3.2 Test de conformité à un standard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3.3 Intervalle de conance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.4 Intervalle de conance de la droite de régression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.5 La régression avec la fonction DROITEREG d'EXCEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.6 Quelques équivalences concernant la régression simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.6.1 Équivalence avec le test de signicativité globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.6.2 Équivalence avec le test de signicativité de la corrélation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Nous cherchons à mettre en avant une relation de dépendance entre les variables Y et X . Y est celle
que l'on cherche à expliquer (à prédire), on parle de variable endogène (dépendante) ; X est la variable
explicative (prédictive), on parle de variable exogène (indépendante).
Le modèle de régression linéaire simple s'écrit :
yi = a × xi + b + εi (1.1)
a et b sont les paramètres (les coecients) du modèle. Dans le cas spécique de la régression simple,
a est la pente, b est la constante.
Nous disposons d'un échantillon de n observations i.i.d (indépendantes et identiquement distribuées)
pour estimer ces paramètres.
Le terme aléatoire ε, que l'on appelle l'erreur du modèle, tient un rôle très important dans la
régression. Il permet de résumer toute l'information qui n'est pas prise en compte dans la relation linéaire
que l'on cherche à établir entre Y et X c.-à-d. les problèmes de spécications, l'approximation par la
linéarité, résumer le rôle des variables explicatives absentes, etc. Comme nous le verrons plus bas, les
propriétés des estimateurs reposent en grande partie sur les hypothèses que nous formulerons à propos
de ε. En pratique, après avoir estimé les paramètres de la régression, les premières vérications portent
sur l'erreur calculée sur les données (on parle de "résidus") lors de la modélisation [13] (Chapitre 1).
Exemple - Rendement de maïs et quantité d'engrais. Dans cet exemple tiré de l'ouvrage de Bourbonnais
(page 12), nous disposons de n = 10 observations (Figure 1.1) 1 . On cherche à expliquer Y le rendement
en maïs (en quintal) de parcelles de terrain, à partir de X la quantité d'engrais (en kg) que l'on y a
épandu. L'objectif est de modéliser le lien à travers une relation linéaire. Bien évidemment, si l'on ne
1. regression_simple_rendements_agricoles.xlsx - "data"
met pas d'engrais du tout, il sera quand même possible d'obtenir du maïs, c'est le sens de la constante
b de la régression. Sa valeur devrait être positive. Ensuite, plus on mettra de l'engrais, meilleur sera le
rendement. On suppute que cette relation est linéaire, d'où l'expression a × x, on imagine à l'avance que
a devrait être positif.
Le graphique nuage de points associant X et Y semble conrmer cette première analyse (Figure 1.2) 2 .
Dans le cas contraire où les coecients estimés contredisent les valeurs attendues (b ou/et a sont négatifs),
cela voudrait dire que nous avons une perception faussée du problème, ou bien que les données utilisées
ne sont pas représentatives du phénomène que l'on cherche à mettre en exergue, ou bien... On entre alors
dans une démarche itérative qui peut durer un moment avant d'obtenir le modèle dénitif 3 . C'est le
processus de modélisation.
2. regression_simple_rendements_agricoles.xlsx - "data"
3. Voir l'excellent site du NIST http://www.itl.nist.gov/div898/handbook/pmd/pmd.htm au sujet du
processus de modélisation : les terminologies utilisées, les principales étapes, la lecture des résultats. Avec des
études de cas complètes.
1.1.2 Hypothèses
Ces hypothèses pèsent sur les propriétés des estimateurs (biais, convergence) et l'inférence statistique
(distribution des coecients estimés).
H1 Hypothèses sur Y et X . X et Y sont des grandeurs numériques mesurées sans erreur. X est une
donnée exogène dans le modèle. Elle est supposée non aléatoire. Y est aléatoire par l'intermédiaire
de ε c.-à-d. la seule erreur que l'on a sur Y provient des insusances de X à expliquer ses valeurs
dans le modèle.
H2 Hypothèses sur le terme aléatoire ε. Les εi sont i.i.d (indépendants et identiquement distribués).
H2.a E(εi ) = 0, en moyenne les erreurs s'annulent c.-à-d. le modèle est bien spécié.
H2.b V (εi ) = σε2 , la variance de l'erreur est constante et ne dépend pas de l'observation. C'est
l'hypothèse d'homoscédasticité.
H2.c En particulier, l'erreur est indépendante de la variable exogène c.-à-d. COV (xi , εi ) = 0
H2.d Indépendance des erreurs. Les erreurs relatives à 2 observations sont indépendantes c.-à-d.
COV (εi , εj ) = 0. On parle de "non auto-corrélation des erreurs".
Remarque : Cette hypothèse est toujours respectée pour les coupes transversales. En eet
l'échantillon est censé construit de manière aléatoire et les observations i.i.d. Nous pouvons donc
intervertir aléatoirement les lignes sans porter atteinte à l'intégrité des données. En revanche,
la question se pose pour les données temporelles. Il y a une contrainte qui s'impose à nous
(contrainte temporelle - les données sont ordonnées) dans le recueil des données.
H2.e εi ≡ N (0, σε ). L'hypothèse de normalité des erreurs est un élément clé pour l'inférence
statistique.
Notre objectif est de déterminer les valeurs de a et b en utilisant les informations apportées par
l'échantillon. Nous voulons que l'estimation soit la meilleure possible c.-à-d. la droite de régression doit
approcher au mieux le nuage de points.
Si graphiquement, la solution semble intuitive. Il nous faut un critère numérique qui réponde à cette
spécication pour réaliser les calculs sur un échantillon de données.
Le critère des moindres carrés consiste à minimiser la somme des carrés des écarts (des erreurs)
entre les vraies valeurs de Y et les valeurs prédites avec le modèle de prédiction (Figure 1.3). L'estimateur
des moindres carrées ordinaires (MCO) des paramètres a et b doit donc répondre à la minimisation de
Fig. 1.3. Comptabilisation de l'erreur : écart entre Y observé et Y prédit par le modèle linéaire
∑
n
S= ε2i
i=1
∑
n
= [yi − (axi + b)]2
i=1
∑
n
= [yi − axi − b]2
i=1
En appliquant ces dérivées partielles, nous obtenons les équations normales (Giraud et Chaix, page
25 ; Bourbonnais, page 21 ; Johnston et DiNardo, page 22) :
∑ x y − a ∑ x2 − b ∑ x = 0
i i i i i i i
(1.2)
ȳ − ax̄ − b = 0
Que l'on retrouve également sous la forme suivante dans la littérature (Tenenhaus, page 70).
∑ x ε = 0
i i i
(1.3)
∑ εi = 0
i
En appelant â et b̂ les solutions de ces équations normales, nous obtenons les estimateurs des
moindres carrés :
∑n
(y − ȳ)(xi − x̄)
∑n i
â = i=1 (1.4)
i=1 (xi − x̄)
2
b̂ = ȳ − âx̄ (1.5)
Quelques pistes pour obtenir ces résultats. Voyons tout d'abord la dérivée partielle ∂S
∂b
∂S
=0
∑ ∂b
2(−1)(yi − axi − b) = 0
i
∑ ∑
−2[ yi − a xi − n × b] = 0
i i
b = ȳ − ax̄
Occupons-nous maintenant de ∂S
∂a
∂S ∑
= 2(−xi )(yi − axi − b) = 0
∂a i
Revenons à notre exemple des "Rendements agricoles" (Figure 1.1). Nous montons la feuille Excel
permettant de réaliser les calculs (Figure 1.4) 4 .
Fig. 1.4. Estimation des coecients "Rendements agricoles" - Feuille de calcul Excel
4. regression_simple_rendements_agricoles.xlsx - "reg.simple.1"
La droite de régression peut être représentée dans le graphique nuage de points. Nous avons utilisé
l'outil "Courbe de tendance" d'Excel (Figure 1.5) 5 .
Nous constatons que la droite passe peu ou prou au milieu du nuage de points. Mais nous ne saurions
pas dire dans quelle mesure notre modélisation est susamment intéressante. La simple évaluation visuelle
ne sut pas. La seule manière d'obtenir une réponse rigoureuse est de produire un critère quantitatif que
l'on saura interpréter. Nous nous pencherons sur cette question dans la section consacrée à l'évaluation
du modèle (section 1.3).
\(Y, X)
COV
= 2
σ̂X
σ̂Y
= ryx ×
σ̂X
De fait, nous le verrons dans la partie inférentielle, tester la signicativité de la pente revient à tester
la signicativité de la corrélation entre Y et X .
5. regression_simple_rendements_agricoles.xlsx - "reg.simple.1"
Erreur et résidu. ε est l'erreur inconnue introduite dans la spécication du modèle. Nous avons
alors estimé les paramètres â et b̂ à partir de l'échantillon et nous appuyant sur le principe des moindres
carrés. Nous pouvons obtenir la valeur prédite de l'endogène Y pour l'individu i avec
ŷi = ŷ(xi )
= â × xi + b̂
La distinction "erreur vs. résidu" est importante car, comme nous le verrons par la suite, les expressions
de leurs variances ne sont pas les mêmes.
La somme (et donc la moyenne) des résidus est nulle dans une régression avec constante. En eet :
∑ ∑
ε̂i = [yi − (âxi + b̂)]
i i
Centre de gravité du nuage de points. La droite de régression avec constante passe forcément
par le centre de gravité du nuage de points. Pour le vérier simplement, réalisons la projection pour le
point x̄ :
ŷ(x̄) = âx̄ + b̂
= âx̄ + (ȳ − âx̄)
= ȳ
Dans notre exemple des "Rendements agricoles", nous constatons eectivement que la droite passe le
point G(x, y) de coordonnées (x̄ = 30.4, ȳ = 26.1) (Figure 1.6).
L'objectif est de construire des estimateurs qui minimisent la somme des carrés des résidus
∑
SCR = ε̂2i
i
∑
= (yi − ŷi )2
i
Lorsque la prédiction est parfaite, tout naturellement SCR = 0. Mais dans d'autre cas, qu'est-ce
qu'une bonne régression ? A partir de quelle valeur de SCR peut-on dire que la régression est mauvaise ?
Pour répondre à cette question, il faut pouvoir comparer la SCR avec une valeur de référence. Pour
cela, nous allons décomposer la variance de Y .
= âȳ + b̂
= ȳ
et
∂S ∑
= 2(−xi )(yi − axi − b) = 0
∂a i
SCT est la somme des carrés totaux. Elle indique la variabilité totale de Y c.-à-d. l'information
disponible dans les données.
SCE est la somme des carrés expliqués. Elle indique la variabilité expliquée par le modèle c.-à-d.
la variation de Y expliquée par X .
SCR est somme des carrés résiduels. Elle indique la variabilité non-expliquée (résiduelle) par le
modèle c.-à-d. l'écart entre les valeurs observées de Y et celles prédites par le modèle.
Dans le meilleur des cas, SCR = 0 et donc SCT = SCE : les variations de Y sont complètement
expliquées par celles de X . On a un modèle parfait, la droite de régression passe exactement par
tous les points du nuage(ŷi = yi ).
Dans le pire des cas, SCE = 0 : X n'apporte aucune information sur Y . Ainsi, ŷi = ȳ , la meilleure
prédiction de Y est sa propre moyenne.
A partir de ces informations, nous pouvons produire une première version du tableau d'analyse de
variance (Tableau 1.1). La version complète nous permettra de mener le test de signicativité globale
de la régression comme nous le verrons plus loin (section 3.1).
Il est possible de déduire un indicateur synthétique à partir de l'équation d'analyse de variance. C'est
le coecient de détermination R2 .
SCE SCR
R2 = =1− (1.10)
SCT SCT
Plus il sera proche de la valeur 1, meilleur sera le modèle, la connaissance des valeurs de X permet
de deviner avec précision celle de Y .
Lorsque R2 est proche de 0, cela veut dire que X n'apporte pas d'informations utiles (intéressantes)
sur Y , la connaissance des valeurs de X ne nous dit rien sur celles de Y .
Remarque 1 (Une autre lecture du coecient de détermination.). Il existe une lecture moins usuelle, mais
non moins intéressante, du coecient de détermination.
On dénit le modèle par défaut comme la régression qui n'utilise pas X pour prédire les valeurs de Y
c.-à-d. le modèle composé uniquement de la constante.
yi = b + εi (1.11)
On montre très facilement dans ce cas que l'estimateur des MCO de la constante est
b̂ = ȳ (1.12)
Dès lors, on peut considérer que R2 confronte la prédiction du modèle s'appuyant sur X (ŷi = â×xi +b̂)
avec le pire modèle possible, celui qui n'utilise pas l'information procurée par X c.-à-d. basée uniquement
sur Y (ŷi = ȳ ).
Par construction, dans la régression avec constante, on sait que SCR ≤ SCT , le coecient de déter-
mination nous indique donc dans quelle mesure X permet d'améliorer nos connaissances sur Y .
Cette lecture nous permet de mieux comprendre les pseudo-R2 calculés dans des domaines connexes
telles que la régression logistique [14] (Section 1.6) où l'on confronte la vraisemblance du modèle complet
(ou le taux d'erreur), incluant toutes les exogènes, avec celle du modèle réduit à la constante.
Dans le cas de la régression simple (et uniquement dans ce cas), on montre aisément qu'il est égal au
coecient de corrélation ryx entre Y et X. Son signe est déni par la pente â de la régression.
σ̂x2
2
ryx = â2 ×
σ̂y2
∑
â2 i (xi − x̄)2
= ∑
i (yi − ȳ)
2
∑
i + b̂) − (âx̄ + b̂)]
2
i [(âx∑
=
i (yi − ȳ)
2
∑
(ŷ − ȳ)2
= ∑i i
i (yi − ȳ)
2
SCE
=
SCT
= R2
Nous nous appuyons sur les coecients estimés précédemment (section 1.2.2), à savoir â = 0.71405
et b̂ = 4.39277 pour construire la colonne des valeurs prédites ŷi , en déduire le résidu ε̂i et nalement
obtenir les sommes des carrés. Le tableau de calcul est organisé comme suit (Figure 1.7) 6 :
Nous calculons ŷi . Par exemple, pour le 1er individu : ŷ1 = â × x1 + b̂ = 0.71405 × 20 + 4.39277 =
18.674.
Sur la colonne suivante, nous en déduisons le résidu ε̂i (ex. ε̂1 = y1 − ŷ1 = 16 − 18.674 = −2.674).
Pour obtenir la SCT, nous réalisons la somme des (yi − ȳi ) passées au carré : SCT = (16 − 26.1)2 +
· · · = 102.010 + · · · = 314.900
Pour la SCE, nous sommons (ŷi − ȳ)2 c.-a-d. SCE = (18.674−26.1)2 +· · · = 55.148+· · · = 251.061
Nous pouvons obtenir la SCR par diérence, en faisant SCR = SCT −SCE = 314.900−251.061 =
63.839.
6. regression_simple_rendements_agricoles.xlsx - "reg.simple.decomp.variance"
Nous pouvons aussi la former explicitement en sommant les (yi − ŷi )2 , soit SCR = (16−18.674)2 +
· · · = 7.149 + · · · = 63.839. Les deux résultats coïncident, il ne peut pas en être autrement (dans
la régression avec constante tout du moins).
SCE 251.061
R2 = = = 0.797273
SCT 314.900
â = 0.71405 étant positif, on vériera aisément dans notre exemple que ce dernier est identique au
coecient de corrélation de Pearson entre Y et X :
R = ryx = 0.892901
Ce chapitre est assez théorique. Sa lecture n'est pas nécessaire pour la compréhension de la mise en
pratique de la régression linéaire. J'invite donc les lecteurs surtout intéressés par les aspects opérationnels
à se reporter au chapitre suivant (chapitre 3).
Ce chapitre est essentiel en revanche pour la compréhension des propriétés des estimateurs des MCO. Il
permet notamment de circonscrire les hypothèses qui conditionnent leur ecacité. Sa lecture est conseillée
pour ceux qui s'intéressent à ces aspects théoriques.
Pour les étudiants de la licence L3-IDS, vous devez lire ce chapitre !
Deux propriétés importantes sont mises en avant dans l'évaluation d'un estimateur. (1) Est-ce qu'il
est sans biais c.-à-d. est-ce qu'en moyenne nous obtenons la vraie valeur du paramètre ? (2) Est-ce qu'il
est convergent c.-à-d. à mesure que la taille de l'échantillon augmente, l'estimation devient de plus en
plus précise ?
2.1 Biais
Voyons ce qu'il en est pour â. Il y a deux étapes principalement dans la démonstration : dans un
premier temps, il faut exprimer â en fonction de a ; dans un deuxième temps, en passant à l'espérance
mathématique, il faut souhaiter que tout ce qui ne dépend pas de a devienne nul, au besoin en s'appuyant
sur quelques hypothèses pour le coup bien commodes énoncées en préambule de notre présentation
(section 1.1).
Nous reprenons ici la démarche que l'on retrouve dans la plupart des références citées en bibliographie
(Bourbonnais, page 24 pour la régression simple ; Giraud et Chaix, page 25, qui a servi de base pour les
calculs ci-dessous ; Labrousse, page 24 pour la régression multiple ; Dodge et Rousson, page 25).
Formons la diérence
y = ax + b + ε
i i i
−
ȳ = ax̄ + b + ε̄
Rappelons que ∑
i (x − x̄)(yi − ȳ)
â = ∑i
i (xi − x̄)
2
Ainsi
∑
− x̄)[a(xi − x̄) + (εi − ε̄)]
i (xi
â = ∑
i (xi − x̄)
2
∑ ∑
a i (xi − x̄)2 + i (xi − x̄)(εi − ε̄)
= ∑
i (xi − x̄)
2
∑
(xi − x̄)(εi − ε̄)
= a + i∑
i (xi − x̄)
2
∑
On montre facilement que ε̄ i (xi − x̄) = 0, nous obtenons ainsi
∑
(xi − x̄)εi
â = a + ∑i (2.1)
i (xi − x̄)
2
Il nous reste à démontrer que la partie après l'addition est nulle en passant à l'espérance mathématique.
Nous devrons introduire les hypothèses adéquates pour ce faire.
[∑ ]
(xi − x̄)εi
E(â) = E(a) + E ∑i
i (xi − x̄)
2
[ ]
∑ (xi − x̄)
= a+E ∑ ε
2 i
i j (xj − x̄)
Nous avons : [ ]
∑
E(â) = a + E ωi εi
i
E(â) = a
Conclusion. L'estimateur des moindres carrés ordinaires (EMCO) est sans biais, si et seulement si
les deux hypothèses suivantes sont respectées :
1. (H1) L'exogène X n'est pas stochastique (X est non aléatoire) ;
2. (H2.a) E(εi ) = 0, l'espérance de l'erreur est nulle.
Concernant la constante
De manière analogue, en partant de b̂ = b + ε̄ − (â − a)x̄, on montre sous les mêmes hypothèses que
E(b̂) = b
V (θ̂) −→ 0 (2.2)
n→∞
Nous devons donc d'abord produire une expression de la variance de l'estimateur, et montrer qu'il
tend vers 0 quand l'eectif n tend vers ∞.
Or, dans la section précédente, nous avons montré que l'estimateur pouvait s'écrire
∑
â = a + ωi εi
i
Exploitons cela
( )2
∑
V (â) = E ωi εi
i
[ ]
∑ ∑
=E ωi2 ε2i +2 ωi ωi′ εi εi′
i i<i′
∑ ∑
= ωi2 E(ε2i ) + 2 ωi ωi′ E (εi εi′ )
i i<i′
1. (H2.b) E(ε2i ) = V (εi ) = σε2 , la variance de l'erreur est constante. C'est l'hypothèse d'homoscédas-
ticité.
2. (H2.d) COV (εi′ εi ) = E(εi′ εi ) = 0. Les erreurs sont deux à deux indépendantes. C'est l'hypothèse
de non-autocorrélation des erreurs.
xi − x̄
ωi = ∑
j (xj − x̄)
2
1
= ∑
j (xj − x̄)2
σε2
V (â) = ∑ (2.3)
i (xi − x̄)
2
σε2 est une valeur qui ne dépend pas de n, c'est la variance de l'erreur dénie dans la population.
∑
En revanche, lorsque n → ∞, on constate facilement que i (xi − x̄)2 → ∞. En eet, c'est une
somme de valeurs toutes positives ou nulles.
Nous pouvons donc armer que â est un estimateur convergent de a, parce que
V (â) −→ 0 (2.4)
n→∞
Conclusion. Récapitulons tout ça. Nous avons introduit plusieurs hypothèses pour montrer la conver-
gence de l'estimateur de la pente :
En scrutant un peu les formules de la variance produites dans les sections précédentes, nous remar-
quons plusieurs éléments. Les estimateurs seront d'autant plus précis, les variances seront d'autant plus
petites, que :
Nous pouvons illustrer cela à l'aide de quelques graphiques caractérisant les diérentes situations
(Figure 2.1).
Les estimateurs des MCO de la régression sont sans biais et convergents. On peut même aller plus
loin et prouver que parmi les estimateurs linéaires sans biais de la régression, les estimateurs MCO sont à
variance minimale c.-à-d. il n'existe pas d'autres estimateurs linéaires sans biais présentant une plus petite
variance. Les estimateurs des MCO sont BLUE (best linear unbiased estimator). On dit qu'ils sont
ecaces (pour les démonstrations montrant qu'il est impossible d'obtenir des variances plus faibles, voir
Johnston, page 27 et pages 40-41 ; Labrousse, page 26).
Inférence statistique
Un autre point de vue est de considérer le test d'évaluation globale comme un test de signicativité du
R : dans quelle mesure s'écarte-t-il réellement de la valeur 0 ? On a des réticences à le présenter ainsi dans
2
la littérature francophone car le R2 n'est pas un paramètre de la population estimée sur l'échantillon ; on
a moins de scrupules dans la littérature anglo-saxonne (cf. par exemple D. Garson, Multiple Regression,
http://faculty.chass.ncsu.edu/garson/PA765/regress.htm#significance "...The F test is used
to test the signicance of R, which is the same as testing the signicance of R2, which is the same as
testing the signicance of the regression model as a whole... ; ou encore D. Mc Lane, HyperStat Online
Contents, http://davidmlane.com/hyperstat/B142546.html ...The following formula (le test F) is
used to test whether an R2 calculated in a sample is signicantly dierent from zero...) 1 .
Quoiqu'il en soit, l'hypothèse nulle correspond bien à l'absence de liaison linéaire entre l'endogène et
les exogènes.
Pour répondre à cette question, nous allons étendre l'étude de la décomposition de la variance en
complétant le tableau d'analyse de variance par les degrés de liberté (Tableau 3.1).
1. Note : Tout le monde aura remarqué que je blinde mon discours avec des références facilement vériables
pour éviter que les puristes me tombent dessus à coups de hache.
Un petit mot sur les degrés de liberté, on peut les voir de diérentes manières. La dénition la
plus accessible est de les comprendre comme le nombre de termes impliqués dans les sommes (le nombre
d'observations) moins le nombre de paramètres estimés dans cette somme (Dodge et Rousson, page 41).
Ainsi :
Pour tester la signicativité globale de la régression, nous nous basons sur la statistique F,
SCE
CM E
F = = 1
SCR
(3.1)
CM R n−2
R2
F = 1
(1−R2 )
(3.2)
n−2
Distribution sous H0. Sous H0, SCE est distribué selon un χ2 (1) et SCR selon un χ2 (n − 2), de
fait pour F nous avons
χ2 (1)
F ≡ 1
χ2 (n−2)
≡ F (1, n − 2) (3.3)
n−2
Sous H0, F est donc distribué selon une loi de Fisher à (1, n − 2) degrés de liberté.
La région critique du test, correspondant au rejet de H0, au risque α est dénie pour les valeurs
anormalement élevées de F c.-à-d.
Décision à partir de la p-value. Dans la plupart des logiciels de statistique, on fournit directe-
ment la probabilité critique (p-value) α ′ , elle correspond à la probabilité que la loi de Fisher dépasse la
statistique calculée F.
Revenons à notre exemple des rendements agricoles. Nous complétons notre feuille de calcul précédente
(Figure 1.7) de manière à mettre en exergue le tableau d'analyse de variance complet et le test F de
signicativité globale (Figure 3.1) 2 .
Fig. 3.1. Tableau d'analyse de variance et Test de signicativité globale - "Rendements agricoles"
Nous avions expliqué précédemment l'obtention des SCT, SCE et SCR (section 1.3.4).
Nous réorganisons les valeurs pour construire le tableau d'analyse de variance. Nous en déduisons
les carrés moyens expliqués CM E = SCE
1 = 251.061
1 = 251.061 et les carrés moyens résiduels
SCR 63.839
CM R = n−2 = 10−2 = 7.980
2. regression_simple_rendements_agricoles.xlsx - "reg.simple.test.global"
Pour étudier les coecients estimés, il importe d'en calculer les paramètres (l'espérance et la variance
essentiellement) et de déterminer la loi de distribution. Nous pourrons dès lors mettre en oeuvre les outils
usuels de la statistique inférentielle : la dénition des intervalles de variation à un niveau de conance
donné ; la mise en place des tests d'hypothèses, notamment les tests de signicativité.
3.2.1 Distribution de â et b̂
Dans un premier temps, concentrons-nous sur la pente de la régresion. Rappelons que â est égal à
∑n
(y − ȳ)(xi − x̄)
â = i=1∑n i
i=1 (xi − x̄)
2
X est non stochastique, Y l'est par l'intermédiaire du terme d'erreur ε. Nous introduisons l'hypothèse
selon laquelle :
εi ≡ N (0, σε )
De fait, yi = axi + b + εi suit aussi une loi normale, et â étant une combinaison linéaire des yi , il vient
â − a
≡ N (0, 1) (3.6)
σâ
σε2
σâ2 = ∑ (3.7)
i (xi − x̄)
2
Ce résultat est très intéressant mais n'est pas utilisable en l'état, tout simplement parce que nous ne
disposons pas de l'estimation de la variance de l'erreur σε2 . Pour obtenir une estimation calculable sur un
échantillon de données de l'écart-type σ̂â du coecient â, nous devons produire une estimation de l'écart
type de l'erreur σ̂ε . La variance estimée s'écrirait alors
σ̂ε2
σ̂â2 = ∑ (3.8)
i (xi − x̄)
2
La suite logique de notre exposé consiste donc à proposer une estimation sans biais de la variance de
l'erreur σε2 .
Le cas de la constante. La situation est identique pour ce qui est de l'estimation de la constante b̂.
Nous avons :
b̂ − b
≡ N (0, 1) (3.9)
σb̂
De nouveau, si nous souhaitons obtenir son estimation c.-à-d. mettre un chapeau sur le σ de b̂ comme
j'ai coutume de le dire en cours, il faut mettre un chapeau sur le σ de ε. C'est ce que nous faisons dans
la section suivante.
ε̂i = yi − ŷi
= axi + b + εi − (âxi + b̂)
= εi − (â − a)xi − (b̂ − b)
Remarque 2 (Espérance des résidus). On note au passage que l'espérance du résidu est nulle (E[ε̂i ] = 0)
si les estimateurs sont sans biais.
Quelques commentaires :
Au numérateur, nous avons la somme des carrés des résidus. Nous l'obtenons facilement comme
nous avons pu le constater dans notre exemple des "Rendements agricoles".
Au dénominateur, nous avons les degrés de liberté de la régression. La valeur 2 dans (n − 2)
représente le nombre de paramètres estimés. De fait, la généralisation de cette formule au cadre
de la régression linéaire multiple avec p variables exogènes ne pose aucun problème. Le nombre de
degrés de liberté sera n − (p + 1) = n − p − 1.
Il nous faut connaître la distribution de l'estimation de la variance de l'erreur pour pouvoir déterminer
la distribution des coecients estimés lorsque nous introduirons σ̂ε2 dans les expressions de leur variance.
ε̂i
≡ N (0, 1) (3.12)
σε
En passant au carré, nous avons un χ2 (1). Il ne nous reste plus qu'à former la somme des termes :
∑ ( ε̂i )2 ∑ 2
i ε̂i
= ≡ χ2 (n − 2) (3.13)
i
σε σε2
σ̂ε2 χ2 (n − 2)
≡ (3.14)
σε2 n−2
Nous pouvons maintenant revenir sur la distribution des coecients calculés lorsque toutes ses com-
posantes sont estimées à partir des données.
Voyons dans un premier temps la pente, la transposition à la constante ne pose aucun problème.
σ̂â2 σ̂ 2
2 = ε2
σâ σε
σ̂â2 σ̂ε2 χ2 (n − 2)
= ≡ (3.15)
σâ2 σε2 n−2
De fait, la distribution réellement exploitable pour l'inférence statistique est la loi de Student à (n − 2)
degrés de liberté.
â − a
≡ T (n − 2) (3.16)
σ̂â
Comment ?
N'oublions pas que la loi de Student est dénie par un rapport entre une loi normale et la racine
carrée d'un loi du χ2 normalisée par ses degrés de liberté. Ainsi,
b̂ − b
≡ T (n − 2) (3.17)
σ̂b̂
Nous disposons maintenant de tous les éléments pour analyser les paramètres estimés de la régression.
Le test de signicativité de la pente consiste à vérier l'inuence réelle de l'exogène X sur l'endogène
Y . Les hypothèses à confronter s'écrivent :
H : a = 0
0
H1 : a ̸= 0
Elle suit une loi de Student à (n − 2) degrés de liberté. La région critique (de rejet de H0) au risque
α s'écrit :
R.C. : |tâ | > t1− α2 (3.19)
Où t1− α2 est le quantile d'ordre (1 − α2 ) de la loi de Student. Il s'agit d'un test bilatéral.
Testons la signicativité de la pente pour la régression sur les "Rendements agricoles". Nous construi-
sons la feuille Excel pour les calculs intermédiaires (Figure 3.2) 5 :
Nous calculons les projections pour chaque individu de l'échantillon. Pour le 1er individu, nous
avons ŷ1 = â × x1 + b̂ = 0.71405 × 20 + 4.39277 = 18.674.
Nous en déduisons le résidu (ex. ε̂1 = y1 − ŷ1 = 16 − 18.674 = −2.674), que nous passons au carré
(ex. ε̂21 = (−2.674)2 = 7.149).
∑
Nous réalisons la somme des résidus au carré, soit SCR = 2
i ε̂i = 7.149 + · · · = 63.839
5. regression_simple_rendements_agricoles.xlsx - "reg.simple.test.pente"
Fig. 3.2. Calculs intermédiaires pour les tests relatifs à la pente - "Rendements agricoles"
SCR 63.839
σ̂ε2 = = = 7.980
n−2 8
L'écart-type estimé de l'erreur correspond à la racine carrée, il est bien de le préciser car de nombreux
logiciels (la fonction DROITEREG d'Excel par exemple) l'achent plutôt que la variance.
√
σ̂ε = 7.980 = 2.825
Pour obtenir l'estimation de l'écart-type de la pente, nous avons besoin de la somme des écarts à la
∑
moyenne au carré des X c.-à-d. i (xi − x̄)2 = (20 − 30.4)2 + · · · = 108.16 + · · · = 492.4. Nous avons
alors :
√
σ̂ε2
σ̂â = ∑
i (xi − x̄)
2
√
7.980
=
492.4
√
= 0.01621
= 0.12730
â 0.71405
tâ = = = 5.60909
σ̂â 0.12730
Au risque α = 5%, le seuil critique pour la loi de Student à (n − 2) degrés de liberté pour un test bila-
téral 6 est t1− α2 = 2.30600. Puisque |5.60909| > 2.30600, nous concluons que la pente est signicativement
non nulle au risque 5%.
6. LOI.STUDENT.INVERSE(0.05 ;8) sous Excel. Attention, la fonction renvoie directement le quantile pour
un test bilatéral !
Si nous étions passés par le calcul de la p-value, nous aurions obtenu 7 α ′ = 0.00050. Puisque α ′ < α,
nous rejetons de même l'hypothèse nulle.
Nous pouvons aller plus loin que le simple test de signicativité. En eet, la distribution de â (section
3.2.3, équation 3.16) est valable sur tout le domaine de dénition de a et non pas seulement dans le voi-
sinage (a = 0). Ainsi, nous pouvons dénir tout type de test de conformité à un standard, où l'hypothèse
nulle s'écrirait H0 : a = c ; c étant une valeur de référence quelconque.
On souhaite mettre en oeuvre le test d'hypothèses suivant pour les "Rendements agricoles"
H : a = 0.5
0
H1 : a > 0.5
Il s'agit d'un test de conformité à un standard unilatéral. La région critique au risque α du test s'écrit
â − 0.5
R.C. : > t1−α
σ̂â
A comparer avec t0.95 (8) = 1.85955 pour un test à 5% 8 . Nous sommes dans la région d'acceptation
c.-à-d. nous ne pouvons pas rejeter l'hypothèse nulle. La valeur du paramètre a n'est pas signicativement
supérieur à la référence 0.5 au risque 5%.
Toujours parce que la distribution de â est dénie sur tout l'intervalle de dénition de a, nous pouvons
construire des intervalles de variation (ou intervalle de conance) au niveau de conance (1 − α).
7. LOI.STUDENT(ABS(5.60909) ;8 ;2) sous Excel. Le paramètre 2 pour spécier que nous souhaitons obtenir
la p-value pour un test bilatéral.
8. Attention, comme il s'agit d'un test unilatéral, le seuil critique est modié par rapport à l'exemple du test
de signicativité précédent.
Reprenons la pente du chier "Rendements agricoles". Nous disposons de toutes les informations
nécessaires pour produire l'intervalle de conance au niveau 95% :
[ ]
â − t1− α2 × σ̂â ; â + t1− α2 × σ̂â
[0.71405 − 2.30600 × 0.12730 ; 0.71405 + 2.30600 × 0.12730]
[0.42049 ; 1.00761]
Le résultat est cohérent avec le test de signicativité de la pente, l'intervalle de conance ne contient
pas la valeur 0.
Les coecients formant le modèle sont entachées d'incertitude, il est normal que la droite de régression
le soit également. L'objectif dans cette section est de produire un intervalle de conance de la droite de
régression (Bressoux, page 76).
Pour formaliser cela, n'oublions pas que notre objectif est de modéliser au mieux les valeurs de Y en
fonction des valeurs prises par X c.-à-d. µY /X = E[Y /X]. Dans la régression linéaire, on fait l'hypothèse
que la relation est linéaire
µY /X = a × X + b (3.21)
C'est pour cette raison que dans la plupart des ouvrages, on présente les résultats décrits dans cette
section comme le calcul de l'intervalle de conance de la prédiction de la moyenne de Y conditionnellement
X (Dodge et Rousson, page 34 ; Johnston et DiNardo, page 36 ; Tenenhaus, page 92). Mais il s'agit bien
de l'intervalle de conance de ce que l'on a modélisé avec la droite, à ne pas confondre avec l'intervalle
de conance d'une prédiction lorsque l'on fourni la valeur xi∗ pour un nouvel individu i∗ n'appartenant
pas à l'échantillon.
J'avoue que pendant longtemps, cette distinction ne me paraissait pas très claire. Je ne voyais pas
très bien quelle était la diérence entre l'intervalle de conance de la prédiction l'espérance de Y sachant
X et la prédiction ponctuelle de Y . Dans les deux cas, nous avions la même valeur ponctuelle calculée
â × xi + b̂. Le passage de l'un à l'autre dans Jonhston et DiNardo livre que j'avais beaucoup lu quand
j'étais étudiant pages 35 et 36, formules (1.67) et (1.68), est particulièrement périlleux.
Bref, la terminologie "intervalle de conance de la droite de régression" (Bressoux, page 76) me sied
mieux.
Enn, la moyenne conditionnelle estimée suit une loi de Student à (n − 2) degrés de libertés.
Tous ces éléments nous permettent de construire l'intervalle de conance au niveau (1−α) de la droite
de régression (Bressoux, page 76 ; équation 2.17) :
√
1 (xi − x̄)2
â × xi + b̂ ± t1− α2 × σ̂ε +∑ (3.24)
j (xj − x̄)
n 2
Levier. L'expression
1 (xi − x̄)2
hi = +∑ (3.25)
j (xj − x̄)
n 2
est appelée levier de l'observation i dans la littérature. Il tient une place très importante dans la
régression, notamment dans la détection des points atypiques (voir [13], chapitre 2).
Fig. 3.3. Calculs pour l'intervalle de conance à 95% de droite - "Rendements agricoles"
Reprenons notre exemple des "Rendements agricoles". Nous formons la feuille Excel permettant de
calculer les bornes basses et hautes de la droite de régression au niveau de conance 95% (Figure 3.3) 9 :
Une grande partie des informations ont déjà été calculées dans les précédents exemples, nous savons
∑
que n = 10, â = 0.71405, b̂ = 4.39277, σ̂ε = 2.8249, x̄ = 30.4, la somme j (xj − x̄)2 = 492.4.
Pour un niveau de conance 95%, la loi de Student nous fournit le quantile t0.975 (8) = 2.30600
9. regression_simple_rendements_agricoles.xlsx - "reg.simple.intv.conance"
Nous sommes parés pour construire les intervalles de conance. Pour le 1-er individu, nous avons :
√
1 (20 − 30.4)2
b.b.(µY /X=x1 ) = 18.674 − 2.30600 × 2.8249 × + = 14.99
10 492.4
√
1 (20 − 30.4)2
b.h.(µY /X=x1 ) = 18.674 + 2.30600 × 2.8249 × + = 22.36
10 492.4
Dans la régression simple, la représentation graphique est très intuitive (Figure 3.4). Il y a 95% de
chances que la droite soit comprise entre les deux courbes bleues. Attention, la droite ne peut être placée
n'importe où dans la zone délimitée, elle pivote forcément autour du barycentre.
Tous les résultats mis en avant dans ce support (du moins jusqu'à ce stade) peuvent être obtenus
facilement en partant des valeurs fournies par la fonction DROITEREG d'Excel. Nous avons donc élaboré
une feuille de calcul où, à partir des sorties de DROITEREG, nous avons établi les principaux indicateurs
d'évaluation globale et individuelle des coecients (Figure 3.5) 10 . Nous avons volontairement aché les
en-têtes des lignes et colonnes de la feuille Excel pour rendre la lecture plus facile.
4 lignes supplémentaires (5 lignes en tout). Attention, il s'agit d'une fonction matricielle, elle complète
directement plusieurs cellules, nous devons donc valider en appuyant simultanément sur les touches CTRL
+ MAJ + ENTREE.
Décrivons les valeurs fournies par la fonction DROITEREG en les énumérant (de gauche à droite, du
haut vers le bas) (Figure 3.5) :
Ligne 1 Les coecients de la régression. A gauche â = 0.71405 ; en dernière colonne (ce sera
toujours la place de la constante, y compris dans la régression multiple), b̂ = 4.39277.
Ligne 2 Nous avons les estimations des écarts-type des coecients estimés, soit σ̂â = 0.12730 et
σ̂b̂ = 3.97177.
Ligne 3 Nous avons sur la première colonne le coecient de détermination R2 = 0.79727, sur la
seconde l'estimation de l'écart-type de l'erreur, σ̂ε = 2.82486.
Ligne 4 A gauche la statistique de test d'évaluation globale de la régression (test F) F = 31.46193 ;
à droite, le degré de liberté de la régression n − 2 = 8.
Ligne 5 Nous avons respectivement, la SCE = 251.06125 et la SCR = 63.83875.
A partir de ces informations, nous pouvons établir tous les résultats mis en avant dans ce support
(jusqu'à ce stade, précisons le bien). Nous avons ainsi construit (Figure 3.5, partie basse) : le tableau pour
l'évaluation globale de la régression, avec le calcul de la probabilité critique ; les tests de signicativité
individuelle des coecients ; et leurs intervalles de conance à 95%. Toutes les valeurs sont identiques à
celles que nous avions établies dans les chapitres précédents.
Revenons sur la statistique F du test de signicativité globale, elle s'écrit (Tenenhaus, page 83) :
SCE/1
F =
SCR/(n − 2)
∑
i (ŷi − ȳ)
2
=
σ̂ε2
∑
i (âxi + b̂ − ȳ)
2
= 2
σ̂ε
∑
i [âxi + (ȳ − âx̄) − ȳ]
2
= 2
σ̂ε
∑
i (xi − x̄)
2 2
â â2
= 2
= 2
σ̂ε ∑ σ̂ε
i (xi −x̄)
2
( ) 2
â2 â
= =
σ̂â2 σ̂â
= t2â
Ainsi, tester la signicativité de la pente dans la régression simple avec constante revient à tester la
signicativité globale. Les statistiques de test sont cohérentes. Il en est de même en ce qui concerne les
distributions car il y a une équivalence entre la loi de Student et la loi de Fisher.
2
(T (n − 2)) ≡ F (1, n − 2) (3.26)
Vérication sur les données "Rendements agricoles". Nous le constatons après coup sur notre
exemple. Nous avons tâ = 5.60909 (section 3.3.1). En passant au carré, nous obtenons la valeur de
statistique de test F = 31.462 = (5.60909)2 (section 3.1).
De la même manière, nous pouvons relier tâ avec la statistique de test utilisée pour tester la signi-
cativité de la corrélation (Giraud, page 57 ; Tenenhaus, page 84).
SCE/1
F =
SCR/(n − 2)
(n − 2) × SCE
=
SCR
(n − 2) × SCE
=
SCT − SCE
(n − 2) × R2
=
1 − R2
2
= tâ
Or, concernant la régression linéaire simple (avec constante), le carré du coecient de corrélation
entre Y et X est égal au coecient de détermination de la régression c.-à-d. ryx
2
= R2 (section 1.3.3).
Nous constatons dès lors que :
2
ryx
t2â = 2
1−ryx
n−2
Qui correspond au carré de la statistique t utilisée pour tester la signicativité du coecient de cor-
rélation linéaire (cf. Rakotomalala, [12], section 2.4, page 16). Les distributions de t et tâ sont identiques,
à savoir un Student à (n − 2) degrés de liberté.
Vérication sur les données "Rendements agricoles". Nous avons calculé le coecient de
corrélation entre Y et X précédemment (Figure 1.7), nous avions ryx = 0.892901. Formons la statistique
pour le test de signicativité du coecient de corrélation :
r 0.892901
t= √ =√ = 5.60909 = tâ
1−r 2 1−0.8929012
n−2 8
Nous obtenons eectivement la valeur de tâ utilisée pour tester la signicativité de la pente.
Outre l'analyse structurelle et l'interprétation des coecients, la régression est beaucoup utilisée pour
la prédiction (ou prévision, on utilise plutôt ce terme quand on manipule des données longitudinales).
Pour un nouvel individu donné, à partir de la valeur de l'exogène X , nous voulons connaître la valeur
que prendrait l'endogène Y .
ŷi∗ = ŷ(xi∗ )
= â × xi∗ + b̂
On vérie facilement que la prédiction est sans biais c.-à-d. E[ŷi∗ ] = yi∗ . Pour ce faire, on forme
l'erreur de prédiction ε̂i∗ = ŷi∗ − yi∗ et on montre qu'elle est d'espérance nulle.
Voyons voir :
[ ]
E [ε̂i∗ ] = E (â − a)xi∗ + (b̂ − b) − εi∗
= xi∗ × E(â − a) + E(b̂ − b) − E(εi∗ )
=0
Cette espérance est nulle si l'on se réfère aux hypothèses et aux résultats des moindres carrés ordinaires.
En eet, les estimateurs â et b̂ sont sans biais (E(â) = a et E(b̂) = b), et l'espérance de l'erreur est nulle
E [εi∗ ] = 0. Par conséquent, la prédiction est non biaisée c.-à-d.
E[ŷi∗ ] = yi∗
Pour construire la fourchette, nous avons besoin de connaître d'une part la variance de l'erreur de
prédiction et, d'autre part, sa loi de distribution.
Puisque l'erreur de prédiction est non biaisée c.-à-d. E [εi∗ ] = 0, nous savons que V (εi∗ ) = E[ε2i∗ ].
Pour calculer la variance, nous devons donc développer ε2i∗ et calculer son espérance (la démarche
est détaillée dans Giraud, page 44). Nous obtenons à la sortie la variance de l'erreur de prédiction
(Bourbonnais, page 38 ; Dodge et Rousson, page 36 ; Johnston, page 35) :
[ ]
1 (xi∗ − x̄)2
σε̂2i∗ = σε2 1+ + ∑ (4.1)
i (xi − x̄)
n 2
( )
Estimation. On obtient une estimation σ̂ε̂2i∗ de cette variance en introduisant l'estimation de la
variance de l'erreur dans la régression σ̂ε2 , à savoir :
[ ]
1 (xi∗ − x̄)2
σ̂ε̂2i∗ = σ̂ε2 1+ + ∑ (4.2)
i (xi − x̄)
n 2
Quelques remarques
La variance sera d'autant plus petite, et par conséquent la fourchette d'autant plus étroite, que :
Pour dénir la loi de distribution de l'erreur de prédiction, nous devons nous référer à l'hypothèse de
gaussienne du terme d'erreur dans le modèle de régression εi ≡ N (0, σε ). De fait,
Lorsque l'on passe à l'estimation de la variance de l'erreur σ̂ε2 , à l'instar de ce que nous avions établi lors
σ̂ 2
de la dénition de la distribution des coecients estimés (section 3.2.3), sachant que (n−2) σε2 ≡ χ2 (n−2),
ε
Nous disposons d'une prédiction non biaisée, de la variance et de la loi de distribution, nous pouvons
dès lors dénir l'intervalle de prédiction au niveau de conance (1 − α) :
√
1 (xi∗ − x̄)2
ŷi∗ ± t1− α2 × σ̂ε 1 + + ∑n (4.5)
i=1 (xi − x̄)
n 2
Nous désirons construire l'intervalle de prédiction pour l'individu xi∗ = 38 au niveau de conance
(1 − α) = 95%. Nous partons des résultats fournis par la fonction DROITEREG d'Excel (Figure 4.1) 1 .
57.76
Nous déduisons alors l'estimation de l'écart-type de l'erreur
√
1 57.76
σ̂ε̂i∗ = 2.82486 × 1 + + = 3.1167
10 492.4
1. regression_simple_rendements_agricoles.xlsx - "prediction"
Fig. 4.1. Calculs - Intervalle de prédiction pour (xi∗ = 38) - "Rendements agricoles"
Nous utilisons le quantile d'ordre 1 − α2 de la loi de Student à 8 degrés de liberté, soit t0.975 = 2.31
Nous obtenons la borne basse de l'intervalle de prédiction
Et la borne haute
bh(yi∗ ) = 31.5 + 2.31 × 3.1167 = 38.71
Nous représentons ces informations graphiquement (Figure 4.2). La prédiction ponctuelle est forcément
située sur la droite de régression. Ensuite, l'intervalle de prédiction est dénie par rapport à l'axe des
ordonnées (des Y ). Il y a 95% de chances qu'elle couvre la vraie valeur de yi∗ . On notera que la fourchette
est relativement large. Il faut y voir la conjonction de plusieurs éléments défavorables : le point est plutôt
éloignée de la moyenne (x̄ = 30.4, et la valeur max dans l'échantillon est égale à 41) ; l'eectif ayant servi
à la construction du modèle est très faible (n = 10, on peut dicilement faire quelque chose de bon avec
ça) ; et la régression elle-même n'est pas de qualité mirique (avec un R2 = 0.792).
Fig. 4.2. Graphique - Intervalle de prédiction pour (xi∗ = 38) - "Rendements agricoles"
Récapitulons tous les éléments étudiés jusqu'à présent en réalisant une étude de cas. On souhaite
expliquer la consommation des véhicules (en l/100km) (Y ) à partir de leur poids (en kg) (X ). Nous
disposons d'un échantillon de n = 28 observations.
Le graphique nuage de points (Figure 5.1) laisse à penser qu'il y a eectivement une relation entre les
deux variables. Elle est plutôt positive c.-à-d. lorsque le poids augmente, la consommation a tendance à
augmenter également. Sans être un grand expert en automobile, on imagine bien que la causalité est dans
ce sens : c'est le poids qui inue sur la consommation, et non l'inverse. On conçoit mal qu'en faisant baisser
la consommation par un moyen quelconque, on arriverait par magie à réduire le poids des véhicules.
Nous avons construit la feuille Excel pour la totalité des calculs (Figure 5.2) 1 . Nous énumérons les
principaux résultats.
Fig. 5.2. Consommation des véhicules vs. Poids - DROITEREG et calculs subséquents
Coecients estimés. La fonction DROITEREG nous fournit directement les coecients estimés
â = 0.006694
b̂ = 1.062691
1. conso_poids_vehicules_reg_simple.xlsx
directement fourni par Excel. La régression est plutôt de bonne qualité. Ce qui est conrmé par le tracé
de la droite de régression au sein du nuage de points (Figure 5.3).
Fig. 5.3. Consommation des véhicules vs. Poids - Tracé de la droite de régression
Test de signicativité de la pente. Sans surprise, la pente est aussi signicative à 5%. La statistique
de test est formée par le rapport de valeurs toutes deux proposée par Excel, tâ = â
σ̂â = 0.006694
0.000534 =
12.538045. La probabilité critique est identique à celle du test global.
Prédiction ponctuelle et par intervalle. Nous souhaitons prédire la consommation pour un véhi-
cule présentant un poids de x∗ = 1155 kg. Nous calculons la prédiction ponctuelle de la consommation :
Pour construire l'intervalle de prédiction, nous avons besoin de l'estimation l'écart-type de l'erreur de
prédiction
√ √
1 (x ∗ −x̄)2 1 (1195 − 1196.96429)2
σ̂ε̂∗ = σ̂ε 1+ + ∑ = 0.857190 1+ + = 0.872650
i (xi − x̄)
n 2 28 2577866.96
Au niveau de conance 90%, nous prenons le quantile t0.95 (26) = 1.705618, nous avons ainsi les bornes
Un véhicule pesant 1155 kg a 90% de chances de consommer entre 7.31 et 10.28 litres au 100 km.
Nous visualisons la fourchette de prédiction dans le graphique nuage de points (Figure 5.4).
L'amplitude de la fourchette semble visuellement moindre par rapport celle que nous avions calculée
pour les rendements agricoles (Figure 4.2). Ce n'est pas qu'une impression. Si on rapporte l'étendue
des intervalles à l'écart-type de l'endogène, on se rend compte que le second [consommation = f(poids)]
est (presque) deux fois moins large que le premier [rendement = f(engrais)]. Il y a plusieurs raisons à
cela : la régression est de meilleure qualité (R2 ) ; l'individu à prédire est plus proche du centre de gravité
du nuage de points ; la taille n de l'échantillon est plus élevée ; et... nous avons spécié un niveau de
conance moindre (ah le coquin, la comparaison est forcément avantageuse). Après coup, ce résultat
n'est pas étonnant du tout.
On peut lire la régression de 2 manières. La première est une interprétation par niveaux c.-à-d. à une
valeur de X , on associe une valeur de Y en appliquant l'équation de régression. Par exemple, dans une
équation
ventes = −12 × prix + 1000
Mais on peut aussi produire une interprétation selon l'évolution. On se concentre sur la pente de la
droite de régression dans ce cas. En eet,
∂y
=a
∂x
Dans notre exemple, nous dirons : lorsque le prix augmente d'un euro, les ventes baissent de 12 unités.
Le modèle est linéaire, la variation de Y est proportionnelle à la variation de X . Son principal atout
est la simplicité. On l'utilise souvent dans un premier temps pour apprécier l'existence d'une relation
(dont on ne cerne pas très bien la nature) entre Y et X . Les paramètres peuvent être estimés directement
à l'aide de la méthode des moindres carrés comme nous avons pu le constater dans ce fascicule.
Parfois nous savons que la liaison n'est pas linéaire, soit parce que nous avons des connaissances
expertes sur le problème sur nous traitons, soit parce que nous le constatons visuellement en construisant
le nuage de points. Nous sommes alors confrontés à un double problème : déterminer la forme de la liaison,
la fonction reliant Y à X ; en estimer les paramètres éventuels à partir des données disponibles. L'aaire
est plus que compliquée.
Il existe cependant une classe de fonctions que nous pouvons linéariser en appliquant les transforma-
tions adéquates. Dans ce cas, l'estimation des paramètres devient possible. L'interprétation des résultats
est modiée cependant, notamment en ce qui concerne la pente.
Dans cette section, nous allons décrire quelques modèles très utilisés en économétrie.
La liaison log-linéaire (dite "transformation log-log" dans Johnston et DiNardo, page 46) est dénie
de la manière suivante (Figure 6.1)
Y = b × Xa (6.1)
Nous avons un modèle à élasticité constante, c'est la favori des économistes [ex. emploi = f(production),
demande = f(prix)].
Nous linéarisons en passant par les logarithmes. Nous pouvons ainsi obtenir facilement une estimation
des paramètres a et b avec la méthode des MCO.
Y = eaX+b (6.4)
est constante dans le temps. Ce type d'évolution (exponentielle) ne dure pas longtemps (Figure 6.2). On
linéarise la relation de la manière suivante
∂y
a= ∂x
(6.8)
x
C'est l'archétype de la croissance (ou décroissance) qui s'épuise (Figure 6.3)[ex. salaire = f(ancienneté) ;
vente = f(publicité)].
Tous les liaisons que nous avons étudiées jusqu'ici sont à concavité constante. Dans certaines situations,
nous avons besoin d'une modélisation intégrant plusieurs phases (Figure 6.4). Pour la vente d'un produit
dans le temps par exemple, nous distinguons 3 phases : le décollage, le produit est mal connu, les ventes
progressent doucement ; la croissance accélérée, le produit connaît une diusion importante, c'est la
période des vaches grasses ; le freinage, les consommateurs se lassent, le marché est saturé, la concurrence
a réagi.
ymax − ymin
Y = ymin + (6.9)
1 + eaX+b
Les valeurs ymin et ymax peuvent être estimées à partir des données. Mais le plus souvent, elles sont
fournies par les connaissances du domaine.
Nous obtenons une forme linéaire dont les paramètres peuvent être estimées par les MCO via l'écriture
suivante ( )
ymax − Y
ln = aX + b (6.10)
Y − ymin
ymax −ymin
Fig. 6.4. Liaison logistique - Y = ymin + 1+eaX+b
, (a = 2, b = 5, ymin = 1, ymax = 10)
Les modèles ci-dessus sont intéressants parce qu'ils correspondent à des phénomènes économiques
connus et reconnus. La lecture des résultats, l'analyse des coecients principalement, est bien cadrée.
L'utilisation qui en découle l'est également. C'est leur principal intérêt.
Dans certains cas, nous sommes plus intéressés par les capacités prédictives que par l'interprétation.
Nous souhaitons produire le modèle le plus performant possible en termes de proportion de variance
expliquée (R2 ). La meilleure piste consiste alors à tenter diverses transformations tant sur l'endogène Y
que sur l'exogène X . Si l'idée est simple, trouver la solution adéquate est loin d'être évidente tant les
possibilités sont innombrables. Nous approfondirons cette piste dans un chapitre dédié de notre second
support consacré à la "Pratique de la régression linéaire multiple" ([13], chapitre 6).
Cet exemple est tiré de l'ouvrage de Bourbonnais (pages 160 à 163). Il s'agit de modéliser l'évolution
du taux d'équipement en magnétoscope des ménages (Y ) sur la période 1979 - 1997. Le temps (X ) est
la variable explicative. La courbe des points laisse à penser que le modèle logistique semble approprié
(Figure 6.5). On notera également que nous sommes dans la phase de freinage en 1997, l'inexion ayant
eu lieu vers (à vue d'oeil) 1989.
Dans notre cas, ymin = 0, le magnétoscope n'existait pas il fut un temps ; et ymax = 0.800 par
analogie avec les États-Unis. Ces informations permettent de simplier le modèle dont il faudra estimer
les paramètres a et b ( )
ymax
ln − 1 = ax + b
y
La régression est d'excellente qualité avec un R2 = 0.99229. Elle est bien évidemment globalement
signicative avec F = 2187.39514 et une p-value très faible.
1. equipementmagnetoscope.xlsx - "régression"
Fig. 6.7. Taux d'équipement en magnétoscope des ménages - Courbes observée et estimée
Essayons de voir quel serait le taux d'équipement en 1998 ? Pour ce faire, nous appliquons directement
le modèle pour obtenir ẑ1998 ,
L'autre solution aurait été d'utiliser directement le modèle sous sa forme originelle :
Si on veut produire une fourchette de prédiction, la première solution est préférable. Nous calculons
tout d'abord l'intervalle de prédiction pour z1998 , puis nous appliquons la transformation inverse sur les
bornes pour obtenir la fourchette pour y1998 .
Estimation de ymax . Dernier point avant de conclure cette section, nous avions considéré ymax =
800 comme acquise dans notre démarche. Elle était le fruit d'une information exogène au processus
modélisation (en référence à une autre population).
En réalité, nous pouvons également intégrer son estimation dans les calculs. Bourbonnais (page 162)
décrit une procédure de balayage : elle tente plusieurs valeurs probables comprises entre 680 et 990 (des
valeurs crédibles bien évidemment, il ne s'agit pas de tester n'importe quoi), la valeur sélectionnée est
celle qui minimise la SCR du modèle nal. Avec le logiciel Rats, il obtient sur notre exemple la valeur de
ŷmax = 710 2 .
Nous avons voulu réitérer la même expérimentation en utilisation la table de simulation à deux
entrées d'Excel 3 (nous n'utilisons qu'une seule entrée en l'occurrence). ymax est devenu un paramètre
dans la feuille de calcul, utilisé pour construire la variable intermédiaire z . Pour chaque valeur de ymax
allant de 680 à 990 avec un pas de 10, Excel a relancé Droitereg et nous avons collecté la somme des
carrés des résidus de la régression. Au nal, la valeur qui minimise la SCR (SCR = 0.08892) est bien
ŷmax = 710 (Figure 6.8) 4 .
2. La forme qu'il utilise est un peu diérente de la notre, elle s'écrit y = ymax
1+b×ax
. Mais cela ne modie pas la
nature du modèle.
3. Voilà pourquoi j'adore les tableurs. Avec un peu de réexion et trois clics, on peut mener des analyses assez
complexes. La feuille Excel est autrement plus simple que le code source rapporté dans Bourbonnais (page 162),
pourtant particulièrement limpide si on sait un tant soit peu coder (une boucle DO avec un condition à l'intérieur).
Mais c'est le genre de choses à faire fuir les étudiants pourtant friands de statistique mais réfractaires à toute idée
de programmation.
4. equipementmagnetoscope.xlsx - "estimation y.max"
Fig. 6.8. Taux d'équipement en magnétoscope des ménages - Détection de la valeur "optimale" de ymax
Jusqu'à présent dans tous les exemples décrits dans ce support, nous n'avions jamais tenté de tester la
signicativité de la constate. La raison est que nous serions bien embêtés si elle s'avérait non signicative.
En eet, la supprimer de l'équation de régression modie (un peu beaucoup) la nature de l'aaire. Le
modèle s'écrit
yi = axi + εi (7.1)
Nous introduisons une contrainte dans la régression. La droite passe forcément par l'origine c.-à-d.
lorsque x = 0, ŷ(0) = 0. Et, sauf cas particulier des données centrées que nous aborderons plus
bas (section 7.1), elle ne passe pas forcément par le barycentre G(x̄, ȳ) du nuage de points.
La décomposition de la variance telle que nous l'avons décrite précédemment (équation 1.9) n'est
plus valable. La tableau d'analyse de variance n'a plus de sens. Le coecient de détermination
R2 ne peut plus être lue en termes de proportion de variance expliquée par la régression. Il peut
même prendre des valeurs négatives. C'est très gênant pour un indicateur qui présente un carré
dans son expression.
La pente de la régression peut être interprétée d'une autre manière. Elle représente directement
le rapport entre les variables c.-à-d. a = X.
Y
Nous exploiterons cette propriété dans l'exemple que
nous détaillerons dans la section 7.2. La lecture en termes de rapport de variation reste valable
cependant.
Dans le cas des données centrées, on montre que la constante de la régression est par construction
égale à zéro. En eet, posons ẏi = yi − ȳ et ẋi = xi − x̄, l'estimation de la constante s'écrit
b̂ = ẏ¯ − â × ẋ
¯
C'était logique dans la mesure où l'on sait que la droite de régression passe toujours par le centre de
gravité des points. Lorsque les données sont centrées, le barycentre est le point de coordonnées (0, 0), il
est normal donc qu'elle passe par l'origine sur Y et sur X.
Régression sur "Rendements agricoles" - Données centrées. Nous reprenons notre feuille
de calcul des "Rendements agricoles". Nous avons centré les données à l'aide des moyennes empiriques
ȳ = 26.1 et x̄ = 30.4. Nous avons construit le nuage de points puis, à l'aide de l'outil "Courbe de tendance"
d'Excel, nous avons tracé la droite de régression (Figure 7.1) 1 . Elle passe bien par l'origine du repère,
la constante estimée b̂ = 0. Par rapport aux résultats obtenus dans la régression avec constante (section
1.2.2), nous remarquons que la pente de la droite n'est pas modiée, â = 0.71405.
7.2.1 Problématique
Dans le cas des données quelconques, pas forcément centrées, la contrainte faisant passer la droite
par l'origine modie l'estimation de la pente. Reprenons notre exemple des "Rendements agricoles" avec
les données originelles. Nous réalisons une régression sans constate, la pente devient â = 0.85124 (Figure
7.2 ; nuage de points, courbe de tendance et résultats de la fonction DROITEREG), diérente de celle de
la régression avec constante.
De manière générale, la régression sans constante, du fait de l'introduction d'une contrainte supplé-
mentaire dans la construction du modèle, est moins performante en termes de SCR c.-à-d.SCR(ax) ≤
SCR(ax+b) . Lorsqu'elle est totalement inadaptée, sa SCR peut même être supérieure à la SCT. Le modèle
est moins bon que la simple prédiction à l'aide de la moyenne de l'endogène. D'où la possibilité d'obtenir
des coecients de détermination R2 négatifs. C'est la raison pour laquelle nous avons hachuré le R2 fourni
par Excel dans les sorties de DROITEREG (Figure 7.2).
Dans notre exemple des Rendements agricoles, nous avons SCR(ax) = 73.59996 (Figure 7.2) contre
SCR(ax+b) = 63.83875 (Figure 3.5).
Le second point important est le calcul des degrés de libertés. Nous n'estimons plus qu'un seul pa-
ramètre dans la régression, il est donc égal à (n − 1) [nous avons (n − 1 = 9) ddl pour l'exemple des
Rendements agricoles, gure 7.2]. Il faudra en tenir compte lors de la mise en oeuvre des tests d'hypo-
thèses.
7.2.2 Formules
Les férus de calculs pourront aisément reproduire la démarche des moindres carrés ordinaires pour
obtenir â. Nous donnons directement les principaux résultats sans démonstration dans cette section.
On remarque l'analogie avec l'estimateur de la pente pour la régression avec constante, surtout en
tenant compte du fait que la droite passe forcément par l'origine.
L'estimateur de la variance de l'erreur doit tenir compte des degrés de liberté, c.-à-d.
SCR
σ̂ε2 = (7.3)
n−1
Enn, la quantité
â − 1
≡ T (n − 1) (7.5)
σ̂â
Suit une loi de Student à (n − 1) degrés de liberté.
Dans la régression sans constante également, plus que jamais puisqu'il n'y a qu'un seul paramètre dans
le modèle, tester la signicativité de la pente équivaut à tester la signicativité globale de la régression.
Nous avons une régression qui introduit une contrainte supplémentaire et qui s'avère être moins
performante (en termes de SCR). Quel est l'intérêt de ce type d'approche ? La réponse la plus convaincante
je pense est la possibilité d'élargir le spectre des analyses que nous pouvons mener à l'aide de la régression.
Voyons un exemple pour donner un tour concret à notre discours.
Comment faire avec la régression ? Nous utilisons la régression sans constante pour réaliser la compa-
raison. Si Y est le salaire de l'homme, X celui de la femme, le rapport Y
X = a devrait être supérieur à 1.
Nous modélisons la relation avec
yi = axi + εi
La région critique du test est dénie pour les valeurs "anormalement" élevées de â par rapport à 1 :
Le test est unilatéral, nous comparons la statistique avec la valeur critique t1−α .
La fonction DROITEREG 4 nous fournit â = 1.02083, avec un écart-type estimé σ̂â = 0.00547 (Figure
7.3) 5 . La statistique de test est donc égal à
â − 1 1.02083 − 1
t(a>1) = = = 3.80528
σ̂â 0.00547
2. Rakotomalala, Comparaison de populations - Tests paramétriques, chapitre 4, http://eric.univ-lyon2.
fr/~ricco/cours/cours/Comp_Pop_Tests_Parametriques.pdf.
3. Rakotomalala, Comparaison de populations - Tests non paramétriques, chapitre 6, http://eric.
univ-lyon2.fr/~ricco/cours/cours/Comp_Pop_Tests_Nonparametriques.pdf.
4. regression_sans_constante.xlsx - "salaire H.F dans les ménages"
5. Contrairement à ce que laisse croire le graphique, la droite de régression passe bien par l'origine (0, 0).
Que nous comparons au seuil critique fournie par la loi de Student à (n − 1 = 49) degrés de liberté,
t0.95 (49) = 1.67655. Nous nous situons dans la région critique. Les données conrment l'idée selon laquelle
le salaire de l'homme a tendance à être supérieur à celui de sa conjointe au sein des ménages.
Fig. 7.3. Comparaison des salaires H/F via la régression sans constante
L'objectif de la comparaison des régressions est de vérier que la liaison existant entre X et Y est de
la même nature dans diérentes sous-populations.
Prenons un exemple simple dont nous détaillerons l'analyse plus loin (section 8.5.1). On pense que le
montant du salaire mensuel des employés est fonction de leur niveau d'études. Cela semble logique : plus
la personne est qualiée, plus élevée sera sa rémunération. Mais est-ce que la liaison est la même chez les
hommes et chez les femmes ? Valorise-t-on de la même manière la qualication ? Dans cette conguration,
la variable endogène Y est le salaire ; le nombre d'années d'études est l'explicative X ; les sous-populations
sont dénies par la sexe Z , avec (K = 2) groupes.
Dans ce chapitre, même si nos exemples porterons sur le cas particulier de (K = 2) groupes pour
faciliter les interprétations, l'exposé et les formules seront valables pour un nombre quelconque de sous-
populations (K ≥ 2).
Cette conguration n'est pas sans rappeler un autre type de problème que nous avons étudié dans
notre second polycopié [13] (chapitre 5). Nous y abordons la comparaison de modèles sous l'angle de la
rupture de structure dans la régression multiple. Nous cherchons à savoir dans un premier temps si, dans
deux sous-périodes (ou deux sous-populations), la relation entre les exogènes et l'endogène est la même.
Dans un deuxième temps, nous essayons de détecter la source de la diérence, si elle existe évidemment.
L'idée est la même dans ce chapitre. Sauf que nous nous plaçons dans le cadre de la régression simple
et que nous pouvons traiter un nombre quelconque de groupes.
Ainsi, dans les exemples que nous détaillerons dans ce chapitre : régression simple et comparaison
de K = 2 groupes, les deux approches sont applicables. C'est le genre de situations que j'apprécie tout
particulièrement. Nous disposons de deux prismes diérents pour traiter le même problème. A priori, les
approches devraient converger. C'est ce que nous ne manquerons pas de vérier bien évidemment.
Ce chapitre doit beaucoup à Aïvazian (pages 151 à 156, [1]), Dagnelie (pages 486 à 494, [5]) et Scherrer
(pages 713 à 717, [16]).
La première étape consiste à vérier si les deux régressions simples sont globalement identiques dans
les K groupes. Si l'hypothèse d'égalité est rejetée, nous essayerons de détecter la nature de la diérence
(la pente ou la constante) dans la section suivante.
Le test d'hypothèses oppose : (H0 ) l'égalité des coecients dans les sous-populations ; contre (H1 ), les
coecients sont diérents dans au moins un des groupes. Il repose sur une confrontation entre plusieurs
régressions.
1. Dans un premier temps, nous réalisons la "régression contrainte" sous H0 , elle considère que les
coecients sont les mêmes quels que soient les groupes. Dans ce cas, on procède à la modélisation
sur la totalité des n observations :
yi = axi + b + εi , i = 1, . . . , n.
A partir de cette droite, nous calculons la somme des carrés des résidus SCRT .
2. Dans un deuxième temps, nous réalisons les "régressions non contraintes", hors H0 c.-à-d. pour
les K groupes, nous calculons les paramètres (ak , bk ) du modèle sur des échantillons de taille nk :
Pour chaque régression nous avons la somme des carrés des résidus SCRk . Nous formons la somme
∑
K
SCRW = SCRk
k=1
Qui correspond en quelque sorte à la somme des carrés des résidus intra-groupes.
Ayant retirer la contrainte d'égalité des coecients dans les groupes pour les secondes régressions,
nous sommes certains de la propriété suivante
SCRW ≤ SCRT
Toute la problématique revient alors à poser la question : est-ce que l'écart est susamment important
pour qu'il ne soit pas imputable aux simples uctuations d'échantillonnage ? Auquel cas, la contrainte
d'égalité des coecients dans les groupes (H0 ) est trop forte, inappropriée.
On devine aisément que la statistique de test est basée sur l'opposition entre les SCR, elle s'écrit :
Et au numérateur :
(n − 2) − (n − 2K) = 2K − 2
= 2(K − 1)
La démarche est totalement cohérente avec les tests sur les changements structurels dans la régression
linéaire multiple que nous exposons par ailleurs [13] (chapitre 5).
Sous H0 , F suit une loi de Fisher à [2(K − 1), n − 2K] degrés de liberté. La région critique au risque
α est dénie pour les valeurs exceptionnellement grandes de F
Nous reprenons l'exemple décrit dans Johnston et DiNardo (page 135) utilisé pour illustrer le test de
Chow pour les changements structurels. Il correspond à des données longitudinales, les sous-groupes sont
en réalité des périodes. Mais qu'importe, cela n'aecte pas l'applicabilité du test. Le principal intérêt
pour nous est de vérier que les résultats sont identiques même si les prismes utilisés sont diérents.
Nous avons K = 2 groupes, avec n1 = 5 et n2 = 10. Nous avons construit le modèle sur la totalité
des données ("Régression globale") et dans les sous-populations ("Régression groupe k") (Figure 8.1) 1 :
1. comparaisondesregressions.xls - "comp.groupes"
Et sur le second
yi = 0.509xi + 0.400, SCR2 = 2.4727
Avec une loi F(2, 11), nous avons une probabilité critique de 0.0181
Au risque α = 5%, nous pouvons rejeter l'hypothèse d'égalité des régression dans les sous-groupes.
Ce résultat n'est guère étonnant si l'on considère le nuage des points (X, Y ) mettant en exergue
l'appartenance aux groupes (Figure 8.2).
Fig. 8.2. Comparaison des régressions dans des sous-populations - Nuage de points
Pour répondre à la question, nous devons calculer l'estimation commune aux K groupes de la pente
de la droite de régression :
∑K
(nk − 1)syx,k
âc = ∑k=1
K
(8.2)
k=1 (nk − 1)s2x,k
Nous nous servons d'une séries de statistiques dénies dans les sous-échantillons de taille nk relatifs
aux K groupes :
∑nk
syx,k = 1
nk −1 i=1 (yi − ȳk )(xi − x̄k ) est la covariance entre Y et X dans le groupe k .
∑ n
ȳk = n1k i=1 k
yi (resp. x̄k ) est la moyenne de Y (resp. X ) dans le groupe k .
∑nk
sx,k = nk −1 i=1 (xi − x̄k )2 (resp. s2y,k ) est la variance estimée de X (resp. Y ) dans le
2 1
groupe k .
On déduit une somme des carrés des résidus associés aux K droites parallèles :
∑
K ∑
K
SCRC = (nk − 1)s2y,k − â2c (nk − 1)s2x,k (8.3)
k=1 k=1
La contrainte de "parallélisme" des droites, exprimée à travers une estimation commune de la pente
âc , font que SCRC ≥ SCRW (issu des estimations séparées dans la groupes, sans contraintes). La
question est : est-ce que l'écart est susamment signicatif ? Auquel cas, l'hypothèse d'égalité des pentes
ne tiendrait pas la route.
Sous H0 (égalité des pentes), elle suit une loi de Fisher à (K − 1, n − 2K) degrés de liberté. La région
critique correspond aux fortes valeurs de F.
Application numérique
Revenons sur notre exemple (section 8.1.2). Nous avions conclu que les régressions étaient diérentes
dans les K = 2 groupes. Mais nous n'avions pas déterminé le paramètre (pente ou constante) responsable
de cette diérence. Nous allons vérier maintenant le rôle de la pente.
A partir des données et des résultats des précédentes régressions (Figure 8.1), nous calculons les
nouveaux indicateurs nécessaires au test (Figure 8.3) 2 :
2. comparaisondesregressions.xls - "comp.groupes"
1 ∑ 1n
1
syx,1 = (yi − ȳ1 )(xi − x̄1 ) = × 35 = 8.75
n1 − 1 i=1 5−1
1
syx,2 = × 168 = 18.6667
9
1 ∑
n1
1
s2x,1 = (xi − x̄1 )2 = × 80 = 20.0
n1 − 1 i=1 4
1
s2x,2 = × 330 = 36.6667
9
s2y,1 = 4.0
s2y,2 = 9.7778
La statistique de test est basée sur l'écart entre cette quantité et la somme des erreurs résiduelles
des régressions conditionnelles (SCRW )
Si l'égalité entre les pentes est établie, les divergences (si divergences il y a) seraient alors imputables
aux constantes des régressions.
Pour les comparer, il sut de confronter la somme des carrés des résidus de la régression opérée sur la
totalité des données (SCRT ) et celle obtenue à partir de l'estimation commune des pentes (SCRC ). De
nouveau, si la diérence est trop forte, elle serait due ici à un décalage entre les constantes des régressions
(Scherrer, page 715) :
(SCRT − SCRC )/(K − 1)
F = (8.5)
SCRC /(n − 2K)
Application numérique
Toujours sur notre exemple (section 8.1.2), l'égalité entre les pentes a été établie dans la section
précédente. Voyons maintenant ce qu'il en est concernant les constantes. Tous les éléments intermédiaires
sont déjà prêts (Figures 8.1 et 8.3), il ne nous reste plus qu'à calculer la statistique de test (Figure 8.4) 3 :
Avec un F(1, 11), la probabilité critique est α′ = 0.009953, en deçà de notre risque α = 5%.
Conclusion : l'écart entre les régressions est due à une disparité entre les constantes.
Remarque 3 (Diérence avec le test de Chow). Dans notre polycopié sur la pratique de régression,
sur les mêmes données, en comparant les constantes dans les sous-groupes, nous obtenons certes la même
conclusion mais avec des valeurs numériques légèrement diérentes [13] (chapitre 5, section 5.2.1). Après
avoir étudié de près la question, la divergence s'explique essentiellement par la comptabilisation des degrés
de liberté. Dans le test de Chow (traité dans Johnston et DiNardo, pages 134 et 135), nous estimons
3. comparaisondesregressions.xls - "comp.groupes"
directement la pente sur la totalité des données, le degré de liberté dans la régression non contrainte est
égale à n − 3 = 12 (3 parce que 2 constantes et 1 pente commune). Dans la procédure que nous décrivons
ici, nous tirons les résultats à partir des régressions opérées sur les sous groupes, les degrés de liberté
deviennent n − 4 = 11 (4 parce que 2 constantes et 2 pentes). Si les SCR sont identiques, le degré de
liberté au dénominateur qui entre dans le calcul de F et de la probabilité critique n'est pas le même.
Récapitulons les diérentes sommes des carrés résiduels pour bien situer leur positionnement :
SCRT , nous réalisons la régression sur la totalité des données, nous posons la contrainte d'égalité
des paramètres à la fois sur la pente et sur la constante.
SCRC , la contrainte d'égalité des pentes d'un groupe à l'autre est posée, les constantes en revanche
sont laissées libres. De fait, l'écart (SCRT − SCRC ) permet de vérier si l'hypothèse d'égalité des
constantes dans les groupes est licite ou non.
SCRW , les contraintes d'égalité, tant sur la pente que sur la constante, sont relâchées. De fait, le
passage (SCRC − SCRW ) permet d'éprouver l'hypothèse d'égalité des pentes, sachant que nous
laissons libres les constantes.
Enn, la diérence (SCRT − SCRW ) permet simplement de tester l'existence d'une diérence
entre les régressions dans les sous-populations, quel qu'en soit la nature.
Une manière simple de comprendre le test d'égalité des modèles dans les sous-populations consiste
donc à opposer les sommes des carrés résiduels des régressions sur lesquelles nous posons diérents types
de contraintes d'égalité des coecients. Les écarts permettent de mettre en évidence le paramètre (pente
ou constante ou les deux) à l'origine des divergences, si elles existent bien évidemment.
Dans le cas de deux groupes, Aïvazian (pages 151 à 156) propose une procédure qui s'apparente au test
paramétrique de comparaison de moyennes. Rappelons-en le principe : nous vérions dans un premier
temps que les variances conditionnelles sont identiques. Si c'est le cas, nous calculons une estimation
commune de la variance, et nous procédons au très connu test de Student de comparaison de moyennes.
Si les variances sont diérentes, on utilise le test (moins connu) d'Aspin-Welch 4 .
Dans le cas de régression, le schéma est analogue sauf que (1) nous vérions l'égalité des variances de
l'erreur de la régression dans les groupes ; (2) et ce sont les coecients du modèle, en particulier la pente,
que nous comparons par la suite.
Après les régressions dans les 2 groupes, nous obtenons une estimation des variances des erreurs
( )
2
σ̂ε,k. Si les variances sont identiques, leur rapport doit être égal à 1 ; s'il s'en écarte signicativement,
la disparité va au-delà des uctuations d'échantillonnage, elles sont diérentes dans les sous-groupes.
Sous H0 , égalité des régressions dans les 2 sous-populations, ν 2 suit une loi de Fisher F(n1 −2, n2 −2).
La région critique au risque α est située sur les valeurs anormalement faibles ou anormalement élevée par
rapport à l'unité c.à-d.
R.C. : (ν 2 < Fα/2 ) ou (ν 2 > F1−α/2 ) (8.7)
Cette procédure n'est pas sans rappeler le test de Fisher de comparaison de variances de deux sous-
populations. Elle est séduisante par son principe, on peut faire le rapprochement avec des techniques
que l'on connaît bien. Mais elle en partage également les défauts, à savoir une très faible robustesse par
rapport à un écart à l'hypothèse de normalité des données (des résidus en l'occurrence).
Si l'hypothèse d'égalité des variances résiduelles conditionnelles est conrmée, nous pouvons passer à
une estimation de la variance commune, une sorte de variance intra-classes en quelque sorte.
(n1 − 2)σ̂ε,1
2
+ (n2 − 2)σ̂ε,2
2
s2ε = (8.8)
n1 + n2 − 4
La statistique de test est formée par la diérence entre les coecients estimés, soit
Sous H0 , D suit une loi de Student à (n1 + n2 − 4) degrés de liberté. La région critique au risque α,
conduisant au rejet de l'hypothèse de l'égalité des pentes, est dénie par :
|Da |
R.C : ≥ t1−α/2 (n1 + n2 − 4) (8.11)
σ̂Da
Si l'égalité des pentes est établie, nous passons à la comparaison des constantes. Curieusement, nous
n'utilisons pas directement les coecients estimés b̂1 et b̂2 . Pour réaliser le test, nous opposons deux
estimations de la pente. La première correspond à l'estimation conjointe de la pente dans les deux sous-
populations (c'est un cas particulier de la pente commune pour K groupes, équation 8.2) :
Soit (Db = âc − â0 ) l'écart entre ces deux valeurs, son écart-type est égal à
√
1 1
1 n1 + n2
σ̂Db = sε × + (8.14)
(n1 − 1)s2x,1 + (n2 − 1)s2x,2 (x̄1 − x̄2 )2
Lorsque les variances des erreurs sont diérents dans les groupes, l'aaire devient nettement plus
compliquée. Nous n'avons que des résultats asymptotiques, de mauvaise qualité sur les petits eectifs,
mais qui deviendront de plus en plus précis à mesure que la taille des échantillons augmente.
A l'instar du test d'Aspin-Welch pour la comparaison de moyennes, la diculté réside dans le calcul
des degrés de liberté. La formule est particulièrement tarabiscotée (Aïvazian, page 153) 5 :
[ ]−1
C2 (1 − C)2
l= +
n1 − 2 n2 − 2
où 2
σ̂ε,1
(n1 −1)s2x,1
C= 2
σ̂ε,1 2
σ̂ε,2
(n1 −1)s2x,1
+ (n2 −1)s2x,2
Comme pour le cas des variances résiduelles égales, si l'égalité des pentes est établie, nous vérions
l'égalité des constantes b1 et b2 . La procédure repose toujours sur une confrontation entre deux estimations
de la pente.
En revanche, l'estimation conjointe de la pente doit tenir du fait que les variances des erreurs sont
diérentes dans les groupes :
(n1 −1)s2x,1 (n2 −1)s2x,2
â1 2
σ̂ε,1
+ â2 2
σ̂ε,2
âc′ = (n1 −1)s2x,1 (n2 −1)s2x,2
(8.18)
2
σ̂ε,1
+ 2
σ̂ε,2
Il s'agit bien d'une procédure approximative, nous utilisons la loi normale : u1−α/2 correspond au
quantile de la loi normale centrée et réduite.
Nous désirons dans un premier temps vérier l'égalité des variances des erreurs conditionnel-
lement aux groupes. Nous modions la feuille Excel de manière à obtenir la statistique de test (Figure
8.5) 6 :
5. NDA : J'ai du vérier 20 fois les écritures. J'espère seulement ne pas avoir introduit des erreurs en recopiant
les équations, particulièrement alambiquées il faut dire. Malheureusement, je n'ai pas trouvé d'autres références
bibliographiques pour croiser les formules, comme je le fais habituellement. Et la procédure n'est implémentée
nulle part, je n'ai pas pu contrôler non plus sur des jeux de données... Bon, on retiendra surtout et avant tout
l'idée qu'il est possible de procéder à des comparaisons des paramètres des modèles dans le cas où les variances
des erreurs sont diérentes. Les formulations sont un peu plus compliquées simplement.
6. comparaisondesregressions.xls - "comp.2.groupes"
Fig. 8.5. Comparaison des variances des erreurs des régressions dans 2 sous-populations
Nous ne sommes pas dans la région critique (équation 8.7), l'hypothèse nulle d'égalité des variances
de l'erreur dans les deux groupes ne peut être rejetée.
A partir de là, nous pouvons produire une estimation de la variance commune de l'erreur dans les
deux régressions
(n1 − 2)σ̂ε,1
2
+ (n2 − 2)σ̂ε,2
2
4 × 0.2292 + 9 × 0.3091
s2ε = = = 0.2873
n1 + n2 − 4 5 + 10 − 4
Comparaison des pentes. Pour comparer les pentes, nous calculons leur diérence (Figure 8.6) 7
Da = â1 − â2 = 0.4375 − 0.5091 = −0.0716
Et son écart-type
√ √
1 1 √ 1 1
σ̂Da = sε × + = 0.2873 × + = 0.0668
(n1 − 1)sx,1
2 (n2 − 1)sx,2
2 (5 − 1) × 20 (10 − 1) × 36.6667
Da −0.0716
t= = = −1.0718
σ̂Da 0.0668
Puisque |t| = 1.0718 < 2.2010 = t0.975 (11) au risque α = 5%, nous ne pouvons pas rejeter l'hypothèse
selon laquelle les pentes sont identiques. La probabilité critique est α′ = 0.30677. Elle est exactement
la même que celle produite par le test des pentes valable pour K ≥ 2 groupes décrit dans la section
précédente (Figure 8.3). D'ailleurs, concernant les statistiques de test, nous constatons également que
t2 = (−1.0718)2 = 1.1487 = F .
C'est plutôt rassurant. Les deux approches, l'une valable pour un nombre quelconque de groupes
(K ≥ 2), l'autre spécique au traitement de (K = 2) sous-populations, fournissent des résultats identiques
lorsque l'on traite la situation (K = 2).
Comparaison des constantes. L'égalité des pentes étant établie, on s'interroge maintenant sur les
diérences entre les constantes (Figure 8.7) 8 . Tout d'abord, nous calculons la pente commune aux droites
(n1 − 1)s2x,1 â1 + (n2 − 1)s2x,2 â2 (5 − 1) × 20 × 0.4375 + (10 − 1) × 36.6667 × 0.5091
âc = = = 0.4951
(n1 − 1)s2x,1 + (n2 − 1)s2x,2 (5 − 1) × 20 + (10 − 1) × 36.6667
Puis la pente dans le cas où l'hypothèse nulle d'égalité des constantes serait vraie
Et son écart-type
8. comparaisondesregressions.xls - "comp.2.groupes"
√
1 1
1 + n2
σ̂Db = sε × + n1
(n1 − 1)sx,1 + (n2 − 1)sx,2
2 2 (x̄1 − x̄2 )2
√
√ 1 1 1
5 + 10
= 0.2873 × +
(5 − 1)20 + (10 − 1)36.6667 (7.0 − 11.0)2
= 0.0780
Avec le seuil critique au risque α = 5%, t0.975 (11) = 2.2010. Comme |t| > t0.975 (11), nous rejetons
l'hypothèse d'égalité des constantes. La probabilité critique est égale à α′ = 0.007509. Ici aussi, le résultat
est complètement cohérent [t2 = (−3.2667)2 = 10.6716 = F ] avec l'approche générique pour un nombre
de groupes quelconques (Figure 8.4).
Nous souhaitons expliquer le salaire (Y ) des individus à partir de leur niveau d'études (X ). Une
qualication d'autant plus élevée devrait induire une rémunération plus élevée. Après cette première
étape, nous souhaitons savoir si la relation est la même chez les hommes et chez les femmes. Ou bien y
a-t-il une disparité ? Et si c'est le cas, de quelle nature serait-elle ?
Nous utiliserons ces mêmes données dans un autre contexte (régression sur des exogènes qualitatives)
plus loin dans ce fascicule. Le chier provient du site http://www.cabannes.net/.
Visuellement, les nuages de points et les courbes de tendance associées conrment cette conclusion
(Figure 8.9).
Fig. 8.9. Comparaison des régressions - Nuages de points - Salaire = f(années d'études) / sexe
Fig. 8.10. Comparaison des pentes et des constantes - Salaire = f(années d'études) / sexe
A quel paramètre alors serait imputable cette divergence ? Penchons-nous sur le rôle de la pente.
Tester la diérence entre les pentes. Pour élaborer le test, nous avons besoin des covariances et
des variances de Y et X , conditionnellement aux groupes (Figure 8.10) 10 :
1 ∑
20
syx,1 = (yi − ȳ1 )(xi − x̄1 ) = 1360.3158
n1 − 1 i=1
syx,2 = 1063.3158
s2x,1 = 5.2105
s2x,2 = 5.9579
s2y,1 = 2302280.379
s2y,2 = 1043651.039
∑
K ∑
K
SCRC = (nk − 1)s2y,k − â2c (nk − 1)s2x,k
k=1 k=1
= (19 × 2302280.379 + 19 × 1043651.039) − (217.0075)2 × (19 × 5.2105 + 19 × 5.9579)
= 53579716.74
Avec un F(1, 36), nous avons une p-value de α′ = 0.6245. Les données ne contredisent pas l'hypothèse
d'égalité des pentes des deux régressions.
Tester la diérence entre les constantes. Si les pentes sont censées être identiques (hum, ça ne
paraît pas très évident sur le graphique nuage de points, on y reviendra plus loin...), voyons ce qu'il en
est concernant les constantes (Figure 8.9).
Nous disposons de tous les éléments nécessaires au calcul déjà, il ne reste plus qu'à former la statistique
de test
(SCRT − SCRC )/(K − 1) (60775962.6 − 53579716.74)/(2 − 1)
F = = = 4.8351
SCRC /(n − 2K) 53579716.74/(40 − 2 × 2)
Avec un F(1, 36), nous avons une p-value de α′ = 0.0344. Au risque 10%, nous concluons à une
diérence signicative des constantes. La divergence constatée globalement est essentiellement due à un
décalage sur l'axe des ordonnées entre les droites de régression
Conclusion : L'évolution des salaires selon la qualication est la même chez les hommes et chez les
femmes. En revanche, il y a une diérence intrinsèque du niveau de rémunération selon le sexe, en faveur
des hommes.
Jusqu'à ce stade, nous nous sommes scrupuleusement (de manière très scolaire je dirais) conformés à
la démarche décrite dans ce chapitre. Pourtant, au delà des conclusions de numériques, on ne manquera
pas de remarquer plusieurs choses dans le graphique ci-dessus (Figure 8.9 - un graphique vaut souvent
tous les calculs du monde...) : les droites ne sont pas si parallèles que ça contrairement à ce que semble
armer le test d'égalité des pentes ; et surtout, la dispersion des salaires est plus forte à mesure que
niveau d'études augmente.
Nous avons essayé d'introduire une transformation log-log pour stabiliser la variance c.-à-d. réaliser
les régressions sur les variables transformées endogène = ln(salaire) vs. exogène = ln(années d'études).
Le résultat est particulière édiant (Figure 8.11) 11 . La nature de la divergence est conrmée, elle est
manifestement du à un décalage entre les droites qui sont quasi-parfaitement parallèles. Et ce décalage
correspond en réalité à un rapport constant entre les salaires hommes/femmes, quel que soit
le niveau d'études.
Comme quoi, des transformations de variables judicieusement choisies peuvent transgurer les résul-
tats de la régression. Il ne faut jamais l'oublier.
Une autre information importante découle de cette nouvelle analyse : la relation entre le salaire et les
années d'études est à élasticité constante, une augmentation relative des années d'études entraîne une
augmentation relative proportionnelle du salaire.
Dans cette seconde étude, nous voulons expliquer la largeur des méduses à partir de leur longueur 12 .
Elles ont été pêchées sur deux sites diérentes. On souhaite savoir si la relation entre la largeur et la
longueur est la même sur ces deux groupes.
Fig. 8.12. Comparaison des régressions - Largeur vs. longueur des méduses
12. Ou l'inverse, qu'importe, cet exemple vaut surtout pour la singularité des résultats que l'on obtient. Les don-
nées proviennent du site Datasets for Statistical Analysis, http://www.sci.usq.edu.au/staff/dunn/Datasets/
Books/Hand/Hand-R/jelly-R.html
SCRT = 72.9121
Avec une distribution F(2, 42), nous obtenons une probabilité critique de α′ = 0.4128.
Au risque α = 5%, nous pouvons armer que la relation entre la longueur et la largeur est la
même pour les méduses en provenance des deux sites. On pourrait être emmené à penser que les
méduses proviennent de la même population.
Peut-on s'en tenir à cette conclusion ? Toujours un petit graphique, surtout dans le cadre de la
régression simple, pour vérier qu'il n'y a pas une entourloupe quelque part. On ne sait jamais.
Fig. 8.13. Comparaison des régressions - Largeur vs. longueur des méduses - Nuages de points
Grand bien nous en a pris (Figure 8.13). Les résultats obtenus à travers la procédure statistique
masquaient en réalité un problème de taille (si je puis dire). Eectivement, la relation entre la largeur et
la longueur semblent identique dans les deux sous-populations. En revanche, les méduses ne sont pas de
même taille. Les méduses du second groupe sont plus larges et plus longs que ceux du premier. Le test de
comparaison des régressions, dont l'objectif est de détecter les disparités sur les coecients a et b de la
13. comparaisondesregressions.xls - "comp.meduses"
droite, n'est absolument pas armé pour déceler ce type de phénomène. Alors qu'une simple comparaison
de moyennes, tant sur X que sur Y , l'aurait immédiatement mis en évidence.
Moralité, il ne faut jamais demander aux tests plus que ce qu'ils savent faire. Il nous appartient de
délimiter précisément leur champ d'action.
La régression linéaire multiple est la généralisation multivariée de la régression simple. Nous cherchons
à expliquer les valeurs prises par la variable endogène Y à l'aide de p variables exogènes Xj , (j = 1, . . . , p).
L'équation de régression s'écrit :
Nous devons estimer les valeurs des (p + 1) paramètres (a0 , a1 , . . . , ap ) à partir d'un échantillon de n
observations. Nous remarquons dans le modèle (Équation 9.1) :
Les étapes processus de modélisation sont les suivantes (Tenenhaus, pages 104 et 105) :
1. Estimer les valeurs des coecients (a0 , a1 , . . . , ap ) à partir d'un échantillon de données (estimateur
des moindres carrés ordinaires).
3. Mesurer le pouvoir explicatif du modèle dans sa globalité (tableau d'analyse de variance, coecient
de détermination).
5. Tester l'apport marginal de chaque variable explicative dans l'explication de Y (test de signica-
tivité de chaque coecient).
6. Tester l'apport d'un groupe de variables explicatives dans l'explication de Y (test de signicativité
simultanée d'un groupe de coecient).
7. Pour un nouvel individu i∗ pour lequel on fournit la description (xi∗,1 , . . . , xi∗,p ), calculer la valeur
prédite ŷi∗ et la fourchette de prédiction.
8. Interpréter les résultats en mettant en avant notamment l'impact des exogènes sur l'endogène
(interprétation des coecients, analyse structurelle).
L'étude des résidus, graphiquement mais aussi numériquement avec les tests de normalité, les tests
du caractère aléatoire des erreurs.
La détection des points aberrants et inuents, ces points qui peuvent peser de manière indue sur
les résultats de la régression.
Les problèmes de colinéarité et la sélection de variables.
Les ruptures de structure c.-à-d. la vérication de l'existence de plusieurs sous-populations dans
les données, avec des relations de nature diérente entre les exogènes et l'endogène (ex. le lien
entre le poids et la taille n'est pas le même chez les hommes et chez les femmes).
Les problèmes de non linéarité que nous avons commencé à aborder dans la partie consacrée à la
régression simple.
Mais, à la diérence de la régression linéaire simple, on prend en compte le rôle des autres variables lors
de son calcul. On dit alors que c'est un coecient partiel : il indique l'impact de la variable en contrôlant
l'eet des autres variables, c'est la fameux "toutes choses égales par ailleurs". Nous approfondirons cette
notion dans un chapitre dédié à l'interprétation des coecients (chapitre 13).
Enn, l'eet des variables est additif c.-à-d. toutes les autres étant constantes, si xj et xj ′ sont tous
deux augmentés d'une unité, alors y est augmenté (aj + aj ′ ).
Régression sans constante. Les remarques émises concernant le modèle sans constante dans la
régression simple (section 7.2) restent valables. Il faut faire attention aux degrés de liberté puisque nous
n'estimons plus que p paramètres. Le coecient de détermination R2 n'est plus interprétable en termes
de proportion de variance expliquée.
Pour simplier les notations, on retrouve souvent une écriture matricielle du modèle dans la littérature
(Equation 9.2).
Y = Xa + ε (9.2)
Y → (n, 1)
X → (n, p + 1)
a → (p + 1, 1)
ε → (n, 1)
La matrice X de taille (n, p + 1) contient l'ensemble des observations sur les exogènes, avec une
première colonne formée par la valeur 1 indiquant que l'on intègre la constante a0 dans l'équation.
1 x1,1 · · · x1,p
1 x2,1 · · · x2,p
X = .
..
1 xn,1 · · · xn,p
9.3 Hypothèses
Comme pour la régression simple, les hypothèses permettront de déterminer les propriétés des es-
timateurs (biais, convergence) et les lois de distribution (loi de Student pour chaque coecient pris
individuellement, loi de Fisher dès que l'on traite un groupe de coecients).
Nous distinguons (Bourbonnais, page 51 ; Labrousse, page 19 ; Giraud et Chaix, pages 22 et 23) :
Comme pour la régression simple, on cherche les coecients qui permettent de minimiser la quantité
suivante
∑
n
S= ε2i (9.3)
i=1
On passe de nouveau par les dérivées partielles que l'on annule pour obtenir les (p + 1) équations
normales.
∑
∂S
= 0
−2 i εi = 0
∂a 0
.. .
. ⇔ ..
∂S = 0 −2 ∑ x × ε = 0
∂ap i i,p i
a + a1 x̄1 + · · · + ap x̄p = ȳ
0
..
⇔ .
a ∑ x + a ∑ x x + ··· + a ∑ x x = x y
0 i i,p 1 i i,1 i,p p i i,p i,p i,p i
Avec l'écriture matricielle, nous pouvons produire une écriture condensée. Soit ε le vecteur des erreurs,
avec ε′ = (ε1 , . . . , εn ). La somme des carrés des erreurs devient
∑
S= ε2i = ε′ ε
i
Développons l'expression
ε′ ε = (Y − Xa)′ (Y − Xa)
= Y ′ Y − Y ′ Xa − a′ X ′ Y + a′ X ′ Xa
= Y ′ Y − 2a′ X ′ Y + a′ X ′ Xa
S = Y ′ Y − 2a′ X ′ Y + a′ X ′ Xa
Quelques éléments sur les calculs matriciels pour comprendre les développements ci-dessus :
(Xa)′ = a′ X ′
(Y ′ Xa)′ = a′ X ′ Y
La transposée d'un scalaire est égal à lui même. Or en se référant aux dimensions des vecteurs et
matrice, on constate que (a′ X ′ Y ) est de dimension (1, 1), un scalaire.
Pour déterminer le minimum de S , nous réalisons la dérivation matricielle que nous annulons (La-
brousse, page 22) :
∂S
= −2(X ′ Y ) + 2(X ′ X)a = 0
∂a
(X ′ X)a = X ′ Y
L'estimateur des moindres carrés ordinaires (MCO) des coecients du modèle s'écrit :
â = (X ′ X)−1 X ′ Y (9.4)
Nous reprenons l'exemple que nous décrivons dans un de nos supports [13]. Il s'agit d'expliquer la
consommation des véhicules (en L/100 km) à partir de p = 3 variables exogènes : la cylindrée (taille du
moteur, en cm3 ), la puissance (en kw) et le poids (en kg). Par rapport au chier original, nous avons
éliminé les 3 points atypiques qui posaient problèmes. Nous disposons donc de n = 28 observations.
Nous avons élaboré une feuille Excel qui reconstitue tous les calculs intermédiaires permettant d'ob-
tenir le vecteur â (Figure 9.1) 1 :
Ensuite, nous calculons la matrice des produits croisés entre X et Y , soit (X ′ Y ), nous avons
254.1
493218.1
′
(X Y ) =
21473.7
321404.5
Enn, il ne nous reste plus qu'à calculer â = (X ′ X)−1 (X ′ Y ). Nous obtenons les estimations des
paramètres de la régression
â0 1.7020
â 0.0005
1
â = =
â2 0.0183
â3 0.042
Les coecients sont dans l'ordre des colonnes de la matrice X .
Le modèle s'écrit
Toutes les variables semblent jouer positivement sur la consommation c.-à-d. lorsque la cylindrée,
la puissance ou le poids augmentent, la consommation a tendance à augmenter.
Les matrices (X ′ X)−1 et (X ′ Y ) qui entrent dans la composition de â peuvent être interprétées d'une
manière qui nous éclaire sur l'inuence des variables dans l'estimation.
Matrice (X ′ X)
Chaque case de la matrice (X ′ X), de dimension (p+, 1, p + 1), est formée par la somme du produit
croisé entre les exogènes, en eet :
∑ ∑
n i xi,1 ··· i xi,p
∑ ∑ 2 ∑
···
′ i xi,1 i xi,1 i xi,1 xi,p
(X X) = .
..
∑ ∑ ∑ 2
i xi,p i xi,1 xi,p · · · i xi,p
(X ′ X) est une matrice symétrique. Elle indique le degré de liaison entre les exogènes.
Matrice (X ′ Y )
Chaque case du vecteur (X ′ Y ), de dimension (p + 1, 1), est composée du produit croisé entre les
exogènes et l'endogène.
∑
i yi
∑
′ i xi,1 yi
(X X) = ..
.
∑
x y
i i,p i
Ainsi le coecient associé à une variable explicative sera d'autant plus élevée en valeur absolue,
relativement aux autres (nonobstant les disparités dues aux unités de mesures), qu'elle est fortement liée
avec l'endogène et, dans le même temps, faiblement liée avec les autres exogènes.
Lorsque les variables sont centrées, nous retrouvons des concepts que nous connaissons bien. Soient
représentent respectivement la matrice des variances covariances des exogènes, et le vecteur des cova-
riances entre les exogènes et l'endogène.
cr xi,j − x̄j
xi,j =
σxj
cr yi − ȳ
yi =
σy
Les matrices
1 cr ′ cr
(X X ) = r(Xj , Xj ′ )
n
1 cr ′ cr
(X Y ) = r(Xj , Y )
n
représentent respectivement les corrélations croisées entre les Xj et les corrélations des Xj avec Y .
De nouveau, cette section est surtout intéressante pour les férus de théorie. Sa lecture n'est pas pri-
mordiale si vous êtes avant tout intéressés par la mise en oeuvre de la régression sur des problèmes réels.
A l'attention des étudiants de la Licence IDS : vous par contre, vous devez bien la lire, en détail même,
et comprendre si possible. Désolé.
Deux questions reviennent toujours lorsque l'on souhaite étudier les propriétés d'un estimateur : est-il
sans biais ? est-il convergent ?
Nous allons directement à l'essentiel dans cette partie. Le détail de la démarche a déjà été exposé
dans le cadre de la régression simple (chapitre 2).
9.5.1 Biais
L'estimateur â est sans biais si E(â) = a. Voyons à quelles conditions cette propriété est respectée.
Développons â :
â = (X ′ X)−1 X ′ Y
= (X ′ X)−1 X ′ (Xa + ε)
= (X ′ X)−1 X ′ Xa + (X ′ X)−1 X ′ ε
â = a + X ′ X)−1 X ′ ε
On sait que X est non aléatoire, nous avons E[(X ′ X)−1 X ′ ε] = (X ′ X)−1 X ′ E(ε) ; de plus E(ε) = 0
par hypothèse. Au nal, nous avons bien
E(â) = a
L'estimateur des MCO est sans biais sous les deux hypothèses suivantes (section 9.3) : (H1) X
est non aléatoire, les exogènes sont mesurées sans erreur ; (H2) la moyenne de l'erreur est nulle E(ε) = 0.
La matrice est symétrique, sur la diagonale principale nous observons les variances des coecients
estimés.
Or
â − a = (X ′ X)−1 X ′ ε
(â − a)′ = ε′ X[(X ′ X)−1 ]′
= ε′ X(X ′ X)−1 car (X′ X)−1 est symetrique
Ainsi
(â − a)(â − a)′ = (X ′ X)−1 X ′ εε′ X(X ′ X)−1
La quantité E[εε′ ], de dimension (n, n), représente la matrice de variance covariance des erreurs, en
voici le détail
E(ε21 ) E(ε1 ε2 ) · · · E(ε1 εn )
.
E[εε′ ] = ..
··· ··· · · · E(εn )
2
Nous observons les variances des erreurs sur la diagonale principale, et les covariances sur les autres
cases. Or, par hypothèse (section 9.3), (H3) la variance de l'erreur est constante V (εi ) = E(ε2i ) = σε2 et,
(H4) leurs covariances nulles COV (εi , εi′ ) = 0. De fait,
E[εε′ ] = σε2 I
La matrice de variance covariance des estimateurs s'en retrouve grandement simpliée. En eet,
On montre qu'une condition nécessaire et susante pour que â soit un estimateur convergent de a
est que les variables exogènes ne tendent pas à devenir colinéaires lorsque n tend vers l'inni, autrement
dit que l'hypothèse (H8) reste valable lorsque n tend vers l'inni. (Giraud et Chaix, page 65 ; que l'on
retrouve sous des formes plus ou moins analogues chez Bourbonnais, page 53, et Labrousse, page 26).
L'expression de la variance covariance des coecients estimés (Équation 9.5) est très jolie mais inuti-
lisable tant que l'on ne dispose pas d'une estimation de la variance de l'erreur σ̂ε2 .
Par analogie avec la régression simple (section 3.2.2), nous la comprenons comme le rapport entre la
somme des carrés des résidus (SCR) et le nombre de degrés de liberté de la régression, soit le nombre
d'observations moins le nombre de paramètres estimés : [n − (p + 1) = n − p − 1]. Ainsi, nous écrirons
∑ 2
SCR i ε̂i
2
σ̂ε = = (9.6)
n−p−1 n−p−1
Disposant maintenant d'une estimation de la variance de l'erreur, nous pouvons produire une estima-
tion de la matrice de variance covariance des coecients estimés.
9.6.3 Détails des calculs pour les données "Consommation des véhicules"
Nous reprenons notre exemple des véhicules (section 9.4.3). Nous avons reconstruit la feuille de calcul
de manière à obtenir les éléments nécessaires à l'estimation de la variance de l'erreur et de la matrice de
variance covariance des coecients estimés (Figure 9.2) 2 .
Nous reprenons des résultats précédents (Figure 9.1) la matrice (X ′ X)−1 et les coecients estimés â.
Nous formons alors :
La valeur prédite de l'endogène ŷi pour chaque individu (ex. ŷ1 = 1.070205 + 0.00049 × 846 +
0.01825 × 32 + 0.00423 × 650 = 5.4523).
Le résidu ε̂i = yi − ŷi (ex. ε̂1 = y1 − ŷ1 = 5.7 − 5.4523 = 0.2477.
Fig. 9.2. Estimation de la variance de l'erreur et des coecients estimés - Consommation des véhicules
SCR 13.5807
σ̂ε2 = = = 0.56586
n−p−1 28 − 3 − 1
L'estimation de son écart-type en est déduite, valeur souvent automatiquement retournée par les
logiciels de statistique
√
σ̂ε = 0.56586 = 0.75224
Reste la dernière multiplication pour obtenir l'estimation de la matrice de variance covariance des
coecients :
Ω̂â = σ̂ε2 (X ′ X)−1
Elle est forcément symétrique parce que la covariance est un opérateur symétrique.
Comme nous l'avons souligné précédemment, nous disposons sur la diagonale de cette matrice de
l'estimation de la variance des coecients. Dans notre exemple,
σ̂â20 = 0.399490226
σ̂ 2 = 6.0783 × 10−7
â1
σ̂â22 = 0.00020279
σ̂ 2 = 8.7595 × 10−7
â3
En passant à la racine carrée, nous avons l'estimation de l'écart-type, valeurs directement fournies
par la majorité des logiciels de statistique. C'est pour cette raison que nous avons aché les σ̂âj à côté
des estimations âj dans notre feuille Excel (Figure 9.2). Nous les retrouverons souvent sous cette forme
dans les sorties des logiciels que nous analyserons au chapitre 15.
σ̂â0 = 0.63205
σ̂ = 0.00078
â1
σ̂â2 = 0.01424
σ̂ = 0.00094
â3
Il est temps de voir un peu ce que nous propose la fonction DROITEREG d'Excel en matière de
régression linéaire multiple. Elle sait gérer un nombre d'exogènes supérieur à 1. Il faut simplement que
les colonnes des données soient contiguës dans la feuille de calcul. Il ne faut pas intégrer la colonne de
constante parmi les exogènes. Une option nous permet de spécier si nous souhaitons ou pas la constante
a0 dans la régression. Dans la plage de résultats, nous sélectionnons donc (p + 1 = 4) colonnes pour
notre régression, et 5 lignes pour qu'Excel puisse intégrer les informationnelles additionnelles permettant
d'analyser les résultats.
Dans l'exemple que nous reproduisons ici (Figure 9.3) 3 , nous avons inséré la commande DROITE-
REG(F3 :F30 ;B3 :D30 ;1 ;1). Le première paramètre correspond à la colonne de valeurs de Y ; le second
au(x) colonne(s) de X ; le troisième paramètre indique que nous réalisons une régression avec constante
(0 si nous souhaitons une régression sans constante) ; et le dernier indique que l'on souhaite obtenir des
informations additionnelles en plus des coecients estimés (0 dans le cas contraire).
Fig. 9.3. Comparaison estimation manuelle et DROITEREG d'Excel - Consommation des véhicules
Mettons en parallèle les résultats de DROITEREG avec ceux calculés manuellement avec les fonctions
matricielles d'Excel (Figure 9.3) :
3. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "variance erreur (droitereg)"
Sur la première ligne, nous observons les coecients estimés â. La constante est toujours en
dernière position à droite. En revanche, les coecients associés aux variables sont dans l'ordre
inverse des colonnes des données. Bon, on ne voit pas trop où est la logique. Il faudra s'en souve-
nir tout simplement. Dans notre tableau de valeurs (Figure 9.2), nous avons de gauche à droite
(cylindree, puissance, poids). Dans le tableau fourni par DROITEREG, nous avons de gauche à
droite les coecients associés à (poids, puissance, cylindree).
Mis à part cette petite incongruité, nous constatons que les coecients sont les bons, (â0 =
1.70205, âcylindree = 0.00049, âpuissance = 0.01825, âpoids = 0.00423).
Sur la seconde ligne, nous avons les écart-types estimés des coecients. En prenant en compte
le décalage, nous constatons que les valeurs coïncident avec l'estimation à l'aide des fonctions
matricielles d'Excel.
Dans la case (3, 2), nous avons l'estimation de l'écart-type de l'erreur σ̂ε = 0.75224.
Dans la case (4, 2), nous observons les degrés de liberté de la régression, n − p − 1 = 28 − 3 − 1.
Enn, dans la case (5, 2), nous observons la SCR = 13.5807.
Tests de signicativité
La part de variance de Y expliquée par le modèle est toujours traduit par le coecient de détermination
SCE SCR
R2 = =1− (10.1)
SCT SCT
Bien évidemment (0 ≤ R2 ≤ 1), plus il tend vers 1 meilleur sera le modèle. Lorsqu'il est proche de 0,
cela veut dire que les exogènes Xj n'expliquent en rien les valeurs prises par Y . Nous retiendrons cette
idée dans le test de signicativité globale du modèle.
Le R2 est un indicateur de qualité, mais il présente un défaut ennuyeux : plus nous augmentons le
nombre de variables explicatives, même non pertinentes, n'ayant aucun rapport avec le problème que l'on
cherche à résoudre, plus grande sera sa valeur, mécaniquement.
A l'extrême, si nous multiplions le nombre d'explicatives jusqu'à ce que (p + 1) soit égal à n, nous
obtiendrions un R2 = 1.
Teneur en oxyde de carbone des cigarettes. Voyons un petit exemple pour montrer l'inconvénient
du R2 dans la comparaison des modèles. Nous souhaitons expliquer la teneur en oxyde de carbone
(CO) des cigarettes à partir de leur composition en goudron (TAR), en nicotine (NICOTINE) et leur
poids (WEIGHT). Nous disposons de n = 24 observations. Nous réalisons la régression à l'aide de
DROITEREG, nous obtenons le R2 dans la case (3, 1) du tableau de résultats : R2 = 0.93498 (Figure
10.1) 1 . Le degré de liberté est ddl = 24 − 3 − 1 = 20.
Ajoutons la colonne ALEA dans le tableau de données. Elle a été générée aléatoirement avec la
fonction ALEA() d'Excel [loi uniforme U (0, 1)]. Nous eectuons de nouveau la régression en intégrant
ALEA parmi les explicatives. Le degré de liberté est diminué, il est passé à ddl = 19, témoin que la
variable supplémentaire a bien été prise en compte. Malgré que la variable n'ait aucun rapport avec le
problème que nous traitons, nous découvrons que le R2 a été augmenté, passant à R2 = 0.9373. Diable,
ALEA permettrait donc d'expliquer la teneur en carbone des cigarettes ?
Clairement le R2 en tant que tel n'est pas un bon outil pour évaluer le rôle de variables supplémentaires
lors de la comparaison de modèles imbriqués. En augmentant le nombre d'explicatives, nous augmentons
de manière mécanique la valeur du R2 mais, dans le même temps, nous diminuons le degré de liberté. Il
faudrait donc intégrer cette dernière notion pour contrecarrer l'évolution du R2 . C'est exactement ce que
fait le R2 -ajusté (ou R2 -corrigé).
CM R SCR/(n − p − 1)
R̄2 = 1 − =1− (10.2)
CM T SCT /(n − 1)
Il s'agit donc d'un R2 corrigé par les degrés de liberté, il peut s'exprimer en fonction du R2 d'ailleurs :
n−1
R̄2 = 1 − (1 − R2 ) (10.3)
n−p−1
Attention, la lecture en termes de part de variance expliquée n'est plus possible dans ce cas. De même,
le R̄2 peut prendre des valeurs négatives. Il ne faut pas s'en ousquer.
Le R2 -ajusté en tant que tel n'est pas d'une grande utilité. Son principal avantage est qu'il permet
de comparer des modèles imbriqués. Si nous prenons notre exemple des cigarettes (Figure 10.1), nous
constatons que le R2 -ajusté du second modèle est plus faible avec R̄22 = 0.92414 < R̄12 = 0.92522,
indiquant clairement que l'adjonction de ALEA parmi les exogènes n'amène pas d'information pertinente
supplémentaire dans l'explication de Y .
Remarque 4 (Comparaison des R2 ). La comparaison directe des R2 (bruts) n'est pas une bonne idée
pour évaluer la pertinence de variables supplémentaires dans la régression disions-nous. C'est certain.
En revanche, nous pouvons tourner le problème d'une autre manière en posant la question : "est-ce
que l'introduction de nouvelles exogènes induit une augmentation signicative du R2 ? L'aaire devint
intéressante dans ce cas, car nous nous situons dans un schéma de test d'hypothèses. Au résultat est
associé un niveau de crédibilité traduit par le risque du test. Nous exploiterons cette idée plus loin dans
ce fascicule pour tester la signicativité d'un groupe de variables (section 10.4).
A l'instar de la régression linéaire simple, le coecient de corrélation linéaire multiple est égal à la
racine carrée du coecient de détermination :
√
R= R2
Dans le cas de la régression linéaire multiple, on montre que le coecient de corrélation linéaire
multiple correspond à la corrélation entre les valeurs observées et les valeurs prédites de l'endogène
(Tenenhaus, page 117) c.-à-d.
ry,ŷ = R (10.4)
Cela suggère d'ailleurs de construire le graphique nuage de points confrontant yi et ŷi pour évaluer la
qualité de la régression. Si le modèle est parfait, les points seraient alignés sur la première bissectrice.
Reprenons notre chier "Consommation de véhicules". Nous exploitons les sorties de la fonction
DROITEREG (SCE = 121.0318, SCR = 13.5807) pour reconstituer le tableau d'analyse de variance.
Nous en déduisons le R2 = 1 − SCE+SCR
SCR
= 1 − 121.0318+13.5807
13.5807
= 0.89911 déjà fourni par Excel en réalité
(Figure 10.2) 2 .
Fig. 10.3. Y observé et Y calculé - Coecient de corrélation linéaire multiple - Consommation des véhicules
Un R2 assez élevé laisse à penser que le modèle est plutôt bon. En construisant le graphique croisant
Y et Ŷ , nous constatons eectivement que les points sont plutôt bien alignés sur la première bissectrice
(Figure 10.3).
10.2.1 Formulation
Le test de signicativité globale consiste à vérier si le modèle, pris dans sa globalité, est pertinent.
L'hypothèse nulle correspond à la situation où aucune des exogènes n'emmène de l'information utile dans
l'explication de Y c.-à-d. le modèle ne sert à rien. Le test s'écrit :
H : a = a = ··· = a = 0
0 1 2 p
H1 : ∃j / aj ̸= 0
Remarque 5 (Le cas de la constante). Attention, seuls les coecients associés aux variables Xj
sont inclus dans le test. En eet, c'est bien l'inuence des exogènes sur l'endogène que l'on cherche
à établir. Si H0 est vrai, on sait que a0 est égal à la moyenne des Y . Sauf cas particulier des variables
centrées, la moyenne des Y est non nulle. Inclure a0 dans le test fausserait les résultats.
R2 /p
F = (10.6)
(1 − R2 )/(n − p − 1)
Sous H0 , F suit une loi de Fisher F(p, n − p − 1). Au risque α, la région critique (rejet de H0 ) du test
correspond aux valeurs exceptionnellement grandes de F :
Application aux données "Consommation de véhicules. Revenons aux résultats de notre ré-
gression sur les véhicules (Figure 10.2). A partir du R2 , nous obtenons :
R2 /p 0.89911/3
F = = = 71.2965
(1 − R2 )/(n − p − 1) (1 − 0.89911)/(24)
On constate par ailleurs que la valeur de F est directement fournie par DROITEREG (Figure 10.2).
Nous la comparons avec le quantile d'ordre 0.95 pour un test à 5%, à savoir 3 F0.95 (3, 24) = 3.00879.
Nous constatons que nous sommes dans la région critique. Au risque 5%, nous concluons que le modèle
est globalement signicatif : la cylindrée, la puissance et poids, pris dans leur globalité, emmènent de
l'information pertinente sur la consommation.
En passant par le calcul de la probabilité critique, nous aurions obtenu 4 α′ = 4.26 × 10−12 , largement
inférieure à α = 5%. La conclusion est cohérente.
Après avoir établi la signicativité globale de la régression, nous devons évaluer la pertinence des
variables prises individuellement. La démarche est analogue à celle dénie pour la régression simple
(section 3.2.3). Toujours parce que εi ≡ N (0, σε ), on montre que
âj − a
≡ T (n − p − 1) (10.8)
σ̂âj
A partir de là, nous pouvons dénir les tests de conformité à un standard, les intervalles de conance
et, ce qui nous intéresse dans cette section, les tests de signicativité.
Le retrait de la variable Xj de la régression est possible si l'hypothèse nulle est avérée. Par rapport aux
autres variables, la contribution de Xj dans l'explication de Y n'est pas signicative. Méance néanmoins,
des problèmes de colinéarité peuvent parfois perturber les résultats. Nous en reparlerons lors du traitement
du chier "Consommation de véhicules".
Voyons ce qu'il en est concernant notre régression "Consommation des véhicules". DROITEREG nous
fournit à la fois âj et σ̂âj . Nous sommes armés pour dénir les tests de signicativité (Figure 10.4) 5 .
Nous n'avons pas intégré la constante dans la procédure. En eet, comme nous l'avons souligné dans
la régression simple, remettre en cause a0 modie la nature de la régression. Pour chaque variable, nous
avons calculé la statistique de test :
tâ1 =
0.00049
= 0.63304
0.00078
0.01825
tâ2 = = 1.28161
0.01424
0.00423
tâ3 = 0.00094 = 4.51838
Pour un risque α = 5%, le seuil critique 6 est égal à t0.975 (24) = 2.06390. Nous constatons que seul le
coecient a3 associé à (X3 - Poids ) est signicatif, puisque |tâ3 | = 4.51838 > t0.975 = 2.06390.
5. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "test.signif"
6. LOI.STUDENT.INVERSE(0.05 ;24) dans Excel.
Une autre manière de parvenir aux mêmes conclusions est de calculer la probabilité critique 7 , nous
les achons dans notre feuille Excel (Figure 10.4) :
′
αâ1 = 0.53269
αâ′ 2 = 0.21222
αâ′ 3 = 0.00014
Pour montrer l'intérêt du R2 -ajusté, nous avions décrit l'exemple d'une régression où l'on cherchait à
expliquer la quantité d'oxyde de carbone ingérée par les personnes fumant des cigarettes (Figure 10.1).
L'adjonction d'une variable ALEA générée aléatoirement parmi les exogènes provoquait une baisse du
R̄2 , indiquant sa non pertinence dans la régression. Voyons si le test de signicativité permet d'établir le
même résultat.
ALEA est la 4-ème variable de la régression (Figure 10.5) 8 , nous avons â4 = 0.81653 et σ̂â4 = 0.96657.
Nous formons la statistique de test
0.81653
tâ4 = = 0.84477
0.96657
Nous en déduisons la probabilité critique αâ′ 4 = 0.40875. Dénitivement, la variable ALEA n'est
absolument pas pertinente dans la régression.
7. LOI.STUDENT(ABS(t-calculé) ;24 ;2) dans Excel. Le dernier paramètre correspond à un test bilatéral.
8. cigarettes-regressionmultiple.xls - "tests.coefs.avec.alea"
On constate par ailleurs que ni le poids (weight) ni la nicotine ne semblent peser non plus dans
l'explication de CO.
Dans notre exemple des "Consommation des véhicules" (section 10.3.2), nous avions constaté que la
cylindrée et la puissance n'étaient pas individuellement signicatifs à 5%. Est-ce que cela veut dire que
nous pouvons retirer directement les deux variables de la régression ?
Clairement non. Nous ne pouvons nous baser sur les tests individuels pour supprimer en bloc des
exogènes du modèle. En eet, les coecients correspondent à des contributions partielles, tenant compte
de l'impact des autres variables. Si ces dernières sont corrélées, elles se gênent mutuellement dans la
régression, partageant leur inuence au point que, individuellement, elles ne semblent pas intéressantes.
Pour évaluer la contribution de q variables prises simultanément, nous introduisons un nouveau type
de test. L'hypothèse nulle du test s'écrit (sans restreindre la généralité du propos, nous ne testons pas
forcément les q premiers coecients) :
H0 : a1 = a2 = · · · = aq = 0
Pour résoudre ce problème, nous confrontons deux régressions : celle sous hypothèse nulle, avec (p − q)
variables explicatives, nous obtenons un premier coecient de détermination R02 ; et celle avec les p
variables, nous obtenons R12 . Les deux modèles sont imbriqués et, forcément, R12 ≥ R02 . Nous posons alors
la question suivante : est-ce que l'adjonction des q exogènes supplémentaires dans la régression induit une
augmentation signicative du R2 au risque α.
Formons la statistique de test F (Jaccard et Turrisi, page 12 ; Hardy, page 24) :
Un autre manière de voir les choses est de considérer que l'on oppose le modèle incluant la totalité
des variables avec la régression sous la contrainte H0 .
Testons donc la nullité simultanée des coecients de cylindrée et puissance dans la régression
"Consommation de véhicules" (Figure 10.6) 9 .
9. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "test.signif.cyl.puissance"
Fig. 10.6. Signicativité simultanée des coecients de cylindrée et puissance - Consommation des véhicules
Dans un premier temps, nous réalisons la régression avec la seule variable poids. Nous obtenons
R02 = 0.85808. Dans un deuxième temps, nous construisons le modèle incluant toutes les variables c.-à-d.
au modèle précédent, nous adjoignons les (q = 2) variables cylindrée et puissance que nous souhaitons
éprouver. Nous obtenons R12 = 0.89911. Le coecient de détermination est plus élevée, il ne peut pas en
être autrement. Mais est-ce qu'il est signicativement plus grand ?
Avec la loi de Fisher à (2, 24) degrés de liberté, nous obtenons une p-value de 0.01665. Contrairement
au test individuel où ils n'étaient pas signicatifs à 5%, les coecients pris en bloc le deviennent pour le
même niveau de risque. Cette apparente contradiction n'en est pas une, elle s'explique simplement par
la forte corrélation entre les deux variables, en eet rcylindree,puissance = 0.94755. Les deux variables se
neutralisent dans la régression. Clairement, opérer une sélection de variables serait appropriée ici. Vient
alors une question cruciale : laquelle retenir ? Nous étudions en détail cette question dans le fascicule
consacré à la pratique de la régression [13] (chapitre 3).
Lors du traitement du chier "Cigarettes" (section 10.3.3), nous avons montré que le coecient associé
à ALEA n'était pas signicatif à 5%. Dans le même temps, nous avons constaté qu'il en était de même
concernant les coecients de NICOTINE et WEIGHT. Dans cette section, nous allons tester la nullité
simultanée des q = 3 coecients.
Nous opposons "H0 : aalea = anicotine = aweight = 0" à "H1 : un de ces coecients est non nul".
Pour ce faire, nous réalisons les deux régressions (Figure 10.7) 10 : la première avec la totalité (p = 4)
des variables, nous obtenons R12 = 0.93733 avec un degré de liberté de (n − p − 1 = 24 − 4 − 1 = 19) ; la
seconde avec TAR seulement, le coecient de détermination diminue et passe à R02 = 0.93346, avec un
degré de liberté n − (p − q) − 1 = 24 − (4 − 3) − 1 = 22. Formons la statistique de test :
Avec une loi de Fisher à (3, 19) degrés de liberté, nous obtenons un p-value = 0.76096, largement
supérieure à α = 5%. Clairement, nous pouvons retirer le bloc de variables (alea, nicotine et weight) de
la régression, elles n'emmènent rien par rapport à TAR pour expliquer CO.
Notons que la statistique de test peut s'écrire sous la forme d'une confrontation entre les erreurs
résiduelles. Si SCR0 est la somme des carrés des résidus sous la contrainte H0 (q coecients sont nuls,
la régression comporte p − q variables) et SCR1 celle de la régression incluant toutes les p variables,
forcément (SCR0 ≥ SCR1 ) 11 , alors :
La valeur obtenue est identique à celle basée sur les coecients de détermination (équation 10.11).
Voyons notre exemple de la nullité de cylindrée et puissance dans la régression "Consommation des
véhicules" (Figure 10.6). Nous y lisons les valeurs adéquates :
SCR0 = 19.1041
SCR1 = 13.5807
Nous en déduisons
11. L'erreur résiduelle de la régression non contrainte est toujours plus faible que celle de la régression contrainte.
Attention, si on se base sur le coecient de détermination, la relation est inversée c.-à-d. nous avons forcément
(R12 ≥ R02 ). En eet, R2 = 1 − SCR
SCT
; et SCT - basé uniquement sur les valeurs de Y - est toujours constant quelle
que soit le modèle étudié.
Concernant l'inférence sur les coecients, nous pouvons aller plus loin que les simples tests de signi-
cativité. Dans ce chapitre, nous décrivons la panoplie des outils que l'on pourrait mettre en oeuvre pour
les étudier. Nous verrons ainsi que tous les tests exposés dans ce fascicule peuvent s'écrire sous une forme
générique unique, le test de combinaisons linéaires des coecients.
La distribution de âj telle que nous l'avons décrite précédemment (Équation 10.8) est valable quel
que soit le voisinage. Nous pouvons dénir facilement un intervalle de conance des coecients au niveau
de conance (1 − α) avec
âj ± t1− α2 × σ̂âj (11.1)
Nous reprenons notre chier des Consommations de véhicules. Nous souhaitons construire les inter-
valles de variation des coecients au niveau de conance 95% (Figure 11.1) 1 . Nous utilisons le quantile
1. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "intv.conf.coefs"
t0.975 (24) = 2.06390 de la loi de Student à (n − p − 1 = 24) degrés de liberté. Avec les âj et σ̂âj , nous
formons les bornes basses et bornes hautes. Pour la variables poids, nous obtenons :
Les résultats sont cohérents avec le test de signicativité. A savoir, le coecient est signicatif au
risque α si l'intervalle de conance au niveau (1 − α) ne contient pas la valeur 0. C'est le cas du coecient
de poids, pas pour ceux de puissance et cylindrée.
Nous pouvons également mettre en place des tests de conformité à un standard pour répondre à des
problèmes très concrets.
Concernant la consommation des véhicules, un expert du domaine peut nous poser la question suivante
par exemple : est-ce que l'on peut montrer que, toutes choses égales par ailleurs, l'augmentation du poids
de 400 kg des véhicules induit une augmentation de la consommation supérieure à 1 litre/100 km ?
âpoids − 0.0025
ta(poids >0.0025) =
σ̂âpoids
0.00423 − 0.0025
ta(poids >0.0025) = = 1.84722
0.00094
A comparer avec t0.95 (24) = 1.71088. Puisque nous sommes dans la région critique au risque 5%, nous
pouvons dire qu'une augmentation du poids des véhicules de 400 kg, à puissance et cylindrée égale, induit
une augmentation de la consommation supérieure à 1 L / 100 km.
2. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "test.poids.conformité"
Fig. 11.2. Test de conformité à un standard du coecient de "poids" - Consommation des véhicules
Attention, nous ne pouvons absolument réduire ce test à une succession de tests indivi-
duels. Il est tentant d'utiliser des règles du type "si on accepte H0 pour tous les tests pris individuellement,
alors on accepte H0 pour l'égalité simultanée" ou bien "si on rejette H0 au moins une fois sur un des tests
individuels, alors on rejette H0 pour le test simultané". Ces formulations sont erronées tout simplement
parce qu'elles ne tiennent pas compte de l'interaction entre les variables, traduite numériquement par les
covariances des coecients. Ces dernières interviennent dans la construction de la statistique de test. Elle
s'écrit :
1[ ]′ [ ]
F = â(q) − c(q) Ω̂â−1 â(q) − c(q) (11.3)
q (q)
â(q) représente le sous-vecteur des coecients estimés mis à contribution dans le test ; Ω̂â(q) est la
matrice de variance covariance réduite aux coecients testés.
Le test de signicativité est un cas particulier du test de conformité. Pour illustrer cette technique,
nous allons reprendre notre exemple de nullité simultanée des coecients de cylindrée et puissance dans
la régression "Consommation des véhicules" (section 10.4.2).
Fig. 11.3. Test de conformité à un standard d'un bloc de coecients - Consommation des véhicules
Nous avons élaboré une feuille de calcul Excel pour former la statistique de test (Figure 11.3) 3 . Nous
distinguons :
Nous formons la statistique de test en confrontant les coecients estimés avec les standards :
1 ( ) 0.000494 − 0
0.000494 − 0 ; 0.018251 − 0 Ω̂â(q) = 4.88057
−1
F =
2 0.018251 − 0
Le seuil critique est F0.95 (2; 24) = 3.40283. Nous sommes dans la région critique. Au risque 5%,
nous rejetons l'hypothèse nulle d'égalité des coecients (la p-value est α′ = 0.01665).
Les coecients, qui étaient égaux à 0 pris individuellement (acceptation de H0 ), deviennent non nuls
lorsque nous les traitons en bloc (rejet de H0 ). Tout simplement parce que nous avons pris en compte
leur covariance dans la procédure.
Notons un résultat intéressant, cette procédure est totalement équivalente au test de signicativité
basé sur la comparaison des coecients de détermination R2 mis en oeuvre sur les mêmes données (section
10.4). La valeur de la statistique de test est exactement la même.
Bien évidemment, la procédure peut aller au delà du test de signicativité. Reprenons l'exemple
des données "Cigarettes". Les exogènes sont dans l'ordre TAR (X1), NICOTINE (X2), WEIGHT (X3),
ALEA(X4), nous souhaitons mettre en place le test suivant :
a1 1
: a2 = 1
H0
a4 0
(11.4)
a1 1
H1 : a2 ̸= 1
a4 0
Par rapport à l'exemple précédent, l'originalité est qu'il s'agit ici d'un test de conformité quelconque ;
la diculté réside dans le fait que les coecients analysés se rapportent à des colonnes non adjacentes
du tableau de données. Il faudra faire très attention lors de l'extraction des valeurs dans la matrice de
variance covariance des coecients.
Les calculs sont détaillés dans une feuille Excel (Figure 11.4) 4 :
Nous avons exécuté la fonction DROITEREG pour obtenir les coecients. Ils sont dans l'ordre
inverse des colonnes de données dans le tableau de résultats. Pour éviter les confusions, énumérons-
les
4. cigarettes-regressionmultiple.xls - "tests.conformite.coefs"
â0 = −0.72260
â1 = 0.85569
â2 = 0.93450
â3 = 1.87048
â4 = 0.81653
Nous observons également l'estimation de l'écart-type de l'erreur, σ̂ε = 1.16822 (en violet dans le
tableau DROITEREG).
Nous calculons successivement (X ′ X) et (X ′ X ′ )−1 pour obtenir la matrice de variance covariance
des coecients Ω̂â = σ̂ε2 × (X ′ X)−1 .
Sur la diagonale de cette matrice, nous avons les variances. On remarque par exemple pour la
√ √
variable TAR que σ̂â21 = 0.0402 = 0.20048, la valeur correspond à l'écart type fourni par
DROITEREG (2-ème ligne du tableau).
Les coecients mis à contribution dans le test sont a1 , a2 et a4 . Nous devons piocher les valeurs
adéquates des variances et covariances dans Ω̂â (cellules en fond vert) pour former la matrice
réduite Ω̂â(q)
0.0402 −0.6355 −0.0365
Ω̂â(q) =
−0.6355 10.9738 0.4760
−0.0365 0.4760 0.9343
Que nous inversons
Avec la loi de Fisher F(q = 3, n−p−1 = 19), nous obtenons un probabilité critique de α′ = 0.11880.
Au risque 5%, nous ne pouvons pas rejeter l'hypothèse nulle. Les données ne la contredisent pas.
Lorsque q = 1, nous retrouvons le test de conformité d'un coecient (bilatéral) tel que nous l'avons
décrit ci dessus (section 11.1.2). En eet, dans ce cas, pour un coecient quelconque âj , l'inverse (σ̂â2j )−1
devient 1
2
σ̂â
, et nous avons :
j
( )2
âj − cj
F =
σ̂âj
La formulation du test de combinaisons linéaires des coecients permet de couvrir tous les tests expo-
sés dans ce fascicule. C'est déjà intéressant en soi. Il est toujours plaisant intellectuellement de produire
une procédure susamment globale qui permette de résoudre tous les problèmes possibles (Bourbonnais,
page 69 ; Johnston et DiNardo, page 96). Mais au delà de la curiosité scientique, nous constatons que
cette écriture permet d'introduire de nouveaux tests : les tests de comparaisons de coecients.
Où a est le vecteur des coecients, de dimension (p + 1, 1) ; R est la matrice décrivant les contraintes
linéaires de dimension (q, p + 1), q désignant le nombre de contraintes ; r est le vecteur des valeurs de
référence, de dimensions (q, 1).
Tout les autres tests peuvent s'écrire avec cette formulation disions-nous. Voyons ce qu'il en est pour
les diérentes situations que nous avons analysées dans ce document. Nous considérons que la constante
(a0 ) est en première position dans la matrice (X ′ X)−1 , puis nous avons dans l'ordre : cylindrée (a1 ),
puissance (a2 ), poids (a3 ).
L'hypothèse nulle correspond à la nullité simultanée des coecients associées aux variables (H0 : a1 =
a2 = a3 = 0). Nous avons q = 3 contraintes, avec
0100 0
R=
0 0 1 0 , r = 0
0001 0
11.3.3 Aller plus loin avec les tests portant sur des contraintes linéaires
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, n'est-ce pas ? En réalité, le principal intérêt de
cette nouvelle formulation est qu'elle ouvre la porte à toute une série de tests qui vont au delà du test
de conformité, notamment les tests de comparaison de coecients ou les test d'égalité de combinaisons
linéaires de coecients à un standard.
Pour rendre la lecture plus simple, notre exemple ne porte que sur q = 1 contrainte linéaire. Mais que
cela ne nous trompe pas, le passage à q > 1 contraintes ne pose aucun problème.
Nous retrouvons notre chier "Consommation des véhicules" pour illustrer la technique 5 .
La puissance spécique est une notion largement utilisée pour qualier les moteurs. Il s'agit du nombre
de chevaux développés par unité de cylindrée, le plus souvent en litres, soit 1000 cm3 . Les véhicules sportifs
développent plus de 100ch/L. Mais plus trivialement, sur les voitures courantes, elle tourne autour de
40ch/L (à peu près la moyenne constatée sur notre chier).
Nous souhaitons savoir si, dans la régression, les coecients conservent le même rapport dans leur
impact sur la consommation c.-à-d. nous souhaitons tester :
H : 1000 × a
0 cylindree = 40 × apuissance
H1 : 1000 × acylindree ̸= 40 × apuissance
On peut la ré-écrire sous la forme de contraintes linéaires sur les coecients de la régression. Nous
avons q = 1 dans notre exemple. Nous en déduisons les matrices :
( ) ( )
R = 0; 1000; −40; 0 , r = 0
La matrice (X ′ X)−1 a déjà été obtenue par ailleurs ; il en est de même pour la somme des carrés
des résidus SCR = 13.58067 et le degré de liberté n − p − 1 = 24.
Nous formons le vecteur (Râ − r). Comme nous n'avons qu'une seule (q = 1) contrainte, le résultat
est un scalaire
1.70205
( )0.00049 ( ) ( )
Râ − r = 0; 1000; −40; 0 × − 0 = −0.23648
0.01825
0.00423
5. Cet exemple est décrit sur notre site de tutoriels, http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/2011/
02/regression-lineaire-lecture-des.html
6. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "test.comb.lineaire"
La quantité [R(X ′ X)−1 R′ ] est également à un scalaire, il est égal à 2.91886. Son inverse est égal
à [R(X ′ X)−1 R′ ]−1 = 1
2.91886 = 0.34260.
Nous formons la statistique F (Remarque : la transposée d'un scalaire est le scalaire lui-même ) :
1 ′
1 (−0.23648) (1/2.91886)(−0.23648) 0.01916
F = = = 0.03386
13.58067/24 0.56586
Dans la régression sous-contraintes (régression restreinte), nous introduisons des impératifs - sous
forme de combinaisons linéaires de coecients - sur les paramètres estimés lors du processus de minimi-
sation de la somme des carrés des résidus.
Cela peut survenir par exemple consécutivement aux tests de contraintes linéaires tels que nous les
avons étudiés dans les sections précédentes. Après avoir accepté l'hypothèse nulle, nous souhaitons que
les coecients estimés par les MCO reètent les conditions émises.
Il s'agit donc d'une optimisation sous q contraintes linéaires. A résoudre directement, ça paraît très
compliqué. Fort heureusement, il est possible de dériver les nouveaux coecients des résultats de la
régression sans contraintes. Soit â le vecteur des coecients estimés obtenus avec la procédure habituelle.
Si nous souhaitons introduire q contraintes linéaires sous la forme Ra = r dans la régression [R est une
matrice (q, p+1) et r un vecteur (q, 1)], à l'instar de l'hypothèse nulle du test décrit ci-dessus, l'estimateur
sous contrainte ã s'écrit alors (Johnston et DiNardo, page 102) :
Clairement, l'expression n'est pas très simple. Mais on constate néanmoins qu'elle s'appuie uniquement
sur les résultats produits par la régression sans contrainte c.-à-d. par la méthode des MCO classique
proposée par n'importe quel logiciel de statistique 7 .
En ce qui concerne les performances, la somme des carrés des résidus, forcément plus élevée ici puisque
nous introduisons des contraintes dans l'optimisation, peut être déduite de la SCR de la régression usuelle
(Johnston et DiNardo, page 103) :
SCRã est la SCR de la régression sous contrainte, SCRâ est la SCR de la régression usuelle, et
SCRã ≥ SCRâ .
Dans la régression précédente (Figure 11.5), nous avons constaté que l'hypothèse nulle (H0 :
1000 × acylindree = 40 × apuissance ) n'était pas démentie par les données. Nous souhaitons donc introduire
explicitement cette contrainte dans l'estimation des paramètres du modèle. Il n'est pas nécessaire de re-
lancer les opérations, nous pouvons nous appuyer sur les résultats des calculs précédents. Nous complétons
la feuille Excel (Figure 11.6) 8 :
7. Les manipulations telles que nous les décrirons sous Excel paraissent fastidieuses. Je le concède. Mais écrire
les mêmes formules sous R, pour peu que l'on connaisse un peu les opérations matricielles, est un jeu d'enfant.
8. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "reg.sous.contraintes"
Fig. 11.6. Régression sous contrainte 1000 × acylindree = 40 × apuissance - Consommation de véhicules
0.0000
81.01861
′ ′ −1 ′ −1
R [R(X X) R] (r − Râ) =
−3.24074
0.00000
fourni une matrice de taille (p + 1, q), comme q = 1 dans notre exemple, nous avons un vecteur
colonne.
Pré-multipliée par (X ′ X)−1 , nous avons toujours un vecteur
−0.03002
0.00014
′ −1 ′ ′ −1 ′ −1
(X X) R [R(X X) R ] (r − Râ) =
−0.00245
−0.00003
Nous avons les nouveaux coecients avec, notamment, ãcylindree = 0.00063 et ãpuissance = 0.01580.
Et nous vérions aisément que 1000 × ãcylindree = 40 × ãpuissance . C'est assez épatant je trouve ! Dans le
même temps, les autres paramètres (coecient de poids, constante) ont été légèrement modiés.
Concernant la somme des carrés des résidus, nous récupérons SCRâ = 13.58067 auquel nous addi-
tionnons la quantité dénie dans l'équation 11.8 :
Ici également, il n'est nullement besoin d'accéder au tableau de données. Nous exploitons pleinement
les résultats de la régression sans contraintes. On constate que (SCRã > SCRâ ).
A la lumière de ces nouveau développements concernant la régression sous contraintes, nous pouvons
éclairer sous un angle nouveau le test de contraintes linéaires sur les coecients (section 11.3.1). Il s'agit
de confronter les résultats de deux modèles, l'une construite sous l'hypothèse H0 , la régression sous
contrainte, l'autre normalement, en dehors de toute contrainte c.-à-d. hors H0 .
Dès lors, l'hypothèse nulle n'est justiée que si la somme des carrés des résidus n'augmente pas
de manière signicative, si l'introduction de la contrainte dénie par H0 n'entraîne pas une trop forte
dégradation en termes de SCR tout simplement.
Elle suit une loi de Fisher F(q, n − p − 1) sous l'hypothèse nulle. La région critique correspond aux
grandes valeurs de F .
En reprenant notre exemple "Consommation des véhicules" (Figure 11.6), nous avons
La valeur de la statistique est exactement la même que celle obtenue avec la première formulation du
test sur les contraintes linéaires (Figure 11.5).
Comme pour la régression linéaire simple, il s'agit, pour un nouvel individu i∗, de fournir une pré-
diction de la valeur de l'endogène ŷi∗ à partir de sa description c.-à-d. les valeurs prises par les exogènes
(xi∗,1 , . . . , xi∗,p ).
La prédiction ponctuelle est obtenue en appliquant les coecient estimés sur la description de l'indi-
vidu à traiter
ŷi∗ = ŷ(xi∗ )
= â0 + â1 × xi∗,1 + · · · + âp × xi∗,p
Où Xi∗ est un vecteur ligne de dimension (1, p + 1) : Xi∗ = (1 ; xi∗,1 ; · · · ; xi∗,p ). La première valeur 1
permet de prendre en compte la constante â0 . Le résultat est bien un scalaire puisque â est de dimension
(p + 1, 1).
On montre aisément que la prédiction ponctuelle est sans biais. Pour ce faire, intéressons nous
à l'erreur de prédiction ε̂i∗ :
Et
E(εˆi∗ ) = Xi∗ × E(â − a) + E(εi∗ ) = 0
L'espérance de l'erreur de prévision est nulle parce que les estimateurs sont sans biais [E(â) = a] et
l'espérance de l'erreur est nulle [E(εi∗ ) = 0] par hypothèse.
E(ŷi∗ ) = yi∗
Pour construire l'intervalle de prédiction (la fourchette), nous devons connaître la variance estimée
de l'erreur de prédiction et la distribution de cette dernière. L'esprit de l'approche a déjà été développée
lors de la présentation de la régression simple. Nous donnons directement les résultats ici (pour plus de
détails, voir Bourbonnais, pages 77 et 78 ; Giraud et Chaix, pages 72 et 73 ; Johnston et DiNardo, pages
105 à 107).
La variance sera d'autant plus grande que la régression est de mauvaise qualité (σ̂ε2 est élevé) et que
l'on est loin du barycentre du nuage de points (hi∗ = Xi∗ (X ′ X)−1 Xi∗
′
le levier est élevé). L'analogie
avec la régression simple est totale.
Le ratio erreur/écart-type est distribué selon une loi de Student à (n − p − 1) degrés de liberté :
ε̂i∗ ŷi∗ − yi∗
= ≡ T (n − p − 1) (12.3)
σ̂ε̂i∗ σ̂ε̂i∗
Nous souhaitons prédire la consommation d'un véhicule présentant les caractéristiques suivantes :
cylindrée = 1984 cm3 , puissance = 85 ch et poids = 1155 kg (Figure 12.1) 1 .
Nous obtenons la prédiction en appliquant les coecients estimés du modèle sur cette description :
1.70205
( ) 0.00049
ŷi∗ = Xi∗ × â = 1; 1984; 85; 1155 × = 9.12
0.01825
0.00423
1. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "prediction"
Avec l'estimation de variance de l'erreur (σ̂ε2 = 0.56586) fournie par DROITEREG, nous produisons
l'estimation de la variance de l'erreur de prévision :
[ ]
σ̂ε̂2i∗ = σ̂ε2 1 + Xi∗ (X ′ X)−1 Xi∗
′
= 0.56586 × [1 + 0.05910] = 0.59931
Pour un niveau de conance de 95%, le quantile de la loi de Student à (24) degrés de liberté est
t0.975 (24) = 2.06390, nous calculons nalement les bornes basses et hautes de la fourchette de prédiction :
√
b.b. = ŷi∗ − t1− α2 × σ̂ε̂i∗ = 9.12 − 2.06390 × 0.59931 = 7.52
√
b.h. = ŷi∗ + t1− α2 × σ̂ε̂i∗ = 9.12 + 2.06390 × 0.59931 = 10.71
Le charme de la régression tient en grande partie à ses capacités opérationnelles. A partir des valeurs
des exogènes, elle peut fournir une prédiction et une fourchette de prédiction de la valeur de l'exogène. Mais
il tient beaucoup également aux possibilités d'interprétations qu'elle propose. On parle alors d'analyse
structurelle. En eet, la régression cherche à établir l'existence d'une relation entre Y et les X mais, en
plus, elle quantie à travers les coecients du modèle l'importance des associations : dans quelle mesure
les exogènes inuent sur les valeurs (ou les variations de valeurs) de l'endogène.
L'interprétation cherche à mettre à jour les causalités entre les variables. Elle ne peut être basée
uniquement sur des critères numériques. L'expertise du domaine joue un rôle important. Revenons à notre
exemple fétiche de "Consommation des véhicules". On peut comprendre que le poids ait une inuence sur
la consommation. En s'attachant à diminuer la première, on espère diminuer également la gloutonnerie
des automobiles. En revanche, la relation inverse paraît incongrue. Manipuler la consommation, par
exemple en prenant un gicleur de carburateur de plus grosse section (ouh là là, ça devient technique
là, je me demande qui connaît encore les carburateurs de nos jours http://fr.wikipedia.org/wiki/
Carburateur, un beau weber double ou quadruple corps avec les bruits d'aspiration qui vont bien, ahhh...)
ne va pas modier le poids de la voiture. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je m'attache à prendre
des exemples simples dans ce support. Il ne s'agit surtout pas de se lancer dans des interprétations plus
ou moins heureuses (foireuses) dans des domaines que je maîtrise mal (ex. médecine, écologie, etc.).
Dans cette section, nous nous attacherons à lire les coecients fournis par la modélisation, tout
d'abord dans une régression simple, on parle de coecients bruts, puis dans la régression multiple, on
parle de coecients partiels.
On cherche à expliquer la consommation à partir du poids (Figure 13.1 ; Régression simple) 1 . Nous
obtenons le modèle :
1. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "coef.interprétation"
Nous pouvons lire le coecient de la manière suivante : une augmentation du poids d'un véhicule de
1 kg entraîne une consommation supplémentaire de 0.00669 litres au km. On mesure l'association brute,
en dehors de toute considération des autres variables qui pourraient inuencer la consommation.
Réalisons maintenant la même régression en introduisant la variable cylindrée (Figure 13.1 ; Régression
multiple) 2 . Le coecient de poids a été modié :
2. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "coef.interprétation"
La modication du coecient de poids s'explique par le fait que la variable poids est liée à cylindrée.
Le coecient de corrélation rpoids,cylindree = 0.8616 le montre bien. Lorsque la cylindrée augmente, le
poids varie également, dans le même sens : âpoids en tient compte.
Le nouveau coecient se lit de la manière suivante : à cylindrée égale , lorsque le poids augmente
de 1 kg, la consommation s'accroîtra de 0.00443 litres au km. C'est le fameux "toutes choses égales par
ailleurs" dont on nous rabâche les oreilles en économétrie. On parle alors de coecient partiel. Nous avons
neutralisé l'impact de la cylindrée sur le poids dans la détermination de l'inuence de ce dernier sur la
consommation. Ces notions sont à rapprocher du concept de corrélation partielle et semi-partielle que nous
étudions en détail dans notre fascicule consacré à l'étude des dépendances entre variables quantitatives
[12] (Partie II - Chapitres 4 et 5).
Tentons une petite expérience pour décrypter ce phénomène. Nous allons retrancher la partie de poids
expliquée par la cylindrée en calculant le résidu de la régression (poids = a1 × cylindree + a0 ). Puis, nous
introduisons ce résidu comme variable explicative dans la régression simple expliquant la consommation
consommation = b1 × residu + b0 ). Si notre explication tient la route, la pente b1 devrait correspondre
au coecient partiel 0.00443.
Nous avons monté une nouvelle feuille Excel (Figure 13.2) 3 . Dans un premier temps, nous régressons
poids sur cylindrée. Nous obtenons le modèle :
Il est signicatif avec un coecient de détermination R2 = 0.74228. Nous calculons les résidus en
déduisant du poids observé le poids prédit par le modèle
Le résidu représente la fraction de poids qui n'est pas expliquée par la cylindrée. Nous l'introduisons
comme variable explicative dans la régression expliquant la consommation :
Les coecients indiquent l'impact des exogènes en contrôlant les autres variables. Il reste néanmoins une
question clé : quelle est la variable qui a le plus d'inuence sur la consommation, le poids ou la cylindrée ?
La tentation est grande de comparer les coecients puisqu'ils mesurent l'impact des variables. Ce n'est
pas une bonne idée tout simplement parce que les variables sont exprimées dans des unités diérentes.
Les variations d'une unité de poids et d'une unité de cylindrée ne représentent pas la même chose, elles
ne sont pas opposables.
Pour les rendre comparables, nous devons standardiser les coecients et raisonner en termes d'écarts-
type. Nous obtiendrions une lecture du type : lorsque le poids (la cylindrée) varie de 1 écart-type, la
consommation varie de m écarts-type.
Régression sur données centrées et réduites. Une technique simple permettant d'obtenir ces
coecients consiste à centrer et réduire toutes les variables (exogènes et endogène) et à lancer la régres-
sion sur les données transformées. Nous avons réalisé cette opération sur notre chier. Pour la variable
consommation (Y ) par exemple, nous avons utilisé :
Nous obtenons de nouveaux coecients avec la régression sur le tableau de données centrées et réduites
(Figure 13.3 - Régression sur données centrées et réduites) 4 :
cr cr cr
consommation= 0.61281× poids +0.36390× cylindree +0.00000
Les variables étant centrées, la constante est nulle. Nous pouvons lire les résultats en termes d'écarts-
type et comparer les coecients. Lorsque le poids (resp. la cylindrée) augmente de 1 écart-type, la
consommation augmente de 0.61281 fois (resp. 0.36390) son écart-type. Maintenant, nous pouvons dire
que le poids pèse comparativement plus sur la consommation que la cylindrée.
Ces coecients standardisés sont souvent directement fournis par les logiciels de statistique pour
indiquer l'importance relative des variables (Standardized coecients - Beta weight pour SPSS http:
//faculty.chass.ncsu.edu/garson/PA765/regress.htm#bcoeff).
4. reg_multiple_consommation_automobiles.xlsx - "coef.comparaison"
En eet, il existe une relation entre le coecient de détermination R2 et les coecients standardisés 5 :
∑
R2 = β̂j × ry,xj (13.3)
j
Exemple Traitement du chier "Consommation des véhicules". Tout d'abord, nous réalisons la ré-
gression avec les variables originelles. Nous obtenons un R2 = 0.89221 (Figure 13.4). Puis, à partir
des coecients bruts et des écarts-type estimés, nous calculons les coecients standardisés en utilisant
la formule (13.2). Enn, nous estimons les corrélations entre l'endogène et les exogènes, nous avons
rconso,poids = 0.56766 et rconso,cylindree = 0.32455. Nous pouvons dès lors calculer les contributions à
l'aide de l'équation (13.4). Nous résumons cela dans le tableau suivant.
Remarque : Prudence autour de la notion de "contribution". Il faut être très prudent quant à la
notion de "contribution" telle qu'elle est dénie ici. En eet, les variables exogènes sont plus ou moins
liées entres elles. Une fraction de l'inuence des autres variables pèse en réalité dans le calcul de CT Rj
via l'estimation du coecient β̂j . On notera d'ailleurs que les quantités β̂j et ry,xj peuvent être de signes
opposés. Cela peut arriver lorsqu'il y a très forte colinéarité entre les variables par exemple ([13], chapitre
3). On aboutirait alors à une contribution négative au R2 de Xj . L'interprétation devient très hasardeuse
dans ce cas. On peut dicilement dire qu'une variable retire de l'information dans une régression.
De fait, l'idée de la contribution d'une variable Xj à l'explication de Y n'est réellement rigoureuse que
lorsque les exogènes sont 2 à 2 orthogonales. Dans ce cas, et uniquement dans ce cas, la contribution d'une
variable Xj est égale au R2 de la régression simple de Y sur Xj . Et la lecture sous forme de fraction
de variance expliquée de la contribution - via le rapport ( CTR2Rj ) - pour exprimer le gain consécutif à
l'introduction de Xj dans la régression multiple devient justiée.
Il reste que la relation (13.3) mérite d'être connue. Elle est très peu citée dans la littérature.
Nous nous contentons de donner les principaux repères dans cette section, lorsqu'une des variables
explicative est binaire. Pour une étude détaillée des exogènes qualitatives, nous renvoyons le lecteur à
notre fascicule "Pratique de la régression linéaire multiple - Diagnostic et Sélection de variables" ([13],
chapitre 4).
Comparaison de moyennes
Nous souhaitons mettre en lumière les diérences entre les salaires (Y , en euros) selon le genre (X ,
variable "sexe") 6 : les hommes sont codés 0 et les femmes 1.
Une approche très simple consiste à réaliser un test de comparaison de moyennes 7 . Nous confrontons :
H : µ
0 y/1 = µy/0
H1 : µy/1 ̸= µy/0
Où µy/1 (resp. µy/0 ) est la moyenne des salaires chez les femmes (resp. chez les hommes).
Nous disposons de n = 40 observations. A l'aide du tableau croisé dynamique d'Excel (Figure 13.5) 8 ,
nous calculons les moyennes, les écarts-type et les eectifs conditionnels.
Nous calculons l'écart entre les salaires, la statistique de test sera basée sur cet indicateur
Pour obtenir la variance de D, nous devons passer dans un premier temps par l'estimation de la
variance commune aux deux groupes, la variance intra-classes. Nous faisons donc l'hypothèse que les
6. Les données proviennent du site http://www.cabannes.net/
7. Rakotomalala R., Comparaison de populations - Tests paramétriques, Chapitre 1 : Comparaison de
2 moyennes - Cas des variances égales, http://eric.univ-lyon2.fr/~ricco/cours/cours/Comp_Pop_Tests_
Parametriques.pdf
8. regression-salaire-sexe.xlsx - "comp.moyenne"
Enn √ √
1 1 1 1
σ̂D = s × + = 1293.43176 × + = 409.01903 (13.5)
n0 n1 20 20
D −1163.550
tcalc = = = −2.84473
σ̂D 409.01903
Sous H0 , elle suit une loi de Student à (n0 + n1 − 2 = n − 2 = 38) degrés de liberté. La région critique
au risque α correspond à
9. Lorsque les eectifs sont équilibrés comme c'est le cas ici, cette approche est très robuste. Même si les
variances sont sensiblement diérentes, la procédure tient parfaitement la route.
Dans notre exemple, au risque 5%, t0.975 (38) = 2.02439. Nous sommes dans la région critique. Nous
rejetons l'hypothèse nulle. Les salaires sont diérents selon le sexe de la personne.
Peut-on obtenir les mêmes résultats via la régression ? La réponse est oui. Tout dépend du codage
adopté. Dans le cas d'une explicative binaire, il n'y a pas trop à se poser de questions : une de modalité
est codée 1 (les femmes), l'autre 0 (les hommes). Lorsqu'il s'agit d'une variable nominale à plus de 2
modalités ou d'une variable ordinale, le codage pèse sur la lecture des résultats [13] (chapitre 4).
salaire = a × sexe + b
b̂ = 3110.800 = ŷ0
â = −1165.550 = ŷ1 − ŷ0 = D
De fait, tester la signicativité de la pente dans la régression revient à tester la signicativité de l'écart
entre les salaires. La statistique de test (tâ = −2.84473) prend exactement la même valeur, la conclusion
est la même bien évidemment. Notons cependant une information importante, dans la régression on
fait implicitement l'hypothèse que la variance de Y est la même dans les sous-populations. Hypothèse
d'homoscédasticité que nous émettions explicitement dans la comparaison des moyennes.
Un expert vient vous dire que tout ça est bien beau mais on sait par ailleurs que les hommes font plus
d'études que les femmes. Comparer les salaires en se basant sur le sexe uniquement fausse les résultats
et laisse croire des choses qui n'existent pas. Il en veut pour preuve que dans notre chier, en intégrant
la variable ETUDES, les hommes ont eectué en moyenne 13.5 années d'études, et les femmes 12.2
seulement.
En toute rigueur, il faudrait eectuer l'extraction d'un sous-échantillon chez les hommes, faire de
même chez les femmes, et s'arranger que les deux sous-échantillons présentent une moyenne d'années
d'étude identique. Ou encore pondérer les individus de manière à ce que les moyennes conditionnelles
d'ETUDES soient identiques. Enn, une autre piste serait d'eectuer un appariement c.-à-d. créer un
chier où chaque ligne confronte des personnes de sexe opposé mais ayant eectué un nombre d'années
d'études identique.
Tout cela induit des manipulations de chier plus ou moins hasardeuses. Il y a une solution plus
simple. S'appuyer sur le fait que la régression produit des coecients partiels. Nous réalisons donc la
régression (Figure 13.7) 11
salaire = a2 × etudes + a1 × sexe + a0
L'écart de salaires selon le sexe est moindre â2 = −881.44020 (contre −1165.550 pour le coecient
brut). Cela veut dire qu'à années d'études égales, les femmes reçoivent en moyenne un salaire inférieur
de 881 euros par rapport à celui des hommes. Et l'écart reste signicatif à 5% avec un t-calculé de
tâ2 = −2.22922 et une p-value de α′ = 0.03195.
Ainsi, même si les hommes et les femmes ont un niveau d'études identique, ces dernières ont tendance
à obtenir un salaire moins élevé. A partir de la régression, nous arrivons à répondre précisément à la
question posée. Monsieur l'expert peut rentrer chez lui.
Les férus de statistique n'auront pas manqué de voir dans cet exemple une illustration simpliée d'une
analyse de covariance (ANCOVA) 12 ), technique où l'on cherche à étudier l'impact d'une variable
catégorielle sur une variable dépendante quantitative, en contrôlant l'eet d'une tierce variable sur cette
dernière.
Je détaille la régression sur exogènes qualitatives dans l'ouvrage consacré à la pratique de la régression
([13], chapitre 4). Les diérents types de codages et les interprétations y aérentes sont analysés.
Récapitulons les diérents thèmes abordés dans ce document en réalisant une étude de cas. Nous
souhaitons comprendre les tenants et aboutissants du taux de chômage en France métropolitaine à
la n de l'année 2008. Le sujet et les données proviennent du site de Mme Aurélie Bonein (http:
//aurelie.bonein.free.fr/), nous reprenons le second thème de son cours d'économétrie (http:
//aurelie.bonein.free.fr/telechargement/Econometrie/2010-2011/TD2_sujet.pdf).
Le chier comporte n = 22 observations (régions). Nous reproduisons ici le contenu du chier (Fi-
gure 14.1). Attention, la précision de l'achage a été limitée à 4 décimales. En réalité, les données en
comportent beaucoup plus.
Nous avons lancé la fonction DROITEREG sur ces données (Figure 14.2) 1 . Nous en avons déduit les
informations importantes pour la compréhension des résultats :
1. analysetauxdechomage.xlsx - "analyse"
Fig. 14.1. Analyse du taux de chômage - par région - en France (2008) - Données
Fig. 14.2. Analyse du taux de chômage - par région - en France (2008) - Régression
SCE 29.8532
R2 = = = 0.6592
SCT 40.7332
n−1 22 − 1
R̄2 = 1 − (1 − R2 ) = 1 − (1 − 0.6592) = 0.5528
n−p−1 22 − 5 − 1
Pour tester globalement le modèle, nous utilisons la statistique F
CM E 5.3706
F = = = 6.1909
CM R 0.8675
Distribuée selon une loi de Fisher F(5, 16) sou H0 , nous obtenons la probabilité critique α′ =
0.00224. Au risque 5%, le modèle est globalement signicatif.
Voyons le rôle de chacune des variables maintenant, nous construisons un tableau intermédiaire
Variable X5 X4 X3 X2 X1
âj 2.7246 -0.3975 0.1766 -0.8975 2.1239
σ̂âj 1.6054 0.1240 0.4847 0.3433 0.5792
âj
tâj = σ̂âj 1.6971 -3.2062 0.3644 -2.6145 3.6669
p-value 0.1090 0.0055 0.7204 0.0188 0.0021
Signif. à 5% non oui non oui oui
Les variables qui inuent sur le taux de chômage à 5%, toutes choses égales par ailleurs (en
contrôlant l'eet des autres variables) sont : X1 , le nombre d'entreprises en faillites dans la région ;
X2 , le nombre d'établissements de construction ; X4 , le nombre d'établissement de service.
En se basant sur ses connaissances en économie, un expert vient expliquer que seules les variables X1
et X4 inuent réellement sur le taux de chômage. Il nous demande de vérier la nullité simultanée des
coecients des variables (X2 , X3 , X5 ) à 5%.
Nous sommes un peu étonné quant à ces armations. Certes, X3 et X5 pris individuellement ne sont
pas pertinentes. En revanche, X2 l'est, l'enlever de la régression semble intuitivement un peu hasardeux.
Laissons de côté l'intuition et réalisons les calculs. Nous construisons le modèle avec uniquement les
variables X1 et X4 (Figure 14.3) 2 : le coecient de détermination R2 est égal à 0.5053. Il était de 0.6592
avec la totalité des (p = 5) variables. Est-ce que cette dégradation est signicative ?
Fig. 14.3. Taux de chômage en France (2008) - Test de signicativité des coecients de (X2 , X3 , X5 )
Avec la distribution F(3, 16), nous avons une p-value de α′ = 0.1050. Eectivement, l'expert avait rai-
son, l'hypothèse selon laquelle les coecients de (X2 , X3 , X5 ) sont simultanément nuls n'est pas démentie
par les données.
Dans le modèle réduit à 2 variables (X1 , X4 ), nous constatons que tous deux sont individuellement
signicatifs. Un nombre de faillites accru entraîne une augmentation du chômage ; lorsque le nombre
d'entreprises de services est élevé, le chômage est moindre. Oui, tout ça tombe sous le sens. On se
demande parfois pourquoi on s'enquiquine avec des techniques compliquées pour sortir des évidences
pareilles....
C'est tout le charme de la modélisation. Beaucoup d'appelés (on tente, on tente, on triture les données
comme on peut), mais peu d'élus (trouver des modèles réellement intéressants, opérationnels, reste rare).
Les données qui ont servi à la construction du modèle proviennent de la France métropolitaine. Nous
souhaitons l'appliquer aux DOM-TOM c.-à-d. à partir de leur description x = (1, X1 = 3.45, X2 =
4.01, X3 = 11.2, X4 = 28, X5 = 2.54) (la première valeur 1 représente la constante), proposer une
prédiction ponctuelle et par intervalle de son taux de chômage.
En toute rigueur, il serait plus approprié de recourir au modèle simplié, avec les deux explicatives
(X1 , X4 ), puisque nous avons montré dans la section précédente que (X2 , X3 , X5 ) n'étaient pas pertinentes
dans l'explication de Y . Mais, pour être raccord avec le corrigé proposé en ligne sur notre site de référence 3 ,
nous utiliserons le modèle complet avec p = 5 exogènes.
La prédiction est très simple à obtenir. Il sut d'appliquer les coecients estimés du modèle sur la
description de la nouvelle observation à traiter
12.5732
2.1239
( ) −0.8975
ŷ = x.â = 1, 3.45, 4.01, 11.2, 28, 2.54 . = 14.07
0.1766
−0.3975
2.7246
Plus compliquées à chirer sont les bornes de l'intervalle de prédiction (Figure 14.4) 4 .
Il nous faut au préalable calculer la matrice (X ′ X)−1 . Ce que nous faisons dans la feuille Excel.
Puis calculer le levier pour les DOM-TOM
3. http://aurelie.bonein.free.fr/telechargement/Econometrie/2010-2011/Exercice1_corrige.xlsx
4. analysetauxdechomage.xlsx - "prédiction"
Nous calculons alors l'écart type de l'erreur de prédiction, en nous servant de l'estimation de
l'erreur du modèle fournie par Droitereg σ̂ε = 0.9314,
√ √
σ̂ε̂ = σ̂ε 1 + h = 0.93124 × 1 + 6.4385 = 2.5403
Avec le quantile d'ordre 1 − α/2 de la loi de Student T (n − p − 1 = 16), nous établissons les bornes
basses et hautes de l'intervalle au niveau de conance (1 − α) = 95%
Fig. 14.4. Taux de chômage en France (2008) - Prédiction et intervalle de prédiction pour les DOM-TOM
Dans ce chapitre, nous décrirons la mise en oeuvre de la régression linéaire multiple à l'aide de
quelques logiciels connus (ou non) des praticiens de l'économétrie. Nous mettrons l'accent sur la lecture
des résultats. Pour faciliter les comparaisons, nous utiliserons le seul et unique chier "conso-vehicules.xls"
correspondant au problème de "Consommation des véhicules" maintes fois analysé dans ce fascicule.
Pour les outils que je connais bien (Tanagra, Regress et R principalement), nous creuserons un peu
plus en abordant des sujets qui sont par ailleurs détaillés dans notre second fascicule relatif à la régression
[13] (ex. sélection de variables, détection des points atypiques, etc.).
Un petit aparté avant de commencer. "Bon sang ne saurait mentir" a-t-on l'habitude de dire.
A travers le choix des logiciels que j'ai choisi de mettre en avant dans ce fascicule, tout le monde aura
bien compris quelle est ma véritable culture. D'autres auraient plutôt choisi de parler de EViews, Gauss,
Rats (que j'ai beaucoup utilisé naguère), Stata, TSP, etc. Ils auraient très bien fait également. Comme
j'ai l'habitude de le dire : qu'importe le logiciel, le plus important est que nous sachions quoi faire avec
l'outil, puis comment exploiter ecacement les résultats. C'est justement pour dégager les étudiants du
logiciel que je m'évertue à détailler tous les calculs à l'aide d'un tableur.
15.1 Tanagra
De nombreux tutoriels décrivent l'importation d'un chier Excel dans Tanagra 1 , nous ne reviendrons
pas là-dessus. Une fois les données importées et le problème spécié à l'aide de l'outil DEFINE STATUS
(consommation en TARGET, les autres variables en INPUT), nous introduisons la régression linéaire
1. http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/
multiple à l'aide du composant MULTIPLE LINEAR REGRESSION. Détaillons les résultats achés par
Tanagra (Figure 15.1) :
Un premier tableau "Global Results" décrit les résultats globaux (tiens donc !) permettant d'ex-
pertiser rapidement la qualité de l'ajustement. Nous y apprenons, entres autres, que le coecient
de détermination R2 = 0.899113. Le modèle explique près de 90% de la variance de consommation.
Le second tableau "Analysis of variance" correspond au tableau d'analyse de variance. Tanagra
y adjoint le statistique F du test de signicativité globale de la régression et la p-value associée.
Dans notre exemple, le modèle est très fortement signicatif.
Le troisième tableau correspond aux coecients associés aux variables explicatives du modèle.
"Intercept" est la constante. Parmi les exogènes, seul poids semble signicatif. Mais nous avons
vu par ailleurs que "cylindrée" et "puissance" se gênent dans la régression parce que fortement
corrélées.
Fig. 15.2. Description succincte des résidus dans Tanagra - Consommation des véhicules
Un dernier tableau dans la partie basse de la fenêtre donne un aperçu des caractéristiques des résidus,
si importants dans la régression (Figure 15.2). Nous avons un histogramme de fréquences et quelques
caractéristiques numériques. On sait par exemple que si le rapport MAD/STDDEV (écart absolu moyen
√
/ écart type) s'écarte résolument de 0.8 ( π2 pour être précis 2 ), l'hypothèse de normalité des résidus est
mise à mal. Dans notre cas, nous avons M AD/ST DEV = 0.8361. Nous détaillons l'analyse des résidus
dans le chapitre 1 du second fascicule de cours [13].
Dans le second onglet de la fenêtre d'achage (Figure 15.3), nous disposons de la matrice (X ′ X)−1 qui
ouvre la porte à toute une batterie de tests statistiques (ex. tests de conformité simultanée, combinaison
linéaire de variables, levier pour les intervalles de prévision...). Il est facile d'en copier les valeurs dans
un tableur. Un tutoriel en détaille l'usage (http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/2011/02/
regression-lineaire-lecture-des.html).
Sélection de variables
Tanagra intègre 2 composants de sélection de variables (version 1.4.38) : l'un implémente la procédure
forward, l'autre la procédure backward [13] (chapitre 3). Dans la copie d'écran ci-jointe, nous avons mis
en oeuvre la sélection backward sur nos données. La variable "cylindrée" a été éliminée, puis le processus
a été stoppé car toutes les variables restants étaient signicatives au niveau de signication choisi par
l'utilisateur (Figure 15.4).
Tanagra intègre toute une panoplie d'outils de détection de points atypiques et inuents dans la
régression. Les formules et les interprétations sont longuement décrites dans le chapitre 2 de notre second
fascicule [13].
Dans notre exemple, nous l'appliquons sur la régression portant sur les variables sélectionnées (puis-
sance et poids). Nous avons d'une part les valeurs des indicateurs et les valeurs de coupures, les obser-
vations suspectes sont mis en évidence (Figure 15.5), d'autre part un récapitulatif permet d'établir un
diagnostic rapidement (Figure 15.6).
Enn, le composant DFBETAS permet d'identier le coecient du modèle sur lequel agit inconsidé-
rément une observation par trop inuente (Figure 15.7).
Le diagramme de traitement
Comme la très grande majorité des logiciels de Data Mining, Tanagra retrace les opérations menées
sur les données à l'aide d'un diagramme. Nous pouvons le sauvegarder pour des traitements ultérieurs.
Soit parce que le chier a été mis à jour, soit tout simplement parce que nous souhaitons compléter notre
étude.
Concernant les analyses décrites dans cette section, nous avons réalisé (Figure 15.8) : une importation
des données (Dataset), spécié l'endogène et les exogènes (Dene Status), mené une première analyse de
régression (Multiple linear regression), eectué une sélection de variables backward, opéré une première
détection des points atypiques et inuents (Outlier Detection), puis une second analyse approfondie
permettant de déterminer sur quels coecients agissent ces points (Dfbetas).
Tanagra est un logiciel, mais c'est aussi et surtout plus de 150 tutoriels en français (à peu près 130
en anglais) dédiés à la pratique du Data Mining 3 . Plusieurs d'entre eux ont trait à la régression (http:
//tutoriels-data-mining.blogspot.com/search/label/Régression). Nous citerons entres autres :
3. A ce jour, Mai 2011.
Fig. 15.4. Utilisation du composant "Backward Elimination Reg" dans Tanagra - Consommation des véhicules
Fig. 15.5. Détection des points atypiques - Indicateurs, bornes basses et hautes - Consommation des véhicules
Fig. 15.6. Détection des points atypiques - Bilan - Consommation des véhicules
Fig. 15.7. Détection des points atypiques - DFBETAS - Consommation des véhicules
explorées : la régression sur les axes d'une ACP (analyse en composante principale) et la régression
PLS (partial least squares). Enn, nous comparons les coecients des diérents modèles obtenus.
Diagnostic de la régression avec R (http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/2009/
05/diagnostic-de-la-regression-avec-r.html). Sous forme de "slides", il montre les princi-
pales commandes de R pour le diagnostic de la régression : graphique des résidus, repérage des
points atypiques, détection et traitement de la colinéarité.
D'autres tutoriels décrivant les autres techniques de régression peuvent nous intéresser éga-
lement : les arbres de régression (http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/2008/04/
arbres-de-rgression.html, les support vector regression (SVR - http://tutoriels-data-mining.
blogspot.com/2009/04/support-vector-regression.html), ...
15.2 REGRESS
Le logiciel REGRESS est un logiciel très simplié de régression linéaire multiple que j'ai développé il
y a fort longtemps. Je l'ai mis à jour à l'occasion de l'écriture de ce document. Mon idée est de le mettre
en totale adéquation avec les formules présentées dans mes fascicules consacrés à la régression.
Fig. 15.9. Envoi des données d'Excel vers REGRESS via la macro complémentaire SIPINA.XLA
REGRESS est distribué de deux manières. Il peut être chargé et installé individuellement (http:
//eric.univ-lyon2.fr/~ricco/regress.html). Il peut être installé en même temps que la distribution
SIPINA (http://eric.univ-lyon2.fr/~ricco/sipina.html). Cette seconde solution est préférable.
En eet, il bénécie dans ce cas d'une intégration privilégiée dans Excel via la macro complémentaire
SIPINA.XLA. Tout comme TANAGRA ou SIPINA, il est dès lors possible de charger ses données dans
le tableur Excel, de procéder à toutes les opérations de préparation et de transformations possibles et
imaginables 4 , puis de les envoyer à REGRESS pour la modélisation (Figure 15.9).
REGRESS est exclusivement piloté par menu. En cela, il se rapproche de OPEN STAT (http://
www.statpages.org/miller/openstat/), un excellent logiciel gratuit et source libre, très complet, que
j'utilise souvent pour vérier mes calculs dans le domaine de la statistique 5 .
Après avoir spécié l'endogène et les exogènes dans la boîte de dialogue de paramétrage, les principaux
résultats apparaissent dans une fenêtre dédiée (Figure 15.10 ). Nous observons successivement : le tableau
d'analyse de variance avec la statistique F du test de signicativité globale ; le R2 et le R2 -ajusté ; la grille
des coecients, avec notamment leurs intervalles de conance à 95% (paramétrable).
La mise en oeuvre de REGRESS et l'accès aux résultats sont décrits dans un tutoriel accessible en ligne
(http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/2011/05/regress-dans-la-distribution-sipina.
html).
15.3 Le logiciel R
Comme pour Tanagra, plusieurs tutoriels relatifs à la pratique de la régression avec R sont disponibles
sur notre site web http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/. Mais, de toute manière, vous
trouverez de très nombreux documents gratuits et de qualité sur internet via Google. Citons, entres
autres, le fameux (parce précurseur) tutoriel de Julian J. Faraway, Practical Regression and Anova using
R, 2002 ; http://cran.r-project.org/doc/contrib/Faraway-PRA.pdf.
Et n'allez surtout pas acheter les livres qui prétendent présenter la régression et sa mise en oeuvre
avec R dans un chapitre de quelques pages, noyées au milieu de tout un tas de techniques statistiques,
décrites également de manière expéditive 6 . Ca ne vous servira pas à grand chose. Mis à part constater
que le label R fait vendre. Curieuse destinée pour un logiciel gratuit.
La procédure lm() lance la régression dans R (version 2.12.0). Les sorties paraissent éminemment
laconiques, voire lapidaires, dans un premier temps. Seuls les coecients sont achés (Figure 15.11).
6. Et ils sont nombreux, surtout en anglais. J'en ai moi-même acheté. Honte à moi. A part caler mon étagère,
je ne vois pas très bien à quoi ils peuvent servir.
Il ne faut pas s'arrêter à ce premier résultat. Si on connaît un peu R, on sait que des champs sont
associés à la grande majorité des objets de R. Pour en obtenir la liste, nous utilisons la commande
attributes(.). On se rend compte alors qu'on peut avoir accès aux coecients sous forme de tableau
($coef f icients), ça peut toujours être intéressant pour des manipulations ultérieures ; mais nous avons
également accès à d'autres informations comme les résidus ($residuals) (Figure 15.12).
Fig. 15.12. Accès aux champs de l'objet lm() de R - Consommation des véhicules
Les résultats détaillés viennent avec l'objet summary de lm. Nous obtenons le tableau de coecients
accompagnée cette fois du test de signicativité individuelle. Un rapport sur le test de signicativité
globale est également proposé (Figure 15.13).
Comme toujours dans R, nous avons accès aux champs de l'objet. Dans notre copie d'écran, nous
achons l'estimation de l'écart-type de l'erreur et la fameuse matrice (X ′ X)−1 (Figure 15.14).
A partir de là, toutes les post-traitements possibles et imaginables sont réalisables pour peu que l'on
sache transcrire les bonnes commandes.
Fig. 15.14. Accès aux champs de summary de lm() - Consommation des véhicules
(Akaike) ou, c'est paramétrable, le critère BIC de Schwartz. Les stratégies usuelles de recherche (forward,
backward, stepwise - bidirectionnelle) sont proposés.
Pour notre part, nous avons réalisé une sélection bacwkard avec pour point de départ la régression sur
la totalité des variables, et en demandant à ce que le détail des opérations soit aché. A la sortie, nous
obtenons un modèle avec les variables poids et puissance (Figure 15.15).
Fig. 15.15. Sélection de variables avec la commande stepAIC - Consommation des véhicules
J'utilise beaucoup Excel tout simplement parce que c'est l'outil dont je dispose pour mes cours à
l'Université Lyon 2. En réalité, le terme "tableur" est plus approprié. Dans cette optique, j'aurais tout
aussi bien pu utiliser le tableur CALC de la suite bureautique gratuite OPEN OFFICE (http://fr.
openoffice.org/) pour l'élaboration de ce document.
Ainsi, outre les fonctions de calculs standards et les opérations matricielles, Calc propose également la
fonction DROITEREG, avec exactement le même mode opératoire. Cela n'est absolument pas étonnant.
Il sait importer sans pertes (à ma connaissance) les chiers au format XLSX de Excel 2007 et 2010. Les
données et les formules sont préservées.
Par curiosité, j'ai inséré la fonction Droitereg de Calc sur les données "Consommation de véhicules"
(cf. l'expression dans la barre de formules), et j'ai copié (collage spécial valeurs) en dessous les valeurs
proposées par Excel. Tout doute, s'il y en avait un, est absolument levé quant aux capacités de calcul de
Calc en matière de régression (Figure 15.16) 7 .
Il est possible d'enrichir les fonctionnalité de Calc en intégrant des "greons" (add-on en anglais).
Le plus souvent, il s'agit de macro complémentaires qui installent de nouveaux menus dans Open Oce.
Ils permettent de faire le lien avec des logiciels externes. Ainsi, toute la gestion des données, opérations
Fig. 15.16. DROITEREG sous Open Oce Calc - Comparaison avec Excel
souvent fastidieuses, est dévolue au tableur. Les calculs scientiques sont en revanche réalisés à l'aide des
logiciels spécialisés. Chaque outil oeuvre dans l'espace qui lui est le plus favorable.
Parmi les innombrables add-ons disponibles, nous citerons volontiers, parce que faisant référence à
des logiciels gratuits que tout le monde peut charger et installer, ceux de Tanagra 8 et de R 9 .
8. http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/2008/03/connexion-open-office-calc.html
9. http://wiki.services.openoffice.org/wiki/R_and_Calc
Il est également possible d'intégrer des "greons" dans Excel. Tanagra en propose (tanagra.xla pour
Excel 2003 et versions antérieures 10 ; pour Excel 2007 et plus récentes 11 ). Je ne doute absolument pas
qu'il ne puisse y avoir de solutions analogues pour R (il sut de chercher un peu ).
Dans cette section, j'ai choisi de mettre en avant "l'utilitaire d'analyse" parce qu'elle fait partie de
la distribution standard d'Excel. Aucune installation additionnelle n'est requise. Parmi les techniques
statistiques proposées se trouve la régression linéaire. Par rapport à DROITEREG, ses sorties sont plus
riches, d'où l'intérêt de les décrire de manière détaillée.
Dans Excel 2007, l'utilitaire d'analyse est accessible dans l'onglet "Données". Nous sélectionnons la
régression linéaire. La boîte de paramétrage apparaît (Figure 15.17) :
10. http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/2008/03/importation-fichier-xls-excel-macro.html
11. http://tutoriels-data-mining.blogspot.com/2010/08/ladd-in-tanagra-pour-excel-2007-et-2010.
html
Nous spécions les plages de valeurs pour l'endogène et les exogènes. Nous pouvons sélectionner
les étiquettes de colonnes, il faut simplement préciser à Excel que la première ligne correspond aux
noms des variables dans ce cas.
Les résultats sont insérés dans une nouvelle feuille de calcul.
Nous pouvons, si nous le souhaitons, obtenir des indications détaillées concernant les résidus.
Les résultats sont achés dans une nouvelle feuille, conformément à notre paramétrage. Par rapport
à DROITEREG, les sorties sont mieux organisées, elles intègrent de surcroît les ratios intermédiaires
permettant de tester la signicativité globale de la régression (tableau d'analyse de variance, test de
Fisher) et la signicativité de chaque coecient (t calculé, probabilité critique). Les intervalles de conance
des coecients sont également fournies. Je ne sais pas du tout en revanche pourquoi les colonnes associées
sont dupliquées (Figure 15.18) 12 .
15.5 SAS
SAS est un logiciel connu des statisticiens, bien en place depuis de très nombreuses années déjà. Il
doit faire face à une concurrence de plus en plus accrue aujourd'hui. Beaucoup de praticiens se posent la
question du passage à d'autres logiciels libres (ou non) de qualité (KDnuggets Poll, Switching from SAS
to WPS, R..., http://www.kdnuggets.com/polls/2010/switching-from-sas-to-wps.html).
Je me contenterai d'une description assez succincte dans ce fascicule (SAS version 9.2). Pour le lecteur
désireux d'en apprendre plus sur la pratique de la régression sous SAS, je conseille l'excellent tutoriel
de Confais et Leguen (2005) [4] paru dans la non moins excellente revue gratuite en ligne MODULAD
(http://www-roc.inria.fr/axis/modulad/).
La régression sur les données "Consommation des véhicules" a été réalisée à l'aide des commandes
suivantes
Nous obtenons les sorties standards de la régression, à savoir : le tableau d'analyse de variance et les
ratios associés (test F de signicativité globale et R2 ), le tableau des coecients et le tests de signicativité
individuels (Figure 15.19). Les résultats sont bien évidemment les mêmes que ceux des autres logiciels.
Fig. 15.19. Régression avec la PROC REG de SAS - Consommation des véhicules
15.6 SPAD
SPAD (version 7.3) est un logiciel de traitement statistique qui a fait les beaux jours de l'analyse de
données "à la française". Depuis quelques années, il étend ses compétences en investissant, entres autres,
les domaines de la modélisation et du data mining.
Nous avons construit une lière pour réalisé la régression linéaire multiple (Figure 15.20). Le com-
posant dédié "Régression Anova" encapsule plusieurs techniques connexes : la régression, l'analyse de
variance (anova) et l'analyse de covariance. Dans notre étude, la variable à expliquer est quantitative, les
facteurs simples également, nous opérons bien une analyse de régression.
Les résultats peuvent être visualisés de diérentes manières. Pour ma part, je préfère l'éditeur de
résultats car il permet d'obtenir directement une vision globale : tous les éléments importants tiennent
sur une seule page (Figure 15.21). L'autre option est de transférer les résultats dans le tableur Excel, la
présentation est certainement meilleure, mais le test de signicativité globale et la grille des coecients
sont sur deux feuilles diérentes. Tout dépend des souhaits de l'utilisateur en dénitive.
15.7 SPSS
Nous lançons la régression linéaire standard (Analyse / Régression / Linéaire...) dans SPSS version
12.0. Dans le fenêtre de rapport sont achés : le tableau indiquant la qualité globale du modèle (R2 , σ̂ε ) ;
le tableau d'analyse de variance et le test F d'évaluation globale du modèle ; la grille des paramètres de
la régression avec les coecients standardisés et les tests individuels de signicativité (Figure 15.22).
Fig. 15.22. Rapport relatif à la Régression Linéaire sous SPSS - Consommation des véhicules
15.8 STATISTICA
Ma version de STATISTICA est plutôt ancienne (version 5.5). Mais bon, la régression telle que nous
l'abordons n'ayant pas connu de bouleversements théoriques forts ces dernières années (enn j'imagine),
nous pouvons considérer que les sorties restent d'actualité.
Les données ont été importées, nous lançons la régression en spéciant la variable dépendante (en-
dogène) et les variables indépendantes (exogènes). Nous obtenons un bilan global de la régression dans
une première fenêtre (Figure 15.23). Nous y trouvons le coecient de détermination R2 , la valeur de la
statistique F , l'écart type estimé de l'erreur, etc.
Fig. 15.23. Régression linéaire avec STATISTICA - Premiers résultats - Consommation des véhicules
Fig. 15.24. Grille des coecients estimés sous STATISTICA - Consommation des véhicules
Cette fenêtre nous permet d'accéder à d'autres résultats.Si nous cliquons sur le bouton "Synthèse de
régression" par exemple, nous obtenons la grille des coecients avec les tests de signicativité individuels.
Notons que STATISTICA propose directement les coecients standardisés (BETA) (Figure 15.24).
D'autres analyses sont possibles bien évidemment. Si nous actionnons le bouton "Analyse des résidus",
nous accédons à un panneau de commande particulièrement complet permettant de scruter en détail les
caractéristiques des résidus de la régression (Figure 15.25). Nous pouvons obtenir, entres autres, la "Droite
de Henry" (graphique Q-Q Plot ; [13], chapitre 1) permettant de vérier la compatibilité de la distribution
observée des résidus avec l'hypothèse gaussienne (Figure 15.26).
Fig. 15.25. Panneau de commande de l'analyse des résidus sous STATISTICA - Consommation des véhicules
Fig. 15.26. Droite de Henry (Q-Q Plot) sous STATISTICA - Consommation des véhicules
Sur des calculs reposant sur des algorithmes déterministes et maîtrisés (opérations matricielles), les
logiciels fournissent des résultats identiques. Le contraire aurait été inquiétant. Après, privilégier tel ou tel
outil dépend essentiellement d'autres considérations comme la possibilité d'initier des calculs supplémen-
taires simplement (tests statistiques additionnels...), les facilités en termes de manipulation de données
(data management ), l'accès au logiciel, etc. Il dépend aussi, soyons honnête, de la culture ambiante dans
lequel évolue le statisticien.
Ce document n'est pas gé. Il est appelé à évoluer dans le temps. Dans cette annexe, nous détaillerons
au fur et à mesure son évolution. Le numéro de version est indiquée sur la couverture. En bas de page,
nous avons la date et l'heure de la compilation. Toute modication un tant soit peu importante (rajout
de section, réorganisation) induit un nouveau numéro de version. Un simple erratum en revanche n'est
pas explicitement indiqué (coquilles, fautes d'orthographes), il faut se référer à la date de compilation
dans ce cas.
1. Version 1.0 - Première version de ce fascicule, terminée et diusée au mois de mai 2011. Elle
comporte 15 chapitres.
2. Version 1.1 - Rajout de la section consacrée à la contribution des variables dans la régression
via la décomposition du R2 (section 13.3).
Plusieurs exemples illustrent les sujets traités dans ce document. L'énorme avantage de la distribution
par le web est que nous pouvons diuser les chiers de données avec les calculs associés.
Tous les chiers sont au format Excel. Vous avez du le remarquer, chaque copie d'écran est accompa-
gnée en bas de page d'une double référence : le nom du chier (.xlsx - Excel format 2007) et le nom de la
feuille. Vous pouvez ainsi étudier dans le détail la séquence de calculs réalisée pour obtenir les résultats
décrits dans le document.