De Colonisation
De Colonisation
De Colonisation
1 PRÉSENTATION
Décolonisation, processus historique qui a conduit les pays colonisés à l’accession à l’indépendance.
La décolonisation, entamée dans les années trente par les Britanniques, est devenue une issue inévitable
après l’effondrement de la puissance et du prestige des métropoles durant la Seconde Guerre mondiale.
Elle s’est déroulée en plusieurs étapes : de 1945 à 1954, la plupart des pays d’Asie s’émancipent ; de
1945 à 1965, c’est le tour des anciennes colonies en Afrique ; de 1965 à 1991, on assiste à une
troisième phase qui voit s’achever la décolonisation et les derniers territoires dominés accéder à la
liberté, tandis que l’éclatement de l’Union soviétique marque la fin du processus.
Enjeu de nombreux conflits, source de frustration pour les pays qui, tels l’Allemagne et l’Italie,
s’étaient lancés tardivement dans l’aventure, la colonisation a été l’un des phénomènes majeurs de
l’histoire mondiale au XIXe siècle et dans les premières décennies du XXe siècle. Cependant, le
système colonial, tant par ses justifications que par son application, contenait en germe sa propre
disparition.
2 LES PRÉMISSES
Caricature du colonialisme
En 1823, le président des États-Unis James Monroe prononce un discours au Congrès dans lesquel il
dénonce l’impéralisme européen en Amérique latine. Rapidement élevé au rang de doctrine — la
doctrine Monroe —, ce discours devient la base de la politique extérieure des États-Unis.
Sur cette caricature du milieu du XIXe siècle, l’aigle américain (la doctrine Monroe entre les serres)
protège les pays libres de son continent de l’impérialisme du lion britannique (faisant son marché dans
ses colonies).
La colonisation se voit justifiée non seulement par les avantages économiques qu’elle représente pour
les puissances européennes, mais aussi par le développement qu’une telle situation assure aux pays
colonisés. Selon la doctrine admise alors, la colonisation est devenue un système d’échanges entre les
métropoles, qui vendent leurs produits manufacturés à leurs possessions d’outre-mer, et ces dernières,
qui apportent leurs ressources et leur main-d’oeuvre. L’action « civilisatrice » des pays européens doit
surtout permettre aux populations soumises d’accéder progressivement au niveau social, culturel et
moral des puissances colonisatrices ; à terme donc, la colonisation doit disparaître. Mais les termes de
cette échéance demeurent fort lointains dans l’esprit des métropoles. Certes, la participation des
colonies à l’effort de guerre entre 1914 et 1918 a suscité l’espoir de voir se modifier les rapports entre
les deux parties, mais, dès 1919, les puissances coloniales reprennent comme avant leur domination.
Seules les colonies de peuplement comme le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du
Sud voient leur situation se modifier, passant d’un statut de subordination à une position d’égalité au
sein du Commonwealth.
Cependant, même si durant l’entre-deux-guerres les puissances coloniales ne voient pas la stabilité de
leurs empires remise en cause, les idées nationalistes chez les peuples colonisés connaissent un essor
certain.
Le retard économique des pays coloniaux s’avère très important et les métropoles ne font rien pour le
combler. Au contraire, elles s’en tiennent à l’idée que chaque colonie doit pouvoir prendre en charge
ses propres investissements pour se développer et coûter le moins possible aux contribuables
européens. Mais, ce faisant, les puissances coloniales doivent s’appuyer sur les autorités traditionnelles
pour administrer les différents pays, permettant ainsi aux cadres administratifs et politiques des futures
indépendances de se mettre en place.
La colonisation favorise surtout l’apparition et le développement d’élites locales, commerçants,
négociants, bourgeois et intellectuels, qui restent exclues du pouvoir confisqué par les colons et le
personnel de la métropole. Leurs frustrations les incitent à se radicaliser peu à peu et à abandonner
leurs revendications tendant à l’assimilation pour devenir nationalistes. Formés en métropole, frottés à
la culture et aux idées occidentales, ils utilisent les valeurs telles que l’état- nation, la république, le
socialisme ou le libéralisme pour dénoncer le colonialisme et justifier leurs revendications à
l’indépendance.
Dans le même temps, en Europe, dès 1919, se diffusent les idéaux défendus par le président Thomas
Woodrow Wilson, concernant en particulier le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, thème qui
rencontre chez les colonisés une forte résonance, ainsi que ceux de l’anticolonialisme et du
communisme, qui fait de la lutte anti-impérialiste l’un des points principaux de son programme. Cette
diffusion favorise l’émergence d’un courant intellectuel et politique hostile au maintien de l’empire
colonial, qui s’efforce en métropole même de soutenir, voire de relayer, les mouvements
indépendantistes. Plusieurs tentatives ont lieu pour répondre à cette attente mais, soit que les solutions
envisagées aient été trop timides, soit que les colons s’y soient opposés fortement, elles n’aboutissent
pas, comme en témoigne l’échec du projet Blum-Violette visant, en 1936, à octroyer le droit de vote à
25 000 Algériens.
Dans les colonies mêmes, les premiers mouvements s’esquissent et connaissent parfois le succès. En
Égypte, le parti nationaliste, le Wafd, triomphe lors des élections de 1924 ; il accède ainsi au pouvoir et
incite les Britanniques à négocier l’évacuation de leurs troupes du pays (1936) sauf dans la zone du
canal de Suez. De même, en Irak, les Britanniques préfèrent prendre les devants et signent avec les
Irakiens un accord leur permettant de conserver des bases militaires tout en accordant la souveraineté à
Bagdad.
D’autres actions jettent les bases d’une future indépendance et ont, par leur portée symbolique, un
retentissement mondial qui favorise la prise de conscience du problème par l’opinion publique
internationale, comme les campagnes de boycott menées en Inde dans les années trente par Gandhi
sous le signe de la non-violence.
De nombreux partis, futurs cadres politiques de l’action nationaliste, se créent également : dans les
Indes néerlandaises, le Parti nationaliste indonésien (PNI), fondé par Sukarno en 1927 ; en Tunisie, le
Néo-Destour, par Habib Bourguiba en 1934 ; en Algérie, l’Étoile nord-africaine (1926), puis le parti du
Peuple algérien (1936), par Messali Hadj. Dans le même temps, l’essor du communisme dans les
colonies entraîne la fondation de nombreux partis communistes, tel celui du Viêt Nam par Hô ChF
Minh en 1930.
Des révoltes se font jour, principalement dans l’empire colonial français, notamment au Liban où les
Druzes se soulèvent en 1925, en Indochine (mutinerie de Yen Bay en 1931) et surtout au Maroc (guerre
du Rif, de 1925 à 1926 contre les Français), à chaque fois très lourdement réprimées par l’armée
française, le général Sarrail n’hésitant pas, pour mater les Druzes, à faire bombarder Damas.
À cette remise en cause économique du système colonial s’ajoute également une forte pression de la
part des deux « super-grands », les États-Unis et l’URSS, à l’égard surtout de la France et de la Grande-
Bretagne. Américains et Soviétiques voient dans la décolonisation le moyen non seulement d’affaiblir
les États européens mais également de consolider leur nouvel ordre mondial. Favorisant les
mouvements indépendantistes, ils entendent bien prendre la place des anciennes puissances coloniales
tout en se gardant de mener la même politique dans leurs zones d’influence respectives. L’anti-
impérialisme n’empêche pas l’URSS de maintenir sa domination sur l’ex-empire tsariste et sur les pays
satellites d’Europe centrale et orientale ; le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne modifie pas
l’attitude des États-Unis en Amérique latine, qu’ils considèrent comme leur chasse gardée. Mais leur
soutien aux peuples colonisés joue néanmoins un rôle important dans la décolonisation.
À partir de 1950, cette dernière connaît une phase d’accélération grâce aux premiers succès enregistrés
par les mouvements nationalistes. Les pays ayant accédé à l’indépendance deviennent en effet des
références pour les États encore sous tutelle, qui se lancent à leur tour dans la lutte anticolonialiste.
L’indépendance de l’Inde puis de l’Indonésie, la création de la Ligue arabe (1945), la conférence de
Bandung (1955) ou bien encore la guerre d’Indochine (1946-1954) nourrissent les revendications des
peuples coloniaux et conduisent les métropoles à infléchir leur politique.
Mal préparées à cette décolonisation, elles ne savent pas, le plus souvent, mener le processus
conduisant à l’indépendance de la colonie. Cette impuissance à trouver une solution politique est en fait
en grande partie due à la nature même de la colonisation. Les relations politiques et économiques entre
la métropole et ses colonies ont pour conséquence une désagrégation des structures sociales dans les
pays colonisés. S’appuyant sur des élites traditionnelles ou bien les désagrégeant, sur certaines ethnies
au détriment d’autres, suscitant de nouvelles élites occidentalisées tout en les excluant des véritables
responsabilités, les puissances coloniales nourrissent de violentes contradictions favorisant l’émergence
de mouvements nationalistes complexes et tiraillés, où se mêlent modernité (État laïc, socialisme) et
tradition (clans, identité culturelle et religieuse), contribuant à rendre la décolonisation plus difficile,
voire plus violente. Aussi l’accession à l’indépendance s’accompagne-t-elle souvent de conflits
interraciaux ou religieux que les métropoles n’ont fait qu’entretenir par la colonisation et n’ont pas su
apaiser au moment de la décolonisation. Le désengagement soudain et total de la Belgique au Congo
comme au Rwanda et au Burundi est suivi de terribles guerres civiles. De même, le départ des
Britanniques en Inde s’accompagne en 1947 d’un conflit entre hindous et musulmans (voir indo-
pakistanais, conflit) qui s’achève par la partition du sous-continent et la création de deux États séparés :
l’Inde et le Pakistan.
Cependant, l’ampleur prise par le problème au lendemain de la Seconde Guerre mondiale conduit les
principales puissances coloniales à s’interroger sur l’avenir de leur empire. La réponse des métropoles
à cette situation est très différente selon les cas mais deux grandes stratégies se dégagent.
Après avoir manifesté une certaine inertie afin de préserver une sécurité illusoire, la France s’engage
dans la voie de la répression pour sauvegarder ses intérêts. Certes, la conférence de Brazzaville, sous
l’impulsion du général de Gaulle en 1944, insiste sur les progrès économiques et sociaux à mener dans
l’empire. La création de l’Union française, par la Constitution de 1946, tente également de favoriser
l’autonomie administrative des colonies : elle garantit l’accès des autochtones à tous les emplois, et leur
donne une représentation politique plus large. La France semble s’engager dans une solution fédéraliste
et témoigne de sa volonté conciliatrice. Mais, très vite, la peur de voir se désagréger l’empire amène les
gouvernements de la IVe République à mener une politique répressive.
L’influence notamment de la tradition jacobine fait que la France préfère se lancer dans la voie de la
progressive assimilation par une intégration complète des colonies à la métropole, qui doit à terme faire
de tous les autochtones des citoyens français.
La Grande-Bretagne, qui avait pris conscience du problème dès l’entre-deux-guerres, tente de profiter
des structures souples et évolutives du Commonwealth mises en place par le traité de Westminster en
1931, pour favoriser l’instauration d’un self-government des élites locales, afin de garder des liens
politiques, et plus encore économiques. L’idée de domination doit être remplacée par celle
d’association volontaire.
L’arrivée au pouvoir des travaillistes en 1945 favorise cette évolution. Le financement du Welfare
State (État-providence) voulu par les travaillistes, suppose en effet une réduction des autres dépenses,
donc un abandon progressif de l’empire, et ce d’autant plus que, pour la gauche britannique, l’empire a
constitué les bases qui ont permis aux élites conservatrices d’asseoir leur pouvoir.
Ces pays africains sont suivis par les possessions anglaises aux Caraïbes. La plupart de ces nouveaux
États restent membres du Commonwealth. D’ailleurs, la demande d’adhésion de la Grande-Bretagne au
Marché commun en 1962 manifeste l’évolution économique et politique des Britanniques qui, du
repliement sur leur empire, passent à une stratégie d’intégration européenne témoignant du recul de
l’influence britannique dans le monde. Quasiment exclus du Proche et du Moyen-Orient, où les pays de
la zone se regroupaient dans le pacte de Bagdad sous la protection des Américains, les Britanniques
connaissent les mêmes déboires avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie qui intègrent I’ANZUS
(abréviation de Australia, New Zeland and United States), préférant Washington à Londres.
L’absence de violence et la relative facilité de ces diverses entreprises de décolonisation incitent
nombre d’historiens à mettre en avant l’exemple de la Grande-Bretagne, instaurant un parallèle avec les
autres empires coloniaux tels que ceux de la France, des Pays-Bas et du Portugal, États qui n’ont pas su
conduire le processus d’accession à l’indépendance de leurs possessions d’outremer et ont eu à
supporter des guerres longues et coûteuses. Mais cette opposition ne recouvre que partiellement la
réalité.
En effet, la France a su réussir la décolonisation de l’Afrique noire. Grâce aux différentes étapes que
sont l’Union française (1946), puis la loi-cadre Defferre qui établit un régime d’autonomie interne, la
transition réformatrice est privilégiée et aboutit à une émancipation progressive et pacifique. L’absence
d’intérêts économiques majeurs et d’une forte minorité d’Européens dans ces colonies favorisent la
mise en place de cette solution, ainsi que l’attitude des grands meneurs indépendantistes africains, aux
idées et à la culture francophiles, qui mènent une stratégie souple, ne s’engageant jamais dans
l’affrontement direct avec la métropole mais au contraire y cherchant des appuis. Félix Houphouêt-
Boigny, député de Côte d’Ivoire à l’Assemblée nationale (1946-1959) et plusieurs fois ministre sous la
Ive République, fondateur du Rassemblement démocratique africain (RDA), et Léopold Sédar Senghor,
partisan d’un métissage entre la culture française et ses racines africaines, jouent un rôle primordial
dans cette évolution. Et même si la Communauté française — créée par de Gaulle en 1958, qui instaure
une autonomie interne complète tandis que la politique extérieure reste du domaine de la France — est
un échec sur le plan politique, les pays africains accédant à l’indépendance sans conserver aucun lien
avec la métropole, elle permet à la France de maintenir de bonnes relations avec les pays de l’Afrique
équatoriale française (AÉF) et de l’Afrique occidentale française (AOF), qui demeurent dans sa zone
d’influence.
La même situation se présente au Maroc et en Tunisie, où la France joue la fermeté dans un premier
temps : l’arrestation de Bourguiba et des meneurs nationalistes tunisiens, la déposition et la déportation
du sultan Mohammed V sont la réponse initiale de la métropole face à un mouvement indépendantiste
qui ne cesse de se développer. Cependant, Pierre Mendès France et son successeur, Edgar Faure,
prennent vite conscience du fait que la France n’a pas les moyens de mener de front de nouvelles
guerres coloniales, alors que l’Algérie réclame de plus en plus de moyens, et préfèrent donc
accompagner le processus de décolonisation, tout en préservant les liens politiques et économiques,
c’est-à-dire l’essentiel. Cependant, même si le Maroc et la Tunisie accèdent rapidement à
l’indépendance (1956), ces deux pays cherchent des appuis, auprès des Américains notamment, pour
prendre leurs distances avec la France, et soutiennent dans sa lutte le Front de libération nationale
(FLN) algérien.
Bien que plus tardive, la décolonisation espagnole se déroule également de façon plutôt pacifique.
Entre 1968 et 1976, l’Espagne rétrocède l’enclave d’Ifni au Maroc, qui se partage avec la Mauritanie,
en 1976, le Sahara-Espagnol, tandis que les anciens territoires du RFo Muni et de
Fernando. Poo deviennent indépendants en 1968 sous le nom de Guinée équatoriale. De son empire
jadis si vaste, l’Espagne ne conserve alors plus que les présides de Ceuta et de Melilla ainsi que les
Canaries.
Enfin, en Algérie, la France s’engage dans l’une des plus longues guerres de la décolonisation (1954-
1962) contre le FLN, en raison de la présence d’une forte minorité de colons (voir Algérie, guerre d’).
Dans cette lutte sans merci, l’échec de l’expédition de Suez (1956) marque un tournant décisif en
manifestant que la France ne peut plus agir sans l’assentiment des Américains et qu’un Arabe,
l’Égyptien Gamal Abdel Nasser, l’a mise en échec.
Malgré l’envoi du contingent et un succès militaire sur le terrain, la France ne peut cependant se
maintenir en Algérie ; le général de Gaulle, arrivé au pouvoir grâce à la pression des colons et de
l’armée, sait conduire le processus menant à l’indépendance — acquise lors des accords d’Évian,
signés le 18 mars 1962 — qui met fin à cent trente années de présence française.
7 UN BILAN CONTRASTÉ
Laissant de lourdes séquelles dans la mémoire des peuples colonisés, la décolonisation a marqué une
étape majeure de l’histoire des pays d’Afrique et d’Asie, et rares sont ceux qui ont vécu sans trouble
cette transition essentielle.
Des États-nations se sont certes formés mais ils ont été l’objet de nombreuses convoitises par les deux
« super-grands », en raison de leurs richesses minières ou de leur importance
géostratégique. Surtout, contraints de devoir choisir leur camps dans le contexte de la guerre froide et
de la lutte entre les deux blocs, ils ne sont pas parvenus, malgré leur désir affiché, à donner une force et
un contenu suffisant à ce qu’ils voulaient instaurer comme troisième voie entre capitalisme et
socialisme.
Pour certains pays d’Asie, il leur a fallu adhérer à des organisations régionales dominées par les États-
Unis. Dans l’ensemble, les pays non-alignés n’ont pu rester dans l’esprit de la conférence de Bandung.
Surtout mal préparés à accéder à l’indépendance, nombre d’entre eux ont été la proie, dès leur
indépendance, de violents conflits politiques ou interéthniques qui se sont amorcés avec le départ de la
puissance coloniale.
En métropole aussi, la perte des possessions d’outre-mer a eu de nombreuses conséquences. Si elle a
généralement été bénéfique pour les économies des ex-puissances coloniales, qui, comme les Pays-Bas,
ont ainsi dès lors pu financer leurs propres infrastructures, en revanche, les conséquences politiques et
sociales ont parfois été très lourdes : le rapatriement des colons et des indigènes qui avaient choisi le
camp de la métropole a posé de nombreux problèmes de logement, de réinsertion et de chômage, sans
compter que le poids des relations historiques avec les anciennes colonies a favorisé une importante
immigration vers les États européens.
L’ère des empires coloniaux a vécu, laissant place à un monde toujours plus morcelé, comme en
témoigne le nombre sans cesse croissant des pays membres de l’Organisation des Nations unies (ONU)
: de cinquante en 1945, ils sont passés à plus de cent quatre-vingt aujourd’hui.
Ce morcellement s’est d’ailleurs encore accéléré avec la chute du mur de Berlin (1989) et
l’effondrement du bloc de l’Est. L’Union soviétique n’y a pas résisté ; elle a éclaté en décembre 1991
face aux revendications nationalistes des ex-républiques composant son empire, au terme de conflits
brefs mais violents, notamment en Arménie, en Azerbaïdjan et dans les États baltes.
Cet éclatement marque d’une certaine façon la fin de la décolonisation.
Cependant, quelles que soient les voies choisies — libéralisme, socialisme, système étatique fort ou
État théocratique —, les pays qui ont accédé à l’indépendance demeurent soumis aux exigences de
l’économie-monde et cette mondialisation a favorisé le maintien, voire l’accentuation, de leur
dépendance envers les anciennes métropoles.