Rentabilite Projet
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Rentabilite Projet
Conduite de projet
ments effectués. La variété sans tions, etc. ; comparer éventuellement les projets
cesse croissante des applications entre eux. En outre, l’étude de rentabi-
informatiques est sans doute un • de projets « partenaires » : extra-
lité permet de définir une feuille de
net, EDI, etc.
point positif pour développer ces route du projet (délais, conditions,
pratiques. En effet, les projets visant La rentabilité s’évalue en comparant risques, etc.) et donc de piloter sa réa-
l’aide à la décision, l’échange ou le des situations possibles futures et en lisation en toute connaissance de
partage d’informations, la capitalisa- les analysant au niveau des coûts cause.
tion de savoir ou de savoir-faire sont, générés et des bénéfices escomptés.
par rapport aux projets plus tradi- Le calcul des coûts n’est pas indé- 2.2. Le périmètre concerné
tionnels d’automatisation, plus inti- pendant de l’infrastructure informa-
Il résulte des multiples dimensions
mement liés au fonctionnement de tique existante – par exemple, selon
d’un projet ou d’un système exis-
l’entreprise ainsi qu’aux moyens mis qu’il faut acquérir des matériels et
tant, comme indiqué ci-après :
en œuvre pour réaliser la stratégie logiciels ou qu’il suffit d’obtenir une
de l’entreprise. Et comme dans extension de licences logicielles – ni (voir figure 1)
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Conduite de projet dossier
communication – papier, inter-
Intégration net, wap, etc.
Niveau de maturité
Développements • Organisation : sauf en cas d’au-
Évolution
Environnement tomatisation pure, il est rare
Processus informatique que l’organisation en place
existant avant le projet perdure en l’état.
Lorsqu’il s’agit de nouvelles
technologies, en tirer la quintes-
sence – et donc la rentabilité –
Projet / suppose de revoir les méthodes
Système informatique de travail et les ressources. Ne
serait-ce que parce que cer-
taines tâches disparaissent,
d’autres évoluent, d’autres
Organisation : encore sont ajoutées. L’exemple
– Ressources de la gestion électronique de
Compétences
– Activités documents est assez flagrant :
les charges de recherche d’in-
Valorisation Efficacité formation sont réduites à zéro
Réactivité ou à peu près, alors que celles
Conduite du changement
d’entrée des documents –
numérisation, indexation – sont
Figure 1 – Les dimensions d’un projet ou système informatique.
sensiblement alourdies et la
rentabilité est alors directement
fonction du taux d’utilisation
En effet, la rentabilité d’un projet tégration avec un nouveau projet des documents concernés.
dépend très largement de son informatique, l’impact sur l’exis- Il faut donc avoir défini, au moins à
contexte d’utilisation, dans la mesure tant peut être quasi-nul – lorsqu’il
grande maille, comment le système
où les bénéfices apportés se situent s’agit d’une simple juxtaposition
d’application – ou au contraire va fonctionner avant de réaliser
le plus souvent hors du périmètre de l’étude de rentabilité. C’est en tout
très profond et aller jusqu’à la sup-
la DSI. Par exemple, mettre en place état de cause le rôle de l’étude préa-
pression de toute ou partie d’ap-
un intranet d’entreprise n’a poten- plications existantes. Ainsi, la mise lable qui détermine les enjeux, les
tiellement aucun gain possible au en œuvre d’un CRM – Gestion de risques, les points forts et faibles du
niveau de la DSI, sauf pour la part la relation client – rend souvent projet. C’est aussi à ce moment-là
marginale relative à ses propres caduques des applications pré- qu’il faut étudier la rentabilité du
employés, en tant que personnel de existantes comme la gestion des projet.
l’entreprise. portefeuilles commerciaux ou des
réclamations clientèle.
Évaluer la rentabilité passe donc au 2.3. Les principes de l’étude
préalable par la définition des évolu- • Compétences : la mise en œuvre
de rentabilité
tions de chacune des dimensions, en d’un projet s’accompagne sou-
vent d’un accroissement des Ce sont les suivants :
particulier :
compétences, facteur clé de la • définir les alternatives possibles,
• Processus : la dématérialisation rentabilité. Ainsi, lors de la mise
d’informations induit des boule- en œuvre d’une gestion de cata- • calculer les coûts complets,
versements des processus exis- logue de produits industriels, les • définir et argumenter les hypo-
tants. Ainsi, la dématérialisation
• La revue n° 80 - Septembre 2005
à l’accompagnement des utilisa- conduit à trop rarement réaliser comptabiliser les mêmes gains
teurs, ces gains. sous plusieurs formes. Ainsi
• de manière générale, une sous- • Action sur les coûts : c’est le plus l’évolution de la productivité du
estimation fréquente des souvent la réduction des coûts – personnel commercial peut se
charges internes à l’entreprise, d’achats, de production d’infor- traduire soit en gain de produc-
mations, de support aux clients, tivité soit en augmentation des
• la non-prise en compte des aléas ventes – le temps ainsi gagné
etc. – qui sont dûs au projet ou à
– techniques ou technologiques l’application. Ces gains sont étant réutilisé pour vendre
en particulier – par les maîtrises notamment visibles dans tous davantage. Il est toujours préfé-
d’œuvre, les projets de rationalisation rable de présenter les gains sous
• des calendriers de réalisation d’un existant informatique. la forme d’accroissement de
des projets souvent trop serrés, Ainsi, la mise en place d’un valeur plutôt que de gains de
qui minimisent notamment tous annuaire centralisé, la migration productivité, même s’il ne faut
les coûts de fonctionnement et d’une application obsolète vers pas oublier de préciser les condi-
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Conduite de projet dossier
tions effectives de réalisation de 2.3.4. Calculs de rentabilité rentabilité différents. Par exemple, si
ces gains. le projet suppose des gains en
Tous les calculs de rentabilité sont
• Les hypothèses utilisées et leur matière d’accès à l’information et
fondés sur l’évolution du compte
sensibilité : lorsqu’on effectue les d’exploitation de l’entreprise et qu’une reprise d’existant est néces-
études de rentabilité, il faut s’ef- saire, il est souhaitable que le sous-
donc sur les flux nets de trésorerie,
forcer de chiffrer les « mieux », projet de reprise d’existant soit initié
c’est-à-dire, la différence entre les
« plus vite », « plus fiable », dès le démarrage du projet, afin que
« meilleure qualité ». Ainsi, si par gains et les coûts, majorés des inves-
tissements, le tout étant minoré des lors du déploiement, ces gains puis-
exemple, on souhaite réduire un sent effectivement être réalisés ; en
taux de réclamation, il faut pro- impôts et taxes. De multiples indica-
teurs existent, qui résultent d’ap- effet, si la reprise de l’existant est
bablement effectuer le calcul de
proches différentes : effectuée après le déploiement des
rentabilité en faisant varier ce
outils, ces gains ne se feront que plus
taux (de – 5 % à – 20 % par • Le délai de recouvrement – pay-
exemple). Cet exercice est riche tard, grevant ainsi la rentabilité du
back period – est le délai au-delà
d’enseignement, car il permet duquel les gains dépassent les projet. En matière de processus, dès
de mieux comprendre sur quoi coûts, c’est-à-dire que le flux net lors qu’une évolution est requise, la
repose la rentabilité. C’est aussi de trésorerie est nul. C’est le stratégie du « big bang » est souvent
une façon de présenter le projet meilleur indicateur pour les pro- la plus rentable, surtout lorsqu’elle
ou le système avec des objectifs jets informatiques, qui trop sou- exploite au mieux les apports des
simples : « le projet est rentable vent dérapent en délais et coûts. technologies ; toutefois, ceci doit
à 2 ans si le taux de réclamation • La valeur nette actualisée (VAN) : être nuancé en fonction des change-
baisse de10 % », les 10 % deve- c’est sur une période donnée, le ments induits, notamment au niveau
nant alors l’objectif clé du projet. cumul des flux nets actualisé en des compétences et des transferts
tenant compte d’un taux de l’ar- de tâches. Ainsi, la lecture automa-
2.3.3. Les risques gent. Ce chiffre indique la valeur tique de formulaires sur support
du système mis en place à l’hori- papier dans une administration, si
Tout projet informatique comporte
zon donné. Une VAN négative elle apporte des gains évidents en
des risques informatiques bien sûr – est la démonstration d’un projet
techniques et technologiques – mais matière de saisie de données, a
non rentable.
aussi relatifs à la mise en œuvre : comme impact de changer radicale-
• Le taux interne de rentabilité : ment le métier des personnels du
délai, refonte des processus, appro-
c’est le taux qui rend nul la VAN, Service Courrier, lequel devient pro-
priation des outils par les utilisa- soit le taux maximum auquel il
teurs, évolution des postes et des ducteur d’information et non plus
est possible d’emprunter pour
méthodes de travail. Il est fréquent routeur de documents. Ce qui ne se
que le projet soit rentable. Ce
que les gains les plus importants taux est très souvent très élevé fait pas en un jour…
soient aussi ceux entachés d’un dans les projets informatiques, Optimiser la rentabilité, c’est donc
maximum de risques. Ainsi, si on mais pas très significatif, les trouver le meilleur compromis pos-
décide par exemple de dématériali- investissements s’effectuant sible entre un maximum de gains et
ser les échanges avec les clients – massivement au démarrage du un minimum de risques. En pratique,
projet.
dans une application de CRM – il est ces deux objectifs sont contradic-
indispensable que les utilisateurs Toutefois, la rentabilité ne s’exprime toires. Néanmoins, l’optimisation de
accordent pleine confiance aux pas uniquement par un chiffre. Elle la rentabilité doit être la préoccupa-
informations gérées dans le nou- traduit aussi les conditions de réali- tion des responsables de projet, tant
veau système. Si les pratiques ini- sation effective des gains, surtout au niveau de l’étude de rentabilité
tiales étaient de renseigner peu d’in- lorsqu’il s’agit de gains de personnel qu’au niveau du pilotage du projet.
formations dans le système d’infor- – qui comptent souvent pour près
• La revue n° 80 - Septembre 2005
mation et de conserver des dossiers de 50 % des gains apportés par les 2.3.6. Mesurer la rentabilité effective
« personnels » sur support papier, le technologies –, conditions qui relè- Une fois le projet déployé, la mesure
risque du non-partage d’informa- vent du management de l’entreprise de la rentabilité effective, après une
tions est réel. Au-delà de ce risque, et pas des technologies en tant que courte période de quelques mois
c’est le principe même de la mise en telles. pendant lesquels les ajustements
commun des informations clients peuvent être possibles, est indispen-
par l’ensemble du personnel appelé 2.3.5. Optimisation de la rentabilité
sable. Elle est souvent riche d’ensei-
à communiquer avec lui qui est Lors de l’étude de rentabilité – qui gnements, ne serait ce que pour
remis en question. L’analyse des s’effectue, pour les projets, au chiffrer des éléments difficiles à esti-
risques éclaire bien souvent les moment de l’étude préalable – il est mer avant le projet ou pour mettre
conditions effectives de réalisation fréquent que l’organisation même en évidence des indicateurs de per-
des gains et à ce titre, fait partie inté- du projet fournisse selon les formance additionnelle. Ainsi, il est
grante de l’étude de rentabilité. variantes possibles, des niveaux de des éléments difficiles à mesurer, ce
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dossier :Conduite de projet
qu’on appelle dans la littérature les • défaut d’alignement straté- scénariste, le réalisateur et ses
gains « intangibles » : impact des gique, équipes, et les acteurs.
délais de réponse aux clients sur leur • trop faible implication du mana-
fidélité, impact d’une fourniture d’in- gement,
formations fiabilisée sur la prise de • ignorance des évolutions néces- Bibliographie
décision, etc. saires des processus,
AFAI – Rentabilité des projets informa-
• insuffisance d’accompagne- tiques : méthode, outils, cas pratiques.
ment du changement,
3. En conclusion Paris, 2004. Collection Pratiques
• absence d’indicateurs de perfor- Professionnelles
La littérature regorge de chiffres mance pertinents et de leur suivi.
alarmants montrant que 50 à 80 % Ghenassia Bruno, Fustec Alan : Votre
L’informatique, c’est un peu comme informatique est-elle rentable ? Paris,
des projets d’introduction de nou- l’industrie cinématographique. Un
velles technologies (E-business, Édition d’Organisation, 2004.
film a très gros budget peut parfai-
CRM, GED, KM, entre autres) sont des tement aboutir au pire navet. Cela Peaucelle Jean-Louis. Informatique
échecs. Mais les motifs sont toujours ne dépend pas du budget, mais rentable et mesure des gains. – Paris,
les mêmes : aussi et surtout de l’alchimie entre le Hermès. 1997.
L’étude de la rentabilité des projets informatiques, c’est un piège : « si on ne le fait pas, on vous le reproche ; et si on le fait,
personne n’y croit. » Voilà le décor planté. Pourtant, cela n’est pas si difficile. Pour une direction générale ou un DSI, le pilotage
des projets par leur retour sur investissement devrait être la règle. Force est de constater que ce n’est que trop rarement le cas,
au mépris des saines règles de l’IT Governance.
Réhabiliter de saines pratiques en matière d’analyse de rentabilité, détailler une méthodologie, fournir des points de repère, illus-
trer la démarche par des cas concrets, et surtout mettre en filigrane de tout projet les critères de sa rentabilité pour établir des
jalons, mesurer les points de contrôle, et décider au cours de la vie du projet, s’il passe l’examen de la décision, de continuer, de
réorienter ou d’arrêter le projet sont les objectifs de cet ouvrage. Ambitieux, probablement, mais utile sans doute.
À l’occasion du séminaire du 18 janvier 2005, l’AFAI publiera un livre blanc qui résulte de l’enquête menée par ASK Conseil sur
les bonnes pratiques observées en matière de mise en place d’ERP. Cette enquête a permis de mettre en évidence des typo-
logies de comportement entre Groupes d’origine diverses (USA, UK, RFA, FR) sur deux grands ERP du marché, SAP et ORACLE.
Les auteurs en ont dégagé une voie de progrès concrétisée par un modèle de maturité pour réussir la transformation de l’en-
treprise en alignant la performance à la stratégie ERP.
• La revue n° 80 - Septembre 2005
■ Le support client
L’ouvrage qui sortira au dernier semestre 2005 est destiné à mettre en exergue le rôle déterminant de la fonction support dans le
pilotage de la performance de l’informatique. En effet, les travaux sur le thème de la performance se polarisent sur les projets là où
les budgets sont de plus en plus absorbés par les tâches récurrentes. Cet ouvrage permettra de :
– comprendre le rôle central du support dans une approche de gouvernance basée sur IT Scorecard ;
– réussir la greffe d’un contrat externalisé dans les processus internes et auprès des acteurs concernés ;
– passer en revue les méthodes (ITIL, CoBIT) et se situer vis-à-vis des bonnes pratiques (modèle de maturité, modèle d’évolution).
Son résultat sera une boîte à outils recensant les principales pratiques, les pistes possibles d’amélioration et les interrogations
ouvertes.