Processus Logistisque PDF
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L'optimisation logistique est ainsi plus complexe qu'elle n'a été habituelle-
ment présentée, car à trois dimensions : taux de service, productivité, renta-
bilité financière. Rappelons à ce propos l'étonnante performance constatée dans
des entreprises entreprenant une véritable démarche logistique, et la poursui-
vant dans la durée, avec l'accroissement du taux de service, par exemple de
80 à 98 %, et la baisse simultanée du coût opérationnel de 12 à 9 % du prix
de revient des produits, et de 50 % de la valeur des stocks immobilisés.
• La sous-traitance ou « externalisation »
L'entreprise se concentre sur ses métiers de base et fait faire de plus en plus
ce qui n'est pas sa spécificité propre. C'est particulièrement vrai des opé-
rations logistiques, aujourd'hui sous-traitées à plus de 60 % dans les entre-
prises françaises à des prestataires spécialisés ; de même pour les outils
utilisés pour gérer les flux d'informations, avec le développement des pro-
giciels ; c'est enfin le cas pour les prestations intellectuelles, avec le très fort
développement du marché du conseil en logistique.
• La logistique du « e-business »
Le développement du « e-business », ou commerce électronique, rentre sans
doute dans sa phase de maturité. Il est cependant encore trop tôt pour décrire
les besoins et les réponses logistiques pour cette nouvelle forme du commerce.
On remarquera que la création puis le développement de très nombreuses entre-
prises d'e-business sont intervenus sans véritable préoccupation logistique. Les
anecdotes sur les erreurs ou retards de livraison de produits commandés sur
Internet pullulent. Plus grave – mais y a-t-il plus grave que la non-satis-
faction du client ? –, il est reconnu que les pertes importantes de certaines de
ces entreprises sont liées à des coûts logistiques mal maîtrisés.
En terme d'organisation logistique, il s'agit a priori d'un retour en arrière.
Depuis plus de deux siècles, le petit commerce puis la grande distribution
avaient en effet permis de massifier les flux de marchandises jusqu'à un
endroit proche du consommateur, donc de réduire les coûts logistiques.
Aujourd'hui l'e-business morcelle ces flux : va-t-on voir demain chaque
foyer livré quotidiennement par quarante camionnettes apportant chacune
quelques produits commandés sur Internet ? Ce serait évidemment une aber-
ration économique et écologique. Il faut mettre en place de nouveaux
réseaux de distribution, « re-tricoter » les flux, en fait inventer une nouvelle
logistique appropriée à l'e-business.
Logistique : interaction et intégration XXVII
La fonction logistique
Depuis son apparition, dans les années 70, la fonction logistique a connu
d'importantes évolutions dans les entreprises françaises. Il est par ailleurs
reconnu que sa composition, son rôle, son niveau hiérarchique sont logique-
ment variables suivant les entreprises et dans le temps.
Hervé Mathe et Daniel Tixier ont décrit une typologie de la fonction en trois
stades principaux : la logistique fragmentée, la logistique opérationnelle et
concentrée, la logistique fonctionnelle et décentralisée.
XXVIII Processus et méthodes logistiques
• Sa raison d'être
L'externalisation croissante des activités logistiques, nous l'avons souligné,
porte non seulement sur les opérations physiques mais aussi sur les presta-
tions intellectuelles, c'est le rôle des consultants, voire sur la gestion des flux
elle-même, sous-traitée à des sociétés qui gèrent alors l'essentiel du système
d'information logistique de l'entreprise.
De ce fait la fonction logistique, au sein de certaines entreprises industrielles,
se réduit ou est même remise en cause. Ne risque-t-on pas en ce cas de
« jeter le bébé avec l'eau du bain » ?
Seule une fonction logistique forte au sein d'une entreprise peut assurer,
d'une façon permanente et cohérente, l'interaction des sous-processus au sein
d'une démarche globale et l'intégration de la logistique aux autres processus
de l'entreprise et à sa stratégie.
• Un rôle de médiation
Comme le montre la figure 0.1, les activités qui ont des conséquences directes
sur la logistique de l'entreprise sont effectuées par la plupart de ses acteurs,
eux-mêmes non-logisticiens : les vendeurs pour les commandes, les personnes
en atelier de production pour l'application ou non du planning décidé par la
logistique, le marketing pour le nombre de références de la gamme et l'éven-
tuelle personnalisation des produits...
Le logisticien est donc amené à gérer de nombreuses interfaces humaines,
souvent et logiquement conflictuelles à court terme, entre les différentes
fonctions que sont le Commercial, le Marketing, la Production ou les Achats.
Dans ces interfaces conflictuelles, il ne se situe bien sûr pas comme arbitre,
cela revient à la direction générale, mais comme médiateur, devant proposer
pour tout problème logistique la solution optimale dans l'intérêt de l'entre-
prise. C'est vrai pour les grands choix stratégiques, comme pour la gestion
quotidienne.
Démarche systémique de l'entreprise, la logistique, comme gestion globale
de l'offre, ou supply chain management, ne se sous-traite pas : personnifiée
Logistique : interaction et intégration XXIX
par une fonction assumée par des logisticiens, elle est intrinsèque au fonction-
nement même de l'entreprise, comme le sang irriguant tout le corps de
l'homme6.
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Certains éléments de ce chapitre sont extraits d'une conférence donnée par Laurent Grégoire le 26 mai
2000 à l'Université de Tous Les Savoirs (mission 2000), dont l'ensemble des 366 conférences a été
publié aux Éditions Odile Jacob.