11 - Les Fables Africain
11 - Les Fables Africain
11 - Les Fables Africain
Plan
Introduction
I. Définition et historique
II. Caractéristiques de la fable
III. Fonctions de la fable
Conclusion
Introduction :
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La fable est un genre qui appartient à la littérature orale africaine dite profane. C’est un récit
accompagné d’un compte moral sous le voile d’une fiction qui attribue une valeur aux
personnages principaux. La morale ne nécessite pas une intelligence particulière pour
comprendre.
C’est le monde animal qui domine mais d’autres régions peuvent intervenir : humain et
végétal.
caractéristiques et fonctions.
I- Définition et historique :
1- Définition
Donner une définition exacte de la fable africaine pose problème. C’est un genre, comme le
conte qui appartient à la littérature orale africaine. Fable, conte et devinette sont entremêlés ;
ils font partis du quotidien et accompagnent la vie de l’homme depuis la naissance. Ils
attribuent tous une valeur symbolique aux animaux.
Selon Alain Mabanckou dans son ouvrage « Mémoires de porc épic » la fable africaine est née
de la jonction des fables de Jean de La Fontaine et des contes africains. Elle se base sur des
éléments issus des pratiques anciennes héritées de la tradition mais également des éléments
nouveaux dont elles sont porteurs.
2- Historique
Le mot fable, issu du latin « fabula » qui signifie récit, propos, va très vite évoluer pour
prendre le sens d’un « récit imaginaire». Issue de la tradition orale, la fable est présente dans
les littératures les plus anciennes du monde entier. Les premiers recueils de fable connus sont
composés au début de notre ère en Inde et au Népal mais également ils étaient connus des
arabes. D’ailleurs le plus grand fabuliste de toute l’antiquité fut surement Louqman, poète
arabe du IXème siècle avant Jésus Christ. C’est lui qui a inspiré Esope, philosophe, moraliste
grec dont les œuvres ont été traduites en 1615. Après la Grèce, la fable atteint Rome avec
Horace, Avianus etc. ; elle continue à se transmettre durant tout le moyen âge.
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C’est ainsi que des auteurs comme, Jean de la Fontaine au XVIIème siècle (1668) publie son
premier recueil de fables. L’évolution historique de la fable a beaucoup plus favorisée la
moralité que la qualité littéraire.
Cela dit, la création des fables africaines a été occasionnée voilà quelques décennies par le
souci de trouver un complément africain aux éternelles fables de la Fontaine.
La fable est un texte bref le plus souvent en vers mais également en prose de forme narrative
mettant en scène des êtres humains ou des animaux. Elle est constituée d’un récit entrecoupé
de dialogue au style direct ou indirect qui met en scène une anecdote, une histoire qui a une
valeur singulière et une morale qui est un enseignement, une sorte de bilan de la nature
humaine et des fonctionnements sociaux. Elle a une valeur collective et universelle.
Le récit de la fable est identique à celui du conte dans sa structure. Il commence par une
situation initiale où l’on montre les personnages principaux dans leurs occupations, leurs
états, leurs rapports avec les autres et les lieux familiers où ils évoluent.
Cette situation connait un bouleversement par la présence d’un élément perturbateur qui
rompt l’équilibre présenté au départ. Un nouveau contexte est déclenché, constitué de
rebondissements puisque l’action prend un nouveau départ à la suite d’un évènement imprévu
qui a tout bouleversé. Les nouveaux problèmes constituent les péripéties ; l’action étant
toujours bloquée.
Le récit en arrive dès lors à la situation finale ou dénouement qui peut être heureuse ou non et
même imprévisible. Le récit arrive alors à son terme ; la perturbation est résorbée, un nouvel
équilibre est créé et l’auteur tire le bilan par une morale de l’histoire.
La morale constitue la deuxième partie majeure de la fable sans laquelle toute distinction avec
le conte serait difficile.
Sa place dans le récit n’est pas fixe ; elle peut être mentionnée au début comme à la fin.
Certaines fables ne comportent pas de moralité apparente. C’est au lecteur de la déceler lui-
même.
Dans la fable les temps du passé (imparfait, passé simple) sont les plus utilisés ; cela est
compréhensible puisque les éléments racontés sont révolus. Le style peut être direct ou
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indirect. C’est l’exemple du dialogue où l’auteur met en scène deux acteurs dont chacun prend
la parole pour déclarer ou émettre un avis. Le dialogue est ponctué de guillemets, de tirets, de
points de suspension.
Le fabuliste a l’art de manier les mots pour capter l’attention de son auditoire ou de son
lecteur. Il utilise un langage imagé, ponctué d’allégories qui a une valeur exemplaire. La
progression du langage se fait par bonds (Léopold S. Senghor L’esthétique Négro-africain in
liberté I)
Dans la fable, l’homme représente des catégories sociales dont il est l’exemple type : un
seigneur, un roi, une veuve etc.
Les animaux servent à deux choses : miroir de nos défauts et dénonciateur de notre liberté.
On peut dire que le monde animal domine celui des hommes ; ils ont une valeur symbolique,
permettant la transposition des comportements même s’il est présenté comme innocent.
L’animal et l’homme sont particulièrement liés depuis les totems des origines. Il est parfois
considéré comme l’esclave de l’homme, son alter-ego (Mémoires de porc-épic d’Alain
Mabanckou)
III – Fonctions
La fable est un récit plaisant parfois comique ; elle se présente dans un environnement fictif,
humble et imaginaire.
N’est-ce pas La Fontaine qui disait « le monde est vieux, dit-on, je le crois. Cependant il faut
l’amuser encore comme un enfant ?»
Ceci renseigne amplement sur le caractère ludique de la fable et cela depuis ses débuts dans
les premières sociétés africaines.
Le fabuliste est un artiste, qui en fonction du contexte entonne un chant lyrique dans le but de
chatouiller le cœur du lecteur ou auditeur, pour mieux capter son attention. Cela rend le récit
agréable.
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- Rôle didactique :
La fable est remplie d’enseignements. Dans ce monde marqué par une mondialisation
galopante, elle constitue une bonne bouée de sauvetage pour tout enfant africain.
Ces renseignements instructifs ont pour motivation d’accompagner, de protéger tout enfant
qui les aura assimilés contre les sirènes de l’acculturation et de la perte de valeurs séculaires.
C’est donc un vivier de savoirs.
Amadou Hampaté Ba ne disait-il pas : « je suis diplômé des traditions orales enseignées par
les vieillards à l’ombre du baobab, le roi des arbres ? » ; cela montre, s’il en était encore
besoin, l’importance que portait l’africain à la fable et par extension à la tradition orale.
La moralité de la fable réveille chez son auditeur ou lecteur, une certaine sensibilité avec des
histoires d’orphelins, de marâtres méchantes, des récits tragiques… N’est-ce pas là une
valeur importante en voie de disparition dans mes sociétés actuelles, la compassion ?
Dans la fable, l’animal n’est pas un totem ou bien rarement ; mais c’est quelqu’un que l’on
connait au village ou dans le quartier ; c’est un récit existentiel tiré de faits quotidiens.
La fable stimule la curiosité et l’engouement chez les jeunes en enseignant les codes sociaux
qui se révèlent comme des remparts indispensables pour se mouvoir de la société.
En rapprochant le fabuliste des enfants, ce récit constitue aussi un ciment de notre culture.
L’ambiance qui découle de la rencontre entre grand mère (ou grand père) avec ses petits
enfants (en Afrique grand-mère est une femme virtuelle pour ses petits-fils) est devenu un
rendez-vous à ne pas rater, ce qui soude la famille africaine.
Avec son récit imagé, truffé de symboles, la fable est un excellent moyen de communication à
travers lequel on peut adresser une critique sur la gestion par exemple du pouvoir politique et
aussi évoqué des sujets sociaux sensibles en esquivant les tabous.
Ceci est aussi valable dans le domaine religieux oû il est fréquent de voir des marabouts
représentés dans le récit par un personnage symbolique.
La fable respecte aussi les orientations idéologiques, des citoyens tout en les attaquant.
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Conclusion
La fable, appartenant à la tradition orale africaine, famille qu’elle partage avec d’autres récits
comme le conte, a toujours été présente dans la conscience collective des sociétés africaines
depuis les origines.
Elle a subi depuis lors des mutations très importantes qui ont fini de façonner les
caractéristiques dues au passage de l’oral à l’écrit. Cependant elle n’échappe pas ou bien
difficilement en tout cas, à la critique fondamentale qu’on adresse à la littérature orale portant
sur les difficultés de sa datation mais surtout son rôle dans ce contexte de mondialisation.
La question est donc de savoir : est-ce que la fable joue toujours son rôle instructif et de
ciment dans la société africaine, intégrée dans la mondialisation marquée par la puissance des
medias occidentaux véhiculant d’autres valeurs ?
En tout état de cause, la fable doit encore jouer un rôle mais cela nécessite qu’elle s’adapte au
nouveau contexte. Mais comment ?
Bibliographie
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BONI N., Crépuscule des temps anciens, Paris, Présence africaine, 1972,257 P
GADJIGO S., Ecole blanche, Afrique Noire : l’école coloniale dans le roman
d’Afrique francophone, Paris, l’Harmattan, vol.1, 1990,147 pages.