Etude Fables, Livre 1

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Etude : Fables (Livre I) de Jean de la Fontaine

Introduction
Etymologiquement, le mot « fabula » dérive de « fari » qui signifiait « parler » ou « discourir» en latin.
Les théoriciens contemporains ont repris le mot latin « fabula » pour désigner un récit fictionnel.
La fable est presque toujours associée à l'apologue, courte fiction destinée à illustrer une vérité morale. La
fable est ainsi caractérisée par son caractère fictionnel (l’imagination) et par le fait qu'on peut en tirer une
morale (la leçon).

I. Origine et évolution de la Fable


On considère Esope, qui serait né 600 ans avant JC, comme l'inventeur de la fable. Cependant, on ignore
si Esope a réellement existé ou s'il est une légende. Toujours est-il que ces courts textes ont plu à toutes
les époques. Il est à noter que, dans la littérature grecque antique, cette forme de texte court terminé par
une pique est fréquente.
Bien avant La Fontaine, Phèdre, auteur latin du 1er siècle après JC, s'inspira également d 'Esope, tout en
inventant la fable versifiée, et dans son « Prologue », il suggère, à sa façon, une définition du genre : «
C’est Ésope qui, le premier, a trouvé ces matériaux : moi, je les ai façonnés en vers iambiques. »
La Fontaine s'inspira beaucoup des fables d'Esope puisque sur les 242 fables de ses douze livres, 88 en
reprennent les thèmes. D'ailleurs, dans sa dédicace à Monseigneur le dauphin, Jean de la Fontaine rendit
hommage au père de la fable :
« Je chante les Héros dont Esope est le Père,
Troupe de qui l'Histoire, encor que mensongère,
Contient des vérités qui servent de leçons. »
Cependant, il ne s'agit pas pour autant d'une simple imitation car la forme est radicalement différente.

II. Biographie et bibliographie de Jean de la Fontaine


Jean de La Fontaine est né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry. Il est un poète français de la période
classique dont l'histoire littéraire retient essentiellement les Fables. On lui doit cependant des poèmes
divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste. Jean de La
Fontaine reste à l'écart de la cour royale. Il est reçu à l'Académie française en 1684. Mêlé aux débats de
l'époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.
C'est en effet en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit
les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles
est publié en 1668. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, parfois plus complexes
qu'il n'y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La
Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature française.
Même si Jean de la Fontaine a écrit de nombreuses œuvres, ses fables restent son chef d'œuvre. Certains
considèrent la Fontaine comme un copieur qui n'a rien inventé, mais il est certain que sans sa
contribution, les noms d'Esope et de Phèdre, entre autres, n'auraient pas le retentissement qu'ils ont
maintenant. La Fontaine s'est peut-être inspiré de ces fables anciennes, mais il les a considérablement
améliorées et écrites dans une langue belle et simple. La fable n'est plus la sèche démonstration d'une

M. A. Mané professeur de Lettres Modernes au Lycée Ahoune Sané / Bignona.


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morale. C'est un court récit à l'intrigue rapide et vive. La souplesse et le naturel du style sont en réalité le
fruit d'un grand travail où le poète a manifesté sa parfaite maitrise de la langue et du vers.
Sensuel et aimant les chastes bergeries, volage et célébrant la fidélité, courtisan mais ayant le culte de
l'amitié, sa vie est l'image même de la variété de son œuvre, qui unit en une harmonie parfaite : l'art et le
naturel. Il meurt le 13 avril 1695 après avoir composé lui-même son épitaphe.

III. Composition des Fables du Livre 1


Ce livre comporte 22 fables précédées de deux préfaces adressées à Monseigneur le Dauphin, petit-fils de
Louis XIV et de Marie Thérèse. Le dauphin était alors âgé de six ans et cinq mois. Les fables du Livre 1
sont les suivantes :
1.La Cigale et la Fourmi 12. Le Dragon à plusieurs têtes et le
Dragon à plusieurs queues
2. Le Corbeau et le Renard
13. Les Voleurs et l'Ane
3. La Grenouille qui veut se faire plus
grosse que le Boeuf 14. Simonide préservé par les Dieux
4. Les deux Mulets 15. La Mort et le Malheureux
5. Le Loup et le Chien 16. La Mort et le Bûcheron
6. La Génisse, la Chèvre et la Brebis, en 17. L'Homme entre deux âges et ses deux
société avec le Lion Maîtresses
7. La Besace 18. Le Renard et la Cigogne
8. L'Hirondelle et les petits Oiseaux 19. L'Enfant et le Maître d'école
9. Le Rat de ville et le Rat des champs 20. Le Coq et la Perle
10. Le Loup et l'Agneau 21. Les Frelons et les Mouches à Miel
11. L'Homme et son image 22. Le Chêne et le Roseau

IV. Structure de la Fable


La fable a une structure très particulière. Elle est le plus souvent formée de deux parties : le récit et la
moralité.
1. Le récit:
La fable conte des aventures mettant généralement en scène des animaux ou des éléments de la nature
auxquels on attribue des comportements humains: il s’agit d’une personnification.
Les animaux agissent, parlent comme les hommes et sont donc pourvus de leurs qualités et de leurs
défauts. On dit que ces animaux sont anthropomorphes et que les aventures qu’ils vivent dans les fables
sont des métaphores de la vie des hommes.

2. La moralité:
La moralité prend souvent la forme d’un proverbe, d’une maxime donnant un conseil, une leçon au
lecteur. Elle est considérée comme valable de tout temps: le temps utilisé est le présent de vérité générale.
Elle vise à mettre en garde le lecteur qui ne doit pas reproduire les erreurs des personnages de la fable. La
place de la moralité n’est pas fixe : parfois elle est au début de la fable parfois elle est à la fin de la fable.
Il peut arriver que la moralité soit donnée de manière implicite.

M. A. Mané professeur de Lettres Modernes au Lycée Ahoune Sané / Bignona.


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V. Les Personnages des fables du Livre 1


Les personnages des Fables sont très variés. On y trouve des êtres humains, des animaux et même des
réalités abstraites. Ils peuvent être classés en plusieurs catégories:

1. Les animaux.
La majorité des personnages des fables est constituée d’animaux. On y trouve d'abord les forts et les
puissants: le renard, le loup, le lion, le loup, le dragon... D'un autre côté, on trouve les faibles, les victimes
: le bœuf, les mulets, la Génisse, la Chèvre, la brebis, le Coq, l’agneau, l’âne, la grenouille. Le chien et le
rat, sont parfois forts, parfois faibles en fonction de l'animal auquel ils sont confrontés. On retrouve
également, parmi le règne animal, des insectes (la cigale, la fourmi, les Frelons, les Mouches à Miel) et
des oiseaux (le corbeau, l’hirondelle, les petits Oiseaux, la cigogne).

2. Les personnages de la nature


Ils apparaissent parfois dans les fables: la lune, le soleil, le vent. La Fontaine introduit à loisir les
végétaux et d'autres éléments de la nature: l'eau, le chêne, le roseau …

3. Les personnages humains:


Très nombreux dans les fables, les hommes sont de toutes les classes sociales, du plus pauvre au plus
illustre de tous: l’enfant, le maitre d’école, l’homme entre deux âges et ces maitresses, l’homme et son
image, le malheureux, le bucheron, les voleurs. Ils ont, bien sûr les qualités et les défauts des hommes. On
note cependant peu de femmes. Elles sont le plus souvent, mauvaises épouses, rêveuses ….
Au delà de ces personnages, on peut citer les personnages de la mythologie (Jupiter) mais aussi la Mort,
qui, tient une place à part dans l'œuvre de La Fontaine.

VI. Sens de l’œuvre


Dès la préface, Jean de la Fontaine précise le sens qu’il faudrait donner à son œuvre. En effet, il déclare
que son œuvre « Contient des vérités qui servent de leçons. /Tout parle en mon ouvrage, et même les
poissons: / Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes; / Je me sers d'animaux pour instruire
les hommes. »
L'événement raconté par la fable, la plupart du temps unique, est symbolique d'une situation courante, et
l'explique. Les personnages sont en général stéréotypés et constants. Ils sont dépourvus de nom et leur
description se réduit à des traits essentiels. Ainsi, le lion incarne la royauté, le pouvoir ; le loup, la
cruauté, la force sauvage et stupide, le totalitarisme ; le renard la courtisanerie, l’hypocrisie, l'intelligence
fine, la réflexion et la ruse ; le chien, la bonté et la fidélité ; l’âne la bêtise, la naïveté ; l’agneau
l’honnêteté, la faiblesse, la fragilité physique et morale…
Les Fables ont pour mission de faire rire, d'avertir par l'exemple et de corriger les erreurs en charmant
l'oreille. Elles ont un double mérite : elles font rire et elles donnent de sages conseils pour la conduite de
la vie. Les Fables inculquent des normes de comportement et des valeurs qui aident l'individu à subsister
dans le groupe et le groupe à renforcer son unité

Conclusion
En définitive, la fable - outre le fait de faire intervenir le plus souvent des animaux ce qui se fait d'ailleurs
également dans certains contes - possède une caractéristique essentielle qui la différencie du conte
merveilleux. On met en scène des animaux dans un but bien précis qui n'est pas innocent : c'est un moyen
de contourner la censure des puissants et les allusions politiques sont nombreuses

M. A. Mané professeur de Lettres Modernes au Lycée Ahoune Sané / Bignona.

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