Au Pays Des Sables
Au Pays Des Sables
Au Pays Des Sables
LE TRANSSAHARIEN
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Kxploraten* ue la Tripolitainc Officier de l'ordre beylical de Tunisie
teurs le colonel Flatters périt avec la plus grande partie de ses compa-
gnons.
II
m
Or, non seulement cette entente n'existe pas, mais les tracés du Trans-
saharien se multiplient à l'infini, chacun d'eux ayant ses partisans inté-
ressés et ceux-ci comptant sur leurs influences respectives pour fairepréva-
loir leurs combinaisons sur toutes les autres. Tro.ce occidental, tracé
central, tracé oriental, autant de rivalités qui s'appliquent à mettre en
relief, les inconvénients du projet contraire au leur; autant de voix qui
crient casse cou!, et qui toutes trouvent des échos dans les Chambres et
dans le gouvernement (1).
(1) Le tracé occidental part de Djenien bou Pezg, terminus du chemin de fer
actuel, à 475 kilomètres de la mer et passe par Igli, le Gourara et le Touat
p our aboutir au coude, c'est-à-dire au point le plus septentrional du Niger; lo
tracé central part de Biskra, terminus du chemin de fer existant dans la pro-
vince de Constantinc à 300 kilomètres du port de Philippeville, Il traverserait
les oasis do l'Oued lt*liir. passerait à. Touggourt. Ouargla, Temassinin et
Amguid. De là, il ae dirigerait par deux tronçons. l'un vers le S-0 par Timis-
sao, pour atteindre le Niger eu même Koukapoint que précédemment; l'autre, vers
aurle
le S -Ë.par Assiou pour aboutir à lac Tchad; lo tracé oriental a
son point de départ sur le golfe de Gabès en Tunisie, et passe par Ghadamès et
Rhàt pour atteindre la région du Tchad. (L'expansion coloniale. Encyclopédie
populaire illustrée du xixc siècle. Paris, L. Henn May.)
En attendant on hésite, en discute, on piétine sur place et les Anglais
vont de l'avant, ne dépensant pas comme nous leurs effortsà publier des
articles stériles de journaux et de revues, des dissertations yons forme de
IV
Malgré cela il est urgent d'aviser (1). Nous avons indiqué ailleurs (voir
notre préface au Pays des Oasis) que l'Angleterre, notre ennemie déclarée
sur le terrain économique et politique en Afrique, travaille à, favoriser
les visées del'Italie sur la Tripolitaine et par conséquent à augmenter la
tension de nos rapports avec une puissance qui ne nous a pas pardonné
sa défaite diplomatique de 1884 en Tunisie. Or, on a dit avec raison que
la Régence sera un. jour la tête de la grande voie ferrée qui traversera le
Sahara et les Italiens ne cachent point que c'est précisément à cause de
cela qu'ils convoitent cette dépendance actuelle de l'empire ottoman.
Est-il besoin d'ajouter que ce serait folie de ne pas tenir compte de ces
convoitises derrière lesquelles il est aisé d'apercevoir les calculs anglais?
La Tripolitaine est la grande porte du Sahara. C'est là aussi qu'est la
clef du Soudan, puisque c'est de là que partent comme c'est là qu'abou-
tissent les artères commerciales communiquant avec la Méditerranée;
les unes venant de Tombouctou par Ghadamès ou Hhàt, les autres arri-
vant du lac Tchad par Mourzouck et le Fezzan, d'autres du Kordofan,
d'Ouaddaï par les oasis d'Aoudjela et de Koufia. Le Transsaharien ne
peut qu'avantager ces routes de caravanes. En outre il nous est imposé par
l'obligation d'unir le Congo au Soudan et de ne pas laisser subsister
davantage le danger de n'avoir qu'un empire colonial'africain tronçonné
dont une partie, comme le territoire du Haut-Oubanghi, reste ouverte,
ne possédant pour ligne de défense singulièrement illusoire qu'un
thalweg qu'on ne peut appeler infranchissable que diplomatiquement.
Charles Simond
(1) Des démarches ont été faites récemment auprès de M. Laferrière, gouver-
neur de l'Algérie, pour faire entrer la question du Transsaharien définitivement
dans la période d'évolution. A la tête de ce mouvement s'est placé notre
ami et collaborateur le commandant Napoléon Ncy.
LES TOUAREGS
Senousiya et Touareg
Si le Soudan, à l'heure où nous écrivons, n'est plus à conquérir,.
il est à utiliser et dans cette partie de notre voyage en Tripolitaine,
après avoir étudié les maîtres du centre et ceux du sud de ce
pays, Senousiya et Touareg, nous tâcherons de conclure par la
recherche des moyens dont la France pourrait se servir, sinon
pour entrer en Tripolitaine, chose facile par elle-même, du moins
pour enlever et rendre moins barbare le commerce Soudanais-
Saharien, dont la dernière colonie ottomane a su accaparer la
route.
Ce commerce vit de traditions. Des siècles se sont écoulés depuis
la création des itinéraires, fixés par les coutumes et par l'auto-
rité des tribus auxquelles les caravaniers payent le droit de pas-
sage, et la protection de leurs marchandises. Mais depuis que nous
sommes les maîtres, la Tunisie et l'Algérie ont été mises à l'index
par l'autorité turque aussi bien que par le fanatisme des Khouar.s
Senousiya.
Il est certes immense cet avantage q'a la Tripolitaine de possé-
der le monopole des échanges directs avec le centre du continent.
depuis 4830. La plus dangereuse d'entre elle est celle des Senou-
siya c'est que son organisation est supérieure à toute autre (1).
(1) Citons ici la remarquable notice lue par M. Duveyrier au Congrès des
Sociétés Savantes en 1883. Les faits qu'il signalait alors ont, comme on le voit
par le récit de M. Troubad, fort peu changé depuis 16 à 17 ans.
Voici d'après nos recherches quelle est l'extension'géographique de la con-
frérie de Sidi-Mohammed-Ben-Ali-ès-Senoûsi. Elle aurait des adhérents dans
la Mésopotamie et sa propagande se ferait sentir aussi dans le Sahara algérien
à 57° plus à l'ouest. Sur le 41" de latitude nord. à Constantinople, elle a une
agence auprès du sultan des Osmanlis elle a pénétré dans le Wadaï jusque
vers le 13° de latitude, c'est-à-dire 28° plus au sud. Il est difficile d'évaluer le
nombre exact de-ses adhérents, et cela se comprend, étant donnée sa dissi..
mulation qui est dans l'esprit de la confrérie mais ce chiffre n'est certaine-
ment pas inférieur à un million, et il est probable qu'il n'atteint pas encore
trois millions d'individus. Voilà les résultats obtenus en quarante-trois ans. Un
aperçu rapide des couvents et autres centres de propagande permettra de voir
dans quelles parties du monde musulman les frères sont répandus par groupes
plus ou moins nombreux. Dans la Turquie d'Europe, l'agence de Constantinople
de propagande permis. L'Egypte compte huit couvents dont
est le seul centreBouîaq,
un seul, celui de est dans la valléedu Nil, et les sopt autres dans les
oasis du désert de Libye. Dans la Turquie d'Asie deux couvents furent fondés
uIl seul reste, celui de La Mecque La La Tripolitaine en a compté trente-neuf il
en reste trente-six ou trente-sept. Tunisie en a eu sept et en a encore six.
L'Algérie en a eu six et en a encore trois ou quatre. Le Maroc en possède
quatre le Sahara indépendant, deux et les parties indépendantes du désert
de Nubie, six. Cela fait soixante-seize noyaux d'établissements de propagande
jetés en quarante-trois ans, et en résumé soixante-dix couvents ou succursales
à l'heure actuelle. On trouve des groupes de frères en Mésopotamie, à Cons-
tantinople, dans les oasis de l'est de l'Egypte toute la population du livâ de
Ben-Ghazy est affiliée, ainsi que celle des oasis du désert de Libye, du Fezzan,
du Touat Tibesti, du Wanianga, de l'Ennedi et du Borgou presque toute entière.
Le Wadaï ne formerait qu'une seule communauté des Senoûsiyqui aurait ainsi
la direction de l'opinion dans le Fédé, leKânen et le Kawar. Je ne crois pas qu'on
puisse trouver dans l'histoire d'une autre religion un développementaussi ra-
pide d'une secte religieuse austère et radicale. (Revue ic'entifique,ii avril 1883).
Lefondateur des Senousiya est Mohammed Ben-Ali des Senoûsi,
célèbre marabout, qui fut d'abord l'humble taleb d'un petit village.
LE MUEZZIN
passant par toutes les teintes du vieil or, à travers les îlots verts
des palmiers, et, à l'horizon, le sol se confond avec le ciel dans je
ne sais quelle vapeur qui tremble sous le soleil.
Comment parcourir ces espaces incultes, comment relier entre
elles ces oasis ?,La route est bien longue, les puits deviennent rares,
et la force humaine est vaincue par la difficulté de la marche,
autant que par l'impossibilité de la subsistance. Mais, le chameau
n'est-il pas là, coursier infatigable, dans cette chaleur d'étuve?'?
Soudan. •
harems des chefs, ont apporté un élément ethnique nouveau dans
une population déjà remplie dé Fezzanais ?t de négresses du
Par leur habillement, les Ghadamésiens ressemblent aux Toua-
reg, mais ils n'en ont pas l'énergie. Les femmes offrent un type
plus remarquable, leur étrange costume y est pour beaucoup. Les
vêtements féminins sont bleus d'ordinaire, serrés à la taille par
une ceinture rouge et agrafés sur l'épaule gauch»;, laissant à nu
le bras droit. Les ornements ordinaires aux femmes arabes bril-
lent à leurs oreilles, sur leur cou et à leurs chevilles. Elles por-
tent sur le front un pompon rouge, signe de liberté, et aiment les
couleurs vives; il n'est pas rare d'en trouver dont la coiffure, de
forme phrygienne, la robe, la ceinture et les babouches sont com-
plètement rouges.
Au centre de la ville est une source antique, celle du Crocodile.
-C'est la plus importante de l'oasis, elle a 29 degrés de tempéra-
ture. Pour la boire on la laisse refroidir dans des bassins où pous-
sent des plantes aquatiques et où pullulent des sangsues. Une
quinzaine de puits artésiens donnent de l'eau salée; ils suffisent à
peine à l'entretien des 70.000 palmiers de Ghadamès. L'eau est
client.
médecin. Le simple enveloppement de la partie malade suffit. Pour
un prix légèrement supérieur, le papier sur lequel sont inscrits
les signes cabalistiques sera mis dans un étui en cuir et suspendu
au coup du
Le Taguez-el-Hadj-Mohamed nous remet à notre départ de Gabès
des amulettes semblables qui devaient, aux yeux de nos compa-
gnons, nous assurer la réussite et nous préserver de la mort; elles
étaient pareilles à celles qu'on avait données à Mores avant
son départ. Et comme nous objections l'assassinat de ce dernier on
nous répondit que le Marquis n'avait pas dû se munir de tous les
talismans nécessaires. Telle était l'importance de ces amulettes
aux yeux de nos guides que nous les avions soigneusement con-
servées. Il peut arriver que, dans les cas graves, Saad ordonne de
faire une tisane du talisman coupé en petits morceaux.
,Si la guérison est opiniâtre, la raison en sera bien simple. Ce
saint homme vous l'expliquera, Ce sont les Djinn (Démons) qui
siègent dans la partie malade et n'en veulent point encore partir.
Un nouveau talisman, d'un prix supérieur au premier et par con-
séquent d'une plus grande intluence, les y déciderait certaine-
ment. mais ne troublons pas davantage ce sanctuaire où manquent,
seules, les cartes, grands et petits jeux pour la plus entière simpli-
fication des affaires du praticien et des malades.
Une vieille femme survient; sa fille est nouvellement mariée, et
ses idées.
lation serait, en effet plus parfaite qu'on puisse leur donner si
le nom d'un peuple devait résumer ses tendances, ses aspirations,
t N K II U E A G II A I) A M KS