Memoire Stephanie Hamon
Memoire Stephanie Hamon
Memoire Stephanie Hamon
Panthéon Sorbonne
Master 2 Sciences du Management
Spécialité Logistique
-1-
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION................................................................................................................4
PARTIE 1, SITUATION DU SECTEUR AGROALIMENTAIRE EN FRANCE ........7
SECTION 1, FOCUS SUR LE MARCHE DE L’AGROALIMENTAIRE ......................7
1/ Qu’est-ce que l’agroalimentaire ?......................................................................7
2/ Les acteurs du secteur et leurs organisations..............................................9
3/ Les principaux chiffres.....................................................................................11
4/ Les relations entre les acteurs et les attentes des consommateurs ....14
SECTION 2, LE CADRE REGLEMENTAIRE DU MARCHE AGROALIMENTAIRE
POUR LA DEFENSE ET LA SANTE DU CONSOMMATEUR FRANÇAIS .............20
1/ Au niveau européen.............................................................................................21
2/ Au niveau national...............................................................................................21
3/ Les organismes professionnels et de contrôle ............................................23
4/ Les organismes consuméristes ........................................................................25
PARTIE 2, LES IMPONDERABLES D’UNE PROCEDURE DE RAPPEL ..............27
SECTION 1, LES NOTIONS INCONTOURNABLES A CONNAITRE… ..................27
1/ Qu’est-ce qu’un blocage ?..................................................................................27
2/ Qu’est-ce qu’un retrait de produit ?..............................................................28
3/ Qu’est-ce qu’un rappel de produit ? ...............................................................29
4/ Les origines d’un retrait/rappel de produit .................................................29
5/ Que sont une « alerte » et «crise » ? ...........................................................31
SECTION 2, LA PROCEDURE DE RAPPEL : REPONSE A UNE SITUATION DE
CRISE ..............................................................................................................................33
1/ L’évènement initiateur .......................................................................................33
2/ Les personnes à prévenir..................................................................................35
3/ Les mesures à prendre......................................................................................36
4/ Les étapes à suivre lors d’un rappel de produit illustrées au moyen d’un
exemple concret .......................................................................................................37
SECTION 3, LA TRAÇABILITE : CONCEPT ESSENTIEL ........................................42
1/ La traçabilité des denrées alimentaires et alimentation animale :
contexte réglementaire..........................................................................................43
2/ « Tracking » et « Tracing », deux notions distinctes................................45
3/ Les perceptions et les attentes liées à la traçabilité ...............................46
SECTION 4, L’ORGANISATION LOGISTIQUE ET LA GESTION DE CRISE ........50
1/ Mise en place d’une cellule de crise................................................................50
2/ Les flux d’informations et les flux physiques dans une procédure de
retrait/rappel ...........................................................................................................51
3/ Les coûts ..............................................................................................................55
SECTION 5, LA SAUVEGARDE DE SON IMAGE .....................................................57
-2-
1/ Qu’est-ce que l’image ? ......................................................................................57
2/ Impact d’un rappel sur le comportement d’achat des consommateurs..58
3/ Communication et informations, deux outils essentiels ............................60
PARTIE 3, COMMENT MIEUX OPTIMISER LA GESTION DE CRISE LORS
D’UNE PROCEDURE DE RAPPEL ...............................................................................62
SECTION 1, L’ANTICIPATION, ELEMENT DETERMINANT .................................66
1/ Définition du seuil d’alerte ...............................................................................66
2/ Optimisation de la gestion de crise ...............................................................67
3/ Mise en place de process et les tests d’efficacité ....................................69
SECTION 2, L’IMPORTANCE DE LA COMMUNICATION......................................70
1/ A faire et à ne pas faire ...................................................................................70
2/ Les trois paramètres essentiels .....................................................................72
3/ Les conditions d’une bonne communication...................................................75
SECTION 3, ET APRES ??? ...........................................................................................77
1/ « Le retour à la normale ».................................................................................77
2/ Mesure de l’efficacité de la gestion de crise..............................................79
CONCLUSION...................................................................................................................80
ANNEXE 1, LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES ...................................................82
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.........................................................................84
WEBOGRAPHIE...............................................................................................................87
-3-
INTRODUCTION
Cependant, au vu du constat énoncé plus haut, nous sommes tous conscients que
malgré un contrôle renforcé de la chaîne alimentaire, les entreprises ne sont pas à
l’abri de procéder au retrait et/ ou rappel d’un de leurs produits suite à la
découverte d’une anomalie.
-4-
Par exemple, le recours à la sous-traitance peut parfois conduire à des défauts de
qualité par rapport au cahier des charges du client. La recherche de l’innovation
peut précipiter la sortie d’un produit sur lequel tous les tests préalables n’ont pu
être effectué.
Puis il ne faut pas être naïf, aucun système n’est infaillible, il peut arriver que les
moyens de production deviennent obsolètes sans que l’entreprise n’en prenne
vraiment conscience.
Enfin, une procédure de rappel peut aussi être le fruit du souhait de promouvoir
une bonne image de marque aux yeux des consommateurs. Le produit peut ne
pas être dangereux pour la santé et/ou la vie d’autrui mais juste présenter un
défaut d’emballage. Cependant, l’entreprise préfèrera procéder au rappel de ce
dernier par souci d’image de marque.
Procéder au rappel d’un produit est un acte très périlleux pour une entreprise et la
met très souvent en situation de crise. Elle doit être très vigilante quant au
déroulement de ce dernier et à la gestion de la crise pour éviter toutes
conséquences irréversibles.
Quels sont les outils et méthodes dont disposent les entreprises pour réagir
dans un contexte de crise dû à une procédure de rappel d’un de leurs
produits ?
-5-
La première partie présentera le marché de l’agroalimentaire, sa composition, son
organisation, ses résultats puis les relations entre les acteurs, ainsi que son cadre
réglementaire au niveau européen, local puis le rôle tenu par les organisations
professionnelles et les organismes consuméristes.
Puis, la seconde partie sera consacrée à la gestion d’une procédure de rappel les
raisons pour lesquelles une procédure de rappel conduit à une situation de crise.
La dernière partie sera dédiée aux leviers d’optimisation d’une gestion de crise en
cas de rappel de produits.
-6-
PARTIE 1, SITUATION DU SECTEUR AGROALIMENTAIRE
EN FRANCE
C’est une industrie de transformation qui achète en amont les produits de l’agriculture et
vend en aval à la distribution des produits prêts à la consommation.
1
http://www.agrojob.com/definition-Agroalimentaire/definition-2394.aspx
-7-
L’agroalimentaire est un des rares secteurs à avoir créé des postes au cours de la
dernière décennie. Il propose une grande diversité de métiers, de compétences et
de choix professionnels.
L’agroalimentaire est ainsi un secteur qui propose un large éventail de métiers
regroupés selon les fonctions qu’ils exercent au sein de l’industrie alimentaire. Il
existe sept principales fonctions dans le secteur agroalimentaire :
LA PRODUCTION
La fonction production regroupe la fabrication et le conditionnement. C’est elle qui
offre le maximum d’emplois.
L’ACHAT / LOGISTIQUE
Cette fonction comprend quatre pôles : les achats, l’approvisionnement, le
cheminement des composants liés à la fabrication, les expéditions.
LA COMMERCIALISATION / MARKETING
Les activités de cette fonction concourent toutes aux mêmes objectifs : vendre des
produits, fidéliser la clientèle et développer les parts de marché de l’entreprise.
L’ENTRETIEN / MAINTENANCE
Cette fonction assure le bon fonctionnement et l’amélioration des installations de
production.
LA QUALITE
Elle intègre les contrôles en cours de fabrication, maîtrise la traçabilité et la
sécurité sanitaire des aliments et peut aller jusqu’à la certification.
AUTRES FONCTIONS
Elles concernent la direction, gestion/administration, les ressources humaines,
informatique
-8-
Tableau 1, Répartition des effectifs d’emplois par fonctions
Achat/logistique 7 à 18 %
Commercialisation/marketing 10 à 17 %
Entretien/maintenance 3à9%
Qualité 2à4%
Recherche & développement moins de 1 %
Autres fonctions 2à4%
8 composantes
Tableau 2, Les huit « sous-secteurs » de l’agroalimentaire
-9-
- chocolat, confiserie,
- café et thé conditionnés,
- épices, herbes aromatiques,
- condiments, vinaigres, sauces préparées,
- aliments diététiques, produits de régime
Fabrication de
- aliments pour bébés,
produits
- petits déjeuners,
alimentaires divers
- entremets, desserts,
- bouillons, potages,
- levures, etc...
- vins,
- eaux de vie,
Fabrication de - distillation d’alcool, apéritifs,
boissons et alcools - champagne, bière, cidre,
- jus de fruits et de légumes, autres boissons non
alcoolisées,
- eaux minérales.
- 10 -
y Les regroupements de professionnels : fédérations, syndicats,
associations, comités...
Année 2003
Valeur
Résultat
Effectif ajoutée
Nombre Chiffre Ventes à courant Investissements
salarié au prix
d'entreprises* d'affaires l'exportation avant corporels
moyen du
impôts
marché
milliers millions d'€
Industrie des
1 037 130,2 29 626 3 148 4 872 434 631
viandes
Industrie du
152 14,1 3 077 302 650 121 83
poisson
Industrie des
155 23,9 6 347 1 121 1 262 245 242
fruits et légumes
Industrie des 27 2,1 1 739 273 243 63 33
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corps gras
Industrie laitière
321 58,9 24 194 3 456 3 181 459 456
Travail des
112 11,6 4 542 1 945 1 011 110 329
grains
Fabrication
d'aliments pour 217 19,6 9 542 1 257 1 318 238 212
animaux
Autres
industries 762 95,8 25 688 4 938 5 945 1 543 812
alimentaires
Industrie des
434 40,3 19 418 5 412 5 310 1 915 769
boissons
Industries
3 217 396,4 124 172 21 852 23 794 5 128 3 567
agroalimentaires
* Entreprises de 20 salariés et plus ou réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 5 millions d'euros.
Champ : France métropolitaine.
Source : Ministère de l’agriculture et de la pêche, Scees, enquête annuelle d'entreprise.
Dans le tableau qui suit, nous avons un résumé des chiffres clés du secteur
agroalimentaire.
EFFECTIFS
- 12 -
NOMBRE D'ENTREPRISES
en 2003
10 841 entreprises,
dont 3 217 de plus de 20 salariés
en 2004
Exportations 2004
Importations 2004
en 2004
- 13 -
4/ Les relations entre les acteurs et les attentes des
consommateurs
Ce sont notamment :
- des contrats reçus en tant que sous-traitants,
- des commandes passées comme donneurs d’ordre,
- ou encore des accords de commercialisation avec la grande
distribution.
Ce sont aussi :
- des prestations de services spécifiques de logistique, de gestion,
informatiques ou encore de recherche et développement.
Les relations entre entreprises sont plus fréquentes dans les autres secteurs
manufacturiers, où elles concernent 75 % des entreprises de 20 salariés et plus.
Les écarts avec l’agroalimentaire concernent surtout la production et
l’approvisionnement. Les comportements sont plus proches en matière de
commercialisation et de prestations de services. Seules un tiers des entreprises
agroalimentaires travaillent en partenariat avec d’autres unités pour produire ou
s’approvisionner. Près de la moitié des autres firmes manufacturières le font. Les
différences reflètent les processus productifs et les modes d’organisation qui en
découlent.
Dans l’agroalimentaire, les cycles de fabrication sont souvent courts et les
matières premières difficiles à standardiser. Ce sont autant de raisons pour limiter
la sous-traitance. L’organisation de certaines filières constituées de petites unités,
- 14 -
tant agricoles que de transformation, limite également les relations entre
entreprises.
- 15 -
Les liens sont parfois vitaux
Le nombre et la nature des liens établis diffèrent profondément selon les
entreprises. Un quart des firmes agroalimentaires ont moins de cinq accords
avec d’autres entreprises, et 40 % en ont au plus dix. Environ 5 % des
entreprises en concluent plus d’une centaine. Certains accords impliquent une
réelle dépendance pour les entreprises. Dans 18 % des firmes agroalimentaires,
le partenariat en matière de production représente plus de 25 % des ventes.
- 16 -
faible dans l’industrie du lait. Il est plus élevé dans la transformation des fruits et
légumes. Environ 540 entreprises agroalimentaires ont des liens dans deux
domaines fonctionnels différents.
Aux accords noués dans la transformation, elles associent souvent des
partenariats soit avec des fournisseurs, soit avec certains prestataires de services
notamment dans l’informatique ou la maintenance. Les entreprises qui n’ont pas
d’accords dans le domaine de la production, ont plutôt un réseau en amont de la
filière avec les fournisseurs et en aval, avec les distributeurs. Ces formes de
réseaux avec deux fonctions distinctes, sont particulièrement observées dans
l’industrie laitière. Environ 350 grandes entreprises agroalimentaires ont des
partenariats privilégiés dans trois domaines d’action différents. Près de 400 unités,
souvent membres de groupes, en ont au moins quatre. Ces accords touchent en
premier lieu la production, puis l’approvisionnement, la commercialisation et
éventuellement les services.
2
Etude réalisée par Monique Vincenau, Scees - Bureau des statistiques sur les entreprises agroalimentaires
et Youssef Chakibi, Université de Pau et des Pays de l’Adour
- 17 -
Sur une longue période, la consommation et les comportements alimentaires se
sont modifiés du fait de l'urbanisation, du travail féminin, de la priorité donnée aux
loisirs, ceci sous l'influence des médias. Les travaux de l'INSEE consacrés à
quatre décennies de consommation ont confirmé le recul des produits bruts
(légumes frais, sucre) et des produits riches en matières grasses au profit des
produits préparés ou diététiques. Féculents et sucre sont absorbés plutôt sous
formes transformées.
- 18 -
Les Français disposent aujourd'hui d'une connaissance nutritionnelle de base qui
influence leurs choix à l'achat. Les consommateurs expriment des exigences
parfois contradictoires et une demande forte d'informations à hauteurs de
leurs inquiétudes. Ils exigent simultanément une alimentation «plaisir », une
alimentation nutritionnellement saine et une alimentation sans risque. Outre la
priorité donnée à l'hygiène et à la qualité du produit, ils demeurent très vigilants
sur les prix. Ils admettent cependant une augmentation s'il y a amélioration de la
qualité. L'ensemble de ces attentes s'adresse aux distributeurs, aux industriels
agroalimentaires et aux producteurs et pouvoirs publics.
Pour satisfaire leur clientèle, les distributeurs offrent une large gamme de
produits, de prix et de services. Ils commercialisent des produits faciles à
stocker et à conserver, prêts à consommer. Par le développement de cahiers
des charges, ils ont imposé aux industriels fournisseurs le respect des normes,
des procédures de contrôle et exigé une traçabilité.
Quant aux industriels, ils ont fait des efforts importants en adoptant des
mesures de certification de qualité du type ISO et en développant la
méthode HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point). Ils renouvellent et
élargissent régulièrement leur offre ; certains tirent parti des niches de marché
conformes aux attentes des ménages.
Par ailleurs, les actions publicitaires des IAA visent depuis une décennie à
rassurer le consommateur: elles privilégient les thèmes de la santé, du terroir,
ou de la protection de l'environnement…
- 19 -
Un des témoins majeurs de cette prise de conscience de la part des acteurs du
secteur agroalimentaire est l'étiquetage. Il concentre à la fois les attentes des
consommateurs et les réponses des industriels, des distributeurs sous le contrôle
des pouvoirs publics. C'est le seul moyen dont dispose le consommateur pour
s'informer sur les produits et est, de ce fait, un enjeu pour les industriels, les
distributeurs et les pouvoirs publics. Le code de la consommation stipule parmi les
mentions obligatoires pour les denrées préemballées : dénomination de vente,
liste des ingrédients et des additifs, date limite de consommation, date limite
d'utilisation optimale, lieu de fabrication, coordonnées du fabricant ou du vendeur,
mode d'emploi… Bien que plus de la moitié des personnes interrogées par la
SOFRES s'estime informée, une meilleure lisibilité des mentions portées sur
l'étiquette est demandée par les consommateurs.
3
Rapport du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et des Affaires Rurales
- 20 -
publics sont soutenus par des organismes professionnels et de contrôle (3) mais
aussi par des organisations consuméristes (4).
1/ Au niveau européen
Les premiers travaux sur ce sujet ont débuté en avril 1975. Le cadre réglementaire
européen s’organise autour de deux directives et d’un règlement. Ces textes
constituent l’environnement légal relatif à la responsabilité des produits.
Cependant, il reste à regretter la lenteur des Etats membres à transposer les
textes européens dans leur législation nationale. Il est indispensable que les Etats
membres mettent à jour leurs textes pour être en adéquation avec la législation
européenne.
Ce qu’il faut garder à l’esprit est le fait que le producteur est seul responsable de
la sécurité et de la santé des consommateurs.
2/ Au niveau national
- 21 -
A noter que cette partie est tirée du livre de Jean-Marc Lehu, « Alerte Produit ! ».
y L’article L221-1 précise « Les produits et les services doivent, dans des
conditions normales d’utilisation ou dans d’autres conditions
raisonnablement prévisibles par le professionnel, présenter la sécurité à
laquelle on peut légitimement s’attendre et ne pas porter atteinte à la santé
des personnes ».
- 22 -
y L’article L221-9 précise que les mesures prises doivent toutefois être
justifiées et en corrélation avec les engagements de la France sur le plan
international.
- 23 -
Ils sont habilités à :
Ö contrôler,
Ö interdire la commercialisation,
Ö réprimander si nécessaire.
Pour travailler dans des conditions optimales, ils sont aidés par des organismes.
La liste de ces organismes est fixée par décret et actualisée tous les deux ans.
Vous trouverez ci-dessous la présentation des plus importants.
- 24 -
Elle met en place les règles d’étiquetage, de composition et de dénomination des
marchandises de toute nature, elle vérifie la conformité du produit à la
réglementation et lutte contre les falsifications et les tromperies.
- 25 -
qualité des produits commercialisés. Par ailleurs, le marché plus ouvert peut
apparaître plus complexe pour le consommateur, qui risque, alors, d’avoir des
difficultés à adopter un comportement éclairé.
Dans ce contexte, les associations de consommateurs jouent un rôle très
important : elles sont au service des consommateurs pour :
- les informer,
- les conseiller,
- les assister dans le règlement de leurs litiges.
Elles sont les partenaires des professionnels et des pouvoirs publics pour lesquels
elles constituent un interlocuteur indispensable. Elles expriment enfin le point de
vue des consommateurs sur les thèmes d’actualité et les grands sujets de
consommation (par exemple la qualité et la sécurité des produits).
- 26 -
PARTIE 2, LES IMPONDERABLES D’UNE PROCEDURE
DE RAPPEL
- 27 -
Le blocage peut concerner les produits se trouvant en stock au niveau :
Ö de l’usine fournisseur,
Ö de l’entrepôt fournisseur,
Ö de l’entrepôt / plate forme client,
Ö des réserves arrières des magasins.
Comme il a été souligné dans la partie précédente, une opération de blocage peut
être suivie par l’enclenchement d’une procédure de retrait.
- 28 -
3/ Qu’est-ce qu’un rappel de produit ?
Une procédure de rappel est une opération très délicate pour l’entreprise
concernée. L’entreprise doit être prudente dans sa gestion mais aussi veiller à se
préparer « au retour à la normale ».
Le rappel d’un produit est une « action délibérée ou contrainte de l’entreprise,
organisée par elle ou par un tiers, qui vise à récupérer dans des conditions
optimum de sécurité et de préservation de son image, l’ensemble de ses produits
identifiés comme étant défectueux et/ou contraires à la législation en vigueur,
alors qu’ils sont déjà parvenus entre les mains du consommateur ».
Une opération de rappel a pour objectif d’informer rapidement les consommateurs
en possession du produit et de les convaincre (car en effet, il arrive parfois que
certains consommateurs ne prennent pas conscience du danger encouru par la
consommation des produits soumis à un rappel) de procéder au retour de leurs
produits dans les meilleures conditions.
L’objectif principal d’une procédure de rappel est donc d’éviter tout risque pour la
santé et la vie de consommateurs mais aussi de limiter au maximum la
dégradation de l’image de l’entreprise.
A noter que dans la majeure partie des cas, une opération de rappel impliquera
logiquement une opération de retrait alors que l’inverse n’est pas forcément vrai.
Enjeux stratégiques
Jean-Marc Lehu dans son ouvrage « Alerte Produit ! », quant à lui, identifie deux
décisions pouvant être à l’origine d’un retrait ou d’un rappel soit:
- 29 -
) Sécuritaire : dans le cas où le produit présenterait un danger pour la
santé et/ou la vie des consommateurs.
) Stratégique : afin que l’entreprise soit cohérente avec la stratégie qu’elle
mène et donc que son image auprès de ses partenaires et consommateurs
ne soit pas dégradée.
Ces décisions sont prises :
) à l’initiative de l’entreprise,
) ou suite à une contrainte de la part des pouvoirs publics ou du marché.
Part de marché
insuffisante Contrainte
Evolution
technologique
générale DECISION
Obligation légale STRATEGIQUE
et/ou pression
concurrentielle
4
« Alerte produit ! Quand le produit doit être retiré de la vente ou rappelé », Jean-Marc Lehu & Marie-José
Nicou, Les éditions d’organisation, 1998 ; p26
- 30 -
Pour conclure sur le sujet, il faut garder à l’esprit qu’en fonction de la procédure
mise en œuvre, retrait ou rappel, les implications techniques, financières et
marketing sont souvent très différentes. En effet, une procédure de rappel peut
avoir un impact très négatif sur le plan financier et de l’image pour l’entreprise
concernée.
Il me semble important d’insister sur ces deux notions. Nous ne pouvons pas
traiter de la gestion des retraits et des rappels sans définir ce que sont :
- une alerte,
- une crise.
En effet, la première correspond à l’origine des procédures de retrait et de rappel,
la seconde est malheureusement une des situations face à laquelle l’entreprise est
confrontée
.
A la suite de la découverte d’un défaut sur un produit, l’acteur concerné donnera
l’alerte. Cela peut être :
1. l’industriel,
2. le distributeur,
3. un consommateur,
4. l’administration.
- 31 -
Figure 4, Exemples de définitions du mot « crise »
Nous pouvons alors en conclure qu’une crise est une situation de risque (santé,
sécurité ou économique) réelle ou supposée qui peut créer une inquiétude
- 32 -
collective. Cette situation est aggravée par un contexte sensible, elle requiert un
traitement en urgence. La dimension médiatique est l’une de ses composantes.
La définition qui suit me semble très intéressante, de plus elle reprend les notions
fondamentales.
« Une situation de crise est avant tout une situation d’urgence. Il est donc
déterminant de percevoir rapidement les priorités et de prendre les décisions les
plus adaptées aux circonstances. Ces décisions impliquent, dans certains cas,
des contraintes pour la population (elles peuvent par exemple, apporter des
limitations aux libertés individuelles).Elles peuvent également avoir un impact
psychologique important. Il convient donc de mesurer toutes les incidences des
actions à engager quelle que soit la pression des évènements. » (Bertrand
Boucault, Préfet du Maine et Loire).
1/ L’évènement initiateur
Ö Les sources possibles
Une procédure de rappel peut avoir plusieurs origines. Elles peuvent être internes
à l’entreprise mais aussi externes. Ce qu’il faut entendre par sources externes, ce
sont :
- les pouvoirs publics ou les organismes de contrôle,
- les hôpitaux,
- les médias,
- 33 -
- les consommateurs,
- les associations consuméristes,
Puis pour toutes autre origines, les organisations pratiqueront une procédure de
veille.
Ö L’évaluation de la crise
Pour pouvoir réagir de la manière la plus efficace face à une crise, l’entreprise doit
absolument évaluer la situation dans laquelle elle se trouve.
Pour se faire, l’entreprise passera par plusieurs étapes :
- identification des sources d’informations disponibles,
- vérification de la fiabilité des informations,
- 34 -
- définition rapide du problème mais aussi de son origine,
- définition des produits impliqués (numéros de lots) ainsi que,
o des volumes impliqués,
o des dates de fabrication,
o des sites de production concernés,
o des canaux de distribution par lesquels sont passés les produits
défectueux.
Cette phase d’évaluation de la crise est primordiale pour l’entreprise car à son
issue elle décide ou non de déclencher une procédure d’alerte pour procéder au
retrait/rappel de ses produits.
Lorsqu’un défaut apparaît sur un produit, plusieurs personnes et/ou entités doivent
être mises au courant, aussi bien en interne qu’en externe. Cette étape ne peut se
faire qu’après l’évaluation de la crise. C’est à ce moment précis que l’alerte est
lancée. Le responsable de l’entreprise et l’ensemble des employés sont les
premières personnes à prévenir.
Si le problème rencontré par l’entreprise présente un risque pour la santé et/ou la
sécurité des consommateurs, l’entreprise doit prévenir les pouvoirs publics via la
DGCCRF et la CSC. A noter que si l’entreprise concernée est une multinationale,
elle aura la charge de prévenir les organismes compétents au niveau de tous les
pays dans lesquels elle distribue ses produits. En outre, l’entreprise préviendra les
médias (AFP, Agence France Presse et Reuters) au moyen d’une déclaration sur
les problèmes rencontrés.
- 35 -
L’entreprise doit aussi informer ses partenaires, les distributeurs. Elle doit veiller à
envoyer toutes les informations concernant les modalités de l’opération de rappel.
Enfin, elle informera les organismes consuméristes, les fédérations et associations
professionnelles dans le but que ces derniers informent les consommateurs. De
plus, ces entités pourront dans certains cas apporter une aide précieuse quant au
déroulement de la procédure étant donné leurs expériences.
Les mesures prises par l’entreprise face à une situation de crise dépendent,
comme déjà évoqué ci-dessus, de l’évaluation de la crise qu’elle en fera. Nous
allons prendre ici la « pire situation » dans laquelle elle peut se retrouver :
procéder au retrait/rappel de ses produits. Je dis la pire car ces retraits/rappels
peuvent avoir des impacts très lourds pour l’entreprise au point de vue interne
(baisse de la motivation du personnel, baisse de la productivité, coûts très
importants…) mais aussi externe (dé crédibilisation aux yeux des actionnaires,
faire l’objet d’articles dans des journaux consuméristes…). C’est pourquoi,
l’entreprise, dans ce cas-là doit réagir vite et efficacement.
- 36 -
une coordination parfaite et donc de ne pas perdre de temps. Il est
important de toujours garder à l’esprit que lors d’une procédure de rappel,
le pire ennemi face auquel il faut combattre est le temps. Par conséquent,
plus les acteurs sont mobilisés rapidement, plus la procédure se fera
rapidement.
5
Exemple repris dans une présentation réalisée par GS1
- 37 -
¬ ETAPE 1 : Réclamation d’un consommateur au magasin CARREFOUR suite à
un défaut rencontré sur une bouteille 1.5L COCA-COLA.
Mardi
10h00
Le magasin informe
ses entrepôts de la réclamation en indiquant
le code à barre et le numéro de lot concerné.
- 38 -
¬ ETAPE 3 : La logistique centrale CARREFOUR informe à son tour la logistique
centrale COCA-COLA de la réclamation en lui fournissant toutes les données
nécessaires pour réagir au plus vite et retrouver les produits susceptibles de
présenter le même défaut.
Mardi
11h00
- 39 -
Logistique Centrale
COCA-COLA
USINES Mardi
11h30
H 14 Y 17:22
Ligne de production Jour : 14 Mois : Décembre Heure d’étiquetage :
H à l’usine de Grigny 5:22 pm
Identification et localisation des SSCC (Serial Shipping Container Code, code à 18 chiffres
permettant d’identifier la palette) concernés.
- 40 -
Mardi
13h30
30 SSCC stockées
dans les entrepôts Transmission:
Coca-Cola. -N° de bon de livraison
BLOQUEES - Date de livraison
-SSCC
-Numéro de lot
30 SSCC stockées
100 SSCC chez des clients
identifiés divers.
20 SSCC
40 SSCC stockées Entrepôt 1
dans les entrepôts
Carrefour.
20 SSCC
Entrepôt 2
10 SSCC en stock
BLOQUEES
9 SSCC
livrées en palettes
20 SSCC identifiés complètes à
9 magasins. 22 caisses livrées
à 5 magasins.
1 SSCC en picking.
30 caisses encore
en picking.
BLOQUEES
- 41 -
¬ ETAPE 7 : La logistique centrale CARREFOUR a pu identifier où le produit était
localisé soit dans ce cas présent dans 14 magasins. En conséquence, toutes les
informations suivantes leurs sont transmises :
- le numéro de bon de livraison, Mardi
- la date de livraison, 14h30
- 42 -
permet de retrouver à l’instant voulu les produits potentiellement dangereux pour
la vie d’autrui (3).
La traçabilité a été définie en 1987 par la norme NF EN ISO 8402 comme étant
« l’aptitude à retrouver l’historique, l’utilisation ou la localisation d’une entité au
moyen d’identifications enregistrées ». La traçabilité permet alors de retrouver :
- l’origine des matériaux et des pièces utilisées pour la fabrication
d’un produit,
- l’historique des processus appliqués au produit,
- la distribution et l’emplacement du produit après livraison.
- 43 -
Par conséquent, aujourd’hui les entreprises agroalimentaires doivent être en
capable d’identifier leurs fournisseurs et leurs clients, et de disposer de systèmes
permettant de mettre ces informations à la disposition des autorités compétentes.
Cependant, en l’absence de lignes directrices concrètes dans le règlement
européen, le Conseil National de l’Alimentation, le CNA, a défini avec l’aide d’un
groupe de travail au niveau national le premier document officiel dédié à
l’interprétation des obligations dans son rapport du 5 juillet 2004. Le CNA est un
organisme consultatif sous l'égide des ministères de l'Économie, des Finances et
de l'Industrie, de l'Agriculture et de la Santé. Il réunit tous les partenaires de la
filière agro-alimentaire. Il a un rôle très actif.
- 44 -
installations étrangères qui fabriquent, traitent, conditionnent ou conservent des
produits alimentaires destinés à la consommation humaine ou animale aux
Etats-Unis6 ».
6
Intervention de la FDA, Food and Drug Administration, agence gouvernementale américaine sous la tutelle
du Minsitère de la Santé.
7
e-logisticien.com
- 45 -
- en amont, si l’incident a pu se produire chez un fournisseur,
- en aval, si l’incident a pu se produire lors du transport, par
exemple.
Le TRACKING, défini par la norme ISO 8402, est l' "aptitude à retrouver
l'historique, l'utilisation ou la localisation d'une entité au moyen d'identifications
enregistrées"9.
C’est une forme de traçabilité qui désigne le suivi quantitatif des produits. Elle
dépend du bon enregistrement des liens entre les produits successifs dans la
filière. Elle permet de localiser les produits, de déterminer les destinations et les
provenances.
Lors d’une procédure de retrait/rappel, nous parlerons alors de tracking car cela
nous permettra de connaître l’emplacement exact de nos produits défectueux.
8
http://www.alaide.com/dico.php?q=Tracing
9
e-logisticien.com
10
http://www.alaide.com/dico.php?q=Tracking&x=14&y=6
- 46 -
Figure 5, Nombre d’articles parus dans « Le Monde » sur le sujet de la
traçabilité
11
En outre, le schéma représenté ci-dessous, réalisé par GS1 souligne le fait que
les consommateurs ont entendu parler de la traçabilité pour la majorité au travers
des crises alimentaires, notamment celle concernant la « vache folle ».
10%
14%
43%
15%
41%
Lors d'une crise alimentaire
Informations à la TV, radio, presse
Sur un emballage ou une publicité pour un produit
Dans un contexte professionnel
Autres
12
11
La Traçabilité, outils, méthodes et pratique ; éditions d´Organisation
12
Informations issues d’une présentation réalisée par GS1
- 47 -
sont de cet avis). Cependant, la qualité et la clarté des informations données par
les médias sont jugées plutôt bonnes par les consommateurs (57%).
La viande 88%
Le textile 29%
- 48 -
Figure 7, Résultat enquête sur la traçabilité 2/3
¬ A la question « quelle serait selon vous le meilleur moyen de vous prouver
qu’une traçabilité est assurée sur un produit ? », les consommateurs
considèrent à :
- 46% qu’une information complète sur le détail du processus de
traçabilité, avec toutes les étapes est nécessaire.
- 44% que la création d’un label garantirait que le produit suit les
normes de qualité.
- 8% qu’il ne faut pas trop d’informations.
- 2%, autres.
- 49 -
Nous pouvons noter que pour une grande majorité la traçabilité représente dans
l’esprit des personnes interrogées le moyen de retirer des produits pouvant être
dangereux.
Une procédure de rappel impliquera pour une entreprise la mise en place d’une
cellule de crise (1). De plus, elle devra suivre un schéma de flux d’informations et
de marchandises spécifiques (2). L’entreprise aura tout intérêt à être très vigilante
à cette étape pour limiter au maximum l’impact financier que pourrait avoir la
procédure de rappel (3).
Quand un défaut est constaté sur un produit, une cellule de crise est mise en
place. Cette dernière a un rôle essentiel dans la réussite ou non de la gestion de
la procédure de retrait/rappel. Son rôle consistera à :
- 50 -
c) Estimer les conséquences possibles de la crise : la cellule de crise doit
être capable d’envisager dès le début de la crise les conséquences
éventuelles que cette dernière aura sur l’entreprise. Elle traitera :
- des conséquences financières,
- des conséquences sur l’organisation interne de l’entreprise,
- des conséquences sur l’image de l’entreprise…
- 51 -
Lors d’une procédure de retrait/rappel, plusieurs acteurs participent aux flux
d’informations, à savoir :
- l’industriel (fournisseur),
- les organisations (Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et
de la Répression des Fraudes, Direction Générale de l’Alimentation, Association
Nationale de l’Industrie Alimentaire…),
- le distributeur,
- les plates formes de distribution,
- les points de ventes (magasins),
- les consommateurs.
FOURNISSEURS
- 52 -
L’industriel est ici à l’origine du flux. Il fait suite à une opération de contrôle
sur la chaîne de production. Il informera alors simultanément tous les
acteurs, les organisations (-0-), le distributeur (-1A-) et les consommateurs
(-1B-). Le distributeur prend ensuite le relais, il informera à son tour ses
plates formes (-2-) et ses points de ventes (-3-). Ce type de flux se
déclenchera notamment dans le cas d’un retrait/rappel de produits pouvant
mettre en danger la santé et/ou la vie du consommateur.
La maîtrise des flux d’informations est indispensable dans le cas d’une procédure
de retrait/rappel car ils permettent d’avoir une vision claire quant à l’emplacement
des produits mais aussi de fournir les dispositions à prendre. Les flux doivent être
les plus fluides possibles dans le but de réagir au plus vite et de lutter contre le
pire ennemi dans ce type de situation, le temps.
- 53 -
Les flux physiques
Tout comme les flux d’informations, les flux physiques mettent en scène tous les
acteurs de la chaîne de distribution. Cependant, à la différence des flux
d’informations, les flux physiques sont à la charge de l’industriel. En effet, les flux
d’informations sont la responsabilité de tous les acteurs, en revanche les flux
physiques liés au retrait/rappel de produit sont organisés et gérés par l’industriel.
MAGASIN
C
DEPOTS O
MAGASIN
USINES N
S
MAGASIN O
USINES M
M
MAGASIN A
T
PLATES FORMES E
DISTRIBUTEURS MAGASIN U
R
S
MAGASIN
- 54 -
3/ Les coûts
Les retraits et rappels de produit représentent des coûts plus ou moins importants
pour l’entreprise. Cette différence est essentiellement due à l’origine de la crise et
à sa gestion. En effet, si les produits sont simplement retirés du marché et
qu’aucune information n’a été divulguée par les médias ou autres (pouvoirs
publics, organisations consuméristes, etc…) alors le retrait ne représentera pas
une hausse importante des coûts. En revanche, s’il s’agit d’un rappel de produits,
la situation est différente. L’entreprise devra gérer rapidement son rappel pour
faire en sorte de limiter au maximum les coûts occasionnés.
Jean-Marc Lehu dans son ouvrage « Alerte Produits » distingue six postes de
coûts différents avec lesquels je suis particulièrement d’accord:
Un coût économique
Tout d’abord, si l’entreprise met en place une procédure de rappel de produits,
cela signifie une perte directe de production. Par conséquent, un rappel de
produits représente une perte directe de chiffre d’affaires mais aussi de profits.
Un coût financier
Pour les entreprises cotées en bourse, un rappel de produit peut avoir un impact
très négatif sur la confiance des investisseur, et donc la capitalisation boursière
peut chuter rapidement avec un risque potentiel d’OPA contre l’entreprise
(M.Gollety, N.Guichard, J-M Lehu, R.Van Hemms, 2005).
De plus, en fonction du coût économique supporté par l’entreprise, la trésorerie
peut se retrouver très fortement impactée et la situation peut même conduire à la
cessation de paiement. Cette situation a été vécue en 1990 par l’entreprise
Perrier. Cette dernière a dépensé environ 183 millions d’euros pour faire face au
rappel de 160 millions de bouteille suite à l’affaire « du benzène ». Suite à cela
l’entreprise Perrier a été rachetée par le groupe Nestlé.
Un coût judiciaire
En fonction de la gravité de l’origine du rappel, mise en danger de la santé et/ou
de la vie des consommateurs, il peut faire l’objet pour l’entreprise d’actions en
- 55 -
justice. Alors l’entreprise devra supporter les coûts de la procédure et des
indemnités qui lui sont liées. Dans certains cas, ces coûts peuvent être très
élevés. En outre, il n’est pas exclu que les pouvoirs publics infligent des pénalités
et des amendes voir même une interdiction de commercialisation.
A noter que ces coûts sont à la charge de l’entreprise productrice ou à celle qui
est responsable de sa première mise sur le marché.
Un coût de communication
A partir du moment où l’entreprise détecte un problème sur un de ses produits,
elle doit donner l’alerte aux consommateurs détenteurs du produit en question.
Elle passe alors par de multiples relais d’informations tels que :
- les médias,
- les pouvoirs publics,
- les partenaires commerciaux, techniques et/ou financiers de l’entreprise.
En fonction de l’ampleur du rappel, l’entreprise peut recourir à une agence conseil
spécialisée qui sera chargée de gérer les relations publiques ainsi que
l’organisation de la communication autour du rappel du produit.
Un coût stratégique
Un rappel de produit met l’entreprise dans une position très inconfortable car elle
fait ressortir une défaillance consciente ou inconsciente, ponctuelle ou durable
- 56 -
(M.Gollety, N.Guichard, J-M.Lehu, R.Van Hemms, 2005). De ce fait, il est fort
probable d’envisager que les comportements d’achat des consommateurs
diffèrent, que les distributeurs dé référencent le produit concerné et pire toute la
gamme. Cela aura pour conséquences, d’altérer la stratégie commerciale de
l’entreprise et éventuellement de détériorer ses parts de marché au profit de ses
concurrents (Craftton et al., 1981).
Puis, l’entreprise doit être très attentive à un autre risque, la baisse de moral de
son personnel. Cette situation pourrait avoir des graves conséquences sur la
productivité et la qualité.
En outre, le rappel d’un produit peut conduire à un renforcement de la législation
ce qui pénaliserait encore plus le retour de l’entreprise sur le marché.
Les conséquences les plus dramatiques, en plus d’un coût financier très
important, pour une entreprise lors d’une procédure de rappel sont :
- la dégradation de son image,
- l’altération du comportement d’achat des consommateurs.
Nous verrons alors ce que signifie l’image (1). Puis nous étudierons la manière
dont le consommateur peut percevoir un rappel et la conséquence sur ses actes
d’achat futurs (2). Cependant, l’entreprise au moyen de la communication et
l’information peut largement diminuer les effets négatifs (3).
Les entreprises gèrent leurs images de marque en définissant des objectifs, une
stratégie tout en veillant à assurer une cohérence entre tous les éléments
constitutifs. L'image de marque est un véritable actif de l'entreprise, elle a une
valeur, même si celle-ci est difficilement quantifiable.
Afin qu’une entreprise sache comment réagir lors d’une procédure de rappel, il est
important pour elle de connaître comment les consommateurs risquent de réagir.
Pour répondre à cette problématique, nous nous appuierons sur une étude
réalisée par Mathilde Gollety, Nathalie Guichard, Jean-Marc Lehu, Régine Van
Heems sur le « Rappel d’une marque alimentaire en grande distribution et
réponses du consommateur » pour le 1er Congrés International de l’IREMAS13.
13
Institut de Recherche En Marketing de l’Alimentation Santé
- 58 -
Le début de l’étude traite des relations antérieures et du comportement du
consommateur vis-à-vis d’une marque et l’influence que cela peut avoir sur son
comportement d’achat après une procédure de rappel.
Les auteurs évoquent la « théorie de la dissonance cognitive » qui stipule qu’un
consommateur transformera les informations reçues lors d’une procédure de
retrait/rappel dans le but qu’elles soient en accord avec ses croyances initiales et
ses convictions.
Le consommateur modifiera son comportement que dans le cas où il reçoit
beaucoup d’informations en contradiction avec ses convictions.
A noter que cette théorie est aussi vraie dans le cas inverse. Plus le
consommateur a une mauvaise image d’une marque plus ce sentiment se
renforcera lors d’une procédure de retrait/rappel.
Cependant toutes ces hypothèses ont été remises en question à la suite d’une
étude réalisée par les auteurs avec la marque Coca-Cola. L’étude consistait à
interroger des étudiants sur l’image qu’ils avaient de la marque Coca-Cola et de
leurs habitudes d’achat vis-à-vis de cette marque. Puis un article de journal fictif
leur a été distribué dans lequel ils pouvaient prendre connaissance d’une
anomalie sur un produit de la marque Coca-Cola. Suite à cela, les étudiants ont de
nouveau été interrogés sur les mêmes éléments. Cependant, les résultats obtenus
remettent en question ce qui a été dit précédemment. Les résultats montrent que
l’annonce du rappel a plus d’impact sur les personnes ayant une attitude initiale
- 59 -
très positive. De la même manière, l’image et le comportement d’achat sont plus
dégradés pour les consommateurs fidèles.
Ce qu’il faut alors comprendre est le fait qu’il est très difficile de connaître au
préalable la réaction que les consommateurs auront à la suite d’une procédure de
rappel. En conséquence, les entreprises doivent envisager tous les scénarii pour
mettre en œuvre des actions limitant au maximum les impacts négatifs. Les
entreprises doivent être à l’écoute et observés en temps réel les comportements
d’achats suite à une opération de rappel dans le but d’élaborer des stratégies pour
redonner confiance aux consommateurs.
Samuel D. Ostrow, P.D.G Rowland Public Affairs évoque que « Dans chaque
crise, environ 10% du public vous haïra quelle que soit la qualité de votre réponse.
10% autres continueront à utiliser vos produits et vos services sans considérer
leur aspect mortel avéré. Cependant, vous devez concentrer votre attention sur le
fait que vous êtes réellement en train de vous battre seulement pour l’acceptation
réticente des 80% du public, qui d’ordinaire, ne prêtent guère attention à vous,
mais qui virtuellement statueront pour toujours à votre sujet, pendant vos 15
secondes de célébrité non recherchée. Ne perdez pas de temps à argumenter
avec ceux qui vous détestent et ceux qui vous aiment. Tâchez juste convaincre le
désintéressé que votre comportement pour résoudre la situation est suffisamment
raisonnable, pour tenir compte de la crédible reprise éventuelle de vos messages
marketing et institutionnel, habituellement efficaces. »
Cette analyse nous montre bien l’enjeu d’une communication pour une entreprise
lors d’une procédure de rappel. L’objectif de la communication est de préserver
son image non pas envers ses consommateurs fidèles mais bien envers ceux
pouvant se retourner sans problèmes vers les entreprises concurrentes.
- 60 -
société, elle ne peut pas rester dans le silence. En revanche, si l’opération
consiste simplement à un retrait, l’entreprise peut tout à fait taire cet événement.
FLUX D’INFORMATIONS
L’entreprise dispose de divers supports pour fournir les informations qu’elle juge
nécessaire :
- La boîte vocale
- Internet / Intranet / Extranet
- Associations consuméristes
- Médias
- Numéros verts
- Lettres personnalisées Contact « direct » => diminution
- Courriers électroniques du risque de déformation et
augmentation des liens de confiance
- Réunions
- Publicité
- 61 -
PARTIE 3, COMMENT MIEUX OPTIMISER LA GESTION DE
CRISE LORS D’UNE PROCEDURE DE RAPPEL
La situation de crise pour une entreprise est très dangereuse pour sa pérennité et
doit être gérée très habilement pour limiter au maximum tous les risques qui y sont
liés.
Nature des
risques Conséquences possibles à Conséquences possibles
éventuels court terme à moyen/long terme
Médiatisation -dégradation de l’image de -perte de confiance
incontrôlée du l’entreprise, confirmée,
rappel -traitement plus difficile de la -traitement plus coûteux,
crise, -durcissement de la
-possibilité de contamination législation afférente,
sectorielle, -révélation opportune
-mouvements anormaux du d’autres problèmes non liés
cours de bourse. à la crise.
Arrêt de la -perte des denrées périssables, -altération de l’outil de
production -perte de chiffres d’affaires/de production non inutilisé,
(décidé ou profits, -fragilisation de l’entreprise,
contraint) -amplification des doutes sur risques d’OPA,
l’entreprise, -plan de restructuration
-plan de chômage technique. accompagné de
licenciements,
-fuite de personnels
qualifiés vers la
14
Revue Française de Gestion « Vers la gestion anticipée d’un rappel de produit », Mathilde Gollety,
Nathalie Guichard, Jean-Marc Lehu, Régine Van Heems
- 62 -
concurrence.
Rejet/critique de -dégradation immédiate de -coût de la
la part des l’image de l’entreprise, procédure/dommages
consommateurs -procès individuel/action -intérêts possibles,
collective contre l’entreprise. -médiatisation négative à
rebours lors des procès,
-perte de confiance à long
terme
Réaction des -vecteurs amplificateurs de la -prise de parts de marché
concurrents crise, par la concurrence/captation
-communication concurrentielle de la demande,
supplémentaire, -abandon de la part de
-occupation de linéaires certains distributeurs,
vacants. -retour impossible/coût à
l’entrée trop élevé/perte du
marché.
- 63 -
-fragilisation de
l’entreprise/risques d’OPA.
Réserve de la -difficultés d’approvisionnement, -nouveaux appels
part des -paralysie partielle ou totale de d’offre/délai de relance du
fournisseurs la production, produit/coût,
-annulation de commandes. -obligation possible de
modification des
caractéristiques de la
production,
-délai de relance du
produit/coût.
Distance de la -difficultés de -mise en redressement /
part des trésorerie/cessation de liquidation,
partenaires paiement, -perte de confiance
financiers -chute de la capitalisation généralisée,
boursière, -handicap à
-arrêt brutal des l’investissement,
approvisionnements de -ralentissement de la R&D
fournisseurs impayés. et réduction des capacités
d’innovation.
Culpabilisation -perte de motivation, -bouche à oreille négatif à
des personnels -augmentation du taux de propos de l’entreprise de la
rebus, part des personnels,
-risque de mouvements -baisse de la productivité,
sociaux, -perte de confiance et fuite
-ralentissement / arrêt de la de personnels qualifiés vers
production. la concurrence,
-problèmes de recrutement
ad hoc en cas de relance.
- 64 -
rappel, c’est pourquoi il est important que l’entreprise ait conscience de tout cela
avant même de se retrouver dans une telle situation, une situation de crise.
L’entreprise aura plusieurs enjeux auxquels elle devra répondre si elle souhaite
gérer la situation de la manière la plus optimale possible :
L’entreprise aura donc quatre objectifs majeurs pour mener à bien sa mission
dans le cadre d’une gestion de crise :
- 65 -
SECTION 1, L’ANTICIPATION, ELEMENT DETERMINANT
Toutes les écoles de pensées s’accordent à dire qu’un des moyens les plus
efficaces pour optimiser une gestion de crise réside dans l’anticipation.
L’anticipation consiste en « une action de prévoir, d’imaginer des situations, des
évènements futurs »15.
Le fait d’anticiper permet de limiter l’effet de surprise et donc d’agir sereinement,
calmement et donc plus efficacement.
Anticiper passe alors par la définition d’un seuil à ne pas franchir (1), mais aussi
par la connaissance d’outils et de méthodes pour optimiser la gestion de crise (2)
et enfin par la mise en place de process et de tests d’efficacité pour garantir la
fiabilité du plan d’urgence (3).
Pour juger de l’entrée dans une crise, une entreprise doit avoir définie au
préalable ce qu’elle entend par le mot crise mais aussi des seuils critiques en
dessous desquels elle ne peut pas se permettre d’aller. Que ce soit la définition de
la crise ou des seuils d’alerte, ils diffèreront en fonction de l’activité de l’entreprise.
En ce qui nous concerne, les entreprises du secteur agroalimentaire auront
tendance à prendre en compte :
- une augmentation anormale du nombre de plaintes des
consommateurs,
Ces deux éléments pourront être considérés comme deux indicateurs clés de
l’existence d’un problème sur un produit. Ces éléments permettront d’évaluer la
situation et de prendre la décision ou non de la mise en place de la cellule de
crise.
15
Petit Larousse illustré, 1990
- 66 -
L’entreprise peut aussi s’aider de ce que nous appellerons un arbre de décision
qui l’aidera à définir si oui ou non elle devra gérer une crise ou un incident.
Le problème concerne-t-il la
Le problème a-t-il des sécurité alimentaire ?
conséquences sur la santé d’un
collaborateur ?
Le problème dépasse-t-il le
cadre local ?
Le problème a-t-il une
Le problème met-il en cause
incidence sur le milieu
une administration?
naturel ?
Le problème est-il médiatisé
ou médiatisable ?
Si à une seule de ces questions, la réponse est « oui » alors l’entreprise se trouve
en situation de crise ! Elle devra alors prendre toutes les mesures nécessaires
pour la gérer le plus efficacement possible.
Aujourd’hui, lorsqu’une entreprise doit gérer une crise, elle se retrouve confrontée
à trois problématiques majeures :
- la difficile anticipation des crises,
- 67 -
Dans un article parus dans le magazine de la communication de crise et sensible,
Christophe Roux-Dufort, Professeur EM Lyon, nous présente l’avis de deux
écoles.
La première évoque le fait que la gestion de crise se limite encore trop aux
manuels de gestion de crise, à des procédures d’urgence, à une cellule de crise et
à quelques exercices de simulation. Elle reproche le manque de sensibilisation
des équipes dirigeantes qui ne fait que renforcer les problématiques citées au
dessus.
L’autre école quant à elle souligne le fait que les crises ont évolué alors que leur
gestion est restée identique. Les outils traditionnels de gestion tels que, les
analyses de risques, les plans de gestion de crise, les cellules de crise, etc, ne
suffisent plus.
Par conséquent, les vraies actions à développer sont:
Ces deux actions sont le point de départ de l’optimisation d’une gestion de crise.
Sans elles, les procédures, les analyses de risques… ne peuvent être efficaces.
- 68 -
Par conséquent, une fois ces deux actions menées, il s’agit de mettre en place
des process ainsi que des tests d’efficacité pour aider l’entreprise à lever le voile
sur les fragilités qui préparent les grandes défaillances.
Pour se faire, la direction de l’entreprise devra être très discrète quant à l’exercice
pour faire en sorte de le rendre le plus efficace possible. Toutes les actions
doivent se réaliser dans les conditions définies par les process et menées par les
membres de la cellule de crise. Pendant ce temps là, plusieurs personnes, à
l’instar d’auditeurs, sont chargées de suivre les actions et de les décrire dans un
rapport.
- 69 -
Une fois l’exercice terminé, tous les rapports sont regroupés, synthétisés puis
analysés. A la suite de cette analyse, l’entreprise pourra juger de l’efficacité de ces
process ou alors les corriger ou encore les compléter.
Pour atteindre ces objectifs, l’entreprise devra établir une relation avec tous ses
interlocuteurs, de ses fournisseurs jusqu’à son client final. Cette action n’est ni
plus ni moins que la définition de la communication.
- 70 -
Pour se faire, l’entreprise soutenue par sa cellule de crise devra :
Tableau 8, Liste non exhaustive des tâches à faire par la cellule de crise
Dire la vérité, reconnaître le problème, reconnaître les faits.
S’assurer de la cohérence de toutes les informations transmises, à l’intérieur de
l’entreprise comme à l’extérieur.
Rester factuel, s’en tenir aux faits sans commentaires, sans interprétation qui
pourraient être contestés, ou déclencher une polémique.
Valider les informations à transmettre à l’extérieur.
Temporiser, si nécessaire, avant de répondre à une question, fixer une
échéance et
s’y tenir.
S’adresser à tous les interlocuteurs, ne négliger aucune catégorie de
personnes.
Se trouver dans une situation de crise est très destabilisant pour une entreprise.
Elle doit agir vite et bien. Cependant, elle doit absolument éviter de :
Tableau 9, Liste non exhaustive des tâches à ne pas faire par la cellule de
crise
Ne rien dire, ne pas répondre, sous prétexte de l’absence d’un dirigeant ou de
responsables.
De faire des déclarations trop rassurantes, trop générales, n’impliquant pas
réellement l’entreprise ou son représentant.
Les phrases du type « nous n’avons pas de commentaires à formuler », « nous
n’avons rien à dire », etc.
De reconnaître que l’on est incapable de fournir des informations.
- 71 -
De porter l’accusation sur d’autres responsabilités, sur d’autres entreprises, sur
l’Administration.
D’alterner les affirmations et les démentis.
De ne pas reconnaître les faits, de mentir.
De refuser de communiquer.
Cependant, afin que le plan d’action soit appliqué efficacement, il doit être
soutenue par une « plan de communication de crise ».
Ce dernier doit définir la manière dont doit être présenter le plan d’action aussi
bien en interne qu’en externe. Il sera le « fil conducteur » quant aux questions
suivantes :
- qui est en charge de décider du fond de la communication ?
- qui est en charge de communiquer ?
- auprès de qui l’entreprise doit communiquer ?
- 72 -
- quels sont les moyens dont dispose l’entreprise et comment elle va les
utiliser ?
La cellule de crise
Une cellule de crise représente le support logistique et le support communication
dans la gestion de crise. C’est à travers elle que toutes les décisions et actions
seront décidées. Il est possible que la cellule de crise soit dispersée sur tout le
territoire en plusieurs entités de sorte que son action soit la plus efficace possible.
De plus, elle est en contact plus proche avec ses interlocuteurs locaux.
- 73 -
- anticiper les réponses à donner aux questions des personnes en interne
et en externe sur des éléments :
o techniques et factuels tels que les caractéristiques des processus
de production, de distribution, de stockage ou encore les
appareils ou les matières premières à l’origine du défaut,
o administratifs tels que les divers textes de lois et règlements
auxquels l’entreprise est soumise, les courriers administratifs
éventuels et même les autorisations,
o historiques en relation éventuelle avec l’incident rencontré sur les
produits incriminés,
- définir et fournir les informations « en temps réel » sur :
o l’avancement de la gestion de la procédure de retrait/rappel,
o les éventuelles victimes,
o les impacts sur l’entreprise en terme d’organisation et de
« business »,
o les actions mises en œuvre,
o les échéances envisagées du « retour à la normale ».
- coordonner les messages et les actions avec les autres cellules de
crise,
- rédiger et préparer les documents destinés à soutenir le plan de
communication,
- recourir si nécessaire à des cabinets de conseil extérieur,
- désigner les personnes en charge de la communication en interne et en
externe.
La cellule de crise doit disposer de tous les moyens nécessaires pour mener à
bien la procédure de rappel et gérer la crise qui en découle. Pour se faire, il est
indispensable qu’une liste des moyens à mettre à disposition soit rédiger et qu’en
face de chaque il soit annoté sa localisation. La meilleure solution serait de
regrouper toutes ces informations et moyens dans un seul et même endroit dans
le but de limiter au maximum les pertes de temps liés à la recherche de ces
derniers.
- 74 -
L’organisation et les moyens de la cellule de crise et de communication
Au moment d’une crise, il y a un paramètre déterminant à prendre en compte et à
ne pas négliger c’est le temps. C’est pourquoi une cellule de crise doit fonctionner
24 heures sur 24 et ceci de manière autonome.
De ce fait, il faut avoir au préalable réfléchi et rédigé une procédure dans laquelle
sont indiquées les locaux à disposition ainsi que les personnes qui seront
autorisées à y entrer.
Jean-Marc Lehu dans son ouvrage « Alerte Produit ! » a défini douze règles de
bases d’une bonne communication que nous allons reprendre ici et détailler.
1. Accessibilité de l’entreprise aux médias : cette condition est importante
dans le sens où l’entreprise doit avoir connaissance de tout ce qui se dit sur
l’avancement de sa procédure de rappel et sur sa communication.
- 75 -
2. Implication manifeste de l’entreprise au plus haut niveau : cela donne à la
procédure de rappel une plus grande crédibilité et montre aux personnes
internes/externes que tout le monde est impliqué et solidaire.
8. Maîtrise de délais de réaction très courts : dans le cas d’une crise, il faut
agir vite pour limiter au maximum les conséquences négatives.
- 76 -
aspects positifs de son action afin de conserver une bonne image auprès
de son public.
11. Aide et/ ou caution d’organismes officiels pendant la crise : l’entreprise peut
être soutenue par des organismes officiels. Ceci ne fera qu’accroître sa
volonté de bien faire et donc amplifier son image positive.
1/ « Le retour à la normale »
Une fois que tous les produits rappelés se trouvent entre les mains de l’entreprise,
elle peut considérer que sa procédure de rappel est achevée. Cependant, elle ne
peut pas forcément en dire autant de la crise. En effet, en fonction de la gestion de
crise pratiquée, cette dernière peut être plus ou moins longue. Quoiqu’il en soit
l’entreprise doit faire en sorte de reprendre ses activités dans des conditions
normales et tenter d’estomper les effets négatifs au point de vue interne et
externe.
En conséquence, là aussi, elle aura intérêt à avoir anticiper cette étape par le biais
de procédures.
¬ En interne,
Ici, elle devra faire face à un personnel affecté par la crise. Son objectif doit alors
consister à lui redonner confiance pour le motiver à travailler de nouveau et à être
productif.
- 77 -
Pour se faire, elle devra lui expliquer les raisons pour lesquelles l’entreprise est
arrivée à cette situation et les actions qui ont ou qui vont être menées pour veiller
à ce que ça ne se reproduise plus. La meilleure des solutions dans ce cas précis
est de fournir à tout le personnel un rapport résumant toute la situation en
rappelant :
- l’origine du problème,
- les produits concernés,
- l’organisation de la procédure de rappel,
- les impacts sur l’activité,
- les actions correctives.
¬ En externe,
L’entreprise ici a le même objectif qu’avec son personnel mais cela concerne des
publics variés tels que :
- ses fournisseurs,
- ses clients (la distribution)
- les organismes consuméristes,
- les organismes officiels,
- ses actionnaires,
- ses consommateurs.
Cette transition doit être de durée très courte. En effet, plus elle sera longue plus
l’entreprise montrera ses faiblesses quant à sortir d’une situation de crise. Sortir
rapidement d’une situation de crise est le reflet que l’incident rencontré n’est pas
le fruit d’un dysfonctionnement plus général.
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2/ Mesure de l’efficacité de la gestion de crise
Une entreprise confrontée à une situation de crise n’est pas à l’abri d’y être
confrontée une nouvelle fois. Par conséquent, il est important pour elle de mesurer
comment la crise a été gérée.
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CONCLUSION
Une procédure de rappel est une opération très délicate pour les entreprises dans
le sens où l’entreprise se retrouve au cœur des controverses et d’autant plus si
elle est le fruit d’une médiatisation accrûe, elle se retrouve en situation de crise.
De plus, l’entreprise dispose de peu de temps pour agir.
En conséquence, elle doit veiller à ce que sa gestion soit la plus optimale possible.
Pour se faire, elle dispose de multiples outils décrits tout au long du présent
mémoire. Cependant, il est indispensable de mettre à jour les manuels d’utilisation
des outils et de les adapter avec l’évolution de ses process sinon ils ne seront
d’aucune utilité.
En outre, toutes les recherches réalisées pour ce mémoire m’ont conduit à mettre
l’accent sur deux points qui me paraissent essentiels. On ne parle plus ici d’outils
ou de méthodes mais de pensées.
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déclencher la crise comme le rappel, mais plutôt sur les vulnérabilités quant à sa
gestion qui pourraient la conduire à une grave situation de crise.
En effet, il ne faut pas voir l’annonce d’une procédure de rappel comme une fin en
soi qui conduit obligatoirement l’entreprise à une situation désastreuse mais plutôt
se concentrer sur les paramètres qui pourraient permettre de limiter son impact
négatif.
Dans tous les cas, il est important de souligner qu’une procédure de rappel doit
amenée l’entreprise à se remettre en question sur ces process dans le sens où si
il y a eu rappel cela signifie qu’un défaut est survenu.
Pour conclure, je pense que dans le cadre d’une procédure de rappel, les
entreprises disposent de multiples outils et méthodes pour la gérer au mieux mais
de leur bonne utilisation dépend la réussite de l’opération. En revanche, il y a un
autre paramètre que l’entreprise ne doit pas négliger, le bilan de la situation. Alors
quels sont les moyens dont dispose l’entreprise pour mesurer l’impact de la
procédure de rappel sur son image et son activité ?
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ANNEXE 1, LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
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Figure 8, Résultat enquête sur la traçabilité 3/3, p 48
Tableau 8, Liste non exhaustive des tâches à faire par la cellule de crise, p 70
Tableau 9, Liste non exhaustive des tâches à ne pas faire par la cellule de crise,
p 70
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
MAGAZINES
Agreste Primeur, numéro 155 - décembre 2004, « Les relations entre entreprises
dans l’industrie agroalimentaire ».
PRESENTATIONS
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HEBEL Pascale (2005), « La perception de la traçabilité par les consommateurs :
freins, attentes et perspectives », CREDOC-Département Consommation.
OUVRAGES
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Pierre, DESMET Pierre, DUBOULOY Maryse, DUSSAUGE Pierre, FILSER
Marc, FOURCANS André, FRERY Frédéric, GABILLIET Philippe, GOMEZ
Pierre-Yves, JACQUET Dominique, KAPFERER Jean-Noël, LEHU Jean-Marc,
LENGLART François, MOATTI Valérie, PICQ Thierry, PILLET Maurice,
ROMELAER Pierre, ROUX-DUFORT Christophe ( 2005), « MBA, L’essentiel du
management par les meilleurs professeurs », Paris, Editions d’Organisation.
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WEBOGRAPHIE
http://www.agriculture.gouv.fr/spip/IMG/pdf/pndia_doss_presse_100505.pdf
http://ind.yara.fr/fr/industries/food_industry/index.html
http://www.studyrama.com/article.php3?id_article=17554
http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/ulf/agreste/prm/PRIMEUR155.PDF
http://www.insee.fr/
http://www.franceagroalimentaire.com
http://www.agroalimentaire.fr
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http://www.finances.gouv.fr/DGCCRF/04_dossiers/consommation/alimentaire/alert
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http : //www.e-logisticien.com
http://www.alaide.com/dico.
http://www.agrojob.com/definition-Agroalimentaire/definition-2394.aspx
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