Int La Tunisie de Mes Reves
Int La Tunisie de Mes Reves
Int La Tunisie de Mes Reves
La Tunisie
de mes rêves
Copyright © Lotfi M’raihi, 2019
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Dédicace
5
Est-il, encore, permis de rêver après tant
d’espoirs déçus par une révolution avortée ?
6
Je rêve d’une république, souveraine par le
pouvoir de ses citoyens, dont le mérite, l’effort,
la créativité et la solidarité sont les valeurs
fondamentales. Je rêve d’un pays apaisé avec
une cohésion sociale inébranlable.
7
Ces rêves expriment, avant tout, mon amour
de ma patrie, de notre peuple dans sa diversité
et avec ses disparités et mon attachement à la
communauté nationale.
8
Le tournant manqué.
« Il ne peut y avoir de révolution que là où il
y a conscience ».
Jean Jaurès.
9
Si nous ne mesurons pas toujours la
continuité identitaire qu’ils véhiculent, nous
constatons que s’en écarter, nous expose au
risque de marginalisation. Ils sont les éléments
fédérateurs qui cimentent le vivre ensemble et
sculptent les traits et contours de notre identité
nationale.
10
patrie, à notre peuple et à nos valeurs, fait de
nous les héritiers d’un legs grandiose qui a
traversé le temps et s’est transmis d’une
génération à l’autre. C’est la source d’une
incommensurable fierté, mais aussi d’une
grande responsabilité qui fait de nous les
légataires de cet héritage avec la charge de le
transmettre aux générations suivantes dans le
meilleur état possible.
11
historique, sociale, économique et culturelle,
façonnée des siècles durant. La méditation de
notre histoire nous aide souvent à comprendre
notre réalité et à cerner les origines de nos
problèmes. Est-ce un hasard que, absolument,
les mêmes régions du pays ont été de toutes les
révoltes contre le pouvoir central ? Les mêmes
se sont soulevées en soutien d’Ali Pacha, de Ali
Ben Ghedhahom, de Salah Ben Youssef et de la
dernière révolution. Un positionnement qui
traduit, chaque fois, le mécontentement vis-à-
vis de l’autorité centrale. Il fait suite à une
marginalisation et une frustration liées à une
situation économique précaire. L’insatisfaction
actuelle, qui prévaut chez les habitants de ces
régions et qu’ils imputent à une volonté
délibérée des régimes de Bourguiba puis de Ben
Ali, a visiblement une origine bien plus
lointaine. Elle serait même corrélée à un
changement de modèle économique orienté
davantage vers les échanges côtiers et la
dépréciation des denrées produites dans la
Tunisie profonde.
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les choix et les orientations pris à l’aube de
l’indépendance sont ceux qui impactent le plus.
13
dans un modèle aux orientations sociales
franches, avec un état providence, a condamné
ses successeurs à ne pas s’écarter de ses jalons.
Toute distance prise avec ce référentiel est de
nature à créer un hiatus entre les attentes
populaires et la gestion publique et sème les
germes de l’instabilité.
14
vise à modifier le statu quo ne manquera pas de
déclencher la levée de boucliers de ceux dont
les intérêts risquent d’être menacés.
15
de mettre en application son rêve. Encore faut-il
qu’il sache faire preuve de dextérité et de
discernement. Sinon, l’enfer pavera ses bonnes
intentions.
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impitoyable n’est parvenue à nous briser ni à
étouffer notre soif de liberté.
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relégué. Sans nous renier, sans nous départir de
nos spécificités, sans mimer les vainqueurs du
moment, nous nous attacherons à acquérir
l’essentiel sans abandonner notre héritage. C’est
en restant nous-mêmes que nous deviendrons
plus forts. En nous délestant du superflu et en
intégrant ce qui nous fait défaut.
Les interrogations sur les choix à adopter et
les orientations à prendre ont été au cœur des
préoccupations de ceux qui nous ont précédés,
ceux que nous appelons aujourd’hui les pères
fondateurs. Une appellation qui suggère que
leur contribution à l’édification des bases d’un
monument qui leur doit son existence. Or, rien
n’est moins certain ! Tous, quelque fût leur
génie, leur créativité et leur dévouement ont
essayé de refaçonner un état des lieux, de lui
imprimer des inflexions qui ont leurs limites
marginales. On ne fonde pas une nation, et
encore moins quand elle se nomme Tunisie.
Tout au plus, on l’accompagne, on l’oriente
avec dextérité. Le changement, le vrai, est une
révolution douce mais déterminée qui s’installe
par touches successives, obéissant à une vision
et une planification.
18
Il importe en premier lieu, et c’est une
évidence, de définir les buts à atteindre et les
moyens d’y parvenir. Or, ceci ne saurait se
concevoir sans un diagnostic préalable et
perspicace de la situation qui prévaut, une étape
cruciale pour identifier ce qu’il convient
d’élaguer et ce qu’il convient de greffer afin de
parvenir à l’édifice harmonieux recherché.
19
république est porteuse de valeurs qui nous font
défaut et sans lesquelles il sera difficile de
désamorcer des tensions sociales et de mobiliser
les tunisiens vers un rêve commun.
20
remettant à la volonté populaire armée de
l’initiative et la consultation référendaire
populaires.
21
Réintroduire le peuple dans l’espace
démocratique comme un acteur constant et
fondamental de l’échiquier politique. Susciter
son adhésion et le réconcilier à la chose
publique en ramenant le politicien légataire de
la volonté populaire à une humilité dont il
n’aurait jamais dû s’en départir. Redéfinir la
mission du politique, celle d’un citoyen qui a
choisi de son plein gré de se mettre au service
de la cité sans qu’il ne s’en serve comme un
ascenseur pour sa promotion sociale ou pour
son enrichissement propre.
22
prédispositions personnelles à la corruptibilité
qui, si elle existe, trouvera toujours des alibis et
des voies pour assouvir sa soif de gain facile, il
faudra redoubler les sanctions répressives.
23
Or, s’il convient de définir les sources de
financement, il convient également de
déterminer les postes de dépense licite.
24
légions de permanents rémunérés et ses
incommensurables frais.
25
fruit du hasard, elle serait plutôt préméditée tant
ceux en pole position en tirent profit.
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toute la lumière sur certains partis et certaines
personnalités en éclipsant le reste de la scène
politique. Sur ce point également, il est difficile
d’apporter des preuves formelles autres que des
confessions de première main que nous nous
abstiendrons d’étaler ici. En effet, comment ne
pas accorder de crédit aux confidences d’un
politique qui se laisse aller à révéler qu’un tel
animateur lui a énormément coûté en le
conviant toutes les trois semaines au même
plateau politique hebdomadaire pour qu’il se
retrouve en fin de saison ministre.
27
Les politiques en acceptant d’être à la
solde de l’étranger ont fait le choix de se lier les
mains pour devenir les agents d’exécution de la
volonté des donneurs d’ordre. Aucune politique
contrevenante aux intérêts des donateurs ne sera
entreprise.
28
D’élection en élection nous avons assisté
à une surenchère dépensière, à l’achat explicite
des voix et à l’interférence étrangère avérée.
29
suite d’une campagne sans thèmes et sans
projets ?
30
appréhensions et la méfiance qu’ils témoignent
vis-à-vis des politiciens.
31
d’initiative populaire. Il s’agit de permettre
qu’une pétition citoyenne puisse soumettre un
projet de loi ou s’opposer à une loi votée et
déclencher de fait un référendum populaire pour
trancher entre le projet parlementaire et le
contre-projet citoyen.
32
Enseigner & éduquer.
« L’enseignement : apprendre à savoir, à
savoir faire, à faire savoir. L’éducation :
apprendre à savoir être ».
Louis Pauwels.
33
L’enseignement privé qui, jusque-là, était limité
a été encouragé et s’est fortement développé.
34
classe sociale qui détermine la performance des
élèves que l’établissement.
35
disciplines qui leur sont accessibles mènent tout
droit à l’antichambre du chômage.
36
années de l’enseignement, vigilante face au
risque de l’abandon scolaire et n’hésitant pas à
user du redoublement. Une école qui sait
identifier les aptitudes de tout un chacun et les
guide vers les sections et les filières adaptées à
leurs prédispositions. Une école qui focalise sur
le savoir être, qui favorise l’apaisement du
climat social, permet l’échange dans
l’apprentissage, la découverte de soi et de
l’autre. Ce nouveau regard posé sur l’école de
demain, appelle une attention particulière à
l’élève, pas seulement en tant qu’entité
apprenante, mais aussi en tant qu’être humain,
chargé d’émotions et de motivations, de
créativité et de talent.
37
exige qu’elle redevienne également l’école de
l’éducation ; une attribution tombée en
désuétude et ringardisée au nom du
progressisme et des libertés. Il est de toute
prime instance, de rétablir la discipline et le
respect, restaurer l’image de l’enseignant qui
s’est dépréciée en raison du relâchement des
sanctions disciplinaires mais aussi de sa
condition matérielle. Il faut mettre l’enseignant
à l’abri du besoin pour éviter qu’il ne se
transforme en chasseur de cours particuliers
pour assurer ses besoins. Conjointement,
l’autorité de tutelle devra sévir lourdement pour
sanctionner tout enseignant pris en infraction.
La tenue réglementaire n’est pas un
accoutrement fantaisiste mais un uniforme qui
consacre l’égalité au sein de l’établissement.
L’école n’a pas vocation uniquement à
apprendre à lire, écrire et à compter mais
également à enseigner la discipline et le respect.
Par ce symbole l’être prend le dessus sur le
paraître.
38
bâtir notre société. Nous les outillons des
moyens qui les aideront à parachever la
glorieuse Tunisie de nos rêves. Rien ne sera
possible si la discipline, l’ordre, le goût de
l’effort, le droit au mérite et le nationalisme ne
sont pas enracinés dans les générations à venir.
39
bon vouloir des donateurs. Autrement, elle ne
serait plus l’école de la république.
40
Moraliser la vie politique.
« La politique est le premier des arts et le
dernier des métiers ».
Voltaire.
41
compromis voire de compromissions. Les
diverses pratiques qui ont entaché l’exercice
politique font qu’il dispose dans notre pays de
peu de crédit. Les politiciens sont vus comme
des carriéristes, des opportunistes sur lesquels
plane une forte suspicion. L’opinion publique
est encline à généraliser et s’autorise, rarement
et de manière parcellaire, des exceptions.
42
Or, aujourd’hui, plus que jamais le pays a
besoin de rétablir la confiance entre le peuple et
ses élus. Il est illusoire, dans un tel climat de
défiance, d’espérer une adhésion populaire aux
politiques engagées dont certaines requièrent un
effort d’austérité et de privation.
43
cotisations modiques. Cet état de fait place
l’argent au centre d’intérêt des partis et
influence leurs décisions et leurs choix.
L’exercice de la démocratie au sein des
instances des partis devient tributaire de la
participation financière tant au niveau des
délibérations que du choix des candidats. Les
têtes de liste et les places éligibles reviennent
souvent à ceux qui alimentent substantiellement
les caisses du parti et assurent le financement de
leurs campagnes. Ainsi, dès le départ, l’exercice
démocratique est biaisé. Ces pratiques seront
ensuite relayées sur le terrain jusqu’à
l’expression du scrutin où l’argent impactera le
vote de moult façons.
44
disposition des partis les salles publiques pour
la tenue de leurs meetings, de consacrer
totalement ou partiellement une chaîne
télévisuelle publique à leur communication. Les
frais d’impression des différents supports
doivent être avancés par l’État avec l’obligation
de les restituer au cas où le candidat ne serait
pas élu. Les donations doivent être plafonnées à
cinq fois le Smic et déduites de l’assiette
imposable.
45
Par ailleurs, les professions libérales
devraient accepter une rémunération alignée sur
les postes équivalents dans la fonction publique
avec l’engagement ferme de renoncer à toute
activité privée pendant le mandat. La
rémunération ne doit pas être un salaire mensuel
fixe, mais devra être calculée sur la base de
l’assiduité effective attestée par des jetons de
présence.
46
vise à concentrer tant de pouvoirs aux mains
d’une seule personne et qui doit être
expressément banni. D’autre part, l’absence de
plafonnement de l’âge d’éligibilité à la
présidence de la république. La constitution doit
être revue pour fixer à 70 ans maximum pour se
porter candidat à la présidence. Il est illogique
de fixer un pallier minimum sans en fixer un
autre maximum. Si nous considérons
arbitrairement que la maturité pour cette
fonction ne peut être qu’après l’âge de 35 ans,
nous sommes en droit de considérer qu’après 75
ans toute personne aura de loin dépassé l’âge de
la retraite et n’aura plus la condition physique
qu’exige l’exercice de la magistrature suprême.
47
pensée. Le politique se doit d’être exemplaire.
Or, si nous sommes incapables de sonder ses
véritables motivations, nous pouvons par
certaines restrictions matérielles dissuader ceux
qui s’invitent à la scène politique par rapacité et
par motivation matérielle.
48
suprême de la corruption, son expression la plus
dangereuse qui s’accomplit par la force de la
loi. Elle se traduit par des niches fiscales, des
exonérations et des exemptions. On fustige
souvent la fraude fiscale en oubliant souvent
que l’essentiel des fraudeurs sont ceux qui
bénéficient des privilèges fiscaux taillés sur
mesure.
49
Une constitution spoliatrice
de la souveraineté populaire.
Alexis de Tocqueville.
51
l’esprit de la constitution. La revue des régimes
démocratiques qui ont traversé les siècles avec
pérennité et sérénité est de ce point de vue
largement édifiante.
52
La constitution procède au partage du
pouvoir et des champs de compétences. En
passant d’un modèle à l’autre, nous élargissons
ou rétrécissons le pouvoir et les attributions
d’une institution au détriment ou au profit d’une
autre.
Indépendamment de la configuration de
sa répartition et de son allocation, le pouvoir
reste dans sa globalité une entité d’égale valeur.
Le débat autour de la révision
constitutionnelle en vue d’élargir les
attributions du président de la république ou de
rétablir une constitution présidentielle ne me
semble pas justifié. En effet, l’actuelle
constitution a délégué au chef du gouvernement
l’essentiel des compétences dont bénéficiait le
président de la république dans l’ancienne
constitution. De ce fait, il importe peu au bon
fonctionnement de l’État que les attributions
reviennent au président ou au chef du
gouvernement, du moment que celles-ci sont
assurées par une institution de l’État. Le débat
dont les finalités sont courtisanes et
conjoncturelles s’avère inutile et préjudiciable à
la stabilité des institutions. A y voir de plus près
53
les compétences relevant des diverses fonctions
ne sont pas scellées. Il appartient à leurs
dépositaires, à force d’ingéniosité et
d’imagination, d’en élargir les horizons.
54
suffrage universel qui l’a porté au pouvoir.
55
Néanmoins, toute constitution aussi
minutieuse soit-elle et rédigée avec les
meilleures intentions, n’est pas garante de
l’énoncé de ses principes et leurs applications.
Sans la volonté du peuple d’exiger son respect,
elle restera, tout au plus, un exercice
rédactionnel. Ainsi fût travestie l’actuelle
constitution autant que la précédente. La
démobilisation du peuple et son désarmement
constitutionnel, l’ont réduit au statut
d’observateur passif et frustré face aux
violations perpétrées. Les subterfuges
manigancés par la présidence ont transformé le
régime parlementaire prévu par la constitution
en un régime présidentiel de fait. L’outrage
manifeste à la constitution s’est opéré dans
l’indifférence de l’opinion publique. Le
désintérêt des citoyens, de plus en plus évident,
pour la chose publique explique, pour une large
part, cette démission collective autant que
l’inconscience des enjeux et l’absence de
dispositions constitutionnelles impliquant le
citoyen comme acteur effectif des événements.
La conscience est le fruit d’une éducation sur la
durée dans laquelle baigne le citoyen. Un éveil,
56
une initiation, un apprentissage engrangé au gré
de l’école, de la famille et de l’espace public.
57
L’avènement d’une révolution, le
dégagement d’un pouvoir autocratique qu’on
pensait indéboulonnable, ont été, un temps,
perçus comme une prise de conscience
collective. En fait, il n’en est rien. Le
soubresaut de rejet ne signifie pas pour autant
l’aptitude à s’engager à la reconstruction. Trop
longtemps maintenu à l’écart de la vie publique,
le peuple ne réalise pas son pouvoir et son
devoir à peser sur le cours des événements. Il
faut reconnaitre à sa décharge que l’assemblée
nationale constituante qu’il a appelée de ses
vœux ne lui a guère prévu de place. L’actuelle
constitution, tout comme la précédente, ne voit
dans le citoyen qu’un électeur déléguant tous
les cinq ans un mandat électif et disparaissant
dans les ténèbres de l’oubli. Une démocratie
apoplectique qui se réveille périodiquement,
tous les cinq ans, pour engranger les votes avant
de s’affranchir de toute tutelle.
58
Ce n’est pas de cette démocratie dont je
rêve mais plutôt d’une implication citoyenne, la
plus large possible, et j’irai même jusqu’à dire
de tout instant. Je veux une vigilance citoyenne
dépositaire du vrai pouvoir où les élus ne
seraient qu’un corps représentatif.
59
il condamné à subir le résultat de ses choix
exprimés au cours des consultations sans
possibilité de révision ou d’ajustement ? De
quel droit s’autorise-t-on à lui couper tout
recours entre deux élections ? Au nom de quelle
logique est-il condamné aux deux seules
alternatives : reconduire ou chasser le pouvoir
en place ?
60
l’errance. Une situation qui alimente la
frustration et la déception de ceux qui avaient
reporté leurs espoirs sur la révolution. Le
peuple supposé être souverain se retrouve sans
souveraineté. Celle-ci échoue une nouvelle fois
entre les mains de la féodalité financière, la
même qui constituait le socle sur lequel reposait
le régime de Ben Ali et que le pouvoir
postrévolutionnaire à défaut de la détrôner s’en
est accommodé, s’en est servi avant de pactiser
avec elle.
61
Même si comme dirait Talleyrand « tout
ce qui est excessif est insignifiant » et que la
généralisation nuit à la justesse du jugement,
n’empêche que cette conclusion expéditive a
certaines excuses.
62
Engagés dans des querelles accessoires
sans rapport avec l’intérêt public, friands
d’apparitions médiatiques, où le spectacle qu’ils
offrent défie toutes règles de civilité et de
bienséance au plaisir de journaleux en quête du
buzz.
63
Dans notre pays, la république, la
citoyenneté, les droits de l’Homme, l’égalité
des chances et de traitement et la modernité ont
été des acquis décrétés alors qu’ailleurs, ils ont
été arrachés de haute lutte.
64
Avec quelles ressources financières ?
65
Le protectionnisme
est notre salut.
« Lorsque souffle le vent du changement,
certains construisent des murs…d’autres des
moulins ».
Proverbe chinois.
67
aujourd’hui, à les récuser et à changer de cap.
Ce choix aurait été justifié s’il avait été celui
des pays du tiers monde qui ont fait les frais du
libre-échange et de ses conséquences néfastes.
Or, c’est plutôt les États-Unis et la Grande-
Bretagne suivis par la Hongrie de Viktor Orban
et la Pologne de Kaczynski qui dénoncent les
politiques d’ouverture et adoptent le
protectionnisme.
68
moins de quatre candidats prônaient une
politique protectionniste dont Marine Le Pen,
Jean Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg et
François Asselineau. La volonté de se protéger
découle de la dégradation de la situation socio-
économique engendrée par une perte de
compétitivité vis-à-vis de la production
étrangère.
69
J’en reviens à notre situation interne.
Avons-nous débattu de ces choix cruciaux pour
déterminer nos politiques ?
70
n’explique sauf l’incompréhension du monde
dans lequel nous vivons et la collusion
d’intérêts entre les milieux politique et
affairiste. Le soutien du second au premier est
tributaire de sa docilité et de son empressement
à veiller sur ses intérêts.
71
souci celui de répondre au mieux à l’intérêt
supérieur de la nation. Il va de soi que ces choix
ne sont pas destinés à être gravés dans le
marbre. A toute période ses contraintes et ses
solutions. Il n’y a pas de bonnes et de
mauvaises politiques économiques, il y a des
choix appropriés ou inappropriés.
72
la tendance. Ceci passe par l’instauration d’un
protectionnisme sectoriel que j’appelle de mes
vœux depuis 2012. Libre à certains de le
considérer comme un repli. Dans ce cas
appelons-le repli stratégique. Une étape
nécessaire pour redonner à nos entreprises une
protection à même d’assurer leur pérennité. Elle
mettra en concurrence nos entreprises les unes
avec les autres. A l’issue de cette confrontation,
seules celles qui se seraient montrées
compétitives en maîtrise de coût de production
ou en qualité survivront. Le temps également
pour que nous réapprenons à vivre selon nos
moyens. Le temps est venu de restaurer
l’échelle de valeurs et chasser le bling-bling et
l’ostentatoire, nocif. Le temps est venu de se
focaliser sur l’essentiel et de chasser le superflu.
73
développés ont été contraints de signer des
accords pipés, voire d’endosser des camisoles
de force pour accepter l’inacceptable ? Un
procédé décrit avec menus détails par Joseph. E.
Stiglitz qui révèle les conditions honteuses
durant lesquelles s’exerce l’escroquerie. Sinon,
comment qualifier la stratégie des États-Unis et
de l’union européenne qui, d’un commun
accord, choisissent un petit groupe de pays en
développement et soumettent leurs ministres du
commerce à une forte pression digne d’une
séance de torture dans la fameuse « salle verte »
de l’OMC ? Ils ne pourront quitter les lieux
qu’après avoir accordé les concessions
souhaitées qui seront ensuite extrapolées aux
autres pays.
75
Ce constat aurait dû amener les pays sous-
développés à revoir leurs stratégies et leurs
engagements dans les accords de l’OMC.
Encore fallait-il qu’ils aient eu les moyens de le
faire et ce d’autant plus qu’ils y font face en
ordre dispersé.
76
sans affecter l’enveloppe globale des échanges.
De ce fait, leurs intérêts ne seront pas affectés et
nous préserverons et protégerons nos
entreprises.
77
comblé par l’allocation d’une part de la TVA
perçue.
78
Nos exportations sont limitées par notre faible
compétitivité et par leur faible diversité. Nous
devons travailler méthodiquement pour gagner
sur les fronts de la compétitivité, de la diversité
et de la valeur ajoutée. C’est un impératif vital
mais hélas hors de portée dans l’immédiat.
L’urgence est de juguler le déficit et de relancer
l’économie. La seule option qui reste est le
protectionnisme afin de reporter la demande
intérieure sur une offre intérieure.
L’augmentation de la demande reportée sur les
entreprises locales boostera l’emploi et
l’investissement, dopera la croissance et
corrigera le déficit des caisses sociales en
amenant de nouveaux cotisants.
79
étrangère tant sur le marché local qu’à
l’internationale.
81
Pour une
diplomatie…économique.
« Le passé est toujours présent ».
Maurice Maeterlinck.
83
voient comme une partie intégrante du monde
arabe ou du monde islamique.
84
est un combat au quotidien dans un monde, où
la loi est celle du plus fort. Les réserves
exprimées, quant à l’effectivité de
l’indépendance de la Tunisie, pourraient se
poser pour des pays autrement plus évolués,
plus riches et mieux structurés, tels que
l’Allemagne et le Japon. J’avalise, pour ma
part, sans réserve, que la Tunisie est un État-
nation indépendant sans pour autant minimiser
les interférences qui entravent sa pleine
souveraineté.
85
avec les pays du voisinage. Même si l’Union du
Maghreb reste un vœu pieux, il nous appartient
d’impulser les échanges bilatéraux avec
insistance et persévérance. La fructification des
échanges participe, non seulement, à générer
des dividendes économiques, mais aussi à
instaurer un climat de détente, utile à la
prospérité et à la stabilité.
86
source de danger et d’instabilité du fait, d’une
part, d’antécédents historiques qu’on avait du
mal à dépasser et d’autre part, de
positionnements différents durant la guerre
froide.
87
Il nous appartient, à l’avenir, dans un
monde qui n’est plus celui des pères fondateurs
de revoir substantiellement nos relations
extérieures. Du monde unipolaire, nous
assistons à la reconfiguration des rapports de
force avec l’émergence et la confirmation de
nouvelles puissances. La Chine se hisse
inexorablement au rang de grande nation et la
Russie a rétabli son influence dans la scène
internationale. Certaines puissances de taille
moyenne, comme la Turquie, l’Iran ou Israël,
deviennent des acteurs à l’influence
locorégionale incontournable.
88
multiples civilisations : arabe, islamique,
turque, française et romaine. Notre peuple est
jeune, éduqué, ouvert sur le monde et initié aux
technologies de la communication.
89
Notre vulnérabilité militaire et de défense
nationale, laquelle nous devons pallier au plus
pressé, nous impose une neutralité de fait
clairement annoncée et assumée. Le parapluie
protecteur français, qui s’est déployé par le
passé et notamment pendant l’affaire de Gafsa,
sous Bourguiba, a un coût diplomatique et
économique que nous continuons à assumer tant
que nous sommes incapables d’assurer notre
invulnérabilité territoriale. C’est un tribut qui se
paye en influence et en « intérêts » français,
opérés, à notre détriment.
90
A côté de cette représentation sédentaire,
il faudra prévoir des équipes mobiles, volantes,
agissant et se déplaçant en éclaireur afin de
soutenir et d’épauler les entreprises
exportatrices dans leur prospection de nouvelles
opportunités. Elle apportera la caution officielle
de l’État et ouvrira l’accès aux décideurs. Par
ailleurs, notre représentation diplomatique est
insuffisamment étendue et adaptée à nos aires
d’intérêts. La diaspora tunisienne, de plus en
plus instruite et qualifiée, doit être associée et
intégrée dans la diplomatie économique. Elle
pourra servir de point de relais en mettant à
disposition son relationnel et en assurant une
représentation diplomatique honoraire là où il
sera peu rentable d’avoir une mission
diplomatique conventionnelle.
91
Rien n’est possible sans
l’ordre.
«L’ordre, et l’ordre seul, fait en
définitive la liberté, le désordre fait la
servitude ».
Charles Péguy.
Les révolutions quand elles aboutissent
suscitent chez les peuples qui les accomplissent
une sensation de surpuissance. Déloger un
régime, qui plus est, lorsqu’il s’agit d’une
dictature considérée comme indéboulonnable,
fait naitre un sentiment d’affranchissement de
toute contrainte. Les gens se sentent libres de
toute injonction, déliés de toute obligation.
93
surveillance bien organisée des quartiers….
Autant de marques de civilité et de respect
mutuel.
94
générale. Laisser courir le désordre, c’est faire
preuve de faiblesse et d’incompétence. Pour
remettre de l’ordre dans la maison Tunisie, il est
indispensable d’appliquer la tolérance zéro.
95
transparence qui s’applique à toutes les
instances qu’elles soient judicaires ou
policières. La traçabilité des plaintes déposées,
des jugements rendus et de leur ordre
d’exécution doit être la règle. Le citoyen et la
société civile doivent être, sans aucune entrave
possible, sans aucun préalable et sans aucune
forme d’autorisation, en droit de consulter le
cours suivi par toute affaire. Dans ces
conditions, Il est légitime de s’interroger sur le
secret de l’instruction. Dans les faits, le secret
de l’instruction n’est-il pas devenu un énoncé
que peu respectent réellement. L’intensification
de la médiatisation a fait voler en éclat le secret
de l’instruction. Partout dans le monde ce secret
est divulgué par les médias dans les affaires les
plus sensibles sans que ceux qui l’enfreignent
ne soient poursuivis. Les révélations faites n’ont
pas pour autant entravé la bonne marche de la
justice. Parfois même, la vigilance et la ténacité
des médias ont mis la pression sur la justice
l’acculant à la diligence.
96
fort désagréable pour celui qui voit certains
détails très personnels de sa vie étalés en public.
Autant de considérations qui imposent de
conditionner l’application de la transparence
totale à l’accord préalable dûment notifié, d’au
moins un des belligérants. Cette réserve ne doit
pas avoir lieu si l’État se trouve partie prenante
d’une plainte ou d’un jugement.
97
traitement, un des fondements essentiels de la
république. Ce projet n’aboutira pas sans une
grande détermination, animée de la volonté de
rétablir l’ordre sous les auspices de la
supériorité du droit et de l’égalité de traitement
des citoyens.
98
La culture : au cœur du
projet.
Friedrich Nietzsche.
99
mineur de fond. Il a dû galérer, et c’est le cas de
le dire, dans diverses mines en Tunisie et en
Algérie avant d’immigrer en France. La culture,
avec tous ses outils et toutes ses expressions,
était étrangère à l’environnement dans lequel
j’ai évolué. Seule la musique s’invitait dans
notre foyer, par la force des choses, grâce à la
radio. Ceci ne tarda pas à soulever, chez
l’enfant que j’étais, un intérêt manifeste pour
les chansons de Abdelhalim Hafedh. Je ne sais
trop pourquoi ? Peut-être en raison du
matraquage radiophonique à l’occasion de ses
fréquentes visites en Tunisie. Toujours est-il
qu’un parent, lui-même travailleur émigré à
Marseille, releva cet intérêt pour la musique et
le rapporta à mon père. Celui-ci, furieux, se
fondit d’une lettre de réprobation (qu’on me lut)
et dont certaines paroles restent encore gravées
dans ma mémoire. Pour lui, la musique se
résumait à l’image peu virile de feu Ali Riahi.
100
bouquinistes de la rue Zarkoun où j’ai consulté
les livres de 6ème et jugé que les programmes
enseignés ne correspondaient pas à
l’enseignement que j’avais reçu. Ma décision
était prise. Je ne serai pas du voyage. J’en suis
reconnaissant à mes parents d’avoir eu la
sagesse de respecter mon choix et ce d’autant
plus que j’étais leur aîné et l’unique garçon de
la fratrie ce qui faisait de moi un enfant au
statut particulier (précieux et chéri). Il ne restait
plus qu’à me trouver une place d’interne dans
un des lycées Ibn Charaf.
101
résigner à laisser des millions de jeunes
tunisiens, aux aléas de la providence. C’est pour
cela que jugeant les conditions d’un
engagement politique efficace inexistantes,
j’avais opté pour une activité culturelle
militante en cofondant l’association de soutien à
la création musicale que j’ai dirigée de 2005 à
2010, date de la suspension quasi forcée de son
activité.
102
Des femmes et des hommes qui avaient fait don
de leurs deniers, de leur temps, ouvert leurs
maisons pour héberger les musiciens et s’étaient
convertis en hôtes d’accueil et en guides
touristiques pour promouvoir l’image de la
Tunisie et sa légendaire hospitalité. Durant ces
années, ils ont fait montre d’une patience
inouïe, ravalant leur fierté pour quémander un
modique sponsoring et refusant de solliciter
toute aide publique. Notre action se voulait être
un pied de nez au pouvoir et à sa politique
culturelle. Que de fois n’ai-je pas déclaré dans
les médias de l’époque que le ministère de la
culture faisait du divertissement alors que nous
faisions de la culture. Que les festivals officiels
dépensaient des sommes considérables et
étaient déficitaires alors que nous organisions
des festivals de qualité avec de menus subsides
et dégagions un excédent. Certains, après la
révolution, de bonne ou de mauvaise foi,
m’avaient attaqué en pensant que j’avais des
accointances avec le pouvoir déchu pensant à
tort qu’il avait financé nos événements. Pour
s’en convaincre il n’y a qu’à relire les journaux
de l’époque.
103
Je disais que notre action était militante
car j’ai veillé à la maintenir dès les premiers
jours loin de l’immixtion du ministère de la
culture et des représentants du pouvoir. En
2010, ayant refusé la décoration qu’on me
proposait pour le mérite culturel, j’ai décidé de
mettre fin à mon activité car j’ai estimé qu’on
ne me passera pas ce refus. Mais tout cela est
une autre histoire qui sera narrée dans le détail
le jour venu.
104
d’envisager la culture comme un champ figé,
momifié dans le temps mais plutôt comme un
état en devenir et en perpétuelle mutation. Je ne
suis pas un adepte de la rupture mais quelqu’un
qui croit en la transition. Autant, je suis attaché
à l’innovation et la création, autant, je reste
persuadé qu’il n’ait d’évolution fructueuse que
celle qui prolonge, diversifie, enrichi le legs
antérieur. Une mutation sans rupture. Une
évolution des individus et de la société
entrainant dans son sillage le modelage du
profil de l’identité. Une transformation fidèle à
l’image de la société et qui évolue sans heurts ni
fractures. C’est dans cette dynamique que je
situe la modernité loin des soubresauts ou du
mimétisme qui violente la société et la divise.
Dans un monde où les spécificités culturelles
sont assiégées, il est impératif de résister à
l’uniformisation en valorisant notre culture et
en soutenant nos créateurs, en préservant mais
en encourageant, en même temps, les
expériences avant-gardistes. La culture comme
la modernité ne sauraient être une et unique,
celle du plus fort du moment, de celui qui parle
le plus fort et tente d’occuper à lui seul tout
l’espace. S’employer à mimer l’autre au
105
prétexte d’être dans le sens de la marche du
progrès est le moyen le plus sûr de sombrer
dans une schizophrénie de nature à déstabiliser
la société et anéantir tout espoir d’évolution
coordonnée et symbiotique.
106
d’audience et d’efficacité s’ils s’étaient invités
dans les cafés, les établissements scolaires ou
sur les lieux de travail.
107
l’éducation nationale, hors horaires scolaires, en
des écoles artistiques multidisciplinaires,
enseignant aussi bien la musique, que les arts
plastiques, la danse, le théâtre ainsi que des
ateliers d’écriture et des cinéclubs.
108
gracieusement à la disposition des créateurs
l’espace et le matériel nécessaire à la création,
en assurant la promotion et la publicité. Ce n’est
qu’ainsi qu’on fera le tri entre les vrais
créateurs et les chasseurs de subventions. Nous
oublions souvent que la création est le fruit de
longues années de formation et de pratique.
Celles-ci doivent débuter dès l’enfance et être
conduites avec la plus grande rigueur pour
porter leurs fruits. De tous les artistes
talentueux et virtuoses qu’il m’a été donné de
connaitre quasiment aucun n’a débuté son
apprentissage au-delà de l’enfance. J’en ai
acquis la conviction que la création commence
par une formation solide et précoce.
109
Femme et femmes
«Quand on veut écrire sur les femmes, il
faut tremper sa plume dans l’arc en ciel ».
Denis Diderot.
111
Le législateur tunisien n’a pas ménagé ses
efforts pour promulguer des lois de nature à
protéger l’intégrité physique et la dignité des
femmes. Hélas, la violence conjugale reste une
pratique courante dans notre société bien au-
dessus des estimations statistiques révélées.
Souvent elle se perpétue dans le secret des
familles et dans la résignation des femmes. Les
femmes battues, bafouées, le sont d’autant plus
que leurs agresseurs réalisent qu’elles n’ont
d’autres choix que la soumission. Ils abusent de
leur fragilité économique, de leur attachement à
leurs enfants pour s’autoriser l’intolérable.
112
de violence. Il lui incombe non seulement de
protéger les victimes, de les sécuriser et de les
soustraire à cette condition avilissante, mais
également de prendre en charge l’agresseur, de
l’astreindre à un suivi psychologique et d’user
de la loi pour lui signifier les limites à ne pas
outre passer. La victime doit bénéficier non
seulement d’un abri de refuge mais aussi d’une
allocation et d’un soutien qui restaure son
intégrité brisée ou fêlée et de l’aider à se
reconstruire.
113
elles-mêmes, qui entretiennent, à travers
l’éducation dispensée à leurs enfants, la
prétendue prééminence masculine. Il en découle
qu’un travail massif de sensibilisation en
profondeur, doit être entrepris dans ce sens. Il
s’agit d’un processus de longue haleine qui
nécessitera un certain temps pour porter ses
fruits. Je suis de ceux qui attachent autant
d’intérêt à l’accompagnement, à la persuasion, à
la pédagogie qu’à la répression.
114
L’injustice est, justement, un des facteurs
les plus clivant, elle favorise le désengagement
et le rejet de l’appartenance à l’entité nationale,
c'est-à-dire au destin commun. En raison de
cela, j’attache un intérêt particulier à combattre
l’injustice qui frappe les femmes. Je n’ai pas eu
la chance d’engendrer une fille, je le regrette
d’autant plus que j’ai eu cinq sœurs qui
m’émerveillent par la générosité, l’amour et la
sollicitude dont elles ont entouré feu mon père
jusqu’à son dernier souffle et continuent d’en
dispenser à toute la famille.
115
à égalité de compétence et de diplômes. Au
foyer, elles souffrent souvent du manque de
soutien du conjoint. Dans la vie publique, elles
ont du mal à accéder aux premières
responsabilités.
116
gagnée le jour où l’entreprise embauchera la
femme sans se soucier de son genre et sans
considérer la maternité comme un drame de
nature à entraver la bonne marche de
l’entreprise. La bataille sera gagnée, le jour où
les conjoints s’impliqueront naturellement dans
l’activité ménagère et dans le suivi de la
scolarité des enfants. Le jour où les femmes se
retrouveront dans les instances dirigeantes des
partis politiques et des associations, en nombre
et en qualité. Un certain chemin a été parcouru
mais il reste encore beaucoup à réaliser toujours
en profondeur mais sans brutalité.
117
Il serait plus congru de varier des
approches à la carte, qui répondent aux réalités
locales. Il faut user d’une certaine sagacité au
risque d’être contre-productif et susciter une
levée de bouclier.
118
L’inégalité n’est pas une
fatalité.
119
de leurs parents. Cette sentence n’a pas toujours
été la règle, sinon des centaines de milliers de
tunisiens n’auraient pas emprunté l’ascenseur
social pour parvenir à une condition et une
situation sociale bien meilleure que celles de
leurs parents.
120
professionnelle et sociale. Aujourd’hui, si tu
viens de « loin » de Tunis, et que tu n’es pas né
dans le « bon » milieu, tu n’iras pas loin. C’est
devenu la règle. Bien sûr chacun d’entre nous
connait quelques exceptions à ce sinistre
verdict. Néanmoins, ce n’est pas avec les
exceptions que l’on construit une société. Cela
reviendrait à dire que le sport tunisien se porte
bien parce Oussama Mallouli est champion
olympique.
121
Un État faible et pauvre n’a à répartir
que l’impuissance et l’indigence.
Ainsi, l’État qui exprime notre volonté
générale se doit d’être non seulement un soutien
de ceux qui débutent dans la vie mais également
de ceux qui aux méandres de leur parcours ont
trébuché et chuté. L’État doit leur tendre la
main et les aider à se relever pour poursuivre
leur route. Celui qui chute peut-être en mesure
de s’en sortir pour peu qu’on lui en offre
l’opportunité.
122
une politique d’État nécessite des services
sociaux nantis en moyens humains et matériels
par une affectation de ressources tributaire
d’une économie florissante. L’essor
économique, non seulement, permet à l’État une
rentrée fiscale conséquente mais également
booste les opportunités d’emplois. Or, le
chômage et l’absence de perspectives sont
autant de facteurs à la source de la
marginalisation et des handicaps pour en sortir.
123
parfois un sentiment de révolte et de rejet de la
société entière. Le chômeur rejette la société qui
lui a fermé ses portes. Comment s’étonner
ensuite de le voir la braver ou retourner les
armes contre elle ?
124
La toute-puissance des
médias.
« Celui qui contrôle les médias contrôle
les esprits ».
Jim Morrison.
125
de ce fait, les libertés de décider quand m’y
inscrire et quand les quitter.
126
médiatique, très peu encadrée par des gardes
fous, qui s’est révélée après la révolution
dramatiquement dangereuse, non seulement
pour les valeurs sociétales mais également pour
la démocratie. Sans être pour le tout
réglementaire et législatif, je pense qu’en la
matière, la citation de Lacordaire1 : « la loi
protège et la liberté opprime » trouve la
plénitude de son sens.
127
public, à exhiber la pédophilie, l’inceste,
l’adultère et les déviances sexuelles.
128
Les copains et les coquins sont canonisés
à force d’être cathodisés. Ils font fi du travail
journalistique qu’ils croient réinventer. Le
concept de neutralité de l’information et de la
liberté du commentaire n’a plus cours. Tout est
commentaire et propagande et tout est ordre de
mission au service du commanditaire.
129
démocratie naissante, en l’absence de règles
claires, fixant des limites au financement
politique et au rôle et à l’intervention des
médias.
130
était une activité de propagande assurée aussi
bien par des professionnels permanents que des
intérimaires. Les colonnes des torchons de
l’époque trahissaient les ambitions de certains
dont la prose était des appels du pied au
pouvoir. Les titres de certains articles
meubleraient un musée de satire cynique. Les
uns faisant l’éloge de la démocratie réinventée
par Ben Ali, les autres établissaient le parallèle
entre sa pensée et celle de Nietzche. Inutile de
vous dire que les auteurs de ces excentricités
sont aujourd’hui soit ministres soit tenant le
haut du pavé de la scène médiatique.
131
Chaque fois qu’ils se trouvent acculés à traiter
une question sérieuse, ils font appel à des
experts. Toujours les mêmes. Ils sont choisis
pour leur conformité avec la ligne « éditoriale »
c'est-à-dire avec leur positionnement politique.
132
ordres de Ben Ali avait conservé ses relais et
opérait en harmonie. Les mea-culpa exprimés
par la profession prétextant la chape de plomb
du régime étaient des regrets de circonstance.
Le profil bas des premiers temps de la
révolution a laissé place à une outrecuidante
arrogance.
133
balbutiante, qu’il convient de les protéger à la
fois contre la mainmise extérieure et leur propre
propension à s’égarer.
134
Et la jeunesse alors ?
Victor Hugo.
135
contraire, nous vivons une situation singulière
qui voue 30% des diplômés au chômage avec
des pics régionaux terrifiants.
136
l’appartenance nationale ? Au-delà de l’attrait
matériel, bien légitime, que procure l’emploi, ils
aspirent à la reconnaissance, à se sentir utile et à
s’accomplir humainement.
137
l’innovation. Il faut rompre avec l’économie de
sous-traitance où il n’y a de place que pour une
main d’œuvre peu qualifiée, à la formation
sommaire et rudimentaire. Les diplômés du
supérieur n’y ont de place que s’ils sont
déclassés.
138
trouvera une offre d’emploi conforme à ses
compétences et sa formation.
140
personnes bien établies dans la vie que
l’instabilité sociale gâche la quiétude. Pour
elles, le coupable est tout désigné : la jeunesse
dilettante.
141
L’air du temps est à la compression de la
dépense publique en arguant que la masse
salariale est une charge excessive pour le
budget de l’État. En application des doxas du
FMI, s’est organisée la chasse au fonctionnaire.
L’objectif à court terme est de ramener la masse
salariale à 12% du PIB. Un combat doublement
perdant. D’abord, on oublie que les salaires sont
une forme d’investissement. Ils rétribuent des
fonctionnaires en charge d’éduquer nos enfants,
de soigner nos malades, de sécuriser nos vies et
nos biens, de résoudre nos différents. Ensuite,
un salaire est in fine un pouvoir d’achat et une
propension à l’épargne et dans tous les cas un
levier à l’entretien de l’activité économique.
142
Moins de fonctionnaires c’est moins de
service public de qualité et universel, donc
moins d’État et surtout moins de république.
143
qualité ne s’est pas accompagnée d’une
intégration dans des structures de recherche
capables de réaliser des avancées notables.
Comme dans bien d’autres disciplines, nous
avons voué l’élite de nos informaticiens à l’exil
ou à l’enrichissement des firmes étrangères.
L’autorité publique fait souvent preuve de
schizophrénie en recourant au service de
concepteurs étrangers pour divers marchés
d’informatisation et de conception de
programmes au lieu de les confier à des
nationaux. Nous ne sommes visiblement pas
dans de saines dispositions pour rattraper notre
retard et susciter une loyale et fructueuse
concurrence des opérateurs tunisiens. Pour s’en
convaincre, il n’y a rien qu’à voir les
irrégularités, les conflits d’intérêts voire des
délits d’initiés qui ont entaché la constitution du
conseil stratégique de l’économie numérique.
144
des pays numérisés en facilitant l’accès aux
services, à la consommation, à l’administration
et au savoir. Des séries d’innovation qui ont
affecté tous les champs de production générant
un gain de productivité et de compétitivité qui
nous accule à un suivisme très distancé. La
robotique est en voie d’accomplir des
bouleversements considérables dans divers
champs de l’activité humaine.
145
La santé a un coût mais pas
de prix.
« La santé est une couronne que portent les
bien portants et que ne voient que les
malades ».
Proverbe arabe.
147
souffrance par excellence où l’affliction
humaine est la plus durement ressentie. Outre la
peine éprouvée, la maladie est vécue comme
une injustice qui se solde inéluctablement par la
question fatidique : pourquoi le sort s’est-il
acharné sur moi ? Autant le condamné de
justice sait ce à quoi il doit son sort, autant le
malade vit sa condition comme une injustice.
148
interminables, incapable de faire face à la
pression de la demande en soins.
149
demande. Il est impératif de revoir le système
de financement afin de lever davantage de fonds
pour subvenir aux besoins. Il est clair que les
taux de cotisation actuels à la caisse nationale
d’assurance maladie sont insuffisants.
Néanmoins, leur majoration ne va pas sans
occasionner certains préjudices tant au niveau
de la charge sociale de l’entreprise que des
employés. Ceci ne manquera pas de grever les
coûts de production et le pouvoir d’achat des
ménages.
150
répondre à la transformation de la population et
de la demande, et tirer les conséquences des
dysfonctionnements. Nous évoluons toujours
avec un système de santé publique à trois
lignes. Une première constituée des centres de
soins de base ; elle est supposée recevoir
l’essentiel des demandeurs de soins. Elle oriente
les cas non résolus ou nécessitant une prise en
charge complémentaire, à une deuxième ligne
constituée par les hôpitaux régionaux. Une
troisième ligne faite d’hôpitaux universitaires,
où sont aiguillés les cas épineux, requérant une
expertise particulière et une haute technicité.
151
population, de plus en plus avertie. Elle n’est
pas suffisamment nantie en moyens humains et
matériels. Son infrastructure se résume en
locaux basiques, inadaptés et mal entretenus.
152
elle dispose est souvent en panne ou manque de
consommable, ce qui affecte la prise en charge.
153
certains leur avaient emboîté le pas. En 1995,
nouvelle volte-face du pouvoir qui décide de
réinstaurer une activité privée complémentaire
pour les hospitalo-universitaires. Rapidement,
les gardes fous dressés pour réglementer les
conditions de cet exercice ont volé en éclat.
L’activité privée est devenue principale et la
publique complémentaire. Les missions
d’encadrement et de formation des étudiants
n’est plus convenablement assurée, les services
sont mal tenus et le détournement des patients
et le passe-droit par une consultation privée,
font légions. Tout se passe au vu et au su du
ministère qui laisse faire par impuissance et
hantise de voir les chefs de service
démissionner.
154
la caisse nationale d’assurance maladie. Mais
restons didactique pour le moment et voyons
comment remettre de l’ordre dans le
dysfonctionnement du système de santé.
155
dossier médical doit être la règle pour éviter les
consultations et les prescriptions compulsives.
Cette approche valorisera les médecins de
première ligne et permettra la prise en charge
ambulatoire d’un certain nombre de patients qui
auraient été dirigés vers la seconde ligne. Celle-
ci à son tour devra être mise à niveau en matière
d’équipement et fonctionner en régime de
double séance.
156
savent que d’autres l’ont convoitée sans y
parvenir. Elle est un choix et une vocation qui
se gagne théoriquement au mérite et à la
ténacité. Il devient inadmissible que parmi ceux
qui y parviennent, certains veuillent en tirer le
mérite de la position tout en cherchant à
compenser le manque à gagner par une activité
privée parallèle.
157
fonction de chef de service, ainsi conditionnée,
exigera de son titulaire une vigilance et une
rigueur décuplée.
158
sont toutes des resquilleuses sans pratiquement
aucune innovation. De par leurs tailles et leurs
ressources, elles sont incapables d’assurer une
activité de recherche et développement. Elles
s’étripent en se livrant une concurrence parfois
déloyale, pour se partager des parts de marché
sur des créneaux limités. D’où la multiplication
des génériques d’une même classe
thérapeutique, ce qui rend peu de service à la
santé publique. Les exigences sur la qualité et
surtout l’efficacité des produits n’est pas
suffisamment assurée. Les autorisations de mise
sur le marché ont, longtemps, été accordées,
sans égard à la bioéquivalence ce qui laisse
planer un doute sur l’efficacité et empêche
l’exportation de ces produits.
159
L’État se doit d’entreprendre une action
de régulation et de rapprochement de ces unités,
sous la forme de consortiums, afin de créer des
synergies et de regrouper les ressources du
capital pour maîtriser les coûts de production et
booster la recherche et le développement. Il est
de son devoir de créer des pôles de recherche
dédiés au médicament comprenant des
chimistes, des pharmacologues, des biologistes,
des statisticiens, des juristes et des marketeurs,
afin de répondre aux attentes des industriels en
matière d’innovation et de résolution des
problèmes. Le financement de ces centres
pourra se faire en partie par une imposition des
industriels, sur la production et par une
contribution de l’État, sous la forme d’un
investissement récupérable sur les produits de
l’innovation.
160
Le sport, ce grand oublié.
« Le sport va chercher la peur pour la dominer, la
fatigue pour en triompher, la difficulté pour la
vaincre ».
Pierre De Coubertin.
161
compétitions sportives de haut niveau, où la
prestation des athlètes s’assimile à de l’art. Sur
le tard, je me suis remis, à entretenir ma
condition physique, mais le constat général est
que la pratique d’une activité sportive dans la
population générale est très peu répandue. Elle
relève souvent d’une prise de conscience
personnelle et occasionne toujours pour celui
qui s’y adonne des frais et une disponibilité qui
ne sont pas toujours possibles. Le ministère du
sport n’accorde que très peu d’intérêt au sport
de masse et se focalise presque exclusivement
sur le sport d’élite. Comme toujours et dans la
gestion de tous les domaines, les moyens
manquent mais aussi l’innovation et la stratégie.
162
L’introduction du professionnalisme dans
cette discipline a consacré les disparités entre
les équipes disposant de moyens financiers et
celles qui en sont dépourvues. Elle a drainé des
ressources substantielles de sponsoring aux
équipes les plus en vue et permis des
émoluments mirifiques aux footballeurs. De là
est né un Mercato avec des contrats sans aucun
rapport avec la réalité économique du pays.
163
Ainsi, dans le sport comme dans tous les
autres domaines, nous n’avons fait preuve que
de suivisme et de mimétisme. Aucune vision,
aucune originalité ne dicte notre politique
sportive. Alors, comment s’étonner que nous en
soyons acculés à aligner les échecs et les piètres
résultats dans les compétitions internationales
de haut niveau ?
164
Les libertés individuelles.
« Il ne s’agit pas de tuer la liberté
individuelle mais de la socialiser ».
Joseph Proudhon.
165
changement. Il en résulte une opposition, source
de conflit, mettant à mal parfois la paix sociale.
Faut-il, pour autant, par frilosité, abandonner ou
bannir les desideratas de changement ?
Certainement pas, sinon cela reviendrait à figer
la société et entraver son adaptation aux
mutations culturelles et sociales qui façonnent
l’identité évolutive de la société.
166
question de société dans le débat public. La
légitimité de cette démarche est justifiable, si
elle se fonde sur des engagements pris vis-à-vis
des électeurs et relaie une attente populaire
clairement exprimée ou larvée. Ainsi, le
politique amène le débat sur la place publique et
accompagne son dénouement grâce aux moyens
dont il dispose. La dérive viendrait plutôt du
politique, qui accédant au pouvoir, se sent tout
puissant au point de dicter à la société des choix
et des orientations qui n’ont fait l’objet
d’aucune revendication sociétale relayée par un
mouvement populaire.
167
Je préfère, pour ma part, un conservatisme
qui préserve la cohésion sociale et l’harmonie
au progressisme qui divise et désoriente.
Certains ont parfois tendance à amalgamer
conservatisme et immobilisme. C’est une vision
réductrice et inexacte qui ne tient pas compte de
l’évolutivité des valeurs et repères identitaires
qui animent le conservatisme. La société, même
si elle se réclame du conservatisme, évolue
malgré elle car son identité est en perpétuelle
mutation. Il s’agit certes d’un glissement lent
qui n’est franchement perceptible que sur
quelques décennies, mais elle évolue. Aussi
conservatrice soit-elle, elle est travaillée en
profondeur par les mutations qui touchent les
divers champs de l’activité humaine. Elle se
trouve naturellement contrainte de s’y adapter.
Cette transformation progressive a le mérite de
s’accomplir sans heurts et préserve l’unité
nationale. Une telle démarche ne saurait
satisfaire les hérauts des libertés individuelles.
En effet, la quête de l’harmonie sociale laisse
peu de place aux transgressions individuelles de
l’ordre établi. Il y a un choix à faire entre
l’ensemble et l’individu. Pour ma part, mon
choix de responsable, dont la mission est de
168
veiller à la cohésion sociale, me porte à
privilégier la société face à l’individu.
Toutefois, le parti pris de la société doit
aménager un espace de tolérance pour les
minorités, à défaut de déboucher sur un système
totalitaire et liberticide. Or, si le politique au
pouvoir a pour mission de veiller à maintenir la
cohésion sociale, il se doit également de
protéger les minorités. Celles-ci ont le droit de
vivre leurs différences en toute quiétude à
condition qu’elles respectent l’espace public.
Nul ne devrait être sanctionné pour sa
différence tant que celle-ci n’a pas porté
préjudice à un tiers.
169
devoir de veiller à la liberté d’expression et de
revendication et d’assurer que le débat se tienne
dans des conditions apaisées.
170
Nul n’a le droit de décider pour les autres,
donc pour la société, ce que devrait être son
mode de vie ou ses choix. Le président de la
république n’est pas le père de la nation, ni
même le premier des tunisiens. Les tunisiens
n’élisent pas un tuteur, mais l’un d’entre eux
qui doit assurer les conditions de leur quiétude,
de leur stabilité et gérer leurs conflits en usant
des prérogatives que lui accorde la constitution.
171
moult exemples de par le monde et
particulièrement dans des modèles de société
qui nous sont proches, ont prouvé que certaines
avancées accomplies à force de légalisation
violentant la société, mettent du temps pour être
socialement entérinées. Alors qu’ailleurs, on
parvient au même résultat en laissant
l’évolution et les transformations naturelles
opérer.
172
Écologie…mode de vie.
173
au cœur des préoccupations des pays
développés. La prise de conscience et la
sensibilisation autour des questions
environnementales sont perçues de ce côté-ci de
la méditerranée comme une lubie de riches.
Elles sont considérées comme étrangères à
notre réalité, sans rapport avec nos soucis
quotidiens. Bref, des inquiétudes de sociétés de
surconsommation sans rapport avec notre
indigence. Certes, nous sommes naufragés d’un
même navire, comme dirait Antoine de Saint-
Exupéry, mais la pression du moment l’emporte
sur des considérations planétaires.
174
réhabiliter notre tradition culinaire plus saine et
moins coûteuse ? Comment réparer les dégâts
causés par l’adoption des semences
génétiquement modifiées qui placent notre
agriculture sous tutelle, détruisent notre
patrimoine génétique, menacent notre sécurité
et souveraineté alimentaire et notre santé ?
Comment convaincre le consommateur et
l’industriel d’abandonner les produits en
plastique jetables et nocifs dont les sacs
d’emballage, les bouteilles en PVC, les pailles,
les couverts, assiettes et plateaux-repas et
autres, qui dégageront notre environnement des
déchets solides irréductibles et réhabiliteront
des supports traditionnels et artisanaux ?
Comment convaincre nos communes d’adopter
des plans d’urbanisme plus respectueux de la
nature et une architecture harmonieuse
conforme à notre climat et à nos traditions ?
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clairsement, nos plages se polluent et notre mer
devient un désert liquide, l’air de nos centres
urbains est irrespirable aux heures de pointe.
Notre urbanisme ne respecte ni le paysage ni
l’esthétique. Nos réserves naturelles sont
assiégées et morcelées. Nos côtes sont
défigurées par le béton. Nos terres agricoles
fertiles se transforment en cités. La pierre étant
devenu le seul refuge de placement autant pour
les ménages que pour les entrepreneurs, la
brique rouge a pris la place de la blancheur
légendaire de nos façades.
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En l’espace de quelques décennies, nos
comportements ont été chamboulés. Nous avons
acquis de nouvelles habitudes alimentaires. La
pression consumériste et l’introduction de
nouvelles denrées et préparations, nous ont
détourné d’une tradition culinaire séculaire en
phase avec notre terroir. En l’absence de
repères et de valeurs, le tunisien est poussé à
consommer frénétiquement au-delà de ses
besoins et de ses moyens. L’appel des
enseignes, des grandes surfaces, des franchises
et de la publicité devient insoutenable. Nous
avons abandonné une certaine forme de
frugalité apaisante pour nous lancer dans un
mimétisme envieux du voisin. Une course
effrénée pour ne pas être en reste, source d’un
mal être général. Être obligé de dépenser
davantage pour soutenir la comparaison, pour
ne pas décrocher de rang social. Un dilemme
difficile à soutenir, surtout, comme c’est
souvent le cas, les moyens sont limités. Faute
de transport en commun efficient, la voiture est
devenue indispensable avec parfois autant de
véhicules que de personnes actives dans la
famille. Par conséquent, les routes sont
embouteillées dès les premières heures de la
177
journée, la facture énergétique s’emballe et nos
nerfs sont à vif.
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endigueront la désertification et développeront
des activités dans l’industrie du bois, les plantes
médicinales, la villégiature et l’écotourisme. La
mer et son économie bleue nous offrent des
perspectives incommensurables de
développement. Notre pays qui est un don de la
méditerranée de par l’étendue de son domaine
maritime et sa position stratégique. Des
domaines comme la biochimie marine, l’énergie
marine (houle, vague et vent), l’aquaculture, la
conchyliculture, le tourisme côtier et de
plaisance, la protection de l’environnement
marin, le transport maritime et logistique, la
construction navale et l’activité portuaire sont
autant d’activités à entreprendre et de leviers de
croissance et d’emplois. La gestion de l’eau par
l’intensification des points de rétention et
l’entretien des barrages et des axes fluviaux est
une urgence nationale. Un retard énorme a été
enregistré dans le développement et
l’application d’une stratégie nationale pour faire
face à la menace de la pénurie en eau que tous
les efforts doivent être conjugués pour y
remédier en exploitant toutes les alternatives
qui s’offrent à nous. Il ne s’agit plus de
privilégier une piste particulière mais de
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mobiliser les différentes options tout azimut, du
recyclage de l’eau à la désalinisation.
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Postface
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dans l’urgence, que d’adopter, dans l’immédiat
et pour une durée déterminée, le
protectionnisme sectoriel couplé à l’application
de la TVA sociale pour doper la croissance et
l’emploi. C’est en retrouvant le chemin de la
croissance économique que nous serons en
mesure d’affronter le sinistre. Celui-ci tient à la
déperdition des valeurs fondamentales. Le
rétablissement du respect du travail, de l’effort
et du mérite ne peut se faire que dans une
société apaisée, soustraite à l’angoisse du
quotidien et envisageant l’avenir avec un
minimum de sérénité. Les piliers de cette
action seront le couple famille/école. Une action
qui ne portera ses fruits qu’après une
génération. Alors la Tunisie sera en pole
position pour envisager de rejoindre le concert
des nations développées et entreprendre un
modèle économique extraverti.
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