BTS Chap5 IS

Télécharger au format doc, pdf ou txt
Télécharger au format doc, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 18

CHAPITRE V : L’IMPOT SUR LES SOCIETES (IS)

(Loi N°008 – 2010/AN du 29 janvier 2010)

L’impôt sur les sociétés (IS) a été institué par la Loi N°008 – 2010/AN du 29 janvier
2010, portant création d’un impôt sur les sociétés. L’IS est donc de création récente.
Son application est effective depuis le 1er janvier 2011.

C’est un impôt qui est à la fois un impôt d’Etat, un impôt sur le revenu et un impôt
direct. Il est régi par les articles 1 à 130 de la loi précitée.

I – CHAMP D’APPLICATION

1) Les personnes imposables


L’IS est établi sur l’ensemble des bénéfices ou revenus des sociétés, des autres
personnes morales et des organismes assimilés. Les personnes passibles de l’IS le
sont soit en raison de leur forme, soit en raison de leurs activités ou encore sur
option.

a) Personnes imposables en raison de leur forme


Ce sont :
- les sociétés de capitaux ou assimilées quel que soit leur objet à savoir les sociétés
anonymes (SA) et les sociétés à responsabilité limitée (SARL) ;
- les sociétés en nom collectif (SNC), les sociétés en commandite simple (SCS), les
sociétés en participation et les Groupements d’intérêt économique (GIE) ;
- les sociétés coopératives et leurs unions, les associations et les organismes
également assimilés.

b) Personnes imposables en raison de leurs activités


On peut retenir :
- les établissements publics, les organismes de l’Etat ou des collectivités territoriales
qui jouissent de l’autonomie financière et se livrent à une activité à caractère
industriel ou commercial ou à des opérations à caractère lucratif ;
- les sociétés civiles qui se livrent à une exploitation ou à des opérations de nature
commerciale, industrielle, artisanale ou agricole ou qui comprennent parmi leurs
membres une ou plusieurs sociétés de capitaux ou qui ont opté pou ce régime
d’imposition ;
- les sociétés civiles de fait ;
- toutes autres personnes morales se livrant à une exploitation ou à des opérations à
caractère lucratif, ou qui ne seraient pas assujetties à un autre impôt sur les revenus.

c) Personnes imposables sur option


Il s’agit des syndicats financiers et des sociétés civiles professionnelles.
L’option est irrévocable et, pour être valable, elle doit être signée par tous les
associés et notifiée au service du lieu d’imposition dans les trois (3) mois du début de
l’exercice fiscal.

2) Les exemptions
Au nombre des personnes affranchis de l’IS, on peut citer : les sociétés coopératives
de consommation, les établissements publics de l’Etat ou des collectivités
territoriales n’ayant pas un caractère industriel ou commercial, les caisses de crédit
mutuel agricole, la BCEAO, les sociétés de secours mutuel, les centres de gestion
agréés (CGA).

3) La territorialité de l’IS
L’impôt sur les sociétés est dû à raison de l’ensemble des produits, revenus et
bénéfices réalisés par les sociétés exploitées au Burkina Faso. (Sous réserve de
conventions internationales relatives aux doubles impositions).

II – DETERMINATION DU BENEFICE IMPOSABLE

La détermination du bénéfice imposable ou bénéfice fiscal fait appel à un certain


nombre de règles ou principes généraux. La plupart d’entre eux tournent autour
de l’annualité de l’impôt, la notion du bénéfice et les rapports entre bénéfice
comptable et bénéfice imposable.

2
1) L’annualité de l’impôt
Aux termes de l’article 8 de la loi créant l’IS, « l’impôt est établi chaque année sur les
bénéfices réalisés l’année précédente. Les contribuables sont tenus d’arrêter chaque
année leurs comptes à la date du 31 décembre… ».

Il découle de ces dispositions que les bénéfices imposables sont ceux réalisés au
cours d’une année civile. La règle est que l’impôt porte sur les bénéfices de douze
(12) mois : c’est le principe de l’annualité de l’IS.

La seule exception a trait aux sociétés nouvelles: si la société a été créée


antérieurement au 30 juin, le premier exercice comptable sera inférieur à 12 mois,
puisqu’il sera arrêté au 31 décembre de la même année. Par contre, si la société
nouvelle a été créée postérieurement au 30 juin, le premier exercice comptable
pourra être supérieur à 12 mois, puisqu’il est autorisé de l’arrêter au 31 décembre
de l’année suivante.

Le bénéfice imposable est donc celui d’une année entière. Ce principe implique que
la comptabilisation des produits et des charges ne doit concerner que cette
année, sauf exception : c’est la règle de l’indépendance ou de spécialisation des
exercices. Cette règle veut que les produits relevant d’un exercice soient inclus dans
le bénéfice de cet exercice et non pas de celui du suivant ou du précédent, de même
que les charges de l’exercice ne sont déductibles qu’au titre de cet exercice.

Concernant les produits, il faut comptabiliser non pas seulement les recettes
(sommes encaissées) mais également les créances acquises (créances certaines
dans leur principe et déterminées dans leur montant) et les plus-values réalisées.

Quant aux charges, elles doivent comprendre les dépenses engagées (dettes
certaines) c’est-à-dire nées au cours de l’exercice même s’il n’y a pas encore eu de
paiement.

Cette comptabilité est dite d’engagement ou de créances acquises par opposition


à la comptabilité de caisse (recettes encaissées et dépenses payées).

3
2) La notion de bénéfice : théorie du bilan et théorie de la source
L’IS est établi sur le bénéfice réalisé par la personne morale.
La notion de bénéfice est une notion comptable qui s’appréhende par le compte de
résultat ou par le bilan.
Dans le premier cas on parle de théorie de la source ou approche analytique du
résultat et, dans le second cas, on parle de théorie du bilan ou approche
bilancielle du résultat.

Selon la théorie de la source ou de l’approche analytique du résultat de l’entreprise,


le bénéfice s’entend des produits (comptes des classes 7 et 8) moins les charges
(comptes des classes 6 et 8).
Cette définition est reprise par l’article 7 alinéa1. de la loi créant l’IS en ces termes : «
le bénéfice imposable est le bénéfice net déterminé d’après les résultats d’ensemble
des opérations de toute nature effectuées par les personnes morales, y compris
notamment les cessions d’éléments quelconques de l’actif, soit en cours, soit en fin
d’exploitation ». Il s’agit bien de la détermination du résultat par la différence entre
produits et charges.

Quant à la théorie du bilan, la définition donnée du bénéfice est celle édictée par
l’article 7 alinéa2) qui stipule : « le bénéfice net est constitué par la différence entre
les valeurs de l’actif net à la clôture et à l’ouverture de la période dont les résultats
doivent servir de base à l’impôt, diminuée des suppléments d’apports et augmentée
des prélèvements effectués au cours de cette période par les associés. L’actif net
s’entend de l’excédent des valeurs d’actif sur le total formé au passif par les
créances des tiers, les amortissements et les provisions justifiées ».

3) Les rapports entre bénéfice imposable et résultat comptable


Comme nous venons de le voir, le bénéfice imposable ou bénéfice fiscal est
déterminé en partant des données de la comptabilité générale. Il est constitué par la
différence entre les produits et les charges de l’entreprise. Il n’y a donc pas de
comptabilité fiscale.
Cependant, les règles du droit fiscal apportent des dérogations ou des distorsions au
résultat comptable. C’est ainsi que le droit fiscal peut refuser la déduction de
certaines charges ou au contraire exonérer certains produits.

4
Dans ces conditions, le bénéfice fiscal s’obtient en faisant des ajouts ou
réintégrations d’une part, des retraits ou déductions d’autre part.

Concrètement, on part du résultat dégagé par la comptabilité avant détermination de


l’impôt sur le résultat (on parle de résultat avant impôt ou résultat comptable) et l’on
procède à des retraitements extra comptables pour obtenir le résultat imposable
appelé résultat fiscal.
Le résultat fiscal est donc lié au résultat comptable. La relation entre ces deux
résultats est donnée par l’équation suivante :

Résultat fiscal = Résultat comptable (avant impôt) + Réintégrations extra


comptables - Déductions extra comptables
Les réintégrations extra comptables consistent à rapporter (ajouter) au résultat
comptable des charges dont la déduction est admise au regard du droit comptable,
mais que le droit fiscal refuse d’admettre en déduction. Ne sont donc susceptibles
de réintégrations extra comptables que les charges déjà déduites en
comptabilité.
Font également l’objet de réintégrations extra comptables, les produits soumis à
l’impôt mais non pris en compte dans les écritures comptables.

Les déductions extra comptables consistent à distraire (retirer) du résultat comptable,


des produits que la comptabilité avait incorporés au résultat mais que le droit fiscal
exonère de l’impôt. Ne sont donc susceptibles de déductions extra comptables
que les produits déjà comptabilisés.
Font aussi l’objet de déductions extra comptables, les charges admises en déduction
par le droit fiscal mais non comptabilisées1 (omises par la comptabilité).

III – ELEMENTS CONSTITUTIFS DU BENEFICE IMPOSABLE

Suivant l’approche analytique du résultat de l’entreprise, le résultat fiscal, base de


calcul de l’impôt comprend les produits imposables diminués des charges
déductibles.

1
Les dotations aux amortissements non comptabilisées ne sont pas concernées par cette disposition

5
1) Les produits imposables
Les produits imposables comprennent à la fois les produits des activités ordinaires
(produits AO) et les produits hors activités ordinaires (produits HAO).

Sans être exhaustif, l’article 10 de la loi créant l’IS cite les éléments suivants comme
étant des produits imposables :

- les ventes et les recettes ;


- les produits divers ou exceptionnels ;
- les revenus ou prestations accessoires ;
- les produits financiers et revenus bruts des capitaux mobiliers ;
- les produits de la location des immeubles bâtis et non bâtis, y compris les revenus
Accessoires ;
- les bonus sur reprises et cessions d’emballages ;
- les travaux faits par l’entreprise pour elle – même ;
- les subventions d’exploitation et les subventions d’équilibre ;
- les travaux en cours, évalués au prix de revient ;
- les reprises et les transferts de charges ;
- les dégrèvements obtenus de l’administration au titre des impôts déductibles ;
- les plus – values de cessions d’éléments de l’actif immobilisé.

2) Les charges déductibles


La non concordance entre résultat comptable et résultat fiscal résulte généralement
dans le fait que certaines charges qui participent à la détermination du résultat
comptable ne sont pas admises en déduction selon le Droit fiscal.
En effet, depuis que le fisc et le législateur se sont rendus compte que par le
gonflement ou l'exagération des charges, il était possible de faire disparaître le
bénéfice imposable, la réglementation est beaucoup plus stricte à ce niveau.

Aussi, pour qu’une charge soit déductible (fiscalement admise), il faut qu’elle
remplisse les conditions fixées par les dispositions fiscales en vigueur.
Les charges sont regroupées en trois (3) catégories qui sont : les frais généraux, les
amortissements et les provisions.

6
a) Les frais généraux
La notion de frais généraux est une notion fiscale qui recouvre l’ensemble des
dépenses qui n’ont pas pour contrepartie l’entrée d’un nouvel élément dans le
patrimoine de l’Entreprise.
Pour être déductibles, les frais généraux doivent remplir les quatre (4) conditions
générales suivantes:
- être exposés dans l’intérêt direct de l’exploitation ou se rattacher à la gestion
normale de l’entreprise;
- correspondre à une charge effective (ne pas être fictif) et être appuyés de
justifications suffisantes. Les charges qui n’ont pas été inscrites dans la
comptabilité de la société ou qui n’ont pas été comptabilisées en tant que telles ne
sont pas déductibles ;
- entraîner une diminution de l’actif net de l’exploitation ou de l’entreprise, ce qui
exclut les pertes non supportées par l’entreprise ou les acquisitions
d’immobilisations ;
- être compris dans les charges de l’exercice (c'est-à-dire avoir été engagés au
cours de l’exercice).

Les principaux frais généraux admis en déduction sous réserve des conditions ci-
dessus sont :
-a1 : Les charges de personnel et autres rémunérations  :
- les rémunérations allouées aux salariés sont déductibles dans la mesure où elles
correspondent à un travail effectif ;
- les rémunérations versées aux associés dirigeants des sociétés de capitaux ou à
leurs conjoints pour un emploi effectif exercé dans l’entreprise sont déductibles à
condition qu’elles ne soient pas exagérées par rapport aux rémunérations des
emplois de même nature, exercés dans l’entreprise ou dans les sociétés similaires.

NB. En cas d’exagération ou de rémunérations fictives, l’ensemble des rétributions


versées aux associés dirigeants ou à leurs conjoints sera considéré comme des
bénéfices distribués et traités comme tels.
- les rémunérations versées aux gérants majoritaires de SARL, à l’associé unique de
la SARL et à l’administrateur unique de la SA sont admises en déduction à condition
qu’elles correspondent à un travail effectif, qu’elles ne soient pas excessives et

7
qu’elles soient soumises à l’impôt sur les bénéfices au nom de ces derniers
après déduction des frais professionnels fixés forfaitairement à 25% desdites
rémunérations.
- les cotisations patronales obligatoires, versées en vue de la constitution de la
retraite d’un expatrié et ayant un caractère obligatoire dans la limite de 20% du
salaire de base, sont déductibles.
- les frais de transport aller et retour des personnels sous contrat de travail expatrié,
de leurs épouses et de leurs enfants à l’occasion des congés, sont déductibles à
raison d’un voyage par an, à condition que le voyage ait été effectué.
En aucun cas, les charges de personnel ne peuvent donner lieu à des dotations à un
compte de provisions. Ainsi, les provisions pour congés payés ne sont pas
déductibles.

-a2 : Frais de siège


Ce sont les frais généraux qu’une société étrangère impute sur les résultats de
sociétés contrôlées et établies au Burkina Faso. La quote - part des frais de siège
déductible est limitée à 10% du bénéfice imposable desdites sociétés avant
déduction des frais en cause. En cas de déficit, considérer les résultats de l’exercice
bénéficiaire le plus récent non prescrit. Si aucun exercice non prescrit n’est
bénéficiaire, le droit à déduction est définitivement perdu.

-a3 : Rémunérations versées à l’étranger (Article 22 de la loi créant l’IS)1


Les rémunérations de services payées ou dues par les sociétés soumises à l’IS à
des personnes physiques ou morales qui sont domiciliées ou établies hors du
Burkina Faso sont déductibles dans la double limite de 5% du chiffre d’affaires
hors taxe et de 20% des frais généraux à condition que ces dépenses
correspondent à des opérations réelles.

-a4 : Les dépenses locatives


Le montant des loyers des locaux professionnels figurant dans le contrat de bail
dûment enregistré est déductible. Il en est de même des loyers des biens pris en
crédit - bail.
1
Cet article 22 de la Loi créant l’IS est abrogé pour compter du 1er janvier 2013.

8
Toutefois, les sociétés sont tenues de fournir, à l’appui de leur déclaration annuelle
de résultats, le relevé détaillé des loyers passés en frais généraux, avec indication
de l’identité et de l’adresse des bailleurs concernés. A défaut, ces loyers ne sont pas
admis en déduction.

-a 5 : Les primes d’assurance


Sont notamment déductibles :
- les primes versées aux sociétés et compagnies d’assurances de la zone UEMOA
en raison de contrats conclus pour la constitution d’indemnités de fin de carrière, de
décès et d’invalidité à condition que lesdits contrats concernent l’ensemble du
personnel ou tout au moins, une ou plusieurs catégories du personnel ;
- les primes versées aux compagnies d’assurance burkinabè en raison de contrats
d’assurance maladie conclus au profit de l’ensemble du personnel ou d’au moins une
ou plusieurs catégories du personnel dans la limite de 5% de la masse salariale du
personnel effectivement assuré.

-a6 : Les frais d’hôtel et de restaurants, libéralités, dons, subventions


- les frais d’hôtels et de restaurants justifiés par des factures sont admis en déduction
dans la limite de 0,5% du montant du chiffre d’affaires hors taxes ;
- les libéralités, dons et subventions constituent des charges déductibles du bénéfice
imposable lorsqu’il s’agit :
• de cadeaux et objets spécialement conçus pour la publicité justifiés par des
factures respectives dans les limites de 0,1% et de 0,2% du chiffre d’affaires hors
taxe ;
• de versements effectués au profit des associations sportives et culturelles,
d’œuvres ou organismes d’intérêt général à caractère philanthropique, éducatif,
scientifique, social reconnus d’utilité publique par l’autorité compétente, dans la limite
de 0,3% du chiffre d’affaires hors taxe.
NB. Pour le bénéfice de ces dispositions, un relevé indiquant les montants, la date
des versements et l’identité des bénéficiaires doit être joint à la déclaration des
résultats.
-a7 : Les charges financières
- les intérêts servis aux associés à raison des sommes versées par eux dans la
caisse sociale, en sus de leur part de capital, quelle que soit la forme de la société,

9
dans la limite de ceux calculés au taux de réescompte pratiqué par la BCEAO majoré
de deux (2) points ;
- les intérêts des emprunts réalisés par les sociétés auprès de personnes physiques
ou morales étrangères à celles – ci, autres que les banques et établissements
financiers, à condition que ces emprunts soient justifiés et ce, dans la limite du taux
de réescompte pratiqué par la BCEAO.
La déduction de ces charges financières est subordonnée à la condition que le
capital de la société ait été entièrement libéré, qu’il s’agisse de constitution de
société ou d’augmentation de capital.

- a8 : Les impôts, taxes, amendes et pénalités diverses


Sont déductibles les impôts à la charge de l’entreprise mis en recouvrement au
cours de l’exercice, à l’exception de l’impôt sur les sociétés (IS) et du minimum
forfaitaire de perception (MFP). Pour l’essentiel, ces impôts déductibles sont : la
TPA, la patente, les droits d’enregistrement, les droits de douane, les timbres fiscaux
et la TVA supportée en tant que consommateur. Si des dégrèvements sont
ultérieurement accordés sur ces impôts déductibles, leur montant doit être réintégré
dans les produits de l’exercice au cours duquel la société est avisée de ces
dégrèvements.
Les principaux impôts non déductibles sont : l’IS, le MFP, les prélèvements et les
retenues à la source à titre d’acompte aux impôts sur les bénéfices, l’IRC, l’IRVM, la
TVA., l’IUTS.
Les montants des transactions, amendes, pénalités, confiscations et majorations de
toute nature mises à la charge des contrevenants à la législation fiscale, douanière et
sociale, à la réglementation des prix, de circulation ou de consommation et, d’une
manière générale, aux lois et règlements de l’Etat ne sont pas admis en déduction
des bénéfices soumis à l’impôt  ; car ils ont pour effet de sanctionner une infraction
aux dispositions légales et réglementaires.
-a9) Report de déficits :
Les déficits sont fiscalement reportables. En effet, le déficit constaté au cours d’un
exercice est considéré comme une charge déductible du bénéfice imposable de
l’exercice suivant. Si ce bénéfice n’est pas suffisant pour que la déduction puisse
être intégralement opérée, l’excédent non déduit est reporté successivement sur les
exercices suivants jusqu’au 4e exercice qui suit l’exercice déficitaire.

10
Au – delà, le déficit non encore épongé est définitivement perdu.

-a 10 : Les frais d’entretien : seules les dépenses qui ont pour but de maintenir en
état d’usage ou de fonctionnement des éléments d’actif sont admis comme charges
déductibles. Les dépenses qui se traduisent par une augmentation de la valeur de
l’actif ou qui prolongent de manière durable la durée d’utilisation du bien doivent faire
obligatoirement l’objet d’amortissement.

-a11 : Les charges pluriannuelles : Il s’agit généralement des loyers payés


d’avance et des primes d’assurance. Il faut tenir compte du principe de
l’indépendance des exercices et rattacher chaque charge à son exercice.

A contrario des frais généraux déductibles, les charges qui ne remplissent pas les
conditions générales de déductibilité ne sont pas déductibles.
Ainsi, sont exclues des charges déductibles, les dépenses de toute nature ayant trait
à l’exercice de la chasse et de la pêche sportives, à l’utilisation des bateaux de
plaisance, d’aéronefs de tourisme ou de résidences d’agrément et de toutes
autres dépenses à caractère somptuaire, que ce soit sous forme d’allocations
forfaitaires ou de remboursement de frais.

b) Les amortissements
Le SYSCOA définit l’amortissement comptable comme l’amoindrissement de la
valeur d’une immobilisation qui se déprécie de façon certaine et irréversible avec le
temps, l’usage ou en raison du changement de techniques (obsolescence), de
l’évolution des marchés, de toutes autres techniques ou de toute autre cause.
Pour être déductible, l’amortissement doit remplir les conditions de fond et de forme
suivantes :
- correspondre à la dépréciation effective subie par les éléments amortis. En
aucun moment donc, le montant cumulé des amortissements d’un bien ne peut
excéder le prix de revient de ce bien ;
- être réellement pratiqué et comptabilisé. Par conséquent, l’entreprise perd
définitivement le bénéfice de la déduction des amortissements qu’elle est en droit de
pratiquer mais qu’elle s’est abstenue de comptabiliser (ces amortissements sont
qualifiés de « amortissements différés ») ;

11
- faire l’objet d’une déclaration spéciale sur un relevé fourni par l’Administration.

NB. : Ne sont pas déductibles, les amortissements se rapportant à des biens


meubles et immeubles inscrits à l’actif et n’ayant pas fait l’objet de mutation au nom
de la société.

En plus de la méthode d’amortissement linéaire qui, fiscalement, constitue le mode


normal d’amortissement, les entreprises sont autorisées à comptabiliser des
amortissements dérogatoires sous réserve de certaines dispositions expresses. Il
s’agit des amortissements accélérés et des amortissements dégressifs.

- b1 : Amortissements accélérés et amortissements dégressifs


Amortissements accélérés (le montant de la première annuité d’amortissement est
doublé et la durée de vie du bien réduite d’une année): peuvent faire l’objet d’un
amortissement accéléré, les matériels et outillages neufs d’une durée de vie
supérieure à cinq (5) ans et exclusivement utilisés à des opérations industrielles de
fabrication, de transformation, de manutention, de transport, à des activités de
boulangerie ou d’exploitation minière ou hôtelière.

Amortissements dégressifs : les taux d’amortissement dégressif sont obtenus en


appliquant aux taux d’amortissement linéaire les coefficients suivants :
- 1,5 lorsque la durée normale d’utilisation est de trois à quatre ans ;
- 2 lorsque cette durée est de cinq à six ans ;
- 2,5 lorsqu’elle est supérieure à six ans.
Sont exclus du bénéfice de l’amortissement dégressif, les biens qui étaient déjà
usagés au moment de leur acquisition (biens d’occasion) ainsi que ceux dont la
durée de vie est inférieure à trois (3) ans.

-b2 : Amortissements différés et amortissements réputés différés


On appelle amortissements différés, les amortissements qu’une entreprise s’est
abstenue de pratiquer, c'est-à-dire, de constater en comptabilité, alors même qu’elle
était en droit de le faire. Sur le plan comptable, les amortissements différés peuvent
faire l’objet de régularisation les exercices ultérieurs.
Sur le plan fiscal, la régularisation des amortissements différés n’est pas admise.

12
Ainsi, si des amortissements différés venaient à être passés en charge à titre de
régularisation comptable, leur montant sera isolé pour être réintégré au bénéfice
imposable.
Quant aux amortissements réputés différés (ARD), ils correspondent à des
amortissements constatés en comptabilité mais qui, parce que l’exercice est
déficitaire, sont isolés dans une ligne prévue à cet effet dans le tableau de
détermination du résultat fiscal.
La constitution des amortissements réputés différés s’opère de manière extra
comptable.
Du point de vue fiscal, l’intérêt réside dans la possibilité pour la société de reporter
indéfiniment le déficit induit par les amortissements réputés différés dans le temps,
jusqu’à ce qu’un bénéfice suffisant les absorbe.

Pour réduire les contestations entre les sociétés et l’administration fiscale, l’article 34
de la loi créant l’IS a dressé un tableau retraçant les taux d’amortissement
généralement admis par l’administration. Pour les immobilisations qui ne sont pas
énumérées, il est procédé par assimilation à un type de biens d’usage comparable.

c) Les provisions
Afin d’éviter une réduction abusive du bénéfice imposable, le droit fiscal a
subordonné la déductibilité des provisions aux conditions de forme et de fond
suivantes :
- la provision doit être destinée à faire face soit à une perte ou une charge, soit à une
dépréciation d’un élément d’actif non amortissable. La charge ou la perte
provisionnée doit être elle-même déductible dans le principe.
- la perte ou la charge provisionnée doit être nettement précisée. Cela veut dire qu’il
faut pouvoir individualiser l’élément d’actif qui va subir une dépréciation ou la charge
à intervenir (d’où l’interdiction des pourcentages).
- la perte ou la charge doit être probable et non seulement éventuelle. Est éventuel,
ce qui dépend d’un événement incertain ; est probable, ce qui arrivera
vraisemblablement.
- la perte ou la charge doit trouver son origine dans l’exercice en cours : il faut que
les événements en cours avant la clôture de l’exercice rendent probable la perte ou
la charge.

13
- les provisions doivent être effectivement constatées dans les écritures de
l’exercice et figurer au relevé des provisions prévu à cet effet.

A titre d’exemple, les provisions suivantes ne sont pas déductibles :


- provisions pour risques purement éventuels tels que les risques de vol ou de
cambriolages, d’incendie, d’insolvabilité des clients ;
- la provision pour propre assureur constituée par une entreprise, les provisions pour
renouvellement de matériel et pour risque de mévente ;
- la provision pour congés payés et la provision pour indemnités de départ à la
retraite;
La provision pour créance douteuse ne pourra être acceptée que s’il y a
commencement d’un recours en justice.

IV - LIQUIDATION ET PAIEMENT DE L’IMPÔT

Le résultat fiscal obtenu par suite des réintégrations extra comptables et des
déductions extra comptables opérées sur le résultat comptable va servir de base de
perception de l’impôt. L’impôt est établi au nom de chaque société, pour l’ensemble
de ses activités imposables au Burkina Faso, au siège social ou, à défaut, au lieu où
est assurée la direction effective de la société ou au lieu du principal établissement.

1) Liquidation
La base imposable à l’IS est égale au résultat fiscal arrondi aux mille francs
inférieurs. (Toute fraction du bénéfice imposable inférieure à mille (1000) francs CFA
est négligée).

L’impôt s’obtient par application du tarif à la base imposable. Le taux de l’impôt sur
les sociétés est de 27,5%.
2) Paiement de l’impôt
L’impôt sur les sociétés donne lieu, au titre de l’exercice comptable en cours, au
versement de trois (3) acomptes provisionnels égaux calculés sur la base de 75%
du montant de l’impôt dû au titre du dernier exercice clos, appelé « exercice de
référence ».
Lorsque l’exercice de référence est d’une durée inférieure ou supérieure à un an, le

14
montant des acomptes est calculé sur celui de l’impôt dû au titre dudit exercice
rapporté à une période de douze (12) mois.
NB. Les sociétés nouvellement créées ou nouvellement soumises à l’impôt sur les
sociétés sont dispensées du versement d’acomptes au cours de leur premier
exercice ou de leur première période d’imposition.

3) Délais de paiement de l’impôt


a)Les paiements des acomptes provisionnels doivent être effectués
spontanément au plus tard les 20 juillet, 20 octobre et 20 janvier de chaque
année auprès du receveur des impôts du lieu de rattachement.

b) Liquidation définitive de l’IS : avant l’expiration du délai de déclaration des


résultats (30 avril au plus tard), la société procède à la liquidation de l’IS dû au titre
de l’exercice objet de la déclaration en tenant compte des acomptes versés pour ledit
exercice.
S’il résulte de cette liquidation un complément d’impôt, il est acquitté au plus tard le
30 avril ;
Si au contraire la liquidation fait apparaître que les acomptes sont supérieurs à
l’impôt dû, l’excédent versé est imputé sur les exercices suivants.
A la demande du contribuable, cet excédent peut également être utilisé pour le
paiement de tout autre impôt direct d’Etat ou taxes assimilées dont il est par ailleurs
redevable.

4) Le Minimum Forfaitaire de Perception (MFP)


a) Personnes imposables
Il est établi un minimum forfaitaire de perception de l’impôt sur les sociétés au titre
d’une année déterminée, en fonction du chiffre d’affaires hors taxe de la période
écoulée.
Le MFP est dû par les sociétés déficitaires ou dont le résultat fiscal ne permet pas
de générer un impôt sur les sociétés supérieur au montant déterminé ci – dessous
en b).

b) Liquidation du MFP
Pour le calcul du MFP, le CA est arrondi aux 100 000 francs CFA inférieurs. Le taux

15
à appliquer est de 0,5% mais en aucun cas le montant ne peut être inférieur à un
million (1 000 000) de francs CFA pour les contribuables relevant du RNI et trois
cent mille (300 000) francs CFA pour ceux relevant du RSI.

NB. : - les sociétés nouvelles sont exonérées du minimum forfaitaire pour leur
premier exercice d’exploitation ;
- les adhérents des centres de gestion agréés (CGA) bénéficient d’une
réduction de 50% du minimum forfaitaire de perception.

V - OBLIGATIONS ET SANCTIONS

1) Les obligations
Les contribuables soumis à l’IS sont tenus à un certain nombre d’obligations dont les
principales sont relatives à la déclaration de résultats, à la tenue de comptabilité et
aux pièces à joindre aux déclarations souscrites.

a) Déclaration des résultats


Les sociétés doivent déclarer au plus tard le 30 avril de chaque année, le montant
de leur résultat imposable afférent à l’exercice comptable clos au 31 décembre de
l’année précédente au moyen d’un imprimé conforme au modèle prescrit par
l’administration.
En ce qui concerne les sociétés et compagnies d’assurances et de réassurances, le
délai est fixé au 31 mai de chaque année.
Si une exploitation a été déficitaire, la déclaration de déficit est produite dans les
mêmes délais.

b) Tenue de comptabilité
Il est fait obligation à toute société installée au Burkina Faso d’y posséder son siège
social et d’y tenir sa comptabilité. Cette comptabilité est tenue obligatoirement en
français et doit être conforme aux dispositions prévues par le règlement relatif au
droit comptable dans les Etats membres de l’UEMOA.

c) Documents joints à la déclaration de résultat

16
Ces documents sont énumérés par l’article 65 (pour les contribuables du RNI) et
l’article 66 (pour ceux du RSI) ; ce sont : la liasse des états financiers et états
annexés annuels normalisés du SYSCOA, la liasse fiscale, l’état détaillé des
comptes de charges et de produits, l’état annuel des salaires, l’état annuel des
commissions, courtages, ristournes, honoraires, droits d’auteur et autres
rémunérations versées à des tiers, l’état annuel des rémunérations des associés et
des parts de bénéfices sociaux et autres revenus, l’état annuel des amortissements
et des provisions, le relevé détaillé des loyers d’immeubles passés en charges, avec
indication de l’identité et de l’adresse des bailleurs.
Les entreprises industrielles, les sociétés de téléphonie mobile, les
importateurs, les grossistes et les demi – grossistes doivent joindre à leur
déclaration annuelle de résultats la liste de leurs clients avec lesquels le montant
cumulé des ventes réalisées au cours de l’exercice comptable est au moins égal à
cinq millions (5 000 000) francs CFA hors taxes. La liste doit indiquer, pour chaque
client, le numéro d’Identifiant Financier Unique (IFU), les nom et prénoms pour les
personnes physiques, la forme juridique et la raison sociale pour les personnes
morales, les adresses géographique, postale, le numéro de téléphone et le montant
total des ventes réalisées.

2) Les sanctions
a) le non respect des obligations relatives aux paiements des acomptes
provisionnels entraîne à l’encontre des contribuables concernés :
- une pénalité égale à 25% des droits dus en cas de déclaration tardive ;
- une pénalité égale à 50% des droits dus en cas de taxation d’office.

b) Le défaut de tenue de comptabilité au Burkina Faso est sanctionné par une


amende annuelle de un million (1 000 000) de francs CFA. En cas de récidive, cette
amende est portée à deux millions (2 000 000) de francs CFA.

c) Le défaut de production de la déclaration annuelle de résultat dans les délais


prescrits est sanctionné par une amende de deux cent mille (200 000) francs CFA.
Cette amende est doublée lorsque les infractions relevées ne sont pas régularisées
dans les trente (30) jours suivant la réception d’une mise en demeure.

17
d) Une amende fiscale de cinq cent mille (500 000) francs CFA est applicable à
l’entreprise dont l’exploitation a été déficitaire et qui n’a pas souscrit sa déclaration
de résultat.

e) Toute omission, insuffisance ou inexactitude relevée dans les renseignements


dont la production est prévue dans la déclaration annuelle de résultat et des
documents à y joindre, est passible d’une amende de vingt mille (20 000) francs CFA
par nature d’infraction relevée.

f) Lorsque la déclaration de résultats laisse apparaître une base d’imposition ou des


éléments servant à la liquidation de l’impôt insuffisants, inexacts ou incomplets, le
montant des droits mis à la charge du contribuable est assorti d’une majoration de
25% en cas de bonne foi, de 50% lorsque la mauvaise foi est établie, de 100% en
cas d’agissements constitutifs de manoeuvres frauduleuses.

Fin du chapitre V

18

Vous aimerez peut-être aussi