BTS Chap5 IS
BTS Chap5 IS
BTS Chap5 IS
L’impôt sur les sociétés (IS) a été institué par la Loi N°008 – 2010/AN du 29 janvier
2010, portant création d’un impôt sur les sociétés. L’IS est donc de création récente.
Son application est effective depuis le 1er janvier 2011.
C’est un impôt qui est à la fois un impôt d’Etat, un impôt sur le revenu et un impôt
direct. Il est régi par les articles 1 à 130 de la loi précitée.
I – CHAMP D’APPLICATION
2) Les exemptions
Au nombre des personnes affranchis de l’IS, on peut citer : les sociétés coopératives
de consommation, les établissements publics de l’Etat ou des collectivités
territoriales n’ayant pas un caractère industriel ou commercial, les caisses de crédit
mutuel agricole, la BCEAO, les sociétés de secours mutuel, les centres de gestion
agréés (CGA).
3) La territorialité de l’IS
L’impôt sur les sociétés est dû à raison de l’ensemble des produits, revenus et
bénéfices réalisés par les sociétés exploitées au Burkina Faso. (Sous réserve de
conventions internationales relatives aux doubles impositions).
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1) L’annualité de l’impôt
Aux termes de l’article 8 de la loi créant l’IS, « l’impôt est établi chaque année sur les
bénéfices réalisés l’année précédente. Les contribuables sont tenus d’arrêter chaque
année leurs comptes à la date du 31 décembre… ».
Il découle de ces dispositions que les bénéfices imposables sont ceux réalisés au
cours d’une année civile. La règle est que l’impôt porte sur les bénéfices de douze
(12) mois : c’est le principe de l’annualité de l’IS.
Le bénéfice imposable est donc celui d’une année entière. Ce principe implique que
la comptabilisation des produits et des charges ne doit concerner que cette
année, sauf exception : c’est la règle de l’indépendance ou de spécialisation des
exercices. Cette règle veut que les produits relevant d’un exercice soient inclus dans
le bénéfice de cet exercice et non pas de celui du suivant ou du précédent, de même
que les charges de l’exercice ne sont déductibles qu’au titre de cet exercice.
Concernant les produits, il faut comptabiliser non pas seulement les recettes
(sommes encaissées) mais également les créances acquises (créances certaines
dans leur principe et déterminées dans leur montant) et les plus-values réalisées.
Quant aux charges, elles doivent comprendre les dépenses engagées (dettes
certaines) c’est-à-dire nées au cours de l’exercice même s’il n’y a pas encore eu de
paiement.
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2) La notion de bénéfice : théorie du bilan et théorie de la source
L’IS est établi sur le bénéfice réalisé par la personne morale.
La notion de bénéfice est une notion comptable qui s’appréhende par le compte de
résultat ou par le bilan.
Dans le premier cas on parle de théorie de la source ou approche analytique du
résultat et, dans le second cas, on parle de théorie du bilan ou approche
bilancielle du résultat.
Quant à la théorie du bilan, la définition donnée du bénéfice est celle édictée par
l’article 7 alinéa2) qui stipule : « le bénéfice net est constitué par la différence entre
les valeurs de l’actif net à la clôture et à l’ouverture de la période dont les résultats
doivent servir de base à l’impôt, diminuée des suppléments d’apports et augmentée
des prélèvements effectués au cours de cette période par les associés. L’actif net
s’entend de l’excédent des valeurs d’actif sur le total formé au passif par les
créances des tiers, les amortissements et les provisions justifiées ».
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Dans ces conditions, le bénéfice fiscal s’obtient en faisant des ajouts ou
réintégrations d’une part, des retraits ou déductions d’autre part.
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Les dotations aux amortissements non comptabilisées ne sont pas concernées par cette disposition
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1) Les produits imposables
Les produits imposables comprennent à la fois les produits des activités ordinaires
(produits AO) et les produits hors activités ordinaires (produits HAO).
Sans être exhaustif, l’article 10 de la loi créant l’IS cite les éléments suivants comme
étant des produits imposables :
Aussi, pour qu’une charge soit déductible (fiscalement admise), il faut qu’elle
remplisse les conditions fixées par les dispositions fiscales en vigueur.
Les charges sont regroupées en trois (3) catégories qui sont : les frais généraux, les
amortissements et les provisions.
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a) Les frais généraux
La notion de frais généraux est une notion fiscale qui recouvre l’ensemble des
dépenses qui n’ont pas pour contrepartie l’entrée d’un nouvel élément dans le
patrimoine de l’Entreprise.
Pour être déductibles, les frais généraux doivent remplir les quatre (4) conditions
générales suivantes:
- être exposés dans l’intérêt direct de l’exploitation ou se rattacher à la gestion
normale de l’entreprise;
- correspondre à une charge effective (ne pas être fictif) et être appuyés de
justifications suffisantes. Les charges qui n’ont pas été inscrites dans la
comptabilité de la société ou qui n’ont pas été comptabilisées en tant que telles ne
sont pas déductibles ;
- entraîner une diminution de l’actif net de l’exploitation ou de l’entreprise, ce qui
exclut les pertes non supportées par l’entreprise ou les acquisitions
d’immobilisations ;
- être compris dans les charges de l’exercice (c'est-à-dire avoir été engagés au
cours de l’exercice).
Les principaux frais généraux admis en déduction sous réserve des conditions ci-
dessus sont :
-a1 : Les charges de personnel et autres rémunérations :
- les rémunérations allouées aux salariés sont déductibles dans la mesure où elles
correspondent à un travail effectif ;
- les rémunérations versées aux associés dirigeants des sociétés de capitaux ou à
leurs conjoints pour un emploi effectif exercé dans l’entreprise sont déductibles à
condition qu’elles ne soient pas exagérées par rapport aux rémunérations des
emplois de même nature, exercés dans l’entreprise ou dans les sociétés similaires.
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qu’elles soient soumises à l’impôt sur les bénéfices au nom de ces derniers
après déduction des frais professionnels fixés forfaitairement à 25% desdites
rémunérations.
- les cotisations patronales obligatoires, versées en vue de la constitution de la
retraite d’un expatrié et ayant un caractère obligatoire dans la limite de 20% du
salaire de base, sont déductibles.
- les frais de transport aller et retour des personnels sous contrat de travail expatrié,
de leurs épouses et de leurs enfants à l’occasion des congés, sont déductibles à
raison d’un voyage par an, à condition que le voyage ait été effectué.
En aucun cas, les charges de personnel ne peuvent donner lieu à des dotations à un
compte de provisions. Ainsi, les provisions pour congés payés ne sont pas
déductibles.
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Toutefois, les sociétés sont tenues de fournir, à l’appui de leur déclaration annuelle
de résultats, le relevé détaillé des loyers passés en frais généraux, avec indication
de l’identité et de l’adresse des bailleurs concernés. A défaut, ces loyers ne sont pas
admis en déduction.
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dans la limite de ceux calculés au taux de réescompte pratiqué par la BCEAO majoré
de deux (2) points ;
- les intérêts des emprunts réalisés par les sociétés auprès de personnes physiques
ou morales étrangères à celles – ci, autres que les banques et établissements
financiers, à condition que ces emprunts soient justifiés et ce, dans la limite du taux
de réescompte pratiqué par la BCEAO.
La déduction de ces charges financières est subordonnée à la condition que le
capital de la société ait été entièrement libéré, qu’il s’agisse de constitution de
société ou d’augmentation de capital.
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Au – delà, le déficit non encore épongé est définitivement perdu.
-a 10 : Les frais d’entretien : seules les dépenses qui ont pour but de maintenir en
état d’usage ou de fonctionnement des éléments d’actif sont admis comme charges
déductibles. Les dépenses qui se traduisent par une augmentation de la valeur de
l’actif ou qui prolongent de manière durable la durée d’utilisation du bien doivent faire
obligatoirement l’objet d’amortissement.
A contrario des frais généraux déductibles, les charges qui ne remplissent pas les
conditions générales de déductibilité ne sont pas déductibles.
Ainsi, sont exclues des charges déductibles, les dépenses de toute nature ayant trait
à l’exercice de la chasse et de la pêche sportives, à l’utilisation des bateaux de
plaisance, d’aéronefs de tourisme ou de résidences d’agrément et de toutes
autres dépenses à caractère somptuaire, que ce soit sous forme d’allocations
forfaitaires ou de remboursement de frais.
b) Les amortissements
Le SYSCOA définit l’amortissement comptable comme l’amoindrissement de la
valeur d’une immobilisation qui se déprécie de façon certaine et irréversible avec le
temps, l’usage ou en raison du changement de techniques (obsolescence), de
l’évolution des marchés, de toutes autres techniques ou de toute autre cause.
Pour être déductible, l’amortissement doit remplir les conditions de fond et de forme
suivantes :
- correspondre à la dépréciation effective subie par les éléments amortis. En
aucun moment donc, le montant cumulé des amortissements d’un bien ne peut
excéder le prix de revient de ce bien ;
- être réellement pratiqué et comptabilisé. Par conséquent, l’entreprise perd
définitivement le bénéfice de la déduction des amortissements qu’elle est en droit de
pratiquer mais qu’elle s’est abstenue de comptabiliser (ces amortissements sont
qualifiés de « amortissements différés ») ;
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- faire l’objet d’une déclaration spéciale sur un relevé fourni par l’Administration.
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Ainsi, si des amortissements différés venaient à être passés en charge à titre de
régularisation comptable, leur montant sera isolé pour être réintégré au bénéfice
imposable.
Quant aux amortissements réputés différés (ARD), ils correspondent à des
amortissements constatés en comptabilité mais qui, parce que l’exercice est
déficitaire, sont isolés dans une ligne prévue à cet effet dans le tableau de
détermination du résultat fiscal.
La constitution des amortissements réputés différés s’opère de manière extra
comptable.
Du point de vue fiscal, l’intérêt réside dans la possibilité pour la société de reporter
indéfiniment le déficit induit par les amortissements réputés différés dans le temps,
jusqu’à ce qu’un bénéfice suffisant les absorbe.
Pour réduire les contestations entre les sociétés et l’administration fiscale, l’article 34
de la loi créant l’IS a dressé un tableau retraçant les taux d’amortissement
généralement admis par l’administration. Pour les immobilisations qui ne sont pas
énumérées, il est procédé par assimilation à un type de biens d’usage comparable.
c) Les provisions
Afin d’éviter une réduction abusive du bénéfice imposable, le droit fiscal a
subordonné la déductibilité des provisions aux conditions de forme et de fond
suivantes :
- la provision doit être destinée à faire face soit à une perte ou une charge, soit à une
dépréciation d’un élément d’actif non amortissable. La charge ou la perte
provisionnée doit être elle-même déductible dans le principe.
- la perte ou la charge provisionnée doit être nettement précisée. Cela veut dire qu’il
faut pouvoir individualiser l’élément d’actif qui va subir une dépréciation ou la charge
à intervenir (d’où l’interdiction des pourcentages).
- la perte ou la charge doit être probable et non seulement éventuelle. Est éventuel,
ce qui dépend d’un événement incertain ; est probable, ce qui arrivera
vraisemblablement.
- la perte ou la charge doit trouver son origine dans l’exercice en cours : il faut que
les événements en cours avant la clôture de l’exercice rendent probable la perte ou
la charge.
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- les provisions doivent être effectivement constatées dans les écritures de
l’exercice et figurer au relevé des provisions prévu à cet effet.
Le résultat fiscal obtenu par suite des réintégrations extra comptables et des
déductions extra comptables opérées sur le résultat comptable va servir de base de
perception de l’impôt. L’impôt est établi au nom de chaque société, pour l’ensemble
de ses activités imposables au Burkina Faso, au siège social ou, à défaut, au lieu où
est assurée la direction effective de la société ou au lieu du principal établissement.
1) Liquidation
La base imposable à l’IS est égale au résultat fiscal arrondi aux mille francs
inférieurs. (Toute fraction du bénéfice imposable inférieure à mille (1000) francs CFA
est négligée).
L’impôt s’obtient par application du tarif à la base imposable. Le taux de l’impôt sur
les sociétés est de 27,5%.
2) Paiement de l’impôt
L’impôt sur les sociétés donne lieu, au titre de l’exercice comptable en cours, au
versement de trois (3) acomptes provisionnels égaux calculés sur la base de 75%
du montant de l’impôt dû au titre du dernier exercice clos, appelé « exercice de
référence ».
Lorsque l’exercice de référence est d’une durée inférieure ou supérieure à un an, le
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montant des acomptes est calculé sur celui de l’impôt dû au titre dudit exercice
rapporté à une période de douze (12) mois.
NB. Les sociétés nouvellement créées ou nouvellement soumises à l’impôt sur les
sociétés sont dispensées du versement d’acomptes au cours de leur premier
exercice ou de leur première période d’imposition.
b) Liquidation du MFP
Pour le calcul du MFP, le CA est arrondi aux 100 000 francs CFA inférieurs. Le taux
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à appliquer est de 0,5% mais en aucun cas le montant ne peut être inférieur à un
million (1 000 000) de francs CFA pour les contribuables relevant du RNI et trois
cent mille (300 000) francs CFA pour ceux relevant du RSI.
NB. : - les sociétés nouvelles sont exonérées du minimum forfaitaire pour leur
premier exercice d’exploitation ;
- les adhérents des centres de gestion agréés (CGA) bénéficient d’une
réduction de 50% du minimum forfaitaire de perception.
1) Les obligations
Les contribuables soumis à l’IS sont tenus à un certain nombre d’obligations dont les
principales sont relatives à la déclaration de résultats, à la tenue de comptabilité et
aux pièces à joindre aux déclarations souscrites.
b) Tenue de comptabilité
Il est fait obligation à toute société installée au Burkina Faso d’y posséder son siège
social et d’y tenir sa comptabilité. Cette comptabilité est tenue obligatoirement en
français et doit être conforme aux dispositions prévues par le règlement relatif au
droit comptable dans les Etats membres de l’UEMOA.
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Ces documents sont énumérés par l’article 65 (pour les contribuables du RNI) et
l’article 66 (pour ceux du RSI) ; ce sont : la liasse des états financiers et états
annexés annuels normalisés du SYSCOA, la liasse fiscale, l’état détaillé des
comptes de charges et de produits, l’état annuel des salaires, l’état annuel des
commissions, courtages, ristournes, honoraires, droits d’auteur et autres
rémunérations versées à des tiers, l’état annuel des rémunérations des associés et
des parts de bénéfices sociaux et autres revenus, l’état annuel des amortissements
et des provisions, le relevé détaillé des loyers d’immeubles passés en charges, avec
indication de l’identité et de l’adresse des bailleurs.
Les entreprises industrielles, les sociétés de téléphonie mobile, les
importateurs, les grossistes et les demi – grossistes doivent joindre à leur
déclaration annuelle de résultats la liste de leurs clients avec lesquels le montant
cumulé des ventes réalisées au cours de l’exercice comptable est au moins égal à
cinq millions (5 000 000) francs CFA hors taxes. La liste doit indiquer, pour chaque
client, le numéro d’Identifiant Financier Unique (IFU), les nom et prénoms pour les
personnes physiques, la forme juridique et la raison sociale pour les personnes
morales, les adresses géographique, postale, le numéro de téléphone et le montant
total des ventes réalisées.
2) Les sanctions
a) le non respect des obligations relatives aux paiements des acomptes
provisionnels entraîne à l’encontre des contribuables concernés :
- une pénalité égale à 25% des droits dus en cas de déclaration tardive ;
- une pénalité égale à 50% des droits dus en cas de taxation d’office.
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d) Une amende fiscale de cinq cent mille (500 000) francs CFA est applicable à
l’entreprise dont l’exploitation a été déficitaire et qui n’a pas souscrit sa déclaration
de résultat.
Fin du chapitre V
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