Les 22fragments 22 de L Ancien Stoicisme - Une Introduction

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Les stoïciens

Les « fragments » de l’ancien stoïcisme : une introduction

Jean-Baptiste Gourinat
Philopsis : Revue numérique
http://www.philopsis.fr

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L’école stoïcienne est l’une des écoles de philosophie de l’Antiquité


qui a la plus longue histoire : fondée par Zénon de Citium à Athènes vers
300 av. J.-C., elle s’éteint après 260 de notre ère. Mais, en tant qu’école
institutionnelle, à Athènes, elle a une vie plus courte, qui s’identifie à la
succession de ses sept « scolarques » ou chefs d’école : Zénon de Citium
(334/3-262/1), Cléanthe d’Assos (331/0-230/229), Chrysippe de Soles
(280/276-208/204), Zénon de Tarse, Diogène de Séleucie (env. 230-
150/140), Antipater de Tarse (env. 210-env. 129), Panétius (185/180-
110/109). Après Panétius il semble que l’école ait perduré en tant que
courant philosophique, mais qu’elle n’ait pas perduré en tant qu’institution,
du moins à Athènes : elle a peut-être été « décentralisée » à Rhodes par
Posidonius1, mais de toute façon, toute trace de l’enseignement stoïcien à
Athènes semble disparaître avec la conquête romaine (Athènes est prise par
Sylla en 86 av. J.-C.). L’enseignement du stoïcisme va alors rapidement se
répandre dans tout l’Empire romain : précepteurs, écoles, chaires publiques
se multiplient dans les premiers siècles de l’Empire. Pour toutes les
premières générations de stoïciens jusqu’à Posidonius, leurs écrits sont
perdus. Nous n’avons conservé en tradition directe que les écrits de stoïciens
plus tardifs, dont les œuvres les plus anciennes datent du Ier s. apr. J.-C.,
cinq auteurs en tout : Sénèque, Cornutus, Musonius Rufus, Epictète et Marc
Aurèle. Pour tous les autres auteurs stoïciens, nous n’avons à notre
disposition que les témoignages d’autres auteurs antiques, soit ce qu’on
1
D. Sedley, « Philodemus and the decentralisation of philosophy », Cronache
Ercolanesi, 33 (2003), p. 31-41.
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appelle des « doxographes » (c’est-à-dire des auteurs qui proposent des


recueils d’opinions, classés par thème, et qui donnent sur chaque thème
l’opinion des différentes écoles philosophiques), soit des historiens de la
philosophie, comme Diogène Laërce, qui racontent la vie des principaux
philosophes et résument leur doctrine en les présentant par écoles ou
courants, soit d’autres philosophes ou auteurs, qui appartiendront soit eux-
mêmes à l’école stoïcienne, soit à d’autres écoles philosophiques, ou seront
des apologistes chrétiens. Si les deux premiers types d’auteurs peuvent faire
preuve d’une certaine objectivité, les autres sont souvent polémiques et, pour
les besoins de la polémique, peuvent déformer la pensée des auteurs qu’ils
citent, analysent et, souvent, attaquent ou réfutent.
À partir du XIXe s., on a pris l’habitude de réunir ces différents
témoignages dans des recueils dits de « fragments » ou de « fragments et
témoignages ». Le plus célèbre et le plus complet de ces ouvrages est
constitué par les Stoicorum veterum fragmenta (Fragments des anciens
stoïciens), publiés au début du XXe s. par l’érudit allemand Hans von Arnim
[abrégés en SVF]. Ces « fragments » étaient publiés en grec et en latin, sans
traduction en langue moderne. Ils ont été suivis par d’autres éditions, comme
les éditions de Panétius2 et de Posidonius3, ou les fragments de la dialectique
stoïcienne, les FDS4. Il existe désormais aussi des éditions qui comportent
des traductions françaises de ces fragments, comme le t. II des Philosophes
hellénistiques de Long et Sedley5, le petit volume de P. Maréchaux sur les
fragments de l’éthique6, et enfin, les fragments de Chrysippe, récemment
publiés aux Belles Lettres, curieusement sans les fragments éthiques7. Grâce
à ces traductions françaises, les éditions de fragments de l’ancien stoïcisme
ne sont plus réservées aux seuls spécialistes. Mais, à part l’anthologie
commentée de Long et Sedley, ces traductions sont livrés brutes,
pratiquement sans commentaire, et le lecteur est bien embarrassé de savoir à
quel type de texte il a affaire.
Il importe donc d’avoir quelques clés pour savoir comment utiliser ces
collections de fragments. Ces clés consistent d’abord en quelques règles

2
Fr. Alesse, Panezio di Rodi, Testimonianze, Naples, Bibliopolis, 1997 (avec
traduction italienne).
3
L. Edelstein & I.G. Kidd, Posidonius, The Fragments, vol. 1, Cambridge,
Cambridge University Press, 1972 ; vol. 2, The Commentary, par I.G. Kidd, 1988 [2 tomes] ;
vol. 3, The Translation of the Fragments, par I.G. Kidd, 1999.
4
K. Hülser, Die Fragmente zur Dialektik der Stoiker, Stuttgart, Frommann-Holzboog,
1987, 4 vols
5
A. Long & D. Sedley, The Hellenistic Philosophers, Cambridge, Cambridge
University Press, 1987 ; vol. 1 : traduction et commentaire philosophique ; vol. 2 : textes
grecs et latins, notes et bibliographie ; tr. fr. par J. Brunschwig & P. Pellegrin, Les
philosophes hellénistiques, Paris, GF-Flammarion, 2001 (3 vols.).
6
Les Stoïciens. Passions et vertus. Fragments, par P. Maréchaux, Payot & Rivages,
2003.
7
Il s’agit donc en fait d’une refonte du seul tome II des SVF : Chrysippe, Œuvre
philosophique, textes et trad. par R. Dufour, 2 tomes, Paris, Les Belles Lettres, 2004. Cette
édition, incomplète, comprend malheureusement de très nombreuses erreurs. Voir l’excellent
compte-rendu sur le site de la Bryn Mawr Classical Review, à l’adresse suivante :
http://ccat.sas.upenn.edu/bmcr/2006/2006-01-29.html. Outre de nombreuses erreurs de
traduction, les erreurs les plus grossières sont dans la bibliographie l’attribution à Cicéron des
Lettres à Lucilius de Sénèque, l’invention d’un auteur nommé « Épimérisme » (en fait partie
d’un titre dans les Anecdota Graeca de Cramer), et l’affirmation dans la préface qu’Athénée
est le contemporain de Chrysippe (5 siècles de différence), ou que Cicéron est mort à Rome.

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générales, et ensuite en quelques règles particulières, qui tiennent à l’origine


de ces fragments ou témoignages.

Ce qu’il faut savoir pour lire un fragment stoïcien

Il est évident qu’il faut distinguer les témoignages sur les stoïciens en
général, ou sur un auteur stoïcien particulier, des citations littérales. Je fais
abstraction ici des rares témoignages papyrologiques qui sont les témoins
directs de traités dont l’intégralité a disparu, et dont ces textes sont les seuls
restes. Ces textes sont rares, et limités à Chrysippe8. Parmi les textes extraits
des auteurs anciens, il y a surtout des témoignages, qui résument un point de
doctrine, mais parfois aussi des citations littérales : les plus longues, en ce
qui concerne Chrysippe, se trouvent dans le traité de Galien Sur les doctrines
d’Hippocrate et de Platon9. De telles citations sont précieuses, mais le cas
du traité de Galien, qui fournit en plus des indications précises sur la
localisation des citations et sur la structure du traité, sont rares. En outre, une
citation littérale est souvent accompagnée d’un commentaire par l’auteur qui
le cite, et ce commentaire est souvent tendancieux. Il faut donc à la fois tenir
compte de ce commentaire, souvent précieux pour le contexte, et le prendre
avec précaution, en étant attentif à l’intention éventuellement polémique du
commentaire.
Parallèlement à ces citations, nous devons très souvent nous contenter
de simples témoignages de la forme « les stoïciens disent que… » ou
« Zénon dit que… », par exemple. Ces comptes-rendus ne prétendent pas à
la littéralité mais présentent des exposés condensés, soit à fin d’exposé
doctrinal, soit à fin d’exposé polémique. Il est donc important de savoir si
l’on a affaire à un historien de la philosophie, plutôt objectif, ou à un
adversaire, plutôt polémique. Bien entendu, la règle première est de recouper
les témoignages. Cette règle élémentaire de la méthode historique doit être
appliquée aussi dans le cas des témoignages sur une œuvre philosophique.
Bien entendu, des témoignages qui se recoupent sont un bon garant de la
fiabilité d’un point de doctrine. À condition que ces témoignages soient
indépendants, ce qui n’est pas toujours le cas, car bon nombre de nos
témoignages sont dépendants d’un autre, et ne sont pas de première main :
et, dans ce cas, il peut arriver assez souvent que, de deux témoignages A et B
dont nous disposons, soit B dépende de A, soit A et B dépendent du même
témoignage C. Dans ce cas, malgré le nombre des témoins, nous n’avons en
réalité qu’un seul témoignage.
Enfin, l’école stoïcienne ayant une longue histoire, elle n’est pas
uniforme. Dès qu’il y a une citation d’un auteur stoïcien, elle est
généralement fiable en tant que citation de cet auteur. En revanche,
beaucoup de témoignages concernent « les stoïciens », d’autres concernent
un auteur en particulier, par exemple Zénon, Cléanthe ou Chrysippe. Il faut
donc se méfier des fragments nominaux tout autant que des témoignages
généraux, car certains auteurs ont tendance à présenter la doctrine de
Chrysippe ou celle de Zénon comme celle des stoïciens en général.
Inversement, certains ont tendance à attribuer à Zénon la doctrine de

8
Voir T. Dorandi, « La tradition papyrologique des stoïciens », dans G. Romeyer
Dherbey (dir.), J.-B. Gourinat (éd.), Les stoïciens, Paris, Vrin, 2005, p. 29-52.
9
Voir ci-dessous, la notice sur Galien.

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l’ensemble de l’école parce qu’il en est le fondateur. Les témoignages les


plus fiables sont donc a priori ceux qui exposent clairement la doctrine des
différents philosophes stoïciens, en les distinguant nominalement, mais
même cela n’est pas vrai, car parfois, certains auteurs ont tendance à vouloir
accentuer la différences entre deux stoïciens pour des raisons de polémique :
c’est par exemple ce que fait Galien. Parfois aussi, les témoignages sont
inconciliables. Un cas flagrant est la formule stoïcienne de la « fin » de la vie
humaine. Diogène Laërce attribue à Zénon comme formule de la fin
l’« harmonie avec la nature » (ὁµολογουµένως τῇ φύσει10). Selon Stobée,
Zénon se serait même contenté, dans la formule du telos, de la décrire
comme une vie « en harmonie » (ὁµολογουµένως) et c’est Cléanthe qui
aurait ajouté « avec la nature »11. Dans un tel cas, il est quasi impossible de
se prononcer.
Il est donc important de bien connaître les sources, de savoir
lesquelles sont dépendantes les unes des autres, lesquelles sont polémiques,
et lesquelles sont plus fiables et plus objectives. Il faut aussi avoir une idée
de ce à quoi avaient réellement accès les auteurs que nous lisons pour évalue
leur fiabilité : on sait par exemple que Galien avait les traités de Chrysippe à
sa disposition, mais qu’il n’a pas consulté directement les ouvrages de
Zénon, et son témoignage sur Chrysippe est donc plus fiable que son
témoignage sur Zénon. Ce sont donc les règles particulières qui sont
indiquées ci-dessous. Pour la commodité du lecteur, les sources ont été
classées par ordre alphabétique.

Lectures générales sur le stoïcisme

Th. Bénatouïl, Les Stoïciens, III, Musonius, Épictète, Marc Aurèle,


Paris, Les Belles Lettres, « Figures du savoir », 2009.
J.-B. Gourinat, Le stoïcisme, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 2005, 4e
édition 2017.
J.-B. Gourinat et J. Barnes (dirs.), Lire les stoïciens, Paris, PUF,
« Quadrige », 2009, p. 5-20.
F. Ildefonse, Les Stoïciens, I, Zénon, Cléanthe, Chrysippe, Paris, Les
Belles Lettres, « Figures du savoir », 2000.
C. Veillard, Les stoïciens, II, Le stoïcisme intermédiaire, Paris, Les
Belles Lettres, « Figures du savoir », 2015.

Lectures sur le problème des fragments

H. von Arnim, « Praefatio », Stoicorum veterum fragmenta, Leipzig,


Teubner, 1905, t. I, p. IX-XLVIII.
J. Barnes et J.-B. Gourinat, « Introduction », dans J.-B. Gourinat et
J. Barnes (dirs.), Lire les stoïciens, Paris, PUF, « Quadrige », 2009, p. 5-20.
T. Dorandi, « La tradition papyrologique des stoïciens », dans
G. Romeyer Dherbey (dir.), J.-B. Gourinat (éd.), Les stoïciens, Paris, Vrin,
2005, p. 29-52.

10
. Diogène Laërce, VII, 87 (LS 63 C).
11
. Stobée, Eclog. II, 7, p. 75, 11-76, 6, éd. Wachsmuth (LS 63 B).

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J. Mansfeld, « Sources », dans K. Algra, J. Barnes, J. Mansfeld &


M. Schofield (éds.), The Cambridge History of Hellenistic Philosophy,
Cambridge, Cambridge University Press, 1999, p. 3-31.
J.-B. Gourinat, « La disparation et la reconstitution du stoïcisme :
éléments pour une histoire », dans G. Romeyer Dherbey (dir.), J.-
B. Gourinat (éd.), Les stoïciens, Paris, Vrin, 2005, p. 13-28.

Aëtius (env. 100 ap. J.-C.)

« Doxographe » redécouvert par H. Diels en 1879. Cet auteur est


mentionné par Théodoret de Cyr (393-457), Thérapeutique des maladies
helléniques, II, 95 ; IV, 16, et IV, 31, qui en cite des extraits. Ces extraits se
retrouvent dans les Opinions des philosophes transmis sous le nom de
Plutarque (mais dont il n’est pas l’auteur), ouvrage dont on trouve aussi des
textes parallèles dans l’Anthologie de Stobée, et dans le De natura hominis
de Némésius d’Emèse. À partir de ces quatre sources, Diels a reconstitué les
Placita (Opinions) d’Aëtius dans ses Doxographi Graeci, Berlin, Reimer,
1879, p. 267-444. L’existence d’Aëtius est généralement acceptée, mais pas
universellement (voir notamment les critiques de Lebedev, mais il y aussi un
problème d’onomastique). De toute façon, la reconstitution de Diels n’est
pas sans faille (il y a des problèmes d’attribution entre Aëtius et Arius
Didyme notamment). Arnim cite l’édition d’Aëtius, mais les mêmes
témoignages sont parfois cités par d’autres auteurs sous le nom du Pseudo-
Plutarque ou [Plutarque]. En tout état de cause, le De placitis est une source
précieuse pour la physique stoïcienne. Quelques témoignages quasi-littéraux,
mais généralement plutôt des exposés « doxographiques ». Auteur neutre,
sans déformations polémiques, il fait parfois des confusions ou des
simplifications : les longues notices sont plus fiables que les courtes notices,
souvent syncrétiques ou confuses.
M. Frede, review of Aetiana, Phronesis, 44 (1999), p. 135-149.
J.-B. Gourinat, « Aëtius et Arius Didyme sources de Stobée », dans
G. Reydams-Schils (éd.), Deciding cultures: Stobaeus’ collection of excerpts
of ancient greek authors, Turnhout, Brepols, 2011, p. 146-200.
G. Lachenaud (éd.), Plutarque, Opinions des philosophes, texte établi
et traduit par G. Lachenaud, Paris, Les Belles Lettres, Collection des
Universités de France, 1993.
A. Lebedev, « The origin and transmission of the doxographical
tradition Placita Philosophorum (Arius Didymus, ps.Plutarch; Stobaeus,
Theodoret, Nemesius, Porphyrius) », Indo-European Linguistics and
Classical Philology, 20–2 (2016), Joseph M. Tronsky Memorial Conference,
pp. 573–633.
J. Mansfeld & D. Runia, Aëtiana : The Method and Intellectual
Context of a Doxographer. 1: The Sources, Leyde-Boston, Brill, 1997.
–, Aëtiana : The Method and Intellectual Context of a Doxographer.
II: The Compendium, Leyde-Boston, Brill, 2009.
–, Aëtiana : The Method and Intellectual Context of a Doxographer.
III: Studies in the doxographical Traditions of Philosophy, Leyde-Boston,
Brill, 2010.

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J. Mansfeld, « Theodoret of Cyrrhus’ Therapy of Greek Diseases as a


source for the Aëtian Placita », The Studia Philonica Annual 28 (2016),
pp. 151–168

Alexandre d’Aphrodise [Titus Aurelius Alexander] (IIe-IIIe s.)

« Diadoque péripatéticien » (autrement dit, professeur de philosophie


aristotélicienne) à Athènes, il était probablement titulaire de l’une des
chaires de philosophie créées par l’empereur Marc Aurèle. Excellent
connaisseur des doctrines stoïciennes, il a certainement eu un accès direct à
des ouvrages stoïciens, notamment Chrysippe ou Philopator. De ce fait, ses
comptes-rendus de la doctrine stoïcienne sont souvent de première main, et
très bien documentés, même s’il semble aussi avoir utilisé des manuels ou
des ouvrages doxographiques. Cela ne garantit pas qu’il soit très fidèle, car
ses exposés et ses critiques peuvent être déformés par sa volonté de traduire
la doctrine stoïcienne dans le langage aristotélicien, et de réfuter les
doctrines stoïciennes. Dans le De fato, il est difficile de savoir si l’usage
abondant qu’il fait de l’expression eph’ hemin (« ce qui dépend de nous »)
correspond vraiment à un usage dans l’ancien stoïcisme ou à l’importance de
cette notion chez Aristote (Ethique à Nicomaque, III) et dans le stoïcisme
d’Épictète.
J.-B. Gourinat, « Prédiction du futur et action humaine dans le traité
de Chrysippe Sur le destin », dans G. Romeyer Dherbey (dir.), J.-B. Gourinat
(éd.), Les stoïciens, Paris, Vrin, 2005, p. 247-273.
–, « Le traité de Chrysippe Sur l’âme », Revue de métaphysique et de
morale, 4, 2005, p. 557-577, en particulier p. 563-566.
J. Groisard (éd.), Alexandre d’Aphrodise, Sur la mixtion et la
croissance, texte établi, traduit et commenté par J. Groisard, Paris, Les
Belles Lettres, Collection des Universités de France, 2013.

Ammonius (env. 440-apr. 517)

Philosophe néoplatonicien, élève de Proclus à Athènes, puis


professeur à Alexandrie, où il fut le professeur de Philopon et d’Asclépius.
Outre les commentaires d’Aristote publiés sous son nom, un certain nombre
de ses cours furent publiés par ses élèves. Lui sont donc attribuables les
fragments issus du commentaire d’Asclépius à la Métaphysique (SVF II 306
et 328), ou du commentaire de Philopon à la Physique (SVF I 96). Il n’a
certainement pas eu accès à des ouvrages du stoïcisme ancien, perdus à son
époque. La quasi-totalité de ses témoignages concernent la logique
stoïcienne, et l’un au moins de ces témoignages vient de Porphyre (SVF II
184) : il est peut-être dépendant de Porphyre pour la totalité de son
information, et en tout cas, ses informations ne peuvent venir que de la
tradition néoplatonicienne ou de résumés scolaires. Certaines des
informations qu’il donne sont précieuses, parce que non recoupées par
d’autres témoignages. Elles doivent donc être considérées avec intérêt mais
aussi avec précaution car il écrit vraiment en néoplatonicien. Le texte
d’Ammonius, In de Int., p. 43, 9-10 (SVF II 164) contient par exemple une

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explication manifestement fantaisiste du cas comme concept « tombé de


l’âme »12.

Ps.-Andronicus de Rhodes (Ier s. av. J.-C.)

Auteur d’un manuel sur Les passions, comportant un résumé assez


fidèle de la doctrine stoïcienne. L’attribution au péripatéticien Andronicos de
Rhodes est unaniment rejetée.
Ps.-Andronicos de Rhodes, PERI PATHÔN, éd. A. Glibert-Thirry,
Leyde, Brill, 1977.

Arius Didyme (Ier s. av.-IIIe s. apr.)


L’identification d’Arius Didyme avec un philosophe stoïcien,
conseiller d’Auguste, a été défendue par Meineke puis Diels, mais
sérieusement remise en cause par Göransson 1995, p. 203-218, qui propose
une datation entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIIe siècle apr. J.-C, mais cette
remise en cause de l’identification traditionnelle n’est pas universellement
acceptée. Quoiqu’il en soit, il transmet un exposé extrêmement fidèle de
l’éthique de l’ancien stoïcisme, que Heeren en 1801 puis Meineke et Diels
ont retrouvé dans Stobée (II, 7, p. 57, 13-116, 18, éd. Wachsmuth), sur la
base de similarités avec la section suivante (sur l’éthique d’Aristote), dont un
passage (II, 7, p. 129, 19-130, 12) est présenté ensuite comme un extrait de
l’Epitome d’Arius Didymus (Eclogae, IV, 39, 918, 15). Diels a également
attribué à l’Epitomé de physique d’Arius plusieurs passages de Stobée, qu’il
a réunis dans ses Doxographi Graeci, Berlin, p. 445-472.
NB. Les passages de l’éthique figurent dans les SVF sous le nom de
Stobée [il faut donc faire attention à la page de Stobée citée], et ceux de
l’Abrégé de physique sous le double nom de Stobée et d’Arius.
W. Fortenbaugh, éd., On Stoic and Peripatetic Ethics, The Work of
Arius Didymus, New Brunswick-Londres, Transaction Books, 1983.
T. Görannsson, Albinus, Alcinous, Arius Didymus, Göteborg, Acta
Universalis Gothoburgensis, 1995.
C. Viano, « L’Epitomê de l’éthique stoïcienne d’Arius Didyme
(Stobée, Eclog. II, 7, 57, 13-116, 18) », dans G. Romeyer Dherbey (dir.), J.-
B. Gourinat (éd.), Les stoïciens, Paris, Vrin, 2005, p. 335-356.

Arrien de Nicomédie [L. Flavius Arrianus] (env. 85-env. 165)

Rédacteur des Entretiens d’Épictète et du Manuel d’Épictète, si bien


que ces ouvrages sont souvent répertoriés sous son nom. Voir Épictète.

Calcidius (IVe s. ap. J.-C.)

Ce commentateur du Timée de Platon reflète curieusement la doctrine


médioplatonicienne (Ier-IIe s. ap. J.-C.). Son exposé de la doctrine stoïcienne
est assez fidèle, mais déformé par son obédience platonicienne. Numénius
semble être la source que Calcidius suit de plus près, mais cela n’exclut pas
d’autres sources complémentaires. Son excursus sur la matière est le texte le
12
Voir J.-B. Gourinat, La dialectique des stoïciens, Paris, Vrin, 2000, p. 127 n. 3.

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plus développé et le plus détaillé dont nous disposions sur la théorie


stoïcienne de la matière. Ce témoignage est sans doute contaminé par de
nombreux éléments doxographiques tardifs, voire de nombreux éléments
systématiques extérieurs à la doctrine stoïcienne. Il est en outre composite,
puisqu’il mêle explicitement la doctrine de Zénon et celle de Chrysippe, et
sans doute aussi la doctrine de Posidonius (au § 291, voire au § 293), ou
celle d’Antipater (§ 292-293). La présence de ces auteurs, que l’on trouve
dans les passages correspondants de Diogène Laërce, semble indiquer que
Calcidius ou sa source dépend du même type de document doxographique
que Diogène Laërce. Mais le texte de Calcidius semble néanmoins donner
une idée assez détaillée des questions traitées par Zénon dans le cadre de la
théorie de la matière et de la substance, telles qu’elles ont été conservées
dans la tradition stoïcienne.
B. Bakhouche (éd.), Calcidius, Commentaire au Timée de Platon, éd.
critique, traduction française et notes critiques par B. Bakhouche, Paris,
Vrin, 2011.
J.C.M. van Winden, Calcidius on Matter. His doctrine and sources,
Leiden, E.J. Brill, 1959 [notamment p. 5-10 et 243-247 pour les sources de
son excursus sur la matière].

Cicéron [Marcus Tullius Cicero] (106-43)

Quantitativement, l’une de nos sources les plus importantes sur le


stoïcisme. C’est aussi notre source la plus ancienne. Il a d’excellentes
sources : il a été l’élève de Posidonius, le stoïcien Diodote vivait chez lui. Il
est vraisemblable qu’il lisait les auteurs stoïciens, mais il utilise sans doute
aussi des manuels, et surtout il est largement dépendant de son maître et ami
Antiochus d’Ascalon, académicien promoteur d’un courant dit « Ancienne
Académie », par opposition à l’académie à tendance sceptique de Philon de
Larisse. Or Antiochus promouvait une version du platonisme assez
fortement teintée de stoïcisme, ce qui fait que Cicéron a de la sympathie
pour le stoïcisme, mais peut le déformer, et en donner la version
d’Antiochus. Ses exposés du stoïcisme sont souvent de premier ordre, et
d’assez bonne foi. Mais il est académicien de doctrine, et beaucoup de ses
exposés tendent à rapprocher stoïcisme et philosophie de l’Académie, et
dépendent souvent de la doctrine d’Antiochus. La Quellenforschung ou
« recherche des sources » a pratiquement été inventée pour Cicéron et a en
tout cas été l’une des pierres angulaires des études cicéroniennes. Les
Académiques et le De fato dépendent peut-être d’Antiochus, comme peut-
être aussi les Tusculanes et le De finibus (mais certains y voient une
influence directe de traités stoïciens) certains passages du De natura deorum
ont des parallèles dans le De Pietate de Philodème, mais le livre II pourrait
dépendre de Posidonius, les livres I-II du De officiis sont inspirés de Panétius
(Cic., De Off. II, 60 ; III, 7 ; Att., XVI, 11, 4).
DphA13, II, p. 373-393 ; supplément, p. 661-669.
Cl. Auvray-Assayas, Cicéron, Paris, Les Belles Lettres, « Figures du
savoir », 2006.
J. Glucker, Antiochus and the Late Academy, Göttingen, 1978.

13
Dictionnaire des philosophes antiques, sous la direction de R. Goulet, Paris, CNRS
Éditions.

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R. Hirzel, Untersuchungen zu Ciceros philosophischen Schriften,


Leipzig, S. Hirzel, 1877-1883 (3vols.).
C. Lévy, Cicero Academicus. Recherches sur les Académiques et sur
la philosophie cicéronienne, Rome, École française de Rome, 1992.

Clément d’Alexandrie (env. 200 apr. J.-C.)

On trouve beaucoup de « fragments stoïciens » qui proviennent des


Stromates ou d’autres écrits de cet évêque chrétien, d’inspiration
« médioplatonicienne » dans les SVF d’Arnim. Les Stromates ont pour but
de placer la philosophie chrétienne dans la continuité des grandes
philosophies issues de la culture grecque. Il a lui-même lu un grand nombre
des auteurs qu’il cite, même s’il utilise aussi probablement des florilèges et
des doxographies, ce qui en fait un témoin précieux. Mais la plupart des
passages stoïciens cités dans les SVF sont des textes d’inspiration
syncrétique, où Clément a utilisé la doctrine stoïcienne (qu’il paraît connaître
assez bien) en la déformant, et il témoigne souvent du stoïcisme impérial,
plutôt que du stoïcisme ancien. Il faut donc systématiquement vérifier le
contexte, qui n’est pas fourni par Arnim, et l’on a souvent des surprises, en
découvrant que tel « fragment » stoïcien décrit par exemple les vertus du
« gnostique » (Clem. Alex., Strom., II, 18, 470 P., 155, 3-7 Stählin-Früchtel
= SVF III 275), c’est-à-dire du chrétien idéal.
A. Le Boulluec, « Clément d’Alexandrie », DPhA, II, C 154, p. 426-
431.
M. Spanneut, Le stoïcisme des pères de l’Église, de Clément de Rome
à Clément d’Alexandrie, Paris, Le Seuil, 1957.

Cléomède (Ier-IIe s. apr. J.-C.)

Ce philosophe stoïcien d’époque impériale n’est connu que par un


traité de cosmologie conservé, qui semble être un manuel scolaire stoïcien
très orthodoxe.
Cléomède, Théorie élémentaire, traduction et commentaire de R.
Goulet, Paris, Vrin, 1980.
A. Bowen & R. Todd, Cleomedes’ Lectures on Astronomy, Berkeley,
University of California Press, 2004.
R. Goulet, « Cléomède » C 162, DPhA II (1994), p. 436-439.

Dioclès de Magnésie

Voir Diogène Laërce.


R. Goulet, « Dioclès de Magnésie », DPhA, II, D 115, p. 775-777.

Diogène Laërce (env. 200 apr. J.-C.)

On ne sait rien sur l’auteur des Vies et doctrines des philosophes


illustres, qui n’est pas à proprement parler un doxographe (c’est-à-dire un
auteur qui ordonne ses exposés par thème, et pour chaque thème par école),
mais plutôt un historiographe (ses exposés sont par école, et comportent des
biographies). C’est un énorme compilateur, dont les informations, au moins

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pour le stoïcisme, paraissent relativement fiables. Il dépend manifestement


de traditions diverses, n’a vraisemblablement pas lu de première main les
auteurs stoïciens auxquels il se réfère, mais il s’est inspiré d’ouvrages
biographiques, et de manuels, dont celui du stoïcien Apollodore, et, pour la
logique, celui de Dioclès de Magnésie (inconnu par ailleurs), qu’il cite au
§ 49 : l’extension de la citation de Dioclès est la question la plus débattue
des études laërtiennes, au moins depuis Nietzsche (qui voyait carrément en
Dioclès la source principale de D.L.).
J. Barnes, « The catalogue of Chrysippus’ logical works », dans
K. Algra, P. van der Horst, T. Runia (éds.), Polyhistor, Leyde-New York-
Cologne, Brill, 1996, p. 169-184.
U. Egli, Das Dioklesfragment bei Diogenes Laertios, Constance,
Universität Konstanz, 1981.
D. Hahm, « Diogenes Laertius VII: on the Stoics », dans W. Haase
(éd.), Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II, 36-6, Berlin-New
York, W. De Gruyter, 1992, p. 4076-4182, index p. 4404-4411.
J. Mansfeld, « Diogenes Laertios on Stoic philosophy », Elenchos, 7
(1986), p. 295-388.
J. Mejer, Diogenes Laertius and his Hellenistic Background,
Wiesbaden, F. Steiner, 1978.
F. Nietzsche, « De Laertii Diogenis Fontibus », Rheinisches Museum,
1868, repris dans Nietzsche Werke (éd. Colli-Montinari), vol. II1, éd. par
F. Bornmann et M. Carpitella, Berlin-New York, W. De Gruyter, 1982,
p. 75-167.

Diogénien (IIe s. apr. J.-C. ?)

Quoique présenté comme un péripatéticien par sa source, Eusèbe,


Diogénien est plus probablement un philosophe épicurien. Eusèbe de
Césarée a préservé quatre passages d’un traité de Diogénien, où celui-ci
critique le De fato de Chrysippe, en donnant des citations littérales
abondantes du traité, qu’il a manifestement lu de première main. Source
extrêmement précieuse et fiable.
T. Dorandi, « Diogénianos », DPhA, II (1994), p. 833-834.
J.-B. Gourinat, « Prédiction du futur et action humaine dans le traité
de Chrysippe Sur le destin », dans G. Romeyer Dherbey (dir.), J.-B. Gourinat
(éd.), Les stoïciens, Paris, Vrin, 2005, p. 247-273.

Épictète (50/60-env. 135)

Philosophe stoïcien lui-même, il a une connaissance de première main


des textes de Zénon et de Chrysippe, dont il dit lui-même qu’il les lit et les
commente dans son école (voir par exemple Entretiens, I, 20, 14 et IV, 9, 6).
Ses témoignages nominaux peuvent donc être considérés comme
extrêmement fiables. Mais ils sont assez rares, et, en revanche, la question de
savoir s’il représente lui-même un stoïcisme orthodoxe, ou une version
originale du stoïcisme est controversée. Selon le paradigme établi par
Bonhöffer 1890, Épictète est parfaitement orthodoxe. Cette thèse a été
vivement contestée par Long 2002. Graver 2003 défend une position
médiane. L’un des points cruciaux de cette originalité d’Épictète sont les

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trois topoi de sa philosophie, identifiés par P. Hadot aux trois parties


traditionnelles de la philosophie, et la notion de prohairesis, quasi absente de
l’ancien stoïcisme, mais qui prend chez lui une importance primordiale.
A. Bonhöffer, Epictet und die Stoa, Stuttgart, 1890.
J.-B. Gourinat, « La prohairesis chez Épictète : décision, volonté ou
“personne morale” ? », Philosophie antique, 5 (2005), p. 93-133.
M. Graver, « Not even Zeus », Oxford Studies in Ancient Philosophy,
25 (2003), p. 345-361.
P. Hadot, « Une clé des Pensées de Marc Aurèle : les trois topoi
philosophiques selon Épictète », Les Études philosophiques, 1978, p. 65-83,
repris dans Exercices spirituels et philosophie antique, Paris, A. Michel,
2002, p. 165-192.
A. Long, Epictetus. A Stoic and Socratic Guide to Life, Oxford, 2002.

Eusèbe de Césarée (260-340)

Cet évêque et théologien d’inspiration platonicienne, qui s’est


violemment opposé au Contre les chrétiens du néoplatonicien Porphyre nous
conserve des témoignages extrêmement précieux sur les stoïciens, en nous
donnant des citations littérales d’auteurs qui ont eux-mêmes eu accès à des
ouvrages stoïciens, notamment Numénius, Arius Didyme et Diogénien, dans
sa Préparation évangélique.

Galien de Pergame (129-après 210)

Ce médecin et philosophe est, avec Plutarque, le représentant le plus


célèbre en philosophie de ce que l’historiographie moderne appelle le
« médioplatonisme ». Il connaissait très bien le stoïcisme, et fut même le
médecin personnel de Marc Aurèle (à qui il donnait de la thériaque, ce qui a
fait soutenir à un historien moderne, T. Africa, qu’il l’avait rendu opiomane).
Dans ses ouvrages, il attaque violemment les stoïciens, en particulier
Chrysippe. Dans son De placitis Hippocratis et Platonis, il discute
longuement deux traités de Chrysippe, le traité Sur l’âme et le traité Sur les
passions, dont il décrit la structure, et donne de longues citations. Il nous a
ainsi préservé presque intégralement la seconde partie du livre II du traité
Sur l’âme (reproduit sous la forme d’une fragment continu dans les SVF
d’Arnim, SVF II 911, après avoir imprimé sous la forme de fragments
séparés les extraits reproduits par Galien, avec leur contexte et les
commentaires de Galien, en SVF II 881-909). Il est donc une des meilleures
sources que nous ayons pour reconstituer la manière d’écrire et de composer
de Chrysippe, mais on doit plus faire confiance à ses citations qu’à ses
commentaires, qui sont très précieux pour reconstituer l’ordre des
arguments, mais déforment volontiers la pensée de Chrysippe. De son propre
aveu (V, 6, 40), il ne s’est pas procuré le traité de Zénon Sur les passions,
dont il discute les positions à partir de Chrysippe. Dans ses autres ouvrages,
il a de nombreux développements sur la philosophie stoïcienne, qui ne sont
pas toujours de première main, et sont parfois déformés par la tradition (il est
par exemple difficile de concilier ce qu’il dit sur la doctrine du mélange avec
ce qu’en dit Alexandre d’Aphrodise).

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V. Boudon-Millot, Galien de Pergame. Un médecin grec à Rome,


Paris, Les Belles Lettres, 2012.
J.-B. Gourinat, « Le traité de Chrysippe Sur l’âme », Revue de
métaphysique et de morale, 4, 2005, p. 557-577, en particulier p. 563-566.
T. Tieleman, Galen and Chrysippus on the Soul. Argument and
Refutation in the De Placitis, Books II-III, Leyde-New York-Cologne, Brill,
1996.
—, Chrysippus on Affections, Leyde-Boston, Brill, 2003.

Aulu Gelle (env. 130-180 apr. J.-C.)

Compilateur d’une anthologie en latin, les Nuits attiques, bien qu’il


soit platonicien et ami de Favorinus d’Arles (un platonicien auteur d’un
Contre Épictète), cela n’influence pas la fiabilité de son témoignage, car il
copie littéralement, parfois même en grec.

Grammairiens grecs et latins

Des grammairiens grecs de l’école d’Alexandrie, le seul auteur qui


nous ait été conservé et apporte des témoignages sur les doctrines stoïciennes
est Apollonius Dyscole, au IIe s. apr. J.-C. Il fournit beaucoup de
renseignements précieux sur la dialectique et la grammaire stoïciennes, qui
sont complétés par les scholies à son œuvre ou au Manuel de Denys le
Thrace, scholies compilées à l’époque byzantine, à partir de commentaires,
eux-mêmes d’époque byzantine, dépendant d’un matériel plus ancien. On
trouve aussi des renseignements chez les grammairiens latins. On trouve
dans ces textes et ces scholies soit des mises au point historiques précises,
soit un matériel qui témoigne d’une tradition grammaticale qui est
partiellement d’inspiration stoïcienne, mais qui n’est pas fidèle au stoïcisme.
Il faut donc être extrêmement attentif aux « fragments » transmis dans les
FDS notamment, qui parfois reproduisent une doctrine dont l’inspiration
stoïcienne est lointaine et déformée. Les témoignages qui attribuent
nommément telle ou telle doctrine aux stoïciens sont plus fiables. Apollonius
Dyscole reconnaît lui-même s’être largement inspiré du stoïcisme
(Conjonctions, 214, 2) : voir Lallot 2004, p. 125-126.
M. Baratin, « Aperçu de la linguistique stoïcienne », dans P. Schmitter
(éd.), Geschichte der Sprachtheorie, vol. 2, Tübingen, G. Narr, 1991, p. 186-
206.
J. Lallot, « Les philosophes des grammairiens. Les allusions aux
philosophes dans les textes grammaticaux grecs de la tradition alexandrine »,
dans R. Petrilli, D. Gambarara (éds.), Actualité des anciens sur la théorie du
langage, Münster, Nodus Publikationen, 2004, p. 111-127.

Hiéroclès (IIe s. apr. J.-C.)

Des textes du stoïcien Hiéroclès, sur lequel nous ne savons rien par
ailleurs, nous sont transmis par deux sources : un papyrus conservé à Berlin
et intitulé Éléments d’éthique, ouvrage dont il ne reste à vrai dire que
quelques pages très mutilées et une série de petits traités, conservés par
Stobée, qui constitutaient peut-être les chapitres d’un traité Sur les devoirs.

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La date la plus généralement acceptée pour le papyrus est la seconde partie


du IIe s. de notre ère (voir Bastianini-Long 1992, p. 282-283), et une datation
proche est acceptée pour Hiéroclès lui-même, à savoir le milieu du IIe s.
(voir Bastianini-Long 1992, p. 272). Hiéroclès ne cite pas d’anciens
stoïciens, mais la doctrine qu’il expose dans les Éléments d’éthique semble
offrir une vision assez orthodoxe de l’embryologie stoïcienne et de la
doctrine de l’oikeiosis ou « appropriation ».
G. Bastianini, A.A. Long (éds.) « Hierocles, Elementa Moralia », a
cura di G. Bastianini & A. Long, in Corpus dei papiri filosofici greci e latini,
I, vol. 1**, Florence, 1992, p. 268-451.
R. Goulet, « Hiéroclès » H124, DPhA, III, 2000, p. 686-688.
J.-B. Gourinat (dir.), L’éthique du stoïcien Hiéroclès, Philosophie
Antique, hors-série, 2016.
I. Ramelli (éd.), Hierocles the Stoic, Elements of Ethics, Fragments
and Excerpts, by I. Ramelli transl. by D. Konstan, Atlanta, « Writings from
the Graeco-Roman World 28 », 2009.

Marc Aurèle (120-180)

Empereur de Rome de 160 à sa mort, il a eu une formation stoïcienne


très poussée, qu’il doit à plusieurs maîtres, notamment Junius Rusticus, qu’il
nomme consul et intègre à la cour, Apollonius de Chalcédoine et Sextus de
Chéronée. Il rédige pour son usage personnel un Écrit pour lui-même, qui ne
sera semble-t-il pas rendu public avant les années 900. C’est un stoïcisme
teinté d’expérience personnelle, qui doit beaucoup à la lecture d’Épictète et
surtout destiné à lui-même, où il est rare qu’il cite littéralement les maîtres
de l’ancien stoïcisme, mais il est quand même une source précieuse pour
notre connaissance du stoïcisme ancien, dont il est teinté.
M. van Ackeren (éd.), A Companion to Marcus Aurelius, Malden-
Oxford, Blackwell, 2012.
P. Hadot, La Citadelle intérieure. Introduction aux Pensées de
Marc Aurèle, Paris, Fayard, 1992.
Marc Aurèle, Écrits pour lui-même, éd. et trad. par P. Hadot, Paris,
Les Belles-Lettres, t. I, 1998 (t. II et III en préparation).

Musonius Rufus (Ier s. apr. J.-C.)

Grâce à Stobée, on conserve quelques courts textes de ce chevalier


romain, surtout connu pour être le maître d’Épictète. Ces petits textes
moraux, qui discutent de questions morales, reflètent un stoïcisme romain et
teinté de cynisme. Sa lecture recèle quelques références à d’anciens
stoïciens, et offre des développements inédits par ailleurs sur d’intéresants
thèmes stoïciens, notamment l’exercice ou ascèse (askesis).
Th. Bénatouïl, Les Stoïciens, III, Musonius, Épictète, Marc Aurèle,
Paris, Les Belles Lettres, « Figures du savoir », 2009.
M.-O. Goulet-Cazé, « Musonius Rufus », M 198, DPhA IV (2005), p. 555-
572.
V. Laurand, Stoïcisme et lien social. Enquête autour de Musonius Rufus,
Paris, Garnier, 2014.

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Télès et Musonius, Prédications, trad. d’A.-J. Festugière, Paris, Vrin,


1978.

Origène (185-apr. 251)


Ce théologien et philosophe chrétien est surtout connu pour sa
réfutation des attaques du philosophe païen Celse contre la religion
chrétienne. Homme d’une grande érudition, il discute fréquemment les
thèses stoïciennes, mais Arnim, comme pour Clément d’Alexandrie, a cité de
nombreux passages d’inspiration syncrétique, où Origène a utilisé la doctrine
stoïcienne (qu’il paraît connaître assez bien) en la déformant. Selon Arnim
(SVF I, p. XLVI-XLVII), Origène attribue souvent aux stoïciens des
passages qui sont en fait des citations littérales de Chrysippe. Mais Origène,
par exemple sur la doctrine du libre arbitre, mêle des éléments d’inspiration
stoïcienne et d’inspiration platonicienne, comme l’a montré Rist 1975. En
outre, il connaît manifestement l’œuvre d’Épictète, dont il parle souvent,
même si c’est de façon plutôt anecdotique (cf. Adv. Cels., III, 54, 23 ; VI, 2,
15 ; VII, 53, 13 ; 54, 24). Nous ne pouvons donc souvent avoir aucune
certitude quant à la provenance de la doctrine rapportée, et il faut
systématiquement vérifier le contexte. Un texte comme In Matthaeum, XI,
12, 21 (SVF III, 523), par exemple, n’est manifestement pas fiable. En
revanche, Origène a manifestement une excellente connaissance de la
logique stoïcienne, et est notre meilleure source sur la théorie des démons,
et, surtout, sur la théorie de l’« éternel retour » ou palingénésie.
H. Chadwik, « Origen, Celsus and the Stoa », Journal of Theological
Studies, 48 (1947), p. 34-49.
G. Dorival, « L’apport d’Origène pour la connaissance de la
philosophie grecque », dans Origeniana Quinta. Papers of the 5th
International Origen Congress. Boston College, 14-18 August 1989, Leuven,
1992, p. 196-199.
— « Origène d’Alexandrie », DPhA, IV, p. 807-842 (en particulier
p. 825-827 ; 833-835 ; 839-840).
A. Le Boulluec, « De la croissance selon les stoïciens à la résurrection
selon Origène », Revue des études grecques, 88 (1975), p. 143-155 (repris
dans Alexandrie antique et chrétienne, Paris, 2006, p. 151-161).
J. Rist, « Prohairesis : Proclus, Plotinus et alii », dans De Jamblique à
Proclus, « Entretiens de la Fondation Hardt », Vandœuvres-Genève, 1975,
p. 103-117, repris dans Platonism and its Christian Heritage, Londres, 1985.
— « The importance of Stoic Logic in the Contra Celsum », dans
H.J. Blumenthal et R.A. Markus (éds.), Neoplatonism and Early Christian
Thought. Essays in Honour of A.H. Armstrong, Londres, 1981, p. 64-78,
repris dans Platonism and its Christian Heritage, Londres, 1985.

Philon d’Alexandrie (30 av. J.-C.-45 apr. J.-C.)

Ce philosophe juif de langue grecque et de milieu alexandrin est un


exégète de l’Ancien Testament. Il est influencé à la fois par le platonisme et
le stoïcisme. Les citations d’auteurs stoïciens sont toutefois rares chez lui, et
la plupart des témoignages rassemblés par Arnim sont plutôt des textes
d’inspiration stoïcienne, que des témoignages sur la doctrine stoïcienne.
Comme pour Clément et Origène, il faut donc vérifier le contexte : si les

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stoïciens ne sont pas explicitement cités, le témoignage n’est pas fiable. Le


nombre de doctrines attribués aux stoïciens sur la foi de leur présence dans
un fragment de Philon dans les SVF est généralement excessif.
É. Bréhier, Les idées philosophiques et religieuses de Philon
d’Alexandrie, Paris, 1950.
J.-J. Duhot, « Métamorphoses du logos. Du stoïcisme au Nouveau
Testament », dans G. Romeyer Dherbey (dir.), J.-B. Gourinat (éd.), Les
stoïciens, Paris, Vrin, 2005, p. 453-466.
C. Lévy (éd.), Philon d’Alexandrie et le langage de la philosophie,
Turnhout, 1998.

Philodème de Gadara (Ier s. av. J.-C.)

Les œuvres de ce philosophe épicurien sont conservées de façon très


fragmentaire par des papyri dans la Villa des papyri d’Herculanum, dont il
avait lui-même constitué la bibliothèque. Ses textes contiennent des
discussions très précises, mais pas toujours claires de ses adversaires
stoïciens, soit contemporains soit morts, qu’il avait certainement lus de
première main. Il est parfois difficile de faire le départ entre sa position et
celle qu’il critique.
C. Auvray-Assayas et & D. Delattre (éds.), Cicéron et Philodème. La
polémique en philosophie, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2001.
D. Delattre (éd.), Philodème de Gadara, Sur la musique, livre IV, texte
établi et traduit par D. Delattre, Paris (Collection des Universités de France),
2007.
T. Dorandi, « La tradition papyrologique des stoïciens » (art. cité),
p. 31-35, 43-51.

Plotin (205-270)

Le premier des philosophes « néoplatoniciens » attaque souvent les


stoïciens, dont il connaît bien l’œuvre, et qu’il cite tantôt sans doute de
première main, tantôt à travers un autre auteur : dans son traité Sur le
mélange (37 [II, 7]), il semble souvent dépendant d’Alexandre d’Aphrodise,
mais semble aussi avoir quelques informations indépendantes, et, dans les
traités Sur les genres de l’être (42-44 [VI, 1-3]), il semble avoir eu un accès
direct à des traités stoïciens (mais nous n’avons pas conservé le commentaire
d’Alexandre d’Aphrodise aux Catégories). Il est curieusement notre plus
ancien témoignage sur la doctrine stoïcienne des « catégories ». Dans
beaucoup de témoignages, il ne nomme pas directement les stoïciens, mais il
ne fait guère de doute qu’il les vise. Son témoignage est polémique et
philosophique : il n’est donc pas toujours exact littéralement et doit être
abordé avec précaution.
A. Graeser, Plotinus and the Stoics, Leyde, Brill, 1972.
Ph. Hoffmann, « La définition stoïcienne du temps dans le miroir du
néoplatonisme (Plotin, Jamblique) », dans G. Romeyer Dherbey (dir.), J.-
B. Gourinat (éd.), Les stoïciens, Paris, Vrin, 2005, p. 487-521.
A. Pigler, « Les éléments stoïciens de la doctrine plotinienne de la
connaissance » dans G. Romeyer Dherbey (dir.), J.-B. Gourinat (éd.), Les
stoïciens, Paris, Vrin, 2005, p. 467-485.

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Plutarque de Chéronée (fin Ier-début IIe s.)


Ce philosophe platonicien est avec Galien le représentant le plus
célèbre en philosophie de ce que l’historiographie moderne appelle le
« médioplatonisme ». Il connaissait très bien le stoïcisme, qu’il attaque
violemment dans un grand nombre de ses écrits, en particulier dans ses
traités anti-stoïciens. Il fournit fréquemment des citations littérales, pour
lesquelles il donne même le titre de l’œuvre dont la citation est tirée. Selon
une méthode éprouvée à l’académie, il cherche en effet à montrer que les
stoïciens sont en contradiction soit avec eux-mêmes, soit avec les « notions
communes » (un concept d’ailleurs stoïcien). Il lui faut donc des citations
littérales et précises. Il a l’art de déformer les propos des stoïciens, avec ce
qu’il faut bien appeler parfois de la mauvaise foi. Ses citations littérales (pas
forcément tirées de la lecture directe des œuvres) sont plus fiables que les
commentaires qui les accompagnent, et que les contradictions souvent
imaginaires qu’il se plaît à souligner.
D. Babut, Plutarque et le stoïcisme, Paris, Les Belles Lettres, 1969.
– (éd.), Plutarque, Œuvres morales, XV-1, Sur les contradictions
stoïciennes, Synopsis du traité « Que les stoïciens tiennent des propos plus
paradoxaux que les poètes », texte établi par M. Casevitz et traduit par D.
Babut, Paris, Collection des Universités de France, 2004.
– (éd.), Plutarque, Œuvres morales, XV-2, Sur les notions communes,
contre les stoïciens, texte établi par M. Casevitz et traduit par D. Babut, Paris
(Collection des Universités de France).

Ps.-Plutarque
Voir Aëtius.

Porphyre de Tyr (234-env. 305)

Disciple de Plotin, et éditeur des Ennéades, il cite parfois les stoïciens,


de façon probablement assez fiable. C’est très certainement dans le grand
Commentaire à Gédalios de Porphyre sur les Catégories (nous n’avons
conservé que le petit Commentaire par questions et réponses) que
Simplicius tient la plupart de ses renseignements extrêmement précis sur
l’histoire de l’interprétation stoïcienne des catégories d’Aristote et de la
doctrine stoïcienne des catégories, qui avait déjà été largement discuté par
Plotin. Porphyre avait vraisemblablement lu une partie au moins des
ouvrages de cette tradition.
R. Goulet (et autres), « Porphyre de Tyr » P 263, DPhA, Vb, p. 1289-
1468, en particulier p. 1314-1324 « Rapports avec le moyen-platonisme et
les autres écoles » (surtout 1320-1321).

Sénèque [L. Annaeus Seneca] (4 av. J.-C.-65 apr.)

Stoïcien lui-même, Sénèque est une source précieuse pour l’ancien


stoïcisme. À bien des égards, il est moins inventif et donc plus fidèle
qu’Épictète à l’ancien stoïcisme. Mais il a aussi plus de distance critique
explicite à l’égard du stoïcisme ancien, critiquant notamment la logique, et
se moquant parfois des syllogismes de Zénon. Il a évidemment une culture

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stoïcienne de première main, et il est donc un témoin précieux. Son


stoïcisme semble pourtant parfois se teinter de platonisme, notamment dans
sa psychologie, où il semble réintroduire le dualisme platonicien entre une
partie rationnelle et une partie irrationnelle de l’âme, mais l’interprétation en
est controversée. Quoi qu’il en soit de son orthodoxie, ses témoignages sur la
doctrine de l’ancien stoïcisme sont précieux, mais, comme le rappelle
Arnim, SVF I, p. XVIII, il faut faire attention à ne pas prendre pour la
doctrine de Chrysippe ce qui est propre à Sénèque, voire ce qui est influencé
par Posidonius ou Hécaton.
J. Fillion-Lahille, Le De Ira de Sénèque et la philosophie stoïcienne
des passions, Paris, Klincksieck, 1984.
M. Griffin, Seneca: a Philosopher in Politics, Oxford, Oxford
University Press, 1976.
I. Hadot, Sénèque. Direction spirituelle et pratique de la philosophie,
Paris, 2014.
B. Inwood, « Seneca and Psychological Dualism », dans
J. Brunschwig et M. Nussbaum (éds.), Passions & Perceptions, Cambridge-
Paris, 1993, p. 150-183.
– Reading Seneca: Stoic Philosophy at Rome, Oxford, 2005.

Sextus Empiricus (IIe s. apr. J.-C.)

Ce sceptique sur lequel on ne sait pratiquement rien, même pas à


quelle époque il vécut, cite fréquemment les stoïciens, parfois de façon
nominale, mais plus souvent sous le nom de l’école, voire sous celui de
« dogmatiques » ou de « dialecticiens ». Selon Th. Ebert, les mentions de
l’expression « dialecticiens » chez Sextus ne visent pas les stoïciens et
d’autres dialecticiens, mais les membres de l’école « dialectique » de
Mégare, Philon et Diodore. Certaines de ses citations sont littérales, mais
beaucoup sont déformées et polémiques, comme chez Plutarque, car, comme
lui, il aime mettre les stoïciens en contradiction avec eux-mêmes. Il n’est
donc pas toujours fiable, surtout dans ses interprétations qui sont parfois
tendancieuses, car il peut réfuter une assertion stoïcienne à l’aide
d’arguments qui ne sont pas admis par les stoïciens.
J. Brunschwig, « Le problème de l’héritage conceptuel dans le
scepticisme : Sextus Empiricus et la notion de κριτήριον », Études sur les
philosophies hellénistiques, Paris, PUF, 1995, p. 289-319.
Th. Ebert, Dialektiker und frühe Stoiker bei Sextus Empiricus,
Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1991.

Simplicius (VIe s. apr. J.-C.)

Philosophe néoplatonicien, commentateur d’Aristote et du Manuel


d’Épictète. De son propre aveu, il n’a pas eu accès à la plupart des œuvres
des stoïciens (c’est-à-dire aux œuvres des anciens stoïciens), et certaines
erreurs dans son commentaire d’Épictète (I, 29-31, où il se trompe sur la
signification du terme hormê, qu’il interprète comme précédant l’orexis
apparemment pour la seule raison que dans le passage correspondant
d’Épictète, I, 1, la tendance est énumérée avant le désir ; LIV, 5-6; 24-25, qui
contient une erreur de logique) montrent qu’en effet il connaît mal l’ancien

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stoïcisme. Mais il a eu accès à une vaste documentation sur le stoïcisme, soit


dans les commentaires d’Alexandre, soit dans ceux de Porphyre ou de
Jamblique, ce qui donne de la valeur à ses développements sur le stoïcisme,
soigneusement recopiés de ces sources.
I. Hadot, Le néoplatonicien Simplicius à la lumière des recherches
contemporaines. Un bilan critique, avec deux contributions de Philippe
Vallat, Sankt Augustin, Academia Verlag, 2014.

Souda (époque byzantine)

Anthologie d’époque byzantine, autrefois désignée sous le nom de


Suidas, que l’on pensait être un nom d’auteur. Ouvrage de compilation, dont
les notices stoïciennes sont presque toujours des extraits de Diogène Laërce,
réécrits en milieu néoplatonicien.

Jean Stobée (Ve s. ?)

Compilateur, probablement chrétien, qui nous transmet de nombreux


témoignages sur le stoïcisme, généralement par l’intermédiaire d’auteurs
comme Aëtius ou Arius Didyme.
R. Goulet, « Jean Stobée », DPhA, III, J 2, p. 1012-1017.

Tertullien (né vers 160)

Ce Père de l’Église chrétienne transmet d’assez intéressants


témoignages sur le stoïcisme, contre lequel il polémique, comme contre
toutes les philosophies grecques. Dans son De anima, on trouve de
nombreux témoignages sur la doctrine stoïcienne de l’âme : certains sont
corroborés, notamment par Alexandre d’Aphrodise et Némésius d’Émèse.
Cette corroboration indique probablement une source doxographique
commune, encore qu’Alexandre a probablement eu accès à une source
stoïcienne plus directe. Son témoignage paraît donc fiable et bien informé.
J.-B. Gourinat, « Le traité de Chrysippe Sur l’âme », Revue de
métaphysique et de morale, 4, 2005, p. 557-577.

Théodoret de Cyr (393-457)

La Thérapeutique des maladies helléniques de Théodoret est une de


nos sources pour Aëtius (II, 95 ; IV, 16 ; IV, 31), la seule source, du reste,
qui nous ait transmis son nom. Une bonne partie des témoignages qu’il
n’attribue pas lui-même à Aëtius s’y retrouvent aussi, si bien que l’on peut
supposer qu’Aëtius est là aussi sa source (IV, 14 ; 15 ; 20 ; V, 18 ; 25). En
tout état de cause, il n’a certainement pas d’autres sources que des sources
doxographiques, sans doute relativement fiables, mais qui ne nous
apprennent pas grand chose que nous ne sachions par ailleurs, sans doute par
la même tradition doxographique.
Voir Aëtius.
J. Mansfeld, « Theodoret of Cyrrhus’ Therapy of Greek Diseases as a
source for the Aëtian Placita », The Studia Philonica Annual 28 (2016),
pp. 151–168.

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