Cours 13 - Partie 1

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Cours 13 — Première partie

2. PERCEPTION DU SEISME
2.1 Aspects généraux

Un séisme c’est un ébranlement brutal plus moins violent de l’écorce


terrestre qui débute brusquement et correspond à une vibration transitoire du
sol, provoquée par les ondes sismiques émises lors d’une rupture le long d’une
faille active. Au moment de la rupture, une énergie considérable se trouve
libérée, principalement sous forme de fractures, de déformations permanentes
et d’échauffement; seulement une faible partie de l’énergie est transformée en
ondes sismiques qui peuvent être ressenties ou mesurées. En tout cas,
lorsqu’un séisme est déclenché, un front d’ondes sismiques se propage dans la
croûte terrestre.

Un des objets de la sismologie instrumentale est d’obtenir, par l’étude


des heures d’arrivée des ondes émises, la position du point où la rupture a
commencé. Bien que la source sismique puisse avoir des dimensions allant de
quelques dizaines jusqu’à quelques centaines de kilomètres (zone de
fracturation), dans la sismologie la source sismique peut être représentée par
un seul point appelé foyer ou hypocentre (Fig.2.1). On nomme foyer ou
hypocentre le point théorique dans le plan de faille où se produit réellement le
séisme (le point où la rupture se déclenche).

Le point situé à la surface de la Terre (en champ libre) à la verticale du


foyer est appelé l’épicentre instrumental du tremblement de terre (Fig.2.1) et sa
location est précisée par les cordonnées () de latitude et de longitude. Il
faut faire la différence entre les notations () et les notations [] utilisées
dans le paragraphe 1.9.

Epicentre
Trace de la faille à la surface
La profondeur
du foyer (Hf)

Foyer

Plan de faille

Dispersion de surface
de dislocation

Fig.2.1. La définition des paramètres qui localisent un séisme

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L’hypocentre est fixé dans l’espace par trois paramètres: les coordonnées
de l’épicentre et la profondeur du foyer (Hf), qui est la distance verticale du
foyer, mesuré en kilomètres (Fig. 2.1). La distance entre l’épicentre et l’endroit
d’enregistrement du mouvement sismique (station sismique) est appelée
distance épicentrale.

La distance entre l’hypocentre et l’endroit d’enregistrement du


mouvement sismique (station sismique) est appelée distance focale.

Dans la région proche de la faille, dite zone épicentrale, l’énergie


propagée au cours d’un tremblement de terre, sous forme d’ondes sismiques,
peut causer des dégâts importants aux constructions. L’énergie sismique en un
point donné dépend, d’une part, de la quantité d’énergie sismique émise à la
source et, d’autre part, des conditions de propagation entre la source et le
point d’observation.

La rupture cesse de se propager lorsque l’énergie potentielle de


déformation est épuisée. Une faille ainsi réactivée par le séisme coupe les
terrains, sans égard pour la morphologie superficielle. Dans une région
éprouvée par un grand séisme, vont se succéder pendant un certain temps des
séismes plus petits, les répliques. Ces répliques achèvent souvent de détruire
les constructions endommagées par la secousse principale. Le processus de
rupture peut durer de quelques secondes (pour les séismes de courte durée)
à quelques dizaines de secondes (pour les séismes de longue durée).

La destruction sismique propage en commencent du foyer à travers une


région (restreinte) du milieu élastique illimité, qui est connu comme région
focale. Plus le tremblement de terre est grand, plus la région focale est grande.

En fonction de la position du foyer, exprimée par la profondeur du foyer


— Hf — jusqu’à l’épicentre, les tremblements de terre peuvent être classifiés
comme suit :
a. Tremblements de terre superficiels (séismes croûteux, de petite
profondeur). Ces tremblements de terre ont le foyer situé à moins de
100km de profondeur est représentent plus de 90% des séismes qui se
produisent dans le mode. Bien que ces séismes soient très violents (type
”choc sismique") ils affectent des zones limitées qui se trouvent à la
surface de la Terre.
b. Tremblements de terre intermédiaires (séismes sous - croûteux). Ces
tremblements de terre ont le foyer situé entre les limites 70  HI  300km.
Ils sont des événements sismiques plus rares, mais ils ont une aire dans
laquelle se manifestent relativement large. Les foyers intermédiaires
identifiés instrumentalement jusqu’à présent sont réduites comme
nombre: Roumanie, Afghanistan, Mexique et Colombie.
c. Tremblements de terre de profondeur. Ces tremblements de terre ont le
foyer situé entre les limites 300  H P  700km. L’expérience sur ce type de
séisme est plus réduite. Il n’y a plus de foyer sismique en-dessous de
cette profondeur.

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2.2 Les ondes sismique
2.2.1 Introduction

Comme on a déjà montré, l’intérieur de la Terra est constitué d’un certain


nombre de couches superposées qui se distinguent per leur état solide, liquide
ou plastique, ainsi que par leur densité. Une sorte d’échographie de l’intérieur
de la Terre a été établie à partir du comportement des ondes sismiques lors des
tremblements de terre. Les sismologues Mohorovičič et Gutenberg ont réussi à
déterminer l’état et la densité des couches par l’étude du comportement de ces
ondes sismiques. La discontinuité de Mohorovičič (MOHO) marque un contraste
de densité entre la croûte terrestre et le manteau, et la discontinuité de
Gutenberg marque un contraste important de densité entre le manteau et le
noyau. La vitesse de propagation des ondes sismiques est fonction de l’état et
de la densité du matériel dans lequel elles se propagent (Fig.2.3).

Fig.2.3. La vitesse de propagation des ondes sismiques

Certains types d’ondes se propagent autant dans les liquides, solides et


les gazes, alors que d’autres types se propagent que dans les solides. Le choc
sismique se produit comme suite d’une fracturation des roches qui viennent en
contact et dans lesquelles on a accumulé dans le temps des déformations
élastiques très grandes. La libération brusque de l’énergie de déformation,

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transformée instantanément en énergie cinétique, engendre des ondes
élastiques qui se propagent radialement dans toutes les directions; par des
processus de réflexion et réfraction elles arrivent à la surface de la Terre.

On distingue les ondes de volume qui se propagent à l’intérieur de la


Terre et qui peuvent être enregistrées en plusieurs points du globe et les ondes
de surface qui se propagent à la surface du globe, dans la croûte terrestre, et
qui causent tous les dommages associés aux séismes.

Elles se succèdent et se superposent sur les enregistrements des


sismomètres. Leur vitesse de propagation et leur amplitude sont modifiées par
les structures géologiques traversées, c’est pourquoi les signaux enregistrés
sont la combinaison d’effets liés à la source, aux milieux traversés et aux
instruments de mesure. Toute onde est sensible à certaines propriétés
physiques du milieu qu’elle traverse, d’autant plus finement que sa fréquence
est élevée. Les ondes sismiques ont une fréquence qui peut varier entre 0,3mHz
(pour les oscillations les plus "graves" excitées par un séisme) et 200 Hz (en
sismologie d’exploration).

2.2.2 Ondes de volume (Body waves)

Les ondes de volume prennent naissance dans le foyer et se propagent à


l’intérieur de la Terre sous deux formes: ondes P et ondes S.

 Ondes P (ondes primaires)

Ces ondes sont appelées aussi ondes longitudinales (Fig.2.4) qui se


propagent dans la croûte terrestre avec une vitesse de 6 à 8 km/s et
s’accompagnent d’un changement de volume (créant successivement des zones
de dilatation et des zones de compression alternées). Le déplacement du sol qui
accompagne leur passage se fait par dilatation et compression successives,
parallèlement à la direction de propagation de l’onde. Les ondes P sont des
ondes de compression assimilables aux ondes sonores et qui se propagent
dans tous les états de la matière. Elles sont responsables du grondement sourd
que l’on peut entendre au début d’un tremblement de terre. Etant les plus
rapides, les ondes P sont enregistrées en premier sur un sismogramme.

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Fig.2.4. Ondes primaires P

Ce type d’ondes induit un mouvement vertical dans les ouvrages, qui


sera d’autant plus important que l’ouvrage se trouve à proximité de l’épicentre.

 Ondes S (ondes secondaires)

Ces ondes sont appelées aussi ondes de cisaillement (Fig.2.5). Elles se


propagent dans la croûte terrestre avec une vitesse d’environ 3à 5 km/s et
s’accompagnent d’une distorsion dans le plan perpendiculaire à la direction de
propagation, provoquant un cisaillement sans changement de volume.

Fig.2.5. Ondes secondaires S

À leur passage, les mouvements du sol s’effectuent donc


perpendiculairement au sens de propagation de l’onde. C’est bien ce type
d’ondes qui introduit un mouvement horizontal dans les ouvrages. À la
différence des ondes longitudinales, les ondes transversales ne peuvent se
propager dans les milieux liquides ou gazeux, en raison de l’inaptitude de ces
milieux à transmettre les efforts de cisaillement. La vitesse de propagation des
ondes S dépend seulement des propriétés élastiques du milieu traversé. Leur
vitesse est plus lente que celle des ondes P, elles apparaissent en second sur
les sismogrammes. La différence des temps d’arrivée des ondes P et S suffit,
connaissant leur vitesse, à donner une indication sur l’éloignement du séisme.

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Si l’on considère un milieu élastique, homogène et isotrope (par exemple
un substratum rocheux) les vitesses de propagation des ondes sont données
par les formules suivantes:
 pour les ondes P (en m/s):

  2G E1   
vP   (2.1)
 1     1  2 

 pour les ondes S (en m/s):

G E
vS   (2.2)
 21   

où sont faites les suivantes notations:


  = densité du milieu (Ns2/m4);
 E= module d’élasticité dynamique (N/m2);
 G= module de cisaillement dynamique (N/m2);
  = coefficient de Poisson.

Les constantes de Lamé G et  ont les expressions suivantes:

E
G (2.3)
21   
E
 (2.4)
1   1  2 
En comparant les vitesses vP et vS on constate que la vitesse vP est
toujours plus grand que la vitesse vS. C’est pourquoi les ondes P engendrés
par un séisme arrivent toujours dans un point d’observation avant les ondes
S (d’ou les nommes: ondes primaires et ondes secondaires).

Le rapport des vitesses de propagation des ondes P et S peut se mettre


sous la forme:
vP 2(1   )
 (2.5)
vS 1  2
et ne dépend pas que du coefficient de Poisson (). Pour la plupart des sols,
=0,18 à 0,40.

Les deux types d’ondes arrivent en même temps en des points situés près
du foyer, mais les ondes S, qui se propagent plus lentement, arrivent plus tard
en des points éloignés de la source:
 ondes P, dans le granit: 6,0 km/s; dans l’eau 1,5 km/s;
 ondes S, dans le granit: 3,0 km/s; dans l’eau 0 km/s.

La différence des temps d’arrivée des ondes P et S sera d’autant plus


grande que la distance à l’épicentre est plus importante. De la mesure de cette
différence des temps de propagation, on peut déduire la distance entre la
source sismique et le point d’enregistrement.

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Les ondes de volume se propagent un peu comme les rayons lumineux :
elles peuvent être réfléchies ou réfractées, c'est-à-dire déviées à chaque
changement de milieu (Fig.2.3). Elles peuvent ainsi suivre des trajets très
complexes à l'intérieur de la Terre. Leur temps de parcours dépend de ce trajet,
elles n'arrivent pas toutes en même temps au même endroit.

La brusque interruption de propagation des ondes S à la limite entre le


manteau et le noyau indique que le noyau externe est liquide. L’augmentation
progressive de la vitesse des ondes P et S dans le manteau indique une
augmentation de densité du matériel à mesure qu’on s’enfonce dans ce
manteau. La chute subite de la vitesse des ondes P au contact manteau-noyau
est reliée au changement d’état de la matière (de solide à liquide)., mais les
vitesses relatives continuent d’augmenter, indiquant une augmentation des
densités. Plus en détail, au contact lithosphère-asthénosphère, on note une
légère chute des vitesses de propagation des ondes P et S correspondant au
passage d’un matériel solide (lithosphère) à un matériel plastique
(asthénosphère).

2.2.3 Ondes de surface (Surface waves)

Les ondes de surface ne sont pas radiés par la source sismique; celles-ci
naissent de l’interférence d’ondes de volume, incidentes et réfléchies à la
surface de la Terre. C’est pourquoi elles existent a une certaine distance par
rapport avec la source sismique.

Quand les ondes P et S atteignent la surface du sol, la plus grande part


de l’énergie qu’elles transportent est réfléchie vers l’intérieur de la croûte
terrestre, de telle sorte que la surface est affectée presque simultanément par
les ondes montantes et descendantes. Les ondes de volume qui arrivent à la
surface de la Terre donnent naissance à des ondes de surface ne concernant le
sol que sur une profondeur extrêmement faible. En conclusion, il existe
également des ondes qui se propageant à la surface de la Terre. Elles sont
moins rapides que les ondes de volume, mais leur amplitude est généralement
plus forte. C’est pour cela qu’il se produit une amplification considérable des
secousses près de la surface, amplification d’autant plus importante que le sol
est de mauvaise qualité.

On peut distinguer deux types des ondes: ondes "L" (Love) et ondes "R"
(Rayleigh).

 Ondes L (Love waves)

Ces ondes déplacent les points du sol d’un côté a l’autre dans un plan
tangent à la surface et perpendiculairement à la direction de propagation
(Fig.2.6).

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Fig.2.6. Ondes de Love

Leur mouvement n’engendre que des contraintes de cisaillement. On


l’enregistre uniquement sur les composantes horizontales du sismomètre.

En ce qui concerne les ondes de Love on peut dire que le déplacement est
essentiellement le même que celui des ondes S sans mouvement vertical. Les
ondes de Love provoquent un ébranlement horizontal qui est la cause de
nombreux dégâts aux fondations des édifices. Les ondes de Love se propagent à
environ 4km/s, elles sont plus rapides que les ondes de Rayleigh.

 Ondes R (Rayleigh waves)

Le mouvement du sol lors du passage de ces ondes est complexe, à la


fois horizontale et verticale; les points de sol décrivent des ellipses dans le plan
vertical et dans le sens rétrograde (Fig.2.7).

Fig.2.7. Ondes de Rayleigh

Ce mouvement entraîne des compressions (ou des tractions) ainsi que


des cisaillements dans le sol. Ce type d’onde est enregistré sur les trois
composantes du sismomètre. Les vibrations engendrées par cette onde durent
plusieurs minutes.

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La propagation des ondes permet d’apprécier les conséquences du
mouvement sismique au voisinage de la surface, concernant le choix du site, le
comportement du milieu de fondation (glissement de terrain, tassements,
liquéfaction) et l’étude de l’interaction sol-structure.

Les ondes sismiques générées lors d’un tremblement de terre


contiennent des informations concernant leur excitation à la source du
tremblement de terre et les conditions de leur propagation de la source à la
station d’enregistrement. L’interprétation des observations sismiques requiert
donc la résolution de deux problèmes fondamentaux: la détermination de la
structure en vitesse du milieu et celle des paramètres décrivant la source
sismique.

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