010-Cours de Finance Internationale
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1
Une bourse est une entreprise de marché (en Europe, l’expression est juridiquement consacrée depuis la
Directive sur les Services d’Investissement de 1993), chargée d’organiser la cotation et la négociation des
valeurs cotées.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Plan du chapitre
1. Le contexte : un environnement financier en profonde restructuration.
2. La globalisation financière : figures de la mondialisation
3. Panorama de la finance européenne (non traité en cours)
Il est utile d’avoir à l’esprit que la finance internationale ne recouvre pas les seuls
marchés bancaires et financiers spécifiquement internationaux (eurodevises,
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lesquels elles souhaitent agir directement en tant que négociateurs). Les banques
peuvent se faire pleinement concurrence sur les taux d’intérêt débiteurs
(déréglementation) et pour partie seulement sur les taux d’intérêt créditeurs. Enfin,
elles doivent prendre en compte la concurrence exercée par les
financements/placements sous forme de titres (désintermédiation ou plus
exactement marchéisation des conditions de financement du fait de la titrisation).
Quelques rappels sur les « 3D »
1. La déréglementation : la plupart des pays industrialisés et un certain nombre de pays émergents ont
remodelé leur réglementation des activités financières autour de 4 principes :
- adapter l’organisation et le contrôle des marchés aux nouveaux instrument issus de l’innovation
financière (produits dérivés…) ;
- démanteler les barrières pour répondre à l’accroissement des volumes échangés ;
- substituer des instances professionnelles de gestion et de contrôle à la tutelle de l’Etat.
- Les restrictions quantitatives sur les prêts et sur les taux d’intérêt débiteurs ont été abolies de même que
le contrôle des changes et la limitation des mouvements de capitaux.
Rq : il existe deux formes de réglementation : les réglementations de structure et les réglementations
de comportement (normes de conduite). Alors que les années 80 ont été caractérisées par un repli des
normes de structure (émergence de la notion de banque universelle), les réglementations de
comportement se sont durcies au travers de l’adoption de règles prudentielles (ratios de solvabilité, de
liquidité, de division des risques). C’est ce renforcement des normes de conduite qui fait dire à certains
que l’on a assisté à un mouvement de re-réglementation. Pour être précis, il faut plutôt parler d’un
redéploiement de la réglementation, d’un changement de nature pour qualifier le relâchement des
normes de structure et le durcissement des normes de conduite.
est désormais celle de la banque universelle ayant vocation à proposer toute la gamme des services
financiers.
Les réformes menées au cours des années 80 ont privilégié deux axes :
- l’unification des différents marchés : monétaire, obligataire, des actions afin de les rendre larges et
profonds, accessibles à tous les intervenants pour que ceux-ci puissent accéder facilement aux
instruments de financement, de placement ou de couverture dont ils ont besoin.
- l’harmonisation des conditions d’accès et des statuts des opérateurs en uniformisant les règles de
concurrence et en rénovant les instances de contrôle.
Dans la plupart des pays, les banques sont passées d’un statut de quasi-
administration (courroie de transmission de la politique monétaire, orientation du
crédit par l’Etat, encadrement du crédit…) à un statut de firmes bancaires,
maximisant leurs profits sous contraintes de coût.
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C’est à dire réglementairement.
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peser tant sur les autorités de tutelle que sur des actionnaires en peine
d’exercer leur fonction de monitoring).
Dès lors que les mutations de la sphère financière ont estompé les frontières entre
les catégories de banques et institutions financières (banques et assurances, forme
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Cf chapitre 3. Un custodian est une banque agissant en qualité de conservateur de titres (dépositaire de titres).
Du fait du développement de l’internationalisation des portefeuilles titres, certaines banques conservent des titres
« de toutes nationalités » pour le compte d’investisseurs (le plus souvent institutionnels). On les qualifie de
global custodians. Les principaux global custodians sont des banques américaines (Statestreet, Bank ok New
York).
4
Les économies d’envergure sont issues des synergies de production propres aux firmes multiproduits. Ces
économies de gamme interviennent quand il est moins coûteux de produire plusieurs biens ou services dans une
même entreprise que dans des firmes séparées. Il y a économie d’envergure quand la fonction de coût est sous-
additive.
Dans le cas de deux services bancaires produits en quantité Q1 et Q2, cela donne :
structure du bilan des banques a considérablement évolué pour faire place à une
intermédiation sur titres (et à une intermédiation contrepartiste).
Banque
Crédits Dépôts
Banque
Crédits Dépôts
Actif Passif
Encaisse de trésorerie (monnaie Dépôts interbancaires
centrale en caisse, réserves)
Prêts interbancaires Dépôts des ANF (dépôts à vue, à
terme, comptes sur livret, comptes et
plans d’épargne logement…)
Crédits aux ANF Titres émis (CD, obligations)
Portefeuille titres Provisions
Immobilisations Capitaux Propres
1960
C 83 % Di 26,2 %
T 15 % D 63,3 %
Immob. 2 % Obligations 0,2
%
TCN 0 %
Divers 6,7 %
FP 3,6 %
1997
C 50 % Di 10 %
Ci 8 % D 36 %
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T 35 % Obligations 11
I7% %
TCN 30 %
Divers 8 %
FP 5 %
Actif Passif
Encaisse de trésorerie en devises Dépôts interbancaires en devises ou
en monnaie locale auprès de
banques étrangères
Prêts interbancaires en devises ou Dépôts des ANF NR (en monnaie
en monnaie locale à une banque NR locale ou en devises)
Crédits aux ANF à des NR Titres émis sur des marchés
étrangers
Euro-émissions (ECP, euro-
obligations)
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zones. Elles sont de ce fait des acteurs décisifs de la globalisation financière (ce qui
amende sérieusement l’idée de la désintermédiation. Il convient davantage de parler
de « réintermédiation » : avec le recul de l’intermédiation de crédit les banques se
sont redéployées sur une intermédiation sur titres et de marché). Les banques ont un
rôle important à jouer en l’espèce car elles doivent se montrer capables d’acheter
des titres pour compte propre ou pour compte de tiers sur des marchés auxquels
elles n’ont pas nécessairement accès (développement du remote access ou accès
par un broker local ayant accès direct à la négociation).
Avec l’intégration des marchés, c’est donc que potentiellement , les sources de
financement sont mondialisées et que les « oasis de placement » sont également
mondialisés. De manière plus formelle, cela veut dire qu’il y a désormais,
potentiellement et théoriquement, complète déconnexion entre investissement
national et épargne nationale5.
5
Les travaux de Horioka et Feldstein, repris récemment, montrent que la corrélation entre épargne domestique et
investissement domestique est encore significative. Toutefois, en tendance, cette corrélation diminue ce qui
plaide pour une intégration internationale désormais plus importante (ces travaux ont de plus quelque peu
vieilli). Voir JP ALLEGRET et B COURBIS, op. cit., p. 137-138.
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Les investisseurs doivent pouvoir facilement acheter des titres étrangers et diversifier
leurs moyens de placement. A l’échelle macroscopique, cela signifie que l’épargne
peut très facilement s’exporter.
Quant aux émetteurs, ils peuvent facilement émettre des titres soit sur des marchés
étrangers, soit sur leur propre marché ouvert à des investisseurs non résidents.
Par ailleurs, la globalisation doit exercer une pression sur la rentabilité et
l’intensification de la concurrence entre banques et plus largement entre toutes les
entreprises liées au financement de l’économie.
plus nombreuses en « haut de cycle »), les fusions semblent reprendre, la dernière
en date (octobre 2003) étant celle entre Bank of Ameria et FleetBoston.
Parmi les plus grosses banques de la planète, un certain nombre sont aujourd’hui le
fruit d’opérations de fusion-acquisition : Deustche Bank (DB / Bankers Trust), United
Bank of Switerland (Union de banques Suisses + SBS), BNPParibas, Crédit
Lyonnais/Crédit Agricole…
études empiriques menées dans le secteur bancaire (Humphrey [93], Forestieri [93]),
la courbe de coût moyen a la forme d’un U écrasé. Les banques « moyennes »
seraient plus performantes que les grandes banques ou que les petites banques.
Presque toutes les études semblent placer le point bas du U à une taille très
inférieure à la taille des plus grandes banques américaines. Ainsi, cela tend à
indiquer que l’extension de la taille pourrait créer des déséconomies (et non des
économies d’échelle) imputables aux difficultés de gestion d’entreprises de très
grande taille.
La recherche d’économies d’échelle n’est donc pas un facteur suffisant, ni même
explicatif d’ailleurs. D’ailleurs, les agences de notation insistent sur la priorité
qu’elles accordent aux fondements économiques de la fusion : insertion dans une
démarche globale, recherche de synergies.
Quels sont alors les autres facteurs explicatifs ?
- Soutien des marges d’intermédiation par des blocages stratégiques à l’entrée
de nouveaux acteurs. Les banques réagissent aux pressions concurrentielles
en réduisant leur rivalité par des fusions, acquisitions (dans un premier temps
domestiques) ou des accords de participation croisée ;
- Accroissement des parts de marché de sorte que l’effet quantité compense le
déclin des marges unitaires lié à l’existence de surcapacités bancaires ;
- Volonté de bénéficier de la doctrine rassurante du too big to fail ;
- Recherche d’un bonus pour les équipes managériales (stocks options
accordés aux équipes dirigeantes d’autant plus élevés que la taille de la
banque l’est également) et de la création de valeur à l’attention des
actionnaires (de plus en plus exigeants quant au ROE6).
Motivations des fusions bancaires
6
Le ROE (Return On Equity), mesuré par le ratio Résultat net / Fonds Propres s’est imposé ces dernières années
comme un véritable benchmark de la rentabilité des entreprises. La norme de 15 % de “retour sur
investissement” a imposé aux entreprises d’alourdir leur endettement afin de ne pas peser sur les capitaux
propres. La non soutenabilité de cet objectif dans des économies dont les taux de croissance sont en repli a
parfois poussé un certain nombre d’entre elles au surendettement...voire à l’habillage des résultats. Aujourd’hui,
un ROE de 8 % est considéré comme satisfaisant.
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Dans la plupart des pays, le financement par les marchés de capitaux connaît un
développement important sous l’effet de la modernisation des systèmes financiers et
de la mise en compétition des deux modes de financement (financement bancaire et
financement de marché). Les Etats ont participé de ce développement de la
« mobiliérisation » des financements via le développement des financements des
déficits budgétaires par émission de titres négociable de la dette publique.
Le développement des marchés peut être analysé de plusieurs manières :
• sur les marchés primaires, par l’évolution des émissions de titres de créance
(obligations ou titres du marché monétaire) et de propriété.
• Sur les marchés secondaires, par le développement des transactions sur
titres, de la capitalisation boursière et obligataire.
Plus généralement, la titrisation des financements et des placements est aujourd’hui
une caractéristique majeure de l’économie mondiale. Cette titrisation de l’économie
mondiale est particulièrement perceptible dans le développement de l’épargne gérée
sous mandat par des institutionnels (fonds de pension, fonds d’investissement,
compagnies d’assurances, organismes de placement collectifs en valeurs mobilières)
qui drainent une épargne « liquide » pour la placer en titres.
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Depuis le début des années 90, le recours aux financements de marché, dans la zone Euro,
est privilégié par les agents. Les émissions de titres représentent en effet 46 % des flux de
financement contre 33 % pour les prêts intermédiés (91 –97). Ainsi, alors que les
entreprises ont essentiellement autofinancé leurs faibles investissements pendant la période
de basse conjoncture, elles ont eu recours beaucoup plus massivement à l’émission de titres
de propriété au début de la reprise, probablement du fait du niveau élevé des taux d’intérêt
et de la volonté de renforcer leur haut de bilan. Enfin, elles ont eu recours à l’endettement au
moment de la baisse des taux d’intérêt et de la confirmation de reprise (à partir de 1998). Il a
pris cependant la double forme de crédit et d’émissions d’obligations. Les attentes des
actionnaires en matière de rendements financiers (ROE), la mise en place de l’euro en 1999,
la naissance d’un véritable espace européen pour un marché des « corporates », et le relatif
retrait de la puissance publique du marché, ne sont sans doute pas étrangers à ce nouvel
engouement pour les émissions de titres obligataires.
Transactions Capitalisation
(moyenne / 10 ans) (moyenne / 10 ans)
Marchés développés + 1000 % + 500 %
Marchés émergents + 2500 % + 1000 %
Marchés à valeurs de Exponentiel Exponentiel
croissance
Source : BRI
Les investisseurs institutionnels (Fonds de Pension, compagnies d’assurance,
Organismes de Placement Collectifs7) jouent un rôle considérable dans la réalisation
de l’intégration financière. Ils centralisent une part importante de l’épargne des pays
industrialisés (encours gérés supérieurs à 21 000 Milliards d’USD dont 87 %
concentrés dans les pays du G7).
Les investisseurs institutionnels orientent ensuite globalement cette épargne sur les
investissements selon leur stratégie de portefeuille en commençant par une
répartition géographique.
RU : 180 % du PIB
EU : 160 %
France : 65 %
7
Mutual Funds.
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Allemagne : envi 30 %
Moyenne UE : 52 %
Poids de la Poids de la
capitalisation actions capitalisation
obligataire
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Allemagne 23 % 77 %
Belgique 33 % 67 %
Espagne 77 % 23 %
France 40 % 60 %
Luxembourg 2% 98 %
Italie 17 % 83 %
Pays-Bas 52 % 48 %
Portugal 36 % 64 %
Stat 1997/8
Source : cabinet Eurogroup
Ce primat des financements publics a contribué à peser sur les taux d’intérêt
(du fait de la hausse de la demande de capitaux émanant d’émetteurs publics)
et a provoqué un effet d’éviction sur les émetteurs privés (meilleur rating et
statut de benchmark).
Aujourd’hui, plus que la réduction des déficits publics et le désendettement qui
doit logiquement en découler (cette évolution tarde à se faire sentir y compris
aux Etats-Unis où le Trésor est redevenu émetteur net de bons du Trésor ces
derniers mois, à la fois au titre du soutien à « l’effort de guerre » en Irak et à la
reprise de l’activité8), l’effet d’éviction est en partie résorbé par la moindre
aversion pour le risque des investisseurs attirés par des taux d’intérêt plus
attractifs que les « benchmarks » publics particulièrement bas. Les émissions
de titres « corporate » ont donc repris à un rythme soutenu.
La sous efficience des marchés financiers peut être analysée de 2 points de vue :
- sous efficience allocative ;
- sous efficience informationnelle (asymétries d’informations entre
émetteurs et investisseurs).
8
Cet effet se fait, lui sentir, si l’on en croit les dernières statistiques de croissance US : + 7,2 % en rythme annuel
au troisième semestre 2003 (novembre 2003).
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9
Attention à l’image trompeuse ! Les titres, comme la monnaie, ne quittent jamais leur territoire d’émission. Ce
ne sont que les droits qui circulent (droits acquis par un investisseur japonais sur une entreprise américaine au
travers d’une obligation par exemple). Nous reviendrons sur cette question dans le chapitre 3 sur l’infrastructure
internationale des marchés.
10
DANTHINE J., [2000], “The future of European Banking”, Monitoring European Integration, N°9, CEPR,
Londres.
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Les données disponibles montrent que la part des actifs étrangers dans les
portefeuilles des investisseurs institutionnels reste actuellement inférieur à 11 % aux
Etats-Unis, à 23 % au Japon. Elle atteint en revanche près de 30 % au Royaume-Uni
et aux Pays-Bas.
On constate encore une préférence pour l’habitat national de l’épargne (home bias).
Sans doute en partie la manifestation de la « loi de proximité », bien connue en
sociologie ou encore une manière de gérer l’aléa moral pesant sur les investisseurs
(« The tendency of private equity firms to invest domestically is a reflection of the fact
that it is important for the capital providers to be close to their portfolio companies for
the purpose of monitoring their investments11 »). Le FMI estime ainsi que l’intégration
est réelle dans les prix des actifs qui sont en permanence arbitrés par les opérateurs
(des actifs équivalents seront cotés à l’identique quel que soit le marché sur lequel ils
s’échangent), cette intégration reste limitée lorsque l’on considère les flux
internationaux de capitaux.
En Europe, du moins dans la zone des « pays in », le passage à l’euro a contribué à
changer la donne puisque les gestionnaires institutionnels ne raisonnent désormais
plus par pays (élimination du risque de change) mais par secteur d’activité : d’après
les prévisions de CDC Ixis, on va assister à un fort développement de la demande de
produits pan-européens « in ».
11
Source : Financial market integration in the EU, 2000, p. 152.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Nota : cette section ne sera pas traitée en cours. Les éléments traités ci-après sont
donc en dehors du champ de l’examen. A lire cependant !
12
Le capitalisme patrimonial traduit la montée de l’institutionnalisation de l’épargne (épargne salariale, épargne
retraite) et la sensibilité croissante des épargnants aux marchés et aux performances des entreprises. Les
problèmes de gestion qui ont entaché certaines entreprises ont révélé cette sensibilité croissante et la nécessité de
réfléchir à l’amélioration des dispositifs de gouvernement d’entreprise.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
13
Obligations émises par des entreprises, financières ou non, du secteur privé.
14
Commission européenne, Cross-border clearing and settlement arrangements in the European Union,
Bruxelles, novembre 2001 (www.europa.eu.int).
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
L’euro est devenu une réalité sur les marchés financiers depuis le premier
janvier 1999. Outre la performance technique qu’a représentée la bascule
coordonnée des différents marchés dans une nouvelle monnaie, on a pu souligner
l’effet dynamisant qu’a eu cette introduction sur la perception européenne de la
finance. Les grands gestionnaires de portefeuille jusque là gênés par le risque de
change entre les différentes monnaies, ont très vite découvert que la constitution de
portefeuilles européens présentait de multiples avantages. Aidés par la mise en
place d’indices européens, ils ont cessé de raisonner par pays pour privilégier la
constitution de portefeuilles par secteur. Ce faisant, ils contribuent à accélérer la
mise en place d’un marché financier unique.
Par ailleurs, l’existence d’un marché monétaire unique, sur lequel interviennent les
différentes banques centrales du SEBC, et où s’échangent des volumes
considérables de titres et de liquidités a aussi soulevé rapidement le problème d’une
circulation intra-européenne sécurisée des titres et de la monnaie dans le cadre d’un
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
15
Commission des Communautés Européennes, mai 2002, Les mécanismes de compensation et de règlement-
livraison dans l’union européenne. Principaux problèmes et défis futurs., COM(2002)257, p. 5.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Pour donner corps à ce marché intégré des valeurs mobilières, un certain nombre
d’instances sont mobilisées à l’échelle de l’UE et au-delà puisque la question de
l’intégration des marchés de capitaux, si elle est particulièrement posée en Europe
(l’intégration financière est aujourd’hui une priorité dans l’agenda des réformes
adoptées au Conseil européen de Lisbonne et réaffirmée avec vigueur au Conseil de
Stockholm), s’entend également dans une perspective internationale (voir encadré).
Encadré
- La Commission Européenne : elle est conseillée par un groupe
d’experts dirigé par Alberto Giovannini. Le groupe Giovannini a remis
en Novembre 2001, un rapport initial sur la situation actuelle des
systèmes de compensation et de règlement-livraison en Europe16,
auquel nous ferons référence et doit publier (mi-2002) un nouveau
rapport examinant les évolutions envisageables au niveau de
l’architecture de compensation et de règlement-livraison.
- Le Groupe des 30 (G30). Groupe consultatif constitué au sein de la
FIBV (Fédération Internationale des Bourses de Valeurs), le Groupe
des 30 a publié en 1989, un rapport qui a fait date. Ce groupe a formulé
neuf recommandations qui ont été prises en compte sur la plupart des
places financières internationales (voir encadré N°). Ce groupe prépare
actuellement de nouvelles recommandations en vue de minimiser les
risques et de maximiser l’efficacité dans le fonctionnement des
systèmes de compensation et de règlement-livraison.
- Le SEBC et le Comité Européen des Régulateurs de Valeurs
Mobilières (CERVM) ont crée un groupe conjoint pour examiner
l’adoption de normes communes applicables par les organismes de
compensation et de règlement-livraison d’Europe s’inspirant des
travaux du CSPR et de l’OICV.
- La BRI (Banque des Règlements internationaux) est un acteur
important via le CSPR (Comité sur les Systèmes de Paiement et de
Règlement), un groupe consultatif du G10. La BRI a publié plusieurs
rapports sur l’architecture des systèmes de paiement et de règlement
16
Groupe Giovannini, Rapport sur les mécanismes transfrontaliers de compensation et de règlement-livraison
dans l’Union Européenne, Novembre 2001, Economic Paper n°163, disponible en anglais sur
http://europa.eu.int/comm/economy_finance/giovannini/clearing_settlement.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
17
European Commission, Financial market integration in the EU, p.136.
18
loc.cit., p 136
19
BRI, 2001, 71è rapport annuel.
20
Repurchase Agreement. Il s’agit d’opérations de prêts – emprunts de titres.
21
Voir infra.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
22
Fixed income markets.
23
En 2001, les émissions internationales étaient libellées pour 51 % en USD et 39 % en EUR. Source :
Commission européenne, 2002, loc.cit., p. 138.
24
Source : commission européenne, 2002, id., p. 138.
25
Ibid., p. 138
26
Voir par exemple le rapport trimestriel de la BRI, mars 2002, Activité bancaire et financière internationale, p.
27.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
de la structure financière de la zone euro vers une plus grande titrisation27. L’euro a
exercé une attirance particulière sur les emprunteurs du secteur privé de la zone et
hors zone. Outre les banques qui ont fortement accru leurs émissions, notamment
par la consolidation ou la mise en place de marchés d’obligations hypothécaires sur
le modèle des Pfandbriefe allemands28, les entreprises non financières ont vu aussi
leur part largement augmenter. Parmi elles, les sociétés de télécommunication ont
fait un usage intensif voire excessif des marchés obligataires pour financer leurs
fusions acquisitions et l’acquisition des licences UMTS. L’année 2002 a été marquée
par de sévères corrections boursières provoquées en partie par un niveau
d’endettement inquiétant. L’urgence du désendettement pour un certain nombre
d’entreprises risque toutefois de porter ombrage au développement du marché des
titres de la dette privée.
On peut néanmoins envisager que la croissance des titres de la dette privée
compensera la stagnation sinon la baisse attendue de la dette publique (hors
intégration de nouveaux pays dans la zone européenne), ne serait-ce que par l’effet
d’optique que provoquera en tendance le caractère plus étroit du marché des dettes
souveraines. Le développement et la modernisation du marché obligataire, la
réduction du poids des institutions publiques et l’élargissement de la base d’épargne
doivent favoriser l’émergence d’un marché plus adapté au financement des
entreprises, y compris de celles dont la notation est moins bonne. La tendance
observée au cours de ces dernières années d’un relatif retour au financement par
l’endettement au détriment du financement par l’émission d’action (du fait notamment
des exigences en termes de ROE des actionnaires), favorise clairement un
endettement de type obligataire, seul susceptible d’apporter des financements de
marché sans soumettre l’entreprise au dictat du retour sur investissement exigé par
les grands fonds de pension pour assurer le financement des retraites à partir de
2005. Les obligations à haut rendement (high yield bonds) s’adressent ainsi à une
27
Bulletin mensuel de la BCE janvier 2000
28
A Pfandbrief security is a collateralized bond backed by either mortgage loans or loans to the public sector.
Originated in Germany, it is now spreading throughout Europe. The most important difference to traditional
asset-backed securities is that Pfandbriefe carry no prepayment risk since they remain on the balance sheet of
the issuing institution. In general, Pfandbriefe are highly rated and show relatively small spreads to the
government benchmark bond. Les obligations hypothécaires commencent à se faire une place significative sur le
marché obligataire européen : l’écart croissant de rémunération avec les titres de la dette souveraine, leur
notation très favorable par les agences de rating du fait de leur faible niveau de risque sont les facteurs
déterminants qui ont contribué à leur développement. A cela, il faut ajouter que le processus (quoique lent) de
raréfaction de la dette publique souveraine joue en faveur de ces titres appelés peut-être à prendre leur relais en
tant que benchmark.
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Comme sur les autres marchés d’actifs, la pression pour l’intégration des marchés
actions en Europe s’est intensifiée depuis l’introduction de l’euro. Il est toutefois plus
difficile en l’espèce d’isoler un « effet euro ». Même si l’élimination du risque de
change a incontestablement stimulé la demande pour des investissements
transfrontaliers, il convient de relever en effet que cette attente déborde largement
des frontières de l’UE.
Il reste que l’euro exerce une force propice à l’intégration des marchés comme en
témoigne la forte co-variation que l’on peut observer dans toutes les chroniques des
prix des actions sur l’ensemble des marchés. Ainsi que le souligne la Commission
européenne29 : « This would suggest a change in investor behavior away from
country-based investments and toward sector-based investments, with divergence in
the evolution of indices explained mainly by differences in composition ». La zone
monétaire européenne marque un tournant décisif à l’accomplissement d’une zone
financière intégrée.
3.1) Théorie des zones monétaires optimales et unicité du marché
financier
Il est généralement admis que l’Europe ne remplit pas les critères nécessaires pour
être considérée comme une zone monétaire optimale (ZMO). En effet, que l’on se
réfère au critères de Mundell– la mobilité des facteurs (notamment la main-d’œuvre ),
de MC Kinnon , le degré d’ouverture des économies ou de Kenen– la diversité des
productions – , on ne retrouve pas pleinement les conditions d’une ZMO dans la
zone euro 12, sauf, en ce qui concerne le degré d’ouverture. Frankel et Rose ont
cependant montré que les unions douanières ont entraîné de fortes progressions des
échanges commerciaux entre les pays membres. L’appartenance à une union
29
Commission Européenne, 2002, Financial market integration in the EU, p.142.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
30
Les auteurs travaillent en fait sur la dollarisation, C'est-à-dire l’ancrage d’une monnaie à celle d’un autre pays.
Dans le cas de l’Union monétaire il existe une banque centrale commune, ce qui n’est pas le cas de la
dollarisation. Cependant, cela n’a pas d’impact direct sur l’effet décrit
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trésoriers d’entreprise de la zone. A partir d’un certain seuil d’utilisation, les frais de
couverture des avoirs et engagements extérieurs seraient de plus en plus supporté
par les contreparties, ce qui renforcerait la compétitivité des entreprises
européennes. Dans le secteur financier, les avantages microéconomiques pourraient
être principalement liés à l’amélioration générale de la compétitivité des grandes
banques de la zone euro opérant à l’échelle internationale. Elles joueraient un rôle
essentiel dans l’acheminement des liquidités en euro dans la mesure où, en tant que
participantes au marché monétaire européen, elles disposent d’un accès privilégié à
cette liquidité. Parallèlement, un rôle prépondérant de l’euro sur le marché obligataire
donnerait aux grandes institutions aussi un rôle important sur les marchés financiers.
Enfin, les besoins des non résidents en monnaie européenne améliorerait la situation
du financement privé du système bancaire européen, qui recevrait les dépôts
correspondants.
Il existe cependant aussi des coûts et des risques liés à l’internationalisation :
En ce qui concerne le système bancaire, la multiplication de la détention, à l’étranger,
de dépôts à court terme libellés en euro comporterait des inconvénients. Lors de
brusques changements d’anticipation des taux de change entre les principales
devises internationales, les investisseurs pourraient retirer rapidement ces avoirs
liquides à court terme, si bien le secteur bancaire pourrait être davantage exposé aux
chocs de liquidité, s’il était fortement impliqué dans un processus de transformation.
D’autres coûts ou risques microéconomiques sont liés à l’accroissement éventuel de
l’instabilité des prix des actifs, résultant du rôle croissant de l’euro au niveau
international. En particulier, l’utilisation croissante de l’euro en tant que monnaie de
placement pourrait aller de pair avec des modifications plus prononcées de la
composition des portefeuilles des investisseurs internationaux, lorsque les
incertitudes augmentent ou que les anticipations changent.
31
Nous avons vu que d’un point de vue allocatif, il n’en n’est pas de même (cf la persistance du « biais
domestique »). Nous verrons également dans le chapitre 3 que l’espace financier international est également
imparfaitement intégré du fait de l’absence, ou du moins de l’insuffisance, d’une infrastructure financière
intégrée à l’échelle internationale.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
S’agissant des taux longs, deux grandes familles de titres sont à considérer :
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Evolution « en pente douce » (mais le trend reste très incertain) des indices
boursiers mondiaux (MSCI Monde par exemple) et des principaux indices nationaux
(Dow Jones, DAX allemand, CAC, Nikkei, TOPIX) ou supra-nationaux (Euro-stoxx 50
en Europe) depuis mars 2003.
La faiblesse des marchés actions a contribué à ralentir les émissions d’actions
sur les marchés (schéma 4 du bas) : le trend est clairement baissier tant sur les
introductions que sur les augmentations de capital. Les entreprises ont ralenti leurs
opérations de financement par émission de titres (cf supra) et lorsqu’elles ont fait
appel au marché primaire, elles se sont surtout portées sur les titres de dette
(obligations, euro-bonds et commercial paper).
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
C/ Le marché bancaire
Rappel : une banque est considérée, de manière quelque peu arbitraire, comme
internationale lorsque plus de 30 % de son bilan est liée à un poste international (prêt
/emprunt en devises, titres émis/acquis en monnaie locale sur un marché étranger,
postes en eurodevises).
Banque (hors fonds propres)
(Postes liés à l’international)
Prêts Dépôts
interbancaires en interbancaires en
devises ou en monnaie locale
monnaie locale à par une banque
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Postes interbancaires :
32
Cf chapitre 3 sur la nouvelle chambre de compensation CLS qui constitue une première dans l’histoire
mondiale du marché des changes. CLS constitue en effet une véritable infrastructure internationale des
paiements.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
33
BRI, rapport trimestriel, juin 2003.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
terme au moment où ceux des obligations d’Etat étaient à des niveaux très
faibles.
A noter la forte progression des créances sur les banques chinoises. Les ¾ de
la progression des créances sur la Chine sont imputables aux banques
américaines et britanniques au titre d’opérations de REPOS (pensions). Les
banques chinoises financent en effet prioritairement leurs prêts en devises par
des opérations de cessions temporaires (plus qu’en ayant recours au marché
interbancaire).
L’importance du poste interbancaire est une constante de l’activité des
banques. Généralement, lorsque ce poste gonfle, c’est le signe d’un repli de
l’intermédiation financière (financement des agents non financiers) en creux
de cycle économique (conjoncture mauvaise ou incertaine). En revanche, le
repli des postes interbancaires est souvent le signe d’une reprise de l’octroi de
crédits aux agents non financiers et d’une diminution des primes de risque
(amélioration des indicateurs conjoncturels). Actuellement (novembre 2003),
l’importance des postes interbancaires est clairement le signe d’une baisse
des crédits accordés aux agents non financiers du secteur privé (cf infra prêts
aux ANF).
- Dépôts des agents non financiers : traditionnellement, ces dépôts d’épargne
consistent dans le « recyclage » de l’épargne en provenance d’économies
émergentes (vers les EU et l’UE) et des pays exportateurs de pétrole. Il s’agit
de dépôts particulièrement volatiles et sensibles au facteur politique. Fin 2001,
les dépôts effectués auprès des banques américaines et européennes ont
baissé du fait de rapatriements massifs opérés par les pays exportateurs de
pétrole (67,3 Mds d’USD pour l’Arabie Saoudite et – 3,2 Mds d’USD pour
l’Iran. La montée des risques politiques a été le facteur explicatif de ces
retraits. En 2003, le fait le plus notable est la poussée des dépôts effectués
par les banques russes (en USD et en EUR) auprès des banques américaines
et européennes (+ 5,5 Mds USD), particulièrement allemandes et françaises.
Prêts transfrontaliers
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
II. La formation des taux d’intérêt : le contenu informatif des taux d’intérêt sur
les marchés internationaux
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
r= r’ + Π
avec r = taux d’intérêt nominal
r’ = taux d’intérêt réel
Π = prime d’inflation anticipée
En quoi la relation de Fisher peut-elle être explicative des taux d’intérêt à venir ?
obligation pour une certaine échéance, ils effectuent une anticipation d’inflation sur la
même durée et en déduisent le rendement réel.
Le taux réel n’est donc pas directement observable puisque cela suppose (pour qu’il
le soit) que l’on connaisse avec exactitude l’inflation anticipée par les agents pour
différentes échéances. S’il on déduit du taux d’intérêt nominal, l’inflation
effectivement constatée, on ne mesure qu’un taux réel ex post qui ne peut servir au
mieux que d’estimateur non biaisé du taux réel (si toutefois les anticipations
d’inflation sont correctes).
Pour construire une courbe des taux, il faut donc disposer des anticipations
d’inflation à toutes les échéances pour pouvoir déduire de la courbe des taux
nominaux observés la courbe des taux réels.
(voir formation des taux d’intérêt sur la base des taux d’intérêt courts futurs anticipés
en cours).
La théorie des anticipations affirme l’égalité entre les taux à terme (à toute date, pour
toute échéance) déduits de la courbe des taux (donc observables) et les
anticipations (non observables) formulées par les agents sur ces mêmes taux.
La plupart de ces études s’appuyant sur (1) ou des variantes se heurte au problème
de la non stationnarité du taux court. Cette propriété de la série temporelle du taux
signifie intuitivement que sur de nombreuses périodes de temps, les mouvements du
taux court indiquent clairement un trend (haussier ou baissier). L’existence de ce
trend est problématique dans la mise en œuvre de ces tests.
Conséquence : les résultats décevants des tests montrent que la théorie des
anticipations ne peut être validée sous sa forme « naïve » (1) ou sous une forme
proche.
Les agents économiques ne modifient pas l’équilibre des taux d’intérêt en
s’engageant dans des opérations spéculatives de long terme en finançant par
exemple une obligation à taux fixe à 10 ans avec du TJJ. Il faut donc surtout replacer
la théorie des anticipations dans le cadre d’anticipations et d’arbitrages de courte
période.
Ce qui explique en partie le rejet statistique du modèle des anticipations est la
variation de la prime de terme (qui ramasse à elle seule toutes les primes de risque
liées à l’incertitude liée au temps).
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
La théorie est valide surtout sur le court terme (auquel cas la modélisation donne de
bons résultats). Cela tient à deux raisons :
1. Il y a de fait une défiance des agents à l’égard de leurs anticipations. Cette
incertitude est liée aux caractéristiques des processus productifs réels, à
l’existence de chocs aléatoires qui peuvent affecter la technologie disponible,
ou générer des chocs d’offre etc… Tous ces chocs se transmettent aux taux
d’intérêt ;
2. La défiance est également générée de manière endogène par le système
financier lui même.
L’intégration croissante des marchés de taux d’intérêt des grands pays industrialisés
permet d’expliquer une part importante de la dynamique des taux, de manière
concurrente avec la théorie des anticipations appliquée uniquement dans un cadre
national.
Pour de SERVIGNY (99), par exemple, la politique monétaire américaine s’est
resserrée en 94 alors qu’elle restait largement accommodante au Japon et en
Allemagne. Pourtant les taux longs des 3 pays ont évolué parallèlement. Comment
expliquer cette évolution sinon en émettant l’hypothèse que les facteurs
internationaux l’emportent (désormais ?) sur les déterminants théoriques
nationaux ?.
La BRI a mené un certain nombre d’études à partir de cette interrogation : SUTTON
(97) applique un test fondé sur l’idée de volatilité excessive par rapport à ce que
prédisent les modèles ou plus exactement sur la notion de co-mouvement excessif
entre séries.
Quels sont les résultats de cette étude ?
Pour les 5 pays testés (EU, Allemagne, Japon, RU, Canada), les co-mouvements
des taux longs entre pays sont excessifs par rapport à ce que pouvaient permettre de
prévoir les corrélations entre taux courts. Ces résultats valident l’idée du rôle
essentiel joué par les facteurs internationaux dans la dynamique des taux.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
On peut citer également les travaux de SHILLER (91) et FROOT (89) pour lesquels
l’ « échec » des anticipations rationnelles en matière de taux d’intérêt provient de la
« sur-réaction » de la prime de terme. Selon ces approches, les taux longs on
tendance à surréagir aux modifications d’anticipation des taux courts. La prime de
terme est extrêmement volatile, peut-être d’ailleurs l’est-elle plus aujourd’hui que les
mouvements de capitaux internationaux se développent…les incertitudes avec.
SUTTON a étudié, sur une période de 10 ans, sur les mêmes pays (EU, Canada,
RU, Allemagne, Japon) les taux à 3 mois et les taux à 10 ans. L’idée de ce travail est
d’examiner si une composante internationale peut contribuer à expliquer l’hypothèse
de surréaction.
SUTTON a mené principalement deux tests :
2. le second test mesure l’écart entre prime de terme réelle et prime de terme
théorique. Une corrélation positive apparaît ce qui valide l’idée de co-
mouvement.
Par ailleurs, une étude de BORIO et Mc CAULEY (96), insiste sur les phénomènes
de contagion (spillovers) ainsi que sur l’influence importante des désinvestissements
des institutionnels étrangers sur un marché. Les phénomènes de contagion émanent
surtout de New-York et également (mais dans une moindre mesure de Londres).
En Allemagne, en Italie et en France, un certain nombre de tests ont montré que ces
marchés étaient sensibles à un retrait rapide des investisseurs étrangers (ce qui se
traduit en particulier par un accroissement de la volatilité).
Les primes de terme sont un condensé d’informations sur les risques et notamment
le risque d’inflation. FAMA et MISHKIN ont ainsi mis en évidence que ces primes de
terme contiennent de l’inflation future (test réalisé sur l’économie US). Des études
similaires menées par JORION et MISHKIN parviennent à la même conclusion pour
es pays comme l’Allemagne, la Suisse et le Royaume-Unis.
Pour certains auteurs (BERNANKE, 90, ESTRELLA et MISHKIN, 95 par exemple), la
prime de terme contient également de l’information sur l’activité réelle future.
ESTRELLA et MISHKIN ont ainsi mis en évidence, à partir d’une étude portant sur 8
pays que la prime de terme a la capacité d’indiquer une récession entre 6 à 8
semaines à l’avance.
Un certain nombre d’études de la BRI attestent également de la capacité de la
courbe des taux à annoncer des récessions et également du renforcement des
corrélations entre marchés de taux longs nationaux.
1. que le prix d'un actif financier tend vers sa valeur théorique mais de
plus ou moins près selon la qualité du marché (et c'est par rapport à ce
mécanisme que se situent les techniques de gestion de portefeuille).
2. que la valeur théorique d'un actif financier est égale à la valeur
actualisée des revenus futurs qu'il est susceptible de générer.
P* = ∑(Rt/(1 + i)t)
Les termes autorégressifs sont trop faibles pour procurer un gain systématique
supérieur aux coûts de transaction. Les termes autorégressifs sont significatifs quand
ils sont estimés sur des séries quotidiennes, mais ne le sont plus pour des données
de périodicité plus longues.
Le prix tient compte de tout le futur prévisible. Il ne peut être modifié que par des
faits imprévisibles (cf trajectoire d’une balle : la balistique permet de déterminer la
trajectoire et le point d’impact au moment où la balle est frappée mais ne permet pas
de prévoir une rafale de vent éventuelle).
On a donc P0* = ∑Rt/(1+it)t
c/ la forme forte : les cours incluent tous les éléments avérés à l’instant t et
susceptibles d’avoir une influence sur l’évolution future des bénéfices y compris ceux
qui n’ont pas encore été rendus publics.
Sur un tel marché, même une info confidentielle est intégrée dans le prix du
titre et sa publication ne devrait pas avoir d’influence sur le cours. Tout
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Remarques :
R1 La théorie de la marche au hasard est une des principales conséquences de
l’efficience (quelle que soit la forme de l’efficience).
Impossible de prévoir l’évolution du prix d’un actif lorsque le marché est
efficient puisque tout ce qui peut être prévu est déjà dans la valeur théorique et
donc dans le cours. Cette impossibilité de la prévision n’est pas dû à la
difficulté de l’exercice ou aux limites du travail du prévisionniste. Il y a
impossibilité théorique. Pas d’erreur systématique de prévision.
Dans l’auto-régression Pt = a1Pt-1+ a2Pt-2 +…. +Et , il n’y a aucune info exploitable
dans Et qui suit un bruit blanc (valeur moyenne de la composante non anticipée
du rendement de l’actif est nulle).
Si le marché des AF est efficient, le prix d'équilibre qui s'y forme suit une marche
aléatoire.
Rappel : une marche au hasard est définie par :
St = St-1 + Et où Et est un bruit blanc qui vérifie donc les propriétés suivantes :
E(Et) = 0 ∀ t
σ (t) = σ (constante)
La valeur courante St est donnée par sa valeur de la période précédente St-1, à
laquelle s'ajoute une composante imprévisible Et. La meilleure anticipation possible
de St + 1, compte tenu de l'information disponible à la période précédente, est alors St.
E(St+1/St, St-1,…) = Et(St+1) = St
Si la dynamique du prix suit une marche aléatoire, ses fluctuations ne peuvent
jamais être systématiques ou répétitives. Les prévisions dans ce cas ne sauraient
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
être établies à partir des techniques graphiques fondées sur une certaine régularité
dans les évolutions des prix, telles que l'analyse chartiste ou graphique.
A la limite, "l'os du Caribou" (cf cours) est aussi fiable…
Cette impossibilité théorique ne signifie pas non plus que la prévision économique
est impossible. Au contraire, c’est parce qu’elle est réalisable que les revenus de
l’entreprise peuvent être anticipés, que le prix du titre peut les intégrer et qu’il n’est
donc pas possible de connaître l’évolution future de celle-ci.
D’une certaine manière, un marché est efficient si la meilleure prévision
du prix de l’actif de demain correspond à son prix d’aujourd’hui (prévision
naïve) : Yt (t+1) = Yt
prévoit « un taux d’intérêt quelconque que l’on accepte avec une foi suffisante en ses
chances de durer, durera effectivement ».
En ce sens, toute idée lancée sur les marchés relative à la direction qu’ils vont
prendre peut créer un effet de résonance et se traduire par une hausse tant que les
marchés la reprennent à leur compte.
indices boursiers, d’où ces fonds indiciels composés des mêmes titres que l’indice de
référence choisi). Les derniers produits en date sont les Trackers (fonds indiciels
négociables en Bourse).
Rappel : la gestion indicielle s’est développée particulièrement ces dernières années,
notamment pour l’épargne longue (type fonds de pension). Les gestionnaires de
fonds y trouvent un double intérêt (cf chapitre 1).:
- moindres coûts de transaction (pas de réallocation en permanence de la
composition des portefeuilles ;
- pas de sanction en cas de contre-performance des portefeuilles dès lors que les
indices de référence sont baissiers ;
Remarque : dans la mesure où les marchés ne sont pas parfaitement à l’efficience,
une gestion active (ou gestion quantitative) est possible et s’est même développée
ces 10 dernières années) notamment sur le court terme.
La gestion quantitative repose principalement sur deux démarches :
- démarche descendante (top down)
- démarche ascendante (bottom up ou stock picking)
- La démarche ascendante (bottom up) consiste à faire choisir les actions mises en
portefeuille par un ordinateur. La démarche est fondée sur l'hypothèse que les
variations de cours sont en retard par rapport aux faits imprévisibles qui les
provoquent. Le modèle sous-jacent calcule l'incidence que devrait avoir les
différentes informations sur le prix de certains titres et compare le résultat de ces
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
calculs avec les cours observés. Il en résulte des conseils d'achat ou de vente
pour des actions qui n'ont pas encore réalisé toute la hausse ou la baisse
attendue.
Cette gestion quantitative s'est considérablement développée depuis une dizaine
d'années dans un contexte de concurrence accrue entre grands gestionnaires. Elle
constitue en tout état de cause un défi à l’hypothèse d’efficience des marchés.
implantation des banques locales sur les marchés nationaux (et le faible degré
de contestabilité du marché bancaire traditionnel).
- Sur le marché, la relation entre un emprunteur et un investisseur est
également incertaine. Malgré l’apport d’informations apporté par les agences
de rating, les AI demeurent toujours plus difficiles à traiter dès lors que la
relation entre émetteur et investisseur est « crossborder ». Le développement
d’intermédiaires de gestion de l’épargne (fonds de pension) peut permettre de
traiter ces AI : on peut supposer qu’à limage des banques, les investisseurs
institutionnels ont un meilleur accès à l’information que les investisseurs
isolés.
- manque d’informations sur les positions prises globalement par les intervenants
et qui permettraient de se renseigner sur les fondamentaux financiers et
l’apparition de comportements moutonniers ;
- manque d’informations sur les valeurs des actifs en liaison avec les
fondamentaux économiques. Il n’existe pas d’affichage des prix anticipés par les
marchés. Le marché cote uniquement les anticipations de volatilités (volatilités
implicites contenues dans les prix d’options par exemple).
Compléments d’infos sur le traitement des AI : l’histoire financière récente peut être
analysée à la lumière de la recherche de la transparence et d’un meilleur traitement
de l’information à l’adresse des investisseurs.
Voir :
- instauration de normes internationales comptables IAS (harmonisation du
reporting financier et d’une « grammaire commune »);
- loi Sarbanes-Oxley (voir supra chapitre 1) ;
- loi de sécurité financière (votée en juillet 2003 en France). Le texte a le même
objectif que la loi Sarbanes-Oxley adoptée aux USA, à savoir rétablir la confiance
des épargnants dans les marchés financiers. Pour y parvenir, trois grands axes
ont été suivis : renforcement et amélioration du contrôle des acteurs du marché ;
amélioration de la sécurité des épargnants et des assurés ; modernisation et
renforcement de la vérification des comptes des entreprises ;
- projet de directive européenne sur l’harmonisation des obligations de
transparence concernant l’information délivrée par les émetteurs de titres.
L’objectif de cette directive est de renforcer la confiance des investisseurs dans la
situation financière des émetteurs en améliorant la transparence des sociétés
faisant appel public à l’épargne.
- Projet de directive sur le vote électronique à distance en complément du vote par
procuration (proxy voting).
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
34
Cf cours de Relations Monétaires Internationales de licence. Voir également ALLEGRET, JP et COURBIS B,
2003, cité en bibliographie.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
- les émetteurs de titres, pour leur part, désirent accéder à des marchés plus
profonds et liquides facilitant les levées de capitaux.
L’efficience allocative des marchés doit permettre une « circulation » des titres
dans des conditions de sécurité absolues, au moindre coût et dans des délais de
plus en plus réduits. Or aujourd’hui, si les systèmes financiers nationaux permettent
une « circulation efficiente » des actifs financiers, il n’en est pas de même à l’échelle
internationale, et, plus étonnant dans un espace monétaire unique, à l’échelle
européenne. Toutes les attentes des utilisateurs des marchés ne pourront être
remplies que si les systèmes parviennent à former un réseau intégré et efficace.
On constate en effet que pour les transactions transfrontalières, les suspens
(opérations non dénouées ou dénouées tardivement) sont très nombreux et freinent
sans doute considérablement la circulation internationale des titres. On estime à plus
de 20 % les suspens sur les transactions internationales de titres là où le taux de
dénouement des opérations domestiques dans un pays comme la France s’élève
aujourd’hui à plus de 99 %. L’acheminement des actifs financiers est à la fois plus
risqué, plus coûteux et plus lent parce que les marchés reposent sur des bases
logistiques, des systèmes nationaux, héritages d’une organisation nationale des
marchés (« un pays, une bourse »).
A l’échelle de l’UE, l’un des enjeux du marché européen du titre repose sur la
constitution d’une infrastructure financière européenne permettant une rencontre
performante et sécurisée entre émetteurs de titres et investisseurs (marché primaire)
et entre de multiples investisseurs successifs (marché secondaire). Dans son
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
35
Jean MATHIS, 2000, Marchés internationaux de capitaux., Economica, p.139
36
Cette section n’a pas été commentée explicitement en cours. En gros, il convient de retenir que seul le marché
interbancaire est véritablement intégré (autour d’une référence commune : EONIA). En revanche, dès lors qu’on
touche à des maturités plus longues (marché monétaire des TCN et marché obligataire) et donc aux titres, le
marché apparaît plus imparfaitement intégré car les titres ne « circulent » pas aussi facilement à l’échelle de la
zone euro qu’à l’échelle domestique. Concrètement, cela signifie qu’il n’est toujours pas équivalent pour un
investisseur espagnol par exemple, de souscrire à une obligation du Trésor Français, allemand (titre
« crossborder ») qu’à un titre espagnol (même si les taux convergent très nettement depuis le passage à l’euro).
L’existence de coûts de transaction (coûts de négociation, de compensation et de règlement-livraison) constitue
encore un frein à la constitution d’une épargne européenne.
37
The Giovannini Group, novembre 2001, Cross-border clearing and settlement arrangements in the European
Union, Bruxelles.
38
The Giovannini Group, Second report on EU clearing and settlement arrangements, Bruxelles, avril 2003.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
paiement ont dû considérablement évoluer par la mise en place des RTGS pour
contenir les risques systémiques et par l’adoption des normes Lamfallussy pour les
systèmes nets. A l’échelle internationale, CLS Bank s’est rapidement imposée
comme système de compensation et de paiement (articulé avec les RTGS
nationaux) sur le marché des changes. CLS est bien plus qu’une innovation de
process dans le traitement des opérations de changes. A la différence du
correspondant banking, CLS constitue en effet une véritable infrastructure
internationale intégrée pour les paiements internationaux.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
39
Le rapport trimestriel de la BRI présente désormais pour chacune de ses parutions d’un encart intitulé
« Initiatives et rapports concernant les marchés financiers et leur infrastructure ».
40
Robert C., MERTON, 1998, La finance sans frontière, Economica, p.309
41
Voir également ADHIKARI et OH, 2000, « Les réformes du secteur bancaire : perspectives de reprise
économique et stratégies » in ADHIKARI et HIEMENZ, OCDE, Vers la stabilité financière en Asie.
42
On trouve une définition similaire de l’infrastructure des marchés dans le rapport Giovannini (voir
bibliographie indicative du cours) qui constitue une des pistes de réflexion les plus abouties sur le rôle des
infrastructures de marché dans la problématique de la construction d’un marché financier européen intégré :
« The financial industry contributes to efficient allocation of capital and risk in an economy and it is a
fundamental infrastructure that permits other economic activities to function and developp efficiently. This
infrsytcuture needs in turn another infrastructure, both physical and non-physical, in order to function properly.
The latter includes financial market rules and regulations, a payments system, and a system to permit the
exchange of financial assets ».
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
• échange
(transaction)
Systèmes de
compensation
(novation) financiers
Systèmes de
• Optimisation
règlement-
des
livraison
échanges
(netting)
• Dénouement
en compte
• Conservation
Remarque :
Ces infrastructures offrent des services gratuits ou le plus souvent payants, ; elles
disposent d’un statut public ou privé, de financements publics et/ou privés43. Comme
dans d’autres domaines, les infrastructures financières ont été progressivement
transférées de la sphère non marchande (citons par exemple les bourses qui ont eu
jusqu’à une période récente, y compris aux Etats-Unis, un statut de type coopératif
ou encore le cas des agents de change, officiers ministériels, ou encore celui des
dépositaires centraux, définis par leur fonction de type notariale comme garants de la
conservation des titres) à la sphère marchande (bourses cotées en bourse,
« entreprises de marché » soumises à une vive concurrence, fin du monopole
d’accès à la négociation des sociétés de bourse, remise en cause des « monopoles
naturels » des dépositaires centraux).
Les infrastructures ont par ailleurs ont un statut ambivalent à la fois intrant
intermédiaire, participant au processus de production des autres secteurs
(susceptible par conséquent d’accroître la productivité des facteurs) et « bien de
consommation », bénéficiant directement aux utilisateurs finals44. Les infrastructures
financières constituent une base logistique nécessaire aux échanges de titres et
simultanément, bénéficient aux utilisateurs des marchés, banques et entreprises
d’investissement, qui y ont recours pour compte propre ou pour le compte de leur
clientèle (fonds, clients particuliers, OPCVM…).
Elles sont enfin le plus souvent des biens collectifs, caractérisés par la non-
exclusion et la non-rivalité45 ou des biens de club, exclusifs mais non-rivaux, porteurs
d’externalités tant positives que négatives. Dans le domaine financier, les
infrastructures financières renvoient plutôt à la deuxième catégorie, celle de biens de
club.
Les marchés constituent des biens réseaux proposant un ensemble réticulaire de
transmission des ordres, de cotation et de paiement-livraison. En tant que biens
43
P THALMAN, 1997, « Le financement des grandes infrastructures : comment faire participer le secteur
privé ? » in Revue économique, Vol.4, n°2.
44
Henri-François HENNER, « L’impact des investissements d’infrastructure dans les économies en
développement » in Jean BROT, Hubert GERARDIN, (Dir.), 2001, Infrastructure et développement,
L’Harmattan, p.41.
45
Rappel : un bien est rival lorsque sa consommation par un agent réduit les possibilités des autres agents. Un
bien est exclusif lorsqu’il est possible d’empêcher un agent de le consommer. Les biens collectifs purs sont non
rivaux et non exclusifs alors que les biens privés purs sont rivaux et exclusifs. Les biens de club présentent la
caractéristique d’être exclusifs mais non rivaux (autoroute à péage par exemple).
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
réseaux, ils font jouer des externalités fortes : un participant bénéficie de la hausse
du nombre de points d’accès au marché et du nombre de participants. La
conséquence est qu’il y a un coût marginal décroissant avec la quantité offerte : les
participants ont intérêt à s’unir sur un système pour en abaisser le coût (masse
critique). Par ailleurs, pour faire face à de potentiels nouveaux entrants, ils ont intérêt
à coaliser avec d’autres marchés.
L’organisation d’ensemble des marchés financiers dans le monde s'appuie sur cet
ensemble de systèmes et d’acteurs chargés de l'organisation de l'émission, de la
circulation des actifs financiers dans une communauté financière (à l'image du
système bancaire chargé de l'émission et de la circulation des actifs monétaires dans
une communauté de paiements donnée) pour le compte d’intermédiaires de marché.
Il est important de distinguer ces deux niveaux.
1/ Les intermédiaires de marché, utilisateurs des infrastructures de marché
Les intermédiaires de marché sont compétents sur les services
d’investissement (négociation, placement, routage des ordres…) et les services
« auxiliaires46 » (compensation, tenue de comptes-titres conservation). Ils assurent
pour compte propre ou pour compte de tiers (investisseurs institutionnels,
investisseurs particuliers, autres banques, entreprises), la circulation des actifs
financiers, depuis la négociation jusqu'à leur garde en passant par la compensation
et le règlement-livraison. Les intermédiaires de marché assurent la gestion logistique
(flux et stocks) pour le compte d’une clientèle d’ investisseurs ou pour le compte
d'autres banques (en cas d'externalisation de certaines activités). Pour assurer cette
gestion, ils utilisent les infrastructures mises en place par les intermédiaires de place,
lorsqu’ils interviennent sur un marché organisé ou leurs propres infrastructures
lorsqu’ils réalisent des opérations de gré à gré ou interviennent en dehors des plages
d’ouverture des marchés. Si l’on considère une opération simple d’achat/vente de
titres sur un marché boursier, on pourra observer que l’intermédiaire auquel le client
final s’est adressé (banque ou la société de bourse) ne se contente pas de collecter
un ordre et de le « passer » sur le marché. Il doit acheter le titre, le présenter dans
une chambre de compensation avant de régler l’opération, c’est-à-dire de le livrer à
l’acheteur et de procéder aux opérations nécessaires au paiement du vendeur. Une
46
Services connexes au sens de la Directive sur les Services d’Investissement en Europe.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Compensateur C
Teneur de compte-conservateur D
En prenant en charge ces tâches, la banque exerce au total plusieurs métiers : celui
de négociateur (trader), celui de compensateur (clearer) et celui de teneur de
compte-conservateur (custodian).
2/ Les "intermédiaires de place", fournisseurs des infrastructures
Les intermédiaires de place sont en charge des infrastructures de marché. Ce
faisant, ils assurent les fonctions centralisatrices des marchés sur les 3 pôles de
47
Cette fonction de conservation, purement métaphorique depuis que les titres papier (titres qualifiés de vifs) ont
fait l’objet d’une dématérialisation (en 1984 pour la France).
48
Sans compter l’aspect monétaire de l’opération, c’est-à-dire les établissements bancaires teneurs de comptes
espèces.
49
Il en découle « naturellement » un risque opérationnel plus important. L’importance de ce risque ne manque
pas de constituer un obstacle à l’intégration des marchés de capitaux à l’échelle internationale et, plus
étroitement, à l’intégration du marché financier européen.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
50
La compensation n’est pas systématique. En effet, la transaction sur actifs financiers peut-être directement
dénouée dans un système de règlement-livraison. En Allemagne par exemple, il n’existai pas jusqu’en mars 2003
de chambre de compensation sur titres (la seule chambre de compensation sur actifs financiers existait sur le
marché dérivé Eurex). Les marchés de gré à gré, n’ont, traditionnellement pas, de chambre de compensation.
Toutefois, la tendance est au développement du clearing sur la plupart des marchés organisés d’actions et
également sur les marchés OTC (Repo Clear, Swap Clear). Mémo : le REPO désigne les prêts / emprunts de
titres entre banques à l’échelle nationale comme à l’échelle internationale.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Nota : une précision sera apportée en cours sur les ICSD (International Central
Securities Depositories).
Schéma – Le parallèle Monnaie / Titres et le positionnement des
dépositaires centraux
MONNAIE TITRES
2 - Dans la mesure où les banques peuvent prêter les fonds qu’elles gèrent pour le
compte de leurs déposants, elles ne sont pas tenues de re-déposer la totalité de ces
fonds auprès de la Banque Centrale. Seule une partie infirme l’est au titre des
réserves obligatoires. En revanche, pour les titres, il y a une stricte concordance
entre le nombre de titres conservés et celui qu’elles re-déposent auprès du
conservateur central. Il n’y a pas de place pour un multiplicateur de création de titres
par conséquent.
L’autre différence entre les titres et les espèces est que les titres ont une vie
beaucoup plus mouvementée que les espèces. En effet, ces dernières, au mieux,
rapportent un taux d’intérêt correspondant aux caractéristiques du compte sur lequel
51
Les comptes-titres n’appartiennent donc pas au bilan de la banque, pas plus qu’au hors bilan d’ailleurs à
l’instar des produits dérivés : ils relèvent d’une «comptabilité matière». D’un point de vue économique, les
activités liées à l’insertion sur titres, dont la conservation, sont rémunérées sur la base de commissions et non
d’une marge d’intermédiation.
52
L’ex SICOVAM est à l’origine du cahier des charges du teneur de compte conservateur. Ce cahier des charge
stipule le principe de la ségrégation des comptes titres interdisant le tirage sur la masse i.e. l’utilisation de titres
déposés par la clientèle dans le cadre d’opérations pour compte propre, et par conséquent sécurise les
investisseurs déposants.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
elles sont déposées. Les titres quant à eux peuvent faire l’objet de versement de
dividendes, d’attributions gratuites etc. C’est ce que l’on appelle des OST (les
opérations sur titres) dont la gestion et le suivi sont aussi du ressort des back offices.
Ils peuvent aussi, et de plus en plus, faire l’objet de nantissement, de prêts, de
spéculation (en cas de vente d’options d’achat out of the money), ils peuvent servir
de collateral (sous couvert de respecter le principe de ségrégation des avoirs). Le
conservateur-teneur de compte va devoir gérer tous ces mouvements et en tenir une
comptabilité stricte, de façon à ce que l’on sache toujours où en est exactement le
compte de chaque client pour chaque valeur.
Au total, sur une « place financière » donnée, les intermédiaires de place
assurent des prestations de services centralisées pour le compte des
négociateurs, des compensateurs et des conservateurs.
Les places financières se sont constituées autour de « bases
logistiques » nationales alors même que les évolutions réglementaires des
marchés permettent une intégration internationale des marchés.
C’est en ce sens que l’intégration des marchés de capitaux à l’échelle
européenne et internationale bute sur des infrastructures façonnées par des
bourses nationales.
Le renforcement de l'intégration des marchés à l'échelle internationale et
l'éclatement de la notion de place financière qui en découle logiquement
modifie actuellement considérablement la physionomie de ces intermédiaires
de place.
Attention toutefois ! La tendance à l’internationalisation des marchés
n’est pas récente (voir par exemple le cas de la Ligue Hanséatique).
L’infrastructure des marchés est aujourd’hui au cœur de la finance
européenne et mondiale dans la mesure où elle conditionne en partie la réalisation
d’un marché financier intégré. En prenant simplement comme illustration le cas de la
fusion des quatre bourses, française, néerlandaise, belge et portugaise dans
EURONEXT, on perçoit clairement cette exigence forte. Peut-on véritablement parler
de marché intégré si seule la négociation se fait sur une plate-forme intégrée alors
que les post-marchés restent séparés ? En termes de coûts de transaction, la
réponse est bien évidemment négative. On pourra véritablement parler de marché
intégré dès lors que les 3 phases le seront véritablement, comme ce sera le cas dans
le système cible (2005 voire 2008).
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
FONCTION III : REGLEMENT/LIVRAISON (FLUX) STOCKAGE DES
INFORMATIONS SUR TITRES, GESTION DES OST53(STOCKS)
Banque Centrale
OUTIL : Syst. informatiques de gestion de flux (cash, titres)
Banque Centrale
53
Opérations Sur Titres. Les OST désignent toutes les opérations qui ponctuent la « vie » d’un titre
(augmentation de capital, détachement de coupon, paiement de dividendes, attributions de dividendes
prioritaires…).
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Conservateur (h)
(b) Les transactions réalisées sur le marché réglementé passent par la chambre
de compensation
(c) Seule une part du gré à gré passe par la chambre de compensation
(e) Le système de R/L assure un règlement contre livraison éliminant tout risque
en principal
(h) Les titres sont inscrits au compte de l’investisseur chez son conservateur.
Celui-ci administre la vie des titres inscrits à son compte.
Exemple de compensation
54
London International Financial Futures Market.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
traduisent par des coûts de transaction élevés qui gênent la circulation intra-
européenne des titres et l’émergence du marché pan-européen de l’épargne.
A l’échelle internationale, la fragmentation des marchés pousse également
vers une plus grande intégration de l’ensemble de la chaîne de traitement des titres.
Ce mouvement se traduit avant tout par le développement d’accords croisés entre
bourses (crossmembership et remote access, d’alliances entre bourses à l’instar des
alliances nouées dans le domaine du transport aérien. Ce mouvement concerne
également, mais dans une moindre mesure pour l’instant le post-marché
(compensation et règlement-livraison). Sur ce plan, les marchés nationaux restent
fortement segmentés à l’échelle internationale.
55
Les investisseurs institutionnels (Fonds de Pension, compagnies d’assurance, OPC) jouent un rôle considérable dans la
réalisation de l’intégration financière. Ils centralisent une part importante de l’épargne des pays industrialisés (encours gérés
supérieurs à 21 000 Milliards d’USD dont 87 % concentrés dans les pays du G7).Les investisseurs institutionnels orientent
ensuite globalement cette épargne sur les investissements selon leur stratégie de portefeuille en commençant par une
répartition géographique.
56
Marché européen pour un investisseur US et inversement. Exécutions opérées au moyen d’écrans délocalisés.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
57
DANTHINE J., [2000], “The future of European Banking”, Monitoring European Integration, n° 9, CEPR,
Londres.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
pèse sur eux58. Il n’est pas étonnant que le FMI estime que l’intégration financière
internationale est réelle dans les prix des actifs qui sont en permanence arbitrés par
les opérateurs (des actifs équivalents seront cotés à l’identique quel que soit le
marché sur lequel ils s’échangent) mais reste limitée lorsque l’on considère les flux
internationaux de capitaux ».
C/ Des entraves à une gestion européenne de l’épargne
Le montant des coûts de transaction, la multiplicité des marchés et des
réglementations, le maquis des systèmes de règlement-livraison gênent
considérablement la gestion européenne de l’épargne. Celle-ci reste morcelée et
encore trop peu encline à s’investir dans des projets communautaires. La
conséquence immédiate en est l’importance des acteurs étrangers sur les places
européennes (80 % des transactions selon une étude certes controversée de la
Banque de France, 50 % selon Euronext) et des transferts de capitaux à l’étranger.
Une plus grande intégration des marchés européens doit contribuer à rendre
relativement moins attractifs les investissements de portefeuille réalisés par les
investisseurs locaux aux Etats-Unis et à financer plus volontiers des projets
d’entreprises européennes. C’est là un défi important à relever, notamment si l’on
tient compte du développement des fonds de pension et des fonds d’épargne
salariale.
58
The tendency of private equity firms to invest domestically is a reflection of the fact that it is important for the
capital providers to be close to their portfolio companies for the purpose of monitoring their investments”.
Source : Financial market integration in the EU, 2000, p. 152.
60
Voir supra
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
61
Rappel : ces systèmes fonctionnent sans compensation. Ils traitent les virements de gros montants au fil de
l’eau.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Ces infrastructures ne suffisent pas à faire le marché (la liquidité d’un marché
reste un élément indispensable à sa crédibilité), encore que des structures
pleinement intégrées permettent d’accroître leur liquidité, mais elles sont
indispensables pour gagner en crédibilité conformément aux recommandations
édictées depuis 1989 par la BRI et qui n’ont cessé de se multiplier depuis62. Les
grands investisseurs, notamment américains, sont de plus en plus sensibles à la
confiance que leur inspire une place. Ils dressent pour cela des « check lists »
déclinant les différents critères que doit remplir une place avant de décider d’y
investir. Un pays qui n’est pas doté d’un dépositaire central, d’un RTGS, d’un
système de règlement-livraison de titres fiable (respectant le LCP) risque fort d’être
mis à l’écart. C’est pour cette raison que ces dernières années, les places financières
émergentes se sont lancées dans de vastes programmes de modernisation et de
mise à niveau de leurs infrastructures pour répondre aux exigences des standards
internationaux.
Cette évolution vers plus de sécurité et de fiabilité des infrastructures liées au
transport des titres et de la monnaie s’inscrit dans un cadre plus général
caractéristique du développement de l’économie de marchés financiers, à savoir la
normalisation, le formatage, la codification de la confiance. On assiste en effet
désormais au règne de la notation, du rating. Tous les acteurs sont concernés,
émetteurs notés par les grandes agences de rating, gestionnaires de fonds,
d’OPCVM. Les dépositaires font également l’objet d’une évaluation portant sur la
qualité de leur service.
62
Cf Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique, CSPR, Bâle, janvier
2001 (www.bis.org). En définissant un ensemble commun de normes internationales, ces principes répondent
aux objectifs d’intérêt général consistant à réduire les risques, assurer la sécurité et renforcer l’efficience dans les
systèmes de paiement d’importance systémique. Ils présentent en détail les caractéristiques essentielles
auxquelles devraient satisfaire tous les systèmes de paiement d’importance systémique. Ces principes doivent
être utilisés par les pays souhaitant évaluer leurs systèmes et mettre au point des stratégies appropriées pour les
appliquer.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
63
Central Moneymarkets Offices. Filiale de la Banque d’Angleterre, dépositaire des titres du marché monétaire.
64
Central Gilts Office. Filiale de la Banque d’Angleterre, dépositaire des valeurs du Trésor britannique.
65
CREST Co est désormais le dépositaire central britannique. Créé en 1996, CREST a annoncé en juillet 2002 sa
fusion avec EUROCLEAR.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
66
Ces 29 systèmes ont reçu un certificat de conformité aux normes édictées par l’Eurosystème pour le traitement
des actifs financiers (« collatéraux ») remis par ses contreparties en garantie de ses concours.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Francfort a d’abord misé sur l’alliance des leaders avec Londres, pensant atteindre
ainsi immédiatement une position dominante, à la fois en Grande-Bretagne et sur le
Continent avec le projet iX de fusion entre Deutsche Börse et le London Stock
Exchange. Il est cependant difficile d’unir des partenaires qui se considèrent chacun
comme dominant, surtout lorsque les problèmes de post marché n’ont pas été
clairement résolus. L’alliance a donc échoué et amené Deutsche Börse à s’engager
dans une structure de marché assez différente de celle d’EURONEXT. Le modèle
allemand se caractérise en effet par une structure totalement intégrée, rigide, « en
silo ». Tout ordre passé suit la totalité de la chaîne de titres de Deutsche Börse. Les
opérateurs n’ont donc ni le choix, ni la possibilité de faire jouer la concurrence entre
les conservateurs67. Le modèle développé par DB s’apparente curieusement à
l’ancien modèle de Place, alors même que son conservateur, Clearstream est déjà
un opérateur spécialisé international. Le modèle de marché allemand n’a pas encore
véritablement intégré le phénomène de concentration horizontale et tend à lui
préférer très clairement un modèle de concentration verticale. Probablement
influencé par le succès d’Eurex, les allemands jouent la facilité et la liquidité du
marché.
Bourse C
Système de règlement
67
La chambre de compensation sur le marché allemand des actions a vu le jour au 2ème semestre 2002.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
68
NSC a été abandonné par exemple au profit du système du LIFFE (LIFFE connect), pour la cotation des
produits dérivés.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
B o u r se A - B o u r se B
C h a m b r e d e c o m p e n sa tio n d e s
d e u x m arch és A et B
S y stè m e d e S y stè m e d e A u tr e s
R è g le m e n t A rè g le m e n t B s y s tè m e s d e
rè g le m e n t
3) L’organisation hybride
Il s’agit d’une voie médiane, flexible permettant aux intervenants de marché de
choisir les opérateurs avec lesquels ils ont pris l’habitude de travailler ou avec
lesquels ils souhaitent désormais traiter. Cette organisation repose sur une approche
verticale, intégrée mâtinée d’une dimension horizontale permettant aux intervenants
de conserver le choix des systèmes. Ainsi, la bourse de valeurs propose-t-elle une
chaîne de traitement intégrée (dimension verticale) tout en s’engageant à offrir, par la
mise en place d’une interconnexion avec d’autres entités, la possibilité de recourir à
des opérateurs n’entretenant pas de relation avec elle.
Ce troisième modèle d’organisation, totalement spécialisé et flexible, est
représenté par la bourse suisse qui a choisi, dans le cadre de Virt’X (marché des
« blue chips » européennes développé par l ‘entreprise de marché suisse SWX et
une bourse électronique britannique (TRADEPOINT). Les autres fonctions sont
remplies en concurrence par les partenaires de Virt’x. Les clients ont donc le choix
de leurs modalités de règlement –livraison. Ce modèle serait parfaitement adapté
aussi bien à une situation de concurrence oligopolistique qu’à des processus de
concentration horizontale dans lesquels apparaîtraient un ou un nombre très restreint
d’opérateurs sur les segments de la compensation ou du règlement-livraison. Virt’x
se positionne très clairement sur le seul segment de la négociation, en tant que
prestataire de service de cotation sur un marché européen.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Le schéma flexible
B o u r se d e B o u r se d e B o u r se d e
v a le u r A v a le u r B v a le u r C
Lien d’origine
LCH.Clearnet
CSD et ICSD
69
Issu de la fusion entre CEDEL et Deutsche Börse Clearing.
70
London Stock Exchange.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
EUREX
LCH
Clearnet EuroCCP
Euroclear
Crest Euroclear Bank France Clearstream
Euroclear Netherland
SIS CIK
(ex Necigef)
Cette vision est volontairement abrupte, simplement pour signifier qu’un marché
mondial intégré « devrait » se traduire par la création d’un marché mondial de la
négociation et surtout, afin de diminuer les coûts de transaction et de faciliter la
circulation transfrontalières des titres de « post-marchés » intégrés.
Cette vision est non seulement théorique mais également éminemment dangereuse.
La concentration en un lieu de la négociation, du suivi des risques de contrepartie,
d’une filière unique de règlement-livraison pose en effet de redoutables questions en
termes de risque systémique.
La réalité est et sera évidemment toute autre, beaucoup plus hétérogène et partant,
plus complexe. Des liens techniques doivent ainsi permettre d’instaurer un dialogue
entre des banques teneurs de comptes espèces et titres, des dépositaires centraux
nationaux et des systèmes de règlement-livraison nationaux dans lesquels les
banques ont massivement investi ces dernières années, notamment pour assurer
aux places financières nationales leur compétitivité sinon leur suprématie.
Si elle est excessive à l’échelle internationale, cette vision de prospective en
« cas limite » des marchés revêt (section 3), beaucoup plus de sens à l’échelle
européenne où le mouvement de consolidation des infrastructures de marché est en
ordre de marche. L'avènement de l'euro a accéléré en Europe le mouvement de
concentrations des marchés (et de segments de métier qui la composent).
Les territoires financiers nationaux actuels et les infrastructures qui les
composent, façonnées autour des monnaies nationales, évoluent autour de plusieurs
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Dans une optique, plus industrielle que collective, qui recherche non pas les
synergies mais les parts de marché, la construction d’un espace européen passe
plutôt par le développement de grands prestataires de services de cotation, de
clearing, de règlement-livraison ou de conservation, cette architecture pouvant être
combinée selon des choix divers. Aucune position acquise ne peut être durablement
maintenue dans cette course perpétuelle à la technologie. Les places traditionnelles
se trouvent confrontées à une compétition de plus en plus acérée, qui ne peut
qu’accélérer le processus de concentration en cours. La nature de ce processus ne
semble cependant pas parfaitement arrêtée.
On peut observer un positionnement double des marchés :
71
Les ECN sont des marchés constitués sous forme de réseaux de brokers qui permettent la cotation de titres, en
dehors des bourses traditionnelles. Ils ne doivent pas être confondus avec les courtiers en ligne qui sont des
intervenants sur les marchés. Lorsqu’il y a des market makers, on parle d’ATS (Alternative Trading System) ou,
maintenant de MTF. Définition d’un ECN : réseau de communication qui permet l’appariement interne des
ordres. Si on ne trouve pas dans le réseau une contrepartie, l’ordre non exécuté est envoyé sur un marché
réglementé. Attentio ! Certains ECN ne participent pas à la découverte du prix. Ils prennent des ordres et
cherchent le meilleur prix sur un marché organisé. Ils sont alors plus proches des courtiers que des marchés.
72
Les MTF –Multilateral trading facilities (anciennement dénommés ATS – Alternative Trading Systems), sont
des systèmes électroniques de confrontation des ordres qui ont des fonctionnalités similaires à celles des marchés
réglementés, mais dont l’environnement juridique était jusqu’ici distinct. Source : P.P. Pinatton [2003].
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Les marchés anglo-saxons « dirigés par les prix » ont été les premiers concurrencés
par les ECN73. Sur ce type de marchés, plusieurs teneurs de prix (market makers)
sont en concurrence. Chaque teneur annonce un double prix ; celui auquel il est
immédiatement prêt à acheter (bid ou prix offert par le client) et celui, supérieur,
auquel il est prêt à vendre (ask ou prix demandé par le client74). A ces prix, il a
l’obligation de prendre ou de livrer une quantité minimale de titres. Sur un marché
dirigé par les prix, la fourchette de marché (inside bid ask spread) est évaluée, à
chaque instant, en retenant le ask le plus faible et le bid le plus fort ; elle représente
les meilleures conditions d’exécution à un instant. Elle est cependant calculée par les
seuls teneurs de marché, d’où un manque de transparence. Développés à l’initiative
des grandes agences d’information financières (Reuters, Bloomberg), désireuses de
rentabiliser leurs infrastructures de communication, les ECN ont constitué la réplique
des investisseurs face aux lacunes des marchés organisés américains : rapidité de
transmission insuffisante, absence de transparence, difficulté d’accès à l’information,
coût de traitement élevé, horaires limités. Avec l’appui de courtiers comme Morgan
Stanley, Charles Schwab et d’autres, les ECN (Instinet, Island, Market XT,
Archipelago) se sont très vite emparés des transactions hors séance sur le NASDAQ
et sur le NYSE. Les petits investisseurs ont aussi constitué un soutien important.
En Europe, les perspectives des ECN sont légèrement différentes. En effet, les
marchés sont plutôt gouvernés par les ordres (comme EURONEXT) - ils sont aussi
appelés marchés d’agence - et bénéficient déjà d’une infrastructure électronique
avec carnet d’ordres centralisé et une transparence assez poussée75, ce qui rend les
ECN comparativement moins performants. Par ailleurs, la centralisation des ordres,
obligatoire jusqu’à présent, oblige ces derniers à « partager les commissions » avec
les marchés organisés, ce qui rend l’opération moins rentable. Nos avons vu,
cependant que la nouvelle mouture de la DSI, a plutôt arbitré pour le modèle anglo-
saxon et doit favoriser l’émergence d’activités d’internalisation des ordres ainsi
qu’une plus grande concurrence avec les organismes centralisateurs. On peut alors
se poser la question, dans un avenir plus ou moins proche, du maintien de leur statut
73
Ce sont des marchés constitués sous forme de réseaux en brokers qui permettent la cotation de titres, en dehors
des bourses traditionnelles. Ils ne doivent pas être confondus avec les courtiers en ligne qui sont des intervenants
sur les marchés.
74
Sur les marchés anglo-saxons, on se place toujours du point de vue du client.
75
Même si le marché totalement transparent reste à inventer, le système NSC est parmi les plus transparents,
puisque, à chaque instant, négociateurs et investisseurs connaissent l’état du marché, ce qui assure l’égalité ente
les investisseurs.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
particulier et surtout de la pérennité d’un modèle de marché dirigé par les ordres,
dont les études sur la microstructure des marchés démontrent la plus grande
transparence mais la moindre liquidité.
Dans le cadre de la future DSI, les établissements de crédit, les entreprises
d’investissement ainsi que les Bourses pourront opérer dans toute la communauté,
grâce à un passeport européen délivré par les autorités nationales, ce qui ne
manquera pas d’exacerber encore la concurrence entre ces différents intervenants76.
76
Source : Option finance n° 706, octobre 2002.
77
European Commission, Cross-border clearing and settlement arrangements in the European Union (Rapport
Giovannini), Bruxelles, noovembre 2001 (www.europa.eu.int).
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
termes, EuroCCP se place en tant que contrepartie centrale apte à proposer des
services transfrontières paneuropéens, y compris pour des titres américains
négociés en Europe. EuroCCP a ainsi fait valoir que ses services abaisseront de
manière significative les coûts et les exigences de fonds propres pour les participants
de Nasdaq Europe. Ce projet rivalise avec celui de Virt-X et de plusieurs chambres
de compensation européennes. Par ailleurs, LSE (London Stock Exchange) et
London Clearing House (LCH) ont convenu, également en décembre 2001, d’établir
avec Euroclear un règlement intégré du négoce sur LSE, compensé par LCH et ce
de manière concurrente aux prestations offertes par le dépositaire britannique
CRESTCo78. Ce projet doit permettre d’élargir le choix des services de règlement et
de réduire le coût des transactions transfrontalières.
Les accords/alliances qui se développent entre entreprises de compensation
visent à élargir la clientèle des membres compensateurs pour une activité de coûts
fixes (coûts informatiques de développement et de mise en production). Les accords
entre la London Clearing House et Clearnet font écho à une stratégie visant à mettre
sur pied une chambre de compensation pan-européenne pour un marché de la
négociation élargie. L'enjeu de la compensation en Europe est le principe du "One
stop shopping" :
78
Rapport trimestriel de la BRI, mars 2002, Activité bancaire et financière internationale, p.104.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
Participant Participant
NY Euroclear Francfort
Clearstream
Francfort
EOF
Worldclear
Monte Titoli
Crest
Participant
Londres Participant Milan
Clearstream
Danemark VP Tous
79
Deutsche Börse Clearing.
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
80
Un certain nombre de dépositaires relèvent d'un marché spécifique (Stock Clearing Corporation of Philadelphia) ou de
titres spécifiques (Mortgage Backed Securities Clearing Corporation, Government Securities Clearing Corporation).
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France international
(dont
Francfort)
Nombre de 161 000 31 000 73 600 118 900 -
transactions
(milliers
d’opérations) 130 600 43 600 98 000 - 250 000
Valeur des
transactions 7 858 3 452 2 897 7 460 23 300
(milliards
d’€)
Titres en
conservation
(milliards
d’€)
Source : Frédéric HERVO, Thomas ROS, Infrastructures post-marché et stabilité
financière, RSF, Novembre 2002, p.119.
2) Le rôle des global custodians
81
Helsinki Securities and Derivatives Exchange
Maîtrise sciences économiques mention économie internationale – Cours de finance internationale – 03/04
On peut illustrer ces différents canaux lorsque l’une des deux contreparties est
située dans le pays d’émission du titre, c’est à dire entre une contrepartie A du
pays d’émission des titres et une contrepartie B du reste du monde. La
question est de savoir comment la contrepartie située dans le reste du monde
peut livrer ou recevoir les titres.
A Conservateur de A
Dépositaire
central
Conservateur de B1
B1
Dépositaire
central
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Le spaghettis Network
82
European Central Securities Depositories Association.
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Le Cannelloni Network
Gros dépositaire
Le Système de Hub
Dépositaire local
Dépositaire local
Dépositaire local
Dépositaire local
CONCLUSION CHAPITRE 3
Dans le contexte d’internationalisation des activités financières, l’euro pose avec
acuité la question la constitution d’un territoire financier européen des titres et des
services d’investissement pour répondre aux attentes des émetteurs, des
investisseurs et des banques, tant européens que non européens.
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