Corrigé Dissertation Technique Ts
Corrigé Dissertation Technique Ts
Corrigé Dissertation Technique Ts
Rappel méthodologique (I) : il faut questionner tous les termes importants, même
ceux qui ne possèdent pas, a priori, de sens philosophique immédiat.
Par exemple, l’adjectif « synonyme » n’est pas directement philosophique mais il est
néanmoins important de l’analyser pour comprendre les implications philosophiques
de la question posée (qu’est-ce qu’on me demande exactement ? qu’est-ce qui est en
jeu ici ?).
Synonyme :
Deux termes sont dits « synonymes » quand ils ont le même sens ou, plus précisément, quand
ils sont de sens équivalent ou approchant.
On peut à partir de là faire plusieurs remarques concernant le sens général de cette question :
- L’adjectif « synonyme » indique que cette question interroge le sens de la technique :
quel sens faut-il donner à la technique ? Peut-on l’envisager comme un progrès ?
Autrement dit, cette question nous incite à formuler une définition de la technique :
peut-on définir la technique en partant de la notion de « progrès » ?
- Plus précisément, on nous demande si la technique s’accompagne nécessairement de
progrès. Peut-on tenir la technique comme un équivalent de progrès ? Peut-on les
assimiler ou les identifier ? Technique = progrès ? Ce qui reviendrait à dire qu’il n’y a
pas de progrès sans technique (la technique comme facteur de progrès), ou encore, que
toute technique implique un progrès…
Mais, une première difficulté apparaît :
Le concept de « technique » est polysémique (il possède plusieurs sens). « La » technique
en général, ça n’existe pas ! Parler de la technique au singulier, c’est se livrer à une
simplification car cette notion renvoie, en réalité, à une pluralité de phénomènes.
Donc en quel sens peut-on dire que la technique est synonyme de progrès ? De quelle
dimension de la technique parle-t-on lorsqu’on l’assimile à la notion de « progrès » ?
Technique : elle possède au moins trois dimensions essentielles
[En mauve : les notions repères utiles pour développer ces définitions]
Objets fabriqués par l’homme et destinés à produire des effets utiles (outils, machines,
appareils technologiques…). Artificiel ≠ naturel
Ensemble de gestes acquis et nécessaires à la réalisation d’une action précise (la
technique du musicien, la technique du footballeur…). Inné ≠ acquis
La réflexion qui permet la mise en œuvre de moyens appropriés en vue d’une fin
déterminée. Réflexion ≠ instinct
Dans tous les cas, la technique se définit par l’utilité et la recherche de l’efficacité.
À partir de cette analyse, on peut reformuler la question pour comprendre ce qu’on nous demande :
Si la technique est synonyme de progrès, est-ce dans la mesure où elle met à notre disposition
des objets utiles ? Ou est-ce parce qu’elle nous permet d’accomplir utilement certains gestes
adaptés ? Parce qu’elle nous rend plus performants dans nos actions et dans notre réflexion ?
Le sujet semble ainsi nous inviter à envisager la notion de progrès uniquement dans la
perspective de l’utilité. Le critère du progrès serait l’efficacité : la technique est un « progrès »
parce qu’elle nous permet d’être toujours plus efficaces !
Mais, nouvelles difficultés :
Est-ce le seul sens de progrès ? Peut-on juger un progrès uniquement en termes d’utilité
ou de rentabilité ? N’est-ce pas réducteur ?
Le progrès, ainsi défini, est-il nécessairement positif ?
Il faut se pencher sur cette notion afin d’en préciser le sens…
Progrès :
Ordinairement, cette notion possède une connotation positive puisqu’on entend par
« progrès » une amélioration ou un perfectionnement (le « progrès scientifique » représente
un perfectionnement de nos connaissances ; quand on parle des « progrès » d’un élève, on
veut montrer qu’il s’est amélioré dans telle ou telle discipline…).
Mais la notion de progrès ne possède pas un sens univoquement positif.
De façon neutre, un progrès désigne une avancée ou une évolution (on peut dire d’une armée
qu’elle progresse vers les lignes ennemies ; on parle également des « progrès » d’une
maladie… Mais, dans ce cas, le progrès ne s’accompagne pas d’une amélioration mais bien
plutôt de la détérioration de l’état de santé du malade…).
Rappel méthodologique (II) : il est essentiel pour repérer les tensions problématiques
à l’œuvre dans le sujet de partir des contraires.
Contraires de progrès : régression, abaissement, déclin, barbarie…
Ainsi, la question devient : doit-on voir dans la technique un facteur de progrès ou
bien de régression ?
D’autre part, il faudrait distinguer plusieurs types de progrès : progrès humain, progrès
économique, progrès scientifique, progrès moral, progrès culturel, progrès social…
Dès lors, une des difficultés principales du sujet consiste à déterminer sur quel plan la technique
représente un progrès. Il faut essayer d’envisager différentes possibilités et faire varier notre
réponse au sujet en fonction de ces perspectives.
Rappel méthodologique (III) : à chaque moment de l’analyse, il est important de faire
varier la formulation du sujet pour être sûr de ne manquer aucun aspect de la
question.
Si l’on envisage le progrès du point de nos capacités physiques et intellectuelles :
La technique nous aide-t-elle à développer de nouvelles compétences (perfectionnement)
ou nous en fait-elle perdre (diminution et/ou disparition de certaines de nos capacités) ?
De ce point de vue, c’est peut-être indécidable : elle nous fait peut-être perdre certaines
capacités (capacités naturelles ou instinctives) en nous en donnant d’autres
(comportements réfléchis).
Pour le dire autrement : le progrès initié par la technique est peut-être ambivalent. Elle ne
nous fait pas gagner certaines capacités sans nous en faire perdre à un autre niveau…
Si l’on envisage le progrès d’un point de vue civilisationnel et moral :
La technique accroît peut-être notre efficacité mais nous aide-t-elle pour autant à devenir
meilleurs sur le plan moral ? La recherche constante de l’efficacité technique ou de la
rentabilité (compétitivité) ne nuit-elle pas au développement de notre moralité ? Progrès
techniques et progrès moraux vont-ils de pair ?
D’autre part, les innovations technologiques ne risquent-elle pas d’être utilisées à des fins
condamnables ? En effet, les progrès technologiques semblent mettre à disposition de
l’homme de nouveaux moyens d’exprimer sa barbarie (exemple de la bombe atomique ou
des armes de destruction massive…).
Historiquement, l’apparition des premiers outils est une étape essentielle dans le
développement de l’espèce humaine. Elle est donc un progrès de l’homme vers son
humanité (ce qui lui permet de se définir spécifiquement). Mais en même temps, la
technique semble déposséder l’homme de sa capacité à agir moralement (utiliser la
technique à des fins guerrières ou moralement condamnables).
2. Plan détaillé
N.B. : ne sont présentées ici que les grandes idées et principales phases de l’argumentation.