Le Notariat Dans Les Pays de Common Law
Le Notariat Dans Les Pays de Common Law
Le Notariat Dans Les Pays de Common Law
Avant la conquête de l’Angleterre par les Normands dans les années 1200, il n’existait pas
dans ce pays de droit unifié ; il y avait une multitude de droits locaux. C’est dans le but de
renforcer l’autorité royale que s’est peu à peu élaboré et fixé après l’installation des
Normands un droit commun jurisprudentiel, la Common Law, qui, si on simplifie quelque
peu les choses, privilégie la forme au fond.
L’un des aspects intéressants de la conquête par les Normands venus de France, c’est que
sur le plan juridique ils n’ont pas reproduit le modèle de leurs origines, les souverains en
Angleterre amorcent le processus unificateur dès le début de leur conquête, au XIIIe siècle,
avec la Common Law, système juridique basé sur la jurisprudence, la coutume et la
primauté de l’oral.
Au sens strict, la Common Law fait référence au système juridique mis en place au XIIIe
siècle par les rois d’Angleterre centré sur la jurisprudence produite par les juges royaux. Au
sens large, la Common Law désigne l’ensemble du système juridique de l’Angleterre et des
systèmes dérivés mis en place dans les pays du Commonwealth et des Etats-Unis. Cette
acception plus large incorpore « l’equity», ensemble de « règles équitables » qui a été
développé à travers de nouvelles institutions comme le « use » devenu aujourd’hui le
« trust » et de nouvelles procédures jugées plus justes ou plus morales pour apporter
quelques remèdes lorsque la Common Law présentait des injustices.
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A) L’absence d’instrument authentique commune aux 5 Etats britanniques
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On distingue dans la pratique britannique deux types d’actes en fonction des exigences
formelles du contrat: en droit anglo-gallois, on distingue :
- Les actes appelés « deed » ont une forme solennelle
- Les actes dits « under hand » ont un formalisme très atténué.
a) Le « deed »
Pour être valable en tant que « deed », l’acte doit contenir :
- Une signature ou en droit des sociétés, le sceau de la société
- La mention « attestation » correspondant à la signature par un témoin
- Le mot « delivery » correspondant à la remise de l’acte et qui signifie que le
signataire reconnaît son intention d’être engagé par l’acte qu’il a signé ; l’acte prend
effet à sa remise
- L’indication de façon évidente que l’acte est « executed as a deed ».
En principe, les actes de transfert de propriété, d’emprunt, de prise d’hypothèque, de bail, de
transfert de clientèle, … nécessitent un « deed ».
La solennité de l’acte exige la présence d’un témoin à la signature et pour certains
documents, par exemple les prêts, les banques peuvent exiger un témoin de qualité comme
un « solicitor » ou un « public notary ». L’acte a force probante mais n’a jamais force
exécutoire, l’intervention du juge à ce niveau est toujours nécessaire.
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2007 environ un millier de notaires de la première catégorie pour une trentaine de la
deuxième.
Tous les « notaires » en Angleterre et au pays de Galles se voient conférer leurs fonctions
par la « Court of Faculties » de l’archevêque de Canterbury. Les « scriveners notaries »
doivent en plus passer un doctorat au moyen d’une thèse sur un aspect notarial et des
examens prouvant la maîtrise d’au moins deux langues étrangères. Le stage pratique au sein
d’un cabinet confirmé a été réduit à deux ans.
Contrairement à beaucoup d’autres Etats européens, le nombre de notaires qui peuvent
exercer n’est pas limité.
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C) Le traitement des activités traditionnellement notariales dans le modèle du droit
anglais ou anglo-gallois
1. Le droit de la famille
a) Le mariage et les régimes matrimoniaux
Le droit des régimes matrimoniaux tel que nous le connaissons en droit romain n’existe pas
à proprement parler en droit britannique et le mariage en lui-même n’a aucun effet sur la
propriété des biens des époux. Les principes qui régissent la matière sont répartis dans
plusieurs domaines comme le droit des biens, le droit des successions ou encore « l’equity ».
On peut assimiler à un régime légal de droit commun l’ensemble des règles qui s’applique
en l’absence de convention entre les époux et considérer alors que les époux vivent sous
un régime légal de séparation de bien.
Les époux peuvent établir des conventions matrimoniales. Les équivalents de contrats de
mariage et accords matrimoniaux doivent faire l’objet d’un conseil indépendant aux deux
parties, être formalisés par écrit et signés en présence de témoins indépendants. Les deux
parties doivent révéler leur situation financière et bénéficier chacune de leur propre conseil
juridique. Ces conseils devront aussi signer le contrat en présence des témoins. Le
« prenuptial agreement » doit être signé 21 jours au moins avant la cérémonie du mariage.
Si les conventions portent sur des immeubles, les règles de forme et de publicité devront
être respectées.
Le mariage gay est désormais légal en Angleterre et au pays de Galle en vertu du
« Marriage (Same sex couples) Act 2013 » entré en vigueur le 29 mars 2014.
b) Le partenariat enregistré
Depuis le 5 décembre 2005 le « civil partnership » accorde aux couples homosexuels la
majorité des droits des couples mariés. Ce partenariat doit être enregistré en présence d’un
officier d’état civil et de deux témoins.
c) Le divorce
Les tribunaux anglais sont compétents pour prononcer le divorce et la séparation judiciaire
conformément au « Matrimonial Causes Act » de 1973 et au « Family Law Act » de 1996. Ils
règlent la totalité des problèmes de responsabilité parentale, entretien et pension
alimentaire en considérant avant tout l’intérêt de l’enfant. En Angleterre et au Pays de
Galles, les tribunaux disposent d’un large pouvoir discrétionnaire pour accorder des
« ancillary relief » ou compensations accessoires au jugement de divorce par le biais de
diverses ordonnances au bénéfice d’un époux ou d’un enfant. Le juge a ainsi toute latitude
pour ordonner à l’un des conjoints le paiement d’une somme forfaitaire à l’autre et procéder
à des ajustements de patrimoine.
d) L’adoption
Aucune condition formelle n’est exigée ni pour les reconnaissances de paternité ni pour les
consentements à l’adoption.
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2. Le droit des successions et libéralités
a) Les testaments
La loi testamentaire « Wills Act 1837 » modifiée par l’ « Administration of Justice Act 1982 »
détermine les conditions formelles d’établissement des testaments : seul le testament
devant témoins est admis ; le testament doit être signé parle testateur en présence d’au
moins deux témoins qui doivent confirmer et signer le document. Le testateur doit avoir
au moins 18 ans et comprendre les effets de son acte. Il peut révoquer le testament de son
vivant. Sous certaines conditions, le testament est annulé automatiquement : par exemple la
conclusion du mariage rend le testament nul.
La loi anglaise prévoit la tenue d’un registre central des testaments, géré par le greffe
principal des successions, « probate registry ». Tout le monde a le droit d’y déposer un
testament moyennant le paiement d’une somme déterminée. Le dépôt est immatriculé au
registre. Ceci n’est cependant pas une obligation et le testament reste valable sans cette
immatriculation. Certains professionnels du droit ou encore des sociétés privées proposent
de conserver des testaments.
b) Les successions
La dévolution volontaire par testament en droit anglais pose le principe que le testateur est
libre de disposer de ses biens comme il l’entend sans limitation liée à l’existence d’héritiers
réservataires comme il en existe en droit civil. Ce vieux principe a été quelque peu atténué
dans l’ « Inheritance Act 1975 » qui garantit aux proches et aux survivants dépendants du
défunt un droit à une pension alimentaire adéquate. Il n’est pas possible de déroger à cette
disposition par une convention de mariage.
La dévolution successorale légale est établie selon les dispositions de l’« Administration of
Estates Act 1925 ». Elle détermine les personnes qui ont droit à la succession après le
paiement des dettes et autres dépenses.
En droit civil, au cours du règlement d’une succession, le notaire est souvent amené à établir
un acte de notoriété qui servira à un individu à prouver sa qualité d’héritier vis-à-vis des
tiers ; en droit anglais, il n’y a pas exactement l’équivalent. Il existe des documents
judiciaires délivrés par le « Probate Registry » de la « High Court ». Si le testateur laisse un
testament, l’administrateur nommé pour la succession va demander au tribunal un certificat
qui témoigne de l’existence du testament, le « probate ». Si le défunt ne laisse pas de
testament, un administrateur du « Probate Registry » est alors chargé de l’administration de
la succession du défunt au moyen d’un « grant of administration ».
c) Les donations
Les donations entre vifs sont irrévocables mais elles peuvent être soumises à une condition
suspensive. Les donations entre époux sont autorisées en Angleterre.
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2. Le droit des transactions immobilières – Publicité foncière
L’article 2 de la loi « Law of Property Act 1989 » sur le contrat pour la vente de biens fonciers
dispose que les transactions à caractère immobilier doivent être formalisées par un écrit
« deed of sale » et signées par les parties. Ces actes sous seing privé ne requièrent pas la
participation d’un notaire, ils peuvent être établis par un conseil juridique ou par des agents
immobiliers agréés et doivent contenir toutes les conditions convenues expressément par
les parties. En général, le contrat est établi en deux exemplaires identiques signés par les
parties. En règle générale, les parties se font quand même représenter par des « solicitors »,
des « notaries », ou des personnes spécialisées en transactions immobilières, les « licenced
conveyancers ».
Selon la récente loi de publicité foncière « Land registration Act » de 2002 modifié par les
« Land registration rules » de 2003 les actes de transfert de biens immobiliers doivent être
enregistrés auprès du registre foncier « land registry ».
Les réformes récentes de l’enregistrement foncier tendent à mettre en place un véritable
cadastre juridique complété par un volet cartographique. Actuellement seule la moitié des
biens-fonds est enregistrée en Angleterre et au Pays de Galles car la réforme n’a pas prévu
d’enregistrer au préalable et de façon systématique tous les biens-fonds mais de le faire à
l’occasion d’un transfert.
3. Le droit des sociétés
1. L’Irlande du Nord
L’Irlande du Nord est intégrée au Royaume Uni. Il y a très peu de différences avec le droit
anglais tant dans l’organisation que dans la pratique.
Le droit des testaments et des successions est quasiment identique.
Le service de propriété foncière et immobilière, « Land and property services » gère trois
registres : le registre foncier, créé en 1891 contient le nom des propriétaires et les charges
grevant les biens immobiliers. Avant cette date, la propriété foncière était inscrite dans le
registre des actes, établi en 1706. Le troisième registre est celui des hypothèques légales.
2. La République d’Irlande
La formation des notaires et l’organisation du notariat irlandais est calquée sur le modèle
anglo-gallois. C’est davantage dans la pratique des activités qu’on trouve des variantes.
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a) La vente immobilière et l’enregistrement du foncier
La procédure de vente irlandaise est similaire à celle pratiquée en Angleterre.
L’enregistrement de la vente se fait auprès de la « property registration authority » qui gère
les registres cadastraux et les titres de propriété.
b) Les testaments
Toute personne souhaitant rédiger un testament doit respecter des formes particulières ; la
procédure est calquée sur celle du modèle anglo-gallois. En effet, pour être valable, un
testament doit être établi par écrit et signé en bas de page ou à la fin du texte par le
testateur ou par un tiers en sa présence et sous son contrôle. Par ailleurs, cette signature est
apposée ou reconnue par le testateur en présence de chacun des deux témoins présents au
même moment, et chaque témoin confirme par sa signature celle du testateur en présence
de ce dernier.
Par contre à l’opposé du modèle anglo-gallois, il n’y a pas en Irlande de registre des
testaments.
c) Les successions
On retrouve ici la même procédure qu’en Angleterre pour la désignation de l’exécuteur
testamentaire ou l’administrateur ; ce qui change, c’est la dévolution légale qui est copiée
depuis 1965 sur le modèle des Etats-unis. Le conjoint survivant a droit à une part
réservataire de la succession et un droit viager au logement si celui-ci appartenait au de
cujus. Par contre, les enfants n’ont pas droit à la réserve.
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L’Ecosse affirme être le premier pays à avoir mis en place un système national
d’enregistrement des droits fonciers. Dès le treizième siècle, certains registres de propriété
foncière étaient conservés dans le château d’Edimbourg.
Un service spécialisé, « Land register of Scotland » est chargé de la gestion de plusieurs
registres :
- Le registre foncier ou « land register » comprend les titres correspondant à chaque
propriété et les plans qui en définissent les limites.
- Le registre de propriété ou « register of sasines » est le registre qui contient les actes
historiques. Les titres afférents à des droits réels immobiliers qui sont actuellement
conservés dans ce registre sont transférés au registre foncier lorsque la propriété est
cédée à titre onéreux.
b) Les testaments
En Ecosse, il existe soit le testament olographe, écrit daté et signé par le testateur soit le
testament devant témoin qui requiert la présence d’un témoin.
c) Les successions
Comme dans le droit civiliste, le droit écossais respecte le concept de la réserve
héréditaire : Le conjoint et les enfants peuvent bénéficier de droits légaux sur les biens
mobiliers.
L’Australie fait partie du Commonwealth britannique. C’est une fédération de six Etats et
deux territoires autonomes. Les lois fédérales australiennes portent la marque des principes
de la Common Law : c’est la Commonwealth Law.
On peut faire en Australie les mêmes constats qu’en Angleterre.
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On retrouve là aussi deux groupes de praticiens du droit :
1. Les « public notaries »
Ils suivent simplement quelques cours de notariat au sein de leur cursus de droit ; ils
dépendent du « Collège des notaires de l’Australie et de la Nouvelle Zélande ». Ils appliquent
le droit de la Commonwealth Law. Ils ont les mêmes fonctions que les public notaries
anglais.
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Le partenariat civil entre personnes de même sexe ou de sexe différent est reconnu dans la
plupart des Etats australiens.
2. Les successions
Dans le système juridique australien, la succession volontaire tient une place importante et
le droit des successions ignore ici aussi la notion de réserve. Le testament doit être écrit et
signé de la main du testateur. Il sera exécuté par un exécuteur testamentaire désigné dans le
testament ou à défaut judiciairement. Mais le trust est le dispositif de libéralité le plus
répandu.
3. Les registres fonciers
L’enregistrement de la propriété foncière repose sur le système « torrens » mis en place au
au XIXe siècle. Lors de la prise de possession des territoires australiens, l’Australie a été
déclarée « terra nullius » puis les arrivants ont fait appel à un système de fabrication de la
propriété « par le haut » qui confie à l’Etat le soin de créer « ex nihilo » la propriété privée
sur un territoire conquis réputé sans droit préexistant et d’en garantir la transmission et la
conservation. En fait au XIXe siècle, il y avait quelques habitants, les Aborigènes, mais ils
n’étaient pas considérés comme des sujets de droit : ils n’avaient aucune capacité juridique.
Il a fallu attendre 1967 pour qu’ils deviennent citoyens australiens et ce n’est qu’en 1993
que le « native Title Act » ouvre la voie à une possible reconnaissance de droits sur le sol à
ces premiers habitants.
Aujourd’hui, les transferts de propriété sont enregistrés au « Land registration office ». Il
existe également en Australie un système de cadastre régi par chaque Etat de manière
indépendante.
Les actes qui ont été établis en pays étrangers doivent pour produire les mêmes effets en
France être traduits en langue française et subir souvent les formalités de légalisation ou
apostille. Tout dépend des conventions qui ont été ratifiées par ces pays.
Ainsi les actes en provenance du Royaume Uni ou d’Australie doivent être traduits en
français et apostillés car le Royaume Uni comme l’Australie ont ratifié la Convention de La
Haye du 5 octobre 1961, dite « Convention Apostille ».
BIBLIOGRAPHIE :
Articles et ouvrages
- Chloé Enkaoua, « Notary vs Notaire : le choc des cultures », Droit et patrimoine n°219 novembre 2012
- M.France Papandreou-Deterville, Le droit anglais des biens, éd LGDJ, Paris 2004
- Gérard Chouquer, observatoire des formes du foncier dans le monde, termes et expressions du droit
foncier anglais
- R A D Urquhart, Scrivener notary à Londres, Les notaires en Angleterre, octobre 2007
- A. Claudet, Rapport national d’Angleterre, Notarius international 2/2002
- Nathalie Trousset-Fawcett, Notary public à londres, Présentation du « deed » en Angleterre et au Pays
de Galles juin 2011
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- Guide de droit comparé famille et patrimoine édité par l’association Vocation notaire 2012
- Hélène Peroz, et Eric Fongaro, pratique notariale, Droit international privé patrimonial de la famille
Sources électroniques
- www.cnue.eu
- www.senat.fr/legislation-comparee
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