Guide Technique Culture-Pdt
Guide Technique Culture-Pdt
Guide Technique Culture-Pdt
GUIDE TECHNIQUE
CULTURE DE LA POMME
DE TERRE EN AFRIQUE
DE L’OUEST
OCTOBRE 2009
Coordinateur :
Jordi Tio Rottlan, Coordinateur géographique CDE
5
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Table des matières
Page
1. Introduction 9
1.1. L’importance de la culture au niveau mondial .......................................................9
1.2. La place de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
et en particulier en Afrique sahélienne ................................................................10
1.3. Les contraintes majeures de la filière en Afrique de l’Ouest ...............................11
4. La phytotechnie ........................................................................................................26
4.1. Le cycle cultural...................................................................................................26
4.2. Le choix variétal...................................................................................................27
4.3. La préparation des plants ....................................................................................28
4.3.1. La gestion de la germination ........................................................................28
4.3.2. Le sectionnement des plants .......................................................................30
4.4. La fumure.............................................................................................................31
4.4.1. Les exportations des éléments par la culture ..............................................31
4.4.2. La fumure organique ....................................................................................32
4.4.3. La fumure minérale.......................................................................................33
4.4.4. Le chaulage ..................................................................................................35
4.4.5. La période des apports ................................................................................35
4.4.6. Les applications localisées ..........................................................................35
4.5. Les travaux du sol ...............................................................................................35
4.5.1. Le défrichage ...............................................................................................35
4.5.2. Le labour ......................................................................................................35
6
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.5.3. La préparation du « lit » de plantation ..........................................................36
5. La conservation ........................................................................................................55
5.1. Les objectifs et les types de conservation ..........................................................56
5.2. Une phytotechnie appropriée permettant d’obtenir un produit conservable ......56
5.2.1. Une variété apte à la conservation ...............................................................56
5.2.2. Des tubercules de qualité, issus de lots homogènes.
5.2.3. L’utilisation d’inhibiteurs de la germination ..................................................56
5.3. Les caisses de conservation ...............................................................................57
5.3.1. Conservation de courte durée : caisse de 30 à 40 kg .................................57
5.3.2. Conservation au froid : caisses palettes de 600 à 1000 kg .........................60
5.4. Le bâtiment de conservation ...............................................................................60
5.4.1. Le bâtiment pour une conservation de courte durée
sans utilisation de froid ................................................................................60
5.4.2. Les chambres froides pour une conservation de longue durée ...................62
5.5. Un exemple de coût d’une conservation courte sans chambre froide................62
5.5.1. Le prix de revient de la pomme de terre à la récolte et ses corrections
en fonction des pertes en conservation sans chambre froide .....................62
5.5.2. Le coût de conservation sans chambre froide .............................................63
5.6. Un exemple de coût d’une conservation en chambre froide ..............................64
5.6.1. Les corrections de coût en fonction des pertes en conservation
en chambre froide ........................................................................................64
5.6.2. Le coût de la conservation en chambre froide .............................................64
7
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
6.3.2. Un concept de filière courte pour une production en Afrique
de l’Ouest .....................................................................................................69
6.3.3. Un élargissement des sources d’approvisionnement ..................................70
6.4. Les perspectives .................................................................................................71
8. Conclusion ................................................................................................................75
Abréviations ...................................................................................................................78
8
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
1. Introduction
180
160
140 Af rique
120
millions de t
250
100 Amériques
80 Asie
60 200
Europe
40
20
Kg/jour sol
0 150
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008
année
100
C’est en Afrique que la culture a connu ces dix dernières années l’accroissement 50
Evaluation de la répartition des besoins en
le plus élevé ; supérieur
mainà 50 %. L’Asie(moyenne
d'oeuvre suit avec une progression
de 392 journéesdede
20 %.
travail par hectare) 0
13
21 88
Préparation sol
Plantation
26 Buttage/sarclage
183 Irrigation
61 Récolte
9
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de Tri
l’Ouest
1.2. La place de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest et
en particulier en Afrique sahélienne
150
2006 2008 Avocat
100 Pain
Haricot sec
50 Pâtes et riz
rtition des besoins en
nne de 392 journées de
ar hectare) 0 0 10
Pomme de Manioc Igname Patate Taro Moyenne Calo
terre douce
Plantes
Préparation sol
Plantation
26 Buttage/sarclage
Teneur moyen
Irrigation D’un point de vue commercial, elle est très appréciée par les populations et elle
1 Récolte Estimation
constitue une culture dedu coûtpour
rente moyen lesdeagriculteurs
culture à qui obtiennent des rendements
Tri 2.000.000 F CFA/ha soit + - 3000 euro Chou-fleur
satisfaisants.
Epinard
77% Intrants
Amortissement
Pomme de terre fraîche
1 Données de calculs extraites de l’ouvrage de René Vandeput (voir Bibliographie)
Main d'oeuvre Petit pois
20% 52%
pour 1 hectare de 10 Tomate
000 F CFA/ha) 11%
Plants
Guide technique
3%
de la culture de14%
la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Fumure min/org Haricot vert
Carburant Pomme de terre de conservation
2 Population des 5 pays estimée à 63,9 millions (Wikipedia 2009) pour 156.054 t sans tenir
compte des exportations.
3 http://www.potato2008.org/fr/monde/europe.html
11
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
2 La description générale et la terminologie
12
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
2.2. Le tubercule
2.2.1. La description
Une pomme de terre est
donc un tubercule issu
d’un renflement d’une
tige souterraine qui va
grossir, alimenté par la
végétation en surface
et les racines. C’est un
organe de stockage
de substances de
réserve produites par la
photosynthèse.
TUBERCULE = renflement d’une tige souterraine (ce n’est pas une racine mais une
tige !),
STOLON = tige souterraine qui naît à la base d’une tige et donne naissance au
tubercule fils,
TALON = partie du tubercule située du côté du stolon,
EXTREMITE APICALE = COURONNE = partie du tubercule à l’extrémité opposée au
talon,
YEUX = légères excavations qui porteront des BOURGEONS,
BOURGEONS = cellules des yeux qui deviendront des GERMES puis des tiges
principales,
LENTICELLES = pores dans l’épiderme du tubercule permettant les échanges
gazeux.
13
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
2.2.3. La valeur nutritive du tubercule de pomme de terre
Parmi les légumes, la pomme de terre a une haute valeur nutritive. Le graphique
suivant compare la valeur énergétique de 100 g de matière comestible de
quelques aliments5.
ement
Pomme de terreEpinard
fraîche
euvre
ement
Pomme de terre fraîche
Petit pois
euvre Petit pois
Tomate
min/org Tomate
Haricot vert
t Haricot vert
Pomme de terre de conservation
min/org
t Pomme de terre de conservation
Carotte
Carotte
Haricot sec
Haricot sec 0 20 40 60 80 100
En mg/100 mg de produit comestible
0 20 40 60 80 100
En mg/100 mg de produit comestible
14
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
2.3. Les stades de développement de la plante
Le cycle moyen de la plante de pomme de terre pour les variétés traditionnellement
cultivées en Afrique de l’ouest varie de 90 à 110 jours.
La plante passe par différents stades qui demandent des interventions
spécifiques.
Il est donc important de bien les discerner6 !
Hauteur de la végétation
80 cm
Floraison 60 cm
Sénescence
40 cm
Levée
20 cm
Végétation
Germination Initiation de la tubérisation
Grossissement des tubercules
6 Sur base du BBCH scale for phenological growth stages of potato : voir bibliographie
15
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
2.4. L’évolution du tubercule
Ce paragraphe est très important car il permet de raisonner par la suite le stade
optimum de plantation des plants et d’orienter les modalités de la conservation.
La durée de la dormance est avant tout une caractéristique variétale, mais elle est
également directement liée aux conditions de conservation dont la température
est un facteur dominant. Les durées de dormance des variétés utilisées en
Afrique de l’Ouest conservées entre 30 et 35°C varient de 70 à 100 jours. A titre
d’exemple, si ces mêmes variétés sont stockées au frais entre 12 à 15 °C, le réveil
peut demander plus de 6 mois. Les tubercules stockés entre 4° et 6° voient leur
cycle de développement pratiquement stoppé.
70 à 100 jours
25 à 35 °C Début
Dormance
germination
12 à 15 °C Début
Dormance germination
Durant ce repos végétatif, le tubercule reste bien vivant et « respire ». Bien entendu,
ceci implique une perte d’eau et donc de poids des tubercules. Au Sahel, la perte
de poids (hors frigo) est importante le premier mois (jusqu’à 10 %) et se stabilise
ensuite (de 2 à 5 % par mois). Les pertes de poids sont d’autant plus importantes
que l’humidité ambiante est basse.
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Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Le « réveil » des tubercules se caractérise par l’apparition d’un premier bourgeon
au niveau d’un oeil de la couronne. Celui-ci se développe en germe grâce aux
réserves du tubercule. Après 15 à 30 jours, d’autres yeux répartis sur tout le
tubercule vont donner à leur tour des germes. Après plantation, chaque germe
se développe en une tige portant les feuilles.
Début de la germination =
apparition d’un premier germe
à la couronne
4° Les tubercules sont desséchés et rabougris, ils présentent des germes longs
(si stockés à l’obscurité). A la base des germes, on peut trouver déjà des petits
tubercules (boulage). Ce matériel est trop vieux et s’il est planté et lève, la
croissance de la végétation sera très réduite et la récolte sera donc faible.
17
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4 stades d’évolution physiologique des tubercules
Exemple de boulage
18
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
• La croissance des germes est directement influencée par la lumière. En effet, à
l’obscurité, le germe se développe en longueur pour atteindre la surface. Pour
un tubercule non encore planté mais conservé à l’obscurité, le germe s’allonge
(50 cm et plus), devient très fragile et épuise le tubercule. Par contre, s’il reçoit
une lumière diffuse, le germe s’épaissit pour devenir trapu et robuste et se
pigmente également. De tels germes sur le plant vont permettre de transporter
celui-ci vers le champ et de le planter avec un minimum de pertes (bris de
germes).
Développement du germe
Germe trapu
et coloré
19
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
3. Conditions favorables pour la culture de la
pomme de terre
Remarque préliminaire :
Certaines conditions préalables conditionnent la réussite de la culture ; c'est-à-
dire « du profit pour le producteur ». Elles sont reprises dans les paragraphes
suivants.
Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest la pomme de terre est une culture de
rente. Il s’agit donc d’une culture qui, bien menée, peut apporter aux producteurs
des revenus largement supérieurs aux autres cultures plus traditionnelles
(céréales, coton,…). Cependant, elle demande également des investissements
très conséquents. Dès lors, si le producteur échoue à cause d’une quantité et
d’une qualité insuffisantes à la récolte et/ou s’il ne parvient pas à bien vendre, il
sera déficitaire et probablement endetté.
Si ce guide a pour but de fournir un maximum de conseils pour bien produire et
conserver le produit, il se doit aussi d’attirer l’attention sur le fait qu’il est impératif
d’évaluer le marché avant toute nouvelle extension ou installation de nouvelles
zones de culture. Pour ce faire, le minimum est de réaliser une enquête dans
les villes les plus proches pour essayer d’évaluer les quantités vendues sur le
marché et leurs provenances ; c’est d’ailleurs déjà un bon moyen de se faire
connaître auprès des vendeuses au détail.
Un travail plus approfondi peut également être entrepris pour essayer d’estimer les
quantités qui pourraient être achetées en fonction de différents prix de vente.
Il s’agit donc de questionner un échantillon représentatif de familles de la zone
ou de la ville la plus proche en posant la question ; « si la pomme de terre est
vendue à tel prix (par exemple 250 F CFA/kg), combien de fois par mois en
consommerez-vous et combien ? Et ceci pour des prix dégressifs (200, 150,
100 F CFA/kg) ».
En globalisant la consommation pour le nombre total de familles de la zone ou
de la ville, on obtient une évaluation très grossière de la demande en fonction de
chaque prix de vente.
Il faut savoir que la pomme de terre peut donner de 25 à 30 t/ha : dix hectares
peuvent donc produire 300 tonnes soit l’équivalent de 10 semi remorques !
Pour ne pas faire prendre de risque aux producteurs, il faut débuter avec
un nombre restreint de ceux-ci (5 à 10) sur des surfaces réduites (1000 m²/
producteur). Ne pas introduire systématiquement la culture dans toutes les
zones d’intervention.
20
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
3.2. Les conditions climatiques
3.3.2. La rotation
21
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
3.3.3. La disponibilité en eau
Pour débuter la culture dans une zone, il n‘est aucunement nécessaire d’acheter
du matériel spécifique à cette culture. C’est en fonction des résultats et surtout
des surfaces cultivées qu’il faudra étudier par la suite si les achats du buttoir
(outil tracté pour faire les buttes) et/ou d’une souleveuse (outil tracté qui récolte
les tubercules et qui les dépose au sol) peuvent apporter plus de rentabilité aux
producteurs.
En ce qui concerne les apports d’eau, on observe une variété de moyens en
fonction de la ressource en eau et des investissements consentis. Notons déjà
que si la pomme de terre est consommatrice d’eau, elle supporte mal d’être
« noyée ».
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Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Dès lors, notre classement par mode d’irrigation du moins intéressant au plus
adéquat est le suivant :
Veillez à :
• Ne pas commencer une campagne de production avec une motopompe
peu fiable ! Prévoir toujours une solution de dépannage (pompe de secours
appartenant au groupement, location,…);
• Avoir à portée de main un pulvérisateur à dos en cas de besoin de
traitements insecticides.
au Mali, Niger, Guinée et Tchad. Bien entendu, il s’agit de valeurs indicatives et 250
100 Amériques
le lecteur veillera à ajuster les prix des intrants, de la main d’œuvre et/ou des
80 Asie
60
travaux « tracteur » aux valeurs actualisées dans sa zone.
200
Europe
40
20 3.5.1. L’évaluation des coûts de production
Kg/jour sol
0 150
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008
Le nombre de journées de travail et leur répartition sont évalués dans le graphique
suivant : année
100
50
Evaluation de la répartition des besoins en
main d'oeuvre (moyenne de 392 journées de
travail par hectare) 0
Pom
13 te
21 88
Préparation sol
Plantation
26 Buttage/sarclage
183 Irrigation
61 Récolte Es
Tri 2.
150
8 Plants de pomme de terre 1042 1007 1.049.294
Engrais minéraux 256 423 108.288
100
Matière organique 9800 12 117.600
Ha
Carburant/huile pour irrigation 488 546 266.448
50 Pâ
besoins en Total 1.541.630
journées de
En final,0l’évaluation du coût de production moyen atteint 2.007.430 F CFA/
Pomme de Manioc Igname Patate Taro Moyenne
hectare en tenant compte de 64.000 F CFA d’amortissement par hectare (pompe,
terre douce
puits, petit matériel…). Cette valeur sera arrondie à 2.000.000 F CFA/ha.
A noter qu’en règle générale, la culture n’a pas besoin de traitement phytosanitaire
Plantes
Préparation sol (absence de mildiou = pas de traitement fongique systématique) et qu’elle n’est
Plantation qu’occasionnellement attaquée par des insectes ravageant la végétation.
Buttage/sarclage
Irrigation
Récolte Estimation du coût moyen de culture à
Tri 2.000.000 F CFA/ha soit + - 3000 euro
77% Intrants
Amortissement
P
Main d'oeuvre
20% 52%
tare de
ha) 11% Plants
14%
3%
Fumure min/org
Carburant Pomme d
Main d'oeuvre
D’un point de vue global, le coût d’une culture de pomme de terre s’élève
Intrants
entre 1.600.000 et 2.300.000 F CFA /ha dont :
Amortissement • 3/4 pour les intrants et parmi ceux-ci 50 % uniquement pour les plants;
• 1/4 pour la main d’œuvre et les amortissements.
24
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
minima à Lai (Tchad)
21 88
Préparation sol
Plantation
26 Buttage/sarclage
183 Irrigation
61 Récolte
Tri
3.5.2. Le plan de trésorerie
On remarquera que la culture impose des moyens très importants lors de sa mise
en place.
75 %
1.600.000
1.400.000
1.200.000
1.000.000 Main d'oeuvre
F CFA
800.000 22 % Intrants
600.000 Amortissement
400.000
200.000 3%
0
Implantation Culture Récolte
Période d'investissements
45
40
35
30
25 Max
°c
20 Min
15
10
5
0
Mai Juin Juillet Août Sept Oct Nov Dec Jan Fev Mars Avril
mois
25
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
77%
20% 52
Evaluation du plan de trésorerie pour 1 hectare de
culture (calculé pour 2.000.000 F CFA/ha) 11
14
3%
75 %
1.600.000
1.400.000
4. La phytotechnie
1.200.000
1.000.000 Main d'oeuvre
F CFA
800.000 22 % Intrants
600.000 Amortissement
400.000
4.1. Le cycle cultural
200.000 3%
0
Implantation Culture Récolte
La pomme de terrePériode
a besoin d’une thermo-période journalière prononcée
d'investissements
(différence de température entre le jour et la nuit).
Si on prend comme exemple les courbes des températures moyennes mensuelles
maxima et minima à Laï (Tchad), on observe qu’un écart se creuse à partir de
novembre jusque février. Globalement, on retrouve ces écarts dans toutes les
zones sous ces latitudes pour des altitudes faibles (moins de 300 m).
45
40
35
30
25 Max
°c
20 Min
15
10
5
0
Mai Juin Juillet Août Sept Oct Nov Dec Jan Fev Mars Avril
mois
Pour les zones en altitude (+ de 1000 m), étant donné que la température chute
en moyenne de 6° C par 1000 m de dénivelé, la thermo-période journalière sera
donc amplifiée d’autant sur toute l’année. Ceci explique pourquoi, dans le Fouta
Djallon en Guinée, la pomme de terre peut être plantée tous les mois de l’année.
26
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.2. Le choix variétal
Un grand nombre de variétés sont cultivées en Afrique de l’Ouest en raison des
contacts commerciaux établis entre les fournisseurs et les clients.
Le tableau ci-dessous dresse un aperçu des variétés les plus couramment
rencontrées.
27
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Couleur % gros Aptitude
Variété Précocité Rendement Marché
de la peau calibre Conservation
Désirée Rouge Moyenne Bon Moyen Bonne Libre
Claustar Blanche Moyenne Bon Moyen Très bonne Libre
Sahel Blanche Très bonne Bon Bon Faible Libre
Pamina Blanche Bonne Très bon Très bon Faible Protégée
Nicola Blanche Moyenne Bon Moyen Très bonne Libre
Spunta Blanche Bonne Très bon Bon Faible Libre
Pour obtenir les meilleurs résultats avec des plants importés, il faut essayer de les
faire venir le plus rapidement possible après leur récolte en Europe. Pratiquement,
le laps de temps nécessaire à la certification du plant et à son transport en Afrique
de l’ouest correspond à une durée de dormance hors frigo. Le plant arrivera alors
généralement au début du stade de dominance apicale.
Sur place, on dispose les caisses (ou sacs) dans un local aéré en ouvrant celles-ci
de manière à ce que la lumière arrive sur les tubercules mais sans ensoleillement
direct.
28
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Si les tubercules ne développent pas assez rapidement les autres
germes, on peut disposer les plants sur une couche de sable humide et
les recouvrir d’un sac de jute. L’humidité ambiante favorise le démarrage
des autres germes.
Si, à l’ouverture des caisses ou des sacs, on constate que des germes
apicaux sont excessivement longs, il faut procéder à un égermage,
c'est-à-dire que l’on casse ces germes pour provoquer le démarrage
plus rapide des autres germes. Les plants seront alors bien entendu
disposés à la lumière diffuse. Attention au fait que toutes les variétés ne
réagissent pas d’une manière positive à cette opération (voir le
fournisseur).
29
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.3.2. Le sectionnement des plants
Lorsque le calibre des plants est important (supérieur à 35 mm), le nombre moyen
de germes par tubercule est supérieur à 5. Dès lors, il va y avoir compétition
entre les tiges. Les tubercules formés par plant seront plus petits mais plus
nombreux.
Etant donné que le marché demande des gros calibres, il peut être intéressant
de sectionner les tubercules en fragments comprenant de 1 à 2 germes. Cette
opération permet également d’utiliser des quantités moins importantes de plants
à l’hectare.
Le sectionnement se réalise
la veille de la plantation.
Les sections de tubercules
resteront la nuit à l’air libre
pour sécher. On peut passer
les sections coupées dans
la cendre pour favoriser la
cicatrisation.
Si les tubercules sont sectionnés, la distance inter plant sur la ligne est
réduite à 20 cm (voir densité de plantation).
30
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.4. La fumure
4.4.1 Les exportations des éléments par la culture
31
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.4.2. La fumure organique
Le tableau suivant permet d’évaluer les teneurs en éléments des diverses sources
de matières organiques :
32
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.4.3. La fumure minérale
Toujours privilégier des engrais avec des SULFATES par rapport aux
CHLORURES pour apporter du soufre.
Exemple de calcul:
33
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
2° Liste des matières premières à disposition :
On dispose de 2 tonnes de fumier de bovin et de 500 kg de fientes de volailles.
Sur le marché, on trouve les engrais 15 – 15 – 15 (céréales) et du sulfate de
potassium.
34
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.4.4. Le chaulage
Dans le cas de sol légèrement acide, le projet du PAPP dans le Fouta Djallon
conseille aux producteurs de chauler sous la forme d’un apport de 500 kg/ha de
coquillages broyés.
Certains producteurs réalisent des apports localisés de fertilisants dans les trous
de plantation, ceci pour favoriser le démarrage de la végétation. Cependant, il
faut veillez à ce que les engrais ne brûlent pas les germes par un contact direct.
4.5.1. Le défrichage
Etant donné que la pomme de terre demande des terrains vierges et/ou que les
rotations sont longues, on peut être amené à travailler des parcelles à défricher.
Un défrichage est alors réalisé par un travail répété du sol à la daba ou tout autre
instrument tracté ou mécanisé. Plusieurs hersages successifs à une semaine
d’intervalle peuvent épuiser les mauvaises herbes à rhizomes.
Il est également possible de traiter le terrain infesté de mauvaises herbes avec un
herbicide systémique (glyphosate) à raison de 12 l/ha. Il faut pulvériser le terrain
au minimum 1 mois avant le labour, laisser le temps aux mauvaises herbes de
mourir puis travailler le sol. Si nécessaire, il faut refaire un traitement sur les
repousses. Dans toute la mesure du possible, tant pour des raisons économiques
qu’environnementales, préférer le travail manuel ou mécanique du sol à l’utilisation
de désherbants chimiques.
4.5.2. Le labour
Il faut vérifier que le sol soit bien travaillé en profondeur : utiliser des pioches
si besoin !
35
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.5.3. La préparation du « lit » de plantation
Les BUTTES :
On préconise une préparation en buttes car le travail peut être attelé ou mécanisé,
et les distances de plantation sont plus aisément respectées. Elles facilitent
également l’irrigation gravitaire. A la formation, les buttes auront 25 cm de haut
avec une distance inter butte minimale de 75 cm, afin de permettre de disposer
d’assez de terre dans le sillon pour pratiquer un bon buttage.
36
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Les TROUS INDIVIDUELS :
La plantation dans des trous individuels est pratiquée lorsque tout le travail est
manuel et l’irrigation réalisée par aspersion (calebasse). Le trou individuel (poquet)
permet de localiser les engrais et facilite la plantation de sections de plants mais
ne convient pas à l’irrigation gravitaire ni à la mécanisation.
Poquet à 30 cm x 30 cm
Fertilisation localisée
Les PLANCHES
Dans des zones dont les sols sont très légers (sableux à très sableux), les
producteurs privilégient une plantation en planche (à plat) qui permet d’assurer
une meilleure humidification au niveau des plants pour faciliter une levée
homogène.
37
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.6. La plantation
4.6.1. La densité de plantation
L’objectif de la culture est d’arriver, pour cette région, à une densité de 150.000
tiges à l’hectare. Cette densité relativement peu élevée (moyenne européenne de
200.000 tiges/ha) est choisie car :
• Le marché demande de gros tubercules (si on plante serré, la récolte
comprendra de nombreux petits tubercules, si la densité est moins importante,
le pourcentage de gros calibres sera plus élevé) ;
• L’investissement en plants est moins important.
Le nombre de tiges dépend du nombre de germes sur les tubercules, qui lui-
même est directement fonction du calibre des tubercules. La quantité de plants
à planter par hectare sera donc fonction de leur calibre. Le tableau suivant prend
en compte ces paramètres pour arriver à définir la quantité de plants nécessaire
à l’hectare.
Nombre moyen
Quantité de Nombre de Ecartement sur
de tubercules
plants pour tubercules la ligne (pour un
Calibre dans 1 kg de
arriver à 150.000 plantés à interligne minimum
plants d’un
tiges hectare l’hectare de 75 cm)
calibre donné
28/35 mm 36 +- 1200 kg 43200 +- 30 cm
35/45 mm 18 +- 1500 kg 27000 +- 50 cm
45/55 mm 10 +- 2000 kg 20000 Maximum 50 cm
Fragments de tubercules 20 cm à 25 cm
38
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Pour des plantations en trous individuels de fragments de tubercules, les
producteurs adaptent les densités en fonction de l’importance du développement
de la végétation pour une variété donnée.
Une plantation des plants par même calibre donnera des parties de champ
plus homogènes et donc plus faciles à entretenir.
4.7.1. Le buttage
39
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
En culture de pomme de terre, le buttage est essentiel pour plusieurs
raisons :
40
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Tubercules verdis par manque
de buttage
Le premier buttage est réalisé lorsque les plantes ont une hauteur de 20 à 25 cm
mais toujours avant l’initiation de la tubérisation !
Il ne faut pas hésiter à recouvrir entièrement le pied des plantes même en enterrant
les premières feuilles.
Avant Après
Formation de buttes
de 30 cm minimum
41
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Le second buttage est réalisé en pleine végétation.
Il est recommandé d’entretenir les buttes lorsque celles-ci sont érodées par
l’irrigation et/ou que les tubercules affleurent la surface de la butte, ceci
autant de fois que nécessaire ! Le producteur doit s’assurer que les buttes
sont maintenues jusqu’à la fin du cycle.
Pour les parcelles plantées à plat, le premier buttage est réalisé deux semaines
après la levée et un second buttage de 50 à 60 jours après plantation.
4.7.2. Le désherbage
Si, après sarclage, les buttes sont effondrées, veillez à les reconstituer.
4.7.3. L’irrigation
La GESTION de l’irrigation
Il faut impérativement éviter que les tubercules soient immergés lors des
irrigations. C’est pourquoi les buttes doivent être hautes. Les racines
peuvent atteindre 60 cm (voir plus) de profondeur, elles iront «chercher»
l’eau sans difficulté.
42
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Dans un tel cas, il faut si possible limiter les apports d’eau et/ou butter une
nouvelle fois de manière à creuser plus profondément les sillons et éviter
que les tubercules ne baignent dans l’eau.
L’ARRET DE L’IRRIGATION :
En règle générale, les apports d’eau doivent être arrêtés une dizaine de jours
avant la récolte pour permettre aux tubercules de se « ressuyer » et de former
une peau résistante (périderme). Cependant, certaines contraintes imposent des
aménagements à cette règle :
• En sol lourd, il est conseillé de poursuivre l’irrigation jusqu’à la récolte. Ceci
permet d’éviter que le sol ne se dessèche, durcisse et ne se fende permettant
à la teigne de pondre sur les tubercules ;
• En sol infesté de termites, même si celui-ci est léger, la poursuite de l’irrigation
jusqu’à la récolte peut limiter les attaques par ces insectes.
43
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.8. La protection phytosanitaire
En règle générale, peu de parasites ou de pathogènes affectent de manière très
importante la culture au Sahel, du moins si on respecte les préconisations
en matière de rotation et de qualité sanitaire des plants. Cependant, il est
important de pouvoir différencier les plus dommageables afin de pouvoir apporter
les mesures adéquates et tenter de limiter les dégâts.
Flétrissement
de la plante
44
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Test de l’exsudat positif
Pourriture
humide sur
Symptômes sur
la base des
les basses tiges
tiges
45
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Symptômes La terre colle au niveau des
sur tubercules yeux et du talon du fait de la
présence d’exsudat bactérien
Pour réaliser le test de l’exsudat, le technicien doit se munir d’un verre transparent
et d’eau claire. La tige suspecte est sectionnée au niveau du collet et plongée
verticalement dans le verre d’eau. S’il s’agit bien de pourriture brune, de fins
filaments blancs (exsudat bactérien) s’échappent de la tige après 2 à 3 minutes
d’immersion.
46
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Lors de la culture, en cas d’attaques, on doit procéder aux opérations
suivantes :
LA GALE COMMUNE
47
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
La lutte est principalement préventive lorsque que l’on sait que la parcelle
est à risque :
• Choisir une variété peu sensible ;
• Utiliser de la matière organique bien décomposée ;
• Eviter une préparation du sol trop aérée (sols soufflés) ;
• Irriguer pour maintenir un sol humide pendant la tubérisation (mais sans
excès d’eau) ;
• Allonger la rotation (intervalle entre deux cultures de pomme de terre :
5 ans recommandés).
L’ALTERNARIOSE
LA FUSARIOSE
Les champignons du genre Fusarium pénètrent dans les tubercules par les
blessures occasionnées lors de la récolte ; le champignon peut alors se
développer durant la conservation. Il provoque des pourritures brunes internes
qui, en se desséchant, font apparaître des stries concentriques. Du mycelium
blanc (ou blanc-rosé) ainsi que des coussinets fructifères sont souvent présents
à la surface des lésions.
48
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
La fusariose peut être combattue par les moyens suivants :
Remarques :
• D’autres espèces de Fusarium peuvent se manifester en végétation et provoquer
des flétrissements qu’il ne faut pas confondre avec des bactérioses.
• Le mildiou (Phytophthora infestans) est très peu présent dans les cultures au
Sahel en raison des températures trop élevées à basse altitude et de la faible
humidité atmosphérique. Dès que les cultures sont en altitude (au Cameroun
par exemple), la maladie devient un problème majeur.
LA TEIGNE
49
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Lorsque la culture se réalise en zone infestée, la lutte contre la teigne se
réalise de manière préventive et curative:
• Actions préventives :
- Allonger l’intervalle de rotation entre deux cultures de pomme de terre
(4 à 5 ans) ;
- Eviter de planter dans des sols très légers et peu compacts ; afin de
limiter les pontes des adultes sur les tubercules ;
- Poursuivre l’irrigation pour que les buttes ne se crevassent pas ;
- Détruire les tubercules atteints ;
- Prévoir si possible une récolte précoce ;
- Lors de la récolte, ne pas laisser les fanes en contact avec les
tubercules ;
- Trier à l’entrée en conservation : éliminer tous les tubercules (même
douteux) présentant des trous ou galeries ;
- Désinfecter les locaux de conservation ;
- Prévoir des moustiquaires aux ouvertures du local de conservation.
LES ACARIENS
Au nord du Niger, les techniciens citent également des attaques d’acariens sur
les plantes. Ces attaques sont plus intenses lorsque le feuillage n’est pas mouillé
lors des irrigations (gravitaire ou goutte à goutte). Lorsque le risque est présent,
une irrigation supplémentaire par aspersion tous 15 jours est souhaitable pour
mouiller la végétation.
50
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
LES NEMATODES
Les nématodes sont de petits vers ronds invisibles à l’œil nu. On ne citera que les
nématodes à galles Meloidogyne spp. qui provoquent des boursouflures sur les
tubercules et des nodosités sur les racines. Les attaques au champ se présentent
en général en foyers (zones) où les plantes sont chétives. L’arrachage d’un pied
et l’observation du système racinaire permettent de confirmer une attaque de
nématodes : présence de nodosités.
51
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.9. La récolte
On peut aisément vérifier si les tubercules sont à maturité pour être récoltés :
il faut que la peau adhère au tubercule après lui avoir donné un « coup de
pouce » !
52
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Tubercules n’ayant pas atteint
la maturité suffisante pour être récoltés
Ne jamais ouvrir
directement la butte
mais toujours le sillon.
53
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
4.9.3. Les soins particuliers
Les tubercules doivent toujours être triés de manière très rigoureuse sur le champ
avant conditionnement. Les tubercules défectueux sont détruits au même titre
que les plantes malades en culture.
Les tubercules doivent être conditionnés dans des filets (type sac à oignons) ou
en caisse pour permettre l’aération et limiter l’échauffement.
Lors du transport, on doit veiller à ne pas faire des tas trop importants de sacs de
tubercules, car ceux du dessous risquent d’être écrasés et pourrir. Enfin, il faut
toujours protéger les sacs du soleil (bâche ou nappe).
54
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
5. La conservation
55
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
5.2. Une phytotechnie appropriée permettant d’obtenir un
produit conservable.
La réussite d’une conservation de pomme de terre de consommation est tributaire
de la qualité de la matière première. La réussite de la conservation dépend
largement (à 90 %) de la conduite de la culture et des soins à la récolte !
La pomme de terre destinée à la conservation doit donc présenter impérativement
certaines qualités pour pouvoir être conservée.
On veillera également à ce que les tubercules soient bien secs. S’ils ne le sont
pas, il faudra prévoir, avant l’entrée en conservation, une période de séchage. A
noter également que les tubercules ne doivent jamais être lavés avant d’entrer
en conservation.
56
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
5.2.3. L’utilisation d’inhibiteurs de germination
Le poudrage doit être réalisé de manière homogène pour éviter les variations
de dosage. Tout tubercule traité à l’anti-germe ne pourra plus être utilisé
comme plant.
Bien des expériences ont été tentées pour trouver la meilleure technique
d’entreposage des pommes de terre sous températures ambiantes élevées (tas
au sol avec ou sans ventilation, silos, caisses,…).
Stockage de courte
durée en plein champ, Sénégal
57
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Stockage
en sacs et
en caisses,
Guinée
58
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Modèle 60 x 40 x 40 cm
Par rapport à un étalement des tubercules directement sur le sol, l’utilisation des
caisses permet également de stocker des quantités de pomme de terre plus
importantes par unité de surface. En tenant compte des espaces d’aération
nécessaires et des passages permettant la manipulation des caisses, équivalents
à la moitié de la surface totale, on peut estimer que chaque mètre carré utile
permet de stocker un maximum de 800 kg (4 caisses par m² sur 5 caisses en
hauteur).
59
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
5.3.2. Conservation au froid : caisses palettes de 600 à 1000 kg
Un grand nombre de prototypes ont déjà été testés pour évaluer une bonne
conservation des tubercules de pomme de terre sans utiliser de groupe
frigorifique.
Avant d’en faire une synthèse, rappelons encore que, même avec un
bâtiment très bien conçu, sans une bonne qualité de la matière première
et sans utiliser de caisses, il est illusoire d’espérer conserver sans pertes
considérables.
60
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
• Stocker les tubercules à l’obscurité,
• Préserver les tubercules des attaques d’insectes et/ou de rongeurs.
A observer :
• Faux plafond
• Aération avec grillage et
moustiquaire
• Bassins d’évaporation
(les caisses seront déposées
Case avec toit de paille et ventilation au dessus sur des palettes)
61
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Magasin creusé dans le sol,
Burkina Faso
62
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
15
10
10 10
5
5 2 monthly average of
3 weight loss %
0
1° month 2° month 3° month 4° month cumulative % of
weight losses
20
20
18
15
% 15
10
10 10
5
5 2 moyenne mensuelle
3 du % des pertes
0
1° mois 2° mois 3° mois 4° mois % cumulés des pertes
63
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Exemple de prix de revient de la pomme de terre conservée
de 1 à 4 mois sans utilisation de chambre froide
160
140
Prix de la matière première
120
en considérant les pertes
100
F cfa/kg
en poids
88 92 94,4 96
80
60 Frais de conservation Kg
40
20 40 40 40 40
0
1° mois 2° mois 3° mois 4° mois
Pour que la conservation soit rentable, il faut s’assurer que le prix de vente de la
pomme de terre après conservation soit d’au moins de 200 F CFA/kg.
L’exemple se base sur une location de chambre froide existante (exemple calculé
en 2008 à Ouagadougou) de 140 m² pour 4,2 m de hauteur. Un prix de location
par mois de la chambre est proposé TTC à 2.950.000 F CFA comprenant tous les
frais : location, énergie, maintenance, gardiennage.
64
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Poste Détails Valeur
Chambre pour stocker 200 t sur 8 mois
23.600.000
Location (F CFA)
Prix /kg sur 8 mois (F CFA) 118
Palette box de 1000 kg (F CFA) 80.000
Amortissement Amortissement palette box (années) 7
Amortissement palette kg/an (F CFA) 12
Prix total des charges pour 8 mois de conservation frigo/kg
130
(F CFA)
Dans cet exemple de location de chambre froide, le coût de revient d’un kilo de
pomme de terre conservé 8 mois atteint 218 F CFA/kg. Le coût de la conservation,
dans ce cas et en tenant compte des pertes, s’élève à 138 F CFA/kg.
En espérant un prix de vente supérieur à 500 F CFA/kg durant la période d’offre
réduite ou nulle (de septembre à novembre), une marge brute importante se
dégage de plus de 250 F CFA/kg.
65
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
6. La disponibilité des plants
6.1. La problématique
L’approvisionnement en plants de pomme de terre importés d’Europe, bien que
de qualité, reste en Afrique de l’Ouest une contrainte importante pour les raisons
suivantes :
• Le prix des plants importés représente, dans beaucoup de cas, plus de la
moitié du coût de culture (voir § 4.5.1.) ;
• Les plants ne sont disponibles pratiquement pour la plantation qu’à partir du
15 novembre alors que des plantations plus hâtives sont possibles dès la mi-
septembre afin de produire pour les fêtes de fin d’année ;
• Certaines variétés spécifiques (tropicales de basses altitudes pour la saison
des pluies ou de longue conservation) ne sont pas disponibles en Europe ;
• Pour les Etats, l’achat de plants représente des exportations de devises
importantes.
Pour ces différentes raisons, diverses solutions ont été étudiées tant par les
producteurs eux-mêmes avec des solutions alternatives que par des initiatives
de projets ou de sociétés privées utilisant des techniques modernes.
Pour disposer de plants pour une plantation en saison des pluies (juillet) ou hâtive
(septembre), les producteurs de Sikasso au Mali ont, depuis des décennies,
récupéré les petits calibres de leur production de consommation issue de plants
importés. Les petits calibres sont stockés sans moyen particulier.
Bien que bien prégermés, ces plants, dénommés « Chicoroni8 », plantés en saison
des pluies sur des terres gravillonnaires dans les collines, ne produisent que peu
car les conditions climatiques ne sont pas favorables (thermopériode journalière
insuffisante et très forte intensité des pluies). Cependant, ces faibles rendements
(4 à 8 t/ha) sont compensés par un coût de production moindre (plants à prix
minima et irrigation naturelle) et par un prix de vente élevé car l’offre est faible.
Les petits calibres conservés jusqu’en septembre sont quant à eux déjà
physiologiquement vieux et donc appelés « Fassamani9 ». Ils vont donc
également donner de faibles rendements mais pour les mêmes raisons que pour
la récolte de saison des pluies, le producteur dégage tout de même des bénéfices
intéressants.
66
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Enfin, certains producteurs, à partir des récoltes de la saison des pluies, tentent
également de conserver des petits calibres pour une plantation en novembre
mais les pertes en conservation sont très élevées car les tubercules sont gorgés
d’eau. Ils sont appelés « Tchicadan ». Le schéma suivant détaille le processus qui
commence par l’importation des plants d’Europe.
SEP
Petits AVR Petits
calibres Gros calibres calibres
Marché de consommation
MAR OCT
Récolte
DEC TCHICADAN
jAV
Afin de diminuer les pertes en conservation des plants, des magasins spécifiques
ont été construits sur les mêmes principes que pour la conservation de la
consommation mais avec des « ouvertures grillagées » (moustiquaires) permettant
de stocker les plants sous lumière diffuse.
Actuellement, à la récolte, certains acteurs10 se sont spécialisés dans le rachat des
petits calibres aux producteurs à un prix de 150 à 200 F CFA/kg qu’ils stockent
ensuite pour les revendre en septembre autour de 400 F CFA/kg.
Toute cette ingéniosité développée par les producteurs démontre bien que ce
problème d’approvisionnement en plants est, pour eux, un souci majeur.
67
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
6.2.3. Les limites du système
68
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
marché en plants certifiés (vendus au producteur de consommation), il est donc
nécessaire que chaque niveau soit cultivé annuellement.
Il est à noter que dans ces filières de multiplication, le matériel initial provient
essentiellement de laboratoires in vitro.
Ce matériel de pré base doit donc être cultivé et conservé de 2 à 3 fois. Plusieurs
solutions techniques sont envisageables en tenant compte du fait que la contrainte
majeure réside dans la conservation des plants entre cycles de multiplication au
champ :
• Si les multiplications se réalisent dans des zones d’altitudes (800 à 1300 m), le
problème de la conservation est résolu dans la mesure où le multiplicateur peut
planter chaque mois de l’année et donc organiser sa plantation afin de livrer
du matériel pré germé à son client en tenant compte d’une période normale de
dormance ( par exemple pour une livraison début octobre de plants pré germés :
plantation début avril, récolte fin juin, conservation de juillet à septembre) ;
69
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
• En dehors de ces zones, la conservation des plants entre deux multiplications
en saison sèche fraîche dépasse largement la dormance naturelle des variétés
classiques de pomme de terre. Dès lors, deux solutions sont proposées :
§ L’utilisation de frigo pour allonger la période de dormance, ceci pour
produire la majorité des variétés du domaine public ;
§ L’utilisation d’une variété sélectionnée11 pour une dormance très longue
permettant une conservation de 7 à 8 mois sans nécessité de passer
en frigo.
A noter que du matériel de base (S, SE et E) peut également être importé des
filières européennes pour être multiplié une seule fois en Afrique. Cette voie
permet, au démarrage d’un projet, d’obtenir, dès la fin de la première année, des
plants à commercialiser. Cependant, ce matériel de base pour des variétés du
domaine public est difficile à obtenir sur le marché et est souvent non disponible
pour les variétés protégées.
Actuellement, plusieurs pays (Mali, Burkina Faso, Sénégal, Niger, Guinée,…) ont
déjà entamé des programmes de production locale de plants mais le matériel
semencier n’est pas encore disponible à grande échelle.
Afin d’étaler la mise sur le marché, une plantation dès le mois de septembre est
réalisable mais les plants européens ne sont pas disponibles à cette période.
On pourrait donc envisager un approvisionnement venant de pays qui peuvent
planter dès le mois de janvier ou février. Il s’agit donc des zones d’Afrique de
l’Ouest en altitude, de l’Afrique du Nord ou de pays de l’hémisphère Sud. Il
conviendrait d’être vigilant sur la qualité sanitaire des plants pour ne pas
introduire de nouveaux parasites ou maladies.
70
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
6.4. Les perspectives
La pomme de terre pourrait jouer un rôle plus important en tant que culture de
rente tout en améliorant la sécurité alimentaire si elle pouvait être disponible pour
le consommateur pendant 6 mois de l’année (ou plus), pour un prix variant de 200
à 300 F CFA/kg (0,30 à 0,45 euro/kg).
En cas de production locale de plants, il faudra être très vigilant par rapport
à la qualité sanitaire du matériel produit. Un système efficace et fiable
de certification des plants doit être mis sur pied en tenant compte des
pathogènes spécifiques à la zone.
Il s’agit là d’un challenge aussi important que la production en elle-même !
71
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
7. Un schéma directeur pour l’introduction de la
culture dans une nouvelle zone de production
Cette dernière partie a pour but de proposer un schéma directeur des impératifs
à prendre en compte et des travaux à réaliser lorsqu’une équipe technique
désire introduire la culture de la pomme de terre dans une nouvelle zone de
production.
Une filière est par définition un schéma où plusieurs composantes doivent être en
place et organisées pour fonctionner. La filière « Pomme de terre » n’échappe pas
à la règle. Etant donné les spécificités de la culture déjà énoncées, il est évident
que, peut-être même plus que pour une autre production, la filière pomme de
terre doit s’organiser pour :
• Assurer la mise à disposition d’intrants ainsi que le système de crédit qui
l’accompagne ;
• Appuyer le producteur pour SECURISER la rentabilité de la production :
§ Acheminement des intrants dans les délais (impératif) ;
§ Vulgarisation de la phytotechnie adéquate (variété, technique,…) ;
§ Etude de marché et valorisation de la production locale (label
qualité…) ;
§ Mise en place des outils et des techniques de conservation du produit;
§ Organisation des échanges d’informations entre les différents maillons
de la chaîne (des fournisseurs d’intrants jusqu’à la mise sur le marché).
Le démarrage d’une filière dans une nouvelle zone géographique doit donc
passer par une phase incontournable de formation et d’organisation des
producteurs.
Nous avons expliqué que, dans toutes les zones d’Afrique de l’Ouest (hors zones
d’altitudes), les récoltes se réalisent de février à mars car, d’une part, les plants
importés ne sont pas souvent disponibles avant le 15 novembre et, d’autre part,
qu’il faut profiter de la fraîcheur des nuits de janvier et février pour obtenir une
72
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
bonne tubérisation.
La surabondance de l’offre à la récolte est à l’origine de chutes des prix qui
risquent de faire basculer le bilan du producteur dans le négatif.
2° Discussion avec les futurs producteurs pour les intéresser à la culture par :
• Une séance d’information,
• Une visite de quelques représentants des candidats chez des producteurs
déjà bien installés.
8° Appui à la commercialisation
9° Appui à la conservation
73
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Le chronogramme suivant montre bien qu’il faut s’y prendre à l’avance (1 an)
Travaux Fev Mars Avr Mai Jn Jl Ao Sep Oct Nov Déc Jan Fev Mars
1° XXXXXX
2° XX XX
3° XX
4° XX XX
5° XX
6° XX XX
7° XX XX XX XX
8° XX XX
9° X
74
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
8. Conclusion
Aujourd’hui, la pomme de terre de consommation peut donc déjà offrir des revenus
supplémentaires et une sécurité alimentaire accrue aux producteurs. Cependant, il
est capital de sécuriser la filière par une bonne organisation des producteurs pour
faciliter l’encadrement technique, l’octroi de crédit de campagne, la fourniture
des intrants, la conservation et la commercialisation.
Dans les prochaines années, le challenge de la filière sera d’offrir une pomme
de terre de consommation de qualité à un prix abordable pour la majorité de la
population, ceci sur une période de 6 mois par an.
75
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
9. Principales sources bibliographiques
Ouvrages de base :
• P. Rousselle, Y. Robert, J.C. Crosnier, éd., 1996 – La pomme de
terre – INRA, 607 p.
• Bulletins d’information technique, 1987 – La pomme de terre –
CIP, 136 p.
• P. Le Corre, J.M. Gravoueille, M. Martin, 1995 – La culture de la
pomme de terre de conservation – ITCF/ITPT, 64 p.
• Guide pratique de la pomme de terre de conservation, 1981, ITPT,
65 p.
Techniques spécifiques :
• J. Odet, M. Musrad, 1989 – Mémento fertilisation des cultures
légumières – Ctifl, 398 p.
• H. Hack, – The BBCH scale for phenological growth stages of
potato.
• R. Vandeput, 1981- Les principales cultures en Afrique de centrale
– Administration Générale de la Coopération au Développement,
1252 p.
Maladies et traitements :
• W. Radtke, W. Rieckmann, 1991 – Maladies et ravageurs de la
pomme de terre – Th. Mann éd., 168 p.
• Maladies, Ravageurs et désordres de la pomme de terre : guide
d’identification et fiches descriptives – 2008, FNPPPT/GNIS/
Arvalis, 192 p.
• W.J. Hooker, 1990 – Compendium of Potato Diseases – The
American Phytopathological Society, 125 p.
• G. N. Agrios, 1997 – Plant Pathology – Academic press, 635 p.
• Guide pratique de défense des cultures – 1999, ACTA, 575 p.
• Index phytosanitaire – 2002, ACTA, 788 p.
76
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
régionale pour le développement des productions horticoles en
Afrique, FAO, pages 99 à 122.
77
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Abréviations, Sigles et Acronymes
78
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Ce guide est édité grâce au concours des partenaires suivants :
79
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Notes :
80
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Notes :
81
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest
Notes :
82
Guide technique de la culture de la pomme de terre en Afrique de l’Ouest