L3-Antennes Et Lignes de Transmission-Chap3

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Matière : Lignes de transmission et Antennes AU : 2019/2020

Filière : L3 Télécom
Chapitre III : Théorie de la propagation des ondes électromagnétiques
3.1 Définitions
Une onde électromagnétique est un modèle utilisé pour représenter les rayonnements
électromagnétiques. Ces rayonnements correspondent à l’ensemble des radiations émises par une
source naturelle telle que le soleil ou artificielle telle que l’antenne, sous formes d’ondes EM ou de
particules.
La répartition des ondes EM en fonction de leur fréquence, de leur longueur d’onde ou de leur
énergie est appelé spectre électromagnétique. La partie radioélectrique de ce spectre contient les
ondes 𝐸𝑀 dont la fréquence est pratiquement entre 3 𝐾𝐻𝑧 et 300 𝐺𝐻𝑧, qui correspond à des
longueurs d’onde de 100 𝐾𝑚 à 1 𝑚𝑚, se propageant dans l’espace sans guide artificiel.

Longueur
Bande Fréquences Exemples d’utilisation
d’ondes
Communications maritimes et sous maritimes et
VLF 3 à 30 KHz 100 à 10 Km
radionavigation.
Orages, radioamateurs, radionavigation et CM
LF 30 à 300 KHz 10 à 1 Km
maritimes.
Radiodiffusion MW, radiophares, radionavigation et
MF 300 à 3000 KHz 1 à 0.1 Km
aéronautique.
Radiodiffusion SW, radiolocalisation, aéronautique,
HF 3 à 30 MHz 100 à 10 m
bande ISM et fréquences secours.
Télécommandes, recherche spatiale, satellite,
VHF 30 à 300 MHz 10 à 1 m
astronomie et bande ISM.
300 à 3000 Mobiles et radiodiffusion par satellite, télévision
UHF 1 à 0.1 m
MHz terrestre et réseaux GSM et UMTS.
Radiolocalisation, télévision par satellite, liaison par
SHF 3 à 30 GHz 100 à 10 mm
faisceaux hertziens et bande ISM.
Radioastronomie, radioamateurs et bande ISM.
EHF 30 à 300 GHz 10 à 1 mm

Tableau 3.1 : Spectre des fréquences radio

1 Dr. Y. Tighilt Dép. Electronique UFAS1 Lignes de transmissions et Antennes L3 Télécom Ch.III
3.2 Propagation des ondes planes dans les milieux matériels
3.2.1 Equation de propagation d’une onde plane

Les équations de Maxwell dans le domaine temporel pour un milieu linéaire, homogène, isotrope et
dépourvu de charges (𝜌 = 0) s’écrivent :

𝛻⃗ × 𝐸⃗ = −𝑗𝜔𝜇𝐻
⃗ (1), 𝛻⃗ . 𝐸⃗ = 0 (3)

𝛻⃗ × 𝐻
⃗ = (𝜎 + 𝑗𝜔𝜀)𝐸⃗ (2), 𝛻⃗ . 𝐻
⃗ =0 (4)

En introduisant le rotationnel vectoriel à l’équation (1), on obtient :

𝛻⃗ × (𝛻⃗ × 𝐸⃗ ) = −𝑗𝜔𝜇(𝛻⃗ × 𝐻
⃗) (5)

En utilisant l’identité vectorielle :

𝛻⃗ × (𝛻⃗ × 𝐴) = 𝛻⃗. (𝛻⃗ 𝐴) − 𝛻⃗ 2 𝐴

On obtient :
𝛻⃗. (𝛻⃗𝐸⃗ ) − 𝛻⃗ 2 𝐸⃗ = −𝑗𝜔𝜇(𝛻⃗ × 𝐻
⃗) (6)

En remplaçant les équations (2) et (3) dans l’équation (6), on obtient :

𝛻⃗ 2 𝐸⃗ = 𝑗𝜔𝜇(𝜎 + 𝑗𝜔𝜀)𝐸⃗ = 𝛾 2 𝐸⃗ (7)


Avec :
𝛾 2 = 𝑗𝜔𝜇(𝜎 + 𝑗𝜔𝜀) = (𝛼 + 𝑗𝛽)2 (8)

Où : 𝛾, 𝛼 et 𝛽 sont respectivement les constantes de propagation, d’atténuation et de phase de


l’onde.

L’équation (7) représente l’équation de l’onde pour le champ électrique. En suivant la même
procédure on peut aboutir à l’équation de l’onde du champ magnétique :

𝛻⃗ 2 𝐻
⃗ = 𝑗𝜔𝜇(𝜎 + 𝑗𝜔𝜀)𝐻
⃗ = 𝛾2 𝐻
⃗ (9)

En coordonnées cartésiennes ces deux équations d’ondes s’écrivent :

𝜕 2 𝐸⃗ 𝜕 2 𝐸⃗ 𝜕 2 𝐸⃗
+ + = 𝛾 2 𝐸⃗ (10)
𝜕𝑥 2 𝜕𝑦 2 𝜕𝑧 2

⃗ 𝜕 2𝐻
𝜕 2𝐻 ⃗ ⃗
𝜕 2𝐻
+ + ⃗
= 𝛾2 𝐻 (11)
𝜕𝑥 2 𝜕𝑦 2 𝜕𝑧 2

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Les solutions des équations des ondes planes qui ne dépendent que d’une seule composante spatiale
(par exemple 𝑧) présentent un intérêt particulier. Pour ce cas les équations (10) et (11) deviennent :

𝜕 2 𝐸⃗ ⃗
𝜕 2𝐻
= 𝛾 2 𝐸⃗ (12), ⃗
= 𝛾2 𝐻 (13)
𝜕𝑧 2 𝜕𝑧 2

En outre, les champs avec une seule composante polarisé selon (𝑥 ou 𝑦) les équations (12) et (13)
admettent des solutions de la formes :

𝐸⃗ = 𝐸0 𝑒 ±𝛾𝑧 𝑒𝑥 (14), ⃗ = 𝐻0 𝑒 ±𝛾𝑧 𝑒𝑦


𝐻 (15)

En prenant en compte la dépendance du temps de ces deux équations, on obtient :

𝐸⃗ = 𝐸0 𝑒 ±𝛾𝑧 𝑒 𝑗𝜔𝑡 𝑒𝑥 (16), ⃗ = 𝐻0 𝑒 ±𝛾𝑧 𝑒 𝑗𝜔𝑡 𝑒𝑦


𝐻 (17)

Les composantes du champ électromagnétique obtenues dépendent, par l’intermédiaire de 𝛾, des


caractéristiques du milieu de propagation (𝜇, 𝜀 et 𝜎).

3.2.2 Propagation dans un milieu diélectrique sans pertes


Les propriétés d’une onde électromagnétique, telles que sa vitesse de phase 𝑣𝑝 ou sa longueur
d’onde 𝜆, dépendent de la fréquence angulaire 𝜔 ainsi que des paramètres du milieu à savoir : sa
permittivité électrique 𝜀, sa perméabilité magnétique 𝜇 et sa conductivité 𝜎.
Si le milieu n’est pas conducteur (𝜎 = 0), l’OEM ne soufre d’aucune atténuation en le traversant,
on dit donc que c’est un milieu sans pertes, et le seul courant qui existe est un courant de
déplacement.
𝜎=0 ⟹ 𝛾 2 = (𝑗𝜔𝜀)(𝑗𝜔𝜇) = −𝜔2 𝜇𝜀 ⟹ 𝛾 = 𝑗𝜔√𝜇𝜀

On définit alors le nombre d’onde 𝑘 tel que :

𝛾 2 = −𝑘 2 ⟹ 𝑘 = 𝑗𝛾

Dans un tel milieu l’équation de propagation s’écrit :

𝛻⃗ 2 𝐸⃗ − 𝛾 2 𝐸⃗ = 𝛻⃗ 2 𝐸⃗ + 𝑘 2 𝐸⃗ = 0

La constante de propagation est purement imaginaire et la constante d’atténuation est nulle.


L’impédance intrinsèque est réelle, elle est donnée par :

𝜔𝜇 𝜔𝜇 𝜇
𝜂= = =√ (Ω)
𝛽 𝜔√𝜇𝜀 𝜀

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La vitesse de phase et la longueur d’onde se réduisent à :

𝜔 𝜔 1
𝑣𝑝 = = = (𝑚/𝑠)
𝛽 𝜔√𝜇𝜀 √𝜇𝜀

2𝜋 2𝜋 2𝜋 𝑣𝑝
𝜆= = = = (𝑚)
𝛽 𝜔√𝜇𝜀 2𝜋𝑓 √𝜇𝜀 𝑓

Pour l’air qui est un milieu sans pertes de permittivité 𝜀 = 𝜀0 et de perméabilité 𝜇 = 𝜇0 ,


l’impédance intrinsèque et la vitesse de phase sont données par :

𝜇0 1
𝜂0 = √ = 120 π ≈ 377 Ω, 𝑣𝑝 = 𝑐 = = 3 × 108 (𝑚/𝑠)
𝜀0 √𝜇0 𝜀0

Exemple 3.1
Le phaseur du champ électrique d’une onde plane uniforme, se propageant dans un milieu sans
pertes d’impédance intrinsèque 𝜂 = 188.5 Ω, est donné par 𝐸⃗ = 10 𝑒 −𝑗4𝜋𝑦 𝑒𝑧 (𝑚𝑉/𝑚).
Trouver le phaseur du champ magnétique et l’expression du champ électrique instantané si le milieu
de propagation est non magnétique (𝜇 = 𝜇0 ).

Solution
1- Calcul du phaseur du champ magnétique :

1 10 𝑒 −𝑗4𝜋𝑦
⃗ =
𝐻 (𝑒𝑦 × 𝐸⃗ ) = (𝑒𝑦 × 𝑒𝑧 )
𝜂 188.5

= 53𝑒 −𝑗4𝜋𝑦 𝑒𝑦 (𝜇𝐴/𝑚)

𝑒𝑦 × 𝐸⃗ : Car l’onde est plane et 𝑒𝑦 est sa direction de propagation (pour une onde plane le champ
électrique est orthogonal au champ magnétique et tous deux orthogonaux à la direction de
propagation 𝐸⃗ ⊥ 𝐻
⃗ ⊥ 𝑒𝑦 ).

2- Calcul de la permittivité relative du milieu :

𝜇 𝜇𝑟 𝜇0 𝜇 𝑟 𝜇0 𝜇𝑟
𝜂=√ =√ = √ √ = √ 𝜂0
𝜀 𝜀𝑟 𝜀0 𝜀𝑟 𝜀0 𝜀𝑟

𝜂 2
𝜂0 𝜀𝑟 ( 𝜂0 )
⟹ = √ ⟹ 𝜀𝑟 =
𝜂 𝜇𝑟 𝜇𝑟

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AN: 𝜂 = 188.5 Ω, 𝜂0 = 377 Ω et 𝜇 = 𝜇0 ⟹ 𝜇𝑟 = 1.
377 2
)(
⟹ 𝜀𝑟 = 188.5 = 4
1
3- Calcul de la pulsation 𝜔 :
𝛾 = 𝑗𝛽 = 𝑗𝜔√𝜇𝜀 = 𝑗4𝜋 ⟹ 𝛽 = 𝜔√𝜇𝜀 = 4𝜋 𝑟𝑎𝑑/𝑚

𝛽 4𝜋
⟹𝜔= = = 6𝜋 × 108 𝑟𝑎𝑑/𝑠
√𝜇𝜀
√(1 × 4𝜋 × 10−7 ) × (4 × 1 × 10−9 )
36𝜋
4- L’expression du champ électrique instantané :
⃗𝑬
⃗ (𝑦, 𝑡) = 𝐸0 cos(𝜔𝑡 − 𝑗4𝜋𝑦) 𝑒𝑧 = 10 cos(6𝜋 × 108 𝑡 − 𝑗4𝜋𝑦) 𝑒𝑧 (𝑚𝑉/𝑚)

3.2.3 Propagation dans un milieu diélectrique à pertes


Un milieu à pertes est un milieu dont la conductivité n’est pas nul (𝜎 ≠ 0), l’OEM est atténuée en
le traversant, comme le montre la figure suivante. Dans ce cas un courant de conduction existe mais
faible par rapport au courant de déplacement.

On définit la permittivité complexe d’un tel milieu par :

𝑗𝜀𝜔 + 𝜎 𝜎 𝜎
𝜀𝑐 = =𝜀+ = 𝜀 (1 − 𝑗 ) (𝐹/𝑚)
𝑗𝜔 𝑗𝜔 𝜔𝜀

La partie imaginaire de cette permittivité est associée aux pertes et le rapport entre la partie réelle et
imaginaire de cette permittivité est appelée tangente des pertes.
La constante de propagation est complexe et est donnée par :

𝛾 = √𝑗𝜔𝜇(𝜎 + 𝑗𝜔𝜀)

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En séparent partie réelle et imaginaire, on obtient les constantes d’atténuation et de phase :

𝜇𝜀 𝜎 2
𝛼 = 𝜔√ (√1 + ( ) − 1) (𝑁𝑖𝑝𝑝𝑒𝑟/𝑚)
2 𝜔𝜀

𝜇𝜀 𝜎 2
𝛽 = 𝜔√ (√1 + ( ) + 1) (𝑟𝑎𝑑𝑖𝑎𝑛/𝑚)
2 𝜔𝜀

L’impédance intrinsèque est complexe et est donnée par :

𝑗𝜔𝜇 𝑗𝜔𝜇 𝑗𝜔𝜇


𝜂= = =√ (Ω)
𝛾 √𝑗𝜔𝜇(𝜎 + 𝑗𝜔𝜀) (𝜎 + 𝑗𝜔𝜀)

La vitesse de phase et la longueur d’onde se réduisent à :

𝜔 1
𝑣𝑝 = = (𝑚/𝑠)
𝛽 2
𝜇𝜀 √ 𝜎

2 ( 1 + (𝜔𝜀 ) + 1)

2𝜋 2𝜋
𝜆= = (𝑚)
𝛽 2
𝜇𝜀 𝜎
𝜔√ 2 (√1 + (𝜔𝜀 ) + 1)

𝜎
Lorsque la condition mathématique (𝜔𝜀 ≪ 1) est vérifiée on parle d’un milieu diélectrique à très

faible pertes et les paramètres précédents peuvent être approximés par les formules suivantes :

𝜎 𝜇
𝛼≈ √ (𝑁𝑖𝑝𝑝𝑒𝑟/𝑚), 𝛽 ≈ 𝜔√𝜇𝜀 (𝑟𝑎𝑑𝑖𝑎𝑛/𝑚)
2 𝜀

𝜇 1 𝜎 2𝜋 1
𝜂 ≈ √ (1+𝑗 ) (Ω), 𝜆≈ (𝑚), 𝑣𝑝 ≈ (𝑚/𝑠)
𝜀 2 𝜔𝜀 𝜔√𝜇𝜀 √𝜇𝜀

Exemple 3.2
Un satellite géostationnaire est utilisé pour des communications à 30 GHz, la couche atmosphérique
d’une épaisseur de 15 𝐾𝑚 est caractérisés par 𝜀 = 1.05 𝜀0 , 𝜇 = 𝜇0 et 𝜎 = 10−6 𝑆/𝑚 . On suppose
que toutes les couches au dessus de l’atmosphère sans un espace libre. Calculer pour une onde
plane, à l’atmosphère et en espace libre :

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- La vitesse de phase.
- Les constantes d’atténuation, de phase et de propagation.
- Et l’impédance intrinsèque.

Solution
𝜎
1- Vérification de la condition d’un milieu à faible pertes (𝜔𝜀 ≪ 1):

𝜎 10−6
= = 5.7 × 10−7 ≪ 1
𝜔𝜀 2𝜋 × 3 × 1010 × 1.05 × 1 × 10−9
36𝜋

La condition est vérifiée, on peut utiliser les approximations milieu à faibles pertes.
2- Calcul de la vitesse de phase :
- En espace libre :
𝑣𝑝0 = 𝑐 = 3 × 108 𝑚/𝑠
- En atmosphère :
𝑐 3 × 108
𝑣𝑝 = = = 2.93 × 108 𝑚/𝑠
𝜀
√ 𝑟 √1.05
3- Calcul des constantes d’atténuation, de phase et de propagation :
- En espace libre (sans pertes 𝛼 = 0):

1
𝛽 = 𝜔√𝜇0 𝜀0 = 2𝜋 × 3 × 1010 × √4𝜋 × 10−7 × × 10−9 = 628 𝑟𝑎𝑑/𝑚
36𝜋

⟹ 𝛾 = 𝛼 + 𝑗𝛽 = 𝑗628
- En atmosphère :

𝜎 𝜇 10−6 4𝜋 × 10−7
𝛼≈ √ = √ = 1.83 × 10−4 𝑁𝑖𝑝𝑝𝑒𝑟/𝑚
2 𝜀 2 1
1.05 × 36𝜋 × 10−9

1
𝛽 ≈ 𝜔√𝜇𝜀 = 2𝜋 × 3 × 1010 × √4𝜋 × 10−7 × × 10−9 = 643.50 𝑟𝑎𝑑/𝑚
36𝜋

⟹ 𝛾 = 𝛼 + 𝑗𝛽 = 1.83 × 10−4 + 𝑗643.50


4- Calcul de l’impédance intrinsèque :
- En espace libre :
𝜂0 = 377 Ω

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- En atmosphère :
𝜇 1 𝜎 𝜂0 1 𝜎
𝜂 ≈√ (1+𝑗 ) = +𝑗
𝜀 2 𝜔𝜀 𝜀𝑟 2 𝜔𝜀𝑟 𝜀0

377 10−6
= (1 + 𝑗 )
√1.05 1
2 × 2𝜋 × 3 × 1010 × 1.05 × 36𝜋 × 10−9

= 367.9 + 𝑗1.05 × 10−4 (Ω)

L’impédance intrinsèque est complexe avec une partie réactive négligeable.

3.2.4 Propagation dans un bon conducteur


Lorsqu’un matériau présente une forte conductivité, les pertes sont considérables qui se traduit
𝜎
mathématiquement par la condition (𝜔𝜀 ≫ 1) qui est vérifiée. Dans ce cas c’est le courant de

conduction qui domine.

Les paramètres de propagation dans un bon conducteur peuvent être exprimés par les formules
approximatives suivantes :

𝜇𝜔𝜎 𝜇𝜔𝜎
𝛼≈√ ≈ √𝜇𝜋𝑓𝜎 (𝑁𝑖𝑝𝑝𝑒𝑟/𝑚), 𝛽≈√ ≈ √𝜇𝜋𝑓𝜎 (𝑟𝑎𝑑𝑖𝑎𝑛/𝑚)
2 2

𝜇𝜔 2 2𝜔
𝜂≈√ (1 + 𝑗) (Ω), 𝜆 ≈ 2𝜋√ (𝑚), 𝑣𝑝 ≈ √ (𝑚/𝑠)
2𝜎 𝜔𝜇𝜎 𝜎𝜇

Dans un bon conducteur, les constantes d’atténuation et de phase sont égales avec une amplitude
très grande de cet effet l’onde est très rapidement atténuée de sorte que les champs ne peuvent
paraitre que très prêt de la surface. L’onde se propageant dans un tel milieu peut s’écrire :

𝐸⃗𝑥 (𝑧) = 𝐸0 𝑒 −𝑧/𝛿 𝑒 −𝑗𝑧/𝛿 𝑒𝑥 (𝑉/𝑚)


Avec :

1 2 1
𝛿= ≈√ ≈√ (𝑚)
𝛼 𝜇𝜔𝜎 𝜇𝜋𝑓𝜎

𝛿 est appelé épaisseur de peau ou profondeur de pénétration de l’onde. Il est définit par la distance
parcourue par l’onde avant de subir une atténuation de 1 𝑁𝑒𝑝𝑝𝑒𝑟 ou 8.686 𝑑𝐵.

Pour un conducteur parfait la conductivité 𝜎 → ∞ ⟹ 𝛿 = 0, il y a absence des champs


électromagnétiques dans un conducteur parfait.

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Exemple 3.3
L’eau de mer, avec une permittivité relative 𝜀𝑟 = 70 et une conductivité de 𝜎 = 4 𝑆/𝑚 pour des
fréquences inférieures à 30 𝑀𝐻𝑧, se comporte comme un bon conducteur. A des fréquences
supérieures, les caractéristiques électriques changent : la permittivité relative chute 7 et la
conductivité augmente jusqu’à atteindre un plateau de 70 𝑆/𝑚 à 100 𝐺𝐻𝑧 et demeure donc bon
conducteur jusqu’a cette fréquence.

On désire concevoir un système de communication sous-marin à 1 𝑀𝐻𝑧 (bande radio AM). Les
caractéristiques électriques de l’eau de mer à cette fréquence sont : 𝜀 = 81𝜀0 , 𝜇 = 𝜇0 et
𝜎 = 4 𝑆/𝑚. Assumant qu’un champ magnétique ayant une intensité 𝐻0 = 10 000 𝐴/𝑚 est généré
à la surface de mer et que la sensibilité du récepteur sous marin est 𝐻𝑚𝑖𝑛 = 𝑆 = 1 𝜇𝐴/𝑚.
1- Calculer la portée maximale de ce système.
2- Que deviendra la portée de ce système si on diminue la fréquence à 100 𝐻𝑧 (on suppose que
les caractéristiques électriques sont identiques).
3- Calculer la longueur de l’antenne dipôle demi-onde à utiliser dans les deux cas.

Solution
𝜎
1- Vérification de la condition d’un milieu bon conducteur (𝜔𝜀 ≫ 1):
𝜎 4
= = 888.88 ≫ 1
𝜔𝜀 2𝜋 × 1 × 106 × 81 × 1 × 10−9
36𝜋

La condition d’un milieu bon conducteur est vérifiée.

2- Calcul de la constante d’atténuation :


𝜇𝜔𝜎
𝛼≈√ ≈ √𝜇𝜋𝑓𝜎 ≈ √4𝜋 × 10−7 × 𝜋 × 1 × 106 × 4 = 3.79 𝑁𝑖𝑝𝑝𝑒𝑟/𝑚
2
3- Calcul de la portée du système pour 𝑓 = 1 𝑀𝐻𝑧 :
La portée du système est la distance 𝑑𝑚𝑎𝑥 tel que :
𝐻(𝑑𝑚𝑎𝑥 ) = 𝐻𝑚𝑖𝑛
𝐻𝑚𝑖𝑛
𝐻𝑚𝑖𝑛 = 𝐻0 𝑒 −𝛼𝑑𝑚𝑎𝑥 ⟹ 𝑒 −𝛼𝑑𝑚𝑎𝑥 = ( )
𝐻0
1 𝐻0
⟹ 𝑑𝑚𝑎𝑥 = 𝑙𝑛 ( )
𝛼 𝐻𝑚𝑖𝑛
AN : 𝐻0 = 10 000 𝐴/𝑚, 𝐻𝑚𝑖𝑛 = 𝑆 = 1 𝜇𝐴/𝑚.

1 104
𝑑𝑚𝑎𝑥 = 𝑙𝑛 ( −6 ) = 5.8 𝑚
3.97 10

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4- Pour 𝑓 = 100 𝐻𝑧 :
𝜎
Vérification de la condition d’un milieu bon conducteur (𝜔𝜀 ≫ 1):
𝜎 4
= = 8.88 × 106 ≫ 1
𝜔𝜀 2𝜋 × 100 × 81 × 1 × 10−9
36𝜋

A cette fréquence on peut considérer que l’eau de mer est un conducteur.


Calcul de la constante d’atténuation à 𝑓 = 100 𝐻𝑧 :

𝜇𝜔𝜎
𝛼≈√ ≈ √𝜇𝜋𝑓𝜎 ≈ √4𝜋 × 10−7 × 𝜋 × 1 × 102 × 4 = 0.0379 𝑁𝑖𝑝𝑝𝑒𝑟/𝑚
2

Calcul de la portée du système à 𝑓 = 100 𝐻𝑧 :

1 104
𝑑𝑚𝑎𝑥 = 𝑙𝑛 ( −6 ) = 580 𝑚
0.0397 10

Ce n’est pas suffisamment profond pour des communications sous-marines mais suffisant pour des
communications sous l’eau.

5- Calcul de la longueur de dipôle :


- Pour 𝑓 = 1 𝑀𝐻𝑧 :
2𝜋 2𝜋
𝜆≈ ≈ 2𝜋𝛿 ≈ ≈ 1.58 𝑚
𝛽 3.97
𝜆 1.58
⟹𝑙= ≈ ≈ 0.79 𝑚
2 2
- Pour 𝑓 = 100 𝐻𝑧 :
2𝜋 2𝜋
𝜆≈ ≈ 2𝜋𝛿 ≈ ≈ 158 𝑚
𝛽 0.0397
𝜆 1.58
⟹𝑙= ≈ ≈ 79 𝑚
2 2

On constate que pour des communications sous-marines il faut utiliser des fréquences inférieures à
150 𝐻𝑧 cependant pour de telle fréquences les dimensions des antennes peuvent atteindre des
centaines de mètres (légèrement plus courtes que celles en espace libre).

3.3 Propagation en espace libre


La propagation en espace libre nécessite une antenne pour l’émission et une antenne pour la
réception. On y trouve trois modes de propagation à savoir : Propagation en onde de sol,
propagation en onde de ciel ou ionosphérique et propagation en onde d’espace ou directe.

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3.3.1 Propagation en onde de sol
Les OEM peuvent se propager en parallèle au sol en suivant ses courbatures pour des distances
considérables. Ce mode est spécifique aux ondes dont la fréquence est inférieure à 2 𝑀𝐻𝑧, il est
utilisé par exemple en Radio AM.

Propagation du signal

Antenne Antenne
d ‘ émission de réception
Terre

3.3.2 Propagation ionosphérique ou en onde de ciel


Pour les OEM dont la fréquence est comprise entre 2 𝑀𝐻𝑧 et 30 𝑀𝐻𝑧, la propagation se fait à très
grande distance par réflexion ionosphérique. L’onde émise par une station terrestre est réfléchie
vers la station réceptrice par les couches ionisées de l’atmosphère (l’ionosphère) situées entre
50 𝐾𝑚 et 600 𝐾𝑚 d’altitude. Ce type de liaison peut se faire en un ou plusieurs bonds. Ce mode de
propagation est utilisé par les radios amateurs et la diffusion radio internationale (BBC).

Antenne Antenne
d ‘ émission de réception
Terre

3.3.3 Propagation directe ou en onde d’espace


En-dessus de 30 𝑀𝐻𝑧, la propagation se fait en onde directe, l’antenne d’émission et l’antenne de
réception doivent être placées en visibilité directe l’une par rapport à l’autre. On peut calculer la
distance maximale d’une liaison directe à partir de la formule suivante :

𝑑𝑚𝑎𝑥 = 3.57(√𝐾ℎ 𝑇 + √𝐾ℎ𝑅 )

Avec : ℎ𝑇 et ℎ𝑅 sont respectivement la hauteur du sol de l’antenne d’émission et de réception en


mètres. K est un facteur de correction rajouté pour prendre l’incurvation du trajet en considération,
sa valeur est de 4/3.

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Propagation du signal
Antenne Antenne
d ‘ émission de réception
Terre

Exemple 3.4
Calculer la distance maximale d’une liaison directe, si l’antenne émettrice est placée à 100 m du sol
et que l’antenne réceptrice est placée à son niveau.

Solution :
Calculer la distance maximale de la liaison directe (ou portée du signal) :
4
ℎ𝑇 = 100 𝑚 ; ℎ𝑅 = 0 ; 𝐾 = = 1.33 ; 𝑑𝑚𝑎𝑥 = ?
3
𝑑𝑚𝑎𝑥 = 3.57( √𝐾ℎ 𝑇 + √𝐾ℎ𝑅 )

⟹ 𝑑𝑚𝑎𝑥 = 3.57(√1.33 × 100 + √1.33 × 0)

⟹ 𝑑𝑚𝑎𝑥 = 41.17 𝐾𝑚

3.3 Equation des télécommunications


Un système de communication sans fils transmet les informations par l’intermédiaire des ondes
électromagnétique (OEM). Il est constitué d’une antenne d’émission qui reçoit le signal électrique
de l’émetteur et le transforme en ondes électromagnétiques. Ces ondes se propagent en espace libre.
Une faible partie de la puissance émise est captée par l’antenne de réception qui la transforme en un
signal électrique puis le transfert vers le récepteur.
L’équation de FRIIS ou l’équation des télécommunications est utilisée pour calculer la puissance
reçue en fonction de la puissance émise, de la distance entre l’antenne d’émission et celle de
réception et des gains de ces dernières :
𝜆 2
𝑃𝑟 = 𝑃𝑡 𝐺𝑡 𝐺𝑟 ( ) [𝑊]
4𝜋𝑑

Avec : 𝑃𝑡 est la puissance fournisse à l’entrée de l’antenne d’émission.


𝑑 est la distance entre l’antenne d’émission et celle de réception.
𝐺𝑡 et 𝐺𝑟 sont les gains des antennes d’émission et de réception respectivement.
𝜆 est la longueur d’onde du signal émis.

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Le terme 𝐺𝑡 𝑃𝑡 caractérise l’antenne d’émission, le gain 𝐺𝑟 caractérise l’antenne de réception et le
4𝜋𝑑 2
terme ( ) caractérise les pertes de propagation en espace libre.
𝜆

Si 𝑃𝑟 = 𝑆𝑟𝑚𝑖𝑛 est la sensibilité du récepteur ou la puissance minimale permettant au récepteur de


traduire correctement l’information reçue, la portée maximale de la liaison sera calculée par :

𝑃𝑡 𝐺𝑡 𝐺𝑟 𝜆2
𝑑𝑚𝑎𝑥 = √ [𝑚]
(4𝜋)2 𝑆𝑟𝑚𝑖𝑛

L’atténuation due à l’espace libre ou les pertes de propagation 𝐿𝑓𝑠 se calcule pour 𝐺𝑡 = 𝐺𝑟 = 1, elle
vaut :
𝑃𝑡 4𝜋𝑑 2 4𝜋𝑑𝑓 2
𝐿𝑓𝑠 = =( ) =( )
𝑃𝑟 𝜆 𝑐

Elle est généralement exprimée en dB, et vaut :

𝑃𝑡 (4𝜋𝑑)2 (4𝜋𝑑𝑓)2
𝐿𝑓𝑠 = 10 log ( ) = 10 log ( ) = 10 log( )
𝑑𝐵 𝑃𝑟 𝜆2 𝑐2

4𝜋
= 20 log(𝑑) + 20 log(𝑓) + 20 log( )
𝑐

= 20 log(𝑑) + 20 log(𝑓) − 147.55

Exemple 3.5
Un système de communication sans fils est constitué d’un émetteur qui émit une puissance de
100 𝑊 ayant un gain de 36 𝑑𝐵 et d’une antenne de réception ayant un gain de 30 𝑑𝐵. Calculer la
puissance reçue à une distance de 40 𝐾𝑚 si la fréquence du signal émis est 10 𝐺𝐻𝑧.
Calculer l’atténuation en espace libre en 𝑑𝐵.

Solution
1- Calcul de la puissance du signal reçu :
𝐶 3. 108
𝑓 = 10 𝐺𝐻𝑧 ⟹ λ = = = 0.03 𝑚
𝑓 10. 109
𝐺𝑡 = 36 𝑑𝐵 = 1036⁄10 = 3981 ; 𝐺𝑟 = 30 𝑑𝐵 = 1030⁄10 = 1000

En utilisant l’équation de FRIIS, on trouve:

𝐺𝑡 𝐺𝑟 (λ)2
𝑃𝑟 = 𝑃𝑡
(4𝜋𝑑)2

13 Dr. Y. Tighilt Dép. Electronique UFAS1 Lignes de transmissions et Antennes L3 Télécom Ch.III
3981 × 1000 × (0.03)2
𝐴𝑁: 𝑃𝑟 = 100 = 1.418 × 10−6 𝑊 = 1.418 𝜇𝑊
(4𝜋 × 40 × 103 )2

2- Calcul de l’atténuation en espace libre en 𝑑𝐵:


𝐿𝑓𝑠 (𝑑𝐵) = 20 log(𝑑) + 20 log(𝑓) − 147.55
𝐴𝑁: 𝐿𝑓𝑠 = 20 log(40 × 103 ) + 20 log(10 × 109 ) − 147.55
= 92.04 + 200 − 147.55
= 144.49 𝑑𝐵

References bibliographiques
[1] N. Ida, Engineering Electromagnetics, Springer, New York, 2015.
[2] K. Chang, RF and Microwave Wireless Systems, John Wiley, New York, 2000.
[3] F. T. Ulaby and U. Ravaioli, Fundamentals of Applied Electromagnetics, Pearson, 2015.
[4] P. F. Combes, Transmission en espace libre et sur les lignes, Edition Dunod, Paris, 1983.
[5] D. Grenier, Antennes et Propagation radio, Polycopié de cours, Université de Laval, Canada,
Hiver 2016.
[6] A. R. Harish and M. Sachidananda, Antennas and waves propagation, Oxford university press,
Oxford, 2007.

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