Feuilletage
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Saïd Sadki
Pierre Audebert
Rachel Méallet-Renault
Électrochimie
Des concepts aux applications
Préfacé par
Christian Amatore
4e ÉDITION
Partie 1
Principes 1
1 Introduction 2
3. Électrolytes 13
6. La réaction électrochimique 22
7. Cellules électrochimiques 23
L’essentiel 30
L’essentiel 52
III
L’essentiel 75
4 Transport de matière 76
3. Étude de la migration 80
4. Étude de la diffusion 86
L’essentiel 92
L’essentiel 112
Partie 2
Méthodes 113
6 Appareillage 114
L’essentiel 126
IV
1. Introduction 127
2. Potentiométrie 130
3. Ampérométrie 135
4. Coulométrie 141
5. Redissolution 150
L’essentiel 152
L’essentiel 171
L’essentiel 187
190
L’essentiel 209
Partie 3
Applications 211
L’essentiel 237
12 Corrosion 238
1. Introduction 238
L’essentiel 255
L’essentiel 273
VI
L’essentiel 293
3. Biocapteurs 303
L’essentiel 309
L’essentiel 340
Exercices 341
Solutions 364
QCM 390
Réponses 392
VII
Annexes 421
Index 429
VIII
Notations latines
A cm2 aire de l’électrode
A(s) * constante d’intégration dans l’espace de Laplace
AE J.mol–1 affinité électronique
ak – activité de l’espèce k dans l’espace de Laplace
B(s) * constante d’intégration
C F capacité électrique
Cd ou Cdc F.cm–2 capacité de double couche surfacique
C A.h capacité d’une cellule galvanique
CH F.cm–2 capacité de Helmholtz
CGC F.cm–2 capacité de Gouy-Chapman
C° mol.L –1 concentration totale
Ck mol.L –1 concentration de l’espèce k
CS ou C* mol.L –1 concentration au sein de la solution
Cel mol.L –1 concentration à l’électrode
Cg mol.L –1 concentration dans une goutte de mercure
Cref mol.L –1 concentration de référence (= 1 mol.L –1)
ck – paramètre adimensionnel = Ck/C*
D cm2.s–1 coefficient de diffusion
E V.cm–1 champ électrique
E V potentiel d’électrode ou potentiel redox (par
rapport à une électrode de référence)
E# J énergie d’activation
Eb V potentiel d’abandon
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
IX
XI
V cm3 volume
va mol.cm–2.s–1 Vitesse de la réaction électrochimique dans le sens
R→O
vc mol.cm–2.s–1 Vitesse de la réaction électrochimique dans le sens
O→R
vf cm.s–1 Vitesse du fluide
v V.s–1 vitesse de balayage en potentiel
W J travail
X * constante d’intégration
X * variable de Laplace associée à X
x cm distance à l’électrode
Y * constante d’intégration
y – paramètre adimensionnel = x/W
Z W impédance
ZF W impédance faradique
zk – nombre de charges portées par l’espèce k
Notations grecques
a – coefficient de transfert
ai – coefficient d’ionisation (acide faible)
b – coefficient de Tafel
bL – constante de complexation par le ligand L
Gk mol.cm–2 concentration surfacique de l’espèce k
g N.cm–1 tension superficielle
gk – coefficient d’activité de l’espèce k
DEimp V Amplitude d’impulsion de potentiel
Dr X(=∂X/∂x)T.P * variation molaire de X associée à la réaction r
DG # J.mol–1 enthalpie libre molaire d’activation
DG•c J.mol–1 enthalpie libre molaire standard pour la réaction
O → R
∆Gλ° J.mol–1 enthalpie libre molaire de réorganisation
DF V différence de potentiel de Galvani à une interface
d cm épaisseur de la couche de diffusion (de Nernst)
dP cm épaisseur de la couche hydrodynamique de Prandtl
e F.cm–1 permittivité (constante diélectrique)
e0 F.cm–1 permittivité du vide
XII
XIII
XIV
peut servir. On y apprend une foultitude de choses déconnectées tant entre elles qu’avec
les autres connaissances scientifiques. De plus, elles sont habituellement peu palpitantes
puisqu’on se borne à les exposer sans en expliquer toute la dimension scientifique. Comment
un étudiant d’aujourd’hui peut-il alors comprendre que de très grands scientifiques comme
Debye et Hückel, Fick, Nernst, Einstein, etc., aient pu se passionner pour trouver la solution
du problème qui vient d’être exposé, en allant même jusqu’à se battre et se déchirer, comme
Gouy, Chapman et Stern, ou comme Nernst qui voua une haine à Einstein après que ce
dernier ait résolu le problème qui le tourmentait par ce que l’on connait aujourd’hui sous
le titre conciliatoire de « relation de Nernst-Einstein ». Sait-on par exemple que Fick n’a
« inventé » ses équations qu’afin de comprendre comment nos capillaires sanguins réussis-
saient à distribuer un flux d’oxygène plus ou moins constant à l’ensemble de nos neurones ?
XV
En revanche, l’omniprésent Nernst y est mis à toutes les sauces, depuis la prédiction
de réactions redox inintéressantes car exclusivement inventées pour la pure cause de
casser la tête des malheureux étudiants qui auront à les équilibrer, jusqu’aux piles où le
cynisme va jusqu’à faire que le pôle positif n’est pas celui que l’on croirait… On y donne
ainsi souvent à voir l’électrochimiste comme une sorte de sadique cynique, chimiste un
peu fruste – il ne travaille qu’avec des bouts de métaux plongés dans les solutions salines
les plus banales ! – et physicien tout aussi primitif puisque uniquement obsédé par la
mesure de potentiels redox dont on se demande bien ce qu’il peut en faire en secret ?
Bien entendu, la cinétique électrochimique est habituellement taboue : il ne faut surtout
pas effrayer les jeunes étudiants en leurs révélant les mystères de la vie ! Si on en lève
quelques fois pudiquement le voile, ce n’est que pour mieux asséner toute une série de
méthodes aux noms barbares : voltammétrie, chronoampérométrie, chronocoulommé-
trie, etc., dont la mise en œuvre semble plus qu’effroyable car toutes demandent qu’on soit
intime avec ce fameux potentiostat, instrument qui a inquiété des générations d’étudiants
au point que, comparativement, le locking d’un appareil RMN le plus sophistiqué leur
semble être une partie de plaisir.
La première édition de cet ouvrage constituait déjà, tout au moins à ma connaissance,
l’un des seuls livres écrit en langue française qui abordait l’électrochimie selon une
démarche à la fois rigoureuse et très documentée mais toujours facilement accessible
aux non-spécialistes, tout en permettant aux spécialistes de rafraîchir leur mémoire
lorsque nécessaire. Cette nouvelle édition s’est enrichie tout en restant fidèle à cet esprit
particulier de la première. Elle vient y compléter certains points, en particulier avec
une introduction remaniée et un chapitre sur le transport de matière (chapitre 4) plus
complet. Elle introduit aussi un nouveau chapitre spécifique aux méthodes à modulations
de potentiel surimposées (chapitre 9), et complète le corpus de problèmes proposés au
lecteur par une vingtaine de nouveaux exercices.
On y retrouve ainsi la plupart des grands concepts fondamentaux qui sous-tendent la
discipline depuis ses notions thermodynamiques de base jusqu’à ses fondements analy-
tiques spécifiques et ses visions cinétiques propres et particulières à chaque méthode
électrochimique. Ces concepts alimentent la plupart des perspectives modernes de la
discipline, depuis les plus fondamentaux jusqu’aux plus appliqués. Dans la plupart des
cas, c’est-à-dire lorsque cela se prêtait au niveau visé, les auteurs ont voulu poursuivre
l’exposé d’une notion ou d’une démarche en y adjoignant des fiches expérimentales
détaillées permettant de très bien en illustrer la mise en œuvre pratique.
Sommes toutes, c’est là un très bel ouvrage ! Un ouvrage qui donne enfin une vision
moderne et correcte de notre discipline telle que l’on peut l’exposer au niveau du Master,
mais qui sera tout aussi précieux pour la préparation du CAPES ou de l’Agrégation, et
pourquoi pas destiné à figurer en bonne place sur les étagères de nombreux laboratoires
et non parmi les moindres.
Christian Amatore
Directeur de Recherches au CNRS
Membre de l’Institut, Académie des Sciences
XVI
XVII
XVIII
Principes
Objectifs Plan
Rappeler les notions de base et définitions. 1 Notions d’oxydant et de
réducteur
Comprendre la relation entre potentiel
d’électrode et niveaux d’énergie. 2 Prévision du caractère
oxydant/réducteur
Comprendre la relation entre le sens
3 Électrolytes
d’évolution spontané de la réaction et le
potentiel appliqué à l’électrode. 4 Notions d’électrode et de
potentiel d’électrode
5 Notion de potentiel
électrochimique
6 La réaction électrochimique
7 Cellules électrochimiques
Théorie électrochimique
1812 BERZELIUS (S)
des réactions chimiques
HALL (US)
1886 Élaboration de l’aluminium
HEROULT (F)
BUTLER (GB)
1924 Lois de la cinétique électrochimique
VOLMER (D)
Remarque. Il faut noter que la réduction est définie comme un gain d’électron, ce qui
n’est pas intuitif par rapport à la signification usuelle du terme « réduction ». En fait, ceci
provient de la définition « historique » du terme, qui faisait référence à une diminution du
nombre d’atomes d’oxygène, comme lors de la transformation de l’oxyde métallique en métal
par exemple.
Exemple
Le passage du métal M au cation métallique Mz+ est une oxydation (perte de z élec-
trons). Le passage du cation Mz+ au cation My+ est une réduction dans le cas où z > y,
une oxydation sinon.
On peut schématiser cet échange d’électron entre l’oxydant O et le réducteur R sous la
forme générale :
ν OO + ne − ν R R (E)
Exemples
+ / Ag ; O
Agaq + − 2+
(s) 2(g) / H2O(l) ; Haq / H2(g) ; MnO4aq / Mn aq
L’équation chimique (E) traduit un équilibre hétérogène, l’électron n’étant pas présent
dans la même phase que les espèces O et R 2.
En conséquence, la réaction d’échange d’électrons n’est possible que dans deux
configurations :
• à l’interface entre un conducteur électronique et le milieu électrolytique contenant les
espèces chimiques O et/ou R (cf. figure 1.1, cas a) ;
• en présence d’un autre couple O′/R′ réalisant un échange analogue en sens inverse :
les électrons cédés par R, pour donner O, sont instantanément captés par O′ pour
donner R′ (cf. figure 1.1, cas b).
O O’
O
e–
R R R’
(a) (b)
souvent positive 1 :
A(g) + e (g) − → A− (1.2)
(g)
1. Sauf pour Be, Mg, N et les gaz rares. On parle aussi d’énergie d’attachement électronique pour la
variation d’enthalpie associée à (1.2).
2. R.S. Mulliken (1896-1986) chimiste américain (Prix Nobel de chimie, 1966). À noter qu’il existe
aussi une définition de l’électronégativité basée sur les énergies de liaison (échelle de Pauling) et
une autre basée sur l’interaction coulombienne électron-noyau (Allred-Rochow).
D’un point de vue qualitatif, on peut énoncer les principes généraux suivants :
• Le caractère réducteur de A sera d’autant plus marqué que la réaction (1.1) sera facile
et la réaction (1.2) difficile : ceci correspond à une faible valeur de χm, i.e. une faible
énergie d’ionisation et/ou une faible affinité électronique. C’est notamment le cas des
éléments des deux premières colonnes de la classification périodique (métaux alcalins
et alcalino-terreux).
• Le caractère oxydant de A sera d’autant plus marqué que la réaction (1.1) sera diffi-
cile et la réaction (1.2) facile : ceci correspond à une forte valeur de χm, i.e. une forte
énergie d’ionisation et une affinité électronique élevées. C’est le cas d’éléments tels
que l’oxygène ou le fluor.
L’électronégativité est donc un bon critère prévisionnel du caractère oxydo-réducteur
d’un élément à l’état atomique. Cependant, son utilisation est très limitée, car les espèces
chimiques à considérer ne sont que très rarement monoatomiques et à l’état gazeux.
Afin de se rapprocher du cas réel, il convient de prendre en considération la phase dans
laquelle sont présentes les espèces, ainsi que leur caractère polyatomique.
– D solvG (A)
° D solvG°(A±)
Les équations (1.3) montrent que les enthalpies libres d’oxydation (resp. de réduc-
tion) de la molécule A en solution sont reliées à son énergie d’ionisation (resp. affinité
+
La variation globale d’enthalpie libre standard associée à l’oxydation de M(s) en Maq
peut se décomposer en la somme de 3 termes :
Les deux premiers termes de cette somme sont positifs et le dernier négatif. Le
caractère réducteur de M sera d’autant plus important que les termes enthalpiques posi-
tifs seront faibles et le terme négatif élevé. Ces considérations peuvent être utiles pour
comparer le caractère réducteur de deux métaux : ainsi, dans le cas de deux éléments
voisins de la classification périodique donnant des cations de même charge, seuls diffèrent
notablement les termes d’enthalpie de sublimation. Dans le cas des éléments cuivre et
1. Ces molécules présentant une forte délocalisation de la charge, le changement d’état redox modifie
peu les énergies de solvatation.
2. Il s’agit de l’enthalpie à la température de changement d’état, on ne tient pas compte ici de la variation
d’enthalpie libre pour passer de 298 K à cette température.