La Noble Leçon Texte Original (... ) bpt6k5401134d PDF
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NOBLE LEÇON
TEXTE ORIGINAL
AVEC LES
PUBLIÉ PAR
EDOUARD MONTET
'-. DOCTEUR EN THÉOLOGIE
PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE GENÈVE
AVEC FAC-SIMILE
Non ut doctior
Sed ut melior.
PARIS
1,1 B H A I II I E G. FISC II B A O II K R
SOCIÉTÉ ANONrMR
33, RUE DE SEINE, 33
1888
Ms. de Genève.
MS.,I1P Dublin.
Ms. G de Cambridge.
M s. lî de Cambridge.
LA
si'ivi D'L.M;
l'IT.MÉ l'Ali
KDorAiii) .MONÏKT
DuCTF.lIK K^t TilKOI.OGIK.
l'tOFKS'SEUIl A 1,'USI TEKSITli ]) K liEStVE
AVEC FAC-SÏMILE
Xon ut diicliui'
tiud ut, mclinr.
PARIS
I. I I> R A I H l K G. K T S C H I! A C 1 1 KR
SIHIlK'rK ASDNYMK
33, KUE DE SEINE, 33
1.8 8S
1 Paris, 1885, in-8". Un nouvel examen, auquel nous nous sommes livré cette année, à Paris, des manuscrits
que nous y avions précédemment signalés comme vaudois, nous a convaincu que le n" 1745 (tonds i'r.), de la
Bibliothèque nationale, doit être rayé du catalogue que nous dressions alors des mss. vaudois. Le seul traité
de ce ins. qui put faire croire à son origine vaudoise, puisque nous en avons la traduction dans le ms. B de
Cambridge, est la « Somme Le Roy » du frère Laurent,
VI PREFACE.
Pages.
Préface
v
Introduction 1
INTRODUCTION
CHAPITRE I
Les manuscrits de la Noble Leçon sont au nombre de quatre : deux sont con-
servés dans la bibliothèque de l'Université de Cambridge; les deux autres se
trouvent, l'un dans la bibliothèque du Trinity Collège à Dublin, l'autre dans la
bibliothèque publique de Genève.
Les plus anciens de ces documents sont à Cambridge (mss. B et C) 1. Le ms. C,
sur papier, est un volume de très petit format (hauteur 85mm,52; largeur 63mm,70),
dont l'écriture date du milieu du XVmt! siècle. Il ne renferme malheureusement
que les treize premiers vers du poème, et le début du quatorzième; les vers sont
écrits, l'un à la suite de l'autre, sans interruption. Il est très regrettable, pour
l'histoire du texte de la Noble Leçon, que les feuillets sur lesquels il était transcrit
aient disparu. Le caractère de vétusté de la copie lui donne une valeur toute par-
ticulière.
Le ms. B, sur parchemin, remonte à peu près à la même époque que le précé-
dent. Il a probablement été écrit dans la première partie du XVme siècle. La Noble
Leçon s'y lit en entier, et c'est assurément le meilleur texte que nous en ayons.
Ce texte est le plus complet; nous y trouvons cinq vers (245, 256, 400, 402, 403)
qui manquent dans le ms. de Genève, et dans celui de Dublin. Pour plusieurs
1 Voici les abréviations que nous emploierons, en citant les manuscrits de Cambridge, de Genève et de Dublin
:
CA, CB, Ce, CD (mss. de Cambridge), G 206, G 207, G 203, G 209, G 209
a (mss. de Genève), D 17, D 2Ï, D 22',
I> 26 (mss. de Dublin).
1
2 INTRODUCTION.
passages il offre de meilleures leçons : v. 204, 253, 254, 353. Mais la coupe des
vers y est le plus souvent aussi défectueuse que dans les autres manuscrits; à dix
reprises différentes nous avons dû corriger celles que le copiste a faites (voy. les
notes sur le texte du ms. B); on verra dans les variantes que les autres manuscrits
tombent dans les mêmes incertitudes. Il semble que les copistes ne se soient
qu'imparfaitement rendu compte du mètre vaudois; il est vrai que la prosodie
vaudoise est jusqu'à un certain point responsable de ces erreurs.
Le manuscrit de Genève (no 207), sur vélin, est moins ancien que les précé-
dents : il date de la fin du XVme siècle. Enfin le manuscrit de Dublin (Class. C,
Tab.5, no 21), sur papier, est de la première moitié du XVIme siècle. Ces deux
copies contiennent en entier le texte du poème, à l'exception des cinq vers men-
tionnés plus haut.
Les quatre manuscrits, que nous venons de décrire, portent tous, au sixième
vers du poème, la date que l'auteur ou le copiste y avait inscrite. Dans les deux
manuscrits de Cambridge cette date est : 1400 (après J.-C); dans ceux de Genève
et de Dublin, on lit au contraire : 1100. Ainsi la date la plus rapprochée de nous
est celle des plus anciennes copies, tandis que les manuscrits les plus récents
assignent au poème l'âge le plus reculé. L'étrangeté de cette corrélation n'échap-
pera à aucun de nos lecteurs; nous y reviendrons bientôt.
En comparant les trois textes de la Noble Leçon, comme nous l'avons fait dans
cette édition, on est frappé du très grand nombre des variantes qu'ils présentent.
Ces variantes ont fréquemment pour objet la lexicographie du vers, l'agencement
des hémistiches, la disposition des mots; on y trouve des additions, des suppres-
sions, qui s'étendent parfois à des vers entiers; mais le plus souvent il s'agit de
variantes orthographiques. La nature des variations de l'orthographe est telle,
qu'il serait fort difficile de reconstituer d'après nos trois manuscrits le texte
original du poème : dans la plupart des cas nous ne saurions en effet invoquer
de principe pour choisir telle orthographe de préférence à telle autre, car le même
copiste les emploie indistinctement. Ces variantes, d'un haut intérêt pour déter-
miner la prononciation de la langue, nous prouvent de la manière la plus évidente
que le vaudois n'est jamais parvenu à se fixer comme langue écrite, et qu'il fut
surtout un dialecte parlé. Ce n'est point en effet la littérature si peu nombreuse
qu'il a produite, qui pouvait donner des lois précises à son orthographe, et même
à sa grammaire et à sa syntaxe, atteintes parfois aussi d'une incertitude analogue.
D'autre part la dégénérescence rapide dont il a été frappé, et qui se manifeste
si clairement dans les patois modernes vaudois, où l'influence du français
INTRODUCTION. 3
jamays (v. 112) pour mays non (v. 471) ou non unca (G. 206); pas (v. 231 et 444)';
son (v. 375; v. 76 du ms. G.) pour seo ou sio; Ion (v. 246 du ms. G.) pour lio;
enfin talvola (v. 400. ital. talvolta) et pur (v. 136, 414. ital. pur).
Celle caractéristique de la langue de la Noble Leçon nous contraint de renoncer
à l'opinion traditionnelle sur l'ancienneté de ce poème.
§ 2. DU SENS ET DE LA VALEUR DES DATES 1100 ET 1400 INSCRITES DANS LES MANUSCRITS
DE LA NOBLE LEÇON.
1 Telles sont quelques-unes des thèses que nous nous proposions de développer avec preuves à l'appui dans
l'étude que nous avons dû supprimer.
Cette dernière remarque s'applique uniquement aux mots trop et qui.
''Voy. aussi le v. 27 : Ma cascuna persona ^ , vol ben obrar.
4 L'emploi du mot pas dans
ces vers est d'autant plus curieux qu'il paraît avoir été appelé par la mesure
même.
4 INTRODUCTION.
IïcaSîa, kayâvq wpa èaziv, xai %a6wç fjxoôaate E esser mot avisa cant Yenre l'antexrist,
oxi àvn}(PlOT0Ç spyezai, xai vôv àvdy^piazoï rcoXXoi Que nos non crean a son fayt ni a son dit.
YSYÔvaaiv' oôev •/'•vwaxoji.ev cm iajà.z-i\ wpa kanv. Ma segont Pescriptura ara son moti antexiïst.
(V. 459-461.)
1 P. 132 s.
INTRODUCTION. 5
1 P. 132.
6 INTRODUCTION.
Leçon, et le débat récemment réouvert 1 sur une question de fait que nous consi-
dérons comme résolue, nous font un devoir de poursuivre jusqu'au bout notre
démonstration.
Est-il admissible que le poème ait été écrit en l'an 1100? Il suffit de poser la
question pour en trouver la réponse : le poème ne peut pas être antérieur à la
fondation du parti. « Cette secte commença en l'an de l'Incarnation du Seigneur,
1180 (variante 1170), » dit Etienne de Bourbon, et les anciens auteurs vaudois
ajoutent :
Post annos autem DCCC a Constantino 2, Mas en après 8 cent auç de Costantin se levé
surrexit quidam, cujus proprium nomen Petrus, un lo propi nom del cal era Piero, enayma yo
ut audivi, fuit, sed a quadam regione dicebatur auvic, mas el era d'una région dicta Vaudia.
Waldis. (Ms. de Strasbourg de l'an 1404.) (Ms. A de Cambridge, dernière moitiédu XVme s.)
La date 1100 des rass. de Genève et de Dublin est donc une falsification du texte
original : nous allons en voir bientôt une nouvelle preuve.
Supposons même, ce qui est absolument inadmissible, que la date 1100
désigne le XIIme siècle tout entier; serait-il possible d'admettre que le poème
soit contemporain de la fondation'du parti vaudois? Les allusions très claires
de la Noble Leçon à des persécutions contre la communauté qui paraît organisée
(v. 351-378), les doctrines qui y sont enseignées, la controverse qui y est dirigée
contre certains abus de l'Église, les caractères du dialecte vaudois tels qu'ils
ressortent du texte même, enfin la perfection relative de ce morceau, chef-
d'oeuvre de la littérature vaudoise, ne nous le permettraient pas. A cette époque
reculée, en effet, le parti naissant, et qui ne formait point encore une église dans
l'Église, vivait en paix relative avec Rome; sa dogmatique ne s'écartait pas de
l'enseignement officiel; le dialecte vaudois n'était pas encore entré dans cette
période d'évolution que nous révèle le texte de la Noble Leçon, et les écrits que
les disciples de Waldez se préparaient à répandre plus tard nous paraissent bien
imparfaits au point de vue littéraire et de beaucoup inférieurs à notre poème par
le style 3.
La vérité du témoignage des mss. de Cambridge sur l'âge de la Noble Leçon
nous est solennellement attestée par les altérations que l'on a fait subir non seule-
ment à l'un de ces mss. (B), mais à un autre document conservé dans la même
1Comba, Histoire des Vaudois d'Italie depuis leurs origines jusqu'à nos jours. Première partie : avant la
lliforme. Paris-Turin, 1887.
" Constantin le Grand étant mort en 337, ce calcul nous reporte exactement à l'an 1137, mais la formule
vague du texte peut nous conduire soit au milieu, soit à la fin du XIIm6 siècle. Voy. dans notre « Histoire litté-
raire, » p. 28 ss. les plus anciens témoignages sur l'origine des Vaudois.
3 Voy. pour l'illustration de ces différentes thèses notre
« Histoire littéraire. »
INTRODUCTION. 7
de nouveauté sans cesse articulé par le tribunal de l'inquisition, ait amené des
copistes, dès la fin du XVme siècle, à corriger la date authentique de 1400, et
cela dans toute l'innocence de leur âme. C'est pour les mêmes motifs qu'au
XVIme siècle un ami des Vaudois, plus fanatique qu'éclairé, a pu se laisser aller
à commettre une fraude pieuse qui s'explique, mais ne se justifie pas.
L'examen de la forme littéraire et du contenu de la Noble Leçon confirmera
d'une manière éclatante les conclusions auxquelles nous sommes arrivé sur l'âge
du poème.
CHAPITRE II
Mais à ce compte-là, il y aurait bien d'autres vers à rayer dans la Noble Leçon.
Les copistes ont-ils commis ces incroyables négligences ? Nous les avons vus
assez souvent hésiter sur la coupe des vers, et il suffira au lecteur de parcourir les
variantes pour constater que tantôt ils réunissent deux vers en un seul, et tantôt
dédoublent un vers unique. 11 est évident qu'ils ne se rendaient qu'imparfaite-
ment compte des lois de la versification vaudoise, ce qui n'a rien de surprenant.
Pour expliquer, du moins en grande partie, ces erreurs de prosodie, il faut
admettre que le vers vaudois doit être scandé non seulement en observant les
élisions, mais en considérant comme diphtongues certains groupes de voyelles, et
en faisant à peine entendre les sons sur lesquels ne tombe pas l'accent tonique.
On prononcera par exemple :
au lieu de :
tout n'est pas conforme au modèle de l'Évangile; il nous prêche le salut et la vraie
vie tels qu'il se les représente d'après ce qu'il sait des enseignements bibliques et
des leçons de l'Église. Il ne se pose ni en martyr, ni en réformateur, ni en mysti-
que incompris : il est Vaudois. C'est un de ces descendants éloignés des pauvres
de Lyon, et c'est parce qu'il parle et écrit en Vaudois que sa parole est vivante et
qu'elle me saisit.
Le plan même de la Noble Leçon est tiré de la Bible : c'est un bref récit de
l'histoire biblique depuis Adam jusqu'aux apôtres, ou mieux jusqu'au temps de
l'Antéchrist; c'est l'exposé des trois lois que Dieu a données au monde, loi natu-
relle, loi mosaïque, loi chrétienne. L'auteur développe ces sujets dans l'ordre même
indiqué par saint Paul dans les premiers chapitres de l'Épitre aux Romains De \
nombreux passages de la Bible sont cités, ou des allusions plus ou moins directes
y sont faites. Parfois l'allusion est obscure: « Jésus, dit l'auteur, donna aux
apôtres pouvoir sur les serpents » (v. 270). On serait tenté au premier abord
de rapprocher ce vers du passage des Actes (XXVIII, 3-6), où il est dit qu'une
vipère s'attacha à la main de saint Paul qui n'en ressentit aucun mal. Peut-être
ne faut-il voir dans ces serpents qu'un synonyme des démons dont il est parlé dans
le vers suivant. Il semble, en tout cas, que quelque idée superstitieuse soit unie,
dans l'esprit de l'auteur, à la mention des serpents : ce pouvoir donné aux apôtres
n'est pas sans rapport avec le récit de la Genèse sur Eve et le serpent.
1 Rom. T, 18-32 (loi naturelle), II et III, 1-20 (loi mosaïque),III, 21-30, IV et ss. (loi chrétienne).
12 INTRODUCTION.
1 Voy. par exemple l'abîme qui sépare ces vers du seul, passage du Nouveau Testament qu'on pourrait en
rapprocher : Jac. V, 16.
2 Math. V, 32; XIX, 9. Voy. encore l'étrange citation biblique : v. 368-375. Il est intéressant, à propos de la
question du divorce, de comparer à la morale évangélique (la ley de Xrist), telle que la comprend la Noble
Leçon, la morale évangélique (li comandament de Xrist moral) telle que l'exposent les « Interrogationsmajors »
(ms. de Dijon, f° 159 v°) :
« Quanti son li comandament de Xrist moral complent li 10 comandament de la ley? Di : 6. Lo prumier es
« non irar malicio.sament ni blestemar' o condampnar, mas acordar e esmendar. Lo 2 non vesser la fenna a
« cubitar ley, ma trayre l'olh. Lo 3 non laisser la conjoynta legittimament al matremoni si non per causa de
« fornigacion. Lo 4 non jurar al postot. Lo 5 non contrastar al mal, non judicar tanczonosament, ma esser
« aparelha a suiïrir majorment, e ajosta te donar a la neccessita, prestar lo don. Lo 6 amar li enemic e far ben
« a lor, prestar, saludar, donar, orar per li acaysonant e per li perseguent. »
On voit par ce passage que l'auteur des « Interrogations majeures » connaît et cite exactement la Bible.
Remarquons aussi l'importance qu'il attache au commandementde ne pas s'opposer au mal; les Yaudois n'ont
pas toujours professé cette doctrine : la nécessité de la résistance s'est imposée à eux. Il est curieux de rappeler,
à cette occasion, que Luther insistait dans les mêmes termes sur le devoir chrétien de la non-opposition au mal,
dans son « Appel aux paysans de Souabe » (Ermahnung zum Frieden auf die 12 Artikel der Bauerschaft in
Schwaben) : « Christus spricht, man solle keinem Uebel noch Unrecht widerstehen, sondern immer weichen,
leiden und nehmenlassen. > On sait combien peu ce conseil fut suivi !
INTRODUCTION. 13
écrits du moyen âge que les Vauclois avaient traduits, remaniés ou imités \ et où
abondent les citations de l'Écriture. Quoi qu'il en soit, il s'était réellement assimilé
certaines idées et certains principes évangéliques. Je relève chez lui ces expressions
fréquentes, attestant sa foi simple et profonde en Christ : « la voie de Jésus-
Christ, suivre Jésus, suivre la voie du Christ » (v. 433, 434, 437, etc) ; et je ne
puis m'empêcher de les rapprocher d'expressions analogues d'un antique docu-
ment chrétien récemment découvert, la At5or/7] twv 'AizoaiôXiùv., qui, par la simplicité
de sa doctrine, offre certains rapports avec les écrits vaudois. 'OM Sûo elaî, est-il dit
dans la AiSaxfy {ûa rqç Çcovjçxai jjia TOÔ©avâroo 2. C'est aussi « la roule de la vie » que
« la voie de Jésus » de la Noble Leçon, et l'auteur vaudois pourrait conclure son
poème par ces paroles de l'écrivain grec : AOTYJSGTIVTI6§b<; %-qçfa-qç 3. Assurément le
chrétien du second siècle qui a recueilli l'enseignement des douze apôtres ne renie-
rait point son frère vaudois.
La dogmatique de la Noble Leçon est empreinte, comme celle des écrits vaudois
antérieurs au développement des idées hussites, d'une si grande simplicité, qu'il
est impossible d'y trouver les traces d'une hétérodoxie véritable : on peut la décla-
rer incomplète, insuffisante, mais on ne saurait la taxer d'hérétique.
C'est le Dieu trinitaire que confesse notre écrivain (v. 28-34, 43, etc.) :
Le nombre trois est sacré : partout nous le retrouvons, dans la nature, dans le
monde présent et dans le monde futur : il y est comme une perpétuelle révélation
du Dieu trinitaire. Dieu a donné trois lois au monde (v. 69 ss., 149 ss., 230 ss.,
439 ss.,); l'homme a trois ennemis, le monde, le diable et la chair (v. 36-38, 96-
98) ; nous manquons envers Dieu de crainte, de foi et de charité (v. 427); nous
commettons trois péchés mortels (v. 430 ss.); les peines de l'enfer ont un triple
caractère (v.472 ss.), de même que les jouissances célestes sont au nombre de trois
(v. 479), etc.
Quelle place l'auteur donne-t-il à la Vierge ? Il lui assigne un très haut rang ;
c'est la mère de la seconde personne de la Trinité, c'est sainte Marie (v. 30), la
Vierge glorieuse (v. 214), Notre Dame (v. 216, 320). Seul le manuscrit de Dublin,
dans ce dernier passage, porte : Maria au lieu de Noslra dona, témoignage
précieux des corrections introduites postérieurement dans le texte du poème.
Devra-t-on s'étonner dès lors du changement de mil e A cent en mil e cent ?
La révélation du Dieu trinitaire est progressive. Elle a été tout d'abord natu-
relle : l'homme, par sa propre réflexion, est arrivé à la conviction qu'il ne s'est pas
créé lui-même, et qu'il y a par conséquent un Dieu souverain créateur qu'il doit
honorer (v. 441-448). La révélation mosaïque a appris à l'homme à craindre Dieu
et à le servir, à cause des rétributions temporelles (v. 449-451, 167 ss., 186 ss.).
La révélation chrétienne enfin a enseigné à l'humanité à aimer Dieu, père patient
envers ses enfants coupables (v. 452-455).
Pourquoi la révélation a-t-elle suivi cette marche ascendante? Parce que le
péché est entré dans le monde et y a exercé des ravages toujours plus profonds. Dieu
avait créé l'homme libre ; la liberté morale était le principe de la première loi que
Dieu donna au monde (v. 69-72). Le premier homme ayant fait un mauvais
usage de sa liberté, le mal pénétra dans le monde, et par sa faute l'humanité
devint pécheresse. L'auteur pose donc à la base de sa dogmatique le péché origi-
nel en Adam, la corruption héréditaire de l'humanité et sa damnation (v. 56-60).
Le diable, qui avait joué le rôle de tentateur (v. 58), est devenu l'ennemi le plus
redoutable de l'homme (v. 38, 96). Par la chute d'Adam, Dieu a été offensé 1, et
malgré la révélation mosaïque, l'humanité étant devenue de plus en plus incapable
de résister au péché et d'échapper à ses conséquences, Dieu en tant que seconde
personne de la Trinité a dû descendre sur la terre pour sauver l'humanité (v. 205-
207, 62, etc.). C'est la théorie de la satisfaction vicaire.
Par quels moyens l'homme s'approprie-t-il les mérites de Jésus-Christ ? Par la
foi ou par les oeuvres ? La question est d'autant plus importante à résoudre que le
nombre des élus est petit (v. 26, 62). La foi, dans le sens évangélique du mot, ne
joue qu'un rôle très effacé dans la Noble Leçon ; l'auteur ne connaît pas les idées
de saint Paul sur la justification par la foi. Il insiste bien sur l'amour de Dieu
(v. 85,153, etc.); il est même parlé de la foi en Dieu (v. 46, 78), et, en général,
de la foi que nous n'avons pas (v. 427), mais le caractère particulier que le Nou-
veau Testament attache à cette expression est ignoré de notre auteur.
C'est par les oeuvres que l'homme obtient la participation aux mérites du Christ;
les oeuvres sont méritoires, par elles on trouve le salut : repentir, confession,
pénitence, jeûne, aumône, prière, c'est par là qu'on parvient au salut (v. 420-424) :
La morale tient une grande place dans la Noble Leçon ; l'auteur, comme tout
Vaudois en général, s'attache beaucoup plus au côté pratique du christianisme, à
la vie chrétienne, qu'à sa direction spéculative et dogmatique; on le voit bien
dans le résumé qu'il trace de la carrière et de l'oeuvre de Jésus : le Christ est avant
tout l'exemple à suivre.
La morale de la Noble Leçon est franchement évangélique par l'insistance
qu'elle met à prêcher la charité, l'amour du prochain, méchant ou bon, la frater-
nité entre tous les hommes (v. 42, 43-45, 89, 91, 155-158, 265). L'auteur va
jusqu'à dire naïvement que les « saints » n'ont jamais persécuté (v. 354-355). On
reconnaît l'héroïsme chrétien des persécutés dans ces recommandations expresses
de ne pas se venger des ennemis, mais de leur pardonner (v. 247-260, comp.
v. 382), et dans celle touchante maxime de ne pas mépriser l'étranger qui vient
d'un lointain pays,
La pauvreté est une oeuvre aussi chère aux Vaudois qu'aux ordres mendiants ;
mais ils l'observent d'une manière bien plus rigoureuse, et les circonstances se
prêtent merveilleusement à cette observance. Jésus a donné l'exemple de la pau-
vreté (v. 219-221); nous devons nous y confirmer en revêtant la pauvreté spiri-
tuelle (v. 278, 434-435). Jésus s'était contenté de dire : « Heureux les pauvres en
\
esprit » La Noble Leçon impose comme un devoir à tous les hommes la pau-
vreté spirituelle.
Un autre point capital de la doctrine catholique sur lequel insiste la Noble
Leçon, c'est tout ce qui concerne la discipline et la pénitence. Il faut faire péni-
tence en celte vie (v. 422, 455); sans pénitence point de salut (v. 108-110). La
pénitence ou discipline consiste enrepentance, confession, jeûne, aumône et prière
(v. 419-424). La confession est particulièrementimportante; l'auteur y revient à
plusieurs reprises. Il faut se confesser sans aucun manquement (v. 421) ; il faut
seconfesser sans tarder (428), avant de mourir, alors qu'on est bien portant (v. 388).
S'agit-il ici de la confession au prêtre catholique 2? Il est impossible de l'affirmer
ou de le nier; mais, tout en refusant au prêtre, comme nous le verrons plus loin,
le pouvoir d'absoudre le pécheur, le poète ne ferait pas un devoir absolu de la
confession, s'il ne croyait point qu'un péché confessé est à moitié pardonné. Dans
ces conditions, il n'y a aucun inconvénient à s'adresser au prêtre : il suffit de
choisir un prêtre sage, discret et bien enseigné, qui sache lier et délier et qui soit uni
à la sainte Église antique '.
Parallèlement à l'action exercée par l'Église, l'influence directe de l'Évangile,
clans la Noble Leçon, se révèle dans quelques idées morales et dogmatiques par-
ticulières, que nous avons réservées pour la fin de cette analyse, à cause de leur
caractère spécialement vaudois
La Noble Leçon interdit d'une manière absolue, comme le Christ, le serment :
v. 244-245 (comp. v. 163), 370 (comp. v. 380). Elle recommande la prédication de
la divine doctrine (v. 417-418) et la lecture des pieux écrits 4. Elle enseigne enfin
la prochaine venue de l'Antéchrist et l'approche de la fin du monde. L'insistance
avec laquelle elle revient sur cette idée (v. 2-10, 459-464) trahit une époque de
1 Matt. V, 3.
2 Voy. sur ce point notre « Histoire littéraire, » p. 93, 100-104, 142-144, 179, 180 (note 1) et 181 (note 1). On
lit dans un sermon vaudois (Sia renovela per l'esperit, G 206) de la période catholique : Lo confesor desliora
lo pecador per la confesion.
3 Ma aguilh ïical se volon confessar devon encercar preyres savis e descret e ben ensegna Aguel que se vol
verament repentir quera lo prever local sapialigâr e desligar, local sia uni a la sacra gleysa antica, etc. Je cite ce
passage du « Penitencia, » tel qu'on le lit dans le ms. G 207, qui renferme le texte de la Noble Leçon. Voyez
dans notre « Histoire littéraire » (p. 49-50) les modifications que ce passage capital a reçues dans les mss.
G 208, G 209 et D 22, qui datent tous du XVI™ siècle.
4 Voy. le paragraphe suivant au mot leyçon.
INTRODUCTION. 17
persécution, de même que le relâchement moral et religieux qu'elle signale
dans la secte (v. 425427) nous reporte à une époque bien éloignée des ori-
gines du parti et de la ferveur des premières années. Dans les temps d'affais-
sement moral et de tiédeur religieuse, les âmes mystiques se plaisent à évoquer
le spectre de l'Antéchrist. Le jugement dernier est sur le point d'avoir lieu ;
la terre va brûler, les vivants mourront, puis une résurrection générale aura
lieu (v. 465-468). Par le jugement, Dieu fera deux parts des hommes : les
uns iront aux jouissances éternelles, les autres aux peines éternelles (v. 16-22,
469-481). Le purgatoire 1 n'est pas mentionné: ce silence ne peut être inter-
prété que comme une négation du dogme catholique. L'auteur se fait une
idée très grossière du monde futur : dans l'enfer, feu, nombreuses, terribles
et éternelles peines (v. 472-474), et dans le ciel, délices, richesses et honneurs
(v. 478-479). L'auteur est d'ailleurs un chrétien pessimiste (v. 100-101 et passim).
Comment ne pas l'être, quand le vent de la persécution souffle sur l'Église des
saints?
Jusqu'ici nous n'avons trouvé dans notre poème qu'un seul passage (une pré-
tention) qui pût être considéré comme opposé à l'enseignement catholique. Il est
un autre point cependant sur lequel l'auteur s'éloigne du dogme reçu : je veux
parler de l'absolution. Aucun ecclésiastique romain, pas même le pape, ne peut
absoudre le pécheur : Dieu seul pardonne (v. 410-415) s. Fort de cette vérité de
l'Évangile, le poète fait un tableau satirique du prêtre assistant le moribond qui
débat, avec son confesseur, le prix de son absolution (v. 385-409); cette critique
ne l'empêche pas, comme on l'a vu, d'attacher une valeur exceptionnelle à la
confession.
Ce fragment contient toute la polémique du poème contre l'Église catholique:on
avouera que c'est peu. Sans doute l'auteur trace le portrait idéal du pasteur (v.
416-419), c'est-à-dire du prêtre catholique, qui administre les sacrements mais \
il ne dirige aucune attaque violente contre le clergé ou la papauté. C'est, si l'on
veut, un catholique émancipé, qui tempère l'enseignement traditionnel, dans ce
1 Voici le seul passage sur le purgatoire que nous ayons trouvé dans l'antique littérature vaudoise :
E tuit eran tira a la carcer de l'enfern, M bon e M mal. Ma lo es de creyre que aleanti luoc segret son enapres
Venfern en lical M sant desmontavan en li tonnent penable devant la pasion del Segnor. Enperzo ilh desiravan
luy enaima desliorador de carcer. (Sermon : Alegras vos tota via, etc.)
Ce passage est important comme témoin du changement d'opinion qui eut lieu plus tard, sur ce dogme, dans
les communautés vaudoises. Ce fragment est tiré de G 206; il est naturel que cette mention du purgatoire soit
dans le plus ancien manuscrit. Comp. le v. 323 de la Noble Leçon.
2 II semble cependant que l'écrivain donne à entendre qu'avant Silvestre, la papauté avait le privilège de
l'absolution: c'est qu'alors elle n'était point déchue; la décadence de l'Église date en effet du pontificat de
Silvestre. (Voy. notre « Histoire littéraire, » p. 32 s.)
3 Voy. ce que nous avons dit au sujet de la confession,page 16, note 3.
3
18 INTRODUCTION.
Le texte de la Noble Leçon contient quelques mots dont le sens doit être précisé ;
nous n'en signalerons que deux ici.
Le premier est le mot baron qui se trouve dans plusieurs passages (v. 139,181,
etc.), où l'on serait enclin de lui donner la signification qu'il a d'ordinaire dans les
langues romanes, d'homme fort, vaillant, noble. Mais baron, en vaudois, peut être
pris en mauvaise comme en bonne part : il correspond exactement au français
homme, témoin les exemples suivants que je tire du manuscrit 206 de Genève :
barons mezongiers opposé à barons verays, baron eneqaetos, baron de sanc, etc. Un
passage d'un sermon sur la circoncision du Christ (Mas cant li VIII dia foron
compli que lo fantin fosa circoncis, etc. G. 206) confirme cette interprétation en
donnant à baron le sens d'homme parvenu à Tâge mûr; l'auteur distingue en effet:
la ela de la efantilhanja, la heta de la jovenlu, la ayta baronivol et la ayta de la
velheza.
Le second vocable, dont il nous importe de déterminer le sens, est ce mot leyçon
qui revient à plusieurs reprises dans le poème, que nous avons transcrit leçon
dans notre traduction, et qui correspond à une idée particulière des Vaudois. La
leyçon c'est la lecture, mais quelle lecture ? Est-ce la lecture de la Bible ? Gomme
les Vaudois ont emprunté aux écrivains catholiquesdu moyen âge, Alcuin, Isidore
de Séville, etc.,leur notion de la lectio, du lectionis studium (leyçon conluniaj2,nous
serons éclairés sur ce point en traduisant le chapitre du livre des « Vertus » -
(G 206) qui traite ce sujet. On sait que le livre des « Vertus » est un traité imité
des ouvrages catholiques sur le même sujet qui ont abondé au moyen âge 3.
1 Voy. dans notre «Histoire littéraire, » p. 145 s., l'opposition des poèmes vaudois, y compris la Noble Leçon
(qui insiste tant sur le dogme trinitaire),à l'hérésie cathare.
* Voy. notre « Histoire littéraire, » p. 74.
3 Voy. notre « Histoire littéraire, » p. 68 ss.
INTRODUCTION. 19
."(( C'est en parlant de la leçon (ou lecture) continue que le Seigneur dit à
« Moïse : Le feu brûlera toujours (Iota via) sur mon autel; le prêtre l'entre-
« tiendra en y apportant du bois, chaque jour, le matin. L'autel de Dieu c'est
« notre coeur, qui doit toujours brûler du feu de la charité. Le prêtre, c'est
« chaque fidèle qui doit y apporter du bois, c'est-à-dire présenter sans cesse à
« son coeur les exemples des saints, pour que le feu de la charité ne s'y éteigne
« pas. Car c'est faire brûler le feu de la charité dans son coeur en y apportant du
« bois, que de rappeler chaque jour à sa pensée les témoignages des Écritures,
« les commandements du Seigneur et les exemples des saints Pères. En se rappe-
« lant l'obéissance d'Abraham, la patience d'Isaac, la longue persévérance de
« Jacob, la chasteté de Joseph, la douceur de Moïse, la constance de Josué,
« l'indulgence de Samuel, la miséricorde de David, la virginité de saint Jean, le
« dévouement de saint Pierre, la fermeté de saint Paul et la charité de Marie-
ce Magdeleine, et en conformant sa vie à leurs exemples, on entrelient, avec beau-
ce coup de bois, le feu dans son coeur. Ainsi la leçon continue purifie l'âme, y
« répand une sage crainte et stimule le coeur du lecteur aux souveraines joies.
« Donc celui qui veut toujours être avec Dieu doit souvent prier et souvent lire.
« Car, lorsque nous prions, nous parlons avec Dieu, mais lorsque nous lisons,
« c'est Dieu qui parle avec nous. La leçon continue ressemble au vin. Le vin
« rend joyeux et fort, et il endort celui qu'il enivre. De même la leçon continue
« réjouit la pensée du juste, tandis qu'il trouve, en songeant aux Écritures, les
« gages de l'éternelle allégresse qui l'attendent. Elle le rend fort, car elle lui
« communique les secrets (liltér. les détours) de la divine science contre l'adver-
« site. Elle l'endort, car elle le fait penser aux choses célestes et lui enseigne à
« renoncer à tout ce qui est terrestre. C'est donc un honnête travail de langage
« et elle sert beaucoup à amender l'âme. En lisant longtemps, la pensée du juste
« devient claire; il dispose ses membres à d'honnêtes habitudes, il rend ses
« sentiments plus délicats et sa pensée plus apte à connaître les secrets célestes. »
Ce fragment du livre des « Vertus» est formé d'emprunts et d'imitations
d'Alcuin (Des vertus et des vices) et d'Isidore de Séville (Du souverain bien).
L'auteur a-t-ilen vue uniquement la lecture de la Bible? Je ne le pense pas.
Certains passages tendraient à le faire croire : l'énumération des personnages
bibliques, la mention de Dieu parlant avec nous. Mais de même que les auteurs
catholiques étendaient ce devoir de la lecture assidue à de pieux écrits non cano-
niques, recueils liturgiques, livres de prières, légendes des saints, nous estimons
que l'auteur vaudois joignait aux fragments bibliques, traduits en langue vulgaire,
ces nombreux écrits pieux qui nous ont été conservés dans les mss. vaudois, et
qui ont certainement servi à l'édification des fidèles. Les copies assez nombreuses
20 INTKODUCTION.
que nous possédons de plusieurs de ces traités (Glosa paler, Vergier de consola-
tion, etc.) prouvent à quel point ils étaient répandus au sein des communautés
vaudoises.
Une variante de la Noble Leçon nous montre qu'il ne faut pas prendre dans un
sens étroit, le mot leyçon et en limiter la portée à la Bible. On lit au v. 354-355 :
Les vers qui précèdent (351-353) forment, avec ceux que nous venons de citer,
une parenthèse clans le récit qui ne reprend qu'au vers 356; ils font allusion à
des persécutions actuelles, et l'auteur déclare que les persécuteurs ne peuvent
justifier leurs actes, parce qu'il n'est dit nulle part que les saints aient jamais
persécuté ou, ce qui revient au même, que les persécuteurs soient des saints.
Si l'on donne au mot leyçon le sens de passage (biblique), on atténue singuliè-
rement l'affirmation de l'auteur, qui est beaucoup plus générale. C'est ce qu'ont
pensé les copistes des mss. de Genève et de Dublin qui, donnant à leyçon un sens
restreint, ont dû, pour ne pas affaiblir l'idée du v. 354, modifier le texte original,
en écrivant :
Car la non se troba en scriptura sancta ni par raczon.
Le caractère de la glose est frappant. Le titre seul du poème, des vers tels que
le premier et le 439me confirment la signification générale à donner au mot leyçon.
La leçon est une lecture tirée de la Bible ou de quelque livre édifiant. Et qu'est-ce
après tout que la Noble Leçon, sinon une lecture édifiante?
LA NOBLO LECOUN
U frères, entendez
1 une noble leçon !
2 Souvent nous devons veiller et nous tenir en oraison,
3 Car nous voyons ce monde être près de la ruine.
4 Nous devrions être très désireux de faire de bonnes oeuvres,
5 Car nous voyons ce monde approcher de la fin.
6 II y a bien mille et quatre cents ans entièrement accomplis,
7 Que fut écrite l'heure que nous sommes au dernier temps.
8 Nous devrions peu convoiter, car nous sommes au bout.
9 Chaque jour nous voyons les signes venir à leur accomplissement,
10 Accroissement de mal et amoindrissement de bien.
11 Ce sont les périls que l'Écriture dit :
12 L'Évangile le raconte, et saint Paul aussi,
13 Qu'aucun homme, qui vit, ne peut savoir la fin.
14 Aussi devons-nous plus craindre, car nous ne sommes pas certains,
15 Si la mort nous prendra aujourd'hui ou demain.
LA NOBLO LESSIOUN
121 Qu'ilh avengues entro al cel, ma ilh non pogron far tant,
122 Car lo desplac a Dio, e fey loi1 o semblant.
123 Babelonia havia nom aquela grand cipta
124 E ara es dita confusion per lasoa malvesta.
125 Adonca era un lengaje entre tota la gent ;
126 Ma qu'ilh non s'entendesanhy fey Dio departiment,
127 Qu'ilh non façesan {la torre) qu'ilh havian comença.
128 Foron li lengaje per tôt lo mont scanpa ;
129 Poy pecqueron greoment abandonant la ley, ço es ley de natura,
121 Qu'elle parvint jusqu'au ciel ; mais ils ne purent pas faire autant,
122 Car cela déplut à Dieu, et Dieu le leur fit voir.
123 Babylone était le nom de cette grande cité,
124 Et maintenant on l'appelle confusion à cause de sa perversité.
125 II n'y avait alors qu'un langage parmi l'humanité ;
126 Mais, pour qu'ils ne s'entendissentpoint, Dieu y fit un partage,
127 Afin qu'ils ne fissent pas la tour qu'ils avaient commencée.
128 Les langages furent répandus par tout le monde ;
129 Ensuite les hommes péchèrent gravement, abandonnantla loi, c'est-à-dire la loi de
nature,
130 Car l'Écriture le dit et on peut bien le prouver,
131 En sorte que cinq cités périrent, qui faisaient le mal ;
132 Dieu les condamna au feu et au soufre.
133 II détruisit les félons et délivra les bons :
134 Ce fut Loth et ceux de sa maison que l'ange en fit sortir.
135 Ils furent quatre en tout, mais l'un se condamna :
136 Ce fut la femme, uniquement parce qu'elle se retourna malgré la défense.
137 Ici se trouve grand exemple pour toutes gens,
138 Qu'ils se doivent garder de ce que Dieu défend.
208 Adonca Dio trames l'angel a una nobla donçela de lignaje de rey :
209 Doçament la salude, cum s'apartenia a ley.
210 Enapres li vay dire : non temer Maria,
211 Car lo sant sperit sere en ta conpagnia.
212 De tu naysere filh que apellares Yeshu :
213 El salvare son poble de ço qu'el ha ofendu.
214 Noo mes lo porte al sio ventre la vergena gloriosa,
215 Ma qu'ilh non fos represa, fo sposa de Joseph.
216 Pura era nostra dona e Joseph atresi ;
217 Ma ayço deven creyre, car Pavangeli o di,
218 Que en la crepia lo pauseron cant fo na lo fantin ;
219 De panç Penvoloperon, paurament fo alberga.
220 Ayci se pon repenre li cubit e li avar,
221 Que d'amasar aver non se volon césar.
222 Moti miracle foron cant fo na lo segnor,
203 Me, pauc var aquel hounour que vite ven à fin.
204 Persegus éroun li sants, é li justes, é li bons.
205 Aquèsti, clins li plours é li gemissaments,prièroun lou Segnour,
206 Que descliendès en terro, per sauvai- aquest moùiide,
207 Car tout l'human lignage anàvo en perclicioun.
208 Àlloùvo, Diou mandée l'ange à uno noblo clamouisello, de raço de re.
209 Doussomentla saluo, coumo l'apartenio an èlo ;
210 Après, li vai dire : Ayes pa paur, Maiïo.
211 Car, lou sant Esprit es en ta coumpanio.
212 De tu naicheré un meyna que n'en dires Jésus;
213 El sauvarè soun puple de ço qu'el a ouffensa.
214 Noou meses lou pourtec clins soun ventre la vierge glouriouso;
215 Me, perque noun fous reprèso, de Jousé fouguec espouso;
216 Puro èro nosto-Damo,é Jousé déco.
217 Me eiço deven créire, car l'Evangile.vou di,
218 Que clins la crùpio lou pausèroun, quand fouguec neichu lou meynà ;
219 De pâtés l'envourtoulièroun, pauroment fouguec louja.
220 Eichi, se pououn reprener li cupides,li avares,
221 Que de recliampar ben noun vouèroun cessar.
222 Bauren de miracles fouguèroun quand fouguec neichu lou Segnour,
LA NOBLE LEÇON. 45
203 Mais il vaut peu, cet honneur qui bientôt tombe en ruine !
204 Les saints, et les justes, et les bons étaient persécutés,
205 Et avec pleurs et gémissements priaient le Seigneur,
206 Qu'il descendît sur la terre pour sauver ce monde,
207 Car tout l'humain lignage s'en allait à perdition.
208 Alors Dieu envoya l'ange à une noble demoiselle de lignée royale.
209 II la salua doucement, comme il lui convenait,
210 Puis il lui va dire : Ne crains pas, Marie,
211 Car le Saint-Espritsera en ta compagnie.
212 De toi naîtra un fils que tu appelleras Jésus :
213 II sauvera son peuple du péché qu'il a commis.
214 La vierge glorieuse le porta neuf mois clans son sein,
215 Mais pour qu'elle ne fût pas blâmée, Joseph l'épousa.
216 Pure était notre Dame, et Joseph aussi ;
217 Nous devons le croire, car l'Évangile le dit,
218 Lorsque l'enfant fut né, ils le mirent dans la crèche ;
219 Ils l'enveloppèrent de langes, et pauvrement il fut logé.
220 Ici peuvent être repris les envieux et les avares,
221 Qui ne veulent cesser d'augmenter leur avoir.
222 II y eut beaucoup de miracles, lorsque le Seigneur fut né :
208 Dounco Diou ha manda l'angé à uno noblo damiséllo de râço de roi ;
209 Douçament la saluo, perqué la gli éro degu ;
210 E peui li di : « Tém pâ, Mario,
211 « Perqué l'Esprit sant seré en ta compagnio;
212 « De tu naisseré un fill que tu nomeré Jésus ;
213 « A salveré soun peuplé de soc al ha ôouffendu. »
214 Nôou mé l'ha pourtà en soun ventre la viergio glouiïouso,
215 Ma per qu'i foussé pâ erpigliâ, da Joseph ill é ita eipouso ;
216 111 ero puro notro Dono e Joseph decô.
217 Ma eisson nous déven créiré, perqué l'Evangile ou di,
218 Qu'en la kerpio i l'han paousa, quant é ità nà lou meinarot.
219 De pan i l'han empatouilla, palirament è ita lougia :
220 Eici se pou erpigliâ gli envidious e gli avârous,
221 Que d'erciampâ mouneo volen pâ cessa.
222 Gli é ita plusiour miracous, quand é ita nà lou Seguour,
46 LA NOBLA LEYÇON.
265 Ma perqué nous soun tuti frairé, nous déven Diou servî.
266 L'é la legge nouvello que Jésus Krist ha dit que nou déven tenî.
331 Me,
quant venguec Pandecoùstés, se souvenguec d'éli,
332 E lour mandée lou sant Esprit que es counsoulatour,
333 É enseigno li apôtres per divino douctrino,
334 É sabèroun li lengàges é la Sànto Escritùro.
335 Doùnco se souvenguèroun de ço qu'avio dicb,
336 Sènso crènto parlàvoun la douctrino de Crist,
337 Prechàvoun Juifs é Grecs, f'asent bauren de miracles,
338 É li creyents batèàvoun ei noun de Jèsus-Crist.
33!) Doùnco, fouguec fach un puple de nouvéous counvertis :
340 Crestiaas f'ouguèroun noumas, car creyoùn en Crist.
341 Me aco trouben que l'Escritùro di,
342 Ben fouert li pcrseguioùu Juifs é Sarrazins;
243 Me, tant fouguèroun fouerts li apôtres en la crènto dei Segnour.
344 E li homes é les frèmés que èroun emb'èli,
345 Que per èli noun leichàvoun ni lour fach ni lour dich,
340 Tant que bauren n'en tuèroun coumo avioun (tua) Jèsus-Crist.
LA NOBLE LEÇON. 57
377 Car lou règne dei ciel li sarè aparelha ei partir d'aquest moùnde;
378 Doùnco auré grau gloiro, se a agu desbounour.
379 Me, en aco es ben manifeste la meichanceta d'éli,
380 Que qui vouer maudire, é mentir, é jurar,
381 É prestar à usùro, é tuar, é adidterar,
3S2 É se venjar d'aquèli que li fan de mar,
383 Disoun qu'es prudhôme, é pre louyal home countà;
384 Mo, à la fin, se garde que n'en sio engana;
385 Quant ven lou mar mourtal, la mouert lou sarro é à pèno pouo parlai',
3S6 É demàndo lou preyre, é se vouer counfessar;
387 Me, suivant l'Escritùro, a trop tarza : èlo coumàndo é cli :
LA NOBLE LEÇON. 61
377 Perqué lou royomé da céël gli seré perpara a la parteusso de que niound.
378 Alouro al auré gran glorio, s'al ha agu deishounour.
379 Ma ent eisou é manifeste la malignità de lour,
380 Que qui voll maudire e mentî e giurâ,
381 E preitâ a usuro e amassa e avoutrâ,
382 E vengiâ se de queli que li fan mal,
383 I dïen qu'a l'é onest nom, e leal hom ernouminà.
384 Ma a la fin qu'a se garde d'esse engamià :
385 Quand ven lou mal mortal, la mort lou presso e a peno a po parla,
386 A demando lou preiré e se vol counfessâ;
387 Ma segount l'Eicrîturo, al ha trop tarza, lacâlo coumando e di :
62 LA NOBLA LEYÇON.
430 L'offense que nous avons faite par trois péchés mortels,
431 Convoitise des yeux, jouissance de chair,
432 Et orgueil de vie, parce que nous avons fait le mal.
433 Voici la voie que nous devons tenir,
434 Si nous voulons aimer et suivre Jésus-Christ :
435 Nous devons observer de coeur la pauvreté spirituelle,
436 Aimer la chasteté, servir Dieu humblement.
437 Nous suivrions alors la voie de Jésus-Christ,
438 Ainsi nous vaincrions nos ennemis.
430 L'ouffeso que nous han faito per trei pecca mourtal,
431 Per envidio d'euill, e per délit de carn,
432 E per superbio de vito perqué nous han fait mal ;
433 Nou déven ségré e tenî queto vïo,
434 Se nous volen estima e ségré Jésus-Krist,
435 Pauretà sphituâlo de coeur nous deven tenî,
436 Estima la castità, e Diou humblamentservi;
437 Alouro nou ségrien la vio de Jesus-Krist,
438 Pareill nous vincerien notri enemis.
NOTES ET VARIANTES
Les grandes majuscules des v. 1, 139, 189, 208, 267, 331 et 439, se trouvent dans le manuscrit et indiquent les
divisions du poème, telles que le copiste les avait faites. Les mots en italique, dans le texte et clans la
traduction, ont été ajoutés pour l'intelligence du poème. Le copiste n'use de majuscules qu'au début du vers;
nous avons cru devoir les rétablir pour les noms propres et pour le nom de Dieu.
29-30 forment un seul vers. — 32-33 Ici. — 75-76 Id. — 127 la torre manque
dans le texte: c'est une faute de copiste. — 153-154 forment un seul vers. — 177-178
Id. — 196-197 Id. — 238-239 Id. — 313-314 Id. — 356 on lit dans le texte : foron
li doctor et en marge : alcun. — 431-432 forment un seul vers. — 479 forme deux vers,
le second comprenant les quatre derniers mots.
II
III
NOBLA LEYÇON
Marias, crocz. — 320 avian. — 321 veyan. e (manque) nu. sus la crocz (en manque). —
323 E trays li seo. rexucite. tercz. — 324 seo. avia. — 325 cant illi vigron. —
326 conforta car devant avian. paur. — 329 seo. enseguador. — 330 mont au lieu de
segie. — 331 venc ajouté après cant. — 333 doctrina. — 334 lengage. — 335 czo.
avia. — 336 Sencza. doctrina. — 337 Judios. faczent. vertucz. — 338 bateiavan. —
339 fait. — 340 Cristians. — 341 Ma czo se troba, car l'escriptura o di. — 342 Judios
e Saraczins. — 343 de Dio au lieu de del segnor. — 344 fennas. — 345 laisavan. fait.
qu'es. — 348 car ilh demostravan. — 349 Ma lical
— 346 Xrist. — 347 segont czo
li. non lor era de tant mal tenir. — 351 caison. perseguon. — 352 Xristian. en au lieu
de o. — 353 czo. reprener aquilh que persegon, en confort deli bon. — 354 Caria non
se troba en scriptura sancta ni per raczon. — 355 perseguesan alcun ni metes en (man-
que) preson. — 356 alcuns doctors. — 357 Lical mostravan la via de Xrist lo nostre
Salvador. — 358 Ma encar s'en troba alcun al temp présent. — 359 de la gent. —
361 que a pena o pon far.— 362 Xristian.— 363 que devon esser pastor.— 364 Car
ilh perseguon. — 365 E laysan en pacz li fais e li enganador. — 366 czo se po. —
368 ver. — 369 Que si n'i a alcun bon que ame et tema Yesliu Xrist. — 371 avotrar.
aucir. prener l'autruy. — 372 seo enemis. — 373 Hh dioii. — 374 E li troban cayson
cum meczonia e engan (cum manque). — 375 Cosi ilh poirian tôlier czo qu'el ha del
seo afan. — 376 Ma fort se conforte aquel que suffre per l'amor del segnor. — 377 del
cel. appareilla al partir d'aquest. — 378 si el ha agu. —• 379 czo es manifesta (mot
manque). — 380 Que qui vol. — 381 E prestar ha (forment manque), aucir. avotrar. —
382 fan limai. — 383 diczon qu'el es prodom. reconta. — 384 se garde, enganna. —
385 Cantlo mal lo costreng tant que a pena po parlar. — 386 El. — 387 tarcza. lacal
di (comanda e manquent). — 388 e non atendre la fin. — 389 neun pecca. — 390 Duy
mot o trey respont e tost ha despacha. — 391 qu'el. asout. — 392 Si el. e smenda li seo
tort. — 393 ayczo. — 394 si que si. — 395 a li seo enfant e que. — 396 E comanda
a li seo enfant que smendon li seo tort. — 397 cum lo. asout. — 398 autruy. 2 cent au
lieu de ben dui. — 399 Lo (car manque), quitta, sout o encara per menez.
— 400 manque.
— 401 E li fay amonestaneza. •— 402-403 manquent. — 404 sobre au lieu de sus. —
405 li dona mais, li fay plus grant. — 406 E li fay entendament que el es mot ben asout.
— 407 smenda. el ha li (agu manque). — 408 enganna en aital asolvament. — 409 E
aquel que ho fay. hi pecca. — 411 Silvestre.
— 412 E tuit li cardenal e li evesque e li
abba. — 413 Tuit aquisti ensemp non han tanta potesta.
— 414 Que ilh poissan per-
donar un sol pecca mortal.— 415 ho.— 416 ayczo.— 418 paiser li.— 419 castiar.
peccant. disciplina. — 420 veraia amonestaneza. ayan. — 421 Purament. sencza alcun.
— 422 faezan penitencia. — 423 De junar, far almonas. cum cor. — 424 trobaren
salvament. — 425 Donca nos caytios crestians. pecca.
— 426 habandona. — 427 Car
non. fee. — 428 Repentir nos coven e non deven tarezar. — 429 Cum plor e pentiment.
— 430 L'offensa, trey pecca. — 432 per que nos haven fait li mal. — 433 Car per
aquesta. nos deven segre e tenir. — 434 amar e servir Yeshu Xrist. — 435 Poverta
speritual. — 436 E amar castita e Dio.
— 437 Car adonca segrian la via del segnor
Yeshu Xrist. — 438 E aurian la Victoria de li nostre enemics.
— 439 reconta, leyczon.
— 440 très. — 441 demostra a qui ha sen e raczon. — 442 conoiser. honorar. seo. —
NOTES ET VARIANTES. 77
443 euteiidament po pensai' (ben manque). — 444 Qu'el. asi au lieu de atresi. —
445 Ponça aquel po conoiser, local ha sen e raezon.
— 446 Dio local ha forma lo mont
(tôt manque). — 447 E reconoisent lui.
— 448 ho. — 449 seconda. — 450 e servir
luy fortment (a manque).
— 451 tôt home que l'offent (aquel manqué). — 452 tereza.
— 454 Car Dio atent. — 455 penitencia. — 456 d'ayci enant non deven plus aver. —
457 Sinon ensegre. lo seo bon placer. — 458 czo. comanda.
— 459 avisa deltemp de
l'antexrist. — 460 crean ni a son fait ni.
— 461 Car segont. son ara fait moti. —
462 contrastan. — 464 Seren. — 465 morren. — 466 rexueitaren.
— 467 explana.
— 469 seo. — 470 el dire. — 471 fuoe eternal. — 472 trey. seren costreit. —
473 mouteeza. — 474 car ilh seren dampna seneza deffalhiment. — 475 Del cal. seo
placzament. — 476 czo qu'el dire a li seo devant que sia gaire.
— 477 Diczent : vene
vos en, li beneit del mio payre. — 478 A possesir lo règne aparelha a vos del comeueza-
meut del mont. — 479 e (manque) riqueezas e honors. — 480 Placza ha aquel. tôt lo
mont. — 481 esleit.
IV
NOBLA LEYCZON
frayres. leyczon.
1
— 2 deoiïan. — 3 vehen. — 4 Mot deorian esser curios. —
5 vehen.
— 6 mil e cent an. — 9 vehen. — 10 Acreissament de mal e amermament de
ben. — 12 L'evangeli ho recointa e en sant Paul es script.
— 13 Car alcun home que
— 14 mais. —15 encoy. — 17 chascun. — 18 hauren
viva non po saber sa fin. fait
(deux fois). — 19 o.
— 20 tuit home. — 21 anaren. a li tonnent. — 24 Depois. entro
al temp. — 26 en ver. — 27 tota persona laquai. for-
— 29 apellar. lo seo. — 30-31
ment un seul vers.— 31 donc— 32-33 forment un seul vers.— 33 honra. — 34 poi-
sança. — 35 orar. — 36 Qu'el nos doue. — 37 lo poisan. — 38 diavol. — 39 cum
au lieu de au. — 40 poisan conoisser. — 41 ha. — 43 Enaysi. sancta. — 44 o au lieu
de ho. — 45 aquel que nos fai (deux fois). al seo
— 46 esperança. — 47 nos amené
glorios hostal.
— 49 sancta meyson. — 50 caitiva. — 51 Liqual aman trop. — 52
E
han las empromessions de Dio en despreçiament. — 53 E que non. comandanient. —
54 laisan. — 55 lor poer hi fan empachament. — 56 E perque. — 57 del comença-
ment. — 58 mange, lo defendament. — 62 rems. — 63 Emperço nos atroben. leiçon.
— 64 a Dio lo seo.— 65 aici. veir. fait.— 66 Car ilh habandonan.— 68 l'escriptura.
— 69 Ley de natura. — 70 seo. — 71 mal o ben. — 72 ha défendu, comenda. —
73 poen nos ben veir qu'es ista. — 74 Que nos haven laisa. haven obra. — 75 fei Caym.
de Adam. — 76 ocis lo seo frayre. alcuna caison.
— 77.-78 forment un seul vers. —
77 Ma. — 78 havia. — 79 exemple. — 80 Laquai, corropta. — 81 offendu. —
82 aquella laquai. — 83 chascun. scripta. — 84 Que el. ensegues. — 85 E âmes. seo.
— 86 E ternes, e (manque) non hi. —• 87 sancta. — 88 E (manque), matrimoni. —
89 E (manque) bagues paç cum. — 90 Hayres. — 91 E feçes a li autre, fos fait, —
78 NOTES ET VARIANTES'.
seo tort. — 397 cum Io preyre. asout. — 398 autruy. duy cent au lieu de ben clui. —
399 Lo preyre (car manque), quitta, sout o encara per menç. — 400 manque. — 401 E
li fay amonestança. — 402-403 manquent. — 404 sobre au lieu de sus. — 405 Quant
el li clona mais, li fay plus. — 406 E li fay entendement qu'el es mot ben asout. —
407 esmenda. el ha (agu manque).— 408 aital asolvament.— 409 E aquel que li ho fay.
hi au lieu de y.— 411 de Silvestre(manquent).— 412 E tuit li cardenal e li evesque e li
abba.— 413 Tuit aquisti ensemp non han tanta poesta.— 414 Qu'ilh poisan perdonar un
sol pecca mortal.— 415 ho.— 418 paiserli.— 419 castigant. peccador.— 421 Pura-
ment, sença alcun. — 422 penitencia. — 423 De junar, far almonas e orar cum lo cor
bulhent. — 424 trobaren salvament. — 425 Donca nos caitio Xristians liqual haven
pecca. — 426 habandona. — 427 Car non. — 428 Repentir nos coven e non hi deven
tarçar. — 429 Cum plor e pentiment nos coven esmendar. — 430 que nos haven fait
per trey pecca.— 431 deleit.— 432 fait. — 433 Car per aquesta via nos deven segre
e tenir. — 434 amar e servir Yeshu Xrist. — 435 speritual. — 436 E amar castita, e
Dio. — 437 E adonca segrian la via del segnor Yeshu Xrist. — 438 E haurian la
Victoria deli. — 439 recointa. — 440 treis leis. — 441 demostra a qui ha sen e raçon.
qu'el. — 445 Donca aquel po conoiser, loqual ha
— 442 conoiser. honrar. seo. — 444
sen e raçon. — 446 tôt manque. — 447 E reconoisentluy. — 448 ho. — 449 seconda.
— 450 e servir luy (a manque devant servir). — 451 condamna, tôt home que
l'offent
(aquel manque). — 452 terça. laquai. — 454 Car Dio atent. — 455 Que el poisa.
penitencia. — 456 d'aici enant non deven plus. — 457 Si non ensegre. lo seo bon placer.
fait. — 461 Car segont.
— 459 avisa del temp de l'antexrist. — 460 crean ni a son
son ara fait moti. — 462 contrastan. — 464 Seren. — 465 morren. — 466 Pois. —
467 splana. — 468 fait. — 469 seo. — 470 el dire. my. — 471 Ana al fuoc eternal
que mais non haute fin. — 472 trey greo condicion seren costreit. — 473 mouteça. —
475 Delqual. seo plaçiment. — 476 a li seo enant que sia gaire. — 477 Diçent : vene
vos en, beneit del meo paj're. — 478 A possesir lo règne aparelha a vos del començament
del mont. — 479 Alqual vos haure deleit, riqueczas e honors. — 480 Plaça ha aquel.
tôt lo mont, — 481 esleit.
Nous nous sommes efforcé de rendre cette traduction aussi littérale que possible, sans
cesser toutefois de parler français; nous n'avons recherché que l'exactitude. Le texte
vaudois est d'une lecture facile; le lecteur y goûtera tout le charme et tout le pittoresque
du poème, et notre traduction lui donnera la clef des termes et des expressions difficiles.
La version de Raynouard, qui a conservé ce pittoresque, est écrite dans un français très
étrange. Nous n'avons pas voulu parler, tout à la fois, et français et vaudois.
v. 27 Obrar, dans ce vers, a le sens de faire l'oeuvre (Voira) ou les oeuvres (las obras) ;
la poète enseigne le salut par les oeuvres.
NOTES ET VARIANTES.
VI
NOTES SUR LA TRADUCTION DE LA NOBLO LEÇOUN EN PATOIS DE LA VALLÉE
DU QUEYRAS
NB. — Les mots imprimés en italique dans cette traduction sont étrangers au patois de la vallée du Queyras.
v. 3 Dans plusieurs communes, on dit veyen sans pronom personnel; dans d'autres on
dit : nous veyen. — v. 14 mai en queyras signifie davantage, plus.
— v. 19 vou pour ou;
v est euphonique.— v. 22 An pour a; n est euphonique. — v. 29 A Abriès, àRistolas et
à Aiguilles on dit filh;à&ns les autres communes on dit mendie.— v. 45 Dans quelques com-
munes on dit déco; dans d'autres preou, signifiant aussi. Voy. vers 12. — v. 102 n eupho-
nique. — v. 106 Certaines communes emploient mac; d'autres ren que, pour exprimer seule-
ment. — v. 126 On dit indifféremment fasec ou faguec, il fit. — v. 159 coumo char, comme
il faut, ou ben fouert. — v. 191 A Abriès, soulier se dit chaussier (comp. l'ancien vaudois
cauç). — v. 220 cupide ou amagoura qui signifie avide pour la nourriture.
— v. 262 pas
déco signifie non plus.
— v. 354 en ges signifie en aucune.— v. 444 ni mai, non plus.
— v. 470 Dans quelques communes on dit mi; dans d'autres iou.
VII
NB. — Les mots imprimés en italique dans cette traduction sont étrangers au patois du val Saint-Martin.
Cet essai de traduction, fait, à l'initiative du Dr Rostan, par M. Vilielm, laisse encore, de
son aveu même, beaucoup à désirer, au point de vue de l'accentuation et de l'uniformité
dans la manière d'exprimer les divers sons, et cela faute d'un alphabet phonétique conven-
tionnel ; l'orthographe employée est, en effet, avant tout phonétique. Quelque imparfaite
que puisse paraître cette version, elle n'en est pas moins le résultat d'un travail des
plus consciencieux. Nous devons remercier ici, tout particulièrement, M. le Dr Rostan,
M. Vilielm, M. le prof. Guigou, de Romaret, et M. le pasteur Ghiigou, de Burtigny, qui ont
apporté le plus grand soin à la correction des épreuves et qui nous ont fourni les rensei-
gnements les plus complets et les plus précis sur le patois du val Saint-Martin. Personne
n'ignore la difficulté qu'on éprouve à vouloir fixer par l'écriture les patois ou dialectes,
actuellement parlés, qui n'ont ni grammaire, ni vocabulaire, ni même prononciation défini-
tivement fixés.
v. 38 Cioe (ital.) ne se dit généralement pas, mais correspond au vaudois des mss. ço
es; on emploie davantage le français c'est-à-diré. — v. 43 II est regrettable que aima
soit très peu usité et qu'on traduise généralement aimer par estima qui ne dit pas assez.
il
82 NOTES ET VARIANTES.
— v. 78 Segnour est peu employé en parlant de Dieu ; on dit segnouri pour riche : al ê
scgnouri, al ha papi besougn de travailla. — v. 162 Adultéré est très peu usité et je ne
sache pas qu'il existe de synonyme ; il en est de même de fournicassioun. — v. 208 Bami-
sello, madamisello se dit généralement d'une jeune fille riche ou, pour le moins, instruite.
Traiter de damisello une paysanne serait considéré comme une moquerie.
mm
sfe
MANUSCRIT DE DIJON
APPENDICE
Au-dessous se trouve la lettre R avec paragraphe ; le tout parait avoir été écrit par
celui qui a signé Ranchin.
Le manuscrit provient de Semur (Côte-d'Or), où il faisait partie d'une bibliothèque
particulière; il porte, dans le catalogue des mss. de Dijon le.numéro 195 \
I
Le premier traité de notre ms. (f. 1 R°) débute par ces mots :
«
A tuit li fidel karissimes christians sia salu- en Yeshu Xrist lo nostre redemptor.
«
Amen »
(Voy. le fac-similé.) Il finit (f. 28 R°) par ceux-ci :
«
Las raçons è li testimonis covenivols*e necessaris a confermacion e a corroboracion
84 LE MANUSCRIT VAUDOIS DE DIJON.
d'aquestas cosas sobre scriptas serian mot lasquals son laisas per causa de breveta, etc.
Deo gratias. Amen. »
Ce court traité, complet dans notre ms., est le même que celui dont les premières pages
nous ont été conservées dans le ms. D de Cambridge. Cette heureuse circonstance nous
permet de vérifier et de généraliser une hypothèse que nous avons émise clans notre
Histoire littéraire, p. 52. En effet, les mss. 208 de Genève et 22 de Dublin contiennent
sous deux formes différentes un seul et même ouvrage de dogmatique, dont le ms. D de
Cambridge nous semblait, quoique très incomplet, offrir le résumé. Nous n'avions alors,
pour résoudre le problème, que les quelques pages du ms. D et la table des matières qu'il
renferme. La comparaison des sujets indiqués ou traités dans les trois manuscrits nous
permettait de dresser le tableau synoptique suivant :
«
Ara diren de la penitencia vera e de la falsa. »
«
Ara diren de la penitencia. Dont lo es neccessari saber quai cosa sia penitencia. Car
li orne vivent en aquesta vita présent cajon sovent en enfermeta speritalment. La prumiera
es ordena a resucitament de li homes speritalment per desfar lo pecca. Car enayma la se
départ de Dio per li pecca, enaysi per penitencia la se retorna a Dio. E emperço Xrist e
sant Johan ambeduy han comença li lor sermon a la penitencia, enayma apareis en la
auctorita de li evangeli. Dont lo es dit en sant Mathio : Face penitencia e lo règne de li
cel s'apropiare. E en autre luoc di : si vos non fare penitencia vos perire tuit ensemp. »
«
Prumierament lo es a dire quai cosa sia penitencia. Dont la prumiera vera segont
Augustin, Gregori e Ambrois es doler... »
L'auteur distingue six catégories différentes dans la fausse pénitence : 1° falsa penitencia
scarneiriç, 2° deceptoria, 3° apojativa (manque dans C. D), 4° necessaria e sforça (manque
ibid.), 5° despera (manque ibid.), 6° de li dana. Quant à la vraie pénitence, elle consiste :
1° dans la confession interior (de cor a Dio), et 2° dans la confession vocal :
«
La 2a confession es vocal ço es al preyre per pilhar conselh de luy Mas aquilh que
se volon confesar vocalment ilh devon cercar preyre savi e descret e ben ensegna. Car si
li home se recorron a li mal e non savi preyre ilh seren plus engana che certifica. »
Cette citation nous montre que le texte abrégé du ms. de Dijon a d'étroits rapports avec
le texte du « Penitencia » des mss. 207, 208 et 209 de Genève et 22 de Dublin. Voici
d'ailleurs les passages parallèles, sur la confession, des trois mss. de Genève :
que di Gregori al dialogo : lo es melli meritar en la vita présent che sperar après non
certan ajutori, e vita plus segura es che l'orne faça per si aquel ben qu'el spera esser fait
per autruy après la mort. »
Voici le texte parallèle du ms. G. 208.
« Nos sot ponen que lo es cosa securissima que un chascun viva enaisi en la vita présent
que enapres aquesta vita non besogne d'autra purgacion. Cum segond Gregori al quart
libre del dialogo : lo es melli meritar en aquesta vita que enapres desirar non certan
ajutori, e vita plus segura es que lo ben loqual alcun spera esser fait d'autre enapres
aquesta vita, el meseyme lo facza per si dementre que el vio. »
Le chapitre du ms. de Dijon finit par ces mots :
«
Donca vivent al présent nos deven preveir per l'avenir. Enayma di sant Paul : Obran
ben a tuit dementre che nos haven temp. E sant Ilari. Lo pecca loqual non es corregi en
aquesta vita la perdonança de lui es demanda en van. »
Voici maintenant quelques fragments du chapitre sur « l'invocation des saints » (f. 19 V°-
24 E0) :
Début :
«
Ara es a dire de la envocacion de li sant. Consequentment tocaren alcuna cosa de la
envocacion de li sant, laquai alcun preyre cum li lor adhèrent predican mot curiosament. »
n
Nous trouvons immédiatementaprès le n° I, un court fragment (f. 28 R°) débutant ainsi :
« Dio done la lenga a l'orne a far trey ufficis. Ço es a lauvar Dio. A hedificar lo proyme.
E Acusar si meseyme en la confession... »
III
IV
«
Vergier de consollacion » (f. 29 R°). Ce traité se trouve dans le ms. 209 de Genève et
le ms. 17 de Dublin.
Début : «
Car enayma di sant Peyre... »
Fin : « cum lo payre e cum lo sant sperit vio e régna per infinita secula seculorum.
Amen. »
(f. 71 R°).
Ce texte renferme, avant cette formule finale, divers appendices que nous trouvons
reproduits en partie da,ns le ms. 209 de Genève, en partie dans le ms. 22 de Dublin qui ne
contient pas le « Vergier. » Voici les débuts de ces divers morceaux :
88 LE MANUSCRIT VAUDOIS DE DIJON.
«
De la Xristianita » (f. 71 E°-72 R°).
Début: « Aquel es verament Christian... »
Fin Finito libro refferamus gratias Christo. Amen.
: « »
Même fragment dans D. 22.
VI
«
Sermon de las noczas »
(f. 72 R°-76 V°).
Début : Yeshu fo appella a las noczas... »
«
Fin : « e si non que tu reconcilies viaczament ilh aparelhare verum, etc. »
Même sermon : D. 22.
VII
Le sermon qui est connu sous le titre de : « De la parolla de Dio » (f. 76 V°-81 V°).
Début : « Del fruc que fay a l'orne l'auviment de la parolla de Dio. Ara es a dire del
fruc... »
Fin : « garda aquellas cosas que son scriptas en ley, etc. »
Un fragment analogue se trouve dans : C. A et D. 22, mais le texte de Dijon présente
de très grandes variantes. Au f. 78 R° il se rapproche cependant des copies de Cambridge
et de Dublin (voy. notre Histoire littéraire, p. 85 s. et la note 2 de la p. 85) :
«
Iten la parolla de Dio es compara al semencz M* 13 : Aquel que semena issic semenar
lo seo semencz... »
vin
«
La taverna » (f. 81 V°-82 R°).
Début : « La taverna es fontana de pecca... »
LE MANUSCRIT VADDOIS DE DIJON. 89
IX
«
Del bal» (f. 82 R°-83 R°).
Début : « Lo bal es la procession del diavol... »
Fin : « con aquilh que van en leogeria, etc. »
Même fragment :D.22etD.26.
«
De la conoysencza de Dio » (f. 83 R°-86 R°).
Début : « A tôt home aparten voler, conoissencza e deleytacion... »
Fin : « en la patria celestial. Finis de la conoysença de Dio. Amen. »
XI
Fragment (f. 86) débutant par ce texte tiré de l'Ecclésiastique (XXX, 22) :
«
Salamon dis : non donar tristicia a la toa arma... »
Fin : « Sias devant annant en totas las toas obras e non donares mallia en la toa
gloria, etc. »
XII
«
Ayci parla de 4 cosas que son avenir. Ço es de la mort. Del jujament. D'enfern. E de
paradis. » (f. 87 R°-143 V°).
Début : « Aici es de tratar de 4 cosas... »
Fin : « a la gloria eternal. »
C'est le grand traité que nous trouvons sous des formes différentes dans : C B, G. 206,
G. 209, D. 22, D. 17.
XIII
«
Enterrogacionsmenors » (f. 143 V°-151 R°).
Début : Si tu fosas demanda qui sies tu ?...
« »
Fin : « per la soa gracia. Amen. »
Même traité : D. 22.
12
90 LE MANUSCRIT VAUDOIS DE DIJON.
XIV
«
Enterrogacions majors » (f. 151 R°-170 R°).
Début : «
Qui sies tu? Ilespont: Yo soy creatura... » ÇVoj. plus loin.)
Fin : « Totas aquestas cosas son faytas brevissimament sobre lo credo per enterroga-
cions e responssions per li jove e rustic liqual non pon atagner a li segret de Dio. Car
aytals legent e retenent per memoria per lo don dona dal cel poyren atagner a li principi
de la fe e profeytar a las cosas plus autas, entendre las sacras scripturas, ensegnar lo
poble per doctrina, conoysser li engan de l'antixrist, e meseyma la verita, laquai venta
venczent perman en li segle de li segle. Amen. »
Ce traité, qui nous explique le titre du morceau précédent, est un nouvel élément, d'une
haute importance, clans la question, encore pendante, de l'origine des « Interrogations
mineures. » Ce dernier catéchisme appartient à la littérature hussito-vaudoise, et il
offre d'étroits rapports avec le catéchisme des Frères de Bohème (voy. notre Histoire
littéraire, p. 175 s. et le n° 12 des pièces justificatives); mais à quel texte plus ancien
(vaudois ou hussite) attribuer l'antériorité, c'est ce qui n'a point encore été dit. A l'étude
des documents tchèques de Prague et de Herrnhut, il faudra désormais joindre celle des
«
Interrogations majeures » de Dijon. En effet, les « Interrogations mineures » ne sont
qu'un catéchisme simplifié, lorsqu'on le compare au nouveau manuel dogmatique vaudois
du ms. de Dijon.
Voici les principaux sujets traités clans les « Interrogations majeures » et quelques-unes
des idées qui y sont émises : distinction des choses nécessaires au salut en substantielles et
ministérielles(substancials e ministerials). Cosas substancials: la grâce divine, le mérite de
Christ crucifié, la régénération, la réformation intérieure par le Saint-Esprit, par le don
de la foi, par l'espérance et la charité.
— Les jeunes enfants sont sauvés par la seule
élection et par le mérite de Jésus-Christ.
— L'élection divine est définie : Vos se salva per
gracia e per fe, ayczo non es de vos (principe évangélique et protestant). — Affirmation de
la nécessité de la foi et des oeuvres ; distinction de la foi vivante et de la foi morte. —
Symbole des apôtres.
— La Trinité ; citation du passage inauthentique 1 Jean V, 7 : Trey
son que clonan testimoni al cel, lo Payre, lo Fïlli e lo sant Sperit, e aquisti trey son un. —
L'homme.
— Les dix commandements. — Le symbole d'Athanase (Jésus vrai Dieu et vrai
homme). — La Vierge.
— Jésus : son oeuvre et sa doctrine. Les conseils de Christ sont
totalement ou conditionnellement nécessaires au salut. Les béatitudes. Les promesses et les
menaces de Christ. — La foi, la charité, l'espérance, les sept dons du Saint-Esprit, les
sept péchés mortels, les trois vertus théologales, les quatre vertus cardinales, les péchés, la
prière, le jeûne, etc. — L'Église. — Cosas ministerials : l'unité de l'Église, les sacrements,
la vie à venir, etc.
Je note les deux passages suivants, l'un sur Jésus-Christ, l'autre sur la Vierge :
LE MANUSCRIT VAUDOIS DE DIJON. 91
Quai cosa tenes de Xrist per fe? Di que segond l'umanita el es filli de David, e segond
«
la divinita el es filh un engenra del payre, consubstancial, un e veray Dio, aygal al payre ;
segont la humanita menor del payre, car es filh de vergena, aygal del payre seg.ond la
divinita; creatura segond l'umanita, creator segond la divinita » (f. 157 V°).
«
Laquai (vergena) coleiit un sol e veray Dio, e servent a si, atribuent aquest cootiva-
ment e serviczi al sol Dio, e non a si meseyma » (f. 158 R°).
Ces quelques citations et extraits suffisent pour caractériser la tendance dogmatique des
«
Interrogations majeures : » c'est un document de la période liussite de la littérature
vaudoise. On y trouve de nombreuses réminiscences des traités vaudois de la même époque,
de la Somme le Roy (voy. notre Histoire littéraire, p. 59-62), etc.; nous constatons ici, une
fois de plus, cet étrange mélange d'écrits catholiques (XIIIme s.) et d'ouvrages hussites
(XV"10 s.), que nous avons déjà signalés (voy. notre Histoire littéraire, p. 204-211 et 242)
comme sources communes des traités vaudois les.plus récents.
Le lecteur se rendra mieux compte des rapports qui existent entre les deux textes des
«
Interrogations majeures » et des « Interrogations mineures, » en lisant les débuts paral-
lèles des deux catéchismes, d'après le ms. de Dijon :
1 Lire : sere.
92 LE MANUSCRIT VAUDOIS DE DIJON.
XV
«
Oracion » (f. 170 V°-190 V°).
Début : « Oracion es entrepetra enayma raczon de bocha... »
Fin : « per la toa bouta, etc. Amen. »
XVI
XVII
XVIII
XIX
Un long traité sur les péchés (f. 242 R°-263 V°). L'auteur y passe successivement en
revue :
1° « Superbia » (f. 242 R°-244 R°).
Début : « Superbia es reyna de tuit li pecca... »
Fin : « per tuiili segle de li segle. »
2° « Cubiticia » (f. 244 R°-248 R°).
Début : « Autre pecca eys de superbia... »
Fin : « en li segle de li segle, Amen, etc. »
3° «
Vana gloria » (f. 248 R°-250 R°).
Début : « Autre pecca es local... »
Fin : «
local vio e régna en li segle de li segle, etc. »
LE MANUSCRIT VAUDOIS DE DIJON. 93
4° «
Envidia » (f. 250 R°-251 V°).
Début : « Envidia es un pecca local... »
Fin : « en li segle de li segle. Amen. »
5? « Yra » (f. 251 V°-253 V°).
Début : « Autre pecca es local... »
Fin :
las vostras armas, etc. »
«
6° « Avaricia » (f. 253 V-256 V°).
Début : « Autre pecca es local amena... »
Fin : « Vene beneyt del meo payre, etc. »
7° « Meczonia » (f. 256 V°-258 R°).
Début : « Meczonia es un pecca del cal... »
Fin : « s'ilh non en fan penitencia. »
8° « Del jurament » (f. 258 R°-260 R°).
Début : « Autre pecca es local... »
Fin : « per l'ampla via en l'enfern. »
9° « Retracion » (f. 260 R°-261 V°).
Début : « Autre pecca es local... »
Fin : « ilh saren tromenta en l'enfern. »
10° « Luxuria » (f. 261 V°-263 V°).
Début : « Autre pecca es local... »
Fin : « per li segle non feni. Amen. »
Comp. le traité du ms. D. 22 : « Lo pecca de la superbia, » etc.
XX
XXI
«
Benedicions »
(f. 307).
Début : «
Mas si tu auvires la vocz del teo segnor Dio... »
Fin : « Del comenczament del mont. »
XXII
«
Maledicions » (f. 307 V°-312 R°).
Début : « Mas si tu non volres... »
Fin : « en li segle de li segle. Deo gracias. Amen. »
94 LE MANUSCRIT VAUDOIS DE DIJOX.
XXIII
«
Usura »(f. 312R°-319 Y").
Début : Doua al demandant a tu... »
«
Fin : « e con la semencz de lor sere contuni repropi, etc. »
Même traité : D. 26.
XXIV
«
Desubidiencia » (f. 320 R°-324 V°).
Début : « Del pecca de la desubidiencia... »
Fin : « de la mayson de Dio czo es de paradis, etc. »
Même traité : D. 22, D. 26.
XXV
.
«
De la venjancza » (f. 324 V-328 R°).
Début : « Alcuns son liqnal... »
Fin : « e haver amor a li enemic, etc. »
Même traité : D. 22.
XXVI
«
Desperacion » (f. 328 R°-331 R°).
Début : « Lo es de saber que 4 son las caysons... »
Fin : « e justicia e sere salva, etc. »
Même traité : D. 22.
XXVII
XXVIII
XXIX
« Ysidori : 4 cosas son que nos appellan » (f. 351 V°-352 V°).
Début : « Nota que la son 4 cosas lasquals... »
Fin : « non val far czo que Dio li comanda, etc. »
Comp. le fragment du ms. C. D. débutant par ces mots : « Nota che la son quatre cosas
que, etc. »
XXX