Carres Dec 1 Fiches de Cours - 2019 PDF
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Réglementation
professionnelle
et déontologie
de l’expert-comptable et
du commissaire aux comptes
Réglementation
professionnelle
et déontologie
de l’expert-comptable et
du commissaire aux comptes
S ommaire
1 L’expert-comptable
Fiche 1 L’organisation de la profession d’expert-comptable 5
Fiche 2 Textes légaux, réglementaires et doctrinaux applicables
à l’expertise comptable 13
Fiche 3 Présentation des missions de l’expert-comptable 27
Fiche 4 L’accès à la profession d’expert-comptable 41
Fiche 5 Les conditions d’exercice de la profession d’expert-comptable 49
Fiche 6 Le recours à un expert-comptable, l’acceptation de la mission
et la lettre de mission 61
Fiche 7 La cessation des fonctions de l’expert-comptable 67
Fiche 8 Obligations liées au comportement professionnel 71
Fiche 9 La responsabilité de l’expert-comptable 87
Fiche 10 Le contrôle qualité des experts-comptables 95
Fiche 11 Le Code d’éthique de la profession comptable de l’IFAC 99
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4 Carrés dec 1 – Réglementation
Annexe
Fiche 23 Projet de loi PACTE :point d’actualité 191
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L’organisation de la profession Fiche
d’expert-comptable 1
L’organisation de la profession d’expert-comptable est centrée autour de l’Ordre des experts-comptables, institu-
tion nationale, créée par l’ordonnance du 19 septembre 1945 et placée sous la tutelle du ministère de l’Éco-
nomie et des Finances. Le ministre est représenté par un commissaire du gouvernement auprès du Conseil
supérieur de l’Ordre, et par un commissaire régional du gouvernement auprès de chaque Conseil régional de
l’Ordre.
L’Ordre des experts-comptables et des comptables agréés, placé sous la tutelle du ministère des Finances, est
professionnelle et déontologie
institué par l’acte dit loi n° 467 du 3 avril 1942 et, le même jour, l’acte n° 468 réglemente les titres profession-
nels. Comme les autres ordres professionnels (médecins, architectes, pharmaciens...), l’Ordre des experts-
comptables est bien né sous Vichy. Ces textes d’origine contenaient, comme pour l’accès à toutes les professions
libérales, d’horribles dispositions antisémites.
L’ordonnance n° 45-2138 du 19 septembre 1945 constate la nullité des actes de Vichy, modifie les textes, ins-
titue l’Ordre et réglemente les titres et les professions d’expert-comptable et de comptable agréé (JO du 21 sep-
tembre 1945, p. 5938, rectification du 30 septembre 1945 ; JO du 31 décembre, p. 8473).
Cette ordonnance de 1945 demeure le texte de base de l’organisation de la profession d'expert-comptable en
France.
Les textes essentiels pour l'organisation et l'exercice de la profession ont été remaniés entre 2010 et 2014.
Le décret n° 2012-432 du 30 mars 2012 (modifié par le décret n° 2012-690 du 7 mai 2012), relatif à l’exercice
de l’activité d’expertise comptable, abroge 19 décrets pris entre 1945 et 2010 et regroupe en un texte unique les
dispositions réglementaires relatives à la profession d’expert-comptable. Ce texte, très important, poursuit un
long processus de modifications réglementaires du fait des réformes engagées par les lois du 23 juillet 2010, du
28 mars 2011 et par la loi de finances rectificative pour 2010. Plus récemment, l'ordonnance n° 45-2138 du
30 avril 2014 et le décret n° 2014-912 du 18 août 2014 ont notamment modifié les règles de détention du
capital des sociétés d'expertise comptable et d'encadrement des actions de démarchage.
L'ordonnance n° 2015-949 du 31 juillet 2015 a modifié les conditions des élections au sein de l'Ordre en vue de
favoriser l'égal accès des femmes et des hommes. Les listes de candidats devront comprendre, sous peine d'irre-
cevabilité, un pourcentage de personnes du sexe le moins représenté au tableau de l'ordre au moins propor-
tionnel, dans la limite de 50 %, au nombre de personnes de ce même sexe inscrites au tableau.
Enfin, la loi pour la croissance l’activité et l’égalité des chances économiques du 6 août 2015 (loi n° 2015-990),
dite « loi Macron », a confirmé le rôle des experts-comptables en tant que conseils des entreprises à travers deux
mesures visant à :
–– étendre le périmètre d’intervention des experts-comptables ;
–– permettre aux experts-comptables de s’associer avec d’autres professions juridiques et judiciaires dans le cadre
de sociétés dites interprofessionnelles.
Les experts-comptables ont désormais la possibilité de réaliser toutes études ou travaux d’ordre statistique, éco-
nomique, administratif ainsi que tous travaux et études à caractère administratif ou technique dans le domaine
social et fiscal y compris au profit de clients pour lesquels ils n’effectuent aucune mission comptable. Ces presta-
tions ne doivent pas constituer l’objet principal de l’activité exercée par le professionnel qui doit rester l’expertise
comptable.
B – La mission
L'Ordre des experts-comptables a pour mission d’assurer la défense de l’honneur et de l’indépendance de la
profession. Il peut présenter aux pouvoirs publics et aux autorités constituées toute demande relative à la profes-
sion et être saisi par ces pouvoirs et autorités de toute question la concernant.
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Fiche 1 ♦ L’organisation de la profession d’expert-comptable
L’Ordre des experts-comptables est également actif dans tous les organismes internationaux et européens repré-
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sentatifs de la profession comptable. Il développe également des actions de coopération et de partenariat avec
les pays francophones d’Afrique et d’Asie.
C – La composition
L’Ordre des experts-comptables est représenté par le Conseil supérieur, composé de 69 membres dont 23 prési-
dents de conseils régionaux, qui ont pour mission de garantir le bon fonctionnement de la profession sur le
terrain. La durée du mandat des membres élus du Conseil supérieur est de quatre années. Il n'est pas possible
d'exercer plus de deux mandats consécutifs. Néanmoins, pour les élections 2016-2017, les membres des conseils
de l'Ordre seront élus pour une durée dérogatoire de deux ans (décret du 30 mars 2012, art. 212-1).
L'Ordre va en effet revoir le découpage géographique de ses conseils régionaux pour l'adapter à la réforme terri-
toriale des régions administratives. Cette modification du champ géographique des conseils régionaux et de leur
nombre devait être effective pour fin 2018, elle est reportée sur 2019.
A – La mission
Le Conseil supérieur a pour mission (décret du 30 mars 2012, art. 29) :
« 1° De préparer le Code de déontologie dont les dispositions sont édictées sous la forme d'un décret en Conseil
d’État pris sur le rapport des ministres chargés du budget et de l'économie, d'en faire respecter les prescriptions
et de prendre toutes mesures nécessaires à cet effet, d'établir un règlement intérieur ;
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8 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
3° De délibérer sur toute question intéressant la profession, d'élaborer les règles professionnelles, qui sont sou-
mises à l'agrément des ministres chargés du budget et de l'économie, et d'organiser le contrôle de leur applica-
tion ;
4° De définir, pour l'application du e de l'article R. 561-38-9 du Code monétaire et financier, sur la base d'une
classification des risques présentés par les activités des professionnels, les procédures et mesures de contrôle
interne, qui sont soumises à l'agrément des ministres chargés du budget et de l'économie, à mettre en œuvre en
matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, notamment par la désigna-
tion par chaque professionnel d'un responsable de ce contrôle interne et par l'organisation d'une formation
continue des professionnels sur les objectifs et les méthodes de cette lutte et les obligations auxquelles ils sont
soumis à ce titre ;
5° De représenter l'ordre auprès des pouvoirs publics et de leur donner son avis, par l'intermédiaire de l'autorité
de tutelle, sur les questions dont il est saisi par eux ;
6° De veiller à l'exécution des dispositions de l'article 5 de l'ordonnance du 19 septembre 1945 susvisée et, en
application de la législation en vigueur, de fixer les règles générales de rémunération des experts-comptables
stagiaires mentionnés à l'article 4 de cette ordonnance ;
7° De procéder, à son initiative ou à la demande de l'autorité de tutelle, à toute étude relevant de sa compé-
tence, d'établir toutes statistiques professionnelles, les personnes physiques ou morales relevant de la discipline
de l'ordre étant tenues de lui en communiquer les éléments ;
8° D'assurer le fonctionnement régulier des divers organismes de l'ordre, de coordonner l'activité des conseils
régionaux dans le cadre des orientations de l'ordre, de fixer le montant des redevances qu'il peut imposer à
ceux-ci pour couvrir les dépenses entraînées par l'exercice de ses attributions ; le Conseil supérieur est destina-
taire des comptes annuels et rapports financiers de chacun des conseils régionaux ;
9° D'adresser à l'autorité de tutelle des avis sur les conditions d'exercice de la profession et du stage ainsi que sur
le programme des examens comptables ;
10° De participer, sur le plan international, aux organisations professionnelles et actions intéressant l'exercice de
la profession, en tenant l'autorité de tutelle informée. »
Le Conseil supérieur a également seul qualité pour exercer, devant toutes les juridictions, tous les droits réservés
à la partie civile, notamment par voie de citation directe devant les tribunaux répressifs, relativement aux faits
portant un préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif de la profession d’expert-comptable.
La durée du mandat des membres élus du Conseil supérieur est de quatre années renouvelables une fois. Le
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Président, le trésorier et les assesseurs sont élus par le Conseil supérieur tous les deux ans. Les vice-présidents
sont désignés parmi les présidents des commissions (cf. infra). Une même personne ne peut exercer pendant plus
de quatre années consécutives les fonctions de Président. L'interruption doit être de deux années au moins.
2) Les commissions et les comités
Le Conseil supérieur élit également en son sein les membres des commissions.
Le Conseil délègue la responsabilité des études et projets à certains de ses membres, regroupés en commis-
sions, chargées chacune d’un domaine de compétence déterminé.
Ces commissions, qui se réunissent au moins quatre fois par an, sont des organes de travail du Conseil supérieur
pour toutes les questions stratégiques afférentes aux différentes missions confiées à l’Ordre. Regroupées en sec-
teurs, correspondants aux grandes missions de l’Ordre, leurs actions sont coordonnées par le vice-président en
charge du secteur auquel elles appartiennent.
Lorsque leurs propositions, relatives à la production d’études et de projets relevant de leur compétence, sont
retenues par le Conseil supérieur ou par le président, les commissions sont en charge de leur réalisation.
Pour permettre aux commissions d’approfondir tel ou tel aspect de leur compétence, il peut être créé des
Comités par le Conseil supérieur.
En 2017, il existait 7 secteurs et 19 commissions (commissions normes professionnelles, exercice illégal, contrôle
qualité...).
3) Les permanents
Le Conseil supérieur emploie 80 permanents dont la fonction est de suivre l’évolution de
l’environnement et de la réglementation afin d’aider les commissions et les services du Conseil supérieur de
l’Ordre.
A – La mission
Le Conseil régional a seul qualité pour (ord. 19 sept. 1945, art. 31) :
–– surveiller dans sa circonscription l’exercice en tout ou partie de la profession d’expert-comptable ;
–– assurer la défense des intérêts matériels de l’Ordre et en gérer les biens ;
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10 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
–– représenter l’Ordre dans sa circonscription dans tous les actes de la vie civile, mais sans pouvoir se consti-
professionnelle et déontologie
B – L’organisation et la composition
Dans chacune des circonscriptions régionales (déterminées par arrêté du ministre chargé de l’Économie), il est
donc créé un Conseil régional de l’ordre des experts-comptables. Ce Conseil régional se compose d’un nombre
d’experts-comptables qui varie en fonction du nombre d’inscrits personnes physiques dans la circonscription :
a) inférieur ou égal à 199 : six membres ;
b) compris entre 200 et 299 : douze membres ;
c) compris entre 300 et 499 : dix-huit membres ;
d) compris entre 500 et 1 999 : vingt-quatre membres ;
e) égal ou supérieur à 2 000 : trente membres.
Les membres du Conseil régional sont élus au scrutin secret par les membres de l’Ordre de leurs catégories pro-
fessionnelles respectives inscrits au tableau de la région, personnellement établis dans cette région et à jour de
leurs cotisations professionnelles. Les membres de l’Ordre ne peuvent voter que dans une seule région. Sont éli-
gibles les membres de l’Ordre, à l’exception de ceux qu’une sanction disciplinaire a privés du droit d’être membre
des Conseils de l’Ordre.
Les Conseils régionaux désignent parmi leurs membres un bureau composé d’un Président, d’au moins deux
vice-Présidents et d’un trésorier.
La durée du mandat des membres élus des Conseils régionaux est de quatre années renouvelables une fois. Les
membres du bureau sont élus pour une durée de deux ans. Une même personne ne peut exercer pendant plus
de quatre années consécutives les fonctions de président. L'interruption doit être de deux années au moins.
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Fiche 1 ♦ L’organisation de la profession d’expert-comptable
L’assemblée générale régionale des membres de l’Ordre est composée de tous les membres inscrits au
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tableau de la région personnellement établis dans cette région et à jour de leurs cotisations personnelles. Les
membres de l’Ordre ne peuvent être membres que d’une seule assemblée générale régionale. L’assemblée géné-
rale régionale se réunit une fois par an, à la diligence du président du Conseil régional.
L’assemblée générale régionale entend le rapport moral et financier du Conseil régional pour l’exercice écoulé et
le rapport des censeurs (contrôleurs financiers) sur la gestion financière du Conseil régional qui sont soumis au
vote de chacune de ces catégories professionnelles.
Elle ne peut examiner que les questions portées à son ordre du jour par le Conseil régional. Celui-ci est tenu
d’inscrire à l’ordre du jour les questions qui lui sont soumises à cet effet, quinze jours au moins avant la date
fixée pour la réunion soit par plus du tiers des membres de l’Ordre ayant droit de vote dans la région, soit par
plus de cent de ses membres, soit par le commissaire régional du gouvernement. Les fonctions des censeurs sont
incompatibles avec celles de membre du Conseil régional.
C’est l’ordonnance du 19 septembre 1945 modifiée qui constitue la base des textes régissant la profession
d’expert-comptable. Dès 1936, des règles comptables sont imposées à certains secteurs de l’économie. La techni-
cité se renforce pour l’élaboration des comptes des entreprises en parallèle de l’évolution des règles comptables, et
il faut des professionnels compétents pour les appliquer.
La hiérarchie des dispositions légales et réglementaires applicables aux experts-comptables s’organise selon
l’ordre suivant :
–– l’ordonnance du 19 septembre 1945 et ses décrets d’application des 30 mars 2012 et 7 mai 2012 ;
–– le Code de déontologie des professionnels de l’expertise comptable du 27 septembre 2007 est désormais
inséré aux articles 141 à 169 du décret du 30 mars 2012 ;
–– l'arrêté du 19 février 2013 portant agrément du titre VI du règlement intérieur de l’Ordre des experts-
comptables. Cet arrêté complète les dispositions agréées par l’arrêté du 3 mai 2012.
Ce texte vise à adopter des procédures de contrôle du respect des règles déontologiques applicables aux pro-
fessionnels de l’expertise comptable, suite à la loi « réseaux consulaires » de 2010 pour ces professionnels et à
la loi « de modernisation des professions judiciaires ou juridiques et certaines professions réglementées » de
2011. Ce texte, qui est entré en vigueur au 1er avril 2013, prévoit notamment un contrôle du conseil régional a
posteriori des participations financières et des mandats sociaux par le biais notamment du contrôle de qualité.
Par ailleurs, les membres de l’Ordre détenant des participations et des mandats devront déclarer annuellement
sur l’honneur leur indépendance (concernant les participations et les mandats). En outre, ils devront tenir à
jour une liste des participations financières et des mandats sociaux détenus qui devra être fournie au membre
du Conseil régional s’il en fait la demande lors d’un contrôle ;
–– l’ordonnance n° 45-2138 du 30 avril 2014 a modifié les règles de détention du capital des sociétés d’expertise
comptable (mise en conformité des textes régissant la profession avec la directive services de la CE du
12 décembre 2006) ;
–– le décret n° 2014-912 du 18 août 2014 relatif à l’encadrement des actions de démarchage : les professionnels
sont désormais autorisés à proposer leurs services à des tiers n’en ayant pas fait la demande uniquement « dans
des conditions compatibles avec les règles déontologiques et professionnelles d’exercice de la profession ».
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14 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Ce même décret a également instauré un mandat unique en matière de télédéclaration ; il autorise les profes-
professionnelle et déontologie
sionnels de l'expertise comptable à conclure un contrat d'adhésion dans le cadre d'une télédéclaration ainsi
qu'à choisir et à mandater un partenaire en matière de télétransmission ;
–– la loi n° 2015-990 du 6 août 2015 (dite loi Macron) qui a modifié l’article 22 de l’ordonnance du 19 sep-
tembre 1945 en élargissant le périmètre des missions de l’expert-comptable (voir Fiche n° 5) ; ces missions,
autres que comptables, ne doivent cependant pas constituer l’objet principal de l’activité ;
–– les normes professionnelles (NP) : le nouveau référentiel applicable au 1er janvier 2012 a été modifié par le
Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables qui a adopté le 8 juillet 2015 (en 2014, le Conseil supé-
rieur a pris l'initiative de revoir son référentiel normatif 2012 afin d'améliorer sa compréhension et son applica-
bilité et d'y apporter les évolutions nécessaires). Les modifications ont porté sur les normes les plus utilisées et
les difficultés de mise en œuvre rencontrées dans la pratique.
Un nouveau cadre de référence est applicable à l'ensemble des missions réalisées par les structures d'exercice
professionnel de l'expertise comptable depuis le 1er octobre 2016 (voir détails ci-après) ;
–– la doctrine de la profession des experts-comptables.
En amont des normes relatives aux missions, figurent deux normes « chapeaux » :
–– la norme anti-blanchiment applicable depuis le 12 septembre 2010 ;
–– la norme de maîtrise de la qualité des missions au sein des structures d’exercice professionnel (NPMQ), appli-
cable depuis le 1er janvier 2012.
TITRE IV – DE LA DISCIPLINE
Article 49 – Chambre régionale de discipline – composition
Article 49 bis – Commission nationale de discipline des AGC
Article 50 – Chambre nationale de discipline – composition
Article 51 – Élection et fonctionnement des chambres de discipline
Article 52 – Abrogé
Article 53 – Sanctions et procédures disciplinaires
Article 53 bis – Manquement obligations lutte anti-blanchiment
Article 54 – Publication et notification des décisions disciplinaires
Article 55 – Abrogé
C’est une novation importante pour la profession des experts-comptables qui rejoint ainsi d’autres professions
réglementées avec un vrai Code de déontologie publié au Journal officiel. En effet, avant cette publication les
principales étapes ont été les suivantes :
–– avant 2000 : il existait le Code des devoirs professionnels ;
–– 2000 : publication du Code de bonne conduite en matière de communication par la Compagnie nationale des
commissaires aux comptes et le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables. Il infléchit les interdic-
tions en autorisant les sites internet ainsi que la participation à des salons et des journées d’études ;
–– 2004 : ordonnance du 25 mars 2004 n° 2004-279 portant simplification et adaptation des conditions d’exer-
cice de certaines activités professionnelles. Modification de l’article 23 de l’ordonnance de 1945 supprimant
l’interdiction de faire de la publicité personnelle ;
–– 27 septembre 2007 : publication du Code de déontologie se substituant au Code des devoirs professionnels ;
–– 1er décembre 2007 : entrée en vigueur du code ;
–– 1er avril 2012 : entrée en vigueur du décret du 30 mars 2012 (qui incorpore le Code de déontologie au décret
réglementaire de la profession) : Titre III, Exercice de la profession, Chapitre II, Code de déontologie.
Articles 167 à 169 – Section IV – poursuites judiciaires (liées à la profession) dont ils font l’objet et des litiges contractuels
Devoirs envers l’Ordre qui les conduisent à la rétention de documents de clients. Enfin, les experts-comptables
s’abstiennent de tout acte qui entraverait le fonctionnement des instances élues.
Le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables a adopté le 8 juillet 2015 et le 7 décembre 2016 (incluant
professionnelle et déontologie
l'audit PE) le cadre de référence applicable à l’ensemble des missions réalisées par les structures d’exercice pro-
fessionnel de l’expertise comptable.
Référentiel normatif Agréé(e) le Date d’application
13 mars 2017 qui annule et remplace 1er octobre 2016 et 1er juillet 2017
Cadre de référence
l'agrément du 1er septembre 2016 (+ Audit PE)
Norme professionnelle de maîtrise de 1er septembre 2016 qui annule et
1er octobre 2016
la qualité (NPMQ) remplace l’agrément du 20 juin 2011
Norme « anti-blanchiment » 7 septembre 2010 12 septembre 2010
1 septembre 2016 qui annule et
er
Exercice clos à compter
Mission de présentation des comptes
remplace l’agrément du 20 juin 2011 du 31 décembre 2016
Mission d’examen limité des comptes 20 juin 2011 1er janvier 2012
Mission d’audit d’états financiers 20 septembre 2011 1er juillet 2012
Mission d'audit d'états financiers dans
13 mars 2017 1er juillet 2017
une PE
Mission d’assurance sur des informations 1er septembre 2016 qui annule et
autres que des comptes complets histo- remplace la norme NP 3100 agréée 1er octobre 2016
riques (Attestations particulières) le 20 juin 2011
Mission d’examen d’informations
20 septembre 2011 1er juillet 2012
financières prévisionnelles
Mission d’examen d’informations sur
20 juin 2011 1er janvier 2012
la base de procédures convenues
Mission de compilation de comptes 20 juin 2011 1er janvier 2012
1 septembre 2016 qui annule et
er
Glossaire des termes et expressions utilisés 1er octobre 2016
remplace l’agrément du 20 juin 2011
L’arrêté ministériel du 20 juin 2011 et applicable depuis le 1er janvier 2012 qui avait agrée le précédent référen-
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tiel reste le texte de référence pour les autres normes non modifiées par l’arrêté du 1er septembre 2016 (NP 2400
– NP 3400 – NP 4400 – NP 4410).
Les NP (Normes Professionnelles) sont soumises à agrément par arrêté du ministre de l’Économie et du Budget.
Cet agrément permet de rendre les NP opposables aux tiers.
Le nouveau référentiel normatif des professionnels de l’expertise comptable est conforme aux pratiques interna-
tionales. En amont des normes définissant les missions figurent les deux normes « chapeaux » applicables à
toutes les missions.
La structure d’exercice professionnel doit mettre en place et assurer le suivi d’un système de contrôle qualité qui
professionnelle et déontologie
Norme agréée par arrêté ministériel du 1er septembre 2016 qui annule et remplace l'agrément du 21 juin 2011. Applicable
à compter du 1er octobre 2016.
INTRODUCTION
Champ d’application
Autorité de la norme
OBJECTIF
EXIGENCES REQUISES
MODALITES D’APPLICATION - A
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Les principes fondamentaux sont appliqués à la lumière des précisions apportées sur leurs modalités d’applica-
tion (les paragraphes qui commencent par « A ») qui figurent à l’issue du texte de la norme. Ces modalités
d’application n’ont pas de caractère obligatoire.
2) La norme professionnelle anti-blanchiment (en annexe de la NPMQ)
Cette norme professionnelle précise les règles relatives aux obligations des professionnels de l’expertise comp-
table pour la prévention de l’utilisation du système financier aux fins de blanchiment de capitaux et de finance-
ment du terrorisme.
Les professionnels de l’expertise comptable mettent en œuvre les obligations relatives à la lutte contre le blanchi-
ment des capitaux et le financement du terrorisme, définies aux sections 2 à 7 du Chapitre Ier du Titre VI du
Livre V du Code monétaire et financier (obligation de vigilance à l'égard du client et de déclaration à TRACFIN).
Ces obligations s’exercent dans les limites de leurs missions et des normes professionnelles qui s’y appliquent.
La présente norme a pour objet de définir les principes relatifs à la mise en œuvre des dispositions qui concernent :
–– la vigilance à l’égard de l’identification du client et du bénéficiaire effectif ;
–– la vigilance à l’égard des opérations réalisées par le client ;
–– la déclaration à TRACFIN (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins) ;
–– les procédures et mesures de contrôle interne à mettre en place au sein des structures d’exercice professionnel.
Cette présente norme professionnelle oblige à la mise en place de procédures qui conduisent en pratique à la
rédaction et à la diffusion d’un manuel de procédures au sein de la structure d’exercice professionnel. Cette der-
nière doit ainsi mettre en place des systèmes d’évaluation et de gestion des risques de blanchiment des capitaux
et de financement du terrorisme. La désignation d’un responsable du contrôle interne est obligatoire dès lors
que la structure d’exercice professionnel est composée d’au moins deux associés.
La norme précise également que les professionnels de l’expertise comptable doivent exercer leur obligation de
vigilance sur la base d’une analyse des risques et selon trois niveaux :
–– vigilance allégée : lorsque le risque de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme paraît
faible, les professionnels de l’expertise comptable peuvent réduire l’intensité des mesures de vigilance prévues.
Dans ce cas, ils justifient que l’étendue des mesures est appropriée aux risques ;
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24 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
–– vigilance normale : lorsque les éléments d’analyse ou les circonstances n’autorisent pas une vigilance allégée
professionnelle et déontologie
Plan de la norme sur les règles relatives aux obligations des professionnels
de l’expertise comptable pour la prévention de l’utilisation du système financier
aux fins de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme
Règles agréées par arrêté ministériel du 7 septembre 2010 – applicables à partir du 12 septembre 2010
INTRODUCTION
DÉFINITIONS
OBLIGATIONS REQUISES
Préambule
Obligation de vigilance à l’égard de l’identification du client et du bénéficiaire effectif
Obligation de vigilance à l’égard des opérations réalisées par le client
Documentation
Obligation de déclaration à TRACFIN
Obligations relatives aux procédures et mesures de contrôle interne à mettre en œuvre au sein des structures d’exercice profes-
sionnel
Formation
4 ♦ LA DOCTRINE PROFESSIONNELLE
Le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (CSOEC) publie régulièrement un grand nombre de
textes qui constituent des éléments de doctrine. Ces textes n’ont donc pas de valeur normative mais bénéficient
cependant de l’autorité du CSOEC et contribuent à améliorer l’information et les pratiques des professionnels.
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Fiche 2 ♦ Textes légaux, réglementaires et doctrinaux applicables à l’expertise comptable
En accompagnement des normes, le CSOEC a prévu la publication d’une information à caractère technique et
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opérationnel, pour fournir aux professionnels des guides, des supports de formation ou des instruments tech-
niques.
La doctrine comprend notamment :
–– les guides d’application qui précisent les modalités d’application des obligations normatives, les explications
nécessaires à leur mise en œuvre ainsi que la publication d’outils opérationnels ;
–– les pratiques professionnelles (guides pratiques) pour les missions non normalisées du professionnel de l’exper-
tise comptable et pour celles prévues par des dispositions légales ou réglementaires ;
–– les supports documentaires publiés par le CSOEC répondant à des circonstances ponctuelles ou à des situa-
tions particulières (études juridiques, réponses des commissions techniques, communiqués du CSOEC sur des
interventions particulières du professionnel de l’expertise comptable...).
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Présentation des missions Fiche
de l’expert-comptable 3
Le schéma général suivant permet de présenter de manière succincte l’ensemble des missions que le législateur a
attribué aux experts-comptables. Les experts-comptables interviennent soit dans le cadre de missions légales, soit
dans le cadre de missions contractuelles. Toutes ces missions s’exercent dans le cadre du référentiel normatif des
professionnels de l’expertise comptable.
Périmètre des missions de l’expert-comptable
Principales missions légales Missions contractuelles
Définies par le Code du travail pour les Comités d’entre-
prise et les CSE : expertise comptable lors des trois informa-
tions/consultations du CE ou du CSE - PSE - préservation de
l'emploi… Présentation des comptes du CE pour les CE dotés Notamment :
de plus de 153 000 € de ressources de l’employeur.
– Présentation des comptes
Présentation des comptes de campagne des candidats aux
– Examen limité des comptes
élections politiques (Code électoral)
– Compilation des comptes
Délivrance du visa fiscal (CGI, art. 1649 quater L et M)
– Etc.
Évaluation du patrimoine d’affectation dans le cadre de la
création d’une EIRL (C. com., art. L. 526-10)
Tiers de confiance (CGI, art. 170 ter) ...
1 ♦ LA PROFESSION DE L’EXPERT-COMPTABLE
Le champ d’activité de la profession de l’expert-comptable est défini par les articles 2 et 22 de l’ordonnance du
19 septembre 1945.
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A – L’article 2
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
« Est expert-comptable ou réviseur comptable au sens de la présente ordonnance celui qui fait profession habi-
tuelle de réviser et d’apprécier les comptabilités des entreprises et organismes auxquels il n’est pas lié par un
contrat de travail. Il est également habilité à attester la régularité et la sincérité des comptes de résultats.
L’expert-comptable fait aussi profession de tenir, centraliser, ouvrir, arrêter, surveiller, redresser et consolider les
comptabilités des entreprises et organismes auxquels il n’est pas lié par un contrat de travail.
L’expert-comptable peut aussi organiser les comptabilités et analyser par les procédés de la technique comptable
la situation et le fonctionnement des entreprises et organismes sous leurs différents aspects économique, juri-
dique et financier.
Il fait rapport de ses constatations, conclusions et suggestions.
L’expert-comptable peut aussi accompagner la création d’entreprise sous tous ses aspects comptables ou à fina-
lité économique et financière.
Les membres de l’Ordre, les sociétés pluri-professionnelles d'exercice, les succursales et les associations de
gestion et de comptabilité peuvent assister, dans leurs démarches déclaratives à finalité fiscale, sociale et admi-
nistrative, les personnes physiques qui leur ont confié les éléments justificatifs et comptables nécessaires
aux-dites démarches. »
Toutes les facettes du métier d’expert-comptable sont parfaitement définies par cet article, les prestations pour
les particuliers et la fonction de tiers de confiance introduites en 2010 (loi du 23 juillet 2010) sont présentées au
dernier alinéa. Précédemment, la loi du 25 mars 2004 avait permis l’accompagnement de la création d’entreprise
(choix du statut, rédaction des actes juridiques...).
B – L’article 22
L’article 22 définit le cadre général des incompatibilités qui ont pour finalité de ne pas porter atteinte à l’in-
dépendance de l’expert-comptable ainsi que les missions qui peuvent être réalisées sans toutefois pouvoir
constituer l'objet principal de l'activité. Les réformes récentes permettent désormais la détention de mandats
sociaux dans des sociétés commerciales et le maniement des fonds pour les clients dans les conditions et limites
prévues par les textes d’application.
« L’activité d’expertise comptable est incompatible (...) :
Avec tout emploi salarié, sauf chez un autre membre de l'ordre, chez un membre de la compagnie nationale des
commissaires aux comptes, dans une succursale ou dans une association de gestion et de comptabilité (...) ;
Avec toute activité commerciale ou acte d’intermédiaire autre que ceux que comporte l’exercice de la profession,
sauf s’il est réalisé à titre accessoire et n’est pas de nature à mettre en péril l’exercice
de la profession ou l’indépendance des associés experts-comptables ainsi que le respect par ces derniers des
règles inhérentes à leur statut et à leur déontologie. Les conditions et limites à l’exercice de ces activités et à la
réalisation de ces actes sont fixées par les normes professionnelles élaborées par le Conseil supérieur de l’Ordre
et agréées par arrêté du ministre chargé de l’économie ;
Avec tout mandat de recevoir, conserver ou délivrer des fonds ou valeurs ou de donner quittance, sauf si l’opéra-
tion s’effectue à titre accessoire et par les comptes ouverts dans les livres d’un fonds de règlement créé à cet effet,
dans des conditions fixées par décret. Le décret définit les modalités de fonctionnement et de contrôle de ce
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Fiche 3 ♦ Présentation des missions de l’expert-comptable
fonds. (...) Toutefois, si la délivrance de fonds correspond au paiement de dettes fiscales ou sociales pour lequel
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un mandat a été confié au professionnel, elle peut être effectuée directement sans transiter par le fonds précité.
Il est en outre interdit aux membres de l’Ordre, aux succursales et aux associations de gestion et de comptabilité
(....) d’agir en tant qu’agent d’affaires, d’assumer une mission de représentation devant les tribunaux de l’ordre
judiciaire ou administratif, d’effectuer des travaux d’expertise comptable, de révision comptable ou de comptabi-
lité pour les entreprises dans lesquelles ils possèdent directement ou indirectement des intérêts substantiels.
Ils peuvent toutefois accepter, sous le contrôle du Conseil régional dont ils relèvent et dans les conditions fixées
par le règlement intérieur de l’Ordre des experts-comptables, tout mandat social dans toute société, groupement
ou association, dès lors que ce mandat n’est pas de nature à porter atteinte à leur indépendance, ainsi que les
missions d’expert qui leur sont confiées, les fonctions d’arbitre et celles de commissaire aux comptes dans les
conditions prévues au Livre VIII du Code de commerce. (...)
Ils peuvent également, sans pouvoir en faire l'objet principal de leur activité :
1° Effectuer toutes études ou tous travaux d'ordre statistique, économique, administratif, ainsi que tous travaux
et études à caractère administratif ou technique, dans le domaine fiscal ou social, et apporter, dans ces matières,
leur avis devant toute autorité ou organisme public ou privé qui les y autorise ;
2° Donner des consultations, effectuer toutes études ou tous travaux d'ordre juridique, fiscal ou social et
apporter, dans ces matières, leur avis devant toute autorité ou organisme public ou privé qui les y autorise, mais
seulement s'il s'agit d'entreprises dans lesquelles ils assurent des missions d'ordre comptable ou d'accompagne-
ment déclaratif et administratif de caractère permanent ou habituel ou dans la mesure où lesdits consultations,
études, travaux ou avis sont directement liés aux travaux comptables dont ils sont chargés.
Les interdictions ou restrictions édictées (...) s’étendent aux employés salariés des membres de l’Ordre, des
sociétés pluri-professionnelles d'exercice, des succursales et des associations de gestion et de comptabilité, et à
toute personne agissant pour leur compte ou ayant avec eux des liens ou intérêts communs.
Les membres de l’Ordre et les dirigeants, administrateurs et salariés des associations de gestion et de comptabi-
lité peuvent participer à l’enseignement professionnel : toutefois, sauf pour les professeurs de l’enseignement
public, les missions définies à l’article 2 ci-dessus doivent demeurer l’objet principal de leur activité. Ils peuvent
procéder à des travaux et études de statistiques et de documentation économique pour le compte des entre-
prises privées et des organismes professionnels. »
A – Les missions pour les comités d’entreprise et les comités sociaux et économiques
Ces missions ne donnent pas lieu à une expression d’assurance de la part du professionnel de l’expertise comp-
table. En effet, l’expert-comptable analyse des informations et des données, il n’a pas à les vérifier (sauf pour la
mission de contrôle de la participation des salariés).
1) L’origine de l’intervention de l’expert-comptable
La création des comités d’entreprise est une des propositions du Conseil national de la Résistance. Après la catas-
trophe de la Seconde Guerre mondiale, les responsables politiques ont voulu une autre gouvernance des entre-
prises. Le texte primitif sur les comités d’entreprise (l’ordonnance du 22 février 1945) donnait le droit aux
comités d’entreprise de proposer trois noms de commissaires aux comptes, « un des commissaires aux comptes
devra être obligatoirement choisi par l’assemblée générale des actionnaires sur une liste dressée par le comité
d’entreprise et comprenant trois noms. Le comité peut se faire assister spécialement par le commissaire aux
comptes dont il a proposé la désignation ».
La loi du 16 mai 1946 a modifié cette possibilité et a institué l’expert-comptable pour assister le comité d’entre-
prise dans ses attributions économiques.
C’est pour cela que, comme pour le commissaire aux comptes qui est honoré par la société, le législateur avait
prévu, dès l’origine, le même principe pour l’expert-comptable dans le cadre de cette mission légale.
Les « lois Auroux », et particulièrement celle du 28 octobre 1982, donneront un nouvel élan aux comités d’en-
treprise en élargissant leurs champs, leurs prérogatives dans le domaine économique et leurs moyens.
2) La liste des missions légales d’assistance au comité d’entreprise par un expert-comptable –
missions économiques sur les comptes et l'activité de l'entreprise
La loi Rebsamen (L. 2015-994 du 17 août 2015) a apporté d’importants changements à partir du 1er janvier 2016
puisque les dix-sept obligations récurrentes d’information-consultation actuelles du comité d’entreprise sont
regroupées en trois grandes consultations et les douze obligations de négocier existantes en trois négociations.
L’architecture et l’organisation des missions de l’expert-comptable du Comité d’entreprise ont été modifiés par
cette loi et ses décrets d'application.
La loi Rebsamen avait pour objectif de simplifier et de rendre plus lisible les consultations obligatoires du comité
d’entreprise en les catégorisant de la manière suivante :
–– les orientations stratégiques de l’entreprise ;
–– la situation économique et financière de l’entreprise ;
–– la politique sociale de l’entreprise, les conditions de travail et l’emploi.
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Fiche 3 ♦ Présentation des missions de l’expert-comptable
29 MARS 2018
Les ordonnances Macron du 21 septembre 2017 modifiées par l'Ordonnance n° 2017-1718 du 20 décembre 2017 et
ratifiées par la loi du 29 mars 2018 – ont restructuré l'architecte de ces missions et modifié les articles du Code du
travail, ces dispositions sont applicables au 1er janvier 2018. Les CSE (comité social et économique) regrouperont les CE, les
CHSCT et les DP et seront mis en place progressivement et au plus tard au 1er janvier 2020.
Article L. 2315-87 : le comité social et économique peut décider de recourir à un expert-comptable en vue de la consultation
sur les orientations stratégiques de l'entreprise prévu au 1° de l'article L. 2312-17.
Article L. 2315-88 : le comité social et économique peut décider de recourir à un expert-comptable en vue de la consultation
sur la situation économique et financière de l'entreprise prévue au 2° de l'article L. 2312-17.
Article L. 2315-89 : la mission de l'expert-comptable porte sur tous les éléments d'ordre économique, financier ou social néces-
saires à la compréhension des comptes et à l'appréciation de la situation de l'entreprise.
Article L. 2315-90 : pour opérer toute vérification ou tout contrôle entrant dans l'exercice de ses missions, l'expert-comptable a
accès aux mêmes documents que le commissaire aux comptes de l'entreprise.
Article L. 2315-91 : le comité social et économique peut décider de recourir à un expert-comptable dans le cadre de la consul-
tation sur la politique sociale de l'entreprise, les conditions de travail et l'emploi mentionnée au 3° de l'article L. 2312-17.
Article L. 2315-92 :
I. Un expert-comptable peut être désigné par le comité social et économique :
1° Dans les conditions prévues à l'article L. 2312-41 relatif aux opérations de concentration ;
2° Dans les conditions prévues aux articles L. 2312-63 et suivants, relatifs à l'exercice du droit d'alerte économique ;
3° En cas de licenciements collectifs pour motif économique, dans les conditions prévues aux articles L. 1233-34 et suiv. ;
4° Dans les conditions prévues aux articles L. 2312-42 à L. 2312-52, relatifs aux offres publiques d'acquisition.
II. Le comité peut également mandater un expert-comptable afin qu'il apporte toute analyse utile aux organisations syndicales
pour préparer les négociations prévues aux articles L. 2254-2 et L. 1233-24-1.
L'expert-comptable a accès aux informations dans les conditions prévues aux articles L. 2315-83 et L. 2315-90 (art. L. 2315-90 :
accès aux mêmes documents que le commissaire aux comptes de l'entreprise).
Article L. 2315-83 : l'employeur fournit à l'expert les informations nécessaires à l'exercice de sa mission.
Article L. 2315-84 : l'expert est tenu aux obligations de secret et de discrétion définies à l'article L. 2315-3.
Article L. 2315-3 : les membres de la délégation du personnel du comité social et économique sont tenus au secret professionnel
pour toutes les questions relatives aux procédés de fabrication. Les membres de la délégation du personnel du comité social et
économique et les représentants syndicaux sont tenus à une obligation de discrétion à l'égard des informations revêtant un
caractère confidentiel et présentées comme telles par l'employeur.
Lorsqu'il est saisi dans le cadre d'une opération de concentration prévue à l'article L. 2312-41 ou d'une opération de recherche
de repreneurs prévue à la section 4 bis du Chapitre III du Titre III du Livre II de la première partie, l'expert a accès aux documents
de toutes les sociétés intéressées par l'opération.
Lorsqu'il est saisi dans le cadre d'une offre publique d'acquisition dans les conditions prévues aux articles L. 2312-42 à L. 2312-
52, l'expert-comptable a accès aux documents nécessaires à l'élaboration du rapport prévu à l'article L. 2312-45.
3) Le cadre d’intervention
Ces textes organisent donc la fusion des trois instances représentatives du personnel que sont : les délégués du
personnel (DP), les CHSCT et les comités d'entreprise.
Ces trois instances constitueront, au plus tard le 1er janvier 2020, le Comité social et économique (CSE).
En attendant cette date limite, les CE en cours de mandat conservent leurs attributions.
Un accord devra déterminer pour une ou plusieurs années, le nombre d'expertises dans le cadre des consulta-
tions récurrentes du CSE.
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32 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Pour cela, les professionnels de l'expertise comptable doivent disposer d'une autorisation délivrée par le commis-
professionnelle et déontologie
saire du Gouvernement auprès du conseil régional de l'ordre des experts-comptables dans le ressort duquel ils
sont inscrits.
Ils doivent, en outre, conclure avec l'administration fiscale une convention portant sur une période de trois ans et
dans laquelle ils s'engagent :
–– à viser les documents fiscaux transmis par leurs clients ou leurs adhérents, ou les documents fiscaux qu'ils éta-
blissent pour le compte de leurs clients ou adhérents, après s'être assurés de leur régularité et avoir demandé à
leurs clients ou adhérents tous renseignements utiles de nature à établir la concordance entre les résultats
fiscaux et la comptabilité ;
–– à procéder à un examen de cohérence et de vraisemblance du résultat déclaré à partir notamment de ratios
économiques et financiers ;
–– à dématérialiser et à télétransmettre aux services fiscaux, selon la procédure prévue par le système de transfert
des données fiscales et comptables, les déclarations de résultats de leurs clients ou adhérents, leurs annexes et
les autres documents les accompagnant. Ils doivent recevoir mandat pour transmettre les informations corres-
pondant à leurs obligations déclaratives, selon des modalités définies par arrêté ministériel ;
–– à fournir annuellement à leurs clients ou adhérents commerçants, agriculteurs ou artisans un dossier de
gestion ;
–– à fournir annuellement à leurs clients ou adhérents un dossier d'analyse économique en matière de prévention
des difficultés économiques et financières ;
–– à se soumettre à un contrôle spécifique défini par l'administration fiscale.
La mission de tiers de confiance est réservée aux personnes membres des professions réglementées d’avocat, de
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35
Norme agréée par arrêté ministériel du 20 juin 2011. Applicable aux exercices ouverts à compter du
1er janvier 2012. Non modifiée par le référentiel 2016.
Cette mission a pour objectif de permettre au professionnel de l’expertise comptable d’exprimer une assurance
modérée sur la régularité et la sincérité des comptes ainsi que sur l’image fidèle donnée par ceux-ci du
patrimoine, de la situation financière et du résultat de l’entité à la fin de la période écoulée.
La mission d’examen limité est destinée à répondre aux besoins exprimés d’une assurance supérieure à celle résul-
tant de l’exécution d’une mission de présentation telle que précédemment définie. La norme applicable à cette
mission est conforme à la norme internationale d’examen limité.
En termes de diligences, la norme requiert :
–– une prise de connaissance approfondie de l’entité permettant l’identification des domaines et comptes sensibles ;
–– une analyse des procédures relatives à l’organisation comptable ;
–– une collecte des éléments probants reposant notamment sur les techniques suivantes : contrôle sur pièces
approfondi, procédures analytiques, entretien avec la direction...
La mission d’examen limité peut porter sur des comptes annuels, des comptes consolidés ou des comptes inter-
médiaires.
– La norme professionnelle applicable à la mission d’audit d'états financiers
Norme agréée par arrêté ministériel du 20 septembre 2011. Applicable au 1er juillet 2012. Non modifiée par le
référentiel 2016.
Cette mission a pour objectif de permettre au professionnel de l’expertise comptable d’exprimer une assurance
raisonnable portant sur la régularité, la sincérité des comptes et l’image fidèle donnée par ceux-ci du
patrimoine, de la situation financière et du résultat de l’entité à la fin de la période écoulée.
La mission d’audit d’états financiers est destinée à répondre aux besoins exprimés d’une assurance supérieure à
celle résultant de l’exécution d’une mission d’examen limité telle que précédemment définie. Pour la mise en
œuvre de cette mission, le professionnel de l’expertise comptable doit respecter les dispositions des nouvelles
normes d’audit internationales clarifiées (ISAs) dont la transposition dans le référentiel normatif français a été
agréée par l’arrêté du 20 septembre 2011.
En termes de diligences, la mission d’audit d’états financiers s’appuie essentiellement sur :
–– une prise de connaissance approfondie de l’entité ;
–– l’appréciation des procédures de contrôle interne de l’entité ;
–– la collecte d’éléments probants externes ;
–– l’observation physique des actifs de l’entité ;
–– la détermination d’un seuil de signification.
La mission d’audit d’états financiers peut porter sur des comptes annuels, intermédiaires ou consolidés. Les normes
ISA sont consultables et téléchargeables sur le site du CSOEC : www.experts-comptables.fr/Normes
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Fiche 3 ♦ Présentation des missions de l’expert-comptable
La norme professionnelle applicable à la mission d'audit d’états financiers dans une petite entité
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(NP 2910)
Norme agréée par arrêté ministériel du 13 mars 2017. Applicable à compter du 1er juillet 2017.
Les objectifs poursuivis par le professionnel qui réalise un audit des états financiers d’une petite entité sont indé-
pendants des caractéristiques de l’entité et notamment de sa taille. Ainsi le professionnel qui réalise un audit des
états financiers d’une petite entité a pour objectifs :
–– d’obtenir l’assurance raisonnable que les états financiers pris dans leur ensemble ne comportent pas d’anoma-
lies significatives, que celles-ci résultent de fraudes ou d’erreurs, et, en conséquence, de pouvoir exprimer une
opinion indiquant si les états financiers ont été préparés, dans tous leurs aspects significatifs, conformément
au référentiel comptable applicable ;
–– de délivrer un rapport sur les états financiers, et de procéder aux communications exigées par les normes ISA,
en fonction de ses constatations. Le professionnel accomplit les diligences prévues par les normes internatio-
nales d’audit (ISA) relatives à l’audit des états financiers qu’il connait et dont il adapte les modalités de mise en
œuvre en se fondant sur son jugement professionnel et sur la norme professionnelle NP 2910.
En cas de conflit de normes avec les normes précitées ou d'absence de disposition dans la présente norme, le
professionnel applique les diligences prévues par les normes internationales d'audit (ISA) relatives à l'audit des
états financiers.
2) Les autres missions d’assurance qui portent sur des informations autres
que sur des comptes complets historiques
Deux normes sont prévues par le cadre de référence :
–– La norme professionnelle applicable aux missions d’assurance sur des informations autres que des
comptes complets historiques (attestations particulières) (NP 3100)
Norme agréée par arrêté ministériel du 1er septembre 2016 qui annule et remplace l’agrément du 20 juin 2011.
Applicable à compter du 1er octobre 2016.
Face à une demande croissante de fiabilisation d’informations diverses et variées produites par l’entreprise ou en
lien avec son environnement économique, financier ou réglementaire, l’expert-comptable est régulièrement sol-
licité pour délivrer, en dehors de sa mission traditionnelle sur les comptes annuels, une attestation. Pour répondre
à ce besoin des tiers utilisateurs de l’information, la norme professionnelle 3100 a été introduite dans le référen-
tiel normatif 2012, inspirée fortement de la NEP 9030 applicable aux attestations particulières émises par un
commissaire aux comptes. Force a été de constater que cette norme posait des difficultés d’application par l’ex-
pert-comptable. De longs travaux et réflexions au sein de la commission des Normes professionnelles du Conseil
supérieur ont abouti à une toute autre norme, fondée sur la norme internationale ISAE 3000 de l’IFAC. Intitulée
« missions d’assurance sur des informations autres que des comptes complets historiques (attestations particu-
lières) », la nouvelle norme professionnelle 3100 couvre un large champ d’application. En outre, elle offre la
possibilité pour l’expert-comptable d’exprimer une opinion, soit une assurance, sur des informations qu’il a ou
non contribué à élaborer, en toute transparence et dans un cadre sécurisé. Cette nouvelle norme permet de
répondre pleinement aux attentes des clients.
Ces missions font appel aux techniques d’examen limité ou d’audit selon le degré d’assurance attendu par l’en-
tité ou par un tiers demandeur. Elles portent sur des informations financières ou non financières.
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38
Elles comprennent :
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
–– les missions d’assurance sur l’examen d’informations financières prévisionnelles (NP 3400 applicable au
1er juillet 2012), les procédures de contrôle interne, les informations environnementales et sociétales... ;
–– les attestations particulières délivrées par le professionnel de l’expertise comptable à la demande de l’entité.
Les demandes d’attestations particulières peuvent avoir une origine légale ou contractuelle ; elles portent le plus
souvent sur des informations comptables et financières qui ne constituent pas des comptes complets historiques.
Ces attestations ont pour objectif, sur la base de contrôles appropriés à la nature de la demande
formulée, d’attester les informations contenues dans un document établi par la direction de
l’entité.
On peut citer par exemple :
–– les attestations sur les comptes de copropriété (origine contractuelle) ;
–– les attestations portant sur la régularité de la comptabilité des huissiers de justice (origine légale) ;
–– les attestations « ECOFOLIO » en application du Code de l’environnement (origine légale) ;
–– ...
–– La norme professionnelle applicable à la mission d’examen d’informations financières prévisionnelles
(NP 3400)
Norme agréée par arrêté ministériel du 20 septembre 2011. Applicable au 1er juillet 2012. Non modifiée par le
référentiel 2016.
Cette mission d’examen d’informations financières prévisionnelles se situe parmi les missions d’assurance de
niveau modéré aboutissant à une opinion exprimée sous une forme négative portant sur :
–– le caractère raisonnable des hypothèses ayant servi de base à l’élaboration des informations prévisionnelles ;
–– la traduction chiffrée de ces hypothèses ;
–– la préparation de ces informations sur la base de principes comptables approprié.
L’objectif d’une mission d’examen d’informations financières prévisionnelles consiste, pour le professionnel de
l’expertise comptable, sur la base des diligences définies dans la présente norme, à conclure qu’il n’a pas relevé
d’éléments qui le conduisent à penser :
–– que les hypothèses retenues ne constituent pas une base raisonnable pour élaborer les informations prévision-
nelles, ou
–– que la traduction chiffrée de ces hypothèses est erronée, ou
–– que les informations ne sont pas préparées de manière cohérente avec les états financiers historiques sur la
base de principes comptables appropriés.
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Fiche 3 ♦ Présentation des missions de l’expert-comptable
B – Les missions normalisées qui ne donnent pas lieu à une expression d’assurance du
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1 ♦ LE PRINCIPE
Nul ne peut porter le titre d’« expert-comptable » ni en exercer la profession s’il n’est inscrit au tableau de
l’Ordre (ord. 19 sept. 1945, art. 3). Les personnes titulaires du diplôme d’expertise comptable non inscrites à
l’Ordre peuvent utiliser l’appellation « diplômé(e) d’expertise comptable ».
L’évolution de l’activité des Centres de gestion (agréés habilités) a amené le législateur en 2004 à autoriser
l’exercice de l’activité d’expertise comptable au sein d’associations de gestion et de comptabilité (AGC), qui sont
inscrits à l’Ordre des experts-comptables sur une liste annexe au tableau (décret n° 2012-690 du 7 mai 2012).
La Commission nationale d’inscription des AGC s’est réunie régulièrement à compter de juillet 2005, date de sa
création, pour examiner les dossiers de demande d’inscription à la suite du tableau des AGC et de leurs salariés
ou sur saisine de la tutelle, afin de donner son avis sur des projets de textes intéressants le secteur associatif.
Entre mai 2005 et mai 2014 : 1 272 dossiers ont été déposés, toutes catégories confondues (personnes morales
et physiques).
En juillet 2017, 217 AGC inscrites se trouvaient sous la surveillance de cette commission.
L’Ordonnance n° 2014-443 du 30 avril 2014 a modifié l’ordonnance du 19 septembre 1945 en permettant aux
personnes physiques ou morales exerçant légalement la profession d’expertise comptable dans un État membre
de l’Union européenne ou dans un État partie à l'Espace économique européen (EEE) de créer une société d’ex-
pertise comptable en France sans condition de détention de capital. Plus des deux tiers des droits de vote des
sociétés d’exercice doivent être détenus, directement ou indirectement, par les personnes physiques ou morales
exerçant légalement la profession d’expertise comptable dans un État de l’UE/EEE.
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42 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Les représentants légaux des sociétés d’expertise comptable doivent être des personnes physiques exerçant léga-
professionnelle et déontologie
lement la profession d'expertise comptable dans un État membre de l'UE/EEE, membres de la société (exemple :
le Président de la SAS, les directeurs généraux, gérants…).
Accès partiel à l’activité d’expertise comptable
L’ordonnance n° 2016-1809 du 22 décembre 2016 relative à la reconnaissance des qualifications profession-
nelles de professions réglementées, au-delà de l’assouplissement de l'accès à l’activité d’expertise comptable, a
introduit le principe d’accès partiel, issu de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne, aux
professions réglementées.
Aux termes de l’article 26-0 de l’Ordonnance du 19 septembre 1945, l’accès partiel ne peut être accordé que si
« l’activité professionnelle demandée peut objectivement être séparée d’autres activités relevant de la profession
d’expert-comptable en France, dans la mesure où elle peut être exercée de manière autonome dans l’État
membre d’origine ».
Il est en l’état difficile de connaître précisément la nature de l’activité partielle qui pourrait être demandée par les
ressortissants des autres États membres de l’Union européenne. Ceci étant, au regard du nombre de demandes
d’inscription très faible pour l’activité d’expertise comptable au titre des article 26 et 26-1, il est permis de douter
de l’afflux en nombre de ces demandes.
Publié le 25 février 2017, le décret n° 2017-232 du 23 février 2017 relatif à l'exercice de l'activité d'ex-
pertise comptable par les ressortissants des États membres de l'Union européenne ou d'un autre État
partie à l'accord sur l'Espace économique européen (JO, 25 févr. 2017) tire les conséquences réglemen-
taires de l’ordonnance du 22 décembre 2016.
Il précise la procédure permettant aux ressortissants européens de faire reconnaître les aptitudes et compétences
acquises au cours de l’expérience professionnelle, à temps plein ou à temps partiel, ou de l’apprentissage tout au
long de la vie de la qualification professionnelle ainsi que de bénéficier d’un accès partiel aux activités réglemen-
tées d’expertise comptable si l’activité en France est plus large que celles pour lesquelles il est qualifié dans son
état d’origine.
commissaire aux comptes (CAFCAC) donne uniquement le droit de passer les trois épreuves du diplôme d’ex-
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43
B – La procédure spéciale
Cette procédure spéciale est prévue par l’article 7 bis de l’ordonnance de 1945. Les personnes ayant exercé une
activité comportant l’exécution de travaux d’organisation ou de révision de comptabilité, et qui ont acquis de ce
fait une expérience comparable à celle d’un expert-comptable particulièrement qualifié, pourront être autorisées
à demander leur inscription au tableau de l’Ordre en qualité d’expert-comptable.
Les personnes qui auront obtenu leur inscription au tableau suite à l’application de l’article 7 bis ne pourront
assurer des travaux comptables dans une société dont elles ont été salariées avant un délai de 5 ans à compter
de la cessation de leurs fonctions. Les conditions d’inscription sont précisées aux articles 84 à 96 du décret du
30 mars 2012.
3 ♦ LA PROCÉDURE D’INSCRIPTION
Un diplômé d’expertise comptable doit être inscrit à l’Ordre pour pouvoir exercer sa profession à titre libéral.
Cette inscription est obligatoire lorsque l’expert-comptable a le statut d’indépendant et/ou lorsqu’il envisage de
diriger une société d’expertise comptable.
Lorsqu’un diplômé est salarié d’un membre de l’Ordre ou d’une société d’expertise comptable, l’inscription au
tableau est possible mais pas impérative.
Toutefois, seule l’inscription au tableau permet d’exercer la profession d’expert-comptable et d’en utiliser le titre.
L’inscription au tableau de l’Ordre se fait auprès du Conseil régional de l’Ordre dans la circonscription duquel le
candidat est établi ») (ord. 19 sept. 1945, art. 42).
Certains états ou fonctions sont incompatibles avec une inscription. Entre autres, un diplômé d’expertise comp-
table ne peut pas s’inscrire au tableau de l’Ordre s’il est salarié d’une société non-membre de l’Ordre.
Un diplômé d’expertise comptable peut être inscrit au Un diplômé d’expertise comptable ne peut pas être inscrit
tableau de l’Ordre au tableau de l’Ordre
S’il est indépendant ou salarié d’un membre de l’Ordre et/ou
S’il est salarié d’une société non-membre de l’Ordre.
futur dirigeant d’une société d’expertise comptable.
L’article 116 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012 précise les dispositions générales quant à la procédure
d’inscription.
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44 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Étapes Commentaires
Par ailleurs, une procédure particulière d’inscription est prévue pour les associations de gestion et de comptabi-
lité. Ainsi, il est institué auprès du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables une commission natio-
nale chargée de statuer sur l’inscription des associations de gestion et de comptabilité au tableau et de tenir la
liste de ces associations (ord. 19 sept. 1945, art. 42 bis). La commission statue dans les mêmes conditions de
délai et d’appel que pour les experts-comptables. Elle surveille l’exercice de l’activité d’expertise comptable sous
forme associative en participant notamment à la mise en œuvre des contrôles de qualité.
4 ♦ L’APPEL
La décision du Conseil régional notifiée au candidat et au commissaire régional du gouvernement dans le délai
de dix jours francs peut être, dans le délai d’un mois à compter de sa notification, déférée au comité national du
tableau soit par l’intéressé en cas de refus d’inscription, soit, dans le cas contraire, par le commissaire régional
du gouvernement.
Le comité national du tableau (institué auprès du Conseil supérieur) doit statuer sur l’affaire dans le délai de six
mois. Si la décision n’est pas intervenue à l’expiration de ce délai, l’inscription au tableau est de droit (ord.
19 sept. 1945, art. 44).
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Fiche 4 ♦ L’accès à la profession d’expert-comptable
A – La définition
Exerce illégalement la profession d’expert-comptable celui qui, sans être inscrit au tableau de l’Ordre en son
propre nom et sous sa responsabilité, exécute habituellement des travaux prévus par les deux premiers alinéas de
l’article 2 de l’ordonnance du 19 septembre 1945 ou qui assure la direction suivie de ces travaux, en intervenant
directement dans la tenue, la vérification, l’appréciation ou le redressement des comptes.
Est également considéré comme exerçant illégalement l’une des professions dont il s’agit celui qui, suspendu ou
radié du tableau, ne se conforme pas, pendant la durée de la peine, aux dispositions prévues à l’article 53 (sanc-
tions disciplinaires) en vue de déterminer les modalités suivant lesquelles ladite peine est subie.
Les Conseils de l’Ordre peuvent saisir le tribunal par voie de citation directe, donnée dans les termes de l’ar-
ticle 388 du Code de procédure pénale, des délits prévus par le présent article, sans préjudice, pour le Conseil
supérieur de l’Ordre, de la faculté de se porter, s’il y a lieu, partie civile dans toute poursuite de ces délits intentée
par le Ministère public (ord. 19 sept. 1945, art. 20).
B – Les sanctions
L’exercice illégal de la profession d’expert-comptable ainsi que l’usage abusif de ce titre ou de l’appellation de
société d’expertise comptable ou d’association de gestion et de comptabilité ou de titres quelconques tendant à
créer une similitude ou une confusion avec ceux-ci constituent un délit puni des peines prévues à l’article 433-17
et à l’article 433-25 du Code pénal, sans préjudice des sanctions qui peuvent être éventuellement prononcées
par les juridictions disciplinaires de l’Ordre. Les peines encourues sont ainsi d’un an d’emprisonnement et
15 000 € d’amende pour les personnes physiques et 45 000 € pour les personnes morales. Peuvent s’ajouter des
peines complémentaires, dont la publication de la condamnation.
Des dommages-intérêts sont également éventuellement à prévoir.
À titre d’exemple, l’Ordre des experts-comptables de Paris – Ile-de-France a obtenu de nombreuses condamna-
tions, parmi lesquelles on notera que :
–– les appels sont rares et débouchent sur une peine plus lourde ;
–– les peines d’amendes sont de plus en plus sévères ;
–– des peines d’emprisonnement ferme sont prononcées.
1) La Commission nationale d’inscription (décret n° 2012-432, 30 mars 2012, art. 106)
professionnelle et déontologie
Les personnes qui souhaitent créer une association de gestion et de comptabilité sur le fondement des
articles 7 ter de l’ordonnance du 19 septembre 1945 doivent adresser leur demande par lettre recommandée
avec avis de réception à la commission nationale d’inscription avec l’ensemble des justificatifs et attestations
prévus par le décret du 30 mars 2012 (art. 107).
Après examen de ces attestations, le commissaire du gouvernement émet un avis favorable ou défavorable à
l’inscription de l’association de gestion et de comptabilité.
2) Le tableau (décret n° 2012-432, 30 mars 2012, art. 114 et suiv.)
Depuis les décrets du 30 mars 2012, du 7 mai 2012, du 23 février et du 5 mai 2017, le tableau de l'Ordre des
experts-comptables est divisé en huit sections, suivies de sept listes :
Les huit sections :
1° La section des experts-comptables, personnes physiques exerçant leur profession à titre indépendant ;
2° La section des experts-comptables, personnes physiques exerçant leur profession en qualité de salarié ;
3° La section des sociétés d'expertise comptable ;
4° La section des sociétés de participation d'expertise comptable ;
5° La section des experts-comptables stagiaires ;
6° La section des experts-comptables honoraires ;
7° La section des personnes et sociétés autorisées à exercer les professions d'expert-comptable, dans les condi-
tions prévues aux I, II et III de l'article 26 de l'ordonnance ;
8° La section des personnes pouvant exercer de façon temporaire et occasionnelle la profession d'expert-comp-
table en France sous leur titre d'origine en application de l'article 26-1 de l'ordonnance ;
Les sept listes :
9° La liste des AGC ;
10° La liste des salariés d'AGC autorisés à exercer l'activité d'expertise comptable sur le fondement de l'article 83
ter de l'ordonnance ;
11° La liste des salariés d'AGC autorisés à exercer l'activité d'expertise comptable sur le fondement de l'article 83
quater de l'ordonnance ;
12° La liste des professionnels ayant été autorisés à exercer partiellement l'activité d'expertise comptable dans les
conditions prévues à l'article 26-0 de l'ordonnance du 19 septembre 1945 susvisée ;
13° La liste des personnes pouvant exercer partiellement l'activité d'expertise comptable de façon temporaire et
occasionnelle en France sous leur titre d'origine en application de l'article 26-1 de l'ordonnance du 19 septembre
1945 susvisée ;
14° La liste des sociétés de participations financières de professions libérales mentionnées au Chapitre VI du
Titre III ;
15° La liste des sociétés pluri-professionnelles d'exercice de professions libérales prévues au Titre IV bis de la loi
du 31 décembre 1990 susvisée.
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B – La révision
Fiche 4 ♦ L’accès à la profession d’expert-comptable
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Tous les deux mois environ, la commission du tableau de chaque Conseil régional se réunit afin d’effectuer
une révision du tableau.
À l’occasion de celle-ci, la commission du tableau examine :
–– les demandes d’inscription : personne physique ou morale remettant un dossier complet 8 jours avant la
date de la réunion de la commission du tableau ;
–– les dossiers de transfert : lorsqu’un expert-comptable (personne physique ou personne morale) déjà inscrit
sur le tableau de l’Ordre des experts-comptables souhaite transférer son inscription dans une autre région, il
doit saisir la commission régionale ;
–– supprime le nom des experts décédés, démissionnaires, omis ou suspendus, ayant fait l’objet d’une
mesure de radiation ou d’une interdiction temporaire.
C – La radiation
Toute personne physique ou morale inscrite au tableau de l'Ordre ou à sa suite qui, sans motif valable et pendant
deux années consécutives ou non au cours des dix dernières années, n’a pas payé sa cotisation professionnelle
annuelle ou les cotisations dont il est personnellement tenu au titre des régimes de sécurité sociale qui lui sont
applicables ou qui ne justifie pas d'une couverture continue d'assurance responsabilité civile est, après deux
appels infructueux adressés à un mois d’intervalle, le second par lettre recommandée, réputé démissionnaire de
sa qualité de membre de l’Ordre. Il est, en conséquence, radié du tableau (décret n° 2012-432 du 30 mars 2012,
art. 125).
De plus, il est précisé que toute personne ne remplissant plus les conditions requises à l’inscription au tableau en
sera radiée.
Les décisions portant suspension ou radiation du tableau sont, en outre, notifiées avec leurs motifs à tous les
Conseils régionaux de l’Ordre et, s’agissant des associations de gestion et de comptabilité, à la commission men-
tionnée à l’article 42 bis de l’ordonnance du 19 septembre 1945. La personne ainsi frappée ne peut plus rester
inscrite sur aucun tableau et ne peut exercer sa profession dans aucune région.
D – La publication du tableau
Dans chaque circonscription régionale, le tableau de l’Ordre et sa suite (les listes) sont tenus à
disposition du public au siège du conseil régional et publiés sur le site internet de ce conseil (décret no 2012-432
du 30 mars 2012, art. 121).
1 ♦ LE MODE D’EXERCICE
L’article 12 de l’ordonnance de 1945 précise que les experts-comptables exercent leur profession soit à titre indi-
viduel et en leur propre nom, soit en qualité de salarié d’un autre expert-comptable, d’une association de gestion
et de comptabilité, d'une succursale ou d’une société d’expertise comptable ou d'une société pluri-profession-
nelle d'exercice, soit en qualité de mandataire social d’une société d’expertise comptable ou d'une société pluri-
professionnelle d'exercice ; ces diverses formes d’exercice sont compatibles entre elles.
Les membres de l’ordre ainsi que les experts comptables stagiaires doivent faire suivre leur titre de la mention du
tableau de la circonscription où ils sont inscrits.
Il doit s’agir de personnes qui exercent légalement la profession d’expertise comptable, à savoir :
–– les personnes physiques ressortissantes d’un des États membres de l’Union européenne ou d’autres États
parties à l’accord sur l’Espace économique européen ;
–– les personnes morales constituées en conformité avec la législation de l’un de ces États et ayant leur siège sta-
tutaire, leur administration centrale ou leur principal établissement dans l’un de ces États.
Il est donc possible que soient constituées en France des sociétés d’expertise comptable par des personnes phy-
siques ou morales exerçant la profession d’expert-comptable dans un autre Etat membre.
Dans tous les cas, les sociétés ainsi constituées seront seules habilitées à utiliser l’appellation de « sociétés d’ex-
pertise comptable » et seront inscrites au tableau de l’ordre.
2) Le choix de la forme sociale
Selon l’article 7 de l’ordonnance du 19 septembre 1945, les personnes visées au 1) ci-dessus sont admises à
constituer, pour exercer leur profession, des sociétés dotées de la personnalité morale (SA, SARL, SAS, SELAS,
SELARL, Sociétés civiles…) à l’exception des formes juridiques qui confèrent à leurs associés la qualité de com-
merçant (SNC, SCS…).
3) Les conditions cumulatives à respecter
Les sociétés d’expertise comptable constituées doivent satisfaire aux conditions suivantes :
–– les personnes mentionnées au 1) ci-dessus doivent, directement ou indirectement par une société inscrite à
l’Ordre, détenir plus des deux tiers des droits de vote (il n’y a donc pas de condition de détention en
capital) ;
–– aucune personne ou groupement d’intérêts, extérieur aux personnes visées au 1) ci-dessus, ne doit détenir,
directement ou par personne interposée, une partie des droits de vote de nature à mettre en péril l’exercice de
la profession, l’indépendance des experts-comptables ou le respect par ces derniers des règles inhérentes à
leur statut et à leur déontologie ;
–– l’offre au public de titres financiers n’est autorisée que pour des titres excluant l’accès, même différé ou condi-
tionnel, au capital ;
–– les représentants légaux sont des personnes physiques mentionnées au 1) ci-dessus, membres de la société ;
–– la société membre de l’ordre communique annuellement au Conseil de l’Ordre dont elle relève la liste de ses
associés ainsi que toute modification apportée à cette liste.
Dans l'hypothèse où l'une de ces conditions ne serait plus remplie par la société d’expertise comptable, le
Conseil de l'Ordre dont elle relève lui notifie la nécessité de se mettre en conformité et fixe le délai, qui ne peut
excéder deux ans, dans lequel la régularisation doit intervenir. À défaut de régularisation à l'expiration de ce
délai, la société est radiée du tableau de l'Ordre.
4) Les sociétés de participation d’expertise comptable
Les personnes mentionnées au 1) ci-dessus peuvent également constituer des sociétés ayant pour objet principal
la détention de titres de sociétés d’expertise comptable ainsi que la participation à tout groupement de droit
étranger ayant pour objet l’exercice de la profession d’expert-comptable.
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Fiche 5 ♦ Les conditions d’exercice de la profession d’expert-comptable
Ces sociétés sont habilitées à utiliser l’appellation de « sociétés de participation d’expertise comptable » et sont
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51
inscrites au tableau de l’ordre. Elles peuvent avoir des activités accessoires en relation directe avec leur objet et
destinées exclusivement aux sociétés ou aux groupements dont elles détiennent des participations.
Elles portent le nom de sociétés de participations d’expertise comptable et sont inscrites au tableau de l’ordre.
Ces sociétés doivent respecter les mêmes conditions de constitution et d’exercice que les sociétés d’expertise
comptable.
5) Les sociétés de participations financières de professions libérales (SPFPL)
pluri-professionnelles
La loi du 28 mars 2011 et son décret d’application du 19 mars 2014, modifié par le décret n° 2016-879 du
29 juin 2016, ont offert la possibilité à plusieurs professions libérales de se regrouper au sein d’une seule entité
capitalistique. La SPFPL pluri-professionnelle a ainsi pour objet de détenir des parts ou actions de sociétés d’exer-
cice libéral ou de sociétés commerciales ayant pour objet l’exercice de deux ou plusieurs des professions d’avocat,
avocat conseil près le Conseil d’État ou la Cour de cassation, de notaire, d’huissier de justice, de commissaire-
priseur judiciaire, d’expert-comptable, d'administrateur judiciaire, de mandataire judiciaire, de commissaire aux
comptes ou de conseil en propriété industrielle.
La SPFPL peut également exercer toute autre activité que la détention de participations à la condition que celle-ci
soit destinée exclusivement aux sociétés ou groupements dont elle détient des participations.
Concernant leurs règles de fonctionnement, plus de la moitié du capital et des droits de vote des SPFPL doivent
être détenues par des personnes exerçant leur profession au sein des sociétés faisant l’objet d’une prise de parti-
cipation. Les gérants, le Président et les dirigeants de la société par actions simplifiée, le Président du conseil
d’administration, les membres du directoire, le Président du conseil de surveillance et les directeurs généraux
ainsi que les deux tiers au moins des membres du conseil d’administration ou du conseil de surveillance doivent
être choisis parmi ces mêmes personnes.
6) Les sociétés de participations financières de professions libérales (SPFPL)
d’experts-comptables (mono-professionnelles)
Les professionnels de l'expertise comptable, les sociétés d'exercice comptable, les associations de gestion et de
comptabilité (…) peuvent constituer une société de participations financières de la profession libérale d'expertise
comptable ayant pour objet la détention de parts ou d'actions de sociétés d'exercice libéral constituées pour
l'exercice de la profession d'expertise comptable ainsi que la participation à tout groupement de droit étranger
ayant pour objet l'exercice de cette même profession (décret n° 2012-432 du 30 mars 2012, art. 199).
Contrairement aux SPFPL pluri-professionnelles, les SPFPL mono-professionnelles ne peuvent détenir que des
parts ou actions de société d’exercice libéral alors que les SPFPL pluri-professionnelles peuvent aussi détenir des
parts ou actions de sociétés commerciales. Le champ des SPFPL mono-professionnelles s’en trouve donc considé-
rablement réduit.
7) Le cas particulier des succursales d’expertise comptable (ord. 19 sept. 1945, art. 7 quinquies)
Depuis l’ordonnance n° 2014-443 du 30 avril 2014, les personnes mentionnées au 1) ci-dessus sont admises à
constituer, pour l’exercice de leur profession, des succursales qui ne sont pas dotées de la personnalité juridique.
Elles ne sont pas non plus membres de l’Ordre des experts-comptables mais sont inscrites au tableau.
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52 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Ces succursales sont seules habilitées à utiliser l’appellation de « succursales d’expertise comptable ». Leurs
professionnelle et déontologie
travaux sont placés sous la responsabilité d’un expert-comptable, exerçant au sein de la succursale et représen-
tant ordinal spécifiquement désigné à ce titre auprès du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables par
les personnes mentionnées au 1) ci-dessus.
Les succursales sont soumises aux dispositions législatives et réglementaires relatives à la profession d’expert-
comptable. Elles acquittent des cotisations au même titre et dans les mêmes conditions que les membres de
l’ordre.
8) Les sociétés pluri-professionnelles d’exercice
La loi n° 2015-990 du 6 août 2015 (dite loi Macron) et l'ordonnance n° 2016-394 du 31 mars 2016 permettent
dorénavant aux experts-comptables de s’associer avec d’autres professionnels juridiques ou judiciaires régle-
mentés (professions d'avocat, d'avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, de commissaire-priseur judi-
ciaire, d'huissier de justice, de notaire, d'administrateur judiciaire, de mandataire judiciaire, de conseil en
propriété industrielle et d'expert-comptable) pour exercer leurs professions au sein d’une société commune
d’exercice. Les conditions suivantes devront cependant être respectées :
–– la totalité du capital ou des droits de vote de la société interprofessionnelle devra être détenue, directement ou
indirectement, par des personnes françaises ou européennes exerçant l’une des professions exercées au sein
de la structure ;
–– la société ne pourra exercer l’une des professions que si l’un de ses associés remplit les conditions requises
pour exercer ladite profession.
Lorsque la société cessera d'exercer une profession, les associés exerçant cette profession devront se retirer de la
société et céder leurs actions dans un délai de six mois.
Les sociétés pluri-professionnelles d'exercice seront inscrites sur une liste nouvelle du Tableau de l'Ordre des
experts-comptables.
Des décrets publiés au JO le 7 mai 2017 ont complété le dispositif par des dispositions transverses (décret
n° 2017-794 du 5 mai 2017 relatif à la constitution, au fonctionnement et au contrôle des sociétés pluri-profes-
sionnelles d'exercice de professions libérales juridiques, judiciaires et d'expertise comptable) ou une adaptation
des règles de chacune des professions concernées (décret n° 2017-799 du 5 mai 2017 relatif à l'exercice de la
profession d'expert-comptable par une société pluri-professionnelle d'exercice).
C – L’exercice sous forme de structures associatives (ord. 19 sept. 1945, art. 7 ter)
L’activité d’expertise comptable peut également être exercée au sein d’associations de gestion et de comptabi-
lité, qui ne sont pas membres de l’ordre des experts-comptables.
Ces associations ont pour objet de fournir les prestations prévues aux articles 2 et 22 de l’ordonnance du 19 sep-
tembre 1945 (cf. Fiche 3), et notamment d’apporter conseil et assistance en matière de gestion, à l’ensemble de
leurs adhérents.
Les associations de gestion et de comptabilité sont soumises aux dispositions législatives et réglementaires rela-
tives à la profession d’expert-comptable. Les ressources de ces associations sont constituées des cotisations et
des rémunérations pour services rendus, versées par les adhérents et, le cas échéant, de subventions publiques.
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Fiche 5 ♦ Les conditions d’exercice de la profession d’expert-comptable
2 ♦ LES INCOMPATIBILITÉS
Afin de garantir l’indépendance de l’expert-comptable, la loi a prévu un certain nombre d’interdictions et d’in-
compatibilités dans l’exercice de sa profession.
Dans un premier temps, nous verrons quelle est la législation applicable lors d’incompatibilités. Puis nous distin-
guerons l’étendue de ces interdictions. Enfin, nous répertorierons les diverses fonctions compatibles ou non avec
la profession d’expert-comptable.
–– seulement s’il s’agit d’entreprises où il assure de façon permanente ou habituelle une mission d’ordre
professionnelle et déontologie
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Fiche 5 ♦ Les conditions d’exercice de la profession d’expert-comptable
S’il est réalisé à titre accessoire (pour un client), et n’est pas de nature à mettre en péril
Activité commerciale l’exercice de la profession ou l’indépendance des associés experts-comptables ainsi que
et acte d’intermédiaire le respect par ces derniers des règles inhérentes à leur statut et à leur déontologie. Les
(autre que ceux que comporte l’exer- conditions et limites sont fixées par les normes professionnelles élaborées par le Conseil
cice de la profession) supérieur de l’Ordre et agréées par arrêté du ministre chargé de l’économie (en
attente).
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58 Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
Intermédiation Interdite au sein du cabinet à l’exception du conseil des clients dans la couverture de
en assurance leurs risques en matière d’assurance, en attente des normes professionnelles.
Sous réserve de ne pas manier des fonds dans l’attente du décret sur le fonds de règle-
ment, hors paiement des dettes fiscales ou sociales qui est possible (ord. 19 sept. 1945,
Liquidateur amiable art. 22, al. 4).
Attention : la mission d’expert-comptable auprès de l’entreprise doit prendre fin lors de
sa nomination comme liquidateur amiable.
Sauf dans les affaires intéressant ses clients et sous réserve de ne pas manier des fonds
dans l’attente du décret sur le fonds de règlement, hors paiement des dettes fiscales ou
Mandat civil (tutelle…) sociales qui est possible (ord. 19 sept. 1945, art. 22, al. 4).
La mission antérieure de l’expert-comptable doit prendre fin lors de sa désignation.
Le maniement de fonds à titre accessoire est autorisé pour les comptes ouverts dans les
Mandat de recevoir, conserver livres d’un fonds de règlement créé à cet effet dans des conditions fixées par décret.
ou délivrer des fonds ou valeurs
En attente de la publication du décret créant le fonds de règlement.
ou de donner quittance
(maniement de fonds) Exception : le paiement des dettes sociales et fiscales n’a pas à transiter par le fonds de
règlement.
Autorisation de délivrer directement des fonds pour le paiement des dettes fiscales et
sociales pour lequel un mandat a été confié au professionnel, ou par les comptes
ouverts dans les livres d’un fonds de règlement créé à cet effet dans les autres cas (ord.
Séquestre 19 sept. 1945, art. 22, al. 4).
En attente de la publication du décret fixant les conditions de fonctionnement du fonds
de règlement.
Statut régi par la loi n 2008-776 du 4 août 2008, modifié par la loi n° 2017-1837 du o
Micro-entrepreneur 30 décembre 2017. Autorisé pour toute activité civile mais interdit pour l’exercice de la
profession d’expertise comptable réglementée.
Exemples : agent sportif, recouvrement de créances, syndic professionnel d’immeuble
Agent d’affaires
ou de copropriété, agent immobilier.
Caution pour client Contraire aux règles déontologiques car constitue une atteinte à l’indépendance.
Interdit aux membres de l’Ordre, aux succursales, aux AGC et aux salariés des
Mission comptable pour une entre-
articles 83 ter et 83 quater d’effectuer des travaux d’expertise comptable, de révision
prise dans laquelle le professionnel
comptable ou de comptabilité pour les entreprises dans lesquelles ils possèdent direc-
possède directement ou indirecte-
tement ou indirectement des intérêts substantiels (ne s’applique pas aux experts-comp-
ment des intérêts substantiels
tables pour leurs cabinets d’expertise comptable) (ord. 19 sept. 1945, art. 22, al. 5).
Représentation auprès des tribunaux La représentation du client est interdite, contrairement à l’assistance auprès de ces tri-
de l’ordre judiciaire ou administratif bunaux (ord. 19 sept. 1945, art. 22, al. 5).
Représentant fiscal Car assimilé à de l'agence d'affaires
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Fiche 5 ♦ Les conditions d’exercice de la profession d’expert-comptable
ET LES COLLABORATEURS
L’ordonnance du 19 septembre 1945 et le décret du 30 mars 2012 prévoient des dispositions pour l’organisation
du cabinet.
A – Le local professionnel
L’expert-comptable doit justifier d’une installation matérielle permettant l’exercice de son activité dans de bonnes
conditions (décret n° 2012-432 du 30 mars 2012, art. 149).
Dans ce cadre, il a la possibilité de partager ses bureaux avec un membre d’une autre profession libérale. Dans ce
cas, il devra éviter tout risque de confusion dans l’esprit du public entre les différentes activités. Un expert-
comptable peut également créer une société civile de moyens (SCM) pour partager des locaux avec d’autres
confrères ou encore aménager un bureau à son domicile.
B – Les collaborateurs (ord. 19 sept. 1945, art. 19 et décret n° 2012-432, 30 mars 2012,
art. 132)
Le nombre maximum de comptables salariés dont les services peuvent être utilisés par un membre de l’Ordre,
personne physique ou par un salarié d’une association de gestion et de comptabilité autorisé à exercer la profes-
sion, est fixé à 15.
La proportion entre le nombre de comptables salariés dont les services peuvent être utilisés par
une société membre de l’Ordre (ou une AGC) et le nombre de membres de l’Ordre, associés ou
salariés, exerçant de manière effective et régulière au sein de ladite société est également fixé à 15.
Les experts comptables stagiaires n’entrent pas dans le calcul de ces ratios.
L’appréciation des effectifs (tant pour les experts-comptables que pour les comptables) se fait à partir d’un travail
à temps plein ou de son équivalent. Les temps partiels ne pourront excéder le double du nombre de salariés tra-
vaillant à temps plein. Les experts-comptables, les sociétés morales membres de l’Ordre et les AGC sont tenus de
déclarer au conseil régional les noms, qualifications, adresse et durée d’emploi des personnes dont ils ont utilisé
les services au cours de l’année précédente, au plus tard le 31 mars.
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Le recours à un expert-comptable,
l’acceptation de la mission Fiche
et la lettre de mission 6
Toutes les missions des experts-comptables ne sont pas listées dans l'ordonnance de 1945. Certaines législations
ou textes réglementaires ont expressément confié aux experts-comptables des missions dites « légales ». Ainsi,
par exemple, le recours à un expert-comptable est obligatoire pour les missions légales définies par le Code du
travail pour les comités d'entreprise et les comités sociaux et économiques (y compris la missions pour les comptes
du CE ou du CSE) et pour les comptes de campagne des candidats aux élections politiques (voir Fiche n° 3).
Dans tous les autres cas, le recours à un expert-comptable est contractuel.
B – Leur contenu
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
2 ♦ L’OBLIGATION DE VIGILANCE
A – La nature de l’obligation
Dans le cadre de l’application de la norme anti-blanchiment (voir Fiche n° 2) et avant la signature de la lettre de
mission et ou au plus tard avant de commencer les travaux, l’expert-comptable est soumis à une obligation de
vigilance à l’égard du client et du bénéficiaire effectif.
Ainsi, l’expert-comptable doit :
–– procéder à l’identification du client et, le cas échéant, du bénéficiaire effectif de la prestation.
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Fiche 6 ♦ Le recours à un expert-comptable, l’acceptation de la mission et la lettre de mission
Par « bénéficiaire effectif », on entend la ou les personnes physiques (C. mon. fin., art. L. 561-2-2) :
•G
63
3 ♦ LA LETTRE DE MISSION
A – L’établissement obligatoire
L’établissement d’un contrat écrit entre les parties, pouvant prendre la forme d’une lettre de mission, ne faisait
l’objet, jusqu’à la parution du Code de déontologie en 2007, que d’une forte recommandation de la part du
Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables.
Ce contrat écrit est désormais rendu obligatoire pour chaque mission (décret n° 2012-432 du 30 mars 2012,
art. 151) et doit être actualisée par avenant de façon périodique ou lors de chaque modification de la mission. Il
doit faire état, le cas échéant, du mandat fiscal et de son étendue.
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•G
64
B – Les mentions
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
La lettre de mission permet de formaliser l’engagement de chaque partie, de définir la nature, l'étendue et les
limites de la mission (indication du référentiel normatif applicable), leurs obligations réciproques (sous la forme,
par exemple, d'un tableau de répartition entre l'expert-comptable et son client) ainsi que les honoraires corres-
pondants. Elle comporte également l’engagement du client ou de l’adhérent de fournir au professionnel de
l’expertise comptable chargé de tenir et de présenter ses documents comptables tous les éléments nécessaires à
l’établissement d’une comptabilité sincère de son exploitation.
Lorsque le client donne mandat au professionnel pour l'autoriser à effectuer et télétransmettre ses déclarations
fiscales, la lettre de mission doit préciser l'étendue du mandat et éventuellement sa durée. À défaut, et sauf
dénonciation du mandat, la durée est réputée correspondre à celle pour laquelle la lettre de mission est signée.
Lorsque l’expert-comptable exerce la mission de tiers de confiance (voir Fiche n° 5), le client doit autoriser, dans
la lettre de mission, l’expert-comptable à procéder à la télétransmission de sa déclaration annuelle d’impôt sur le
revenu et de ses annexes et s’oblige à lui remettre l’ensemble des justificatifs nécessaires.
La mission confiée par le client à cabinet X à compter du consiste à [décrire la mission]. Le cabinet X est qualifié
•G
65
de responsable conjoint de traitement. Le client et le cabinet s’engagent à collecter et à traiter toute donnée
personnelle en conformité avec toute réglementation en vigueur applicable au traitement de ces données, et
notamment la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée et le règlement européen sur la protection des données
personnelles. Le cabinet est autorisé à traiter pour le compte de son client les données personnelles nécessaires
pour fournir le ou les service(s) suivant(s) [...]. »
Le non-respect de ces dispositions relatives aux lettres de mission sont susceptibles de faire l’objet d’une sanction
disciplinaire.
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La cessation des fonctions Fiche
de l’expert-comptable 7
Cette fiche présente les causes et les conditions de la cessation des fonctions de l’expert-comptable, cette der-
nière ne pouvant intervenir que dans des cas précis dans le respect des conditions du droit des contrats pour les
missions contractuelles.
Pour les missions légales (comités sociaux et économiques ou comptes de campagne), la mission se termine avec
la fin des diligences et l’expert-comptable ne dispose d’aucun droit à la poursuite de sa mission.
L’expert-comptable peut être contraint de cesser ses fonctions en cas de radiation de l’Ordre de son propre chef
ou pour cause disciplinaire.
tard un mois avant le terme de la période autorisant le rejet de la reconduction, de la possibilité de ne pas recon-
professionnelle et déontologie
3 ♦ LA DÉMISSION DE L’EXPERT-COMPTABLE
Le Code de déontologie prévoit (décret n° 2012-432 du 30 mars 2012, art. 156) que les experts-comptables
doivent exercer leur mission jusqu’à son terme normal. Toutefois, ils peuvent, en s’efforçant de ne pas porter
préjudice à leur client (ou adhérent), l’interrompre pour des motifs justes et raisonnables, tels que la perte de
confiance manifestée par le client ou la méconnaissance par celui-ci d’une clause substantielle du contrat.
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Obligations liées Fiche
au comportement professionnel 8
Les obligations liées au comportement professionnel sont prévues par l’ordonnance du 19 septembre 1945 et
par le décret du 30 mars 2012. Leur respect est donc impératif sous peine d’engager la responsabilité civile et
disciplinaire de l’expert-comptable. Dans certains cas, des sanctions pénales sont également prévues.
–– compléter et mettre à jour régulièrement leur culture professionnelle et leurs connaissances générales ;
–– donner à chaque question examinée tout le soin et le temps qu’elle nécessite, de manière à acquérir une
certitude suffisante avant de faire toute proposition ;
–– donner leur avis sans égard aux souhaits de celui qui les consulte et à se prononcer avec sincérité, en toute
objectivité, en apportant, si besoin est, les réserves nécessaires sur la valeur des hypothèses et des conclusions
formulées ;
–– ne jamais se placer dans une situation qui puisse diminuer leur libre arbitre ou faire obstacle à l’accomplisse-
ment de tous leurs devoirs ;
–– ne jamais se trouver en situation de conflit d’intérêts.
Les experts-comptables veillent à ce que leurs collaborateurs fassent preuve des mêmes qualités et adoptent le
même comportement.
Ces dispositions générales sont reprises par le préambule de la Convention collective nationale du 9 décembre
1974 (Étendue par arrêté du 30 mai 1975, JO 12 juin 1975) – qui s’appliquent aux cabinets d’expertise comp-
table.
Préambule de la CCN – extrait :
« Les professions d’expert-comptable et de commissaires aux comptes sont réglementées.
Il est apparu utile d’en souligner les particularités, dans la mesure où elles ont une influence sur les obligations et
les droits du personnel salarié.
L’Ordre des experts-comptables et des comptables agréés a été institué par l’ordonnance n° 45-2138 du 19 sep-
tembre 1945. Ce texte, complété et modifié par de nombreuses dispositions (...) législatives qui s’imposent à
tous les membres de l’Ordre.
Nul ne peut porter le titre d’expert-comptable (...) s’il n’est inscrit au tableau de l’Ordre et s’il n’a préalablement
prêté serment d’exercer sa profession avec conscience et probité, de respecter et faire respecter les lois dans ses
travaux.
Pour l’inscription au tableau, le professionnel doit, entre autres conditions, être titulaire de certains diplômes ou
examens et présenter les garanties de moralité jugées nécessaires par le Conseil de l’Ordre.
Ces exigences de compétence et de moralité se trouvent répétées à plusieurs reprises dans les différents textes
régissant la profession. Il s’y ajoute des incompatibilités entre certaines activités et l’inscription à l’Ordre. Le
nombre de comptables salariés dont un membre de l’Ordre personne physique peut utiliser les services est limité
à quinze maximum. Un système disciplinaire rigoureux permet de sanctionner les fautes professionnelles, indé-
pendamment du jeu habituel des responsabilités civiles et pénales.
De plus, il est certain que les règles imposées aux membres de l’Ordre et la nature même de leur profession
entraînent toute une série d’obligations :
L’obligation des membres de l’Ordre au secret professionnel (C. pén., art. 226-13) exige la discrétion absolue du
personnel ;
L’indépendance des professionnels, la qualité de leurs travaux ne seront une réalité que dans la mesure où le
personnel aura pris conscience de la dimension de la profession et de la responsabilité qui s’attache à tous les
travaux issus du cabinet ; La dignité et la moralité exigées des membres de l’Ordre, les sanctions disciplinaires
auxquelles ils sont soumis constituent également des aspects auxquels les collaborateurs doivent être sensibles ;
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Fiche 8 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
L’obligation faite aux membres de l’Ordre de perfectionner sans cesse leur culture et d’assurer la formation des
•G
73
raires sont contestés par le client, l’expert-comptable appelé à remplacer un confrère suggère par écrit à son
professionnelle et déontologie
client de recourir à la procédure de conciliation ou d’arbitrage de l’Ordre. Le prédécesseur favorise, avec l’accord
du client, la transmission du dossier.
Le droit de rétention ne peut être exercé par l’expert-comptable successeur sur un dossier à raison des hono-
raires restant à régler au prédécesseur.
Enfin, cette obligation d’information ne s’applique pas aux missions dont la durée est limitée légalement (ex :
missions légales auprès des comités sociaux et économiques) et aux missions ponctuelles exécutées pour un
client bénéficiant déjà des services d’un expert-comptable. La commission déontologie du Conseil supérieur
recommande cependant d’adresser au confrère un courrier d’information.
2) La reprise du cabinet
Un expert-comptable peut s’engager vis-à-vis d’un successeur, moyennant le paiement d’une indemnité, à faci-
liter la reprise totale ou partielle de son activité. L’expert-comptable cédant favorise le report de la confiance des
clients sur son successeur. En toutes circonstances, ils doivent veiller à la sauvegarde de la liberté de choix des
clients.
3) L’installation du jeune expert-comptable
À l’issue du stage d’expertise comptable, la liberté d’installation de l’expert-comptable s’exerce dans les limites
de la réglementation et des conventions conclues avec son maître de stage.
4) Le remplacement temporaire et l’assistance en cas de décès ou d’indisponibilité
En cas de décès ou d’incapacité temporaire d’un expert-comptable à exercer son activité professionnelle, hormis
le cas d’une sanction définitive de suspension, le président du Conseil régional de l’Ordre peut, sur la demande
du professionnel indisponible ou en accord avec lui, ses héritiers ou ses ayants droit, désigner un expert-
comptable en vue d’assurer son remplacement provisoire. Ce remplacement est une mission de confraternité
gratuite.
Toutefois, une indemnité de remplacement peut être stipulée lorsque l’importance de la mission le justifie. Dans
ce cas, la convention d’indemnité doit être préalablement soumise à l’agrément du Conseil régional de l’Ordre.
Le respect de la clientèle de l’expert-comptable par celui de ses confrères appelé à le remplacer est un devoir
impérieux.
5) La collaboration entre professionnels comptables
La collaboration rémunérée entre experts-comptables, ou entre experts-comptables et d’autres professionnels,
pour des affaires déterminées est possible dans le respect des règles professionnelles et déontologiques (décret
n° 2012-432 du 30 mars 2012, art. 162).
En outre, un expert-comptable peut intervenir pour une mission déterminée chez un client ayant déjà un expert-
comptable mais la commission déontologie du Conseil supérieur recommande de l'informer par écrit et s’abs-
tenir de toute attitude malveillante (critique du confrère par exemple) en application du devoir de confraternité.
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Fiche 8 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
2 ♦ LE SECRET PROFESSIONNEL
A – Les sources légales
Selon l’article 21 de l’ordonnance du 19 septembre 1945, le secret professionnel s’étend aux personnes sui-
vantes :
–– les experts-comptables ;
–– les salariés mentionnés à l’article 83 ter et 83 (AGC) ;
–– les experts-comptables stagiaires ;
–– les professionnels ayant été autorisés à exercer partiellement l'activité d'expertise comptable ;
–– les membres des organismes juridictionnels ;
–– les membres des autres organismes de l’Ordre ;
–– les membres de la commission d’inscription (art. 42 bis) ;
–– les membres de la commission de discipline (art. 49 bis) ;
–– les personnes mentionnées à l’article 7 ter (AGC).
Elles sont tenues au secret professionnel dans les conditions et sous les peines fixées par l’article 226-13 du Code
pénal. Cependant, ces personnes sont déliées du secret professionnel dans les cas d'information ouverte contre
elles ou de poursuites engagées à leur encontre.
« La révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou par
profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire, est punie d’un an d’emprisonnement et
de 15 000 € d’amende » (C. pén., art. 226-13).
Le secret professionnel a été créé dans l’intérêt général afin de permettre aux clients de confier des informations
sensibles sans crainte de représailles. Il est dès lors primordial que ces confidences ou informations confiden-
tielles ne soient jamais dévoilées par ce tiers de confiance afin de maintenir le lien de confiance avec les clients et
la possibilité pour ces derniers de continuer à se confier. Il s’agit d’un outil de régulation de la société.
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•G
76 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Le Code pénal précise que seules les informations à caractère secret sont couvertes par le secret professionnel.
Toutes les informations que l’expert-comptable détient sur son client ne sont donc pas couvertes par le secret
professionnel.
Les textes ne donnent pas de définition précise des informations qui relèvent du secret professionnel. Toutefois,
il faut déduire de la jurisprudence et de la doctrine que les informations couvertes par le secret professionnel le
sont, non en raison de la profession de leur dépositaire (par exemple l’expert-comptable), mais en raison de leur
caractère secret. Plus précisément, l’information à caractère secret est donc l’information non connue (qui peut
avoir été confiée ou non) ou l’information qui a été confiée à titre de confidence.
Les informations générales qui ont vocation à être connues, sans pour autant être publiques, ne sont pas cou-
vertes par le secret professionnel (exemples des comptes, des factures ou autres pièces comptables). À noter que
la plupart des documents comptables ne sont nullement secrets.
Malgré tout, les experts-comptables et leurs collaborateurs salariés sont soumis à un devoir de
discrétion dans l’utilisation de toutes les informations dont ils ont connaissance dans le cadre de leur activité
(décret n° 2012-432, 30 mars 2012, art. 147). La discrétion s'entend de toutes les informations générales
recueillies par l'expert-comptable, hors celles couvertes par le secret, qu'il ne doit pas divulguer sans l'accord
écrit du client. Un expert-comptable ne peut donc transmettre des informations comptables à tout va, sous peine
de voir une action disciplinaire engagée contre lui. Par ailleurs, le professionnel diligent devant s’astreindre à une
obligation de confidentialité, la responsabilité civile professionnelle de l’expert-comptable pourrait être mise en
cause sur ce fondement et donner lieu à des dommages-intérêts.
Par contre, les confidences clairement exprimées par le client sous le sceau du secret et qu’il n’aurait pas faites s’il
ne savait pas que l’expert-comptable ne s’en servirait pas contre lui, entrent dans le champ du secret professionnel.
La solution est la même pour les documents et informations découverts par l’expert-comptable, dans le cadre de
ses travaux pour le client qui, s'ils étaient révélés, pourraient avoir des incidences négatives pour ce dernier.
L’expert-comptable doit se poser la question, au cas par cas, de la nature de l’information ou du document dont
on lui demande la production afin d’apprécier si celui-ci est couvert par le secret professionnel.
Le droit de communication permet de prendre connaissance et, au besoin, copie de certains documents détenus
professionnelle et déontologie
par le professionnel.
–– Perquisitions et saisies par l’autorité judiciaire (CPP, art. 92 à 99) ou par un officier de police judiciaire
(CPP, art. 81 et 151 à 155)
La perquisition au cabinet a pour objet la saisie de documents au sein du cabinet, soit par le juge d’instruction,
soit par un officier de police judiciaire dans le cadre d’une enquête préliminaire ou sur commission rogatoire.
À la différence des avocats, les textes ne prévoient pas directement que les experts-comptables peuvent se faire
assister d’un représentant de l’Ordre lors de la perquisition pour écarter, jusqu’à l’avis du juge des libertés et de
la détention, les pièces qu’il estime couvertes par le secret. Ceci étant, les textes imposent aux officiers de police
judiciaire et aux juges d’instruction « l’obligation de provoquer préalablement toutes mesures utiles pour que
soit assuré le respect du secret professionnel ». L’expert-comptable a tout intérêt à demander à un élu de son
Conseil régional de l’assister lors de la perquisition.
Pendant la perquisition, l’expert-comptable peut uniquement s’opposer à la saisie des correspondances, de
documents et notes internes du cabinet qui relatent des confidences du client et qui seraient donc couvertes par
le secret professionnel.
–– L’enquête préliminaire (CPP, art. 75)
Les officiers de police judiciaire et, sous le contrôle de ceux-ci, les agents de police judiciaire pro-
cèdent à des enquêtes préliminaires soit sur les instructions du procureur de la République, soit d’office. Ces
opérations relèvent de la surveillance du procureur général.
Selon l’article 78 du Code de procédure pénale, les personnes convoquées par un officier de police judiciaire
pour les nécessités de l’enquête sont tenues de comparaître. L’officier de police judiciaire peut contraindre à
comparaître par la force publique, avec l’autorisation préalable du procureur de la République, les personnes qui
n’ont pas répondu à une convocation à comparaître ou dont on peut craindre qu’elles ne répondent pas à une
telle convocation.
–– Témoignage devant l’autorité judiciaire ou de police sur réquisition ou dans le cadre d’une enquête
préliminaire (CPP, art. 109)
L’expert-comptable a l’obligation de comparaître et de déposer sur les questions techniques d’ordre comptable
ou financier, dans le respect du secret professionnel. Il reste lié par le secret pour toutes les confidences faites par
son client ou dont il a eu connaissance dans l’exercice de sa profession. En pratique, il faut répondre aux ques-
tions techniques et bien relire le procès-verbal d’audition avant de le signer. Il faut le faire rectifier en cas de
désaccord sur ses termes.
–– La commission rogatoire (CPP, art. 18)
Les officiers de police judiciaire peuvent, sur commission rogatoire expresse du juge d’instruction ou sur réquisi-
tions du procureur de la République prises au cours d’une enquête préliminaire ou d’une enquête de flagrance,
procéder aux opérations prescrites par ces magistrats sur toute l’étendue du territoire national. En pratique, il
faut toujours demander à lire la commission rogatoire lorsqu’elle est invoquée par l’Officier de police judiciaire
pour vérifier le contexte dans lequel l’expert-comptable est entendu.
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–– Réquisition judiciaire
Fiche 8 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
•G
79
L’article 77-1-1 du Code de procédure pénale prévoit que « le procureur de la République ou,
sur autorisation de celui-ci, l’officier de police judiciaire, peut, par tout moyen, requérir de toute personne, de
tout établissement ou organisme privé ou public ou de toute administration publique qui sont susceptibles de
détenir des documents intéressant l’enquête, y compris ceux issus d’un système informatique ou d’un traitement
de données nominatives, de lui remettre ces documents, notamment sous forme numérique, sans que puisse lui
être opposée, sans motif légitime, l’obligation au secret professionnel ». Le non-respect de cet article est sanc-
tionné par une amende.
La notion de « motif légitime », toutefois bien difficile à apprécier, contenue dans cet article permet à l’expert-
comptable confronté à une réquisition de documents, couverts selon lui par le secret professionnel, de s’opposer
à celle-ci.
–– L’instruction (CPP, art. 101)
Le juge d’instruction fait citer devant lui, par un huissier ou par un agent de la force publique, toutes les per-
sonnes dont la déposition lui paraît utile. Une copie de cette citation leur est délivrée. Les témoins peuvent aussi
être convoqués par lettre simple, par lettre recommandée ou par la voie administrative ; ils peuvent en outre
comparaître volontairement.
–– La garde à vue
Il convient de vérifier la notification de garde à vue avec la mention de l’infraction reprochée, le rappel des droits
de passer un appel à son entourage, le droit à un examen médical, le droit d’être assisté de son avocat.
Il ne faut dire que ce qui est certain et peut se vérifier. Il est également nécessaire de bien relire le procès-verbal
d’audition avant de le signer. Il faut le faire rectifier en cas de désaccord sur ses termes.
E – Tableau de synthèse
Secret professionnel de l’expert-comptable
Le devoir d’informer a pour finalité d’apporter au client des informations pouvant concerner sa situation.
L’expert-comptable doit ainsi porter à la connaissance de son client les informations d’ordre comptables, juri-
diques, fiscales ou sociales. Il doit également être en mesure d’informer correctement son client sur les opportu-
nités offertes par telle ou telle mesure légale en regard de sa situation personnelle.
Dans le cadre d’une mission de surveillance et de vérification de la comptabilité, l’expert-comptable doit guider
son client, ce qui signifie notamment lui apporter un conseil adéquat sur les écritures comptables qui paraissent
devoir être comptabilisées.
Cette catégorie d’obligation pourrait être qualifiée de devoir de conseil « passif » dans le cadre duquel l’expert-
comptable communique à son client un certain nombre de renseignements pertinents car adaptés à sa situation
personnelle pour répondre éventuellement ensuite à ses questions.
2) Le devoir de mise en garde
Le devoir de mise en garde pourrait être défini en premier lieu comme un devoir d’alerte. Il consiste, pour
l’expert-comptable et pour les sujets entrant dans son domaine de compétence, à une obligation d’information
de son client dès lors qu’il a connaissance d’une action ou d’une omission qui pourrait être de nature à lui causer
un préjudice.
Cette catégorie d’obligation peut aussi être qualifiée de devoir de conseil « actif » dans la mesure où l’expert-
comptable, lorsqu’il est en possession d’une information, a l’obligation (rôle actif) de faire connaître à son client
les conséquences éventuellement dommageables résultant des données relatives à cette information.
Le devoir de mise en garde ne se limite cependant pas à alerter le client mais peut aller jusqu’à un devoir d’inci-
tation active auprès de lui afin qu’il prenne les mesures appropriées.
3) Le devoir d’exiger
Le devoir d’exiger se traduit de deux manières :
–– tout d’abord, l’expert-comptable a le devoir d’exiger l’obtention des documents qu’il estime nécessaires au
bon accomplissement de sa mission en temps utile ;
–– il doit ensuite être capable d’user de son autorité afin d’imposer à son client les mesures indispensables à la
sauvegarde de ses intérêts.
À défaut pour le client de suivre les exigences imposées par son expert-comptable, ce dernier devra en tirer les
conséquences appropriées concernant le maintien ou non de sa mission contractuelle. Il en est notamment ainsi
lorsque l’expert-comptable n’obtient pas les documents nécessaires à la réalisation de sa mission. Il doit alors y
mettre fin.
4) Le devoir de refuser toute complaisance
Le devoir de refuser toute complaisance vis-à-vis du client impose à l’expert de manifester une désapprobation
claire des agissements commis par un client même si ces derniers ne sont pas répréhensifs (frauduleux).
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82 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Dans le cadre de son obligation de conseil, l’expert-comptable est soumis à une obligation de moyens. La distinc-
tion avec l’obligation de résultat présente un intérêt, du moins théorique, en matière de preuve.
Le principe veut que la charge de la preuve revienne au créancier qui devra démontrer que l’inexécution de l’obli-
gation résulte d’une faute du débiteur. Toutefois, la pratique montre que, dans les faits, il revient à l’expert-
comptable de prouver qu’il a bien satisfait à son obligation de conseil.
Cette jurisprudence ancienne et constante se justifie puisque l’expert-comptable est tenu à une obligation de
conseil. Il doit donc par conséquent être en mesure de justifier auprès des juridictions qu’il a correctement rempli
son obligation.
Pour condamner l’expert-comptable, les juges se fondent sur les dispositions de l’article 1231-1 du Code civil qui
prévoit la condamnation du débiteur au paiement de dommages et intérêts en raison de l’inexécution de l’obli-
gation ou du retard dans son exécution.
4 ♦ LA COMMUNICATION DE L’EXPERT-COMPTABLE
A – Les actions de promotion et de démarchage
Les conditions dans lesquelles les experts-comptables peuvent effectuer des actions de promotion et de démar-
chage sont encadrées par l’article 152 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012. Cet article a été modifié par le
décret n° 2014-912 du 18 août 2014 qui a clairement introduit la possibilité de démarchage et les conditions de
son application. Ainsi :
« Les actions de promotion réalisées (…) ont pour objet de procurer au public qu'elles visent une information
utile. Ces personnes ne peuvent proposer des services à des tiers n'en ayant pas fait la demande que dans des
conditions compatibles avec les règles déontologiques et professionnelles d'exercice de leur profession.
Les moyens auxquels il est recouru pour procéder à ces actions de promotion ou de démarchage sont mis en
œuvre avec discrétion, de façon à ne pas porter atteinte à l'indépendance, à la dignité et à l'honneur de la pro-
fession, pas plus qu'aux règles du secret professionnel et à la loyauté envers les clients et les autres membres de
la profession. Lorsqu'elles présentent leur activité professionnelle à des tiers, par quelque moyen que ce soit, les
[professionnels de l’expertise comptable] ne doivent adopter aucune forme d'expression qui soit de nature à
compromettre la dignité de leur fonction ou l'image de la profession.
Ces modes de communication ainsi que tous autres ne sont admis qu’à condition que l’expression en soit
décente et empreinte de retenue, que leur contenu ne comporte aucune inexactitude ni ne soit susceptible d’in-
duire le public en erreur et qu’ils soient exempts de tout élément comparatif. »
Les conditions dans lesquelles les actions de démarchage peuvent être réalisées sont donc semblables aux
actions de promotion (publicité), à savoir :
–– une mise en œuvre avec discrétion afin de ne pas porter atteinte à l’indépendance, à la dignité, à l’honneur et
à l’image de la profession ;
–– une expression décente et empreinte de retenue ;
–– un contenu ne comportant aucune inexactitude, aucun élément comparatif et n’induisant pas le public en
erreur.
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Fiche 8
L’article 153 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012 précise que les experts-comptables peuvent utiliser le titre
d’expert-comptable et le faire suivre de l’indication du Conseil régional de l’Ordre dont ils sont membres.
Les personnes exerçant l’activité d’expertise comptable sont autorisées à mentionner sur l’ensemble de leurs
imprimés professionnels (décret n° 2012-432 du 30 mars 2012, art. 154) :
–– leurs nom et prénoms, leur raison sociale, forme juridique et appellation ;
–– les adresse(s), numéro(s) de téléphone et de télécopie, adresse(s) électroniques(s), jours et heures de réception ;
–– les titres ou diplômes français ou étrangers délivrés par tout État ou autorité publique ou tout établissement
d’enseignement supérieur ainsi que les titres, diplômes et spécialisations délivrés par l’Ordre après avis de la
commission consultative pour la formation professionnelle des experts-comptables ;
–– le nom de l’assureur et le numéro de la police d’assurance garantissant le professionnel ;
–– toute référence à une norme délivrée par un organisme de certification reconnu par l’autorité compétente en
matière de certification ;
–– la qualité d’expert près la cour d’appel ou le tribunal ou de commissaire aux comptes inscrit près la cour
d’appel dans la mesure où l’usage de ces titres est autorisé par les autorités ou organismes qualifiés ;
–– les distinctions honorifiques reconnues par la République française ;
–– la mention de l’appartenance à un organisme ou réseau professionnel, syndical ou interprofessionnel.
5 ♦ LA RÉMUNÉRATION DE L’EXPERT-COMPTABLE
A – Les sources légales et réglementaires
Les conditions de fixation des honoraires de l’expert-comptable résultent de dispositions figurant d’une part dans
l’ordonnance du 19 septembre 1945 et, d’autre part, dans le décret n° 2012-432 du 30 mars 2012.
1) Les dispositions de l’ordonnance du 19 septembre 1945
« Les honoraires doivent être équitables et constituer la juste rémunération du travail fourni
comme du service rendu. Leur montant est convenu librement avec les clients sous réserve des règles et élé-
ments de tarification qui pourraient être établis par le ministre chargé de l’économie. Ils ne peuvent en aucun cas
être calculés d’après les résultats financiers obtenus par les clients. » [art. 24]
2) Les dispositions du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012
« Les honoraires sont fixés librement entre le client et les experts-comptables (...) en fonction de l’importance des
diligences à mettre en œuvre, de la difficulté des cas à traiter, des frais exposés ainsi que de la notoriété de l’ex-
pert-comptable » [art. 158]
Ainsi, les honoraires sont fixés librement entre les parties lors de la rédaction de la lettre de mission en fonction
de l’importance des diligences à mettre en œuvre. Ils ne peuvent être payés sous forme d’avantages, de commis-
sions ou de participations. Ils ne sont pas fixés sur l’activité de l’entreprise mais bien sur l’énergie et le temps
dispensé pour la réalisation des travaux.
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84 Les Carrés
Dans les dispositions statutaires ou conventionnelles, est interdite toute clause prévoyant des indexations fondées
sur le salaire minimum de croissance, sur le niveau général des prix ou des salaires ou sur les prix des biens, pro-
duits ou services n'ayant pas de relation directe avec l'objet du statut ou de la convention ou avec l'activité de
l'une des parties (C. mon. fin., art. L. 112-2).
Il est ainsi possible d’indexer le montant des honoraires soit sur un indice en relation avec l’activité de l’expert-
comptable (indice INSEE des prix des services comptables), soit sur un indice qui correspond à l’activité du client.
6 ♦ LE DROIT DE RÉTENTION
A – Le principe
Lorsque l’expert-comptable ne reçoit pas sa juste rémunération après diverses relances infructueuses ou après
tentatives de conciliation ou d’arbitrage suite à des contestations, il peut invoquer le droit de rétention. Ce droit
consiste à retenir les travaux comptables effectués en en informant le client sans équivoque.
Les honoraires réclamés doivent être légitimement dus, c’est-à-dire que la créance doit être certaine, liquide et
exigible.
La mise en œuvre du droit de rétention est strictement encadrée par des dispositions spécifiques du décret
n° 2012-432 du 30 mars 2012.
B – La source légale
Le droit de rétention se fonde sur l’article 2286 du Code civil qui stipule :
« Peut se prévaloir du droit de rétention sur la chose :
1° Celui à qui la chose a été remise jusqu’au paiement de sa créance ;
2° Celui dont la créance impayée résulte du contrat qui l’oblige à livrer ;
3° Celui dont la créance impayée est née à l’occasion de la détention de la chose ;
4° Celui qui bénéficie d’un gage sans dépossession.
Le droit de rétention se perd par le dessaisissement volontaire. »
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Fiche 8 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
L'article 168 du décret no 2012-432 du 30 mars 2012 prévoit la démarche à effectuer lors d’une situation
amenant le droit de rétention :
« [Les experts-comptables doivent ainsi informer] le président du Conseil régional de l’Ordre de la circonscription
dans laquelle ils sont inscrits, de tout litige contractuel qui les conduit à envisager de procéder à la rétention des
travaux effectués faute de paiement des honoraires par le client ou adhérent. »
Il est en outre important de distinguer qu’entrent dans le champ du droit de rétention les travaux réalisés par
l’expert-comptable, c’est-à-dire les travaux qui relèvent du fruit de son travail et non les documents comptables
fournis par la société nécessaires à la production des éléments répertoriés sur la lettre de mission.
L’expert-comptable peut faire valoir ce droit et donc garder ces documents jusqu’au paiement intégral de ses
honoraires. Cependant, il devra avoir épuisé toutes les voies de la conciliation pour pouvoir invoquer le droit de
rétention.
L’expert-comptable a la possibilité de préciser dans sa lettre de mission qu’il fera valoir son droit de rétention en
cas de non-règlement des honoraires. De plus, il est également possible d’indiquer sur la lettre de mission que,
d’après l’article 1231-6 du Code civil, l’entreprise se réserve le droit d’indexer des intérêts par jour de retard.
En synthèse, l’usage du droit de rétention est soumis aux conditions préalables suivantes :
–– l'information du président du Conseil régional concerné ;
–– des honoraires sont légitimement dus (détention d’une créance certaine, liquide et exigible) ;
–– la rétention doit porter sur des documents créés par le professionnel ou comportant un apport de travail per-
sonnel de sa part (excluant tout document appartenant au client) et une corrélation entre la créance réclamée
et les documents retenus ;
–– l’expert-comptable doit manifester sans équivoque son intention de retenir le document (lettre recommandée
AR au client), qu’il justifie sa position, et qu’il ait au préalable épuisé toutes les voies de la conciliation.
En cas de procédure collective, l’expert-comptable ne peut faire valoir son droit de rétention envers l’administra-
teur ou, à défaut, le mandataire judiciaire qui lui demanderait communication de documents comptables qu’il
aurait réalisés.
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La responsabilité Fiche
de l’expert-comptable 9
Le manquement de l’expert-comptable à ses obligations professionnelles selon l’origine des faits peut être
qualifié de faute civile, pénale ou disciplinaire. Un contrat chiffré, appelé lettre de mission, est établi entre
l’expert-comptable et le dirigeant d’une entité afin de réaliser des travaux comptables et de suivre l’activité de
l’organisation. Conformément à l’article 12 de l’ordonnance du 19 septembre 1945, l’expert-comptable assume
dans tous les cas la responsabilité de ses travaux et activités.
1 ♦ LA RESPONSABILITÉ CIVILE
A – Les obligations des parties
Comme en droit commun, la création d’un contrat, ici la lettre de mission, fait naître des droits et des obligations
pour les deux parties contractantes.
1) Les obligations de l’expert-comptable
La mise en œuvre de la mission de l’expert-comptable relève, sauf cas très précis, d’une obligation de moyens.
Cela signifie que le professionnel doit effectuer des diligences normales et avisées.
Néanmoins, dans certains cas, l’obligation de résultat est exceptionnellement mise à la charge de l’expert-
comptable lorsque toute idée d’aléa est exclue.
Par exemple, la remise des déclarations fiscales dans les délais est une obligation de résultat de l’expert-
comptable.
2) Les obligations de l’entité cliente
L’expert-comptable doit effectuer ses prestations en bonne et due forme, mais l’entité cliente doit permettre la
bonne exécution des travaux comptables, pour cela elle est également soumise aux obligations suivantes :
–– obligation de rémunération ;
–– devoir d’information ;
–– coopération loyale.
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88 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Ces obligations sont clairement rappelées dans les modèles de lettre de mission de l’ordre des experts-
professionnelle et déontologie
comptables.
L’étendue de la responsabilité civile de l’expert-comptable est fixée dans l’ordonnance du 19 septembre 1945
(art. 17) : « Les experts-comptables, les sociétés d’expertise comptable, les succursales, les associations de
gestion et de comptabilité et les salariés mentionnés à l’article 83 ter et à l’article 83 quarter et les professionnels
ayant été autorisés à exercer partiellement l'activité d'expertise comptable sont tenus, s’ils sont établis en France,
de justifier un contrat d’assurance selon les modalités fixées par décret pour garantir la responsabilité civile qu’ils
peuvent encourir en raison de l’ensemble de leurs travaux comptables et activités. »
Cette ordonnance peut être complétée par le Code civil, à l'article 1231-1 en cas de faute contractuelle (non-
respect des travaux énoncés dans la lettre de mission) ou aux articles 1240 et suivants du Code civil pour les
fautes délictuelles.
E – L’exercice de l’action
1) Les demandeurs
L’action en responsabilité peut être exercée soit par les représentants légaux de l’entité afin de réparer un préju-
dice subi par cette dernière, soit par tout intéressé afin de réparer un préjudice personnel (tiers).
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90 Les Carrés
Les actions en responsabilité contre l’expert-comptable se prescrivent selon le droit commun. Depuis la loi
n° 2008-561 du 17 juin 2008, l’article 2224 du Code civil prévoit que les actions contractuelles et délictuelles se
prescrivent par cinq ans à compter du jour où le titulaire du droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui per-
mettant d’agir.
Ce délai peut être abrégé par une disposition de la lettre de mission en ce sens en vertu de l’article 2254 du
Code civil. La durée de la prescription ne peut dans ce cas être réduite à moins d’un an. Cette durée ne peut être
aménagée avec un client consommateur ou non-professionnel.
Il convient de ne pas confondre ce délai de cinq ans avec le délai de conservation des documents comptables du
client qui est fixé à dix ans (C. com., art. L. 123-22).
3) La compétence d’attribution
Lorsque l’action est intentée contre un expert-comptable personne physique, une société civile professionnelle
d’expert-comptable ou une société d’exercice libéral, le tribunal compétant sera le tribunal de grande ins-
tance (TGI).
A contrario, si l’action est intentée contre une société d’expertise comptable qui est commerciale par la forme, le
tribunal compétent sera le tribunal de commerce.
F – Exemples de condamnations
Quelques cas de condamnation sont exposés ci-après :
–– le défaut de mise en garde de l’employeur par son expert-comptable sur les conséquences du défaut d’affilia-
tion obligatoire d’un cadre à un organisme de prévoyance constitue un manquement à l’obligation générale
de conseil à laquelle l’expert-comptable est tenu à l’égard de ses clients (CA Nîmes, 3 février 2009) ;
–– l’expert-comptable, même s’il n’est pas chargé d’établir la comptabilité de son client, est tenu à une obligation
générale de conseil lui imposant de s’assurer que son client procède à l’établissement de sa comptabilité. Il se
doit de le mettre en garde des insuffisances qu’il constate, les carences et négligences de son client ne sau-
raient le décharger de ses obligations de conseil et de mise en garde, et l’exonérer de sa responsabilité (Cass.
1re civ., 14 mai 2009, n° 07-19.323) ;
–– quelle que soit la mission qui lui a été confiée, l’expert-comptable est tenu à une obligation de conseil qui
implique d’éclairer le chef d’entreprise sur les moyens de faire face aux problèmes dont l’expert a pu avoir
connaissance et de le guider dans ses choix ; il en va a fortiori ainsi lorsque le chef d’entreprise est lui-même
personnellement impliqué en tant que caution solidaire de la société cliente. L’expert-comptable n’est pas
déchargé de cette obligation par la compétence du dirigeant (Cass. com., 31 mars 2009, n° 06-20.724) ;
–– l’expert-comptable commet une faute engageant sa responsabilité contractuelle dès lors qu’il n’envoie pas un
dossier devant permettre à son client de percevoir une prime destinée aux chômeurs créant ou reprenant une
entreprise (CA Reims, 23 mars 2009) ;
–– la Cour d’appel de Caen (arrêt du 7 mai 2013) confirme l'obligation de conseil fiscal qui s'impose à l'expert-
comptable chargé d'établir les déclarations fiscales.
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Fiche 9 ♦ La responsabilité de l’expert-comptable
Plombier exerçant en entreprise individuelle, le client dégage d'excellents résultats, la question de l'opportunité
•G
91
de transformer son exploitation en société se pose afin d'optimiser la fiscalité. Une obligation implicite, la cour
d'appel de Caen confirme que cette obligation de conseil s'impose bien à l'expert-comptable même si elle sou-
ligne que les travaux confiés au cabinet n'incluaient pas la réalisation d'une étude d'optimisation fiscale des
conditions d'exercice de l'activité du plombier.
2 ♦ LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
A – Les conditions de mise en cause
Comme pour tout justiciable, la mise en cause de la responsabilité pénale de l’expert-comptable nécessite la
constitution d’une infraction. Cette dernière sera constituée si les trois éléments suivants sont réunis :
–– élément légal : un texte répressif doit prévoir l’infraction (C. pén., art. 111-3) ;
–– élément matériel : il doit y avoir au minimum un commencement d’exécution, l’infraction n’a pas à devoir
être réalisée complètement. La tentative est toujours punissable en cas de crime. En cas de délit, la tentative
est punissable si un texte le prévoit ;
–– élément moral : cet élément nécessite l’existence d’une faute. La faute peut évidemment être intentionnelle
mais elle peut également résulter d’une faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obliga-
tion de prudence ou de sécurité de l’auteur des faits.
La responsabilité pénale de l’expert-comptable pourra également être recherchée s’il commet un délit d’initié
(C. mon. fin., art. L. 465-1) ou un délit de divulgation d’informations financières (C. mon. fin., art. L. 465-3,
al. 1). Ces délits ne visent pas expressément l’expert-comptable mais ce dernier pourrait être concerné du fait des
informations qu’il est susceptible de détenir sur l’entité.
La loi n° 2017-242 du 27 février 2017 a allongé les délais de prescription en matière pénale. Ainsi, l’action
publique des délits se prescrit par six années révolues à compter du jour où l’infraction a été commise (CPP,
art. 8).
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92 Les Carrés du dec
Il est possible de poursuivre l’expert-comptable en tant que complice d’un délit à la condition qu’il existe bien
entendu une infraction principale.
Rappelons cependant qu’est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui (C. pén., art. 121-7) :
–– sciemment, par aide ou assistance, a facilité la préparation et la commission du crime ou du délit ;
–– par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné
des instructions pour la commettre.
La complicité suppose donc un acte positif (aide ou assistance) ainsi qu’une volonté de contribuer à la commis-
sion d’une infraction (sciemment). Pour pouvoir poursuivre l’expert-comptable pour complicité, il sera donc
nécessaire de prouver cette volonté.
Il peut être condamné en tant que complice de délits s’il a participé en connaissance de cause à l’infraction. En
effet, il n’est pas directement considéré comme auteur principal, mais peut prêter son concours à de telles réali-
sations, notamment en cas de présentation de faux bilans ou de fraude fiscale.
3 ♦ LA RESPONSABILITÉ DISCIPLINAIRE
Les experts-comptables sont tenus de respecter les règles de la profession et de s’abstenir de réaliser des actes
contraires à l’honneur et la probité. Faute de respect de ces règles, ils peuvent mettre en jeu leur responsabilité
disciplinaire. Cette responsabilité est distincte de la responsabilité civile, dans la mesure où la faute disciplinaire
ne peut donner lieu au versement de dommages-intérêts, mais uniquement à des sanctions professionnelles.
A – La définition
De nature répressive, la responsabilité disciplinaire de l’expert-comptable vise à le faire répondre de ses fautes
devant ses pairs. Cette responsabilité vise ainsi à s’assurer du respect des obligations professionnelles et des
règles déontologiques en sanctionnant les manquements aux devoirs de la profession.
B – Le déroulement de la procédure
En première instance, la juridiction disciplinaire de l’Ordre est constituée en chambre régionale de discipline
instituée auprès de chaque Conseil régional de l’Ordre (ord. 19 sept. 1945, art. 49).
La chambre régionale de discipline est composée :
–– d’un président désigné par le premier président de la cour l’appel dans le ressort de laquelle est situé le Conseil
régional parmi les magistrats du siège de cette cour ;
–– de deux membres du Conseil régional de l’Ordre, élus par ce conseil lors de chaque renouvellement.
Un président et des membres suppléants sont désignés dans les mêmes conditions.
En appel, la juridiction disciplinaire de l’Ordre est constituée en chambre nationale de discipline instituée auprès
du Conseil supérieur de l’Ordre (ord. 19 sept. 1945, art. 50).
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Fiche 9 ♦ La responsabilité de l’expert-comptable
–– d’un président désigné par le garde des Sceaux, ministre de la Justice, parmi les présidents de chambre de la
cour d’appel de Paris ;
–– d’un conseiller référendaire à la Cour des comptes et d’un fonctionnaire, désignés par le ministre de l’Éco-
nomie et des Finances ;
–– de deux membres du Conseil supérieur de l’Ordre, élus par ce conseil lors de chaque renouvellement.
Un président et des membres suppléants sont désignés dans les mêmes conditions.
La décision de la chambre nationale de discipline peut faire l’objet de recours devant le Conseil d’État
(ord. 19 sept. 1945, art. 5).
Dans l'exercice de sa mission, le contrôleur est soumis à l'ensemble des textes régissant la profession. Il est tenu
professionnelle et déontologie
au secret pour ce qui concerne toutes les informations dont il a eu connaissance à l'occasion du contrôle. La
mission est personnelle et ne peut en aucun cas être déléguée ce qui implique une disponibilité suffisante.
Le contrôleur ne doit avoir assumé aucune fonction ni détenir ou avoir détenu aucun intérêt dans la structure
d'exercice professionnel contrôlée et réciproquement.
Le contrôle de qualité a pour but de s'assurer de l'adéquation des travaux du professionnel inscrit à l'ordre et du
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97
fonctionnement de sa structure d'exercice à l'ensemble des normes et règles en vigueur, compte tenu des
usages de la profession.
À cette fin, il comporte deux phases complémentaires :
–– l'analyse des modalités de fonctionnement de la structure d'exercice professionnel, de son organisation ainsi
que des systèmes et des procédures mises en place (contrôle dit structurel) ;
–– l'appréciation de l'application des diligences et des normes professionnelles par le professionnel inscrit en exa-
minant par sondages ou épreuves les dossiers de travail correspondant à des missions sélectionnées (contrôle
dit technique).
Le contrôle de qualité est mené par référence aux règles et normes en vigueur au moment de l'exercice des mis-
sions et aux usages de la profession. À ce titre l’application de la norme professionnelle de maîtrise de la
qualité par les professionnels de l’expertise comptable – NPMQ – (voir Fiche n° 3) revêt une grande impor-
tance. Son objectif est de mettre en place et d’assurer le suivi d’un système de contrôle qualité par les experts-
comptables.
« Comment le choix du cabinet ou de l’expert contrôlé s’opère-t-il ?
Le choix est effectué par le Conseil régional. Le programme de contrôle tient compte des cabinets volontaires
pour bénéficier d’un contrôle qualité et qui en font la demande.
Y a-t-il des limites au contrôle ?
Le contrôle s’applique à toutes les missions des membres de l’Ordre, à l’exclusion des missions de commissariat
aux comptes et d’expertise judiciaire. Il comporte l’analyse des modalités de fonctionnement et d’organisation
du cabinet, ainsi que l’appréciation de l’application des diligences et des normes professionnelles en vigueur au
moment de l’exercice des missions.
Peut-on récuser un contrôleur ?
Le cabinet objet du contrôle a le droit de récuser le ou les contrôleurs désignés. Il dispose pour ce faire d’un délai
de trente jours à compter de la réception de la lettre l’informant de l’examen. La récusation doit s’effectuer par
lettre adressée au président du Conseil régional qui statuera sur la demande. »
(Source : Ordre des experts-comptables RHÔNE ALPES)
Après analyse du rapport, le président du conseil régional conclut le contrôle de qualité dans une lettre adressée
professionnelle et déontologie
Le Conseil supérieur a entre autres pour mission de participer, sur le plan international, aux organisations profes-
sionnelles et actions intéressant l’exercice de la profession, en tenant l’autorité de tutelle informée.
La Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) et le Conseil supérieur de l’Ordre des
experts-comptables (CSOEC) représentent les experts-comptables et les commissaires aux comptes au sein de
l’IFAC (International Federation of Accountants) ou Fédération internationale des experts-comptables.
1 ♦ L’IFAC ET L’IESBA
L’IFAC est une fédération regroupant les organisations nationales des experts-comptables et auditeurs dans le
monde. Elle comprend plus de 175 membres représentant 2,5 millions de comptables dans 130 pays. Elle a été
créée en 1977 et a son siège à New York. Ses objectifs sont le développement de la profession et l’harmonisa-
tion pour l’essentiel des normes d’exercice professionnel sur le plan mondial. À sa tête se trouve un Council
composé d’un représentant par organisation membre, se réunissant une fois par an. L’exécutif est assuré par un
Board se réunissant trois fois par an.
Le Code « Ethics for Professional Accountants » a été établi par l’« International Ethics Standards Board for
Accountants » (« IESBA »), qui est une instance de normalisation indépendante au sein de l’International
Federation of Accountants (IFAC). L’IESBA élabore et publie dans l’intérêt général des normes de déontologie et
des textes complémentaires de très grande qualité à l’usage des professionnels comptables du monde entier. Il
encourage les organismes membres à adopter des normes de déontologie exigeantes pour leurs membres et
contribue à la promotion internationale de bonnes pratiques de déontologie.
L’IESBA encourage aussi les débats internationaux sur les questions déontologiques auxquelles sont confrontés
les professionnels comptables.
Les publications peuvent être téléchargées gratuitement sur le site de l’IFAC : http://www.ifac.org.
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100 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
La mission de l’IFAC est de servir l’intérêt général, de renforcer la profession comptable mondiale et de contri-
professionnelle et déontologie
buer au développement d’économies internationales fortes par la définition de normes de déontologie de très
grande qualité. L’IFAC encourage également leur adoption, leur convergence internationale et s’exprime sur les
questions d’intérêt général là où l’expertise de la profession est plus pertinente.
PRÉFACE
PARTIE A : APPLICATION GÉNÉRALE DU CODE
100 Introduction et principes fondamentaux
110 Intégrité
120 Objectivité
130 Compétence et diligence professionnelles
140 Confidentialité
150 Comportement professionnel
A – Le cadre conceptuel
Le code établit des règles de déontologie pour les professionnels comptables. Les organisations membres de
l’IFAC ou les cabinets ne doivent pas appliquer des règles moins strictes que celles qui figurent dans ce code.
Toutefois, si un organisme membre ou un cabinet ne peut se conformer à certaines parties de ce code du fait de
la loi ou de la réglementation, ils doivent néanmoins appliquer toutes les autres parties de ce code.
Certains pays peuvent avoir en place des règles et des recommandations différentes de celles de ce code. Les
professionnels comptables intervenant dans ces pays devront être informés de ces différences et se conformer
aux règles et recommandations les plus strictes, sauf si la loi ou la réglementation applicable le leur interdit.
Une des marques distinctives de la profession comptable est qu’elle assume la responsabilité d’agir dans l’intérêt
général. En conséquence, la responsabilité d’un professionnel comptable ne se limite pas à satisfaire exclusi-
vement les besoins d’un client ou d’un employeur en particulier.
B – La structure du code
Le code comprend trois parties :
–– la Partie A fixe les principes fondamentaux de déontologie professionnelle applicables aux professionnels
comptables et propose un cadre conceptuel que le professionnel comptable doit appliquer. Le professionnel
comptable doit recourir à son jugement professionnel lors de la mise en œuvre de ce cadre conceptuel ;
–– la Partie B s’applique aux professionnels comptables en cabinet ;
–– la Partie C s’applique aux professionnels comptables en entreprise. Les professionnels comptables en cabinet
sont susceptibles de trouver dans la Partie C des éléments s’appliquant également à des cas particuliers.
Les Parties B et C illustrent la façon dont le cadre conceptuel s’applique dans certaines situations. Elles donnent
des exemples de mesures de sauvegarde susceptibles de répondre de façon appropriée aux menaces de nature à
porter atteinte à la conformité aux principes fondamentaux. Elles décrivent également des situations où il n’existe
pas de mesures de sauvegarde permettant de traiter ces menaces et, par conséquent, les circonstances et les
relations qui les créent doivent être évitées.
–– confidentialité : respecter le caractère confidentiel des informations recueillies dans le cadre de ses relations
professionnelle et déontologie
professionnelles et relations d’affaires et, en conséquence, ne divulguer aucune de ces informations à des tiers
sans autorisation spécifique appropriée, à moins d’avoir un droit ou une obligation légale ou professionnelle
de le faire, ni utiliser ces informations pour le bénéfice personnel du professionnel comptable ou d’un tiers ;
–– comportement professionnel : se conformer aux lois et réglementations applicables et éviter tout acte sus-
ceptible de jeter le discrédit sur la profession.
Une circonstance ou une relation donnée peut donner lieu à plus d’une menace et une menace peut affecter le
respect de plus d’un principe fondamental. Les menaces relèvent de l’une ou de plusieurs des catégories sui-
vantes :
–– les menaces liées à l’intérêt personnel : la menace que des intérêts financiers ou d’autres intérêts puissent
influencer de manière inappropriée le jugement ou le comportement du professionnel comptable ;
–– les menaces d’auto-révision : la menace qu’un professionnel comptable n’évalue pas de façon appropriée
les résultats d’un jugement porté antérieurement ou d’un service fourni précédemment par ce professionnel
comptable ou par une autre personne de son cabinet ou de son employeur et sur lesquels il s’appuiera pour
former son jugement dans le cadre de la fourniture d’un service ultérieur ;
–– les menaces liées à la représentation : la menace qu’un professionnel comptable défende la position d’un
client ou d’un employeur au point que l’objectivité du professionnel comptable soit compromise ;
–– les menaces liées à la familiarité : la menace que, compte tenu de liens anciens ou étroits avec un client ou
un employeur, le professionnel comptable soit trop bienveillant à l’égard des intérêts ou des travaux de ce
client ou de cet employeur ;
–– les menaces d’intimidation : la menace que le professionnel comptable soit dissuadé d’agir avec objectivité,
du fait de pressions, réelles ou perçues, notamment de tentatives en vue d’exercer une influence inappropriée
sur le professionnel comptable.
Les mesures de sauvegarde sont des actions ou toute autre mesure qui peuvent éliminer ces menaces ou les
réduire à un niveau acceptable. Elles se répartissent en deux grandes catégories :
–– les mesures de sauvegarde mises en place par la profession, la législation ou la réglementation ;
–– les mesures de sauvegarde prévues dans l’environnement de travail.
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L’organisation de la profession Fiche
de commissaire aux comptes 12
Depuis les grands scandales comptables et financiers du début des années 2000 (Enron, Worldcom, Vivendi,
Parmalat...), les grands pays industriels ont renforcé leurs législations en matière de sécurité financière ; aux
États-Unis, en 2002 la loi « Sarbannes-Oxley – SOX », en France, la loi de Sécurité financière (LSF) du 1er août 2003,
ont modifié le cadre légal et réglementaire de l’exercice de la profession de commissaire aux comptes. La plupart
des grands pays ont institué une régulation de la profession contrôlée par les pouvoirs publics.
En France, la création du H3C (Haut Conseil du commissariat aux comptes) par cette loi LSF, autorité de supervi-
sion de la profession, s’inscrit dans ce cadre. La H3C assure avec le concours de la CNCC (Compagnie nationale
des commissaires aux comptes), la surveillance de la profession.
La réforme européenne de l’audit a renforcé les compétences et les pouvoirs du H3C.
–– de statuer, comme instance d’appel sur les décisions prises par les commissions régionales de discipline
professionnelle et déontologie
–– détermination de la date de départ du mandat initial suite à une saisine d’un commissaire aux comptes dans le
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105
cadre de la rotation des cabinets (art. 17 du règlement et art. L. 823-3-1 du Code de commerce) ;
–– autorisation donnée à un commissaire aux comptes, à titre exceptionnel, de dépasser le seuil des 70 % relatif
aux services autres que la certification des comptes pendant une période n’excédant pas deux exercices.
3) La formation restreinte et le service chargé de procéder aux enquêtes
En matière de sanctions, et pour connaître du contentieux des honoraires, le H3C statue en formation restreinte,
composée d’un magistrat de l'ordre judiciaire qui en est le président et de quatre autres membres élus par le
collège en son sein, à l'exception des membres du bureau et du directeur général du Trésor ou de son représen-
tant. Les membres de la formation restreinte ne participent pas aux délibérations du collège portant sur des cas
individuels.
Le H3C dispose d'un service chargé de procéder aux enquêtes préalables à l'ouverture de procédures de sanc-
tions. Ce service est dirigé par un rapporteur général et composé d'enquêteurs habilités par ce dernier.
travail et d'autres commissions que celles reconnues expressément par la loi. Actuellement, 2 comités et 19 com-
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107
missions qui rassemblent plus de 700 professionnels (source : www.cncc.fr). À titre d’exemple, on peut citer les
commissions prévues par le Code de commerce :
–– la commission d’application des normes professionnelles ;
–– la commission d’éthique professionnelle ;
–– la commission des études juridiques ;
–– la commission des études comptables.
4) Les services
La CNCC emploie environ 80 permanents. Ils sont en charge de suivre l’évolution légale et réglementaire de
l’environnement et de la réglementation afin d’aider les commissaires aux comptes en répondant à leurs besoins
et demandes.
C – La composition de la CNCC
La Compagnie nationale des commissaires aux comptes est administrée par un Conseil national, organe déci-
sionnaire de la profession et par un Bureau. Elle est représentée par un président élu par le Conseil national.
1) Conseil national
Le Conseil national est composé de commissaires aux comptes délégués par les compagnies régionales (C. com.,
art. R. 821-37).
Il est chargé, notamment, de l'administration de la Compagnie nationale et de la gestion de ses biens. Il donne
son avis, lorsqu'il y est invité par le garde des Sceaux, ministre de la Justice, sur les projets de loi et de décret qui
lui sont soumis, ainsi que sur les questions entrant dans ses attributions. Il soumet aux pouvoirs publics toutes
propositions utiles relatives à l'organisation professionnelle et à la mission des commissaires aux comptes
(C. com., art. R. 821-46).
Le Conseil national est renouvelé pour moitié tous les deux ans.
2) Bureau
Le Conseil national élit en son sein et pour deux ans (C. com., art. R. 821-40) :
–– un président ;
–– trois vice-présidents ;
–– six membres
qui constituent le Bureau.
Sur délégation du Conseil national auquel il rend compte semestriellement, le Bureau assure l'administration
courante de la Compagnie nationale (C. com., art. R. 821-47).
3) Président (C. com., art. R. 821-50)
Le président élu par le Conseil national représente la Compagnie nationale dans tous les actes de la vie civile et
este en justice en son nom. Il porte le titre de président de la Compagnie nationale des commissaires aux
comptes. Il représente la Compagnie nationale auprès des pouvoirs publics.
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108 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Il est institué une Compagnie régionale des commissaires aux comptes (CRCC), dotée de la personnalité morale,
par ressort de Cour d’appel. Il existe aujourd’hui 33 compagnies régionales.
B – La composition
1) Conseil régional, bureau et président
De la même manière que pour la Compagnie nationale, chaque compagnie régionale est administrée par un
Conseil régional composé de membres élus pour quatre ans et renouvelable par moitié pour deux ans.
Sont éligibles les personnes physiques, à jour de leurs cotisations professionnelles, exerçant des fonctions de
commissaire aux comptes à la date du scrutin. Sont électeurs les personnes physiques membres de la compagnie
régionale, à jour de leurs cotisations professionnelles.
Chaque conseil régional élit également un bureau pour deux ans et un président pour deux ans renouvelable
une fois.
Le président élu par le conseil régional porte le titre de président de la compagnie régionale des commissaires
aux comptes. Il représente la compagnie régionale dans tous les actes de la vie civile et pour ester en justice. Il
assure l’exécution des décisions du conseil régional ainsi que le respect des décisions du Conseil national
(C. com., art. R. 821-65).
2) Assemblée générale
Les membres de la compagnie régionale se réunissent une fois par an en assemblée, sur convocation du pré-
sident de la compagnie régionale (C. com., art. R. 821-28). Lorsqu'il exerce en société, chaque commissaire aux
comptes associé, actionnaire, membre des organes de gestion, de direction, d'administration ou de surveillance
de la société participe à l'assemblée de la compagnie régionale à laquelle il appartient personnellement.
L’assemblée ne peut débattre que des questions inscrites à son ordre du jour mais statue toujours sur le rapport
moral et financier du conseil régional (C. com., art. R. 821-32 et R. 821-33).
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Textes légaux, réglementaires
et doctrinaux applicables Fiche
au commissariat aux comptes 13
Par la loi du 24 juillet 1867, le droit français consacre l’émergence de la profession des commissaires de sociétés
qui seront ultérieurement qualifiés de commissaire aux comptes (en réalité, la dénomination « commissaire aux
comptes » fait son apparition dans la loi du 23 mai 1863). Toutefois, la profession des commissaires aux comptes,
telle qu’on la connaît actuellement, est véritablement née avec le décret du 12 août 1969 (décret n° 69-810) pris
en application de la loi du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales.
Aujourd’hui, le Livre VIII du Code de commerce, Titre II (art. L. 820-1 à L. 824-16) regroupe l’ensemble des
dispositions applicables à la profession des commissaires aux comptes complété par les dispositions réglemen-
taires qui ont été prises en application des dispositions légales.
A – La partie législative
Les dispositions du Livre VIII, Titre II du Code de commerce s’appliquent aux commissaires aux comptes nommés
dans toutes les personnes et entités quelle que soit la nature de la certification prévue dans leur mission
(C. com., art. L. 820-1).
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110 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
B – La partie réglementaire
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La partie législative du Code de commerce est complétée par une partie réglementaire qui en précise donc les
modalités dans le respect du plan suivant :
Plan du Livre VIII Titre II du Code de commerce Contenu
(partie réglementaire)
Chapitre préliminaire
Dispositions générales
(art. D. 820-1)
Chapitre I. Section I. De l’organisation de la profession
(art. R. 821-1 à R. 821-22) Du Haut Conseil du commissariat aux comptes
Chapitre I. Section I. De l’organisation de la profession
(art. R. 821-23 à R. 821-35) De l’organisation professionnelle ; De la CNCC et des CRCC
Chapitre I. Section I. De l’organisation de la profession
(art. R. 821-36 à R. 821-50) De l’organisation professionnelle ; Du conseil national
Chapitre I. Section I. De l’organisation de la profession
(art. R. 821-51 à R. 821-67) De l’organisation professionnelle ; Des conseils régionaux
Chapitre I. Section II.
Du contrôle de la profession
(art. R. 821-68 à R. 821-76)
Chapitre II. Section I. Du statut des commissaires aux comptes
(art. R. 822-1 à R. 822-19) De l’inscription
Du statut des commissaires aux comptes
Chapitre II. Section II.
De la déontologie, de l’indépendance et de l’organisation de
(art. R. 822-20 à R. 822-35)
l’exercice professionnel
Chapitre II. Section III. Du statut des commissaires aux comptes
(art. R. 822-36 et R. 822-37) De la responsabilité civile
Chapitre II. Section IV. Du statut des commissaires aux comptes
(art. R. 822-38 à R. 822-124) Des sociétés de commissaires aux comptes
Chapitre III. Section I. De l’exercice du contrôle légal
(art. R. 823-2 à R. 823-6-2) De la nomination, de la récusation et de la révocation
Chapitre III. Section II. De l’exercice du contrôle légal
(art. R. 823-7 à D. 823-7-1) De la mission du commissaire aux comptes
Chapitre III. Section III. De l’exercice du contrôle légal
(art. R. 823-8 à R. 823-22) Des modalités d’exercice de la mission
Chapitre IV. Section II. Des sanctions
(art. R. 824-1 à R. 824-19) De la procédure
Chapitre IV. Section II. Des sanctions
(art. R. 824-20 à R. 824-27) Des décisions et des voies de recours
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112
C – La partie arrêté
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
Par l’arrêté du 14 janvier 2009, il a été créé, au sein du Code de commerce, une partie « arrêté » relative au
commissariat aux comptes (art. A. 821-1 à A. 823-37). Cette partie intègre notamment les normes d’exercice
professionnel (NEP) figurant aux articles A. 823-1 à A. 823-37.
Les commissaires aux comptes exercent leur mission conformément aux normes internationales d’audit adoptées
par la Commission européenne. À ce jour, aucune norme n’a été adoptée par la Commission. Dans l'attente de
l'adoption des normes ISA (International Standards of Auditing), les commissaires aux comptes accomplissent
leur mission en respectant les normes adoptées par le H3C et homologuées arrêté du garde des Sceaux, ministre
de la Justice (C. com., art. L. 821-13).
Cette obligation est également mentionnée à l’article 15 du Code de déontologie.
Les commissaires aux comptes exercent leurs diligences selon une norme d'exercice professionnel spécifique
(NEP 910) dans les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite simple, les sociétés à responsabilité
limitée et les sociétés par actions simplifiées qui ne dépassent pas, à la clôture d'un exercice social, deux des trois
seuils suivants :
–– total de bilan : 1 550 K€ ;
–– montant hors taxes du chiffre d'affaires : 3 100 K€ ;
–– effectif moyen : 50 salariés.
Cette NEP 910 permet au commissaire aux comptes d’adapter, s’il y a lieu, la nature, le calendrier et l’étendue
des procédures d’audit à mettre en œuvre pour prendre en compte notamment : le nombre peu élevé et la sim-
plicité des opérations traitées par l’entité, l’organisation interne et les modes de financement de l’entité, la pré-
sence d’un expert-comptable, l’implication directe du dirigeant dans le contrôle interne de l’entité, le nombre
restreint d’associés.
Dès lors que le commissaire aux comptes est en mesure d’apprécier favorablement le comportement et l’éthique
professionnels du dirigeant, l’implication de ce dernier dans le processus d’autorisation et de contrôle des opéra-
tions, il pourra alléger les procédures mises en œuvre à l’issue de l’évaluation des risques notamment en :
–– privilégiant le contrôle de la réalité des créances clients par les encaissements intervenus sur la période subsé-
quente plutôt que par recours à des demandes de confirmation des clients ;
–– privilégiant le contrôle l’exhaustivité des dettes fournisseurs par rapport aux factures reçues ou aux règlements
effectués postérieurement à la clôture plutôt que par recours à des demandes de confirmation des fournis-
seurs ;
–– privilégiant un entretien avec le dirigeant pour identifier les événements postérieurs à la clôture ;
–– s’appuyant, pour le contrôle de certaines estimations comptables, sur l’examen du dénouement postérieur à la
clôture de l’exercice des opérations objets de ces estimations ;
–– utilisant les travaux réalisés par l’expert-comptable en tant qu’éléments collectés à l’appui de ses conclusions.
Dès lors que pour certains comptes il estime que ces travaux sont suffisants et appropriés, il se limite à mettre
en œuvre des procédures analytiques lui permettant de comprendre l’évolution des comptes concernés.
Le commissaire aux comptes intervenant dans ces entités doit faire explicitement référence à cette norme profes-
sionnelle spécifique dans sa lettre de mission.
–– la deuxième datée du 8 novembre 2011 relative à « l’autorévision ». Cette BPP est destinée à aider le commis-
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115
saire aux comptes à appréhender les situations susceptibles de créer une situation d'autorévision et de déter-
miner la procédure à respecter pour, le cas échéant, mettre en place des mesures de sauvegarde appropriées ;
–– la troisième datée du 14 avril 2014 relative à la révélation des faits délictueux au procureur de la République
qui est annexée à la circulaire du 18 avril 2014 du ministère de la Justice. Cette BPP est destinée à préciser les
modalités d’application relatives à l’obligation faite au commissaire aux comptes de révéler au procureur de la
République les faits délictueux dont il a eu connaissance ;
–– la quatrième datée du 19 décembre 2014 relative à l’appartenance à un réseau. Cette BPP a pour objectif
d’aider les commissaires aux comptes à analyser leur situation en regard des règles d’appartenance à un réseau
au sens de l’article 22 du Code de déontologie.
6 ♦ LA DOCTRINE PROFESSIONNELLE
La Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) publie régulièrement des réponses des diffé-
rentes Commissions ainsi que des ouvrages techniques qui constituent des éléments de doctrine. Ces réponses
publiées ne sont pas dotées de la valeur normative dont bénéficient les NEP. En revanche, elles sont estampillées
de l’autorité de la CNCC et contribuent à améliorer l’information des professionnels.
Parmi les publications de la CNCC, figurent, notamment :
–– des notes d’information (NI) qui ont pour finalité de préciser les modalités d’application des dispositions
légales et réglementaires mais aussi de préciser la mise en œuvre des normes d’exercice professionnel (NEP).
Par exemple, la NI n° 1 relative aux rapports du commissaire aux comptes sur les comptes annuels et conso-
lidés de novembre 2017 permet de proposer des exemples de rapports ;
–– des avis techniques qui précisent les diligences à effectuer lors de certaines missions. Par exemple, l’avis tech-
nique sur les délais de jugement de juillet 2017 ;
–– des études techniques et juridiques à propos du droit des sociétés et des responsabilités du commissaire aux
comptes ;
–– un bulletin d’information trimestriel faisant un point d’actualité sur les textes et publications concernant les
commissaires aux comptes ;
–– des réponses écrites en réponse à des saisines officielles des différentes Commissions sur des questions
posées par les commissaires aux comptes.
Les anciennes normes de la CNCC établies avant la Loi de Sécurité Financière du 1er août 2003, non contraire
aux lois et règlements et non remplacées par des NEP, ont une valeur d’usage contribuant à la bonne informa-
tion des commissaires aux comptes.
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116 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
La réforme européenne de l’audit via l’ordonnance du n° 2016-315 du 17 mars 2016 a introduit pour la pre-
mière fois une définition des Entités d’Intérêt Public (EIP) en France. Ces EIP se voient appliquer les dispositions
du règlement européen 537/2014 spécifique aux EIP. Lorsque des dispositions s’appliquent uniquement aux EIP,
il en sera expressément fait mention au sein des différentes fiches.1
Un cabinet est dit « cabinet EIP » lorsqu’il exerce au moins une mission de certification légale auprès d’une EIP ;
dans le cas contraire, le cabinet est dit « cabinet non EIP ».
Le tableau suivant présente une distinction entre les entités constituant des EIP de celles qui n’en constituent pas :
Entités constituant des EIP Entités ne constituant pas des EIP
Entités dont les titres (de capital ou de créance) sont cotés sur un
marché réglementé1 d’un État-Membre de l’UE (y compris OPCVM
cotés)
- Entreprises d’investissement
- Sociétés de financement
Établissements de crédit
- Établissements de paiement
- Établissements de monnaie électronique
Entreprises d’assurance dont : - Mutuelles du Livre III du Code de la mutualité
- Mutuelles - Mutuelles du Livre II du Code de la mutualité totalement
- Entreprises de réassurance substituées ou totalement réassurées
- Instituts de prévoyance - Organismes de sécurité sociale
Lorsque le total de leur bilan consolidé ou combiné excède 5 mil-
liards d’euros, les entités suivantes :
- Les compagnies financières holdings dont l’une des filiales est un
établissement de crédit ;
- Les compagnies financières holdings mixtes dont l’une des filiales
est une EIP ;
- Les sociétés de groupe d’assurance ;
- Les sociétés de groupe d’assurance mutuelle ;
Associations faisant appel public à la générosité (APG)
- Les unions mutualistes de groupe ;
- Les sociétés de groupe assurantiel de protection sociale.
Ce seuil doit être dépassé pendant deux exercices consécutifs. A
contrario, l’entité perd la qualification d’EIP lorsque ce seuil n’est
pas dépassé pendant deux exercices consécutifs.
Enfin, les dispositions spécifiques applicables aux EIP ne seront
applicables pour ces entités qu’aux exercices ouverts à compter du
1er janvier 2018.
Les fonds de retraite professionnelle supplémentaire.
Les mutuelles ou unions de retraite professionnelle supplémentaire.
Les institutions de retraite professionnelle supplémentaire.
1. Les marchés français Alternext et Marché Libre ne sont pas des marchés réglementés.
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Présentation des missions Fiche
du commissaire aux comptes 14
Le schéma général suivant permet de présenter de manière succincte l’ensemble des missions que le législateur a
attribué au commissaire aux comptes.
1 ♦ LA MISSION PERMANENTE
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
A – La mission générale
La mission générale du commissaire aux comptes comporte :
–– une mission d’audit légal conduisant à la certification des comptes ;
–– des missions de vérifications et informations spécifiques définies par la loi.
1) La mission d’audit légal des comptes
La mission d’audit légal correspond à la certification des comptes annuels et des comptes consolidés.
L’article L. 823-9, al. 1 du Code de commerce est l’article de base et dispose que les com-
missaires aux comptes certifient, en justifiant leurs appréciations, que les comptes annuels
sont réguliers et sincères et donnent une image fidèle du résultat des opérations de
Certification des comptes annuels l’exercice écoulé, de la situation financière et du patrimoine de la personne ou de l’entité à
(C. com., art. L. 823-9, al. 1) la fin de l’exercice.
La certification des comptes annuels est matérialisée au sein du rapport du commissaire
aux comptes sur les comptes annuels.
Lorsqu’une personne ou entité établit des comptes consolidés, la certification porte sur
l’ensemble constitué par les personnes ou entités comprises dans la consolidation.
La certification des comptes consolidés est matérialisée au sein du rapport
Certification des comptes conso-
du commissaire aux comptes sur les comptes consolidés.
lidés (C. com., art. L. 823-9, al. 2)
La certification des comptes consolidés est délivrée, notamment après examen des travaux
des commissaires aux comptes des entités comprises dans la consolidation ou, à défaut, des
professionnels chargés du contrôle de ces entités.
Dans leur rapport à l’assemblée générale ordinaire, les commissaires aux comptes disposent
de quatre possibilités de certification :
– la certification sans réserve en formulant, s’il y a lieu, toutes observations utiles ;
Nature de la certification des
– la certification avec réserve(s) ;
comptes annuels ou consolidés
– le refus de certification ;
(C. com., art. R. 823-7)
– l’impossibilité de certifier les comptes.
Ils justifient de leurs appréciations et précisent les motifs de leurs réserves, de leur refus ou
de leur impossibilité de certifier.
Les EIP ont l’obligation de se doter d’un comité spécialisé, également appelé comité d’audit.
Les commissaires aux comptes doivent adresser au comité d’audit un rapport complémen-
taire dont le contenu est fixé à l’article 11 du règlement européen 537/2014, notamment :
– déclaration d’indépendance ;
Rapport complémentaire destiné
au comité d’audit (EIP unique- – description des procédures utilisées ;
ment) – C. com., art. L. 823-16 III – indication des seuils de signification ;
– exposé des carences significatives détectées dans le système de contrôle financier interne ;
– mention des éventuelles difficultés rencontrées lors de la mission ;
–…
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Fiche 14 ♦ Présentation des missions du commissaire aux comptes
Les vérifications et informations spécifiques portent sur le respect de certaines dispositions légales et sur des
informations diverses prévues par la loi. À titre d'informations, elles concernent principalement :
–– les documents et rapports prévus dans le cadre de la prévention des difficultés des entreprises ;
–– le tableau d’activité et de résultats et le rapport semestriel ;
–– les conventions réglementées ;
–– les actions détenues par les administrateurs ou membres du conseil de surveillance ;
–– l'égalité entre les actionnaires ;
–– le rapport de gestion ;
–– les documents adressés aux actionnaires à l’occasion de l’assemblée générale ;
–– le montant global des rémunérations versées aux personnes les mieux rémunérées ;
–– la prise de participation et de contrôle et identité des personnes détenant le capital ;
–– la communication des irrégularités et des inexactitudes à l’assemblée générale ;
–– le montant global des sommes ouvrant droit aux déductions fiscales visées à l’article 238 bis AA du CGI.
Les conclusions du commissaire aux comptes sur les vérifications et informations spécifiques se matérialisent soit
au sein du rapport du commissaire aux comptes sur les comptes annuels ou consolidés, soit au sein de
rapports ou d’attestations spécifiques (exemple : rapport spécial sur les conventions réglementées).
–– Plafonnement des honoraires relatifs aux SACC dans les EIP uniquement
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121
Lorsque le commissaire aux comptes fournit à une entité d'intérêt public dont il est chargé de certifier les
comptes (ou à la personne qui la contrôle ou qui est contrôlée par elle au sens des I et II de l'article L. 233-3) des
services autres que la certification des comptes, le total des honoraires facturés pour ces autres services se limite
à 70 % de la moyenne des honoraires facturés au cours des trois derniers exercices pour le contrôle légal des
comptes et des états financiers consolidés de l'entité d'intérêt public et, le cas échéant, de la personne qui la
contrôle ou qui est contrôlée par elle (C. com., art. L. 823-18, II.).
Les services autres que la certification des comptes qui sont requis par la législation de l'Union ou par une dispo-
sition législative ou règlementaire sont exclus de ce calcul.
Le plafond ne s’applique qu’au « commissaire aux comptes ou cabinet d’audit » de l’entité auditée et ne
concerne pas les autres missions qui seraient réalisées par des membres du réseau du cabinet d’audit.
La CNCC a proposé une formule de détermination du plafonnement qui est la suivante :
Source : CNCC
Le H3C peut, à la demande du commissaire aux comptes, autoriser ce dernier, à titre exceptionnel, à dépasser ce
plafond pour une période de deux exercices maximum.
Il est enfin à noter que ces nouvelles règles entreront en vigueur à compter du quatrième exercice ouvert posté-
rieurement au 16 juin 2016 (dispositions transitoires).
–– Approbation par le comité d’audit uniquement dans les EIP
Les services autres que la certification des comptes non interdits peuvent être fournis par le commissaire aux
comptes ou les membres du réseau auquel il appartient à l'entité d'intérêt public dont il certifie les comptes, ou
aux personnes ou entités qui la contrôlent ou qui sont contrôlées par elle au sens des I et II de l'article L. 233-3, à
condition d'être approuvés par le comité d’audit. Ce comité se prononce après avoir analysé les risques pesant
sur l'indépendance du commissaire aux comptes et les mesures de sauvegarde appliquées par celui-ci (C. com.,
art. L. 822-11-2).
Constitution de sociétés par actions et de Sociétés par actions : C. com., art. L. 225-8, L. 225-14 et L. 227-1 (SAS)
sociétés à responsabilité limitée (1) SARL : C. com., art. L. 223-9
Augmentation de capital des sociétés par Sociétés par actions : C. com., art. L. 225-147 et L. 227-1 (SAS)
actions et des sociétés à responsabilité limitée (1) SARL : C. com., art. L. 223-33
Fusion, scission et apport partiel d’actif de Sociétés par actions : C. com., art. L. 236-10, L. 236-16, L. 236-22
sociétés par actions et à responsabilité limitée (2) SARL : C. com., art. L. 236-23 et L. 236-24
(1) Dans les SARL, les articles L. 223-9 et L. 223-33 du Code de commerce prévoient la possibilité de ne pas désigner de com-
missaire aux apports lors de la constitution ou à l'occasion d'une augmentation de capital si trois conditions cumulatives
sont réunies :
– unanimité des associés ;
– la valeur d’aucun apport en nature ne doit excèder 30 000 € ;
– la valeur totale de l’ensemble des apports en nature non soumis à l’évaluation d’un commissaire aux apports n’excède
pas la moitié du capital.
Les apports en nature faits lors de la constitution d’une SAS bénéficient également de cette dispense (C. com.,
art. L. 227-1) sous respect des trois conditions indiquées ci-dessus.
Enfin, les mêmes dispositions légales prévoient qu’il n’est pas obligatoire de nommer un commissaire aux apports lors de
la création d’une EURL ou d’une SASU constituée par apports en nature de l’activité professionnelle en nom propre de
l’associé unique.
(2) En cas de fusion dite simplifiée (l’absorbante détient la totalité du capital de l’absorbée), la désignation d’un
commissaire aux apports et d'un commissaire à la fusion n'est pas non plus obligatoire (C. com., art. L. 236-11).
Certains apports consentis à une société par actions peuvent être dispensés de désignation d’un commissaire aux
apports si les fondateurs, en cas de constitution, ou les dirigeants, en cas d’augmentation de capital, le décident.
Il s’agit des apports de biens suivants (C. com., art. L. 225-8-1 et L. 225-147-1) :
–– valeurs mobilières donnant accès au capital ou instruments du marché monétaire s’ils ont été évalués au prix
moyen pondéré auquel ils ont été négociés sur un ou plusieurs marchés réglementés durant les trois mois pré-
cédant la date de la réalisation effective de l’apport ;
–– autres éléments d’actif ayant été évalués, à l’occasion d’un précédent apport, par un commissaire aux apports
six mois au plus avant la réalisation effective du nouvel apport (réapport d’un bien).
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Fiche 14 ♦ Présentation des missions du commissaire aux comptes
Ces deux dispenses d’évaluation sont conditionnées au respect des conditions suivantes :
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–– dépôt au siège social avant l’opération de la décision de ne pas désigner un commissaire aux apports avec les
documents relatifs à la description et à l’évaluation des apports établis à l’origine ;
–– ces documents doivent comprendre une attestation précisant qu’aucune circonstance nouvelle n’est venue
modifier l’évaluation ;
–– dépôt des documents ci-dessus au greffe du tribunal avant l’opération.
2) Les modalités de désignation du commissaire aux apports
La loi no 2012-387 du 22 mars 2012 a simplifié les modalités de désignation du commissaire aux
apports en permettant une désignation à l’unanimité des associés. Cette possibilité de désignation à
l’unanimité des associés ne s’appliquait auparavant que dans le cas d’une constitution de SARL. Elle est
dorénavant étendue.
Dans les sociétés Ainsi :
– à la constitution de la société : la désignation est effectuée à l’unanimité des fondateurs ou, à défaut,
par décision de justice, à la demande des fondateurs ou de l’un d’entre eux ;
– en cours de vie sociale : la désignation est effectuée à l’unanimité des associés ou, à défaut, par déci-
sion de justice le plus souvent à la demande du représentant légal de la société concernée.
Dans les associations Le commissaire aux apports est choisi par les associations et fondations participant à l’opération. À
et fondations défaut d'accord, il est désigné par le président du tribunal de grande instance, statuant sur requête.
Interdictions et Les commissaires aux comptes de la société ne peuvent être désignés commissaires aux apports (C. déont.
incompatibilités comm. comptes, art. 10 pour les entités EIP et 10/1 pour les entités non EIP).
Les commissaires aux apports sont soumis au secret professionnel pour l’ensemble des informations qu’ils
sont amenés à connaître à l’occasion de leur mission. Comme pour le commissaire aux comptes, la viola-
Secret tion du secret professionnel par le commissaire aux apports est susceptible d’entraîner les mêmes sanc-
professionnel tions.
En l’absence de texte prévoyant une levée du secret, le commissaire aux comptes de l’entité est tenu au
secret professionnel à l’égard du commissaire aux apports (Bull. CNCC n° 139, 09/2005).
Préalablement à l’acceptation de sa mission, le commissaire aux apports apprécie dans quelle mesure il est
Compétence compétent pour assurer la mission qui lui est proposée. Il a néanmoins la possibilité de se faire assister par
un ou plusieurs experts de son choix (par exemple, en vue de l’appréciation de l’évaluation d’un brevet).
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124 Les Carrés du dec
Le commissaire aux apports a pour objectif de s’assurer, d’une part, de la réalité et de l’exhaustivité des apports
et, d’autre part, que la valeur des apports n’est pas surévaluée ou sous-évaluée.
Selon l’article R. 225-8 du Code de commerce, le rapport des commissaires aux apports décrit chacun des
apports, indique quel mode d’évaluation a été adopté et pourquoi il a été retenu, affirme que la valeur des
apports correspond au moins à la valeur du nominal des actions ou parts à émettre augmentée éventuellement,
selon le cas, de la prime de fusion, d’émission ou de scission.
B – Le commissariat à la fusion
1) Le champ d’intervention du commissaire à la fusion
Le recours à un ou plusieurs commissaires à la fusion s’effectue obligatoirement dans les cas de fusions et
scissions (et, par extension, apports partiels d’actifs) de sociétés par actions et de sociétés à responsabilité
limitée (C. com., art. L. 236-10). A contrario, leur intervention n’est pas requise lors de fusions d’autres
sociétés (par exemple, en cas de fusion entre deux sociétés en nom collectif ou entre deux sociétés civiles).
Principe Elle n’est pas requise non plus en cas de fusion entre une société par actions ou une SARL et une société
d’une autre forme.
Leur recours est également obligatoire en cas de fusion entre associations, fondations dotées de la per-
sonnalité morale et entre fondations dotées de la personnalité morale et associations lorsque la valeur
totale de l’ensemble des apports est au moins égale à 1 550 000 €.
Leur intervention est également écartée lorsque les associés ou actionnaires prennent cette décision à
l’unanimité dans toutes les sociétés participant à l’opération. À cette fin, les associés ou actionnaires
Exception
doivent être consultés avant que ne commence à courir le délai exigé pour la remise de ce rapport (c’est-
à-dire un mois avant l’assemblée générale extraordinaire statuant sur l’opération).
Fusion simplifiée
pour les filiales
à 100 %
Leur intervention n’est pas requise dès lors que, dès le dépôt du projet de fusion au greffe du tribunal de
(C. com.,
commerce jusqu’à la date de réalisation de l’opération, la société absorbante détient en permanence la
art. L. 236-11
totalité des actions ou parts représentant la totalité du capital des sociétés absorbées.
sociétés
par actions
et L. 236-23, SARL)
Ce dispositif ne concerne que les fusions entre sociétés par actions (SA, SCA, SAS).
Fusion simplifiée
pour les filiales L'intervention du commissaire à la fusion n’est pas requise dans les cas de fusion d’une filiale par sa
à 90 % société mère possédant 90 % ou plus des droits de vote, sans en détenir la totalité, si les actionnaires
(C. com., minoritaires se sont vu proposer, préalablement à la fusion, le rachat de leurs actions par la société absor-
bante. Le prix de rachat est fixé dans les conditions de l’article 1843-4 du Code civil (fixation par un expert
art. L. 236-11-1)
en cas de contestation).
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Fiche 14 ♦ Présentation des missions du commissaire aux comptes
Le ou les commissaires à la fusion sont désignés par décision de justice sur requête des représentants
légaux des sociétés concernées.
Dans les sociétés Il est possible de désigner un seul commissaire à la fusion pour les sociétés concernées par l’opération.
Dans ce cas, la demande de désignation devant le Tribunal de commerce se fera par requête conjointe.
L’intérêt de désigner un seul commissaire à la fusion est que ce dernier effectuera un seul rapport sur
l’opération pour l’ensemble des sociétés concernées.
Dans les associations Le commissaire à la fusion est choisi par les associations et fondations participant à l’opération. À
et fondations défaut d'accord, il est désigné par le président du tribunal de grande instance, statuant sur requête.
Les conditions d’accès à la profession de commissaire aux comptes sont fixées dans les parties légales et régle-
mentaires du Code de commerce.
1 ♦ LE PRINCIPE
L’article L. 822-1 du Code de commerce dispose : « Les fonctions de commissaire aux comptes sont exercées par
des personnes physiques ou par des sociétés inscrites sur une liste établie par le Haut conseil du commissariat
aux comptes ».
Cette liste est publiée sur le site internet du Haut conseil. Elle est mise à jour mensuellement compte tenu des
nouvelles inscriptions, des suppressions des noms résultant des décès ou des démissions, des omissions, des sus-
pensions, des interdictions temporaires, des radiations et de toute autre modification des mentions figurant sur
la liste (C. com., art. R. 822-13).
Les commissaires aux comptes inscrits sur la liste mentionnée indiquée ci-dessus sont rattachés à la compagnie
régionale de la cour d'appel dans le ressort de laquelle se trouve (C. com., art. R. 822-1) :
–– pour les personnes physiques, leur domicile ou l'établissement dans lequel elles exercent leur activité ;
–– pour les sociétés, leur siège social ou, lorsque celui-ci est situé à l'étranger, le premier établissement ouvert sur
le territoire national.
Les commissaires aux comptes inscrits peuvent exercer leur profession sur l'ensemble du territoire national.
–– n’avoir pas été l’auteur de faits contraires à l’honneur ou à la probité ayant donné lieu à condamnation
professionnelle et déontologie
pénale ;
–– n’avoir pas été l’auteur de faits de même nature ayant donné lieu à une sanction disciplinaire de radiation ;
–– n’avoir pas été frappé de faillite personnelle ou d’une mesure d’interdiction ou de déchéance ;
–– avoir accompli un stage professionnel jugé satisfaisant : article R. 822-3 du Code de commerce (extrait) : « Le
stage professionnel est d’une durée de trois ans. Il est accompli chez une personne physique ou dans une
société inscrite sur la liste des commissaires aux comptes. Il peut être également accompli :
a) dans la limite de deux ans, chez une personne agréée par un État membre de l'Union européenne pour
exercer le contrôle légal des comptes,
b) dans la limite d’un an, chez toute personne autre que celles qui exercent le contrôle légal des comptes en
France et dans les autres États membres de l'Union européenne et offrant des garanties suffisantes quant à la
formation des stagiaires » ;
–– avoir subi avec succès les épreuves du certificat d’aptitude aux fonctions de commissaires aux comptes
(CAFCAC) ou être titulaire du diplôme d’expertise comptable.
4 ♦ LA PROCÉDURE D’INSCRIPTION
L’article L. 822-8 du Code de commerce prévoit que l'inscription ainsi que l'établissement et la tenue de la liste
sont réalisés par le Haut conseil du commissariat aux comptes ou son délégataire. À cet effet, un arrêté du
25 avril 2017 a porté homologation d’une convention de délégation par le H3C à la CNCC de l’inscription et de
la tenue de la liste des commissaires aux comptes.
Ainsi, en application de cette convention de délégation, c’est la CNCC qui est dorénavant destinataire de l’en-
semble des demandes d’inscription, de radiation, d’omission de cette liste ou de modifications de mentions figu-
rant sur celle-ci.
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Fiche 15 ♦ L’accès à la profession de commissaire aux comptes
La procédure d'inscription est synthétisée au sein du tableau suivant (C. com., art. R. 822-9 et suiv.) :
•G
129
Étapes Commentaires
Déposée ou adressée par LRAR à la CNCC avec les pièces justificatives du candidat.
1. Demande d’inscription
Un dépôt par voie électronique est également possible.
À réception du dossier complet, la CNCC délivre au candidat un récépissé, qui l'informe que l'ab-
2. Accusé de réception de
sence de réponse dans un délai de quatre mois à compter de la délivrance du récépissé vaut déci-
la demande
sion d'inscription.
Il vérifie si le candidat remplit les conditions requises pour être inscrit et recueille tous renseigne-
3. Vérification par le H3C ments utiles avec demande du bulletin n° 2 du casier judiciaire.
Il peut convoquer le candidat afin de procéder à son audition.
Tout commissaire aux comptes doit prêter le serment, devant la Cour d’appel dont il relève, de remplir les
devoirs de sa profession « avec honneur, probité et indépendance, respecter et faire respecter les lois »
(C. com., art. L. 822-3). Le serment est prêté par écrit ou par oral devant le Premier président de la cour d’appel
dans le ressort de laquelle se situe la compagnie régionale à laquelle le commissaire aux comptes est rattaché.
5 ♦ L'APPEL
Les décisions rendues en matière d'inscription sont susceptibles de recours devant la juridiction administrative
(C. com., art. R. 822-19).
B – L'adhésion automatique
Lorsque le commissaire aux comptes s’inscrit auprès de la Compagnie des commissaires aux comptes, il adhère
automatiquement à un contrat d’assurance groupe souscrit par la Compagnie nationale des commissaires aux
comptes.
Le montant de la prime d’assurance est compris dans le montant de la cotisation annuelle.
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•G
130 Les Carrés
Les conditions d’exercice de la profession de commissaire aux comptes sont déterminées par le Code
de commerce et le Code de déontologie de la profession de commissaire aux comptes.
B – L’exercice en société
1) Principes
Dans les sociétés de commissaires aux comptes inscrites, les fonctions de commissaire aux comptes sont exer-
cées, au nom de la société, par les commissaires aux comptes personnes physiques associés, actionnaires ou
dirigeants de cette société qui signent le rapport destiné à l'organe appelé à statuer sur les comptes (C. com.,
art. L. 822-9, al. 1).
Lorsque le commissaire aux comptes opte pour exercer sa profession au sein d’une société, il lui appartient de
choisir la forme juridique de ladite société. En revanche, la liberté de choix du commissaire aux comptes connaît
deux exceptions. En effet, n’ayant pas la qualité de commerçant, le commissaire aux comptes ne peut pas choisir
d’exercer sous forme de société en nom collectif (SNC) et sous forme de société en commandite simple (SCS). Les
associés de la SNC (C. com., art. L. 221-1) et les associés commandités (C. com., art. L. 222-1) doivent obligatoi-
rement être dotés de la qualité de commerçant.
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•G
132 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
La société ne pourra être immatriculée au Registre du commerce et des sociétés et exercer la profession de com-
professionnelle et déontologie
missaire aux comptes qu’après son inscription sur la liste des commissaires aux comptes (C. com., art. R. 822-47).
L’exercice de la profession au sein d'une personne morale doit obéir aux conditions suivantes (on distinguera les
conditions liées à l’actionnariat et celles liées à la direction de la société) :
La majorité des droits de vote doivent être détenus par des commissaires aux comptes ou par des sociétés
de commissaires aux comptes.
L’admission de tout nouvel actionnaire ou associé est subordonnée à un agrément préalable qui, dans les
Conditions liées
conditions prévues par les statuts, peut être donné soit par l’assemblée des actionnaires ou des porteurs de
à l’actionnariat
parts, soit par le conseil d’administration ou le conseil de surveillance ou par les gérants selon le cas.
En cas de décès d'un actionnaire ou associé commissaire aux comptes, ses ayants droit disposent d'un délai
de deux ans pour céder leurs actions ou parts à un commissaire aux comptes.
Conditions liées
à la direction Les fonctions de gérant, de président du conseil d’administration ou du directoire, de président du conseil de
de la société de surveillance et de directeur général doivent être assurées par des commissaires aux comptes.
commissariat aux
comptes (C. com., La majorité au moins des membres des organes de gestion, d’administration, de direction ou de surveillance
L. 822-1-3, 2° doivent être des commissaires aux comptes.
et 3°)
Par principe, les fonctions de commissaire aux comptes ne peuvent être exercées qu’au sein d’une seule société
de commissaires aux comptes. Par dérogation, l’exercice de ces fonctions est possible simultanément au sein
d’une seconde société de commissaires aux comptes à la condition que la première société détienne plus de la
moitié du capital social de la seconde ou bien que les associés des deux entités soient communs pour au moins la
moitié d’entre eux (C. com., art. L. 822-9, dernier al.).
Enfin, il est également envisageable qu’un commissaire aux comptes détienne des mandats à titre personnel
d’une part, et en tant que représentant légal d’une société de commissariat aux comptes d’autre part.
2) Désignation du commissaire aux comptes signataire en cas de pluralité de commissaires aux
comptes associés, actionnaires ou dirigeants dans la société de commissariat aux comptes
La CNCC considère dans sa doctrine constante que « toute signature du rapport comporte la reconnaissance
d'une responsabilité dans le rapport établi. De ce fait, une telle situation implique que le ou les signa-
taires, possède(nt) personnellement une connaissance suffisante de la situation de l'entreprise et qu'il(s)
assume(nt) les décisions les plus significatives de la mission et notamment celles qui conduisent à l'expression de
l'opinion ». Ainsi, le ou les commissaires aux comptes qui sont désignés comme signataires sont les décision-
naires de l'opinion exprimée et maîtrisent suffisamment le dossier pour être en mesure de prendre la responsabi-
lité de l'opinion. À ce titre, le H3C (avis 2016-03) a considéré que le ou les signataires devront procéder à la
revue de certains travaux et notamment :
–– la prise de connaissance de l'entité, l'évaluation du risque d'anomalies significatives au niveau des comptes et
la détermination des seuils de signification ;
–– l'approche d'audit et le plan de mission ;
–– la lettre de mission ;
–– les procédures analytiques permettant la revue de la cohérence d'ensemble des comptes ;
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Fiche 16 ♦ Les conditions d’exercice de la profession de commissaire aux comptes
–– la communication avec les organes mentionnés à l'article L. 823-16 du Code de commerce et avec la direction
de l'entité ;
–– l'élaboration du rapport d'audit.
Par conséquent, les autres commissaires aux comptes associés, actionnaires ou dirigeants de la société de com-
missaires aux comptes qui ne sont pas désignés « signataires » n'ont pas à signer le rapport.
C – L’appartenance à un réseau
1) La définition d’un réseau
L’activité professionnelle est considérée comme étant exercée en réseau dès lors qu’il existe un intérêt écono-
mique commun entre les membres. Il n’existe pas de définition précise d’un « réseau ». Toutefois, il convient de
se reporter au Code de déontologie de la profession de commissaire aux comptes (art. 22) pour déterminer quels
sont les indices d’appartenance à un réseau tels que :
–– une direction ou une coordination communes au niveau national ou international ;
–– tout mécanisme conduisant à un partage des revenus ou des résultats ou à des transferts de rémunération ou
de coûts en France ou à l’étranger ;
–– la possibilité de commissions versées en rétribution d’apports d’affaires ;
–– une dénomination ou un signe distinctif communs ;
–– une clientèle habituelle commune ;
–– l’édition ou l’usage de documents destinés au public présentant le réseau ou chacun de ses membres et faisant
mention de compétences pluridisciplinaires ;
–– l’élaboration ou le développement d’outils techniques communs.
Ne constituent pas des indices caractérisant l'existence d'un réseau, l’élaboration ou le développement d’outils
techniques communs dans le cadre d’une association technique. Cette dernière a pour objectif et comme unique
objet l’élaboration ou le développement d'outils, le partage de connaissances ou l’échange d’expériences.
Une bonne pratique professionnelle (BPP du 19 décembre 2014) est destinée à aider les commissaires aux
comptes à analyser leur situation en regard des différents indices listés ci-dessus.
En cas de doute sur son appartenance à un réseau, le commissaire aux comptes saisit pour avis le Haut conseil du
commissariat aux comptes.
2) Les intérêts du réseau
L’exercice en réseau a pour finalité de regrouper des ressources dans un intérêt économique commun. Cet
intérêt peut, par exemple, être d’ordre géographique, l’appartenance à un réseau apportera grâce à une déno-
mination commune une représentation territoriale globale. L'appartenance à un réseau peut aussi être d’ordre
commercial, un cabinet membre pouvant s’appuyer sur la force du réseau pour répondre à des appels d’offre ou
proposer une offre de services pluridisciplinaire en s’appuyant sur les compétences spécifiques de chacun (droit
fiscal, droit des affaires, informatique...).
Il convient de souligner que l’appartenance à un réseau ne nécessite pas obligatoirement que soit constatée
l’existence de liens capitalistiques entre le réseau et les cabinets membres.
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134 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Le rôle d’une association technique est de fournir à ses membres des outils et des supports techniques que les
membres n’auraient pas pu développer individuellement par manque de ressources suffisantes. Une association
technique peut également réaliser des prestations de formation pour ses membres et être un lieu d’échange
d’expériences.
Contrairement au réseau, les membres d’une association technique conservent une totale indépendance dans la
direction et dans l’actionnariat de leur cabinet ainsi que dans l’exercice et la conduite de leurs missions.
Le Code de commerce dispose que le commissaire aux comptes ne peut prendre, recevoir ou conserver, directe-
ment ou indirectement, un intérêt auprès de la personne ou de l’entité dont il est chargé de certifier les
comptes, ou auprès d’une personne qui la contrôle ou qui est contrôlée par elle1 (art. L. 822-11-3).
Le Code de déontologie définit à cet effet les liens personnels, financiers et professionnels, concomitants ou
antérieurs à la mission du commissaire aux comptes, incompatibles avec l’exercice de celle-ci.
Ci-après, quelques extraits des articles du Code de déontologie. La version intégrale et à jour du code est acces-
sible sur le site public de la CNCC (www.cncc.fr).
Article 24 C. Déontologie – Définition des membres de la direction de la société et CAC soumis aux incompatibilités
et définition des fonctions sensibles au sein de l’entité auditée
Pour l’application du présent Code, est considérée comme membre de la direction d’une société de commissaires aux comptes
toute personne pouvant influer sur les opinions exprimées dans le cadre de la mission de contrôle légal ou qui dispose d’un
pouvoir décisionnel en ce qui concerne la gestion, la rémunération, la promotion ou la supervision des membres de l’équipe
chargée de cette mission.
Pour l’application de ces mêmes dispositions, est réputé exercer des fonctions dites « sensibles » au sein de la personne dont les
comptes sont certifiés :
a) toute personne ayant la qualité de mandataire social ;
b) tout préposé de la personne ou entité chargé de tenir les comptes ou d’élaborer les états financiers et les documents de
gestion ;
c) tout cadre dirigeant pouvant exercer une influence sur l’établissement de ces états et documents.
Article 25 C. Déontologie – Incompatibilités résultant de liens personnels
I.- Constitue un lien personnel, le lien entre :
1° Ascendant et descendant au premier degré ;
2° Les collatéraux au premier degré ;
3° Les conjoints, les personnes liées par un pacte civil de solidarité, ou les concubins (…).
II.- Est incompatible avec l'exercice de la mission de commissaire aux comptes tout lien personnel entre, d'une part, une per-
sonne occupant une fonction sensible au sein de la personne ou entité dont les comptes sont certifiés et, d'autre part :
1° Le commissaire aux comptes ;
2° L'un des membres de la direction de la société de commissaires aux comptes.
1. La notion de contrôle s'entend au sens des I et II de l'article L. 233-3 du Code de commerce :
« I. Toute personne, physique ou morale, est considérée (...) comme en contrôlant une autre :
1° Lorsqu'elle détient directement ou indirectement une fraction du capital lui conférant la majorité des droits de vote dans les
assemblées générales de cette société ;
2° Lorsqu'elle dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette société en vertu d'un accord conclu avec d'autres associés ou
actionnaires et qui n'est pas contraire à l'intérêt de la société ;
3° Lorsqu'elle détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions dans les assemblées générales de cette société ;
4° Lorsqu'elle est associée ou actionnaire de cette société et dispose du pouvoir de nommer ou de révoquer la majorité des membres
des organes d'administration, de direction ou de surveillance de cette société.
II. Elle est présumée exercer ce contrôle lorsqu'elle dispose directement ou indirectement, d'une fraction des droits de vote supé-
rieure à 40 % et qu'aucun autre associé ou actionnaire ne détient directement ou indirectement une fraction supérieure à la
sienne. »
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136 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
III.- Les liens définis au I sont incompatibles avec l'exercice de la mission de commissaire aux comptes lorsqu'ils sont établis entre,
professionnelle et déontologie
d'une part, une personne occupant une fonction sensible au sein de la personne ou de l'entité dont les comptes sont certifiés par
le commissaire aux comptes et, d'autre part, un associé ou un salarié du commissaire aux comptes, toute autre personne qui
participe à la mission de certification, ou un membre du réseau auquel appartient le commissaire aux comptes, si l'existence de
ces liens amènerait un tiers objectif, raisonnable et informé à conclure que, malgré les mesures de sauvegarde appliquées, l'indé-
pendance du commissaire aux comptes est compromise.
Le commissaire aux comptes doit également tenir compte des risques d'autorévision le conduisant à se pro-
•G
137
noncer ou à porter une appréciation sur des éléments résultant de prestations de service fournies par lui-même,
la société à laquelle il appartient, un membre de son réseau ou toute autre personne qui serait en mesure d'in-
fluer sur le résultat de la mission de certification (C. déont. comm. comptes, art. 11, I.).
En outre, en application de l'article L. 822-13 du Code de commerce, les anciens dirigeants (gérants, administra-
teurs, directeurs généraux, membres du directoire ou du conseil de surveillance) ainsi que les anciens salariés
d’une entité ne peuvent être nommés commissaire aux comptes moins de cinq années après la cessation de leurs
fonctions dans cette entité. Pendant ce même délai, ils ne peuvent être nommés commissaire aux comptes dans
les entités possédant 10 % du capital de l’entité dans laquelle ils exerçaient leurs fonctions ou dont celle-ci pos-
sédait 10 % du capital, lors de la cessation de leurs fonctions. Les mêmes interdictions s’appliquent aux sociétés
de commissaires aux comptes.
2) Le conseil et les prestations de services
Le Code de commerce apporte une distinction selon que l'entité est ou non d'intérêt public.
– Cas des entités d'intérêt public (EIP)
Il est interdit au commissaire aux comptes et aux membres du réseau auquel il appartient de fournir directement
ou indirectement à l'entité d'intérêt public dont il certifie les comptes, et aux personnes ou entités qui la
contrôlent ou qui sont contrôlées par elle et dont le siège social est situé dans l'Union européenne, les services
mentionnés au paragraphe 1 de l'article 5 du règlement (UE) n° 537/2014 du 16 avril 2014, ainsi que les services
portant atteinte à l'indépendance du commissaire aux comptes qui sont définis par le Code de déontologie
(C. com., art. L. 822-11, II).
Services autres que la certification des comptes interdits par le règlement européen
dont fait référence l'article 10 du Code de déontologie
✓ Fiscalité : préparation de déclarations, services liés aux taxes sur les salaires, aux droits de douane, identifi-
cation de subventions publiques et d’incitations fiscales, assistance en matière de contrôle fiscal, calcul d’im-
pôts directs et indirects et des impôts différés, conseils fiscaux
✓ Services impliquant d’être associé à la gestion ou à la prise de décisions de l’entité contrôlée
✓ Comptabilité : tenue, préparation de registres comptables et d’états financiers
✓ Paie
✓ Contrôle interne, gestion des risques, systèmes informatiques : conception ou mise en place de procé-
dures ou de systèmes relatifs à l’information financière
✓ Services d'évaluation
✓ Services juridiques : fourniture de conseils, négociation pour le compte de l’entité contrôlée, défense dans
la résolution d’un litige
✓ Audit interne : services liés à la fonction d’audit interne
✓ Services liés au financement, à l’allocation et à la structure du capital, à la stratégie d’investissement du
client d’audit, à l’exception de l’émission de services d’assurances en relation avec les états financiers incluant
l’émission de lettres de confort en lien avec les prospectus émis par l’entité contrôlée
✓ Promouvoir, vendre ou souscrire des actions de l’entité contrôlée
✓ Ressources humaines : recrutement de membres de la direction, structuration de l’organisation, contrôle
des coûts
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138 Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
Services autres que la certification des comptes interdits non prévus par le règlement européen
mais indiqués à l'article 10 du Code de déontologique
✓ Élaboration d'une information ou d'une communication financière
✓ Prestation de conseil en matière juridique, rédaction d'actes ou tenue du secrétariat juridique
✓ Missions de commissariat aux apports et à la fusion
✓ Prise en charge, même partielle, d'une prestation d'externalisation
✓ Maniement ou le séquestre de fonds
C – Les sanctions
Les délibérations prises sur un rapport de commissaire aux comptes demeuré en fonction malgré l’existence
d’une incompatibilité sont nulles (C. com., art. L. 820-3-1). L'action en nullité est éteinte si ces délibérations sont
expressément confirmées par l'organe compétent sur le rapport de commissaires aux comptes régulièrement
désignés.
Par ailleurs, le commissaire aux comptes qui aura accepté, exercé ou conservé ses fonctions malgré l'existence
d'une incompatibilité encourt une peine d'emprisonnement de six mois et une amende de 7 500 € (C. com., art.
L. 820-6).
Lorsqu’il se trouve exposé à des situations à risque, le commissaire aux comptes doit prendre immédiatement les
mesures de sauvegarde appropriées en vue, soit d'en éliminer la cause, soit d'en réduire les effets à un niveau qui
permette l'acceptation ou la poursuite de la mission en conformité avec la réglementation.
Il doit justifier qu'il a procédé à l'analyse de la situation et des risques et, le cas échéant, qu'il a pris les mesures
appropriées. Il ne peut accepter une mission ou sa poursuite que s'il est en mesure de justifier que son jugement
professionnel, l'expression de son opinion ou l'exercice de sa mission ne sont pas affectés.
En cas de doute sérieux ou de difficulté d’interprétation, il saisit pour avis le Haut conseil du
commissariat aux comptes (H3C).
En cas de doute sérieux ou de difficulté d’interprétation, le commissaire aux comptes a la possibilité de saisir la
Commission d’éthique professionnelle de la CNCC. Via le président de la CNCC, le H3C pourra éventuellement
être saisi.
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La nomination, l’acceptation
des fonctions et la lettre de mission Fiche
du commissaire aux comptes 17
En application des dispositions légales, la nomination du commissaire aux comptes est obligatoire pour certaines
entités, parfois dès leur constitution en fonction du franchissement de seuils fixés par la loi ou par décret. Cette
fiche présente les principaux cas de désignation obligatoire d’un commissaire aux comptes puis étudie les moda-
lités à respecter par le commissaire aux comptes préalablement à l’acceptation de la mission et au démarrage
effectif de ses travaux.
À la constitution de la société, il conviendra de distinguer selon que la société anonyme fasse ou non, offre au
professionnelle et déontologie
Désignation 1er cas : SAS dépassant, à la clôture d’un exercice, deux des trois seuils suivants :
obligatoire – total du chiffre d’affaires HT : 2 000 000 € ;
(2 cas) – total de bilan : 1 000 000 € ;
– nombre moyen de salariés permanents : vingt (1).
La désignation intervient l’exercice suivant celui au cours duquel les seuils ont été dépassés.
2e cas : SAS, sans condition de seuil, qui contrôle ou qui est contrôlée par une ou plusieurs sociétés
au sens des II et III de l’article L. 233-16 du Code de commerce (contrôle exclusif ou conjoint) quelle que
soit la forme ou la nationalité des sociétés concernées.
La nomination intervient pour l’exercice au cours duquel la situation de contrôle est intervenue (Bull.
CNCC no 157).
La CNCC estime que la SAS qui a acquis puis perdu le contrôle d'une société au cours du même exer-
cice n'est pas tenue de nommer un CAC si la situation de contrôle n'existe plus à la date où les associés
sont consultés (Bull. CNCC n° 165).
Désignation 1er cas : désignation volontaire par les associés selon le régime des décisions collectives prévu dans les
volontaire statuts.
(2 cas)
2e cas : demande possible en justice par un ou plusieurs associés représentant au moins 10 % du
capital.
Le commissaire aux comptes est désigné par ordonnance du président du tribunal de commerce statuant en
référé. L’opportunité de désigner ou non un commissaire aux comptes est laissée au juge.
(1)
Le nombre moyen de salariés permanents employés au cours de l’exercice est égal à la moyenne arithmétique
des effectifs liés à l’entreprise par un contrat de travail à la fin de chaque trimestre de l’exercice
comptable. Cette disposition s’applique également pour le calcul des effectifs dans la SARL et la SNC.
Les commissaires aux comptes doivent obligatoirement être désignés par décision collective
des associés (C. com., art. L. 227-9). Ainsi, toute désignation par le Président de la société ou par ses dirigeants
est nulle. Les conditions de la désignation sont fixées dans les statuts (par exemple, tenue d’une assemblée géné-
rale ou consultation écrite des associés).
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Fiche 17 ♦ La nomination, l’acceptation des fonctions et la lettre de mission du commissaire aux comptes
La désignation d’un commissaire aux comptes est obligatoire dans un cas ou volontaire dans deux cas (C. com.,
art. L. 223-35) :
Désignation SARL dépassant, à la clôture d’un exercice, deux des trois seuils suivants :
obligatoire – total du chiffre d’affaires HT : 3 100 000 € ;
– total de bilan : 1 550 000 € ;
– nombre moyen de salariés permanents : 50.
La désignation intervient l’exercice suivant celui où les seuils ont été dépassés.
Désignation 1er cas : désignation volontaire par les associés
volontaire 2e cas : demande possible en justice par un ou plusieurs associés représentant au moins 10 % du
capital
Le commissaire aux comptes est désigné par ordonnance du président du tribunal de commerce statuant en
référé. L’opportunité de désigner ou non un commissaire aux comptes est laissée au juge.
Les commissaires aux comptes sont nommés par décision collective ordinaire des associés (plus de la moitié
des parts sociales sur première consultation, majorité des votes émis quel que soit le nombre de votants sur
seconde consultation).
Si pendant l’exercice du mandat, les seuils ne sont plus atteints, la mission n’est pas pour autant interrompue.
Toutefois, si à la clôture des deux exercices qui précèdent la fin du mandat, les seuils ne sont plus atteints, le
commissariat aux comptes n’est plus obligatoire.
4) La nomination dans les sociétés en nom collectif (C. com., art. L. 221-9)
La nomination des commissaires aux comptes est sensiblement identique à celle de la société à responsabilité
limitée à l’exception des points suivants :
–– la désignation facultative par les associés est prise selon les conditions de majorité prévues dans les statuts ou,
à défaut de clause statutaire, à l’unanimité ;
–– la désignation par ordonnance du président du tribunal de commerce peut être faite à la demande d’un
associé peu importe sa participation dans le capital de la société (10 % dans la SARL).
5) La nomination dans les sociétés en commandite simple
Il doit être fait application des règles de la société en nom collectif (C. com., art. L. 222-2).
6) La nomination dans les sociétés en commandite par actions
Le ou les commissaires aux comptes sont désignés par l’assemblée générale ordinaire (C. com., art. L. 226-6) sur
proposition du conseil de surveillance. Les conditions de leur nomination sont identiques à celles de la société
anonyme.
L’intervention d’un commissaire aux comptes est obligatoire dans deux cas (C. com., art. L. 251-12, al. 3) :
–– le groupement d’intérêt économique émet des obligations ;
–– le groupement d’intérêt économique emploie au moins cent salariés à la clôture d’un exercice. Si, pendant
l’exercice du mandat, le seuil n’est plus atteint, la mission se poursuit néanmoins. Toutefois, si à la clôture des
deux exercices qui précèdent la fin du mandat, le seuil n’est plus atteint, le commissariat aux comptes n’est
plus obligatoire et il peut être mis fin à la mission du commissaire aux comptes en place.
2) La nomination dans les sociétés civiles
L’intervention d’un commissaire aux comptes n’est obligatoire que dans deux cas :
–– lorsqu’il s’agit d’une société civile de placement immobilier (C. mon. fin., art. L. 214-110) ;
–– lorsque la société civile a une activité économique et dépasse à la clôture d’un exercice au moins deux des
trois seuils suivants (C. com., art. L. 612-1) :
• total du bilan : 1 550 000 €,
• chiffre d’affaires hors taxes : 3 100 000 €,
• nombre moyen de salariés : 50.
3) La nomination dans les associations et fondations
Les cas principaux de désignation obligatoire d’au moins un commissaire aux comptes titulaire et un suppléant
sont les suivants :
–– associations ayant une activité économique et dépassant à la clôture d’un exercice au moins deux des trois
seuils suivants (C. com., art. L. 612-1) :
• total du bilan : 1 550 000 €,
• chiffre d’affaires hors taxes : 3 100 000 €,
• nombre moyen de salariés : 50.
La nomination intervient l’exercice suivant celui du dépassement des seuils ;
–– associations bénéficiant de subventions publiques supérieures à 153 000 € annuel (C. com., art. L. 612-4) ;
la nomination intervient dès l’année où le seuil est franchi ;
–– associations et fondations recevant annuellement plus de 153 000 € de dons ouvrant droit à avantage fiscal
(décret 2007-644 du 30/04/2007). La nomination intervient dès l’année où le seuil est franchi ;
–– les fondations reconnues d’utilité publique et les fondations d’entreprise (loi du 23 juillet 1987).
4) La nomination dans les partis et groupements politiques
La nomination d’au moins deux commissaires aux comptes est obligatoire si les ressources annuelles du parti ou
du groupement dépassent 230 000 €. En deçà de ce seuil, un commissaire aux comptes doit être nommé
(art. 11-7 de la loi du 11 mars 1988 modifié par la loi du 6 mars 2017).
5) La nomination dans les syndicats professionnels de salariés ou d’employeurs
La nomination d’un commissaire aux comptes est obligatoire lorsque le syndicat franchit le seuil de 230 000 € de
ressources annuelles (C. trav., art. L. 2135-6). La nomination intervient l’exercice suivant celui du dépassement
du seuil.
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Fiche 17 ♦ La nomination, l’acceptation des fonctions et la lettre de mission du commissaire aux comptes
De nouvelles entités du secteur public sont progressivement soumises au contrôle des commissaires aux comptes,
après le monde consulaire (CCI et chambres des métiers) et celui des universités, le Code de la santé publique
(C. santé publ., art. L. 6145-16 – décrets n° 2013-1238 et n° 2013-1239 du 23 décembre 2013 et arrêtés des
23 décembre 2013, 21 février 2014 et 1er août 2014) prévoit la certification progressive des Établissements
publics de santé (total des produits supérieurs à 100 M€). De même, les GCS et les GCSMS de droit privé –
Groupements de coopération sanitaire (C. santé publ., art. L. 6133-5) et les Groupements de coopération sani-
taire médico-sociale (CASF, art. L. 312-7) – sont soumis au commissariat aux comptes sans condition de seuils.
7) La nomination dans les comités d’entreprise (CE)
ou les comités sociaux et économiques (CSE)
La loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale, a
fixé dans son article 32, les obligations comptables applicables aux comités d’entreprise.
L’article L. 2325-45 du Code du travail précise les obligations comptables des comités d’entreprise (C. trav., art.
L. 2315-64 pour les CSE) qui devront être certifiés par un commissaire aux comptes rémunéré par le comité sur
son budget des activités économiques et professionnelles (AEP) de 0,2 % qui devra être distinct de celui ou ceux
de l’entreprise. Cette nouvelle mission concerne les CE/CSE dont les données excèdent 2 des 3 seuils suivants :
3,1 M€ de ressources nettes globales – 1,55 M€ de total de bilan et 50 salariés. Par ailleurs, dès lors que le
comité d’entreprise sera tenu d’établir des comptes consolidés, il devra nommer deux commissaires aux comptes
en application de l'article L. 823-2 du Code de commerce.
Cette obligation de certification des comptes des comités s’applique à compter des exercices ouverts au
1er janvier 2016.
–– en présence de faits délictueux durant la période de régularisation, ils doivent être révélés au procureur de la
professionnelle et déontologie
République ;
–– dans les sociétés commerciales, la régularisation porte tout au plus sur les trois exercices précédents (prescrip-
tion de l’article L. 235-9, al. 1 du Code de commerce) ;
–– dans les autres entités, la régularisation porte tout au plus sur les cinq exercices précédents (prescription
extinctive de droit commun – art. 2224 du Code civil) ;
–– il est possible d’établir un rapport unique pour l’ensemble des exercices régularisés à la condition que chaque
exercice antérieur soit distinctement analysé dans le rapport unique.
La CNCC estime (Bull. CNCC 114, juin 1999) que le défaut de désignation de commissaires aux comptes sup-
pléants ne serait pas sanctionné par la nullité puisque le commissaire aux comptes titulaire a exercé sa mission.
Si l’assemblée générale omet de désigner un commissaire aux comptes, tout membre de l’assemblée pourra
demander en justice la désignation d’un commissaire aux comptes. Ce dernier, nommé par décision de justice,
restera en fonction jusqu’à la nomination régulière d’un commissaire aux comptes par l’assemblée générale
(C. com., art. L. 823-4).
Sur le plan pénal, des sanctions sont également prévues. Ainsi, les dirigeants qui n’auraient pas provoqué leur
désignation encourent un emprisonnement de deux ans et une amende de 30 000 € (C. com., art. L. 820-4, 1°).
En revanche, cette sanction pénale ne s'applique pas en cas de défaut de désignation d'un commissaire aux
comptes suppléant (Bull. CNCC 174, juin 2014).
Les sanctions civiles et pénales présentées ci-dessus s'appliquent également en cas de défaut de désignation
d'un second commissaire aux comptes alors que l'entité y est légalement tenue (Bull. CNCC 150, juin 2008). Sur
l'obligation de désigner un second commissaire aux comptes, voir Fiche 19.
L'article L. 823-8-1 du Code de commerce permet à l’assemblée générale des associés (ou à l’organe équivalent)
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des sociétés commerciales, sur proposition de l’organe collégial chargé de l’administration ou de l’organe chargé
de la direction, d’autoriser les commissaires aux comptes à adresser directement au tribunal la copie des docu-
ments relatifs à leur nomination et à leur démission. Il en est de même pour les rapports devant faire l’objet d’un
dépôt et les documents qui y sont joints. La décision de l’assemblée est réversible.
La Chancellerie (courrier du 16 octobre 2012) a précisé que seuls les rapports et documents préparés par le com-
missaire aux comptes sont concernés par l’autorisation de dépôt. La CNCC (EJ 2012-100) a précisé que le com-
missaire aux comptes était libre d’accepter comme de refuser cette mission. Son acceptation engendre à sa
charge une obligation de résultat à l’égard de la société.
d’une entreprise comporte des risques d’anomalies significatives, il proposera un budget suffisant permettant
professionnelle et déontologie
raires perçus par le réseau au titre des services autres que la certification des comptes fournies éventuellement à
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l'entité. Il doit pouvoir justifier, y compris au cours de son mandat, de son appartenance ou non à un réseau
(C. déont., art. 22).
Ces informations sont mises à la disposition des actionnaires préalablement à l’assemblée générale qui se pro-
noncera sur la désignation du ou des commissaires aux comptes. Elles sont en outre actualisées chaque année et
mises à disposition des actionnaires (ou adhérents et donateurs pour les associations) au siège de l’entité
contrôlée.
–– La réalisation antérieure de missions de commissariat aux apports ou à la fusion
Lorsque le commissaire aux comptes a vérifié, au cours des deux derniers exercices, des opérations d’apport ou
de fusion de la société ou des sociétés qu’elle contrôle, le projet de résolution soumis à l’assemblée portant sur
la nomination du commissaire aux comptes doit en faire état (C. com., art. L. 823-1).
4) Les obligations dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux
et le financement du terrorisme
Ces obligations sont indiquées au sein de la NEP 9605 portant sur les obligations du commissaire aux comptes
relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Ainsi, avant d’accepter le mandat, le commissaire aux comptes :
–– identifie l’entité (le client) et, le cas échéant, le bénéficiaire effectif de la mission par des moyens adaptés et
vérifie ces éléments d’identification sur présentation de tout document écrit probant (statuts, extrait K-Bis de
moins de trois mois…) ;
–– recueille par ailleurs tout élément d’information pertinent sur l’entité.
Le commissaire aux comptes n’est pas soumis aux obligations de vigilance mentionnées précédemment lorsqu’il
n’existe pas de soupçon de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme et que l’entité ou, le cas
échéant, le bénéficiaire effectif est :
–– une banque, une entreprise d’assurance, une institution de retraite ou une mutuelle régie par le Livre II du
Code de la mutualité ;
–– une société cotée dont les titres sont admis à la négociation sur au moins un marché réglementé en France ou
dans un État partie à l’accord sur l’Espace économique européen ou dans un pays tiers imposant des exigences
de publicité compatibles avec la législation communautaire, figurant sur une liste arrêtée par le ministre chargé
de l’Économie ;
–– une autorité publique ou un organisme public.
Par « bénéficiaire effectif », on entend la ou les personnes physiques (C. mon. fin., art. L. 561-2-2) :
–– soit qui contrôlent en dernier lieu, directement ou indirectement le client ;
–– soit pour laquelle une opération est exécutée ou une activité exercée.
Lorsque le client est une société, on entend par bénéficiaire effectif de l'opération la ou les personnes physiques
qui soit détiennent, directement ou indirectement, plus de 25 % du capital ou des droits de vote, soit exercent,
par tout autre moyen, un pouvoir de contrôle sur leurs organes de gestion, d'administration ou de direction ou
sur l'assemblée générale des associés (C. mon. fin., art. R. 561-1).
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150 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Si le commissaire aux comptes n’est pas en mesure d’identifier l’entité, il n’accepte pas le mandat (NEP, § 09). S’il
professionnelle et déontologie
n’est pas en mesure d’identifier le bénéficiaire effectif, il peut décider de ne pas accepter le mandat. S’il l’ac-
cepte, le commissaire aux comptes renforcera sa vigilance sur le risque de blanchiment de capitaux ou de finan-
cement du terrorisme tout au long de son mandat (NEP, § 11).
Pendant la durée du mandat, le commissaire aux comptes doit maintenir une connaissance adéquate de l’entité
adaptée au risque de blanchiment.
3) Délai de viduité applicable dans certains cas (C. com., art. L. 822-11 I et art. 14, II)
Il est interdit au commissaire aux comptes d'accepter une mission de certification auprès d'une entité d'intérêt
public, lorsqu'au cours de l'exercice précédant celui dont les comptes doivent être certifiés, ce dernier ou tout
membre du réseau auquel il appartient a fourni, directement ou indirectement, à l'entité d'intérêt public, ou aux
personnes ou entités qui la contrôlent ou qui sont contrôlées par elle dans l'Union européenne, les services men-
tionnés au paragraphe 1 de l'article 5 du règlement (UE) n° 537/2014 du 16 avril 2014.
Il s’agit concrètement des services suivants :
–– conception et mise en œuvre de procédures de contrôle interne ou de gestion des risques en rapport avec la
préparation et/ou le contrôle de l’information financière ;
–– mise en œuvre de systèmes techniques relatifs à l’information financière.
3 ♦ LA LETTRE DE MISSION
Les principes que doit respecter le commissaire aux comptes dans l’établissement de la mission sont indiqués au
sein de la Norme d’exercice professionnel 210 (NEP 210).
A – L'objectif
La lettre de mission est destinée à prévenir tout malentendu ou litige sur les termes et conditions de la mission.
En effet, bien que la mission du commissaire aux comptes soit une mission légale, l’ensemble des conditions de
déroulement de la mission est à apprécier entre l’entité et le commissaire aux comptes. Par exemple, si le nombre
d’heures de travail nécessaire aux travaux du commissaire aux comptes est fixé dans le Code de commerce, il ne
prévoit pas de taux horaire d’intervention. La lettre de mission permettra de pallier tout malentendu à ce sujet.
–– la survenance d’un événement (fusion-absorption d’une autre société...) ou d’une demande de l’entité (audit
professionnelle et déontologie
D – Le contenu
La lettre de mission doit comporter les éléments suivants :
–– nature et étendue des interventions à mener ;
–– la façon dont seront portées à la connaissance des organes dirigeants les conclusions issues des interventions ;
–– les dispositions relatives aux signataires, aux intervenants et au calendrier ;
–– la nécessité de l’accès sans restriction à tout document comptable, pièce justificative ou autre information
demandée ;
–– le rappel des informations et documents qui doivent être communiqués ou mis à la disposition du commissaire
aux comptes ;
–– le souhait de recevoir une confirmation écrite des déclarations faites par les dirigeants au commissaire aux
comptes ;
–– le budget d’honoraires et les conditions de facturation.
Ces éléments peuvent être complétés par tout élément que le commissaire aux comptes juge utile d’ajouter.
Enfin, dans certaines circonstances, la lettre de mission doit être complétée par les éléments suivants :
–– en cas d’intervention dans un ensemble consolidé, la nature et l’étendue des travaux à mettre en œuvre dans
cet ensemble ;
–– en cas de recours par le commissaire aux comptes à d’autres professionnels ou experts, les dispo-
sitions relatives à leur participation ;
–– en cas d’implication d’auditeurs internes ou d’autres employés de l’entité contrôlée, les dispo-
sitions relatives à leur participation ;
– en cas de co-commissariat, la répartition des travaux entre les commissaires aux comptes et le budget d’hono-
raires alloué à chacun d’eux ;
– en cas d’intervention dans le cadre de services autres que la certification des comptes (SACC) ou de missions
légales particulières (transformation, acomptes sur dividendes...) la nature et l’étendue des travaux à mettre en
œuvre.
Par ailleurs, suite à l'entrée en vigueur du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), la CNCC a
proposé des clauses spécifiques à joindre à la lettre de mission (communiqué du 26 juillet 2018 sur le site de la
CNCC). Ces clauses précisent les modalités d'intervention et la nature des traitements des données à caractère
personnel collectées dans le cadre de la mission.
E – La demande d’accord
Le commissaire aux comptes doit demander à l’entité d’accuser réception de la lettre et de confirmer son
accord sur son contenu. En pratique, le commissaire aux comptes demande à l’entité de lui faire parvenir par
retour de courrier un exemplaire original signé de la lettre de mission.
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La cessation des fonctions Fiche
du commissaire aux comptes 18
Cette fiche présente les causes et les conditions de la cessation des fonctions du commissaire aux comptes, cette
dernière ne pouvant intervenir que dans des cas précis sous le respect de conditions strictes.
1. Dans les sociétés dont les actions sont admises aux négociations sur un marché réglementé, les actionnaires justifiant d’une
inscription nominative depuis au moins deux ans et détenant ensemble au moins 5 % des droits de vote peuvent se regrouper en
associations destinées à représenter leurs intérêts au sein de la société (...).
Toutefois, lorsque le capital de la société est supérieur à 750 000 €, la part des droits de vote à représenter en application de l’alinéa
précédent est, selon l’importance des droits de vote afférent au capital, réduite ainsi qu’il suit :
– 4 % entre 750 000 € et 4 500 000 € ;
– 3 % entre 4 500 000 € et 7 500 000 € ;
– 2 % entre 7 500 000 € et 15 000 000 € ;
–– 5 % au moins de la totalité des membres de l’assemblée générale ou de l’organe compétent dans les per-
professionnelle et déontologie
Comme pour la demande en récusation, la demande en relèvement judiciaire doit être portée devant le tribunal
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de commerce du siège social de la personne morale contrôlée qui statue en la forme des référés (C. com.,
art. R. 823-5). Le délai d’appel de la décision du tribunal est de quinze jours et l’appel est suspensif. S’il est fait
droit à la demande, le commissaire aux comptes révoqué est remplacé par son suppléant pour la durée restant à
courir du mandat. L’assemblée générale désignera par la suite un nouveau suppléant.
Conséquences Désignation d’un nouveau CAC par le tribunal. Le CAC relevé est remplacé par le suppléant.
(a) Dans les personnes autres que les sociétés commerciales, 5 % au moins de la totalité des membres de l’assemblée générale
ou de l’organe compétent.
(b) Ne concerne que les entités dont les titres financiers sont admis aux négociations sur un marché réglementé.
B – Démission
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
Le commissaire aux comptes doit cesser ses fonctions dès qu’il a connaissance d’une incapacité (interdiction tem-
poraire d’exercer, radiation de la liste...) ou d’une incompatibilité. Il devra donc démissionner sinon il s’exposerait
à la mise en œuvre d’une procédure de relèvement judiciaire (voir 1-B).
D – Dissolution de l’entité
En cas de liquidation amiable, le mandat du commissaire aux comptes cessera uniquement lors de la dissolu-
tion si les statuts ou l’assemblée des associés le prévoient. À défaut, il demeurera en fonction jusqu’à la clôture
de la liquidation. Il présentera ainsi ses rapports à chaque assemblée générale ordinaire d'approbation des
comptes des exercices clos pendant la durée de la période de liquidation. En l'absence d'obligation spécifique, il
n'a pas à présenter de rapport ni sur la période allant du dernier exercice contrôlé au jour de la liquidation ni sur
les comptes définitifs de liquidation.
En cas de liquidation judiciaire, c'est avec la clôture de la liquidation judiciaire prononcée pour insuffisance
d'actifs que la société prend fin. La société survit par conséquent durant toute la durée de la liquidation judi-
ciaire, ses dirigeants restent en place et le commissaire aux comptes demeure en fonction jusqu'au terme.
Une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire ne met pas fin au mandat du commissaire aux
comptes.
Ainsi, si l’on prend l’exemple d’une transformation d’une SA en SARL, deux solutions se dégagent :
professionnelle et déontologie
–– la forme sociale nouvelle franchit les seuils : poursuite du mandat du commissaire aux comptes pour la durée
du mandat restant à courir ;
–– la forme sociale nouvelle ne franchit pas les seuils : fin du mandat au jour de la transformation sauf décision
contraire des associés. Ils devront alors confier un nouveau mandat de six exercices.
H – Sanctions disciplinaires
La cessation des fonctions se produira en cas de suspension temporaire ou de radiation :
–– en cas de suspension temporaire, le commissaire aux comptes est remplacé par son suppléant jusqu’à la fin
de sa période de suspension. Lorsque la suspension aura cessé, le titulaire reprendra alors ses fonctions après
l’approbation des comptes par l’assemblée générale pour la durée restant à courir du mandat ;
–– en cas de radiation, il est également remplacé par son suppléant pour la durée du mandat restant
à courir.
L’exercice du mandat du commissaire aux comptes est fortement réglementé notamment sur sa durée et sur son
renouvellement. Le Code de commerce prévoit également la nomination d’un commissaire aux comptes sup-
pléant et, dans certains cas, un co-commissariat aux comptes. Enfin, la fixation des honoraires est également
encadrée.
B – Le renouvellement
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
1) Le principe
Les commissaires aux comptes sont, sauf dispositions spécifiques, applicables aux EIP (voir 2) ci-dessous), renou-
velables indéfiniment. Le renouvellement ne doit pas être tacite. Cela signifie que seule l’assemblée générale
doit décider de leur renouvellement et le projet de résolution doit être inscrit à l’ordre du jour.
Lorsqu’à l’expiration des fonctions, il est proposé à l’assemblée de ne pas les renouveler, les
commissaires aux comptes doivent être, s’ils le demandent, entendus par l’assemblée générale (C. com.,
art. L. 823-8).
Le renouvellement ne doit intervenir qu'au terme du mandat. Dès lors, une résolution de nomination ou de
renouvellement par anticipation du mandat des CAC (EJ 2003-125, Bull. 132, décembre 2003) n'est pas conforme
aux dispositions légales du Code de commerce et est susceptible d’être annulée (C. com., art. L. 820-3-1).
En cas de non-renouvellement, l'ordre du jour de l'assemblée d'une société qui constate le non-renouvellement
à son expiration de la mission du commissaire aux comptes en place doit prévoir la nomination de son succes-
seur. Le nouveau commissaire aux comptes doit donc être nommé au cours de la même assemblée que celle qui
constate la fin du mandat du commissaire en place. Dans le cas où des circonstances exceptionnelles n'auraient
pas permis de nommer le nouveau commissaire aux comptes au cours de cette assemblée, la société doit mettre
à l'ordre du jour la convocation d'une prochaine assemblée au cours de laquelle le commissaire aux comptes sera
nommé (Bull. CNCC n° 178, juin 2015). Si cette résolution ne figure pas à l’ordre du jour, le commissaire aux
comptes sera amené à signaler l’irrégularité et à la révéler au procureur de la République.
2) Règles spécifiques applicables aux EIP
La réforme européenne de l'audit a introduit des évolutions significatives se caractérisant par une rotation obli-
gatoire des commissaires aux comptes et des cabinets d'audit EIP.
–– En ce qui concerne la rotation des mandats (C. com., art. L. 823-3-1)
En cas de commissaire aux comptes unique, la durée maximale du mandat est dorénavant de 10 ans, avec la
possibilité en cas d'appel d'offres, d'une extension pour six exercices.
En cas de co-commissariat, la durée maximale du mandat est portée à 24 ans.
À la demande de l'EIP, le H3C peut autoriser, à titre exceptionnel, la prorogation du mandat du commissaire aux
comptes pour une durée qui ne peut excéder deux ans.
En outre, le commissaire aux comptes ou, le cas échéant, un membre de son réseau au sein de l'Union euro-
péenne ne peut accepter de mandat auprès de l'entité d'intérêt public dont il a certifié les comptes avant l'expi-
ration d'une période de quatre ans suivant la fin de son mandat.
L'ancienneté des mandats cumulée est calculée à partir de la date du premier exercice contrôlé d'une même EIP
par un commissaire aux comptes ou un cabinet d'audit (dispositions transitoires applicables pour les mandats
actuels). Dans le cas d'une société qui devient une EIP au cours de sa vie sociale suite à son admission sur le
marché réglementé, le critère déclenchant le décompte à partir duquel la durée du mandat est calculée, corres-
pond à l'admission des titres sur un marché réglementé (cf. Avis du H3C 2015-02 du 1er octobre 2015). Le H3C
peut être saisi par tout commissaire aux comptes d'une question relative à la détermination de la date de départ
du mandat initial.
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Fiche 19 ♦ Le mandat du commissaire aux comptes
Le commissaire aux comptes, personne physique, et dans les sociétés de commissaires aux comptes, les commis-
saires aux comptes personnes physiques associés, actionnaires ou dirigeants de cette société qui signent le
rapport destiné à l'organe appelé à statuer sur les comptes, ne peuvent certifier durant plus de six exercices
consécutifs, dans la limite de sept années, les comptes des entités d'intérêt public.
Ils peuvent à nouveau participer à une mission de contrôle légal des comptes de ces personnes ou entités à l'ex-
piration d'un délai de trois ans à compter de la date de clôture du sixième exercice qu'ils ont certifié.
Les dispositions précédentes sont applicables à la certification des comptes des filiales importantes d'une entité
d'intérêt public lorsque l'entité d'intérêt public et sa filiale ont désigné le même commissaire aux comptes.
N.B. : bien que n'étant pas qualifiées d'EIP, les personnes morales de droit privé non commerçantes ayant une
activité économique (visées à l'article L. 612-1 du Code de commerce) et les associations subventionnées (visées
à l'article L. 612-4 du Code de commerce) dès lors qu'elles font appel à la générosité publique restent sou-
mises à la rotation des signataires et au délai de viduité de trois ans.
En revanche, rien ne s'oppose à ce qu'une société de commissaires aux comptes soit le suppléant de l'un de ses
professionnelle et déontologie
dirigeants ou actionnaires, commissaire aux comptes titulaire, dans la mesure où le signataire qui exercera les
fonctions de commissaire aux comptes au nom de la société sera différent du titulaire personne physique.
Dans le cas d'empêchement de ce dernier c'est, en effet, la personne morale qui lui succède avec un signataire
autre que l'ancien commissaire aux comptes (Bull. CNCC n° 136, décembre 2004).
1. Aux termes de l’article L. 233-16 du Code de commerce, il est fait obligation aux sociétés commerciales d’établir et de publier des
comptes consolidés, dès lors qu’elles contrôlent de manière exclusive ou conjointe une ou plusieurs autres entreprises. Les entre-
prises sous influence notable ne sont pas prises en compte pour déterminer l'obligation d'établir des comptes consolidés. Toutefois,
si une société commerciale doit en établir, les entreprises sous influence notable seront incluses dans le périmètre des comptes
consolidés (C. com., art. L. 233-17-2).
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164 Les Carrés du dec
Lorsqu’une entité est dotée de plusieurs commissaires aux comptes, ceux-ci constituent l’organe de contrôle
légal de l’entité. Ils ne peuvent accepter le mandat qu’à la condition d’appartenir à des cabinets distincts, c’est-à-
dire sans dirigeants communs et sans liens capitalistiques ou financiers. Ils ne doivent pas non plus appartenir à
un même réseau.
Le commissaire aux comptes a donc la possibilité d’obtenir communication de tout document qu’il juge utile à
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165
l’accomplissement de sa mission. La réalisation de sa mission peut se dérouler à toute époque de l’année et non
uniquement lors de la phase d’arrêté des comptes. On parle ainsi de permanence de la mission du commis-
saire aux comptes.
C – Les sanctions
Le fait de faire obstacle aux vérifications ou contrôles du commissaire aux comptes ou de refuser de leur commu-
niquer sur place toutes pièces utiles à l’exercice de leur mission est constitutif du délit d’entrave. Ce délit vise
les dirigeants ou toute personne ou entité au service d’une personne morale ayant un commissaire aux comptes.
Le commissaire aux comptes est ainsi détenteur d’une « parcelle » d’autorité publique.
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166 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Le délit d’entrave est puni d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 75 000 € (C. com.,
professionnelle et déontologie
5 ♦ LA RÉMUNÉRATION
Les honoraires des commissaires aux comptes sont fixés en fonction du nombre d’heures indiqué dans le pro-
gramme de travail et d’un taux de vacation horaire défini avec le client. La rémunération doit être en rapport
avec l’importance des diligences à mettre en œuvre, compte tenu de la taille, de la nature et de la complexité des
activités de l’entité (C. déont., art. 29). C’est ainsi que le Code de déontologie consacre le principe d’honoraires
suffisants pour mener à bien la mission légale de certification quelle que soit l’entité contrôlée.
Notons que ce même Code de déontologie (art. 30) interdit toute forme de rémunération proportionnelle ou
conditionnelle. Par exemple, il n’est pas possible d’indexer le montant des honoraires sur l’évolution du chiffre
d’affaires de l’entité contrôlée.
Jusqu’à 305 000 € 20 à 35
De 305 000 € à 760 000 € 30 à 50
De 760 000 € à 1 525 000 € 40 à 60
De 1 525 000 € à 3 050 000 € 50 à 80
De 3 050 000 € à 7 622 000 € 70 à 120
De 7 622 000 € à 15 245 000 € 100 à 200
De 15 245 000 € à 45 735 000 € 180 à 360
De 45 735 000 € à 122 000 000 € 300 à 700
–– organismes d’habitation à loyer modéré soumis aux règles de la comptabilité des entreprises
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167
de commerce régis par les articles L. 411-2 et suivants du Code de la construction et de l’habitation ;
–– sociétés d’économie mixte de construction régies par l’article L. 321-1 du Code de l’urbanisme ;
–– organismes mentionnés à l’article L. 114-8 du Code de la Sécurité sociale (organismes nationaux de Sécurité
sociale autres que ceux du régime général) ;
–– institutions et organismes régis par le livre IX du Code de la Sécurité sociale (institutions de retraite et de pré-
voyance) ;
–– administrateurs et mandataires judiciaires ;
–– syndicats professionnels de salariés ou d’employeurs et leurs unions, et associations de salariés ou d’em-
ployeurs mentionnés à l’article L. 2135-1 du Code du travail ;
–– comités d'entreprise et comités centraux d'entreprise.
Le montant des honoraires est alors fixé d’un commun accord entre le commissaire aux comptes et la personne
morale compte tenu de l’importance du travail nécessaire à l’accomplissement de la mission de contrôle.
La décision de la commission régionale est ensuite notifiée aux intéressés et est susceptible d’appel suspensif
professionnelle et déontologie
devant le Haut conseil du commissariat aux comptes dans le délai d’un mois à compter de la notification de la
chambre régionale. Les parties seront à nouveau citées à comparaître puis la décision sera notifiée aux intéressés.
La décision rendue par le Haut conseil peut faire l’objet d’un pourvoi devant la Cour de cassation.
L’annexe des comptes annuels et consolidés doit mentionner le montant total, pour chaque commissaire aux
comptes, des honoraires des commissaires aux comptes figurant au compte de résultat de l'exercice, en sépa-
rant (PCG, art. 833-14/4) :
–– les honoraires afférant à la certification des comptes ;
–– de ceux afférant, le cas échéant, aux autres services.
Ces informations ne sont pas requises dans les comptes annuels :
–– pour les personnes morales autorisées à présenter une annexe simplifiée (deux des trois seuils suivants non
dépassés à la clôture de l'exercice : total de bilan de 4 000 K€, chiffre d'affaires hors taxes de 8 000 K€ et
50 salariés permanents) ;
–– si la personne morale est incluse dans un périmètre de consolidation.
Les obligations liées au comportement professionnel sont prévues par le Code de commerce et par le Code de
déontologie de la profession. Leur respect est donc impératif sous peine d’engager la responsabilité civile et dis-
ciplinaire du commissaire aux comptes. Dans certains cas, des sanctions pénales sont également prévues.
1 ♦ LA COMPÉTENCE PROFESSIONNELLE
A – L’obligation de formation
Le commissaire aux comptes doit posséder les connaissances théoriques et pratiques nécessaires à l’exercice de
ses missions. Il maintient un niveau élevé de compétence, notamment par la mise à jour régulière de ses
connaissances et la participation à des actions de formation (C. déont., art. 7).
Il veille à ce que ses collaborateurs disposent des compétences appropriées à la bonne exécution des tâches qu’il
leur confie et à ce qu’ils reçoivent et maintiennent un niveau de formation approprié.
L’arrêté du 20 février 2018 a simplifié les obligations relatives à la formation continue des commissaires aux
professionnelle et déontologie
A – La source légale
De par la nature des informations qu’il est susceptible de posséder, la législation a imposé le secret professionnel
aux commissaires aux comptes ainsi que le prévoit le premier alinéa de l’article L. 822-15 du Code de com-
merce : « les commissaires aux comptes, ainsi que leurs collaborateurs et experts, sont astreints au secret pro-
fessionnel pour les faits, actes et renseignements dont ils ont pu avoir connaissance à raison de leurs fonctions ».
Cette obligation est également reprise à l'article 9 du Code de déontologie.
La CNCC considère que les faits couverts par le secret professionnel s'entendent à fa fois :
–– des faits confiés, quelle que soit leur forme ;
–– des faits connus au cours de l'exercice de la profession, dès lors que, par leur nature même, ils doivent rester
confidentiels et qu'ils ne sont ni publics ni publiés.
Concernant les sociétés anonymes, les commissaires aux comptes sont déliés du secret professionnel à l’égard du
professionnelle et déontologie
président du conseil d’administration, du directeur général, des directeurs généraux délégués et des membres du
directoire et de son président. En revanche, il n’est délié du secret professionnel à l’égard du conseil d’adminis-
tration et du conseil de surveillance que pris dans sa collégialité. Ainsi, toute divulgation d’information faite indi-
viduellement à un membre en dehors d’une séance du conseil est réprimable.
Le commissaire aux comptes est également délié du secret professionnel à l’égard des comités d’audit consti-
tués au sein des entités d'intérêt public (C. com., art. L. 823-19).
2) À l’égard des associés
La levée du secret professionnel à l’égard des associés de la société contrôlée n’est envisagée que lors de l’as-
semblée générale ou de l’organe qui en tient lieu pour ce qui concerne :
–– les irrégularités et inexactitudes que le commissaire aux comptes est tenu de lui révéler (C. com., art. L. 823-12,
al. 1) ;
–– le contenu des rapports spéciaux notamment sur les conventions réglementées, sur les documents d’informa-
tion financière et prévisionnelle et sur la procédure d’alerte ;
–– les éclaircissements demandés en séance sur le contenu de ses rapports à la condition que les questions posées
soient en relation directe avec l’exercice de sa mission ;
–– les informations destinées à compléter ou à corriger le rapport de gestion ou les documents adressés aux
actionnaires lorsque la sincérité et la concordance avec les comptes annuels l’exigent ;
–– les rectifications d’informations incomplètes ou erronées données oralement par les dirigeants sur la situation
comptable et financière de la société.
Le secret professionnel est maintenu à l’égard de tout associé pris individuellement qui est, dans ce cas, assimilé
à un simple tiers.
3) À l’égard des commissaires aux comptes d’un ensemble consolidé
Lorsqu’il s’agit d’un groupe de sociétés établissant des comptes consolidés, l’article L. 822-15 du Code de com-
merce libère du secret professionnel, les uns à l’égard des autres, les commissaires aux comptes de la personne
morale consolidante et les commissaires aux comptes des personnes consolidées. Cette levée s'applique aussi
bien dans le cadre d'une certification légale que dans le cadre de services autres que la certification des comptes
(SACC) relative à des comptes consolidés et peu importe que les commissaires aux comptes et les sociétés ne
soient pas de la même nationalité. Ces dispositions s’appliquent également lorsqu’une personne établit des
comptes combinés. En revanche, la levée du secret professionnel n'est pas prévue entre les commissaires aux
comptes de sociétés sœurs, même consolidées (CNCC EJ 2012-39).
Lorsque l’ensemble « société mère et sociétés contrôlées » n’établit pas de comptes consolidés, le secret profes-
sionnel entre confrères des différentes sociétés est maintenu. Les commissaires aux comptes des sociétés mères
ou des sociétés contrôlées (1) disposent cependant d’un droit d’investigation dans la société contrôlée s’il s’agit
du commissaire aux comptes de la société mère ou dans la société mère s’il s’agit du commissaire aux comptes
de la société contrôlée (C. com., art. L. 823-14, al. 1).
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Fiche 20 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
Dans les sociétés commerciales, l’employeur est tenu de communiquer au CSE l’ensemble des documents
transmis annuellement à l’assemblée générale des associés ainsi que le rapport des commissaires aux comptes
(C. trav., art. L. 2312-25, 2°). Dans les entreprises ne revêtant pas la forme de société commerciale, l'employeur
met à la disposition du CSE les documents comptables qu'elles établissent.
Le comité a la possibilité de convoquer les commissaires aux comptes pour recevoir leurs explications sur les dif-
férents postes des documents communiqués ainsi que sur la situation financière de l’entreprise (C. trav.,
art. L. 2312-25, 2°). Dans ce cadre précis, le commissaire aux comptes ne sera pas tenu au secret professionnel.
5) À l’égard des juridictions
Il convient de distinguer selon qu’il s’agit de juridictions civiles ou de juridictions pénales :
– Envers les juridictions civiles
Selon la Compagnie nationale des commissaires aux comptes, le commissaire aux comptes reste tenu au secret
professionnel lorsqu'il est cité comme témoin devant une juridiction non répressive, sous peine de sanction
pour violation du secret professionnel. Toutefois, le commissaire aux comptes n'est pas lié au secret profes-
sionnel pour les informations concernant les irrégularités et inexactitudes qu'il a révélées ou qu'il aurait dû
révéler à l'assemblée générale. Il est donc autorisé à répondre aux questions liées à ces irrégularités et à ces
inexactitudes.
Il est également délié du secret professionnel à l'égard du président du tribunal de commerce ou du tribunal de
grande instance dans le cadre de l'existence d'une procédure d'alerte (C. com., art. L. 822-15).
– Envers les juridictions pénales
Le commissaire aux comptes lorsqu'il est appelé à témoigner devant une juridiction répressive doit prêter serment
et opposer le secret professionnel, sous peine de sanction pour violation du secret professionnel.
Toutefois, lorsque le commissaire aux comptes a révélé au procureur de la République des faits délictueux, il
n'est pas tenu au secret professionnel relativement à ces faits délictueux. Il en est de même à l'égard des officiers
et agents de police ainsi que vis-à-vis du juge d'instruction lorsque ces personnes agissent dans le cadre de la
révélation des faits délictueux.
6) À l’égard des tiers
Sont ici définis comme tiers, notamment les salariés, fournisseurs et clients de l’entreprise, les auditeurs externes
et bien évidemment toute autre personne extérieure à l’entreprise. À l’égard de ces personnes, le commissaire
aux comptes est lié au secret professionnel.
En l’absence de texte prévoyant une levée du secret, le commissaire aux comptes est tenu au secret à l’égard du
commissaire aux apports, à la fusion, aux avantages particuliers ou à la transformation qui serait amené
à intervenir au sein de l’entité auditée.
Envers l’expert-comptable de l’entité auditée, il n’existe aucun texte prévoyant une levée du secret. La pratique
professionnelle est toutefois bien différente et les échanges entre professionnels sont nombreux. Cependant, le
commissaire aux comptes ne doit, en tout état de cause, pas communiquer sur les sujets présentant pour lui un
caractère confidentiel.
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176 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Sur l’étendue du secret professionnel lorsque la responsabilité civile ou pénale du commissaire aux comptes est
professionnelle et déontologie
D – Les sanctions
Sur le plan civil, la responsabilité civile du commissaire aux comptes peut être engagée s’il est établi que la viola-
tion du secret professionnel a entraîné un préjudice et qu’il existe un lien de causalité entre la faute et le préju-
dice.
Sur le plan pénal, la violation du secret professionnel est un délit passible d’une peine d’emprisonnement maxi-
male d’un an et d’une amende maximale de 15 000 euros (C. pén., art. L. 226-13 sur renvoi de l’art. L. 820-5 du
C. com.). Le délit est prescrit à l’issue d’un délai de trois ans à compter de la révélation.
Enfin, la responsabilité disciplinaire du commissaire aux comptes pourra également être recherchée.
E – Tableau de synthèse
Secret professionnel du commissaire aux comptes
Tenu au secret Non tenu au secret
– Entre commissaires aux comptes associés d’un même cabinet, leurs
À l’égard du commissaire aux comptes suppléant tant que collaborateurs et experts ;
la mission du titulaire se poursuit normalement. – Entre co-commissaires aux comptes d’une même entité ;
– Avec les commissaires aux comptes suppléants ou entre commis-
À l’égard du commissaire aux comptes de sociétés sœurs, saires aux comptes successifs mais uniquement lors de la phase de
même consolidées. succession de la mission ;
– Avec le commissaire aux comptes chargé de le revue indépendante.
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Fiche 20 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
lance qu’il soit prévu par la loi ou par les statuts de l’entité
À l’égard d’un membre d’un organe collégial d’admi-
contrôlée ;
nistration, de gestion ou de contrôle lorsqu’il est pris
– À l’égard de toute personne ayant le pouvoir d’engager l’entité
individuellement.
envers les tiers ;
– À l’égard des comités d’audit.
Entre les commissaires aux comptes d’une société mère
Entre les commissaires aux comptes d’un groupe établissant des
et ceux des sociétés contrôlées par elles (1) lorsqu’il n’y
comptes consolidés.
a pas établissement de comptes consolidés.
Lorsque le commissaire aux comptes est convoqué par le comité social
et économique.
À l’égard d’une juridiction répressive, lorsque le com- À l’égard du procureur de la République dans le cadre de la révélation
missaire aux comptes est appelé à témoigner. de faits délictueux.
À l’égard du président du tribunal de commerce ou du tribunal de
grande instance dans le cadre de l’existence d’une procédure d’alerte.
À l’égard du commissaire à la fusion, aux apports, aux
avantages particuliers ou à la transformation interve-
nant dans l’entité auditée.
Entre les commissaires aux comptes de la société absor- À l’égard de TRACFIN dans le cadre des obligations de déclaration
bante et ceux de la société absorbée. auxquelles sont soumis les commissaires aux comptes.
À l’égard de l’expert-comptable de l’entité sur les sujets Dans le cadre du contrôle de l'activité professionnelle, à l'égard des
présentant pour le commissaire aux comptes un carac- autorités de contrôle (H3C, AMF, ACPR).
tère confidentiel.
À l’égard des tiers notamment des salariés, fournis-
seurs, clients, auditeurs externes...
(1) La notion de contrôle s’entend au sens des I et II de l’article L. 233-3 du Code de commerce :
« I. – Toute personne, physique ou morale, est considérée comme en contrôlant une autre :
1o Lorsqu’elle détient directement ou indirectement une fraction du capital lui conférant la majorité des droits de vote dans les assemblées générales de cette société ;
2o Lorsqu’elle dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette société en vertu d’un accord conclu avec d’autres associés ou actionnaires et qui n’est pas
contraire à l’intérêt de la société ;
3o Lorsqu’elle détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions dans les assemblées générales de cette société ;
4o Lorsqu’elle est associée ou actionnaire de cette société et dispose du pouvoir de nommer ou de révoquer la majorité des membres des organes d’administration,
de direction ou de surveillance de cette société.
II. – Elle est présumée exercer ce contrôle lorsqu’elle dispose directement ou indirectement d’une fraction des droits de vote supérieure à 40 % et qu’aucun autre
associé ou actionnaire ne détient directement ou indirectement une fraction supérieure à la sienne. »
Rappelons que depuis la loi du 17 mai 2011 (n° 2011-525), le commissaire aux comptes a dorénavant la possibi-
professionnelle et déontologie
lité de reprendre une procédure d’alerte interrompue mais uniquement dans un délai de six mois à compter de
son déclenchement.
4 ♦ LA PUBLICITÉ
Les conditions dans lesquelles les commissaires aux comptes peuvent effectuer de la publicité sont encadrées par
l'article 33 du Code de déontologie.
A – Le démarchage
Le Code de déontologie modifié par le décret n° 2017-540 du 12 avril 2017 ne prévoit plus l'interdiction aux com-
missaires aux comptes d'effectuer toute démarche non sollicitée en vue de proposer leurs services à des tiers.
5 ♦ LA CONFRATERNITÉ
Les règles de confraternité sont définies à l’article 8 du Code de déontologie de la profession.
Dans le respect des obligations de la mission de contrôle légal, les commissaires aux comptes entretiennent entre
eux des rapports de confraternité. Ils se gardent de tout acte ou propos déloyal à l’égard d’un confrère ou
susceptible de ternir l’image de la profession.
Ils s’efforcent de résoudre à l’amiable leurs différends professionnels. Si nécessaire, ils recourent à la conciliation
du président de leur compagnie régionale ou, s’ils appartiennent à des compagnies régionales distinctes, des
présidents de leur compagnie respective.
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La responsabilité du commissaire Fiche
aux comptes 21
La responsabilité du commissaire aux comptes peut être recherchée sur le plan civil, pénal et disciplinaire.
1 ♦ LA RESPONSABILITÉ CIVILE
A – L’étendue
L’étendue de la responsabilité civile du commissaire aux comptes est fixée dans le Code de commerce. Ainsi,
l’article L. 822-17 prévoit que « les commissaires aux comptes sont responsables, tant à l’égard de la société que
des tiers, des conséquences dommageables des fautes et des négligences commises par eux dans l’exercice de
leurs fonctions ».
Pour que la responsabilité civile du commissaire aux comptes puisse être engagée, il conviendra de démontrer
l’existence d’une faute ou d’une négligence ayant provoqué un préjudice et démontrer le lien de causalité
entre les deux. La faute commise doit être à l’origine du préjudice constaté pour pouvoir générer des dommages-
intérêts.
Par ailleurs, les commissaires aux comptes sont également civilement responsables des infractions commises par
les administrateurs ou les membres du directoire s’ils n’ont pas révélé ces infractions dans leur rapport à l’assem-
blée générale.
Toutefois, leur responsabilité ne peut être engagée pour les informations ou divulgations de faits auxquelles ils
procèdent en exécution de leur mission. Cette limitation s’applique dans les cas où le commissaire aux comptes
met en œuvre la procédure d’alerte, est amené à révéler des faits délictueux ou à effectuer une déclaration de
soupçons (TRACFIN). Il ne pourra donc être inquiété pour avoir donné des informations sur l’entité aux per-
sonnes concernées par ces trois procédures.
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180 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Pour pouvoir établir la faute ou la négligence du commissaire aux comptes, il est tout d’abord nécessaire de
cerner la nature de son obligation.
La mise en œuvre de la mission du commissaire aux comptes relève, sauf cas très précis, d’une obligation de
moyens. Cela signifie que le professionnel doit effectuer des diligences normales et avisées. En aucun cas, il ne
doit vérifier l’intégralité des opérations qui entrent dans le champ de sa mission, ni rechercher systématiquement
l’ensemble des irrégularités et inexactitudes.
Les rares cas dans lesquels le commissaire aux comptes est tenu à une obligation de résultat sont les suivants :
–– obligation de vérification des règles relatives aux actions dont doivent être propriétaires les administrateurs et
les membres du conseil de surveillance dans la SA (C. com., art. L. 225-26 ou L. 225-73) ;
–– obligation de contrôler la régularité des modifications statutaires dans les sociétés commerciales (C. com.,
art. L. 210-8, al. 2) ;
–– obligation de présenter un rapport spécial sur les conventions dont le commissaire aux comptes a eu connais-
sance (C. com., art. L. 225-40 ou L. 225-88).
C – L’exercice de l’action
1) Les demandeurs
L’action en responsabilité peut être exercée soit par les représentants légaux de l’entité contrôlée afin de réparer
un préjudice subi par cette dernière ; soit par tout intéressé afin de réparer un préjudice personnel (créanciers,
salariés...).
2) La prescription de l’action (C. com., art. L. 225-254 sur renvoi du C. com., art. L. 822-18)
L’action en responsabilité se prescrit par trois ans à compter du fait dommageable ou, s’il a été dissimulé, de sa
révélation (dix ans si le fait est qualifié crime).
La dissimulation implique d’établir que le commissaire aux comptes a eu la volonté de cacher les faits litigieux
aux actionnaires de la société.
En l’absence de dissimulation, le délai de prescription commence à courir à compter du jour où la faute a été
commise. Dans le cas précis de la certification fautive de comptes annuels, les tribunaux retiennent générale-
ment comme point de départ du délai la date du rapport du commissaire aux comptes mais il peut également
être retenu la date de transmission du rapport à l’entité ou encore la date de présentation à l’assemblée géné-
rale.
3) La compétence d’attribution
Lorsque l’action est intentée contre un commissaire aux comptes personne physique, une société civile profes-
sionnelle de commissaire aux comptes ou une société d’exercice libéral, le tribunal compétant sera le tribunal
de grande instance.
A contrario, si l’action est intentée contre une société de commissaires aux comptes qui est commerciale par la
forme, le tribunal compétent sera le tribunal de commerce.
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Fiche 21
La CNCC (Guide professionnel sur la responsabilité civile du commissaire aux comptes – mai 2011) a donné une
liste des griefs les plus souvent retenus par les tribunaux en cas de condamnation :
–– certifier les comptes sans réserve alors que des anomalies étaient connues du commissaire aux comptes ;
–– ne pas contrôler un poste significatif du bilan ou du compte de résultat ;
–– ne pas mettre en œuvre de confirmations externes ;
–– entériner les informations obtenues du dirigeant sans les corroborer avec d’autres sources d’information ou
d’autres contrôles ;
–– manquer d’esprit critique ;
–– ne pas mettre en œuvre la norme fraude ;
–– ne pas communiquer les faiblesses de contrôle interne et les irrégularités aux dirigeants, au niveau adapté de la
gouvernance de l’entité et ne pas modifier le plan de mission en conséquence ;
–– déclencher tardivement la procédure d’alerte, a fortiori ne pas l’avoir déclenchée ;
–– ne pas avoir assisté à l’inventaire physique des stocks ;
–– déposer tardivement les rapports de commissaires aux comptes même si le rapport de gestion du conseil
d’administration lui parvient avec retard ;
–– etc.
Une mise en cause judiciaire sur cinq aboutit à la condamnation du commissaire aux comptes ou à une transac-
tion.
2 ♦ LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
A – Les conditions de mise en cause
Comme pour tout justiciable, la mise en cause de la responsabilité pénale du commissaire aux comptes nécessite
la constitution d’une infraction. Cette dernière sera constituée si les trois éléments suivants sont réunis :
–– élément légal : un texte répressif doit prévoir l’infraction (C. pén., art. 111-3, al. 1) ;
–– élément matériel : il doit y avoir au minimum un commencement d’exécution, l’infraction n’a pas à devoir
être réalisée complètement. La tentative est toujours punissable en cas de crime. En cas de délit, la tentative
est punissable si un texte le prévoit ;
–– élément moral : cet élément nécessite l’existence d’une faute. La faute peut évidemment être intentionnelle
mais elle peut également résulter d’une faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obliga-
tion de prudence ou de sécurité de l’auteur des faits.
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182 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Les principales infractions pénales qui visent le commissaire aux comptes sont indiquées au sein du tableau
suivant :
Nature de l’infraction Texte répressif Peines encourues
Faire usage du titre de commissaire aux comptes sans être inscrit
Un an d’emprisonnement
ou exercer illégalement la profession sans être inscrit ou malgré C. com., art. L. 820-5
et 15 000 € d’amende.
une interdiction ou une suspension temporaire d’exercice.
Acceptation, exercice ou conservation des fonctions malgré l’exis- Six mois d’emprisonnement
C. com., art. L. 820-6
tence d’une incompatibilité légale. et 7 500 € d’amende.
Donner ou confirmer des informations mensongères sur la
situation de la personne morale.
Donner une information mensongère suppose une attitude active
du commissaire aux comptes, par exemple certifier sans réserve les
comptes annuels tout en sachant qu’il existe de graves Cinq ans d’emprisonnement
anomalies (Cass. crim., 12 janv. 1981). Confirmer une information C. com., art. L. 820-7
et 75 000 € d’amende.
mensongère n’implique en revanche pas nécessairement une atti-
tude active. Il pourra s’agir par exemple d’une absence totale de
réaction du commissaire aux comptes face à la présentation d’un
bilan inexact couvrant les malversations d’un dirigeant (CA Paris,
15 févr. 1979).
Non-révélation des faits délictueux au procureur de la Cinq ans d’emprisonnement
C. com., art. L. 820-7
République. et 75 000 € d’amende.
C. pén., art. 226-13
et 226-14 sur renvoi Un an d’emprisonnement
Violation du secret professionnel.
de l’art. L. 820-5 et 15 000 € d’amende.
du C. com.
Donner ou confirmer des indications inexactes dans les rapports
Deux ans d’emprisonnement
présentés à l’assemblée générale appelée à décider de la suppres- C. com., art. L. 242-20
et 18 000 € d’amende.
sion du droit préférentiel de souscription des actionnaires.
Défaut d’information, dans le rapport sur les comptes annuels,
Deux ans d’emprisonnement
des prises de contrôle ou des prises de participation significatives C. com., art. L. 247-1
et 9 000 € d’amende.
dans d’autres sociétés ayant leur siège social sur le territoire français.
La responsabilité pénale du commissaire aux comptes pourra également être recherchée s’il commet un délit
d’initié (C. mon. fin., art. L. 465-1) ou un délit de divulgation d’informations financières (C. mon. fin., art.
L. 465-3). Ces délits ne visent pas expressément le commissaire aux comptes mais ce dernier pourrait être
concerné du fait des informations qu’il est susceptible de détenir sur l’entité.
La loi n° 2017-242 du 27 février 2017 a allongé les délais de prescription en matière pénale. Ainsi, l'action publique
des délits se prescrit par six années révolues à compter du jour où l'infraction a été commise (CPP, art. 8).
Rappelons cependant qu’est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui (C. pén., art. 121-7) :
•G
183
3 ♦ LA RESPONSABILITÉ DISCIPLINAIRE
A – La définition et le champ d'application
De nature répressive, la responsabilité disciplinaire du commissaire aux comptes vise à maintenir l’éthique des
commissaires aux comptes en sanctionnant les comportements fautifs des professionnels qui détériorent l’image
de la profession.
Sauf précisions, les dispositions qui suivent ne porteront que sur la responsabilité et les sanctions disciplinaires
frappant les commissaires aux comptes. En effet, d’autres personnes sont également concernées par ce dispo-
sitif. Par exemple, les associés, les salariés du commissaire aux comptes, toute autre personne participant à la
mission de certification ou les personnes qui sont étroitement liées au commissaire aux comptes, sont passibles
de sanctions pécuniaires du fait des manquements aux dispositions de l'article L. 822-11-3 du Code de com-
merce (intérêt dans l’entité auditée) ainsi qu'aux dispositions du Code de déontologie relatives aux liens person-
nels, professionnels ou financiers (C. com., art. L. 824-1, II). L’interdiction, pour une durée n’excédant pas trois
ans, d’exercer des fonctions d’administration ou de direction au sein d’entités d’intérêt public et des fonctions de
commissaire aux comptes sont également des sanctions possibles.
C – Le déroulement de la procédure
1) Enquêtes diligentées par le H3C (C. com., art. L. 821-3-1)
Le Haut conseil dispose d'un service chargé de procéder aux enquêtes préalables à l'ouverture des procédures de
sanctions. Ce service est dirigé par un rapporteur général et composé d'enquêteurs habilités par ce dernier.
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184 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Les enquêteurs ainsi que toute personne participant à une mission d'enquête sont désignés dans des conditions
professionnelle et déontologie
propres à éviter tout conflit d'intérêt avec les commissaires aux comptes ou les personnes ou entités qui font
l'objet de l'enquête.
2) La saisine du rapporteur général (C. com., art. L. 824-4)
Le rapporteur général est saisi de tout fait susceptible de justifier l'engagement d'une procédure de sanction
par :
–– le premier président de la Cour des comptes ou le président d'une chambre régionale des comptes ;
–– le procureur général près la cour d'appel compétente ;
–– le président de l'Autorité des marchés financiers ;
–– le président de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution ;
–– le président du Haut conseil du commissariat aux comptes ;
–– le président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes ou le président d'une compagnie
régionale.
Le rapporteur général peut également se saisir des signalements dont il est destinataire. Il est seul compétent
pour procéder à l’ouverture d’une enquête. Il délivrera alors un ordre de mission aux enquêteurs qu'il désigne.
L'ordre de mission indique l'identité de l'enquêteur et l'objet de sa mission.
3) Le déroulement de l’enquête (C. com., art. L. 824-5)
Le rapporteur général et les enquêteurs peuvent lors d’une enquête :
–– obtenir du commissaire aux comptes, sans que celui-ci puisse opposer le secret professionnel, tout document
ou information, sous quelque forme que ce soit, concernant la mission de certification des comptes ou toute
autre prestation fournie par lui, aux personnes ou entités dont il certifie les comptes ; ils peuvent en exiger une
copie ;
–– obtenir de toute personne tout document ou information lié à la mission de certification des comptes ou à
toute autre prestation fournie par le commissaire aux comptes aux personnes ou entités dont il certifie les
comptes ; ils peuvent en exiger une copie ;
–– convoquer et entendre toute personne susceptible de leur fournir des informations ;
–– accéder aux locaux à usage professionnel ;
–– demander à des commissaires aux comptes inscrits sur une liste établie par le Haut conseil après avis de la
compagnie nationale des commissaires aux comptes, de procéder à des vérifications ou d'effectuer des actes
d'enquête sous leur contrôle ;
–– faire appel à des experts.
Toute personne entendue pour les besoins de l'enquête peut se faire assister par un conseil de son choix.
4) L’engagement d’une procédure de sanction (C. com., art. L. 824-8)
À l'issue de l'enquête et après avoir entendu la personne intéressée, le rapporteur général établit un rapport
d'enquête qu'il adresse au H3C. Lorsque les faits justifient l'engagement d'une procédure de sanction, le H3C
arrête les griefs qui sont notifiés par le rapporteur général à la personne intéressée. La notification expose les
faits passibles de sanction. Elle est accompagnée des principaux éléments susceptibles de fonder les griefs.
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Fiche 21 ♦ La responsabilité du commissaire aux comptes
La personne intéressée peut consulter le dossier et présenter ses observations. Elle peut se faire assister par un
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défaut, le montant des honoraires facturés par le commissaire aux comptes à cette personne ou entité au
professionnelle et déontologie
A – Le texte de référence
En application du 5° du I de l’article L. 821-1 du Code de commerce, le H3C « définit le cadre et les orientations
des contrôles (...) ; il en supervise la réalisation et peut émettre des recommandations dans le cadre de leur
suivi ». Dans sa décision 2017-14 du 24 juillet 2017, le H3C a détaillé le cadre et les modalités de réalisation des
contrôles. Il a également précisé les droits et obligations des personnes contrôlées et des contrôleurs.
Lorsqu'ils concernent des commissaires aux comptes exerçant des missions auprès d'entités d'intérêt public
(voir définition en Fiche 13), les contrôles de leur activité professionnelle sont effectués par des contrôleurs du
Haut conseil du commissariat aux comptes, dans des conditions conformes aux dispositions de l'article 26 du
règlement (UE) n° 537/2014 du 16 avril 2014. Lorsqu'ils concernent des commissaires aux comptes n'exerçant
pas de missions auprès d'entités d'intérêt public, les contrôles de leur activité professionnelle peuvent être
effectués par des contrôleurs du Haut conseil. Ils peuvent également être délégués par le Haut conseil à la
Compagnie nationale des commissaires aux comptes, en application d'une convention homologuée par arrêté
du Garde des sceaux, ministre de la Justice (C. com., art. L. 821-9).
Cette délégation est à ce jour effective puisqu'une convention de délégation a été conclue entre la H3C et la
CNCC (arrêté du 25 avril 2017). La convention détermine le cadre, les orientations et les modalités des contrôles
pour les commissaires aux comptes ne détenant pas de mandats auprès d'EIP.
Les contrôles peuvent être effectués avec le concours de l'Autorité des marchés financiers ou de l'Autorité de
contrôle prudentiel et de résolution.
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188 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Le niveau de vérification varie selon les cabinets et est proportionné à la taille et à la complexité de son activité.
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189
L'article R. 822-33, 2° j du Code de commerce précise que chaque structure d'exercice doit mettre en place un
dispositif de contrôle qualité interne, placé sous la responsabilité d'un commissaire aux comptes, personne phy-
sique.
Sans être exhaustif, les procédures de contrôle qualité interne doivent s'assurer de l'existence de procédures liées :
–– à l'exécution des missions (indépendance, ressources humaines et matérielles nécessaires…) ;
–– à la bonne organisation et au contenu du dossier de travail ;
–– à la délégation des travaux et notamment à la garantie d'un niveau de compétence suffisant des collabora-
teurs qui interviennent dans les travaux d'audit ainsi qu'à leur niveau de formation et de contrôle de leurs
activités ;
–– à la revue des travaux d'audit par un collaborateur de niveau suffisant et par le commissaire aux comptes
signataire.
Ce dispositif de contrôle qualité interne doit être évalué annuellement et les conclusions de cette évaluation ainsi
que toute mesure proposée en vue de modifier le dispositif sont conservées pendant un délai de six ans.
Un examen de contrôle qualité de la mission ainsi qu'une revue indépendante des travaux avant la signature des
rapports par un contrôleur légal des comptes ne participant pas à la mission est en outre obligatoire en cas de
mandat dans une entité EIP (Règlement UE n° 537/2014, art. 8 et C. com., art. R. 822-35).
Les commissaires aux comptes procédant à une revue indépendante ou contribuant au dispositif de contrôle de
qualité interne sont astreints au secret professionnel (C. com., art. L. 822-15).
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Projet de loi PACTE :
point d’actualité
Annexe
L’Assemblée nationale a adopté en première lecture le 9 octobre 2018 le projet de loi PACTE dont la mesure
principale concernant le commissariat aux comptes porte sur l’harmonisation et le relèvement des seuils d'audit
légal pour les sociétés commerciales.
Pour l’expertise comptable, le projet de loi prévoit la possibilité de facturer des honoraires de succès (success
fees) liés à la réalisation d’un objectif préalablement défini ainsi que la possibilité de gérer la trésorerie des entre-
prises (maniement des fonds). En outre, le statut d’« expert-comptable en entreprise » serait reconnu. Ce titre
serait porté par les diplômés d’expertise comptable, salariés d’une entité non inscrite au tableau de l’Ordre des
experts-comptables, sous réserve d’un accord écrit de leur employeur.
L’examen du projet de loi sera examiné par le Sénat en séance publique en février 2019. En mars 2019, se
réunira la commission mixte paritaire Assemblée nationale et Sénat pour ensuite une adoption définitive au prin-
temps 2019.
La présente fiche fait état des principales dispositions de la loi PACTE telles qu’adoptées en première lecture par
l’Assemblée nationale.
CONTRÔLE D’AUTRES
Le projet de loi prévoit d’imposer à une société qui en contrôle d’autres (au sens de l’article L. 233-3 du Code de
commerce) de désigner un CAC si l’ensemble formé par la société mère et ses filiales dépasse les seuils indiqués
au I. et ce, indépendamment de l’obligation d’établir des comptes consolidés. Cette obligation ne s’appliquerait
cependant pas si la société qui contrôle une ou plusieurs sociétés est elle-même contrôlée par une société qui a
nommé un CAC.
Les sociétés contrôlées par une société citée ci-dessus seraient tenues de désigner un commissaire aux comptes
dès lors que leur chiffre d’affaires du dernier exercice clos excéderait un seuil défini par décret, seuil qui pourrait
être fixé à 4 millions d’euros.
A – Sociétés concernées
Les sociétés désignant volontairement un commissaire aux comptes, en dehors de toute obligation légale pour-
ront opter pour l’audit légal PE.
En outre, certaines sociétés tenues de désigner un commissaire aux comptes pourront également opter pour cet
audit légal PE. Il s’agit des sociétés suivantes :
–– société à la tête d’un « petit groupe », tenue de désigner un commissaire aux comptes (voir 2-) ;
–– sociétés contrôlées par une société citée ci-dessus, tenues de désigner un commissaire aux comptes (voir 2-).
B – Établissement d’attestations
Les députés ont introduit la possibilité au commissaire aux comptes d’établir des attestations (RSE, cyber risque…)
ou des consultations et formations sur des sujets en lien avec les comptes ou l’information financière.
D – Possibilité pour les commissaires aux comptes non titulaires du diplôme d’expertise
comptable de s’inscrire au tableau de l’Ordre des experts-comptables
Il s’agirait d’une passerelle temporaire ouverte pendant cinq ans à compter de la publication de la loi.
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Cet ouvrage a été achevé d’imprimer dans les ateliers de Leitzaran (Espagne)
Numéro d’impression : 591
Dépôt légal : Mars 2019
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Réglementation professionnelle
1 épreuve 1
Coefficient 1
et déontologie
de l’expert-comptable et
du commissaire aux comptes
100%
utile
23 fiches de cours
pour acquérir les connaissances nécessaires
Prix : 22 €
ISBN 978-2-297-07402-5
www.lextenso-editions.fr