Note Partage 8 Tomate Tunisie
Note Partage 8 Tomate Tunisie
Note Partage 8 Tomate Tunisie
Liste d’abréviations 4
1. Introduction 5
2. Contexte 6
6. Conclusions 34
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Approche méthodologique du projet IPFA 6
Figure 2 : Structure du processus : phases et étapes pour le développement des sys-
tèmes d’AC 10
Figure 3 : Evolution de la quantité de l’approvisionnement en tomates fraîches et des
quantités De tomates séchées 2014 – 2018 12
Figure 4 : Evolution de la superficie et du nombre de producteurs 2014 -2018 13
Figure 5 : Cartographie local de la CVA-tomate séchée au soleil - acteurs principaux
2017 13
Figure 6 : Cartographie des acteurs de supports, niveau MESO, CVA tomate séchée au
soleil, jendouba 2017 14
Figure 7 : Synthèse du modele d’affaires AC 15
Figure 8 : Processus de séchage de la tomate et temps nécessaire sur la base d’un pro-
cess de 10 t de tomates fraiches 15
Figure 9 : Profil des risques de la PME El Wafa à Jendouba en 2017 17
Figure 10 : Profil des risques au niveau producteur en 2017 20
Figure 11 : Schéma du système de gestion du modèle d’affaires d’AC entre la PME El
Wafa et ses fournisseurs jendouba 2017 24
Figure 12 : Schéma du modèle d’affaires d’AC D’EL Wafa 25
Figure 13 : Les données de base de la SMSA AL Izdihar 28
Figure 14 : Cartographie locale de la CVA - acteurs principaux a kasserine en 2017 29
Figure 15 : Cartographie locale de la CVA - acteurs de supports a kasserine en 2017 32
Figure 16 : Schéma du modèle d’affaires smsa al izdihar 32
5
2.CONTEXTE
Projet pilote avec la société El Wafaet les producteurs de tomates destinées au séchage à Jendouba
Parties contractantes des deux
Projet pilote avec la SMSA Société Mutuelle de Services Agricoles «Al Izdihar » à Kasserine
projets pilotes
Le projet IPFA vise à stimuler l’investissement dans ces régions et la durabilité des modèles soutenue par un conseil mieux adapté
pour renforcer les liens d’affaires. Les axes de travail du projet IPFA sont :
I. Le Conseil et l’accompagnement en matière de promotion des investissements et de modèles d’affaires durables ;
II. La mise en œuvre des modèles d’affaires concrets, à travers des projets pilotes, selon des critères de durabilité sociale,
économique et environnementale ;
III. La diffusion des approches réussies aux groupes cibles et aux services d’appui et de financement étatiques et privés.
Le Projet IPFA est mis en œuvre en coopération entre la Direction Générale des Études et du Développement Agricole (DGE-DA) du
MARHP et la GIZ.
Le modèle d’affaires décrit la logique selon laquelleune société (exploitation, groupement de producteurs ou entreprise) crée, délivre
et capte de la valeur.
L’agriculture contractuelle (selon le manuel AC vol I. GIZ ; 2014) est un partenariat commercial basé sur un contrat entre producteurs
et une société acheteuse (transformatrice ou de commercialisation) qui définit à l’avance les conditions de production et de
commercialisation des produits agri-coles
La Chaîne de Valeur Ajoutée (CVA) (selon le manuel du Value Links 2.0)combine trois éléments/fonctions :
6
Précisons également que l’approche chaîne de valeur est basée sur la demande (marché). Cette ap-proche se distingue fortement de
l’approche filière qui est basée sur l’offre (production). En se focali-sant sur une approche chaîne de valeur, il est recherché la création
de valeur ajoutée au niveau de chaque acteur de la chaîne (exploitant agricole, transformateur, importateur). Cette valeur ajoutée1 va
donc traduire la création de richesse de chaque acteur / entreprise.
La méthodologie d’accompagnement des bénéficiaires du projet IPFA repose sur les trois thématiques synthétisées dans la figure ci-
dessous :
Figure 1 : approche méthodologique du projet IPFA
Pour l’application de l’approche et la mise en œuvre concrète des modèles d’affaires d’Agriculture Contractuelle, la GIZ a développé
un « manuel d’Agriculture Contractuelle »,qui est un guide pratique de mise en relation entre les petits producteurs / productrices et
les entreprises acheteuses à travers l’innovation de modèles d’affaires, en volume I (Will M, 2014) et volume II (Will M, 2015) – Outils
et exemples de cas.
Conseiller en agriculture contractuelle - En 2016 - 2017, le projet IPFA a formé des consultants tunisiens, de profil ingénieur agronome
et agroalimentaire, sur l’application de cette approche et l’utilisation du manueld’agriculture contractuelle dans ces deux volumes. Ces
conseillers ont été mandaté par IPFA pour l’accompagnement de mise en œuvre des modèles d’affaires d’Agriculture Contractuelle.
Le processus d’accompagnement est détaillé dans les modèles d’affaires présentés plus bas.
95000 tonnes de tomates concentrées ont été produites en 2018 Avec des exportations d’environ 6 000 tonnes de légumes séchés
(source MARHP 2019). par an à une valeur moyenne de 15 millions de Dollars, la Tunisie
La culture de la tomate de saison sert majoritairement à est le 17ième exportateur mondial (Source : TradeMap, 2017). En
approvisionner le marché du frais et, de plus en plus, le marché 2017, environ 78 % de ces recettes d’exportation ont été réalisées
des tomates séchées. La filière tomate fait donc apparaître trois avec l’Italie et 7.9% avec l’Allemagne (Source:GICA 2018). La
sous-filières différentes : la filière des tomates fraîches, la filière quantité exportée de tomates séchées est passée de 330 tonnes
des tomates séchées et la filière industrielle de double-concentré. en 2000 à 5 990 tonnes en 2017 (Source : GICA, 2018).
La filière industrielle est majoritaire avec près de 70% de la
production totale.
1 - La valeur ajoutée (VA) est un indicateur financier qui exprime la création de richesse brute d’une entreprise ou l’accroissement de valeur qu’elle a généré, du fait de ses activités courantes. Elle représente une traduction de l’activité de
l’entreprise : différence entre le chiffre d’affaires et les consommations intermédiaires.
7
TABLEAU 1 : Production et exportation des tomates séchées, Tunisie 2005-2017
Selon les statistiques du TradeMap, la perspective des marchés de la tomate séchée tunisienne est porteuse surtout versles
marchésitaliens, allemands et français.
Le nombre d’unités de séchage de tomates était de 22 en 2017, dont 18 unités ont reçu une certifica-tion technique du Comité National
de Certification (Source : GICA, 2018).Les opérateurs sont princi-palement installés dans les Gouvernorats de Béja, Nabeul, Sidi Bouzid,
Jendouba et Manouba.
La petite et moyenne entreprise (PME) El Wafa, unité de séchage des tomates à Jendouba, a un marché demandeur de 400 tonnes de
tomates séchées en Italie. Elle n’arrive à satisfaire que 5% à peine de cette demande. En effet, la PME a produit 25 tonnes de tomates
séchées en 2015 et 30 tonnes de tomates séchées en 2016. Grâce à ce marché et à l’initiative de la PME El Wafa, toute une chaîne
de valeur s’est développée dans la zone.Cette chaîne, novatrice dans cette localité,a pu inté-grer plusieurs producteurs depuis 2015,
ceci malgréqu’elle soit en concurrence avec la CVA de Double Concentré de Tomate (DCT) déjà existante à Jendouba. Les deux CVA
utilisent les mêmes facteurs de production et outils mais le rendement est plus important à l’hectare pour le DCT et par conséquentil
procure une meilleure rémunération pour les producteurs. Les facteurs d’attractivité de la CVA tomate séchée au soleil qui sont apparus
durantce projet pilote accompagné par IPFA portent sur :
8
3. Opportunités à saisir
et contraintes à lever
La forte demande sur les marchés d’importation de la tomate séchée au
soleilconstitue une opportunité évidente à saisir et donne aux producteurs
et aux transformateurs tunisiensun fort positionnement de fournisseurs.
2 - Le rendement moyen est de 60 T/ ha dont 19T sont vendues pour du double concentré de tomate et cessions,
et 41 T pour le séchage selon le cas étudié à Kasserine (Source : Conseiller agricole à la zone de Sbitla et pro-
ducteurs de tomate à la zone).
9
4. Une solution prometteuse : promouvoir
l’agriculture contractuelle
4.1. Une méthodologie d’accompagnement approfondie
Pour mettre en place cette solution, le projet IPFA a approfondi la méthodologie d’accompagnement présentée plus haut. Il
est donc important de la décrire ainsi que de présenter les principaux acteurs, les acteurs de support avant de capitaliser ce
modèle d’affaires.
Le processus d’accompagnement du système d’agriculture contractuelle (voir figure 3 pour l’approche théorique)a
donccommencé par :
Une 1ère phase pour initier et planifier. Cette phase a été déclinée en plusieurs étapes :
• Etape 1 : un diagnostic rapide des zones de potentiel de production et des systèmes d’exploitation / élaboration de la
cartographie de la chaîne de valeur selon l’approche value links 2.0 ;
• Etape 2 : une évaluation des besoins des producteurs et de la PME El Wafa en services financiers, techniques et d’appui
et de conseil ;
• Etape 3 : un modèle d’affaires de la PME et un modèle d’affaires des producteurs ; les deux modèles superposés donnent
un modèle d’affaires interface d’AC adéquat /esquisse du contrat entre PME et producteurs.
Une 2ème phase pour réaliser et apprendre « la mise en œuvre des modèles d’affaires »avec les étapes suivantes :
• Etape 4 : préaccord d’AC/ proposition de contrat/ appui à des négociations équitables et transparentesentre PME et
producteurs ;
• Etape 5 : mise en place d’un système de gestion d’ACet un système d’information ;
• Etape 6 : Développement du plan d’affaire pur l’octroi des crédits et subventions
Figure 2 : structure du processus : phases et étapes pour le développement des systèmes d’ac
étape 3 étape 6
Développement Suivi, feed-back
d’un plan d’affaires et apprentissage
AC
Lors de la première étape de phase 1 « Initier et planifier » (figure 2), les résultats du diagnostic des partenaires
du système d’AC existants entre la PME Al Wafa et les producteurs non groupés permettent d’identifier les
acteurs principaux et les acteurs de support existants à l’échelle locale. Ceci est à l’origine de l’élaboration de
la cartographie de la chaîne de valeur locale de la tomate séchée au soleil à Jendoubapermettant de mieux
appréhender la réalité des opportunités et des risques internes et externes à l’AC.
10
4.2. Les acteurs principaux
Ayant identifié une opportunité commerciale dans la valorisation des produits de sa région, le proprié-taire de la
Société El Wafa fonde sa société en 2013 pour se spécialiser dans la transformation et l’exportation de tomates
séchées. Jeune entrepreneur expérimenté en commerce international, il gagne rapidement la confiance d’un
client italien pour la haute qualité de ses produits et la maitrise de la technique culturale des tomates.
La PME a commencé l’activité de séchage, du conditionnement des tomates en2014. Depuis 2016, la production estmontée en flèche
(voir figure 3 ci-dessous).
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Figure 3 : évolution de la quantité de l’approvisionnement en tomates fraiches et des quantités
de tomates séchées 2014 – 2018
Source : Graphique élaboré par l’auteur de cette note ;données collectéesauprès de la PME El Wafa lors de la mission de consolidation
du M.A Jendouba Novembre 2018
12
Figure 4 : évolution de la superficie et du nombre de producteurs 2014 -2018
Source : auteur ; données collectées auprès de la PME El Wafa lors de la mission de consolidation du M.A du projet pilote à Jendouba ;
IPFA Novembre 2018
Vue la réussite de la campagne 2016/2017, 23 producteurs de tomates fraîches de la variété « SA-BRA » répartis sur 3 gouvernoratsfont
partie du modèle d’affaires d’agriculture contractuelle dont l’acteur principal est la PMEEl Wafa.
Source : auteur ; données collectées auprès de la PME El Wafa lors de la mission de consolidation du M.A du projet pilote à Jendouba ;
IPFA Novembre 2018
13
4.3 Les acteurs de supports
La figure 7 met en évidence les acteurs de support tant au niveau de la production (encadrement technique par les services de l’Etat
CRDA) que de la transformation au niveau de l’entreprise El Wafa notamment par les institutions de financement.
Marché
Italien
3 - Prêt participatif BFPME : Les prêts participatifs sont des produits financiers de la BFPME se caractérisent par
un taux d’intérêt =0% accordés au gérant de la société (augmentation de capital).
14
4.4 Le modèle d’affaires d’agriculture contractuelle « ac »
La troisième étape de la phase 1 (figure3) consiste à élaborer le modèle d’affaires de la PME El Wafa et le modèle d’affaires des
producteurs pour atteindre par la suite l’étape de négociations des diffé-rentes parties du modèle d’affaires interface du système AC
à Jendouba. La figure ci-dessous synthé-tise cette « intersection » des modèles d’affaires producteurs / PME qui constitue le modèle
d’affaire AC.
Figure 7 : Synthèse du modèle d’affaires ac
La société El Wafa exporte l’ensemble de sa production vers son client en Italie qui conditionne le produit et le distribue vers une
chaîne de restaurants. Etant un produit agro-alimentaire, la tomate séchée destinée à l’export nécessite uncertificat de contrôle et un
certificat phytosanitaire du ministère de l’agriculture tunisien. Après la préparation de la marchandise, le service de contrôle technique
et microbiologique du ministère du commerce est appelé à contrôler la commande (analyse de la forme et son homogénéité, l’acidité
et le pH, le goût, la salinité et le pourcentage en sucre). Par la suite, le transitaire se charge de la déclaration douanière, des procédures
de dédouanement et du transport.Les tomates séchées autorisées à l’exportation, sont exportées sous couvert d’une facture définitive.
Le processus de transformation
Figure 8 : processus de séchage de la tomate et temps nécessaire sur la base d’un process
de 10 t de tomates fraiches
Sel
réception controle qualité Découpage Salage
Lavage (10t/6h) (10t/h)
(10t/3h)
15
Les investissements
Le séchage de la tomate est une technologie de conservation du produit dans un état relativement sec correspondant à un certain taux
d’humidité, variable selon la valorisation et l’utilisation du produit final mis sur le marché. Il présente l’avantage à la tomate de préserver,
son goût et arôme initiaux.
L’unité de séchage de la société El Wafa est implantée sur une parcelle d’une superficie de 4 ha servant de plateforme agro-alimentaire.
Elle comprend un ensemble de sections dont :
- Un espace de séchage de dimension variable comprenant 300 lits de séchage espacés de 1 m, de capacité de séchage individuel de
450 kg de tomate fraîche. Le séchoir est constitué d’un filet de séchage approprié tendu par un fil de fer inoxydable et s’appuyant sur
des piquets métalliques. Le filet sert à supporter le poids de la tomate à sécher ;
- Une salle de travail et un entrepôt frigorifique doté d’une chambre froide positive (+ 4°C) servant de lieu de manutention et de stockage
de 60 tonnes de tomates séchées.
Le processus de séchage et de conditionnement tel que pratiqué actuellement dans le pays nécessi-tera dans le futur une mise à niveau
pour être en conformité avec les exigences du marché interna-tional ciblé (voir notamment les normes européennes).
Pour garantir une qualité de la matière première, la société doit avoir un minimum de 2 000 TND/producteur/Ha pour payer les avances
aux producteurs ainsi que les honoraires du premier mois de la main d’œuvre de séchage. Pour l’année 2017, le besoin en fonds de
roulement est estimé à 50 000 TND. Le chiffre d’affaire 2017 est de l’ordre de 600000 TND.
Le tableau 4 d’analyse du prix de revient de la production de la tomate séchée, démontre le poids de la matière première qui représente
75% du prix de revient. Comme énoncée plus haut, la chaîne d’approvisionnement est un élément déterminant pour l’entreprise El
Wafa.
TABLEAU 4 : Prix de revient prévisionnel (TND) tomates séchées
pour 1 carton de 10 kg, pme El Wafa 2017
Source : auteur, (selon les données collectées auprès de la PME El Wafa lors de la mission
de consolidation du M.A Jendouba Novembre 2018)
16
Les risques
Par ailleurs, l’entreprise El Wafa doit faire face à un certain nombre de risques en fonction de l’évolution de son
environnement. Ces risques sont présentés ci-dessous :
Profil des risques de la PME El Wafa
• Risques naturels « force majeure » : conditions climatiques défavorables, désastres naturels, changements
climatiques, diminution de la disponibilité en eau… ;
• Risques liés au marché : prix incertains et volatiles (intrants et produits), exigences d’accès au marché
accrues (par ex. normes de sécurité sanitaire des aliments) ;
• Risques liés à la production : usage inapproprié des intrants (engrais, produits phytosanitaires), résistance
accrue des ravageurs et maladies contre les produits phytosanitaires ;
• Risques financiers : incapacité à payer les avances des producteurs en cas de problèmes de trésorerie,
défaut de crédit ;
• Risques contractuels : clauses du contrat incomplètes et floues, défaillance des producteurs (par ex. vente
parallèle), défaillance de l’acheteur (par ex. livraison tardive des intrants) ;
• Risques institutionnels et politiques : inflation des coûts des facteurs de production, fluctuations monétaires,
politique foncièreinadaptée, lourdeur bureaucratique et corruption etc.
Source : manuel A.C. vol II, 2014.
Les risques ayant une sévérité critique à l’activité de la PME sont les risques naturels pour l’activité de séchage au soleil, les risques liés
au transport de la marchandise vers l’Italieet ceux de l’inflation des coûts des facteurs de production.Les risques ayant une sévérité à
considérer sont les risques financiers et contractuels qui peuvent impacterle bon déroulement de l’activité de la PME. Cette sévérité est
présentée dans la figure ci-dessous.
R.naturels
3.0
2.5
2.0 R.du marché
R.contractuels
1.5
1.0
propabilité des risques
0.5
0.0 sévérité des effets des risques
R.politiques/institutionels
R.de production
Source : auteur, 2018 (selon les données collectées lors des ateliers de consolidation du MA)
Le calendrier cultural
Le calendrier cultural met en évidence le cycle de préparation et de production. Il est à noter que la récolte est ciblée sur les mois de
Juillet – Août où la pluviométrie est censée être la plus basse, ce qui optimise les conditions de séchage.
17
TABLEAU 5 : Calendrier cultural tomate de saison plein champ
(100 jours), Jendouba 2017
Nov Déc Jan Fév Mar Avr Mai Jui Juil Aoû
G1 Nov
G2 Nov
G3 Nov
Source : auteur, 2018 (selon les données collectées lors des ateliers de consolidation du M A à Oued Mliz Jendouba et Krib)
Les investissements
Au début de chaque année, les producteurs de tomate de saison doivent lancer leurs commandes des plants de variété « Sabra »,
installer et acheter,en cas de besoins,des équipements d’irrigation.
Une grande part des ressources financière de l’entreprise est aujourd’hui dédiée pour accompagner les agriculteurs et assurer la
quantité de matière première ; ceci représente une lourde charge pour cette PME freinant son investissement et son évolution.
Au mois de février, chaque producteur doit commencer à labourer, à préparer le sol et à épandre des fumiers et des engrais.Le coût est
estimé à 5 000 TND pour les 3 premiers mois (janvier à mars 2017).Ci-dessous, le tableau des charges par Ha met en évidence 3 postes
importants pour la pro-duction, à savoir les engrais (24%), les plants (19%) et l’eau d’irrigation (15%).
18
TABLEAU 6 : Charges opérationnelles des producteurs par
hectare en 2017
Source : auteur, 2018 (selon les données collectées lors des ateliers de consolidation du MA et l’enquête aux prés des producteurs
et PME El Wafa)
Après les charges, il est possible d’estimer les produits et d’en déduire un compte d’exploitation et une marge brute par Ha (tableau 8).
Source : auteur, 2018 (selon les données collectées lors des ateliers de consolidation du MA)
La marge brute estimée dans le tableau 8 est relativement intéressante pour une période d’activité d’environ 6 mois. Elle permet de
rémunérer le travail de l’exploitant agricole (790 TND/mois et par Ha)7.
Ces tableaux mettent également en évidence la « nécessaire rationalisation et la recherche de l’optimum » dans l’utilisation des engrais
et l’eau d’irrigation. La production de plants de qualité à l’échelle du producteur individuel ou d’un prestataire spécialisé est un élément
clé à soutenir pour optimiser les revenus des producteurs.
Ainsi donc le seul conseil technique n’est plus suffisant ; il est important de progresser vers du conseil « technico-économique » qui
permet de rationaliser les inputs et les facteurs de production de l’exploitant agricole. Ceci contribuera à dégager la meilleure marge
brute et non le plus grand chiffre d’affaire (produit).
4 - La densité de plantation de la tomate de la variété « Sabra « varie de 30 000 à 33 000 plants par Ha.
5 - Point d’eau privé.
6 - Le rendement moyen est de 60 T/ ha dont 19T sont vendus pour du double concentré de tomate et cessions et 41 T pour le séchage selon le cas étudié à Jendouba.
7 - A titre de comparaison, un ouvrier agricole est rémunéré environ 400 TND par mois (et durant 12 mois).
19
Le profil de risques au niveau de la production
Les risques ayant une sévérité critique au niveau production sont les risques naturels, risques de production et les risques contractuels.
Les risques ayant une sévérité à considérer, sont les risques financiers et ceux liés au marché.
R.naturels
3.0
2.5
2.0 R.du marché
R.contractuels 1.5
1.0
propabilité des risques
0.5
0.0 sévérité des effets des risques
R.politiques/institutionels
R.de production
Le modèle d’affaires de l’agriculture contractuelle AC présenté plus bas, sera donc « l’intersection » des 2 modèles précédents.
4.4.3 Modèle d’affaires de l’agriculture contractuelle « ac » pme El Wafa et des agriculteurs non groupes
L’AC implique l’adoption par l’acheteur « PME El Wafa » et par les producteurs, d’un modèle d’affaires novateur situé à l’intersection
entre les livraisons des agriculteurs et l’approvisionnement de la PME. L’AC fait donc partie intégrante des stratégies de l’entreprise et
des exploitations agricoles comme cocontractants. Il s’agit ici d’un modèle d’affaires conjoint, basé sur un contrat à terme, conclu avant
la saison. Pour réussir, les deux parties contractantes doivent bien gérer l’interface et respecter les accords pour que chacun puisse
en tirer des bénéfices. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’une situation gagnant-gagnant peut se présenter, une pré-condition pour que
le modèle d’affaires d’AC soit durable.Les clauses du contrat PME El Wafa - Producteurs négociées lors de l’étape 4 de la phase 2 de
l’accompagnement du projet IPFA (figure 3) sont présentées ci-dessous :
Clauses Commentaires
• Préambule
• Objet du contrat Le contrat est bipartite, rédigé en arabe
• Exigences et quantité ; caractéristiques de produit (tomate fraîchevariété des-tinée aule sé-
et simple ; il va à l’essentiel.
chage)
• Prix
• Conditions de paiement (avance - paiement final) Il fixe le niveau de qualité du produit at-
• Modalité de livraison des récoltes (qui fait le contrôle avant livraison et à la réception? tendu, le prix, les modalités de paiement,
comment?)
les conditions de réception, etc.
• Garantie de récolte : garantie d’achat des récoltes (pour les producteurs)
• Transport des récoltes
• Utilisation des pesticides et des vitamines (sous contrôle du technicien PME) Ce type de contrat pour-rait gagner en
• Forces majeures clarté en fixant les « droits et devoirs /
• Durée de contrat = 1 année
engagements » de chaque partie.
• Résiliation du contrat
• Application des clauses du contrat
• Adresses des parties
• Résolution des conflits : recherche à l’amiable
8 - Pour l’analyse de ce modèle d’affaires, il est fait référence aux données de l’expérience de Jendouba (PME El Wafa-producteurs)
20
4.4.3.1 Matrice du modèle d’affaires d’AC
Dans un premier temps, il est important de rappeler la définition de cet outil.
La matrice du modèle d’affaires (« Business Model Canevas ») fournit un outil pour visualiser le modèle d’affaires d’une société
(Osterwalder et Pigneur, 2010). En illustrant les interconnexions entre la stratégie, les activités et les résultats d’une société, la matrice
(« canevas ») aide à :
21
22
Matrice du modèle d’affaires d’Agriculture Contractuelle (Producteurs –PME El Wafa à Jendouba)
Partenaires Clés Activités clés Proposition de valeur Relations client Segments de clientèle
- Producteurs - Louer des parcelles en cas de be-soins - Rendements améliorés - Accès aux plants, aux intrants, aux services d’assistance
- Labourer - Sécurité sociale - Un marché italien de-mandeur (client
- PME technique
- Préparer le sol et mettre en place le système - Marchés assurés demande 400 tonnes)
- Société de transport - Prix de vente fixé après négociation
d’irrigation - Accès à l’assistance technique, à la - Demande importante des produits
- Pépinière - Paiement sur 3 tranches
- Planter, entretenir formation séchés naturellement
- Fournisseur de carton - Contrats écrits flexibles
- Récolter dans des caisses - Savoir-faire local - Exigences : certificat phytosanitaire
- Fournisseurs d’intrants
- Laver M.A. ; forme homogène ; la couleur et
agricoles
l’absence des fruits attaqués ; carton de
- Banque
- Travail avec producteurs indépendants 10 kg
- Assurance
- Stabilisation de l’approvisionnement Tra- - Communication à travers des réunions avant cam-pagne et
- Fournir des équipements et des intrants çabilité des produits améliorée par téléphone portable
- Réceptionner la matière première - Relations fournisseurs fiables - Suivi continu et de proximité grâce aux visites de l’ingénieur
- Payer les producteurs - Produit répond aux exi-gences du - Rejet du produit qui ne répond pas aux exigences (sur champ) - Demande non satisfaite des producteurs
- Laboratoire du minis-tère - Sécher les tomates ausoleil consomma-teur
pour des intrants (en-grais, produits
de l’agriculture - Transporter - Technique de séchage spécifique qui
phyto-sanitaires)
- CRDA (CTV) - Trier, contrôler, conditionner garde le goût et l’arôme naturel du fruit
- Intrants agricoles inaccessibles à
- Banque BFPME - Vendre de nombreux producteurs du à une
- API augmenta-tion des coûts d’intrants.
- Douane
- Ministre de commerce Ressources clés - Export régulier du mois de Juin à
- Ministre de l’industrie Septembre Canaux de distribution
- Traçabilité
- Terre, main d’œuvre, savoir - Lavage des tomates sur champ par les producteurs
- Séchage fait par la PME
- Transport des tomates fraîches à l’unité de séchage par la
PME
- Projet IPFA - GIZ - Transport de l’entrepôt local à Harare
- Ressources humaines,
- Dépôt de stockage - Paiement des producteurs 30 jours après la réception du
- Chambre frigorifique produit
- Capital pour les biens / intrants
Le tableau ci-dessus fait le lien entre les flux financiers et les principaux risques. Le risque naturel (pluie,
grêle etc.) reste majeur. Ce risque peut être atténué par des mesures de protection des cultures (filet, etc.)
ou par des mesures de protection des tomates en cours de séchage (abris), mais cela va considérablement
augmenter le coût de production. Ces risques naturels importants sont de nature à peu encourager le
financement par une institution financière.
Il serait cependant nécessaire de développer un lien entre ces acteurs dechaîne de valeur à haut potentiel
avec le fonds d’indemnisation des catastrophes naturelles que l’Etat met en place en 2019 (système
d’assurance agricole).
23
Figure 11 : schéma système de gestion du modèle d’affaires d’ac entre la pme el wafa
et ses fournisseurs Jendouba 2017
Gestion Gestion
Sur terrain logistique
Enregistrement
des productions
Planning du parcours
de collecte des tomates
Analyse Gestiondes Stock
de groupe et sensibilisation Livraison des tomates des tomates séchées
fraiches sur terrainpesage
calibrage et acceptation
inspéction
suivi et supervision
Systéme
de gestion
pour réduire
SMS de groupe : Appui et conseil ( pratiques agricoles; Gestion de les risques
informations météo;alerte préoce) l’approvissionement
des tomates fraiches
Gestion
Gestion
du systéme d’AC
de la production
En tenant compte des rôles et responsabilités des parties contractantes, le système de gestion et de support lié au modèle d’affaires
d’AC de la PME El Wafa et ses fournisseurs, se présente comme suit.
24
Figure 12 : Schéma du modèle d’affaires d’ac d’El Wafa
Ministére de Laboratoire
CRDA
CTV l’agriculture
2 producteurs
98%
Le KEF - 8 Export
Exigences qualité
Transport Exigences qualité Société
Transport importatrice
3 producteurs
KRIB - 8ha Italienne
ion
uct ts)
rod n Al WAFA
s ur p ipeme e
va nce t équ hniqu
( a nts e tec
ra ce Gérant
-int sistan
As
2%
18 producteurs
Unité de
JENDOUBA-35ha Unité de séchage
conditionnement Clients
Potentiels
Source : auteur, 2018 (selon le Design initial du M.A consolidé en novembre 2018)
- La confiance est primordiale pour la réussite. Les petits producteurs qui ont
commencé en 2015 sont entrain de diffuser l’information debouche à oreille ;
c’est l’effet « multiplication » ;
- La PME El Wafa peut être un modèle à suivre en ce qui concerne les mesures
prises pour avoir la confiance de l’agriculteur (proximité des agriculteurs (rayon
de 30km), disponibilité du service technique (intervention immédiate pour donner
suite à la demande de l’agriculteur par un ingénieur qui travaille en permanence) ;
25
4.6 Suggestions et pistes de réflexion sur ce modèle d’affaires ac
Sur les aspects économiques :
- Avant chaque plantation, il est nécessaire d’informer / former / sensibiliser les producteurs aux exigences de la société importatrice
finale ainsi que duconsommateur final car c’est la base du contrat AC et donc de la relation économiques producteurs – PME ;
- Pour garantir une trésorerie positive des prochaines années, la PME doit penser à multiplier des sources de recettes soit par une
deuxième transformation de la tomate en vrac ou ajouter une autre activité complémentaire. La PME doit investir pour prospecter des
nouveaux marchés ;
- L’amélioration des documents de gestion de la PME (ex.bilan sur trois années) permettrait d’avoir une plus grande confiance des
institutions financières. A partir de là, la PME sera capable de mobiliser plus de fonds pour les producteurs soit :
• En contractant elle-même un crédit « fonds de roulement » pour ses producteurs. La PME peut contracter des crédits plus
importants en mettant en relation ses acheteurs (client ita-lien) et sa banque (ex. par l’affacturage).
• En facilitant l’accès des producteurs à des crédits. Elle peut proposer ses propres garanties à la banque pour le producteur
ou domicilier le remboursement des crédits des producteurs à son niveau. Nous entrons dès lors dans des accords tri-partites
(Banque/IMF – PME – Producteur) en lien direct avec la chaîne de valeur.
- Vu que la PME est le maillon principal pour garantir la durabilité de ce modèle, la veille stratégique des conditions cadres politiques,
juridiques, administratives ainsi que les conditions sanitaires d’entrée d’un produit agroalimentaire dans l’Union Européenne doivent
être parmi les actions prioritaires.
- L’analyse en groupe des résultats technico-économiques des producteurs et des risques permet-trait de mettre en avant les meilleures
pratiques. Ceci contribuerait à élaborer des stratégies de sortie en collaboration avec les acteurs de supports tels que Banques, API,
CRDA… Cela sup-pose également de disposer (acteur de support : CRDA, Projet, Coach) d’outils de reconstitution du revenu de
l’exploitation agricole sur une année entière (voir notamment la méthode des marges brutes de toutes les activités de l’exploitant) ;
- La sensibilisation des acteurs principaux et la planification participative (étapes, budget,…) du modèle AC renforceraient l’appropriation
du modèle par les acteurs ;
- La réflexion vers la mise en place d’un Système d’assurance production et assurance -crédit à l’exportation par Cotunace et d’un
système d’assurance multirisques pour la société, est nécessaire.
- La combinaison du produit de la tomate séchée avec d’autres comme l’huile d’olive renforcerait sa notoriété ;
- L’amélioration de l’emballage (PACTECK) pourrait rendre le produit plus attractif et justifier un prix de vente plus important ;
- La certification ISO 9001 : 2015 et HACCP renforcerait le produit pour les exportations notamment vers l’Europe ;
- L’utilisation des SMS et des applications sur Smartphones permettrait un conseil et suivi rapproché des producteurs tout enréduisant
les frais d’assistance technique.
26
4.7 Les leçons apprises
Les principales leçons apprises de cette expérience sont :
- En termes méthodologiques :
La porte d’entrée à la mise en place de ce modèle d’affairesd’AC est la PME El Wafa (unité de séchage et de conditionnement) avec
un a ppui important au niveau des producteurs par les avances financières, la fourniture d’intrants et l’assistance technique qui sont
également la base pour fidéliser ces producteurs ;
Il est important de laisser la latitude aux deux partenaires (PME et Producteurs) de s’organiser selon leur propre volonté (approche
individuelle ou groupée/SMSA ou GDA) ;
La confiance qui se crée et se développe entre les producteurs et le transformateur est fondamentale ; d’où la nécessité, parfois, d’une
approche plus « sociale » des producteurs. La contractualisation est ici écrite, mais si la confiance existe, elle pourrait aussi être orale
ou s’appuyer sur les TIC ;
La partie recherche bibliographique (par les structures de support) est nécessaire avant la négociation entre les partenaires du modèle
d’affaires AC pour identifier l’environnement social et politique de la zone d’intervention ;
également en termes de méthodologie, il est important d’avoir une vision globale des revenus des producteurs (sur une année) afin
d’évaluer l’importance de l’activité dans son système de production de l’exploitation. Si l’activité visée est minime en termes de revenu,
il y a peu de chance queles producteurs s’investissent dans le modèle d’affaires d’AC.
La promotion d’un modèle d’agriculture contractuelle par des organismes publics ou privés, demande une facilitation neutre et
patiente car la méfiance est prédominante et ses impacts n’apparaissent qu’à moyen et long terme ;
Des stratégies de gestion des risques spécifiques au modèle d’AC et au contexte local doivent être prises en considération avant la
contractualisation.
- En termes de financement :
Pour le producteur, 3 postes sont importants à savoir les engrais, les plants et l’eau d’irrigation ; ainsi donc le seul conseil technique
n’est plus suffisant ; il est important de progresser vers du conseil « technico-économique » qui permet de rationaliser les inputs et les
facteurs de production de l’exploitant agricole. Ceci contribuera à dégager la meilleure marge brute et non le plus grand chiffre d’affaire
(produit) ;
Pour inciter des institutions financières à proposer des instruments de financement de ce modèle d’affaires d’AC, les producteurs
et laPME doivent mettre en place un système de gestion des risques et surtout des risques naturels, notamment lors du séchage par
soleil ;
Toujours pour inciter des institutions financières à financer les acteurs, il serait intéressant de promouvoir des accords tri-partites
(Banque/IMF – PME – Producteur) ;
Pour la PME, il est important de penser à multiplier les sources de recettes soit par une deuxième valeur ajoutée ou par créationd’une
autre activité/produit complémentaire afin d’utiliser au mieux les investissements réalisés.
Dans le modèle présenté ci-dessus, l’acteur principal est une entreprise de transformation. Il existe d’autres modèles où l’acteur est une
Organisation Professionnelle Agricole (OPA)11.
11 - Société Mutuelle de Services Agricole SMSA et Groupement de Développement Agricole GDA dans le con-texte tunisien.
27
5. Une solution possible : promouvoir le
modèle d’affaires de l’opa
5.1 Les acteurs principaux
La SMSA AL Izdihar
La SMSA AL Izdihar a été créée le 29 novembre 2016. Le nombre d’adhérents lors de sa création était de 11 producteurs localisés dans
la région de Sbitla. Actuellement, ce nombre est de 15 adhérents. Cette initiative de regroupement des producteurs a été appuyée par
la cellule régionale de promotion des investissements dans le secteur agricole à Kasserine12 dans l’objectif de trouver des solutions
durables pour résoudre les contraintes des producteurs de tomates fraîches à Sbitla. Ces contraintes sont essentiellement liées à la
contractualisation avec les unités de transformation du Double Concentré de Tomate (DCT), les modalités de paiement et le faible
revenu des producteurs.
Dans l’objectif d’améliorer leurs pouvoirs de négociation, appuyer l’organisation des producteurs, améliorer le rendement à l’hectare, le
projet IPFA a accompagné la conception et la mise en œuvre du modèle d’affaires de cette OPA nouvellement créé avec l’appui de la
cellule régionale à Kasserine. La méthodologie d’accompagnement est présentée précédemment sur la figure 2.
28
5.2 Les acteurs de supports
Le Commissariat Régional du Développement Agricole (CRDA) : l’instance représentant le Ministère de l’Agriculture dans le Gouvernorat.
La Division de la vulgarisation et de la promotion de la production agricole dirige la vulgarisation, gère gratuitement les subventions du
Fonds Spécial de Dévelop-pement Agricole (FOSDA) octroyées aux petits producteurs.
L’URAP de Kasserine est intervenu comme acteur de support dans ce modèle surtout en termes de facilitation des relations.
Le projet tuniso-allemand intervient sous forme d’appui financier (matériel) et technique (accompa-gnement), notamment :
- Sensibilisation des agriculteurs sur l’approche de l’agriculture contractuelle ;
- Facilitation de la formulation d’un modèle d’affaires gagnant-gagnant pour SMSA Al Izdihar et ses fournisseurs et la contractualisation
des accords ;
- Appui financier à l’achat de semences de la variété de tomate « Sabra », du système d’irrigation, des caisses de collecte, des tables
de séchage ;
- Accompagnement pour la mise en place de la première unité de séchage à la SMSA.
La figure 16 met en évidence les acteurs de support tant au niveau de la production (encadrement technique par les services de l’Etat
CRDA) que de la transformation au niveau de la SMSA Al Izdihar par notamment les institutions de financement (BNA notamment).
Marché
européén
Marché
local
29
5.3 Le modèle d’affaires « SMSA al izdihar »
Le modèle d’affaire de la SMSA Al Izdiharse caractérise tout d’abord par les concepts suivants :
- L’objectif principal du modèle d’affaires d’une OPA est de permettre aux membres et à l’organisation même de profiter
(capter) de revenus générés, qui sont créés et distribués au moyen d’activités sociales et économiques conjointes des
membres de l’OPA ;
- Les rôles typiques d’une OPA sont : l’organisation des actions collectives des membres soit pour le renforcement des
capacités des membres, soit pour la défense de leurs inté-rêts, soit pour faciliter l’accès aux intrants (achats collectifs) ou
l’accès aux marchés (ventes collectifs)
(Orientation des affaires des OPA, Manuel de Référence version 0.3 SM.1., 2018)
Il est synthétisé par la matrice du modèle d’affaire qui permet de visualiser le modèle d’affaires d’une société (Osterwalder et Pigneur,
2010).
Cette matrice permet de mettre en évidence l’accompagnement déployé par le projet IPFA : sur la matrice, en noir est mentionné le
modèle d’affaires initial de la SMSA en 2016 ; en rouge, est reporté le modèle d’affaires amélioré lors de l’intervention du projet IPFA
en 2017.
30
Canevas du modèle d’affaires SMSA Al Izdihar
Partenaires clés Activités clés Proposition de valeur Relations client Segments de clientèle
- Production des légumes - Contrat avec les
- Collecte de la production 2 unités de trans-
- 11 Producteurs adhérents (2017) - Négociation et contractualisation - Spécialisation pro-ductions formation non né-gocié - Tomate fraîche (to-mate industrielle, variété Sabra) : Clients :
- 3 Producteurs bénéficiaires non adhérents - Organisation de formations ; de - Réduction des prix d’intrants (achats en - Négociations de usines de transformation DCT ; unités de séchage
- Société de transport l’appui-conseil gros) contrats - Piment (usines de transformation
- Unité de transformation DCT - Tenue du point de vente d’intrants - Flexibilité modalités de paiement - Respect des en-
- Pépinière - Tenue des rencontres statutaires gagements
- Fournisseurs d’intrants agricoles - Plaidoyers - Participation évé-
- Unité de séchage - Formation continue des ressources nements sociaux des - Accès aux intrants
- Banque commerciale humaines - Encadrement technique de la production membres - Accès au marché
- Recherche des services financiers - Visites aux clients - Formations ; appui conseil
- CRDA (CTV)
Ressources clés
- Réduction des coûts de production
- Banque Superficie de 25 Ha en 2017 - Réduction des pertes post-récolte
Ressources humaines : - Augmentation des marges brutes Canaux de distri- - Biens : Absence d’impuretés, prix fixés par l’état, prix abordable,
- Conseil d’administration est composé - Augmentation des revenus des produc-teurs bution variétés adéquates, calibre homogène, couleur
de diplômés universitaires (un technicien, - Services : Rapidité et flexibilité
- Projet IPFA - GIZ un maitrisât et un ingénieur). - Usines de trans-
- URAP - Comptable externe formations
- La SMSA emploi, actuellement, deux - Unités de séchages
cadres dont un ingénieur et un directeur - Boutiques d’intrants
exécutif.
Ressources financière
- Garantie commerciale avec les
fournisseurs d’intrants
Matériels
- 1 magasin de stockage
- Matériel de production (caisses,
tables.)
- Matériel de transformation (séchage)
- Coûts de production : 10 045 TND/ Ha - Producteur (Prix 1 kg tomate fraîche départ champ = 0.29 TND)
- Marge brute par hectare en 2017 = 2 455 TND/ Ha - Rendement moyen à l’hectare = 50 t
- Résultat net SMSA en 2017: près de 30.000 TND (source SMSA) - Meilleur rendement à l’hectare = 70 t
- Création d’emplois : ouvrières, aide familiaux, transporteur
31
En tenant compte des rôles et responsabilités des parties contractantes, le système de gestion et de support lié au modèle d’affaires
d’AC de la SMSA Al Izdiharet de ses fournisseurs, se présente comme suit.
11 Actionnaires
70% informel Société Z à Sidi Bouzid
collecte de Société J à Siliana
tomate
CRDA
Source : auteur, 2018 (selon le Désign initial du M.A consolidé en novembre 2018)
Les entreprises de transformation ne sont pas à l’abri de ces aléas, cependant, elles sont mieux pro-tégées
par les contrats d’assurances.
L’une des difficultés majeures pour les acteurs de la filière reste l’accès au financement. L’accès des
producteurs aux crédits est très difficile, la démarche est très longue et les procédures sont compli-quées.
Les producteurs qui demandent des crédits de campagne, afin d’entretenir les parcelles, pra-tiquer les
traitements nécessaires, planter, récolter, se heurtent à la modestie des montants octroyés, à l`échéance
trop courte de remboursement. Ils n’ont pas accès à des fonds de garantie leur permettant de solliciter plus
aisément un financement.
Pour la SMSA, malgré la confiance qu’elle affiche envers les perspectives futures, elle a identifié plu-
sieurs obstacles qui pourraient freiner son développement. L’insuffisance des dispositifs de finance-ment
spécifique, l’indisponibilité des capitaux et l’absence de filet de sécurité financière adéquat font partis des
obstacles principaux.
Pour surmonter ce problème de financement, la GIZ/IPFA a fourni un don (en nature) à la SMSA pour lancer
une campagne de production de tomates fraîches destinées au séchage naturel en 2017.
32
5.5 La reforme du modèle d’affaires actuel et élaboration d’un nouveau model adéquat
« smsa al izdihar »
Les services de la SMSA sont conçus autour des activités agricoles dominantes dans la région à sa-voir la culture maraîchère notamment
les tomates séchées, tomates industrielles, piments et autres légumes ; mais aussi et de plus en plus, l’arboriculture et les grandes
cultures. La SMSA intervient alors, essentiellement comme fournisseurs d’intrants et de services aux producteurs adhérents et non
adhérents de la région.
La SMSA s’est engagée dans l’évaluation de ses performances autours de quatre domaines : Orga-nisation & ressources humaines,
exploitation, rentabilité & finance et Relations extérieures.Une ap-préciation objective des réalisations de la SMSA dans chacun de
ces domaines de compétence a permis de situer les points forts et faibles. Les principaux points faibles concernent notamment la
ren-tabilité & finance.Cette analyse a permis d’aider les responsables de la SMSA à mieux clarifier la vi-sion de la SMSA à moyen
terme. En effet, le président du conseil résume la stratégie comme suit : « la SMSA veut se positionner comme partenaire à l’amont et
l’aval des producteurs des tomates de la région, en leurs offrant outre la garantie d’achat de leurs récoltes à des prix intéressants, un
ac-compagnement technique. Par la même occasion, la SMSA souhaite investir à moyen terme dans la transformation des tomates
séchées pour développer la valeur ajoutée à l’échelle locale ».
Le plan de développement élaboré en concertation avec les responsables de la SMSA pour concréti-ser leur vision se résume en trois
points essentiels :
- Augmenter la superficie cultivée en tomates séchées jusqu’à 200 ha en 2022;
- Investir dans une station de séchage pour transformer une partie de la production ;
- Investir dans une unité de conditionnement et d’emballage des tomates séchées.
Ce plan amène les suggestions et les pistes de réflexion suivantes sur ce modèle d’affaires
OPA
- Il est à noter que ce plan d’action ne met pas nettement l’accent sur le financement des produc-
teurs ;
- La SMSA pourrait jouer un rôle primordial pour soutenir le financement de ses membres ; à titre
d’exemple, cela pourrait passer par :
• La constitution d’un capital mutualiste (sur fonds propres / cotisation des membres, appui
externe) pour servir de fonds de garantie auprès d’une IMF / Banque afin d’attribuer des crédits
de campagne à ses membres ;
• La constitution d’un capital mutualiste (sur fonds propres / cotisation des membres, appui
externe) pour servir d’assurance de campagne à ses membres;
• Mise en place de « garantie de stock de produits finis (tomates séchées) / tierce détention »
pour garantir un crédit auprès d’une institution financière;
• Commande en gros d’intrants pour ses membres avec un prix intéressant.
33
5.6 Les leçons apprises
Les leçons apprises de ce modèle sont résumées ci-dessous :
En termes méthodologiques :
En termes de financement :
• Comme mentionné précédemment, la SMSA pourrait jouer un rôle primordial pour soutenir le financement de ses membres.
6. Conclusion
Suite à ces initiatives d’élaboration participative demodèles d’affaires viables et durables dans la chaîne de valeur de tomate séchée
naturellement au soleil, nous pouvons mettre l’accent sur les points suivants :
• La porte d’entrée à la mise en place du modèle d’affaire AC est une entreprise de transformation (Société / SMSA). Elle assure un
appui important au niveau des producteurs par les avances, in-trants et l’assistance technique qui sont également la base pour
fidéliser ses producteurs.La con-fiance qui se crée et se développe entre les producteurs et le transformateur est fondamentale;
d’où la nécessité, parfois, d’une approche plus « sociale » des producteurs ;
• L’acteur principal de la chaîne de valeur soit OPA ouPME doit définir ses besoins réels pour faci-liter la création des liens d’affaires ;
• Pour réduire le temps, le coût de diagnostic, des analyses de la CVA et de modèle d’affaires existant, il est préférable d’utiliser les
études et les sources existantes ;
• Pour développer un modèle d’affaires AC où l’OPA est viable, chaque acteur doit avoir une vision de son engagement dans la CVA
ce qui facilite par la suite le développement d’une stratégie glo-bale de la CVA ;
• Une bonne démarche méthodologique d’élaboration d’un modèle d’affaire AC, basé sur une ana-lyse économique, environnementale
et sociale, sert à structurer les négociations pour la contrac-tualisation ;
• Les initiatives de la PME El Wafa et la SMSA Al Izdihar ont été à l’origine des solutions de finan-cements internes dans cette chaîne
de valeur, chacun dans leur localité ;
• Les conseillers AC doivent laisser les décisions aux transformateurs (SMSA/ PME), producteurs et à leurs partenaires parce que
c’est eux qui portent les risques liés aux investissements ; les conseillers AC ne peuvent que conseiller et accompagner leurs
initiatives ;
• L’amélioration de la gouvernance des documents de gestion de la PME / SMSA permettrait d’avoir une plus grande confiance des
institutions financières. A partir de là, la PME / SMSA sera capable de mobiliser plus de fonds soit : i) en contractant elle-même un
crédit « fonds de roulement » pour les producteurs, ii) en facilitant l’accès des producteurs à des crédits.
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Il n’existe pas un modèle d’affaires type par
filière, chaque modèle d’affaires est différent
et a besoin des solutions individuelles cas par
cas
Margret Will
maître formateur en AC approche de la GIZ
Publié par Conception
Deutsche Gesellschaft für Emotion Colors
Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Tunis, Tunisie
Crédits photographiques
Siège de la société GIZ Tunisie
Bonn et Eschborn, Allemagne
Auteurs
Sabra Jamoussi et Claude Mauret
Initiative pour la promotion des Filières Agricoles (IPFA)
avec la contribution de Amal Mghirbi
11, rue Abdelmomen Ibn Ali, 1002 Tunis Belvédère, Tunisia
Renvois et liens
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